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COURS DROIT FISCAL

LICENCE 2 IPP-UCAD

PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LA FISCALITE

I – DEFINITION DE LA FISCALITE

La notion de fiscalité revêt deux significations. La première acception, plus étroite, consiste à
définir la fiscalité comme l’ensemble des impôts et taxes frappant les activités d’une entité
donnée. C’est ainsi qu’on parle par exemple de la fiscalité de l’entreprise

Selon la deuxième acception, plus large, la fiscalité est l’ensemble des textes législatifs et
réglementaires d’un pays lié à l’assiette, à la liquidation et au recouvrement des impôts et
taxes nationaux. C’est ainsi qu’on peut parler de la sénégalaise, malienne, etc.

II-INTERET D’ETUDIER LA FISCALITE

La connaissance des principes fiscaux revêt un double intérêt. D’abord, elle permet de
maitriser correctement les couts d’une opération donnée. C’est ainsi notamment que l’achat
ou la location d’un immeuble, la constitution d’une société, le paiement des salaires ou la
réalisation d’une prestation de services constituent des opérations comportant chacune un
cout fiscal non négligeable.

L’ignorance de cet impact fiscal peut fausser les prévisions d’un opérateur non avisé.

Ensuite, en vertu de l’adage ou plutôt du principe « nul n’est censé ignorer la loi », la
méconnaissance des règles fiscales d’un pays ne peut être une excuse valable pour un c
contribuable qui contrevient à ces règles.

En outre leur ignorance peut entrainer le paiement des pénalités et amendes qui peuvent dans
certains cas dépasser les droits dus.

III- Les sources du droit fiscal


S’il est vrai que l’impôt tire d’abord sa source de son acceptation par les citoyens qui
reconnaissent la nécessité de contribuer au financement des charges communes, il doit
surtout son existence à un ensemble de règles constituées selon l’ordre suivant.

 La constitution

La constitution constitue le texte fondamental dans un Etat et la source de toutes les règles de
droit.

 Les traités internationaux

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Les traités régulièrement ratifiés ont une valeur supérieure à la loi. Ainsi, des Etats peuvent
signer des conventions internationales ayant trait à la fiscalité dans le but d’éviter la double
imposition et de faciliter l’assistance administrative.

 La loi

La loi constitue la source principale du droit fiscal. C’est par la loi que les citoyens consentent
à l’impôt. Ainsi, la loi détermine les règles relatives à l’assiette, au taux et aux modalités de
recouvrement de l’impôt.

Actuellement, l’impôt est régi par la loi 92-40 du 9 juillet 1992 modifiée portant code général
des impôts. Il demeure toutefois des lois fiscales non contenues dans ce code.

 La jurisprudence

La jurisprudence découle des décisions des cours et tribunaux qui jugent les litiges d’ordre
fiscal. Elle est importante dans la mesure où elle éclaire le sens des textes fiscaux.

 Le règlement

L’exécutif peut aussi créer des règles d’ordre fiscal. Il fait alors usage de son pouvoir
réglementaire. Mais, cette dernière dérive de la volonté de la loi qui l’autorise à préciser les
modalités de son application dans des limites et conditions bien déterminées.

Exemple : arrêté ministériel portant évaluation des avantages en nature à comprendre dans le
calcul du brut imposable

 La doctrine fiscale

La doctrine fiscale est considérée comme l’ensemble des commentaires et des interprétations
que le Ministère chargé de l’économie et des finances et, sur délégation, le Directeur général
des impôts et domaines apportent aux règles fiscales ci-dessus.

Ces commentaires sont contenus dans des arrêtés, des circulaires et des lettres adressées aux
contribuables pour répondre à leurs questions et régler les litiges qu’ils soulèvent.

IV- les caractéristiques du droit fiscal :

Le droit fiscal présente deux caractères essentiels qui sont de plus en plus discutés :
autonomie et réalisme.

1-L’autonomie du droit fiscal

Le droit fiscal est une discipline juridique qui a, cependant développé une certaine spécificité,
voire une autonomie par rapport aux autres disciplines. La loi fiscale et la jurisprudence ont
forgé des concepts qui restent propres au droit fiscal, même si la terminologie est empruntée
à d’autres disciplines telles le droit commercial ou le droit comptable.

