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III
Cet ouvrage fait par tie de
Chimie verte
(Réf. Internet ti142)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Chimie verte
(Réf. Internet ti142)
Jérémy PRUVOST
Professeur à l'université de Nantes, laboratoire Gepea - UMR 6144, plateforme
Algosolis - UMS 3722, Saint-Nazaire
Stéphane SARRADE
Directeur de recherche au CEA, administrateur du Club français des
membranes et de la Société française de génie des procédés, président d'IFS
(Innovation fluides supercritiques)
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V
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VI
Intensification des procédés et méthodes d'analyse
durable
(Réf. Internet 42493)
SOMMAIRE
La catalyse organométallique en phase aqueuse assistée par des charbons actifs IN142 47
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Microréacteurs pour l'industrie IN94 93
Filtration membranaire (OI, NF, UF). Mise en oeuvre et performances J2793 103
Filtration membranaire (OI, NF, UF, MF). Applications en traitement des eaux J2794 107
Filtration membranaire (OI, NF, UF, MFT). Applications en agroalimentaire J2795 111
biomasse végétale
Le CO2 supercritique appliqué à l'extraction végétale CHV4015 137
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Intensification des procédés et méthodes d'analyse
durable
(Réf. Internet 42493)
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1– Principes Réf. Internet page
2– Procédés catalytiques
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En effet, pour la production de produits de commodités et de
en instrumentation scientifique analytique fine et en outils informa-
produits intermédiaires, incluant les industries de procédés miné-
tiques ont conduit à une meilleure compréhension et modélisation
rales qui représentent encore aujourd’hui un secteur de l’économie
des phénomènes physico-(bio)chimiques et des transferts d’exten-
(40 % des marchés), et pour lesquels les brevets ne portent pas
sités (quantité de mouvement, chaleur, matière) qui interviennent
habituellement sur les produits, mais plutôt sur les procédés, ces
aux différentes échelles de temps et d’espace de la chaîne de pro-
procédés ne peuvent plus être durablement sélectionnés sur les
duction chimique (depuis l’échelle de la molécule, du site catalyti-
seuls critères de l’exploitation économique comptable. Une
que ou du principe actif, du gène ou de l’usine cellulaire jusqu’aux
compensation résultant d’une augmentation de la sélectivité et des
échelles des unités et des sites de production) (figure 1).
économies liées au procédé lui-même doit être envisagée, ce qui
nécessite le plus souvent des recherches approfondies portant sur
Il est donc possible aujourd’hui de concevoir de nouveaux le procédé lui-même. Le défi est alors de savoir produire
modes opératoires avec des équipements existants ou bien de d’énormes quantités au plus faible coût possible et des facteurs
concevoir de nouveaux équipements basés sur des principes tels que les aspects de santé, de sécurité et de préservation de
scientifiques qui conduisent à de nouveaux modes ou échelles l’environnement doivent être pris en compte à l’échelle du pro-
de production de produits ciblés par des consommateurs de cédé. De plus, la tendance vers des équipements pour une produc-
plus en plus exigeants : c’est ce qu’on appelle « l’intensification tion à l’échelle mondiale va très bientôt nécessiter un changement
des procédés ». total ou plus probablement partiel de technologie, sachant que les
technologies actuelles ne pourront plus être mises en œuvre dans
un esprit « on construit toujours plus gros ». Cela requiert au
Le but clairement affiché est d’imaginer des procédés et/ou de
contraire une intensification des procédés conduisant à un change-
concevoir des équipements et réacteurs pour produire plus (et mieux)
ment de technologies afin d’extrapoler de façon fiable de nou-
en utilisant beaucoup moins. Cela signifie produire plus et mieux :
veaux procédés à de très grandes échelles, depuis les échelles
– dans de plus petits volumes ; intermédiaires actuelles jusqu’à de très grandes échelles pour les-
– avec une plus grande efficacité ; quelles il n’existe pas d’expérience antérieure.
– avec une réduction de la consommation énergétique et des
matières premières ; Par ailleurs pour la chimie fine, la chimie de spécialités et pour
– avec une minimisation de l’impact environnemental dû à l’utili- la production de principes actifs et de matériaux hautement spé-
sation d’un moins grand nombre de solvants et à des coûts de cialisés avec les industries concernées correspondantes (santé,
transports réduits ; cosmétique, alimentaire, agriculture), les marchés demandent
– avec une production industrielle combinant de multiples opé- aujourd’hui des produits à haute valeur ajoutée, à rapide temps
rations unitaires dans un unique équipement ou en réduisant le d’arrivée sur le marché, à court temps de vie et à grandes marges
nombre d’étapes et d’unités de production. bénéficiaires dont les ventes et la compétitivité sont dominées non
pas (ou peu) par les spécifications techniques du produit, mais plu-
Cela peut conduire aujourd’hui à des réductions de coûts de pro- tôt par la valeur d’usage du produit, à savoir ses critères de qualité
duction allant jusqu’à 30 %. comme les propriétés sensorielles et ses fonctions comme la per-
Il est clair que pour répondre à la demande sociétale de dévelop- formance ou la convénience. Et ces produits conçus « sur
pement durable et pour apporter une contribution à la lutte contre mesure » pour le consommateur, en ce qui concerne leur formu-
la destruction environnementale et contre le comportement non lation et leur fabrication, requièrent de nouveaux équipements
durable d’un certain nombre de productions industrielles actuelles, dont la conception dépasse le seul objectif de produire un unique
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a liste des challenges auxquels sont désormais confrontés tous les sec-
L teurs industriels, notamment celui de la transformation de la matière, est
longue. Sans prétendre à l’exhaustivité, citons-en quelques-uns : raréfaction
des ressources (matières premières, eau …) ; attente sociétale en matière de
respect de l’environnement (réduction de l’empreinte carbone et des émissions
de gaz à effet de serre, augmentation de la sécurité, diminution des rejets) ;
exigence de maintenir la compétitivité industrielle en maîtrisant les coûts dans
un contexte de concurrence internationale ; montée en puissance de sources
diversifiées de matières (biomasse) et d’énergie (énergies renouvelables) ;
besoin de mise sur le marché de nouveaux produits, d’origines et de disponibi-
lités diverses (produits biosourcés), recyclables ou biodégradables (analyse de
cycle de vie, ACV) ; croissance de la démographie et donc de la demande …
Parution : septembre 2016
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L’objectif de cet article est de passer en revue les fondamentaux de l’intensi-
fication des procédés, en termes de principes, d’outils et de classification des
technologies et méthodes, puis quelques-unes des pistes disponibles pour
identifier et dépasser les limitations inhérentes à tout procédé. En particulier, il
est primordial d’effectuer un diagnostic sur la nature de la limitation intrin-
sèque au procédé, à savoir si elle est plutôt chimique ou plutôt physique.
Selon le résultat de ce diagnostic, les stratégies d’intensification peuvent dif-
férer en faisant appel à des outils multi-échelles, d’ordre soit technologiques
soit méthodologiques, parmi lesquels on trouve :
– la structuration spatiale de l’équipement (en particulier la miniaturisation) ;
– l’activation des phénomènes ou mécanismes par apport d’énergie (méca-
nique, thermique …) ou d’énergie non conventionnelle (ultrasons, micro-
ondes, UV …) ;
– la recherche de synergie par la multifonctionnalité ou l’hybridation de
technologies ;
– la mise en œuvre de modes de fonctionnement cyclique ou instationnaire
des procédés.
Compte tenu de la diversité des voies possibles pour intensifier un procédé,
un certain nombre d’initiatives ont été récemment lancées, notamment en
Europe, en vue d’assister le concepteur dans sa tâche de sélection de la voie
optimale. Elles se sont traduites notamment par la création de plateformes de
démonstration industrielle et par l’apparition de méthodes visant à guider
l’ingénieur dans son développement de procédé intensifié. Sont également
évoqués ici les réussites, en particulier industrielles, de l’intensification des
procédés, mais aussi les freins à son développement et à son passage à
l’industrialisation. Cet article se termine en dressant quelques-unes des pers-
pectives en matière d’intensification des procédés pour répondre aux enjeux
industriels du futur.
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Compétitivité Compétitivité Qualité
Sécurité Soutenabilité Sécurité alimentaire
Législation Réduction du temps d’accès Fonctionnalité du produit
au marché
notamment quant à la qualité des eaux traitées, tout en ayant à tous les domaines, qu’ils soient spatial, temporel, thermodyna-
faire face à des polluants de plus en plus diversifiés, dont certains mique, et/ou fonctionnel. Pour atteindre ces objectifs, une
parfois à l’état de traces (produits pharmaceutiques, métaux approche multiphysique multi-échelle est alors envisagée, repo-
lourds …). sant sur quatre piliers fondateurs (figure 1) :
Pour terminer, l’intensification concerne non seulement les pro- – la structure (l’échelle spatiale) ;
cédés mais aussi les produits, dans le but de réduire les consom- – la thermodynamique (la fenêtre opératoire et l’apport d’éner-
mations énergétiques ou de matières premières entrant dans la gie) ;
fabrication du produit. On parle ainsi de « produit intensifié », – la synergie (la multifonctionnalité et/ou l’hybridation) ;
comme par exemple un détergent intensifié qui ferait appel à – le temps (l’échelle temporelle).
moins de surfactant et d’eau tout en conservant les mêmes per-
Pour conférer une histoire identique à chaque molécule dans le
formances fonctionnelles en matière de lavage.
procédé, on a recours la plupart du temps à la transposition
Au final, on s’attend à ce que l’intensification des procédés batch-continu. Une parfaite similitude existe entre le temps d’opé-
contribue de manière positive à satisfaire un certain nombre de ration d’un batch pur (pour lequel tous les réactifs sont introduits
critères rassemblés dans le tableau 2. Cependant, dans ce tableau, au même instant) et le temps de séjour d’un écoulement piston,
les bénéfices escomptés de l’intensification en matière de flexibi- avec dans ce dernier cas, l’assurance que les molécules qui
lité ou de réduction de la complexité sont tout à fait discutables. entrent à un instant donné dans le procédé en sortent toutes au
Pour ce faire, un certain nombre de principes fondamentaux, même instant. Ce fonctionnement piston s’accompagne en géné-
détaillés en suivant, sont à appliquer. ral d’une miniaturisation de l’équipement favorable à l’intensifica-
tion des cinétiques des phénomènes de transfert, car augmentant
à la fois les surfaces d’échange et les gradients des propriétés,
1.2 Les quatre piliers de l’intensification donc les flux (matière, chaleur). En conséquence, l’échelle spatiale
de l’équipement, et aussi sa structuration, constitue le premier
Le concept d’intensification repose sur quelques principes fon- pilier de l’intensification. On parle de micro- ou milli-technologies.
damentaux [12] : En ce qui concerne l’activation des transformations chimiques,
– optimiser la transformation chimique en étant au plus près des il peut être fait appel aux interactions ondes-matière à l’échelle
événements intra- et intermoléculaires ; moléculaire – micro-ondes, photons, champ électromagnétique…
– assurer à chaque molécule un traitement identique ; – voire à la méso-échelle – ultrasons ou via l’apport d’énergie
– réduire les limitations aux transferts ; mécanique (centrifugation, par exemple). L’apport d’énergie
– rechercher les effets de synergie entre phénomènes et/ou entre constitue le second pilier.
opérations. Ensuite, il peut y avoir intérêt à tirer parti de la combinaison
Si ces principes paraissent simples et de bon sens, leur mise en dans un même appareil de différentes opérations, fonctions ou
œuvre est plus délicate et suppose implicitement des actions dans phénomènes, comme réaction, mélange et transfert de chaleur,
Coûts Taille
Investisse- Temps
Déchets Efficacité Énergie Sécurité de fonc- Flexibilité équipe- Complexité
ments opératoire
tionnement ment
↓ ↑ ↓ ↑ ↓ ↓ ↓ ↑ ↓ ↓
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Entrée
des réactifs
Mouvement oscillatoire
ou réaction et séparation. La multifonctionnalité propice à des tions ou selon les phénomènes. Nous en donnons quelques
effets synergétiques et à la compacité du procédé est le troisième exemples dans le paragraphe suivant.
pilier, au même titre que l’hybridation qui, elle, repose sur l’agen-
cement de différentes technologies au service d’une seule et
même fonction (par exemple, séparation). 1.4 Autres approches
Enfin, il y a toute une richesse de phénomènes potentiellement
amorçables par des régimes transitoires, et/ou périodiques (ou Selon [13], les progrès dits de rupture que l’on attend de la part
cycliques) qui demeurent encore trop peu exploités par le génie de l’intensification peuvent résulter de l’application de différentes
des procédés, friand de régimes permanents et/ou établis. Et règles :
pourtant, les instationnarités peuvent contribuer à la génération – règle 1 : intégration des opérations unitaires ;
d’instabilités, de turbulences, voire de chaos, favorables à l’inten- – règle 2 : intégration des fonctions ;
sification des transferts. La variable temporelle constitue le qua-
– règle 3 : intégration des phénomènes ;
trième pilier.
– règle 4 : intensification ciblée d’un phénomène au sein d’une
L’approche multi-échelle revendiquée par l’intensification met opération donnée.
donc en jeu des temps et des tailles caractéristiques [14], qui
couvrent un large spectre allant de la molécule aux installations. En appliquant les règles 1 à 3, l’intensification est réalisée via
Ainsi, conformément à la figure 2, l’intensification s’intéresse les principes d’intégration (couplages), de façon à aboutir à une
aussi bien à l’échelle moléculaire qu’à la méso-échelle ou la technologie intensifiée capable de maximiser les forces motrices
macro-échelle de l’appareil, et va même jusqu’à l’échelle de et donc de supprimer les limitations. En appliquant la règle 4,
l’usine, dès que l’on parle d’intensification globale. Elle laisse par l’intensification est atteinte par la levée d’une limitation particu-
contre de côté l’organisation du site de production et de son envi- lière identifiée au sein d’une opération.
ronnement, au sens large, qui relève plutôt du Process System Pour illustrer ce propos, examinons dans le tableau 3 comment
Engineering et du génie industriel. se déploie cette démarche permettant d’aboutir à une classifica-
tion de quatre technologies intensifiées. Un examen détaillé du
tableau met en lumière toute la subtilité, voire la complexité, de
1.3 Classification des outils cette approche, dans la mesure où l’on se rend compte que, par
d’intensification exemple, la règle 2 pourrait très bien s’appliquer tout aussi bien
au contacteur à disque tournant qu’au microréacteur.
Sur la base des principes fondateurs de l’intensification, précé- Une autre approche fondée sur l’analyse en temps caractéris-
demment décrits, Stankiewicz [9] a proposé une classification des tiques, préconisée par l’école nancéenne [15] [16] [17] consiste à
outils de l’intensification en distinguant équipements et méthodes recenser les phénomènes élémentaires en leur associant leurs
(figure 3), chaque rubrique, correspondant à des opérations uni- échelles temporelles caractéristiques et ensuite à mettre en regard
taires, étant ensuite déclinée (dans la colonne de droite de la les technologies en fonction de leurs performances respectives,
figure 3) en préconisations de technologies en guise d’illustra- exprimées elles aussi en temps caractéristiques. Nous revien-
tions. drons, dans le paragraphe qui suit, sur cette approche intéres-
Cette classification permet d’associer très vite une technologie sante, car elle permet de classer les appareils en fonction de leurs
donnée à un objectif précis d’intensification. Il existe néanmoins performances et là encore de dégager très rapidement des straté-
d’autres voies qui font intervenir des classements selon les fonc- gies efficaces d’intensification.
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prise en compte de façon préventive des effets de la chimie sur son environne-
ment a conduit au développement du concept de chimie verte. Dans ce cadre,
la chimie analytique fournit les outils et méthodes permettant d’évaluer et de
quantifier, de façon rapide et économique, la compatibilité environnementale
d’une technologie ou d’un produit.
Par ailleurs, l’omniprésence de la chimie analytique dans la recherche et
l’industrie entraîne une augmentation considérable de la consommation de pro-
duits chimiques toxiques et de la production de déchets dangereux, dans
l’ensemble des étapes de la chaîne analytique. Des volumes d’effluents plus
importants, souvent plus nocifs que l’échantillon d’origine, sont ainsi produits
lors de chaque analyse. Pour ces raisons, de nombreux efforts sont réalisés par
la communauté analytique pour adhérer, comme les chimistes, à des pratiques
plus écoresponsables répondant à une forte demande sociétale. Différentes stra-
tégies complémentaires sont ainsi développées depuis quelques années pour
rendre la chimie analytique plus respectueuse de l’environnement, donnant nais-
sance à la chimie analytique verte. Dans ce cadre, des efforts importants sont
réalisés pour développer de nouvelles techniques et méthodes d’analyse afin de
réduire, remplacer ou supprimer l’utilisation de solvants et réactifs toxiques,
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1 volumes de déchets à traiter. Cet avantage économique est une composante non
négligeable du développement de la chimie analytique verte.
Cet article présente ainsi les principales techniques et développements
récents pour une chimie analytique durable, depuis le prétraitement de
l’échantillon et la séparation des espèces d’intérêt jusqu’au traitement des
effluents de laboratoire en passant par les techniques d’analyse directe de
l’échantillon, sur site et en laboratoire, les techniques d’analyse en ligne, les
capteurs, la miniaturisation des techniques, etc.
1. Chimie analytique Ces principes de la chimie verte sont en accord avec la mise en
place de règlements et normes tels que le règlement REACH
et chimie verte (Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemi-
cals) qui, depuis le 1er juin 2007, impose aux industriels de la chi-
mie de prouver que leurs produits ne présentent pas de risques
pour la santé et pour l’environnement. Les techniques de la chimie
1.1 La chimie analytique et les principes analytique doivent ainsi identifier et quantifier les molécules, leurs
de la chimie verte structures, les éléments voire les isotopes, éventuellement la distri-
bution spatiale de ces éléments et molécules, leurs interactions
Le concept de la chimie verte a été développé dans les ainsi que l’impact et la biodisponibilité d’une espèce, sa mobilité,
années 1990 pour donner un cadre à la prévention de la pollution son accumulation et sa toxicité [5]. Dans le contexte de ce règle-
liée aux activités chimiques. La mise en œuvre de ce concept s’est ment, la chimie analytique doit ainsi permettre de caractériser les
traduite par douze principes définis par Paul Anastas, considéré matières premières et les produits finis, d’évaluer les procédés
comme le fondateur d’une chimie écologiquement responsable mais également les atmosphères de travail et plus globalement
[1][2][3]. Ces principes, indiqués ci-après, consistent en une liste de l’impact de la chimie sur l’environnement (eau, air, sols…) [P2000].
recommandations visant à rendre le développement de la chimie Il en résulte que de nombreux développements méthodologiques,
plus durable, c’est-à-dire prenant en compte les effets de la chimie voire instrumentaux, sont indispensables pour répondre aux
sur son environnement, pris au sens large, de façon préventive et besoins engendrés par la réglementation et, d’une façon plus
non plus curative. Dans ce cadre, la chimie verte a pour objectif de
générale, par la préoccupation sociétale vis-à-vis de l’impact et du
traiter les problèmes à la source, en développant des procédés et
devenir des substances générées par la recherche et l’industrie.
des produits non dangereux ou toxiques, en limitant l’emploi des
matières premières, en diminuant la consommation d’énergie, Les développements nécessaires en chimie analytique pour
d’eau et la production de déchets…[K1200] [4]. Depuis une quin- répondre à ces enjeux vont concerner l’ensemble des différentes
zaine d’années, la chimie verte a connu un essor considérable étapes, plus ou moins longues et complexes, schématisées
dans tous les domaines et s’emploie actuellement à développer figure 1, chacune essentielle pour l’obtention d’un résultat juste et
des procédés économiquement avantageux par rapport aux procé- fidèle.
dés traditionnels pour être adoptée plus largement par l’industrie.
Le premier défi analytique concerne le prélèvement des échan-
tillons qui doit être effectué de façon à être représentatif des
Les douze principes de la chimie verte variations spatiales et temporelles des concentrations et formes
chimiques des espèces à caractériser. Il est ensuite nécessaire de
1. Prévention de la pollution à la source pour limiter les déchets
s’assurer que le transport et le stockage des échantillons
2. Économie d’atomes et d’étapes pour réaliser un produit n’engendrent ni contamination, ni perte, ni transformation des
3. Concevoir des synthèses chimiques peu ou pas toxiques analytes, c’est-à-dire des espèces à analyser. Les techniques de
4. Concevoir des produits chimiques peu ou pas toxiques préparation (prétraitement, préconcentration…) des échantillons
5. Réduire l’utilisation de solvants et auxiliaires de synthèse et les techniques d’analyse (séparation, identification, quantifica-
tion…) seront ensuite fonction de la nature de l’échantillon
6. Réduire les dépenses énergétiques (solide, poudre, liquide, gaz…), de la nature et de la quantité de
7. Favoriser les matières premières renouvelables l’analyte ainsi que de l’information ciblée (identification, quantifi-
8. Réduire le nombre de composés réactionnels intermédiaires cation, forme chimique…).
9. Privilégier les procédés catalytiques aux procédés stœchio- La chimie verte et la chimie analytique sont ainsi devenues
métriques indissociables, la chimie analytique permettant d’évaluer et de
10. Concevoir des produits dégradables quantifier l’aspect écocompatible d’une technologie ou d’un pro-
11. Développer des méthodes d’analyses en temps réel pour duit. Les laboratoires de contrôle qualité industriels doivent ainsi
prévenir la pollution pouvoir disposer des moyens analytiques adéquats pour s’assurer,
de façon rapide et économique, que la qualité d’un produit fabri-
12. Développer une chimie plus sûre pour minimiser les risques
qué réponde aux besoins finaux tout en respectant les normes de
d’accidents
sécurité. Cela implique également de certifier ou de vérifier la qua-
18
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lité des matières premières pour éviter toute difficulté lors du pro- 1.2 Les concepts de la chimie analytique
1
cessus de fabrication.
verte
Les développements analytiques concernent également les pro-
cédés de fabrication, non seulement pour s’assurer du bon fonc- À l’image des développements effectués pour rendre la chimie
tionnement du procédé et de la qualité des produits, mais aussi plus verte, la chimie analytique s’est ainsi orientée vers des métho-
pour être en accord avec les différentes normes et pour diminuer des plus vertueuses vis-à-vis de l’environnement et de la santé.
les coûts de production. Au niveau des procédés, l’accent est mis Les principes de la chimie verte, mentionnés précédemment, peu-
sur le développement de méthodes d’analyse en ligne ou in situ et vent également s’appliquer à la chimie analytique dont certains
en temps réel de façon à pouvoir suivre et corriger le plus rapide- directement, comme ceux concernant la prévention de la généra-
ment possible toute dérive ou écart dans le fonctionnement du tion des déchets, l’utilisation de solvants moins toxiques, l’écono-
mie d’énergie ou la minimisation des risques potentiels
procédé. Pour la caractérisation des déchets et des rejets, des tech-
d’accidents. Le onzième principe de la chimie verte traite ainsi
niques d’analyse directes, à distance ou des systèmes automatisés
directement et exclusivement de chimie analytique et prône l’utili-
en ligne sont développés pour éviter tout délai dû à l’échantillon- sation et le développement de techniques d’analyse en temps réel,
nage, le transport et l’analyse des échantillons en laboratoire. Il est in situ et non destructives pour suivre et contrôler les procédés
en effet indispensable d’obtenir une réponse efficace et quasi ins- industriels. D’autres principes de la chimie verte peuvent être
tantanée à un dysfonctionnement d’un procédé et de contrôler la adaptés pour prendre en compte les activités spécifiques de la chi-
toxicité des rejets émis mais également les ambiances de travail et mie analytique. À titre d’exemple, les techniques permettant la
l’environnement. réduction de la quantité d’échantillon, réactifs et solvants ou la
Il est évident que les méthodes analytiques mises en œuvre diminution de la part consacrée au traitement chimique de l’échan-
pour la caractérisation de ces composés ne doivent pas non plus tillon vont se traduire par une économie d’atomes et d’étapes pour
engendrer de conséquences nocives pour la santé et l’environne- réaliser une analyse.
ment et donc être le plus écocompatibles possible. Or, la chimie Les principes majeurs de la chimie analytique verte concernent
analytique est omniprésente dans tous les domaines de l’industrie, ainsi :
de la santé, de l’environnement, etc. De plus, sa croissance en rai- – le développement des techniques d’analyse à distance, sur site
son des normes, règlements et principes de précaution mais aussi ou non invasives ;
des contrôles de procédés ou de produits entraîne une consomma- – le développement des techniques de miniaturisation et
tion vertigineuse de solvants et réactifs nocifs et une production d’automatisation ;
croissante de déchets dangereux à traiter. – le traitement direct des échantillons avec le moins d’étapes de
prétraitement possible ;
La chimie analytique est ainsi directement concernée par les
– l’utilisation de traitements d’échantillon moins polluants et
principes de la chimie verte et se doit de les prendre en compte nocifs ;
sans que cela n’ait d’influence sur les performances analytiques – l’utilisation de solvants et réactifs chimiques moins nocifs ;
nécessaires pour répondre aux besoins. En particulier, la chimie – le traitement en ligne des effluents et des déchets ;
analytique doit réduire la quantité de solvants et réactifs toxiques – la réduction de la consommation d’énergie ;
ou les remplacer par des substances moins nocives, limiter les – la minimisation des risques pour l’homme et l’environnement.
quantités de déchets et rejets, la consommation d’eau et d’énergie,
Si différentes stratégies peuvent être employées à chacune des
etc.
étapes de l’analyse d’un échantillon pour rendre une méthode
Nous verrons que la prise en compte de ces critères pour rendre d’analyse plus verte, de grands axes de développement de la chi-
la chimie analytique plus durable permet le plus souvent l’amélio- mie analytique verte peuvent être mis en exergue, d’une façon
ration des performances analytiques en réduisant le nombre d’éta- plus globale, reposant soit sur des améliorations ponctuelles et
pes, en particulier pour le traitement de l’échantillon, en incrémentales, soit sur des concepts totalement nouveaux et diffé-
développant des techniques de mesure en ligne, non destructives rents [6].
et automatisées mais également des méthodes multiparamétri- On peut ainsi citer le développement des techniques permettant
ques fournissant plus d’informations à partir d’un nombre de l’analyse directement sur site, que ce soit les techniques optiques,
mesures réduit. souvent basées sur l’utilisation des lasers, la miniaturisation des
Le développement de ces méthodes a également pour consé- instruments pour les rendre portables et autonomes ou les cap-
quence l’amélioration de la productivité par l’augmentation des teurs chimiques ou biochimiques utilisés en particulier en réseaux.
Ces développements permettent d’obtenir l’information en direct
cadences d’analyse et la réduction des coûts ce qui, dans un envi-
en évitant les difficultés et les risques analytiques liés au prélève-
ronnement concurrentiel, favorise son développement.
ment, transport et conservation de l’échantillon, ainsi qu’à son trai-
Si le rôle fondamental de la chimie analytique de fournir les don- tement. Ces techniques limitent également les risques pour
nées de base indispensables à la prise de décisions dépend des l’opérateur et l’environnement. Néanmoins, le domaine de l’ana-
performances des techniques en terme de justesse, sensibilité, lyse en ligne reste un véritable défi pour les analystes en charge
fidélité, traçabilité, etc. d’autres facteurs sont devenus prépondé- du développement et de l’application des techniques analytiques
rants comme la rapidité de réponse pour une analyse, son coût, destinées à identifier et quantifier, de façon fiable et représenta-
son automatisation. D’autres critères, enfin, doivent être pris en tive, les espèces d’intérêt.
compte comme la sécurité des opérateurs et des consommateurs Un autre axe de développement concerne les techniques d’ana-
ainsi que l’impact sur la santé et l’environnement. lyse directe d’échantillons en laboratoire, c’est-à-dire évitant l’utili-
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sation des solvants, réactifs et de l’énergie nécessaires à la mise velles techniques d’extraction sur support solide et enfin sur les
en solution et au traitement de l’échantillon. Si, de plus, la techni- techniques d’extraction assistées, en particulier par micro-ondes et
que est peu ou pas destructive, elle limitera la production de ultrasons.
déchets. D’une façon plus générale, le développement des techni-
ques instrumentales à la place de la chimie analytique en solution,
qui est une tendance générale, va dans ce sens d’une chimie ana- 2.1 Techniques d’extraction
lytique plus verte. avec réduction de solvants
1
Quand une analyse directe de l’échantillon est impossible en rai-
son de mélanges ou de matrices complexes, il convient de privilé- L’extraction liquide-liquide est la méthode la plus ancienne pour
gier le développement de procédés de mise en solution plus préconcentrer ou purifier les analytes. Elle repose sur le partage de
efficaces et moins énergivores, telles que les techniques de prépa- l’analyte entre l’échantillon en phase aqueuse et un solvant
ration d’échantillon sous pression, par micro-ondes ou ultrasons. d’extraction non miscible. Sous sa forme traditionnelle, elle pré-
La miniaturisation des techniques, en particulier pour le prélève- sente l’inconvénient d’utiliser des quantités importantes de sol-
ment et le traitement des échantillons (microsystèmes d’analyse, vants organiques (souvent plusieurs dizaines de millilitres), parfois
micro-extraction, microséparation…) limite les quantités d’échan- toxiques, et d’être très consommatrice en temps.
tillon, solvants et réactifs, améliore la sécurité et réduit les coûts. Les améliorations apportées ces dernières années aux techni-
L’automatisation des méthodes d’analyse (injection en flux, labora- ques d’extraction liquide-liquide, ont permis de fortement réduire
toire sur vanne…) permet généralement des gains de réactifs et leur consommation en solvants, tout en les rendant plus rapides et
son association avec les techniques miniaturisées de traitement plus efficaces. En particulier, l’émergence de la micro-extraction
des échantillons et de séparation des analytes permet d’augmenter liquide-liquide (LPME pour Liquid Phase MicroExtraction) et de ses
de façon sûre les fréquences d’analyse et d’intégrer toutes les éta- nombreuses variantes a permis de rendre cette étape plus compa-
pes du processus analytique. Enfin, la chimiométrie, c’est-à-dire tible avec la préservation de l’environnement [7].
globalement les outils statistiques et la modélisation, permet de
limiter le nombre d’analyses en augmentant l’information que l’on La micro-extraction sur goutte (SDME pour Single Drop MicroEx-
peut extraire d’un échantillon, en évitant les étalonnages ou en uti- traction), technique d’extraction et d’enrichissement, consiste à
lisant des modèles prédictifs pour déterminer des paramètres phy- mettre en contact une goutte de solvant organique de quelques
sico-chimiques dans des échantillons similaires. microlitres au bout d’une microseringue avec la phase aqueuse
(ou l’espace de tête au-dessus du liquide pour les composés vola-
Pour des raisons évidentes de sécurité mais aussi de réduction tils ou semi-volatils) contenant l’analyte d’intérêt (figure 2a).
des coûts, les industries ayant à traiter des échantillons particuliè- L’extrait est ensuite généralement directement injecté dans un sys-
rement dangereux (radioactifs, biologiques, explosifs…) ont déve- tème chromatographique. La SDME est certainement la technique
loppé depuis longtemps des méthodes et des techniques adaptées d’extraction liquide/liquide nécessitant les quantités les plus faibles
à ce type d’échantillons. Ces développements entrent dans ce
de solvant d’extraction, mais elle est relativement peu reproducti-
domaine d’une chimie analytique soucieuse de la protection de
ble et la surface d’extraction est assez limitée. Facile d’utilisation et
l’homme et de son environnement. Ainsi, des techniques analyti-
peu coûteuse, la SDME est appliquée dans les secteurs de l’envi-
ques permettant de minimiser les quantités d’échantillons, de
ronnement, du médical et dans une moindre mesure de l’agroali-
déchets et donc des volumes de solvants et réactifs ont été mises
mentaire pour l’extraction de composés organiques et
au point mais également des techniques d’analyse à distance et in
inorganiques.
situ ainsi que les méthodes de chimiométrie pour limiter le nom-
bre de mesures. Avec la technique de micro-extraction sur fibre (HF-LPME pour
Hollow Fiber Liquid Phase MicroExtraction), l’analyte est extrait
d’un échantillon aqueux par l’intermédiaire d’une fibre creuse
poreuse en polypropylène. De façon simplifiée, l’extraction est
2. Méthodologies vertes effectuée par quelques dizaines de microlitres de solvant organi-
que contenus dans les pores de la fibre (figure 2b). L’analyse est
pour le traitement ensuite effectuée par chromatographie ou électrophorèse capil-
laire. Des facteurs d’enrichissement de plusieurs centaines peuvent
de l’échantillon être atteints avec des rendements élevés, par contre les temps
d’extraction sont de plusieurs dizaines de minutes. La HF-LPME
permet l’analyse d’échantillons avec matrices chargées en raison
Malgré le développement de techniques d’analyse de plus en
du rôle de microfiltre joué par la fibre creuse. Cette technique s’est
plus sélectives, le traitement préalable des échantillons reste, dans
donc largement développée dans les secteurs de l’environnement
la plupart des cas, une étape indispensable pour adapter l’échan-
et de la biologie, notamment pour l’analyse de polluants organi-
tillon à la technique de mesure et pour obtenir des résultats d’ana-
ques (HAP, pesticides…) et de résidus de médicaments [8].
lyse fiables. Ce traitement consiste, généralement, à séparer
l’analyte recherché d’éventuels interférents ou de la matrice elle- La micro-extraction en milieu dispersif (DLLME pour Dispersive
même et/ou de le concentrer afin de faciliter sa détection. Cette Liquid-Liquid MicroExtraction) utilise quelques microlitres de sol-
étape, préliminaire à la mesure, structure l’analyse dans ses coûts vant d’extraction non miscible avec l’échantillon liquide contenant
et ses impacts car elle est souvent laborieuse, consommatrice de l’analyte auquel est ajouté un solvant dispersif, miscible avec le
temps et génératrice de quantités importantes de déchets. En solvant d’extraction et l’échantillon. La dispersion du solvant
outre, elle nécessite fréquemment l’utilisation de réactifs ou sol- d’extraction dans le milieu favorise les échanges et permet de
vants toxiques. C’est la raison pour laquelle ce domaine du traite- réduire considérablement les temps d’extraction. Après centrifuga-
ment de l’échantillon est activement étudié pour apporter des tion, le solvant extractant contenant l’analyte est prélevé par une
améliorations et a vu l’apparition de nouvelles méthodes et procé- microseringue. Cette technique est simple et rapide, offre des fac-
dés plus verts afin de remplacer et réduire, voire supprimer, les teurs d’enrichissement élevés (de l’ordre de plusieurs centaines)
solvants utilisés. Les principales innovations vertes ont porté sur la mais nécessite des volumes de plusieurs millilitres de solvant de
réduction des quantités de solvant grâce aux techniques d’extrac- dispersion. La DLLME est principalement appliquée à l’extraction
tion miniaturisées, l’utilisation de solvants alternatifs aux solvants et à la concentration de composés organiques, notamment pestici-
organiques classiques, la suppression des solvants grâce aux nou- des, et ions métalliques dans des échantillons aqueux [9].
20
Référence Internet
CHV1010
1
Solvant ioniques. Les liquides ioniques sont des sels fondus constitués
(milieu accepteur) Fibre d’un cation organique associé à un anion organique ou inorgani-
creuse
que. Ils présentent une température de fusion inférieure à 100 °C,
Échantillon aqueux sont souvent liquides à température ambiante et stables à tempé-
(milieu donneur) rature élevée. Les liquides ioniques constituent globalement des
Agitateur
solvants intéressants pour de nombreux composés organiques et
magnétique inorganiques et sont considérés comme verts par certains auteurs
car ils sont non volatils et non inflammables, bien que la question
a micro-extraction sur goutte b micro-extraction sur fibre de leur toxicité et de leur recyclage puisse se poser. Depuis une
dizaine d’années, de nombreuses études décrivent leur utilisation
Figure 2 – Représentation schématique de la micro-extraction sur en tant que solvants d’extraction et laissent entrevoir une exten-
goutte (SDME) et de la micro-extraction sur fibre (HF-LPME) (d’après sion de leur champ d’application pour le traitement de l’échantillon
[10])
[13].
