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CO N S T R U C T I O N E T T R AVAU X P U B L I C S

Ti262 - Techniques du bâtiment : préparer la construction

Techniques du bâtiment :
Direction de chantier

Réf. Internet : 43824 | 2nde édition

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Cet ouvrage fait par tie de
Techniques du bâtiment : préparer la construction
(Réf. Internet ti262)
composé de  :

Techniques du bâtiment : Unités conventionnelles Réf. Internet : 43800


et formules

Techniques du bâtiment : La réglementation administrative Réf. Internet : 43819


et les contrats

Techniques du bâtiment : Direction de chantier Réf. Internet : 43824

Techniques du bâtiment : Sécurité incendie - Dispositions Réf. Internet : 43822


applicables aux ERP et établissements particuliers

Techniques du bâtiment : Sécurité incendie - Instructions Réf. Internet : 43823


techniques IGH et Habitations

Techniques du bâtiment : Reconnaître le terrain Réf. Internet : 43801

Techniques du bâtiment : Organiser son chantier Réf. Internet : 43802

Techniques du bâtiment : Les échafaudages et les moyens de Réf. Internet : 43803


levage

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Cet ouvrage fait par tie de
Techniques du bâtiment : préparer la construction
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dont les exper ts scientifiques sont  :

Williams PAUCHET
Ex Maître d'oeuvre de la Défense Nationale, Conseiller technique en
construction et génie civil

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Williams PAUCHET
Pour les articles : TBA705 – TBA707 – TBA709 – TBA717

Pierre SERIN
Pour les articles : TBA702 – TBA703 – TBA236 – TBA237 – TBA239 – TBA713 –
TBA715 – TBA721 – TBA723 – TBA725

Éditions T.I
Pour l’article : TBA233

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VI
Techniques du bâtiment : Direction de chantier
(Réf. Internet 43824)

SOMMAIRE
Réf. Internet page

Préparation d’un chantier BTP sur la construction d’une maison individuelle TBA702 9

Documents des marchés privés et publics TBA703 15

Préparation et organisation du chantier TBA705 17

Installation du chantier TBA707 21

Installation base vie de chantier TBA709 25

Responsabilités en matière d'hygiène, de santé et de sécurité TBA233 29

Gestion des déchets de chantier TBA236 33

Coordination de la sécurité et de la protection de la santé TBA237 37

Sécurité des chantiers TBA239 41

Caractéristiques des grues à tour TBA713 47

Le règlement de chantier et le compte prorata TBA715 53

Exécution du chantier TBA717 57

La réception de chantier TBA721 61

Le paiement des travaux TBA723 65

Les garanties TBA725 71

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Référence Internet
TBA702

Préparation d’un chantier BTP


sur la construction d’une maison
individuelle
par Pierre SERIN
Ingénieur ESTP-CHEC, enseignant consultant

1. Constitution d’un chantier BTP.............................................................. TBA 702 - 2

2. Élaboration du projet ................................................................................ — 2


2.1 Choix du terrain.............................................................................................. — 2
2.2 Choix du financement.................................................................................... — 3
2.3 Démarches administratives........................................................................... — 3

3. Objectifs de la préparation de chantier ............................................... — 3


3.1 Sécurité ........................................................................................................... — 3
3.2 Performance ................................................................................................... — 3
3.3 Organisation et délais adaptés ..................................................................... — 3

4. Période réglementaire de préparation ................................................. — 3


5. Schéma du processus de préparation de chantier ........................... — 4
5.1 Visite du site de construction........................................................................ — 4
5.2 Optimisation ................................................................................................... — 4
5.3 Organisation du chantier............................................................................... — 4

6. Étapes de la préparation du chantier ................................................... — 4


6.1 Réunion de coordination technique ............................................................. — 4
6.2 Préparation administrative............................................................................ — 4
6.3 Gérance des sous-traitants............................................................................ — 4
6.4 Implantation des ouvrages............................................................................ — 5
6.5 Implantation des réseaux VRD...................................................................... — 5
6.6 Plans d’exécution des ouvrages ................................................................... — 5
6.7 Plan d’installation de chantier....................................................................... — 5
6.8 Plan de terrassement ..................................................................................... — 7

7. Estimation du budget................................................................................ — 7
7.1 Main-d’œuvre ................................................................................................. — 7
7.2 Plancher-dallage............................................................................................. — 7
7.3 Engins de levage ............................................................................................ — 7
7.4 Métré détaillé pour l’exécution, ou « métré opérationnel » ....................... — 8

8. Choix des modes de construction ......................................................... — 8


8.1 Techniques d’exécution................................................................................. — 8
8.2 Choix financiers d’exécution......................................................................... — 9

9. Planning et ordonnancement.................................................................. — 11
9.1 Méthodes de planification............................................................................. — 12
9.2 Outils pour exploiter les méthodes d’ordonnancement ............................. — 12
9.3 Exemple d’une construction de maison individuelle.................................. — 13

10. Bilan de fin de chantier ............................................................................ — 23


Parution : novembre 2020

11. Abréviations et sigles ............................................................................... — 24

Pour en savoir plus ............................................................................................. Doc. TBA 702

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PRÉPARATION D’UN CHANTIER BTP SUR LA CONSTRUCTION D’UNE MAISON INDIVIDUELLE ______________________________________________________

e mot « chantier » est un mot courant que l’on trouve dans de nombreuses
L professions.
Chez les constructeurs, l’acte de construire comporte un grand nombre
d’acteurs : maître d’ouvrage, maître d’œuvre, entrepreneurs, encadrement et
exécutants. Il se décompose en trois actes :
• la préparation ;
• l’exécution, acte principal qui se déroule sur un terrain dénommé « chantier » ;
• la réception, dernier acte avant l’utilisation de la construction.
Cet article va s’intéresser à la préparation du chantier.
Une personne ou un groupe a l’idée de construire un ouvrage pour répondre
à un besoin. C’est un projet qui doit être élaboré. Cette personne ou ce groupe,
que l’on appelle le maître d’ouvrage, va tout d’abord rencontrer un architecte
qui va transformer cette idée et ces besoins en dessins ; des plans seront
acceptés par le maître d’ouvrage. Ceux-ci donneront une idée du coût de réali-
sation entraînant un choix de financement.
En même temps, un terrain sera choisi, et dont il faudra connaître par des
démarches administratives les servitudes.
Généralement, c’est le maître d’œuvre qui va traiter la préparation du chan-
tier, qui doit répondre à certains critères réglementaires.
Cette préparation a plusieurs objectifs dont :
• la sécurité de l’ouvrage et la sécurité de ceux qui vont l’exécuter ;
• les performances des entreprises qui vont le réaliser ;
• les délais adaptés et adoptés en fonction des deux points précédents.
La préparation va permettre d’analyser de visu le site de la construction, d’où
l’organisation du chantier.
Le maître d’œuvre est donc le chef d’orchestre des acteurs (les entrepre-
neurs), et tout au long de la préparation, il devra échanger avec ces acteurs, en
leur posant des questions et en répondant aux leurs.
Sur le site, la préparation comporte des étapes importantes : le plan
d’implantation des ouvrages et le plan d’installation de chantier calé sur le
plan d’implantation et le plan de terrassement.
Pendant ce temps, le choix des modes de construction va dépendre de l’esti-
mation des budgets nécessaires faits par les entreprises : matériaux, matériels
et main-d’œuvre. Le planning et l’ordonnancement sont nécessaires pour la
tenue des délais.

1. Constitution d’un chantier Le secteur économique de la construction, appelé « bâtiment et


travaux publics » (BTP) dans le monde francophone, regroupe
BTP toutes les activités de conception et de construction des bâtiments
publics et privés, industriels ou non, et des infrastructures.
Il comprend les entreprises de gros œuvre, les entreprises de
Les chantiers importants nécessitent l’installation de :
second-œuvre, les corps d’état d’équipements.
• zones magasins-stockage sur lesquelles seront placés les
magasins, ateliers ou hangars ; Le secteur du BTP est l’un des premiers secteurs d’activité éco-
nomique du pays.
• zones travaux sur lesquelles seront édifiés les ouvrages ; ces
zones devront être délimitées avec précision en tenant
compte de l’évolution de la construction ;
• zones bureaux où se trouveront les bureaux de toutes les
entreprises du chantier lors de leurs interventions ;
2. Élaboration du projet
• zones vie où se trouveront les locaux affectés aux personnels
(vestiaires, réfectoires, sanitaires et éventuellement héberge-
ments nocturnes). 2.1 Choix du terrain
Toutes ces zones sont reliées par des pistes d’accès différen- Après avoir déterminé la localité où le maître d’ouvrage fera
ciées entre personnel et matériels-matériaux. construire sa maison, il doit rechercher le terrain parmi les meil-
Ces installations diffèrent suivant l’ouvrage. leures propositions de terrains à acheter qui lui sont faites par des

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agents immobiliers ou des entrepreneurs, et il doit visiter le site avec la loi de 1976, la directive européenne de 1989 et tous les
pour noter où il peut y avoir des problèmes (voisinage, servitudes, textes qui ont suivi. L’OPPBTP (Organisme professionnel de pré-
distance des moyens de transports…). Il doit surtout se renseigner vention du bâtiment et des travaux publics) estime que deux acci-
auprès de la mairie sur les obligations d’urbanisme, d’évacuation dents sur trois sont dus à une mauvaise préparation du chantier. Il
des eaux usée et vannes…. met ainsi directement en cause l’équipe de préparation du chan-
tier. Ainsi, une bonne préparation de chantier contribue à la dimi-
nution des accidents du travail.
2.2 Choix du financement
Le maître d’ouvrage doit évaluer sa capacité d’emprunt, le type 3.2 Performance
et la durée du prêt, et peut pour cela demander à son conseiller
bancaire de réaliser une étude financière personnalisée gratuite Les entreprises manquent de chantiers ; la concurrence les
adaptée à ses revenus en y intégrant les aides de l’État possibles. oblige à casser les prix, ce qui les amène à diminuer leurs perfor-
mances. Pour maintenir une activité suffisante, il faut améliorer
Il est nécessaire que toutes les dépenses soient prévues dans le ses performances, donc préparer les chantiers.
plan de financement pour éviter toute mauvaise surprise : terrain,
construction et frais annexes (frais de notaire, d’hypothèque, de Dès la phase de programmation, le maître d’ouvrage et le
géomètre, de branchement sur le domaine public et privé, étude maître d’œuvre doivent mettre en place l’ensemble des décisions
récente du sol et coût d’une éventuelle adaptation du sol). Il pour structurer l’organisation générale de l’opération, la réalisa-
pourra confier ce travail, s’il s’en juge insuffisamment informer, à tion du projet et l’exécution du chantier.
un maître d’œuvre (architecte ou chargé d’architecture).
Il déduira de cette étude la construction qu’il pourra envisager.
3.3 Organisation et délais adaptés
Il faut rappeler que tout se joue lors de la phase d’avant-projet.
2.3 Démarches administratives À ce moment sont prises des options techniques de construction
accompagnées de leurs délais. Le maître d’œuvre a à ce moment
Il pourra mener seul ces premières recherches ou choisira un une grande responsabilité, car la sécurité sur le chantier et les
architecte avec lequel il signera un contrat de construction. cadences qui en résultent pourront dépendre de la qualité de pré-
Il pourra alors entreprendre : paration du projet. Les choix qui auront été faits sont définitifs, et
figurent dans les pièces contractuelles.
• l’obtention de son crédit bancaire ;
• l’achat du terrain avec la préparation de cette acquisition faite Le rôle du maître d’œuvre est donc déterminant pour la préven-
avec un notaire pour régler les questions notariales ; tion d’une garantie de compatibilité entre les options techniques,
les délais impartis, les exigences de santé et de sécurité. Dans le
• l’obtention du permis de construire ; pour cela, il aura besoin de cas où le chantier rentre dans le cas de la SPS, il y a nomination
l’architecte en fonction de la surface de l’habitation. Le maître d’un coordonnateur SPS dont les préconisations doivent être sui-
d’ouvrage pourra faire des plans pour la demande de permis de vies par le maître d’œuvre.
construire ou confier cette tâche à un architecte qui l’aidera à
remplir les formulaires de demande de permis de construire, Le maître d’œuvre élabore et prépare, lors de l’établissement du
à déposer le permis en mairie, et à suivre l’évolution de ce dos- DCE (dossier de consultation des entreprises) un certain nombre
sier. Sauf cas particulier, les permis sont délivrés aux plus tard de données techniques qui vont permettre aux entreprises d’éla-
trois mois après le dépôt du dossier complet auprès de la mairie. borer leur offre, c’est-à-dire le prix demandé pour l’exécution des
travaux relevant de leurs compétences.
Le maître d’œuvre conseille le client sur les performances des
offres, et le client choisit ses entreprises sur les conseils du maître
3. Objectifs de la préparation d’œuvre.

de chantier
Une fois le permis de construire accordé, il faut prévoir la réali- 4. Période réglementaire
sation de la construction. Pour cela, il va falloir préparer et organi-
ser le chantier.
de préparation
La préparation et l’organisation du chantier découlent donc tou-
jours d’un projet de construction, de réhabilitation, d’équipement Une fois les marchés signés, l’entreprise titulaire d’un marché
ou d’aménagement d’un ouvrage ou d’une infrastructure. dispose d’un délai contractuel pour soumettre au maitre d’œuvre
son dossier de préparation du chantier.
La fonction première de la préparation de chantier est de conci-
lier sécurité et productivité. La réglementation est claire sur ce sujet ; elle définit les obliga-
tions du maître d’ouvrage, du maître d’œuvre et des entreprises
adjudicataires durant cette période.
3.1 Sécurité Ce délai de préparation est :
• pour les marchés publics, défini par le CCAP ou par le CCAG,
Le BTP est le secteur le plus accidentogène, et cela depuis que
de deux mois (article 28) ;
la construction existe.
La sécurité est devenue une problématique pour le BTP. Un • pour les marchés privés, défini par le CCAP ou la norme
accident du travail coûte cher à l’entreprise, financièrement et NF P03 0001, de trois mois (article 10). Mais cette durée peut être
humainement. La prévention des risques professionnels passe réduite à un mois incompressible si les parties sont d’accord.
donc par l’anticipation des situations de collectivités, mais aussi Ce délai est nécessaire à l’entrepreneur pour remettre son
par des délais réalistes d’exécution des avant-projets, par des plan particulier de sécurité et de protection de la santé (PPSPS).
choix techniques adaptés et par la prise en compte de l’environne- Ce plan n’est pas toujours réglementairement demandé, mais il
ment du terrain. Cette prévention a fait un grand pas en avant devrait l’être par le maître d’œuvre.

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PRÉPARATION D’UN CHANTIER BTP SUR LA CONSTRUCTION D’UNE MAISON INDIVIDUELLE ______________________________________________________

Cette période réglementaire est jugée courte, mais il faut savoir Généralement, l’entreprise, pour ne pas « vexer » l’architecte,
qu’un chantier se prépare bien avant cette période ; c’est cette va proposer une variante et chiffrera (ou fera chiffrer) la solution
préparation qui permet une offre sérieuse. de base et la variante, laissant le choix au client.
Une remarque cependant : la réglementation demande de pré- Bien que pas toujours réalisables, voici quelques exemples
parer le chantier après avoir désigné l’entreprise adjudicataire. Or, obtenus par entretien entre l’entreprise, l’architecte, et le client :
à ce moment, le prix de vente est figé, et le montant des frais de • un voile à facettes au lieu d’un voile courbe (gain sur la facilité
chantier ne peut être connu qu’en faisant la préparation du chan- de travail, le coût [coffrage], et le temps d’exécution) ;
tier, ce qui veut dire que pour qu’un prix de vente soit valable, il
faut avoir préparé le chantier lors de l’étude de prix. • des dalles courtes remplacées par des prédalles précontraintes
(gain sur le temps, le coût, les armatures et le béton, et l’esthé-
tique du plafond) ;
• des voiles remplacés par des prémurs (gain sur l’étaiement,
5. Schéma du processus l’aspect du parement des voiles, le temps de réalisation, donc
sur le coût).
de préparation de chantier
5.3 Organisation du chantier
5.1 Visite du site de construction Après lecture du DCE, plusieurs questions se posent :

La visite peut être virtuelle, grâce aux photos, à Internet, et aux • Ce chantier correspond-il aux possibilités de l’entreprise ?
relevés topographiques. • Quel sera l’effectif du chantier ?
Le DCE (dossier de consultation des entreprises) doit comprendre • Quelles équipes seront disponibles ?
un certain nombre d’éléments permettant à chacune des entre- • Quel moyen de levage utiliser ? Seront-ils disponibles dans le
prises de faire le plan d’installation de chantier. parc de matériels ?
Grâce à Google Maps, en connaissant l’adresse du chantier, il est • À quelle saison le chantier se tiendra-t-il ? Cela influera-t-il sur
possible de voir le terrain (reconnu grâce au plan de masse remis l’horaire de travail journalier du chantier (amplitude du travail) ?
dans le DCE), sa nature, son environnement (routes, chemins,
lignes et pylônes HT…). La fonction Street View, permet d’obtenir Les réponses à ces questions vont déterminer la base des budgets
une élévation, d’évaluer la hauteur des lignes HT, l’existence de de la main-d’œuvre et des matériels.
fossés, la présence de postes de distribution d’électricité…
L’application Bing Maps de Microsoft donne des résultats équi-
valents, mais, les prises de vue aériennes ayant été prises à des
époques différentes, il est possible de voir des différences telles
6. Étapes de la préparation
que la construction d’un bâtiment en bordure du terrain. du chantier
Les photos aériennes prises d’avion sous différents angles dans
le but de calculer un modèle photogrammétrique (procédé
d’acquisition 3D de volumes existants) permettent de compléter 6.1 Réunion de coordination technique
les données.
La phase de préparation de chantier est une étape détermi-
Le site français Géoportail permet de superposer sur des docu- nante pour la qualité de l’ouvrage à construire et le respect des
ments de l’IGN, au moyen de calques, des informations techniques et délais. Tous les intervenants doivent y être associés, et ce n’est
de consolider les données géographiques ; il est possible de voir les pas facile de faire participer des entreprises qui n’interviendront
numéros des parcelles cadastrales, les constructions, les lignes HT… que dans six mois ou un an, afin d’organiser le chantier d’un
Google Earth possède des informations plus complètes, permettant, point de vue juridique, administratif, matériel et technique. Cette
en naviguant en 3D, de visionner les reliefs. participation fait l’objet de réunions de coordination permettant
Ces informations ne sont pas destinées à supprimer la visite de faire la synthèse nécessaire à une réalisation cohérente de
réelle du site vue par l’œil humain, mais à permettre une décou- l’ouvrage. Le coordinateur, s’il est nommé, ou le maître d’œuvre,
verte préalable du site. doit organiser, en concertation avec les entreprises, un ensemble
d’interventions d’autant plus complexes que les intervenants sont
nombreux et que leurs tâches sont fractionnées dans le temps.
5.2 Optimisation
L’optimisation est une notion récente visant à simplifier l’ouvrage
6.2 Préparation administrative
afin de l’adapter aux modes opératoires propres à l’entreprise. Préalablement au début des travaux, il est nécessaire d’avertir les
À la lecture du DCE, l’entreprise voit tout de suite les possibili- autorités locales compétentes de l’ouverture du chantier et de res-
tés techniques pour réduire le coût ou le temps de la construction. pecter les procédures administratives imposées par ces autorités.
Elle doit en parler avec l’architecte pour lui demander de modifier Chaque pays a sa propre réglementation ; il est impératif de se ren-
la conception ; c’est un pari osé, mais qui peut être bénéfique seigner pour connaître et respecter les procédures. Le maître d’œuvre
financièrement aux trois partenaires : le maître d’œuvre, l’entre- est censé être un soutien pour le maître d’ouvrage dans cette tâche.
preneur et le maître d’ouvrage. Cette recherche est ce que l’on
nomme une « optimalisation de la conception ».
Ce n’est pas toujours facile, car l’architecte parle d’esthétique et 6.3 Gérance des sous-traitants
l’entrepreneur de technique, mais tous les deux sont imaginatifs.
La sous-traitance est un contrat par lequel une entreprise confie
Les partenaires d’un chantier doivent s’entendre ; ainsi, le à une autre le soin d’exécuter pour elle et selon des modalités éta-
bureau d’études doit participer à ces séances de brainstorming, blies à l’avance, une partie des travaux dont elle conserve la res-
car lui aussi a des idées d’optimalisation. ponsabilité économique finale.

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Cela signifie que : 6.5 Implantation des réseaux VRD


• l’entrepreneur confiant la sous-traitance est responsable vis-
à-vis du maître d’ouvrage des travaux effectués par son sous- Dans le cas d’un chantier de grande taille, il est primordial
traitant ; d’implanter les réseaux VRD avant le démarrage des travaux, de
• le maître d’ouvrage n’a pas de rapport direct avec le sous- façon à pouvoir maintenir le chantier hors d’eau, et permettre une
traitant ; il ne peut par conséquent pas faire jouer directement meilleure circulation des engins sur le chantier.
la responsabilité contractuelle de ce dernier. Le sous-traitant
n’a de ce fait aucune obligation de s’assurer en responsabilité
décennale s’il n’effectue que des travaux de sous-traitance. 6.6 Plans d’exécution des ouvrages
En revanche, il a l’obligation de livrer des travaux exempts de
vices à l’entrepreneur dont il est le sous-traitant, qui pourra Les plans d’exécution des ouvrages sont ceux qui sont directe-
se retourner contre lui dans le cas contraire. ment utilisés sur le chantier par les différents corps d’état, lors de
l’exécution des travaux. Ils sont établis sur la base des études du
Rappel projet et définissent les travaux dans tous leurs détails.
Un entrepreneur doit obligatoirement présenter son sous- Ils peuvent cependant être précisés par des plans d’atelier et de
traitant au maître d’ouvrage et obtenir son acceptation, ainsi chantier relatifs aux méthodes de réalisation, aux ouvrages provi-
que l’agrément de ses conditions de paiement. soires et aux moyens du chantier.
Les plans d’exécution des ouvrages concernent tous les éléments
en béton armé, maçonnerie, ossature métallique ou pan de bois,
6.4 Implantation des ouvrages mais aussi les réseaux d’évacuation (eaux usées, eaux vannes,
eaux pluviales), la charpente, l’appareillage électrique, la distribu-
Le plan d’implantation doit être fait avant tout démarrage des
travaux. En effet, une erreur peut avoir de graves conséquences tion d’eau froide et d’eau chaude, etc. Ces études d’exécution
pouvant aller jusqu’à la démolition des ouvrages construits en peuvent être confiées au maître d’œuvre. Par exemple, si le maître
dehors de l’implantation. d’œuvre, se voit confier les travaux d’ossature, il devra pour les
calculs faire appel à un ingénieur béton ou à un ingénieur métallier,
L’implantation dans le respect des règles de conception est de ou au bureau d’études des entreprises concernées.
la responsabilité du concepteur et du constructeur. Le règlement
des litiges qui en résultent peuvent être longs et ainsi retarder le Lorsque les études d’exécution sont, partiellement ou intégrale-
chantier. Rappelons qu’il est de la responsabilité du maître ment, réalisées par les entreprises, le maître d’œuvre s’assure que
d’ouvrage de conserver une implantation en conformité avec les documents qu’elles ont établis respectent les dispositions du
l’implantation prévue par l’architecte. projet (cohérence entre les plans d’architecte et les plans tech-
Pour éviter de tels problèmes, le maître d’ouvrage doit deman- niques, et entre les plans techniques des différents lots spéciali-
der au maître d’œuvre de lui fournir un plan où le bâtiment a été sés) et leur délivre un visa.
positionné sur le plan topographique avec la présence des limites Les plans d’exécution doivent être visés et signés par le maître
cadastrales. Ce plan doit être fourni par un géomètre expert mis- d’ouvrage, notamment par le « desk construction », même si les
sionné à cette intention par le maître d’ouvrage, et servira de base
responsabilités sont endossées par le maître d’œuvre. En effet,
à l’établissement du plan d’implantation.
cette vérification permet de s’assurer du respect des normes de
Les principaux axes et alignements sont matérialisés sous construction.
forme de repères bétonnés ou de plots coulés.
Tous les réseaux et tous les ouvrages enterrés sont positionnés.
Les entrepreneurs assurent quant à eux les implantations de 6.7 Plan d’installation de chantier
détail.
Depuis la directive européenne de juin 1989 concernant la sécurité
Méthodes d’implantation et la protection de la santé au travail (SPS) et les directives qui ont
suivi, notamment celles relatives au coordonnateur santé et sécurité
(CSPS), on note une évolution. Autrefois, l’architecte déterminait
La méthode la plus répandue pour les petites opérations est
sûre, mais elle est désuète. une zone d’installation de chantier, le gros œuvre en prenait une
grande partie, et ensuite les corps d’état secondaires et équipe-
Cette méthode consiste à définir des axes d’implantation ments « s’arrangeaient ».
passant par deux points positionnés par le géomètre sur le
terrain ; on obtient ainsi un quadrillage. C’est à partir de ce En définitive, chacun faisait son installation, le plus souvent non
quadrillage que seront mesurées les différentes cotes de posi- conforme, et l’intégrait à son prix de vente. Ainsi, le maître
tionnement de l’ouvrage. d’ouvrage payait plusieurs installations de chantier.
Mais cette méthode a ses limites : Aujourd’hui, c’est le maître d’ouvrage qui prend à son compte la
– la ficelle tendue entre les points est sensible au vent ; « base-vie » du chantier et qui détermine l’emplacement des locaux
– les chaises d’implantation en bois planté dans le sol affectés au personnel (vestiaires, réfectoire, sanitaires), de la circula-
peuvent être déplacées par un heurt ; tion, des branchements (eau, électricité) et de l’évacuation des eaux
– les axes secondaires positionnés à partir des axes princi-
usées et vannes des locaux affectés au personnel.
paux (ficelle tendue entre deux chaises) peuvent entraîner des
décalages. Chaque entreprise indique la courbe du personnel qu’il emploiera
Sur le chantier, un point de nivellement altimétrique permet- (c’est généralement une courbe de Gauss, et le coordonnateur SPS
tra d’implanter le bâtiment à la bonne altitude. superpose sur toutes ces courbes une courbe « somme », et aura
L’autre méthode d’implantation utilisant les nouvelles tech- ainsi le nombre de salariés présents sur le chantier en même temps,
nologies permet de faire l’implantation par les coordonnées ce qui permettra de déterminer l’évolution du nombre de places de
géodésiques en X / Y / Z. réfectoire, vestiaires et sanitaires nécessaires tout au long du chan-
Cette méthode, d’une technologie avancée, permet de tra- tier. Si ces locaux sont des bungalows loués, il est possible de louer
vailler avec le BIM (building information modeling). ce qui est nécessaire suivant les périodes. Le coordonnateur détermi-
nera également les parkings, les zones d’évolution des véhicules par-
Ces informations vont permettre d’élaborer le plan d’instal- ticuliers et des camions de livraison, les pistes et le sens de
lation proprement dit.
circulation sur le chantier.

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13
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TBA703

Documents des marchés privés


et publics

Pierre SERIN
Ingénieur ESTP-CHEC, enseignant consultant

1. Outils de la coordination SPS TBA 703 - 2


1.1 Plan général de coordination en matière de sécurité et de protection
de la santé.................................................................................................... — 2
1.1.1 Présentation........................................................................................ — 2
1.1.2 Contenu et obligations du PGCSPS.................................................. — 2
1.2 Plan particulier de sécurité et de protection de la santé (PPSPS) ........... — 2
1.2.1 Présentation........................................................................................ — 2
1.2.2 Utilité sur le chantier.......................................................................... — 3
1.2.3 Contenu du PPSPS............................................................................. — 3
1.3 Registre journal de la coordination ........................................................... — 3
1.4 Dossier d’intervention ultérieure sur l’ouvrage........................................ — 3
2. Pièces pour un marché privé BTP....................................................... — 3
2.1 Pièces contractuelles .................................................................................. — 3
2.1.1 Avenants ............................................................................................. — 4
2.1.2 Lettre d’engagement ou soumission acceptée................................ — 4
2.1.3 Cahier des clauses administratives particulières (CCAP) ............... — 4
2.1.4 Cahier des clauses techniques particulières (CCTP) ....................... — 4
2.1.5 Calendrier général ou planning général .......................................... — 4
2.1.6 Calendrier d’exécution....................................................................... — 4
2.1.7 Cahier des clauses administratives générales (CCAG) ................... — 4
2.1.8 Cahier des clauses techniques générales (CCTG) ........................... — 4
2.2 Pièces annexes sans valeur contractuelle................................................. — 4
3. Pièces d’un marché public BTP........................................................... — 4
3.1 CCAG (cahier des clauses administratives générales)............................. — 4
3.1.1 Utilisation des CCAG ......................................................................... — 5
3.1.2 Hiérarchie des pièces contractuelles dans le CCAG Travaux......... — 5
3.2 Acte d’engagement (AE)............................................................................. — 5
3.2.1 Présentation........................................................................................ — 5
3.2.2 Hiérarchie de l’acte d’engagement................................................... — 5
4. Assurance dommages ouvrage ........................................................... — 6
5. Abréviations et sigles ............................................................................ — 6
Pour en savoir plus .......................................................................................... TBA 703

elon qu’il s’agisse d’un marché privé ou d’un marché public, les documents
S sont différents.
Les documents de la coordination SPS répondent aux questions des marchés
privés et des marchés publics avec des différences entre le bâtiment et les
travaux publics.
Parution : octobre 2020

Les outils de la coordination SPS font partie des outils nécessaires, et sont,
suivant les cas, obligatoires au chantier.

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Référence Internet
TBA703

DOCUMENTS DES MARCHÉS PRIVÉS ET PUBLICS _________________________________________________________________________________________

1. Outils de la coordination Pour les opérations de la catégorie 1, il y a obligation d’établir


un plan général de coordination (PGCSPS), et pour les entreprises
SPS et sous-traitants, un plan particulier de sécurité et de protection de
la santé (PPSPS).

Lorsque plusieurs entreprises ou travailleurs indépendants inter-


viennent dans les opérations de bâtiment ou de génie civil, la mise 1.1.2 Contenu et obligations du PGCSPS
en place d’un coordonnateur de sécurité est rendue obligatoire par
le Code du travail avec pour principal objectif de prévenir les Il est établi en concertation avec la maîtrise d’œuvre par le
risques résultant de leurs interventions simultanées ou succes- coordonnateur SPS dès le début de la phase de conception en
sives, ainsi que de promouvoir l’utilisation de moyens communs. utilisant des éléments recueillis sur le site de la construction ou
Le dispositif de coordination sécurité et protection de la santé fournis par le maître d’ouvrage.
(SPS) a pour fondement l’anticipation en matière d’organisation
Il est joint au dossier de consultation des entreprises et mis à
de la prévention des risques professionnels sur le chantier du BTP
(ordonnancement, mis en commun des moyens, approvisionne- jour pendant toute la durée de l’opération.
ments…) et d’intervention ultérieure sur l’ouvrage (maintenance, Il est mis à disposition de tous les acteurs du projet, et contient
entretien…). Ces outils ont été élaborés pour formaliser les obliga- des préconisations techniques et organisationnelles pour prévenir
tions et missions respectives des différents acteurs. les risques du chantier.
Ces outils sont :
• le plan général de coordination (PGCSPS) ;
• le plan particulier de sécurité et de protection de la santé 1.2 Plan particulier de sécurité
(PPSPS) ; et de protection de la santé (PPSPS)
• le registre journal (RJ) ;
• le document d’intervention ultérieure sur l’ouvrage (DIUO). 1.2.1 Présentation
Certains de ces outils doivent être mis en place dès le DCE,
d’autres avant ou en cours d’exécution, et aussi après la fin du Le plan particulier de sécurité et de protection de la santé est un
chantier pour préparer des interventions futures. document propre à l’entreprise pour un chantier donné, contri-
buant à la prévention des risques sur les opérations de bâtiment
et de génie civil.
1.1 Plan général de coordination
Il est nécessaire lorsque plusieurs entreprises interviennent sur
en matière de sécurité le chantier (coactivité).
et de protection de la santé

1.1.1 Présentation Cas particulier de chantier où une seule entreprise


intervient
Le PGCSPS définit les mesures destinées à prévenir les risques
découlant des interventions successives ou simultanées sur le L’entreprise exécutant seule des travaux d’une durée supé-
chantier. Ce document est obligatoire pour toutes les opérations rieure à 1 an et dont le volume dépasse 50 salariés pendant
de catégories 1 et 2, mais aussi celles de catégorie 3 (PGCSPS plus de 10 jours est amenée à établir un PPSPS.
simplifié) où seront effectués des travaux à risques particuliers.
Ce document doit être établi dès la phase de conception de
l’opération, et doit être tenu à jour ; il est adapté à l’évolution du
chantier. Il est joint aux dossiers d’appels d’offres ou au dossier Il se présente sous la forme d’un document d’organisation et
de consultation des entreprises. d’information, et décrit les mesures de prévention destinées à
assurer la sécurité des opérateurs et les bonnes conditions de vie
Pour les opérations de catégorie 3, le coordonnateur SPS en et d’hygiène sur le chantier.
rédige une version simplifiée (articles R. 4532-52 et R. 4532-54 du
Code du travail), mais seulement lorsque les opérations comportent Ce document, rédigé par chaque entreprise (y compris les sous-
des travaux à risques particuliers. traitants) avant son intervention sur le chantier, permet à l’entre-
Il faut noter que ce plan simplifié ne traite alors que les interfé- preneur, en tenant compte du PGCSPS et du document unique de
rences qui peuvent être liées aux travaux dangereux prévus dans l’entreprise (DU) ou document unique d’évaluation des risques
l’opération. (DUER) de l’entreprise, de préciser les mesures spécifiques que
l’entreprise prend pour prévenir les risques liés à l’environnement
du chantier.
Rappel
Il contient des renseignements sur les travaux dangereux réali-
sés par d’autres entreprises ou résultant de ses propres travaux,
Les trois catégories d’opérations déterminant les niveaux de
coordination de sécurité sont : accompagnés des mesures de sécurité qui ont été prises.
• catégorie 1 : opérations de plus de 10 000 hommes par jour Le PPSPS doit être disponible sur le chantier ; celui du gros
(soit plus de 80 000 h ou environ 4 M €) avec au moins œuvre ou du lot principal doit être communiqué aux entreprises le
10 entreprises pour les opérations de bâtiment ou 5 pour les demandant.
opérations de génie civil ;
• catégorie 2 : opérations de plus de 500 hommes par jour Il doit être remis par l’entreprise à l’Inspection du travail, aux
(soit 4 000 h ou environ 300 000 €) ou chantier de 30 jours avec CARSAT et à l’OPPBTP, et doit être consultable par les membres
un effectif en pointe supérieur à 20 salariés et hors catégorie 1 ; du CSE et le médecin du travail.
• catégorie 3 : autres opérations. Lorsque les travaux repré- Dans les opérations de catégorie 3 faisant l’objet de PGCSPS
sentent un volume de moins de 500 hommes par jour et simplifié, un PPSPS simplifié est établi par les entreprises réali-
impliquent au moins 2 entreprises, les entreprises interve- sant des travaux à risques particuliers pris en compte par le PGC
nantes doivent élaborer un PPSPS simplifié. simplifié.

