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Éco-conception :
mise en œuvre et applications
III
Cet ouvrage fait par tie de
Éco-conception et innovation responsable
(Réf. Internet ti695)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Éco-conception et innovation responsable
(Réf. Internet ti695)
Bertrand BOCQUET
Professeur en physique à l'Université Lille 1, Laboratoire SCité
Christelle DIDIER
Maître de conférence en sciences de l'éducation, Université Charles de Gaulle
(Lille 3)
Dominique MILLET
Professeur SUPMECA Toulon, groupe de recherche « Ecodesign and
Optimization of Product », Lab E.O.P
Kalina RASKIN
Ingénieur physico-chimiste et docteur en biologie, chargée de développement
au CEEBIOS
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VI
Éco-conception : mise en œuvre et applications
(Réf. Internet 42650)
SOMMAIRE
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VII
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Éco-conception : mise en œuvre et applications
(Réf. Internet 42650)
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1– Mise en œuvre par secteur Réf. Internet page
2– Exemples et applications
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de sa vie) sur l’environnement, d’agir sur toutes les étapes du cycle de vie dès
la conception par la mise en œuvre d’une méthodologie d’écoconception.Cet
article donne les principaux concepts de cette méthodologie et des exemples
de mise en œuvre.
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jusqu’à son traitement en fin de vie
ERP (Energy-Related Directive 2009/125/CE du Parlement
(mise en décharge, recyclage...)
Products ) européen et du Conseil du 21 octobre
Déchets d’Équipements Directive 2012/19/UE du Parlement 2009 établissant un cadre pour la fixa-
Électriques et Électroni- européen et du Conseil du 4 juillet tion d’exigences en matière d’éco-
ques (DEEE), Waste 2012 relative aux déchets d’équipe- conception applicables aux produits
Electrical and Electronic ments électriques et électroniques liés à l’énergie
Equipment (WEEE)
Développement Notion qui vise à prendre en compte Étiquetage environne- L’offre de produits plus respectueux
durable, sustainable au niveau du développement de la mental, environmental de l’environnement peut être recon-
development société et à l’échelle de la planète, labeling nue à travers l’étiquetage environne-
outre l’économie, les aspects environ- mental des produits. Il s’agit de
nementaux et sociaux qui sont liés à normes qui concernent la
des enjeux de long terme. Le dévelop- communication sur les propriétés
pement durable est ainsi un dévelop- environnementales des produits,
pement qui répond aux besoins du ce sont les normes de déclaration
présent sans compromettre la capacité de produits
des générations futures à répondre à Trois formes d’étiquetage environne-
leurs propres besoins mental sont répertoriées par l’ISO
(International Standard Organization)
Directive de l’union Une directive est un document des au travers des normes de la série
européenne, European institutions de l’Union européenne qui 14020 : écolabel, autodéclaration envi-
Union Directive donne des objectifs réglementaires à ronnementale, écoprofil.
atteindre par les pays membres, avec
un délai. Ce délai permet aux gouver- Impact environnemen- L’impact environnemental désigne
nements nationaux d’’adapter ces tal, environmental l’ensemble des modifications qualitati-
objectifs à sa propre réglementation impact ves, quantitatives et fonctionnelles sur
(on parle de « transposition » en droit l’environnement engendrées par un
national). Avec les règlements et les produit. La préservation de l’environ-
recommandations, les directives nement et, par voie de conséquence,
communautaires font partie du droit la réduction de l’impact environne-
dérivé de l’Union européenne mental des produits est primordiale
Écoconception, Terme désignant une méthode
Ecodesign de conception des produits respectant Recyclage, recycling Le recyclage est un procédé de traite-
les principes du développement dura- ment des déchets (déchet industriel ou
ble. Il s’agit d’une approche qui prend ordures ménagères) qui permet de
en compte les impacts environnemen- réutiliser, dans le cycle de productions
taux dans la conception les matériaux issus de ce traitement
et le développement du produit qui sont ainsi valorisés
et intègre les aspects environnemen-
taux tout au long de son cycle de vie REACH (Registration, Règlement (CE) no 1907/2006 du
Evaluation, Authoriza- Parlement européen et du Conseil, du
Écoefficacité, L’écoefficacité consiste à offrir
tion and Restriction of 18 décembre 2006, concernant l’enre-
Eco-efficiency des produits performants à des prix
Chemicals ) gistrement, l’évaluation et l’autorisa-
compétitifs tout en ayant un faible
tion des substances chimiques, ainsi
impact environnemental. Elle se
que les restrictions applicables à ces
mesure par le ratio performance éco-
substances
nomique/impact environnemental
Écolabel, Eco-label Créé à l’initiative des pouvoirs RoHS (Restriction of Directive 2011/65/CE du Parlement
publics, il définit des critères et des Hazardous Substances ) européen et du Conseil du 8 juin 2011
niveaux d’exigence par catégorie (RoHS) relative à la limitation de
de produits qui garantissent l’utilisation de certaines substances
l’aptitude à l’usage des produits dangereuses dans les équipements
et la limitation de leur impact électriques et électroniques (refonte
sur l’environnement (étiquetage envi- de la Directive 2002/95/CE LUSD
ronnemental de type I, ISO 14024) du Parlement européen
Écoprofil, Eco-profile Il s’agit de présenter sous la forme et du Conseil du 27 janvier 2003)
d’un tableau ou d’un diagramme les
données quantitatives sur les impacts Véhicule hors d’usage Directive 2000/53/CE du Parlement
environnementaux d’un produit (la (VHU), End of Life Vehi- européen et du Conseil du 18 septem-
norme ISO 14025 fournit les lignes cles (ELV) bre 2000 relative aux véhicules hors
directrices pour élaborer un écoprofil) d’usage (dite directive VHU)
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1. Écoconception, un outil
d’aide à l’innovation
Outre le souci du citoyen de préserver l’espèce humaine et son
environnement, l’industriel doit tenir compte de l’écoconception
pour des raisons purement réglementaires (par exemple, la limite
de teneur en plomb et de trois autres métaux lourds – directive
européenne Emballages et déchets d’emballages 2004/12/CE), et
aussi pour satisfaire les exigences de ses clients soucieux du res-
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pect de l’environnement pour leur image. C’est ainsi que les ache-
teurs des administrations et des collectivités locales intègrent des
critères environnementaux dans leurs appels d’offres, que, dans le
code des marchés publics, l’aspect protection de l’environnement
est cité, et que, enfin, il convient de ne pas oublier une demande
latente des consommateurs pour une pratique responsable de la
part des industriels.
Toutefois, considérer l’écoconception comme une contrainte, Figure 2 – Démarche adaptée à l’écoconception
notamment du fait de la pression réglementaire, constitue à notre
sens une vision négative et réductrice de ce concept. Ne vaut-il pas
mieux en effet considérer qu’il s’agit d’une opportunité, d’un réel
défi à relever pour innover ? 2. Notions d’impact
L’écoconception, vue sous cet angle, peut en effet devenir un environnemental
vecteur de différenciation (faire et proposer un produit et des
services différents de ceux des concurrents), une autre façon et d’écoproduit
d’envisager le positionnement des produits et services de l’entre-
prise sur ses segments de marché, voire sur de nouveaux seg-
En 1972, une équipe de scientifiques du MIT (Massachusetts Ins-
ments, enfin un moyen pour communiquer une image valorisante
titute of Technology) publiait le rapport Meadows qui présente des
d’une entreprise respectueuse de l’environnement.
scénarios d’évolution de la croissance industrielle mondiale. Ce
Dans la démarche classique de conception par étapes successives, rapport est la première étude importante soulignant les dangers
encore largement pratiquée (figure 1), l’écoconception est considé- écologiques de la croissance économique et démographique que
rée comme une contrainte. En simplifiant, cette démarche s’effectue connaît notre monde [1].
en trois étapes distinctes : d’abord la prise en compte des aspects L’épuisement des ressources naturelles en matière et en énergie
techniques (réponse technico-économique au cahier des charges et la pénurie qui risque d’en découler, les problèmes liés à la toxi-
fonctionnel), puis ensuite des aspects organisationnels (gestion de cité de certaines substances présentes dans les produits usagés, la
projet, élaboration de l’objet technique en CAO – formes, cotations, pollution de l’air, des sols et de l’eau par les rejets et déchets, les
matériaux... –, définition de la gamme de fabrication...), puis en der- menaces portées à la biodiversité montrent que les atteintes à
nière étape, vérification des exigences réglementaires. Cette façon l’environnement des modes de production, d’achat, de transport,
de procéder entraîne fatalement des itérations longues, difficiles et, de consommation, d’élimination des déchets se multiplient et que
en conséquence, coûteuses du fait que les trois aspects sont cette situation n’est pas compatible avec les exigences du dévelop-
nécessairement imbriqués et non chronologiques. pement durable.
L’écoconception nécessite une démarche tout autre, qui consiste Le développement durable devient un objectif primordial pour
à traiter les aspects techniques, organisationnels et réglementaires les générations futures, il s’agit de poursuivre le développement
en parallèle et non successivement (figure 2), en abordant, dès le qui répond aux besoins du présent sans toutefois compromettre la
début de la conception, les trois points de vue, avec ensuite une capacité des générations futures à répondre aux leurs. La préser-
gestion de projet qui implique des cycles de décision où les trois vation de l’environnement et, par voie de conséquence, la réduc-
points de vue sont régulièrement confrontés de manière à traiter tion de l’impact environnemental des produits est primordiale. Par
simultanément et sur le même pied d’égalité les trois aspects. ailleurs, comme l’explique Jean-Marc Jancovici (auteur et concep-
teur initial du Bilan carbone de l’ADEME) sur son site et dans ses
ouvrages, le futur déclin de la production mondiale de pétrole
nous conduira à repenser notre modèle économique dans les pro-
ches décennies à venir [2].
De façon générale, les ressources naturelles s’épuisent et, de
plus, ne sont pas renouvelables (tableaux 1 et 2, d’après [3] et [4]).
Il devient donc important de limiter leur consommation et de les
recycler afin de pouvoir poursuivre leur utilisation.
Dans les pays développés entre 1980 et 2020, la production des
déchets évolue quasiment de manière parallèle au PIB (produit
intérieur brut) ; elle augmente par contre à un rythme double de
celui de la population (figure 3). Ce rythme n’est pas soutenable à
long terme et il convient de limiter ces déchets par différents
moyens : réduction à la source, recyclage, incinération, etc.
Les composants mécaniques (et plus généralement les produits
de l’industrie mécanique) n’échappent pas à ces règles et ont en
conséquence un impact sur l’environnement qui se mesure tout au
Figure 1 – Démarche classique du bureau d’études long de leur cycle de vie. En effet, la consommation de ressources,
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Cuivre 40
Nickel 36
Plomb 17
Étain 21
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y a d’autres retombées et notamment le saut technologique positions pour un achat « écoresponsable » [6]. On doit aussi men-
apportant une innovation qui différencie le produit de ses tionner la responsabilité sociétale des entreprises : l’article 116 de
concurrents (filtre en matériaux composites, ce qui réduit la loi no 2001-420 du 15 mai 2001 relative aux nouvelles régula-
considérablement sa masse par exemple), ou encore le facteur tions économiques (NRE) demande aux entreprises françaises
d’échelle des produits de grande diffusion car les écoproduits, peu cotées sur le marché français d’inclure dans leur rapport annuel
répandus à leur lancement, sont fabriqués à petite échelle, ce qui une formalisation des impacts sociaux et environnementaux de
implique une fabrication, un emballage, une logistique (taille des leurs activités. Les engagements des grandes entreprises ont ainsi
camions utilisés en particulier) économiquement plus délicats et des répercussions sur l’ensemble de la chaîne clients-fournisseur.
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coûteux que des produits diffusés à grande échelle.
Appareils
Filière Automobile Aéronautique Bâtiment
électriques/électroniques
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INNOVATION
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INNOVATION
Points clés
Domaine : Conception de machines électriques tournantes
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INNOVATION
produites (émissions dans l’air, l’eau..., produits secondaires et relative différents produits entre eux, différentes versions et/ou
déchets) au cours du processus de conception du produit, puis utilisations de moteurs. Le postulat généralement admis dans
de son usage, et enfin de sa destruction. ces études ACV étant que les imprécisions numériques sont
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atténuées par cette utilisation relative.
En ce qui concerne plus particulièrement la phase de
conception, les substances à recenser, en entrée, incluent tou-
tes les matières premières et ressources consommées pour
aboutir à la réalisation du produit ciblé. Cela inclut les 2. Évaluation des impacts
consommations directes (matières premières, gaz, pétrole...)
utilisées dans les processus de transformation mais aussi les environnementaux
consommations indirectes (infrastructures, transport...). En des machines AC
sortie, on trouve principalement les émissions dans l’air, l’eau
et les sols, générées par l’ensemble des processus industriels
Cette section présente brièvement l’outil ACV appliqué aux
qui créent le produit.
machines AC. L’écobilan global qui résulte d’une démarche
Diverses bases de données quantifient pour la plupart des d’ACV appliquée au moteur asynchrone de gamme
matériaux industriels (métaux en sortie d’aciérie, plastiques « puissance moyenne » sera présenté selon son type de
sous forme de granulés...) et pour les processus classiques service : continu ou intermittent. Le moteur référent considéré
qu’elles subissent (moulage, laminage, tréfilage, injection...) dans cette étude est supposé alimenté directement sur un
des estimations des flux de substances associés. Pour cette réseau triphasé équilibré. Ce moteur, qui comporte une cage
étude, la base de données ECOINVENT, qui possède plusieurs rotorique en aluminium, est caractérisé par les valeurs
milliers de données, a été retenue. nominales : 10 kW ; 400 V ; 50 Hz ; 21 A ; 1 400 tr/min ;
cos ϕ = 0,81.
