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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

PLAN SOMMAIRE DU COURS

INTRODUCTION GENERALE SUR LE DROIT FISCAL

PARTIE I : LES IMPOTS SUR LES BENEFICES

CHAPITRE I : L’IMPOT SUR LES SOCIETES (IS)

CHAPITRE II : L’IMPOT SUR LES BENEFICES INDUSTRIELS, COMMERCIAUX ET AGRICOLES


(IBICA)

CHAPITRE III : L’IMPOTS SUR LES BENEFICES DES PROFESSIONS NON COMMERCIALES
(IBINC)

PARTIE II : LES AUTRES IMPOTS ET TAXES APPLICABLES AUX ENTREPRISES

CHAPITRE I : L’IMPOT UNIQUE SUR LES TRAITEMENTS ET SALAIRES (IUTS)

CHAPITRE II : LA TAXE PATRONALE ET D’APPRENTISSAGE (TPA)

CHAPITRE III : L’IMPOT SUR LES REVENUS FONCIERS (IRF)

CHAPITRE IV : L’IMPOT SUR LES REVENUS DES CREANCES, DEPOTS et CAUTIONNEMENT
(IRC)

CHAPITRE V : L’IMPOT SUR LES REVENUS DES VALEURS MOBILIERES (IRVM)

CHAPITRE VI : LA CONTRIBUTION DES PATENTES

CHAPITRE VII : LES DROITS D’ENREGISTREMENT

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INTRODUCTION GENERALE

L’impôt est une nécessité, comme l’ont rappelé les révolutionnaires français de 1789. Il est à
la fois un phénomène politique, Jean Jacques Neuer 1 disait à ce propos que la fiscalité  « …
définit les rapports entre l’individu et la collectivité. Elle parle certes d’argent mais avant tout
décide quelle est la part de nous-mêmes et de nos efforts qui nous restent acquis et celle
qui revient à la société. En cela, elle est un sujet éminemment politique, et même le
principal sujet politique  », économique et social.

L’impôt, c’est également et surtout un phénomène juridique. Son institutionnalisation s’est


faite à travers une réglementation assez étoffée dans les Etats modernes qui se veulent de
droit. La perception de l’impôt obéit donc à un ensemble de règles. Ces règles constituent le
droit fiscal. Le droit fiscal appartient au droit public.
.
La droit fiscal enseigne que « toute opération fiscale passe nécessairement par trois phases.
Les règles d’assiette, de liquidation et recouvrement - trois manches de la partie qui se joue
entre le contribuable et le fisc- permettent ainsi de dégager la physionomie de tout
impôt. »2. A ces opérations, il faut ajouter le contrôle et le contentieux de l’impôt.

Ainsi, le régime juridique de tout impôt se compose :


- de règles afférentes à l’établissement de l’impôt (assiette, liquidation) ;
- de règles relatives au recouvrement de l’impôt ;
- de règles intéressant le contrôle et le redressement de l’imposition ;
- de règles concernant le contentieux de l’impôt.

Avant d’aborder l’objet du cours qui porte sur les impôts auxquels sont assujetties les
entreprises dans le système fiscal burkinabé, il serait judicieux de présenter plus en détail les
notions essentielles du droit fiscal car, comme le souligne le Doyen TROTABAS, « c’est la
science fiscale qui conduit seule à la connaissance, condition indispensable d’une pratique
éclairée. »3

Section 1 : Notions de système fiscal et d’impôt

§ 1 : Définition du système fiscal

La notion de système fiscal est comprise comme un ensemble d’impôts institués et appliqués
dans un pays. L’étude du système fiscal Burkinabè visera à connaître l’ensemble des
prélèvements fiscaux mis en place dans notre pays. Mais, dans une conception plus large, la
notion de système fiscal intègre un ensemble de données indépendantes : des données
normatives, des données organisationnelles, des données économiques et sociales et des
données psychologiques.

§ 2 : Définition moderne de l’impôt

La conception moderne définit l’impôt comme « une prestation pécuniaire, requise des
personnes physiques ou morales de droit privé, voire de droit public, d’après leurs
1
Jean Jacques Neuer, Les Archaïsmes Fiscaux dans la France, Les Chantiers Fiscaux à Engager (Ss dir.)
Lambert Thierry, Ed. L’Harmattan, 2002, p. 25
2
Louis TROTABAS, J. M. COTTERET, Droit fiscal, Précis Dalloz, 1970, p.20
3
Id., p. 17
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facultés contributives, par voie d’autorité, à titre définitif et sans contrepartie


déterminée, en vue de la couverture des charges publiques ou à des fins
d’intervention de la puissance publique »
(L. MEHL et P. BELTRAME).

Cette définition appelle les observations suivantes:

* L’impôt est une prestation pécuniaire: C’est à dire que l’impôt est acquitté en
somme d’argent. Ce qui exclut les paiements en nature (mil, sel, nombre de jours de travail
etc.) comme par le passé ;
* L’impôt est une prestation requise des personnes physiques ou morales:
Aussi bien les particuliers que les personnes morales : sociétés privées (SA, SARL,
Entreprises individuelles etc.) et publiques (EPIC, SE, SEM etc.) payent l’impôt ;
* L’impôt est déterminé en fonction de la faculté contributive: Il est tenu
compte de l’état de la fortune de chacun. Plus son revenu est élevé plus on paye l’impôt; à
l’opposé moins il est élevé moins on en paye ;
* L’impôt est requis par voie d’autorité : aucun consentement individuel à
l’impôt n’est nécessaire. La force publique peut être, au besoin, utilisée pour la perception
de l’impôt.
* L’impôt est une prestation définitive et sans contrepartie : Cela veut dire
que le payement de l’impôt ne donne pas droit à une contrepartie ou à un avantage direct.
On ne peut exiger de l’Etat telle ou telle prestation parce qu’on a payé ses impôts.
* L’impôt sert à la couverture des charges publiques :
Il s’agit de la fonction première de l’impôt. Celui-ci est collecté en vue de doter l’Etat
ou les collectivités publiques décentralisées de ressources financières qui puissent leur
permettre de faire face aux dépenses publiques.
Mais de nos jours, l’impôt est aussi un instrument d’intervention de l’Etat dans les
domaines économiques et sociaux...

D’autres notions sont utilisées dans le domaine fiscal pour designer certaines formes
de prélèvement. Ces notions doivent être différenciées de l’impôt au sens propre du terme. Il
y a :
* La taxe qui correspond à un service particulier dont profite le payeur. En d’autres
termes, alors que l’impôt est perçu sans contrepartie directe, la taxe, elle est perçue à
l’occasion d’un service rendu.
Exemple: La taxe de balayage, la taxe de voirie...
Certaines taxes sont par contre de véritables impôts (T.V.A, T.U.A, Taxe sur les colas
etc...)
* La taxe parafiscale quant à elle, bien qu’obligatoire, est perçu spécialement dans
un but économique ou social au profit de certaines personnes morales de droit public ou de
droit privé.
Exemple : Les taxes parafiscales au profit de l’ONAC, de la Chambre de Commerce, de la
Direction du Tourisme et de l’Hôtellerie.
* La Redevance, elle, est acquittée par les usagers volontaires d’un service public.
Elle est généralement calculée en fonction du service rendu.
Exemple : La redevance en matière de chasse et de pêche .

Le langage courant ne fait pas la distinction entre ces différents concepts; il les
assimile tous à l’impôt.

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Section 2 : Les sources du droit fiscal

Le droit d’imposer procède de la souveraineté nationale et confère ainsi au droit fiscal toute
sa particularité.

Les sources du droit fiscal sont essentiellement d’ordre interne : la constitution, la loi, la
jurisprudence et la doctrine.

Les conventions bilatérales et les accords issus de regroupements économiques jouent


également un rôle important dans l’élaboration du droit fiscal applicable (La convention
fiscale Franco-Burkina, le règlement n°08/CM/UEMOA du 26 septembre 2008 portant
adoption des règles visant à éviter la double imposition au sein de l’UEMOA et des règles
d’assistance en matière fiscale).

