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ENVIRONNEMENT - SÉCURITÉ

Ti800 - Environnement

Système de management
environnemental site

Réf. Internet : 42442 | 4e édition

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Environnement
(Réf. Internet ti800)
composé de  :

ICPE : réglementation intégrée Réf. Internet : 42439

Réglementation environnementale par secteur Réf. Internet : 42613

Système de management environnemental site Réf. Internet : 42442

Système de management environnemental produits et ACV Réf. Internet : 42627

Système de management du risque Réf. Internet : 42626

Développement durable Réf. Internet : 42597

Génie écologique Réf. Internet : 42683

Eaux industrielles Réf. Internet : 42438

Réglementation et analyse de l'air Réf. Internet : 42436

Traitements de l'air Réf. Internet : 42600

Gestion des odeurs et des nuisances olfactives Réf. Internet : 42601

Gestion des déchets Réf. Internet : 42437

Gestion des sites et sols pollués Réf. Internet : 42440

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Environnement
(Réf. Internet ti800)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Xavier BONHOMMEAU
Hydrogéologue, spécialiste en sites et sols pollués (Ancien membre du service
Hygiène, Environnement et Prévention des Risques de RENAULT)

Ismahane EL BAHLOUL
Consultante QSE/Management du risque. Auditrice IRCA.

Pierre LE CLOIREC
Professeur, directeur de l'École Nationale Supérieure de Chimie de Rennes
(ENSCR)

Jacques MÉHU
Professeur à l'INSA de Lyon

Pascale NAQUIN
Codirectrice de POLDEN INSAVALOR et coordinatrice scientifique du
CEFREPADE

Lionel POURTIER
Environnement'Air sas

Jean-Louis ROUBATY
Professeur associé Université Paris-Diderot, Ancien directeur SGS
Environnemental services, Ingénieur conseil

Patrick ROUSSEAUX
Professeur à l'Université de Poitiers, Directeur de l'IRIAF (Institut des Risques
Industriels, Assuranciels et Financiers)

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

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VI
Système de management environnemental site
(Réf. Internet 42442)

SOMMAIRE

1– Normalisation Réf. Internet page

Normalisation dans le domaine de l'environnement G1010 11

Management environnemental : la norme ISO 14001-2015 G4600 15

EMAS : outil de management environnemental G4620 17

2– Mise en place d'un SME Réf. Internet page

Politique environnementale G4998 23

Mise en place d'un système de management environnemental ISO 14001 v. 2015 G5000 27

Exemple de manuel environnement G5001 33

Analyse environnementale. Identiication des AE G5002 35

Analyse environnementale. Détermination des AES G5004 37

Exigences légales et autres exigences - Veille réglementaire G5006 41

Analyse environnementale : outils de cotation et de hiérarchisation des risques G5010 45


environnement
Système de management environnemental. Le programme environnemental G5016 49

Informations documentées et système de management environnemental ISO 14001 v. G5130 51


2015
Management environnemental et maîtrise opérationnelle des activités G5132 55

Systèmes de management : la revue de direction G5120 59

3– Outils Réf. Internet page

Stratégie environnementale. Déinition, enjeux et outils G4300 65

Audits de systèmes de management : les fondamentaux G4305 69

Audits de systèmes de management : la mise en oeuvre G5135 73

Audit environnemental de conformité réglementaire G4400 77

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VII
4– Système de management environnemental et Réf. Internet page

système de management intégré


Mise en place d'un système de management intégré G5184 83

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Système de management environnemental site
(Réf. Internet 42442)


1– Normalisation Réf. Internet page

Normalisation dans le domaine de l'environnement G1010 11

Management environnemental : la norme ISO 14001-2015 G4600 15

EMAS : outil de management environnemental G4620 17

2– Mise en place d'un SME

3– Outils

4– Système de management environnemental et


système de management intégré

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QP
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Normalisation dans le domaine


de l’environnement
par Sylvie FERNANDEZ

Responsable développement environnement à l’Association française de normalisation
(AFNOR)

1. Système français de normalisation..................................................... G 1 010v2 - 2


1.1 Norme : un document de référence ........................................................... — 2
1.2 Différents types de normes ......................................................................... — 3
1.3 Acteurs du système français de normalisation ......................................... — 3
1.4 Structures de normalisation........................................................................ — 4
1.5 Différents statuts de documents normatifs ............................................... — 4
1.6 Normes européennes et internationales.................................................... — 5
2. Management environnemental ............................................................. — 5
2.1 Généralités.................................................................................................... — 5
2.2 Management environnemental des organisations ................................... — 6
2.3 Management environnemental des produits et services ......................... — 7
2.4 Quantification des gaz à effet de serre ....................................................... — 9
3. Normalisation par thème ....................................................................... — 10
3.1 Qualité de l’eau ............................................................................................ — 10
3.2 Qualité de l’air .............................................................................................. — 10
3.3 Déchets ......................................................................................................... — 12
3.4 Qualité des sols ............................................................................................ — 14
3.5 Bruit............................................................................................................... — 15
3.6 Biosurveillance de l’environnement ........................................................... — 16
3.7 Harmonisation des méthodes de mesures environnementales .............. — 17
4. Conclusion.................................................................................................. — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. G 1 010

armi la floraison d’initiatives lancées depuis que le développement


P durable a pris le devant de la scène, oubliant parfois que l’environnement
en est l’un des piliers incontournable, les normes tiennent une place à part : à
l’opposé du caractère conceptuel souvent donné à ce thème, les normes
consacrent l’entrée de la protection de l’environnement dans les réalités
usuelles de la vie économique et industrielle, de la gestion des affaires, dans le
domaine de « l’opérationnel » au sens propre.
Chacun reconnaît, en effet, la nécessité de concilier des entreprises
compétitives avec la préservation du patrimoine naturel et du cadre de vie : la
norme joue un rôle moteur dans l’animation des démarches de progrès dans
l’environnement, en suscitant une saine émulation et en incitant les profes-
sionnels à une harmonisation au meilleur niveau environnemental en termes
d’attitude, de méthode et de performance.
Le domaine de l’environnement est caractérisé par l’intervention d’un grand
nombre de partenaires, tels que les consommateurs, les associations de pro-
tection de l’environnement, les laboratoires, les industriels, les collectivités
locales et, bien évidemment, les pouvoirs publics.
Les normes peuvent se révéler de précieux outils pour l’application de politi-
ques publiques et de réglementations : loin de s’y substituer, elles peuvent en
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPPX

faciliter la mise en œuvre pratique. Ce gain d’efficacité tient à l’esprit de


concertation et au principe de consensus qui président à la préparation des
normes.

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. G 1 010v2 – 1

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NORMALISATION DANS LE DOMAINE DE L’ENVIRONNEMENT _______________________________________________________________________________

L’élaboration de normes françaises, que l’on s’attache à défendre ensuite au


plan européen et international sont autant d’outils pour faciliter la diffusion de
nos méthodes et savoir-faire pour les entreprises françaises sur ces marchés.
Dans le domaine de l’environnement, la normalisation joue un rôle très
important en matière de mesure des pollutions et de la qualité des milieux.
Les travaux entrepris depuis plusieurs années ont permis de pouvoir disposer


d’un ensemble de normes de mesure reconnues au plan international et qui
sont nécessaires à toute évaluation sérieuse des impacts sur l’environnement.
En effet, sans document de référence reconnu, toute affirmation peut être
avancée sans que son sérieux puisse être évalué.
Les paragraphes qui suivent donnent les grandes orientations de la normali-
sation environnement, définies dans ses aspects généraux par le comité
d’orientation stratégique environnement.

échanges entre les acteurs. Les solutions proposées par les nor-
Abréviation Définition mes représentent à un moment donné le meilleur compromis pos-
sible entre l’état d’une technique et les contraintes économiques.
AOX Composés organohalogénés adsorbables Ainsi depuis toujours, la normalisation élabore ses documents nor-
matifs, en associant les parties. Les normes sont élaborées de
HAP Hydrocarbures aromatiques polycycliques façon collective, sur la base de la concertation et de la recherche
du consensus des parties prenantes, leur permettant ainsi d’être
reconnues et utilisées par tous.
PCB Polychlorophényles
La norme est d’application volontaire et contractuelle. Dans cer-
LAS Linear Alkylbenzene sulphonates tains cas, notamment les domaines liés à la sécurité et les
conditions liées aux marchés publics, elle peut être rendue obliga-
NP Nonyl phénol toire (voir encadré). Cependant, même volontaire, elle fait réfé-
rence et s’impose de plus en plus dans la jurisprudence.
NPE Nonyl phénol éthoxylate
Dans tous les secteurs économiques, de la production aux activi-
EC Conductivité électrique tés de services, la normalisation s’est donc imposée comme un
outil indispensable d’échange et de développement. Nul ne
LOI Lost on Ignition (perte au feu) conteste aujourd’hui le rôle et la valeur de la normalisation. À un
moment où la mondialisation des marchés et la réalité européenne
DM Dry Matter (extrait sec) génèrent de nouvelles règles pour de nouveaux enjeux, il est capi-
tal pour chacun, dans son domaine, de mieux saisir les
BFR Brominated Flame Retardants mécanismes de la normalisation. La maîtrise de l’outil normatif
contemporain favorise en effet la compétitivité de l’entrepreneur en
lui ouvrant de nouvelles perspectives, de nouveaux marchés.

1. Système français Ne pas confondre norme et réglementation


de normalisation
Avant de présenter la normalisation dans le domaine de
l’environnement, il convient de clarifier l’utilisation qui est
1.1 Norme : un document de référence faite du terme « norme » qui a en effet deux significations fort
différentes et est utilisé indifféremment dans les deux cas,
Dans le décret qui définit l’organisation de la normalisation d’où une certaine confusion.
(décret no 84-74, voir [Doc. G 1 010]), la normalisation se définit La notion de norme résultant de l’activité de normalisation
ainsi : n’a pas le caractère d’obligation juridique ou morale qui
« La normalisation a pour objet de fournir des documents de s’attache au mot « norme » dans le langage du droit ou de la
référence comportant des solutions à des problèmes techniques philosophie. Le langage courant parle aussi de norme pour
et commerciaux concernant les produits, biens et services qui désigner une exigence technique réglementairement obliga-
se posent de façon répétée dans les relations entre partenaires toire (par exemple, la valeur limite de 50 mg/L pour la teneur
économiques, scientifiques, techniques ou sociaux.» en nitrates de l’eau destinée à la consommation humaine).
Mais, il n’y a obligation que parce qu’il y a une réglementation
spécifique. Le fait que des dispositions aient été codifiées par
La norme est un document de référence, élaboré sur la base du
un processus de normalisation ne crée pas par lui-même de
consensus des acteurs d’un marché (producteurs, utilisateurs,
caractère obligatoire. Document de référence exprimant « l’état
laboratoires, pouvoirs publics, consommateurs, associations
de l’art » dans un certain domaine, la norme au sens employé
environnementales, etc.). Élaborer une norme dans un domaine a
ici constitue un outil de prescription, utilisable de plusieurs
pour objet de définir des règles communes sur un produit, un ser-
façons.
vice, une méthode, un mode d’organisation afin de faciliter les

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G 1 010v2 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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_______________________________________________________________________________ NORMALISATION DANS LE DOMAINE DE L’ENVIRONNEMENT

Ne pas confondre norme et réglementation (suite) Pouvoirs publics :


ministère
Contrat
Dans un certain nombre de cas, le pouvoir réglementaire AFNOR d’objectifs Direction générale des
reprend à son compte le contenu technique de la norme en ren- entreprises - DARQSI**
dant celle-ci d’application obligatoire, comme le prévoit l’arti- Délégué interministériel
cle 12 du décret no 84-74 modifié fixant le statut de la Agrément aux normes


normalisation. Le ministre chargé de l’Industrie peut rendre
obligatoires certaines normes homologuées. L’obligation porte BN* BN BN
sur les phases de conception, de fabrication, d’importation et
de mise sur le marché. Aujourd’hui, environ 300 normes homo-
loguées ont été rendues obligatoires, essentiellement pour des Experts :
raisons de sécurité (dans le cas de jouets, d’extincteurs, de organisations professionnelles, producteurs, distributeurs,
association de consommateurs, laboratoires, syndicats
grues...), de santé ou d’hygiène, de lutte contre la fraude, de ouvriers, organismes de prévention, associations de Participation
rationalisation des échanges ou de protection de l’environ- protection de l’environnement, acheteurs publics,
nement... Indépendamment de ce décret des textes spécifiques collectivités territoriales, ministères...
peuvent conférer à une norme un caractère obligatoire. Ces
* Bureaux de normalisation (25 bureaux de sectoriels)
derniers supposent l’existence d’un contexte spécifique et ne ** Direction de l'action régionale, de la qualité et de la sécurité industrielle
visent que des usages particuliers. Ils restent exceptionnels.
L’application obligatoire d’une norme homologuée est carac- Figure 1 – Organisation du système français de normalisation
térisée par la référence à la norme dans un texte réglementaire
comme moyen unique de satisfaire aux exigences du texte. En
elle-même, une norme n’est jamais d’application obligatoire. • Les normes de méthodes d’essais ou d’analyse : elles
Elle ne peut acquérir une force contraignante que lorsque les définissent les modes opératoires pour mesurer les caractéristiques
pouvoirs publics l’ont expressément prévu dans un texte. ou les performances d’un produit, ou bien pour mesurer la quantité
Les autres normes sont à la disposition des utilisateurs, qui d’une substance, ou la qualité des milieux (air, eau, bruit, etc.).
sont en principe libres de les appliquer ou non, en particulier
dans les relations contractuelles. • Les normes d’organisation ou de système : elles portent d’une
part sur la description et la modélisation des fonctions de l’entre-
Cependant, pour les marchés publics, l’article 6 de l’annexe prise (maintenance, logistique, analyse de la valeur, management
du décret no 2006-975 du 1er août 2006 portant code des de la qualité, management environnemental).
marchés publics fixe les conditions pour se référer aux spécifi-
cations techniques dont font partie les normes de la façon
suivante : 1.3 Acteurs du système français
« Les prestations qui font l’objet d’un marché ou d’un de normalisation
accord-cadre sont définies, dans les documents de la
consultation, par des spécifications techniques formulées : L’élaboration collective des normes, basée sur la participation
1o Soit par référence à des normes ou à d’autres documents effective des acteurs du marché, a conduit à mettre en place un sys-
équivalents accessibles aux candidats, notamment des agré- tème de normalisation reposant sur plusieurs acteurs (figure 1) :
ments techniques ou d’autres référentiels techniques élaborés
• L’AFNOR : animateur central du système de normalisation. Le
par les organismes de normalisation ;
système français de normalisation est composé de l’AFNOR, de
2o Soit en termes de performances ou d’exigences fonction- bureaux de normalisation, d’experts et des pouvoirs publics.
nelles. Celles-ci sont suffisamment précises pour permettre L’AFNOR est l’animateur central de ce système et a pour rôle
aux candidats de connaître exactement l’objet du marché et d’identifier les besoins, d’élaborer les stratégies de normalisation,
au pouvoir adjudicateur d’attribuer le marché. Elles peuvent de coordonner et d’orienter l’activité des bureaux de normalisa-
inclure des caractéristiques environnementales.» tion. L’AFNOR a pour rôle de veiller à ce que toutes les parties
Le recours aux normes évite cependant de réinventer la soient représentées dans les commissions de normalisation.
technique, ce qui comporterait des risques d’erreurs et nuirait • Le réseau des bureaux de normalisation (BN). La normalisa-
à l’efficacité de la production. Il fournit un langage de spécifi- tion est également menée par un réseau de 25 bureaux de norma-
cation connu et compris de l’ensemble des professionnels, ce lisation qui anime les travaux de normalisation au sein d’un
qui contribue à la transparence. Mais il s’agit là de moyens secteur d’activité en particulier. Dans la plupart des cas, les
techniques pour atteindre les objectifs que définit l’acheteur bureaux de normalisation sont rattachés à des organisations pro-
public (le maître d’ouvrage des travaux), ce qui est sa respon- fessionnelles ou des centres techniques.
sabilité propre. Le choix des normes à rendre applicable dans
le marché est à faire en fonction des objectifs fixés. • Un important réseau d’experts. Appartenant à tous les secteurs
économiques, les experts constituent la base même du système
français de normalisation. Sur chaque sujet, ils apportent au sein
1.2 Différents types de normes des instances de normalisation, leurs compétences liées à leur
origine : organisations professionnelles, producteurs, distributeurs,
Du point de vue de leur contenu, on distingue différents types associations de consommateurs, laboratoires, syndicats ouvriers,
de normes : organismes de prévention, associations de protection de l’environ-
nement, acheteurs publics, collectivités territoriales, ministères. Ils
• Les normes fondamentales : elles portent sur la terminologie, expriment le besoin d’élaboration de nouvelles normes, fournissent
la métrologie, les conventions, les signes, les symboles. le contenu technique des documents normatifs et leur mise à jour
et participent aux travaux européens et internationaux de normali-
• Les normes de spécification ou d’exigences : elles fixent les
sation.
caractéristiques d’un produit ou d’un service et leurs seuils de per-
formance à atteindre (qualité, aptitude à l’emploi, interface, intero- • Le rôle des pouvoirs publics. En plus de leur expertise, les pou-
pérabilité, santé, sécurité, protection de l’environnement, contrat voirs publics ont un rôle particulier : l’ensemble des ministères est
type, documentation accompagnant le produit ou le service, etc.). concerné par la politique de normalisation, mais c’est le délégué

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QS
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NORMALISATION DANS LE DOMAINE DE L’ENVIRONNEMENT _______________________________________________________________________________

l’administration française qui veulent gérer collectivement les stra-


Groupes d’impulsion Comité d’orientation et de tégies nationales pour les grands programmes de normalisation
stratégique (GIS) programmation (COP) (GPN).
Il assure la synthèse des activités de normalisation dans les
programmation
Stratégie et

grands secteurs de l’industrie ou dans les domaines transversaux.

AFNOR
Placé sous la responsabilité de l’AFNOR, le CoS est principalement
Comités stratégiques
sectoriels (CoS) chargé de l’élaboration des stratégies normatives du GPN, de la


définition des priorités et de la mise en œuvre de ces priorités.
Il existe, aujourd’hui, une vingtaine de GPN parmi lesquels le
GPN 18 Environnement.

BN secrtoriel
Élaboration

ou AFNOR
■ Les commissions générales (CG)
Commissions de normalisation (CN)
Une commission générale a pour rôle de proposer un pro-
GE GE GE gramme (français, européen, international) correspondant aux prio-
rités du CoS, d’affecter le contenu du programme à une ou des
structures (en principe une commission de normalisation), de
Figure 2 – Structures de normalisation suivre les réalisations du programme et les dépenses engagées par
rapport au budget affecté, et d’adapter le programme en fonction
des nouveaux sujets.
interministériel aux normes, nommé par le ministre chargé de
l’Industrie, qui fixe les directives générales pour l’établissement des Une commission générale dépend d’un CoS.
normes, en contrôle l’application et les demandes de dérogation et
surveille les travaux des organismes de normalisation.
1.4.2 Structures d’élaboration des normes
C’est le ministère de l’Industrie, au travers de la DARQSI et de
son délégué interministériel aux normes, qui assure le rôle de ■ Les commissions de normalisation (CN)
ministère de tutelle de l’AFNOR. Cette mission est assurée au tra-
vers d’un contrat d’objectif. Une commission de normalisation a pour tâche d’établir, à partir
des besoins, le cahier des charges des normes à élaborer et, s’il
Le groupe interministériel des normes assiste le ministre chargé s’agit de normes nationales, d’élaborer les projets de ces normes.
de l’Industrie dans la définition des orientations de la politique Elle assure également un suivi des travaux internationaux et euro-
nationale et internationale des pouvoirs publics en matière de péens de normalisation. Elle contribue à ceux-ci en participant à la
normes et dans l’évaluation de cette politique. rédaction des normes, par la désignation d’experts dans les
groupes de travail, et par le positionnement de la France sur les
futures normes au travers de la participation de la délégation fran-
1.4 Structures de normalisation çaise aux réunions et des votes sur les documents.
Le système français de normalisation agit selon des règles, des ■ Les groupes d’experts (GE)
procédures et des priorités clairement affichées. Il est constitué
d’un ensemble de groupes et comités ayant chacun leur rôle, La commission de normalisation peut constituer des groupes
appelés « structures de normalisation » au sein desquelles toutes d’experts pour ébaucher des projets de normes ou des positions à
les parties prenantes sont représentées. C’est un système à deux défendre au niveau international. Elle peut également constituer
niveaux (figure 2) : de tels groupes comme soutien consultatif pour ses délégués ou
– d’une part, les instances de stratégie et de programmation experts dans les instances ISO (organisation internationale de nor-
comprenant, le Comité d’orientation et de programmation (COP), malisation) ou CEN (comité européen de normalisation).
les comités stratégiques sectoriels (CoS) et les commissions géné-
rales (CG) ; lorsqu’il n’existe pas de bureau de normalisation secto-
riel, toutes ces instances sont animées par l’AFNOR ; 1.5 Différents statuts de documents
– d’autre part, les instances d’élaboration des normes que sont normatifs
les commissions de normalisation (CN) et les groupes d’experts
(GE) ; ces commissions de normalisation sont animées par les On peut également distinguer plusieurs types de normes du
bureaux de normalisation du secteur, quand ils existent, ou à défaut point de vue de leur statut. En effet, celui-ci est différent selon le
par l’AFNOR. processus d’élaboration et la largeur du consensus sur lequel elles
reposent : la norme homologuée et les documents de normalisa-
1.4.1 Structures d’orientation, de prospective tion reposent sur un consensus national, reposant sur une enquête
et de stratégie publique ou une enquête au sein d’une commission de normalisa-
tion représentative des parties, l’accord et le référentiel de bonnes
■ Le Comité d’orientation et de prospective (COP) pratiques reposent sur un consensus limité à un ou quelques
Il a pour mission de définir les axes stratégiques de la acteurs.
contribution française à la normalisation européenne et mondiale.
Il veille à la cohérence des programmes de normalisation que ■ La norme homologuée (NF)
pilotent les comités stratégiques de l’AFNOR et mène une réflexion Les documents adoptés sous forme de norme homologuée sont
prospective au travers de groupes d’impulsion stratégique (GIS) des documents à contenu normatif dont la valeur technique est
chargés d’évaluer l’apport de la normalisation sur des thèmes par- suffisamment reconnue, et pour lesquels une officialisation des
ticuliers. Il entend chaque année les présidents des CoS exposer pouvoirs publics est nécessaire ou souhaitable en raison de leur
leurs programmes. destination (référence dans la réglementation, secteur des mar-
chés publics, base pour l’attribution de la marque NF, intérêt
■ Les comités stratégiques (CoS) public...). Le document est élaboré par un groupe d’experts, validé
Le CoS rassemble des responsables des professions, de l’indus- par la commission de normalisation avant envoi en enquête proba-
trie, des donneurs d’ordre publics, des associations de toire, conformément aux dispositions du décret no 84-74 régissant
consommateurs, des organismes techniques et scientifiques, et de la normalisation.

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G 1 010v2 – 4 est strictement interdite. – © Editions T.I.

QT
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gTVPP

Management environnemental :
la norme ISO 14001-2015
par Jacques SALAMITOU

Ingénieur de l’École centrale de Paris
PhD M.I.T, Cambridge, Mass., États-Unis

1. Motivations pour l’entreprise .............................................................. G 4 600v3 - 2


1.1 Motivations internes ................................................................................... — 2
1.2 Motivations externes : les nouveaux « clients » de l’entreprise ............. — 2
1.3 Nouvelles conditions du commerce international ................................... — 3
1.4 Compromis environnemental et amélioration continue ......................... — 3
2. Description de la norme ISO 14001-2015 ........................................ — 3
2.1 Généralités................................................................................................... — 3
2.2 Contenu de la norme .................................................................................. — 4
3. Annexes de la norme.............................................................................. — 7
4. Caractéristiques de la norme ISO 14001-2015 ............................... — 7
5. SME par étapes ........................................................................................ — 7
6. Conclusion................................................................................................. — 7
Pour en savoir plus ......................................................................................... Doc. G 4 600v3

a mise en place d’un système de management environnemental (SME)


L devient une nécessité pour les entreprises de toutes natures, d’abord pour
améliorer leur performance globale et, ensuite, pour répondre aux demandes
des parties externes concernées par leur gestion environnementale.
La norme ISO 14001 « Système de management environnemental. Spécifica-
tions et lignes directrices pour son utilisation », dans sa version révisée en
2015, reprend les éléments fondamentaux de la version précédente (publiée en
2004), en les complétant sur certains points mais surtout en la rendant totale-
ment compatible avec les autres normes de systèmes de management, en
particulier la norme ISO 9001-2015 concernant le management de la qualité.
Ceci est rendu possible par la constitution d’une structure commune à toutes
les normes de management et par des définitions identiques pour les termes
communs aux autres normes de systèmes de management.
L’objet du présent article est de décrire le contenu de la norme ISO 14001,
version 2015, après avoir rappelé les motivations environnementales pour l’entre-
prise et les spécificités de la dimension environnement. Il comprend également
une description des modifications par rapport à la version précédente.
Le modèle proposé par cette norme offre une approche logique fondée sur
une structure reconnue (boucle de Deming) qui a fait ses preuves, notamment
pour le système de management de la qualité. La conformité à la norme ISO
14001 permet d’obtenir une certification par tierce partie.
Note : la norme ISO 14001-2015 (comme la version 2004) est applicable à
tout type d’organisme ; cependant cet article est plus particulièrement destiné
à aider les entreprises.
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MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL : LA NORME ISO 14001-2015 ____________________________________________________________________________

1. Motivations ments ou chartes les engageant à des améliorations continuelles


dans leur gestion de la protection de l’environnement et de la
pour l’entreprise sécurité des hommes. On peut citer la Charte pour le développe-
ment durable, préparée par la Chambre de commerce internatio-
nale après la Conférence de Rio, ou bien l’Engagement de progrès
La stratégie de toute entreprise, quel que soit son secteur d’acti- (Responsible Care) de l’industrie chimique mondiale ;
vité, s’inscrit désormais dans la perspective d’un développement – le respect de la réglementation : pour des raisons de citoyen-
durable ; l’environnement en constitue l’un des trois piliers avec neté, mais aussi parce que les contrôles réglementaires se déve-

Q l’économie et la responsabilité sociale.


Cette prise en compte de l’environnement peut conduire à de
nouvelles opportunités de développement (par exemple, en pro-
loppent, l’entreprise doit se conformer à la réglementation. De
plus, les textes se multiplient et se complexifient, imposant une
vigilance accrue qui ne peut être assurée que par l’intégration dans
posant des services, des produits plus compatibles avec le déve- un système de management ;
loppement durable ou en maîtrisant mieux la consommation – le changement climatique, devenu la question environnemen-
d’énergie), mais comporte indiscutablement des contraintes pou- tale première pour la planète, doit impérativement être pris en
vant se traduire par de nouvelles charges financières. compte dans la stratégie de l’entreprise quels que soient son sec-
teur d’activités, sa situation géographique, sa taille.
A contrario, le refus de prendre en considération la dimension
environnement des activités de l’entreprise peut coûter beaucoup
plus cher que son intégration : sans parler d’une catastrophe envi-
ronnementale qui peut mettre en péril l’existence même d’une 1.2 Motivations externes : les nouveaux
entreprise, il faut envisager la perte de marchés si les concurrents « clients » de l’entreprise
offrent des produits aussi compétitifs mais intégrant mieux leurs
aspects environnementaux. Les entreprises intègrent toujours mieux les besoins et exi-
gences de ses clients par la mise en place de l’assurance qualité,
grâce notamment à la norme ISO 9001. Désormais, la généralisa-
1.1 Motivations internes tion de la demande environnementale élargit le concept de
« clients » à celui de « parties intéressées » (stakeholders, en
La prise en compte de la dimension environnement se traduit anglais), c’est-à-dire tous ceux sur lesquels les activités de l’entre-
d’abord, pour l’entreprise, par des motivations internes : prise ont un impact ou qui, plus généralement, se sentent concer-
– la maîtrise des coûts environnementaux qui peuvent être très nés par la vie de cette entreprise. Parmi ces parties intéressées, on
importants et souvent peu identifiés : ces coûts comprennent les peut citer les catégories suivantes :
dépenses liées à la prévention et au traitement des divers effluents – les « vrais » clients : ce sont ceux qui achètent le produit et qui
et déchets, à la limitation des nuisances, à la prévention des acci- sont intéressés non seulement par la qualité ou les caractéristiques
dents, au contrôle du milieu, à la consommation d’énergie, aux environnementales du produit livré, mais aussi par la façon dont
taxes et redevances diverses (versées aux agences), mais aussi les son producteur gère l’environnement. Le producteur doit répondre
frais entraînés par le recyclage. Il est intéressant de signaler que à la demande environnementale de ses propres clients, ce qui
l’entreprise manufacturière du XXIe siècle vendra de moins en conduit à l’intégration de la dimension environnement tout au long
moins de produits et de plus en plus de services dans lesquels de la chaîne produit : du berceau à la tombe ! L’industrie automo-
seront intégrés les aspects environnementaux résultant de leur bile a été l’une des premières à montrer un tel exemple. Il faut éga-
utilisation ; lement noter que le nouveau code des marchés publics encourage
– l’amélioration de la productivité : les charges environnemen- fortement les collectivités à inclure dans leurs appels d’offres une
tales doivent non seulement être maîtrisées mais absorbées dans référence à la certification de conformité à l’ISO 14001 du
le prix de revient du produit fini qui doit rester constant pour main- fournisseur ;
tenir les positions sur le marché. Toutes les enquêtes ont montré – les assureurs : après avoir longtemps considéré le risque envi-
que le consommateur achètera difficilement un produit plus ronnemental comme faisant partie du risque civil, les assureurs se
« vert » s’il coûte plus cher que son concurrent ; sont rendu compte que ce risque environnemental pouvait leur
– la nécessité de restaurer (ou de maintenir) son image : dans coûter très cher et, depuis quelques années, ils multiplient les
l’esprit du public donc du client final, l’industrie a très souvent été audits environnementaux des entreprises qu’ils assurent. En
associée à la pollution et elle l’est encore dans certains cas. Un France, cet intérêt des assureurs est encore renforcé par l’applica-
bon exemple a été celui de la catastrophe provoquée dans le golfe tion des textes réglementaires sur les « garanties financières » ;
du Mexique par un grand groupe pétrolier. Il faut aussi noter que – les investisseurs : le risque environnemental ne s’exprime pas
même si l’industrie n’occupe pas la première place pour les émis- uniquement en termes de prime d’assurance ; il peut signifier
sions de CO2, elle est toujours vue comme la principale respon- aussi un important élément du passif de l’entreprise et donc un
sable. Cette question ne concerne pas seulement les industries préjudice important pour l’investisseur. Le développement des
lourdes mais aussi les industries high-tech qui se doivent de fonds éthiques conduit à lier de plus en plus la valeur boursière
paraître absolument « propres » même si elles utilisent des procé- des entreprises introduites sur le marché financier et des acquisi-
dés pouvant avoir un faible impact sur l’environnement. Il ne suffit tions d’entreprises, à la gestion environnementale de ces entre-
pas de produire propre, il faut le faire savoir. Une bonne image prises. Cet intérêt des investisseurs pour une bonne gestion
peut d’ailleurs grandement faciliter l’obtention d’une autorisation environnementale a encore été renforcé par la mise en œuvre de la
d’exploiter, ou son absence nuire beaucoup à l’ambiance d’une norme ISO 21000 consacrée à la « responsabilité sociale » de
enquête publique ; l’entreprise ;
– l’obligation d’être crédible : il ne suffit pas en effet de dire que – les pouvoirs publics : les administrations (en France la DREAL)
l’on produit propre pour être cru et les manifestations d’autopro- exercent un contrôle réglementaire directement sur les aspects
clamation ont de moins en moins d’écho dans l’opinion publique, environnementaux des entreprises. Elles ont aussi réalisé que la
quelles que puissent être la notoriété de l’entreprise et l’éthique mise en place d’un système de management environnemental
qu’elle met en avant (voir le cas du constructeur d’automobiles (SME), conforme à la norme ISO 14001, était un atout précieux
allemand). Il est infiniment préférable que quelqu’un d’autre le pour la mise en conformité et le maintien de cette conformité avec
dise, que ce quelqu’un soit totalement indépendant et fonde son les normes réglementaires. De plus, les pouvoirs publics pro-
opinion sur des critères reconnus ; diguent de plus en plus d’encouragements concrets aux entre-
– le respect des chartes d’engagement volontaire : les entre- prises qui ont mis en place un système de management
prises sont de plus en plus nombreuses à souscrire à des engage- environnemental (SME) conforme à la norme. Enfin, il ne faut pas