Une étude d’analyse du cycle de vie (ACV) a pour objectif
d’évaluer les impacts environnementaux du produit cible. Un
impact environnemental s’exprime généralement par une 2.1 Analyse du cycle de vie d’une machine
quantité équivalente de substance émise ou consommée par
le produit étudié sur son cycle de vie. Ainsi, l’impact asynchrone
« réchauffement climatique » s’exprime en quantité de
dioxyde de carbone (CO2) produite. Comme de nombreux ■ Appliquer une étude environnementale de type ACV à un
autres gaz agissent sur cet effet de serre, la méthodologie de moteur électrique commence donc par la phase de
calcul de l’impact convertit les quantités émises de ces autres conception. Le moteur est assemblé à partir d’un ensemble de
gaz en un équivalent CO2 . Chaque impact environnemental matériaux élaborés (acier, cuivre, aluminium, plastiques, maté-
est donc assorti d’une méthodologie d’agrégation qui convertit riaux isolants) qui subissent divers processus de conception
les quantités de substances élémentaires associées au cycle proprement dits (laminage, injection, moulage, tréfilage,
de vie du produit en une quantité équivalente unique dans la recuits...). La base de données « ECOINVENT » propose des
substance retenue pour ce critère donné. données génériques pour la plupart des matériaux et processus
courants (métaux et plastiques). Pour ce qui relève de maté-
Il existe de nombreux critères environnementaux, et une riaux plus spécifiques, les données disponibles ont été adap-
étude environnementale se doit d’être multicritère pour tées. Les processus, par exemple d’émaillage de fils et de
prendre en compte différents points de vue. En effet, pour un fabrication de tôles électriques, ont été caractérisés en termes
produit cible, tous les critères environnementaux ne sont pas d’impact environnemental par nos soins suite à une analyse
forcément corrélés, certains peuvent même se révéler détaillée et l’expertise de nos partenaires industriels. Grâce aux
contradictoires. Cette étude reprend dix critères différents méthodologies d’agrégation des critères environnementaux,
couramment utilisés dans le cadre des études ACV et elle chaque matériau secondaire utilisé et chaque processus identi-
s’appuie sur le logiciel SIMAPRO qui intègre les méthodes fié se voit associé une valeur d’impact environnemental
d’agrégation, notamment la méthode CML (Centrum voor par unité de masse, et ce pour chacun des dix critères rete-
Milieuwetenschappen van Leiden ), nécessaires. Rappelons que nus. Cette extraction est réalisée sous SIMAPRO qui contient
la CML a été développée par l’Institut des sciences environne- ECOINVENT et les critères d’évaluation.
mentales de l’université de Leiden, aux Pays-Bas, en 1992 et
révisée en 2000. Elle fait maintenant référence en ce qui Cela étant réalisé, la modélisation d’un moteur électrique ne
concerne l’ACV des produits industriels. Les dix critères nécessite plus qu’un modèle géométrique permettant la pré-
d’impact, qui ont été retenus pour notre étude, sont détaillés détermination rapide de la masse de tous ses éléments
dans le tableau 8 en annexe (§ 5). constituants (composants). Toutes les dimensions de la
machine sont déduites des deux paramètres fondamentaux
Il convient dès à présent de souligner que les valeurs numéri- (diamètre d’alésage et longueur active) en utilisant des
ques obtenues à la suite d’une ACV sont forcément peu fiables données réelles constructeur, des coefficients divers pour gar-
en termes de valeur absolue, même si aucune estimation der l’aspect réel de la géométrie et des inductions magnéti-
d’erreur n’existe dans les bases de données. Premièrement, la ques liées aux types de tôles utilisées [5] en considérant dans
modélisation effectuée surestime ou sous-estime certainement ce cas une induction crête d’entrefer Be de 1 T. Une fois les
de nombreux flux de matière sans qu’il soit possible, a priori, de dimensions géométriques de la machine connues, les
savoir à quel point ces imprécisions sont négligeables ou non. différentes masses (actives et inactives) sont déduites par
Deuxièmement, les méthodologies d’agrégation, permettant de l’équation (1) :
quantifier en une unité unique les impacts relatifs de diverses
substances, reflètent l’état des connaissances environnementa-
les à un instant donné. Les bases de données et les méthodolo- masse totale = ∑ volume × masse volumique (1)
gies de calcul des impacts sont d’ailleurs régulièrement mises à composants
jour. Ces remarques sont valables pour toutes les études ACV et de la machine
ne sont pas particulières à la modélisation du moteur effectuée
ci-après. Les études environnementales de ce type sont d’abord Le tableau 1 résume le résultat obtenu par le modèle géo-
des outils de comparaison destinés à confronter de manière métrique appliqué à la machine de 10 kW.
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INNOVATION
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r1 x1 x’2 r’2/s
Masse
Matériau
(kg)
V1 Xµ Rµ
Fer électrique 33,7
Autres fer 31,5
Aluminium 2,7
Figure 1 – Schéma monophasé équivalent
Cuivre 4,3
Isolants 0,5
Résine d’imprégnation 1,0
C
Plastique 0,3 y
Construction
Coûts énergétiques
– matière première
c et émissions
– fabrication
Valeurs estimées .................................. (Ω) 0,42 0,85 26,0 448 0,47 0,91
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Le concept de développement durable consiste dans sa définition initiale
à satisfaire les besoins du présent tout en préservant les générations futures
(rapport Brundtland). Il ne s’agit donc pas d’un vague compromis entre des
aspects économiques, sociaux et environnementaux comme on le comprend
trop souvent aujourd’hui. Satisfaire les besoins du présent consisterait par
exemple à répondre à une demande de logements largement insatisfaite, selon
certains standards de confort. Préserver les générations futures implique de pro-
téger un certain nombre de biens communs, comme les ressources en énergie,
en eau, en matières premières et en sols, la santé et la biodiversité donc en parti-
culier le climat et les milieux – air, eau, sol –. Ces quelques exemples montrent
l’ampleur du défi que constitue la satisfaction de l’ensemble des critères de déve-
loppement durable qui, de plus, peuvent être contradictoires (par exemple une
température plus confortable peut induire des besoins de chauffage plus élevés).
Relever ce défi implique de modifier en profondeur les pratiques profession-
nelles, les comportements et les technologies. Les décisions influençant le plus la
performance d’un projet urbain sont prises durant les phases amont, d’où
l’importance de la programmation, qui devrait inclure des exigences de perfor-
mance environnementale, et de l’écoconception. Cette méthode répond ainsi à
une demande de plus en plus fréquente et qui, à terme, devrait être rendue obli-
gatoire par les politiques publiques, en particulier selon les orientations actuelles
des directives européennes. Ses principales limites sont liées aux incertitudes sur
l’évaluation des impacts environnementaux, et sur la prévision à long terme, cor-
respondant à la longue durée de vie des bâtiments et des quartiers.
Le présent article commence par une présentation de la méthodologie, en
incluant les principales hypothèses et limites des outils, puis quelques exem-
ples d’application en construction neuve et en réhabilitation, ainsi qu’à
l’échelle d’un quartier. Quelques perspectives sont enfin proposées concernant
l’amélioration de la démarche et sa mise en pratique.
La performance d’un bâtiment et a fortiori d’un quartier est la De telles grilles ont été étudiées dans différents projets européens
résultante d’un programme établi par le maître d’ouvrage, du choix et nationaux comme Eco-housing [3], Adequa [4] et Lense [5].
d’un site, de la compétence de l’architecte, de l’urbaniste et des L’appropriation des critères de performance par les acteurs peut
bureaux d’études, de l’usage de technologies adaptées, du soin être facilitée par l’explicitation des objectifs qui les sous-tendent.
apporté par les entreprises à la réalisation, et du comportement Une liste d’objectifs, issue d’une démarche participative associant
citoyen des habitants [1]. Il s’agit alors de sensibiliser les occupants ingénieurs, architectes-urbanistes, entreprise et habitants dans le
et, pour les acteurs professionnels impliqués, de partager des critè- cadre d’un projet européen [6], est donnée dans le tableau 1 à titre
res de performance communs [2] pour choisir les solutions urbanis- d'exemple. La démocratie locale est bien entendu essentielle pour
tiques, architecturales et techniques les plus appropriées. élaborer ces objectifs et fixer des priorités.
La multiplicité des fonctions du bâtiment complique la caractéri- Il s’agit ensuite de définir des indicateurs permettant d’évaluer à
sation de cette performance, qui intègre des aspects écologiques, quel point un projet répond à ces différents objectifs. Le présent
économiques et socio-culturels. Les approches monocritères dossier concerne les aspects environnementaux, mais une
présentent le risque de remplacer un problème environnemental approche similaire permet d’évaluer la performance économique,
par un autre. Par exemple, la problématique de l’épuisement des et l’évaluation de la dimension sociale constitue une voie de
ressources énergétiques liée à la « crise du pétrole » dans les recherche.
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1. Écologique
1.
2.
Limiter les émissions toxiques
Protéger le climat
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3. Protéger la faune et la flore
4. Protéger les rivières et les lacs
2. Protéger les écosystèmes 5. Améliorer la qualité de l’air extérieur
6. Réduire les déchets
7. Réduire les risques liés à la radioactivité
8. Préserver la couche d’ozone
9. Limiter les risques liés aux inondations
1. Réduire le coût de construction
2. Réduire le coût de fonctionnement
1. Réduire le coût global 3. Réduire le coût de maintenance
2. Économique 4. Réduire le coût de rénovation
5. Réduire le coût de démolition
1. Faciliter l’adaptation des espaces
2. Augmenter la valeur
2. Faciliter l’adaptation des usages
1. Améliorer la qualité de l’air intérieur
2. Améliorer la qualité de l’eau
1. Préserver la santé des résidents
3. Réduire l’exposition aux champs électromagnétiques
4. Réduire les risques (incendie, explosion...)
1. Améliorer le confort visuel
2. Améliorer le confort thermique
2. Améliorer le confort 3. Réduire le bruit
3. Sociale
4. Réduire les odeurs
5. Améliorer le bien-être (par exemple, surface utile)
1. Améliorer la qualité d’usage
2. Augmenter l’équité sociale
3. Augmenter la valeur sociale 3. Augmenter l’équité de genre
4. Faciliter les relations sociales
5. Améliorer la participation
1. Améliorer l’architecture et l’image
1. Augmenter la valeur esthétique
2. Améliorer l’intégration au site
4. Culturelle 1. Respecter les sites historiques
2. Conserver la connaissance et l’histoire 2. Intégrer la mémoire
3. Augmenter la valeur culturelle
À la grille d’objectifs de développement durable (tableau 1) divisant les émissions (en mg) par les seuils respectifs (en mg/m3)
correspond un ensemble d’indicateurs permettant l’évaluation à partir desquels les substances peuvent être détectées par 50 %
d’un projet et la recherche d’améliorations. Le tableau 2 donne, à d’un échantillon représentatif de la population. L’indicateur est
titre d’exemple, les indicateurs environnementaux considérés dans alors exprimé en m3 d’air vicié. L’écoconception permet ainsi de
l’outil EQUER développé dans les années 1990 [7] et actualisé par prendre en compte des critères supplémentaires par rapport à la
la suite [8]. pratique antérieure, qui intégrait déjà par exemple les critères
économiques, le confort thermique, visuel et acoustique.
L’indicateur d’acidification correspond à l’objectif de protection
des forêts : il s’agit de diminuer le phénomène des « pluies
acides ». L’indicateur d’eutrophisation est lié à la production des
« algues vertes », et par conséquent à la protection des rivières et
des lacs. Le thème « ozone photochimique » concerne l’ozone 1.2 Principales hypothèses et principes
troposphérique et ses effets sur la santé (maladies respiratoires) – de la modélisation
la concentration en ozone étant l’un des paramètres de la qualité
de l’air dans les villes. La problématique de la couche d’ozone L’évaluation de ces critères environnementaux peut sembler une
étant gérée par le protocole de Montréal, inclure un indicateur sur gageure du fait de la multiplicité des activités humaines, des
ce thème semble moins utile aujourd’hui. L’indicateur polluants émis – on recense plus de 100 000 substances chimiques
« épuisement des ressources » prend en compte les réserves commercialisées –, et de la complexité des phénomènes en
mondiales des matières et combustibles concernés et la rapidité chaîne : émission de polluants dans les différents compartiments
de leur raréfaction. La génération d’odeurs est exprimée en écologiques (air, eaux superficielles, nappes phréatiques, sols,
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Eau utilisée [9] conséquences sanitaires sont plus élevées dans un site plus densé-
ment peuplé. Par contre, on ne sait pas forcément où sera transporté
Épuisement des ressources kg antimoine et utilisé le produit. L’ACV considère alors des impacts moyens, indé-
[10]
abiotiques eq pendants de la localisation des émissions.
Déchets produits t [9] Un bâtiment, un quartier ou un ensemble urbain étant localisé
de manière précise, l’étude d’impact pourrait sembler plus
Déchets radioactifs dm3 [9]
pertinente que l’ACV. Mais en fait, la plupart des impacts liés aux
Effet de serre (100 ans) t CO2 eq [11] bâtiments et aux systèmes urbains se produisent généralement en
dehors de ces systèmes : dans les usines de fabrication des
Acidification kg SO2 eq [10] produits de construction, lors de la production d’électricité et d’eau
Eutrophisation kg PO3−
4 eq [10] potable, dans les équipements de traitement des déchets et des
eaux usées, etc. En phase de conception amont, les fabricants et
Dommage à la biodiversité PDF · m2 · an [12] donc les lieux de fabrication des produits de construction ne sont
Dommage à la santé DALY [12] généralement pas encore connus. Or, c’est durant ces phases
amont que sont prises les décisions influençant le plus le bilan
Production d’ozone environnemental. Les données moyennées, dites également
kg C2H4 eq [10]
photochimique « génériques », sont alors utilisées et la méthode d’ACV est la plus
Odeur m3 air [10] appropriée dans l’état actuel des connaissances.
Cela n’empêche pas bien entendu de réaliser une étude d’impact
en complément, surtout si le bâtiment ou le quartier comporte une
océans, sédiments...), transport de ces polluants (vent, diffusion, source de pollution importante, comme une chaufferie de grande
absorption/volatilisation, adsorption/désorption, déposition, taille ou un axe de circulation très fréquenté. Des études spéci-
sédimentation/resuspension, écoulement des eaux, érosion...), fiques concernant par exemple la préservation de la biodiversité
dégradation au cours du temps (réactions photochimiques dans au niveau local sont également pertinentes. En parallèle, certains
l’atmosphère, hydrolyse, photolyse, etc.), transferts dans les travaux de recherche visent à affiner les ACV en distinguant les
aliments (et phénomènes de bioconcentration dans les plantes, émissions selon la densité de population ou l’altitude du lieu
bioaccumulation chez les animaux, biomagnification dans la d’émission : un polluant émis au niveau de l’échappement d’un
chaîne alimentaire), exposition (chronique, subchronique...), doses véhicule, donc proche des personnes exposées, a généralement
reçues et conséquences sur la santé et la biodiversité. plus de conséquences sanitaires que le même polluant émis au
niveau d’une cheminée de grande hauteur.
Chaque acteur ne connaît qu’une petite partie d’un ensemble
nécessairement interdisciplinaire et intersectoriel. En effet, l’éva- L’évaluation correspondant aux critères environnementaux listés
luation des impacts environnementaux mobilise des dans les tableaux 1 et 2 nécessite des informations provenant des
connaissances entre autres en écologie, en médecine, en génie des fabricants de matériaux, des producteurs d’énergie et d’eau, des
procédés et en énergétique. D’autre part, les activités humaines entreprises de traitement des déchets, etc. Mais la fabrication des
sont en interaction : par exemple, il faut de l’énergie pour produire produits nécessite des matières premières et de l’énergie, la
du ciment, il faut de l’acier et du béton pour produire de l’énergie, production d’énergie nécessite des matériaux pour la construction
etc. L’étude des ensembles urbains constitue une illustration de des infrastructures de production. Les impacts environnementaux
ces problématiques intersectorielles en associant les secteurs du doivent alors préférablement être évalués en résolvant un système
bâtiment, des transports, de l’énergie, des procédés (eau, matriciel prenant en compte cet ensemble d’interactions. Cette
traitement des déchets...), de l’industrie (produits de approche est mise en œuvre dans la base de données Ecoinvent [9]
construction...) et même de l’agriculture (production locale élaborée en Suisse mais contenant des données européennes sur
d’aliments, végétalisation du bâti). certains matériaux, et même des données de différents pays dont la
France pour certains procédés (production d’électricité par exemple).
