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Pour qu’une société fonctionne, il faut qu’elle dispose de ressources capables de répondre aux

besoins du groupe. Par conséquent, les ressources de l’État comprennent également les
recettes publiques, telles que les impôts, qui servent à financer le budget. La survie d’une
nation dépend de la participation économique de sa population par le biais des impôts, afin de
répondre aux besoins du peuple dont elle est responsable. Les impôts sont un mode
d'organisation de la vie sociale, elle est donc étroitement liée à la société humaine. Les
communautés appelées « la civitas » ont toujours été imposées, que ce soit par l'ancien empire
romain ou par les seigneurs féodaux médiévaux et l'Église.

Cependant, la finalité des impôts était différente et manquait de l’idée de souveraineté


nationale et d’intérêt général. Les impôts ressemblaient davantage au prix de la liberté des
conquérants, ou droit à la subsistance des paysans qui vivaient sur le territoire de leur
seigneur, cultivaient ses terres et priaient Dieu. Les impôts sont un élément fondamental des
sociétés industrialisées. Par ailleurs, la notion d’impôt est très difficile à définir. La difficulté
de cette définition réside dans le grand nombre de définitions proposées par les auteurs
classiques. Chaque économiste, chaque philosophe politique, chaque juriste a voulu donner sa
propre définition de l’impôt, au point qu’il n’existe pas de définition générale et universelle de
l’impôt.

Lorsque nous nous tournons vers les philosophes politique, selon Montesquieu, « l’impôt est
une proportion que chaque citoyen donne de son bien pour avoir la sûreté de l'autre ou pour
en jouir plus agréablement ».1 Selon lui, l'impôt est un échange et un acte de confiance dans le
gouvernement, dont le consentement à l'impôt n'est que l'effet.

Quant aux économistes ils le définissent d’une autre manière. Selon Adam Smith, « l'impôt est
la contribution de tous les membres de la société, ou d'une partie de ses membres, aux
dépenses du gouvernement ».2 Cette définition complète les grandes règles fiscales permettant
l'établissement d'un impôt juste et non arbitraire.

Selon Gaston JEZE l'impôt se présente comme « une prestation de valeur pécuniaire exigée
des individus d'après des règles fixes, en vue de couvrir des dépenses d'intérêt général, et
uniquement à raison du fait que les individus qui doivent les payer sont membres d'une
communauté politique organisée ».3 Cette définition de Gaston JEZE sur l'impôt nous
renseigne que, de par son objet, celui-ci fait fonctionner la collectivité nationale, l'Etat. Mais

1
Montesquieu, « De l'esprit des Lois, 1748, Livre 13, chap.1
2
A. Smith, « Essai sur la nature et les causes de la richesse des nations, Londres
3
1776, Livre V. G. Jèze, « Cours des finances publiques, 1936-1937, 1937, LGDJ, Paris, P.38
ce qu'elle ne nous dit pas, c'est que l'impôt a donné à l'Etat moderne sa configuration
institutionnelle actuelle. Tout au moins, a-t-il permis la naissance du parlementarisme tel qu'il
existe actuellement.

Dans un pays comme le Sénégal, le système fiscal est dit déclaratif, c'est-à-dire que c'est le
contribuable4 qui, conformément aux dispositions du Code Général des Impôts (CGI), souscrit
périodiquement à des déclarations devant servir à liquidation de sa dette fiscale. Les
déclarations faites par le contribuable sont présumées sincères et exactes et engagent ainsi sa
responsabilité.

On suppose que la déclaration faite par le contribuable est véridique et exacte et engage donc
la responsabilité du contribuable.

Contrairement à la France, où la collecte des impôts est approuvée chaque année par le
Parlement avec l'approbation de la loi de finances nationales, au Sénégal, le pouvoir de
collecter les impôts est permanent et inscrit dans la loi fiscale, qui est l'instrument efficace de
la loi de finances nationales. En l’espèce, le CGI 5 (Loi n° 2012-31 du 31 décembre 2012) a été
modifié à plusieurs reprises. C’est pour cette raison que le Sénégal aurait consolidé ses
recettes fiscales. Autrement dit, « qu'elles sont des recettes qui, une fois créées ne sont plus
remises en question chaque année jusqu'à ce que d'autres lois de recettes viennent en décider
autrement, soit en modifiant le taux, soit en modifiant l'assiette » 6. Au Sénégal, la plupart des
ressources financières du pays proviennent des impôts, ce qui les rend plus importantes
qu'autoritaires.

