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CO N S T R U C T I O N E T T R AVAU X P U B L I C S

Ti254 - Travaux publics et infrastructures

Terrassement et géomembranes

Réf. Internet : 42233 | 3e édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Travaux publics et infrastructures
(Réf. Internet ti254)
composé de  :

Terrassement et géomembranes Réf. Internet : 42233

Gestion de l'eau Réf. Internet : 42234

Les routes, les ponts et les joints Réf. Internet : 42235

Les aménagements des voies de transport Réf. Internet : 42550

Les travaux souterrains et les dépollutions Réf. Internet : 42551

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Travaux publics et infrastructures
(Réf. Internet ti254)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Williams PAUCHET
Ex Maître d'oeuvre de la Défense Nationale, Conseiller technique en
construction et génie civil

Guy RAOUL
Ancien directeur de GTM Construction, Président de la Commission française
de normalisation “Terrassement”, Professeur émérite de Génie des Procédés à
l’INSA de Toulouse

Michel ROUSTAN
Professeur émérite de Génie des procédés à l'INSA de Toulouse

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Alain BLANCHIER
Pour l’article : C5420

Ludovic GAVOIS
Pour les articles : C5360 – C5361 – C5362 – C5363 – C5364

Jean-Pierre GIROUD
Pour les articles : C5429 – C5430 – C5435 – C5436 – C5437 – C5438

Claude GUINAUDEAU
Pour l’article : C4182

Richard LAGABRIELLE
Pour l’article : C224

Guy RAOUL
Pour les articles : C5360 – C5361 – C5362 – C5363 – C5364

Pierre ROSSI
Pour les articles : C5360 – C5361 – C5362 – C5363 – C5364

Anne-Charline SAUVAGE
Pour l’article : C5420

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VI
Terrassement et géomembranes
(Réf. Internet 42233)

SOMMAIRE

1– Terrassement Réf. Internet page

Géophysique appliquée au génie civil C224 11

Propriétés des matériaux naturels C5360 17

Classiication des matériaux C5361 21

Traitement des matériaux C5362 25

Assises des vallées compressibles. Approches géologique et géotechnique C5363 29

Assises des vallées compressibles. Choix des méthodes de consolidation C5364 33

Pratique des aménagements paysagers C4182 37

Utilisation des explosifs dans le génie civil C5420 43

2– Utilisation des géomembranes en génie civil Réf. Internet page

Géomembranes C5429 51

Introduction aux géomembranes C5430 53

Composition et production des géomembranes C5435 57

Géomembranes polymériques thermoplastiques C5436 63

Géomembranes élastomériques et bitumineuses C5437 69

Comparaison des géomembranes C5438 73

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VII
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Terrassement et géomembranes
(Réf. Internet 42233)


1– Terrassement Réf. Internet page

Géophysique appliquée au génie civil C224 11

Propriétés des matériaux naturels C5360 17

Classiication des matériaux C5361 21

Traitement des matériaux C5362 25

Assises des vallées compressibles. Approches géologique et géotechnique C5363 29

Assises des vallées compressibles. Choix des méthodes de consolidation C5364 33

Pratique des aménagements paysagers C4182 37

Utilisation des explosifs dans le génie civil C5420 43

2– Utilisation des géomembranes en génie civil

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Géophysique appliquée
au génie civil

par Richard LAGABRIELLE
Ingénieur Civil des Mines
Docteur ès Sciences
Directeur technique
Laboratoire Central des Ponts et chaussées

1. Présentation .............................................................................................. C224v2 – 2


1.1 Les méthodes de reconnaissance .............................................................. — 2
1.2 Place de la géophysique dans les méthodes de reconnaissance............ — 2
2. Généralités sur la géophysique............................................................ — 3
2.1 Définition de la géophysique...................................................................... — 3
2.2 Paramètres physiques utilisés en géophysique........................................ — 3
2.3 Méthodes géophysiques............................................................................. — 4
2.4 Déroulement d’une campagne de géophysique....................................... — 4
3. Gravimétrie ................................................................................................ — 4
3.1 Principe de base........................................................................................... — 4
3.2 Microgravimétrie ......................................................................................... — 5
4. Sismique ..................................................................................................... — 7
4.1 Principe de base des méthodes sismiques ............................................... — 7
4.2 Sismique réfraction ..................................................................................... — 9
4.3 Sismique réflexion....................................................................................... — 10
4.4 Sismique en ondes de surface ................................................................... — 11
5. Méthodes électriques en courant continu ........................................ — 13
5.1 Principe de base........................................................................................... — 13
5.2 Sondage électrique...................................................................................... — 13
5.3 Traîné et carte de résistivité, panneaux électriques ................................. — 15
6. Magnétisme (pour mémoire)................................................................. — 17
7. Méthodes électromagnétiques............................................................. — 17
7.1 Principe de base........................................................................................... — 17
7.2 Radio-magnétotellurique ............................................................................ — 19
7.3 Dipôle-dipôle électromagnétique............................................................... — 21
7.4 Radar géologique ........................................................................................ — 21
8. Radioactivité (pour mémoire) ............................................................... — 22
Références bibliographiques ......................................................................... — 23

a géophysique applique les moyens de la physique à l’étude de la structure


L des terrains. Elle se pratique à partir de la surface du sol (géophysique de
surface), dans un forage au moyen d’une sonde portant les instruments de
mesure (diagraphies) ou entre forages, forage et surface, forage et galerie
(géophysique de forage). C’est l’une des approches utilisées pour la reconnais-
sance géotechnique du site avant la construction d’un ouvrage (bâtiment, infras-
tructure urbaine ou infrastructure de transport, barrage...). La reconnaissance
géotechnique d’un site consiste à déterminer la nature et la répartition des
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Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. − © Editions T.I. C 224v2 − 1

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GÉOPHYSIQUE APPLIQUÉE AU GÉNIE CIVIL __________________________________________________________________________________________________

matériaux dont il est composé et à déterminer leurs propriétés. Ces éléments


servent à préciser l’emplacement ou le tracé de l’ouvrage à construire, à
concevoir ses fondations et à décider des procédés de construction. Une grande
partie des reconnaissances s’applique à l’hydrogéologie et en particulier aux
relations de l’ouvrage avec l’eau.
La reconnaissance se traduit par l’élaboration d’un modèle géologique.


Un modèle géologique est un ensemble de représentations d’un site sous ses
différents aspects (nature, répartition, propriétés des matériaux qui le consti-
tuent). Ces représentations prennent matériellement la forme de cartes, de
coupes, de blocs diagrammes, de coupes de sondages, de textes ou même de
maquettes.
Au départ, la reconnaissance est toujours fondée sur un premier modèle
géologique, qui peut être très sommaire, imprécis ou peu fiable. Le but de la
reconnaissance est de l’améliorer, de le rendre fiable, précis, le plus complet
possible afin de permettre une conception de l’ouvrage qui repose sur les
données dont on a besoin et qui soient les plus sûres possible.

1. Présentation L’interprétation des mesures géophysiques aboutit à un zonage


du terrain reconnu, à une première répartition des différents maté-
riaux et à une évaluation de leurs propriétés. Le zonage sert à
implanter des sondages mécaniques de manière optimale. Il s’agit
Une qualité indispensable du modèle géologique est sa cohé- de forages, destructifs ou carottés, avec éventuellement enregistre-
rence. Toutes les méthodes employées pour la reconnaissance con- ment de paramètres. Dans cette catégorie entrent aussi les tran-
sistent à faire des observations et des mesures et à les interpréter. chées de reconnaissance, les puits ou les galeries.
Observations et mesures ne peuvent se faire qu’à partir de la sur-
face du sol ou d’excavations (forages, galeries, tranchées, puits...) : Les observations réalisées grâce aux sondages mécaniques ser-
leur interprétation doit conduire à la description du sous-sol partout vent à identifier précisément la nature des matériaux rencontrés et à
dans son volume. C’est là que l’exigence de cohérence intervient : définir la position des interfaces. Elles sont aussi mises à profit pour
les interprétations doivent être compatibles. Plus les méthodes utili- affiner les interprétations de la géophysique qui, en retour, permet de
sées sont variées, plus les contraintes sur l’interprétation sont fortes juger de la représentativité des informations issues des sondages.
et plus la vérification du critère de cohérence rend fiable le modèle Pour les essais de laboratoire, des échantillons (aussi peu rema-
géologique élaboré. niés que possible) sont prélevés à partir de sondages mécaniques.
Les forages peuvent être valorisés par des diagraphies différées
[C 225]. Ils peuvent également servir de base à des dispositifs de
géophysique de forage et à pratiquer des essais géotechniques en
1.1 Les méthodes de reconnaissance place. Dans ce dernier cas, le forage est réalisé spécialement pour
l’essai ou il peut être constitutif de l’essai (essai pressiométrique,
essai pénétrométrique...).
Elles peuvent être classées selon un ordre chronologique de leur
usage et selon le niveau de détail souhaité. Naturellement, le pro-
cessus de reconnaissance n’est pas linéaire ; à mesure que celle-ci
est réalisée et que de nouvelles observations et de nouvelles mesu- 1.2 Place de la géophysique
res apportent des données supplémentaires, les données accumu- dans les méthodes de reconnaissance
lées depuis le début sont réexaminées afin de s’assurer de la
cohérence de l’ensemble.
L’élaboration du modèle géologique préalable commence par la Dans le processus de reconnaissance, la géophysique intervient
recherche et l’exploitation des données disponibles, cela grâce à des donc à plusieurs stades. Elle sert à améliorer le premier modèle
enquêtes, collectes d’archives orales ou écrites, étude de docu- géologique en donnant une vision d’abord approximative de la
ments géologiques (cartes géologiques, articles, thèses, rapports, structure du sous-sol en volume (en complétant en profondeur les
etc.), banques de données publiques et privées, études de photos observations de surface), puis elle est utilisée pour optimiser
aériennes et satellitaires. Les résultats précédents sont validés et l’implantation des sondages mécaniques qui, à leur tour, permettent
enrichis par des observations, des relevés et la cartographie de préciser les interprétations géophysiques.
détaillée sur le terrain, qui doivent être faits par un spécialiste mais À un stade plus avancé de la reconnaissance, la géophysique sert
restent d’un coût faible. Des échantillons peuvent être prélevés à la à valoriser les forages au moyen des diagraphies et des techniques
surface du sol dès ce stade de la reconnaissance ; ils servent à iden- géophysiques de forage.
tifier précisément les matériaux rencontrés. Avec la géologie, la géophysique permet d’évaluer le caractère
Le modèle géologique est maintenant de plus en plus élaboré. Les représentatif des informations ponctuelles tirées des sondages
techniques géophysiques de surface sont choisies en fonction du mécaniques et des essais géotechniques en place et elle contribue à
type de terrain rencontré, du type de contraste attendu, des profon- la cohérence du modèle géologique. Elle aide à la résolution de pro-
deurs d’investigation, du niveau de détail visé ainsi que du type par- blèmes spécifiques comme les problèmes de terrassement, la détec-
ticulier de problème technique à résoudre (par exemple évaluation tion de cavités souterraines ou d’autres types d’hétérogénéités, la
des difficultés de terrassement, détection d’éventuelles cavités détermination des masses volumiques ou des teneurs en eau,
souterraines, etc.). l’identification des argiles, l’évaluation de la fracturation, etc.

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2. Généralités Les valeurs les plus basses (500 m/s) correspondent aux
sur la géophysique matériaux très altérés de surface, les valeurs les plus fortes
(6 000 m/s) à du rocher très sain et non fracturé. Pour mémoire,
la vitesse du son dans l’air est d’environ 340 m/s, dans l’eau elle
vaut 1 425 m/s.
2.1 Définition de la géophysique


Les principales méthodes sismiques sont la sismique réfraction et
la sismique réflexion, la sismique par ondes de surface, la tomogra-
phie sismique, le cross-hole ainsi que les diagraphies sonique et
La géophysique appliquée est la discipline qui consiste à étu- microsismique.
dier (observer, mesurer) un champ physique à la surface du sol
ou dans des cavités creusées dans le sol. Ce champ physique, ■ Caractéristiques électriques
dont l’origine peut être naturelle ou provoquée, dépend d’un ou
plusieurs paramètres caractéristiques des matériaux dont on Les matériaux du sous-sol sont conducteurs de l’électricité.
cherche à déterminer la répartition dans le terrain.
La conductivité, notée σ, est la grandeur qui caractérise cette pro-
priété. Elle se mesure en siemens par mètre (S/m).
Cette définition ne se comprend pas immédiatement si l’on n’a La résistivité, notée ρ, est l’inverse de la conductivité, elle se
pas d’exemple de méthode en tête. Elle deviendra plus claire quand mesure en ohms-mètres (Ω · m). Plus ρ est faible, plus le matériau
on aura lu les paragraphes suivants et, en particulier, le tableau est conducteur.
synoptique 1.

La résistivité peut prendre des valeurs qui couvrent plusieurs


ordres de grandeur, de quelques ohms-mètres pour des terrains
2.2 Paramètres physiques utilisés très argileux et très humides à plusieurs dizaines de milliers
en géophysique d’ohms-mètres pour des matériaux rocheux très sains, en pas-
sant par toutes les valeurs intermédiaires.

■ Masse volumique
Il y a donc entre les matériaux des contrastes de résistivité très
forts. Cela confère aux méthodes fondées sur la recherche de la
L’ordre de grandeur courant de la masse volumique des sols
répartition de la résistivité un grand pouvoir de discrimination entre
en place est de 2 000 kg/m3.
les matériaux. Ces méthodes sont la prospection électrique par cou-
rant injecté (dont les diagraphies de résistivité, cf. [C 225]) et les
Le champ de pesanteur dépend de la répartition des masses donc méthodes électromagnétiques en basses fréquences.
de la répartition de la masse volumique des matériaux du terrain.
Par exemple, l’existence d’une cavité souterraine correspond à un
■ Caractéristiques magnétiques et électromagnétiques
déficit de masse et provoque une anomalie négative de la pesanteur
mesurée en surface. La gravimétrie est la méthode qui exploite ces Les propriétés magnétiques des matériaux sont quantifiées par la
phénomènes. perméabilité magnétique relative µr et la susceptibilité magnétique
Une autre méthode géophysique est utilisée pour déterminer pré- χ:
cisément la valeur de la masse volumique et sa répartition ; il s’agit
de la méthode de diagraphie différée appelée gamma-gamma. µr = 1 + χ

■ Caractéristiques élastiques (modules d’élasticité, vitesses des Elles sont peu utilisées en génie civil. Une méthode magnétique
ondes mécaniques) est parfois utilisée pour rechercher des objets contenant du fer sur
La vitesse de propagation des ondes mécaniques dans les maté- un site qui peut avoir servi de décharge (en revanche, le magné-
riaux dépend de leurs modules d’élasticité (modules d’Young et de tisme est très utilisé en archéologie pour découvrir des restes de
Poisson, coefficients de Lamé) et de leur masse volumique. Les poteries ou d’autres hétérogénéités comme les vestiges du phare de
méthodes sismiques ont pour but de découvrir la répartition des Pharos). Nous ne parlerons pas dans cet article des méthodes
vitesses des ondes mécaniques. magnétiques.
(0)

Tableau 1 – Méthodes utilisées en géophysique


Méthode Grandeur mesurée Paramètre Origine du champ physique
Gravimétrie Champ de pesanteur Masse volumique Naturelle
Sismique Temps de trajet Vitesse d’ondes mécaniques Provoquée
Électrique par courant injecté Potentiel électrique Résistivité Provoquée
Magnétique Champ magnétique Susceptibilité magnétique Naturelle
Électromagnétique Champ électromagnétique Résistivité et permittivité Provoquée
Radioactivité Nombre d’événements Radioactivité des roches Naturelle ou provoquée

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Les caractéristiques électromagnétiques autres que µr et χ sont Le tableau 1 indique les six grandes méthodes utilisées en
encore la conductivité σ, déjà citée, et la permittivité relative εr. géophysique. Sur chaque ligne, on reconnaît les éléments de la
Celle-ci a une influence sur la vitesse de propagation des ondes définition 2.1. En particulier, on a indiqué dans la dernière colonne
électromagnétiques qui vaut : quelle était l’origine du champ physique observé, naturelle ou pro-
voquée. Certaines méthodes font en effet appel à un phénomène
physique dont la source est parfaitement naturelle (gravimétrie,
v = c ⁄ εr
magnétisme, radioactivité naturelle), d’autres au contraire
nécessitent l’emploi de sources artificielles (sismique, électrique,


avec c vitesse de la lumière dans le vide (3 · 108 m/s). électromagnétisme, radioactivité provoquée).
Chacune des méthodes, définies par le domaine de la physique
εr vaut 1 pour l’air, environ 4 pour un matériau sec, jusqu’à auquel elles se rattachent, est divisée en techniques géophysiques
environ 20 pour un matériau très humide et 80 pour l’eau. suivant le type de mise en œuvre et les objectifs visés. On distingue
La vitesse de l’onde électromagnétique varie donc dans un les techniques géophysiques de surface, les techniques de forage et
rapport de 1 à 9 et peut être utilisée pour distinguer les maté- les diagraphies.
riaux du sous-sol. Les techniques géophysiques de surface sont mises en œuvre
uniquement à partir de la surface du sol.
Les méthodes géophysiques fondées sur la détermination de la Les diagraphies sont des techniques géophysiques mises en
répartition des caractéristiques électromagnétiques (σ et εr) sont le œuvre à l’intérieur d’un forage et dont le rayon d’investigation n’est
radar géologique et la tomographie électromagnétique en ondes jamais beaucoup plus grand que le rayon du forage. Elles servent à
monochromatiques. mesurer en place un paramètre physique avec la meilleure
définition verticale possible, mais elles ne permettent pas d’aug-
■ Radioactivité des roches menter le rayon d’investigation du forage ni de porter un jugement
Les roches contiennent en quantités variables des éléments natu- sur le caractère représentatif des informations obtenues à partir du
rels radioactifs, le potassium 40, le radium et l’uranium. forage.
Les techniques géophysiques de forage tirent parti de l’existence
Elles sont donc naturellement plus ou moins radioactives. Cette
d’un ou plusieurs forages pour se rapprocher de leur cible ; elles ser-
propriété est mise à profit en géophysique pour les distinguer. Ainsi,
vent à augmenter le rayon d’investigation des forages, à obtenir des
parmi les matériaux sédimentaires, les argiles sont les matériaux les
informations sur le sous-sol à des profondeurs plus grandes
plus radioactifs, les calcaires purs ne le sont pas et les marnes et
qu’avec les méthodes de surface et avec une meilleure résolution.
marnocalcaires le sont plus ou moins suivant leurs teneurs en miné-
raux argileux. Parmi les matériaux cristallins, les granites sont les Les trois types de techniques sont naturellement complé-
plus radioactifs. mentaires.
Les diagraphies de radioactivité naturelle (RAN ou γ -ray) utilisent
ces propriétés pour déterminer les matériaux traversés par un
forage. 2.4 Déroulement d’une campagne
La radioactivité peut aussi être provoquée par un bombardement de géophysique
neutronique des matériaux. L’étude de ces phénomènes (de durée
de vie de quelques dizaines de minutes au maximum) a conduit à la
mise au point de méthodes d’analyse chimique élémentaire en Une campagne de géophysique comporte toujours cinq phases :
forage (diagraphie neutron -γ). — la conception ;
Enfin, les propriétés d’absorption des rayonnements par les maté- — la mesure sur le terrain ;
riaux sont exploitées. L’absorption des rayons γ permet la mesure en — le traitement des mesures ;
place, très précise, de leur masse volumique (diagraphie γ – γ). — l’interprétation géophysique des mesures ;
L’absorption des neutrons permet la mesure de leur teneur en eau — l’interprétation en termes du problème de reconnaissance à
(diagraphie neutron - neutron). résoudre.
Dans la suite de cet article, les travaux à réaliser au cours de cha-
que phase seront décrits pour chaque technique géophysique. Cette
description est fortement inspirée par le document intitulé
2.3 Méthodes géophysiques « Géophysique appliquée. Code de bonne pratique » [1]. Ce docu-
ment, élaboré et édité par des professionnels français de la
géophysique appliquée, décrit pour chaque technique géophysique
Le fondement d’une méthode géophysique est l’influence de la en quoi doit consister une prestation minimale pour que l’on puisse
valeur et de la répartition dans le sol d’une caractéristique physique la considérer comme une prestation de qualité. Le document est
particulière sur un champ physique. Ainsi chaque type de caractéris- régulièrement révisé par l’Association professionnelle AGAP-QUA-
tique cité paragraphe 2.2 est associé à une méthode géophysique. LITÉ. Dans cet article, nous développons et justifions ces recom-
Il faut souligner au passage que les caractéristiques qui viennent mandations.
d’être évoquées ne sont pas toutes directement utiles à la concep-
tion des ouvrages. Elles servent simplement d’intermédiaires pour
reconnaître la structure du sous-sol. C’est pour cela que la
géophysique est souvent qualifiée de méthode indirecte de recon- 3. Gravimétrie
naissance. Lorsque, par exemple, l’extension d’une couche géologi-
que est déterminée grâce à la résistivité du matériau qui la
constitue, l’hypothèse qui justifie ce type de méthode est que, si la
résistivité est constante, les propriétés géotechniques du matériau 3.1 Principe de base
sont aussi constantes puisqu’il s’agit partout du même matériau. Il
suffit donc d’évaluer les propriétés géotechniques en un point pour
les connaître partout dans le matériau. Ces méthodes seront La gravimétrie est l’étude des variations du champ de pesanteur à
décrites dans les paragraphes 3 à 8. la surface du sol. La figure 1 montre la variation de la composante

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La constante C vaut :
Anomalie (␮gal)
C = 3 · 10−6 − 2π Gd (en unités SI)
160
140 où d est la masse volumique des terrains de surface qu’il convient
120 d’estimer au mieux, G étant la constante universelle de gravitation
(G = 6,67 × 10−11 N · m2/kg2). Le terme indépendant de la densité cor-
100
Cylindre respond à la correction dite « à l’air libre » (la gravité diminue lors-
que l’altitude augmente, parce que l’on s’éloigne des masses qui en

80
60 sont la source), le terme dépendant de la densité compense partiel-
Sphère lement ce phénomène, il s’agit de la correction dite de « plateau »,
40
qui tient compte de la présence d’une lame de matière entre l’alti-
20 tude de référence et celle du point courant.
La correction T de relief corrige le fait que cette dernière lame de
--15 --10 --5 0 5 10 15
Distance (m)
matière présente en réalité une épaisseur variable, un relief. Son cal-
cul est analytique et il existe des logiciels permettant de l’effectuer à
partir d’un modèle numérique de terrain.
Dans la formule (1), les variations temporelles de g dues à la
Masse volumique du sol : 2 000 kg/m3 marée ou à la dérive de l’appareil sont déjà prises en compte et éva-
luées expérimentalement grâce à des mesures périodiques à la base
Figure 1 – Anomalie gravimétrique due à une cavité de 6 m avec une période inférieure à 1 h.
de diamètre, centrée à 5 m de profondeur

La formule (1) de l’anomalie de Bouguer, avec la signification


verticale de l’anomalie du champ de pesanteur due à la présence des termes que l’on vient de donner, n’est pas la formule rigou-
dans le sous-sol d’une cavité de 6 m de diamètre dont le toit est à reuse de la gravimétrie en général mais celle qui est utilisée
2 m de profondeur dans un terrain homogène de masse volumique pour la reconnaissance en génie civil. Dans sa définition rigou-
2 000 kg/m3. Deux courbes sont représentées l’une pour une cavité reuse, g0 est une valeur théorique sur un ellipsoïde de référence
de forme sphérique (en trait plein), l’autre pour une cavité cylindri- dont l’altitude est zéro par définition. z est alors l’altitude du
que d’axe perpendiculaire au plan de la figure (en tireté). L’anomalie point de mesure par rapport à l’ellipsoïde de référence. En génie
est naturellement négative ; en valeur absolue, elle vaut au maxi- civil, il vaut mieux prendre l’altitude de référence à la base pour
mum 1,5 · 10−6 m · s−2, soit un peu plus d’un dix millionième de la que les corrections soient faibles.
valeur du champ de pesanteur total (10 m · s−2).

La carte de l’anomalie de Bouguer est le document qui résulte


En pratique, on n’utilise pas comme unité de mesure le m · s−2 d’une campagne de mesures (figure 2). Remarquons au passage
mais un sous-multiple de l’ancienne unité du système CGS, le que les mesures ne se résument pas à celle de la gravité mais qu’il
gal ou cm · s−2. En gravimétrie appliquée à la reconnaissance en faut aussi connaître l’heure de passage aux différentes stations
génie civil, l’unité est le microgal (1 µgal = 10−8 m · s−2). (avec une précision de l’ordre de la minute) et les altitudes relatives
(avec une précision de l’ordre du centimètre).
Le champ de pesanteur se mesure au moyen d’un gravimètre. Le L’anomalie de Bouguer (figure 2 a) présente des variations de
principe est de mesurer la force qui s’exerce sur une masse unitaire grandes longueurs d’onde dues à des phénomènes géologiques
suspendue à un ressort (peson à ressort). Naturellement, un gravi- régionaux et profonds et des variations à petites longueurs d’ondes
mètre comporte des raffinements qui lui confèrent une très grande dues à des phénomènes locaux et peu profonds. Le premier type de
sensibilité et qui rendent la mesure aussi peu dépendante que pos- variation est l’anomalie régionale (figure 2 b) et n’intéresse pas en
sible de la pression atmosphérique ou de la température. Les gravi- principe la reconnaissance en génie civil. L’anomalie résiduelle
mètres utilisés pour la reconnaissance ne servent pas à mesurer la (figure 2 c) est la différence entre l’anomalie de Bouguer et l’ano-
gravité absolue mais ses variations dans l’espace et dans le temps, malie régionale. C’est elle qu’il faut interpréter.
leur précision est de quelques microgals.
La force qui s’exerce sur la masse du gravimètre dépend du
temps (phénomène de la marée terrestre due à l’influence sur la
valeur de la gravité de la position de la lune et du soleil). Elle dépend 3.2 Microgravimétrie
aussi de la latitude et de l’altitude du point de mesure ainsi que du
relief.
C’est la seule technique de gravimétrie utilisée en génie civil.
On compare la valeur de la gravité en différents points d’un D’autres techniques existent pour d’autres domaines d’application
réseau maillé à celle d’un point de référence appelé base. Les mesu- de la géophysique.
res sont toutes ramenées à la même altitude, corrigées des varia-
tions temporelles, de l’effet de la latitude et du relief. On calcule
ainsi « l’anomalie de Bouguer » :
3.2.1 Domaine d’application
A = g − (g0 − Cz − T) (1)

avec g la gravité au point courant, En génie civil, la microgravimétrie sert à rechercher des cavités
souterraines qu’elles soient d’origine naturelle (cavités karstiques
g0 gravité à la base, principalement) ou artificielles (anciennes carrières souterraines,
C constante, anciennes exploitations minières, caves, citernes, galeries de drai-
nage ou d’alimentation en eau...). Les cavités sont soit remplies
z différence d’altitude entre le point courant et la d’air, soit plus ou moins remblayées ou noyées. Dans ces deux der-
base, niers cas, elles sont plus difficiles à détecter que s’il s’agit de vides
T la correction due au relief. francs.

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est strictement interdite. − © Editions T.I. C 224v2 − 5

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Propriétés des matériaux naturels

par Pierre ROSSI



Docteur en géologie. Responsable géotechnique de l’unité « Grands Travaux
de Terrassement (Razel) »
Ludovic GAVOIS
Directeur du service géotechnique (GTM Terrassement)
et Guy RAOUL
Ingénieur de l’École spéciale des travaux publics
Ancien Directeur de GTM Construction

1. Propriétés relevant de la mécanique des roches ............................ C 5 360 — 2


1.1 Propriétés des roches .................................................................................. — 2
1.1.1 Identification ....................................................................................... — 2
1.1.2 Résistance mécanique des roches .................................................... — 3
1.2 Propriétés des massifs rocheux.................................................................. — 4
1.2.1 État de fracturation d’un massif rocheux.......................................... — 4
1.2.2 État d’altération d’un massif rocheux ............................................... — 4
1.2.3 Abrasivité ............................................................................................ — 5
1.3 Prévision des conditions d’extraction des massifs rocheux .................... — 5
2. Propriétés relevant de la mécanique des sols ................................. — 5
2.1 Courbe intrinsèque ...................................................................................... — 5
2.2 Dilatance....................................................................................................... — 6
3. Propriétés géotechniques applicables au terrassement ............... — 6
3.1 Paramètres de nature .................................................................................. — 7
3.1.1 Paramètres de nature retenus dans le GTR...................................... — 7
3.1.2 Autres paramètres de nature............................................................. — 8
3.2 Paramètres d’état......................................................................................... — 8
3.2.1 Schématisation et définition des paramètres d’état ........................ — 8
3.2.2 Paramètres d’état retenus dans le GTR ............................................ — 8
3.3 Paramètres de comportement mécanique ................................................ — 9
3.3.1 Paramètres de comportement mécanique d’un sol......................... — 9
3.3.2 Paramètres de comportement mécanique d’une roche .................. — 14
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 5 360

a conception et la réalisation d’ouvrages en terre impliquent la connaissance


L des propriétés des matériaux naturels qui relèvent de la mécanique des
roches et de la mécanique des sols. C’est l’objet des exposés paragraphes 1 et 2
qui présentent l’essentiel des bases théoriques et/ou empiriques ainsi que des
règles de référence permettant d’appréhender les propriétés des matériaux et
leur comportement sous l’influence de différents facteurs.
Dans le troisième paragraphe sont abordées, en complément à ces bases, les
propriétés caractéristiques des sols sous l’angle de la géotechnique adaptée aux
travaux de terrassement. Des paramètres résultant de la méthodologie appli-
quée sur le terrain sont introduits dans l’étude des sols.
Cette approche constitue le vecteur le plus important pour l’activité du terras-
sement. Elle permettra de classer les matériaux en fonction de leurs possibilités
d’utilisation dans les ouvrages en terre. Ces notions sont décisives au stade de
la conception comme au stade de la réalisation.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPU

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur C 5 360 − 1

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PROPRIÉTÉS DES MATÉRIAUX NATURELS ___________________________________________________________________________________________________

Dans le cas d’ouvrages comme les barrages en terre, les canaux, les digues flu-
viales ou portuaires..., des guides ou des prescriptions techniques sont le plus
souvent élaborés ou adaptés au cas par cas par les maîtres d’œuvre concernés.
Pour ce qui concerne les infrastructures routières et ferroviaires (par extension
et dans certaines conditions), on utilise le guide technique GTR « Réalisation des
remblais et des couches de forme ». Il répertorie les différents paramètres qui
interviendront dans le classement normalisé des sols.
Q C’est le guide auquel nous nous référerons dans le paragraphe 3.
Les essais qui concernent les propriétés et les paramètres sont cités et décrits
dans ce dossier.
Les propriétés à étudier étant très diverses, les méthodes à mettre en œuvre pour les repérer
sont, de ce fait, très variées.
On se reportera dans les paragraphes qui suivent à différents dossiers d’autres rubriques
cités et parus dans les Techniques de l’Ingénieur et, plus particulièrement pour ce qui concerne
le paragraphe 1.1, au guide technique « Terrassements à l’explosif dans les travaux routiers »
(TETR) édité par le Comité français pour les techniques routières (CFTR).