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TBA705

Préparation et organisation
du chantier
par Williams PAUCHET
Ex maître d’œuvre de la Défense nationale – Formateur en direction de chantier

1. Définition générale ................................................................................. TBA 705v2 - 2


2. Présentation de la préparation de chantier ..................................... — 2
3. Préparation de l’exécution : gage de qualité .................................. — 3
4. Objectifs de la préparation de l’exécution....................................... — 5
5. Textes réglementaires............................................................................ — 5
6. Documents ................................................................................................ — 6
7. Délais de la préparation et de l’exécution du chantier ................ — 6
8. Organisation de la préparation du chantier..................................... — 7
9. Liste des intervenants............................................................................ — 7
10. Revue de site et des projets de raccordement ............................... — 7
11. Réunions préparatoires.......................................................................... — 11
12. Missions de préparation de chantier ................................................. — 13
13. Glossaire .................................................................................................... — 14
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. TBA 705v2

a période de préparation incluse dans la durée du marché doit permettre


L de régler les problèmes d’organisation et de fonctionnement du chantier.
C’est une période incontournable pour mettre en place tous les éléments de
gestion, administratifs et techniques, de la réalisation des travaux. Elle permet
aussi de mettre en œuvre les installations de sécurité et de définir les rôles de
chaque intervenant.
Parution : juillet 2022

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17
Référence Internet
TBA705

PRÉPARATION ET ORGANISATION DU CHANTIER _________________________________________________________________________________________

1. Définition générale 2. Présentation


de la préparation
1.1 Durée de préparation du chantier de chantier
Une durée de 2 mois paraît le minimum souhaitable : c’est celle
généralement retenue par les cercles qualité.
Le cahier des clauses administratives particulières (CCAP) peut
2.1 Procéder pour la première fois
préciser par exemple dans l’article concernant les délais contrac- aux études approfondies
tuels :
La préparation du chantier est essentielle à une bonne réalisa-
• le délai de préparation du chantier (fixé généralement à 2 mois
tion des travaux : chaque intervenant principal peut procéder pour
pour les chantiers supérieurs à 6 mois) ;
la première fois aux études approfondies, toujours coûteuses,
• l’établissement et la présentation au visa du maître d’œuvre du nécessaires à l’exécution, puisqu’il a été choisi à l’issue de la pro-
programme d’exécution des travaux, accompagnés du projet cédure de passation des marchés.
des installations de chantier et des ouvrages provisoires ;
• l’établissement et la présentation des plans d’exécution, notes
de calculs et études de détails nécessaires pour le début des 2.2 Réunion des différents intervenants
travaux. Dans le cas où le délai de préparation ne serait pas
mentionné, les entreprises doivent refuser de commencer
avant le démarrage du chantier
certains travaux avant que l’ensemble des opérations relatives
à cette phase soit terminé, ou tout au moins bien attirer l’atten-
tion du maître d’ouvrage sur l’importance de cette phase Information CCAG 2021
préparatoire.
Les nouveaux CCAG qualifient désormais le pouvoir adjudica-
La loi n° 93-1418 du 31 décembre 1993 modifiée le 17 décembre teur d’« acheteur ». En effet, si le marché en question était
2004 relative à la sécurité et à la protection de la santé stipule passé par une entité adjudicatrice, le terme pouvait poser pro-
d’ailleurs que l’entreprise doit disposer d’un délai d’au moins blème, ce qui explique que nombre d’entités adjudicatrices ont
30 jours à partir de la réception de son contrat signé par le maître élaboré leurs propres CCAG. Désormais, les CCAG s’appliquent
d’ouvrage pour rédiger son plan particulier de sécurité et de uniformément aux pouvoirs adjudicateurs et entités adjudica-
protection de la santé (PPSPS). En l’absence d’autres dispositions, trices qualifiées d’acheteurs.
le délai de préparation court du lendemain de la notification à Dans la continuité de cette simplification des formulations et
l’entreprise de l’acceptation de son marché. des concepts, on note la suppression des paragraphes en
vertu desquels le maître d’ouvrage devrait être « personnifié »
par un « représentant du pouvoir adjudicateur », habilité à
1.2 Ordre de service spécifique l’engager dans le cadre du marché et à le représenter au cours
à la préparation du chantier de son exécution.
Le CCAG Travaux conserve quant à lui l’appellation « maître
La démarche qualité recommande de prévoir, en plus de l’ordre d’ouvrage », à la différence des autres CCAG, tout en précisant
de service de démarrage des travaux, un ordre de service spéci- que le maître d’ouvrage est l’acheteur.
fique à la préparation du chantier. Le lectorat pourra prendre connaissance du nouveau CCAG
L’entreprise s’engage, dès la réception de cet ordre de service et sur le site : https://www.code-commande-publique.com/ccag-travaux-
par sa signature, à participer aux différentes réunions préparatoires 2021-nouveau/
et à livrer, à l’issue du délai de préparation, le dossier regroupant
ses études en vue d’une validation par le maître d’œuvre.
La préparation du chantier permet aussi de réunir les différents
intervenants avant le démarrage du chantier. Elle donne ainsi
1.3 Établissement des plannings l'occasion pour la première fois de procéder à un travail en com-
de chaque entreprise mun permettant une meilleure anticipation des conditions de la
réalisation future et une prévision des dysfonctionnements pro-
La phase de préparation acquiert ainsi une véritable autonomie bables auxquels il faudra faire face.
en devenant contractuelle : le chantier ne démarrera qu’au terme
d’une période préparatoire garantissant le sérieux et la qualité de La première réunion de chantier doit permettre de réunir tous
la préparation. les participants à ce dernier pour permettre de caler définitive-
ment le planning et de présenter les différents chefs de chantier et
Le maître d’œuvre doit donc intégrer cette phase, dès le planning le responsable nommé par l’organisme finançant le chantier et
du dossier marché, sans mésestimer sa durée. Au cours de cette ayant autorité pour intervenir en cas de litige ou de malfaçons.
période, les différents intervenants pourront échanger les informa-
tions nécessaires à l’exécution, et apporter des précisions supplé-
mentaires sur l’exécution des travaux.
2.3 Organigrammes synthétisant
Chaque entreprise établira ainsi ses propres plannings et les
communiquera à la maîtrise d’œuvre (ou à l’ordonnancement, pilo- chaque phase
tage et coordination du chantier – OPC), permettant ainsi :
La multiplicité des activités nécessaires à chaque intervenant
• une coordination avec les autres intervenants (notamment par
alliée à la pluralité des points de vue indispensable à ce travail
résolution des interfaces organisationnelles) ;
collectif peuvent être clarifiées par l’utilisation d’organigrammes
• une intégration dans un calendrier général. synthétisant chaque phase.

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18
Référence Internet
TBA705

__________________________________________________________________________________________ PRÉPARATION ET ORGANISATION DU CHANTIER

2.4 Objectifs de la préparation • les divers documents à produire ;


de l’exécution • des outils d’aide au travail.

La préparation de l’exécution est présentée en six objectifs. Chaque


objectif comporte :
• un organigramme général permettant de saisir instantanément
3. Préparation de l’exécution :
l’objectif poursuivi et présentant les activités correspondantes
(figure 1) ;
gage de qualité
• des organigrammes complémentaires décomposant, chaque
fois qu’il est nécessaire, les activités complexes en une suite 3.1 Carrefour complexe
d’étapes ;
• des textes constituant les développements minimaux indis- La préparation de l’exécution du chantier constitue un carrefour
pensables ; complexe qui se pose en termes d’opération, de projet et d’ouvrage.
• des outils d’aide et des études traitant de manière approfon- Après l’étude de faisabilité et le montage de l’opération, le maître
die certains sujets. d’ouvrage doit préparer la gestion de l’opération. Il s’agit de savoir
quel processus de réalisation choisir et comment assurer le finance-
ment de l’opération.
2.5 Consultation d’un objectif De même, le maître d’œuvre (désigné par le maître d’ouvrage),
après la phase de conception, le dépôt du permis de construire et
La consultation d’un objectif peut donc se faire soit de manière : la passation des marchés, doit procéder aux études de détails et
• globale, afin de pointer l’ensemble des activités correspondant préparer le suivi des travaux. Il s’agit de savoir comment préparer
à chaque phase et d’éviter tout oubli ; la gestion de la phase « travaux » et comment obtenir un ouvrage
en conformité avec le projet.
• ponctuelle, pour trouver les informations nécessaires à une
étude particulière. Enfin, les entreprises sont engagées à livrer l’ouvrage à une date
et pour un montant de travaux donnés.
Elles doivent donc préparer activement l’exécution si elles sou-
2.6 Éléments présentés haitent éviter des distorsions entre leurs prévisions et la réalité.
dans chaque étude
Le maître d’ouvrage, le maître d’œuvre et tous les autres interve- 3.2 Étape nécessaire
nants trouveront présentés de cette manière pour chaque étude :
Il est tout à fait souhaitable que la phase de préparation débute
• la finalité de cette étude ; par une lettre de commande ou pour l’administration publique par
• les éléments nécessaires à cette étude ; un ordre de service particulier. Elle ne prendra fin qu’avec l’ordre de

Figure 1 – Planning prévisionnel

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20
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TBA707

Installation du chantier

par Williams PAUCHET


Ex Maître d’œuvre de la Défense nationale
Formateur en direction de chantier

1. Obligations du maître d’ouvrage dans l’installation


de chantier .............................................................................................. TBA 707 - 2
2. Reconnaissance préalable par l’entreprise .................................... — 2
2.1 Estimation plus précise du coût des installations .................................. — 2
2.2 Visite de chantier préalable indispensable ............................................. — 2
2.3 Renseignements complémentaires à obtenir
lors de la visite préalable.......................................................................... — 2
2.4 Analyse de l’installation – Collecte des informations ............................ — 2
2.5 Fluides........................................................................................................ — 5
3. Plan d’installation du chantier .......................................................... — 6
3.1 Objectifs ..................................................................................................... — 6
3.2 Établissement et vérification du plan d’installation de chantier ........... — 6
3.3 Rapport aux tiers....................................................................................... — 8
3.4 Accès et circulations sur le chantier ........................................................ — 8
3.5 Éclairage des chantiers............................................................................. — 9
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. TBA 707

’installation du chantier doit se préparer dès la première réunion de


L chantier après l’ordre de service donnant la date de début des travaux en
marché public, et dès la lettre de commande en marché privé.
C’est une étape essentielle, car elle va permettre de rationaliser les équipe-
ments, les stockages et notamment l’utilisation des grues.
Dans cette installation, il sera prévu aussi, selon la durée du chantier, une
base vie, soit restreinte, soit de longue durée [TBA 709].
Parution : juin 2016

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TBA707

INSTALLATION DU CHANTIER _________________________________________________________________________________________________________

1. Obligations du maître 2.2.2 Cas des travaux de terrassement


Les travaux de terrassement nécessitent quelques précautions
d’ouvrage dans indispensables que seule une investigation préalable permet de
l’installation de chantier connaître :
– y a-t-il des risques d’infiltration d’eau ? Les modifications de
végétation dans certaines zones peuvent indiquer la présence de
Après l’avant-projet définitif, le maître d’ouvrage doit demander sources ou de nappes ;
au maître d’œuvre de confier au coordonnateur de conception – existe-t-il des ouvrages anciens ainsi que des canalisations ?
l’esquisse des installations de chantier afin de les finaliser pour le – le relief du terrain impose-t-il un sens à la conduite des
dossier d’appel d’offres. terrassements ?
L’installation de chantier concerne toutes les entreprises et leurs
sous-traitants travaillant sur le site, il s’agit d’une co-activité, donc 2.3 Renseignements complémentaires
comprise dans le périmètre d’action du coordonnateur.
à obtenir lors de la visite préalable
L’installation de chantier comprend les zones de vie où se
trouveront les locaux d’accueil, les vestiaires et le réfectoire, et les La visite préalable permet également :
zones d’atelier et de stockage. – d’examiner visuellement les terrains en bord de talus : cette
observation donne une indication précieuse sur la tenue des terres
vis-à-vis des agents atmosphériques ;
– de procéder à un levé topographique de certains points (obsta-
cles vis-à-vis d’un survol de flèche de grue, etc.) ne figurant pas
2. Reconnaissance préalable sur le plan du géomètre ;
par l’entreprise – de préciser d’éventuels travaux de démolition préalables :
nature des parois et des couvertures, quantités prévisibles à éva-
cuer, délai nécessaire, etc. ;
– de déterminer le type de drainage le plus approprié à
2.1 Estimation plus précise du coût l’ensemble du chantier, ainsi que le matériel d’épuisement néces-
des installations saire (pompes, etc.) ;
– de décider des meilleurs emplacements pour les voiries néces-
saires aux divers approvisionnements par camions ;
La préparation de l’installation de chantier est essentielle et doit – de préciser le principe de réalisation des terrassements : talu-
être menée avec le plus grand soin. tage, tranchées blindées, etc.
En effet, elle conditionne toute l’exécution future et s’accom-
pagne de coûts non négligeables qui peuvent grever très lourde-
ment le budget du coût des installations. Si le poste « frais de L’examen visuel apporte donc beaucoup de renseigne-
chantier » était évalué jadis très sommairement, en considérant ments complémentaires que la seule lecture des premiers
que ces frais représentaient un certain pourcentage des déboursés plans ne livre pas.
secs, l’entreprise procède désormais à une estimation beaucoup
plus précise de ces coûts. La préparation de l’installation de
chantier nécessite, d’autre part, un temps relativement long, et le
planning de lancement doit en tenir compte.
2.4 Analyse de l’installation –
Collecte des informations

2.2 Visite de chantier préalable 2.4.1 Phasage des travaux et modifications


indispensable du plan d’installation de chantier
2.4.1.1 Ordre de réalisation des travaux
Une visite préalable est indispensable pour prendre connais-
sance du site, de son environnement, des accès possibles et des Le service travaux ou le bureau des méthodes détermine l’ordre
diverses contraintes : de réalisation des travaux à partir du planning gros œuvre ou du
planning tous corps d’état. Les cadences de réalisation et la durée
– constructions avoisinantes ; des cycles de production étant déterminées en fonction des modes
– place disponible pour les installations ; opératoires retenus et de l’optimisation du matériel choisi, l’exécu-
tion des différentes tranches de travaux peut conduire à des plans
– possibilité de procéder à des stockages sur les terrains d’installation de chantier « évolutifs », certaines dispositions étant
mitoyens ; modifiées d’une phase à l’autre.
– dessertes en eau, électricité et téléphone.
2.4.1.2 Implantation des postes de travail

2.2.1 Cas des chantiers de réhabilitation ■ Poste de levage


Avant de choisir définitivement l’emplacement de la grue, il
Dans le cas de chantier de réhabilitation, le conducteur de tra- convient de contrôler l’opportunité de cette implantation :
vaux doit penser : – toutes les aires de déchargement et de stockage de matériel ou
d’éléments non manuportables doivent se trouver dans la partie
– aux circuits des approvisionnements et des évacuations ; de l’aire de balayage de la grue compatible avec l’importance des
– à déterminer les possibilités de passage (hauteur, largeur) et charges à manutentionner ;
de circulation éventuelle d’engins de manutention (charges admis- – il faut vérifier le niveau d’implantation du massif de fondation
sibles sur le sol des passages à emprunter). dans le cas de grue à poste fixe par rapport aux niveaux des fonds

TBA 707 – 2 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés

22
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TBA707

_________________________________________________________________________________________________________ INSTALLATION DU CHANTIER

de fouille des constructions. De même, il faut examiner les risques camions et nécessitent donc une fabrication sur place. Dans ce cas,
d’instabilité dans le cas d’une installation proche d’une fouille avec la place prise par le poste de ferraillage est très importante : au
talutage (en cas de voie de roulement, respecter les règlements de minimum 15 à 20 m de largeur sur 40 à 50 m de longueur.
sécurité, notamment la longueur de voie effective et l’éloignement
suffisant par rapport aux fouilles) ; En ce qui concerne l’infrastructure et la superstructure, on peut
distinguer deux sortes de ferraillage :
– en cas de présence de lignes électriques aériennes, il faut res-
pecter les distances prescrites. De même, il faut prendre une hau- – les ferraillages par nappes d’armature, pour les voiles et les
teur de sécurité importante par rapport aux obstacles environnants planchers ;
(tels que les souches de cheminées, les antennes de télévision ou – les ferraillages des poutres et des poteaux linéaires.
les édicules en toiture). Généralement, on prévoit une marge
d’environ 6 m ;
Traitement de ces types de ferraillage
– contrôler les interférences de grues lorsque le chantier néces-
site plusieurs engins de manutention ; La tendance actuelle est de réaliser les premiers à l’aide de pan-
– le poste de préfabrication foraine doit se trouver près de la neaux de treillis soudés et de fabriquer les seconds en dehors du
base de la grue en raison des efforts importants nécessaires au chantier ou de les sous-traiter à une entreprise de préfabrication
moment du démoulage des pièces ; d’armatures. L’entreprise y trouve deux avantages :
– la grue doit pouvoir desservir l’ensemble des équipes et assu-
– un gain économique, la préfabrication en usine permettant une
rer le transfert de matériel d’une zone de la construction à une
productivité supérieure ;
autre. Les rotations « ouvertes » sont à ce titre particulièrement
contraignantes ; – un gain de place sur le chantier, puisqu’il suffit alors de prévoir
– l’installation, ainsi que le repli d’une grue à tour, nécessite une des aires de stockage de dimensions beaucoup plus restreintes :
place au sol importante. Le montage et le démontage de la flèche les treillis soudés standard ont une largeur de 2,40 m et une lon-
nécessitent très fréquemment une longueur d’environ 35/40 m, gueur allant jusqu’à 7,20 m.
voire plus. De plus, lors du démontage, l’ouvrage réalisé constitue
souvent une gêne en réduisant la place disponible souvent déjà
restreinte. Dans ces conditions, une voie de roulement peut facili- Le poste de ferraillage est ainsi restreint au
ter grandement le démontage en permettant un changement de minimum : il suffit de disposer de la place nécessaire pour
position de la grue ; stocker les armatures préfabriquées et empiler les panneaux
– l’autorisation de survol de propriétés privées adjacentes au de treillis soudés.
chantier doit être examinée ;
– aucune charge ne doit passer au-dessus d’une voie publique.
Cas d’installation du poste avec fabrication des ferraillages
■ Poste de bétonnage sur le chantier
Quelques principes permettent de choisir le meilleur Il faut alors respecter les points explicités figure 1 :
emplacement :
– choisir l’emplacement par rapport aux accès des camions ;
– disposer le poste de bétonnage près d’un accès sur rue, afin de
faciliter les approvisionnements en granulats et en ciment. Il – disposer d’une zone de stockage des aciers, les longueurs de
convient d’orienter les emplacements de granulats vers l’accès ; barres étant de 12 à 13 m ;
– le stockage des granulats nécessite beaucoup de place : aussi, – prévoir la zone de coupe des aciers dans le prolongement de la
la fréquence des approvisionnements sera déterminée en fonction zone de stockage ;
de la place disponible, généralement tous les 1 ou 2 jours. Ainsi, – installer un atelier de façonnage, de cintrage et de montage
une centrale à rayons raclant nécessite un parc à granulats de des aciers ;
l’ordre de 12 à 15 m de rayon sur une hauteur de stockage de – prévoir une zone de stockage des ferraillages façonnés et
l’ordre de 3 m. Les centrales avec dragline nécessitent également assemblés.
beaucoup de place.

■ Aires de stationnement des camions toupies


En cas de béton prêt à l’emploi, il faut penser aux aires de Installation du poste en ligne
stationnement des camions toupies et à leur aménagement :
6 à 10 m

– charge totale de l’ordre de 20 à 25 t ; 1 2 3 4 5


– longueur de 10 à 12 m.
10 à 15 m 8 à 12 m 8 à 12 m 8 à 12 m 8 à 12 m
Dans certains cas, il faut prévoir en plus l’emplacement pour un
camion avec pompe à béton :
Grue
– dans le cas de chantiers très étendus spatialement, il est préfé-
Installation du poste concentré
rable de prévoir l’approvisionnement des différents postes de
travail par camions malaxeurs stationnant au pied de la zone de 1 – Aciers non coupés en attente
construction concernée et avec reprise du béton à la grue afin de 2 3 2 – Zone de coupe
limiter les temps de manutention ; 3 – Zone de façonnage
– la décision d’installer un poste de fabrication de béton au lieu 4 – Zone de montage
de recourir au béton prêt à l’emploi ne peut être prise qu’après 5 – Stock des ferraillages prêts
étude comparative des coûts respectifs. pour mise en coffrage
4 5
1
■ Poste de ferraillage
Ce poste est très important sur les opérations de construction Grue
nécessitant des fondations profondes par pieux armés ou utilisant
des tirants précontraints. Les dimensions des cages d’armature
sont trop importantes pour que celles-ci soient transportées par Figure 1 – Implantation du poste de ferraillage traditionnel

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TBA709

Installation base vie de chantier

par Williams PAUCHET


Ex maître d’œuvre de la Défense nationale – Formateur en direction de chantier

1. Obligations du maître d’ouvrage dans l’installation


de chantier ............................................................................................... TBA 709v2 - 2
1.1 Zonage........................................................................................................ — 2
1.2 Début de l’étude : les locaux d’accueil..................................................... — 2
1.3 Installations d’accueil ................................................................................ — 2
2. Réglementation en matière de protection de la santé ................ — 5
2.1 Obligations du maître d’ouvrage pour les installations d’accueil ......... — 5
2.2 Inscription dans le PGCSPS ...................................................................... — 5
2.3 Inscription dans le PPSPS ......................................................................... — 5
2.4 Présence d’un collège interentreprises sécurité, santé et conditions
de travail..................................................................................................... — 6
2.5 Éléments à la disposition du coordonnateur pour répondre
à la demande.............................................................................................. — 6
2.6 Suivre au plus près les besoins ................................................................ — 6
2.7 Achat ou location ....................................................................................... — 8
2.8 Obligations réglementaires des installations d’accueil .......................... — 8
2.9 Accueil diurne et accueil nocturne ........................................................... — 8
2.10 Local vestiaire ............................................................................................ — 9
2.11 Toilettes ...................................................................................................... — 9
2.12 Lavabos ...................................................................................................... — 9
2.13 Douches...................................................................................................... — 10
2.14 Réfectoire et équipement .......................................................................... — 10
2.15 Eau potable ................................................................................................ — 10
3. Voies et réseaux divers ........................................................................ — 10
4. Extraits du Code du travail – Quatrième partie :
Santé et sécurité au travail ................................................................. — 11
4.1 Livre II – Dispositions applicables aux lieux de travail ........................... — 11
4.2 Livre V – Prévention des risques liés à certaines activités
ou opérations – Titre III – Bâtiment et génie civil – Chapitre IV –
Prescriptions techniques de protection durant l’exécution
des travaux – Section 16 – Mesures d’hygiène ....................................... — 13
5. Remerciements ....................................................................................... — 14
Pour en savoir plus  Doc. TBA 709v2

a base vie est le lieu où tous les participants du chantier se rencontrent, et


L où toutes les décisions concernant le chantier se prennent. On y retrouve la
maîtrise d’ouvrage avec ses bureaux et salles de réunion, les entreprises avec
leurs propres locaux administratifs et les lieux communs accessibles à tous.
En général, la zone de la base vie est prévue sur le plan d’emprise du chan-
tier lors de la consultation des entreprises.
Parution : novembre 2022

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INSTALLATION BASE VIE DE CHANTIER _________________________________________________________________________________________________

1. Obligations du maître Construction en région parisienne


d’ouvrage dans du Réseau Express Régional (RER)

l’installation de chantier Pour ce chantier, la RATP, à la fois maître d’ouvrage et


maître d’œuvre, a décidé d’expérimenter.
Pour cela, elle a pris en charge l’installation d’accueil des
Après l’avant-projet définitif, le maître d’ouvrage doit demander salariés des entreprises travaillant sur le site d’une part, et
au maître d’œuvre de confier au coordonnateur de conception d’autre part l’éclairage du chantier, le nettoyage des zones de
l’esquisse des installations de chantier afin de les finaliser pour le circulation et l’enlèvement des déchets des entreprises de
dossier d’appel d’offres [TBA 705]. second œuvre et des corps d’état d’équipements. Le travail
L’installation de chantier concernant toutes les entreprises et étant effectué majoritairement en sous-sol, l’éclairage du
leurs sous-traitants travaillant sur le site, il s’agit donc d’une coac- chantier constituait un point important. Il faut noter que les
tivité dans le périmètre d’action du coordonnateur [TBA 707]. entreprises entreposaient leurs déchets de matériaux dans des
zones signalées, l’enlèvement des déchets du chantier se fai-
L’installation de chantier comprend les zones de vie où se sant par train de chantier la nuit.
situent les locaux d’accueil, les vestiaires et le réfectoire, et les La RATP avait informé les entreprises, lors de l’appel
zones d’atelier et de stockage. d’offres, de ces mesures particulières, espérant ainsi améliorer
les conditions de travail sur le site et diminuer le montant des
appels d’offres des entreprises.
1.1 Zonage Le résultat fut très positif quant à l’amélioration des condi-
tions de travail et la diminution du montant des appels
Dans la plupart des cas, les installations de chantier sont consti- d’offres, et la méthode fut par la suite appliquée à tous les
tuées de : chantiers de la RATP.

• zones pour les installations d’accueil ;


• zones pour l’installation des bureaux de chantier ; Pour le maître d’ouvrage, réaliser des installations d’accueil
communes et assurer l’éclairage du chantier permet une écono-
• zones pour les installations de stockage ; mie non négligeable préférable à la somme de petites unités
d’économies.
• zones d’atelier pour la préparation des matériaux, la préfabri-
cation, l’assemblage de pièces, la préparation des aciers, la Le maître d’œuvre et le coordonnateur de conception doivent
préparation des bétons ; donc faire valider par le maître d’ouvrage la prise en charge des
postes suivants :
• zones de travaux ;
• installations d’accueil, de construction, de maintenance et
• VRD (voiries et réseaux divers) ; d’entretien ;
• éclairage du chantier et, notamment, du cheminement entre
• zones de circulation entre les autres zones ;
l’entrée piétons et les locaux d’accueil ;
• installations électriques ; • création d’un cheminement protégé entre l’entrée du chantier
• installations de manutentions mécaniques. et les locaux d’accueil ;
• zone de bureaux où seront regroupés les bureaux des entre-
prises et de leurs sous-traitants.
1.2 Début de l’étude : les locaux
d’accueil 1.3 Installations d’accueil
Ces installations comportent les vestiaires, les sanitaires
Dans le cas où il n’y aurait pas suffisamment de place pour (douches et WC) et les réfectoires. Sur les très grands chantiers,
les installations d’atelier et de stockage, il serait alors néces- on peut y adjoindre, bien que non citées dans les textes, une infir-
saire de réserver le terrain pour la zone de vie, de chercher un merie, des salles de repos et une salle de prière.
emplacement ailleurs et d’utiliser par la suite les méthodes de
logistique développées plus loin. Il existe plusieurs types d’installations en location ou en vente
par de nombreuses sociétés.
Pour des petits et moyens chantiers, ou des chantiers tempo-
raires, on trouve :
Rappelons que chaque entrepreneur doit prévoir pour son per-
sonnel des locaux d’accueil suffisants, à l’air libre, et possédant • des roulottes tout équipées et conformes à la réglementation
un branchement en eau potable, un branchement électrique, et le (figure 1) ;
raccordement à un réseau d’égout pour l’évacuation des eaux • des box montés sur skis facilement transportables et dépla-
vannes. çables par un camion équipé d’un crochet lève-benne
Le maître d’œuvre a le choix entre deux possibilités : (figure 2) ;
• des roulottes pour de petits chantiers devant être mobiles et
• prévoir pour chaque entreprise et ses sous-traitants une zone de courtes durées, matériel surtout urbain et complètement
contenant les installations d’accueil et les ateliers et maga- autonome (figure 3) ;
sins, avec les branchements correspondants ;
• des bungalows empilables (figures 4 et 5) : ce mode d’instal-
• prévoir une zone pour les installations d’accueil de toutes les lation est arrivé des pays anglo-saxons dans le courant des
entreprises et des zones particulières pour les magasins et les années 1980 ; il est retenu lorsque la surface du bâti est égale
ateliers des différentes entreprises et leurs sous-traitants. à la surface du terrain.

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_________________________________________________________________________________________________ INSTALLATION BASE VIE DE CHANTIER

Figure 1 – Exemple de roulotte tout équipée (© Catalogue JCR)

Figure 2 – Exemple de matériel monté sur skis (© Catalogue JCR)

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TBA233

Responsabilités en matière
d’hygiène, de santé et de sécurité

Extrait du fond documentaire des Éditions T.I.