« La politique fiscale mise en œuvre au Sénégal depuis quelques décennies traduit la volonté
des pouvoirs publics de faire de la fiscalité un instrument apte à mobiliser de façon optimale
les ressources nécessaires à la couverture des charges publiques, à promouvoir la croissance
économique et à améliorer l'environnement des affaires. La nécessité d'atteindre ces objectifs,
à la fois multiples et variés, a conduit le législateur a modifié à maintes reprises le CGI,
entraînant ainsi une complexification du dispositif, aussi bien pour les praticiens de la matière
que pour les contribuables ».7

A ce titre, les impôts sont régulés par la fiscalité et constituent une préoccupation constante
des entreprises. Cette fiscalité dispose d'une documentation historique remontant à l'Antiquité.

4
Personne ou organisation assujettie au paiement d'un impôt.
5
Code Général des Impôts
6
IMPÔT - Droit fiscal : Le contentieux fiscal - Encyclopædia Universalis
7
Expose des motifs du Code Général des Impôts de la los 2012-31 du 31 décembre 2012
Il est présent dans toutes les grandes civilisations, mais s'étend de manière significative à
travers les pays au fil du temps, en fonction des niveaux de développement socio-économique,
environnemental et industriel, des besoins financiers et stratégiques de la nation et de
l'idéologie économique dominante. Le terme « impôt » vient du mot latin « fiscus », qui
signifie « panier » dans lequel les Romains recevaient de l'argent. 8 Cela a donné naissance au
système fiscal, qui fait généralement référence à toutes les agences gouvernementales
chargées des impôts.

La fiscalité désigne l'ensemble des règles, lois et mesures qui régissent le domaine fiscal d'un
pays. Elle joue un rôle important dans l'économie du pays, participe effectivement au
financement des besoins du pays et est une source de dépenses publiques.9

Par ailleurs, la fiscalité implique deux acteurs : l’administration fiscale et le contribuable. Le


premier distribue les rôles et le second le prend au pied de la lettre.

- Les autorités fiscales sont habilitées à percevoir, prélever, administrer et, le cas échéant,
imposer des pénalités. Elle exerce le droit de percevoir tous les impôts au profit du trésor
national.

- Les contribuables, en bons citoyens, déposent leurs déclarations à temps et paient leurs
impôts dus.

Ces deux objectifs parfaitement compatibles comportent évidemment des différences et des
difficultés significatives. En fait, dans la pratique fiscale quotidienne, des points de vue
différents apparaissent souvent entre les deux parties.

Cela peut arriver, si l'administration fiscale constate des lacunes ou des divergences dans la
déclaration d'un contribuable, elle peut procéder à des ajustements sur la base de procédures
fiscales automatiques ou de procédures de vérification, selon le cas. Dans le second cas, si la
comptabilité du contribuable est jugée non concluante, le chiffre d'affaires du contribuable
pourra également être reconstitué.

A ces différents cas s’ajoutent ceux-ci, si les autorités fiscales demandent des documents au
contribuable, et qu’ils ne respectent pas cette obligation, ils seront automatiquement imposés.

8
Claude et AUGE, Dictionnaire encyclopédique, Larousse, Paris 1958, p.411.
9
Fiscalité : définition, traduction (journaldunet.fr)
Et enfin, si les contribuables ne produisent pas de déclarations de revenus et ne paient pas
d’impôts ou encore refuse de se soumettre au contrôle fiscal. Et enfin, dernière situation, si le
fisc commet une grave erreur.

Notre sujet étant la gestion du contentieux fiscal au Sénégal, nous metton ces situations en
avant car elles sont à l’origine de litiges entre le contribuable et l’administration fiscale.

Le mot contentieux vient du latin « contentiosus », qui signifie « querelle », « débat », «


argument » ou discussion. 10

Par contentieux, on entend toute procédure engagée à la suite d'un litige par un contribuable
ou à l'initiative d'une administration et visant à appliquer la loi, à déterminer l'assiette fiscale
ou à corriger des erreurs dans la comptabilisation des impôts. C'est ce que l'on appelle un
contentieux fiscal, par opposition à une action en recouvrement, dans laquelle nous avons la
présence d’un titre exécutoire émis par l'administration fiscale attestant de l'existence d'une
créance détenue par celle-ci à l'égard du contribuable. Concrètement la mise en recouvrement
atteste du fait que l'administration fiscale réclame une certaine somme au contribuable.

Donc le terme « contentieux » connait deux acceptions. Au sens strict, il désigne les litiges
portés devant un juge et réglés selon des procédures juridictionnelles. Mais, cette définition
serait trop réductrice en ce sens qu'elle ne reflèterait pas tous les aspects du contentieux fiscal.
En effet, la plupart des différends se règlent à l'occasion de la phase administrative. Cette
dernière est primordiale pour la saisine du juge. En effet, le contribuable doit d'abord
présenter une réclamation préalable devant l'administration fiscale avant de saisir le juge.

