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ANALYSE DE LA LIQUÉFACTION SISMIQUE 
• MECANISMES DE DECLENCHEMENT D’UNE LIQUEFACTION
• SUSCEPTIBILITE DES SOLS A LA LIQUEFACTION
• ASPECTS DE LA LIQUEFACTION
• AMELIORATION DES SOLS LIQUEFIABLES
• APPLICATION AUX BARRAGES
• METHODES D’ANALYSE DU POTENTIEL DE LIQUEFACTION

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1. Mécanismes de déclenchement d’une 
liquéfaction sismique
Enseignements des essais de laboratoire

• L’état de densité initiale des sols pulvérulents est un paramètre clef

• Essais triaxiaux monotones sur des échantillons sableux saturés 
à différentes densités:

Les essais ont mené à d’importants résultats.

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Schéma typique de l’essai de compression triaxiale

σ1

σ3

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Principaux résultats (Essais drainés) 

‰Le matériau sableux initialement lâche
est caractérisé par une courbe monotone  
tendant vers une asymptote horizontale 
caractérisant les grands déplacements.

‰ La courbe de chargement d’un matériau 
très dense est caractérisée par un pic de 
résistance suivi d’une asymptote horizontale.

‰ quelle que soit la densité initiale du 
matériau sableux, la rupture du matériau 
sous charges statiques monotones se 
manifeste au même niveau de déviateur de contraintes.

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Principaux résultats (essais drainés)

• Un matériau initialement lâche a tendance à se contracter (diminution de volume 


sous des contraintes de cisaillement induites par la sollicitation triaxiale). 
Interprétation : Enchevêtrement des grains        Contact intergranulaire stable,

• Un matériau initialement dense
a plutôt tendance à se dilater
(augmentation de volume), ce qui est dû 
à un désenchevêtrement des grains et 
donc à un contact intergranulaire instable.

• La rupture se manifeste à volume constant
quelle que soit la densité initiale.

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Principaux résultats (essais non drainés)
• Le volume de l’échantillon est pratiquement 
constant et la déformation volumique εv, 
traduisant la variation relative du volume,
est nulle,

• En contrepartie, une surpression 
interstitielle Δu est générée, ce qui se 
traduit par une chute des contraintes 
effectives.

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Comportement du sable initialement lâche ou dense en conditions drainée et non 
drainée, selon Casagrande

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Notion de liquéfaction
‰ La liquéfaction sismique correspond à un chargement cyclique 
alterné tellement rapide que l’eau interstitielle n’a pas la possibilité 
de se drainer. Il s’agit en fait d’une sollicitation non drainée sans
variation de volume, ce qui se traduit en contrepartie par 
une génération des pressions interstitielles. 
‰ Massif pulvérulent lâche: la tendance à la contractance est 
compensée par une augmentation des pressions interstitielles, 
au détriment d’une diminution des contraintes effectives.
‰ La résistance au cisaillement τl d’un sol pulvérulent est 
formulée selon le critère de Mohr‐Coulomb par :

τl = (σ‐u)tgϕ’= σ’tgϕ’ 

Au fil des cycles, le cumul de pression interstitielle se traduit par 
une diminution de la résistance au cisaillement, 
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Après un nombre critique Nl de cycles, la contrainte effective 
s’annule et la résistance au cisaillement s’annule aussi,
amorçant un comportement équivalent à celui d’un liquide, 
ne résistant pas aux contraintes de cisaillement :

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Schématisation simplifiée de la liquéfaction

(a): Empilement de sphères identiques, saturé d’eau, sous forme d’un assemblage
cubique correspondant à la densité minimale.
Le contact intergranulaire contribue à la résistance au cisaillement et donc à la capacité
de supporter des surcharges verticales en surface (capacité portante).
(b) : Lors d’une sollicitation sismique, les vibrations transmises se traduisent par
une perte de contact intergranulaire, ce qui implique une perte de la résistance
au cisaillement et un transfert des surcharges, préalablement reprises par le forces
intergranulaires, à l’eau, et l’empilement se comporte comme un liquide.