Section 3 :L’établissement de l’impôt

§ 1 : Le champ d’application de l’impôt

Le domaine ou champ d’application de l’impôt est défini par les éléments constitutifs qui
sont : la matière imposable, la personne imposable, le fait générateur.

- la matière imposable

La matière imposable est le support de l’impôt; c’est l’élément ou un ensemble d’éléments


ayant une valeur économique sur lequel l’impôt prend sa source directement ou
indirectement. Ces éléments peuvent être constitués soit des bénéfices, des revenus, des
salaires, des dividendes etc. soit une opération comme le louage ou la vente d’un service.

- la personne imposable

Ce sont les personnes physiques ou morales qui subissent le prélèvement fiscal. La personne
imposable ou personne soumise à l’obligation fiscale est souvent désignée sous l’appellation
de contribuable, de redevable ou d’assujetti selon la nature de l’impôt qui s’applique à elle.
* En matière d’impôt sur le revenu, la personne imposable ou contribuable est celui
qui réalise le revenu. Exple: le commerçant, le salarié etc.
* La notion de redevable désigne la personne qui réalise l’opération imposable, qui de
ce fait est tenu de souscrire les déclarations et d’acquitter la taxe qui en résulte. Il s’agit en
fait du redevable légal par opposition au redevable réel qui est celui qui supporte en
définitive le prélèvement fiscal.
* La notion d’assujetti s’entend de toute personne sur laquelle pèse l’obligation
fiscale.

§ 2 : Le fait générateur et l’exigibilité de l’impôt

Le fait générateur est la situation, l’événement ou l’acte qui crée les conditions d’existence
de la dette fiscale dont il fixe le régime juridique. Il est constitué par l’écoulement d’une
année d’exploitation ou la clôture d’exercice (BIC, BNC...), la location d’un immeuble (Droits
d’enregistrement, IRF), la livraison de la marchandise ou l’accomplissement du service (TVA)
etc.

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Il convient de marquer une différence entre le fait générateur et l’exigibilité qui est relatif au
recouvrement de l’impôt. L’exigibilité est définie comme le droit que le trésor public peut
faire valoir à partir d’un moment précis auprès des contribuables pour obtenir le paiement de
l’impôt.

§ 3 : Les phases d’établissement de l’impôt

La mise en œuvre du prélèvement fiscal comporte trois (3) étapes essentielles: l’assiette, la
liquidation et le recouvrement.

1. L’assiette de l’impôt

Asseoir l’impôt est une étape importante du prélèvement fiscal. L’assiette est l’ensemble des
opérations administratives qui concourent:
- d’une part à la recherche des personnes imposables et de la matière imposable;
- d’autre part à la détermination de la base imposable.

La recherche de la matière imposable est organisée autour de 02 procédés principaux :


le recensement et la déclaration qui peut être relative à l’assiette ou à l’impôt lui même, une
déclaration d’existence, etc.

Le recensement consiste à collecter les différents renseignements propres à déterminer le


plus précisément possible les bases de taxation de chaque nature d’impôt. Dans ce procédé,
l’agent de l’administration fiscale se déplace de porte en porte pour rechercher la matière
imposable. Les renseignements collectés sont retranscrits sur une fiche créée à cet effet et
appelée fiche de recensement ou état navette. Cette procédure est très adaptée aux impôts
établis sur la base des signes extérieurs (Patente, T.R etc.)

Au terme de l’article 372 du code des impôts, toute personne ou société assujettie à l’une
des taxes prévues dans le code doit dans les 15 jours qui suivent l’ouverture de son
établissement souscrire au service des impôts dont il dépend, une déclaration
d’existence sur un imprimé fourni par l’administration. La déclaration d’existence a pour but
de déclarer l’activité, les impôts pour lesquels le contribuable sera soumis ainsi que le régime
d’imposition. Ces indications se rapportent à la nature, l’importance de l’activité, la situation
géographique et la nature juridique de l’exploitation.

La détermination de la base imposable consiste à la recherche et à la quantification des


caractéristiques de la matière imposable qui serviront effectivement au calcul de l’impôt. Il
existe 4 méthodes de détermination de la base imposable : la méthode indiciaire, l’évaluation
administrative, le forfait et la déclaration contrôlée.

2. La liquidation de l’impôt

- Définition

La liquidation ou le calcul de l’impôt est l’opération qui consiste à déterminer le montant de


l’impôt; c’est à dire la dette fiscale en appliquant à la base d’imposition un ensemble de
règles qui forment le tarif de l’impôt. L’élément essentiel du tarif est le taux.

Il s’agit donc dans cette phase, de calculer à partir des éléments retenus par suite de la
conclusion du forfait, de la déclaration contrôlée ou de l’évaluation administrative, la quotité

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d’impôt exigible au contribuable. L’opération de la liquidation ne donne pas naissance à la


créance fiscale. Elle en précise le montant.
En plus du ou des taux, la liquidation peut faire appel aux abattements, aux exonérations,
aux décotes et aux réductions.
* L’abattement est une diminution de la base imposable brute et qui permet
d’obtenir la base imposable nette.
Exple : abattement en IRF.
* L’exonération aboutit au non imposition de certains revenus, actes, opérations ou
de certaines personnes.
Exple : exonération pendant 5 ans des bénéfices provenant des exploitations industrielles,
minières ou agricoles nouvelles.
* Les réductions s’appliquent au niveau de l’impôt déjà calculé. Exple IUTS (la prise
en compte des charges de familles).

- Les taux

Notons que dans le système fiscal Burkinabé les taux sont soit fixes (enregistrement des
actes innomés), soit proportionnels (BIC/PM, TVA, Enregistrement des marchés, etc.), soit
progressifs (Droits de Succession, BIC/PP, IUTS, IRF, etc.).
* Les taux proportionnels : le même taux constant (10, 18,25, 30%) s’applique à
la base imposable de sorte que lorsque cette dernière croît le montant de l’impôt augmente.
En ce qui concerne les impôts sur la dépense, l’impôt proportionnel frappe davantage les
petits revenus qui sont entièrement consommés.
* Les taux progressifs : le taux s’élève avec l’accroissement de la matière
imposable. L’adoption de ce système part de la considération économique selon laquelle la
valeur d’usage d’un bien diminue avec la quantité de ce bien. Autrement dit, au-delà d’un
certain montant, le revenu est moins indispensable. Cette partie peut de ce fait, supporter
une taxation plus lourde.

Au plan moral, les taux progressifs visent à réaliser la justice sociale.

 Les modalités de liquidation

La liquidation est faite par l’administration, le contribuable lui-même ou un tiers selon les
cas. L’administration fiscale calcule l’impôt, soit à partir des déclarations des contribuables
(Patente, TR, Enregistrement, Droits de succession, etc.), soit d’office sur les informations
qu’elle recueille (Taxation d’office) ;
- la liquidation par le redevable concerne l’essentiel des impôts de nos jours la TVA, l’IBICA,
IBNC, IS, etc. ;
-la liquidation par un tiers concerne les impôts retenus à la source : l’IUTS (par l’employeur),
l’IRVM et l’IRC (les sociétés et les banques).

3. Le recouvrement

Le recouvrement est l’opération qui consiste à faire entrer l’impôt dans les caisses de l’Etat.
C’est l’opération essentielle, celle qui réalise le but de l’impôt. C’est également celle qui
entraîne le plus de friction entre l’Administration des impôts et les contribuables.

- Les modalités de recouvrement

Il existe deux (2) possibilités pour le contribuable de s’acquitter de sa dette fiscale.