1. Propriétés relevant 1.1.1 Identification

de la mécanique des roches La pétrographie classe les roches en trois grands groupes en se
fondant essentiellement sur des critères génétiques (tableau 1) :
— les roches éruptives proviennent de la solidification du
Dans le domaine des roches, il est désormais classique de consi-
magma ;
dérer deux échelles différentes :
— les roches sédimentaires sont formées à partir de dépôts d’élé-
— celle de la roche, correspondant à quelques décimètres cubes ;
ments détritiques chimiques ou biochimiques ;
c’est l’échelle de l’échantillon et de l’éprouvette soumise aux essais
de laboratoire ; — les roches métamorphiques résultent des modifications subies
— celle du massif rocheux, qui correspond à quelques dizaines par les roches éruptives ou sédimentaires lorsqu’elles sont soumi-
de mètres cubes ; c’est l’échelle des travaux de terrassements et des ses au métamorphisme.
fondations d’ouvrages. Du point de vue mécanique, c’est la distinction entre les forma-
tions meubles, les sols et les formations cohérentes, les roches, qui
nous intéresse. Nous ne parlerons dans ce paragraphe que de ces
dernières. Cependant, dans tous les cas, il convient de désigner une
1.1 Propriétés des roches roche d’après la classification pétrographique.
Les roches cohérentes sont des solides particulièrement comple-
On se reportera pour plus de détails aux références [1] [2] dans les xes du fait de l’hétérogénéité des constituants et des défauts de
Techniques de l’Ingénieur. structure.
(0)

Tableau 1 – Famille des roches (1)


Famille des roches acides Granite, granodiorite, syénite, microgranite, rhyolite, trachyte
ROCHES MAGMATIQUES Famille des roches intermédiaires Diorite, microdiorite, andésite, trachy-andésite
(plutoniques ou volcaniques)
Famille des roches basiques Gabbro, dolérite, ophite, basalte, péridotite
Roches massives Quartzite, cornéenne, migmatite, marbre
ROCHES MÉTAMORPHIQUES
Roches foliées Gneiss, amphibolite, leptynite, micaschiste, schiste, ardoise
Famille des roches carbonatées Calcaire, craie, dolomie, travertin, cargneule
Famille des roches à dominante siliceuse Grès, arkose, argilite, meulière, silex, radiolarite
ROCHES SÉDIMENTAIRES Famille des roches silico-carbonatées Marne, molasse
Famille des roches évaporitiques Gypse, anhydrite, sel gemme
Famille des roches carbonées Charbon, lignite
(1) Extrait du guide TETR édité par le CFTR (cf. [Doc. C 5 360]).

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__________________________________________________________________________________________________ PROPRIÉTÉS DES MATÉRIAUX NATURELS

Ce sont des solides polycristallins hétérogènes formés, le plus Les roches sont souvent anisotropes : l’anisotropie peut être due
généralement, de grains appartenant à plusieurs espèces minérales. à des orientations préférentielles de certaines espèces minérales ou
Les cristaux d’un même minéral peuvent eux-mêmes se différencier de fissures. La mesure de la vitesse de propagation des ondes dans
par leur état d’altération. différentes directions permet également de caractériser l’anisotro-
Les roches sont également des milieux discontinus ; il existe des pie d’une roche.
vides intergranulaires nommés pores, des défauts planaires soit
intracristallins, soit intercristallins appelés fissures. La fissuration, 1.1.2 Résistance mécanique des roches


qui joue un rôle considérable dans le comportement mécanique des
roches, est la conséquence de l’hétérogénéité de comportement des Dans le domaine des contraintes usuelles, les roches ont un com-
différents constituants d’une roche. portement fragile. C’est seulement dans des conditions de tempéra-
Le volume des vides contenu dans une roche est exprimé par la ture et de pression élevées que les roches peuvent montrer une
porosité n : certaine ductilité.
Vv Depuis les travaux de Griffith, il est bien établi que la rupture fra-
n ( % ) = ------ gile est l’aboutissement du développement de fissures dans le
V solide. Il dépend des conditions opératoires que la propagation de la
avec Vv volume des vides, fissure puisse être ou non contrôlée. Le plus souvent, la résistance
d’une roche est donnée par la résistance maximale obtenue dans un
V volume total. essai de traction ou dans un essai de compression simple.
La porosité des roches est très variable ; elle peut atteindre 20 %,
voire même 40 %, pour certaines roches sédimentaires comme la ■ La résistance en traction des roches est beaucoup plus faible que
craie, alors que, pour les roches éruptives ou métamorphiques non la résistance en compression ; cette propriété est mise à profit dans
altérées, exception faite de quelques laves, la porosité est inférieure toutes les opérations de cassage et de fragmentation des roches.
à 1 %. L’essai de traction le plus couramment utilisé est un essai indirect,
La porosité exprime mal l’état de fissuration d’une roche, car le l’essai brésilien. Le plan de rupture sur lequel s’exercent les con-
volume de vides lié aux fissures est très faible. Aussi, il est apparu traintes de traction est le plan diamétral de l’éprouvette.
nécessaire de quantifier, autrement que par la porosité, la densité de Nous donnons ci-après quelques fourchettes de résistance en
discontinuités présentes dans un échantillon de roche. La théorie, traction σt de roches, mesurée par l’essai brésilien :
comme les mesures expérimentales, montre que la vitesse de pro- • Calcaires.........................................................................1 à 15 MPa
pagation des ondes dans un solide est très influencée par la pré-
sence de discontinuités. C’est la raison pour laquelle on utilise • Granites........................................................................ 10 à 20 MPa
l’indice de continuité Ic : • Basaltes........................................................................15 à 35 MPa
VL On peut établir un classement des roches suivant leur résistance
I c = ------- × 100 en traction comme suit :
V L• • σt > 30 MPa .................................Résistance en traction très forte
avec VL
vitesse de propagation des ondes longitudinales • 10 MPa < σt < 30 MPa ........................ Résistance en traction forte
dans une roche, • 5 MPa < σt < 10 MPa .................. Résistance en traction moyenne
V L• vitesse théorique correspondante pour un milieu • 2 MPa < σt < 5 MPa.......................... Résistance en traction faible
parfait, de même composition minéralogique • σt < 2 MPa .................................. Résistance en traction très faible
que la roche, mais ne présentant pas de
discontinuité. Sur le chantier, il est possible de caractériser la roche par un essai
très rapide pouvant s’effectuer sur des carottes ou, même, sur des
Le guide technique TETR reprend ces notions et fait état de la rela-
morceaux irréguliers. C’est l’essai sous charge ponctuelle.
tion établie de manière expérimentale représentée sur le graphique
de la figure 1. ■ Mais la caractéristique mécanique la plus universellement utili-
La connaissance de l’indice de continuité et de la porosité d’une sée pour les roches est la résistance en compression simple σ. Elle
roche permet donc de caractériser son état de fissuration. se mesure sur une éprouvette cylindrique d’élancement 2. La résis-
tance en compression simple est le paramètre de base de la plupart
des classifications proposées en mécanique des roches. Les inter-
100
valles et les termes utilisés dans la classification de base de la
Indice de continuité

D f = 100 – (1,5 x 15) – 53 = 24,5%


Société internationale de Mécanique des roches sont donnés dans
80 le tableau 2 et repris dans le guide TETR avec l’indication des clas-
Ic = ses de résistances proposées par l’AFTES (Association française des
10 0
Ic = 53% - 1,5 travaux en souterrain).
60 n
A (0)
40
Ic = 100 – (1,5 x 50 %) Tableau 2 – Classes de résistance en compression simple
20 = 25% des roches
0 n
0 10 20 30 40 50 Résistance en compression
Qualification de la
Porosité (%) Classe uniaxiale σc
résistance σc
(MPa)
D f : degré de fissuration
R1 > 200 Très élevée
Sur ce diagramme, on a représenté la droite d'équation 100 – 1,5 n
des milieux purement poreux (non fissurés), et le point A représentatif R2 200 à 60 Élevée
d'une roche de porosité n = 15 % et d'indice de continuité 53 %
avec mise en évidence du degré de fissuration : R3 60 à 20 Moyenne
D f = 100 – 1,5 n – Ic (n exprimé en pour-cent)
R4 20 à 6 Faible
Figure 1 – Relation entre indice de continuité et porosité d’une roche R5 <6 Très faible

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PROPRIÉTÉS DES MATÉRIAUX NATURELS ___________________________________________________________________________________________________

1.2 Propriétés des massifs rocheux À partir de ce seul indice, Don Deere propose la classification
suivante :
• RQD > 90 %................... État de fracturation du massif très faible
On se rapportera aux dossiers [1] [2] [3] des Techniques de l’Ingé- • 75 % < RQD < 90 % .............État de fracturation du massif faible
nieur. • 50 % < RQD < 75 % .......... État de fracturation du massif moyen
Les caractéristiques mécaniques des roches mesurées sur échan- • 25 % < RQD < 50 % ................ État de fracturation du massif fort
tillons sont généralement élevées, et très supérieures à celles des
• RQD < 25 %...................... État de fracturation du massif très fort


massifs rocheux. Cette différence s’explique par la présence de sur-
faces de discontinuités. L’indice RQD apparaît souvent insuffisant, aussi la Société interna-
tionale de Mécanique des roches recommande-t-elle l’utilisation de
Le terme général de discontinuité recouvre des surfaces d’origi- l’espacement moyen des discontinuités. Le guide technique
nes très diverses : « Terrassements à l’explosif dans les travaux routiers » utilise la
— les plans de stratification des formations sédimentaires (calcai- notion de densité.
res, grès, marnes, pélites, etc.), qui ont une grande continuité ■ La densité de discontinuités dans le massif est souvent quanti-
spatiale ; fiée par l’intervalle de discontinuités ID mesuré suivant une ligne
— les plans de schistosité de certaines roches métamorphiques (un sondage carotté, une ficelle tendue sur une paroi rocheuse...) et
(schistes, ardoises) ; défini comme l’intervalle moyen entre deux discontinuités successi-
— les failles qui résultent d’une rupture par cisaillement avec ves. Il est calculé sur une base glissante L (plusieurs mètres en géné-
déplacement relatif des épontes ; ral), ou pour chaque unité homogène reconnue. Il est conseillé
— les diaclases dont l’origine est plus controversée, mais qui d’utiliser les classes suivantes de l’intervalle ID, proposées par
sont présentes dans pratiquement toutes les masses rocheuses ; l’AFTES (tableau 3).
— les joints de retrait dus à un refroidissement rapide de laves ; (0)
on peut particulièrement les observer dans les coulées basaltiques.
L’étude structurale d’un massif rocheux consiste à hiérarchiser Tableau 3 – Notion de densité selon le guide TETR
entre elles ces différentes familles, en distinguant les accidents
majeurs isolés (failles) d’éléments répétitifs (plan de stratification, Intervalle
Classe Description
diaclases). (cm)
Pour chaque famille on s’efforce d’indiquer : 1 > 200 Densité très faible
— l’orientation des surfaces (en indiquant l’azimuth et le 2 200 à 60 Densité faible
pendage) ;
— leur extension ; 3 60 à 20 Densité moyenne
— l’état des épontes (planéité, rugosité, imbrication) ; 4 20 à 6 Densité forte
— l’existence et la nature du remplissage (remplissage bréchi-
que, calciteux, argileux, etc.). 5 <6 Densité très forte
L’orientation des différentes surfaces de discontinuités est repré-
sentée sur un diagramme polaire en faisant une projection stéréo- 1.2.2 État d’altération d’un massif rocheux
graphique.
On peut classer les massifs rocheux suivant le nombre de familles Les processus d’altération des roches sont extrêmement divers.
de discontinuités : Suivant leur intensité, la roche peut présenter tous les états intermé-
diaires entre une roche saine et un sol résiduel, par exemple les arè-
— massif avec très peu de discontinuités aléatoirement nes granitiques. Le plus souvent, l’altération progresse par les
réparties ; surfaces de discontinuités. La description de l’état d’altération peut
— massif avec une famille de discontinuités, avec ou sans discon- se faire à partir de la classification donnée dans le tableau 4.
tinuités aléatoires (massif stratifié par exemple) ; (0)
— massif avec deux familles de discontinuités, avec ou sans dis-
continuités aléatoires ;
Tableau 4 – Classification des roches en fonction de l’état
— massif avec trois familles de discontinuités ;
d’altération
— massif très fracturé avec de nombreuses discontinuités plus
ou moins groupées en plus de trois familles. Roche Description de l’état d’altération
Aucun signe apparent d’altération, avec
1.2.1 État de fracturation d’un massif rocheux Saine éventuellement une légère décoloration
sur les surfaces de discontinuités majeu-
res
L’étude complète de la structure d’un massif rocheux est souvent
très longue et très difficile ; aussi utilise-t-on fréquemment des indi- Une décoloration montre l’altération de la
Légèrement altérée roche et des discontinuités
ces que l’on peut déterminer à partir de forages ou sur affleure-
ments, et qui permettent de caractériser l’état de fracturation d’un Moins de la moitié de la roche est décom-
massif. posée et/ou réduite en sol ; des blocs de
Modérément altérée roches saines ou décolorées sont présents
■ L’indice le plus répandu actuellement est le RQD (Rock Quality et forment une structure discontinue
Designation). Il se détermine par la longueur cumulée ∑ ᐉi des élé- Plus de la moitié de la roche est décompo-
sée et/ou réduite en sol ; présence de
ments de carottes supérieurs à 10 cm de long par rapport à la Très altérée blocs de roche saine ou décolorée formant
longueur L de sondage considérée. Il est exprimé en pour cent : une structure très discontinue
Toute la roche est décomposée et/ou
∑ ᐉi ( > 10 cm ) réduite en sol. La structure originelle du
Complètement altérée massif rocheux est encore largement
RQD = 100 ---------------------------------------------
L intacte

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
C 5 360 − 4 © Techniques de l’Ingénieur

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Classification des matériaux

par Pierre ROSSI


Docteur en géologie. Responsable géotechnique

de l’unité « Grands Travaux deTerrassement (Razel) »
Ludovic GAVOIS
Directeur du service géotechnique (GTMTerrassement)
et Guy RAOUL
Ingénieur de l’École spéciale des travaux publics,
Ancien directeur de GTM Construction, coordinateur de ce dossier

1. Présentation du GTR ............................................................................... C 5 361 - 2


2. Apports innovants du guide GTR ........................................................ — 2
2.1 Classification des matériaux....................................................................... — 2
2.2 Conditions de réutilisation en remblai et en couche de forme................ — 2
2.3 Modalités de mise en œuvre et de compactage ....................................... — 2
3. Classification des matériaux pour remblais
et couches de forme................................................................................ — 3
3.1 Classification des matériaux selon leur nature ......................................... — 3
3.2 Classification des sols ................................................................................. — 4
3.3 Classification des matériaux rocheux ........................................................ — 4
3.4 Classification des sols organiques et sous-produits industriels.............. — 6
4. Conditions d’utilisation des matériaux en remblai ........................ — 7
5. Condition d’utilisation des matériaux en couche de forme ........ — 7
5.1 Terminologie ................................................................................................ — 9
5.2 Nature et fonctions des structures ............................................................. — 9
5.3 Conditions d’utilisation des matériaux en couche de forme ................... — 10
6. Classement et dimensionnement des plates-formes ..................... — 10
6.1 PST et arase terrassement .......................................................................... — 10
6.2 Couche de forme et plate-forme support de chaussée............................. — 10
6.3 Dimensionnement de la couche de forme................................................. — 14
7. Compactage des remblais et des couches de forme ..................... — 14

Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 5 361

ous avons opté ici pour une présentation de la classification des maté-
N riaux selon le guide technique « Réalisation des remblais et des couches
de forme ». Comme indiqué dans le dossier précédent [C 5 360], ce guide, plus
particulièrement dédié aux travaux de terrassement d’infrastructures routières,
constitue le document le plus complet qui étaye notre propos.
Le guide GTR s’appuie sur les retours d’expériences des chantiers concernant
la réutilisation des matériaux et privilégie la mise en valeur des ressources
rencontrées sur les sites, ce qui contribue à l’amélioration de l’économie et de
la qualité environnementale des projets.
Dans sa première version de 1992, le guide GTR avait remplacé l’ancienne
« Recommandation pour les terrassements routiers » (RTR) éditée en 1976.
Le guide GTR a fait l’objet de mises au point et de modifications mineures
dans sa deuxième version rééditée en juillet 2000. Ce guide est aujourd’hui
appliqué par l’ensemble de la profession (maîtrises d’ouvrages, maîtrises
d’œuvres, ingénieries, entreprises) à la conception et à la construction
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPV

d’ouvrages en terre dans le domaine des routes et autoroutes.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
©Techniques de l’Ingénieur C 5 361 − 1

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CLASSIFICATION DES MATÉRIAUX ________________________________________________________________________________________________________

Dans les autres domaines, il est appliqué partiellement ou tient lieu pour le
moins de règles de références, en complément à des prescriptions ou
recommandations spécifiques à d’autres fonctions d’ouvrages.
Dans le domaine ferroviaire, il convient de citer le « Référentiel génie civil
LGV ». Ce document en cours de révision intégrera une approche économique
s’inspirant de références et de méthodes préconisées par le GTR qui n’est que


partiellement appliqué dans ce cas.
Le présent dossier constitue une présentation synthétique et commentée de
la classification selon le GTR auquel il conviendra de se reporter, plus parti-
culièrement à son fascicule 2, pour une documentation plus détaillée.

1. Présentation du GTR — l’utilisation de nouveaux paramètres plus significatifs (cf. défini-


tions en [C 5 360]) pour juger des possibilités d’emploi des matériaux :
• paramètres d’identification des matériaux : la valeur au bleu
Le GTR comporte deux fascicules [1] : de méthylène VBS pour les sols,
— le fascicule 1 « Principes généraux » très utile à la compré- • paramètres d’états hydriques extrêmes : th (très humide) et ts
hension de la méthodologie d’ensemble ; (très sec),
— le fascicule 2 « Annexes techniques » qui constitue la partie • paramètres de comportement mécanique : FS (friabilité) pour
opérationnelle du document dans laquelle on trouve, sous forme les sables, LA (coefficient de Los Angeles) et MDE (coefficient
de tableaux, les éléments techniques nécessaires à l’étude et à la micro-Deval en présence d’eau) pour les matériaux sablo-grave-
réalisation d’un projet. leux et les roches, FR (fragmentabilité) et DG (dégrabilité) pour les
Le guide s’intéresse à trois aspects : roches à caractère évolutif.
— l’établissement d’une classification spécifique des matériaux À noter également que la classification GTR propose, à partir de
répondant à une nécessité impérieuse en matière de construction l’expérience acquise, de nouvelles fourchettes de valeurs d’essais
d’ouvrages en terre ; déjà utilisés (l’indice de plasticité I p , le pourcentage de passants
— les modalités de mise en œuvre des matériaux suivant l’uti- granulométriques par exemple) à prendre en compte pour apprécier
lisation concernée, remblai ou couche de forme ; et différencier certaines catégories de matériaux.
— des modalités pratiques d’exécution du compactage.
De ce fait, son application, enrichie d’informations et d’apprécia-
tions recueillies sur le terrain, est fondamentale pour élaborer et 2.2 Conditions de réutilisation en remblai
optimiser le mouvement des terres, en valorisant l’emploi des et en couche de forme
ressources du site.
Le GTR ne traite pas à ce stade des procédures et techniques de ■ Remblai
contrôle propres à la réalisation des remblais et des couches de Le GTR propose l’étude complémentaire de réutilisation de maté-
forme (guide en cours d’élaboration). Actuellement, elles font riaux à caractère évolutif (roches carbonatées, argileuses, certaines
l’objet de prescriptions spécifiques dans les marchés. roches siliceuses comme les poudingues...). Il recommande
Soulignons également que le guide ne répond pas complè- notamment l’application d’une nouvelle rubrique G concernant une
tement à la résolution de certains des éléments de conception des action sur la granularité (D max ) selon différentes techniques.
ouvrages en terre comme la stabilité des talus ou les dispositions
constructives en matière de sols compressibles, par exemple, sur ■ Couche de forme
lesquels nous reviendrons dans les dossiers suivants. Le GTR développe notamment les possibilités d’amélioration des
sols au niveau de la PST (partie supérieure des terrassements) et
au niveau de la couche de forme, ce qui induit la valorisation,
2. Apports innovants éventuellement par le traitement, de matériaux du site autrefois
ignorés (sous-produits industriels, matériaux rocheux).
du guide GTR Citons particulièrement les applications suivantes :
— la classification de la PST (7 cas numérotés de 0 à 6) avec la prise
Le guide intègre l’acquis des expériences engrangées sur les en compte des paramètres de portance, de drainage et de traitement ;
chantiers et des progrès des techniques de réalisation. — la définition des classes d’arase et de plate-forme pour leur
prise en compte dans le dimensionnement des chaussées.
2.1 Classification des matériaux
À titre documentaire, nous citons ci-après les principales amélio-
2.3 Modalités de mise en œuvre
rations apportées par le GTR par rapport à l’ancienne recomman- et de compactage
dation RTR de 1976 :
— la distinction nette entre les sols meubles et les terrains Le GTR innove avec la prise en compte :
rocheux ; — de la nature, de la puissance et de la vitesse d’avancement des
— l’extension et la clarification du classement des matériaux de compacteurs dans une nouvelle classification, avec notamment
catégorie F : sols organiques et sous-produits industriels ; l’augmentation de la puissance de l’énergie de compactage pour les
— la prise en compte de la nature de la matrice (de la fraction matériaux à l’état hydrique s (sec), les matériaux traités et les maté-
fine argileuse ou sableuse) des sols grossiers ; riaux à caractère évolutif ;

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________________________________________________________________________________________________________ CLASSIFICATION DES MATÉRIAUX

— d’une meilleure définition de la valeur du Q /S en utilisant le qui caractérisent les matériaux. La classification du GTR est
nombre moyen de passes et le débit théorique par unité de lar- fondée sur trois types de paramètres à savoir : nature, état et
geur, du compacteur utilisé. comportement mécanique. Elle est axée sur les conditions de
Nota : Q /S est le ratio entre le volume de matériau compacté pendant un temps donné réutilisation en remblai ou en couche de forme. De ce fait, il est à
et la surface balayée par le compacteur sur ce volume pendant le même temps. Ce ratio noter qu’elle ne prend pas en compte tous les aspects des phases
exprime aussi l’épaisseur théorique compactée en une application de la charge du
compacteur.
d’exécution du terrassement, en particulier les difficultés éventuel-
les d’extraction.

3. Classification des matériaux 3.1 Classification des matériaux Q


pour remblais et couches selon leur nature
de forme La classification des matériaux selon leur nature est présentée
ci-après de manière synthétique (figure 1). Elle se divise en trois
Nous avons décrit dans le dossier précédent [C 5 360] catégories : les sols, les matériaux rocheux et les matériaux
« Propriétés des matériaux naturels », les différents paramètres particuliers.
Passant à 80 µm (%)

12 25 40 Ip
100

A1 A2 A3 A4

35

Passant à 2 mm (%)
Sols
B5 B6
Dmax 50 mm

12 100
D1 B1 B2
70

D2 B3 B4

0
0 0,1 0,2 1,5 2,5 6 8 VBS
Passant à 80 µm (%)

C1 ou C2
C1 matériaux roulés et matériaux anguleux
peu charpentés (0/50 > 60 à 80 %)
Sols
Dmax > 50 mm C2 matériaux anguleux très charpentés
(0/50 60 à 80 %)
12
D3
0
0 0,1 VBS

Craies R1
Roches carbonatées
Calcaires R2
Roches
sédimentaires Roches argileuses Marnes, argilites, pélites … R3
Matériaux Roches siliceuses Grès, poudingues, brèches … R4
rocheux
Roches salines Sel gemme, gypse R5
Roches
Granites, basaltes, andésites, gneiss, schistes R6
magmatiques et
métamorphiques et ardoisiers …
métamorphiques

Matériaux
particuliers Sols organiques et sous-produits industriels F

Figure 1 – Tableau synoptique de la classification des matériaux selon leur nature

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CLASSIFICATION DES MATÉRIAUX ________________________________________________________________________________________________________

3.2 Classification des sols Pour une connaissance complète et détaillée, il est nécessaire de
se référer au fascicule II du GTR qui présente la totalité des
Elle comporte 4 classes : tableaux de classification des sols.
— A sols fins ; À titre d’exemple est extrait celui de la classe A (tableau 1).
— B sols sableux et graveleux avec fines ;
— C sols comportant des fines et des gros éléments ;
— D sols insensibles à l’eau.
3.3 Classification des matériaux rocheux

Le tableau synoptique de la figure 1 offre une bonne compré-
hension de la classification en fonction des paramètres de nature : Le tableau synoptique (figure 1) représente aussi, mais de façon
— I p indice de plasticité ; beaucoup plus succincte, la classification selon la nature des maté-
— VBS valeur au bleu de méthylène du sol ; riaux rocheux.
— seuils de granulométries. Il nous est apparu intéressant d’extraire la classification
La classification est effectuée par ailleurs selon l’état hydrique complète de la classe R correspondant à ces matériaux, d’autant
(sauf classe D) et selon le comportement (sauf classe A). plus qu’elle est inédite (tableau 2). (0)

Tableau 1 – Classe A – Sols fins


Classement selon la nature Classement selon l’état hydrique

Paramètres Paramètres
de nature de nature Paramètres
Premier Deuxième Sous-classe
niveau Classe niveau fonction Caractères principaux (2) et Sous-classe
de de de la nature valeurs de seuils retenus (1)
classification classification
IPI 4 3 ou W N 5 1,25 W OPN A1th
Ces sols changent brutalement de consistance pour de
A1 faibles variations de teneur en eau, en particulier lorsque 3 < IPI 4 8
leur WN est proche de WOPN . Le temps de réaction aux ou A1 h
variations de l’environnement hydrique et climatique est 1,10 W OPN 4 W N < 1,25 W OPN
VBS 4 2,5 relativement court mais, la perméabilité pouvant varier
Limons peu plas- dans de larges limites selon la granulométrie, la plasticité
ou et la compacité, le temps de réaction peut tout de même 8 < IPI 4 25
tiques, lœss, silts
I p 4 12
alluvionnaires, varier assez largement. ou A1 m
sables fins peu Dans le cas de ces sols fins peu plastiques, il est souvent 0,9 W OPN 4 W N < 1,10 W OPN
pollués, arènes préférable de les identifier par la valeur de bleu de
peu plastiques... méthylène VBS, compte tenu de l’imprécision attachée à 0,7 W OPN 4 W N < 0,9 W OPN A1 s
la mesure de I p .
W N < 0,7 W OPN A1ts
IPI 4 2 ou I c 4 0,9 ou
A2th
W N 5 1,3 W OPN
A2

Le caractère moyen des sols de cette sous-classe fait 2 < IPI 4 5 ou 0,9 < I c 4 1,05 ou
A2 h
12 < I p 4 25 qu’ils se prêtent à l’emploi de la plus large gamme 1,1 W OPN 4 W N < 1,3 W OPN
d’outils de terrassement (si la teneur en eau n’est pas
ou Sables fins trop élevée). 5 < IPI 4 15 ou 1,05 < I c 4 1,2
2,5 < VBS 4 6 argileux, limons, Dès que I p atteint des valeurs 5 12 , il constitue le A2 m
argiles et marnes ou 0,9 W OPN 4 W N < 1,1 W OPN
critère d’identification le mieux adapté.
D max 4 50 mm peu plastiques,
A arènes...
1,2 < I c 4 1,4 ou
et tamisat à sols fins A2 s
80 µm > 35 %
0,7 W OPN 4 W N < 0,9 W OPN
I c > 1,4 ou W N < 0,7 W OPN A2ts
IPI 4 1 ou I c 4 0,8 ou
A3th
W N 5 1,4 W OPN
A3 Ces sols sont très cohérents à teneur en eau moyenne et
faible, et collants ou glissants à l’état humide, d’où 1 < IPI 4 3 ou 0,8 < I c 4 1 ou
A3 h
difficulté de mise en œuvre sur chantier (et de mani- 1,2 W OPN 4 W N < 1,4 W OPN
25 < I p 4 40 pulation en laboratoire).
ou Argiles et argiles Leur perméabilité très réduite rend leurs variations de 3 < IPI 4 10 ou 1 < I c 4 1,15 ou
6 < VBS 4 8 marneuses, teneur en eau très lentes, en place. A3 m
limons très 0,9 W OPN 4 W N < 1,2 W OPN
Une augmentation de teneur en eau assez importante
plastiques... est nécessaire pour changer notablement leur 1,15 < I c 4 1,3 ou
consistance. A3 s
0,7 W OPN 4 W N < 0,9 W OPN
I c > 1,3 ou W N < 0,7 W OPN A3ts
Ces sols sont très cohérents et presque imperméables : A4th
A4 s’ils changent de teneur en eau, c’est extrêmement
I p > 40 lentement et avec d’importants retraits ou gonflements. Valeurs seuils des paramètres A4 h
ou Leur emploi en remblai ou en couche de forme n’est d’état, à définir à l’appui d’une
VBS > 8 Argiles et argiles normalement pas envisagé mais il peut éventuellement étude spécifique. A4 m
marneuses, très être décidé à l’appui d’une étude spécifique s’appuyant
plastiques... notamment sur des essais en vraie grandeur. A4 s
(1) WN : teneur en eau naturelle, WOPN : teneur en eau optimum Proctor normal, Ic : indice de consistance.
(2) Les paramètres inscrits en gras sont ceux dont le choix est à privilégier.

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Traitement des matériaux


par Pierre ROSSI
Docteur en géologie.
Responsable géotechnique de l’unité « Grands Travaux de Terrassement (Razel) »
Ludovic GAVOIS
Directeur du service géotechnique (GTM Terrassement)
et Guy RAOUL
Ingénieur de l’École spéciale des travaux publics,
Ancien directeur de GTM Construction, coordinateur de ce dossier

1. Préambule .................................................................................................. C 5 362 — 3


1.1 Développement des techniques de traitement ......................................... — 3
1.2 Domaines d’application .............................................................................. — 3
1.3 Guide technique GTS .................................................................................. — 3
2. Matériaux aptes au traitement............................................................. — 4
2.1 Sols ............................................................................................................... — 4
2.2 Roches (classes R) ....................................................................................... — 4
2.3 Sols organiques et sous-produits industriels (classe F) ........................... — 4
2.4 Paramètres à prendre en compte dans les traitements ........................... — 5
3. Produits de traitement ........................................................................... — 5
3.1 Chaux aérienne ............................................................................................ — 5
3.2 Liants hydrauliques ..................................................................................... — 6
3.3 Eau ................................................................................................................ — 6
4. Traitement à la chaux vive..................................................................... — 6
4.1 Actions de la chaux vive ............................................................................. — 6
4.2 Utilisation des traitements à la chaux........................................................ — 7
5. Traitement aux liants hydrauliques..................................................... — 7
5.1 Action des liants hydrauliques ................................................................... — 7
5.2 Traitements au ciment................................................................................. — 7
5.3 Traitements aux liants hydrauliques routiers (LHR) ................................. — 8
5.4 Utilisation des traitements aux liants hydrauliques ................................. — 9
6. Traitements mixtes chaux – liants hydrauliques ............................. — 9
7. Matériels de traitement.......................................................................... — 9
7.1 Matériels de stockage.................................................................................. — 9
7.2 Épandeurs .................................................................................................... — 9
7.3 Malaxeurs..................................................................................................... — 9
7.4 Arroseuses ................................................................................................... — 10
7.5 Compacteurs ................................................................................................ — 10
8. Protection de l’environnement et sécurité ....................................... — 10
9. Études de traitement .............................................................................. — 11
9.1 Études de traitement des matériaux mis en remblai................................ — 11
9.2 Études de traitement des matériaux mis en couche de forme ................ — 14
10. Techniques de réalisation des traitements. Contrôles .................. — 16
10.1 Techniques de réalisation des traitements ................................................ — 16
10.2 Contrôles ...................................................................................................... — 16
p。イオエゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPPW

Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 5 362

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TRAITEMENT DES MATÉRIAUX ___________________________________________________________________________________________________________

a technique du traitement des sols est utilisée en France depuis les années
L 1960.
Jusqu’aux années 1970, elle a essentiellement intéressé la réutilisation en rem-
blai des sols sensibles à l’eau et/ou humides, notamment lors de la réalisation
des grands chantiers des programmes d’autoroutes de liaison dans le Nord, l’Est
et l’Ouest de la France, et de la construction de pistes et d’aires de l’aéroport de


Roissy-Charles de Gaulle (figure A).
Par la suite, la technique s’est étendue à la réalisation des couches de forme,
en commençant par la réutilisation des sols fins, plus particulièrement des
limons, puis progressivement une gamme de plus en plus étendue de matériaux
comme les graves argileuses, voire les mélanges de sols fins avec des éléments
blocailleux ou des graves naturelles.
Dès 1972, un premier guide est élaboré par le LCPC et le Setra :
« Recommandation pour le traitement des sols fins à la chaux ».

