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CONST RUC T ION E T TR AVAUX PUBL IC S

TI254 - Travaux publics et infrastructures

Les travaux souterrains


et les dépollutions

Réf. Internet : 42551 | 2nde édition

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III
Cet ouvrage fait partie de
Travaux publics et infrastructures
(Réf. Internet ti254)
composé de :

Terrassement et géomembranes Réf. Internet : 42233

Gestion de l'eau Réf. Internet : 42234

Les routes, les ponts et les joints Réf. Internet : 42235

Les aménagements des voies de transport Réf. Internet : 42550

Les travaux souterrains et les dépollutions Réf. Internet : 42551

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IV
Cet ouvrage fait partie de
Travaux publics et infrastructures
(Réf. Internet ti254)

dont les experts scientifiques sont :

Williams PAUCHET
Ex Maître d'oeuvre de la Défense Nationale, Conseiller technique
en construction et génie civil

Guy RAOUL
Ancien directeur de GTM Construction, Président de la Commission
française de normalisation “Terrassement”, Professeur émérite de Génie
des Procédés à l’INSA de Toulouse

Michel ROUSTAN
Professeur émérite de Génie des procédés à l'INSA de Toulouse

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Pierre DUFFAUT
Pour les articles : C3061 – C3062

Félix FLORIO
Pour l’article : C5600

Pierre GESTA
Pour l’article : C5570

Françis MAQUENNEHAN
Pour l’article : C5572

Jean-François MILLERON
Pour l’article : C9005

Michel QUATRE
Pour l’article : C5575

Pascal ROUDIER
Pour l’article : C5582

Jean-Pierre SERFASS
Pour les articles : C5620 – C5622

Clothilde TERRIBLE
Pour l’article : C5600

Valérie VINCENT
Pour l’article : C5600

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VI
Les travaux souterrains et les dépollutions
(Réf. Internet 42551)

SOMMAIRE

1– Les travaux souterrains Réf. Internet page

Tunneliers C5570 11

Mini et microtunneliers C5572 15

Urbanisme souterrain. Panorama historique et géographique C3061 17

Urbanisme souterrain. Demandes, ofres, contraintes et avantages C3062 21

Sécurité des tunnels routiers. Dispositions techniques C5575 25

2– Dépollution et recyclage Réf. Internet page


Techniques de réhabilitation des sites et sols pollués. Fiches de synthèse C5582 31

Déchets du Bâtiment et des Travaux Publics C5600 39

Recyclage en centrale des matériaux de chaussées C5620 49

Recyclage et retraitement en place des matériaux de chaussées C5622 53

La démolition. Techniques et métiers connexes C9005 59

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VII
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Les travaux souterrains et les dépollutions
(Réf. Internet 42551)

1– Les travaux souterrains Réf. Internet page

Tunneliers C5570 11

Mini et microtunneliers C5572 15

Urbanisme souterrain. Panorama historique et géographique C3061 17

Urbanisme souterrain. Demandes, ofres, contraintes et avantages C3062 21

Sécurité des tunnels routiers. Dispositions techniques C5575 25

2– Dépollution et recyclage

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QP
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Tunneliers


par Pierre GESTA
IngŽnieur de lÕƒcole Centrale de Paris
Ancien Directeur ˆ la SOGEA
PrŽsident du ComitŽ technique de lÕAssociation Fran•aise des Travaux en Souterrains (AFTES)

1. Principaux types de tunneliers ............................................................ C 5 570 - 3


1.1 Machines de creusement ............................................................................ Ñ 3
1.1.1 Machines ˆ attaque ponctuelle.......................................................... Ñ 3
1.1.2 Haveuses ............................................................................................. Ñ 4
1.1.3 Machines ˆ attaque globale ............................................................... Ñ 4
1.2 Boucliers mŽcanisŽs ˆ front ouvert............................................................ Ñ 5
1.2.1 Boucliers ˆ attaque ponctuelle (fraise ou godet) ............................. Ñ 5
1.2.2 Boucliers ˆ attaque globale ............................................................... Ñ 5
1.3 Boucliers mŽcanisŽs ˆ front conÞnŽ .......................................................... Ñ 7
1.3.1 ConÞnement par air comprimŽ ......................................................... Ñ 7
1.3.2 ConÞnement hydraulique .................................................................. Ñ 7
1.3.3 ConÞnement p‰teux ........................................................................... Ñ 9
2. Principaux organes des tunneliers...................................................... Ñ 10
2.1 Organes de creusement .............................................................................. Ñ 10
2.1.1 T•te de coupe...................................................................................... Ñ 10
2.1.2 Outils de coupe ................................................................................... Ñ 11
2.1.3 Appui arri•re ....................................................................................... Ñ 12
2.2 Organes dÕŽvacuation des dŽblais ............................................................. Ñ 12
2.2.1 Tapis transporteurs (machines ˆ front ouvert) ................................. Ñ 13
2.2.2 Marinage hydraulique (tunneliers ˆ conÞnement de boue) ........... Ñ 13
2.2.3 Marinage p‰teux (vis dÕextraction) ................................................... Ñ 13
2.3 ƒquipements divers..................................................................................... Ñ 15
2.3.1 ƒrecteurs ˆ voussoirs ......................................................................... Ñ 15
2.3.2 Injections de bourrage ....................................................................... Ñ 15
2.3.3 Forages de reconnaissance et traitement de terrain ....................... Ñ 16
2.3.4 Joints dÕŽtanchŽitŽ ............................................................................. Ñ 16
2.3.5 Logistique embarquŽe ....................................................................... Ñ 16
2.4 Guidage des boucliers................................................................................. Ñ 17
3. Quelques performances ......................................................................... Ñ 18
4. Conclusion ................................................................................................. Ñ 19
...........................................................................................Pourensavoirplus Doc. C 5 570

L
Õessor des travaux souterrains au cours des vingt derni•res annŽes est dž, bien
naturellement, ˆ lÕimportance croissante des considŽrations dÕenviron-nement et ˆ
lÕencombrement de la surface qui en ont gŽnŽralisŽ le besoin ; il est dž aussi aux progr•s
rŽalisŽs dans la technologie de construction de ces ouvrages et, notamment, ˆ
lÕapparition des tunneliers qui ont permis ˆ la fois de rŽduire considŽrablement les
risques de ces travaux et dÕen amŽliorer de fa•on
spectaculaire la productivitŽ.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。ゥ@QYYR

Toute reproduction sans autorisation du Centre fran•ais dÕexploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de lÕIngŽnieur, traitŽ Construction C 5 570 − 1

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TUNNELIERS __________________________________________________________________________________________________________________________

e
Alors que, ˆ la Þn du 19 si•cle, lÕemploi de lÕexplosif dans les mines et les
travaux souterrains a marquŽ vraiment une Žtape dŽcisive pour le dŽvelop-pement
de ces travaux, il est vrai que lÕune des prŽoccupations majeures des techniciens,
aujourdÕhui, est de sÕaffranchir des inconvŽnients liŽs ˆ lÕexplosif qui sont
essentiellement : lÕŽbranlement et la dŽsorganisation du terrain encaissant, les hors
proÞls, les risques dÕaccidents spŽciÞques, les cožts induits

Q Mais le passage du creusement ˆ lÕexplosif au creusement mŽcanique sÕest tr•s


longtemps heurtŽ ˆ un obstacle Žconomique majeur ˆ cause du cožt relativement faible de
lÕŽnergie chimique contenue dans lÕexplosif par rapport ˆ lÕŽnergie mŽcanique, dite
noble. La rarŽfaction des Žquipes de mineurs, personnel tr•s spŽcialisŽ, a accŽlŽrŽ
lÕŽvolution, alors quÕune meilleure connaissance thŽorique des conditions dÕattaque du
terrain par des outils mŽcaniques et les progr•s dans la conÞguration des t•tes
dÕabattage permettaient dÕen Žlargir le champ dÕapplication ˆ des gammes de terrains
de plus en plus variŽes et dÕen amŽliorer le
rendement.parcesinconvŽnients,notammentenmati•redesout•nement et de rev•tement.
CÕest en 1881 que la premi•re machine de creusement mŽcanique dÕun tunnel a
ŽtŽ con•ue et rŽalisŽe par le Colonel de Beaumont, lors des premiers travaux de
reconnaissance en vue de la construction du tunnel sous la Manche. Cette machine,
mue ˆ lÕair comprimŽ et destinŽe ˆ •tre utilisŽe dans un matŽriau ˆ la fois tendre,
cohŽrent et relativement homog•ne, ˆ savoir la craie bleue du Pas-de-Calais, a
creusŽ avec succ•s 2,5 km de galerie de 2,14 m de diam•tre en 1882 et 1883.

Si lÕon excepte le matŽriel minier, et notamment les haveuses, aucune tentative


nouvelle nÕest entreprise en mati•re de travaux publics avant 1954, date ˆ laquelle
appara”t aux ƒtats-Unis (galerie hydroŽlectrique dÕOache) le premier tunnelier
destinŽ ˆ fonctionner dans un terrain schisteux.
Ce nÕest ensuite que lentement et progressivement que de nouveaux matŽriels
vont •tre con•us pour Žlargir le champ dÕemploi des tunneliers, dÕune part vers des
roches de plus en plus dures (gneiss compacts) tant aux ƒtats-Unis quÕen Suisse ou
en Italie, dÕautre part vers des terrains de moins en moins cohŽrents, voire meubles
et aquif•res (France, Allemagne, Angleterre et surtout Japon). On peut afÞrmer
aujourdÕhui que plusieurs milliers de tunneliers de types divers et de diam•tres
compris entre 1 et 12 m ont ŽtŽ construits et mis en service ˆ travers le monde
(Þgure A).

Figure A – Exemple de tunnelier

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C 5 570 − 2 © Techniques de lÕIngŽnieur, traitŽ Construction

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_________________________________________________________________________________________________________________________ TUNNELIERS

1.1.1 Machines ˆ attaque ponctuelle


1. Principaux types
de tunneliers Elles sont en gŽnŽral montŽes sur un ch‰ssis automoteur ˆ
chenilles (Þgure 1). Ce ch‰ssis supporte un bras mobile Žventuel-
lement tŽlescopique ŽquipŽ dÕune t•te fraiseuse capable de balayer
On peut distinguer deux grandes classes de tunneliers selon quÕil une surface de front plus ou moins importante autour de sa position
sÕagit de simples machines de creusement ou de vŽritables moyenne. Dans les machines ˆ attaque radiale (type Paurat, Dosco,
machines de construction de tunnels intŽgrant toutes les fonc-tions Demag ou certaines Eickhoff), la fraise tourne autour dÕun axe situŽ Q
correspondant ˆ la rŽalisation dÕun ouvrage terminŽ du point de vue du en prolongement du bras (Þgure 2). Dans les machines ˆ attaque
gŽnie civil. transversale (Alpine, Westfalia ou certaines Eickhoff), la fraise,
appelŽe aussi tambour, tourne autour dÕun axe perpendiculaire au bras
et attaque tangentiellement la surface du front (Þgure 3). Dans le
premier cas, le creusement de chaque volŽe commence par lÕexŽcution
1.1 Machines de creusement dÕune sorte de forage perpendiculaire ˆ la surface du front (SUMPING)
permettant ˆ la fraise de pŽnŽtrer dans le terrain et se poursuit par un
fraisage progressif des parois de ce prŽ-creusement. La fraise doit donc
Ce sont des machines dont la conception est gŽnŽralement direc- •tre ŽquipŽe dÕoutils permettant ces deux modes successifs de
tement hŽritŽe des Žquipements miniers et qui se divisent ˆ leur tour en creusement. Dans le deuxi•me cas, le creusement se fait en principe
trois catŽgories, ˆ savoir les machines ˆ attaque ponctuelle, les toujours par fraisage tangentiel ˆ la surface cylindrique du Ç tambour È.
haveuses et les machines ˆ attaque globale. Dans tous les cas, il
sÕagit seulement dÕassurer lÕexcavation et, Žventuellement, le
chargement des dŽblais, Žtant entendu que le sout•nement provisoire et
le rev•tement dŽÞnitif, sÕils sont Žventuellement nŽcessaires, sont
rŽalisŽs de fa•on distincte par dÕautres moyens.

Figure 1 Ð Machine ˆ attaque ponctuelle (Alpine)

Figure 2 Ð Bras ˆ attaque radiale (Eickhoff) Figure 3 Ð Bras ˆ attaque transversale (Alpine)

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TUNNELIERS __________________________________________________________________________________________________________________________

Les outils qui Žquipent les fraises sont des Ç pics È ou des Ç crayons
È cylindroconiques.
La puissance dÕabattage disponible en bout de bras varie suivant les
types de 40 ˆ 400 ch (30 ˆ 300 kW) et la masse totale des machines de 5
ˆ 60 t.

continues ˆ raclettes, soit dÕune lame mŽtallique Q


Le dispositif de ramassage des dŽblais est constituŽ, soit de cha”nes mŽtalliques
ŽquipŽe de Ç pinces de crabe È
chargeant un tapis ˆ cha”nes et permettant lÕalimentation directe de wagonnets ou dÕun
tapis arri•re.
Suivant les mod•les, la hauteur maximale dÕattaque de la fraise par
rapport au niveau de roulement peut varier entre 3,50 et 6,50 m.
Sauf dans les tr•s rares cas o• ces machines peuvent •tre ŽquipŽes
de vŽrins latŽraux de blocage, la poussŽe maximale de la t•te est
obligatoirement limitŽe par la stabilitŽ de la machine vis-ˆ-vis des efforts
horizontaux, cÕest-ˆ-dire par sa masse. De ce fait, leur domaine
dÕemploi est surtout celui des sols cohŽrents ou des roches tendres
pouvant •tre dŽsagrŽgŽes sans poussŽe excessive (rŽsistance ˆ la
compression simple de quelques dizaines de MPa), mais ne nŽcessitant
pas de sout•nement immŽdiat du front de taille. Par contre, elles
sÕaccommodent parfaitement de terrains hŽtŽro-g•nes et permettent la
rŽalisation de toutes formes de sections en laissant libre lÕacc•s au
front.

1.1.2 Haveuses

Les haveuses sont des machines de prŽdŽcoupage mŽcanique,


essentiellement fran•aises (Perforex) qui ont ŽtŽ utilisŽes avec succ•s
depuis 1974 sur de nombreux chantiers, notamment de la RATP et de la
SNCF, ainsi quÕen Italie.
La mŽthode consiste ˆ rŽaliser, ˆ proximitŽ immŽdiate de lÕextrados
de lÕouvrage, une saignŽe de 8 ˆ 35 cm dÕŽpaisseur (suivant les
terrains) avant m•me de procŽder au creusement du tunnel lui-m•me.

La machine comporte une scie qui se dŽplace sur un ch‰ssis adaptŽ


ˆ la forme de la section ˆ excaver (Þgure 4). On proc•de par volŽes
Figure 4 Ð Machine de prŽdŽcoupage pleine section.
successives de 2 ˆ 4 m de longueur.
MŽthode Perforex
En terrain dur et stable (RC compris entre 20 et 80 MPa), on rŽalise
des saignŽes de faible Žpaisseur (8 ˆ 10 cm), lÕexcavation de la section
proprement dite Žtant gŽnŽralement effectuŽe ˆ lÕexplosif. Les Dans la phase suivante, les grippeurs Žtant repliŽs, et la t•te de
avantages consistent en la rŽduction des vibrations dues ˆ lÕexplosif, en forage immobile, la structure est avancŽe de la longueur dÕune travŽe
la rŽduction, en tr•s forte proportion, des hors proÞls ainsi que de la (ou STROKE ) pour permettre lÕexŽcution de la travŽe suivante.
densitŽ du sout•nement. Le creusement se fait donc de fa•on discontinue par phases
En terrain tendre, mais cohŽrent, la saignŽe est plus Žpaisse et elle successives dont lÕamplitude dŽpend de la conception de la machine.
est remplie de bŽton pour constituer une prŽvoute rŽsistante avant La t•te de forage est souvent massive pour encaisser, sans dŽfor-
lÕexcavation du noyau. Dans ce cas, le prŽdŽcoupage mŽcanique mation, lorsquÕil sÕagit dÕattaquer des formations rocheuses dures et
permet gŽnŽralement de rŽduire les tassements en limitant la compactes, les efforts de poussŽe tr•s importants (plusieurs centaines ˆ
dŽcompression. Ë ce titre, lÕemploi dÕune haveuse peut •tre plus dÕun millier de tonnes) nŽcessaires ˆ la pŽnŽtration simultanŽe des
recommandŽ dans ce type de terrain lorsque le volume des travaux ne outils dans le terrain.
justiÞe pas lÕinvestissement dÕun bouclier mŽcanisŽ.
LÕŽvacuation des dŽblais se fait le plus souvent au moyen de
godets pŽriphŽriques qui se dŽversent dans une trŽmie centrale ˆ la
partie supŽrieure de la machine lors de chaque passage en position
1.1.3 Machines ˆ attaque globale haute. La trŽmie alimente un tapis qui dŽverse les dŽblais ˆ lÕarri•re.
Suivant la nature des terrains rencontrŽs, on peut associer ˆ ce type
Elles sont caractŽrisŽes par le fait quÕelles poss•dent une t•te
de machines plusieurs sortes de matŽriels destinŽs ˆ la mise en place
dÕexcavation circulaire et rotative, capable dÕexcaver en une seule
de sout•nements provisoires :
opŽration la totalitŽ de la section. Le rev•tement dŽÞnitif du tunnel nÕŽtant
pas mis en place ˆ lÕavancement, elles comportent obliga-toirement une Ñ foreuses radiales pour boulonnage des parois ;
structure de rŽaction arri•re permettant de reporter la poussŽe de la Ñ Žrecteurs de cintres mŽtalliques pour mise en place de profilŽs de
machine sur le terrain par lÕintermŽdiaire de grippeurs ou patins sout•nement lŽgers ou lourds.
dÕancrage latŽraux qui prennent appui sur les parois de la galerie. Les On peut associer une ou plusieurs foreuses longitudinales pour la
grippeurs sont solidaires dÕune structure dÕappui qui est maintenue Þxe rŽalisation de forages de reconnaissance profonds en avant du front
pendant la phase dÕexcavation, la t•te foreuse progressant alors en pendant lÕarr•t (journalier) de la machine.
coulissant ˆ lÕintŽrieur de cette structure par lÕintermŽdiaire de vŽrins
La rŽalisation dÕun sout•nement du type bŽton projetŽ ˆ proximitŽ
longitudinaux (Þgure 5).
immŽdiate de la machine est beaucoup plus rare ˆ cause de la difÞcultŽ
dÕune protection efÞcace des organes sensibles vis-ˆ-vis des
retombŽes du bŽton projetŽ.

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C 5 570 − 4 © Techniques de lÕIngŽnieur, traitŽ Construction

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Mini et microtunneliers


par Fran•is MAQUENNEHAN
Dipl™mŽ de lÕƒcole des ingŽnieurs de la Ville de Paris
Service IngŽnierie de la SAGEP (SociŽtŽ Anonyme de Gestion des Eaux de Paris)

1. GŽnŽralitŽs................................................................................................. C 5 572 - 2
2. Mode de rŽalisation et de creusement .............................................. Ñ 2
2.1 Principe de rŽalisation ................................................................................. Ñ 3
2.2 MatŽriel de forage ....................................................................................... Ñ 3
2.3 MatŽriaux mis en Ïuvre pour la rŽalisation de lÕouvrage ....................... Ñ 5
2.4 RŽaction sol-tuyau ....................................................................................... Ñ 5
2.5 Marinage ...................................................................................................... Ñ 6
3. Injections de coulis ................................................................................. Ñ 7
3.1 Injections de traitement de sols ................................................................. Ñ 7
3.2 Injections de non-collage ............................................................................ Ñ 7
3.3 Injections de blocage du vide annulaire .................................................... Ñ 7
4. Limites dÕutilisation de la technique .................................................. Ñ 7
4.1 Longueurs .................................................................................................... Ñ 7
4.2 Profondeur ................................................................................................... Ñ 8
5. Applications .............................................................................................. Ñ 8
6. Conclusion ................................................................................................. Ñ 8
...........................................................................................Pourensavoirplus Doc. C 5 572

L dÕobstacles naturels ou artiÞciels, sont des probl•mes qui se posent de plus en plus aux ingŽnieurs.
La solution nÕest pas toujours tr•s simple compte-tenu des contraintes
environnementales.amiseenplacederŽseauxenterrŽs, en sites urbains ou en franchissement
La plupart du temps, les rŽseaux de ßuides sont installŽs en site propre, cÕest-ˆ-
dire que chaque rŽseau est posŽ de mani•re isolŽe en terre ou en aŽrien pour ne
pas interfŽrer avec les autres rŽseaux.
Des expŽriences furent rŽalisŽes pour permettre la rŽduction des cožts de
maintenance, en faisant cohabiter plusieurs rŽseaux dans un m•me ouvrage. La
premi•re fut rŽalisŽe dans Paris, o• le rŽseau dÕŽgout construit progressivement
depuis 1860 a ŽtŽ dimensionnŽ non seulement pour •tre visitable aÞn dÕen per-
mettre la maintenance mais encore pour recevoir les conduites dÕeau alimentant les
abonnŽs. Ces Žgouts ont ŽtŽ aussi utilisŽs ensuite par dÕautres concession-naires
de service public chargŽs de mettre en place des rŽseaux de tŽlŽphone ou de
transport dÕinformations par air comprimŽ (transport des pneumatiques).
AujourdÕhui, ˆ lÕexception des services assurant le transport dÕeau sous toutes
ses formes (eau potable, non potable, eau rŽfrigŽrŽe), cette cohabitation est
devenue tr•s difÞcile sous lÕeffet des contraintes inhŽrentes au personnel de
maintenance des matŽriels, conduisant les concessionnaires ˆ chercher une cer-
taine indŽpendance en installant leurs ouvrages dans un proÞl indŽpendant.
Les rŽseaux enterrŽs, nŽcessaires ˆ la desserte des usagers, se sont densiÞŽs
progressivement et ont des emprises souterraines de plus en plus importantes,
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPQ

jusquÕˆ saturation du sous-sol sur les premiers m•tres de profondeur.

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MINI ET MICROTUNNELIERS _____________________________________________________________________________________________________________

Parmi les diffŽrents procŽdŽs de construction rŽcents, lÕemploi de mini et de


microtunneliers est une solution permettant de rŽaliser un ouvrage souterrain non
visitable, sans tranchŽe, dans tous les types de sol, ˆ des profondeurs allant de
2 ˆ 20 m, avec une bonne prŽcision dÕimplantation, en contournant les ouvra-
ges existants. Seuls les puits provisoires dÕacc•s, relativement ŽcartŽs, rŽv•lent
lÕexistence du chantier.

Q Par ailleurs, les dŽcideurs politiques attachent de plus en plus dÕimportance aux procŽdŽs de
construction des rŽseaux souterrains sans tranchŽes car les ter-rassements importants
gŽn•rent des nuisances de moins en moins tolŽrŽes par le public et la collectivitŽ locale qui en
supportent les cožts sociaux. Ces nuisan-ces difÞcilement chiffrables ont de nombreux impacts.
Il sÕagit entre autre :
Ñ de probl•mes de circulation des piŽtons entra”nant la dŽviation des circuits de
surface et lÕaccroissement de risques dÕaccidents corporels ;
Ñ de probl•mes de circulation des vŽhicules entra”nant des embouteillages et des
dŽvoiements de la circulation ;
Ñ de probl•mes de nuisance sonore qui, pour des mini ou microtunneliers est
localisŽe aux emprises rŽduites de chantier ;
Ñ de probl•mes de pollution atmosphŽrique par moteur thermique (le mini-
tunnelier utilise lÕŽnergie Žlectrique).
Cette technique est aussi applicable en dehors des zones urbanisŽes pour le
franchissement dÕobstacles divers, tels que :
Ñ les rivi•res et voies navigables ;
Ñ les voies ferrŽes ;
Ñ les autoroutes, voies rapides, pistes dÕaŽroports ;
Ñ les sites industriels : usines dÕincinŽration, usines EDF et GDF, sites nuclŽai-
res...

1. GŽnŽralitŽs 2. Mode de rŽalisation


et de creusement
Les tunneliers classiques de grand diam•tre, ˆ attaque globale,
progressent dans le terrain sous lÕaction de vŽrins de poussŽe dis-
posŽs ˆ lÕabri du bouclier entre la t•te de forage et les anneaux de Le projet dÕimplantation du tunnel et des puits est rŽalisŽ en pre-nant
sout•nement ÞxŽes mis en place successivement au fur et ˆ mesure de en compte les facteurs suivants :
lÕavancement.
Ñ les vŽrifications gŽologiques et lÕhomogŽnŽitŽ des terrains ;
Au contraire, pour les tunneliers de petit diam•tre, mini ou micro-
tunneliers (diam•tres intŽrieurs ˆ 1 800 mm), la t•te de forage (ou t•te de Ñ le type de terrain rencontrŽ qui dŽfinit le type de machine ˆ utiliser ;
coupe) et son bouclier sont poussŽs vers lÕavant par le train de tubes
formant un sout•nement glissant dont lÕavancement est obtenu par des Ñ le type de matŽriau de lÕouvrage ˆ rŽaliser ;
vŽrins installŽs ˆ poste Þxe dans le puits dÕattaque (Þgure 1).
Ñ la dŽtermination du syst•me de marinage ;
Ñ les types dÕinjections ˆ rŽaliser ;
Il existe aujourdÕhui une distinction entre le minitunnelier et le
microtunnelier. Ñ les distances possibles entre puits ;
Le minitunnelier permet de rŽaliser un ouvrage circulaire en exca- Ñ la vŽrification des niveaux haut et bas de la nappe dÕeau ;
vant le terrain par creusement ˆ lÕavancement et marinage mŽcani-que. Ñ les contraintes environnementales qui sont :
Les tunnels ont des diam•tres compris entre 1 200 et
1 800 mm. ¥ les ouvrages des services et des concessionnaires dŽjˆ
Le microtunnelier est un minitunnelier utilisant le marinage implantŽs dans le sous-sol,
hydraulique et ne nŽcessitant pas dÕintervention humaine dans le tunnel ¥ les circulations de surface (piŽtons et vŽhicules),
en phase de creusement. Les tunnels ont des diam•tres com-pris entre
400 et 1 600 mm. ¥ les activitŽs industrielles et commerciales autour du site des
travaux,
Cette distinction pourrait •tre supprimŽe au Þl du temps de mani•re ˆ
ne former quÕune seule famille, celle des microtunneliers. ¥ la concertation avec les responsables politiques et associatifs,
¥ les autorisations administratives,
Les procŽdŽs de construction de petits diam•tres (< 400 mm) par ¥ la pollution Žventuelle des nappes,
forage horizontal dirigŽ ne sont pas dŽcrits dans cet article.
¥ la pollution Žventuelle des sols.

