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Ti800 - Environnement
Traitements de l'air
III
Cet ouvrage fait par tie de
Environnement
(Réf. Internet ti800)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Environnement
(Réf. Internet ti800)
Xavier BONHOMMEAU
Hydrogéologue, spécialiste en sites et sols pollués (Ancien membre du service
Hygiène, Environnement et Prévention des Risques de RENAULT)
Ismahane EL BAHLOUL
Consultante QSE/Management du risque. Auditrice IRCA.
Pierre LE CLOIREC
Professeur, directeur de l'École Nationale Supérieure de Chimie de Rennes
(ENSCR)
Jacques MÉHU
Professeur à l'INSA de Lyon
Pascale NAQUIN
Codirectrice de POLDEN INSAVALOR et coordinatrice scientifique du
CEFREPADE
Lionel POURTIER
Environnement'Air sas
Jean-Louis ROUBATY
Professeur associé Université Paris-Diderot, Ancien directeur SGS
Environnemental services, Ingénieur conseil
Patrick ROUSSEAUX
Professeur à l'Université de Poitiers, Directeur de l'IRIAF (Institut des Risques
Industriels, Assuranciels et Financiers)
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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :
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VI
Traitements de l'air
(Réf. Internet 42600)
SOMMAIRE
Valorisation du CO2. Partie 1 : voies directes et voies avec transformation biologique G1816 81
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VII
Captage et stockage géologique de CO2 CSC IN115 103
Qualité de l'air et automobile. Statut sur la qualité de l’air dans les grands centres BM2502 153
urbains
Qualité de l'air et automobile. Technologies pour limiter l'impact sur la qualité de l'air BM2503 161
Les aérosols microbiens dans l'air du temps : le point sur la microbiologie de l'air G1988 171
intérieur
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Traitements de l'air
(Réf. Internet 42600)
1
1– Introduction Réf. Internet page
3– Traitement de composés
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Référence Internet
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Référence Internet
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Référence Internet
G1700
Années Années
Composés
2000 2005
2006
(estima-
tion)
Composés
2000 2005
2006
(estima-
tion)
1
Particules en suspension (kt/an) Nickel (Ni) 205 176 175
TSP (1) 1 288 1 214 1 208 Plomb (Pb) 250 134 136
PM10 (2) 589 508 504 Sélénium (Se) 15,1 14,4 14,6
PM2,5 (2) 400 329 325 Zinc (Zn) 725 253 243
CH4 (méthane) 3 019 2 664 2 630 Les poussières provoquent des irritations des voies respiratoires.
Dans des ambiances fortement polluées, des maladies profession-
N2O (protoxyde d’azote) 263 231 229 nelles ont été répertoriées, notamment l’asbestose et la silicose.
Adsorbés sur les solides en suspension, on rencontre des métaux
HFC (hydrofluorocarbures) lourds, des dioxines et furannes, du benzopyrène dans les émis-
7 236 10 689 11 283
(équivalent kt CO2) sions de moteurs Diesel. Les particules sont aussi un vecteur pri-
mordial pour la diffusion des micro-organismes (bactéries, virus...)
PCF (perfluorocarbures) sur lesquelles ils sont fixés. Les poussières et aérosols ont sur l’envi-
2 487 1 801 1 810
(équivalent kt CO2) ronnement un impact direct (respiration, visuel) et un impact indi-
rect, du fait de l’association particules-polluants ou bactéries.
SF6 (hexafluorure de soufre)
1 833 1 338 1 347
(équivalent kt CO2)
1.2 Métaux lourds et métalloïdes
Métaux lourds (t/an)
On rencontre les métaux lourds (cuivre, nickel, zinc, plomb, mer-
Arsenic (As) 12,9 10,4 10,5 cure, cadmium...) et les métalloïdes (arsenic, béryllium, sélé-
nium...) seuls ou associés à des degrés d’oxydation variables ou
sous forme organométallique. Leurs sources sont d’origine natu-
Cadmium (Cd) 12,9 5,9 6,0
relle (érosion des sols, éruptions volcaniques, feux de forêts...) ou
anthropogéniques (production d’énergie par combustion, pyromé-
Chrome (Cr) 103 40 41
tallurgie, incinération des déchets...). On observe une baisse
continue de ce type de rejets, le plus spectaculaire étant une
Cuivre (Cu) 164 162 161 décroissance drastique des rejets de plomb qui passe de 4 283 t/an
en 1990 à 134 t/an en 2005, du fait de l’interdiction réglementaire
Mercure (Hg) 13,0 8,6 8,4 de l’utilisation des essences au plomb pour les automobiles.
Chaque métal génère des effets différents sur la santé
(1) TSP : particules en suspension totale (Total Suspended Particles ).
(2) PMx : matière particulaire (Particule Matter ) de diamètre inférieur à x
humaine [8]. Le tableau 2 donne quelques informations générales
(µm). concernant l’effet des métaux sur la santé humaine ainsi que son
(3) ITEQ : indice de toxicité équivalente. impact sur l’environnement ; on considère à la fois le risque direct
et le risque après transfert de phases (air/eau ou air/matières
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Traitements de l'air
(Réf. Internet 42600)
1– Introduction 2
2– Procédés généraux de traitement Réf. Internet page
3– Traitement de composés
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Référence Internet
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École des mines de Nantes, département Systèmes énergétiques et environnement
a pollution de l’air peut être définie comme la présence de gaz et/ou de par-
L ticules dans une atmosphère extérieure ou intérieure et dans des concentra-
tions telles que les effets sur la santé et les impacts sur l’environnement soient
avérés. Parmi ces polluants, les particules sont issues d’une grande variété de
sources qui peuvent être d’origine anthropique ou naturelle. Selon leur origine
et leur mode de formation (particules primaires ou secondaires), les particules
polluantes présentent des caractéristiques physico-chimiques et structurales dif-
férentes. Suivant les secteurs d’activité et les applications visées, différents sys-
tèmes d’élimination des particules peuvent être utilisés et dimensionnés en
fonction de ces caractéristiques, de la concentration en particules dans l’air et
des conditions de température, pression et humidité de l’air porteur. Ces
systèmes d’épuration doivent permettre d’assurer le respect des réglementa-
Parution : janvier 2006
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur G 1 710 − 1
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2 de particules peut être constituée de ou contenir différentes espèces L’origine des particules présentes dans l’air influe sur leur granu-
chimiques. Ainsi, selon leur origine, les particules ont une gamme lométrie [1] [2], comme indiqué sur la figure 1.
de taille et une composition physico-chimique très variables, c’est
pourquoi différentes terminologies existent pour classifier, définir Les particules fines PM2,5 sont formées principalement par
ou nommer une classe de particules polluantes. condensation de gaz et de vapeurs. Elles sont essentiellement émi-
ses par des combustions incomplètes telles que trafic automobile,
■ Les particules totales en suspension, ou total suspended parti- feux de bois, activités industrielles, fumée de tabac, appareils de
culates (TSP), représentent « toutes les particules en suspension chauffage, cuisson des aliments…
dans un volume d’air » d’après les normes NF EN 12341 et NF EN
Les particules fines plus volumineuses telles que les PM10 pro-
481. Aux États-Unis, les TSP sont définies comme les particules de
viennent essentiellement de phénomènes mécaniques tels que
diamètre aérodynamique inférieur à 40 à 50 µm, alors qu’en Europe,
l’érosion. À l’intérieur des locaux, les grosses particules sont issues
elles désignent toutes les particules en suspension inférieures à
de la mise en suspension de la poussière du sol, de l’abrasion des
environ 100 µm. Les TSP sont représentatifs de la fraction inhalable
surfaces et de toutes les activités humaines (déplacement, frotte-
des particules de l’air, c’est-à-dire des particules pénétrant le corps
ment des textiles, nettoyage…). La plupart de ces grosses particules
humain par le nez ou la bouche. Cependant, une partie des TSP est
sédimentent rapidement et sont donc peu présentes dans l’air.
constituée de particules trop larges pour pénétrer le système respi-
ratoire humain, cet indicateur n’est de ce fait pas bien adapté pour En milieu urbain, les particules proviennent surtout du trafic auto-
caractériser l’impact potentiel sur la santé. mobile, en particulier des véhicules Diesel et injection et sont majo-
ritairement dans la gamme des PM2,5.
■ Les PM10 sont des particules, ou particulate matter (PM), de dia-
mètre aérodynamique équivalent inférieur à 10 µm. Cette classe de Concernant les particules d’origine industrielle, deux types sont
particules peut pénétrer le système respiratoire humain, et pour distingués [2] :
cette raison, la US Environmental Protection Agency (EPA) a défini
en 1987 les PM10 comme mesure standard de la qualité de l’air. La — les poussières d’origine mécanique, ou particules primaires,
Communauté européenne a également mis en place la directive générées par les opérations de broyage, concassage, éclatement
1999/30/CE du 22 avril 1999 pour la mesure des PM10 en remplace- d’un solide ainsi que les poussières issues de l’attrition (usure par
ment des TSP. Il n’existe pas de méthode universelle de conversion frottement) de solides divisés lors de leur transport ou de leur utili-
entre PM10 et TSP, mais l’EPA considère que les PM10 représentent sation. Ces particules sont en général de taille supérieure à 2,5 µm
40 à 70 % en masse des TSP, alors que la directive européenne pro- et contiennent une proportion très faible de particules
pose une relation simple entre les deux indicateurs : TSP = 1,2 PM10. submicroniques ;
— les particules d’origine chimique et thermique, ou particules
■ Les PM2,5 représentent les particules de diamètre aérodynamique
secondaires, sont formées lors d’un changement d’état de la
équivalent inférieur à 2,5 µm. Cette classe de particules qui pénètre
matière, lors d’une réaction chimique ou lors d’étapes de condensa-
les alvéoles pulmonaires représente un facteur pertinent pour quali-
tion de gaz ou solidification de liquides. Ces particules sont majori-
fier la qualité de l’air d’un point de vue sanitaire. Ainsi, afin de déga-
tairement de taille submicronique (PM1), mais s’agglomèrent entre
ger des tendances entre impact sur la santé et taille de particules,
elles et sur d’autres poussières pour former des particules de taille
certaines études épidémiologiques définissent une sous-classe
PM10-2,5, ou coarse particules (CP), qui représente les particules de plus importante (PM2,5).
taille inférieure à 10 µm et supérieure à 2,5 µm.
■ Les brouillards et brumes sont formés par une suspension de Argile Limon Sable fi Sable
able fin able gro
gros
gouttelettes dans l’air. La brume est formée par une suspension de
gouttelettes liquides de taille supérieure à 1 µm dans l’air et corres- 0,001 0,01 0,1 1 10 100 1 000
pond à des conditions de visibilité de 1 à 2 km. Selon les conven- Diamètre (µm)
tions internationales, lorsque les conditions de visibilité sont
inférieures à 1 000 m, le terme de brouillard est utilisé. Figure 1 – Granulométrie des particules suivant leur origine
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Les teneurs en poussières à l’intérieur des bâtiments semblent refroidissement des gaz de combustion, les particules constituant
également fortement influencées par les échanges d’air entre l’exté- cet aérosol vont coaguler entre elles ou avec des poussières pour
rieur et l’intérieur. Les concentrations intérieures issues des pol- former des agglomérats de taille moyenne 1 à 2 µm.
luants extérieurs augmentent lorsque la taille des particules Les particules présentes dans les espaces intérieurs sont des
diminue. Ainsi, pour les particules fines volumineuses (PM10), on mélanges hétérogènes de solides organiques ou inorganiques et de
observe très souvent des ratios entre les concentrations intérieures et composés chimiques. La composition de ces particules dépend d’un
extérieures proches de 1. Les teneurs en PM2,5 dans les habitations grand nombre de facteurs allant de la localisation du bâtiment, l’uti-
varient autour d’une valeur moyenne de 25 ± 14 µg/m3 suivant lisation des pièces, leur décoration et finition aux systèmes de chauf-
l’environnement extérieur (zone urbaine, résidentielle ou rurale), le fage et ventilation. Enfin, les particules d’origine naturelle sont
bâti, le type de chauffage et la présence de fumeurs. Ces teneurs riches en oxydes de métaux (alumine, fer, titane, silice…), pollens et
moyennes sont plus élevées dans les bureaux : 34,5 ± 38,6 µg/m3. composés marins.
D’une manière générale, les teneurs en particules des lieux occupés
par des fumeurs sont environ 1,5 à 5 fois plus élevées que dans les
Les particules sont classées suivant différents paramètres structu- 1.3 Effets sur la santé et impacts
raux et physico-chimiques qui influencent à la fois leur durée de vie sur l’environnement
dans l’air, leur impact sur la santé et l’environnement et le choix des
procédés de traitement adaptés.
L’évaluation des émissions de particules revêt un grand intérêt
compte tenu de leurs actions nocives sur la santé humaine et sur
1.2.1 Taille, forme et densité l’environnement.
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G 1 710 − 4 © Techniques de l’Ingénieur
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France
Augustin CHARVET
Maı̂tre de conférences
Laboratoire Réactions et Génie des Procédés, CNRS, Université de Lorraine, Nancy,
France
Denis BEMER
Responsable d’études
Département Ingénierie des Procédés, INRS, Vandoeuvre, France
et Sandrine CHAZELET
Responsable d’études
Département Ingénierie des Procédés, INRS, Vandoeuvre, France
— 12
2.5 Protection collective ........................................................................... — 12
2.5.1 Cas des filtres non régénérables ............................................ — 12
2.5.2 Cas des dépoussiéreurs .......................................................... — 13
3. Des voies alternatives aux médias filtrants .............................. — 15
3.1 Électrofiltres ....................................................................................... — 15
3.2 Lits granulaires ................................................................................... — 16
3.3 Laveurs ............................................................................................... — 18
3.4 Comparatif des différentes voies ....................................................... — 20
4. Conclusion........................................................................................ — 20
5. Glossaire ........................................................................................... — 21
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. J 3 402
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Des mesures efficaces de prévention des risques doivent, en conséquence, être
mises en œuvre.
Dans le domaine de la protection des personnes, de l’environnement, la filtra-
tion de l’air à travers un milieu fibreux reste un procédé incontournable. Cette
technique d’épuration est abordée, en s’intéressant plus particulièrement aux
mécanismes de collecte des nanoparticules et à l’évaluation de la perte de
charge et de l’efficacité au cours du colmatage. La protection individuelle et
collective avec et sans régénération des médias filtrants est ensuite présentée.
Les études bibliographiques et les retours d’expérience mettent en exergue le
pouvoir très colmatant des nanoparticules, ce qui limite très fortement la durée
de vie des filtres à fibres utilisés dans le domaine de la ventilation ou nécessite
une régénération fréquente des dépoussiéreurs industriels qui s’avère souvent
inefficace. Des solutions sont, par conséquent, proposées pour répondre à cette
problématique. Enfin, des solutions alternatives aux filtres à fibres en cours de
développement sont exposées.
En fin d’article, un glossaire donne des termes et expressions importants de
l’article.
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Certains aérosols peuvent être composés de particules ultrafines
Facteur hydrodynamique de (PUF) ou nanoparticules caractérisées par les trois dimensions
HFan –
Fan : externes inférieures à 100 nm. De par leur faible taille associée à
des concentrations élevées, les nanoparticules présentent une
Facteur hydrodynamique de forte propension à s’agglomérer formant ainsi des agglomérats ou
HKu –
Kuwabara des agrégats de particules nanométriques, à l’image des particules
de suies ou des fumées de soudage [1]. Bien que souvent
Facteur hydrodynamique de employés indifféremment, les termes agglomérat et agrégat défi-
HLa –
Lamb nissent des objets distincts. Ainsi selon la norme ISO/TS 27687 :
h Efficacité unitaire – – un agrégat est un ensemble de particules fortement liées ou
fusionnées entre elles dont la surface externe peut être significati-
k Résistance spécifique du dépôt m/kg vement plus petite que la somme des surfaces de chacun de ses
composants ;
kb Constante de Boltzmann 1,381 x 10- 23
J/K – un agglomérat est un ensemble de particules, d’agrégats ou de
mélange des deux, faiblement liés dont la surface externe résul-
Kn Nombre de Knudsen (2 l/dp) – tante est similaire à la somme des surfaces de chacun de ses
composants.
Nombre de Knudsen de fibres Puisque la taille de tels objets peut sensiblement dépasser
Knf –
(2 l/df) 100 nm, il est difficile de parler de nanoparticules. C’est la raison
pour laquelle, il est d’usage d’utiliser le terme générique de parti-
Libre parcours moyen des cules nanostructurées pour désigner ces agglomérats ou ces
l m agrégats.
molécules de gaz
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2 Tableau 1 – Valeurs de surface spécifique de quelques particules nanostructurées mesurée par BET
Nature SiO2 ZrO2 Fe3O4 Fe2O3
Diamètre de Stokes : diamètre de la sphère de même masse exemple, les revêtements de surface à base de polytétrafluoroéthy-
volumique et de même vitesse limite de chute que la particule lène (PTFE) [9].
considérée. De nombreuses corrélations de ces forces sont proposées dans
Diamètre aérodynamique : diamètre de la sphère de densité la littérature [10] [11]. Toutes les expressions de la force d’adhésion
égale à 1 ayant la même vitesse limite de chute dans un gaz que particule-surface montrent une proportionnalité entre cette force et
la particule considérée. le diamètre des particules (dp) [6]. Cependant, dans le cadre d’un
Diamètre thermodynamique (ou diffusionnel) : diamètre de la dépôt de particules, le nombre de contacts par unité de surface de
sphère ayant le même coefficient de diffusion brownienne que la la couche de particules avec la surface est inversement proportion-
particule considérée. nel à la taille des particules (dp) au carré, la force d’adhésion de
la couche est alors inversement proportionnelle à dp [12] [10]. En
Diamètre de mobilité électrique : diamètre de la sphère portant conséquence, la force adhésion d’un dépôt de nanoparticules sur
une charge électrique élémentaire et de même mobilité électrique une surface augmente avec la diminution de la taille des particules.
que la particule considérée. Ce constat, qui a pu être vérifié expérimentalement, notamment
Pour rappel, la vitesse limite de chute ou vitesse terminale d’une par Aguiar [10] est à l’origine de la régénération difficile des médias
particule est la vitesse atteinte lorsque la résistance du fluide dans filtrants des dépoussiéreurs (§ 2.5.2).
lequel elle sédimente (air dans notre cas) compense son poids. Son
accélération est alors nulle et par conséquent sa vitesse reste
constante.
L’impacteur basse pression ou le SMPS (Scanning Mobility Parti- 2. Séparation par filtres
cle Sizer) sont les granulomètres les plus utilisés dans ce domaine.
Ils donnent une distribution granulométrique respectivement en
à fibres
fonction du diamètre aérodynamique ou du diamètre en mobilité
électrique. Ces appareils délivrent une distribution en nombre à
partir de laquelle la distribution en masse peut être calculée La filtration par filtres à fibres reste, à l’heure actuelle, le procédé
connaissant la densité effective des particules, définie par le rap- le plus utilisé pour purifier l’air des particules en suspension car il
port entre la masse de la particule nanostructurée et son volume présente généralement un bon compromis entre une efficacité éle-
déterminé à partir de son diamètre de mobilité électrique [4] [5]. vée et une dépense énergétique acceptable.
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Figure 2 – Collection des particules par diffusion, impaction
déterminée à partir de mesures de concentration particulaire effec- et interception
tuées en amont et aval du filtre. Si la perte de charge du filtre est
peu importante, les débits volumiques en amont et en aval du filtre
peuvent être assimilés. L’efficacité globale du séparateur est alors
Efficacité
donnée par :
Caval
E = 1− (1)
Camont
⎛ α Z ⎞
E = 1 − exp ⎜ − 4η (3)
⎝ 1 − α πdf ⎟⎠
MPPS
Diamètre des particules
avec a compacité du filtre (= 1 - porosité),
h efficacité unitaire de collecte d’une fibre, Figure 3 – Évolution type de l’efficacité fractionnelle de collecte d’un
filtre à fibres
Z (m) épaisseur du filtre,
df (m) diamètre des fibres supposées toutes de la mécanismes de capture en les supposant indépendants les uns
même taille. des autres. Soit
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2 sont d’actualité puisque la même exigence existe pour ces systèmes implantés
dans l’échappement Diesel (240 000 km).
La catalyse d’oxydation est également présente dans les procédés de traite-
ment de l’air et de l’eau en station fixe. Néanmoins, les procédés catalytiques
ne sont pas aussi développés que dans le secteur automobile probablement
parce qu’il existe des procédés alternatifs plus simples et réputés moins coû-
teux. L’élimination des COV de l’air est certainement le procédé qui se prête le
mieux à un traitement catalytique. Les matériaux utilisés sont très semblables
à ceux que l’on rencontre dans les pots catalytiques avec une prédominance
des catalyseurs à base de métaux nobles (Pt, Pd). Les progrès attendus dans ce
domaine sont du même ordre qu’en catalyse automobile avec une durabilité
accrue des matériaux et surtout l’abaissement du coût du catalyseur en substi-
tuant les métaux nobles par des oxydes meilleur marché. Dans ce domaine, les
pérovskites de type LaMnO3 ou LaCoO3 (ou les combinaisons ternaires et qua-
ternaires des différents cations) occupent une place de choix. La catalyse est
encore peu présente dans les procédés d’oxydation des polluants de l’eau
(oxydation « voie humide » ou OVH). Les procédés classiques (adsorption, oxy-
dation biologique, oxydation chimique non catalysée, incinération...) sont
toujours très largement utilisés. Les procédés OVH catalysés sont actuellement
réservés au traitement d’effluents industriels à pollution bien ciblée. Une des
raisons à cet état de fait est la faible stabilité des catalyseurs en milieu aqueux.
Les progrès attendus viendront là également de l’amélioration de la tenue des
matériaux dans l’eau lors des traitements.
Comme il est d’usage dans ce milieu professionnel, les pourcentages ou teneurs
de composé indiqués dans ce texte, sont sauf précision contraire, massiques.
1. Définitions et symboles COV-NM (COV non méthanique) : c’est l’ensemble des COV
hors méthane.
DBO (demande biologique en oxygène) : caractérise la bio-
dégradabilité des polluants dans l’eau.
Catalyseur « trois-voies » : catalyseur fonctionnant à la
stœchiométrie et assurant simultanément l’oxydation de CO et DCO (demande chimique en oxygène) : mesure la quantité
des HC et la réduction des NOx . Il équipe les véhicules à d’oxygène nécessaire pour oxyder totalement les polluants
essence. dans l’eau.
Cérine : oxyde de cérium CeO2 largement utilisé dans les Enduit ou wash-coat : couche d’oxyde que l’on dépose sur
catalyseurs automobiles pour stocker l’oxygène grâce aux les parois du monolithe. L’enduit supporte lui-même les
propriétés redox du couple Ce4+/Ce3+. Cette propriété permet métaux précieux.
au catalyseur de continuer à travailler pendant les phases
riches (déficitaire en O2). GC-MS : méthode d’analyse des effluents couplant la chro-
COT (carbone organique total) : mesure la quantité de carbone matographie en phase gazeuse (GC) et la spectrométrie de
inclus dans l’ensemble des polluants organiques d’une eau. masse (MS), voir un exemple sur la figure 13. La même tech-
nique existe avec la chromatographie liquide (LC-MS). La
COV (composé organique volatil) : en droit français, le mot spectrométrie de masse apporte sa haute résolution pour
COV s’applique à tout composé organique de pression de l’identification des composés éluant dans chaque pic chroma-
vapeur supérieure à 10 Pa à 20 oC et à la pression atmosphé- tographique.
rique. La notion de toxicité n’est pas incluse dans la définition
des COV. HAP (hydrocarbure aromatique polycyclique).
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2.2 Dépollution des moteurs à essence 2.2.2 Principales réactions mises en jeu
Les émissions des moteurs à essence à allumage commandé Il s’agit tout d’abord des réactions d’oxydation de CO
contiennent des polluants à éliminer (CO : 0,5 à 1 %, NO : 0,03 à [réaction (1)] et des hydrocarbures [réaction (2) écrite dans le cas
0,1 %, hydrocarbures et autres composés organiques : 0,2 à 0,7 % du propane] et des réactions de réduction des oxydes d’azote par
équivalent C1) dilués dans un gaz de fond composé d’azote (70 à le CO ou l’hydrogène [réactions (3) et (4)]. Dans ce qui suit, les
75 %), d’oxygène (0,2 à 2 %), d’hydrogène (0,1 à 0,4 %) et de quan- enthalpies de réaction sont calculées pour des réactifs et produits
tités importantes de dioxyde de carbone (11 à 13 %) et de vapeur gazeux.
d’eau (10 à 12 %). Il convient de noter qu’il s’agit de compositions CO + 1 O 2 → CO 2 ∆H 298
0 = − 283 kJ ⋅ mol−1 (1)
2
volumiques et que les fourchettes indiquées pour les polluants
peuvent, dans certains cas, être beaucoup plus larges. Ce mélange
gazeux, soumis à l’action d’un catalyseur métallique à haute tem- C 3H8 + 5 O 2 → 3CO 2 + 4H2O 0 = − 2 044 kJ ⋅ mol−1
∆H 298 (2)
pérature (généralement 400 à 500 oC, mais celle-ci est susceptible
CO + H2 O → CO 2 + H2 0 = − 42 kJ ⋅ mol−1
∆H 298 (7)
Le catalyseur est dit « trois-voies » car il doit assurer à la fois
les oxydations de CO et des HC ainsi que la réduction des NOx.
C 3H8 + 6H2 O → 3CO 2 + 10H2 ∆H 298
0 = + 374 kJ ⋅ mol−1 (8)
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pas en compte les gaz neutres, peut varier dans de larges propor- 2.2.3.1 Activités des métaux (Pt, Pd, Rh)
tions (de 0,1 à 5).
Une étude systématique a été réalisée par Yu Yao en 1984 [7]
[55]. Cette étude sert de référence et les nombreux travaux
Pour comparer les métaux, nous prenons en compte les exécutés depuis ont confirmé dans l’ensemble les résultats de Yu
fréquences de rotations plutôt que les activités par gramme de Yao tout en affinant les mécanismes grâce à des techniques de
catalyseur. La fréquence de rotation représente le nombre de caractérisation in situ et operando de plus en plus sophistiquées.
molécules ayant réagi par atome de métal de surface et par La figure 2 montre la variation des fréquences de rotation (TOF
seconde. Comme les nombres de molécules et d’atomes Turnover Frequency) en fonction de la dispersion du métal. Les
représentent tous les deux des grandeurs molaires, la valeurs de vitesses obtenues par Yu Yao ont été ramenées à la
fréquence de rotation peut s’exprimer simplement en s–1. température de 250 oC (en utilisant les énergies d’activation repor-
tées par l’auteur) pour permettre les comparaisons directes.
2
C’est une donnée essentielle en catalyse dans la mesure où La réaction n’est pas extrêmement sensible à la nature du
seuls les atomes de surface interviennent en réaction. Au métal : avec des TOF compris entre 0,1 et 10 s–1, l’oxydation de CO
contraire, les activités par gramme sont des données pratiques (on est rapide sur tous les métaux. La réaction est légèrement sensible
pèse facilement une certaine masse de catalyseur mais pas les à la taille de particule surtout sur Rh. Ce métal apparaît comme le
atomes de surface !) qui dépendent de nombreux facteurs : la plus actif, ce qui n’est pas forcément vérifié en conditions réelles.
charge en métaux des catalyseurs, leur dispersion... (voir encadré En effet, le rhodium est beaucoup plus sensible que le platine à la
Structure des catalyseurs métalliques). présence d’autres gaz. En présence de NO et d’hydrocarbures,
l’activité en oxydation de CO diminue de sorte que le rhodium est
alors moins actif que le platine.
Structure des catalyseurs métalliques
Les catalyseurs métalliques sont généralement définis par La cérine a un effet promoteur sur la réaction, d’autant plus
leur charge en métal (xm (%) exprimée en gramme de métal important que l’on se rapproche de la stœchiométrie (S = 1).
pour 100 g de catalyseur) et par leur dispersion D (%). La dis- En milieu réducteur, la réaction est fortement ralentie sur tous
persion d’un catalyseur métallique est définie par le rapport les métaux déposés sur alumine alors qu’elle a lieu avec une
entre le nombre d’atomes en surface (donc accessible aux vitesse non négligeable quand le support contient de la cérine.
réactifs) NS et le nombre d’atomes totaux NT . On démontre C’est un effet remarquable du stockage d’oxygène sur cérine.
que la taille moyenne de particule d n’est fonction que de la
dispersion selon une relation inverse du type :
d (nm) = α /D (%)
TOF (s–1) à 250 oC
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G1745
2
Maître de conférences HDR
Université Rennes, École nationale supérieure de chimie de Rennes, France
Abdelkrim BOUZAZA
Maître de conférences
Université Rennes, École nationale supérieure de chimie de Rennes, France
et Dominique WOLBERT
Professeur
Université Rennes, École nationale supérieure de chimie de Rennes, France
33
Référence Internet
G1745
Les principales familles incriminées sont les dérivés soufrés (hydrogène sul-
furé, mercaptans, sulfures), azotés (ammoniac, amines) et oxygénés (acides
gras volatils, alcools, aldéhydes, esters). Cette diversité implique l’utilisation,
de préférence, de techniques de dépollution peu sélectives, telles que la photo-
catalyse. Parmi les différents procédés envisageables, elle présente l’avantage
de ne pas nécessiter de réactifs et de ne générer comme résidu que les sous-
produits de la dégradation des polluants, dégradation qui peut être poussée
jusqu’à la minéralisation (formation de CO2 et H2O) [4].
Ce procédé de destruction des polluants organiques et minéraux met en jeu
un catalyseur à base de dioxyde de titane activé par un rayonnement ultra-
violet. Il est à ce jour relativement bien décrit sur le plan fondamental,
2 notamment en ce qui concerne les mécanismes de dégradation. Les premières
unités de traitement ont commencé à apparaître sur le marché il y a une
dizaine d’années pour des débits limités et pour les atmosphères confinées [4].
Ce procédé est également utilisé en traitement d’eau et dans la mise au point
de matériaux autonettoyants [4] [5] [6].
(1) (7)
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Référence Internet
G1745
O2
Recombinaison
Polluant
CO2 + H2O + acides minéraux
HO•, R•
2
h+
Bande de valence
Oxydation
À leur tour, les radicaux générés sont très réactifs Ces processus peuvent être classés en deux groupes : ceux qui
et peuvent oxyder d’autres molécules adsorbées à la surface du relèvent de la cinétique chimique hétérogène (3, 4 et 5) et ceux
semi-conducteur, jusqu’à les minéraliser. qui relèvent de la cinétique physique de transfert de matière
(1, 2, 6 et 7). Les étapes se déroulant en série, leur cinétique glo-
bale en régime permanent est imposée par la ou les plus lentes.
1.2 Mécanismes et étapes du processus On parle alors d’« étape cinétiquement limitante ».
(transfert, adsorption et réaction)
Toute réaction de catalyse hétérogène se décompose en une
1.3 Cinétique et modélisation
série d’étapes s’enchaînant de la façon suivante [8] [9] (figure 2) : La modélisation des cinétiques de dégradation repose par
– étape 1 : diffusion des réactifs de la phase fluide vers la surface conséquent sur la séparation des deux catégories d’étapes de la
du catalyseur à travers la couche limite (transfert de matière photocatalyse. La série d’étapes liée à la cinétique de réaction
externe) ; chimique (adsorption, réaction et désorption) et la série liée au
– étape 2 : diffusion des réactifs au sein de la structure poreuse transfert de matière de la phase gaz à la surface du catalyseur
(transfert de matière interne) ; (transfert de masse externe et interne).
– étape 3 : adsorption des réactifs à la surface du catalyseur ; La majorité des études portant sur la photocatalyse depuis 20
– étape 4 : réaction chimique entre les réactifs adsorbés à la sur- ans ont considéré la réaction chimique comme l’étape limitante de
face du catalyseur ; la réaction globale de dégradation d’un polluant. Par conséquent,
– étape 5 : désorption des produits de réaction ; de nombreux modèles sont disponibles, mais reposent pour la plu-
– étape 6 : diffusion des produits au sein de la structure poreuse part sur le modèle de Langmuir-Hinshelwood (L-H) [9].
(transfert de matière interne) ;
– étape 7 : diffusion des produits à travers la couche limite Les hypothèses du modèle sont les suivantes :
(transfert de matière externe).
– la surface du matériau est considérée comme homogène ;
– l’adsorption est supposée monocouche ;
– les interactions entre adsorbats sont négligeables ;
– les étapes d’adsorption et de désorption sont cinétique-
Pores
ment négligeables vis-à-vis de la réaction chimique.
Couche
limite Dans le cas d’une limitation par la réaction chimique, deux cas
de figure sont envisagés :
■ Modèle pour la dégradation d’un seul composé
Le schéma général envisagé est donc [12] :
Phase gaz
homogène
3
2 4
1 5
A
6
7
Les vitesses de réaction respectives s’écrivent :
B
(10)
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(18)
k1 et k–3 constantes de vitesses d’adsorption respective-
ment de R et P (m3 · s–1 · m–2 de catalyseur),
k–1 et k3 constantes de vitesses de désorption respective- Cette loi est bien évidemment valable dans la mesure où l’affi-
ment de R et P (M · s–1 · m–2 de catalyseur), nité du produit de réaction pour la surface du catalyseur n’est pas
nettement supérieure à celle du réactif (c’est-à-dire, KP n’est pas
k2 et k–2 constantes de vitesses de réaction (M · s–1 · m–2 de nettement supérieure à KR) ou en se plaçant en cinétique
catalyseur). initiale [4].
D’après les hypothèses du modèle, rads = rdes = 0 (équilibres
instantanés) : ■ Modèles relatifs à la dégradation de plusieurs composés
Dans le cas d’un mélange de deux molécules (notées A et B),
soit les deux composés ou leurs sous-produits réagissent l’un avec
(13) l’autre, soit ils ne réagissent pas ensemble. Selon l’affinité des
composés pour des sites identiques ou non, plusieurs modèles
peuvent alors être proposés [4] [12]. Les modèles cinétiques en
mélange bimoléculaire lorsque les réactifs réagissent chimique-
ment ensemble sont détaillés dans le tableau 1. Les modèles 1 à 3
(14) (tableau 1) correspondent aux modèles de Langmuir-Hinshelwood
bimoléculaires.
Le modèle 1 exprime la cinétique de dégradation de deux réac-
Le rapport des deux équations donne : tifs avec adsorption duale des composés sur les mêmes sites [14].
Les réactifs s’adsorbent sur des sites identiques voisins puis réa-
(15) gissent ensemble. Le terme au dénominateur tient compte de
l’adsorption compétitive des deux produits.
En remplaçant θR et θP à l’aide de la relation (15) dans les Le modèle 2 correspond à la forme de Langmuir-Hinshelwood
équations (10) et (12) : bimoléculaire généralisée. Contrairement au modèle 1, les deux
réactifs ne réagissent pas directement ensemble. Il est principale-
ment utilisé pour caractériser la cinétique de dégradation d’un pol-
luant en présence d’eau. Chaque rapport représente l’adsorption
compétitive du polluant et de l’eau pour le même site
d’adsorption [14]. En général, l’eau n’apparaît pas directement en
La vitesse de réaction globale s’exprime donc : tant que réactif dans les équations bilans de photocatalyse mais
plutôt en tant que produit conjointement avec le CO2. Cependant,
elle joue un rôle dans le mécanisme d’oxydation des polluants en
(16) tant que précurseur des radicaux hydroxyles, ce qui explique la
forme de ce modèle [15].
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(22)
(19)
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2
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G1750
2
Ingénieur INSA, Docteur ès sciences
Professeur de génie des procédés
Laboratoire d’ingénierie des procédés de l’environnement à l’INSA de Toulouse
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© Techniques de l’Ingénieur G 1 750 − 1
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G1750
Les émetteurs de COV sont essentiellement les transports et les industries utili-
satrices de solvants [12] ;
— les fumées de combustion issues des incinérateurs contenant NOx , SO2 , HCl ;
— les gaz acides à base de HCl, HF, H2 S et CO2 ;
— des effluents contenant des composés odorants de type soufrés (H2 S,
CH3 SH), azotés (NH3 , CH3 NH2 ) ou oxygénés (acétone, acide acétique). Les
principales sources sont les stations d’épuration d’eaux usées, les industries
agroalimentaires (conserveries, équarrissages), les papeteries et les industries
chimiques.
