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Maquette numérique du
bâtiment (BIM)
III
Cet ouvrage fait par tie de
Droit et organisation générale de la construction
(Réf. Internet ti255)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Droit et organisation générale de la construction
(Réf. Internet ti255)
Christophe GOBIN
Conseiller scientifique de l’ESTP
Jean-Pierre MUZEAU
Ancien enseignant à Polytech' Clermont-Ferrand, Président de l'APK, Directeur
scientifique du CHEC
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Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Maquette numérique du bâtiment (BIM)
(Réf. Internet 42662)
SOMMAIRE
Réf. Internet page
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VII
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Référence Internet
C3201
et Dominique FLASQUIN
Ingénieur service production – Trimble Solutions France
perpétuelle évolution.
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Référence Internet
C3201
Le BIM concerne l’ensemble du cycle de vie d’un ouvrage. Il est, par consé-
quent, nécessaire de décrire l’usage du BIM et ce qu’il apporte tout au long des
différentes phases d’un projet :
– la conception et le chiffrage ;
– les études d’exécution ;
– la fabrication et l’omniprésence du numérique utilisé historiquement pour
l’automatisation de la production en construction métallique et en construction
en béton préfabriqué ;
– la construction sur site et l’impact du BIM sur la relation étude/chantier.
L’information doit circuler de façon bidirectionnelle. Le chantier accède aux
données du modèle BIM et peut, entre autres, renseigner ce dernier sur l’état
d’avancement du montage de la structure ou des phases de coulage du béton.
Le BIM s’adresse à tous les intervenants et à toutes les étapes.
Notons toutefois que le présent article est uniquement consacré à la partie
structure d’un projet de construction. Par conséquent, il ne prend pas en
compte d’autres aspects importants de la maquette numérique. En effet, le
BIM change la façon de travailler des maı̂tres d’ouvrage en phase d’étude de
faisabilité et de conception (délais de construction, critères financiers, perfor-
mances énergétiques et environnementales, qualité des bâtiments) et des archi-
tectes (respect des normes en vigueur, gestion des modifications, visualisation
de la maquette 3D, collaboration). Une fois la construction terminée, le modèle
virtuel 3D est transmis au propriétaire de l’ouvrage avec toutes les informations
nécessaires pour la gestion des installations, les travaux d’entretien et les modi-
fications éventuelles. La maquette numérique est également utile en phase de
déconstruction de l’ouvrage.
La gestion du patrimoine, mais également l’aménagement du territoire et des
infrastructures, sont deux exemples qui, avec la construction du projet, illus-
trent parfaitement le concept global du BIM, au-delà du contenu de cet article
consacré au BIM pour la structure.
La description d’un projet de référence permet d’illustrer plusieurs caractéris-
tiques propres à l’utilisation d’un processus BIM. De la maı̂trise d’ouvrage au
constructeur, des commanditaires aux sous-traitants, un nombre important de
sociétés peuvent collaborer et partager l’information autour de maquettes
numériques. Il apparaı̂t clairement qu’il n’y a pas qu’un seul BIM, mais différen-
tes maquettes en fonction des phases du projet. La mise en place de méthodo-
logies, l’utilisation de normes et de protocoles BIM internes aux sociétés sont
indispensables pour une gestion optimale du projet.
Le but de cet article est de décrire de manière détaillée les outils et les méthodes
BIM utilisés pour la conception, la fabrication et la construction des structures.
En français, il est possible de le traduire en « modèle d’infor- Dans la pratique, il existe différent niveaux de BIM (§ 1.4.2). Il est
mation du bâtiment » ou « modélisation de l’information du également possible de distinguer un BIM intra-entreprises et un
bâtiment », ou encore « gestion de l’information du bâtiment ». BIM inter-entreprises. En effet, l’utilisation de technologies dites
BIM impacte et modifie, non seulement la relation entre les diffé-
Le terme de « maquette numérique » est également fréquem-
ment utilisé en France. rents acteurs d’un projet de construction, mais également et avant
tout les processus de fonctionnement dans les entreprises.
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Référence Internet
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Intégration
architecturale
Ingénierie
Vente et
Planification soumission
du montage > Estimation
> Gestion et suivi des coûts
> Solutions
> Séquençage alternatives
et colisage
> Gestion
de projet Fabrication
> Automatisation Calcul
de la production > Dimensionnement
Dessins
> Machines à Achats > Nomenclatures
Exécution de montage
commande > Listes > Plans > Dessins préliminaires
> Croquis
numérique de matières d’ensemble
d’atelier
1.2 Son origine L’objectif de cet article est la partie structure des ouvrages.
Le BIM ou la BIM est un concept relativement ancien. On attri- Nous pouvons résumer les avantages du BIM pour la structure
bue en effet la paternité du BIM à Charles M. Eastman, professeur en quelques lignes :
au Collège d’Architecture et d’informatique de l’institut Georgia
Tech. Ce dernier a travaillé sur le BIM fin 1970, début 1980. Char- – un modèle d’information du bâtiment hautement détaillé
les Eastman est le co-auteur d’un ouvrage de référence publié en « tel que construit » permet le plus haut niveau de constructi-
2008 puis révisé en 2011, le BIM Handbook [1]. Il a été un des bilité et de contrôle de la production ;
pionniers dans le développement de logiciels de modélisation 3D – l’intégration de données externes au modèle structural per-
paramétrique pour l’Architecture et l’ingénierie de la construction met une meilleure collaboration et une meilleure gestion et
et a dirigé de nombreux projets de recherche depuis le milieu des livraison du projet, depuis la phase conceptuelle initiale jus-
années 1970. qu’à la construction ;
– les solutions BIM structures doivent permettre de combi-
Le développement du concept BIM va de pair avec l’apparition
ner et de coordonner l’utilisation de différents matériaux
des logiciels de conception et/ou fabrication assistée par ordinateur
(béton, acier, bois). Une conception précise et détaillée limite
CAO/CFAO 3D. Au début des années 1980, les premières solutions les erreurs en phase d’exécution. La réduction des chutes de
commerciales sont apparues. matière est également un facteur important d’augmentation
de la productivité.
Citons, comme exemple l’application ArchiCad (Éditeur : Graphi-
soft) pour la modélisation architecturale.
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Référence Internet
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1.4.1 Contenu
Le BIM est un outil d’information puissant qui ne concerne pas uni-
quement le bâtiment mais également les infrastructures. Par consé-
quent, il existe différents formats de maquette numérique, depuis la
représentation à l’échelle d’une ville facilitant la prise de décisions en
termes d’aménagements urbains jusqu’à la modélisation d’un
ouvrage complet incluant le détail des systèmes constructifs.
Dans le cadre du BIM pour la structure, un modèle virtuel 3D est
composé de tous les objets et les assemblages d’objets utilisés
dans le projet en cours.
Figure 3 – Accès à la maquette numérique sur chantier
& Objets BIM
1.4 Maquette numérique Les objets BIM sont des composants uniques (poutre, voile,
plaque, boulon…). Ils possèdent des paramètres pour la définition
Le BIM est un processus de génération des données pour la des caractéristiques géométriques (profil de l’élément, dimensions
conception et la construction d’un bâtiment et d’exploitation de de la section, longueur…). La valeur de ces paramètres a une
ces informations sur le cycle complet de vie de l’ouvrage. influence sur l’apparence physique des objets.
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Cycle de vie
Données
Gestion du
iBIM
BIMs
Maturité
BSIM
BRIM
AIM
SIM
FIM
3D
2D
Dessins, lignes, arcs, textes, etc Modèles, objets, collaboration Données intégrées, interopérables
Outils
Gestion d’identification
Sécurité
APCL
Bibliothèque Services
BIM Web intégrés
Collaboration à Hub BIM
Papier Collaboration à partir de fichiers
partir de fichiers & Gestion d’une GIS
bibliothèque
À ce stade, il n’est pas possible de parler de travail collaboratif maquette et la modifient, éliminant ainsi tout risque de conflit dans
entre les acteurs d’un projet. Chaque entité publie et met à jour la mise à jour des données.
ses données. Cette belle utopie est l’objectif du gouvernement anglais pour
2019. Elle pose néanmoins de nombreuses questions de droit et
BIM Niveau 2 de responsabilités. Elle suppose aussi des possibilités de gestion
Avec un échange d’information entre les acteurs du projet, mais des droits et de protections dans les outils logiciels.
à partir de maquettes numériques distinctes. Chacun des acteurs
travaille sur son propre modèle 3D, mais hors partage. La collabo-
ration intervient par l’échange d’informations entre les acteurs. Les 1.5 Avantages
informations liées à la conception sont partagées via un format
commun. Ce format autorise alors la combinaison de modèles de Le BIM est une réponse aux exigences de la construction en ter-
références 3D externes avec son propre modèle 3D. mes de rentabilité et d’efficacité et il concerne l’ensemble des inter-
On constitue ainsi une maquette BIM de synthèse qui permet un venants sur chaque projet.
certain nombre de contrôles. Les outils de CAO utilisés par les dif-
férents acteurs supportent en export et import les formats d’échan- 1.5.1 Conduite des projets et collaboration
ges neutres et communs, comme par exemple l’IFC (Industry Foun-
dation Class) ou le COBie (Construction Operations Building Traditionnellement, l’échange d’informations était manuelle
Information Exchange). (documents 2D, armoires à plans, envoi de CD-Rom, courriers
Ce niveau de BIM avec ses méthodes est le minimum requis par électroniques).
le gouvernement britannique pour les projets publics à compter
de 2016. Pour éviter de saisir à nouveau des informations et une tra-
duction manuelle en fonction du format de données des logi-
BIM Niveau 3 ciels utilisés, une approche ouverte du BIM a été préconisée
Avec une utilisation du BIM en mode collaboratif à partir d’un permettant ainsi le développement de l’interopérabilité entre
les différents logiciels de la construction via la compatibilité
modèle unique, partagé et centralisé, et ce pour un échange opti-
au format IFC.
mal d’informations. Les différentes disciplines accèdent à la même
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La mise au point des projets est plus rapide et les délais plus BIM. Ce sont les deux aspects du BIM pour lesquels la demande
facilement respectés : d’évolution et de développement est la plus importante.
– les tâches redondantes sont supprimées ; Le secteur de la construction a tout à gagner d’une meilleure
– les échanges entre les différents acteurs de la construction sont communication des informations.
facilités ;
– les informations nécessaires sont extraites plus rapidement à
partir de la maquette numérique. L’interopérabilité est la capacité d’échanger des informations
entre les différentes solutions logicielles BIM disponibles sur le
1.5.2 Gains en phase de réalisation marché avec un minimum d’interventions manuelles afin d’évi-
ter les erreurs et de gagner du temps.
La maquette numérique contient l’ensemble des données et des
objets d’un bâtiment. Au fur et mesure de l’avancement d’un pro-
jet, les interactions entre les différents éléments sont précisées et Les participants à un projet de construction utilisent des applica-
détaillées. tions spécifiques correspondant à leurs métiers respectifs et les
données du projet doivent pouvoir être transmises à l’ensemble
Les informations nécessaires sont extraites directement à partir
des parties prenantes.
du modèle 3D.
En construction métallique par exemple, les informations néces- 1.6.1.2 Solutions logicielles
saires pour la mise en fabrication sont extraites directement à partir Dans un projet de construction, chaque intervenant utilise des
du modèle 3D et ces données sont transférées automatiquement sur solutions logicielles techniquement adaptées à son activité et
les machines à commande numérique dans les ateliers. grâce auxquelles il peut effectuer des tâches spécifiques comme :
Elles alimentent également les systèmes d’approvisionnement et
de gestion des stocks qui sont un facteur essentiel de réduction – conception architecturale ;
des chutes (pertes de matière) lorsqu’ils sont couplés avec des solu- – analyse et calcul de la structure ;
tions logicielles de mise en tôle ou de mise en barre. – conception technique détaillée ;
– obtention des quantitatifs et des plans pour une mise en
Les risques d’erreurs ou d’omissions en phase d’études sont, par production ;
conséquent, fortement diminués ainsi que le coût du traitement de – réalisation et visualisation sur le chantier ;
ces erreurs en fabrication ou sur le chantier. – gestion des plannings ;
– maintenance de l’ouvrage ;
1.5.3 Valeur ajoutée – etc.
En réduisant le nombre de documents à produire pour une par- Une seule solution logicielle ou un système intégré unique ne
faite compréhension du projet, la collaboration BIM basée sur une peut répondre à toutes les exigences du secteur de la construction.
maquette numérique commune facilite et accélère les échanges
entre les différents services : Les outils BIM propres à chaque métier doivent être capables
de fournir les données géométriques et techniques (sous
– devis ;
forme d’attributs) qui serviront à alimenter la maquette numé-
– bureau d’études ;
rique 3D du projet et de récupérer des informations intégrées
– méthodes ;
au modèle via une autre application.