Les impacts environnementaux liés aux services (banques assuran-
Intégrer les aspects environnementaux dans la prise de déci- ces...) peuvent être affectés aux différents produits sur la base de
sion nécessite alors des outils capitalisant un ensemble très systèmes matriciels utilisés en économie.
vaste de connaissances tout en le mettant à la portée d’acteurs En France, les fabricants de matériaux et de composants de
disposant d’un temps limité pour de telles études. L’analyse de construction ont élaboré une norme permettant de caractériser la
cycle de vie (ACV) est l’un des outils développés pour répondre performance environnementale de ces produits selon une méthode
à ce cahier des charges. Il s’agit d’un outil d’ingénierie ayant harmonisée. Chaque fabricant connaît les émissions de polluants
pour but d’évaluer les impacts environnementaux d’un sys- liées aux procédés de fabrication qu’il contrôle, mais doit faire appel
tème sur son cycle de vie, c'est-à-dire depuis sa fabrication à d’autres données (en général issues de la base suisse indiquée pré-
jusqu’à sa fin de vie, en incluant un recyclage éventuel d’où la cédemment) pour les matières premières et l’énergie qu’il
notion de cycle, correspondant à l’idée d’une gestion raisonna- consomme. Cette approche offre l’avantage d’une gestion décentra-
ble des ressources sur le long terme. lisée de ces évaluations, chaque industriel choisissant le prestataire
de son choix, mais une réflexion plus globale sur la mutualisation de
Cette méthode a été développée d’abord dans l’industrie depuis certaines informations et leur traitement matriciel pourrait être utile.
les années 1970 [13], puis dans le secteur du bâtiment [14] et fina- La base de données française INIES [20] ne concerne que les
lement étendue à l’ensemble des activités humaines. Son produits de construction. Or, le choix d’un produit influence
application aux ensembles urbains a été étudiée plus souvent la consommation d’énergie du bâtiment où il est mis en
récemment [15] [16] [17]. œuvre, donc des données sur les impacts liés à la production
RT
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DÉVELOPPEMENT DURABLE
Q
territorial
Investisseurs
Management intégré
Éthique et environnement Mission des intervenants de la
Collaborateurs construction
Équité et environnement Ingénierie concourante
Efficience
Compétitivité du cadre de vie
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RV
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Pour se préparer à faire face à ces bouleversements qui sont avant tout
d’ordre culturel, il est nécessaire de réfléchir aux infléchissements tant métho-
dologiques qu’organisationnels ou technologiques à engager.
C’est le but de ce dossier qui cherche à déterminer qu’elles seraient les
meilleures voies de progrès possibles. Deux étapes seront successivement
abordées : la première consiste à répertorier dans ce contexte les attentes des
différentes parties prenantes et la seconde à organiser et à structurer ces
éléments d’information sous la forme d’une feuille de route.
En ce sens, il s’agit donc d’une proposition pour orienter et optimiser les
Q
efforts de recherche développement.
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RW
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CONSTRUCTION « DURABLE »
Q
Reconception
Base de Ingénierie du Modèle
des modes de
connaissances cycle de vie "Produit"
production
Culture et valeurs
Réglementation Approche Visualisation Implication des des entreprises
performancielle du produit professionnels
Ainsi le compromis réalisé ne traduit pas une prise en compte une part importante de la population, l’habitat reste encore un droit
réelle des attentes d’usage. inaccessible.
En outre aucune garantie sur les performances du bâti n’est Ces deux raisons conjuguées militent pour faire du prix de vente
accessible, ce qui suppose une découverte progressive des capa- de la construction un objectif essentiel. La construction doit être
cités réelles et trop souvent une déconvenue. Par ailleurs la possi- accessible au plus grand nombre et son coût ne peut pas être pro-
bilité de variantes reste assez exceptionnelle. hibitif. Tous les gains de productivité doivent donc être recherchés
et pérennisés.
■ Désaffection vis-à-vis des métiers de la construction
■ Anticipation du produit
Les métiers de la construction n’ont pas la faveur du public. Certes
la pénibilité des travaux explique en grande partie cette dés- Néanmoins, au-delà de son accessibilité, la construction doit
affection, mais il faut aussi tenir compte de la multiplicité des devenir un « produit » de droit commun, c’est-à-dire répondre aux
métiers qui rend inaccessibles les tours de main et les savoir-faire. attentes qui ont présidé à sa recherche (quête).
Par contrecoup, la construction est vécue comme fortement arti- Il est donc nécessaire de pouvoir en anticiper le fonctionnement.
sanale et n’est pas considérée comme relevant d’une technologie Pour cela, il doit pouvoir être modélisé puis simulé de manière à
moderne. De ce fait la fiabilité des techniques est suspectée. prévenir son comportement dans le temps. Cette capacité à être
anticipé repose sur une meilleure maîtrise du vieillissement, sur une
■ Métiers tournés en dérision connaissance approfondie des réactions aux diverses sollicitations
La construction fait l’objet de nombreuses plaisanteries auprès extérieures et sur la possibilité d’une appropriation anticipée de ses
de la population, tant au plan de sa qualité que pour sa mise à volumes.
disposition.
■ Garanties sur les performances
Le caractère artisanal est ressenti à la fois dans le manque d’homo-
Mais pouvoir être anticipé suppose aussi que les performances
généité des prestations et dans la difficulté à obtenir un résultat
réelles soient conformes aux résultats affichés. À cette fin, il
préalablement négocié. La non-transparence et le non-respect des
importe que la construction développe un système de garantie non
conditions contractuelles conduisent à une méfiance trop souvent
plus basé sur la durabilité globale mais sur le niveau de chacune
fondée.
des performances d’usage.
Les performances concernées sont les performances instan-
1.1.2 Construction « durable » tanées, c’est-à-dire celles qui ne sont pas dépendantes du
comportement des utilisateurs. Elles correspondent aux réponses
■ Produit à coût acceptable intrinsèques du bâti.
La construction représente pour l’ensemble des européens Pour ce qui concerne les performances d’exploitation, elles
l’investissement le plus important de leur vie active. Mais, pour doivent se conformer à des classes indicatives justifiées par calcul.
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RX
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Q
En outre, ces interventions ne supportent pas de retard et doivent
que ce soit au cours des activités foraines du chantier ou en phase
être engagées avec méthode et rigueur, participant ainsi à une vraie
d’exploitation. De manière globale, il est possible de considérer que
relation client-fournisseur.
le bâtiment est le support de 40 % de la production de déchets (chan-
tiers de construction et résidus d’activités ménagères et autres).
1.1.3 Thématique R&D En outre, la construction participe approximativement à hauteur
■ Approche performancielle de 25 % aux émissions de CO2 .
Pour mieux servir l’utilisateur final, la seule solution est de ■ Consommations énergétiques élevées
ramener chacune des interventions des professionnels dans cette
perspective finale, c’est-à-dire de mesurer chaque apport selon sa Le secteur de la construction représente actuellement 40 % de la
valeur ajoutée « fonctionnelle » (en quoi contribue-t-il à répondre consommation annuelle d’énergie totale française, et ce malgré les
aux attentes de l’utilisateur ?). programmes d’optimisation énergétiques qui ont été déployés
depuis les premiers chocs pétroliers.
Cette approche, qui n’est pas entièrement nouvelle, est désignée
du terme « performanciel ». Il s’agit de raisonner la totalité des Il est à noter que, sous cet angle, le handicap de l’existant
choix constructifs comme contribution à des fonctions d’usage. demeure extrêmement important.
Le point essentiel de ce mode de raisonnement réside dans l’arti- ■ Faible efficacité fonctionnelle
culation entre performance des composants techniques et perfor-
mances globales du « produit ». Il nécessite un management de Au plan des usages et de la commodité offerte par les
projet intégré pour tirer parti de l’ensemble des compétences des constructions qui en sont le support, il est possible de considérer
intervenants (ingénierie concourante). que des progrès sensibles sont nécessaires. Cela apparaît très
nettement dans l’appréciation du confort des lieux de travail pour
■ Visualisation du produit les usagers et tend à se développer avec la notion d’obsolescence
Cette facette du développement doit s’entendre sous deux des techniques de communication. L’adaptabilité des bâtiments aux
aspects : d’abord la capacité de montrer ce que sera le projet en nouveaux standards est assez faible (bâtiments pérennes à carac-
cours à sa livraison, ensuite la possibilité d’observer le compor- tère patrimonial plutôt que ressources en appui de l’activité).
tement du construit dans le temps. En effet, ce n’est que dans la
mesure où l’utilisateur final pourra anticiper son cadre de vie et ■ Intégration urbaine insuffisante
connaître les mécanismes de son vieillissement qu’il sera en mesure La concentration urbaine, qui est un phénomène universel, se
de s’approprier et d’infléchir les scénarios qui lui sont proposés. traduit principalement par un étalement des constructions (les
Toutefois, pour aboutir à un tel résultat, il sera nécessaire de urbanistes parlent alors de mitage). Les conséquences sont mul-
disposer d’une modélisation non seulement géométrique mais tiples. Elles se manifestent d’abord par un accroissement considé-
aussi renseignée sur les différents attributs des composants parti- rable des déplacements alternés (domicile-travail). Vient ensuite un
cipant à la réalisation du construit. relâchement des liens sociaux du fait de l’éloignement/dispersion
Il s’agit donc d’une capitalisation dynamique des connaissances. aux équipements collectifs qui font la trame de l’urbanité.
En fait, le tissu urbain se distend et pose la question des valeurs
■ Implication des professionnels collectives.
Dans la mesure où les deux préalables précédents seront
remplis, il y a tout lieu de penser que les acteurs de la filière
construction bénéficieront alors d’un statut totalement renouvelé. 1.2.2 Construction « durable »
La capacité à visualiser un travail et à en maîtriser le déroulement ■ Efficience
passe obligatoirement par le biais des nouvelles technologies. La
construction ne sera plus alors reléguée au stade d’industrie de D’un point de vue environnemental l’objectif dans l’idéal est de
second rang. Son recrutement sera de fait plus exigeant. La disposer d’un cadre de vie qui puisse fournir tous les services
transition s’opérera par une formation active en simulateur, ce qui escomptés sans porter préjudice à l’environnement.
permettra des mises en situation répétées anticipant les pratiques. Sous une autre forme, la configuration idéale est celle qui
Cette requalification doit s’accompagner d’une revalorisation des apporte le maximum de valeurs tout en minimisant les impacts
salaires et d’un renouvellement des outillages de chantier. consécutifs à la mise à disposition. Chaque situation peut donc être
À terme devrait s’opérer un réengineering de la production. caractérisée par le rapport dit d’« efficience » tel que l’a défini le
World Business Council for Sustainable Development (WBCSD).
1.2 Point de vue environnemental L’intérêt de ce protocole est de laisser le choix entre trois possi-
bilités, à savoir accroître la valeur à impacts constants, diminuer
La figure 2 résume, du point de vue environnemental, les étapes les impacts à valeur constante ou agir sur les deux dimensions
à franchir pour parvenir à une construction « durable » à partir de concomitamment.
la construction « coutumière » actuelle. Comme dans le para- Dans tous les cas, cette exigence suppose un souci permanent
graphe 1.1, ces différentes étapes sont analysées une par une. d’innovation afin de trouver de nouveaux process de production.
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RY
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SP
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Comment prendre en compte ■ Si le concept de développement durable est pris dans son sens le plus
une contribution immédiat, alors force est de reconnaître que toute action qui s’inscrit dans cette
perspective se doit d’abord d’être économe des ressources mobilisées. Le bon
au développement durable ? emploi des moyens utilisés est en effet gage de « responsabilité » vis-à-vis des
capacités de choix ultérieures.
Trois possibilités sont alors envisageables en graduant l’effort consenti pour
les mettre en œuvre :
— il est tout d’abord indispensable de « revisiter » les pratiques actuelles pour
en améliorer le rendement, ce qui doit se traduire par une réduction des besoins
et une réduction des impacts (c’est l’approche système) ;
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2 Fournir
Responsabiliser
2 une ambiance
l’usager
Q
N1
3 Assurer
S’inscrire Utiliser des
une protection
dans un ressources 3
cycle boucle renouvelable
4 Utiliser les
Participer au biens et outils
recyclage 4
5 Maîtriser
Contribuer à Réduire les les relations
la création de 5 N2
externalités
ressources
6 S’inscrire
Créer des dans le site
ressources 6
7
Être porteur de sens
N3
Figure A – Exigences soulevées par la prise en compte du développement durable dans le bâti
Le lecteur intéressé pourra consulter les ouvrages généraux [1], [2], [3] et [4] en bibliographie.
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l’activité qui doit s’y déployer ; d’activité se fasse avec le minimum de déperdition.
— permettre d’y accéder sans difficulté. C’est ce que traduit le rendement de plan défini comme le
rapport entre surface construite et surface utile que ce soit en
En termes d’espace construit, la prise en compte de la durée résidentiel ou en tertiaire.
implique d’articuler la variation concomitante de trois facteurs :
— l’utilisateur final peut, au cours du temps, modifier ses Exemple d’optimisation de l’usage des surfaces construites
comportements du fait de son expérience personnelle mais aussi
des modifications du niveau de ses attentes résultant de capacités AP1 AP2 AP1 AP2
de choix nouvelles (trajectoire professionnelle, parcours familial...) ;
— les activités dont le cadre bâti est le support peuvent, elles
aussi, évoluer ;
— les caractéristiques de la localisation sont, elles aussi, sus-
ceptibles de modifications. Le quartier qui constitue l’échelle
supérieure au bâti peut évoluer sous l’effet de changements socio-
culturels.
Ces variations peuvent être plus ou moins prises en charge par AP3
le bâti, mais elles le seront d’autant mieux qu’elles auront été
anticipées dans l’expression du programme initial.
Pour ce qui est de la détermination des espaces, les principes d’un
développement durable insistent sur l’utilisation optimale des lieux. 1.3 Utilisation des ressources
Ils seront d’autant plus « abordables » qu’ils seront pensés pour ne
pas présenter de place inutile d’un point de vue fonctionnel, sans renouvelables
toutefois conduire à un sentiment de stress qui serait dû à l’exiguïté.