(c) : Après stabilisation du phénomène, le contact intergranulaire est établi,


suite à l’expulsion de l’eau, ce qui se traduit par un tassement en surface de
l’empilement.
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En cas d’un sol réel….
Le comportement réel est beaucoup plus complexe, avec :

- un assemblage irrégulier,

- une granulométrie non uniforme des particules,

- des contacts intergranulaires qui ne se perdent pas simultanément.

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Liquéfaction artificielle causée par impact d’un sol sableux de faible densité
(Séquence vidéo)
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Liquéfaction artificielle causée par impact d’un sol sableux très dense
(Séquence vidéo) 13
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Liquéfaction artificielle causée par vibration d’un sol sableux de faible densité
(Séquence vidéo)
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2. SUSCEPTIBILITE DES SOLS A LA LIQUEFACTION

Les sols susceptibles à la liquéfaction sismique sont en général de nature


pulvérulente (sable, gravier, sable limoneux, sable argileux, etc) de faible densité
et complètement saturés.
Outre cette définition générale, on dispose de critères empiriques d’identification
des sols liquéfiables dont les principaux sont :

‰ l’origine et l’âge géologique du site, 

‰ la teneur en particules fines, 

‰ l’indice de plasticité de la partie fine du sol, 

‰ la saturation par l’eau interstitielle, 

‰ la profondeur du matériau, 

‰ la résistance à la pénétration. 
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Origine et l’âge géologique du site

Le risque de liquéfaction diminue lorsque l’âge de dépôt du sol 
pulvérulent augmente. Les dépôts issus du pré‐pléistocène ou du 
pléistocène ne sont en général pas liquéfiables.
Ce sont les dépôts récents, âgés de moins de 5 siècles, qui sont les 
plus prédisposés à la liquéfaction, tous matériaux étant confondus.

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Tableau 9.1. Susceptibilité des dépôts sédimentaires à la liquéfaction 
(TG : très grande, G : grande, M : moyenne, F : faible, TF : très faible)
Type de Probabilité de liquéfaction sismique du dépôt
Dépôt sédimentaire pulvérulent saturé

Age géologique <500 ans Holocène Pléistocène Pré-Pléistocène

Dépôts continentaux
Canal de rivière TG G F TF
Plaine d’inondation G M F TF
Delta G M F TF
Dépôt lacustre G M F TF
Colluvion G M F TF
Dunes G M F TF
Loess G G G Inconnue
Tuff F F TF TF
Sols résiduels F F TF TF
Sebkha G M F TF
Zone côtière
Delta TG G F TF
Estuaire G M F TF
Plage à haute M F TF TF
énergie de vagues

Plage à faible G M F TF
énergie de vagues

Dépôts artificiels
Remblai non TG ---- ---- ----
compacté

Remblai compacté F ---- ---- ----

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La teneur en particules fines, FC (%)

Teneur en particules fines (Fines Content) FC (%)= la teneur en 
grains ayant une taille inférieure à 74‐80 μm. 
Par expérience des séismes antérieurs, le risque de 
liquéfaction diminue avec FC (%), avec un seuil de 35% au‐delà 
duquel, la liquéfaction ne se manifeste pas. 

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Indice de plasticité de la partie fine du sol
Le risque de liquéfaction diminue avec l’indice de plasticité Ip. 
En général, les sols non liquéfiables ont simultanément :
‰ une limite de liquidité ωl plus grande que 35%, 
‰ une teneur en eau ω plus petite que 0.9 fois la limite de liquidité, 
‰ un diamètre D15 inférieur à 5 μm.
Ces trois critères sont souvent appelés critères chinois de non 
Liquéfaction .
Outre les critères chinois applicables aux sols fins, le règlement 
parasismique français PS‐92 considère un sol constitué des sables, 
sables vasards, ou de limons, comme prédisposé à la liquéfaction 
s’il est :
‰ saturé, 
‰ ayant un coefficient d’uniformité CU inférieur à 15, 
‰ ayant un diamètre efficace D50 entre 0.05 et 1.50 mm, 
‰ soumis à une contrainte effective en présence de l’ouvrage 
inférieure à 200‐300 kPa selon la zone sismique. 19
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Le degré de saturation du sol 

L’expérience montre qu’un degré de saturation Sr minimal 
de 80‐85% présente une condition nécessaire à la liquéfaction. 