Au sens où nous l’entendons dans cet article, l’absorption est l’opération uni-
taire dont le principe est basé sur le passage d’un ou de plusieurs constituants
2 d’une phase gazeuse dans une phase liquide. Il s’opère des échanges (ou trans-
ferts) de matière entre une phase gazeuse et une phase liquide dont les
compositions chimiques sont différentes. Ce transfert de matière mis en jeu
s’effectue au sein de contacteurs (ou réacteurs) gaz-liquide dans lesquels les
deux phases sont mises en contact pour favoriser les échanges de matière.
Le dimensionnement de ces appareils repose sur un certain nombre de
concepts fondamentaux qu’il est indispensable de rappeler ici, sans toutefois
entrer dans les détails de certaines démonstrations qui ont fait par ailleurs
l’objet de nombreuses publications.
Les points suivants seront ainsi abordés :
— les différents types de contacteurs gaz-liquide ;
— les concepts de base du transfert de matière gaz-liquide ;
— les principes du dimensionnement des absorbeurs ;
— la mise en œuvre des absorbeurs à travers des études de cas.
Nous supposerons que :
— les concentrations des constituants présents dans la phase gazeuse et sus-
ceptibles d’être absorbés au sein de la phase liquide sont relativement faibles ;
— les phases se comportent comme des solutions diluées ;
— le liquide est non volatil ;
— le gaz vecteur est insoluble dans le liquide et se comporte comme un inerte ;
— l’absorption se déroule de façon isotherme ;
— les débits des phases gazeuse et liquide peuvent être considérés comme
constants entre l’entrée et la sortie de l’absorbeur.
Le choix d’une technologie plutôt qu’une autre est basé sur Hydroéjecteur Aérateur mécanique de surface
l’application d’un certain nombre de concepts concernant les
aspects hydrodynamique, réaction chimique et transfert de matière.
Le dimensionnement de ces contacteurs repose sur l’utilisation — aux notions de coefficient de transfert (locaux et globaux) ;
d’un certain nombre de concepts qui font appel : — au couplage entre les phénomènes de transport par diffusion
— aux équilibres thermodynamiques aux interfaces gaz-liquide, et les cinétiques de réaction chimique (constante de vitesse, ordre
à savoir les solubilités des gaz au sein des liquides ; de la réaction) ;
— aux mécanismes et lois associées du transport des espèces — aux caractéristiques hydrodynamiques des inclusions pré-
au sein des phases ; sentes au sein des contacteurs.
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2
École nationale supérieure de chimie de Rennes, France
riau poreux sont largement utilisés [1] [G 1700] [G 1835] [J 3921]. On les
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G1770
retrouve dans la purification des gaz [BE 8856] ainsi que des liquides. En effet,
ces procédés d’adsorption permettent d’éliminer dans une phase gazeuse un
grand nombre de molécules présentes, comme les composés organiques vola-
tils (COV) [G 1835] [J 3928], les molécules odorantes ou encore les dioxines et
les furannes [G 1820]… Leur mise en œuvre permet de traiter de larges
gammes de concentrations allant d’émissions à fortes teneurs (quelques g · m–3)
à des ambiances hyperdiluées de quelques μg · m–3. Le dimensionnement
des installations est réalisé pour des débits d’air à traiter pouvant aller de
quelques m3 · h–1 jusqu’à environ 50 000 m3 · h–1 pour des systèmes de type
modulaire [1] [2] [3].
2
La réglementation (arrêtés du 2 février 1998 et du 29 mai 2000 ainsi que les
arrêtés d’applications spécifiques) concernant les niveaux de rejets dans
l’atmosphère implique la mise en œuvre de technologies de traitement d’air
fiables et performantes. Les procédés par adsorption se placent donc parmi les
techniques les plus attractives et les plus pratiques dans un grand nombre
d’applications industrielles ou domestiques. En effet, ils présentent des avan-
tages certains en termes d’efficacité de traitement, de rusticité et de facilité de
fonctionnement, ce qui les rend particulièrement intéressants en traitement de
l’air ou des gaz.
L’objectif de cette présentation est d’aborder les concepts, les matériaux, les
outils, les procédés et les technologies de l’adsorption en traitement de l’air.
Ainsi, nous aborderons successivement :
– les mécanismes de transfert gaz-solide ainsi que les équations cinétiques
et d’équilibre ;
– les matériaux adsorbants les plus utilisés du fait de leur porosité et de leur
grande surface spécifique ;
– les principaux procédés d’adsorption continus, en traitement d’air, utilisés
en particulier dans l’élimination de familles de composés volatils et de molé-
cules odorantes ;
– la désorption et la régénération des adsorbants dans des procédés dis-
continus ou continus.
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G1770
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Tableau 2 – Données paramétriques de l’équation de Freundlich pour deux types de charbon actif
Grains de charbon actif Fibres de carbone activé
Composé kF kF
1/n 1/n
(mg1–1/n · m3/n · g–1) (mg1–1/n · m3/n · g–1)
2
Chloroforme 315 0,202
1,2-dichloroéthane 1 198 0,32
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École des mines de Nantes
Yves ANDRÈS
Maître de conférences, habilité à diriger des recherches
École des mines de Nantes
Claire GÉRENTE
Ingénieur de recherche
École des mines de Nantes
Pierre Le CLOIREC
Professeur
Directeur du département Systèmes énergétiques et Environnement
École des mines de Nantes
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1. Principes de base
Le principe de la biodégradation aérobie est basé sur la dégrada-
tion via des micro-organismes (bactéries, champignons...) de com-
posés organiques appelés, dans ce cas, le substrat. Ces réactions
d’oxydation s’effectuent obligatoirement en milieu aqueux dans Substrats 2 1
lequel se trouvent les consortiums microbiens. Ceux-ci peuvent être
libres ou immobilisées sur un support solide. Dans la mise en œuvre 3
des bioprocédés de protection de l’environnement et, en particulier,
lors de l’épuration biologique de l’eau, on rencontre des bassins
aérobies ou anoxiques de boue activée qui sont assimilés à des Bactérie
réacteurs en mélange intégral ou encore des lits bactériens qui sont
des colonnes dans lesquelles circule l’eau à traiter sur un garnissage
colonisé [3]. 4
Dans le cas spécifique du traitement biologique de l’air, il convient Métabolites 5 6
de mettre en contact le substrat de la phase gazeuse avec les micro-
organismes dans une phase aqueuse. Les notions de transfert de
matière, modélisé par la loi de Fick, et de diffusion dans les phases Eau Air
liquides et gazeuses [4] permettent de schématiser les phénomènes
qui se produisent et d’en identifier les différentes étapes (figure 1).
Ces transformations biologiques via des réactions enzymatiques
Différentes étapes du transfert
sont des réactions complexes de dégradation et d’oxydation molé-
culaires. En simplifiant à l’extrême, la réaction peut s’écrire : 1 - Diffusion de la molécule dans la phase gazeuse jusqu'à l'interface
gaz-liquide
MO + O2 + [N, P, K, oligoéléments] + H2O → CO2 + H2O + métabolites + E + X
2 - Transfert du polluant et de l'oxygène dans l'eau par absorption
La matière organique (MO), présente dans l’air, est le substrat (solubilisation) et diffusion vers la bactérie
principal qui, en présence d’oxygène, d’une source d’azote (N) et de
3 - Dégradation du substrat par la bactérie qui produit alors des
phosphore (P), d’oligoéléments et d’eau est dégradée et oxydée en métabolites ou sous-produits de réaction
dioxyde de carbone, en eau et en sous-produits (métabolites). Ces
réactions biologiques apportent d’une part de l’énergie (E) interne 4 - Transfert des métabolites et diffusion dans l'eau
aux micro-organismes et permettent d’autre part une multiplication 5 - Transfert des métabolites de l'eau vers l'air (désorption ou stripage)
des bactéries (X) dans le milieu aqueux.
6 - Diffusion des métabolites dans la phase gazeuse
2. Micro-organismes
et réactions biochimiques Figure 1 – Approche schématique des transferts de substrats
et de métabolites de biodégradation dans les phases gazeuses
et aqueuses
Pour une meilleure compréhension des biotechnologies appli-
quées à la réduction des pollutions dues à des effluents gazeux, des — tolérer des conditions difficiles dans leur environnement ;
notions de métabolisme microbien sont présentées dans ce para- — montrer une large variabilité phénotypique en réponse aux
graphe. Étant donné le type d’émissions à traiter, seules les voies conditions de l’environnement à travers des mécanismes de
aérobies seront abordées. Les micro-organismes et, plus particuliè- régulation génétique ;
rement, les bactéries présentent des capacités à :
— s’associer avec d’autres organismes dans des interactions
— se propager rapidement avec des temps de génération synergiques telles que la symbiose, le mutualisme, le commensa-
donnés ; lisme, en élargissant la diversité métabolique d’une espèce.
— posséder une grande flexibilité dans la régulation, la coordina-
tion, l’induction et la répression des chaînes métaboliques ; L’utilisation d’une molécule (organique ou minérale) par des micro-
— coloniser rapidement de nouveaux habitats ; organismes peut suivre la voie du catabolisme ou bien celle de la
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biotransformation. Les produits résultant d’une biotransformation constitutives de la cellule. La température a généralement un
peuvent s’accumuler jusqu’à atteindre des concentrations toxiques optimum entre 35 et 40 ˚C.
pour une espèce microbienne avant d’être minéralisés par d’autres
espèces. Cette séquence de dégradation est souvent rencontrée dans ■ Le pH est un facteur qui influe fortement sur le développement
le cas de la biodégradation de molécules complexes [5]. des micro-organismes. À l’opposé des moisissures et des levures
pour lesquelles le développement est favorisé à un pH acide (pH 3 à
6), les bactéries se multiplient plutôt en milieu neutre ou légèrement
alcalin (pH 7 à 7,5), mais ces limites peuvent être assez larges. Les
2.1 Nutriments et croissance microbienne micro-organismes modifient fréquemment le pH de leur propre
habitat en produisant des déchets métaboliques acides ou basiques.
Les micro-organismes se multiplient à partir des nutriments pré- ■ Des conditions de potentiel d’oxydo-réduction très variables leur
sents dans leur milieu. Ils ont tous des besoins communs : de l’eau, sont nécessaires. En effet, certains micro-organismes ont besoin de
2
une source de carbone, d’azote et d’énergie, ainsi que des éléments conditions oxydantes et ne vont pas se développer si le milieu
minéraux. La température, le pH, la concentration en oxygène, la devient réducteur (Nitrosomonas sp., Nitrobacter sp.). Par contre,
pression osmotique et la présence d’eau sont des facteurs influant d’autres requièrent un milieu extrêmement réducteur pour croître
sur le développement microbien [6]. (méthanogènes, −350 mV).
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Récalcitrant enzymes spécifiques du métabolisme microbien (déhalogénase) ou
par des déhalogénations spontanées dans le cas d’intermédiaires
Figure 2 – Classification des composés organiques en fonction instables avec production de d’acide chlorhydrique. C’est en réalité
de leur biodégradabilité en aérobiose [9] la gamme de substrat utilisable par les déhalogénases qui déter-
mine les composés halogénés synthétiques susceptibles d’être utili-
— à une dégradation partielle ou incomplète avec formation de sés comme substrat de croissance par les micro-organismes. La
composés stables par biotransformation et parfois plus complexe résistance à la biodégradation de beaucoup de composés xéno-
par polymérisation [7]. biotiques chlorés est liée au manque d’enzymes. La plupart des alca-
nes ou des composés aromatiques comportant un grand nombre de
Les facteurs qui vont affecter la biodégradation concernent la substituts chlorés ne peut pas être déhalogénée directement en
molécule, l’environnement, la population microbienne. Lebeault [8] aérobiose, une étape intermédiaire en anaérobiose étant néces-
cite les facteurs moléculaires qui interviennent pour un traitement : saire.
— l’encombrement stérique qui est fonction de la masse molaire, Les alcanes sont généralement transformés en acides gras. Pour
du degré de polymérisation et du degré de substitution (nature, ce faire, en présence d’oxygène, l’alcane est attaqué par une mono-
nombre, position des substituants) ; oxygénase qui introduit dans la molécule un atome d’oxygène for-
— les équilibres solide / liquide / vapeur ; mant ainsi un alcool. Ce dernier est ensuite oxydé en un aldéhyde et
— la solubilité (biodisponibilité) ; finalement en un acide carboxylique. L’acide ainsi formé prend part
— la toxicité (des composés de départ et des produits de au métabolisme central pour suivre la voie de dégradation des lipi-
dégradation) ; des par β-oxydation. Il apparaît clairement que l’étape initiale d’oxy-
dation ne peut se faire en absence d’oxygène. Les composés
— la concentration en polluant. aliphatiques insaturés sont dégradés en aérobiose par des
mécanismes similaires à ceux impliqués dans la dégradation des
composés saturés. Les doubles et triples liaisons sont chimique-
2.3.1 Exemples de biodégradation ment plus réactives et peuvent induire des réactions additionnelles
telles que l’hydratation ou la formation d’époxydes [10]. La biodé-
La capacité des micro-organismes à intégrer dans leur méta- gradation aérobie de molécules aromatiques est courante avec un
bolisme des molécules toxiques ou xénobiotiques résulte de leur composé intermédiaire commun : les catéchols.
intervention dans les cycles des éléments tels que le cycle du car- Le tableau 1 regroupe quelques valeurs de capacité d’élimination
bone, du soufre et de l’azote. L’utilisation des substrats polluants de composés organiques par des procédés utilisant les biotechnolo-
peut correspondre à une dérivation des systèmes enzymatiques qui, gies qui montrent que le traitement des pollutions organiques via
malgré une grande spécificité de substrats, acceptent des composés les biotechnologies est efficace. Néanmoins, un bonne adéquation
de structure suffisamment proche pour être dégradés et être ainsi est requise entre le type de biomasse (mixte ou souche pure) et le ou
ramenés vers le métabolisme cellulaire central. les molécules à dégrader.
(0)
Tableau 1 – Capacité d’élimination de composés organiques par des biomasses microbiennes [11]
Composé Micro-organismes Capacité d’élimination
(g de substrat · m−3 · h−1)
Éthanol Culture mixte 53 à 219
Méthanol Consortium de 8 bactéries 112,8
Dichlorométhane Hyphomicrobium sp. 200
Éthylacétate Culture mixte 175
Propionaldéhyde Pseudomonas fluorescens 500
Toluène, éthylbenzène, xylène Culture mixte 70
Toluène + éthylbenzène + xylène Culture mixte 75 à 80
Phénol Pseudomonas putida 124 à 700
Styrène Culture mixte 70 à 80
Toluène Culture mixte 35
Éthanol + toluène Bacillus sp. + Pseudomonas sp. 120 et 70
Méthanol + styrène Culture mixte 110
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G1781
2
École des Mines de Nantes
et Pierre LE CLOIREC
Professeur, Directeur Scientifique
École de Chimie de Rennes (ENSCR)
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Référence Internet
G1781
d SG d SL R0
dS R s = – ---------- = ------ S L (4)
U G ----------- = aD ----------L x = 0 et z = 0 = Se
SG G (1)
dz dx dt Ks
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G1791
Lionel FIABANE
Ingénieur de recherche Irstea, docteur en sciences de l’ingénieur de l’École Polytechnique
Irstea – UR OPAALE équipe ACTA, Rennes, France
2
et Dominique HEITZ
Chargé de recherche Irstea, responsable équipe ACTA, habilité à diriger les recherches en
mécanique de l’université de Rennes 1, docteur en mécanique des fluides de l’université
de Poitiers
Irstea – UR OPAALE équipe ACTA, Rennes, France
S eule la maı̂trise localisée des flux d’air propres peut prétendre assurer des
niveaux élevés de propreté d’air autour des produits sensibles à l’aéro-
contamination. Il est bien entendu possible d’obtenir globalement une bonne
protection particulaire dans des grands volumes comme les ateliers de produc-
tion, même ouverts aux contaminations internes (opérateurs, machines, matiè-
res premières, etc.). Mais la maı̂trise localisée, appelée également « flux unidi-
rectionnel » ou « flux dirigé », permet d’obtenir localement des niveaux de
propreté en activité de « classe 5 » (de la norme ISO 14644-1), ou de « classe 100 »
Parution : octobre 2018
53
Référence Internet
G1791
difficilement des classes de propreté 100 fois moins bonnes en salle propre
perturbée par l’activité (« classe 7 » de ISO 14644-1, ou « classe 10 000 » de
FED-STD-209 E).
Ce constat est maintenant partagé par bon nombre d’industriels de l’alimen-
taire pour lesquels la problématique froid et condition de travail s’ajoute à celle
de l’ultrapropreté. Une bonne maı̂trise localisée des flux d’air propres et froids
permet de maintenir une température constamment basse d’environ 4 C
au niveau des produits alimentaires en cours de traitement (plans de travail,
conditionneuses, bandes convoyeuses, etc.), tout en assurant une température
nettement plus élevée, d’environ 15 C, au contact des personnes situées à
proximité.
2
Le présent article va tout d’abord s’attacher à définir ce qu’est une protection
localisée par soufflage d’air propre, puis à décrire les phénomènes physiques
mis en jeu dans les dispositifs de séparation d’ambiances. Les effets de l’entraı̂-
nement, du mélange et de la flottabilité seront plus particulièrement détaillés,
ainsi que les ressorts du transport particulaire. Des technologies concrètes de
protection localisée seront enfin présentées et décrites.
Dans le cas des salles blanches, il faut assurer une étanchéité éle-
1. Protection localisée vée vis-à-vis de l’air extérieur, un apport d’air propre en grande
d’ambiance par flux d’air quantité (avec pour conséquences la nécessité de centrales de trai-
tement d’air (CTA) à très haut débit et le remplacement régulier de
coûteux filtres HEPA) et une surveillance en continu des paramètres
de la salle (température, hygrométrie, niveau d’empoussièrement).
L’air est un vecteur important de contamination. Au gré de ses Au niveau des classes de propreté les plus contraignantes, il faut
mouvements, il transporte des aérosols solides ou liquides et/ou de plus utiliser des matériaux spécifiques pour les conduites ou
des particules. Il peut les déposer éventuellement sur des surfa- les surfaces. Enfin, il est particulièrement difficile d’assurer un
ces ou des produits qui s’en trouvent altérés. La notion de protec- niveau de contamination faible et homogène à grande échelle, sur-
tion contre les particules aéroportées est variable selon l’étendue tout si la pièce comporte des machines et que des travailleurs inter-
spatiale de cette protection : elle peut être globale, c’est-à-dire viennent activement en son sein.
étendue à l’ensemble d’un volume à l’échelle d’une salle ou
Dans le cas des isolateurs, toutes les opérations sur les produits
d’une cellule, ou localisée, c’est-à-dire dans un volume particulier
doivent être prévues à la construction de l’isolateur, et toutes les
englobant le produit à protéger et ouvert à une ambiance moins
modifications ultérieures sont coûteuses voire impossibles à
maı̂trisée.
effectuer.
Dans le cas d’une protection globale, en milieu confiné, l’air est
purifié à l’aide de filtres à haute efficacité (EPA, HEPA, ULPA) [G 1 710]. Dans les deux cas, la production est en outre alourdie par de
Cet air propre suralimente l’environnement des produits pour, d’une nombreuses contraintes, préconisations ou obligations quant à la
part, diluer la pollution « endogène » inévitablement créée lors des tenue des opérateurs, la façon d’entrer et sortir des pièces ou des
phases de production (les sources de contamination étant entre ateliers, l’accès aux produits, et en général la façon d’effectuer tous
autres les opérateurs, les produits eux-mêmes, les machines…) et, les actes afin de limiter les contaminations.
d’autre part, pour empêcher par surpression la pollution « exogène » Une méthode de protection alternative consiste à apporter un
de pénétrer dans la zone protégée. C’est le principe des salles à flux d’air propre au plus près des produits, englobant ou non les
empoussièrement contrôlé, communément appelées « salles pro- opérateurs (voir figure 1). La présence de l’opérateur dans la
pres » ou « salles blanches » lorsqu’elles ont fait l’objet d’une clas- zone protégée peut présenter certains avantages pratiques, et
sification (norme NF EN ISO 14644-1). Afin de protéger de manière les problématiques sont alors celles des salles propres classi-
plus efficace les produits sensibles, il est également possible d’iso- ques : Comment préserver la zone propre des pollutions exter-
ler complètement ces produits, en créant un environnement protégé nes ? Comment assurer un niveau homogène et maı̂trisé des pol-
par carénage interdisant tout contact avec l’extérieur : on parle alors lutions dans un environnement contenant des sources de
d’« isolateurs » [F 1 200]. polluants (les opérateurs eux-mêmes principalement) ? On peut
Les salles blanches et les isolateurs sont des solutions radicales, également souhaiter s’affranchir de la contrainte des opérateurs
dont le principe est simple (alimenter une boı̂te étanche en air pro- en tant que sources de pollution interne à la zone protégée,
pre) et l’efficacité vis-à-vis de la protection contre les particules mais en conservant un accès facile aux produits pour les opéra-
aéroportées bonne au moins en moyenne. Ces solutions introdui- teurs. Il faut alors assurer une bonne protection au niveau des
sent en revanche un certain nombre de contraintes, ont un coût produits, à tout instant et même en cas d’effraction de la zone
d’exploitation associé élevé, et ne répondent pas toujours aux protégée par les opérateurs : c’est le principe de la protection
besoins spécifiques des opérateurs. localisée [1].
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Référence Internet
G1791
Figure 1 – Protection localisée par flux d’air propre englobant les opérateurs (gauche), centrée sur le produit sans recyclage (centre) ou centrée
sur le produit avec recyclage d’air (droite)
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Référence Internet
G1791
positionnement historique, s’est spécialisée dans les applications avec (1) l’équation de continuité, (2) les équations de Navier-Stokes
de l’industrie agroalimentaire (IAA). Les paramètres étudiés et les et (3) l’équation pour le transport de la température. Dans ce sys-
applications abordées le seront dans ce contexte spécifique : tème, la répétition des indices traduit une sommation et les varia-
– les solutions de protection localisée en IAA étant souvent utili- bles et paramètres sont :
sées pour leur aptitude à apporter en complément un air froid au ui : les trois composantes de vitesse,
plus près des produits (permettant même de le recycler plus facile- T : la température,
ment pour des économies d’énergie [3]), nous développerons éga-
lement (§ 2) les spécificités physiques apportées par le paramètre p : la pression assimilée à p - r0gi dikxk,
température, notamment au niveau de l’interface entre l’ambiance r0 : la masse volumique de référence,
et la zone protégée. Un travail d’optimisation dans le cadre d’un n : la viscosité cinématique,
développement technologique pour la séparation d’ambiance dans
les IAA a permis d’assurer un niveau de propreté et de fraı̂cheur k : la diffusivité thermique,
satisfaisant au niveau des produits alimentaires et un environne- gi : les composantes de l’accélération gravitaire,
2
ment de travail confortable pour les opérateurs : c’est la technolo-
gie FROILOC©, présentée au § 4 ; b : le coefficient de dilatation thermique (r ª r0[1-b(T - T0)]).
– la notion de contaminants et de contamination est variable Dans les équations de Navier-Stokes (2), l’accélération ou la
selon la nature et la sensibilité des produits au niveau de leur sur- décélération (terme 2a, constitué d’une composante instationnaire
face et des processus physiques mis en jeu. Ainsi, les contaminants et d’une composante convective) des particules fluides (à ne pas
de l’air peuvent être de nature très diverse : de la particule maté- confondre avec les particules matérielles précédemment évoquées)
rielle inerte (poussières ou aérosols) à des molécules, en passant sont dues aux forces relatives à la pression (2b), à la viscosité (2c)
par les biocontaminants (bactéries, levures, moisissures…). et à la gravité (2d), voir par exemple [4] pour plus de détails.
La contamination traitée dans cet article (§ 3) se limite aux particu- Cet équilibre conduit à un déplacement des particules fluides, et
les physiques de tailles micrométriques caractéristiques de celles donc à un écoulement. De manière similaire, la variation de tempé-
rencontrés en IAA (voir [G 1 920] par exemple), étant entendu que rature (3a) résulte du phénomène de diffusion thermique (3b).
les biocontaminants aéroportés font partie des particules à élimi- De ce système, on peut en déduire des équations moyennées fai-
ner. De même les applications et méthodes présentées ont été sant intervenir des quantités statistiques mesurables. Ainsi, l’équa-
développées en fonction de contraintes spécifiques à l’IAA. 1
tion de transport pour l’énergie cinétique turbulente k = ui ui
2
s’écrit :
∂ k ∂ k ∂ Ui
2. Écoulements typiques ∂t
+ Uk
∂x k
= − ui uk
∂x
k
du mélange 4a 4b
⎛∂ u k 1 ∂ p′ k ⎞
u
∂2 k ∂ui ∂ui
k
−⎜ + ⎟ +ν −ν
⎜⎝ ∂x k ρ0 ∂x k ⎟⎠ ∂x k ∂x k ∂x k ∂x k
La séparation d’ambiance climatique se joue au niveau de l’inter-
4d
4e
face entre les deux ambiances à séparer, par exemple la frontière 4c
entre l’ambiance générale d’un atelier et l’environnement maı̂trisé − β0gk uk θ
et localisé autour d’un produit à protéger. Dans cette zone, l’écou- 4f
lement peut être simplement représenté, selon les configurations,
par deux écoulements typiques des écoulements cisaillés libres : Dans cette équation, le terme de gauche (4a) représente la varia-
– la couche de mélange pour l’interface entre deux ambiances de tion totale de l’énergie cinétique. Les termes de droite correspon-
vitesses différentes ; dent à un transfert d’énergie entre écoulement moyen et turbulent
– le jet plan (ou rideau d’air) largement utilisé pour améliorer de (4b), à de la diffusion turbulente (4c) et visqueuse (4d) et à de la
façon significative la séparation. dissipation (4e). Le terme (4f) correspond enfin au travail des forces
de gravité. La description physique du rôle de ces différents termes
Dans cette section, nous nous limitons à décrire ces deux écoule- se trouve dans de nombreux ouvrages traitant de la turbulence [5].
ments d’un point de vue phénoménologique et à donner les lois Il est néanmoins utile pour la compréhension des phénomènes de
décrivant leur comportement moyen. la turbulence impliqués dans la séparation d’ambiances de s’attar-
der sur deux termes :
2.1 Équations du mouvement – le terme de production de turbulence (premier terme du mem-
bre de droite) : c’est le produit entre les corrélations de fluctuations
L’écoulement d’un fluide newtonien et incompressible, avec de vitesse et le gradient du champ moyen. Il apparaı̂t également
l’approximation de Boussinesq pour la prise en compte des effets dans l’équation de conservation de l’énergie cinétique moyenne
de flottabilité, est décrit par le système suivant : comme un terme puits. Il est donc responsable d’un transfert
d’énergie de l’écoulement moyen vers la turbulence. Il y a donc
∂ui une production et donc un entretien de la turbulence si l’écoule-
=0 (1)
ment est à gradient de vitesse moyen non nul (présence d’un
∂x i
cisaillement moyen de vitesse, comme dans la couche de mélange
ou le jet plan) ;
∂ui ∂ui 1 ∂p ∂2ui – le terme de flottabilité correspondant au travail des forces de
+ uk =− +ν − gi β (T − T0 ) (2) gravité (dernier terme du membre de droite). Ce terme fait interve-
∂t ∂x ρ ∂x ∂x k ∂x k
nir les corrélations vitesses-température et peut être un terme de
k 0i 2d
2a 2b 2c production ou de destruction de turbulence, notamment dans les
écoulements stratifiés.
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Référence Internet
G1794
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G1794
Les procédés les plus couramment utilisés sont basés sur l’oxydation ther-
mique à haute température (catalytique ou purement thermique) dans des uni-
tés fonctionnant en continu. Compte tenu des débits importants à traiter et de la
température nécessaire à l’oxydation totale des COV, la dépense énergétique
est importante mais peut être largement réduite par récupération de chaleur et
si la concentration de COV à éliminer à traiter est suffisante pour assurer l’au-
tonomie énergétique par utilisation de la chaleur provenant de l’exothermicité
de la réaction d’oxydation totale des COV.
La concentration requise pour atteindre l’autothermie du procédé peut être
réalisée par concentration des effluents ou, de manière plus astucieuse, par
une captation judicieuse des émissions de polluants, avant qu’elles soient
diluées dans l’air ambiant des ateliers.
2 Le traitement des oxydes d’azote (NOx) concerne essentiellement les fumées
de combustion et nécessite l’ajout d’un réducteur (urée, ammoniac ou hydro-
carbure) afin de réduire les NOx en N2, mais ce réducteur doit être totalement
éliminé avant rejet de l’effluent dans l’atmosphère.
Il faut citer aussi les traitements biologiques, souvent très efficaces mais dif-
ficiles à contrôler et l’échange gaz-liquide (le plus souvent de l’eau), mais qui
nécessite de traiter ultérieurement l’effluent liquide.
Le traitement de l’air intérieur (maisons, bureaux, trains, avions, bus…) peut
sembler plus complexe en raison de la grande diversité de polluants potentiels
et du très faible niveau de polluants résiduels requis [1]. Toutefois, les flux à
traiter restent modestes (quelques centaines à quelques milliers de m3/h), ce
qui ne nécessite que des installations de petite taille pouvant éventuellement
être embarquées.
La difficulté de ce type de traitement est d’utiliser un procédé efficace, peu
sélectif, d’encombrement réduit et peu coûteux (en investissement, en énergie
et en maintenance).
Les seuls procédés actuellement développés sont basés sur l’adsorption
(charbon actif) ou la photocatalyse (UV + TiO2) : procédés « froids », ne néces-
sitant pas de chauffage de l’air à traiter. Le procédé par plasma non thermique,
associé ou non à un catalyseur pourrait constituer une alternative à ces deux
procédés mais bien que très prometteur (peu coûteux en énergie, compact et
« on-off ») il est encore largement au stade de la recherche ou du prédévelop-
pement industriel, peu de systèmes basés sur le plasma étant actuellement pro-
posés sur le marché.
L’amélioration des traitements curatifs des effluents industriels relève plutôt
de l’amélioration des procédés (limitation de l’utilisation de solvants, confine-
ment des émissions, captation améliorée des émissions) avec un double but :
efficacité et diminution de la consommation énergétique.
En revanche, peu de solutions satisfaisantes semblent exister pour les instal-
lations de petite dimension et pour l’air intérieur, qu’il soit domestique (mai-
sons) ou public (transports, bureaux, lieux publiques). Néanmoins, un marché
potentiel important devrait exister pour de petites installations, peu énergivo-
res, transportables voire embarquées, sachant que les méfaits, à long terme,
des polluants en faible concentration sont de plus en plus pris en compte.
Cet article présente une mise au point, aussi bien au niveau connaissances
technologiques que potentialités des procédés de traitement de l’air utilisant
l’action d’un plasma non thermique.
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Référence Internet
G1794
1. Plasma non thermique courbure (pointe ou fil), l’autre pouvant être assimilée à une élec-
trode plane (grand rayon de courbure). Grâce à cette géométrie dif-
et traitement de l’air férente, le champ électrique obtenu est très anisotropique, son
intensité étant beaucoup plus forte au voisinage de l’électrode de
petit rayon de courbure, de telle sorte qu’il devient possible que le
plasma initié au voisinage de cette électrode ne puisse pas s’éten-
1.1 Définition d’un plasma non thermique dre jusqu’à l’autre électrode en raison de l’affaiblissement du
champ électrique et donc va rester confiné au voisinage immédiat
Le terme de « plasma » désigne les interactions se produisant au de l’électrode de petit rayon de courbure. Un tel plasma peut être
sein d’un gaz ionisé entre les électrons, les ions et les espèces neu- obtenu par application d’une tension électrique continue ou alter-
tres. Ce terme fut introduit par Langmuir pour désigner les effets native entre les électrodes (figure 1).
d’une décharge électrique dans un gaz. Le plasma sera dit « non
La décharge à barrière diélectrique (DBD) nécessite la réalisation
thermique », ou « froid » si la température moyenne du gaz reste
d’électrodes un peu plus compliquées par la présence d’un maté-
proche de la température initiale du gaz (température avant le
2
riau diélectrique isolant entre les électrodes pouvant être au
déclenchement du plasma) et proche de la température ambiante.
contact direct des électrodes, ou « flottant » dans l’espace interélec-
En pratique, on pourra parler de « plasma non thermique » jusqu’à
trodes (figure 2). La présence de ce matériau empêche la formation
quelques centaines de degrés Celsius, si l’effet thermique du
d’un arc électrique, mais de par sa position entre les électrodes va
plasma reste modeste.
présenter en surface une charge électrique résultant du dépôt
La formation du plasma résulte d’un transfert d’énergie cinétique d’électrons ou d’ions positifs générés dès l’application de la diffé-
vers le gaz, grâce à un champ électrique intense qui permet d’accé- rence de potentiel entre les électrodes et, de ce fait, va diminuer
lérer fortement les espèces ionisées naturellement présentes dans l’intensité du champ électrique initialement créé jusqu’à une valeur
le gaz, et notamment les quelques électrons libres résultant, par provoquant l’extinction du plasma. Le plasma ne pourra être pré-
exemple, de l’effet des rayons cosmiques. Sous l’influence de ce sent à nouveau qu’après l’élimination des charges de surface du
champ électrique intense, les électrons sont fortement accélérés et diélectrique, soit par retour à zéro de la différence de potentiel
entrent en collision inélastique avec les molécules neutres, géné- entre les électrodes et élimination naturelle des charges (signal de
rant alors d’autres électrons et des espèces ionisées positivement. tension pulsé), soit par inversion de la polarité entre les électrodes
Ce processus conduit à la formation d’une avalanche électronique (signal de tension alternatif). Un tel système nécessite alors l’appli-
formée d’électrons très énergétiques qui, dans certains cas, sont cation d’une tension variable entre les électrodes, le plasma n’étant
capables de rompre les liaisons chimiques de molécules pour pas généré en continu mais sous forme de décharges ponctuelles
créer des espèces radicalaires et de transférer une partie de leur dont la fréquence va dépendre de la fréquence du signal de ten-
énergie pour créer des espèces moléculaires excitées (oxygène sin- sion, que celui-ci soit impulsionnel ou alternatif.
gulet, par exemple).
Dans un plasma d’air, on observera la formation d’oxygène ato-
mique O , voire d’azote atomique N et s’il y a présence de vapeur
d’eau, du radical hydroxyle HO . Ces espèces radicalaires sont très
réactives et vont pouvoir réagir entre elles ou avec les molécules
présentes dans l’air pour former par exemple de l’ozone O3 ou
éventuellement développer des processus d’oxydation radicalaire
si des molécules organiques (COV) sont présentes dans le milieu
gazeux. Ce sont ces processus d’oxydation qui permettront l’élimi-
nation des composés polluants de l’effluent à traiter.
Les plasmas non thermiques, caractérisés par la formation d’es-
pèces très réactives sont donc globalement très loin de l’équilibre
thermodynamique. On parlera aussi de « plasmas hors équilibre »
pour désigner ce genre de plasmas.
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2
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G1795
Masquants et neutralisants
dans le traitement de l’air
Annabelle COUVERT
2
par
Maître de conférences, HDR, É
cole nationale supérieure de chimie de Rennes (ENSCR)
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Référence Internet
G1795
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Référence Internet
G1795
les flux gazeux. C’est le cas dans les CET, lorsque des déchets
Tableau 1 – Caractéristiques de quelques composés d’ordures ménagères sont stockés dans des casiers en extérieur
responsables des nuisances olfactives avant d’être recouverts (amendement des sols et aménagement
dans l’environnement [3] paysager de la zone), ou bien sur des sites de compostage, des
Famille de Odeur Seuil olfactif exploitations agricoles ou avicoles, ou encore lors de problèmes
composés
Composés
caractéristique (mg · Nm–3 air) de fuites intempestives au cours d’activités industrielles. On dit
alors que les flux gazeux odorants sont diffus. Les composés odo-
Hydrogène rants émis par ces sources sont donc dilués dans l’air ambiant,
Œuf pourri 0,0001 à 0,03
sulfuré puis transportés par les vents jusqu’aux habitations se situant au
voisinage des sites. Or, parmi les trois caractères que l’on peut
Composés Méthylmercaptan Choux, ail 0,0005 à 0,08 associer à une odeur (sa nature, son intensité et sa concentration),
soufrés Légumes en la concentration ou encore la persistance d’une odeur constitue un
Diméthylsulfure 0,0025 à 0,65 paramètre clé lorsque les habitations sont éloignées du site émet-
2
décomposition
teur. De plus, la plupart du temps, même si les composés odorants
Diméthyldisulfure Putride 0,003 à 0,014 sont mélangés à l’air ambiant avant d’atteindre les habitations, la
dilution n’est pas suffisante pour éviter que les riverains ne ressen-
Ammoniac Irritante 0,5 à 37 tent une gêne, et on note une affluence de plaintes.