– production et chantier au sein d’une entreprise.
Une simple compatibilité entre deux logiciels est, par consé-
Pour les projets traités suivant le processus BIM, la réduction des quent, insuffisante.
erreurs, une meilleure collaboration entre les différents acteurs
(d’une ou de plusieurs organisations) et l’échange facilité d’infor- Un projet de construction BIM est caractérisé par un environne-
mations, depuis la conception jusqu’à la construction, ainsi que la ment mixte de systèmes dédiés capables de communiquer efficace-
gestion du bâtiment améliorent la qualité de réalisation des ouvra- ment à l’aide de :
ges et diminuent les risques de contentieux.
– modèles d’informations ;
La norme IFC intégrée au BIM facilite la communication et la – méthodes ;
coordination entre les différents corps de métiers. Le BIM est un
– processus ;
facteur d’innovation, de valorisation et d’évolution des métiers de
– terminologie commune.
la construction.
Dans le cadre du développement durable, le choix des matériaux Dans ce cas, nous parlons d’une approche ouverte de la modéli-
et des équipements peut être intégré dès la phase de conception de sation de l’information ou openBIM.
la maquette numérique. La maı̂trise des informations techniques À l’origine, openBIM est une initiative de l’association internatio-
(dimensions, normes techniques, performances) des éléments d’un nale buildingSMART et de plusieurs éditeurs de logiciels utilisa-
ouvrage est nécessaire pour garantir les performances énergétiques teurs du modèle de données ouvert buildingSMART (voir son logo
des bâtiments et le respect des exigences environnementales. en figure 6a).
Le BIM est également un outil d’aide à la réduction des pertes de
matière et à la diminution de la consommation d’énergie. 1.6.2 Formats d’échanges
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– le développement durable ;
1. Naissance du BIM – l’écoconception ;
– l’écoconstruction.
Suivis de labels à tout va :
Cette dernière décennie, plusieurs éléments sont venus perturber
– BBC ;
le monde de la construction. Entre la préservation de la nature et la
– Pepos effinergie ;
préservation du portefeuille du maı̂tre d’ouvrage, les consciences
– HPE ;
se sont réveillées avec un foisonnement de principes, de labels, – HQE ;
d’objectifs à atteindre. – LEED ;
Citons notamment les lois Grenelle 1 et Grenelle 2 qui englobent : – Bream, etc. (figure 1).
– la Réglementation thermique 2012 (RT 2012) sachant que ; Afin d’atteindre ces résultats ou d’obtenir un (ou plusieurs) de
la rénovation inclut une obligation d’isolation à partir du ces labels, il a fallu élever considérablement le niveau des études
1er janvier 2017, préalables d’un projet, mais aussi le niveau technique des chantiers
l’isolation thermique des façades et des toitures sera obligatoire de construction.
en cas de grosse rénovation de bâtiments dès janvier 2017 aussi. Pour cerner toutes les données qui découlent de ces études, il
Le décret encadrant cette mesure a été publié au journal officiel ; fallait trouver un support général, une base pouvant englober
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Information graphique et Information sémantique tout en restituant permis de construire. Après cette phase, il faut mener les études
au maı̂tre d’ouvrage une réplique réaliste, un clone de son ouvrage techniques et la réalisation.
à construire avant de le construire.
Pour ces phases-là, il y a l’intervention de plusieurs métiers,
donc multiplication des intervenants, et pour cela l’architecte est
Le BIM, Building Information Modeling, se révèle cette boı̂te nommé comme le chef d’orchestre du projet afin de diriger ces per-
magique où tout est concentré, classé, détaillé ou filtré à la sonnes et de mener à bien l’acte de construire.
demande. Dans la méthode traditionnelle, nous constatons que l’interven-
Le Building Information Modeling (Model) ou, dans ses tran- tion des tierces personnes ne se manifeste que dans une phase
scriptions françaises : avancée du projet, ce qui peut remettre en question des éléments
décisifs de conception (problèmes techniques ou autres).
– modélisation des données du bâtiment (MIB) ;
– bâti et informations modélisés ; Ceci engendre des études supplémentaires, des modifications et
– modèle d’information unique du bâtiment ; parfois des problèmes sur les chantiers.
– ou encore Maquette numérique du Bâtiment (MNB). Le métier d’architecte est très diversifié. L’architecte se doit de
connaı̂tre de nombreuses règles juridiques, de nombreuses règle-
mentations urbaines et sociales qui ne cessent d’augmenter.
2. Définition du métier Pour se protéger, il faut donc qu’il définisse ses missions par la
voie contractuelle. Il reste néanmoins par définition, à l’égard de
de l’Architecte tous, le professionnel responsable, de l’avant-projet jusqu’après la
réception de l’ouvrage, sauf si sa mission s’arrête au permis de
construire.
L’architecture est une profession réglementée. La loi du 3 janvier Les clients de l’architecte ou des sociétés d’architecture sont les
1977 a marqué pour la première fois la volonté du législateur de pré- maı̂tres d’ouvrage, personnes privées ou publiques qui présentent
server et de promouvoir la qualité architecturale en déclarant dans un programme à réaliser, avec leurs exigences et leur budget. La
son article 1er : « L’architecture est une expression de la culture. La maı̂trise d’œuvre est « la réponse architecturale, technique et éco-
création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion nomique de ce programme » (Art. 7 de la loi MOP, loi du 12 juillet
harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages 1985 relative à la maı̂trise d’ouvrage publique).
naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. » Pour la phase de permis de construire, l’architecte se transforme
La Loi n 77-2 du 3 janvier 1977 sur l’architecture, parue dans le en assistant à la maı̂trise d’ouvrage puisqu’elle est la seule à avoir
Journal officiel du 4 janvier 1977, a été consolidée le 11 juillet 2016 l’obligation de le requérir.
et ce, grâce aux efforts menés par l’ordre des architectes et les syn- Enfin, suivant le code de l’urbanisme (art. L. 421-2, al 3 et 4), la
dicats d’architectes. définition d’un projet architectural est la suivante :
« Le projet architectural (figure 2) définit, par des plans et des
2.1 Structure des agences d’architecture documents écrits, l’implantation des bâtiments (figure 3), leur com-
position, leur organisation et l’expression de leur volume, ainsi que
Une personne physique est considérée comme architecte libéral le choix des matériaux. Il précise, par ces documents graphiques
si elle est inscrite à un tableau régional d’architectes conformément ou photographiques (figure 4), l’insertion dans l’environnement et
aux dispositions des articles 10 et 11 de la loi citée précédemment. l’impact visuel des bâtiments, ainsi que le traitement de leur accès
De même, une société peut porter le titre de société d’architecture et de leurs abords ».
si elle est inscrite à ce même tableau conformément aux disposi-
Ceci est à retenir pour la suite de cet article au § 5.5).
tions de l’article 12 de la loi citée précédemment.
Les architectes peuvent travailler seuls ou avec 1 ou 2 collabora-
teurs. C’est le mode d’exercice le plus répandu en France actuelle- 2.2 Compétences de l’architecte
ment. Les agences d’architecture restent de petite taille puisqu’elles
disposent en moyenne de moins de 2 salariés par agence (sondage
renforcées par le BIM
IFOP pour le CNOA). Il ne faut pas se leurrer, comme vu au § 2.1, en grande majorité, les
Si l’architecte peut travailler seul ou avec des collaborateurs architectes sont isolés et ne forment que de petites structures. Mais il
architectes, cela ne concerne que la phase de conception et le existe aussi de moyennes et de grandes sociétés d’architecture qui
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AVANT APRÈS
Figure 2 – Le projet architectural Projet de rénovation lourde à Bures-sur-Yvette (Essonne) (Crédit Architecte : Zeina Khawam)
sont bien installées en France et qui voient leur avenir en danger face
à ce bouleversement apporté par le BIM. Figure 4 – Projet réalisé (Crédit AR-Giudici-Photo Réalisation)
Toutes les instances incitent à l’adoption de ce processus, surtout
que l’obligation de passer les concours publics en BIM arrive à exécutées par d’autres intervenants, les grands groupes puissants
grands pas. ou les bureaux d’étude qui ont déjà adopté ces nouvelles technolo-
gies et surtout le processus BIM en question.
Il faut aussi suivre les actions du gouvernement qui appuient
l’initiative du parlement européen de janvier 2014 et confirme Il ne resterait alors à l’architecte que la mission du permis de
l’« Objectif 500 000 », par la mise en œuvre des mesures permet- construire, ne pouvant être délivré que par lui seul ou une société
tant de construire plus et mieux, de diminuer les coûts de cons- d’architecture, obligatoire pour la plupart des nouveaux projets et
truction et d’accompagner les évolutions de la filière du bâtiment des projets de réaménagement.
(http://www.logement.gouv.fr/sylvia-pinel-reunit-le-premier-
comite-de-suivi-objectifs-500-000). Pour conforter sa position dans la société, l’architecte doit donc
évoluer (figure 5), se former et rester à l’affût de toutes les évo-
Pour faire face à cette difficulté, les architectes doivent être prêts. lutions qui touchent à son métier. Il ne doit pas avoir peur de
Un sondage avait montré que moins de 20 % des architectes tra- remplacer le paradigme qui pour un temps, a fait son autorité.
vaillaient en 3D, et que la plupart étaient réticents et gardaient la Il ne doit pas rester isolé et il doit adopter en premier les
bonne vieille méthode de conception (croquis à main levé, et des- « 3C », piliers du processus BIM : Communiquer, Communi-
sins reportés en 2D sur des logiciels basiques de CAO). quer, Communiquer.
Le passage aux nouvelles technologies ne doit évidemment pas
effacer la création artistique, ni l’esthétique des projets. Avec toutes les nouvelles réglementations urbaines, environne-
Cela ne doit pas non plus changer les fondamentaux du métier. mentales et sociales, les projets deviennent de plus en plus techni-
C’est donc une étape obligatoire à traverser, sinon le grand nombre ques, ce qui demande de nouvelles compétences de la part de tous
de missions qui incombent aux architectes va diminuer progressi- les intervenants sur les projets, et surtout des architectes qui, à la
vement. Car le risque existe que toutes ces missions soient base en France, possèdent une formation beaucoup plus artistique.
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Le Processus BIM
(Batiment Informations Maitrisées)
Maitre d’Ouvrage
Assistant M. d’Ouvrage
Environnement
Recyclage Définition
des besoins Maitrise d’Œuvre
Architecte
Economiste
Bet spécialistes
Paysagiste
Gestion Patrimoine
Gestion 3D Modélisation
Patrimoine 4D délais
7D maintenance
... Conception 5D coûts
GTB
Exploitation Outils standards
GMAO
Outils standards
Commercialisation
Réalisation
Vente / Location
Entreprises
Logist / Méthodo
Agents Immobiliers Industriels
Figure 6 – Présentation des différents contributeurs par mission et phase et les différentes dimensions du processus BIM (Crédit ZK : Présentation
Gestobat)
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6. Glossaire ...................................................................................................... — 19
Pour en savoir plus ................................................................................................ Doc. C 3 204
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1. Situation actuelle – des verbes, qui vont représenter les actions réalisées entre les
objets (liaisons, percements…) ;
et contexte normatif – des adjectifs ou propriétés qui vont qualifier les noms.
Par exemple le mur possède une hauteur, une couleur, une matière,
Les projets conçus en BIM ne sont encore, trop souvent une résistance thermique… et, à ces propriétés, nous allons associer
aujourd’hui, qu’une simple représentation graphique sans beau- des valeurs : ce mur a une hauteur de 3 m, une couleur bleue, une
coup de contenu technique. matière (brique), une résistance thermique de 5 Watt/m2.Kelvin.
En effet, les outils de CAO, dit BIM, sont avant tout des outils de
dessin que les éditeurs ont complété de champs sémantiques. Dans les IFC, comme dans les formats natifs des logiciels CAO,
Tous ont plus ou moins repris une bibliothèque commune : mur, les noms, les verbes et la syntaxe sont codifiés. Par contre, seuls
dalle, toiture, poteau, poutre, escalier, porte, fenêtre… quelques adjectifs le sont.