Dès lors, le contentieux fiscal est défini au sens large par Thierry Lambert comme «
l'ensemble des règles de procédures tant auprès de l'Administration que devant les juridictions
compétentes, pour l'examen des réclamations qui mettent en cause le bien-fondé de la quotité
des impôts, droits et taxes et pour l'application des pénalités relatives aux contraventions
fiscales soumises à l'appréciation du juge. »11

Il faut préciser qu'au Sénégal, le législateur n'a pas donné une définition du contentieux fiscal
contrairement à son homologue français qui le prévoit dans le livre de procédures fiscales
(LPF). Ainsi aux termes des dispositions de l'article L.190 du livre précité, « le contentieux est
l'ensemble des règles relatives aux impôts, contributions, droits, taxes, redevances, soultes et
pénalités établis ou recouvrés par les agents de l'Administration, lorsqu'elles tendent à obtenir
10
Contentieux — Wikipédia (wikipedia.org)
11
LAMBERT Thierry, procédures fiscales, 2º Ed, LGDJ, 2015
soit la réparation d'erreurs commises dans l'assiette ou le calcul des impositions, soit le
bénéfice d'un droit résultant d'une disposition législative ou réglementaire ».

Le législateur a reconnu la position de force des autorités fiscales et a cherché à leur accorder
un statut égal. Ainsi, avant d'exercer ses droits, l'administration fiscale doit prendre certaines
mesures pour garantir les droits du contribuable. Si un litige survient entre l'administration
fiscale et le contribuable, celui-ci a le droit de déposer une objection. Une fois que le
contribuable décide de faire appel, d’autres acteurs interviendront pour résoudre le litige. Cela
dépendra de la nature du litige et du stade du litige.

Toutefois, en règle générale, le contribuable doit d'abord déposer une réclamation auprès de
l'administration fiscale. Les litiges peuvent être résolus à ce stade. Si un contribuable n'est pas
satisfait de la décision du gouvernement, il peut faire appel au tribunal en dernier recours.
Personne ne peut nier que le litige constitue une garantie et une bonne défense pour les
contribuables. Cependant, il ne suffit pas d’être convaincu de son utilité, il faut aussi connaître
la marche à suivre.

Maîtriser les secrets des procédures fiscales, notamment contentieuses, constitue donc un
enjeu majeur tant pour les opérateurs économiques que pour le grand public. Une certaine
formalité et un certain ordre doivent être respectés lors de la prise de rendez-vous. Et si le
contribuable présente également un argument valable, le recours a plus de chances d’aboutir.
Les contentieux fiscaux se sont considérablement accrus ces dernières années, ce qui est
normal dans un pays de droit comme le Sénégal, où la constitution vise à protéger les droits
des citoyens.

L’État de droit et les réformes mises en œuvre ont imprégné la pratique de l’administration
fiscale, notamment au niveau des procédures judiciaires. Les recherches sur ce sujet étant très
vastes, notre étude se limite aux différentes étapes du litige et à la disponibilité des recours
offerts aux contribuables.

Les litiges fiscaux se divisent en deux étapes : la phase administrative et la phase


juridictionnelle. Au niveau administratif, les contribuables peuvent déposer des plaintes
volontairement contre la bonne foi des autorités ou hiérarchiquement auprès des autorités de
contrôle. En effet, les contribuables peuvent demander l'annulation de tout ou partie de leurs
impôts ou obtenir des mesures caritatives auprès de l'administration pour exonérer ou réduire
les impôts et pénalités imposés en vertu des articles 692 et 706 du CGI. 12 Les contribuables
ont la possibilité de présenter une demande d'allégement. Cette dernière peut également être
exercée d'office dès la découverte d'une erreur de la part de l'administration, conformément à
l'article 692 ci-dessus. De même, les contribuables ont la possibilité de faire appel à
l'administration et de faire déclarer sans valeur les documents de recouvrement s'ils estiment
que la taxation est injuste. La reconnaissance de la valeur peut également être effectuée
d'office si l'administration prend connaissance de l'erreur après la délivrance des actes de
recouvrement, ou si l'administration peut prouver que l'erreur a été commise à la demande du
contribuable.

En outre, les contribuables qui estiment avoir payé plus que ce qui leur est dû au Trésor
peuvent déposer une demande de remboursement des trop-payés ou en application de l'article
693 du CGI relatif aux impôts indirects et assimilés, les contribuables peuvent demander le
remboursement des droits de douane qu'ils estiment non exigibles. Les contribuables peuvent
également déposer une plainte hiérarchique auprès du Ministre des Finances ou du
Commissaire aux Impôts et aux Domaines pour contester la validité des impôts déterminés à
l'issue d'un contrôle fiscal.