21
1
22
Intensification des procédés et méthodes d'analyse
durable
(Réf. Internet 42493)
1– Principes 2
2– Procédés catalytiques Réf. Internet page
La catalyse organométallique en phase aqueuse assistée par des charbons actifs IN142 47
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23
2
24
Référence Internet
NM3600
2
Maı̂tre de conférences
Laboratoire ITODYS, UMR 7086 CNRS, université Paris Diderot – université Sorbonne
Paris Cité, Paris, France
Christophe COLBEAU-JUSTIN
Professeur des universités
Laboratoire de Chimie Physique, UMR 8000 CNRS, université Paris-Sud, université
Paris-Saclay, Orsay, France
et Hynd REMITA
Directrice de recherche
Laboratoire de Chimie Physique, UMR 8000 CNRS, université Paris-Sud – université
Paris-Saclay, Orsay, France
environnementale ........................................................................... — 13
6. Insertion des nanomatériaux dans les réacteurs
photocatalytiques............................................................................. — 14
7. Conclusion........................................................................................ — 16
8. Glossaire ........................................................................................... — 16
9. Sigles, notations et symboles ...................................................... — 17
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. NM 3 600
25
Référence Internet
NM3600
2
sente environ 50 % du rayonnement, alors que les ultraviolets (UV) n’en consti-
tuent que 3 à 4 % environ.
Le développement de photocatalyseurs stables et actifs sous irradiation dans
le domaine visible est donc un défi important. Il s’agit généralement de semi-
conducteurs, tel le dioxyde de titane (TiO2), dont l’activité photocatalytique peut
être étendue dans le visible par différentes modifications ou dopages. Nous
présenterons ici des nanostructures à base de dioxyde de titane et leurs princi-
pales techniques de synthèse. Nous verrons comment le dioxyde de titane peut
être dopé ou modifié en surface afin d’étendre son domaine d’activité dans le
domaine visible. La synthèse d’autres matériaux photocatalytiques nanostructu-
rés (semi-conducteurs inorganiques ou polymères conjugués) sera présentée.
La technique de conductivité micro-ondes résolue en temps permet d’étudier
la dynamique des porteurs de charge dans le matériau irradié, cette dynamique
est fortement liée à son activité photocatalytique. Les différentes applications
environnementales (dépollution de l’eau et de l’air, surfaces autonettoyantes,
production d’hydrogène) des matériaux photocatalytiques seront décrites.
Nous verrons enfin comment ces matériaux peuvent être insérés dans des réac-
teurs photocatalytiques.
Toute réaction catalytique nécessite l’emploi d’un catalyseur, Dans la suite de cet article, nous nous focaliserons uniquement
substance à l’origine du processus catalytique qui apparaı̂t à la sur les processus photocatalytiques, en particulier ceux dans les-
fois comme réactif et produit de la réaction, c’est-à-dire qu’il est quels le catalyseur est un semi-conducteur. Un semi-conducteur
restauré en fin de processus, et donc n’apparaı̂t pas dans le bilan est un matériau isolant qui peut devenir conducteur lorsque de
global de la réaction. En effet, le catalyseur intervient dans une l’énergie lui est fournie, par exemple sous forme de lumière. Des
(ou plusieurs) étapes de la réaction, expliquant son influence sur paires électron-trou très réactives se créent alors au sein de ce
la vitesse de la réaction, et est ensuite régénéré dans une étape sui- matériau et peuvent participer à des réactions de transfert électro-
vante. De ce fait, le catalyseur est utilisé en quantité beaucoup plus nique avec des composés en surface du matériau, entraı̂nant leur
faible que les autres réactifs. De plus, le catalyseur n’influe pas sur modification, leur dégradation, etc. Le semi-conducteur, quant à
la composition de l’équilibre thermodynamique en fin de réaction. lui, est resté intact au cours de ce processus, et peut donc servir
plusieurs fois.
Différents types de catalyse peuvent être distingués selon la
nature du catalyseur :
la catalyse homogène : les réactifs et le catalyseur sont dans
la même phase (généralement phase liquide) ; 2. Dioxyde de titane (TiO2)
la catalyse hétérogène : les réactifs et le catalyseur sont dans
deux phases distinctes (généralement des réactifs en phase
liquide et un catalyseur solide) ; Le dioxyde de titane (TiO2) est le photocatalyseur le plus couram-
la catalyse enzymatique : le catalyseur est une enzyme. ment utilisé.
26
Référence Internet
NM3600
2
nécessitant la présence d’une phase organique, d’une phase
(signifiant « Terre » dans la Grèce antique), identifiée à la déesse
aqueuse et d’un tensioactif.
mère, ancêtre maternelle des races divines [1].
Le titane ne se trouve jamais à l’état pur dans la nature ; il est Un procédé sol-gel peut également être mis en œuvre pour obte-
toujours combiné à d’autres éléments au sein de roches ou sédi- nir du TiO2. Il s’agit d’une technique de chimie douce puisqu’elle
ments. Il se trouve principalement dans des minerais tels que le
rutile et l’ilménite, mais aussi le leucoxène, l’anatase, la brookite,
la pérovskite et le sphène.
Néanmoins, seulement 2 % de la production mondiale sert à
l’obtention de titane métallique. En effet, 98 % de la production
mondiale servent à la production d’un oxyde de titane, le dioxyde
de titane (TiO2, figure 1). Cet oxyde métallique est extrait principa-
lement du rutile (entre 93 et 96 % de TiO2), du leucoxène (jusqu’à
90 % de TiO2) et de l’ilménite (entre 44 et 70 % de TiO2).
Différentes structures cristallographiques de TiO2 sont obser-
vées. Les principales sont le rutile et l’anatase (figure 2). Toutes
deux cristallisent selon un système quadratique.
2.2 Synthèse
Si le TiO2 est présent à l’état naturel, il est également possible de
le synthétiser. Différents procédés permettent d’obtenir du dioxyde
de titane avec une très grande pureté [2].
b a
a
c
a b
27
Référence Internet
NM3600
s’effectue à basse température. Le principe consiste en une hydro- sous forme d’anatase, peuvent être obtenues avec un taux de pro-
lyse d’un alcoxyde de titane (Ti(OR)4, avec R un groupement alkyl duction de 10 à 25 g/h [5].
de type méthyl, éthyl, iso-propyl ou tert-butyl), suivie d’une Le tétrachlorure de titane TiCl4 peut également être utilisé
condensation entraı̂nant la formation d’une solution colloı̈dale. comme précurseur en présence d’oxygène O2 ou le protoxyde
Un gel est alors obtenu après chauffage léger ou vieillissement. d’azote N2O comme oxydants. À partir de ce précurseur, des nano-
La réaction peut être accélérée par ajout de catalyseurs acides particules de TiO2 de 20 nm sont obtenues [6].
(HCl ou NH3) ou basiques (NH3OH ou NaOH). Cette méthode per-
met l’obtention de TiO2 avec une grande pureté et une grande Actuellement, de nouveaux matériaux composites sont synthéti-
homogénéité. Selon le pH, le solvant, l’alcoxyde utilisé, le cataly- sés par cette méthode, tels que le TiO2 dopé avec des nanotubes de
seur éventuel, il est possible de contrôler la taille, la forme et la carbone pour des applications en photovoltaı̈que [7].
phase cristalline (anatase, rutile ou brookite) des particules de TiO2.
Ces différents procédés de synthèse présentent l’avantage d’être 2.3 Applications
faciles à mettre en œuvre et peu coûteux.
2
Alors que le TiO2 est l’un des matériaux les plus abondamment
Des méthodes électrochimiques peuvent également être
utilisés dans le domaine de la photocatalyse, il possède également
employées, comme par exemple des techniques d’électrodéposi-
de nombreuses propriétés lui permettant des utilisations industriel-
tion où le substrat joue le rôle d’électrode qui est immergée dans
les dans bien d’autres domaines.
une solution contenant un sel de titane ou d’oxyde de titane utilisé
comme précurseur. La structure et la morphologie du dépôt peu-
vent alors être contrôlées en ajustant le potentiel appliqué, la den- 2.3.1 À l’échelle micrométrique : un pigment
sité de courant, la composition de la solution électrolytique, son pH, blanc
ou encore la température. Une oxydation chimique peut également Du fait de ses très bonnes propriétés opacifiantes, le TiO2 fut tout
être effectuée, par exemple en utilisant H2O2 comme oxydant. d’abord utilisé dans l’industrie comme pigment blanc. Les particu-
L’ajout de sels inorganiques de type NaX permet la synthèse de les ont une taille de l’ordre de 250 à 350 nm dans ce cas. Les
nanobâtonnets, X = F- ou SO42- favorisant la formation de la domaines d’applications sont très divers : peintures et encres, blan-
phase anatase et Cl- celle de la phase rutile. chiment de plastiques, de papiers, de fibres textiles, de caout-
choucs et de cuirs…
2.2.2 Synthèse en phase gaz À l’échelle macroscopique, le TiO2 est inerte chimiquement, et
Certaines voies de synthèse s’effectuent également en phase gaz. est biologiquement compatible. De ce fait, il est également utilisé
La méthode dite de dépôt chimique en phase vapeur (CVD) est un comme agent blanchissant dans de nombreux produits cosméti-
processus durant lequel un précurseur (généralement de l’isopro- ques et pharmaceutiques, la blancheur étant souvent souhaitée
poxyde de titane) est porté à l’état de vapeur ; il réagit alors pour pour des raisons marketing. Ainsi, nous pouvons par exemple en
conduire à la formation de TiO2 qui se condense à la surface d’un trouver dans des crèmes, des dentifrices, des savons, et des
substrat. En ajustant le débit du gaz porteur, la température et la comprimés.
pression, il est possible de contrôler la forme des particules de Le TiO2 est également couramment utilisé dans l’industrie ali-
TiO2 obtenues. mentaire et est notamment connu sous le nom de colorant E171.
Il est également possible d’effectuer une synthèse par combus- Nous le retrouvons ainsi notamment dans bon nombre de
tion au cours de laquelle un précurseur (isopropoxyde de titane confiseries.
ou TiCl4 généralement) est décomposé par effet thermique dans
une flamme résultant de la combustion d’un combustible 2.3.2 À l’échelle nanométrique : interaction
(méthane, éthylène ou acétylène) avec un comburant (oxygène ou avec les UV
air). L’agglomération des particules obtenues peut être contrôlée
Le TiO2 à l’échelle nanométrique (particules dont au moins une
par la température de la flamme, et peut être inhibée par l’emploi
dimension est inférieure à 100 nanomètres) n’est plus inerte et
de dioxygène pur au lieu de l’air. L’anatase est la phase la plus sou-
son interaction avec les rayonnements ultraviolets (UV) conduit à
vent obtenue par ce procédé.
différentes applications que l’on peut classer en deux catégories.
Des variantes à ces méthodes peuvent exister, comme par exem-
ple la spray-pyrolyse qui consiste à nébuliser un précurseur sous 2.3.2.1 Atténuation des rayonnements UV
forme d’un aérosol entraı̂né par des gaz porteurs vers la flamme.
Contrairement à la CVD, qui nécessite une température élevée et Le TiO2 absorbant les rayonnements UV, il trouve des applica-
une pression basse, cette méthode de synthèse est réalisée sous tions comme atténuateurs de lumière UV. Il est par exemple cou-
conditions normales de température et de pression. La technique ramment utilisé comme écran solaire dans de nombreuses crèmes
de pyrolyse laser peut également être employée. Elle consiste solaires, mais également comme filtre UV dans des plastiques ou
cette fois en l’utilisation d’un faisceau laser au CO2 émettant dans des textiles. Le TiO2 activé par les UV, réagissant par exemple faci-
l’infrarouge qui va interagir avec un flux de réactifs, entraı̂nant lement avec l’eau, conduisant à des radicaux qui pourraient être
néfastes pour la santé, son utilisation dans des crèmes, nécessite
leur dissociation et la formation des particules de TiO2.
un traitement surfacique préliminaire afin d’inhiber les propriétés
Dans ces différents procédés en phase gaz, c’est l’oxygène qui photocatalytiques sans bloquer l’absorption des UV.
joue le rôle d’oxydant.
2.3.2.2 Photocatalyse : dépollution, revêtements
2.2.3 Synthèses par pyrolyse laser auto-nettoyants, production d’hydrogène et
réduction du dioxyde de carbone
La première synthèse de poudres nanométriques par pyrolyse
laser a été développée en 1982 au Massachusetts Institute of Tech- & Principe
nology pour l’élaboration de céramique à base de silicium (Si, C’est au début du XXe siècle que la photocatalyse a été décou-
Si3N4, SiC) [3] à l’échelle nanométrique. La synthèse de nanoparti- verte par Eibner et al. qui ont mis en évidence en 1911 l’action de
cules de TiO2 par pyrolyse laser a été initiée en 1987 [4]. L’isopropo- l’oxyde de zinc ZnO sous irradiation sur les peintures et le bleu de
xyde de titane peut être utilisé comme précurseur : il est volatile et Prusse [8] [9]. En 1921, Renz et al. rapportent le bleuissement du
absorbe la radiation laser. L’éthylène peut être utilisé comme gaz dioxyde de titane TiO2 sous lumière solaire en présence de glycé-
sensibilisateur et porteur. Ainsi, des nanoparticules de TiO2 avec rol, suggérant la réduction partielle du semi-conducteur sous
une taille allant de 6 nm à 20 nm, et cristallisant majoritairement irradiation [10].
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Référence Internet
BIO590
2
Professeur à l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse
et Pierre MONSAN
Professeur à l’Institut national des sciences appliquées de Toulouse
École nationale supérieure des mines de Paris
Institut universitaire de France
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Référence Internet
BIO590
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Référence Internet
BIO590
enzymes que possèdent les cellules qui diminuent l’énergie d’acti- α-amylase 3.2.1.1 orge Brasserie
vation. Ces enzymes diminuent sélectivement l’énergie d’activation β-amylase 3.2.1.2 orge Brasserie
d’une réaction donnée qui peut alors se dérouler à une température
faible. Les enzymes sont donc des catalyseurs qui augmentent la Bromélaïne 3.4.22.4 ananas Brasserie
vitesse de réactions chimiques sans être consommées. La constante
d’équilibre de la réaction n’est pas modifiée, simplement la vitesse β-glucanase 3.2.1.6 orge Brasserie
de la réaction est affectée par l’enzyme.
Ficine 3.4.22.3 figue Industrie
En disant que les enzymes augmentent la vitesse de réaction en alimentaire
diminuant l’énergie d’activation, on ne répond pas à la question :
comment ? Plusieurs facteurs ont été suggérés et nous allons les Lipoxygenase 1.13.11.12 soja Industrie
analyser : alimentaire
– la plupart des réactions enzymatiques se déroulent suivant un Papaïne 3.4.22.2 papaye Industrie
mécanisme de réactions organiques (acide-base, nucléophile, élec- de la viande
trophile) pour lesquelles l’enzyme fournit les groupes catalytiques ;
– d’autre part, les facteurs de proximité et d’orientation sont cer- Enzymes bactériennes
tainement prépondérants. En solution, sans enzyme, les rencon-
tres de deux molécules se font au hasard : ce n’est plus le cas ici ; α-amylase 3.2.1.1 Bacillus Industrie
– enfin, l’idée que certaines liaisons du substrat soient tendues de l’amidon
par l’enzyme a été proposée par certains auteurs. Il se produit β-amylase 3.2.1.2 Bacillus Industrie
alors un état de transition active. Au niveau du site actif, on a vu de l’amidon
les différents concepts qui permettent d’expliquer la spécificité et
l’efficacité d’une enzyme. Asparaginase 3.5.1.1 Escherichia coli Domaine
Un certain nombre d’enzymes nécessitent pour leur fonction- de la santé
nement la présence d’un composé non protéique appelé cofacteur Glucose 5.3.1.5 Bacillus Sirops
ou coenzyme. Les cofacteurs qui doivent être présents en quantité isomérase de fructose
stœchiométrique et les coenzymes présents en quantité catalytique
sont de plusieurs types. Dans le cas des ions métalliques, ces der- Pénicilline 3.5.1.11 Bacillus Industrie
niers sont, soit liés à la structure de l’enzyme (par exemple, la pré- amidase pharmaceutique
sence de zinc est indispensable à l’activité de la carboxypeptidase),
soit liés au substrat (dans le cas des kinases). De même, la plupart Protéase 3.4.21.14 Bacillus Détergent
des carboxylases nécessitent la présence de la biotine, liée de Pullulanase 3.2.1.41 Klebsiella Industrie
manière covalente à l’enzyme alors que les aminotransférases ont de l’amidon
besoin de pyridoxal phosphate lors de la réaction d’interconversion.
Enzymes fongiques
1.2 Sources d’enzyme α-amylase 3.2.1.1 Aspergillus Panification
Les enzymes peuvent être extraites de n’importe quel organisme Aminoacylase 3.5.1.14 Aspergillus Industrie
vivant : des bactéries aux champignons, des plantes aux animaux. pharmaceutique
Parmi toutes les enzymes utilisées industriellement, plus de la
Glucoamylase 3.2.1.3 Aspergillus Industrie
moitié proviennent de champignons ou de levures, environ un
de l’amidon
tiers sont d’origine bactérienne et ce qui reste se divise entre les
sources animales (8 %) ou végétales (4 %) (figure 1). Catalase 1.11.1.6 Aspergillus Industrie
La très grande majorité des enzymes utilisées dans l’industrie alimentaire
(tableau 1) provient donc de la culture de micro-organismes pour
Cellulase 3.2.1.4 Trichoderma Traitement
diverses raisons : faible coût de production, teneur en enzyme
des déchets
mieux contrôlable, composition des extraits connue et constante,
31
Référence Internet
BIO590
2
ment conseillé de les associer à leur numéro « EC » qui provient
Lipase 3.1.1.3 Rhizopus Industrie de la classification numérique également mise en place. Ce
alimentaire numéro, constitué de quatre nombres désigne la classe de réaction
catalysée par l’enzyme, une sous-classe, une sous sous-classe et
Présure 3.4.23.6 Mucor Industrie
un numéro propre à l’enzyme. Les classes d’enzymes ainsi
miehei fromagère
constituées sont au nombre de six :
Pectinase 3.2.1.15 Aspergillus Industrie 1 – Oxydoréductases : enzymes qui catalysent les réactions
des boissons d’oxydo-réduction. Exemple : alcool déshydrogénase (E.C.1.1.1.1) :
Pectine lyase 4.2.2.10 Aspergillus Industrie
des boissons Alcool + NAD+ → Aldéhyde ou cétone + NADH
Protéase 3.4.23.6 Aspergillus Panification 2 – Transférases : enzymes qui catalysent le transfert d’un
groupe spécifique d’une molécule à une autre. Exemple : hexoki-
Raffinase 3.2.1.22 Mortierella Industrie nase (E.C.2.7.1.1)
alimentaire
ATP + Hexose → ADP + Hexose 6 − P
Enzymes de levure
3 – Hydrolases : enzymes qui catalysent la coupure hydroly-
Invertase 3.2.1.26 Saccharomyces Confiserie tique des liaisons C—O, C—N et C—C. Exemple : l’α-amylase
Lactase 3.2.1.23 Kluyveromyces Produits laitiers (E.C.3.2.1.1) hydrolyse des liaisons 1,4—α—D-glucosidiques dans
des polysaccharides contenant 3 ou plus D-glucose.
Lipase 3.1.1.3 Candida Industrie 4 – Lyases : enzymes qui coupent les liaisons C—C, C—O et
alimentaire C—N par élimination, en formant des doubles liaisons ou des
Raffinase 3.2.1.22 Saccharomyces Industrie cycles. Exemple : pyruvate décarboxylase (E.C.4.1.1.1)
alimentaire
2 − oxoacide → aldéhyde + CO 2
enfin les tissus animaux ou végétaux contiennent des molécules 5 – Isomérases : enzymes qui catalysent des changements géo-
plus dangereuses ou plus gênantes que celles rencontrées dans métriques ou structuraux dans une molécule. Exemple : la glu-
les micro-organismes (composés phénoliques ou inhibiteurs cose-isomérase (E.C.5.3.1.5) catalyse l’isomérisation du glucose en
d’enzymes par exemple). fructose.
En pratique, la grande majorité des enzymes microbiennes vient 6 – Ligases : enzymes qui catalysent la liaison entre deux molé-
d’un nombre limité d’espèces parmi lesquelles on trouve principale- cules, couplée à l’hydrolyse d’une liaison phosphate de l’ATP (ou
ment les Aspergillus, Bacillus et Kluyveromyces. Le développement un autre tri-phosphate). Exemple : pyruvate carboxylase
des enzymes commerciales demande un savoir faire certain dans (E.C.6.4.1.1)
les domaines suivants : recherche de nouvelles enzymes, fermenta-
tion, purification à grande échelle et formulation. ATP + Pyruvate + HCO −3 → ADP + PO −4 + Oxaloacétate
Le remodelage d’enzymes est également une voie pour produire
des enzymes plus performantes que les enzymes naturelles ou bien 1.3.2 Classification CAZy (Carbohydrate Active
même pour créer des activités nouvelles. La mutagenèse dirigée, enZymes )
technique la plus utilisée, permet de substituer un ou plusieurs aci-
des aminés de la protéine. L’utilisation de banques de données (data Cette classification a pour originalité de ne pas reposer sur une
mining) présentant des corrélations séquence-structure est une aide spécificité réactionnelle des enzymes, comme la classification de la
très efficace pour prédire les évolutions conformationnelles liées aux nomenclature enzymatique. Elle repose sur une analogie de struc-
substitutions. Parmi les enzymes industrielles modifiées, la subtili- ture des modules catalytiques et de reconnaissance de motifs glu-
sine, une protéase de Bacillus amyloliquefaciens, a vu son activité, cidiques des enzymes qui catalysent la dégradation, la
dans les détergents, améliorée par une stabilisation vis-à-vis des modification ou la création de liaisons osidiques. Elle a été établie
températures élevées, de l’effet du pH et de l’oxydation. par Bernard Henrissat et peut être consultée sur le site :
http://www.cazy.org/.
1.3 Classification des enzymes Cette classification repose sur une étude de la séquence d’acides
aminés d’une enzyme, séquence qui conditionne la structure
1.3.1 Nomenclature systématique secondaire et tridimensionnelle de la protéine enzymatique. Elle
reflète donc les caractéristiques structurales de ces enzymes, beau-
De nombreuses enzymes ont des noms triviaux qui leur ont été coup plus que leur simple spécificité de substrat. Elle permet,
donnés, il y a des années, lorsqu’elles ont été découvertes. Dans notamment, de révéler les relations au cours de l’évolution entre
de nombreux cas, on s’est contenté d’ajouter « ase » au nom du les enzymes d’une même famille, ainsi que de prédire des don-
substrat de l’enzyme à l’instar de l’uréase pour l’urée. nées concernant leur mécanisme catalytique. Ces familles peuvent
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Diels-alderases artificielles
au service de la chimie verte
par Wadih GHATTAS
2
Chargé de recherche au CNRS
Institut de Chimie Moléculaire et des matériaux d’Orsay UMR 8182,
Université Paris Saclay, Orsay, France
Jean-Pierre MAHY
Professeur
Institut de Chimie Moléculaire et des matériaux d’Orsay UMR 8182,
Université Paris Saclay, Orsay, France
Rémy RICOUX
Ingénieur de recherche au CNRS
Institut de Chimie Moléculaire et des matériaux d’Orsay UMR 8182,
Université Paris Saclay, Orsay, France
A. Jalila SIMAAN
Directrice de recherche au CNRS
Institut des Sciences Moléculaires de Marseille UMR 7313,
Aix Marseille Univ, Centrale Marseille, Marseille, France
et Marius RÉGLIER
Directeur de recherche émérite au CNRS
Institut des Sciences Moléculaires de Marseille UMR 7313,
Aix Marseille Univ, Centrale Marseille, Marseille, France
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IN404
INNOVATION
2
catalyser la réaction de Diels-Alder dans les systèmes vivants pour se foca-
liser ensuite sur le développement de métalloenzymes artificielles capables
de catalyser cette réaction. S’ensuit alors une discussion sur les avantages
et les inconvénients des différents systèmes pour conclure sur les perspec-
tives qu’ils offrent.
Points clés
Domaine : biocatalyse
Degré de diffusion de la technologie : émergence
Technologies impliquées : biotechnologie, chimie bioorthogonale, catalyse,
modélisation moléculaire
Domaines d’application : synthèse chimique
Principaux acteurs français :
– Pôles de compétitivité : pôle TERRALIA-PASS
– Centres de compétence : Les deux équipes auteurs de cet article, l’équipe de
M. Salmain Sorbonne Université.
– Industriels : Tout industriel qui s’appuie sur la biocatalyse
Autres acteurs dans le monde : l’équipe de G. Roelfes, université de Groningue,
Pays-Bas ; l’équipe de D. Baker, université de Washington, États-Unis ; l’équipe de
P. C. Kamer, université de St. Andrews, Royaume-Uni ; et l’équipe de T. Hayashi,
université de Osaka, Japon.
Contact : wadih.ghattas@universite-paris-saclay.fr et jalila.simaan@univ-amu.fr
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INNOVATION
outil efficace pour la modification chimique sélective des pro- en ancrant un cofacteur métallique respectivement sur l’ARN,
téines dans l’étude de leurs fonctions in vitro et in vivo [18]. l’ADN et des G-quadruplexes d’ADN, Jäschke [29], et Feringa et
La réaction, n’impliquant que des dérivés carbonés (homo-DA), Roelfes [30], et les auteurs de [27] [31]) ont introduit le
(figure 1) conduit à la formation d’un dérivé cyclohexénique subs- concept d’ARN/ADNzymes qui a conduit au développement de
titué. Une de ses variantes intéressante (hétéro-DA) (figure 1) catalyseurs efficaces dans les réactions énantiosélectives de DA
est la formation de composés hétérocycliques par cycloaddition [32] [33] [34].
de diènes et diénophiles qui contiennent au moins un hétéro-
atome.
2
La réaction de Diels-Alder est une cycloaddition [4 + 2]
Le principal intérêt synthétique de la réaction de DA est sa d’un diène conjugué et d’un alcène (diénophile).
capacité à créer, en une seule étape, 2 liaisons C-C, ainsi que
4 centres stéréogéniques dont les configurations relatives
découlent de la stéréochimie (E vs Z) des précurseurs et de la 2.1 Applications industrielles
géométrie (exo vs endo) de l’état de transition (ET). La réac-
La réaction de DA permet la synthèse d’une variété de com-
tion de DA entre dans la catégorie des réactions péricycliques
posés organiques d’origine naturelle [16]. La mise en œuvre
thermiques concertées entre les 4 électrons π du diène et les
de cette réaction pour la production à l’échelle industrielle est
2 électrons π du diénophile. Sa régio- et sa stéréosélectivité sont
la preuve de sa robustesse et son efficacité [35].
régies par les règles de Woodward-Hoffmann qui impliquent la
conservation de la symétrie des orbitales frontières HO (Haute La réaction de DA est largement utilisée dans l’industrie des
Occupée) et BV (Basse Vacante) telles que représentée sur arômes et des parfums [36]. En effet, le cyclopentadiène et le
les figures 2b et 2c [19] 1,3-butadiène sont les précurseurs d’une large gamme de subs-
Dans les réactions de DA dites « normales » ou à demande tances volatiles telles que le jasmacyclène, le florocyclène, le
électronique normale, i. e. impliquant un diénophile substitué gardocyclène et le lyral qui sont préparés à l’échelle de plu-
par un groupement attracteur d’électrons (EWG, Z) et un sieurs tonnes chaque année par des processus qui impliquent
diène portant un groupement donneur d’électrons (EDG, X), une réaction de DA (figure 3). Ainsi, la réaction de DA est
la régio- et la stéréoselectivité sont contrôlées par une interac- largement utilisée pour l’élaboration de fragrances dans les
tion suprafaciale des deux partenaires avec le recouvrement de savons, les produits d’hygiène, les préparations cosmétiques,
l’HO du diène avec la BV du diénophile. La régio-sélectivité, les assainisseurs d’air, les détergents textiles et les produits de
ortho vs méta, est contrôlée par le recouvrement maximal entre nettoyage [37]. Étant donné que la perception de l’odeur et de
les orbitales atomiques affectées du plus grand coefficient de l’arôme est un phénomène subjectif, la disponibilité d’une large
l’HO et de la BV (figures 2a et 2c).[20] Pour l’homo du diène, gamme de parfums abordables avec une longue durée de
le plus grand coefficient étant celui de l’orbitale localisée sur le conservation est souhaitable. La réaction de DA semble être
carbone Cγ, et pour la BV du diénophile celui de l’orbitale loca- bien adaptée pour poursuivre ces objectifs, car elle permet la
lisée sur l’atome Cβ, c’est la formation de l’ortho-adduit qui est construction efficace de structures cycliques à six chaî-
favorisée. Pour l’ortho-adduit, le stéréosisomère endo est ciné- nons avec divers profils olfactifs [17].
tiquement favorisé en raison d’interactions secondaires favo- De nombreuses substances olfactives ont ainsi été préparées
rables qui stabilisent un état de transition endo (figure 2c). par la réaction d’un diène – souvent dérivé du cyclopentadiène,
Les réactions de DA à demande électronique normale néces- du butadiène ou du cyclohexadiène – avec un dérivé acrylique.
sitent souvent des températures élevées. Plusieurs approches Ces matières premières disponibles en grande quantité et à
ont été développées pour tenter d’abaisser l’énergie d’activation bas prix sont compatibles avec les directives de l’industrie des
et accélérer la réaction. Notamment, les acides de Brönsted ou arômes et des parfums. Les composés sont obtenus sous
de Lewis, qui diminuent l’énergie de la BV du diénophile, ont forme d’un mélange de diastéréoisomères et/ou de régio-
été largement utilisés dans les réactions de DA catalysées isomères et sont habituellement purifiés par distillation. La
(figure 2b) [21]. Les effets électrostatiques ont également été distillation est en effet la méthode de choix pour isoler des
retenus dans une approche organocatalytique [22]. En solu- composés volatils, contrairement aux industries pharmaceu-
tion aqueuse, l’accélération des réactions DA par confinement tiques ou agrochimiques, où la cristallisation (souvent de com-
hydrophobe [23] a été obtenue dans les zéolites [24] ou à posés hétéroaromatiques) est l’option préférée. Dans le cadre
l’aide de molécules macrocycliques telles que les cyclodex- d’une utilisation intensive de la distillation sous pression réduite,
trines [25], les calixarènes [26] et les cucurbituriles [27]. les unités de production correspondantes sont capables de fonc-
tionner sous un vide supérieur à la norme de 30-100 mbar cou-
Les réactions DA ont également fait l’objet d’importants ramment utilisée dans une usine chimique. Certains produits
développements en synthèse asymétrique avec l’utilisation sont commercialisés sous la forme d’un mélange défini de com-
d’auxiliaires chiraux sur les réactifs ou de ligands chiraux dans posés de structures apparentées aux propriétés olfactives
les réactions de DA métallo-catalysées [28]. Dans ce contexte, uniques. Les informations concernant la composition de chaque
ingrédient olfactif sont souvent limitées aux informations de
pureté par chromatographie phase gazeuse, généralement
appelées « somme d’isomères ». Ceci contraste avec les subs-
R1 R1 tances pharmaceutiques qui sont hautement réglementées
R2
[38]. Les autorités imposent en effet de cibler les puretés dias-
R2 Homo-DA : téréoisomères et énantiomériques aussi élevées que possible,
A DA A A et B = carbones avec des limites supérieures acceptables fixées par une évalua-
tion toxicologique préliminaire.
B B Hétéro-DA :
R3 A et/ou B = hétéroatomes En dépit de son utilisation pour la synthèse d’arômes et de
R3 colorants, la réaction de DA semble sous-utilisée dans le reste
R4 R4 du monde industriel chimique. Par exemple, les réactions de for-
mation de liaisons C-C représentent environ 11,5 % de l’ensemble
du répertoire réactionnel utilisé en chimie médicinale. Dans ce
Figure 1 – Réaction de Diels-Alder groupe, les réactions catalysées par des complexes de palladium
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R2
DA
+ + Demande électronique normale
R1 = EDG et R2 = EWG
R2 R2
R1
2
R1 R1 Demande électronique inverse
R1 = EWG et R2 = EDG
ortho méta
a régio-chimie
DE normale DA catalysée
R R R
X O O O
+ +
E H Mn
BV
HO
ortho méta
γ γ
HO
Gros Gros
α α
Petit
Recouvrement Petit
Petit secondaire
X X X
O
Gros
Petit α Gros
α
β O
β
O
BV
exo endo
c
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O NH
2
H
R
R
N N
O N O NH O
O
O R
N
Des structures aux rayons X de plusieurs DAases naturelles synthétiques sont la base de la conception de DAases artifi-
ont été obtenues (LepI [55], MaIC [56], Spnf [57], AbyU [58], cielles. Pour être efficace, un catalyseur de la réaction de DA
PyrI4 [59], PyrE3 [60]). Dans la plupart des cas, les structures doit donc répondre au cahier des charges suivants :
aux rayons X indiquent que ces enzymes agissent comme une – avoir une cavité capable d’accepter le diène et le diéno-
matrice [61], qui lie les substrats dans une poche hydrophobe phile dans des positions favorables à l’induction d’une sélecti-
et oblige le diène et le diénophile à adopter une conformation vité ;
proche de celle de l’ET (figure 5). Des approches de modélisa-
– être capable de stabiliser l’ET de la réaction pour abaisser
tion moléculaire ont suggéré qu’à l’intérieur de la cavité, les
l’énergie d’activation.
effets électrostatiques contribuaient à la polarisation du diène et
du diénophile abaissant l’enthalpie d’activation par la stabilisa- Dans ce contexte, un paramètre clé pour évaluer l’efficacité
tion des redistributions de charge dans l’ET [58]. d’un catalyseur est la vitesse d’accélération ou molarité
Alors que les structures 3D suggèrent des résidus impliqués effective, qui compare les vitesses des réactions catalysées
dans la fixation/activation des substrats, la mutagenèse dirigée vs non catalysées dans les mêmes conditions expérimentales.
de ces résidus n’a jamais complètement éliminé les activités
DAase.
La Molarité Effective (ME) exprimée en concentration
molaire est le rapport entre la constante de vitesse du
Exemple de PyrI4 :
premier ordre kcat (min–1) et la constante de vitesse
La structure cristallographique de PyrI4 a été résolue en
du second ordre kuncat (M–1 . min–1) déterminée pour la
présence du produit de la réaction de DA qui se trouve dans
réaction de DA non catalysée.
une cavité hydrophobe où les résidus Gln115 et His117
semblent responsables de l’activation du précurseur diénophile
(figure 6) [59]. Cependant, la mutation de Gln115 ou H117 en
alanine a entraîné respectivement une diminution de seulement
30 % et 6 % de l’activité enzymatique (kcat), sans influence À retenir
significative sur l’affinité du substrat (KM).
– La première DAase naturelle a été découverte en 2011,
Ceci peut être attribué à la flexibilité de la poche catalytique elle catalyse une réaction intramoléculaire.
qui peut adopter d’autres conformations qui mènent à de nou- – Seule MaDA découverte en 2020 catalyse une cyclo-
velles interactions avec les substrats, et ainsi à leur activation. addition de DA intermoléculaire.
Bien que les données de structure et de mutagenèse ne soient – Des études structurales indiquent que les DAases
pas disponibles pour toutes les DAases, la plasticité de la poche agissent comme des matrices qui lient les substrats dans
protéique semble être une caractéristique commune aux DAases une poche hydrophobe, et obligent le diène et le diénophile
naturelles. à adopter une conformation proche de celle de l’ET.
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J1210
Catalyse acido-basique
2
Laboratoire de Catalyse en Chimie Organique (UMR CNRS 6503)
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur J 1 210 − 1
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J1210
[ HA ]
Le lecteur pourra se reporter à la référence [1]. p K a = – lg K a = pH + lg ------------- (5)
[ A– ]
1.1 Théories de l’acido-basicité Le même raisonnement peut être appliqué à l’équilibre de proto-
nation de la base B avec définition d’un pKb. Cependant, afin d’obte-
nir une échelle unique de classement des acides et des bases, les
1.1.1 Acides et bases. Définition bases sont comparées par la force de leur acide conjugué BH+ :
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J1210
(0)
Tableau 1 – Classification de quelques acides et bases selon le principe HSAB de Pearson [2]
Acides durs ............................... H+, Li+, Na+, K+, Mg2+, Al3+, Cr3+, Co3+, Fe3+, Ti4+, BF3, AlCl3, Al(CH3)3, RCO+
Acides mous ............................. Cu+, Ag+, Au+, Hg+, Pd2+, Ti3+, CH3Hg+, GaCl3, I2, métaux, carbènes
Bases dures............................... F−, OH−, PO 43– , SO 42– , CH3COO−, H2O, ROH, R2O, NH3, RNH2
Bases molles ............................. I−, H−, R−, CN−, RSH, R2S, CO, C6H6
Peu après la publication du concept HSAB, Klopman (1967) a lui confère une réactivité exceptionnelle qui fait que le proton ne
développé le cadre théorique qui manquait, permettant ainsi de
rationaliser un domaine plus large d’acides et de bases. La théorie
HSAB a par la suite été reformulée par Parr et Pearson pour la ren-
peut exister à l’état libre. Il se partage entre :
— la base conjuguée du composé porteur d’hydrogène qui peut
lui donner naissance (c’est-à-dire le catalyseur acide) que celui-ci
2
dre quantitative. Pour cette quantification, deux paramètres sont
soit présent à l’état gaz, liquide ou solide ;
considérés : la dureté absolue (assez proche de la notion de polari-
sabilité précédemment avancée) et l’électronégativité du système — et les molécules de réactif, de produit et de solvant.