Poisson en
Triméthylamine 0,006
décomposition
Composés 1.2 Techniques classiques pour l’air
Fécale,
azotés Indole
nauséabonde
0,0006 canalisable
Fécale, Parmi les méthodes existant pour pallier le problème d’odeurs,
Scatol 0,0008 à 0,1 des méthodes préventives (traitement à la source) peuvent être
nauséabonde
mises en œuvre :
Acide acétique Vinaigre 0,025 à 6,5 – la révision du procédé et des opérations d’exploitation afin
Acides gras Acide butyrique Beurre rance 0,0004 à 3 d’agir sur les étapes pouvant être génératrices d’odeurs ;
volatils – le choix des matières premières pour diminuer l’introduction
Sueur, de substances malodorantes ou de précurseurs d’odeurs ;
Acide valérique 0,0008 à 1,3
transpiration – l’utilisation, dans le procédé, de produits bloquant les proces-
Acre, sus de production des composés odorants ;
Méthanal 0,033 à 12 – le confinement pour un zonage solide (capots, portes, etc.) ou
suffocante
Aldéhydes par des rideaux d’air.
et cétones Butanal Rance 0,013 à 15 Lorsque ces méthodes ne peuvent pas ou ne sont pas implémen-
Acétone Fruit doux 1,1 à 240 tées, ou bien lorsqu’elles sont insuffisantes, il faut avoir recours à
des méthodes dites curatives (traitement du flux gazeux).
D’autres procédés sont disponibles, selon la concentration et les 1.2.1 Traitement du flux gazeux
flux à traiter, mais tous restent des procédés utilisables lorsque la
zone émettrice d’odeurs peut être couverte. Or, dans de nombreux Les procédés disponibles lorsque l’effluent gazeux est canali-
cas, les zones sont ouvertes à l’air libre, soit parce qu’elles repré- sable sont divers (figure 1) [1]. Généralement, leur utilisation
sentent des surfaces trop étendues pour envisager une couverture, dépend de la concentration et des flux à traiter. Parmi eux, on
soit parce que les moyens n’ont pas été mis en œuvre pour traiter notera l’adsorption, les bioprocédés (biofiltration, biolavage...), la
Composé odorant
Destruction Récupération
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Référence Internet
G1795
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Traitements de l'air
(Réf. Internet 42600)
1– Introduction
Valorisation du CO2. Partie 1 : voies directes et voies avec transformation biologique G1816 81
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3
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G1800
et Diane THOMAS
Chargée de cours
Service de génie des procédés chimiques
Faculté Polytechnique, université de Mons, académie universitaire Wallonie-Bruxelles,
Belgique
3
1.1 Principaux secteurs émetteurs d’oxydes de soufre .......................... — 2
1.2 Répartition des oxydes de soufre ...................................................... — 2
1.3 Effets du dioxyde de soufre ............................................................... — 2
2. Réglementation ............................................................................... — 2
2.1 Expressions des valeurs limites d’émission ..................................... — 2
2.2 Directives européennes ...................................................................... — 3
3. Méthodes de mesure ..................................................................... — 5
3.1 Techniques automatiques .................................................................. — 5
3.2 Techniques manuelles ........................................................................ — 5
4. Procédés de traitement ................................................................. — 5
4.1 Classification des procédés de réduction des émissions de SO2 ..... — 5
4.2 Procédés secs ..................................................................................... — 6
4.3 Procédés semi-secs ............................................................................ — 7
4.4 Procédés semi-humides ..................................................................... — 8
4.5 Procédés humides .............................................................................. — 8
4.6 Procédés conduisant à la conversion du SO2 en H2SO4 .................... — 12
4.7 Formation et abattement des composés du SO3 .............................. — 13
5. Effets des paramètres opératoires. Application du génie
des procédés aux opérations de désulfuration ......................... — 13
5.1 Concepts généraux. Effets du rapport des débits et de l’aire
interfaciale .......................................................................................... — 14
5.2 Cas des procédés secs et semi-secs .................................................. — 15
5.3 Cas des procédés semi-humides ....................................................... — 16
5.4 Cas des procédés humides ................................................................ — 16
6. Conclusions...................................................................................... — 23
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 1 800
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G1800
3 2. Réglementation
contenus dans ces combustibles. Les teneurs en soufre sont varia-
bles selon le type et l’origine des combustibles et peuvent atteindre
4 % pour les charbons.
La réaction produit majoritairement du SO2 suivant :
Étant donné la nocivité que présentent, pour l’homme et l’envi-
S + O2 → SO2 ronnement, tous les polluants gazeux, et en particulier le SO2, les
autorités publiques ont fixé des quantités maximales et des valeurs
En présence d’oxygène et d’impuretés métalliques (comme le limites maximales de concentration de ces substances dans les gaz
vanadium) exerçant une action catalytique, quelques pour-cent au rejetés, de façon à préserver la qualité de l’air ambiant. Ces normes
maximum de ce SO2 se transforment ultérieurement en SO3, sui- d’émission évoluent au cours du temps et deviennent de plus en
vant la réaction : plus sévères au fur et à mesure de l’avancement des connaissances
sur les effets des polluants et des progrès réalisés dans les techni-
1 ques de traitement des effluents. C’est ainsi que l’Union euro-
SO2 + O → SO3
2 2 péenne élabore des directives de plus en plus contraignantes,
basées notamment sur le concept de « meilleure technique dispo-
– les raffineries : les rejets de SO2 proviennent, dans des propor- nible ». Les directives édictent en plus les méthodes et modalités
tions variables, essentiellement des installations de combustion de mesure permettant d’effectuer le contrôle des émissions. Les
(chaudières, fours, torchères), des régénérateurs des unités de cra- États membres doivent transposer ces directives, qui constituent
quage catalytique et des effluents des unités de traitement des gaz des règles minimales, dans leur propre réglementation nationale.
sulfureux. Comme les nouvelles technologies d’abattement ne sont pas tou-
jours applicables aux installations existantes, les normes d’émis-
D’autres activités génératrices de SO2 sont, dans une moindre
sion sont souvent moins strictes pour ces installations que pour
mesure :
les nouvelles, et tiennent compte de la date d’octroi de la licence
– la chimie, avec pour exemples les unités de régénération de construction ou d’autorisation d’exploitation. Elles sont, d’autre
d’acide sulfurique, de fabrication de dioxyde de titane ; part, fonction du type d’unités industrielles émettrices et de leur
– la sidérurgie, la métallurgie : le dioxyde de soufre est produit capacité de production ou de traitement, et, pour les installations
notamment lors de l’agglomération du minerai de fer ou du gril- de combustion, de leur puissance thermique ainsi que de la nature
lage des minerais sulfurés comme la blende (ZnS), la galène du combustible (solide, liquide ou gazeux) ou du type de déchet
(PbS), les minerais de cuivre et de nickel… Le SO2 provenant des (municipal, hospitalier, industriel spécial, toxique ou dangereux,
fours de grillage est en général oxydé en SO3 par voie catalytique boues de station d’épuration…) à incinérer.
et récupéré par absorption pour produire de l’acide sulfurique ;
– ou encore les incinérateurs de déchets, les industries minérales
(cimenteries, verreries, fabriques de réfractaires…), les papeteries, 2.1 Expressions des valeurs limites
les sucreries, etc. d’émission
Les unités utilisées pour exprimer les concentrations limites des
1.2 Répartition des oxydes de soufre polluants dans les rejets gazeux sont le plus souvent des mg/Nm3
(un Nm3 est un m3 mesuré dans les conditions normales, c’est-à-
En France métropolitaine [2], l’année 2006 représente, avec 452 kt
dire à une température de 0 C, soit 273,15 K, et une pression abso-
de SO2, le minimum jamais atteint depuis plus de 40 ans. Depuis les
lue de 1 atm, soit 101,3 kPa) et parfois des ppmv (cas du SO3) qui
années 1980, le niveau d’émission de SO2 est en baisse constante,
sont des parties par million en volume, ce qui équivaut, si on
3 214 kt en 1980 contre 1 326 kt en 1990, soit une baisse d’environ
admet la loi des gaz parfaits, à des ppm en mole. On peut passer
60 % entre 1980 et 1990 et de 86 % entre 1980 et 2006. Cette forte
facilement d’une unité à l’autre par la relation :
réduction des émissions, observable depuis les années 1980,
s’explique par l’action conjointe de la baisse des consommations
d’énergie fossile suite à la mise en œuvre du programme électronu- ( )
C mg/ Nm3 = y (ppmv ) ⋅ M / 22,4
cléaire, des mesures visant à économiser l’énergie et des disposi-
tions réglementaires environnementales. Les progrès les plus dans laquelle M est la masse moléculaire du composé gazeux (en
récents résultent des actions développées par les exploitants indus- g/mol) et 22,4 le volume molaire normal (en L/mol), cette relation
triels favorisant l’usage de combustibles moins soufrés et l’améliora- devenant pour le SO2 :
tion du rendement énergétique des installations.
La figure 1 reprend, par année, les répartitions sectorielles des ( )
C mg/ Nm3 = y (ppmv ) × 2,86
émissions de dioxyde de soufre en France métropolitaine [2].
68
Référence Internet
G1800
4 000
(kt)
3 750
3 500
3 250
3 000
2 750
2 500
2 250
2 000
1 750
1 500
1 250
3
1 000
750
500
250
0
1960
1965
1970
1973
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007 (e)
Transformation d'énergie Industrie manufacturière Résidentiel/tertiaire
Agriculture/sylviculture Transport routier Autres transports
UTCF *
* UTCF : utilisation des terres leur changement et la forêt (e) estimation préliminaire
Citepa / coralie / format SECTEN
Mise à jour février 2008
Figure 1 – Évolutions temporelles et sectorielles des émissions de dioxyde de soufre en France métropolitaine (sources CITEPA [2])
69
Référence Internet
G1800
& La qualité de l’air ambiant est définie par la directive 1999/30/CE L’Union européenne a traduit les objectifs de réduction du proto-
du 22 avril 1999 fixant les valeurs limites d’immission (concentra- cole de Göteborg en les renforçant au travers de la directive
tion dans l’air ambiant) du SO2, qui doivent être respectées depuis « NEC » (National Emission Ceilings) 2001/81/CE fixant les plafonds
le 1er janvier 2005 : d’émission nationaux pour certains polluants atmosphériques
350 mg/m3 : valeur horaire à ne pas dépasser plus de 24 fois (SO2, NOx, COV, NH3), la réduction imposée des émissions de SO2
par année ; pour un large collectif d’États européens étant de 74 % en 2010
par rapport à 1990.
125 mg/m3 : valeur journalière à ne pas dépasser plus de 3 fois
par année. & La directive « LCP » (Large Combustion Plants), ou « GIC » (gran-
des installations de combustion) 2001/80/CE, d’application au plus
& La directive 1999/32/CE, qui concerne une action à la source, vise tard le 1er janvier 2008, refond les normes d’émission des grandes
à réduire la teneur en soufre des combustibles liquides. Elle fixe de installations de combustion édictées dans les directives précéden-
nouvelles valeurs maximales pour le gasoil en deux étapes, pre- tes. Cette directive considère trois catégories d’installations :
nant cours le 1er juillet 2000 (0,2 %) et le 1er janvier 2008 (0,1 %),
ainsi que pour les fiouls lourds à partir du 1er janvier 2003 (1 %). – les installations existantes, dont la licence de construction a été
accordée avant le 1er juillet 1987 ;
& Dans le cadre de la convention des Nations unies pour l’Europe – les nouvelles installations, dont la licence a été accordée après
sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance le 1er juillet 1987 ; mais avant le 27 novembre 2002 et opérationnel-
(Genève, 1979), différents protocoles ont été adoptés : Helsinki les avant cette date ;
3
(1985), Oslo (1994), Göteborg (1999) fixant chaque fois des réduc- – et les nouvelles installations, dont la licence a été octroyée
tions des émissions globales de soufre, par chaque État membre après le 27 novembre 2002.
de l’Union. Le protocole de Göteborg impose des plafonds natio- Le tableau 1 résume, pour le SO2, les nouvelles valeurs limites.
naux d’émission pour 2010 par rapport à 1990. Pour la France, les
émissions totales, égales respectivement à 3 208 et 1 269 kt/an en & La directive 2000/76/CE relative aux émissions des incinérateurs
1980 et 1990, doivent être ramenées à 400 kt/an pour 2010, soit une de déchets, qui abroge trois anciennes directives et s’applique dès
réduction de 68 % par rapport à 1990. le 28 décembre 2002 (28 décembre 2005 pour les installations
Tableau 1 – Valeurs limites d’émission de SO2 pour les grandes installations de combustion
Installations existantes : licence octroyée avant le 1er juillet 1987
Avant le 1er juillet 1990, les États membres doivent élaborer des programmes appropriés pour la réduction progressive des émissions
annuelles totales avec pour objectif d’atteindre les plafonds et les pourcentages de réduction donnés
Nouvelles installations
Valeurs limites en mg/Nm3 de gaz sec à 6 % O2 pour combustibles solides et 3 % O2 pour combustibles liquides et gazeux
Licence octroyée avant le 27 novembre 2002 Licence octroyée après le 27 novembre 2002
Combustibles solides
Combustibles liquides
Combustibles gazeux
* Si la limite ne peut être atteinte à cause des caractéristiques du fioul, % déSOx > 92 ou 300 mg/Nm3
** Si la limite ne peut être atteinte à cause des caractéristiques du fioul, % déSOx > 95 et 400 mg/Nm3
70
Référence Internet
G1800
existantes), fixe la limite pour le SO2 à 50 mg/Nm3 à 11 % O2. Elle qui est ensuite quantifié par dosage acidimétrique, au moyen d’une
réglemente également les émissions des installations de co-inciné- solution basique, de tétraborate de sodium par exemple, ou par
ration des déchets : fours à ciment (300 mg/Nm3) et autres installa- chromatographie ionique.
tions de combustion.
Cette méthode demande moins d’investissement mais l’analyse
& Enfin, la directive 96/61/CE relative à la prévention et à la réduc- en dynamique de la solution n’est pas possible, et les résultats
tion intégrées de la pollution, dite « directive IPPC » (integrated pol- des mesures sont différés de façon plus ou moins importante.
lution prevention and control), entrée en vigueur le 1er novembre
1996, complète la directive 84/360/CEE qui a été abrogée le
1er novembre 2007. C’est une directive générale, applicable à toutes
installations industrielles, stipulant, entre autres, que les valeurs
limites des émissions atmosphériques sont imposées par le biais
4. Procédés de traitement
des autorisations d’exploitation délivrées par les autorités compé-
tentes. Elle vise non seulement les émissions atmosphériques,
mais aussi les rejets dans les eaux et les sols. Elle définit en outre
les catégories d’activités industrielles concernées et fournit une Le lecteur pourra se reporter aux références [J 3924] [1] [3] à [10]
liste des principales substances polluantes à prendre en considéra- et aux sites Internet des fournisseurs d’équipements (cf. Pour en
tion pour l’air, l’eau et les sols. Cette directive et ses modifications à savoir plus, rubrique « Annuaire »).
venir constituent la base future de toute la réglementation anti-
3
pollution.
4.1 Classification des procédés
de réduction des émissions de SO2
3. Méthodes de mesure La réduction des émissions de SO2 des installations de combus-
tion peut résulter de mesures prises à différents stades de la mise
en œuvre ou de l’utilisation du combustible : avant, pendant et
après la combustion.
Le lecteur pourra se reporter à la référence [3] du « Pour en
savoir plus ».
4.1.1 Désulfuration du combustible et pendant
la combustion
3.1 Techniques automatiques La désulfuration du combustible lui-même est économiquement
L’application de ces méthodes automatiques nécessite de pren- non praticable, voire impossible, pour les combustibles solides.
dre des précautions concernant la ligne d’échantillonnage et le fil- Seule, la séparation des sulfures minéraux, tels que la pyrite FeS2,
tre de rétention des particules, lesquels doivent être chimiquement contenus dans les charbons a été envisagée. Mais cette mesure est
inertes vis-à-vis des constituants de l’air (l’utilisation de matériaux très souvent appliquée pour les combustibles liquides et gazeux :
en Téflon est en général recommandée). Par ailleurs, des pièges hydrodésulfuration des coupes pétrolières, désulfuration du gaz
sélectifs sont requis afin d’éliminer les interférents tels que les naturel, du biogaz ou du gaz de four à coke par absorption du H2S
hydrocarbures ou différents composés soufrés. (et du COS) dans des solutions alcalines à base d’éthanol-amines,
des solutions ammoniacales ou de carbonate de sodium ou potas-
La méthode par fluorescence UV (norme NF X 43-019) est, depuis sium, par fixation sur des masses d’oxyde de fer ou encore par
la fin des années 1980, la méthode de référence pour la détermina- adsorption sur charbon actif.
tion de la teneur en SO2 de l’air ambiant et est largement répandue
dans les réseaux de mesure de la pollution de l’air. La désulfuration pendant la combustion est réalisée en mélan-
geant préalablement le combustible solide (lignite) avec des réac-
Dans la chambre de détection d’un appareil à fluorescence UV,
tifs tels que la chaux vive CaO, le calcaire, la dolomie ou l’hydro-
les molécules de SO2 sont excitées par la lumière d’une lampe UV,
xyde de calcium Ca(OH)2 ou en les injectant au-dessus du foyer
filtrée dans la gamme des longueurs d’onde qui engendrent la fluo-
(voir plus loin sur la figure 2) où la température est voisine de
rescence SO2 (210-230 nm). Lorsque les électrons retombent à leur
1 000 C. Ces composés réagissent avec le soufre et le combinent
niveau de base, un rayonnement UV de faible intensité et de lon-
gueur d’onde différente (240-420 nm) est émis. Ce rayonnement sous forme de sulfates solides qui sortent avec les cendres. Une
UV est détecté par un tube photomultiplicateur. L’intensité du partie seulement du réactif solide intervient, car les produits de la
rayonnement de fluorescence est proportionnelle à la concentra- réaction s’accumulent à la surface des particules et bloquent l’accès
tion en SO2. des gaz. La fraction de SO2 éliminée sera dès lors fonction du rap-
port molaire Ca/S utilisé, comme d’ailleurs dans la plupart des
procédés.
3.2 Techniques manuelles Dans cette catégorie de procédés, on peut également inclure la
combustion en lit fluidisé, dense ou circulant [J 3924], dans
Les systèmes de mesure en temps réel et les technologies les
laquelle l’addition de sorbant, généralement du CaCO3 ou de la
plus récentes restant coûteux, on fait souvent appel à des techni-
dolomie, est effectuée dans le lit dont la température se situe aux
ques pour lesquelles la prise d’échantillons sur site est automatisée
et l’analyse est effectuée ensuite in situ, ou en laboratoire, après environs de 850 C. Pour un rapport molaire Ca/S égal à 3, le taux
récolte des échantillons. de désulfuration atteint des valeurs comprises entre 60 et 90 % lors
de l’utilisation de calcaires naturels. Les réactions impliquées sont
Le système de prélèvement se compose successivement d’un fil- les suivantes :
tre en Téflon, qui a pour but de retenir les particules de sulfates jus-
qu’à 0,01 mm, d’un flacon barboteur contenant une solution absor- décarbonatation du calcaire : CaCO3 → CaO + CO2 ↑
bante à base de peroxyde d’hydrogène H2O2, d’une pompe à 1
membrane et d’un régulateur de débit. Le SO2 absorbé est oxydé sulfatation : CaO + SO2 + CO2 → CaSO4
2
en SO42− selon :
Notons, de plus, que la basse température de combustion réduit
SO2 + H2O2 → 2 H+ + SO42− les émissions de NOx, vu la diminution de l’intervention du méca-
nisme de NO thermique [G 1850].
71
Référence Internet
G1800
4.1.2 Désulfuration des fumées de combustion & Les procédés semi-secs sont des procédés secs dans lesquels
soit la chaux est préalablement humidifiée, soit les fumées sont
Les procédés de désulfuration des fumées de combustion, inter- préalablement refroidies et humidifiées par pulvérisation d’eau, de
venant après la combustion, constituent la grande majorité des façon à favoriser les réactions avec la chaux. La quantité d’eau
systèmes mis en œuvre pour réduire le SO2. introduite doit être bien contrôlée pour assurer l’obtention de pro-
Il existe deux façons principales de classer ces procédés de trai- duits réactionnels parfaitement secs en sortie d’installation.
tement [4] [5] . L’une d’elles distingue les systèmes régénératifs et & Dans les procédés semi-humides (en anglais spray dry ou par-
non régénératifs selon que le réactif sorbant est régénéré ou non fois semi-dry, ce qui peut entraı̂ner une confusion), les réactifs,
après avoir fixé le SO2. constitués très souvent de lait de chaux, sont dispersés sous
La classification la plus couramment utilisée porte sur le mode forme de gouttelettes dans les fumées chaudes. L’eau est évaporée
opératoire et la forme physique sous laquelle se retrouvent les rési- en même temps que se fait la captation des polluants acides. Les
dus de l’opération : procédés secs, semi-secs, semi-humides et produits se retrouvant à l’état sec à la sortie de l’appareil sont sépa-
humides. rés des gaz de la même manière que dans les procédés secs.
& Dans les procédés humides, par contre, les gaz sont lavés avec
4.1.2.1 Systèmes régénératifs et non régénératifs une solution contenant un réactif dissous (hydroxyde ou carbonate
pour la désulfuration
de sodium par exemple) ou avec une suspension contenant des
& Dans les systèmes non régénératifs, le SO2 est lié de façon per- fines particules d’un réactif solide (chaux, calcaire, dolomie, oxyde
3 manente avec le réactif sous forme d’un composé chimique qui ou hydroxyde de magnésium). Les produits réactionnels s’accumu-
doit être mis en décharge ou commercialisé comme sous-produit. lent à l’état de sels dissous ou de précipité solide dans le liquide de
L’un des sous-produits de désulfuration le plus important en quan- lavage et sortent avec le liquide. Ils doivent alors être éliminés à
tités, le gypse CaSO4, 2 H2O, utilisable comme retardateur de prise l’état liquide ou séparés par décantation et/ou filtration s’il s’agit
d’une suspension.
du ciment ou pour fabriquer des panneaux de construction, peut
être obtenu à partir des procédés utilisant de la chaux ou du Le tableau 2 présente une comparaison des techniques de désul-
calcaire. furation, au point de vue de quelques-uns de leurs avantages et
inconvénients. Ces différents types de procédés sont détaillés ci-
& Dans les systèmes régénératifs, le SO2 lié au sorbant est séparé après [J 3924] [1] [3] à [10].
de celui-ci. Le réactif régénéré est recyclé dans l’appareil de traite-
ment qui réalise la désulfuration, et le SO2 récupéré est vendu
comme sous-produit ou traité pour produire un autre composé 4.2 Procédés secs
commercialisable comme l’acide sulfurique plus ou moins dilué,
Il existe deux grandes catégories de procédés secs.
le SO2 liquide ou du soufre élémentaire. Malgré leur avantage de
ne générer aucun sous-produit sous forme de déchet, ces procédés
régénératifs sont beaucoup moins utilisés que les premiers, car ils 4.2.1 Procédés secs à base de réactifs calciques
sont techniquement plus complexes et donc plus coûteux en inves- L’injection de chaux pulvérulente se fait généralement de façon
tissements. En outre, l’économie de ces systèmes est fortement tri- pneumatique dans les carneaux de fumées à la sortie du foyer ou
butaire du marché et du prix du sous-produit. dans une chambre de réaction et les particules solides sont récupé-
rées au moyen de filtres à manches ou de filtres électrostatiques
4.1.2.2 Procédés de désulfuration secs, semi-secs, semi- (figure 2). Un bon contact gaz-solide nécessite une grande surface
humides ou humides d’échange obtenue en utilisant de fines particules solides qui doi-
Dans la plupart des procédés, la désulfuration s’opère par neutra- vent être bien dispersées de façon la plus homogène possible
lisation du SO2 par un réactif basique, le plus souvent de nature dans toute la phase gazeuse. Dans la chambre de réaction, la tem-
calcique ou sodique. pérature est de l’ordre de 180 à 280 C. La réaction s’effectue pen-
dant le transport pneumatique des particules de sorbant, les pro-
& Les procédés secs réalisent l’injection d’absorbants solides à duits de la réaction s’accumulant sur les surfaces externe et
l’état sec (comme le bicarbonate de sodium NaHCO3, la chaux interne de ce matériau. Les gaz polluants à retenir doivent diffuser
hydratée Ca(OH)2, des chaux activées) dans les fumées à la sortie au travers de la couche de produits qui peut devenir imperméable
de la chaudière et séparent ensuite les produits réactionnels et limiter l’avancement de la réaction.
(CaSO3, CaSO4, CaCl2, Na2SO4, NaCl…) à l’état sec au moyen d’un Le succès de cette technique repose d’une part sur la finesse de
filtre à manches ou d’un électrofiltre. broyage du sorbant, mais aussi et surtout sur un dosage des
Efficacités plus élevées que les autres techniques Effluents liquides à traiter (évaporation pour concentration,
Meilleur degré d’utilisation des réactifs précipitations, filtrations…)
Humides Captation des métaux lourds favorisée (métaux pouvant Coûts d’investissement plus élevés
ensuite être séparés et récupérés) Fumées devant être préalablement dépoussiérées et refroidies
par quench
72
Référence Internet
G1805
3
2.2.1 Unités de combustion et formation des différents types
de NOx ..................................................................................... — 5
2.2.2 Unités de fabrication d’acide nitrique..................................... — 5
2.2.3 Réacteurs d’attaque nitrique ................................................... — 6
3. Réglementation ............................................................................... — 6
3.1 Généralités.......................................................................................... — 6
3.2 Réglementation générale applicable à toutes les installations
industrielles ........................................................................................ — 7
3.3 Valeurs limites pour les incinérateurs et les grandes installations
de combustion .................................................................................... — 7
4. Méthodes de mesure ...................................................................... — 7
5. Procédés de traitement ................................................................. — 8
5.1 Unités de combustion ........................................................................ — 8
5.1.1 Techniques primaires............................................................... — 9
5.1.2 Techniques secondaires........................................................... — 9
5.2 Unités de fabrication d’acide nitrique ............................................... — 13
5.3 Réacteurs d’attaque nitrique .............................................................. — 13
6. Absorption des NOx en solutions aqueuses ............................... — 13
6.1 Mécanismes réactionnels................................................................... — 13
6.2 Modélisation de l’absorption des NOx .............................................. — 15
7. Conclusions et perspectives......................................................... — 16
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 1 805
es NOx sont intimement impliqués dans tous les phénomènes les plus
L préoccupants de notre temps : retombées acides, effet de serre, smog pho-
tochimique, destruction de l’ozone stratosphérique, etc. Leurs émissions doi-
vent donc être limitées à tout prix.
Ce dossier tente de présenter succinctement la problématique générale des
émissions de NOx. Certaines propriétés physico-chimiques importantes des dif-
férentes espèces de NOx sont présentées et les diverses sources de NOx sont
évoquées. L’accent est mis essentiellement sur la présentation des techniques,
primaires et secondaires, appliquées en industrie pour la réduction des émis-
sions d’oxydes d’azote, en fonction de la source génératrice de l’émission
polluante.
Parution : juillet 2009
73
Référence Internet
G1805
1. Caractéristiques faut être conscient de la présence des autres espèces entre lesquel-
les existent diverses relations, rendant la chimie des NOx relative-
des molécules d’oxydes ment complexe. Entre les composés NO2, N2O4 et N2O3, s’établis-
sent ainsi divers équilibres. En présence d’oxygène (ce qui est
d’azote souvent le cas dans un effluent industriel), le composé NO est de
plus oxydé en NO2.
Le vocable NOx est le terme générique désignant une série de Les tableaux 1 et 2 présentent les différentes espèces de NOx
composés contenant de l’azote et de l’oxygène à différents étages avec leurs noms usuels, quelques-unes de leurs caractéristiques,
d’oxydation. On y retrouve ainsi les espèces protoxyde d’azote ainsi que les réactions impliquées et les constantes relatives aux
N2O, monoxyde d’azote NO, dioxyde d’azote NO2, tétraoxyde équilibres et cinétiques entre ces espèces.
d’azote N2O4 et trioxyde d’azote N2O3 (parfois aussi le N2O5), mais L’équilibre de formation de l’acide nitreux en phase gazeuse
également, en présence de vapeur d’eau, les acides HNO2 et HNO3, apparaı̂t dans de nombreux modèles [3] [4] [5].
respectivement nitreux et nitrique.
Le rôle de HNO2 dans l’absorption de mélanges NO-NO2 (dans
Le dossier N2O (Protoxyde d’azote) [G 1 830] des Techniques de l’In- des solutions alcalines notamment) est un point de controverse.
génieur [1] présente de façon claire la problématique plus particulière La réaction entre NO, NO2 et H2O conduisant à la formation de
des émissions de N2O, produit ou sous-produit, souvent en teneurs HNO2 a fait l’objet de nombreuses études cinétiques à cause de
très réduites, mais néanmoins néfastes pour l’environnement. son importance à la fois dans la chimie de l’atmosphère, mais
3
La tendance est généralement à « binariser » le système gazeux aussi pour la modélisation des procédés chimiques. Des constantes
NOx en ne considérant que les espèces NO et NO2. Néanmoins, il cinétiques très disparates sont issues de ces études.
Monoxyde de diazote
Oxyde nitreux
Oxyde nitrique
Peroxyde d’azote
Tableau 2 – Réactions et constantes relatives aux équilibres et cinétiques entre différentes espèces
de NOx
p N2 O3
NO + NO2 , N2 O3 Constante d’équilibre : K 3 = lgK 3 = 2072 - 9,240 ðkPa - 1 Þ [2]
p NO p NO2 T
74
Référence Internet
G1805
La connaissance de la solubilité dans l’eau pure des divers com- La solubilité croissant avec le degré d’oxydation de l’espèce de
posés, via la constante de Henry, est essentielle pour la caractérisa- NOx, les procédés de capture par absorption seront plus efficaces
tion de tout transfert gaz-liquide. La loi caractéristique de cet équi- s’ils sont précédés d’une étape d’oxydation.
libre gaz-liquide s’écrit : Le tableau 4 présente d’autres caractéristiques des oxydes
pi = Hi · ci d’azote relatives à leur stabilité, leur pouvoir d’oxydation, en rap-
port avec leur réactivité et leur comportement vis-à-vis des
matériaux.
avec pi pression partielle du composé i (atm),
Hi constante de Henry de ce composé (atm/
M = atm · L/mol), Tableau 3 – Revue des solubilités physiques des gaz
dans l’eau pure (à 25 C)
ci concentration du composé i (M = mol/L).
Constantes de Henry Hi
Le tableau 3 répertorie donc les valeurs de ces constantes pour Composé gazeux Références
(atm/M)
les différents composés nous intéressant ici.
Le coefficient de Henry du NO, composé qui ne réagit pas avec NO 540 [5]
l’eau (en l’absence d’oxygène et de toute autre espère réactive),
3
est bien établi. NO2 14,3 à 50 [6]
Les hautes réactivités de NO2, N2O4, N2O3 avec l’eau empêchent,
par contre, la mesure directe de leur coefficient de Henry. Ceux-ci N2O3 1,875 [6]
sont dès lors tirés soit de relations prenant en compte les équili-
bres en phase liquide, soit d’études cinétiques en faisant parfois N2O4 0,602 à 0,829 [4] et [7]
intervenir certaines hypothèses de travail. En dernier ressort, ils
sont établis sur la base de propriétés physiques des molécules.
HNO2 0,02 à 0,03 [7]
Pour les acides HNO2 et HNO3, acides gazeux, l’équilibre global
de solubilité peut être considéré comme la séquence d’une solubi- HNO3 4,86 · 10–6 [6]
lité selon la loi de Henry et d’un équilibre de dissociation.
Gaz incolore, d’odeur et de saveur Oxydant puissant pouvant être à Pas corrosif pour les matériaux ha-
légèrement sucrées l’origine de réactions parfois vio- bituels mais pouvant l’être pour
lentes au contact de matériaux l’aluminium, le nickel et divers al-
N2O
combustibles, de gaz combusti- liages. Peut également attaquer cer-
bles… tains élastomères ou matières plas-
tiques
Gaz incolore – Agit à température élevée comme – Sous atmosphère inerte : métaux
Le plus thermiquement stable oxydant sur un grand nombre de usuels non attaqués par ces oxydes
NO produits d’azote rigoureusement anhydres,
– Peut jouer le rôle de réducteur à exception faite du cuivre et de ses
des températures plus basses alliages pour le peroxyde d’azote
– En présence d’humidité : produits
Gaz brun-orange de couleur carac- Corrosif et irritant très agressifs vis-à-vis de nombreux
téristique et d’odeur piquante Oxydant et comburant métaux dès la température ordi-
À température croissante, le mono- De très nombreux composés (ré- naire
NO2 et N2O4
mère NO2 redevient prédominant ducteurs et les matières combusti-
vis-à-vis du dimère N2O4 bles) peuvent réagir de manière ex-
plosive avec lui
75
Référence Internet
G1805
NOx (kT)
1 800
1 700
1 600
2.1 Impacts environnementaux 1 500
1 400
Les oxydes d’azote sont des polluants atmosphériques dans la
1 300
mesure où l’on constate des effets sur la santé humaine et une
1 200
contribution aux pluies et dépôts acides, au smog photochimique,
à l’effet de serre et à l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique. 1 100
1 000
Ainsi, la pollution acide (par dépositions ou retombées acides) 900
est en partie liée aux polluants acides de type NOx, mais également
800
aux composés SO2, NH3, HCl ou HF. Cette pollution se dépose en
700
partie à proximité des sources émettrices, mais aussi à des centai-
nes, voire des milliers de kilomètres (pollution transfrontière). 600
500
Ces polluants précipitent sous forme sèche (aérosol) ou humide
3
400
(sous forme de HNO3) lorsque l’atmosphère est humide, avec des
300
effets sur les matériaux (corrosion), sur les écosystèmes forestiers
200
(provoquant directement ou via les sols des dégâts sur les végé-
100
taux et les arbres) ainsi que sur les écosystèmes d’eau douce.
0
Les émissions de protoxyde d’azote (N2O), composé principale-
1960
1965
1970
1975
1980
1985
1990
1995
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007 (e)
ment lié aux pratiques agricoles, contribuent à l’accroissement des
gaz à effet de serre. Le potentiel de réchauffement de cette espèce
est 310 fois plus élevé que celui du CO2.
Transformation d’énergie Transport routier
Une perturbation de l’équilibre biologique des sols et eaux, due à
Industrie manufacturière
un excès d’azote (phénomène d’eutrophisation [8] [9]) notamment Autres transports
d’origine atmosphérique, par rapport à la capacité d’absorption des Résidentiel / tertiaire
écosystèmes, peut aussi être observée. Agriculture / sylviculture UTCF (1)
Les NOx sont également des polluants primaires (précurseurs et
indicateurs de sources de pollution complexe) qui conduisent à la (1) UTCF : utilisation des terres, leur changement et la forêt
formation, dans la troposphère, d’ozone et d’autres composés oxy- (e) estimation préliminaire
dants en présence de l’énergie apportée par le rayonnement UV : ils Citepa / coralie / format SECTEN
sont ainsi à l’origine d’une pollution photochimique (photo- Mise à jour février 2008
oxydante).
Enfin, le N2O, rejeté dans l’atmosphère, peut se convertir en Figure 1 – Évolutions temporelles et sectorielles des émissions
oxyde nitrique NO, gaz destructeur de la couche d’ozone. Ce com- d’oxydes d’azote en France métropolitaine (sources CITEPA)
posé participe ainsi à l’appauvrissement de l’ozone stratosphérique
[10]. Les émissions de NOx en 2006 représentaient 1 351 kt, soit une
Les oxydes d’azote sont donc intimement impliqués dans les réduction d’un peu plus de 4,4 % par rapport à 2005, et de 32 %
phénomènes les plus préoccupants de notre époque. par rapport à 1980, année correspondant au niveau d’émission le
plus élevé sur la période illustrée.
Au point de vue de leurs effets sur la santé humaine, les oxydes
d’azote entraı̂nent principalement une altération de la fonction res- En 2006, tous les secteurs contribuent aux émissions dans des
piratoire ainsi qu’une hyperréactivité bronchique chez les sujets proportions supérieures à 5 %, mais le secteur du transport routier
sensibles. De plus, le monoxyde d’azote qui passe dans les alvéoles en est la première source (53 % des émissions totales). Depuis le
pulmonaires, se dissout dans le sang où il limite la fixation de début des années 1990, une baisse globale durable a été enclen-
l’oxygène sur l’hémoglobine : les organes sont alors moins bien chée (réduction de 29 % entre 1991 et 2006) et observée principale-
oxygénés. ment dans l’industrie manufacturière et la transformation de
l’énergie.