Selon le principe que la ville se régénère sur elle-même, la
réhabilitation du bâti est certainement une démarche naturelle
d’économie. Néanmoins, une étude de faisabilité doit en valider les
1.1 Diminution des besoins conditions.
C’est toute la discussion sur la spécialisation du bâti. Une Par ailleurs, il est clair que certains modes constructifs sont plus
construction doit-elle être destinée à un usage unique ou doit-elle « faciles » à réhabiliter. Un plateau libre est plus riche en potentiel
être accessible à des changements de destination. qu’une structure à refends en béton.
En fait, sans aller jusqu’à la structure neutre qui ne soit qu’un sol
Reconversion d’activité
artificiel capable d’être un foncier indifférent aux activités qui y
sont menées, il est possible d’introduire une certaine flexibilité qui
autorise des ajustements dans l’articulation des espaces au cours
du temps.
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Q
ST
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Environnement en fonderie
Management environnemental
par Bernard DUQUET
Q
Docteur ès sciences
Expert environnement au Centre technique industriel de la fonderie (CTIF)
SU
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mSVXS
Q
est fort variable selon le secteur industriel, le marché, la concurrence, le pays,
l’évolution technologique, etc. Normaliser le management environnemental
permettait de donner une visibilité à un domaine primordial mais souvent
négligé par les entreprises. La normalisation présentait également l’avantage
d’uniformiser le management environnemental sous un statut reconnu par
tous et donc valorisable face aux tierces parties intéressées.
Néanmoins, la normalisation du management environnemental amène à
réduire la gestion de l’environnement à l’application rigoureuse de procédures
et d’instructions. Or, l’amélioration continue de la performance environnemen-
tale va au-delà, car elle engage tous les acteurs de l’écosystème entreprise
avec toutes les interrelations que cela entraîne entre les acteurs internes et
externes à la fonderie. La normalisation a conduit à une certaine rigidité et
lourdeur du SME, qui constitue un frein à l’adhésion des PME.
SV
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mSVXS
2. Approche management
P
2.1 ISO 14001 Définitio
polit
n
Mise en
D
environn ique place
ementale et
fonction
L’ISO 14001 est un outil de management de l’environnement nement
qui offre au chef d’entreprise la possibilité d’avoir une A
connaissance précise des enjeux environnementaux liés aux C
Q
Revue
de Contrôle
activités de sa fonderie. Cet outil de gestion des risq ues lui direction et action
permet, d’une part, de connaître les effets de toutes ses activités, corrective
les progrès à réaliser et, d’autre part, d’évaluer les conséquences e
tinu
de ses décisions pour la pérennité de sa fonderie en matière de c on
ra t ion
gestion sur l’environnement. Il connaît ainsi exactement son ME élio
NOR d'am
niveau de conformité réglementaire et peut suivre pas à pas les DE L A
es s u s
évolutions qui s’appliquent à son entreprise. CES Proc
EN
EXIG
La certification ISO 14001 repose notamment sur :
– la définition d’une politique environnementale (déclaration Figure 1 – Roue de Deming
d’intention et engagement de la direction de la fonderie) ;
– la planification des impacts et risques environnementaux à ■Niveau 2
analyser ;
– l’identification et l’application de processus pour atteindre les Il s’agit ensuite d’établir un programme d’actions environne-
objectifs préalablement fixés en matière d’environnement ; mental avec :
– le contrôle des indicateurs de performance et la mise en œuvre – la mise en place d’actions efficaces ;
d’actions correctives ; – l’anticipation des situations d’urgence et la hiérarchisation des
– la surveillance par la direction de la stabilité et de l’efficacité risques ;
du SME ; – la rédaction des consignes opérationnelles et du programme
– le principe d’amélioration continue. environnemental.
La norme 14001 se décline en 4 temps forts (méthode PDCA : Plan À la fin de cette étape, la fonderie peut obtenir son certificat de
(Planifier), Do (Faire), Check (Vérifier), Act (Agir), selon un processus niveau 2.
d’amélioration continue illustré par la roue de Deming (figure 1).
■Niveau 3
La série de normes ISO 14000 reprend les normes relatives au
La dernière étape consiste à formaliser un système de manage-
contexte environnemental. La norme ISO 14001 a pour objectif
ment environnemental avec :
principal d’induire de façon active l’amélioration continue des per-
formances environnementales participant à la protection de l’envi- – la formalisation de la documentation, des enregistrements et
ronnement dans la fonderie. La première version de la norme, qui l’évaluation de la conformité aux exigences ;
date de 1996, proposait une trame qui impliquait la prise en – l’élaboration des processus opérationnels, des rôles et
compte de l’environnement au quotidien. La nouvelle version de la responsabilités ;
norme ISO 14001 (version 2004) a fait l’objet d’un toilettage, avec – la réalisation de l’audit interne et la revue de direction ;
pour objectifs : – la mise en œuvre des actions correctives et préventives ;
– la surveillance des performances environnementales.
– de faciliter sa lecture et son utilisation ;
– de démarrer le rapprochement avec la nouvelle norme ISO Après audit du système, la certification peut être délivrée par
9000 version 2000, au moins dans le vocabulaire. l’organisme qui réalise l’audit.
La norme ISO 14001 version 2004 a été publiée le 15 novembre 2004. Nota : pour plus d’informations sur le SME par étapes, le lecteur pourra se reporter au
dossier [G 4 600] des Techniques de l’Ingénieur.
SW
Q
SX
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kQRPP
UPMC Univ. Paris 06, Institut parisien de chimie moléculaire (UMR CNRS 7201)
SY
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kQRPP
Sur l’impact de la chimie en général et sur son évolution, le lecteur pourra consulter les
références [1] [2] [3] [4] [5] [6] ainsi que les sites internet :
http://www.industrie.gouv.fr/sessi/panorama/so_pano.htm et
http://www.sfc.fr/A%20Lattes.pdf.
TP
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jTYRP
L’écoconception : un outil
d’innovation pour une chimie durable
par Sylvain CAILLOL Q
Dr université de Bordeaux, ingénieur ENSCM
Chef de projets CNRS, délégué général Chaire ChemSuD
TQ
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jTYRP
– u n r y thme de consommation des ressources non renouvelables qui n’excède pas celui du
développement de ressources de substitution ;
– une production de quantité de déchets et de pollution qui n’excède pas celle que peut
absorber l’environnement.
Et ces notions de rythmes soutenables de consommation de ressources et de production de
déchets se retrouvent en réalité dans l’approche holistique de l’écoconception qui vise à la
réduction à la source des impacts environnementaux d’un produit ou d’un procédé.
Q
1. L’industrie chimique gaz à effet de serre (GES), responsables de l’élévation des températu-
res moyennes du globe.
mobilisée face à des Ces questions s’érigent comme autant de contraintes qui pèsent
sur l’industrie et en particulier sur l’industrie chimique – l’industrie
bouleversements des industries, dans la mesure où plus de deux tiers de ses produits
sont destinés à des industries aval [3]. Et à travers ces contraintes,
l’industrie chimique subit une révolution qui s’articule autour de :
1.1 Enjeux démographiques – l’anticipation de l’épuisement des matières premières issues
de ressources fossiles, accompagnée d’une forte volatilité des prix.
Le XXe siècle a été marqué par un accroissement extraordinaire Et la répartition inégale de ces ressources fossiles, en particulier
de la population mondiale, qui est passée de 1,6 milliards d’indivi- du pétrole, donne lieu à d’importantes spéculations qui compro-
dus à 6,1 milliards, augmentation qui s’est produite à raison de mettent un approvisionnement stable (figure 2). Cette contrainte
80 % depuis 1950. Et la population mondiale devrait continuer de pèse sur l’ensemble des ressources fossiles, même non carbonées
s’accroître. En se fondant sur la variante moyenne de fécondité, comme le lithium. En effet ce métal est non seulement faiblement
l’ONU prévoit que la population mondiale atteindra 9 milliards de présent sur Terre (autour de 12 Mt de lithium exploitables), mais
personnes en 2040 et 9,3 milliards en 2050. Cependant, des écarts
réduits mais soutenus des taux de fécondité peuvent influencer
l’effectif de la population à long terme. Ainsi, un scénario de fécon-
dité élevé dans lequel la fécondité est supérieure d’un demi-enfant 300
au scénario de fécondité moyenne donne un effectif de Gigabarils
10,9 milliards d’individus en 2050. 250
90
8 1
80
1.2 Nouvelles contraintes pesant 70
sur la chimie industrielle 60
50
Par ailleurs, notre société actuellement est fondée sur l’utilisation 41 41
quasi exclusive de ressources fossiles, en particulier pour son appro- 40
3 2
30 228
8
visionnement énergétique et de biens de consommation. La question
n’est pas de savoir s’il y aura un pic de production mais plutôt quand 20
1 2 1 4
il aura lieu. En effet, pratiquement tous les experts s’accordent sur la 9
10
quantité et la durée de nos réserves globales en pétrole, charbon, gaz, 0
combustible nucléaire… en fonction de notre vitesse de consomma-
Amérique
du Nord
Amérique
latine
Ex-Union
Soviétique
Europe
Moyen-Orient
Afrique
Asie-Océanie
Monde
TR
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jTYRP
3 Pétrole
exhaustive concernant l’environnement, une réponse écoconçue. Par
ailleurs, l’écoconception fait partie intégrante des recommandations
du grenelle de l’Environnement qui s’est tenu en 2007, à travers
Q
l’engagement n° 217 qui encourage les démarches d’analyse environ-
2 nementale des produits et l’écoconception [11]. Enfin, l’écoconception
Charbon relève désormais d’une obligation règlementaire avec la directive
cadre pour l’écoconception [12]. Cette directive a été renforcée par
1
une directive fixant des exigences d’écoconception pour les produits
Gaz
suivants [13] : chaudières à eau chaude alimentées en combustibles
0 liquides ou gazeux, réfrigérateurs, congélateurs et appareils combinés
1800 1850 1900 1950 2000
électriques à usage ménager et ballasts pour l’éclairage fluorescent.
L’écoconception commence dès lors à devenir une obligation. Elle est
Figure 3 – Émissions de carbone fossile depuis 1800 également une réponse aux attentes des consommateurs. En effet,
(Source : G Marland, TA Boden, and RJ Andres, 2003) les utilisateurs finaux sont désormais en attente de produits respec-
tueux de l’environnement. En effet, selon le baromètre IRSN, depuis
également très mal réparti (80 % des réserves de lithium mondia- 2006, la dégradation de l’environnement figure dans les trois principa-
les sont situées dans trois pays d’Amérique du Sud) [4] ; les préoccupations des Français [14].
– une obligation de réduction drastique des émissions polluan-
tes des procédés chimiques et en particulier de la libération des
gaz à effet de serre (CO2, NOx…). L’évolution et le niveau d’appro- L’écoconception est ainsi une démarche globale, centrée sur
visionnement de ressources fossiles ont accru considérablement le produit. Dans son principe, elle consiste à prendre en compte
les quantités de CO2 fossile émis chaque année dans l’atmosphère les critères environnementaux et humains dès la phase de
(figure 3). conception d’un produit. Ces critères concernent généralement
l’ensemble des phases suivies par un produit, la production, la
Le cycle du CO2, en équilibre à l’échelle planétaire, est remis en distribution, l’utilisation et la fin de vie, à savoir : le cycle de vie
cause par l’activité anthropique qui émet des quantités considéra- du produit (figure 4). Dans sa finalité, l’écoconception est un
bles de CO2 d’origine fossile. L’Agence internationale de l’énergie processus préventif multicritère qui cherche à identifier et à
prévoit une augmentation de 48 % des émissions de gaz à effet de réduire à la source tous les impacts sur l’environnement.
serre d’ici 2030 si aucune mesure de réduction n’est engagée [5] ;
– des pressions fortes émanant des sphères sociétale et règle-
mentaire. En effet les contraintes règlementaires concernant la Le concept d’écoconception s’appuie sur un outil puissant
toxicologie et l’écotoxicologie liées à l’utilisation des matières pre- d’identification des impacts environnementaux : l’analyse de cycle
mières, d’intermédiaires de synthèses et de produits de l’industrie de vie – ACV.
chimique se sont renforcées au cours du XXIe siècle, avec notam-
ment le règlement REACH [6], la directive cadre sur l’eau (DCE) [7],
mais également de nombreuses directives européennes concer- 2.2 Analyse de cycle de vie : historique
nant la fin de vie des matériaux (directives véhicule hors d’usage
(VHU) [8], déchets équipements électriques et électroniques (DEEE)
[9], directive sur les composés organiques volatils (COV) [10] émis L’analyse de cycle de vie telle qu’elle est pratiquée est en réalité
par les vernis, peintures et produits de retouche de véhicules, etc.). une analyse environnementale de cycle de vie dans la mesure où
les impacts évalués sont essentiellement des impacts environne-
Ainsi, couvrir les besoins de l’humanité (nourriture, énergie,
mentaux (figure 5).
soins…) en respectant notre environnement est le challenge qui nous
attend et que la chimie va devoir relever dans les années futures. La pensée « analyse de cycle de vie » est un courant de pensée
holistique qui vise la prise en compte de tous les impacts, environ-
nementaux, sociaux et économiques sur tout le cycle de vie du
produit ou du service. Cette façon de penser doit permettre d’évi-
2. Analyse du cycle de vie, ter que des améliorations locales ne résultent en un déplacement
des problèmes (pollutions, conditions sociales…).
outil de l’écoconception –
définitions et concepts
Utilisation Recyclage
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Cet article apporte au lecteur un éclairage sur les pratiques actuelles de l’éco-
conception dans le secteur industriel textile, au travers de quelques exemples
et initiatives, mais aussi grâce à un focus sur les différents axes à développer
pour écoconcevoir un produit textile. Cela étant mis en perspective avec les
limites et freins actuels, face aux enjeux de la filière textile.