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EMAS : outil de management


environnemental

par Aurore MORONCINI
Licenciée en sciences chimiques et docteur en sciences économiques appliquées
Professeur des universités, UMons (Belgique) - Membre de l’Institut d’Énergétique, de
l’Institut humanOrg et du Centre CREA (UMons)

1. Contexte normatif et réglementaire ........................................... G 4 620v2 – 2


1.1 Origine ................................................................................................ — 2
1.2 Évolution ............................................................................................ — 2
2. EMAS versus ISO 14001 ................................................................ — 4
2.1 Terminologie....................................................................................... — 4
2.2 Démarche volontaire .......................................................................... — 4
2.3 Amélioration continue ....................................................................... — 4
2.4 Respect de la législation environnementale ..................................... — 4
2.5 Participation du personnel ................................................................. — 4
2.6 Représentant de la direction .............................................................. — 5
2.7 Synthèse ............................................................................................. — 5
3. EMAS : deux étapes supplémentaires et un audit interne
renforcé ............................................................................................ — 5
4. Analyse environnementale initiale .............................................. — 5
4.1 Définition et objectif ........................................................................... — 5
4.2 Détermination du contexte organisationnel ...................................... — 6
4.3 Recensement des parties intéressées, de leurs besoins et attentes — 6
4.4 Recensement des obligations légales en matière d’environnement — 6
4.5 Recensement des aspects environnementaux significatifs .............. — 6
4.6 Recensement et documentation des risques et possibilités ............ — 7
4.7 Examen des processus, pratiques et procédures ............................. — 7
5. Audit environnemental interne .................................................... — 7
5.1 Définition et portée ............................................................................ — 7
5.2 Fréquence ........................................................................................... — 8
5.3 Activités d’audit ................................................................................. — 8
5.4 Rapport et conclusions d’audit .......................................................... — 8
6. Déclaration environnementale ..................................................... — 8
6.1 Définition et objectif ........................................................................... — 8
6.2 Informations minimales ..................................................................... — 8
6.3 Indicateurs environnementaux .......................................................... — 9
6.4 Validation et publication .................................................................... — 9
6.5 Mise à jour.......................................................................................... — 9
7. Enregistrement du SME ................................................................. — 9
7.1 Premier enregistrement ..................................................................... — 10
7.2 Renouvellement de l’enregistrement ................................................ — 10
7.3 Suspension ou radiation de l’enregistrement ................................... — 10
7.4 Utilisation du logo EMAS .................................................................. — 10
8. Conclusion........................................................................................ — 11
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 4 620v2

out agent économique exerce, par ses activités, des pressions sur l’environ-
T nement. Les entreprises industrielles ne font pas exception. Lorsque la prise
de conscience environnementale devint plus profonde, elles ont d’ailleurs été
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EMAS : OUTIL DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

désignées comme les principales sources de pollution. Sous la pression de


l’opinion publique, les décideurs politiques prirent des mesures contraignantes
à leur encontre, notamment sous la forme d’une législation environnementale
aussi importante que variée, obligeant les organisations à prendre des mesures
de protection de l’environnement. Contraintes désormais de tenir compte de la
variable environnementale, les entreprises développèrent des outils leur per-
mettant d’intégrer l’environnement dans leur gestion journalière. Elles ressenti-
rent aussi rapidement la nécessité de faire part, à leurs parties prenantes, de

Q leurs efforts en faveur de l’environnement et des résultats obtenus. Le besoin


d’une normalisation se faisait de plus en plus pressant et l’Europe adopta, en
1993, le règlement EMAS, Eco-Management and Audit Scheme [11]. À partir de
ce moment, les entreprises ayant développé un système de management envi-
ronnemental (SME), selon les principes du règlement, purent le faire certifier et
valoriser les efforts consentis par elles dans le domaine de l’environnement.
Concurrencé depuis 1996 par la norme ISO 14001 – contrepartie internationale
du règlement –, le référentiel européen a été revu à plusieurs reprises afin de
l’améliorer et de réduire la compétition entre les deux systèmes.
L’objet de cette contribution est triple, à savoir mettre en évidence les simili-
tudes et les différences entre le règlement et la norme, présenter les exigences
supplémentaires imposées par EMAS pour le développement du SME visant
l’enregistrement et identifier les freins et les retombées (managériales, écono-
miques et réglementaires) découlant de la mise en place de tels systèmes par
les organisations.
Cette actualisation de l’article intègre les nouveautés découlant de l’adoption
de la dernière version de la norme ISO 14001 basée sur une structure dite de
« haut niveau » (ou HLS pour « High Level Structure »), commune à l’ensemble
des normes de systèmes de management ISO.

principes de la politique communautaire en matière d’environne-


1. Contexte normatif ment et, plus particulièrement, le cinquième programme commu-
nautaire d’action en faveur de l’environnement (résolution du
et réglementaire Conseil du 1er février 1993). En effet, EMAS se veut un instrument
ayant comme but de promouvoir une consommation, une pro-
duction et une politique industrielle durables respectant les prin-
cipes du développement durable et permettant la prise en compte
1.1 Origine de la variable environnementale dans la gestion des organisa-
L’adoption par l’Europe du règlement EMAS est la résultante de tions. Son adoption par les organisations doit permettre notam-
plusieurs constats. Les organisations ont un rôle et des responsabi- ment la prévention, la réduction et, si possible, l’élimination de
lités concernant les composantes économique et environnemen- la pollution à la source sur la base du principe du pollueur-payeur
tale dans l’ensemble de la Communauté. Le secteur industriel est et garantir une gestion saine des ressources ainsi qu’une utilisa-
responsable de l’impact de ses activités sur l’environnement et il tion des technologies les plus propres.
lui revient d’adopter une approche préventive dans ce domaine. Dès 1993, les organisations industrielles situées sur le territoire
Les organisations le constituant ne peuvent faire l’impasse sur de l’Union européenne – et elles seules – disposent, grâce à ce
l’établissement et la mise en œuvre de politiques, objectifs et pro- règlement, d’un outil leur permettant d’améliorer leurs performan-
grammes environnementaux ainsi que sur le développement de ces environnementales tout en répondant au besoin légitime
systèmes de management environnemental efficaces conduisant à d’information de leurs parties prenantes.
une amélioration constante de leurs résultats environnementaux.
Enfin, l’information des parties prenantes sur les aspects environ-
nementaux des activités d’une organisation ne peut être négligée 1.2 Évolution
car elle représente un des éléments essentiels d’un bon manage-
Dès 1996, le règlement européen entre en compétition avec la
ment environnemental. Ce sont tous ces défis que le règlement
norme ISO 14001 (figure 1) qui permet la certification des systèmes
EMAS tente de relever.
de management environnemental de toute organisation – indus-
Adopté en 1993, ce règlement fait figure de précurseur dans le trielle ou non – implantée n’importe où dans le monde. La norme
domaine du développement et de la mise en œuvre de systèmes s’avère moins restrictive – en ce qui concerne le champ d’applica-
de management environnemental. Il est apparu un an après la tion et le territoire géographique – et moins exigeante – en termes
tenue de la Conférence de Rio qui a vu l’adoption du développe- de prescrits à rencontrer – que le règlement européen. Elle rencon-
ment durable comme nouveau modèle de croissance au niveau tre ainsi très rapidement un grand succès auprès des organisations
mondial. Le règlement vise la rencontre des objectifs et des industrielles dans et hors de la Communauté européenne.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– EMAS : OUTIL DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL

1992……………1993…………………1996………………2001…………………2004…………………2009…………………2015……………………2017
Conférence EMAS I ISO 14001:1996 EMAS II ISO 14001:2004 EMAS III ISO 14001:2015 EMAS III
de Rio
Applicable aux Applicable à toutes Intégration Alignement sur Applicable à Structure de haut Alignement
sites industriels les organisations de ISO 14001 ISO 9001 toutes les niveau commune sur ISO
dans l’UE dans le monde Applicable à organisations à toutes les normes 14001:2015
toutes les dans le monde de management
organisations
dans l’UE

Figure 1 – EMAS et ISO 1400 : les dates clés

Nota : pour plus d’informations sur la norme ISO 14001, le lecteur pourra consulter Une organisation peut donc posséder l’enregistrement pour un
l’article [G 4 600].
ou plusieurs, voire la totalité, de ses sites.
En 2001, une première révision du règlement tente de limiter la Le sixième programme d’action communautaire pour l’environne-
concurrence avec la norme 14001. Les principales modifications ment (décision 1600/2002/CE), son réexamen à mi-parcours (com-
portent sur son champ d’application et sur les exigences de base munication de la Commission du 30 avril 2007) ainsi que le plan
auxquelles doivent répondre les systèmes de management envi- d’action pour une consommation et une production durables (com-
ronnemental. Ainsi, EMAS ne s’applique plus exclusivement aux munication de la Commission du 16 juillet 2008) ont mis en exergue
seules organisations industrielles mais à toute organisation quels la nécessité de promouvoir et d’améliorer le fonctionnement des
que soient, notamment, sa taille, sa forme juridique ou son secteur instruments volontaires – tel EMAS – aidant les organisations à opti-
d’activités, y compris les organisations de services. À partir de miser leur processus de production, tout en réduisant leurs inciden-
cette date, le règlement européen intègre la norme ISO 14001 ces environnementales et en rendant plus efficace l’utilisation des
(art. 2.2.a) faisant désormais l’objet de l’annexe I au règlement. ressources. Une manière d’y parvenir consiste à simplifier le sys-
En 2004, la norme internationale est revue afin d’assurer une tème existant et à le rendre accessible à un nombre croissant
cohérence entre les systèmes de management de la qualité d’organisations. Pour ce faire, l’Europe a élargi le champ d’applica-
(ISO 9001) et environnemental (ISO 14001). En effet, les deux nor- tion du règlement à toute organisation implantée dans ou hors du
mes sont basées sur les mêmes principes, les systèmes qui en territoire de l’Union, supprimant ainsi une des dernières différences
découlent pouvant être développés par des organisations ayant ini- de taille avec la norme ISO 14001. La révision de 2009 du règlement
tié des démarches dans les deux domaines. Structurer les deux nor- facilite aussi le passage à l’EMAS pour toute organisation ayant déjà
mes de la même manière permet aux organisations des économies développé un SME selon un autre référentiel. Avec cette révision,
d’échelle lors de la mise en place et lors du fonctionnement des l’Union européenne espérait réduire encore la concurrence entre la
systèmes de management correspondants. La suppression de redi- norme ISO 14001 et EMAS. Fin 2012, soit deux ans après la mise en
tes et autres redondances concernant la documentation, notam- œuvre de la révision, 8 200 sites (pour 4 500 organisations) étaient
ment, des deux systèmes est un autre objectif visé par l’alignement enregistrés auprès d’EMAS, révélant l’impact positif des dernières
de la norme environnementale sur la norme ISO 9001. modifications. Mais, le contexte de crise économique des années
Depuis son adoption et sa première révision, le règlement a suivantes a conduit à une régression des enregistrements tant au
démontré son efficacité pour promouvoir l’amélioration des per- niveau des sites que des organisations. Il faut attendre 2015 pour
formances environnementales des organisations, en général, et observer enfin une remontée spectaculaire du nombre de sites enre-
des entreprises, en particulier. Pourtant, le nombre d’organisa- gistrés avec une augmentation de près de 18 %, soit environ
tions enregistrées auprès du système européen, bien qu’ayant 9 000 sites contre un peu plus de 7 500 en 2014. Par contre, il sem-
suivi une courbe ascendante régulière, restait proportionnelle- blerait que la tendance de ces dernières années consiste, pour les
ment très faible par rapport au nombre d’organisations ayant organisations, à consolider leur engagement envers la protection
adopté la norme ISO 14001. Le système imposé par le règlement de l’environnement. En effet, la hausse du nombre de sites EMAS
demeurait, aux yeux d’une majorité de dirigeants, un système en 2015 ne s’est pas faite parallèlement à une augmentation du
complexe, contraignant et relativement restrictif dans certains de nombre d’organisations. Ce dernier a régressé à son niveau de
ces aspects. Ainsi, en 2007, environ 5 400 sites (correspondant à 2008, soit environ 3 900 organisations enregistrées.
3 600 organisations) avaient adopté le règlement EMAS alors En octobre 2017, au top 5 des entreprises du secteur des servi-
que plus 40 000 organisations européennes avaient été certifiées ces enregistrées auprès du système européen, on trouvait,
auprès de la norme internationale, le nombre d’organisations cer- par ordre décroissant d’importance, les entreprises des
tifiées ISO 14001 au niveau mondial approchant 130 000. Il est codes NACE 38 (collecte, traitement et récupération de déchets),
nécessaire de souligner le fait que le règlement européen fait 84 (administrations publiques), 85 (éducation), 94 (activités des
une distinction entre site et organisation. organisations associatives) et 55 (hébergement) et, les entrepri-
ses des codes NACE 35 (production et distribution d’électricité,
de gaz, de vapeur et d’air conditionné), 20 (industrie chimique),
Son article 2,21 définit une organisation comme « une compa- 25 (fabrication de produits métalliques, à l’exception des machi-
gnie, une société, une firme, une organisation, une autorité ou nes et des équipements), 10 (industrie alimentaire) et 17 (indus-
une institution établie dans la Communauté ou en dehors de trie du papier et du carton) pour le secteur industriel. Par ailleurs,
celle-ci, ou une partie ou une combinaison des entités précitées, l’Allemagne suivie de l’Italie, la Grèce, l’Autriche et l’Espagne
ayant ou non la personnalité juridique, de droit public ou privé, représentaient, au même moment, un peu plus de 80 % des
qui a ses propres fonctions et sa propre administration ». Le site enregistrements EMAS. (http://www.france-certification.com/les-
est, quant à lui, « un lieu géographique donné, placé sous le certifications/iso-14001/statistiques-europe/)
contrôle de gestion d’une organisation s’appliquant aux activi-
tés, produits et services, y compris à l’ensemble des infrastruc- Comparé à l’ISO 14001, l’enregistrement auprès du système
tures, équipements et matériaux ; le site est la plus petite entité européen pourrait sembler relativement confidentiel puisqu’en
qui puisse être prise en considération pour un enregistrement » 2012, les organismes compétents ont avancé, au niveau mondial,
(art. 2,22). le chiffre total de 346 189 certificats ISO 14001 valides contre
319 496 en 2015 (https://www.iso.org/fr/the-iso-survey.html). À elle

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Système de management environnemental site
(Réf. Internet 42442)

1– Normalisation R
2– Mise en place d'un SME Réf. Internet page

Politique environnementale G4998 23

Mise en place d'un système de management environnemental ISO 14001 v. 2015 G5000 27

Exemple de manuel environnement G5001 33

Analyse environnementale. Identiication des AE G5002 35

Analyse environnementale. Détermination des AES G5004 37

Exigences légales et autres exigences - Veille réglementaire G5006 41

Analyse environnementale : outils de cotation et de hiérarchisation des risques G5010 45


environnement
Système de management environnemental. Le programme environnemental G5016 49

Informations documentées et système de management environnemental ISO 14001 v. G5130 51


2015
Management environnemental et maîtrise opérationnelle des activités G5132 55

Systèmes de management : la revue de direction G5120 59

3– Outils

4– Système de management environnemental et


système de management intégré

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Politique environnementale
par Alain PRATS
Docteur ès sciences naturelles – Ingénieur/consultant à l’Institut national de
l’environnement et des risques (INERIS)
Responsable d’affaires dans le domaine du management du risque, formateur et auditeur
certifié ICA

1.
1.1
1.2
Finalités d’une politique environnement ...................................
Vocabulaire .........................................................................................
Historique ...........................................................................................
G 4 998 – 2


2
2

1.3 Objectifs.............................................................................................. — 3
2. Champ et périmètre d’application de la politique
environnement................................................................................. — 3
3. ISO 14001 et politique environnement....................................... — 3
3.1 Responsabilités .................................................................................. — 4
3.2 Rappel des exigences du référentiel ISO 14001 ................................ — 4
3.2.1 Une politique appropriée à la nature des activités ................ — 4
3.2.2 Une politique comportant un engagement d’amélioration
continue et de prévention de la pollution .............................. — 4
3.2.3 Une politique comportant un engagement de conformité
aux exigences légales (et autres exigences) applicables ....... — 5
3.2.4 Une politique donnant un cadre pour l’établissement
et l’examen des objectifs et cibles environnementaux .......... — 5
3.2.5 Une politique documentée, mise en œuvre et tenue à jour .. — 6
3.2.6 Une politique communiquée à toute personne travaillant
pour ou bien pour le compte de l’organisme ......................... — 6
3.2.7 Une politique disponible pour le public ................................. — 7
3.3 Synthèse des exigences ISO 14001 relatives à la politique
environnement ................................................................................... — 7
4. Processus d’élaboration d’une politique environnement ....... — 8
4.1 Règles de base ................................................................................... — 8
4.2 Processus d’élaboration ..................................................................... — 10
4.2.1 Vision stratégique de l’entreprise ........................................... — 10
4.2.2 Analyse et évaluation des risques .......................................... — 10
4.2.3 Consolidation et validation de la politique, identification
des priorités ............................................................................. — 10
4.2.4 Déclinaison de la politique ...................................................... — 10
5. Revue de la politique et son évolution ....................................... — 10
6. Conformité de la politique environnement aux exigences
de la norme ISO 14001 – Retour d’expérience .......................... — 11
7. Conclusions...................................................................................... — 11
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 4 998

es réflexions stratégiques des entreprises pour un développement durable


L de leurs activités constituent désormais une réalité et une nécessité. Le
concept de « développement durable », longtemps cantonné à une idéologie
politique, s’opposait bien souvent aux notions de développement industriel ou
économique d’une entreprise ou d’un territoire. L’idée d’associer le développe-
ment durable à l’acceptation d’une forme de décroissance économique raison-
nable faisait d’ailleurs partie de l’arsenal des détracteurs de ce concept.
La parution de la norme ISO 26000 en novembre 2010 (lignes directrices rela-
tives à la responsabilité sociétale) a permis de donner du contenu et du sens
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPQR

aux principes du développement durable. Cette norme place les organisations

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. G 4 998 – 1

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POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

devant leurs responsabilités. Elle les considère comme responsables des


impacts positifs ou négatifs qu’elles peuvent avoir sur la société, l’environne-
ment et l’économie d’un territoire du fait de leurs décisions et de leurs activités.
Ce référentiel propose donc aux organismes d’adopter un comportement
éthique qui leur permettra de contribuer au développement durable de leur
entreprise et de notre société.
Le volet environnemental du tryptique « développement durable » (économie,
social, environnement) est important car il est au centre des préoccupations
actuelles de la société civile et du monde politique. Les entreprises ont bien
saisi l’importance qu’il y avait à ne pas décevoir leurs partenaires sur ce point
afin de ne pas compromettre leurs capacités de développement futures. La
norme ISO 14001 de décembre 2004 « Systèmes de management environne-
R mental – Exigences et lignes directrices pour son utilisation » offre un cadre
efficace pour la mise en place de bonnes pratiques de management dans ce
domaine. La caractérisation et la mise en œuvre de ces pratiques doivent se
fonder sur la définition préalable d’une stratégie et d’une politique pertinentes
en matière d’environnement.
Cet article a pour objectif de démontrer l’importance de cet engagement poli-
tique et la nécessité qu’il soit sincère, réaliste, pertinent et partagé par toutes les
parties concernées. Il est important d’établir cette politique environnement en
prenant en compte les éventuelles contraintes économiques et sociales aux-
quelles l’entreprise pourrait se trouver confrontée. La politique environnement
ne doit pas être perçue comme un engagement figé de l’entreprise mais comme
un élément de sa stratégie globale de développement qui doit être réexaminé
périodiquement au gré des évolutions, des enjeux et du contexte économique
et social de l’entreprise.
Il reste ensuite, et ceci n’est pas le plus facile, à mettre en harmonie les déci-
sions de l’entreprise et plus particulièrement de sa direction avec son discours.

norme ISO 14001 relative à la mise en place des systèmes de mana-


1. Finalités d’une politique gement environnemental a vu le jour. L’élaboration d’une politique
environnement environnementale constitue un passage obligé pour solliciter et
obtenir la certification du système de management de l’entreprise.
Beaucoup d’entreprises ont donc élaboré ces politiques avec pour
objectif essentiel celui d’obtenir, coûte que coûte, la certification de
1.1 Vocabulaire leur système de management.

La politique environnementale est une déclaration formelle effec-


Le plus
tuée par une organisation sur ses intentions et principes par rap- général
port à son comportement environnemental en général, y compris Nature Niveau
ses performances, qui offre un cadre à son action et établit ses de la déclaration hiérarchique
objectifs et buts en matière d’environnement. Chartre environnement Groupe ou entreprise
(Réduire sensiblement les multisite
Cette déclaration peut prendre la forme d’un engagement per- rejets de gaz à effet de serre
sonnel du responsable de l’organisation, ceci est particulièrement du groupe)
vrai dans le cas des petites et moyennes entreprises. Dans le cas Politique Filiale ou site
des entreprises multisites ou de grands groupes industriels dispo- (Réduire les rejets de COV
du site)
sant de plusieurs filiales, elle peut se présenter sous la forme de
lignes directrices ou de chartes « environnement » qui permettront Engagement Unité, service,
à chaque responsable de sites ou de filiales de décliner cette décla- (Réduire les émissions direction, branche
de solvants organiques
ration en objectifs spécifiques tout en affirmant leur personnalité de l'atelier de peinture)
dans le respect des orientations fixées par la direction à son plus Objectifs Processus, service
haut niveau. (Réduire de 20 % les rejets
d'hydrocarbures
L’expérience montre que le contenu de cette déclaration se aromatiques)
décline depuis des objectifs très généraux vers des objectifs plus
Cibles Équipe, opérateur
détaillés selon, bien souvent, le schéma présenté figure 1. (Respecter le mode
opératoire)
Le plus
1.2 Historique détaillé

La notion de politique environnement a été formellement intro-


duite à la fin des années 90 lorsque la première version de la Figure 1 – Vocabulaire

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G 4 998 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– POLITIQUE ENVIRONNEMENTALE

Même si aujourd’hui un nombre encore non négligeable d’entre- par exemple le site de Rodez ou encore les bâtiments F33 et 34 de
prises partagent cette vision quelque peu réductrice il n’en est pas l’unité de Douai.
de même pour toutes. Le respect de l’environnement peut consti-
tuer pour ces entreprises un enjeu majeur en termes d’image.
Le domaine d’application du système de management d’un
Les enjeux économiques sont par ailleurs devenus considérables organisme se caractérise donc par des informations relatives à
(coût de l’énergie, des matières premières, du traitement des la fois à la nature des activités concernées et au(x) lieu(x) où
déchets, de la réparation des sinistres, etc.). Les entreprises ont celles-ci sont conduites.
également pris progressivement conscience de la rareté des res-
sources et de l’impact des activités humaines sur l’environnement
Exemples de domaine d’application :
qui deviennent de plus en plus perceptibles (dégradation de la qua-
lité des eaux, de l’air, disparition d’espèces animales et végétales, – les activités de formation du groupe Dupont – sites de Lens et
etc.). Le renforcement de la réglementation dans ce domaine et le de Pau ;
contrôle plus strict du respect de cette réglementation ont égale- – toutes les activités exercées sur le site de Lyon ;
– toutes les activités industrielles des sites européens du groupe


ment poussé les chefs d’entreprise à être plus vigilants.
Dutin.

1.3 Objectifs Lorsque le système de management concerne un groupe indus-


triel multisite, il est important de démontrer la continuité de la poli-
Aujourd’hui l’élaboration d’une politique environnement vise tique groupe au niveau de tous ces sites. La meilleure manière de
plusieurs objectifs. En premier lieu celui d’inscrire l’entreprise procéder est de décliner cette politique en déclaration ou engage-
dans une stratégie de développement durable. La politique envi- ments environnementaux spécifiques à chacun des sites (cf.
ronnement va donc venir compléter les autres politiques économi- point 1.1).
ques, commerciales, industrielles, financières et sociales de l’entre-
prise. Élaborer une politique ne sert à rien si celle-ci n’est pas mise Ces engagements doivent être en mesure de démontrer que le
en œuvre sur le plan opérationnel et périodiquement évaluée et responsable du site à la ferme intention de contribuer à la mise en
réexaminée. Elle constitue les fondations du système de manage- œuvre de la politique du groupe en prenant à son compte ce sur
ment de l’entreprise, sa déclinaison à tous les niveaux hiérarchi- quoi il peut avoir une influence positive. Cet engagement sera for-
ques et au niveau de toutes les fonctions de l’entreprise ainsi que malisé dans un document qui mettra bien en évidence le lien de
son appropriation par toutes les personnes concernées doit rester dépendance avec la politique du groupe.
une préoccupation majeure du chef d’entreprise. Il est important de s’assurer, dans certains cas, que la politique
Les objectifs généraux retenus dans la politique environnement à est traduite dans toutes les langues nécessaires afin que celle-ci
l’issue d’un processus rigoureux d’analyse des risques et d’identifi- soit compréhensible sur tous les sites et par toutes les parties pre-
cation des enjeux (cf. point 3.2.4) vont permettre d’élaborer un pro- nantes auprès desquelles elle sera diffusée.
gramme de management environnemental comportant des objec-
tifs et des cibles précis, mesurables et quantifiables si possible. Ce
programme précisera également la nature des actions à conduire
pour atteindre ces objectifs, les ressources à mobiliser et les
3. ISO 14001 et politique
échéances fixées pour les atteindre. environnement
La politique environnement va ainsi fixer, dans un contexte
donné, un cap à suivre pour l’ensemble du personnel, elle va éga-
lement permettre à ses différentes parties prenantes (clients, four- Le référentiel ISO 14001 fixe des règles générales pour l’élaboration
nisseurs, administrations, administrateurs, riverains, organismes et la mise en œuvre de la politique environnement de l’entreprise.
financiers, assureurs, élus locaux, etc.) de porter en toute transpa- Ces règles ont pour seul objectif de guider l’entreprise dans la
rence un jugement de valeur sur les orientations retenues par la construction du volet environnement de sa stratégie de gouvernance.
direction de l’entreprise. Les attentes de ces parties prenantes sont Ce volet doit donc trouver sa place dans cette stratégie globale
bien souvent différentes, leurs intérêts aussi. La politique étant qui doit bien souvent prendre en compte d’autres dimensions tou-
unique, il sera important de bien identifier les priorités et les enjeux tes aussi importantes, comme la qualité des produits et des servi-
de l’entreprise par rapport à ces attentes. ces, la maı̂trise des risques pour la santé et la sécurité des biens et
Il est important de ne pas perdre de vue que celles-ci peuvent des personnes ou encore le respect des valeurs et des principes
évoluer brutalement dans le temps, d’où l’importance de revoir associés à la responsabilité sociétale des entreprises (cf.
périodiquement cette politique. ISO 26000 « Lignes directrices relatives à la responsabilité socié-
tale » (novembre 2010)).

Politique environnement : exigences norme


2. Champ et périmètre ISO 14001 (2004)
d’application de la « La direction à son plus haut niveau doit définir la politique
politique environnement environnementale de l’organisme et s’assurer, dans le cadre
du domaine d’application défini de son système de manage-
ment environnemental, que sa politique environnementale :
« a) est appropriée à la nature, à la dimension et aux impacts
Le champ et le périmètre d’application de la politique définissent environnementaux de ses activités, produits et services,
le domaine d’application du système de management. « b) comporte un engagement d’amélioration continue et de
Le champ d’application du système de management correspond prévention de la pollution,
aux domaines d’activités qui sont couverts par le système de « c) comporte un engagement de conformité aux exigences
management, par exemple les activités de fabrication (les activités légales applicables et aux autres exigences applicables aux-
de recherche et développement peuvent ainsi être exclues du quelles l’organisme a souscrit, relatif à ses aspects
champ d’application). environnementaux,
« d) donne un cadre pour l’établissement et l’examen des
Le périmètre d’application correspond pour sa part à l’unité spa-
objectifs et cibles environnementaux,
tiale ou géographique couverte par le système de management,

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Mise en place d’un système


de management environnemental
ISO 14001 v. 2015
par Alain PRATS
Docteur ès sciences naturelles

Ingénieur, consultant en management des risques, auditeur certifié par l’ICAE (Institut de
certification des auditeurs en environnement), INERIS, Aix-en-Provence, France

1. Norme ISO 14001 (version 2015) ............................................................... G 5 000v3 - 3


1.1 Structure « High Level Structure » (HLS) ................................................. — 3
1.2 Contenu de la norme ................................................................................. — 3
1.3 Points fondamentaux de la version 2015 de la norme ISO 14001 ......... — 4
2. Mise en place méthodique d’un SME ....................................................... — 5
2.1 Étape 1 : appréhender le contexte dans lequel évolue l’organisme...... — 7
2.2 Étape 2 : s’assurer du soutien actif et du leadership de la direction ..... — 9
2.3 Étape 3 : identifier les actions à mettre en œuvre face aux risques
et opportunités ........................................................................................... — 11
2.4 Étape 4 : définir des objectifs environnementaux et établir un plan
d’actions pour les atteindre....................................................................... — 14
2.5 Étape 5 : documenter le système de management environnemental ... — 15
2.6 Étape 6 : s’assurer que les ressources et les compétences sont
disponibles pour mettre en œuvre le SME .............................................. — 17
2.7 Étape 7 : établir des critères opérationnels pour la conduite
des processus............................................................................................. — 18
2.8 Étape 8 : mettre en place un dispositif pour surveiller, mesurer
et évaluer les performances du système de management .................... — 20
2.9 Étape 9 : mettre en œuvre l’amélioration continue................................. — 21
3. Conclusion ................................................................................................... — 22
4. Glossaire ...................................................................................................... — 22
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. G 5 000v3

a prise de conscience de l’importance de notre « bien-être » est de plus en


L plus affirmée et assumée par la société qui exerce une pression désormais
forte sur ceux qui mettent à sa disposition des biens et des services vis-à-vis
desquels elle exprime un besoin ou des attentes.
Un environnement préservé constitue un des éléments majeurs du fonde-
ment de ce « bien-être » des populations. Au même titre que les exigences
attendues de qualité et de sécurité des produits et services qui sont mis à sa
disposition, la société exprime plus volontiers sa volonté de ne pas contribuer,
par ses choix et ses décisions, à une dégradation significative des différents
indicateurs relatifs à son environnement.
Les effets négatifs du développement de nos sociétés sur l’environnement
sont plus fréquemment perceptibles et palpables par la population (pollution,
réchauffement climatique, biodiversité, érosion, phénomènes climatiques
exceptionnels, manque d’eau, recrudescence de maladies particulières, etc.).
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPQW

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MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL ISO 14001 V. 2015 _______________________________________________________

Dans ce domaine, le niveau d’exigence des différentes parties intéressées ne


cesse de s’accroître et se globalise.
Le pouvoir politique contribue à fixer un cadre propice à la prise en compte
de cette problématique par la plupart des acteurs économiques (règlementa-
tion, recommandations, avis, etc.). Cette volonté politique s’est également
traduite, il y a plus de 20 ans, par la parution de normes relatives au manage-
ment de la qualité (ISO 9001), puis de l’environnement (ISO 14001), du
développement durable (ISO 26000) et bientôt de la santé/sécurité au travail
(ISO 45001). Les entreprises doivent aujourd’hui relever un triple défi : pro-
poser à leurs clients des produits, services ou activités qui soient de qualité,


respectueux de l’environnement et sûrs…
L’ISO vient d’achever ses travaux visant à ce que les futures normes de sys-
tèmes de management soient établies selon une structure identique dite
« HLS » : High Level Structure (vocabulaire, termes et définitions sommaires
communs, répartition des exigences). Les normes de management de la qua-
lité, de l’environnement et de la sécurité ont donc évolué en 2015 et 2016 vers
des versions harmonisées qui facilitent l’intégration des différentes pratiques
dans un système unique de management.
Le présent article traite du volet environnemental de cette problématique et
plus particulièrement de la manière dont les organismes, quelles que soient
leurs tailles et leurs activités, peuvent s’organiser pour mettre en place un
système de management qui réponde, entre autres, aux exigences du référen-
tiel ISO 14001 version 2015.
Il s’agit de proposer une approche méthodique qui permette d’intégrer, dans
le respect des exigences du référentiel ISO 14001, le management environne-
mental dans la gouvernance effective de l’entreprise, au sein de son
organisation et de sa stratégie commerciale et industrielle.
L’approche méthodologique décrite dans cet article s’adresse aux orga-
nismes qui ne disposent pas de système de management de l’environnement
mais aussi aux organismes qui doivent assurer la transition de leur système de
management vers cette nouvelle version. Elle peut convenir à tous types
d’organismes (administrations, collectivités, écoles, hôpitaux, etc.) mais elle
s’adapte particulièrement bien aux entreprises. Les organismes qui mettent en
œuvre un système de management environnemental certifié ISO 9001 version
2004 disposent d’un délai raisonnable pour assurer la transition de leur
système vers la version 2015. Les organismes certificateurs s’accordent en
général sur l’échéance d’octobre 2018.
Même si les objectifs fondamentaux de la norme ISO 14001 version 2015
restent les mêmes que la version 2004 (amélioration continue des résultats
environnementaux de l’organisme), certaines évolutions importantes sont
apparues, elles sont détaillées dans le présent article.
La version 2004 du référentiel conduisait dans la majorité des cas les orga-
nismes à restreindre leurs objectifs environnementaux et leur programme
environnemental aux seules actions en rapport avec la conformité règlemen-
taire et les aspects environnementaux de leurs activités, produits ou services
identifiés comme significatifs. La version 2015 confirme, s’il en était besoin,
que ces thèmes devront toujours être pris en considération par l’organisme
lors de l’élaboration des plans d’actions mais l’organisme devra également
prendre en compte, à la lumière d’une analyse des risques et opportunités, les
enjeux internes et externes susceptibles d’influer sur sa capacité à atteindre les
résultats attendus de son système de management et sur sa performance.
Il devra également prendre en compte l’avis des parties intéressées, perti-
nentes dans l’élaboration de ces plans d’actions environnementaux.