En termes de toxicité chronique, il est montré que le dioxyde
d’azote est quatre fois plus toxique que le monoxyde d’azote et Concernant le secteur de la transformation d’énergie, après une
dix fois plus toxique que le monoxyde de carbone. augmentation constante entre 1960 et 1980, la baisse observée
ensuite a été le résultat de la mise en place du programme de pro-
duction d’électricité par des centrales nucléaires, des économies
2.2 Sources d’émission d’énergie et de diverses dispositions réglementaires amenant à
mettre en place des traitements appropriés.
Toute combustion à l’air génère des NOx par réaction entre Depuis 1993, dans le secteur du transport routier, la diminution
l’azote (de l’air ou du combustible) et l’oxygène de l’air. Les deux des émissions de NOx est imputable à l’équipement progressif des
grandes sources de NOx sont donc la combustion dans les moteurs véhicules en pots catalytiques, à l’entrée en vigueur de normes
de véhicules automobiles (sources mobiles) et les sources fixes EURO pour les véhicules, ainsi qu’à une stabilité du parc roulant
(stationnaires) que constituent les installations de combustion. sur la période 2002-2006.
En ce qui concerne les sources mobiles, les pots catalytiques Dans les secteurs de l’industrie manufacturière et de la transfor-
peuvent limiter la production de NOx pour les véhicules équipés. mation d’énergie, la réduction des émissions depuis 1980 s’ex-
Parmi les sources stationnaires, on peut encore distinguer les plique essentiellement par de meilleures performances des installa-
sources industrielles et les sources domestiques. tions industrielles.
La figure 1 répertorie les différentes sources d’émission, fixes ou Des réductions complémentaires devraient également être obser-
mobiles, des oxydes d’azote. vées dans les années à venir grâce à la mise en œuvre des textes
76
Référence Internet
G1815
3
2. Sources et impacts ..................................................................................... — 3
2.1 Sources et puits........................................................................................... — 3
2.1.1 Sources : oxydation de la matière carbonée .................................. — 3
2.1.2 Puits de carbone : océans – photosynthèse.................................... — 3
2.2 Émissions dans le monde par pays........................................................... — 4
2.3 Évolutions temporelles et sectorielles en France..................................... — 4
2.4 Effets sur la santé – Impacts sur l’environnement : effet de serre .......... — 6
3. Métrologie ................................................................................................... — 6
3.1 Échantillonnage – Prélèvement ................................................................. — 6
3.2 Séparation – Quantification........................................................................ — 6
3.2.1 Dosages directs ................................................................................. — 6
3.2.2 Séparation par chromatographie et quantification........................ — 7
4. Législation – Quotas ................................................................................... — 7
4.1 Protocole de Kyoto et ses conséquences.................................................. — 7
4.2 Application du protocole de Kyoto en France – Quotas .......................... — 7
4.3 Bilan des gaz à effet de serre (GES) – Base Carbone® –
Bilan carbone®............................................................................................ — 7
5. Séparation, concentration, stockage et valorisation .............................. — 8
5.1 Enrichissement, capture du CO2 dans les fumées ................................... — 9
5.2 Procédés de séparation .............................................................................. — 9
5.2.1 Transfert gaz-liquide : lavage de gaz, absorption .......................... — 9
5.2.2 Transfert gaz-solide : adsorption ..................................................... — 10
5.2.3 Changement de phase : cryocondensation .................................... — 10
5.2.4 Séparation membranaire ................................................................. — 11
5.2.5 Formation d’hydrates de gaz ........................................................... — 11
5.2.6 Quelques coûts comparés des différentes techniques
de séparation.............................................................................................. — 11
5.3 Compression, transport.............................................................................. — 11
5.4 Stockage ...................................................................................................... — 12
5.4.1 Stockage dans les formations géologiques.................................... — 12
5.4.2 Stockage au fond des océans .......................................................... — 13
5.5 Valorisation.................................................................................................. — 13
6. Conclusion ................................................................................................... — 14
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. G 1 815v2
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Référence Internet
G1815
diminution drastique des gaz à effet de serre (GES) présents dans les émis-
sions dues à l’activité humaine.
Les principales molécules à effet de serre sont répertoriées et définies. On
trouve, avec leur valeur de contribution : la vapeur d’eau pour 55 %, le dioxyde
de carbone (CO2) pour 39 %, le méthane (CH4) 2 %, l’ozone (O3) 2 %, le pro-
toxyde d’azote (N2O) 2 % ainsi que, pour une moindre part, les halocarbones
(chlorofluorocarbones (CFC), fréon, perfluorométhanes) et l’hexafluorure de
soufre (SF6) [1]. Certains auteurs ne prennent pas en compte la vapeur d’eau et
dans ce cas, bien sûr, les valeurs de répartition sont différentes. Dans ce
présent article, nous nous intéresserons exclusivement au gaz carbonique.
Les conférences internationales de Rio et de Kyoto (COP3) marquent une
volonté de réduction des polluants atmosphériques. En 1997, le protocole de
Kyoto imposait aux 38 pays signataires de réduire de 5,2 % leurs émissions de
gaz à effet de serre d’ici la période 2008-2012. Dans ce contexte, l’Union euro-
péenne a émis une directive, adoptée le 13 octobre 2003, prévoyant des quotas
78
Référence Internet
G1815
3
sons et à créer des couches isolantes dans l’agroalimentaire ou la
mécanique. Le CO2 liquide est utilisé comme réfrigérant, neige car-
bonique ou agent propulseur. À l’état solide, il est appelé
« carboglace » ou « glace sèche » et sert au décapage cryogénique,
à la conservation de denrées périssables… Depuis quelques
années, il est utilisé pour effectuer des extractions (cafés,
arômes…) solide-fluide supercritique.
2. Sources et impacts
2.1 Sources et puits
Figure 1 – Évolution de la concentration en CO2 (ppm) dans l’atmos-
2.1.1 Sources : oxydation de la matière carbonée phère au cours d’une longue période, lors de la Révolution indus-
trielle [1800-2007] et prédiction jusqu’en 2100 (source : International
Les principales sources de CO2 sont i) des émissions naturelles Panel on Climate Change, IPCC – Groupe d’experts intergouvernemental sur
(volcans par exemple) et ii) l’oxydation de la matière organique l’évolution du climat GIEC) [3] [4]
sous toutes ses formes ou de composés inorganiques (charbons).
C’est un produit fatal de cette transformation, c’est-à-dire que
thermodynamiquement il est le plus stable, il reste le produit d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),
ultime de réaction. Cette oxydation peut être due à un effet ther- donne une évolution cyclique sur une très longue durée, et une
mique (combustion, incinération), chimique (réaction avec un oxy-
forte croissance ces dernières années, de la teneur en gaz carbo-
dant) ou biologique (biodégradation principalement par des
nique dans l’atmosphère. En 2013, la teneur moyenne en CO2
micro-organismes aérobies). En effet, toute matière organique,
atmosphérique était de 390 ppm (379 ppm en 2005 et 368,3 ppm
définie par une formule brute du type CmHnOp, réagit pour donner
en 1993), soit une augmentation de 5,9 % par rapport à 1993. Il
du dioxyde de carbone et de l’eau suivant une réaction générale
de la forme : convient de noter que certaines publications [4] [13] [14] [G8300]
annoncent la valeur de 400 ppm (en 2013) pour la concentration
moyenne de CO2 dans l’atmosphère.
79
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G1815
3
phylle. Ce pigment est sensible aux rayonnements bleus et
rouges. Il capte l’énergie lumineuse et la transforme en énergie
chimique. Après fixation du carbone du CO2 atmosphérique, cette Figure 2 – Émission de CO2 en t/habitant (données 2013) [13]
énergie est utilisée pour la synthèse de molécules organiques
comme les sucres, acides aminés ou lipides et pour l’oxydation de
l’eau, produisant du dioxygène (O2). On estime ce puits dû à la
photosynthèse à environ 30 % du dioxyde de carbone émis par les Il existe aussi de fortes disparités d’émissions de CO2 par habi-
activités humaines. tant suivant le niveau de développement et la croissance des
pays ; cette répartition, présentée sur la figure 2, est directement
liée à la consommation d’énergie.
2.2 Émissions dans le monde par pays
L’Organisation des Nations unies a établi, pour l’année 2013, 2.3 Évolutions temporelles et sectorielles
une liste des quantités de CO2 rejetées dans l’atmosphère par en France
pays (tableau 2) : les deux tiers des émissions actuelles pro-
viennent de la Chine, des États-Unis, de l’Union européenne, de la En se reportant aux données présentées par le CITEPA [1], on
Russie et de l’Inde. Les fortes quantités rejetées sont souvent la peut dresser une liste, pour la France (tableaux 3 et 4), des princi-
conséquence des transports et de l’utilisation massive de cen- pales émissions de CO2 (en millions de tonnes).
trales thermiques à charbon ou à fuel pour la production d’électri-
cité. Des études prévisionnelles avaient montré que la Chine Une lecture rapide de valeurs de ces deux tableaux permet les
remplacerait les États-Unis au premier rang dès 2009. La France commentaires suivants :
du fait d’un parc de centrales nucléaires important (75 % environ – les valeurs de rejets hors UTCF (utilisations des terres, leurs
de l’électricité produite) participe à un niveau relativement faible, changements et la forêt) sont relativement stables, autour de
soit environ 0,96 % des rejets mondiaux en CO2. 350 Mt/an depuis les cinq dernières années ;
Tableau 2 – Évaluation des rejets de CO2 (en milliers de tonnes) dans l’atmosphère, en 2013, par pays
(sélection) (d’après l’ONU)
Émissions de CO2 Part des émissions Émissions de CO2 Part des émissions
Pays Pays
(milliers de tonnes) totales (%) (milliers de tonnes) totales (%)
Monde entier 35 499 100 Russie 1 657 4,7
80
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G1816
Valorisation du CO2
Partie 1 : voies directes et voies
avec transformation biologique
par Association RECORD
et Laurent DUMERGUES
81
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G1816
3
1. Émissions anthropiques Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du cli-
mat (GIEC) définit les flux de CO2 sur la base de son origine [1] :
de CO2 anthropique si le flux est le résultat d’une activité humaine ou
naturelle si le flux est généré hors du contrôle humain.
Cette distinction entre les flux, naturels et anthropiques, est une
1.1 Origines convention qui permet de mieux comprendre l’impact de l’homme
sur le cycle du carbone et plus généralement sur le réchauffement
Le CO2 (dioxyde de carbone) est une molécule stable et relative- climatique.
ment inerte chimiquement : elle représente le degré ultime d’oxy- L’homme exploite des ressources fossiles carbonées, dites
dation du carbone. « non renouvelables » (pétrole, gaz naturel, charbon…) dans des
L’oxydation de matière carbonée, d’origine organique ou inor- secteurs variés tels que l’énergie, le transport, la chimie… pour
ganique comme les charbons, peut être due à un effet thermique aboutir, en fin de cycle, à la production de CO2, principal gaz à
(combustion, incinération), biologique (biodégradation le plus effet de serre (GES) d’origine anthropique.
souvent par micro-organismes aérobies) ou chimique (réaction Avant l’ère industrielle, les émissions de CO2 étaient compen-
avec un oxydant) [G1815]. sées par les puits naturels de CO2. Ces derniers ont un potentiel
de stockage par voie terrestre ou marine annuel limité. Dans le
Les propriétés du CO2, dont les principales sont reprises dans le
bilan global, même si les émissions de CO2 anthropiques
tableau 1, sont listées dans l’article [G1815].
(33 GtCO2/an) sont faibles par rapport à celles provenant des
végétaux (392 GtCO2/an) ou des mers (220 GtCO2/an), elles désé-
quilibrent le système, avec pour conséquence une accumulation
Tableau 1 – Principales caractéristiques nette de carbone sous forme de CO2 dans l’atmosphère
physico-chimiques du CO2 (extrait de [G1815]) (28 GtCO2/an) (cf. figure 1). De 275 ppm avant la révolution indus-
trielle des années 1850, la concentration de CO2 dans l’atmos-
Gaz incolore phère a atteint autour de 400 ppm en 2013.
État à pression et température ordinaires
et inodore
Le cycle biogéochimique global du carbone implique de
grandes différences dans les échelles de temps. Pour le carbone
Masse molaire 44,01 g/mol
qui est émis via la respiration des plantes et des animaux, qui est
transporté par les rivières, ou bien dissous par les eaux de surface
Masse volumique à 1 atm et 0 °C 1,977 kg/m3
de l’océan, les cycles sont de l’ordre de quelques mois à plusieurs
décennies. À l’échelle du siècle, le carbone peut être éliminé de
Masse volumique à 1 atm et 20 °C 1,87 kg/m3
l’atmosphère par un arbre en croissance et relargué lorsque celui-
ci se décompose ou brûle. À l’échelle des temps géologiques, le
Viscosité à –78 °C 7.10–5 Pa.s carbone peut être émis par les volcans, par l’érosion des roches,
transformé ou déposé sous forme de sédiments dans les bassins
Température de sublimation –78,5 °C maritimes et terrestres [3][4]. Des cycles du carbone « longs »
sont aussi représentés par l’utilisation de ressources fossiles,
Température de fusion –57 °C stockées depuis plusieurs millions d’années dans des réservoirs
du sous-sol, et donc isolées du cycle actif du carbone (figure 2).
Température critique 31,06 °C
L’origine du carbone peut être caractérisée par une différence
Pression critique 7,4 MPa de proportion d’isotopes 14C/12C ou 13C/12C. En revanche, les pro-
priétés physiques du CO2 émis sont les mêmes quelle que soit
Solubilité dans l’eau à 25 °C 1,45 g/L son origine. Qu’il s’agisse de la combustion de végétaux ou de
ressources fossiles, le CO2 généré ne présentera pas de diffé-
Solubilité dans l’éthanol à 20 °C 2,964 g/L rences en termes de comportement de molécules dans l’atmos-
phère, de forçage radiatif, de réactivité chimique, ou de temps de
Constante de Henry à 25 °C 151 atm résidence dans l’atmosphère qui sera de l’ordre du siècle dans les
deux cas [5].
82
Référence Internet
G1816
44
392
29
4
Photosynthèse
Respiration/feux
220 73 28
Absorption rocheuse
Respiration/feux
Absorption
Volcans
Émission atmosphérique
Émission atmosphérique
Accumulation nette
=
Absorption
– 400
– 51
3
– 1,1
– 224
– 62
VÉGÉTATION
Combustion SOL
Ressources OCÉANS
fossiles
Anthropique
Exemples : Exemples :
– Respiration des végétaux – Volcans
– Séquestration dans les forêts non gérées – Geysers
– Feux de forêts sur des terres non gérées – Décarbonatation dans les océans
Naturel
Figure 2 – Exemples d’émissions de gaz carbonique dans l’atmosphère selon les origines de l’émission (anthropique, naturelle) et la provenance
du carbone (biogénique, fossile)
83
Référence Internet
G1816
Transformation et
utilisation non énergétique
0%
Extraction de fer et
Extraction de minerais non des métaux non ferreux
Transport routier Résidentiel métalliques 1%
13 % 4%
9%
Raffinerie (produits Transport terrestre
Combustion de pétroliers) Exploitation minière
non routier
la biomasse à grande 4% (émissions fugitives)
1%
échelle 0%
14 % Sols agricoles
Autre Transport aérien 0%
6% 2% Chimie
Combustion industrielle
1% Feux de
(non énergie)
3
combustibles
14 %
Transport fluvial et fossiles
maritime 0%
Énergie (production) 2%
34 %
Élimination des déchets
solides (incinération)
0%
Figure 3 – Répartition des émissions atmosphériques anthropiques de CO2 au niveau mondial (33 GtCO2 en 2010) (source : [7])
84
Référence Internet
G1816
Figure 4 – EDGAR : modélisation des émissions anthropiques de CO2 (hors aviation) en 2009 (source : [7])
Les pays sont dimensionnés proportionnellement aux émissions nationales de CO2 liées à l’utilisation de ressources fossiles et
à la production de ciment. Cette carte n’inclut pas les importations et exportations d’énergie, de biens ou de services.
85
Référence Internet
G1816
Émission de gaz
Géo-ingénierie à effet de serre Impacts environnementaux
Captage
CO2 Risques :
– économique
– approvisionnement
3
– règlementaire
– image
Chimie –…
Stockage Valorisation
Autre Activité
Rationalisation
Énergie Consommation
Impact ressource
d’énergie fossile
Figure 6 – Schéma global des principales voies de réduction des émissions atmosphériques d’origine anthropique
Valorisation sans transformation Valorisation par transformation chimique Valorisation par transformation biologique
Exemples de valorisation : alimentaire, Exemples de valorisation : chimie, énergie, Exemples de valorisation : alimentaire,
énergie… matériaux… chimie fine…
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G1814
Valorisation du CO2
Partie 2 : voies par transformations
chimiques
par Association RECORD
et Laurent DUMERGUES
3
1. Voies de valorisation du CO2..................................................................... G 1 814 - 2
2. Valorisation avec transformation chimique............................................. — 2
2.1 Minéralisation ex-situ ................................................................................. — 2
2.1.1 Principe ............................................................................................... — 2
2.1.2 État des lieux ...................................................................................... — 4
2.1.3 Caractéristiques requises du CO2 ..................................................... — 4
2.1.4 Impacts environnementaux .............................................................. — 4
2.1.5 Retours d’expériences ....................................................................... — 5
2.2 Synthèse organique « carboxylation »...................................................... — 5
2.2.1 Principe ............................................................................................... — 5
2.2.2 État des lieux ...................................................................................... — 5
2.2.3 Caractéristiques requises du CO2 ..................................................... — 9
2.2.4 Impacts environnementaux, énergétiques ...................................... — 9
2.2.5 Retours d’expériences ....................................................................... — 10
2.3 Hydrogénation/Méthanation ...................................................................... — 10
2.3.1 Principe ............................................................................................... — 10
2.3.2 État des lieux ...................................................................................... — 11
2.3.3 Caractéristiques requises du CO2 ..................................................... — 12
2.3.4 Impacts environnementaux .............................................................. — 12
2.3.5 Retours d’expériences ....................................................................... — 14
2.4 Reformage sec............................................................................................. — 16
2.4.1 Principe ............................................................................................... — 16
2.4.2 État des lieux ...................................................................................... — 16
2.4.3 Caractéristiques requises du CO2 ..................................................... — 16
2.4.4 Impacts environnementaux .............................................................. — 17
2.4.5 Retours d’expériences ....................................................................... — 17
2.5 Électrolyse ................................................................................................... — 19
2.5.1 Principe ............................................................................................... — 19
2.5.2 État des lieux ...................................................................................... — 20
2.5.3 Caractéristiques requises du CO2 ..................................................... — 23
2.5.4 Impacts environnementaux .............................................................. — 23
2.5.5 Retours d’expériences ....................................................................... — 23
2.6 Thermochimie ............................................................................................. — 23
2.6.1 Principe ............................................................................................... — 23
2.6.2 État des lieux ...................................................................................... — 24
2.6.3 Caractéristiques requises du CO2 ..................................................... — 25
2.6.4 Impacts environnementaux .............................................................. — 25
2.6.5 Retours d’expériences ....................................................................... — 25
3. Bilan et conclusions.................................................................................... — 26
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. G 1 814
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G1814
climatique. Considérer le CO2 comme une ressource qui peut être valorisée
ouvre de nouvelles perspectives, tant environnementales qu’économiques.
Diverses applications industrielles de valorisation de CO2 existent. Il s’agit par
exemple des voies de valorisation biologique ou directe sans transformation,
qui, à ce jour, ne permettent qu’une utilisation de CO2 limitée en volume. Une
autre voie de valorisation, par transformation chimique, utilise le CO2 comme
réactif afin de générer un produit valorisable ou à valeur énergétique.
Dans cet article seront présentées les principales techniques utilisées pour valo-
riser le CO2 par voie chimique comme la minéralisation, la synthèse organique,
l’hydrogénation, le reformage sec, l’électrolyse, la photocatalyse, la thermochimie…
Les développements de certaines techniques de valorisation sont particulière-
ment suivis par la communauté scientifique et industrielle. C’est le cas de la
méthanation qui permet potentiellement de transformer directement le CO2 en
sortie d’une installation de combustion en méthane « renouvelable ».
Malgré un potentiel d’utilisation de CO2 intéressant, les différentes voies de
transformation chimique nite) [1]. Ces silicates sont présents sur la terre en très grande
quantité (>1 000 000 Gt) [2]. Les réactions globales de carbonata-
tion des silicates sont, pour l’olivine et la serpentine [3] :
Les voies chimiques de valorisation du CO2 sont diverses. Elles – olivine :
consistent à soit insérer une molécule de CO2 dans une chaîne
carbonée (carboxylation) ou chaîne minérale (minéralisation), soit
au contraire à réduire ce CO2 en y ajoutant de l’hydrogène par
exemple. Ces dernières voies de réduction prennent différentes – serpentine :
formes selon les réactifs employés et les spécificités techniques :
utilisation de très haute température (thermochimie), d’électricité
(électrolyse), de méthane (reformage), d’hydrogène (hydrogéna-
tion)… (cf. figure 1).
Chacune de ces voies va être décrite dans les chapitres suivants. La première étape du mécanisme de réaction consiste en la lixi-
viation des silicates dans l’eau, entraînant l’extraction des cations
Ca2+, Mg2+ ou Fe2+ en solution. La seconde étape consiste en la
2.1 Minéralisation ex-situ précipitation de carbonates en présence de CO2 dissous [4].
La minéralisation se fait généralement de deux façons :
2.1.1 Principe – minéralisation in-situ : le CO2 est injecté dans des formations
géologiques riches en silicates ou dans des aquifères alcalins : la
minéralisation se produit alors dans le sous-sol. Il s’agit d’une
La minéralisation du CO2 consiste en une réaction entre le technique qui s’apparente au stockage souterrain de CO2 ;
CO2 et des oxydes de calcium ou de magnésium pour former – minéralisation ex-situ : la minéralisation se produit dans une
des carbonates (MCO3) : unité de carbonatation où le CO2 réagit avec la roche porteuse de
cations métalliques comme le Mg2+ ou le Ca2+. Il peut s’agir de
roches et minéraux issus de gisements naturels ou des déchets
industriels. Dans le cas d’utilisation de minéraux issus des gise-
avec M métal contenant du Mg, du Ca, du Fe, etc. ments naturels, la préparation des réactifs solides est nécessaire.
88
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CO2
+ Carbonates inorganiques (MCO3)
Oxyde MINÉRALISATION
métallique
3
B
carbonée O Synthèse Carbonates organiques Carbonates organiques
et / ou X organique par
nucléophile Y
L carboxylation – Polycarbonates – Carbonates organiques linéaires
A de propylène, de bisphénol A – Carbonates organiques cycliques
T
I
O Acides carboxyliques Autres acides carboxyliques
N
– Acide salicylique – Acide acrylique
– Acide formique
– Acide acétique
Cette étape comprend l’extraction minière des roches, le transport magnésium. La minéralisation ex-situ présente différents avan-
et le broyage. En effet, afin d’accélérer la cinétique de la réaction tages tels que la pérennité du stockage du CO2, l’innocuité des car-
de minéralisation, il est nécessaire d’augmenter la surface de bonates produits et la possible valorisation des déchets industriels
contact entre la roche et la phase aqueuse. Le minerai est donc (production de ciment, d’acier et d’énergie) [3] [2]. Ces déchets ont
broyé finement malgré le coût induit. Une activation thermique souvent l’avantage d’être produits près de sources de CO2 et de
des roches peut s’avérer nécessaire selon les voies de minéralisa- nécessiter peu de traitements [5].
tion utilisées [3]. Les produits obtenus peuvent être valorisés : La minéralisation ex-situ peut s’effectuer en voie sèche ou
calcaire, ciment, matériaux de construction… La principale applica- aqueuse, et en une ou plusieurs étapes [2].
tion de la minéralisation ex-situ est la formation de calcaire obtenu
par réaction entre le CO2 et la chaux éteinte (Ca(OH)2) avec de – Minéralisation en voie sèche (solide – gaz) : la cinétique de la
l’eau comme coproduit. La chaux éteinte est un déchet de l’indus- réaction étant très lente, un apport de chaleur est nécessaire pour
trie cimentière. D’autres carbonates comme le MgCO3 sont poten- favoriser la réaction. Les températures sont alors comprises entre
tiellement utilisables comme matériaux de construction [7], mais 300 et 500 °C [6] :
des études demeurent nécessaires pour le développement et la • mono-étape : ce procédé, lent à température ambiante, est
validation de matériaux de construction à partir de carbonates de très efficace à de hautes températures [5],
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G1814
• multi-étapes : ce procédé, ayant une très faible vitesse de mettre en perspective avec le potentiel de 16 000 MtCO2/an qui
réaction, n’est pas considéré comme prometteur [5] ; pourraient être théoriquement utilisées par l’industrie du ciment
– minéralisation en voie aqueuse : elle se déroule en deux [11].
étapes ; la dissolution du minéral puis la précipitation du carbo-
nate. Ce procédé est plus efficace que la minéralisation en voie 2.1.3 Caractéristiques requises du CO2
sèche : cinétique de minéralisation plus rapide, températures
nécessaires moins élevées, de l’ordre de 180 °C, etc. [6] : ■ Qualité requise du CO2
• mono-réacteur : la minéralisation se produit dans un unique La minéralisation est adaptée aux émetteurs ponctuels de CO2
réacteur, au sein duquel les réactions de dissolution et de comme les émetteurs industriels.
précipitation se déroulent de manière concomitante. De nom- Normalement les fumées utilisées pour la minéralisation ex-situ
breux paramètres peuvent influer sur la performance du pro- sont concentrées en CO2 et correspondent aux conditions de sor-
cédé, qui se mesure en cinétique et en taux de carbonatation tie des unités de captage du CO2 [15].
des réactifs : qualité de broyage du réactif, température, pres-
sion partielle de CO2, l’ajout de certains additifs chimiques Cependant, il est envisagé que le CO2 utilisé pour la carbonata-
[7]. Le procédé peut se faire sans additif et en présence tion minérale puisse provenir directement de fumées industrielles,
d’additifs inorganiques (NaCl, NaHCO3) ou organiques ce qui permettrait dans les cas favorables de s’affranchir de
(agents complexants) [6]. Des procédés prometteurs se déve- l’étape amont de captage et de la pénalité énergétique induite [6].
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3
à 130 €/tCO2 traité
Le coût du procédé, même dans les cas favorables, reste élevé
puisqu’il faut considérer le prétraitement des réactifs solides et
l’énergie à apporter pour accélérer la réaction de minéralisation.
« Le principal facteur concernant la rentabilité économique de la apportant alors des propriétés renforcées au béton par une modifi-
minéralisation reste la valeur économique de la tonne de CO2 » cation de sa microstructure. Le Bilan Carbone de la filière pourrait
[15]. Pour que la minéralisation soit compétitive, il serait néces- ainsi diminuer de 70 % ;
saire d’éviter les étapes de captage et de transport du CO2, et pour – le projet d’écoconstruction SAPICO2 (France/Angleterre) vise à
cela utiliser directement les fumées industrielles comme intrant. créer des écomatériaux avec du ciment-carbonate pour réduire le
Le procédé doit donc être adapté pour de faibles concentrations volume des déchets et favoriser la réutilisation du CO2 émis par
de CO2 [21]. des petites et moyennes entreprises [30].
Parmi les autres freins au développement de la minéralisation,
on trouve notamment :
– la faible valeur ajoutée des produits obtenus, comme le prix du 2.2 Synthèse organique « carboxylation »
calcaire de 4 à 5 €/t [7] ;
– « la mauvaise connaissance de la composition finale et/ou la 2.2.1 Principe
qualité insuffisante du produit obtenu qui ne peut pas toujours être
réutilisé » [14] ; Le CO2 utilisé en tant que matière première dans les synthèses
– la stagnation mondiale du déploiement de la technique de de carboxylation en chimie organique peut remplacer les res-
« captage et stockage du CO2 ». sources fossiles et rentrer dans la composition de nouveaux maté-
Si le pessimisme est aujourd’hui de mise sur la minéralisation riaux à valeur ajoutée tels que certains polymères [31] [32] [33].
ex-situ, comme il l’est sur l’ensemble de la chaîne du captage et
du stockage du CO2, il n’en demeure pas moins que la minéralisa-
tion est la seule solution industrielle en mesure de suppléer le La réaction de carboxylation consiste à incorporer le CO2
stockage géologique, là où ce dernier ne pourrait pas être mis en dans un substrat organique selon deux voies de synthèse : la
œuvre [15]. formation d’un groupe carboxylique par l’attaque d’un nucléo-
phile (a dans la figure 2) ou la formation d’un métallacycle à
■ Coûts cinq éléments par cycloaddition oxydante (b dans la figure 2).
La gamme importante de coûts annoncés traduit l’état de déve-
loppement dans lequel se trouve la minéralisation à ce jour, cer-
Les réactions de carboxylation conduisent à la formation de liai-
taines solutions étant encore à l’étude au laboratoire, avec des
sons C-C (par exemple acide 2(ou 4)-hydroxybenzoïque, lactones,
coûts difficiles à appréhender, tandis que d’autres sont au stade
esters linéaires…), C-N (par exemple dérivés de l’acide carba-
de pilote, avec des coûts en baisse (tableau 1).
mique, carbamates…), O-C (carbonates linéaires et cycliques) [32].
■ Unités opérationnelles Dans ce type de réactions, il n’y a pas besoin de rompre les liai-
À l’heure actuelle, il n’existe pas encore d’unité d’échelle indus- sons C-O de la molécule stable qu’est le CO2. L’apport d’énergie
trielle. Cependant, le développement d’unités pilotes ou de nécessaire est globalement plus faible que pour les réactions de
démonstrateurs a commencé au cours des dernières années réduction et se traduit par des conditions de pression et de tempé-
notamment en Australie ou aux États-Unis en bénéficiant d’un rature requises « modérées ». Néanmoins, l’utilisation de cataly-
soutien financier au niveau de l’État. Les principaux acteurs impli- seurs permet de diminuer l’apport d’énergie d’activation
qués sont Alcoa, Calera, Skyonic et GreenMag (cf. tableau 2). nécessaire pour les réactions endothermiques et donc la tempéra-
En France, il existe des projets de recherche multipartenaires, ture de réaction de synthèses organiques à partir du CO2
par exemple (non exhaustifs) : (cf. figure 3).
– le projet ANR CARMEX a permis l’obtention de rendements
très prometteurs (70 à 90 % de conversion), à des conditions de 2.2.2 État des lieux
pression assez modérées, sans additif chimique avec le développe-
ment d’un procédé innovant de minéralisation en mono-étape de Les utilisations du CO2 par carboxylation sont nombreuses. La
roches naturelles d’origine diverse [29] [17] [9] ; maturité de ces réactions est diverse : certaines synthèses sont au
– le partenariat Solidia Technologies (États-Unis)-Lafarge vise à stade de recherche en laboratoire alors que d’autres, industriali-
industrialiser une technique innovante dans la production de béton sées, aboutissent à la commercialisation de produits tels que
préfabriqué. Elle consiste à injecter du CO2 dans le matériau, l’urée ou l’acide salicylique (figure 4).
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Procédé d’Alcoa pour la carbonata- Alcoa a mis en place en 2007 un procédé de car- La consommation de CO2 est seulement de
tion de déchets industriels (États- bonatation des déchets industriels dans une raffi- 30 à 35 kg/t de déchets, ce qui permet d’utiliser
Unis/Australie) [11] nerie d’aluminium à Kwinana (Australie). Il s’agit à l’année un total de 70 ktCO2 [25]. Le produit
d’un procédé de carbonatation des déchets de obtenu n’est pas d’une grande utilité mais est
bauxite. Le CO2 de haute pureté (85 %), capté peu toxique et plus facile à stocker que les
depuis l’usine d’ammoniac CSBP, réagit avec déchets de bauxite. Le coût supplémentaire
les composants alcalins des déchets pour de l’opération de carbonatation (transport par
produire les carbonates pipeline pendant 8 km du CO2) incluant le coût
d’investissement, d’exploitation et de mainte-
nance est estimé à 7 €/teqCO2
Projet Calera (États-Unis) [26] Le procédé développé par Calera permet de Une unité de démonstration en Californie a été
3
minéraliser directement le CO2 contenu dans installée, afin de capturer 30 ktCO2/an (équiva-
le gaz de combustion en carbonate. Ce dernier lent à une centrale de gaz de 10 MWe), pour
peut, dans certaines limites, rentrer dans un investissement de 13 millions d’euros
la composition de certains ciments par le DOE [11] [19]
Les propriétés du ciment composé, obtenu avec 500 kg de CO2 sont utilisés par tonne
ce carbonate, restent à démontrer, tout comme de ciment produit [7] [11]
son intérêt économique par rapport au ciment
obtenu avec le calcaire moulu de carrière, actuel-
lement utilisé et bien moins cher [14]
Projet Calera (Australie) [26] [11] En 2010, Calera a démarré un autre démonstra- Il est envisagé d’utiliser 300 000 tCO2/an, issu
teur à Victoria en Australie. L’investissement d’une centrale à charbon pour produire environ 1
pour cette usine est de 82 millions d’euros Mt de matériaux de construction [19]. La quantité
d’eau nécessaire au procédé de minéralisation
aqueuse est de 7,5 tonnes d’eau par tCO2 utilisé
et l’énergie requise est de 0,176 MWh
Projet de Skyonic (États-Unis) [18] Ce projet de 125 millions de dollars (dont 25 mil- Cette usine devrait capturer 75 ktCO2/an pour
lions de dollars par le DOE et 35 millions par BP, produire 157 kt de bicarbonate [18]. Il est aussi
Conoco Philips et PVS Chemicals) [27] [18] a envisagé d’utiliser 150 ktCO2 pour produire
pour but de développer une unité industrielle au d’autres produits chimiques tels que l’acide
Texas pour capter le CO2 de la cimenterie Capitol chlorhydrique [27]
Granulats Inc. à San Antonio, et de l’utiliser pour
produire du bicarbonate de sodium ou de soude Le coût envisagé du captage de CO2 et
grâce au procédé de minéralisation de la transformation en bicarbonate est
d’environ 35 €/tCO2 [18]
Nota : d’après une parité $/€ de 0,778
Carbon 8 (Angleterre) Carbon 8 utilise une solution brevetée appelée En Angleterre, au moins deux usines de carbo-
« Accelerated Carbonation Technology (ACT) » natation utilisant les résidus de déchets
qui permet d’accélérer le processus naturel de urbains traités par incinération fonctionnent
carbonatation de sols et de déchets. D’après les déjà et fabriquent des granulats. Elles sont
concepteurs, la technologie permet d’utiliser opérées par la société Carbon 8 dirigée par
les émissions de CO2 issues des déchets à partir Mme Paula Carey, adossée à l’université
de sources locales, de capturer d’importants de Greenwich [14]
volumes de CO2, et de valoriser le produit final
obtenu [28]
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O O
Alcools, alcanes,
alcènes… … C C
R OH RO OR
b O O O ( )n O
LnM
A
B
LnM
A
B
R R
Carbonates cycliques
R
Polycarbonate
O n
3
O C O O C O
O
A, B : alcène, alcyne, HN O N
H
( )n O
Énergie
Catalyseur
Énergie d’activation
sans catalyseur
Énergie d’activation
avec catalyseur
Époxydes Carbonates
Hydrogène Carbamates Énergie nette
Acétylène Acides carboxyliques dégagée par
CO2 + Diène Esters la réaction
Allène Lactones
Organométalliques
Amines
Réactifs Produits
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Urée
Acides carboxyliques Carbonates linéaires
Acide salicylique
Esters Polycarbonates
Acide 4-hydroxybenzoïque
Lactones Carbamates
Carbonates cycliques
3 Figure 4 – Maturité des synthèses organiques catalytiques à partir du CO2 (Compilation RECORD/APESA)
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3
APESA, Montardon, France
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1. Enjeux Le gisement global mobilisable à 2030 pour la méthanisation a ainsi été évalué à
130 millions de tonnes de matière brute, soit 56 TWh d’énergie primaire en production de
biogaz (sur un total de 185 TWh de ressources considérées). Il est composé à 90 % de
matières agricoles [6].