Figure A – Traitement de remblai à la chaux [A36 – Beaune-Dôle (1979)]

Le guide technique GTS « Traitement des sols à la chaux et/ou aux liants
hydrauliques (Application à la réalisation des remblais et des couches de
forme) », guide existant le plus complet en la matière (édité en 2000) est le
complément cohérent du guide GTR, tous deux élaborés par le LCPC et le Setra.
Comme le GTR, il a été mis au point avec la participation de différents interve-
nants de la profession (ingénieurs des CETE, maîtres d’ouvrage, maîtres
d’œuvre, entrepreneurs de terrassement).
D’autres guides ou spécifications sont également à citer :
— « catalogue des structures types de chaussées neuves » 1998 (LCPC et Setra) ;

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___________________________________________________________________________________________________________ TRAITEMENT DES MATÉRIAUX

— référentiel Génie civil LGV en cours de révision par la SNCF ;


— spécification technique no 590.B éditée en 1999 (SNCF) ;
— guide technique « Manuel de conception des chaussées d’autoroutes »
réédition en 2005 (Scetauroute) ;
— manuel de conception des plates-formes autoroutières édité en 1998 (Sce-
tauroute).


Soulignons, de plus, que des spécifications techniques particulières sont
définies dans les marchés de travaux.
Le présent dossier « Traitement des matériaux », à la chaux et/ou aux liants hydrauliques,
constitue le troisième volet de l’ensemble « Matériaux » de la rubrique « Terrassement », après
celui concernant les « Propriétés des matériaux naturels » [C 5 360] et celui concernant la
« Classification des matériaux » [C 5 361].
De la même manière que le dossier [C 5 361] s’appuyait sur le guide technique GTR pour pré-
senter la classification des matériaux, nous avons basé le présent exposé sur la référence au
guide technique GTS.

1. Préambule du projet Rhin-Rhône, projet qui, finalement, n’a pas vu le jour. EDF
a récemment conçu des parties supérieures de digues (réhausses)
en matériaux traités à Belleville-sur-Loire. Nous classons à part la
réalisation de barrages en BCR (bétons compactés au rouleau), car
1.1 Développement des techniques les graves traitées qui les constituent sont plus proches des qualités
de traitement des bétons.

Nous avions souligné, dans les dossiers précédents, l’impact éco-


nomique important des techniques de traitement à la chaux et aux 1.3 Guide technique GTS
liants hydrauliques. Cette méthodologie participe fortement à la
valorisation des ressources en matériaux du site.
Les avancées de ces techniques sont constantes, se basant princi- Le guide fournit des précisions sur :
palement sur les composantes suivantes :
— l’évolution rationnelle des méthodologies ; — la nature et la qualité des études de traitement à mener en
— la meilleure connaissance de la nature et du comportement fonction de la destination des matériaux à traiter ;
des matériaux, s’appuyant sur des études approfondies, des essais
représentatifs et sur les retours d’expérience des chantiers ; — les techniques de mise en œuvre et de réception.
— l’utilisation de nouveaux liants hydrauliques, spécialement
adaptés au traitement de différentes classes de matériaux ; Dans l’exposé qui suit, nous évoquerons les principaux domaines
— les progrès enregistrés sur les matériels, en matière de traités dans le GTS, notamment :
malaxage, de précision de dosage et de guidage et, également, les
progrès accomplis sur la maîtrise de la teneur en eau. — les notions relatives à la technique de traitement des sols à la
chaux et/ou aux liants hydrauliques, en explicitant le rôle de la
chaux et des liants hydrauliques ;

1.2 Domaines d’application — l’application du traitement des sols dans la réalisation des
remblais, en précisant son importance au niveau de la PST ;
— le traitement des sols en couche de forme.
Le développement des techniques de réalisation des traitements
s’applique aux ouvrages en remblais (corps de remblai et parties
Pour ce qui concerne le matériel nécessaire au traitement des
d’ouvrages particulières), aux plates-formes supérieures de terras-
sement (PST), aux couches de forme, voire à d’autres couches de sols, des renvois au GTS largement illustrés dans ce domaine sont
chaussées (couches de fondation notamment). proposés. Il en est de même pour le suivi du contrôle des travaux de
traitement, dont l’importance augmente de jour en jour au fur et à
Le domaine d’activité le plus concerné est celui des infrastructu-
mesure que se développe la technique de traitement des sols.
res routières et autoroutières. Les techniques de traitement se sont
développées également dans le domaine ferroviaire, à l’occasion de
De la même manière que pour le GTR (cf. [C 5 361]), nous avons
la construction des infrastructures TGV, à partir des années 1980
(TGV Atlantique rencontrant des terrains à dominante sols fins et privilégié une présentation synthétique du GTS accompagnée de
sableux). D’autres applications importantes interviennent sur les commentaires ou de compléments d’informations sur les sujets qui
aéroports (Roissy comme nous l’avons dit dans l’introduction, Vatry sont peu développés par le guide, notamment le traitement des
plus récemment), sur des plates-formes portuaires, sur des plates- roches (classes R) et des sous-produits industriels (classes F).
formes industrielles ou logistiques.
Très peu d’applications sont connues dans les ouvrages en terre Notre exposé est peu approfondi sous l’angle de l’utilisation des
d’aménagements hydrauliques (endiguements, canaux, barra- matériels et des techniques de réalisation des traitements, car nous
ges...). CNR a réalisé, à la fin de ses aménagements du Rhône, des revenons largement sur ces sujets dans « Réalisation des ouvrages
essais de traitement de digue, à notre connaissance dans l’optique en terre » qui traite du matériel et de l’exécution des chantiers.

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TRAITEMENT DES MATÉRIAUX ___________________________________________________________________________________________________________

2. Matériaux aptes 2.3 Sols organiques et sous-produits


industriels (classe F)
au traitement
Le guide GTS n’évoque également que les matériaux pour lesquels
les retours d’expériences sont suffisants, en l’occurrence les cendres
2.1 Sols volantes (classe F2). Signalons que d’autres matériaux de classe F
peuvent être utilisés, après traitement aux liants hydrauliques, en

Q Les classes de sols définies par le guide GTR sont les suivantes
(cf. [C 5 361]) :
remblai ou en couche de forme, plus rarement.
La même prudence que celle recommandée pour les roches argi-
leuses et évolutives est à observer. L’aptitude au traitement doit être
— A : sols fins ; vérifiée au cas par cas et des études spécifiques seront entreprises.
— B : sols sableux et graveleux avec fines ; De nombreux chantiers sont réalisés en utilisant et valorisant les
— C : sols comportant des fines et des gros éléments ; ressources de résidus industriels de la région concernée.
— D : sols insensibles à l’eau. ■ Tout d’abord, les cendres volantes silico-alumineuses, citées par
Le traitement est indiqué pour la plupart des sols des classes A, B le GTS. Elles proviennent de la combustion du charbon des centra-
et C, dans certaines conditions (élimination des gros éléments). Les les thermiques d’EDF situées en majorité dans les régions du Nord
sols de classe D peuvent nécessiter un traitement aux liants hydrau- et de l’Est, qui bénéficient d’une grande expérience en la matière. À
liques pour être utilisés en couche de forme. noter que le compactage des cendres traitées est techniquement dif-
ficile à obtenir (concentration de « billes » entraînant un phénomène
de fluage).
2.2 Roches (classes R) ■ Les mâchefers d’incinération d’ordures ménagères (MIOM) qui
font l’objet de guides d’utilisation élaborés par la SPRIR (Syndicat
professionnel de l’industrie routière) et des laboratoires régionaux
Le GTS n’aborde que très peu le traitement des roches, mis à part des Ponts et chaussées (LRPC) :
les craies. Cela s’explique par un faible retour d’expérience sur les
possibilités de traitement des autres matériaux. — Île-de-France « Utilisation de MIOM » édité en 1998 ;
— Haute-Normandie « Utilisation des sous-produits », édité en
Au stade actuel, le traitement de certaines roches, lorsqu’elles cons- 2000.
tituent les ressources potentielles du site du projet, peut être envisagé.
Il doit faire l’objet d’études spécifiques approfondies et menées avec ■ Les schistes houillers qui sont des matériaux stériles mis en dépôt
prudence, en vérifiant en premier lieu l’aptitude des roches à se frac- sur les sites d’exploitation des mines de charbon. On distingue :
tionner au moyen des matériels disponibles sur les chantiers. — les schistes rouges (cuits) utilisables, sans traitement, en rem-
blai ou en couche de forme ;
Il convient d’être particulièrement vigilant lorsqu’il s’agit de
roches compactes à caractère évolutif. Les expériences dans ce — les schistes noirs utilisables, éventuellement, après traitement,
domaine sont engrangées au cas par cas. en remblai essentiellement, pour la construction de routes et de pla-
tes-formes industrielles, que l’on emploie parfois avec certaines
■ Remarque concernant l’utilisation de craies traitées citée par le GTS précautions principalement dans les régions Nord et Est. Un exem-
ple (figure 1) est la réalisation en 2002 de la plate-forme de Dourges
Nous attirons l’attention sur la nature et le comportement varia- (utilisation de schistes noirs traités aux liants hydrauliques
bles de ces matériaux et leur grande sensibilité aux variations de routiers). L’expérience des chantiers réalisés montre que l’emploi
teneur en eau. de ces matériaux est toujours délicat. Les vérifications d’aptitudes
Les opérations de malaxage des craies avec les liants sont de ces matériaux doivent porter, en priorité, sur la teneur en soufre
délicates ; il peut subsister des parties de couches non traitées, pas et en matières organiques.
toujours détectables par les contrôles effectués. Il faut veiller à la qua-
lité de ces opérations, car des défauts de malaxage permettent l’infil-
tration d’eaux de ruissellement et peuvent être à l’origine de désordres
de tenue de remblai ou de couche de forme. Dans le Nord-Est de la
France, certaines sections d’autoroutes ont été construites sur des ter-
rains à forte proportion de craies. Des désordres ponctuels importants
ont dû être réparés notamment sur l’autoroute A5 près de Troyes.
Nota : un guide édité en 2005 par les membres du CER de la région Champagne - Arden-
nes, « Guide technique d’emploi de matériaux locaux », traite essentiellement des craies et
graveluches.

■ Exemples d’autres roches utilisées en remblai ou en couche de


forme après traitement :
— pélites, roches argileuses formées par l’érosion des socles pri-
maires, rencontrées dans le Massif Central. Ces roches ont été utili-
sées, après traitement, lors de la réalisation de l’autoroute A89
Clermont-Ferrand-Bordeaux ;
— mollasses, roches du tertiaire ou du quaternaire ;
— marnes, roches argileuses également utilisées lors de la cons-
truction d’autoroutes dans l’Est, et des autoroutes A41 et A51 de
part et d’autre de Grenoble notamment ;
— schistes, dont le traitement est particulièrement délicat à opé-
rer, en raison de la présence de minéraux en paillettes (micas, par Figure 1 – Train de traitement aux liants LHR de schistes houillers
exemple), qui empêche la prise du liant. [plate-forme logistique delta 3 de Dourges (2002)]

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Assises des vallées compressibles


Approches géologique et géotechnique
par Pierre ROSSI

Docteur en géologie. Responsable géotechnique de l’unité « Grands Travaux
de Terrassement (Razel) »
Ludovic GAVOIS
Directeur du service géotechnique (GTM Terrassement)
et Guy RAOUL
Ingénieur de l’École spéciale des travaux publics,
Ancien directeur de GTM Construction, coordinateur de ce dossier

1. Principaux phénomènes rencontrés ................................................... C 5 363 - 2


1.1 Problèmes de stabilité................................................................................. — 2
1.2 Évolution des ruptures ................................................................................ — 3
1.3 Problèmes de tassement............................................................................. — 3
1.4 Conséquences des désordres potentiels sur les ouvrages ...................... — 3
2. Familles de sols compressibles............................................................ — 3
2.1 Nature des sols à risques............................................................................ — 3
2.2 Environnement des dépôts des sols à risques.......................................... — 3
2.3 Séquences fluviatiles................................................................................... — 4
3. Reconnaissances et essais à envisager ............................................. — 4
3.1 Domaines d’application des essais ............................................................ — 4
3.2 Description des essais les plus usités........................................................ — 4
3.2.1 Essai de pénétration statique ............................................................ — 4
3.2.2 Essai pressiométrique Ménard.......................................................... — 5
3.2.3 Essai à l’appareil triaxial de révolution ............................................. — 7
3.2.4 Essai œdométrique............................................................................. — 15
Références bibliographiques ......................................................................... — 19

u fil des années, le développement des infrastructures de transport se


A poursuit et s’intensifie. Les projets sont ainsi confrontés à des difficultés
croissantes liées au contexte environnemental et géotechnique des nouveaux
sites traversés. Cela conduit les donneurs d’ordre à envisager, notamment, la
construction d’ouvrages dans des zones de franchissement de vallées compres-
sibles sensibles et susceptibles d’occasionner des désordres à court ou à long
terme. Il convient donc en fonction de la nature des ouvrages existants ou à
construire, de définir les risques auxquels ils sont exposés et de déterminer les
actions à mener pour assurer la maîtrise de ces risques.
Le présent dossier a pour objet de fournir les bases de compréhension des
sujétions posées par le franchissement des vallées compressibles et des
méthodologies permettant la résolution de ces sujétions, grâce au choix de dis-
positions constructives adaptées. Ce choix repose en premier lieu sur l’optimi-
sation du couple des facteurs coût et délai (temps de consolidation).
L’exposé s’appuie sur les éléments d’une approche concrète spécifique, telle
qu’elle est mise en œuvre dans le domaine des terrassements.
Le dossier ne revient pas sur les principes du comportement mécanique des
sols compressibles. Pour ces éléments, il convient de se référer aux dossiers
concernés des Techniques de l’Ingénieur et, s’il y a nécessité, d’approfondir la
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPPW

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est strictement interdite. − © Editions T.I. C 5 363 − 1

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ASSISES DES VALLÉES COM PRESSIB LES ___________________________________________________________________________________________________

recherche, aux nombreux ouvrages techniques consacrés à ce sujet ou aux trai-


tés de mécanique des sols, cités dans la liste bibliographique.
À noter toutefois que nous avons pris le parti de ne décrire qu’un certain
nombre des essais parmi les plus représentatifs des comportements des sols
compressibles et qu’à cette occasion sont rappelées les approches scientifiques
de certains des phénomènes rencontrés.

Q Les concepts que nous aborderons de façon synthétique sont les suivants :
— les principaux phénomènes rencontrés, la nature des désordres potentiels
qu’ils peuvent engendrer et les conséquences sur les ouvrages qu’il s’agira de
prévenir ;
— les principales familles de sols à risques ;
— les reconnaissances et essais à envisager qu’il convient de mener pour la
détermination des dispositions constructives ;
— les dispositions de consolidation des sols proprement dites ;
— l’instrumentation nécessaire à la vérification de la consolidation des sols.
Le présent dossier est consacré au contexte géologique et à l’approche géo-
technique des phénomènes rencontrés. Le dossier qui suit, [C 5 364], traite le
choix des méthodes de consolidation et l’instrumentation.

1. Principaux phénomènes
rencontrés
Pour plus de renseignements, le lecteur pourra se reporter aux
références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8].
Sol mou
Les sols compressibles en assise de remblais peuvent engendrer
deux principaux types de problèmes :
— des problèmes de stabilité avec des risques de ruptures du
sol support entraînant de lourds dommages à l’ouvrage ; Figure 1 – Schéma de rupture du remblai par poinçonnement du sol
— des problèmes de tassement aux effets plus lents mais tout de fondation
aussi néfastes.

1.1 Problèmes de stabilité


Les ruptures observées prennent généralement deux formes :
— la rupture par poinçonnement ;
— la rupture de type circulaire.

■ Rupture par poinçonnement Sol mou

L’ensemble du remblai s’affaisse en pénétrant le sol support tan-


dis que des bourrelets de terre se forment de part et d’autre des
a avec fissures de traction dans le remblai
talus en raison de la réaction par soulèvement du terrain naturel
(figure 1).

■ Rupture de type circulaire


Il s’agit du type de rupture le plus couramment rencontré
(figure 2) dans le domaine routier. Il se manifeste par un enfonce-
ment localisé du remblai, par opposition à l’affaissement généra-
lisé d’une rupture par poinçonnement.
Sol mou
Cet enfoncement est la conséquence d’un déplacement d’une
partie du remblai et du sol support le long d’une surface de rupture
dont la forme est assimilable à une courbe circulaire et la cinétique
b sans fissure de traction dans le remblai
à celle d’un mouvement rotationnel. Les désordres provoquent, en
tête du remblai, une ou plusieurs dénivelées abruptes ou « escar-
pements », dont l’amplitude peut atteindre plusieurs mètres. Figure 2 – Schémas de ruptures de type circulaire

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1.2 Évolution des ruptures Ces derniers peuvent être :


— des éléments externes au remblai comme des remblais
Les ruptures par poinçonnement ou glissement rotationnel sont contigus, murs de soutènements, bâtiments, culées d’ouvrages et
des événements rapides qui se produisent généralement en cours différentes fondations ;
de la construction des ouvrages. — des éléments internes au remblai comme des buses, cadres
fermés, canalisations, etc.
Cependant, il arrive que l’on assiste à des ruptures différées
(quelques mois, voire quelques années après les travaux de Les exemples les plus courants des conséquences des ruptures


construction) dues, dans la plupart des cas, à des nouveaux char- des sols sur des ouvrages avoisinants sont des ruptures de pieux
gements ou à des travaux de surcreusement en pied d’ouvrage. de fondations des ouvrages d’art, des déversements de culées ou
de murs de soutènement, des dégradations d’ouvrages enterrés,
etc.
1.3 Problèmes de tassement Les conséquences des effets dus aux tassements sont surtout
sensibles aux abords des ouvrages d’art, notamment dans le cas
Le tassement d’un sol est une déformation généralement lente de remblais d’accès après la réalisation de pieux de fondations des
de ce dernier sous le poids du remblai qui se traduit : appuis, surtout s’il y a des chargements successifs.
— au centre du remblai par un enfoncement vertical ; Les surcharges verticales proches de zones de pieux peuvent
— sous l’emprise du remblai, par un enfoncement vertical entraîner le phénomène bien connu de frottement négatif opéré
combiné à un déplacement latéral du sol de fondation ; par le sol qui se tasse le long du pieu en l’entraînant vers le bas.
— hors de l’emprise du remblai, par un déplacement latéral du Les mouvements horizontaux induisent des phénomènes de
sol de fondation jusqu’à une distance directement liée aux épais- flexion des pieux qui peuvent provoquer leur rupture ou le dépla-
seurs du remblai et du sol compressible. cement progressif des appuis susceptibles de créer des phénomènes
La figure 3 schématise les trois points énumérés précédemment. de butées (blocage des dilatations, fissurations, joints inopérants,
etc.).
Les déplacements verticaux peuvent être d’épaisseur métrique si
les sols mous sont très épais, alors que les déplacements horizon- Par ailleurs, la présence de sols compressibles en fond de vallée
taux sont généralement plus faibles et de l’ordre de dizaines de est un indicateur de sensibilité du milieu naturel. S’ils sont le siège
centimètres dans les cas les plus importants. d’un écoulement de nappe, il peut y avoir risque de réduction de
leur perméabilité sous leur consolidation propre avec constitution
La vitesse des tassements est très variable et fonction du degré d’un barrage souterrain freinant l’écoulement de la nappe et modi-
de consolidation des sols d’assise, degré de consolidation évalué fiant éventuellement son niveau. Dans ce cas, des études géo-
à l’aide de l’essai œdométrique exposé dans le paragraphe 3.2.4. Il techniques spécifiques doivent être lancées pour surveiller les
n’est pas rare de mesurer des tassements résiduels de plusieurs évolutions de ces paramètres.
centimètres sur des périodes de plusieurs années.

Tout l’art du géotechnicien consiste à faire la meilleure estima-


tion possible du temps de consolidation des sols d’assise et des 2. Familles de sols
tassements résiduels qu’ils induiront, pour garantir la stabilité à
long terme de l’ouvrage.
compressibles
2.1 Nature des sols à risques
1.4 Conséquences des désordres Les sols sont tous compressibles, c’est-à-dire qu’ils tassent
potentiels sur les ouvrages lorsqu’ils sont soumis à une charge. Dans ce paragraphe, nous ne
traiterons pas des sols qui tassent instantanément au fur et à
Les propos des paragraphes précédents montrent que les phéno- mesure de leur chargement comme par exemple des sols sableux
mènes de rupture ou de tassement des sols mous en assise de rem- granulaires plus ou moins secs, ou des sols consolidés dont le tas-
blais peuvent avoir des développements plus ou moins importants sement influera peu sur la stabilité de l’ouvrage.
et rapides qu’il convient de redouter et d’anticiper au mieux, notam- La liste non exhaustive ci-dessous énumère les matériaux à risques
ment lorsque ces remblais sont à proximité d’autres ouvrages. les plus répandus. Il s’agit de :
— tourbes (sols très organiques) ;
— vases (sols peu organiques) ;
— argiles molles, limons argileux ou lâches ;
— boues de lavage ou de décantation ;
Remblai
— remblais récents (dépôts anthropiques) ;
— sables lâches, loess, etc.

S 2.2 Environnement des dépôts des sols


à risques
D Sol mou y = f (L, s) y = (L)
La nature des matériaux compressibles cités dans le para-
graphe 2.1 est associée aux cinq principaux modes de transport et
de sédimentation énumérés ci-après :
L — les dépôts marins ;
— les dépôts deltaïques ;
— les formations glaciaires ;
Figure 3 – Schéma du tassement et du déplacement latéral du sol — les formations lacustres et palustres ;
de fondation — les séquences fluviatiles.

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Les dépôts les plus couramment rencontrés lors des franchisse- 3.2.1 Essai de pénétration statique
ments des vallées compressibles sont ceux qui correspondent aux
séquences fluviatiles. Dans les lignes qui suivent, nous en présen-
■ But
tons succinctement les principaux modes de mise en place.
Le pénétromètre statique permet :

2.3 Séquences fluviatiles — la détermination de la résistance à la pénétration d’un cône


par fonçage ;

Q Ces séquences sont essentiellement représentées par :


— des cours d’eau à méandres ;
— des chenaux anastomosés ;
— la détermination du frottement latéral mobilisé sur une lon-
gueur donnée et de pression interstitielle engendrée dans le sol.Il
permet également de mesurer :
— des cônes alluviaux ; — l’effort total de pénétration ;
— des glacis et terrasses fluviatiles. — l’effort de frottement sur un manchon situé immédiatement
Ces derniers correspondent à la conjugaison du creusement des au-dessus du cône ;
vallées et d’une sédimentation fluviatile épisodique dans des — la pression interstitielle développée au niveau d’un filtre de
régions déprimées. Les facteurs qui induisent ce type de sédimen- même diamètre extérieur que la partie cylindrique du cône.
tation ont les différentes origines énoncées ci-dessous :
— anthropique, due à l’intervention de l’homme ; ■ Intérêt
— tectogénétique, qui correspond à un ralentissement ou un
arrêt du soulèvement épirogénique avec une érosion qui laisse la Avec ce pénétromètre, il est possible :
place à la sédimentation ; — de déterminer la succession des terrains ;
— climatique, sous la forme de fluctuations des paramètres
hydrauliques ; — d’estimer l’homogénéité du matériau ;
— eustatique, à proximité de la mer, par des variations du — d’établir les caractéristiques des sols traversés.
niveau marin.
■ Domaine d’application
Ce pénétromètre peut être utilisé pour tous les sols fins ou gre-
3. Reconnaissances et essais nus dont la dimension moyenne des éléments ne dépasse pas
20 mm.
à envisager
■ Dispositifs
3.1 Domaines d’application des essais La gamme des matériels comporte des dispositifs allant des
pénétromètres manuels (figure 4), peu utilisés, ou portables sur
La présence de matériaux compressibles sur les chantiers de ter- châssis (figure 5), jusqu’à des pénétromètres montés sur chenillard
rassement nécessite la réalisation d’essais géotechniques spécifi- (figures 6 et 7), les plus utilisés, pour des capacités pouvant
ques in situ ou sur échantillons de sols prélevés, afin d’estimer au atteindre 200 kN. La description de la pointe d’un pénétromètre est
mieux l’influence des sols compressibles sur le futur ouvrage, donnée par la figure 8.
notamment pour ce qui concerne les tassements attendus et
admissibles de ces sols d’assise, les risques de rupture de
l’ouvrage proprement dit, ainsi que les désordres engendrés sur
les édifices avoisinants.
Les fiches descriptives des essais les plus usités, figurant dans
les tableaux 1 (p. 9) et 2 (p. 10), sont présentées au paragraphe 3.2. Crémaillère

Le tableau 1 fait la synthèse des principaux essais in situ à réa-


liser en corrélation avec les objectifs recherchés.
Le tableau 2 fait la synthèse des principaux essais en laboratoire Engrenage
à réaliser en les corrélant avec les objectifs recherchés, cités dans
le tableau 1.
Tête de pression
3.2 Description des essais les plus usités
Les différents essais font l’objet des normes de l’AFNOR citées
dans les tableaux 1 et 2, auxquelles il convient de se référer.

Les schémas et photographies figurant dans les fiches des-


criptives proviennent également de différents documents,
notamment :
— différentes revues du LCPC (Laboratoire Central des Ponts
et Chaussées : http://www.lcpc.fr), plus particulièrement les
Bulletins de liaison ;
— les catalogues de matériels et d’équipements de fournis- Vis hélicoïdale
pour ancrage Tube creux
seurs comme ELE (http://www.ele.com), CONTROLS (http://
www.controls.it), LINDQVIST INTERNATIONAL (http://www.lin-
dqvistinternational.com), CONTROLAB (http://www.contro- a fiché dans le sol b posé sur le sol
lab.fr)...
Figure 4 – Types de pénétromètres manuels en place

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Assises des vallées compressibles


Choix des méthodes de consolidation
par Pierre ROSSI

Docteur en géologie. Responsable géotechnique
de l’unité « Grands Travaux de Terrassement (Razel) »
Ludovic GAVOIS
Directeur du service géotechnique (GTM Terrassement)
et Guy RAOUL
Ingénieur de l’École spéciale des travaux publics,
Ancien directeur de GTM Construction, coordinateur de ce dossier

1. Dispositions de consolidation.............................................................. C 5 364 - 2


1.1 Facteurs intervenants .................................................................................. — 2
1.2 Différentes techniques................................................................................. — 2
1.3 Choix des méthodes de consolidation....................................................... — 2
1.4 Description des dispositions de consolidation les plus fréquentes ........ — 2
1.4.1 Construction du remblai par étapes.................................................. — 2
1.4.2 Drainage vertical des sols d’assise.................................................... — 6
1.4.3 Colonnes ballastées............................................................................ — 8
2. Instrumentation........................................................................................ — 12
2.1 Mesure de la pression interstitielle ............................................................ — 12
2.2 Mesure des déplacements verticaux (tassements)................................... — 13
2.3 Mesure des déplacements horizontaux..................................................... — 13
2.4 Description d’instrumentation.................................................................... — 13
2.4.1 Tassomètre LPC (Laboratoire des Ponts et Chaussées)................... — 14
2.4.2 Tassomètre magnétique..................................................................... — 14
2.4.3 Profilomètre hydrostatique ................................................................ — 15
Références bibliographiques ......................................................................... — 15

ans le dossier [C 5 363], nous avons présenté de façon synthétique les


D principaux phénomènes rencontrés dans le franchissement des vallées
compressibles, la nature des désordres potentiels qu’ils peuvent engendrer et
les conséquences sur les ouvrages qu’il s’agira de prévenir, ainsi que les prin-
cipales familles de sols à risques. Nous avons décrit les opérations de
reconnaissances et les essais à envisager et qu’il convient de mener pour la
détermination des dispositions constructives.
Le présent dossier complète notre exposé sur les assises de remblais dans
les vallées compressibles. Il aborde les dispositions de consolidation des sols
proprement dites et l’instrumentation nécessaire au suivi et à la vérification de
la consolidation.
Tout comme pour le dossier [C 5 363], cette présentation s’appuie sur les élé-
ments d’une approche concrète spécifique, telle qu’elle est mise en œuvre dans
le domaine des terrassements, en particulier dans le choix des méthodes de
consolidation.
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1. Dispositions À noter que les solutions de la classe 1 ont généralement un


de consolidation moindre coût et sont les plus usitées. Celles de la classe 2
peuvent être utilisées en cas de contraintes particulières,
notamment de délais. L’emploi des procédés des classes 3 et 4
Pour des informations complémentaires, le lecteur pourra se reste exceptionnel.
reporter aux références [1] [2] [3] [4] [5] [6] [7] [8].

Q 1.1 Facteurs intervenants


1.3 Choix des méthodes de consolidation
Les domaines d’application des dispositions de consolidation
L’édification de remblais sur sols compressibles fait intervenir sont synthétisés dans les figures 1, 2 et 3.
plusieurs facteurs qui sont liés :
La figure 1 permet d’appréhender la relation entre la nature des
— à la nature de l’ouvrage (routes, voies ferroviaires, bâtiments, sols (notamment la taille des grains) et les méthodes de
plates-formes industrielles, etc.) ; consolidations préconisées.
— aux natures des sols (vases, tourbes, argiles molles, etc.) ;
— aux conditions spécifiques de l’environnement (ouvrages La figure 2 fournit les éléments d’une approche concrète pou-
existants ou à réaliser, emprises, etc.). vant orienter le choix des méthodes de consolidation les plus
appropriées, par rapport aux tassements résiduels attendus et par
rapport aux différentes catégories de sols rencontrées.
1.2 Différentes techniques La figure 3 présente une comparaison qualitative des différentes
méthodes de consolidation sur la base de critères d’exécution en
Les principales solutions techniques que l’on peut retenir sont corrélation avec le niveau technologique, les délais d’exécution et
classées essentiellement dans deux groupes listés ci-dessous, sans d’action, les effets de l’environnement, la dépense d’énergie et le
entrer dans le détail des différentes méthodologies d’exécution, coût.
mis à part pour certaines d’entre elles (les plus fréquemment utili-
sées) qui sont décrites au paragraphe 1.4.
1.4 Description des dispositions
■ Premier groupe de consolidation les plus fréquentes
Il concerne les solutions comportant les dispositions constructives
directement liées à la construction du remblai lui-même :
— substitution des sols d’assise ; Les schémas et les photographies figurant dans ce paragraphe
— construction du remblai par étape (§ 1.4.1) ; proviennent de différents documents, notamment :
— banquettes de stabilité ; — différentes revues du LCPC (Laboratoire Central des Ponts
— renforcement du remblai par nappes de géotextile ; et Chaussées ; http://www.lcpc.fr), plus particulièrement les
— remblais allégés ; Bulletins de liaison ;
— compactage dynamique. — les documents techniques et les références d’entreprises
spécialisées comme MENARD-SOLTRAITEMENT (http://www.
■ Deuxième groupe menard-soltraitement.com), KELLER (http://www.keller-france
Ce groupe, dans lequel nous avons distingué quatre classes, .com).
intéresse des solutions (souvent associées à certains processus du
premier groupe) qui font appel aux techniques d’amélioration du
sol compressible et d’accélération de la consolidation. Il faut dans 1.4.1 Construction du remblai par étapes
ce cas faire appel à des entreprises spécialisées pour réaliser les
travaux décrits. ■ Domaine d’application
● Classe 1 (solution par drainage vertical) :
Cette technique des plus courantes permet de préserver la stabi-
lité du sol support, c’est-à-dire d’éviter sa rupture sous le poids des
— drainage vertical des sols d’assise avec ou sans surcharge remblais. Elle est adaptée aux sols argileux très mous quand le pro-
temporaire (§ 1.4.2) ; jet définitif est figé très longtemps avant le début de l’exploitation.
— colonnes ballastées (§ 1.4.3) ;
— plots ballastés pilonnés ; Pour gagner du temps, dans le cas de couches compressibles
— picots de sable. épaisses qui consolideraient très lentement, on associe à cette
méthode des drains verticaux (§ 1.4.2).
● Classe 2 (solution par système d’inclusion) :
— colonnes de sols traités à la chaux ; ■ Dimensionnement
— pieux, inclusions rigides ; Pour consolider le sol et améliorer ses caractéristiques, il est
— compactage par injections solides ; impératif de vérifier la stabilité au poinçonnement et en rupture
— vibrocompaction. circulaire (figure 4).
● Classe 3 (solution par système d’injection de coulis ou mortier
La hauteur de remblai de chacune des phases est adaptée aux
mélangé avec le sol en place) : cohésions initiales mesurées lors de la campagne d’essai de façon
— Jet Grouping : méthode de renforcement des couches com- à avoir un coefficient de sécurité à la rupture supérieur à 1,3. Selon
pressibles par la mise en place de colonnes de béton de sol en les cas, on est amené à préconiser :
injectant sous très haute pression des coulis de ciment ; — la pose de drains verticaux ;
— Colmix : méthode de consolidation et de stabilisation des sols — l’édification de banquettes latérales ;
par la confection de colonnes de matériaux traitées in situ par — la réalisation d’une purge partielle ou totale.
injection de liants (ciment ou chaux), l’homogénéisation étant réa-
lisée à l’aide d’une tarière. Ces techniques, bien connues des maîtres d’œuvre et des
bureaux d’études conseils, sont systématiquement envisagées.
● Classe 4 (solution particulière) : Dans la majorité des cas, les prévisions d’études sont proches des
— consolidation atmosphérique sous membrane peu employée. réalités du chantier.