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La profondeur de la couche du sol

Le constat des cas de rupture de sols de fondations par liquéfaction 
a montré que la liquéfaction profonde, c'est‐à‐dire se manifestant à 
plus de 15 à 20 m, n’altère pas la capacité portante du sol à proximité 
de la surface.  

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La résistance du sol à la pénétration

Le risque de liquéfaction diminue avec la résistance à la 
pénétration du sol. Cette dernière est en pratique quantifiée par
l’essai de pénétration statique CPT, donnant la résistance en pointe 
pénétrométrique qc, ou l’essai de pénétration standard SPT, 
donnant le nombre de coups Nspt nécessaires à l’enfoncement du 
carottier de 30 cm.
Selon Seed et Idriss (1982), le seuil du nombre de coups 
normalisé (Nspt1)60 au‐delà duquel la liquéfaction n’a pas été 
observée est de 22. 
Mercusson et al (1990) ont suggéré un seuil de 30 coups pour 
(Nspt1)60 , alors que l’expérience chinoise tend plutôt vers une valeur 
seuil de 40 coups.  
Selon Shibata et Tiparaska (1988), la valeur seuil de la résistance 
pénétrométrique normalisée, soit (qc)1, au‐delà de laquelle la 
liquéfaction ne se déclenche pas est de 15 MPa.   
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Si au moins trois de ces critères  d’identification montrent que la 
liquéfaction est faiblement probable, ceci dispense de mener 
une analyse du potentiel de liquéfaction.

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3. ASPECTS DE LA LIQUÉFACTION SISMIQUE

La liquéfaction se manifeste selon plusieurs aspects, dont les plus 
constatés sont:

‰ Perte de capacité portante du sol de fondation, 

‰ Glissement des terrains en pente, 

‰ Ruptures superficielles sous forme de fissures, ou étalement 
latéral, 

‰ Développement des forces de poussées,

‰ Soulèvement des ouvrages enterrés et rupture des canalisations, 
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‰ Formation de cratères ou  «volcans de sable»,

‰ Affaissement ou effondrement en surface du sol.

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Perte de capacité portante du sol de fondation

La perte de capacité portante a pour conséquence l’instabilité 
de l’ouvrage

Basculement d’un bâtiment de 5 niveaux dû à la liquéfaction au séisme de 
Niigata (1964). Le tassement excessif et l’excentricité du chargement due 
à la présence d’un appartement sur la terrasse du bâtiment ont contribué 
au renversement de l’ouvrage. 26
Glissement des terrains en pente
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Outre le mouvement de la couche liquéfiée perturbant l’équilibre initial du massif 
formant le talus, la génération rapide des pressions interstitielles et la chute de 
résistance au cisaillement réduit considérablement les moments stabilisants. 
Le coefficient de sécurité sera par conséquent considérablement réduit.

Glissement par liquéfaction du corps d’un remblai au séisme de Tokashi-Oki,


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Japon (2003).
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Ruptures superficielles sous forme de fissures (ou étalement latéral) 
La liquéfaction d’une couche impose un mouvement en grands
déplacements aux couches sus-jacentes, ce qui se traduit par des
grandes fissures et des ruptures superficielles de la surface.