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C 5 572 − 2 © Techniques de lÕIngŽnieur, traitŽ Construction

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Urbanisme souterrain
Panorama historique et gŽographique

par Pierre DUFFAUT
PrŽsident dÕhonneur, Espace souterrain (Association fran•aise des tunnels et de lÕespace
souterrain)

1. Depuis lÕAntiquitŽ .................................................................................... C 3 061 Ð 2


2. De Londres ˆ Paris, des Žgouts aux mŽtros, de Belgrand
ˆ HŽnard...................................................................................................... Ñ 2
2.1 LÕassainissement .......................................................................................... Ñ 2
2.2 Le transport des personnes ........................................................................ Ñ 3
2.2.1 Transports sur rail ............................................................................... Ñ 3
2.2.2 Transports routiers ............................................................................. Ñ 4
2.2.3 Autres moyens de transports ............................................................ Ñ 5
2.3 Transport de fret .......................................................................................... Ñ 5
3. Kansas City et la Scandinavie .............................................................. Ñ 5
3.1 Kansas City................................................................................................... Ñ 5
3.2 Scandinavie.................................................................................................. Ñ 7
4. Paris, des Halles ˆ la DŽfense et au Grand Louvre......................... Ñ 8
4.1 Les Halles ..................................................................................................... Ñ 8
4.2 La DŽfense.................................................................................................... Ñ 8
4.3 Le Grand Louvre .......................................................................................... Ñ 10
5. Toronto, MontrŽal, Minneapolis, et lÕEarth shelter ........................ Ñ 10
5.1 Toronto ......................................................................................................... Ñ 10
5.2 MontrŽal, la ville intŽrieure......................................................................... Ñ 10
5.3 Minneapolis et lÕÇ Earth shelter È ............................................................... Ñ 11
6. LÕExtr•me-Orient : Japon, Singapour et Chine................................. Ñ 11
7. Applications stratŽgiques et de sŽcuritŽ .......................................... Ñ 11
8. Projets utopiques ou prŽmonitoires ?................................................ Ñ 12
...........................................................................................Pourensavoirplus Doc. C 3 061

L Õurbanisme souterrain ne se con•oit pas en dehors de lÕurbanisme Ç


gŽnŽral È. Il est seulement, depuis sa dŽÞnition par ƒdouard Utudjian, au dŽbut des
annŽes 1930, une part mŽconnue de lÕurbanisme. Si, pour le grand public,
lÕurbanisme a dÕabord une dimension esthŽtique, porteuse de majestŽ et de
puissance, cette dimension dispara”t d•s lors que les ouvrages sont invisi-bles. Mais
lÕurbanisme comprend surtout la satisfaction des fonctions urbaines majeures
(desserte, mobilitŽ, hygi•ne, convivialitŽ). Hier la sŽcuritŽ a justiÞŽ les fortiÞcations,
les tours de guet, les portes gardŽes. La premi•re mission de la ville dÕaujourdÕhui
est toujours de satisfaire les demandes de ses habitants, ensuite seulement celles
des visiteurs. Entre lÕarchitecture et lÕurbanisme, il nÕy a pas de fronti•re nette,
cÕest plut™t une question dÕŽchelle, du b‰timent ˆ la ville,
en passant par la rue, lÕ”lot et le quartier.
Plus gŽnŽralement, le sous-sol appara”t comme la Ç face cachŽe È du territoire,
un volume en vŽritŽ. Si la plupart des auteurs sÕaccordent pour rŽserver la sur-face
ˆ lÕhomme, un urbanisme durable doit mettre ˆ proÞt le sous-sol aÞn de crŽer, pour
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lÕhomme, le meilleur environnement. Par leur position, le sol et le

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URBANISME SOUTERRAIN
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sous-sol fournissent ˆ la ville une infrastructure naturelle, peu ˆ peu complŽtŽe par
des ouvrages construits, voiries et rŽseaux associŽs. Or le sous-sol peut faire bien
davantage en accueillant une part signiÞcative des fonctions et services urbains.
Encore faut-il planiÞer les utilisations de lÕespace souterrain, considŽrŽ comme
partie intŽgrante de lÕespace urbain global, dans lÕespace et dans le temps.

Q Apr•s ce panorama historique et gŽographique de rŽalisations souterraines,


insufÞsamment connues des ingŽnieurs (et moins encore des Žlus et de la sociŽtŽ civile
tout enti•re), parce que moins visibles quÕen surface ou pas du tout, un second dossier
[C 3 062] abordera les conditions de la pratique, le pour-quoi des usages du sous-sol :
les demandes et les offres, et le comment : les contraintes gŽologiques et juridiques. Il
sÕagit en effet dÕexpliquer pourquoi le recours au sous-sol permet de rŽsoudre
beaucoup de probl•mes, puis comment le faire entrer dans la pratique de lÕurbanisme.
Au-delˆ, lÕamŽnagement du terri-toire peut aussi proÞter de ce dossier, car la Ç
campagne È aussi a son sous-sol, avec ses usages classiques et futurs.
Ce dossier ouvre ˆ lÕurbanisme souterrain un champ dÕavenir plus large que celui
connu jusquÕici, un champ qui mobilise et mobilisera de plus en plus dÕinnovations
techniques, lesquelles en retour Žlargiront la gamme des usages possibles du sous-
sol au service de lÕhomme.

1. Depuis lÕAntiquitŽ 2. De Londres ˆ Paris, des


Žgouts aux mŽtros, de
Depuis la prŽhistoire et lÕhomme Ç des cavernes È, toutes les civi- Belgrand ˆ HŽnard
lisations ont fait plus ou moins usage du sous-sol, soit pour en reti-rer
des ressources (lÕeau, le silex pour les outils, les minerais et les
matŽriaux de construction), soit comme abri et cache, tant pour les
familles que pour leurs biens. 2.1 LÕassainissement
Sans remonter aux ƒtrusques et ˆ la Rome antique (lÕŽgout du Forum
est attribuŽ ˆ Tarquin le Superbe, quatre si•cles avant notre •re, et
lÕessentiel des aqueducs Žtait en souterrain), il faut constater que les On sait que cÕest lÕinsalubritŽ et ses rŽpercussions ŽpidŽmiques (le
usages du sous-sol urbain sont restŽs modestes jusquÕau milieu du cholŽra, ...) qui sont ˆ lÕorigine des premiers rŽseaux dÕŽgouts (dÕo• le
e e mot assainissement). Les premiers Žgouts seront dŽversŽs dans la
XIX si•cle (voir tableau 1) ; le XX voit la croissance simultanŽe des Seine au cours des annŽes 1830. Deux ingŽnieurs contemporains,
villes et de la circulation automobile, celle-ci permet-tant celle-lˆ et celle- Eug•ne Belgrand ˆ Paris (recrutŽ par le baron Haussmann) et Sir Joseph
lˆ exigeant celle-ci en un cercle Žminemment vicieux, ce qui change Bazalgette ˆ Londres vont concevoir et faire rŽaliser les ouvrages
lÕŽchelle des probl•mes ˆ rŽsoudre. LÕurba-niste a dž recourir de plus souterrains de collecte des eaux usŽes des deux villes (d•s 1854 ˆ Paris,
en plus ˆ la troisi•me dimension vers le bas, dÕautant que lÕextension 1856 ˆ Londres). CÕest lÕadoption dÕun principe selon lequel tout ce
vers le haut connaissait peu ˆ peu une dŽsaffection certaine apr•s un qui est dŽsagrŽable aux sens est placŽ en sous-sol.
bref ‰ge dÕor dans les pays occiden-taux (un stade pas encore atteint,
il sÕen faut, dans les pays qui se dŽveloppent, en AmŽrique latine et Pour la plupart, ces canalisations seront construites en tranchŽes
surtout en Extr•me-Orient). ˆ une profondeur modeste. Ë Paris les 600 km de galeries sont visi-
tables. Ë Londres, seulement les axes principaux, sur environ 150 km.
Si le sous-sol est mis au service de lÕurbanisme, il nÕen fait partie Le grand diam•tre des Žgouts de Paris permet deux innova-tions
quÕˆ son humble Žchelle, sutor ne supra crepidam, a Žcrit Pline majeures :
lÕAncien (Ç cordonnier, pas plus haut que la cheville È) : sans chaus-
sures et sans Žgouts, pas de piŽtons ni de villes. Le r™le des rŽseaux Ñ le curage par des Ç bateaux-vannes È spŽcialisŽs, toujours en
est capital dans lÕorganisation de la ville, les rŽseaux souterrains y service ;
apparaissent comme le germe de lÕurbanisme souterrain [1]. DÕapr•s Ñ lÕhŽbergement des autres rŽseaux de service public, en plein
Sabine Barles [2] et [3], cette fonction dÕassise technique que peut dŽveloppement ˆ lÕŽpoque, dÕabord lÕeau potable et les eaux mŽna-
remplir le sous-sol urbain appara”t dŽjˆ dans un texte de P. Patte en g•res, puis le gaz de ville, lÕŽlectricitŽ, lÕair comprimŽ, le tŽlŽphone ;
1769 et la nŽcessitŽ de coordonner les rŽseaux est souli-gnŽe, d•s ainsi lÕŽgout devient multifonctionnel et apporte peu ˆ peu, ˆ cha-que
1836, par Emmery des Sept Fontaines. immeuble, tous les services alors disponibles (sauf lÕŽvacuation des
eaux-vannes, car lÕapparition du tout-ˆ-lÕŽgout attendra une loi de
1894).
Ce dossier nÕa pas prŽtention ˆ lÕexhaustivitŽ, son objet Žtant Non seulement lÕassainissement fait son entrŽe dans le pro-gramme
surtout de balayer le champ des applications : par exemple, les des grands travaux dÕamŽnagement urbain, mais en outre la Ç ville
antiques villes souterraines de Cappadoce, comme les rŽalisa-tions
souterraine È de Belgrand va de pair avec les travaux dÕurbanisme, au-
modernes dÕEurope de lÕEst seront ŽvoquŽes seulement dans le
dessus du sol, de Haussmann et de ses deux autres adjoints : Alphand
dossier suivant (cf. [C 3 062]). et Davioud.

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Tableau 1 Ð Chronologie simpliÞŽe des ouvrages souterrains


ƒpoques Types dÕouvrages Dimensions
6000 Av. J.-C. Ç Mines È de silex, pour lÕoutillage Ð
5000 Av. J.-C. Premi•res mines dÕor, dÕargent, de pierres prŽcieuses Ð
3000 Av. J.-C.
1300 Av. J.-C.
Premi•res hypogŽes (funŽraires) en ƒgypte et en Inde
Mines de sel (Hallstatt, Autriche), temple dÕAbou Simbel (ƒgypte)
Ð
Ð Q
≈ 50 Tunnel Ç routier È de Naples ˆ Pozzuoli 1 500 m environ
1776 Tunnel du Malpas (canal du Midi) pr•s de BŽziers, HŽrault 153 m
1813 Tunnel routier des ƒchelles (Savoie, sur la RN 6) 294 m
1829 Tunnel ferroviaire de Terrenoire, pr•s de Saint-ƒtienne 1 506 m
1931 Passage souterrain ˆ 4 voies, Paris, Porte-Dauphine 254 m
1945 Tunnel autoroutier de Saint Cloud, 5 voies (doublŽ en 1976) 813 m
1965 Tunnel routier du Mont Blanc 11,6 km
1994 Tunnel ferroviaire sous la Manche 50,5 km
2005 Tunnel ferroviaire transalpin de base (en cours), Suisse 54 km

Toutefois, plusieurs rŽseaux vont abandonner lÕŽgout, les uns apr•s


les autres, pour Žviter les conditions peu hygiŽniques des visi-tes et
interventions. Ils prŽfŽreront sÕisoler Ç en pleine terre È, cha-cun dans
son domaine ; ce qui constituera une sorte de grille ˆ tr•s faible
profondeur, cÕest-ˆ-dire un obstacle compliquant lÕutilisation des
volumes plus profonds (Þgure 1). Avec le c‰ble et lÕeau rŽfrigŽ-rŽe, un
mouvement de retour est aujourdÕhui perceptible.

Les Žgouts de Paris (Extrait du Guide Joanne, Paris, 1870)

Ç ... En 1854, dans un mŽmoire prŽsentŽ au conseil municipal sur les eaux
de Paris, lÕŽminent Puget tra•a le programme du magniÞque rŽseau qui se
ramiÞe aujourdÕhui sous la citŽ tout enti•re, inextricable mŽandre dont la
longueur, supputŽe ˆ 152 km en 1855, Žtait en janvier 1870, de 560 km. Cela
donne, en quinze ans, une augmentation de 408 km.
Dans les ramiÞcations de ce vaste syst•me, on distingue douze types
depuis celui du grand collecteur de la rive droite jusquÕau branchement qui
conduit ˆ lÕŽgout de la rue les eaux pluviales et mŽnag•res de chaque maison.
De ce dernier type, dont les dimensions sont sufÞsantes pour la visite et le
nettoyage ˆ bras dÕhomme, on sÕŽl•ve ˆ celui du grand collec-teur, en
passant par les types ˆ simple banquette, ˆ double banquette, et avec rigole
centrale. Les types sont calculŽs surtout en raison du volume de liquide sale ˆ
Žcouler, mais aussi en vue des conduites de distribution dÕeau propre qui
doivent y trouver place. Dans quelques galeries passent des Þls de
tŽlŽgraphie Žlectrique. Mais les conduites de gaz en ont tou-jours ŽtŽ exclues,
eu Žgard aux risques dÕaccidents graves quÕelles y introduiraient.

Lˆ, les conduites dÕeau sont ˆ lÕabri des accidents, et constamment


exposŽes ˆ la vue des agents prŽposŽs ˆ leur conservation. En outre, on
prŽvient par lˆ les graves avaries que les inÞltrations souterraines peu-vent
causer au sol et aux maisons riveraines quand les tuyaux sont posŽs en pleine
terre. EnÞn les travaux de pose et de rŽparation sont faits sans ouverture de Figure 1 Ð Image idŽale des rŽseaux enterrŽs sous les rues dÕune ville
tranchŽes et sans apporter dÕentraves ˆ la circulation... È (David Macaulay, Sous la Ville, Les deux Coqs dÕor (1985))

qui pŽn•trent les reliefs urbains, pour Žviter les rampes, ˆ Liverpool en
1828, ˆ peine plus tard ˆ Paris sous la butte de lÕEurope (pas encore
2.2 Le transport des personnes ouverte dÕune large tranchŽe) et en plusieurs tron•ons de la Petite
ceinture (un pŽriphŽrique ferroviaire pour relier les rŽseaux et leurs
gares terminales).
2.2.1 Transports sur rail Toujours ˆ Londres, la premi•re ligne de mŽtro au monde, la
Metropolitan, est ouverte en 1863. Elle va donner son nom (sauf ˆ
Le tunnel sous la Tamise construit ˆ Londres par Brunel, de 1825 ˆ Londres dÕailleurs) ˆ ce type de transport urbain sur rail, majoritaire-
1843, pour les piŽtons et charrettes, ouvre une •re nouvelle pour le ment souterrain. JusquÕen 1884, cinq lignes sont construites en tran-
franchissement dÕun obstacle linŽaire en centre ville, lˆ o• les ponts sont chŽes couvertes sous de larges avenues, puis, ˆ partir de 1898, les
incompatibles avec la circulation ßuviale ; il sera plus tard intŽ-grŽ au suivantes sont construites plus profond, en souterrain vrai, dans la
rŽseau du mŽtro. Mais ce sont les premiers chemins de fer London clay, lÕargile de Londres, avec un gabarit circulaire, dÕo• le

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Urbanisme souterrain
Demandes, offres, contraintes et avantages

par Pierre DUFFAUT
PrŽsident dÕhonneur, Espace souterrain (Association fran•aise des tunnels et de lÕespace
souterrain)

1. Pourquoi le sous-sol ? Les demandes................................................. C 3 062 Ð 2


1.1 La demande agricole, du silo ˆ lÕentrep™t souterrain ............................... Ñ 2
1.2 LÕhabitat troglodytique ................................................................................ Ñ 2
1.3 La demande industrielle.............................................................................. Ñ 2
1.4 La demande Ç hydrologique È.................................................................... Ñ 3
1.5 Les demandes liŽes aux transports et dŽplacements............................... Ñ 3
1.6 Les rŽseaux des (autres) services publics ................................................. Ñ 5
1.7 Les dŽchets urbains ..................................................................................... Ñ 5
1.8 Autres demandes urbaines : commerces, sports, arts, cultes et culture Ñ 6
1.9 Le stockage de chaleur et dÕŽnergie ........................................................... Ñ 6
2. Pourquoi le sous-sol ? Les offres......................................................... Ñ 6
2.1 LÕoffre gŽologique : morphologie, anatomie et physiologie du terrain... Ñ 6
2.2 LÕoffre Žcologique : lÕoccupation de la surface et de son voisinage ........ Ñ 8
2.3 LÕoffre Ç double niveau È par dalle de couverture..................................... Ñ 9
3. Comment le sous-sol ? Les contraintes............................................. Ñ 9
3.1 Contraintes juridiques et rŽglementaires .................................................. Ñ 9
3.2 Contraintes techniques................................................................................ Ñ 12
4. Comment le sous-sol ? Les avantages ............................................... Ñ 14
4.1 La sŽcuritŽ .................................................................................................... Ñ 14
4.2 LÕŽconomie, le mŽtabolisme urbain et le dŽveloppement durable ......... Ñ 14
4.3 Le mod•le ClŽ de Sol................................................................................... Ñ 14
4.4 PlaniÞcation, du plan dÕurbanisme ˆ lÕamŽnagement du territoire......... Ñ 15
5. Conclusion ................................................................................................. Ñ 16
.........................................................................RŽfŽrencesbibliographiques Ñ 17

Pourquoi et comment eaucoup dÕexemples illustrent lÕintŽr•t Žcologique des amŽnagements Bsouterrains et leur place, dans la
perspective du dŽveloppement durable.
aller en souterrain ? Tous, de la cave individuelle aux stockages de gaz, Žconomisent de lÕespace en
surface et de lÕŽnergie. Construire ˆ lÕintŽrieur dÕune grande caverne Žconomise
sur les fondations, les toits et les murs (ˆ lÕimage de ce qui a ŽtŽ construit sous la
coupole du CNIT ˆ La DŽfense). Le tunnel de circulation Žtouffe les vibrations, il
enferme bruits et odeurs. Sous un carrefour, le passage souterrain Žconomise du
temps, du carburant et de la pollution. Outre lÕŽnergie, les entrep™ts souter-rains
Žconomisent du gardiennage, de lÕentretien et des assurances. Plus gŽnŽ-
ralement, un recours accru au sous-sol est indispensable aujourdÕhui pour lutter
contre lÕŽtalement urbain et revitaliser nombre de centre-villes.

L’offre et la demande En Žconomie libŽrale, la loi de lÕoffre et de la demande fait le marchŽ : lÕoffre
dÕespace souterrain est desservie, dÕabord par son manque de visibilitŽ (sauf jus-
tement lorsquÕil sÕagit de cacher et protŽger), ensuite par la mŽconnaissance des
possibilitŽs tant juridiques que technologiques, mais aussi par la crainte des
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mauvaises surprises quant aux cožts et aux dŽlais dÕexŽcution. CÕest pourquoi la

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URBANISME SOUTERRAIN
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demande reste timide ou, m•me, ne sÕexprime pas. Pour susciter la demande, il faut
faire mieux conna”tre lÕoffre en mettant ses attraits en valeur.

LÕamŽnagement dÕespaces souterrains est confrontŽ ˆ deux types de Les contraintes


contraintes : les terrains et lÕenvironnement social. DÕun c™tŽ, des sciences
Ç dures È, comme la gŽologie, lÕhydrogŽologie, la gŽotechnique, sur lesquelles
Q on peut appuyer ses projets, de lÕautre, les sciences humaines, souvent dites
Ç molles È, dont le droit. Sans une Žvolution rapide du droit, toujours en retard sur
les Žvolutions Žconomiques et sociales, le sous-sol aura du mal ˆ jouer son r™le
pour rendre les villes plus durables.

Parmi les bŽnŽÞces des amŽnagements souterrains, il faut compter la sŽcuritŽ Les avantages et
lÕŽconomie, contrairement aux idŽes re•ues. Le prŽsent dossier nÕaborde pas
la conception ni lÕexŽcution qui sont traitŽes par ailleurs.
le lecteur pourra utilement se reporter au dossier prŽcŽdent, dans la base documentaire des
ƒditions T.I. (cf. [C 3 061]) [18].

ment, tant pour lÕouvrage souterrain que pour le matŽriau de


1. Pourquoi le sous-sol ? construction. Ainsi les loess de Chine centrale, les faluns de Tou-raine,
Les demandes les tuffeaux du Saumurois et les tufs volcaniques de Cappa-doce sont
des terrains favorables, ces derniers surtout, naturellement cimentŽs.

La typologie des troglodytes [1] dŽpend beaucoup de la morpho-logie


1.1 La demande agricole, superÞcielle, en plaine ou plateau, les cavitŽs habitables Žtant creusŽes
du silo ˆ lÕentrep™t souterrain dans les parois dÕune fosse initiale formant cour de ferme (Þgure 1). En
falaise, on distingue des volumes semi-souterrains dotŽs dÕune porte
ou dÕune fen•tre ouvrant vers lÕextŽrieur, et des volumes plus ŽloignŽs
Toutes les civilisations agricoles ont utilisŽ des cavitŽs naturelles ou du jour, ou m•me aveugles. Les souterrains refuges ne sont reliŽs ˆ la
artiÞcielles pour conserver au frais les denrŽes pŽrissables. Les caves surface que par des boyaux faciles ˆ dŽfendre, car il sÕagit dÕun habitat
fra”ches sont, de tout temps, ˆ lÕŽchelle familiale. Les silos ˆ grains temporaire dans les pŽriodes de grande insŽcuritŽ du Moyen åge.
enterrŽs sont connus en Chine, depuis des millŽnaires, la conservation LÕensemble le plus important de France, les Ç grottes È de Naours
de la glace (de lÕhiver ou de la montagne) a ŽtŽ prati-que courante (dans la Somme), est ouvert aux visites (Þgure 2). Comme beaucoup de
dans des excavations appelŽes glaci•res (puits natu-rels des montagnes ch‰teaux forts et dÕabbayes fortiÞŽes, les villages fortiÞŽs sont aussi
calcaires du Vercors ou carri•res de la vallŽe de la Bi•vre ˆ Paris). Le ŽquipŽs de souterrains pour assurer des liaisons sŽcurisŽes avec
mžrissement des fromages et des vins utilise aussi des cavernes lÕextŽrieur, en cas de si•ge.
naturelles (ˆ Roquefort, Aveyron) ou des galeries creusŽes spŽcialement
(en Champagne, mais aussi en Californie). LÕhabitat rural met en Ïuvre LÕhabitat partiellement souterrain nÕa pas ŽtŽ rŽservŽ aux paysans
des solutions variŽes suivant le relief et la nature des terrains. En terrain pauvres. Les exemples abondent parmi les habitats nobles, ch‰-teaux
plat, la cave est creusŽe sous la maison mais, en pied de falaise, elle et lieux de culte. LÕutilisation moderne en rŽsidence secon-daire est tr•s
est creusŽe de niveau, derri•re la maison. Le passage au cas suivant est prisŽe dans certaines rŽgions et sÕaccompagne dÕinstallations
alors tout naturel. h™teli•res (du g”te sommaire au quatre Žtoiles : H™tel des Hautes
Une autre demande agricole est la sauvegarde des terres face ˆ leur Roches ˆ Rochecorbon en Indre et Loire). Ainsi sÕafÞrme une certaine
envahissement par les b‰timents ; on verra quÕils peuvent sou-vent continuitŽ ˆ travers les ‰ges, par exemple au site pŽrigourdin des
trouver place sous les reliefs qui bordent beaucoup de vallŽes (il sufÞt Eyzies (Dordogne). Le confort moderne implique le raccordement aux
de remettre ˆ jour des exemples anciens). rŽseaux, lÕimposition ˆ la taxe dÕhabitation, et lÕobligation dÕun
permis de construire en cas de rŽnovation ou dÕextension. Quelques
rŽalisations se rŽclament de lÕarchitecture bioclimatique [17].

1.2 LÕhabitat troglodytique

LÕhistoire du troglodytisme commence d•s la sŽdentarisation nŽo- 1.3 La demande industrielle


lithique, ˆ partir de lÕabri sous roche naturel au ßanc de falaises de
roches tendres (la facilitŽ du creusement manuel est une condition
absolue et lÕexposition au sud prŽfŽrŽe). CÕest la porositŽ des roches Avant lÕ•re industrielle proprement dite, plusieurs activitŽs artisa-
qui leur conf•re ˆ la fois facilitŽ de coupe, lŽg•retŽ, et pouvoir iso-lant. Ë nales ont ŽtŽ exercŽes dans des ateliers souterrains parce quÕils
porositŽ Žgale, la prŽsence dÕun ciment naturel prŽserve ces trois Žtaient naturellement humides (ainsi le travail des textiles vŽgŽtaux par
qualitŽs tout en augmentant fortement la rŽsistance ˆ lÕŽcrase- les vanniers et cordiers limousins). Si lÕexploitation mini•re

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Tout circuit de distribution nŽcessite des stocks pour faire face aux
variations prŽvues ou non de la production, du transport, et de la
demande Þnale. Les stocks saisonniers de gaz ou de pŽtrole en cuves
dÕacier sont tr•s gourmands en surface au sol, tr•s dangereux pour le
voisinage et tr•s cožteux. Plus volumineux encore, les stocks
stratŽgiques nÕont ŽtŽ envisageables que gr‰ce aux Žnormes volumes
que lÕon sait creuser par dissolution dans le sel gemme.


1.4 La demande Ç hydrologique È

Dans la plupart des villes, un rŽseau prŽexiste, parfois tr•s impor-tant,


cÕest le rŽseau hydrographique, ßeuve ou ruisseau, ou ensem-ble
arborescent de cours dÕeau, parfois lac ou bras de mer. Sauf exception
rare, ce rŽseau naturel est en surface et y occupe les talwegs, lignes
dÕaltitude minimale, ˆ faible pente continue dÕamont en aval. Deux
avatars souterrains ont leur place ici :
Ñ la couverture du cours dÕeau (la Bi•vre ˆ Paris, le Furon ˆ Saint-
Figure 1 Ð Habitat troglodytique de plaine, ˆ partir dÕune cour ƒtienne, la Vilaine ˆ Rennes, le Var ˆ Nice) pour gagner de lÕespace en
creusŽe, ˆ DouŽ-la-Fontaine (Maine-et-Loire) (dÕapr•s [1]) centre ville (dans ce dernier cas, la couverture inclut des voies routi•res
qui sont fermŽes lorsque le dŽbit augmente, ˆ lÕinstar des voies sur
berge ˆ Paris). Dans le cas de la Bi•vre, on peut hŽsiter entre le statut de
cours dÕeau et celui dÕŽgout ;
Ñ au contraire, la dŽviation calibrŽe pour le passage des dŽbits de
crue : ˆ Tokyo une galerie, Žtablie ˆ 50 m•tres sous un boulevard, doit
dŽriver vers la mer la rivi•re Kanda et ses nombreux affluents (plusieurs
tron•ons sont dŽjˆ en service) gr‰ce ˆ un diam•tre intŽ-rieur de 12,5 m,
les pointes de dŽbit Žtant ŽtalŽes. Un projet de court-circuit des boucles
de la Seine dŽchargeant le fleuve ˆ la tra-versŽe de Paris avait ŽtŽ
e
ŽtudiŽ, au dŽbut du XX si•cle, pour amŽ-liorer ˆ la fois la navigation et
la protection contre les inondations.
Les voies dÕeau artiÞcielles, canaux dÕirrigation, de navigation ou de
dŽrivation pour force motrice posent les m•mes probl•mes (canal Saint
Martin couvert ˆ Paris sous la place de la Bastille et le boulevard Richard
Lenoir). En sens inverse, un tunnel routier ˆ Schaffhouse (Suisse),
achemine, sous sa chaussŽe, les dŽversements en cas de crue dÕun
petit afßuent du Rhin.