1. Responsabilité civile............................................................................. TBA 233 - 2


1.1 Principes généraux ................................................................................... — 2
1.2 Responsabilité civile en matière d’hygiène, de santé et de sécurité .... — 3
1.3 Responsabilité civile en matière de HSS dans les travaux
d’un établissement effectués par une entreprise extérieure ................. — 7
1.4 Prescription................................................................................................ — 8
2. Responsabilité pénale .......................................................................... — 8
2.1 Principes généraux ................................................................................... — 8
2.2 Responsabilité pénale en matière d’hygiène, de santé et de sécurité
dans les chantiers indépendants de bâtiment ou de génie civil ........... — 9
2.3 Responsabilité pénale en matière de HSS dans les travaux
d’un établissement effectués par une entreprise extérieure ................. — 13
2.4 Prescription................................................................................................ — 14
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. TBA 233

ans les responsabilités en matière d’Hygiène, de Santé et de Sécurité


D (HSS), il faut citer deux grands principes : la responsabilité civile et la
responsabilité pénale. La responsabilité civile peut être contractuelle ou délic-
tuelle, et selon le cas la responsabilité pénale est engagée. Il est donc
intéressant et important de définir précisément, et pour chacun de ces cas, les
responsabilités de chacun des acteurs dans l’acte de construire.
Parution : décembre 2014 - Dernière validation : août 2021

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TBA233

RESPONSABILITÉS EN MATIÈRE D’HYGIÈNE, DE SANTÉ ET DE SÉCURITÉ ______________________________________________________________________

1. Responsabilité civile La responsabilité civile contractuelle ne doit pas être


confondue avec la responsabilité des constructeurs. Cette der-
nière constitue un régime spécifique de responsabilité, appli-
1.1 Principes généraux cables aux constructeurs. Elle se divise en trois branches
De manière classique, sont distinguées la responsabilité civile principales :
contractuelle et la responsabilité civile délictuelle. – la responsabilité décennale ;
– la responsabilité biennale ;
– la garantie de parfait achèvement.
1.1.1 Responsabilité civile contractuelle
Comme son nom l’indique, la responsabilité civile contractuelle La responsabilité des constructeurs permet de rechercher la res-
suppose que les parties en litige soient liées par un contrat (contrat ponsabilité du constructeur pour les désordres affectant l’ouvrage
de maîtrise d’œuvre, contrat d’entreprise, contrat de vente, etc.). et non pas pour les manquements aux règles d’hygiène, de santé
Pour que la responsabilité d’un cocontractant (personne physi- et de sécurité, elle ne sera donc pas traitée dans la présente étude.
que ou personne morale) puisse être engagée, trois événements
doivent être réunis :
– faute ; 1.1.2 Responsabilité civile délictuelle
– dommage ;
– lien de causalité entre faute et dommage.
La responsabilité civile délictuelle suppose que les parties en
§ La faute litige ne soient pas liées par un contrat.
Constitue une faute le manquement d’une partie à ses obliga- Pour que la responsabilité d’une personne physique ou d’une
tions prévues dans le contrat. En d’autres termes, une faute est personne morale puisse être engagée, les trois mêmes éléments
une mauvaise exécution du contrat par l’une des parties. doivent être réunis :
Dans le domaine de la construction, les exemples de tels manque-
ments sont nombreux, qu’ils soient imputables au maître d’ouvrage – faute ;
ou aux constructeurs : retard de livraison, retard de paiement, dissi- – dommage ;
mulation d’informations, immixtion du maître d’ouvrage, violations
– lien de causalité entre faute et dommage.
des règles de l’art par un professionnel, refus de réceptionner un
ouvrage achevé, etc.
§ Le dommage Ces trois éléments sont admirablement synthétisés dans
Le dommage est le préjudice subi par la victime de l’inexécution l’article 1382 du Code civil, inchangé depuis 1804 : « tout fait
du contrat. quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage,
Dans le domaine de la construction, sont distingués généra- oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ».
lement les préjudices matériels, les préjudices immatériels et les
préjudices corporels.
§ La faute
Les premiers sont les dommages affectant l’ouvrage (malfaçons,
non-façons, manquements aux règles de l’art, etc.) ; les deuxièmes Constitue une faute tout fait blâmable, indigne d’un compor-
affectent la situation de la victime (préjudice moral, trouble de tement de « bon père de famille », toute négligence, imprudence,
jouissance, préjudice financier notamment) ; les troisièmes affectent violence, violation de la loi, des règlements, des règles de l’art, etc.
la victime dans son intégrité physique (blessures, infirmités, etc.).
§ Le lien de causalité § Le dommage
Le lien de causalité est le lien de cause à effet entre la faute et le Comme en matière de responsabilité civile contractuelle, le
préjudice. En d’autres termes, il faut que la faute de l’un des dommage est le préjudice subi par la victime.
cocontractants soit la cause directe du préjudice subi par l’autre
cocontractant. Là aussi, sont distingués les préjudices matériels, les préjudices
immatériels et les préjudices corporels.
Pour exemple, un expert démontre techniquement que l’absence
de barrière d’étanchéité réalisée par l’entrepreneur est la cause de § Le lien de causalité
remontées capillaires. Dans ce cas, il existe bien un lien de causalité
Comme en matière de responsabilité civile contractuelle, le lien
entre la faute (la non-façon) et le préjudice matériel (traces d’humidité
de causalité est le lien de cause à effet entre la faute et le préju-
affectant l’ouvrage).
dice. En d’autres termes, il faut que la faute du responsable soit la
cause directe du préjudice subi par la victime.

La responsabilité d’un contractant peut être engagée uni-


quement si les trois éléments (faute, dommage et lien de cau- À titre d’exemple, un couvreur dont la négligence est la cause de
salité) sont réunis. A contrario, s’il manque l’un des éléments, blessures subies par un plaquiste sera responsable. Dans cet exem-
il n’est pas possible de faire condamner le cocontractant ple, il s’agit bien de responsabilité civile délictuelle : aucun contrat
défaillant. n’existe entre le couvreur et le plaquiste ; ceux-ci ne sont liés
contractuellement qu’avec le maître d’ouvrage.

Retenons un autre exemple, un architecte chargé d’une mission


complète commet une faute s’il néglige de faire un relevé de l’existant.
La responsabilité d’une personne physique ou morale peut
Pour autant, si le nouvel ouvrage n’est pas affecté de désordres, cette
être engagée uniquement si les trois éléments (faute, dom-
faute n’entraîne pas de préjudice. La responsabilité civile contractuelle
mage et lien de causalité) sont réunis.
de l’architecte ne peut pas être recherchée par le maître d’ouvrage.

TBA 233 – 2 Copyright © –Techniques de l’Ingénieur –Tous droits réservés

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TBA233

_______________________________________________________________________ RESPONSABILITÉS EN MATIÈRE D’HYGIÈNE, DE SANTÉ ET DE SÉCURITÉ

Le maître d’ouvrage personne publique peut également voir Article L. 4532-2 du Code du travail
sa responsabilité engagée, en principe devant le tribunal « Une coordination en matière de sécurité et de santé des
administratif, en cas de manquement de sa part à un contrat travailleurs est organisée pour tout chantier de bâtiment ou de
(responsabilité contractuelle) ou à une obligation de sécurité génie civil où sont appelés à intervenir plusieurs travailleurs
(responsabilité extracontractuelle). indépendants ou entreprises, entreprises sous-traitantes inclu-
ses, afin de prévenir les risques résultant de leurs interventions
simultanées ou successives et de prévoir, lorsqu’elle s’impose,
§ Une précision l’utilisation des moyens communs tels que les infrastructures,
les moyens logistiques et les protections collectives. »
La loi prévoit que l’on est également responsable des domma-
ges causés par ses salariés ou par les choses dont il a la garde.
C’est ce qu’énonce clairement l’article 1384 du Code civil. Cette coordination HSS a donc vocation à s’appliquer dès que
deux entreprises au moins interviennent sur un chantier de bâti-
ment ou de génie civil.
Article 1384, alinéas 1, 5 et 6 du Code civil Les manquements à cette réglementation HSS sont susceptibles
d’engager la responsabilité civile des différents intervenants dans
« On est responsable non seulement du dommage que l’on les chantiers indépendants et notamment :
cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé
par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses – du maître d’ouvrage ;
que l’on a sous sa garde (...). – du maître d’œuvre ;
– du contrôleur technique ;
Les maîtres et les commettants [sont solidairement respon- – du coordonnateur en matière de Sécurité et de protection de la
sables] du dommage causé par leurs domestiques et préposés santé (SPS) ;
dans les fonctions auxquelles ils les ont employés ; – de l’entrepreneur ;
Les instituteurs et les artisans, du dommage causé par leurs – du sous-traitant ;
élèves et apprentis pendant le temps qu’ils sont sous leur – de l’employeur ;
surveillance. » – du salarié.

1.2.1 Responsabilité civile du maître d’ouvrage


On parle ici de responsabilité du fait d’autrui ou des choses dont
on a la garde. Contrairement à la responsabilité du fait personnel La loi impose au maître d’ouvrage de nombreuses obligations.
(article 1382 du Code civil), la victime du dommage n’est pas tenue
de démontrer l’existence d’une faute. 1.2.1.1 Principes généraux de prévention
À titre d’exemple, l’entrepreneur est responsable des dommages Le maître d’ouvrage est tenu de respecter la plupart des
causés par ses salariés soit aux autres intervenants sur le chantier, principes généraux de prévention qui s’imposent à l’employeur
soit aux tiers (même en l’absence de faute de sa part). (article L. 4531-1 du Code du travail).
Ces principes généraux, déterminés par l’article L. 4121-2 du
De même, l’entrepreneur sera responsable des dommages cau- Code du travail, sont :
sés soit aux autres intervenants sur le chantier, soit aux tiers, par
les « choses » dont il a la garde : ces « choses » peuvent être des 1. éviter les risques ;
matériels, des engins à l’arrêt, le terrain (notamment en cas 2. évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités ;
d’éboulement ou d’affaissement), des constructions en cours (en 3. combattre les risques à la source ;
cas d’effondrement d’une partie d’ouvrage), etc. 4. adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne
la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipe-
ments de travail et des méthodes de travail et de production, en
vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé
1.2 Responsabilité civile en matière et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé ;
d’hygiène, de santé et de sécurité 5. tenir compte de l’état d’évolution de la technique ;
6. remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dange-
dans les chantiers indépendants reux ou par ce qui est moins dangereux ;
de bâtiment ou de génie civil 7. planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohé-
rent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail,
Il importe de distinguer les chantiers indépendants de bâtiment les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notam-
ou de génie civil et les chantiers portant sur des établissements ment les risques liés au harcèlement moral et au harcèlement
déjà existants. sexuel, tels qu’ils sont définis aux articles L. 1152-1 et L. 1153-1 ;
8. prendre des mesures de protection collective en leur donnant
Les premiers consistent en des travaux portant sur la construction la priorité sur les mesures de protection individuelle ;
d’ouvrages parfaitement isolés. À l’inverse, les seconds consistent 9. donner les instructions appropriées aux travailleurs.
en des travaux effectués dans un établissement par une entreprise
extérieure (tels que travaux de maintenance ou d’entretien, par 1.2.1.2 Opération de construction de plus de 763 000 euros
exemple).
Dans les opérations de construction dont le montant excède
Cette distinction est importante, car les règles en matière 763 000 €, le Code du travail (articles R. 4533-1 à R. 4533-5) impose
d’hygiène, de santé et de sécurité (HSS) sont différentes, selon qu’il au maître d’ouvrage de faire réaliser un certain nombre de travaux
s’agit d’un chantier indépendant de bâtiment ou de génie civil, ou « avant toute intervention des entrepreneurs et des sous-traitants
d’un chantier portant sur des établissements déjà existants. sur le chantier » relatifs :
– aux voies d’accès au chantier ;
Les chantiers indépendants de bâtiment ou de génie civil sont – au raccordement aux réseaux d’eau potable et d’électricité ;
régis par l’article L. 4532-2 du Code du travail, qui pose le principe – à l’évacuation des eaux pluviales ;
d’une coordination des intervenants sur un chantier. – à l’évacuation des matières usées.

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TBA233

RESPONSABILITÉS EN MATIÈRE D’HYGIÈNE, DE SANTÉ ET DE SÉCURITÉ ______________________________________________________________________

Le maître d’ouvrage peut toutefois demander à l’administration 1.2.1.6 Sécurité des tiers
une dérogation à ces règles lorsque la configuration ou la position
du chantier ne permet pas un raccordement tel que prévu aux En application de la théorie du trouble anormal de voisinage, le
articles R. 4533-1 à R. 4533-5 précités (article R. 4533-6 du Code du maître d’ouvrage pourra être civilement responsable si les travaux
travail). portent atteinte à la sécurité du voisin, même si aucune faute ne
peut lui être imputée.
1.2.1.3 Coordonnateur SPS Ainsi, le maître d’ouvrage doit réparation du trouble anormal de
voisinage résultant de l’effondrement partiel de l’immeuble voisin
Le maître d’ouvrage a l’obligation de désigner un coordonnateur et ce, quand bien même aucune faute ne pourrait lui être imputée
SPS (article L. 4532-4 du Code du travail) [TBA 237]. (Cass. 1re civ., 23 mars 1982, no 81-10010).
Pour les chantiers les plus importants (plus de 10 000 hommes/ En cas de manquement du maître d’ouvrage à ces nombreuses
jour et un nombre d’intervenants supérieur à 10 pour les opérations obligations et en cas de préjudice résultant de ce manquement, la
de bâtiments et supérieurs à 5 pour les opérations de génie civil), le responsabilité civile (contractuelle ou délictuelle) du maître
maître d’ouvrage est tenu de constituer un Collège interentreprises d’ouvrage pourra être engagée.
de sécurité, de santé et des conditions de travail (CISSCT) chargé de
définir des règles communes destinées à assurer le respect des Par ailleurs, si ce manquement constitue une infraction pénale,
mesures de sécurité et de protection de la santé applicable au chan- la responsabilité pénale du maître d’ouvrage pourra également
tier (articles L. 4532-10 et L. 4532-13 du Code du travail). être recherchée.

1.2.1.4 Déchets des chantiers de BTP 1.2.2 Responsabilité civile du maître d’œuvre
Dans la lignée du Grenelle de l’environnement, le maître
d’ouvrage se voit désormais imposer l’obligation d’établir (ou de 1.2.2.1 Principes généraux de prévention
faire établir par un professionnel qualifié) un diagnostic relatif à la
gestion des déchets dans les chantiers de démolition et de réhabi- Le maître d’œuvre est lui aussi tenu de respecter la plupart des
litation lourde (articles L. 111-10-4, R. 111-45 et R. 111-47 du Code principes généraux de prévention déterminés par l’article L. 4121-2
de la construction et de l’habitation). du Code du travail (article L. 4535-1 du Code du travail).

Cette obligation s’applique aux démolitions de bâtiments pour Ces principes généraux doivent être intégrés par chacun des
lesquelles la date de dépôt de la demande de permis de démolir, intervenants dans chaque phase du chantier : conception, planifi-
ou, à défaut, la date d’acceptation des devis ou de passation des cation, réalisation des travaux.
marchés relatifs aux travaux de démolition, est postérieure au 1er Par ailleurs, le maître d’œuvre peut (et non pas doit) recevoir
mars 2012. délégation de certains maîtres d’ouvrages publics (communes de
Une opération de démolition et de réhabilitation lourde est une moins de 5 000 habitants) pour l’application des principes géné-
opération de démolition portant sur les bâtiments suivants : raux de prévention (article L. 4531-2 du Code du travail).
– ceux d’une surface hors œuvre brute supérieure à 1 000 m2 ; Cette faculté de délégation (qui n’est donc pas une obligation)
– ceux ayant accueilli une activité agricole, industrielle ou s’explique par la volonté du législateur de permettre aux petites
commerciale et ayant été le siège d’une utilisation, d’un stockage, communes (généralement dépourvues de services techniques
d’une fabrication ou d’une distribution d’une ou plusieurs substan- idoines) de confier à un professionnel qualifié la mise en œuvre
ces dangereuses (article R. 111-43 du Code de la construction et de des lourdes obligations résultant des principes généraux de pré-
l’habitation). vention.

Le maître d’ouvrage est tenu de transmettre ce diagnostic à Les manquements à ces obligations sont naturellement
toute personne physique ou morale appelée à concevoir ou réali- susceptibles d’engager la responsabilité civile (contractuelle ou
ser les travaux de démolition (article R. 111-48 du Code de la délictuelle) du maître d’œuvre.
construction et de l’habitation).
À l’issue des travaux de démolition, le maître d’ouvrage est tenu La responsabilité civile du maître d’œuvre peut encore être retenue
de dresser un formulaire de récolement relatif aux matériaux en cas d’accident résultant d’un défaut de clôture ou de signalisation
réemployés sur le site, ou destinés à l’être, et aux déchets issus de du chantier (Cass. 2e civ., 6 janvier 2000, no 97-21456). Dans cette
cette démolition. Le maître d’ouvrage transmet ce formulaire à espèce, le maître d’œuvre avait omis d’apposer des panneaux d’inter-
l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie diction et de clôturer un chantier de construction d’un lotissement en
(ADEME) (article R. 111-49 du Code de la construction et de l’habi- partie contigu à un terrain de football ouvert au public et qui servait de
tation). terrain de jeux aux enfants du quartier. Un enfant de 12 ans avait
pénétré dans le chantier et en maniant, sur une butte de terre créée
sur les instructions du maître d’œuvre, une barre métallique longue
1.2.1.5 Nuisances sonores de 6 m, il avait heurté une ligne électrique qui surplombait le chantier,
La responsabilité civile de l’entrepreneur peut également être se blessant ainsi par électrisation.
recherchée sur le terrain du trouble anormal de voisinage.
Cette notion de trouble anormal de voisinage a été dégagée pro- 1.2.3 Responsabilité civile du contrôleur
gressivement par la jurisprudence. En vertu de cette théorie, celui technique
qui cause à autrui un préjudice qui dépasse les inconvénients nor-
maux du voisinage voit sa responsabilité engagée envers son voi- En principe, le contrôleur technique ne fait pas partie des
sin, et ce, quand bien même aucune faute n’aurait été commise constructeurs tenus de veiller à l’application des principes géné-
par l’entrepreneur. raux de prévention (article L. 4531-1 du Code du travail).
Le maître d’ouvrage est donc susceptible d’être condamné, Toutefois, les manquements du contrôleur technique à ses obli-
généralement in solidum avec l’entrepreneur, en cas de travaux gations en matière de sécurité des personnes sont naturellement
particulièrement bruyants (dépassant les inconvénients normaux susceptibles d’engager la responsabilité civile (contractuelle ou
du voisinage). délictuelle).

TBA 233 – 4 Copyright © –Techniques de l’Ingénieur –Tous droits réservés

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TBA236

Gestion des déchets de chantier

par Pierre SERIN


Ingénieur ESTP-CHEC, enseignant et consultant
Note de l’éditeur
Cet article est la version actualisée de l’article TBA 236v1 intitulée Gestion des déchets de
chantier

1. Généralités ................................................................................................ TBA 236v2 - 2


2. Nature des déchets ................................................................................. — 2
3. Tri et collecte des déchets ................................................................... — 3
4. Transport des déchets ........................................................................... — 4
5. Traçabilité des déchets de chantier ................................................... — 4
6. Traitement des déchets dangereux.................................................... — 5
7. Valorisation des déchets inertes et non dangereux ...................... — 5
8. Politique de soutien au recyclage ...................................................... — 7
9. Recommandation T2-2000 concernant l’élimination
des déchets ............................................................................................... — 8
10. Dépôts sauvages et décharges illégales ........................................... — 11
11. Rôles, responsabilités et obligations................................................. — 13
12. Focus sur le traitement des déchets issus des travaux publics .... — 13
13. Sigles .......................................................................................................... — 15
14. Conclusion................................................................................................. — 16
Pour en savoir plus .......................................................................................... TBA 236v2

es déchets dans leur totalité sont maintenant un problème mondial. La


L société de consommation a poussé à utiliser des matières premières pour
fabriquer divers objets pour ensuite soit les jeter à la mer (septième continent
de plastique dans le Pacifique), soit les enterrer (carrières désaffectées ou
enfouissement).
Ces déchets peuvent être inertes, non dangereux ou dangereux, voire très
dangereux, et sont toujours encombrants.
L’éternelle question est : comment voulons-nous laisser la planète à nos
enfants ? C’est une question à laquelle nous devons apporter une réponse
rapide et valable.
Depuis plusieurs années, on parle d’enfouissement, puis de traitement (sur
site de production des déchets ou de lieux spécifiques) ; il faut alors ajouter la
question du transport des déchets, d’où le problème des décharges illégales.
La réglementation avance, et comme les matières premières deviennent rares,
on parle de valorisation des déchets. Une chaîne logique se crée : production
de déchets (déchets de production, démolitions...), tri de ces déchets (sur place
ou dans des lieux spécifiques), déchets ultimes allant vers la destruction,
Parution : novembre 2021

déchets traités prenant une valeur et retournant à l’utilisation.


Tout cela va constituer la vie d’un déchet… Mais avant tout, le meilleur déchet
n’est-il pas celui que l’on ne produit pas ?

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GESTION DES DÉCHETS DE CHANTIER __________________________________________________________________________________________________

Dans l’ensemble du BTP, 50 % des déchets ne sont pas triés sur
1. Généralités chantier ; ils peuvent donc l’être ultérieurement soit à l’atelier, soit
sur une installation spécifique.

1.1 Définitions
1.4 Modes de traitement des déchets
Le déchet est défini au niveau européen comme toute subs-
tance ou tout objet dont le détenteur se défait ou dont il a l’obliga- La réglementation a défini, afin d’encourager l’économie circu-
tion de se défaire. laire [3], des modes de traitement des déchets à privilégier suivant
Les déchets de chantier sont tous les déchets produits par le l’ordre établi ci-dessous :
secteur du bâtiment et des travaux publics. Ils sont issus des tra- 1/ prévention ou réduction à la source (le meilleur déchet est celui
vaux de construction, de démolition ou de réhabilitation de bâti- que l’on ne produit pas) [9] ;
ments. Soumise à une réglementation stricte, l’élimination des 2/ réemploi [24] ;
déchets est, selon le Code de l’environnement, de la responsabi- 3/ recyclage [5] [10] ;
lité de leurs producteurs et détenteurs. 4/ autres formes de valorisation des matières (remblais de carrière,
compostage, etc.) ;
5/ incinération avec valorisation énergétique en priorité ;
1.2 Classification des déchets 6/ enfouissement (stockage définitif) en dernier recours.

Il existe une grande variété de déchets qui peuvent être divisés


en deux classes : Bonnes pratiques
• les déchets ménagers avec comme producteur initial un Plutôt que générer des déchets, mieux vaut ne pas en pro-
ménage ; duire, en passant par les bonnes pratiques suivantes :
• les déchets d’activités économiques (DAE) dont le producteur • réduire les chutes de production en calepinant les pièces ;
initial n’est pas un ménage. • s’informer auprès des fournisseurs pour réduire les embal-
lages ;
On peut également classer les déchets selon leurs propriétés :
• instaurer des consignes pour la reprise des emballages ;
déchets inertes, déchets non dangereux et déchets dangereux.
• s’informer sur les filières de réemploi.
Au niveau européen, les déchets sont classés selon une codifi- La règle d’or est de commander la juste quantité des maté-
cation à six chiffres indiquant le producteur principal, les proprié- riaux et des produits nécessaires pour éviter de jeter le surplus.
tés des déchets ou encore le secteur de production. Ce code est
nécessaire dans tous les documents officiels de gestion des
déchets.

2. Nature des déchets


1.3 Quantités produites de déchets
La quantité annuelle totale de déchets produite en France est de 2.1 Déchets inertes
328,2 Mt qui se répartie ainsi :
• déchets des collectivités : 3,8 Mt ; Les déchets inertes et non dangereux sont des déchets miné-
raux qui ne subissent pas de modifications. Ces déchets ne se
• déchets des ménages : 30,6 Mt ; décomposent pas, ne brûlent pas, et ne produisent aucune réac-
• déchets des activités économiques : 67,5 Mt ; tion physique, chimique ou biologique de nature à nuire à l’envi-
• déchets du bâtiment : 46,0 Mt ; ronnement ou à la santé.
Parmi les déchets inertes, on compte :
• déchets des travaux publics : 185,3 Mt.
• les mélanges de béton, briques, tuiles, céramiques, gravats,
Les déchets du bâtiment et des travaux publics en France repré-
sables, ciment, mortier, gravats, parpaing ;
sentent 230 millions de tonnes (Mt) par an, soit 70 % des déchets
en France. • le verre (partie vitrage uniquement), tel que verre blanc, verre
feuilleté, verre teinté, miroirs ;
Les quantités produites par les travaux publics représentent
plus du triple que celles produites par le bâtiment ; cela s’explique • les matériaux bitumineux sans goudron (revêtements de
par la nature des ouvrages des travaux publics, notamment les chaussée sans goudron) ;
terres excavées. • les terres et pierres (y compris les déblais, mais hors terre
Pour le bâtiment, la répartition par type de chantier est la sui- végétale et tourbe).
vante :
• démolition : 51 % ;
2.2 Déchets non dangereux
• rénovation : 36 % ; et non inertes
• constructions neuves : 13 %
Ces déchets ne contiennent pas de substances dangereuses et
Concernant les travaux publics, on observe une diminution des
leur élimination se fait facilement en déchetterie. Leur valorisation
déchets depuis 2010, puisque la quantité était de 221 Mt, et elle
est énergétique et se fait par matière. Anciennement nommés
est de 183,5 Mt en 2020. La répartition par type de déchets est la
« déchets industriels banals » (DIB), il s’agit notamment des :
suivante :
• métaux et leurs alliages ;
• déchets inertes : environ 85 % ;
• bois bruts ou faiblement adjuvantés : déchets issus de la
• déchets non dangereux : environ 5 % ; transformation primaire du bois (copeaux), bois de rebut non
• déchets dangereux : 12 %. souillé (charpente, meubles), palettes ;

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___________________________________________________________________________________________________ GESTION DES DÉCHETS DE CHANTIER

• papiers, cartons ; • lampes néons : lampes fluo-compactes, lampes à décharge ;


• plastiques : PVC, tubes, raccords, profilés, revêtements de sol • terre polluée par des substances dangereuses, boues de
souples ; séparateur d’hydrocarbures ;
• laines minérales : laine de verre, laine de roche et laine de • bouteilles sous pression/gaz ;
laitier ; • eau polluée par des substances dangereuses : eau de lavage
• peintures, vernis, colles, mastics en phase aqueuse (ne com- du matériel souillé par des produits dangereux (brosses, rou-
portant pas de substances dangereuses) ; leaux…), eau polluée par des hydrocarbures ;
• cartouches ne contenant pas de produits toxiques : car- • explosifs, comburants (c’est-à-dire les déchets pouvant pro-
touches de mastic et de colle non toxiques ; voquer la combustion d’une matière combustible), produits
• mélanges de ces différents déchets, y compris les mélanges inflammables, produits irritants, produits nocifs en cas
contenant des déchets inertes ; d’ingestion, d’inhalation, ou de pénétration cutanée, produits
toxiques présentant un risque important de mortalité, pro-
• DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) ne duits cancérogènes, produits corrosifs, produits infectieux,
contenant pas de substances dangereuses) ; produits mutagènes…
• déchets alimentaires liés à la vie sur le chantier ;
• plâtre : chutes neuves, déchets de plâtre sur support non inerte,
plaques de plâtre ;
• métaux ;
3. Tri et collecte des déchets
• polystyrène : produits d’isolation, réservations, emballages ;
• peinture non dangereuse : restes de peintures et pots sans 3.1 Tri des sept flux
pictogramme de danger ;
• fenêtres ; Il est obligatoire de trier séparément les sept catégories de
déchets suivants :
• revêtement de sol textile ;
• les fractions minérales (béton, brique, ardoise, tuile, céra-
• déchets verts, terre végétale ; mique, gravats, béton) ;
• emballages non souillés par des substances dangereuses ; • les plastiques ;
• équipements de protection individuelle non souillés par des • le métal ;
produits dangereux : casques, gants, lunettes de protection.
• le verre ;
• le papier/carton ;
2.3 Déchets dangereux • le bois ;
• le plâtre.
Ils sont classés selon une ou plusieurs des quinze propriétés de
danger définies au niveau européen. Ils sont peu ou pas valori- Ce tri obligatoire est appelé « tri sept flux » (article 278 du Code
sables, et leur traitement nécessite des précautions particulières de l’environnement).
pour le tri, la collecte et le traitement. Il s’agit des : Rappelons qu’il est également obligatoire de trier à part les
• déchets de matériaux de construction contenant de l’amiante autres déchets :
(amiante lié et amiante libre) : plaques en fibrociment, joints • les déchets dangereux (hors amiante) ;
amiantés, flocages amiantés, dalles de sol en vinyle-amiante,
• les déchets d’amiante [19].
revêtements de sol avec colle amiantée, calorifuges, débris et
poussières de tout type de matériaux contenant de l’amiante ;
• équipements pollués par des fibres d’amiante (amiante Dérogations
libre) : équipements de protection individuelle (combinaisons,
masques et cartouches filtrantes, gants...), moyens de protec- Il existe des dérogations à l’obligation du tri des sept flux
tion collective (polyanes...), sacs d’aspirateur, chiffons, lin- concernant les entreprises faisant appel aux services publics
gettes, scotch ; de gestion des déchets et qui produisent moins de 1 100 litres
• matériaux et produits traités avec des produits dangereux : de déchets par semaine.
produits recouverts de peintures au plomb, bois fortement
traités (bardage, poteaux, traverses…) ;
• peintures, vernis, colles, solvants contenant des substances Pour effectuer le tri de ses déchets, l’entrepreneur doit se munir
dangereuses, pinceaux, chiffons souillés avec des produits de bennes qui devront être posées sur un sol en béton. Ensuite, il
dangereux ; devra envoyer les déchets de chantier, en fonction des cas, à un
• débris et poussières dangereuses : débris et poussières site d’incinération, un centre de tri ou une déchetterie.
d’amiante, poussières de peinture au plomb, débris d’opéra-
tions de décapage ;
• restes, emballages et contenants de produits dangereux :
3.2 Filières de collecte
lasures, peintures solvantées (glycéro), insecticides, fongi- Deux solutions sont envisageables :
cides, ignifugeants, colles, solvants, certaines cartouches 1/ points d’apport volontaire :
dangereuses ;
• il peut s’agir d’installations privées dédiées aux profession-
• outils et matériels souillés par des substances dangereuses : nels telles que les déchetteries professionnelles, les plate-
brosses, absorbants, filtres, chiffons, EPI souillés ; formes de regroupement, les centres de tri, de recyclage, les
• DEEE contenant des substances dangereuses : chauffe-eaux carrières, les installations de stockage, ou les distributeurs
électriques, climatiseurs, radiateurs électriques, matériels professionnels de matériaux, de produits et d’équipements
électriques, panneaux photovoltaïques ; de construction (hors grandes surfaces de bricolage),

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GESTION DES DÉCHETS DE CHANTIER __________________________________________________________________________________________________

• ou du service public : déchetteries publiques (sous réserve Le transport de déchets inertes n’est pas concerné par cette
d’accès aux professionnels) ; déclaration.
2/ collecte sur chantier ou en entreprise : la collecte est faite par un À noter que des spécifications complémentaires s’appliquent
collecteur. pour le transport des déchets dangereux. En effet, le transport des
déchets dangereux est une tâche très délicate. C‘est pourquoi
l’ADR, qui est l’accord européen relatif au transport international
Dans tous les cas, tout brûlage ou enfouissement sur le des marchandises dangereuses par la route, a vocation à s’appli-
chantier est interdit, ainsi que toute mise en dépôt sauvage. quer.
Cela peut entraîner des sanctions administratives (jusqu’à Cette réglementation impose que la classe de danger des
150 000 € d’amende) et des sanctions pénales (jusqu’à déchets transportés soit déterminée. De même, les emballages
75 000 € d’amende et 2 ans d’emprisonnement). doivent être homologués et les conteneurs étiquetés. Les camions
doivent avoir des équipements de sécurité. De plus, les chauffeurs
doivent être spécifiquement formés pour ce type de mission et
La FFB a un outil de recherche des points d’apport et de être en mesure de justifier de leur certification.
solutions de collecte mis à la disposition des entreprises : La FEDEREC (Fédération des entreprises de recyclage) note une
www.dechets-chantier.ffbatiment.fr. très légère décroissance du tonnage de déchets collectés (hors
Les organismes suivants permettent également de trouver des BTP) en 2019 ; le secteur du BTP accuse quant à lui une croissance
points de collecte, partenaires des filières REP : de + 3 % en un an.
• déchets d’équipements électriques et électroniques : Écosys-
tème, Écologie, Recylum, PV Cycle (panneaux photovoltaïques) ; Réglementation
• déchets d’ameublement : Écomobilier, Valdélia ;
• déchets diffus spécifiques : EcoDDS. • Collecte et transport de déchets dangereux : arrêté du 29 mai
2009.
• Collecte et transport de déchets, déclaration préfecture :
article R. 541-50 du Code de l’environnement.
REP
• Transfert transfrontalier de déchets : note de synthèse du
ministère et règlement du 14 juin 2006.
Ce sont les filières à « responsabilité élargie du produc-
• Accord européen relatif au transport international des mar-
teur ». Ainsi, dans le cadre d’une filière REP, les « metteurs »
chandises dangereuses par route (ADR 2017).
sur les marchés (fabricants, distributeurs, importateurs)
doivent prendre en charge, y compris financièrement, la ges-
tion des futurs déchets provenant de leurs produits.
C’est un principe « pollueur-payeur » permettant que le coût
de la collecte et du traitement des déchets soit internalisé 5. Traçabilité des déchets
dans le prix de vente des produits, ce qui pourrait avoir
comme effet une reprise gratuite sous conditions des déchets de chantier
triés dans les points de reprise des filières.
Quatre filières REP concernent les déchets du bâtiment :
• la REP déchets d’équipements électriques et électroniques 5.1 Registre des déchets
(DEEE) ;
• la REP déchets d’éléments d’ameublement (DEA, quel que La réglementation prévoit que les entreprises de travaux
soit le matériau) ; tiennent un registre des « déchets sortants » rassemblant des
• la REP déchets diffus spécifiques (DDS ou déchets de produits informations sur l’ensemble des déchets produits par l’entreprise :
chimiques : peintures, colles, solvants, enduits, etc.) ; déchets de chantier et déchets de bureau.
• et depuis 2020, la REP bâtiment pour les autres déchets du
bâtiment issus de produits et matériaux de construction.
Un modèle de registre des déchets sortants CERFA
n° 12571*01 est disponible sur le lien suivant : https://
cerfa.vos-demarches.com/entreprises/cerfa-12571.pdf.
Nota : s’il n’est pas réglementairement obligatoire de trier les DEEE, DEA, DDS, il est
conseillé de le faire dans le but de pouvoir bénéficier d’une reprise ou d’un enlèvement
sur site sans frais pour ces déchets et de permettre ainsi leur recyclage.

