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REPUBLIQUE DU SENEGAL

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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA REHERCHE

Dr. Mouhamadou BOYE

Licence 2 SJP

SEMESTRE 3

SEQUENCE 1 : NOTION ET ASSIETTE D’IMPOT

INTRODUCTION GENERALE : LA NOTION D’IMPÔT

La fiscalité désigne l'ensemble des règles, lois et mesures qui régissent le domaine fiscal
d'un pays. Définie autrement, la fiscalité se résume aux pratiques utilisées par un État ou
une collectivité pour percevoir des impôts et autres prélèvements obligatoires. La fiscalité
joue un rôle déterminant dans l'économie d'un pays. Elle participe en effet au
financement des besoins de ce dernier et est à l'origine des dépenses publiques (travaux
autoroutiers, constructions de bâtiments publics, etc.). On retrouve dans cette fiscalité de
nombreuses taxes versées directement par les ménages et les entreprises (taxe
d'habitation, taxe foncière, impôts, taxe professionnelle, etc.) ou indirectement (droits de
mutation, carte grise, etc.). La politique économique d'un pays possède enfin une grande
influence sur la fiscalité avec le pouvoir de taxer davantage certains agents économiques
ou, au contraire, de défiscaliser certaines opérations.

L’impôt peut être défini comme un prélèvement pécuniaire, de caractère obligatoire,


effectué en vertu de prérogatives de puissance publique, à titre définitif, sans contrepartie
déterminée, en vue d’assurer le financement des charges publiques de l’Etat, des
collectivités territoriales et des établissements publics administratifs.

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Le caractère pécuniaire peut être examiné aux trois points de vue de l’assiette, de la
liquidation et du recouvrement de l’impôt. L’assiette (ou base de l’impôt) est le plus
souvent constituée elle-même d’éléments monétaires. L’impôt est prélevé sur une
certaine somme d’argent ou sur une valeur convertie en termes monétaires. En ce qui
concerne la liquidation, c’est-à-dire l’application d’un tarif à la base, le taux de l’impôt
consiste le plus souvent en un certain pourcentage. C’est surtout au stade du
recouvrement que le caractère pécuniaire de l’impôt prend toute sa signification. L’impôt
est perçu en argent.

Le caractère obligatoire de l’impôt signifie qu’il s’agit d’un prélèvement imposé


unilatéralement, d’une obligation qui « pèse » sur le contribuable. Un versement dont la
détermination n’est pas subordonné à l’accord du contribuable.

C’est le lien de droit en vertu duquel le contribuable peut être contraint par l’Etat de payer
la dette de l’impôt. Il découle directement de la loi qui le constitue débiteur.

L’impôt est établi et perçu en vertu de prérogatives exorbitantes du droit commun, qui
n’ont d’équivalent ni en droit privé, ni même pour certaines d’entre elles, en droit
administratif. Ces pouvoirs sont dérogatoires du droit commun : droit de
communication, droit de perquisition, pouvoir de sanction.

Le caractère définitif du prélèvement de l’impôt signifie qu’il ne peut pas faire l’objet
d’une restitution de la part de la personne publique qui en est bénéficiaire.

Suivant la définition traditionnelle qui en est donnée, l’impôt est un prélèvement sans
contrepartie déterminée pour celui qui le paie. Cet élément constitue avec le caractère
obligatoire, le noyau de la notion d’impôt. Ce critère souligne l’absence d’affectation des
recettes de l’impôt donc l’exclusion d’un lien entre le paiement de l’impôt et la nature des
prestations publiques dont le redevable est susceptible de bénéficier.

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Deux éléments de la définition de l’impôt revêtent une importance particulière d’une part
le caractère obligatoire, d’autre part l’absence de contrepartie. Ils permettent la distinction
de l’impôt des autres types de prélèvement.

Il faut distinguer l’impôt de la taxe qui s’analyse comme un prélèvement tout aussi
obligatoire mais perçu à l’occasion de la prestation d’un service par la collectivité
publique. La taxe peut être définie comme la somme exigée en contrepartie des
prestations offertes par un service public ou de la possibilité d’utiliser un ouvrage public.
L’existence d’une contrepartie est l’élément qui différencie fondamentalement la taxe de
l’impôt. On retrouve dans la notion de taxe l’idée d’un service rendu, d’une contrepartie.
Il en résulte que la taxe doit être payée par celui qui est susceptible de profiter du service.
Ainsi le critère de la contrepartie distingue l’impôt de la taxe.