Figure 2 Ð Un souterrain-refuge : les Ç Grottes È de Naours (Somme) 1.5 Les demandes liŽes aux transports et
(doc. Internet) dŽplacements
Žchappe ˆ cette revue, lÕexpŽrience des mineurs leur a permis
dÕŽquiper des locaux souterrains pour des activitŽs annexes, liŽes ou 1.5.1 Le transport public de personnes sur rail,
non fonctionnellement ˆ lÕextraction, concassage, stockage, et en tramway, mŽtro, mŽtro express
montagne surtout, divers ateliers et magasins. Le mineur habite
rarement en souterrain, hors celui des mines dÕopale de Coober Pedy Les rŽseaux de mŽtro apportent une rŽponse au transport en com-
en Australie o• le climat lÕy invite. mun de personnes lorsque la capacitŽ des autobus et tramways est
Si ces activitŽs ne sont pas strictement urbaines, il convient nŽan- dŽpassŽe. Il exige aujourdÕhui un confort dÕutilisation et une sŽcuritŽ
moins de citer les installations de production dÕŽnergie et les stocka- que nÕapportaient pas les premi•res rŽalisations (la moindre marche
ges de combustibles. La production dÕŽlectricitŽ hydraulique place dÕescalier dissuade beaucoup de handicapŽs, le trajet dÕune ligne ˆ
souvent ses machines en cavernes, pour diverses raisons dont le lÕautre est rebutant pour les personnes encombrŽes dÕenfants ou de
manque de place (dans une vallŽe Žtroite), la protection contre les bagages). Ë la Gare de Lyon, au contraire, les liaisons entre les gran-
bombardements, le cožt plus faible de conduites forcŽes au sein du o
des lignes, les RER A et D (mŽtro express rŽgional) et la ligne n 14 du
rocher, la nŽcessitŽ de faire fonctionner les turbines sous une charge mŽtro forment un Ç hub È compact (Þgure 3). Si les rŽseaux les plus
dÕeau, etc. Les deux premi•res valent aussi pour des centrales ther- modernes sont adaptŽs ˆ certaines catŽgories de handicapŽs, beaucoup
miques (exemple ˆ Gšteborg, Su•de) et dans le cas des centrales reste ˆ faire pour Ç mettre aux normes È les rŽseaux anciens.
nuclŽaires, il sÕy ajoute la sžretŽ en cas dÕaccident de fonctionne-ment
(la seule fusion compl•te du Ç cÏur È, avant Tchernobyl, avait eu lieu Le mŽtro a pu nÕ•tre, ˆ ses dŽbuts, quÕun tramway souterrain (ˆ
dans une petite centrale souterraine suisse, sans aucun effet Budapest en 1899, ˆ Bruxelles en 1969). On rappelle que le mot vient de
dommageable ˆ lÕextŽrieur). Au lieu de concentrer la production Londres (metropolitan railway). Il sÕappliquait, en 1867, au pro-
dÕŽlectricitŽ nuclŽaire sur quelques sites de grosse puissance, leur longement sous un boulevard dÕune voie ferrŽe Ç grande lignes È, et il
implantation en souterrain permettrait de placer des centrales moyennes nÕest plus utilisŽ au Royaume-Uni. Les cožts de construction des
au plus pr•s des villes, en Žconomisant une fraction signiÞcative des derni•res lignes de mŽtro et de mŽtro express ˆ Paris (respective-ment,
rŽseaux ˆ tr•s haute tension et des inŽvitables pertes en ligne. M 14 et RER E) ont durablement assŽchŽ les ressources et favorisŽ le
retour du tramway en surface, Žvidemment moins

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est strictement interdite. − © Editions T.I. C 3 062 − 3

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URBANISME SOUTERRAIN
_______________________________________________________________________________________________________________

CÕest que, sauf sous des climats extr•mes, le piŽton trouve davan-
tage dÕagrŽment et de confort en surface, alors que voitures et camions
peuvent •tre souterrains ou sous dalle (cf. 1.5.3). Les passe-relles de
franchissement par dessus, dont lÕacc•s est trop rarement motorisŽ,
sont tr•s exposŽes aux intempŽries. Plus frŽquents ˆ Paris, les passages
infŽrieurs sont peu apprŽciŽs car souvent Žtroits, mais aussi sales,
malodorants et peu sžrs.

Q Sous les carrefours majeurs, les pays de lÕEst ont frŽquemment


amŽnagŽ des espaces commerciaux qui Žgaient et sŽcurisent le pas-
sage des piŽtons.

Au Japon et en CorŽe, ils offrent aussi des acc•s directs aux sta-tions
de mŽtro et aux immeubles riverains.

Ë Paris, les plus rŽcents amŽnagements du RER permettent au


piŽton un cheminement souterrain complet, de la gare Saint-Lazare
jusquÕˆ lÕOpŽra, avec des commerces modernes et des acc•s aux
Ç Grands magasins È.

Les voies de banlieue et des RER passent sous un b‰timent du nouveau


minist•re des finances ; la ligne M14 se trouve sous la rue de Bercy, ˆ c™tŽ et est 1.5.3 Circulation et stationnement des vŽhicules
ŽclairŽe par une serre en sous-sol, depuis le si•ge de la RATP.

Figure 3 Ð Coupe ˆ travers la gare de Lyon et la rue de Bercy ˆ Paris (doc. Les croisements dŽnivelŽs apportent une solution partielle ˆ la ßuiditŽ
RATP)
de la circulation, m•me lorsque le passage souterrain est limitŽ aux
vŽhicules lŽgers. En effet, les poids lourds exigent une augmentation
tr•s sensible du gabarit et aussi de lÕencombrement des rampes
cožteux, au prix de troubles considŽrables des usagers pendant la dÕacc•s, dÕo• la multiplication des passages ˆ gabarit rŽduit. La mise
durŽe des travaux. Le tramway ne sÕinterdit cependant pas tout recours en souterrain de voies routi•res sur de plus grandes longueurs ne
au sous-sol : ˆ Strasbourg, il Žvite quelques croisements par un court progresse que lentement, malgrŽ lÕimportance des besoins. En pleine
tunnel au dŽpart de la gare, ˆ Rouen le Ç MŽtrobus È (1994) est ville, Boston a donnŽ lÕexemple du remplacement dÕun viaduc urbain
souterrain sous la ville ancienne (suivant ainsi lÕexemple donnŽ par le (exemple suivi, de fa•on plus modeste, par le carrefour de la Boule ˆ
chemin de fer dont seule la gare est ˆ lÕair libre, entre deux tunnels sous Nanterre). En bord de mer, une voie rapide a ŽtŽ enterrŽe ˆ Barcelone,
les reliefs). Ce type de solution mixte, en fonction du relief, est assez une autre est ˆ lÕŽtude ˆ Seattle, dans ce cas pour remplacer un viaduc
gŽnŽral. La ligne circulaire du mŽtro de Paris (parta-gŽe en lignes n 2
o vieillissant (ƒtat de Washington, ƒtats-Unis, Þgure 4, [2]).
o
au sud et n 6 au nord) en bŽnŽÞcie pour franchir les zones basses, en
viaduc, et le ßeuve, sur les ponts existants. La couverture des lignes, Corollaire de toute circulation pour chargement et dŽchargement, le
placŽes initialement en tranchŽes (comme la Petite Ceinture ˆ Paris), stationnement a longtemps ŽtŽ nŽgligŽ avec, pour consŽquence, le
sÕimpose de plus en plus pour limiter les nuisances et reconquŽrir une ralentissement ou le blocage du passage, suivant le nombre de voies
surface constructible ou utilisable en loisirs. disponibles. La multiplication de parcs, publics ou privŽs, ne rŽsout pas
compl•tement les probl•mes des personnes handica-pŽes, ou chargŽes
de bagages et dÕenfants, quÕil faut dŽposer au plus pr•s de leur
1.5.2 Les usagers des rues destination (ou de lÕascenseur qui y m•ne). Long-temps rŽservŽe aux
gares, la dŽpose de passagers aux h™tels, grands magasins et autres
points dÕafßuence devrait toujours •tre assurŽe, hors voirie, par
Domaine public par excellence, le rŽseau viaire accueille toutes sortes exemple au premier niveau des garages en sous-sol dÕimmeuble o• un
de vŽhicules, deux-roues, voitures, camions de toutes tailles, autobus espace dÕattente accueillant y est alors nŽcessaire.
publics ou non. En principe, les trottoirs sont rŽservŽs aux piŽtons avec
leurs Ç accessoires È, de la valise ˆ roulettes ˆ la voi-ture dÕenfant,
sans oublier une catŽgorie intermŽdiaire de piŽtons ˆ roulettes. Le Les sous-sols des immeubles industriels du quartier Fontvieille ˆ
partage de la chaussŽe entre des catŽgories aussi dis-parates a donnŽ Monaco acceptent lÕacc•s des poids lourds, pour chargement et
lieu ˆ des solutions variŽes mais, contrairement aux dessins de HŽnard dŽchargement, comme lÕimmeuble Zeus ˆ Paris-Bercy, consacrŽ ˆ la
(cf. [C 3 061]), le sous-sol est rarement mis ˆ contribution : promotion des vins et comestibles. La grande longueur de cet immeuble
permet de loger les rampes nŽcessaires, un probl•me insoluble ˆ
Ñ ˆ Beijing, une avenue tr•s large permet de spŽcialiser plu-sieurs lÕŽchelle de petites parcelles, m•me pour des vŽhicules lŽgers.
couloirs adjacents dont des sites propres pour tramways et bus, mais
elle devient une coupure quasi infranchissable pour le piŽton ;
Construit sous le domaine public, le parc de stationnement classi-que
prŽsente lÕinconvŽnient majeur de barrer la route ˆ des ouvra-ges linŽaires
Ñ ˆ Paris, les couloirs rŽservŽs aux cycles, taxis et autobus ont
parfois acquis un statut de site propre, au dŽtriment du reste du trafic. ultŽrieurs, alors que son promoteur ne sÕest m•me pas posŽ la question
de fournir aux voisins dÕautres services que le garage. Le parc devrait proposer
la voie de desserte des commerces riverains et le passage des petits rŽseaux,
Quelques art•res modernes ont conservŽ, ou rŽtabli, les arcades de la comme en galerie techni-que. Il pourrait fournir un cheminement piŽtonnier
citŽ moyen‰geuse pour abriter les piŽtons de la pluie, ainsi ˆ Berne, abritŽ vers la sta-tion de mŽtro la plus proche. Il pourrait desservir les
Rome, Paris... Des quartiers ont adoptŽ la Ç dalle È de la charte ascenseurs des immeubles dÕhabitation. Il pourrait m•me permettre, pendant la
dÕAth•nes pour cacher les vŽhicules et rŽserver la surface au piŽton. pŽriode de sa construction, lÕacc•s ˆ des volumes ˆ creuser sous les parcelles
Au Canada, MontrŽal et Toronto lui offrent, au contraire, des voisines, acc•s difÞcile depuis leur propre surface.
cheminements souterrains attrayants et bien protŽgŽs.

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Se´curite´ des tunnels routiers


Dispositions techniques
par Michel QUATRE Q
Inge´ nieur ge´ ne´ ral des Ponts et chausse´es honoraire
Pre´sident de la Commission nationale d’e´valuation de la se´ curite´ des ouvrages routiers

1. Champ d’application ...................................................................... C 5 575 – 2


1.1 Parame` tres du risque ......................................................................... — 2
1.2 Ouvrages concerne´ s ........................................................................... — 2
1.3 De´ finitions .......................................................................................... — 3
´
1.4 Equipements ....................................................................................... — 3
2. Dispositions ge´ne´rales de Ge´nie civil......................................... — 4
2.1 Chausse´ es et trottoirs ........................................................................ — 4
2.2 Tunnels autorise´ s aux ve´ hicules TMD ............................................... — 4
2.3 Garage ................................................................................................ — 5
2.4 He´ lisurfaces ........................................................................................ — 5
2.5 Dispositifs anti-fume´ es ...................................................................... — 5
3. De´tection et alerte.......................................................................... — 5
3.1 De´ tection d’incendie .......................................................................... — 5
3.2 Niches de se´ curite´ .............................................................................. — 5
3.3 Postes d’appel d’urgence ................................................................... — 5
3.4 Retransmission des radiocommunications ....................................... — 5
´
3.5 Equipements en cas de surveillance humaine .................................. — 5
3.6 Autres e´ quipements d’alerte .............................................................. — 6
´
4. Evacuation et protection des usagers ........................................ — 6
4.1 Ame´ nagements divers et acce` s des secours .................................... — 6
´
4.2 Eclairage de se´ curite´ .......................................................................... — 7
4.3 Signalisation – Dispositifs de fermeture du tunnel .......................... — 7
4.4 Alimentation e´ lectrique ...................................................................... — 7
4.5 Ventilation de de´ senfumage .............................................................. — 8
4.6 Cas des tunnels autorise´ s aux TMD .................................................. — 11
5. Intervention des secours ............................................................... — 11
5.1 Ame´ nagements destine´ s aux ve´ hicules de secours ......................... — 11
5.2 Niches incendie .................................................................................. — 11
5.3 Moyens de lutte contre l’incendie ..................................................... — 12
5.4 Usage des brouillards d’eau .............................................................. — 12
5.5 Anneaux de relevage ......................................................................... — 12
6. Comportement au feu .................................................................... — 13
6.1 Re´ action au feu des mate´ riaux .......................................................... — 13
6.2 Re´ sistance au feu ............................................................................... — 13
6.3 Fonctionnement des e´ quipements a` la chaleur ................................ — 14
6.4 Suspension des e´ quipements en plafond ......................................... — 14
7. Tunnels urbains de gabarit autorise´ infe´rieur (ou e´gal)
a` 3,50 m ............................................................................................ — 15
7.1 Diffe´ rences exigeant des dispositions particulie` res .......................... — 15
7.2 Dispositions particulie` res ................................................................... — 15
8. Signalisation .................................................................................... — 15
8.1 Dispositions ........................................................................................ — 15
8.2 Tunnels autorise´ s aux TMD ............................................................... — 16
9. Exploitation, analyse de risque et controˆle de la se´curite´ ..... — 16
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 5 575
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPQR

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SECURITE DES TUNNELS ROUTIERS

D
es incendies, provoque´s ou non par des accidents, peuvent avoir dans un tunnel des
conse´quences catastrophiques pour les personnes. L’incendie dans le tunnel franco-italien du
Mont Blanc, en mars 1999, puis l’accident en pe´ riode de travaux dans le tunnel autrichien des
Tauern, en mai 1999, et enfin l’accident dans le tunnel suisse du Saint-Gothard, en octobre 2001,
ont malheu-
reusement mis ce risque en e´vidence

Q De plus, parmi la multitude d’incidents mineurs survenant en tunnel, certains peuvent avoir,
par un enchaıˆnement de circonstances, des conse´quences dra-matiques. Ils doivent eˆ tre
de´ tecte´s suffisamment toˆ t pour ne pas de´ ge´ ne´ rer en catastrophes.
Le degre´ de surveillance du tunnel est extreˆmement variable selon les ouvra-ges, allant de
l’absence de surveillance a` une supervision tre`s sophistique´ e ou` l’exploitant, graˆce aux
informations qui lui sont apporte´ es, entre autres par la de´ tection automatique d’accident
(DAI), est en mesure d’agir tre`s rapidement :
– information de l’usager en l’incitant a` adopter le comportement le plus adapte´ ;

– alerte des services de secours ;


– action sur les e´quipements a` sa disposition (fermeture du tunnel, lancement du de´
senfumage, etc.) ;
– de´ clenchement de l’intervention sur site des e´quipes spe´cialise´es d’exploi-tation et, si
ne´ cessaire, des pompiers.
C’est ainsi qu’une ve´ ritable chaıˆne de la se´curite´ a` partir d’un incident doit eˆtre mise
en œuvre par l’exploitant d’un tunnel. Elle repose sur un ensemble d’e´ quipements dont la
conception, la re´ alisation, l’entretien et l’exploitation doi-vent eˆtre faits dans un esprit
syste´ mique.
Le pre´ sent article traite des dispositions adopte´ es pour concevoir et re´ aliser ces e´
quipements dans le cas de la construction d’un tunnel. L’ame´ lioration d’un tunnel existant
et les mesures d’exploitation et d’intervention seront traite´ es dans un article ulte´rieur.

1. Champ d’application 1.2 Ouvrages concerne´s


Un tunnel est une voie routie` re couverte pre´sentant une surface d’ouverture
vers l’exte´ rieur infe´rieure a` 1 m2 par voie de circulation et par me`tre
1.1 Parame`tres du risque line´aire, quel que soit son mode de construction :
& Les facteurs de risque sont : – ouvrage creuse´ ou immerge´ ;
– les ve´hicules et leur chargement ; – tranche´ e couverte ou couverture.
– les caracte´ ristiques de l’infrastructure ;
– la capacite´ de l’exploitant a` bien utiliser les e´quipements mis a` sa Les dispositions aborde´ es ici s’appliquent de`s que sa longueur est supe´
disposition ; rieure a` 300 m. Dans le cas d’un tunnel a` plusieurs tubes, le plus long sera pris
– le comportement des usagers eux-meˆ mes. en conside´ ration.
& Les e´ve`nements ge´ne´rateurs de risques, tels que pannes, inci-dents, La directive europe´ enne 2004/54/CE, transpose´e en droit franc¸ais par la
accidents, incendies ont des conse´ quences aggrave´es en rai-son du caracte`re loi 2006-10 et le de´cret d’application 2006-1354, bien que ne s’appliquant que
confine´ du tunnel. La majorite´ des incendies est cause´e par une inflammation pour des tunnels de plus de 500 m de longueur, a retenu quelques dispositions
spontane´ e des ve´hicules suite a` une de´faillance technique. Mais, tous les plus contraignantes pour les tunnels situe´ s sur le re´ seau routier transeurope´
rares incendies ayant entraıˆne´ des de´ ce` s sont conse´ cutifs a` un accident, a` en. Elles seront indique´ es au fur et a` mesure des questions traite´ es.
l’exception de l’incen-die de 1999 dans le tunnel du Mont Blanc.

& L’ordre d’apparition des effets de l’incendie est le suivant :


Dans le cas d’un tunnel de 200 a` 300 m, deux niches de se´cu-rite´ (§
– les fume´ es, par leur opacite´, diminuent la visibilite´ et geˆ nent l’e´ 3.2) devront toutefois eˆ tre implante´es, de pre´ fe´ rence a` chaque teˆte.
vacuation des usagers vers les teˆtes du tunnel ou les abris ; Elles seront dote´es d’extincteurs et d’un poste d’appel d’urgence.
– les fume´es, par leur toxicite´ , incommodent, voire asphyxient, les usagers
qui n’ont pu s’e´vacuer ; Pour un tunnel urbain, un point d’alimentation en eau pour les secours
– la chaleur de´gage´e par l’incendie provoque de fortes tempe´ ratures. doit eˆtre disponible a` chaque teˆte (§ 5.3).

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SECURITE DES TUNNELS ROUTIERS

1.3 De´finitions – risque de congestion fre´quente, plus ge´ ne´ ralement.

Voici quelques termes a` retenir dans le lexique professionnel. & Tunnel a` trafic non faible et tunnel non urbain

& Tunnel a` faible trafic Il s’agit d’un tunnel ne satisfaisant pas, respectivement, a` l’une et a` l’autre
des conditions pre´ ce´ dentes.
Il s’agit d’un tunnel dont le trafic pre´visible de chaque sens, 6 ans apre` s la
mise en service, est infe´ rieur a` la fois a` 2 000 ve´ hicules par jour (en & Tunnel bidirectionnel
moyenne annuelle) et a` 400 ve´ hicules a` l’heure de pointe (trentie` me heure
la plus charge´ e de l’anne´ e). Il s’agit d’un tunnel ou` les deux sens de circulation se trouvent


dans un seul tube.
Un poids lourd est compte´ pour 5 ve´hicules dans l’e´ valuation du trafic.
& Tunnel monodirectionnel
& Tunnel urbain Il s’agit d’un tunnel admettant un seul sens de circulation. Dans
Il s’agit d’un tunnel situe´ a` l’inte´ rieur d’une unite´ urbaine de 20 000 ce cas, un ouvrage comportant deux sens de circulation se com-
habitants au moins, selon la de´ finition de l’INSEE (cf. recen-sement ge´ ne´ ral pose, soit de deux tubes, (un pour chaque sens), soit d’un tube et
de la population) et remplissant au moins une des conditions suivantes : d’une chausse´ e a` l’air libre pour l’autre sens.

– trafic pre´visible d’un sens supe´rieur a` 1 000 ve´ hicules par voie de ´
circulation a` l’heure de pointe quotidienne, 10 ans apre`s la mise 1.4 Equipements
en service, avec la meˆ me re` gle pour la prise en compte des PL ;
L’exploitation d’un tunnel en se´curite´ ne´ cessite des e´quipements
– risque de remonte´ e de queue en tunnel, par exemple lie´ a` la pre´sence utilise´ s pour re´aliser une ve´ritable chaıˆne de la se´ curite´ , allant des
d’un carrefour non de´nivele´, ou d’une zone urbaine dense a` la sortie ; usagers aux pompiers, et mise en œuvre par l’exploitant.
– existence en tunnel d’e´changeurs ou d’ame´nagements divers pour les pie´ La figure 1 en fournit une liste et une description synthe´tique,
tons, les deux roues, les transports en commun, etc… ; avant leur examen pre´cis par la suite.

SUPERVISER
Gestion technique centralisée AGIR
Radio diffusion
Véhicule de secours
en entrée
Panneaux à
messages variables

RECONNAÎTRE

Appareils d’éclairage

ACQUÉRIR
Caméras de vidéo
surveillance

Pollution (opacimètres,
analyseurs de CO,...) Garages

Ventilation
(anémomètres) Ventilation

Niches de sécurité
(extincteurs – postes d’appel d’urgence)

Signalisation de police (limitation


de vitesse et d’inter-distance)

Plots
Poteaux de balisage Barrières automatiques
incendie lumineux de contrôle d’accès en entrée
Trafic (boucles de comptage,
Issues détection automatique d’incidents, ...)
de secours

INCIDENT RÉACTIONS ADÉQUATES


DÉCLENCHEUR DES USAGERS ET POMPIERS

Figure 1 – Chaıˆne de se´curite´ et e´quipements

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& Chausse´es et trottoirs


2. Dispositions ge´ne´rales de

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Ge´nie civil
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2.1 Chausse´es et trottoirs


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Pour les tunnels situe´s sur le re´ seau routier transeurope´ en, les
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infe´rieures a` 5 %, a` moins que cela ne soit pas


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possible du point de vue ge´ographique.


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& Trottoirs
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Un trottoir doit eˆ tre re´alise´ a` droite de chaque sens de circulation afin de


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permettre aux usagers en de´tresse ayant du quitter leur ve´hicule d’atteindre les
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e´ quipements de se´curite´ en restant en dehors du gabarit late´ ral de


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circulation. Ce trottoir, d’une hauteur maximale de 0,25 m, ne sera pas se´pare´


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de la chausse´e par une bordure de´passant cette hauteur, sa largeur minimale,


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au-dela` du gabarit late´ ral de circulation, sera de 0,60 m au niveau du sol et de e


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0,75 m a` une hauteur de 1,50 m au dessus du sol.


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& Chausse´es
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La largeur de la chausse´e roulable est projete´e selon les disposi-tions de


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l’article TI, l’article [C 4 310]. Toutefois, si la circulation est unidirectionnelle,


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le profil en travers doit eˆ tre conc¸u pour permettre l’acce` s des ve´ hicules de
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secours, y compris dans le sens normal de circulation, lorsqu’il y a des


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ve´hicules arreˆ te´ s sur le nombre nomi-nal de voies de circulation. Si ne´


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cessaire, on peut avoir recours a` une bande d’arreˆ t d’urgence, ou a` une bande
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2.2 Tunnels autorise´s aux ve´hicules TMD


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La de´finition de ces TMD, pour Transports de marchandises dan-gereuses,


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est pre´cise´e au paragraphe 8.2.