Lutte contre le réchauffement climatique, préservation des res-
sources, recyclage et réutilisation, économie relocalisée, approvi-
sionnements énergétiques autonomes et renouvelables... sont 1.2 Traitement des déchets et économie
autant d’enjeux de développement durable mis en avant par la
société civile et les réglementations environnementales.
circulaire
La méthanisation, qui consiste à générer du méthane à partir ■ La directive 2008/98/CE [7] du Parlement européen établit un
de la dégradation de déchets organiques, est une technique qui cadre juridique pour le traitement des déchets au sein de la Com-
répond favorablement à ces enjeux divers en permettant des béné- munauté européenne.
fices environnementaux, économiques et territoriaux (figure 1).
Elle vise à protéger l’environnement et la santé humaine par la
Les principaux enjeux sont présentés ci-après. prévention des effets nocifs de la production et de la gestion des
déchets, et propose une hiérarchie de gestion qui s’applique par
ordre de priorité (figure 2).
1.1 Réglementation et énergie Lorsqu’un produit est qualifié de « déchet » selon la réglemen-
renouvelable
3
tation, il est soumis à de nombreuses obligations (transport,
stockage, traçabilité des circuits de valorisation et d’élimination...).
■ La loi de transition énergétique du 17 août 2015 a fixé des
objectifs nationaux ambitieux de réduction de gaz à effet de serre Il existe des règles permettant la sortie du statut de déchets,
(– 40 % d’émissions en 2030 et neutralité carbone en 2050), de pro- telles que sa valorisation (il peut alors obtenir le statut de copro-
duction d’électricité et de consommation de gaz d’origine renouve- duit). Ce changement de statut est défini dans la réglementation
lable à l’horizon 2030 [1]. européenne (directive 2008/98/CE) par des règles précises.
La directive européenne 2018/2001 « énergie renouvelable » De même, tant qu’un produit n’est pas sorti des limites du site
(RED II) (modifiée par la directive 2021/0218 du 14 juillet 2021) de production, il peut ne pas être comptabilisé comme un déchet.
impose des réductions d’émissions de gaz à effet de serre (GES)
de – 55 % et l’atteinte de 40 % d’énergies renouvelables (EnR) dans
■ Atouts de la méthanisation : en réutilisant des résidus orga-
niques (agricoles, agroalimentaire, boues de stations d’épuration,
le mix énergétique européen à l’horizon 2030 [2] [3]. La prise en
etc.) sur le site de production ou en les transformant en coproduits
compte des émissions de GES est primordiale dès lors que l’on
(biogaz, amendements organiques...), la méthanisation répond
parle d’« énergie renouvelable ». Dans la « RED II », les énergies
favorablement à la directive européenne en matière de prévention
renouvelables doivent répondre à certaines obligations : respect
(sortie du statut déchet), recyclage ou récupération énergétique.
des critères de durabilité et réduction d’émission de gaz à effet de
serre par rapport à une énergie fossile de – 65 à – 80 %. Nota : en France, la production de biogaz est issue à plus de 60 % de résidus agri-
coles (déjection et effluents d’élevage). En Allemagne (leader européen des installations
■ Atouts de la méthanisation : avec plus de 50 % de surface de méthanisation avec 11 000 unités en fonctionnement soit près de 61 % des unités de
agricole en France et des gisements de matières organiques dispo- l’Union européenne contre 4 % pour la France) ou en Autriche (figure 3), le choix a été
fait d’utiliser les cultures énergétiques (ensilage de mais, betterave...) pour alimenter les
nibles (résidus des activités agricoles et économiques, ordures méthaniseurs (source : [8]).
ménagères fermentescibles...), les possibilités offertes par la
méthanisation sont importantes et localisées sur tout le territoire ■ Réglementation « économie circulaire »
national. Le biogaz produit a un poids carbone relativement bas (le
facteur d’émission du biométhane de 0,0444 kgCO2e/kWh PCI, La loi « économie circulaire » (n° 2020-105 du 10 février 2020)
après combustion, est plus de cinq fois inférieur à celui du gaz imposera, à partir de 2025, aux professionnels produisant majori-
naturel fourni dans les réseaux en 2015 (= 0,227 kgCO2e/kWh PCI) tairement des biodéchets qu’ils soient triés en vue d’un traitement
composé essentiellement de méthane d’origine fossile [4]). en compostage ou en méthanisation. Un autre amendement étend,
à partir de 2024, l’obligation de tri des biodéchets à tous les pro-
Nota : le gisement de matières méthanogènes issues des effluents d’élevages de ducteurs ou détenteurs de biodéchets, y compris aux collectivités
bovins en France est de l’ordre de 18 millions de tonnes de lisier et 65 millions de tonnes territoriales dans le cadre du service public de gestion des déchets,
de fumier par an (source : [5]). Si la totalité de cette ressource était valorisée en méthani-
sation, cela correspondrait à 30,8 TWh, soit l’équivalent de la consommation électrique et aux établissements privés et publics qui génèrent des biodé-
d’une ville de 4,6 millions d’habitants. chets (source : [9]).
– Production d’énergie renouvelable – Indépendance énergétique – Gestion durable des déchets organiques
– Valorisation des déchets – Moindre recours aux énergies fossiles – Création d’emplois locaux non
délocalisables
– Réduction des émissions de gaz à effet – Maîtrise du coût de l’énergie
de serre d’origine fossile – Soutien aux entreprises locales agricoles
– Nouveaux marchés autour de la et agroalimentaires
– Production d’engrais naturels (digestat de méthanisation et des services/produits
méthanisation) générés – Développement d’une économie circulaire
locale
– Complément de revenu pour les
agriculteurs
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Valorisation
usage, transport possible, pas de statut
de déchet pour la réglementation
Réemploi
Transformation physique, utilisation
Recyclage pour un nouveau produit
Valorisation
Option thermique Élimination physique avec coproduction
secondaire
3
d’énergie
Stockage
Figure 2 – Hiérarchie des modes de traitement des déchets (source : adaptation directive 2008/98/CE [7])
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CH4
+ (off-gaz) Swing Adsorption), l’absorption par lavage à l’eau ou aux amines
basiques, la séparation membranaire et l’épuration cryogénique.
Figure 4 – Schéma de principe de la méthanisation Les procédés de purification du biogaz sont présentés au
paragraphe 3.1.1. Les gaz pauvres (off-gas) obtenus après sépara-
tion présentent des concentrations élevées en CO2, entre 90 et
la neutralité. Différentes plages de température peuvent être appli- 99 % [15], ce qui les rend attractifs pour une valorisation. Ils
quées, de 52 à 56 °C, en mode thermophile, de 35 à 40 °C en mode contiennent entre 1 et 5 % de méthane ainsi que des composés
mésophile et de 10 à 20 °C en mode psychrophile. indésirables tels que l’azote, l’oxygène, l’eau et des traces de
contaminants [15]. L’H2S, les siloxanes et des composés orga-
Le biogaz est composé majoritairement de méthane (50 à
niques volatils (COV) ont été mesurés à des concentrations infé-
65 %) et de dioxyde de carbone (35 à 50 %) avec une faible pro-
rieures aux seuils de détection pour plusieurs gaz pauvres en
portion de composés minoritaires dont l’hydrogène sulfuré (H2S).
France [15]. Le risque d’explosivité de ces gaz doit être considéré
Il peut être valorisé par des chaudières (production de chaleur, eau
en raison de la présence de méthane résiduel [16]. Des étapes de
chaude, vapeur), par combustion en chaleur et électricité (cogéné-
purification complémentaires peuvent être mises en œuvre, en
ration), injecté dans le réseau de gaz naturel ou utilisé comme bio-
fonction des besoins, pour éliminer le méthane et les composés
carburant après épuration et compression.
indésirables [16]. Le méthane récupéré dans les gaz pauvres est
Le digestat est généralement valorisé par retour au sol soit par alors valorisé (injection réseau) pour améliorer le bilan écono-
épandage direct soit après séparation de phases. La fraction mique du projet de valorisation du CO2. Différentes techniques de
Monomères et oligomères
(acides aminés, oligopeptides,
monosaccharides…)
Bactéries homoacétogènes
Acétate H2, CO2
Bactéries syntrophes oxydant l’acétate
Méthanogènes Méthanogènes
MÉTHANOGÉNÈSE
acétotrophes hydrogénotrophes
CO2, CH4
Figure 5 – Schéma des étapes intermédiaires de la digestion anaérobie et des micro-organismes impliqués (adapté de [13] [14] [BIO 5 100] [J 3 943])
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purification du CO2 sont disponibles : la distillation cryogénique – le potentiel de réchauffement global (PRG) ou GWP (Glo-
qui est la plus répandue en Europe, l’absorption par un solvant et bal Warming Potential) du méthane utilisé est généralement celui
la PSA. Les techniques d’absorption n’ont pas de références du dernier rapport du GIEC. Ce facteur permet de convertir le
connues pour la purification de CO2 de méthanisation [16]. méthane en « équivalent CO2 ». Au fur et à mesure de l’avancée
des connaissances, le PRG du méthane a évolué. D’un PRG du CH4
de 21 en 1995, il est estimé à 30 (voire 34 en tenant compte des
2.2 Émission de gaz à effet de serre effets indirects dans l’atmosphère) en 2013 (figure 6). Selon la
en méthanisation valeur qui est choisie, le résultat de la comptabilité carbone corres-
pondante sera variable. La plupart des analyses de cycle de vie
(ACV) en méthanisation utilisent une valeur historique de 25. Asso-
2.2.1 Rappels de quelques principes cié aux hypothèses fluctuantes des auteurs de ces études
de comptabilisation carbone (exemple : les valeurs de fuites en méthane choisies varient de 1 à
15 %) et aux périmètres choisis (des émissions évitées peuvent
Les règles de comptabilisation carbone sont décrites de façon être soustraites ou pas), le lecteur d’une ACV en méthanisation
générale [G 8 300] ou spécifiquement selon la méthodologie utili- doit être conscient que le résultat obtenu est entièrement dépen-
sée (par exemple [17] pour la comptabilité réglementaire des dant des choix des auteurs ;
« Bilan GES »).
– émissions évitées, induites et stockage du carbone
Dans le cas de la méthanisation, trois de ces règles sont particu- (§ 2.2.3) : les comptabilités carbone de type Bilan Carbone®, Bilan
lièrement importantes. Elles peuvent influer significativement sur
le résultat final d’une comptabilité carbone. Elles sont relatives aux
caractéristiques de la méthanisation : émission de carbone d’ori-
GES, GHG Protocol... affichent distinctement les émissions brutes
et les puits carbone ou émissions évitées. Les analyses de cycles
de vie, en revanche, lorsqu’il y a des coproduits (par exemple CO2
3
gine biogénique, émission de méthane (gaz à effet de serre unitai- à valoriser, digestat sous forme d’engrais, etc.) peuvent affecter les
rement plus impactant que le CO2 en termes de changement impacts selon des règles d’allocations [G 5 550] souvent
climatique) et émissions évitées/stockage de carbone. « énergétiques » pour la méthanisation, ou bien soustraire des
De façon générale : impacts (correspondant à la fabrication de produits équivalents),
– le CO2 d’origine biogénique (issu de la combustion de ce qui peut amener selon les cas à avoir des émissions négatives.
matière végétale, de la dégradation de matière organique, etc.)
n’est pas comptabilisé car il est considéré sans impact sur le chan- Nota : pour une meilleure compréhension et lisibilité des résultats, il est préférable
de bien identifier les émissions brutes des émissions évitées ou des puits de CO2...
gement climatique : ce carbone relargué dans l’atmosphère s’y
trouvait déjà quelques années auparavant, avant qu’il soit capté
par la végétation par exemple. En revanche, les inventaires de gaz
à effet de serre comptabilisent les émissions de CO2 d’origine
2.2.2 Aperçu général des émissions
fossile (issues de la combustion de gaz, charbon, pétrole ou déri-
vés...), c’est-à-dire celles provenant du carbone initialement stocké Différents outils permettent d’évaluer les émissions de gaz à
dans des « réservoirs géologiques » et qui apportent une contribu- effet de serre d’une installation de méthanisation :
tion nette de carbone dans l’atmosphère ; – les outils génériques du type « Bilan Carbone® » (pour l’activité
Nota : les émissions de CO2 d’origine biogénique sont généralement quantifiées de méthanisation) ou l’analyse de cycle de vie (pour le process ou un
façon séparée dans les inventaires de GES. En revanche, le CH4 d’origine biogénique est, produit issu de la méthanisation) ;
lui, bien comptabilisé dans le bilan au même titre que les émissions de CO2 d’origine
fossile. – les outils spécifiques tels que Carbon Agri [19], Dia’terre®...
Année du rapport 1990 (AR1) 1995 (AR2) 2001 (AR3) 2007 (AR4) 2013 (AR5)
CO2 : 1 CO2 : 1 CO2 : 1 CO2 : 1 CO2 : 1
CH4 : 21 CH4: 21 CH4 : 23 CH4 : 25 CH4f : 30 (28 à 34)
PRG N2O : 290 N2O : 310 N2O : 296 N2O : 298 N2O : 265
SF6 : – SF6 : 23900 SF6 : 22200 SF6 : 22800 SF6 : 23500
Figure 6 – Évolution des potentiels de réchauffement global (horizon 100 ans) (source [18])
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CO2 (90 à 99 % CO2 CO2
– 1 à 5 % CH4)
Purification Biocarburant
Biogaz transport
– CH4 (50 à 65 %)
Biodéchets – CO2 (35 à 50 %) Chaleur
N2O CH4 Épuration
CH4
Cultures intermédiaires CO2 Électricité
Électricité
3
animaux N2O CO2
Digestat N 2O CH4
Intrants organiques
– Carbone
1
– Nutriments (N, P, K)
Engrais Fioul Épandage 5
Stockage
Fioul
CO2
stocké
■ Émissions directes (biogéniques) CO2 N2O CH4 ■ Émissions directes (fossiles) CO2
■ Émissions indirectes de CO2 (fossiles) issues de consommables (matériaux et énergie hors immobilisations) Engrais Électricité Fioul Carburant
Figure 7 – Principales émissions de GES et potentiel de réduction de la filière méthanisation (source : adaptation APESA de EBA [20])
Sur la filière méthanisation, les émissions de gaz à effet de serre – stockage de digestat : 1,4 à 2 % sans couverture étanche et
sont réparties sur toute la chaîne de valeur et sous différentes sans récupération de biogaz. Un abattement de 80 % peut être
formes : directes, indirectes, d’origine fossile ou biogénique obtenu avec couverture et récupération ou oxydateur thermique.
(figure 7).
■ N2O (émission directe)
Les émissions directes sont principalement biogéniques. Elles se
retrouvent sous différentes formes. Issu de la dégradation anaérobie de l’azote, le N2O (puissant gaz
à effet de serre de PRG = 265) est émis lors des opérations de stoc-
■ CO2 (biogénique – émission directe) kage de la matière organique (intrants, digestats...).
Le CO2 est généré par la méthanisation (dégradation aérobie de D’autres émissions de gaz à effet de serre, d’origine « fossile »
matière organique) et se retrouve à hauteur de 40 à 50 % dans le cette fois-ci, sont observables sur la filière.
biogaz : 1 Nm3 de biométhane contient environ 1,2 kg de CO2 [15]
[21] (point 3 sur la figure 7). On le retrouve aussi en fin de vie lors ■ CO2 (fossile – émission directe)
de la combustion du méthane (issu du biogaz) pour une finalité
énergétique (point 4). Sa combustion génère approximativement Ces émissions liées à la combustion de carburant (pour les
1,81 kgCO2/m3, mais comme indiqué au paragraphe 2.2.1, cette transports de matières par exemple) sont dépendantes des condi-
quantité n’est pas intégrée dans les bases de données de facteurs tions (exemple : moyen et distance de transport).
d’émissions (par exemple la valeur « Biométhane - Injecté dans les ■ CO2 (fossile – émission indirecte)
réseaux – Mix moyen » de la Base Carbone® en 2021 est de
0,452 kgCO2e/m3 avec un « 0 » pour la rubrique « CO2/émission liée Ces émissions sont diverses et apparaissent principalement lors
à la combustion » [4]). de la fabrication de consommables utilisés sur la chaîne de valeur :
carburant, engrais, électricité, etc.
■ CH4 (biogénique – émission directe)
Le tableau 1 propose un ordre de grandeur des émissions de
La méthanisation produit du méthane qui est utilisé à des fins GES par étape et par type de filières de méthanisation. Les résul-
énergétiques. L’enjeu est donc de récupérer la quantité de tats, ramenés à la production et l’injection de 1 kWh PCI dans le
méthane la plus importante possible. Pourtant des pertes, sous réseau sont issus d’une analyse de cycle de vie (approche attribu-
forme d’émissions fugitives, sont occasionnées sur la chaîne de tionnelle avec affectation des impacts au prorata économique des
transformation. Par rapport à la quantité de méthane produit, elles produits obtenus) [23].
représentent de l’ordre de :
Les émissions de méthane représentent (en % de CO2 eq sur le
– émissions fugitives (point 2 sur la figure 7) : 0,15 % en
« total GES » du tableau 1) de 41 % (filière traitement des biodé-
moyenne (source : suivi ADEME de 10 installations hors fuites liées
chets ménagers) à 50 % (filière agricole et territoriale).
à un fonctionnement dégradé) et jusqu’à 13 % en fonctionnement
dégradé [22] ; Les émissions de CO2 d’origine biogénique (non comptabilisées
– épurateur (point 3) : 0,7 % (moyenne des épurateurs membra- dans « total GES ») proviennent principalement des étapes traite-
naires) ; ment, épuration biogaz (point 3) et combustion (point 4).
100
Référence Internet
G1818
Tableau 1 – Estimation des émissions directes et indirectes de GES par étape et par type de filière
de méthanisation, hors épandage (gCO2 eq/kWh PCI [23])
Intrant Traitement,
% en (point 1 Méthanisation épuration Injection, Combustion Total Total CO2
Filière Transport Stockage Prétraitement
2018 de la (point 2) biogaz distribution (point 4) GES biogénique
figure 7) (point 3)
Territoire
71 6 3,5 1,6 5,1 14,2 17,9 3 1 52,4 223
et agricole
Logistique Source
CO2 des off-gaz Récupération Liquéfaction (transport Capacité complémentaire Marché
de méthanisation et purification (pour transport) réglementation de stockage de CO2 (pour et clients
ADR) saisonnalité)
101
3
102
Référence Internet
IN115
INNOVATION
Keywords : Capture CO2 – transport CO2 – storage CO2 – CO2 – carbon dioxide –
climate change – mitigation
Points clés
Domaine : technologies pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre
dans l’atmosphère
Degré de diffusion de la technologie : émergence
Technologies impliquées : procédés industriels de séparation, compresseurs,
conduites de transport, technologies de forage, complétion, monitoring de stoc-
kage géologique
Domaines d’application : industries émettant du CO2 (centrales électriques,
cimenteries, sidérurgie, raffineries, chimie et pétrochimie)
Principaux acteurs français
Centres de compétence : ADEME, BRGM, École des Mines de Paris, CNRS, IFP
Énergies nouvelles, INERIS, IPGP (Institut de Physique du Globe de Paris)...
Industriels : Air Liquide, Alstom, EDF, GDF SUEZ, Geogreen, INERIS, Lafarge,
Poweo, Prosernat, Rhodia, Saipem, Schlumberger, SNET (Groupe EON France),
Sofregaz, Soufflet, Technip, Total et Veolia Environnement...
Autres acteurs dans le monde : IEAGHG
Compagnies pétrolières : BP, Statoil, Exxon Mobil, Shell...
Bailleurs de procédés : UOP, Fluor Daniel, Mitsubitshi Heavy industries et Kansai
Parution : janvier 2011
103
Référence Internet
IN115
INNOVATION
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Référence Internet
IN115
INNOVATION
1.3 Réduction des émissions de CO2 équivalente si les besoins qui suscitaient le projet initial de
par captage-stockage (CSC) déforestation demeurent inchangés.
La production d’électricité (pour 39 %), l’industrie (pour Le stockage dans l’océan soit par injection directe, soit
22 %) et les transports (pour 23 %) constituent les principales par fertilisation (stockage dans la biomasse) a été considéré
sources d’émissions anthropiques de CO2 . Pour limiter ces comme une alternative au stockage géologique, notamment
émissions, trois types d’actions peuvent être envisagés : au Japon. Des incertitudes majeures telles que l’impact sur les
écosystèmes marins, le temps de résidence du CO2 en disso-
– réduire les consommations d’énergie, en modifiant les lution et la perception du public conduisent à écarter cette
habitudes de consommation et en améliorant l’efficacité éner- solution, au moins aujourd’hui.
gétique. Des progrès dans ce domaine peuvent être réalisés à
travers la mise en place d’engagements négociés dans un sec- La séquestration minérale est la seule option de stockage
teur économique, comme c’est le cas dans le secteur de qui puisse être qualifiée de définitive. Elle consiste à faire réa-
l’industrie automobile ; gir le CO2 avec une roche basique, soit sur un site spécia-
– mettre en œuvre des combustibles ou des carbu-
rants émettant moins de CO2 par unité d’énergie pro-
duite. Ainsi, la substitution du gaz naturel au charbon comme
lement aménagé (minéralisation ex situ), soit au sein du
milieu naturel (minéralisation in situ). Dans le cas de la miné-
ralisation in situ, il faut disposer de quantités considérables de
3
combustible dans une centrale thermique permet une réduc- minéraux susceptibles de réagir, et compte tenu de la ciné-
tion sensible des émissions de CO2 . Un recours accru au tique de réaction, les matériaux doivent être suffisamment
nucléaire ainsi qu’aux énergies renouvelables peut être un divisés par broyage, ce qui rend l’opération peu économique.
autre moyen, avec à chaque fois les limitations propres à La minéralisation in situ nécessite la présence d’un milieu
chacune de ces filières. L’utilisation de biomasse comme poreux. Dans ce cas, le mode de stockage est très proche du
combustible et de biocarburants peut également contribuer à stockage géologique en milieu poreux présenté par la suite.
améliorer le bilan CO2 , dans la mesure où le carbone émis Dans le cas d’un stockage géologique, une partie du CO2 réa-
peut être considéré comme recyclé au cours de l’étape de pro- git en général avec le milieu poreux environnant, au bout d’un
duction de la biomasse. Il faut, bien entendu prendre en temps suffisamment long.
compte l’énergie dépensée au cours de la transformation de la
biomasse, mais le bilan reste globalement positif et permet de
réduire les émissions totales de CO2 de 60 à 70 % ;
– capter et stocker le CO2 dans des formations géolo- 2. Chaîne de captage – transport –
giques souterraines (CSC). Cette option est applicable à stockage du CO2
des installations fixes émettant de grandes quantités de CO2.
Le CO2 doit être stocké pour des durées importantes,
devant au minimum couvrir la période qui pourrait durer un à
2.1 Conception
deux siècles, durant laquelle le problème des émissions de
CO2 va demeurer critique. Par ailleurs, il faut également Le stockage géologique du CO2 constitue une filière large-
considérer que le cycle du carbone est régi par les échanges ment étudiée depuis quelques années au niveau international,
entre l’atmosphère et l’océan d’une part, la biosphère et et notamment aux États-Unis, au Japon, en Australie et en
l’atmosphère d’autre part. Si les échanges avec la biosphère Europe.
se font sur des échelles décennales, le cycle de l’océan s’étend
sur plusieurs siècles. Une stabilisation des teneurs en CO2
dans l’atmosphère impose donc de conserver le CO2 dans le Le principe en est le suivant : il s’agit de capter le CO2
sous-sol sur des durées compatibles avec le cycle océanique. provenant d’une source d’émissions importante (fumées
Par mesure de précaution, on envisage des solutions qui per- industrielles, ou gaz naturel brut riche en CO2 en sortie de
mettent d’effectuer ce stockage sur des périodes pouvant gisement), de le concentrer et de le comprimer, puis de le
atteindre des milliers d’années. On peut toutefois estimer qu’il transporter vers un site géologique adéquat pour son
suffira de dépasser l’ère d’utilisation massive des énergies fos- stockage.
siles, c’est-à-dire de l’ordre de deux à trois siècles.
La chaîne de captage-transport-stockage est schémati-
sée sur la figure 1.
C’est principalement en cela que la problématique du
stockage géologique du CO2 diffère considérablement de
celle du stockage de déchets tels que les éléments radio-
actifs qui doivent impérativement rester tant que le déchet
Fumées décarbonées
reste dangereux alors que la durée de vie pour certains
d’entre eux peut dépasser des milliers d’années.
Compresseur Compresseur d'injection
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Référence Internet
IN115
INNOVATION
La première étape consiste à capter le CO2 . Cette gnées des gisements naturels de pétrole ou de charbon. De
opération de captage peut être pratiquée sur les fumées pro- nombreuses sources (centrales électriques, cimenteries,
venant d’une installation de combustion. Le CO2 peut être usines de production de fer et d’acier, raffineries, etc.)
également séparé dans d’autres conditions, notamment en rejettent des fumées contenant du CO2 dilué (à des teneurs
précombustion ou en oxycombustion, selon des voies qui allant de 3 à 30 %).
seront présentées par la suite.
Après captage, le CO2 concentré est récupéré en général à
une pression proche de la pression atmosphérique. Il doit être 3.2 Applications du captage-stockage
comprimé pour être transporté jusqu’au site de stoc- de CO2
kage. Le transport est assuré en général à travers une
conduite sous pression. Dans le cas d’un stockage géologique Les centrales thermiques au charbon sont les principales
opéré en mer dans un réservoir situé sous le fonds marin, un cibles concernées. Avant de mettre en œuvre une installation
transport par bateau peut être également envisagé. de captage-stockage de CO2 , il est important de prendre
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Référence Internet
G1817
Bilan Carbone‚
Réglementations et outils
par Guillaume MARTINAGE
Ingénieur, directeur technique chez CONVIS
3
1.3 Effet de serre ...................................................................................... — 2
1.4 GIEC .................................................................................................... — 3
1.5 Compensation carbone ...................................................................... — 3
2. Cadre réglementaire....................................................................... — 4
2.1 Politique internationale ...................................................................... — 4
2.1.1 Convention cadre des Nations unies sur les changements
climatiques............................................................................... — 4
2.1.2 Protocole de Kyoto .................................................................. — 4
2.2 Politique européenne ......................................................................... — 4
2.3 Politique nationale ............................................................................. — 5
2.3.1 Plan national d’affectation des quotas (PNAQ) ...................... — 5
2.3.2 Plan climat ............................................................................... — 6
2.4 Taxe carbone ...................................................................................... — 6
3. Présentation de la méthode Bilan Carbone‚............................ — 7
3.1 Objectifs et intérêts de la méthode ................................................... — 7
3.2 Étude des postes d’émissions ........................................................... — 8
3.3 Exploitation des résultats à court terme ........................................... — 8
3.4 Exploitation des résultats à long terme ............................................ — 9
3.5 Limites de la méthode ....................................................................... — 9
3.6 Bilan Carbone et ADEME ................................................................... — 9
3.6.1 Aides ........................................................................................ — 9
3.6.2 Formations ............................................................................... — 9
4. Autres méthodes de comptabilisation des émissions de gaz
à effet de serre ................................................................................ — 10
4.1 Approche au Royaume-Uni ................................................................ — 10
4.2 Approche aux États-Unis ................................................................... — 11
4.3 Approche au Canada .......................................................................... — 11
4.4 Approche au Japon ............................................................................ — 11
4.5 Approche en Allemagne..................................................................... — 12
5. Conclusion........................................................................................ — 12
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 1 817
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Référence Internet
G1817
Glossaire
1.2 Prévisions pour le XXIe siècle
Les prévisions des scientifiques annoncent un réchauffement cli-
Groupe d’Experts Intergouvernemental sur matique plus ou moins important selon le scénario envisagé mais
GIEC
l’Évolution du climat bien réel pour le XXIe siècle. Un scénario dit « tout fossile » envi-
sage une augmentation permanente des émissions alors que le
Gaz naturel libéré quand la matière organique scénario dit « convergent » aboutit à une baisse des émissions
Méthane
se décompose vers 2050. L’augmentation de température en 2100 par rapport à
1990 serait donc au maximum de 6,4 C et au minimum de
Un des indicateurs de la température de la 1, 1 C ; la meilleure des estimations promet une augmentation
Albédo
surface de la Terre moyenne de la température comprise entre 1,8 et 4 C.
Concernant la montée des eaux liée à la dilatation thermique des
Calotte glacière Glacier de grande dimension océans (et non liée directement à la fonte des glaces comme on
peut souvent le penser), la montée du niveau des océans devrait
Sous-sol gelé en permanence pendant au atteindre 18 à 59 cm d’ici 2100. Certaines terres et régions côtières
Permafrost
moins deux ans de faibles altitudes sont directement menacées de submersion
(Maldives, Bangladesh).
CO2 Dioxyde de carbone
3 CH4 Méthane
Les conséquences des variations de température
L’augmentation de la température moyenne de 1 C correspond
N2O Oxydes nitreux à un déplacement des isothermes de 200 km vers les latitudes
septentrionales et de 200 m en hauteur pour les isothermes
SF6 Hexafluorure de soufre d’altitudes. Les modèles climatiques prévoient aussi une aug-
mentation vraisemblable des cas de maladies transmissibles
HFC Hydrofluorocarbures par les moustiques et parasites (paludisme, fièvre jaune, etc.)
en raison d’une extension des zones climatiques favorables à
PFC Hydrocarbures perfluorés/perfluorocarbures leur reproduction.
108
Référence Internet
G1817
3
1) le fonctionnement « physique » (et chimique !) du climat et les
La température moyenne de notre planète est le résultat d’un variations climatiques passées ou à venir ;
équilibre entre le flux de rayonnement qui lui parvient du soleil et 2) la vulnérabilité de la biosphère et de notre système socio-éco-
le flux de rayonnement infrarouge renvoyé vers l’espace. nomique face aux risques du changement climatique ;
Les gaz responsables de l’effet de serre d’origine anthropique 3) les scénarios d’émission de gaz à effet de serre et la manière
sont le gaz carbonique (CO2), le méthane (CH4), l’oxyde nitreux de réduire nos émissions.
(N2O), l’ozone troposphérique (O3), les CFC et les HCFC, gaz de syn-
thèse responsables de l’attaque de la couche d’ozone, ainsi que les Le premier rapport date de 1990. Il donnait les premières conclu-
substituts des CFC : HFC, PFC et SF6. sions fortes concernant le changement climatique. Un deuxième
rapport détaillé a été remis en 1995 et un troisième en 2001. Le der-
Les gaz à effet de serre sont naturellement très peu abondants nier est paru en 2007. Les documents produits par le GIEC servent
dans l’atmosphère. Mais du fait de l’activité humaine, la concentra- de référence dans le cadre des négociations internationales sur les
tion de ces gaz dans l’atmosphère s’est sensiblement modifiée : gaz à effet de serre sans participer officiellement aux discussions.
ainsi, la concentration en CO2, principal GES, a augmenté de 30 % Les rapports complets sont tous publics et peuvent tous être télé-
depuis l’ère préindustrielle. Les effets combinés de tous les GES chargés sur le site du GIEC : http://www.ipcc.ch.
équivalent aujourd’hui à une augmentation de 50 % de CO2 depuis
cette période.
Lorsque l’on utilise des énergies fossiles, telles que le charbon, le 1.5 Compensation carbone
pétrole ou le gaz, on brûle du carbone, ajoutant ainsi du CO2 à l’air :
(D’après [5].)
environ 20 milliards de tonnes par an dans le monde. Les océans et
les forêts et, dans une bien moindre mesure, les autres plantes, éli-
minent à peu près la moitié de cet excédent de gaz carbonique. La compensation volontaire est un mécanisme de finance-
Cependant, sa concentration ne cesse de croı̂tre : de l’ordre de ment par lequel un organisme public ou privé (administration,
0,028 % il y a cent cinquante ans, elle est aujourd’hui de 0,0365 %. entreprise, particulier) substitue, de manière partielle ou totale,
Un autre gaz à effet de serre est le méthane (CH4), dont la une réduction à la source de ses propres émissions de gaz à
concentration a doublé depuis la révolution industrielle. Les sour- effets de serre une quantité équivalente de « crédits carbone »,
ces « humaines » sont les rizières, les décharges d’ordures, les éle- en les achetant auprès d’un tiers.
vages bovins, les fuites sur les réseaux de gaz et l’exploitation char-
bonnière. L’oxyde nitreux, ou protoxyde d’azote (N2O) est un autre Concrètement, la compensation consiste à mesurer les émis-
gaz à effet de serre, qui provient de certaines industries et des sions de gaz à effet de serre générées par une activité (transport,
excès d’épandages d’engrais. chauffage, etc.) puis, après avoir cherché à réduire ces émissions,
Il faut compter également avec l’ozone de la basse atmosphère, à financer un projet de réduction des émissions de gaz à effet de
qui se forme à la suite des émissions de monoxyde de carbone serre ou de séquestration du carbone : énergie renouvelable, effica-
(CO), d’oxydes d’azote (N2O) et de composés organiques volatils cité énergétique ou de reboisement, qui permettra de réduire, dans
(COV). Il y a enfin les gaz fluorés : CFC, HCFC, HFC, PFC et HF6. un autre lieu, un même volume de gaz à effet de serre. Le principe
Mais les deux principaux gaz à effet de serre sont le gaz carbo- sous-jacent étant qu’une quantité donnée de CO2 émise dans un
nique, qui contribue à l’effet de serre à une hauteur de 60 % et le endroit peut être « compensée » par la réduction ou la séquestra-
méthane (20 %). Cependant, tandis que le méthane n’a qu’une tion d’une quantité équivalente de CO2 en un autre lieu. Ce principe
faible durée de vie dans l’atmosphère, le gaz carbonique y demeure de « neutralité géographique » est au cœur des mécanismes mis en
pendant plus d’un siècle. place par le protocole de Kyoto.
C’est pourquoi l’attention se focalise aujourd’hui sur la réduction Il est important de souligner que la compensation volontaire doit
des émissions de gaz carbonique. s’inscrire dans une logique de neutralité carbone : elle doit toujours
accompagner ou suivre la mise en œuvre de solutions énergéti-
ques alternatives ou d’efforts de réduction des émissions.
1.4 GIEC Le site http://www.co2solidaire.org/ permet de participer financière-
ment à des projets de développement durable. Cette somme que
(D’après [4].) vous décidez de verser intègre la valeur environnementale et socio-
Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du économique du programme soutenu : elle permet de soutenir des
climat) ou IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) a été actions de coopération et de solidarité dans les pays du sud, pour
fondé en 1988 par l’Organisation météorologique mondiale et le pro- améliorer le quotidien des populations locales et préserver l’environ-
gramme des Nations unies pour l’environnement. Sa mission est de nement (voir également le site : http://www.compensationco2.fr).
109
3
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Référence Internet
G1819
Bilan Carbone‚
Mise en œuvre
par Aurélie WOLFF
Ingénieur génie des procédés
Responsable CO chez SGS
ien que l’effet de serre soit un phénomène naturel qui permette à la Terre
B de connaı̂tre des températures clémentes du fait de la présence, dans notre
atmosphère, de gaz à effet de serre, et que des phénomènes climatiques natu-
rels influent également sur les variations du climat, au vu de l’augmentation
importante de la concentration en gaz à effet de serre et de l’augmentation de
la température moyenne terrestre de + 0,6 C au cours du XXe siècle, tout laisse
à penser qu’il y a une responsabilité humaine dans ces changements climati-
ques, comme le montrent les travaux du GIEC (Groupe d’experts intergouver-
nemental sur l’évolution du climat).
Suite à cette prise de conscience, s’est tenue en 1992 la convention de Rio
Parution : octobre 2015
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Référence Internet
G1819
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Référence Internet
G1819
Guide méthodologique
Utilitaire économique et manuel associé Utilitaire économique et manuel associé Utilitaire économique et manuel associé
3
Utilitaire de comparaison de scénarios d’activités
– –
et manuel associé
hausse du prix des hydrocarbures ou de la mise en place d’une – étape 3 : exploitation des données collectées (calculs à l’aide
taxe sur les émissions (spécifique aux collectivités) ; des tableurs) et préconisation d’actions de réduction en fonction
– un utilitaire de comparaison interannuelle pour permettre le des résultats ;
suivi de l’évolution des émissions de GES. – étape 4 : élaboration d’un plan d’action de réduction des
émissions.
