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RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

Paix-Travail-Patrie Peace-Work-Fatherland
------------------------- -------------------------
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I UNIVERSITY OF YAOUNDÉ I
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ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE NATIONAL ADVANCED SCHOOLOF
POLYTECHNIQUE ENGINEERING
-------------------------------
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DEPARTMENT OF CIVIL ENGINEERING
DEPARTEMENT DU GENIE CIVIL
 
EXPOSE DE CONSTRUCTION EN TERRE

THEME : LA TERRE COMME MATERIAU DE


CONSTRUCTION : ORIGINES, OPPORTUNITES ET
DEFIS

ETUDE REALISEE PAR :

 DJIA DARIL JUNIOR


 FOGOUANG ROMIQUE
 FIPA DJABOUCK II SIMPLICE
 KENFACK GILBERTO FREDDY
 GUEBEDIANG A MBA CLAUDIA

SOUS LA SUPERVISION DE : Pr MANJIA

ANNEE SCOLAIRIE : 2018/2019 SEPTEMBRE 2018


Sommaire
INTRODUCTION......................................................................................................................................2
I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION.........................................................................................................3
II. HISTORIQUE DE LA CONSTRUCTION EN TERRE...............................................................................3
1. Origine et évolution de la construction en terre........................................................................3
2. Quelques grandes constructions en terre..................................................................................4
III. ATOUTS DE LA CONSTRUCTION EN TERRE..................................................................................6
1. Utilisation de la terre comme matériaux de construction..........................................................6
2. Les avantages de la construction en terre..................................................................................9
IV. PROBLEMES DE LA CONSTRUCTION EN TERRE.........................................................................11
1. Problèmes de collaboration entre les professionnels...............................................................12
2. Une faible lisibilité de l’offre du réseau professionnel auprès des acteurs de la filière et du
grand public......................................................................................................................................13
3. Manque de visibilité dû à l'absence de référentiels reconnus..................................................13
4. Modalités de caractérisation des matériaux, produits et éléments d'ouvrages.......................14
5. Problèmes de formation...........................................................................................................15
6. Problèmes économiques..........................................................................................................16
CONCLUSION........................................................................................................................................17
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.........................................................................................................18

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INTRODUCTION

La terre représente l’élément solide qui supporte les êtres vivants et où poussent les
végétaux. Les matériaux de construction quant à eux désignent les outils et substances
utilisée pour la construction des bâtiments. Ainsi, La terre comme matériau de construction
désigne l’ensemble des techniques et procédés utilisés pour construire avec la terre. Bien
que ce fût un des premiers matériaux de construction utilisé par l’homme, son emploi dans
la construction a été pendant longtemps oublié ceci du a la révolution industrielle de l’après-
guerre. Les matériaux comme le béton et l’acier inondant le marché, au dépend des
techniques et matériaux locaux. Cependant la construction en terre représente une réponse
pertinente aux enjeux actuels et futurs du secteur du bâtiment tant sur le plan
environnemental que sanitaire. Tout au long de notre sujet il sera donc question de donner
dans un premier temps les origines de la construction en terre. Par la suite de présenter ses
opportunités. Et enfin de mettre en évidence les défis a relevé pour le développement de la
construction en terre.

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I. CONTEXTE ET JUSTIFICATION

Selon l’ONU-Habitat trois milliards d’êtres humains seraient mal logés à l’horizon
2050, aussi bien dans les pays pauvres que riches (centre d’actualités de l’ONU, 2005). Pour
répondre aux besoins, 4 000 logements de qualité devraient “sortir de terre” toutes les
heures pendant les vingt-cinq prochaines années. La terre crue, matériau prêt à construire et
disponible en de nombreux endroits de la planète, constitue une des alternatives les plus
viables pour répondre à cette demande. De plus, compte tenu de l’importance du secteur de
la construction dans toute économie, bâtir en terre doit être considéré comme un levier
important pour le développement local, favorisant l’emploi et la création de richesse et ce,
sans surconsommation d’énergie. Il est donc urgent que la terre retrouve toute sa place dans
la gamme des matériaux de construction des bâtisseurs contemporains. C’est face à cela que
pour l’U.E construction en terre du département de génie civil de l’école national supérieur
polytechnique de Yaoundé I ce sujet intitule « Construction en terre : origines, opportunités et
défis », nous a été donne.

II. HISTORIQUE DE LA CONSTRUCTION EN TERRE

La terre est la forme de matière la plus répandue et le Matériau de construction le


plus vieux au monde, (avec la pierre et le bois). Les premières cités découvertes dans
l’ancienne Mésopotamie étaient en terre crue, avant même l’invention de l’écriture. La terre
crue a été employée dans toutes les zones géographiques, par les bâtisseurs du monde
entier.