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1,830
Z0 + 0,165
4,500 4,500 Z0+0,104
Z0 ± 0,000 Z0-0,044
Z0-0,044 - 1,000 %

150
5,400 Collecteur drain de chaussée Ø160 Collecteur drain de chaussée Ø160 5,400
6
CAMD CEED Z0-0,350
Ø400 Ø400 Fo-0,96 Fo-0,96 CEED Ø400
Matériaux Drain
Z0-1,580 Z0 -1,580 drainants Z0-1,590 CI Ø250 f
de chaussée Z0-1,680
10/20 Ø 80 esp. -10.000 o
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x 3,830 3,610
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100 799 5,172
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Figure 2 – Coupe type du tunnel de Bois de Peu 5


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Toute reproduction sans autorisation du Centre franc¸ais d’exploita
C 5 575 – 4 est strictement interdite. – © Editions T
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Les travaux souterrains et les dépollutions
(Réf. Internet 42551)

1– Les travaux souterrains R


2– Dépollution et recyclage Réf. Internet page

Techniques de réhabilitation des sites et sols pollués. Fiches de synthèse C5582 31

Déchets du Bâtiment et des Travaux Publics C5600 39

Recyclage en centrale des matériaux de chaussées C5620 49

Recyclage et retraitement en place des matériaux de chaussées C5622 53

La démolition. Techniques et métiers connexes C9005 59

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Techniques de rŽhabilitation
des sites et sols polluŽs
Fiches de synth•se
Par Pascal ROUDIER R
Directeur GŽnŽral Adjoint SITA Remediation

1. Air sparging .................................................................................................... C 5 582 Ð 2


..................................................................................2.AttŽnuationnaturelle Ñ 3
.......................................................................................3.Barri•resrŽactives Ñ 4
..........................................................................................4.Bioaugmentation Ñ 5
..........................................................................................................5.Bioslurry Ñ 7
...............................................................................................6.Biostimulation Ñ 8
..........................................................................................................7.Biotertre Ñ 9
......................................................................................................8.Bioventing Ñ 10
....................................................................................9.Compostagedesols Ñ 11
.................................................................10.DŽsorptionthermiqueexsitu Ñ 13
..................................................................11.DŽsorptionthermiqueinsitu Ñ 14
12. ElectrocinŽtique ......................................................................................... Ñ 15
13. Electro-oxydation ....................................................................................... Ñ 16
....................................................................................................14.Excavation Ñ 17
.................................................................................................15.IncinŽration Ñ 18
.............................................................................................16.Lavageexsitu Ñ 19
...............................................................................................17.Lavageinsitu Ñ 19
.................................................................................................18.Micro-ondes Ñ 20
........................................................................................19.Oxydationinsitu Ñ 21
20. Photo-oxydation sous ultraviolets ........................................................ Ñ 22
.......................................................................................21.PhytoremŽdiation Ñ 23
22. Pump and Treat ........................................................................................... Ñ 24
23. Pyrolyse ........................................................................................................ Ñ 25
24. Rabattement-ŽcrŽmage ............................................................................ Ñ 26
25. RŽduction ..................................................................................................... Ñ 27
26. Slurping ........................................................................................................ Ñ 28
.......................................................................27.SolidiÞcation/stabilisation Ñ 30
...........................28.Tensio-actifs/cotensio-actifs,solvants/cosolvants Ñ 31
................................................................29.TraitementbiologiqueaŽrobie Ñ 32
...........................................................30.TraitementbiologiqueanaŽrobie Ñ 34
...................................................................31.Traitementparchampignons Ñ 35
...................................................................................32.TrigranulomŽtrique Ñ 36
33. Ultrasons ...................................................................................................... Ñ 37
34. Venting.......................................................................................................... Ñ 38
..................................................................................................35.VitriÞcation Ñ 39
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPU

.........................................................................RŽfŽrencesbibliographiques Ñ 40

Toute reproduction sans autorisation du Centre fran•ais dÕexploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de lÕIngŽnieur C 5 582 − 1

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TECHNIQUES DE RƒHABILITATION DES SITES ET SOLS POLLUƒS


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es Þches prŽsentŽes ci-apr•s rŽcapitulent les diffŽrentes techniques de rŽha-

Lbilitation des sols et eaux de nappes polluŽs envisageables. Chaque Þche aborde ˆ la
fois l'aspect thŽorique ˆ travers le principe de base de la technique de rŽhabilitation
concernŽe et l'aspect pratique ˆ travers les moyens techniques mis en Ïuvre. Elle indique
Žgalement le type de polluants auxquels cette techni-que s'applique ainsi que les
performances que l'on peut atteindre et la maturitŽ du procŽdŽ. De plus, des exemples
concrets de rŽhabilitation sont prŽsentŽs et justiÞŽs pour diffŽrents produits polluants.
L'objectif de ces Þches est d'aider le lecteur ˆ identiÞer une ou des techniques

R de rŽhabilitation applicables ˆ son cas particulier. Toutefois, les techniques prŽ-sentŽes ne sont pas
exhaustives (d'importants et rapides progr•s en recherche et
dŽveloppement laissant entrevoir de nombreuses autres possibilitŽs dans un avenir
proche [1] [2]). De plus, le choix d'une technique de rŽhabilitation nŽcessite la prise
en compte de param•tres nombreux et variŽs : param•tres liŽs ˆ la nature du sol, aux
polluants ˆ traiter, contraintes liŽes au site, contraintes technico-Žconomiques, et ces
Þches ne sauraient en aucun cas remplacer l'exper-
tise des sociŽtŽs spŽcialisŽes dans la rŽhabilitation de sites et sols polluŽs.
Nota : In situ dŽsigne tout procŽdŽ de dŽpollution appliquŽ ˆ un sol sans excavation, et ex situ
dŽsigne tout procŽdŽ de dŽpollution appliquŽ ˆ un sol apr•s excavation. Les traitements ex situ
englobent les traitements on site o• les sols sont traitŽs sur place et les traitements off site o• les sols
sont transportŽs vers un centre de traitement Þxe adaptŽ.

■ Moyens techniques
1. Air sparging La zone saturŽe est traitŽe ˆ partir de points dÕinjection. Le nom-bre,
l'espacement et la profondeur des points sont dictŽs par :
Autre mot-clŽ : barbotage in situ Ñ la dŽfinition gŽomŽtrique du syst•me : extension et type de
LÕinjection dÕun gaz dans lÕeau souterraine pour volatiliser les com- contamination, profondeur et variations du niveau statique de la nappe,
posŽs volatils (lÕair sparging) est une technique tr•s utilisŽe depuis une profondeur du substratum ;
dizaine dÕannŽes dans des cas o• le sol prŽsente une gŽologie simple Ñ les caractŽristiques hydrodynamiques de la zone saturŽe : per-
(Þgure 1). Cette technique est souvent en concurrence avec le pompage mŽabilitŽ, coefficient dÕemmagasinement ;
de la nappe et dÕautres traitements in situ de la nappe. LÕair sparging Ñ les conditions aux limites appliquŽes sur le syst•me : limites ˆ
est frŽquemment couplŽ avec le venting (¤ 34 ). charge constante, variable.
Ces m•mes param•tres vont inßuer sur le choix du type de sur-
■ Principe presseur (volumŽtrique, intermŽdiaire, centrifuge...) et de sa puis-sance.
L'air sparging est un procŽdŽ in situ permettant de traiter locale-ment Sur les sites en activitŽ, le rŽseau et la connectique sont gŽnŽralement
la zone saturŽe (dissoute, adsorbŽe). Cette technique consiste enterrŽs.
ˆ injecter un gaz, le plus souvent de lÕair, dans la formation par des La concentration en oxyg•ne dissous dans l'eau souterraine est cou-
puits verticaux ou horizontaux. Cette injection a lieu au-dessous du ramment utilisŽe sur le terrain pour contr™ler lÕefÞcacitŽ du syst•me.
niveau de la nappe d'eau souterraine ˆ traiter. Ensuite, l'air se pro-page ˆ La rŽpartition homog•ne des canaux d'air est cruciale pour le bon
travers la zone saturŽe en crŽant des canaux d'air. En instau-rant cette fonctionnement de l'air sparging. Cette rŽpartition dŽpend forte-ment des
interface air/phases du sol (air/eau, air/sol, air/produit), l'air sparging hŽtŽrogŽnŽitŽs du sol dans la zone ˆ dŽcontaminer. Par exemple, un sol
favorise la volatilisation des substances chimiques volatilisables stratiÞŽ ne pourra •tre traitŽ par air sparging que si la permŽabilitŽ ˆ l'air
prŽsentes dans la zone saturŽe ainsi que celles prŽsen-tes ˆ l'Žtat pur des diffŽrentes strates augmente en se rappro-chant de la surface du
au-dessus de la frange capillaire aqueuse. En paral-l•le, la dissolution de sol. De m•me, des lentilles de sol peu per-mŽables ˆ l'air ne seront pas
l'oxyg•ne de l'air dans la phase aqueuse permet d'augmenter la dŽcontaminŽes.
biodŽgradation aŽrobie de certains contami-nants (biosparging).
AÞn d'Žvaluer si le traitement touche ˆ sa Þn, le syst•me de spar-ging
est arr•tŽ et la concentration en contaminant est suivie dans des puits de
L'air sparging est souvent couplŽ ˆ un rŽseau de rŽcupŽration des contr™le. Typiquement, cette derni•re est faible lors de l'arr•t du
vapeurs installŽ dans la zone insaturŽe. Les vapeurs peuvent ensuite syst•me, puis une augmentation est observŽe due ˆ une remobilisation
•tre traitŽes en surface (cf. venting ¤ 34) du contaminant. Ce phŽnom•ne est appelŽ
■ Type de pollution traitŽe Ç rebond È. Plusieurs mois peuvent s'Žcouler avant d'observer le
rebond. Les phŽnom•nes de rebond doivent •tre pris en compte dans
L'air sparging permet de traiter des contaminants volatils : constante l'Žvaluation du temps de traitement.
de Henry supŽrieure ˆ 0,01 ˆ 20 ¡C et/ou pression de vapeur saturante
supŽrieure ˆ 0,5 mm Hg (67 Pa) ˆ 20 ¡C. L'air spar-ging est plus ■ Performances
couramment utilisŽ pour traiter des solvants chlorŽs et des Le rendement de ce procŽdŽ peut atteindre 99 %.
hydrocarbures pŽtroliers volatils (essences, kŽros•neÉ). ■ MaturitŽ du procŽdŽ
Deux types de pollution peuvent •tre traitŽes par air sparging : Le procŽdŽ est actuellement commercialisŽ. En outre, des recher-
Ñ les zones source, ches sont toujours menŽes aÞn dÕamŽliorer la technologie et son suivi.
Ñ les contaminations dissoutes en aval de la source. Une ■ Exemple industriel
Ç barri•re È de puits dÕinjection est alors installŽe perpendiculaire-ment
ˆ l'Žcoulement afin de mettre un terme ˆ la migration des contaminants Type de site : ancienne usine automobile
plus en aval. Technique : air sparging couplŽ ˆ un venting et pompage

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C 5 582 − 2 © Techniques de lÕIngŽnieur

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________________________________________________________________________________ TECHNIQUES DE RƒHABILITATION DES SITES ET SOLS POLLUƒS

intervention de lÕhomme. Ce phŽnom•ne est appelŽ attŽnuation


Compresseur DŽcontamination de l'air du sol naturelle.
RŽglage de la pression Aspiration de l'air du sol Les mŽcanismes ˆ lÕorigine de lÕattŽnuation naturelle sont nombreux
DŽbitm•tre DŽbitm•tre :
Ñ volatilisation,
Ñ dŽgradation abiotique au contact des matŽriaux du sol (par
exemple, hydrolyse),
Ñ biodŽgradation par les micro-organismes indig•nes de la zone
ƒtanchŽitŽ CrŽpine saturŽe et insaturŽe,
Sol Ñ advection,
Ñ dispersion,
Ñ dilution par les eaux de recharge,
Ñ diffusion gazeuse et aqueuse,
Ñ convection, R
Ñ sorption.
Parmi cette liste, les deux types de dŽgradations (biologique et
abiotique) sont les seuls mŽcanismes entra”nant lÕaltŽration du con-
taminant. Il est ˆ noter que lorsque la dŽgradation nÕest pas compl•te, la
Surface de la nappe
toxicitŽ des produits de dŽgradation peut parfois •tre plus ŽlevŽe que le
Graviers
contaminant dÕorigine. Les autres mŽcanismes consistent en un
transfert de phase ou un transport du contaminant au sein dÕune phase.

Zone polluŽe ■ Type de pollution traitŽe


LÕattŽnuation naturelle des BTEX (hydrocarbures aromatiques:
benz•ne, tolu•ne, Žthylbenz•ne, xyl•ne) a ouvert la voie d•s 1985 et est
dŽsormais bien acceptŽe aux USA. Plus de trente sites contami-nŽs par
hydrocarbures ont eu lÕaccord des autoritŽs pour appliquer
lÕattŽnuation naturelle en 1995. Les procŽdures dÕŽvaluation sont en
cours de standardisation.
Les solvants chlorŽs (PCE (perchloroŽthyl•ne), TCE (trichloroŽ-
thyl•ne), DCE (dichloroŽthyl•ne)) font eux aussi lÕobjet dÕŽvaluations
mais les procŽdŽs de dŽgradation sont bien plus complexes que dans le
Figure 1 Ð Principe de lÕair sparging couplŽ avec un venting cas des BTEX. Les procŽdures dÕŽvaluation sont donc plus longues et
plus cožteuses. Ceci explique que peu de sites polluŽs par les solvants
chlorŽs ont ˆ lÕheure actuelle re•u lÕaval des autori-tŽs pour
lÕapplication de lÕattŽnuation naturelle. Des guides dÕŽva-luation ont
Contaminant : solvant chlorŽ principalement trichloroŽthyl•ne (TCE)
ŽtŽ publiŽs aux USA concernant les solvants chlorŽs.
Objectif de traitement : 500 µg/l
DÕautres composŽs ne faisant pas encore lÕobjet de guides ofÞ-ciels
Volume traitŽ : 20 aiguilles de venting et 7 aiguilles de sparging pour se pr•tent ˆ lÕattŽnuation naturelle : les explosifs (TNT (trinitro-tolu•ne),
une surface de 0,8 ha RDX (Royal Demolition Explosives)), les phŽnols et certains composŽs
Type de roche/gŽologie : craie, nappe ˆ 30 m de profondeur inorganiques. Du fait de lÕabsence de documents ofÞciels, lÕŽvaluation
de lÕattŽnuation naturelle pour ces composŽs doit •tre tr•s dŽtaillŽe
DurŽe : 18 mois pour •tre acceptŽe par lÕadministration.
3
Moyens techniques : 2 plates-formes de venting 800 m /h et un ■ Moyens techniques
3
compresseur ˆ vis 300 m /h Les cas dÕattŽnuation naturelle dans la zone insaturŽe ne sont pas
■ RŽfŽrences bibliographiques inexistants mais ils bien moins nombreux que ceux recensŽs pour les
eaux souterraines.
VOGEL (T.M.).- BioremŽdiation des sols, J3982 (6-2001).
LÕattŽnuation naturelle est acceptŽe de mani•re croissante en tant
BALLERINI (D.).- Traitements biologiques des sols, G2620 (4-1999).
que Ç procŽdŽ È de dŽpollution lorsque plusieurs campagnes
dÕŽchantillonnage (gŽnŽralement 3 ou 4 campagnes ˆ 3 ou 6 mois
dÕintervalle) ont montrŽ que les conditions suivantes sont toutes
rŽunies :
2. AttŽnuation naturelle Ñ la contamination ne prŽsente pas de risques immŽdiats et nÕen
prŽsentera pas durant toute la durŽe de lÕattŽnuation naturelle,
Ñ ˆ un temps donnŽ, les concentrations observŽes dŽcroissent plus
LÕattŽnuation naturelle est souvent prŽsentŽe comme la capacitŽ on sÕŽloigne de la source,
naturelle du sol et de la nappe phrŽatique ˆ dŽgrader les polluants Ñ ˆ une position donnŽe de la zone polluŽe, les concentrations
(Þgure 2). La biodŽgradation naturelle joue un r™le primordial dans observŽes sont dŽcroissantes avec le temps.
lÕattŽnuation naturelle. Cette technique se perfectionne avec lÕŽvolu-
tion des techniques de modŽlisation et dÕinvestigation. Aux Etats-Unis comme en France, lÕŽtude de risques est une Žtape
cruciale dans lÕŽvaluation de lÕattŽnuation naturelle. Toute Žtude de
■ Principe risques liŽe ˆ lÕapplication future de lÕattŽnuation naturelle devrait,
Il arrive que la masse totale et/ou la concentration de contami-nants dans un cas idŽal, •tre spŽciÞque au site concernŽ (type de polluant,
dans les sols et les eaux souterraines dŽcroisse avec le temps et avec quantitŽ, source prŽsente ou non, toxicitŽ, mobilitŽ, rŽcepteurs
lÕŽloignement par rapport ˆ la pollution Ç source È et ce sans potentiels...) et discuter les points suivants :

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TECHNIQUES DE RƒHABILITATION DES SITES ET SOLS POLLUƒS


_________________________________________________________________________________

Ñ une solution de Ç secours È doit •tre dŽcrite prŽcisŽment et mise Les param•tres pouvant •tre analysŽs lors du forage des puits et apr•s
en place sur le site afin dÕ•tre appliquŽe si lÕattŽnuation natu-relle met leur installation sont nombreux :
en danger les rŽcepteurs potentiels, Ñ concentrations en contaminants dans les sols (zone insaturŽe et
Ñ une durŽe approximative de remŽdiation doit •tre calculŽe. Ces saturŽe) et dans lÕeau ;
durŽes sont gŽnŽralement de 10 ˆ 50 ans, voire supŽrieures, Ñ concentration en gaz dissous : oxyg•ne, hydrog•ne, mŽthane ;
Ñ lÕutilisation du terrain durant la durŽe de remŽdiation doit •tre Ñ concentration en accepteurs dÕŽlectrons : nitrate, mangan•se,
planifiŽe et lÕarrivŽe de nouveaux rŽcepteurs ŽtudiŽe. Des mesures fer(III), sulfate ;
doivent •tre prises pour Žviter toute exposition pouvant survenir durant la Ñ concentration en carbone organique total dans le sol et dans lÕeau
durŽe de remŽdiation. ;
Ñ dŽnombrement bactŽrien (totaux ou anaŽrobie) dans les sols et
Lorsque lÕŽtude de risques nÕexclut pas lÕapplication de lÕattŽnua- dans lÕeau ;
tion naturelle, il convient de prouver quÕil y a effectivement attŽ- Ñ param•tres physico-chimiques: pH, tempŽrature, conductivitŽ,


potentiel redox, etc...
nuation naturelle : cÕest la phase dÕŽvaluation. Le nombre, lÕemplacement Ces param•tres ne sont pas analysŽs systŽmatiquement mais ils
et le design des puits de contr™le doivent faire lÕobjet de beaucoup de peuvent venir corroborer le proÞl des concentrations en contami-nants.
prŽcautions. La Þgure 2 montre schŽmatiquement lÕemplacement des puits
et leur r™le. On distingue donc :
Ñ un ou plusieurs puits en amont afin de suivre le bruit de fond du ■ Performances
site (puits A) ;
Un nombre croissant de sites utilisent l'attŽnuation naturelle aux
Ñ une sŽrie de puits le long de la lentille de pollution afin dÕŽtu-dier Etats-Unis pour des raisons Žvidentes de cožt. En effet, une fois la
lÕŽvolution des concentrations en partant de la source et en allant vers phase dÕŽvaluation acceptŽe par lÕadministration, il ne reste quÕˆ
les zones les moins concentrŽes en aval (puits B,C,D) ; effectuer des Žchantillonnages rŽguliers aÞn de sÕassurer que le pro-
Ñ un ou plusieurs puits latŽraux afin de savoir si la largeur de la cŽdŽ suit son cours.
lentille de pollution est stabilisŽe ou Žvolue encore (puits F) ; Historiquement, l'attŽnuation naturelle a tout d'abord ŽtŽ rŽalisŽe sur
Ñ un ou plusieurs puits Ç sentinelle È en aval de la lentille de pol- des sites polluŽs par des hydrocarbures, puis son utilisation s'est Žlargie
lution qui serviront ˆ donner lÕalerte si les contaminants y sont dŽtectŽs. aux pollutions par des solvants chlorŽs. Aujourd'hui, les deux types de
Une solution de remŽdiation alternative devra alors •tre mise en place polluants sont concernŽs par l'attŽnuation naturelle.
afin dÕŽviter que la migration des contaminants se poursuive. Une Žtude rŽalisŽe par Todd Wiedemeier (Parsons Engineering
LÕemplacement des puits en aval est gŽnŽralement fixŽ par Science, Inc.) a permis lÕŽvaluation de lÕattŽnuation naturelle sur 70
lÕadministration ou lÕhydrogŽologue agrŽŽ. Ces puits constituent la sites de l'US Air Force : 20 polluŽs par solvants chlorŽs et 50 pol-luŽs
limite au-delˆ de laquelle la contamination prŽsente des risques par hydrocarbures. M•me si lÕattŽnuation naturelle a ŽtŽ prou-vŽe sur
immŽdiats (puits E). 88 % des sites polluŽs par solvants chlorŽs, seuls 20 % de ces cas
Une caractŽrisation tr•s prŽcise de lÕhydrogŽologie du site et de la permettent de protŽger des rŽcepteurs Žventuels. Parall•le-ment,
lentille de pollution au temps zŽro est essentielle aÞn de pouvoir placer lÕattŽnuation naturelle a ŽtŽ prouvŽe dans presque 100 % des sites
les puits de mani•re sensŽe et dŽterminer les profondeurs et hauteurs polluŽs par hydrocarbures et elle garantit des niveaux de ris-ques
des crŽpines. LÕŽvaluation sera dÕautant plus facile et con-vainquante acceptables pour plus de 80 % de ces sites.
que le positionnement des puits aura ŽtŽ judicieux. Ces param•tres La diffŽrence majeure de comportement entre les solvants chlorŽs et
deviennent cruciaux lorsque : les hydrocarbures tient principalement aux longueurs de lentille de
pollution. Les lentilles de BTEX dŽpassent rarement 400 m•tres de long
Ñ les contaminants sont plus denses que lÕeau. Les crŽpines alors quÕil nÕest pas rare de voir des contaminations supŽ-rieures ˆ un
devront alors tenter de suivre le parcours des contaminants : phase kilom•tre pour les solvants chlorŽs.
descendante ˆ partir de la source puis phase horizontale au dessus du
substratum ; ■ MaturitŽ du procŽdŽ
Ñ il existe des variations saisonni•res importantes du niveau de la Aux Etats-Unis, lÕattŽnuation naturelle des hydrocarbures et des
nappe ; solvants chlorŽs est dŽsormais bien acceptŽe. Des guides ont ŽtŽ
Ñ le sens de lÕŽcoulement a des risques de changer ˆ la suite de publiŽs par lÕUS EPA (Environmental Protection Agency) ˆ cet effet.
travaux dans la zone dÕinfluence de la nappe : goudronnage des zones Pour dÕautres contaminants, les procŽdures ont lieu au cas par cas.
de recharge, ajout de syst•mes de drainage, construction de fondations L'utilisation de l'attŽnuation naturelle est limitŽe en France, mais cette
nŽcessitant le pompage dÕeau momentanŽÉ technique est en cours d'Žvaluation et des expŽriences sont
actuellement menŽes.

Contr™le latŽral
de la pollution 3. Barri•res rŽactives
Zone source
(polluant pur) F Cette technique consiste ˆ implanter une barri•re permŽable depuis la
surface du sol jusquÕˆ la base de lÕaquif•re pour intercep-ter un
Contr™le aval panache de pollution. La barri•re est remplie d'un rŽactif per-mettant la
de la pollution dŽgradation des polluants dissous dans l'eau. Deux types de barri•res
Bruit de fond existent (Þgure 3): les barri•res permŽables classiques et les barri•res Ç
du site A B C D E syst•me porte È.

Panache de pollution ■ Principe


Direction du panache (polluant dissous) Une barri•re rŽactive est une tranchŽe rŽalisŽe entre la surface du sol
de pollution
et le substratum, orientŽe perpendiculairement au sens d'Žcoule-ment
de la nappe phrŽatique. Cette tranchŽe est enti•rement remplie par un
principe actif de traitement, adaptŽ au type de pollution traitŽ.
Figure 2 Ð Principe de lÕattŽnuation naturelle

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Le panache de pollution qui passe ˆ travers le principe actif de


traitement est dŽpolluŽ. Zone Panache
Eau traitŽe
source de pollution
Les dimensions de la barri•re sont ajustŽes de fa•on ˆ intercepter la
totalitŽ du panache de pollution (longueur de la barri•re) et ˆ assurer un
temps de contact sufÞsant entre l'eau ˆ traiter et le prin-cipe actif de
traitement (largeur de la barri•re).
Le gros avantage de ce procŽdŽ est qu'il s'agit d'un traitement qui ne
nŽcessite pas de pompage. De plus, il peut •tre installŽ pour de
nombreuses annŽes avec une maintenance rŽduite.
Sens d'Žcoulement Barri•re
■ Type de pollution traitŽe de la nappe permŽable
Le type de pollution traitŽe dŽpend du principe actif de traitement mis a Barri•re permŽable classique
en place dans la barri•re.
Les barri•res rŽactives permettent le traitement de nombreux
polluants organiques et de certains mŽtaux. Zone
source
Panache
de pollution Eau traitŽe

Toutefois, dans la majoritŽ des cas, les polluants traitŽs sont des
solvants chlorŽs. En effet, ces polluants, plus denses que l'eau et peu
solubles, s'accumulent sur des lentilles de terrain impermŽa-bles
difÞciles ˆ localiser, puis se dissolvent tr•s lentement en for-mant un
panache de pollution. Ils sont difÞciles ˆ traiter par les techniques
classiques de pompage. En revanche, les barri•res rŽac-tives permettent
l'interception de la totalitŽ du panache de pollution. Dans le cas des
solvants chlorŽs, le principe actif de traitement consiste en une
Porte
rŽduction, catalysŽe ou non, du ou des polluants chlorŽs prŽsents (¤ 25 Sens d'Žcoulement
RŽduction). de la nappe

■ Moyens techniques Paroi Žtanche


On trouve deux types de barri•res rŽactives: les barri•res permŽa-bles b Barri•re Ç syst•me porte È
classiques et les barri•res Ç syst•me porte È (Þgure 3).
Les barri•res permŽables classiques sont des tranchŽes allant de Figure 3 Ð Principe des barri•res rŽactives
la surface du sol jusqu'au substratum, orientŽes perpendiculaire-ment au
sens d'Žcoulement de la nappe. Cette tranchŽe est enti•re-ment remplie
par le principe actif de traitement. Le principe actif doit toujours avoir une
■ Performances
permŽabilitŽ tr•s supŽrieure ˆ celle du sol. La longueur de la barri•re doit
•tre sufÞsante pour permettre le traite-ment de tout le panache de Les performances des barri•res dŽpendent du principe actif de
pollution. La largeur de la barri•re (gŽnŽ-ralement de 20 cm ˆ 1 m) et la traitement. Pour un syst•me correctement dimensionnŽ, les perfor-
vitesse d'Žcoulement de la nappe Þxent le temps de sŽjour de l'eau mances de traitement peuvent dŽpasser 99,9 %.
dans la barri•re. Ce temps de sŽjour est un param•tre important pour le
procŽdŽ de traitement, quel qu'il soit. A faible profondeur, ce type de ■ MaturitŽ du procŽdŽ
barri•re peut •tre ins-tallŽ par des techniques de terrassement classiques
Ce procŽdŽ, dŽveloppŽ il y a une quinzaine d'annŽes aux ƒtats-Unis,
(trancheuse, pelle mŽcanique). Les temps de contact gŽnŽralement
est actuellement commercialisŽ.
longs dans ce type de barri•re permettent l'utilisation de rŽactifs peu
efÞcaces (lents). Toutefois, ce type de barri•re est inapplicable ˆ grande ■ Exemple industriel
pro-fondeur, il nŽcessite de tr•s gros volumes de rŽactif, et donc l'utilisa-
tion de rŽactifs peu chers. De plus, une fois l'installation rŽalisŽe, Pays : Belgique
l'intervention est tr•s complexe sur le rŽactif. Type de site : site industriel en activitŽ
Les barri•res Ç syst•me porte È consistent ˆ canaliser la nappe ˆ Contaminant : trichlorŽthyl•ne (zones sources et panache de pollution)
traiter ˆ l'aide de parois Žtanches et ˆ la diriger vers une porte de Technique : pompage des zones sources et barri•re rŽactive
traitement. Le principe actif de traitement est placŽ au niveau de cette Ç syst•me porte È avec rŽactif de rŽduction catalytique pour le pana-che
porte. Le gradient hydraulique rŽsultant de l'installation de la paroi de pollution
Žtanche permet l'Žcoulement de l'eau dans la porte de traite-ment sans
2
Design : parois Žtanches de 4500 m , 3 portes comportant cha-cune
pompage. Le principe actif doit toujours avoir une per-mŽabilitŽ tr•s
supŽrieure ˆ celle du sol. Les longueurs des parois Žtanches de part et 3 cartouches de traitement en sŽrie
d'autre de la porte doivent •tre sufÞsantes pour permettre le traitement DurŽe prŽvisionnelle du traitement : 30 ans
de tout le panache de pollution. Le volume de rŽactif et la vitesse
d'Žcoulement de la nappe Þxent le temps de sŽjour de l'eau dans la
porte. Ce temps de sŽjour est un param•tre important pour le procŽdŽ
de traitement, quel qu'il soit.
La porte consiste en un puits inox (d'un diam•tre de l'ordre de 1 m) 4. Bioaugmentation
implantŽe dans la paroi Žtanche. Le rŽactif est placŽ dans une
cartouche inox amovible que l'on descend dans le puits et qui se
connecte de fa•on Žtanche au fond de l'ouvrage. Cette cartouche La bioaugmentation est lÕadjonction de micro-organismes en vue de
amovible permet d'intervenir facilement sur le rŽactif. Toutefois, la rendre possible ou dÕamŽliorer la biodŽgradation d'un polluant dans le
3
quantitŽ de rŽactif utilisŽe est limitŽe (ˆ quelques m maximum) et on sol ou dans la nappe phrŽatique (Þgure 4). Cette technique est parfois
concentre au niveau de la porte le dŽbit de toute une tranche d'aquif•re. nŽcessaire mais est souvent appliquŽe sans utilitŽ. La bioaugmentation
Les temps de contact eau / rŽactif sont donc beaucoup plus faibles que n'est indispensable que lorsque le milieu polluŽ ne contient pas de
pour une barri•re permŽable classique et il faut uti-liser des rŽactifs micro-organismes capables d'effectuer la biodŽ-gradation.
beaucoup plus performants.