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tisseurs, tricoteurs, converteurs, ennoblisseurs, confectionneurs, Les travaux menés par Les Filatures du Parc ont permis d’aboutir
marques et distributeurs) engagés pour un textile durable. Son en 2008 au dépôt d’un brevet permettant le filage 100 % de type
ambition est d’être le stimulateur et le fédérateur de cette filière. cardé de matière textile initialement tricotée subissant un prédé-
Ce réseau a été fondé en 2009 par un dirigeant d’entreprise qui maillage et un défibrage lors du recyclage (chutes de production ou
s’investit activement aux côtés d’autres entrepreneurs engagés produits postconsommation). La volonté du passionnant dirigeant de
pour mettre en place une démarche écoresponsable dans la pro- cette petite entreprise familiale d’une quarantaine de salariés située à
duction textile. Ce réseau permet de diffuser le plus largement Brassac (Tarn) était d’engager fortement son entreprise dans les prin-
possible le textile éthique, c’est-à-dire respectueux de l’homme et cipes de l’économie circulaire par la production de fils en 100 %
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de l’environnement, tout en étant conscient des règles du marché matières recyclées.
et de l’économie en termes de créativité et de prix. Le but est bien Pour cela, une technique spécifique a été mise au point [3]. Pour
de concevoir un modèle économique respectable, qui répond aux les articles en maille, elle consiste tout d’abord en un préclassement
attentes et aux contraintes du marché. manuel des articles à recycler afin d’obtenir un classage par matière
et par nuance de couleur. Ce travail de tri permet d’écarter les jauges
Ainsi, pour diminuer le poids environnemental du textile,
fines qui sont trop difficiles à démailler, tandis que le travail de nuan-
ALTER-TEX valorise une chaîne d’approvisionnement et de pro-
cier permet de ne pas avoir à teindre le fil. Les tricots subissent
duction propre, respectueuse des normes écologiques et
ensuite un prédémaillage, puis un défibrage permettant de conserver
employant des méthodes et des circuits moins impactants sur
près de 95 % de la longueur initiale de la fibre (soit entre 55 et
l’environnement.
65 mm). Cela permet ainsi de réaliser la filature du nouveau fil, puis
Cela repose sur un code de conduite général, conciliant perfor- son tricotage ou tissage.
mance économique, équité sociale et préservation de l’environne- Cette technique est actuellement au stade industriel pour la fabri-
ment qui se décline en différentes actions, initiatives et cation de fil 100 % recyclé à partir de maille (essentiellement les
engagements à respecter par les signataires. textiles lainiers en grosses mailles : laine pure et mélange acrylique,
La charte d’ALTER-TEX [2] vise à faire évoluer la démarche des polyamide ou polyester) et de chaîne et trame (tissus de type drape-
entreprises sur les sept axes directeurs suivants : rie). Les tests métrologiques sont probants, notamment la résistance
1 – garantir la qualité, l’innocuité et la traçabilité des articles et mécanique du fil et sa résistance au boulochage. Grâce au procédé
de leurs composants ; mis en place par cet industriel, la qualité des fils recyclés est donc
équivalente aux fils vierges.
2 – assurer la santé et la sécurité des collaborateurs ;
3 – mesurer et réduire l’empreinte environnementale ;
4 – préserver les ressources naturelles ; Économiquement, le prix de vente de ce fil 100 % recyclé est aligné
5 – maintenir l’emploi et l’expertise locale ; au prix du fil vierge. Socialement, cette activité permet de maintenir
6 – être un acteur responsable et solidaire ; l’emploi de l’entreprise tandis que, sur le plan environnemental, le fil
7 – innover sur le plan environnemental et de la protection du recyclé est globalement 98 % moins impactant par rapport au fil en
consommateur. matières vierges (d’après les résultats d’une étude ACV [4]). Pour
l’entreprise, ces développements ont permis de proposer de nou-
Cela se concrétise par l’application de ces principes dans l’orga- veaux services aux industriels et aux marques textiles, et d’obtenir
nisation et le fonctionnement des membres du réseau ALTER-TEX. de nouveaux marchés tout en pérennisant leur activité. Ces fils
Cette chaîne d’entreprises locales fabrique des tissus constitués 100 % recyclés sont en outre un apport intéressant à tout industriel
d’au moins 80 % de fils durables (biologiques, équitables et/ou souhaitant s’engager dans une démarche d’écoconception en dispo-
recyclés) et teints dans le respect des exigences des standards sant d’une alternative intéressante aux fils vierges.
européens (OEKO-TEX® Standard 100 au minimum, voir
tableau 1).
D’un point de vue environnemental, le code de conduite incite 1.2 Points clés d’une démarche
ces membres à mettre en place différentes actions telles que l’affi- d’écoconception réussie
chage environnemental, la réduction et le recyclage des déchets,
l’optimisation des consommations en eau et le traitement des La mise en place d’une démarche d’écoconception s’effectue
effluents liquides, l’amélioration de l’efficacité énergétique des généralement en deux étapes :
processus, ou encore la mise en place de captage et de traitement
des émissions gazeuses. – la première étape est l’évaluation environnementale, elle
consiste à évaluer les impacts environnementaux du produit sur
Conscient que le consommateur n’est pas toujours prêt à payer l’ensemble de son cycle de vie à l’aide d’outils d’analyse du cycle
plus cher un produit écoconçu et afin de les rendre accessibles au de vie. Grâce aux résultats de l’évaluation environnementale,
plus grand nombre, l’innovation du label réside dans l’exigence l’entreprise détermine des axes d’amélioration ;
que chaque entreprise ne prenne pas de marge sur le « surcoût
– la deuxième étape est la recherche et la mise en œuvre de
durable ». Cette notion est expliquée plus en détail dans le
solutions pour améliorer le produit. C’est durant cette étape que
paragraphe 3.3.2 de cet article.
l’écoconception se révèle être un facteur d’innovation pour
l’entreprise.
1.1.3 Production de fils recyclés La stimulation de l’innovation permet d’apporter des réponses à
à partir d’anciens produits textiles la recherche de solutions et d’alternatives de conception par rap-
port à l’existant. La démarche transversale de l’écoconception (rai-
Il est possible depuis très longtemps de refaire du fil à partir de sonnement sur l’ensemble du cycle de vie) implique différentes
fibres textiles recyclées. À cause des procédés traditionnels mis en compétences dans l’entreprise. Une grande partie des solutions
œuvre (effilochage), on assiste à un raccourcissement de la lon- dépasse même le cadre de l’entreprise, nécessitant ainsi des
gueur des fibres, ce qui rend difficile leur travail en filature (faible compétences externes.
résistance du fil). Pour remédier à cela, les filateurs préparent un
mélange entre des fibres vierges et des fibres recyclées, le taux de Une démarche d’écoconception réussie repose sur plusieurs
fibres recyclées se situant autour de 10 à 15 % et ne dépassant facteurs clés :
rarement 50 %. Les fibres issues de l’effilochage ne permettaient – l’appropriation de la démarche par la direction est nécessaire
donc pas de fabriquer des produits 100 % recyclés à partir d’une et primordiale : il n’y a pas de démarche d’écoconception réussie
même matière. si la direction de l’entreprise n’est pas pleinement volontaire et
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INNOVATION
Écoconception de composés
azotés hétérocycliques pour Q
l’industrie chimique et la santé
par Jacques ANDRIEU
Maitre de conférences
Institut de Chimie Moléculaire de l’université de Bourgogne (ICMUB) CNRS 6302, Faculté
des Sciences Mirande, Dijon, France
Points clés
Domaines : Écoconception, chimie durable, recherche, innovation
Degré de diffusion de la technologie : Émergence Croissance Maturité
Technologie impliquée : Électrosynthèse
Domaines d’application : Industrie chimique, liquides ioniques, médicaments,
chimie fine, matériaux, traitement effluents gazeux carbonés et eaux usées
Principal acteur français :
Centre de recherche : ICMuB – Université de Bourgogne
Contact : Jacques.Andrieu@u-bourgogne.fr.
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INNOVATION
INNOVATION
Q
1.1 Description de la problématique/origine miser le risque chimique pour l’homme, etc.
du travail Face à un tel défi, des écotechnologies innovantes doivent
La production de composés chimiques hétérocycliques azo- donc être élaborées en particulier pour des produits chimiques
tés est toujours d’actualité en raison de leurs apports essen- présentant un fort potentiel commercial dans de nombreux
tiels dans l’industrie pharmaceutique (médicaments) et secteurs industriels en prenant en compte les impacts envi-
agrochimique (produits phytosanitaires, engrais). Cependant, ronnementaux dès leur conception.
les recherches en chimie moléculaire qui visent des applica-
tions industrielles ne peuvent plus se limiter aujourd’hui à la 1.2 La démarche de l’écoconception intégrée
synthèse d’une molécule à forte valeur ajoutée ou à un pro- à un procédé chimique
cédé de transformation chimique sans tenir compte de
l’impact de sa production sur l’environnement. 1.2.1 L’écoconception : une rencontre entre chimie,
En effet, la production industrielle de produits chimiques environnement et économie
s’accompagne : Avant d’aborder l’écoconception, rappelons la définition de
• d’un coût énergétique important pour maintenir la réac- la chimie verte avec ses douze principes introduits par Anastas
tion de transformation à une température élevée et Warner en 1998 [1].
(> 130 °C) pendant de nombreuses heures et pour récu-
pérer les solvants par distillation à la fin de la réaction La chimie verte a pour but de concevoir des produits et
ou encore lors les étapes de purification ; des procédés chimiques permettant de réduire ou d’élimi-
• d’un impact potentiellement néfaste sur l’environnement ner l’utilisation et la synthèse de substances dangereuses.
par :
– l’utilisation de solvants organiques non recyclables, dont la Les douze principes de la chimie verte :
destruction conduit à de plus fortes émissions de CO2 (GES
1/ La prévention de la pollution à la source en évitant la
pour gaz à effet de serre) qu’il faudra ensuite gérer,
production de résidus ;
– l’utilisation et l’élimination de réactifs dangereux comme
des hydrures métalliques ou des catalyseurs organométal- 2/ L’économie d'atomes et d’étapes en limitant les pro-
liques (indispensables à la réaction mais classés CMR pour blèmes de séparation et de purification ;
cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques), ou les solvants 3/ La conception de synthèses moins dangereuses en
inflammables et toxiques par inhalation. utilisant des produits non toxiques pour l’homme et l'environ-
Ainsi, un enjeu des recherches en chimie moléculaire pour nement dans des conditions douces ;
un développement durable est de réduire au maximum ses
4/ La conception de produits chimiques moins
effets sur l’environnement. Cette problématique s’inscrit pour
toxiques avec la mise au point de molécules plus sélectives
l’industrie dans une démarche responsable décrit dans le
et non toxiques ;
cadre des normes environnementales ISO 14001, 14040 et
14044, pour le site de production, et du management environ- 5/ La recherche d’alternatives aux solvants polluants ;
nemental, avec son analyse de cycle de vie. Concrètement
6/ La limitation des consommations énergétiques avec
comme illustré ci-après (figure 1), il faut limiter les quantités
de nouveaux matériaux pour le stockage de l’énergie et de
de matières premières nécessaires à la production, veiller à ne
nouvelles sources d’énergie à faible teneur en carbone ;
pas utiliser des matériaux rares et polluants, recycler le milieu
dans lequel s’effectue la transformation chimique afin de le 7/ L'utilisation de ressources renouvelables à la place
réutiliser pour de nouvelles transformations, accroître la sélec- des produits fossiles ;
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INNOVATION
8/ La réduction du nombre de dérivés en minimisant En effet, cette définition est à l’origine d’une réflexion dans
l'utilisation de groupes protecteurs ou auxiliaires ; laquelle l’économie, l’écologie, les flux de matières et les
enjeux sociaux sont indissociables pour être efficaces et
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9/ L’utilisation des procédés catalytiques de préfé- doivent s’analyser comme un processus global avec une utili-
rence aux procédés stœchiométriques avec la recherche sation optimale des ressources. Cette réflexion a conduit à la
de nouveaux réactifs plus efficaces (incluant de nouveaux naissance de trois modèles économiques connus aujourd’hui
catalyseurs chimiques, enzymatiques ou microbiologiques) et par l’écologie industrielle (qui se concentre sur une utilisation
en minimisant les risques de manipulation et de toxicité ; optimale des ressources), l’économie circulaire (qui se focalise
10/ La conception des produits en vue de leur dégra- sur la valorisation des produits et des déchets) et l’écoconcep-
dation finale dans des conditions naturelles afin de mini- tion (avec l’intégration des impacts environnementaux de la
miser l’incidence sur l’environnement ; conception à la fin de vie d’un produit ou d’un procédé).
11/ La mise au point des méthodologies d'analyses en L’écoconception intégre bien l’aspect économique par sa
temps réel pour prévenir la pollution, en contrôlant le suivi notion de service ou de fonction des produis avec une vision
des réactions chimiques ; globale pour du long terme. Plus précisement, son approche
globale de cycle de vie, qui lui est propre, se décrit par cinq
12/ Le développement d’une chimie fondamentale- étapes qui sont l’extraction de matières, la fabrication, le trans-
ment plus sûre pour prévenir les accidents, explosions, port, la fin de vie qui influe sur l’environnement par la consom-
incendies et émissions de composés dangereux. mation d’énergie et d’eau, le flux de matières indésirables, etc.
De nombreuses recherches sont faites depuis 1998 dans le Cette définition va donc bien plus loin que de concevoir un pro-
développement de procédés chimiques dont la plupart intègrent duit biodégradable comme précisé dans les douze principes.
ces principes mais qui délaissent le dixième ainsi que le devenir Dans l’écoconception, les impacts environnementaux sont des
des produits en fin de vie. Ainsi, l’AFNOR en 2004 a introduit contraintes qui sont prises en compte dès l’élaboration d’un
l’écoconception, qui rajoute à ces fondamentaux d’une chimie produit ainsi que leur devenir en fin de vie. Ceci a pour consé-
éco-responsable, une démarche d’analyse globale du cycle de quence directe de remplacer des optimisations dans chacune de
vie des produits, ce qui conduit à augmenter la dimension uni- ces étapes par des changements radicaux, ou des technologies
verselle et économique de la chimie verte (voir la définition, la de rupture, qui sont alors sources d’innovations. En outre, pour
figure 2 et les développements ci-dessous). réduire ces effets environnementaux au maximum, et contrai-
rement à la chimie verte, l’écoconception peut reprendre des
principes de l’économie circulaire à savoir que la structure de
L’écoconception permet de réduire les impacts négatifs ces produits peut être profondément modifiée afin de leur trou-
sur environnement tout au long du cycle de vie du produit. ver une application comme matière source pour un autre pro-
(AFNOR 2004) cédé plutôt que de les détruire [2]. Ceci met clairement en
évidence des interconnexions entre ces trois volets de l’écono-
Mais l’écoconception va bien au-delà d’un simple mariage mie de fonctionnalité.
entre la chimie et l’environnement car elle intégre un aspect L’analyse du cycle de vie du produit ou du procédé donne
économique et s’applique aussi bien pour les produits que donc une grande visibilité de l’impact environnemental, sur
pour les services. Elle représente une des trois applications de toutes les étapes du processus, ce qui permet de reconsidérer
l’économie de fonctionnalité définit lors de la conférence de certaines étapes élémentaires, de mieux cibler les probléma-
Rio en 1992. tiques environnementales liés aux produits, d’accroître l’effica-
cité globale sur l’ensemble du cycle de vie, afin de diminuer
L’économie de fonctionnalité consiste à substituer une l’impact environnemental du produit sur toutes les étapes
matière ou un bien, par un autre service, un service asso- (décrit cf. § 3). Enfin, il est intéressant de souligner que cette
cié ou l’usage de celui-ci, tout en consommant moins de approche analytique du cycle de vie du produit ou d’un pro-
ressources, de matières de d’énergie au total, et en créant cédé vient parfaitement compléter une approche multi-étapes
des externalités environnementales et sociales positives. de la chimie verte. En effet, l’évaluation des impacts environ-
(Conférence de Rio, 1992) nementaux liés aux flux de matières et d’énergies limitées au
procédé de fabrication dans le cas de la chimie verte s’étend à
quatre nouveaux processus élémentaires du cycle de vie
(l’extraction, le transport, l’utilisation et la fin de vie).