1. Origine et évolution de la construction en terre

Avec les premières sédentarisations qui ont lieu au Proche-Orient dès 14000 av. J.C
les abris sous roche laissent la place à des installations en plein air. Les premières sont des
huttes circulaires semi-enterrées aux parois enduites de terre, l’élévation étant faite de
clayonnages enduits de terre eux aussi. Les poteaux porteurs sont souvent fixés grâce à des
mottes d’argile.
Dès le IXieme millénaire av J.C Une nouvelle étape fondamentale est atteinte : on utilise
un matériau en couches (pierres ou terre) pour construire un mur porteur. La terre seule
peut désormais devenir l’élément porteur, sous forme d’abord de mottes de terre encore
humide empilées directement sur le mur. De nombreux sites (par ex. Jéricho, Aswad, au

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levant mais également Nemrik en Iraq) ont fourni des architectures semi-enterrées à
élévation de terre empilée.
L’étape suivante sera d’utiliser des matériaux préfabriqués (craie taillée ou briques
séchées au soleil) liaisonnés avec de la terre. Représentent des stades techniques que l’on
peut relever en différent points du Proche-Orient à des époques différentes mais toujours
lors d’installations humaines nouvelles. La terre empilée pour l’élévation des murs semble
avoir été moins utilisée à partir du moment où furent inventées les briques. Elle ne fut
cependant pas entièrement abandonnée et on en trouve de nombreux exemples pendant
tout le Néolithique proche-oriental, plus particulièrement dans les régions orientales (Iraq et
Iran). Les premières briques apparaissent donc au Proche-Orient vers 9000 av. J.-C. (Jéricho,
Asward) Elles sont faites à partir de « terre-a-bâtir », mélange d’argile, d’eau et le plus
souvent d’un dégraissant végétal (balle de grain ou paille hachée). Ce mélange est ensuite
façonné avec les mains pour obtenir des éléments de forme variable (en galette, en cigare,
etc.), qui sont laissés à sécher au soleil avant d’être agencés sur le mur à l’aide d’un mortier
d’argile dont la composition est proche de celle des briques. Il est possible de retracer en
plusieurs points du Proche-Orient la genèse de l’architecture de terre : il semble qu’elle ait
lieu en différents endroits de façon autonome et plus ou moins simultanée. Pour la brique, le
premier foyer d’invention identifié est le levant sud (Jéricho, Munhata, Asward, etc.).
Encore De nos jours, environ 30% de la population mondiale vit dans des structures en terre,
tout particulièrement dans les pays en voie de développement.

2. Quelques grandes constructions en terre

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Parmi les 689 biens culturels inscrits aujourd’hui au patrimoine mondial de l’Unesco,
106 sont construits avec de la terre, parmi lesquels :
 Les Palais Royaux d’Abomey, Bénin
 Le centre historique de Salvador de Bahia, Brésil
 La Grande Muraille, Le Mausolée du premier Empereur Qin, Les caves de Mogao, Les
Tulou de Hakka, Le Palais de Potala à Lhassa, Chine
 Le Vieux Havane et ses fortifi cations, Cuba
 La ville de Quito, Equateur Les remparts de l’Alhambra, Grenade, Espagne
 Le Pueblo de Taos, Etats-Unis
 Certains immeubles du quartier historique de la Croix-Rousse à Lyon, La ville
médiévale de Provins, France
 Bam, la ziggourat de Tchogha Zanbil, Iran
 La vieille ville de Ghadamès, Lybie
 Tombouctou, les Falaises de Bandiagara (Territoire des Dogons), le tombeau des
Askias, Gao, la ville de Djenné, Mali
 Les remparts de Marrakech et de Meknes, le Ksar de Aït Ben Haddou, Maroc
 La Vallée de Kathmandou, Népal
 Le site archéologique d’Itchan Kala, Ouzbékistan
 Le site archéologique de Chan Chan, Pérou
 Le Fort et l’oasis de Bahla, Sultanat d’Oman
 L’Ancienne Cité de Damas, L’Ancienne Cité d’Alep, Syrie
 Ancienne Merv, Turkménistan La Vieille Cité de Shibam, La ville historique de Zabid,
Yémen

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III. ATOUTS DE LA CONSTRUCTION EN TERRE