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________________________________________________________ MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL ISO 14001 V. 2015

La norme ISO 14001 spécifie des exigences qui peuvent être


1. Norme ISO 14001 (version prises en compte par un organisme pour améliorer ses perfor-
2015) mances environnementales en respectant ses obligations de
conformité et en réalisant ses objectifs environnementaux. Ces
exigences s’appliquent aussi bien aux petites entreprises qu’aux
plus grandes. Le respect de ces exigences apporte une plus-value
1.1 Structure « High Level Structure » considérable pour l’environnement, pour l’organisme lui-même et
(HLS) les parties intéressées.
La certification par tierce partie du système de management
La norme ISO 14001 a vu le jour en 1996. Elle a été révisée en constitue une preuve impartiale d’engagement de l’entreprise
2004, puis en 2015 dans sa version harmonisée « HLS ». Cette dans un processus d’amélioration continue de ses performances
structure est désormais commune à tous les référentiels de mana- environnementales.
gement. Elle permet de développer une approche cohérente et un
même raisonnement fondé sur les risques et les opportunités.
Cette structure facilite l’intégration des exigences du système de
management environnemental (SME) aux exigences d’autres sys- 1.2 Contenu de la norme

tèmes de management.

1.2.1 Approche PDCA


Ce format harmonisé permet d’assurer la cohérence entre les
normes de management futures et révisées, d’en simplifier L’approche qui sous-tend tout système de management selon
l’utilisation intégrée et d’en faciliter la lecture et la compréhen- l’ISO 14001 repose sur le concept PDCA. Ce modèle PDCA
sion par les utilisateurs. (figure 1) – Planifier-Déployer-Contrôler-Améliorer (Plan-Do-Check-
Act) – propose un processus itératif permettant de s’inscrire dans
une dynamique d’amélioration continue des performances envi-
ronnementales. Ce principe s’applique aussi bien au système de
Architecture des normes « HLS » management pris dans sa globalité qu’à chacun de ces éléments
constitutifs pris individuellement (processus).
Article 1 : Domaine d’application
Article 2 : Références normatives
Article 3 : Termes et définitions 1.2.2 Différents chapitres de la norme ISO 14001
Article 4 : Contexte de l’organisme Les trois premiers chapitres de la norme (chap. 1, 2 et 3) ne
Article 5 : Leadership (responsabilité de la direction) contiennent pas d’exigences particulières. Ils abordent des géné-
Article 6 : Planification ralités relatives :
Article 7 : Support – au domaine d’application du référentiel ISO 14001 ;
– aux références normatives ;
Article 8 : Réalisation des activités opérationnelles
– aux termes et définitions.
Article 9 : Évaluation des performances
Les autres chapitres (de 4 à 10) s’organisent autour du PDCA :
Article 10 : Amélioration
les chapitres 4, 5 et 6 pour la partie « Planifier (P) », les chapitres 7

7. Soutien

Attentes 6. Planification
des parties
intéressées 8. Fonctionnement
5. Leadership

Plan Do Résultats
4. Contexte (planifier) (réaliser) escomptés
de l’organisme

Act Check
(agir) (vérifier)
Contexte
et enjeux 10. Amélioration 9. Évaluation
des performances

Figure 1 – Approche PDCA

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MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL ISO 14001 V. 2015 _______________________________________________________

4.1 Contexte

4.2 Parties
intéressées
Article 4
Contexte 4.3 Domaine
d’application

4.4 Système
10.2 Amélioration de management
continue environnemental


Article 10
Amélioration
10.1 Actions 5.1 Engagement
correctives de la direction

Article 5 5.2 Politique


9.3 Revue Responsabilités
de direction de la direction
5.3
Article 9 Exigences ISO 14001 Responsabilités
9.2 Audit interne
Performances
6.1 Actions face
9.1 Surveillance aux risques et op.
et mesure
Article 6
Planification
6.2 Objectifs
8.2 Situations
d’urgence
Article 8 7.1 Ressources
8.1 Maîtrise Fonctionnement
opérationnelle
7.2 Compétences

Article 7 7.3 Sensibilisation


Support

7.4
Communication
QA

7.5 Informations
documentées

Figure 2 – Chapitres « opérationnels » du référentiel ISO 14001

et 8 pour la partie « Déployer (D) », le chapitre 9 pour la partie – l’identification des parties intéressées pertinentes et la déter-
« Contrôler (C) » et enfin le chapitre 10 pour la partie « Améliorer mination de leurs attentes et besoins, en particulier ce qu’il
(A) (figure 2) ». convient de considérer par l’organisme comme des obligations de
conformité ;
– l’analyse et la prise en compte de manière préventive des
1.3 Points fondamentaux de la version risques et opportunités liés aux aspects environnementaux signifi-
catifs (AES), aux obligations de conformité, au contexte de l’orga-
2015 de la norme ISO 14001 nisme dans le « formatage » (planification) de son SME. De ce fait,
la nouvelle version de la norme ISO 14001 ne fait plus référence à
Les entreprises qui avaient mis en place un système de mana- la notion d’actions préventives ;
gement environnemental basé sur les exigences de la version – la construction d’un système de management fondée sur une
2004 du référentiel ISO 14001 doivent, d’une manière générale, approche de type « processus » afin de faciliter l’intégration des
s’attacher à le faire évoluer parfois assez significativement, tant autres pratiques de management (qualité, santé, sécurité, respon-
sur le fond que sur la forme, pour le mettre en cohérence avec sabilité sociétale) au sein d’un seul et même système de manage-
cette nouvelle version. ment. L’organisme doit établir et mettre en œuvre une dizaine de
Les éléments les plus importants à intégrer dans le SME nou- processus spécifiques (cf. § 2.5.1 : tableau 6) ;
velle version portent sur les principaux points suivants :
– la prise en compte explicite (documentée) du contexte de Définition (ISO 14001 v. 2015) :
l’entreprise en déterminant et en documentant les enjeux internes
et externes pertinents par rapport à sa finalité et qui pourraient Processus : ensemble d’activités corrélées ou en interaction
avoir une influence sur sa capacité à atteindre les résultats atten- qui transforme des éléments d’entrée en éléments de sortie. Un
processus peut être documenté ou non.
dus de son système de management environnemental ;

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________________________________________________________ MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL ISO 14001 V. 2015

– l’apparition du concept « d’informations documentées » en environnementale de l’organisme. Les exigences en matière de


lieu et place de « documents et enregistrements ». Ce concept surveillance (qui, quand, comment) et les critères d’évaluation de
s’oppose à celui d’informations orales, non écrites, non numéri- la performance (indicateurs) doivent être définis et documentés.
sées ou non sauvegardées par exemple par une image ou par un
Le tableau 1 met en évidence les principales évolutions rela-
son. L’obligation de disposer d’une douzaine de « procédures » a
ainsi disparu dans la version 2015 du référentiel ISO 14001, mais tives aux exigences du référentiel ISO 14001 entre les versions
celle de disposer d’informations écrites sous une forme ou une 2015 et 2004 (en gras apparaissent les principales évolutions).
autre perdure. Rien ne s’oppose bien sûr à ce que l’organisme
puisse, s’il le souhaite, conserver ses procédures, modes opéra-
toires, enregistrements ou autres documents dont il apprécie l’uti-
lité pour répondre à cette exigence d’informations documentées ;
– la détermination (dans le domaine d’application défini) des
2. Mise en place méthodique
aspects environnementaux des activités, produits et services que d’un SME
l’organisme a les moyens de maîtriser ou d’influencer dans une
perspective de cycle de vie (par exemple lors de la conception du
produit, du choix des emballages et de la logistique, ou encore lors L’approche décrite ci-après se fonde sur le retour d’expérience

de l’utilisation du produit ou de son élimination) ; de l’auteur mais aussi sur les différents échanges qui peuvent
– la mise en œuvre d’un processus documenté pour ce qui avoir lieu au sein de la communauté des auditeurs qualifiés par
concerne la communication environnementale, en particulier l’ICA Environnement (Institut de certification des auditeurs en
externe de l’entreprise ; environnement) et qui permettent d’avoir une vision partagée sur
– l’affirmation de la nécessité de surveiller, d’évaluer et d’amé- les meilleures façons de procéder pour mettre en place et amélio-
liorer l’efficacité du SME dans le but d’améliorer la performance rer un système de management environnemental.

Tableau 1 – Sommaires du référentiel ISO 14001 version 2015 et version 2004


ISO 14001 : 2015 ISO 14001 : 2004

Titre Titre
n° n°
du paragraphe du paragraphe

Introduction Introduction

Domaine d’application 1 Domaine d’application

Références normatives 2 Références normatives

Termes et définitions 3 Termes et définitions

Contexte de l’organisme (titre) 4

4 Exigences du SME (titre)

Compréhension de l’organisme et de son contexte 4.1

Compréhension des besoins et attentes des parties 4.2


intéressées

Détermination du domaine d’application du SME 4.3


4.1 Exigences générales
Système de management environnemental 4.4

Leadership (titre) 5

Leadership et engagement 5.1

Politique environnement 5.2 4.2 Politique environnement

Ressources, rôles, responsabilités et


Rôles, responsabilités et autorités 5.3 4.4.1
autorités

Planification (titre) 6 4.3 Planification

Actions à mettre en œuvre face aux risques et 6.1


opportunités (titre)

Généralités 6.1.1

Aspects environnementaux 6.1.2 4.3.1 Aspects environnementaux

Obligations de conformité 6.1.3 4.3.2 Exigences légales et autres exigences

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G 5 000v3 – 5

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Exemple de manuel environnement

par Alain PRATS


Ingénieur d’affaires, consultant en management des risques à l’Institut national
de l’environnement industriel et des risques (INERIS)

1. Objet et domaine d’application ............................................................ G 5 001v2 - 2
2. Gestion du manuel ................................................................................... — 2
3. Présentation du site ................................................................................ — 2
3.1 Plan du site – situation géographique ........................................................ — 2
3.2 Activités exercées sur le site ....................................................................... — 2
4. Politique environnementale .................................................................. — 3
5. Exigences du SME .................................................................................... — 4
5.1 Exigences générales .................................................................................... — 4
5.2 Planification .................................................................................................. — 4
5.3 Mise en œuvre et fonctionnement ............................................................. — 5
5.4 Contrôle et actions correctives ................................................................... — 8
5.5 Revue de direction ....................................................................................... — 10
6. Liste des procédures ............................................................................... — 10
Références bibliographiques.......................................................................... — 10

ans le cadre de la mise en place d’un système de management environ-


D nemental (SME), il est courant, bien que non obligatoire, de présenter,
dans un document dénommé « manuel environnement », les principaux élé-
ments relatifs à l’organisation et au fonctionnement du système de
management. Dans l’hypothèse d’une cohabitation de plusieurs systèmes de
management, il est essentiel de décrire dans le détail leurs interactions. Il faut,
dans ce cas, parvenir à tout prix à intégrer les dispositions des différents sys-
tèmes de management dans un seul et même « manuel ».
Le domaine d’application du système de management doit être précisé et
documenté, cela peut être réalisé dans le cadre du manuel environnement.
Cet article présente un exemple de manuel relatif à une entreprise fictive. Il
explicite les étapes de sa constitution en relation avec les chapitres corres-
pondants de la norme ISO 14001.

Pour plus d’informations sur le management environnemental, le lecteur pourra se repor-


ter aux dossiers [G 5 000] et [G 4 600] des Techniques de l’Ingénieur (références [1] et [2]).
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPPX

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EXEMPLE DE MANUEL ENVIRONNEMENT ________________________________________________________________________________________________

1. Objet et domaine ■ Référence utilisée : norme ISO 14001 « Système de management


environnemental » de décembre 2004.
d’application
■ Objet
Ce manuel environnement décrit les dispositions que nous avons
2. Gestion du manuel
mises en place pour améliorer de façon continue nos performances
■ Rédaction
environnementales. Il définit plus particulièrement l’organisation,
les responsabilités, les pratiques, les procédures, les processus, la Ce manuel est rédigé et tenu à jour par le responsable
planification et les ressources mises à la disposition de l’organisme environnement ; il est validé par le responsable du département de
pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre de notre politique et planification générale et approuvé par le directeur général de l’éta-
de notre programme de management environnemental. blissement, après consultation du comité de direction.

R ■ Domaine d’application
Les dispositions décrites dans ce manuel environnement
■ Diffusion
Il est diffusé pour information :
concernent les activités que nous maîtrisons et sur lesquelles nous – au directeur général ;
pouvons avoir une influence ; elles s’appliquent à l’ensemble de – aux responsables de département ;
nos activités : – au responsable des services généraux ;
• permanentes et temporaires ; – au responsable de la sécurité ;
– au responsable du service entretien et travaux neufs ;
• effectuées par le personnel du site ou des personnes en charge – à toutes personnes et/ou fonctions auxquelles il est fait réfé-
d’activités occasionnelles ou ponctuelles (intérimaires, stagiai- rence dans le manuel.
res, transporteurs, sous-traitants, travailleurs en régie...) sur le
site ou en dehors du site. La dernière version du manuel est disponible pour l’ensemble
du personnel sur notre réseau intranet (sur vol.G/MHSE/bal DVM).
L’impact environnemental des produits que nous concevons sur
notre site est pris en compte dans le cadre de notre système de Ce manuel est destiné à être porté à la connaissance de tout le
management de la qualité (SMQ). personnel de l’entreprise par l’encadrement ; chaque destinataire a
donc pour mission d’assurer sa mise à disposition auprès du
personnel placé sous sa responsabilité.
Termes et définitions
Il peut être remis à d’autres personnes, extérieures à l’entre-
Système de management environnemental (SME) : compo- prise, à titre personnel et avec l’accord de la direction.
sante du système de management d’un organisme utilisée ■ Révision
pour développer et mettre en œuvre sa politique environne-
mentale et gérer ses aspects environnementaux. La mise à jour est déclenchée par le responsable environ-
Nota : un système de management est un ensemble d’éléments liés entre eux, nement, en fonction de la nature et de l’importance des modifica-
utilisé pour établir une politique et des objectifs et pour atteindre ces objectifs. Il tions ou des évolutions. La validation et l’approbation des
comprend la structure organisationnelle, les activités de planification, les responsa-
bilités, les pratiques, les procédures, les procédés et les ressources.
révisions sont effectuées par les mêmes fonctions qu’à l’origine.
Chaque mise à jour fait l’objet d’une nouvelle diffusion aux per-
Amélioration continue : processus récurrent d’enrichisse- sonnes en diffusion systématique, le nouveau manuel est immé-
ment du système de management environnemental afin diatement mis en ligne sur l’intranet et l’ensemble du personnel en
d’obtenir des améliorations de la performance environnemen- est informé par voie d’affichage.
tale globale en cohérence avec la politique environnementale
de l’organisme. Les parties modifiées sont signalées par l’indice de mise à jour.
Nota : le processus ne nécessite pas d’être appliqué dans tous les domaines Le manuel environnement est examiné lors de chaque revue de
d’activité simultanément.
direction.
Environnement : milieu dans lequel un organisme fonc-
tionne, incluant l’air, l’eau, le sol, les ressources naturelles, la
faune, la flore, les êtres humains et leurs interrelations.
Nota : dans ce contexte, le milieu s’étend de l’intérieur de l’organisme au
système global.
3. Présentation du site
Aspect environnemental : élément des activités, produits ou
services d’un organisme susceptible d’interagir avec l’environ- 3.1 Plan du site – situation géographique
nement.
Nota : un aspect environnemental significatif a ou peut avoir un impact environ- À cet emplacement du manuel, il est intéressant de situer les
nemental significatif. différentes activités du site sur un plan de masse (parkings, zones
Impact environnemental : toute modification de l’environne- d’activités particulières, stockages divers, ICPE, etc.). Il est aussi
ment, négative ou bénéfique, résultant totalement ou partielle- intéressant d’aborder l’historique du site, sa situation adminis-
ment des aspects environnementaux d’un organisme. trative par rapport à la réglementation ICPE et à la loi sur l’eau, son
Objectif environnemental : but environnemental général positionnement sur le marché, l’organisation du travail, le nombre
qu’un organisme se fixe en cohérence avec la politique envi- de salariés, etc.
ronnementale.
Performance environnementale : résultats mesurables du
management des aspects environnementaux d’un organisme. 3.2 Activités exercées sur le site
Nota : dans le contexte des systèmes de management environnemental, les
résultats peuvent être mesurés par rapport à la politique environnementale de Les activités de l’entreprise sont basées principalement sur la
l’organisme, aux objectifs environnementaux, aux cibles environnementales et aux
autres exigences de performance environnementale.
production de trois familles d’appareillage :
Cible environnementale : exigence de performance • appareillage 1 : chiffre d’affaires (CA) en 2006 de 6 millions
détaillée, pouvant s’appliquer à l’ensemble ou à une partie de d’euros (hors taxe) ;
l’organisme, qui résulte des objectifs environnementaux et qui • appareillage 2 : CA en 2006 de 18 millions d’euros (hors taxe) ;
doit être fixée et réalisée pour atteindre ces objectifs.
• appareillage 3 : CA en 2006 de 39 millions d’euros (hors taxe).

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G 5 001v2 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

ST
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gUPPR

Analyse environnementale
Identification des AE
par Alain PRATS
Ingénieur d’affaires et consultant en management des risques INERIS-Méditerranée


1. Présentation générale de la société .................................................. G 5 002 - 2
2. Caractéristiques et sensibilité de l’environnement du site.......... — 2
3. Flux entrants .............................................................................................. — 3
4. Impacts sur l’environnement ................................................................ — 3
4.1 Impacts en situation normale de fonctionnement .................................... — 3
4.2 Impacts résultant de dysfonctionnements (accidents, incidents, etc.) .... — 5

’analyse environnementale est un enregistrement qui permet de faire


L l’inventaire le plus exhaustif possible des impacts environnementaux, réels
et potentiels, liés aux activités, produits et services de l’organisme dans les
limites d’application du système de management environnemental SME. Cet
enregistrement doit être tenu à jour.
Ce dossier constitue un guide pour l’entreprise qui doit réaliser l’analyse
environnementale de son site. Ce guide évoque l’ensemble des points qui
méritent d’être abordés. Il propose pour chacun d’eux quelques questions qu’il
est utile de se poser pour pouvoir, par la suite, exploiter ce document afin de
définir un programme de management environnemental pertinent.
Il est important de bien noter qu’il n’est pas nécessaire d’apporter une
réponse à toutes les questions posées. Dans le cas où l’on ne sait pas, par
exemple, s’il existe une nappe phréatique au droit du site, il suffit de l’indiquer.
Si la connaissance de cet élément apparaît comme nécessaire pour se déter-
miner sur la significativité de l’un des aspects environnementaux (AE), la réponse
à cette question sera intégrée dans le programme environnemental du site.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPPX

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Analyse environnementale
Détermination des AES
par Alain PRATS
Docteur ès sciences naturelles
Ingénieur, consultant et formateur dans le domaine du risque industriel, INERIS

1. Définitions et exigences des référentiels de management


environnemental .............................................................................

G 5 004 – 2
1.1 Exigences du règlement européen EMAS ......................................... — 2
1.2 Exigences du référentiel ISO 14001 ................................................... — 3
1.3 Analyse environnementale : contexte réglementaire et normatif .... — 3
1.3.1 Études réglementaires : étude d’impact ................................. — 4
1.3.2 Études réglementaires : bilan de fonctionnement ................. — 4
1.3.3 Autres études environnementales non réglementaires ......... — 5
1.3.4 Analyse environnementale ...................................................... — 5
2. Approche méthodologique pour réaliser une analyse
environnementale ........................................................................... — 5
2.1 Définir la portée de l’analyse environnementale (périmètre) ........... — 6
2.2 Identifier les « unités d’analyse » ...................................................... — 6
2.3 Organiser le travail ............................................................................. — 6
2.3.1 Groupes de travail ................................................................... — 7
2.3.2 Responsabilités ........................................................................ — 7
2.4 Faire l’inventaire des aspects environnementaux ............................. — 7
2.4.1 Collecte des données (et des aspects environnementaux) .... — 7
2.4.2 Évaluation des aspects environnementaux ............................ — 9
2.4.3 Identification des aspects environnementaux significatifs .... — 10
3. Planification de l’amélioration .................................................... — 12
4. Conclusions...................................................................................... — 13
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 5 004

out au long de cet article nous allons parler « d’analyse environnementale »


T comme étant le document d’identification des aspects environnementaux
liés aux activités produits et services d’un organisme tel que défini dans le cha-
pitre 431 du référentiel ISO 14001. Nous allons volontairement nous écarter de
la définition du règlement EMAS qui exige en matière de conformité de pro-
duire un document conforme aux dispositions de l’annexe 1 de ce règlement.
Ces dispositions prévoient, entre autres, de recenser dans ce document les exi-
gences réglementaires applicables, d’identifier les risques d’accidents environ-
nementaux ou encore d’identifier les aspects environnementaux indirects sur
lesquels l’organisation peut avoir une influence.
Ces dispositions sont également abordées dans le cadre du référentiel
ISO 14001 mais à d’autres niveaux de l’organisation du système de management ;
par exemple, la veille réglementaire (chap. 432) fait l’objet de dispositions parti-
culières, de même que l’identification des situations d’urgences (chap. 447) ou
encore la maı̂trise de certaines opérations externalisées (chap. 446).
L’analyse environnementale, vue sous l’angle ISO 14001, consiste en une ana-
lyse des activités, produits et services d’un organisme susceptibles d’avoir un
impact sur l’environnement. Cette analyse doit permettre à l’organisme d’iden-
tifier, parmi ces activités, produits et services ceux qui ont ou peuvent avoir des
impacts environnementaux significatifs et vis-à-vis desquels elle peut envisager
une amélioration.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPQQ

La pertinence de l’analyse est primordiale si l’on recherche l’efficacité du sys-


tème de management environnemental. L’organisme ne doit pas perdre de vue
que cette approche doit s’inscrire elle-même dans un processus d’amélioration

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ANALYSE ENVIRONNEMENTALE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

continue. Ce processus doit démontrer la capacité de l’organisme à tenir à jour


cette analyse, en particulier lorsque des modifications ou des évolutions sont
susceptibles d’intervenir dans les procédés, produits ou équipements mis en
œuvre par l’organisme. Il est important dans un premier temps d’identifier les
impacts les plus significatifs puis progressivement d’étudier la possibilité de se
préoccuper des autres impacts environnementaux.
Il est aisé de convenir que la qualité de cette analyse va dépendre de la perti-
nence avec laquelle l’organisme jugera qu’un aspect est significatif ou non.
Il est important par ailleurs de signaler que si l’analyse environnementale
relative à l’impact des activités et, dans une moindre mesure, des services asso-
ciés à ces activités est bien prise en compte en général par les organismes, il


n’en est pas de même en ce qui concerne l’impact environnemental des pro-
duits qu’elle met sur le marché… Dans la majorité des cas, les organismes
font « l’impasse » sur cette partie de l’analyse qui, certes, peut s’avérer com-
plexe, mais qui n’en constitue pas moins une non-conformité par rapport aux
exigences du référentiel ISO 14001.
L’exhaustivité de l’analyse et la méthode permettant d’identifier les aspects
environnementaux significatifs constituent des points importants pour la qua-
lité de l’analyse. Il est nécessaire également de bien prendre en compte dans
cette analyse, d’une part, les activités à l‘origine d’impacts significatifs « réels »
et, d’autre part, celles qui seraient susceptibles d’avoir des impacts significatifs
si elles n’étaient pas suffisamment bien maı̂trisées.

& Aspects environnementaux directs


1. Définitions et exigences Les aspects environnementaux directs sont liés aux activités,
des référentiels aux produits et aux services de l’organisation sur lesquels elle
exerce un contrôle opérationnel direct.
de management Toutes les organisations doivent prendre en considération les
aspects directs de leurs opérations.
environnemental Les aspects environnementaux directs comprennent notam-
ment, sans que cette énumération soit exhaustive :
– les exigences et les limites légales dont sont assorties les
1.1 Exigences du règlement européen autorisations ;
EMAS – les émissions dans l’atmosphère ;
– les rejets dans le milieu aquatique ;
La version de novembre 2009 du règlement communautaire de – la production, le recyclage, la réutilisation, le transport et
management environnemental et d’audit (EMAS) a défini dans son l’élimination de déchets solides et autres, notamment des
annexe 1 le contenu de l’analyse environnementale (encadré 1). déchets dangereux ;
– l’exploitation et la contamination du sol ;
– l’utilisation des ressources naturelles et des matières pre-
Encadré 1 – L’analyse environnementale selon le règlement mières (y compris l’énergie) ;
communautaire EMAS – l’utilisation d’additifs et d’adjuvants, ainsi que de produits
1. Recensement des exigences légales applicables ayant trait à semi-finis ;
l’environnement. – les nuisances locales (bruit, vibrations, odeurs, poussières,
En plus de dresser la liste des exigences légales applicables, aspect visuel, etc.) ;
l’organisation doit indiquer comment elle peut prouver qu’elle – les problèmes liés au transport (concernant à la fois les
se conforme aux différentes exigences. biens et services) ;
2. Recensement de tous les aspects environnementaux directs – les risques d’accidents environnementaux et d’incidences
et indirects ayant une incidence significative sur l’environne- sur l’environnement se produisant, ou pouvant se produire, à
ment, ces aspects étant dûment définis et quantifiés, et éta- la suite d’incidents, d’accidents ou de situations d’urgence
blissement d’un registre des aspects jugés significatifs. potentielles ;
Les organisations doivent prendre en considération les élé- – les effets sur la diversité biologique.
ments suivants pour évaluer le caractère significatif d’un & Aspects environnementaux indirects
aspect environnemental : Les aspects environnementaux indirects peuvent être le résul-
– le risque d’atteinte à l’environnement ; tat d’une interaction entre l’organisation et des tiers sur
– la fragilité de l’environnement local, régional ou global ; laquelle l’organisation qui demande l’enregistrement EMAS
– l’ampleur, le nombre, la fréquence et la réversibilité des est susceptible d’influer dans une mesure raisonnable.
aspects ou des incidences ; Il importe que les organisations non industrielles telles que les
– l’existence d’une législation environnementale applicable autorités locales ou les institutions financières prennent égale-
et les exigences qu’elle prévoit ;
ment en considération les aspects environnementaux associés
– l’importance pour les parties intéressées et le personnel de
à leur activité de base. Il ne suffit pas de dresser un inventaire
l’organisation.