(a) (b)
(a) Effondrement du pont de Showa fondé sur des puits, suite à des grands 
déplacements latéraux de ces derniers, dus à la liquéfaction du sol de fondation lors du 
séisme de Niigata (1964).
(b) Lors du séisme de Caucete (Argentine) qui s’est déclenché le 23 Novembre 1977, 
(magnitude de 7.4), la liquéfaction a touché une zone de quelques  milliers de kilomètres 
carrés, et s’est manifestée par des fissures en surface du sol, atteignant des fois 1 m de large 
et 2 m de profondeur.  28
Ruptures superficielles sous forme de fissures (ou étalement latéral) 
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Suite au séisme du 21 mai 2003 à Zemmouri (Boumerdès), les terres meubles saturées ont 
manifesté une chute considérable de la résistance au cisaillement, ce qui s’est traduit, par des 
ruptures superficielles et une innondation de la surface  par l’eau. Le terrain fait partie des 
abords de oued Isser, à 10 km environ de Boumerdès.
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Développement des forces de poussées 

Le mouvement de la couche liquéfiée se traduit part un excès de 
forces de poussée sur la surface de contact sol/mur, ce qui induit au 
renversement ou au glissement du mur.

Lors du séisme de Kobé (1995), un mur de quai le long du canal a subi un 
renversement, suite à la liquéfaction du matériau du remblai (sable lâche à moyennement 
dense) qui a augmenté les pressions des terres sur le parement du mur.
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Soulèvement des ouvrages enterrés et rupture des canalisations

Conformément à la loi d’Archimède de flottaison des corps dans les
liquides, les structures ayant un poids volumique plus petit que celui 
du sol  liquéfié  émergent  de  la surface de ce sol, ce  qui  peut être le 
cas de structures légères enterrées. 

(a) (b)

(a) Soulèvement d’un regard de 1.80 m suite à la liquéfaction, au séisme


de Tokashi-Oki, Japon (2003)
(b) Rupture des canalisations enterrées au séisme de Nihonkai-Chubu, Japon (1983)
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Formation des cratères ou  «volcans de sable»
Suite à la  génération de fortes surpressions interstitielles, le sable
liquéfié  remonte en surface en créant des cratères, ce qui est un 
phénomène typique à la  liquéfaction des couches superficielles.

(a)

(a) Cratère de sable liquéfié à la plage de Corso, lors du  séisme de Zemmouri,   
Boumerdès, 2003.
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Formation des cratères ou  «volcans de sable»

(b)

(c) (d)
(b): Lors du séisme de Caucete (Argentine) qui s’est déclenché le 23 Novembre 1977, la 
liquéfaction a touché une zone ayant une surface de quelques milliers de kilomètres carrés, 
et s’est manifestée par des remontées des coulées du sable liquéfié à travers des planchers 
de rez‐de‐chaussée en béton armé.
( c): Formation d’une rangée de cratères de sable durant le séisme de Niigata le 16 juin 1964. 
(d): Fissures superficielles et remontée du sable en surface durant le séisme de Kocaeili 
(Turquie) le 17 Août 1999.  
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Affaissement ou effondrement en surface du sol
Suite au mouvement de l’eau interstitielle sous de forts gradients 
de pressions d’une part, et à la dégradation des propriétés mécaniques
du sol d’autre part, un affaissement se manifeste en surface, avec des 
fois des amplitudes exceptionnelles de l’ordre de 1 m.

Afaissement général de 50 cm du sol dû à liquéfaction, sans des désordres structurels
subis par l’ouvrage, fondé d’ailleurs sur des pieux ancrés dans un substratum,
et traversant des couches de sable lâche saturé. Il s’agit d’un exemple montrant que la
liquéfaction peut avoir un effet limité sur la structure si un système convenable de 
fondations est conçu. 34
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Outre ces aspects courants, la liquéfaction peut subir aux ouvrages 
des désordres divers plus ou moins importants, tels que:

‰ la rupture des corps de digues et de barrages, 

‰ l’effondrement du corps de chaussée,

‰ le renversement des ouvrages élancés, suite au tassement 
différentiel. 