1. Utilisation de la terre comme matériaux de construction

La terre est utilisée par de nombreuses espèces animales comme les abeilles ou les termites pour
Construire leurs nids. L’homme s’est également approprié ce matériau pour son habitat. Toutefois,
on ne construit pas avec n’importe quelle partie du sol. Les terres employées pour construire
comportent de l’argile, pour assurer la cohésion. Mais l’argile seule ne suffit t pas à cause des
gonflements ou de la fissuration. Comment construire avec une matière qui, au premier abord,
semble si fragile et sensible à l’eau ? Pour le comprendre, il faut observer sa constitution. La terre est
un mélange de grains qui portent un nom différent en fonction de leur taille : cailloux pour les plus
gros, les graviers, les sables, les silts et les argiles. Les cailloux, graviers, sables et silts, qui constituent
le squelette granulaire de la terre, apportent une structure au matériau. Les argiles, mélangées à
l’eau, agissent comme une colle. Elles sont donc le liant du matériau terre, tout comme le ciment est
le liant du béton. “Béton” est, en réalité, un terme générique. Il désigne un matériau de construction
composite fabriqué à partir de granulats agglomérés par un liant. Ainsi la terre n’est qu’un béton
parmi tant d’autres, mais naturel et prêt à l’emploi. La grande diversité des techniques de
construction en terre (pisé, bauge, torchis, adobe…) est en partie liée à la grande diversité de
composition du matériau. À partir de ces éléments, on obtient un matériau solide qui permet de
construire des édifices pouvant atteindre jusqu’à 30 mètres de hauteur, comme dans la ville de
Shibam2 au Yémen. Correctement protégé de la pluie et des remontées capillaires, le matériau
“terre” ne craint aucune altération chimique et ne brûle pas. Il a une durabilité exceptionnelle,
comme en témoignent la Grande Muraille de Chine, certaines pyramides égyptiennes, chinoises ou
péruviennes. Parmi les techniques de construction en terre on distingue :

 LA TECHNIQUE DE LA BAUGE :
La technique de la construction en bauge consiste en l’édification de mur massif, souvent
porteur, avec un mélange de terre, d’eau et de fibres végétales voire animales mis en œuvre
par empilement de motte à l’état plastique, généralement sans l’aide de coffrage. Les murs
sont constitués d’une succession de couches de terre dites levées généralement d’une
soixantaine de centimètres de hauteur. Montée la plupart du temps à la fourche, la levée
encore meuble était compactée au bâton, éventuellement taillée au paroir, bêche plate et
tranchante, avant d’être lissée ou recompactée. Selon, le type de mise en œuvre, il fallait
ensuite une à quatre semaines de séchage avant de pouvoir mettre en place la levée
suivante pour laquelle un nouveau mélange d’eau, de terre et de fibres étaient réalisé. Selon
la granularité de la terre, l’élasticité du mélange et le savoir-faire du maçon, la hauteur des
levées pouvait varier entre cinquante centimètres et un mètre vingt, la largeur entre
cinquante centimètres et quatre-vingt centimètres.

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Maison contemporaine en bauge. 1989. Maryvonne Rigourd Architecte © Thierry Joffroy / CRAterre-ENSAG

 LA TECHNIQUE DU PISE :
Le pisé est un procédé de construction de murs en terre crue, compactée dans un coffrage
en couches successives à l’aide d’un pilon (ou dame, pisoir, pisou). La terre utilisée était
généralement extraite dans l’environnement immédiat de la construction, ou issue du
décaissage du terrain pour réaliser une cave. Depuis les années 1980, aux quatre coins du
monde, le pisé connaît un grand renouveau. Le pisé s’élève normalement sur une assise
maçonnée de galets ou de moellons de pierre, selon les ressources de la géologie locale. Les
ouvertures d’origine dans le pisé sont la plupart du temps superposées verticalement. Les
encadrements, en bois ou en briques ne se trouvent que du côté extérieur. Ils ne dépassent
jamais le nu du mur à cause du coffrage qui les enserre. Les parties les plus exposées des
murs, angles et encadrements, sont souvent renforcés, soit par des lits de mortier de chaux
horizontaux plus rapprochés ou triangulaires en forme de « sapin », soit par des briques
cuites, du béton de mâchefer ou du béton de ciment Portland.

Pisé traditionnel © Patrice Doat/CRAterre-ENSAG

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 LA TECHNIQUE DU TORCHIS :
Le torchis est une technique de remplissage en terre crue. Il s’agit de remplir les vides
d’une armature porteuse en bois (charpente en pan de bois), avec un mélange de terre et de
paille enroulé autour de lattes de bois (ou éclisses). Torchis, vient de «tordre», de « torche
», car sa pose traditionnelle consiste à poser de la paille ou du foin torsadés dans une boue
ou pâte de limon argileux sur des éclisses ou des gaulettes entre les colombages. On peut
distinguer 2 grands types de mélange :

 Le torchis lourd : beaucoup de terre et un peu de paille formant une armature. Sa


conductivité thermique λ (lambda) est de 1,05. Il possède une masse volumique
de 1 400 kg/m3 (1 800 kg/m3 humide). Il privilégie l’inertie et l’accumulation
thermique (chaleur, l’hiver ou fraicheur l’été).
 Le torchis allégé : beaucoup de paille et un peu de terre. Sa conductivité
thermique λ (lambda) est de 0,12 à 0,15. Il possède une masse volumique de 300
à 400 kg/m3. Il privilégie donc l’isolation, il est 9 fois plus isolant que le torchis
traditionnel, car il renferme beaucoup d’air statique.
Aujourd’hui, les techniques de fabrication du torchis sont adaptées aux constructions
anciennes. Elles permettent d’utiliser des terres prêtes à l’emploi.