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G 5 004 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

SX
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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANALYSE ENVIRONNEMENTALE

des aspects environnementaux du site et des installations 1.2 Exigences du référentiel ISO 14001
d’une organisation.
Ces aspects indirects comprennent notamment, sans que cette Le référentiel ISO 14001 n’introduit à aucun moment dans ses
énumération soit exhaustive : définitions le terme « d’analyse environnementale », mais exige
de documenter une démarche d’identification des aspects environ-
– les questions relatives au cycle de vie des produits
nementaux significatifs associés aux activités, produits et services
(conception, développement, conditionnement, transport, utili-
de l’organisme.
sation et recyclage/élimination des déchets) ;
– les investissements, l’octroi de prêts et les services d’assu-
rances ;
– les nouveaux marchés ; L’analyse environnementale telle que couramment perçue
– le choix et la composition de services (par ex. transport ou dans le cadre du référentiel ISO 14001
service de restauration) ;
L’organisme doit établir, mettre en œuvre et tenir à jour une
– les décisions administratives et de planification ;
(des) procédure(s) pour :


– la composition des gammes de produits ;
a) identifier les aspects environnementaux de ses activités,
– les performances et les pratiques des entrepreneurs, des
produits et services, dans le cadre du domaine d’application
sous-traitants et des fournisseurs en matière d’environnement.
défini pour le système de management environnemental, qu’il
Les organisations doivent pouvoir démontrer que les aspects a les moyens de maı̂triser, et ceux sur lesquels il a les moyens
environnementaux significatifs liés à leurs procédures de pas- d’avoir une influence en tenant compte des développements
sation de marchés ont été mis en évidence et que les inciden- nouveaux ou planifiés ou des activités, produits et services
ces environnementales significatives associées à ces aspects nouveaux ou modifiés,
sont prises en considération dans le système de management. et
Elles devraient s’efforcer de garantir que les fournisseurs et b) déterminer ceux de ces aspects qui ont ou qui peuvent avoir
ceux qui agissent en leur nom respectent leur politique envi- un (des) impact(s) significatif(s) sur l’environnement (c’est-à-
ronnementale dans le cadre de l’exécution du contrat. dire aspects environnementaux significatifs).
Dans le cas de ces aspects environnementaux indirects, l’orga- L’organisme doit documenter ces informations et les tenir à
nisation doit évaluer l’influence qu’elle est susceptible d’avoir jour.
sur ces aspects et réfléchir aux mesures qu’elle peut prendre L’organisme doit s’assurer que les aspects environnementaux
pour réduire les incidences environnementales. significatifs sont pris en compte dans l’établissement, la mise
3. Description des critères permettant d’évaluer le caractère en œuvre et la tenue à jour de son système de management
significatif de l’incidence environnementale. environnemental.
Les organisations doivent définir des critères pour évaluer
l’importance des aspects environnementaux de leurs activités,
produits et services afin de déterminer ceux qui ont une inci-
Un aspect environnemental est défini (ISO 14001) comme
dence environnementale significative.
« un élément des activités, produits ou services d’un organisme
Les critères adoptés par l’organisation doivent tenir compte de susceptible d’interactions avec l’environnement ».
la législation communautaire ; ils doivent être exhaustifs, pou-
voir être soumis à un contrôle indépendant, être reproductibles Un impact environnemental est défini (ISO 14001) comme
et être mis à la disposition du public. « toute modification de l’environnement, bénéfique ou négative,
Les éléments à prendre en compte pour déterminer les critères résultant totalement ou partiellement des activités, produits ou
permettant d’évaluer le caractère significatif des aspects envi- services d’un organisme ».
ronnementaux d’une organisation peuvent comprendre, sans Un aspect environnemental significatif a ou peut avoir un ou
que cette énumération soit exhaustive : plusieurs impacts environnementaux significatifs (cf. tableau 1).
– des informations sur l’état de l’environnement afin de
recenser les activités, produits et services de l’organisation
Il est donc aisé de percevoir que ce que l’on a pris l’habitude
pouvant avoir une incidence environnementale ;
– les données que possède l’organisation sur ses consom- d’appeler « analyse environnementale » au titre de l’ISO 14001 est
mations de matières premières et d’énergie, ainsi que sur les quelque chose d’extrêmement restrictif par rapport au règlement
risques liés à ses rejets, sa production de déchets et ses émis- communautaire EMAS.
sions polluantes ;
– les points de vue exprimés par les parties intéressées ;
– les activités environnementales réglementées de l’organi- 1.3 Analyse environnementale : contexte
sation ; réglementaire et normatif
– les activités d’achats ;
– la conception, le développement, la fabrication, la distribu- La réalisation d’une analyse environnementale constitue un état
tion, l’entretien, l’utilisation, la réutilisation, le recyclage et l’éli- des lieux environnemental détaillé des activités, produits et servi-
mination des produits de l’organisation ; ces de l’organisme ; c’est un préalable à la mise en place d’un sys-
– les activités de l’organisation présentant les coûts environne- tème de management environnemental. Cette analyse va permettre
mentaux et les avantages environnementaux les plus significatifs. de mettre en évidence tous les aspects environnementaux de
l’entreprise, ses points forts mais aussi et surtout ses points sensi-
Lorsqu’elle évalue le caractère significatif des incidences envi- bles ; elle va éclairer le chef d’entreprise dans la définition de sa
ronnementales de ses activités, l’organisation doit prendre en politique et de ses objectifs environnementaux à court, moyen et
considération non seulement les conditions d’exploitation nor- long termes dans le but d’améliorer ses performances
males mais également les conditions de démarrage et d’arrêt environnementales.
ainsi que les conditions d’urgence raisonnablement prévisibles.
Il est tenu compte des activités passées, présentes et prévues. Aucun texte réglementaire national ne fait référence à cette
4. Examen de toutes les pratiques et procédures existantes en notion d’analyse environnementale, seule l’étude d’impact (loi 76-
matière de management environnemental. 663 du 19 juillet 1976 relative aux installations classées pour la pro-
5. Évaluation des résultats des enquêtes réalisées sur des inci- tection de l’environnement – code de l’environnement livre V –
dents passés. titre 1 – chap. 1er) ou encore le bilan décennal de fonctionnement
(arrêté ministériel du 29 juin 2004) sont des documents

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Exigences légales et autres


exigences – Veille réglementaire
par Ismahane EL BAHLOUL
Consultante QSE (Qualité – Sécurité – Environnement) et management du risque
Auditrice IRCA (SME et SMS)

1. Exigences de l’ISO 14001 en matière de veille réglementaire


et de conformité réglementaire ................................................... G 5 006 – 2 R
2. Un peu de vocabulaire ................................................................... — 3
2.1 Légal, législatif et réglementaire ....................................................... — 3
2.2 Non-conformité et exigence .............................................................. — 3
2.3 Revue, audit, évaluation, inspection, veille ....................................... — 3
3. Règles de base en matière de veille réglementaire
et de conformité réglementaire ................................................... — 4
3.1 Veille réglementaire et évaluation de la conformité réglementaire :
deux processus indissociables à ne pas confondre.......................... — 4
3.2 Périodicité de la veille réglementaire ................................................ — 4
3.3 Différents niveaux de périodicité de la veille .................................... — 4
3.4 Préalable à la veille réglementaire : réalisation en interne
ou en externe ..................................................................................... — 5
3.5 Identification des limites de la veille ................................................. — 5
4. Processus de veille réglementaire : étapes essentielles......... — 6
4.1 Étape 1 : élaboration de l’état des lieux réglementaire .................... — 6
4.2 Étape 2 : vérification de la conformité réglementaire aux exigences
applicables .......................................................................................... — 9
4.3 Étape 3 : mise en place des actions de mise en conformité ............ — 10
4.4 Étape 4 : organisation de la veille réglementaire ............................. — 11
5. Cas particulier : les installations classées pour la protection
de l’environnement ......................................................................... — 12
5.1 Rappel ................................................................................................. — 12
5.2 Processus de veille réglementaire pour les ICPE .............................. — 13
6. Conclusion........................................................................................ — 14
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 5 006

es lois inutiles affaiblissent les lois nécessaires » Montesquieu, De


«L l’esprit des lois, 1758.
L’identification des exigences légales d’une entreprise est un processus de
plus en plus complexe, tout comme la veille réglementaire puisque les textes
sont de plus en plus fréquemment modifiés. Il est donc très difficile non seule-
ment de comprendre les dispositions des textes mais aussi et surtout d’évaluer
le degré et le coût d’une mise en conformité réglementaire d’une activité.
Cette constante évolution de la réglementation nécessite donc de mettre en
place un outil qui permette de suivre cette évolution et d’assurer en perma-
nence une conformité à cette réglementation des activités d’une entreprise : la
veille réglementaire.
La veille réglementaire peut se définir comme une activité d’anticipation des
textes de réglementations locales, nationales, européennes ou internationales
susceptibles d’avoir une influence sur les activités ou la stratégie d’une entre-
prise. Elle est nécessaire dans deux cas :
– pour tous, puisque nul n’est censé ignorer la loi. La réglementation ne défi-
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPQR

nit pas de méthode pour la mise en œuvre de la veille réglementaire ou de

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EXIGENCES LÉGALES ET AUTRES EXIGENCES – VEILLE RÉGLEMENTAIRE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

l’évaluation de la conformité réglementaire mais une obligation de résultat en


matière de protection de l’environnement ;
– pour les organismes qui mettent en place un système de management de
l’environnement (ou de la sécurité ou autres) : il y a une obligation d’identifica-
tion des exigences légales applicables (veille réglementaire) et d’évaluation de
la conformité à ces exigences.
Comment appréhender et gérer efficacement ses obligations réglementaires
pour être en conformité ? Comment organiser une veille réglementaire pour
qu’elle soit un outil proactif et stratégique d’un organisme ? Quelles sont les
obligations en matière de système de management ?
Nota : les outils proposés ne sont que des exemples et peuvent être adaptés à la taille, à l’organisation… de l’entreprise.

Safety Assessment Series) est un référentiel élaboré, en 1990, à l’initiative du BSI et de


1. Exigences de l’ISO 14001 divers organismes certificateurs dans l’espoir de la création d’une norme ISO en sécurité
et santé au travail. Ce référentiel est un guide à la mise en place d’un système de mana-
en matière de veille gement de la sécurité et de la santé au travail : il définit également des règles générales
en matière de veille réglementaire et d’évaluation de la conformité réglementaire (cf.

réglementaire et de encadré 1).

conformité réglementaire Encadré 1 – Veille réglementaire et évaluation de la confor-


mité réglementaire selon OHSAS 18001
& BS OHSAS 18001 : 2007 – 4.3.2. Exigences légales et autres
Le référentiel ISO 14001 traite de l’organisation de la veille régle-
mentaire et de l’évaluation de la conformité réglementaire au tra- « L’organisme doit établir, mettre en œuvre et tenir à jour des
vers des chapitres suivants : procédures pour identifier et accéder aux exigences légales et
autres en matière de SST applicables à sa situation.
« L’organisme doit veiller à ce que ces exigences légales et
& ISO 14001 : 2004 – 4.3.2. Exigences légales et autres autres exigences auxquelles l’organisme se conforme soient
exigences prises en compte dans l’établissement, la mise en œuvre et la
tenue à jour de son système de management de la SST.
« L’organisme doit établir, mettre en œuvre et tenir à jour une
« L’organisme doit tenir à jour ces informations.
(des) procédure(s) pour :
« L’organisme doit faire part des informations pertinentes sur
« a) identifier et avoir accès aux exigences légales et autres les exigences légales et autres aux personnes travaillant sous
exigences applicables auxquelles l’organisme a souscrit relati- son contrôle, ainsi qu’aux autres parties intéressées pertinen-
ves à ses aspects environnementaux, et tes. »
« b) déterminer comment ces exigences s’appliquent à ses & BS OHSAS 18001 : 2007 – 4.5.2. Évaluation de la conformité
aspects environnementaux.
« 4.5.2.1. Conformément à son engagement de conformité,
« L’organisme doit s’assurer que ces exigences légales appli- l’organisme doit établir, mettre en œuvre et tenir à jour des
cables et autres exigences applicables auxquelles l’organisme a procédures pour évaluer de manière périodique la conformité
souscrit sont prises en compte dans l’établissement, la mise en aux exigences légales en vigueur.
œuvre et la tenue à jour de son système de management « L’organisme doit tenir à jour les enregistrements des résul-
environnemental. » tats des évaluations périodiques.
& ISO 14001 : 2004 – 4.5.2. Évaluation de la conformité « Nota : la fréquence des évaluations périodiques peut varier
« 4.5.2.1. En cohérence avec son engagement de conformité, en raison d’exigences légales différentes… »
l’organisme doit établir, mettre en œuvre et tenir à jour une
(des) procédure(s) pour évaluer périodiquement sa conformité Une des exigences du référentiel ISO 14001 est d’établir une pro-
aux exigences légales applicables. cédure pour l’identification des exigences légales et autres exigen-
« L’organisme doit conserver des enregistrements des résul- ces et une procédure pour l’évaluation de la conformité réglemen-
tats de ces évaluations périodiques. taire. Dans un souci d’efficacité et de simplification, il est
« 4.5.2.2. L’organisme doit évaluer sa conformité aux autres recommandé de créer une seule procédure pour l’ensemble de
exigences auxquelles il a souscrit. L’organisme peut vouloir ces exigences (paragraphes 4.3.2. et 4.5.2. de la norme ISO 14001).
combiner cette évaluation avec l’évaluation de la conformité
réglementaire décrite en 4.5.2.1 ou établir une (des)
procédure(s) séparée(s). Rappel : une procédure doit répondre à la question du « qui
fait quoi et quand » ; elle peut inclure des réponses à la question
« L’organisme doit conserver des enregistrements des résul-
du « comment » ; elle devient alors dans ce cas une procédure
tats de ces évaluations périodiques. »
dite « opératoire ». Si la description du « comment » est jugée
complexe, elle peut renvoyer à un document de niveau 2 tels un
Nota : en matière de système de management de la sécurité et de la santé au travail, mode opératoire, une instruction, etc. ; dans ce cas, il est habi-
les exigences en matière de veille et de conformité aux exigences légales et autres exi- tuel de parler d’une « procédure documentée ».
gences applicables sont similaires. Le référentiel OHSAS 18001 (Occupational Health and

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– EXIGENCES LÉGALES ET AUTRES EXIGENCES – VEILLE RÉGLEMENTAIRE

Les exigences du référentiel ISO 14001 version 2004 relatif aux & Le terme « légal » désigne donc un texte issu d’une loi. Un texte
systèmes de management de l’environnement sont : légal émane d’une autorité législative (Parlement ou Sénat).
– d’identifier et avoir accès aux exigences légales et autres exi-
gences applicables ; Une « loi » est une disposition normative et abstraite posant
– de déterminer comment ces exigences s’appliquent aux une règle juridique d’application obligatoire. On distingue les
aspects environnementaux (comment ces exigences peuvent lois constitutionnelles qui définissent les droits fondamentaux,
impacter les activités de l’organisme ?) ; fixent l’organisation des pouvoirs publics et les rapports entre
– d’évaluer périodiquement sa conformité aux exigences légales eux, et les lois organiques qui structurent les institutions de la
et aux autres exigences applicables. République et pourvoient aux fonctions des pouvoirs publics et
Par autre exigence, il faut entendre toutes les exigences auxquelles les lois ordinaires.
souscrit de manière volontaire un organisme. Citons par exemple : & Le terme « réglementaire » désigne un texte émanant d’un acte
– les préconisations des syndicats professionnels ; réglementaire (décret, arrêté, ordonnance…). Un texte réglemen-


– les préconisations du groupe ; taire est une disposition prise par une autorité administrative (par
– les guides de bonnes pratiques ; exemple ministre…).
–… La distinction d’un domaine législatif (légal) et d’un domaine
Il est évident que certaines « autres exigences » ne sont pas des réglementaire a été introduite par la Constitution du 4 octobre
exigences auxquelles souscrit volontairement un organisme (par 1958 qui organise la répartition des pouvoirs et pose les limites.
exemple les directives du groupe, les recommandations d’un Les différences entre les termes « légal » et « réglementaire » réside
client…). Afin de distinguer simplement les exigences légales des dans l’origine du texte : ce sont deux organes différents qui ont le
autres exigences, on peut définir deux catégories d’exigences : pouvoir de prendre ces types de dispositions, le pouvoir législatif et
le pouvoir réglementaire (la séparation des pouvoirs).
– les exigences légales, par nature « non négociables » et qui
émanent d’un texte réglementaire ; La Constitution du 4 octobre 1958 est le texte fondateur de la
– les autres exigences, auxquelles l’organisme a souscrit, dans le Ve République. Adoptée par référendum le 28 septembre 1958,
cadre d’un contrat (avec un client) ou d’une convention (avec une elle organise les pouvoirs publics, définit leur rôle et leurs rela-
partie intéressée), ou dans le cadre d’un engagement volontaire tions. Elle est le quinzième texte fondamental de la France
pour des raisons d’éthique ou d’image (charte d’engagement). depuis la Révolution française.
Nota : les éléments traités dans cet article sont applicables aux exigences légales et Norme suprême du système juridique français, elle a été modi-
autres exigences. La méthodologie et les exemples présentés dans le texte seront axés fiée à plusieurs reprises depuis sa publication par le pouvoir
autour des exigences légales mais peuvent être transposés aux autres exigences. constituant, soit par le Parlement réuni en Congrès, soit direc-
tement par le peuple à travers l’expression du référendum.
En matière de système de management de l’environnement, le Les articles 34 et 37 de la Constitution définissent les domaines
retour d’expérience montre que les non-conformités, remar- réservés respectivement au pouvoir législatif et au pouvoir
ques, observations et points sensibles de toutes natures rele- exécutif dans l’élaboration des textes. L’article 34 dresse une
vés lors d’audits de certification et portant sur la conformité liste exhaustive des domaines réservés au législateur. Les
aux exigences du chapitre 4.3.2 (Exigences légales et autres matières qui ne figurent pas dans cet article sont de la compé-
exigences) et du chapitre 4.5.2 (Évaluation de la conformité) tence exclusive du pouvoir exécutif (article 37 de la Constitu-
du référentiel ISO 14001 se répartissent globalement de la tion). Si le pouvoir exécutif élabore un texte réglementaire
manière suivante (source : AFAQ-AFNOR, étude « Les apports (décret, arrêté) qui empiète sur le domaine réservé au législa-
de la certification ISO 14001 » mai 2008) : teur, ce texte est illégal et peut être annulé pour ce motif par le
– pour le chapitre 4.3.2 en matière d’accès aux exigences léga- juge administratif. Ceci n’interdit pas l’adoption de textes d’ap-
les/autres exigences et sur la prise en compte de ces exigences : plication d’une loi. Si c’est le législateur qui intervient dans le
 le récolement n’est pas exhaustif (oubli des autres exigences : domaine réservé au gouvernement, la loi ne peut être mise en
groupe, clients, réglementations locales…), cause, mais à tout moment le pouvoir exécutif peut, par des
mesures réglementaires, modifier les lois ou les parties des
 la personne en charge de la veille réglementaire n’a pas une lois qui empiètent sur son domaine.
connaissance suffisante en droit pour interpréter les exigen-
ces et assurer la conformité réglementaire,
 l’organisme n’a pas identifié les rubriques ICPE applicables. 2.2 Non-conformité et exigence
Sa situation administrative n’est pas régularisée, La non-conformité est la non-satisfaction d’une exigence
 certaines prescriptions de l’arrêté préfectoral ne sont pas res- (ISO 9000 : 2000, § 3.6.2.).
pectées (par exemple : oubli de transmission de certaines
Le terme « exigence » n’est pas défini dans une norme de sys-
prescriptions à certains services) ;
tème de management (ISO 14001 ou OHSAS 18001 ou ISO 9001),
– pour le chapitre 4.5.2 en matière d’évaluation de la confor- mais il est possible de définir ce terme comme une « obligation
mité : édictée par un texte réglementaire ou auquel l’organisme a sous-
 l’organisme a identifié ses exigences légales et autres, l’éva- crit ». Une exigence peut être financière, technique, administrative,
luation périodique de la conformité n’est pas réalisée. organisationnelle.

2.3 Revue, audit, évaluation, inspection,


2. Un peu de vocabulaire veille
Ces termes génèrent souvent une confusion quant à leur sens.
La lecture de ces différentes définitions illustre bien les difficultés
2.1 Légal, législatif et réglementaire de compréhension.
& Les termes « légal » et « législatif » ne sont pas des synonymes. & Audit : « processus systématique, indépendant et documenté,
Le terme « légal » désigne ce qui a pour source un texte de loi. Le permettant d’obtenir des enregistrements, des énoncés de faits ou
terme « législatif » désigne ce qui émane d’un organe législatif. L’un d’autres informations pertinentes, et de les évaluer de manière
désigne la nature du texte et l’autre l’organe dont émane le texte. objective pour déterminer dans quelle mesure les exigences

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Analyse environnementale : outils


de cotation et de hiérarchisation
des risques environnement
par Gilles FRIDERICH
Ingénieur management environnemental – Mission Développement durable et solidaire


de la ville de Metz

1. Définitions et terminologie........................................................... G 5 010 – 2


1.1 Définitions .......................................................................................... — 2
1.2 Terminologie....................................................................................... — 2
1.2.1 Aspects et impacts : deux notions différentes........................ — 2
1.2.2 Fonctionnements normal et transitoire, dégradé
et accidentel ............................................................................. — 3
2. Contexte normatif et réglementaire ........................................... — 3
2.1 Principales exigences normatives ..................................................... — 3
2.2 Un contexte réglementaire à prendre en compte : les ICPE
soumises à autorisation ..................................................................... — 4
3. Identification des aspects et impacts environnementaux :
objectifs et principes ..................................................................... — 4
3.1 Objectifs.............................................................................................. — 4
3.2 Principes ............................................................................................. — 5
4. Identification des aspects et impacts environnementaux :
méthodologie ................................................................................... — 5
4.1 Description de la méthodologie......................................................... — 5
4.2 Exemple : caractérisation sur le thème des déchets ......................... — 7
5. Acteurs d’une analyse environnementale .................................. — 9
6. Quelques conseils pratiques ......................................................... — 9
7. Analyse environnementale et autres démarches similaires ... — 10
8. Conclusion........................................................................................ — 11
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 5 010

eflet d’un engagement volontaire et d’une implication réelle d’une direc-


R tion, la mise en place d’un système de management environnemental
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQP@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@ヲ←カイゥ・イ@RPQV

(SME) prévoit une analyse préalable des effets de l’organisme sur


l’environnement.
En effet, gage de réussite d’une démarche en faveur de la protection de l’envi-
ronnement, l’analyse environnementale est une étape clé dans la mise en place
d’un système de management de ce type. Elle a pour but d’affiner la politique envi-
ronnementale et d’alimenter le programme de management environnemental.
Pour ce faire, l’organisme va réaliser un état des lieux qui lui permettra d’iden-
tifier ses problématiques et enjeux environnementaux au travers de l’analyse de
ses risques environnementaux appelés « impacts environnementaux ».
Ce diagnostic précis et minutieux doit permettre d’évaluer le plus justement
possible les impacts constatés et de définir un programme d’actions dont le but
est la prévention des pollutions et la protection de l’environnement.
Par la suite, l’organisme doit régulièrement tenir à jour cette analyse au gré
des changements et modifications de ces produits, activités et services pour
qu’elle soit représentative de ses impacts sur l’environnement.

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ANALYSE ENVIRONNEMENTALE : OUTILS DE COTATION ET DE HIÉRARCHISATION DES RISQUES ENVIRONNEMENT –––––––––––––––––––––––––––––––––––

Pour réaliser cette analyse environnementale, l’organisme, qu’il soit entre-


prise ou collectivité, doit identifier :
– ses exigences légales et réglementaires applicables ;
– les aspects et impacts environnementaux les plus significatifs de ses prati-
ques existantes ;
– les éventuels incidents et accidents subis.
Tout particulièrement, la partie « identification des aspects et impacts envi-
ronnementaux » nécessite la mise à disposition d’outils et méthodes pertinents
adaptés à chaque organisme.
Fort de ce constat, dans quel cadre normatif s’inscrit l’identification des
aspects et impacts environnementaux ? Quelle peut être la méthodologie pour

R mettre en place l’analyse ?

Exemple : rejet CO2, MES (matières en suspension)…


1. Définitions et terminologie
– pollution graduelle : pollution résultant d’un fait fortuit, émis-
sion diffuse de substances dont l’accumulation finit par créer une
Au préalable, il est nécessaire de donner les définitions de cer- nuisance manifestation lente et progressive.
tains termes utilisés et leurs liens afin d’éviter d’éventuelles
confusions. Exemple : fuites d’une cuve, d’une canalisation, émissions
gazeuses…

1.1 Définitions – pollution historique : pollution qui résulte des années d’activi-
& Aspect environnemental : élément des activités, produits ou servi- tés industrielles antérieures.
ces d’un organisme susceptible d’interactions avec l’environnement. Exemple : infiltration d’hydrocarbures dans le sol.
Nota : un aspect environnemental significatif est un aspect environnemental qui a ou
peut avoir un impact environnemental significatif (ISO 14001). Les pollutions peuvent se mesurer à l’aide de différents paramè-
tres (liste non exhaustive) selon les domaines de l’environnement
& Impact environnemental : toute modification de l’environne-
(tableau 1).
ment, négative ou bénéfique, résultant totalement ou partiellement
des aspects environnementaux d’un organisme (ISO 14001).
& Types de pollution : il existe plusieurs types de pollution qu’il 1.2 Terminologie
faut bien distinguer :
1.2.1 Aspects et impacts : deux notions différentes
– pollution accidentelle : pollution résultant d’un fait soudain,
fortuit et concomitant de celui-ci. Fait matériel bref, manifestation Un aspect environnemental représente une cause possible
et dégâts plus ou moins instantanés. d’impact environnemental de l’organisme sur l’environnement.
L’examen représenté sur la figure 1 porte, par exemple, sur les élé-
Exemple : incendie, rupture de canalisation… ments suivants : les rejets liquides et atmosphériques, l’utilisation
de matières premières, l’émission de nuisances sonores, la produc-
– pollution chronique : pollution permanente liée à l’activité tion de déchets, les rejets d’eaux, la consommation d’eau et
humaine. Pollution constante connue et acceptée. d’énergie…

Relation de cause à effet


Émissions de bruits
Rejets atmosphériques
Gêne du voisinage
Pollution de l’air
Hygiène de vie
Hygiène de vie

Matières premières
P roc es s Produits finis
Eau Stockage

Énergies
Rejets liquides
Consommables
Salariés Pollution des rivières
Rejets solides, déchets
Sécurité du travail
Stockage Pollution des sols

Mise en décharge

Figure 1 – Exemple d’impacts dus à une activité

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANALYSE ENVIRONNEMENTALE : OUTILS DE COTATION ET DE HIÉRARCHISATION DES RISQUES ENVIRONNEMENT

Tableau 1 – Types de polluants Tableau 2 – Couple aspect/impact en environnement


par domaine de l’environnement
Aspects Impacts possibles
Domaines Typologie de polluants
Rejets d’eaux suite à une Pollution directe de la rivière ou
Oxydes d’azote (NOx) fuite d’huile dans le réseau de la station d’épuration si l’égout
d’égout est raccordé
Oxydes de soufre (SOx)

Oxydes de carbone (COx) Rejets atmosphériques Pollution de l’air et gêne


de fumées du voisinage
Hydrocarbures légers (CH4)


Air
Composés organiques volatils (COV) Production de déchets Selon le mode stockage
des déchets, pollution du sol
Particules contenant ou non des composés métal- et atteinte à la faune et la flore
liques ou organiques

Ozone ou polluants photochimiques (polluants se- Émission de bruit dû Nuisances sonores et gêne
condaires) à un compresseur du voisinage

Demande chimique en oxygène (DCO)


Consommation d’eau, Épuisement des ressources
d’énergie naturelles
Demande biochimique en oxygène (DBO)

Matières oxydables (MO)


Un impact environnemental représente l’effet négatif ou positif
Matières en suspension (MES) des activités de l’organisme sur l’environnement.
Composés de l’azote (NH4, NO2, NO3, azote orga- Il existe donc un lien de cause à effet entre un aspect environne-
Eau nique) mental et un impact environnemental (figure 1).
Quelques exemples de couple aspect/impact sont donnés dans le
Phosphore total (P) tableau 2.

Composés organo-halogénés (AOX) 1.2.2 Fonctionnements normal et transitoire,


dégradé et accidentel
Métaux toxiques (METOX)
Les aspects et impacts environnementaux se mesurent dans un
Température : elle peut avoir une influence néga- cadre normal d’activités, mais aussi lors de fonctionnements anor-
tive maux et accidentels.
Il n’y a pas de définition type et selon les terminologies adoptées
Produits phytosanitaires – engrais par différents organismes, on retrouve généralement regroupés :
Produits dangereux – le mode ou fonctionnement normal et transitoire : le mode nor-
mal représente le fonctionnement habituel des activités tandis que
Plastiques le mode transitoire sera associé à une maintenance préventive par
exemple, où les impacts peuvent être plus importants qu’en fonc-
Sol/sous-sol tionnement normal mais toujours maı̂trisés, planifiés et dans un
Métaux, mercure, plomb
temps donné ;
Hydrocarbures, peintures, solvants, huiles, médi- – le mode ou fonctionnement dégradé et accidentel : le mode
caments dégradé sera plus lié à un dysfonctionnement qui fera appel à une
maintenance curative. Le mode accidentel représentera les déver-
Lisiers sements, l’incendie et les explosions où les effets peuvent être
très importants sur l’environnement.
Bruits émergeants provoquant des nuisances so-
Bruit
nores

Déchets inertes : ils sont inertes d’un point de vue 2. Contexte normatif
chimique, biologique ou physique (béton, gra-
vats…) et réglementaire
Déchets industriels banals (DIB) : assimilables aux
ordures ménagères (papier, bois, cartons, plasti-
Déchets
ques, ferrailles, verre, textiles). Ils ne doivent pas
2.1 Principales exigences normatives
être souillés par des produits toxiques ou dange- La norme ISO 14001 et le règlement EMAS sont des référentiels
reux. reconnus et applicables dans tous les secteurs d’activités avec,
pour finalités communes, la protection de l’environnement.
Déchets industriels dangereux (DID) : ils contien-
nent des éléments polluants ou toxiques. Ces derniers abordent les aspects environnementaux comme
une exigence formelle et explicite.

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Système de management
environnemental
Le programme environnemental
par Grégory FAUVEAU


Responsable du Pôle production et consommation durable
ADEME (Agence de l’environnement et de la maı̂trise de l’énergie), Puteaux, France

1. Principes fondateurs d’un programme d’actions ..................... G 5 016 – 2


1.1 Du formalisme normatif pertinent… ................................................. — 2
1.1.1 Notions d’objectifs et de cibles claires ................................... — 2
1.1.2 Cohérence documentaire ........................................................ — 2
1.1.3 La simplicité comme moyen d’efficacité ................................ — 3
1.2 … à la mise en œuvre du programme .............................................. — 3
1.2.1 Un programme adapté sur la durée ....................................... — 3
1.2.2 Un programme adaptable et révisable ................................... — 3
2. Mise en œuvre d’un programme d’actions ................................ — 4
2.1 Construction pratique d’un programme ............................................ — 4
2.1.1 Éléments clés d’un programme d’actions .............................. — 4
2.1.2 Méthode de déclinaison et de cohérence ............................... — 5
2.2 Définition des cibles et indicateurs ................................................... — 5
2.2.1 Quels indicateurs pour quelles cibles ..................................... — 5
2.2.2 Mesure des indicateurs… et de l’action ................................. — 6
2.2.3 Mode de suivi des indicateurs et ajustements ....................... — 6
2.3 Responsabilités et moyens adéquats ................................................ — 7
2.3.1 Une action, un responsable .................................................... — 7
2.3.2 Une action, des moyens .......................................................... — 7
2.3.3 Niveaux d’implications dans l’entreprise ............................... — 7
3. Conclusion........................................................................................ — 8
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 5 016

out organisme qu’il soit un établissement public, une collectivité ou une


T entreprise peut, quelle que soit son activité, mettre en place un système
de management environnemental (SME). Cet outil qui permet de structurer la
prise en compte de l’environnement trouve une description précise au travers
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPQS@M@d・イョゥ│イ・@カ。ャゥ、。エゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQX

de la norme NF EN ISO 14001 « Système de Management Environnemental.