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2-Le réalisme du droit fiscal :

Le droit fiscal se contente de constater l’existence de la matière imposable, sans s’intéresser


au caractère licite ou illicite de son origine. Par ailleurs, l’administration fiscale peut restituer à
une opération juridique son caractère véritable, pour déterminer les bases de l’impôt et
réclamer en conséquence le montant de l’impôt dû. La loi fiscale « est destinée à frapper la
matière imposable, sans se préoccuper de savoir ce qu’elle vaut en droit… elle frappe des états
de faits et non des situations de droit ».

V – LES PRINCIPES FONDAMENTAUX DE LA FISCALITE


1– NEUTRALITE DE L’IMPOT ET POLITIQUE FISCALE
L’impôt est neutre lorsqu’il n’a pas d’incidence sur le comportement des contribuables et sur
l’état de l’économie. La neutralité est à l’heure actuelle prônée pour réduire au minimum
l’intervention de l’Etat dans les rapports économiques.
Ce souci de neutralité est une préoccupation constante dans toute réforme fiscale entreprise
ces dernières années.
La fiscalité n’est pas neutre lorsqu’elle introduit une distorsion entre les contribuables placés
dans une même situation de fait.
Les impôts les plus neutres sont ceux qui frappent les produits ou les opérations sans
considération de la personne qui les accomplit (TVA).
Toutefois, l’Etat ne se contente pas d’assurer le libre jeu des forces économiques. Il a recours à
des mesures fiscales pour inciter les opérateurs économiques à des comportements utiles ou
au contraire pour les dissuader de certaines conduites.
Le législateur a institué des régimes fiscaux favorables pour les catégories qu’il estime devoir
aider. En revanche, il a soumis à des impôts supplémentaires d’autres catégories.
Au total, la neutralité exige que le coût fiscal d’une opération ne fasse obstacle à sa
réalisation.
2 – LA LIBERTE DE GESTION FISCALE ET SES LIMITES
L’administration fiscale n’a pas à s’immiscer dans la gestion de l’entreprise et en particulier
dans sa gestion fiscale. C’est au dirigeant de l’entreprise qu’il appartient de prendre les
décisions de gestion. L’administration pourra d’ailleurs lui opposer ses décisions pour
l’empêcher de se placer rétroactivement sous un régime fiscal plus favorable.
Il est de bonne gestion fiscale de retenir la solution qui entraîne le moindre coût fiscal. Cette
façon de faire n’est pas répréhensible. Elle est conforme au principe de la liberté de gestion
fiscale de l’entreprise. Mais comme toute liberté, celle-ci n’est pas absolue. Il y a des limites à
ne pas dépasser.
Le principe met en cause deux sortes de pratiques :

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- celles qui consistent à élaborer des montages dans le seul but d’éluder l’impôt : c’est
l’abus de droit ;
- celles qui sont objectivement étrangères à l’intérêt de l’entreprise et constituent des
« actes anormaux de gestion ».

a) – LA THEORIE DE L’ABUS DE DROIT

Elle est dirigée contre les montages juridiques qui ne reflètent pas les rapports de droit et de
fait entre les parties. C’est en vertu de cette pratique que l’administration se réserve le droit
de restituer son véritable caractère à toute opération qui déguise une réalisation ou un
transfert de bénéfice ou de revenu. Il en est ainsi en matière de droit d’enregistrement,
lorsque la portée véritable d’un contrat est dissimulée par des actes qui entraînent une
moindre taxation.
b) L’ACTE DE GESTION ANORMAL
C’est celui qui fait supporter à l’entreprise une perte ou une charge qui, par sa nature ou son
montant, n’est pas justifiée par l’intérêt de l’exploitation.
Certes, le bénéfice net est établi sous déduction de toutes les charges mais cela n’implique pas
que toute dépense quel qu’elle soit, effectuée par l’entreprise à la nature d’une charge de
l’exploitation. Les dépenses ou les renonciations de recettes qui relèvent d’une gestion
anormale doivent être réintégrées au bénéfice pour la détermination de l’assiette de l’impôt.