(égale en valeur absolue à son potentiel chimique). Ce ne sera donc pas l’acidité des composés porteurs d’hydro-
gène, mais l’activité protonique du milieu dans lequel ils sont pré-
sents qui déterminera l’activité catalytique. En solution, cette
En conclusion de cette présentation succincte des théories de
activité protonique sera caractérisée par les fonctions d’acidité.
l’acido-basicité, soulignons l’intérêt toujours actuel des théories
Cette notion, bien que non parfaitement adaptable aux solides aci-
de Brönsted-Lowry et de Lewis. Nous verrons que ces théories
des peut cependant être utilisée pour caractériser leur force acide.
permettent de décrire l’acte catalytique, que le catalyseur soit
soluble (catalyse homogène) ou solide (catalyse hétérogène).
1.1.2.2 Fonctions d’acidité de Hammett
En milieu aqueux dilué, les solutions d’acides forts peuvent être
1.1.2 Applications à la catalyse considérées comme idéales ; leur acidité s’identifie à la concentra-
tion en ions hydronium H3O+ et s’exprime par le pH. Toutefois, les
Après avoir présenté les théories de l’acido-basicité, il serait natu- solutions d’acide utilisées en catalyse sont généralement très
rel de parler successivement de catalyse acide, de catalyse basique concentrées ; la concentration du réactif est souvent très grande et
et catalyse bifonctionnelle acido-basique selon que les intermédiai- le milieu aquoorganique. Dans ces conditions, la définition de l’aci-
res réactionnels sont formés sur une espèce acide, basique ou sur dité par le pH, cesse d’être utilisable. Par exemple, dans le système
les deux. L’importance industrielle de ces types de catalyse est très H2O-H2SO4, lorsqu’on augmente la concentration en acide, la con-
différente. La catalyse acide jouant le rôle essentiel, nous insiste- centration en H3O+ passe par un maximum au voisinage de la com-
rons donc sur la caractérisation de l’acidité. position équimolaire tandis que l’acidité qui est mesurée par la
tendance de la solution à céder des protons à une base continue à
augmenter. En effet, les ions H3O+ sont alors remplacés par des
Comme cela est souligné ci-après, le proton est un acide de molécules H2SO4 encore plus acides. La véritable grandeur caracté-
Lewis très particulier. C’est pourquoi il est habituel de distinguer ristique du milieu est dans ce cas l’activité du proton aH qui ne
les acides protoniques (ou de Brönsted) des acides non protoni- prend pas seulement en compte l’ion hydronium mais toutes les
ques appelés simplement acides de Lewis. sources de proton.
L’équilibre de protonation d’une base neutre B par un proton (pré-
En catalyse acide, le proton est généralement l’espèce active, le sent uniquement à l’état solvaté) du milieu dont on cherche à déter-
rôle des acides de Lewis se limitant à exalter la force des acides pro- miner l’acidité :
toniques en s’associant avec ceux-ci.
Exemple : AlCl3 agirait en catalyse d’hydrocarbures non pas B + H+ BH+ (7)
comme acide de Lewis mais sous la forme de l’acide de Brönsted
H AlCl 4– (association d’AlCl3 et HCl).
+
est caractérisé par la constante d’équilibre thermodynamique :
Toutefois les acides et bases de Lewis sont souvent les espèces
actives en catalyse acido-basique. aB aH [B] fB
K BH + = ------------- = ---------------- a H ---------- (8)
a BH + [ BH ] + f BH +
1.1.2.1 Importance de l’activité protonique en catalyse
La première étape d’une réaction de catalyse acide est la polarisa- où les a et f représentent respectivement les activités des diverses
tion ou mieux encore l’ionisation des molécules neutres (donc peu espèces et les coefficients d’activité.
réactives) de l’un des réactifs. L’ionisation peut être provoquée par la L’expression (8) peut se mettre sous la forme :
présence d’acides de Lewis tels que le chlorure d’aluminium très uti-
lisé dans les réactions de Friedel et Crafts. Mais le rôle du proton est
[ BH + ] 1 fB 1
généralement essentiel, ce qu’on peut lier à ses caractéristiques. En
---------------- = ------------ a H ---------- = ------------ h 0 (9)
effet, le proton est le seul cation univalent à se réduire au noyau ato- [B] K BH + f BH + K BH +
mique avec par conséquent une taille 100 000 fois plus petite que
celle des autres ions. Si l’approche d’une molécule par un acide de c’est-à-dire que le rapport des concentrations de l’acide conjugué et
Lewis met en jeu la répulsion entre leurs nuages électroniques, ce de la base est égal au produit de la tendance de la base à fixer un
n’est pas le cas pour son approche par un proton. Au contraire, le
proton ( 1 ⁄ K BH + ) par la tendance du milieu à le céder ou fonction
proton exerce à son voisinage un champ électrique et une action
polarisante particulièrement puissants. Cette caractéristique unique d’acidité h0 [3].
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur J 1 210 − 3
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2
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J1255
Catalyse hétérogène
dans les procédés industriels
par Denis UZIO
Ingénieur de recherche
2
IFP Énergies nouvelles (IFPEN), Lyon, France
Note de l’éditeur
Cet article est la version actualisée de l’article J1255 intitulé « Catalyse hétérogène dans les
procédés industriels », rédigé par Claude Naccache et paru en 2005.
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Référence Internet
J1255
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Référence Internet
J1255
Gazoles
C20-C45
220-370
370/550
2
Résidus atmosphériques > C30 350+
Figure 1 – Différents types de catalyseurs hétérogènes (© IFPEN/ 1.1.1.2 Hydrocraquage des charges lourdes (DSV, DAO,
Patrick Chevrolat) résidus)
Moins répandu et par certains aspects concurrent du FCC,
(viscoréduction, cokage), et ceux qui utilisent un catalyseur pour l’hydrocraquage – comme son nom l’indique – réalise la conver-
accélérer et orienter les réactions comme le craquage catalytique sion des charges lourdes en présence de fortes pressions
ou encore l’hydrocraquage. Nous ne traiterons ici que les aspects d’hydrogène (80-150 bar) et à haute température (350-450 °C en
concernant ces derniers. fonction des charges traitées). Il est particulièrement versatile
mais souvent dédié à la production de distillats moyens (gazole,
1.1.1.1 Craquage catalytique kérosène) de très bonne qualité en termes de teneurs en impure-
Procédé très important de par sa capacité à traiter de nombreux tés (soufre, azote) et en indice de cétane du gazole produit. Les
types de charges lourdes (typiquement des distillats sous vide améliorations successives du procédé ont conduit à un schéma
(DSV), mais aussi des gazoles lourds d’hydrocraquage (HCK), multi-étapes comprenant un prétraitement (HDS, HDN, HDA), et
coker, deasphalted oil (DAO)) et les capacités de production qu’il une section simple ou double d’hydroconversion ; les technolo-
permet d’atteindre (environ 800 Mt/an dans le monde), le cra- gies usuelles étant des réacteurs de type lits fixes contenant un
quage catalytique met en œuvre un catalyseur acide de la famille ou plusieurs catalyseurs étagés.
des aluminosilicates cristallisés (zéolithes) à haute température Les catalyseurs présentent une double fonction catalytique (on
(500-550 °C) et sous faible pression (proche de Patm). Après frac- parle alors de catalyse bifonctionnelle) [J1217] : un sulfure de
tionnement, les effluents liquides produits sont envoyés dans des métal de transition (NiMoS, NiWS) associé à un oxyde aux pro-
unités d’hydrotraitement afin de les rendre compatibles aux spéci- priétés acides tel que les zéolithes ou les silice-alumines amor-
fications notamment en termes de teneur en soufre ou en aroma- phes. Le premier assure l’élimination des hétéroéléments et
tiques. L’essence (coupe C5-220 °C) est le produit généralement participe à l’activation de l’hydrogène et des hydrocarbures qui
45
2
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IN142
INNOVATION
La catalyse organométallique
en phase aqueuse assistée
par des charbons actifs
2
par Nicolas KANIA
Docteur
Attaché de recherches de l’université d’Artois / UCCS Artois
Anne PONCHEL
Professeur
Enseignant chercheur de l’université d’Artois / UCCS Artois
et Eric MONFLIER
Professeur
Enseignant chercheur de l’université d’Artois / UCCS Artois,
Directeur de l’UCCS Artois.
Résumé : La capacité d’adsorption des charbons actifs peut être mise à profit pour
améliorer le transfert de matière dans des réactions de catalyse organométallique en
phase aqueuse. Un procédé catalytique original a été développé, dans lequel le charbon
actif permet de faciliter la rencontre entre un substrat hydrophobe et un catalyseur
organométallique hydrosoluble par confinement des espèces dans les pores.
Abstract : The adsorption capacity of activated carbon can be used to improve the
mass transfer in a organometallic catalysis reaction in aqueous phase. An original cata-
lytic process was developed in which the activated carbon allows the meeting between
the hydrophobic substrate and the water-soluble organometallic catalyst by a confine-
ment effect of the species.
Points clés
Domaine : Catalyse organométallique en milieu aqueux, chimie verte
Degré de diffusion de la technologie : Émergence | Croissance | Maturité
Technologies impliquées : Adsorption, transfert de phase
Domaines d’application : Catalyse, traitement des pollutions
Principaux acteurs français :
Université de Lille Nord de France, 59000 Lille
Université d’Artois, Unité de Catalyse et de Chimie du Solide, 62300 Lens
CNRS, UMR 8181, 59650 Villeneuve d’Ascq
Parution : novembre 2011
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IN142
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lyse hétérogène). Pour ces deux catégories, les avantages et phosphine trisulfonée [TPPTS : P(m-C6H4SO3Na)3] [3]. Un autre
les inconvénients ont largement été discutés. En effet, les cataly- exemple concerne l’hydrodimérisation du butadiène en nona-
seurs homogènes sont connus pour être très actifs et très sélec- nediol développée par la compagnie japonaise Kuraray. Ce pro-
tifs, car les propriétés électroniques et stériques des catalyseurs cédé inclut deux étapes catalytiques en milieu biphasique
peuvent être modulées en fonction des problèmes rencontrés. A utilisant des complexes de palladium ou de rhodium stabilisés
contrario, cette modulation est plus difficile en catalyse hétéro- par la triphénylphosphine monosulfonée [TPPMS : PPh2(m-
gène. En effet, les incompréhensions mécanistiques de certaines C6H4SO3Na)] [3].
réactions de catalyse hétérogène l’ont amené à être parfois qua- Cependant, bien que la catalyse biphasique aqueuse soit
lifiée de « black art ». Cependant, l’utilisation de métaux très appropriée aux substrats hydrosolubles, elle ne peut être faci-
coûteux met en évidence un des problèmes fondamentaux de la lement généralisée aux cas des substrats hautement hydro-
catalyse homogène d’un point de vue environnemental et écono- phobes. En effet, le transfert de matière entre les phases
mique : le recyclage du catalyseur. La catalyse organométallique organique et aqueuse est insuffisant pour envisager des déve-
aqueuse est une solution à ce problème. Dans ce type de systè- loppements industriels.
mes, le catalyseur est solubilisé dans une phase alors que le
substrat de la réaction se trouve dans l’autre phase. Ces deux 1.1.2 Solutions
phases étant non miscibles, la réaction se déroule à l’interface Pour pallier les limitations diffusionnelles se produisant entre
et/ou dans la phase contenant le catalyseur. La récupération et des réactifs hydrophobes et le catalyseur hydrosoluble, plusieurs
le recyclage du catalyseur sont effectués par simple séparation approches ont été proposées dans des études antérieures.
des phases, les produits de la réaction étant eux aussi insolubles
dans la phase catalytique (figure 1) [1][2]. Dans le contexte de 1.1.2.1 Cosolvants
la chimie verte, le choix des solvants est primordial. Ils ne doi- En modifiant la polarité de chacune des phases (phase
vent être ni toxiques ni dangereux. La combinaison d’un pro- aqueuse et phase organique), les cosolvants permettent d’aug-
cédé alliant la catalyse homogène biphasique et l’utilisation de menter le transfert de matière entre ces deux phases. Les cosol-
solvants adéquats peut donc être une bonne alternative pour la vants les plus utilisés sont le méthanol, l’éthanol, l’acétone,
mise au point de nouveaux procédés propres. Ainsi, différentes l’acétonitrile et le tétrahydrofurane. Néanmoins, en augmentant
stratégies ont été mise en place, avec le développement de sol- le transfert de matière, les cosolvants peuvent conduire à la
vants alternatifs (liquides ioniques, solvants fluorés, dioxyde de solubilisation partielle du catalyseur dans la phase organique et
carbone supercritique, eau) et de ligands spécialement conçus peuvent compromettre son recyclage.
(ioniques, fluorés, carbonylés, hydrosolubles) pour retenir le cen-
tre métallique actif dans le solvant. Parmi tous les solvants, 1.1.2.2 Tensioactifs
l’eau est particulièrement intéressante. Sa non-toxicité, son
caractère non polluant, son ininflammabilité, son coût en font un Les tensioactifs sont des molécules constituées d’une
solvant de choix. On parle alors de « catalyse biphasique partie hydrophobe (une ou plusieurs chaînes alkyles par
aqueuse. » exemple) et d’une partie hydrophile sous forme cationique
(ammonium ou phosphonium), anionique (sulfate ou sulfo-
1.1.1 Avantages et inconvénients nate), neutre (chaînes polyoxyéthylènées) ou zwittertionique
(groupements simultanément cationiques et anioniques) [4].
La catalyse biphasique aqueuse est une méthode élégante
et respectueuse de l’environnement. Toutefois, il faut être
capable de solubiliser les complexes organométalliques dans Jusqu’à une certaine concentration (concentration micel-
l’eau en apportant un caractère hydrosoluble aux ligands. laire critique), ces molécules se rassemblent à l’interface
Réactifs Produits/réactifs
Produits Séparation
et
réactifs
Décantation
Agitation
Solution Solution
catalytique catalytique
Solution
catalytique
Recyclage
48
Référence Internet
IN142
INNOVATION
des deux phases en présentant leur partie hydrophobe vers 1.1.2.4 Supports poreux inorganiques
la phase non aqueuse. Au-delà de cette concentration, les Une autre stratégie consiste à ajouter dans le milieu réac-
molécules s’assemblent pour former des micelles. Ce tionnel un support poreux d’aire spécifique élevée. L’exemple
comportement permet d’améliorer le transfert de matière le plus répandu est celui de la catalyse de type SAP (Suppor-
entre les deux phases par solubilisation des composés ted Aqueous Phase) originellement développé par Davis et
hydrophobes au sein des agrégats micellaires [5]. Toutefois, coll. ([12] à [14]). Le principe est basé sur l’adsorption d’un
l’utilisation de tensioactifs conduit souvent, en fin de réac- film d’eau contenant le précurseur catalytique sur la surface
tion, à la formation d’une émulsion stable qui gêne le recy- d’un support poreux inorganique hydrophile comme la silice ou
clage de la phase catalytique.
Interface Interface
Catalyseur
organométallique
hydrosoluble
Catalyseur
organométallique
hydrosoluble
49
2
50
Référence Internet
CHV1550
51
Référence Internet
CHV1550
2
phase en chimie de synthèse selon trois grandes approches : la catalyse par
transfert de phase qui implique un transfert en phase organique, le transfert
de phase inverse qui implique un transfert en phase aqueuse et les systèmes
thermorégulés qui impliquent un transfert de phase ou une séparation de
phase induite par variation de température.
1. Catalyse par transfert – les réactions qui font intervenir des anions disponibles sous
forme de sels (cyanures, halogénures, azotures ou sels d’acides
de phase (CTP) : transfert organiques « forts » comme les carboxylates...). Dans ce cas, la réac-
tion procède selon un mécanisme dit « d’extraction » décrit figure 1.
de réactifs et/ou Les sels sont introduits en solution aqueuse (système liquide-liquide
L/L) ou sous forme solide (système solide-liquide S/L). La phase
de catalyseurs en phase organique contient le substrat organique en solution dans un sol-
vant organique ou pur, s’il est liquide. Le catalyseur transfert en
organique continu l’anion réactif en phase organique, sous forme de paire
d’ions lipophiles générée par échange d’ions, phase dans laquelle se
La catalyse par transfert de phase (CTP) est maintenant une techni- produit la réaction. Ce mécanisme s’applique par exemple à des
que bien établie, largement utilisée en chimie de synthèse et appli- réactions de substitutions nucléophiles, d’estérifications, d’oxyda-
quée dans de multiples procédés industriels. Nous présentons ici le tions ou de réductions (figure 1, encadré 1) ;
principe de la catalyse par transfert de phase et ses avantages pour le – les réactions qui font intervenir des anions organiques générés in
développement de procédés plus écorespectueux, ses principales situ à partir d’acides organiques faibles comme les carbanions, alcoo-
applications avec les développements récents les plus saillants. Pour lates, amidures, thiolates, etc. Dans ce cas la réaction procède selon
un panorama complet et détaillé des multiples applications de la cata- un mécanisme interfacial décrit figure 2. La base inorganique est
lyse par transfert de phase le lecteur pourra se reporter aux articles introduite sous forme de solution aqueuse concentrée (NaOH ou
[J1192][J1230v2] de cette base et aux ouvrages cités en références. KOH) pour les procédés L/L ou sous forme solide (NaOH, KOH,
K2CO3) pour les procédés S/L. La phase organique contient le précur-
seur de l’anion (acide organique faible AH), le réactif électrophile, le
1.1 Principe et applications catalyseur de transfert de phase et le solvant. L’anion réactif est
généré à l’interface par réaction avec la base, puis est transféré dans
La catalyse par transfert de phase repose sur le transfert d’un la phase organique sous forme de paire d’ions lipophiles A–Q+ où il
réactif anionique en phase organique par formation d’une paire réagit avec l’électrophile (généralement un agent alkylant). Cette
d’ions lipophiles avec un cation lipophile, appelé catalyseur de technique s’applique à un vaste panel de réactions (figure 2,
transfert de phase. Cette technique est applicable à une grande encadré 1) : C-, O-, N-, S-alkylations, éliminations, réactions de Wit-
variété de réactions au cours desquelles des anions, organiques ou tig et analogues, réactions de Darzens, additions de Michael, etc.
inorganiques, réagissent avec des substrats organiques. Les réac- Les réactions impliquant des carbènes, comme l’insertion de
tions peuvent être conduites en système liquide-liquide (L/L : eau / dichorocarbènes sur des doubles liaisons et la formation d’isonitri-
solvant organique ou substrat liquide pur) ou en système solide- les, procèdent selon le même schéma. Le dichlorocarbène est
liquide (S/L). Dans ces systèmes biphasiques hétérogènes, une généré par action de la soude sur le chloroforme utilisé comme
phase (phase aqueuse ou solide) est le réservoir d’anions réactifs solvant [J1192][J1230v1] [1].
ou de base (qui permet la génération d’anions organiques) alors
que le substrat organique est localisé dans la seconde phase La catalyse par transfert de phase est également utilisée pour
(phase organique). Les anions réactifs sont continûment transférés des réactions métallocatalysées telles que des réactions de carbo-
en phase organique sous forme de paire d’ions lipophiles avec un nylations de composés halogénés catalysées par le complexe dico-
cation lipophile (Q+) apporté par le catalyseur de transfert de phase balt octacarbonyle ou des complexes du palladium ou du nickel et
(typiquement un sel de tétraalkylammonium Q+X–). des réactions d’oxydations d’alcools et d’époxydation d’alcènes
par l’eau oxygénée catalysées par des tungstates ou d’autres poly-
En système L/L, les réactions sont généralement effectuées avec oxométallates [5][7]. Des réactions de couplage carbone-carbone
des solvants aromatiques (toluène), des solvants chlorés (chloro- telles que des réactions de Heck et de Suzuki (couplages d’aroma-
forme, dichlorométhane) ou sans solvant lorsque le substrat orga- tiques halogénés avec des alcènes ou des acides arylboroniques),
nique est liquide à la température de réaction. catalysées par des complexes ou des sels de palladium (en
En système S/L on utilise classiquement des solvants polaires l’absence de ligand) sont efficacement réalisées en milieu aqueux,
aprotiques (acétonitrile, DMF…) ou encore des solvants aromati- sans solvant organique, en présence de sels d’ammonium [5][8].
ques (toluène). De nombreux exemples de réactions couplant la catalyse par trans-
Les réactions de catalyse par transfert de phase peuvent être fert de phase avec une activation micro-ondes ou ultrasons ont été
divisées en deux grandes catégories [1] : décrites, notamment en systèmes solide-liquide [2][6] [K1250]. L’utili-
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CHV1550
Phase organique R X + M +Y – R Y
R X + Q+ Y– R Y + Q+ X– X = Cl, Br, I M = Na, K...
Y = CN, N3, RCO2, F, Cl, Br, I
R
R
CH OH + Ox. O
2
2– R'
R' Ox. = ClO– , Cr2O7 R' = H, alkyle
R R
O + NaBH4 CH OH
R'
R' = H, OH, alkyle R'
Figure 1 – Catalyse par transfert de phase par mécanisme d’extraction et exemples de réactions typiques
Figure 2 – Catalyse par transfert de phase par mécanisme interfacial et exemples de réactions typiques
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CHV1550
température jusqu’à 150-200 ° C et en milieu basique. Ils présentent Les catalyseurs de transfert de phase chiraux ont permis de réa-
cependant l’inconvénient d’être coûteux. Un analogue acyclique, liser de multiples réactions d’alkylations énantiosélectives d’acides
moins onéreux, la tris(3,6-dioxaheptyl)amine (TDA) est également aminés ou de β-cétoesters [22] à [26]. L’alkylation de dérivés d’aci-
un bon agent de transfert de phase pour des réactions S/L [2]. des aminés (plus particulièrement des imines) par catalyse par
transfert de phase est très efficace pour la synthèse asymétrique
■ Les polyéthylène-glycols (PEG) : ces polyéthers sont des substituts de dérivés mono- ou di-alkylés en α avec de très bons excès énan-
économiques aux éthers-couronnes. Ils présentent de plus l’intérêt
tiomériques (figure 5) ([22] à [26]). Les autres réactions énantio-
d’être faciles à séparer et peuvent être récupérés en fin de réaction
sélectives réalisées par CTP sont notamment les réactions
[2][4][9][10]. Des PEG, de masses molaires comprises entre 400 et
d’additions de Michael de dérivés d’acides aminés ou de dérivés
6000, ont été utilisés comme catalyseurs de transfert de phase pour
une grande variété de réactions en système solide-liquide avec ou maloniques sur des cétones α,β-insaturées (figure 6), des réactions
sans solvant organique (éthérifications, substitutions nucléophiles, d’aldolisation, des réactions de Mannich, des réactions de Darzens,
oxydations, réductions, carbonylations) [9]. Un intérêt majeur des des réactions d’époxydation de doubles liaisons activées par l’eau
2
PEG est la possibilité de les utiliser comme solvant permettant ainsi oxgénée ou l’hypochlorite de sodium [22][23].
de s’affranchir de l’utilisation de tout autre solvant organique [9].
■ Les liquides ioniques comme les sels d’imidazolium sont des
agents de transfert de phase efficaces et récupérables. Ils peuvent
F
être utilisés comme catalyseurs de transfert de phase dans des
procédés S/L classiques avec solvant organique [11]. Les liquides Br– F
ioniques comme le [bmim][PF6] peuvent également être utilisés
comme solvant réactionnel unique, en l’absence de solvant H N+ F
organique : ils permettent une séparation facile des produits par
distillation, extraction classique ou extraction par le CO2 supercriti- OR
+N
que et un recyclage du liquide ionique après élimination des sels
par lavage à l’eau [12]. N
Br–
Plus récemment, des dérivés perfluorés d’éthers-couronnes et F
de sels d’onium ont été développés pour la mise en œuvre de 1a R = H
réactions biphasiques L/L ou S/L avec des solvants fluorés ou des 1b R = allyle 3 F
solvants organiques classiques. Dans ce dernier cas, les propriétés F
de solubilité des catalyseurs perfluorés permettent leur séparation
par simple variation de température [13] (cf. § 3.2.1). Ph
Ar Ar
HO Cl–
1.2.2 Catalyseurs de transfert de phase supportés O
+N
N+ Me
2 BF4–
Les catalyseurs de transfert de phase classiques posent parfois O + Me
N H N
des problèmes de séparation, leur récupération est souvent diffi-
cile et nécessite des étapes séparatives supplémentaires. L’utilisa- Ph Ar Ar
tion de catalyseurs supportés facilite la séparation des produits en
fin de réaction et permet un recyclage aisé du catalyseur. 2 4 Ar = p-C6H4-Me
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CHV1550
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2
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INNOVATION
Introduction
es phosphines jouent un rôle primordial en tant que promoteurs dans
L de nombreuses transformations classiquement utilisées en chimie orga-
nique dans lesquelles, le plus souvent, la phosphine est oxydée
(réactions de Wittig, Mitsunobu, Staudinger…). Si elles sont très effi-
caces et utilisées quotidiennement dans les laboratoires de recherche
académique et en industrie pour la formation de liaisons carbone-
carbone et carbone-hétéroatome, ces réactions sont également généra-
trices d’une quantité importante de déchets chimiques, notamment en
oxyde de phosphine. Or ce sous-produit complique très souvent l’étape de
purification. Ainsi, afin de diminuer la quantité de phosphine utilisée, plu-
sieurs chercheurs à travers le monde ont développé des procédés
catalytiques redox P(III)/P(V) par régénération in situ de la phosphine tri-
valente. Pour ce faire, les silanes, qui peuvent être également des déchets
de l’industrie des silicones, sont utilisés comme agents réducteurs. Ainsi, il
est maintenant envisageable de tendre vers une chimie plus économe en
atomes, et par là même de diminuer l’impact environnemental et la
demande en énergie de certaines réactions chimiques. Dans cet article,
après avoir détaillé la première réaction de Wittig catalytique en phos-
phine, toutes les conditions opératoires nécessaires à la réussite d’une telle
transformation sont exposées. Par la suite, plusieurs procédés catalytiques
redox par les phosphines sont décrits et présentés par grande classe de
réactions : oléfination de Wittig et ses dérivés, Mitsunobu (substitution
nucléophile sur un alcool), halogénation d’Appel, Staudinger (transforma-
tion d’un azoture en amine ou formation d’amides). Des exemples en
synthèse organique, et notamment la synthèse totale de produits naturels
sont présentés, tels que le (S)-vasicinone et les dichrocéphones A et B.
Enfin, dans le cas où les produits formés possèdent des centres stéréo-
gènes, il est possible d’utiliser une faible quantité de phosphines chirales,
et ainsi d’obtenir des produits optiquement actifs par catalyse asymétrique,
et notamment des cyclobutènes chiraux et des composés azotés tricycli-
ques complexes.
Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire et un tableau des notations
utilisées.
Parution : mars 2021
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INNOVATION
Points clés
Domaine : Catalyse / Chimie verte
Degré de diffusion de la technologie : Émergence
Technologies impliquées : Organocatalyse, catalyse asymétrique
Domaines d’application : Chimie
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INNOVATION
Réduction de l’oxyde
de phosphine
2
PPh3 Br O = PR3 PR3
R2
R1
R2
R3
Réaction R3 X
O
de Wittig (A)
O O
O O = PPh3
R1
R2 R2
Déprotonation X
OR R3
R3 PR3 PR3
H
R = C(O)CH3 Base
Saponification Ylure Sel
de phosphore de phosphonium
Vitamine A (R = H) (C) (B)
Wittig [12], elle lui a notamment valu en 1979 le prix Nobel, catalytique par réduction de l’oxyde de phosphine et donc la
pour « le développement de l’utilisation des composés phos- régénération de la phosphine trivalente. Il est donc possible
phorés comme réactifs importants en synthèse organique ». d’utiliser une quantité sous-stœchiométrique de phosphine.
Parmi les applications marquantes de cette réaction dans
l’industrie, nous pouvons citer la synthèse de la vitamine A 2.2 Premiers exemples de la réaction
(figure 1a) [13] [14].
de Wittig catalytique
Le mécanisme de cette réaction se divise en quatre étapes
consécutives dont la première consiste en la formation du sel ■ La première réaction de Wittig, utilisant des quantités sous-
de phosphonium (B) résultant de la substitution nucléophile stœchiométriques de phosphine, a été mise au point par
de la phosphine trivalente (PR3) sur le partenaire halogéné l’équipe du C. J. O’Brien en 2009 (figure 2) [16]. En utilisant
(A) (figure 1b). Ce sel de phosphonium est ensuite converti l’oxyde de 3-méthyl-1-phénylphospholane comme catalyseur,
en ylure de phosphore (C) par déprotonation, en présence le diphénylsilane comme agent réducteur et le carbonate de
d’une base organique ou inorganique. Cet ylure de phosphore sodium (Na2CO3) comme base, dans le toluène à 100 °C et
réagit alors avec un aldéhyde (RCHO) ou une cétone après 24 h de réaction, plusieurs oléfines ont ainsi pu être
[RR’C(O)] par réaction de Wittig intermoléculaire aboutissant à synthétisées. Comme nous allons l’expliquer par la suite, la
l’oléfine désirée [15]. Comme exposé précédemment, le gros structure cyclique de la phosphine possède un rôle important
point négatif de ce procédé est qu’il est peu économique en dans le succès de cette réaction. De nombreux aldéhydes por-
atomes, du fait de la formation d’oxyde de phosphine (R3P=O) tant des substituants alkyles, aryles ou des hétéroaryles, ainsi
comme déchet. Il n’est donc pas étonnant que des chercheurs que différents dérivés bromés primaires électrodéficients ont pu
aient voulu développer une version catalytique en phosphine être utilisés (21 exemples avec des rendements de 60 à 81 %,
de cette transformation. 34:66 à > 95:5 en termes de rapport d’isomères E/Z). Dans
certains cas, le triméthoxysilane peut être employé comme
Il est important ici de différencier une réaction promue par agent réducteur, de même que la N,N-diisopropyléthylamine
une phosphine (> 1 équivalent) ou catalysée par une espèce (DIPEA) a pu être utilisée comme base organique soluble [17]. Il
phosphorée (5 à 20 %mol dans la majorité des cas rencontrés est à noter que, durant cette transformation catalytique, le
dans le cadre de cette revue). Ce changement fondamental ratio des isomères E/Z était susceptible de changer au cours du
est lié à la stœchiométrie des réactifs introduits au début de temps en faveur de l’isomère E. Il a été postulé que cette post-
la réaction. Ainsi, dans le cas de la synthèse décrite dans la isomérisation résultait d’une addition nucléophile de la phosphine
figure 1a, les quantités de tous les réactifs, incluant l’espèce trivalente sur l’oléfine Z, suivie d’une élimination aboutissant à
phosphorée, sont proportionnelles à leurs nombres stœchio- l’oléfine E de façon majoritaire.
métriques au début de la réaction. C’est le cas rencontré dans
une réaction de Wittig « classique ». Tout l’intérêt des travaux ■ Ainsi, en utilisant cette nouvelle méthodologie catalytique, il a
détaillés dans le cadre de ce paragraphe réside dans la régé- pu être isolé un intermédiaire clé de la synthèse du chlorhy-
nération in situ de l’espèce phosphorée à un niveau d’oxyda- drate de donépézil (commercialisé sous le nom Aricept®),
tion P(III). Ainsi, un agent réducteur permet de boucler le cycle utilisé dans le traitement de la maladie d’Alzeimer (figure 3).
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P (10 %mol)
Ph O
O R2 R2
Ph2SiH2 (1,1-1,5 équiv.) R1
2
+
R1 H R3 Br Na2CO3 (1,5 équiv.) R3
toluène, 100 °C, 24 h 21 exemples
Rdts = 60-81 %
Rapport E/Z = 34:66 à >95:5
R R CN
Ph
R = CO2Me, 74 %, >95:5 R = CO2Me, 70 %, 60:40 63 %, 66:34
R = CN, 80 %, 75:25 R = CF3, 70 %, 60:40
R = COPh, 74 %, >95:5
CO2Me CO2Me
R Ph
3
R = CO2Me, 65 %, >95:5 77 %, 83:17 68 %, >95:5
R = CN, 66 %, 66:34
O
P
(10 %mol)
Ph O O
Ph N
Ph2SiH2 (1,2 équiv.)
+
O iPr2NEt (1,1 équiv.) Ph N
OMe OMe
toluène, 100 °C, 24 h
Br E/Z >95:5
74 % (12,2 g) OMe
OMe
O H2, Pd/C
Ph N OMe
HCl
OMe
Chlorhydrate de donépézil
En présence de seulement 10 %mol d’oxyde de phosphine, et ■ Malgré les avantages indéniables de ce procédé, il subsiste
du diphénylsilane comme agent réducteur, à 100 °C pendant encore certains inconvénients. Notamment, d’un point de vue
24 h, le produit désiré a été synthétisé avec un rendement de pratique, il serait plus avantageux de réaliser cette réaction
74 %, sur une échelle de plus de 40 mmol. Dans cet exemple, d’oléfination à température ambiante, au lieu de chauffer à 100 °C.
la sélectivité de la réaction de Wittig a été totalement en Une observation expérimentale a permis à O’Brien de résoudre
faveur de l’isomère E. Une réaction d’hydrogénation subsé- ce problème. En effet, il s’est aperçu qu’il était possible de
quente a permis d’obtenir le chlorhydrate de donépézil, prin- diminuer la température réactionnelle si un aldéhyde non
cipe actif du médicament. purifié, contenant des traces d’acide carboxylique, était utilisé
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P (10-20 %mol)
nBu O
O R2 PhSiH3 (1,4 équiv.) R2
+ R1
R3
2
R1 H R3 CO2H
Br
(2,5-10 %mol) 16 exemples
Rdts = 61-91 %
O2N
Rapport E/Z = 51:49 à >95:5
iPr2NEt (1,4 équiv.)
EtOAc, 20 °C, 24 h
(figure 4). Ainsi, une réaction de Wittig a pu être réalisée en nant les phosphines acycliques (I), les trialkylphosphines
présence d’oxyde de 1-butylphospholane et de phénylsilane à (comme la tributylphosphine) sont plus nucléophiles que leurs
température ambiante en ajoutant un équivalent d’acide 4-nitro- analogues aryliques (comme la triphénylphosphine). Pour les
benzoïque (16 exemples, rendements de 61 à 91 %, rapport phosphines cycliques, plus le cycle est grand, et plus la phos-
d’isomères E/Z de 51:49 à > 95:5) [18]. Cet additif aurait un phine sera nucléophile. Ainsi, des phosphines à 5-6 chaînons
double effet permettant d’une part de faciliter le processus de sont bien plus nucléophiles que leurs analogues à 4 chaînons. En
réduction et, d’autre part, de solubiliser le sel de phosphonium ce qui concerne la facilité de réduction de l’oxyde de phos-
intermédiaire, offrant ainsi une meilleure réactivité. phine, les phosphines cycliques sont plus faciles à réduire que
leurs homologues acycliques. Cela est d’autant plus vrai pour
des phosphines cycliques à 4 ou 5 chaînons. Le meilleur compro-
2.3 Prérequis au développement mis entre la nucléophilie et la facilité de réduction a donc été
de procédés catalytiques établie avec les oxydes de phosphines cycliques à 5 chaînons,
en phosphine tels que l’oxyde 5-phénylbenzo[b]phosphindole (II), l’oxyde
3-méthyl-1-phénylphospholène (III) ou l’oxyde de 3-méthyl-
À travers le développement de ce premier procédé de Wittig 1-phénylphospholane (IV), utilisés par l’équipe de O’Brien. En
catalytique, il semble se dessiner trois critères nécessaires à ce qui concerne les phosphines chirales utilisées en catalyse
l’élaboration d’un tel processus (figure 5). asymétrique (§ 7), les meilleurs catalyseurs se sont avérés
être les phosphines bicycliques de la famille des HypPhos (V).