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Le transport des micro-organismes du puits dÕinjection jusqu'ˆ la zone


Fermenteur contaminŽe est inßuencŽ par les param•tres du sol (permŽabi-litŽ, taux
CongŽlateur dÕhumiditŽ, tempŽrature, pH, CEC, taux de mati•re organi-que) et par
les propriŽtŽs des micro-organismes injectŽs (taille, sorption). Ainsi,
certaines Žtudes ont montrŽ que lÕinjection de cellu-les dormantes (ultra
microbacterial cells, UMB) au lieu de cellules vŽgŽtatives permet
dÕaccro”tre le rayon dÕinßuence dÕun puits dÕinjection. En effet, les
UMB occupent gŽnŽralement un volume moindre que les cellules
vŽgŽtatives ; leur capacitŽ de sorption est rŽduite et leur activitŽ de
division est inexistante. Le colmatage du puits souvent observŽ avec des
cellules vŽgŽtatives est beaucoup moins marquŽ avec des UMB.
Conservation des Production des
R micro-organismes micro-organismes Zone
polluŽe
Lorsque lÕutilisation dÕUMB est envisagŽe, il convient de se poser
les questions suivantes aÞn de sŽlectionner les micro-organismes
ajoutŽs :
Figure 4 Ð Principe de la bioaugmentation Ñ ont-ils une activitŽ dŽgradante satisfaisante ?
Ñ peuvent-ils former des UMB de taille rŽduite ?
Ñ peuvent-ils retrouver leur Žtat vŽgŽtatif lors de lÕinjection de
nutriments et de carbone ?
■ Principe Ñ conservent-ils leur activitŽ dŽgradante une fois leur Žtat vŽgŽ-tatif
La bioaugmentation est un procŽdŽ pouvant sÕappliquer ˆ la fois in retrouvŽ ?
situ ou ex situ. Il consiste ˆ ajouter des micro-organismes dans la zone
Il est prudent, avant dÕappliquer la bioaugmentation, de vŽriÞer que
polluŽe aÞn dÕaugmenter la biodŽgradation des contaminants. Les
les contaminants sont biodisponibles sans quoi lÕajout de micro-
micro-organismes ajoutŽs peuvent •tre Žtrangers au sol ou indig•nes.
organismes, m•me compŽtents, nÕaugmentera pas les rende-ments du
Dans le second cas, ils sont extraits du sol, acclimatŽs au contaminant,
procŽdŽ. Il est en effet probable que les micro-organismes ajoutŽs
cultivŽs ex situ puis rŽinjectŽs. Le procŽdŽ de bioaug-mentation est
nÕaient pas acc•s aux contaminants Ò historiques Ó, peu accessibles,
envisagŽ lorsque la biostimulation de la ßore indig•ne ne parvient pas ˆ
car les sites dÕattachement des micro-organismes les plus proches de
augmenter les vitesses de biodŽgrada-tion. La biostimulation est mise
ces contaminants sont dŽjˆ occupŽs par la popula-tion indig•ne.
en Žchec lorsque, par exemple :
Ñ les micro-organismes indig•nes nÕont pas le patrimoine gŽnŽ-
tique pour dŽgrader les contaminants ; LÕintroduction de micro-organismes Žtrangers perturbe lÕŽquilibre
Ñ le contaminant est prŽsent ˆ des concentrations toxiques pour les Žcologique du sol. Ces micro-organismes doivent donc •tre capa-bles de
micro-organismes indig•nes. supporter la compŽtition qui a lieu entre les divers organis-mes aÞn de
pouvoir former une population sufÞsamment nombreuse et atteindre des
Pour que lÕajout de micro-organismes soit efÞcace, il faut sÕassu-rer vitesses de biodŽgradation satisfaisan-tes. La compŽtition a lieu avec
que les Žtapes suivantes sont bien rŽalisŽes : dÕautres souches pour l'acc•s aux nutriments et aux substrats. Notons
Ñ transport jusqu'ˆ la zone contaminŽe, quÕutiliser les dŽnombrements bactŽriens comme crit•re de suivi de la
Ñ attachement des micro-organismes aux matŽriaux du sol, bioaugmentation peut se rŽvŽler trompeur. En effet, le rŽel objectif est
Ñ survie et croissance des micro-organismes, lÕactivitŽ de la popula-tion plus que le nombre de micro-organismes en
Ñ expression satisfaisante de leur activitŽ dŽgradante. lui-m•me.
Parmi les param•tres devant •tre pris en compte pour mener ˆ bien ■ Performances
une bioaugmentation, on trouve :
La majoritŽ des Žtudes sur la bioaugmentation se contente de relater
Ñ les propriŽtŽs du contaminant, comme par exemple : biodisponi-
des cas prŽcis sans tenter dÕexplorer la sensibilitŽ du pro-cŽdŽ. Il est
bilitŽ, concentration, toxicitŽ pour les micro-organismes dŽgradants ;
donc difÞcile dÕutiliser ces Žtudes pour concevoir, sur dÕautres sites,
Ñ les propriŽtŽs du sol, comme par exemple : taux dÕhumiditŽ, taux des syst•mes de bioaugmentation et prŽdire leurs performances.
de mati•re organique, pH, capacitŽ dÕŽchange cationique (CEC) ;
Ñ lÕŽcosyst•me microbiologique, comme par exemple : prŽsence de
prŽdateurs, compŽtition inter-esp•ces ; Les rŽsultats des Žtudes sont partagŽs. Certains Žchecs sont ˆ noter
Ñ la microbiologie, comme par exemple : prŽsence de co-subs-trats, quand l'inoculation aboutit ˆ une diminution de lÕactivitŽ dŽgradante ou ˆ
patrimoine gŽnŽtique des souches prŽsentes, stabilitŽ des enzymes, un colmatage de lÕaquif•re. NŽanmoins, le procŽdŽ de bioaugmentation
activitŽ des enzymes. est soutenu par dÕautres rŽsultats montrant lÕaugmentation de la
biodŽgradation lorsque des micro-organismes compŽtents ont ŽtŽ
■ Type de pollution traitŽe ajoutŽs aux micro-organismes indig•nes peu efÞcaces.
Le procŽdŽ de bioaugmentation est a priori applicable pour tout
contaminant pouvant •tre biodŽgradŽ par les micro-organismes ■ MaturitŽ du procŽdŽ
indig•nes et/ou ajoutŽs.
Le procŽdŽ est actuellement commercialisŽ.
■ Moyens techniques Aux Etats-Unis, des essais sont menŽs avec des micro-organismes
La bioaugmentation est appliquŽe in situ par exemple lors des gŽnŽtiquement modiÞŽs. En revanche, en France, tous les micro-
procŽdŽs de pump and treat (¤ 22) qui sont suivis dÕune rŽinjection organismes utilisŽs sont dÕorigine naturelle puisque lÕinnocuitŽ des
dans lÕaquif•re. micro-organismes gŽnŽtiquement modiÞŽs nÕest pas prouvŽe.
● Si le traitement en surface est effectuŽ par biorŽacteur, des micro-
■ Exemple industriel
organismes contenus dans le biorŽacteur Ð donc acclimatŽs Ð se
trouvent rŽinjectŽs dans la nappe. Type de site : ancien chantier naval
● Si le traitement en surface est physico-chimique, lÕeau rŽinjec-tŽe Technique : excavation puis traitement sur site en alvŽole
est amendŽe avec des micro-organismes cultivŽs par ailleurs. Contaminant : gasoil et ancien fuel partiellement dŽgradŽs
La bioaugmentation peut Žgalement •tre appliquŽe ex situ en
Objectif de traitement : 500 mg/kg
aspergeant les terres excavŽes avec la solution contenant les micro-
organismes ajoutŽs. Volume traitŽ : 8 000 m sol
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Type de roche/gŽologie : remblais et sables vasards Ñ lavage avec addition Žventuelle dÕun tensioactif (¤ 28).
DurŽe : 18 mois Il convient de bien dŽÞnir :
2
Moyens techniques : alvŽole de 2500 m ŽtanchŽe par du PEHD Ñ les caractŽristiques physiques du mŽlange liquide-solide, rŽgies par
(polyŽthyl•ne haute densitŽ) 1,5 mm, aŽration forcŽe, injection de la distribution des composŽs organiques dans le mŽlange, ainsi que par
bactŽries sŽlectionnŽes, injection de nutriments. la viscositŽ et la tension superficielle des contaminants ;
■ RŽfŽrences bibliographiques Ñ lÕŽnergie nŽcessaire ˆ apporter au syst•me pour homogŽ-nŽiser la
BALLERINI (D.). Ð Traitements biologiques des sols, G2620 (4-1999). suspension ;
Ñ le temps de sŽjour des boues pour parvenir au rŽsultat sou-haitŽ ;
VOGEL (T.M.). Ð BioremŽdiation des sols, J3982 (6-2001).
Ñ lÕapport minŽral (N, P...), la tempŽrature et la quantitŽ dÕoxy-

5. Bioslurry
g•ne ˆ leurs valeurs optimales ;

volatils).
Ñ les caractŽristiques des Žmissions gazeuses (CO2, produits R
Tr•s souvent, les biorŽacteurs sont alimentŽs en discontinu mais
on peut rencontrer des procŽdŽs qui fonctionnent en continu. LÕali-
Autre mot-clŽ : biorŽacteur mentation en continu permet de diluer la pollution entrant dans le
La technique nommŽe Ç bioslurry È consiste ˆ traiter le sol en rŽacteur et dÕŽviter lÕaccumulation des composŽs toxiques issus de
rŽacteur avec de lÕeau en quantitŽ sufÞsante pour maintenir en sus- la dŽgradation.
pension les particules du sol (pulpe) (Þgure 5). LÕexcavation prŽala-ble Le temps de sŽjour dŽpend de lÕensemble des param•tres carac-
du sol est obligatoire. Cette technique est dŽjˆ utilisŽe sur les grands tŽrisant les terres polluŽes. Il varie de quelques jours ˆ quelques
chantiers et permet de mieux contr™ler les processus de trai-tement semaines.
biologiques. Le bioslurry est la technique la plus cožteuse parmi les
traitements biologiques et reste donc un peu marginale. Le pH, la tempŽrature, lÕapport de nutriments et dÕoxyg•ne peu-
vent •tre optimisŽs pour obtenir la dŽgradation maximale. Le pH et
■ Principe la tempŽrature sont ajustŽs et maintenus en conditions optimales
Ces deux noms (bioslurry, biorŽacteur) correspondent au m•me pour les micro-organismes, ˆ des valeurs respectivement comprises
procŽdŽ ex situ. La premi•re Žtape consiste ˆ crŽer une boue Žpaisse en entre 4,5 et 8,8 et entre 15 et 35 ¡C.
mettant la partie Þne du sol en suspension dans lÕeau. Les LÕagitation permet un contact et un transfert de masse maximal
pourcentages de solide sont gŽnŽralement compris entre 10 et entre les polluants et les micro-organismes et amŽliore les transferts
50 % (poids). Des nutriments sont ajoutŽs pour stimuler les proces-sus dÕoxyg•ne. Elle peut •tre fournie gr‰ce ˆ des pales, un syst•me de
de biodŽgradation. Un syst•me dÕaŽration est employŽ dans le cas des pompage/circulation des boues ou un syst•me dÕaŽrateurs. Lorsque
procŽdŽs aŽrobies. Ce procŽdŽ est tr•s intŽressant quand lÕapport de le procŽdŽ est anaŽrobie, une source de carbone (exemple : amidon)
souches spŽcialisŽes est indispensable. En Þn de traite-ment, les est ajoutŽe au biorŽacteur aÞn que les micro-organismes aŽrobies la
phases solides et liquides sont sŽparŽes et le sol est remis en place. dŽgradent en consommant simultanŽment lÕoxyg•ne dissous prŽ-
sent dans le rŽacteur.
La complexitŽ des procŽdŽs peut varier dÕune simple lagune cons- Les apports de nutriments et dÕautres additifs peuvent •tre tr•s
truite en terre ˆ un rŽacteur plus sophistiquŽ. Leur caractŽristique variŽs : sels minŽraux (chlorure dÕammonium et phosphate de
commune est dÕassurer le mŽlange intime entre les micro-organis-mes sodium, oligoŽlŽments...), autres sources de carbone, agents de
et les polluants. neutralisation (pour lever les limitations de lÕactivitŽ microbienne),
solvants (Žthanol, acŽtone), ŽmulsiÞants, polym•res, anti-mousses.
■ Type de pollution traitŽe
On peut distinguer plusieurs catŽgories de micro-organismes :
LÕutilisation de rŽacteurs pour le traitement de sites polluŽs est indig•nes, naturels prŽadaptŽs, mŽlanges de souches (commercia-
gŽnŽralement admise pour des sols et des boues contaminŽs par des lisŽs par plusieurs sociŽtŽs). Ces micro-organismes peuvent •tre
substances peu biodŽgradables et/ou pour des sols gŽnŽrale-ment ajoutŽs au dŽbut pour ensemencer le rŽacteur ou en cours de traite-
difÞciles ˆ traiter comme ceux fortement argileux. ment pour maintenir la concentration en biomasse souhaitŽe.
Ce procŽdŽ nÕest pas destinŽ ˆ traiter les contaminations inorgani- Il existe trois types dÕefßuents lors dÕun traitement en bioslurry : le
ques. De plus, la prŽsence de mŽtaux lourds ou de chlorures peut solide traitŽ, lÕeau de procŽdŽ et les Žmissions gazeuses. En Þn
inhiber le mŽtabolisme bactŽrien et nŽcessite parfois un prŽtraite-ment. dÕopŽration, les solides sont sŽparŽs de lÕeau par dŽcantation, cen-
trifugation ou Þltration. LÕeau utilisŽe dans le rŽacteur peut •tre trai-
Ce procŽdŽ permet de dŽgrader une large gamme de composŽs tŽe avant dÕ•tre recyclŽe dans le rŽacteur ou rejetŽe dans le milieu.
organiques tels que les pesticides, les carburants et les huiles, le Si le procŽdŽ est appliquŽ dans une simple lagune, le liquide est
pentachlorophŽnol, les polychlorobiphŽnyles (PCB), les hydrocarbu-res rŽcupŽrŽ et les solides sont laissŽs sur place. Les Žmissions gazeu-
aromatiques polycycliques (HAP) et les composŽs organiques ses doivent •tre traitŽes (Þltre ˆ charbon actif, bioÞltre) lorsquÕelles
halogŽnŽs volatils ou semi-volatils. dŽpassent le seuil de concentration dŽÞni par les lŽgislations avant
dÕ•tre rejetŽes dans lÕatmosph•re.
■ Moyens techniques
Les unitŽs commercialisŽes nŽcessitent une surface de 0,05 ˆ
Le prŽtraitement des sols excavŽs est gŽnŽralement nŽcessaire 3
prŽalablement ˆ la mise en boue. Cela inclut le tamisage du sol pour 0,1 ha pour lÕimplantation dÕun rŽacteur dÕune capacitŽ de 1 000 m .
Žliminer les plus grosses particules (taille supŽrieure ˆ 4-5 mm). La ■ Performances
contamination de ces gros ŽlŽments reprŽsente dÕailleurs un moin-dre Ce procŽdŽ peut •tre efÞcace pour des sols contaminŽs par des
danger car les polluants sÕadsorbent prŽfŽrentiellement ˆ la sur-face de polluants prŽsents ˆ des concentrations comprises entre 2,5 g/kg et
particules de faible taille (argiles, hydroxydes mŽtalliques, mati•re 250 g/kg.
organique dŽcomposŽe).
Les rendements observŽs dŽpendent fortement du type de sol et
DÕautres prŽtraitements ont ŽtŽ dŽveloppŽs : de polluant. Avec un sol constituŽ de 5 % de graviers, 40 % de sables
Ñ rŽcupŽration, en amont du biorŽacteur, des phases hydropho-bes et 55 % de limons et argiles, on a observŽ un rendement dÕŽlimina-
sŽparŽes plus lŽg•res que lÕeau ; tion des hydrocarbures de 95 % en combinant un traitement en
Ñ prŽoxydation chimique des composŽs organiques ; bioslurry avec un prŽlavage des sols. Pour les composŽs ˆ trois

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Air rejetŽ
Nutriments
(bactŽries)

Traitement Air polluŽ


gaz
Sol
souillŽ

Fabrication boue
UnitŽ de 1 2 3 SŽparation Sol traitŽ
prŽparation Boue eau solide


Air
Compresseur
Eau Eau recyclŽe

Pompe Pompe

Figure 5 Ð Principe du bioslurry

noyaux aromatiques (HAP), le taux dÕŽlimination est de 98-99 %. Il Traitement : les sols subissent un prŽtraitement pour Žliminer les plus
diminue ˆ 85-95 % pour ceux ˆ quatre noyaux et ˆ 55-85 % pour ceux ˆ grosses particules (>150 µm). Le biorŽacteur est ŽquipŽ de sys-t•mes
plus de 4 noyaux. Ceci est dž ˆ la diminution de la solubilitŽ, donc de dÕagitation et de rŽcupŽration des gaz. Il est chargŽ avec des boues ˆ
lÕaccessibilitŽ des composŽs lorsque le nombre de noyaux augmente. 30 % de mati•res solides, des nutriments et des bactŽries spŽciÞques
8
(Ps. Fluorescens, Ps. Stutzeri et Alcaligenes sp., 10 bact./g sol).
● Avantages :
Ñ par rapport ˆ certains traitements non-biologiques, ce traite-ment Volume traitŽ : 9 000 m
3
permet de traiter des concentrations importantes de polluants (jusqu'ˆ DurŽe : 9 semaines. Les teneurs en HAP passent de 14 000 ppm ˆ 2
250 g/kg) ; 000 ppm en 2 semaines et 1 000 ppm en 9 semaines, celles des HAP ˆ
Ñ la structure du sol nÕest pas trop altŽrŽe et sa rŽutilisation ˆ des 2 ou 3 cycles passent de 8 000 ˆ 500 ppm en 2 semaines. Les HAP de 4
fins agricoles est envisageable ; ˆ 6 cycles passent de 6 000 ˆ 1 000 ppm en 2 semaines.
Ñ les durŽes de traitement sont plus courtes que les traitements
biologiques classiques et nÕexc•dent gŽnŽralement pas 6 ˆ 9 mois ; ■ RŽfŽrence bibliographique
Ñ ce procŽdŽ est tr•s intŽressant si lÕapport de souches BALLERINI (D.). Ð Traitements biologiques des sols, G2620 (4-1999).
spŽcialisŽes est indispensable ;
Ñ le maintien et le contr™le des conditions favorables aux micro-
organismes cibles sont facilitŽs.
● InconvŽnients : 6. Biostimulation
Ñ la prŽsence de polluants difficilement biodŽgradables peut ralentir
le processus. Il faudra alors inoculer des micro-organismes capables de La biostimulation consiste ˆ stimuler au moyen dÕadjuvants chi-
dŽgrader ces polluants ou augmenter les temps de sŽjour dans le miques ou biochimiques la dŽgradation des polluants par les micro-
biorŽacteur ; organismes indig•nes (Þgure 6). La biostimulation est ˆ la base de toute
Ñ une trop grande solubilitŽ des polluants peut rendre lÕutilisa-tion technique biologique ne nŽcessitant pas lÕadjonction de micro-
de ce procŽdŽ impossible en entra”nant des phŽnom•nes dÕinhibition organismes spŽciÞques sŽlectionnŽs. C'est lÕune des techniques les
des processus biologiques dus ˆ des concentrations en polluants plus utilisŽes du fait du cožt tr•s bas de mise en Ïuvre.
solubilisŽs trop ŽlevŽes ;
■ MŽtabolisme et comŽtabolisme
Ñ en prŽsence de fortes concentrations en mŽtaux lourds ou de
composŽs fortement chlorŽs ou de certains pesticides ou sels minŽ- Le traitement biologique, quÕil concerne des terres excavŽes ou des
raux, qui peuvent •tre toxiques ou inhibitrices pour les micro-orga- sols encore en place, consiste ˆ utiliser des micro-organismes pour
nismes, on rŽalise un prŽtraitement non biologique pour rŽduire leurs transformer des substances chimiques toxiques en substances non
teneurs jusqu'ˆ ce quÕelles soient tolŽrŽes par les micro-orga- toxiques. Les micro-organismes sollicitŽs sont souvent des bac-tŽries
nismes. bien que les champignons jouent un r™le dans certains traite-ments ex
situ.
■ MaturitŽ du procŽdŽ ● MŽtabolisme des substances polluantes
Le procŽdŽ est commercialisŽ mais son utilisation reste margi-nale. Il Le mŽtabolisme des micro-organismes est constituŽ du catabo-lisme
est surtout utilisŽ dans les pays dont la gŽologie sÕy pr•te : le bioslurry et de lÕanabolisme. Les rŽactions composant le catabolisme ont pour
nÕest pas utilisŽ en France, mais des traitements par bioslurry sont but de produire de lÕŽnergie. Cette Žnergie est utilisŽe par la suite dans
rŽalisŽs en Belgique et aux Pays Bas. lÕanabolisme aÞn de synthŽtiser les matŽriaux servant au maintien et ˆ
la reproduction cellulaire.
■ Exemple industriel
Les rŽactions du catabolisme sont des rŽactions dÕoxydo-rŽduc-tion.
Technique : bioslurry Elles utilisent donc des transferts dÕŽlectrons dÕun composŽ ˆ un
Contaminant : HAP autre, lÕŽnergie libŽrŽe Žtant stockŽe par les micro-organismes.

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Déchets du Bâtiment et des Travaux


Publics

par Félix FLORIO


Ingénieur conseil en environnement R
Clotilde TERRIBLE
Juriste Environnement
FNTP Fédération nationale des travaux publics
et Valérie VINCENT
Chef du service Développement Durable
FNTP Fédération nationale des travaux publics

1. Cadre législatif et réglementaire ........................................................ C 5 600 – 2


1.1 Cadre européen ........................................................................................... — 2
1.2 Cadre français .............................................................................................. — 3
2. Quantification des déchets du BTP .................................................... — 5
2.1 Quantification des déchets des Travaux Publics....................................... — 5
2.2 Quantification des déchets du Bâtiment.................................................... — 6
3. Pratiques des chantiers.......................................................................... — 11
3.1 Responsabilité en matière de gestion des déchets de chantier............... — 11
3.2 Prise en charge de l’enlèvement des déchets ........................................... — 11
3.3 Élimination des déchets de chantiers ........................................................ — 12
3.4 Réduction des déchets à la source en construction neuve ...................... — 13
3.5 Tri et collecte des déchets sur le chantier .................................................. — 13
3.6 Brûlage des déchets sur le chantier ........................................................... — 14
3.7 Transport des déchets de chantiers............................................................ — 14
3.8 Formulaires de gestion et de suivi des déchets........................................ — 14
3.9 Recommandation T2-2000 aux maîtres d’ouvrage publics relative à la
gestion des déchets de chantier de bâtiment............................................ — 14
3.10 Schéma d’Organisation et de Suivi de l’Élimination des Déchets de
chantiers – SOSED....................................................................................... — 15
.....................................................3.11Auditdesbâtimentsavantdémolition — 15
4. Filières d’élimination .............................................................................. — 15
4.1 Installations d’élimination des déchets ..................................................... — 15
4.2 Structures intermédiaires ........................................................................... — 18
4.3 Filières de valorisation des déchets du bâtiment ..................................... — 20
4.4 Filières de traitement des déchets spéciaux ............................................. — 21
4.5 Valorisation des déchets des Travaux Publics........................................... — 21
5. Enjeux économiques ............................................................................... — 23
5.1 Coûts pour les déchets du Bâtiment .......................................................... — 23
...........................................................................................Pourensavoirplus Doc. C 5 600

a FNTP et la FFB ont souhaité s’associer pour présenter la problématique des


BTP, dont le gisement est estimé au niveau national à 310 millions de tonnes par an.
L déchets du

Les activités du bâtiment liées à la construction, la démolition, la réhabilitation et à


l’entretien génèrent 30 millions de tonnes. Les activités des Travaux Publics
p。イオエゥッョ@Z@。ッ エ@RPPV

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DÉCHETS DU BÂTIMENT ET DES TRAVAUX PUBLICS


__________________________________________________________________________________________

liées aux différents travaux de terrassement, de voirie et de réseaux de distribu-tion


produisent 280 millions de tonnes d’excédents et de déchets, principale-ment sous
forme de déblais et de remblais.
Si les deux secteurs d’activités se distinguent par la nature et le volume de leurs
déchets, ils font preuve d’un engagement commun en faveur d’une valori-sation
optimale des excédents et déchets de chantiers, au regard des critères techniques,
économiques, environnementaux et sociaux.
Ce dossier situe la gestion des déchets du BTP dans un cadre législatif et régle-
mentaire, rappelle les spécificités des déchets du BTP, présente les pratiques de
chantier avec les responsabilités des intervenants et les différentes filières
R d’élimination.
Le lecteur trouvera en [Doc. C 5 600] certains textes réglementaires et formu-laires
cités dans ce document.