La figure 1 montre un exemple de représentation d’un objet Dans le processus BIM interviennent d’autres logiciels comme,
mur dans un outil de CAO. par exemple, les logiciels de calcul. Ces derniers possèdent, dans
Sur ces éléments, nous retrouvons principalement les proprié- leurs domaines respectifs, une richesse « d’adjectifs » correspon-
tés sur la géométrie de l’objet et de sa représentation (y compris dant à leurs spécialités (thermique, acoustique, feu, analyse envi-
les liaisons éventuelles). ronnementale, mécanique des fluides…) et ils doivent recevoir ou
transmettre ces informations dans le processus BIM.
Dans les outils CAO-BIM, il n’y a pas de contextualisation géo-
graphique, ce qui fait que les propriétés « techniques » présentes Dans un même domaine également, chaque éditeur utilise son
sont généralement des propriétés internationales. Tout autre propre langage, même si celui-ci est déjà largement codifié, régle-
champ d’information, comme l’édition des modèles spécifiques, menté, donc localisé. Exprime-t-on, par exemple, de la même
est ajouté manuellement par l’utilisateur dans son logiciel. façon, des informations liées à l’analyse environnementale du
bâtiment en France, en Allemagne, en Europe (réglementation
D’où la nécessité, dans un processus BIM, d’établir une conven- CE), en Asie ?
tion pour chaque projet qui pose les règles de base à respecter
par chaque acteur afin de pouvoir réaliser des échanges exploi- Nous voyons donc rapidement que, si nous souhaitons que le
tables. Sinon les informations saisies par un utilisateur « émet- BIM puisse permettre à tous les processus métiers de communi-
teur » ne seront pas interprétables par l’utilisateur « récepteur ». quer, il y a besoin d’enrichir le langage partagé et donc de dispo-
ser d’un référentiel commun explicitant ce langage : le
La norme IFC (EN ISO 16739) ou « Industry Foundation dictionnaire.
Classes » est un modèle de données ouvert et neutre, nécessaire
au développement de l’openBIM. Il garantit le partage et La question posée est : y aura-t-il un dictionnaire unique des
l’échanges de données BIM entre les différents logiciels-métiers. propriétés au niveau international, un espéranto qui sera partagé
par l’ensemble des professionnels à travers le monde et capable
Les « classes d’objets » permettent de décrire et de qualifier de répondre à toutes les particularités locales ?
l’ensemble des éléments du bâti (murs, dalles, cloisons, portes,
fenêtres, espaces, équipements…), ainsi que leurs relations (entre La réponse donnée dans le cadre du travail de la commission
un mur et une fenêtre ou entre un équipement et un local). PPBIM de l’AFNOR est NON, et cela pour de multiples raisons
dont l’une nous a semblé insurmontable de façon frontale :
Avec le BIM, la précision de l’information échangée devient de l’approche nationale des réglementations, des règles de protec-
plus en plus stratégique puisque le but est de travailler dans une tion des marchés nationaux ou extranationaux (exemple en
communication de machine à machine en évitant la ressaisie, Europe), des lobbies… et des travaux déjà réalisés.
source d’erreurs. En effet, le langage, le plus parfait soit-il, ne peut
corriger les erreurs de saisie qu’il ne faut donc pas minimiser Toutefois, ce n’est pas parce qu’à ce jour il n’y a pas un diction-
dans cette problématique d’échanges. naire référent que rien n’existe. Au contraire, les initiatives foi-
sonnent en France, en Europe, à l’international.
Pour essayer de prolonger ce parallèle sur le langage, nous
allons assimiler le dessin d’un projet à un livre, avec ses phrases, Et si on souhaite que le BIM progresse rapidement, il vaut
assemblages de mots présentant un sens complet (Larousse). mieux faire converger les potentiels présents que vouloir partir
Dans ces phrases il y a : d’une page blanche.
– des noms, qui représentent les objets « murs », « dalles », Le fondement du BIM est « travailler ensemble ». Le pari a donc
« toiture », « porte »… utilisés ; été fait, sans doute avec plus ou moins de résistances, que les
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potentiels présents acceptent de converger. Laisser à chacun son – attribuer une valeur à la propriété (exigence pour les concep-
autonomie, mais montrer qu’ensemble il y a plus de valeur. teurs ou valeur produit pour les industriels) ;
– utiliser cette valeur.
Cette compréhension est d’autant plus importante que, dans le
1.1 Propriétés et groupes de propriétés – BIM, ces propriétés et leurs valeurs associées seront également
Norme prEN ISO 23386 manipulées par des applications informatiques qui doivent pou-
voir s’appuyer sur un format de description normalisé.
Dans la commission PPBIM initiée à l’AFNOR par l’AIMCC
Chaque propriété doit obligatoirement être rattachée à un
(Association des industries de produits de construction), il a donc
groupe. Le groupe définit le contexte d’utilisation de la propriété.
été proposé de travailler sur la définition d’une méthodologie per-
La norme défini 3 types de contextes :
mettant à ces potentiels de converger pour réaliser ce méta dic-
tionnaire en réseau. Ce travail a abouti, fin 2014, à la publication – domaine : champ d’activité couvrant une science, une tech-
de la norme expérimentale XP P07-150. nique, un matériau (bois, béton, acier),… ;
Cette norme définit les trois points suivants. – documents de référence : liste des propriétés définies ou men-
tionnées dans un document, comme par exemple :
■ Règle de caractérisation des propriétés et groupes de – une norme (EN, environnement, feu…),
propriétés. – une réglementation (thermique, acoustique…),
Elle se base sur une liste d’attributs qui devront être renseignés – une règle (DTU…) ou un standard (GS1 commerce et condi-
pour la qualifier de façon intelligible par les acteurs qui devront : tionnement,…) ;
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Référence Internet
C3204
– classe : une classe peut correspondre à un type de produit, un Selon le cas d’usage associé, un même objet sera considéré
ouvrage, une classification. comme unitaire ou représentant un système.
■ Règle de validation des propriétés. Par exemple, une chaudière sera considérée comme :
Cette règle est également stratégique pour que les informations • phase conception : objet unitaire ;
échangées soient acceptées par tous les acteurs et non le fait de
• phase maintenance : objet système, composé d’objets unitaires
propriétés créées sans consensus.
(pompe, sonde, brûleurs…).
Une grande majorité des propriétés existent : par exemple les
propriétés techniques définies dans des normes, des règles pro-
fessionnelles, des réglementations… Elles sont donc à recenser.
1.4 Modèles d’objets
La validation des propriétés repose sur un collège d’experts, lui-
même associé à un comité de pilotage. Elle doit suivre le proces-
sus établi par la norme. Chaque expert est attaché à un ou plu- Dans les premières phases de conceptualisation d’une
sieurs champs de compétences ; ceux-ci correspondent à la notion maquette numérique, on va manipuler des modèles d’objets pré-
de groupes de propriétés définis dans le dictionnaire. définis :
La norme définit que chaque propriété doit être rattachée au – dans leur caractérisation géométrique : l’objet et ses parties.
minimum à un groupe de propriétés. C’est ainsi que, dans le pro- L’objet doit permettre de définir une caractérisation de plus en
cessus, le lien se fait automatiquement avec les experts. Le plus fine des différentes parties le constituant ;
Comité de pilotage a la mission de maintenir un tableau de cor- – dans leur caractérisation descriptive : liste de propriétés per-
respondance groupes de propriétés / experts, et de gérer les mettant de décrire l’objet et/ou listes de propriétés décrivant cha-
conflits entre experts. cune de ses parties.
Les experts doivent représenter :
– la Maîtrise d’Ouvrage et les Exploitants d’ouvrages ; Exemple : une menuiserie simple est composée d’un cadre péri-
phérique et d’un remplissage fixe ou mobile.
– la Maîtrise d’Œuvre ;
– les Entreprises ; Une menuiserie peut se décomposer en zones, chaque zone étant
– les Industriels ; composée d’un cadre périphérique et d’un remplissage fixe ou
– les Offreurs de services (éditeurs, plateformes…). mobile. Un remplissage mobile peut lui-même être composé d’un
cadre et d’un remplissage et être décomposé en zones.
■ Concept de dictionnaires en réseau.
Comme cela est expliqué en préambule, il y aura n dictionnaires Dans les outils CAO, les modèles d’objets sont relativement
(Figure 2). Leur mise en réseau permettra de mettre en commun simples : mur, dalle, toiture, fenêtre, porte et leurs différentes par-
leur contenu (ou la partie qu’ils souhaitent mettre en commun) et, ties ne sont pas dissociées (ou faiblement).
si tous ces dictionnaires adoptent la même règle de description,
l’analyse des contenus (comparaison) en sera (informatiquement) C’est le cas, par exemple, des couches d’un mur associées à une
facilitée pour identifier les propriétés identiques, mais dans des notion de matériaux.
langues ou usages différents. Il sera alors possible de leur attri-
buer un identifiant unique.
Dans l’état d’avancement des travaux, il n’est pas encore pos- 1.5 Objets génériques
sible de définir qui gèrera cet identifiant unique : buildingSMART
avec bSDD, l’ISO…
Un objet générique est un modèle d’objet pour lequel des
Ce même processus permettra une traduction des propriétés valeurs seront associées à certaines des propriétés de sa caracté-
dans les langues des pays où elles seront validées. risation descriptive. Ces valeurs peuvent être fixes ou VARIABLES
(une plage de valeurs ou une liste de valeurs).
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Référence Internet
C3204
Service Web
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Référence Internet
C3204
2. Implémentation en IFC Les couches sont associées à un matériau et les propriétés sont
portées par les matériaux (figure 6).
Standard Case (sémantique Dans la suite du texte, les entités de type IfcWall, IfcSlab, etc.,
sont décrites dans la norme EN ISO 16739, à laquelle vous pourrez
IFC) – Modèles d’Objets Mur vous référer : http://www.buildingsmart-tech.org/ifc/IFC4/Add2TC1/
– Plancher – Toiture html
Configurateur Détails
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Référence Internet
C3206
1. Contexte..................................................................................................... C 3 206 - 2
1.1 Enjeux de la numérisation de la filière bâtiment
pour une conception intégrée.................................................................... — 2
1.2 Standards pour la maquette numérique du bâtiment
et ses composants ...................................................................................... — 3
2. Maquette numérique pour l’interopérabilité ................................... — 9
2.1 Standardisation pour l’interopérabilité – Solutions existantes
et en développement .................................................................................. — 9
2.2 Règles et méthodes expertes ou métier ................................................... — 12
3. Optimisation multicritère pour la conception experte................. — 16
3.1 Algorithmes d’optimisation – Objectifs et processus .............................. — 16
3.2 Définitions générales des algorithmes, paramètres et objectifs
d’optimisation ............................................................................................. — 18
3.3 Algorithme d’optimisation par algorithme génétique appliqué
à des maquettes numériques de bâtiment ............................................... — 20
4. Perspectives et évolutions ................................................................... — 23
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. C 3 206
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Référence Internet
C3206
Effort (en %)
Coût relatif
des modifications
Efficacité
relative
des décisions
Choix
constructifs
Conception
intégrée Choix
constructifs
Conception
Temps
Programmation Avant-projet Projet Chantier Exploitation
Esquisse
Figure 1 – Schématisation de l’efficacité relative des choix constructifs et des phases de conception d’un ouvrage appelée aussi « courbe de
MacLeamy » (architecte américain et président de BuildingSmart International)
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Référence Internet
C3206
Les difficultés d’anticipation des choix constructifs sont liées Exemple d’approche de conception intégrée pour la maison
en partie au phasage du projet, schématisé figure 2a, qui est individuelle
traditionnellement très partitionné avec l’intervention de La consultation et le travail collaboratif de différents experts
bureaux d’étude experts par domaines de compétences, fluide peuvent se révéler coûteux et difficiles à mettre en œuvre pour des
ou structure par exemple, mais aussi des étapes importantes de petites opérations de construction comme, par exemple, le domaine
synthèse et de choix avec la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise de la maison individuelle (MI). Pourtant ce secteur, qui comprend
d’œuvre. environ 3 500 entreprises en France, fait face à des exigences crois-
Dans cette approche, chacun des partenaires reconstruit son santes de qualité de la construction, de performance énergétique et
modèle de données sur la base d’informations diffuses dans des de qualité environnementale avec le défi de rester compétitif et de
formats très variés. répondre aux exigences architecturales des clients.