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4. AMELIORATION DES SOLS LIQUEFIABLES
En cas où l’analyse conduit à des coefficients de sécurité jugés inadmissibles, et
s’il est impératif de construire sur un tel site, on peut penser à renforcer la
résistance au cisaillement cyclique, en agissant en général sur quatre facteurs clefs
régissant le phénomène de liquéfaction :

Densité du sol. On peut procéder à l’amélioration de la densité des couches par


les procédés de renforcement du sol, tels que : le compactage dynamique, le
compactage à l’explosif et le vibro-compactage.

Conditions de drainage. Il s’agit d’augmenter la capacité de drainage de l’eau


interstitielle au cours d’une sollicitation sismique, et donc réduire la surpression
interstitielle générée par la sollicitation cyclique, en utilisant par exemple les colonnes
ballastées. Cette technique consiste à réaliser des mailles de forages remplis sous
pression par du gravier. Elle a l’avantage de réduire le potentiel de liquéfaction,
d’augmenter la capacité portante du sol et de réduire les tassements.

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Contrainte effective. La résistance au cisaillement cyclique étant directement


proportionnelle à la contrainte effective, on peut l’améliorer en effectuant un
rabattement de la nappe ou en augmentant la surcharge en surface du terrain.

Caractéristiques mécaniques du sol. En augmentant les caractéristiques


mécaniques du matériau sol, la résistance au cisaillement cyclique augmentera.
Le principe consiste à augmenter la cohésion inter-granulaire par l’injection
des produits chimiques tels que les ciments.

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Exemples de techniques de renforcement des sols liquéfiables


Renforcement par colonnes ballastées

Le vibreur descend, jusqu’à la profondeur prévue, à l’aide de l’air comprimé et


à la poussée sur l’outil, puis on remonte progressivement le vibreur tout en laissant
descendre par gravité et par pression d’air, le ballast.
Le ballast est compacté par passes successives de l’ordre de 0,5 m jusqu’à finition de
la colonne.

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Renforcement par colonnes ballastées du site du projet de la nouvelle


mosquée de Boudouaou (Boumerdès)
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Exemples de techniques de renforcement des sols liquéfiables


Renforcement par vibro-compactage

Le procédé de vibrocompactage consiste à compacter les sols grenus à des


profondeurs variables par le biais des vibrations émises à l’aide de
vibreurs radiaux spécifiques à basses fréquences. L’action de ces vibrations va
provoquer un réarrangement des grains du sol grenu, réduisant ainsi l’indice
des vides et augmentant la densité relative et la compacité du sol traité

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Le cône d’affaissement autour de vibreur (barrage Harka-TUNISIE)

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5. APPLICATIONS AUX BARRAGES

Les corps de barrages sont susceptibles à des désordres variés causés par
une secousse sismique, tels que :
- Mouvements du barrage,
- Liquéfaction du sol de fondation,
- Liquéfaction du matériau du remblai,
- Désordres directs à cause de l’implantation sur une faille active,
- D’autres…

Exemples de liquéfaction….

Barrage de Sheffield (barrage en remblai réalisé en 1917) en Californie, endommagé


par le séisme de Santa Barbara en 1925 (Magnitude de 6.3), à cause d’une
liquéfaction du sol sablo-limoneux. Désordres mineurs et pas de perte en vies
humaines.

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Barrage de Lower San Fernando (Los angeles, Californie): réalisé entre 1912 et
1915 et étendu en 1930, à l’aide des méthodes du remblai hydraulique.
L’ancienne partie du barrage comportait un noyau argileux avec des parties
extérieures réalisées en sable limoneux.

Séisme de San Fernando magnitude de 6.7) en 1971: liquéfaction du remblai


(constitué du sable limoneux), engendrant un glissement général sur à peu près
la moitié du barrage, touchant le noyau, la crête et la pente en amont du barrage.