Utilisations Afin de mieux comprendre les enjeux environnementaux
actuels, nous rappelons que fin 2006, la législation européenne
se modernise en matière de substances chimiques par la mise en
place d’un système intégré unique d'enregistrement, d'évaluation
et d'autorisation des substances chimiques – règlement REACH
Transport Fin de vie (Registration, Evaluation, Authorization of CHemicals) dans
l’Union européenne [3]. Son objectif est d’améliorer la protection
Cycle de vie de la santé humaine et de l’environnement en maintenant la
d’un produit compétitivité et en renforçant l’esprit d’innovation de l’industrie
chimique européenne. La même année, l’AFNOR publie les nou-
velles normes ISO 14040 et 14044 qui viennent réglementer
l’écoconception en précisant les principes et les exigences de
Extraction des
l’analyse du cycle de vie. Il est aussi intéressant de souligner la
matières premières brutale montée en puissance de l’écoconception dans les forma-
Fabrication
et énergie tions universitaires. En effet, ce module est présent dans les
licences professionnelles (une dizaine d’heures) dans les masters
Figure 2 – Les cinq processus élémentaires du cycle de vie d’un professionnels (jusqu’à une centaine d’heures) et chaque région
produit possède un master dédié à l’écoconception plus une licence pro-
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Architecture
Produits de
3,0 % Autres
grande consommation/ 5,3 %
électronique Secteur public / Défense
20,3 % 6,0 %
Éducation
8,0 %
Secteur
automobile
Autres
industries
Q
19,5 % 10,8 %
Aérospatiale
12,0 %
Secteur médical
15,1 %
Composants
2.2 Enjeux économiques et domaines Moules pour d’outillage
fonte de métaux
impactés 8,9 %
2,7 %
Production
Moules pour
directe
outillage
Le cabinet d’analyse Wohlers Associates publie chaque année 19,2 %
de prototype
un rapport sur l’état du marché du domaine de la fabrication addi- 12,2 % Recherche/
tive et de l’impression 3D. L’étude donne quelques chiffres très
Éducation
intéressants pour comprendre l’ampleur du phénomène. 7,0 %
La croissance du marché des produits (machines, logiciels et Composants Autres
d’assemblage
matériaux associés à la fabrication 3D) et des services (prestations 1,8 %
12,1 %
d’impression, de conseil et de diffusion de modèles) a suivi une
croissance moyenne de 27 % sur la période 2010-2012 pour attein- Supports visuels
10,1 %
dre 2,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires.
Modèles/
Les domaines d’activités impactés aujourd’hui par l’impression Modèles présentations
3D sont divers, comme le montre les travaux du cabinet Wohlers fonctionnels
7,8 %
sur l’étude des activités de 27 fournisseurs d’équipements et 18,4 %
71 prestataires de services. Ces travaux ont été repris dans une
étude sur l’impression 3D du Sierra College Center for Applied Figure 4 – Utilisation de la technologie 3D Printing dans le cycle
Competitive Technologies qui présente en pages 7 et 8 les utilisa- de production (Sierra College Center for Applied Competitive Technologies
tions de l’impression 3D. La figure 3 présente notamment en pro- – p. 8)
portion du chiffre d’affaires (CA) les secteurs d’activités concernés
par l’impression 3D.
§ Le prototypage rapide : les techniques d’impression 3D
Les principaux secteurs d’activités de destination de l’impres- permettent de passer très rapidement de la phase de conception à
sion 3D sont les produits de grande consommation et électro- la réalisation de prototype ; d’une part, les opérations de
nique, l’équipement et le design automobile et le secteur médical conception et de réalisation peuvent être centralisées au sein
et dentaire. d’une même équipe et, d’autre part, l’absence d’opérations inter-
En regard de cette diffusion dans le monde industriel, il convient médiaires pour la réalisation du prototype (absence de réalisation
cependant de prendre un peu de recul dans le déploiement actuel de moules) permet de gagner un temps considérable sur le temps
de la technologie : le déploiement généralisé de « biens » produits total de cette phase. Il est ainsi possible de mettre en place un
directement à partir d’impression 3D ne constitue pas encore une cycle de conception de type itératif, basé sur des cycles très courts,
réalité mais bien une perspective. tel que l’on peut le connaître dans le développement informatique.
Ainsi et toujours dans la même étude de Wohler, les types d’uti- § La production de petites séries : l’impression 3D permet d’envi-
lisation de la technologie dans les différents secteurs montrent que sager la production de petites séries qui sont aujourd’hui économi-
celle-ci n’est utilisée actuellement qu’à hauteur de 20 % pour pro- quement difficiles à envisager sur des chaînes de production
duire des biens directement intégrés dans la production donc sus- classique : là-encore la relation directe entre la phase de concep-
ceptibles d’être vendus ou intégrés en tant que composant d’un tion et la réalisation est un élément qui rend économiquement via-
produit fini. Cette part n’est donc pas négligeable à l’heure actuelle ble la production de produits en quantité limitée.
et va tendre à s’accroître dans les prochaines années... La figure 4,
graphique issu de l’étude du Sierra College, présente l’utilisation
de la technologie 3D Printing dans le cycle de production. § La recherche de nouvelles formes et l’écoconception : comme
nous le montrerons plus loin dans cet article, certains secteurs
Schématiquement les quatre grands axes d’utilisation de comme l’aéronautique utilisent l’impression 3D pour optimiser le
l’impression 3D sont les suivants. poids de leurs composants et rechercher de nouvelles formes.
UU
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UV
Éco-conception : mise en œuvre et applications
(Réf. Internet 42650)
Sur www.techniques-ingenieur.fr
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Biosolvants
Conception, propriétés et aspects
environnementaux
Pascale DE CARO
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par
Maître de conférences
Laboratoire de Chimie Agro-industrielle (LCA), INRA, UMR 1010 CAI,
Université de Toulouse, INPT-ENSACIET, Toulouse, France
et Sophie THIEBAUD ROUX
Professeur
Laboratoire de Chimie Agro-industrielle (LCA), INRA, UMR 1010 CAI,
Université de Toulouse, INPT-ENSACIET, Toulouse, France
priétés fonctionnelles.
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BIOSOLVANTS _____________________________________________________________________________________________________________________
Selon la matière première végétale dont ils sont issus, on trouve différentes
familles de biosolvants capables de répondre à de nombreuses applications.
L’évaluation de leurs performances est basée sur des critères techniques,
environnementaux et sanitaires, concernant leur production et leur utilisation
conformément à une démarche d’écoconception.
Pour identifier un biosolvant performant pour une application ciblée, de nou-
velles méthodologies de substitution faisant appel à des modèles de prédiction
de propriétés ont été développées pour faire face à la complexité de cette
tâche.
Cet article fait l’état des lieux du panomara actuel des biosolvants dispo-
R
nibles et propose des stratégies et des outils pour la conception et la sélection
de solvants biosourcés adaptés aux contraintes techniques, économiques,
sociétales et environnementales.
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______________________________________________________________________________________________________________________ BIOSOLVANTS
Nettoyage Autres : 8 %
à sec : 1 %
Produits
phytosanitaires : 2 %
Extraction
d’huiles : 2 %
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Industrie
des polymères
et caoutchouc : 4 %
Nettoyage
Peintures/
industriel : 4 %
Revêtements : 46 %
Produits
ménagers : 6 %
Industrie
cosmétique : 6 %
Adhésifs : 6 %
Industrie pharmaceutique : 9 %
Encres d’imprimerie : 6 %
commercialisés » EINECS (European INventory of Existing Com- préoccupants devront être remplacés rapidement et, si cela
mercial Substance). Il répertorie toutes les substances existantes s’avère impossible, seront soumis à une autorisation limitée dans
avant le 18 septembre 1981 au sein de l’Union européenne. Les le temps.
substances nouvelles, enregistrées au-delà de cette date et res-
En plus de REACH, les solvants sont la cible de quatre autres
pectueuses de contraintes toxicologiques et écotoxicologiques,
directives européennes (1999/13/CE, 2001/81/CE, 2004/42/CE, 2004/
ont été classées dans une liste appelée ELINCS (European List of
73/CE) car ils peuvent être classés comme substances dange-
Notified Chemicals Substances). Aujourd’hui, ces substances sont
considérées comme étant enregistrées au titre de REACH (Regis- reuses et/ou responsables d’émissions de COV (Composés Orga-
tration, Evaluation and Authorisation of CHemicals), substances niques Volatils). Il est important de souligner, à ce niveau, que la
pour lesquelles des informations complémentaires devront être définition européenne d’un COV est différente de la définition
fournies en fonction des quantités produites ou utilisées. Selon américaine. En Europe, un COV est défini comme un composé
REACH, ce nouveau règlement entré en vigueur depuis le 1er juin organique dont la pression de vapeur saturante à 20 °C est supé-
2007, il n’incombe plus aux pouvoirs publics mais désormais aux rieure à 10 Pa alors qu’aux États-Unis il est défini comme un com-
fabricants, aux importateurs et aux utilisateurs en aval, de prou- posé organique participant à des réactions photochimiques dans
ver l’absence d’effets nocifs pour la santé humaine et l’environ- l’atmosphère (à l’exception de certains composés présents sur
nement, des substances fabriquées, mises sur le marché ou une liste positive intitulée « Exempted VOC »). Si la définition
utilisées. De plus, les données de toxicité et d’écotoxicité [6] européenne est précise et ne soulève aucune ambiguïté, la défini-
devront également être exploitées pour évaluer les risques liés à tion américaine est beaucoup plus équivoque car elle ne fait pas
leur utilisation puis définir et recommander des mesures appro- intervenir de paramètre physico-chimique quantifiable. En effet,
priées de gestion des risques. Concrètement, REACH prévoit l’activité photochimique de chaque composé n’est pas nécessaire-
l’analyse et l’enregistrement, sur une période de onze ans, de ment connue et requiert des analyses poussées ou des simula-
30 000 substances produites ou importées dans l’Union et diffu- tions moléculaires avant de pouvoir déterminer s’il s’agit d’un
sées à plus d’une tonne par an. Les produits jugés extrêmement COV.
VQ
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chvTPRP
BIOSOLVANTS _____________________________________________________________________________________________________________________
■ Directive 1999/13/CE
La directive COV de mars 1999 (1999/13/CE) fixe, d’une part, des
2. Positionnement
valeurs limites spécifiques à chaque composé présentant des des biosolvants
phases de risque, et d’autre part, des valeurs limites d’émission
(VLE) pour les émissions canalisées (rejetées dans l’atmosphère par
toute canalisation ou conduite, dans laquelle l’air contenant les
vapeurs est capté puis envoyé vers l’extérieur) et les émissions dif-
2.1 Définition d’un biosolvant
fuses (émissions fugitives dues aux fuites sur des équipements fixes
Depuis les années 1990, les préoccupations en matière de santé,
ou émissions durant certaines phases du procédé de fabrication).
de sécurité au travail et d’environnement ont conduit au dévelop-
Les entreprises qui consomment plus d’une tonne de solvant pement de biosolvants, définis d’abord comme solvants d’origine
par an doivent mettre en place un « plan de gestion des naturelle dérivés de la biomasse. Ils sont également respectueux
solvants », démontrant la conformité de leur installation indus- des critères sanitaires et environnementaux, car leur conception
R
trielle aux objectifs de rejets de COV visés. Pour être exemptée du s’inscrit dans une démarche de développement durable. La défini-
respect des valeurs limites d’émissions canalisées et diffuses (à tion de biosolvant répond à celle plus générale des
l’exception des solvants identifiés à phrase de risque R45, R46, « bioproduits » donnée par la Commission européenne et reprise
R49, R60, R61 et halogénés R40 ou listés en annexe III de l’arrêté par l’ADEME [8].
du 02/02/1998 modifié), l’entreprise doit concevoir, outre un « plan
L’appellation « agrosolvant » utilisée par l’ADEME vise à insister
de gestion des solvants » simplifié (consistant à réaliser un bilan
sur l’origine agricole de la matière première. Les agrosolvants
matière entrée/sortie des solvants de l’installation sans mesurer
sont donc inclus dans les biosolvants.
les rejets gazeux à l’atmosphère), un « schéma de maîtrise des
émissions » (SME). Ce document a pour objectif de démontrer Un biosolvant sera considéré comme d’origine naturelle dans la
que l’industriel s’efforce de réduire les émissions de COV, tout en mesure où la part du synthon naturel dans le produit fini est majori-
garantissant que le flux total annuel des émissions de COV ne taire (selon le référentiel Ecocert SAS). Ce synthon naturel peut être
dépasse pas celui qui serait atteint si les valeurs limites d’émis- issu de matières premières végétales, animales ou minérales, trans-
sions canalisées et diffuses étaient appliquées. formées ou non par des procédés chimiques et physiques autorisés
(en fonction de leur impact sur l’environnement et la santé). Les pro-
Pour aider les industriels, des guides d’estimation des émis-
cédés autorisés sont définis dans le référentiel d’Ecocert SAS [9],
sions de COV et de rédaction de SME ont été rédigés par les fédé-
référentiel validé par la DGCCRF (Direction générale de la concur-
rations et les centres techniques avec l’appui de l’ADEME (Agence
rence, de la consommation et de la répression des fraudes) et paru
de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Ils sont télé-
au Journal officiel d’avril 2003. Des exemples de réactions interdites
chargeables gratuitement sur le site de l’ADEME.
à ce jour sont l’éthoxylation, la sulfonation et les procédés utilisant
■ Directive 2001/81/CE le mercure ou l’oxyde d’éthylène ou l’irradiation. De nombreuses
transformations chimiques étant autorisées, le potentiel de création
La directive 2001/81/CE vise à limiter les émissions des pol- et d’innovation demeure suffisamment large.
luants acidifiants, eutrophisants et précurseurs de l’ozone tropos-
phérique. Elle fixe des plafonds nationaux d’émissions pour Par ailleurs, une commission de normalisation (AFNOR X85), pré-
quatre types de polluants atmosphériques : NOx, SO2, NH3 et sidée par l’Association chimie du végétal (ACDV), élabore plusieurs
COV. Les États membres doivent respecter ces plafonds dès 2010 normes AFNOR (parues ou à paraître) sur les produits biosourcés,
(1 050 kilotonnes pour les émissions de COV). en concertation avec le Comité européen de normalisation (CEN,
comité technique « biobased products »). Ces normes couvrent dif-
■ Directive 2004/42/CE férents aspects dont la détermination du contenu biosourcé et les
La directive 2004/42/CE est complémentaire de la directive 1999/ critères de durabilité. Une de ces normes concerne plus particulière-
13/CE car elle a comme objectif la réduction des émissions de ment les biosolvants [10].
