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champs de contraintes
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Analyse et vérification des ponts-poutre à l’aide de la méthode des champs de contraintes
2 Analyse des éléments à âmes minces par l’augmentation de contraintes dans les câbles de la pré-
la méthode des champs de contraintes contrainte. Éventuellement, si la résistance estimée n’est
toujours pas suffisante, des champs de contraintes élas-
tiques – plastiques peuvent aussi être développés (troi-
2.1 Approche par étapes sième niveau d’approximation). Ce dernier niveau
d’approximation requiert normalement un effort de calcul
Différentes approches peuvent être suivies pour la dé- non négligeable et reste seulement conseillé pour cer-
termination de la résistance d’un élément de structure, la tains cas afin d’éviter des renforcements conséquents.
précision obtenue étant normalement fonction du temps
dédié à l’analyse. Une stratégie conseillée pour le di-
mensionnement et surtout pour la vérification de structu- 2.2 Hypothèses de calcul de la SIA 2622003
res existantes consiste à suivre une approche par éta- (premier niveau d’approximation)
pes, dans laquelle chaque nouvelle étape de calcul amé-
liore le degré de précision dans l’estimation de la résis- La résistance à l’effort tranchant des poutres pré-
tance et du comportement de l’élément (Schertenleib et contraintes avec étriers verticaux peut être calculée
2003
al.2003, Muttoni et Fernández Ruiz2010) voir Figure 2. En selon la SIA 262 comme (voir Figure 3 et § 4.3.3.4.3
général, il est conseillé de commencer par des métho- et § 4.3.3.4.6 de la SIA 2622003) :
des simples et prudentes, en augmentant le temps dédié
à l’analyse et en raffinant la précision s’il s’avère néces- VRd VRd ,s VRd , p
saire. Asw
VRd z f sd cot( ) P sin( p )
s
Précision
où Asw est l’aire de la section des étriers, s est son es-
III pacement, z le bras de levier de la section, fsd est la
II valeur de calcul de la limite d’écoulement des étriers,
est l’inclinaison du champ de compression (qui peut être
I choisie librement entre 25° et 45°), P∞ est la valeur de la
force de précontrainte à temps infini (après pertes) et p
Effort d’analyse est l’angle du câble de la précontrainte par rapport à
l’axe de la poutre.
Fig. 2 Approche par étapes (Schertenleib et al.2003) :
amélioration de la précision en fonction de
l’effort d’analyse (niveau d’approximation)
L’application d’une approche par étapes peut être effec-
tuée aisément pour des poutres précontraintes à l’aide
de la méthode des champs de contraintes. Les champs
de contraintes constituent une solution d’équilibre basée
sur le théorème de la limite inférieure de la théorie de la
plasticité et sont adaptés pour le dimensionnement des
éléments en béton armé et précontraint (Muttoni et
al.1997). La méthode des champs de contraintes est par-
ticulièrement avantageuse pour l’analyse des poutres
précontraintes (Fernández Ruiz et al.2006). Elle permet
de reproduire correctement les différents modes de rup- Fig. 3 Champ de contraintes rigide - plastique admis
par la SIA 2622003 pour le calcul de la résis-
ture potentiellement déterminants et fournit à l’ingénieur
tance à l’effort tranchant
une bonne compréhension du comportement structural
de l’élément. La valeur ainsi obtenue ne doit pas dépasser la résis-
tance à l’écrasement du béton, laquelle est estimée sur
Dans un premier niveau d’approximation, il est norma-
lement suffisant de calculer la résistance sur la base de la base du même champ de contraintes selon :
formules de dimensionnement fournies par la norme SIA VRd VRd ,c VRd , p
2622003. Ces formules, basées sur des champs de
contraintes rigides – plastiques simples, donnent une VRd bw z k c f cd sin( ) cos( ) P sin( p )
estimation prudente de la résistance et permettent de
Où bw est la largeur de l’âme (à réduire éventuellement
détecter les modes de rupture potentiellement détermi-
nants. Si la résistance estimée après ce calcul n’est pas par la présence de gaines de la précontrainte), fcd est la
suffisante, des champs de contraintes rigides – plasti- valeur de calcul de la résistance à la compression du
ques plus raffinés peuvent aussi être développés dans béton et kc est un coefficient pour réduire la résistance à
un deuxième niveau d’approximation. Ceci requiert un la compression selon l’état des déformations transversa-
effort de calcul supplémentaire mais permet d’exploiter les (normalement kc = 0.6 selon § 4.2.17).