On trouve ainsi différents outils d’aide à la conception intégrant la
L’évolution de la conception centrée autour du BIM, telle que
conception architecturale 3D et les calculs de métrés, comme dans
représentée figure 2b, permet de centraliser l’information dans un
l’exemple illustré figure 3a [3]. On retrouve dans un même outil la
formalisme commun compréhensible par tous les corps de
possibilité de concevoir des espaces intérieurs et de réaliser le calcul
métier. Les données communes aux outils experts sont actuali-
de coût global de construction, associé aux matériaux et à des bases
sées pour tous de la même façon, avec normalement moins de
de données pour la main d’œuvre.
temps et d’erreurs de saisie, et les choix de conception issus de
ces outils sont mutualisés dans la maquette. En intégrant, de plus, la contrainte de respect de la réglementation
thermique ou des objectifs de label de performance, les combinai-
Cependant, les outils experts nécessitent généralement d’autres sons de choix des isolants et autres composants d’enveloppe sont
données satellites non intégrées au BIM. Les choix constructifs se déterminantes et doivent passer par un calcul énergétique.
font alors par étapes de niveaux de développement (Level Of
Les objectifs de performance globale maximum et de coût mini-
Development LOD, combinaison d’un niveau de détail et d’infor-
mum sont contradictoires et un outil de conception intégrée est ici
mation), mais capitalisés dans un formalisme commun à tous et
avantageux pour concevoir des solutions sans itérations entre les
exploitable par la suite par le maître d’ouvrage.
outils coût et énergétique. Un modèle intégré tel que schématisé
Cette transformation de la conduite de projet peut évoluer vers figure 3b a été ainsi testé [3] et le développement d’outils adaptés au
une conception dite « intégrée », telle que schématisée figure 2c, secteur de la maison individuelle peut, en particulier, s’envisager avec
avec des échanges, non plus séquentiels, mais interdisciplinaires, des procédures réglementaires simplifiées comme le Titre IV de la
au sein même des équipes de conception. réglementation thermique RT 2012 (https://www.rt-batiment.fr).
L’approche de conception intégrée est néanmoins ici limitée à des
outils tout en un et l’enjeu dans ce secteur reste d’intégrer les stan-
La conception intégrée de bâtiments vise à intégrer les dards de la maquette numérique.
contraintes et les résultats interdépendants dans les phases de
dimensionnement et de choix constructifs propres à chaque
domaine d’expertise. Le développement de cette démarche est 1.2 Standards pour la maquette
favorisé, à la fois par la mutualisation des données autour du
BIM et par des règles d’interopérabilité entre outils experts qui numérique du bâtiment
nécessitent le développement d’outils de cosimulation et d’aide et ses composants
à la décision.
L’interopérabilité nécessite à la fois la standardisation des don-
Elle doit inclure donc aussi les contraintes et les besoins de nées et le respect de règles de modélisation et de structuration
la maîtrise d’ouvrage et doit permettre d’obtenir une meilleure des données présentés dans cette partie.
cohérence des alternatives lors des phases de choix.
Elle peut également permettre d’explorer un plus large éven-
tail de solutions alternatives, cohérentes avec le programme du 1.2.1 Standardisation des maquettes
projet si les opérations d’interopérabilité sont automatisées, et format IFC
avec par exemple des analyses paramétriques ou des proces-
Des approches de standardisation des modèles de bâtiment ont
sus d’optimisation.
été initiées par différents acteurs et avec différents objectifs.
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Référence Internet
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Ing. Fluides
Environnement
Struc
PR
ct
t
o
o
AP
Ec
Ec
Q
ES
Fluid Fluid
e e
BIM
manager BIM
Env Env
A
A
O
O
M
M
Arch
Arch
i
Figure 2 – Illustration de l’évolution de la gestion de projet de construction autour du BIM et, à terme, par une intégration plus forte des cri-
tères de conception multimétiers en phase conception et en amont des phases de décision / consultation
On peut notamment citer les trois formats standards suivants différents formats traduisent également des besoins divergents et
qui permettent de référencer les données du bâtiment en 3D : les limitations des formats.
– au niveau du bâtiment, le format IFC (Industry Foundation
À titre d’exemple, on peut citer la contrainte du GbXML qui (à
Classes) est développé depuis 1996 pour représenter sous une
ce jour) ne supporte que des pièces rectangulaires et la limita-
forme hiérarchique spatiale les différents composants d’un bâti-
tion de l’IFC qui intègre généralement le faux-plafond dans la
ment ;
zone thermique.
– sur la thématique de l’énergétique du bâtiment, le format
GbXML (Green Building XML) a émergé dans les années 2000 pour
faciliter le transfert de données entre les outils DAO et les outils Concernant l’IFC et le format CityGML, la principale différence
métiers d’énergétique du bâtiment ; vient de la représentation des composants d’enveloppe, qui sont
– au niveau du quartier et de la ville, le format CityGML est uti- des objets dans le format IFC et des attributs du local dans le
lisé depuis 2002 pour représenter des modèles 3D de villes et pay- CityGML.
sages (GIS), les bâtiments étant représentés par des objets
connectés à des infrastructures. Le format IFC reste cependant privilégié pour centraliser les don-
nées du bâtiment du fait de sa maturité et de ses évolutions
Ces initiatives parallèles montrent le besoin de standardisation constantes (à la fois dans la définition des composants et dans son
des données pour favoriser le dialogue entre les intervenants. Ces intégration de nouveaux domaines tel l’infrastructure).
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Référence Internet
C3206
BDD
BDD
Composants
Typologie MI
d’enveloppe
user
Choix Choix
architectural mode constructif
ch
user
oi
x
Design
général
BDD
Produits
de construction Design
détaillé
Génération Métrés
de plans détaillés
€
Plans
de construction Coûts
BDD
BDD
Composants
Typologie MI
d’enveloppe
user
Choix Choix
architectural mode constructif
Design BDD
général Produits
de construction
Design BEM
détaillé Building Energy Model
€
Plans
Coûts BBIO
de construction
Figure 3 – (a) Exemple de conception intégrée architecturale et coût pour le secteur de la maison individuelle (MI) et (b) en intégrant également
le calcul thermique
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Bâtiment 4.0
Enjeux, concepts et technologies
par Karim BEDDIAR
Responsable Régional Recherche et Innovation à CESI,
Titulaire de la chaire « Ville du futur et économie circulaire » CESI-ESSOR
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C3207
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La construction hors-site :
un nouveau paradigme
dans l’acte de construire
Depuis des millénaires, l’homme utilise pour construire son habitat les maté-
riaux trouvés proches du lieu de construction, dans une économie parfaitement
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Référence Internet
C3213
1. La construction : nières années montre déjà que les ouvriers qualifiés ne sont plus
là et que les difficultés vont s’accélérer.
un secteur La crise de la Covid-19 va sans aucun doute encore accélérer le
en pleine mutation mouvement et les difficultés : comment gérer sur le chantier les
bonnes conditions sanitaires ? Les ouvriers étrangers vont-t-ils
pouvoir continuer à venir travailler sur nos chantiers ?
Pendant les Trente Glorieuses, la construction a plutôt bien Pour résumer, les ressources se raréfient, les bâtiments
répondu aux besoins, sans se préoccuper trop de l’environnement deviennent de plus en plus complexes, la main d’œuvre qualifiée
de l’architecture et des usages. Mais, depuis les années 2000, les disparaît et enfin nos façons de faire ne changent pas ou très peu.
enjeux environnementaux, conjugués aux exigences de qualité, Il est logique que notre productivité ne réponde plus aux enjeux
ont imposé de très fortes contraintes ; les opérations immobilières du 21e siècle !
et les bâtiments sont au fil du temps devenus complexes, pour- Et si la solution venait de la construction hors-site ? En tous cas,
tant, l’organisation des métiers n’a pas évolué et fonctionne tou- c’est déjà le cas dans certains pays comme Singapour ou le
jours en silo (maître d’ouvrage, maître d’œuvre, bureau d’étude Royaume-Uni. Tout porte à croire que ce mode constructif est une
technique, entreprises…), et ceci, comme il y a 50 ans quand les alternative très efficiente pour relever le défi à venir en matière de
bâtiments étaient simples. construction.
Les résultats en sont une productivité en baisse, là où les autres L’industrie de la construction s’intéresse de plus en plus à l’éla-
industries ont fait des progrès remarquables, nous proposant des boration des nouvelles méthodes de construction qui permettent
produits, automobiles, mobilier, électroménager, de plus en plus d’améliorer la productivité et la qualité, qui tiennent compte de
qualitatifs et de plus en plus accessibles financièrement, la construc- l’environnement, qui font un meilleur usage d’une main-d’œuvre
tion fait le contraire, la qualité se dégrade et les bâtiments sont de en déclin et qui offrent des cycles de construction plus courts
plus en plus chers ! (figure 1). Comme alternative aux pratiques de construction
conventionnelles, on se fie de plus en plus à la construction hors-
Pour le client, public ou privé et surtout pour l’utilisateur final, site. L’expansion de la classe moyenne entraîne une demande
les constructions ne sont plus à la hauteur des attentes, ni en qua- accrue de logements, et la classe ouvrière offre moins de travail-
lité, ni en délais de réalisation, ni en prix, laissant sur la touche de leurs qualifiés pour construire ces bâtiments. En conséquence,
nombreuses familles qui ne peuvent avoir accès à un logement l’industrie de la construction a dû repenser ses processus, s’inspi-
digne. rant de l’industrie manufacturière. La construction hors-site, la
Les entreprises de construction, dégagent des marges bien fabrication assistée par ordinateur, la robotisation et la digitalisa-
insuffisantes pour investir ou faire de la R&D et reposent sur une tion en vue d’une construction en masse customisée et personna-
organisation de chantier très dépendante de la bonne qualité de la lisée sont beaucoup plus pertinentes aujourd’hui qu’aucun d’entre
main d’œuvre ; malheureusement nous voyons, dans tous les nous ne l’aurait prévu il y a seulement 10 ans.
métiers du bâtiment, la raréfaction de la main d’œuvre qualifiée La construction hors-site, comme nous allons y revenir plus
qui part à la retraite et n’est pas remplacée par les jeunes peu tard, est la pratique consistant à fabriquer des composant du bâti-
enclins à se tourner vers ces métiers difficiles ; la crise de 2008 a ment dans une usine, transporter des ensembles ou bien des
masqué un peu ce phénomène, mais le redémarrage des der- sous-ensembles sur le chantier où le bâtiment doit être situé. Les
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Figure 1 – Cinq fois plus de temps pour construire aujourd’hui, pourquoi ? (source : Pascal Chazal)
outils numériques actuels (e.g. le BIM) permettent à ce mode très forte – mais doit pouvoir varier suffisamment pour pouvoir
constructif d’être plus efficient sur le plan qualitatif, architectural, être adaptée aux différents lieux et usages.
écologique et économique. Pour optimiser les coûts et réduire l’effort, la standardisation a
Plusieurs termes sont utilisés pour décrire cette méthode de pourtant été utilisée de tous temps. Les grecs ont largement uti-
construction (cf. § 3.2). La simple construction hors site appelée lisé la standardisation pour construire, le Parthénon en est un
aussi « préfabrication » n’est pas suffisante pour tirer pleinement magnifique exemple, les colonnes, les frontons, les frises sont
parti des avantages de ce nouveau concept en termes de coût et standardisées.
de productivité. Il faut optimiser le choix des matériaux, trouver la Au XIIe siècle, les cahiers de Villars de Honnecourt montrent
bonne combinaison de panneaux 2D, de modules 3D, et surtout que, pour économiser la sueur et l’argent, la standardisation était
maîtriser et résoudre les défis liés à la conception, la fabrication, utilisée pour tailler parfaitement les pierres des cathédrales
la technologie, la logistique et l’assemblage. gothiques. Pour tailler une belle pierre, il fallait réaliser un gabarit,
celui-ci était fort coûteux et, pour amortir son coût, on avait appris
à standardiser, les rosaces des vitraux étaient par exemple réali-
À retenir sées avec un minimum de types de pierres (figure 2).
– Le monde de la construction fait face à de nombreux défis : Celles-ci étaient par ailleurs préfabriquées, car taillées à la car-
baisse de productivité, baisse de marge, manque de main rière. Il est en effet moins coûteux de transporter une pierre taillée
d’œuvre qualifiée… qu’un gros bloc de pierre.