1. Cadre législatif et 1.1.2 Directive 91/689/CEE du 12 décembre 1991


relative aux déchets dangereux
réglementaire
La directive définit les déchets dangereux : ce sont les déchets
figurant sur une liste établie par la Commission et qui possèdent une
1.1 Cadre européen ou plusieurs caractéristiques énumérées à l’annexe III de la directive
(ex. : explosif, inflammable, irritant, cancérogène, nocif, corrosif,
mutagène, etc.).
1.1.1 Directive cadre 75/442/CEE du 15 juillet 1975
relative aux déchets La directive pose le principe de non mélange des déchets dange-reux
avec d’autres déchets, ainsi qu’une obligation de traçabilité et de suivi
La directive affirme le principe du « pollueur-payeur », et définit les des déchets dangereux.
notions de déchet, d’élimination et de valorisation par un renvoi à une Enfin, comme pour la directive de 1975, les États membres ont
liste de déchets ou d’activités. l’obligation d’élaborer des plans de gestion des déchets dangereux.

Ainsi, est un déchet « toute substance ou tout objet qui relève des 1.1.3 Directive 1999/31/CE du 26 avril 1999 concernant
catégories figurant à l’annexe I, dont le détenteur se défait
er la mise en décharge des déchets
ou dont il a l’intention ou l’obligation de se défaire » (article 1 , a).

La directive a pour objet de prévoir des mesures, procédures et


L’annexe I prévoit différentes catégories de déchets, dont notam- orientations visant à prévenir ou réduire autant que possible les
ment les produits périmés, les éléments inutilisables, les résidus effets négatifs de la mise en décharge des déchets sur l’envi-
d’usinage/façonnage (ex. : copeaux de tournage ou de fraisage) et toute ronnement.
matière, substance ou produit qui n’est pas couvert par les catégories
énumérées par l’annexe 1 mais dont le détenteur se défait ou a
l’intention ou l’obligation de se défaire. Elle définit les déchets inertes. Ce sont ceux qui ne « subissent
aucune modification physique, chimique ou biologique importante. Les
L’annexe II A de la directive énumère les opérations d’élimination : déchets inertes ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne produisent
le dépôt sur ou dans le sol (comme la mise en décharge), l’incinération, aucune autre réaction physique ou chimique, ne sont pas
le stockage permanent, le traitement en milieu terrestre, … biodégradables et ne détériorent pas d’autres matières avec lesquelles
ils entrent en contact, d’une manière susceptible d’entraîner une
L’annexe II B détermine les opérations de valorisation : utilisation pollution de l’environnement ou de nuire à la santé humaine » (arti-cle 2,
principale comme combustible ou autre moyen de produire de l’énergie, e).
recyclage ou récupération des métaux et des composés métalliques, … La directive classe les décharges en trois catégories :
— les décharges pour déchets dangereux ;
La directive donne pour objectifs aux États membres de promou-voir — les décharges pour déchets non dangereux ;
la prévention ou la réduction de la production des déchets, ainsi que leur — les décharges pour déchets inertes.
valorisation.
Pour chaque type de décharge, le texte prévoit quels sont les déchets
De plus, les États membres ont l’obligation d’établir des plans de admissibles, ainsi que les procédures d’admission des déchets, les
gestion des déchets. procédures de contrôle et de surveillance pendant l’exploitation.
Enfin, tout établissement ou entreprise qui effectue des opéra-tions
d’élimination ou de valorisation a l’obligation d’obtenir une autorisation Enfin, la directive prévoit une stratégie de réduction de la mise en
de la part de l’État membre. décharge des déchets biodégradables.

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__________________________________________________________________________________________ DÉCHETS DU BÂTIMENT ET DES TRAVAUX PUBLICS

1.2 Cadre français En Bâtiment, ce sont par exemple :


— les métaux, les bois non traités, les matières plastiques, le plâ-tre,
les textiles, la moquette, le caoutchouc, les déchets en mélange ne
contenant pas de déchets dangereux.
1.2.1 Définition des déchets
Les déchets non dangereux sont tous les déchets qui ne sont
pas couverts par la définition des déchets dangereux. Ils ne
Un déchet est « tout résidu d’un processus de production, de
contiennent donc pas de propriété dangereuse, et ne sont pas
transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau, pro-duit ou
signalés par un astérisque dans la liste du décret du 18 avril
plus généralement tout bien meuble abandonné ou que son
2002.
détenteur destine à l’abandon ».
Ils prennent également le nom de déchets industriels banals
☞ article L. 541-1-II du Code de l’environnement
triels.
(DIB) lorsqu’ils sont générés par les entreprises ou les indus-

On distingue trois catégories de déchets : les déchets dangereux, les
déchets non dangereux et les déchets inertes. 1.2.1.3 Déchets inertes
On considère comme inertes les déchets suivants :
1.2.1.1 Déchets dangereux — les bétons ;
— les tuiles et céramiques ;
Les déchets dangereux sur les chantiers sont, par exemple : — les briques ;
— les déchets de verres ;
— les déchets de bois traités à la créosote ou aux sels et oxydes de — les terres, granulats et déblais non pollués et sans mélange ;
métaux lourds (Cuivre, Chrome, Arsenic CCA) ; — les déblais de tranchées non pollués, de bordures de trottoirs, de
pavés ;
— les huiles minérales ; — les enrobés bitumineux sans goudron.
— les explosifs ; La liste n’est pas exhaustive.
— les piles et accumulateurs ;
Les déchets inertes sont « les déchets qui ne subissent aucune
— les résidus de stockage de goudron ; modification physique, chimique ou biologique importante. Les
déchets inertes ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne pro-
— les enrobés bitumineux contenant du goudron ; duisent aucune autre réaction physique ou chimique, ne sont pas
— l’amiante ; biodégradables et ne détériorent pas d’autres matières avec
lesquelles ils entrent en contact, d’une manière susceptible
— les peintures (y compris acryliques) ; d’entraîner une pollution de l’environnement ou de nuire à la santé
humaine. »
— le pyralène ;
☞ Directive 1999/31/CE du 26 avril 1999 concernant la mise en
— les verres spéciaux ; décharge des déchets
— les tubes fluorescents ; Nota : la nomenclature sur les principaux déchets des TP et leur destination figurent en [Doc. C
5 600, § 1]
— les emballages souillés par des déchets dangereux.

Sont considérés comme dangereux les déchets qui présentent 1.2.2 Autre approche pour les déchets des Travaux
une ou plusieurs des propriétés énumérées par le décret du 18 avril Publics
2002, relatif à la classification des déchets. Le décret énumère 14
propriétés qui rendent les déchets dangereux, telles que « explosif », 1.2.2.1 Déchets de conception
« comburant », « inflammable », « irritant », « nocif », « toxique », « Ils sont de la responsabilité du concepteur (le maître d’ouvrage ou le
cancérogène », « corrosif », etc. maître d’œuvre) et s’apparentent à des excédents de matériaux naturels
Les déchets dangereux sont signalés par un astérisque dans la ou transformés, majoritairement inertes, avec quelques DIB et très peu
liste donnée par le décret du 18 avril 2002. de DIS.
Les déchets industriels spéciaux (DIS) sont des déchets dange- Dans les travaux neufs :
reux autres que les déchets municipaux et les déchets d’embal- — souches et bois ;
lages municipaux. — terres végétales ;
o
☞ Décret n 2002-540 du 18 avril 2002, relatif à la classification — matériaux naturels : sables, limons, argile, roches, … ;
des déchets — matériaux de démolition d’ouvrages divers, en petites quantités ;

— boues d’ouvrages enterrés.


1.2.1.2 Déchets non dangereux Dans les travaux d’entretien :
— on retrouve les matériaux ci-dessus mais dans des proportions
En TP, ce sont par exemple : différentes ;
— bétons armés ou non ;
— des résidus de pose de canalisations (fonte, acier, plastique) ; — enrobés ;
— des résidus de câbles ; — matériaux d’assises de chaussées, de voies ferrées.

— des déchets connexes issus des produits et matériels nécessaires 1.2.2.2 Déchets de fonctionnement dus à l’activité de
à la conduite des chantiers (déchets de matériels, de signalisation, de l’entreprise pour réaliser l’ouvrage
protection, d’emballages – palettes, pneumatiques, bois, caoutchouc), … Ils sont de la responsabilité de l’entreprise pendant l’acte de
construire.

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DÉCHETS DU BÂTIMENT ET DES TRAVAUX PUBLICS


__________________________________________________________________________________________

Ils sont constitués majoritairement de déchets non dangereux, mais Le plan est soumis pour avis au préfet de région, au conseil géné-ral,
comportent parfois quelques déchets dangereux : au conseil départemental d’hygiène et aux commissions consul-tatives
— chutes de produits manufacturés : tuyaux béton ou PVC ou grès, pour les plans d’élimination des DIS et des déchets ménagers et
bordures, … ; assimilés.
— résidus d’entretien des différents matériels sur le site (huiles, Le plan est approuvé par le préfet du département et mis à la dis-
batteries, graisses, filtres…) ; position du public. Il est révisé au plus tard dix ans après son appro-
— emballages en carton, film PVC, bois, … ; bation. Un rapport relatif à sa mise en œuvre est présenté une fois par
— résidus liés à la présence de personnels sur le chantier et assi- an à la commission.
milés à des ordures ménagères (papiers gras, nourriture, …).
1.2.3.4 Contenu des plans départementaux
Le plan doit contenir au minimum :
1.2.3 Circulaire du 15 février 2000 relative
— la quantification des déchets de chantiers selon leur nature ;


— le recensement des filières de traitement existantes, ainsi que leurs
à la planification de la gestion des déchets de capacités ;
chantier du bâtiment et des travaux publics — la détermination des installations nouvelles nécessaires dans une
logique de proximité. Un rayon d’influence des installations doit être
déterminé afin d’obtenir une couverture de l’ensemble du terri-toire (il est
Elle prévoit la mise en place de plans départementaux de gestion des
en règle générale limité à 15 km) ;
déchets de chantier du bâtiment et des travaux publics (BTP).
— un bilan de la gestion des ressources en matériaux et du recours
aux matériaux recyclés ;
1.2.3.1 Démarche de planification — l’adaptation progressive de la définition du déchet ultime en
fonction du développement des possibilités locales de recyclage et de
Elle vise à l’application des objectifs suivants :
valorisation.
— assurer le respect de la réglementation en luttant contre les
décharges sauvages et appliquer le principe du « pollueur-payeur » ; 1.2.3.5 Prise en compte de la gestion des déchets de
— mettre en place un réseau de traitement et organiser des cir-cuits chantier dans les marchés
financiers de façon à ce que les coûts soient intégrés et clairement La circulaire incite les maîtres d’ouvrage à donner aux entreprises du
répartis ; BTP les moyens, non seulement financiers, mais également en terme
— permettre aux travaux publics de participer au principe de réduction d’organisation et de délai, pour leur permettre de gérer les déchets de
à la source des déchets ; chantiers en respectant la législation protectrice de l’environnement. Ces
— réduire la mise en décharge et participer à l’effort global de moyens sont mis en œuvre dans le cadre des responsabilités
valorisation et de recyclage des déchets ; contractuelles pour les marchés privés, et par la rédaction des clauses
— permettre l’utilisation de matériaux recyclés dans les chantiers de techniques particulières pour les marchés publics.
BTP ;
— mieux impliquer les maîtres d’ouvrage publics dans l’élimina-tion Ainsi, la circulaire incite à ce que pour les marchés publics de l’État, il
des déchets qui sont générés par la réalisation de leurs com-mandes. y ait :
— un diagnostic « déchet » établi par les maîtres d’ouvrage du
chantier préalablement à la consultation, en vue de prévoir les modes de
1.2.3.2 Déchets pris en compte dans les plans traitement des déchets ;
Les déchets générés par les chantiers de BTP sont principalement — la prise en compte, dès l’origine, du coût de la gestion des déchets
des déchets inertes, mais également des déchets industriels banals en introduisant une clause particulière relative à l’élimina-tion des
(DIB) et des déchets assimilables aux déchets ménagers (DMA) et enfin déchets de chantier ;
des déchets industriels spéciaux (DIS) en quantité minime. — une description précise des responsabilités de chacun (maître
d’ouvrage, maîtres d’œuvre et professionnels) en la matière et la
Les plans de gestion des déchets du BTP ont vocation à couvrir les répartition de la charge financière de ces responsabilités ;
déchets industriels banals (DIB) et les déchets inertes issus de ces — une limitation au recours à des matériaux naturels non renou-
activités. Les déchets industriels spéciaux (DIS) et les déchets assi- velables pour des usages qui ne le justifient pas techniquement, sur-tout
milables aux déchets ménagers (DMA) sont, quant à eux, couverts si les ressources locales de ces matériaux sont rares.
respectivement par les plans régionaux d’élimination des DIS et les
plans départementaux d’élimination des déchets ménagers et assi-milés Cet exemple donné par l’État pour la passation de ses marchés doit
(DMA). inciter les collectivités territoriales et les maîtres d’ouvrage pri-vés à s’en
inspirer et faire de même.
1.2.3.3 Élaboration des plans Il revient aux professionnels, en liaison avec tous les intervenants de
Les plans sont élaborés, sous l’égide des préfets, dans chaque la chaîne de la construction, de mettre en place les infrastructures mises
département par une commission formée, suivant les conditions locales, en évidence dans le cadre des plans (collectes, centres de transit,
de représentants : regroupement et de tri, centres de recyclage et centres de stockage).

— de l’État ;
Les collectivités territoriales ont toutefois un intérêt évident à la bonne
— des établissements publics (dont l’ADEME Agence de l’envi- gestion des déchets du BTP :
ronnement et de la maîtrise de l’énergie) ;
— en tant que maîtres d’ouvrage, elles sont elles-mêmes produc-teurs
— des professionnels du bâtiment et des professionnels des tra-vaux
de déchets de chantier, dont elles doivent assurer la gestion ;
publics ;
— dans le cadre de pouvoir de police général, les maires doivent
— des carriers et des professionnels du déchet ; lutter contre les dépôts illégaux de matériaux et déchets.
— des maîtres d’ouvrage publics et privés et des maîtres d’œuvre ;
Il est donc recommandé aux collectivités territoriales de :
— des collectivités territoriales ; — favoriser l’implantation des installations de tri, de regroupe-ment,
— des associations ; de recyclage et de stockage dans le ressort de leur circonscription ;
— tout autre partenaire local susceptible d’apporter des solutions
— ouvrir les déchetteries municipales aux artisans et entreprises sous
d’élimination ou de recyclage complémentaire (négoces, sites
réserve du paiement par ceux-ci du service rendu ;
industriels, …).

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— dimensionner leurs projets d’investissements en matière de Ces programmes prévisionnels ont trois objectifs :
déchetteries en tenant compte de ces gisements ; — réduire la production de déchets ainsi que le volume des mises en
— de contribuer à la collecte des déchets qui, conformément à la loi, dépôt ;
ne leur demande pas la mise en œuvre de prescriptions techniques — recycler ou valoriser les déchets subsistant ;
particulières (L. 2224-14 du code des collectivités territoriales), avec une — réduire la consommation de matériaux nobles « non renouvelables
contrepartie financière. » au profit de matériaux locaux de recyclage.
Les déchets visés par la circulaire sont tous les déchets du réseau
1.2.3.6 Recours aux matériaux recyclés routier national et se trouvent en [Doc. C 5 600, § 1] :
Pour aller plus loin que le strict contenu minimum des plans, il est — construction, démolition, gros entretien de chaussée : déblais,
recommandé d’élaborer des « accords-cadres » afin d’une part, végétation, béton, emballages, huiles, goudron, fraisats d’enrobés,
d’inciter à prendre en compte l’intérêt environnemental dans le choix de asphalte, … ;
tel ou tel matériau, et d’autre part d’inciter les décideurs publics (tout en — entretien et exploitation courants des chaussées : produits de
veillant à ce que les surcoûts restent limités) à recourir à l’utilisation de décolmatage d’enrobés drainant, sables de balayage des chaussées,
matériaux recyclés dès que ces procédés sont conformes aux exigences
technologiques, environnementales et de santé publique.
déchets de produits de marquage, boues de curage de bassins, pro-
duits issus des déshuileurs et des séparateurs à hydrocarbures, … ; R
— viabilité hivernale : sel, sable, mâchefers ;
Ces initiatives concernent principalement les travaux publics qui — entretien des dépendances : végétation (fauchage, élagage),
offrent de nombreuses possibilités à exploiter. déchets ménagers, produits de curage des fossés, éléments de glis-
sières, portiques, restes de produits phytosanitaires ou désher-bants,
On peut citer des mesures déjà expérimentées dans des accords objets abandonnés, cadavres d’animaux, … ;
cadres signés : — entretien des aires de repos : déchets d’emballages, restes de
— optimisation du point de vue environnemental du choix des produits emballés.
matériaux en fonction des usages envisagés ;
— détermination de proportion minimale de recours à des maté-riaux
recyclés dans les marchés de travaux publics ;
— clauses « éco-variantes » et des variantes environnementales par 2. Quantification des déchets du
lesquelles les maîtres d’ouvrage pourraient favoriser une offre de
l’entreprise en utilisant des matériaux recyclés.
BTP
Il peut donc être intéressant pour les entrepreneurs de BTP de vérifier
l’existence de tels outils contractuels dans leur région.
2.1 Quantification des déchets
1.2.4 Gestion des déchets du réseau routier
des Travaux Publics
o
national : la circulaire n 2001-39
du 18 juin 2001 La FNTP, l’ADEME et le Ministère de l’écologie et du développe-ment
durable ont réalisé une enquête qui a eu pour objectif d’éva-luer les
Cette circulaire est le prolongement de la circulaire du 15 février 2000, quantités de déchets des TP produites au niveau national.
et traite des déchets du réseau routier national, dans le cadre des plans Cadre de l’étude
départementaux de gestion des déchets du BTP. — 700 entreprises de TP interrogées par le cabinet Enerpol entre fin
La circulaire demande aux Directions départementales de 2001 et mi 2002.
l’équipement DDE, dans chaque département : — 70 visites d’entreprises, extraites de l’échantillon d’enquête.
— d’établir un inventaire des déchets issus du réseau routier national — Un taux de réponse de 34 % par rapport à l’échantillon initial.
comportant un état des lieux ainsi qu’une analyse qualita-tive et — Un taux d’incertitude de 20 %.
quantitative des déchets produits et de leurs réutilisations possibles ; Méthodologie
L’échantillonnage s’appuie sur le fichier de la FNTP élaboré à partir
— de proposer une politique de gestion de ces déchets conforme des résultats de l’enquête annuelle d’activités réalisée en 1999 par la
à la loi, tenant compte de l’ensemble des productions et des besoins, FNTP et prend en compte différents critères de tri :
internes et externes, en matériaux recyclés dans le départe-ment. À cet
— la région ;
effet, les DDE doivent établir des programmes prévision-nels de
— les activités au sein de la FNTP (11 grands corps de métier) ;
traitement, de recyclage et d’élimination des déchets routiers du réseau
national, s’inscrivant dans les plans de gestion départementaux des — les tailles des entreprises ;
déchets du BTP. — le type de zone ;
— le nombre d’entreprises.
Ces programmes prévisionnels sont établis à partir :
Ces critères ont été classés en fonction du chiffre d’affaires 1999
— d’une analyse des déchets produits ou susceptibles d’être pro-duits connu à partir de l’enquête annuelle d’activité de la FNTP.
dans les opérations routières envisagées (nature, volume) ;
— d’une analyse des filières de traitement existants au plan local et
des coûts correspondants ; Les excédents de chantier sont les matériaux issus du proces-
— d’une étude de possibilités de valorisation qui dépendent : sus de construction d’un ouvrage de travaux publics et n’entrant pas
directement dans la réalisation du chantier. Par exemple, la terre
• des capacités de recyclage des déchets des DDE ou des capa-
végétale extraite d’un chantier peut être réutilisée sans aucune
cités d’utilisation des produits issus des déchets du BTP, et des
transformation pour la réalisation de buttes paysagères sur le site
potentialités de valorisation de leurs déchets auprès d’autres par-
d’extraction.
tenaires,
• de la proximité des centres de traitement, de tri, des unités de Les décharges brutes sont les décharges non contrôlées, non
recyclage, des centres d’incinération ou des centres de stockage des autorisées par le maire.
déchets ultimes,
• des coûts correspondants, Les résultats sont donnés dans le tableau suivant et sur la figure 1.
• des conditions d’acceptation des déchets dans ces centres.

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DÉCHETS DU BÂTIMENT ET DES TRAVAUX PUBLICS


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(0)
En ce qui concerne les 186 Mt d’excédents et de déchets de chan-tier
Nature Quantités (kt) valorisés, près de la moitié des déchets sont directement réutili-sés sur
le site d’où ils sont issus et sont de ce fait considérés comme des
Déblais de terres propres, pierres 260 500 excédents de chantiers (87 Mt).
Enrobés 6 000 (source USIRF)
Béton 4 890
Démolition de chaussées et trottoir 2 480 2.2 Quantification des déchets du
Sols fins humides, boues de dragage 1 440 Bâtiment
Démolition ancien ouvrage 473
Déchets verts, souches 397 Face aux problèmes que pose la prise en compte des déchets de
chantiers dans les plans d’élimination en cours d’élaboration et face aux

R Terrassement ancienne décharge


Bois traités
384
370
difficultés croissantes que rencontrent les entreprises de ce sec-teur
pour les éliminer, la fédération française du bâtiment (FFB) et l’ADEME
se sont associées dès 1993 pour lancer une vaste étude visant en
Pavés 313 particulier à identifier, classifier et quantifier ces déchets.
Tuyaux 208 Cette quantification a été réactualisée en 1999, au niveau national par
type de chantier (Construction, Réhabilitation, Démolition) et par famille
Sols pollués 183
de matériaux et d’emballages.
Métaux 56
Plastiques 26
2.2.1 Quantification des déchets de chantier de
Autres 186 construction

2.2.1.1 Méthodologie de quantification

Ainsi, par leur activité, les professionnels des Travaux Publics La quantification nationale des déchets de Construction a été réa-lisée
2
à partir de l’analyse des m de surfaces hors œuvre brutes SHOB
génèrent aujourd’hui 280 millions de tonnes d’excédents et de déchets
de chantiers. recensés dans les permis de construire et ce, pour chaque classe de
bâtiments (ces permis de construire sont regroupés dans les données
Les excédents et déchets inertes représentent plus de 97 % des 280 SIDATEL Nationales du Ministère de l’Équipement
Mt. http://www.logement.equipement.gouv.fr).
Ces classes de bâtiments sont celles définies dans la base de don-
Les TP éliminent un tiers des déchets et en valorisent les deux tiers, nées « Morphologie des Bâtiments ». Pour chacune d’elles, le modèle de
sur site ou hors site, avec ou sans transformation sur une plate-forme quantification utilise la base de données « Morphologie des bâtiments »
adaptée. 2
qui permet de calculer par addition des m de SHOB, les quantités
d’éléments constitutifs des ouvrages. La quan-tification des différents
Parmi les 94 Mt de déchets de chantier éliminés, les deux tiers le sont composants de ces éléments est réalisée à partir de la base de données
par une mise en stockage définitif. « Matériaux ».

Excédents et
Stockage et
incinération : déchets de Valorisation :
chantier : 186 Mt
94 Mt
280 Mt
1/3 2/3

Déchets de chantier Excédents et déchets


de chantiers
⇒ Décharges de classe III : 63 Mt ⇒ Chantiers de TP
(déchets inertes) : 67 % – excédents utilisés sur : sites : 87 Mt
47 %
⇒ Décharges de classe II : 0,7 Mt – déchets hors site : 30 Mt
(déchets non dangereux) : 1 % 16 %

⇒ Décharges de classe I : 0,2 Mt ⇒ Carrières : 49 Mt


(déchets dangereux) : 0,5 % 26,5 %

⇒ Décharges brutes : 29 Mt ⇒ Recyclage : 19 Mt


31 % 10 %

⇒ Brûlage : 0,2 Mt ⇒ Fournisseurs ou maîtres d’ouvrage : 0,5 Mt


0,5 % 0,3 %

⇒ Compostage : 0,06 Mt
0,1 %

⇒ Incinération : 0,03 Mt
0,1 %
Figure 1 – Quantification des déchets
des Travaux Publics

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Le calcul de la production de déchets est ainsi effectué par appli- 2.2.2 Quantification des déchets de chantier de
cation des coefficients de pertes de mises en œuvre qui ont été démolition
déterminés par enquête (Entreprises Bâtiment, Bureaux d’Études,
Centres de Recherches…).
2.2.2.1 Méthodologie de quantification
Les quantités d’emballages sont calculées en faisant appel à la base
de données « Emballages » à partir également des ratios d’emballage La quantification nationale des déchets de démolition de bâti-
par matériau ou produit. ments a été réalisée par extrapolation de données recueillies en
Le modèle informatique mis au point pour la quantification des Région Île-de-France grâce à une importante enquête sur les permis
déchets de chantiers du Bâtiment s’appuie sur la constitution de bases de démolir.
de données qui sont les suivantes :
— morphologie des bâtiments ; 2.2.2.2 Enquête Île-de-France
— matériaux ;
L’évaluation des surfaces hors œuvre brutes (SHOB) démolies par
— emballages.
Ces bases de données sont communes aux 3 modèles de calculs
spécifiques à la quantification des déchets de Construction, Démoli-tion,
catégorie de bâtiments a été effectuée par enquête auprès de
l’ensemble des mairies de l’Île-de-France. R
Réhabilitation. Le nombre de communes ayant répondu à cette enquête est de
300, représentant une population d’un peu plus de 4 millions d’habi-
■ Base de données « Morphologie des bâtiments » tants, ville de Paris comprise, soit prés de 40 % de la population
totale de la Région.
Une morphologie a été établie pour les classes de bâtiments
suivantes : Les catégories de bâtiments qui ont été retenues sont les
— logements ; suivantes :
— bureaux :
— enseignement ;
— logements construits avant 1949 ;
— santé ; — logements construits après 1949 ;
— bâtiments agricoles ; — commerces et artisanats ;
— artisanat-Industrie ; — bureaux ;
— commerces ; — bâtiments industriels ;
— cultures et loisirs. — autres.
■ Base de données « Matériaux »
600 éléments constitutifs des ouvrages des bâtiments sont décrits par L’analyse des permis de démolir et des surfaces démolies a été
leurs composants. Exemple : le dallage sur terre-plein est décomposé réalisée par zones représentatives d’un type d’urbanisation. Ces
en mortier, sable pour béton, ciment, tout-venant, film PE, panneau zones sont au nombre de six, telles que définies par l’INSEE :
d’isolation, acier
■ Base de données « Emballages » — zone 1 : Paris ;
Pour chaque matériau et produit, les emballages les plus couram- — zone 2 : unités urbaines de plus de 100 000 habitants (centres)
ment utilisés ont été retenus : emballages de transport, emballages ;
primaires et emballages secondaires. Plus de 700 types d’emballages — zone 3 : unités urbaines de plus de 100 000 habitants
ont été ainsi répertoriés et regroupés ensuite par nature selon la (périphérie) ;
classification suivante : — zone 4 : unités urbaines de moins de 100 000 habitants ;
— zone 5 : communes rurales hors zones d’industrialisation ZPIU
— bois ; ;
— papier ; — zone 6 : communes rurales en zones ZPIU.
— carton ;
— métaux ;
— plâtre ; Nota : ZPIU : zone de peuplement industriel ou urbain.
— PE (Polyéthylène) ; Pour faciliter la quantification des déchets de démolition, les zones 5
— PSE (Polystyrène expansé) ; et 6 ont été regroupées.
— PP (Polypropylène) ;
— mixte (papier + PE). L’analyse des permis de démolir des 300 communes ayant répondu à
l’enquête et réparties sur les cinq zones telles que défi-nies
2
précédemment a permis d’établir des ratios de m de SHOB démolies
2.2.1.2 Limites de la méthode de quantification
par habitant et par catégorie de bâtiment pour chaque groupe de
Les incertitudes sur la quantification des déchets de Construction sont communes appartenant à une même zone. Ce sont ces mêmes ratios
essentiellement liées aux limites de la description des morpho-logies qui ont été retenus pour l’ensemble de la zone considérée.
moyennes des différentes catégories de bâtiments ainsi qu’à
l’appréciation des pertes de mises en œuvre.
Cette quantification n’est pas en particulier parfaitement repré- 2.2.2.3 Extrapolation nationale des SHOB
sentative de la diversité des matériaux utilisés pour chaque ouvrage
L’extrapolation nationale a donc été réalisée par un découpage en
constitutif dans la mesure où, à l’échelle nationale, ne sont prises en
cinq zones de la France, sur la base de leur population et ce, pour
considération que les principales spécificités régionales.
chaque catégorie de bâtiments.
Cette quantification reste cependant fiable dans la mesure où elle est
issue de données statistiques nationales sur les permis de construire.
2.2.2.4 Quantification nationale des déchets de démolition
La quantification nationale des déchets de démolition a été réali-sée
sur la base de la constitution moyenne en matériaux de chacune des
L’incertitude sur la quantification des déchets de la construc-tion
catégories de bâtiments issues de la base de données « Morphologie
est ainsi estimée à 10 %.
des Bâtiments ».