certaines réserves de résistance, comme par exemple
6
2.3 Révision critique des hypothèses de calcul sures limite fortement sa rigidité et sa résistance au
de la SIA 2622003 cisaillement.
Les formules de dimensionnement de la SIA 2622003 En revanche, les ailes comprimées ont une capacité a
admettent une série d’hypothèses prudentes mais per- priori non négligeable de transmission de l’effort tran-
fectibles. chant. Cette capacité n’est par contre pas considéré
dans la norme.
2.3.1 Valeurs limites de l’angle du champ de
compression
La limite supérieure à 45° est raisonnable et réaliste 2.3 Améliorations possibles par rapport au
(éléments avec grande quantité d’étriers). En revanche, modèle de la SIA 2622003 (niveaux supé-
la limitation à 25° est une valeur prudente pour le di- rieurs d’approximation)
mensionnement tenant compte des conditions de com-
Sur la base des aspects précédents, les améliorations
patibilité raisonnables entre les déformations transversa-
1997 suivantes peuvent être apportées au modèle de la
les et longitudinales de l’âme (Lüchinger ). 2003
norme SIA 262 :
Des valeurs inférieures à 25° pour l’inclinaison du champ
- Utilisation de champs de contraintes rigides – plasti-
de compression peuvent cependant s’instaurer pour des
ques où le champ de compression dans l’âme est
éléments fortement précontraints (Fernández Ruiz et
2006 dévié au niveau des câbles de précontrainte (aug-
al. ) et sont d’ailleurs reconnues par d’autres normes
2004 mentation de la force dans les câbles)
(par exemple 21° pour l’EC-2 ).
- Utilisation de champ de contraintes élastiques – plas-
tiques avec considération des conditions de compati-
2.3.2 Facteur kc, réduction de la résistance à bilité (déformation, fissuration).
la compression du béton
La première approche permet une amélioration au ni-
La réduction de la résistance à la compression du béton veau de la considération de la force dans les câbles, ce
au moyen du coefficient kc est effectuée de façon forfai- qui pour certains cas peut être suffisant.
taire et constante sur toute la poutre. Cette approche ne
La deuxième approche permet, en plus de la considéra-
tient pas compte de l’état réel de fissuration dans les
tion de l’augmentation de la force dans les câbles, le
différentes zones de la poutre (proche de la zone com-
calcul local du coefficient de réduction de la résistance à
primée, proche des gaines de la précontrainte ou proche
la compression (kc). Ceci est possible car des conditions
de la zone tendue), mais mène à des estimations pru-
de compatibilité sont considérées dans le calcul et l’état
dentes de la résistance pour les angles compris entre
de déformations du béton peut alors être évalué locale-
25° et 45° du champ de compression.
ment. De ce fait, la valeur de l’angle de compression
dans l’âme ne doit pas être limitée a priori, car elle est
déterminée par les conditions d’équilibre, de résistance
2.3.3 Force dans les câbles de la pré-
et de compatibilité.
contrainte à la rupture
Pour la détermination du coefficient kc dans un champ
La force dans les câbles de la précontrainte à la rupture
élastique – plastique, les valeurs des déformations
est admise égale à P∞ (si des études détaillés ne sont
transversales (1) du béton dans chaque point de la
pas effectuées). Ceci est à nouveau prudent et découle
structure peuvent être utilisées. Des études à ce sujet
du champ de contraintes admis (champ non dévié au 2006 2009
(Fernández Ruiz et al. , Breña et al. ) ont montré
niveau de la précontrainte). Des expériences en labora-
que la formulation de la réduction de la résistance pro-
toire montrent cependant que les câbles peuvent aug- 1986
posée par Vecchio et Collins est appropriée :
menter leur contrainte avant la rupture à l’aide de dévia-
tions dans la direction du champ de compression au 1
kc 1.0
0.8 170 1
2006
niveau des câbles (Hars , Fernández Ruiz et Mutto-
2008
ni ).