– Nous sommes devant un changement structurel du monde On peut également parler du Baron Haussmann. Chez Haussmann,
de la construction. tout est codifié, y compris les balcons qui n’ont droit de cité
– L’industrialisation de la construction semble est inévitable. qu’aux deuxième et cinquième étage.
Produire en usine, c’est produire dans de meilleures conditions. « … Rez-de-chaussée et entresol avec mur à bossage, deuxième
étage « noble » avec un ou deux balcons, troisième et quatrième
étage dans le même style mais avec des encadrements de fenêtre
moins riches, cinquième étage avec balcon filant, sans décora-
2. De la construction tions, combles avec pente à 45°… »
industrialisée au hors-site
Nous pouvons sans aucun doute attribuer le rejet de toute standar-
disation dans la construction aux années d’après-guerre. La recons-
truction de la France pendant les Trente glorieuses a, sans aucun
doute, utilisé à outrance, la standardisation. Les grandes barres des
Il est courant de confondre « préfabrication » et « industrialisa- HLM de banlieue, les « Chalandonettes », les piscines tournesol, ont
tion ». Il est possible de préfabriquer nos bâtiments, nous pou- poussé comme des champignons, tous identiques quelles que soient
vons ainsi réduire les délais de construction et améliorer la les régions de construction.
qualité, mais il est très difficile de réduire les coûts. Afin de
réduire les coûts, il est nécessaire d’industrialiser. La reconstruction de la France a été menée avec brio. De nom-
breuses familles ont été relogées, dans des conditions décentes, WC
L’architecture industrialisée est soumise à un paradoxe : elle et salle de bains dans le logement, chauffage central et commodi-
doit satisfaire les conditions de production industrielle afin d’assu- tés… On doit bien reconnaître que, si le challenge de reconstruction
rer une certaine rentabilité – ce qui impose une standardisation a été mené avec succès, on ne s’est pas trop embarrassé de
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recherche d’intégration dans l’environnement, les bâtiments étaient 2.1 La construction industrialisée
identiques qu’ils soient à Lille, à Marseille ou à Strasbourg !
L’industrialisation de cette époque reposait sur la préfabrication Un des éléments importants de la construction industrialisée est
béton, donc sur des moules qui, pour être amortis, devaient pro- la préfabrication des composants des bâtiments. Néanmoins, cela
duire d’innombrables pièces identiques. nécessite plus que la préfabrication pour fonder un concept fort
de l’industrialisation. L’industrialisation de la construction est, de
L’industrialisation du 21e siècle est bien différente. L’arrivée du nos jours, considérée comme un concept complexe à cause de
numérique pour la conception, le BIM, conception paramétrique l’interaction de plusieurs sous-domaines qui ont atteints différents
ou générative et des robots et machines numériques dans les niveaux d’industrialisation (figure 3).
usines permettent de produire des éléments de grande qualité qui
savent parfaitement s’adapter aux différentes configurations, pour Le terme « industrialisation » possède plusieurs définitions diffé-
peu que l’on en comprenne bien les codes. rentes. Il est alors nécessaire de clarifier exactement sa signification.
Les dictionnaires donnent une variété de descriptions, mais il n’existe
Avec une productivité en progrès de 1,9 % par an (source qu’un faible consensus.
Boston consulting) là où la construction a tendance à plutôt
Le CIB (International Council for Research and Innovation buil-
régresser, l’industrie est passée maître dans l’art de l’amélioration
ding and construction) dans ses derniers rapports sur la construc-
continue, les méthodes Lean sont les outils indispensables à celle-
tion industrialisée a couplé cette dernière avec la mécanisation,
ci et la standardisation la base.
l’utilisation des systèmes informatiques, le processus de produc-
La définition de la standardisation, dans les approches du Lean, tion continu, l’amélioration continue, la standardisation, la préfa-
est la suivante : « le standard est la meilleure façon de faire brication, la rationalisation, la modularisation et la production en
connue à ce jour » Nous voyons là qu’il s’agit de processus plus masse [1].
que de composants. Le monde de la construction doit se réappro- Dans la perspective de la construction, l’industrialisation fait partie
prier la notion de standard. d’un large processus de modernisation à travers des méthodes de
Outre la standardisation, la recherche de l’abaissement des production modernes et les systèmes technologiques. Les opéra-
coûts de construction va conduire à une rationalisation des plans tions de production sont mécanisées et concentrées sur la produc-
du logement et du mobilier, et va inciter les architectes à adopter tion en masse et essentiellement la production à l’usine (exemple
des techniques de construction issues de l’industrie. en figure 4). Le processus d’industrialisation est un investissement
dans des équipements et des technologies qui visent à maximiser la
Afin de mieux comprendre la signification de l’industrialisation
production, améliorer la qualité et minimiser le besoin en main
de la construction, il est indispensable de définir le terme « indus-
d’œuvre.
trialisation » et de citer les mots clés qui sont liés à ce concept.
Le CIB a défini l’industrialisation de la construction comme un
D’un point de vue historique, l’industrialisation signifie que le processus générique de standardisation et de rationalisation du
monde de la fabrication, l’organisation du travail et les relations travail au sein de l’industrie, afin d’atteindre l’efficacité du coût,
sociales, ont été altérés par le développement de méthodes de une meilleure qualité et productivité [1].
production modernes. C’est principalement la production dans
des usines, où l’organisation du travail est centralisée et les opé- Pour résumer, les caractéristiques identifiées de l’industrialisa-
rations sont mécanisées et axées sur la production de masse. tion peuvent être classées en 4 grandes catégories :
Le terme « industrialisation » possède plusieurs définitions qui – industrialisation du produit ;
dépendent du contexte. Cependant, le concept de l’industrialisa- – industrialisation par la technologie des machines ;
tion inclut des caractéristiques en termes de mécanisation et le – industrialisation par le management et l’organisation ;
déploiement des machines. Ces derniers permettent de rendre le – industrialisation par les systèmes d’information.
travail plus efficace et les opérations plus récurrentes. Le concept Le concept de l’industrialisation est constitué de quatre compo-
d’industrialisation inclut, en plus, le fait que le travail soit effectué santes qui sont indiquées sur la figure 5. Il existe une complé-
dans des usines et que les opérations soient coordonnées dans la mentarité des technologies des produits, de l’organisation, de
même usine ou bien entre des usines différentes. l’information et des machines, pour parvenir à l’industrialisation
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avec les même hypothèses. Ainsi, les besoins énergétiques calcu- Nous comparerons ici deux modèles permettant de simuler ce
lés grâce à ce moteur de calcul RT peuvent être assez éloignés des phénomène :
besoins réels finaux du bâtiment. – le modèle des fonctions de transfert de G. Mitalas [1] (voir
Une autre différence majeure entre ces deux types de simulation § 2.1.1.1) ;
tient dans leurs moteurs de calcul respectifs. Là où tous les logi- – le modèle par analogie électrique utilisé dans la RT (voir
ciels de calcul réglementaire utilisent le moteur de la RT, les divers § 2.1.1.2).
logiciels STD sur le marché sont libres de choisir leurs méthodes de
calcul. Cela se traduit notamment, dans la plupart des cas, par des 2.1.1.1 CTF (Conduction Transfer Coefficients)
calculs plus complexes et donc plus longs lors des STD. Il est éga-
G. P. Mitalas et D. G. Stephenson [1] ont théorisé, dans les
lement nécessaire d’être vigilant sur les hypothèses d’entrées, bien
années 1970, la méthode qui allait devenir la référence des normes
plus nombreuses et beaucoup moins cadrées que dans le calcul RT.
ASHRAE, et le cœur du calcul de la conduction dans le logiciel
TRNSYS. Cette méthode, appelée « méthode CTF » (pour Conduc-
tion Transfer Coefficients), ou parfois « méthode des facteurs de
réponse », repose principalement sur le principe de transformée
2. Outils de Laplace, et sur sa version discrétisée, la transformée en Z (ces
outils mathématiques seront rappelés plus loin). Son atout majeur
est avant tout sa rapidité de convergence vers une solution d’une
précision acceptable pour l’usage du bâtiment. Elle a su s’imposer
Pour se prononcer sur un logiciel plutôt qu’un autre, il faut défi- comme un compromis entre précision élevée, mais coûteuse en
nir en amont de la Simulation thermique dynamique le niveau de temps de calcul (éléments finis), et précision faible obtenue rapide-
précision qui est souhaité. Les logiciels de Simulation thermique ment (calcul statique).
dynamique ont chacun leurs spécificités propres, leurs forces, La démarche générale de cette méthode est de déterminer la
leurs faiblesses. fonction de transfert décrivant la réponse, le comportement ther-
L’évolution des outils est très rapide, aussi nous ne nous attarde- mique du mur considéré. Une fois déterminée, cette fonction de
rons pas à lister les points forts et points faibles des outils car ils transfert permet de prédire le comportement du mur quelles que
évoluent à chaque version… soient les conditions de températures extérieure et intérieure aux-
quelles il est soumis.
Néanmoins, nous pourrons citer quelques outils très utilisés sur
le marché (voir le Pour en savoir plus) : Les problèmes de la méthode, utilisée par TRNSYS et servant de
référence aux normes ASHRAE, sont bien connus : les résultats
– TRNSYS : peu convivial et très typé recherche mais avec une divergent fortement dès lors que l’on raccourcit le pas de temps,
grande ouverture et des capacités presque infinies ; ou que l’on considère des murs très massiques, ou très fins.
– IES-VE : peut-être un des meilleurs outils du marché ! Convivial
et complet ; En effet les calculs ont, pour résumer, « besoin de temps » pour
– Design Builder : outil plus confidentiel que les deux précédents. converger vers une solution stable, et ce d’autant plus que le mur
Il a une très bonne saisie graphique mais est plus limité que VE ; possède une inertie (et donc une constante de temps) élevée. Si
– Comfie Pleiades : très bon outil pour débuter, l’utilisateur l’on raccourcit le pas de temps ou que l’on augmente l’inertie ils
expert se trouvera vite limité par les capacités du logiciel ; n’ont « plus le temps » d’aboutir à une solution stable. Les résultats
perdent alors leur sens physique.
– Archiwizard : outil en plein développement, qui semble être
prometteur (la partie éclairage y est très bien traitée). Les chercheurs du domaine travaillent actuellement sur d’autres
méthodes qui pourraient palier ce problème. Certains travaillent
sur la mise au point d’outil permettant d’établir, pour chaque mur,
2.1 Fonctionnement le nombre de coefficients et le nombre de pôles optimaux par rap-
port à un pas de temps donné afin d’obtenir une erreur minimale.
Les transferts thermiques, tels qu’ils sont couramment identifiés D’autres enfin travaillent sur des algorithmes nouveaux, comme
en physique du bâtiment, sont de trois types : la régression dans le domaine fréquentiel, de Wang et Chen, encore
– radiatifs (voir § 2.1.3) ; en développement. Ces nouvelles techniques devraient permettre
– convectifs (voir § 2.1.2) ; de relever les prochains défis de la simulation dynamique de la
– conductifs (voir § 2.1.1). conduction, à savoir les pas de temps de l’ordre de la minute, les
murs à très forte isolation, à très forte inertie ou encore utilisant
des isolants à changement de phase.
2.1.1 Transferts conductifs
Cependant, malgré ces difficultés, cette méthode semble être
Les transferts conductifs, qui sont l’objet de cette partie, tradui- considérée actuellement comme offrant l’un des meilleurs compro-
sent le passage de la chaleur à travers les murs du bâtiment et mis entre fiabilité et temps de calcul. Elle est actuellement utilisée
reposent sur une équation fondamentale : l’équation de la chaleur. quasi-systématiquement aux USA et au Canada.
La résolution dynamique de l’équation de la chaleur, basée sur la
loi de Fourier, nécessite la résolution d’équations différentielles non 2.1.1.2 Méthode RC (Résistance condensateur)
linéaires. Les solutions exactes de ces dernières n’étant pas Ce modèle établit le bilan thermique d’une zone en raisonnant
connues, il en résulte que les moteurs de calculs doivent effectuer par comparaison avec les lois de l’électricité. Ainsi, les murs et
des approximations et utiliser des méthodes numériques d’appro- baies sont assimilés à des résistances (en rapport avec leur résis-
ximation du résultat par itérations successives, faisant par là tance thermique), les cloisons lourdes comportent une capacité
même augmenter le temps de calcul. C’est pourquoi des méthodes (liée à leur inertie thermique), les températures sont les potentiels
d’approximation de ces solutions exactes ont été recherchées. électriques du modèle, et les flux thermiques en sont les courants.