Le prestataire en charge de la collecte doit remettre à l’entre- Les entreprises produisant des terres excavées et des sédiments
prise de travaux une attestation annuelle de collecte et de valori- doivent tenir un registre spécifique ; cependant, pour répondre
sation de ses déchets selon l’article D. 543–284 du Code de plus facilement à cette obligation, les entreprises de travaux
l’environnement (bois, métal, plastique, fer, carton, plâtre, frac- peuvent demander aux opérateurs déchets de leur fournir un
tions minérales). extrait de leur propre registre pour les déchets qui les concernent
(article R.541-43-1 du Code de l’environnement).

4. Transport des déchets 5.2 Bordereau de dépôt pour les déchets


inertes et non dangereux
Afin de pouvoir transporter des quantités supérieures à 500 kg À partir du 1er juillet 2021, un bordereau de dépôt (article R. 541
de déchets non dangereux ou à 100 kg de déchets dangereux, une 45-1 du Code de l’environnement) devra être remis pour l’installa-
déclaration en préfecture doit être faite ; elle est valable cinq ans. tion de collecte à l’entreprise de travaux (qui y a rapporté et déposé
Un double doit être conservé dans le véhicule servant au trans- ses déchets inertes et non dangereux). À ce titre, l’entreprise doit
port. Ce double (qu’il ne faut pas égarer) est à présenter en cas de coremplir ce document en y faisant figurer sa raison sociale, son
contrôle des autorités. adresse, son numéro SIRET ou SIREN, les informations concernant

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Coordination de la sécurité
et de la protection de la santé
par Pierre SERIN
Ingénieur ESTP, CHEBAP, enseignant, consultant

1. Mission SPS .............................................................................................. TBA 237v2 - 2


1.1 Introduction ................................................................................................. — 2
1.2 Champ d’application................................................................................... — 2
1.3 Principes de la mission............................................................................... — 2
1.4 Documents de la coordination................................................................... — 4
2. Contrat de coordination SPS ............................................................... — 9
2.1 Qualification du contrat .............................................................................. — 9
2.2 Architecture du contrat............................................................................... — 9
3. Coordonnateur ......................................................................................... — 10
3.1 Encadrement de la fonction ....................................................................... — 10
3.2 Niveaux de compétence ............................................................................. — 10
3.3 Critères de compétence.............................................................................. — 10
3.4 Formation des coordonnateurs ................................................................. — 11
4. Sécurité : affaire de chacun ................................................................. — 11
4.1 Maître d’ouvrage......................................................................................... — 11
4.2 Maître d’œuvre............................................................................................ — 12
4.3 Entrepreneurs.............................................................................................. — 13
4.4 Travailleurs indépendants.......................................................................... — 14
4.5 Coordination entre les intervenants SPS .................................................. — 14
5. Responsabilité du coordonnateur....................................................... — 14
5.1 Au titre du Code du travail ......................................................................... — 15
5.2 Au titre de la responsabilité civile ............................................................. — 15
5.3 Au titre du Code pénal................................................................................ — 15
6. Travaux à risques particuliers ............................................................. — 15
6.1 Plan général simplifié de sécurité et de protection de la santé
(PGSCSPS)................................................................................................... — 15
6.2 Contenu........................................................................................................ — 16
6.3 Diffusion....................................................................................................... — 16
6.4 Cas des risques particuliers découverts après le début des travaux...... — 16
7. Conclusion................................................................................................. — 16
8. Glossaire .................................................................................................... — 16
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. TBA 237v2

e coordonnateur en matière de sécurité et de protection de la santé (SPS)


L est une personne confirmée ayant suivi une formation en adéquation avec
son niveau d’intervention. Il a en charge une fonction de vérification initiale de
la mise en place des moyens de protection des travailleurs, fonction indépen-
dante du maître d’œuvre. Sur demande du maître d’ouvrage, il intervient dès
la création du projet et jusqu’à sa livraison. Sa mission est donc importante en
Parution : septembre 2022

matière de prévention des accidents, mais aussi en matière de « confort » des


travailleurs. Il doit s’assurer que les équipements de travail sont conformes à la
réglementation en vigueur et qu’ils sont utilisés sans gêne sur le chantier.

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COORDINATION DE LA SÉCURITÉ ET DE LA PROTECTION DE LA SANTÉ ________________________________________________________________________

1. Mission SPS • les outils de la coordination ;


• la coordination de la sécurité et de la protection de la santé.
Les documents de la coordination sont essentiellement :
1.1 Introduction • la déclaration préalable ;
• le PGCSPS (plan général de coordination de sécurité et de
La mission « sécurité et protection de la santé » résulte de la protection de la santé) ;
transposition de la directive européenne no 92/57 du 24 juin 1992,
• le PGCSSPS (plan général de coordination simplifié de sécurité
assurée par une loi et quatre décrets d’application :
et de protection de la santé ;
• loi no 93-1418 du 31 décembre 1993 modifiant les disposi- • le PPSPS (plan particulier de sécurité et de protection de la
tions du Code du travail applicables aux opérations de bâti- santé) ;
ment ou de génie civil en vue d’assurer la sécurité et protéger
la santé des travailleurs ; • le PPSSPS (plan particulier simplifié de sécurité et de protection
de la santé) ;
• décret no 94-1159 du 26 décembre 1994 relatif à l’intégration
de la sécurité et à l’organisation de la coordination en matière • le RJC (registre-journal de la coordination) ;
de sécurité ; • le DIUO (dossier d’intervention ultérieure sur l’ouvrage) ;
• décretno 95-543 du 4 mai 1995 relatif au collège interentreprises • le règlement du CISSCT (collège interentreprises de sécurité,
de sécurité, de santé et des conditions de travail (CISSCT) ; de santé et des conditions de travail) ;
• décret no 95-607 du 6 mai 1995 relatif aux dispositions régle- • le DU (document unique) de l’entreprise qui lui permet d’établir
mentaires que doivent respecter les travailleurs indépen- son PPSPS.
dants, ainsi que diverses adaptations de textes existants pour
les rendre applicables aux travailleurs indépendants ;
1.2 Champ d’application
• loi no 2021-1018 du 2 août 2021 transposant l’ANI (Accord
national interprofessionnel) du 10 décembre 2020, visant à La mission SPS est organisée en fonction des caractéristiques des
renforcer la prévention en matière de santé au travail et à opérations (article R. 4532-1 du Code du travail). Ces dispositions
moderniser les services de prévention et de santé au travail ; sont issues de la loi no 93-1418 du 31 décembre 1993 (transposant la
• décret no 2022-395 du 18 mars 2022, pris en application de la directive 92/57/CEE). La réglementation définit trois catégories, selon
loi pour renforcer la prévention en santé au travail du 2 août le niveau de coordination attendu, avec pour chacune d’elles des
2021, définissant les modalités de mise à jour, de conserva- exigences graduées en fonction de la taille et/ou de la complexité
tion et de mise à disposition du document unique d’évalua- des opérations (sections 3.2 et 3.3).
tion des risques professionnels. Les caractéristiques des différentes catégories sont reprises dans
Le principe de la directive consiste à rendre obligatoire, par la le tableau 1.
voie du Code du travail, la mise en place d’un coordonnateur de
sécurité dès lors que plusieurs entreprises ou travailleurs indépen-
dants sont appelés à intervenir dans des opérations de bâtiment 1.3 Principes de la mission
ou de génie civil, l’objectif principal étant de prévenir les risques
résultant de leurs interventions, simultanées ou successives Le principe d’une coordination obligatoire en matière de sécurité
(coactivité), et de promouvoir l’utilisation de moyens communs. et de santé des travailleurs sur les chantiers, où sont appelées à
travailler simultanément plusieurs entreprises, vise à prévenir les
Le Code du travail prévoit un certain nombre de dispositions risques liés à l’intervention simultanée ou successive de ces entre-
concernant la coordination des mesures de prévention pour les prises (coactivité) et de prévoir l’utilisation de moyens communs
opérations de bâtiment et de génie civil (articles L. 4532-1 à 18 et (infrastructures, logistique, protections collectives).
R. 4532-1 à R. 4532-98).
La coactivité est définie comme étant l’activité générée par au
Ces textes réglementaires définissent notamment : moins deux entreprises effectuant des travaux de bâtiment ou de
génie civil, dans le cadre d’un même chantier ou d’une même
• le champ d’application de la coordination sécurité-santé ;
opération, pour concourir à un même objectif ou à un objectif
• le rôle des différents intervenants, et notamment celui du commun. Ce principe doit être strictement différencié de la simple
coordonnateur de sécurité ; coexistence.

Tableau 1 – Définition des trois catégories de la mission SPS

Niveau
Catégories Seuils du coordonnateur
SPS

Volume > 10 000 hommes/jour et intervention d’au moins 10 entreprises


Opérations de catégorie 1 I
du bâtiment ou d’au moins 5 entreprises de génie civil

Opérations de plus de 500 hommes/jour (soit 4 000 h ou environ 300 000 €)


Opérations de catégorie 2 ou chantier de 30 jours avec un effectif en pointe supérieur à 20 salariés et hors II
catégorie 1,ou présentant des travaux à risques particuliers

Niveau pour 1 opération


Opérations de catégorie 3 III
Volume < 500 hommes/jour et sans travaux à risques particuliers

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_________________________________________________________________________ COORDINATION DE LA SÉCURITÉ ET DE LA PROTECTION DE LA SANTÉ

La mission SPS comporte essentiellement trois stades principaux : obligations mises en œuvre tout au long d’une opération de bâti-
• le stade de la conception ; ment ou de génie civil.
• le stade de la réalisation ; Ce document est d’une importance capitale pour l’ensemble des
participants à l’opération qui doivent pouvoir s’y référer, notamment
• le délai de garantie. en cas de litige.

1.3.1 Mission en phase de conception 1.3.1.5 Règlement du comité interentreprises de sécurité,


de santé et des conditions de travail (CISSCT)
Le législateur a voulu que le coordonnateur de sécurité s’intègre Le fonctionnement du CISSCT est défini par les articles L. 4532-10
dès l’amont dans le processus de conception des opérations de à 15 du Code du travail :
construction. En effet, lors de la réalisation des ouvrages et plus
encore des interventions ultérieures, cette étape permet de limiter • article R. 4532-77 : conditions de mise en place ;
le risque de remise en cause de certaines dispositions. • articles R. 4532-78 à 83 : composition ;
• articles R. 4532-84 à 94 : fonctionnement.
1.3.1.1 Analyse du risque
Celui-ci doit définir, sur proposition du coordonnateur, les règles
L’analyse du risque n’est pas un élément spécifiquement décrit communes destinées à assurer le respect des mesures de sécurité
par le décret du 26 décembre 1994, mais résulte de l’article et de protection de la santé applicables au chantier et contrôler
L. 4531-1 du Code du travail issu de la loi du 31 décembre 1993 leur bonne application tout au long du déroulement du chantier.
qui prévoit la mise en œuvre par le coordonnateur de sécurité des
L’objectif de ce collège est de rassembler les différents acteurs
principes généraux de prévention et notamment « l’évaluation des
du chantier pour qu’ils échangent sur la santé et la sécurité.
risques qui ne peuvent être évités ».
Cette analyse, commentée par la circulaire no 96-5 du 10 avril 1.3.1.6 Constitution du CISSCT
1996, stipule que le coordonnateur est tenu d’évaluer les risques
inhérents à la conception de l’ouvrage et à son exploitation La constitution du CISSCT est obligatoire lorsque :
future : celui-ci est donc amené, pour chaque opération, à établir • le chantier dépasse 10 000 hommes/jour ;
une analyse du risque. • et que le nombre d’entreprises, travailleurs indépendants et
Cette analyse du risque peut s’organiser autour de quatre pôles : sous-traitants est supérieur à 10.
• les risques liés au site ; Il doit être constitué au moins 21 jours avant le début des travaux
• les risques propres à l’activité envisagée ; et requiert la présence de toutes les entreprises.
• les risques liés aux interventions ultérieures sur l’ouvrage ; 1.3.1.7 Prise en compte des activités extérieures
• les risques liés à la coactivité des entreprises. au chantier
L’élaboration de l’analyse du risque en matière de SPS, en confron- Le coordonnateur (CSPS) doit, le cas échéant, tenir compte des
tant les points de vue du maître d’ouvrage et du coordonnateur, est interférences avec les activités d’exploitation sur le site à l’inté-
de nature à faire émerger une culture de la sécurité insuffisamment rieur ou à proximité duquel est implanté le chantier ; à cet effet, et
entrée dans les habitudes. préalablement au début des travaux, il procède avec le chef d’éta-
blissement à une inspection commune visant à :
1.3.1.2 Élaboration du plan général de coordination (PGC) • délimiter le chantier, matérialiser les zones du secteur dans
Le PGC est rédigé dans deux situations (articles L. 4532-8 et lequel se situe le chantier qui peuvent présenter des dangers
R. 4532-42 à 54) : les opérations soumises à déclaration préalable pour le personnel des entreprises appelées à intervenir ;
(opérations de niveaux I et II) et les chantiers où sont exécutés un • préciser les voies de circulation que pourront emprunter les
ou plusieurs travaux inscrits sur une liste de travaux comportant travailleurs, les véhicules et engins de toutes natures ;
des risques particuliers.
• définir, pour les chantiers non clos et non indépendants, les
Il s’agit, dans le cadre d’un document écrit, de définir l’ensemble installations sanitaires, les vestiaires, les locaux de restaura-
des mesures susceptibles de prévenir les risques engendrés par tion ainsi que l’ensemble des locaux auxquels ont accès les
l’activité des différents intervenants sur le chantier. travailleurs.
Il est obligatoirement joint au dossier de consultation des entre-
prises. 1.3.2 Mission en phase de réalisation
1.3.1.3 Préparation du dossier d’intervention ultérieure Le déroulement de la mission comprend les étapes suivantes.
sur l’ouvrage (DIUO)
1.3.2.1 Inspection commune
Comme prévu par les articles L. 4532-16 et R. 4532-95 à 98 du
Code du travail, le DIUO est un dossier rassemblant toutes les Le législateur (article R. 4532-14) a prévu une confrontation
données de nature à faciliter la prévention des risques profession- formalisée entre les différents partenaires d’une opération avant
nels lors d’interventions ultérieures. le démarrage des travaux appelée « inspection commune ».
Ce document doit permettre de mieux intégrer, lors de la concep- Toutes les entreprises, y compris les sous-traitants, et avant la
tion et pendant la réalisation d’un ouvrage, les conditions de remise des PPSPS, sont soumis à cette inspection.
sécurité de ceux qui auront à en assurer l’entretien. Il est constitué L’objectif de ces inspections est de préciser les consignes à
dès la phase de conception par le coordonnateur de conception. observer ou à transmettre ainsi que les observations particulières
de sécurité et de santé prises pour l’ensemble de l’opération.
1.3.1.4 Ouverture du registre-journal
de la coordination (RJC) 1.3.2.2 Contrôle d’accès au chantier
Le contenu de ce document est indiqué dans les articles R. 4532-38 Le Code du travail (article R. 4532-16) stipule que le coordonna-
à 41 du Code du travail. Il s’agit avant tout d’un instrument de teur de sécurité, sous la responsabilité du maître d’ouvrage, est
régulation contradictoire qui permet de « contrôler » la nature et tenu de prendre les dispositions nécessaires pour que seules les
l’étendue des principes généraux de prévention et des autres personnes autorisées puissent accéder au chantier.

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TBA237

COORDINATION DE LA SÉCURITÉ ET DE LA PROTECTION DE LA SANTÉ ________________________________________________________________________

1.3.2.3 Coordination des activités sur le chantier Ces interventions peuvent présenter des risques liés à la co-
activité, obligeant le maître d’ouvrage à organiser une coordination
Le coordonnateur collecte et harmonise les PPSPS des diffé-
de sécurité : la possibilité pour lui de faire appel au coordonnateur
rentes entreprises, et procède à leur examen critique avant de les
de sécurité du chantier doit être prévue dans le contrat initial.
intégrer dans le PGCSPS.
Il organise entre elles, sous-traitants inclus, la coordination de leurs
activités simultanées ou successives, les modalités de l’utilisation en 1.3.4 Achèvement de la prestation
commun des installations, matériels, circulations verticales et hori- de coordination
zontales, leur information mutuelle, ainsi que l’échange entre elles
des consignes en matière de sécurité et de protection de la santé. La mission de coordination s’achève avec la remise au maître
d’ouvrage :
1.3.2.4 Prise en compte des activités extérieures • du document PGCSPS qu’il doit conserver 5 ans à compter de
au chantier la date de réception des travaux ;
Le CSPS communique aux entreprises appelées à intervenir sur • du document DIUO finalisé.
le chantier les consignes de sécurité arrêtées préalablement avec Les différentes interventions du coordonnateur CSPS se résument
le chef d’établissement : dans le tableau 2.
• celles qu’elles devront donner à leurs salariés ;
• pour les chantiers non clos et non indépendants, l’organisation
prévue pour assurer les premiers secours en cas d’urgence ; 1.4 Documents de la coordination
• la description du dispositif mis en place dans l’établissement
à cet effet. 1.4.1 Déclaration préalable
1.3.2.5 Présidence du CISSCT La déclaration préalable est régie par les articles L. 4532-1,
R. 4532-2 et R. 4532-3 du Code du travail complétés par les arrêtés
Le CSPS préside le CISSCT lorsque sa création est requise. du 7 mars 1995 et du 19 mai 2020. Elle est obligatoire pour les
affaires dont :
1.3.2.6 Tenue des documents de la coordination
• l’effectif prévisible des travailleurs dépasse 20 à un moment
Le coordonnateur assure la tenue et la mise à jour des documents quelconque du chantier et la durée excède 30 jours ouvrés ;
de la coordination :
• le volume des travaux est supérieur à 500 hommes/jour.
1/ document RJC (articles R. 4532-38 à 41) : le coordonnateur de sécu-
rité y consigne les observations ou notifications qu’il juge nécessaire Elle doit être adressée à l’Inspection du travail et aux organismes
de faire au maître d’ouvrage, au maître d’œuvre ou aux entreprises compétents (OPPBTP, CARSAT ou CRAMIF) au moins 30 jours avant
en les faisant viser par les intéressés avec leurs réponses éventuelles. le début effectif des travaux.
Le coordonnateur de sécurité assure la garde de ce document qui À noter que ne sont pas soumis à cette procédure les travaux
devra être conservé 5 ans à compter de la réception des travaux ; d’extrême urgence dont l’exécution immédiate est nécessaire pour
2/ document PGCSPS (articles R. 4532-42 à 55) : il doit être actualisé prévenir les accidents graves et imminents ou organiser des
en fonction des évolutions du chantier telles que : mesures de sauvetage (article L. 4532-17 du Code du travail).
• nouvelle nature de travaux,
• modification de l’environnement du chantier, 1.4.2 Plan général de coordination sécurité
• changement d’entreprise ; et protection de la santé (PGCSPS)
3/ document DIUO : sa tenue est un élément particulièrement
Le PGCSPS est un document écrit qui définit l’ensemble des
important ; tous les ouvrages de bâtiment et de génie civil doivent
mesures propres à prévenir les risques découlant de l’interférence
justifier de la constitution de ce dossier qui suppose, de la part de
des activités des différents intervenants sur le chantier ou de la
tous les partenaires, un effort important. Tout au long de la phase
succession de leurs activités lorsqu’une intervention laisse subsis-
de réalisation, le coordonnateur de sécurité doit rappeler aux inter-
ter après son achèvement des risques pour les autres entreprises
venants leur obligation de fournir les documents figurant au DIUO
(articles L. 4532-8 et R. 4532-42 à 54 du Code du travail).
et notamment les dossiers de plans de récolement des ouvrages et
les conditions d’intervention sur les lots techniques ; Le PGCSPS concerne :
4/ présidence du CISSCT : en tant que président, le coordonnateur • les opérations soumises à déclaration préalable (catégories 1
de sécurité a la charge : et 2) ;
• de convoquer les membres du collège, • les opérations de catégorie 3 comportant des travaux inscrits
• de faire approuver, lors de la première séance, le projet de sur la liste de ceux présentant des risques particuliers.
règlement du collège avant de le transmettre à la CRAM et à À noter qu’il n’est pas obligatoire pour les travaux d’extrême
l’OPPBTP, urgence dont l’exécution immédiate est nécessaire pour prévenir
• de dresser l’ordre du jour de chaque réunion, des accidents graves et imminents.
• d’animer les inspections sur chantier et les réunions qui les
suivent, 1.4.2.1 Contenu élaboré pour les opérations
• de consigner les comptes rendus des travaux du CISSCT sur de niveaux I et II
un registre archivé pendant 5 ans. Le PGCSPS, joint aux autres documents remis par le maître
d’ouvrage aux entrepreneurs soumissionnaires, indique notamment
(articles R. 4532-43 à 46 du Code du travail) :
1.3.3 Mission au cours du délai de garantie
1/ des renseignements d’ordre administratif :
Bien que la réception de l’ouvrage consacre la fin du chantier, il • descriptif du projet,
est fréquent que les entreprises interviennent après cette date,
soit dans le cadre de levées de réserves, soit pour le parachève- • liste des intervenants extérieurs,
ment de l’ouvrage durant la période de garantie. • renseignements sur l’environnement,

TBA 237v2 – 4 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés

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Sécurité des chantiers

par Pierre SERIN


Ingénieur ESTP-CHEC, enseignant consultant

1. Historique de la prévention ..................................................................... TBA 239 - 2


1.1 Naissance du risque professionnel .............................................................. — 2
1.2 Réglementation encadrant la protection des travailleurs........................... — 2
1.3 Principes et valeurs de prévention ............................................................... — 3
1.4 Prévention de la pénibilité............................................................................. — 4
2. Acteurs et missions ................................................................................... — 6
2.1 Maître d’ouvrage (MOa) ................................................................................ — 6
2.2 Maître d’œuvre............................................................................................... — 7
2.3 Coordonnateur de sécurité et de protection de la santé (CSPS)................ — 7
2.4 Entrepreneur et entreprise ............................................................................ — 8
2.5 Salarié compétent en santé-sécurité ............................................................ — 8
2.6 Intervenant en prévention des risques professionnels (IPRP) ................... — 9
3. Documents à créer..................................................................................... — 9
3.1 Plan général de coordination en matière de sécurité et protection
de la santé (PGCSPS)..................................................................................... — 10
3.2 Registre-journal (RJ) de la coordination ...................................................... — 10
3.3 Plan particulier de sécurité et de protection de la santé............................. — 11
3.4 Document d’intervention ultérieure sur l’ouvrage (DIUO) ......................... — 11
3.5 Document unique (DU) ou document unique d’évaluation des risques
(DUER)............................................................................................................. — 12
4. Prévention du chantier pendant les phases de conception –
Exemple d’un « petit ouvrage » ou d’une maison
individuelle .......................................................................................... — 14
4.1 Première phase : du projet à la signature du contrat de construction ...... — 14
4.2 Deuxième phase : de la signature du contrat de construction
à l’obtention du permis de construire .......................................................... — 14
4.3 Troisième phase : de la levée des autres obligations suspensives
au démarrage des travaux ............................................................................ — 14
4.4 Quatrième phase : du début de l’exécution jusqu’à la réception .............. — 14
5. Protection du chantier durant la réalisation de l’opération .......... — 15
5.1 Constitution des équipes d’exécution .......................................................... — 15
5.2 Organismes liés à la prévention de la santé des salariés pendant
la réalisation ................................................................................................... — 15
5.3 Bases réglementaires de la prévention dans le BTP................................... — 15
6. Exemple de sécurisation sur un chantier artisanal .......................... — 18
6.1 Signaler et avertir........................................................................................... — 18
6.2 Protéger .......................................................................................................... — 18
6.3 Déchets ........................................................................................................... — 18
6.4 Repli ................................................................................................................ — 19
7. Conclusion.................................................................................................... — 19
Pour en savoir plus ............................................................................................. Doc. TBA 239

e secteur de la construction – bâtiment et travaux publics – a toujours été


L accidentogène, mais depuis une cinquantaine d’années, des progrès
incontestables dans la prévention des accidents du travail et l’amélioration des
conditions de travail ont été réalisés sur les chantiers de BTP. Ces progrès ont
Parution : mai 2021

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SÉCURITÉ DES CHANTIERS ___________________________________________________________________________________________________________

entraîné une baisse significative de la sinistralité. Pour autant, la fréquence des


accidents et des maladies professionnelles dans la construction reste élevée,
plus particulièrement dans les activités de gros œuvre comparée à celle d’autres
secteurs d’activité non BTP, ce qui est démontré par l’analyse des coûts directs
des AT-MP : ce secteur représente à lui seul plus d’un milliard d’euros en
coût des AT/MP. La Cnam (Caisse nationale de l’assurance maladie) démontre
que les deux tiers de cette somme correspondent aux conséquences des chutes
de hauteur ou de la manutention de charges. Ce secteur a besoin d’une aide pour
réduire le coût économique et humain, mais les actions qui pourraient être déve-
loppées en matière d’amélioration des conditions de travail (hygiène et sécurité)
doivent provenir de la profession (maître d’ouvrage, maître d’œuvre, entreprises).
L’Union européenne a promulgué une coordination « Sécurité-Protection de la
Santé » destinée à tous les acteurs de l’acte de construire nommée « coordina-
tion SPS ». Celle-ci sera différente suivant la taille de la construction et le
nombre de salariés employés.
Cet article présente un historique de la prévention, ainsi que les acteurs de
l’acte de construire et leurs missions, et les documents sur lesquels ils doivent
s’appuyer pour garantir la sécurité sur le chantier. Les phases de conception
d’un projet de construction de maison individuelle, visant à prévenir la santé
des travailleurs, sont exposées. Les organismes de protection de la santé,
s’appuyant sur la réglementation, durant la réalisation de l’opération sont
ensuite présentés. Enfin, un exemple de sécurisation d’un chantier artisanal est
exposé.

1. Historique de la prévention Le décret du 1er août 1947 créa les comités d’hygiène de sécurité
(CHS) qui fusionnèrent avec la Commission pour l’amélioration des
conditions de travail et formèrent ainsi les comités d’hygiène sécu-
rité et conditions de travail (CHSCT) par la loi du 23 décembre 1982.
1.1 Naissance du risque professionnel La loi du 6 janvier 1976 créant le Conseil supérieur de prévention
des risques professionnels (CSRP) a été l’amorce d’une réelle poli-
Le risque professionnel est né avec le travail. Au début étaient tique de prévention des risques professionnels dans le monde du
seulement considérés comme risques les blessures, les chutes et travail.
les écrasements. Avec la révolution industrielle du XIXe siècle, de Depuis le décret du 25 novembre 2008, le Conseil supérieur de
nouvelles machines et techniques sont apparues, et la notion la prévention des risques professionnels a été remplacé par le
de risque professionnel s’est développée. Le nombre d’accidents Conseil d’orientation sur les conditions de travail (COCT).
du travail, ainsi que leur gravité, a fait prendre conscience aux
gouvernements l’enjeu sociétal que représentent la protection de La création de l’Europe a donné à la prévention une place prépon-
la santé des travailleurs, et donc également de leur vie profession- dérante dans le domaine de la prévention des risques professionnels.
nelle et privée. Ainsi, est née la directive européenne du 12 juin 1989 concernant
la mise en œuvre de mesures visant à promouvoir l’amélioration de
la sécurité de santé des travailleurs au travail. Cette directive a été
1.2 Réglementation encadrant transposée dans la réglementation de chaque pays européen ; ainsi,
la France a transposé cette directive dans la loi du 31 décembre
la protection des travailleurs 1991 relative aux obligations de l’employeur et du salarié en matière
de sécurité, loi qui donne réellement à l’employeur et au salarié les
rôles centraux de la politique de prévention.
1.2.1 Apparition des premières réglementations
Mais pour la prévention des risques professionnels, certaines
Pour encadrer la protection des travailleurs, la loi du 12 juin normes réglementaires avaient été créées dans ce domaine de la
1893, contenant les premières règles obligeant les employeurs à prévention.
assurer l’hygiène et la sécurité de leurs employés, a été rédigée.
Cette loi amena donc la notion de prévention dans l’entreprise. 1.2.2 Réglementation aujourd’hui applicable
Cependant, il fallut attendre 1898 avec la loi du 9 avril pour voir
en matière d’hygiène, de santé, de sécurité
apparaître la réparation des accidents du travail et des maladies
professionnelles.
et de conditions de travail aux acteurs du BTP

Il fallait que les salariés soient protégés dans l’exercice de leur Concernant le secteur du BTP, le décret du 8 janvier 1965 traitant
travail, mais aussi aux conséquences que leur vie professionnelle des mesures particulières de protection et de salubrité applicables
amenait sur leur vie personnelle. aux personnels des établissements exécutant des travaux du bâti-
ment, des travaux publics et tous autres travaux concernant les
Deux guerres mondiales ralentirent cette évolution, et il fallut immeubles, est à l’origine du développement de la prévention. Il a
attendre 1946 avec la loi du 11 octobre pour créer les services été modifié à différentes reprises, codifié pour certaines parties
médicaux du travail devenus les services de santé au travail avec dans le Code du travail, et a ainsi permis de créer la base de déve-
la loi de modernisation sociale du 17 janvier 2002. loppement de la sécurité au travail au sein des activités de BTP.

TBA 239 – 2 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés

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____________________________________________________________________________________________________________ SÉCURITÉ DES CHANTIERS

L’amiante a fait évoluer la problématique. En effet, la Cour de cas- ■ 6e principe : remplacer ce qui est dangereux par ce qui ne l’est
sation a créé les arrêts « amiante » du 28 février 2002, obligeant pas ou ce qui l’est moins
l’employeur à une « obligation de résultats » pour la sécurité envers Il faut éviter l’utilisation de procédés ou de produits dangereux
ses salariés, et ceci en vertu de l’existence du contrat de travail. lorsqu’un même résultat peut être obtenu avec une méthode pré-
La loi du 9 novembre 2010 a créé de nouvelles dispositions qui ont sentant des dangers moindres (remplacement d’un produit cancéro-
renforcé la prévention et introduit une nouvelle notion : celle de la gène par un produit moins nocif, ou utilisation de peintures sans
pénibilité. L’article L. 4121-1 du Code du travail a ainsi été complété. solvant, par exemple).
Ce n’est pas toujours facile. Lorsque les éthers ont remplacé les
solvants aromatiques dans les colles utilisées par les enfants, il est
1.3 Principes et valeurs de prévention apparu que certains éthers étaient CMR (cancérigènes, mutagènes
et reprotoxiques). Le problème avait été déplacé (éthers plus dan-
1.3.1 Principes généraux de prévention gereux que les solvants aromatiques).