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Sols Gravier Sable Sable fin Limon Argile Sols


grossier organiques
Méthodes 10 5 2 1 0,5 0,2 0,1 0,05 0,02 0,01 0,005 0,002 0,0005
Dimension des particules (cm) 0,001 0,0002


Préchargement
Seul
+ banquettes latérales
+ renforts géotextiles
+ drains verticaux
+ tranchées drainantes
Consolidation atmosphérique
Surcharge
Seul
+ drains verticaux
Substitution (purge)
Purge à l’explosif
Pilonnage
Seul
+ drains horizontal
Explosif
Vibrocompaction
Colonnes ballastées
Plots ballastés
Colonnes de chaux
Colmix
Picots, pieux
Injection solide
Jet Grouting

Domaine granulométrique convenant à la méthode


Extension possible
Nota : les limites des méthodes sont relatives au D 50 de la courbe granulométrique des sols

Figure 1 – Domaine d’application des méthodes en fonction de la taille des grains du sol

■ Mise en œuvre ■ Instrumentation


Prenons le cas de la réalisation d’un remblai de 6 mètres de haut Cette technique de consolidation nécessite l’utilisation de tasso-
en trois phases de 2 mètres chacune (figure 5). Des périodes mètres, d’inclinomètres et de piézomètres.
d’attente (jusqu’à plusieurs mois) séparent deux montées succes-
sives de remblai. Pendant une période d’attente donnée, le sol sup- ■ Avantages et inconvénients
port consolide et gagne de la cohésion. Il peut alors supporter le
poids d’une nouvelle couche de remblai sans rompre. Le tableau 1 présente une synthèse des avantages et inconvé-
nients des dispositions de consolidations les plus fréquentes.
■ Contrôle qualité Cette technique seule est bien adaptée à un sol support très
Il comprend : mou, mais de faible épaisseur, cela par simple adaptation du plan-
— la mesure du tassement du sol support (piges, plaques, boules) ; ning de travaux. Elle peut être mise en œuvre par une entreprise
— la mesure de la pression interstitielle ; générale.
— éventuellement, les mesures de déformation latérale en pied
de remblai par inclinomètre ;
— une interprétation des différentes mesures par un ingénieur
géotechnicien pour calculer les gains de cohésion du sol support et Le coût financier de ce procédé est très minime, mais elle
adapter le planning de montée de remblais. nécessite des délais importants.

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Pratique des aménagements


paysagers

par Claude GUINAUDEAU
Ingénieur horticole
Expert des techniques du paysage et de l’environnement

1. Typologie des travaux d’aménagement paysager .................... C 4 182v2 – 2


1.1 Typologie des espaces paysagers ..................................................... — 2
1.2 Fascicule 35 ........................................................................................ — 2
1.3 Travaux préliminaires......................................................................... — 2
1.4 Fournitures ......................................................................................... — 2
1.5 Travaux d’aménagement paysagers .................................................. — 3
2. Intervenants responsables de la qualité .................................... — 4
2.1 Chaı̂ne de compétences ..................................................................... — 4
2.2 Loi MOP – Support juridique ............................................................. — 4
2.3 Maı̂trise d’ouvrage ............................................................................. — 5
2.4 Maı̂tre d’œuvre ................................................................................... — 6
2.5 Entreprise ........................................................................................... — 6
2.6 Gestionnaire ....................................................................................... — 7
3. Maı̂trise de la qualité des sols...................................................... — 7
3.1 Contraintes d’approvisionnement et de mise en œuvre .................. — 7
3.2 Caractérisation des terres végétales .................................................. — 7
3.3 Procédures de contrôle qualité des terres végétales ........................ — 13
3.4 Sols artificiels – Substrats terreux ..................................................... — 15
4. Maı̂trise de l’approvisionnement en végétaux .......................... — 16
4.1 Condition essentielle à la réussite des plantations .......................... — 16
4.2 Procédure de maı̂trise de l’approvisionnement ................................ — 16
4.3 Modes d’approvisionnement ............................................................. — 16
4.4 Caractéristiques des plants de pépinière .......................................... — 17
4.5 Descriptif de la fourniture des plants de pépinière dans un CCTP
ou un bon de commande ................................................................... — 20
5. Conditions de réussite des plantations ...................................... — 23
5.1 Champ d’application .......................................................................... — 23
5.2 Bien choisir les espèces à planter – Règles de l’auto-écologie ........ — 23
5.3 Maı̂triser la cohabitation du minéral et du végétal en milieu urbain — 24
6. Conclusion........................................................................................ — 27
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 4 182v2

e présent article se donne pour cadre de travail la typologie des entreprises


L paysagistes réalisant les travaux pour créer, améliorer et entretenir les espa-
ces verts.
Les prescriptions du fascicule 35 du cahier des clauses techniques générales,
édité par la Direction des journaux officiels et ayant valeur juridique, définissent
la qualité et les règles de l’art des travaux réalisés par une entreprise
paysagiste.
Par ailleurs, les espaces verts appartiennent au domaine des infrastructures. À
ce titre, ils sont soumis aux dispositions de la loi N 85-704 du 12 juillet 1985 sur
la maı̂trise d’ouvrage publique, dite « loi MOP », dès lors qu’ils sont réalisés
sous une maı̂trise d’ouvrage publique.
La qualité des travaux réalisés dépend :
– de la maı̂trise des sols ;
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQT

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PRATIQUE DES AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

– de la maı̂trise de l’approvisionnement en végétaux ;


– de la réussite des plantations.
Enfin, il est du devoir de l’entreprise paysagiste que l’ouvrage livré au futur
gestionnaire soit gérable et durable.


 travaux de végétalisation par semis hydraulique,
1. Typologie des travaux  emploi des amendements et engrais,
d’aménagement paysager  emploi des produits phytosanitaires,
 les gazons, les semences et mélanges,
 techniques de végétalisation par semis hydraulique,
1.1 Typologie des espaces paysagers  les sols sportifs,
 guide de rédaction de la consultation,
Il existe plusieurs typologies des espaces verts, également
dénommés « espaces paysagers » :  guide de rédaction du CCAP,
– celle de l’aménagement du territoire :  assurance de la qualité.
 les espaces autonomes et collectifs,
 les espaces liés à un équipement public ou privé, 1.3 Travaux préliminaires
 les espaces liés aux infrastructures (routes, autoroutes, TGV),
Ces travaux peuvent être exécutés en totalité, ou en partie, par
 les espaces verts liés au bâti, deux types d’entreprises :
 les espaces de reconquête (zones humides – espaces naturels – les entreprises de terrassements généraux ;
aménagés) ; – les entreprises paysagistes.
– celle des concepteurs qui distinguent 24 entités paysagères ; Ces deux intervenants doivent respecter les prescriptions du fas-
– celle des gestionnaires élaborée par l’Association des ingé- cicule 35 pour les travaux suivants :
nieurs des villes de France (AIVF), qui a identifié 13 entités paysa-
gères caractérisées par leur homogénéité sur le plan de la gestion ; – purge des sols et sous-sols, démolitions diverses ;
– celle des schémas directeurs qui sert à élaborer la politique des – arrachage, essouchage, démontage ou abattage des arbres,
espaces verts sur un territoire communal (exemple de la ville de arbustes/broussailles ou haies ;
Quimper). – nettoyage des sols ;
– déplacement de végétaux ;
Compte tenu ici de l’objet, c’est la typologie des entreprises pay- – protection des végétaux existants à préserver ;
sagistes réalisant les travaux qui est retenue et décrite ci-après. – retroussement des terres végétales ;
– protection des eaux.

1.2 Fascicule 35
1.4 Fournitures
Il ne s’agit pas d’une typologie des espaces verts, mais des tra-
vaux qu’une entreprise réalise pour les créer, les améliorer et les Les fournitures concernent le chapitre II des CCTP (Cahier des
entretenir. clauses techniques particulières) intitulé « Provenance, qualité des
terres, matériaux, végétaux et semences ».
Le fascicule 35 du cahier des clauses techniques générales est un
document officiel édité par la Direction des journaux officiels. Il 1 – Terres végétales, autres types de terres et substrats : du fait
concerne les travaux neufs et les travaux d’entretien des « aména- de l’hétérogénéité des provenances et de la fragilité de ces maté-
gements paysagers, aires de sports, de loisirs et de plein air ». riaux, une attention particulière doit être apportée à l’approvision-
nement qui doit respecter scrupuleusement les règles de l’art dans
Ses prescriptions, qui ont valeur juridique, définissent la qualité ce domaine ;
et les règles de l’art des travaux réalisés par une entreprise paysa-
giste. Dans le cadre d’un marché d’aménagement paysager, ce 2 – Matériaux pour drainage horizontal ;
document contient 4 parties. 3 – Amendements engrais, produits phytosanitaires adjuvants,
1 – Dispositions communes : autres produits :
 les normes, – amendements et engrais, et notamment les composts,
– produits phytosanitaires dont l’utilisation est très règlementée,
 la référence aux autres fascicules,
– adjuvants, autres produits, en particulier les produits pour
 l’assistance de la qualité ; l’engazonnement hydraulique ;
2 – Travaux neufs ; 4 – Végétaux, semences, gazons précultivés :
3 – Travaux d’entretien ; – choix et qualité des végétaux – L’hétérogénéité de l’offre oblige
4 – Annexes : un contrôle qualité rigoureux,
– choix et qualité des semences. Les graines de gazon sont certi-
 période d’exécution des travaux, fiées garantissant une bonne qualité. Le problème est le choix du
 principaux textes règlementaires, mélange, adapté au climat, au sol, et à l’usage,

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– PRATIQUE DES AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS

– gazons précultivés pour placages,  4.4 – Apport et mise en œuvre des terres et substrats,
– gazons repiqués ;  4.5 – Formation et nivellement des sols,
5 – Accessoires de plantation :  4.6 – Mise en œuvre des amendements et autres produits,
– les tuteurs et attaches,  4.7 – Mise en œuvre de produits phytosanitaires. L’utilisation
– les protections des troncs ; de pesticides chimiques toxiques est de plus en plus interdite
dans les CCTP,
6 – Matériaux pour paillage des plantations :  4.8 – Façons culturales,
 les paillages organiques biodégradables :


 4.9 – Travaux spéciaux relatifs à la tenue des terres sur les
– écorces, talus ;
– copeaux de bois,
– fibres, chanvre, coco, lin, etc., 5 – Plantation :
– toiles de jute,  5.1 – Arrachage et vérification des végétaux,
 les paillages plastiques,  5.2 – Précautions à prendre entre l’arrachage et la plantation,
 les paillages minéraux :  5.3 – Ouverture des trous de plantation,
 5.4 – Époque de plantation,
– sable,
– graviers,  5.5 – Préparation des végétaux avant plantation,
– granulat,  5.6 – Installation des plantations :
– pouzzolane.
– mise en place des végétaux,
7 – Matériaux pour ouvrages en maçonnerie, béton ou – tuteurage haubanage,
métalliques ; – colliers et protections,
– cuvette d’arrosage,
8 – Matériaux anti-érosion ;
9 – Provenance et qualité des matériaux pour les aires de sport et  5.7 – Paillage ;
de loisirs ; 6 – Engazonnement :
10 – Provenance et qualité des matériaux pour voiries et travaux  6.1 – Engazonnement par semis en place,
divers intégrés dans les aménagements paysagers :
 6.2 – Engazonnement par placage,
 bordures et caniveaux,
 6.3 – Engazonnement par autres procédés,
 allées et aires pour piétons,
 6.4 – Engazonnement sur dalles alvéolées ;
 voies carrossables,
 évacuation des eaux, 7 – Végétalisation par semis hydraulique :
 arrosage,  7.1 – Études,
 équipement hydraulique,  7.2 – Calendrier d’intervention,
 éclairage,  7.3 – Nettoyage préalable des sols avant semis,
 aires de jeux,  7.4 – Travaux aratoires préalables au semis,
 aires de sport de plein air,  7.5 – Mise en œuvre des mélanges ;
 jardins sur dalles, 8 – Vieillissement artificiel des roches ;
 autres équipements. 9 – Travaux de parachèvement :
 9.1 – Gazon,
1.5 Travaux d’aménagement paysagers  9.2 – Végétaux,
 9.3 – Fertilisation des végétalisations par semis hydraulique ;
Les travaux réalisés par les entreprises paysagistes dans le cadre
des aménagements paysagers sont décrits dans le chapitre III des 10 – Travaux de confortement :
CCTP, intitulé « Mode d’exécution des travaux » :  10.1 – Plantation,
1 – Travaux préliminaires – Ils sont décrits dans ce chapitre lors-  10.2 – Semis hydraulique ;
qu’ils sont réalisés par l’entreprise paysagiste. S’ils l’ont été par
une entreprise de terrassements généraux, une réception du fond 11 – Aires de sport et de loisirs de plein air – Les sols sportifs
de forme s’impose ; sont généralement constitués de quatre couches :
2 – Terrassements généraux d’aménagement paysagers – Ils  fond de forme,
concernent les mouvements de sols, déblais et remblais pour éta-  couche de fondation,
blir le fond de forme sur lequel sera mis en place le sol des planta-  couche de base,
tions et engazonnement ;
 couche de jeu ;
3 – Réalisation de tranchées pour réseaux divers – Ces tranchées
sont réalisées pour les réseaux prévus dans le projet paysager : L’assainissement et le drainage sont des prestations importantes
drainage, arrosage, éclairage, bassins, fontaines. pour la qualité de ces ouvrages. Les travaux comprennent les pres-
tations suivantes :
4 – Préparation des sols et mise en place des terres :
 11.1 – Implantation et piquetage,
 4.1 – Ouverture et drainage des fosses de plantation,
 11.2 – Terrassement,
 4.2 – Terrassements de finition des fonds de forme réalisés
avant la mise en place de la terre végétale,  11.3 – Fond de forme,
 4.3 – Décompactage des surfaces à planter et à engazonner. Il  11.4 – Réseaux d’assainissement et de drainage,
s’agit d’aérer le sol avant l’apport de terres végétales,  11.5 – Couche de fondation,

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PRATIQUE DES AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

 11.6 – Couche de base, 3 – Entreprise (et fournisseurs) : elle produit la qualité définie par
 11.7 – Couche de jeu : le maı̂tre d’ouvrage et décrite par le maı̂tre d’œuvre ;
– gazon naturel, 4 – Gestionnaire : il maintient, améliore et pérennise la qualité ;
– sol stabilisé mécaniquement, 5 – Citoyen : lorsqu’il est consulté pour la conception des aména-
– matériaux naturels liés, gements paysagers de son quartier (il y passe 70 % de son temps
– matériaux de synthèse coulés, libre).
– matériaux de synthèse préfabriqués,
Cette consultation est obligatoire pour l’élaboration du Plan local


 11.8 – Travaux de parachèvement ; d’urbanisme (PLU) et de l’agenda 21 local.
12 – Voiries et travaux divers – Ces travaux concernent des pres- À cette occasion, il peut exprimer des besoins d’équipements et
tations intégrées dans les aménagements paysagers et les végéta- d’infrastructures et donner un avis et des idées sur le projet de
lisations d’accompagnement des aires de sport et de loisirs et de paysage.
plein air :
 12.1 – Finition des fonds de forme,
2.2 Loi MOP – Support juridique
 12.2 – Protection contre le gel,
 12.3 – Bordures et caniveaux, Les espaces verts appartiennent au domaine des infrastructures.
À ce titre, ils sont soumis aux dispositions de la loi N 85-704 du
 12.4 – Allées et aires pour piétons,
12 juillet 1985 sur la maı̂trise d’ouvrage publique, dite « loi MOP »,
 12.5 – Voies carrossables et aires de stationnement, dès lors qu’ils sont réalisés sous une maı̂trise d’ouvrage publique
 12.6 – Évacuation des eaux : au sens de la loi MOP.
– eaux pluviales, La loi MOP est applicable aux marchés privés dans la mesure où
– eaux de drainage, elle est prise en référence dans les documents du dossier de consulta-
– eaux usées, tion des entreprises, et dans les contentieux auprès des tribunaux.
 12.7 – Arrosage, Cette loi évolue en permanence dans ses modalités d’application.
Mais, les principes de base restent les mêmes en ce qui concerne
 12.8 – Équipement hydraulique :
les fonctions et responsabilités de chaque intervenant.
– bassins et fontaines d’ornement,
– fontaines à boire et de jeux, & Maı̂tre d’ouvrage
– plans d’eau et rivières, La personne morale pour laquelle l’ouvrage est construit :
 12.9 – Éclairage, – il spécifie ses besoins ;
 12.10 – Aires de jeux, – il assure le financement de l’opération ;
– il est le récepteur.
 12.11 – Aires de sport de plein air,
 12.12 – Jardins sur dalle, & Pouvoir adjudicateur
 12.13 – Autres équipements : Il désigne l’acheteur public : l’État, les collectivités territoriales et
leurs établissements publics.
– treillages,
– poteries, & Maı̂tre d’œuvre :
– bancs, banquettes, corbeilles, jardinières,
– clôtures, portails, portes, portillons, bornes, pergolas, pare- – assure les fonctions de conception (avant-projets, projets) ;
ballons, – assiste le maı̂tre d’ouvrage pour la dévolution des contrats ;
– mains courantes, – assure la direction de l’exécution des contrats ;
– signalétiques, – participe aux opérations préalables à la réception des ouvrages.
– kiosques, & Architectes
 12.14 Traitements de protection. Ils concernent les équipe- Ce sont des maı̂tres d’œuvre soumis à des règles de fonctionne-
ments métalliques ou en bois. ment très strictes :
– inscription au tableau de l’ordre des architectes ;
– obligation de conseil – Il indique au maı̂tre d’ouvrage les étu-
des préalables qui doivent être réalisées en amont à la conception
2. Intervenants responsables du projet. Notamment, les études de sols et sous-sols, ainsi que
l’évaluation des risques ;
de la qualité – obligation de respecter les différentes règlementations ;
– respect des règles de l’art ;
– obligation d’un contrat écrit ;
– surveillance du chantier ;
2.1 Chaı̂ne de compétences – délivrance des ordres de service après avoir obtenu l’accord du
maı̂tre d’ouvrage.
La chaı̂ne de compétences de la réalisation d’un aménagement
paysager et de sa gestion comprend cinq maillons en ce qui & Comptable public
concerne la qualité de l’ouvrage : Il est le seul chargé des opérations suivantes :
1 – Maı̂tre d’ouvrage : il définit la qualité dans un programme ; – la prise en charge et le recouvrement des ordres de recette ;
2 – Maı̂tre d’œuvre : – le paiement des dépenses ;
 il décrit la qualité dans la phase conception, – la garde et la conservation des fonds et valeurs des organismes
publics ;
 il contrôle la conformité des prestations de l’entreprise dans – le maniement des fonds et mouvements de compte ;
la phase travaux, – la conservation des pièces justificatives ;
 il définit les spécifications ; – la tenue de la comptabilité.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– PRATIQUE DES AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS

& Assistant du maı̂tre d’ouvrage – aide à la décision Sa méthode de travail est basée sur le dialogue et l’échange
Il intervient dans la phase initiale pour aider le maı̂tre d’ouvrage d’informations.
aux opérations suivantes : & Urbaniste
– prise de décision ;
Cette profession n’est pas règlementée, bien qu’il y ait un « office
– définition du programme.
professionnel de qualification des urbanistes ».
& Maı̂tre d’ouvrage délégué mandataire du maı̂tre d’ouvrage Ses missions peuvent être les suivantes :
Il intervient après la phase de programmation. Il assume l’entière – conseil et assistance à la maı̂trise d’ouvrage ;


responsabilité des attributions qui lui sont confiées par le maı̂tre – réalisation d’études pour l’aménagement du territoire, la plani-
d’ouvrage : fication urbaine, le développement local, l’urbanisme, la politique
– choix du maı̂tre d’œuvre – signature de son contrat, règlement de la ville et de l’habitat et les projets d’aménagement, dans
des honoraires ; l’optique du développement durable ;
– préparation du choix des entreprises – signature des contrats – – élaboration de directives et de schémas d’aménagement du ter-
règlement des factures ; ritoire, de documents d’urbanisme et de planification urbaine ;
– gestion financière, comptable et administrative de l’opération. – gestion du droit des sols et des politiques foncières, d’équipe-
ment, d’habitat, etc. ;
& Entreprise – élaboration et évaluation des politiques publiques, des actions
L’entreprise est une entité économique pourvue de la personna- et réalisations de l’ensemble des acteurs ;
lité morale et de l’autonomie de gestion, qui peut être privée, – assistance à la maı̂trise d’œuvre ;
publique ou mixte, et peut soumissionner : – direction d’études, direction d’équipes de projets et responsabi-
lité d’études ;
– à titre individuel ; – formation et information ;
– en groupement ; solidaire (chaque entreprise du groupement – recherche.
s’engage pour la totalité de l’ouvrage à exécuter) ou conjoint
(chaque entreprise est engagée sur un lot du marché). & Coordonnateur SPS (Sécurité protection de la santé)
& Contrôleur technique La loi n 93-1418 du 31 décembre 1993 et les décrets d’applica-
tion n 94-1159 du 26 décembre 1994 et n 2003-68 du 24 janvier
Le contrôle technique est une profession règlementée. Le contrô- 2003 définissent l’organisation et la sécurité sur les chantiers de
leur technique doit être officiellement agréé par l’État.
bâtiment et de génie civil. Ils stipulent, en particulier, l’intégration
Sa mission est de contribuer à la prévention des différents aléas de la sécurité dès la phase de conception, y compris pour les inter-
techniques susceptibles d’être rencontrés dans la réalisation de ventions ultérieures sur l’ouvrage.
l’ouvrage. Il doit donc :
& Cas où un coordonnateur SPS est nommé
– effectuer des contrôles de travaux ;
– évaluer les risques. Une coordination en matière de sécurité et de protection de la
santé des travailleurs doit être organisée : pour tout chantier de
& Géomètre expert bâtiment, ou de génie civil, où sont appelés à intervenir plusieurs
Le géomètre expert est un technicien exerçant une profession travailleurs indépendants ou entreprises, entreprises sous-traitan-
libérale. Il, a, en son nom propre et sous sa responsabilité person- tes incluses. Ceci, afin :
nelle, deux types de mission : – de prévenir les risques résultant de leurs interventions simulta-
– missions de monopole de l’ordre des géomètres experts en nées ou successives ;
réalisant des études, travaux, et documents topographiques – Il – de prévoir, lorsqu’elle s’impose, l’utilisation des moyens com-
est le seul professionnel habilité à délimiter de façon irrévocable muns, tels que les infrastructures, les moyens logistiques et les
un terrain et à le borner ; protections collectives (article L. 235-3).
– autres missions sans monopole :
C’est-à-dire : qu’un coordonnateur SPS doit être désigné par le
 informer des servitudes et possibilités de construction ; maı̂tre d’ouvrage pour toute opération de bâtiment ou de génie
 établir les plans de permis de construire ; civil impliquant plus d’une entreprise ou d’un travailleur indépen-
 effectuer les démarches administratives ; dant. Sauf dans le cas d’opérations entreprises par un particulier
pour un usage personnel où c’est le maı̂tre d’œuvre, ou à défaut,
 assurer la maı̂trise d’œuvre des voiries et réseaux ; un entrepreneur, qui assure la coordination.
 expertiser des biens immobiliers et fonciers ;
Le coordonnateur doit être désigné dès « le début de la phase
 modifier des documents de copropriété ; d’élaboration de l’avant-projet sommaire » pour la conception, et
 être syndic de copropriété. « avant le lancement de la consultation » pour le chantier.

Il est soumis au « secret professionnel ». Les entreprises paysagistes ne sont concernées que lorsque leur
chantier est en co-activité avec une opération de bâtiment ou de
& Conducteur d’opération génie civil.
Il a une mission d’assistance générale à caractère administratif,
financier et technique auprès du maı̂tre d’ouvrage :
2.3 Maı̂trise d’ouvrage
– organisation du projet ;
– animation des divers et nombreux intervenants, interface ; La principale fonction du maı̂tre d’ouvrage est d’établir un pro-
– relai et transmission des informations ; gramme de l’ouvrage qu’il veut réaliser. Pour cela, il peut se faire
– suivi et historique de l’opération, vérification et gestion des aider par ses propres services. Ce qui est très souvent le cas pour
délais ; les aménagements paysagers. Ou bien, faire appel à un bureau
– vérification de la prise en compte des observations et réserves ; d’études spécialisé dans ce domaine.
– préparation et gestion des marchés avec les différents
prestataires ; Ensuite, il va intervenir aux phases suivantes :
– garantie du respect des procédures administratives et de la – choix d’un maı̂tre d’œuvre : architecte paysagiste ou bureau
règlementation. d’études spécialisé ;

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PRATIQUE DES AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

– validation des études (esquisse, avant-projet, projet) ; – procès-verbal de réception de la livraison des végétaux sur le
– validation du dossier de consultation des entreprises préparé chantier, après déchargement validé au préalable par l’entrepre-
par le maı̂tre d’œuvre ; neur. Ce procès-verbal doit être signé par les deux parties ;
– désignation de l’entreprise titulaire du contrat de travaux ; – constat d’achèvement des travaux de plantation qui marque le
– coordination des entreprises pendant les travaux ; début de la période de garantie pendant laquelle l’entreprise devra
– réception des travaux à la fin de la période de garantie (1 an, réaliser des travaux de parachèvement et de confortement ;
2 ans ou 4 ans). – constat de reprise des végétaux entre le 15 août et le 15 octobre,
les remplacements éventuels étant effectués avant le 31 décembre ;


– assistance apportée au maı̂tre d’ouvrage lors des opérations de
2.4 Maı̂tre d’œuvre réception, et, pendant la période de garantie du parfait achèvement
lorsque des réserves ont été émises à la réception.
La maı̂trise d’œuvre comprend 2 phases qui peuvent être
confiées à un seul maı̂tre d’œuvre ou à des maı̂tres d’œuvre
différents :
– les études ; 2.5 Entreprise
– la direction des travaux.
L’entreprise a une obligation de résultat et est responsable de la
& Études qualité de l’ouvrage. L’entrepreneur est donc tenu d’effectuer les
contrôles qualité des fournitures et des prestations, telles qu’elles
Il s’agit de la conception de l’ouvrage :
sont prévues dans le CCTP ou dans son PAQ (Plan d’assurance
– études d’esquisse ; qualité).
– études d’avant-projet ;
– études de projet ; Pour les chantiers importants, il est demandé à l’entreprise de
– élaboration du contenu du dossier de consultation des entrepri- fournir un PAQ.
ses qui comporte les pièces listées au tableau 1 ; Le plan d’assurance qualité est un document rédigé par l’entre-
– assistance au maı̂tre d’ouvrage pour la passation des contrats prise et spécifique aux travaux à réaliser. Il doit contenir les infor-
de travaux. mations suivantes :
& Direction d’exécution des travaux (DET) – présentation de l’entreprise ;
Cette phase comprend les missions suivantes : – moyens, méthodes et techniques mis en œuvre pour réaliser le
chantier ;
– validation du PAQ (Plan d’assurance de la qualité) présenté par – points et méthodes de contrôle qui doivent faire l’objet d’un
l’entreprise titulaire du marché, lorsque celui-ci est demandé dans
compte-rendu remis au maı̂tre d’œuvre.
le règlement de la consultation ;
– l’ordonnancement, le pilotage et la coordination du chantier ; Parmi les points de contrôle, il y a les points d’arrêt, pour les-
– marquage des plants en pépinière lorsque cela est demandé quels le maı̂tre d’œuvre doit être présent. Le chantier est arrêté si
dans le CCTP. En général, il s’agit essentiellement des arbres tiges la prestation n’est pas conforme. Il ne pourra reprendre que
en gros sujets, pour les plantations d’alignements ; lorsque la non-conformité sera levée par le maı̂tre d’œuvre.
– agrément préalable des fournitures (substrats terreux, amende-
ments, fertilisants, accessoires de plantation, origines des plants de L’entreprise est responsable du chantier jusqu’à la réception défi-
pépinière, etc.) ; nitive qui transmet la responsabilité au maı̂tre d’ouvrage. Ainsi,

Tableau 1 – Documents nécessaires à la fourniture du dossier de consultation


Numéro Intitulé Producteur

0 Règlement particulier d’appel d’offres (RPAO) ou Règlement de la consultation Maı̂tre d’ouvrage

1 Agence d’engagement (AE) : définit les conditions générales financières du contrat Maı̂tre d’ouvrage

Maı̂tre d’ouvrage
2 Cahier des clauses administratives particulières (CCAP)
Maı̂tre d’œuvre

3 Cahier des clauses techniques particulières (CCTP) Maı̂tre d’œuvre

4 Dossier de plans Concepteur

5 Bordereaux de prix unitaires (BPU) Maı̂tre d’œuvre

6 Détail estimatif (DE) Maı̂tre d’œuvre

Maı̂tre d’ouvrage
7 Notice d’hygiène et de sécurité (NHS)
Maı̂tre d’œuvre

Maı̂tre d’ouvrage
8 Règlement intérieur du C1HS (Collège interentreprises d’hygiène et de sécurité)
Maı̂tre d’œuvre

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Utilisation des explosifs


dans le génie civil

par Alain BLANCHIER
Ingénieur de l’École Centrale Lyonnaise
Docteur Ingénieur en Géotechnique
Ingénieur à la Société Explo-Tech

et Anne Charline SAUVAGE


Docteur en Géologie de l’École des Mines de Paris
Ingénieur à Explo-Tech

1. Généralités................................................................................................. C 5 420 - 2
1.1 Caractéristiques principales........................................................................ — 2
1.1.1 Grandes familles................................................................................. — 2
1.1.2 Fabrication sur site ............................................................................. — 4
1.1.3 Caractéristiques pratiques ................................................................. — 4
1.2 Artifices de mise à feu et amorçage........................................................... — 4
1.2.1 Cordeaux détonants ........................................................................... — 4
1.2.2 Détonateurs pyrotechniques et électroniques ................................. — 4
1.3 Fonctionnement........................................................................................... — 7
2. Conception des plans de tir .................................................................. — 7
2.1 Technique générale de foration .................................................................. — 8
2.2 Techniques d’amorçage .............................................................................. — 9
2.2.1 Mise en détonation de l’explosif ....................................................... — 10
2.2.2 Transmission de l’ordre de détonation ............................................. — 10
2.2.3 Retards................................................................................................. — 11
2.2.4 Sécurité. Fiabilité ................................................................................ — 12
2.3 Technique particulière par type de chantier .............................................. — 12
2.3.1 Tirs en gradins .................................................................................... — 12
2.3.2 Tirs de masse ...................................................................................... — 14
2.3.3 Tirs de tranchées ................................................................................ — 14
2.3.4 Tirs souterrains ................................................................................... — 15
2.3.5 Tirs de découpage .............................................................................. — 17
2.3.6 Tirs sous l’eau ..................................................................................... — 18
2.3.7 Tirs de démolition .............................................................................. — 18
2.3.8 Tirs spéciaux ....................................................................................... — 19
3. Problèmes de sécurité de l’environnement ...................................... — 20
3.1 Réglementation............................................................................................ — 20
3.1.1 Acquisition .......................................................................................... — 20
3.1.2 Transport en circulation ..................................................................... — 20
3.1.3 Stockage .............................................................................................. — 20
3.1.4 Utilisation ............................................................................................ — 20
3.1.5 Sécurité................................................................................................ — 20
3.2 Nuisances ..................................................................................................... — 21
4. Aspect économique................................................................................. — 22
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. C 5 420
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPPT

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur C 5 420 − 1

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UTILISATION DES EXPLOSIFS DANS LE GÉNIE CIVIL ___________________________________________________________________________________________

e fonctionnement d’un produit explosif est une réaction chimique déclen-


L chée par une « mise à feu », tributaire des conditions dans laquelle elle se
produit. Une part importante du travail de mise en œuvre consiste à adapter les
produits (et leurs limites de fonctionnement) aux prévisions des conditions de
l’utilisation : choix de l’amorçage, détermination d’une quantité suffisante
d’énergie explosive, définition de la nature et de l’état des matériaux. Que ce soit
en démolition ou en déroctage, la réussite d’un tir (efficacité et sécurité) est liée

Q aux interactions du couple « produits explosifs-matériaux ».