Torchis traditionnel : © Thierry Joffroy / CRAterre-ENSAG

 LES BRIQUES D’ADOBE :


L'adobe est de l’argile qui, mélangée à de l'eau et à une faible quantité de paille hachée
ou d'un autre liant, peut être façonnée en briques séchées au soleil. Par extension, l’adobe
(ou banco) est la brique de terre crue, moulée et séchée au soleil (voir céramique), et utilisée
comme matériau de construction. Ces briques sont obtenues à partir d'un mélange d'argile,
d'eau et éventuellement d'une charge utilisée en petite quantité. Il s'agit d'un des premiers

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matériaux de construction : les premières villes connues étaient construites en briques de
terre crue. Ce matériau est encore l'un des plus utilisés au monde. Les briques d'adobe sont
coulées dans un cadre ouvert, un rectangle dont les dimensions sont en général de 10x25x36
cm bien que l'on rencontre d'autres tailles. Le moule est retiré, et la brique est mise à sécher
quelques heures, puis elles sont tournées sur leur tranche pour terminer le séchage. Lors du
séchage, les briques peuvent être placées à l'ombre pour éviter l'apparition de fissures.
L'adobe sert aussi à remplir des tubes de textile (colombin d'adobe) qui, tassés sur place et
réunis verticalement par des piquets, permettent de monter des murs et de supporter une
charpente.

Maison traditionnelle en adobe dans le Sud-Ouest de la France © Alain Klein

2. Les avantages de la construction en terre

Disponible en de nombreux endroits De la planète, la terre crue est en phase avec les
grands enjeux contemporains : Écologiques, culturels, sociaux et économiques. Ce matériau
“prêt à construire” Favorise le développement local en mettant en valeur la culture et les
savoirs locaux Tout en étant créateur d’emplois et de richesses. Une voie à reconsidérer
sérieusement. Les avantages de la construction en terre peuvent être regroupe en plusieurs
grands aspect énuméré comme suit :

 Aspect Environnemental :
Les avantages environnementaux de l’emploi de la terre crue sont évidents : c’est un
matériau naturel entièrement recyclable. Il doit être pensé en circuit court, c’est à dire que
l’extraction de la terre doit être faite in-situ ou proche du lieu de chantier. La notion de
matériau local prend ici tout son sens, réduisant ainsi les coûts d’extraction, les coûts de
transformation et les coûts de transport. Traditionnellement comme de nos jours, les
techniques employant de la terre crue ne demandent que peu d’outils. Quand on sait que le
secteur du bâtiment est un des plus consommateurs en énergie, cela joue en faveur des
techniques peu énergivores. Enfin, l’emploi de matériaux locaux et naturels pèsent sur le
bilan carbone et l’empreinte écologique des constructions
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Les pollutions qui découlent de la production sont réduites d’autant, surtout celles
qui sont issues des cimenteries. Le béton d’argile, écologiquement « propre », ne laisse ni
déchets ni traces indélébiles, permettant ainsi un habitat économique et durable. Les
recherches sur la cohésion des grains aboutissent étonnamment à la mise au point de
nouveaux bétons plus performants, voire de nouveaux matériaux de construction innovants,
plus écologiques.
La terre permet une insertion paysagère prononcée. Par sa nature même et par sa
couleur, on peut parler d’"architecture organique". Le bâtiment, tel un organisme vivant,
peut se fondre dans le paysage et répondre aux besoins de ses usagers en accord avec son
environnement.
 Aspect économique
Cela nous amène logiquement sur son intérêt économique. De ce point de vue-là, le
matériau est rentable puisque si l’on travaille avec de la terre extraite près du chantier, sur
son site de production et de transformation, elle ne coûte rien. La matière première est bel
et bien gratuite. De plus, quand il s’agit de restauration d’un bâti en terre, la terre déjà
présente peut être réutilisée afin de réaliser les nouveaux travaux. Il y a des cas où la terre
est achetée (prête à l’emploi etc.) mais cela se réduit à des travaux en milieu urbain ou
quand il n’y a pas de terre. Dans ce cas-là, se pose la question de la pertinence de son
utilisation. De manière plus générale et hormis le cas des autos constructeurs, quand les
travaux sont confiés à des artisans c’est une manière de plébisciter l’économie locale. En
utilisant des produits et des entreprises locaux, cela favorise les circuits courts et bénéficie
directement à l’activité économique d’un territoire.
Il ne demande pas de transformation coûteuse. Pour une maison individuelle, la terre
des fondations et du terrassement peuvent suffire pour construire le bâtiment. Il est un
prolongement du sol et, à ce titre, participe à l’identité paysagère et architecturale du
territoire dont il est issu. Il est mis en œuvre par des savoir-faire et emplois locaux.
 Aspect sanitaire
Si l’on regarde de plus près l’intérêt de la terre dans l’habitat et sur ses occupants, il
faut regarder le côté sain du matériau. Sa mise en œuvre et sa présence ne nuit ni à la santé
des artisans qui la travaillent ni à celle des habitants. Au vue du temps passé dans nos
habitations, il est important de choisir des matériaux sains afin de protéger notre santé.
Contrairement à certains produits de finition qui contiennent des Composés Organiques
Volatiles (COV), les enduits en terre ne dégagent aucune émanation toxique voire
cancérigène pour l’homme. Il n’est pas nocif à la réalisation, ni à l’usage du bâtiment. Il
participe à rendre l'air ambiant sain, en régulant l’hydrothermie, en absorbant les odeurs et
en filtrant certains polluants.
 Aspect confort
La terre apporte également un confort intérieur indéniable. Elle a des qualités
thermiques comme l’apport d’inertie et la régulation de l’hygrométrie qui permettent
d’avoir une ambiance intérieure chaude et saine tout au long de l’année. L’inertie est la