C’est en 1989 que neuf principes destinés à guider la démarche ■ 7e principe : planifier la prévention
en faveur de la protection de la santé et la sécurité au travail ont Pour cela, il faut intégrer la prévention en cohérence avec l’organi-
été présentés dans la directive européenne du 12 juin transposée sation et l’environnement du travail, les conditions de travail, les rela-
en droit français et inscrite au Code du travail (article L. 4121-2). tions sociales, l’influence des facteurs ambiants, notamment les
Principes fondateurs à la base de la mise en place d’une politique risques liés au harcèlement moral (article L. 1152-1). Il faut étudier une
de prévention en entreprise en Europe, ils constituent les neufs approche du travail qui évitera une action risque par risque.
commandements des employeurs, rendant obligatoire la prise de ■ 8e principe : prendre des mesures de protection collective
mesures pour assurer la sécurité et protéger la santé morale et phy-
sique des travailleurs. Il vaut mieux favoriser les mesures et équipements de protection
collective plutôt qu’individuelle. Les EPI (équipements de protec-
Tous les acteurs de l’acte de construire doivent donc connaître tion individuelle) doivent être utilisés en complément des protections
ces mesures et les appliquer. Pour mémoire, il peut s’agir : collectives dans le cas où celles-ci se révèlent insuffisantes.
• d’actions d’information ; ■ 9e principe : donner les instructions appropriées aux travailleurs
• d’actions de formation ; Ceux-ci doivent être informés et formés dans le but d’avoir une
• de la mise en place d’une organisation ; bonne compréhension des risques potentiels. Ils doivent connaître
les moyens de prévention à mettre en place et à appliquer afin de
• de l’utilisation de matériel adapté ; travailler dans les meilleures conditions de sécurité, et être ainsi
• de l’utilisation de processus testés. associés à la démarche de prévention.
Elles doivent être appliquées en utilisant le socle de prévention
que représentent ces neuf principes généraux détaillés ci-après.
Obligations réglementaires
■ 1er principe : éviter les risques
Article L. 4121-1 : l’employeur prend les mesures néces-
Soit un éclairage constitué de trois projecteurs situés en haut
saires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et
d’un poteau. Pour changer une ampoule, si les projecteurs sont
mentale des travailleurs.
fixés sur une couronne qui peut coulisser le long du poteau, il est
possible de descendre la couronne pour changer l’ampoule, ainsi Articles L. 4121-2 et L. 4121-3 : l’employeur évalue les risques
il n’y a pas l’obligation de mettre une échelle le long du poteau et met en œuvre les mesures prévues sur le fondement des
pour monter jusqu’à la couronne et changer l’ampoule. Le risque neuf principes généraux de prévention (méthode d’analyse et
de chute de hauteur est ainsi évité, mais pas le risque électrique. d’action sur les risques professionnels que doit suivre obliga-
toirement le responsable d’entreprise).
■ 2e principe : évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités
Certains risques ne peuvent être évités. Dans ce cas, l’exposition
au danger est évaluée, afin de permettre de donner une priorité aux 1.3.2 Valeurs essentielles de prévention
actions de prévention à mettre en place. Le résultat de cette évalua-
tion doit être inscrit sur le document unique d’évaluation des Trois valeurs essentielles de prévention s’ajoutent aux neuf prin-
risques professionnels (DU ou DUER). Celui-ci est obligatoire dans cipes généraux de prévention.
toutes les entreprises ou associations ayant au moins un salarié. ■ Valeur de la personne
Cette évaluation doit être reprise régulièrement dans le but de tenir
compte des évolutions dans l’entreprise. Le chef d’entreprise, l’encadrement et les salariés sont impliqués
dans la démarche de prévention des risques professionnels. Les
■ 3e principe : combattre les risques à la source méthodes de management utilisées sont compatibles avec une
éthique du changement qui respecte la personne.
Pour cela, il faut remonter le plus en amont possible de la source
de ce risque pour intégrer une mesure de prévention. ■ Transparence
La maîtrise des risques implique pour le chef d’entreprise et l’enca-
■ 4e principe : adapter le travail à l’humain drement :
Pour travailler sur des banches de 2,50 m de hauteur, il faut dis- • la clarté de l’objectif visé ;
poser des éléments permettant le travail en sécurité, c’est-à-dire
• l’engagement et l’exemplarité du chef d’entreprise et de l’enca-
des passerelles sur les banches, à hauteur variable permettant à
drement dans la démarche de prévention et dans sa mise en
chacun d’avoir un poste de travail sécurisé. Autrement dit, il faut
œuvre ;
adapter le travail à l’humain et non l’humain au travail.
• la prise en compte de la réalité des situations de travail ;
■ 5e principe : tenir compte de l’évolution de la technique • la communication sur la santé et la sécurité au travail.
Il faut assurer une veille technologique en phase avec les évolu- L’adhésion du personnel est une condition clé dans la mise en
tions techniques et organisationnelles. place d’une politique de prévention des risques.

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SÉCURITÉ DES CHANTIERS ___________________________________________________________________________________________________________

■ Dialogue social • travail hyperbare ;


Le dialogue social vise à impliquer les salariés et les instances • travail répétitif.
représentatives du personnel (CSE, ex comité d’hygiène, de sécu-
rité et des conditions de travail et délégués du personnel) dans la Depuis le 1er juillet 2016, six autres facteurs s’ajoutent à la liste :
mise en œuvre de la politique de prévention. • manutention manuelle des charges ;
• postes pénibles ;
1.4 Prévention de la pénibilité
• vibrations mécaniques ;
La pénibilité existe dans le parcours professionnel ; sa préven-
tion est écrite dans la loi du 9 novembre 2010 qui prévoit la traça- • exposition aux agents chimiques dangereux ;
bilité des expositions à des facteurs de pénibilité identifiés ; ainsi, • températures extrêmes ;
une réduction de la pénibilité va permettre l’amélioration des
conditions de travail. • bruit.
Un accord collectif national signé le 20 décembre 2011 par les
partenaires sociaux de la branche du BTP est un engagement de 1.4.2 Évaluation des risques
la profession dans cette démarche.
Une nouvelle loi sur les retraites du 20 janvier 2014 a permis d’amé- Pour chacun des dix facteurs de pénibilité, la réglementation pré-
liorer le dispositif et de le compléter par la création d’un compte per- cise le seuil habituel d’exposition du salarié, le seuil de pénibilité
sonnel de pénibilité, permettant à chaque salarié exposé à un ou apprécié en prenant en compte les mesures ou équipements de pro-
plusieurs facteurs de pénibilité de bénéficier d’aménagements de tection au-delà duquel il y a ouverture des droits au titre de la péni-
son activité. Ce compte personnel de pénibilité est désormais la bilité (tableau 1).
pierre angulaire du « dispositif pénibilité ».
Les articles R. 4121-1-1 et D. 4161-1 du Code du travail contiennent
des informations sur l’évaluation de l’exposition des salariés. De par
1.4.1 Facteurs de pénibilité ces articles, tout employeur doit consigner en annexe du document
unique l’ensemble des données issues de l’exposition des travail-
À la date du 1er janvier 2015, quatre facteur de pénibilité étaient leurs :
identifiés :
• travail de nuit ; • évaluation des expositions ;
• travail en équipes successives alternantes ; • proportion des salariés exposés au-delà des seuils.

Tableau 1 – Seuils des facteurs de pénibilité

Domaine Facteurs de pénibilité Seuil annuel

Lever ou porter 15 kilogrammes pendant au moins


600 heures
Manutentions manuelles de charges lourdes
Cumul des manutentions au moins 7,5 t/j pendant
Contraintes 120 jours
physiques
marquées Postures pénibles (positions bras en l’air, accroupie
900 heures
ou à genoux, torse fléchi)

Vibrations mécaniques 450 heures

Seuil déterminé pour chacun d’eux dans une grille


Agents chimiques dangereux
d’évaluation

Activités en milieu hyperbare (en haute pression) 60 interventions à 1 200 hectopascals


Environnement
physique agressif Températures extrêmes (en dessous de 5 °C
900 heures
et au-dessus de 30 °C

Bruit
> 81 décibels pendant 8 heures 600 heures
> crête de 135 décibels 120 fois

Travail de nuit (1 heure entre minuit et 5 h) 120 nuits


Travail en équipes successives alternantes impliquant 50 nuits par an
au minimum 1 heure de travail entre minuit et 5 h
Certains rythmes
de travail
Travail répétitif (plus de 15 actions techniques
pour un cycle inférieur ou égal à 30 secondes, ou plus 900 heures
de 30 actions techniques par minute)

TBA 239 – 4 Copyright © – Techniques de l’Ingénieur – Tous droits réservés

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____________________________________________________________________________________________________________ SÉCURITÉ DES CHANTIERS

Le document unique (DU) est un document sur lequel doivent se


baser les entrepreneurs pour recenser les différentes expositions au Modalités de déclaration (suite)
risque, pour la pénibilité comme pour les autres facteurs de risque
du travail d’ailleurs. II.- pour les salariés titulaires d’un contrat de travail dont la
durée, supérieure ou égale à un mois, débute ou s’achève en
cours d’année civile, la Caisse nationale d’assurance vieillesse
L’exposition peut être évaluée en se basant sur des situations des travailleurs salariés agrège l’ensemble des déclarations pré-
types d’exposition identifiées par un accord de branche étendu. vues aux I et II de l’article R. 4162-1 transmises par le ou les
Les accords de branche en vigueur au moment de la publica- employeurs et établit, pour chaque facteur de risque profes-
tion des décrets « pénibilité » vont rester valables jusqu’à leur sionnel déclaré, sa durée totale d’exposition en mois au titre de
terme (l’accord de branche BTP du 20 décembre 2011 ayant été l’année civile.
étendu pour une durée indéterminée). L’employeur peut égale- Chaque période d’exposition de trois mois à un facteur de
ment se référer à des documents liés à l’évaluation des risques, risque professionnel donne lieu à l’attribution d’un point.
tels que des référentiels de branche. Chaque période d’exposition de trois mois à plusieurs facteurs
de risques professionnels donne lieu à l’attribution de deux
points ;
L’article R. 4161-5 du Code du travail stipule que : le contrat de III.- le nombre total de points inscrits sur le compte person-
mise à disposition (…) indique pour les caractéristiques parti- nel de prévention de la pénibilité ne peut excéder cent points
culières du poste à pourvoir (…) les facteurs de risques profession- au cours de la carrière professionnelle du salarié.
nels auxquels le salarié temporaire est exposé, en se référant aux L’article D. 4161-1-1 stipule que pour les travailleurs qui ne
conditions habituelles de travail, apprécié en moyenne sur l’année sont pas susceptibles d’acquérir des droits au titre du compte
par l’entreprise utilisatrice, caractérisant le poste occupé. personnel de prévention de la pénibilité dans les conditions
En tant que de besoin et à l’initiative de l’entreprise utilisatrice, fixées aux articles L. 4162-1 et suivants et qui sont exposés à
les informations seront rectifiées dans un avenant au contrat de des facteurs de risques, à l’exception des travailleurs soumis à
mise à disposition. un suivi de l’exposition à la pénibilité approuvée par arrêté,
l’employeur établit une fiche individuelle de suivi indiquant les
facteurs de risques professionnels mentionnés à cet article
1.4.3 Déclaration par l’employeur auxquels ils sont exposés au-delà des seuils prévus au même
des facteurs de risques auxquels article.
va être soumis le salarié L’exposition de ces travailleurs est évaluée en cohérence
avec l’évaluation des risques prévus à l’article L. 4121-3.
L’article L. 4161-1 stipule que l’employeur déclare de façon dématé-
rialisée les facteurs de risques professionnels liés à des contraintes L’employeur remet cette fiche au travailleur au terme de
physiques marquées par un environnement physique agressif ou chaque année civile. Il la transmet au travailleur dont le contrat
un certain rythme de travail, ces rythmes de travail pouvant s’achève au cours de l’année civile, au plus tard le dernier jour
laisser des traces durables, identifiables et surtout irréversibles sur du mois suivant la date de fin de contrat.
la santé. L’employeur conserve par tous moyens les fiches de suivi
des expositions de ses salariés pendant cinq ans après l’année
à laquelle elles se rapportent.
Modalités de déclaration Dans le cadre de la surveillance médicale individuelle du tra-
vailleur, le médecin du travail peut demander à l’employeur la
L’article R. 4162-1 stipule que : communication de la fiche individuelle de suivi. Le cas échéant,
I.- au terme de chaque année civile et au plus tard au titre de la fiche individuelle de suivi complète le dossier médical en
la paie du mois de décembre, l’employeur déclare, dans le santé au travail du travailleur.
cadre de la déclaration prévue à l’article L. 133-5-3 du Code de L’article L. 4161-2 stipule que l’accord collectif de branche
la sécurité sociale, pour les travailleurs titulaires d’un contrat étendu peut déterminer l’exposition des travailleurs à plusieurs
de travail qui demeureront au cours de l’année civile, le ou les des facteurs de risques professionnels au-delà des seuils men-
facteurs de risques professionnels définis à l’article D. 4161-2 tionnés à l’article L. 4161-1, en faisant notamment référence aux
auxquels ils ont été exposés au-delà des seuils à fixer au postes, métiers ou situations de travail occupés et aux mesures
même article au cours de l’année considérée ; de protection collectives et individuelles appliquées.
II.- pour les travailleurs titulaires d’un contrat de travail de En l’absence d’accord collectif de branche étendu, ces postes,
durée supérieure ou égale à un mois qui s’achève au cours de métiers ou situations de travail exposés peuvent également être
l’année civile, l’employeur déclare dans sa déclaration men- définis par un référentiel professionnel de branche homologué
tionnée au 1/ de cet article et au plus tard lors de la paie effec- par arrêté.
tuée au titre de la fin de ce contrat de travail le ou les facteurs L’employeur qui applique le référentiel de branche pour déter-
de risques professionnels définis à l’article D. 4161-2 auxquels miner l’exposition de ses salariés est présumé de bonne foi.
ils ont été exposés.
L’employeur qui applique les stipulations d’un accord de
L’article R. 4162-2 stipule que : branche étendu ou d’un référentiel professionnel de branche
I.- pour les salariés titulaires d’un contrat de travail dont la homologué mentionnés aux deux premiers alinéas de l’article
durée est supérieure ou égale à l’année civile, la déclaration L. 4161-2 pour déclarer l’exposition de ses travailleurs ne peut se
prévue au I de l’article R. 4162-1 donne lieu à l’inscription par voir appliquer les pénalités mentionnées au second alinéa de
la Caisse nationale d’assurance vieillesse des travailleurs l’article L. 4160-12, mais les pénalités et majorations de retard
salariés sur son compte personnel de prévention de la péni- applicables au titre de la régularisation de cotisation mentionnée
bilité de : au même alinéa.
1/ quatre points lorsqu’il est exposé à un seul facteur de L’article L. 4163-2 stipule que l’accord collectif de branche
risque professionnel, étendu mentionné à l’article L. 4162-1 peut déterminer l’exposi-
2/ huit points lorsqu’il est exposé à plusieurs facteurs de tion des travailleurs à un ou plusieurs des facteurs de risques
risques professionnels ; professionnels mentionnés au I de l’article L. 4163-2.

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46
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TBA713

Caractéristiques des grues à tour

par Pierre SERIN


Ingénieur ESTP-CHEC, enseignant et consultant

1. Composition et caractéristiques .......................................................... TBA 713 - 2


2. Utilisation d’une grue en sécurité........................................................ — 8
3. Cadre réglementaire, vérifications, registres, recommandations... — 12
4. Entretien sur le chantier ......................................................................... — 15
5. Grues interférentes (ou grues sécantes) ............................................ — 16
6. Stabilisation des grues à tour ............................................................... — 18
7. Risques des grues à tour......................................................................... — 19
8. Accidents..................................................................................................... — 19
9. Moyens de prévention ............................................................................. — 19
10. Évolution...................................................................................................... — 19
11. Grutier .......................................................................................................... — 20
12. Conclusion .................................................................................................. — 22
Pour en savoir plus .............................................................................................  Doc. TBA 713

ne grue à tour est un appareil de levage et de manutention. C’est un type


U de grue servant sur les chantiers de construction d’infrastructures, de
bâtiments et d’ouvrages de travaux publics ; elle se trouve également sur les
chantiers navals.
Ces grues peuvent être de concepts différents, GME (grues à montage par
éléments) et GMA (grues à montage automatisé) ayant des caractéristiques
également très différentes (dimensions, hauteurs de levage, portées, capacités
de charge) correspondant aux besoins du chantier (maisons individuelles,
immeubles de très grande hauteur, petits entrepôts à centrale nucléaire, aires
de lancement des engins spatiaux).
Les grues à tour sont des engins utiles, mais fragiles, nécessitant une surveil-
lance journalière à chaque prise de poste et des entretiens importants.
Même si elles tendent vers une automatisation, elles nécessitent la main de
l’homme pour leur conduite. C’est le grutier qui est chargé de cette tâche (il y
a encore très peu de femmes dans ce métier) bénéficiant d’une surveillance
médicale spéciale, d’une formation générale et particulière pour chaque type
d’engin, donnant lieu à un certificat de conduite en sécurité et une autorisation
à validité restreinte donnée par le chef d’entreprise au vu du certificat d’apti-
tude médicale et certificat de conduite. Le grutier doit connaître les besoins des
différentes équipes et doit tout voir de sa position.
Toutes ces précautions (que certains appellent contraintes) font que le nombre
d’accidents est faible.
La grue est le matériel essentiel pour la réussite d’un chantier.
Parution : août 2021

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CARACTÉRISTIQUES DES GRUES À TOUR ________________________________________________________________________________________________

1. Composition 1.2 Différents éléments


et caractéristiques Différents modèles existent sur le marché, classés suivant la
composition des principaux éléments (figure 1) :
• le châssis ;
1.1 Types
• le mât, communément appelé « tour », la cabine et le porte-
Les grues à tour comportent deux grandes catégories en fonc- flèche ;
tion de la position du mécanisme de rotation qui peut se trouver • la flèche et la contre-flèche.
au sommet ou en pied du mât. Ces types sont respectivement
appelés : Une grue à tour comporte toujours un fût et une flèche, souvent
caractérisés par une structure en treillis ; des exceptions existent
• GME : grue à tour à montage par élément ; pour les petites grues à montage rapide.
• GMA : grue à montage automatisé.
La famille des grues GME comporte des grues avec flèche et 1.2.1 Châssis
contre-flèche, parmi lesquelles :
• les grues à tirants (ou appelés à tort « à haubans ») ; Différents types de châssis existent :

• les grues sans tirants (flat top ou topless) ; • le châssis fixé par l’intermédiaire d’un cadre noyé dans un
bloc de béton armé, ou solidaire du bâtiment en construc-
• les grues à flèche redevable (montage en sapine) parfois utili- tion ;
sées sur le gratte-ciel (encombrement moindre et surface de
travail moindre). • le châssis fixé au sol par des poutres ou des patins d’appui ;

La famille des grues GMA comporte : • le châssis monté sur un train de roulement constitué de che-
nilles ou de bogies.
• les grues à montage rapide (GMR) de faible capacité et sa
hauteur variable ; Généralement, les GME sont montées à poste fixe ou sur des
bogies circulant sur une voie de roulement à grand écartement.
• les grues à tour à montage rapide (GTMR) de plus forte capa-
cité et avec en général la possibilité de rajouter des éléments Les GMA sont montés sur un châssis porteur équipé de pneu-
de mâts pour en accroître la hauteur sous crochets. matiques leur permettant de se déplacer sur le site et sur route.

Poinçon

Flèche

Contre-
flèche
Chariot

Tirants
Porte-
flèche
Hauban Cabine

Leste
Plate-forme Pivot de contre-
Lest flèche
de pied
Mât/tour

Leste
Couronne d’orientation de pied

Châssis de base

GMA GME

Figure 1 – Les différents éléments d’une grue à tour GME et GMA

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TBA713

________________________________________________________________________________________________ CARACTÉRISTIQUES DES GRUES À TOUR

1.2.2 Mât 1.2.7 Chariot


Il est surtout appelé « la tour » ; constitué d’éléments treillis ou Cet élément roule sur les membrures inférieures de la flèche ; le
de structures tubulaires, ces deux types d’éléments peuvent être treuil de manœuvre du chariot se trouve sur le tronçon de contre-
assemblés : flèche sur les GME, et en pied de mât pour les GMA.
• bout-à-bout (exclusivement utilisés sur les GME) ; Sur les GMA, la liaison du porte-flèche à la plate-forme est
• articulés ; assurée par un tirant lié au pivot sur lequel se trouvent les contre-
poids ainsi que les treuils de levage et de chariot. Également, sur
• par coulissement l’un dans l’autre.
la plate-forme se trouve un treuil auxiliaire de déploiement de
L’assemblage du mât peut se faire lors de la mise en place de la l’équipement.
grue à son emplacement de travail. La surélévation peut se faire
Certains modèles existent avec l’ensemble porte-flèche, flèche,
ultérieurement, une fois la grue montée. Une autre possibilité
contre-flèche remplacé par une plate-forme qui supporte une
s’effectue au moyen d’une cage de télescopage propre à chaque
flèche redevable.
constructeur ; le mât peut ainsi être installé par :
La grue GMA est également souvent caractérisée par une struc-
• un coulissement intérieur ou extérieur ; ture en treillis (quelques rares exceptions sur des petites grues à
• des parties de mature. montage rapide).
À noter que les assemblages de mature par articulation au cou-
lissement sont réservés aux GMA. 1.2.8 Poulies de chariot
C’est l’ensemble de poulies qui orientent les câbles de levage
1.2.3 Cabine de manière verticale.
La cabine est le lieu de commande ; elle peut être intérieure ou
extérieure au mât de la grue. 1.2.9 Tirants
Dans les GME, la cabine est située en haut de la tour, sous le
niveau inférieur de la flèche et de la contre-flèche ; elle tourne Ce sont des câbles métalliques situés entre le mât et la flèche et
avec le mât, et peut être placée dans l’axe de la flèche ou dépor- le mât et la contre-flèche pour répartir les efforts de traction.
tée à droite ou à gauche, suivant le procédé utilisé pour élever le
mât (ou la tour). C’est depuis cet habitacle que le grutier, à l’aide 1.2.10 Accès à la cabine
de différents leviers, commande les manœuvres.
Dans les GME, la cabine est située sur le haut de la tour. C’est à
partir de cet habitacle situé en altitude que le grutier commande
1.2.4 Mât et porte-flèche les manœuvres à l’aide d’un clavier et des manettes.
Ce type d’élément est réservé aux GME. Un pivot qui comporte La mise en place d’accès motorisés sur les grues à tour dont la
la couronne d’orientation est monté au sommet du mât. Ce pivot hauteur d’ascension est supérieure à 30 m est obligatoire depuis
contient les articulations nécessaires à l’assemblage de la flèche le 1er janvier 2019.
et de la contre-flèche.
Cependant, il faudra s’assurer que cette installation soit bien pré-
La cabine est fixée à l’élément du mât, en avant ou latéralement. vue par le fabricant, soit de la grue à tour soit du monte-grutier. Si
Le porte-flèche (ou poinçon) est constitué d’éléments treillis ce n’est pas le cas, la responsabilité de la conformité de l’ensemble
tubulaires reposera sur l’utilisateur (voir [1]) et que les opérateurs utilisant ces
dispositifs aient été formés pour cette utilisation.

Pour les GMA qui ne comportent pas de contre-flèche, les 1.2.11 Crochet
articulations de pied de flèche et du poinçon sont situées sur
le sommet du mât. En métal, cette pièce recourbée est l’élément auquel la charge
La cabine (lorsqu’elle existe) est située au sommet du tron- est suspendue.
çon de mât inférieur ou supérieur. C’est l’élingueur qui est responsable de l’accrochage de la charge.

1.2.5 Chemin de roulement 1.2.12 Lest


Le chemin de roulement fait partie de la flèche et consiste en un Attendu que le contrepoids est situé sur la contre-flèche, en
alignement de poutres sous lesquelles roule le chariot. haut du mât, le lest est constitué de plusieurs blocs de béton
empilés en pied de tour (mât). Ces blocs assurent la stabilité verti-
cale de la grue afin d’éviter toute chute ou renversement.
1.2.6 Flèche et contre-flèche
La flèche est constituée d’une structure treillis, assemblée par 1.2.13 Treuil de levage
éclissage à l’aide de boulons posés avec une goupille. Cette
flèche, pour les GME, est articulée sur l’élément portant la cabine, C’est un ensemble constitué par un moteur entraînant un tam-
et pour les GMA sur le mât. Elle est maintenue en position par des bour d’enroulement pour le câble de levage et qui permet de sou-
tyrans fixés sur sa structure et au sommet du porte-flèche. lever la charge.
Sur les GME, la flèche est contrebalancée par une contre-flèche
qui est dans l’alignement de la flèche, en structure treillis égale- 1.2.14 Équipements spéciaux
ment. Sur cette contre-flèche se trouvent :
Certaines conditions d’exploitation ont des exigences particu-
• le treuil de levage de la charge ; lières. Les constructeurs, pour répondre à ces exigences, ont
• les contrepoids de flèche ; développé des machines ou des équipements spéciaux parmi les-
• l’armoire électrique éventuellement. quels on peut citer :
Sans la contre-flèche et le contrepoids, la charge ne pourrait • l’haubanage ou l’ancrage au bâtiment ;
pas être soulevée en toute sécurité. • les machines à double mâture ou mâture renforcée.

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TBA713

CARACTÉRISTIQUES DES GRUES À TOUR ________________________________________________________________________________________________

Les grues sont toutes lestées à la base, sauf celles qui sont
directement fixées au sol par une fondation.
Ce lest peut être constitué de poids en béton pour une grue à
tour, en métal pour une grue mobile, ou il ne peut s’agir que du
véhicule lui-même pour une grue auxiliaire. En général, les grues
à tour ont aussi un contrepoids en bout de contre-flèche, pour
pouvoir assurer leur équilibre.
Les grues mobiles sont autolestées, à la fois par le châssis por- Distribution
teur et un contrepoids sur la partie tournante. Selon la capacité de Orientation
levage de ces machines, des contrepoids additionnels peuvent
être mis en place sur la partie tournante, mais doivent être dépo-
sés pour circuler sur les voies publiques. Levage
Sur une grue à tour à montage par éléments (GME), il est uti-
lisé, selon la hauteur sous crochet, une centaine de tonnes de lest
à la base, et selon la longueur de flèche, quelques tonnes en bout
de contre-flèche.
La valeur du lest de base tient compte de :
• la hauteur de la machine ; Translation
• son empattement ;
• l’effet environnemental (vent).
Le lest de contre-flèche varie selon la longueur de flèche.
Sur une grue à montage automatisé (GMA), un lest dont la
valeur est invariable est disposé sur la partie tournante. Figure 2 – Les différents mouvements d’une grue à tour

1.3 Levage d’une charge • la translation de l’ensemble de la grue sur des rails ou voies
de grue lorsque la grue est équipée de bogies.
Les grues à tour lèvent les charges au moyen d’un système de
palan ; un crochet équipe le moufle inférieur, le supérieur étant Ces mouvements sont exécutés à partir du poste de conduite
solidaire de la structure ; en général, un chariot se déplace sur la par deux manipulateurs (figure 3) situés de part et d’autre du
flèche (sauf dans le cas des grues à flèche relevable où le moufle siège du grutier dans le prolongement des accoudoirs. C’est en
est fixe en bout de flèche). Le câble est relié au treuil de levage. déplaçant des leviers que le grutier, grâce aux crans situés dans le
manipulateur, ressent les changements de vitesse par paliers.
Dans d’autres modèles, il n’y a pas de cran, mais la vitesse du
1.3.1 Mouvements d’une grue mouvement est proportionnelle au déplacement du levier.
Les quatre mouvements effectués par la grue sont (figure 2) : Les deux manipulateurs sont repérés sur la figure 3 par G (pour
• le levage et la descente de la charge ; gauche) et D (pour droite).

• la distribution de la charge par déplacement du chariot sur la Se trouvent également à côté des manipulateurs les boutons et
flèche ou la montée et descente de la flèche (cas des grues à voyants suivants :
flèche relevable) ;
• M : bouton affleurant commandant la mise en marche de la
• l’orientation ; machine ;

Distribution Crochet
VR avant descente VV

Rotation Rotation Translation Translation


G D
gauche droite (AR) (AV)

Distribution Crochet
arrière montée
FR A M

Figure 3 – Les mouvements possibles des « manipulateurs »

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________________________________________________________________________________________________ CARACTÉRISTIQUES DES GRUES À TOUR

• A : bouton apparent de mise à l’arrêt ; Nota : il ne faut pas modifier les valeurs de déclenchement des seuils de déclenche-
ment. La manutention de branches grandes surfaces est un réglage du premier seuil.
• FR : comment connaître l’orientation ;
• NB : le frein d’orientation (automatiquement libéré par action L’indicateur d’interférence donne des informations relatives à la
sur le manipulateur) ; présence d’une grue mitoyenne ou d’un obstacle fixe. Il indique
également le sens des mouvements à effectuer pour se dégager
• VV : voyant vert de mise en marche ; de situation d’interférence traduite par une impossibilité de pour-
• VR : voyant rouge signalant une anomalie de fonctionnement suivre les mouvements en cours.
(non systématiquement installé).
Certaines commandes peuvent avoir plusieurs fonctions, telles 1.3.3 Indicateurs extérieurs
que marche et arrêt, marche et klaxon.
Ils signalent des préalables ou des opérations qui vont être
Nota : sur la figure 3, la disposition des boutons n’est pas normalisée mais les sym- faites automatiquement :
boles le sont.
• jaune clignotant : préalarme vent ;
On trouve également, en fonction du type de grue, les com- • rouge clignotant : alarme vent ;
mandes des mécanismes qui vont permettre :
• blanc clignotant : défauts système anticollision ;
• le télescopage du mât ;
• vert continu : radiocommande en action ;
• le télescopage de la flèche ;
• vert clignotant (facultatif) : signalisation de la mise en girouette
• le déploiement (GMA) ; de la grue.
• le relevage de la flèche. Ces différentes informations sont traduites sur les grues les
plus modernes par un affichage sur un moniteur.
Le grutier doit toujours s’assurer que les emplacements sont
définis sur la notice du constructeur. 1.3.4 Tableau des charges
Deux cas se présentent.

1.3.2 Indicateurs et voyants ■ Charges de surface au vent inférieure à 1 m2 par tonne


Savoir lire un tableau de charge n’est pas une option pour un
Des voyants lumineux situés sur le tableau de bord peuvent grutier, mais une obligation. il permet d’éviter la surcharge si le
être associés aux mouvements créés par les divers mécanismes ; dispositif automatique est défectueux.
la notice de conduite et d’entretien du constructeur doit en donner
la signification : La plaque de caractéristiques est propre à chaque modèle de
grue de chaque constructeur.
• vert : fonctionnement normal ;
Elle doit être affichée en cabine et porter les indications sui-
• bleu : atteinte d’une situation qui requiert l’attention ; vantes :
• orange : approche d’une situation qui peut devenir dange- • l’identification de la grue ;
reuse ;
• les consignes générales d’utilisation ;
• rouge : atteinte d’une situation dangereuse devant être accom-
• les caractéristiques des différents mécanismes ;
pagnée par une action immédiate d’arrêt de l’opération en
cours permettant de revenir au fonctionnement normal. • les combinaisons longueur de flèche et de contre-flèche ;
L’éclairage et les voyants, au lieu d’être fixes, peuvent être cli- • la masse des lests de base et de contre-flèche ;
gnotants ; la signification pourra être de signaler une situation • les tableaux de charge (masse) et de portée en fonction du
intermédiaire, plus perceptible par le grutier. mouflage utilisé (SM = simple mouflage ou deux brins ;
L’indicateur de charge indique la masse de la charge suspendue DM = double mouflage ou quatre brins).
aux crochets de la grue ; il indique également les types de mou- Le tableau de charge illustré sur la figure 4 est donné à titre
flage deux ou quatre brins. Le sélecteur doit donc être positionné d’exemple. Il représente les caractéristiques de charge d’une grue
sur le type de mouflage utilisé. utilisée en mouflage à deux brins en fonction de la longueur de la
L’indicateur de portée indique la distance du chariot par rapport flèche de 25 à 65 m.
à l’axe d’orientation de la couronne. La portée est la distance horizontale entre l’axe de rotation de la
grue et l’axe de l’ensemble câbles, crochet et charge soulevée.
La masse de tous les dispositifs de préhension est à considérée
La pose de jalons le long de la flèche permet de connaître la
comme éléments constituant la charge (benne à béton, ferraillage,
distance entre l’axe de la couronne d’orientation et le câble de
coffrage…).
levage. En cas de défaillance des mécanismes, il sera ainsi
possible de terminer l’opération.
Exemple (figure 4) : la grue est équipée d’une flèche de 55 m et
doit manœuvrer une masse totale de 4 300 kg. La question est : à
quelle portée cette charge peut-elle être déposée ?
L’indicateur de hauteur donne la distance du crochet par rap- Sur la ligne correspondant à la longueur de flèche de 55 m, il faut
port à la position fin de course haute (et non par rapport au sol). rechercher quelle est la charge la plus proche et supérieure à
L’indicateur de moment et de pourcentage indique l’état de 4 300 kg qui se trouve dans la colonne correspondant à la portée de
chargement de la grue par rapport à ses possibilités. 40 m. Il n’y a aucune difficulté pour manœuvrer cette charge de
L’indicateur anémométrique indique la vitesse instantanée du 4 300 kg jusqu’à la portée de 40 m. Si le limiteur de charges est en
vent et émet deux signaux d’alarme sonore ou visuelle : panne, il ne faut pas chercher à aller au-delà de cette portée. Le calcul
qui devrait être fait est trop difficile à faire sur un chantier.
• le premier indique qu’il ne faut plus manutentionner des
charges de grandes surfaces ; La colonne « maxi » située dans la partie droite du tableau de la
• le second qu’il faut mettre la grue hors service. figure 4 indique la charge maximale manœuvrable par la grue en

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TBA715

Le règlement de chantier
et le compte prorata
par Pierre SERIN
Ingénieur ESTP et CHEBAP

1. Règlement de chantier ............................................................................... TBA 715 - 2


1.1 Article premier – Objectifs du règlement.................................................. — 2
1.2 Article 2 – Fonctionnement de la direction de chantier ........................... — 3
1.3 Article 3 – Rappels des documents de référence ..................................... — 4
1.4 Article 4 – Organisation des réunions de chantier ................................... — 4
1.5 Article 5 – Contrôles.................................................................................... — 6
1.6 Article 6 – Dépenses d’intérêt commun .................................................... — 7
1.7 Article 7 – Préchauffage.............................................................................. — 7
1.8 Article 8 – Propreté et respect.................................................................... — 7
1.9 Article 9 – Dispositions particulières ......................................................... — 9
1.10 Article 10 – Annexe au règlement de chantier ......................................... — 9
2. Compte prorata de chantier ...................................................................... — 9
2.1 Fonctionnement du compte prorata et du compte interentreprises ...... — 10
2.2 Textes généraux régissant le compte prorata de chantier...................... — 11
2.3 Acteurs du compte prorata (CP) et du compte interentreprises (CIE) .... — 11
2.4 Deux acteurs importants extérieurs au compte prorata.......................... — 12
2.5 Contrôle ....................................................................................................... — 12
2.6 Financement du compte prorata ............................................................... — 13
2.7 Recettes ....................................................................................................... — 13
2.8 Budget et règlement ................................................................................... — 13
2.9 Risques et enjeux pour le gestionnaire du compte prorata .................... — 14
2.10 Impayés et norme NF P03-001................................................................... — 15
2.11 Exemple chiffré d’un compte prorata ....................................................... — 15
3. Conclusion................................................................................................... — 15
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. TBA 715

e règlement de chantier et le compte prorata (ainsi que le compte inte-


L rentreprises) sont des documents très importants qui conditionnent la
bonne réalisation d’un chantier.
Le règlement de chantier est relatif à l’organisation et au fonctionnement du
chantier.
Le compte prorata est relatif aux dépenses faites pour le compte de
l’ensemble des entreprises et généralement réparti suivant le montant des
travaux des marchés.
Le compte interentreprises est relatif aux dépenses engagées pour certaines
entreprises ; elles le régleront suivant une proportion définie. Ces dépenses ne
rentrent pas dans le compte prorata.
Si ces comptes, dont le contenu et la taille sont fonction des caractéristiques
du chantier, ne sont pas obligatoires, ils sont fortement conseillés car ils per-
mettent d’améliorer les conditions de réalisation et d’éviter les litiges
financiers. Ils seront donc étudiés successivement.
Parution : mars 2018

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TBA 715 – 1

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TBA715

LE RÈGLEMENT DE CHANTIER ET LE COMPTE PRORATA ____________________________________________________________________________________

et une bonne satisfaction des besoins des utilisateurs dans le


1. Règlement de chantier cadre des documents contractuels.
La démarche pour son établissement nécessite :
Le règlement de chantier est établi par le maître d’œuvre en – une concertation confiante et franche entre les différents inter-
accord avec le maître d’ouvrage. Il est défini pour l’étude de la venants qui va déboucher sur une définition précise des missions
soumission par les entreprises et figure donc dans le dossier de chacun ;
d’appel d’offres. – la recherche pour chaque intervenant d’une meilleure qualité
Le règlement de chantier est un document qui varie suivant la de son travail, avec la recherche des moyens qu’il peut mettre en
nature et la taille du chantier. Cette section va développer les œuvre pour faciliter le travail des autres intervenants, et ainsi amé-
articles d’un règlement de chantier pour une réalisation impor- liorer le bâti ;
tante avec des commentaires pour expliquer son établissement. – un objectif commun à chacun, la recherche de la qualité avec
Certains points peuvent ne pas figurer dans le règlement du chan- le respect des normes et des procédures.
tier dans le cas des chantiers de dimensions moyenne ou petite.
D’autres, comme « la sécurité de l’homme au travail », doivent
impérativement y figurer et être expliqués. Un panneau d’obliga- 1.1.1 Calendrier d’exécution
tions et d’interdictions (et non de recommandations) peut être Ce document est établi par le maître d’œuvre, joint en annexe
affiché (figure 1) ; avant de le soumettre pour accord au maître du règlement de chantier dans le dossier de consultation des
d’ouvrage, le maître d’œuvre peut se faire aider par l’OPPBTP afin entreprises.
de l’améliorer.
Sa précision doit permettre aux entreprises d’évaluer, à partir
du dossier de consultation, les moyens matériels et humains à
mettre en œuvre, ainsi que les techniques utilisées pour répondre
1.1 Article premier – Objectifs au délai.
du règlement Le calendrier établi par le maître d’œuvre comprend donc un
Le règlement doit être accepté par toutes les entreprises réalisa- délai de préparation, un délai de réalisation et un délai de finition.
trices de la présente opération. Ce règlement définit l’organisation Ce calendrier sera validé par tous les corps d’état, gros œuvre,
et le fonctionnement du chantier afin de réaliser un bâti de qualité secondaires et équipement, tant pour le délai global que pour les
délais d’intervention de chacun, en tenant compte de leur temps
élémentaire ; il deviendra alors le calendrier prévisionnel du chan-
tier qui sera amendé par tous les intervenants pour devenir le
RÈGLEMENT DU CHANTIER « calendrier opérationnel ».