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* Le contribuable paye lui- même. C’est le cas où le contribuable a reçu un avis


d’imposition l’invitant à payer son impôt dans un certain délai, on dit que le paiement est
ordonné. C’est également le cas où le contribuable effectue le paiement spontané à partir
des déclarations qu’il a lui- même déposées.
* Le tiers payeur ou la retenue à la source. Avec ce système, ce n’est pas celui qui
supporte effectivement l’impôt qui va l’acquitter. Un tiers, le payeur qui détient le revenu va
défalquer le montant de l’impôt au profit du Fisc.

- Les organes de recouvrement

Les services de recouvrement sont distincts selon le type d’impôts.

Les impôts et taxes intérieurs sont recouvrés par les services de la Direction Générale des
Impôts et la Direction générale duo Trésor et de la comptabilité publique.

Les impôts et taxes perçus à la porte sont recouvrés par les services de la Direction
générale des douanes.

- Les procédures de poursuites

La dette fiscale est portable et non quérable. Cela signifie que le contribuable est tenu de
remettre une somme d’argent correspondant au montant de son impôt sans que le
comptable public n’ait à se déplacer à cet effet.

Le contribuable qui n’a pas acquitté à l’échéance réglementaire le montant de ses


impositions sera passible de poursuites portant sur la totalité des sommes dues.

La procédure de poursuite comporte deux phases :

La phase préliminaire qui s’opère à travers l’envoi des actes ci-après.

* La lettre de rappel : il est d’abord envoyé au redevable défaillant une lettre de rappel de
la somme due. Cette somme se décompose en droits simples et pénalités.

* l’avis de mise en recouvrement: c’est un document qui somme le contribuable


défaillant de payer le montant dû. Le délai de paiement est de quinze (15) jours pour les
impôts directs et de huit (8) jours pour les impôts indirects.

* la mise en demeure de payer : elle fait suite à l’AMR resté sans effet. Ce document
reprend toutes les mentions de l’AMR à la différence du délai qui est plus court, cinq(5) jours
et à l’issue duquel la procédure de recouvrement forcé peut- être engagée.

La phase de recouvrement forcé

Elle est engagée lorsque la phase préliminaire reste sans effet. Le recouvrement forcé est
exercé par les agents assermentés porteurs de contraintes.
Elle s’opère par des fermetures, des saisies, des ventes, l’avis à tiers détenteur etc.

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Section 4: Les principes du droit fiscal

Le droit fiscal ne se limite aux seules règles contenues dans les textes fiscaux écrits l’impôt.
Il comprend également un ensemble de principes non écrits qui constituent son fondement.
Sans être exhaustif, on peut citer :

 Le principe de la légalité de l’impôt

En droit positif burkinabé, l’article 17 de la constitution de 1991 fait référence dans son
préambule à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et des Pactes internationaux
de 1966.
Il institue également un certain nombre de dispositions spécifiques à la prise de décision
fiscale et à la compétence du Parlement dans ce domaine.
Ainsi, selon l’article 101 de la constitution, « la loi est votée par le Parlement et fixe les
règles concernant l’assiette, le taux et les modalités de recouvrement des impositions de
toutes natures ». En conséquence, seul le Parlement est habilité, dans le cadre d’une loi de
finances ou d’une loi ordinaire, à créer, modifier ou supprimer un impôt, à en définir les
règles d’assiette, de calcul et de recouvrement.

Cette compétence exclusive du législateur en matière fiscale n’exclut pas la possibilité d’un
partage du pouvoir fiscal avec d’autres représentants élus des citoyens. Ainsi, sur le
fondement de leur libre administration, les collectivités territoriales sont dotées au Burkina
Faso d’un pouvoir fiscal dérivé, en étant autorisées par le législateur à pouvoir mettre en
place des impôts ou taxes facultatifs, à fixer les taux d’imposition de certains impôts locaux,
sans toutefois avoir le droit de créer, modifier ou supprimer un impôt.

 Le principe d’annualité de l’impôt

Le principe d’annualité de l’impôt procède de deux autres principes : celui du consentement


de l’impôt et celui de l’annualité budgétaire. Il signifie que la perception des impôts doit être
autorisée pour une année ; l’année civile, par la loi de finances. La portée de ce principe ne
doit pas prêter à confusion. Il concerne seulement l’autorisation annuelle du Parlement pour
la perception de l’impôt, non la validité dans le temps des dispositions fiscales qui demeurent
en vigueur tant qu’elles ne sont pas expressément modifiées ou abrogées par le législateur.

Ce principe n’interdit pas le recouvrement de l’impôt au-delà de l’année pour laquelle il a été
voté, dès lors que la perception a été autorisée préalablement par la loi de finances de
l’année.

Le principe d’annualité ne fait pas obstacle à la réparation d’insuffisances, d’erreurs ou


omissions commises, soit lors de l’établissement de l’impôt, soit lors de la production des
déclarations par les contribuables.

 Le principe d’égalité devant l’impôt

L’égalité fiscale est étroitement liée à la légalité. En vertu de cette dernière, le contribuable
est dans une situation légale de droit public. Le statut du contribuable est fixé par des lois
générales et impersonnelles ou par des règlements de même nature. En principe, le
contribuable n’est pas en mesure de négocier son statut.

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L’égalité fiscale est une notion complexe qui englobe l’égalité devant l’impôt, l’égalité devant
la loi fiscale, l’égalité devant les charges publiques et l’égalité devant la justice qui n’est en
réalité que l’égalité devant la loi en général.

Sur le plan politique, le principe de l’égalité se confond avec l’idée de justice fiscale. Or, la
justice fiscale exclut l’identité des règles pour tous. Tous les contribuables ne peuvent pas
être soumis à un même régime d’imposition. Le droit fiscal, aujourd’hui est, partout, un droit
de discrimination puisqu’il prévoit des exonérations, des taux progressifs, des tarifs différents
et même un découpage fiscal du territoire pour octroyer des avantages fiscaux.

Sur le plan juridique, en revanche, l’égalité devant l’impôt veut dire tout simplement que
tous les contribuables qui se trouvent dans la même situation telle que définie par la loi,
doivent être soumis au régime fiscal défini par cette même loi. Ces contribuables ont les
mêmes droits et sont assujettis aux mêmes obligations.

 Le principe de territorialité

Le principe de territorialité de l’impôt définit l’application de la loi fiscale dans l’espace. En


règle générale, l’espace fiscal et la sphère de compétence dévolue aux organes politiques
sont les même et constituent l’espace de souveraineté fiscale. Cependant, le pouvoir fiscal
peut dans certains cas s’étendre au-delà des frontières nationales ou, inversement ne pas
couvrir l’ensemble du territoire national ou encore être limité par un droit fiscal
supranational. C’est le cas lorsque, en vertu de conventions fiscales internationales, la
souveraineté peut être affectée par des normes supérieures à la loi nationale parce que
découlant d’un traité ratifié ou approuvé par le Parlement.

Section 5 : Les classifications des impôts

Les impôts peuvent être classés de multiples façons. Nous retiendrons ici les 4 principales
classifications : la classification juridique, la classification technique, la classification
économique et la classification fondée sur la destination budgétaire.

§ 1 : La classification juridique

La législation fiscale repose sur cette distinction. Les impôts directs sont supportés
définitivement par ceux qui les payent alors que les impôts indirects ne restent pas à la
charge de ceux qui sont assujettis et sont destinés à retomber par l’intermédiaire de ceux-ci
sur les véritables redevables.

L’impôt direct vise d’ordinaire de manière périodique, des situations ayant un caractère
permanent alors que l’impôt indirect, quant à lui, viserait des opérations.

IMPOTS DIRECTS IMPOTS INDIRECTS

- Impôt sur les bénéfices industrielles et - Taxe sur la valeur ajoutée


commerciaux et agricoles ; - Taxe sur la Cola
- Impôt sur les bénéfices des professions non - Taxe sur les cartouches
Commerciales ; - Licence des débits de Boisson
- Impôt unique sur les traitements et salaires - Droits d’enregistrement
- Taxe patronale et d’apprentissage etc.
- Impôt sur les revenus fonciers
- Contribution des patentes

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- Taxe de Résidence
etc.