■ La structure de la phosphine
La phosphine doit être suffisamment nucléophile pour la ■ La nature de l’agent réducteur
première étape de formation du sel de phosphonium. Cepen- L’agent réducteur doit être suffisamment réactif afin de
dant, l’oxyde de phosphine correspondant doit être également réduire la liaison P=O, qui est l’une des liaisons les plus fortes
réduit dans les conditions les plus douces possibles. Concer- en chimie organique, mais surtout suffisamment chimiosélectif
O OMe
TsN
P
R R P P
P P
R Ph O O
Ph O Ph O
(I) R = Ph, nBu,… benzophosphindole (II) phospholène (III) phospholane (IV) HypPhos (V)
a phosphines utilisées
CH3
PhSiH3 Ph2SiH2 Me(OEt)2SiH O
Si O
HMe2Si SiMe2H
H n
TMDS
PMHS
b agents réducteurs
c additifs
61
2
62
Intensification des procédés et méthodes d'analyse
durable
(Réf. Internet 42493)
1– Principes
2– Procédés catalytiques
3
3– Procédés de synthèse et de production Réf. Internet page
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
63
3
64
Référence Internet
AF6310
Ultrasons et sonochimie
3
Maître de conférences, université de Savoie (Chambéry)
armi les domaines industriels faisant appel à une utilisation classique des
P ultrasons, le nettoyage constitue sans doute l’exemple le plus connu et le
plus remarquable. Du point de vue de la sonochimie, les applications des
ondes ultrasonores sont rares. Même si l’usage de cette technologie dans les
secteurs de la chimie fine, de la chimie de synthèse, de la chimie de spécialité
ou encore de la chimie de l’environnement est connu, il demeure souvent
confidentiel et relève dans la grande majorité des cas d’un savoir-faire volon-
tairement gardé secret.
Les ultrasons, identifiés par le CNRS comme l’une des technologies du
XXIe siècle, constituent une voie unique tant pour l’activation des phénomènes
de transfert que comme agent d’oxydation radicalaire ou de pyrolyse.
Parution : janvier 2008
65
Référence Internet
AF6310
3
vaux de recherche qu’elle recouvre, ouvrant ainsi sur la tic médical. Lorsque la puissance ultrasonore est suffisante, le
perspective de nouvelles applications des ondes ultrasonores. passage de l’onde ultrasonore s’accompagne de phénomènes phy-
siques non linéaires et des transformations chimiques associées.
On parle alors d’ultrasons de puissance dont l’émission est sus-
ceptible de modifier le milieu traversé.
1.1 Généralités
1.1.3 Propagation
1.1.1 Définition
Les ultrasons sont des ondes vibratoires de compression longi-
Les ultrasons appartiennent à la catégorie des sons inaudi- tudinale dont la propagation induit à la fois une variation spatiale
bles par l’Homme. Ce sont des ondes vibratoires dont la fré- et temporelle de la pression, comme ce qui peut être observé dans
quence est supérieure au seuil d’audibilité de l’oreille humaine le cas d’un piston oscillant (figure 2). Deux formes d’agitation du
qui se situe classiquement aux environs de 16 000 Hz. fluide en résultent. Du fait de la compressibilité du liquide, il appa-
raît un mouvement d’oscillation des éléments de liquide autour de
leur position d’équilibre. À cela s’ajoute un mouvement d’ensem-
1.1.2 Caractérisation ble provoqué par la propagation de l’onde.
Les grandeurs physiques caractéristiques principales de l’onde La transmission des ultrasons est un phénomène vibratoire pour
ultrasonore sont la fréquence f (hertz ou cycle par seconde), la lon- lequel se retrouvent les problèmes classiques de transmission, de
gueur d’onde λ (m), la vitesse de propagation ou célérité c (m · s−1) réflexion et d’ondes stationnaires.
Extraction solide-liquide
Sonochimie
Ultrasons de Dégazage
puissance
Applications
(> dizaine
de watts) Démoussage
Nettoyage
Émulsification
66
Référence Internet
AF6310
3
Compression vitesse s’impacte sur une lame vibrante, est utilisée, notamment
pour réaliser des opérations d’homogénéisation de mélanges. Ce
procédé n’est toutefois pas utilisé en sonochimie.
2Z 2 V
Z 2 + Z1
et le coefficient de réflexion :
Effet Effet piézo-électrique
Z 2 − Z1 piézo-électrique inverse
Z 2 + Z1 Figure 3 – Piézo-électricité
67
3
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Référence Internet
K1250
Sonochimie organique
par Micheline DRAYE
Professeur des universités, université de Savoie (Chambéry)
Laboratoire de chimie moléculaire et environnement
et Julien ESTAGER
Docteur de l’université de Savoie (Chambéry)
Laboratoire de chimie moléculaire et environnement
Max MALACRIA
Jean-Philippe GODDARD
et Cyril OLLIVIER
UPMC, Univ. Paris 06, Institut parisien de chimie moléculaire (UMR CNRS 7201)
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1. Théorie .............................................................................................. K 1 250 – 2
1.1 Dynamique de bulle ........................................................................... — 2
1.2 Facteurs affectant la cavitation .......................................................... — 3
1.3 Estimation des paramètres ultrasonores........................................... — 3
2. Équipement de laboratoire et équipement industriel.............. — 4
2.1 Bacs à ultrasons ................................................................................. — 5
2.2 Sondes ultrasonores .......................................................................... — 5
2.3 Réacteurs haute fréquence................................................................. — 5
2.4 Réacteurs « cup-horn » ...................................................................... — 6
2.5 Réacteurs sifflets ................................................................................ — 6
2.6 Transducteurs pour réacteurs en continu.......................................... — 6
3. Application à la synthèse organique .......................................... — 6
3.1 Synthèse en milieu homogène .......................................................... — 6
3.2 Synthèse en milieu hétérogène ......................................................... — 7
4. Autres utilisations des ultrasons en chimie .............................. — 10
4.1 Sonophotocatalyse ............................................................................. — 10
4.2 Polymérisation sous ultrasons........................................................... — 10
4.3 Ultrasons et nanoparticules ............................................................... — 10
4.4 Chimie enzymatique sous ultrasons.................................................. — 10
4.5 Sonoélectrosynthèse .......................................................................... — 10
4.6 Utilisation des ultrasons pour la dégradation de polluants
organiques .......................................................................................... — 11
5. Limitations de la sonochimie........................................................ — 11
5.1 Reproductibilité .................................................................................. — 11
5.2 Homogénéité du champ ultrasonore ................................................. — 11
5.3 Détermination de la puissance ultrasonore ...................................... — 12
5.4 Scale-up .............................................................................................. — 12
6. Conclusions et perspectives des ultrasons en chimie
organique.......................................................................................... — 12
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. K 1 250
e terme sonochimie est utilisé pour décrire les processus chimiques et phy-
L siques qui se produisent en solution grâce à l’énergie apportée par les ultra-
sons. Ces effets sont reliés au phénomène de cavitation qui correspond à la
formation et à l’implosion de microbulles de gaz dans les liquides sous l’effet
des ultrasons. En s’effondrant, ces microbulles de cavitation libèrent d’impor-
tantes quantités d’énergie sous forme d’une intense chaleur locale, comparable
à la température à la surface du Soleil (5 000 K), de très haute pression (jusqu’à
1 000 atm), d’ondes de choc et de microcourants acoustiques ; chaque bulle de
cavitation peut ainsi être considérée comme un microréacteur.
Parution : mai 2009
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temporelle de la pression P(t) en un point donné d’un milieu élas-
tique tel que l’eau : manière fiable.
Inaudibles par l’oreille humaine, les ultrasons ont été décou-
P t = P max sin ð2pt + jÞ (1) verts en 1883 par le physiologiste anglais Francis Galton
(1822-1911), qui inventa le « sifflet à ultrasons ». Mais c’est la
avec Pmax amplitude maximale,
découverte, en 1880, de la piézoélectricité par les frères Pierre
t temps, (1859-1906) et Jacques (1856-1941) Curie qui a permis de pro-
j phase. duire facilement des ultrasons et de les utiliser. Ainsi, durant
les années 1910, il a été possible de générer des ultrasons
La gamme de fréquences des ultrasons se situe entre 16 kHz et dans l’eau grâce à la disponibilité de matériaux piézoélectri-
200 MHz, au-delà de celles audibles par l’oreille humaine. En deçà ques et d’appareillages électroniques puissants. Après le
de cette bande se situent les sons et les infrasons ; au-delà les drame du Titanic, Paul Langevin (1872-1946) suggère leur utili-
hypersons. La fréquence f (en Hz) d’une onde de pression s’ex- sation pour la détection d’icebergs puis, en 1915, il met au
prime par la relation : point un système de détection des sous-marins au moyen de
f = c/l ces vibrations non audibles, en proposant ainsi la première
application industrielle. Des études ont ensuite rapidement per-
avec c vitesse du son (1 430 m.s-1 dans l’eau en condi- mis d’observer des modifications par les ultrasons du milieu
tions normales), dans lequel ils se propagent et, en ces termes, les travaux de
l longueur d’onde (en m). Robert William Wood (1868-1955) et d’Alfred Lee Loomis
(1887-1975) en biologie ainsi que de Théodore William Richards
Ainsi, la longueur d’onde d’une onde ultrasonore de 20 kHz se (1868-1928) et d’Alfred Lee Loomis en chimie sont considérés
propageant dans l’eau est égale à 0,0715 m alors qu’elle n’est plus comme les premières expérimentations sonochimiques [1] [2].
que 0,0009812 m à une fréquence de 1,6 MHz. Il fallut cependant attendre les années 1980 et l’apparition des
premiers générateurs ultrasonores fiables pour que des cher-
cheurs démontrent que les ondes ultrasonores offrent d’indé-
1.1 Dynamique de bulle niables perspectives en chimie et que soit utilisé pour la pre-
mière fois le terme de « sonochimie » par Neppiras dans une
Un phénomène nouveau, « la cavitation » (figure 2), fut décrit revue sur la cavitation [3]. C’est dans les années 1980 que l’on
par John Thornycroft et Sydney Barnaby en 1895 qui expliquèrent a pu observer une véritable explosion du nombre de réactions
que les vibrations anormales de l’hélice de leur sous-marin étaient de composés organiques s’opérant dans des solvants organi-
dues à de grosses bulles, engendrées par le mouvement des pales ques eux aussi et sous l’influence des ultrasons.
et qui implosaient sous la pression de l’eau. Dans le milieu liquide,
l’action des ultrasons repose essentiellement sur ce phénomène de
cavitation. La cavitation décrit le phénomène d’oscillation radiale
d’une bulle de gaz et/ou de vapeur dans un liquide (figure 2). Elle Pression
correspond à la formation de cavités remplies de gaz au sein d’un acoustique
liquide en mouvement lorsque la pression en un point de celui-ci
devient inférieure à sa pression de vapeur saturante. La variation
de pression responsable de la croissance de la bulle peut être pro-
voquée par un champ acoustique de forte puissance. On parle alors
de cavitation acoustique. Le phénomène de cavitation ultrasonore Ondes de
intervient dans les liquides soumis à une excitation acoustique de compression
1/f
Pression P
Variation
Pmax de taille
des bulles
Temps t Temps
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Si les ondes ultrasonores périodiques sont suffisamment inten- Une puissance acoustique minimale est nécessaire pour obser-
ses, elles provoquent, dans les zones de dilatation, une pression ver le phénomène (connu sous le nom de seuil de Blake). La
locale inférieure à la pression ambiante, créant des microcavités durée de vie des bulles de cavitation transitoire est courte et uni-
dont le diamètre peut atteindre plusieurs dizaines de micromètres. quement déterminée par la fréquence ultrasonore. Le rayon maxi-
Quand la pression oscillante imposée redevient « positive », ces mal de ces bulles diminue proportionnellement à la fréquence de
cavités subissent un très bref effondrement et implosent en moins l’onde ultrasonore, selon un rapport 3/f (où f est la fréquence).
d’une microseconde, induisant localement, au sein de la bulle, des
températures d’environ 5 000 K et des pressions proches de À l’heure actuelle, bien que l’ensemble des mécanismes ne
1 000 bar, des vitesses de réchauffement et de refroidissement soient pas totalement élucidés, il est couramment admis que,
supérieures à 1010 K.s-1, des chocs divergents au voisinage immé- dans l’eau, les fréquences dites basses (comprises entre 20 et
diat et des jets liquides violents (100 m.s-1) à proximité des parois 80 kHz) permettent l’obtention de bulles de cavitation transitoire
solides avoisinant la bulle. Les conséquences de ces variations bru- relativement peu nombreuses mais de dimensions élevées, condui-
tales sur le milieu soumis aux ultrasons sont mises en évidence par sant à des effets physiques prédominants sur les effets chimiques,
l’élévation de température du milieu liquide et la formation de radi- alors que les hautes fréquences ultrasonores (150 à 2 000 kHz) sont
caux libres entraı̂nant des modifications chimiques de ce dernier. à l’origine de nombreuses bulles de cavitation transitoire de plus
Ces effets locaux, mécaniques et chimiques, très intenses au faible diamètre, favorisant la production de radicaux hydroxyles
moment de l’implosion, sont à la base de l’ensemble des applica- et, donc, les réactions d’oxydation radicalaire des solutés organi-
tions utilisant la cavitation. L’ensemble de ces considérations sont ques hydrophiles. À haute fréquence, les bulles ont un temps
regroupées sous le nom de théorie du « hot spot ». Les ultrasons d’expansion (durant le cycle de raréfaction de pression) et de
sont donc dits « de puissance » (par opposition aux ultrasons de
diagnostic) lorsqu’ils modifient le milieu dans lequel ils se propa-
gent. Leur action dépend de la nature de ce milieu : les principaux
collapsus (durant le cycle d’augmentation de pression) plus faible
qu’à basse fréquence. Une puissance acoustique supérieure est
nécessaire pour obtenir les mêmes effets sonochimiques qu’à fré-
3
effets sont de type mécanique, thermique et/ou chimique. quence inférieure.
1.1.1 Cavitation stable Au total, parmi les effets de l’irradiation ultrasonore d’un liquide,
on peut identifier l’effet thermique, les forces de cisaillement, les
Les interactions entre bulles gazeuses et ondes ultrasonores sont microcourants et la production de radicaux.
différentes selon l’amplitude de la variation de pression.
Il est schématiquement possible de distinguer deux grandes
À faible amplitude de variation de pression, la bulle de gaz
familles d’applications des ultrasons, basées soit sur les actions
répond de façon linéaire à la variation de pression, son diamètre
varie de façon sinusoı̈dale simultanément à la pression. Pour une sonophysiques, soit sur les actions sonochimiques. Les conditions
amplitude de variation de pression donnée, il existe une fréquence obtenues dans le milieu sont responsables d’un grand nombre
de résonance pour laquelle l’amplitude des vibrations de la bulle d’effets physico-chimiques : réactions chimiques accélérées ou inu-
est maximale. Une bulle de 0,15 mm de rayon entrera en résonance suelles, émulsification, érosion, cristallisation, précipitation, désin-
avec une onde ultrasonore de 20 kHz. Ce phénomène porte le nom fection, etc. [5].
de cavitation stable. Cette cavitation ne conduit généralement pas
aux phénomènes sonochimiques.
1.3 Estimation des paramètres
1.1.2 Cavitation transitoire
ultrasonores
À forte amplitude de variation de pression, la réponse de la bulle
gazeuse devient non linéaire. C’est le phénomène de cavitation tran- Ce paragraphe résume les paramètres ultrasonores pertinents
sitoire. Après quelques cycles acoustiques, l’expansion des bulles estimés par divers auteurs à travers, à la fois, l’expérimentation et
entraı̂nant une augmentation du volume gazeux supérieure à la la modélisation.
diminution se produisant durant la compression, les forces de ten-
sion superficielle à l’interface gaz-liquide ne peuvent contrarier les
forces de cisaillement lors de la contraction de la bulle. La bulle se 1.3.1 Vitesse de l’onde ultrasonore
contracte à grande vitesse sur un petit volume en un collapsus bru- dans les fluides purs et les mélanges
tal, à l’origine de température et de pression extrêmes au moment
de l’implosion de la cavité. Elle subit des distorsions asymétriques La vitesse de propagation de l’onde ultrasonore (C, en m.s-1) est
et des jets de liquides sont projetés dans la bulle, formant de nouvel- égale à 1 435 m/s dans l’eau pure à 25 C. Elle peut être calculée
les microbulles dans le liquide. Les fortes températures engendrées dans les fluides purs en fonction de la température du milieu (T
peuvent provoquer la dissociation de la vapeur d’eau en radicaux H en C) et du nombre de carbone Cn selon l’équation :
et OH, la dissociation des autres molécules gazeuses et l’émission
de lumière (connue sous le nom de sonoluminescence, découverte b e
C=a+ - d+ T
en 1933 par Marinesco et Trillat [4]). La cavitation transitoire conduit Cn Cn
donc aux différents effets sonochimiques. Wang et Nur [6] en 1991 ont évalué les constantes de l’équation
précédente pour des alcanes linéaires et des 1-alcènes ; ils ont éga-
1.2 Facteurs affectant la cavitation lement montré que l’augmentation de la vitesse est inversement
proportionnelle à la température du fluide. De plus, la vitesse aug-
Les conditions ambiantes d’un système réactionnel peuvent for- mente en fonction du nombre de carbone, mais la magnitude de
tement influer sur l’intensité de la cavitation acoustique, qui affecte cette augmentation est inversement proportionnelle à cette
alors directement la vitesse ou le rendement de la réaction augmentation.
chimique.
Pour un mélange d’hydrocarbures, Wang et Nur proposent
L’apparition de la cavitation acoustique dans le milieu liquide
l’équation suivante :
dépend d’un grand nombre de paramètres :
i =n
– puissance et fréquence des ultrasons ;
– pression ambiante ; C mélange = Â XiCi
i =1
– nature du solvant ;
– température ; avec Xi et Ci respectivement fraction volumique et vélocité
– présence d’impuretés solides ou de gaz dissous. du composé pur, i e composé du mélange.
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& Géométrie du réacteur par photométrie), la dosimétrie des nitrites et des nitrates et évolu-
La taille et la forme du réacteur jouent un rôle important dans la tion du pH (à partir d’azote et d’oxygène gazeux sous ultrasons en
topologie du champ ultrasonore et, par conséquent, dans l’activité présence de Na2CO3 et NaHCO3 ; analyse de NO2− et NO3− par
sonochimique. L’effet de la hauteur du liquide sur l’efficacité sono-
chromatographie ionique), etc.
chimique dépend davantage de la configuration du réacteur que de
la fréquence (voir section 3). Une autre méthode très précise, mais pas disponible dans tous
les laboratoires, est le spin trapping des radicaux formés sous
ultrasons à l’aide de composés diamagnétiques et leur suivi par
1.2 Paramètres à évaluer spectroscopie de résonance paramagnétique électronique (RPE).
De nombreux paramètres peuvent modifier les effets des ultra- & Efficacité sonochimique
sons sur une réaction chimique, une préparation de matériau ou À partir des estimations de la puissance acoustique et du taux de
un autre procédé. Il est aussi parfois difficile de répliquer une expé- formation d’anions déterminés par dosimétrie (vion, exprimé en
rience spécifique décrite dans la littérature, car le matériel est très mol.s-1), il est intéressant de calculer le rendement sonochimique
différent d’un groupe de recherche à l’autre. De plus, certaines SEacous (Sonochemical Efficiency, mol.J-1) :
publications ne décrivent pas spécifiquement les caractéristiques
du système sonochimique utilisé. Pour ces raisons, il est fortement v ion
recommandé d’évaluer et de reporter de façon systématique certai- SEacous =
nes informations lorsqu’on utilise les ultrasons à l’échelle labora- Pacous
3
toire, afin de reproduire ou comparer des expériences.
Ce paramètre donne l’efficacité globale du système ultrasonore
& Puissance électrique en tenant compte à la fois des aspects de puissance et de la forma-
La puissance électrique est la puissance délivrée par le généra- tion de radicaux, constituant une méthode d’évaluation intéres-
teur. En effet, il est indispensable d’estimer la puissance électrique sante de l’efficacité pour comparer différentes conditions ou
convertie en puissance acoustique dans le milieu. La méthode la sonoréacteurs.
plus économique et la plus simple consiste à connecter le généra-
& Autres caractérisations
teur à un wattmètre. La puissance électrique Pelec du générateur uti-
lisé est calculée par différence entre la puissance totale consom- La description de l’équipement utilisé doit également être bien
mée par le générateur en fonctionnement Ptot et sa puissance en détaillée. En plus de la fréquence de l’appareil, sa marque, son
veille P0 : modèle et le mode d’irradiation (direct ou indirect, voir section 3)
sont importants à partager. La géométrie et la taille du sonoréac-
Pelec = Ptot − P0 teur sont aussi des indications à reporter.
Du fait des caractéristiques intrinsèques des ondes ultrasonores,
& Puissance acoustique
il est impossible d’obtenir un phénomène homogène sur tout le
D’énormes écarts pouvant être constatés entre la puissance élec- volume d’un liquide. Différentes méthodes peuvent être utilisées
trique et la puissance acoustique (Pacous), puissance réellement dis- pour déterminer les zones actives dans un sonoréacteur [8] :
sipée dans le fluide irradié, il est essentiel d’estimer de façon systé- méthodes optiques (diffusion de la lumière), chimiques, électriques
matique la puissance acoustique par mesures calorimétriques. et mécaniques, mesure de l’augmentation locale de la température
Au-dessus du seuil de cavitation, une partie de l’énergie acous- (thermocouples de silicone) ou encore l’étude de la sonolumines-
tique est convertie en chaleur par absorption. Si l’on connaı̂t la cence (émission de photons émis lors du collapsus de la bulle).
masse m (exprimée en g) du fluide irradié et sa capacité calorifique L’ajout de luminol (3-aminophtalhydrazide) qui s’oxyde en présence
spécifique cp (en J.g-1.K-1), et l’échauffement initial par unité de de radicaux HO• en acide 3-aminophtalique, conduit à la formation
temps ((dT/dt)t0 exprimé en K.s-1) induite par les ultrasons (mesure d’électrons dans un état excité. La désexcitation de ces électrons
de la montée en température en fonction du temps), il est possible provoque une émission de lumière bleue visible (430 nm). L’utilisa-
de calculer la valeur de la puissance acoustique du système : tion d’une solution de luminol peut notamment permettre une car-
tographie précise des zones efficaces d’un réacteur sonochimique
⎛ dT ⎞ (figure 4) [9].
Pacous = ⎜ × m × cp
⎝ dt ⎟⎠ t =0
1.3 Ultrasons : outils de la chimie verte
Généralement, la puissance acoustique est rapportée par unité
de volume sous la forme d’une puissance acoustique volumique Peu de temps après la proposition des douze principes de la chi-
Pacous.vol, exprimée en W.L-1. Si le fluide irradié est complexe mie verte par Paul T. Anastas et John C. Warner en 1998 [10], Jean-
(mélange) ou si la capacité calorifique n’est pas disponible, il peut Louis Luche (voir section 4.2) fit rapidement le lien entre la chimie
être opportun d’estimer la puissance acoustique dans l’eau pour verte et la sonochimie, mettant en évidence les principaux avanta-
caractériser le sonoréacteur utilisé. ges de l’utilisation des ultrasons en chimie [11] : (1) la possibilité de
changer le mécanisme d’une réaction pour changer la nature du
& Intensité ultrasonore
produit final, appelée « commutation sonochimique », (2) l’amélio-
La détermination de l’intensité ultrasonore expérimentale (IUS, ration des conversions, des rendements et des sélectivités (avec
exprimée en W.cm-2) est estimée en ramenant la puissance acous- économie d’énergie et réduction des déchets produits), (3) la possi-
tique par unité de surface de la sonde irradiante (Ssonde en cm-2) : bilité d’utiliser d’autres réactifs ou solvants sous ultrasons, comme
des milieux aqueux (avec sécurisation de certains procédés exis-
IUS = Pacous / Ssonde tants, utilisation de réactifs moins toxiques, etc.). Plus récemment,
Timothy J. Mason a discuté ces aspects à travers des exemples
& Production radicalaire d’utilisations des ultrasons à l’échelle industrielle dans les domai-
La dosimétrie permet d’estimer la quantité de radicaux produits. nes de la protection de l’environnement et des procédés
Plusieurs méthodes peuvent être utilisées : l’iodure de potassium dépollution [12].
en solution aqueuse (KI) avec dosage de l’ion I3- en spectrophoto- Même si les études mécanistiques et des explications associées
métrie, l’acide téréphtalique en solution alcaline pour doser l’ion sont rarement rapportées dans la littérature, de nombreux résultats
2-hydroxytéréphtalate hautement fluorescent, la dosimétrie de et applications impliquant les ultrasons constituent des avancées
Fricke (oxydation de Fe2+ et détermination de la formation de Fe3+ intéressantes, du point de vue de la chimie verte. En effet, lorsque
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Laboratoire de Sécurité des Procédés Chimiques, Institut National des Sciences Appliquées
de Rouen (INSA Rouen), France
et Christophe LEN
Professeur des Universités
Transformations Intégrées de la Matière Renouvelable, Université de Technologie
de Compiègne (UTC), France
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1. Théorie du chauffage Pour les diélectriques purs, il y a trois mécanismes de polarisa-
tion électrique :
sous micro-ondes – la polarisation électronique αe ;
– les polarisations atomiques et ioniques αi ;
– la polarisation d’orientation αo, qui est le phénomène principal.
1.1 Nature des ondes électromagnétiques Pour les matériaux où la conductivité ne peut être négligée, Il y
aura également la polarisation interfaciale αd.
Composées d’un champ magnétique et d’un champ électrique La polarisabilité totale α (C2m2/J) d’un matériau est donc la
oscillants, les ondes électromagnétiques se situent entre 300 MHz somme de ces différents termes :
et 300 GHz dans le spectre électromagnétique, zone intermédiaire
entre l’infrarouge et les ondes radio. Les fréquences les plus
répandues en France pour le chauffage sont 2,45 GHz (four micro-
Sous l’effet d’un champ électrique E, il y a création d’un moment
onde ménager) et 945 MHz, les autres fréquences étant réservées
dipolaire induit :
à des usages de télécommunication ou de détection. La gamme
des longueurs d’onde associées dans le vide varie de 1 m à 1 mm.
Ces phénomènes de polarisation entraînent un échauffement de
la matière par relaxation diélectrique (ou hystérésis diélectrique).
1.2 Interaction ondes-matière La relaxation peut se résumer par un phénomène général qui
et propriétés diélectriques consiste en l’existence d’un délai de réponse pour un système
soumis à une excitation extérieure. Il y a relaxation diélectrique
Par analogie avec la lumière visible, les ondes électromagné- lorsqu’on supprime brusquement le champ électrique qui polari-
tiques, en fonction de leur longueur d’onde et de la nature des sait un matériau. Un temps, dit temps de relaxation, est néces-
matériaux, vont être réfléchies, absorbées ou ne pas interagir. saire pour que le matériau retourne dans son état de désordre
Pour les matériaux aptes au traitement par micro-ondes, ces trois moléculaire de départ. Il est défini comme le temps nécessaire
comportements vont la plupart du temps coexister. pour que la polarisation décroisse à 1/e de sa valeur initiale.
Contrairement aux conducteurs dans lesquels les charges L’hystérésis provient du retard τ de la réponse du système au
peuvent se déplacer librement, un diélectrique est un matériau champ électrique (tableau 1) ; plus celui-ci est long, plus l’échauf-
isolant (papier, mica, verre, etc.) dont les charges sont très forte- fement résultant sera important.
ment liées aux atomes qui le constituent. Il n’existe pratiquement
pas d’électrons libres dans les diélectriques ; ce sont donc de très
mauvais conducteurs d’électricité.
Un diélectrique est donc un milieu matériel dans lequel un Tableau 1 – Quelques valeurs de temps
champ électrique peut exister à l’état stationnaire. L’apparition de relaxation (d’après [1])
d’un champ électrique au sein du diélectrique provoque une
déformation des molécules ainsi qu’une réorientation de ses Temps de relaxation τ
moments dipolaires permanents. En effet, certaines molécules, Types de polarisation
(s)
comme la molécule d’eau, sont dites polaires car elles présentent
une polarisation moléculaire permanente due à une répartition
Électronique 10–15
non homogène des charges électriques. La polarisation par un
champ externe est par définition la somme de tous les moments
Atomique (ou ionique) 10–12
multipolaires induits. Elle peut donc être reliée à une caractéris-
tique des constituants microscopiques du milieu : la polarisabilité.
Orientation 10–9 à 10–6
Pour le chauffage, c’est l’absorption des ondes électromagné-
tiques qui va importer, elle dépend de la polarisabilité α du maté- Interfaciale (effet Maxwell-Wagner) 10–4
riau.
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La relaxation est donc un phénomène très rapide et même Les valeurs de ces paramètres, pour un même matériau, sont
quasi instantané par rapport au transfert thermique. dépendantes de la température et de la fréquence. La connais-
La conversion d’énergie ne se fait pas à l’échelle d’une molé- sance de l’évolution du facteur de pertes du milieu avec la tempé-
cule ou d’un atome, mais suivant la longueur d’onde, à un groupe rature est une donnée indispensable pour la conduite de procédés
quasi macroscopique de molécules ou d’atomes ; certains et particulièrement pour prévenir des emballements thermiques.
modèles parlent de clusters [1]. L’interaction de l’onde électroma- On trouvera quelques valeurs de ces paramètres dans différents
gnétique avec un objet diélectrique dans un applicateur va corres- ouvrages [2] [D5940].
pondre à une répartition du champ électrique rarement Nota : Il n’existe pas de technique « clé en main » permettant la mesure directe des
homogène, c’est aux maximums du champ, quand le milieu aura propriétés diélectriques ce qui peut expliquer les différences de valeurs que l’on ren-
des pertes diélectriques suffisamment élevées, que la conversion contre parfois. La mesure donne accès à la permittivité effective du matériau grandeur
macroscopique qui dépend de la polarisabilité moyenne de l’échantillon. Les différentes
et l’échauffement seront importants. techniques font appel à un analyseur vectoriel de réseau qui compare par exemple :
Les micro-ondes n’interagissent donc qu’avec certains types de – les propriétés d’une onde réfléchie sur le matériau à analyser par rapport celles de
matériaux : l’onde incidente (mesure en réflexion) ;
– les propriétés d’une onde transmise par le matériau à analyser par rapport celles de
– les milieux diélectriques, peu conducteurs d’électricité et ne l’onde incidente (mesure en transmission) ;
possédant pas de charges libres. Le champ électrique a alors pour – la perturbation crée par un échantillon placé dans une cavité résonnante (mesure par
petites perturbations) [D5941] [D2310].
effet de polariser les atomes et les molécules au sein du matériau
(polarisation électronique) ou bien d’orienter les dipôles
permanents : dans ce dernier cas, il s’agit de la polarisation dipo-
laire ou rotationnelle. L’eau liquide en est un exemple type, avec
son moment dipolaire élevé elle aura tendance à s’aligner avec le
Propriétés diélectriques d’un milieu et répercussion
sur la synthèse organique
3
champ électrique, mais avec ses nombreuses liaisons hydrogènes,
elle résistera au mouvement imposé ; Lors de la mise en œuvre d’une réaction chimique sous
– les milieux conducteurs qui possèdent des charges libres, micro-ondes, il faut auparavant vérifier la sensibilité des réac-
comme par exemple les ions qui soumis à un champ électrique tifs aux micro-ondes mais aussi s’assurer que l’évolution du
vont migrer et sont à l’origine d’un courant de conduction lié à la milieu réactionnel va permettre de maintenir un niveau de
conductivité électrique du milieu. température suffisant tout au long de la réaction.
Les propriétés diélectriques du matériau permettent de caracté- Si le milieu est peu sensible aux micro-ondes, on peut avoir
riser l’interaction entre les ondes et la matière (tableau 2). La recours à l’utilisation de « suscepteurs », matériaux inertes
connaissance de ces propriétés diélectriques est indispensable chimiquement, mais très absorbants de l’énergie et capables
pour le calcul et le design des applicateurs micro-ondes. d’une excellente conversion en chaleur. Ces « suscepteurs » se
comportent donc comme une source externe de chaleur. On
La permittivité complexe ε décrit le comportement d’un diélec-
peut les utiliser soit lorsque le milieu est totalement insensible
trique soumis à un champ électromagnétique et est définie par la
aux micro-ondes, soit pour initier le chauffage d’un milieu à
relation suivante :
faible permittivité jusqu’à une température à laquelle l’interac-
tion devient alors significative.
avec :
– la permittivité ε' (partie réelle) qui indique la faculté du diélec-
trique à se polariser, à absorber l’énergie et à la propager. Elle Choix du matériau du réacteur
s’exprime en F.m–1 ;
– le facteur de pertes ε'' (partie imaginaire) qui traduit la capacité Il sera préférable d’utiliser comme matériau du réacteur, un
du matériau à convertir l’énergie en chaleur et donc à s’échauffer. matériau transparent vis-à-vis des micro-ondes ; le quartz est
Il s’exprime en F.m–1 ; l’idéal mais est réservé à des systèmes de petite taille compte-
– le rapport entre ces deux paramètres tan δ, appelé tangente de tenu de son coût élevé. Le verre, le téflon sont de bons candidats.
perte : ε''/ε' est souvent utilisé.
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1. Pourquoi les hautes pression rencontrées dans la nature, en situant la zone de pres-
sion utilisée en synthèse organique est donnée sur la figure 1.
pressions ? La préparation des molécules organiques complexes et à haute
valeur ajoutée (principes actifs de médicaments, arômes, parfums,
La pressurisation de milieux, la plupart du temps liquides, est colorants…) fait appel au savoir-faire de la synthèse. En général,
moins usuelle que la compression des gaz (utilisée dans les réac- la mise en route des réactions chimiques requises passe par une
tions d’hydrogénation ou carbonylation par exemple). La gamme phase d’activation qui peut consister en un apport direct d’énergie
de pression considérée dépasse en fait très largement ce que l’on (chauffage, photochimie) ou en une diminution de la quantité
entend habituellement par « haute pression » puisqu’elle est com- d’énergie nécessaire à son initiation (catalyse chimique ou enzy-
prise entre 2 et 20 kbars. matique). Outre ces méthodes conventionnelles, d’autres techno-
L’unité SI de pression est le pascal : logies dites « extrêmes » ont été mises au point (micro-ondes,
hautes pressions, ultrasons) [1]. Les réactions sous haute pression
sont ainsi progressivement passées du rang de curiosité à celui
d’outil indispensable en chimie, permettant des synthèses inno-
mais le bar est aussi couramment employé : vantes, l’accès à de nouveaux produits ou à l’analyse mécanis-
tique des réactions.
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Référence Internet
CHV1610
Centre de la Lune
(47 kbar)
Niveau Fosse des Centre Centre Centre des
de la mer Mariannes de la Terre du Soleil naines blanches
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Référence Internet
CHV1610
A B TS A-B
VA VB V‡ VAB
3
KP constante d’équilibre à pression constante, D’un point de vue physico-chimique, le volume d’activation est
un paramètre recouvrant une réalité complexe et toujours mal
kP constante cinétique à pression constante,
comprise. Il peut en effet, pour certaines réactions, être plus
R constante de Boltzmann, important, en valeur absolue, que le ΔV global de la réaction, ce
qui impliquerait que l’état de transition soit paradoxalement plus
T température. compact que l’état final. Sans entrer dans des détails qui dépasse-
Il découle de ces équations (dites d’Evans-Polanyi) que la pres- raient le cadre de cet article, on peut néanmoins décomposer ΔV‡
sion influence l’énergie d’activation (ΔG‡) en fonction du signe et en deux contributions dites intrinsèque et de solvatation :
de la valeur absolue de ΔV‡. En effet, on déduit de l’équation ci-
dessus que :
Le premier terme correspond au changement de volume lors de
la formation du complexe de transition associé à la réaction. En
général, varie entre –20 cm3.mol–1 (formation de liaisons) et
+20 cm3.mol–1 (rupture de liaisons).