Le terme « produits explosifs » recouvre l’ensemble des produits et des dispo-
sitifs d’amorçage. Un explosif est une substance ou un mélange de substances
qui se décompose en entraînant la libération brutale d’une grande quantité
d’énergie pendant un temps très court. Le mode de décomposition est fonction
de la nature du produit, mais aussi de la nature et de la puissance de l’amorçage
de la réaction. Un produit peut avoir plusieurs modes de décomposition (com-
bustion, déflagration, détonation) et, dans certaines conditions, il peut passer
d’un mode à l’autre.
La détonation est le régime de décomposition le plus rapide : elle génère une
très haute température, une onde de choc et le dégagement d’un important
volume de gaz, c’est-à-dire les effets mécaniques les plus importants sur le
milieu environnant. L’énergie totale de l’explosif, l’énergie de choc et l’énergie de
gaz dégagées, ainsi que la vitesse de détonation constituent donc des paramè-
tres théoriques caractéristiques des différents explosifs. Leurs variations consti-
tuent les éléments discriminants des gammes de produits explosifs.

1. Généralités ■ Les explosifs nitratés sont à base de nitrate d’ammonium (80 %


environ en masse) et d’un explosif pur (trinitrotoluène seul ou
mélangé avec de la pentrite). Ils sont présentés sous la même
forme que les dynamites. Ils ont pratiquement disparu du marché
français.
1.1 Caractéristiques principales
■ Les nitrates-fiouls sont constitués de nitrate d’ammonium et
d’huiles minérales, en général du fioul domestique, dans une pro-
1.1.1 Grandes familles portion voisine de 94 % de nitrate d’ammonium, 6 % de fioul par
exemple.
Six grands types d’explosifs sont disponibles sur le marché fran- La qualité du nitrate, et en particulier sa porosité, joue un rôle
çais. Ceux-ci sont présentés dans l’ordre chronologique de leur important sur les performances du nitrate-fioul. Dans certains cas,
apparition en France et leur composition est donnée succinctement les nitrates-fiouls peuvent contenir de la poudre d’aluminium, ce qui
dans le tableau 1. Certains produits sont encartouchés, d’autres les rend plus énergétiques. Ils sont conditionnés, uniquement en
sont distribués en vrac, soit conditionnés en sacs en usine, soit vrac, en sacs de papier multicouches de 25 kg.
fabriqués sur site dans des unités de fabrication mobile UMF. Dans
ce dernier cas, la préparation s’effectue à bord d’un camion, amené ■ Les gels ou les bouillies sont constitués d’un mélange de sels
sur la plate-forme de tir, assurant en continu la fabrication de « comburants », généralement des nitrates minéraux dissous dans
l’explosif et son chargement dans le trou de mine. l’eau, et d’une phase combustible parfois soluble dans l’eau (sucre –
glycol – aluminium).
■ Les dynamites contiennent de 10 à 90 % de nitroglycéroglycol
(NGL), mélange de nitroglycérine et de dinitroglycol. C’est la pro- L’ensemble est épaissi par un agent gélifiant qui donne au produit
portion de dinitroglycol qui assure la qualité antigel d’une dynamite. l’aspect voulu (bouillie fluide pompable en vrac, ou explosifs pâteux
Les autres composants sont des combustibles (tourbe, farine de en cartouches) et maintient les produits non solubles en suspen-
bois, aluminium, etc.) et des comburants (nitrate d’ammonium). sion. Les mélanges sont rendus réellement explosifs par la présence
Selon le taux de nitroglycéroglycol, on distingue : d’un agent sensibilisant. Ces produits, en voie de disparition, sont
remplacés par les émulsions.
— les dynamites plastiques ou dynamites gommes, contenant
plus de 20 % en masse de NGL gélatinisé par du coton azotique ; ■ Les émulsions sont des mélanges intimes de nitrates minéraux
— les dynamites pulvérulentes, contenant moins de 10 à 20 % de en solution aqueuse dispersés en gouttelettes très fines (de taille
NGL et qui se présentent sous forme de matière pulvérulente ; ces inférieure au micromètre) dans une phase combustible liquide. Ces
dernières tendent à disparaître du marché français. émulsions sont sensibilisées par la présence de bulles gazeuses
bien dispersées ; ces bulles peuvent être produites par un agent chi-
Les dynamites sont commercialisées en cartouches de diamètres mique ou introduites sous forme de microbilles creuses.
compris entre 25 et 90 mm en standard disponible. Leur masse
varie entre 50 g et 5 kg. Les étuis sont généralement en papier pour Ces produits peuvent être encartouchés en usine. Ils peuvent être
les petits diamètres et en matière plastique pour les autres dia- également fabriqués en vrac, sur site, à l’aide d’unités mobiles de
mètres. fabrications ou UMF.

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Tableau 1 – Composition type des principaux explosifs industriels


Types d’explosifs Composition type Pourcentage
Nitroglycéroglycol 20 à 90
Nitrate d’ammonium 10 à 60


Coton azotique 1à5
plastiques ou gommes
Farine de bois 2à6
Dinitrotoluène 0à7
Aluminium 0à8
Dynamites
Nitroglycéroglycol 10 à 15
Nitrate d’ammonium 30 à 80
Coton azotique ≈1
pulvérulentes
Farine de bois 2 à 10
Sel 0 à 50
Tourbe 0à5
Trinitrotoluène 10 à 15
Nitrate d’ammonium 65 à 85
Explosifs nitratés Farine de bois 0à5
Stéarate de calcium ≈1
Sel 0 à 20
Nitrate d’ammonium ≈ 94
ordinaires
Fioul ≈6
Nitrates-fiouls Nitrate d’ammonium 88 à 92
à l’aluminium Fioul 3à5
Aluminium 5 à 10
Eau 8 à 15
Nitrate d’ammonium, de sodium ou de calcium 35 à 60
Bouillies. Gels Sensibilisant (explosif aluminium, nitrate de monométhylamine, billes 5 à 40
de verre)
Divers (gélifiant, allégeant, réticulant, mouillant, fioul) 2à5
Eau 8 à 15
Nitrates minéraux 70 à 80
Émulsions. Nitrates-fiouls alourdis
Huiles diverses 4 à 10
Sensibilisant (chimique ou billes de verre) 0,2 à 5

Les émulsions de base présentent une énergie voisine de celle du — de produits granulaires plus ou moins collants lorsque la pro-
nitrate fioul. L’adjonction d’aluminium et la diminution du taux d’eau portion de nitrate-fioul est supérieure à 40 % ; dans ce cas, leur char-
permettent d’atteindre des énergies importantes comparables voire gement en vrac s’effectue par gravité ;
supérieures à celles des dynamites standards. — de pâtes plus ou moins visqueuses contenant des granulés
épars de nitrate-fioul lorsque la proportion de nitrate-fioul est infé-
Des grains de nitrate d’ammonium peuvent être ajoutés au pro-
rieure à 40 % ; dans ce cas, leur chargement en vrac s’effectue par
duit en faible proportion (< 20 %) en particulier dans le cas de fabri-
pompage.
cations sur site.
Ces produits, généralement assimilés à la catégorie des émul-
Les émulsions sont les produits les plus récents, qui permettent sions, sont préparés sur les lieux d’utilisation à partir des consti-
de couvrir toute la gamme usuelle des produits encartouchés du tuants de base : nitrate d’ammonium, fioul domestique, émulsion,
marché. et éventuellement sensibilisant.
■ Les nitrates-fiouls alourdis sont les explosifs de la génération la ■ La présentation des explosifs, pour être complète, doit mention-
plus récente. Ils sont constitués par du nitrate-fioul (25 à 75 %) ner trois explosifs spéciaux particulièrement utilisés sur les chan-
enrobé dans une matrice d’explosif d’émulsion (25 à 75 %), dont le tiers de travaux publics :
rôle est d’améliorer les performances et la résistance à l’eau du
— une émulsion allégée présentée sous forme de chapelet de
nitrate-fioul.
cartouches de diamètre 25 mm (en boudins, avec cordeau latéral)
Les nitrates-fiouls alourdis sont surtout utilisés en vrac. Ils se pré- comme la Cisalite ; elle est utilisée pour les travaux de découpage
sentent sous la forme : ou de prédécoupage ;

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UTILISATION DES EXPLOSIFS DANS LE GÉNIE CIVIL ___________________________________________________________________________________________

— la mesure de la vitesse de détonation, assez précise, est effec-


tuée sur des échantillons non confinés de diamètre 30 mm pour les
explosifs encartouchés, et sur des échantillons de diamètre 36 mm
confinés dans un tube d’acier ; il faut signaler que la vitesse de déto-
nation augmente avec le diamètre pour la plupart des explosifs (de
10 à 50 % dans le cas extrême) ;
— le coefficient de self-excitation CSE émane d’un test de mesure
de la distance moyenne de transmission de la détonation entre de

Q petites cartouches de diamètre 30 mm à travers un vide d’air ;


— la résistance à l’eau est un critère fondamental dans le choix de
l’explosif ; la présence d’eau dans les trous de mines réduit la sensi-
bilité et l’énergie réelle des explosifs et, dans les cas extrêmes,
entraîne des ratés des explosifs.
Les caractéristiques précédentes sont soit déterminées par le
laboratoire officiel de la Commission des substances explosives,
soit extraites de fiches commerciales, soit issues de tests spécifi-
ques réalisés par certains laboratoires de fabricant. Dans les
tableaux 2 et 3, les explosifs sont classés dans l’ordre : catégorie,
fabricant et énergie croissante. En l’absence de valeur précise, nous
avons dû, dans de nombreux cas, indiquer la fourchette de perfor-
mances pour chaque catégorie d’explosif. Toutefois, cette informa-
Figure 1 – Unité de fabrication mobile d’explosifs tion est suffisante pour permettre à l’utilisateur d’effectuer un choix.

— le Cisalex, explosif nitraté allégé présenté sous forme de car-


touches rigides diamètre 13 ou 17 mm emboîtables avec centreurs 1.2 Artifices de mise à feu et amorçage
et espaceurs ; cet explosif est utile pour les travaux de découpage
en galerie et la démolition ;
Les accessoires du tir sont fondamentaux dans la réussite d’un tir
— les bousteurs, comme le Boostex 65, relais d’amorçage de
puisque ce sont eux qui apportent l’énergie au démarrage de la
350 g en explosif coulé dont le pouvoir d’amorçage et la facilité
réaction chimique des produits explosifs.
d’emploi sont appréciés dans les travaux de minage.

1.2.1 Cordeaux détonants


1.1.2 Fabrication sur site
Les cordeaux détonants sont destinés à l’amorçage latéral, tout le
La fabrication sur site (figure 1) consiste à mélanger sur le lieu du
long du trou de mine, des explosifs. Ils sont commercialisés
tir les différents ingrédients nécessaires à la composition du produit
aujourd’hui sous 4 formes :
explosif.
— cordeau à 6,5 g/m de pentrite, uniquement pour l’amorçage de
Le mélange et le chargement est réalisé par vis horizontale pour dynamites et pour le raccord entre trous de détonateurs non élec-
les produits granulaires (nitrate fioul, nitrate fioul alourdi). Pour les trique (à la place de raccords GT instantanés) ;
produits liquides et semi-liquides (émulsions), le mélange est réa- — cordeau à 10 g/m de pentrite, recommandé pour l’amorçage
lisé par un mélangeur statique ou dynamique et le chargement par des explosifs nitratés, des gels et des dynamites, et parfois des
pompage. nitrates-fiouls les plus sensibles ;
Ces deux processus de fabrication et chargement peuvent être — cordeau à 20 g/m de pentrite, recommandé pour l’amorçage
installés sur la même unité et utilisés successivement. des gels et émulsions et de la plupart des nitrates-fiouls ;
Ces équipements ont l’avantage d’être adaptés aux nécessités et — cordeaux à 40 g/m et 70 g/m de pentrite, surtout destinés aux
objectifs des opérations à réaliser. Par exemple, la capacité de fabri- travaux de découpage en travaux publics.
cation d’une UMF de souterrain est inférieure à celle d’une UMF uti-
lisée sur les chantiers publics.
1.2.2 Détonateurs pyrotechniques et électroniques

1.1.3 Caractéristiques pratiques Les détonateurs initient une détonation dans les explosifs conti-
gus à l’aide d’une charge amorçante de 0,6 g de pentrite, elle-même
Les performances des explosifs sont regroupées dans les activée par un explosif primaire très sensible (capable de passer
tableaux 2 et 3 de présentation de chaque catégorie d’explosif. La d’une combustion ordinaire à une détonation).
signification de chaque caractéristique peut être résumée succincte- Les détonateurs permettent d’effectuer un amorçage ponctuel des
ment ainsi : explosifs ; ceux-ci pourront être mis en fond de trou de chantiers
— les résultats du tir au mortier balistique TMB, test ancien four- souterrains ou dans certains chantiers à ciel ouvert. L’amorçage
nissant une indication approximative de l’énergie, ne sont pas signi- ponctuel permet d’obtenir généralement un meilleur rendement des
ficatifs pour les explosifs récents ; par ailleurs, les résultats sont explosifs.
fluctuants (des valeurs moyennes sont données dans les tableaux 2 ■ Détonateurs pyrotechniques
et 3) ;
— l’énergie théorique massique de détonation est issue d’un cal- Tous les détonateurs comportent une poudre retardatrice, dont la
cul thermodynamique de l’énergie théorique dégagée lors de durée de combustion s’échelonne :
l’explosion ; elle surestime les explosifs qui contiennent de l’alumi- — pour les courts retards, de 0 à 2 000 ms par pas de :
nium, la réaction de ce dernier n’étant pas totale ; • 25 ms pour les détonateurs nos 1 à 20,
— l’énergie massique mesurée provient d’un test d’explosion • 100 ms pour les détonateurs nos 24 à 40,
réalisé sous l’eau dans une piscine ; ce dernier fournit une estima- • 200 ms pour les détonateurs nos 48 à 80 ;
tion convenable de l’énergie réelle disponible d’un explosif, prenant — pour les détonateurs à retard, par pas de 500 ms du no 1 au
en compte son rendement ; no 12.

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Tableau 2 – Performance des explosifs encartouchés


Masse Énergie Vitesse de Énergie CSE
Type d’explosifs volumique TMB Résistance
mesurée détonation calculée (3)
(1) (2) à l’eau
(g/cm3) (MJ/kg) (m/s) (MJ/kg) (cm)


Dynamites
NEF Eurodyn 2000
F16
F19
NB Dynaroc 5
4 3 000 126 4,65 8
Dynaroc 5 ≈ 1,45 à à à à à excellente
4,6 6 300 133 5 10
Tit Titadyn 25
Titadyn 30
Titadyn 50
Excia Goma 2E-C
Nitratés
NEF
3,5 4 700 2
Sécurex 80 ≈ 1,1 à à à faible à nulle
4,3 4 800 5
Sécurex 90
Gels
Excia Riogel 2 1,20 NC NC NC NC NC excellente
Émulsions
NEF Iremite 1000
Iremite 2500
Iremite 4000
Emulstar 5000
Emulstar 8000
NB Nitram 5
3 4 800 2
Nitram 9 ≈ 1,20 à 1,30 à à à excellente
5 5 700 5
Tit Titamax 4000
Titamax 5000
Orica Powergel E 80
Powergel E 700
Powergel E 800
Excia Riomex E 20
(1) NEF Nobel Explosif France
NB Nitro Bickford
Tit Titanite
(2) TMB tir au mortier balistique (cf. § 1.1.3)
(3) CSE coefficient de self-excitation (cf. § 1.1.3)
NC non communiqué

■ Détonateurs électriques sont particulièrement utilisés dans les grands chantiers et la


L’énergie thermique nécessaire pour leur initiation est fournie par démolition. Citons :
une perle d’allumage échauffée par un courant électrique — l’exploseur BM-20F-10-ST qui permet de disposer de 10 délais
(figure 2 a). de départ réglables de 1 à 199 ms. Le « pas » est alors fixé entre cha-
Les appareils conçus pour alimenter électriquement les circuits de que séquence ;
tir sont des exploseurs. Ils sont, aujourd’hui, tous à condensateurs. — l’exploseur BM-20F-10-PT qui permet de disposer de 10 délais
Pour multiplier les possibilités de « départ » des trous, ou séries de de départ réglables de 1 à 999 ms. Le pas est, de plus, réglable, donc
trous de mines, des exploseurs « séquentiels » sont disponibles. Ils variable entre chaque séquence.

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Terrassement et géomembranes
(Réf. Internet 42233)

1– Terrassement R
2– Utilisation des géomembranes en génie civil Réf. Internet page

Géomembranes C5429 51

Introduction aux géomembranes C5430 53

Composition et production des géomembranes C5435 57

Géomembranes polymériques thermoplastiques C5436 63

Géomembranes élastomériques et bitumineuses C5437 69

Comparaison des géomembranes C5438 73

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Géomembranes
par Jean-Pierre GIROUD
Ingénieur ECP, Docteur ès Sciences
Membre US National Academy of Engineering
Past President International Geosynthetics Society
Ingénieur conseil JP GIROUD, INC. (USA)

Avec la coopération de Nathalie TOUZE-FOLTZ


Directrice d’unité de recherche Irstea


1. Géomembranes, un matériau de choix pour revêtements
étanches............................................................................................ C 5 429 – 2
2. Remerciements ................................................................................ C 5 429 – 3

e texte qui figure aux pages suivantes est à la fois une préface et une intro-
L duction à une série de cinq articles sur les géomembranes organisés par
thématique :
– une introduction aux géomembranes [C 5 430] ;
– la composition et la production des géomembranes [C 5 435] ;
– les géomembranes polymériques thermoplastiques [C 5 436] ;
– les géomebranes élastomériques et bitumineuses [C 5 437] ;
– la comparaison des géomembranes [C 5 438].
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQU

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Introduction aux géomembranes


par Jean-Pierre GIROUD
Ingénieur ECP, Docteur ès Sciences
Membre US National Academy of Engineering
Past President International Geosynthetics Society
Ingénieur conseil JP GIROUD, INC. (USA)
Avec la coopération de Nathalie TOUZE-FOLTZ
Directrice d’unité de recherche Irstea

1. Les géomembranes ......................................................................... C 5 430v2 – 3



1.1 Présentation des géomembranes ...................................................... — 3
1.2 Normes relatives à la définition des géomembranes ....................... — 5
1.3 Description des géomembranes ........................................................ — 5
2. Les géosynthétiques....................................................................... — 6
2.1 Présentation générale des géosynthétiques ..................................... — 6
2.2 Définition des principaux géosynthétiques ....................................... — 6
2.3 Commentaires sur les géocomposites .............................................. — 8
2.4 Classification des géosynthétiques ................................................... — 8
3. Fonction des géomembranes........................................................ — 8
3.1 La notion fondamentale d’étanchéité ................................................ — 8
3.2 Deux aspects de la fonction : contenir et protéger ........................... — 9
3.3 Géomembranes associées à des matériaux de même fonction :
étanchéité composite ......................................................................... — 9
3.4 Association de géomembranes avec des matériaux assurant
d’autres fonctions .............................................................................. — 10
4. Quelques données historiques ..................................................... — 11
4.1 Disponibilité des matériaux ............................................................... — 11
4.2 Les premiers essais ............................................................................ — 11
4.3 L’essor ................................................................................................. — 12
4.4 La consécration : les grands barrages ............................................... — 12
4.5 L’environnement ................................................................................. — 12
4.6 Une innovation française ................................................................... — 13
4.7 La dimension internationale .............................................................. — 13
5. Géomembranes en génie civil aujourd’hui ................................ — 13
5.1 Utilisation dans une grande variété d’ouvrages ............................... — 13
5.2 Un matériau nouveau en génie civil ................................................. — 14
5.3 Géomembranes et matériaux d’étanchéité traditionnels .................. — 15
5.4 Les géomembranes et l’eau ............................................................... — 16
5.5 Qualité des géomembranes ............................................................... — 17
6. Conclusion........................................................................................ — 17
7. Glossaire ........................................................................................... — 17
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 5 430v2

C et article d’introduction aux géomembranes a pour but de familiariser le


lecteur avec ce matériau relativement nouveau. Les géomembranes sont
des matériaux flexibles étanches utilisés dans les ouvrages de génie civil,
comme les réservoirs, les barrages, les canaux, les ouvrages de stockage de
déchets, les stockages de résidus miniers et bien d’autres types d’ouvrages.
Cet article fournit des définitions des géomembranes et des matériaux appa-
rentés qui, comme les géomembranes, font partie de la famille des géosynthé-
tiques. Les géomembranes sont décrites dans l’article où l’on note qu’elles sont
minces (1 à 6 mm d’épaisseur) et flexibles. Les géomembranes étant étanches,
cet article les compare aux autres matériaux étanches utilisés en génie civil
(argile, béton, béton bitumineux).
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQU

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INTRODUCTION AUX GÉOMEMBRANES ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

On verra dans cet article qu’il existe une grande variété de géomembranes.
Certaines géomembranes, les géomembranes bitumineuses, sont constituées
de produits textiles imprégnés de bitume. Cependant, la plupart des géomem-
branes utilisées aujourd’hui sont des géomembranes polymériques, c’est-à-dire
des géomembranes dont le constituant étanche est à base de polymère synthé-
tique. Plusieurs types de polymères synthétiques sont utilisés pour produire les
géomembranes polymériques. Il existe des géomembranes renforcées par un
textile tissé ou nontissé et des géomembranes non-renforcées.
Les géomembranes sont produites en usine sous forme de rouleaux que l’on
transporte sur le terrain où on les déroule et les assemble. Ou bien, plusieurs
rouleaux de géomembrane sont assemblés en atelier pour réaliser de grandes


nappes. Ces nappes préfabriquées sont transportées sur le terrain où elles sont
déployées et assemblées. Les assemblages en usine, ou sur le terrain, se font
par soudure ou par produits adhésifs selon le type de géomembrane. On réalise
ainsi des étanchéités sur des surfaces considérables en relativement peu de
temps et sans matériel lourd.
Comme le montre cet article, la fonction d’étanchéité des géomembranes
dans les ouvrages de génie civil peut s’exercer de différentes manières. Dans
les ouvrages les plus simples, la géomembrane est utilisée seule ou protégée
par une couche de terre, de gravier ou de béton. Dans des ouvrages plus
complexes, notamment des ouvrages où une performance particulière est
requise, la géomembrane est utilisée en association à d’autres matériaux
qui complètent sa fonction de façon synergique. Ainsi, dans les ouvrages de
stockages de déchets, on utilise souvent une géomembrane associée à un
autre matériau étanche (argile ou géosynthétique bentonitique) pour former
une étanchéité composite, qui est une étanchéité de haute performance, com-
binant les propriétés des deux matériaux associés. Dans certains réservoirs et
ouvrages de stockages de déchets, on utilise une double étanchéité formée
de deux géomembranes associées à une couche drainante située entre les
deux géomembranes et récoltant le liquide qui a pu fuir à travers des défauts
de la géomembrane supérieure, ce qui conduit à des fuites négligeables dans
le terrain.
Avec plusieurs décennies d’expérience, la conception des ouvrages de génie
civil munis d’étanchéité par géomembrane est aujourd’hui sophistiquée. De
nombreuses méthodes de dimensionnement ont été publiées et des essais de
laboratoire normalisés ont été développés. De surcroı̂t, la pratique du contrôle
de qualité en cours de production et d’installation des géomembranes est bien
établie en France et dans de nombreux pays.
Les géomembranes sont des matériaux innovants qui ont profondément
modifié l’art de construire les étanchéités depuis une cinquantaine d’années.
Pour comprendre cette évolution essentielle du génie civil, l’article présente
un bref historique du développement des géomembranes et de leurs appli-
cations. Cet historique montre que la durabilité des géomembranes de
bonne qualité est excellente. Ainsi, des ouvrages construits avec étanchéité
par géomembrane il y a plus de quarante ans sont encore en service et de
nombreux barrages où le béton se détériorait ont été réhabilités avec succès
à l’aide de géomembranes. L’innovation se poursuit activement avec,
notamment, des géomembranes constituées de couches de propriétés
complémentaires.
Aujourd’hui, les géomembranes jouent un rôle essentiel dans la protection de
l’environnement pour de multiples raisons : elles réduisent les pertes d’eau ;
elles évitent la pollution des sols et des nappes phréatiques en contenant des
déchets et liquides toxiques ; et elles sont installées avec un minimum de trans-
port de matériaux. Par conséquent, on peut prévoir que l’utilisation des géo-
membranes va continuer de croı̂tre.
Le lecteur trouvera en fin d’article une liste de termes techniques rencontrés
ici, à la fois sous la forme d’un glossaire et d’un tableau de sigles.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– INTRODUCTION AUX GÉOMEMBRANES

1. Les géomembranes naturelles d’un site ne présentent pas, ou que doit comporter un
ouvrage à réaliser. Une définition en est donnée par la norme
NF P 84-500 (voir § 1.2).

Cet article inaugure une série de 5 articles. Le lecteur trouvera & Typologies
donc dans ses suites tout complément d’information souhaité Les géomembranes manufacturées en usine sont délivrées sur le
selon ce classement : terrain, soit en rouleaux que l’on déroule (figure 1), soit (pour les
– composition et production des géomembranes [C 5 435] ; plus flexibles d’entre elles) en grandes nappes pliées et mises en
– les géomembranes polymériques thermoplastiques [C 5 436] ; place par déploiement (figure 2).
– les géomembranes élastomériques et bitumineuses [C 5 437] ; Des exemples d’ouvrages étanchés par géomembrane sont pré-
– une comparaison des géomembranes [C 5 438]. sentés sur la figure 3.

& Protection des géomembranes


1.1 Présentation des géomembranes
Le terme « géomembrane », proposé par Giroud [1] et adopté
partout, désigne de grandes nappes, polymériques ou bitumineu-
La minceur et la légèreté des géomembranes sont un avantage
considérable pour le transport et l’installation. Cependant, du fait
de ces caractéristiques, il faut prendre certaines précautions. Ainsi,

ses, minces (typiquement 1 à 6 mm), flexibles, généralement on doit souvent les protéger contre les agressions mécaniques
manufacturées en usine mais quelquefois produites sur le terrain, (chocs, poinçonnements) et les ancrer ou les lester contre le soulè-
dont la fonction est d’assurer une étanchéité que les conditions vement par le vent.

Photo J.P. Giroud Photo AGRU

Figure 1 – Géomembrane livrée en rouleaux (à gauche) puis déroulée (à droite)

Photo F. Rohe Environmental Protection, Inc. Photo Firestone

Figure 2 – Géomembrane livrée en nappe pliée (à gauche) puis déployée (à droite)

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INTRODUCTION AUX GÉOMEMBRANES ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

R a réservoir d’eau avec géomembrane EPDM


(Photo Firestone)
b canal avec géomembrane bitumineuse
(Photo COLETANCHE)
c barrage en enrochements avec géomembrane
bitumineuse (Photo COLETANCHE)

barrage en béton avec géomembrane e installation de stockage de déchets, f installation de stockage de déchets, étanchéité
d PVC-Rnontissé (Photo CARPI) étanchéité de fond avec géomembrane de couverture avec géomembrane PEHD
PEHD (Photo SOLMAX) (Photo GSE)

g aire de lixiviation avec géomembrane PEHD h dépôt de résidus miniers avec géomembrane i travaux souterrains avec géomembrane PVC
(Photo J.P. Giroud) PEHD (Photo A. Breitenbach/Geosynthetics (Photo Renolit)
magazine)

j fondations avec géomembrane PVC k couverture flottante avec géomembrane PP-R l route construite sur une étanchéité
(Photo Renolit) (Photo R.B. Wallace) avec géomembrane bitumineuse
(Photo COLETANCHE)

Figure 3 – Divers exemples d’utilisation de géomembranes

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Composition et production
des géomembranes
par Jean-Pierre GIROUD
Ingénieur ECP, Docteur ès Sciences
Membre US National Academy of Engineering
Past President International Geosynthetics Society
Ingénieur conseil JP GIROUD, INC., USA
Avec la coopération de Nathalie TOUZE-FOLTZ
Directrice d’unité de recherche Irstea R
1. Composants des géomembranes ................................................. C 5 435 – 2
1.1 Deux composants des géomembranes ............................................. — 2
1.2 Composé étanche ............................................................................... — 2
1.3 Renforcement ..................................................................................... — 6
2. Production des géomembranes.................................................... — 8
2.1 Méthodes principales de production des géomembranes ............... — 8
2.2 Méthodes de production dérivées des méthodes principales .......... — 11
2.3 Production des géomembranes rugueuses ....................................... — 12
2.4 Commentaires sur la production des géomembranes ..................... — 14
3. Assemblage des géomembranes.................................................. — 16
3.1 Assemblage en usine ou en atelier ................................................... — 16
3.2 Assemblage sur le terrain .................................................................. — 16
3.3 Méthodes d’assemblage des géomembranes ................................... — 17
4. Conclusion........................................................................................ — 21
5. Glossaire ........................................................................................... — 21
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 5 435

C et article sur la composition et la production des géomembranes a pour but


de familiariser le lecteur avec ce matériau relativement nouveau. Les géo-
membranes sont des matériaux flexibles étanches utilisés dans les ouvrages de
génie civil, comme :
– les réservoirs ;
– les barrages ;
– les canaux ;
– les ouvrages de stockage de déchets ;
– les stockages de résidus miniers et bien d’autres types d’ouvrages.
Cet article décrit les géomembranes en indiquant de quoi elles sont faites et
comment elles sont faites. Les informations fournies dans cet article doivent
permettre à l’ingénieur qui décide d’utiliser une géomembrane de comprendre
et prévoir les implications pratiques de sa décision.
En premier lieu, cet article présente le principal composant d’une géomem-
brane : le composé étanche. Le matériau de base du composé étanche, qui est
du polymère ou du bitume, confère à la géomembrane son étanchéité. Mais, ce
matériau de base n’est jamais seul. En effet, en plus du matériau de base, le
composé étanche comprend des additifs qui ont différentes fonctions comme :
– diminuer le coût ;
– faciliter la production ;
– améliorer la durabilité, etc.
Certaines géomembranes étant renforcées, l’article décrit les différents pro-
duits textiles utilisés pour renforcer les géomembranes. Les raisons pour
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COMPOSITION ET PRODUCTION DES GÉOMEMBRANES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

lesquelles certaines géomembranes sont renforcées sont analysées avec une


discussion des avantages et inconvénients de ce renforcement.
Les principales méthodes de production des géomembranes sont décrites :
– extrusion ;
– calandrage ;
– imprégnation ;
– enduction ;
– co-extrusion ;
– co-laminage, etc.
L’état de surface des géomembranes étant important, notamment pour assu-
rer leur stabilité sur pentes, la production de géomembranes à surface

R rugueuse est traitée.