COV pour des applications qui ne sont pas réalisées sur sites
industriels, comme la mise en peinture de bâtiments et la
retouche automobile. 2.2 Les principales familles
■ Directive 2004/73/CE
de biosolvants
Enfin, la directive 2004/73/CE fixe la liste des substances dange- Actuellement, les biosolvants sont utilisés essentiellement en
reuses et donne leur classification. Elle concerne donc également formulation et dans une moindre mesure comme solvant d’extrac-
les solvants. tion ou en synthèse organique (inerte chimiquement). En effet,
Par ailleurs, l’exposition des salariés aux solvants dans le cadre aujourd’hui les principaux critères de la chimie verte conduisent
de leur activité professionnelle peut provoquer des maladies les chimistes organiciens à mettre en œuvre des réactions de pré-
reconnues et indemnisées par l’assurance maladie (tableau n° 84 férence sans l’ajout d’un tiers solvant (un des réactifs jouant le
des maladies professionnelles du régime général) [7]. rôle de solvant) ou en utilisant un solvant vert [11].
Ce contexte réglementaire et sanitaire montre une réelle prise Décrivons maintenant les principaux biosolvants entrant en jeu
de conscience des risques liés à l’utilisation des solvants, entraî- dans des formulations de nettoyage, de produits phytosanitaires,
nant des efforts de recherche accrus depuis une dizaine d’années d’encres d’imprimerie, de peintures, de vernis ou de liants bitumi-
dans le monde (augmentation significative des publications dans neux.
ce domaine). Des alternatives à l’utilisation de solvants conven- Les biosolvants peuvent être classés selon les ressources
tionnels se sont en particulier développées pour obtenir des sol- renouvelables desquelles ils sont issus :
vants moins nocifs, dits solvants verts. Parmi ces nouveaux
• les dérivés des lipides ;
solvants, on peut citer le CO2 et l’eau supercritique, les « deep
eutectic solvents », les liquides ioniques, le dimethylcarbonate… • les dérivés des acides fermentaires ;
et les biosolvants, De nombreuses entreprises se sont d’ailleurs • les dérivés des polysaccharides (sucres, amidon) ;
déjà engagées dans le développement de molécules de substitu-
tion pour répondre à une demande croissante pour des produits • les dérivés de la biomasse lignocellulosique.
plus sûrs. La Commission européenne soutient notamment le Les solvants cités ci-dessous ont dans tous les cas fait l’objet
développement du marché des biosolvants par le biais du Lead d’un transfert à l’échelle industrielle. Seuls certains dérivés de la
Market Initiative (LMI). lignocellulose ne sont pas encore disponibles commercialement.
VR
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amSUXP
1.
1.1
Différentes familles de biopolymères et leurs propriétés ......
Polysaccharides ..................................................................................
1.1.1 Amidon.....................................................................................
AM 3580 – 2
—
—
2
3
R
1.1.2 Cellulose................................................................................... — 4
1.1.3 Chitine et chitosan ................................................................... — 5
1.2 Protéines ............................................................................................. — 5
1.2.1 Caséine ..................................................................................... — 6
1.2.2 Gluten de blé ........................................................................... — 6
1.2.3 Protéine de soja ....................................................................... — 6
1.2.4 Kératine .................................................................................... — 6
1.2.5 Collagène ................................................................................. — 6
1.3 Polynucléotides .................................................................................. — 7
1.4 Polyesters de bactéries ...................................................................... — 8
1.5 Biopolymères synthétisés à partir de monomères issus
de ressources renouvelables ............................................................. — 9
1.5.1 Polyesters synthétisés à partir d’huiles naturelles ................. — 9
1.5.2 Polymères microbiens ............................................................. — 10
1.5.3 Polymères obtenus par voie transgénique ............................. — 12
2. Principales applications de ces biopolymères .......................... — 12
2.1 Applications médicales ...................................................................... — 13
2.1.1 Sutures chirurgicales ............................................................... — 14
2.1.2 Atèles ....................................................................................... — 14
2.1.3 Greffage vasculaire .................................................................. — 14
2.1.4 Prévention d’adhésion ............................................................. — 14
2.1.5 Peau artificielle......................................................................... — 14
2.1.6 Système de libération contrôlée de médicaments ................. — 14
2.2 Applications agricoles ........................................................................ — 15
2.2.1 Films de paillage agricoles...................................................... — 15
2.2.2 Libération contrôlée de produits chimiques
pour l’agriculture ..................................................................... — 15
2.2.3 Godets pour plants .................................................................. — 15
2.3 Emballage ........................................................................................... — 15
2.3.1 Emballage alimentaire ............................................................. — 15
2.3.2 Emballages industriels ............................................................ — 16
3. Conclusion........................................................................................ — 16
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. AM 3 580
VS
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Biomonomères
Ressources renouvelables
VT
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amSUXP
R
glucosyles sont liés en a (1-4) et en a (1-6) comme présenté figure 4. qui sont utilisées pour la fabrication de films.
H OH H OH
H H
O O
Amidon Chitine
* *
HO H HO O
H H n
OH NH
H O H O C H
n CH3
H OH H OH
H H
O O
Cellulose Chitosan
* *
HO O HO O
H n H n
OH NH2
H H H H
H OH H OH H OH
CH2OH CH2OH
O O
H H H H
4
H 1 4
H 1
α OH H α OH H α
O O O
H OH H OH
6 CH2
CH2OH CH2OH CH2OH
O O O O
H H H H H H H H
4
H 1 4
H 1 4
H 1 4
H 1
α OH H α OH H α OH H α OH H
O O O O O
H OH H OH H OH H OH
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Cellobiose
OH OH OH
O 6 OH
O 4
5 O
HO HO O HO O
HO O HO
2 OH
O HO
O 3 1 O O
OH O OH
OH OH n
Planche
Structure
anatomique
Cellule
Paroi
cellulaire
L
S3
Microfibrilles S2
S1
P
LM
Molécule
L : lumen
S1+S2+S3 : paroi secondaire
P : paroi primaire
LM : lamelle mitoyenne
VV
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inUT
INNOVATION
Incorporation de granulats
en caoutchouc dans le béton
R
par Anaclet TURATSINZE
constituent les matériaux de construction de réfé- industriel : de telles études n’ont pas connu des len-
rence. Ils restent pourtant perfectibles : leur capacité demains à la hauteur des ambitions initialement affi-
de déformation très limitée ainsi que leur faible chées, et ce pour deux raisons majeures.
VW
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inUT
INNOVATION
— La première est inhérente à la fiabilité de la Le renforcement par des fibres étant une solution
filière granulats issus du broyage de pneus usagés traditionnellement mise en œuvre pour limiter les
qui offrait peu de certitude sur la régularité d’appro- effets de la fissuration, nous l’avons aussi testé et
visionnement et des garanties insuffisantes sur la avons comparé son efficacité avec celui de l’incorpo-
qualité du produit. Toutefois, ces freins se sont effa- ration de granulats en caoutchouc.
cés avec l’évolution des mentalités et de la techni-
que, avec les exigences en terme de protection de
l’environnement de plus en plus contraignantes ainsi 2. Matériaux étudiés
R
que la révision des repères économiques inspirés du
développement durable. Les résultats présentés permettent de comparer
— La deuxième raison, et elle est de loin prépon- les propriétés mécaniques d’un mortier de référence
dérante, est inhérente à la baisse de la résistance à celle d’un mortier incorporant 30 % de granulats en
en compression, la caractéristique par excellence caoutchouc. Les effets d’un renfort par des fibres
de dimensionnement des structures. L’amplitude du métalliques (40 kg/m3) associé ou non à l’incorpo-
phénomène est telle que, à une époque où l’amélio- ration de granulats en caoutchouc ont aussi été
ration de la résistance en compression constituait un évalués.
objectif consensuel dans les laboratoires, entretenir
un quelconque espoir quant à l’intérêt du composite
incorporant les granulats en caoutchouc devait a Pour faciliter la lecture du document, nous
priori relever d’un anachronisme difficilement soute- avons adopté la nomenclature suivante : le nom-
nable. Toutefois, même si on s’entête à caractériser bre précédent la lettre « C » représente la frac-
le matériau par sa résistance en compression, dans tion volumique en granulats en caoutchouc (%)
de nombreuses applications comme celles précédem- et celui précédant la lettre « F » indique le
ment citées, le comportement en traction s’avère dosage en fibres (en kg/m3).
d’une importance de premier ordre. En l’occurrence,
améliorer la capacité de déformation du composite
cimentaire confère une grande résistance à la fissu- Le ciment utilisé est de type CEM I 52.5R.
ration due aux déformations imposées dont les cau- Comme granulats naturels, nous avons employé du
ses sont multiples. S’agissant d’éléments à grandes sable siliceux roulé de Garonne. Les granulats en
surfaces, le retrait est à l’origine de cette fissuration, caoutchouc issus du broyage de pneus usagés
avec circonstances aggravantes si ce retrait est gêné. sont utilisés en substitution volumique (absolue) du
D’autres phénomènes comme les réactions alcali gra- sable. Leurs densités respectives sont 2,7 et 1,2 et
nulats, les réactions sulfatiques, le gel-dégel ou la dans les deux cas, la dimension du plus gros grain
corrosion des armatures peuvent générer ces est de 4 mm. Dans le cas des compositions renfor-
déformations imposées. cées de fibres, des microfibres métalliques tréfi-
lées droites, de 13 mm de longueur et 0,17 mm de
Quant à l’impact écologique de ce programme diamètre ont été introduites dans le mélange lors du
initié en 1997, il n’est ni accidentel ni négligeable malaxage.
mais reste un bonus dans nos motivations initiales
car nous avons gardé à l’esprit que la pénétration du Pour faciliter la mise en place du matériau, en par-
composite cimentaire incorporant des granulats en ticulier lorsque les fibres sont ajoutées, un superplas-
caoutchouc sur le marché des matériaux de cons- tifiant à base de mélamine formol sulfoné a été utilisé
truction dépendra d’abord de l’intérêt de ses proprié- et l’introduction d’un agent de texture (agent
Décret no 2002-1563 du
24 décembre 2002 rela- tés et non de ses constituants. Néanmoins, nous colloïdal) dans le mélange cimentaire a permis de
tif à l’élimination des sommes obligés de reconnaître que la législation a limiter la ségrégation des granulats en caoutchouc
pneumatiques usagés, conforté ce volet dans ce sens où le décret ministériel lors de la vibration des échantillons. Afin de s’affran-
JO 303 du 29 décembre no 2002-1563 du 24 décembre 2002 interdit d’aban- chir de l’incidence des effets secondaires de cet adju-
2002.
donner, de déposer dans le milieu naturel ou de brû- vant sur les propriétés du mortier, nous l’avons aussi
ler à l’air libre les pneumatiques. À cette même utilisé dans la composition de référence. Dans tous
époque environ 25 % des 390 000 tonnes de pneus les cas, le temps d’écoulement mesuré grâce au
usagés produits en France échappent à tout maniabilimètre à mortier LCL est compris entre 3 et
contrôle ; un bilan est difficile à équilibrer sans pro- 8 s. La composition des mortiers est donnée dans le
mouvoir de nouvelles voies de valorisation. tableau 1.
VX
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inWR
INNOVATION
la possibilité d’être démontés très facilement à tem- phase gazeuse (gaz carbonique) du plastique
pérature ambiante après activation thermique. En alvéolaire qui résulte est différente de la substance
effet, l’ajout d’agents d’expansion chimiques (ou utilisée comme agent gonflant. On peut donc
agents gonflants), très utilisés par exemple pour considérer l’eau comme une sorte d’agent gonflant
le moussage des plastiques, permet par un apport chimique.
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INNOVATION
Adhésif ou primaire
Activation
Substrat
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renfort on constate que les fibres présentant les performances les plus intéres-
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santes ont un rôle structurel dans la nature. Les propriétés des différentes fibres
naturelles organiques sont présentées dans cet article, mais il faut rappeler que,
compte tenu de leur caractère naturel, leurs performances sont dispersées. Il ne
faut donc pas conclure hâtivement de la supériorité ou du manque d’intérêt de
telle ou telle variété.
Les fibres végétales sont couramment utilisées car ce sont les fibres les plus
disponibles. Leur structure complexe est assimilable à celle de matériaux
composites renforcés par des fibrilles de cellulose disposées en hélice. Les para-
mètres les plus importants sont le pourcentage de cellulose (renfort) et l’angle
microfibrillaire (orientation du renfort).
R
Les soies animales, bien que peu utilisées, présentent un allongement à rup-
ture très important. Cette caractéristique illustre l’intérêt qu’elles présentent car,
en terme d’absorption d’énergie mécanique, les soies sont inégalées dans le
monde des fibres synthétiques et naturelles.
Les technologies de transformation utilisables pour la réalisation de pièces
en matériaux composites sont identiques à celles utilisées pour des fibres de
synthèse en veillant toutefois à ne pas dépasser une température de 200 à
230 oC, qui correspond au début de la dégradation.
L’utilisation de biocomposites, association d’un biopolymère (polymère bio-
dégradable) et de biofibres (fibres biodégradables), présente des avantages
pour le recyclage. En effet, ils permettent la réalisation de pièces qui, en fin de
vie, seront broyées puis incorporées dans un compost.
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Origine végétale
Laine Mouton
Alpaga, cachemire,
Origine animale Poils
chameau, mohair
Sécrétions Soie
Pour une application de renforcement de polymère, on s’intéresse des différences pour un même type de fibre, en fonction des para-
aux fibres ayant une fonction structurelle dans la nature. La laine, mètres tels que l’origine, la variété, les conditions de croissance et
par exemple, possède une fonction d’isolation thermique et ne de récolte des fibres, associés aux traitements qu’elles ont subi.
présentera pas de propriétés mécaniques remarquables. Les fibres
végétales provenant des tiges, des feuilles et des fruits, ainsi que Pour compléter ce tableau, les résultats d’essais de traction que
les sécrétions animales présentent (en revanche) des propriétés nous avons réalisé sur des fibres de lin (valeur moyenne, écart-type,
mécaniques intéressantes. valeurs maximale, minimale) sont présentés [11] et confirment les
L’objectif de cet article n’est pas de faire l’inventaire de toutes les données de la littérature ; il ne faut cependant pas conclure hâtive-
fibres disponibles mais de présenter des exemples parmi les plus ment sur la supériorité ou le manque d’intérêt de telle ou telle
intéressants en termes d’applications industrielles. variété. Par ailleurs, dans la littérature, les conditions de caractéri-
sation (moyens d’essais, géométrie et montage des fibres, vitesse
Des charges organiques naturelles (fibres de bois et fibres végé- de sollicitation, température, humidité...) ne sont pas toutes identi-
tales, par exemple) utilisées pour modifier les propriétés des poly- ques. Par exemple, le diamètre d’une fibre de lin varie suivant la
mères font l’objet d’un article des Techniques de l’Ingénieur zone de prélèvement dans la plante (pied, centre, tête) et dans sa
[A 3 220]. longueur (forme de fuseau) ; de plus, sa section est polygonale. Par
Nota : les références des Techniques de l’Ingénieur sont données en fin de bibliographique ailleurs, le module d’Young et la résistance à rupture sont fonction
en [Doc. AM 5 130].
du diamètre de la fibre [24] [25].