Enfin le module « territoire » contient les éléments suivants :
– un tableur Excel principal de calcul des émissions dans le cas
d’un territoire, en considérant l’ensemble des activités qui s’y
trouvent ;
– un utilitaire économique, sous forme de tableur Excel, afin d’ef-
2. Lancement de l’étude
fectuer des simulations économiques de la conséquence d’une
hausse du prix des hydrocarbures ou de la mise en place d’une
taxe sur les émissions (spécifique aux territoires) ; 2.1 Gaz à effet de serre pris en compte
– un utilitaire, sous forme de tableur Excel, permettant de compa-
rer des scénarios d’activités pour un même territoire ;
– un utilitaire, sous forme de tableur Excel, dans lequel sont ren- Le Bilan Carbone‚ de l’ADEME prend en compte les émissions
seignées les émissions des sites industriels d’un territoire à partir des six gaz à effet de serre (GES) concernés par le protocole de
de données statistiques nationales. Kyoto, à savoir :
– dioxyde de carbone (CO2) ;
Tous les documents sont résumés dans le tableau 1. – méthane (CH4) ;
– oxyde nitreux (ou protoxyde d’azote, N2O) ;
– hydrofluorocarbures (HFC) ;
1.3 Étapes – perfluorocarbures (PFC) ;
Les différentes étapes de la démarche de réalisation du Bilan – hexafluorure de soufre (SF6).
Carbone‚ sont (figure 1) : Mais, le Bilan Carbone‚ prend également en compte les CFC
– étape 1 : lancement de l’étude, incluant une sensibilisation des (chlorofluorocarbures), bien qu’ils ne soient pas dans le champ
parties prenantes, une présentation de la méthode, du déroulement d’application du protocole de Kyoto.
de l’étude et des acteurs impliqués dans la collecte des données
notamment, une validation du périmètre d’étude, une prise en Ces gaz à effet de serre ont des pouvoirs de réchauffement et/ou
compte des études et données existantes… ; des durées de vie différents, c’est-à-dire qu’une tonne de gaz émis
– étape 2 : collecte des données et validation des facteurs d’émis- n’aura pas le même impact sur le climat selon qu’il s’agit de CO2 ou
sion utilisés ; de SF6 par exemple.
Le potentiel de réchauffement global est l’unité de mesure de
Étape 1 Étape 2 Étape 3 Étape 4 l’effet de serre d’un GES sur le réchauffement climatique, sur une
Lancement Collecte Exploitation Plan d'action période de 100 ans, par rapport à celui du CO2 (choisi comme éta-
de l'étude des données des données de réduction lon avec une valeur de 1 pour établir une grille de comparaison).
Les résultats du calcul des émissions de GES peuvent être expri-
Figure 1 – Étapes de la démarche Bilan Carbone‚ més en « tonne équivalent CO2 » (teqCO2) ou en « tonnes
113
3
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Référence Internet
G1820
Dioxines, furannes
et polychlorobiphényles
Sources, analyses, procédés de traitement
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Référence Internet
G1820
L’accident de Seveso en Italie, le 10 juillet 1976, est aussi dans toutes les
mémoires. Des études sur des populations ayant subi des déversements
massifs de produits défoliants, l’agent orange, contenant des dioxines à raison
de 0,1 à 60 ppm, lors de la guerre du Vietnam, ont montré des effets néfastes
sur la santé humaine. Ces molécules de dioxines (PCDD-PBDD), furannes
(PCDF-PBDF) et polychlorobiphényles (PCB), de structures complexes, sont
trouvées dans les émissions gazeuses industrielles ou domestiques, soit adsor-
bées sur des poussières, soit à faibles concentrations dans les fumées. On les
retrouve alors dans l’atmosphère avec des produits apparentés, l’ensemble
formant la famille des produits organiques persistants (POP) [4]. À côté des
PCDD/F classiques, des recherches récentes se sont également orientées vers
les composés bromés ou chlorobromés (PBDD/F et PBCDD/F).
Cet article présente succinctement la problématique générale des dioxines,
furannes et PCB dans les émissions gazeuses. Il est divisé en cinq grandes
parties présentant les structures et les caractéristiques de ce type de molé-
3
cules, les sources et l’impact sur la santé humaine (la réglementation
spécifique est à ce niveau rappelée), les méthodes d’échantillonnages et d’ana-
lyses principalement dans l’air puis quelques résultats récents et enfin les
principales technologies disponibles de dépollution des fumées.
9 1
O
Dioxines 8 2
X = Cl ou/et Br
Polychlorodibenzodioxines (PCDD) n ∈ [1, 8]
Polybromodibenzodioxines (PBDD) 7 3
Xn 6 O Xn
4
9 1
Furannes 8 2
X = Cl ou/et Br
Polychlorodibenzofurannes (PCDF) n ∈ [1, 8]
Polybromodibenzofurannes (PBDF) 7 3
Xn 6 O 4 Xn
3 2 2’ 3’
1 1’
4 4’ X = Cl
Polychlorobiphényles (PCB)
n ∈ [1, 10]
Xn 5 6 6’ 5’ Xn
(1) Les numéros sur les carbones permettent de définir les différents isomères.
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G1820
3
à 25 °C (Pa)
Octochlorodibenzo-p-dioxine 0,0003 0,001
Furannes (PCDF) Composé organique semi-
Classe de volatilité ou non volatil
2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-p-furanne 0,1 0,1 (COSV ou CONV)
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G1820
2. Sources, impacts, volantes que dans les fumées [28]. Ces teneurs très faibles suf-
3
fisent pour avoir un effet néfaste sur la santé et l’environnement.
législation On en trouve aussi dans les gaz d’échappement de voitures, lors
de la combustion de bois dans les cheminées, les barbecues ou
encore dans la fumée de cigarettes. On trouve également des
informations sur les émissions dans le cas de feux domestiques
2.1 Sources accidentels (tableau 5 d’après [29]).
Les dioxines, furannes et PCB sont naturellement émis par les vol- Les polybromodiphenyléthers, retardateurs de flamme courants,
cans ou lors des feux de forêts [8]. Ils sont aussi présents initialement sont des précurseurs connus des PBDD/F, leur structure étant assez
dans les combustibles et non dégradés thermiquement. Ils peuvent proche des PBDF [30]. La quantité de PBDF augmentera avec la
être synthétisés lors de combustions industrielles (incinérateurs présence de polymère ou d’eau, alors que la présence d’oxydes
d’ordures ménagères, cimenterie [G 2 250]) ou de combustion natu- métalliques, de Cu, Sn, Zn ou Fe, favorisera la présence de PBDD.
relle non maîtrisée de déchets domestiques en mélange [4] [9] [10] Les retardateurs de flamme peuvent également être transformés
[11] [12] [13] [14] [15]. Au laboratoire, ils ont été produits à partir de en PBDD/F par photodégradation due à une exposition au rayonne-
précurseurs (tels que les chlorophénols et chlorobenzènes) ou sui- ment solaire [31] [32].
vant la synthèse de novo. Cette dernière serait prépondérante dans Les incendies accidentels, les brûlages et/ou écobuages non
les systèmes de combustion, de type incinérateurs, car la réaction maîtrisés ou sauvages sont des sources émettrices importantes
serait plus rapide. Elle s’effectuerait à des températures variant de pour l’ensemble des dioxines chlorées ou bromées [11]. Selon les
300 à 700 °C. Dans le cas d’un incinérateur de déchets (mélange de matériaux brûlés, l’émission de dioxines bromées peut être plus
composés organiques, organochlorés de type PVC, de matières miné- importante que celle des chlorées [32].
rales et de produits métalliques [16] [17]), la température optimale de
formation des PCDD et PCDF est de 300 °C [18]. Cette production
impliquerait divers mécanismes possibles [19] [20] [21] [22] [23] : 2.2 Évolutions temporelles et sectorielles
– à partir de précurseurs organochlorés ou organobromés
(300 < T < 700 °C) ; Le Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution
– à partir de composés organiques non chlorés, avec du chlore atmosphérique (CITEPA) [4] recense et publie les concentrations
ou du brome en présence d’un catalyseur métallique comme du et les flux massiques annuels des émissions de dioxines et
cuivre (250 < T < 450 °C) ; furannes chlorés en France. Les données des émissions de
Tableau 4 – Teneur en dioxines, furannes, PCB et autres organochlorés des résidus et émissions
d’une usine d’incinération d’ordures ménagères (en I-TEQ)
Cendres Cendres captées
Fumées
Déchets de chaudières des fumées
Mâchefers (ng · Nm–3)
Composé bruts (ng · g–1) (ng · g–1)
(ng · g–1)
(mg · t–1) AUlM NUIOMI AUlM NUIOMI AUlM NUIOMI
(1) (2) (1) (2) (1) (2)
Polychlorodibenzo-p-dioxines (PCDD)
0,050 < 0,02 1à5 < 0,1 5 à 20 < 0,3 2 à 15 < 0,1
Polychlorodibenzo-p-furannes (PCDF)
Polychlorobiphényles (PCB) totaux 700
10 à 700 7 à 700 – 10 à 270 < 100
PCB « dioxine-like » < 0,1
Polychlorobenzènes 100 à 200 à
5 à 200 < 80 < 1 000 < 50 < 200
4 000 60 000
Polychlorophénols 100 à
3 à 2 000 15 < 200 < 50 1 000 < 200
4 000
Hydrocarbures aromatiques 10 à 10 000 700 (AUIM) 200 à
500 < 100 200 < 50 < 200
polycycliques (HAP) (AUIM) 100 (NUIOMI) 30 000
(1) AUIM : ancienne usine d’incinération d’ordures ménagères.
(2) NUIOMI : nouvelle usine d’incinération d’ordures ménagères (adapté de [8]).
118
Référence Internet
G1820
Tableau 5 – Concentration en dioxines et furannes dans le cas de feux domestiques (adapté de [29])
Gaz Cendres
(ng · Nm–3) (ng · kg–1)
Échantillons 1 2 3 4 5 1 2 3 4 5
PCDD/F 28,77 5,78 1,14 – 11,98 2 737 995 682 54 418 606
PBDD < 0,1 < 0,1 < 0,1 0,3 < 50 160 < 50 80 < 50
PBDF < 0,1 < 0,1 < 0,1 3,4 27 280 530 420 9 250
Évolution des émissions de PCDD/F de 1990 à 2018 pour la France métropolitaine (en g I-TEQ)
2 000
1 800 3
1 600
1 400
1 200
1 000
800
600
400
200
0
Année
0
00
02
04
06
08
10
12
14
16
18
9
20
20
20
20
20
19
19
19
19
19
20
20
20
20
20
Figure 1 – Évolutions temporelles et sectorielles des rejets de dioxines et furannes (source [4])
polluants atmosphériques sont présentées sous le format Secten secteur de l’incinération des déchets non dangereux (baisse de
(secteur émetteur et énergie). La figure 1 regroupe des évolutions 99 %) et des déchets industriels dangereux (baisse de 87 %). Pour
temporelles et sectorielles. Du fait de plusieurs facteurs, par l’industrie manufacturière, la décroissance observée est liée à la
exemple une meilleure gestion des incinérateurs, un effort impor- baisse d’activité du secteur de la métallurgie des métaux ferreux et
tant dans la sidérurgie/métallurgie ou encore des traitements plus à la mise en place de techniques de traitement. Du pays le plus
efficaces des fumées, on note une diminution constante des quan- émetteur en 1990, la France se situe actuellement au 8e rang pour
tités rejetées pour passer de quasiment 2 000 g I-TEQ en 1994 à l’UE, avec 3,4 % des émissions. Par rapport à la population, les
98 g I-TEQ pour l’inventaire 2018. émissions sont de 1,5 µg I-TEQ/hab · an, la moyenne de l’Europe
Le secteur « résidentiel tertiaire » est le secteur prépondérant, étant à 5,9 µg I-TEQ/hab · an. Dans des documents plus récents de
depuis 2006 et les émissions sont liées aux incinérations non 2018 et 2021, l’INERIS [13] [14] a compilé de nombreuses informa-
contrôlées en particulier les brûlages de câbles. Les autres sec- tions existantes sur les dioxines et furannes bromés : sources,
teurs d’émission sont les transports et les industries manufactu- mode de formation, émissions, exposition des humains, métabo-
rières. Depuis 1990 les principales avancées sont dues au sous- lisme des composés et toxicité.
119
3
120
Référence Internet
G1830
1.
2.
Structure et caractéristiques de la molécule ..................................
Impacts environnementaux et sources..............................................
G 1 830 - 2
— 2
3
2.1 Impacts environnementaux ........................................................................ — 2
2.2 Sources et puits ........................................................................................... — 3
2.3 Évolutions temporelles et sectorielles ....................................................... — 4
3. Métrologie.................................................................................................. — 5
3.1 Cas d’émissions par sources fixes ............................................................. — 5
3.2 Cas d’émissions par sources diffuses........................................................ — 5
3.2.1 Technique des chambres à flux ......................................................... — 5
3.2.2 Techniques micro-météorologiques et dérivées .............................. — 6
3.3 Méthodes d’analyses................................................................................... — 7
4. Procédés de traitement .......................................................................... — 7
4.1 Réduction à la source .................................................................................. — 7
4.2 Réduction par traitement des gaz .............................................................. — 7
5. Conclusions-perspectives...................................................................... — 8
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. G 1 830
121
Référence Internet
G1830
1. Structure et caractéristiques
N2O 320
de la molécule
315
La molécule de protoxyde d’azote, appelé aussi monoxyde de
diazote, ou encore oxyde nitreux, a été découverte en 1772 par le 310
chimiste anglais Joseph Priestley.
305
Dans les conditions normales de température et de pression, c’est
un gaz incolore et inodore, sans effet toxicologique, mais il peut être 300
asphyxiant à forte concentration. Il est employé depuis la fin du
18e siècle à des fins récréatives (gaz hilarant) et médicales (anesthé- 295
sique). 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010
Années
Traditionnellement, le protoxyde d’azote est produit par
décomposition thermique du nitrate d’ammonium à des tempé- Figure 1 – Concentrations atmosphériques de N2O en ppb depuis
ratures comprises entre 170 et 260 oC. Cette méthode a été déve- 1978
3
loppée par le chimiste français Claude Louis Berthollet en 1785
et est largement répandue depuis.
(CO2), la vapeur d’eau (H2O), le méthane (CH4) et le protoxyde
Le tableau 1 présente ses diverses caractéristiques physico- d’azote (N2O), est indispensable à la vie. Ces gaz captent et main-
chimiques : tiennent l’énergie réfléchie par le rayonnement solaire. Sans cet
— la molécule de protoxyde d’azote est linéaire, formée de deux effet de serre naturel, la température moyenne sur la terre ne serait
atomes d’azote et d’un atome d’oxygène. Elle n’est pas fortement pas de 15 oC mais de – 6 oC [1].
polaire en dépit de la grande différence d’électronégativité entre Le potentiel de réchauffement de ces gaz (forçage radioactif)
les atomes d’azote et d’oxygène. Cette structure chimique lui dépend de leur capacité d’absorption et de réémission du rayonne-
confère une certaine stabilité physico-chimique et thermique ; ment solaire ainsi que de leur durée de vie dans l’atmosphère. Les
parmi les oxydes d’azote, à température ambiante, cette forme potentiels de réchauffement du CH4 et du N2O sont respectivement
oxydée de l’azote est la moins réactive ; 21 et 310 fois plus élevés que celui du CO2 .
— le protoxyde d’azote est assez soluble dans une grande
Le CH4 a une durée de vie d’environ 12 ans, le N2O de 120 à 150
variété de solvants tels que l’eau, les alcools et l’acide sulfurique.
ans et le CO2 de 125 ans. Le N2O est donc un gaz à effet de serre
Il est également soluble dans les graisses ;
extrêmement efficace et qui persiste très longtemps dans l’atmos-
— dans les conditions normales de température et de pression, phère. Les activités humaines (anthropiques) et, notamment, les
le protoxyde d’azote se présente sous forme dissoute ou gazeuse. rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère conduisent à une
Dans l’atmosphère terrestre, du fait de sa faible réactivité, son augmentation des concentrations atmosphériques de ces gaz (ie.,
temps de vie est compris entre 120 et 150 ans. (0) N2O-figure 1) ce qui conduirait à un réchauffement global de la terre.
122
Référence Internet
G1835
1.
2.
Définitions..................................................................................................
Sources et impacts des COV ................................................................
G 1 835 – 2
— 2
3
2.1 Sources et nature des COV ......................................................................... — 2
2.2 Impacts des COV.......................................................................................... — 3
3. Métrologie des COV ................................................................................ — 4
3.1 Échantillonnage et analyse ponctuelle ...................................................... — 4
3.2 Mesure en continu à l’émission ................................................................. — 5
3.3 Mesures en continu dans l’air ambiant. Les réseaux ............................... — 5
4. Ventilation et confinement des COV .................................................. — 5
4.1 Ventilation et canalisation des émissions.................................................. — 5
4.2 Confinement des rejets gazeux .................................................................. — 6
5. Traitements ................................................................................................ — 6
5.1 Notion de filière. Sous-produits générés................................................... — 6
5.2 Traitements classiques ................................................................................ — 7
5.3 Quelques traitements en émergence......................................................... — 9
5.4 Choix d’un procédé ..................................................................................... — 10
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. G 1 835
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© Techniques de l’Ingénieur G 1 835 − 1
123
Référence Internet
G1835
1. Définitions
3 23 %
7% 2%
43 %
Est considéré comme COV tout composé qui, à l’exclusion du
méthane, contient du carbone et de l’hydrogène, lequel peut
être substitué par d’autres atomes comme l’oxygène, l’azote, le
soufre, les halogènes, en particulier le chlore ou le fluor, mais
sont exclus les oxydes de carbone et les carbonates. 16 % 9%
Ces composés se trouvent à l’état de gaz ou de vapeur dans 1990
les conditions normales de température et de pression. 2 473 kt
5% 3%
Cette définition très large est complétée par un critère physique 30 % 25 %
à savoir la pression de vapeur saturante qui est supérieure à 10 Pa
(0,075 mm de Hg) à la température de 20 ˚C et à la pression
atmosphérique (1,013 × 105 Pa ou 760 mm de Hg).
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G 1 835 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
124
Référence Internet
G1835
Sources
Évaporations Minerais
des stations
de stockage Pétrochimie
3
d’hydrocarbures Figure 2 – Inventaire de quelques sources
d’émissions de COV [3]
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125
3
126
Référence Internet
G1836
127
Référence Internet
G1836
1. Définitions des COV – nement est différente (effet de serre) par rapport aux COV qui ont
plus spécifiquement un impact sur la pollution photochimique. On
Sources industrielles parle alors de « composés organiques volatils non méthaniques »
(COVNM) ou parfois de façon un peu trop globale « d’hydrocarbures
non méthaniques » (HCNM).
■ On assimile souvent les COV à tout solvant volatil, or il existe
des définitions précises. La définition des composés organiques ■ On peut également qualifier les COV en fonction de leur utilisa-
volatils, dans sa version européenne, comprend deux critères qui tion ou de leur production in situ dans des activités industrielles ou
doivent être vérifiés concomitamment [1] [2] [3]. Elle s’applique agroalimentaires. On les trouve seuls ou en mélange complexe
aux molécules : comme solvants, dégraissants, dissolvants, conservateurs, agents
de nettoyage, disperseurs, émulsifiants…, ils sont émis lors de
– contenant, à l’état de gaz ou de vapeur, des atomes de carbone réactions chimiques et d’opérations de séparation ou de purifica-
et d’hydrogène pouvant être substitués par d’autres hétéroatomes tion [3]…
comme de l’oxygène, de l’azote, du soufre, des halogènes (chlore
et fluor en particulier) ; Le tableau 1 regroupe quelques COV présents dans divers
– possédant une pression de vapeur saturante supérieure à 10 Pa secteurs de l’industrie. Les grandes familles des molécules sont
(0,075 mmHg) à la température de T = 20 oC et à la pression atmos- représentées. On retrouve ainsi des composés de faibles poids
phérique (P = 1,013 · 105 Pa) [1] [4] [G 1 700] [J 3 928]. moléculaires (chaînes courtes) aliphatiques ou aromatiques
pouvant être substitués par des fonctions alcools, aldéhydes,
■ Dans certains pays anglo-saxons, on définit aussi les COV en cétones, acides organiques ou esters. L’utilisation de solvants
fonction de leur aptitude à réagir dans l’atmosphère (suivant des plus spécifiques (soufrés ou azotés par exemple) induiront des
réactions radicalaires) avec des radicaux libres du type hydroxyles émissions de COV odorants. C’est aussi le cas des réactions de
(OH•) par exemple, initiés par le rayonnement solaire (rayonne- fermentation qui peuvent produire des molécules organiques
ment UV, en particulier). Aussi, en 1986, l’agence américaine de odorantes du type mercaptans (R—SH), amines (R—NH2 et
protection de l’environnement (USEPA : United State Environmen- ) ou encore des acides gras volatils (R—CO2H) qui,
tal Protection Agency) a défini les COV comme toutes substances généralement en mélange, génèrent en plus des nuisances
carbonées (excepté le monoxyde de carbone (CO), le dioxyde de olfactives [6] [G 2 971]. Sur les sites industriels, les débits des
carbone (CO2), les acides carboniques R-CO2H), les carbures métal- émissions de COVNM sont généralement de quelques milliers de
liques (MCn) et carbonates métalliques, et les carbonates m3.h–1 les concentrations sont de quelques mg.m–3 à quelques
d’ammonium) qui participent aux réactions photochimiques de dizaines de g.m–3 [3] [4].
l’atmosphère. Utilisant cette approche, une liste de 318 molécules
considérées comme des COV a alors été dressée [3] [5].
À retenir
Quelques restrictions aux définitions précédentes peuvent être
émises. Ainsi, le méthane est exclu de la quantification réglemen-
taire des COV du fait de sa provenance de sources différentes – Les composés organiques volatils ont une pression de
(principalement agricoles, élevage et émissions naturelles comme vapeur saturante supérieure à 10 Pa.
les volcans), de flux importants émis dans l’atmosphère et d’une – Les COV sont généralement des solvants seuls ou en
comptabilisation spécifique. En outre, son influence sur l’environ- mélange.
128
Référence Internet
G1836
Impression
Esters (acétate d’éthyle), cétones
(acétone, méthyléthylcétone,
de COV sont encore trop élevés et les entreprises, notamment,
sont sommées de poursuivre leurs efforts.
Cette baisse continue et les objectifs ambitieux à venir sur les
3
sur emballage méthylisobutylcétone), alcools niveaux d’émissions de COVNM doivent s’accompagner d’une
(méthanol, éthanol) approche rigoureuse du suivi des pollutions émises tant au niveau
national qu’au niveau des sites émetteurs particuliers. Un bilan
Traitement de surface : massique des COV est alors nécessaire à réaliser localement, afin
– Dégraissage – Composés chlorés (dichloro- de qualifier et de quantifier les postes émetteurs avant de mettre
méthane, trichloroéthylène, en œuvre une réduction des émissions de COV à la source ou par
perchloréthylène) un procédé de traitement.
– Peinture – Aromatiques, alcools, composés
aliphatiques (hydrocarbures
en mélange), glycols À retenir
Agroalimentaire (friture,
plats cuisinés,
Alcools, esters, cétones, aldéhydes,
acides gras volatils
3. Éléments
boissons…)
de réglementation
L’évolution de la législation en matière de prévention de pollu-
2. Évolution des émissions tion atmosphérique a été importante ces dernières années du fait
de la mise en application effective des traités internationaux (§ 2).
de COVNM en France Issus de directives européennes (en particulier de la directive 1999/
13/CE du Conseil de l’Union européenne du 11 mars 1999), le texte
et par secteurs majeur concernant la réglementation française des rejets gazeux
industriels est l’arrêté du 2 février 1998 modifié, Journal officiel
du 3 mars 1998 (dernière mise à jour des données de ce texte :
La France, via la ratification de traités internationaux (Kyoto, Rio, 06 septembre 2021), relatif aux prélèvements et à la consommation
Genève, Göteborg…), s’est engagée à diminuer les rejets de COV d’eau ainsi qu’aux émissions de toute nature des installations
dans l’atmosphère. Cette maîtrise des émissions gazeuses chargées classées pour la protection de l’environnement soumises à autori-
de COV demande une vue globale de l’évolution des émissions sur sation. Dans les annexes II à VI, des listes de composés organiques
un territoire donné. En France, le CITEPA (Centre Interprofessionnel faisant l’objet d’une réglementation spécifique en termes de concen-
Technique d’Etudes de la Pollution Atmosphérique) a en charge la trations et de flux massiques d’émission à l’atmosphère sont préci-
réalisation technique des inventaires nationaux des émissions de sées. Ce texte a été modifié plusieurs fois jusqu’au 6 septembre 2021.
polluants atmosphériques pour le Ministère de la Transition Écolo-
Le tableau 2 tente de résumer ces textes en indiquant les
gique, conformément à la directive NEC sur les plafonds nationaux
concentrations à ne pas dépasser dans les rejets gazeux atmo-
d’émissions (2016/2284/EU). Un rapport annuel de référence est
sphériques [4]. Il faut cependant être très vigilant sur la spécificité
édité selon un format SECTEN (SECTeur émetteur et ENergie) sur
de certains polluants (tableau 3), qui font l’objet de valeurs parti-
les polluants atmosphériques et en particulier sur les COVNM. Ces
culières en fonction de leur classification. Il est aussi à noter que
données sont accessibles à tous sur le site [https://www.citepa.org/
certaines activités industrielles font l’objet d’arrêtés spécifiques
fr/secten/] [5].
par branches (verres, équarrissage, polymères, énergie…). On se
Pour les COVNM, tous secteurs confondus, les émissions sont reportera à la liste non exhaustive des textes législatifs cités en
passées de 2 890 kt en 1988 à 953 kt en 2020, soit une baisse référence [7] [8] [9] [10] [11].
129
Référence Internet
G1836
3 500
3 000
2 500
Émission COVNM (kt.an–1)
Genève
2 000
1 500
3 1 000
Göteborg 1 NECD-2
Göteborg 2
NECD
Prepa (LTE) NECD-2 & Prepa (LTE)
500
0
1988 1998 2008 2018 2028 2038
Année
Figure 1 – Évolution des émissions de COVNM en France entre 1988 et 2020 et rappel des objectifs en accord avec les traités internationaux et
les directives européennes (adapté des données SECTEN – CITEPA) [5]
– 66,9 %
Émissions totales
– 93,9 %
Transports
– 11,7 %
Agriculture/sylviculture
– 63,7 %
Industrie manufacturière
– 63,0 %
Résidentiel tertiaire
– 88,4 %
Industrie énergie
2019 1990 kt
Figure 2 – Évolution des émissions de COVNM en France entre 1990 et 2020 par secteur d’activité (adapté des données SECTEN – CITEPA) [5]
130
Référence Internet
IN23
INNOVATION
Les composés organiques volatils (COV) sont des polluants dont l’émission
par l’industrie est réglementée. Ce système de traitement de l’air est basé 3
sur l’adsorption par des tissus de carbone activé. Les filtres sont régénérés
par chauffage électrique.
(MEK).
tes. S’il existe actuellement des traitements, comme de définir finement leurs caractéristiques phy- Aldhéhydes :
l’oxydation thermique, la biofiltration, la condensa- sico-chimiques et électriques. Dans un second formaldéhyde,
tion, le lavage de gaz [1] [G 1 700], il faut noter temps, les propriétés d’adsorption vis-à-vis de COV acétaldéhyde.
qu’aucun système n’est universel et que chacun a sont déterminées.
131
Référence Internet
IN23
INNOVATION
3
[J 3 928] de N. Soltys mique, ainsi que de propriétés électriques. Ces
Inventaire des textes quelques caractéristiques sont ainsi rassemblées
réglementaires relatifs à
l’air [GR 520] de Figure 1 – Rouleau de tissu de carbone activé dans le tableau 1, pour différents tissus commer-
Y. Pitoun (doc. Actitex) ciaux de la société Actitex.
Droit de l’air : cadre Ainsi, il existe une grande variété de tissus aux
international et commu-
nautaire [G 1 510] de propriétés macroscopiques différentes (mode de
L. Prat tissage, épaisseur, grammage), essentiellement liées
Déchets et risques pour aux caractéristiques de perte de charge, ainsi que
la santé [G 2 450] de physico-chimiques (structure poreuse, surface spéci-
G. Keck et E. Vernus
fique, chimie de surface, résistivité électrique) dues
au mode de fabrication. Le choix d’un tissu se fait
donc en fonction du composé à adsorber et du cahier
des charges imposé.
132
Référence Internet
IN23
INNOVATION
3
Texture ................................. (fils/cm)
Chaîne (3) 12 50 14 50
Trame (3) 7,4 7,5 16,3 7,5
Diamètre des fibres ......................(µm)
Chaîne 6,7 3,8 11,0 4,2
(3)
Grammage ............................(g · m–2) 220 130 130 125
Diamètre médian des pores ............. (Å) 7,3 7,0 3,6 7,0
(1) Les noms commerciaux sont liés au mode de tissage et à la surface spécifique.
(2) Mode de tissage.
(3) Les fils de trame sont les fils perpendiculaires aux lisières du tissu ; les fils de chaîne y sont parallèles.
(4) Il s’agit de la surface spécifique mesurée par la méthode classique Brunnauer - Emmet - Teller.
(5) Pores de diamètre inférieur à 20 Å.
(6) Pores de diamètre compris entre 20 et 500 Å.
matériaux, et d’utiliser cette technique comme mode vitesse de balayage en gaz vecteur. Celui-ci sert alors
de désorption. De plus, la forme textile et la qualité uniquement à transporter les molécules désorbées.
de fabrication de ces matériaux donnent un chauf- Ainsi, la durée des régénérations est réduite
fage homogène (figure 4), et donc une régénération (quelques dizaines de minutes), la concentration du
rapide et efficace de l’adsorbant [4]. désorbat élevée et son volume faible [5]. Lorsque
L’étude et la caractérisation de l’ensemble de ces l’on dimensionne des systèmes de traitement en
paramètres permettent de concevoir, d’adapter et de continu sur deux adsorbeurs alternant des phases
prévoir le comportement électrique de filtres indus- d’adsorption et de régénération, la réduction de la
triels, ainsi que leurs conditions opératoires de régé- durée de régénération s’accompagne donc d’un gain
nération. sur la quantité d’adsorbant mise en œuvre.
133
3
134
Référence Internet
J3945
et
Docteur-Ingénieur, Maître de conférences, IM2I, Bordeaux, France
Nicolas BRODU 3
Docteur-Ingénieur
Laboratoire GEPEA, Saint-Nazaire, France
Cet article est la version actualisée de l’article [IN 34] intitulé « Traitement sélectif de l’air
industriel pollué en COV par un procédé hybride adsorption-ozonation » redigé par
Marie-Hélène MANÉRO et Pierre MONNEYRON et paru en 2005.
des différents secteurs industriels concernés ont fait des efforts importants
pour diminuer l’utilisation de solvants et pour favoriser les opérations de recy-
clages des COV. Mais l’approche de type « technologie propre » ne suffit pas
toujours et souvent il est nécessaire de capter ces rejets et de les traiter.
135
Référence Internet
J3945
MIN %
Efficacité de minéralisation 1.1 Composés organiques volatils
du toluène en CO2
MOR – Zéolithe du type mordenite La réduction de la pollution atmosphérique, devenue une problé-
matique internationale depuis une trentaine d’années, a fait l’objet
Sil-Z – Zéolithe du type silicalite de plusieurs protocoles [G 1 700].
136
Référence Internet
J3945
137
3
138
Traitements de l'air
(Réf. Internet 42600)
1– Introduction
3– Traitement de composés
4
4– Traitements par secteur d'activité Réf. Internet page
Qualité de l'air et automobile. Statut sur la qualité de l’air dans les grands centres BM2502 153
urbains
Qualité de l'air et automobile. Technologies pour limiter l'impact sur la qualité de l'air BM2503 161
Les aérosols microbiens dans l'air du temps : le point sur la microbiologie de l'air G1988 171
intérieur
Sur www.techniques-ingenieur.fr
• Saisissez la référence Internet pour accéder directement aux contenus en ligne
• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires
139
4
140
Référence Internet
G1905
Équarrissage : traitement
des émissions gazeuses
4
1.4 Problématiques rencontrées....................................................................... — 4
2. Aspect réglementaire ............................................................................. — 5
3. Solutions préventives d’atténuation des sources........................... — 5
4. Traitement des émissions gazeuses par solutions curatives....... — 5
4.1 Bonnes pratiques élémentaires en aéraulique.......................................... — 5
4.2 Principes d’équilibrage des réseaux de captage....................................... — 7
4.3 Ouvrages aérauliques de collecte des effluents gazeux........................... — 8
4.4 Choix de la filière de désodorisation des effluents gazeux...................... — 9
Références bibliographiques ......................................................................... — 12
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© Techniques de l’Ingénieur G 1 905 − 1
141
Référence Internet
G1905
4
1.3 Description succincte
pagné le développement et surtout l’organisation des filières
d’élevage depuis un demi-siècle. Avec l’évolution du niveau de vie, des filières de transformation
la consommation des ménages en viandes s’est considérablement
accrue pendant cette période. À partir de 1945, l’agriculture a effec- ■ Filière destruction : Service Public d’Équarrissage
tué de profondes mutations et s’est totalement réorganisée. D’une La collecte des sous-produits de catégorie 1 est différenciée des
situation traditionnelle d’insuffisance pour le plus grand nombre, autres, elle se fait par une flotte de véhicules spécialisés dont les
l’agriculture est devenue autosuffisante et même source de rentrée bennes sont fermées. Les véhicules et conteneurs sont nettoyés,
de devises par l’exportation. Une des voies de cette structuration est lavés et désinfectés après chaque utilisation. Les matières premières
la spécialisation géographique régionale et thématique. Pour l’éle- sont de deux types : les carcasses entières et les matériels à risques
vage par exemple, les deux régions Bretagne et Pays de la Loire pro- spécifiés (MRS). Elles sont entreposées dans un hall de réception
duisent aujourd’hui les deux tiers de la production avicole et porcine clos dans lequel les camions entrent complètement. Les animaux
qui représente 70 % des 6,3 millions de TEC (tonne équivalent car- entiers sont déposés au sol. Les matériaux flasques sont vidés dans
casse) de viande consommée annuellement en France (source Ofi- une trémie dont le fond est formé par plusieurs vis d’extraction. Les
val). Parallèlement, les règles sanitaires se sont renforcées. Le boues de station d’épuration des eaux résiduaires, ainsi que d’autres
corollaire de ces deux évolutions est le changement des modes refus et jus provenant de sites dédiés à la catégorie 1 ou 2, sont éga-
d’élimination : du simple enfouissement à la ferme dans une fosse lement ajoutés. Dans cette zone de réception, les produits ne doivent
avec un ajout de chaux, on est passé à la fabrication de farines car- pas séjourner plus de 24 h à température ambiante. À partir de
nées dans de petites unités éparses plus ou moins artisanales (500 l’introduction dans la chaîne, il y a continuité sans stagnation. Les
dans les années 50), puis à l’industrialisation des procédés assortie produits sont mélangés, puis concassés dans un broyeur. Ils sont
de regroupement des sites (20 opérateurs industriels) [6]. ensuite broyés dans un calibrateur pour répondre à l’obligation de
calibre de 50 mm. Cette zone constitue le secteur souillé.
Aujourd’hui, le terme générique équarrissage est devenu un
abus de langage. L’activité globale est maintenant nommée, en Dans le procédé typique le plus courant, cette matière crue
France, unité de traitement des cadavres, des déchets ou des alimente un ou plusieurs cuiseurs continus horizontaux à bain de
sous-produits d’origine animale. Le vocable équarrissage est graisse et à pression atmosphérique. L’eau des tissus est vaporisée
devenu plus restrictif, il est réservé à l’appellation Service Public et forme les buées de déshydratation. Suit alors une première
d’Équarrissage ou SPE concernant les matières premières de pre- séparation gravitaire de la graisse et de la matière solide dans une
mière catégorie. Cependant, tous les pays européens n’ont pas la vis égoutteuse. Les farines brutes sont ensuite pressées fortement
même acception du terme. dans une ou plusieurs presses continues à vis à pas progressif afin
de réduire le taux résiduel de matières grasses. Les farines sont
affinées par broyage et tamisage. La destination finale est impéra-
■ L’activité de retraitement des sous-produits carnés est divisée en
tivement l’incinération dans des installations dûment autorisées
deux filières principales radicalement dissociées :
(incinérateur spécifique, four de cimenterie, incinérateur mixte
— le Service Public d’Équarrissage ou SPE, géré par l’État déchets industriels ou ménagers, centrale de chauffage).
depuis le 1er janvier 1997, est une délégation à une société privée La graisse est centrifugée afin de la débarrasser des farinettes.
d’un service public. Les opérateurs sont sélectionnés au terme de Elle est utilisée comme combustible. Les buées sont condensées
procédures d’appels d’offre (collecte, transformation en farine et dans des aérocondenseurs. Les condensats générés représentent
incinération) dans le cadre de passation de marchés publics. Pour un volume important puisque les matières premières sont
l’année 2002, la quantité de matière traitée représente 955 000 constituées de 60 à 65 % d’eau. Les eaux de lavages des sols, des
tonnes [6] ; équipements et des véhicules s’ajoutent aux condensats. L’ensem-
— la production de produits valorisables avec des procédés ble est dirigé vers la station d’épuration après avoir subi une filtra-
adaptés selon le produit final trouvant normalement un débouché tion à 10 µm et une stérilisation à haute température dans des
commercial en : industrie des cuirs, de la duveterie ; utilisations autoclaves discontinus à 3 bar de pression pendant 20 minutes de
techniques, médicales ou pharmaceutiques ; production d’aliments maintien [2]. Un autre principe tend à se généraliser ; les buées
pour animaux familiers ; lipochimie, cosmétique, extraction d’aci- sont envoyées directement dans un oxydeur thermique dans lequel
des aminés, production de gélatine ; engrais organiques ; elles sont brûlées selon la règle des 3 T : à une température mini-
combustibles. Toutes ces finalités mettent en œuvre différents pro- male de 850 oC, pendant au moins un temps de 2 s en milieu
cédés de fabrication et de séparation. turbulent [7].