Ce modèle est à la base du calcul RT 2012 (règles Th-E). Néan-
Citons, comme exemple, entre autres, la méthode par éléments moins, il semble possible de s’en servir dans un but de Simulation
finis, considérée comme pouvant être extrêmement précise, mais thermique dynamique.
au prix de calculs très longs, et donc coûteux et peu adaptés à un
contexte de productivité. Le principe de la méthode est de comparer un système ther-
mique clos avec un circuit électrique, composé de résistances et
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C8103
Hei
Ei (W)
V vent (en m/s)
Apports
θi internes θs
θe (en 0C) Apports
solaires
θm
Q 4Pa Qv Inf
Hem
Ai + As
θi
P
θei
Co
nv
ec
tiv
OU
e
His θop
Baies
Hes
θs
θes
Émetteur
Hms Ai + As
P (en W)
e
nn ant
Parios
Hem ayo
opaques Pr
θm
θem
Cm
Figure 1 – Exemple de modèle RC pour le calcul du BBIO (besoins énergétiques) de la RT 2012 (Crédit Conseil-xpair.com)
de capacités (voir figure 1). L’intérêt est qu’une fois toutes les carac- & Avantages de cette méthode
téristiques du modèle déterminées (en fonction de la géométrie de
la paroi, et des caractéristiques thermiques des matériaux), on On constate que le nombre de calculs nécessaires à l’obtention
obtient un circuit électrique simple, dont le fonctionnement est de la température de l’air intérieur est très petit en comparaison à
décrit par des équations beaucoup moins complexes à résoudre la méthode Mitalas. Il n’y a qu’une équation différentielle à résou-
que celles du modèle Mitalas. dre, et sa solution exacte est connue. De plus, le nombre de nœuds
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Référence Internet
C8103
étant très réduit, les développements mathématiques n’en sont que – étudier la migration et l’évacuation de polluants (vapeur d’eau,
plus simples. CO2, COV…) ;
– calculer des vitesses d’écoulement d’air (confort, renouvelle-
Cela se traduit a priori par un temps de calcul inférieur à celui ment d’air en tous points).
de logiciels comme TRNSYS.
Pour cela, deux types de simulation ont été mis au point, la simu-
De plus il est à noter que ce modèle parvient à intégrer de lation dite « nodale », et la simulation par volumes finis.
nombreux phénomènes différents. Rayonnement (diffus, réfléchi,
direct), conduction, convection, ventilation sont pris en compte et
& Simulations nodale et par volumes finis
intégrés au sein d’un modèle cohérent et fonctionnel. Cette sou-
plesse en facilite l’utilisation dans un contexte aussi varié que
Nodales
peut l’être celui de la simulation thermique.
Actuellement utilisée dans les principaux logiciels de simulation
& Inconvénients de cette méthode thermique (Virtual Environment, TRNSYS, Design Builder, etc.), ce
type de modèle repose sur un réseau de nœuds thermiques, reliés
En revanche, certaines approximations sont nécessaires. les uns aux autres par des liens. Ces nœuds et ces liens peuvent
être de plusieurs types, permettant de modéliser plusieurs types
Plusieurs éléments, dont les échanges convectifs, les capacités de phénomènes.
thermiques etc., sont modélisés par de simples coefficients généri-
ques issus de la RT, et nous n’avons pas de moyens de savoir si ces Ces modèles reposent uniquement sur des équations de conser-
approximations sont adaptées au cas étudié en particulier. vation de masse entre les zones. Plus simples mathématiquement
que les modèles par éléments finis, ils sont cependant plus faciles
Certains flux thermiques sont négligés, comme le rayonnement à utiliser (pas de maillage complexe par exemple) et plus rapides,
reçu par les cloisons légères ainsi que leur capacité thermique. car ils nécessitent moins de calculs.
La capacité thermique Cm est calculée selon la norme ISO 13780, Ils permettent de connaı̂tre :
en tenant compte de variations périodiques de la température de
surface des matériaux. Cette méthode est peut-être pertinente, – les débits d’air entre zones ;
mais nous n’avons pas de comparaison chiffrée avec d’autres – le bilan thermique aéraulique ;
modèles d’inertie thermique plus précis. Nous n’avons pas encore – les concentrations de polluants dans toutes les zones.
le recul suffisant pour évaluer la pertinence de ces approximations, Une fois les différents débits connus, le bilan thermique découle
et savoir si le gain en temps de calcul trouve sa contrepartie dans d’une simple équation d’équilibre énergétique. Les bilans sont
une imprécision plus importante. effectués pour une zone : connaissant la quantité d’air extérieur
entrant, la température et l’humidité de cet air entrant, on obtient
Un autre gros inconvénient de ce modèle est la difficulté de le terme QIV des équations de balance énergétique du modèle de
coupler plusieurs zones entre elles, chaque zone étant représentée TRNSYS (Heat balance method).
par un modèle RC propre. Le problème réside dans le couplage des
zones à travers les cloisons lourdes, puisque chaque modèle RC a Notons que la méthode utilisée est exactement la même dans les
besoin du comportement de l’autre pour déterminer l’influence que modules de calcul aéraulique nodal des autres logiciels de STD,
cet autre modèle exerce sur lui. tels que Design Builder ou Virtual Environment (voir les Sites Inter-
net dans le Pour en savoir plus).
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C258
Modélisation numérique
des ouvrages géotechniques
par Emmanuel BOURGEOIS
IFSTTAR
et Sébastien BURLON
IFSTTAR
et Fahd CUIRA
Terrasol
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C258
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C258
des problèmes qui ne peuvent être traités à l’aide des méthodes Si le problème étudié est non linéaire (ce qui est pratiquement
traditionnelles qu’au prix de simplifications difficiles à justifier. toujours le cas en géotechnique), au cours de chaque incrément,
des itérations sont réalisées pour atteindre cet équilibre. Selon le
Par exemple, l’angle d’une fouille rectangulaire ou différentes code utilisé, la taille des incréments peut être constante ou
phases d’excavation sont désormais des situations assez faciles à variable (pilotée par une procédure d’incrémentation automatique
modéliser. des charges).
Le calcul du tassement de tours s’appuyant sur des radiers, repo- Des tolérances permettant de contrôler la précision des calculs
sant eux-mêmes sur plusieurs centaines de pieux, est un autre à la fin de chaque incrément sont, en général, prédéfinies. Ces
exemple d’utilisation nouvelle des modélisations numériques. tolérances sont relatives à des contrôles sur la différence entre les
forces extérieures et les forces internes, les déplacements calculés
Les différentes couches de sol ou de roche peuvent aussi être au cours de chaque itération ou le travail des forces extérieures et
considérées avec plus de détails et de nombreux codes offrent la des forces intérieures.
possibilité de faire varier les paramètres définissant les propriétés La procédure de résolution itérative des problèmes non
des terrains selon leur position en plan ou la profondeur. linéaires consiste à se ramener à la résolution de plusieurs sys-
tèmes matriciels RU = F.
Elle peut mettre en œuvre des techniques variées. On distingue
1.2 Interaction avec les normes ainsi (figure 1) :
de calcul – la méthode des contraintes initiales, dans laquelle la matrice
de rigidité R est la même pour toutes les itérations, et les non
Les normes de calcul se focalisent essentiellement sur la vérifi- linéarités apportées par la plasticité sont traitées comme des cor-
cation d’états limites ultimes, avec le calcul d’un coefficient de rections apportées au second membre F (figure 1a) ;
sécurité ou d’un équilibre de forces intégrant des coefficients par- – la méthode de rigidité tangente : la matrice de rigidité R est
tiels. assemblée et inversée à chaque itération en intégrant les effets de
la plasticité. Cette technique peut s’avérer complexe et coûteuse
Pour sa part, la modélisation numérique fournit avant tout des
en temps (figure 1b) ;
valeurs de déplacements et de déformations, et est donc plus
– la méthode de rigidité sécante : la matrice de rigidité R est
adaptée à la vérification des états limites de service (ELS) pour
assemblée et inversée à chaque itération en gérant, pour partie, les
lesquels les coefficients partiels sont égaux à 1,0. Son utilisation effets de la plasticité. Cette méthode peut présenter des avantages
pour la vérification des états limites ultimes (ELU) a donc paru pour certains comportements complexes (figure 1c).
limitée dans un premier temps.
Sans entrer dans le détail du formalisme de l’élastoplasticité,
Désormais, notamment avec les procédures de réduction des (présenté rapidement au § 3.3), on peut signaler que l’intégration
propriétés de cisaillement des terrains (procédure de type « c-phi locale des lois de comportement est aussi une tâche complexe qui
reduction »), il est aisé de calculer un coefficient de sécurité. peut mettre en œuvre des techniques variées. Il s’agit de contrôler
Il est aussi possible, à travers les procédures suggérées par cer- que l’état de contraintes vérifie le critère de plasticité f (c’est-à-
taines normes de calcul, notamment l’Eurocode 7, de considérer dire reste à l’intérieur ou sur la frontière de la surface de charge).
les résultats d’une modélisation numérique, tant pour la vérifica- La méthode la plus utilisée, parfois appelée « méthode du
tion des états limites ultimes, que pour celle des états limites de retour radial », est la suivante : à partir d’un état initial de
service. contrainte σi et d’écrouissage αi (α peut être une variable scalaire
ou tensorielle), un état de contrainte σe est calculé à partir de la
résolution de l’équation du système matriciel.
1.3 Points clefs à gérer Si cet état de contrainte ne vérifie pas le critère de rupture, alors
il est corrigé pour obtenir un état de contrainte et d’écrouissage,
Le résultat d’un calcul numérique résulte d’un enchaînement de σ et αf vérifiant le critère.
f
tâches complexes.
Le calcul de la correction de contrainte à apporter dσc = σe – σf
Le calcul est décomposé en différents incréments à la fin des- fait appel à la notion de multiplicateur plastique λ et à la normale
quels le système étudié est en équilibre : les « forces internes »,
associées aux contraintes dans le massif de sol, doivent être équi- à la surface de charge , une dérivée partielle, (et éventuelle-
librées par les forces extérieures appliquées au massif, qu’il ment aussi à la dérivée du potentiel plastique si la loi d’écoule-
s’agisse de forces ponctuelles, réparties ou volumiques. ment est non associée).
Fe Fe
Fe
u u u
a méthode des contraintes initiales b méthode de rigidité tangente c méthode de rigidité sécante
(rigidité constante)
Figure 1 – Différentes méthodes de résolution d’un calcul par la méthode des éléments finis
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C258
f (σ i, α i) = 0
σe
σ i, α i ∂f
dσ c = λC
σ f, α f ∂σ
f(σ f ,α f) = 0
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Référence Internet
C258
Dans ce dernier cas, on est souvent amené à faire une hypo- • définition des conditions de déplacement imposé sur le
thèse sur le phénomène qui cause ce comportement, et la modéli- contour du domaine étudié,
sation vise à démontrer la pertinence de cette hypothèse. Une fois – définition des chargements mécaniques (forces volumiques ou
la cause du problème établie, on peut envisager de définir des surfaciques) ;
solutions de confortement.
– exécution du calcul et exploitation des résultats.
La définition des objectifs du calcul oriente fortement les choix
Chacune de ces étapes peut donner lieu à des hypothèses et à
qui seront faits dans la suite de la démarche.
des simplifications dont les justifications sont plus ou moins pré-
cises.
2.2 Choix du type d’analyse
On rappelle que la méthode des éléments finis est une méthode 2.3 Cadre de modélisation 2D/3D
permettant de résoudre des équations aux dérivées partielles : il
s’agit de déterminer une ou plusieurs fonctions des coordonnées Par le passé, la réalisation de calculs en condition tridimension-
spatiales qui vérifient un ensemble de relations décrivant la phy- nelle présentait des difficultés et des limites qui la rendaient
sique du système. De manière générale, la première étape de la impraticable ; la lourdeur des calculs imposait de procéder à une
démarche consiste à définir la ou les quantités que l’on souhaite discrétisation grossière du domaine étudié et à des simplifications
calculer. peu convaincantes.