Exigences et lignes directrices pour son utilisation ». Cette norme, basée sur
le principe de l’amélioration continue, définit le cadre de fonctionnement dans
lequel chaque utilisateur pourra poser les bases d’un système de gestion effi-
cace et pertinent pour sa structure.
Une règle fondamentale à intégrer dans la mise en place de cette norme, et qui
sous-tend l’ensemble de cet article, est la suivante : la simplicité comme moyen, la
réussite comme objectif. Et en matière d’objectifs, l’ISO 14001 y dédie un chapitre
spécifique intitulé : « 4.3.3 – Objectifs, cibles et programme(s) ».
Si la prise en compte de chaque chapitre de la norme est indissociable d’un
SME de qualité, il n’en reste pas moins que celui concernant le programme
environnemental, ou programme d’actions, est au cœur même de l’améliora-
tion continue. En effet, il constitue le lien entre la politique environnementale,
l’identification des aspects et impacts environnementaux (pour ce qui relèverait
des éléments amont de la gestion) et les aspects opérationnels, comme les

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TY
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SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

actions à mettre en place, leur suivi, les indicateurs ou les moyens correspon-
dants. À ce titre, il est essentiel de construire un programme et des actions
associées dont les objectifs et cibles sont les plus claires possible. Ce travail
pose donc les bases d’une gestion pragmatique et performante de l’environne-
ment au sein de l’organisme.
Il est également utile de rappeler que chaque SME est (et doit être) adapté
non seulement à l’organisme mais également à son fonctionnement, sa culture
d’entreprise, sa sensibilité environnementale, son contexte. En ce sens, l’appro-
che présentée relève d’une vision de la norme qui se veut la plus opérationnelle
possible. Chacun doit en tirer ses propres enseignements et les appliquer avec
son regard, son analyse tout en tenant compte de ses spécificités.

plus fondamental que ce binôme constitue la base du programme


1. Principes fondateurs d’un environnemental dans lequel seront identifiés l’origine du couple
objectif / cible (donc l’amont) et les actions qui en découlent (donc
programme d’actions l’aval).
Par ailleurs, dans le cas où la mise en place de l’ISO 14001 ne
relève pas d’un prétexte environnemental mais bien d’un engage-
1.1 Du formalisme normatif pertinent…
… ment qui fait sens et qui a vocation à structurer la démarche de
l’entreprise, alors la définition des objectifs et cibles doit être réa-
1.1.1 Notions d’objectifs et de cibles claires liste. Cela se traduit par une ambition, dans le programme, cohé-
rente avec les enjeux et les moyens.
Le chapitre 4.3.3 de la norme NF EN ISO 14001 parle « d’objec-
tifs », de « cibles » et de « programme(s) », le programme pouvant À ce titre, plusieurs remarques sont utiles :
être considéré comme un outil et les objectifs et cibles comme des – il n’y a aucun intérêt à définir des engagements qui seront
éléments structurants. Il est donc incontournable de définir a atteints sans grandes actions : l’entreprise passerait alors à côté
minima le sujet dont on parle. de l’intérêt d’un tel outil et perdrait du temps, l’engagement d’amé-
Nota : pour plus d’informations sur la norme ISO 14001, le lecteur pourra consulter lioration continue restant valide et donc applicable ensuite avec la
l’article [G 4 600]. définition d’objectifs et cibles plus ambitieux ;
– le binôme objectif / cible ne doit pas non plus impliquer des
actions hors des moyens de l’entreprise (voir point abordé au
L’objectif environnemental tel que défini par la norme est le § 2.3) au risque de démobiliser en interne et de limiter l’effet
« but environnemental général qu’un organisme se fixe en cohé- d’entraı̂nement ou fédérateur ;
rence avec la politique environnementale ». Notons dès à pré- – l’idéal ne se trouve pas non plus dans une quelconque identifica-
sent le lien immédiat avec ce qui constitue l’acte fort d’engage- tion strictement juste des couples objectifs / cibles, ce qui implique-
ment de l’organisme : sa politique environnementale. rait des études préalables généralement complexes et coûteuses.
Comment définir ces couples ? Une approche tenant compte
Un objectif environnemental peut être : « diminuer sa consom- d’une évaluation grossière et d’un concept clé suffit :
mation de papier », « augmenter la part d’achats écoresponsables
– une évaluation grossière pour donner quelques éléments chif-
de tel type de produit », « augmenter l’utilisation de telles peintures
frés et perspectives à l’aide d’informations bibliographiques,
sans solvant », « faciliter l’utilisation des transports en commun par
échanges avec les personnels techniques concernés permet en
ses salariés », etc. Nous sommes bien dans une approche générale
général de cerner assez bien ce qu’il est possible d’envisager au
mais suffisamment orientée du point de vue du sujet abordé.
regard des actions qui seront ensuite proposées (voir § 2.2) ;
– le concept clé consiste à considérer qu’il vaut toujours mieux
La cible environnementale est une « exigence de performance être un peu plus ambitieux pour pouvoir générer un élan vers
détaillée, pouvant s’appliquer à l’ensemble ou à une partie de l’avant plutôt que de limiter et donc de se contenter.
l’organisme, qui résulte des objectifs environnementaux, et qui
doit être fixée et réalisée pour atteindre ces objectifs ». Il s’agit Ainsi la définition claire des objectifs et cibles associée à une
ici en définitive de fixer un chiffre, une valeur, une caractéristique bonne visibilité et formulation de leur contenu permet de
qui définit le point à atteindre dans le cadre d’un objectif général. poser les bases sûres d’un programme environnemental de
qualité.
On peut par exemple citer « diminuer de 20 % la consommation
d’eau », « atteindre x kWh de consommation électrique annuelle », 1.1.2 Cohérence documentaire
« organiser tant de formations à la gestion des déchets de l’entre- Le programme d’actions ne peut se construire qu’à partir du
prise », etc. Cette fois-ci, il est bien indiqué qu’au-delà d’un objectif moment où une analyse environnementale a été réalisée (ce qui
général ou stratégique, l’organisme a le souci de préciser ses est la base de la mise en place d’un SME), cette dernière permet-
intentions. tant de déterminer des couples aspects et impacts environnemen-
Indépendamment de la définition que chacun pourra s’approprier, taux. À la suite d’un travail de cotation et de priorisation, un seuil
il est nécessaire de ne pas oublier qu’objectifs et cibles sont liés ; est établi afin de fixer la limite au-delà de laquelle les couples en
l’un posant le cadre, l’autre le détail de l’exigence. C’est d’autant question deviennent significatifs. Ces derniers deviennent alors la

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Informations documentées
et système de management
environnemental ISO 14001 v. 2015

par Alain PRATS R


Docteur ès sciences naturelles
Ingénieur, consultant en management des risques, auditeur certifié par l’ICAE
(Institut de certification des auditeurs en environnement), INERIS, Aix-en-Provence, France

1. Informations documentées : généralités.................................................. G 5 130v2 - 3


1.1 Création et mise à jour des informations documentées.......................... — 3
1.2 Maîtrise des informations documentées .................................................. — 3
2. Informations documentées : les exigences du référentiel ISO 14001.... — 4
2.1 Approche processus ................................................................................... — 4
2.2 Processus exigés par la norme ISO 14001................................................ — 4
2.3 Informations documentées associées aux processus ............................. — 5
2.4 Représentation d’un processus documenté ............................................. — 5
2.5 Nature des informations documentées..................................................... — 5
2.5.1 Domaine d’application du SME (chap. 43)....................................... — 6
2.5.2 Politique environnementale (chap. 52) ............................................ — 6
2.5.3 Risques et opportunités à prendre en compte (chap. 611)............. — 7
2.5.4 Aspects environnementaux (chap. 612)........................................... — 7
2.5.5 Obligations de conformité (chap. 613) ............................................. — 7
2.5.6 Objectifs environnementaux (chap. 621) ......................................... — 8
2.5.7 Compétences (chap. 7.2) ................................................................... — 9
2.5.8 Sensibilisation .................................................................................... — 9
2.5.9 Communication (chap. 7.4) ............................................................... — 9
2.5.10 Maîtrise opérationnelle (chap. 8.1) ................................................. — 11
2.5.11 Situations d’urgence (chap. 8.2) ..................................................... — 12
2.5.12 Surveillance, mesure, analyse et évaluation (chap. 9.1)............... — 13
2.5.12.1 Surveillance de la réalisation du programme environnemental. — 13
2.5.12.2 Évaluation de la conformité (chap. 9.12)..................................... — 14
2.5.13 Audit interne (chap. 9.2) .................................................................. — 14
2.5.14 Revue de direction (chap. 9.3)......................................................... — 15
2.5.15 Amélioration..................................................................................... — 16
2.5.15.1 Non-conformités et actions correctives ......................................... — 16
2.5.15.2 Amélioration continue...................................................................... — 17
3. Conclusions ................................................................................................. — 17
4. Glossaire ...................................................................................................... — 18
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. G 5 130v2

a norme ISO 14001 : « Systèmes de management environnemental : exi-


L gences et lignes directrices pour son utilisation » a fait l’objet d’une
importante révision, à la fois sur la forme et sur le fond, en octobre 2015.
Sur la forme, la version 2015 adopte la structure HLS (High Level Structure)
qui propose une organisation commune, en 10 chapitres, des différentes
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQX

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INFORMATIONS DOCUMENTÉES ET SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL ISO 14001 V. 2015 ____________________________________________

exigences des normes de systèmes de management. L’adoption de cette struc-


ture facilite l’intégration de l’ensemble de ces exigences au sein d’un seul et
même système de management.
Sur le fond, cinq grandes tendances se dégagent de cette nouvelle version :
– l’analyse et la compréhension du contexte dans lequel évolue l’organisme
en particulier en renforçant l’écoute des parties intéressées et en améliorant la
communication ;
– le renforcement du leadership et la démonstration de la cohérence entre la
vision stratégique des dirigeants et la démarche environnementale ;
– l’approche du management par les risques et les opportunités ;


– la maîtrise ou l’influence des impacts environnementaux sur l’ensemble
de la chaîne de valeurs dans une perspective de cycle de vie ;
– l’approche « processus » largement encouragée qui se substitue, entre
autres, à l’obligation formelle de disposer de certaines procédures.
Ces évolutions significatives ont pour conséquences immédiates d’entraîner
une refonte majeure de la nature des informations documentées à mettre en
place afin de pouvoir démontrer la conformité du système de management de
l’environnement (SME) aux diverses exigences de la norme ISO 14001 v. 2015.
La version 2015 de la norme ISO 14001 introduit le terme unique d’« informa-
tions documentées » en lieu et place des termes « documentation » et
« enregistrements » du SME.
Les informations documentées peuvent se rapporter :
– à la description du SME, en particulier à la description des processus en
place ;
– aux informations créées pour faire fonctionner l’organisme (documentation),
par exemple : modes opératoires, plans, notices, gammes, photographies, etc. ;
– aux preuves de résultats obtenus (enregistrements).
L’objectif principal de cet article est donc de permettre, aux organisations qui
le souhaitent, d’appréhender correctement l’impact de cette évolution sur la
description et le fonctionnement de leur système de management. Il met
l’accent sur le type d’informations documentées exigées par la norme en pro-
posant des formats qui répondent à ces exigences sans contrarier le
fonctionnement harmonieux de l’entreprise, l’efficacité de son système de
management et sa performance environnementale.
Une liste rassemblant, a minima, les informations documentées nécessaires
à satisfaire les exigences de la norme est ainsi proposée à titre indicatif à la fin
de chaque paragraphe du présent article. Chaque paragraphe de cet article cor-
respond à un chapitre de la norme.
Cet article s’adresse aussi bien aux organisations qui souhaitent mettre en
place un SME version 2015 qu’à celles qui souhaitent assurer la transition de
leur SME de la version 2004 vers la version 2015. Il propose des solutions qui
permettent de répondre à ces exigences quelles que soient la taille et les acti-
vités de ces organisations. Les illustrations proposées résultent d’un retour
d’expérience significatif de l’auteur dans le domaine de l’audit de certification
des systèmes de management conduit dans des secteurs d’activités très variés
et au sein d’entreprises de toutes tailles.
Ce retour d’expérience est également enrichi par les nombreux échanges qui
s’établissent entre auditeurs au sein des organismes certificateurs dont le but
est de proposer des règles communes d’interprétation des différentes exi-
gences de la norme ISO 14001.
Information documentée (définition norme ISO 14001) :
« Information devant être maîtrisée et tenue à jour par un organisme ainsi
que le support sur lequel elle figure.
« Les informations documentées peuvent se présenter sous n’importe quel
format, sur tous supports et peuvent provenir de toutes sources ».

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_____________________________________________ INFORMATIONS DOCUMENTÉES ET SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL ISO 14001 V. 2015

1. Informations documentées :
généralités Taille et
Taille et domaine
domaine
d’activité
L’approche HLS a pour conséquence de proposer un meilleur d’activité
alignement de la structure des paragraphes de la norme ISO
14001 et de la terminologie utilisée avec celles des autres normes Attentes
de systèmes de management. Quoi qu’il en soit, rien dans cette Attentes des parties
des parties
norme n’oblige un organisme à remplacer les termes qu’il a prenantes
prenantes
l’habitude d’employer en matière de documentation de son sys-
tème de management par les termes utilisés dans la présente
norme. Les organismes peuvent donc choisir d’employer une ter-


Complexité Complexité
minologie qu’ils pensent mieux adaptée à leurs métiers et activi-
des processus des processus
tés, comme « procédures », « modes opératoires », « protocoles »,
« enregistrements » ou « documentation ».
Le chapitre 7.5 du référentiel ISO 14001 « informations docu-
mentées » précise la nature des informations qu’il convient de Compétence Compétence
documenter et d’inclure dans le SME. Deux grandes familles du personnel du personnel
d’informations documentées sont évoquées :
– celles qui sont exigées par le référentiel ISO 14001 ;
– celles qui sont jugées nécessaires par l’organisme pour assurer
l’efficacité de son SME.
Ce chapitre laisse une grande liberté d’action à l’organisme aussi
bien sur la forme à donner à cette information que sur le choix de
documenter ou non des informations non exigées par la norme. Informations Informations
documentées documentées

L’étendue, la nature et la forme des informations documentées


peuvent en effet différer d’un organisme à un autre selon :
– sa taille, ses domaines d’activités, la nature de ses produits Figure 1 – Impact des caractéristiques d’un organisme sur la docu-
et services ; mentation de son SME
– les attentes des PP (démonstration du respect de ses obli-
gations de conformité) ; influences potentielles sur les résultats attendus du SME, par
– la complexité des processus et de leurs interactions ; exemple tous les trois mois pour les informations relatives au
– la compétence des personnes effectuant un travail sous son suivi de la performance du SME.
contrôle.
Il est donc souhaitable, même si cela n’est pas exigé par la
norme, de documenter au sein du SME la périodicité retenue
D’une manière générale, le système documentaire d’un orga- pour la revue de chaque type ou famille d’informations docu-
nisme sera d’autant plus riche que ses activités seront variées et mentées. Une manière simple de l’envisager consiste à se réfé-
étendues, que les attentes des PP (parties prenantes) seront rer aux différents chapitres de la norme (informations
fortes, que les processus à mettre en œuvre seront complexes et documentées associées au chapitre 9.1 « surveillance du SME »
que le personnel travaillant sous son contrôle sera peu qualifié. tous les trois mois, celles associés au chapitre 9.3 « revue de
direction » tous les ans, etc.).
La figure 1 illustre ce phénomène.

1.1 Création et mise à jour 1.2 Maîtrise des informations


des informations documentées documentées
Les informations documentées exigées par le SME de l’orga-
L’organisme décide de la forme qu’il va donner aux informa-
nisme, c’est-à-dire celles qui sont jugées nécessaires par l’orga-
tions qu’il documente et de la nature des supports matériels ou
nisme pour assurer son efficacité et celles exigées par la norme
immatériels qu’il va utiliser pour les stocker (papier, disque dur,
ISO 14001, doivent être maîtrisées.
clés USB, carte SD, serveurs extérieurs, etc.). Dans tous les cas, il
doit veiller à s’assurer que : Sur ce point, les activités classiques à mettre en œuvre n’évo-
– les documents sont identifiés de manière satisfaisante (titres, luent guère par rapport à la version antérieure de la norme.
auteur, date, numéros de version, etc.) ; L’organisme doit s’assurer que les informations documentées
sont disponibles et conviennent à l’utilisation, quand et là où elles
– les supports (papier ou informatique, etc.) et les formats de
sont nécessaires, qu’elles sont protégées de tous risques de falsi-
stockage de l’information (langue, logiciels, etc.) sont adaptés ;
fication, destruction involontaire, perte, etc.
– la revue, effectuée pour déterminer la pertinence et l’adéqua-
tion de certaines informations et les approuver, est appropriée. L’organisme doit mettre en place toutes les actions qu’il juge
Aucune règle ne s’impose pour définir cette périodicité. Cer- appropriées pour assurer la distribution, l’accès, la récupération et
taines informations, comme les enregistrements par exemple, l’utilisation de ces informations documentées. Ces activités
ne nécessitent pas de revue périodique, par contre les informa- peuvent couvrir leur stockage, leur protection et le maintien de
tions stratégiques comme les études relatives aux risques et leur accessibilité dans le temps en particulier pour celles qui sont
opportunités, la politique environnementale, ou encore la liste conservées sur supports informatiques.
des aspects environnementaux méritent de l’être avant chaque L’organisme doit également se déterminer sur les modalités
revue de direction qui généralement est annuelle. D’autres selon lesquelles certaines informations documentées peuvent être
peuvent l’être en fonction de leurs contributions et de leurs modifiées, conservées ou encore éliminées.

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INFORMATIONS DOCUMENTÉES ET SYSTÈME DE MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL ISO 14001 V. 2015 ____________________________________________

Les informations documentées d’origine externe, par exemple les Il est par ailleurs important pour finaliser cette approche, d’iden-
textes réglementaires applicables, les fiches techniques, les fiches de tifier les liens et interactions entre les différents processus pré-
données de sécurité, divers catalogues ou normes, etc., qui sont sents au sein de l’organisme en s’assurant que les données de
jugées nécessaires à la planification et au fonctionnement efficace du sortie d’un processus constituent bien des données d’entrée perti-
SME doivent être identifiées et maîtrisées de manière appropriée. La nentes et suffisantes au fonctionnement d’un ou plusieurs autres
gestion de ce type d’informations doit répondre à des règles spéci- processus du SME. Cette représentation prend souvent la forme
fiques, en particulier pour ce qui concerne leur validité. Il convient d’une cartographie des processus documentée dans le cadre du
d’éviter le plus souvent possible de s’appuyer sur des versions SME.
« papier » extraites de supports informatiques (site Internet, abonne-
ment en ligne, plates-formes informatiques diverses, vidéos, pla- Cette approche permet de prendre en compte plus efficacement
quettes, etc.). Il est largement préférable de maîtriser les différentes les opportunités et les risques environnementaux au sein d’autres
adresses électroniques permettant d’accéder à cette information en processus de management stratégiques et opérationnels de
ligne et de faire de ces adresses une « information documentée » au l’organisme, non encore intégrés au sein du SME (qualité, sécu-

R sens du référentiel ISO 14001 (par exemple sous la forme d’une liste
des sites Internet utiles).
rité, responsabilité sociétale, etc.).

Nota : lorsque l’organisme est amené à détenir, dans le cadre de ses activités, des Processus (définition norme ISO 14001) :
informations externes sensibles voire confidentielles qui appartiennent à ses clients ou
prestataires (plans, formules, propriété intellectuelle, etc.), tous les moyens permettant « Ensemble d’activités corrélées ou en interaction qui trans-
d’assurer leur protection et leur sauvegarde doivent être mis en œuvre. L’organisme a forme des données d’entrée en éléments de sortie ».
tout intérêt à se référer, sur ce point, aux exigences du référentiel ISO 9001 (chap. 8.5.3)
en matière de respect de la propriété du client. Nota : un processus peut être documenté ou non.

2. Informations documentées : 2.2 Processus exigés


les exigences du référentiel par la norme ISO 14001
ISO 14001 La lecture de la norme ISO 14001 montre qu’il est nécessaire de
construire son SME sur la base de plusieurs processus et d’en
2.1 Approche processus définir les interactions afin de les maîtriser. L’organisme va donc
être conduit, dans les limites du domaine d’application de son
L’ISO 14001 introduit l’approche processus en exigeant de SME, à décrire un ensemble de processus dont la mise en œuvre
déterminer les processus du SME auxquels il est fait référence s’impose pour obtenir les résultats escomptés.
dans la norme et de maîtriser leurs interactions. Elle n’impose pas
de niveau de détail pour ces processus, elle laisse à l’organisme le
soin de le déterminer afin qu’ils répondent à ses besoins et à ses Chap. 441 de la norme ISO 14001 :
obligations de conformité. « Afin d’obtenir les résultats escomptés, y compris l’amélio-
Chaque organisme dispose d’une démarche personnelle pour ration de sa performance environnementale, l’organisme doit
établir, concrétiser et formaliser ses processus (tableaux, gra- établir, mettre en œuvre, tenir à jour et améliorer en continu un
phiques, schémas, sigles, symboles, supports particuliers, format, Système de Management Environnemental, y compris les pro-
terminologie, etc.). Il est fortement recommandé que l’organisme cessus nécessaires et leurs interactions, en accord avec les exi-
s’appuie sur un mode opératoire ou une procédure afin de décrire gences de la présente norme internationale ». La figure 2
les règles pratiques d’élaboration d’un processus. illustre cette approche processus.

Processus
Sources (Activités)
Éléments Éléments
d’éléments Domaine Destinataires
d’entrée de sortie
d’entrée d’application
du SME
Processus Matière, Matière, Processus
amont énergie, énergie, aval
(Prestataires informations informations (Clients
internes ou (matériaux, (Produits, externes ou
externes, exigences, services, internes,
fournisseurs, ressources, décisions, autres PI,
autres PI) etc.) etc.) etc.)

Maîtrise possible et points de contrôle pour surveiller et mesurer la performance

Figure 2 – Représentation classique d’un processus

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UT
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Management environnemental et
maı̂trise opérationnelle des activités
par Alain PRATS
Ingénieur d’affaires et consultant
Direction des Services aux entreprises et de la Certification
INERIS

et Olivier DOLLADILLE
Ingénieur d’affaires et consultant
Direction des Services aux entreprises et de la Certification
INERIS

1. Rappel des exigences, définitions et concepts ........................ G 5 132 – 2
1.1 Analyse de la notion de maı̂trise d’une activité ................................ — 2
1.1.1 Maı̂trise opérationnelle d’une activité au sens large ............. — 2
1.1.2 Maı̂trise opérationnelle d’une activité au sens du référentiel
ISO 14001 ................................................................................. — 2
1.2 Norme ISO 14001 ............................................................................... — 2
1.2.1 Exigences de la norme ............................................................ — 2
1.2.2 Définitions et concept.............................................................. — 3
1.2.3 Interfaces entre analyse environnementale, situations
d’urgence, actions correctives et maı̂trise opérationnelle ..... — 4
1.2.4 Interfaces entre processus support et maı̂trise opérationnelle . — 4
1.3 Règlement européen EMAS ............................................................... — 4
1.4 Autres référentiels .............................................................................. — 4
2. Écarts souvent relevés entre pratiques et exigences de la norme — 4
3. Principales difficultés rencontrées pour répondre
aux exigences de la norme ............................................................ — 5
3.1 Identification des activités à maı̂triser .............................................. — 6
3.1.1 Identification des opérations « de routine » ayant ou pouvant
avoir des impacts environnementaux significatifs .................. — 6
3.1.2 Identification des opérations ponctuelles, périodiques
ou transitoires associées à des AES réels ou potentiels ....... — 7
3.1.3 Identification des opérations liées aux produits (ou services)
commercialisés et associées à des AES réels ou potentiels ... — 7
3.1.4 Résumé des opérations à prendre en compte ........................ — 7
3.2 Identification et analyse des MMR associées aux opérations concernées — 7
3.2.1 Maintien des performances des MMR relatives
aux opérations associées à des AES potentiels ..................... — 8
3.2.2 Amélioration des performances des MMR relatives
aux opérations associées à des AES réels ............................. — 8
3.2.3 Élaboration de modes opératoires .......................................... — 8
4. Maı̂trise des activités opérationnelles : exemples ................... — 8
4.1 Processus de réalisation .................................................................... — 10
4.1.1 Conception du produit ............................................................ — 10
4.1.2 Développement du produit ..................................................... — 10
4.1.3 Fabrication du produit ............................................................. — 10
4.1.4 Contrôle du produit ................................................................. — 10
4.1.5 Conditionnement du produit ................................................... — 10
4.2 Processus support .............................................................................. — 10
4.2.1 Achat ........................................................................................ — 10
4.2.2 Approvisionnement ................................................................. — 10
4.2.3 Services techniques ................................................................. — 11
4.2.4 Gestion de la chaı̂ne logistique (supply chain) ...................... — 11
4.2.5 Commercialisation ................................................................... — 12
5. Conclusions...................................................................................... — 12
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 5 132
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQT

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MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL ET MAÎTRISE OPÉRATIONNELLE DES ACTIVITÉS ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

’objectif de cet article est d’éclairer les responsables des systèmes de mana-
L gement sur les exigences du référentiel ISO 14001 pour ce qui concerne la
maı̂trise opérationnelle des activités susceptibles de générer des impacts sur
l’environnement. Il appartient à ces responsables de veiller en permanence à
la cohérence de ces bonnes pratiques de management environnemental avec
celles qui pourraient découler de la mise en œuvre d’autres systèmes de mana-
gement tels que, par exemple, ceux qui concernent :
– la qualité (ISO 9001) ;
– la santé au travail (OHSAS 18001) ;
– la prévention des accidents majeurs (système de gestion de la sécurité – SGS) ;
– ou encore la responsabilité sociétale de l’entreprise (ISO 26000).

R Les exigences de « maı̂trise opérationnelle » occupent une place centrale


dans le système de management de l’environnement et plus particulièrement
dans le cadre de sa mise en œuvre et de son fonctionnement (paragraphe 4.4
du référentiel ISO 14001). Ces exigences visent à réduire au maximum les
impacts environnementaux associés aux activités, produits et services de
l’organisme sans pour cela venir perturber ses performances dans les autres
domaines de gestion (commercial, financier, qualité, sécurité, santé, etc.).

1.1.2 Maı̂trise opérationnelle d’une activité


1. Rappel des exigences, au sens du référentiel ISO 14001
définitions et concepts Le paragraphe 4.4.6 du référentiel ISO 14001 consacré à la maı̂-
trise opérationnelle s’attache à l’écriture des procédures opératoi-
res nécessaires à la maı̂trise des risques, ce paragraphe complète
ainsi les dispositions prises dans le cadre des autres exigences de
1.1 Analyse de la notion de maı̂trise d’une ce référentiel : compétence, formation, sensibilisation, surveillance,
situations d’urgence, etc. qui contribuent à la maı̂trise des risques
activité mais qui ne sont pas abordées dans cet article.
La notion de maı̂trise d’une activité se rapporte à la capacité qu’a Dans le cadre du référentiel ISO 14001, l’organisme doit s’intéres-
un organisme à piloter ses processus selon les règles de l’art et à ser prioritairement à la maı̂trise des activités qui sont associées
se rendre maı̂tre d’une situation en maı̂trisant les risques associés aux aspects environnementaux significatifs (AES). Cette étape peut
à cette situation. Il s’agit bien souvent de pouvoir démontrer que se révéler « consommatrice de papier » si elle n’est pas abordée
tous les dangers ont été identifiés, que les risques qui leur sont avec comme postulat de départ le postulat suivant : « Écrire seule-
associés ont été évalués et que des mesures pour maı̂triser ces ris- ment ce qu’il est nécessaire d’écrire ! ». Les procédures, modes
ques à un niveau jugé acceptable sont en place. Ces mesures de opératoires, consignes, etc. ne sont en effet requis que dans la
maı̂trise des risques* (MMR) peuvent concerner des aspects mesure où leur absence serait préjudiciable. Dans le cadre du réfé-
humains (compétence, expérience et formation), des facteurs tech- rentiel ISO 14001, la gestion des modifications (travaux neufs, nou-
niques (équipement et dispositifs de sécurité) ou encore des fac- veaux projets, etc.) ainsi que les interventions des prestataires doi-
teurs organisationnels (consignes, organisation du travail, etc.). vent être prises en compte en matière de maı̂trise opérationnelle.
L’ensemble de ces MMR doivent être identifiées et documentées. Le chapitre 1.2.2 ci-dessous revient dans le détail sur la portée
Nota : * dans le cadre du référentiel ISO 14001, il convient stricto-sensu de limiter la
des exigences du référentiel ISO 14001 relatives à la maı̂trise
portée de cette analyse aux seuls risques environnementaux. opérationnelle.

1.1.1 Maı̂trise opérationnelle d’une activité 1.2 Norme ISO 14001


au sens large
1.2.1 Exigences de la norme
La notion de maı̂trise opérationnelle d’une activité réside dans la Norme ISO 14001 – chapitre 4.4.6 – Maı̂trise opérationnelle (cf.
capacité d’un organisme à mettre en œuvre et à maintenir au quo- figure 1) :
tidien, dans le respect des règles de l’art, et en toutes circonstances
« L’organisme doit identifier et planifier celles de ses opérations
(exploitation, maintenance, marche dégradée, etc.) l’efficience de
qui sont associées aux aspects environnementaux significatifs
ces processus, tout particulièrement en maı̂trisant les risques qui
identifiés en cohérence avec sa politique environnementale et ses
leur sont associés. Ceci passe en particulier par l’application de
objectifs et cibles, afin de s’assurer qu’elles sont réalisées dans les
consignes et modes opératoires, par le maintien et le développe-
conditions requises, en :
ment des compétences en particulier en fonction du retour d’expé-
rience, par la maintenance des équipements et des locaux. Cette « a) établissant, mettant en œuvre et tenant à jour des procédu-
notion de maı̂trise opérationnelle renvoie également à une obliga- res documentées pour maı̂triser les situations où l’absence de tel-
tion de surveillance et de mesure de la performance du système de les procédures pourrait entraı̂ner des écarts par rapport à la poli-
management afin de s’assurer, entre autres, de la pertinence des tique environnementale et aux objectifs et cibles,
MMR en place. « b) stipulant les critères opératoires dans les procédures, et

G 5 132 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MANAGEMENT ENVIRONNEMENTAL ET MAÎTRISE OPÉRATIONNELLE DES ACTIVITÉS

Chapitre 4
Exigences du système de management environnemental

4.2
Politique environnementale

4.3 4.4
Planification Mise en œuvre et fonctionnement

4.3.2 4.4.1 4.4.2


4.3.1 Ressources, rôles, responsabilité Compétence, formation
Exigences légales et autres


Aspects environnementaux et sensibilisation
exigences et autorité

4.3.3 4.4.3 4.4.4


Objectifs, cibles et programme Communication Documentation

4.4.5 4.4.6
4.5 Maîtrise de la documentation Maîtrise opérationnelle
Contrôle
4.4.7
Préparation et réponse aux
4.5.1 4.5.2 situations d'urgence
Surveillance et mesurage Évaluation de la conformité
4.6
Revue de direction
4.5.3
4.5.4
Non-conformité, action
Maîtrise des enregistrements
corrective et action préventive

4.5.5
Audit interne

Figure 1 – Rappel de la structure de la norme ISO 14001 et de la place du chapitre 4.4.6 relatif à la maı̂trise opérationnelle

« c) établissant, mettant en œuvre et tenant à jour les procédures (établissement dits « Seveso ») mais rien n’empêche les entreprises à
concernant les aspects environnementaux significatifs identifiés tendre vers ces critères de performance.
des biens et services utilisés par l’organisme, et en communiquant Les activités ainsi visées sont celles qui concourent directement
les procédures et exigences applicables aux fournisseurs, y com- ou de manière plus indirecte à la réalisation du produit ou du ser-
pris aux sous-traitants. » vice, en particulier :
– la recherche, le développement, la conception ;
Aspect environnemental significatif (AES) – Source ISO 14001 – les achats et les approvisionnements ;
– la production et le contrôle ;
« Élément des activités, produits ou services d’un organisme
– la maintenance ;
susceptible d’interactions avec l’environnement. »
– le conditionnement ;
« Note : un aspect environnemental significatif a ou peut avoir un impact environ-
nemental significatif. »
– la commercialisation et la vente ;
– la distribution ;
– le service après-vente.
1.2.2 Définitions et concept Ces activités peuvent, dans certains cas, être à l’origine d’impacts
Les activités ou tâches visées par le chapitre 4.4.6 sont donc celles environnementaux significatifs dont les effets peuvent être immédiats
qui sont associées aux aspects environnementaux significatifs préala- ou différés, directs ou indirects. Il convient dans tous les cas de pren-
blement identifiés par l’organisme lors de la réalisation de son ana- dre les dispositions nécessaires pour maı̂triser à un niveau acceptable
lyse environnementale (chapitre 4.3.1 de la norme ISO 14001, voir l’ar- ces risques d’effets négatifs sur l’environnement (cf. tableau 1).
ticle [G 5 004] des Techniques de l’Ingénieur). D’une manière plus Certaines des activités évoquées ci-dessus peuvent être des opé-
triviale, il s’agit d’identifier, puis de maı̂triser, par la mise en place de rations de routine, elles peuvent aussi être ponctuelles et occasion-
mesures de maı̂trise des risques (MMR) adaptées, les activités qui nelles (opérations de maintenance…) ou temporaires (chantiers,
« polluent » l’environnement (de manière chronique) ou qui « risquent projets). Leur niveau de maı̂trise doit, quoi qu’il en soit, être adapté
de le polluer » (de manière accidentelle). Dans cet article, le terme de aux risques environnementaux auxquels elles sont associées,
« mesure de maı̂trise du risque – (MMR) » n’est pas à considérer au même si ces risques sont parfois éphémères.
sens de l’arrêté du 29 mai 2005 relatif à l’évaluation et à la prise en Dans certains cas les organismes peuvent même accepter de lais-
compte de la probabilité d’occurrence, de la cinétique, de l’intensité ser fonctionner leur processus en mode dégradé (panne partielle,
des effets et de la gravité des conséquences des accidents potentiels défaillance d’un élément du process, etc.) sous réserve qu’une ana-
dans les études de dangers des installations classées soumises à lyse des risques ait été réalisée et que des moyens aient été mis en
autorisation. La norme ISO 14001 n’exige pas les mêmes critères de place pour maı̂triser ces risques à un niveau jugé acceptable dans
performance des MMR que ceux édictés par cet arrêté et l’arrêté du les limites du respects des prescriptions règlementaires nationales
10 mai 2000 modifié relatif à la prévention des accidents majeurs ou locales.