1.1.2 Préparation du chantier


SONT OBLIGATOIRES : Cette phase se déroulera entre la signature du marché et
l’ouverture du chantier dans le délai de préparation, et aura pour
LE PORT DES CHAUSSURES DE SÉCURITÉ objectifs :
• la réalisation de l’installation du chantier dont :
LE PORT DU CASQUE DE PROTECTION
– les terrassements généraux,
– la voirie du chantier,
LE PORT DES GANTS – les locaux affectés au personnel (sanitaire, vestiaires, réfec-
Pour les travaux de manutention toire…) ;
• l’organisation du chantier et les modalités d’accueil du per-
LE PORT DES LUNETTES DE PROTECTION sonnel ;
Pour les travaux de meulage, coupage, sciage etc.
• l’obtention des autorisations diverses auprès des différents
LE PORT DES PROTECTIONS DE L’OUÏE
services techniques ;
Pour les travaux de piquage, sciage, meulage, etc. • la réalisation par les entreprises des plans techniques pour
validation par l’architecte et les bureaux de contrôle ;
• de s’assurer de la coordination en amont avec la connais-
LES VISITEURS DOIVENT : sance des modes opératoires des différentes entreprises,
notamment en ce qui concerne la sécurité des hommes au
S’ANNONCER : AU CHEF DE CHANTIER travail, les risques propres, les risques exportés et les risques
PORTER : UN CASQUE DE PROTECTION importés de chacun ;
• de s’assurer de la répartition des zones d’atelier et de stoc-
kage en fonction des surfaces disponibles, et des dates
d’intervention ;
SONT INTERDITES : • de préciser les modalités de contrôle et d’autocontrôle.
LES BOISSONS ALCOOLISÉES
LES DROGUES 1.1.3 Déroulement du chantier
Le rendez-vous de chantier est destiné à détecter les impondé-
rables du chantier. Ainsi seront traités les problèmes a posteriori
LES CONTREVENANTS SERONT EXPULSÉS DU CHANTIER (évaluation, analyse) ou a priori (prévision). La réussite du chanter
dépend de la participation et de la contribution de tous les interve-
Figure 1 – Règlement de chantier nants.

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_____________________________________________________________________________________ LE RÈGLEMENT DE CHANTIER ET LE COMPTE PRORATA

1.1.4 Finitions, réception des ouvrages, levée Les représentants des bureaux d’études peuvent donner des
des réserves ordres aux entreprises dans les domaines techniques où ils sont
responsables (à condition que ces ordres n’aient aucune incidence
Le but à atteindre est la réception contractuelle de tous les architecturale et/ou financière).
ouvrages. Pour cela, des opérations ont lieu entre les entre-
prises : chaque entreprise vérifie ses fiches de contrôle et
d’autocontrôle et les fiches de contrôle et/ou d’autocontrôle des 1.2.3 Courrier adressé par les entreprises
autres entreprises et examen fait de visu avec les ouvrages à la maîtrise du chantier
concernés. L’envoi peut être postal ou numérique.
Des non-qualités et non-conformités seront repérées : • Il doit être envoyé au maître d’œuvre pour tout ce qui
– par l’entreprise concernée sur ses travaux ; concerne la direction générale du chantier (coordination entre
– par les entreprises concernées lors d’opérations préalables à la les divers corps d’état, modifications, règlement financier).
réception, dans le but d’établir un classement des moyens à mettre • Il doit être adressé directement aux personnes concernées de
en œuvre pour y remédier. l’équipe d’ingénierie pour tout ce qui concerne les parties
Il faut rappeler que la « non-qualité » est pour les chantiers du techniques
BTP une catastrophe financière, et pour le client un sujet de
mécontentement
Remarque
Suivant les cas :
Un double des courriers doit être adressé au maître d’œuvre.
• la réparation est possible : les entrepreneurs responsables
planifient la réparation entre eux ;
• la réparation est impossible : les entrepreneurs responsables 1.2.4 Directives données par la maîtrise d’œuvre
en réfèrent à la personne compétente (le maître d’œuvre et
éventuellement le maître d’ouvrage) qui décidera : ■ Comptes rendus
– la démolition ou la mise au rebut, Il doit être considéré comme un ordre pour l’exécution de
– ou l’acceptation en l’état. toutes les décisions n’entraînant pas de modification du marché.
Toute contestation sur les comptes rendus doit être faite avant
le rendez-vous suivant auprès du maître d’œuvre.
Remarque
S’il est demandé une prestation supplémentaire à l’entrepre-
Il ne doit rester qu’un minimum de réserves lors de la récep- neur ayant une incidence financière, l’entreprise doit en faire part
tion ; celles-ci doivent être levées dans un temps minimum. au maître d’œuvre avant toute exécution.
Cette levée des réserves permet la réception des ouvrages qui
n’est alors qu’une étape administrative et contractuelle légale. ■ Lettres aux autres entrepreneurs
En cas de problème, ces lettres doivent être adressées directe-
ment aux entreprises concernées.
1.2 Article 2 – Fonctionnement
de la direction de chantier 1.2.5 Engagement des entrepreneurs

Ce fonctionnement peut comprendre six points : Qu’elles soient législatives ou contractuelles, les obligations
s’appliquent à l’ensemble des entreprises. C’est la loi des parties.
– la liste des intervenants ;
– la direction de chantier ; Les entreprises ne pourront pas se prévaloir qu’elles ne peuvent
pas les appliquer pour des raisons de marché, d’économie, de tra-
– le courrier adressé par les entreprises à la maîtrise du chantier ;
vaux demandés par le maître d’ouvrage.
– les directives données par la maîtrise d’œuvre ;
– l’engagement des entrepreneurs ; Ces textes étant réglementaires et contractuels, l’obstination
– le respect des délais : les plannings. d’un entrepreneur au refus de la législation même avec l’accord
du maître d’ouvrage les mettrait en infraction.

1.2.1 Liste des intervenants


Remarque
Une fois la liste mise à jour (après la signature des marchés)
Le maître d’œuvre, par cette attitude, se trouvera dégagé des
elle doit être jointe en annexe du règlement de chantier.
responsabilités relevant de ses obligations par la simple accep-
tation du marché par les parties.
1.2.2 Direction de chantier Si des économies envisagées par des entrepreneurs ou le
maître d’ouvrage sont susceptibles de nuire à la sécurité et à la
Doivent figurer les noms, fonctions, nom de l’entreprise ou de réglementation en vigueur, le maître d’œuvre ne pourra les
la société, et la manière de joindre rapidement. entériner.
Exemple : Le marché sera soumis à la loi assurances-construction en
vigueur.
Le maître d’œuvre… représenté sur le chantier par Monsieur…
assure la direction du chantier.
Les bureaux d’études suivants assistent le maître d’œuvre : 1.2.6 Respect des délais : plannings
Structure… représentée par Monsieur…
Le respect des délais d’exécution est un point déterminant ; ces
Équipements… représenté par Monsieur… délais sont inscrits au CCAP. En annexe du CCAP se trouve le
planning prévisionnel élaboré avant la consultation des entre-
Le représentant du maître d’œuvre est seul habilité à donner prises par la seule maîtrise d’œuvre en fonction des techniques et
des ordres aux entreprises. moyens d’exécution.

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LE RÈGLEMENT DE CHANTIER ET LE COMPTE PRORATA ____________________________________________________________________________________

C’est pendant la phase préparatoire du chantier que ce planning 1.3.4 Dossier d’exécution
prévisionnel sera précisé, amendé avec les entreprises désignées,
et deviendra ainsi le planning opérationnel. Dès la fin de la phase « préparation du chantier », le maître
d’œuvre amende les plans « marché » et le CCTP « marché », ainsi
Les plannings pourront être établis suivant les méthodes de que le règlement de chantier, en fonction :
potentiel-étape ou de potentiel-tâche, ce qui facilitera leurs
mises à jour et les modifications. Pour la compréhension des – d’une part des plans d’exécution des ouvrages et des plans de
entreprises, ces plannings seront traduits en « graphe plan- réservation fournis par les entreprises ;
ning ». – d’autre part des résultats de concertation de la maîtrise
d’œuvre et des bureaux de contrôle avec les entreprises.
La réalisation de l’ouvrage pourra être étudiée dans l’optimali-
Les plans sont alors estampillés « bon pour exécution ».
sation des tâches en s’appuyant sur la maquette numérique BIM
(Building Information Model). Le lot gros œuvre reçoit de la maîtrise d’œuvre un exemplaire
de ces documents qu’il doit tenir à la disposition des intervenants
dans le bureau de chantier.
1.3 Article 3 – Rappels des documents En fin de chantier, ces documents tenus à jour (ou au dernier
de référence indice connu) constituent « les documents de la maîtrise d’œuvre
du dossier des ouvrages exécutés ».
Les frais de tirage supplémentaires seront portés au compte
prorata.
En cas de perte d’un document, celui-ci devra être reconstitué
1.4 Article 4 – Organisation des réunions
sous 48 heures par l’entreprise ayant perdu le document. de chantier
Dans le cas contraire, les dépenses de reconstitution seront ins-
crites dans le compte interentreprises. 1.4.1 Date des réunions de chantier
Le maître d’œuvre provoque et dirige les rendez-vous de chan-
1.3.1 Dossier marché tier en présence du maître d’ouvrage et des entreprises. Ces réu-
nions se tiendront en principe une fois par semaine au jour et à
Le lot « gros œuvre » a la charge de tenir à disposition dans le l’heure fixés dès l’ouverture du chantier.
bureau de chantier un exemplaire du dossier marché comprenant
notamment : 1.4.2 Réunions de mise au point technique
– un jeu de plan complet ; et autres réunions de chantier
– le CCTP ;
– le CCAP, y compris le règlement de chantier. Le maître d’œuvre aura la possibilité de convoquer les entre-
prises, verbalement ou par écrit, à des réunions de coordination,
des réunions de chantier hebdomadaires, ou des réunions de
1.3.2 Recueil des observations « mise au point technique ».
Le lot gros œuvre tient à disposition le recueil des observations Il faut rappeler que les réunions de chantier ont pour objectif de
fourni par le maître d’œuvre à partir : régler les problèmes d’exécution, de coordination et de coactivité.
Les réunions de mise au point technique pourront être des réu-
– des documents émis par les services du permis de construire nions distinctes à l’initiative du maître d’œuvre et des techniciens.
et les services de sécurité incendie, lors de l’élaboration du permis
de construire ; Ces réunions pourront se tenir indifféremment dans les bureaux
– du bureau de contrôle au vu du dossier constituant la du maître d’ouvrage, du maître d’œuvre, des techniciens, dans la
demande de permis de construire et du dossier de consultation salle de réunion de chantier ou extérieurement au chantier, dans
des entreprises. des locaux définis.

1.3.3 Documents généraux (CCAG et CCTG) 1.4.3 Présence des représentants des entreprises

■ Cahier des clauses administratives générales (CCAG) Les entreprises convoquées doivent être représentées. Le
compte rendu de la réunion précédente pourra servir de convoca-
Deux cas peuvent se présenter : tion pour les entreprises qui étaient présentes et pour celles qui
– pour les marchés privés, il s’agit de la norme NF P03-001 à ne l’étaient pas.
l’indice en vigueur (éditée et diffusée par l’AFNOR) ; Les représentants des entreprises qui recevront le PVR le lende-
– pour les marchés publics, il faut se référer aux textes en main soir de la réunion par voie numérique devront être des fon-
vigueur (décret n° 76-87 du 21 janvier 1976 modifié de nombreuses dés de pouvoir de celles-ci, c’est-à-dire qu’ils doivent pouvoir
fois). répondre à toute question qui leur sera posée, prendre toute déci-
sion nécessaire et donner ensuite les ordres à l’encadrement de
■ Cahier des clauses techniques générales (CCTG) leur entreprise sur le chantier.
Ce texte fixe des dispositions techniques applicables à toutes Un code sur la liste des participants à l’opération peut être uti-
les prestations d’une même nature : lisé pour savoir si la présence est souhaitée (S) ou impérative (I).
– pour les marchés privés, la norme NF P03-001, à l’index en Le CCAP doit indiquer les pénalités pour absence. Ainsi, à titre
vigueur stipule en son article 5–1–3 que les textes applicables sont d’exemple (en HT) :
les différents DTU ; – un retard supérieur à 30 minutes implique une pénalité de 50 à
– pour les marchés publics, deux décrets (décret n° 93-1164 200 € par quart d’heure ;
modifié et décret n° 96-420 modifié) énumèrent la presque totalité – la première absence complète une pénalité de 200 à 500 € ;
des DTU et des fascicules publiés par le CSTB. – les suivantes 400 à 2 000 € suivant l’importance du chantier.

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Exécution du chantier

par Williams PAUCHET


Ex maître d’œuvre de la Défense nationale et en indépendant – Formateur en direction de
chantier

1. Mise en place de l’installation de chantier ...................................... TBA 717v2 - 2


1.1 Comprendre le rôle de l’installation de chantier ...................................... — 2
1.2 Mettre au point l’installation de chantier .................................................. — 2
1.3 Définir un plan d’installation de chantier.................................................. — 2
1.4 Maîtriser les éléments du plan d’installation de chantier........................ — 2
2. Exécution du chantier – Réunions de chantier ............................... — 3
2.1 Objet des réunions de chantier.................................................................. — 3
2.2 Acteurs des rendez-vous de chantier ........................................................ — 4
2.3 Préparation du rendez-vous de chantier ................................................... — 4
2.4 Convocation au rendez-vous de chantier.................................................. — 5
2.5 Distinguer les présences souhaitées ou nécessaires
sur les convocations ................................................................................... — 5
2.6 Périodicité des rendez-vous de chantier ................................................... — 6
2.7 Durée du rendez-vous de chantier............................................................. — 6
2.8 Cadre des rendez-vous de chantier ........................................................... — 7
2.9 Visite de chantier......................................................................................... — 7
2.10 Compte rendu de chantier.......................................................................... — 8
2.11 Présentation du compte rendu .................................................................. — 8
2.12 Registre-journal........................................................................................... — 9
2.13 Projet de compte rendu .............................................................................. — 9
3. Prévention des désordres liés à la conception
et à la réalisation de l’ouvrage ............................................................ — 14
3.1 Points sensibles du chantier ...................................................................... — 14
3.2 Gestion des interfaces ................................................................................ — 14
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. TBA 717v2

À
partir du moment où un chantier, quel qu’il soit (de bâtiment ou de
travaux publics), doit durer plusieurs jours ou plusieurs mois, on doit
mettre en place une installation de chantier efficace de manière à ce que
tous les corps d’état puissent travailler dans les meilleures conditions pos-
sibles et ne pas faire prendre de risques aux personnels.
L’exécution technique du chantier doit être suivie très scrupuleusement par
le maître d’œuvre pour éviter les erreurs et les malfaçons. Pour cela, il dispose
de deux moyens :
• les ordres de service ;
• les comptes rendus de chantier.
Ces deux documents doivent avoir une réponse, soit écrite, soit technique,
des entreprises concernées.
Parution : novembre 2022

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EXÉCUTION DU CHANTIER ____________________________________________________________________________________________________________

1. Mise en place Remarque


de l’installation En fonction de l’importance des travaux, plusieurs plans
de chantier peuvent être nécessaires : vues en plan, coupes, détails... C’est
généralement l’entreprise titulaire du lot gros œuvre qui dresse
ce plan. Il est soumis à l’approbation du coordonnateur de
La mise en place de l’installation de chantier est une phase très sécurité et de protection de la santé (CSPS) et du maître d’œuvre.
importante lors de la préparation du chantier. En effet, les ques-
tions relatives à l’installation de chantier se posent dès l’établisse-
ment du dossier de consultation des entreprises afin de fixer les
contraintes liées au déroulement des travaux. À noter
Chaque employeur doit mettre à la disposition de ses salariés
Le rôle des coordonnateurs OPC (ordonnancement, pilotage,
des installations d’hygiène sur les chantiers : vestiaires, lavabos,
coordination) et SPS (sécurité et protection de la santé) est pré-
WC et douches, espaces de restauration. Ces espaces permettent
pondérant en marchés séparés. Ils doivent en particulier faire
à chacun d’assurer sa propreté et son bien-être individuel.
valoir les besoins des entreprises des corps d’état secondaires
Dès lors, comment mettre en place l’installation de chantier ? par rapport à l’entreprise principale (gros œuvre généralement).

1.1 Comprendre le rôle de l’installation 1.3 Définir un plan d’installation


de chantier de chantier
L’installation de chantier sert à : Un plan d’installation de chantier (PIC) est généralement établi
à partir d’un plan de masse et définit les matériels « fixes » néces-
• organiser le déroulement du chantier ; saires à la réalisation des ouvrages et les cantonnements pour
accueillir le personnel du chantier.
• ordonner le chantier ;
Il sert aussi à obtenir :
• positionner les éléments. • les autorisations d’installation des grues, de survol des
L’organisation du chantier doit permettre : grues sur les terrains ou les bâtiments voisins, de travaux
sur la voie publique, de déviations de voies, etc., émanant
• de prévoir les différentes phases de réalisation en déplaçant des services techniques des mairies ou des préfectures de
le moins possible les effectifs, les matériels, les matériaux police ;
(y compris lors du repliement du chantier) ; • les autorisations d’installer le chantier suivant les règles
• de faciliter la cohabitation et le dialogue entre les différents d’hygiène et de sécurité des services de l’Inspection du
corps d’état ; travail.
En principe, le plan de masse est le support adéquat du plan
• mais aussi d’utiliser au mieux l’espace disponible, notam-
d’installation de chantier.
ment en chantier urbain.
Vous devez vérifier que ce plan de masse est à jour et le com-
Ordonner le chantier permet un gain de temps et évite les pléter, éventuellement, par les indications suivantes :
pertes (matériaux) et double emploi (matériels). Cela permet aussi
• sens de circulation des rues d’accès ;
d’améliorer la qualité (réussir du premier coup au moindre coût).
• existence de réseaux sous chaussée ;
Vous pouvez ensuite positionner les éléments humains (rendez-
vous, accident) et matériels (livraisons, déplacements...). • panneaux de circulation ;
• dimensions du terrain ;
• nombre de niveaux des bâtiments ;
1.2 Mettre au point l’installation • servitudes...
de chantier
La mise au point de l’installation de chantier est une phase très 1.4 Maîtriser les éléments du plan
importante lors de la préparation du chantier. En effet, les ques- d’installation de chantier
tions relatives à l’installation de chantier se posent dès l’établisse-
ment du dossier de consultation des entreprises afin de fixer les Pendant la période de préparation du chantier, l’entreprise de
contraintes liées au déroulement des travaux. gros œuvre devra prendre en considération le plan provisoire
d’installation de chantier fourni dans le DCE et le compléter par
Ces contraintes sont portées sur un plan d’installation de
les informations suivantes :
chantier, qui peut être rendu contractuel. Ce plan est complété
1/ bâtiments existants :
et précisé par l’entrepreneur pendant la période de préparation
du chantier. • bâtiments environnants avec indication de leur hauteur,

Le plan d’installation de chantier (PIC) a pour objectif de ras- • visualisation des antennes et des autorisations de survol à
sembler, sur un document graphique, les informations relatives à vide des flèches de grues ;
l’aménagement du chantier et de donner une vision globale du 2/ emplacement des raccordements provisoires : transformateur
futur déroulement des travaux. Il est dressé en accord avec le ou coffret EDF, compteur d’eau, évacuation des eaux usées, etc. ;
calendrier, qui peut prévoir le phasage des travaux et, par consé- 3/ implantation des bâtiments provisoires : bureau de chantier, salle
quent, le déplacement total ou partiel des installations de chantier de réunion, réfectoire, vestiaires sanitaires, magasins... Certaines de
avant l’achèvement de l’ouvrage. ces installations sont demandées dans les marchés de travaux,

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____________________________________________________________________________________________________________ EXÉCUTION DU CHANTIER

d’autres répondent aux exigences réglementaires d’hygiène et de 2.1.2 Compléments des rendez-vous de chantier
sécurité, d’autres enfin sont simplement nécessaires à une bonne
organisation du chantier ; En complément des rendez-vous, il peut être organisé, autant
4/ voirie provisoire (une partie des fondations de chaussée défini- que nécessaire :
tive est prévue lors de l’exécution de la voirie provisoire) : • des réunions de chantier avec des ordres du jour spécifiques
• préciser l’accès du chantier réservé aux véhicules et celui concernant un nombre limité de personnes : il en est ainsi, par
réservé aux travailleurs, exemple, des réunions de coordination technique entre certains
membres de l’ingénierie (bureau d’études techniques (BET),
• penser à l’accès des pompiers et secours, entreprise de gros œuvre et entreprises des lots techniques).
• ajouter les panneaux de circulation « interdiction de stationner », Ces réunions doivent faire l’objet d’un compte rendu, même
« piétons passez en face », etc. ; succinct, pour, d’une part, laisser une trace écrite de ce qui a
5/ aires de stockage : déchargement, coffrage, aciers, préfabrica- été examiné et décidé, et, d’autre part, tenir informés les autres
tion, matériaux des diverses entreprises ; intervenants (la trame d’un tel compte rendu est présentée au
chapitre 2 de la partie « Les formulaires types » ; il importe que
6/ caractéristiques des engins de levage : modèle, position de la
ce document soit établi rapidement après la réunion, et que ces
voie, poids à lever en bout de flèche (attention au montage-
réunions soient mentionnées au compte rendu de chantier avec
démontage) ; en cas de survol de voirie ou de bâtiments par la
les décisions prises) ;
flèche, la charge doit être ramenée au plus près du pylône central ;
attention aux zones d’interférence s’il y a plusieurs grues ; • des visites de chantier par la maîtrise d’œuvre et/ou par le
7/ établir une coupe avec indication des bâtiments, visibilité du grutier, bureau de contrôle, sur l’initiative de ceux-ci ou à la demande
survol de l’environnement (voie SNCF, rue école, jardin public, etc.) ; impérieuse d’une entreprise.
8/ étude du déplacement des grues ;
9/ étude de survol des grues entre elles et de l’espace nécessaire
Remarque
aux flèches et contre-flèches ;
10/ position du poste de bétonnage : capacité nécessaire, stockage
Les visites de chantier à la demande d’une entreprise ne
des agrégats, position par rapport à la grue, accès pour approvi-
devraient pas exister si la préparation de chantier a été bien
sionnement, etc. ;
exécutée et si les rendez-vous de chantier sont suffisamment
11/ voies de circulation internes engins/piétons (horizontales et
détaillés. Sauf cas exceptionnel, les problèmes importants
verticales) : en fixer la nature, le gabarit, le profil.
découverts entre les rendez-vous de chantier, et nécessitant
Tous ces éléments sont définis plus en détail dans l’article [TBA 707]. une décision urgente, font l’objet d’un entretien téléphonique
et éventuellement d’échanges de télécopies explicatives, de
manière à pouvoir attendre le prochain rendez-vous.
À noter

Vous pouvez prendre comme support de ce plan le plan Dans des cas exceptionnels, on peut citer la découverte sur cer-
d’installation de chantier contractuel et y ajouter les informa- tains chantiers où ont eu lieu des combats lors de la dernière guerre
tions concernant les installations spécifiques de l’entreprise de des engins non explosés ; il est conseillé d’isoler la zone et de faire
gros œuvre retenue (voie de grue, centrale à béton, aire de appel au service spécialisé de la protection civile et de prévenir la
préfabrication...). préfecture. Naturellement, cela rallongera la date de fin de chantier
et de réception. Il ne faut jamais intervenir soi-même.
Pour information, les zones où l’on trouve encore des engins
explosifs sont dans les départements de la région Picardie.
2. Exécution du chantier –
Réunions de chantier 2.1.3 Motifs des visites de chantier impromptues
À certaines phases d’avancement du chantier, la maîtrise d’œuvre
La première réunion, qui est très importante, doit définir les peut avoir besoin d’effectuer des visites de chantier impromptues
diverses interventions dans le temps des intervenants et permettre pour différentes raisons, telles que :
aux entreprises d’avoir des repères pour définir leur date d’inter-
• vérifier l’avancement et la présence du personnel de chantier
vention et de prévoir les approvisionnements en matériaux et
(souvent, un simple appel téléphonique, sur le chantier d’abord
matériels.
et à l’entreprise ensuite, permet de faire le point et de montrer à
Cette réunion permet aussi au coordinateur d’établir le planning l’entreprise que la maîtrise d’œuvre veille en permanence
d’intervention de chaque entreprise dans le temps par rapport à à l’avancement du chantier, même en dehors des rendez-vous
l’avancement des travaux. de chantier) ;
• vérifier certains choix, car il est souhaitable de contrôler dans
certains cas, sur place et tranquillement, les choix à effectuer
2.1 Objet des réunions de chantier en cours de chantier. Cela concerne principalement les colora-
tions murales, de sols, etc., afin de bien se rendre compte des
2.1.1 Définition des rendez-vous de chantier couleurs et des valeurs de celles-ci ; il peut ainsi être demandé
à l’entreprise de réaliser des échantillons de couleur de bonne
Les rendez-vous de chantier sont des réunions contractuelles, dimension – de l’ordre de 1 m2 – afin de mieux voir les colora-
en général hebdomadaires, ayant pour objet de faire une analyse tions que sur un échantillon de quelques centimètres carrés.
d’ensemble de l’avancement du chantier et de la conformité de la De plus, une même couleur peut avoir un effet totalement
réalisation par rapport au projet. différent dans un endroit clair ou sombre, en fonction de
Le coordinateur et/ou le responsable du chantier convoquent, l’exposition, de l’importance des surfaces vitrées, etc. ;
d’une réunion sur l’autre, les entreprises dont les employés sont sur • procéder à certains contrôles. Compte tenu de la nécessité de
le chantier pour leur faire des remarques, soit sur l’avancement, soit limiter la durée des rendez-vous de chantier, il est souhaitable
sur la qualité de leurs travaux et éviter des interruptions de chantier de réaliser certains contrôles en dehors de ceux-ci ; cela peut
qui protubèrent les autres entreprises ou la date de réception. être juste avant, juste après ou à un autre moment.