Au stade judiciaire d'un litige, c'est le juge compétent qui intervient pour résoudre le litige
entre l'administration fiscale et le contribuable, si l'administration fiscale et le contribuable ne
sont pas satisfaits. Le législateur prévoit, d'une part, les litiges relatifs au fondement et, d'autre
part, les litiges relatifs à l'utilisation. Dans le cadre des litiges sous-jacents, les litiges évoqués
concernent :

1. Les impôts, droits, frais, redevances, intérêts, amendes et pénalités imposés par lui :

2. Une demande de soulagement ou de remboursement refusée.

3. Le rejet d’autres demandes de certificats.

La CGI gère les actions en recouvrement uniquement lorsque l'appel vise à obtenir un sursis
au recouvrement d'un acte ou d'une procédure exécutoire utilisée par l'auditeur.

A la suite, des divers éléments que nous avons pu recueillir nous pouvons nous questionner de
la manière suivante : est-ce que le contentieux fiscal serait-il bien géré au Sénégal ?

Cette problématique soulève d’autres questionnements, qui sont les suivants :

12
Impôts : les conditions et la démarche pour la remise, l'annulation ! - NTMY
- Quels sont les règles de gestion du contentieux ?

- Est-ce que la gestion du contentieux est efficace ?

Après diverses recherches sur le sujet, nous avons pu remarquer que ce sujet revêt divers
intérêts aussi pertinents les uns que les autres.

Un intérêt théorique, qui réside dans le fait qu'il permet de clarifier la loi fiscale et de garantir
la sécurité juridique des contribuables. En effet, lorsque les contribuables contestent les
décisions de l'administration fiscale, les tribunaux sont amenés à interpréter la loi fiscale.
Cette interprétation contribue à clarifier la loi fiscale et à en assurer une application uniforme.

Le contentieux fiscal permet également de garantir la sécurité juridique des contribuables. En


effet, lorsque les tribunaux tranchent des litiges fiscaux, ils établissent des précédents qui
s'imposent à l'administration fiscale et aux contribuables. Ces précédents contribuent à
garantir que les contribuables seront traités de manière équitable et que leurs droits seront
respectés.

Ainsi, le contentieux fiscal est un élément essentiel du droit fiscal. Il permet de clarifier la loi
fiscale, de garantir la sécurité juridique des contribuables, et de développer le droit fiscal.

Un intérêt pratique, car nous constatons que le gouvernement actuel cherche à accélérer le
rythme de mise en œuvre de ces réformes en dotant le pays d’armes juridiques capables de
protéger les droits de ses citoyens et de promouvoir le respect de la loi.

Cependant, les changements fréquents apportés au système fiscal ne favorisent pas une
compréhension commune des règles et des relations entre l'administration fiscale et les
contribuables, et entraînent souvent des erreurs d'interprétation qui dépendent de la
compréhension de chacun. Ceci, combiné aux retards administratifs, n’incite généralement
pas les contribuables.

La gestion du contentieux fiscal est un enjeu important pour le Sénégal. Le pays a connu une
croissance économique importante ces dernières années, ce qui a conduit à une augmentation
des recettes fiscales. Cependant, la croissance du contentieux fiscal est également notable. En
2022, le montant des litiges fiscaux en cours au Sénégal s'élevait à plus de 100 milliards de
francs CFA.

Cette croissance du contentieux fiscal est due à plusieurs facteurs, notamment :

 L'augmentation des contrôles fiscaux ;


 La complexité de la législation fiscale sénégalaise ;

 La faiblesse de la culture fiscale des contribuables sénégalais.

La gestion efficace du contentieux fiscal est donc essentielle pour le Sénégal. Elle permet
d'assurer le recouvrement des recettes fiscales, de garantir l'équité de la fiscalité, et de
protéger les droits des contribuables.

L’établissement et le recouvrement de l'impôt donnent naissance, entre les contribuables qui y


sont assujettis et l'administration, à des contestations et des litiges qui constituent le
contentieux fiscal. Ce dernier est un observatoire pertinent qui permet de connaître, d'une part,
les différentes phases du contentieux fiscal et les commissions de gestion du contentieux, à
travers sa phase administrative, juridictionnelle, ainsi que les commissions et, d'autre part,
l'intérêt des recours et les solutions pour prévenir le contentieux, à travers leur utilité, leurs
moyens de prévention et de répression.

Dès lors, l'étude de notre sujet s'articulera autour de deux parties. Le cadre cohérent de la
gestion du contentieux fiscal dans une première partie et le cadre perfectible de celle-ci dans
une seconde partie.

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