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G1905
(0)
• Animaux suspects d’être infectés par une EST (encéphalopathie spongiforme trans-
missible) ou pour lesquels la présence d’une EST a été confirmée.
• Animaux abattus dans le cadre des mesures d’éradication des EST.
Matières de catégorie 1 ou dites à risques • Animaux autres que d’élevage ou sauvages tels que les animaux familiers. Maté-
étiquetées « exclusivement pour élimination » riels à risques spécifiés (MRS) ou cadavres les contenant ; ce sont des tissus qui en
cas de contamination des ruminants seraient infectieux ou susceptibles de l’être.
• Toutes matières d’origine animale recueillies lors du traitement des eaux résiduai-
res des sites traitant les matières de catégorie 1 (déchets de dégrillage, de dessa-
blage, les graisses et les boues).
• Matières stercoraires (contenu de l’appareil digestif).
• Matières d’origine animale recueillies lors du traitement des eaux résiduaires des
Matières de catégorie 2 abattoirs et des sites traitant les matières de catégorie 2.
étiquetées « impropres à la consommation animale » • Animaux morts autrement que par abattage (tout animal vertébré ou invertébré),
y compris par euthanasie pour éradiquer une épizootie.
• Mélanges de matériaux des catégories 2 et 3.
• Parties d’animaux abattus propres à la consommation humaine, mais qui ne sont
4
pas commercialisées (peau, sang issu d’animaux autres que ruminants, soies de
porcs, plumes, os).
Matières de catégorie 3 • Parties d’animaux abattus impropres à la consommation humaine, mais exempts
étiquetées « impropres à la consommation humaine » de tout signe de maladie.
• Denrées alimentaires d’origine animale retirées de la consommation humaine.
• Poissons, déchets d’éclosion.
Selon un autre procédé moins fréquent en France, une stérili- Suit alors une première séparation gravitaire de la graisse et de
sation est effectuée sur la matière première crue. Celle-ci est intro- la matière solide dans une vis égoutteuse. Les farines brutes sont
duite après broyage et calibrage dans un ou plusieurs stérilisateurs ensuite pressées fortement dans une ou plusieurs presses
sous l’effet de la poussée de « canons pneumatiques ». Les condi- continues à vis à pas progressif afin de réduire le taux résiduel de
tions opératoires sont identiques (133 oC, 3 bar, 20 min, 50 mm). matières grasses. Les farines sont affinées par broyage et tamisage.
Les produits cuits et humides subissent ensuite une déshydratation Elles sont ensuite introduites dans un stérilisateur dans lequel elles
dans des sécheurs, puis les farines produites sont affinées. L’avan- séjournent 20 minutes à 133 oC dans une enceinte autoclave à une
tage principal de ce système est que l’eau incluse dans les tissus pression de 3 bar. Les farines sont refroidies ultérieurement dans
est stérilisée lors de cette étape préalable, les buées et les eaux des silos ventilés.
usées générées postérieurement peuvent être rejetées en station La graisse est centrifugée afin de la débarrasser des farinettes. Les
d’épuration après une simple centrifugation. Le traitement des buées sont condensées dans des aérocondenseurs. Les condensats
graisses est semblable au procédé précédent. générés représentent un volume important puisque les produits
d’origine sont constitués de 60 à 65 % d’eau. Les eaux de lavages
■ Filière valorisation : industrie du cinquième quartier
des sols, des équipements et des véhicules s’ajoutent aux
La collecte des sous-produits est différenciée selon leurs carac- condensats. L’ensemble est dirigé vers la station d’épuration.
téristiques, car le traitement n’est pas unique. Les véhicules et
conteneurs sont nettoyés, lavés et désinfectés après chaque utili- Pour leur part, les plumes et les soies de porcs contiennent majo-
sation. Les matières premières sont de deux types : les carcasses ritairement de l’eau mais pas de graisse. Elles sont hydrolysées
entières et les déchets d’abattoirs autres que les MRS. Les animaux dans de petits hydrolyseurs discontinus montés en batterie. Il s’agit
sont déposés au sol dans un hall de réception clos. Les matériaux d’une simple cuisson d’une durée de 20 minutes mise en pression
flasques y sont également déposés dans une pluralité de trémies par l’injection de vapeur au cœur de l’enceinte. Le traitement du
dont le fond est formé par plusieurs vis d’Archimède d’extraction. sang s’effectue en trois étapes : une coagulation par injection de
Dans cette zone de réception, les produits ne doivent pas séjourner vapeur, une séparation cruor-plasma par centrifugation et un
plus de 24 h à température ambiante. Les carcasses sont séchage.
dépouillées manuellement de manière à en récupérer le cuir. À par-
■ Industries connexes
tir de l’introduction dans la chaîne de type OVD (os, viande, déchet),
il y a continuité du cheminement. Les différentes sortes de produits Certaines unités collectent des produits sains pouvant devenir
sont généralement traitées isolément. Conformément à la régle- après transformation une matière première destinée à l’industrie
mentation, ils sont d’abord concassés dans un broyeur, puis passés agroalimentaire, graisses ou sang prélevés à l’abattoir avant la
dans un calibrateur pour répondre à l’obligation de calibre de fente de la carcasse par exemple. En raison de la fraîcheur des
50 mm. matériaux, les intensités d’odeur sont moindres lors du traitement
Selon un des procédés, cette matière crue alimente un ou plu- thermique.
sieurs cuiseurs continus horizontaux à bain de graisse et à pression Les fondoirs fonctionnent différemment. Il existe un procédé de
atmosphérique. L’eau se vaporise sous forme de buées. Pour aug- fonte humide au cours de laquelle les matières premières, princi-
menter la capacité, cette étape est quelquefois précédée d’un pas- palement de canards et de porcs, sont mélangées, après triage
sage dans un préchauffeur, suivi d’un pressage mécanique pour manuel et broyage, avec de la vapeur dans un tube de fusion, puis
extraire un premier jus. Afin de réduire la dépense énergétique, la dans une cuve de fusion à pression atmosphérique. Il en ressort une
chaleur latente des buées générées est récupérée dans un évapo- phase liquide qui, une fois centrifugée dans un tricanteur ou dans
rateur qui concentre les jus. une succession de centrifugeuses horizontales et/ou verticales, est
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4
1.1 Sources de composés gazeux..................................................................... — 2
1.2 Cas de pollution particulaire : les poussières ............................................ — 4
1.3 Évolutions temporelles et sectorielles ....................................................... — 5
1.4 Effets sur la santé – Impacts sur l’environnement .................................... — 5
2. Métrologie – Analyses ............................................................................. — 5
2.1 Échantillonnage et préconcentration ......................................................... — 6
2.2 Séparation, identification et quantification des composés ...................... — 7
3. Traitements ................................................................................................ — 9
3.1 Dépoussiérage.............................................................................................. — 9
3.2 Traitements des molécules polluantes ...................................................... — 11
4. Exemples de traitement.......................................................................... — 14
4.1 Cas des émissions de cuisson d’aliments.................................................. — 14
4.2 Cas des rejets de fabrication industrielle de plats cuisinés ...................... — 15
5. Conclusions................................................................................................ — 16
Pour en savoir plus ................................................................................................ Doc. G 1 920
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Cet article se focalisera donc sur les sources, la mesure des constituants et le
traitement des émissions gazeuses issues d’activités de l’agroalimentaire. Les
émissions étudiées ne concernent pas celles liées au conditionnement (packa-
ging) des produits finis, mais celles dues plus spécifiquement aux matières
premières, aux produits finis ou aux sous-produits générés.
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Tableau 2 – Exemples d’émission de composés issus de produits de cuisson d’aliments [5] (suite)
Composés Restaurant Friture – Tortillerías Rôtisserie Friture
2,4-Diméthylpentane 0,06 ± 0,06 0,01 ± 0,01 0,15 ± 0,05 0,14 ± 0,06
Benzène 3,19 ± 2,22 0,26 ± 0,34 1,01 ± 0,19 0,70 ± 0,29
2-Méthylhexane 0,14 ± 0,07 0,03 ± 0,03 0,27 ± 0,02 0,21 ± 0,09
2,3-Diméthylpentane 0,09 ± 0,04 0,02 ± 0,02 0,19 ± 0,06 0,17 ± 0,07
3-Méthylhexane 0,25 ± 0,11 0,04 ± 0,04 0,68 ± 0,68 0,44 ± 0,25
2,2,4-Triméthylpentane 0,44 ± 0,28 0,08 ± 0,09 0,76 ± 0,29 0,81 ± 0,41
n-Heptane 0,33 ± 0,23 0,03 ± 0,03 0,53 ± 0,22 1,40 ± 0,69
2,3,4-Triméthylpentane 0,10 ± 0,09 0,03 ± 0,03 0,32 ± 0,13 0,29 ± 0,15
Toluène 3,88 ± 2,91 0,31 ± 0,35 1,69 ± 0,24 1,76 ± 0,53
3-Méthylheptane 0,02 ± 0,02 0,01 ± 0,01 0,19 ± 0,16 0,01 ± 0,03
n-Octane 0,24 ± 0,16 0,01 ± 0,01 0,58 ± 0,33 1,34 ± 0,75
Éthylbenzène 0,73 ± 0,61 0,05 ± 0,05 0,57 ± 0,09 0,51 ± 0,29
4 Styrène
O-Xylène
0,23 ± 0,17
1,09 ± 0,77
0,01 ± 0,01
0,07 ± 0,06
0,20 ± 0,12
0,81 ± 0,17
0,08 ± 0,10
0,66 ± 0,36
n-Nonane 0,12 ± 0,06 0,01 ± 0,01 0,39 ± 0,30 0,10 ± 0,07
β-Pinène 0,37 ± 0,27 0,04 ± 0,04 0,58 ± 0,09 0,28 ± 0,09
n-Propylbenzène 0,06 ± 0,06 0,01 ± 0,01 0,12 ± 0,03 0,06 ± 0,05
1,3,5-tri-Méthylbenzène 0,07 ± 0,07 0,01 ± 0,02 0,26 ± 0,11 0,06 ± 0,06
Méthyl éthyl toluène 0,18 ± 0,12 0,03 ± 0,03 0,35 ± 0,10 0,15 ± 0,05
1,2,4-tri-Méthylbenzène 0,22 ± 0,06 0,01 ± 0,01 0,22 ± 0,12 0,06 ± 0,05
n-Décane 0,00 ± 0,01 0,00 ± 0,01 0,01 ± 0,03 0,01 ± 0,02
n-Undécane 0,06 ± 0,06 0,01 ± 0,01 0,14 ± 0,04 0,05 ± 0,05
TOTAL (ppb % C) 80,07 97,28 84,70 31,29
148
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et Pierre LE CLOIREC
Professeur, directeur
École nationale supérieure de chimie de Rennes (ENSCR)
1.2
1.1.3 Mises en œuvre des procédés de compostage ......................
1.1.4 Incidences pratiques ................................................................
Méthodologie et enjeux de la ventilation..........................................
—
—
—
4
5
6
4
1.2.1 Méthodologie ........................................................................... — 6
1.2.2 Enjeux de la ventilation sur le processus de compostage ..... — 6
1.2.3 Enjeux sur les conditions de travail du personnel ................. — 7
2. Émissions gazeuses ........................................................................ — 8
2.1 Molécules odorantes et nuisances olfactives.................................... — 8
2.2 Ventilation........................................................................................... — 8
3. Traitements des émissions odorantes ........................................ — 9
3.1 Procédés de traitement ...................................................................... — 9
3.1.1 Critères de choix ...................................................................... — 9
3.1.2 Objectifs de rejet d’odeurs – Réglementation ........................ — 10
3.2 Cas des traitements biologiques ....................................................... — 11
3.3 Élaboration du cahier des charges .................................................... — 11
4. Exemple industriel .......................................................................... — 12
4.1 Contexte initial ................................................................................... — 12
4.2 Filière de captage des airs odorants.................................................. — 13
4.3 Dispositif de traitement des odeurs .................................................. — 13
5. Conclusion – perspectives ............................................................ — 14
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 1 925
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80
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70
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nir les enjeux liés aux rejets liquides et gazeux des unités indus-
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50
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40
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Variation
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du pH
inan
Hu 8
étape de fermentation aérobie conduisant à l’élimination de la Co m
20 ifi
fraction organique facilement biodégradable et dont la durée m ca 7
p
in ét tio
courante est comprise entre 4 et 6 semaines, suivie d’une hi iti n 6
bi on
étape de maturation du compost sur une période plus longue tio e
10 n t 5
de 1 à 3 mois où s’effectue la stabilisation par humification de
la matière organique résiduelle. 4
0
Température Temps
1.1.1.1 Fermentation aérobie ambiante
La fermentation aérobie de la matière organique est réalisée par de départ Phase Phase Phase de ralentissement
une succession de consortiums microbiologiques qui s’acclimatent mésophile thermophile de l'activité
en fonction de la température du taux de composés organiques fer- avec plateau
menticibles [7] [8]. Il convient de noter une évolution de la tempé-
rature du déchet en fonction du temps. Ainsi, il est possible de Figure 1 – Évolution de la température et du pH d’une masse
distinguer plusieurs phases de transformation au cours de la en compostage et nature des micro-organismes présents
150
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1.1.1.2 Maturation
La phase de maturation devient prédominante sur la phase de
une carence de l’un ou l’autre des nutriments limite l’activité biolo-
gique et conduit à une stabilisation imparfaite de la matière orga-
4
fermentation aérobie suite à l’épuisement du milieu en molécules nique. Il est généralement admis que le rapport optimal C/N/P (car-
simples. Les activités enzymatiques produisent des phénomènes bone/azote/phosphore) pour le métabolisme microbiologique est
de polymérisation et de polycondensation des molécules néofor- 100/5/1. Ceci conduit à des besoins en carbone assimilable 15 à
mées au cours de la fermentation aérobie, à des températures com- 30 fois supérieurs à ceux en azote assimilable. Dans ces conditions,
prises entre 20 et 30 C. Ces processus d’humification sont lents et la mesure du rapport C/N initial permet de prévoir l’apport d’azote
peuvent durer plusieurs mois. La stabilité et la maturité du com- ou de carbone assimilable. Dans le cas de la stabilisation d’un
post, qui peuvent être estimées à partir du taux de substances substrat dont le rapport C/N est supérieur à 30 (cas des écorces et
humiques [9], sont des qualités essentielles pour garantir une utili- déchets verts), il est nécessaire d’ajouter de l’azote organique. Si le
sation optimale du compost comme amendement organique. En rapport C/N est inférieur à 15 (cas des boues de station d’épuration
effet, un compost instable et immature peut générer de nombreux par exemple), l’adjonction de coproduits carbonés est requise. Ce
problèmes lors du stockage ou du transport (dégagements gazeux rapport C/N est donc souvent utilisé comme paramètre de fonction-
malodorants, infestation de mouches et moustiques). Après épan- nement pour formuler de manière optimale le mélange de matières
dage sur le sol, il peut provoquer une diminution du taux d’oxy- organiques à composter. L’inconvénient de ce paramètre de
gène et du potentiel oxydo-réducteur, favorisant la mobilisation et contrôle est qu’il ne distingue pas les formes assimilables des
la lixiviation d’ions de métaux lourds [36]. De plus, l’épandage d’un espèces non assimilables du carbone et de l’azote. Cependant il
produit immature peut provoquer des réactions inhibitrices ou phy- reste un paramètre simple de contrôle-commande du procédé. Par
totoxiques suite à la production d’ammoniac, d’oxyde d’éthylène ailleurs, les rapports optimaux entre teneur en azote et teneur en
ou d’acides organiques dans les sols. phosphore doivent être compris entre 2 et 5 en fonction de la
nature des déchets [10].
1.1.2 Dispositions opératoires
Pour assurer une activité de compostage optimale, il est néces- 1.1.2.2 Contrôle du pH
saire de connaı̂tre et de maı̂triser les paramètres opératoires déter- Le développement des micro-organismes est fortement condi-
minants. Ces variables peuvent être classés en deux catégories [6] : tionné par le pH du milieu. Ce paramètre provoque une sélection
les paramètres caractéristiques du déchet brut, qui ne peuvent pas de la microflore responsable de la décomposition des déchets ini-
être modifiés au cours du compostage, et les conditions opératoi- tiaux. Le pH est imposé par la matière première et évolue au cours
res du procédé, qui permettent de contrôler et de suivre l’avance- du compostage (figure 1). Une acidification du milieu est ainsi
ment du processus de compostage. Les caractéristiques du déchet observée lors de la phase mésophile suite à la production, lors de
sont globalement et majoritairement représentés par le rapport C/N la fermentation, de CO2 et d’acides organiques. Le pH évolue vers
(carbone organique/azote Kjeldahl), qui traduit l’aptitude de la des valeurs basiques au cours de la phase thermophile, correspon-
matière brute à être compostée, et par le pH. Les paramètres de dant à la dégradation de protéines en azote ammoniacal gazeux et
conduite déterminants dans le fonctionnement d’une unité de com- en amines, combinée à la décomposition d’acides organiques.
postage sont la température ainsi que les teneurs en eau et en oxy- Cette mesure de pH permet donc de suivre le degré de décomposi-
gène dans ce milieu multiphasique. tion biologique et biochimique de la matière organique et de
Les valeurs récapitulatives relatives aux conditions de mise en l’orienter favorablement. À titre d’exemple, on peut citer qu’une
œuvre nécessaires au fonctionnement optimal du processus de acidification anormale du milieu peut révéler des conditions
compostage sont reportées dans le tableau 1. Ces données sont d’anaérobiose indésirables. Celle-ci peut être corrigée, en particu-
discutées dans la suite de ce paragraphe en termes de conditions lier, par un apport d’oxygène plus important via une aération plus
opératoires de l’installation et de qualité de produits finis. poussée du milieu.
151
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est élevée. La plupart des auteurs [6] [8] [10] estiment qu’il est alors la méthanisation, avec production de sous-produits de biodé-
nécessaire de maintenir une teneur en oxygène au moins égale à gradation spécifiques tels que du méthane, du gaz carbonique,
5 % (volume/volume) pour assurer des conditions d’aérobiose cor- mais aussi de l’ammoniac ou de l’hydrogène sulfuré, qui sont éva-
rectes pour le métabolisme de biodégradation. Afin de permettre cués essentiellement dans la phase gazeuse. Ces derniers compo-
une bonne répartition de l’oxygénation du tas à composter et éviter sés impliquent des nuisances olfactives certaines.
tout risque de zones anaérobies pouvant être dues à des passages
préférentiels de l’air, deux paramètres doivent être considérés : la 1.1.3 Mises en œuvre des procédés de compostage
taille (distribution granulométrique) du matériau et l’humidité de
l’andain. Les technologies de mise en œuvre de compostage sont très
nombreuses. Les aménagements de chaque unité résultent souvent
Pour faciliter l’aération des déchets très humides, il peut être du savoir-faire propre à chaque exploitant. Cependant, il est pos-
envisagé d’ajouter un matériau structurant visant à produire un sible de classer les procédés en deux grandes catégories : les pro-
mélange ayant un degré de vide élevé (valeurs optimales entre 30 cédés à fonctionnement continu et les procédés à fonctionnement
et 36 %). De plus, il convient de réduire les effets indésirables séquentiel. De plus, pour chacune de ces catégories, l’aération peut
d’anaérobiose liés à la présence excessive d’eau libre dans le être naturelle ou forcée.
milieu. En effet, cette eau conduit à des compactages locaux des
déchets et à une circulation préférentielle de l’air injecté.
1.1.3.1 Procédés à fonctionnement continu
1.1.2.4 Teneur en eau Dans un procédé à fonctionnement continu, les déchets à com-
poster sont introduits à une extrémité de l’andain et progressent
La présence d’eau dans la matière est une condition obligatoire à le long de celui-ci. La vitesse d’avancement de la matière donne le
l’activité biologique. Celle-ci doit être comprise initialement entre temps de séjour qui doit être suffisant pour permettre d’assurer un
55 et 75 % de la masse brute. L’humidité de la matière évolue au cycle complet de fermentation aérobie. Le compost intermédiaire
cours du compostage du fait de la production d’eau par oxydation prêt à entrer en maturation est récupéré à l’autre extrémité de
de la matière organique. Cependant, l’élévation de température et
4
l’andain. La matière est donc à un état d’avancement de biodégra-
l’aération favorisent un assèchement, par un transfert d’eau du dation différent en fonction de sa position dans le couloir de com-
solide vers l’air, qu’il convient de maı̂triser pour éviter un ralentis- postage. L’aération peut être naturelle ou forcée. Dans le premier
sement drastique de l’activité biologique se produisant pour des cas, l’air est véhiculé à travers la matière par la convection naturelle
teneurs en eau inférieures à 20 %. favorisée par l’échauffement de l’andain au cours du compostage.
Les retournements d’andain, effectués pour faire avancer la matière
1.1.2.5 Contrôle de la température le long du couloir de compostage, permettent une homogénéisa-
Le dégagement de chaleur de l’andain est une expression de tion de celle-ci dans le tas et une minimisation des chemins préfé-
l’activité des micro-organismes. Le niveau de la température du rentiels d’aération. Cette aération naturelle peut être complétée par
déchet résulte de l’équilibre thermique entre la production de cha- une aération forcée par insufflation ou aspiration d’air au travers de
leur issue des réactions biologiques et des pertes thermiques exter- la biomasse.
nes. Ces transferts de chaleur s’effectuent par conduction (transfert Les rejets gazeux à l’atmosphère générés par ce mode de fonc-
entre le milieu et le réacteur de compostage), par convection et tionnement sont très particuliers. Leurs caractéristiques doivent
évaporation d’eau par le flux gazeux ainsi que, dans une bien moin- être considérées avec attention dans le cadre d’une mise en
dre mesure, par radiation (notamment lors des retournements œuvre d’un procédé de traitement des effluents odorants. Ainsi,
d’andains). Il convient de mesurer la température au cours du com- cette méthode de compostage occasionne inévitablement des pics
postage. Ce paramètre a une influence prépondérante sur la qualité d’émission, à des concentrations très élevées, de composés volatils
du processus et donc la qualité du produit fini. En effet, une tempé- et de vapeur d’eau pendant les périodes de retournement des
rature élevée permet d’une part d’augmenter très significativement andains. Par ailleurs, ce mode de fonctionnement conduit à la for-
les vitesses de biodégradation et, d’autre part, d’assurer une hygié- mation d’un gradient de température de l’air au-dessus des
nisation du déchet en détruisant les germes pathogènes ou les andains. Ce phénomène peut provoquer des perturbations impor-
graines végétales initialement présents. L’étape de fermentation tantes dans le fonctionnement du dispositif de captage. En effet, la
aérobie à haute température peut être maintenue par aération, couche limite gazeuse chaude résultant de la disposition parallèle
favorisant l’activité biologique, et par une limitation des phénomè- des andains peut agir comme un rideau d’air infranchissable pour
nes de déperditions de chaleur. Pour cela, il faut optimiser la taille les effluents gazeux à évacuer vers le procédé de traitement d’air.
des andains de compostage (minimisation de la surface d’échange Pour se convaincre de l’importance de cette problématique, il suffit
thermique) ou encore choisir le nombre optimal de retournements. de se reporter à l’utilisation croissante de la technique des rideaux
d’air et à leurs propriétés pour confiner des ambiances [11] [37].
1.1.2.6 Données opératoires optimales
L’analyse des valeurs de ces paramètres et de leur influence fait 1.1.3.2 Procédés à fonctionnement séquentiel – Importance
ressortir que la maı̂trise du processus de compostage passe par le de l’insufflation d’air
contrôle et la régulation de paramètres majeurs. Il apparaı̂t égale- Dans les procédés à fonctionnement séquentiels, les andains de
ment que les variations du débit d’oxygénation, de la température matières premières sont installés dans des couloirs et sont aérés
et de l’humidité sont interdépendantes. La modification de l’un pendant 4 à 6 semaines afin de réaliser la fermentation aérobie. Le
entraı̂ne la variation des deux autres. Cependant, la mauvaise ges- tas de produit stabilisé est ensuite déplacé vers une aire de matu-
tion de l’un des paramètres peut conduire à des dysfonctionne- ration pour permettre la mise en place d’un nouveau cycle de fer-
ments préjudiciables sur la qualité finale du compost. À titre mentation dans le couloir d’aération laissé libre. Cette configura-
d’exemple, une température trop élevée (supérieure ou égale à tion nécessite la mise en œuvre de plusieurs couloirs de
80 C) et une humidité trop faible provoque une diminution signifi- fermentation fonctionnant en parallèle. Dans ce cas, les andains
cative de l’activité biologique. Si ce processus apparaı̂t avant épui- ont des états d’avancement de fermentation différents afin d’assu-
sement de la matière organique, le compost obtenu est dit « méta- rer la continuité du processus de compostage en fonction d’un
stable ». C’est-à-dire qu’un apport ultérieur d’eau dans le matériau approvisionnement régulier de la matière brute. Comme dans les
obtenu provoquera une réinitialisation de l’activité biologique avec procédés à fonctionnement continu, il est possible de distinguer
les nuisances associées. D’autre part, une aération mal maı̂trisée deux modes d’aération des andains. Le premier mode est l’aération
ou insuffisante peut conduire au développement d’une flore micro- naturelle par convection, assurée par des retournements réguliers
bienne anaérobie, celle-ci s’effectuant au dépens de la flore aéro- de l’andain en fermentation. L’inconvénient majeur de cette tech-
bie. L’activité biologique prédominante au cours du processus sera nique réside dans la difficulté à maı̂triser et à optimiser les
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Référence Internet
BM2502
Nils MATTHESS
Docteur en Sciences, Génie des Procédés, de l’université Claude Bernard, Lyon 1
4
Expert des systèmes de dépollution et responsable de département Chimie des systèmes
de dépollution, mesure des émissions automobiles et carburants pour le Groupe PSA
Intervenant à IFP School et ENSI Caen, France
et Pierre MACAUDIERE
Docteur en Sciences, Chimie Analytique, de l’université Pierre et Marie Curie, Paris 6
Maı̂tre-Expert Systèmes de dépollution et Carburants pour le Groupe PSA, France
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Référence Internet
BM2502
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BM2502
mondiale de la santé qui préconisent des concentrations journaliè- le professeur de biochimie Haagen-Smit de CalTech, qui a décrit
res inférieures à 20 mg/m3 pour préserver la santé humaine [43]. en 1950 les mécanismes physico-chimiques à l’origine de cette pol-
Suite à cet événement, le gouvernement, les scientifiques et la lution et dont le principal polluant identifié est l’ozone O3 [34].
population prirent conscience que le pouvoir de dilution des com- Finalement, en raison de la densification de la population dans
posés chimiques diffusés dans l’atmosphère n’était pas infini et les centres urbains, du besoin de mobilité croissant ainsi que de
que des effets délétères liés à la pollution atmosphérique pouvaient l’insuffisance des transports en commun et moyens de mobilité
apparaı̂tre. Aussi, le Royaume-Uni adopta sa première loi sur l’air alternatifs, la contribution du transport routier est devenue parfois
propre en 1956, le Clean Air Act. prépondérante avec une empreinte environnementale urbaine
Jusqu’aux années 1970, la pollution est essentiellement associée associée qui nécessite d’être évaluée.
à l’activité industrielle dont les gros émetteurs ont, au fil des ans,
quitté les grands centres urbains. Les polluants principalement
mesurés étaient le SO2 et les fumées noires. En 1968, Svante Odén 1.2 Amalgames à ne plus faire
met en évidence pour la première fois, le phénomène de pluies aci-
des et la pollution transfrontalière [50]. Le scientifique suédois Il est impératif de distinguer la pollution atmosphérique à l’échelle
constate, en effet, que les précipitations dans son pays deviennent locale de celle à l’échelle globale ou planétaire. Selon la nature des
plus acides et cela en lien avec une augmentation des concentra- polluants et la variation de leurs concentrations, les impacts environ-
tions de SO2 dans les pays frontaliers. Une acidification des rivières nementaux et sanitaires sont différents. La pollution globale concerne
les substances chimiques à longue durée de vie et dont l’effet se fait
est également observée en Norvège et s’étend dans les lacs du
sentir à l’échelle planétaire. Mentionnons les gaz à effet de serre (CO2,
Canada et de Scandinavie (disparition de la faune aquatique) ainsi
N2O, CH4, CFC…) qui absorbent le rayonnement infrarouge réémis par
que dans les forêts des Vosges ou de la Forêt-Noire (arbres sans
la surface terrestre, à l’origine du changement climatique. Ils sont
feuille ou aiguille). Dès lors, la pollution ne concerne plus unique-
sans conséquence directe, aux concentrations mesurées, sur la santé
ment les centres urbains mais devient un enjeu transfrontalier donc
humaine et/ou sur l’environnement autour du site d’émission. La pol-
international. La localisation et la maı̂trise des sources émettrices
4
lution locale, traitée dans cet article et attribuable au dioxyde d’azote
deviennent nettement plus compliquées à contrôler.
(NO2), aux particules (PM), à l’ozone (O3)… présente des effets locaux
À la fin du XXe siècle, en Europe, un autre type de pollution dit avérés tant sanitaires (asthme, infections pulmonaires, cancer…)
photochimique prend de l’ampleur résultant d’une augmentation qu’environnementaux (acidification, eutrophication…). Soulignons
des concentrations notamment d’ozone troposphérique dans les que certaines espèces chimiques peuvent appartenir aux deux catégo-
grandes agglomérations. Il a été identifié pour la première fois ries comme l’ozone qui est de plus impliqué dans un troisième phé-
dans le bassin de Los Angeles dans les années 1950. Il est lié aux nomène global : l’augmentation des rayonnements UV dangereux
nombreuses sources d’émissions de NOx et de COV issues du trafic pour les espèces vivantes via la déplétion de la couche d’ozone pro-
automobile, des centrales thermiques, des raffineries… associées à tectrice située dans la stratosphère notamment au-dessus de l’Antarc-
des conditions météorologiques aggravantes (fort ensoleillement et tique et qui a fait l’objet de nombreuses études [38] [49] (voir encadré
topographie impliquant une faible dispersion des polluants). C’est et figure 1).
Réflexion
adsorption
Rayonnement solaire
Rayonnement UV
120
90 0,01 mb
Mésopause
80 Réflexion
0,1 mb adsorption
Altitude [km]
70
MESOSPHÈRE
60
1 mb
50 Stratopause Réflexion
Couche d’ozone
stratosphérique
40
STRATOSPHÈRE 10 mb
30
20 Tropopause 100 mb
Adsorption
10 TROPOSPHÈRE par le sol (50 %)
0 1 000 mb
–100 –90 –80 –70 –60 –50 –40 –30 –20 –10 0 10 20 30 40 50 60
Température [ºC]
Figure 1 – Structuration verticale des couches atmosphériques (PSA, inspiré source Météo est-Loiret)
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Référence Internet
BM2502
4
du moins pour les espèces chimiques à courte durée de vie. qualifiée par la qualité de l’air est liée aux concentrations de pol-
luants auxquelles la population est exposée et qu’elle respire.
Dans l’atmosphère, ces concentrations de polluants (exprimées en
Ce qu’il faut retenir sur l’ozone, selon sa localisation dans les mg/m3, par exemple) résultent :
couches atmosphériques, est que son pouvoir de nuisance en fonc-
– de la variabilité des émissions atmosphériques correspondant
tion de l’évolution de sa concentration n’est pas le même. Ainsi,
aux quantités d’espèces chimiques directement rejetées dans
l’ozone de la troposphère, dont la tendance est à l’augmentation
l’atmosphère par les activités humaines (cheminées industrielles
est nocif alors que celui de la stratosphère, indispensable à la vie
ou résidentielles, échappements automobiles, agriculture…) et/ou
terrestre, se régénère trop lentement. Dans cet article, nous traite-
par des sources naturelles (volcans, sols, végétation…). Elles peu-
rons tout particulièrement l’ozone troposphérique impliqué dans
vent être exprimées en tonnes par an (t/an) ;
la pollution locale en tant qu’espèce oxydante.
– de la durée de vie des composés chimiques. Moins les espèces
Nous terminerons sur un amalgame, trop régulièrement lu/entendu, gazeuses seront réactives, plus leur durée de vie sera longue et leur
entre les termes « concentration » et « émission ». Même si le premier rayon d’impact spatio-temporel grand. Pour les particules, plus
résulte du second, il est difficile de les relier de façon simple et elles seront fines et légères, plus elles seront aéroportées sur de
directe. longues distances ;
Chaleur
Vent Absence
faible de pluie
Air « couvercle »
froid d’air chaud
Altitude
Dispersion Concentration
des polluants des polluants
Air Sol
moins refroidi
froid la nuit
a b
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BM2502
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développer au fil de la journée. Le matin, une inversion ther-
mique va alors se matérialiser par un gradient positif de tempé- ques atmosphériques, sont en quantité suffisante pour être néfastes
rature (ou nul) de quelques mètres à quelques centaines de pour la santé et/ou l’environnement localement. Parmi ces espèces
mètres à partir du sol (figure 2b). En son sein, aucun mouvement attribuables, entre autres, aux secteurs du transport routier, de
d’air n’est observé. Les polluants émis au niveau du sol se l’industrie, du résidentiel, du tertiaire, de l’agriculture, nous pou-
retrouvent alors piégés sous le couvercle d’air chaud. Leurs vons compter, par exemple, des polluants primaires comme les par-
concentrations vont ainsi augmenter au fil de la journée avec ticules (PM), les oxydes d’azote (NOx), les composés organiques
les émissions liées aux activités humaines. En présence de volatils (COV), le dioxyde de soufre (SO2) et des polluants secondai-
rayonnement UV solaire, les composés piégés vont réagir pour res comme l’ozone (O3) et certains aérosols.
former de nouvelles espèces chimiques, appelés polluants L’origine des particules est diverse : combustion industrielle,
secondaires, comme des polluants photochimiques (typique- chauffage, émissions à l’échappement des moteurs à combustion
ment l’ozone). Ces conditions sont le plus souvent à l’origine de interne, abrasion des freins, de pneus voire du revêtement routier,
pics de pollution. Ces épisodes d’inversion de température se ter- remise en suspension des particules par le vent et/ou le passage
minent avec la fin de l’anticyclone, l’arrivée de vent ou de pluie. des véhicules ainsi que la transformation physico-chimique des gaz
et/ou des particules (polluant secondaire), etc. Par exemple, le
Le Conseil de l’Europe définit ainsi la pollution (1967) : « il y a nitrate d’ammonium (NH4NO3) est un aérosol inorganique secon-
pollution de l’air lorsque la présence d’une substance étrangère daire (AIS) formé durant les épisodes printaniers de pollution
ou une variation importante dans la proportion de ses constituants atmosphérique particulaire. Il est issu de la réaction entre l’ammo-
est susceptible de provoquer un effet nuisible, compte tenu des niac gaz (NH3) et l’acide nitrique gazeux (HNO3). L’ammoniac pro-
connaissances scientifiques du moment, ou de créer une gêne ». vient du secteur agricole (épandages d’engrais) tandis que HNO3
est un produit d’oxydation des NOx issus du transport routier, de
Deux notions importantes sont à retenir dans cette définition :
l’industrie ou encore du résidentiel. Les aérosols secondaires consti-
– une pollution n’est pas définie uniquement par la nature de(s) tuent une source importante de particules car, du fait de leurs très
l’espèce(s) chimique(s) en question mais aussi par la variation de petits diamètres, ils peuvent être transportés sur de longues distan-
sa(es) concentration(s). Prenons l’oxygène : l’exposition à une pres- ces (échelle d’une région, d’un pays, voire d’un continent) et contri-
sion partielle trop élevée (hyperoxie), rencontrée lors d’activité de buer ainsi aux dépassements des valeurs limites de la qualité de
plongée par exemple, provoque des conséquences sérieuses sur l’air dans des zones très éloignées de leurs sources d’émission.
l’organisme. L’oxygène peut alors être considérée, dans ce cas,
comme un polluant. Par conséquent, l’identification d’une pollution Les concentrations particulaires sont caractérisées par leur
n’est possible qu’au travers de la mesure des espèces chimiques concentration massique (PM, Particulate Matter) et par leur nombre
impliquées. Sans mesure, il est quasi impossible d’appréhender le (PN, Particulate Number). Leur impact sanitaire dépend également
phénomène à l’origine d’effets sanitaire et/ou environnemental ; de leur taille. Plus elle est fine, plus la capacité des particules à
pénétrer dans les ramifications les plus profondes des voies respi-
– la notion de pollution évolue avec l’avancée des connaissances
ratoires est grande :
scientifiques. Le cas de l’amiante, du benzène, du formaldéhyde…
polluants classés CMR, pour cancérigène, mutagène et reproto- PM10 : particules de diamètre aérodynamique médian infé-
xique, sont les exemples typiques d’espèces chimiques dont le rieur à 10 mm soit 6 à 8 fois plus petite que l’épaisseur d’un
caractère dangereux a évolué avec le temps et continuera d’évoluer. cheveu ;
PM2.5 : particules de diamètre aérodynamique médian infé-
Cette définition a été amendée depuis notamment avec la loi rieur à 2,5 mm (figure 3).