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EXÉCUTION DU CHANTIER ____________________________________________________________________________________________________________

2.1.4 Extension des contrôles 2.2.3 Réaliser ce qui est prévu


Ces contrôles sont ceux prévus au titre des points d’arrêt et Les devis des entreprises sont bien souvent laconiques et, si le
points critiques, à effectuer par la maîtrise d’œuvre et le bureau dossier marché n’est pas suffisamment précis, il est possible de
de contrôle. Mais ils peuvent être étendus à d’autres vérifications. rencontrer des problèmes concernant des discordances entre ce
Si ces contrôles sont effectués par le rédacteur du compte rendu, qui a été souhaité par la maîtrise d’ouvrage et/ou la maîtrise
ils ne feront pas l’objet de documents écrits et seront autant que d’œuvre, et ce qui a été compris par l’entreprise. Certes, le dossier
nécessaire mentionnés au compte rendu suivant. marché prime sur le devis de l’entreprise, mais encore faut-il que
le dossier marché soit clair, précis et complet. Au cours des
En revanche, s’ils sont effectués par une autre personne, ils rendez-vous de chantier, le dossier marché et le dossier « bon pour
devront faire l’objet d’une fiche de visite diffusée aux intéressés exécution » constituent des documents de référence permanents ;
et, en cas de suite à donner, celle-ci sera demandée dans chaque ils seront fréquemment consultés pour déterminer ce qu’il faut
fiche : ces fiches seront examinées au rendez-vous suivant et il faire et qui doit le faire.
devra en être fait mention au compte rendu de chantier suivant,
avec la solution envisagée.
2.2.4 Ne réaliser que ce qui est prévu
C’est le problème constant des interfaces et des limites de pres-
2.2 Acteurs des rendez-vous de chantier tation. Le dossier marché et le dossier « bon pour exécution »
doivent donner toutes les réponses, afin d’éviter la dérive des tra-
vaux supplémentaires.
Il est très important que dans le bureau de chantier soit installé
un tableau avec le nom, les adresses et le numéro de téléphone
de toutes les entreprises travaillant sur le chantier ainsi que les 2.2.5 Réaliser tout ce qui est prévu
coordonnées des services d’urgence.
Il arrive que certaines entreprises ne souhaitent pas réaliser tout
ce qui a été inclus dans le marché et/ou leurs devis par oublis, plus
2.2.1 Importance du contexte psychologique ou moins volontaires, et/ou par soucis économiques non avoués.
lors des rendez-vous de chantier Ils sont alors présentés sous diverses formes :
• variantes dénommées « ça serait mieux de... » et qui cachent
Les rendez-vous de chantier constituent un temps fort au cours
une prestation en moins-value ;
duquel la maîtrise d’œuvre d’exécution doit réaliser sa mission. Or,
dans celle-ci, l’aspect « relations humaines » est très important, • changements occultes de prestations dont la référence est
d’autant que les représentants des entreprises sont des personnes très difficilement vérifiable, car non apparente ;
diverses. La manière forte n’est pas toujours la bonne méthode, aussi • oublis, pouvant être facturés, d’où l’intérêt des facturations
faut-il essayer de comprendre chaque individu et le convaincre de bien détaillées, à l’inverse des facturations globales à l’avancement
réaliser ses prestations, en équipe avec les autres intervenants. général ou à l’avancement par grands postes, car celles-ci ne
permettent pas de constater assez tôt la non-réalisation d’une
prestation si tant est qu’elle soit apparemment in fine.
2.2.2 Connaître les différents types de caractères
s’exprimant lors des rendez-vous de chantier Il faut reconnaître, en particulier lors d’appels d’offres, que les
prix sont aujourd’hui tellement tirés, que si l’entreprise s’est trom-
pée sur un poste, la marge financière ne lui permet plus de se rat-
Dans le groupe des représentants des entreprises, le caractère
traper, et le seul moyen qui lui reste est de ne pas réaliser une
de chaque individu va rapidement apparaître. Il faut donc s’attendre à
prestation ou de trouver une variante moins coûteuse sans induire
avoir des leaders qui prennent des initiatives, même pour les
une moins-value.
autres, des « fortes têtes » qui parlent parfois trop fort et trop sou-
vent, des « muets » qui ne parlent que s’ils sont nominativement Les seules personnes pouvant accepter une variante sont les
questionnés, des « menteurs » qui affirment effrontément des architectes concepteurs du projet et le maître d’œuvre de l’ouvrage.
contrevérités, des « inconscients » qui affirment avec conviction Attention, une variante peut avoir pour conséquence une plus-
des impossibilités, des bonnes ententes et des inimitiés entre cer- value ; elle doit donc être notifiée par ordre de service à l’entre-
tains, etc. Certes, cette description est très caricaturale, car la plu- prise après approbation du maître d’ouvrage.
part des représentants des entreprises sont bien intentionnés et
ont à charge la réputation d’une entreprise ayant « pignon sur
rue ». Néanmoins, il vaut mieux être averti des cas particuliers 2.3 Préparation du rendez-vous
existants, afin de ne pas se laisser abuser par des attitudes qui
pourraient avoir des conséquences fâcheuses. de chantier

2.3.1 Disposer d’un dossier marché


Remarque précis et détaillé
Par ailleurs, il faut être conscient que les représentants des Pour pouvoir préparer correctement le rendez-vous de chantier,
entreprises sont d’abord là pour faire vivre leur entreprise et il importe de disposer des éléments nécessaires, c’est-à-dire, entre
ensuite pour réaliser une œuvre commune. Or, actuellement, autres, d’un dossier marché précis et détaillé. En effet, c’est lors
faire vivre une entreprise n’est pas une chose aisée, car les du suivi de chantier qu’apparaît l’impérieuse nécessité de pouvoir
marges financières sont beaucoup plus serrées et les aléas de disposer d’un règlement de chantier, et notamment de la plupart
règlement sont (trop souvent) plus importants. de ses annexes. Chaque mission doit être élaborée en son temps.
Il n’est plus possible de subvenir aux carences du dossier marché
Cela doit donc induire les trois attitudes suivantes : pour deux raisons.
• réaliser ce qui est prévu ;
■ Raison humaine
• ne réaliser que ce qui est prévu ;
En général, il y a changement de personnes responsables chez la
• réaliser tout ce qui est prévu.
maîtrise d’œuvre entre la phase conception et la phase exécution,

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La réception de chantier

Par Pierre SERIN


Ingénieur ESTP et CHEC

1. Préambule.................................................................................................. TBA 721 - 2


1.1 Réception : un acte juridique ..................................................................... — 2
1.2 Cadre juridique : article 1792-6 du Code civil ........................................... — 2
1.3 Dispositions à caractère d’ordre public..................................................... — 2
1.4 Effets juridiques de la réception ................................................................ — 2
1.5 Livraison de l’ouvrage ................................................................................ — 3
1.6 Conseils utiles ............................................................................................. — 3
2. Dispositions de l’article 1792-6 .......................................................... — 3
2.1 Caractères unilatéral et contradictoire ...................................................... — 3
2.2 Conseil utile ................................................................................................. — 4
2.3 Réception et achèvement des travaux ...................................................... — 4
2.4 Inachèvement .............................................................................................. — 4
2.5 Résiliation du marché après un début d’exécution.................................. — 4
3. Différentes formes de réception......................................................... — 4
3.1 Réception expresse..................................................................................... — 5
3.2 Réception tacite........................................................................................... — 5
3.3 Réception judiciaire .................................................................................... — 7
4. Transcription des dispositions légales dans les marchés
de travaux.................................................................................................. — 7
4.1 Le marché se réfère à la norme NF P03 001 ............................................. — 8
4.2 Le marché ne prévoit pas de dispositions particulières sur la réception .... — 9
4.3 Clause particulière relative à la réception................................................. — 12
4.4 Réception d’une maison individuelle ........................................................ — 12
5. Conclusion................................................................................................. — 14
6. Annexes...................................................................................................... — 14
6.1 Loi 71-584 du 16 juillet 1971 (JO du 17 juillet modifiée
par la loi n° 72-1166 du 22 décembre 1972 (JO du 28 décembre 1972) ...... — 14
6.2 Modèle de demande de réception............................................................. — 14
6.3 Modèle de procès-verbal de réception...................................................... — 15
6.4 Modèle de lettre constatant la prise de possession de l’ouvrage
par le maître d’ouvrage .............................................................................. — 15
6.5 Modèle de notification de l’exécution des travaux visant à remédier
Parution : août 2018 - Dernière validation : août 2021

aux réserves ................................................................................................ — 16


6.6 Modèle de procès-verbal de réception – Constat de levée des réserves .... — 16
6.7 Modèle de procés-verbal de réception – Maison individuelle ................ — 16
6.8 Modèle de procès-verbal de réception – Maison individuelle – Constat
de levée des réserves ................................................................................. — 17
Pour en savoir plus ......................................................................................... Doc. TBA 721

a réception est un acte essentiel de l’opération de construction. Son pro-


L noncé par le maître d’ouvrage (réception expresse) ou le juge (réception
judiciaire) entraîne des conséquences juridiques (acceptation des travaux, avec
ou sans réserves), transfert de propriété et de responsabilités, déclenchement
des garanties (garanties de bon achèvement, garantie de bon fonctionnement,
garantie décennale) et financières (paiement du solde de l’ouvrage, libération

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LA RÉCEPTION DE CHANTIER _________________________________________________________________________________________________________

de la caution). Ces conséquences sont valables pour le maître d’ouvrage et


pour les constructeurs (ou entreprises) et leurs assureurs.
Le maître d’ouvrage (le client) est bien souvent inexpérimenté en la matière
et son intérêt, comme celui de l’entrepreneur ou des constructeurs, est de
l’informer et de le guider dans cette phase du déroulement des travaux. S’il ne
se sent « pas sûr », son intérêt est de se faire assister par un tiers qui connaît
cette procédure, qui est issue de l’article 1792-6 du Code civil et de la jurispru-
dence évolutive en la matière.

d’ordre public ; il n’y avait pas eu de réponse concernant


1. Préambule l’article 1792-6.
La question a été tranchée (mais seulement en partie) par la loi
1.1 Réception : un acte juridique n° 90-1129 du 19 décembre 1990 relative au contrat de construc-
tion d’une maison individuelle qui a rendu d’ordre public la garan-
La réception est un acte juridique par lequel le maître d’ouvrage tie de parfait achèvement.
prend livraison de l’ouvrage et constate la bonne exécution Il est donc maintenant impossible d’exclure ou de limiter la por-
conformément au contrat. tée de cette garantie prévue à l’article 1792-6 pour les maisons
La réception comporte des effets juridiques de la plus grande individuelles ou tout autre contrat de louage d’ouvrage.
importance pour le maître d’ouvrage et l’entrepreneur.
Cependant, en contrepartie, les dispositions de l’article 1792-6
du Code civil concernant la réception ne sont pas pour autant
d’ordre public.
1.2 Cadre juridique : article 1792-6
du Code civil La réception est donc un acte unique, comme le décrivent
l’article 1792-6 du Code civil et l’article 17.1.1 de la norme NF P03 001
Le cadre juridique de la réception est fixé par l’article 1792-6 du (édition du 20 octobre 2017), lequel dispose que « [la réception] ne
Code civil. comporte pas de phase provisoire et est définitive en une seule fois ».
C’est la loi n° 78-12 du 4 janvier 1978 (cf. annexe 1) relative à la L’article 1792-6 du Code civil est « figé ». Toute évolution juri-
responsabilité et à l’assurance dans le domaine de la construction dique de la réception se fait par les arrêts de la Cour de cassation
qui a institué l’article 1792-6 du Code civil dont le texte est : (ou jugements de certains tribunaux). Pour suivre l’évolution de la
« La réception est l’acte par lequel le maître d’ouvrage déclare réception, il faut donc suivre les arrêts de la Cour de cassation qui
accepter l’ouvrage avec ou sans réserves. Elle intervient à la font jurisprudence.
demande de la partie la plus diligente, soit à l’amiable, soit à
défaut judiciairement. Elle est en tout état de cause, prononcée
contradictoirement. 1.4 Effets juridiques de la réception
La garantie de parfait achèvement, à laquelle l’entrepreneur est
tenu pendant un délai d’un an, à compter de la réception, s’étend Que la réception soit prononcée avec ou sans réserves, la date
à la réparation de tous les désordres signalés par le maître d’effet de la réception :
d’ouvrage, soit au moyen de réserves mentionnées au procès-ver-
bal de réception, soit par voie de notification écrite pour ceux • met fin au contrat d’entreprise (sauf évidemment pour les tra-
révélés postérieurement à la réception. vaux faisant l’objet de réserves) et arrête le cours du délai d’exé-
cution (et suivant les cas l’application des pénalités de retard) ;
Le délai nécessaire pour l’exécution des travaux de réparation
est fixé d’un commun accord par le maître d’ouvrage et l’entrepre- • couvre les vices, malfaçons et défauts de conformité appa-
neur concerné. rents, n’ayant pas fait l’objet de réserves (jugement du tribu-
En l’absence d’un tel accord sur le délai ou en cas d’inexécution nal de grande instance de Valenciennes, 19 novembre 1997) ;
dans le délai fixé, les travaux après mise en demeure restée • rend exigible le solde des travaux par la présentation du
infructueuse peuvent être exécutés aux frais et risques de l’entre- mémoire définitif ;
preneur défaillant.
L’exécution des travaux exigés au titre de la garantie de parfait • constitue le point de départ du délai de restitution de la rete-
achèvement est constatée d’un commun accord, ou à défaut judi- nue de garantie de libération de la convention qui la rem-
ciairement. place (loi n° 71-584 du 16 juillet 1971, annexe VII) ;
La garantie ne s’étend pas aux travaux nécessaires pour remé- • entraîne le transfert au maître d’ouvrage de la garde de
dier aux effets de l’usure normale ou de l’usage ». l’ouvrage ainsi que des risques qui y sont liés (cela veut dire
que le maître d’ouvrage prend la charge de tous les risques
de perte ou de dommages concernant l’ouvrage, libérant
1.3 Dispositions à caractère d’ordre ainsi l’entrepreneur de son obligation d’assurer la sécurité du
chantier et des personnes qui s’y trouvent) ;
public
• constitue, avec ou sans réserves, le point de départ des
Un doute a subsisté plusieurs années sur le caractère d’ordre garanties légales :
public des dispositions de l’article 1792-6 du Code civil. Ce doute
provenait de la loi du 4 janvier 1978. – parfait achèvement,
Cette loi avait, en effet, décidé d’une façon irréversible que les – bon fonctionnement,
articles 1792, 1792-1, 1792-2, 1792-3 et 1792-4 du Code civil étaient – garantie décennale.

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TBA721

__________________________________________________________________________________________________________ LA RÉCEPTION DE CHANTIER

1.6 Conseils utiles


Remarques importantes
Pour éviter toute difficulté lors de la réception ou après, il est
La réception des travaux ne doit pas être confondue avec : conseillé :
– la double réception, antérieure à la loi n° 78-12 du 4 jan-
vier 1978 relative à la responsabilité et à l’assurance dans le • de demander systématiquement la réception des travaux
domaine de la construction, qui n’existe plus. Elle compor- (section 6.2) ;
tait deux phases : une phase provisoire et une phase défini- • d’obtenir systématiquement un procès-verbal de réception
tive entraînant chacune des effets juridiques distincts ; signé du maître d’ouvrage (section 6.3).
– les opérations préalables à la réception qui sont prévues
dans les marchés publics, mais qui ne sont pas obligatoires
dans les marchés privés. La réception dans les marchés
publics comporte une phase obligatoire appelée « opération
préalable à la réception » dont l’objet est de vérifier en pré- 2. Dispositions
sence du représentant du maître d’ouvrage, la conformité
des travaux et qui doit faire l’objet d’un procès-verbal ; de l’article 1792-6
– la « préréception », qui intervient préalablement à la récep-
tion. Cette visite constitue un constat de la bonne fin des tra-
La réception de travaux est une étape essentielle de l’opéra-
vaux organisée entre les entrepreneurs et le maître d’œuvre,
tion de construction. En effet, c’est un acte juridique par lequel
mais elle n’a aucune valeur juridique, d’autant que le maître
le maître d’ouvrage prend livraison de l’ouvrage et constate la
d’ouvrage n’y assiste pas ;
bonne exécution conformément au contrat. Son prononcé
– la réception partielle. L’exception au caractère unique de la
entraîne des conséquences tant financières que juridiques, aussi
réception est la possibilité de prévoir l’existence d’une ou de
bien pour le maître d’ouvrage que pour les constructeurs et les
plusieurs réceptions partielles. L’intérêt est de réceptionner
assureurs.
séparément des types d’ouvrages ou de tranches de travaux
(ou des catégories d’ouvrages d’un même marché ou des bâti-
ments). Mais elle ne vaut réception que si le marché le prévoit
expressément, c’est-à-dire si cela avait été convenu contrac- 2.1 Caractères unilatéral
tuellement. Il faut cependant noter qu’elle n’intervient que et contradictoire
rarement par corps d’état.
La réception des travaux est unique ; elle est prononcée en une
seule fois par le maître d’ouvrage, sauf si la réception est pronon-
1.5 Livraison de l’ouvrage cée judiciairement.
Cependant, le marché peut contenir une clause permettant une
Si la réception est souvent confondue avec la livraison, en réa-
réception par bâtiment ou par tranche lorsque les travaux corres-
lité, il s’agit de deux notions totalement distinctes, car la réception
pondant à ce bâtiment ou à cette tranche constituent en eux-
ne concerne que les relations entre le maître d’ouvrage et les loca-
mêmes un ouvrage.
teurs d’ouvrage, alors que la livraison concerne quant à elle les
rapports entre un acquéreur et son vendeur, lequel remet un Selon l’article 1792-6 du Code civil, la réception est prononcée
ouvrage conforme aux stipulations contractuelles (tableau 1). unilatéralement par le maître d’ouvrage, tout en devant être pro-
noncé contradictoirement.
Remarques Ainsi : « Un constat de l’huissier établi à l’initiative du maître
d’ouvrage et décrivant l’état des travaux de gros œuvre d’un
La réception (sauf pour les travaux qui font l’objet de pavillon réalisé par une entreprise qui a abandonné le chantier n’a
réserves) marque la fin des rapports contractuels entre le pas de caractère contradictoire » (Cass. 3e Civ. 3 mai 1989 MGFA,
maître d’ouvrage et les constructeurs, lesquels sont soumis par Sem jur. Ed. G. n° 27 du 5 juillet 1989 p. 249).
la suite au régime de responsabilité et des garanties légales.
À noter cependant que n’est qu’apparente l’incompatibilité
Il en résulte qu’en cas d’absence de réception, les garanties entre ces deux exigences prononcées unilatéralement par le
de parfait achèvement, biennale et décennale, n’ont pas la maître d’ouvrage, mais contradictoirement. Cette nécessité du
possibilité d’être mises en œuvre. caractère contradictoire des opérations de réception a pour objet
L’assurance obligatoire de la responsabilité des construc- de protéger les droits de l’entrepreneur.
teurs (qui ne couvre que les dommages de nature décennale)
ne peut donc pas non plus être mise en œuvre. Le maître d’ouvrage a la qualité pour prononcer la réception.
Il ne reste alors que la possibilité de faire jouer la responsa- Le texte prévoit que le processus de réception peut être engagé
bilité contractuelle de droit commun fondée sur l’article 1147 par n’importe quelle partie au contrat. En pratique, celle-ci est
du Code civil. À ce titre, les entrepreneurs sont soumis à une généralement demandée par le maître d’ouvrage, lequel
obligation de résultat. convoque les parties en vue d’une visite de réception. Le maître
d’œuvre peut recevoir cette convocation si le maître d’ouvrage a
donné son accord.
Tableau 1 – Distinctions entre livraison et réception Seul le maître d’ouvrage a la qualité pour prononcer la récep-
Livraison Réception tion, avec ou sans réserves (c’est le caractère unilatéral de la
réception, qui n’est pas un accord passé avec l’entrepreneur
Maître d’ouvrage/
Parties Acquéreur/vendeur même si l’entrepreneur signe souvent le procès-verbal de récep-
constructeurs
tion).
Nature du Louage d’ouvrage
Vente L’opinion généralement répandue selon laquelle c’est l’architecte
contrat (marché de travaux)
qui prononce la réception est fausse. En effet, l’architecte (ou le
Pas de définition légale Article 1792, 6 du maître d’œuvre) peut organiser des opérations préalables à la récep-
Textes
définie dans le contrat de vente Code civil tion, (nommées OPR) ; il peut également préparer le projet de procès-

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63
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TBA721

LA RÉCEPTION DE CHANTIER _________________________________________________________________________________________________________

verbal. Mais… sauf si le maître d’ouvrage lui a donné mandat express convenu de réduire l’importance du marché et le prix que
pour procéder aux opérations de réception, un procès-verbal signé le maître d’ouvrage devra payer en contrepartie. Ainsi, au
par l’architecte ne vaut pas réception par le maître d’ouvrage ; le marché d’origine est substitué un autre marché. Il est donc
maître d’ouvrage n’est donc pas lié à l’architecte. difficile de parler réellement d’inachèvement, la réception
De son côté, pour la réception, l’entrepreneur doit être en est prononcée normalement suivant les termes du nouvel
mesure de fournir tous les justifications, éclaircissements, ou pré- accord intervenu ;
cisions dont le maître d’ouvrage pourrait avoir besoin pour lui • d’un arrêt brutal des travaux si l’entrepreneur quitte le chan-
permettre de prendre sa décision. tier et disparaît. C’est à ce moment de l’intérêt du maître
Pour respecter le « contradictoire », l’entrepreneur doit être d’ouvrage de faire constater l’état d’exécution des travaux au
convoqué en bonne et due forme aux opérations de réception ; il jour où l’entreprise a quitté le chantier. Ceci est d’autant plus
peut ainsi fournir au maître d’ouvrage les précisions, justifications important s’il y a continuation des travaux par une autre
ou éclaircissements qui pourraient se révéler nécessaires pour entreprise. Cette constatation peut-elle être réellement quali-
permettre au maître d’ouvrage de prendre cette décision (Cass. fiée « de réception » ? La jurisprudence répond que cela
3e Civ. 4 avril 1991). dépend de la situation, donc à traiter au cas par cas. Cepen-
dant, il faut noter que la réception par voie judiciaire sera le
Pour qu’il en soit ainsi, l’entrepreneur est en droit d’exiger de
plus souvent subordonnée à l’achèvement des travaux. C’est
pouvoir assister aux opérations de réception et d’y être dûment
le juge qui va alors déterminer s’il y a ou non achèvement.
convoqué par le maître d’ouvrage.
C’est une question de fait.
Cependant, l’absence du (ou des) entrepreneur(s) n’est pas un
obstacle au prononcé de la réception ; il faut également noter que
la présence du sous-traitant n’est pas nécessaire (Cass. 3e Civ. Remarque
20 octobre 2009).
La non-signature du procès-verbal de réception n’affecte pas le Il faut noter que certains tribunaux apprécient la notion
caractère contradictoire de celle-ci, si la participation de celui qui d’achèvement des travaux en retenant comme critère l’habita-
n’a pas signé ne présente aucun doute. bilité effective de l’ouvrage.
Il faut cependant noter que, comme cela a été dit précédem-
ment, la réception par lots est possible (Cass. 3e Civ. 10 novembre
2010). C’est le cas, par exemple, d’un marché qui comporte plu-
sieurs bâtiments dont la livraison est échelonnée dans le temps ; 2.5 Résiliation du marché après un début
la réception d’un bâtiment dès qu’il est terminé permet d’assurer d’exécution
son exploitation immédiate.
Si la présence de l’entrepreneur ou de son représentant aux Il faut que l’entrepreneur se souvienne de demander au maître
opérations de réception est utile pour la décision du maître d’ouvrage de procéder à l’amiable à un constat contradictoire des
d’ouvrage, il est possible d’écrire que cette décision a pu être ouvrages exécutés.
prise dans un sens respectueux des droits et intérêts de l’entre- Le maître d’ouvrage établira également après ce constat un pro-
prise. cès-verbal dont les parties doivent prévoir qu’il emportera la
Une question cependant se pose : la convocation en bonne et réception des travaux avec les effets décrits précédemment.
due forme de l’entrepreneur aux opérations de réception suffit-
Cette constatation de l’état des travaux est expressément pré-
elle à conférer à celle-ci le caractère contradictoire demandé
vue à l’article 22.4.1 de la norme NF P03-001.
par la loi, et ceci même si l’entrepreneur néglige cette convoca-
tion ? Si le maître d’ouvrage refuse ce constat à l’amiable, l’entrepre-
Pour que cette convocation destinée à l’entrepreneur se fasse neur n’a pas d’autre solution que de le mettre en demeure, d’y
en bonne et due forme, il appartient à la partie la plus diligente procéder dans un certain délai et de l’informer qu’il fait établir un
de demander la réception, ou sinon également à la partie qui a constat de l’état de la construction à son départ. Le constat est
le plus intérêt à cette réception (c’est évidemment l’entrepre- établi par huissier de justice et vaut la réception des travaux déjà
neur). exécutés ; les risques sont donc transférés sur le maître
d’ouvrage, tel que prévu par le Code civil.
Il faut noter que dans le cas où une réception judiciaire devrait
2.2 Conseil utile être faite par la suite, les juges pourraient se servir du procès-ver-
bal d’huissier. Il y a donc intérêt à ce qu’il soit bien établi et sur-
L’entrepreneur doit systématiquement demander la réception et tout bien vérifié ; ce document peut être un sujet de discussion
assister aux opérations de réception des ouvrages. fait et su.
Mais attention, un constat d’huissier ne vaut pas en soi la
2.3 Réception et achèvement des travaux réception au titre de l’article 1792-6 du Code civil, surtout s’il n’a
pas été fait en présence des deux parties (Cass. 3e Civ. 3 mai
La réception est-elle conditionnée par l’achèvement des tra- 1989).
vaux ?
La jurisprudence a dégagé un principe : « l’inachèvement des
travaux ne fait pas obstacle à une réception expresse ou tacite »
(Cass. 3e Civ. 30 octobre 1991). 3. Différentes formes
de réception
2.4 Inachèvement
La réception des travaux peut prendre différentes formes, en
Celui-ci peut être le résultat : relation avec le comportement des différents acteurs, maître
• d’une décision commune entre le maître d’ouvrage et d’ouvrage, entrepreneurs, constructeurs et aussi maître d’œuvre
l’entrepreneur : dans cette hypothèse les deux parties ont dans le cas où le maître d’ouvrage aurait pris un maître d’œuvre.

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TBA723

Le paiement des travaux

Par Pierre SERIN


Ingénieur ESTP et CHEC

1. Prix des ouvrages ................................................................................. TBA 723 - 2


1.1 Marché à forfait ........................................................................................ — 2
1.2 Marché au métré ou au prix unitaire ...................................................... — 3
1.3 Prix du marché.......................................................................................... — 3
2. Calcul du prix d’un ouvrage............................................................... — 5
2.1 Travaux propres et travaux sous-traités................................................. — 6
2.2 Prix « sec » ................................................................................................ — 6
2.3 Composants d’un prix sec unitaire ......................................................... — 6
2.4 Risques, sécurité et protection de la santé (SPS) .................................. — 6
2.5 Exemple de calcul de prix sec unitaire ................................................... — 6
2.6 Détails des prix secs ................................................................................. — 6
2.7 Calcul du prix de vente de l’ouvrage HT................................................. — 6
2.8 Frais proportionnels ................................................................................. — 7
2.9 Règle des 20-80......................................................................................... — 7
3. Paiement d’un ouvrage ....................................................................... — 7
3.1 Différents types de paiement................................................................... — 8
3.2 Solde.......................................................................................................... — 9
3.3 Retenue de garantie ................................................................................. — 9
3.4 Délais de paiement ................................................................................... — 11
3.5 Garantie de paiement de l’article 1799-1 du Code civil ......................... — 12
4. Inexécution et fin de contrat (précède la résolution)................. — 13
4.1 Abandon de chantier ................................................................................ — 13
5. Résolution ou résiliation du chantier.............................................. — 15
5.1 Définition ................................................................................................... — 15
5.2 Différentes résolutions ............................................................................. — 15
5.3 Récapitulatif des différentes formes de résolution................................ — 17
5.4 Résiliation par la norme NF P03–001 ...................................................... — 17
5.5 Récapitulatif des différentes formes de résiliation en fonction
de la norme NF P03-001 ........................................................................... — 17
5.6 Entreprise en difficulté ............................................................................. — 18
6. Litiges....................................................................................................... — 18
6.1 Choix entre règlement amiable ou judiciaire ......................................... — 18
6.2 Mesures d’instruction .............................................................................. — 19
7. Conclusion .............................................................................................. — 22
8. Annexes ................................................................................................... — 22
8.1 Procédure d’acompte ............................................................................... — 22
8.2 Modèle de mémoire de réclamation établi par l’entrepreneur............. — 23
8.3 Procédure de décompte définitif ............................................................. — 24
8.4 Modèle d’acte de cautionnement............................................................ — 25
8.5 Modèle de mise en demeure de reprendre les travaux ........................ — 26
8.6 Modèle d’information portant sur la réalisation d’un constat
d’huissier ................................................................................................... — 26
8.7 Modèle de mise en demeure d’acquisition de clause résolutoire........ — 27
8.8 Modèle de mise en demeure de résolution unilatérale aux risques
et périls du créancier ................................................................................ — 27
8.9 Modèle de notification de décision de résolution unilatérale............... — 28
8.10 Modèle de protocole d’accord transactionnel........................................ — 29
Parution : octobre 2018

Pour en savoir plus Doc. TBA 723

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65
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TBA723

LE PAIEMENT DES TRAVAUX __________________________________________________________________________________________________________

et article concerne le paiement des travaux commandés, c’est-à-dire du


C marché passé entre le maître de l’ouvrage et soit le maître d’œuvre, soit
les entrepreneurs.
Cette action de paiement revient donc au maître de l’ouvrage qui doit s’en
acquitter au cours de l’exécution de l’ouvrage. Ce paiement correspond à un
prix établi par les entreprises (marché à forfait ou marché au métré) et remis
soit au maître de l’œuvre, soit au maître de l’ouvrage. Quelques lignes vont
permettre de comprendre l’intérêt du bordereau de prix et du détail estimatif
établi à partir des prix « secs ». Le principe d’invariabilité du prix et l’actualisa-
tion et la révision du prix de soumission seront abordés. Seront détaillés dans
le paiement du marché les acomptes, le solde, la retenue de garantie et les
sanctions dues au non-respect des délais de paiement.
Quelques problèmes apparaissent souvent au cours et à la fin du chantier en
matière de paiement. Ils sont souvent dus à l’inexécution ou la mauvaise exé-
cution des travaux, et peuvent entraîner la résiliation ou la résolution (sous
plusieurs formes) du contrat.
Le non-respect du Code civil ou de la norme NF P03-001 peut entraîner des
litiges qui peuvent être réglés à l’amiable ou nécessiter un arbitrage judiciaire.
Mais généralement « tout se termine bien » et le maître de l’ouvrage peut
prendre possession de son bien.

Cet article du Code civil entraîne la réunion de trois conditions


1. Prix des ouvrages essentielles :
• la construction d’un bâtiment ;
Dans le cas de marchés privés de travaux, la liberté contrac-
tuelle est de règle, et plus spécialement les règles relatives à la • l’existence d’un plan arrêté et convenu avec le propriétaire du
liberté de prix contenues dans le livre IV du Code du commerce sol ;
(article L. 410-2) (lesquelles avaient été prises lorsque l’ordon- • l’existence d’un forfait.
nance n° 2000-912 du 18 septembre 2000 avait été codifiée).
Cependant, une limite avait été ajoutée à cette liberté de prix. 1.1.1 Construction d’un bâtiment
Ce même article du Code du commerce précise que le gouverne-
ment a la possibilité d’intervenir, après consultation du Conseil Les termes « construction » ainsi que « bâtiment » impliquent
national de la consommation par décret pris en Conseil d’État, que certains travaux sont exclus du champ d’application de
dans le but de lutter contre des hausses ou des baisses excessives l’article 1793 du Code civil.
des prix, ou de prendre des mesures provisoires motivées par :
Tout d’abord, la jurisprudence a considéré que le marché à for-
• une situation de crise ; fait ne pouvait s’appliquer à des travaux d’entretien, d’aménage-
• des circonstances exceptionnelles ; ment ou de réhabilitation. Ces travaux ne peuvent être considérés
comme des travaux de construction.
• une calamité publique ;
De même, les juges dans leurs arrêts ont restreint l’application
• une situation manifestement anormale du marché dans un de l’article 1793 du Code civil à des travaux de bâtiment, excluant
secteur déterminé. par cette décision du marché à forfait la construction d’un réseau
Un marché de travaux peut être : d’eau usée, de places publiques, de voiries et même d’une piscine
• à prix unitaire ; ou d’une piste de karting, ces travaux ne correspondant pas à la
définition d’un bâtiment.
• à prix forfaitaire.
Actuellement, un élargissement des notions se produit, les
juges admettent que certains travaux peuvent être rattachés à
l’article 1793 du Code civil tels que les travaux de rénovation
1.1 Marché à forfait s’ils affectent le gros œuvre, et peuvent par leur ampleur être
rattachés à des travaux du bâtiment tels que définis dans
La définition d’un marché au forfait suivant l’article 3.3.1 de la l’article.
norme AFNOR NF P03-001 est : « Un marché où le travail
demandé à l’entrepreneur est complétement défini et où les prix En revanche, des travaux de rénovation sur des parties priva-
correspondants sont fixés en bloc et à l’avance ». tives ne rentrent pas dans le périmètre de l’article 1793.
C’est l’article 1793 du Code civil qui stipule les conditions
d’existence du marché à forfait : « Lorsqu’un architecte ou un 1.1.2 Existence d’un plan arrêté et convenu
entrepreneur s’est chargé de la construction à forfait d’un bâti- avec le propriétaire du sol
ment, d’après un plan arrêté et convenu avec le propriétaire du
sol, il ne peut demander aucune augmentation de prix, ni sous le L’existence d’un marché au forfait a également pour origine la
prétexte de l’augmentation de la main-d’œuvre ou des matériaux, détermination des travaux d’une manière très précise. Il est néces-
ni sous celui de changement ou d’augmentation faits sur ce plan, saire qu’il existe un accord des parties sur la nature et la consis-
si ces changements ou augmentations n’ont pas été autorisés par tance des travaux. C’est l’explication des termes de l’article 1793
écrit, et le prix convenu avec le propriétaire ». « plan arrêté et convenu ».