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Systèmes de management : la revue


de direction

Gilles FRIDERICH

par
Chargé de missions
Mission développement durable et solidaire de la ville de Metz

1. Revue de direction .......................................................................... G 5 120v2 – 2


1.1 Amélioration continue ....................................................................... — 2
1.2 Pertinence, adéquation et efficacité................................................... — 2
2. Contexte normatif – ISO 9001:2015, ISO 14001:2015
et ISO 45001:2018 .......................................................................... — 3
2.1 Normes et structures ......................................................................... — 3
2.2 Contenu des chapitres sur la revue de direction .............................. — 3
2.2.1 Système de management de la qualité .................................. — 3
2.2.2 Système de management environnemental ........................... — 4
2.2.3 Système de management de la sécurité ................................. — 4
2.2.4 Synthèse .................................................................................. — 4
3. Objectifs et limites de la revue de direction ............................. — 5
3.1 Un outil d’aide à la décision pour la direction .................................. — 5
3.2 Un outil avec ses limites .................................................................... — 6
4. Modalités de mise en œuvre de la revue de direction............. — 7
4.1 Phase 1 : préparation de la revue de direction ................................. — 7
4.2 Phase 2 : réalisation de la revue de direction ................................... — 7
4.3 Phase 3 : suites de la revue de direction .......................................... — 7
5. Acteurs de la revue de direction.................................................. — 10
5.1 Direction ............................................................................................. — 10
5.2 Animateur du système ....................................................................... — 11
5.3 Autres acteurs de la revue de direction ............................................ — 11
6. Écarts relatifs à la revue de direction ........................................ — 11
7. Conclusion........................................................................................ — 11
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 5 120v2

L a mise en place d’un système de management selon des normes de certifi-


cation de type ISO (International Organization for Standardization) est une
démarche volontaire de la part de la direction d’un organisme quel qu’il soit
(entreprise, collectivité, milieu associatif, organisation…).
Que le choix se porte sur une démarche qualité ou environnement ou santé et
sécurité au travail ou bien encore dans le cadre d’un système de management
intégré QE, QS ou QSE, par leur contenu, ces référentiels induisent des exigen-
ces à respecter pour l’obtention du certificat apportant la reconnaissance offi-
cielle de l’engagement.
Parmi les exigences communes et spécifiques de ces normes ISO, la revue
de direction est un moment privilégié du processus d’amélioration conti-
nue et l’occasion idéale pour réaliser un examen critique du fonctionnement
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPQY

d’un organisme.

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SYSTÈMES DE MANAGEMENT : LA REVUE DE DIRECTION –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Réalisée à intervalles réguliers et portée par une direction impliquée, la revue


de direction a pour objet :
– de dresser un bilan généralement de l’année écoulée ;
– de fixer les orientations d’une politique ;
– de définir une stratégie ;
– d’identifier les actions à mener ;
– d’évaluer la performance et la maturité du système mis en place.
Ainsi, dans quel cadre normatif la revue de direction s’inscrit-elle ?
Quels sont ses objectifs et ses limites ?
Et quelles peuvent être ses modalités de mise en œuvre ?


et des opportunités liés au contexte, recherche d’innovation… la
1. Revue de direction : revue de direction s’inscrit pleinement dans le processus d’amélio-
principes ration continue (figure 1).
Les référentiels de systèmes de management qualité
(ISO 9001:2015), environnement (ISO 14001:2015) et santé et
sécurité au travail (ISO 45001:2018) introduisent tous une logique
Quelques définitions d’amélioration continue représentée par le PDCA ou roue de
Deming (figure 1).
Revue : détermination de la pertinence, de l’adéquation ou de
l’efficacité d’un objet à atteindre des objectifs définis. Nota : William Edwards Deming (1900-1993), statisticien, professeur, auteur, conféren-
cier et consultant américain travailla sur l’amélioration de la production aux États-Unis
Nota : la revue peut également inclure la détermination de l’efficience. durant la Seconde Guerre mondiale. En 1950, son travail au Japon a permis de populari-
Direction : personne ou groupe de personnes qui oriente et ser le principe du PDCA. La roue de Deming, qui porte son nom, est une illustration de la
méthode de gestion de la qualité.
dirige un organisme au plus haut niveau.
Objet : entité, article, tout ce qui peut être perçu ou conçu
(exemple : produit, service, processus, personne, organisme, sys-
tème, ressource). 1.2 Pertinence, adéquation et efficacité
Nota : les objets peuvent être matériels (ex : un moteur…), immatériels (ex : un
plan…) ou imaginaires (ex : état futur de l’organisme). Selon les termes utilisés pour la revue de direction, la pertinence
Amélioration : activité menée pour améliorer les performances. correspond au degré de compatibilité du système de management
avec le fonctionnement de l’organisme (sa vision, ses valeurs, sa
Amélioration continue : activité récurrente menée pour amé-
culture, ses activités…). La mise en œuvre du système de manage-
liorer les performances.
ment de manière appropriée représente l’utilisation du terme « adé-
Nota : le processus de définition des objectifs et de recherches d’opportunités
d’amélioration est un processus permanent utilisant les constatations d’audit et les
quation ». L’efficacité (ou effectivité) fait un lien entre résultats et
conclusions d’audit, l’analyse des données, des revues de direction, ou d’autres objectifs et l’efficience entre moyens et résultats (efficacité à moin-
moyens, et qui mène généralement à des actions correctives ou préventives. dres ressources et optimisation).
Efficacité : niveau de réalisation des activités planifiées et
d’obtention des résultats escomptés.
Efficience : rapport entre le résultat et les ressources utilisées. P
Risque : effet de l’incertitude.
Revue de
Performance : résultat mesurable. direction PLAN :
planifier
Nota : les performances peuvent être liées à des résultats quantitatifs ou qualitatifs.
Processus : ensemble d’activités corrélées ou en interaction qui
utilise des éléments d’entrée pour produire un résultat escompté.
ACT : DO : D
Source : la norme NF EN ISO 9000:2015, systèmes de mana- A Systèmes de
améliorer réaliser
gement de la qualité – principes essentiels et vocabulaire. management

1.1 Amélioration continue


CHECK :
Le bon fonctionnement d’un organisme repose sur une volonté
contrôler
permanente d’amélioration. Ce principe essentiel au management
des systèmes permet de maintenir et d’accroı̂tre les niveaux de per- C
formance internes, de créer des opportunités et d’anticiper les Certification t ion
éliora
éventuelles menaces externes. d’am
arche tinue
Dém co n
Performance des processus, satisfaction client, protection de
l’environnement, santé et sécurité des salariés, détermination des
causes de dysfonctionnements, actions correctives et préventives,
gestion des risques internes et externes, identification des menaces Figure 1 – Le principe d’amélioration continue selon le PCDA

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– SYSTÈMES DE MANAGEMENT : LA REVUE DE DIRECTION

L’évaluation de la pertinence d’un système de management


prend en compte l’atteinte des objectifs en adéquation avec les Tableau 1 – Récapitulatif des référentiels
moyens mis en œuvre.
Domaine de
Ces éléments de langage regroupent la notion globale de perfor- Référentiel Intitulé
management
mance, notion relative aux objectifs fixés, aux résultats obtenus et
aux actions mises en œuvre pour atteindre les résultats escomptés
par l’affectation de moyens définis. ISO 9001 Systèmes de management de la
Qualité
version 2015 qualité

Au regard de ces principes, la revue de direction a pour objec- ISO 14001 Systèmes de management
tif de faire le point sur l’évaluation globale de la performance Environnement
version 2015 environnemental
ainsi que sur le niveau de maı̂trise des risques de l’organisme.


ISO 45001 Santé et sécurité Systèmes de management de la
version 2018 au travail santé et de la sécurité au travail

2. Contexte normatif – ISO


Ces normes (tableau 1) abordent la revue de direction comme
9001:2015, ISO 14001:2015 une exigence formelle et explicite à respecter, de manière très simi-
et ISO 45001:2018 laire de par la structure HLS (voir figure 2).

2.2 Contenu des chapitres sur la revue


2.1 Normes et structures de direction
D’application volontaire, la norme sert de base et s’impose aux 2.2.1 Système de management de la qualité
organismes souhaitant respecter ses exigences. L’élaboration des À propos de la revue de direction, que dit l’ISO 9001 version 2015 ?
normes ISO fait l’objet d’évolutions et de modifications régulières.
La norme ISO 9001 a pour finalité principale de viser la satisfac-
Par leurs dernières versions, les normes qualité (ISO 9001:2015), tion des clients. Cette norme définit au chapitre 9.3 les exigences en
environnement (ISO 14001:2015) et santé et sécurité au travail matière de revue de direction.
(ISO 45001:2018) sont désormais construites autour d’une structure
commune.
& Exigences du chapitre 9.3.1 – Généralités
Nota : la structure HLS (High Level Structure) propose un cadre commun pour les nor-
mes relatives aux systèmes de management. Elle définit également des termes, des « à des intervalles planifiés, la direction doit procéder à la revue
notions et des chapitres communs. Certaines sont déjà alignées sur la HLS, comme du système de management de la qualité mis en place par l’orga-
l’ISO 9001:2015 (management de la qualité), l’ISO 14001:2015 (management de l’environ- nisme, afin de s’assurer qu’il est toujours approprié, adapté, effi-
nement), l’ISO 45001:2018 (management de la santé et de la sécurité au travail) ou encore
cace et en accord avec l’orientation stratégique de l’organisme. »
l’ISO 27001 (management de la sécurité des informations).
& Exigences du chapitre 9.3.2 – Éléments d’entrée de la revue
de direction
Une structure commune autour de 10 chapitres pour les normes « la revue de direction doit être planifiée et réalisée en pre-
ISO 9001v.2015, ISO 14001v.2015 et ISO 45001v.2018 nant en compte :
a) l’état d’avancement des actions décidées à l’issue des
1. Domaine d’application revues de direction précédentes ;
2. Références normatives b) les modifications des enjeux externes et internes perti-
3. Termes et définitions nents pour le système de management de la qualité ;
4. Contexte de l’organisme c) les informations sur la performance et l’efficacité du sys-
5. Leadership (et participation tème du système de management de la qualité, y compris les
des travailleurs – spécificité de tendances concernant :
l’ISO 45001V.2018) 1) la satisfaction des clients et les retours d’information des
6. Planification parties intéressées pertinentes,
10. Amélioration 7. Support 2) le degré de réalisation des objectifs qualité,
A P 3) la performance des processus et la conformité des pro-
duits et services,
4) les non-conformités et actions correctives,
5) les résultats de la surveillance et de la mesure,
C D 6) les résultats d’audit,
7) les performances des prestataires externes ;
9. Évaluation des 8. Réalisation des
d) l’adéquation des ressources ;
performances activités opérationnelles
e) l’efficacité des actions mises en œuvre face aux risques et
aux opportunités ;
f) les opportunités d’amélioration. »
Revue de direction – & Exigences du chapitre 9.3.3 – Éléments de sortie de la revue
chapitre 9.3 de direction
« Les éléments de sortie de la revue de direction doivent
inclure les décisions et actions relatives aux :
Figure 2 – Amélioration continue et structure HLS (High Level
Structure) a. opportunités d’amélioration ;

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Système de management environnemental site
(Réf. Internet 42442)

1– Normalisation

2– Mise en place d'un SME



3– Outils Réf. Internet page

Stratégie environnementale. Déinition, enjeux et outils G4300 65

Audits de systèmes de management : les fondamentaux G4305 69

Audits de systèmes de management : la mise en oeuvre G5135 73

Audit environnemental de conformité réglementaire G4400 77

4– Système de management environnemental et


système de management intégré

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Stratégie environnementale
Définition, enjeux et outils
par Aurore MORONCINI
Licenciée en sciences chimiques et docteur en sciences économiques appliquées
Professeur des universités, UMons (Belgique)
Membre de l’Institut d’Énergétique, de l’Institut humanOrg et du Centre CREA (UMons)

1. Contexte général............................................................................. G 4 300 – 2


2. Stratégie environnementale : définition .................................... — 3
3. La panoplie des stratégies environnementales......................... — 3
4. Éléments à prendre en compte .................................................... — 4
4.1 Enjeux environnementaux ................................................................. — 4
4.1.1 Parties prenantes ..................................................................... — 4
4.1.2 Activités de l’entreprise ........................................................... — 5
4.2 Caractéristiques intrinsèques de l’entreprise .................................... — 5
4.3 Degré de priorité environnementale ................................................. — 5
4.4 Choix de la stratégie environnementale ........................................... — 5
5. Outils ................................................................................................. — 5
5.1 Pour aider à définir la stratégie ......................................................... — 6
5.1.1 Analyse environnementale ...................................................... — 6
5.1.2 Analyse du cycle de vie ........................................................... — 6
5.1.3 Bilan Carbone .......................................................................... — 6
5.2 Pour mettre en œuvre la stratégie ..................................................... — 6
5.2.1 Système de management environnemental ........................... — 6
5.2.2 Audit environnemental ............................................................ — 7
5.2.3 Indicateurs de performance environnementale...................... — 7
5.3 Pour informer et rendre compte ........................................................ — 7
5.3.1 Label écologique ..................................................................... — 7
5.3.2 Reporting environnemental ..................................................... — 8
5.3.3 Information et communication environnementales ............... — 8
6. Erreurs à ne pas commettre.......................................................... — 8
6.1 Stratégie conditionnelle ..................................................................... — 8
6.2 Stratégie restreinte ............................................................................. — 8
6.3 Stratégie spéculative .......................................................................... — 9
7. Conclusion........................................................................................ — 9
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 4 300

a stratégie environnementale est à la stratégie d’entreprise ce que le mana-


L gement environnemental est au management. L’une et l’autre s’inscrivent
dans la droite ligne de la prise en compte des conséquences environnementales
des activités des entreprises. L’adoption du concept de développement durable,
lors de la conférence de Rio en 1992, a amplifié le phénomène en élevant la
protection de l’environnement au statut d’incontournable. Toute valeur ajoutée
apportée à un bien ou à un service étant productrice de déchets, aucune entre-
prise ne peut se prévaloir d’exercer ses activités sans générer un minimum de
pressions environnementales. C’est sur ces impacts que va se centrer la straté-
gie environnementale d’une entreprise.
Faisant partie intégrante de la stratégie d’entreprise, la stratégie environne-
mentale se focalise sur les options stratégiques qui permettront d’assurer le
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPQU

développement de ses activités en limitant au maximum les impacts sur

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STRATÉGIE ENVIRONNEMENTALE –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

l’environnement. Même si le respect de la législation et des réglementations


environnementales a depuis longtemps contraint les organisations à limiter
les pressions qu’elles exercent sur le milieu naturel, l’intégration de la variable
environnementale à la stratégie d’entreprise ne va pas forcément de soi. Elle va
remettre en question l’échelle de ses priorités. La prise en compte de cette
variable doit donc avoir lieu dès l’élaboration de sa stratégie de développement
car celle-ci imposera à l’entreprise la définition d’orientations stratégiques spé-
cifiques qui se répercuteront inévitablement sur son processus décisionnel et
ses pratiques. En outre, l’adoption d’une stratégie environnementale implique
de mobiliser et d’apprivoiser de nouveaux outils et instruments indispensables
à la poursuite des objectifs poursuivis.
Mais, avant d’en arriver à la mise en œuvre, la question essentielle à laquelle
doit répondre toute entreprise est de déterminer quel type de stratégie environ-
nementale choisir dans la panoplie très large des stratégies possibles. Le choix
tiendra compte de nombreuses considérations qui pencheront de manière dif-
férente dans la balance selon l’entreprise concernée.

S Cet article se propose de fournir quelques éléments de réponse afin d’orienter


les entreprises vers la stratégie environnementale la plus en adéquation avec
leurs caractéristiques propres et avec le contexte, tant interne qu’externe, dans
lequel elle évolue mais également en fonction du degré de priorité qu’elles
accordent à l’environnement. La seconde partie de l’article présentera les prin-
cipaux outils permettant la mise en œuvre concrète de la stratégie choisie et
soulignera le moment le plus adéquat pour une utilisation optimale de chaque
outil. Avant de conclure, nous pointerons les erreurs à éviter si l’on souhaite ne
pas décrédibiliser l’engagement stratégique de l’entreprise.

Pour réduire les impacts écologiques des activités humaines,


1. Contexte général l’Union européenne a développé un ensemble d’instruments allant
de la répression (instruments réglementaires) à la persuasion
(instruments volontaires) en passant par l’incitation (instruments
Impulsée par les positions de l’ONU en la matière et sous-tendue économiques) afin d’obliger et/ou d’inciter les différents acteurs
par les principes du pollueur-payeur et de précaution, la politique économiques à prendre en considération la variable environne-
environnementale de l’Union européenne a conduit, depuis plus de mentale. Ces outils se complètent l’un l’autre et convergent tous
quarante ans, à l’adoption de programmes successifs dans le but de vers un but commun : garantir un haut niveau de qualité de l’envi-
prévenir ou, à tout le moins, de réduire les pressions sur l’environne- ronnement naturel (encadré 1).
ment exercées par les entreprises. Tout en garantissant le maintien Durcissement de la réglementation, arsenal normatif devenant de
de leur compétitivité, les mesures prises devaient les inciter à inté- plus en plus contraignant, accroissement de la concurrence, pres-
grer la variable environnementale à leur stratégie de développement. sions croissantes des partenaires externes, etc. sont autant de défis
auxquels sont soumis les agents économiques. À l’échelle des
Si pour le grand public la protection de l’environnement est entreprises, l’enjeu consiste, de plus, à minimiser les coûts socio-
entrée dans la conscience collective depuis la tenue du Sommet économiques et patrimoniaux résultant d’une allocation raisonnable
planétaire de l’ONU en 1992, des actions concertées au niveau et raisonnée des ressources naturelles et humaines disponibles. À
international avaient déjà été prises depuis deux décennies. À ce défi, vient s’ajouter une autre pression externe, dans la mesure
partir des années soixante, chaque pays individuellement avait où il semble de plus en plus certain qu’il leur sera impossible
pris des dispositions pour freiner l’augmentation de la pollution d’échapper à une régulation internationale des marchés du fait de
sur son territoire. Mais c’est grâce à la première conférence l’impérative intégration de ces coûts à leurs prix de revient [3].
onusienne sur l’environnement à Stockholm en 1972 que les Si le principe du pollueur-payeur a été instauré en principe juri-
questions écologiques ont été élevées au rang des préoccupa- dique dès l’avènement de la politique environnementale euro-
tions internationales. Très certainement, le célèbre rapport du péenne, le principe de précaution est plus tardif et rencontre la
prestigieux Massachusetts Institute of Technology établissant demande plus récente de régulation adressée aux entreprises par
scientifiquement le lien entre activité économique et dégrada-
la société. Le public, inquiet face aux projets ou activités suscepti-
tion de l’environnement n’a pas été étranger à la prise de posi-
bles de présenter des risques écologiques, exige une vigilance
tion volontaire des dirigeants du monde entier afin de tenter de
accrue, une action préventive et la prise de mesures proportion-
limiter les nuisances écologiques. Le champ d’action de l’ONU
nées aux menaces potentielles. Son adoption répond à la pres-
en la matière est très large et couvre une vaste étendue de pro-
sion de l’opinion publique et entre dans le raisonnement des
blèmes (réchauffement climatique, diminution de la biodiver-
juges chargés de déterminer les responsabilités et d’estimer les
sité, désertification, etc.). Depuis 1972, l’Union européenne a
dédommagements lors des procédures judiciaires. La responsabi-
suivi, voire a impulsé, toutes les initiatives de l’ONU dans le
lité des entreprises en matière environnementale est de ce fait
domaine de la protection de l’environnement d’abord, et de la
irrémédiablement associée à leur activité et ce, en dehors de
mise en œuvre du développement durable, ensuite.
toute faute.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– STRATÉGIE ENVIRONNEMENTALE

Cette définition implique l’existence de plusieurs stratégies envi-


Encadré 1 – Instruments de politique environnementale ronnementales possibles pour une même entreprise. Mais l’adop-
tion d’une stratégie environnementale plutôt qu’une autre ne
Les instruments de politique environnementale peuvent se
résulte pas uniquement d’un choix délibéré. Il est conditionné par
classer en trois catégories.
un ensemble d’éléments orientant les dirigeants de l’entreprise
& Les instruments réglementaires forment la plus ancienne des vers la ligne stratégique la plus en adéquation avec le contexte
trois catégories et comprennent l’ensemble des législation et interne et externe dans lequel elle évolue. C’est ainsi que l’on
réglementation environnementales (réglementations, directives, pourra observer des entreprises d’un même secteur d’activités
normes, permis, interdictions, zonage, quotas, restrictions d’uti- adopter des stratégies environnementales différentes et, inverse-
lisation, etc.). L’approche consiste à créer de nouvelles possibili- ment, des entreprises œuvrant dans des secteurs d’activités diffé-
tés, à en interdire d’anciennes ou à subordonner des pratiques rents opter pour le même type de stratégie.
dangereuses à l’obtention d’autorisations afin de maintenir la
pollution à un niveau acceptable jugé comme non préjudiciable La ligne stratégique en matière environnementale est définie par
à l’environnement et à la santé humaine. Ces instruments ont la maison mère. C’est à ce prix que la réussite pourra être garantie.
révélé leur efficacité dans les cas de risques environnementaux
élevés, pour respecter des engagements internationaux ainsi
que pour garantir la qualité environnementale des processus et
des produits. Mais ils restent des instruments lourds à manier
car ils ne peuvent entrer dans le détail et permettent unique- 3. La panoplie des stratégies
environnementales

ment la prescription d’obligations et d’interdictions minimales.
& Les instruments économiques (redevances et taxes environ-
nementales, création de marchés, systèmes de consignations,
aides, fonds, etc.) pallient partiellement les insuffisances des
précédents. Faisant appel aux mécanismes de marché, ils Depuis le début des années 1990, de nombreuses études ont
influencent directement les coûts et induisent une plus grande tenté d’identifier les différents types de stratégies développées par
internalisation des préoccupations environnementales par les les entreprises afin de répondre à la problématique environnemen-
agents économiques. Ils créent une forte incitation à l’innova- tale et de les classer en catégories homogènes. Les études empiri-
tion technologique qui permet de mieux prévenir la pollution à ques menées à cette époque sur des échantillons différents d’entre-
la source et ils interviennent davantage dans le changement prises et utilisant des critères d’analyse variant d’un auteur à l’autre
des comportements grâce à une meilleure application du prin- ont permis de classer les stratégies environnementales en quatre
cipe du pollueur-payeur. Bien qu’ils modifient le contexte de ou cinq catégories présentant de nombreux points communs
prise de décision, ils ne mènent pas forcément à un change- quant aux caractéristiques propres à chacune d’elles (Crosbie et
ment dans l’échelle de préférence des agents économiques. Knight [2] ; Koechlin et Müller [5] ; Roome [10] ; Schot [11] ;
& Les instruments volontaires (règlement EMAS, écolabel euro- Steger [13]).
péen, etc.) visent une intégration totale des préoccupations envi- Ainsi, les stratégies environnementales identifiées allaient du
ronnementales à l’échelle de valeur de tous les acteurs concer- modèle le plus minimaliste (stratégie du « ne rien faire », indiffé-
nés. Il s’agit de modifier leurs priorités et l’importance qu’ils rente ou de non-conformité) à un modèle extrêmement développé
accordent à l’environnement par des mesures de vulgarisation, (stratégie proactive, de leader, responsable ou soutenable) en pas-
d’éducation, de formation, de négociation, de contrainte sociale, sant par toute la panoplie de modèles intermédiaires (stratégies
de pression morale, etc. Ces instruments viennent en accompa- défensive, de conformité, dépendante, d’opportunité, écologique,
gnement des mesures de nature réglementaire et économique sociale, offensive, innovante, etc.).
en renforçant leur caractère contraignant ou incitatif.

Le développement d’une stratégie permettant de répondre aux Typologie des stratégies environnementales (inspirée de [10])
attentes de l’Europe, mais aussi de l’ensemble de ses parties pre-
nantes, représente aujourd’hui un impératif pour toute entreprise & La stratégie de non-conformité (du « ne rien faire » ou indif-
soucieuse de sa pérennité. La question sera donc moins de savoir férente) est la position minimaliste consistant, purement et sim-
si l’adoption d’une stratégie environnementale est pertinente pour plement, à nier ou à ignorer les pressions environnementales
une entreprise que de déterminer le type de stratégie écologique la externes résultant de l’activité de l’entreprise.
plus adaptée à ses caractéristiques propres. À l’instar de ce qui est & La stratégie de conformité (défensive, dépendante ou pas-
attendu dans le contexte plus large de l’intégration du concept de
sive) correspond à une prise de conscience minimale vis-à-vis
développement durable, c’est à cet aune de l’inflexion stratégique
de l’environnement et poursuit un niveau de performance envi-
que l’on pourra établir la réalité d’une politique d’entreprise orien-
ronnementale évitant les poursuites légales et la perte de parts
tée vers la protection de l’environnement naturel.
de marché.
& La stratégie écologique (sociale) est associée à une prise de
conscience de l’entreprise de sa responsabilité en matière de
2. Stratégie protection de l’environnement avec comme conséquence le
environnementale : dépassement des simples prescriptions légales qui lui sont
imposées.
définition & La stratégie soutenable (de leader, de niche ou proactive)
place la variable environnementale au même niveau de priorité
que les aspects d’ordre concurrentiel et permet de viser
La stratégie environnementale est l’ensemble des lignes direc- l’excellence dans tous les domaines (commercial et
trices définies par une entreprise afin, d’une part, de répondre environnemental).
aux pressions internes et/ou externes auxquelles elle est soumise
et/ou, d’autre part, d’anticiper l’évolution de l’environnement
concurrentiel, des réglementations et de la demande. Chaque catégorie de stratégies est associée à une position diffé-
rente de l’entreprise par rapport à la variable environnementale et à

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Audits de systèmes
de management : les fondamentaux
par Michel JONQUIÈRES
Vice-président
IAS (Institut international de l’audit social)

1. Audit de système de management : définition........................................ G 4 305v2 - 2


1.1 Quelques définitions................................................................................... — 2
1.2 Objectifs d’un audit de système de management.................................... — 3
2. Typologie des audits .................................................................................. — 3
2.1 Audit, évaluation, inspection, revue, diagnostic ...................................... — 3
2.2 Différents types d’audits............................................................................. — 4
3. Audits de systèmes de management ....................................................... — 4
3.1 Principes d’un audit de systèmes de management ................................. — 4
3.2 Mots de l’audit............................................................................................. — 5
4. Référentiels d’audits de systèmes de management ............................... — 5
5. Pratique de l’audit....................................................................................... — 7
5.1 Programme d’audit ..................................................................................... — 7
5.2 Déroulement d’un audit.............................................................................. — 8
5.3 Outils de l’audit ........................................................................................... — 8
6. Acteurs de l’audit........................................................................................ — 9
6.1 Acteurs ......................................................................................................... — 9
6.2 Attitudes et comportements ...................................................................... — 10
7. Difficultés rencontrées ............................................................................... — 11
8. Quelques éléments de prospective........................................................... — 11
8.1 Normes ISO et audit ................................................................................... — 11
8.2 Limites et perspectives d’évolution de l’audit
de systèmes de management .................................................................... — 12
9. Conclusion ................................................................................................... — 13
10. Glossaire ...................................................................................................... — 13
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. G 4 305v2

es audits de systèmes de management font partie intégrante du pilotage,


L de la gouvernance d’un organisme.
Qu’ils soient qualifiés d’« audits interne », d’« audits externes », d’« audits
première partie », de « seconde partie » ou encore de « tierce partie », ils per-
mettent à la direction, à son plus haut niveau, d’obtenir des éléments
essentiels sur « l’état de santé » des différents systèmes de management en
place au sein de son organisme.
La réalisation d’audits de systèmes de management nécessite l’implication
de plusieurs parties prenantes ; une équipe d’audit (responsable d’audit et
auditeurs), des audités mais également peuvent être présents des experts tech-
niques, des observateurs, des guides…
Chacune de ces parties prenantes a un rôle bien défini et certaines limites ne
doivent pas être franchies afin que l’exercice garde tout son intérêt.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPQV

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AUDITS DE SYSTÈMES DE MANAGEMENT : LES FONDAMENTAUX ___________________________________________________________________________

Un audit de système de management a ses limites qu’il convient bien évi-


demment de situer afin de ne pas les dépasser.
Il est nécessaire de se rappeler que la mise en œuvre d’un système de mana-
gement est une démarche volontaire et qu’il convient, à ce titre, de ne pas
transformer l’audit du système de management en inquisition, ni à l’extrême
de ne pas en faire une simple visite de courtoisie.
L’exercice n’est donc pas simple et sa pratique nécessite l’appropriation
d’outils de base que les acteurs en présence se doivent de connaître.
Les audits de systèmes de management sont toujours en totale évolution du
fait de la multiplicité des référentiels de systèmes de management et des chan-
gements culturels et technologiques.


1. Audit de système exemple management de la qualité, gestion financière ou mana-
gement environnemental ».
de management : définition Chacune des normes (ou référentiels) relatives aux systèmes de
management de la qualité (NF EN ISO 9001:2015), aux systèmes
de management environnemental (NF EN ISO 14001:2015 et règle-
1.1 Quelques définitions ment européen éco-audit), aux systèmes de management de la
santé et de la sécurité au travail (ILO-OSH 2001 et BS OHSAS
Une immersion dans le monde de l’audit des systèmes de
18001:2007, bientôt la norme ISO 45001) et d’autres normes de
management présuppose une parfaite connaissance et une par-
systèmes de management (telle que la norme NF ISO/CEI
faite maîtrise des termes « système », « management », « système
27001:2013 relative aux systèmes de management de la sécurité
de management » et « audit ».
de l’information ou NF ISO 19600:2014 relative aux systèmes de
Leur définition fait partie d’un grand nombre de séries de management de la compliance … par exemple) proposent ensuite
normes internationales (cf. § 4). leurs propres définitions de ce qu’est un système de management
Néanmoins, les normes NF EN ISO 9000:2015 – Systèmes de appliqué au domaine concerné.
management de la qualité – Principes essentiels et vocabulaire et Le tableau 1 illustre quelques-unes de ces définitions.
NF EN ISO 19011:2012 – Lignes directrices pour l’audit de sys-
tèmes de management les contiennent toutes, plus précisément Afin d’être exhaustif, précisons que la définition d’un système
dans leurs chapitres respectifs généralement intitulés « Termes et de management de la qualité comporte deux autres notes qui pré-
définitions ». cisent que :
– note 2 : « Les éléments du système de management com-
■ Selon le paragraphe 3.5.1 de la norme NF EN ISO 9000:2015, un
prennent la structure, les rôles et responsabilités, la planification,
système est un « ensemble d’éléments corrélés ou en interaction ».
le fonctionnement de l’organisme, les politiques, les pratiques, les
■ De son côté, le terme management est défini dans le para- règles, les convictions, les objectifs et les processus permettant
graphe 3.3.3 de cette même norme NF EN ISO 9000:2015 comme d’atteindre ces objectifs » ;
des « activités coordonnées pour orienter et diriger un orga- – note 3 : « Le périmètre d’un système de management peut
nisme ». comprendre l’ensemble de l’organisme, des fonctions ou des sec-
Deux notes annexées à ce paragraphe précisent que : tions spécifiques et identifiées de l’organisme, ou une ou plusieurs
fonctions dans un groupe d’organismes ».
– note 1 : « Le management peut inclure l’établissement de poli-
tiques et d’objectifs, et de processus pour atteindre ces objectifs ». De son côté, le référentiel OHSAS et, pour être plus précis, la
– note 2 : « En français, le terme « management » désigne par- norme britannique BS OHSAS 18001 de juillet 2007 comportent
fois des personnes, c’est-à-dire une personne ou un groupe de per- trois notes qui précisent que :
sonnes ayant les responsabilités et les pouvoirs nécessaires pour – note 1 : « Un système de management est un ensemble d’élé-
la conduite et la maîtrise d’un organisme. Lorsque le terme ments interdépendants utilisés pour établir une politique et des
« management » est utilisé dans ce sens, il convient toujours de objectifs ainsi que pour atteindre ces objectifs » ;
l’associer à une certaine forme de qualificatif pour éviter toute
– note 2 : « Un système de management comprend l’organisa-
forme de confusion avec le concept de « management » défini ci-
tion, les activités de planification (notamment l’évaluation des
dessus en tant qu’ensemble d’activités. Par exemple, l’expression
risques et la détermination des objectifs), les responsabilités, les
« le management doit … » est déconseillée alors que l’expression
« la direction doit … » est acceptable. Sinon, il convient pratiques, les procédures, les processus et les ressources » ;
d’employer d’autres termes pour exprimer le concept lorsqu’il se – note 3 : « Adapté de l’ISO 14001:2004, 3.8 ».
rapporte à des personnes, par exemple managers ou dirigeants. ».
■ Le paragraphe 3.13.1 de la norme NF EN ISO 9000:2015 définit
■ Dans cette même norme, le paragraphe 3.5.3 définit un système également le terme audit comme un « processus méthodique,
de management comme un « ensemble d’éléments corrélés ou en indépendant et documenté, permettant d’obtenir des preuves
interaction d’un organisme, utilisés pour établir des politiques, des objectives et de les évaluer de manière objective pour déterminer
objectifs et des processus de façon à atteindre lesdits objectifs ». dans quelle mesure les critères d’audit sont satisfaits ».
Une note 1 précise par ailleurs que « un système de manage- Cette définition est complétée par quatre notes que nous retrou-
ment peut traiter d’un seul ou de plusieurs domaines, par verons au chapitre suivant.