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DÉCHETS DU BÂTIMENT ET DES TRAVAUX PUBLICS


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2.2.2.5 Limites de la méthode de quantification plomberie, etc. et, en 87 types de travaux tels que peinture, enduit,
crépi, ravalement (nettoyage), pose de double vitrage, carrelage,
Les incertitudes sur la quantification des déchets de la démolition sont
liées, d’une part aux limites du modèle lui-même et d’autre part aux moquette, nouvelle cloison, remplacement de convecteurs, etc.
limites de l’extrapolation nationale.
Ces 87 types de travaux ont eux-mêmes été répartis en quatre
tranches de montants correspondant à un niveau de prestation :
2.2.2.6 Limites du modèle
Les incertitudes sur la quantification des déchets sont essentielle-
2 • 305 € • de 1 500 € à 7 650 €
ment liées à la difficulté d’obtenir des statistiques complètes sur les m • de 305 € à 1 500 € • > 7 650 €
de SHOB démolies et aux limites descriptives des morphologies
moyennes des différentes catégories de bâtiments.
Par ailleurs, le permis de démolir n’est dans bien des cas que par-
Cette répartition représente ainsi 348 types de « chantiers ». Les

R tiellement renseigné et ne permet pas dans sa structure actuelle de quantifier


précisément ces déchets. Le permis de démolir n’est même pas obligatoire dans
travaux ont été ensuite répartis en travaux effectués par les ménages
eux-mêmes et en travaux effectués par les entreprises, ce qui donne
tous les cas. finalement 696 types de « chantiers ». En effet, avec la même somme
De plus, il n’existe pas d’informations précises sur la morphologie et dépensée, les travaux réalisés et les déchets de chan-tiers
les configurations de matériaux utilisées pour les bâtiments construits correspondants sont très différents selon que l’on sollicite une entreprise
avant les années 1980. ou que l’on réalise les travaux par soi-même.
L’année 1949 représente cependant une année charnière en terme de
Pour tous ces travaux, un devis estimatif moyen a été établi afin de
changement de typologie des bâtiments construits (période de la
Reconstruction pour les logements en particulier). dimensionner le chantier en unité d’ouvrage, en éléments mis en œuvre,
et en composants de poste pour les 696 types de chantiers. Ce
Ainsi, seules deux périodes ont été retenues : le modèle des années dimensionnement permet ensuite de faire appel aux bases de données
1980 a été repris pour tous les bâtiments construits après 1949. « matériaux « et « emballages » afin de quantifier les matériaux
déposés, les matériaux mis en œuvre et les emballages correspondants.
Pour la période avant 1949, les morphologies et configurations
retenues sont une adaptation du modèle précédent (adaptation réa-lisée
essentiellement à partir de la littérature existante).
2.2.3.3 Extrapolation nationale
2.2.2.7 Limites de l’extrapolation
La quantification nationale des déchets de réhabilitation a été réa-
Les limites de l’extrapolation sont liées à la taille de l’échantillon («
seulement » 4 millions d’habitants), à sa représentativité (seules des lisée par extrapolation des données calculées pour les travaux des
2 ménages, effectués par les entreprises, aux bâtiments autres que
communes d’Île-de-France ont été analysées) et enfin aux ratios de m logements.
SHOB démolies par habitant qui ont été considérés comme uniques sur
chaque zone INSEE en France.
L’indicateur retenu pour cette extrapolation a été le chiffre d’affaires
de la réhabilitation.
L’incertitude sur la quantification des déchets de la démolition est
ainsi estimée à 20 %.
2.2.3.4 Limites de la méthode de quantification

Les incertitudes sur la quantification des déchets de réhabilitation sont


2.2.3 Quantification des déchets de chantier de ainsi essentiellement liées :
réhabilitation
— à la relation entre les travaux effectués (et donc la nature et les
2.2.3.1 Méthodologie de quantification quantités de matériaux mis en œuvre ou déposés) et les devis moyens
établis pour ces travaux ;
Il n’existe aucune donnée officielle autre que celles financières
permettant de quantifier les travaux de réhabilitation. — à l’extrapolation elle-même, une répartition unique entre maté-riaux
Après que plusieurs voies de recherche aient été explorées, l’indi- ayant été retenue pour les logements et pour les bâtiments autres que
cateur choisi a donc été le montant des travaux effectués en réhabi- logements.
litation.
La quantification a été réalisée à partir de données recueillies auprès L’incertitude sur la quantification des déchets de la réhabilita-tion
de l’ANAH (Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habi-tat) et de la est ainsi estimée à 15 %.
DAEI (Direction des Affaires Économiques et Internatio-nales du
Ministère du logement) dans le cadre de l’observation des marchés de
l’amélioration de l’habitat.
Les quantités de déchets de chantiers de bâtiment par régions,
catégorie de chantiers, type et nature de déchets sont données
2.2.3.2 Enquête de l’ANAH dans les tableaux 1, 2 et sur la figure 2.
La quantification s’est donc tout particulièrement appuyée sur une
étude réalisée par l’ANAH concernant les travaux de réhabilita-tion
effectués par un échantillon de 3 000 ménages représentatifs de
l’ensemble des ménages français, complétée par une analyse régio- 2.2.4 Quantification des déchets par famille de
nale. matériaux d’emballages
Sur la base de cette enquête, les montants de travaux effectués par
les ménages ont été répartis en seize ouvrages constitutifs tels que
Les quantités des déchets d’emballage sont donnés par type de
façade, couverture, isolation thermique ou acoustique, pein-tures,
déchets et de chantier dans le tableau 3 et sur la figure 3.
revêtement de sols et murs, aménagement salle de bains et

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(0)
Tableau 1 – Quantités de déchets de chantiers de bâtiments par régions, par catégorie de chantiers
et par type de déchets (1999)
Déchets Déchets
Démolition Construction Réhabilitation Déchets industriels industriels Emballages TOTAL (tonne
(milliers de t neuve (milliers de t Région inertes banals spéciaux (milliers de t (milliers par
(milliers de t (milliers de t
par an) par an) (milliers de t (milliers de t par an) habitant)
par an) de t par an) par an)
par an) par an)
716 85 321 ALSACE 736 325 51 10 1 122 0,69
545
546
101
34
506
190
AQUITAINE
AUVERGNE
753
500
317
231
69
32
13
5
1 152
770
0,41
0,58 R
342 51 273 BOURGOGNE 434 186 40 7 666 0,42
1 012 101 457 BRETAGNE 1 026 459 73 13 1 570 0,55
234 80 493 CENTRE 526 207 62 11 807 0,34
264 41 225 CHAMPAGNE- 345 148 31 5 530 0,39
ARDENNE
15 7 48 CORSE 47 18 6 1 70 0,28
357 33 182 FRANCHE-COMTÉ 374 167 29 4 572 0,52
6 176 615 3 024 ÎLE-DE-FRANCE 6 406 2 860 470 79 9 815 0,91
934 71 347 LANGUEDOC- 881 403 58 9 1 352 0,64
ROUSSILLON
94 19 99 LIMOUSIN 138 58 14 2 212 0,29
420 71 385 LORRAINE 572 242 52 9 876 0,38
607 89 428 MIDI-PYRÉNÉES 734 316 62 11 1 124 0,46
809 109 517 NORD-PAS DE 938 408 75 14 1 435 0,36
CALAIS
125 64 272 BASSE NORMANDIE 303 115 35 8 461 0,32
47 70 314 HAUTE NORMANDIE 283 100 37 9 431 0,25
280 129 597 PAYS DE LA LOIRE 661 255 75 16 1 006 0,33
109 72 415 PICARDIE 390 148 50 10 596 0,32
140 51 291 POITOU- 315 124 36 7 482 0,30
CHARENTES
1 399 171 818 PACA 1 560 684 123 22 2 388 0,56
2 115 246 1 178 RHÔNE-ALPES 2 312 1 018 177 31 3 539 0,66
17 286 2 310 11 380 TOTAL 20 234 8 789 1 657 296 30 976 0,54

Autres :
457 267 t PE 3 %
Produits inertes Ciment, mortier :
mélangés : 3 409 565 t
11 456 648 t Métal 24 %

Béton armé :
3 874 072 t Bois 42 %
Céramique, Autres 2 %
terre cuite : PP 7 %
1 450 536 t
Bois :
1 557 613 t
Métaux :
Cartons 22 %
480 835 t
Produits associés Produits associés
avec du plâtre : à des isolants : Figure 3 – Quantification des déchets d’emballages provenant des
3 843 514 t 4 152 036 t chantiers du bâtiment (1999)
Total : 30 679 086 t

Figure 2 – Composition des déchets de chantiers de bâtiment toutes Dans le tableau 4 sont donnés les quantités de déchets de pein-ture et
origines confondues (1999) de leurs emballages associés.

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Recyclage en centrale
des matériaux de chaussée
par Jean-Pierre SERFASS
Ingénieur civil des Mines. Consultant


1. Recyclage d’enrobés................................................................................ C 5 620 -2
1.1 .........................................................................................Quelqueschiffres — 2
1.2 ...............................................................Dispositionsetétudespréalables — 2
1.2.1 Grandes opérations ............................................................................ — 2
...............................................................................1.2.2Recyclagecourant — 2
1.3 Recyclage à chaud en centrale.................................................................... — 3
1.3.1 Taux de recyclage ............................................................................... — 3
.....................1.3.2Étudesdeformulation.Consistanceetméthodologie — 3
...........................................................................................1.3.3Fabrication — 4
1.3.4 ...................................................Domainesd’emploi.Performances — 6
1.4 Recyclage à froid en centrale ...................................................................... — 7
1.4.1 Description générale ........................................................................... — 7
1.4.2 ...............................................................................Tauxderecyclage — 8
1.4.3 .....................Étudesdeformulation.Consistanceetméthodologie — 8
............................................................1.4.4Fabricationetmiseenœuvre — 10
1.4.5 ...................................................Domainesd’emploi.Performances — 11
1.5 Recyclage à tiède ......................................................................................... — 11
1.6 ...................................................................Recyclageaulianthydraulique — 11
1.7 ................................................................Recyclagedesenrobésspéciaux — 12
1.8 Rôle du bitume recyclé ................................................................................ — 13
2. ............................................................Recyclagedematériauxblancs — 13
2.1 .....................................................................Préparationetcaractérisation — 13
2.2 ......................................................Recyclagedansunmatériaunontraité — 13
2.3 ..................................................Recyclagedansunmatériauhydraulique — 13
3. ..................................................................................................Conclusion — 13
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 5 620

L e recyclage des matériaux routiers est une impérieuse nécessité vis-à-vis de la


protection de l’environnement : économie de ressources naturelles (granulats),
d’espaces naturels (décharges), d’énergie, réduction des gaz à effet
de serre.
TOUS les matériaux routiers sont recyclables. Ils peuvent être réutilisés, soit en
centrale, soit en place. Le recyclage en place procure des économies de transport
supplémentaires (voir dossier [C 5 622]).
Il existe tout un éventail de techniques de recyclage dont le choix dépendra de la
nature du matériau à réutiliser, de son mode de traitement, et de la destination finale
du produit en résultant. Le degré de pénétration des opéra-tions de recyclage est
très variable d’un pays à l’autre, et même d’une région à
l’autre. Ainsi, en Europe du Nord, le recyclage est quasiment systématique. Aux
États-Unis, la situation est fort différente d’un état à l’autre. Quel que soit le pays, le
recyclage s’est développé plus tôt et plus vite dans les zones forte-ment urbanisées,
confrontées à l’éloignement croissant des carrières et à la
rareté des sites de décharge.
En France, les recyclages et retraitements ont démarré vers la fin des années
1970, à la suite du premier choc pétrolier. Leur développement a ensuite été plutôt
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lent, du fait de l’abondance des carrières et des postes d’enrobage.

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RECYCLAGE EN CENTRALE DES MATÉRIAUX DE CHAUSSÉE


_________________________________________________________________________________

La situation a toutefois commencé à changer significativement dans les années


1990, avec l’apparition d’une législation plus sévère, interdisant, en particulier, la
mise en décharge de matériaux autres que les déchets « ultimes » (non réu-
tilisables) et imposant de valoriser les matériaux existant dans des chaussées
(loi du 13 juillet 1992). Depuis, l’augmentation du prix de l’énergie et du bitume a fait
le reste, si bien qu’aujourd’hui, le recyclage des matériaux routiers est à peu près
systématique. Par contre, comme on le verra plus loin, leur valorisa-tion n’est pas
encore maximale.
Dans les pays industrialisés, où il y a une forte densité d’installations fixes de
fabrication de matériaux, une large part du recyclage s’effectue en centrale. Le

R développement du recyclage en centrale a nécessité – et nécessite encore – d’importants


investissements de la part des entreprises pour adapter et compléter le matériel,
aménager des plates-formes de stockage pour les maté-riaux à recycler, organiser les
circuits de collecte, étudier les formulations, et mettre en place des plans d’assurance-
qualité adéquats. Ces efforts ont abouti à la mise au point d’une large gamme de
techniques et de matériaux qui sont présentés ci-après.

1. Recyclage d’enrobés Une étude en laboratoire est effectuée avant chaque opération, afin
d’évaluer l’état des vieux enrobés, le taux de recyclage, le type
et le dosage du liant d’apport, etc., et de vérifier que les perfor-mances
mécaniques du mélange final sont adéquates. Dans de
1.1 Quelques chiffres telles opérations, le taux de recyclage est généralement fort (voir plus
loin).
En France, la quantité d’enrobés produite annuellement oscille entre
40 et 45 millions de tonnes. Chaque année, environ 6 millions de tonnes 1.2.2 Recyclage courant
sont enlevées des chaussées, soit par fraisage, soit par
relevage. En 2001, près de 40 % étaient réutilisés sans traitement, en Les enrobés à recycler proviennent essentiellement de petits
accotements, sous-couches, chemins ruraux, pistes de chantier, etc. chantiers, soit après fraisage, soit après relevage de plaques d’enrobés,
Seulement 10 % étaient recyclés – et valorisés – dans la fabri-cation de soit encore des surplus de production du poste.
nouveaux enrobés. Dans un premier temps, ils sont stockés tels quels. Ensuite, la
pratique courante est d’utiliser un matériel forain, qui fait la tournée
Depuis, ce recyclage valorisé augmente nettement, en raison de
régionale des postes et concasse, ou émiette, les matériaux à recycler. Il
l’augmentation du prix des produits pétroliers (dont le bitume) et grâce
s’agit souvent d’un concasseur mobile, parfois d’un m a t é r i e l s p é c i
aux investissements réalisés dans des postes d’enrobage.
fiqueappelé«granulateur»(figure1).Les
L’estimation pour 2007 est que 30 % des anciens enrobés récu-pérés « recyclats » résultant de cette opération sont criblés à une dimen-sion
sont recyclés dans de nouveaux enrobés. maximale allant, selon le produit final prévu, de 10 à 20 mm
(exceptionnellement 25 mm pour recyclage en assise). Les refus sont
À titre de comparaison, la proportion d’enrobés recyclés en enrobés
reconcassés.
est proche de 100 % aux Pays-Bas, pays à peu près totale-ment
dépourvu de granulats naturels, ce grâce à l’obligation légale d’inclure Il est impératif que les enrobés récupérés, que ce soit avant ou après
du recyclé dans chaque chantier d’enrobés. Aux États-Unis, la quantité fractionnement, soient stockés proprement, sur des aires dédiées et
totale d’enrobés enlevés annuellement des chaus-sées est d’environ 90 protégées de tout mélange avec d’autres matériaux.
millions de tonnes. Un tiers, soit 30 millions de tonnes, est recyclé en Avec de tels stocks d’enrobés d’origines diverses, l’échantillon-nage
enrobé (source : Federal Highway Admi-nistration). représentatif pour établir une caractérisation et la dispersion de leurs
caractéristiques est impossible.
Le taux de recyclage à partir de tels stocks d’enrobés constitués au
jour le jour est donc toujours faible (cf. § 1.3).
1.2 Dispositions et études préalables La limitation du taux de recyclage minimise l’impact de l’hétéro-
généité du gisement. Il n’y a alors pas d’étude spécifique de recyclage et
Deux grands cas de figure peuvent être distingués :
l’on se borne a un suivi « basique » des caractéris-tiques des agrégats
– les recyclages liés à de grandes opérations de fraisage ; d’enrobés (voir en particulier § 1.3).
– le recyclage « courant » dans le cadre de la marche normale d’un
poste d’enrobage. Remarque : La terminologie française, en particulier norma-tive,
attribue le nom d’« agrégats d’enrobés » aux enrobés pro-venant du
1.2.1 Grandes opérations fraisage, du concassage de plaques, de surplus ou
déchets de production. Cette appellation est, à notre avis, mal-
Le « gisement » d’enrobés à recycler est, dans ce cas, bien iden-tifié heureuse, car le terme « agrégat » est encore utilisé par certains
et homogène (origine unique, archives, carottages). Il est stocké à part au lieu de « granulat » et, surtout, en anglais, « granulat » se dit «
en vue de sa réutilisation programmée. aggregate ».
Les termes « recyclat » et « recyclés » sont aussi employés et
À noter que les enrobés fraisés restent le plus souvent la pro-priété
nous semblent préférables.
du maître d’ouvrage.

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1.3.2 Études de formulation.


Consistance et méthodologie
Le principe de base est que l’enrobé avec recyclats doit satisfaire aux
mêmes spécifications que l’enrobé neuf qui aurait été préco-nisé au
même endroit.
Les études préalables comprennent toujours les mêmes phases
successives : identification des constituants, détermination de la formule,
épreuve de formulation.

■ Cas général
Comme on vient de le préciser, nous retrouvons ici les 3 phases :
– identification des constituants :
• quantification du gisement de recyclats,
• caractérisation des granulats naturels,

A granulateur à rouleaux
• caractérisation des recyclats (« agrégats ») : granularité,
teneur et consistance du liant vieilli ;
– mise au point de la formule :
• détermination des % des constituants,
• choix et caractérisation du liant d’apport,
• choix du taux de recyclage ;
– épreuve de formulation :
• évaluation des performances du mélange prévu, afin de véri-
fier qu’elles sont conformes à la norme produit applicable.

■ Cas du recyclage à fort taux (30 à 65 %)


B crible à disques
La méthodologie d’étude est la même : l’homogénéité des
enrobés à recycler est vérifiée de manière particulièrement poussée.
Figure 1 – Matériels forains de recyclage courant (crédit Fayat)
La régénération du liant vieilli est un critère essentiel de la
réussite de l’opération. Le choix du liant d’apport (bitume de
viscosité adaptée ou liant spécial régénérant) revêt donc une
1.3 Recyclage à chaud en centrale importance particulière.
1.3.1 Taux de recyclage
La technique consiste à malaxer dans un poste à chaud des enrobés ■ Cas du recyclage « au fil de l’eau » c’est-à-dire à partir de divers
de récupération (« recyclats ») avec des granulats vierges et un liant enrobés récupérés mélangés.
bitumineux anhydre. Le stock de recyclats (« agrégats d’enrobés ») est généralement
hétérogène en termes de nature des granulats, de type et dosage
■ De manière empirique, on distingue :
des bitumes, de granulométries. Il n’est donc pas possible de se baser
– le recyclage à faible taux (10 à 25 % de recyclé) ; sur un échantillon représentatif du stock pour effectuer une étude de
– le recyclage à fort taux (30 à 65 %). recyclage. Ce cas est de loin le plus fréquent ; il correspond à la majorité
des tonnages recyclés.
■ Quelques opérations de recyclage à taux encore plus élevé ont été
réalisées, à titre d’expérience ou d’exploit, allant même jusqu’à Ce type de recyclage est rendu fiable par une double démarche :
100 %. Bien entendu, elles ne sont viables qu’avec un stock d’enrobés – d’une part, on vérifie par des prélèvements réguliers que le stock de
récupérés très homogène et parfaitement identifié. Restant recyclats ne comporte pas d’anomalies par rapport à des
techniquement pointues, elles sont destinées à demeurer caractéristiques moyennes représentatives des approvisionne-ments
exceptionnelles. locaux, assorties évidemment de tolérances réalistes ;
– d’autre part, et surtout, le taux de recyclage est limité à un niveau
■ Le recyclage à fort taux n’est envisageable que si l’on dispose d’un
faible. Les recherches du LCPC et de la profession ont démontré qu’il
gisement d’enrobés récupérés homogène et bien identifié. De plus, il
n’est pas nécessaire d’effectuer d’étude préalable dès lors que le taux de
n’est possible qu’avec les configurations de postes sui-vantes (voir §
recyclage n’excède pas 10 % dans les enrobés d’assise et de liaison [1].
1.3.3) :
– postes discontinus :
Cette limite est aussi valable pour les couches de roulement, jusqu’à
• soit équipés d’un sécheur rallongé, avec anneau de recyclage,
• soit à tambours parallèles ; certains niveaux de trafic (voir § 1.3.4). La même approche est valable
pour les graves-bitume avec un taux de recyclage maximal de 15 % [2].
– postes continus de type TSE :
• soit équipés d’un anneau de recyclage,
En France, ces dispositions sont officialisées dans deux
• soit comprenant un malaxeur à arbres en aval du tambour.
documents : la note de la Direction des routes du 03/10/2000 et la
■ En pratique, le recyclage à fort taux concerne essentiellement des « Circulaire ministérielle du 13/6/2001. Par ailleurs, la norme euro-péenne
grands chantiers ». Sur ce type de chantier, bien déterminé, les EN 13108-8 (mars 2006) stipule que « ...lorsque l’on ajoute moins de 10
recyclats sont de provenance unique (souvent le chantier lui-même). % pour les couches de roulement ou moins de 20 %
Obtenus par fraisage, ils peuvent être réutilisés à bref délai, sans besoin pour les couches de liaison et d’assise d’agrégats d’enrobé, une
de fragmentation supplémentaire (un simple criblage suffit). fréquence d’échantillonnage peut être spécifiée par lot de 2 000 t et un
seul échantillon par lot peut être testé... ».

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Recyclage et retraitement en place des


matériaux de chaussée
par Jean-Pierre SERFASS
Ingénieur civil des Mines. Consultant


1. Avantages spécifiques et perspectives.................................................... C 5 622 . - 2
1.1 Avantages spécifiques du recyclage/retraitement en place ................................. — ....... 2
1.2 Perspectives ............................................................................................ — ....... 2
2. Recyclage en place d’enrobés ................................................................... — ....... 2
2.1 Recyclage en place à chaud (techniques « thermo-R »)..................................... — ....... 2
2.2 Recyclage en place à froid d’enrobés ............................................................ — ....... 5
3. Retraitement de chaussée ........................................................................ — ....... 6
3.1 Études préalables. Faisabilité. Choix d’une technique ....................................... — ....... 6
3.2 Matériels de retraitement ............................................................................ — ....... 8
3.3 Retraitement à l’émulsion ............................................................................ — ..... 11
3.4 Retraitement à la mousse de bitume ............................................................. — ..... 14
3.5 Retraitement au liant hydraulique.................................................................. — ..... 15
3.6 Retraitement mixte (hydraulique + bitumineux) ................................................ — ..... 19
4. Conclusion ............................................................................................. — ..... 20
Pour en savoir plus ................................................................................... Doc. C 5 622

L e recyclage des matériaux routiers est une impérieuse nécessité vis-à-vis


de la protection de l’environnement : économie de ressources naturelles
(granulats), d’espaces naturels (décharges), d’énergie, réduction des gaz à effet de
serre.
TOUS les matériaux routiers sont recyclables. Ils peuvent être réutilisés, soit en
centrale, soit en place. Le recyclage en place procure des économies de transport
supplémentaires.
Il existe tout un éventail de techniques de recyclage, dont le choix dépendra de la
nature du matériau à réutiliser, de son mode de traitement et de la desti-nation finale
du produit en résultant.
Le degré de pénétration des opérations de recyclage est très variable d’un pays à
l’autre, et même d’une région à l’autre. Ainsi, en Europe du Nord, le recyclage est
quasiment systématique. Aux États-Unis, la situation est fort dif-férente d’un état à
l’autre. Quel que soit le pays, le recyclage s’est développé plus tôt et plus vite dans
les zones fortement urbanisées, confrontées à l’éloi-gnement croissant des carrières
et à la rareté des sites de décharge.
En France, les recyclages et retraitements ont démarré vers la fin des années
1970, à la suite du premier choc pétrolier. Leur développement a ensuite été
plutôt lent, du fait de l’abondance des carrières et des postes d’enrobage. La
situation a toutefois commencé à changer significativement dans les années
1990, avec l’apparition d’une législation plus sévère, interdisant, en particulier, la
mise en décharge de matériaux autres que les déchets « ultimes » (non réu-
tilisables) et imposant de valoriser les matériaux existant dans des chaussées (loi du
13 juillet 1992). Depuis, l’augmentation du prix de l’énergie et du bitume a fait le
reste, si bien qu’aujourd’hui, le recyclage des matériaux routiers est à peu près
systématique. Par contre, comme on le verra plus loin, leur valorisa-tion n’est pas
encore maximale.
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RECYCLAGE ET RETRAITEMENT EN PLACE DES MATÉRIAUX DE CHAUSSÉE


_____________________________________________________________________

Le recyclage en place est globalement moins « industriel que le recyclage en


centrale : une certaine hétérogénéité des matériaux peut subsister, la qualité du
malaxage est généralement moindre. Par contre, il est particulièrement bénéfique en
termes de développement durable. Enfin, comme on va le voir, la palette des
machines de traitement en place est très large : elle va de l’engin rustique à la
machine multifonctions très sophistiquée.
Ce dossier complète le [C 5 620] traitant du recyclage en centrale.