L’impôt doit être distingué de la redevance. La redevance ou rémunération d’un service


rendu peut être définie comme la somme versée par l’usager d’un service public ou d’un
ouvrage public déterminé et qui trouve sa contrepartie directe et immédiate dans les
prestations fournies par ce service ou dans l’utilisation de l’ouvrage. On peut dire que la
redevance présente un caractère facultatif puisqu’elle n’est due que par l’usager qui
utilise effectivement le service. C’est ce qui la différencie de l’impôt.

L’impôt poursuit deux missions essentielles :

- La collecte de fonds nécessaires à l’accomplissement des missions de l’Etat ;


- L’interventionnisme fiscal c'est-à-dire le fait de confier à l’impôt un rôle de
redistribution sociale (l’utilisation des sommes collectées pour améliorer le sort
des citoyens économiquement faibles), de régulation conjoncturelle (de faire
l’impôt à la régulation des grands équilibres économiques comme la stimulation
de l’activité économique par des incitations fiscales, la contribution au plein
emploi par la baisse des charges fiscales).

L’impôt dû par le contribuable est l’aboutissement d’un processus fiscal en plusieurs


étapes :

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- La détermination de l’assiette,
- La liquidation de l’impôt,
- Le recouvrement de l’impôt.

CHAPITRE 1 L’ASSIETTE DE L’IMPOT

Introduction

L’assiette peut être définie comme la base sur laquelle s’appliquera l’impôt c'est-à-dire
les éléments à prendre en compte. C‘est l’ensemble des opérations administratives
effectuées en vue de déterminer et d’évaluer la matière imposable. Elle constitue la base
d’imposition de l’impôt. La détermination de l’assiette implique non seulement de
connaître son champ d’application mais aussi de procéder à son évaluation

I- Le champ d’application

Le champ d’application d’une imposition se décompose en champ d’application matériel,


territorial et celle d’application personnelle.

A- Le champ d’application matériel de l’impôt sur le revenu : La matière imposable.

L’imposition frappe non seulement le revenu, la dépense mais aussi le capital. Cette
répartition de l’assiette en trois catégories permet une classification des différents
prélèvements.

Ne sont qualifiées de revenus que les sommes d’argent perçues de manière régulière et
permanente. La notion de revenu, en matière fiscale doit être considérée comme
autonome. L’impôt frappe le revenu net global dont dispose le contribuable pendant une
année. Le revenu est l’enrichissement constaté pendant une période chez le contribuable
(tout ce qu’il peut dépenser sans s’appauvrir). Le revenu est ainsi entendu de manière

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extensive par le droit fiscal, ce qui permet d’appréhender une matière imposable plus
importante.

Asseoir une imposition sur la dépense consiste normalement à frapper les actes de
consommation. Les impositions sur la dépense sont effectivement des impositions
indirectes qui ne tiennent pas compte de l’acquéreur. Il n’existe pas de différenciation du
contribuable en fonction de sa capacité contributive.

Le capital peut être défini par opposition au revenu comme la richesse acquise. Les
impositions assises sur le capital frappent soit la détention du patrimoine, soit sa
transmission. Par exemple, ce sont les droits de succession.

L’identification du revenu par rapport au capital peut, a priori, être considéré comme
simple. En réalité, cette différence repose avant tout sur une considération temporelle. En
effet, le revenu ne s’apprécie que par rapport à une période de référence : l’année
budgétaire.

B- Le champ d’application territorial de l’impôt sur le revenu : le territoire


imposable.

Pour être imposable au Sénégal, un contribuable ne doit pas seulement entrer dans le
champ matériel d’une imposition, il doit aussi relever de la compétence des autorités
fiscales sénégalaises. Le système fiscal sénégalais consacre le principe de territorialité de
l’impôt. Toutefois, il est impossible d’établir l’unité des règles fiscales. Les différentes
impositions créées par le législateur ont chacune leur propre champ d’application
territorial.

Il n’existe pas de critère unique de localisation géographique de la matière imposable. La


diversité des matières d’imposition rend en effet difficile une unité en ce domaine.
Plusieurs solutions existent ; la nationalité, l’Etat de résidence du contribuable et l’Etat
source de la matière imposable. Le critère de la source est complémentaire de celui de la

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résidence. Tenir compte de la source pour identifier l’Etat d’imposition revient à
rechercher où est localisé la matière imposable.

C- Le champ d’application personnel de l’impôt sur le revenu : les personnes


imposable.