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____________________________________________________________________________ AUDITS DE SYSTÈMES DE MANAGEMENT : LES FONDAMENTAUX

Tableau 1 – Définitions d’un système de management de la qualité,


de l’environnement et de la santé et de la sécurité au travail

Norme/référentiel Paragraphe Définition

NF EN ISO 9000:2015 3.5.3 Système de management de la qualité : « ensemble d’éléments corrélés ou en inte-
raction d’un organisme, utilisés pour établir des politiques, des objectifs et des pro-
cessus de façon à atteindre lesdits objectifs ».

NF EN ISO 14001:2015 3.1.2 Système de management environnemental : « composante du système de manage-


ment utilisée pour gérer les aspects environnementaux, satisfaire aux obligations de
conformité et traiter les risques et opportunités ».

ILO-OSH 2001 Glossaire Système de gestion de la sécurité et de la santé au travail : « ensemble d’éléments
liés ou interdépendants destinés à établir une politique et des objectifs de sécurité
et de santé au travail, et à réaliser ces objectifs ».

OHSAS 18001:2007 3.13 Système de management de la SST (santé et sécurité au travail) : « partie du sys-
tème de management général d’un organisme utilisée pour élaborer et mettre en
œuvre sa politique SST et gérer les risques pour la SST ».

1.2 Objectifs d’un audit de système ■ De son côté l’évaluation, plus précisément l’évaluation de la
conformité, est définie, dans le paragraphe 2.1 de la norme NF EN
de management ISO/CEI 17000:2005 – comme la « démonstration que des exi-
gences spécifiées relatives à un produit, processus, système, per-
Plusieurs objectifs peuvent être associés à un audit de système sonne ou organisme sont respectées ».
de management, que ce système de management soit simple
(système de management de la qualité [SMQ], système de mana- Deux notes complètent cette définition :
gement environnemental [SME]) ou intégré (du type qualité, – note 1 : « Le domaine de l’évaluation de la conformité com-
hygiène et sécurité au travail, environnement [SMQHSE]) : prend des activités définies ailleurs dans la présente norme inter-
– tout d’abord, déterminer la conformité du système de manage- nationale telles que les essais, l’inspection et la certification, de
ment par rapport aux exigences d’un référentiel prédéterminé ; même que l’accréditation des organismes d’évaluation de la
– déterminer la capacité d’un système de management existant à conformité » ;
satisfaire les objectifs prévus, et renseigner la direction sur l’état – note 2 : « L’expression « objet de l’évaluation de la confor-
du système de management ; mité » ou « objet » est utilisée dans la présente norme internatio-
nale pour désigner le matériau, le produit, l’installation, le
– permettre l’amélioration du système de management ;
processus, le système, la personne ou l’organisme particulier
– permettre la reconnaissance du système de management, par auquel l’évaluation de la conformité est appliquée. Le service est
exemple en vue de sa certification (seconde ou tierce partie) ; couvert par la définition de produit ».
– mais aussi permettre à l’organisme d’harmoniser sa communi-
cation auprès de ses partenaires industriels ou financiers sur les ■ L’inspection est, selon le paragraphe 4.3 de la norme NF EN ISO/
risques encourus et sur les performances (par exemple dans le cas CEI 17000:2005, un « examen de la conception d’un produit, d’un
d’un reporting financier périodique) ; processus ou d’une installation et de détermination de leur
–… conformité à des exigences spécifiques ou, sur la base d’un juge-
ment professionnel, à des exigences générales ».
Une note complète cette définition : « l’inspection d’un proces-
sus peut comprendre l’inspection du personnel, des installations,
2. Typologie des audits de la technologie et de la méthodologie ».
■ Une revue est, selon le paragraphe 5.1 de cette même norme NF
2.1 Audit, évaluation, inspection, revue, EN ISO/CEI 17000:2005, une « vérification de la pertinence, de
diagnostic l’adéquation et de l’efficacité des activités de sélection et de déter-
mination et de leurs résultats en ce qui concerne la satisfaction,
par un objet de l’évaluation de la conformité, d’exigences spéci-
Très souvent une confusion est faite entre ces différents termes.
fiées ».
■ Outre la définition proposée au paragraphe 3.13.1 de la norme
■ Enfin, un diagnostic est, selon le fascicule de documentation
NF EN ISO 9000:2015 (cf. § 1.1), la norme NF EN ISO/CEI
Afnor FD X50-170:1992 (retiré de la collection), une « description et
17020:2012 propose, dans son paragraphe 4.4, la définition sui-
analyse de l’état d’un organisme, d’un de ses secteurs ou d’une de
vante du terme audit : « processus systématique, indépendant et ses activités, en matière de qualité, réalisé à sa demande et à son
documenté, permettant d’obtenir des enregistrements, des bénéfice, en vue d’identifier ses points forts et ses insuffisances, et
énoncés de faits ou d’autres informations pertinentes, et de les de proposer des actions d’amélioration en tenant compte de son
évaluer de manière objective pour déterminer dans quelle contexte technique, économique et humain ».
mesure les exigences spécifiées sont respectées ». Une note
précise que « alors que le terme « audit » s’applique aux sys- La lecture de ces différentes définitions illustre bien les difficul-
tèmes de management, « évaluation » s’applique aux orga- tés de compréhension de ces termes.
nismes d’évaluation de la conformité et s’utilise aussi d’une Le tableau 2 illustre par des exemples les définitions des diffé-
façon plus générale ». rents termes proposés.

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Audits de systèmes
de management : la mise en œuvre
par Michel JONQUIÈRES
Vice-président
Institut international de l’audit social (IAS)


1. Audit, rappel de quelques définitions....................................................... G 5 135v2 - 2
1.1 Audit et normes de systèmes de management........................................ — 2
1.2 Rappel de quelques définitions ................................................................. — 2
2. Temps forts du déroulement d’un audit................................................... — 3
3. Avant audit .................................................................................................. — 3
3.1 Déclenchement de l’audit........................................................................... — 3
3.1.1 Définition des objectifs, du but et des critères............................... — 3
3.1.2 Détermination des méthodes d’audit ............................................. — 3
3.1.3 Sélection de l’équipe d’audit ........................................................... — 4
3.1.4 Établissement d’un premier contact avec l’audité......................... — 4
3.1.5 Détermination de la faisabilité de l’audit........................................ — 4
3.2 Préparation des activités d’audit ............................................................... — 4
3.2.1 Préparation du plan d’audit ............................................................. — 4
3.2.2 Répartition des tâches au sein de l’équipe d’audit ........................ — 5
3.2.3 Mise au point des documents de travail ........................................ — 5
4. Audit............................................................................................................. — 6
4.1 Réunion d’ouverture ................................................................................... — 6
4.2 Audit (proprement dit)................................................................................ — 6
4.3 Réunion de synthèse .................................................................................. — 7
4.3.1 Formulation d’un écart..................................................................... — 7
4.3.2 Qualification d’un écart.................................................................... — 7
4.4 Réunion de clôture...................................................................................... — 8
5. Après audit .................................................................................................. — 8
5.1 Préparation et diffusion du rapport d’audit .............................................. — 8
5.2 Clôture de l’audit......................................................................................... — 9
5.3 Réalisation du suivi d’audit ........................................................................ — 9
6. Quelques mots sur les auditeurs et les audités....................................... — 10
6.1 Auditeurs ..................................................................................................... — 10
6.2 Audités ......................................................................................................... — 10
7. Conclusion ................................................................................................... — 12
8. Glossaire ...................................................................................................... — 12
Pour en savoir plus .............................................................................................. Doc. G 5 135v2

’audit fait indéniablement partie des temps forts de la vie de tout système
L de management.
Qu’il soit réalisé en interne (audit dit « de simple » ou « de première partie »),
chez un fournisseur par exemple (audit dit « de seconde partie ») ou par un
tiers indépendant en vue d’une certification (audit dit « de tierce partie »),
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPQV

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AUDITS DE SYSTÈMES DE MANAGEMENT : LA MISE EN ŒUVRE _____________________________________________________________________________

l’audit d’un système de management nécessite le suivi d’un déroulement qua-


siment immuable qu’il convient de respecter.
Mettant en présence une équipe d’audit (responsable d’audit et auditeurs) et
un (ou plusieurs) audité(s), l’audit d’un système de management est un formi-
dable outil de progrès au service de l’audité.
Il révèle les points forts du système de management (qu’il convient de
conforter) et met en évidence les points faibles et les lacunes du système de
management (qu’il convient bien évidemment de combler afin de pérenniser le
système de management en place).
Le déroulement logique d’un audit de système de management s’appuie sur
trois séquences bien distinctes :
– l’avant audit ;
– l’audit proprement dit ;
– l’après audit.

S Chacune de ces séquences contient des phases essentielles qui permettent


une bonne conduite de l’audit, autorisant ainsi la construction d’un jugement
sur « l’état de santé » du système de management.
La réalisation d’un audit de système de management requiert les compé-
tences d’une équipe d’audit, généralement composée d’un responsable d’audit
et d’auditeurs. Les compétences et les qualités personnelles de chacun des
membres de l’équipe d’audit nourrissent les données de sortie de tout audit de
système de management.
Mais l’audit d’un système de management n’est pas une science exacte :
l’équipe d’audit ne réalise que des « prélèvements » et son passage ne garantit
pas à 100 % la qualité du système de management en place.
Il convient donc que les audités et les membres de l’équipe d’audit fassent
preuve à la fois de rigueur et de curiosité.

1. Audit, rappel de quelques au secteur – Exigences pour les organismes de fourniture de pro-
duits et service ;
définitions – ISO 22000:2005 – Systèmes de management de la sécurité des
denrées alimentaires – Exigences pour tout organisme appartenant
à la chaîne alimentaire ;
– ISO/TS 16949:2009 – Systèmes de management de la qualité –
1.1 Audit et normes de systèmes Exigences particulières pour l’application de la norme
de management ISO 9001:2000 pour la production de série et de pièces de
rechange dans l’industrie automobile ;
La mise en place initiale et le maintien en conditions opération- – et d’autres normes…
nelles optimales de tout système de management nécessitent la comportent des exigences relatives à l’audit interne du système
réalisation d’audits. de management concerné.
Toutes les normes de systèmes de management :
– ISO 9001:2015 – Systèmes de management de la qualité –
Exigences ; 1.2 Rappel de quelques définitions
– ISO 14001:2015 – Systèmes de management environnemental –
L’audit d’un système de management peut être défini, en pla-
Exigences et lignes directrices pour son utilisation ;
giant et en mélangeant quelques définitions incluses dans les
– BS OHSAS 18001:2007 – Systèmes de management de la santé normes ci-dessus listées (notamment le paragraphe 3.4.1 de la
et de la sécurité au travail – Exigences ; norme ISO 14001:2015 relative aux systèmes de management
– ILO-OSH 2001 – Principes directeurs concernant les systèmes environnemental), comme « un processus systématique, indépen-
de gestion de la sécurité et de la santé au travail ; dant et documenté en vue d’obtenir et d’évaluer des preuves
– ISO/CEI 27001:2013 – Technologies de l’information – Tech- d’audit de manière objective en vue de déterminer dans quelles
niques de sécurité – Systèmes de gestion de la sécurité de mesures les critères d’audit du système de management […] sont
l’information – Exigences ; respectés ».
– ISO 28001:2007 – Systèmes de management de la sûreté pour En ce qui concerne les audits internes, le paragraphe 8.3.3 du
la chaîne d’approvisionnement – Meilleures pratiques pour la mise projet de norme ISO/F DIS 9004:2009 précisait que « les audits
en application de la sûreté de la chaîne d’approvisionnement – internes constituent un outil efficace pour déterminer les niveaux
Exigences et guidages ; de conformité du système de management de l’organisme par
– ISO 29001:2010 – Industries du pétrole, de la pétrochimie et du rapport à des critères donnés et fournissent des informations pré-
gaz naturel – Systèmes de management de la qualité spécifiques cieuses permettant de comprendre et d’analyser les performances

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______________________________________________________________________________ AUDITS DE SYSTÈMES DE MANAGEMENT : LA MISE EN ŒUVRE

de l’organisme […]. Il convient que les audits internes évaluent la


mise en œuvre et l’efficacité du système de management ».
Ces définitions mettent en exergue quelques mots clés de Déclenchement de l’audit
l’audit d’un système de management : preuves, critères…
Le paragraphe 3.2 de la norme NF EN ISO 19011:2012 utilise le
vocable « critère d’audit » en précisant qu’il s’agit là d’un
« ensemble de politiques, procédures ou exigences déterminées ».
D’autres termes font partie intégrante du vocabulaire de l’audit
de systèmes de management (tous extraits de la norme
NF EN ISO 19011:2012 ci-dessus évoquée) : les preuves d’audit
sont les « enregistrements, énoncés de faits ou d’autres informa- Réalisation des activités d’audit
tions pertinents, pour les critères d’audit et vérifiables » (cf.
paragraphe 2.3.3 de la norme).
Une note précise que « les preuves d’audit peuvent être qualita-
tives ou quantitatives ». Préparation et diffusion
À ces deux mots clés, se rajoutent les termes de constatations du rapport d’audit
d’audit et de conclusion d’audit.
Selon le paragraphe 3.4 de la norme ISO 19011:2012, les consta-
tations d’audit sont les « résultats de l’évaluation des preuves

d’audit, par rapport aux critères d’audit ». Clôture de l’audit
Trois notes complètent cette définition :
– note 1 : « Les constatations d’audit indiquent la conformité ou
la non-conformité » ;
– note 2 : « Les constatations d’audit peuvent conduire à l’identi- Réalisation du suivi d’audit
fication des opportunités d’amélioration ou à la consignation de (lorsque spécifié dans le plan d’audit)
bonnes pratiques » ;
– note 3 : « Si les critères d’audit sont choisis parmi les exi-
gences légales ou d’autres exigences, la constatation d’audit est Figure 1 – Étapes de l’audit
qualifiée de conformité ou de non-conformité ».
Par ailleurs (cf. paragraphe 3.5 de cette même norme), une
conclusion d’audit représente le « résultat d’un audit fourni après – la sélection de l’équipe d’audit ;
avoir pris en considération les objectifs de l’audit et toutes les – l’établissement d’un premier contact avec l’audité ;
constatations d’audit ». – la détermination de la faisabilité de l’audit.
Nota : le lecteur pourra également consulter l’article [G4305] Audits de systèmes de
management : les fondamentaux.
3.1.1 Définition des objectifs, du but
et des critères
Un audit de système de management peut posséder un ou plu-
2. Temps forts sieurs objectifs, parmi lesquels :

du déroulement d’un audit – fournir des informations sur l’état d’un système de manage-
ment ou sur la capacité d’un site/activité/organisme à maîtriser un
risque donné ;
Trois temps forts rythment le déroulement d’un audit de sys- – déterminer la capacité du système de management mis en
tème de management environnemental : œuvre pour atteindre les objectifs prévus et le niveau de perfor-
– l’avant audit ; mance affiché ;
– l’audit proprement dit ; – déterminer la conformité partielle d’un système de manage-
– l’après audit. ment en regard des exigences du référentiel d’audit choisi (par
exemple : un processus, une activité, une procédure…) ;
Selon le paragraphe 6.1 de la norme ISO 19011:2012, les activi- – déterminer la conformité complète d’un système de manage-
tés d’audit se décomposent en six séquences (figure 1). ment en regard des exigences du référentiel d’audit choisi ;
– s’assurer de la correcte mise en application de principes ou
d’éléments de politique d’un système de management ;

3. Avant audit – permettre de mener à bien le programme d’audit du système


de management ;
– préparer l’audit de certification (réalisation d’un audit à blanc) ;
Derrière ce terme se cachent l’ensemble des préliminaires – permettre l’obtention de la certification par tierce partie du sys-
nécessaires à tout audit d’un système de management, à savoir tème de management ;
les deux premières séquences ci-dessus évoquées : le déclenche- –…
ment de l’audit et la préparation des activités d’audit.
3.1.2 Détermination des méthodes d’audit
3.1 Déclenchement de l’audit Le terme de « méthode d’audit » concerne essentiellement la
façon dont l’audit du système de management sera conduit ; ceci
Cette première étape peut comprendre, selon la nature de l’audit : peut comprendre les éléments suivants :
– la définition des objectifs, du but et des critères de l’audit ; – la lecture préalable de documents de tous ordres (manuels,
– la détermination des méthodes d’audit ; politiques, procédures, instructions…) ;

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Audit environnemental
de conformité réglementaire
par Raphaël GOSSET
AECOM

et Michel MACCABE
AECOM

1. Contexte ........................................................................................... G 4 400 – 3


1.1 Renforcement de la réglementation environnementale.................... — 3
1.2 Difficulté de la veille réglementaire ................................................... — 3
1.3 Contexte normatif............................................................................... — 4
1.4 Particularités des sociétés internationales ........................................ — 4
2. Définitions et objectifs.................................................................. — 4
2.1 Définitions .......................................................................................... — 4
2.2 Normes ............................................................................................... — 5
2.3 Intérêts et enjeux de l’audit environnemental de conformité
réglementaire ..................................................................................... — 5
2.4 Différents types d’audits et de diagnostics environnementaux ....... — 6
2.5 Internalisation et externalisation de la fonction d’audit ................... — 6
2.6 Complémentarité entre audits environnement et audits santé-
sécurité ............................................................................................... — 7
3. Déroulement .................................................................................... — 7
3.1 Étapes de l’audit ................................................................................. — 7
3.2 Suivi de la correction des écarts identifiés ....................................... — 11
3.3 Audit de conformité réglementaire et PME ....................................... — 11
3.4 Programmes d’audit ........................................................................... — 12
4. Méthodologie ................................................................................... — 12
4.1 Reconnaissance et identification des non-conformités .................... — 12
4.2 Techniques d’entretien ....................................................................... — 12
4.3 Techniques de prise de note .............................................................. — 13
4.4 Principes d’échantillonnage ............................................................... — 13
4.5 Analyse des causes et recommandations ......................................... — 13
4.6 Rédaction du rapport.......................................................................... — 14
5. Outils ................................................................................................. — 14
5.1 Questionnaires de pré-audit .............................................................. — 14
5.2 Protocoles d’audit .............................................................................. — 14
5.3 Systèmes de classement et de notation ............................................ — 14
5.4 Synthèse ............................................................................................. — 15
6. Limites............................................................................................... — 15
6.1 Temps accordé à l’audit ..................................................................... — 15
6.2 Différences entre l’audit de conformité, l’avis juridique
et le contrôle technique...................................................................... — 16
6.3 Choix des prestataires et des auditeurs ............................................ — 17
7. Conclusions...................................................................................... — 17
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 4 400

l existe divers types d’audits et de diagnostics environnementaux, utilisés


I pour évaluer la performance environnementale d’organismes, d’activités, de
bâtiments ou d’entreprises : audits de certification ISO 14001, audits dits de
« due diligence » dans le cadre de projets de fusion-acquisition, analyse du
cycle de vie, diagnostics techniques comme le diagnostic de performance éner-
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPPY

gétique (DPE), etc.

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est strictement interdite. – © Editions T.I. G 4 400 – 1

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AUDIT ENVIRONNEMENTAL DE CONFORMITÉ RÉGLEMENTAIRE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Ce dossier présente les objectifs et les méthodes associées à la pratique de


l’audit environnemental de conformité réglementaire, qui est un outil d’évalua-
tion de la conformité par rapport aux réglementations environnementales appli-
cables. Cet outil est destiné à pallier les difficultés de suivi et d’interprétation
des réglementations environnementales qui deviennent de plus en plus com-
plexes. Pour atteindre son but, l’audit environnemental de conformité régle-
mentaire doit suivre des méthodes reconnues et être effectué par des auditeurs
spécialisés et compétents.
Dans un premier temps, nous présenterons le contexte contraignant les entre-
prises à cet exercice (augmentation de la pression réglementaire, évolution des
mentalités, fragilité de l’image donnée au grand public, etc.), pour ensuite intro-
duire les intérêts et les objectifs directs et indirects de l’audit environnemental
de conformité réglementaire. Les définitions des principaux termes du vocabu-
laire de l’auditeur seront également données.
Dans un second temps, la méthodologie et les outils utilisés seront présentés


dans le détail et illustrés par des exemples : planification, déroulement et
agenda, techniques d’entretien, de revue de documents et de prise de note,
rédaction des constats et du rapport, suivi des écarts identifiés, classement et
notation, gestion d’un programme d’audit.
En conclusion, seront définies les limites de l’audit environnemental de
conformité réglementaire, en le distinguant de l’avis juridique. Les problémati-
ques du choix du prestataire et du temps accordé à l’audit seront également
abordés.

Tableau des abréviations et acronymes Tableau des abréviations et acronymes (suite)


ACV Analyse du cycle de vie
IEMA Institute of Environmental Management
& Assessment
AEI Analyse environnementale initiale
IFACI Institut français de l’audit et du contrôle internes, ou
ASTM American Society for Testing and Materials
Institut de l’audit interne
BEAC Board of Environmental, Health & Safety Auditor
INRS Institut national de recherche et de sécurité
Certifications
ISO International Organization for Standardization
CERCLA Comprehensive Environmental Response,
Compensation, and Liability Act
NRE Nouvelles régulations économiques
DPE Diagnostic de performance énergétique
OHSAS Occupational Health
and Safety Assessment Series
EMAS Eco Management and Audit Scheme
ONU Organisation des Nations unies
EPA Environmental Protection Agency
PME Petites et moyennes entreprises
ESS Environnement santé sécurité
QESS Qualité environnement santé sécurité
IAPC International Audit Protocol Consortium
SME Systèmes de management environnemental
ICPE Installations classées pour la protection de l’environnement

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– AUDIT ENVIRONNEMENTAL DE CONFORMITÉ RÉGLEMENTAIRE

1. Contexte pour les sociétés françaises cotées en Bourse de rendre compte de


leur gestion sociale et environnementale dans leur rapport annuel.
L’élargissement de cette obligation à l’ensemble des pays de
l’Union européenne est actuellement un sujet de discussion au Par-
1.1 Renforcement de la réglementation lement européen, suite au rapport « Howitt » de 2006 sur la respon-
sabilité sociale des entreprises [2]. Sous la demande des actionnai-
environnementale res et du public, et même en l’absence de réglementation, de plus
en plus d’entreprises émettent un rapport annuel dit de « responsa-
Développée depuis les années 1970, la réglementation environ-
bilité sociale et environnementale » ou de « développement
nementale s’intensifie dans les pays industrialisés. Un rapport pré-
durable ». Les entreprises françaises soumises à la réglementation
senté au Sénat en 2004 par la délégation pour la planification sou-
des installations classées pour la protection de l’environnement
ligne que, à l’exception de quelques exemples anecdotiques,
(ICPE) doivent également respecter des obligations spécifiques
« l’approfondissement de la mondialisation au cours des dernières
comme le bilan de fonctionnement (ou bilan décennal), des contrô-
décennies a été concomitant à un renforcement des normes envi-
les périodiques, les déclarations annuelles aux douanes dont les
ronnementales dans les pays développés » [1]. Cette évolution a
données sont compilées au niveau européen via les registres de
été accompagnée par la signature de conventions et de protocoles
suivi des émissions polluantes, etc. La préparation de ces docu-
internationaux, notamment le protocole de Montréal sur les subs-
ments demande une grande précision dans la collecte des informa-
tances appauvrissant la couche d’ozone (1987), le protocole de
tions environnementales, qui se doivent d’être les plus exactes
Kyoto de réduction des émissions de gaz à effet de serre (1997) et
possibles.


les diverses conventions concernant les pollutions maritimes, dont
la convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982. Aux États-Unis également, et ce depuis les années 1970, des
réglementations ont été mises en place afin de responsabiliser les
Les entreprises, du fait de la nature de leurs activités, sont parti- entreprises vis-à-vis de leurs impacts environnementaux : Clean Air
culièrement visées par ce phénomène. En Europe, la législation a Act de 1970, Clean Water Act de 1972, Resource and Conservation
établi des règles permettant de prévenir la pollution et de réparer Recovery Act de 1976. En 1980 a été voté le Comprehensive Envi-
les dommages causés à l’environnement par les entreprises, ronmental Response, Compensation, and Liability Act ou CERCLA,
notamment par le biais du principe de précaution et celui du encore appelé « Superfund ». Ce texte a institué un fond de réserve
pollueur-payeur, inscrits dans le traité de l’Union européenne. Elle pour le traitement des sites pollués en cas d’insolvabilité des res-
contient également des mesures visant à promouvoir le développe- ponsables. Il prévoit également que le gouvernement puisse se
ment d’activités industrielles respectueuses de l’environnement. retourner contre les auteurs de la pollution dans le cadre d’une res-
Ces grands principes sont repris dans les réglementations nationa- ponsabilité objective, rétroactive et solidaire. Le budget du pro-
les des pays membres de l’Union européenne (voir encadré 1 gramme Superfund a été en moyenne d’environ 1,5 milliards de
concernant par exemple les quatre grands principes de la régle- dollars par an entre 1993 et 2005.
mentation française).
En parallèle, les actions de groupe (ou class action), nées aux
États-Unis dans les années trente, se sont développées dans le
Encadré 1 – Les grands principes de la réglementation domaine de l’environnement. Une action de groupe, aussi appelé
environnementale française « recours collectif », est une action en justice qui permet à un
Extrait de l’article L. 110-1 du code de l’environnement – quatre grand nombre de personnes de faire reconnaı̂tre leurs droits et
principes : d’obtenir une indemnisation morale ou financière, auprès d’une
1. Le principe de précaution, selon lequel l’absence de certitu- personne tierce ou d’une institution. Ainsi, en 2002, 950 fermiers
des, compte tenu des connaissances scientifiques et techni- du Canada ont tenté, sans succès, d’intenter un recours collectif
ques du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures contre les sociétés Monsanto et Aventis Cropscience, afin d’être
effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dédommagés pour les pertes causées par la contamination de leur
dommages graves et irréversibles à l’environnement à un colza par une variété transgénique. Pour le moment, une telle pro-
coût économiquement acceptable. cédure n’est pas prévue en France, où il est nécessaire de se
2. Le principe d’action préventive et de correction, par priorité regrouper en association pour que celle-ci puisse intenter des
à la source, des atteintes à l’environnement, en utilisant les actions. Toutefois, après un projet de réforme en 2005 [3] et la
meilleures techniques disponibles à un coût économiquement mise en place de groupes de travail, le projet a été repoussé au pre-
acceptable. mier semestre 2009, alors que la Commission européenne travaille
3. Le principe pollueur-payeur, selon lequel les frais résultant également sur le projet.
des mesures de prévention, de réduction de la pollution et de Dans les pays émergents (Inde, Chine, Brésil…), l’apparition et le
lutte contre celle-ci doivent être supportés par le pollueur. renforcement des réglementations environnementales se font à des
4. Le principe de participation, selon lequel chacun a accès aux rythmes variés, fonctions de la qualité institutionnelle du pays, de
informations relatives à l’environnement, y compris celles rela- son ouverture commerciale, des émissions industrielles de pol-
tives aux substances et activités dangereuses, et le public est luants et des préférences des consommateurs locaux par rapport à
associé au processus d’élaboration des projets ayant une inci- la qualité de l’environnement. Néanmoins, la pression du public
dence importante sur l’environnement ou l’aménagement du international, la dépendance de ces pays vis-à-vis des consomma-
territoire. teurs étrangers, et leur présence dans les grandes instances inter-
nationales telles que l’Organisation des Nations unies (ONU), pous-
Ainsi, la directive 2004/35/CE du Parlement européen et du sent globalement à une meilleure prise en compte de
Conseil du 21 avril 2004, sur la responsabilité environnementale l’environnement dans ces pays.
établit un cadre de responsabilité environnementale fondé sur le
principe du « pollueur-payeur », en vue de prévenir et de réparer
les dommages environnementaux. Selon les termes de cette direc- 1.2 Difficulté de la veille réglementaire
tive, les exploitants d’activités professionnelles potentiellement Dans ce contexte, la connaissance et surtout le suivi de l’évolu-
dangereuses telles que les activités agricoles, industrielles ou de tion de la réglementation environnementale deviennent un travail
gestion des déchets peuvent être tenu pour responsable d’un dom- à part entière pour les entreprises, qui n’ont pas toujours les res-
mage même s’ils n’ont commis aucune faute. sources humaines et financières pour y parvenir. Grâce à Internet,
En France, la loi sur les nouvelles régulations économiques l’accès à la réglementation est facilité (site Legifrance en France,
(NRE) du 15 mai 2001 se place dans cette logique et fixe l’obligation site Aida de l’Ineris sur les réglementations environnementales du

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AUDIT ENVIRONNEMENTAL DE CONFORMITÉ RÉGLEMENTAIRE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

domaine industriel, site eur-Lex pour la réglementation de l’Union – une plus grande couverture médiatique et publicitaire, et donc
européenne). Des solutions payantes sont également proposées un risque d’atteinte à l’image plus important, notamment auprès
par différentes sociétés afin de faciliter ce travail grâce à une sélec- du grand public ;
tion et une pré-analyse des textes pouvant avoir un intérêt pour – une plus grande capacité financière, et donc une cible plus
l’entreprise. Malgré cela, ce travail de suivi reste fastidieux, en par- facile pour les amendes et les taxes environnementales.
ticulier dans les petites et moyennes entreprises, au vu du grand
nombre de textes réglementaires nouveaux sortant chaque année. Cette exposition accrue engendre de plus grands besoins de
contrôles des filiales et des sites industriels. Ceci s’est traduit par
Dès lors, il peut se créer un écart entre les connaissances inter- la mise en place de standards ou de règles internes en matière
nes en matière de réglementation, la réalité des obligations régle- d’environnement (gestion des déchets, stockage des produits chi-
mentaires, et les pratiques de l’entreprise. Cet écart, ou la mécon- miques, etc.) mais aussi, dans certains cas, par la mise en place
naissance de cet écart, peuvent conduire à des erreurs dans la de programme d’audits environnementaux, afin de vérifier le res-
bonne gestion de l’entreprise (par exemple : investissements dans pect des réglementations nationales et locales, et des règles inter-
des équipements non conformes), à des amendes, des plaintes, ou nes du groupe. C’est de ce type de programme d’audit dont il est
bien encore à des incidents. plus particulièrement question dans ce dossier.
Une étude des données fournies par les 500 plus grosses entre-
prises cotées sur les Bourses américaines (« Standard & Poor’s
1.3 Contexte normatif 500 ») entre 1998 et 2003 a montré qu’un nombre croissant de ces
entreprises avaient mis en place un programme d’audit de confor-