DEUXIEME PARTIE : LA NOTION D’IMPOT

I-DEFINITION DE L’IMPOT

L’impôt se définit comme une prestation pécuniaire requise des particuliers par voie
d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie, dans le but d’assurer la couverture des charges
publiques et à des fins d’intervention.
L’impôt est une prestation pécuniaire : L’impôt est assis sur des éléments monétaires et est
perçu en argent. Les paiements en nature dits dations en paiement existent toutefois en
matière de droits de succession.
L’impôt est un prélèvement autoritaire : La contribution fiscale n’est pas soumise à l’accord
individuel des contribuables. L’impôt est, par excellence, le lieu d’exercice des prérogatives de
puissance publique.
L’impôt est un prélèvement définitif : L’impôt dûment payé ne peut être restitué ou
remboursé. Il est différent de l’emprunt.
L’impôt est un prélèvement sans contrepartie directe : Payer un impôt ne fait pas bénéficier
directement d’un service en échange. Ainsi, l’impôt se distingue des notions de taxe et de
redevance.

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La taxe donne lieu à une contrepartie disproportionnelle au paiement. La redevance donne
aussi lieu à une contrepartie, mais celle-ci est proportionnelle au paiement.
L’impôt est un prélèvement destiné à la couverture des charges publiques : La première
fonction de l’impôt est de nature financière. Les prélèvements fiscaux servent à alimenter les
caisses de personnes publiques et leur permettent de faire face à leurs charges.
Cette fonction de l’impôt a beaucoup évolué. Aujourd’hui, l’impôt sert aussi la politique
économique et sociale des personnes publiques. Ainsi, les règles fiscales peuvent se révéler
dissuasives ou persuasives en orientant les comportements des contribuables.
L’impôt, ainsi défini, est constitué d’un ensemble de règles de droit consacrant une de
répartition des charges publiques.
II-les notions voisines à l’impôt :

1-distinction entre impôt et taxe :


Comme l’impôt, la taxe est un prélèvement pécuniaire obligatoire perçu au profit de L’Etat en
général et de ses démembrements en particulier. Mais à la différence de l’impôt qui ne reçoit
ni affectation, ni contrepartie directe, la taxe est perçue à l’occasion d’un service rendu et elle
sert normalement à couvrir les charges liées à la réalisation d’un tel service. Ex la TOM
Il convient de préciser que dans la pratique, la distinction entre impôt et taxe et taxe n’est pas
généralement respectée au niveau de la terminologie utilisée. C’est ainsi que l’on parle de TVA
alors qu’il s’agit d’un impôt indirect.
2-distinction entre impôt et redevance
La redevance est versée à la suite d’un service ou d’une prestation donnée. Toutefois,
contrairement à l’impôt et à la taxe, la notion de redevance comporte un certain caractère
contractuel : par exemple la redevance versée à l’occasion de l’occupation d’un terrain du
domaine de l’Etat.
. 3- distinction entre taxe et redevance

Proche de la taxe la redevance s’en différencie par l’équivalence entre le montant de la


redevance et le service rendu, ce qui n’est pas le cas dans la taxe.

III – CLASSIFICATION DES IMPOTS

Plusieurs critères servent à classer les impôts. Le critère économique est à l’origine des
distinctions entre impôt sur le revenu, impôt sur la dépense et impôt sur le capital. L’impôt sur
le capital porte sur l patrimoine possédé ou en voie d’acquisition. L’impôt sur le revenu impose
la richesse générée par ce patrimoine ou même la richesse en voie d’acquisition en dehors de
tout patrimoine. Et l’impôt sur la dépense frappe la consommation du revenu.

Un autre critère permet de distinguer les impôts réels et les impôts personnels.

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Un autre critère permet aussi de distinguer les impôts directs des impôts indirects. Les impôts
directs frappent des situations acquises alors que les impôts indirects appréhendent des
opérations ou des actes qui se réalisent.

1- IMPOT REEL ET IMPOT PERSONNEL

Les impôts réels frappent une opération, le bien d’un contribuable sans avoir aucune
considération pour sa situation personnelle : ex. TVA, droits d’enregistrement.

L’impôt personnel est un impôt qui prend en considération les facultés contributives de
chacun : ex. impôt sur le revenu.

3 – IMPOTS DIRECTS ET IMPOTS INDIRECTS

Les impôts indirects sont ceux dont le fait générateur est constitué par une opération ou un
événement (vente – apport – distribution de bénéfices). Ils sont calculés et prélevés
instantanément. Il n’est pas nécessaire de procéder à leur enrôlement.
Les impôts directs sont appliqués périodiquement en fonction du revenu réalisé ou des salaires
versés au cours d’une période donnée ou en fonction d’une situation existante à une date
donnée. Ils sont perçus par voie de rôle et chaque contribuable reçoit un avertissement
d’impôt contenant l’ensemble de ses impositions figurant dans le rôle.

