Vous êtes sur la page 1sur 26

Enseignement Supérieur et Universitaire

UNIVERSITÉ CATHOLIQUE DU CONGO


(UCC)

COURS : DROIT FISCAL

Promotion : Master 1

Par Prof. MATONA PHEMBA Guy Pascal

2019 - 2020
Page |1

1ER PARTIE : THÉORIE GÉNÉRALE DE L’IMPÔT

1. Comprendre la fiscalité

La fiscalité doit être comprise d’abord comme un fait


politique et social, en somme et selon la belle expression de G. Vedel,
comme « une chose de l’homme ».

L’impôt est en effet si intimement lié à l’évolution des sociétés


et à celle de leurs institutions politiques, juridiques, économiques que,
comme l’a écrit très justement E. Seligman, « le citoyen de l’Etat
moderne considère l’impôt comme une institution naturelle, si
désagréable qu’il soit ».

L’impôt en tant que fait social est donc aussi inévitablement,


un fait politique. Ainsi, non seulement l’histoire de l’Etat se révèle
indissociable de celle de l’impôt, mais l’entrée de notre
organisation sociale dans la modernité politique, a été
précisément marquée par un élément essentiel, à savoir le
transfert du pouvoir fiscal aux représentants du peuple.

L’article 14 de la Déclaration des droits de l’homme et du


citoyen de 1789 qui a donné forme juridique et légitimité à ce transfert
l’a instauré comme un principe devenu fondamental : Le principe
du consentement de l’impôt.

Ce principe illustre de manière parfaitement concrète le


rapport entre droit fiscal et politique, un principe enfin qui, nolens
volens, fait que l’on ne peut considérer l’impôt autrement que comme
un phénomène citoyen.

L’impôt fait également l’objet de relations fortes avec


l’environnement économique. Ainsi son poids plus ou moins grand
renseigne sur le degré d’intervention de l’Etat dans l’économie.

Par ailleurs, la fiscalité occupe une place essentielle dans les


politiques sociales menées par l’Etat. Ceci est vrai tant en ce qui
concerne le problème de la répartition de la charge fiscale entre
différentes catégorie socio-économiques concernées que l’usage qui est
fait des sommes prélevées.

Mais notons aussi comme le souligne le Professeur Jacques


Buisson que Impôt et souveraineté sont inhérents à la notion de
d’Etat. L’Etat est souverain en raison du pouvoir qui est le sien de lever
l’’impôt.
Page |2

L’Impôt est donc la marque de la souveraineté de l’Etat.


Mais l’Etat souverain, précisément parce qu’il est souverain, peut limiter
son pourvoir d’imposer en le déléguant ou en le transférant à une entité
autre que lui. (Exemple : les unions douanières).

Enfin de compte, l’impôt est sans conteste un révélateur


de la souveraineté. L’Etat souverain ne peut vivre que grâce aux
impôts qu’il lève.

Tous ces éléments se retrouvent dans le droit fiscal qui


traduit en termes de normes des objectifs politiques, économiques,
sociaux. Ce droit participe en cela de logiques très diverses qui tantôt
peuvent s’associer, tantôt peuvent se contrarier.

C’est un droit dont finalement la complexité n’a d’égale que


la variété des situations qu’il doit appréhender.
Page |3

Chapitre I. DEFINITION DE L’IMPOT

1. Définition

L’impôt peut être défini comme un prélèvement pécuniaire, de


caractère obligatoire, effectué en vertu de prérogatives de
puissance publique, à titre définitif, sans contrepartie déterminée,
en vue d’assurer le financement des charges publiques de l’Etat,
des collectivités territoriales et des établissements publics
administratifs.

Cette définition s’applique sans restriction ni réserve aux impôts


traditionnels, et de loin les plus importants, ceux dont l’Etat tire la
quasi-totalité de ses recettes fiscales (Impôt sur le revenu, impôt sur
les sociétés, taxe sur la valeur ajoutée, taxe intérieure sur les produits
pétroliers…)

1.1. Un Prélèvement Pécuniaire

L’assiette de l’impôt désigne la somme retenue pour déterminer la


base de calcul d’un impôt ou d’une taxe. Un barème pi un taux est
ensuite appliqué à cette somme afin de déterminer le montant de
l’impôt.

Exemple : les droits de consommation des produits pétroliers, l’unité de


perception et le mètre cube.

Liquidation. En ce qui concerne la liquidation, c’est-à-dire


l’application d’un tarif à la base, le taux de l’impôt consiste le
plus souvent en un certain pourcentage arithmétique. Le tarif est
dit ad valorem. (selon la valeur de la chose.) Ex : taxe sur la valeur
ajoutée, c’est impôt général sur la consommation proportionnelle au prix
des biens et des services. Le taux est de 16%

Recouvrement. C’est surtout au stade de recouvrement que le


caractère pécuniaire de l’impôt prend toute sa signification.
L’impôt est perçu en argent (Remise d’espèce ou de chèques, virement à
un compte bancaire ou postal).
Page |4

1.2. Un Prélèvement de Caractère Obligatoire

Le caractère obligatoire de l’impôt n’est que l’expression juridique d’une


réalité pleinement conforme au sens étymologique du mot.

Il s’agit d’un prélèvement imposé unilatéralement, d’une obligation


qui « pèse » sur le contribuable. Un versement dont la détermination
est subordonnée à l’accord de la personne qui doit le régler ne peut
présenter le caractère d’une imposition.

Le lien de droit en vertu duquel le contribuable peut être contraint par


l’Etat de payer la dette d’impôt découle directement de la loi qui
constitue débiteur. Aucun acte de volonté du contribuable n’est
susceptible d’intervenir dans ce rapport juridique qui, dans son
principe et son contenu, est déterminé unilatéralement.