Les premières normes relatives aux systèmes de management,
mité environnementale [4]. Les entreprises américaines sont d’ail-
créées initialement dans le domaine de la qualité, ont vu le jour à
leurs incitées à utiliser le système d’audits internes par les régle-
la fin des années 1970, puis se sont développées dans les années
mentations fédérales et locales.
1980 avec, en 1987, la publication de la norme ISO 9001. À partir
de la fin des années 1980, plusieurs normes nationales en environ- Ainsi, la politique de l’EPA (U.S. Environmental Protection Agency :
nement ont fait leur apparition, comme la norme BS-7750 en agence gouvernementale américaine en charge de l’environnement
Angleterre, les normes X30-200 et EMAS (Eco-Management and dont le site Internet est http://www.epa.gov/ – cf. [Doc. G 4 400]) pré-
Audit Scheme) en France, et la norme NSF-110 aux États-Unis. Afin voit une exemption de certaines amendes pour les sociétés ayant
d’éviter que ces normes puissent constituer des barrières non tari- découvert et corrigé des non-conformités réglementaires, au travers
faires, l’ISO a eu le mandat d’élaborer une norme internationale d’un programme d’audit interne, et qui en aurait fait part aux auto-
pour les systèmes de management environnemental (SME). Cela a rités (Incentives for Self-Policing : Discovery, Disclosure, Correction
conduit à la publication de norme ISO 14001 en 1996. Un nombre and Prevention of Violations du 11 avril 2000).
croissant d’entreprise et d’organisations se sont depuis engagées Il n’est donc pas étonnant que le principe d’audit environnemental
dans une démarche de certification. Ainsi, entre 2000 et 2006, le de conformité réglementaire ait été initié dans les grandes entrepri-
nombre de sites certifiés ISO 14001 en France est passé de 700 à ses internationales, notamment les grandes entreprises américaines.
plus de 3 000. Une part non négligeable des entreprises françaises appartiennent
Les différentes normes pour la mise en œuvre de SME au moins en partie à des groupes anglo-saxons. Ainsi, en juin 2008,
(ISO 14001, EMAS, etc.), et leurs pendants en matière de sécurité on recensait sur le territoire français 3 600 entreprises américaines,
(OHSAS 18001, ILO OSH, référentiel DuPont de Nemours, etc.) employant 600 000 salariés. Ces entreprises vont avoir une approche
contiennent des sections concernant l’auto-évaluation et les audits anglo-saxonne de la problématique environnementale, basée sur
internes, qui sont considérés comme des éléments majeurs des une gestion proactive des risques (encadré 2) (objectif zéro non-
systèmes de management. conformité, crainte des responsabilités environnementales, respect
des règles Sarbanes-Oxley de transparence des résultats financiers,
La principale norme dans ce domaine, la norme ISO 14001, com- etc.), et avoir recours plus fréquemment à l’audit.
prend en particulier une obligation d’évaluation de la conformité
du site par rapport à la réglementation. Cette obligation a d’ailleurs
Encadré 2 – Gestion proactive des risques
été renforcée lors de la dernière mise à jour de la norme en 2004. À
cette occasion, l’évaluation périodique de conformité a été différen- Le principe de la gestion proactive des risques est de minimi-
tiée du précédent paragraphe 4.5.1 « Surveillance et mesurage », ser la possibilité que des incidents se produisent, par opposi-
avec la création d’un nouveau paragraphe 4.5.2 « Évaluation de la tion à l’approche réactive, qui est d’attendre que les problèmes
conformité ». Cette modification a amélioré la lisibilité de la précé- se présentent avant d’y répondre.
dente norme et mis l’accent sur l’évaluation de conformité dans le La gestion proactive des risques commence donc par une iden-
cadre de la surveillance, exercice souvent confondu avec la veille tification des risques, leur analyse et leur surveillance, dans le
réglementaire. but de mieux les contrôler.
Elle est appliquée dans le domaine de l’environnement et de la
sécurité, mais également dans ceux de la médecine, de la sécu-
1.4 Particularités des sociétés rité informatique, de l’aviation, de la finance, des assurances,
internationales et de manière générale dans les domaines où les prises de ris-
ques sont importantes.
Le phénomène de renforcement de la réglementation autour des
entreprises s’est fait parallèlement à une augmentation de l’intérêt
du public pour ce sujet, et donc à une plus grande exposition des
sociétés à la critique et au risque d’atteinte à l’image. 2. Définitions et objectifs
Les sociétés internationales sont particulièrement exposées à ces
risques, et ce pour plusieurs raisons :
2.1 Définitions
– des implantations dans des pays différents, soumises à des
réglementations environnementales différentes, avec de possibles La norme ISO 9000 définit le processus d’audit comme un « pro-
différences de cultures entre les sites ou les divisions du groupe ; cessus méthodique, indépendant et documenté permettant d’obte-
– des sites parfois implantés dans des pays où la réglementation nir des preuves d’audit et de les évaluer de manière objective pour
environnementale est faible ou inexistante, avec des risques de déterminer dans quelle mesure les critères d’audit sont satisfaits »
dérives ; (encadré 3).

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XP
Système de management environnemental site
(Réf. Internet 42442)

1– Normalisation

2– Mise en place d'un SME

3– Outils

4– Système de management environnemental et Réf. Internet page

système de management intégré


Mise en place d'un système de management intégré G5184 83

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Mise en place d’un système


de management intégré

par Gilles FRIDERICH


Chargé de missions
Mission développement durable et solidaire de la ville de Metz

1. Pourquoi un système de management intégré ......................... G 5 184 – 2


1.1 Notion de système de management intégré ..................................... — 2
1.2 Évolution du management et développement normatif ................... — 3
1.3 Enjeux de l’intégration ....................................................................... — 5


1.4 Principes et finalités des systèmes de management intégrés .......... — 6
1.5 Points de convergence et différences ................................................ — 7
1.6 Approche par les risques ................................................................... — 8
2. Mise en place d’un système de management intégré.............. — 9
2.1 Étapes et modalités d’intégration ...................................................... — 10
2.2 Compréhension de l’organisme et de son contexte ......................... — 10
2.3 Identification des parties intéressées et de leurs facteurs
d’influence .......................................................................................... — 11
2.4 Analyses des risques opérationnels .................................................. — 11
2.5 Approche processus et amélioration continue ................................. — 12
2.6 Freins et facteurs clés de succès d’une démarche d’intégration ...... — 14
3. Exemple et retours d’expérience ................................................. — 15
3.1 Éléments de contexte ......................................................................... — 15
3.2 Phase préparatoire ............................................................................. — 15
3.3 Planning de la démarche ................................................................... — 16
3.4 Méthodologies utilisées dans le cadre de la démarche .................... — 16
3.4.1 Identification des parties intéressées et de leur facteur
d’influence ............................................................................... — 16
3.4.2 Analyse des forces/faiblesses, opportunités/menaces ........... — 16
3.4.3 Identification, description et déploiement des processus ..... — 16
3.4.4 Liens entre les méthodologies ................................................ — 21
3.5 Point sur la communication interne .................................................. — 21
3.6 Audits internes QSE et revue de direction ........................................ — 21
3.7 Risques, freins, difficultés .................................................................. — 21
3.8 Perspectives........................................................................................ — 23
4. Conclusion........................................................................................ — 23
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 5 184

A ujourd’hui les entreprises et organismes de toutes sortes se doivent de


réagir rapidement face à de multiples défis. Les défis techniques, régle-
mentaires, organisationnels, structurels, culturels, environnementaux, socié-
taux, économiques ou politiques se confrontent à des enjeux de performance
et de compétitivité.
Tous ces changements de contexte, ajoutés au renforcement des exigences
de toutes les parties prenantes, impliquent une évolution des modes de mana-
gement, une approche proactive et une logique d’innovation permanente.
Qu’il soit dans les domaines de la qualité, de l’environnement, de la sécurité,
de l’énergie, du développement durable, etc., un système de management inté-
gré s’appuie sur une approche globale et cohérente, avec pour finalités la
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPRP

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MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME DE MANAGEMENT INTÉGRÉ ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

maı̂trise des risques et l’amélioration des performances socio-économiques et


d’éthique sociale.
Véritable démarche de progrès collective, la mise en place d’un système de
management intégré prend en compte les préoccupations actuelles mais per-
met aussi d’anticiper les exigences à venir en matière de responsabilité socié-
tale et constitue ainsi un levier pertinent pour s’engager dans une politique de
développement durable.
Aujourd’hui de nombreuses normes dans leur dernière version s’articulent
autour d’une structure commune dénommée HLS (high structure level). Cette
structure facilite la construction d’un système de management répondant aux
aspects techniques, organisationnels, comportementaux et en matière de com-
pétence, permettant une meilleure maı̂trise des risques.
Cet article aborde la mise en place et le déploiement de système de manage-
ment intégré de type QSE (qualité – sécurité – environnement) en prenant comme
référence les normes ISO 9001:2015, ISO 14001:2015 et ISO 45001:2018 qui sont a
priori les plus répandues. En outre, la norme ISO 50001 de management de
l’énergie dans sa version récente d’août 2018 et le développement durable sous
l’angle de la responsabilité sociétale des organisations RSO au regard de
l’ISO 26000 peuvent tout à fait être pris en compte dans une démarche de SMI.


Mais au-delà de l’aspect purement normatif, le rapprochement de diverses
disciplines QSE-énergie-DD est un exercice complexe, et, comme tout projet,
leur intégration requiert une stratégie, un schéma organisationnel, des outils
et méthodes.

Processus : ensemble d’activités corrélées ou en interaction qui


1. Pourquoi un système utilise des éléments d’entrée pour produire un résultat escompté.
de management intégré Partie intéressée (ou partie prenante) : personne ou organisme qui
peut soit influencer une décision ou une activité, soit être influencée
ou s’estimer influencée par une décision ou par une activité.
Source : norme NF EN ISO 9000:2015, systèmes de management
1.1 Notion de système de management de la qualité – principes essentiels et vocabulaire.
intégré Risque : effet de l’incertitude sur les objectifs.
Quelques définitions préalables : Note 1 à l’article : un effet est un écart par rapport à un attendu. Il peut être positif,
négatif ou les deux à la fois, et traiter, créer ou entraı̂ner des opportunités et des mena-
Organisme : personne ou groupe de personnes ayant un rôle ces.
avec les responsabilités, l’autorité et les relations lui permettant
Note 2 à l’article : les objectifs peuvent avoir différents aspects, être de catégories dif-
d’atteindre ses objectifs. férentes, et peuvent concerner différents niveaux.
Contexte d’un organisme : combinaison d’enjeux internes et Note 3 à l’article : un risque est généralement exprimé en termes de sources de
externes pouvant avoir un effet sur l’approche d’un organisme en risque, événements potentiels avec leurs conséquences et leur vraisemblance.
ce qui concerne la détermination et la réalisation de ses objectifs. Management du risque : activités coordonnées dans le but de
Système : ensemble d’éléments corrélés ou en interaction. diriger et piloter un organisme vis-à-vis du risque.
Management : activités coordonnées pour orienter et diriger un Source de risque : tout élément qui, seul ou combiné à d’autres,
organisme. est susceptible d’engendrer un risque.
Système de management : ensemble d’éléments corrélés ou en Événement : occurrence ou changement d’un ensemble particu-
interaction d’un organisme, utilisés pour établir des politiques, des lier de circonstances.
objectifs et des processus de façon à atteindre lesdits objectifs. Note 1 à l’article : un événement peut être unique ou se reproduire et peut avoir plu-
sieurs causes et plusieurs conséquences (…).
Politique : intentions et orientations d’un organisme, telles qu’el-
les sont officiellement formulées par sa direction. Note 2 à l’article : un événement peut être quelque chose qui est attendu, mais qui ne
se produit pas, ou quelque chose auquel on ne s’attend pas, mais qui se produit.
Stratégie : plan pour atteindre un objectif à long terme ou global.
Note 3 à l’article : un événement peut être une source de risque.
Objectif : résultat à atteindre.
Note 1 à l’article : un objectif peut être stratégique, tactique ou opérationnel.
Conséquence : effet d’un événement affectant les objectifs.
Note 1 à l’article : une conséquence peut être certaine ou incertaine et peut avoir des
Note 2 à l’article : les objectifs peuvent se rapporter à différents domaines (tels que la effets positifs ou négatifs, directs ou indirects, sur l’atteinte des objectifs.
finance, santé, sécurité et environnement) et peuvent s’appliquer à divers niveaux (par
exemple au niveau stratégique, à un niveau concernant l’organisme dans son ensemble Note 2 à l’article : les conséquences peuvent être exprimées de façon qualitative ou
ou afférant à un projet, un produit ou à un processus). quantitative.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME DE MANAGEMENT INTÉGRÉ

Note 3 à l’article : toute conséquence peut déclencher des effets en cascade et cumulatifs. politiques structurées de prévention des risques professionnels ont
Vraisemblance : possibilité que quelque chose se produise. été déployées pour mieux prendre en compte la santé et la sécurité
Note 1 à l’article : dans la terminologie du management du risque, le mot « vraisem-
au travail au sein des organismes.
blance » est utilisé pour indiquer la possibilité que quelque chose se produise, que cette Les premières normes, spécifiques et plutôt cloisonnées, qui ont
possibilité soit définie, mesurée ou déterminée de façon objective ou subjective, qualita-
tive ou quantitative, et qu’elle soit décrite au moyen de termes généraux ou mathémati-
résulté de ces trois composantes n’ont pas facilité au départ la
ques (telles une probabilité ou une fréquence sur une période donnée). cohérence et l’intégration d’un système de management global.
Note 2 à l’article : le terme anglais « likelihood » (vraisemblance) n’a pas d’équivalent La plupart des organismes ont mis en place des systèmes de
direct dans certaines langues et c’est souvent l’équivalent du terme « probability » (pro- management qualité et/ou environnement et/ou sécurité qui sont à
babilité) qui est utilisé à la place. En anglais, cependant, le terme « probability » (probabi- des niveaux de maturité différents. Tout l’enjeu de l’intégration des
lité) est souvent limité à son interprétation mathématique. Par conséquent, dans la termi-
nologie du management du risque, le terme « vraisemblance » est utilisé avec l’intention
systèmes existants vers un système de management global repose
qu’il fasse l’objet d’une interprétation aussi large que celle dont bénéficie le terme « pro- sur la volonté et l’implication de la direction et de sa stratégie en
bability » (probabilité) dans de nombreuses langues autres que l’anglais. phase avec la politique et les objectifs.
Moyen de maı̂trise : action qui maintient et/ou modifie un risque. Aujourd’hui, les systèmes de management intégré ont tendance à
Note 1 à l’article : un moyen de maı̂trise du risque inclut, sans toutefois s’y limiter, de plus en plus se développer. Quand le système de management
n’importe quels processus, politique, dispositif, pratique ou autres conditions et/ou intègre des domaines tels que la qualité, la sécurité, l’environnement,
actions qui maintiennent et/ou modifient un risque.
l’énergie, le développement durable en passant par la responsabilité
Note 2 à l’article : un moyen de maı̂trise du risque n’aboutit pas toujours nécessaire- sociétale des entreprises ou des organisations (RSE et RSO)…, il per-
ment à la modification voulue ou supposée. met à l’organisme qui le déploie de mettre en place une politique
Source : ISO 31000:2018 – Management du risque – Lignes durable, des objectifs pertinents en prenant en compte toutes les par-
directrices ties prenantes.
Opportunité : caractère de ce qui est opportun dans son sens D’application volontaire, les normes ISO font l’objet d’évolutions
premier. Dans un second sens, c’est une occasion ou circonstance et de modifications régulières.


favorable (influence de l’anglais opportunity), on parle de « saisir Comme précisé en introduction, l’article aborde les référentiels
une opportunité ». suivants :
Source : http://wiktionary.org
« Intégrer » est une action qui consiste à faire absorber une chose Référentiel Domaine Intitulé
ou à l’associer à d’autres éléments dans le but final d’avoir un résul-
tat homogène, et dont l’assimilation serait complète et définitive. ISO 9001 version Systèmes de management
Avec comme synonymes : entrer, incorporer, insérer, réunir. Qualité
2015 de la qualité
Source : http://linternaute.fr
Le terme « intégration » revêt plusieurs significations selon les ISO 14001 Systèmes de management
Environnement
domaines dans lequel il est utilisé (en économie, en philosophie version 2015 environnemental
ou en mathématiques, etc.). Pour le définir de manière simple, on
peut dire que l’intégration suppose la coordination et la planifica- Systèmes de management
ISO 45001 Santé et sécurité
tion d’éléments d’un ensemble pour former un tout. de la santé et de la sécurité
version 2018 au travail
au travail

Si l’on additionne les définitions des trois mots « système », ISO 50001 Systèmes de management
Énergie
« management » et « intégré », on obtient pratiquement une tri- version 2018 de l’énergie
ple répétition du sens. Cette redondance volontaire permet sim-
plement d’affirmer l’approche globale et cohérente du système ISO 26000 Développement Lignes directrices relatives à
de management intégré. version 2010 durable la responsabilité sociétale

1.2 Évolution du management Par leurs dernières versions, les normes qualité (ISO 9001:2015),
environnement (ISO 14001:2015), santé et sécurité au travail
et développement normatif (ISO 45001:2018) et énergie (ISO 50001:2018) sont construites
Les organismes revoient sans cesse leur organisation et leurs autour d’une structure commune (figure 1, encadré 1).
pratiques managériales. La tradition orale a fait place à la traçabilité
et à la formalisation pour faire face aux évolutions de contexte.
Pour accompagner ces transformations, des référentiels de sys- Encadré 1 – Structure HLS
tème de management ont été élaborés dans certains domaines. La structure HLS (High Level Structure) propose un cadre com-
Des outils et méthodes viennent apporter un appui et une contribu- mun pour les normes relatives aux systèmes de management.
tion au management et aux pratiques opérationnelles. Elle définit également des termes, des notions et des chapitres
L’approche qualité a débuté par la recherche de maı̂trise et communs. Certaines sont déjà alignées sur la HLS, comme
d’amélioration continue des processus de réalisation, axés essen- l’ISO 9001:2015 (management de la qualité), l’ISO 14001:2015
tiellement sur le produit, et répondant aux exigences des clients. (management de l’environnement), l’ISO 45001:2018 (manage-
Le développement de la réglementation environnementale et les ment de la santé et de la sécurité au travail) et l’ISO 50001
attentes de plus en plus fortes des citoyens en matière de protec- (management de l’énergie).
tion de l’environnement ont conduit les organismes à prendre en La structure repose sur 10 articles. Les trois premiers articles
compte les aspects et impacts environnementaux de leurs produits sont généraux et n’imposent pas d’exigences. Les autres arti-
et activités afin de les maı̂triser. cles s’articulent autour du principe du PDCA (plan, do, check,
act – planifier, réaliser, vérifier, améliorer).
Les accidents industriels majeurs, les accidents du travail, les Les principaux objectifs de cette structure sont de renforcer la
maladies professionnelles, pouvant impacter de manière dramatique compatibilité des normes, de proposer un ensemble d’exigen-
les salariés, les sous-traitants, les riverains et la santé financière des ces cohérentes et de faciliter l’intégration des systèmes de
organismes, sont devenus un enjeu majeur. De la gestion réglemen- management.
taire imposée pour éviter les sanctions pénales et financières, des

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MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME DE MANAGEMENT INTÉGRÉ ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Grâce à la structure HLS, l’intégration QSE-énergie prend tout & Responsabilité sociétale des entreprises RSE et les objectifs de
son sens. L’architecture et les nombreuses exigences communes développement durable
permettent d’assurer la cohérence pour une intégration des systè- Selon les définitions de la Commission européenne, la RSE est
mes de management et facilitant ainsi leur déploiement. « l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations
Cette harmonisation normative permet, entre autres : sociales et environnementales à leurs activités commerciales et
leurs relations avec leurs parties prenantes. La RSE est entendue
– le passage à une seule politique cohérente avec la stratégie comme la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’el-
globale ; les exercent sur la société et ce dans l’ensemble des champs iden-
– l’intégration des risques santé/sécurité, environnement et éner- tifiés par les principales normes internationales, en particulier
gie dans les processus ; ISO 26000. »
– la fusion des audits internes et externes ;
Selon la définition de l’ISO 26000, « la responsabilité d’une orga-
– la gestion commune des actions d’amélioration ;
nisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la
–… société et sur l’environnement, se traduisant par un comportement
Cette volonté de transversalité et de décloisonnement nécessite éthique (…) qui contribue au développement durable et prend en
néanmoins une certaine maturité des systèmes. compte les attentes des parties prenantes (…). »
Pour rappeler la définition du développement durable issue du
rapport Brundtland en 1987, « le Développement Durable est un
développement qui répond aux besoins du présent sans compro-
Une structure commune autour de 10 chapitres pour les normes ISO mettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ».
9001:2015, ISO 14001:2015, ISO 50001:2018 et ISO 45001:2018
(voir figure 2).

1. Domaine d’application
2. Références normatives Que sont les objectifs de développement durable ?

T 3. Termes et définitions 4. Contexte de l’organisme


5. Leadership (et participation
des travailleurs - spécificité
Les 17 objectifs de développement durable (figure 3), et leurs
169 cibles forment le cœur de l’agenda 2030. Ils couvrent l’inté-
de l’ISO 45001:2018) gralité des enjeux du développement durable tels que le cli-
6. Planification mat, la biodiversité, l’énergie, l’eau mais aussi la pauvreté,
7. Support l’égalité des genres, la prospérité économique ou encore la
paix, l’agriculture, l’éducation…
10. Amélioration L’agenda 2030 se caractérise également par la reconnaissance
des liens intrinsèques entre les différentes thématiques ainsi
que la nécessaire mobilisation de l’ensemble des acteurs, ins-
A P titutionnels comme ceux de la société civile.

& La norme ISO 26000


C D Les menaces pour l’humanité, les effets sur le développement
humain et les impacts irrémédiables sur la planète sont devenus
des enjeux mondiaux pour tous les pays.
9. Évaluation
des performances 8. Réalisation Ainsi plus de 90 pays ont participé à l’élaboration de la norme
des activités ISO 26000. À l’instar des référentiels QSE-énergie, cette norme
opérationnelles internationale est volontaire et propose des lignes directrices de la
responsabilité sociétale traduisant la volonté des organisations
dans leur contribution au développement durable. L’ISO 26000
prône une responsabilisation des activités professionnelles de
tous acteurs envers la société et l’environnement.
Figure 1 – Structure HLS (High Level Structure) et amélioration Néanmoins, à la différence des normes citées dans l’article, elle
continue n’est pas ouverte à la certification. L’ISO 26000 est avant tout un

Économie
mie Social

Environnement

Figure 2 – Les 3 piliers et les 5 finalités du développement durable

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– MISE EN PLACE D’UN SYSTÈME DE MANAGEMENT INTÉGRÉ

Tableau 1 – Typologie des parties intéressées

Typologie des
Exemples
parties intéressées

Tous les types de clients professionnels et


Clients particuliers, réseaux de distribution,
consommateurs…

Fournisseurs, sous-traitants, fédérations,


Partenaires
partenaires financiers de l’entreprise…

Pouvoirs publics, législateurs,


Institutionnels enseignement, médias, ONG, organismes
de recherche, organismes de certification

Collectivités, associations locales,


Figure 3 – Les 17 objectifs de développement durable définis
Lien territorial
riverains…
par l’ONU (source : ecologique-solidaire.gouv.fr)
Issue de l’aspect
guide technique servant de référence et de cadre aux questions de Salariés, syndicats, partenaires sociaux…
social
responsabilité sociétale des entreprises ou organisations. Un orga-
nisme extérieur peut cependant réaliser une évaluation de la mise Issue de l’aspect Actionnaires, fournisseurs, investisseurs,
en œuvre de cette norme.
N’étant pas structurée selon le modèle HLS, la norme ISO 26000
s’articule autour de sept principes, sept questions centrales et une
économique analystes financiers…

quarantaine de domaines d’actions.
La norme ISO 26000 porte des valeurs fondamentales pour guider
les actions et décisions de l’organisation : redevabilité, transparence, Communautés
comportement éthique, reconnaissance des intérêts des parties pre- et développement
nantes, respect du principe de légalité, prise en compte des normes local
internationales de comportement, respect des droits de l’Homme.
Ces sept principes de responsabilité sociétale sont déclinés dans Questions
le chapitre 4 de la norme. Droit
relatives aux
de l’homme
L’article 5 aborde deux pratiques fondamentales de la responsa- consommateurs
bilité sociétale, l’identification des parties prenantes et le dialogue
avec elles ainsi que l’identification de la responsabilité sociétale de
l’organisation. Gouvernance
À l’échelle d’une entreprise, les parties intéressées proviennent de l’organisation
de différentes sources (tableau 1).
L’identification des parties prenantes permet ensuite d’évaluer les
sphères d’influence de ces dernières sur les chaı̂nes de valeurs et Relations
Loyauté
d’approvisionnement de l’organisation. et conditions
des pratiques
de travail
L’article 6 pose les sept questions centrales qui définissent le
périmètre et les domaines d’actions de la responsabilité sociétale
(figure 4).
Les différents domaines porteurs d’enjeux permettent de déter- Environnement
miner les priorités d’actions à déployer (tableau 2).
Enfin, l’article 7 décrit les pratiques d’intégration de la responsa-
bilité sociétale dans l’ensemble de l’organisation, au travers des
thèmes suivants : Figure 4 – Les 7 questions centrales de la responsabilité sociétale

– appréhender la responsabilité sociétale de l’organisation ;


démarche qualité, environnement, santé et sécurité ou énergie par
– communiquer sur la responsabilité sociétale ;
exemple si celles-ci n’existent pas déjà. Ces dernières apportent
– améliorer la crédibilité en matière de responsabilité sociétale ;
des outils méthodologiques opérationnels répondant à la mise en
– revoir et améliorer les actions et pratiques liées à la responsa-
œuvre de l’ISO 26000.
bilité sociétale ;
– initiatives volontaires en matière de responsabilité sociétale ;
– relation entre les caractéristiques de l’organisation et la respon- 1.3 Enjeux de l’intégration
sabilité sociétale.
Les modalités de management d’un organisme se situent à plu-
Source : ISO 26000:2010. sieurs niveaux. Paradoxalement, rendre unique et intégré des sys-
L’ISO 26000 est une norme de recommandations qui permet tèmes de management qui cohabitent reste difficile et implique une
d’alimenter la réflexion stratégique d’une organisation. Cette évolution des méthodes de management. L’intégration des systè-
norme est compatible avec les normes ISO 9001, ISO 14001, mes de management et l’unicité du management doivent au final
ISO 45001 ou ISO 50001. Sa complémentarité avec ces normes de former un tout harmonisé pour donner du sens et gagner en effica-
systèmes de management peut permettre l’engagement dans une cité (figure 5).

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Tableau 2 – Domaines d’actions liés aux questions Mise en œuvre


centrales « cœurs Déploiement
de métiers » et transversalité Orientations

Questions Paragraphe Management Management Management Donner


Domaines d’actions
centrales ISO 26000 opérationnel systémique stratégique du sens

1. Devoir de vigilance Écoute, mesures, contrôles, évaluation


2. Situations présentant un risque
pour les droits de l’Homme Figure 5 – Types de management
3. Prévention de la complicité
4. Remédier aux atteintes aux La mise en place d’un système intégré permet de supprimer les
droits de l’Homme
Droit de zones non couvertes et celles qui se superposent aux différentes
5. Discrimination et groupes 6.3
l’Homme interfaces et ainsi former un ensemble cohérent pour le manage-
vulnérables
ment global (figure 6).
6. Droits civils et politiques
7. Droits économiques, sociaux et Cohérence du pilotage et des prises de décisions, optimisation
culturels des ressources, gains et économies, implication de tous les
8. Principes fondamentaux et acteurs, vision d’ensemble partagée, modélisation et structuration
droits au travail des processus, anticipation des contraintes réglementaires, recher-
che des opportunités, amélioration de l’image de l’organisme sont
1. Emploi et relations autant d’enjeux prometteurs mais nécessitant un investissement,
employeur/employé une volonté et une implication de la direction, du management

T Relations et 2. Conditions de travail et intermédiaire et des acteurs opérationnels de l’organisme.


conditions de protection sociale 6.4 La démarche d’intégration des systèmes est avant tout la forma-
travail 3. Dialogue social lisation et la mise en œuvre d’un outil d’aide à la décision et de
4. Santé et sécurité au travail pilotage global mis à la disposition de la direction pour maı̂triser
5. Développement du capital humain les risques et améliorer les performances de manière durable.

1. Prévention de la pollution
2. Utilisation durable des ressources 1.4 Principes et finalités des systèmes
3. Atténuation des changements de management intégrés
Environnement climatiques et adaptation 6.5
4. Protection de l’environnement, De manière basique, la finalité d’un système de management
biodiversité et réhabilitation des intégré est :
habitats naturels – d’augmenter la satisfaction de toutes les parties intéressées ;
– d’améliorer la performance globale ;
1. Lutte contre la corruption – de maı̂triser les risques ;
2. Engagement politique responsable – de trouver des opportunités d’amélioration continue.
Loyauté des 3. Concurrence loyale
6.6 La norme ISO 9001:2015 est fondée sur des principes de manage-
pratiques 4. Promotion de responsabilité
sociétale dans la chaı̂ne de valeur ment (encadré 2). Ses principes sont globalement applicables aux
5. Respect des droits de propriété normes ISO 14001:2015 et ISO 45001:2018.
Parallèlement, les nouvelles versions 2015 pour les normes
1. Pratiques loyales en matière de ISO 9001 et ISO 14001 et la création de la norme ISO 45001 en
commercialisation, d’informations 2018 évoluent, renforcent et clarifient des exigences sur :
et de contrats – l’aspect structure, terminologie et organisation de ces normes
2. Protection de la santé et de la au niveau de leur écriture pour faciliter la cohérence entre elles ;
sécurité des consommateurs
– l’approche produits et services pour bien mettre en exergue
Questions 3. Consommation durable
leur différence et améliorer la prise en compte des prestataires
relatives aux 4. Service après-vente, assistance 6.7
externes ;
consommateurs et résolution des réclamations et
litiges pour les consommateurs – l’identification des parties intéressées pertinentes pour détermi-
5. Protection des données et de la ner leurs facteurs d’influence ;
vie privée des consommateurs – l’approche risques comme base de la planification et de la mise
6. Accès aux services essentiels en œuvre des processus et des actions mais aussi pour permettre
7. Éducation et sensibilisation de définir les forces et les faiblesses de l’organisme dans son
contexte ;
– l’applicabilité des exigences dans le domaine d’application du
1. Implication auprès des système de management ;
communautés – la documentation des informations appropriée comme preuves
2. Éducation et culture
nécessaires mais non obligatoires selon la décision des
3. Création d’emplois et
Communautés et organismes ;
développement des compétences
développement 6.8 – la gestion des connaissances au niveau des informations, du
4. Développement des technologies
local personnel, des données pour éviter leur perte ainsi que pour les
et accès à la technologie
5. Création de richesses et revenus collecter et les partager ;
6. Santé – la maı̂trise des prestataires externes pour améliorer les interfa-
7. Investissement dans la société ces avec l’organisme avec une approche risques si nécessaire.

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