Les méthodes d’assemblage des géomembranes sont décrites en détail. Ces
méthodes dépendent des géomembranes. Les géomembranes bitumineuses et
polymériques thermoplastiques sont sensibles à la chaleur et, par conséquent,
elles peuvent être soudées thermiquement. Les géomembranes polymériques
élastomériques ne sont pas sensibles à la température. On ne peut donc pas les
souder. Il faut les assembler à l’aide de rubans adhésifs spéciaux.
Le contrôle de qualité des géomembranes est essentiel. Il doit s’effectuer en
usine à la production des géomembranes, en atelier de préfabrication et sur le
terrain.
Cet article fait partie d’une série de 5 articles dont voici les thématiques com-
plémentaires à celui-ci :
– l’introduction aux géomembranes [C 5 430] ;
– géomembranes polymériques thermoplastiques [C 5 436] ;
– géomembranes élastomériques et bitumineuses [C 5 437] ;
– comparaison entre géomembranes [C 5 438].
Le lecteur trouvera en fin d’article une liste de termes techniques rencontrés
ici, à la fois sous la forme d’un glossaire et d’un tableau de sigles.

– une géomembrane bitumineuse contient typiquement 60 à


1. Composants 80 % de bitume ;
des géomembranes – une géomembrane PVC contient typiquement à peu près 55 à
60 % de PVC.
& Cas d’une géomembrane polypropylène
1.1 Deux composants des géomembranes Cette géomembrane thermoplastique comprend 97 % de maté-
riau de base, mais ce matériau de base n’est pas du polypropylène :
Les deux composants des géomembranes sont : le composé étan- c’est un copolymère de 20 % de polypropylène et de 80 % d’éthy-
che et les produits de renforcement. Toutes les géomembranes com- lène-propylène.
prennent un composé étanche tandis que seules les géomembranes
renforcées comprennent un ou plusieurs produits de renforcement. & Cas des géomembranes élastomériques
Le matériau de base ne constitue pas la majeure partie du com-
posé étanche car elles contiennent beaucoup d’additifs. Une géo-
1.2 Composé étanche membrane CSPE peut ne contenir que 45 % de CSPE et une géo-
membrane EPDM ne contient que 30 % d’EPDM environ.
1.2.1 Deux constituants du composé étanche
Le composé étanche est constitué d’un matériau de base et d’ad- 1.2.2 Matériau de base des géomembranes
ditifs. Le matériau de base joue un rôle essentiel : il assure l’étan- polymériques
chéité de la géomembrane. Du fait de ce rôle essentiel, il donne son
nom à la géomembrane : par exemple une géomembrane PVC, une Dans le cas des géomembranes polymériques, le matériau de
géomembrane bitumineuse. base est un polymère synthétique.
& Cas des géomembranes thermoplastiques
Le matériau de base constitue la majeure partie du composé Un polymère est un ensemble de macromolécules (c’est-à-
étanche, le reste étant des additifs. Ainsi : dire de très grandes molécules) obtenues par polymérisation
(c’est-à-dire répétition et association) d’un grand nombre de
– une géomembrane polyéthylène (PEHD ou PEBDL) contient petites molécules appelées de ce fait « monomères ».
typiquement 97 % de polyéthylène ;

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– COMPOSITION ET PRODUCTION DES GÉOMEMBRANES

polyéthylène pur. Si des comonomères sont ajoutés à l’éthylène,


H H le rapport devient légèrement supérieur à 14 si les comonomères
(qui sont en petite quantité) ont une masse moléculaire supérieure
à celle de l’éthylène. Il est clair qu’il y a une grande différence entre
C = C la masse moléculaire réelle (de l’ordre de 200 000 pour le PEHD) et
la pseudo-masse moléculaire exprimée en nombre d’atomes de
carbone (de l’ordre de 15 000 pour le PEHD).
H H

a éthylène Un polymère formé à partir de monomères identiques est


appelé « homopolymère ».
H H H H H H H H Un polymère formé à partir de deux monomères différents
(généralement dans des proportions différentes) est appelé


« copolymère ».
C C C C C C C C
Un polymère formé à partir de trois monomères différents est
appelé « terpolymère ».
H H H H H H H H

b polyéthylène
Le terme « chaı̂ne moléculaire » désigne l’ensemble des atomes
de carbone liés les uns aux autres dans une macromolécule. C’est
Représentation d’une très petite portion de la chaîne moléculaire en quelque sorte l’épine dorsale de la macromolécule. S’il y a une
qui peut contenir plus de 10 000 atomes de carbone double liaison entre deux carbones de la chaı̂ne moléculaire, l’une
des deux liaisons est disponible pour former une branche latérale
Figure 1 – Polymérisation de l’éthylène pour obtenir du polyéthylène
qui peut même se traduire par un pontage avec une macromolé-
cule voisine.
Le mécanisme de polymérisation peut être illustré par l’exemple Il existe deux grandes catégories de polymères utilisés dans les
du polyéthylène. La molécule du monomère éthylène a pour for- géomembranes :
mule C2H4 avec une double liaison entre les deux atomes de carbone – les polymères thermoplastiques (« les thermoplastiques ») qui
(figure 1a). C’est grâce à cette double liaison que la polymérisation se ramollissent beaucoup sous l’effet de la chaleur ;
peut avoir lieu, comme on le voit sur la figure 1b. – les polymères élastomériques (« les élastomères ») qui sont
Il est important de noter que la figure 1b ne montre qu’une très peu sensibles à la chaleur.
petite fraction de la longue chaı̂ne constituée par les atomes de car-
bone : en effet, une macromolécule de polyéthylène est en général Dans un élastomère, les liaisons qui existent entre les macromo-
une chaı̂ne de plus de 10 000 atomes de carbone. lécules (c’est-à-dire les pontages) sont aussi fortes que les liaisons
Il faut également noter que la matière polyéthylène est constituée qui existent à l’intérieur des macromolécules. Au contraire, dans un
de nombreuses macromolécules disposées parallèlement, plus ou polymère thermoplastique, les liaisons entre macromolécules sont
moins proches selon la densité du polyéthylène. plus faibles que les liaisons internes des macromolécules.
Dans un polymère thermoplastique, les liaisons entre macromo-
Il faut noter que, même si les monomères de départ sont des gaz lécules sont très sensibles à la chaleur : elles s’affaiblissent lorsque
ou des liquides à faible viscosité, les polymères, du fait de leur la température augmente et se renforcent lorsque la température
masse moléculaire élevée, sont des liquides à viscosité très élevée diminue. Cet effet de la chaleur est réversible sauf si la température
ou des solides. Ainsi, l’éthylène est un gaz et le polyéthylène est un est trop élevée et cause une détérioration du polymère. Ainsi, les
solide. géomembranes thermoplastiques peuvent être assemblées par
Dans un polymère donné, toutes les macromolécules ont la soudure thermique, ce qui n’est pas possible pour les géomembra-
même composition, mais ont des dimensions différentes (c’est-à- nes élastomères (voir § 3.3.3).
dire sont formées d’un nombre différent de monomères, donc Les matériaux de base thermoplastiques les plus utilisés dans les
d’un nombre différent d’atomes de carbone) et ont par conséquent géomembranes sont :
des masses moléculaires différentes. On peut donc caractériser un – le polyéthylène moyenne densité (PEMD), qui est utilisé pour
polymère par sa courbe de distribution des masses moléculaires et produire les géomembranes polyéthylène haute densité (PEHD) ;
par sa masse moléculaire moyenne. – le polyéthylène basse densité linéaire (PEBDL) ;
Pour illustrer la dimension des macromolécules, on peut donner – le polypropylène (PP) ;
l’exemple suivant. – le polychlorure de vinyle (PVC).
La masse moléculaire est : Les polyéthylènes et le polypropylène font partie de la catégorie
– pour l’hydrogène : 1 ; des « polyoléfines ». Le principal élastomère actuellement utilisé
– pour le carbone : 12 ; comme matériau de base de géomembrane est l’éthylène-propy-
– pour l’éthylène (C2H4), qui est le monomère du polyéthylène : 28. lène-diène-terpolymère (EPDM). Le polyéthylène chlorosulfoné
La masse moléculaire moyenne du polyéthylène utilisé dans les (CSPE) est particulier : il est thermoplastique lorsque la géomem-
géomembranes PEHD est de l’ordre de 200 000. brane vient d’être produite et il devient progressivement un élasto-
mère grâce au processus de vulcanisation au cours de son exposi-
Il faut noter que certains documents expriment la masse molécu- tion à la chaleur et l’humidité sur le terrain.
laire en terme de nombre d’atomes de carbone (tout en utilisant
quelquefois la terminologie « masse moléculaire », ce qui peut Un matériau peut être trop rigide pour faire une géomembrane ;
être déroutant). Ainsi, dans le cas du polyéthylène, un atome de on l’assouplit par un additif comme un plastifiant dans le cas du
carbone (dont la masse atomique est 12) correspond à une masse PVC. Au contraire, un matériau peut être trop mou et on lui confère
moléculaire de polymère de 14 (puisque deux atomes de carbone une structure réticulaire par vulcanisation ; c’est le cas du butyle et
dans C2H4 correspondent à une masse moléculaire de 28). Par de l’EPDM.
conséquent, à une masse moléculaire de polyéthylène de 200 000 Le terme « résine » est souvent employé, mais son emploi n’est
correspond un nombre d’atomes de carbone de 14 000 environ pas toujours clair. Tantôt, le mot « résine » désigne le matériau de
(soit 200 000/14). Ce rapport de 14 vaut seulement pour le base d’une géomembrane polymérique. Tantôt, le mot « résine »

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COMPOSITION ET PRODUCTION DES GÉOMEMBRANES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

désigne un composé de matériau de base et de certains agents sta- On voit que le bitume soufflé utilisé dans les géomembranes est
bilisants. En pratique, le mot « résine » désigne le produit que le très dur car l’aiguille normalisée n’y pénètre que de 4 mm, tandis
fabricant de la géomembrane acquiert d’une compagnie chimique. qu’elle pénètre de 18 à 22 mm dans un bitume routier.
Le matériau de base des géomembranes bitumineuses est, de
Par exemple, dans le cas d’une résine PEMD (la résine utilisée plus en plus fréquemment, un mélange homogène de bitume et
pour les géomembranes PEHD), la compagnie chimique fournit typi- de polymère appelé « bitume-polymère » (ou bitume polymérique).
quement une « résine » qui contient le matériau de base (polymère Le polymère associé au bitume est souvent un élastomère : on
PEMD et ses comonomères) avec, en plus, généralement, quelques emploie alors la terminologie « bitume-élastomère » (ou bitume
agents stabilisants. Il appartient ensuite au fabricant de géomem- élastomérique).
brane PEHD d’ajouter éventuellement certains agents stabilisants
supplémentaires et d’ajouter les autres additifs habituels (voir Au lieu de considérer que le polymère ajouté au bitume fait par-
§ 1.2.4). tie intégrante du matériau de base, on peut également considérer
que le matériau de base est du bitume et que le polymère est un
additif (voir § 1.2.4) car la proportion de polymère (généralement


On indique quelquefois que le PEMD et, dans une moindre entre 5 et 20 %, fréquemment entre 10 et 12 %) est beaucoup plus
mesure, le PEBDL sont des thermoplastiques cristallins ou, plus faible que celle du bitume.
exactement, semi-cristallins, faisant ainsi référence au fait que cer-
Certains appellent « bitume modifié » l’ensemble formé par le
taines molécules soient arrangées sous forme de cristaux. Cette
bitume, le polymère et les additifs mentionnés au § 1.2.4.
structure confère au PEMD une certaine rigidité et une grande
résistance chimique. Le degré de cristallinité représente le pourcen-
tage en volume des zones cristallines. 1.2.4 Additifs
Les géomembranes comportent généralement différents additifs
Par exemple, le degré de cristallinité du PEMD est généralement qui s’ajoutent au matériau de base pour former le composé
de 50 à 55 %, tandis que celui du PEBDL est de 15 à 45 %. étanche.
& Des produits inertes sous forme de poudre très fine (0,03 mm ou
1.2.3 Matériau de base des géomembranes moins) qui réduisent la pénétration de la lumière afin d’améliorer la
bitumineuses résistance au rayonnement solaire (ces produits réfléchissent le
rayonnement UV et/ou transforment son énergie qui est nocive
Dans le cas des géomembranes bitumineuses, le matériau de pour le polymère, en chaleur qui est généralement moins nocive) :
base est du bitume. Le bitume est un matériau qui existe en quan-
– noir de carbone pour les géomembranes polymériques noires ;
tités limitées à l’état naturel (comme dans l’ı̂le de Trinidad). Dans
– dioxyde de titane (TiO2) pour les géomembranes polymériques
les géomembranes, on utilise du bitume obtenu comme sous-pro-
blanches ;
duit de la distillation du pétrole brut en raffinerie.
– combinaison noir de carbone/dioxyde de titane pour les géo-
Le bitume est un mélange d’hydrocarbures à masse moléculaire membranes plus ou moins grises.
élevée. Le principal composant, l’asphaltène, est une association
& Des agents stabilisants qui améliorent la résistance à des
de plusieurs molécules d’heptane (C7H16) dont la masse molécu-
laire est 100. La mesure de la masse moléculaire de l’asphaltène actions pouvant dégrader le matériau de base, comme la chaleur
ou le rayonnement solaire (par exemple, antioxydants qui bloquent
est encore considérée comme un challenge et des valeurs entre
les réactions chimiques déclenchées par le rayonnement ultra-
400 et plus de 10 000 ont été publiées. Il semble d’après des esti-
violet).
mations récentes que la masse moléculaire de l’asphaltène se
situerait entre 500 et 2 000 [1]. Il est intéressant de comparer cette & Des produits inertes sous forme de poudre très fine (0,08 mm ou
masse moléculaire de l’asphaltène à la masse moléculaire moins), appelés « charges » ou « fillers », qui abaissent le coût sans
moyenne du polyéthylène utilisé dans les géomembranes PEHD diminuer l’étanchéité et peuvent quelquefois augmenter certaines
qui est de l’ordre de 200 000. Ainsi, le bitume est un composé orga- propriétés (stabilité dimensionnelle, module d’élasticité, résistance
nique, mais ce n’est pas un polymère. Il résulte de l’association de au feu). Il s’agit de particules minérales (calcaire, ardoise, argile,
quelques molécules, non de centaines ou de milliers comme les etc.) et de noir de carbone dès lors qu’il est utilisé en plus de la
polymères. Il est donc logique de classer les géomembranes en quantité (2 à 3 %) nécessaire contre le rayonnement solaire. Les fil-
géomembranes polymériques et géomembranes bitumineuses. lers tendent à augmenter :
On a beaucoup utilisé (et on utilise encore, mais de moins en – la densité de la géomembrane ;
moins), du bitume oxydé qui résiste mieux à l’exposition à l’air et – l’absorption de liquides et, donc, à diminuer la résistance chi-
à la lumière que le bitume ordinaire. Le bitume oxydé est souvent mique de la géomembrane.
appelé « bitume soufflé » par allusion à l’air que l’on souffle pour & Des produits assouplissants qui augmentent la flexibilité de la
l’oxyder. Le bitume oxydé utilisé dans les géomembranes est diffé- géomembrane, tant pour la production que pour l’utilisation : ce
rent du bitume utilisé dans les applications routières. Le bitume sont notamment les plastifiants utilisés dans les géomembranes
oxydé utilisé dans les géomembranes est un bitume dur (indice de PVC et l’huile paraffinique utilisée dans les géomembranes EPDM.
pénétration 40), tandis que le bitume routier a un indice de pénétra-
tion de 180 à 220. L’indice de pénétration indique la pénétration en & Des agents biocides (fongicides, herbicides, algicides,
dixièmes de millimètres d’une aiguille normalisée dans le bitume à bactéricides).
25  C. & Des agents de vulcanisation dans le cas des géomembranes
La nomenclature des bitumes peut prêter à confusion : élastomériques.
– dans le cas d’un bitume routier, les deux nombres indiqués & Des produits appelés « auxiliaires de transformation » qui facili-
sont la pénétration minimum et maximum, ainsi, un bitume routier tent la production (par exemple en facilitant le passage du poly-
180/220 a un indice de pénétration de 180 à 220 ; mère dans les filières) ou des produits comme les stabilisants ther-
– dans le cas d’un bitume soufflé, les deux nombres sont la tem- miques qui aident le polymère à résister aux hautes températures
pérature de ramollissement et l’indice de pénétration, ainsi un pendant l’extrusion, le calandrage et/ou la soudure (l’huile paraffi-
bitume soufflé 100/40, tel qu’utilisé dans les géomembranes bitu- nique utilisée dans les géomembranes EPDM peut figurer dans
mineuses, se ramollit à 100  C (mesuré par la méthode bille- cette catégorie, car elle facilite le mélange des divers constituants
anneau) et a un indice de pénétration de 40. durant la production).

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– COMPOSITION ET PRODUCTION DES GÉOMEMBRANES

& Des produits qui remplissent une fonction spécifique, comme, Les grands agglomérats sont nuisibles pour deux raisons :
par exemple : – pour une quantité totale donnée de noir de carbone, ils concen-
– produits antistatiques ; trent le noir de carbone en un nombre limité de lieux laissant des
– produits retardateurs de flammes. zones de polymère sans protection ;
– ils constituent des « points durs » qui causent, à petite échelle,
& Des colorants (pigments) des concentrations de contraintes susceptibles de causer une
Il est légitime de se préoccuper de l’impact sur l’environnement amorce de fissuration du composé étanche, comme cela a été
de certains additifs qui migrent progressivement hors des géo- observé [2].
membranes. Il faut noter que le volume des géomembranes est & On doit donc briser ces grands agglomérats pour en faire de
très faible et que le volume d’additifs susceptibles de contaminer petits agglomérats. C’est ce qu’on appelle : la « dispersion du noir
l’environnement est encore plus faible. Cependant, dans certains de carbone ». On arrive ainsi à avoir des agglomérats de l’ordre de
cas, comme par exemple le stockage d’eau potable, on peut consi- 20 mm. Lorsque la littérature mentionne une dimension de 20 nm, il
dérer que certains additifs sont indésirables. s’agit des particules primaires (qui sont toujours groupées) ; et
& Dans le cas des géomembranes PVC, un rôle particulièrement
important est joué par les plastifiants. Sans eux, le PVC est rigide :
lorsque la littérature mentionne une dimension de 20 mm, il s’agit
d’agglomérats qu’il est difficile en pratique de réduire plus. R
on peut en faire des objets rigides (bouteilles, tuyaux, plaques), En plus de sa fonction fondamentale, qui est de contrôler le
mais pas des géomembranes. La proportion de plastifiants dans rayonnement UV, le noir de carbone a un impact sur la conduction
les géomembranes PVC est de l’ordre du tiers. Les plastifiants électrique des composés polymériques. Il suffit de 5 à 10 % de noir
sont souvent des monomères. Certains de ces plastifiants tendent de carbone dans un composé polymérique pour qu’il soit conduc-
à migrer lentement hors de la géomembrane, ce qui diminue pro- teur d’électricité.
gressivement sa flexibilité. Ainsi, la qualité (notamment la durabi- Le noir de carbone a une densité élevée (1,84 à 1,94) et contribue
lité) des géomembranes PVC dépend beaucoup de la stabilité de à augmenter la densité des géomembranes. Les pourcentages de
leurs plastifiants. noir de carbone indiqués ci-dessus sont des pourcentages en
Certains plastifiants monomères de haute qualité confèrent une masse. Les pourcentages en volume sont nettement plus faibles
grande durabilité aux géomembranes PVC. Dans certaines géo- du fait de la différence de densité entre le noir de carbone et le
membranes apparentées aux géomembranes PVC, le plastifiant reste du composé étanche.
est un polymère qui a moins tendance que certains plastifiants Dans la composition des géomembranes, il faut veiller à choisir
monomères à migrer hors de la géomembrane. On peut alors des additifs qui ne sont pas absorbés par le noir de carbone, ce qui
considérer que le matériau de base est un alliage de PVC et d’un les empêcherait de remplir leur fonction. Ceci pourrait être le cas de
autre polymère. C’est le cas des géomembranes à base d’alliage certains antioxydants.
éthylène interpolymère (EIA).
1.2.6 Effet des additifs sur la couleur
On emploie la terminologie de « plastifiant interne » pour des géomembranes
désigner les plastifiants qui forment un alliage avec le PVC, par Les polymères sont généralement plus ou moins translucides
opposition aux « plastifiants externes » qui ne forment pas selon leur degré de cristallinité (les plus clairs étant généralement
d’édifice moléculaire avec le PVC. les moins cristallins). Les géomembranes polymériques sont sou-
vent noires du fait de la présence de noir de carbone. Cependant,
Lorsque le matériau de base est du bitume, on ajoute souvent toutes les couleurs peuvent être obtenues en utilisant des additifs
des élastomères pour améliorer les propriétés mécaniques et la appropriés (pigments). Une couleur blanche peut être obtenue en
remplaçant le noir de carbone par du dioxyde de titane (TiO2).
résistance au rayonnement solaire (voir § 1.2.3).
Pour assurer le même niveau de protection contre le rayonnement
ultraviolet, il faut trois à quatre fois plus de dioxyde de titane que
1.2.5 Noir de carbone de noir de carbone. La couleur gris clair, qui est fréquemment utili-
Le noir de carbone, présent dans tous les types de géomembra- sée, résulte de la combinaison de dioxyde de titane et de noir de
carbone.
nes, sauf les géomembranes bitumineuses, est un additif très
important. La littérature sur le noir de carbone mentionne des Les géomembranes bitumineuses ne contiennent pas de noir de
dimensions de particules, tantôt de 20 nm, tantôt de 20 mm, soit carbone, mais elles sont presque noires, du fait de la couleur brun
un rapport de 1 000 entre ces deux valeurs. Ceci mérite foncé du bitume ; cependant elles sont souvent sablées sur une de
clarification. leurs faces, ce qui leur confère une couleur grise.
Les géomembranes utilisées dans certains travaux souterrains,
& Il y a trois niveaux de particules
en particulier les tunnels, ne sont jamais exposées au rayonnement
 Les particules primaires ont une dimension de l’ordre de 10 à solaire. Par conséquent, dans ces cas, on peut utiliser des géomem-
100 nm. Les plus petites de ces particules ont une très grande sur- branes ne contenant pas de noir de carbone ou autres additifs
face spécifique. Il en résulte qu’elles sont les plus efficaces pour contre le rayonnement solaire, comme par exemple des géomem-
atténuer le rayonnement UV. D’un point de vue pratique, on utilise branes translucides.
dans les géomembranes des particules primaires de l’ordre de Les couleurs suivantes sont typiquement utilisées :
20 nm. – la couleur noire est de loin la plus utilisée ;
 Les particules primaires ne sont jamais seules car, du fait de – la couleur blanche est utilisée pour avoir la température la plus
leur grande surface spécifique, elles ont tendance à s’attirer basse possible pour une géomembrane exposée au soleil ; elle est
mutuellement. Elles se groupent pour former des agrégats très sta- aussi utilisée traditionnellement dans certains pays pour le stoc-
bles dont la dimension est de l’ordre de 0,1 à 1 mm (100 à kage d’eau potable ;
1 000 nm). Les agrégats ont la forme de longues branches. – une couleur blanche, ou jaune, est quelquefois utilisée en tun-
nel pour améliorer l’illumination du tunnel ;
 Les agrégats restent rarement seuls. Ils se groupent pour for- – une couleur gris clair est un bon compromis entre un certain
mer des agglomérats, plus ou moins stables, dont les dimensions niveau de protection grâce au noir de carbone et une température
sont de l’ordre de 1 à 300 mm (0,3 mm). basse grâce à la couleur claire ;

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Géomembranes polymériques
thermoplastiques
par Jean-Pierre GIROUD
Ingénieur ECP, Docteur ès Sciences
Membre US National Academy of Engineering
Past President International Geosynthetics Society
Ingénieur conseil, JP GIROUD, INC., USA
Avec la coopération de Nathalie TOUZE-FOLTZ
Directrice d’unité de recherche Irstea R
1. Géomembranes PVC ....................................................................... C 5 436 – 2
1.1 Composition ....................................................................................... — 2
1.2 Terminologie....................................................................................... — 3
1.3 Production et dimensions .................................................................. — 3
1.4 Assemblage ........................................................................................ — 4
1.5 Propriétés physiques .......................................................................... — 6
1.6 Propriétés mécaniques ....................................................................... — 6
1.7 Résistance chimique .......................................................................... — 7
1.8 Durabilité ............................................................................................ — 8
1.9 Utilisation ........................................................................................... — 8
2. Géomembranes PEHD .................................................................... — 9
2.1 Composition ....................................................................................... — 9
2.2 Terminologie....................................................................................... — 10
2.3 Production et dimensions .................................................................. — 10
2.4 Assemblage ........................................................................................ — 12
2.5 Propriétés physiques .......................................................................... — 13
2.6 Propriétés mécaniques ....................................................................... — 14
2.7 Résistance chimique .......................................................................... — 15
2.8 Durabilité ............................................................................................ — 15
2.9 Utilisation ........................................................................................... — 16
3. Géomembranes PEBDL .................................................................. — 16
3.1 Composition ....................................................................................... — 16
3.2 Terminologie....................................................................................... — 17
3.3 Production et dimensions .................................................................. — 17
3.4 Assemblage ........................................................................................ — 17
3.5 Propriétés physiques .......................................................................... — 18
3.6 Propriétés mécaniques ....................................................................... — 18
3.7 Résistance chimique .......................................................................... — 19
3.8 Durabilité ............................................................................................ — 19
3.9 Utilisation ........................................................................................... — 19
4. Géomembranes PP.......................................................................... — 19
4.1 Composition ....................................................................................... — 19
4.2 Terminologie....................................................................................... — 20
4.3 Production et dimensions .................................................................. — 20
4.4 Assemblage ........................................................................................ — 20
4.5 Propriétés physiques .......................................................................... — 21
4.6 Propriétés mécaniques ....................................................................... — 22
4.7 Résistance chimique .......................................................................... — 22
4.8 Durabilité ............................................................................................ — 23
4.9 Utilisation ........................................................................................... — 23
5. Conclusion........................................................................................ — 23
6. Glossaire ........................................................................................... — 23
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 5 436
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQU

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GÉOMEMBRANES POLYMÉRIQUES THERMOPLASTIQUES ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

C et article sur les géomembranes polymériques thermoplastiques a pour


but de familiariser le lecteur avec ces matériaux relativement nouveaux.
Les géomembranes sont des matériaux flexibles étanches utilisés dans les
ouvrages de génie civil, comme :
– les réservoirs ;
– les barrages ;
– les canaux ;
– les ouvrages de stockage de déchets ;
– les stockages de résidus miniers et bien d’autres types d’ouvrages.
Les géomembranes thermoplastiques sont les géomembranes les plus utili-


sées en France et dans le monde. La particularité des géomembranes thermo-
plastiques est de se ramollir sous l’effet de la chaleur. Elles fondent à des tem-
pératures de l’ordre de 100 à 200  C. On peut donc les souder thermiquement.
Il existe aujourd’hui une grande variété de géomembranes. Il est donc impor-
tant de présenter au lecteur les géomembranes les plus utilisées. Un des buts
de cet article est de permettre au lecteur de dialoguer avec les fournisseurs de
géomembranes, les laboratoires d’essais et les experts.
Pour chaque géomembrane, on indique sa composition, ses modes de produc-
tion et ses méthodes d’assemblage ; ensuite, on donne des informations sur ses
principales propriétés, sa durabilité et son utilisation. Ces informations sont pré-
sentées de façon simple pour que le lecteur puisse en bénéficier sans faire appel
à des connaissances avancées sur le comportement des matériaux. Il y a inten-
tionnellement des répétitions entre les textes relatifs aux différentes géomem-
branes pour permettre au lecteur de ne lire que la section relative à la géomem-
brane qui l’intéresse. L’organisation du texte, identique pour chaque type de
géomembrane, facilite les comparaisons entre les différentes géomembranes.
Les propriétés des géomembranes sont généralement présentées de façon
qualitative. Ceci permet au lecteur de mieux comprendre le comportement des
géomembranes qu’en consultant d’interminables tableaux de valeurs numéri-
ques qui ne sont utiles qu’au moment du dimensionnement des ouvrages.
Les géomembranes décrites dans cet article sont les géomembranes PVC, polyé-
thylène (haute et basse densité), et polypropylène. Le nom de ces géomembranes
est quelquefois trompeur. Ainsi, le polyéthylène des géomembranes PEHD (c’est-
à-dire polyéthylène de haute densité) est de densité moyenne et non de haute
densité ; et les géomembranes PP contiennent relativement peu de polypropylène.
Comme le polymère de base n’est jamais seul, mais est associé à des additifs, on
dira, par exemple, « géomembrane PVC » et non « géomembrane en PVC ».
La masse d’information présentée dans cet article est telle que des erreurs et
omissions sont inévitables. Les corrections et additions qui seront soumises à
l’auteur seront utilisées dans les mises à jour à venir.
Le lecteur trouvera en fin d’article une liste de termes techniques rencontrés
ici, à la fois sous la forme d’un glossaire et d’un tableau de sigles.

1. Géomembranes PVC 1.1 Composition


Le PVC (polychlorure de vinyle ou chlorure de polyvinyle) est
obtenu par polymérisation de chlorure de vinyle (H2C = CH-Cl). Le
chlorure de vinyle associe le chlore (Cl) au groupe vinyle
Cet article fait partie d’un groupe de 5 articles dont le lecteur (H2C = CH-). Le chlore a pour masse atomique approximativement
trouvera ici les thématiques complémentaires abordées 35 et le vinyle approximativement 27 (c’est-à-dire 2 + 12 + 12 + 1).
séparément :
– une introduction aux géomembranes [C 5 430] ; Il est intéressant de noter que le chlore est produit à partir du
– la composition et la production des géomembranes [C 5 435] ; sel (qui est extrêmement abondant dans la nature), tandis que
– les géomembranes élastomériques et bitumineuses [C 5 437] ; le vinyle est produit à partir du pétrole. Par conséquent, 56 %
du PVC vient du sel et seulement 44 % du pétrole.
– une comparaison des géomembranes [C 5 438].