§2 : La classification technique

Cette classification repose sur des critères afférents à l’assiette, à la liquidation ou au


recouvrement de l’impôt.

- Impôt de répartition et Impôt de quotité

Dans le système de l’impôt de répartition, on détermine le montant total des recettes que
doit procurer l’impôt. Ce montant fait l’objet d’une répartition entre les contribuables en
fonction de leur base respective. Ce qui veut dire que le taux ou le tarif de l’impôt est fixé a
posteriori et est égal au quotient total des recettes attendus par le total des bases.
Dans le système de l’impôt de quotité, le taux est fixé a priori, le montant des recettes
que procure l’impôt est variable et dépend de l’importance de la matière imposable. Tous les
impôts en vigueur sont des impôts de quotité .

- Impôt spécifique et Impôt ad valorem

L’impôt spécifique est celui dont le taux est exprimé en unité monétaire par unité
de l’élément physique retenue pour base (Poids, Volume etc.). Exple: TJ: 300 / m².
L’impôt ad valorem est celui dont le taux est exprimé en pourcentage de la base
taxable.

- Impôt proportionnel et Impôt progressif

Le taux de l’impôt proportionnel représente un pourcentage fixe de la base. Exple: le


taux du BIC est de 35% pour les personnes morales.
Le taux de l’impôt progressif s’élève avec la quantité de la base taxable. Exple : IUTS,
IBICA, etc.

- Impôts réels et Impôts Personnels

L’impôt réel vise à atteindre un élément économique sans considération de la situation


personnelle de son détenteur. Exple : Le prélèvement sur les loyers.
Les impôts personnels atteignent la fortune ou le revenu du contribuable en tenant
compte de sa situation personnelle. Exple : l’IUTS.

§ 3 : La classification fondée sur la destination budgétaire

Cette classification n’appelle pas de développements particuliers. Ici les impôts sont classés
suivant qu’ils alimentent le budget de l’Etat, les budgets locaux ou les budgets des
organismes.

- Les impôts d’Etat

Ils sont les plus nombreux et les plus importants en terme de recettes .Ce sont : le B.I.C, le
B.N.C, la T.V.A, les Droits d’enregistrement, l’I.U.T.S, la T.P.A etc.

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- Les impôts locaux

Au Burkina Faso, les collectivités locales sont constituées par les régions et les communes.
Les impôts locaux constituent l’exception par rapport aux impôts d’Etat.
Ce sont : la contribution des patentes, la Taxe de résidence, la Taxe sur les armes, la Taxe
de voirie, la Taxe de balayage, la Taxe sur les chiens, la Taxe de jouissance  etc.

- Les impôts ou taxes perçues au profit de certains organismes

Ce sont en général des taxes parafiscales.


Exple : Taxe ONTB, ONAC, CBC, Chambre de commerce

§ 4 : La classification économique

Cette classification permet un traitement différencié selon qu’il s’agisse du revenu, de la


consommation ou du capital. Elle permet une appréciation qualitative d’un système fiscal
donné.

- Les impôts sur les revenus

Au total, les impôts sur les revenus frappent les revenus des contribuables au moment où il
est perçu ou acquis. Le revenu s’entend de l’ensemble des ressources en argent ou en
nature susceptibles de se renouveler qui découle d’une situation durable ou aménagée et qui
sont à la disposition d’une personne au cours d’une période donnée et considérée avant
toute utilisation.

Ils peuvent être personnalisés; ce qui a pour avantage de tendre vers une justice fiscale.

- Les impôts sur la consommation ou sur la dépense

Les impôts sur la consommation ou la dépense appréhendent le revenu lors de l’utilisation


de celui-ci par la majoration ou le renchérissement du prix des biens, denrées ou produits
que les contribuables achètent.

Impôts passant le plus souvent inaperçus, indolores, leur perception est facile tout en
assurant des rentrées budgétaires sûres et permanentes. Leur inconvénient majeur est qu’ils
sont relativement injustes en ce sens que leur poids est inversement proportionnel au
revenu.

- Les impôts sur le capital

Le capital dans un sens économique peut être défini comme l’ensemble des investissements
durables, des biens d’équipement ou de production. A cela, il convient d’ajouter les biens
composant la fortune même s’ils sont oisifs, inexploités : immeubles non loués, tableaux,
bijoux, voitures etc.

L’imposition du capital est peu conseillée dans la mesure où elle peut faire disparaître la
matière imposable.

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PARTIE I : LES IMPOTS SUR LES BENEFICES

INTRODUCTION

Le système fiscal burkinabé soumet les bénéfices des personnes physiques et des personnes
morales à trois impôts cédulaires. Ce sont l’impôt sur les bénéfices industriels, commerciaux
et agricoles (IBICA), l’impôt sur les bénéfices des professions non commerciales (IBNC) et
l’impôt sur les sociétés (IS). Ce dernier entre dans le cadre de la mise en œuvre de la
Stratégie de reforme globale de la politique fiscale (SRGPF). Il a été institué par la loi 08-
2010/AN du 29 janvier 2010. Cela a engendré du même coup la reforme des dispositifs des
deux autres impôts.

Ces différents impôts sont assortis de minimums de perception, c’est-à-dire de montants


minimums que le contribuable doit acquitter quel que soit le résultat de son exploitation au
cours d’un exercice. Par ailleurs, le législateur a institué le prélèvement à la source, les
retenues à la source et les acomptes provisionnels qui constituent des formes de paiements
anticipés des impôts cités.

Chacun des ces impôts sera étudié. L’IS étant le plus important, il sera étudié en premier.
Ensuite, seront successivement abordés l’IBICA et l’IBNC.

L’étude de chaque impôt donnera l’occasion de parler du minimum de perception le


concernant.

Quant aux prélèvements à la source et aux retenues à la source dont les dispositifs sont
communs aux différents impôts sur les bénéfices, ils ne seront qu’expliqués oralement.

S’agissant, enfin, des acomptes provisionnels, qui n’existent qu’en matière d’IS, ils seront
naturellement abordés dans le chapitre relatif à l’IS.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

CHAPITRE I : L’IMPOT SUR LES SOCIETES

L’étude menée au titre de la Stratégie de réforme globale de politique fiscale (SRGPF) fait le
constat que «  Les revenus des sociétés (personnes morales), de même que ceux des
personnes physiques exerçant une activité industrielle et commerciale relèvent, au Burkina
Faso, de l’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux. L’imposition des sociétés reste
faible. En 2006, son produit ne représentait que 1,6% du PIB, contre un taux moyen de
2,3% pour l’Afrique subsaharienne. »

A travers l’IS, le législateur entend donc rehausser l’imposition des sociétés tout en
simplifiant l’imposition puisque avec l’IS, les revenus de toutes natures perçus par les
sociétés sont imposés sous une cote unique.

Le présent exposé sur l’IS se fera en trois temps. D’abord, il sera question du champ
d’application (section 1), ensuite les règles de liquidation et de paiement (section 2), enfin
des obligations et des sanctions (section 3).

SECTION I : LE CHAMP D’APPLICATION DE L’IS

Le champ d’application de l’IS sera présenté à travers les personnes imposables et le lieu
d’imposition (§1), les exemptions (§2) et la territorialité (§3). La matière imposable et ses
composantes, c’est-à-dire le bénéfice imposable, les produits et les charges, sera abordée
dans la seconde section relative à la base imposable.

§1 Les personnes imposables et lieu d’imposition

L’article 3 du texte classe les personnes imposables à l’IS selon trois critères. Les personnes
imposables en raison de leur forme (critère formel), les personnes imposables en raison de
leur activité (critère matériel) et les personnes imposables sur option. Mais la lecture
combinée des articles 3 et 4 de la loi portant création de l’IS permet de déduire que les
personnes imposables à l’IS le sont de plein droit ou dans le principe avec une possibilité
d’option.