Pas de perte en vies humaines mais 80000 personnes ont été évacuées

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Glissement général du barrage


de Lower San Fernando suite à la
Liquéfaction du remblai

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Renforcement du sol de fondation d’un barrage 
Cas du barrage de Harka (Tunisie)
Situation: sur oued Harka à 45 km de la ville de Bizerte (Tunisie)

Barrage en terre zoné, constitué d’un noyau central en argile protégé par
un filtre en matériau granulaire.

Hauteur max: 27 m
Cote en crête: 44 m
Largeur en crête: 8 m
Longueur en crête : 740 m.

Conditions géotechniques:
la fondation du barrage est
constituée de sable
et d’argile, sur une épaisseur de
20 à 30 m, reposant sur un substratum
d’Argilite-Siltite avec bancs de Grès.

Sismicité: zone sismiquement active. Intensité de calcul=VIII et accélération


sismique de calcul de 25%g 45
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Analyse du risque de liquéfaction: A partir des résultats de l’essai de pénétration


statique CPT: potentiel de liquéfaction jusqu ’à 55% !

Haut risque de liquéfaction sismique

Solution adoptée: Renforcement préalable du sol de fondation par la


technique de vibro-compactage.

Dimensionnement par planches d’essai :


Objectifs: déterminer les paramètres de compactage optimaux nécessaires
à l’obtention des caractéristiques géotechniques nécessaires au sol.
Paramètres : Taille de la maille de vibro-compactage, Temps de vibration,
Hauteur de la passe de compactage.

Résultats : Maille adoptée: triangle de 3 m de coté.


Surface à traiter par vibro-compactage= 140 000 m2, soit de 31111 mailles.

Contrôle de l’efficacité du renforcement:


A partir des résultats de l’essai de pénétration standard SPT, l’analyse du
risque de liquéfaction donne un potentiel de liquéfaction de 7% au plus, ce qui
correspond à un faible risque !
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6. MÉTHODES  D’ANALYSE DU POTENTIEL 
DE LIQUÉFACTION
Les méthodes d’analyse du risque de liquéfaction peuvent se subdiviser en trois
grandes catégories :

1. Méthodes d’analyse globale. Le sol est considéré comme un milieu continu


monophasique décrit par les contraintes totales.
Ce type d’analyse ne permet pas l’étude de l’évolution des pressions interstitielles.
A cette catégorie appartient la majorité des méthodes empiriques ou
semi-empiriques, couramment utilisées dans les projets à la base d’essais
géotechniques courants.

2. Méthodes d’analyse couplée. Le sol est considéré comme un milieu continu


biphasique, formé de grains et de l’eau, et décrit par la théorie de l’élastodynamique
des milieux poreux.
La complexité des équations qui en découlent nécessite un traitement numérique
et le recours à la programmation sur ordinateur. Ce type d’analyse a par contre
l’avantage d’étudier simultanément l’évolution des pressions interstitielles et celle
des contraintes effectives.

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3. Méthodes d’analyse semi-couplée. Il s’agit de méthodes intermédiaires se


proposant de résoudre, pas à pas dans le temps, des équations de propagation
des ondes dans le milieu élastique et celles de diffusion de la pression interstitielle.
On se limite ci-après à la présentation des méthodes d’analyse globale, qui sont
d’ailleurs les plus utilisées en pratique.
Ce type de méthode comporte deux étapes: analyse locale, ensuite une
analyse globale du risque de liquéfaction.

Etape 1. Analyse locale du risque

La démarche générale consiste à évaluer, à une profondeur donnée, une


Résistance au Cisaillement Cyclique τl en fonction des caractéristiques
mécaniques et physiques du matériau, et une contrainte de cisaillement
cyclique τmax induite par la sollicitation sismique.
Le risque de liquéfaction locale est évalué à l’aide du coefficient de sécurité FL
défini comme suit :

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CRR et CSR sont respectivement le Rapport de résistance cyclique et le


Rapport de cisaillement cyclique.