Par personne imposable, il faut entendre le contribuable, tout du moins au sens juridique.
Il s’agit de la personne visée à titre principal par l’acte d’imposition. La notion peut
prendre un sens économique dès lors qu’on envisage la personne qui supporte le poids
du prélèvement. Ainsi en est-il en matière de Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). Si le
commerçant est juridiquement le contribuable, le consommateur final (qui n’a pas la
possibilité de récupérer l’impôt acquitté en amont) est le contribuable réel.

Toutes les personnes juridiques, physiques et morales, publiques et morales sont


imposables sans que toutes soient nécessairement soumises aux mêmes impositions.

Dans le cadre de l’impôt sur le revenu, les personnes imposables ce sont les sujets actifs
c’est-à-dire celles disposant de revenus. Les sujets passifs (sans revenus) ne sont pas
redevables de l’impôt.

II- La détermination de la matière imposable

L’assiette va s’analyser comme une détermination opérée dans la matière imposable pour
délimiter une base de calcul à l’impôt. Elle peut consister en une réalité physique
(l’hectolitre de pétrole pour la taxe sur les produits pétroliers) ou une réalité économique
(le chiffre d’affaires ou le revenu) ou encore une réalité juridique (la propriété pour les
droits de mutation). Les différentes caractéristiques de l’assiette permettent d’élaborer
des classifications de l’impôt.

A- La distinction entre impôts réels et impôts personnels

La distinction entre impôts réels et impôts personnes privilégie la philosophie de


l’approche fiscale. L’impôt personnel se préoccupe d’envisager les facultés contributives

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du contribuable, ses charges de famille par exemple (marié ou célibataire, nombre
d’enfants à charge) afin de personnaliser la charge fiscale qu’il devra assumer. L’impôt
réel appréhende une chose, envisagée dans sa dimension strictement économique, sans
se préoccuper du statut du contribuable ni de sa dimension personnelle. L’impôt sur la
consommation (comme la TVA qui est payée par tous les consommateurs) est l’exemple
type de l’impôt réel tandis que l’impôt sur le revenu (l’impôt payé par toutes les
personnes physique) incarne l’impôt personnel.

B- La distinction entre impôts synthétiques (généraux) et impôts analytiques


(particuliers)

Cette distinction privilégie le critère de la sélectivité. L’impôt synthétique appréhende


une situation globale. Par exemple, la Contribution Globale Foncière (c’est l’impôt payé
par toutes les personnes physiques titulaires de revenus fonciers donc tirés de la location
d’immeubles dont le montant brut n’excède pas 3 millions de FCFA) est synthétique, elle
est représentative ou regroupe les impôts et taxes suivants (Impôt sur les revenus
fonciers; Impôt du minimum fiscal; Contribution Foncière des propriétés bâties;
Contribution Foncière des propriétés non bâties; Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) ;
Contribution forfaitaire à la charge des employeurs.
Donc l’impôt synthétique consiste à regrouper un ensemble d’impôts en un seul.

L’impôt analytique ne retient qu’un élément et le met à contribution chaque fois qu’il
apparaît, exemple l’impôt sur les sociétés.

C- La distinction entre impôts directs et impôts indirects

Les impôts directs sont perçus « directement » sur le contribuable tel l’impôt sur le revenu
tandis que les impôts indirects sont perçus par la collectivité publique auprès de

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collecteurs qui assument un rôle d’intermédiaire entre l’Etat et le contribuable effectif. La
TVA appartient à cette catégorie.

Le redevable est celui qui est soumis à l’impôt et qui doit le payer. Le contribuable est
celui qui paie effectivement l’impôt. L’Administration fiscale inscrit les contribuables
dans un « rôle ». Parfois, le redevable et le contribuable sont confondus : c’est le cas pour
les impôts directs. Parfois, ils sont distincts : c’est le cas pour les impôts indirects. Prenons
l’exemple de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). En effet, l’entreprise (le redevable de
l’impôt) verse la taxe sur la valeur ajoutée au Trésor public et le consommateur (le
contribuable) la paie lorsqu’il achète le produit ou le service.

Pour l’impôt direct, le contribuable et le redevable constituent la même personne. Par


exemple dans le cadre de l’impôt sur le revenu (l’impôt payé par les personnes
physiques), les deux qualités de redevable légal et redevable effectif sont confondues.
Pour l’impôt indirect, il est supporté par le contribuable mais est versé par le redevable.
Par exemple pour la TVA, le redevable légal est le commerçant, mais le redevable effectif
est le consommateur.