A- Les personnes imposables de plein droit

Ce sont les sociétés de capitaux ou assimilés quelle que soit leur activité. Ces personnes
composent la catégorie des personnes imposables selon le critère formel. Relèvent de cette
catégorie les sociétés anonymes  et les sociétés à responsabilité limitée y compris celles ne
comprenant qu’un associé unique.

B- Les personnes imposables en principe à l’IS avec une possibilité d’option

Ce sont :

1- Les sociétés de personnes ;

- les sociétés en nom collectif ;

- les sociétés en commandite simple ;

- les sociétés en participation ;


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- Les sociétés de fait. 

2- Les sociétés civiles

La société civile est définie par le lexique des termes juridiques 4 comme une société dont ni
l’activité ni la forme ne sont commerciales. Le texte cite :

- les sociétés civiles qui se livrent à une exploitation ou à des opérations de


nature commerciale, industrielle, artisanale ou agricole et notamment :

- les sociétés civiles qui comprennent parmi leurs membres une ou plusieurs
sociétés de capitaux.

- les sociétés civiles professionnelles 

3- Les autres collectivités

- les groupements d’intérêt économique 

- les sociétés coopératives et leurs unions, les associations et les organismes


légalement assimilés 

- les établissements publics, les organismes de l’Etat ou des collectivités


territoriales qui jouissent de l’autonomie financière et qui se livrent à une activité
à caractère industriel ou commercial ou à toute autre activité à caractère lucratif.

- les fonds créés par voie législative ou réglementaire ne jouissant pas de la


personnalité morale et dont la gestion est confiée à des organismes (de droit
public ou privé) et qui ne sont pas expressément exonérés par la loi.

- les syndicats financiers 

- toute autre personne morale se livrant à une exploitation ou à des


opérations à caractère lucratif et qui ne serait pas assujettie à un autre impôt sur
le revenu.

L’option est irrévocable et ne peut être exercée par les sociétés de personnes issues de la
transformation antérieure de sociétés de capitaux. Pour être valable, l’option doit être signée
par tous les associés et notifiée au service du lieu d’imposition dans les trois mois du début
de l’exercice fiscal.

C- Lieu d’imposition 

L'impôt est établi au nom de chaque société, pour l’ensemble de ses activités imposables au
Burkina Faso, au siège social, ou, à défaut, au lieu où est assurée la direction effective de la
société, ou au lieu du principal établissement.

Les sociétés et autres personnes morales, dont le siège social est fixé hors du Burkina Faso,
sont assujetties à l’impôt, au lieu de leur principal établissement au Burkina Faso, d’après les
résultats des opérations qu’elles ont réalisées.
4
Raymond GUILLIEN et Serge VINCENT ? Lexique des termes juridiques, Dalloz, 16 ème édit., 608
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§2 Les exemptions

Les personnes exemptées de l’impôt sur les sociétés sont les suivantes :

1°) Les sociétés coopératives de consommation qui se bornent à grouper les commandes de
leurs adhérents et à distribuer dans leurs magasins de dépôt les denrées, produits ou
marchandises qui ont fait l’objet de ces commandes.

2°) Les établissements publics de l’Etat ou des collectivités territoriales n’ayant pas un
caractère industriel ou commercial.

3°) Les caisses de crédit mutuel agricole fonctionnant conformément aux dispositions légales
qui les régissent.

4°) Les institutions mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit constituées


conformément à la loi 99-94/ADP du 15/12/1994, portant réglementation des institutions
mutualistes ou coopératives d’épargne et de crédit.

5°) La banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.

6°) Les sociétés coopératives agricoles, les associations d’intérêt général agricole, sociétés
d’assurances et de réassurances, mutuelles, agricoles fonctionnant conformément aux
dispositions légales qui les régissent.

7°) Les sociétés de secours mutuels.

8°) Les sociétés civiles professionnelles sous réserve de l’option prévue à l’article 3 de la loi
n° 008-2010, portant création d’un impôt sur les sociétés.

9°) Les centres de gestions agréés.

10°) Les associations ou organismes sans but lucratif sous réserve du respect strict de leur
objet.

11°) Les sociétés d’investissements en valeurs mobilières et les sociétés de gestion de


portefeuille pour la partie des bénéfices provenant des produits nets de leur portefeuille ou
des plus-values qu’elles réalisent sur la vente des titres ou des parts sociales faisant partie
de ce portefeuille.

§3 Territorialité

L’IS s’applique aux bénéfices réalisés par les sociétés exploitées au Burkina Faso.

La notion de société doit, conformément aux dispositions de l’article 2, alinéa 2 du texte sur
l’IS, s’entendre de l’ensemble des personnes soumises à l’IS;

Quant à l’expression « sociétés exploitées au Burkina Faso », elle n’est pas définie par le
texte. On peut, cependant, se baser sur les critères retenus pour la définition de
« l’établissement stable » dans le système fiscal de l’UEMOA.

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Une société exploitée au Burkina Faso est celle qui y possède son siège ou « un
établissement stable ».

Il reste à noter que dans la mesure où le bénéfice des sociétés exploitées hors du BF n’est
pas imposable à l’IS, les pertes subies ne le sont pas également. En d’autres termes, une
société Burkinabé ne peut déduire de ses résultats imposables au Burkina, des pertes subies
à l’étranger dans une de ses succursales ou dans une de ses filiales.

SECTION II : LA DETREMINATION DE LA BASE IMPOSABLE

Comme précédemment souligné, l’IS est un impôt sur le revenu, en l’occurrence le bénéfice.
Le bénéfice imposable (§1) résulte de la différence entre les produits imposables (§2) et les
charges reconnues déductibles (§3) par le législateur en matière fiscale.

§ 1 Le bénéfice imposable

L’imposition des bénéfices se fait en principe sur une période d’un an. Dans la mesure où ce
principe soufre d’exceptions, la définition du bénéfice imposable (A) sera accompagnée d’un
commentaire sur la période d’imposition (B).

A- Définition du bénéfice imposable

Le bénéfice imposable est le bénéfice net «  déterminé d’après les résultats d’ensemble des
opérations de toute nature effectuées par les personnes morales y compris notamment les
cessions d’éléments de l’actif soit en cours soit en fin d’exploitation ». Cette définition
dynamique a pour effet de prendre en compte toutes sortes de profits résultant de l’activité
de l’entreprise pendant la période d’imposition.

La seconde définition du bénéfice net donnée par le texte est la suivante: « Le bénéfice net
est constitué par la différence entre les valeurs de l’actif net à la clôture et à l’ouverture de
la période dont les résultats doivent servir de base à l’impôt, diminuée des suppléments
d’apports et augmentée des prélèvements effectués au cours de cette période par les
associés.

Le législateur vise l’enrichissement de la société au cours d’un exercice. Ce dernier est égal à
la différence entre l’actif net (richesse) à la fin de la période et la richesse (actif net) au
début de la période.

L’actif net s’entend de l’excédent des valeurs d’actif sur le total formé au passif par les
créances des tiers, les amortissements et les provisions justifiées.

B- La période d’imposition

1- Le principe de l’annualité

L’alinéa 1 de l’article 8 pose le principe de l’imposition annuelle des bénéfices. L’impôt est
établi chaque année sur les bénéfices réalisés au cours de l’année civile précédente.
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Conformément aux dispositions du traité de l’OHADA et des règles du SYSCOA, l’exercice


comptable commence le 1er janvier et se termine le 31 décembre.

2- Les exceptions

Elles concernent les sociétés créées en cours d’année et les cessions ou les cessations
d’activité en cours d’année (article 81).

- Lorsqu’une société est créée antérieurement au 30 juin, elle est tenue d’arrêter son
premier exercice comptable au 31 décembre de la même année.