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capacité d’un matériau à emmagasiner et à restituer la chaleur de manière diffuse. Cela
permet d’obtenir un déphasage thermique dans le temps par rapport aux températures
extérieures. La terre, le sable, les mortiers de chaux sont des matériaux ayant une forte
inertie. Ce sont des matériaux lourds qui doivent être associés à une bonne isolation afin
d’optimiser le confort d’été comme d’hiver. L’hygrométrie caractérise l’humidité de l’air,
c’est-à dire la quantité d’eau sous forme gazeuse présente dans l’air humide. La terre est un
matériau respirant, qui permet de réguler de manière naturelle la vapeur d’eau qui doit
circuler librement dans l’habitation pour ne pas causer de dégâts. Concrètement une paroi
perspirante permet des échanges gazeux et régule l’humidité ambiante intérieure en
absorbant et en restituant naturellement la vapeur d’eau (émise par notre respiration,
l’utilisation de la salle de bain ou lorsque nous cuisinons). De plus, la terre apporte un
confort acoustique entre deux pièces. Il apporte une inertie nécessaire au bâtiment sous nos
climats, l’affranchit des variations des températures extérieures notamment en été. Utilisé
en mur et en plancher, il participe à l’isolation phonique. En enduit, il ajoute au confort
acoustique en diminuant la réverbération sonore.
 Aspect architectural
Seule ou utilisée avec d’autres matériaux (verre, bois, béton, ...), la terre crue offre
une grande liberté de création architecturale en mobilisant diverses techniques ou en les
adaptant. L’architecture contemporaine utilise la terre, soit en structure visible à l’extérieur,
soit protégée à l’intérieur. De l’observation des réalisations actuelles se dégagent certaines
spécificités architecturales liées au matériau terre :

 L’alternance de couches lors de sa mise en œuvre (pisé, adobe) est l’occasion


de créer des jeux de couleurs, de matière, d’ombres, d’horizontalité, ...
 Sa plasticité permet d’obtenir des formes douces et sensibles, qui mettent en
éveil les sens, mais aussi des effets décoratifs intéressants
Enfin, il existe une grande diversité de terre. Cela offre une palette de texture et de
couleur très variée, qui s’adapte à tous les intérieurs et aux goûts de chacun. Finition lisse,
texturée ou brossée, incrustation de fibres ou de décoration, scrafiffos et autres techniques
de graphisme, mur en briques moulées ou en pisé où apparaissent des strates, des teintes
ocres, rouges, blanches et beaucoup d’autres encore, la terre propose une infinité de
possibilité.

IV. PROBLEMES DE LA CONSTRUCTION EN TERRE

Malgré ses multiples avantages, la construction en terre rencontre de nombreux frein.