L’obligation fiscale traduit essentiellement une relation de


dépendance, l’une des plus étroites qui soient. Ce double caractère
unilatéral et contraignant explique cependant la limite que comporte
l’obligation fiscale dans tout Etat de droit : à savoir que l’impôt ne
peut être établi que par la loi. (Article 114 de la constitution en
vigueur).

Le caractère obligatoire de l’impôt et le principe de la légalité fiscale sont


ainsi étroitement lies. Ce lien est la traduction, sur le plan du droit, de
l’idée politique de consentement à l’impôt qui s’affirme dans le
principe suivant lequel l’impôt ne peut être crée que par les
représentants du peuple.

1.3. Un prélèvement effectue en vertu de prérogatives de


puissance publique

L’impôt est établi et perçu en vertu de prérogative exorbitantes du droit


commun, qui n’ont d’équivalent ni en droit privé, ni même, pour
certaines d’entre elles, en droit administratif.

La généralisation de la formule de la déclaration contrôlée et des


régimes d’imposition d’après le bénéfice réel a entrainé un
accroissement et une extension des prérogatives conférées à
l’administration fiscale pour contrôler les déclarations et évaluer
elle-même les bases d’imposition en cas de carence du
contribuable.
Page |5

Ces pouvoirs sont exorbitants du droit commun : droit de


communication, vérification de comptabilité, examen contradictoire de
la situation fiscale personnelle combiné avec la procédure de la demande
de justification sur l’origine des crédits portés aux comptes bancaires,
droit de perquisition des locaux professionnels ou même du domicile
avec la visite des coffres bancaires, procédures d’imposition d’office,
pouvoir de sanction, etc. Le contribuable est constitué débiteur par
voie de décision unilatérale ; l’administration se délivre à elle-
même un titre exécutoire.

1.4. Un prélèvement effectue sans contrepartie déterminée

Suivant la définition traditionnelle qui est donnée, l’impôt est un


prélèvement sans contrepartie déterminée pour celui qui le paie.

Cet élément constitue, avec le caractère obligatoire, le noyau de la


notion d’impôt. Depuis G.Jèze, l’absence de contrepartie
déterminée est le critère fondamental de l’impôt, tant pour la
jurisprudence que pour la doctrine.

Le caractère opérant du critère ne peut être remis en cause pour la


majeure partie de la fiscalité, c’est-à-dire pour les impôts d’Etat ou les
quatre grandes impositions obligatoires des communes.

L’absence d’affectation des recettes correspondantes exclut


nécessairement l’existence d’un lien entre le paiement de l’impôt et la
nature des prestations publiques dont le redevable est susceptible de
bénéficier. La « contribution commune » à laquelle il doit participer
sert à couvrir l’ensemble des charges publiques.

Le délabrement des infrastructures de base, bref le manque de


développement est devenu source de résistance fiscale.

La relation qui était établie traditionnellement entre l’impôt et l’absence


de contrepartie n’est donc plus absolue.

2. La distinction de l’impôt et des autres types de prélèvement

Trois éléments de la définition de l’impôt revêtement une importance


particulière : d’une part, le caractère obligatoire de l’impôt, d’autres
part, l’absence de contrepartie et enfin, la nature juridique de
l’organisme bénéficiaire du prélèvement.
Page |6

Une double distinction va nous guider : d’une part, entre l’impôt et les
prélèvements de caractère non obligatoire, d’autre part, entre
l’impôt et les autres prélèvements de caractère obligatoire.

2.1. Impôts et prélèvements de caractère non obligatoire

Le caractère non obligatoire ne signifie pas que les prélèvements en


question dépendent uniquement de la volonté des administrés. Quant à
leur principe et à leur montant, ils peuvent être fixés par collectivités
publiques.

Mais ils ne sont opérés qu’en fonction d’un avantage particulier


qui est procuré aux intéressés. Par ailleurs, ceux-ci conservent la
faculté d’y échapper, soit en renonçant à acquérir les produits ou
les prestations de services en contrepartie desquels ces
prélèvements sont effectués (prix, rémunération pour service rendu),
soit en s’abstenant d’exécuter les opérations ou travaux qui les
justifient (Contributions).

Le caractère non obligatoire est entendu ici dans un sens strictement


juridique ; la réalité est tout à fait différente car les contraintes
psychologiques, sociales, économiques ou professionnelles font
qu’il peut être difficile, sinon impossible, de s’affranchir de ces
prélèvements.

2.1.1. Impôt et Prix

Le prix est la valeur monétaire qui est attribuée à un bien ou à un


service il exprime le rapport d’échange qui existe à un moment
donné entre ce bien ou ce service et la monnaie.

Bien que le prix d’un produit ou d’un service, quel qu’il soit, comprenne
nécessairement une part d’impôt, surtout depuis la généralisation de
la taxe sur la valeur ajoutée, il est assez facile de distinguer l’un de
l’autre.

Il ne faut pas perdre de vue, cependant, que le prix de certains produits


peut dissimuler un prélèvement fiscal beaucoup plus important que leur
valeur économique proprement dite. Exemple : les cigarettes, le
carburant, les boissons sucrées les bières.
Page |7

2.1.2. Impôt et Redevance (Rémunération de services rendus)

La redevance ou rémunération de service rendu peut être définie comme


la somme versée par l’usager d’un service public ou d’un ouvrage
public déterminé et qui trouve sa contrepartie directe et
immédiate dans les prestations fournies par ce service ou dans
l’utilisation de l’ouvrage.

Utilisation effective du service ou de l’ouvrage

La rémunération de service rendu n’est due que par les usages qui
utilisent effectivement le service ou l’ouvrage mis à leur
disposition. Il s’ensuit, en particulier, qu’elle ne peut être instituée
en vue de la création d’un service public ou avant la mise en
fonctionnement du service, alors même que certaines dépenses
auraient déjà été engagées à cet effet par la collectivité publique.