Lorsque la création de la société est postérieure au 30 juin, l’alinéa trois de l’article 8 permet,
mais n’oblige pas, l’arrêt des compte au 31 décembre de l’année suivante, c’est-à-dire plus
de 12 mois.

- Dans le cas de la cession ou de la cessation d’activité, l’impôt sur les sociétés devient
immédiatement exigible. L’arrêt de l’exploitation clôt l’exercice et conduit à l’établissement
de l’impôt sur les états financiers clos à la date de la cessation.

§2- Les produits imposables

L’article 10 de la loi définit de façon extensive les produits imposables à l’IS tout en
abandonnant le contenu civiliste de la notion de produit. La notion de produit englobe ici
tout ce que la société engrange comme gain (produits d’exploitation, produits divers, profits
accessoires, plus-values etc.). Le principe qui sous-tend l’institution de l’IS est l’imposition
des sociétés sous une cote unique pour tout ce qu’elles gagnent sans considération de la
cause.

Le texte cite les produits imposables sans être exhaustif puisque le législateur a employé
l’adverbe notamment. Cela indique que ce qui est cité n’est pas limitatif.

Les produit énumérés sont les ventes et les recettes, les produits divers ou exceptionnels, les
revenus ou prestations accessoires, les produits financiers et revenus bruts des capitaux
mobiliers, les produits de la location des immeubles bâtis et non bâtis, y compris les revenus
accessoires, les bonis sur reprises et cessions d’emballages, les travaux faits par l’entreprise
pour elle-même, les subventions d’exploitation et les subventions d’équilibre; les travaux en
cours, évalués au prix de revient, les reprises et les transferts de charges, les dégrèvements
obtenus de l’administration au titre des impôts déductibles, les plus-values de cessions
d’éléments de l’actif immobilisé.

A ces différents produits cités, on peut ajouter :


- les remises de dettes accordées par les créanciers ;
- les bénéfices de change ;
- les rabais, remises, ristournes reçus hors facture ;
- les indemnités d’assurance couvrant une perte ou une charge déductibles ;
- les indemnités d’expropriation ou d’éviction ;
- les provisions non conformes à leur objet ou devenues sans objet ;
- les abandons de créance ;
- etc.

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§ 3 Les charges déductibles

Le texte sur l’IS ne définit pas la notion de charge, mais il pose les conditions générales de
déduction des charges (A) tout en explicitant les conditions particulières de déduction de
certaines charges (B) et le caractère non déductibles d’autres charges (C).

A- Les conditions générales de déductibilité des charges

L’article 12 de la loi 08 reprend, au titre de conditions générales de déduction des charges,


les conditions générales de déduction des frais généraux contenues dans l’IA n°179 du 11-
03-1971 BIC. Ces conditions sont les suivantes :
- être exposées dans l’intérêt direct de l’exploitation ou se rattacher à la gestion
normale de l’entreprise ;
- correspondre à une charge effective et être appuyées de justifications suffisantes. La
charge doit être inscrite et comptabilisée comme charge dans la comptabilité de la
société ;
- être comprise dans les charges de l’exercice ;
- entraîner une diminution de l’actif net de la société ;
Aussi, ne peuvent être considérées comme charges d’exploitation les charges non supportées
par la société elle-même et les dépenses qui ont pour contrepartie l’entrée d’un nouvel
élément dans l’actif de l’entreprise ou encore une augmentation de la valeur d’un élément du
bilan (acquisition d’immobilisation, dépenses d’aménagement ou de grosses réparations…).

Ne peuvent pas non plus être considérée comme charges déductibles, les dépenses se
traduisant par la disparition d’une dette au passif (en remboursement d’emprunt). Ces
dépenses peuvent cependant faire l’objet d’amortissement si les éléments qu’elles ont fait
rentrer dans l’actif se déprécient dans le temps.

- Ne pas être exclues des charges fiscalement déductibles par une disposition expresse
de la loi.

B- Les conditions particulières de déduction de certaines charges

1- Les charges de personnels et autres rémunérations

La condition générale de déduction qui s’applique à toute rémunération est le caractère


effectif du travail. L’article 13 du texte sur l’IS énonce que cette condition s’applique à toutes
les rémunérations directes ou indirectes y compris les indemnités, allocations, avantages en
nature et remboursement. Le texte prévoit une autre condition, à savoir que la rémunération
ne doit pas être excessive.

2- Les charges relatives aux salariés expatriés

Le texte sur l’IS limite la déduction des cotisations patronales versées au profit d’un expatrié
à 20% de son salaire de base. La portée de cette disposition doit être appréhendée à travers
une exacte définition de ce qu’il faut entendre par salarié expatrié et par cotisations
patronales obligatoires.

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L’expatriation dont il est question est l’expatriation professionnelle. L’expatrié professionnel


est un salarié dont le contrat dans le pays d’emploi habituel est suspendu, mais pas rompu
pour la durée de sa mission au Burkina Faso où il est lié à son employeur par un contrat
tenant compte de son expatriation.

Par cotisations sociales patronales obligatoires, il faut entendre les cotisations patronales
prescrites par un texte officiel de l’Etat burkinabé et l’Etat de rattachement de la sécurité
sociale de l’expatrié. Ces cotisations sont admises en déduction dans la limite de 20% du
salaire de base.

Par contre, les cotisations patronales facultatives, qui tirent leur origine du contrat de travail
de l’expatrié, mais qui ne sont pas prescrites par un texte officiel, ne sont pas déductibles.

Cependant, l’article 20 du texte sur l’IS autorise la déduction intégrale des frais de transport
des travailleurs expatriés et de leur famille dans le cadre du congé annuel à condition que le
voyage soit effectif.

3- Les frais de siège

Les frais de siège désignent les dépenses liées à la gestion de la direction de la société mère
située au siège. Les frais devant faire l’objet de cette imputation sont ceux qui présentent un
intérêt d’ensemble pour les sociétés du groupe (filiales, succursales etc.). A titre d’exemple,
on peut citer les frais de secrétariat, les dépenses de direction, de centralisation comptable ,
les rémunérations du personnel employé au siège, les jetons de présence des
administrateurs et autres frais engagés par la société mère pour les besoins de la société
burkinabé et des autres structures du groupe.

Les frais de siège étant des dépenses faites au profit de l’ensemble structures (filiales,
succursales, etc.) de l’entreprise, celles-ci doivent contribuer à leur couverture. La
déductibilité de ces frais est certes reconnue, mais limitée. Ainsi, la quote-part des frais de
siège incombant aux sociétés établies au Burkina Faso ne peut dépasser 10% du bénéfice
imposable desdites sociétés avant déduction des frais en cause. En cas de déficit, le montant
limite à déduire se détermine sur les résultats du dernier exercice bénéficiaire non prescrit
(article 21 du texte sur l’IS).

Il reste à savoir le régime applicable en l’absence de tout exercice bénéficiaire permettant la


détermination de la quote-part des frais de siège. Dans ce cas, aucune charge ne sera
admise au titre desdits frais. Cette solution résulte du fait de l’esprit de la disposition en
cause qui a été instituée pour décourager les déficits dans le cas des sociétés étrangères.

4- Les rémunérations versées à l’étranger

Il s’agit :

- d’une part, des dépenses occasionnées par l’engagement de prestataires non établis au
Burkina. Ces charges sont sujettes à une double limitation. Elles sont déductibles dans la
double limite de 5% du chiffre d’affaires hors taxe et de 20% des frais généraux de
l’entreprise débitrice à condition que ces dépenses correspondent à des opérations réelles.
La notion de frais généraux a été définie plus haut. Cette disposition a été abrogée C'est-

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à-dire plus de limite. La retenue de 20% demeure pour les prestataires


étrangers ; seulement il n’ya plus de limite en ce qui concerne les montants.

Préoccupation : quelle est la date d’effet de cette mesure ? Suggestion de


réponse : prendre la mesure en compte pour les résultats des états financiers de
2012.