■ Comparaison des propriétés mécaniques en traction (0)
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Fibres synthétiques
Verre E
Filament vierge 72 - 73 4,6 - 4,8 3 200 - 3 400 2,54 [4]
Filament industriel 72 - 73 3 2 000 - 2 400 2,54
R
Carbone
Toray T300 230 1,5 3 530 1,7 - 1,9 [5]
Thorneel P-120 S 825 0,3 2 350 1,87 - 2
Aramide 124 2,9 3 620 1,44 [6]
Kevlar 49
Fibres végétales
Lin 12 - 85 1-4 600 - 2 000 1,54 [7] [8] [9] [10]
Lin : moyenne 58 ± 15 3,27 ± 0,84 1 339 ± 486 1,53 [11]
mini-maxi 27 - 91 1,6 - 5,9 531 - 3 282
Ramie 61,4 - 128 1,2 - 3,8 400 - 938 1,56 [12]
27 3,2 755 [13]
65 ± 18 800 - 1 000 [14]
Chanvre 35 1,6 389 1,07 [15]
Jute 26,5 1,5 - 1,8 393 - 773 1,44 [16] [17]
Sisal 9 - 21 3-7 350 - 700 1,45 [18] [19]
Noix de coco 4-6 15 - 40 131 - 175 1,15 [20]
Coton 5,5 - 12,6 7-8 287 - 597 1,5 - 1,6 [16] [12]
Fibres animales
Ver à soie 5 18 200 [21]
Attacus atlas
Ver à soie 16 15 650 [22]
Bombyx mori
Araignée 7 30 600 [22] [23]
Argiope trifasciata
(1) E : module d’Young en traction ; A : allongement à rupture en traction ; σ u : contrainte à rupture en traction.
Dans les paragraphes suivants, nous détaillerons les deux classes tionnent les caractéristiques élastiques et à rupture. De même, dans
de fibres naturelles en insistant sur la première famille, compte tenu une fibre végétale, les propriétés physiques des fibres naturelles
de la large disponibilité de ces fibres. sont principalement déterminées selon la composition chimique et
physique, la structure, le pourcentage de cellulose, l’angle micro-
fibrillaire, la section et le degré de polymérisation [27]. En simpli-
fiant, pour un pourcentage de cellulose donné, plus l’angle
3. Fibres d’origines végétales microfibrillaire sera faible et plus la rigidité et la résistance de la
fibre seront élevées ; plus l’angle microfibrillaire sera important et
plus l’allongement à rupture sera important. Le tableau 2 présente,
3.1 Structure d’une fibre pour différentes fibres, le pourcentage de cellulose, l’angle micro-
fibrillaire, les dimensions des fibres et le rapport d’aspect L /d (lon-
gueur/diamètre). Le rapport L /d est un paramètre important pour
3.1.1 Modèle simplifié permettre le transfert de charges entre fibre et matrice (voir [A 7 765]
pour plus de détails).
En première approche, une fibre végétale est assimilable à un (0)
matériau composite renforcé par des fibrilles de cellulose (figure 2) Pour un matériau composite renforcé par des fibres discontinues
[25]. La matrice est principalement composée d’hémicellulose et de et sollicité en traction, le rapport d’aspect de la fibre doit être supé-
lignine. Les fibrilles de cellulose sont orientées en hélice suivant un rieur au rapport d’aspect critique pour bénéficier de ces caractéris-
angle nommé angle microfibrillaire. Habituellement, dans un maté- tiques, c’est-à-dire pour que la fibre casse sans déchaussement. Le
riau composite, le taux de renfort et l’orientation des fibres condi- rapport d’aspect critique est fonction de la contrainte à rupture en
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mRSYT
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Ancien Directeur de l’École nationale supérieure de géologie
et Yves JEHANNE
Ingénieur en génie chimique,
Membre de l’IPMI (International Precious Metal Institution)
duits, les quantités utilisées sont infimes et les « gisements » sont pauvres et
dispersés. De plus, leur inaltérabilité naturelle fait que le secteur bijouterie-
joaillerie n’apporte qu’une contribution faible.
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© Techniques de l’Ingénieur, traité Matériaux métalliques M 2 394 − 1
WU
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mRSYT
R
Rh, Au, Ag) et d’autre part des métaux de base qui peuvent se révéler dangereux
comme métaux lourds pour l’environnement. Le développement de l’informa-
tique, de l’automatisme et d’une façon générale, des industries alimentant le
secteur audiovisuel font prévoir une abondance de ce type de déchets à recycler
bien que les quantités décroissantes de métaux précieux utilisés, la miniaturisa-
tion des composants, la décroissance d’activités dans le secteur de l’armement
jouent en sens contraire. Pour le moment, on ne recycle en Europe que 10 % des
déchets électroniques car le coût de la récupération est souvent plus élevé que
celui des valeurs contenues dans les déchets.
La position du recyclage de l’or est plus difficile à cerner. En France, on
consomme 75 % de l’or en bijouterie et joaillerie et 85 % dans ce même secteur
à l’échelle mondiale. La part venant du recyclage est peut être 10 à 20 % en
France et vient essentiellement d’or de bijouterie refondu et très partiellement
des déchets électroniques.
Enfin, pour le recyclage de l’argent, la situation est très complexe. Par exem-
ple, dans le secteur de la photographie qui est en France le secteur le plus
consommateur d’argent, le recyclage qui fait intervenir l’électrolyse des bains de
développement et l’incinération des radios et films usagés couvre le tiers des
besoins de l’industrie photographique. Mais la valeur moyenne du recyclage de
l’argent dans les secteurs de l’industrie, de la photographie et de la bijouterie
n’est que de l’ordre de 20 %.
Comme il est d’usage courant dans la profession, les pourcentages indiqués
sont des pourcentages massiques.
1. Déchets des métiers d’art surmonté par un alliage de cuivre contenant encore des précieux,
lequel lui-même est surmonté par la scorie surnageante. On
recueille aussi les suies qui contiennent aussi des précieux.
Suivant leur nature, on distingue :
— les métaux précieux dont les hauts titres sont représentés par 1.2 Traitement de l'alliage plombeux
les copeaux, les chutes de découpe, les vieux bijoux, les vieilles piè-
ces d'orfèvrerie, etc., et les bas titres par des déchets de placage sur L'alliage en fusion est traité dans un four de coupellation, sous
supports, les vieux objets en métal argenté ou doré, etc. ; balayage d'air. Le plomb est transformé en litharge qui surnage et
— les matières combustibles, telles que les chiffons d'essuyage qui est recyclée à la préparation des charges avant la fusion en four
des ateliers, les huiles, les pâtes et poussières de polissage. Le sup- à water jacket. Les précieux sont récupérés au fond du creuset et
port peut donc être éliminé par une incinération, alors que les coulés en anodes contenant Ag, Au, et platinoïdes.
métaux précieux sont concentrés dans les cendres ;
— les crasses ou cendres d'orfèvres, dont la masse principale est L'argent est récupéré par électrolyse des anodes sous forme de
constituée par des matériaux réfractaires. Il s'agit de creusets usés cristaux d'argent. Les boues d'électrolyse contiennent l'or et les
ou cassés, des briques de fours, des fondants et crasses de fusion, platinoïdes. L'électrolyte usé contenant de l'argent est traité par
des balayures d'atelier, des suies, etc. cémentation sur cuivre, le cément d'argent retournant à la coulée
pour anodes. Les boues anodiques de l'électrolyse de l'argent sont
traitées par le procédé Miller qui consiste à injecter du chlore gazeux
dans leur masse en fusion (figure 1). Les métaux de base sont sépa-
1.1 Prétraitement rés sous forme de chlorure volatils et recueillis. L'argent restant
passe sous forme de chlorure qui reste en fusion alors que l'or et les
platinoïdes sont solidifiés. Après séparation des phases solides et
Les cendres sont préparées par un broyage de 150 à 200 µm, suivi en fusion, l'or et les platinoïdes sont coulés en anodes et traités par
d'une homogénéisation. Après compaction avec du coke, un fon- électro-raffinage en milieu chlorhydrique. L'électrolyte usé contient
dant et de la litharge, elles subissent un emplombage dans un four des platinoïdes qui sont précipités en général par cémentation à la
à water jacket. Ce prétraitement donne trois produits : un alliage poudre de zinc pour donner un « noir » qui est traité dans un atelier
plombeux rassemblant la majeure partie des précieux au creuset, de platinoïdes spécialisé.
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partie des déchets facilement identifiables. Ils sont traités par disso-
Précipitation Réduction lution à l'acide nitrique dilué, après ouverture préalable pour les
de l’or de l'argent piles boutons.
Filtration Filtration
2.1.1 Incinération ou brûlage
Poudre d'Au Solution Précipités d'hydrates Poudre d'Ag
En général, les déchets sont brûlés puis broyés. Après homogé-
néisation et échantillonnage permettant de connaître la teneur du
Fusion Agent réducteur Fusion lot, les cendres sont fondues en four water-jacket, la fusion étant sui-
vie par une coupellation. Le lingot subit ensuite un affinage électro-
Lingot d'Au Lingot d'Ag lytique. En France, on incinère les déchets à Châlon-sur-Saône. Aux
Correction du pH et
USA, on utilise un procédé humide pour les déchets provenant de
réduction du Pd surfaces sensibles et en général constitués par des matériaux orga-
niques : l'émulsion est fixée par de la gélatine qui est « cassée » à
chaud par une solution de soude. On sort ainsi un polyester ou un
Solution Composé "noir" Cu-Pd HCl + HNO3
polyacétate suffisamment propre pour être recyclé (par exemple
dans la fabrication de moquettes). Le liquide boueux est traité direc-
Dépôt des métaux tement dès le « cassage » avant la séparation des phases par un
Dissolution de Pd et Cu
non ferreux
milieu réducteur, par exemple du formol, en milieu basique qui pré-
(NH4)OH cipite l'argent métal. La filtration permet de récupérer sous forme
Hydrates solide de petits globules d'argent qui sont traités par calcination et
fusion.
Production de Cu Précipitation de (NH4)2PdCl6
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Électrolyte
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AgNO3 + HNO3 2.2.2 Récupération de l'argent en photographie
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INNOVATION
Traitement d’extraction
des métaux lourds
Pierre-Emmanuel CHARPENTIER, Laurent RIZET Cyril TROUILLET
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par et
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INNOVATION
R
Fe 6 4
Ni 2,5 4
Mn 0,85 0,19
Cr 0,15 0,55
Pb 3 0,04
Ca 5,7 23,3
Na 11 0,55
K 3,1 2,3
Cl 4,4 0,11
SO4 2,4 0,13
CO3 5,7 20,2
plomb. Cependant, le milieu chlorhydrique présente procédé REZEDA (REcyclage du Zinc par Électrolyse
plusieurs désavantages tels qu’une surconsomma- des Déchets d’Aciérie). Il s’applique tout particuliè-
tion d’acide engendrée par une lixiviation significa- rement aux déchets contenant une teneur significa-
tive de la chaux présente dans certains déchets, le tive en zinc (supérieure à 10 % en masse). Le
caractère corrosif du milieu ainsi que le traitement procédé REZEDA utilise les principes de l’hydromé-
indispensable des émissions gazeuses. tallurgie extractive et plus précisément en milieu
L’acide sulfurique est quant à lui, la base de la alcalin.
plupart des procédés de traitement des minerais de
zinc par hydrométallurgie. Il est l’agent de lixivia- 2.1 Déchets ciblés
tion le plus communément utilisé car c’est un acide
Les sous-produits susceptibles d’être valorisés par
fort, moins corrosif que la plupart des acides utilisés
ce procédé sont essentiellement les suivants :
en lixiviation et modérément coûteux.
• Les poussières d’aciérie électrique et de
De plus, l’électrodéposition des métaux en milieu
four à arc récupérées après traitement des
sulfate est bien connue et assez aisée. Néanmoins,
fumées ayant des teneurs en zinc comprises
pour les déchets comportant des quantités significa-
entre 20 et 35 %. Le gisement français est
tives en plomb et en cas de recyclage du résidu de
d’environ 100 000 tonnes par an.
lixiviation, il est indispensable de procéder à une
seconde extraction en utilisant un autre agent de • Les boues d’hydroxydes métalliques (BHM)
lixiviation (l’acide chlorhydrique par exemple), le provenant de l’épuration des eaux résiduaires
plomb étant très peu lixiviable en milieu sulfurique des ateliers de traitement de surface. Ces
(formation de sulfate de plomb). boues contiennent du plomb dont la fraction
lixiviable est fortement toxique pour l’homme
C’est le cas du procédé ZINCEX développé par la et l’environnement mais aussi des métaux
société Technicas Reunidas SA permettant le traite- nobles tels que le nickel, et du zinc en propor-
ment des boues de galvanisation. tion pouvant varier de 5 à 50 %. En France, le
D’autres procédés d’extraction du zinc comportent gisement annuel de ce type de déchet est de
une étape de lixiviation en milieu ammoniacal. Le l’ordre de 135 000 tonnes par an et la quan-
procédé EZINEX par exemple, utilise comme agent tité suffisamment riche en zinc pour pouvoir
de lixiviation le chlorure d’ammonium et permet être valorisée par le procédé est estimée à
d’extraire 70 % du zinc, 90 % du plomb et environ 40 000 tonnes.
50 % du cuivre. Le zinc obtenu après électrodéposi- Le tableau 1 illustre la composition métallique de
tion présente une pureté de 99,7 %. L’extraction du ces deux sous-produits en fonction de leur origine.
zinc s’effectue selon la réaction suivante :
ZnO + 2 NH4Cl → Zn(NH3)2Cl2 + H2O 2.2 Description des étapes
du procédé
2. Description du procédé L’opération de traitement des déchets se
REZEDA décompose en six phases :
– dessalinisation préalable des déchets ;
Le procédé d’extraction des métaux contenus – extraction des métaux par lixiviation à la soude ;
dans les déchets, développé dans ce dossier, est le – purification de la solution de lixiviation ;
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