Cela principalement parce que la construction en pierre, en bois et en béton est considéré
plus « noble ».Les obstacles identifiables en matière de construction en terre dans le monde
en général et au Cameroun en particuliers peuvent être regroupé en 4 catégories :

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1. Problèmes de collaboration entre les professionnels

Concrètement cette faible coordination transversale interprofessionnelle se traduit de


différentes façons :
 Plusieurs acteurs au sein de différentes régions, mus par des problématiques
économiques, environnementales et patrimoniales redécouvrent à l’échelle locale,
l’intelligence vernaculaire des architectures de terre crue. Du fait d’une grande
diversité des matières premières, les cultures constructives et les savoir-faire des
professionnels sont localisés et techniquement dispersées. De ce fait, cette diversité
d’expériences, positives comme négatives, reste peu valorisée et reconnues. La
déconnexion entre les acteurs empêche une approche transversale. Au final cette
situation fragilise un « lobbying terreux ».
 Dans le domaine institutionnel, peu d’outils de gestion territoriale (PLU, SCOT, plan
d’approvisionnement local…) sont élaborés en considération des besoins et des
actions de la filière.
 Mis à part quelques projets emblématiques (Tercruso, Béton d’Argile
Environnemental, Amàco), peu rassemblent et mutualisent des compétences
pluridisciplinaires. Les coopérations artisans/architectes experts judiciaires par
exemple sont rares pour apporter au niveau des assurances des éléments
techniques. Pourtant, elles permettraient de croiser l’étude de la sinistralité et des
pathologies récurrentes pour faire évoluer les connaissances des assureurs et les
pratiques professionnelles d’intervention sur le patrimoine, par exemple. L’objectif
étant de limiter les malfaçons, voire les effondrements. Deux situations qui
entretiennent une image négative des constructions en terre crue.
 Malgré l’existence de différents réseaux nationaux, les acteurs de la terre crue ont
du mal à se fédérer à l’échelle nationale. Dans ces conditions, il est difficile
d’optimiser les moyens, de mutualiser les compétences, d’animer des réseaux et de
favoriser l’innovation à tous les niveaux. L’objectif étant de créer des synergies
entre les acteurs tout au long d’un processus de recherche-conception-construction
déconstruction des bâtiments, ou encore de représenter la filière et de défendre
ses intérêts.
 Il y a également très peu d’échanges entre les réseaux professionnels et les réseaux
académiques aux différentes échelles, nationale et internationale. Les colloques
des uns sont peu ouverts aux colloques des autres, alors qu’ils peuvent être de
véritables outils d’échanges.
A l’échelle des projets de construction, il y a un manque réel de coordination
interprofessionnelle. Les équipes pluridisciplinaires, conception/étude/réalisation, formées
en amont du projet sont rares. Il s’agit pourtant d’optimisation de la production
architecturale en s’appuyant sur les compétences et les savoirs existants pour faciliter
l’aboutissement des projets.

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2. Une faible lisibilité de l’offre du réseau professionnel auprès des
acteurs de la filière et du grand public

 Malgré la demande existante en termes de qualification sur la réhabilitation du


patrimoine en terre, les professionnels, les particuliers, les collectivités territoriales
n’identifient pas facilement les acteurs compétents.
 A l’échelle nationale, il n’existe pas de référentiels de compétences permettant
l’intitulé « professionnel de la terre crue ». Cela ne facilite ni la lisibilité, ni une
reconnaissance spécifique, ni l’identification des professionnels dans les répertoires
d’entreprises et le répertoire opérationnel des métiers et des emplois du Pôle
Emploi, par exemple.
 L’existence de différents réseaux nationaux rassemblant des acteurs de la terre crue
ne facilite pas l’identification de structures de référence.
 En effet, il est aujourd’hui difficile pour un organisme de formation de trouver des
formateurs, et pour les formateurs de renvoyer vers d’autres organismes de
formation pour des compléments d’apprentissage sur telle ou telle technique, malgré
des structures existantes.
 Enfin, par manque de moyens, le réseau des acteurs de la terre crue ne parvient pas
assurer la présence de représentants dans les groupes de travail et de réflexion liés
au développement durable, perdant au final toute possibilité de positionnement.
 De même, les deuxièmes et troisièmes Assises Nationale de la terre crue n’ont pas
abouties à la publication d’actes. Il en résulte une perte de lisibilité, de valorisation et
d’accessibilité de l’ensemble des sujets traités.

3. Manque de visibilité dû à l'absence de référentiels reconnus

Dans un certain nombre de cas, des solutions de construction en terre n'ont pas été
mises en œuvre, ou n'ont pas été optimisées (du point de vue mécanique ou
hygrothermique), en raison de l'absence de documents de référence sur lesquels s'appuyer.
Ces difficultés sont essentiellement ressenties par les acteurs de la filière, du concepteur
à l'entreprise, en passant par les assureurs et financeurs, qui connaissent mal ou pas du tout
le matériau, et ne peuvent/veulent pas prendre le risque de se lancer et d'engager leur
responsabilité sur un projet en terre. Des savoirs, savoir-faire et connaissances existent
pourtant, mais ils ne sont pas réunis, ni décrits, ni reconnus de manière officielle. Pour que la
construction en terre puisse se développer, il est nécessaire d'apporter aux acteurs de la
filière les moyens de se référer à des documents normatifs et/ou de référence, qui
définissent les responsabilités de chaque acteur, et les modalités d'obtention des résultats
attendus.