Ainsi, la réaction est accélérée avec la pression si ΔV‡ < 0 car Le second terme devient important lorsque la réaction
∂lnkp/∂p > 0. À l’inverse, si ΔV‡ > 0, l’augmentation de la pression correspond à la formation ou à la disparition de charges, ou à un
retarde la réaction. changement de polarité global lors de la formation d’un complexe
Cette équation ne peut pas être intégrée directement car ΔV‡ de transition.
dépend lui-même de la pression, et ce dès P > 1,5 kbar. Cepen-
dant, l’approximation linéaire : Exemple
Si un réactif neutre s’ionise au cours de la réaction, le solvant
deviendra peu mobile autour des ions formés (phénomène d’électros-
triction) et le terme sera important.
est acceptée dans la gamme de pressions utilisées, et car elle per-
met de déterminer expérimentalement une valeur approchée de La valeur finale de ΔV‡ dépend donc de l’importance de cha-
ΔV‡ via des mesures de cinétique effectuées à pression variable, cune des deux contributions indépendantes .
en général par absorption UV-visible à travers les fenêtres d’un
réacteur pressurisable (souvent appelé pill-box). Dans la pratique,
de très nombreuses valeurs de ΔV‡ ont été compilées et sont dis- 2.2 Pratique du volume d’activation
ponibles pour les grandes classes de réaction de la chimie orga-
nique (cf. § 2.2). Les considérations physico-chimiques ci-dessus (§ 2.1) sug-
gèrent que certaines grandes familles de réactions sont particuliè-
rement sensibles à la pression. On peut citer :
Énergie – les réactions associées à une décroissance du nombre de
Volume molécules dans le milieu (A + B → C, par exemple les cycloaddi-
tions ou les condensations) ;
– les réactions passant par un état de transition cyclique (par
ΔG ‡ exemple certains réarrangements) ;
ΔV ‡
– les réactions passant par un état de transition dipolaire (par
exemple les substitutions électrophiles aromatiques) ;
– les réactions très ralenties par l’encombrement des partenaires
ΔV du fait d’interactions stériques défavorables dans l’état de transi-
ΔG tion.
Les articles [4] [5] [6] rassemblent l’essentiel des valeurs de ΔV‡
Coordonnée de réaction mesurées jusqu’à la fin des années 1990. Dans le tableau 1 sont
regroupées les valeurs de ΔV‡ de quelques processus élémen-
Substrats TS Produits taires fréquents.
initiaux Si nous revenons sur l’approximation linéaire (§ 2.1) permettant
d’estimer que, pour un ΔV‡ donné, l’accélération d’une réaction
Figure 3 – Variation du volume et de l’énergie au cours du chemin est directement proportionnelle à la pression imposée, nous pou-
réactionnel d’une condensation vons tracer une série de courbes qui décrivent la variation de
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CHV1610
3
de nombreuses réactions ont pu être effectuées dans des condi-
Cycloadditions [2+2] –20 à –50 tions pour lesquelles le solvant utilisé est censé être solidifié. Le
tableau 2 [7] regroupe quelques valeurs concernant la congélation
Cycloadditions [4+2] –10 à –15 des solvants usuels ;
intramoléculaires
– la solubilité des solides décroît avec l’augmentation de la pres-
sion, ce qui peut entraîner la cristallisation des réactifs dans ces
Aza-Michael –40 à –50
conditions. Des mélanges de solvants peuvent être employés pour
éviter ces problèmes ;
Réactions « ène » –25 à –50
– la viscosité des solutions augmente avec la pression (environ
Réarrangements de Cope ≈ –10 × 2 par kbar). La cinétique de la réaction risquant de passer sous
ou de Claisen contrôle de diffusion de la matière, il est souvent utile de chauffer
légèrement le milieu réactionnel pour lui donner une certaine flui-
dité ;
– la dérivée de la constante diélectrique (permittivité) par rap-
port à la pression a été établie pour un certain nombre de solvants.
Ig (kp/katm)
ΔV ‡ = – 40 mL/mol Exemple
15
→ Diels-Alder, Michael… Pour l’eau, les alcools (éthanol, méthanol) ou le dichlorométhane,
Effets ΔV ‡ = – 30 mL/mol les valeurs de ∂e/∂P sont comprises entre 1,5 × 10–10 (pour le dichlo-
12 rométhane) et 6 × 10–12 Pa–1 (pour l’eau).
de viscosité → cycloadditions [2 + 2],
réaction éne…
Vitesse × 107 ΔV ‡ = – 20 mL/mol
9
à 10 kbar → cycloadditions Tableau 2 – Température de fusion des solvants
1, 3-dipolaires usuels à différentes pressions
6
ΔV ‡ = – 10 mL/mol
→ SNAr, sigmatropie-[3, 3]… TF [°C] sous pression
3 Solvant TF [°C] à 1 bar
(kbar)
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CHV1610
3
Le multiplicateur constitue la pièce maîtresse de cet équipe-
des pressions allant jusqu’à 6 kbar. ment. Ce dispositif intégré agit par l’intermédiaire d’un piston
dont la tête et l’extrémité sont de sections différentes. Le principe
Exemple de Pascal fait que le rapport des pressions est égal au rapport des
En agroalimentaire, des installations de 400 L utilisent l’eau comme surfaces entre pistons. Le multiplicateur transforme ainsi les rela-
fluide de compression et un multiplicateur (vide infra) comme généra- tivement basses pressions (< 700 bar) du circuit primaire en
teur de pression. hautes pressions (rapport de 2 à 100). L’efficacité théorique du
multiplicateur est cependant diminuée de 5 à 10 % du fait des frot-
■ Autoclave tements accompagnant le mouvement du piston par rapport à
l’enceinte haute pression. L’ensemble du circuit secondaire peut
L’autoclave est une enceinte fermée à ses deux extrémités dans
être séparé de l’opérateur par un écran de protection.
laquelle la pression est engendrée, en général, par simple chauf-
fage, le remplissage de la cuve étant calculé pour atteindre la Le piston est soumis, côté haute pression, à des contraintes très
pression voulue. élevées et doit donc être conçu dans un matériau approprié (acier
à outils jusqu’à 20 kbar, carbure de tungstène fritté jusqu’à
Exemple 60 kbar). Son extrémité, équipée de joints adaptés, lui permet de
La synthèse hydrothermale du quartz est ainsi réalisée avec ce type coulisser dans une enceinte, elle-même remplie d’un fluide piézo-
d’installation sur plusieurs centaines de litres dans l’eau supercritique. porteur et obturée par une pièce métallique également équipée de
joints et appelée enclume (cf. § 3.2.1).
Notons qu’il a été montré, sur des systèmes de petit volume, L’enceinte cylindrique hyperbare est le réacteur où sera réalisée
que la dilatation, à –20 °C, de l’eau contenue dans un autoclave l’expérience soit dans la totalité de ce volume, soit dans un réac-
fermé conduisait à une augmentation du volume initial de 10 % teur fermé (cf. § 3.2.4) et immergé dans le fluide remplissant la
environ lors de la congélation, ce qui provoque mécaniquement cavité (fluide piézo-porteur). La pression à l’intérieur de l’enceinte
une augmentation de pression au sein de l’enceinte (jusqu’à
2 kbar) [8].
■ Système piston-cylindre Mesure
de pression
Le système piston-cylindre permet d’accéder à des pressions
primaire
supérieures, pouvant atteindre 40 kbar pour des fluides et 70 kbar
pour des solides. Pour les applications en synthèse décrites plus
bas, la pression utile dépasse rarement 20 kbar et le volume Vanne
quelques dizaines de centimètres cubes.
■ Système enclume-cylindre Réservoir
Multiplicateur
Le système enclume-cylindre permet de travailler aux pressions d’huile
de pression
intermédiaires (30 à 60 kbar) et peut être mis en œuvre sur des Piston
volumes de quelques centimètres cubes.
■ Instruments à enclume Pompe
Les instruments à enclume(s) sont, quant à eux, adaptés aux
expériences aux pressions les plus élevées (≥ 60 kbar), mais leur
volume utile est très faible (< mm3).
Les équipements capables de résister aux contraintes très éle- Enceinte
vées imposées par les hautes pressions doivent être conçus avec hyperbare
un maximum de précautions. La détermination des pics de
contraintes mécaniques, en utilisant la méthode des éléments
finis [AG 2 530], est utile et permet d’agir sur la géométrie des Écran de protection
pièces pour les optimiser. La réalisation de ces dernières fera
appel à des matériaux possédant de hautes propriétés méca- Obturateur
niques, élaborés avec les procédés les plus performants, de façon (enclume)
à minimiser les risques de défauts susceptibles de générer des
ruptures (par exemple l’utilisation d’aciers refondus sous vide qui
limitent le taux d’inclusions). Des descriptions détaillées des pro- Figure 5 – Schéma du principe d’un système piston-cylindre
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K1260
Cet article est la version actualisée de l’article K 1 260 intitulé « Chimie supportée sur phase
solide » rédigé par Max MALACRIA, Jean-Philippe GODDARD, Cyril OLLIVIER et Géraldine
GOUHIER, paru en 2008.
3
1. Principe de la chimie sur phase solide........................................... K 1 260v2 - 2
2. Supports.................................................................................................. — 3
3. Caractéristiques des supports de type gel ................................... — 5
4. Fonctionnalisation du support solide............................................. — 7
5. Méthodes d’analyses et suivis réactionnels ................................. — 10
6. Synthèses sur phase solide : exemples d’applications ............. — 13
7. Applications et procédés innovants ............................................... — 16
8. Applications et perspectives industrielles.................................... — 20
9. Conclusions et prospectives ............................................................. — 20
10. Glossaire ................................................................................................. — 20
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. K 1 260v2
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K1260
3
L’utilisation d’un substrat supporté nécessite une fonctionnalisa-
tion préalable et une succession de filtration (figure 3). La pre- AB + scavenger-C
mière étape consiste à greffer un bras espaceur fonctionnalisé
(appelé linker) (§ 4), de longueur variable, sur une phase polymé-
scavenger-C
rique, puis d’additionner un substrat (noté A). Ce polymère greffé
étant généralement solide et insoluble dans tous les solvants, le
Phase liquide AB Phase solide
composé A résiduel est éliminé par simple filtration et lavage.
Dans le but d’accéder à des conversions quantitatives, les réac-
Figure 2 – Utilisation d’un scavenger
tions peuvent être réitérées. Cela est en général nécessaire pour
des transformations réalisées sur de grandes quantités. Ce
polymère greffé est alors engagé dans des réactions chimiques
classiques. Ainsi, un substrat (noté B) réagit sur le site actif A sup- 1.1 Avantages
porté pour former le composé AB. Les sous-produits de la réaction
et réactif résiduel présents dans le filtrat (phase liquide) sont élimi- De nombreux avantages ont contribué à l’utilisation de
nés par simple filtration. Le polymère (AB) est ainsi purifié puis la polymères en synthèse organique et justifient l’appellation
liaison entre le bras (linker ) et la molécule AB est coupée chimie verte :
(cleavage ) par action d’un réactif C (souvent un acide). Cette étape • Simplification des étapes d’isolation et de purification
de clivage peut, dans certains cas, être également une étape de des produits : la résine est séparée de la phase liquide par simple
transformation chimique qui peut s’accompagner d’une cyclisa- filtration, évitant ainsi les problèmes de purifications supplémen-
tion, par exemple. La molécule AB est ainsi obtenue avec une taires (chromatographie, distillation, cristallisation...). Un gain de
grande pureté et le polymère initial est régénéré. temps et d’énergie remarquable est ainsi possible ;
Fonctionnalisation
A + A résiduel
AB +
Phase solide
A résiduel
Coupure Filtration et lavage
C
(cleavage) Phase liquide
AB
+ B + sous-produits
B + sous-produits B en excès
Filtration et lavage Transformation chimique
Phase liquide
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K1260
3
lement leur manipulation ;
• Cyclisations intramoléculaires facilitées par effet de
pseudo-dilution (§ 6.3) dû au milieu hétérogène (solide/liquide)
diminuant le contact direct entre les sites réactionnels ;
2. Supports
• Automatisation des réactions multi-étapes possible et uti-
lisation en chimie combinatoire et synthèse parallèle permettant Nous focaliserons cette bibliographie sur les supports carbonés
l’obtention rapide de bibliothèques de molécules potentiellement polymériques linéaires et surtout tridimensionnels. Les supports
actives comportant plusieurs milliers d’analogues (§ 7.2). minéraux insolubles existent mais sont plus faiblement exploités.
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K1260
NH2 S O S O
2.2.1 Résines macroporeuses
O O
Les résines macroporeuses sont caractérisées par un fort taux
de réticulation (≥ 20 %). Cette réticulation n’étant pas homogène, MP-NH2 MP-TsOH MP-TsNHNH2
les polymères présentent des pores permanents de différentes
tailles. Les plus grandes cavités (de l’ordre de 0,1 µm) sont acces-
sibles par les molécules en solution sans problème de diffusion. Figure 5 – Polystyrènes macroporeux fonctionnalisés
3
Cette forte réticulation limite considérablement la mobilité des
sites réactionnels ; par conséquent, des taux de greffage élevés
peuvent être obtenus sans craindre d’éventuelles interactions Le styrène et ses dérivés fonctionnalisés sont les composés
interpolymériques entre sites supportés (§ 3.6). Les sites réaction- monovinyliques généralement employés pour former le squelette
nels sont répartis sur la surface des pores et sont donc accessibles. des résines-gels. Le para-divinylbenzène (DVB) est le monomère bis-
La réactivité de ces polymères ne dépend pas de leur gonflement fonctionnalisé le plus courant pour créer une faible réticulation au
dans les solvants, car il s’agit d’une réactivité de surface à l’inté- sein de la matrice. Par exemple, la résine de Merrifield (chloro-
rieur des pores (> 500 m2 · g–1) ; ce sont donc des supports intéres- méthylée) est obtenue soit par copolymérisation de styrène, divinyl-
sants pour des réactions développant des intermédiaires très benzène et de para-chlorométhylstyrène, soit par fonctionnalisation
polaires, voire ioniques. Cependant, ces résines sont physique- du polystyrène par une réaction de Friedel-Craft (figure 6).
ment très fragiles et l’agitation prolongée dans un réacteur ou des
températures élevées peuvent causer des dommages irréversibles. Le contrôle et la reproductibilité des réactions de poly-
C’est pourquoi elles sont souvent employées pour l’extraction mérisation nécessitent un savoir-faire spécifique. Elle permet la
solide-liquide (SPE : Solid Phase Extraction) grâce à la présence préparation de polymères hautement fonctionnalisés (taux supé-
d’agents piégeants supportés (scavengers) (§ 6.5) ou comme rieur à 50 %) ; cependant, tous les sites créés ne sont pas acces-
résines échangeuses d’ions. Quelques exemples de polystyrènes sibles car enfermés dans la maille polymèrique. Les chimistes
macroporeux (MP) fonctionnalisés sont illustrés figure 5. organiciens préfèrent, généralement, fonctionnaliser directement
le squelette polystyrénique préalablement formé. Cependant,
La résine MP-Carbonate est choisie pour piéger des chlorhy-
cette méthode présente également des inconvénients. D’une part,
drates d’amines, des acides carboxyliques ou des phénols. Le
l’accessibilité des sites réactionnels étant plus faible qu’en phase
polymère MP-NH2 est un agent piégeant d’électrophiles tels que
homogène, à cause de l’encombrement de la matrice, leur réacti-
les chlorures d’acides et de sulfonyles ou les isocyanates. L’acide
vité en est réduite. Il est donc important d’opérer dans des sol-
para-toluènesulfonique greffé sur polystyrène macroporeux,
vants qui permettent un gonflement optimal de la résine (§ 3.2).
MP-TsOH, commercialisée sous le nom Amberlyst A-15, est
D’autre part, en fin de réaction, il est impossible de purifier le
généralement utilisé comme agent piégeant d’espèces basiques
polymère. Par conséquent, les réactions de fonctionnalisation du
et particulièrement des amines. Les hydrazines supportées,
support doivent être quantitatives et chimiosélectives, afin d’évi-
MP-TsNHNH2 , piégent les cétones et aldéhydes.
ter la présence de sites indésirables. Enfin, cette méthode permet
d’accéder à des taux de fonctionnalisation maximum de 30 % ;
2.2.2 Résines de type gel cependant, dans ce cas, tous les sites créés sont réellement
actifs. Cette deuxième approche ayant été largement exploitée,
Il s’agit de polymères faiblement réticulés (0,5-2 %). Le taux de de nombreuses réactions répondent à ces critères et cette
réticulation est une caractéristique importante entraînant, selon méthode est donc la plus communément pratiquée. Dès le début
son degré, des propriétés physiques différentes pour les des années 1980, Fréchet et al. ont mis au point diverses fonc-
polymères (§ 3). tionnalisations du polystyrène (figure 7).
+ +
CH2Cl
Copolymérisation Fonctionnalisation
radicalaire du polystyrène
CH2Cl
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K1260
Y=O
YH
Y=S
O2 ou
S8
Br
COOH
n-BuLi
CO2
Br2 , TI 3+
CICH2OCH3 CIP(Ph)2
SnCl4
B(OMe)3
3
CH2Cl P(Ph)2
B(OH)2
91
3
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IN94
INNOVATION
Les microréacteurs ouvrent des possibilités nouvelles pour les industries. Ils
s’inscrivent dans une démarche de qualité, de sécurité, de créativité et d’in-
tensification des procédés. À ce titre, ils constituent une des briques de l’usine
du futur. Transformations chimiques ou physiques y sont mises en œuvre. Les 3
phénomènes et principes de base sont décrits, ainsi que certaines initiatives
industrielles, tout en pointant les limites d’application de ces technologies
innovantes.
général, à des largeurs ou diamètres allant de 1 à sur la manipulation physique des produits. Les tailles
1 000 mm. Les nombreuses micro-techniques disponi- de canaux sont de l’ordre de grandeur que l’on peut
bles aujourd’hui autorisent des géométries variées et souhaiter pour des inclusions, de type bulles, gouttes
complexes. La fabrication des unités est souvent ou solides. C’est ainsi que l’on fabrique des émulsions
encore réalisée de façon quasi-artisanale, ce qui per- rigoureusement monodisperses, ou des polymères à
met d’adapter exactement la géométrie à l’opération, surface contrôlée…
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IN94
INNOVATION
& Une propriété fondamentale du microréacteur est la avantage majeur : celui de passer directement de
valeur extrêmement élevée du rapport entre sa l’échelle des essais, à l’échelle de la production, sans
surface et son volume. À titre d’exemple, des hypothèse lourde sur les facteurs d’extrapolation. Ceci
canaux de section carrée de 100 mm ou 1 mm présen- permet, d’une part, de limiter les risques intrinsèques
tent, respectivement, un rapport surface/volume de à tout changement d’échelle (dégradation de qualité
40 000 ou 4 000 m2/m3. Les phénomènes de paroi du produit, perte des performances énergétiques,
sont ainsi intensifiés ; en particulier, le transfert mauvaises estimations des durées opératoires, dys-
thermique est largement augmenté par rapport aux fonctionnements hydrodynamiques,…) et, d’autre
installations de taille classique, et le transfert de part, de réduire le temps qui sépare la mise au point
matière avec la paroi n’est plus négligeable. du produit de sa phase de fabrication industrielle. Cet
Cette propriété peut ainsi être utilisée pour des opé- élément peut être majeur lorsqu’il s’agit de mettre
rations de réaction catalytique par exemple, où la rapidement sur le marché un produit très sensible au
paroi constitue le support sur lequel le dépôt de cata- contexte concurrentiel.
94
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IN94
INNOVATION
immiscibles, ou gaz-liquide. Les mécanismes de mise en direction de l’écoulement (figure 1(d)). En rétrécis-
contact de fluides employés reposent essentiellement sant la largeur du microcanal de manière abrupte ou
sur l’énergie de l’écoulement et la structure géométrique progressive, le mécanisme de convergence hydrody-
de l’appareil, plus rarement sur une source d’énergie namique permet de diminuer le temps de mélange
externe pour faciliter le processus de mélange. en forçant les filaments de fluide par un orifice plus
De vastes possibilités existent et dépendent des étroit, ce qui réduit la distance caractéristique pour la
technologies de fabrication retenues. À titre d’exem- diffusion ;
ple, les modes de mise en contact de fluides les plus — division et recombinaison des courants
courants sont (figure 1) : (figure 1(e)). Les fluides subissent des phases d’étire-
— contact de deux courants en T ou en Y (figu- ment, de découpage et de recombinaison, afin d’aug-
res 1(a)-1(b)). Si les dimensions du microcanal sont menter la surface de contact entre les lamelles de
suffisamment petites, le processus de mélange par dif- fluide et de diminuer leurs épaisseurs. Souvent, les
fusion peut être rapide car la distance caractéristique écoulements générés avec ce mécanisme ont des
du système est très faible. Cependant, pour mélanger
rapidement dans des microcanaux plus grands, le débit
traversant doit être suffisamment élevé afin d’induire
caractéristiques chaotiques qui permettent un
mélange rapide et efficace ;
— mécanismes de mélange chaotique lorsqu’une
3
des effets instationnaires dans l’écoulement ; perturbation périodique est appliquée à l’écoulement.
— multilamination par l’introduction de multiples L’écoulement chaotique est favorable au mélange
courants de deux composants, souvent de manière puisqu’il permet de séparer à une vitesse exponen-
interdigitale (figure 1(c)). Le temps de mélange est tielle deux quantités infinitésimales de fluides initiale-
donc dépendant de la largeur de chaque filament de ment très proches et d’augmenter ainsi l’interface
fluide, déterminée par la dimension des microcanaux. entre les espèces. Il peut être généré par une géomé-
Dans le cas où la largeur de chaque canal est relative- trie tri-dimensionnelle et périodique (figure 1(f)), ou
ment importante (> 100 mm), le mélange par diffusion lors d’une perturbation périodique dans le temps
moléculaire étant peu efficace, le temps de mélange créée par une source externe (exemple l’injection
peut être diminué en couplant la multilamination périodique d’un courant normal à l’écoulement princi-
avec le mécanisme de convergence hydrodynamique ; pal ou l’application de potentiels électriques non-uni-
— convergence hydrodynamique par la diminu- formes sur les parois du microcanal dans le cas d’un
tion de la distance diffusionnelle, normale à la écoulement électro-osmotique).
B
B Mélange
A
A
Mélange
Mélange
a contacteur en T b contacteur en Y c multilamination
Étirement
A
A B
B
A
A B Division
B B
A Recombinaison A
Mélange
Étirement
Recombinaison Division
Mélange
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3
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CHV2227
Microréacteurs :
outils d’intensification de la chimie
par Clarisse MARIET
Ingénieur chercheur
Direction de l’Énergie Nucléaire (DEN), Service d’Études Analytiques et de Réactivité
des Surfaces (SEARS), CEA, Université Paris-Saclay, Gif sur Yvette, France
Christine DALMAZZONE
Ingénieur de recherche
3
Direction Physico-Chimie et Mécanique Appliquées
IFP Énergies nouvelles (IFPEN), Rueil-Malmaison, France
Marie MARSIGLIA
Ingénieur de recherche
Direction Physico-Chimie et Mécanique Appliquées
IFP Énergies nouvelles (IFPEN), Rueil-Malmaison, France
Emmanuel MIGNARD
Chargé de recherche
CNRS, Université Bordeaux, Solvay, LOF, UMR 5258, Pessac, France
Axel VANSTEENE
Doctorant
Direction de l’Énergie Nucléaire (DEN), Service d’Études Analytiques et de Réactivité
des Surfaces (SEARS), CEA, Université Paris-Saclay, Gif sur Yvette, France
et Laurent VIO
Ingénieur chercheur
Direction de l’Énergie Nucléaire (DEN), Service d’Études Analytiques et de Réactivité
des Surfaces (SEARS), CEA, Université Paris-Saclay, Gif sur Yvette, France
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CHV2227
1. Intensification de procédés l’échelle industrielle sont plus rares. En contrôlant mieux les condi-
tions d’écoulement et de transfert, les réactions secondaires para-
industriels sites peuvent être supprimées, permettant ainsi d’obtenir des
produits de très grande pureté avec une grande sélectivité [2].
C’est pourquoi le marché principal de la technologie microréacteur
L’intensification des procédés consiste, par le développement est aujourd’hui celui de l’industrie chimique (raffinage, pharmaceu-
de méthodes, techniques et appareils adaptés, à concevoir des tique, cosmétiques, biotechnologies et environnement) même si à
procédés plus compacts et plus économiques, dont la capacité de plus long terme les outils développés pourraient atteindre l’indus-
production est de plusieurs fois supérieure à celle d’un procédé trie agroalimentaire [1]. Le marché des procédés en continu et des
conventionnel. Cette définition se résume de manière très synthé- technologies de microréaction s’est structuré et, depuis 2012, une
tique par « faire plus avec moins » [1] [2]. Il s’agit de réduire de transition s’opère des modules unitaires vers des modules de
manière importante la taille et la consommation énergétique des microréaction intégrés dans des systèmes entiers de production ou
procédés de fabrication et de transformation, les rendant ainsi de recherche et développement [4]. Sur la période 2007-2012, le
efficaces en minimisant les quantités de matières et d’eau mises nombre de ces technologies intégrées s’est accru de 18 % et le
en jeu. Le procédé est conçu dans un esprit de développement marché global des microréactions pour la recherche et le dévelop-
durable. L’intensification des procédés revoit en profondeur les pement a connu un taux de croissance annuelle de 25 %.
bases des procédés industriels traditionnels et met en œuvre de
nouvelles technologies et de nouveaux procédés miniaturisés
opérant en continu et présentant un plus faible impact visuel et
d’encombrement sur l’environnement. 2. Principes
Les objectifs visés sont [3] [4] :
– des procédés de production moins coûteux ; Les procédés de transformation de la matière et de l’énergie font
– le recyclage des produits et sous-produits ; intervenir de multiples phénomènes couplés à différentes échelles
– une sécurité améliorée ; spatiales et temporelles. Les processus les plus lents ont les temps
– un temps d’accès au marché plus court ; caractéristiques les plus élevés, ce qui traduit l’influence des phéno-
– une image de l’industrie concernée améliorée. mènes limitants. En pratique, ces limitations peuvent être partielle-
L’intensification des procédés promet une chimie plus sûre, plus ment levées par une intensification des transferts. Une autre solution
propre, moins énergivore. Si à l’échelle du laboratoire ces prin- consiste à augmenter considérablement les surfaces spécifiques de
cipes ont été adoptés, les exemples de procédés intensifiés à transfert en diminuant la taille caractéristique de l’écoulement, c’est
98
Intensification des procédés et méthodes d'analyse
durable
(Réf. Internet 42493)
1– Principes
2– Procédés catalytiques
Filtration membranaire (OI, NF, UF). Mise en oeuvre et performances J2793 103
Filtration membranaire (OI, NF, UF, MF). Applications en traitement des eaux J2794 107
Filtration membranaire (OI, NF, UF, MFT). Applications en agroalimentaire J2795 111
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4
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J2842
4
1.2 Un matériau solide sélectif qui constitue l’interphase ? ........................... — 3
1.3 Ou un matériau qui génère les interfaces fluides ?................................... — 4
2. Enjeux pour la réaction........................................................................... — 4
2.1 Déplacement d’équilibre ............................................................................. — 4
2.2 Catalyse hétérogène ou catalyse homogène ? .......................................... — 4
2.3 Fonctionnalisation et microréacteurs : des économies d’atomes ........... — 5
3. Autres enjeux et perspectives .............................................................. — 5
3.1 Couplages d’opérations............................................................................... — 5
3.2 Génération et transfert d’énergie ............................................................... — 6
3.3 Transfert d’information et capteurs............................................................ — 6
3.4 Vers un « monde nouveau » de systèmes biomimétiques ...................... — 6
4. Conclusion.................................................................................................. — 7
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 2 842
ans un ouvrage paru chez Elsevier en 1995 [2], E. Sackmann écrit : « La vie
D dans toute sa diversité n’est devenue possible qu’après que la nature ait
découvert la membrane. Cet outil représente la barrière nécessaire pour pro-
téger les entités vivantes des effets néfastes de leur environnement inerte et
hostile, tout en garantissant entre les deux mondes les échanges hautement
sélectifs qui sont nécessaires... La réduction à deux dimensions de la géométrie
de l’outil lui assure une efficacité considérable en offrant la possibilité de sépara-
tion de charges irréversibles et d’un stockage transitoire de l’énergie via le
développement de gradients de potentiels électrochimiques ». Les membranes
biologiques représentent l’achèvement ultime poursuivi par les recherches et
développements technologiques conduits aujourd’hui dans le secteur des mem-
branes artificielles. Avec la catalyse enzymatique, elles sont à la base de tous les
modèles du vivant donc garantes du développement le plus durable qui soit.
Par principe [3] [4], les technologies à membranes artificielles présentent des
avantages considérables au regard des objectifs de la chimie verte :
– opérations isothermes, elles se caractérisent par une meilleure efficacité
énergétique, une plus grande sécurité, une meilleure qualité des produits
traités (en particulier s’ils sont fragiles comme les produits biologiques) ;
– en ne nécessitant aucun recours aux solvants (sauf pour le nettoyage des
installations hors cycle de production), elles participent à une réduction de
l’utilisation de ceux-ci et de produits finis plus sains ;
– en travaillant au niveau moléculaire ou ionique, elles autorisent une utili-
sation plus rationnelle de la matière ;
– leur modularité autorise un contrôle en ligne accru des performances et
une plus grande sûreté d’utilisation des installations...
Parution : juin 2012
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Référence Internet
J2842
4 un rôle « messianique » ou salvateur dans bien des domaines d’une chimie qui
se veut verte.
Dans ce qui suit, notre ambition n’est pas de produire une nouvelle mono-
graphie de présentation générale des technologies à membranes (nous
préférons renvoyer à des sources existantes déjà bien renseignées,
notamment [3] [4]), mais bien plutôt d’illustrer. Comment ? En passant en
revue quelques exemples marquant dans les domaines de la séparation, de la
réaction et en donnant des ouvertures sur d’autres domaines encore plus pros-
pectifs, mais d’ores et déjà d’une réalité brûlante.
Différence
de potentiel
∆µ
1.1 Matériau et fonction membranaires Membrane
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J2793
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© Techniques de l’Ingénieur J 2 793 − 1
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J2793
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(100 à 1 000 g/mole)
Ultrafiltration Macromolécules 5 à 50 100 à 500 30 à 150
(1 000 à 500 000 g/mole),
Virus
Microfiltration Particules 50 à 1 000 50 à 300 30 à 150
(0,05 à 10 µm)
Le lecteur pourra trouver un exposé général concernant toutes ces techniques dans les dos-
siers [J 2 790], [J 2 792], [J 2 794], [J 2 795], [J 2 796] et [Doc. J 2 799].
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J 2 793 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
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8,32 J/(K · mol) constante molaire des gaz εm F/m permittivité du milieu
T K température
t s temps
A
Liste des indices
alimentation
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V m3 volume de solution/suspension
a co-ion
W kWh/m3 puissance par unité de produit
b contre-ion
Xd eq/m3 densité de charge du matériau
membranaire
p perméat
Xi facteur de concentration pour
l’étage i d’un système multiétage s soutirage
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J2794
Filtration membranaire
(OI, NF, UF, MF)
Applications en traitement des eaux
4
Laboratoire de génie chimique, Université de Toulouse,
CNRS, INPT, UPS, Toulouse, France
et Hélène ROUX de BALMANN
Directrice de recherche CNRS
Laboratoire de génie chimique, Université de Toulouse,
CNRS, INPT, UPS, Toulouse, France
Note de l’éditeur : cet article est la mise à jour de l’article « Filtration membranaire (OI,
NF, UF) – Applications en traitement des eaux » rédigé par Philippe APTEL en 2006.
e programme phare des Nations unies pour l’eau, World Water Assess-
L ment Program (WWAP), réunissant l’Organisation Mondiale de la Santé
(OMS) et l’UNICEF, estime que chaque être humain a besoin d’au minimum 20
à 50 L d’eau propre chaque jour pour satisfaire ses besoins. Près de 2 per-
sonnes sur 10 sont encore privées d’eau potable et plus d’un milliard d’êtres
humains sont réduits à consommer de l’eau potentiellement contaminée. La
pollution des eaux par les rejets issus de l’industrie, de l’agriculture et des
eaux usées domestiques a des conséquences dramatiques. La plus préoccu-
pante est la propagation de maladies, au premier rang desquelles le choléra, la
typhoïde ou la dysenterie. On estime que 80 % des maladies prévalant dans les
pays en développement seraient directement liées à un accès défaillant à l’eau
potable et aux équipements sanitaires.
Les ressources en eau douce sont limitées : l’accroissement prévisible de la
population et le développement industriel font craindre une rupture des res-
sources en eau aux conséquences bien plus graves que celles qui résulteront
Parution : août 2017
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La filtration membranaire est un procédé de séparation physique À l’issue d’une opération de filtration membranaire, deux phases
en phase liquide. Elle repose sur le principe de perméation à tra- sont obtenues :
vers une membrane permsélective. Cette membrane permsélec- – le rétentat (ou concentrat) dans lequel se concentrent les
tive, selon ses caractéristiques intrinsèques et son mode molécules et/ou particules retenues par la membrane ;
d’utilisation, constitue une barrière permettant (ou favorisant) cer-
tains transferts de matière et en limitant d’autres (figure 1). Les – le perméat, exempt des molécules et/ou particules retenues.
forces motrices permettant la perméation à travers la membrane
peuvent être la diffusion d’une des deux phases (transport actif)
mais également des différentiels de pressions, de concentrations, 1.1 Domaines de la filtration membranaire
ou de potentiels électriques (transport passif).
En fonction de la taille de ses pores, la membrane de filtration Les performances de filtration des procédés membranaires utili-
constitue une barrière physique absolue pour des molécules ou sant la pression comme force agissante sont évaluées par les
particules de taille supérieure à un certain seuil. C’est l’avantage notions de productivité (perméabilité) et d’efficacité (sélectivité).
e
an
br Perméat
Rétentat em
M
Flux
Particule ou molécule
retenue
Particule ou molécule
non retenue
Alimentation
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Ultrafiltration
Procédés Nanofiltration Microfiltration
de filtration Osmose Filtration conventionnelle
Inverse
10–1 1 10 102 103 104 105 106 107
Ions métalliques Taille de
Sels aqueux pores (nm)
Pesticides/herbicides
Sucres
Gélatine
Solutés et
particules Virus
retenus Colloïdes
Pigments
Bactéries
Sables
4
Figure 2 – Positionnement des procédés de filtration en fonction du diamètre de pores [J 2 791] [J 2 789]
Il est d’usage de séparer les membranes en différentes catégo- 1.2 Modes de filtration
ries selon leurs capacités de rétention et de définir ainsi des
domaines de filtration. Les principaux domaines de filtration en Une opération de filtration membranaire peut être mise en
fonction de la taille moyenne de pores des membranes, ainsi que œuvre selon deux configurations différentes : en mode frontal
la correspondance avec les molécules et particules retenues sont (dead-end filtration ) ou tangentiel (cross-flow filtration ).
représentés sur la figure 2 [J 2 791] [J 2 789]. Pour comparaison, le
Dans le cas d’une filtration en mode frontal, le fluide à filtrer cir-
domaine couvert par la filtration conventionnelle est également
cule perpendiculairement à la membrane. Il en découle un débit de
reporté.
concentrat QR nul (figure 3a ). Ce mode de fonctionnement induit
Selon les propriétés des membranes, on distingue donc les une accumulation importante de matière à la surface de la
domaines suivants [J 2 789] : membrane au cours de son utilisation, ce qui en réduit progressi-
vement la perméabilité. Afin de limiter ce phénomène, la filtration
– l’osmose inverse (OI). Dans ce domaine, on utilise des en mode tangentiel consiste à imposer au fluide à filtrer une circu-
membranes denses (sans porosité apparente) qui permettent de lation parallèle à la surface de la membrane (figure 3b ). Cette
retenir la quasi-totalité des solutés, y compris les sels et ions configuration permet d’obtenir dans une certaine gamme de
métalliques. L’application principale de l’OI est le dessalement de débits, des contraintes de cisaillement constantes à la surface de la
l’eau de mer ainsi que la production d’eau ultra-pure ; membrane, et donc de limiter le colmatage.