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Le marché au forfait nécessite : Ces séries sont, rappelons-le, pour la plupart établies par des
organisations professionnelles (Série centrale des architectes,
• l’existence d’un plan ;
série de la SNCF…) ou des associations.
• ce plan doit être « arrêté et convenu ». Il faut noter que les séries de prix sont souvent décriées,
puisqu’elles ont fait l’objet dans certains cas de condamnation du
Conseil de la concurrence qui avait notamment jugé que le
Remarques importantes contenu de certaines séries faussait le libre jeu de la concurrence.
– Le terme « plan » recouvre l’ensemble des documents
contractuels de toute nature (cahier des charges, devis, des- 1.2.2 Marchés sur bordereau de prix ou sur devis
sins, croquis…) nécessaires pour la compréhension des tra-
vaux à exécuter. Dans le cas de ces marchés, il sera nécessaire d’établir un devis
– Ce plan n’a aucune forme spéciale. de prix unitaires où figureront les ouvrages à exécuter. Les quan-
– L’absence d’établissement d’un devis de travaux ne fait tités d’ouvrage seront alors déterminées à l’avance, avec la possi-
pas perdre au marché son caractère forfaitaire. bilité d’être ajustées. Le prix sera le résultat de la multiplication
– Le seul document contractuel intitulé « devis estimatif » des quantités réalisées par les prix unitaires.
indiquant le prix unitaire de la catégorie des travaux en fonc-
tion de la quantité envisagée, sans que soit précisé le carac-
tère global et définitif du prix stipulé, ne peut être qualifié de Remarque
marché à forfait.
– Le plan doit être définitif et ne pas être modifié en cours de Que ce soit des marchés sur série ou sur devis, les parties
travaux mais accepté par chaque partie à l’acte de construire. s’entendent généralement sur un prix global, même si celui-ci
C’est l’interprétation des termes « arrêté » et « convenu ». est indicatif, pour la raison que l’on ne se trouve pas dans le
– Les dispositions de l’article 1793 s’appliquent aux rela- cadre d’un marché à forfait. Cependant, l’entrepreneur pourra
tions contractuelles entre le maître de l’ouvrage (propriétaire être condamné uniquement si le prix fixé a été dépassé d’une
du sol) et l’entrepreneur, et non entre l’entrepreneur et son manière excessive.
sous-traitant.

1.2.3 Les marchés sur dépenses contrôlées


1.1.3 Fixation d’un forfait Dans ce type de marché : « L’entrepreneur est rémunéré sur la
base des dépenses réelles (main-d’œuvre, matériaux, matières
Le prix des travaux doit être global et définitif. C’est un engage-
consommables location de matériel, transport…) et contrôlées,
ment irrévocable de l’entrepreneur et du maître de l’ouvrage sur
puis majorées de certains pourcentages (ou coefficient de charge-
les travaux à exécuter.
ment) pour frais généraux, impôts et bénéfices ».
Le prix ne peut faire l’objet d’aucune modification.
Le prix global et forfaitaire nécessite la réalisation par l’entre-
preneur de tous les travaux qui s’avèrent nécessaires. 1.3 Prix du marché
Au principe de fixité du prix il faut apporter un certain nombre
de nuances. À titre d’exemple, la jurisprudence accepte notam- 1.3.1 Principe de l’invariabilité du prix
ment l’application des clauses de révision et d’actualisation des
prix. L’intérêt de la fixation d’un prix (spécialement dans le marché à for-
fait) se trouve dans le régime protecteur offert à chacun des contrac-
tants du marché dès lors que ni le maître d’ouvrage ni l’entrepreneur
ne pourront se délier de leur obligation, soit en refusant de payer le
1.2 Marché au métré ou au prix unitaire prix convenu, soit en sollicitant le règlement d’un prix différent.
La norme AFNOR P03-001 édition 2017 définit dans son Il en résulte que le prix défini est invariable, c’est-à-dire que les
article 3.3.2 le marché au métré comme le « marché où le règle- contractants ne peuvent, par exemple, invoquer l’existence d’une
ment est effectué en appliquant des prix unitaires aux quantités erreur de calcul ou encore d’une erreur dans la consistance des
réellement exécutées. Les prix unitaires peuvent être soit spéciale- travaux pour remettre en cause le prix initialement fixé.
ment établis pour le marché considéré (bordereau) soit basés sur Des exceptions existent cependant pour lesquelles la modifica-
ceux d’un recueil existant. Ce recueil peut être une série de prix ». tion des travaux donnera lieu à une rémunération différente de
Telle que la SCA (Série centrale des architectes) ou la série de celle qui aura été convenue entre les parties.
prix de la SNCF.
La norme distingue bien deux types de marchés : 1.3.2 Variation du prix
• marché sur série de prix ; Dans certaines conditions, le prix pourrait être affecté de varia-
• marché sur bordereau de prix ou devis. tions dont le principe et les critères devront être définis contrac-
tuellement.
Le régime protecteur ne doit pas être trop rigide car il devien-
1.2.1 Marchés sur série de prix drait très désavantageux pour les parties. Bien souvent en effet,
les parties se trouvent engagées dans un délai relativement long
Les prix sont basés sur une série de prix qu’il faut appliquer à dans le cadre d’un contrat s’inscrivant dans la durée et risquent de
l’ouvrage concerné. Sur ces prix pourront être appliqués un rabais subir les aléas de la conjoncture économique.
ou une surenchère.
Aussi il a été prévu et autorisé deux principales variations. Il
La quantité des ouvrages à exécuter, n’étant pas précisé dans le s’agit de :
marché, il s’agira d’une quantité « moyenne » et il sera procédé
au fur et à mesure de l’exécution au « métrage-mesurage » de ce • l’actualisation ;
qui aura été exécuté. • la révision du prix.

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LE PAIEMENT DES TRAVAUX __________________________________________________________________________________________________________

Base 100-2010

Année Janv. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

2018 108 108,3 108,5

2017 105,7 105,9 106,1 106,3 106,2 106,2 106,3 106,6 106,7 107,1 107,2 107,4

2016 103,3 103,2 103,2 103,3 103,8 104,4 104,5 104,7 104,8 104,8 104,9 105,2

2015 104,1 104,5 104,5 104,5 104,7 104,6 104,6 104,5 104 103,8 103,7 103,6

2014 105,1 104,7 104,5

Lesquelles vont être encadrées et prévues contractuellement


dans le but d’éviter toute pratique abusive. Remarque
On retrouvera donc ces clauses dans les documents particu- Les valeurs initiales sont inscrites au sein des pièces
liers du marché ; l’article 3.5.1 de la norme AFNOR NF P03-001 contractuelles. Si ce n’est pas le cas, l’article 9. 4. 1. 1 de la
stipule que : « Les prix sont actualisables et révisables au cours norme AFNOR NF P03-001 prévoit que les valeurs à retenir
de l’exécution des travaux dans les conditions prévues au mar- sont celles du mois précédant la remise de l’offre pour les
ché ». indices publiés mensuellement et celles du 15 du mois précé-
dent la remise de l’offre pour les autres.
Il faut cependant noter que l’insertion d’une clause de variation
ne fait pas perdre à un marché son caractère forfaitaire. C’est la
conséquence d’une jurisprudence constante. Cette clause a été
admise et intégrée au sein de la norme AFNOR NF P03-001 Le choix de ces indices ou index est laissé à l’initiative des par-
(article 9.4.1.25). ties ; cependant, l’article L. 112-2 du Code monétaire et financier
indiquent quelques interdictions : « Dans les dispositions statu-
La variation des prix, que ce soit par actualisation ou par révi- taires ou conventionnelles, est interdite toute clause prévoyant des
sion, doit être mise en œuvre par l’insertion d’une clause. Mais il indexations fondées sur le salaire minimum de croissance, sur le
faut avoir une grande prudence car une clause ambiguë donnera niveau général des prix ou des salaires ou sur le prix des biens,
lieu à une appréciation souveraine des juges du fond. produits ou services n’ayant pas de relations directes avec l’objet
du statut ou de la convention ou avec l’activité de l’une des par-
La clause de variations de prix contiendra une formule de ties ».
variations impliquant l’application d’un ou de plusieurs para-
mètres de référence (indices ou index) ainsi que la détermination Il en résulte que les paramètres de référence choisis doivent
de leur valeurs initiale. être en relation directe avec l’objet du marché ou avec l’activité
de l’une des parties. Sont exclues toutes les indexations basées
sur le salaire minimum de croissance ou le niveau général
Pour exemple quelques index : des prix et salaires ; ce même article définit ce que l’on peut
• Travaux TCE (tous corps d’état) – index BT01 considérer comme étant en relation directe avec l’objet du
contrat.
• Travaux de sondages et forages – index TP03
• Travaux de rénovation entretien TCE – index BT50
Remarque pour la construction des maisons
individuelles
■ Tableau index BT 01 L’index national du bâtiment tous corps d’état BT01 est le
seul paramètre applicable. Deux systèmes de variations sont
À compter des valeurs d’octobre 2014, les index BT sont calcu- possibles :
lés en base 100-2010. Le coefficient de raccordement pour l’index – une variation sur la totalité de la variation de l’index BT
BT 01 est de 8,3802. Pour appliquer cet index dans le cadre d’une 01 à la date où ont été obtenues les autorisations adminis-
actualisation/ou de la révision des prix d’un marché, il est forte- tratives ou de la réalisation de la cause suspensive prévue
ment recommandé d’utiliser le module « Actualisation/Révision » au contrat ;
de la FNB. – une variation appliquée à chaque paiement effectué entre la
Les indices paraissent avec retard. Ainsi, les dates de parution date de la signature du contrat et la date de livraison prévue au
de l’indice BT 01 de 2015 sont : contrat et ne retenant que 70 % de la variation de l’index BT01.

date de parution de l’indice BT 01 pour 2015

Année Janv. Févr. Mars Avr. Mai Juin Juill. Août Sept. Oct. Nov. Déc.

2015 18 avril 17 mai 20 juin 26 juillet 18 août 20 septembre 16 octobre 21 novembre 23 décembre 16 janvier 14 février mars
2015 2015 2015 2015 2015 2015 2015 2015 2015 2016 2016 2016

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1.3.2.1 Actualisation du prix Le calcul de la révision prend fin à la date d’achèvement des tra-
vaux telle que prévue contractuellement. Néanmoins, cette date
La clause d’actualisation du prix va entraîner la mise à jour des prix
peut être modifiée et prolongée en cas d’avenant ou de retard
à la date du début d’exécution du marché en fonction des évolutions
dans l’exécution dû à une cause extérieure aux parties, du fait du
économiques intervenues depuis la date de conclusion du marché.
maître de l’ouvrage, au décès ou à la défaillance de l’un des entre-
Il faut remarquer que l’actualisation n’est pas automatique mais preneurs groupés.
qu’elle va intervenir une seule fois et ceci quel que soit le délai écoulé
Il faut cependant noter que la date de fin du jeu de la clause de
entre la conclusion du marché et le commencement des travaux.
révision ne pourra être prorogée en cas de dépassement du délai
Cette règle pour les marchés privés diffère de celles applicables contractuel imputable à l’entrepreneur.
aux marchés publics où l’actualisation ne peut intervenir qu’après
Pour les marchés privés, il a été vu que les parties décident
l’écoulement d’un délai de 3 mois minimum.
librement de la formule de révision, et notamment de la détermi-
■ Formule d’actualisation nation ou non d’une partie fixe, non révisable, intégrée à la for-
mule, à l’inverse des marchés publics de travaux, où une partie
P = prix actualisé ;
fixe minimale de 12,5 % est obligatoire (en pratique c’est plutôt
Po = prix initial du marché ; 15 %).
BT (n-x) = index TP ou BT de démarrage des travaux ;
■ Formule de révision
BTo = valeur de l’index TP ou BT au mois d’établissement du
P = Po × [pf + (1 – pf)] × (BTmBTmo) ;
marché.
P = prix révisé du montant des travaux exécutés dans le mois
considéré ;
Exemple Po = montant initial des travaux exécutés dans le mois ;
BTm = valeur de l’index BT du mois d’exécution des travaux ;
Po = 15 000 € HT
BT(n-x) = date de démarrage des travaux juin 2015 – indice BTmo = valeur de l’index BT du mois d’établissement du prix.
104,6 Ce mois dit « de référence » où « mois zéro » est précisé dans le
marché ;
BTo = mois d’établissement du marché janvier 2015 – indice
104,1 Pf = partie fixe, si prévues contractuellement.
P = 150 000 × [104,6 – 104,1] = 150 720 € HT
Exemple

1.3.2.2 Révision du prix Po = 300 000 €


La clause de révision du prix (article 9.4.1.3 de la norme AFNOR BTm = valeur de l’index BT du mois d’exécution des travaux
NF P03-001) a pour objectif de réévaluer périodiquement le prix (août 2015) dernier indice connu 104,5
tout au long de l’exécution du marché dans le but de prendre en BTmo = valeur de l’index BT au mois d’établissement du
compte les variations économiques qui ont pu intervenir. prix (janvier 2015 – dernier indice connu 104,1
La périodicité, qui est généralement mensuelle, peut être diffé- Pf = 15 %
rente selon la volonté des parties. P = Po [0,15 + (1 – 0,15)] × (104,5/104,1)
À l’inverse de la clause d’actualisation, la révision sera automatique Prix révisé = 300 970 € HT
dès lors qu’une clause en ce sens aura été mise dans le marché.
Pour la détermination des valeurs initiales et finales des para-
mètres, l’article 9.4.13.1 de la norme AFNOR NF P03-001 renvoi à ■ Exceptions au principe d’invariabilité
l’article 9.4.1.1 de cette norme :
Avec les clauses d’actualisation et révision, se trouvent égale-
• « la valeur initiale et celle du mois précédant la remise de ment intégrées au sein de la dernière version de la norme AFNOR
l’ordre pour les indices publiés mensuellement et celle du 15 NF P03-001 (octobre 2017) d’autres exceptions au principe d’inva-
du mois précédent la remise d’offres pour les autres ; riabilité, notamment la variation pour évolution du plan général
• la valeur finale est celle qui correspond à la période d’exécu- de coordination sécurité et protection de la santé (PGC SPS) et les
tion des travaux ». dépenses liées à la découverte de vestiges archéologiques.
C’est l’entrepreneur qui détermine ses prix de vente unitaires.
Plusieurs méthodes permettent de les calculer. Pratiquement
Remarque chaque entreprise a sa méthode. Un rapide survol va permettre
d’en voir les principes.
En matière de marchés aux métrés sur séries de prix, la révi-
sion sera faite par application des coefficients de mise à jour
de la série correspondant au mois d’exécution des travaux
figurant dans la situation.
2. Calcul du prix d’un ouvrage
Un nouvel alinéa a été créé au sein de l’article 9.4.1.3.2 de la Le calcul du prix d’un ouvrage fait maintenant un appel impor-
norme AFNOR NF P03-001. Celui-ci stipule qu’en cas de mécon- tant à la banque de données de l’entreprise, constituée par les
naissance de valeur finale au moment de l’exécution de l’établis- analyses de ses précédents chantiers.
sement d’une situation, il sera admis que les dernières valeurs Tout d’abord, il est nécessaire de connaître une description très
finales connues soient utilisées provisoirement. rapide du calcul des prix unitaires et de leur emploi.
De la sorte, il conviendra de régulariser la situation dès la paru- Par exemple, pour une estimation rapide du prix d’un hôpital
tion des valeurs afin d’éviter de retarder le jeu de la révision pour « standard » pour le gros œuvre, il sera utilisé le nombre de lits et
chaque période considérée. dans la banque de données de l’entreprise le prix gros œuvre d’un

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LE PAIEMENT DES TRAVAUX __________________________________________________________________________________________________________

lit fait d’après l’exécution des travaux des différents hôpitaux • mode opératoire (comment exécuter le travail) ;
construits par l’entreprise, et certaines adaptations (lieux, nature • milieu (si une usine fabrique un produit mobile avec un maté-
du gros œuvre…). riel fixe, le BTP construit un produit fixe avec une installation
foraine ;

2.1 Travaux propres et travaux • moyens en énergie ;


sous-traités • moyens de prévention (sécurité et protection de la santé).
C’est ce qui est appelé la règle des 7 M.
Pour faire l’étude du prix de soumission, il faudra d’abord éta-
blir la liste des travaux que :
– l’entreprise peut exécuter : travaux propres ; 2.4 Risques, sécurité
– l’entreprise devra confiés à des entreprises spécialisées dans et protection de la santé (SPS)
certains travaux (travaux sous-traités) car :
• elle n’a pas la compétence (ou la qualification), Tous ces éléments comportent des risques et il faudra prévoir
• elle n’a pas le matériel (par exemple les terrassements ou les des mesures de prévention (matériel, équipement…) et inclure ces
fondations spéciales, l’étanchéité…), coûts dans les prix correspondants (sécurité intégrée).
• elle n’a pas le personnel spécialisé pour certains travaux spé- ■ Établissement d’un prix
cifiques. Un prix sec unitaire (par exemple, le béton de fondation) com-
prend des frais de :
Remarques • main-d’œuvre ;
• fournitures (matériaux) ;
Après avoir établi le prix des travaux, si l’entreprise trouve • matériels (de fabrication et de mise en œuvre) ;
un sous-traitant qui propose un prix inférieur au sien pour cer-
tains travaux, elle sous-traitera ces travaux pour « raisons éco- • sous-traitants.
nomiques ». La somme donne le prix sec unitaire (sec car il n’a pas de coef-
Concernant l’installation de chantier, elle comprend entre ficient de chargement (frais de chantier, frais généraux, etc., et
autres une installation électrique pour la base vie et pour l’ali- unitaire car il est calculé sur l’unité de mesure utilisée : ml, m2,
mentation de la centrale à béton et des grues, l’éclairage… m3, kg, tonne…).
L’installation électrique devra être vérifiée avant sa mise en
service ; il faut donc que l’entreprise ait la qualification pour
des travaux électriques ; l’entreprise de gros œuvre sous-trai- 2.5 Exemple de calcul de prix sec
tera donc ces travaux, de même que le montage des grues unitaire
(nécessité d’une vérification électrique, et mécanique…) à des
entreprises spécialisées. Le calcul du prix d’une banche métallique avec surface coffrante
Le prix « installation de chantier » comprendra donc des tra- métallique et les composants de sécurité (stabilisateurs, plan de
vaux propres (c’est-à-dire exécutés par l’entreprise) et des tra- travail, échelle d’accès…) est fait au mètre carré.
vaux sous-traités. Cette banche sera réemployée 200 fois.
Le prix d’achat au fournisseur est de 670 € au mètre carré.
La main-d’œuvre (0,95 h/m2 à 21 €) est nécessaire à chaque
Il peut donc exister une partie « travaux propres » et une partie réemploi (coffrage réglage, décoffrage, nettoyage, remise en
« travaux sous-traités » dans chaque prix du bordereau de prix. place, calage, mise en place de vaseline de décoffrage).
Mais il ne figurera sur le document remis pour la soumission
qu’un seul prix. D’où :
investissement matériel 670/200/200 = 3,35 €
fourniture (vaseline de décoffrage…) = 0,70 €
2.2 Prix « sec »
main-d’œuvre 0,95 h × 21 = 19,95 €
L’entreprise calculera ensuite un prix pour chaque travail décrit total = 24,00 €
au « bordereau de prix unitaires » remis dans le dossier de
consultation. À ce prix seront ajoutés les coefficients de charge-
ment (prorata de frais de chantier, frais généraux…). 2.6 Détails des prix secs
Puis elle reprendra le métré des quantités (le quantitatif) figu-
rant au dossier d’appel d’offres. La somme du produit des quanti- Le tableau 1 représente la décomposition des prix secs, pour le
tés du métré par les prix unitaires « chargés » donnera le prix de calcul du nombre d’heures, du coût de la maîtrise d’ouvrage et du
vente de l’ouvrage hors taxe (TVA). prix de vente.

2.3 Composants d’un prix sec unitaire 2.7 Calcul du prix de vente
de l’ouvrage HT
Le prix sec unitaire ne comprend pas de coefficient de charge-
ment ni de taxes. En se reportant aux chiffres du tableau 1, on peut effectuer les
La réalisation d’un ouvrage nécessite les éléments suivants : calculs suivants :
• matériaux ; travaux propres : 5 562 037 € (soit 5 774 917 € – 212 880 €)
• matériel (pour la transformation des matériaux) ; travaux sous-traités : 212 880 €
• main-d’œuvre (tout n’est pas mécanisé) ; frais de chantier estimés à 15 % sur travaux propres : 830 000 €

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Les garanties

par Pierre SERIN


Ingénieur ESTP CHEC

1. Présentation générale des différents types de garanties........................ TBA 725 2


2. Garantie de parfait achèvement ................................................................ — 3
2.1 Définition...................................................................................................... — 3
2.2 Réglementation ........................................................................................... — 3
2.3 Domaine de la garantie de parfait achèvement........................................ — 3
2.4 Définition des désordres visés ................................................................... — 3
2.5 Désordres réservés...................................................................................... — 3
2.6 Choisir la garantie en fonction des circonstances .................................... — 3
2.7 Régime de la garantie de parfait achèvement .......................................... — 3
2.8 Recours à l’assurance dommages ............................................................. — 4
2.9 Dommages réservés à la réception et garantie de parfait achèvement...... — 4
2.10 Fonctionnement de la garantie de parfait achèvement ........................... — 4
3. Garantie biennale ........................................................................................ — 4
3.1 Définition...................................................................................................... — 4
3.2 Réglementation ........................................................................................... — 5
3.3 Souscription................................................................................................. — 5
3.4 Objectifs de la garantie biennale................................................................ — 5
3.5 Garantie décennale privilégiée par les juges du fond.............................. — 5
3.6 Mise en œuvre de la garantie biennale ..................................................... — 5
4. Garantie décennale ..................................................................................... — 6
4.1 Responsabilité des constructeurs .............................................................. — 6
4.2 Définition de l’article 1792-2 du Code civil ................................................ — 6
4.3 Notion d’ouvrage......................................................................................... — 6
4.4 Dommages et différents types de désordres ............................................ — 7
4.5 Personnes concernées ................................................................................ — 8
4.6 Dommages couverts ................................................................................... — 8
4.7 Validité de l’assurance ................................................................................ — 8
4.8 Attestation d’assurance obligatoire ........................................................... — 8
4.9 Mention sur devis et factures ..................................................................... — 8
4.10 Durée de la garantie .................................................................................... — 9
4.11 Mise en œuvre de la garantie..................................................................... — 9
4.12 Franchise ...................................................................................................... — 9
4.13 Services en ligne et formulaires................................................................. — 9
4.14 Devenir de la garantie décennale en cas de dépôt de bilan
du constructeur............................................................................................ — 9
5. Garantie dommages-ouvrage .................................................................... — 9
5.1 Obligation..................................................................................................... — 9
5.2 Couverture des risques ............................................................................... — 9
5.3 Réponse de l’assureur face à la prise en charge d’un sinistre ................ — 10
5.4 Expiration ..................................................................................................... — 10
6. Contrats à passer avec un professionnel pour réaliser des travaux ...... — 10
6.1 Conception d’un projet de construction .................................................... — 10
6.2 Travaux de réparation................................................................................. — 10
6.3 Construction d’une maison individuelle avec plans................................. — 10
6.4 Construction d’une maison individuelle sans plan d’exécution.............. — 10
7. Conclusion ................................................................................................... — 11
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. TBA 725
Parution : avril 2018

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LES GARANTIES ____________________________________________________________________________________________________________________

ans les années qui ont suivi la deuxième guerre mondiale, le boom de la
D construction a amené beaucoup de situations malsaines : à cause de
« chargés d’architecture » ou de maîtres d’œuvre non compétents, des chan-
tiers n’ont pas été terminés, et ont entraîné la ruine des maîtres d’ouvrage. Le
législateur a créé une réglementation pour protéger le maître d’ouvrage quelle
que soit sa taille. Cette réglementation repose sur des garanties données par
des assurances, après la réception d’ouvrage :
– garantie de parfait achèvement (1 an) ;
– garantie biennale de bon fonctionnement (2 ans) ;
– garantie décennale (10 ans) appelée aussi assurance de responsabilité
professionnelle.
Il existe aussi les garanties suivantes :
– garantie dommages-ouvrage, assurance prise par le maître d’ouvrage
pour faciliter le règlement des malfaçons en attendant leurs jugements ;
– VEFA (vente en état futur d’achèvement) pour la vente sur plan d’un bâti-
ment à construire ;
Un relevé des actes pour la construction ou la réhabilitation d’un logement
est à effectuer pour bénéficier de ces garanties.

1. Présentation générale ■ Garantie décennale (d’une durée de 10 ans)


La garantie décennale, selon les articles 1792, 1793-2 et 1792-4
des différents types du Code civil, impose au constructeur la responsabilité de réparer
les dommages survenus au cours des dix années suivant la récep-
de garanties tion qui :
– compromettent la solidité de l’ouvrage construit (par exemple,
La réalisation d’une opération, comme la construction d’un risque d’effondrement) ;
bâtiment industriel ou d’une maison individuelle, peut être sou- – rendent l’immeuble construit impropre à sa destination (par
mise à des aléas pouvant compromettre sa finition, et pour les- exemple, défaut d’étanchéité, fissurations importantes).
quelles le maître d’ouvrage (le client) n’est pas toujours bien Cette garantie s’étend aux éléments d’équipements indisso-
informé. Aussi faut-il, pendant la construction ou après, apporter ciables de l’ouvrage (canalisations, éclairage…).
au maître de l’ouvrage, qui s’est assuré par une assurance dom-
Le maître de l’ouvrage peut sans attendre signaler les désordres
mages-ouvrage, les garanties des autres partenaires de l’acte de
à l’entrepreneur par lettre recommandée avec demande d’avis de
construire (maître d’œuvre, architecte, constructeur, entre-
réception pour le mettre en demeure de les réparer. À défaut de
prises…). réparation, le tribunal compétent peut être saisi en fonction du
Si le maître d’ouvrage constate des désordres après la récep- montant du litige. Lorsque la société du constructeur n’existe
tion des travaux, il peut agir en actionnant, si possible avec son plus, les désordres peuvent être signalés à son assureur, ou à
maître d’œuvre, ces garanties à l’encontre des constructeurs ou l’assureur du maître d’ouvrage au titre de son assurance construc-
entrepreneurs. tion dommages-ouvrage par lettre recommandée avec demande
d’avis de réception, pour obtenir une réparation rapide des dom-
■ Garantie de parfait achèvement (d’une durée de 1 an) mages.
La garantie de parfait achèvement, selon l’article 1792 du Code La responsabilité décennale est une responsabilité de plein
civil, impose à l’entrepreneur de réparer tous les désordres : vices droit, c’est-à-dire que la simple constatation d’un dommage
cachés et défauts de conformité signalés au cours de l’année qui répondant aux critères posés par la loi induit automatiquement la
suit la réception des travaux, quelles que soient leur importance, responsabilité du constructeur qui a réalisé l’ouvrage sans que le
leur gravité et leur nature. Le maître d’ouvrage doit sans attendre bénéficiaire de la garantie (le maître de l’ouvrage) soit obligé
signaler les désordres à l’entrepreneur par lettre recommandée d’apporter la preuve d’une faute du constructeur. Ainsi, le
avec demande d’avis de réception pour le mettre en demeure de constructeur ne peut se dégager de la responsabilité qui pèse
les réparer. À défaut de réparation, le maître d’ouvrage peut saisir automatiquement sur lui qu’en prouvant que les dommages pro-
le tribunal compétent en fonction du montant du litige. viennent de cas de force majeure.
Par « ouvrage » il faut entendre :
■ Garantie biennale de bon fonctionnement (d’une durée de 2 ans)
– les ouvrages ou parties d’ouvrages de travaux publics (ponts,
La garantie biennale, selon l’article 1792-3 du Code civil, impose tunnels, barrages, phares) ;
à l’entrepreneur de réparer ou remplacer, pendant une durée – les ouvrages ou parties d’ouvrages d’habitations, de bureaux,
minimale de 2 ans après la réception, tout élément d’équipement de locaux hospitaliers, sportifs, ou d’enseignement.
que l’on ne peut enlever, démonter ou remplacer sans détériora-
tion de l’ouvrage et qui ne fonctionne pas correctement. Le maître Les dommages concernés sont de nature décennale et doivent
d’ouvrage doit sans attendre signaler les désordres à l’entrepre- répondre à l’une des deux conditions suivantes :
neur par lettre recommandée avec demande d’avis de réception – affecter la solidité de l’ouvrage (effondrement d’une charpente,
pour le mettre en demeure de les réparer. À défaut de réparation, affaissement des fondations, fissuration de la structure) ;
le maître d’ouvrage peut saisir le tribunal compétent en fonction – rendre l’ouvrage impropre à sa destination (par exemple,
du montant du litige. défaut généralisé de structure).

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____________________________________________________________________________________________________________________ LES GARANTIES

■ Garantie dommages-ouvrage 2.4 Définition des désordres visés


Toute personne qui fait construire ou réaliser des travaux par
une entreprise doit souscrire une assurance construction dom- L’article 1792-6 alinéa 2 vise les désordres qui résultent aussi
mages-ouvrage. Elle permet en cas de sinistres de procéder au bien d’un vice des règles que d’un défaut de conformité. Cet
remboursement ou à l’exécution de toutes les réparations faisant article concerne toutes les différences entre les prestations pro-
mises par l’entrepreneur et celles effectivement réalisées par lui.
l’objet de la garantie décénale.
Il faut noter cependant que cette garantie n’oblige pas les
■ VEFA constructeurs à maintenir l’immeuble en l’état pendant un an, ce
La VEFA (vente en l’état futur d’achèvement) est la vente d’un qui constituerait évidemment une obligation excessive.
logement sur plan ; sa réglementation particulière protège l’ache-
teur efficacement et aide le propriétaire pour la vente, la construc-
tion et l’achat. 2.5 Désordres réservés
■ Relevé des actes à effectuer pour la construction ou la réhabili- Cette garantie ne constitue pas actuellement un mode de répa-
tation d’un logement ration exclusif pour des désordres réservés dans tous les élé-
ments au moment de la réception. Bien souvent, les effets
Le maître d’ouvrage privé, même s’il fait construire pour lui- produits par les mails ou courriers répétitifs auprès des entre-
même, a des obligations pour mener à bien sa construction. prises défaillantes rendent nécessaire l’utilisation de la garantie
décennale.

2. Garantie de parfait Remarque

achèvement Dans le cas où les désordres interviennent dans l’année sui-


vant la réception, ces désordres peuvent aussi être réparés en
fonction de leur gravité, sur le fondement de la garantie bien-
2.1 Définition nale, décennale ou de la responsabilité contractuelle de droit
commun pour dommages individuels.
La loi du 4 janvier 1978, relative à la responsabilité et l’assu-
rance dans le domaine de la construction, a mis en place la garan-
tie de parfait achèvement, dont le but, par une gestion amiable
des réserves, est d’éviter une mise en œuvre abusive des respon-
2.6 Choisir la garantie en fonction
sabilités décennale et biennale, et surtout de l’assurance construc- des circonstances
tion.
Un choix peut être fait entre les différentes garanties en fonc-
La garantie de parfait achèvement est donc un dispositif supplé- tion des circonstances : un maître d’ouvrage assuré dommages-
mentaire à la garantie biennale et décennale, qui s’offre au maître ouvrage peut préférer l’utilisation de la garantie de parfait achève-
d’ouvrage insatisfait des travaux réalisés. ment.
Dans le cas où cette dernière s’avèrerait infructueuse, le maître
d’ouvrage aurait toujours la possibilité de mettre en œuvre son
2.2 Réglementation assurance dommages-ouvrage.
Si le maître d’ouvrage n’a pas d’assurance dommages-ouvrage,
L’article 1792-6 du Code civil stipule que : « la garantie du par-
il est préférable qu’il utilise la garantie décennale ; en effet, celle-
fait achèvement, à laquelle l’entreprise est tenue pendant une ci lui permet de mettre en œuvre l’assurance de responsabilité du
durée de 1 an, à compter de la réception, s’étend à la réparation constructeur.
de tous les désordres signalés par le maître d’ouvrage, soit au
moyen de réserves mentionnées à la réception, soit par voie de
notification écrite pour ceux révélés postérieurement à la récep- 2.7 Régime de la garantie de parfait
tion ».
achèvement
En vertu du principe mis en place, l’exécution des travaux exi-
gés au titre de la garantie de parfait achèvement « est constatée
d’un commun accord ou à défaut judiciairement ». 2.7.1 Garantie uniquement demandée
aux entrepreneurs
Cette mise en œuvre est pourtant limitée car elle ne « s’étend
pas aux travaux nécessaires pour remédier aux effets de l’usure L’article L. 1792-6 du Code civil stipule expressément que la
normale de l’usage ». garantie de parfait achèvement ne peut être demandée qu’à
l’entrepreneur. Par conséquent cela ne vaut pas pour les construc-
teurs, architectes, bureaux d’études ou vendeurs d’immeubles à
2.3 Domaine de la garantie de parfait construire. Cependant, il arrive que certaines cours d’appel
admettent le principe inverse.
achèvement
Cette garantie peut servir pour la réparation de tous les 2.7.2 Délai d’introduction de la demande
désordres signalés par le maître d’ouvrage suivant deux possibili- en réparation
tés :
Il est nécessaire de rappeler que la demande en réparation ne
– au moyen de réserves mentionnées au procès-verbal de récep- peut être introduite que dans un certain délai. Par exemple, la
tion ; demande en réparation concernant des désordres ayant fait l’objet
– par voie de notification pour ceux révélés postérieurement à la de réserves à la réception doit être faite dans un délai de 1 an
réception. après la réception.

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