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4. Modalités de caractérisation des matériaux, produits et éléments
d'ouvrages

Concernant le matériau brut « terre », les essais d'identifications des sols sont
parfaitement connus et acceptés. Ils relèvent de la géotechnique et de la physique des
matériaux.
 Essai sur le chantier
Un certain nombre de produits de construction, fabriqués sur chantier ou de manière
(semi-) industrialisée, n'ont pas de norme d'essais qui donnent les modalités d'obtention de
leurs caractéristiques mécaniques ou hygrothermique, sur chantier. Ces essais sont
nécessaires, d'une part, pour établir les conditions d'utilisation des matériaux au moment de
la conception et des calculs, et d'autre part, pendant la construction, pour réaliser des
contrôles de qualité sur les produits livrés ou fabriqués sur place, ainsi que les éléments de
structures construits à partir de produits semi-industriels (ex : BTC), ou réalisés sur place
(ex : pisé, bauge, ...). Les méthodes de caractérisation devront tenir compte de l’avis des
praticiens.

 Essai de laboratoire
De même, dans le domaine de la recherche, les études réalisées nécessitent des
éprouvettes qui se doivent d'être représentatives des matériaux/structures qui seront
ensuite fabriqués, et doivent permettre de réaliser des essais homogènes, fiables et
reproductibles. Or, on observe que les laboratoires travaillent sur des formats d'éprouvettes
différentes, que ce soit en forme ou en taille, et dont les paramètres de fabrication ne sont
pas toujours connus (identification, teneur en eau, densité, cure …) ce qui entraîne des
difficultés d'interprétation des résultats. En complément, les modalités d'essais (types de
matériels, durées, vitesse de sollicitation, conditions d'environnement, …), mécaniques
comme hygrothermiques, ne sont pas fixées unilatéralement. Ces différences de conduites
d'essais entraînent également des interprétations difficiles et des comparaisons parfois
impossibles entre études.Ces essais devront être adaptées aux différentes techniques et
technologies de mise en œuvre pour être représentatifs des conditions réelles de
construction.
Il manque d'homogénéité dans les méthodes d'essais, mécaniques et
hygrothermique, pour le laboratoire et le chantier, ce qui limite la confiance des
professionnels dans les résultats présentés, rend difficile le contrôle immédiat sur chantier,
et complexifie l'interprétation des études scientifiques.
 Méthode de calcul des structures en terre
Si pour certains modes constructifs il est possible de se référer à des réalisations
antérieures ou à des savoir-faire traditionnels pour dimensionner un élément porteur (a
minima dans les régions où ces techniques sont vernaculaires (ex : pisé), il n’en est pas de

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même pour certaines techniques (adobe, bloc terre crue). En conséquence, les bureaux
d'études et les concepteurs qui n'ont pas d'expérience de la construction en terre se sentent
démunis pour dimensionner de telles structures, car ils ne disposent ni des caractéristiques
mécaniques des matériaux, ni de méthodes de calcul permettant d'évaluer les contraintes
dans les éléments et les coefficients de sécurité qui en résultent.
De plus, la nouvelle réglementation sismique, qui s'appuie sur l'Euro code 8, a
grandement élargi les zones 3 et 4 pour lesquelles un calcul sismique est demandé. En
conséquence, en l'absence de règles de calcul sismique adaptées aux constructions en terre,
on va assister au blocage d'un certain nombre de projets, y compris dans des territoires où
ils étaient auparavant autorisés.
Concernant le calcul/vérification des structures sur leur comportement thermique ou
hygrothermique, les logiciels existent et sont applicables à la construction en terre, pour
autant que les caractéristiques correspondantes soient connues.
Il manque des méthodes de calcul de structures en terre, utilisables par les
concepteurs et les bureaux d'études pour dimensionner des structures et les vérifier aux
séismes.