Caractère facultatif

On peut dire que la redevance présente un caractère facultatif


puisqu’elle n’est due que par l’usager qui utilise effectivement le
service. Mais ce caractère n’exprime pas nécessairement une possibilité
de refus des prestations du service. Il peut y avoir et il y a, en fait,
obligation de recourir au service ou l’ouvrage public. Au
demeurant, cette possibilité de refus n’existe pas toujours en droit : il y
a ainsi obligation d’adhésion à une association syndicale
autorisée ; les cotisations syndicales présentent néanmoins le
caractère de redevances.

Tarif

Le tarif de la redevance est fixé unilatéralement par l’autorité


administrative. C’est donc improprement qu’il est dit parfois qu’elle
revêt un aspect contractuel. Ce caractère unilatéral permet de de
garantir l’application des principes d’égalité des usagers devant
le service public et de non-rétroactivité du tarif.

Les usages ont droit à une égalité de traitement. En conséquence, le tarif


est basé sur des éléments de caractère général et son application ne
peut être modulée en considération des personnes qui ont recours
au service rendu.
Page |8

Principe de l’équivalence financière

Le tarif de la redevance n’est pas établi de manière discrétionnaire. La


rémunération pour service rendu obéit au principe dit de
l’équivalence ou de proportionnalité.

Le principe selon le taux fixé doit être proportionnel à l’importance du


service rendu est applicable à toutes les redevances. Ce principe signifie
qu’il doit exister un rapport de proportionnalité entre le montant
de la redevance et le coût réel du service à l’usage. Il s’ensuit, en
particulier, que le taux de la redevance doit être calculé de telle sorte
que son produit n’excède pas sensiblement le montant des
dépenses occasionnées par le fonctionnement du service.

2.2. Impôt et autres prélèvements de caractère obligatoire

2.2.1. De l’impôt et de la taxe

La taxe peut être définie comme la somme exigée en contrepartie


des prestations offertes par un service public ou de la possibilité
d’utiliser un ouvrage public.

L’existence d’une contrepartie est l’élément qui différencie


fondamentalement la taxe de l’impôt, mais sans que s’applique le
principe de l’équivalence financière, ce qui permet de la distinguer
de la redevance. Quant au caractère obligatoire, s’il fait de la taxe une
imposition, il doit être cependant très nuancé.

Contrepartie

On trouve dans la notion de taxe l’idée d’un service rendu, d’une


contrepartie et cet élément la rapproche de la redevance.

Il en résulte au moins deux conséquences. La taxe doit être payée par


celui qui est susceptible de profiter du service. La jurisprudence
autorise ainsi le débiteur légal de la taxe à la récupérer sur le
véritable bénéficiaire du service, même en l’absence de convention ou
d’usages contraires, ce qui n’est pas admis pour l’impôt.

Par exemple, le propriétaire est assujetti à la taxe d’enlèvement des


ordures ménagères sous le même rôle que celui de la taxe foncière sur
les propriétés bâties ; c’est lui qui doit en verser le montant au
trésor ; mais il peut la récupérer sur le locataire, à qui elle incombe
normalement puisqu’il bénéficie du service correspondant.
Page |9

L’idée de contrepartie explique encore qu’il existe des taxes dont le


produit est affecté à un service déterminé, par dérogation aux
principes d’unités et d’universalité.

Absence d’équivalence financière

La doctrine a considéré jusqu’à ces dernières années que la taxe se


différencie de la redevance par l’absence d’équivalence financière.
Il était admis que son tarif peut être fixé indépendamment du coût
réel du service.

Le passage de l’absence d’équivalence financière à l’absence de


disproportion manifeste par rapport au montant des dépenses n’est pas
le seul trait manquant de l’évolution de la distinction entre redevance et
taxe.

➢ Caractère obligatoire

On peut dès lors considérer que le critère de la taxe réside mieux


dans son caractère obligatoire par opposition au caractère
facultatif de la redevance. Précisons d’abord qu’il ne faut pas
confondre caractère obligatoire de la taxe, (pour les personnes entrant
dans son champ d’application) et institution obligatoire de la taxe (au
regard de la distinction entre taxes obligatoires et taxe facultatives).

2.2.2. De l’impôt et de la taxe parafiscale

Les taxes parafiscales peuvent être définies comme des prélèvements


obligatoires opérés dans un intérêt économique ou social au profit
une personne morale de droit privé ou d’un établissement public
industriel et commercial. Ex : FONER

Trois caractéristiques permettent de distinguer les taxes parafiscales


des autres types de prélèvements.

a. Absence de contrepartie individualisée

La taxe parafiscale ne comporte aucune contrepartie directe


immédiate pour le redevable, ni même parfois de contrepartie
indirecte ou à terme.

Cet élément est fondamental : il permet de situer les taxes


parafiscales plus près de l’impôt que ne le sont la redevance et même
la taxe. La personne assujettie au paiement de la taxe se trouve au
moins dans la position d’usage virtuel du service. La notion de taxe
P a g e | 10

parafiscale est très largement indépendante de l’idée de service


rendu ou à rendre, ce qui accentue son caractère obligatoire.

b. Caractère obligatoire

Il s’agit d’un prélèvement à caractère obligatoire. Ce caractère obligatoire


apparaît bien lorsque la taxe parafiscale a une contrepartie au moins
indirecte.

Le conseil d’Etat français a jugé ainsi que la circonstance qu’une


catégorie d’entreprises entrant dans le champ d’application d’une taxe
parafiscale ne bénéficierait pas en fait des activités de l’organisme
au profit duquel elle est instituée ne peut avoir pour effet de les
dispenser du paiement de cette taxe parafiscale.