– la nanofiltration (NF). Ce domaine de filtration permet de
retenir des sels ionisés multivalents et des composés organiques
non-ionisés, de masses molaires supérieures à environ
300 g · mol–1. Il est généralement considéré que les membranes de
2. Dessalement des eaux
NF retiennent des composés de taille minimale allant de 0,5 à
8 nm ;
de mer et des eaux
– l’ultrafiltration (UF). Les membranes d’UF présentent des
saumâtres
diamètres de pores compris entre 2 et 100 nm. L’UF permet la
rétention de molécules de masses molaires élevées telles que des Selon l’UNESCO, environ 40 % de la population mondiale
polymères, protéines ou colloïdes ; connait un stress hydrique et l’évolution démographique va porter
ce chiffre à 47 % en 2030. Pourtant les mers et océans couvrent ¾
– la microfiltration (MF). Les membranes de MF permettent
de la planète et 80 % de la population mondiale habite à moins de
l’élimination de particules en suspension (séparation solide/
80 km d’une côte. Le dessalement de l’eau de mer est donc une
liquide) de rayon hydrodynamique minimal compris entre 75 nm et
des possibilités permettant l’alimentation en eau douce. Les pre-
10 µm.
mières installations sont apparues dans les années 1980 avec une
Dans le domaine de la filtration conventionnelle (ou particulaire), croissance significative à partir des années 2000 (figure 4 [1]). Fin
les filtres permettent la rétention de macroparticules ayant une 2014, les Nations unies comptabilisaient près de 16 000 usines de
taille supérieure à 10 µm. Ils sont généralement utilisés en prétrai- dessalement, d’une capacité totale de production de 70 millions de
tement, en amont de membranes plus performantes. Il convient de m3 d’eau par jour. Au total, le dessalement absorberait près de
noter que les limites entre les différents domaines ne sont pas 75 TWh/an, soit l’équivalent d’environ 0,4 % de la consommation
définies précisément et ne sont données qu’à titre indicatif. Il appa- électrique mondiale.
raît, par exemple, une zone de recouvrement entre NF et UF et on La figure 5 donne les pays leaders dans le domaine du dessale-
parle alors indifféremment de haute NF ou de basse UF. ment et les capacités installées (www.energie.sia-partners.com).
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Référence Internet
J2794
QA Alimentation
Alimentation Rétentat
QA QR
Membrane Membrane
Particule ou molécule
non retenue
QP Perméat QP Perméat
Particule ou molécule
retenue
2e moitié d’année
année entière
Capacité (million m3/j)
Capacité installée
La capacité sous contrat désigne la capacité des unités ayant fait l’objet d’un contrat (donc non encore installées)
Figure 4 – Dessalement d’eau de mer. Évolution de la capacité installée (doc. Desoldata/IDA, juin 2016 [1])
L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont les principaux inverse (OI) qui sont décrits dans l’article concernant le dessale-
producteurs d’eau dessalée, tandis que des pays comme l’Inde, le ment de l’eau de mer [W 5 700].
Mexique ou l’Afrique du sud connaissent la plus forte croissance.
La distillation consiste à porter l’eau de mer à ébullition et
à condenser la vapeur d’eau produite afin d’obtenir une eau
2.1 Place de l’osmose inverse par rapport (distillat) épurée des sels et autres matières contenues dans
aux autres procédés de dessalement l’eau de mer. L’osmose inverse (OI) utilise une membrane
semi-perméable non poreuse. L’eau de mer, mise sous pres-
Les procédés de dessalement les plus largement utilisés pour sion, est séparée en une fraction d’eau épurée des sels et
produire de l’eau, potable en particulier, à partir d’eaux « salées », autres matières initialement contenues dans l’eau (filtrat) et
eaux de mer ou eaux saumâtres, sont la distillation, principale- une fraction contenant les espèces ainsi retenues (rétentat ou
ment distillation flash et distillation à multiples effets, et l’osmose concentrat).
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Référence Internet
J2795
4
— 6
2. Industrie des boissons ............................................................................ — 7
2.1 Vin ................................................................................................................. — 7
2.2 Bière .............................................................................................................. — 9
2.3 Jus de fruits et de légumes ......................................................................... — 11
3. Autres industries concernées ............................................................... — 11
3.1 Protéines végétales...................................................................................... — 11
3.2 Ovoproduits .................................................................................................. — 12
3.3 Sirops et jus sucrés ...................................................................................... — 13
3.4 Polysaccharides............................................................................................ — 14
3.5 Autres secteurs............................................................................................. — 14
3.6 Épuration biologique des eaux résiduaires ............................................... — 14
4. Forces et faiblesses des membranes dans le secteur
alimentaire ................................................................................................. — 14
4.1 Points forts des opérations à membranes ................................................. — 14
4.2 Freins techniques du développement des opérations
à membranes................................................................................................ — 15
5. Conclusion.................................................................................................. — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 2 795
To
uter
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dit ionsT.I. J 2 795 – 1
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Référence Internet
J2795
traces
(15 000 m2 installés).
La composition du lait est détaillée dans le tableau 1.
Il doit être mentionné que les laits microfiltrés sont dépourvus
de toutes les cellules somatiques (7 à 30 µm). Ces cellules naturel-
1.1 Microfiltration lement présentes dans le lait proviennent principalement du sang
La microfiltration du lait recouvre trois opérations principales [4]. et du tissu mammaire et sont riches en enzymes susceptibles
d’entraîner une dégradation des constituants du lait au cours de sa
conservation. Leur élimination, totale, contribue à augmenter la
1.1.1 Épuration bactérienne stabilité du lait.
Face à une trop forte charge bactérienne des laits, qui peut entraî- Si l’emploi de cette technique pour les laits de fromagerie permet
ner une altération de leur composition chimique (dégradation du de satisfaire en toute sécurité aux normes bactériologiques des fro-
lactose en acide lactique, hydrolyse des protéines en peptides et mages fabriqués à partir de lait cru, elle impose un réensemence-
acides aminés...) et des défauts de conservation et de transforma- ment de l’écosystème spécifique du fromage pour lui assurer la
tion des produits laitiers fabriqués, la microfiltration tangentielle de typicité de texture et de flaveur souhaitée par les consommateurs
lait offre une alternative intéressante à la pasteurisation (72 à 75 oC, (voir Procédés de transformation fromagère (partie 1) [F 6 305]).
10 à 30 s) et à la bactofugation (centrifugation du lait) [4]. Cette tech-
nique ne s’applique qu’à du lait écrémé du fait des recoupements Les membranes utilisées sont des membranes céramiques, de
de taille des globules gras et des micro-organismes (figure 1). diamètre de pore 1,4 µm. En combinant un fort écoulement tan-
gentiel (7 à 8 m · s–1), et donc une forte contrainte de cisaillement à
Cette technique permet, selon le schéma de la figure 2, de la paroi, avec une faible pression transmembranaire (Δp < 50 kPa),
réduire la teneur en micro-organismes du lait de consommation ou elles procurent de faibles pertes de matière (5 % en volume à un
du lait de fromagerie, tout en maintenant ses qualités organolep- facteur de réduction volumique FRV = 20 ; < 1 % de caséines) sous
tiques grâce à un traitement thermique moindre (37 à 50 oC). L’effi- de fortes densités de flux de perméation (J = 400 à 650 L · h–1 · m–2,
cacité de la séparation, estimée par la réduction décimale (RD) est soit 110 à 180 µm · s–1) pendant une période de l’ordre de 10 h.
bonne puisque la réduction décimale obtenue est supérieure à 3,5, Pour obtenir de telles performances, il est nécessaire d’assurer des
ce qui signifie que pour un lait écrémé contenant 20 000 ufc · mL–1, conditions locales de filtration homogènes tout au long de la mem-
le microfiltrat produit contient moins de 10 ufc · mL–1. RD est cal- brane, soit grâce à un système de circulation du filtrat à cocourant
culée à partir du nombre de germes du lait non traité, C 0 et celui du rétentat (système Bactocatch®, figure 3, [5]), soit en utilisant
du lait microfiltré, C MF selon : des membranes à gradient de résistance hydraulique [6] [7]. Dans
C des installations plus importantes, un second étage de microfiltra-
RD = lg 0 tion peut être installé pour atteindre un FRV de 200, conduisant à
CMF 0,5 % de pertes en volume (figure 2).
Micro-organismes
Composants
Globules gras Micelles de Protéines Eau
caséines solubles Lactose
Minéraux solubles
Azote non protéique
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Référence Internet
J2795
4
FRV : facteur de réduction volumique
Le FRV traduit une réduction du volume mis en œuvre par
l’opération de filtration. Cette grandeur fait souvent l’objet d’une Figure 2 – Procédé de traitement du lait utilisant la microfiltration
confusion avec le facteur de concentration (FC ) d’un composé. pour l’élimination des micro-organismes
Le facteur de concentration d’un composé est une grandeur qui
ne se définit que par rapport aux concentrations de ce composé
dans le rétentat, C R , et dans le produit à filtrer, C 0 : Exemple : en France, le lait de consommation microfiltré le plu s
connues tpr oposé sousle nom commer cial Mar gu erit e. Il estfa bri-
CR qu é parl’U nion desc oopér ativ esla it
ièresde V illefranc he-s ur-Saône
FC = (69) etes tob tenupa rle méla nge de la it« c ru» mic rofiltréa vecde la
C0
crème c ha uffée à95 oCpenda nt20 s. S adu rée de v ie c ommer c
ia le à
4 oCes tde 15 jou rs.U ne variant e de c e lait(méla nge dula itmic rofil-
Il est possible de relier FC et FRV en prenant en compte la tr
é pa steu r
isé a v
eclac rème c ha uffée) es tpr opos ée da nsplu sieu rs
rétention de la molécule considérée [1]. pay s(Ca nada ,Scandinavie,et c.).
Rétentat Rétentat
Perméat Perméat
Local
2 2
Moyen
1 1
Moyen Local
0 0
Δpe = Δps ⇔ Pre – Ppe = Prs – Pps ⇔ Pre – Prs = Ppe – Pps ⇔ PCr = PCp
P
Δp
PC
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J2795
4
ment fromager...). Par ailleurs, l’élimination partielle des protéines gamma 30 à 120 L · h–1 · m–2.
solubles permet de réduire fortement les effets dommageables des
traitements thermiques sur la coagulation du lait par la présure, ce L’ultrafiltration a également permis le développement d’une
qui a permis de concevoir un procédé de préparation de poudre de nouvelle technologie fromagère connue sous le nom de procédé
lait à haute aptitude fromagère destinée à l’exportation vers les MMV (Maubois, Mocquot, Vassal, 1969) (voir Procédés de transfor-
pays dont la production laitière est insuffisante [1]. mation fromagère (partie 1) [F 6 305]). Dans ce procédé (figure 4
[7]), le lait est concentré, effectuant ainsi l’« égouttage » avant la
La séparation se fait avec une membrane céramique de 0,1 µm, coagulation du lait et non après comme dans une technologie clas-
à 50 oC et FRV variant de 2 à 4. Les flux de perméation obtenus sique. Le perméat obtenu contient de l’eau, du lactose, des
sont de l’ordre de 75 L · h–1 · m–2, et sont étroitement liés à la minéraux solubles et de l’azote non protéique, l’ensemble des pro-
contrainte de cisaillement pariétale τ w : téines (micelles de caséine et protéines du lactosérum) étant
concentré dans le rétentat, produit liquide plus ou moins visqueux
J (L ⋅ h−1 ⋅ m−2 ) ≈ 0, 8 τ w (Pa) ayant une composition proche de celle du fromage. Ce rétentat,
appelé préfromage liquide, est ensuite transformé, après fermenta-
La microfiltration peut être combinée à une diafiltration (voir tion lactique et coagulation, en fromages à textures et saveurs
Séparations par membrane dans l’industrie alimentaire [F 3 250]), variées. Dans le cas du procédé MMV, le FRV peut atteindre 7 pour
lavage de la phase micellaire avec plusieurs diavolumes d’eau de préparer le préfromage liquide. L’UF est souvent combinée à une
qualité appropriée (nombre de diavolumes = 4), pour purifier les diafiltration destinée à diminuer les teneurs en lactose et en sels
micelles de caséines et ainsi préparer du « phosphocaséinate minéraux ou à ajuster qualitativement ces derniers.
natif ». Cette matière première peut être utilisée pour le fractionne-
ment des caséines individuelles, en particulier de la caséine β, dont L’ultrafiltration est également utilisée pour la préparation des
la séquence contient de nombreux peptides reconnus pour leur préfromages à concentration intermédiaire : les éléments « froma-
activité biologique (activité opiacée, activités régulatrices du geables » se trouvent alors en concentration bien supérieure à
sommeil, de l’appétit, de la tension artérielle, etc.). celle du lait et inférieure à celle du préfromage à concentration
totale (concentration de ces mêmes composants très proche de
celles du fromage). Les préfromages partiellement concentrés sont
1.1.3 Fractionnement de la matière grasse transformés en fromages selon des technologies conventionnelles
globulaire adaptées.
La séparation de la matière grasse globulaire du lait entier ou Pour ces opérations, des membranes organiques spirales ou
enrichi en matière grasse ou de la crème, proposée très récem- inorganiques tubulaires avec des seuils généralement de 20 à
ment, permet de préparer des fractions enrichies en petits (< 2 µm) 100 kg · mol–1 sont utilisées. Les flux d’ultrafiltrat sont liés à la
et gros (> 2 µm) globules gras. Cette microfiltration se réalise avec concentration selon :
des membranes céramiques de taille de pore dans la plage 1,8
à 10 µm, dans des conditions opératoires très variables : tempéra-
J = a ln FRV + b avec a < 0
ture 35 à 55 oC ; vitesse d’écoulement tangentiel 4 à 8 m · s–1,
0, 2 ⋅ 105 Pa F Δp F 1, 75 ⋅ 105 Pa , 2 F FRV F 20 . Les produits laitiers
(fromages, yaourts...) issus de laits de fabrication dont toute la Dans les étages d’UF où FRV > 3 à 4, la viscosité et la polarisa-
matière grasse se trouve sous forme de petits globules natifs, ont tion de concentration amènent les flux vers des valeurs de l’ordre
une texture plus fine et plus onctueuse que celle des produits issus de 10 L · h–1 · m–2.
du même lait dont la matière grasse est constituée soit par de gros Des dizaines de nouveaux fromages ont ainsi vu le jour depuis
globules, soit par la matière grasse originelle. Seul le beurre est les années 1970.
obtenu avec de meilleurs résultats organoleptiques en utilisant les
gros globules. Exemple : c’est en adaptant le b revet M M Và une utilisation indus-
D’un point de vue technique, le procédé n’est pas encore opti- trielle que le Pavé d’Affinois, fromage à pâte molle proposé par la fro-
misé. La faisabilité du fractionnement est montrée et il apparaît magerie Guilloteau (Pélussin, 42), apparaît sur le marché en 1982.
clairement que l’utilisation de la microfiltration pour le fractionne- Depuis, la gamme d’Affinois s’est développée (le Léger d’A ffinois,le
ment de la matière grasse laitière dépendra de la plus-value P laisir d’Affinois...) et de nouveaux autres fromages se sont déve-
commerciale dégagée par les nouveaux produits obtenus. loppés autour de ce concept d’ultrafiltration.
114
Référence Internet
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1.2
1.3
1.1.2 Extraction des métabolites ................................................................
Concentration/Purification ..........................................................................
Membranes stérilisantes.............................................................................
—
—
—
2
4
5
4
2. Industrie automobile............................................................................... — 5
2.1 Dégraissage et traitement des huiles......................................................... — 5
2.1.1 Concentration des effluents huileux avant destruction................... — 5
2.1.2 Recyclage des bains de dégraissage ................................................ — 6
2.2 Procédés membranaires dans les dépôts de peinture
par électrophorèse....................................................................................... — 7
2.2.1 Rinçage des carrosseries et recyclage de la peinture...................... — 7
2.2.2 Recyclage des eaux de rinçage final ................................................. — 8
3. Autres domaines d’applications .......................................................... — 9
3.1 Recyclage des sauces de couchage dans l’industrie papetière ............... — 9
3.1.1 Traitement de couchage du papier.................................................... — 9
3.1.2 Traitement de recyclage des sauces ................................................. — 9
3.2 Extraction de solvant par nanofiltration dans le procédé
de production d’huile moteur..................................................................... — 10
3.2.1 Production de l’huile pour moteur .................................................... — 10
3.2.2 Déparaffinage par membranes de l’huile pour moteur................... — 10
4. Conclusion ................................................................................................. — 11
Références bibliographiques ............................................................. — 11
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ration de pH extrêmes (1 ou 14) à des températures élevées (85 oC).
1.1.1 Procédés de fermentation
Ce procédé continu permet la gestion et le contrôle du facteur de
concentration volumique (FCV : ratio entre le débit d’alimentation
La fermentation consiste en une réaction au cours de laquelle et le débit de rétentat). Suivant le type de moût de fermentation et
la matière organique est dégradée de façon incomplète. l’évolution de la viscosité de la solution dans chaque étage, nous
pouvons arriver à des FCV compris entre 5 et 10 (moûts bruts type
Ces réactions de fermentation sont réalisées dans des acides aminés), et jusqu’à une gamme avec un facteur de
fermenteurs. Ces cuves contiennent les micro-organismes et l’envi- concentration de l’ordre de 30 à 50 (moûts préfiltrés type péni-
ronnement favorable permettant leur développement (nutriments, cilline, acides organiques).
température, pH, oxygénation, pression…). Un brassage continu
est effectué pour éviter la formation de zones stagnantes et pour
maintenir ainsi un milieu parfaitement homogène. Enfin, les Ce procédé peut traiter tous les types de moûts avec des uni-
fermenteurs sont stérilisés avant toute phase de remplissage, ainsi tés de production de grosse capacité.
que tous les produits apportés au cours des opérations, pour éviter
toute contamination du milieu par des souches étrangères qui ■ Cas d’une diafiltration en procédé batch ou batch alimenté
pourraient inhiber voire détruire la production.
Le procédé batch ou batch alimenté est utilisé pour traiter des
■ Le procédé discontinu ou « batch » correspond à l’opération de moûts de fermentation d’unités de plus faibles capacités.
fermentation traditionnellement et majoritairement la plus répan-
● Le procédé batch consiste à apporter, en une fois, le moût de
due. Dans ce cas, le milieu de culture est initialement ensemencé et
n’est pas renouvelé jusqu’à la fin de cette fermentation. En fin de fermentation dans la cuve de travail. Cette solution est traitée par
cycle, le fermenteur est vidangé, puis les micro-organismes et l’unité membranaire avec retour du rétentat dans la cuve. Au cours
produits extraits sont séparés et traités. du temps, nous avons donc une diminution du volume dans la cuve
de travail et un FCV qui augmente.
■ Les fermentations continues, utilisant des systèmes dans
Dans le procédé batch, il faut un taux de recyclage important
lesquels la cuve est continuellement alimentée en milieu de culture
(TR : ratio entre le débit de rétentat et le débit de perméat) compris
alors que le produit est retiré avec le même débit, est encore
entre 2 et 10 (2 pour les produits faiblement colmatants, tels que
aujourd’hui un procédé très faiblement utilisé. Ce système permet
les moûts préfiltrés type acide citrique, et 10 pour des moûts très
d’augmenter la productivité, mais les risques de contaminations
concentrés en biomasse).
sont plus importants.
■ Le traitement des moûts de fermentation est de plus en plus réa-
lisé à l’aide de la technologie membranaire, avec des membranes Le procédé batch est utilisé pour le traitement des moûts
minérales (par exemple Orelis, gamme Kerasep™ avec des seuils de d’antibiotiques (céphalosporine, érythromycine), des acides
coupure de 15 kD à 0,1 µm [1]), des membranes organiques planes organiques (acide citrique) et certains acides aminés
ou encore des membranes d’électrodialyse [2]. Il consiste à séparer (thréonine).
la ou les fractions valorisables pour favoriser les étapes situées en
aval (étapes de purification des métabolites, de reconcentration, et
● Le batch alimenté est, quant à lui, utilisé lorsque la loi de
enfin, d’évaporation et de cristallisation (figure 1).
perméabilité (débit perméat en fonction du FCV) chute très
L’exploitation industrielle, avec des unités de grosse capacité faiblement. Cette opération suppose un ajout continu de solution
(débit d’alimentation supérieur à 300 m3/j), nécessite de plus en plus d’alimentation dans le bac de travail qui compense le volume de
de traiter ces moûts de fermentation dans un fonctionnement global perméat produit. Les avantages du batch alimenté, par rapport au
en continu (figure 1). Les plus petites unités (pour un débit d’alimen- mode batch, correspondent à l’utilisation d’une cuve de plus faible
tation inférieur à 300 m3/j) fonctionnent, quant à elles, le plus sou- volume, mais surtout à un temps de séjour moindre du produit à
vent avec un procédé batch ou batch alimenté (figure 2, page 4). valoriser (perméat) dans la cuve, et ainsi un risque de dénaturation
Suivant la taille des installations, les surfaces membranaires thermique plus faible. L’inconvénient majeur vient du fait que, à loi
installées vont donc de quelques dizaines à plusieurs milliers de de perméabilité identique, le débit de perméat moyen est plus faible
mètres carrés, pour des débits d’alimentation de quelques dizaines que dans le procédé batch (figure 2), d’où une productivité moindre
de litres à quelques centaines de mètres cubes par heure. au mètre carré.
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J2796
Solvant de diafiltration
FCV
Bac final
Fermenteurs Tr
FCV Rétentat
final
Produit
Rétentat
4
Bac de travail Bac
Tr
Concentration Perméat
variable
2e étape = diafiltration
procédé batch
Figure 1 – Schéma simplifié d’une ligne en procédé continu – continu ou continu – batch pour la production de métabolite issu d’un moût de fermentation
Souvent, à l’étape de concentration de la biomasse en batch ■ Cas d’une diafiltration en procédé continu
alimenté s’ajoute une étape supplémentaire en mode batch afin de Le solvant de diafiltration est ajouté en continu à l’entrée de
concentrer à l’optimum la cuve de travail et d’avoir un volume chaque étage, afin de maintenir une dilution et une solubilité
minimal à traiter lors de la diafiltration. suffisantes des composés de la solution d’alimentation, et ainsi de
permettre l’extraction des métabolites dans le perméat. Souvent, le
Le procédé batch alimenté est utilisé pour des moûts préfiltrés dernier étage correspond à une étape ultime de surconcentration
tels que des moûts d’acides aminés (MSG – monoglutamate de du rétentat.
sodium). Au final, le procédé membranaire continu-continu présente les
avantages suivants :
1.1.2.2 Deuxième étape : diafiltration — obtention d’une concentration en métabolites dans le bac de
perméat quasi constante, favorisant le bon fonctionnement des
À la fin de la phase de concentration, la biomasse contient étapes ultérieures de purification/reconcentration et évaporation/
encore une proportion non négligeable en métabolites (de cristallisation ;
quelques % pour un FCV égal à 8, à 50 % pour un FCV de 2). — même si la diafiltration en continu consomme plus d’eau que
la diafiltration en batch, on peut envisager plus facilement un
La phase de diafiltration consiste à retravailler ce rétentat afin de recyclage partiel du perméat le plus dilué pour l’incorporer en tête
récupérer les principes actifs restants. Cette deuxième phase de diafiltration.
d’extraction peut être réalisée soit par un procédé continu, soit par
un procédé batch, selon les volumes à traiter, le flux membranaire ■ Cas d’une diafiltration en batch
et le rendement souhaité. Cette technique de diafiltration consiste
à ajouter, dans le fluide traité, un volume de solvant de diafiltration Le solvant de diafiltration est ajouté, progressivement et de
(de l’eau, le plus souvent) équivalent au volume de perméat extrait. préférence à volume constant, directement dans le bac de travail.
Le rétentat retournant lui aussi dans ce bac, nous obtenons pro-
Des rendements globaux de l’ordre de 95 à 99,5 % peuvent être gressivement une diminution de la concentration en métabolites
atteints, en fonction des FCV obtenus lors de la première phase de dans la solution d’alimentation. Les avantages de cette technique
concentration et du taux de diafiltration du concentrat lors de la résident dans sa facilité de mise en œuvre, l’utilisation d’un
deuxième étape. volume de diafiltration moindre et des surfaces membranaires plus
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4
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J2810
Perméation gazeuse
4
1.2 Classification des différents types de membranes ................................... — 3
2. Membranes de perméation gazeuse ................................................... — 4
2.1 Mécanisme et modélisation de la perméation gazeuse ........................... — 4
2.2 Choix des matériaux polymères................................................................. — 5
2.3 Membranes asymétriques et composites ................................................. — 6
2.3.1 Membranes en matériaux polymères vitreux .................................. — 6
2.3.2 Membranes en matériaux polymères élastomères ......................... — 6
2.4 Membranes planes et fibres creuses ......................................................... — 6
3. Mise en œuvre des membranes ........................................................... — 7
3.1 Modules à fibres creuses ............................................................................ — 7
3.2 Modules spirales.......................................................................................... — 7
3.3 Modules plans.............................................................................................. — 8
3.4 Configurations d’écoulement dans les modules à fibres creuses........... — 8
3.5 Agencement des systèmes membranaires à plusieurs étages ............... — 9
3.6 Protection des membranes......................................................................... — 9
4. Modélisation des modules à fibres creuses ..................................... — 10
4.1 Pertes de charge........................................................................................... — 10
4.2 Bilans de matière ......................................................................................... — 10
4.3 Influences des propriétés de la membrane et des grandeurs
opératoires ................................................................................................... — 11
5. Éléments d’une évaluation technico-économique .......................... — 14
6. Principales applications de la perméation gazeuse ....................... — 14
6.1 Application des membranes en matériaux polymères vitreux................ — 14
6.1.1 Récupération d’hydrogène ................................................................ — 14
6.1.2 Générateurs d’azote ........................................................................... — 15
6.1.3 Traitement du gaz naturel .................................................................. — 15
6.1.4 Séparation de l’hélium ....................................................................... — 16
6.2 Application des membranes en matériaux élastomères.......................... — 16
6.2.1 Récupération des composés organiques volatils (COV).................. — 16
6.2.2 Séparation des hydrocarbures .......................................................... — 17
7. Recherche et développement ............................................................... — 17
7.1 Membranes en matériaux polymères........................................................ — 17
7.2 Membranes à matrice mixte....................................................................... — 17
7.3 Membranes inorganiques à base d’adsorbants........................................ — 18
7.4 Membranes à sélectivité inverse................................................................ — 18
7.5 Membranes céramiques conductrices mixtes .......................................... — 18
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. J 2810
Parution : septembre 2004
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4
ment des membranes dans la panoplie des solutions. La perméation gazeuse
permet avant tout de concentrer ou d’appauvrir un mélange en l’un de ses
constituants ; elle se prête moins bien à des séparations complètes visant à la
production de gaz de haute pureté.
La perméation gazeuse a pour atout principal la simplicité d’un procédé « sec »
à température modérée, permettant un traitement continu après une étape de
compression ou en profitant d’une pression disponible. De multiples variantes
intéressantes introduisant des recyclages, des compressions multiples, des
balayages, ont été décrites. Pour autant, la solution membrane aura d’autant
plus de chance d’être la plus adaptée qu’on cherchera à l’utiliser pour ce qu’elle
sait faire, et en privilégiant les arrangements les plus simples.
À l’ingénieur désireux de s’informer sur les aspects fondamentaux, nous pro-
posons des informations sur les matériaux et les bases théoriques de la sépa-
ration par membrane.
Au lecteur confronté à un problème particulier et désireux d’évaluer une
« solution membrane », nous avons souhaité apporter un guide à sa réflexion :
choix des matériaux, influence des caractéristiques intrinsèques à la membrane
et des variables opératoires, etc.
Enfin nous avons souhaité présenter l’état de l’art en donnant des exemples
des principales applications industrielles et évoquer les développements en
cours.
Pour de plus amples informations sur la perméation gazeuse, le lecteur se reportera aux
références [1] [2] [3] parues dans les Techniques de l’Ingénieur.
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J2810
Notations et symboles
1.1 Principe et terminologie
La séparation d’un mélange gazeux par un procédé membra-
Symbole Unité Définition naire est rendue possible par une perméation sélective des diffé-
rents constituants du mélange à travers une membrane. Dans un
A m2 Surface active de la membrane tel procédé, un flux d’alimentation, généralement en haute pres-
c kmol · m–3 Concentration sion, est mis en contact avec une membrane pour permettre à la
partie la plus perméable de ce flux de traverser la membrane
d m Diamètre des fibres creuses jusqu’à l’autre côté, maintenu en basse pression (figure 1). Le flux
D m2 · s–1 Coefficient de diffusion du gaz perméé, celui du perméat, est enrichi en constituants les
e m Épaisseur de la couche active plus perméables (constituants rapides ) tandis que le flux du gaz
des fibres creuses non perméé, celui du rétentat ou encore du résidu est concentré en
constituants les moins perméables (constituants lents ).
G kmol · s–1 · m–1 · Pa–1 Perméabilité
Dans certains cas, il est utile de faire circuler un flux de balayage,
J kmol · s–1 · m–2 Flux de perméation exempt de (ou pauvre en) constituants les plus perméables, du
ᐉ m Longueur d’une fibre côté du perméat d’une membrane afin d’accroître la différence des
L kmol · s–1 Débit molaire du côté pressions partielles des deux côtés de la membrane.
de l’alimentation
m Nombre d’espèces
p Pa Pression partielle
1.2 Classification des différents types
P Pa Pression totale
de membranes
Q
S
kmol · s–1 · m–2 · Pa–1
kmol · m–3 · Pa–1
Coefficient de perméance
Coefficient de solubilité
Les membranes utilisées pour la séparation des gaz sont très
variées et peuvent être classées en fonction de leurs mécanismes
de transport associés (figure 2).
4
v m · s–1 Vitesse
V kmol · s–1 Débit molaire du côté ■ Membranes poreuses basées sur la diffusion de Knudsen (la taille
du perméat des pores est du même ordre de grandeur que les libres parcours
x Fraction molaire du côté moyens des gaz).
de l’alimentation Étant donné que la sélectivité de deux gaz est proportionnelle à
y Fraction molaire du côté la racine carrée du rapport des masses molaires et reste donc
du perméat généralement faible, une des rares applications est l’enrichisse-
z m Coordonnée axiale (le long ment isotopique de l’uranium (U235 F6 / U238 F6 ) avec des membra-
des fibres creuses) nes inorganiques.
α Permsélectivité ■ Membranes microporeuses basées sur des effets de tamisage
γ Rapport des pressions moléculaire avec un mécanisme d’adsorption – diffusion
( P B /P H ) Généralement ce sont des membranes inorganiques, typique-
µ N · s · m–2 Viscosité ment des zéolites, tamis moléculaires carbonés, etc. Ce type de
membranes est encore en phase de développement et sera briève-
ment abordé dans le paragraphe 7.3.
Indices ■ Membranes denses de type polymère basées sur un mécanisme
de solution – diffusion
A Alimentation
Principalement utilisées dans les applications industrielles de
B Côté basse pression séparation de gaz.
H Côté haute pression
■ Membranes denses basées sur la diffusion des atomes
SW Balayage (d’hydrogène) dans un solide.
k Constituant Ces membranes sont généralement des membranes métalliques
(Pd, Ag) fonctionnant à des températures supérieures à 300 oC
avec une sélectivité idéale infinie. Leur application principale est la
production de l’hydrogène à petite échelle.
1. Aspects généraux
Contrairement à la plupart des autres technologies de séparation
(distillation, absorption, majorité des procédés d’adsorption), la
séparation par la perméation gazeuse est un procédé cinétique. Ce
procédé est basé sur les différences des vitesses de perméation à Flux d'alimentation Flux de rétentat
travers une membrane des constituants d’un mélange gazeux. Les Membrane
performances de séparation de la technologie de perméation
gazeuse dépendent des :
— permsélectivités – définies par les natures des gaz et du maté-
riau utilisé ;
— des forces motrices disponibles (généralement des différences Flux de perméat Flux de purge
de pressions partielles) ;
— l’agencement des différents flux à l’intérieur des modules de
membrane. Figure 1 – Principe de séparation par une membrane et terminologie
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J2810
H+
ou
O2–
a diffusion de Knudsen b adsorption - diffusion dans c solution - diffusion d diffusion dans les sites e diffusion des ions
des matériaux microporeux dans un polymère interstitiels d'un solide ou des protons
(par exemple zéolites)
Figure 2 – Mécanismes de transport impliqués dans les différents types de membranes pour la séparation des gaz
■ Membranes denses basées sur des conductions mixtes ionique Les perméabilités peuvent être exprimées de différentes
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J2840
Électrodialyse
1.
2.
2.1
Principe et définitions ............................................................................
Membranes d’électrodialyse .................................................................
Membranes échangeuses d’ions................................................................
J 2 840 - 2
—
—
2
2
4
2.1.1 Définition. Classification .................................................................... — 2
2.1.2 Différents types de membranes et fabrication ................................. — 3
2.1.3 Propriétés caractéristiques ................................................................ — 3
2.2 Membranes bipolaires ................................................................................ — 4
2.2.1 Principe ................................................................................................ — 4
2.2.2 Propriétés caractéristiques ................................................................ — 4
3. Mise en œuvre de l’électrodialyse....................................................... — 4
3.1 Électrodialyse conventionnelle................................................................... — 4
3.1.1 Configuration à deux compartiments ............................................... — 4
3.1.2 Configuration à trois compartiments ................................................ — 5
3.1.3 Configuration à quatre compartiments............................................. — 5
3.2 Électrodialyse bipolaire............................................................................... — 5
3.2.1 Configuration à deux compartiments ............................................... — 5
3.2.2 Configuration à trois compartiments ................................................ — 6
4. Phénomènes de transport ..................................................................... — 6
4.1 Exclusion de Donnan................................................................................... — 6
4.2 Polarisation de concentration. Courant limite........................................... — 7
4.3 Rendement faradique.................................................................................. — 8
4.4 Transfert de solution et transfert de soluté. Concentration maximale.... — 8
5. Dimensionnement d’une installation ................................................. — 9
5.1 Électrodialyse conventionnelle................................................................... — 9
5.1.1 Détermination du courant limite ....................................................... — 9
5.1.2 Flux d’extraction et surface membranaire........................................ — 10
5.1.3 Concentration maximale.................................................................... — 11
5.1.4 Rendement faradique ......................................................................... — 11
5.1.5 Consommation énergétique .............................................................. — 11
5.1.6 Exemple de dimensionnement.......................................................... — 11
5.1.7 Discussion. Limitations ...................................................................... — 11
5.2 Électrodialyse bipolaire............................................................................... — 12
5.2.1 Électrodialyse à membranes bipolaires à deux compartiments..... — 12
5.2.2 Électrodialyse à membranes bipolaires à trois compartiments ..... — 13
5.2.3 Discussion. Limitations ...................................................................... — 13
6. Applications de l’électrodialyse .......................................................... — 13
6.1 Eau et effluents ............................................................................................ — 14
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J2840
ÉLECTRODIALYSE ______________________________________________________________________________________________________________________
’est pour faire face à des besoins en eau potable au Japon, en particulier,
C que l’électrodialyse a été développée en tant que procédé de dessalement
de l’eau de mer à l’échelle industrielle. Au-delà du domaine du traitement de
l’eau, de nouvelles applications ont ensuite été développées, comme la démi-
néralisation du lactosérum, qui représente une part importante de la surface ins-
tallée. Les problèmes liés à la réduction de l’impact environnemental des
procédés de production offrent des perspectives encore plus vastes pour des
procédés physiques comme l’électrodialyse, vis-à-vis de procédés physico-
chimiques, comme l’extraction liquide-liquide, la précipitation ou l’échange
d’ions sur résine, plus polluants. En outre, la possibilité de réaliser une démi-
néralisation sélective, c’est-à-dire accompagnée d’une purification, devrait éga-
lement ouvrir des perspectives de marché.
1. Principe et définitions
(0)
Abréviations
EDC Électrodialyse conventionnelle
4 EDMB
MEA
Électrodialyse à membranes bipolaires
Membrane échangeuse d’anions
Le terme « électrodialyse » désigne le transfert d’ions à tra-
vers des membranes sous l’effet d’un champ électrique.
j mole · m–2 · s–1 densité de flux molaire Ces deux types de membranes sont utilisés pour effectuer diffé-
rentes transformations, selon la configuration des empilements
J mole · s–1 flux molaire mis en jeu (cf. § 3). Les MEI sont parfois qualifiées de membranes
homopolaires, par opposition aux membranes bipolaires MB.
k m· s–1 coefficient de transfert de matière
m kg masse
2.1 Membranes échangeuses d’ions
n mole nombre de moles
Q éq nombre d’équivalents 2.1.1 Définition. Classification
R Ω résistance électrique
Les membranes échangeuses d’ions permettent le transfert
t nombre de transport sélectif d’espèces chargées selon leur signe de charge, transfert
T K température de cations dans le cas des membranes échangeuses de cations
(MEC), transfert d’anions dans le cas des membranes échan-
u m2 · V–1 · s–1 mobilité électrophorétique geuses d’anions (MEA).