5. Problèmes de formation
En effet, les techniques constructives de terre crue sont très rarement enseignées
dans le cursus classique et normal des écoles supérieures et/ou professionnelles. Et quand
elles le sont, c’est dans le cadre d’un cours optionnel, de quelques heures, ou proposent des
formations spécialisées post-diplôme. Au niveau de l’enseignement général, ni l’histoire de
la construction en terre crue, ni son patrimoine, ni son comportement structurel, mécanique
et hydrique, ni ses avantages énergétiques et ses atouts pour le confort de l’habitat sont
abordés dans les structures d’enseignement, que ce soit au niveau scolaire, universitaire ou
professionnel. Donc, la terre crue est absente de « la liste » (dans les esprits et dans les
textes) des matériaux de construction vernaculaires et contemporains. Concrètement,
l’absence de la terre crue dans l’enseignement à tous les niveaux se traduit par une absence
d’outils pédagogiques et d’outils institutionnels.
Formateurs, enseignants, professeurs n’ont eux-mêmes pas reçu d’enseignement sur
la terre et n’ont ni le « bagage », ni les outils pédagogiques nécessaires pour transmettre. En
distinguant, pour simplifier, deux niveaux de formation, à savoir celui des métiers
d’exécution et celui des métiers de conception. En formation initiale, il n’existe aucun
dispositif permettant à tous les formateurs de connaître et donc d’enseigner le matériau
terre. Par ailleurs, la qualité des formations dépend des moyens initiaux mis en œuvre et des
connaissances des intervenants. Il en ressort une grande hétérogénéité.
Les initiatives d’enseignement de la construction en terre sont la plupart du temps
dues à la motivation de formateurs ou professeurs motivés. D’où des initiatives isolées, des
référentiels de formation non concertés, non capitalisation et non partage du matériel et des
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expériences pédagogiques existants. Il existe une multitude de formations développées sous
des formes diverses. Leurs formes, leurs contenus, leurs publics cibles comme leur qualité
sont extrêmement variables. Il en ressort une difficulté à rendre la formation lisible,
accessible et perfectible.

6. Problèmes économiques

Les obstacles du domaine « économie » sont de nature très diverse. Tout d’abord, en
termes d’informations disponibles permettant de valoriser la filière. En effet, malgré un
nombre de réalisations relativement important pour les différentes techniques constructives
terre crue, il n’existe pas de base d’information sur les ouvrages existant sur laquelle les
acteurs (entreprises du bâtiment, architectes…) pourraient s’appuyer pour développer leur
activité terre crue. Par ailleurs, beaucoup communiquent sur l’intérêt environnemental et
social de la construction en terre crue, or aujourd’hui, très peu de données sont disponibles
pour démontrer et évaluer la réalité de ces intérêts.
Ensuite les spécificités du marché et l’organisation de la filière peuvent apparaitre
comme des obstacles. Par exemple la problématique de l’assurabilité (assurance décennale)
liée à l’absence de référentiel technique reconnu est un frein à l’arrivée de tous nouveaux
entrants sur le marché ou encore une organisation inégale de la filière d’approvisionnement
de proximité d’une région à l’autre alors que les gisements existent. Par ailleurs, comme
toute filière liée à la construction, la filière terre crue doit être en mesure de défendre ses
intérêts dans les instances règlementaires et normatives or aujourd’hui toutes les
associations qui pourraient jouer ce rôle fonctionnent sur le principe du bénévolat et n’ont
pas les moyens d’être actives dans les différentes instances.
Il n’existe pas aujourd’hui de politique « environnement durable » de court, moyen
et long terme pour la construction qui pourrait être favorable au développement de la filière
terre crue.

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CONCLUSION

Parvenu au terme de notre devoir, il a été question pour nous de présente les
origines et les opportunités de la construction en terre ainsi que les défis a relevé pour son
développement. Il en ressort que vu Les coûts énergétiques associés à la construction
actuelle, Le développement de pratiques de construction durables est primordial, non
seulement afin de se conformer aux objectifs actuels de réduction des émissions de gaz à
effet de serre, mais aussi pour limiter la consommation d'énergie à l'échelle mondiale. Dans
ce contexte, le développement de matériaux de construction, notamment la construction en
terre, économes en énergie, mais aussi dont les impacts environnementaux sont limités en
termes d'épuisement des ressources, apparaît comme un challenge prometteur.

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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

 Document préparatoire au séminaire-formation ‘construire en terre crue de


Guyane’, Avril 2016 ;
 Construction en terre crue : dispositions qualitatives, constructives et
architecturales ; travail de fin d’étude réalisé en vue de l’obtention du grade
de Master en Ingénieur Civil Architecte par Jehanne PAULUS ; Université de
Liège 2014-2015 ;
 Le laboratoire CRAterre-Ensag www.terre.grenoble.archi.fr
 L’association nationale des professionnels de la Terre crue www.asterre.org
 Les Grands Ateliers www.lesgrandsateliers.fr
 Un blog de référence sur l’architecture en terre crue dans le monde
www.eartharchitecture.org
 Auroville, ville en Inde dont la majorité des constructions est en terre
www.earth-auroville.com

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