Il est à noter que, du fait que des conditions de compati-
bilité sont explicitement considérées dans la méthode de
2.3.4 Effort tranchant transmis par les ailes champs de contraintes élastiques – plastiques, le champ
de contraintes obtenu à la rupture est compatible avec
Selon le champ de contraintes admis, les ailes supérieu- 2008
un mécanisme de rupture (Muttoni et al. ). Par consé-
res et inférieures n’ont pas la capacité de transmettre de
quent, la charge de rupture obtenue avec cette méthode
l’effort tranchant. Cette hypothèse est raisonnable par
correspond à la solution exacte selon la méthode des
rapport à l’aile tendue, où l’ouverture importante de fis-
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Analyse et vérification des ponts-poutre à l’aide de la méthode des champs de contraintes
champs de contraintes (mécanisme cinématiquement été extraites et testées en laboratoire à la rupture. Ces
admissible avec un champ de contraintes licite en équili- essais ont été effectués pour étudier le comportement et
bre avec les charges). De ce fait, toutes les éventuelles la résistance à l’effort tranchant des poutres du pont
réserves de résistance (comme l’effort tranchant trans- sous divers chargements, dont la configuration type est
mis par les ailes) des niveaux d’approximation précé- montrée à la Fig. 5. Un résumé détaillé des éléments et
dentes sont considérées dans la détermination de la des principaux résultats des essais peut être trouvé sur
2006
résistance. Hars et Muttoni .
3 Exemples d’application
Deux exemples d’application sont présentés par la suite.
Le premier montre les différences entre les niveaux
d’approximation à l’aide d’une comparaison de ses ré-
sultats pour une série d’essais effectués en laboratoire
Fig. 5: Echantillons et disposition type des charges
sur des poutres précontraints. Dans le deuxième exem-
ple, l’application de la méthode des champs élastiques - Le mode de rupture de tous les échantillons a été
plastiques pour la vérification d’un pont caisson est pré- l’écrasement de l’âme avec éclatement de l’enrobage le
sentée, avec une discussion des résultats principaux et long du câble. La fig. 6 montre à titre d’exemple la fissu-
2003
des hypothèses admises par la norme SIA 262 . ration et la zone de rupture pour la poutre SH3 (Hars et
2006
Muttoni ).
(a)
3.1 Poutres précontraintes
Six essais ont été effectués à l’Ecole Polytechnique
Fédérale de Lausanne sur des poutres provenant du
viaduc « Sopra le Cantine » de l’autoroute A2 au Tessin,
Suisse. Ce pont a été construit en 1967 (fig. 4) en utili- (b)
sant des moyens de construction limités et ceci à cause
du positionnement du pont.
(a)
8
(a) P, VP
P 7a,b et 8a,b. La déviation du champ de compression
P
−x [m] VP permet d’augmenter la force dans le câble (activation
8.25 6.06 2.07 par adhérence) et donc d’augmenter l’effort tranchant
(b) qui est repris par le câble de précontrainte (composante
V
verticale de la force).
C
Les résultats du champ de contraintes élastique – plasti-
N T que sont montrés à la figure 9b. Le champ de compres-
sion dans l’âme est dévié au niveau du câble (Fernán-
V 2008
dez Ruiz et Muttoni ), ce qui confirme l’approche des
(c) champs rigides – plastiques déviés. En plus, des estima-
C1 tions plus réalistes de la valeur du coefficient kc sont
TP z obtenues, voir Fig. 9c.
N
C2 VP
V CL
(a)
V Vst Câbles
P V
P (c)
VP
−x [m]
8.25 6.06 4.89 2.07 1.04
V 0.95/0.90/0.85/...
(b)
C 0.59
N (d)
T
x [feet]
-15 -10 -5 0
Aile 1
sup. Âme
V Âme
0.8
Aile
(c)
V / Vtot [-]
0.6 sup.