- d’autre part, de la déduction temporaire des charges occasionnées par l’expansion d’une
société installée au BF. Dans le but de faciliter les investissements, le législateur prescrit que
les dépenses occasionnées par l'installation à l'étranger d'un établissement de ventes, d'un
bureau d'études ou de renseignements, ainsi que les charges de fonctionnement dudit
établissement ou bureau pendant les trois (0 3) premiers exercices, sont déductibles pour la
détermination du bénéfice imposable afférent à ces trois (03) exercices.

Les sommes déduites doivent être portées sur un relevé spécial annexé à la déclaration de
résultat. Elles sont ensuite rapportées par fractions égales aux bénéfices imposables des cinq
(5) derniers exercices consécutifs à partir du quatrième suivant celui de la création de
l'établissement ou du bureau.

5- Les dépenses locatives

L’article 30 du texte sur l’IS énonce que « Le montant des loyers des locaux professionnels
figurant dans le contrat de bail dûment enregistré est déductible. Il en est de même des
loyers des biens pris en crédit bail. »

Ainsi, les conditions de déduction des loyers sont le caractère professionnel des locaux loués
et l’existence d’un contrat de bail enregistré.

Par contre :
- Les loyers d’avance : les charges payées d’avance doivent être comptabilisées à l’actif
sous la rubrique «  charges constatées d’avance » et ne seront déductibles que lors
de leur imputation sur les loyers échus ;
- Les dépôts de garantie ou les sommes payées à titre de caution : ils ne présentent
pas le caractère de charge et doivent figurer à l’actif du bilan.

Il est à noter que les loyers et charges locatives (eau, téléphone, électricité, personnel
domestique, gardiennage, entretien…) supportés par l’entreprise pour le logement de son
personnel salarié ne seront déductibles en tant qu’avantages en nature accordés aux
travailleurs que si la rémunération globale allouées ne présente pas un caractère exagéré.
6- Les frais d’hôtels et de restaurants, libéralités, dons, subvention

- les frais d’hôtels et de restaurants

Ils doivent être justifiés par des factures pour que la déduction soit admise. Celle-ci est
limitée à 5 pour 1000 du montant du chiffre d’affaires hors taxes.

- Les libéralités, dons et subventions

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 Lorsque qu’ils se traduisent en cadeaux, la déduction est possible jusqu’à 1 pour


1000 du CA HT.

 Lorsqu’il s’agit d’objets spécialement conçus pour la publicité, la déduction est


autorisée jusqu’à 2 pour 1000 du CA HT.

 Dans les cas où la société fait des versements au profit des associations sportives et
culturelles, d'œuvres ou organismes d'intérêt général à caractère philanthropique,
éducatif, scientifique, social reconnus d'utilité publique par l’autorité compétente, la
déduction est permise, mais limitée à 3 pour 1000 du chiffre d'affaires hors taxe.

Naturellement, les libéralités, dons et subventions qui n’entrent pas dans les cas prévus par
le texte sont non déductibles. En d’autres termes, les conditions générales de déduction ne
leur sont pas applicables.

7- Les charges financières

Les charges financières sont en principe déductibles lorsque les conditions générales de
déductions sont remplies. Toutefois, les intérêts débiteurs ci-après ne sont déductibles que
dans certaines limites.

 les intérêts servis aux associés à raison des sommes versées par eux dans la caisse
sociale, en sus de leur part de capital, quelle que soit la forme de la société, dans la
limite de ceux calculés au taux de réescompte pratiqué par la BCEAO majoré de
deux (2) points. A ce niveau, il n’y a pas de changement par rapport au droit
antérieur.

 les intérêts des emprunts réalisés par les sociétés auprès de personnes physiques ou
morales étrangères à celles-ci, autres que les banques et établissements financiers, à
condition que ces emprunts soient justifiés, et ce, dans la limite du taux de
réescompte pratiqué par la BCEAO ;

Le texte précise que la déduction est subordonnée à la condition que le capital de la société
ait été entièrement libéré, qu'il s'agisse de constitution de société ou d'augmentation de
capital.

8- Impôts, taxes, amendes et pénalités

Les montants des transactions, amendes, confiscations, pénalités et majorations de toute


nature mises à la charge des contrevenants à la législation fiscale, douanière et sociale, à la
réglementation des prix, de circulation ou de consommation et, d’une manière générale, aux
lois et règlements de l’Etat ne sont pas admis en déduction des bénéfices soumis à l’impôt.

9- Les amortissements

Aux termes de l’article 45 du droit comptable SYSCOA : «  L’amortissement pour dépréciation


est la constatation comptable obligatoire d’un amoindrissement de la valeur des
immobilisations qui se déprécient de façon certaine et irréversible avec le temps, l’usage ou
en raison du changement de technique et de toute autre cause.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

En raison des difficultés de mesure de cet amoindrissement, l’amortissement consiste,


généralement, dans l’étalement de la valeur des biens amortissables sur leur durée probable
de vie ; cet étalement prend le nom de plan d’amortissement, il peut être calculé suivant
diverses modalités. »

De cette définition, il ressort que l’amortissement est basé sur l’évaluation de


l’amoindrissement de la valeur du bien. Or, cet amoindrissement est tributaire de facteurs
aussi bien internes (mode d’utilisation par exemple) qu’externes (progrès technique) à
l’entreprise. En somme, il résulte d’un choix de gestion basé sur des arguments
économiques.

C’est pourquoi, le législateur pose des règles au plan fiscal pour encadrer au mieux la
pratique de l’amortissement.

A- Les règles de fond

Elles intègrent la notion de bien amortissable et celle de dépréciation effective.

- La notion de bien amortissable (biens meubles et immeubles)

Sont amortissables les éléments de l’actif immobilisé susceptibles de se déprécier du fait de


l’usage et du temps ou dont l’usage attendu est limité théoriquement dans le temps. Cette
limitation peut provenir :
- de critères physiques : usage du bien du fait de son utilisation ;
- de critères techniques : obsolescence du bien du fait de l’évolution technologique ;
- de critères juridiques : protection légale ou contractuelle de l’actif limitée dans le
temps (ex : brevets, licences concessions…).
Les éléments d’actif amortissables sont constitués notamment d’immobilisations incorporelles
et d’immobilisations corporelles.

Ne sont amortissables que les biens appartenant à l’entreprise et ayant une certaine valeur.
Toutefois, les emballages en l’état à condition d’être identifiables, les constructions et
aménagements sur sol d’autrui et les biens objets de crédits bail sont amortissables.

Sont considérés comme appartenant à l’entreprise les biens dont l’entreprise a la pleine
propriété et faisant l’objet d’inscription au bilan.
Ne sont donc pas amortissables :
- Les biens pris en location (parce que ne faisant pas partie de l’actif immobilisé de
l’entreprise),
- Les terrains et fonds de commerce parce que ne se dépréciant pas du fait de l’usage
et du temps.
- L’effectivité de la dépréciation

Les amortissements doivent correspondre à une dépréciation effective. En conséquence, leur


montant cumulé ne peut excéder le prix de revient du bien amorti.

B- Les règles de formes

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L’article 30 de l’IS pose le principe en matière de déduction des amortissements. Il énonce


que : « Sont déductibles les amortissements réellement pratiqués et comptabilisés
conformément aux dispositions de l’article 34 ci-après, ou à défaut, dans la limite de ceux
qui sont généralement admis d'après les usages de chaque nature d'industrie, de commerce
ou d'exploitation, ou autorisés à l’article 34 ci-dessous, y compris ceux qui auraient été
différés au cours d'exercices antérieurs déficitaires. »

Ainsi, pour être déductible l’amortissement doit avoir été pratiqué et comptabilisé. Le tableau
des amortissements pratiqués doit être joint à la déclaration de résultat.