V m3 volume
Le transfert sélectif des espèces chargées s’effectue suivant un
z valence mécanisme d’échange d’ions de site en site entre les ions de la
solution et les contre-ions de la membrane (figure 1). Ainsi, par
δ m épaisseur de la couche limite exemple, les MEC portent des groupements fonctionnels de charge
de diffusion négative. Ces mécanismes d’échange d’ions, et donc la nature
η rendement faradique chimique des matériaux constituant les MEI, sont très proches de
ceux des résines échangeuses d’ions [2].
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______________________________________________________________________________________________________________________ ÉLECTRODIALYSE
SO3–
Cl–
Cl–
+ ■ La sélectivité est exprimée par le nombre de transport t , qui
représente la fraction du courant transporté par une espèce i, (t i ), ou
SO3–
par une famille d’espèces, les cations par exemple. Le nombre de
Cl– SO3– Na+
transport d’une espèce i est défini par la relation suivante (1) :
SO3–
SO3– Cl– ui z i C i
Na+ t i = ------------------------------- (1)
Na+ Na+ Na+
∑ ui z i C i
i
SO3–
SO3– avec u i mobilité électrophorétique.
Cl– SO3–
Cl– ● Pour information, rappelons l’existence d’une relation entre la
SO3–
mobilité électrophorétique et le coefficient de diffusion :
SO3–
Na+
4
Di z i Y
u i = ------------------- (2)
RT
Figure 1 – Représentation schématique du fonctionnement
● Les valeurs de mobilités de certains ions communs sont
d’une membrane échangeuse de cations
données dans le tableau 1. On peut constater que les ions H+ et OH–
ont des mobilités sensiblement plus élevées que les autres ions
Il existe également, depuis peu, des membranes homopolaires, (cations et anions respectivement).
MEC ou MEA, sélectives, c’est-à-dire présentant un transfert sensi- ● Par définition, la somme des nombres de transport de toutes les
blement plus faible pour les ions multivalents que pour les ions espèces est égale à 1 :
monovalents de même signe de charge.
∑i t i = 1 (3)
2.1.2 Différents types de membranes Une MEC idéale, ayant une sélectivité parfaite vis-à-vis des
et fabrication cations, satisfait donc aux équations suivantes, qui expriment le
fait que tout le courant est transporté par des ions de charge
Les MEI peuvent être homogènes ou hétérogènes.
positive :
Les membranes hétérogènes sont élaborées à partir de parti-
cules colloïdales échangeuses d’ions, incorporées dans une résine ∑ti =1 et ∑ti =0
phénolique ou un polymère (polystyrène ou polypropylène, par (4)
exemple). cations anions
Les membranes homogènes sont obtenues par polymérisation avec ti nombre de transport de l’ion i dans la membrane.
directe de monomères fonctionnels ou en fonctionnalisant des De la même façon, une MEA idéale satisfait les conditions
films de polymères, c’est-à-dire en y fixant des groupements fonc- suivantes :
tionnels, par voie chimique ou radiochimique.
Le plus souvent, les membranes comportent une trame tissée ∑ ti =0 et ∑ ti =1
(5)
garantissant leur tenue mécanique lors de leur montage dans les
empilements. cations anions
Les groupements fonctionnels sont identiques, que les mem- (0)
branes soient hétérogènes ou homogènes. De même que dans le
cas des résines, on distingue des échangeurs forts, groupements
fonctionnels acide et base forts pour les MEC et les MEA respecti- Tableau 1 – Mobilités électrophorétiques
vement, et des échangeurs faibles, groupements fonctionnels acide des principaux ions
et base faibles pour les MEC et les MEA respectivement. (valeurs en 10–8 m2 · V –1 · s–1 à dilution infinie et 25 oC)
Les échangeurs forts comportent des groupements fonctionnels
– + Cation Mobilité Anion Mobilité
sulfonate ( SO 3 ) pour les MEC ou ammonium quaternaire ( NH 4 )
pour les MEA.
H+ 36,25 OH– 20,64
Li+ 4,01 F– 5,74
2.1.3 Propriétés caractéristiques
Na+ 5,19 Cl– 7,91
Les propriétés structurales et chimiques ont été présentées pré-
K+ 7,62 NO3– 7,40
cédemment. D’autres propriétés [19] sont également essentielles
pour qualifier les MEI. Ces propriétés définies ci-dessous ainsi que NH4 + 7,62 ClO3 – 6,70
les valeurs moyennes correspondantes sont données dans le
Mg2+ 5,50 CH3COO– 4,24
tableau A, pour des membranes « standards » en [Doc. J 2 840].
Ca2+ 6,17 SO42– 8,29
■ Le taux d’hydratation, ou gonflement, résulte d’un compromis
entre l’accessibilité des sites échangeurs d’ions, d’autant plus éle- Pb2+ 7,20 CO32– 7,18
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ÉLECTRODIALYSE ______________________________________________________________________________________________________________________
Anode X– X– X– Cathode
Face EA Face EC
M+ M+ M+
Anode H2O Cathode
H+
+ H+ Solution sel MX
OH– OH– (C0)
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W4140
1.
2.
Contexte .....................................................................................................
Spécificité du bioréacteur à membranes –
W 4 140 - 2
4
Présentation générale............................................................................. — 2
3. Paramètres de dimensionnement et de contrôle............................ — 3
3.1 Étape de séparation sur membranes poreuses en BAM.......................... — 3
3.2 Système biologique..................................................................................... — 8
4. Exemple simplifié de dimensionnement d’un BAM
pour le traitement d’un effluent urbain............................................. — 10
4.1 Calcul du volume des réacteurs biologiques
et de la production de boues ...................................................................... — 10
4.2 Calcul des besoins en oxygène de la biomasse
dans les quatre réacteurs............................................................................ — 11
4.3 Calcul de l’unité de séparation membranaire ........................................... — 11
4.4 Comparaison des procédés ........................................................................ — 12
5. Conclusion ................................................................................................. — 12
6. Exemples industriels ............................................................................... — 13
6.1 Exemple de BAM en traitement d’effluents industriels............................ — 13
6.2 Exemple de BAM en traitement d’effluents urbains................................. — 14
Bibliographie ...................................................................................................... — 15
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Référence Internet
W4140
128
Référence Internet
W4140
Extraction de boues Il est à noter que, dans cette configuration, aucune ligne de
excédentaires recyclage de boues n’est indispensable et la conception du
a module membranaire est simplifiée car ne nécessitant pas la
présence de carter.
3. Paramètres
de dimensionnement
Extraction de boues
excédentaires
b
et de contrôle 4
Les grandeurs caractéristiques du fonctionnement d’un bioréac-
Figure 1 – Représentation de bioréacteur à membranes « à boucle teur à membranes sont donc celles gouvernant le dimensionnement
externe » (BAME (a )) ou à « membranes immergées » (BAMI (b )) et le contrôle de chaque opération unitaire, mais les valeurs des
paramètres de dimensionnement, pour chacune d’elles, ne sont pas
indépendantes des conditions de travail imposées dans l’opération
■ Le développement des bioréacteurs à membranes a fait apparaî- associée.
tre deux configurations. Pour mieux intégrer cette relative complexité du BAM, un bref
En analogie avec le positionnement aval de l’étape de décan- rappel des grandeurs déterminantes de chaque opération unitaire
tation dans le procédé par boues activées (BAC), la première géné- est donné ci-après conformément aux spécificités du bioréacteur à
ration a été conçue en intégrant un positionnement externe du membranes.
système membranaire par rapport au bioréacteur (figure 1a ).
Pour cette configuration, dite « à boucle externe » et notée
BAME, le maintien de la perméabilité membranaire à un niveau 3.1 Étape de séparation sur membranes
économiquement intéressant est obtenu en pratiquant une filtra- poreuses en BAM
tion « tangentielle », imposant une circulation de la suspension
dans le module membranaire à grandes vitesses (0,5 à 4 m/s), Pour se rappeler les principes mêmes de la séparation sur mem-
éventuellement combinée à une circulation gazeuse. Si cette branes, on pourra se reporter, par exemple, aux textes publiés [21]
configuration induit des coûts de fonctionnement élevés, peu [22] [23] [24].
compatibles avec le traitement de flux d’eaux importants et peu
concentrés comme le sont les eaux résiduaires urbaines, elle peut Nous allons ici mettre en évidence les particularités de la sépa-
être tout à fait adaptée au traitement d’effluents industriels ration membranaire dans un bioréacteur à membranes.
concentrés car elle autorise, dans certains cas, des compacités
importantes. 3.1.1 Rappel des notions de sélectivité
Pour diminuer les coûts de fonctionnement dus à cette circulation et de perméabilité
intense de la suspension dans les modules externes, une seconde
génération a été développée (figure 1b ). Elle repose sur l’immer- Les performances associées à une séparation sur membranes
sion des membranes, ou des modules membranaires, directement poreuses sont estimées au travers des deux critères suivants :
dans les boues activées, soit dans le réacteur principal, soit dans — la sélectivité du milieu filtrant qui assure la qualité de l’eau
une cuve annexe en liaison directe avec celui-ci. Ce système appelé traitée et doit toujours conduire à une clarification parfaite, mais
« bioréacteur à membranes immergées », noté BAMI, est largement aussi une désinfection poussée. Cette sélectivité repose sur une
utilisé pour traiter les effluents domestiques. différence de taille entre l’ouverture des pores de la membrane et
la taille des composés à retenir. En cours d’opération, elle peut tou-
La maîtrise de la perméabilité membranaire en cours d’opération
tefois dépendre des conditions opératoires, déformation de parti-
est obtenue par simple aération, mais aussi par des conceptions
cules sous la pression de filtration, voire mise en place d’une
spécifiques des modules membranaires.
membrane dynamique ;
La turbulence engendrée peut s’avérer très efficace pour des — la perméabilité membranaire associée à la valeur du flux
besoins limités en énergie. Il est certain que, dans le domaine du volumique de perméat pouvant traverser une surface unitaire de
traitement des eaux usées urbaines, ce second système présente membrane dans les conditions imposées. (0)
des avantages sur le plan technico-économique, d’autant que les
En pratique, compte tenu de la structure complexe des maté-
procédés biologiques mis en œuvre intègrent toujours une étape
riaux membranaires et de la difficulté d’obtenir des mesures préci-
en aérobiose où les besoins d’aération sont importants.
ses de la porosité et de la distribution de la taille de pores, la loi
Les coûts de fonctionnement sont moins élevés que dans le cas de DARCY est souvent utilisée sous forme simplifiée (tableau 1).
du système avec boucle externe mais la surface de membranes à On peut ainsi faire apparaître deux paramètres globaux utilisés
129
Référence Internet
W4140
4
espace géométrique défini ;
Nota : Rc apparaît comme une résistance additionnelle due à la rétention de composés — le développement dans le carter d’un réseau dense de
sur/dans la membrane.
membranes (tubes jointifs) car seul le perméat (eau traitée par-
faitement clarifiée) circule à l’extérieur des tubes.
3.1.2 Nature des membranes et caractéristiques
Les inconvénients sont, par contre, liés à l’obligation :
Les membranes polymères ou minérales (céramique, carbone)
— de placer les membranes dans un carter pour récupérer le
utilisées en BAM ont une structure asymétrique permettant
perméat ;
d’atteindre des perméabilités compatibles avec les flux souvent
— de choisir des canaux de circulation de diamètre hydraulique
importants d’eau à traiter. On pourra se référer à l’article [22] pour
important (au minimum 6 mm) pour éviter tout blocage interne de
les aspects relatifs à la caractérisation des membranes.
circulation par accumulation locale de biomasse.
Vis-à-vis de la demande de rétention totale des espèces épura- L’intégrité des membranes et des systèmes d’étanchéité est aussi
tives et des germes divers présents au sein du réacteur, ou dans essentielle pour la qualité de la filtration.
l’eau à traiter, le seuil de coupure des membranes est choisi dans
le domaine de la microfiltration (valeur moyenne du diamètre des ■ Dans le cas des systèmes immergés, la conception du module est
pores de 0,05 à 0,4 µm), voire de l’ultra filtration (10 à 50 nm) pour simplifiée (figure 2b ). La suspension biologique circule simplement
assurer, notamment, une rétention virale. entre les tubes, ou plaques membranaires, reliés à un système spé-
cifique d’extraction du perméat.
Les résistances hydrauliques initiales R m des membranes utili-
sées en BAM sont généralement comprises entre 2 et 20 1011 m–1.
La qualité de la désinfection, voire la possibilité d’un contrôle Les avantages de ce mode de filtration sont :
plus maîtrisé de la perméabilité membranaire en cours d’opéra- — ne pas nécessiter de carter enveloppant tout le réseau
tion, reste néanmoins très liée à la distribution de la taille des membranaire, lequel peut alors être immergé facilement dans
pores autour des valeurs moyennes indiquées ; des distributions des ouvrages conventionnels existants ;
serrées devant être préférées. — pouvoir choisir des tubes très fins et obtenir ainsi des sur-
faces spécifiques de filtration, théoriquement très grandes (la
valeur du diamètre des fibres doit néanmoins être compatible
Notons que la constitution d’un dépôt, voire d’un biofilm, sur avec les contraintes mécaniques imposées en BAM, soit des
et dans les pores en cours d’opération, peut contribuer signifi- diamètres externes compris entre 1,4 à 2,5 mm selon la struc-
cativement à la rétention de composés spécifiques solubles, au ture et la longueur des fibres).
détriment du flux spécifique.
130
Référence Internet
N4805
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Référence Internet
N4805
sont de plus en plus sévères et constituent donc des leviers importants pour la
mise en place de nouveaux procédés industriels ainsi que pour l’amplification
des efforts de recherche et développement sur les procédés propres et la
remédiation des environnements pollués.
Du fait de propriétés spécifiques telle que la réfractarité, la stabilité chimique
ou encore la tenue mécanique à la compression ainsi que de la grande diver-
sité de microstructures, de porosités et de géométries accessibles, les
céramiques constituent une classe de matériaux incontournables pour de nom-
breux procédés industriels actuels ou en cours de développement, visant la
protection de l’environnement. Cet article en fournit une illustration en abor-
dant des applications relatives à la filtration, à la catalyse hétérogène, à
l’adsorption ou encore à des opérations couplées, par exemple dans les
réacteurs catalytiques à membranes, basées sur la multifonctionnalité des
matériaux ou des systèmes mis en jeu.
4
zircone ou bien en carbure de silicium dans le cas de supports en
carbure de silicium.
Si l’application des céramiques poreuses pour le traitement de
l’eau est ancestrale (cf. encadré 1), c’est leur utilisation comme
barrières pour l’enrichissement isotopique de l’uranium par diffu- Encadré 1 – Céramiques poreuses pour le traitement
sion gazeuse (cf. encadré 2) qui a conduit de nombreux pays dont de l’eau, une application ancestrale
la France à développer des savoir-faire et des outils industriels
adaptés. Les retombées de ces efforts technologiques ont permis
L’homme a fabriqué les premières céramiques il y a plus de
une multitude d’autres applications de médias céramiques poreux
6 000 ans. Leur rôle était d’améliorer son bien-être : conserver
dans de nombreux domaines dont celui de la protection de l’envi-
et stocker l’eau, les aliments, l’huile, le vin. Nos ancêtres en
ronnement (tableau 1) [1]. Le terme « membrane » est généra-
Arabie et en Afrique s’aperçurent vite qu’avec la présence de
lement utilisé lorsque la taille des pores du filtre est inférieure à
porosité dans la céramique une faible évaporation sur la sur-
10 qm, c’est-à-dire lorsque l’on sort du domaine de la filtration
face extérieure de la poterie refroidissait l’eau de boisson
dite « conventionnelle » [2] [3] [4]. Dans le cas des membranes et
qu’elle stockait, la rendant plus agréable à boire. Certains sont
filtres céramiques poreux, la force motrice pour le transport est
même arrivés, en polissant la surface extérieure de la cérami-
généralement un gradient de pression entre les compartiments
que avec des graines de baobab, à réaliser, sans le savoir, une
d’alimentation et de perméat, nommé « pression transmembra-
membrane extérieure qui contrôlait cette évaporation.
naire ». La figure 1 propose des schémas simplifiés, associés à la
N’est-ce pas là l’une des plus anciennes utilisations des céra-
filtration frontale (le flux de fluide à traiter est perpendiculaire à la
miques poreuses comme membranes ? On retrouve les céra-
surface du filtre) et à la filtration tangentielle (le flux de fluide à
miques poreuses dans la littérature à la fin du XIXe siècle sous
traiter est parallèle à la surface du filtre).
forme de bougies filtrantes à base d’argile poreuse cuite qui
étaient fournies aux armées coloniales d’Afrique Noire et du
Sud-Est Asiatique pour que les soldats boivent de l’eau « en
1.1 Membranes pour la filtration partie épurée ».
des liquides à basse température
Le terme « basse température » correspond, dans ce cas, à un
intervalle généralement compris entre la température ambiante et
80 oC. Avant d’aborder les applications, nous allons en premier Encadré 2 – Enrichissement isotopique de l’uranium
lieu fournir quelques éléments sur l’architecture et l’élaboration par diffusion gazeuse au travers de membranes
des membranes céramiques poreuses. céramiques poreuses
132
Référence Internet
N4805
Tableau 1 – Caractéristiques des principaux procédés pouvant utiliser des membranes céramiques
Nature Taille Origine Pression Opération
Procédé
alimentation/perméat des pores de la sélectivité transmembranaire élémentaire
Clarification,
Microfiltration (MF) 0,1 à 10 µm 1 à 3 bar débactérisation,
séparation
Effet de tamisage
Clarification,
Ultrafiltration (UF) 2 nm à 0,1 µm 3 à 10 bar purification,
Liquide/liquide
concentration
Effet de Purification,
tamisage + interactions adoucissement
Nanofiltration (NF) < 2 nm 10 à 40 bar
spécifiques de l’eau, séparation,
avec la membrane concentration
Tamisage + interactions
Pervaporation (PV) Liquide/gaz < 2 nm spécifiques 1 bar Séparation
avec la membrane
Filtration Séparation,
100 à 0,01 µm Effet de tamisage 0,1 à 5 bar
de gaz (FG) dépoussiérage
Séparation
de gaz (SG) Gaz/gaz
50 à < 2 nm
Tamisage + interactions
spécifiques 0,1 à 50 bar
Séparation,
extraction,
4
supplémentaires purification
Conduction ionique Séparation de l’air,
Séparation ∆P (O2)
Dense de O2– ou H+ transport sélectif
de gaz (SG) ∆P (H2)
dans les oxydes de O2 ou de H2
Alimentation Rétentat
Rétentat
Perméat
Filtre
Pression P2 Perméat
Alimentation
Filtre
a b
Figure 1 – Schémas simplifiés associés à la filtration frontale (a) et à la filtration tangentielle (b) : la pression transmembranaire 5P correspond
à la différence entre la pression P1 , en amont du filtre, et la pression P2 , en aval du filtre
La réalisation des supports macroporeux, comme d’ailleurs celle tube est débité en tronçons. Ces tronçons de tubes sont ensuite
des couches intermédiaires macroporeuses, est obtenue par la séchés, déliantés et frittés. Les couches poreuses sont élaborées
mise en œuvre de technologies céramiques conventionnelles. La par enduction (engobage/slip casting ) du support avec une sus-
matière première principale est une poudre céramique, constituée pension fluide (barbotine/slurry ). Les étapes suivantes concernent
de particules dont la taille détermine la taille des pores du maté- le séchage et la calcination de la couche déposée. En général, deux
riau final. En effet, les différentes méthodes utilisées pour la mise à trois couches de membranes sont nécessaires pour obtenir une
en forme et la consolidation par frittage contrôlé conduisent à des couche filtrante continue possédant les caractéristiques souhai-
porosités résiduelles de l’ordre de 30 % et à des tailles de pores de tées. Pour optimiser la compacité des installations (rapport entre la
l’ordre de 30 % de la taille des grains. L’extrusion des supports surface filtrante et le volume du dispositif), les membranes cérami-
tubulaires peut être réalisée en continu par propulsion des pâtes ques actuelles sont généralement tubulaires, à multicanaux
par une vis sans fin à travers une filière à la sortie de laquelle le (figure 3), et placées dans des modules multitubulaires.
133
Référence Internet
N4805
Nanofiltration/
4à5 < 1 µm < 2 nm Microporosité
séparation de gaz
20 µm
Couche séparative
Couche intermédiaire
4
Support
Figure 2 – Image par microscopie électronique à balayage (MEB) de la section transverse d’une membrane commerciale d’ultrafiltration (CTI,
Salindres, France)
a membranes Pall Exekia (Tarbes, France) b membranes Tami (Nyons, France) c membranes CTI (Salindres, France)
1.1.2 Principales applications Les applications sont également nombreuses dans le domaine
de la dépollution des liquides chargés par divers contaminants
La première application industrielle a été la débactérisation de pour rejeter ou réutiliser une eau bactériologiquement propre. On
l’eau par microfiltration puis par ultrafiltration pour éliminer les peut citer la filtration du moût de vin, les eaux usées domestiques,
virus et ainsi la rendre potable, sans ajout d’agent chimique tel le les eaux de plates-formes pétrolières ou provenant de la fractu-
chlore. Beaucoup d’autres applications se sont développées ration hydraulique (les gaz de schiste) et tous rejets industriels
ensuite, comme le traitement des huiles, des vins, des jus de fruits liquides. Il existe aussi des applications en biochimie, avec la puri-
ou encore la déferrisation de l’eau minérale. fication de molécules spécifiques telles que des acides aminés ou
134
Intensification des procédés et méthodes d'analyse
durable
(Réf. Internet 42493)
1– Principes
2– Procédés catalytiques
biomasse végétale
Le CO2 supercritique appliqué à l'extraction végétale CHV4015 137
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135
5
136
Référence Internet
CHV4015
5
3.2 Houblon de la bière (extraction de principes amérisants)....................... — 8
3.3 Nicotine du tabac ........................................................................................ — 9
3.4 Autres molécules bioactives ...................................................................... — 9
4. Extraction d’arômes et parfums ......................................................... — 9
4.1 Plantes aromatiques (thym, romarin, lavande) ........................................ — 9
4.2 Arômes naturels (vanille, épices : poivre, cannelle) ................................ — 11
5. Huiles essentielles (rose, jasmin, lavande)....................................... — 11
6. Extraction d’antioxydants naturels.................................................... — 12
6.1 Fruits, légumes............................................................................................ — 12
6.2 Sous-produits de l’industrie agroalimentaire........................................... — 13
7. Extraction de lipides............................................................................... — 13
7.1 Huiles (olive, tournesol, soja…) ................................................................. — 13
7.2 Céréales (riz) ................................................................................................ — 13
7.3 Huiles de microalgues (biocarburants) ..................................................... — 13
8. Extraction de pesticides, polluants et autres molécules
indésirables ............................................................................................... — 14
8.1 Pesticides organophosphorés (fruits, légumes, céréales)....................... — 14
8.2 Solvants (huiles : huile de soja) ................................................................. — 14
8.3 Désodorisation des huiles végétales......................................................... — 14
8.4 Purification d’huiles usagées (arachide) ................................................... — 15
8.5 Bouchons de liège (extraction de trichloroanisole) ................................. — 15
9. Stabilisation de jus de fruits................................................................ — 15
10. Conclusions et perspectives ................................................................ — 16
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. CHV 4 015
137
Référence Internet
CHV4015
5 des matières végétales est soumise à des restrictions de plus en plus fortes, en
particulier depuis la mise en œuvre de la directive REACH, visant à assurer un
niveau élevé de protection de la santé humaine et de l’environnement, contre
les risques que peuvent poser ces produits chimiques. Ces restrictions sont par-
ticulièrement importantes dans le domaine de l’industrie alimentaire, pour
laquelle il devient urgent de proposer des substances alternatives aux solvants
organiques traditionnellement utilisés dans les procédés d’extraction ou de
purification de la matière végétale. L’extraction par fluide supercritique, et plus
particulièrement par le CO2 supercritique, a été introduite comme alternative à
ces procédés d’extraction par solvants.
Les fluides supercritiques et l’extraction végétale (procédé écologique/
économique)
Le CO2 est le fluide supercritique le plus utilisé car il présente des avantages
notables : non toxique, non polluant, non inflammable, largement disponible à de
très hauts degrés de pureté (jusqu’à 99,99999 %) et à des coûts modérés (de
l’ordre de 1 €/kg). De plus ses paramètres critiques sont faibles (Tc = 31 °C,
Pc = 73,8 bar) ce qui en fait un solvant « vert » ayant des applications industrielles
tout à fait innovantes. Le principe de l’extraction végétale utilisant le dioxyde de
carbone supercritique (CO2 SC) repose sur la forte variation du pouvoir solvant du
CO2 en fonction des conditions opératoires (température et pression), ce qui
permet d’extraire sélectivement les molécules selon leur nature chimique. Très
faiblement polaire, le CO2 se révèle être un excellent solvant des molécules apo-
laires ou peu polaires dans les conditions supercritiques. Partant de ce principe,
une fois le composé désiré dissous dans le milieu CO2 SC, il sera aisé d’obtenir
l’extrait pur par une simple dépressurisation qui entraîne alors la séparation du
CO2, redevenu gazeux, et de l’extrait, récupéré sous forme liquide ou solide. Les
procédés supercritiques s’acquittent des opérations d’élimination des résidus de
solvant (extraction, imprégnation, formulation), opérations indispensables lorsque
ce solvant est un composé organique. De plus, les faibles températures mises en
œuvre (en général de 40 à 60 °C) permettent de conserver l’intégrité chimique des
molécules thermosensibles traitées et de minimiser les coûts opératoires. Ces
propriétés font de l’extraction par fluides supercritiques une alternative, écologi-
quement et économiquement viable, aux procédés de distillation.
Les principes de l’extraction par CO2 SC reposent sur les propriétés physico-
chimiques des fluides supercritiques et connaissent des applications en extrac-
tion végétale toujours plus innovantes.
138
Référence Internet
CHV4015
1. Principes de l’extraction pos, les valeurs typiques des propriétés physiques du fluide aux
états gazeux, liquide et supercritique (FSC) sont répertoriées dans
par fluides supercritiques le tableau 1.
De façon notable, les fluides supercritiques présentent une den-
sité proche de celles des liquides, un coefficient de diffusivité inter-
1.1 Phase supercritique médiaire à celui des liquides et des gaz et une faible viscosité
proche de celle des gaz.
Tout corps pur, se trouve, en fonction de trois paramètres ther- Par ailleurs, la conductivité thermique est relativement élevée
modynamiques (pression P, température T et volume V) à l’état dans la région supercritique et devient très élevée à proximité du
liquide, solide ou gazeux. La relation entre ces trois variables, point critique, car, en principe, la capacité thermique d’un fluide
connue sous le terme d’équation d’état, est représentée par la sur- tend vers l’infini au point critique. La tension interfaciale est pro-
face de la courbe en trois dimensions P, V, T. Les surfaces sous les che de zéro dans la région supercritique. En général, les propriétés
courbes représentent les différents états physiques de la matière physiques dans la région supercritique augmentent les processus
(solide, liquide et gazeux) qui correspondent à des valeurs particu- de transfert de masse et de transfert de chaleur [2].
lières de pression et température. D’après la règle de phase, la
Le dioxyde de carbone est le fluide supercritique le plus utilisé en
pression d’équilibre à chaque état est fonction de température [1].
particulier parce qu’il possède un bon pouvoir solvant pour l’extrac-
Les projections des équilibres de phases liquide-solide, gaz-solide
et gaz-liquide sont représentés sur la figure 1. tion de composés apolaires tels que les molécules hydrophobes
(alcanes, huiles). Son moment dipolaire élevé lui permet dans le
En particulier, la courbe liquide-vapeur représente la courbe de même temps de dissoudre certaines molécules faiblement polaires
pression de vapeur qui commence au point triple de coexistence telles que les alcools, les esters, les aldéhydes et les cétones. Tou-
des états gazeux-liquide-solide et se termine au point critique. La tes ces propriétés physico-chimiques du CO2 SC rendent son utili-
nature du point critique peut être appréhendée en suivant les sation particulièrement pertinente pour l’extraction d’une large
changements des propriétés du fluide le long de la courbe de pres- gamme de composés naturels à partir de matière végétale [3].
sion de vapeur. Lorsque la température augmente, la densité de la
phase liquide diminue et la densité de la phase gazeuse augmente
du fait de l’augmentation de la pression de vapeur. Finalement les
5
densités des phases liquide et gazeuse convergent au point criti- Pression
que et il n’est alors plus possible de différencier l’état liquide de
l’état gazeux, au-delà de la température critique [2]. Quand la tem-
pérature et la pression, sont toutes deux au-dessus des valeurs cri-
tiques (Pc et Tc), on considère que le système est dans la région Fluide
« supercritique » (voir figure 1). Solide Liquide supercritique
Tableau 1 – Comparaison des propriétés physiques d’un fluide aux états gazeux, liquide et supercritique
(d’après [1])
139
Référence Internet
CHV4015
5
minimum, puis augmente avec la température. La température à ment utile pour l’extraction des matériaux complexes tels que les
solubilité minimale est plus élevée à pression plus faible. La matières végétales car il permet d’extraire sélectivement les molé-
figure 3 qui concerne un mélange modèle naphtalène-CO2 en est cules selon leur nature chimique [8]. Un bon exemple est l’extrac-
un exemple : à une faible pression, le pouvoir solvant du CO2 tion sélective d’un composé, la vindoline parmi plus de
décroit lorsque la température augmente. Par contre, à pression 100 composés alcaloïdes présents dans les feuilles de pervenche
élevée, la solubilité augmente avec la température. de Madagascar (Catharanthus roseus) [9].
Il est souvent plus commode d’exprimer la solubilité d’un
composé dans un fluide supercritique en fonction de la masse volu- 1.3.1.3 Facilité de récupération et purification des extraits
mique de ce dernier. Un tel exemple est présenté sur la figure 4. Les solutés dissouts en CO2 SC peuvent être facilement séparés
La figure 4 met en évidence, d’une part, l’augmentation du pou- des autres molécules insolubles en CO2 SC par simple dépressuri-
voir solvant d’un fluide supercritique avec la masse volumique à sation. Par conséquent, la SFE par CO2 SC permet de s’affranchir
une température donnée et, d’autre part, l’augmentation du pou- des étapes de concentration des échantillons, étapes habituel-
voir solvant d’un fluide supercritique avec la température à une lement très longues et qui se traduisent souvent par la perte de
masse volumique donnée. composés volatils [8].
Concentration (WT %)
1 000
Masse volumique (kg/m3)
280 K
300
300 K 10
310 K 150
800
120
330 K
600 1
100
90
400
80
0,1 70 bar
400 K
200
0 0
30 50 70 90 100 130 150 170 0 10 20 30 40 50 60
Pression (bar) Température (°C)
Figure 2 – Isothermes masse volumique-pression pour le CO2 Figure 3 – Solubilité du naphtalène dans le CO2 en fonction de la
(d’après [3]) température (d’après [3])
140
Intensification des procédés et méthodes d'analyse
durable
(Réf. Internet 42493)
1– Principes
2– Procédés catalytiques
6
biomasse végétale
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6
142
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P1460
Chromatographie en phase
supercritique
6
3.2 Colonnes capillaires.................................................................................. — 11
4. Appareillage............................................................................................ — 11
4.1 Préambule.................................................................................................. — 11
4.2 Colonnes remplies .................................................................................... — 11
5. Applications............................................................................................ — 13
5.1 Applications générales ............................................................................. — 13
5.2 Chiralité...................................................................................................... — 13
5.3 Lipides........................................................................................................ — 16
5.4 Produits pétroliers et dérivés (CPS avec du dioxyde
de carbone seul)........................................................................................ — 16
6. Conclusion............................................................................................... — 18
7. Glossaire .................................................................................................. — 20
Parution : septembre 2016 - Dernière validation : octobre 2021
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Référence Internet
P1460
d'analyse environ 5 à 10 fois plus courts qu'en CPL, pour une granulométrie de
phase stationnaire identique ;
– on peut aussi, pour la même raison, augmenter la longueur de la colonne
et disposer alors d'une très grande efficacité, même avec les colonnes
remplies ; cela est beaucoup plus difficile à réaliser en CPL à cause de la perte
de charge élevée ;
– des sélectivités importantes sont observées en raison des interactions
entre les solutés, la phase stationnaire et la phase mobile que l'on peut faire
varier par l'ajout de faibles quantités de modificateurs polaires à la phase
supercritique ; la CPS s'apparente donc à la chromatographie de partage en
phase normale, même si la plupart des phases stationnaires de la CPL, y
compris celles de la phase inverse et de la chiralité, peuvent être employées
avec succès ;
– la CPS est une technique « verte » du fait qu'elle utilise comme phase
mobile majoritairement du dioxyde de carbone, atoxique, à la place de sol-
vants organiques. La consommation des solvants organiques est donc réduite
et, pour les applications à l'échelle industrielle, le CO2 peut être facilement
recyclé et purifié ;
– la CPS préparative présente, par ailleurs, l'avantage de permettre une
récupération des solutés par simple détente de la phase mobile, les seules
traces de solvants résiduels provenant des additifs polaires éventuellement
ajoutés. Cela a aussi son importance en extraction en phase supercritique dans
le domaine alimentaire par exemple ;
– contrairement à la CPL, la CPS, avec une phase dioxyde de carbone pur,
autorise le couplage avec le détecteur à ionisation de flamme (DIF) de la CPG.
On peut donc avantageusement la mettre en œuvre pour la séparation d'un
mélange complexe de solutés peu ou non volatils solubles dans le CO2 super-
critique et non aisément détectables comme les hydrocarbures saturés par
6 exemple.
Aussi, on comprend que la CPS trouve ses applications dans le domaine
pétrolier lorsqu'elle est couplée à la détection DIF – domaine pour lequel les
colonnes capillaires ont encore un intérêt – et, surtout, dans le domaine phar-
maceutique, en particulier pour les séparations des énantiomères où elle est
utilisée en routine depuis le milieu des années 1990. Depuis 2010, le renouvel-
lement de l’offre en chromatographes performants pour la CPS par des
grandes sociétés d’instrumentation constitue un facteur très favorable à son
extension dans tous les domaines pour lesquels la CPL est la technique de
choix.
Cet article expose le principe et les avantages de la CPS dans les domaines
où elle trouve des applications en incluant les dernières avancées techno-
logiques et pratiques.
144
Référence Internet
P1460
Tc °C Température critique
ᐉ-v
145
Référence Internet
P1460
C
0o
ser le segment , à la condition de contourner le point C,
60
appelé point critique ; il lui correspond une température critique
TC , une pression critique PC et une masse volumique ρC . 740
0
30
Au point C, on a un état intermédiaire entre l’état liquide et l’état Gaz
gazeux que l’on appelle état critique ou, si l’on s’éloigne notable-
0 0
ment de C, état supercritique. Cet état correspond donc à des 400
15 20
températures et des pressions supérieures à celles de C. 370
300
La figure 2 représente le diagramme de phase pression, masse
0
volumique (P, ρ ) du dioxyde de carbone. Plusieurs isothermes ont
10
220
été tracées et la zone d’utilisation habituelle de la CPS a été grisée.
Pour toute température supérieure à Tc , on constate qu’à une 150 60
augmentation continue de la pression correspond une augmen- 40 Liquide
tation continue de la masse volumique. 38
La compressibilité KT : 74 32
20 Solide
50
0 oC
36
Liquide (solvants organiques-eau) 1 bar, 15 à 30 °C 0,6 à 1,6 0,2 10–3 à 3 10–3 0,2 10–9 à 3 10–9
146
Référence Internet
P1460
1.2.2 Viscosité 12
10
La viscosité des fluides supercritiques est 5 à 20 fois inférieure à
celle des liquides (tableau 1). Cela est important, car la viscosité de 8
la phase mobile est en partie responsable de la faible vitesse de
diffusion des solutés et du fort gradient de pression dans une 6
colonne chromatographique. La viscosité augmente avec la pres-
6
4
sion (figure 4), mais elle approche celle du liquide plus lentement
que ne le fait sa masse volumique. La viscosité ne diminue que 2 PC
légèrement avec une augmentation de la température dans la
gamme habituelle de pression (100 à 400 bar) et de température (0 0
1 cP = 10–3 Pa · s 0 200 400 Pression (bar)
à 60 °C) de la CPS.