On a donc, pendant de nombreuses années, développé des
■ Dans le cas le plus simple approches bidimensionnelles, pour lesquelles la préparation,
Une fois ces quantités définies, le type d’analyse à effectuer est l’exécution et l’exploitation des calculs sont beaucoup plus
fixé, c’est-à-dire la nature du problème mathématique à résoudre. simples.
Le cas d’une analyse mécanique correspond, par exemple, à la
■ Dans le cas des ouvrages géotechniques, on fait généralement
situation où les fonctions recherchées sont le champ de déplace-
l’hypothèse des déformations planes : on admet que le champ de
ment, les contraintes, les déformations plastiques, les efforts dans
déplacement cherché possède une composante nulle en raison de
les structures.
la géométrie de l’ouvrage et des chargements.
En géotechnique, on fait encore le plus souvent des calculs
mécaniques « simples », sans prise en compte des couplages et Dans le cas d’un remblai, d’une digue, ou d’un autre ouvrage
des effets différés qui peuvent avoir une influence sur la réponse linéaire, la géométrie de l’ouvrage justifie partiellement cette hypo-
de l’ouvrage (qui seront abordés dans les § 2.6 et 2.7). La solution thèse. Encore faut-il que les chargements et les conditions aux
du problème est alors indépendante du temps. limites soient également compatibles avec elle : cela suppose
Pour des applications différentes, l’objet du calcul n’est pas de qu’ils soient invariants dans la direction pour laquelle le déplace-
calculer des déformations et des efforts : il peut être de représen- ment est nul.
ter un écoulement d’eau dans un massif et de déterminer les Ce type d’hypothèse est acceptable pour une large gamme de
champs de pression et de vitesses. On conduit alors une analyse problèmes et d’ouvrages :
hydraulique. Pour ce type d’analyse, la solution dépend du temps – remblais ;
(sauf si on se place en régime permanent). – digues ;
Si l’on veut décrire de manière complète le couplage entre – soutènements ;
effets hydrauliques et mécaniques, on obtient une troisième caté- – stabilité de pente ;
gorie d’analyse, qu’on appellera ici « analyse hydromécanique ». Il – semelles de fondations filantes.
est important de signaler que ce choix n’est pas anodin, parce que
la nature mathématique du problème de couplage complet ■ Pour les fondations profondes, le cadre des déformations planes
conduit à mettre en œuvre des traitements numériques différents, ne s’impose pas aussi clairement.
plus ou moins robustes et complexes à maîtriser, et à introduire Pour un pieu isolé, installé dans un terrain constitué de couches
des paramètres supplémentaires souvent difficiles à déterminer. Il horizontales et chargé uniquement verticalement, on peut valable-
est donc recommandé de bien cerner le niveau de complexité ment considérer que la solution présente une symétrie de révolu-
nécessaire pour atteindre le but qu’on s’est fixé, le recours systé- tion, et se placer dans un cadre axisymétrique.
matique à l’approche mathématiquement la plus compliquée
étant souvent une perte de temps et d’énergie si l’on ne dispose L’hypothèse d’axisymétrie permet aussi de traiter le cas de fon-
pas des moyens de la mettre en œuvre de manière efficace (par dations superficielles circulaires, et par extension, celui de fonda-
manque de données fiables, de moyens de calcul, ou pour toute tions carrées ou pratiquement carrées (à condition de ne pas
autre raison). chercher à discuter précisément ce qui se passe au voisinage du
coin de la fondation).
■ Dans le cas d’une rétro-analyse d’un comportement observé
■ Pour un groupe de pieux, le cadre des déformations planes et
D’autres phénomènes entrent en jeu et doivent être pris en
celui de l’axisymétrie constituent des hypothèses très difficiles à
compte dans l’analyse pour que la modélisation puisse être repré-
justifier, et ne peuvent être adoptées que si le calcul vise à évaluer
sentative : il convient donc de bien identifier ces phénomènes et
de manière globale un comportement (un tassement moyen par
voir dans quelle mesure et avec quel degré de précision ils
exemple) ou l’influence d’un paramètre particulier.
peuvent être pris en compte avec le type d’analyse choisi.
Une fois le type d’analyse à conduire déterminé, la modélisa- ■ En dernier lieu, on peut mentionner le cas particulier du creuse-
tion proprement dite passe par plusieurs étapes, qui sont les sui- ment des tunnels. Ce problème est clairement tridimensionnel,
vantes dans le cas d’une analyse mécanique simple : puisque les caractéristiques matérielles sont différentes en avant et
– définition de la géométrie du domaine étudié ; en arrière du front de taille. Panet [1] a proposé de se ramener au
– préparation des données du calcul : cadre des déformations planes, en section transversale, c’est-à-dire
dans un plan perpendiculaire à l’axe du tunnel. La technique pro-
• définition des caractéristiques mécaniques des différents posée, appelée « méthode convergence confinement » vise à
matériaux, rendre compte de la troisième dimension, c’est-à-dire de la dis-
• définition des conditions initiales (contraintes initiales, tance entre le plan considéré et le front de taille, au moyen d’un
valeurs initiales de certains paramètres matériaux), paramètre scalaire appelé « taux de déconfinement ».
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Référence Internet
C258
Elle n’est justifiée rigoureusement que dans un cadre très res- On peut aussi indiquer qu’il existe des éléments utilisant des
treint (élasticité linéaire, état de contraintes initial uniforme, etc.), interpolations d’ordre supérieur à 2 (triangles à 10 ou 15 nœuds
mais l’usage a prouvé qu’elle donne des résultats acceptables par exemple).
bien au-delà de son domaine de validité théorique.
■ En 3D
La difficulté consiste à identifier les contextes dans lesquels son
utilisation conduit à des résultats peu représentatifs (par exemple Les éléments peuvent être des :
celui de l’utilisation de présoutènements parallèles à l’axe du tun- – tétraèdres à 10 nœuds (figure 3a) ;
nel). – pentaèdres à 15 nœuds (figure 3b) ;
– hexaèdres à 20 nœuds (figure 3c).
Le degré de précision de ces éléments peut être plus ou moins
2.4 Calculs mécaniques important et il convient que l’utilisateur ait une idée, même som-
maire, des choix qu’il fait.
2.4.1 Différents types d’éléments Comme en 2D, on peut montrer que les calculs utilisant des
hexaèdres donnent des résultats plus satisfaisants que ceux obte-
Dans le cas où seul le terrain est modélisé, l’utilisateur peut nus avec des tétraèdres, mais les mailleurs volumiques permet-
avoir le choix entre différents types d’éléments finis. tant de paver un domaine quelconque avec des hexaèdres restent
De manière générale, l’utilisation des éléments reposant sur des peu courants.
fonctions d’interpolation (du déplacement en fonction des coor-
données) linéaires est progressivement abandonnée au profit
d’éléments à interpolation d’ordre 2 ou plus.
2.4.2 Conditions aux limites
Une difficulté classique de la modélisation en géotechnique
■ En 2D
tient au fait que les limites du domaine étudié ne sont pas nette-
Ces éléments peuvent être des triangles à 6 nœuds et 3 points ment définies : où placer les « bords » d’une couche de sol ?
d’intégration ou des quadrangles à 8 nœuds et 4 points d’intégra- L’étendue latérale et verticale du domaine à prendre en compte ne
tion (pour rappel : les déplacements sont calculés aux nœuds, tan- sont pas claires.
dis que les déformations et les contraintes sont évaluées aux
On est donc amené à faire d’emblée une hypothèse sur la taille
points d’intégration).
du domaine à prendre en compte. On considère généralement
Il est intéressant de signaler que la solution fournie par des élé- que le maillage doit, au moins, recouvrir la zone dans laquelle les
ments quadrangulaires est meilleure (pour ce qui concerne les chargements appliqués sont susceptibles de produire des défor-
contraintes notamment) que celle obtenue avec des triangles mations significatives : ce n’est cependant pas une indication très
(pour un nombre de nœuds global équivalent). précise.
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Référence Internet
C258
Différents auteurs ont proposé de définir, pour différents types peut se trouver dans l’un ou l’autre de ces régimes, et les défor-
d’ouvrages (et selon le cadre 2D/3D de la modélisation), des mations calculées, pour un même chargement mécanique, sont
recommandations relatives à ce point (voir [2]). très différentes.
La question reste ouverte, mais on peut apporter quelques pré-
cisions supplémentaires. D’autre part, dans un certain nombre de situations, par exemple
lors de l’excavation d’une partie du massif, le chargement mécanique,
■ Influence de la position des limites du maillage appliqué au reste du massif, dépend lui-même directement des
Il s’agit bien sûr d’un point indissociable du type de conditions contraintes initiales.
que l’on applique sur ces limites. Le domaine maillé est très sou-
vent délimité par un domaine parallélépipédique, et on choisit en L’état initial des contraintes a donc une double influence sur le
général de bloquer toutes les composantes du déplacement sur la résultat des modélisations. Cette situation est problématique
limite inférieure du maillage et la composante normale sur les parce qu’il n’est pas possible de mesurer directement les
plans verticaux qui limitent le maillage. contraintes initiales.
On peut cependant adopter des conditions différentes.
■ Cas des couches horizontales
■ Cas d’un calcul de charge limite Dans ce cas, on fait souvent l’hypothèse que les contraintes ini-
On peut montrer que les résultats ne dépendent pas de l’étendue tiales sont « géostatiques » (c’est-à-dire que les contraintes princi-
du maillage s’il englobe le « mécanisme » de rupture de l’ouvrage. pales sont verticales et horizontales, et dépendent linéairement de
la profondeur dans chaque couche).
■ Influence de l’étendue du maillage
Elles sont donc caractérisées par deux paramètres pour chaque
Ce paramètre dépend du chargement imposé. Une difficulté couche :
classique est celle de la situation dans laquelle on applique un
chargement mécanique qui correspond à l’excavation d’une partie – son poids volumique, qui peut en général être estimé de
du massif de sol, devant une paroi de soutènement ou à l’intérieur manière fiable ;
d’un tunnel par exemple. – le coefficient de poussée des terres ou repos, dont la détermi-
Par rapport à la situation initiale, le système matériel restant nation est en revanche beaucoup plus difficile, et introduit une
après l’excavation subit une résultante verticale, dirigée vers le incertitude mal maîtrisée.
haut, et égale au poids du matériau excavé. On peut alors obser- ■ Cas où la situation initiale ne correspond pas à celle de couches
ver dans le calcul un soulèvement de la surface du massif, plus ou horizontales
moins marqué selon le modèle de comportement, qui peut être
largement surestimé. Il dépend fortement de l’étendue du mail- La question de l’état initial est encore plus délicate. On peut
lage au-dessous du tunnel ou de l’excavation : cette forte dépen- chercher à le reconstituer en appliquant des forces de volume
dance des déplacements verticaux calculés vis-à-vis du maillage égales aux poids volumiques des différentes zones du maillage, à
rend l’exploitation des résultats pour le moins délicate. partir d’un état de contraintes nul (ce qui peut poser des difficultés
Si l’origine physique du problème est simple (la réponse du pour certains modèles de comportement), mais on ne peut pas
massif au déchargement), sa prise en compte correcte dans une garantir la représentativité de l’état initial ainsi obtenu.
modélisation par éléments finis est difficile. ■ Cas où l’on utilise des modèles de comportement avancés
Le recours à un modèle de comportement avancé peut rendre le
Il est également nécessaire de fixer la valeur initiale de diffé-
problème moins voyant et moins gênant, mais la difficulté subsiste.
rents paramètres supplémentaires (d’écrouissage par exemple, ou
On peut signaler, de plus, que l’utilisation de calculs tridimen- d’autres) : ces paramètres conditionnent plus ou moins fortement
sionnels peut atténuer la difficulté, mais ne suffit pas à l’éliminer la raideur du matériau.
complètement.
Vis-à-vis de ce problème, la situation favorable est celle dans Exemple
laquelle un substratum rigide a été reconnu à une profondeur Pour illustrer davantage la question de l’état initial, on peut considé-
bien identifiée. rer le cas d’une paroi moulée, construite sous boue. Le but de la
En dehors de ce cas, la solution numérique est entachée d’une modélisation est généralement de justifier le dimensionnement pro-
erreur difficile à évaluer. posé (longueur de fiche, épaisseur de la paroi, systèmes d’ancrage).