Autre conséquence du caractère obligatoire : l’Etat prête ses


prérogatives de puissance publique aux organismes bénéficiaires des
taxes parafiscales afin d’obliger les paracontribuables à payer leur
dette. Ce second trait rapproche encore plus la taxe parafiscale de
l’impôt.

c. Organisme bénéficiaires

Une troisième caractéristique de la taxe parafiscale réside dans son


affectation et dans la nature juridique de l’organisme
bénéficiaire. La taxe parafiscale est nécessairement affectée ; par-
là, elle se distingue de l’impôt.

Les taxes parafiscales sont perçues soit dans un intérêt économique


(amélioration du fonctionnement des marchés et de la qualité des
produits, encouragement des actions collectives et de restructuration),
soit dans un intérêt social.
P a g e | 11

Chapitre II. LA TECHNIQUE GENERALE DE L’IMPOT


La technique de l’impôt est l’ensemble des opérations
par lesquelles l’impôt est établi et perçu. C’est donc une description
des différentes opérations d’établissement et de perception de l’impôt
Cette technique porte essentiellement sur quatre
préoccupations :
1) Le choix de la matière imposable ;
2) L’évaluation de la matière imposable ;
3) La liquidation de l’impôt ;
4) Le recouvrement de l’impôt.
1 : le choix de la matière imposable
Pour pouvoir établir un impôt, il faut avant tout choisir
et cerner la matière imposable, c’est-à-dire « l’élément sur lequel est
assis l’impôt ». En d’autres termes, il s’agit de cerner ce qui peut être
imposé, assujetti à l’impôt.
A travers les âges, le choix de la matière imposable est
passé de l’unicité (ou unité) de l’impôt à la pluralité d’impôts.
1.1. La pluralité d’impôts
Dans les systèmes fiscaux modernes de la quasi-totalité des
pays, c’est la pluralité d’impôts qui est de mise (contraire à l’impôt
unique).
On a ainsi des impôts assis :
• soit sur un élément du patrimoine du contribuable :
a) biens mobiliers et immobiliers : impôt sur les véhicules, impôts
fonciers ;
b) gains ou revenus (mobiliers, locatifs, professionnels) ;
• soit sur la dépense effectuée à un moment du circuit économique
(impôts sur le chiffre d’affaires, Droits d’accises et d’accises, etc.) ;
• soit à l’occasion de la mise en consommation des biens (droits
d’entrée, droit de sortie, …) ;
• soit enfin sur l’excédent du patrimoine (richesse) du contribuable
(impôt sur le patrimoine).
1.2 : l’évaluation de la matière imposable
Une fois définie, la matière imposable doit être évaluée, c’est-
à-dire on doit en évaluer la quantité, en déterminer la quantité par
un calcul.
L’évaluation de la matière imposable permet de déterminer
la base d’imposition ou l’assiette de l’impôt, en d’autres termes, le
calcul de « ce sur quoi l’impôt est assis ».
P a g e | 12

En effet, « asseoir l’impôt c’est déterminer les matières


imposables et mesurer dans chaque cas la quantité de matière
imposable à laquelle doit s’appliquer l’impôt »
Les méthodes d’évaluation de la matière imposable
Plusieurs techniques sont utilisées pour l’évaluation de la
matière imposable : la déclaration contrôlée, la méthode forfaitaire,
la méthode indiciaire et l’évaluation par l’Administration fiscale.
1. La déclaration contrôlée
La plupart des régimes fiscaux sont déclaratifs. L’impôt est établi
d’après les éléments déclarés par le contribuable.
La déclaration permet de faire connaître au fisc la matière
imposable, son montant, les éléments nécessaires au calcul et au
contrôle. Ex : La déclaration en Douane
Elle est autrement appelée la « confession fiscale ».
Cependant, lorsque la déclaration est remplie et déposée par
le contribuable, on lui accorde seulement une présomption
d’exactitude. Le contrôle a posteriori est indispensable pour maintenir
un degré suffisant de sincérité aux déclarations.
C’est pour cette raison qu’on l’appelle « déclaration
contrôlée ». Elle est souscrite soit par le contribuable soit par les tiers.
(Par commissionnaire en Douane)
De manière générale, tous les impôts, à savoir les impôts
indirects perçus par la DGDA (droits de douane, Droits d’accises et TVA à
l’importation perçue pour compte de la DGI) et les impôts directs et
indirects perçus à l’initiative de la DGI, font l’objet, en RDC, d’une
déclaration : déclaration en douane (DGDA) ou déclaration fiscale
(DGI).
2. La méthode forfaitaire
Le forfait est une méthode consistant à déterminer la
matière imposable, avec ou sans l’accord du contribuable,
« lorsqu’une évaluation exacte apparaît comme pratiquement impossible
ou trop difficile ou trop compliquée ou lorsqu’une donnée moyenne est
plus adaptée qu’une évaluation moyenne ».
Dans l’état actuel de l’économie de la République
Démocratique du Congo caractérisée par une prolifération des petites
activités artisanales et de petit commerce, le forfait s’y adapte mieux
et convient comme technique de fiscalisation des petites activités
qui évoluent dans le secteur dit « informel ».
P a g e | 13

Mais, cette technique doit être utilisée dans une perspective


d’amélioration progressive, car elle risquerait de déboucher sur de
graves injustices fiscales entre contribuables.
3. La méthode indiciaire
Elle consiste à évaluer la quantité de la matière
imposable en se référant aux signes extérieurs de richesse affichés
par le contribuable, tels que consommation des produits de luxe
(bijoux, alcools et vins, cigares…), la possession matérielle telle que les
costumes ou vêtements de luxe de la dernière mode, le nombre de
véhicules, de biens immobiliers, etc.
Cependant, cette méthode est mieux utilisée dans les pays
ayant une longue tradition fiscale, ayant développé une sorte de
« police fiscale » quadrillant chaque agglomération urbaine et
disposant d’un dossier pour chaque résidant dans ladite agglomération.
Ex : Dans les pays à grandes Démocratie on ne peut pas exercer une
fonction politique sans déclarer tout son patrimoine et ses avoirs ou fisc.
4. L’évaluation par l’administration

Elle revêt deux formes :

- la détermination directe de la matière imposable


par l’administration ;
- l’imposition (ou taxation) d’office ;

Pour une certaine catégorie d’impôts (impôts locaux, impôts


sur les véhicules, impôts fonciers, …) autrement dit, en matière de
fiscalité directe locale, l’administration (ou mieux les services fiscaux)
évalue directement la matière imposable.