LAURE [37]. Elle y intègre de manière claire les problématiques de
la qualité de l’air intérieure ainsi que celui du changement clima- Alors que dans le secteur automobile, les émissions des véhicu-
tique. La pollution atmosphérique est alors définie comme suit : les sont réglementées à la fois en masse (PM) et en nombre (PN),
« introduction par l’Homme, directement ou indirectement, dans les concentrations dans l’air ambiant sont mesurées et réglemen-
l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des consé- tées uniquement en masse (PM). Cette double réglementation auto-
quences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé mobile sur les particules permet ainsi d’assurer la filtration à la fois
humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, des plus fines particules (de l’ordre de la dizaine de nanomètre) et
à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens des plus grosses (de l’ordre du micron). D’un point de vue qualité
matériels, à provoquer des nuisances olfactives ». de l’air, la réglementation en masse ne limite que les plus grosses
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BM2502
Particules fines
tion dans l’air ont drastiquement été réduites ces dernières décen-
Nanoparticules (D < 2,5 μm)
nies. À titre d’illustration, la teneur en soufre des carburants de
(D < 50 nm) bateaux selon les règles MARPOL est passée de 3,5 % à 0,5 % à par-
4
tir du 1er janvier 2020 et une limite plus stricte à 0,1 % est même
imposée dans 4 zones de contrôle des émissions appelées
Particules ultrafines PM10 ECA [44]. De même, la teneur en soufre des carburants du transport
(D < 100 nm) routier est de 10 ppm, soit 0,001 %, depuis le 1er janvier 2009 en
Europe. Aux activités anthropiques s’ajoutent aussi les sources natu-
relles de SO2 dont la plus commune est celle des volcans.
L’ozone, O3, est un des polluants photochimiques secondaires de
Mode Mode Mode grosses la troposphère qui apparaı̂t uniquement en période estivale. Il
nucléation accumulation particules résulte de réactions photochimiques essentiellement à partir de pol-
luants primaires comme les NOx et les COV sous l’action des rayons
UV du soleil (d’où le terme « photochimique » : la photolyse de cer-
0,001 0,010 0,100 1,000 10,000
taines molécules, i.e. leur décomposition par le rayonnement
Diamètre (μm) solaire). Les mécanismes chimiques impliqués dans la formation de
ce polluant seront exposés plus en détail dans le paragraphe 3.3.
Pondération en nombre Pondération en masse
Figure 4 – Distribution granulométrique des particules 1.5 Réglementation sur la qualité de l’air
de combustion en masse et en nombre (d’après [23])
Les premières bases scientifiques destinées à réduire les risques
sanitaires de la pollution de l’air ont été édictées par l’OMS sous la
particules (0,1 micron et plus). En effet, comme le montre la
forme de valeurs guides des concentrations de polluants à ne pas
figure 4, les plus grosses particules vont participer majoritairement
dépasser. Elles datent de 1987.
à la masse dans la mesure des concentrations massiques (courbe
en pointillé rouge) alors que les ultrafines contribuent au nombre En 1996, la directive 96/62/CE [26] fournit le cadre à la législation
(courbe bleu) [23]. communautaire. Au niveau français, la mise en œuvre de cette
directive se traduit par l’adoption de la loi sur l’air et l’utilisation
Les oxydes d’azote, NOx, essentiellement monoxyde d’azote NO
rationnelle de l’énergie, du 30 décembre 1996 à l’initiative de
et dioxyde d’azote NO2 sont des sous-produits de combustion de
Corinne Lepage, alors ministre de l’Environnement [37]. Cette loi
tout combustible fossile (charbon, pétrole, gaz…). Ils se forment
instaure notamment une surveillance améliorée de la qualité de
par oxydation à très haute température du diazote de l’air N2 avec
l’air avec la mise en place dans chaque région d’une association
le dioxygène O2. Le NO n’est pas toxique aux concentrations mesu-
agréée de surveillance de la qualité de l’air (AASQA) responsable
rées dans l’atmosphère tandis que le NO2, gaz oxydant, est irritant
pour l’appareil respiratoire. NO et NO2 sont tous deux des polluants entre autres de la mesure des polluants atmosphériques et de la
primaires. Le NO2 est aussi un polluant secondaire formé par réac- prévision de la qualité de l’air. Elle a renforcé également les mesu-
tion, à température ambiante, du NO avec tout type d’oxydant res de restriction des émissions dans les centres urbains en cas de
atmosphérique tel que O2, O3… Notons que le NO2 est la forme pic de pollution (mise en place de la pastille verte, en 1998).
thermodynamiquement stable des NOx à température ambiante. Ces réglementations se voient confortées depuis une vingtaine
Les NOx participent à la formation d’ozone durant l’été, d’aérosols d’années par de nombreuses études épidémiologiques établissant
inorganiques secondaires par réactions chimiques avec d’autres une corrélation entre concentrations trop élevées de polluants
substances présentes dans l’air. Ils contribuent aussi aux phénomè- atmosphériques et mortalité prématurée. En Europe, nous pouvons
nes des pluies acides (acide nitrique) et à l’eutrophisation des eaux citer entre autres :
(prolifération de végétaux liée à un apport en excès de substances – le programme très ambitieux Clean Air For Europe CAFE lancé
nutritives en l’occurrence de nitrates). en 2001 par la Commission européenne. Il avait pour mission d’éla-
Les composés organiques volatils (COV) regroupent une quantité borer une stratégie intégrée à long terme de lutte contre la pollu-
très importante de substances chimiques qui comprennent le pro- tion de l’air et de protection de la santé humaine ainsi que de
pane, l’éthanol, le benzène, l’acétone, etc. Ils peuvent être d’origine l’environnement. C’est à partir de ce programme que les chiffres
anthropique (produits de combustion, usage industriel ou domes- de 42 000 décès prématurés, issus de la modélisation, ont été
tique de solvants organiques comme les peintures ou les produits établis en France, liés à l’exposition chronique aux particules
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Référence Internet
BM2502
4
révision des valeurs guides OMS est prévue courant 2021. lution annuelle des polluants atmosphériques dans les grandes
D’un point de vue réglementaire, deux directives européennes agglomérations européennes.
assurent un cadre commun pour la gestion de la qualité de l’air :
la directive n 2004/107/CE du 15 décembre 2004 [28] et la directive
européenne n 2008/50/CE du 21 mai 2008 [29]. Cette dernière fixe, 2.1 Évolution annuelle en France
notamment pour les PM, NO2 et O3, les niveaux de concentrations
atmosphériques à ne pas dépasser (tableau 1) Les concentrations de polluants dans l’atmosphère, qui caractéri-
Au regard de la réglementation, trois polluants restent probléma- sent la qualité de l’air, en France, sont mesurées par les diverses
tiques en Europe actuellement : PM10, NO2 et O3. Parallèlement, stations implantées par les AASQA, en milieu urbain à proximité
l’OMS recommande des critères d’exposition qui s’appuient sur des sources d’émissions (stations proximité trafic, industries) ou
des concentrations au-delà desquelles les connaissances scientifi- éloignées de ces sources (fond urbain ou rural).
ques actuelles ont démontré des effets nocifs pour la santé et pour Depuis 2000, les concentrations de la majorité des polluants ont
l’environnement [42] [43]. L’analyse du tableau 1 montre que pour diminué (figure 5) dans des proportions cependant moins impor-
certains des polluants les normes restent supérieures aux recom- tantes que les émissions (figure 6). Ce constat illustre bien la non-
mandations OMS. Il s’agit des particules (PM10, PM2.5) et de l’ozone linéarité des phénomènes qui existe entre les émissions de pol-
(O3). Précisons d’ores et déjà que la Commission européenne a luants et leurs concentrations une fois dans l’atmosphère.
inscrit dans sa feuille de route du Green Deal une convergence des
valeurs seuils réglementaires vers les valeurs guides de l’OMS [24]. Les concentrations de SO2 présentent la diminution la plus
importante avec des moyennes annuelles enregistrées inférieures
à 4 mg/m3 depuis 2012. Sur les dix-huit dernières années, une ten-
Tableau 1 – Comparaison des objectifs qualité de l’air dance à la baisse, bien que plus modérée, est à noter sur les NOx et
les PM. Seules les concentrations atmosphériques estivales
de la réglementation européenne et des valeurs guides d’ozone ne baissent pas (figure 5).
de l’OMS pour la protection de la santé humaine
et de l’environnement pour les PM, le NO2 et l’O3
mg/m3/an 40 20
PM10 100
3 1
mg/m /j 50 502
PM2.5 mg/m3/an 25 10
3
mg/m /an 40 40
50
NO2 NO2
3 3
mg/m /h 200 200 O3
PM10
O3 mg/m3/8h 1204 100 PM2,5
SO2
1 0
À ne pas excéder plus de 35 jours par an 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018
2
Percentile 99 (3 jours par an)
3
À ne pas dépasser plus de 18 heures par an
4
Valeur cible à ne pas dépasser plus de 25 jours par an (moyenne
Figure 5 – Évolution des concentrations en SO2, NO2, O3, PM10
calculée sur 3 ans)
et PM2.5, en milieu urbain, en France (d’après les données du MTES [40])
159
4
160
Référence Internet
BM2503
Karine PAJOT
Docteur en Sciences, Chimie de la Pollution Atmosphérique et Physique de
l’Environnement de l’université Paris Diderot, Paris 7
Ingénieur de recherche pour le Groupe PSA
Intervenante à IFP School et INSA Centre Val de Loire, France
4
et Pierre MACAUDIERE
Docteur en Sciences, Chimie Analytique de l’université Pierre et Marie Curie, Paris 6
Maı̂tre-Expert Systèmes de dépollution et Carburants pour le Groupe PSA, France
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Référence Internet
BM2503
quantités non négligeables de gaz à effet de serre (CO2, CH4, etc.) et d’autre
part, il est l’une des principales sources de polluants comme les particules
mais aussi et surtout les oxydes d’azote.
Aussi, concernant les polluants, l’Europe a souhaité réglementer au début des
années 1990 les émissions du secteur du transport routier. La première norme,
appelée « Euro 1 », est apparue en janvier 1993. Depuis, la sévérisation des
normes « Euro x » n’a jamais cessé, conduisant les constructeurs automobiles
à réduire encore et toujours les émissions de polluants primaires de leurs véhi-
cules. Mais si les émissions des véhicules ainsi que celles des autres sources
ont été bel et bien réduites, le constat en matière de concentration dans l’air
n’est pas toujours flagrant notamment du fait :
– du renouvellement du parc qui prend du temps et qui ne permet pas de voir
instantanément l’efficacité des nouvelles technologies de dépollution ;
– de l’entretien des véhicules qui n’est pas toujours assuré par le client ;
– de l’origine multiple et pas toujours traçable des polluants et de leurs pro-
cessus d’évolution dans l’atmosphère, dépendant de la géographie, de la
météorologie ou encore de la topographie des zones considérées (cf. « large
avenue » versus « rue canyon » i.e. rue étroite jalonnée d’immeubles hauts).
Ceci étant, il est clair que les directives aujourd’hui sur la qualité de l’air
4
influencent de plus en plus l’élaboration des normes sur les émissions qui
elles-mêmes influencent le développement des systèmes de dépollution de
demain. Citons, par exemple, la problématique des particules « diesel » traitée
depuis 2011 (Euro 5) grâce à l’introduction du filtre à particules ou la générali-
sation depuis 2014 (Euro 6.b) de la SCR (Selective Catalytic Reduction), très effi-
cace pour réduire les émissions de NOx des véhicules diesel.
Ainsi, l’objectif de cette publication est de faire le lien entre l’évolution, ces
dernières années, de la qualité de l’air comme évoqué en détail dans [BM 2 502]
et les progrès réalisés dans le domaine du contrôle des émissions automobiles
sachant que cette source n’est évidemment pas la seule.
Dans cette section, nous ne détaillerons pas de manière exhaus- 1.1 Conditions de test
tive les réglementations en vigueur (se référer pour cela à des
publications plus spécialisées, cf. [BM 2 506] [BM 2 507] 1.1.1 Cycle NEDC (ou MVEG)
[BM 2 515]) mais nous en expliciterons plutôt les grandes lignes.
Jusqu’à Euro 6.b (septembre 2014 pour nouveaux types et sep-
Il sera, en revanche, intéressant d’en constater l’impact sur le
tembre 2015 pour tous types) inclus, les mesures de polluants
groupe motopropulseur, le système de post-traitement (cf. § 2) et
étaient réalisées sur le cycle d’homologation appelé NEDC ou
surtout sur la qualité de l’air (cf. § 3).
MVEG dont le profil est présenté figure 1.
S’il existe des nuances zone par zone, pays par pays, il faut rete-
Le véhicule était alors testé uniquement dans des conditions
nir qu’il y a aujourd’hui dans le monde trois réglementations
dites « laboratoire » sur un banc à rouleaux dont une description
majeures sur les émissions automobiles :
est faite figure 2.
– la réglementation européenne ;
– la réglementation américaine ; Le cycle NEDC a cependant été fortement critiqué pour son
– la réglementation japonaise. manque de représentativité avec notamment des accélérations
peu dynamiques. Il a été remplacé en 2017 par un cycle plus
Les autres zones appliquent de fait l’une de ces trois réglementa- représentatif des conditions de circulation actuelles, le cycle
tions en l’adaptant, i.e. en la rendant le plus souvent moins sévère. WLTC (pour Worldwide harmonized Light vehicles Test Cycle)
Il existe également des pays où aucune réglementation sur les associé à un protocole également plus proche de la réalité (loi de
émissions n’est appliquée (cf. un certain nombre de pays africains). route, inertie véhicule, etc.).
162
Référence Internet
BM2503
1.1.2 Cycle WLTC en laboratoire (banc à rouleaux) sur route selon le protocole RDE pour Real Driving Emissions en
et test RDE en conditions réelles de roulage vigueur depuis la norme Euro 6.d-temp (NT : 09/17 et TT : 09/2019).
Le principe du protocole RDE [BM 2 515] est de vérifier que les
Le cycle WLTC, dont le profil plus dynamique est décrit figure 3,
véhicules homologués dans les conditions « laboratoire » du cycle
a remplacé depuis la norme Euro 6.c (NT : 09/2017 et TT : 09/2018) le
WLTC conservent des émissions de polluants proches de la norme
cycle NEDC tout en conservant les mêmes limites d’émissions
en usage client. Pour parvenir à des mesures représentatives des
réglementaires (cf. § 1.2).
usages clients, le véhicule doit suivre un parcours varié prenant
La mesure des émissions de polluants (CO, HC, NOx et particules en compte les trois situations de roulage suivantes :
en masse et en nombre) sur le cycle WLTC est toujours réalisée sur – un tiers de parcours urbain ;
banc à rouleaux (on parle de conditions « laboratoire ») mais a été – un tiers de parcours routier ;
complétée par la mesure des émissions en conditions réelles i.e. – un tiers de parcours autoroutier.
Vitesse [km/h]
120
100
60 80
Low Mid
60
40 40
High
Extra-high
20 20
4
0
0 200 400 600 800 1 000 1 200 1 100 1 600 1 800
0 Temps [s]
0 200 400 600 800 1 000 1 200
Temps [s] 4 phases
Distance parcourue : 11,007 km Vitesse moyenne 46 km/h
Durée : 1 180 s Distance = 23 km
Vitesse moyenne : 32,5 km/h (avec ralenti) Cycle calqué sur usage réel
Temps d’arrêt = 1/8 temps total
Figure 1 – Profil du cycle d’homologation appelé NEDC ou MVEG
(d’après [BM 2 506]) Figure 3 – Profil du cycle d’homologation WLTC
Analyse réglementaire
Air de
dilution
Particules ultrafines Masse Particules
filtré
Évent et distribution de particules en nombre
granulométrique (PM) (PN)
Ventilateur
asservi
Banc
dynamométrique
(4x2 et 4x4)
Système d’échantillonage
pour gaz d’échappement
Analyses
HC, CO, NOx, NO2 Analyse des aldéhydes Analyse des alcools
par chromatographie par chromatographie CO, HC, NOx, O2
CO2, NH, N2O
liquide gazeuse NO, CH, CO2
Analyse réglementaire Analyse de polluants non réglementés 4 analyses de gaz bruts simultanées [1 en sortie moteur,
2 au milieu du système catalytique et 1 en aval]
Figure 2 – Schéma d’un banc à rouleaux permettant d’évaluer l’efficacité des systèmes de dépollution et la conformité des véhicules particuliers
vis-à-vis des normes (source Groupe PSA)
163
Référence Internet
BM2503
Post-traitement
PN PEMS iS Commande du système Concerto PEMS
4 Figure 4 – Mesure des émissions automobiles en embarqué, PEMS (source Groupe PSA)
164
Référence Internet
BM2503
4
Tableau 2 – Limites émissions à partir d’Euro 4 dans le cas des moteurs à allumage commandé
(moteur « essence »)
Particules
CO HC NMHC NOx HC + NOx Particules nombre
Niveau norme NT TT masse
[mg/km] [mg/km] [mg/km] [mg/km] [mg/km] [#/km]
[mg/km]
Tableau 3 – Limites émissions à partir d’Euro 4 dans le cas des moteurs à allumage par compression
(moteur diesel)
165
4
166
Référence Internet
G1960
Prévention et traitement
des odeurs des effluents vinicoles
4
1.1 Effluents de caves vinicoles........................................................................ — 3
1.2 Vinasses de distilleries ................................................................................ — 4
2. Nature et origine des composés malodorants ................................ — 4
2.1 Nature des composés odorants ................................................................. — 4
2.2 Origine des composés malodorants.......................................................... — 5
2.3 Exemples de composition d’effluents malodorants d’industries
vinicoles ....................................................................................................... — 6
3. Réglementation ........................................................................................ — 7
4. Traitements curatifs des odeurs.......................................................... — 8
4.1 Traitements physico-chimiques.................................................................. — 8
4.2 Traitements par additifs biologiques ......................................................... — 8
4.3 Traitement curatif biologique par nitrate................................................... — 9
5. Traitements préventifs ........................................................................... — 9
5.1 Traitement préventif par nitrate ................................................................ — 9
5.2 Traitement préventif d’odeur par biocides ................................................ — 11
6. Réduction des odeurs à la source ....................................................... — 11
6.1 Rappels sur le procédé d’extraction du tartrate de calcium .................... — 11
6.2 Modification du procédé d’extraction du tartrate de calcium.................. — 12
7. Conclusion ................................................................................................. — 12
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. G 1 960
Parution : juillet 2006 - Dernière validation : octobre 2018
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G1960
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G 1 960 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
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G1960
1. Effluents des industries 0,8 litre par litre de vin produit ; les 2/3 du volume annuel sont pro-
duits durant la période de vendanges et vinification (septembre-
vinicoles décembre) (tableau 1). La charge organique polluante (DCO
moyenne : 15 g O2 ⋅ L–1) est aisément biodégradable (rapport DBO/
DCO : 0,5 à 0,7).
Tout au long des différentes étapes de l’élaboration du vin (récep-
L’éthanol est le constituant organique majeur des effluents
tion de la vendange, vinification, soutirages, filtration, stabilisation
tartrique, conditionnement), des eaux résiduaires (effluents vinicoles) vinicoles non stockés : 4,9 g ⋅ L–1 (degré alcoolique 0,6 % v/v) ; il
provenant des opérations de lavage et nettoyage des matériels et ins- représente près de 80 % de la DCO (tableau 2) [2] [3]. Les autres
tallations sont produites (figure 1). constituants principaux des effluents vinicoles non stockés sont les
Les coproduits de la vinification (marcs et lies) sont transformés sucres (glucose, fructose), notamment en période de vendanges, les
par les distilleries vinicoles en produits variés : alcool et eaux-de-vie, acides organiques (acides tartrique, malique, lactique, acétique) et
tartrate de calcium, matières colorantes (extraits anthocyaniques), le glycérol. Les composés phénoliques (anthocyanes, polyphénols)
proanthocyanidols, composts, avec production d’eaux résiduaires sont des constituants mineurs des effluents vinicoles. La DCO de
(vinasses de lies, de piquettes, de vins) (figure 1). chacun des constituants dépend du niveau d’oxydation du carbone
(tableau 3).
1.1 Effluents de caves vinicoles La composition des effluents vinicoles est semblable à celle de
vins et de moûts, à un facteur de dilution près (de 10 à 20 fois). La
DCO d’un vin ou d’un moût est de 200 à 250 g O2 ⋅ L–1.
Malgré la variabilité de la production des effluents qui dépend des
modes de vinification et de gestion de l’eau propres à chaque éta-
blissement, le volume moyen des rejets vinicoles est d’environ
Les effluents vinicoles non stockés ne contiennent pas de compo-
sés malodorants. 4
Jus de raisin
Moût concentré
Moût concentré rectifié
Raisin Vin
Caves
Marcs Lies
Effluents
vinicoles
Pépins Composts
Piquettes
Huile,
Proanthocyanidols
Anthocyanes
Alcool
Distillation Distilleries
Eaux-de-vie
Tartrate de
Extraction tartrique
calcium
Vinasses
détartrées
Figure 1 – Schéma général des effluents
et coproduits de la filière vinicole
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4
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G1988
1. L’air..................................................................................................... G 1 988 – 2
2. Définition des aérosols microbiens............................................. — 2
3. Étude des aérosols microbiens .................................................... — 3
4
3.1 Difficultés liées à l’étude des aérosols microbiens ........................... — 3
3.2 Collecte des aérosols microbiens ...................................................... — 3
3.2.1 Sédimentation ......................................................................... — 4
3.2.2 Impaction ................................................................................. — 4
3.2.3 Filtration ................................................................................... — 4
3.2.4 Précipitation électrostatique ................................................... — 4
3.2.5 Concentration par aérocyclone ............................................... — 4
3.3 Dénombrement des aérosols microbiens ......................................... — 5
3.3.1 Microscopie ............................................................................. — 5
3.3.2 Cytométrie de flux ................................................................... — 5
3.3.3 Spectromètres ......................................................................... — 5
3.4 Caractérisation de la diversité des aérosols microbiens .................. — 5
3.4.1 Par l’isolement et la culture .................................................... — 5
3.4.2 Par les outils moléculaires ...................................................... — 5
4. Caractéristiques de la microflore aéroportée ........................... — 8
4.1 Sources d’émission ............................................................................ — 8
4.1.1 Sources naturelles ................................................................... — 8
4.1.2 Sources anthropiques ............................................................. — 8
4.1.3 Sources de l’environnement intérieur .................................... — 9
4.2 Aérosolisation .................................................................................... — 9
5. Il y a du nouveau dans l’air : la diversité microbienne
aéroportée dans les espaces clos ................................................ — 9
5.1 Microflore cultivable .......................................................................... — 9
5.2 Vision moléculaire de la microflore aéroportée : une nouvelle
image de la diversité microbienne de l’air ........................................ — 10
5.3 Risques associés aux aérosols microbiens ....................................... — 12
5.3.1 Bactéries .................................................................................. — 12
5.3.2 Champignons ........................................................................... — 13
5.3.3 Virus ......................................................................................... — 13
6. Conclusion........................................................................................ — 14
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 1 988
nviron 15 000 litres d’air transitent chaque jour dans nos poumons, des
E questions ?
L’air est le premier des éléments indispensables à la vie, chose dont n’avons
pas toujours conscience, mais c’est aussi le plus soumis aux pollutions d’origi-
nes humaines. Au cours des dernières années, la multiplication des alertes épi-
démiques dues aux aérosols microbiens et les changements d’usage (urbanisa-
tion, agriculture intensive, traitements des déchets, transports, climatisation…)
Parution : janvier 2012
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Référence Internet
G1988
LES AÉROSOLS MICROBIENS DANS L’AIR DU TEMPS : LE POINT SUR LA MICROBIOLOGIE DE L’AIR INTÉRIEUR –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
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Référence Internet
G1988
––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– LES AÉROSOLS MICROBIENS DANS L’AIR DU TEMPS : LE POINT SUR LA MICROBIOLOGIE DE L’AIR INTÉRIEUR
& La diffusion turbulente, qui est un phénomène macroscopique l’étude des aérosols microbiens comporte quelques difficultés par-
dû au mouvement propre de l’air (ventilation naturelle ou forcée, ticulières. Celles-ci sont principalement liées à leur cultivabilité et
déplacements de personnes ou d’objets et convection thermique) leur faible quantité. Traditionnellement, la culture suivie de l’isole-
et les forces d’inertie qui, lorsque le gaz porteur peut être considéré ment est la méthode de choix pour dénombrer les micro-organis-
comme incompressible, résultent des accélérations et décélérations mes de l’air. En effet, elle permet d’obtenir des données aussi bien
de petites masses de fluides présentes autour de l’aérosol. qualitatives que quantitatives des aérosols microbiens d’un envi-
& La sédimentation car, dans l’air, les particules ont une vitesse de ronnement donné en collectant de faibles volumes (autour de
chute liée à leur masse, leur forme et leur dimension. Cette vitesse 500 L). Cependant, l’aérosolisation et les méthodes de collecte
résulte de l’équilibre entre deux forces, l’action du champ de (temps de collecte, humidité) sont deux facteurs qui altèrent forte-
pesanteur terrestre sur la particule et la résistance du milieu [2]. ment la viabilité des micro-organismes [5].
& La force électrique. En effet, bien que les aérosols microbiens L’analyse moléculaire de la microflore à partir d’échantillon de
soient globalement chargés négativement, leur charge peut varier l’air est soumise à des limitations liées à la faible quantité de
d’un micro-organisme à l’autre. Cette différence peut entraı̂ner des matrice en aérosol comparé à d’autres environnements. Ce verrou
modes de transport et de déposition variables [3]. technologique peut être contourné soit en prélevant des quantités
d’air suffisamment importantes pour se placer au-dessus de la zone
& Les gradients thermiques, lorsqu’ils existent, impliquent que les limite de sensibilité des outils moléculaires, soit en diminuant le
aérosols soient repoussés par les corps chauds. Ainsi, les particules seuil de sensibilité de ces outils par une amplification en PCR
vont se déplacer de la zone la plus chaude vers la plus froide. nichée, par exemple.
Le transport des bioaérosols et la survie des micro-organismes
en suspension sont influencés par de nombreux facteurs phy- 3.2 Collecte des aérosols microbiens
siques et environnementaux. La taille, la forme et la densité
des bioaérosols sont d’une importance particulière pour le Un certain nombre de techniques ont été mises au point afin de
4
transport car ils sont liés au diamètre aérodynamique qui concentrer les aérosols microbiens. Les méthodes les plus utilisées
contrôle la vitesse de sédimentation. Les bioaérosols de taille regroupent la collecte par sédimentation, par impaction (solide ou
comprise entre 1 et 5 mm suivent normalement les courants liquide), par filtration, par centrifugation ou par précipitation élec-
de l’air ambiant, ce qui les rend moins sensibles que les gros- trostatique. Différents systèmes de collecte, utilisant ces principes,
ses particules à leur dépôt sur les surfaces [4]. ont été commercialisés. Le choix du matériel d’échantillonnage plus
ou moins spécifique est principalement basé sur les méthodes ana-
lytiques choisies pour l’analyse des échantillons (tableau 1). La col-
3. Étude des aérosols lecte des bactéries viables et cultivables nécessitera des techniques
d’échantillonnage plus douces qui réduisent au minimum la perte
microbiens de viabilité des micro-organismes. En effet, des temps d’échantillon-
nage élevés réduisent la viabilité des bactéries et des champignons
du fait de l’impact de la dessiccation, en particulier pour les bacté-
3.1 Difficultés liées à l’étude des aérosols ries. En ce qui concerne la collecte et l’analyse des virus aéroportés,
microbiens la plupart des auteurs utilisent des moyens déjà utilisés pour
l’échantillonnage des bactéries et des champignons aéroportés [6].
En plus des limitations inhérentes aux méthodes d’études des Cependant, le paramètre commun à prendre en compte lors de la
écosystèmes microbiens détaillées dans le chapitre précédent, collecte, à la fois lors d’analyse par culture ou par les outils
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Référence Internet
G1988
LES AÉROSOLS MICROBIENS DANS L’AIR DU TEMPS : LE POINT SUR LA MICROBIOLOGIE DE L’AIR INTÉRIEUR –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
moléculaires, est le diamètre de coupure (d50). Il est défini par le dia- l’extraction des acides nucléiques. La filtration permet d’éliminer
mètre des particules auquel 50 % des particules sont collectées. une partie des inhibiteurs en solution dans le liquide de collecte.
Cependant, elle ne permet pas des temps de prélèvement très
3.2.1 Sédimentation importants car les micro-organismes peuvent se multiplier dans le
liquide de collecte ou être réaérosolisés. De plus, certains auteurs
Le principe est le suivant : des boı̂tes de Pétri contenant un ont observé une augmentation de la quantité de débris cellulaires
milieu de culture ou du gel d’agarose sont laissées ouvertes et une diminution des bactéries vivantes avec l’augmentation du
dans la zone à contrôler. Cette technique permet d’analyser la temps de collecte. Elle n’est pas adaptée à l’étude des environne-
flore aéroportée se déposant en un endroit donné. Cette tech- ments très chargés en particules aérosols car cela peut provoquer
nique de collecte a été associée aux outils moléculaires [8]. l’obstruction de l’arrivée de l’air.
3.2.3 Filtration
Bien que simple et peu coûteuse, un tel dispositif n’a pas de
valeur pour la surveillance car le nombre de colonies ne peut être
associé à un volume d’air connu. De plus, elle privilégie la sédi- Elle consiste à faire passer un courant d’air au travers d’un fil-
mentation des grosses particules. Par ailleurs, la probabilité qu’un tre qui retient les micro-organismes. Les micro-organismes sont
micro-organisme se dépose sur le support est incertaine et peut retenus par les forces d’inertie, l’interception, la diffusion, la
être modifiée par des mouvements d’air. sédimentation et l’attraction électrostatique qui s’exercent à la
surface du filtre.
3.2.2 Impaction
Cette méthode est largement utilisée en raison de sa simplicité,
3.2.2.1 Impaction solide son faible coût et de sa polyvalence. Plusieurs types de matériau
filtrant sont disponibles, avec des tailles de pores variant de 0,01 à
10 mm. Les débits de filtration sont compris entre 1 à 50 L · min-1
4
Le principe de cette collecte consiste à utiliser les forces
pour des temps de filtration pouvant être très longs, intégrant un
d’inertie des particules de l’air pour séparer les flux d’air entrant
échantillonnage sur plusieurs semaines. Cependant, lors de son
dans le dispositif. L’air pénètre dans l’appareil par le biais une
application avec des méthodes de culture, le principal inconvénient
buse d’entrée ayant un débit fixe, les particules sont ensuite
de la filtration est la diminution forte de la viabilité de certaines cel-
impactées sur une surface, comme un milieu gélosé spécifique.
lules suite à la dessiccation provoquée par un temps de prélève-
ment long [5]. La composition du filtre joue un rôle dans la perte
La vitesse d’impaction représente un compromis entre une de viabilité des micro-organismes collectés. En effet, les filtres
vitesse suffisante pour l’impaction des plus petites particules et le hydrophobes tels que les filtres en gélatine diminuent la cultivabi-
maintien de la viabilité des cellules. Il est par ailleurs nécessaire de lité des micro-organismes, à l’inverse des filtres en polycarbonate.
ne pas dépasser des temps de prélèvement de 10 minutes au Cependant, cette technique est peu utilisée du fait de la perte
risque de dessécher la gélose et de limiter l’adhérence des micro- importante de la cultivabilité. Par contre, elle semble bien adaptée
organismes. De plus, la superposition de plusieurs colonies en association à des outils moléculaires permettant notamment
conduit à des erreurs de dénombrement relativement importantes. l’analyse de grands volumes d’air ([10]-[12]). Le filtre peut être uti-
Un certain nombre de systèmes d’impaction ont été mis au lisé directement pour les étapes d’extraction des acides nucléiques.
point, notamment l’Andersen sampler qui est utilisé le plus fré- Les micro-organismes collectés peuvent être également récupérés
quemment [5]. Il opère à un débit de 30 L · min-1 pour un volume par agitation du filtre, durant quelques minutes dans un tampon
de prélèvement de 100 L. Certains appareils permettent de séparer ou par dissolution du filtre dans du chloroforme.
les différentes tailles de particules et d’évaluer ainsi leur absorption
au niveau des différentes divisions pulmonaires. Le d50 varie entre 3.2.4 Précipitation électrostatique
0,43 mm et > 11 mm pour les six étages de l’impacteur.
L’échantillonnage des micro-organismes de l’air par précipita-
3.2.2.2 Impaction en milieu liquide tion électrostatique utilise l’uniformité de charge supposée des
aérosols microbiens. Ils sont collectés sur un disque rotatif de
La technique repose également sur l’effet des forces d’inertie charge opposée à celle des aérosols microbiens.
sur les particules. L’air pénètre dans le dispositif à travers une
buse tubulaire, les particules s’impactent dans un liquide de col- Ces échantillonneurs ont un débit élevé (jusqu’à 1 000 L · min-1)
lecte, généralement une solution tampon diluée. Les particules mais sont complexes et d’une utilisation peu aisée. De plus, peu
passent ainsi dans le liquide et celui-ci est ensuite filtré ou cen- d’informations sont connues sur l’efficacité de cette méthode de
trifugé. Le filtre peut être mis en culture (on dénombre les colo- collecte et sur l’état des micro-organismes ainsi collectés [13].
nies formées) ou utilisé en association avec des outils de micro-
biologie moléculaire. 3.2.5 Concentration par aérocyclone
L’aérocyclone est largement utilisé dans la collecte des allergènes
De nombreux modèles sont actuellement disponibles sur le mar- dans les tests immunologiques. Plusieurs systèmes commer-
ché, les plus couramment utilisés étant les impacteurs tout-verre ciaux [14] [15] ou prototype [7] ont appliqué ce système en associa-
(AGI-30 et AGI-4) et le Biosampler, des impacteurs sur mesure ou tion avec des outils moléculaires. Ils ont l’avantage d’être bien
jetables sont également utilisés. Le plus utilisé est le AGI-30 impin- caractériser d’un point de vue de leur efficacité physique avec un
ger [5]. Il est utilisé à un débit de 12,5 L · min-1 pour un volume de diamètre de coupure de 0,5 mm pour celui de Hersen et al. et
prélèvement de 400 L. Son d50 est évalué à 0,3 mm. d’avoir des débits de collecte importants [7].
Cette méthode permet d’avoir des taux de recouvrement supé-
rieurs à ceux des autres méthodes lors de l’utilisation de méthodes En résumé, les méthodes de collecte des aérosols microbiens
diffèrent en fonction du type d’analyse que l’on veut effectuer.
de culture en aval de la collecte [9]. Cependant, une partie des agré-
Cependant, les facteurs comme le diamètre de coupure (d50), la
gats de particules peut être dissociée ou pas, ce qui ne permet pas
non-multiplication des micro-organismes dans le liquide de
d’obtenir un nombre d’UFC (unité formant colonie) représentatif.
collecte et la réaérosolisation sont des facteurs communs à
Cette technique est, avec la filtration, la méthode la plus utilisée
prendre en compte lors de la concentration des aérosols
en association avec les outils de microbiologie moléculaire [5]. Le
microbiens à partir de l’air.
liquide est soit centrifugé soit filtré afin de réaliser les étapes de
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