Cette distinction permet de mesurer l’incidence de l’impôt c’est-à-dire de localiser son


poids réel en séparant le redevable légal du redevable effectif. Le redevable légal est celui
qui, aux yeux de la collectivité publique, doit acquitter l’impôt, mais par le jeu
économique de la répercussion, que ce soit dans la vente ou dans la prestation de
services, il parvient à le refacturer au redevable effectif qui en supporte vraiment et
définitivement le poids.

D- La distinction impôt sur le revenu, impôt sur la dépense et impôt sur le capital

L’impôt sur le revenu concerne les particuliers (impôt sur le revenu proprement dit) et
les sociétés (impôt sur les sociétés). Les impôts prennent en compte les richesses produites
par le capital et le travail. Les charges (ou dépenses) supportées pour l’acquisition du
revenu viennent en déduction du revenu imposable. L’impôt sur le revenu est peu
sensible à la conjoncture économique.

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L’impôt sur la dépense se présente sous deux formes traditionnelles :

- Il frappe la consommation d’une taxe unique. Il s’agit d’un impôt général sur la
dépense comme la taxe sur le chiffre d’affaires.
- Il ne taxe que la consommation de certains produits. Les contributions indirectes
sont applicables sur l’alcool et le tabac.

L’impôt sur la dépense est sensible à la conjoncture économique. Il a une incidence sur le
niveau des prix.

L’impôt sur le capital taxe le patrimoine de manière permanente ou de manière


occasionnelle. La taxation permanente se matérialise par l’impôt qui frappe la matière
mobilière ou immobilière. La taxation occasionnelle est applicable à la transmission du
patrimoine à titre gratuit (droits de succession) ou à titre onéreux (droits
d’enregistrement). Une fois la matière imposable déterminée, il convient ensuite de
l’évaluer.

III- L’évaluation de la matière imposable

L’assiette de l’impôt est la quantité de matière fiscale (une certaine part) sur laquelle va
porter l’impôt. Il existe trois méthodes pour déterminer l’assiette de l’impôt : l’évaluation
directe par le biais de la déclaration d’impôts (la déclaration de revenus) ; la méthode
forfaitaire qui estime les revenus d’un contribuable en fonction de certains paramètres ;
et la méthode indiciaire basée sur les signes extérieurs de richesse.

Le mode normal d’évaluation est la déclaration contrôlée, d’autres méthodes coexistent


néanmoins, tels le forfait, l’évaluation indiciaire et l’évaluation par l’Administration des
impôts elle-même.

A- La déclaration contrôlée

Le contribuable souscrit lui-même sa déclaration (exemple impôt sur les sociétés). La


méthode déclarative est la voie contemporaine, socialement juste et économiquement

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efficace qui est utilisée pour tous les grands impôts. Elle présume que le contribuable est
de bonne foi, par conséquent le montant de l’impôt sera fixé à partir des déclarations qu’il
dépose, simplement l’administration pourra exercer un contrôle à posteriori pour
s’assurer de la sincérité des dites déclarations. Le but est d’assurer, sous couvert d’égalité
devant les charges publiques, une saisie détaillée de la matière imposable et une parfaite
rentabilité.

B- La méthode forfaitaire

La méthode forfaitaire cherche davantage à approcher la vérité d’une situation


économique mais sans pour autant l’atteindre. Elle consiste en effet pour l’administration
à proposer au contribuable une imposition qu’elle a fixée selon des moyens empiriques.
Cette approximation est permise par la loi fiscale, souvent parce que l’activité du
contribuable est modeste, qu’il appartient à une catégorie plutôt défavorisée et que l’Etat
trouvera sa rentabilité plutôt dans la gestion économique permise par la méthode
forfaitaire que dans la coûteuse recherche de l’exacte assiette. C’est une méthode
approximative, elle conduit à une sous-évaluation des revenus.

C- La méthode indiciaire

La méthode indiciaire repose des signes extérieurs et des indices visibles et


dénombrables. C’est le cas par exemple de la taxation des éléments du train de vie. Elle
est appliquée à titre subsidiaire pour déterminer le revenu imposable du contribuable
lorsqu’il y a une disproportion marquée entre le train de vie du contribuable et ses
revenus. Le revenu est reconstitué en appliquant un barème aux éléments du train de vie
(valeur locative des résidences, employés de maison, voitures). L’impôt frappe ici des
éléments sans prendre en considération la situation personnelle du contribuable ni son
aptitude à produire une richesse à partir de ces éléments. Cette méthode privilégie
l’appréhension de signes extérieurs, sans chercher à atteindre une réalité plus profonde.
C’est l’imposition de l’apparence.

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