Par ailleurs, le fisc détient, à l’égard des contribuables


de mauvaise foi (c’est-à-dire ceux qui ne déclarent pas la matière
imposable ou ne présentent pas les justificatifs ou documentation leur
demandés ou qui ne répondent pas aux demandes d’informations
supplémentaires leurs adressées…), le droit d’établir lui-même la
matière imposable en se basant soit sur des signes extérieurs de
richesse soit sur des éléments à sa disposition.
P a g e | 14

Cet aspect de l’évaluation d’office est, en effet, une forme


de sanction, car c’est au contribuable défaillant de fournir des chiffres
contraires avec preuves.

3 : la liquidation de l’impôt
« La liquidation est l’opération qui consiste à calculer la dette
fiscale du contribuable par application d’un taux ou d’un tarif à la
base imposable après prise en compte, le cas échéant, de réduction
ou de majoration portant sur l’impôt brut ».
Liquider un impôt, c’est calculer le montant exact de la
dette d’impôt à payer par le contribuable, à définir le fait générateur
ainsi que les modalités de taxation.
Ainsi donc, pour liquider un impôt, il faut réunir les deux
préalables que sont le fait générateur et les modalités de taxation.
1. Le fait générateur
Il désigne l’événement qui crée la dette fiscale. Il s’agit
soit d’un fait matériel soit un acte juridique ou encore d’une
situation économique qui donne naissance à la dette d’impôt.Il peut
être défini comme tout acte ou tout événement qui, au terme de la
loi, fait naitre l’obligation fiscale. C’est le fait par lequel sont
réalisées les conditions légales nécessaires pour l’exigibilité des droits.
Il varie en fonction des opérations taxables.
Le fait générateur permet de déterminer le champ d’application
de l’impôt dans le temps et dans l’espace (territorialité).
P a g e | 15

Exemples de fait générateur pour certains impôts :


Types d’impôts Faits générateurs
1. Impôt sur les revenus Paiement au bénéficiaire (ou mise
mobiliers à sa disposition) des revenus
mobiliers
2. Impôt sur rémunération Paiement ou mise à disposition du
salarié de sa rémunération
3. TVA sur les ventes Livraison des marchandises
4. Impôt sur les véhicules Immatriculation (mise en service)
5. Impôt foncier Propriété, jouissance, location…
6. Droits d’accises et Droit - Cession sur le territoire de la
d’accise spécial RDC des marchandises sujettes
aux droits ;
- Fourniture sur le territoire de la
RDC des services assujettis aux
droits ;
- Mise à la consommation des
marchandises importées
soumises aux droits.
2. Les modalités de taxation
« La taxation est le fait de soumettre un bien ou une
opération à un impôt ou à une taxe. C’est, en d’autres termes,
l’opération de calcul du montant de l’impôt par application à la
base imposable d’un élément du tarif ou d’un taux »
La taxation s’effectue selon l’une des modalités ci-après :
1) impôt de répartition et impôt de quotité ;
2) impôt réel et impôt personnel.
A. Impôt de répartition et impôt de quotité
L’impôt de répartition est celui dont le produit attendu est
déterminé à priori et dont le taux est fixé en fonction de l’étendue
de la matière imposable (quotient du produit sur la base imposable).
Ex : les recettes fiscales dans les finances Publiques Classiques.
Avantage : Mettre le trésor à l’abri de moins perçues ;
Inconvénient : Contraire à la justice fiscale : les sommes fraudées sont
acquittées par les contribuables honnêtes ;
Conséquence : Cet impôt a pratiquement disparu dans les Etats
modernes au profit de l’impôt de quotité.
L’impôt de quotité est celui dont le taux, mais non le montant
global, est déterminé à l’avance par l’administration.
P a g e | 16

En d’autres termes, l’impôt de quotité est un « impôt dont


le tarif est fixé à priori et pour lequel la matière imposable est
préalablement définie. Son produit n’est donc pas connu avec
précision à l’avance ».
Ex : les prévisions budgétaires en recettes.
Aujourd’hui, on peut néanmoins en prévoir assez
précisément le montant grâce au développement des techniques
statistiques et économiques.
Cet impôt est aujourd’hui le plus utilisé, de préférence à l’impôt de
répartition.
B. Impôt réel et impôt personnel
L’impôt réel est assis sur un bien. Et il est calculé à
partir de la seule matière imposable, abstraction faite de la
situation personnelle du contribuable (réel provient du mot latin
« res » qui signifie « une chose, un bien »).
- Cas de l’impôt foncier et de l’impôt sur les véhicules : le fonds ou
terrain et les véhicules sont des choses.
L’impôt personnel, par contre, tient compte non
seulement de la matière imposable mais également de la situation
personnelle de son détenteur, pour adapter la charge fiscale à ses
facultés contributives dans une perspective de justice fiscale. Dans la
fiscalité moderne, l’impôt personnel est aménagé, « est personnalisé » en
fonction du contribuable ou de son débiteur.
Si tel est l’objectif poursuivi, qu’est-ce que la
personnalisation de l’impôt ? Quels sont les procédés utilisés pour la
personnalisation des impôts ?
C. La personnalisation de l’impôt et ses procédés
L’impôt peut être personnalisé afin d’adapter la
charge selon les capacités contributives des redevables. Il existe
plusieurs procédés de personnalisation.
En effet, la personnalisation peut être faite en tenant
compte soit de la quantité de matière imposable, soit de l’origine
des revenus imposables, soit des charges de famille du redevable,
soit encore une personnalisation fondée sur la discrimination.
1. La personnalisation de l’impôt.
C’est l’« aménagement des impôts en fonction de la
personnalité de celui qui les supporte. En France, l’impôt sur le
revenu (équivalent de l’impôt sur le revenu des personnes physiques en
RDC) est le type d’impôt personnalisé. Il est établi en fonction de la
capacité contributive et des charges de famille du contribuable ».
P a g e | 17