Le rapport de résistance cyclique CRR est évalué à l’aide des formules


empiriques, généralement issues de la compilation des cas réels de liquéfaction
sismique. Elle est donnée comme suit :

CRR7.5 est le rapport de cisaillement cyclique normalisée, c’est-à-dire


correspondant à un séisme de magnitude de 7.5. Elle est donnée en fonction
des caractéristiques géotechniques (résistance à la pénétration statique CPT,
nombre de coups de l’essai SPT, célérité des ondes Vs, etc.

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Diagramme donnant CRR des sables propres (FC≤ 5%) en fonction


de (Nspt1)60 pour une magnitude Mw de 7.5 50
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Le coefficient de correction KM permet de tenir compte d’une magnitude


différente de 7.5.

Le coefficient de correction Kσ tient compte des contraintes effectives


verticales du poids des terres plus grandes que 100 kPa.

Enfin, le coefficient de correction Kα tient compte des contraintes de cisaillement


Initiales (cas d’un terrain en pente, surcharge préalable,…).

Il existe plusieurs méthodes d’évaluation de CRR, en fonction des paramètres


géotechniques requis, en l’occurrence :
• l’essai de pénétration standard SPT,
• l’essai de pénétration statique CPT,
• la célérité Vs des ondes de cisaillement,
• les essais cycliques au laboratoire (essai triaxial, cisaillement à la boîte).

La procédure de calcul détaillé de CRR, en fonction des paramètres


géotechniques, a été reportée en annexe.

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Le rapport de cisaillement cyclique CSR est évalué à partir de:

• l’analyse de la réponse sismique (Seismic Response Analysis) du site


en champ libre (logiciels SHAKE, DEEPSOIL, etc), en vue de déterminer le
champ de contraintes induit par les ondes sismiques,

• La méthode simplifiée de la colonne rigide: Il s’agit de l’analyse en


contraintes totales du modèle d’une colonne rigide ayant une hauteur z et
sollicitée en surface, par une accélération ahmax, suite à la propagation verticale
des ondes de cisaillement.
L’équilibre dynamique des forces horizontales
agissant à la colonne se
traduit par l’égalité de la
force due aux contraintes
de cisaillement développées
à la profondeur z, avec la
force d’inertie, ce qui conduit à :

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Etape 2. Analyse globale du risque

On effectue une analyse globale du risque de liquéfaction du site en


évaluant le potentiel de liquéfaction Pl. En fait, la possibilité de liquéfaction
locale d’une couche épaisse de 1 m, à 20 m de profondeur ne présente pas
le même risque à l’ouvrage que celle de la même couche en surface.
Selon Tatsuoka et al (1980), l'évaluation globale de la vulnérabilité d'un site
à la liquéfaction s'effectue sur une zone utile de 20 m par le paramètre PL(%),
comme suit :

Pl varie entre 0% s’il n’y a aucun risque de liquéfaction, et 100% si la


résistance au cisaillement cyclique est nulle.

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Sur la base de l’étude de 58 sites ayant subi des séismes de magnitude


comprise entre 6 et 8, Tatsuoka et al (1980) ont montré que si:

- si le potentiel PL est en deçà de 5% il n’y aura pas de risque global de


liquéfaction,

- si PL > 15% le risque de liquéfaction est important.

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CALCUL AUTOMATIQUE DU RISQUE DE LIQUEFACTION

Le calcul du risque de liquéfaction nécessite un découpage du terrain en


plusieurs profondeurs, ce qui aboutit à un calcul manuel laborieux.
Il existe une diversité de logiciels simples à manipuler et d’une interface
Interactive rendant l’analyse très aisée, tels que:
- LiqIT (2006)
- LIQSPT (2008
- CLIQ (2006)

SUPPORT DIDACTIQUE :
- Document intitulé Analyse de la liquéfaction sismique
- Document comportant l’énoncé des exercices sur la liquéfaction, issus des
projets réels,
- Packge de logiciels LiqIT (version valable 30 jours), LIQSPT, CLIQ.

Contacts: Ali BOUAFIA e-Mail: soildyn07@yahoo.fr


Tél/Fax: 25 43 39 39
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