Il caractérise la diffusion des molécules de fluide dans le fluide 1.2.5 Polarité d’un fluide supercritique
lui-même et le tableau 1 montre qu’il est intermédiaire entre celui
d’un liquide et celui d’un gaz. Il diminue avec la pression et aug- La polarité d’un solvant peut être mesurée par son paramètre
mente avec la température. de solubilité de Hildebrand δ [7] :
147
6
148
Référence Internet
CHV1620
149
Référence Internet
CHV1620
Cet article reviendra, dans un premier temps, sur la définition et sur le prin-
cipe de fonctionnement d’un biocapteur avant de présenter, en détail, les
grandes familles de biocapteurs. Les deux premières sections se focaliseront,
respectivement, sur le principe et l’architecture des biocapteurs en s’appuyant
notamment sur des illustrations et des schémas. La troisième section de
l’article abordera, quant à elle, l’aspect applicatif de ces stratégies métro-
logiques dans le contexte de la mesure environnementale.
6
Ce dispositif analytique est, par conséquent, la résultante de la connaissent, actuellement, pas ou peu de développement dans les
synergie entre un élément de reconnaissance biologique immobi- domaines du diagnostic médical et de l’agroalimentaire.
lisé (bioélément) et un capteur physique : le transducteur [2] [3]
[4] (figure 1). Les éléments biologiques de reconnaissance La chaîne de mesure mise en œuvre dans un biocapteur est
peuvent être de natures très différentes (anticorps, enzymes, ADN, directement liée à la nature des bioéléments utilisée. En effet, le
cellules). Ces derniers vont interagir avec leur environnement et, choix du bioélément va conditionner le type de signal biologique
de cette interaction va naître un signal analogique spécifique généré et, par conséquent, les modalités de transduction permet-
(émission de photons, modification de pH, de masse, d’activité tant de collecter et d’analyser ces signaux.
Bioélément
Sonde biologique
Algorithme de traitement du signal
Signal Signal
Transducteur
biologique numérique
Échantillon
analysé
Mécanisme
de reconnaissance
ADN Optiques
Aptamères Électrochimiques
Anticorps Piézoélectriques
Enzymes Thermiques
Cellules
150
Référence Internet
CHV1620
En outre, les biocapteurs permettent, selon les modalités de de ces bioéléments s’appuie sur les différents mécanismes d’inte-
reconnaissance biologiques mises en œuvre, d’étendre le champ raction identifiés.
de caractérisation des matrices environnementales en s’attachant Les aptamères sont, quant à eux, des oligonucléotides de syn-
notamment à la question des effets induits. La figure 2 reprend thèse (séquences d’acides nucléiques, ADN ou ARN) présentant la
l’étendue des informations susceptibles d’être évaluées par ces capacité de se lier avec des cibles de différentes natures (petites
stratégies d’analyse biologiques. molécules organiques, peptides, protéines, acides nucléiques, cel-
lules intactes) [6] [7]. Ces séquences sont obtenues par une
méthode combinatoire de sélection in vitro, appelée « systematic
2.1 Bioéléments evolution of ligands by exponantial enrichment » (SELEX), et réali-
sée en plusieurs étapes. Dans un premier temps, les cibles vont
être immobilisées et soumises à une librairie de séquences aléa-
2.1.1 Enzymes et anticorps toires d’ADN. Certaines de ces séquences vont se lier aux cibles.
Les enzymes sont des structures protéiques, largement utilisées Ces dernières sont alors collectées et amplifiées par une réaction
pour le développement de biocapteurs. Historiquement, les de polymérisation en chaîne via une polymérase (PCR). Elles vont
enzymes ont été les premiers bioéléments utilisés pour le déve- ainsi pouvoir être utilisées en tant qu’éléments de reconnaissance
loppement de biocapteurs notamment à la suite des travaux ini- dans le cadre du développement d’un biocapteur.
tiés par Clark et Lyons en 1962 [1].
Une réaction enzymatique est une réaction chimique ou bio- 2.1.3 Cellules vivantes
chimique catalysée par une enzyme. Le substrat (cible de
l’enzyme) va se lier transitoirement avec l’enzyme pour former un Le premier biocapteur développé à partir de cellules vivantes a
complexe et induire la transformation du substrat en produit de la été décrit par Serat et al. en 1967 [8]. Ce biocapteur visait à suivre
réaction. Le produit se libère alors de l’enzyme, qui reprend sa la toxicité de matrices gazeuses au moyen de bactéries naturelle-
conformation initiale, restaurant, dans le même temps, ses pro- ment bioluminescentes (Photobacterium phosphoreum).
priétés catalytiques. Malgré une démonstration pertinente de la stratégie et de son
Les anticorps sont, comme les enzymes, des structures pro- potentiel dans le domaine de la métrologie, le concept est passé
téiques. Néanmoins ces derniers sont spécialisés dans la recon- relativement inaperçu dans la communauté scientifique jusqu’en
naissance spécifique d’antigènes, c’est-à-dire des molécules 1977 [9]. Il a fallu encore attendre les années 1990-2000 afin de
reconnues comme étrangères à un organisme (bactérie, champi- voir ce concept réapparaître notamment grâce au développement
gnon, virus, composé chimique). des techniques de biologies moléculaires. Ces avancés scienti-
fiques ont permis le développement, par génie génétique, de
Les biocapteurs reposant sur ces bioéléments de reconnais- souches microbiennes dédiées à la détection spécifique ou semi-
6
sance sont donc des dispositifs analytiques combinant une struc- spécifique de composés dans l’environnement [10] [11] [12].
ture protéique avec un transducteur (capteur physique capable de
mesurer l’intensité du signal biologique et de le convertir en un Contrairement aux approches basées sur des moyens de recon-
signal numérique, voir figure 1) capables de produire un signal naissance par protéines (§ 2.1.1) ou oligonucléotides (§ 2.1.2)
proportionnel à la concentration d’analyte cible (substance ou pro- (quantification de la fraction totale de polluants spécifiques)
duit chimique constituant le centre d’intérêt d’une procédure (figure 2), les stratégies basées sur une reconnaissance par cel-
d’analyse chimique, toxicologique ou écotoxicologique [5]). lules vivantes se focalisent plus particulièrement sur les effets
induits pour estimer les paramètres recherchés tels que :
– la fraction biodisponible : fraction pouvant induire des effets
2.1.2 ADN et aptamères sur les organismes. Cette fraction exclut les molécules non dispo-
nibles pour les organismes (par exemple la fraction adsorbée,
L’ADN (acide désoxyribonucléique), support de l’information etc.) ;
génétique, est constitué de deux brins d’acides nucléiques com-
– la toxicité d’un composé ou d’un mélange de composés ;
plémentaires. Les bases nucléiques d’un brin s’apparient avec les
bases complémentaires d’un autre brin via des liaisons hydro- – la biodégradabilité d’un composé organique ou d’un mélange
gènes. Néanmoins, il apparaît que l’ADN possède également des de composés.
capacités d’interaction avec certains composés. Par conséquent, le D’un point de vue applicatif, les biocapteurs reposant sur ce
principe de fonctionnement des biocapteurs développés à partir type de reconnaissance ont connu un essor particulier dans le
Caractérisation
environnementale
Molécules Mélange
spécifiques de molécules
Méthode physico-chimique
Méthode biologique
151
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CHV1620
Analyte
Bioéléments
Surface métallique
Angle
in c e
se
in c e
Angle
se
de réflexion
m r
eu
m r
lu Sou
eu
lu Sou
de réflexion
ue r
ue r
tiq teu
de référence
tiq teu
op tec
op tec
é
é
D
D
n
tio
6 2.2 Méthodes de transduction
Asso
cia
2.2.1 Biocapteurs optiques
Niveau de base
Parmi l’ensemble des biocapteurs optiques recensés dans la lit-
térature, on retrouve une multitude de stratégies combinant une
ou plusieurs technologies de transduction afin de mettre en évi- Injection Rinçage Temps
dence le signal biologique émis par les bioéléments de reconnais- de la cible
sance. Néanmoins, on peut classer ces technologies selon trois
familles : Figure 4 – Effet de la capture des cibles par les bioéléments
sur l’angle de réflexion
– le marquage (fluorescence, colorimétrique, bioluminescence) ;
– la résonance plasmonique de surface (SPR) ; 2.2.1.2 Résonance plasmonique de surface
– la spectroscopie Raman [13].
La résonance plasmonique de surface (Surface Plasmon Reso-
2.2.1.1 Méthode par marquage nance) est une méthode permettant de mettre en évidence la liai-
son entre l’analyte cible et un « récepteur » adsorbé à la surface
Les techniques reposant sur le marquage consistent à mettre en d’une couche métallique (généralement une couche d’or sur un
évidence la liaison entre le bioélément (sonde biologique) et la support de verre). Cette technique repose sur les variations de
cible au moyen d’un indicateur optique [2] [14] [15] [16] [17]. Le l’indice de réfraction d’une lumière polarisée à l’interface quand le
type de marqueur utilisé va conditionner la nature du signal émis : ligand se fixe aux récepteurs [BIO 7 100] (figure 3).
– colorimétrique : le marqueur va induire l’apparition, la modifi- Dans le cas des biocapteurs, les bioéléments (oligonucléotides,
cation ou l’inhibition de la couleur de l’indicateur suite à la réaction aptamères, anticorps, enzymes, microorganismes) sont immobili-
entre le bioélément et la cible. La colorimétrie sera suivie par spec- sés sur une surface métallique. La lumière incidente va être
trophotométrie (absorbance de la lumière incidente par l’indicateur réfléchie selon un angle spécifique par la surface (figure 3). La liai-
colorimétrique) ; son des cibles sur les biorécepteurs va induire une modification
– fluorescent : le phénomène de reconnaissance biologique va significative de l’angle de réflexion du signal lumineux, propor-
être révélé par un signal fluorescent. La molécule fluorescente tionnelle à la masse de cibles liées (figure 4).
(fluorophore ou fluorochrome) va absorber de l’énergie lumineuse
incidente (longueur d’onde d’excitation) passant ainsi dans un état
2.2.1.3 Spectroscopie Raman
excité. Le retour à un état fondamental va induire une émission
d’énergie sous la forme de photons (longueur d’onde d’émission) ; La spectroscopie Raman peut également être utilisée comme
– luminescent : le signal émis dans ce cas correspond à un transducteur optique pour les biocapteurs. Cette technique
signal lumineux généré sous l’action de réactions chimiques, enzy- consiste à envoyer une lumière monochromatique sur un échantil-
matiques (chimiluminescence), électrochimiques (électro-chimilu- lon et à analyser la lumière diffusée. Ainsi il est possible d’identi-
minescence) ou biologiques (bioluminescence) à l’origine d’une fier les groupes chimiques présents dans l’échantillon en
émission de photons. s’appuyant sur l’analyse des spectres recueillis.
152
Référence Internet
CHV1620
Dans le domaine des biocapteurs, la spectroscopie Raman exal- marqueurs peuvent être de natures diverses : enzymes (activité
tée en surface (ou Surface Enhanced Raman Scattering – SERS) redox), ferrocène, substances électroactives interactives, nanopar-
est privilégiée, au détriment de la spectroscopie Raman conven- ticules [19].
tionnelle insuffisamment sensible [18]. Dans le cas du SERS, les
sondes biologiques sont immobilisées sur une surface métallique
permettant l’exaltation du signal Raman (figure 5). Il est alors pos- 2.2.3 Biocapteurs piézoélectriques
sible de détecter des modifications structurelles à l’interface et
ainsi, de mettre en évidence des liaisons entre les biorécepteurs et Le principe de ces biocapteurs repose sur le phénomène de
un ligand spécifique [13]. prise de masse associé à la formation de complexes entre les
bioéléments et les analytes cibles (figure 6) [18] [19] [BIO 7 110].
L’évaluation de ces prises de masse s’appuie sur les propriétés
2.2.2 Biocapteurs électrochimiques vibrationnelles propres aux cristaux piézoélectriques. En effet, la
fréquence de vibration de ce type de cristaux est directement liée
Dans le cas des biocapteurs électrochimiques, les bioéléments à la masse de substance adsorbée à sa surface. Aussi, le monito-
sont immobilisés à la surface d’une électrode. La formation d’un ring de la fréquence vibrationnelle de ces microbalances permet
complexe entre la sonde biologique et la cible va induire un signal de mettre en évidence les phénomènes recherchés.
électrique spécifique.
Les biocapteurs reposant sur cette stratégie de mesure sont 2.2.4 Biocapteurs thermiques
reconnus pour leur haute sensibilité, leur faible dimension, leur
faible coût et leur rapidité de réponse [19] [20]. Ces systèmes Ce type d’architecture repose sur les variations de température
peuvent reposer sur des mesures ampérométriques, potentiomé- observées lors d’une réaction enzymatique (à l’origine d’une libé-
triques, impédancemétriques ou conductimétriques [BIO 7 110]. ration ou d’une absorption de chaleur). L’amplitude de cette varia-
Dans la plupart des cas recensés dans la littérature, le mécanisme tion est relative au nombre d’unités enzymatiques qui réagissent.
de détection implique la mise en œuvre de marqueurs électro- Par conséquent, des biocapteurs ont pu être développés, basés
chimiques afin de révéler le phénomène de reconnaissance. Ces sur ce phénomène de reconnaissance [22] [23].
mo
no
Lu oma
ch
D ét
mi
e
r
opt cteur
ère tique
6
iqu
e
2,5
Intensité [u.a.]
1,5
1
Filt 0,5
re R
am
an 0
0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500
Bioéléments Déplacement Raman [cm–1]
Signature spectrale en absence de cibles
Surface métallique
mo
no
Lu oma
ch
D ét
mi
e
r
opt cteur
ère tique
iqu
e
2,5
Intensité [u.a.]
1,5
1
Filt 0,5
re R
am
an 0
Cibles 0 500 1000 1500 2000 2500 3000 3500
Bioéléments Déplacement Raman [cm–1]
153
6
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CHV2225
et
Direction de l’Énergie Nucléaire (DEN), Service d’Études Analytiques et de Réactivité
des Surfaces (SEARS), CEA, Université Paris-Saclay, Gif sur Yvette, France
Emmanuel MIGNARD
6
Chargé de recherche
CNRS, Université de Bordeaux, Solvay, LOF, UMR 5258, Pessac, France
e concept des laboratoires sur puce date du début des années 1990, mais
L les développements fourmillent et bouleversent le secteur des biotechnolo-
gies à partir des années 2000 comme en témoigne l’évolution du nombre
d’articles dont le sujet contient le mot-clé « microfluidics », qui désigne à la
fois la science et la conception des laboratoires sur puce et dont au moins
l’une des dimensions caractéristiques est de l’ordre de quelques dizaines de
micromètres, dans la base de données Thomson ISI Web of Knowledge. Ce
nombre d’articles est passé de 28 en 1998 à plus de 2 200 pour la seule
année 2017 (étude réalisée en juillet 2018). Depuis, les laboratoires sur puce
sont omniprésents dans de nombreux domaines : en médecine, dans l’énergie,
dans la chimie verte, la cosmétique, l’industrie agroalimentaire…, mais quels
Parution : mai 2019
155
Référence Internet
CHV2225
sont les réels avantages de cette technologie pour la chimie ? Quelles sont
leurs particularités ? Comment sont-ils développés ?
La microfluidique a suscité l’intérêt de l’industrie chimique motivée en
grande partie par les applications en analyse, en synthèse ou pour l’intensifica-
tion des processus. Par exemple, ces réductions d’échelles sont pertinentes
dans le domaine nucléaire ou pour les industries fabriquant des produits
toxiques ou explosifs car elles permettraient de :
– diminuer la production de déchets (réactifs, consommables de laboratoire,
solution de décontamination…) ;
– automatiser des opérations unitaires de procédé chimique ;
– diminuer l’exposition radiologique et chimique des personnels ;
– diminuer les coûts (par exemple en transférant des analyses d’enceintes
blindées en boîtes à gants).
Essentiellement mise en œuvre en physico-chimie des fluides complexes sur
des systèmes fonctionnant dans des conditions proches de l’ambiante, la
microfluidique présente aussi un intérêt pour mener des expérimentations dans
des conditions plus sévères (haute pression, haute température), représentatives
des conditions opératoires industrielles rencontrées dans diverses applications,
qui vont de l’exploration/production du pétrole, en passant par le raffinage et la
pétrochimie à la transformation de la biomasse, la synthèse de biocarburants…
Ce changement de paradigme dans la chimie organique permet d’améliorer :
– la productivité ;
– la sélectivité. Pour des réactions conduites en milieu biphasique, l’absence
de mélange est mise à profit en fin de réaction : l’étape d’extraction et de puri-
fication des produits est supprimée, les produits se situent exclusivement dans
l’une des deux phases.
– le contrôle thermique lié au rapport surface/volume et à la possibilité de
6 positionner des capteurs au plus près de la réaction ;
– la gestion des risques.
Le criblage des conditions opératoires à haut débit intéresse aussi les
chimistes quel que soit leur domaine. C’est pourquoi la microfluidique est
devenue un instrument de choix pour tester des milliers de formulations de
surfactants (pour un fabricant de shampoing, par exemple), de catalyseurs ou
d’extractants pour l’hydrométallurgie et sélectionner les meilleurs candidats.
Alors que d’ordinaire la littérature décrit les laboratoires sur puce dédiés aux
biotechnologies, le but des trois articles qui suivent est de sensibiliser le
lecteur aux spécificités des laboratoires sur puce développés pour la chimie.
L’article [CHV 2 225] décrit les avantages et les inconvénients des labora-
toires sur puce puis dresse l’état de l’art des microsystèmes développés
spécifiquement pour des applications à la chimie séparative élémentaire (sels,
métaux et radionucléides) et les caractérisations chimiques et physico-
chimiques des processus. Enfin, leur apport à l’accélération de la recherche et
développement fait l’objet de la dernière partie.
L’article [CHV 2 226] est centré sur la conception de ces laboratoires sur puce,
avec notamment l’exposé des fonctions de base, le choix des matériaux. Les prin-
cipes de fonctionnement des microsystèmes séparatifs précédemment décrits
sont présentés de manière à comprendre la façon dont ils ont été dimensionnés.
L’article [CHV 2 227] est axé sur l’intensification obtenue par les microréac-
teurs utilisés pour la chimie fine, des exemples d’intensification de procédés
industriels y sont présentés.
Les deux articles [CHV 1 010] et [BIO 7 150] constituent un complément d’infor-
mation. L’article [CHV 1 010] concerne plus particulièrement le traitement de
l’échantillon par des techniques miniaturisées mais pas nécessairement en labora-
toire sur puce, ainsi que des techniques séparatives miniatures couplées à des
techniques de détection pour des applications essentiellement biologiques.
Enfin, le lecteur pourra consulter l’article [BIO 7 150] qui est entièrement axé
sur les biopuces et leurs applications au diagnostic médical et à l’analyse de
l’ADN par amplification, des protéines, des sucres ou des cellules.
156
Référence Internet
CHV2225
6
meilleur contrôle des réactions et accélère le transport des chimie séparative élémentaire (sels, métaux et radionucléides)
espèces puisque le temps de diffusion est proportionnel au carré nécessaire au traitement de l’échantillon. De la même façon, des
de la distance de diffusion d, correspondant par exemple au rayon techniques de caractérisation chimiques et physico-chimiques ont
d’un microcanal à section circulaire (équation (1)) [1]. Le temps de dû être développées et adaptées aux besoins de l’industrie
diffusion moyen, t, à travers un canal de profondeur d est donné chimique lorsque les techniques appliquées à d’autres domaines
par la relation (1) [2] [3]. où la miniaturisation est courante (comme en biotechnologie)
étaient insuffisantes. Par exemple, la fluorescence utilisée de
(1) façon prépondérante en biologie et dans le diagnostic est souvent
incompatible avec des milieux corrosifs dans lesquels les mar-
où D est le coefficient de diffusion. queurs fluorescents peuvent être instables.
Selon cette équation, quand 17 minutes sont nécessaires pour
la diffusion à travers un tube de 1 mm, 100 millisecondes suffisent
pour un canal de 10 μm. 2.1 Séparations élémentaires et
De plus, aux dimensions micrométriques, les instabilités isotopiques en laboratoires sur puce
d’écoulements omniprésentes dans les systèmes de taille « ordi-
naire » sont supprimées. Les lois d’écoulement restent celles de la Bien que les techniques d’analyse soient de plus en plus sélec-
fluidique classique (ce qui n’est pas nécessairement le cas en tives, le traitement préalable des échantillons reste souvent une
nanofluidique) et peuvent être étudiées par l’équation de Navier- étape indispensable pour adapter l’échantillon à la technique de
Stokes pour un fluide incompressible alors que le régime d’écou- mesure. Ce traitement consiste, généralement, à séparer
lement est majoritairement laminaire, caractérisé par un faible l’analyte recherché d’éventuels interférents ou de la matrice elle-
nombre de Reynolds (Re < 1). La création d’une interface liquide- même et/ou de le concentrer afin de faciliter sa détection. Ces
liquide stable et bien définie, permettant un meilleur contrôle des étapes consomment des quantités importantes de réactifs et
réactions, résulte de la laminarité des écoulements. Enfin, le rap- sont longues à mettre en œuvre. Les instruments de mesure
port surface sur volume subit une forte augmentation permettant tendent à être miniaturisés [CHV 1 010], mais les développe-
d’améliorer les transferts de masse ou d’énergie entre phases. ments portent aussi sur la miniaturisation du traitement de
Cela a conduit à imaginer l’amélioration des opérations unitaires l’échantillon afin de réduire les quantités manipulées. En labora-
où les phénomènes de transferts jouent un rôle prépondérant, par toires sur puce, la séparation élémentaire repose sur l’utilisation
exemple dans les réactions chimiques polyphasiques, hétéro- du flux électrocinétique, sur les techniques de chromatographie
gènes où l’augmentation de la surface d’échange permet d’avoir ou d’extraction liquide-liquide.
un taux de conversion de la réaction plus important [4]. On peut
ainsi contrôler les paramètres de transfert pour optimiser les
temps de séjour et augmenter le rendement.
2.1.1 Systèmes électrocinétiques
L’automatisation et la portabilité font également partie des Dès les années 1990, l’électrophorèse capillaire (EC) est apparue
atouts des dispositifs microfluidiques. Les laboratoires sur puce comme la technique de séparation analytique la plus aisée à
facilitent le couplage d’opérations chimiques et de techniques de miniaturiser, avec des avantages tels que la haute résolution, la
mesure comme on le constate dans le domaine de l’analyse orga- vitesse, les possibilités de multiplexage et la faible consommation
nique, et de plus en plus dans le domaine de l’analyse élémen- d’échantillons et de réactifs [6]. Plusieurs revues récentes traitent
157
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CHV2225
de ces séparations électrophorétiques en microsystèmes [7] [8]. fèrent très peu. En effet, les écarts de mobilités électrophorétiques
Contrairement à la chromatographie liquide, aucune pompe ou reposent uniquement sur une différence de rayon hydrodyna-
valve n’est nécessaire pour le transport de fluide. Le transport mique de 17.10–6 nm entre le premier et le dernier élément de la
électrocinétique des espèces présente plusieurs avantages. L’élec- période. Le microsystème développé a permis, après une sépara-
tromigration dans des canaux de faibles dimensions ne génère tion par ITP, l’analyse en ligne des rapports isotopiques entre lan-
pas de surpression et l’application ou l’absence de courant élec- thanides par couplage avec la spectrométrie de masse à
trique dans les branches d’un réseau de canaux permet de réaliser multicollection en boîte à gants avec un gain en sensibilité d’un
des opérations complexes d’injection, de dilution ou de tri de facteur 100 à partir d’un échantillon de 20 ng. Ces résultats sont à
nano-volumes avec une très grande précision du fait de l’absence comparer avec le protocole classique réalisé par HPLC à partir
de volumes morts additionnels comme le ferait une valve. Néan- d’un échantillon de 2 μg.
moins, la mobilité électrophorétique propre à chaque espèce char-
gée induit un biais à l’injection avec un enrichissement en
analytes d’autant plus important que l’espèce sera mobile. Ce 2.1.2 Chromatographie liquide et extraction
biais augmente avec le volume d’injection. Pour cette raison l’uti- en phase solide
lisation de l’injection électrocinétique devra se limiter à des
volumes très réduits (quelques nanolitres). Le premier système séparatif miniaturisé, décrit en 1979 [11],
était un appareil de chromatographie en phase gazeuse pour
Les systèmes électrophorétiques microfluidiques contiennent l’analyse de l’air. La miniaturisation de la chromatographie liquide
généralement deux canaux qui se croisent, reliant quatre réser- a été globalement moins rapide que celle des systèmes de chro-
voirs contenant le tampon ou l’échantillon (figure 1). Les réser- matographie gaz ou d’électrophorèse capillaire pour lesquelles le
voirs (de 5 à 10 μL) peuvent faire partie de la puce ou être transport des fluides était plus aisé [12] mais a gagné en popula-
ajoutés plus tard, parfois en utilisant des ports disponibles dans rité depuis l’an 2000. Avec la « chip LC-MS », la société Agilent
le commerce. La manipulation du champ électrique permet le Technologies a abordé la fabrication de laboratoires sur puce
chargement de l’échantillon dans la zone d’intersection en comme un simple transfert technologique d’échelle, depuis les
amont de la séparation électrophorétique [6]. L’électrophorèse colonnes chromatographiques usuelles (diamètre interne de
peut être exécutée de façon beaucoup plus efficace en disposi- 4,6 mm) vers des microcanaux de quelques centaines de microns
tifs microfluidiques, car la dissipation de la chaleur est meilleure et moins, en intégrant des phases stationnaires particulaires au
au format de la puce qu’au format capillaire, et la boucle d’injec- sein de microcanaux. En plus de la colonne de séparation, le dis-
tion intégrée est beaucoup plus courte. Ainsi, un champ élec- positif inclut une boucle d’injection [13]. Ce dispositif a permis
trique plus intense peut être appliqué sur une distance de d’améliorer considérablement la robustesse de l’instrumentation,
séparation beaucoup plus courte ce qui accélère la séparation sa facilité d’utilisation et la réduction des risques de fuites. Pour
électrophorétique. Toutefois, la séparation est limitée à des ce qui est des performances, l’intégration d’une partie de l’injec-
espèces chargées et à des milieux dont la charge saline est infé- teur dans le microsystème minimise les phénomènes de disper-
6
rieure à 0,1 mol.L–1. sion externe et améliore les séparations [14]. La société Eksigent a
Autre avantage de la microfluidique, la création de réseaux de adopté la même démarche pour sa puce cHiPLC. À ce jour, aucun
canaux interconnectés sans volume mort permet de prévoir sur dispositif commercial dédié à la séparation de métaux ou de
un même dispositif l’analyse de composés cationique et anio- radioéléments n’a été développé. En dépit de ces différences, les
nique migrant pourtant en sens opposés. Le principe consiste à deux développements s’appuient sur le couplage de la puce avec
injecter l’échantillon au centre du canal de séparation. En l’instrument contenant les valves et les pompes pour une manipu-
l’absence de flux électro-osmotique, les ions migreront selon le lation fluidique.
sens de polarité imposé par les électrodes : anions vers l’anode, Au niveau des laboratoires de recherche, les systèmes d’extrac-
cations vers la cathode. L’intégration d’un module de détection à tion en phase solide (solid phase extraction (SPE)) au format
l’extrémité de chaque canal permet une analyse en une seule miniature sont principalement des microcolonnes monolithiques
injection des cations et anions de l’échantillon [9]. ou particulaires respectivement synthétisées ou insérées en capil-
L’isotachophorèse (ITP) permet de séparer des éléments aux laires ou en microcanaux. Les phases stationnaires monolithiques,
propriétés physico-chimiques semblables en s’appuyant sur la
discrimination des éléments en fonction de leur mobilité appa-
rente. On peut citer la première séparation en microsystème des 2 300
14 lanthanides contenus dans un échantillon de combustible 1 : La 8 : Tb
nucléaire [10] (figure 2) dont les mobilités électrophorétiques dif- 2 100 2 : Ce 9 : Dy
3 : Pr 10 : Ho
Signal conductimétrique [mV]
1 900 4 : Nd 11 : Er
5 : Sm 12 : Tm
1 700 6 : Eu 13 : Yb
7 : Gd 14 : Lu
1 500
Réservoirs
1 300 1
2
3 4 14
1 100
5 13
6 7
900 8
9 10
11 12
700
500
55 57 59 61 63 65 67 69
Temps [min]
158
Référence Internet
CHV2225
à base organique ou silice, synthétisées in situ et de façon locali- ler délicat. En outre, l’obtention de résolutions satisfaisantes en
sée dans un microcanal se sont fortement développées par rap- chromatographie en phase liquide reste difficile à obtenir sur des
port au remplissage de particules [15]. Elles allient en effet une petites dimensions de séparation.
bonne résistance mécanique grâce à l’ancrage covalent aux parois
des microcanaux, un bon contrôle de la porosité et de la perméa-
bilité, et de larges possibilités de fonctionnalisation chimique. Par 2.1.3 Systèmes d’extraction liquide-liquide
exemple, la séparation des éléments Mn(II), Co(II), Ni(II), Zn(II),
Cd(II), Cu(II) a été réalisée dans des capillaires de silice remplis L’extraction liquide-liquide a été développée par les industries
par un copolymère monolithique lauryl méthacrylate (LMA)-éthy- nucléaires et pharmaceutiques à partir des années 1940 puis par
lène diméthacrylate (EDMA) fonctionnalisé par le vinyle azlactone, l’industrie pétrochimique dans les années 1955 et enfin par
suivie par une immobilisation de l’acide iminodiacétique (IDA) l’hydrométallurgie à partir des années 1960. Cette technique de
[16]. Cette approche a été appliquée à la conception d’un système séparation trouve des applications dans différents domaines :
séparatif dédié à la séparation uranium, plutonium, produits de séparation de composés avec des températures d’ébullition
fission en milieu acide chlorhydrique concentré. Des monolithes proches, séparation de composés thermosensibles, purification de
polyméthacrylates, fonctionnalisés par liaison covalente [17] ou solutions diluées, séparation d’éléments ayant des propriétés
imprégnation [18], ont été synthétisés dans un microsystème dont chimiques semblables, obtention de produits de haute pureté, etc.
la conception s’est inspirée de celles des Labs-on-a-CD qui uti- De plus, cette technique séparative fait intervenir divers domaines
lisent la force centrifuge pour transporter les fluides (figure 3). du génie chimique : thermodynamique, cinétique, hydrodyna-
L’absence de connexion est parfaitement adaptée à l’automatisa- mique, chimie des solvants, émulsions et dispersions bipha-
tion et à la parallélisation des analyses en boîte à gants. Un gain siques, physico-chimie des interfaces, formation de micelles,
de réduction d’un facteur 250 sur le volume des déchets liquides modélisation moléculaire…
générés par l’analyse a été obtenu avec le poly(glycidyl méthacry-
late-co-éthylène diméthacrylate) fonctionnalisé par la triéthyla- Deux voies de miniaturisation de l’extraction liquide-liquide
mine. sont explorées par la communauté scientifique et font toutes les
deux références à la microextraction liquide-liquide. La première
Des phases stationnaires particulaires sont également utilisées. technique n’est pas réalisée en laboratoire sur puce et a été dési-
Un microsystème d’extraction en phase solide pour la séparation gnée par le terme « microextraction en phase liquide » (liquid
d’éléments à l’état de traces dans une matrice chargée en ura- phase microextraction, LPME) depuis 1997 [21]. Cette technique,
nium ou en thorium a été conçu par remplissage d’un microcanal détaillée dans [CHV 1 010] met en contact une microgoutte (de 1 à
avec une résine particulaire commerciale [19]. Le remplissage a 10 μL) de phase organique contenant l’extractant suspendue à la
été réalisé en système ouvert et la phase particulaire est mainte- pointe d’une microseringue et une solution aqueuse contenant
nue en place grâce à la présence de frittés aux deux extrémités du l’analyte sous agitation magnétique (figure 4). Après extraction, la
microcanal. Cette solution a aussi été retenue pour la conception microgoutte est aspirée à l’intérieur de la microseringue pour être
6
d’un microsystème séparatif contenant 12 microcolonnes remplies injectée dans le système de détection [22] [23] [24].
de particules C18 (diamètre 5 μm) [20] couplé avec une mesure
par spectrométrie d’absorption atomique à flamme. La seconde technique est réalisée en microcanaux par une mise
en contact, dans un microcanal, d’une phase aqueuse contenant
La miniaturisation des séparations chromatographiques reste l’analyte et d’une phase organique immiscible contenant un
complexe, pour deux raisons principales : la faible dimension des extractant [25] [26]. Dans ce cas, on parle de microextraction
canaux impose tout d’abord l’application de fortes surpressions, liquide-liquide (µELL) (et non en phase liquide). Sa première appa-
ce qui n’est pas toujours facile à mettre en œuvre, et le remplis- rition dans la littérature date de 2000 [27]. C’est à cette seconde
sage des microcanaux avec des phases stationnaires peut se révé- technique qu’il sera fait référence dans l’ensemble de l’article.
22 cm
Chambre d’injection
Phase stationnaire 7 cm
monolithique
Évent
Réservoir 10 cm
de collecte
a b
Figure 3 – Microsystème d’extraction chromatographique mis en œuvre sur une plateforme centrifuge pour le déplacement des fluides sans
connectique
159
6
160
Référence Internet
CHV2226
161
Référence Internet
CHV2226
162
Référence Internet
CHV2226
M : électrolyte meneur
T : électrolyte terminal
t m
Lsep : longueur de séparation
en u
ité
io ite ax .
at ra m te
ép d ’à u an e
n m im
n
ité u n nd
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Détecteur
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+ T C C M –
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A
n
Ch
Rs
Q
CC C B A A
C C A
A A
+ T C CBB A A A M –
C C C B BA A 1
C C C BB A A
C A
+ T C C C BB A A M –
C A
C C C BB A A 0
Quantité injectée (Qi)
a principe de l’isotachophorèse
6
tiale des pics. On peut citer l’exemple du couplage développé par
Largeur plateau Kaniansky et al. [2] pour la préconcentration et la séparation de
Signal
163
Référence Internet
CHV2226
(1)
6
illustre ce principe en donnant les ratios de potentiels à appliquer Le moule utilisé pour la réplication du microsystème ayant un côté
pour guider le fluide dans un canal particulier et limiter les effets de 7 cm, une longueur maximale de colonne de 2,5 cm a été fixée
de diffusion dans les canaux adjacents pour des canaux de sec- afin de laisser de la place pour la création des réservoirs d’injection
tion équivalente et de longueurs données par rapport au canal et de collection. Par conséquent les dimensions de la microcolonne
central contenant le fluide en mouvement électrocinétique. À ont été fixées égales à 25 mm × 0,2 mm × 0,5 μm = L × h × l.
l’image de la phase d’injection ce principe de gestion de l’électro-
migration peut être adapté pour isoler des fractions d’intérêts en
aval du canal de séparation sans modifier la séparation [4]. 1.3 Systèmes d’extraction liquide-liquide
Dans le cas de volumes plus importants (100 nL à quelques
microlitres), les méthodes d’injections électrocinétiques ne sont L’extraction liquide-liquide [J 2 760] est une technique de sépa-
pas adaptées. Il convient de privilégier le recours aux modes ration utilisée à l’échelle industrielle dans les domaines de
d’injections hydrodynamiques. l’hydrométallurgie classique, l’industrie nucléaire, la pétrochimie,
l’industrie pharmaceutique ou encore l’industrie agroalimentaire.
Une fois la longueur du microcanal de séparation déterminée expé-
Elle est largement utilisée à l’échelle analytique en hydrométallur-
rimentalement pour une analyse donnée, le reste du microsystème
gie. En pratique, l’utilisation d’un procédé d’extraction liquide-
est adapté pour l’injection des fluides en amont de la séparation. Pour
liquide requiert deux opérations successives (figure 5) :
un mode de transport passif, les dimensions et mouillabilités des
canaux seront ajustées aux fluides à mettre en mouvement. Des val- – une mise en contact intime des deux phases liquides durant un
ves pourront être intégrées si l’on a choisi un mode de transport temps suffisant à l’obtention de l’équilibre ou d’un état proche de
dynamique des fluides afin de piloter les résistances hydrodyna-
miques dans le but de faire varier les volumes d’injection [6].
164
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