La recherche d’une plus grande justice conduit à la


personnalisation d’un nombre croissant d’impôts. C’est le cas, dans
le système fiscal congolais, des impôts suivants : 1). Impôt sur le revenu
locatif et 2) Impôt professionnel sur les rémunérations.
2. Procédés de personnalisation de l’impôt.
Il existe, à ce jour, trois types de personnalisation de l’impôt avec
des procédés spécifiques :
- La personnalisation d’après la quantité de la matière imposable ;
- La personnalisation à raison des charges de famille ;
- La personnalisation à raison de l’origine des revenus.
1.1. La personnalisation d’après la quantité de la matière imposable
Ce type de personnalisation recourt à deux procédés, la
proportionnalité et la progressivité, lesquels sont complétés par
d’autres afin de les améliorer.

1) La proportionnalité
Elle donne naissance à l’impôt proportionnel : c’est un
prélèvement fiscal qui est opéré en appliquant à la base imposable un
pourcentage, qui ne varie pas en fonction de l’importance de cette base.
• Ce procédé se caractérise par un taux constant ;
• Il personnalise bien la charge fiscale parce que l’impôt
croît régulièrement avec la matière imposable ;
• Mais, c’est une personnalisation incomplète car la
proportion de matière imposable prélevée par l’impôt reste
la même. La représentation de cet impôt donne le graphique
ci-dessous.

Ex : Les Droits de Douane sont perçus par application d’un taux


constant

2) La progressivité
Elle donne naissance à l’impôt progressif. Dans sa technique, le
procédé fait recours à des taux variables. Il en résulte que :
• la charge fiscale augmente lorsque la matière imposable
augmente ;
• la proportion de matière imposable prélevée augmente ;
Il existe deux types de progressivité : la progressivité globale et la
progressivité par tranches.
P a g e | 18

A. La progressivité globale.
Dans sa technique, ce procédé opère de la manière suivante :

• les contribuables sont répartis par classes ou


catégories, en fonction de leurs revenus et on prévoit
un taux d’impôt pour chaque catégorie, lequel s’applique
à la totalité des revenus
• Inconvénient : ce procédé consacre des injustices au
niveau des paliers.

B. La progressivité par tranches.


Dans ce procédé :
- La matière imposable est divisée en tranches de revenus
et plusieurs taux progressifs sont prévus ;
- Chaque taux s’applique à la tranche de revenus pour
laquelle il a été prévu ;
- L’imposition totale à payer est constituée du total des impôts
calculés pour chaque tranche.
En définitive, l’impôt progressif se présente comme un
« prélèvement fiscal dont l’ampleur s’accroît plus que
proportionnellement au montant des revenus ou bénéfices taxés.
2.3. La personnalisation à raison de l’origine des revenus
Il s’agit d’une discrimination, une application des taux
distincts à des matières imposables d’origine différente ou l’édiction
des règles différentes pour l’évaluation de la matière, suivant son
origine.
C’est ainsi que : l’IRL est de 22 %, l’Impôt mobilier : 20 %,
l’Impôt sur les bénéfices : 35 % et l’IPR : un barème progressif avec
un plafond de 30 % maximum.
On peut encore citer les Droits de Douane où chaque
rubrique tarifaire a son taux.
Ex : Les Vins et le riz ont chacun son taux
4 : le recouvrement de l’impôt
Lorsque le choix de la matière imposable a été fait, que celle-
ci a été évaluée et l’impôt calculé, l’administration concernée doit
procéder à son recouvrement. Ce dernier est, en réalité, l’ensemble « des
P a g e | 19

opérations qui concourent à la perception de l’impôt une fois que celui-


ci est liquidé ».
Cette étape de la technique de l’impôt met en présence
le redevable (débiteur de l’impôt) et les receveurs (Receveur des
impôts pour la DGI, des Douanes pour la DGDA et des taxes pour la
DGRAD) qui assument la responsabilité de l’encaissement des
recettes d’impôts, des droits, des redevances et des taxes.
1. Procédures de recouvrement
Elles diffèrent selon le type d’impôt et l’administration fiscale
intervenante.
A. Procédures normales
Les délais de paiement des impôts sont impératifs et
doivent être rigoureusement respectés parce qu’il faut assurer aux
dirigeants une régularité des ressources fiscales dans le temps.
Ainsi, les procédures sont notamment celles de paiement
dans le délai légal, qu’il s’agisse des paiements au comptant ou
spontanés ou des paiements des droits constatés.
B. Procédures exceptionnelles
Lorsque le contribuable ou le redevable ne s’acquitte pas
de sa dette d’impôt dans les délais prescrits, les agents de
l’Administration (receveurs) peuvent engager des poursuites à
son encontre (recouvrement forcé). Il y a une procédure
contentieuse qui est déclenchée.
Pour la DGI, cette procédure commence par la mise en
demeure, passe par le commandement puis par la saisie pour finir
par la vente publique aux enchères.
Pour la DGDA, les marchandises non enlevées dans le délai
tombent également sous le coup de la vente publique aux enchères.
Dans l’examen de chaque type d’impôt, la procédure de
recouvrement ainsi que le recouvrement forcé seront précisés.
P a g e | 20

Chapitre III. LES GRANDS PRINCIPES DU DROIT


FISCAL

Comme toutes les branches du droit, celui-ci puise en effet


les normes qui le constituent dans différents textes entre lesquels une
hiérarchie peut être établie.