C1 Câbles 0.4
0.2 Aile
Ph,1 Vst,1 inf Câbles
N Pv,1 Aile
inf
0
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0
C3 Vst,1 x [m]
C2
C1 Fig. 9: Champ de contraintes élastique-plastique
V Pv,1
Ph,1 pour la poutre SH3: (a) modèle de calcul; (b)
Ph,2
C3 Pv,2
C4 V directions principales des compressions (noir
Vst,2 C signifie écrasement du béton) et contraintes
C2
Pv,2
dans les armatures; (c) coefficient kc; et (d) ef-
Vst,2
Ph,2 T
fort tranchant transmis par les différents élé-
C4 ments
V Les valeurs du coefficient kc varient entre 1.0 et 0.59
(d)
C
selon la position du béton dans l’âme, permettant
N
d’améliorer sensiblement la valeur admise pour les
T
champs rigides – plastiques (kc = 0.6 dans toute l’âme,
V considération donc prudente) et donc d’augmenter la
résistance de l’élément. La zone déterminante pour la
Fig. 8: Champ de contraintes dévié pour la poutre rupture (voir figure 6b) est aussi correctement estimée
SH3: (a) force de précontrainte (P) et com- par cette approche (Figure 9c, valeur minimale de kc). Il
posante verticale de l’effort tranchant repris
est également intéressant de noter que cette approche
par le câble (VP); (b) champ de contraintes
adopté; (c) analyse de la zone critique; et (d) permet de considérer la contribution des ailes à la re-
modèle de treillis équivalent prise de l’effort tranchant (Fig. 9d). Celle-ci est particuliè-
rement importante pour l’aile comprimée, ce qui peut
Les différences entre le champ non dévié et le champ
être observé par l’inclinaison de l’effort de compression
dévié peuvent clairement être appréciée dans les figures
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Analyse et vérification des ponts-poutre à l’aide de la méthode des champs de contraintes
dans la membrure comprimée dans la Figure 9b. Une Lors d’une évaluation préliminaire de la capacité por-
comparaison de la précision des différents niveaux teuse du pont (application de formules de dimensionne-
2003
d’approximation est montrée dans le Tableau 1 (Fernán- ment de la SIA 262 , premier niveau d’approximation),
2006
dez Ruiz et Muttoni ). une insuffisance potentielle de résistance à l’effort tran-
chant avait été détectée dans les âmes à proximité des
Tableau1 : Comparaison des différents niveaux culées et de l’appui central. De ce fait, une analyse raffi-
d’approximation aux résultats des essais (niv.
née de la résistance du pont fut effectuée à l’aide des
I : voir Fig. 7 ; niv. II : voir Fig. 8 ; niv. III : voir
Fig. 9 ; CoV : Coefficient de Variation) champs de contraintes élastiques - plastiques.
(a)
Vtest Vtest Vtest
Essai
VI VII VIII
10
2003
SIA 262 à ce sujet (utiliser la valeur à temps infi- 1. La méthode des champs de contraintes constitue
ni, négligeant l’augmentation des forces avec la dé- une base rigoureuse et adéquate pour la vérification
formation à la rupture) est par conséquent prudente. de la résistance à l’effort tranchant des ponts pou-
tres
y [m]
y [m]
y [m]
0.4 0.4 0.4 0.4 une estimation prudente mais relativement correcte
0 0 0 0
0 10 20
[o]
30 0 10 20
[o]
30 0 10 20
[o]
30 0 10 20
[o]
30
de la résistance et permet de découvrir le mode de
(e)
rupture déterminant
4 Conclusions
Dans cet article, la vérification de la résistance à l’effort
tranchant des ponts poutres autoroutiers est étudiée.
Les principes et la méthodologie d’une approche par
niveaux d’approximation basée sur la méthode des
2003
champs de contraintes compatible avec la SIA 262
sont décrits. Les conclusions les plus importantes de cet
article sont les suivantes :
11
Analyse et vérification des ponts-poutre à l’aide de la méthode des champs de contraintes
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