4 – IMPOTS SUR LE REVENU, SUR LE CHIFFRES D’AFFAIRES ET SUR LE CAPITAL


Les impôts sur le revenu : l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés (IS)
L’impôt sur le revenu frappe non seulement rrichesse acquise mais la richesse en cours
d’acquisition. Il frappe la richesse que produit un capital ou un revenu tiré d’une activité
donnée.
La TVA et les taxes indirectes : constituent des impôts sur la dépense ou la consommation.
L’impôt sur la dépense conduit à taxer un bien ou un service au moment de son acquisition.
L’impôt sur le capital est un impôt qui frappe la richesse acquise, la transmission ou la
détention du capital. Les droits d’enregistrement et les taxes foncières sont des impôts sur le
capital.
5 – IMPOTS D’ETAT, IMPOTS LOCAUX
Selon la collectivité bénéficiaire, on distingue :
- les impôts d’Etat ; ce sont des impôts recouvrés au profit de l Etat (Impôt sur le revenu,
la C.F.C.E., les taxes indirectes, les droits d’enregistrement, les droits de timbres et
d’hypothèque)
- et les impôts perçus au profit des collectivités locales (foncier bâti et non bâti, la TOM,
la patente, la licence, etc…).

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6- Impôt proportionnel, impôt progressif, impôt fixe

Est proportionnel l’impôt dont le taux est constant pour l’ensemble de l’assiette imposable.
Bien qu’exceptionnels, certains droits de consommation s’appliquent en fonction du volume
ou du poids.
L’impôt progressif est un impôt proportionnel ou fixe qui augmente par pallier en fonction de
l’augmentation de la base imposable.
L’impôt dégressif est un impôt proportionnel ou fixe qui diminue par pallier en fonction de
l’augmentation de la base imposable.
L’impôt fixe est un impôt dont le montant prédéterminé est appliqué de façon mécanique
(avec ou sans aménagement).

IV-FONCTIONNEMENT DE L’IMPOT
1 – L’ASSIETTE DE L’IMPOT
Le champ d’application de l’impôt indique soit les personnes imposables, soit la nature des
opérations imposables, soit le critère de la territorialité (l’espace dans lequel il s’exerce).
La base d’imposition est le montant auquel s’applique le taux de l’impôt. Il n’y a pas de base
d’imposition lorsque l’impôt est un droit fixe.
La base d’imposition est déterminée par une évaluation réelle, par le forfait ou par une
évaluation indiciaire (c’est-à-dire en appliquant des coefficients de correction pour tenir
compte de la situation réelle).
2 – LA LIQUIDATION DE L’IMPOT
L’impôt est liquidé selon une périodicité régulière à l’occasion d’événement particulier. Dans
les deux cas se pose la question du fait générateur, c’est-à-dire de l’événement qui donne
naissance à la créance fiscale.
Pour la TVA et les droits d’enregistrement, le fait générateur est la réalisation, l’achèvement
ou la constatation de l’opération.
Pour l’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés, le fait générateur est la réalisation du
bénéfice à la clôture de l’exercice ou la mise à la disposition du revenu.
Pour les impôts locaux, le fait générateur est situé au 1er janvier de l’année d’imposition.
La liquidation de l’impôt consiste à appliquer le tarif à la base d’imposition.
Certains impôts comportent un ou plusieurs taux (Impôt sur les sociétés ,TOB , TCA). D’autres
sont calculés selon un barème progressif (Impôt sur le revenu – succession – donation) ou
dégressif (actes de constitution de sociétés).
Le montant de l’impôt brut résultant de l’application du tarif peut être diminué par l’effet des
déductions (TVA), réduction d’impôt (Impôt sur le revenu) ou crédit d’impôt.

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La liquidation de l’impôt est effectuée soit par le contribuable lui-même, soit par
l’administration sur la base d’une déclaration du contribuable.
3 – LE RECOUVREMENT DE L’IMPOT
Certains impôts doivent être payés spontanément par le redevable au moment où il dépose sa
déclaration (TVA).
D’autres sont appelés par l’administration qui établit la liste des redevables et de leurs
cotisations, le « rôle » de l’impôt et leur adresse un avis d’imposition.
Certains impôts sont retenus à la source, ils sont acquittés spontanément à la perception par
la personne qui a versé le revenu imposable.

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