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– GÉOMEMBRANES POLYMÉRIQUES THERMOPLASTIQUES

Ceci a pu être résumé ainsi : dans PVC, le V vient du pétrole et le – certains plastifiants polymériques (polyadipates) sont sensibles
C vient du sel, dans la proportion V/C égale à 27/35 [1]. Tandis que à l’hydrolyse et/ou perdent leur compatibilité avec le PVC en milieu
44 % du PVC vient du pétrole, 100 % du polyéthylène vient du humide ;
pétrole. On peut donc en conclure que l’emploi de géomembranes – le coût des plastifiants polymériques est élevé.
PVC est plus favorable à l’environnement que l’emploi de géomem-
branes polyéthylène. On peut être tenté d’utiliser une forte teneur en plastifiants pour
produire une géomembrane PVC qui demeure flexible en cas d’ins-
Le PVC contient de 5 à 10 % par volume de zones cristallines tallation sous un climat froid. Mais, ce faisant, on risque de dimi-
(autrement dit, le PVC a un degré de cristallinité de l’ordre de 5 à nuer l’étanchéité de la géomembrane. Pour éviter de nuire à son
10 %). Les zones amorphes occupant 90 à 95 % du volume, le PVC étanchéité, la teneur en plastifiants d’une géomembrane PVC ne
est essentiellement un matériau amorphe. Le PVC est un matériau doit pas dépasser environ 35 % [3].
rigide. Pour pouvoir faire des géomembranes, le PVC est rendu fle-
xible par addition de plastifiants qui réduisent les forces de liaison. La masse volumique du PVC pur est 1 400 kg/m3. La masse volu-
Le plastifiant est essentiellement contenu dans les zones amor- mique des plastifiants usuels est approximativement 970 kg/m3 et
celle des additifs varie de 1 200 à 2 400 kg/m3. La masse volumique


phes, tandis que les zones cristallines confèrent à la géomembrane
des propriétés élastiques (on dit que les zones cristallines consti- d’une géomembrane en PVC plastifié est typiquement de 1 200 à
tuent, en quelque sorte, une « réticulation physique » par analogie 1 300 kg/m3 selon la proportion et la nature des additifs [2]. Une
avec la réticulation chimique des élastomères). masse volumique relativement élevée peut indiquer une proportion
excessive de charge (filler), ce qui réduit le coût mais diminue la
Le composé étanche d’une géomembrane PVC contient typique- soudabilité et la résistance chimique.
ment environ un tiers de plastifiants. Il contient aussi divers addi-
tifs. Ainsi, pour un total de 100 %, une géomembrane PVC typique
comprend 50 à 65 % de polymère PVC, 30 à 36 % de plastifiants et 8 1.2 Terminologie
à 15 % d’additifs autres que plastifiants, tels que :
– stabilisants ; Certains utilisent la terminologie PVC-P pour désigner les géo-
– biocides ; membranes PVC, afin d’indiquer qu’elles sont plastifiées. Il s’agit
– pigments protégeant contre le rayonnement solaire (noir de d’une complication inutile et potentiellement trompeuse : inutile
carbone, dioxyde de titane) ; car le PVC des géomembranes est toujours plastifié et trompeuse
– lubrifiants ; car elle pourrait faire croire qu’il existe des géomembranes en
– fillers [2]. PVC non plastifié. En revanche, la terminologie PVC-R pour les géo-
membranes PVC renforcées est légitime.
La proportion de noir de carbone est de l’ordre de 1 à 2 % dans
les géomembranes PVC grises ou noires, tandis que la proportion En France, on utilise quelquefois l’acronyme CPV (chlorure de
de dioxyde de titane (TiO2) dans les géomembranes PVC blanches polyvinyle). Mais cet emploi est rare car l’acronyme anglais est uni-
ou gris clair est typiquement de 5 à 10 %. versellement utilisé.
La masse moléculaire ne joue pas un rôle déterminant dans le
comportement des géomembranes PVC, sauf en ce qui concerne 1.3 Production et dimensions
le risque de fluage et les propriétés à basse température. La
masse moléculaire étant difficile à évaluer, on utilise l’indice K-
1.3.1 Production
Wert qui est relié empiriquement à la viscosité du PVC, laquelle
est reliée à la masse moléculaire. Des géomembranes fabriquées Les géomembranes PVC sont renforcées ou non renforcées.
avec un PVC ayant un K-Wert inférieur à 70 pourront fluer sur des
talus à pentes raides (1 vertical /2 horizontal, ou plus raides). Ce & Géomembranes PVC non renforcées
risque n’est pas observé pour les géomembranes fabriquées avec Les géomembranes PVC non renforcées sont produites par
un PVC dont le K-Wert est supérieur ou égal à 70. Par contre, un calandrage ou extrusion (voir l’article [C 5 435], § 2.1.1 et 2.1.2).
K-Wert trop élevé caractérise un PVC très rigide (notamment à
basse température) et qui est difficile à souder.  Le calandrage est le mode de production traditionnel. Il a un
avantage : la production de feuilles d’une épaisseur parfaitement
Dans les géomembranes PVC, les plastifiants jouent un rôle par-
contrôlée. Mais le calandrage a des inconvénients : c’est une
ticulièrement important. Les plastifiants sont souvent des mono-
méthode coûteuse par les investissements qu’elle requiert et l’éner-
mères. Certains plastifiants monomères tendent à migrer lente-
gie qu’elle consomme ; l’épaisseur des feuilles PVC produites par
ment hors de la géomembrane, ce qui diminue progressivement
calandrage est limitée à 1 mm. Pour obtenir des géomembranes
sa flexibilité. Ainsi, la qualité (notamment la durabilité) des géo-
PVC d’épaisseur supérieure à 1 mm, il faut co-laminer ensemble
membranes PVC dépend beaucoup de la stabilité de leurs plasti-
des feuilles d’épaisseur 1 mm ou inférieure, ou bien utiliser la
fiants. Certains plastifiants monomères de haute qualité confèrent
méthode de production par extrusion.
une grande durabilité aux géomembranes PVC. C’est le cas de cer-
tains phtalates car de fortes liaisons s’établissent entre les chaı̂nes  Depuis les années 1990, on utilise de plus en plus la méthode
linéaires des phtalates et les molécules de PVC. de production par extrusion. L’extrusion se fait à travers une filière
Dans certaines géomembranes apparentées aux géomembranes plate. Par extrusion, on peut produire en une seule passe des géo-
PVC, le plastifiant est un polymère à masse moléculaire élevée membranes PVC d’épaisseur 1 à 3 mm. On peut produire des géo-
(« haut polymère ») qui a moins tendance que certains plastifiants membranes PVC plus épaisses que 3 mm par extrusion suivie de
monomères à migrer hors de la géomembrane. On peut alors co-laminage. On peut aussi produire en une seule passe des géo-
considérer que le matériau de base est un alliage de PVC et d’un membranes PVC bicouches par co-extrusion à l’aide d’une double
autre polymère. C’est le cas des géomembranes connues sous le extrudeuse ou des géomembranes PVC tricouches à l’aide d’une
nom de « géomembranes en alliage éthylène interpolymère » triple extrudeuse. Les géomembranes multicouches peuvent être
(EIA, selon l’acronyme anglais) qui sont en fait des géomembranes constituées de couches identiques (géomembranes homogènes)
en PVC plastifié par un ester cétone-éthylène. D’une part, les plasti- ou de couches différentes.
fiants polymériques ont l’avantage de la stabilité, d’autre part ils
& Géomembranes PVC renforcées
ont quelques inconvénients :
– les géomembranes PVC à plastifiants polymériques tendent à  On peut obtenir une géomembrane PVC renforcée (PVC-Rscrim
être plus fragiles à basse température que les géomembranes PVC ou, simplement, PVC-R) en co-laminant une légère grille tissée de
à plastifiants monomériques ; renforcement (« scrim ») en polyester entre deux couches de PVC

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GÉOMEMBRANES POLYMÉRIQUES THERMOPLASTIQUES ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

plastifié (voir l’article [C 5 435], § 2.2.2). On peut également utiliser (quoique faible) dans le cas de géomembrane renforcée par un
une grille ou un voile de verre comme renforcement. scrim (notamment en cas de vaporisation de liquide qui pourrait
être présent dans le scrim) (voir l’article [C 5 435], § 1.3.2).
 On obtient également une géomembrane PVC renforcée en co-
laminant un géotextile nontissé (en polyester ou en polypropylène)  La vaporisation de liquide présent dans le scrim de renforce-
et une couche de PVC plastifié. Le co-laminage se fait à chaud. ment peut également causer du « cloquage », c’est-à-dire un gon-
Ainsi, le PVC et le nontissé sont soudés (on dit aussi « thermoliés ») flement localisé de la couche supérieure d’une géomembrane
l’un à l’autre, formant une géomembrane à renforcement externe. causé par la dilatation du gaz. Sur le terrain, pour éviter la présence
Le réglage de température lors du co-laminage est assez délicat : de liquide dans le scrim, il est important de s’assurer que le scrim
la température de l’interface PVC-nontissé doit être suffisante pour n’apparaı̂t pas au bord de la soudure entre deux panneaux de géo-
assurer l’adhésion désirée entre le PVC et le nontissé sans toutefois membrane. Si le scrim apparaı̂t au bord de la soudure, du liquide
être trop élevée, ce qui causerait une instabilité dimensionnelle du s’y propagera par capillarité. Il faut alors recouvrir la soudure
nontissé. Différents réglages de température et pression sont utili- d’une bande soudée non renforcée.
sés par les différents producteurs. On emploie de plus en plus la


terminologie « géomembrane composée » pour ce type de géo-  Un phénomène apparenté au délaminage est la séparation
membrane (voir l’article [C 5 435], § 2.2.2). Ce type de géomem- interne plane (quelquefois désignée par l’acronyme SIP) observée
brane peut être désigné par PVC-R (puisqu’il s’agit d’une géomem- lors d’un essai de pelage d’une soudure effectuée sur géomem-
brane PVC renforcée), ou plus spécifiquement par PVC-Rnontissé. brane multicouche : il s’agit d’une séparation au sein de la géo-
membrane, le long du plan situé entre deux couches, au lieu de la
& Géomembranes PVC-Rnontissé séparation habituelle au niveau de la soudure ou de la rupture en
Les nontissés utilisés dans les géomembranes PVC-Rnontissé dehors de la soudure. Il faut noter que la séparation interne plane
ont typiquement une masse surfacique de 200 à 700 g/m2. Le non- n’est pas liée à un défaut de soudure. Par conséquent, une soudure
tissé associé au PVC est soit un nontissé polyester, soit un nontissé qui, dans un essai de pelage, se rompt par séparation interne plane
polypropylène. Le choix se fait compte tenu des considérations est généralement considérée comme acceptable pourvu que la
suivantes. force qui a causé la rupture soit supérieure ou égale à la valeur spé-
cifiée pour la résistance au pelage de la soudure.
 Le polyester a une excellente durabilité en milieu neutre, mais
il se détériore par hydrolyse en milieu alcalin. On ne peut donc pas & État de surface de la géomembrane
l’utiliser au contact de ciment frais alors que le polypropylène a On peut obtenir par calandrage (ou par extrusion suivie de pas-
une très bonne résistance aux produits alcalins comme le ciment sage entre cylindres « bosseleurs » ou cylindres « graineurs ») des
frais. géomembranes PVC ou PVC-Rscrim à surface bosselée ou grainée,
 Le polypropylène a une meilleure résistance chimique que le ce qui peut légèrement augmenter le frottement à l’interface avec
polyester à la plupart des produits chimiques, excepté les certains matériaux. Historiquement, les géomembranes PVC bosse-
hydrocarbures. lées ou grainées ont été créées pour éviter la tendance des géo-
membranes PVC lisses à coller entre elles, ce qui rendait les rou-
 À masse surfacique égale, un nontissé aiguilleté polypropylène leaux de géomembrane difficiles à dérouler. (l’emploi de talc pour
a une résistance en traction supérieure à celle d’un nontissé aiguil- empêcher les géomembranes PVC de coller peut nuire à la qualité
leté polyester et un allongement du même ordre. Ceci se produit des soudures). La couche de PVC plastifié qui est un des deux com-
(bien que les fibres polyester aient une ténacité supérieure à celle posants d’une géomembrane PVC-Rnontissé peut également avoir
des fibres polypropylène) parce que l’interaction entre fibres poly- une surface bosselée ou grainée.
propylène est supérieure à l’interaction entre fibres polyester,
notamment grâce à la plus grande souplesse des fibres 1.3.2 Dimensions
polypropylène.
Les géomembranes PVC non renforcées sont produites typique-
 Dans certains cas, pour souder deux lés de PVC-Rnontissé, il ment en épaisseurs de 0,5 à 2 mm (mais on trouve des épaisseurs
faut localement enlever le nontissé par pelage. Il reste alors quel- allant jusqu’à 6 mm produites par extrusion suivie de co-laminage),
ques morceaux de fibres emprisonnés dans le PVC. Le polypropy- tout en rappelant que seuls les produits d’épaisseur supérieure ou
lène ayant une température de fusion (165-170  C) voisine de celle égale à 1 mm sont considérés comme géomembranes en France
du PVC plastifié (150-180  C), et une densité (0,9) très différente de (voir l’article [C 5 430], § 1.2).
celle du PVC plastifié (1,2-1,3), lors de l’exécution de la soudure, le
polypropylène fond en même temps que le PVC et forme un film de Les géomembranes PVC renforcées par scrim (grille tissée) sont
polypropylène qui se sépare du PVC du fait de la différence de den- produites typiquement en épaisseur de 1 à 2 mm (mais on trouve
sité, ce qui perturbe la soudure. En revanche, le polyester a une des épaisseurs allant jusqu’à 6 mm). Dans le cas des géomembranes
température de fusion bien plus élevée (260  C) et il ne perturbe PVC-Rnontissé, l’épaisseur de la couche PVC est typiquement de 1,5
pas la soudure de géomembrane PVC. Par conséquent, ou bien il à 2,5 mm, quelquefois 3 mm ou 3,5 mm (mais on trouve des épais-
faut une production de haute précision qui assure un réglage de seurs allant jusqu’à 6 mm). Dans les applications hautement techni-
l’adhésion PVC/nontissé, tel que très peu de fibres de nontissé res- ques comme les grands barrages, les géomembranes PVC utilisées
tent emprisonnées dans le PVC après pelage (ce qui permet de ont une épaisseur allant de 2 mm jusqu’à 3 ou 3,5 mm.
choisir un nontissé polyester ou polypropylène) ou bien il faut utili- La largeur des lés de géomembranes PVC et PVC-Rscrim est typi-
ser un nontissé polyester. quement de 1,4 m à 2,1 m environ. La largeur des géomembranes
& Défauts de production PVC-Rnontissé est typiquement de l’ordre de 2,1 m. Ces largeurs
sont typiques des géomembranes produites par calandrage (voir
 En cas d’un défaut de production entraı̂nant une adhésion insuf- l’article [C 5 435], § 2.1.2). Pour calculer le nombre de lés nécessai-
fisante entre les différentes couches d’une géomembrane PVC multi- res, il faut retrancher de 0,10 m à 0,15 m à la largeur de chaque lé
couche, il y a un risque de « délaminage » (c’est-à-dire séparation et pour les soudures.
pelage des couches) lorsque les diverses couches sont soumises à
des contraintes différentes, ce qui peut se produire notamment
dans les cas suivants : différence de température entre les couches ; 1.4 Assemblage
et courbure de la géomembrane imposée par la forme du matériau
& Réalisation de nappes préfabriquées
sous-jacent. Cependant, ce risque est très faible compte-tenu du fait
que le PVC doit être en fusion lors du co-laminage, ce qui assure une Grâce à leur comportement quasi-élastique, les géomembranes
bonne adhésion. En fait, le risque de délaminage est le plus grand PVC peuvent être pliées sans subir de déformations irréversibles.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– GÉOMEMBRANES POLYMÉRIQUES THERMOPLASTIQUES

Cependant, du fait de la présence du nontissé, les géomembranes & Assemblage chimique


PVC-Rnontissé ne se plient pas facilement. Par conséquent, parmi On distingue la soudure chimique par solvant et l’assemblage
les géomembranes PVC, seules les géomembranes PVC non renfor- chimique par adhésif.
cées et les géomembranes PVC renforcées par scrim sont suffisam-
ment flexibles pour que l’on puisse, en atelier, souder de nombreux  On peut souder les géomembranes PVC et PVC-R à l’aide d’un
lés ensemble pour former de grandes nappes que l’on emballe solvant qui ramollit les deux faces à souder. Cette soudure est
pliées dans un sens et roulées ensuite dans l’autre sens. Ces nappes appelée soudure chimique par solvant ou, simplement, « soudure
sont ensuite transportées et déployées sur le terrain. Ceci diminue chimique ». Cette méthode, autrefois très courante en toiture, n’est
considérablement la longueur de soudures à effectuer sur le terrain. pratiquement plus utilisée en Europe. D’une part, la force de liaison
de la zone soudée est nettement plus faible que celle obtenue par
La surface des nappes n’est limitée que par leur masse. En effet, une soudure thermique à la machine. D’autre part, la présence de
il est difficile avec les moyens de manutention habituels de mani- traces d’eau minimes (à partir de 1 %) dans le solvant diminue
puler des nappes de masse supérieure à environ 1 400 kg. considérablement la force de liaison ; donc, une goutte de rosée
suffit à rendre inefficace plusieurs centimètres de soudure. Cet


Exemple : avec une géomembrane PVC de 1 mm d’épaisseur inconvénient est moins sensible en toiture, mais beaucoup plus
ayant une masse surfacique de 1,2 kg/m2, la dimension maximale contraignant en génie civil où l’humidité du terrain est proche de
pratique des nappes est de 1 200 m2 environ. Cependant, avec des la géomembrane. De plus, il faut maintenir une pression sur la sou-
moyens de manutention appropriés (en supposant que le terrain dure pendant un certain temps, en fonction de la température. Cela
puisse les supporter), des nappes plus grandes sont envisageables. se fait généralement par des sacs de sable que l’on déplace, ce qui
n’est pas très commode sur pente. La température ambiante doit
& Soudure thermique être supérieure à 10 ºC et la vitesse d’exécution est nettement
moins élevée que celle obtenue avec les machines automatiques,
Le PVC étant thermoplastique, les géomembranes PVC et PVC-R
qui permettent des vitesses de soudure de 2 à 3 m/minute. C’est
sont aisément assemblées par soudure thermique qui consiste en
pourquoi cette méthode est pratiquement abandonnée pour les
un apport de chaleur entre les deux géomembranes à souder suivi
cas courants. Enfin, bien qu’il soit théoriquement possible de faire
de l’application d’une pression. L’apport de chaleur provoque une
une double soudure chimique, il n’existe pas d’équipement pour le
fusion superficielle des parties à souder.
faire.
On distingue deux types de soudures : la soudure manuelle et la
soudure par machine :  On peut également faire une soudure chimique à l’aide d’adhé-
sif. Cependant cette méthode est très coûteuse et, de ce fait, elle est
 Pour la soudure dite « manuelle », employée surtout pour la très rarement utilisée.
réalisation de détails ou de petites réparations, l’apport de chaleur Les géomembranes PVC étant très utilisées dans les ouvrages
se fait surtout par soufflage d’air chaud et l’application de la pres- hydrauliques, il convient de rappeler qu’il est souvent recommandé
sion se fait par marouflage de la soudure à l’aide d’un petit rouleau de ne pas utiliser de soudure chimique dans les ouvrages conte-
(« roulette ») tenu à la main et opéré dans le sens perpendiculaire à nant de l’eau potable de peur de contaminer l’eau. Toutefois, les
la direction générale de l’assemblage. partisans de la soudure chimique font valoir que le risque de conta-
 Pour la soudure par machine, utilisée sur chantier ou en atelier, mination de l’eau est négligeable car le solvant est évaporé avant
l’apport de chaleur se fait par introduction d’un coin chauffant entre que l’eau soit stockée et le volume de solvant susceptible de
demeurer dans la soudure est infime comparé au volume de l’eau
les deux géomembranes et application de la pression par des petits
stockée. (Voir l’article [C 5 430], § 5.4.2.).
rouleaux placés de part et d’autre des deux géomembranes à sou-
der. Ces rouleaux assurent à la fois la pression par une force de ser- & Recommandations
rage contrôlée et le déplacement de la machine à une vitesse défi-
Dans le cas des géomembranes PVC-Rnontissé, le nontissé n’est
nie. La méthode de soudure thermique par machine a l’avantage de
pas présent sur quelques centimètres au bord du lé pour permettre
permettre de faire une double soudure, ce qui permet de contrôler
d’effectuer la soudure. Pour effectuer une soudure au bout d’un
la qualité des soudures par une pression d’air dans le canal central
rouleau, ou dans le cas d’un lé coupé en biais, il faut enlever par
(voir l’article [C 5 435], § 3.3.2).
pelage une bande de l’armature nontissée. Ceci est possible si la
Les géomembranes PVC sont très faciles à souder, tant par température et la pression lors de la production de la géomem-
machine automatique que manuellement. La flexibilité des géo- brane par co-laminage ont été réglées de façon que l’adhésion
membranes PVC facilite l’utilisation des machines à souder. Certai- entre PVC et nontissé soit faible, par exemple inférieure à 400 N/m
nes machines automatiques modernes utilisées avec des géomem- (tout en étant suffisante pour que la géomembrane résiste aux
branes PVC peuvent souder suivant des courbes et peuvent même contraintes de cisaillement relatives au projet). Il est important
souder des pièces de 1 m de diamètre. Il faut noter que les machi- que le pelage préliminaire à la soudure se fasse sans qu’il reste
nes à souder habituelles ne fonctionnent qu’en ligne droite. trop de morceaux de fibres de nontissé emprisonnées dans le
PVC, ce qui nuirait à la qualité de la soudure, surtout s’il s’agit de
fibres en polypropylène, car, pendant la soudure, un film de poly-
& Apport de chaleur et marge de température
propylène fondu tend à se former en surface du fait de sa densité
 L’apport de chaleur pour la soudure thermique des géomem- (0,9) très différente de celle du PVC plastifié (1,2-1,3). Ce film rend
branes PVC se fait généralement par air chaud ou coin chauffant, la soudure difficile.
mais l’apport de chaleur peut se faire également par la méthode Sur le terrain, pour que la soudure soit fiable, il faut que la géo-
dite « de haute fréquence » (ou méthode « diélectrique ») : un membrane soit sèche et à une température supérieure à une tem-
champ électrique variable provoque des vibrations moléculaires pérature minimum (de l’ordre de 0 à 5 ºC). Si la température
qui causent un réchauffement entraı̂nant le ramollissement des sur- ambiante est inférieure à cette température minimum, il faut pré-
faces à souder. La méthode par haute fréquence ne tolère pas la chauffer la géomembrane en soufflant de l’air chaud avant d’effec-
poussière et ne peut se pratiquer qu’en usine ou atelier. tuer la soudure. On peut alors souder les géomembranes PVC à
l’aide de soudure thermique jusqu’à des températures ambiantes
 La marge de température pour effectuer la soudure (« fenêtre aussi basses que - 15 ºC, généralement en effectuant le préchauf-
de soudure » dans le jargon des installateurs) dépend de la fage et la soudure sous un abri mobile. Lorsque la température
méthode de soudure : 350-410  C dans le cas du coin chauffant et ambiante est inférieure à 10 ºC, il est déconseillé d’utiliser la sou-
450-520  C dans le cas de l’air chaud. Il faut noter que la tempéra- dure chimique qui est alors extrêmement lente ; il faut alors utiliser
ture de fusion du PVC plastifié est de l’ordre de 150-180  C. la soudure thermique. Il y a une autre limitation à la réalisation des

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GÉOMEMBRANES POLYMÉRIQUES THERMOPLASTIQUES ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

soudures à basse température : il est recommandé de ne pas mar- la pression au-dessus de la géomembrane, le poids de la géomem-
cher sur une géomembrane PVC typique si la température brane par unité de surface étant négligeable vis-à-vis des pres-
ambiante est inférieure à - 20 ºC car, à cette température, la géo- sions. Il est clair que le cas d’une géomembrane installée est diffé-
membrane PVC peut commencer à devenir fragile. Cependant, des rent du cas d’un morceau de géomembrane qui coule ou flotte
géomembranes PVC avec plastifiants de très haute qualité peuvent selon sa densité. Il ne faut pas oublier qu’un bateau en acier flotte
demeurer flexibles jusqu’à des températures plus basses (- 50 ºC). aussi bien qu’un bateau en bois, alors qu’un morceau d’acier coule
et un morceau de bois flotte.

1.5 Propriétés physiques Comme toutes les géomembranes polymériques, les géomem-
branes PVC ont une masse surfacique faible.
1.5.1 Étanchéité Pour les géomembranes PVC non renforcées :
– 1,2 à 1,3 kg/m2 pour une épaisseur de 1 mm ;
Les géomembranes PVC, comme toutes les géomembranes, ont
– 1,8 à 1,95 kg/m2 pour une épaisseur de 1,5 mm ;
une perméabilité aux liquides et aux gaz qui est quasi nulle lors-
– 2,4 à 2,6 kg/m2 pour une épaisseur de 2 mm.


qu’elles n’ont pas de trous. La migration de substances à l’échelle
moléculaire par diffusion à travers une géomembrane PVC est plus Pour les géomembranes PVC renforcées par renforcement
forte que dans le cas de géomembranes PEHD, mais elle est cepen- interne (y compris le scrim) :
dant très faible. Les seules substances qui pourraient migrer de
– 1,3 kg/m2 pour une épaisseur de 1 mm ;
façon significative par diffusion à travers les géomembranes PVC
– 1,9 kg/m2 pour une épaisseur de 1,5 mm.
sont des solvants organiques. Mais ces solvants attaqueraient la
géomembrane PVC chimiquement. Il s’agit donc d’une situation Les seules géomembranes PVC relativement lourdes sont certai-
qui n’existe pas dans la réalité car on n’utilise pas les géomembra- nes géomembranes PVC-Rnontissé.
nes PVC en présence de solvants organiques.
Par exemple :
1.5.2 Comportement thermique – 3,5 à 3,75 kg/m2 pour une géomembrane PVC de 2,5 mm
d’épaisseur accolée à un géotextile nontissé de 500 g/m2 ;
Les mesures de coefficient de dilatation thermique sont très – 4,3 à 4,6 kg/m2 pour une géomembrane PVC de 3 mm d’épais-
imprécises. On peut dire que le coefficient de dilatation thermique seur accolée à un géotextile nontissé de 700 g/m2.
des géomembranes PVC est environ deux à trois fois plus faible
que celui des géomembranes PEHD. Du fait de leur coefficient de À ces valeurs de masses surfaciques, il faut ajouter environ 7 %
dilatation thermique relativement faible, de leur frottement élevé pour tenir compte de la masse des soudures situées tous les 2 m
avec le sol et, surtout, de leur grande flexibilité, les géomembranes environ.
PVC non renforcées ne forment pas d’ondulations notables sur le
terrain (voir l’article [C 5 430], § 5.2). Quant aux géomembranes Il résulte des masses surfaciques faibles que les géomembranes
PVC renforcées par renforcement interne (scrim) en polyester, PVC (à l’exception de certaines géomembranes PVC-Rnontissé)
elles ont encore moins d’ondulations, car la présence de l’armature sont aisément soulevées par le vent. Les géomembranes PVC
polyester leur confère encore plus de stabilité dimensionnelle. étant très flexibles, leur soulèvement ne se traduit généralement
pas par un endommagement de la géomembrane, sauf en cas de
Les géomembranes PVC et PVC-Rscrim sont donc très faciles à vent très violent qui pourrait déchirer une géomembrane PVC non
installer. Cependant, si l’on installe une géomembrane PVC non renforcée.
renforcée lorsque la température ambiante est élevée, il faut veiller
à ne pas l’étirer excessivement, ce qui arrive souvent car les géo-
membranes PVC non renforcées s’allongent aisément du fait de 1.6 Propriétés mécaniques
leur faible module en traction. Si cela se produit, la géomembrane
peut alors subir des tensions excessives en se contractant lorsque
la température ambiante diminue.
1.6.1 Comportement en traction
Lorsqu’une géomembrane PVC ou PVC-Rscrim est placée sur Les géomembranes PVC (à l’exception de celles renforcées par
une couche minérale (argile compactée, géosynthétique bentoni- un scrim) résistent bien à de grandes déformations des matériaux
tique) pour former une étanchéité composite (voir l’article [C 5 430], en contact car leur courbe tension-allongement ne présente pas de
§ 3.3), le fait que cette géomembrane ne présente que des petites seuil d’écoulement (ce qui est la faiblesse des géomembranes
ondulations qui s’aplatissent sous le poids des matériaux sus- PEHD) et leur allongement à la rupture est élevé (de l’ordre de
jacents est favorable à l’établissement d’un contact intime entre la 300 % pour les géomembranes PVC non-renforcées, 50 à 80 %
géomembrane et le matériau sous-jacent et, donc, à la bonne per- pour les géomembranes à renforcement externe PVC-Rnontissé).
formance de l’étanchéité composite. Les géomembranes PVC-Rnontissé ont une courbe tension-allonge-
ment quasi-linéaire, ce qui leur confère un excellent comportement
Sur la base de l’analyse des paramètres qui régissent la forma- mécanique. Dans le cas des géomembranes PVC renforcées par un
tion des ondulations (voir l’Article [C 5 430], § 5.2), il est clair que scrim polyester, la rupture du scrim se produit pour un allonge-
du fait de leur raideur (qui résulte de la présence du nontissé) les ment d’environ 20 à 40 % selon le type de scrim (scrim usuel à
géomembranes PVC-Rnontissé doivent présenter des ondulations maille carrée ou scrim à insertion de trame) ; et même si l’essai de
plus hautes que celles des géomembranes PVC et PVC-Rscrim. traction peut se prolonger au-delà de cet allongement, il faut consi-
dérer que la géomembrane est hors d’usage dès que le scrim est
1.5.3 Masse volumique et surfacique rompu car la rupture du scrim entraı̂ne souvent la perte de l’étan-
Du fait de leur masse volumique (1 200 à 1 300 kg/m3, soit une chéité de la géomembrane. Dans le cas de renforcement par scrim
densité de 1,2 à 1,3), supérieure à celle de l’eau, l’installation des de verre ou voile de verre, l’allongement à la rupture est extrême-
géomembranes PVC peut se faire sous l’eau sans ballast. Il ne faut ment faible (1 à 3 %), au point qu’une telle géomembrane ne peut
pas en conclure que les géomembranes PVC, une fois installées, ne être utilisée que si l’allongement requis durant l’installation ou en
peuvent pas être soulevées par des sous-pressions de liquide ou de service est extrêmement faible.
gaz. En réalité, toutes les géomembranes, une fois installées, sont Du fait de leur grande extensibilité (capacité d’allongement), les
susceptibles d’être soulevées par des sous-pressions de liquide ou géomembranes PVC non renforcées et les géomembranes PVC ren-
gaz, la densité de la géomembrane ne jouant alors qu’un rôle très forcées par un nontissé (PVC-Rnontissé) ont un excellent comporte-
minime. En effet, le soulèvement d’une géomembrane installée ment aux raccordements avec les éléments rigides (ouvrages en
dépend de la différence entre la pression sous la géomembrane et béton, tuyaux) même en cas de tassement différentiel important.