R 1. Avantages spécifiques et
2.1.1 Thermoreprofilage
Il s’agit de la remise au profil d’une ou plusieurs voies de chaus-sée
perspectives bitumineuse par chauffage, scarification, mise en forme et recompactage
sans enlèvement de matériau, ni apport d’enrobé neuf ou d’additif.

1.1 Avantages spécifiques Ce procédé ne modifie pas la composition de l’enrobé en place,


du recyclage/retraitement en place hormis un léger vieillissement du bitume, consécutif à son chauf-fage en
film mince.
Outre tous les avantages du recyclage (économies de ressources, Le chauffage est assuré par une suite de préchauffeuses à panneaux
d’espaces naturels, d’énergie, réduction des émissions), le fait de o
radiants, réglés de manière à atteindre 120-130 C dans
réaliser l’opération en place amène des bénéfices supplémentaires : l’épaisseur à traiter. Le dernier panneau radiant fait partie d’une machine
– grandes économies de transport ; spéciale, qui scarifie et remet en forme avec une table de
type finisseur. Le reconditionnement intéresse une profondeur de 3 à 6
– suppression des opérations intermédiaires de stockage et de reprise cm selon les chantiers.
des recyclats ;
Le thermoreprofilage peut être employé sur chaussée sans défaut de
– réutilisation intégrale du matériau en place.
structure, pour corriger des défauts d’uni ou un léger orniérage de
couche de surface, dû à de l’usure ou du post-compactage.
Ce procédé ne modifiant pas la composition de la couche de sur-face,
1.2 Perspectives il n’est efficace que si l’enrobé à traiter ne présente ni défaut sérieux de
formulation, ni vieillissement excessif.
Les retraitements en place existent depuis longtemps. Au Royaume-
Uni, par exemple, le « Retread Process » à l’émulsion, qui signifie
littéralement « rechapage », remonte aux années 1940.
2.1.2 Thermorégénération
Les techniques de retraitement en place ont connu un dévelop- Il s’agit de la régénération de la surface et de la remise au profil d’une
pement inégal, selon les pays et aussi selon les procédés. Ainsi, les chaussée bitumineuse par :
retraitements de chaussée sont longtemps restés considérés comme – chauffage ;
une technique rustique, confinée aux routes secondaires en – scarification sur une profondeur plus importante que l’épais-
zones rurales. Cela se justifiait par les performances limitées des seur enlevée ;
matériels disponibles. Or, les machines de malaxage ont beaucoup – enlèvement d’une partie du matériau décohésionné ;
évolué depuis les années 1990, tant en puissance, qu’en précision de – réglage ;
travail. Les plus performantes d’entre elles peuvent opérer sur – mise en place d’une couche d’enrobé neuf ;
d’importantes épaisseurs et fournir une qualité de malaxage qui n’est – compactage de l’ensemble.
plus très éloignée de celle des centrales mobiles. Le chauffage est assuré par une suite de panneaux radiants. Une
Ces évolutions, jointes à l’enchérissement des ressources et à la machine spéciale assure l’ensemble des opérations entre le chauf-fage
nécessité de préserver l’environnement, donnent aux recyclages/ et le compactage. La profondeur scarifiée se situe entre 3 et
retraitements en place un regain d’intérêt. 5 cm, l’épaisseur d’enrobé entre 2 et 3 cm. Ce procédé est – ou plutôt
était – employé pour soit :
– restituer les qualités d’une et d’adhérence à une couche de
roulement usée ;
– reprendre un orniérage d’amplitude limitée ;
2. Recyclage en place – éliminer une interface décollée ;
– encore, remplacer un enrobé de surface défectueux.
d’enrobés En fait, ce procédé n’est plus utilisé en raison de la multiplica-tion et
des performances des fraiseuses à froid, matériels plus sim-ples et plus
sûrs.
2.1 Recyclage en place à chaud
(techniques « thermo-R ») 2.1.3 Thermorecyclage
Les techniques présentées ci-après comportent des points communs : 2.1.3.1 Description
Il s’agit du recyclage en place par chauffage, décohésionnement,
– chauffage progressif par le haut des enrobés à traiter ; malaxage de l’enrobé ancien avec les correcteurs nécessaires (liant
– scarification ; d’apport, granulats), les additifs éventuels (fibres, polymère, etc.) et
remise en œuvre du mélange [1].
– remise en place.

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Sens d’avancement
Préchauffage
Gravillons
pré-laqués
Bitume
Fibres régénérant

Machine de recyclage Compactage


Sens d’avancement

Chauffage Ajouts Malaxeur Finisseur


Figure 1 – Atelier-type de thermorecyclage (crédit USIRF) Décohésionneur
Fraise rotative et malaxeur à têtes verticales

Figure 3 – Principe du thermorecyclage avec ajouts et malaxeur à arbres


verticaux (crédit USIRF)

Sens d’avancement

Gravillons
pré-laqués Bitume
régénérant
Fibres

ChauffageAjouts Malaxeur Finisseur


Décohésionneur
Figure 2 – Ensemble de préchauffeuses à panneaux radiants Tambour rotatif et malaxeur à arbres horizontaux
(crédit Wirtgen)

Figure 4 – Principe du thermorecyclage avec ajouts et malaxeur à arbres


horizontaux (crédit USIRF)
Toutes les opérations se déroulent en une seule intervention
d’un atelier spécialisé. L’atelier-type (figure 1) comprend une suite de
préchauffeuses à panneaux radiants et une machine de scarifi-cation –
malaxage – épandage du matériau recyclé. Un atelier de compactage Sens d’avancement
vient ensuite. Apport d’enrobés
Enrobés d’apport avant malaxeur après malaxeur
■ Le chauffage des enrobés en place est effectué par un ensemble de
préchauffeuses à panneaux radiants en infrarouge (figure 2). Le nombre
de préchauffeuses et leur vitesse d’avancement sont
choisis pour assurer une élévation de température jusqu’à 100-150 C
o
dans la profondeur à traiter (voir plus loin).
La surface de chauffe est au minimum de 200 m2. Elle doit être
2
portée jusqu’à 300 m dans les cas les plus difficiles (profondeur
importante et conditions météorologiques défavorables). La vitesse
d’avancement varie en pratique de 2 à 6 m/min. Figure 5 – Principe du thermorecyclage avec apport d’enrobés avant ou
après malaxage (crédit USIRF)
■ Le décohésionnement de l’enrobé ramolli est assuré par un ou
plusieurs tambours/fraises quelque peu différents d’une machine à
l’autre (voir figures 3 et 4). Divers ajouts solides peuvent être incorporés
■ Les rendements journaliers en 4 m de large varient de 6 000 à
par la machine : 2
8 000 m pour une profondeur de 3 à 4 cm. Ils descendent à
– correcteur granulométrique (gravillons prélaqués, sable) ; 2 pour 7 cm, le maximum admissible.
– enrobé d’apport, avant ou après le malaxeur (figure 5) ; 3 000-5 000 m
– additif solide améliorant la tenue du mélange final (fibres,
2.1.3.2 Études préalables
polyéthylène, etc.).
Un malaxeur à arbres, soit verticaux, soit horizontaux, dans lequel est Comme pour toute étude de recyclage en place, la première étape est
pulvérisé le liant d’apport, homogénéise l’ensemble. la reconnaissance préalable du site, qui comprend :
– l’évaluation de l’état structurel de la chaussée ;
Le réglage et le précompactage du mélange recyclé est assuré par – la détermination des causes de désordre(s) sur l’enrobé à
une table de finisseur. La largeur utile peut atteindre 4 m. Avec des recycler ;
matériels à largeur variable, elle peut aller de 2,5 à 4 m. – sa composition, son état, son homogénéité.

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RECYCLAGE ET RETRAITEMENT EN PLACE DES MATÉRIAUX DE CHAUSSÉE


_____________________________________________________________________

En règle générale, le thermorecyclage produit un enrobé dont les


caractéristiques mécaniques sont équivalentes à celles d’un enrobé
neuf.
Il peut, de plus, éliminer une interface défectueuse.

■ Problèmes et inconvénients
Les ateliers de thermorecyclage sont très encombrants. Selon la
profondeur visée, trois, voire quatre, préchauffeuses sont néces-saires.
La longueur de l’atelier peut alors atteindre 150 m.
Si l’enrobé à recycler est humide, il peut y avoir d’importants nuages
de vapeur mettant en jeu la sécurité des intervenants et, surtout, des
R usagers.
L’épaisseur recyclable est au maximum de 7 cm. Des thermo-
recyclages jusqu’à 9 cm ont été réalisés, mais on a constaté qu’il
devenait alors très difficile d’atteindre 80 oC à cette profondeur et que cela
conduisait à surchauffer la surface au-delà de 250 oC (on
rappelle que le bitume est un mauvais conducteur de la chaleur), d’où
dégradation, voire inflammation, du bitume superficiel. D’ailleurs, même
pour une épaisseur inférieure à 7 cm, on constate systématiquement
une légère perte de masse du bitume in situ (0,2 à 0,4 %).

Le procédé est très sensible aux conditions météorologiques (vent en


particulier) et à l’humidité de l’enrobé en place (zones
poreuses, points bas du profil en long, etc.). Le rendement peut en être
très affecté.
Les machines fonctionnent avec un malaxeur « à fond ouvert », ce qui
crée un peu de ségrégation et d’hétérogénéité. Par ailleurs,
les systèmes de dosage de l’additif (fibres, polyéthylène, etc.) sont
moins précis que ceux des centrales fixes.
Enfin, les zones de démarrage nécessitent une grande attention.

2.1.3.4 Domaines et limites d’emploi


Figure 6 – Thermorecyclage sur autoroute (crédit Colas)

En raison de l’encombrement de l’atelier, le thermorecy-clage


s’emploie essentiellement sur grands itinéraires à bonnes
Si le recyclage est jugé techniquement faisable (voir § 2.1.3.4), l’étude caractéristiques géométriques : autoroute, voies express, etc., ce
déterminera :
qui correspond surtout à des trafics élevés.
– la profondeur de retraitement ;
Le thermorecyclage convient particulièrement lorsqu’il s’agit de
– le type et le dosage des correcteurs et ajouts ;
traiter une seule voie (la voie lente généralement). Il peut
– le type et le dosage du liant d’apport ;
également fournir une solution adéquate à des cas de décollement
sur la base des mêmes essais de laboratoire que pour l’enrobé neuf « de la couche de roulement.
équivalent ».
Il n’y a pas a priori de limitation supérieure du trafic. Le thermo-
Le principe est que le mélange thermorecyclé doit avoir des recyclage peut également être appliqué sur piste aéronautique.
performances au moins équivalentes à celles d’un enrobé neuf À l’inverse, le thermorecyclage ne convient pas en zone urbaine, du
destiné au même usage. fait de la taille de l’atelier, de la présence d’obstacles dans les
chaussées, et aussi de la présence de citernes de gaz sur les machines.
L’expérience a montré que :
– lorsque la pénétrabilité du vieux bitume est inférieure à 10 dmm à 25 En pratique, le procédé n’est envisageable que pour des chantiers de
oC, le matériau ne doit pas être recyclé (on est dans le cas d’une 2
taille suffisante (au moins 20 000 m ). Le thermorecy-
couche de surface, sous trafic lourd) ; clage ne peut convenir que sur chaussée ne présentant pas de défaut
– lorsque la pénétrabilité est supérieure à 30, on peut ajouter un de structure. Il apporte un complément de durée de vie à la (ou aux)
bitume de classe inférieure ; couche(s) supérieure(s), soit dans l’attente d’un recharge-
– entre 10 et 30, l’apport d’un produit régénérant est à prévoir. ment à plus longue échéance, soit en étant directement surmonté d’une
nouvelle couche de roulement (BBM ou BBTM par exemple).
2.1.3.3 Avantages et inconvénients
En raison de la dispersion plus importante dans la composition du
■ Avantages mélange thermorecyclé, sa durée de vie prévisible est toutefois
Comme tous les recyclages en place, le thermorecyclage offre la inférieure à celle de la solution enlèvement par fraisage + rempla-
possibilité de ne traiter qu’une voie (figure 6). Il permet de cement par enrobé neuf sur la même épaisseur.
conserver le niveau fini existant, d’où économie des travaux de
raccordement, de réhaussement des glissières, et conservation du tirant D’une manière générale, les techniques de thermorecyclage se
d’air sous les passages supérieurs. sont vues sévèrement concurrencées et, dans beaucoup d’endroits,
remplacées par la solution fraisage à froid et remplacement par un
Il conduit normalement à une amélioration des profils longitu-dinaux et enrobé neuf, solution apportant toutes garanties et d’un coût très
transversaux. Il peut aboutir à une amélioration de la macrotexture proche.
superficielle et de l’adhérence.

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A

Figure 7 – Photo et schéma d’un train de recyclage à chaud (crédit Fayat)

2.1.4 Train de recyclage à chaud bitume a commencé à être utilisée vers la fin des années 1990 dans
divers pays dont la France. Elle a maintenant pris une place, certes
Un autre procédé de recyclage en place à chaud existe, qui est basé minoritaire, mais non négligeable.
sur l’intervention d’une machine spéciale, dont le cœur n’est autre qu’un
tambour-sécheur-enrobeur (TSE) à équicourant. L’atelier (figure 7)
comprend, dans l’ordre d’avancement :
2.2.1 Faisabilité
– une (ou deux) fraiseuses ; La première démarche consiste évidemment à s’assurer de
– un dispositif de collecte ; l’existence et de l’homogénéité d’une couche d’enrobés pouvant donner
– transfert et enfournement des fraisats ; lieu à recyclage in situ. Trois conditions sont nécessaires :
– le « TSE sur roues » lui-même ; – épaisseur minimale de 5 cm ;
– un releveur de cordon ; – existence de tronçons homogènes assez longs ;
– puis l’ensemble finisseur + compacteurs. – absence d’obstacles dans la couche (regards, bouches à clés,
Plusieurs systèmes d’asservissement et de dosage assurent la etc.).
régularité du mélange final. La machine comporte également une rampe Cela implique la collecte de tous les renseignements disponibles et
intégrée pour le répandage de la couche d’accrochage sur la surface une reconnaissance précise du site, complétée si nécessaire par
fraisée, juste devant le cordon d’enrobé recyclé. La pré- sondages.
cision des dosages est proche de celle obtenue dans un poste continu
TSE classique. L’état de l’enrobé en place et sa recyclabilité seront ensuite évalués
au cours de l’étude de formulation.

En raison de l’encombrement et de la sophistication de ce


matériel, le domaine d’emploi est surtout le recyclage sur réseau 2.2.2 Études de formulation. Consistance et
primaire (autoroutes, voies express, routes principales). méthodologie
Avec l’émulsion, le déroulement de l’étude est tout à fait analo-gue à
celui d’un recyclage à froid en centrale (voir le diagramme de la figure 12
2.2 Recyclage en place à froid d’enrobés § 1.4.3 du recyclage en centrale [C 5 620]).

Le recyclage en place à froid d’enrobés peut être considéré ■ Avec la mousse de bitume, la démarche intellectuelle est la
comme un cas particulier de re traitement en place de chaussée, où même, mais les paramètres de caractérisation de la mousse sont
on ne retraite que du noir. Les matériaux obtenus sont, à plusieurs bien spécifiques (taux d’expansion et temps de demi-vie). Tous les
égards, analogues à ceux produits par recyclage à froid en commentaires faits § 1.4.3 de l’article [C 5 620] sont valables pour
centrale. le recyclage en place à l’émulsion.
Afin d’éviter des répétitions fastidieuses, la présentation qui suit Les particularités de la mousse de bitume sont dé crites plus loin,
renverra largement au § 1.4 de l’article [C 5 620] pour ce qui § 3.3 et 3.5. Peu de résultats validés sont disponibles à ce jour
concerne les matériaux, et aux § 3.2 et § 3.3 pour les matériels et concernant les enrobés recyclés à la mousse de bitume. Les études
ateliers de retraitement. les plus abouties viennent de l’Afrique du Sud et de l’Allemagne.
Le recyclage en place à froid d’enrobés fait majoritairement ■ Pour le recyclage en place à l’émulsion, les résultats de labora-
appel à l’émulsion de bitume, les premiers chantiers remontant toire sont voisins de ceux obtenus avec recyclage en centrale,
aux années 1970 aux États-Unis et 1980 en France. La mousse de l’écart éventuel se produisant sur le terrain, suite à une dispersion

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La de´molition
Techniques et me´tiers connexes
par Jean-Franc¸ois MILLERON
Inge´ nieur ESTP

1. De´construction manuelle ou e´creˆtage ....................................... C 9 005 – 2 R


1.1 Me´ thodologie de de´ construction a` la main....................................... — 2

´
1.2 Ecreˆ tage .............................................................................................. 2
1.3 Cas particulier du butonnage............................................................. — 4
2. De´molition me´canique ................................................................... — 4
2.1 Mate´ riel de de´ molition ....................................................................... — 4
2.1.1 Mini-engins .............................................................................. — 4
2.1.2 Pelles de de´ molition ................................................................ — 5
2.1.3 Outils propres a` la de´ molition ................................................ — 5
2.2 Organisation d’un chantier de de´ molition me´ canique...................... — 6
3. De´pose d’ouvrages d’art................................................................ — 7
3.1 De´ construction d’un ouvrage de type « passage supe´ rieur
sur autoroute » ................................................................................... — 7
3.2 De´ construction d’un ouvrage de type « jete´ e d’embarquement »
en zone ae´ roportuaire ........................................................................ — 7
4. Travaux pre´alables a` la de´molition.............................................. — 8
4.1 Curage ou de´ molition non structurelle ............................................. — 8
4.2 De´ samiantage ..................................................................................... — 8
4.3 De´ plombage ....................................................................................... — 10
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 9 005

L a de´ molition a connu au cours des dix dernie` res anne´es de nombreuses e´volutions. Celles-
ci sont lie´ es en premier lieu a` la modification tre` s sensible des structures a` de´ molir : les baˆ
timents en pierres naturelles avec charpentes en bois, de´ molis dans les anne´ es 1970 a` 1980
sont progressivement remplace´ s par des structures me´talliques et be´tons conduisant a`
envisager des proce´ de´ s de
de´ molition diffe´ rents.
De meˆ me, la complexite´ des ouvrages rencontre´ s remet en cause les techni-ques
simples d’abattage : un ouvrage en be´ ton pre´contraint ou a` charpente me´tallique
suspendue ne´ cessite une re´flexion technique sur sa tenue en cours de de´molition. La prise
en compte de la se´ curite´ et des moyens de pre´ vention dans les me´thodes est un
incontestable progre` s de ces changements. L’homme n’est pas au service d’une technique
mais c’est la technique qui s’adapte a` l’homme, en inte´grant les notions de protections
collectives et individuelles et, au-dela`, en de´ finissant la me´thode autour de la se´ curite´ .

Plus re´ cemment, l’irruption des pre´ occupations environnementales conduit aujourd’hui
a` parler de « de´ construction » au de´ triment du terme de´ molition : le tri des mate´ riaux
de de´ molition est une re´ alite´ dicte´ e autant par l’absence ou le couˆt prohibitif des
exutoires que par le souci des entreprises de concourir a` une e´ conomie des moyens
naturels en valorisant les mate´riaux de´ construits. Cette voix d’ame´ lioration reste
cependant largement a` approfondir face a` la multitude des mate´riaux rencontre´ s et leur
he´ te´ roge´ ne´ ite´ .
En outre, la profession de de´constructeur a vu progressivement son savoir expe´rimental
et intuitif comple´ te´ par la re´ flexion meˆlant inge´nierie et me´thodes. Au cœur de me´ tier,
il convient d’ajouter de nouvelles branches d’activite´ s,
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LA DEMOLITION

comme le curage lie´ a` la re´ habilitation, ainsi que le traitement des pollutions diverses ge´
ne´ re´ es par les mate´ riaux utilise´ s dans la construction tels l’amiante et le plomb. Mais,
la liste n’est pas exhaustive et les investigations mene´ es a` l’heure actuelle sur la nocivite´
des mate´ riaux utilise´ s dans la construction pour-raient bien s’allonger dans les anne´ es
a` venir.

1. De´construction manuelle 1.1 Me´thodologie de de´construction a` la


ou e´creˆtage main
R Les diffe´rentes e´tapes de la de´construction manuelle sont les
suivantes :
– e´taiement de l’ensemble des planchers et circulations afin de
Technique la plus ancienne, la « de´ molition a` la main » trouve aujourd’hui stabiliser la structure ; cet e´taiement trouve sa place dans le cas de baˆ timents
encore son domaine d’application. Elle demeure le fruit de l’expe´ rience fortement de´grade´ s ;
acquise par les hommes de l’art qui posse` dent une vraie connaissance – mise en place des e´chafaudages et protections pars-gravats
empirique des ouvrages a` de´ molir. pe´riphe´riques : l’ensemble du baˆtiment doit eˆ tre ceinture´ par ces e´
chafaudages de manie` re a` garantir la protection des ouvriers a` la chute en
Les principaux baˆ timents concerne´s sont baˆ tis avec les mate´ - riaux hauteur et a` prote´ ger les tiers au chantier (figure 2) ;
suivants :
– cre´ation de tre´mies d’e´vacuation des mate´riaux de´molis sur tous
– meulie` res, moellons ou pierres de taille pour les voiles verticaux ; les e´ tages ;
– de´molition des cloisons inte´rieures : une attention particulie` re doit eˆ
– solives en bois, parfois renforce´ es par des poutres me´ talliques (figure 1) ; tre porte´ e a` ces de´molitions car, avec le temps, les cloisons concourent tre`s
souvent a` la stabilite´ de ce type de baˆtiments ;
– augets de remplissage entre solives ; – de´molition des murs pe´riphe´riques de l’exte´rieur vers l’inte´-rieur,
– cloisons en plaˆ tre renforce´es par des madriers. e´ tage par e´ tage ;
– de´montage progressif de l’e´chafaudage en suivant la de´molition ;
La tenue des planchers de ce type de baˆtiment est largement infe´rieure a`
250 kg/m2. – mise en place simultane´e des protections (polyane, enduits…) des
avoisinants conserve´ s (figure 2) ;
Il est a` noter que ces baˆtiments ont ge´ ne´ ralement subi plusieurs re´ – chargement et e´vacuation (ge´ ne´ ralement me´ canique) des
novations, parfois lourdes, qui ont singulie`rement modifie´ leur structure et mate´riaux de´molis vers les centres de tri concerne´ s.
condamne´ leur pe´ rennite´ : rajout d’e´ tages supple´ men-taires, ouvertures
sauvages de cloisons, affaiblissement par de´faut d’isolation et infiltration d’eau ´ ˆ
dans les e´ tages comme dans les infrastructures. De meˆ me, les constructions 1.2 Ecretage
successives d’immeu-bles juxtapose´ s ont conduit a` utiliser les murs existants
pour les constructions neuves. & Lorsque les structures du baˆ timent a` de´ molir le permettent, la de´
molition est me´ canise´ e autant que possible. Trois types de machines sont
alors utilise´ s :
Tre` s ge´ ne´ ralement, ces baˆtiments utilisent des murs mitoyens et la
– les mini-pelles de 800 kg a` 5 tonnes, suivant la re´ sistance des planchers
de´molition ponctuelle d’un immeuble au sein d’un encheveˆtre-ment de
(figure 3) ;
baˆtiments de meˆ me constitution concoure a` fragiliser l’ensemble.
– les engins te´ le´ commande´ s de type « brokk » ;
– les mini-chargeurs pour l’e´ vacuation des mate´ riaux de´ molis.

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Figure 2 – Echafaudage et pars-gravats (a` gauche) – Mise en place

Figure 1 – Structure bois – Paris 18e (cre´ dit Genier-Deforge) de polyane en protection de mitoyen (a` droite) (cre´ dit Genier-Deforge)

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LA DEMOLITION

Figure 3 – Grutage d’une mini-pelle – Aulnay/Bois (93)


(cre´ dit Genier-Deforge)

Figure 5 – De´tail de l’e´taiement des planchers et illustration en photo


(cre´ dit Genier-Deforge)

& Les diffe´rentes e´tapes de l’e´creˆtage sont les suivantes :


– e´taiement de l’ensemble des planchers et circulations afin de
renforcer la structure. L’analyse des plans de l’existant, lorsqu’ils
existent, et la re´alisation de sondages, permettent de de´finir la
tenue des planchers et de pre´voir l’e´ taiement ne´cessaire a` la circu-
lation de mini-engins (figures 4 et 5) ;
– mise en place des e´chafaudages et protections pars-gravats
pe´riphe´riques : l’ensemble du baˆtiment doit eˆ tre ceinture´ par ces
e´ chafaudages de manie` re a` garantir la protection des ouvriers a` la
chute en hauteur et a` prote´ ger les tiers au chantier. Il est a` noter
que les protections par e´ chafaudage peuvent eˆtre remplace´es par
l’utilisation de plateformes ele´´ vatrices ceinturant le baˆ timent et pla-
ce´es sur des bi-maˆ ts. Le positionnement des maˆ ts de ces platefor-
mes devra eˆ tre particulie` rement e´ tudie´ afin d’en assurer la tenue ;
– grutage des machines pour la de´molition ;
– de´molition des murs inte´rieurs, puis pe´riphe´riques de l’exte´-
rieur vers l’inte´rieur, e´ tage par e´tage. Une attention particulie` re est
porte´ e sur la conservation des murs pe´riphe´ riques sur une hauteur
de 1,10 me` tre, minimum, pour prote´ ger les engins de la chute en
Figure 4 – De´molition des planchers – Aulnay/Bois (93) bord de baˆtiment, les e´chafaudages pe´riphe´ riques prote´geant uni-
(cre´ dit Genier-Deforge) quement de la chute les ouvriers a` pieds sur les planchers ;

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