On peut également signaler qu’on a le même type de dépen- La mise en place de la paroi dans le terrain constitue un problème déli-
dance des déplacements vis-à-vis de l’étendue du maillage dans la cat, pour lequel différentes stratégies de modélisation sont possibles.
direction verticale lorsqu’on modélise une fondation filante sou- On distingue généralement deux approches :
mise à une charge verticale vers le bas.
– la première consiste à considérer que l’influence de sa construc-
tion se limite à prendre en compte une différence de poids avec le
2.4.3 État initial des contraintes terrain initialement en place (on dit en anglais que la paroi est
« wished-in-place ») ;
En géotechnique, il est pratiquement toujours nécessaire de – l’autre consiste à reconstituer le processus d’excavation sous
représenter le comportement des couches de terrain à l’aide de boue, avant d’activer la rigidité de la paroi (cette méthode est appelée
modèles non linéaires. « wall installation model »).
Une conséquence de la non linéarité du comportement est qu’il Les deux approches peuvent donner des résultats différents, en
est nécessaire de bien caractériser l’état initial du sol, en particu- fonction des paramètres du modèle.
lier l’état des contraintes.
Dans le cas d’une paroi moulée, on peut également se poser la
■ Dans le cas de l’élastoplasticité question de l’influence de l’ordre dans lequel les panneaux de paroi
De manière plus précise, on distingue deux régimes de défor- sont mis en place.
mation, selon que l’état de contrainte atteint ou non la frontière Il est donc indiqué de bien cerner les enjeux du calcul et éventuel-
du domaine élastique. Selon la valeur des contraintes initiales, on lement de procéder à des études de sensibilité ([3], [4]).
55
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Référence Internet
AG3800
Systèmes d’information
de l’Ingénierie
besoins « métiers » des utilisateurs n’est plus le seul critère pour leur utili-
sation au sein des processus de gestion des projets de site industriel.
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Référence Internet
AG3800
58
Référence Internet
AG3800
– exécution du projet ;
– réception des installations ;
– phase des opérations ;
– phases de modifications du site.
Exploitant
■ Exécution du projet
L’Exploitant spécifie les caractéristiques du site futur concernant
la capacité et la qualité de la production. Ces spécifications
concernent également les normes et les standards à respecter,
ainsi que la nature et la structure des informations qui lui seront
remises. Il s’assure pendant les études que les informations qui lui
sont communiquées correspondent aux spécifications initiales,
que le planning est respecté et que le budget du projet ne dérive
pas.
Ingénieries Projet Sous-traitants
■ Réception des installations
L’Exploitant reçoit et centralise les informations de l’Ingénierie
au statut « Tel Que Construit (TQC) ». Il valide ces informations en
s’assurant qu’elles sont en accord avec ses spécifications et l’exact
reflet du site réalisé.
Gestion
Fournisseurs
de projet
La phase de livraison par l’Ingénierie des informations avec
un statut « TQC » est nommée Handover dans cet article. Le
terme anglais, n’ayant pas de traduction consensuelle en
Figure 1 – Principaux acteurs de l’Ingénierie dans un projet de site français et étant adopté par la profession, est utilisé dans cet
industriel article.
1.1.1 Rôle de l’Exploitant pendant la réalisation Le délai de mise sur le marché est le temps qui s’écoule
du projet entre la prise de décision d’investir et la date de première
L’Exploitant intervient dans toutes les phases de réalisation du production industrielle commercialisable (Time-to-market ). Il
projet, ainsi que dans l’exploitation ultérieure du site industriel. est gouverné par les délais d’études, de construction et de
Plus précisément, considéré du point de vue des systèmes démarrage de l’installation ainsi que le temps de production
d’information, il intervient pendant quatre phases : préindustrielle.
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Référence Internet
AG3800
Pressé par les impératifs économiques, l’Exploitant réduit L’évolution des systèmes d’information de l’Ingénierie et des
constamment les délais contractuels des projets en plaçant les Exploitants peut permettre ces améliorations.
Ingénieries devant de nouveaux défis en accroissant leurs risques
quant aux retards et aux pénalités qui en résultent. 1.1.2.3 Réduire les risques industriels
1.1.2.2 Réduire le coût des projets industriels L’Exploitant recherche à réduire au maximum les risques indus-
triels liés au site. À cette fin, il doit disposer d’informations fiables
Les coûts liés aux projets industriels sont de deux ordres : et rapidement accessibles pour gérer :
– les dépenses d’investissements en capital (Capital Expenditure – les arrêts de production programmés ou non ;
– CAPEX) ; – les incidents ;
– les dépenses d’exploitation (Operating Expenditure – OPEX). – les modifications ;
– les reconstructions ;
– les audits de conformité ;
Le CAPEX et l’OPEX peuvent se définir de la manière – les interventions sur les utilités.
suivante.
Une documentation peu fiable et difficilement accessible
• Le CAPEX correspond aux dépenses liées à la mise en l’expose à des risques au niveau de la sécurité, des opérations et à
œuvre du projet telles que les infrastructures, les ouvrages, les des surcoûts financiers importants.
équipements et matériels ainsi que les études. Parmi les frais
d’études figurent le coût des Ingénieries. Les normes et réglementations liées à la sécurité des sites sont à
présent plus contraignantes que dans les années passées et
• L’OPEX correspond aux coûts de fonctionnement de obligent l’Exploitant à disposer des informations à jour et rapi-
l’installation tels que les charges salariales, les coûts de dement accessibles.
maintenance des équipements, les frais d’assurances et les
frais généraux.
1.1.3 Impact des Exploitants sur les systèmes
d’information
Pour donner un ordre de grandeur, la part des études dans le
coût du CAPEX se situe entre 10 et 15 % en fonction de la nature et En complément à la qualité technique des prestations de l’Ingé-
des caractéristiques du projet. nierie, à sa maîtrise des coûts et des délais, les Exploitants ont
Il s’avère que les coûts de CAPEX et OPEX sont actuellement en besoin de recevoir de sa part une documentation structurée qu’ils
progression constante. Ils sont en effet tributaires de : vont gérer pendant la phase d’Exploitation du site.
– la variation des coûts des matériaux, des équipements et des Ce besoin impacte fortement les systèmes d’information des
charges salariales ; Ingénieries.
– la complexité croissante des installations due à la sophisti-
cation de certains procédés, aux exigences croissantes des normes 1.1.3.1 Structuration des informations du site industriel
et réglementations environnementales ;
Les Exploitants ont besoin d’obtenir des Ingénieries une docu-
– la mise en œuvre de mesures de sécurité de plus en plus
mentation fiable et structurée.
contraignantes sur les sites industriels.
Les estimations de réductions possibles des coûts du CAPEX liés
aux performances des systèmes d’information sont indiquées dans La documentation non-structurée se caractérise par :
le tableau 1.
– la variété des formats de documents qui la compose ;
– la présence de format papier ;
– la multiplication des révisions d’un même document ;
Tableau 1 – Gains de productivité potentiels – la difficulté d’identifier un document « master » ;
pour le CAPEX – des lieux de stockage multiples ;
– l’absence de relations entre les données contenues dans les
Points d’améliorations
% du documents ainsi qu’entre les données et les documents.
CAPEX
Amélioration de la productivité de la construction 2,80 D’après l’enquête de TechValidate réalisée pour la société
Intergraph, environ 50 % des personnes interrogées considèrent
Amélioration de la gestion des modifications 1,20 que la moitié de la documentation de leur organisation n’est pas
structurée (figure 2)
Amélioration du processus de transfert des Cette enquête révèle également la grande disparité des lieux de
1,00
informations venant des Ingénieries (Handover) stockage de cette documentation (figure 3).
Amélioration des interfaces techniques entre les L’enquête révèle enfin le peu d’efficacité qui découle de cette
0,70 situation : plus de la moitié des personnes interrogées passent en
acteurs
effet au moins 20 % de leur temps de travail pour trouver et valider
Diminution des matériels commandés en surplus 0,70 une information (figure 4)
Les raisons de cette situation sont nombreuses :
Diminution des non-conformités 0,20
– les Exploitants se contentent d’indexer aux contrats d’Ingénie-
rie la liste des documents qu’ils souhaitent recevoir, au statut « Tel
Optimisation de la gestion des demandes techniques 0,20
Que Construit », pendant le Handover sans autres précisions de
contenus ;
Réduction des coûts dus à l’activité de management 0,10
– ces documents sont souvent requis dans des formats PDF ou
Excel dans lesquels il est difficile de retrouver l’information et qui
D’après la présentation Intergraph
nécessitent un traitement afin de pouvoir être intégrés dans les
https://www.youtube.com/watch?v=rnrmJ1s-t4s.
systèmes d’information des Exploitants ;
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Référence Internet
AG3800
Desk drawer 8%
Departmental archive 16 %
80-100 % : 3 %
Central paper archive 15 %
60-80 % : 17 %
40-60 % : 27 % Request to document
11 %
20-40 % : 24 % manager or librarian
10-20 % : 18 %
Shared Drive(s) 39 %
0-10 % : 10 %
Enterprise Portal 14 %
Engineering Information
54 %
Management System
La maîtrise des informations peut être améliorée en respectant Ce mode de fonctionnement est maintenant possible grâce à
les principes suivants. l’utilisation des technologies actuelles des systèmes d’information.
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Référence Internet
AG3800
■ Ingénieries internationales
Elles possèdent des effectifs importants répartis dans de nom-
breux pays et prennent en charge les grands projets. Elles sont
capables de répondre aux cahiers des charges de ces projets qui
nécessitent des systèmes d’information importants et complexes.
Figure 4 – Inefficacité dans la recherche des informations
Ces Ingénieries, grâce aux moyens dont elles disposent, mettent
en œuvre les solutions complètes des éditeurs de logiciels. Elles
travaillent souvent en partenariat avec ces éditeurs et ont un rôle
■ Actualisation des informations par l’Exploitant déterminant dans l’évolution des logiciels.
Les informations établies par l’Ingénierie pendant le projet sont ■ Co-entreprises d’Ingénieries
actualisées, par l’Exploitant, en fonction des interventions faites
sur le site pendant l’exploitation. Le modèle numérique doit rester Considérant la dimension de « mégaprojets » traités actuel-
conforme à ce qui est physiquement installé. L’Exploitant pourra lement, des associations d’Ingénieries (joint-ventures) sont parfois
ainsi transmettre, en retour, à l’Ingénierie une documentation nécessaires pour les réaliser. Ces associations sont établies pour la
accessible et fiable pour lui permettre de mener à bien ses inter- durée du « mégaprojet ».
ventions futures.
■ Ingénieries de taille moyenne
Elles interviennent sur des projets de dimensions moindres qui
1.2 Ingénieries ne nécessitent pas l’installation de systèmes informatiques sophis-
tiqués soit parce qu’ils ne sont pas prescrits par l’Exploitant, soit
parce que l’Exploitant met une partie de ses systèmes à disposi-
tion de l’Ingénierie (la gestion documentaire par exemple). Ces
D’après le dictionnaire Larousse, l’Ingénierie est définie sociétés peuvent également intervenir en sous-traitance des
comme : grandes Ingénieries.
« l’étude d'un projet de site industriel sous tous ses aspects
(techniques, économiques, financiers, monétaires et sociaux) et ■ Bureaux d’études techniques
qui nécessite un travail de synthèse coordonnant les travaux de
Ces sociétés aux effectifs plus restreints interviennent souvent
plusieurs équipes de spécialistes ».
comme spécialistes dans un domaine spécifique (bâtiments, struc-
tures métalliques, calculs aux séismes, simulations du procédé,
L’activité de l’Ingénierie est la réalisation d’un projet industriel aspect sécurité) où elles ont une compétence reconnue.
dans les meilleures conditions possibles pour un Exploitant public Toutes ces sociétés sont parties prenantes de l’évolution des
ou privé. Cette activité permet de définir, gérer et réaliser ce projet. systèmes d’information même si leurs rôles, leurs implications et
Le périmètre d’intervention des Ingénieries sur un projet est leurs influences sont différents.
variable. Selon les dénominations anglo-saxonnes communément Elles n’interviennent pas de la même façon sur un projet, mais
utilisées, l’Ingénierie est identifiée en tant que : doivent pouvoir dialoguer entre elles, la compatibilité de leurs
– EPC (Engineering Procurement Construction) quand elle est en informations et de leurs interfaces d’échanges est un point crucial
charge des études de détail, de l’approvisionnement des équipe- dans le bon déroulement du projet, ainsi que pour la conformité
ments et matériels ainsi que de la construction du site ; du Handover.
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