Il doit être compris plus largement comme l’ensemble des


principes et des règles relatifs au droit de lever l’impôt. Les
principes à la base du droit fiscal prennent racine, directement ou
indirectement, dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen
de 1789.

Le recours aux principes fondamentaux du droit permet


d’éviter les excès éventuels dans la mise en œuvre des règles
fiscales.

Trois grands principes constituent le fondement du droit fiscal : le


principe de légalité, le principe de nécessité et le principe d’égalité devant
l’impôt. A ces principes s’ajoutent des droits fondamentaux que les
constitutions de plusieurs pays ont reconnus aux contribuables et qui
s’imposent au législateur.

A. Les Principes à Portée Constitutionnelle

Lorsqu’il élabore la loi, le Parlement ou le Sénat doit


respecter la constitution. A défaut la cour constitutionnel ne marquera
pas s’il est saisi, d’invalider les dispositions litigieuses. L’observance de
ces principes permet au parlement d’élaborer des lois fiscales
dans un souci constant de prévenir tout risque
d’inconstitutionnalité.

LE PRINCIPE DE LEGALITE DE L’IMPOT

Le principe de légalité de l’impôt signifie que l’impôt est


une matière réservée au législateur.
Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes
ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de
la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité,
l’assiette, le recouvrement et la durée.

Dorénavant, aucune levée d’impôt ne pourra s’effectuer si elle n’a


pas été probablement décidée par l’assemblée représentative des
citoyens.
P a g e | 21

En conséquence, seul le parlement est habilité, dans le


cadre d’une loi des finances ou d’une loi ordinaire, à créer,
modifier ou supprimer un impôt, à en définir les règles d’assiette,
de calcul et de recouvrement.

La compétence exclusive du législateur en matière fiscale n’exclut pas


cependant la possibilité d’un partage du pouvoir fiscal avec
d’autres représentants élus des citoyens. Ainsi, sur le fondement du
principe de décentralisation, les entités territoriales décentralisées sont
dotées en RDC d’un pouvoir fiscal dérivé, de fixer par une loi
d’habilitation, les taux d’imposition des certains impôts locaux, sans
toutefois pouvoir créer, modifier ou supprimer un impôt, « la loi peut les
autoriser à fixer le taux et/ou les modalités de recouvrements de
certains impôts provinciaux dans les limites qu’elle détermine ». (Article
9, Alinéa 4, Loi n°11/011 du 13 juillet 2011 relatives aux finances
Publiques).

Solidement ancré dans un bloc de constitutionnalité et ne paraissant en


cela susceptible d’aucune atteinte, le principe de légalité de l’impôt
semble bien satisfaire à « cette vérité que les impôts ne peuvent
être établis légitimement que du consentement du peuple ou de
ses représentants », comme le prétendait Rousseau. Or, la réalité de
l’application de ce principe montre les faiblesses indéniables.

Les limites juridiques

Le principe de légalité de l’impôt trouve par ailleurs d’autres limites


sérieuses, cette fois au plan juridique, à l’occasion de la mise œuvre
des textes fiscaux par l’administration compétente et notamment à
l’occasion de la question particulièrement délicate en droit fiscal de leur
interprétation.

En effet, le caractère fréquemment général de la loi fiscale- mais


aussi le poids d’une pratique ancienne – conduit l’administration à
indiquer très régulièrement dans des instructions ou circulaires,
dites interprétatives, l’interprétation qu’elle fait des textes qu’elle
est chargée d’appliquer. (S’écartant parfois de l’esprit du législateur).

Mais la véritable question de fond, en réalité, est de savoir si dans le


cadre du contrôle de légalité opéré par les juridictions
compétentes, le juge accepte ou non de censurer les empiétements
éventuels de la doctrine administrative sur la loi avec le risque, de se
voir lui-même soupçonné à l’occasion de sa propre activité
d’interprétation de détourner ou déformer l’intention du
législateur.
P a g e | 22

En d’autres termes, le problème soulevé par l’importance de la doctrine


administrative en matière fiscale et les limites qu’elle est susceptible
d’entrainer au regard du principe de légalité se ramène donc à deux
interrogations essentielles qui concernent d’une part la réalité du
contrôle de légalité, d’autre part la légitimité et la validité de
l’interprétation des juridictions, elles-mêmes susceptibles
d’encourir le reproche d’une dérive vers une sorte de
« gouvernement des juges ».

D’une manière générale, on peut que déplorer une certaine carence du


contrôle juridictionnel à l’égard de la doctrine fiscale et des actes
fiscaux créant la dépense fiscale.

LE PRINCIPE D’EGALITE DEVANT L’IMPOT


Le principe de l’égalité devant l’impôt a revêtu et revêt toujours une
double signification : juridique et politique.

Signification juridique : l’impôt relève d’un régime exclusivement légal


et réglementaire et, en principe, purement objectif. Il s’ensuit que le
contribuable est placé dans une situation statutaire, dont le
contenu est fixé d’une manière générale et impersonnelle, par voie
de lois ou règlements, et qui est donc le même pour tous les
redevables appartenant à une catégorie déterminée. Le droit fiscal
exclut absolument toute mesure qui aurait pour effet de déroger à ces
lois ou règlements.

Par-là, le principe de légalité n’est pas seulement le gérant du


caractère obligatoire de l’impôt, il s’assure aussi l’égalité, du
moins l’égalité juridique de tous les citoyens devant l’impôt.
L’égalité fiscale est ainsi étroitement liée à légalité de l’impôt.