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Géomembranes élastomériques
et bitumineuses
par Jean-Pierre GIROUD
Ingénieur ECP, Docteur ès Sciences
Membre US National Academy of Engineering
Past President International Geosynthetics Society
Ingénieur conseil, JP GIROUD, INC., USA
Avec la coopération de Nathalie TOUZE-FOLTZ
Directrice d’unité de recherche Irstea R
1. Géomembranes élastomériques................................................... C 5 437 – 2
1.1 Composition ....................................................................................... — 2
1.2 Terminologie....................................................................................... — 3
1.3 Production et dimensions .................................................................. — 3
1.4 Assemblage ........................................................................................ — 4
1.5 Propriétés physiques .......................................................................... — 5
1.6 Propriétés mécaniques ....................................................................... — 5
1.7 Résistance chimique .......................................................................... — 6
1.8 Durabilité ............................................................................................ — 6
1.9 Utilisation ........................................................................................... — 7
2. Géomembranes CSPE..................................................................... — 7
2.1 Composition ....................................................................................... — 7
2.2 Terminologie....................................................................................... — 7
2.3 Production et dimensions .................................................................. — 7
2.4 Assemblage ........................................................................................ — 8
2.5 Propriétés physiques .......................................................................... — 8
2.6 Propriétés mécaniques ....................................................................... — 9
2.7 Résistance chimique .......................................................................... — 10
2.8 Durabilité ............................................................................................ — 10
2.9 Utilisation ........................................................................................... — 10
3. Géomembranes bitumineuses ...................................................... — 10
3.1 Composition ....................................................................................... — 10
3.2 Terminologie....................................................................................... — 12
3.3 Production et dimensions .................................................................. — 12
3.4 Assemblage ........................................................................................ — 13
3.5 Propriétés physiques .......................................................................... — 13
3.6 Propriétés mécaniques ....................................................................... — 14
3.7 Résistance chimique .......................................................................... — 15
3.8 Durabilité ............................................................................................ — 15
3.9 Utilisation ........................................................................................... — 15
4. Conclusion........................................................................................ — 16
5. Glossaire ........................................................................................... — 16
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 5 437

C et article sur les géomembranes polymériques élastomériques et les géo-


membranes bitumineuses a pour but de familiariser le lecteur avec ces
matériaux relativement nouveaux. Les géomembranes sont des matériaux flexi-
bles étanches utilisés dans les ouvrages de génie civil, comme les réservoirs,
les barrages, les canaux, les ouvrages de stockage de déchets, les stockages de
résidus miniers et bien d’autres types d’ouvrages. Les géomembranes polymé-
riques élastomériques et les géomembranes bitumineuses, bien que moins uti-
lisées que les géomembranes thermoplastiques, ont des propriétés très intéres-
santes qui font que ces géomembranes sont souvent sélectionnées. Il est donc
important de bien les connaı̂tre pour pouvoir dialoguer avec les fournisseurs de
géomembranes, les laboratoires d’essais et les experts.
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQU

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GÉOMEMBRANES ÉLASTOMÉRIQUES ET BITUMINEUSES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Les géomembranes présentées dans cet article sont les suivantes : la géo-
membrane EPDM qui est purement élastomérique ; la géomembrane CSPE
qui a la particularité d’être thermoplastique lors qu’elle vient d’être produite,
mais qui devient progressivement élastomérique lorsqu’elle se vulcanise spon-
tanément ; et les géomembranes bitumineuses.
Pour chaque géomembrane, on indique sa composition, ses modes de pro-
duction et ses méthodes d’assemblage ; ensuite on donne des informations sur
ses principales propriétés, sa durabilité et son utilisation. Ces informations sont
présentées de façon simple pour que le lecteur puisse en bénéficier sans faire
appel à des connaissances avancées sur le comportement des matériaux. Il y a
intentionnellement des répétitions entre les textes relatifs aux différentes
géomembranes pour permettre au lecteur de ne lire que la section relative à la
R géomembrane qui l’intéresse. L’organisation du texte, identique pour chaque
type de géomembrane, facilite les comparaisons entre les différentes
géomembranes.
Les propriétés des géomembranes sont généralement présentées de façon
qualitative. Ceci permet au lecteur de mieux comprendre le comportement des
géomembranes qu’en consultant d’interminables tableaux de valeurs numéri-
ques qui ne sont utiles qu’au moment du dimensionnement des ouvrages.
La masse d’information présentée dans cet article est telle que des erreurs et
omissions sont inévitables. Les corrections et additions qui seront soumises à
l’auteur seront utilisées dans les mises à jour à venir.
Le lecteur trouvera en fin d’article une liste de termes techniques rencontrés
ici, à la fois sous la forme d’un glossaire et d’un tableau de sigles.

principale explique la résistance de l’EPDM à l’ozone et au rayonne-


1. Géomembranes ment UV. En effet, la détérioration d’une branche a beaucoup
élastomériques moins d’effet que la détérioration d’une chaı̂ne. Dans le cas du
butyle, les doubles liaisons sont dans la chaı̂ne principale (voir
§ 1.2).
Sans la vulcanisation les chaı̂nes se déplaceraient aisément les
Cet article fait partie d’une série de 5 articles dont voici les thé-
unes par rapport aux autres et le matériau aurait la consistance
matiques complémentaires à celui-ci :
d’un mastic.
– introduction aux géomembres [C 5 430] ;
– composition et production des géomembranes [C 5 435] ;
– géomembranes polymériques thermoplastiques [C 5 436] ; La vulcanisation est un procédé qui consiste à soumettre des
– comparaison entre géomembranes [C 5 438]. macromolécules, et certains agents chimiques (agents de vulca-
Dans ce chapitre, on traite essentiellement des géomembranes nisation, comme le soufre), à des conditions particulières de
EPDM. On mentionnera quelquefois la géomembrane butyle car, température et de pression en vue de créer des pontages entre
dans les années 1960-1980, cette géomembrane a été utilisée dans les chaı̂nes moléculaires en utilisant les liaisons disponibles sur
de nombreux ouvrages, dont certains sont encore en service. lesquelles se fixent les agents de vulcanisation.
L’explication de l’acronyme EPDM est complexe et elle sera fournie
plus loin (§ 1.2) et résumée dans le tableau du § 5.
Le matériau réticulé ainsi produit a des propriétés élastiques
(autrement dit, les chaı̂nes ne se déplacent pas librement et le
1.1 Composition matériau retrouve sa forme initiale après déformation). Contraire-
ment aux polymères thermoplastiques, un élastomère ne flue pra-
Les élastomères utilisés dans les géomembranes butyle et EPDM tiquement pas (autrement dit, ne s’allonge pratiquement pas en
sont obtenus par vulcanisation de polymères. Ceci est possible fonction du temps lorsqu’il est soumis à une force de traction cons-
avec des polymères dont les macromolécules comprennent des tante) et ne se ramollit pas de façon importante sous l’effet de la
sites insaturés, c’est-à-dire des liaisons non utilisées dans la forma- température.
tion du polymère. C’est ce qui se produit lorsqu’il existe des dou- L’EPDM est un terpolymère, c’est-à-dire un copolymère formé à
bles liaisons entre atomes de carbone. Dans le cas de l’EPDM, les partir de trois monomères :
doubles liaisons nécessaires à la vulcanisation ne se trouvent pas
dans la chaı̂ne moléculaire principale (qui est saturée), mais se – éthylène (45 à 80 %) ;
trouvent latéralement dans des branches apportées par le diène. – diène (2 à 15 %) ;
Le fait que les doubles liaisons ne se trouvent pas dans la chaı̂ne – propylène (pourcentage complémentaire).

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– GÉOMEMBRANES ÉLASTOMÉRIQUES ET BITUMINEUSES

L’EPDM a une très légère cristallinité : environ 1 % pour l’EPDM veut dire : « éthylène propylène diène constitué de chaı̂nes carbo-
utilisé dans les géomembranes. Le degré exact de cristallinité nées saturées ».
dépend de la proportion éthylène/propylène. La proportion éthy-
lène/propylène est un paramètre important car une cristallinité & Caoutchouc butyle
trop faible se traduirait par des propriétés mécaniques insuffisantes
Le caoutchouc butyle (en abrégé : butyle) est un copolymère
(entraı̂nant notamment des difficultés de production) et une cristal-
d’isobutylène (98 %) et d’isoprène (2 %). Compte tenu de la faible
linité trop élevée se traduirait par un certain rejet de l’huile paraffi-
nique qui joue un rôle important dans le composé étanche des géo- quantité d’isoprène, le butyle est quelquefois considéré comme un
membranes EPDM, comme cela est indiqué ci-dessous. polyisobutylène. Cependant, on ne peut pas ignorer le polyiso-
prène car il joue un rôle essentiel dans le butyle. En effet, le polyi-
La composition typique du composé étanche d’une géomem- sobutylène ne possède pas de double liaison et, par conséquent,
brane EPDM (autrement dit, la composition d’une géomembrane ne peut pas être vulcanisé. La vulcanisation se fait sur le polyiso-
EPDM non renforcée) est la suivante : prène qui possède des doubles liaisons.
– de 25 à 30 % EPDM ; Mais la vulcanisation n’utilise pas toutes les doubles liaisons.


– de 25 à 40 % de noir de carbone (et, quelquefois, des fillers) ; Quelques doubles liaisons restent disponibles et elles ont tendance
– de 15 à 20 % d’huile minérale paraffinique ; à fixer des molécules d’ozone qui se trouvent dans l’atmosphère,
– de 15 à 20 % d’agents vulcanisants et d’autres additifs. ce qui entraı̂ne le vieillissement du butyle.
L’huile est utilisée pour faciliter le mélange des divers consti-
tuants lors de la production et elle contribue à la flexibilité de la & Caoutchouc naturel
géomembrane EPDM. Cette huile joue, dans une certaine mesure, Le caoutchouc naturel (polyisoprène) se vulcanise très bien car il
un rôle similaire à celui du plastifiant dans les géomembranes possède des doubles liaisons ; mais il en possède trop et vieillit
PVC, en remarquant toutefois que l’EPDM possède naturellement rapidement. D’où le concept du caoutchouc synthétique qui pos-
une certaine flexibilité alors que le PVC est naturellement rigide. sède (autant que faire se peut) juste le nombre de double liaisons
L’huile paraffinique des géomembranes EPDM a, semble-t-il, nécessaires à la vulcanisation (c’est à peu près le cas du butyle) ou,
moins tendance à migrer hors de la géomembrane que certains mieux, le concept du caoutchouc synthétique qui possède des dou-
plastifiants des géomembranes PVC. bles liaisons pour la vulcanisation en dehors de la chaı̂ne principale
On peut se demander pourquoi l’huile paraffinique serait stable (c’est le cas de l’EPDM), ce qui maintient l’intégrité de la chaı̂ne
dans les géomembranes EPDM, alors que les plastifiants ont sou- principale en cas de vieillissement.
vent tendance à migrer hors des géomembranes PVC. L’huile paraf-
finique utilisée est très peu volatile du fait de la grandeur de ses
molécules et de son affinité pour l’EPDM. Elle ne commence à 1.3 Production et dimensions
migrer hors de la géomembrane qu’au-delà de 300 ºC. La structure
fortement réticulée de l’EPDM vulcanisé et la faible cristallinité de
1.3.1 Production
l’EPDM utilisé dans les géomembranes sont favorables à la réten-
tion de l’huile, alors que la cristallinité plus élevée du PVC (5 à Les géomembranes EPDM sont disponibles, renforcées ou non.
10 %) serait défavorable. L’huile paraffinique n’est pas compatible C’était également le cas des géomembranes butyle dans les années
avec le PVC et l’on doit utiliser dans les géomembranes PVC des 1960-1970.
plastifiants qui sont souvent volatils.
& Géomembranes EPDM non renforcées
Il faut cependant noter qu’on a observé des rétrécissements de
membranes EPDM lors de tests dans les années 1960 et dans Les géomembranes EPDM non renforcées sont produites par
des toitures au cours des années 1990. Certains de ces rétrécis- calandrage (voir l’article [C 5 435] § 2.1.2) et sont souvent consti-
sements ont été attribués à des pertes d’huiles trop volatiles. tuées de deux couches jointes par vulcanisation. Ainsi, pour pro-
Le rétrécissement de géomembranes EPDM dû à une perte duire une géomembrane EPDM de 1,5 mm d’épaisseur, on produit
d’huile est un phénomène analogue à celui du rétrécissement d’abord 2 couches non vulcanisées de 0,75 mm d’épaisseur que
de géomembranes PVC dû à une perte de plastifiants. l’on joint par vulcanisation. Il en résulte que de petits défauts de
Depuis les années 1990, des progrès ont été faits dans la stabi- production sur l’une des deux couches n’ont pas d’impact sur
lité des huiles et les huiles paraffiniques modernes sont l’intégrité de la géomembrane. Les deux couches étant intimement
stables. jointes par vulcanisation, leur séparation par délaminage n’est pas
probable en supposant que la vulcanisation est réalisée de façon
adéquate.
La masse volumique de l’EPDM est de 940 kg/m3 et celle du com-
posé étanche est de 1 150 à 1 200 kg/m3avec les additifs habituels Il existe des géomembranes EPDM non renforcées, d’épaisseur 1
utilisés dans les géomembranes EPDM. La masse volumique du à 2 mm, avec une mince couche thermoplastique (0,15 mm), par
butyle avec les additifs habituellement utilisés à l’époque (années exemple polyéthylène, laminée sur chaque face de la géomem-
1970) est de 1 200 kg/m3. brane sur une largeur de l’ordre de 5 à 10 cm au bord du lé. Cette
géomembrane tricouche vers les bords, et monocouche en partie
courante, peut se souder thermiquement (voir § 1.4).
1.2 Terminologie
& Géomembranes EPDM renforcées
& EPDM
Les géomembranes EPDM renforcées (EPDM-R) sont constituées
L’EPDM étant un terpolymère, il serait correct de l’appeler « éthy- d’une grille tissée polyester légère (« scrim ») (typiquement de 80 à
lène propylène diène terpolymère ». Cependant, à l’origine, en 100 g/m2) entre deux couches d’EPDM. Les géomembranes EPDM
1963, la terminologie « éthylène propylène diène monomère » a renforcées sont produites par co-laminage. Au moment du co-lami-
été utilisée, d’où l’acronyme EPDM qui est resté. nage, les deux couches EPDM ne sont pas vulcanisées. La vulcani-
Une autre raison pour le « M » est que, selon la terminologie de sation, qui se fait en autoclave après le co-laminage, assure une
l’ASTM D1418, la dernière lettre d’une famille de caoutchouc ou liaison intime entre les deux couches d’EPDM à travers les ouvertu-
latex désigne la composition chimique de la chaı̂ne polymérique. res de la grille (voir l’article [C 5 435] § 1.2.2). Le risque de sépara-
Le « M » désigne un caoutchouc constitué de chaı̂nes carbonées tion des couches d’une géomembrane EPDM-R par délaminage est
saturées. Autrement dit, selon la terminologie de l’ASTM, EPDM donc faible, sauf en cas d’erreur de production.

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GÉOMEMBRANES ÉLASTOMÉRIQUES ET BITUMINEUSES –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1.3.2 Dimensions EPDM-R sont donc assemblées en atelier en utilisant le même


mode d’assemblage que celui utilisé sur le terrain pour une géo-
Les épaisseurs disponibles sont typiquement de 1 mm, 1,1 mm membrane vulcanisée. On pourrait envisager de faire du pré-
(ou 1,2 mm), 1,5 mm et 2,3 mm, aussi bien pour les géomembra- assemblage de géomembrane EPDM renforcées avant vulcanisa-
nes EPDM renforcées (EPDM-R), que non-renforcées. Dans le cas tion, mais cela ne se fait pas pour des raisons pratiques.
des géomembranes EPDM-R, l’épaisseur de chacune des 2 couches
de composé étanche est typiquement la suivante : Les nappes EPDM livrées sur le terrain, qu’elles soient renforcées
ou non, sont vulcanisées. L’EPDM vulcanisé n’est pas thermoplas-
– 0,4 mm pour une épaisseur de géomembrane de 0,9 mm ; tique. Par conséquent les nappes EPDM et EPDM-R ne peuvent
– 0,5 mm pour une épaisseur de géomembrane de 1,1 mm ; pas être assemblées par soudure thermique sur le terrain.
– 0,65 mm pour une épaisseur de géomembrane de 1,5 mm ;
– 1,1 mm pour une épaisseur de géomembrane de 2,3 mm. & Méthode générale d’assemblage de nappes EPDM ou EPDM-R
La largeur des lés de géomembranes EPDM et EPDM-R produits L’assemblage sur le terrain de deux nappes EPDM ou EPDM-R se
par calandrage est typiquement de 3 m. Pour calculer le nombre de fait généralement à l’aide d’une méthode impliquant :


lés nécessaires (dans le cas de l’assemblage classique par chevau- – un « primaire » que l’on applique sur les deux parties à joindre ;
chement), il faut retrancher environ 150 mm à la largeur de chaque – une bande d’apport de butyle vulcanisé.
lé pour le chevauchement nécessaire à la réalisation des soudures
(la bande d’apport a une largeur de 76 mm et le chevauchement Le primaire est constitué de liquide volatil (solvant) contenant
mesure pratiquement le double). 15 % de particules d’EPDM. La fonction du primaire est de « prépa-
rer » la surface de la géomembrane (nettoyage et « ouverture » des
pores) et de déposer les particules d’EPDM qui vont assurer la jonc-
1.4 Assemblage tion entre la géomembrane et la bande d’apport. Il y a deux façons
& Soudure thermique de certaines géomembranes EPDM d’appliquer cette méthode :
– la procédure classique par chevauchement ;
Dans le cas des géomembranes EPDM comprenant une mince
– la procédure par couvre-joint.
couche thermoplastique (0,15 mm), par exemple polyéthylène, sur
chacune de ses deux faces en bord de lé sur une largeur de l’ordre  La procédure classique par chevauchement se déroule ainsi :
de 5 à 10 cm, il est possible d’effectuer une soudure thermique,
– les deux géomembranes à assembler se chevauchent de 15 cm
comme dans le cas des géomembranes thermoplastiques (PVC,
environ ;
PE, PP). Ce mode de soudure thermique se pratique en atelier
pour réaliser des nappes et se pratique également sur le terrain. – le primaire est appliqué sur les deux parties à assembler (c’est-
On utilise une soufflante d’air chaud avec application de pression à-dire la face inférieure de la géomembrane supérieure et la face
(« marouflage ») à l’aide d’un petit rouleau (« roulette ») tenu à la supérieure de la géomembrane inférieure) ;
main et opéré dans le sens perpendiculaire à la direction générale – une bande de 76 mm de large en butyle vulcanisé, adhésive sur
de la soudure. Des essais systématiques ont montré que l’adhésion ses deux faces, est introduite entre les deux parties à joindre ;
entre la couche thermoplastique et le reste de la géomembrane – une pression est appliquée par marouflage à l’aide d’un petit
EPDM est adéquate. rouleau (« roulette ») tenu à la main et opéré dans le sens perpen-
diculaire à la direction générale de l’assemblage.
Ce qui suit dans le § 1.4 concerne les géomembranes EPDM qui
ne comprennent pas de couche thermoplastique en bord de lé.  La procédure par couvre-joint se déroule ainsi :
& Réalisation de nappes préfabriquées – les deux géomembranes à assembler se chevauchent de 10 cm
environ ;
Une particularité intéressante des géomembranes EPDM non – le primaire est appliqué sur les deux parties à assembler (c’est-
renforcées est la possibilité de joindre en usine par simple à-dire la face supérieure de chaque géomembrane), environ 75 mm
recouvrement latéral des lés d’EPDM non vulcanisé. Les nap- de part et d’autre du bord de la géomembrane supérieure ;
pes ainsi formées (près de 2 000 m2, par exemple 15 x 125 m) – une bande de 150 mm de large est placée de manière à chevau-
sont ensuite vulcanisées dans de grands autoclaves. Les joints cher le bord de la géomembrane supérieure (cette bande est bicou-
ainsi réalisés font partie intégrante de la géomembrane et ne che, la couche inférieure adhésive étant en butyle vulcanisé, la cou-
constituent pas un point faible. Ces joints se traduisent simple- che supérieure étant en EPDM vulcanisé) ;
ment par une surépaisseur localisée de la géomembrane et ne – une pression est appliquée par marouflage à l’aide d’un petit
doivent pas être considérés comme une soudure. rouleau (« roulette ») tenu à la main et opéré dans le sens perpen-
diculaire à la direction générale de l’assemblage.
Les nappes de géomembrane EPDM non renforcées ainsi réali- Cette procédure par couvre-joint est utilisée aux États-Unis, mais
sées sont tellement lourdes qu’elles ne peuvent être manipulées n’est pas autorisée en Europe. La bande couvre-joint n’est utilisée
sur le terrain que par des engins de levage appropriés. Lorsque de en Europe que pour des réparations, pour des protections, pour
tels engins ne sont pas disponibles, on coupe les nappes à la sortie recouvrir des scrims apparents, etc.
de l’autoclave en 2, 3 ou 4 (selon l’épaisseur de la géomembrane)
& Commentaires sur les deux procédures
pour obtenir des nappes dont la masse est inférieure à 1 400 kg
environ. Ces procédures présentent l’avantage de ne pas nécessiter de
machine et de source d’énergie. Elles présentent les inconvénients
Exemple suivants :
 Avec une géomembrane EPDM non renforcée de 1 mm d’épais-
seur, ayant une masse surfacique de 1,15 kg/m2, la dimension maxi- – ces procédures sont lentes comparées à la soudure thermique
male pratique des nappes est de 1 200 m2 environ. par machine utilisée pour les géomembranes thermoplastiques ;
– il faut attendre un certain temps (une heure ou plus) pour que
 Dans le cas d’une géomembrane EDPM-R de 1,5 mm d’épais- l’assemblage ainsi réalisé atteigne sa résistance maximale ;
seur, ayant une masse surfacique de 1,6 kg/m2, la dimension maxi- – la résistance au pelage de ces assemblages est faible, ce qui est
male pratique des nappes est de 900 m2 environ. un inconvénient dans les rares cas d’assemblages soumis à de for-
tes sollicitations en pelage ;
Le mode d’assemblage par vulcanisation en usine décrit ci-des- – ces assemblages ont le défaut de ne pas être des doubles sou-
sus n’est pas possible pour les géomembranes EPDM-R dont les dures, autrement dit, ils ne contiennent pas un espace (« canal »)
lés sont déjà vulcanisés (voir § 1.3). Les nappes de géomembrane qui permette de vérifier leur intégrité par une pression d’air

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Comparaison des géomembranes


par Jean-Pierre GIROUD
Ingénieur ECP, Docteur ès Sciences
Membre US National Academy of Engineering
Past President International Geosynthetics Society
Ingénieur conseil JP GIROUD, INC., USA
Avec la coopération de Nathalie TOUZE-FOLTZ
Directrice d’unité de recherche Irstea


1. Classification des géomembranes............................................... C 5 438 – 2
1.1 Classification des géomembranes par leur géométrie
ou constitution ................................................................................... — 2
1.2 Classification des géomembranes polymériques ............................. — 4
2. Composition..................................................................................... — 4
3. Dimensions....................................................................................... — 6
3.1 Épaisseur ............................................................................................ — 6
3.2 Dimensions en plan ........................................................................... — 6
4. Assemblage ...................................................................................... — 6
5. Propriétés physiques ...................................................................... — 8
5.1 Étanchéité ........................................................................................... — 8
5.1.1 Fuites de liquide par des trous ............................................... — 8
5.1.2 Migration de liquide par diffusion .......................................... — 8
5.2 Comportement thermique .................................................................. — 9
5.3 Densité et masse surfacique .............................................................. — 9
5.3.1 Densité ..................................................................................... — 9
5.3.2 Masse surfacique ..................................................................... — 9
6. Propriétés mécaniques .................................................................. — 9
6.1 Comportement en traction ................................................................. — 9
6.2 Résistance aux actions concentrées .................................................. — 10
6.3 Effet de la température sur les propriétés mécaniques .................... — 10
6.4 Frottement .......................................................................................... — 11
7. Résistance chimique des géomembranes .................................. — 11
8. Durabilité .......................................................................................... — 12
9. Utilisation ......................................................................................... — 13
10. Conclusion........................................................................................ — 14
11. Glossaire ........................................................................................... — 14
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 5 438

es géomembranes sont des matériaux flexibles étanches utilisés dans les


L ouvrages de génie civil, comme les réservoirs, les barrages, les canaux,
les ouvrages de stockage de déchets, les stockages de résidus miniers et bien
d’autres types d’ouvrages. Aujourd’hui, on ne peut plus envisager la construc-
tion d’une étanchéité en génie civil sans au moins considérer la possibilité d’uti-
liser une géomembrane. Il est donc important de bien connaı̂tre les géomem-
branes. Cet article sur la comparaison des géomembranes doit permettre aux
ingénieurs de pouvoir dialoguer avec les fournisseurs de géomembranes, les
laboratoires d’essais et les experts.
Cet article présente une comparaison des principales géomembranes actuel-
lement utilisées : les géomembranes thermoplastiques (PVC, polyéthylène
haute densité, polyéthylène base densité linéaire et polypropylène), les
p。イオエゥッョ@Z@。ッエ@RPQU

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COMPARAISON DES GÉOMEMBRANES ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

géomembranes élastomériques (EPDM et CSPE) et les géomembranes bitumi-


neuses. La comparaison porte sur les points suivants :
– composition ;
– dimensions ;
– assemblage ;
– propriétés physiques ;
– propriétés mécaniques ;
– résistance chimique ;
– durabilité ;
– utilisation.
Les comparaisons sont présentées de façon simple pour que le lecteur puisse


en bénéficier sans faire appel à des connaissances avancées sur le comporte-
ment des matériaux. Quelques comparaisons sont présentées sous forme de
tableaux, mais l’essentiel des comparaisons est présenté sous forme narrative,
ce qui est plus facile à comprendre que de déchiffrer d’interminables tableaux
de valeurs numériques.
Les comparaisons sont présentées de façon très brève. Pour plus de détails, le
lecteur pourra se reporter aux quatre articles qui précèdent celui-ci :
– introduction aux géomembranes [C 5 430] ;
– composition et production des géomembranes [C 5 435] ;
– géomembranes polymériques thermoplastiques [C 5 436] ;
– géomembranes élastomériques et bitumineuses [C 5 437].
Ce texte a été revu par des représentants de l’industrie des géomembranes.
Cependant des erreurs et omissions sont possibles, d’autant que la technologie
évolue rapidement. Les corrections et additions qui seront soumises à l’auteur
seront utilisées dans les mises à jour à venir.
Le lecteur trouvera par ailleurs en fin d’article une liste de termes techniques
rencontrés ici, à la fois sous la forme d’un glossaire et d’un tableau de sigles.

seule couche de composé étanche et « multicouche » pour une géo-


1. Classification membrane constituée de plusieurs couches. On indique également
des géomembranes la composition des couches (par exemple : une géomembrane tri-
couche PEHD/PEBDL/PEHD).

Une classification des géomembranes selon leur mode de pro- Si toutes les couches sont faites du même matériau, on dit
duction et leur constitution est présentée dans le tableau 1. Les que la géomembrane est « homogène ».
géomembranes polymériques sont les plus utilisées.
Si les couches ne sont pas toutes faites du même matériau, la
Nota : (*) EIA est une variété de PVC plastifié par un polymère.
géomembrane est dite « hétérogène ».
Une classification des géomembranes polymériques est présen-
tée dans le tableau 2.
& Troisième critère
1.1 Classification des géomembranes Le troisième critère est la coupe transversale de la géomembrane
avec la position et l’épaisseur des diverses couches et, éventuelle-
par leur géométrie ou constitution ment, la position du (ou des) renforcement(s).
Les géomembranes peuvent être classées par leur géométrie ou
constitution selon les critères suivants (tableau 1). Remarque
& Premier critère Le terme « pli » et ses dérivés « monopli » et « multipli » sont
quelquefois utilisés dans des documents en langue française. Il
Le premier critère est la présence, ou non, de renforcement qui s’agit d’un emploi malencontreux provenant d’une traduction
permet de distinguer les géomembranes renforcées des géomem- incorrecte du mot anglais « ply » qui veut précisément dire
branes non renforcées. On peut également indiquer la position du « couche ». Le mot anglais ne veut absolument pas dire
renforcement : interne ou externe. « pli ». Cette erreur est d’autant plus regrettable que l’on ne
& Deuxième critère veut surtout pas de plis dans les géomembranes. L’emploi du
mot « pli » et de ses dérivés dans la classification présentée
Le deuxième critère est le nombre de couches. On utilise les ter- dans le tableau 1 est donc fortement déconseillé.
mes « monocouche » pour une géomembrane constituée d’une

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– COMPARAISON DES GÉOMEMBRANES

Tableau 1 – Classification des géomembranes par leur géométrie ou constitution (Crédit J.P. Giroud)

Renforcée ou non Manufacture Constitution Coupe transversale Exemples

Co-extrudée Monocouche PVC, PEHD, PEBDL, PP,


ou Calandrée (donc homogène) EPDM

Co-extrudée Multicouche
PVC, EPDM
ou Calandrée homogène

Non renforcée
PVC, PEHD avec couches de

couleurs différentes

Co-extrudée
Multicouche
ou Calandrée
hétérogène
ou Co-laminée
PEBDL entre deux PEHD ou
Couches PVC différentes

EIA (*)

Bitumineuse sans voile de


Monocouche verre
Imprégnée-enduite
renforcée interne

Bitumineuse avec voile de


verre

Renforcée
Monocouche
Co-laminée renforcée externe PVC-Rnontissé
(« supportée »)

PVC-R, PP-R, EPDM-R,


CSPE-R
Multicouche
Co-laminée
renforcée interne
CPSE-R

Légende

Couche de composé étanche

Renforcement nontissé
Renforcement tissé
Renforcement grille (scrim)
Renforcement voile de verre

(*) EIA est une variété de PVC plastifié par un polymère

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COMPARAISON DES GÉOMEMBRANES ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

1.2 Classification des géomembranes & Les géomembranes PE (PEHD, PEBDL) et PP contiennent plus de
96 % de composé étanche. Autrement dit, elles contiennent peu
polymériques d’additifs. Les autres géomembranes contiennent plus d’additifs :
Les géomembranes polymériques sont, soit thermoplastiques, – 20 à 35 % dans les géomembranes bitumineuses ;
soit élastomériques. On peut également classer les géomembranes – 35 à 50 % dans les géomembranes PVC ;
polymériques selon leur cristallinité. Le degré de cristallinité repré- – 45 à 55 % dans les géomembranes CSPE ;
sente le pourcentage en volume des zones cristallines dans un – 70 à 75 % dans les géomembranes EPDM.
polymère. Le degré de cristallinité a une influence considérable
sur certaines propriétés des géomembranes. & Il y a une différence entre dénomination et composition dans le
cas de certaines géomembranes. Ainsi, les géomembranes PEHD
Le tableau 2 présente une classification des géomembranes
(HD voulant dire « Haute densité ») sont faites avec du PEMD (MD
selon leur cristallinité et selon qu’elles sont thermoplastiques ou
voulant dire « Moyenne Densité »). Dans le cas des géomembranes
élastomériques. Ce tableau montre également la relation qui existe
PP, le composé étanche n’est pas du polypropylène : le composé
entre la classification des géomembranes polymériques et leur


étanche est un copolymère de polypropylène et éthylène-propylène
mode d’assemblage.
avec seulement 20 % de polypropylène.

& Les géomembranes PE ne contiennent que 2 % de noir de car-


bone. Une concentration élevée de noir de carbone pourrait être
2. Composition nuisible à la résistance mécanique des géomembranes PE. Au
contraire, les géomembranes élastomériques (EPDM, CSPE)
contiennent une grande quantité de noir de carbone (5 à 10 %
dans les géomembranes CSPE et 25 à 40 % dans les géomembra-
Du point de vue de la composition (tableau 3), les principaux nes EPDM), ce qui abaisse leur coût tout en augmentant leur résis-
points de comparaison entre les géomembranes sont les suivants. tance mécanique et leur résistance au rayonnement UV. Les géo-
membranes bitumineuses ne contiennent pas de noir de carbone
& Les différentes géomembranes polymériques ont des degrés de (leur couleur vient du bitume).
cristallinité différents. Le degré de cristallinité est le pourcentage en
volume des zones cristallines dans un polymère. & Dans les géomembranes à surface blanche, le noir de carbone
est remplacé dans la couche blanche par de l’oxyde de titane. Les
Par exemple : géomembranes de couleur gris clair contiennent beaucoup plus
– 55 % pour le PEMD utilisé dans les géomembranes PEHD ; d’oxyde de titane que de noir de carbone.
– 15 à 45 % pour le PEBDL ;
– 5 % pour le copolymère utilisé dans les géomembranes PP ; & Les géomembranes PVC contiennent approximativement un
– 1 % pour l’EPDM ; tiers de plastifiants. Certaines géomembranes PVC de basse qualité
– environ 5 à 10 % pour le PVC utilisé dans les géomembranes contiennent des plastifiants volatils qui migrent progressivement
PVC (où l’effet de la cristallinité du PVC est atténué par les plasti- hors de la géomembrane. En revanche les géomembranes PVC, uti-
fiants). lisées dans les grands barrages et autres ouvrages hydrauliques,
contiennent des plastifiants très stables. Les géomembranes
Ces valeurs sont typiques des composés étanches utilisés dans EPDM contiennent de l’huile paraffinique qui contribue à leur flexi-
les géomembranes. On trouverait des valeurs différentes (souvent bilité. La formulation actuelle de cette huile est telle qu’elle a peu
plus élevées) pour les mêmes polymères utilisés dans des applica- tendance à migrer hors de la géomembrane. Les autres géomem-
tions différentes. Le degré de cristallinité a un effet considérable sur branes ne contiennent pas de plastifiants ou autres additifs
certaines propriétés des géomembranes (figure 1). assouplissants.

Tableau 2 – Classification des géomembranes polymériques (Crédit J.P. Giroud)


Cristallinité Plasticité/Élasticité Dénomination Mode d’assemblage

• Polyéthylène haute densité (PEHD) (1)


Cristallinité haute • Polyéthylène moyenne densité (PEMD)
Thermique (2)
ou moyenne • Polyéthylène basse densité linéaire (PEBDL)
Thermoplastique • Polypropylène (PP)

Cristallinité contrebalancée
Chlorure de polyvinyle (PVC) Thermique ou chimique
par plastifiants

AVANT EXPOSITION
Thermoplastique
Thermique ou chimique
devenant élastomérique
Polyéthylène chlorosulfoné (CSPE)
après exposition
Cristallinité nulle APRÈS EXPOSITION
sur le terrain
ou très basse Par bande adhésive

Par vulcanisation
Élastomérique Éthylène Propylène Diène Terpolymère (EPDM) (3)
ou bande adhésive
(1) Les géomembranes PEHD sont en fait fabriquées avec du PEMD. Le polymère PEHD n’est plus utilisé aujourd’hui dans les géomembranes PEHD. Mais l’ap-
pellation PEHD a été conservée.
(2) Les polymères thermoplastiques cristallins ont une résistance chimique élevée qui leur interdit de réagir avec les solvants utilisés pour les soudures chimi-
ques (voir la figure 1 pour l’influence de la cristallinité sur les propriétés des géomembranes ; et voir le tableau 4 pour les méthodes d’assemblage.).
(3) L’appellation initiale était Éthylène Propylène Diène Monomère, d’où l’acronyme. Le M final indique aussi une chaı̂ne saturée selon la nomenclature ASTM.

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