Du point de vue juridique, l’égalité devant l’impôt a été analysée


pendant longtemps comme une simple égalité devant la loi : tous les
contribuables qui se trouvent dans la même situation, telle qu’elle
est définie par la loi fiscale, doivent être soumis au régime fiscal
fixé par cette loi. Le principe d’égalité devant l’impôt repose sur ce
postulat. Le conseil d’Etat français s’interdit d’entrer dans des
considérations économique ou sociales pour rechercher si le principe de
l’égalité devant l’impôt a été respecté. Il se refuse à comparer entre eux
deux systèmes d’imposition pour apprécier si l’ensemble des charges qui
pèsent sur les contribuables est également réparti. Il s’en tient
rigoureusement à une conception juridique du principe égalitaire. Son
contrôle de la légalité des règlements pris en application de la loi
porte exclusivement sur le point de savoir si tous les contribuables
P a g e | 23

qui se trouvent dans la même situation, telle qu’elle a été définie


par le législateur, sont assujettis à un régime fiscal identique.
C’est au regard de cette adéquation qu’il examine si les mesures
d’application de la loi prise par l’autorité réglementaire ne créent
pas d’inégalité entre les contribuables en les soumettant à des
règles différentes.

Signification Politique : Ce principe repose sur une disposition de


l’article 13 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 26
aout 1789 : « pour l’entretien de la force publique, et pour les
dépenses d’administration, une contribution commune est
indispensable : elle doit être également répartie entre tous les
citoyens, en raison de leurs facultés ».

Sur le plan politique, l’égalité se confond avec l’idée de justice


fiscale. La recherche de la justice, qui est inspirée par les
préoccupations politiques, économiques et sociales les plus diverses,
exclut nécessairement l’identité des règles. Tous les contribuables ne
peuvent être soumis au même régime d’impositions. L’égalité devant
l’impôt, au sens de l’article 13 de la déclaration des droits,
postule au contraire des traitements différents ou des adaptations
de la norme en fonction des « Facultés contributives » des citoyens,
d’où les multiples discriminations dans la détermination des
personnes, opérations ou biens imposables, les exonérations,
l’évaluation de la matière imposable, l’établissement des tarifs ou
même les procédures de contrôle fiscal. Sous cet aspect, le droit fiscal
apparait comme un droit de discrimination.

LE PRINCIPE DE NECISSITE DE L’IMPOT

Le principe de nécessité de l’impôt est tiré des articles 13 et 14 de la


Déclaration des droits. L’Article 13 précise en effet que « pour
l’entretien de la force publique et pour les dépenses
d’administration, une contribution commune est indispensable ».
L’article 14 évoque quant à lui « la nécessité de la contribution
publique ». Ce caractère indispensable et nécessaire de l’impôt fonde
implicitement selon le juge constitutionnel français la légitimité du
contrôle fiscal et de la répression de la fraude. Il en résulte ainsi
que ni fraude ni le refus de l’impôt ne sauraient se justifier au nom
de la liberté individuelle.
P a g e | 24

Tout en exposant les « Droits naturels, inaliénables et sacrés de


homme », la Déclaration de 1789 n’omet pas de mentionner les limites
que la loi pourra leur apporter, limites rendues nécessaires – c’est-
à-dire indispensables- par la vie en société. Ces limites doivent elles-
mêmes, l’on peut dire, être limitées, pour ne pas faire sombrer la société
dans le despotisme : ainsi les atteintes aux libertés individuelles
qu’impose la réalisation de l’intérêt général doivent-elles rester
strictement nécessaires- c’est-à-dire proportionnées.

Le législateur ne peut donc édicter que des peines « strictement et


évidement nécessaires », de même que seule une « nécessité publique,
légalement constatée » permet de porter atteinte au droit de
propriété, ou encore que « la nécessité de la contribution publique »
doit être constatée par les citoyens.

Les références à la notion de nécessité renferment une double idée :


d’une part, un élément de justification (« nécessaire » signifie alors
« indispensable », comme lorsque l’on parle d’un « mal nécessaire ») ;
d’autre part, un élément de limitation (« nécessaire » signifiant aussi
« proportionné », « adéquat »

Les principes sans portée constitutionnelles

LE PRINCIPE DE TERRITORIALITE

Le principe de territorialité de l’impôt définit l’application de la


loi fiscale dans l’espace. En règle générale l’espace fiscal et la sphère
de compétence dévolue aux organes politiques sont les mêmes et
constituent l’espace de souveraineté fiscales. Cependant le pouvoir
fiscal peut, dans certain cas ; s’étendre au-delà des frontières nationales
ou, inversement, ne pas couvrir l’ensemble du territoire national
ou encore être limité par un droit fiscal supranational. C’est le cas
lorsque, en vertu de certaines conventions fiscales internationales, la
souveraineté peut être affectée par des normes supérieures à la loi
nationale parce que découlant d’un traité ratifié et approuvé par le
parlement.

LE PRINCIPE DU CONTRADICTOIRE

Le caractère contradictoire des procédures juridictionnelles s’applique


en droit fiscal comme pour les autres catégories du droit et ce principe
doit être rapproché de celui du respect des droits de la défense.
Il a une portée entendue en droit fiscal. Au-delà de la seule phase
juridictionnelle, on le retrouve en effet présent tout au long de la
procédure administrative de contrôle fiscal, et il constitue une
P a g e | 25

garantie importante pour le contribuable vérifie. Ainsi, les


manquements à ce principe de la part de l’administration sont
susceptibles d’être sanctionnés par l’irrégularité de la procédure de
rectification ou d’imposition. Au terme de ce principe en effet, le
contribuable dont les déclarations sont contrôlées doit avoir à tout
moment la possibilité de se défendre, de répondre aux éventuelles
notifications que l’administration se propose de lui adresser, ainsi
que de dialoguer avec l’agent chargé du contrôle, en étant
éventuellement assisté s’il souhaite d’un conseil de son choix.

Vous aimerez peut-être aussi