Les amortissements qui, bien que mentionnés dans la déclaration de résultat, n’ont pas été
comptabilisés au cours d’un exercice sont définitivement perdus. Ce sont des amortissements
irrégulièrement différés. Cependant, les entreprises peuvent, au plan fiscal, différer la prise
en charge des amortissements en créant des amortissements « réputés différés en période
déficitaire ».

Lorsqu’une entreprise est dans l’impossibilité de déduire les amortissements qu’elle a


régulièrement comptabilisés des résultats d’un exercice parce que cet exercice est déficitaire,
ces amortissements sont réputés différés. Ils restent déductibles des premiers résultats
bénéficiaires suivants sans aucune limitation de durée jusqu’à épuisement.

Il convient pour cela, en plus de la condition de fond (déficit fiscal), de les isoler sur la ligne
spéciale réservée à cet effet au tableau des rectifications extra comptables (tableau de
détermination du résultat fiscal) de l’imprimé relatif aux déficits et provisions non déductibles
(condition de forme).

Les contribuables doivent joindre à leur déclaration de résultat sous peine de rejet, un
tableau des amortissements indiquant la nature des éléments amortis, leur prix de revient,
leur date d’acquisition et le montant de l’annuité pratiquée.

10- Les provisions

A- Définitions

Il existe trois types de provisions :

Les provisions pour dépréciation que le SYSCOA définit comme « la constatation comptable
d’un amoindrissement de la valeur d’un élément d’actif résultant de causes dont les effets ne
sont pas jugés irréversibles. ». Ces provisions intéressent les postes de l’actif du bilan

Les provisions financières qui sont constituées des provisions pour risques et charges qui,
aux termes de l’article 48 du SYSCOA, « sont destinées à couvrir des risques et charges
nettement précisés quant à leur objet, que des évènements survenus ou en cours rendent
seulement probables. »

Troisièmement, il y a les provisions réglementées qui sont d’origine fiscale. Par exemple, les
provisions pour la reconstitution de gisements de substances minérales concessibles
(articles 41 à 45), les provisions spéciales de réévaluation prévues à l’article 104 du texte sur
l’IS.

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B- Le traitement fiscal des provisions

Les provisions réglementées suivent un régime fiscal qui leur est propre. Pour les autres
types, les conditions générales de déduction sont indiquées par l’article 37 du texte sur
l’IS : « Sont admises en déduction, les provisions constituées en vue de faire face à des
pertes ou charges nettement précisées et que les événements en cours rendent probables, à
condition qu'elles aient été effectivement constatées dans les écritures de l'exercice et
figurent au relevé des provisions »

 Les conditions de fond 

Pour que la provision soit admise en déduction il faut :

- que la perte ou la charge objet de la provision soit elle même déductible. Ainsi, ne
peuvent être déductibles les provisions destinées à faire face à des dépenses ayant
pour contrepartie un accroissement des valeurs d’actif (ex : provision pour
renouvellement du matériel) ou à des pertes et charges qui n’incombent pas à
l’entreprise ou ne sont pas fiscalement déductibles ;

- que la perte ou la charge soit nettement précisée : c’est à dire que l’objet de la perte
doit être individualisé, la nature de la provision précisée et son montant évalué de
façon approximative ;

- que la perte ou la charge soit probable : elle ne doit être ni purement éventuelle (ex :
provision pour vol : simple éventualité), ni certaine car dans ce cas la perte sera une
charge de l’exercice considéré dont la déduction ne nécessite pas la constitution
d’une provision. Ex : Créance irrécouvrable,

- que les événements en cours avant la clôture de l’exercice rendent probable la perte
ou la charge. Il faut donc que la probabilité de la perte ou de la charge résulte
d’événements survenus avant la clôture de l’exercice et existant encore à la clôture
de l’exercice.

Sont donc exclues, les provisions motivées par des évènements postérieurs à la clôture de
l’exercice (principe comptable de la spécialité des exercices qui veut que les produits et les
charges soient rattachés à l’exercice dans lequel ils ont leur source) .

Ne sont notamment pas déductibles :


- Les provisions pour risques purement éventuels (vol, risque de mévente),
- Les provisions de propre assureur,
- Les provisions pour congés payés.
 Les conditions de forme

Pour que la provision soit déductible, il faut :


- que la provision soit constatée dans les écritures comptables de l’exercice
- que les dotations soient inscrites sur un relevé spécial prévu dans la liasse fiscal.
Les provisions qui, en tout ou partie, reçoivent un emploi non conforme à leur destination ou
deviennent sans objet au cours d’un exercice ultérieur sont rapportées aux résultats dudit
exercice, sauf dispositions règlementaires contraires. Lorsque le rapport n’a pas été effectué

24
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

par l’entreprise elle-même, l’administration peut procéder aux redressements dès qu’elle
constate que les provisions sont devenues sans objet. Dans ce cas, ces provisions sont, s’il y
a lieu, rapportées aux recettes du plus ancien des exercices soumis à la vérification.

Lorsque la perte ou la charge se réalise, trois situations sont possibles :


- Le montant de la perte est égal à celui de la provision constituée : elle n’aura aucun
effet sur l’exercice de réalisation ;
- Le montant de la perte ou la charge est supérieur au montant de la provision  : le
surplus sera une charge déductible de l’exercice de réalisation ;
- Le montant de la perte ou de la charge est inférieur au montant de la provision  : la
provision devient partiellement sans objet (pour l’excédent par rapport à la perte,
charge ou dépréciation). Cet excédent doit être réintégré dans les bénéfices
imposables de l’exercice en cours.
Lorsque la perte ou la charge ne se réalise pas tout le montant de la provision devient sans
objet et doit être réintégré dans le bénéfice imposable.

12- Le report déficitaire

Aux termes de l’article 47 de la loi 008/AN, le déficit constaté au cours d’un exercice est
considéré comme une charge déductible du bénéfice imposable de l’exercice suivant.

Si ce bénéfice n’est pas suffisant pour que la déduction puisse être intégralement opérée, il
est procédé à un report déficitaire sur les exercices suivants jusqu’au quatrième exercice qui
suit l’exercice déficitaire.

13- La moins value

La moins value provenant de la cession d’un actif de la société constitue une charge
déductible.

§ 4 La détermination du résultat fiscal

Le résultat fiscal diffère du résultat comptable qui est déterminé selon les principes
comptables fixés par le SYSCOA.

Le résultat fiscal est obtenu à l’issue des rectifications nécessitées par les dispositions
fiscales en vigueur. Ce retraitement permet de passer du résultat net comptable au résultat
net fiscal.

A- Le résultat net comptable

Il correspond au solde du compte de Résultat. Il s’agit d’un résultat net après impôts sur les
bénéfices calculé par le contribuable lui-même (conformément à sa déclaration de résultat).
Il est inscrit au passif du bilan parmi les capitaux propres.
- lorsqu’il s’agit d’un bénéfice (solde créditeur), le montant inscrit est affecté du signe
+,
- lorsqu’il s’agit d’une perte (solde débiteur), le montant inscrit est affecté du signe -.
Après la clôture de la comptabilité, ce résultat subit un retraitement pour aboutir au résultat
fiscal. Les corrections apportées vont consister :

25
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

- d’une part en des réintégrations,


- d’autre part en des déductions.

Ces corrections qui doivent être justifiées sont désignées par le terme « rectifications extra
comptables ».

B- Les réintégrations extra comptables

Elles résultent des écarts existant entre la comptabilité et la fiscalité en ce qui concerne la
déductibilité des charges.

Ainsi, elles porteront sur les charges ou pertes non déductibles ou partiellement déductibles
sur le plan fiscal ou des produits non comptabilisés. Leur montant vient s’ajouter au résultat
déclaré c'est-à-dire augmenter le bénéfice déclaré ou diminuer le déficit déclaré.

C- Les déductions extra comptables

On peut citer comme exemple :

- l’imputation des déficits antérieurs et des amortissements réputés différés en période


déficitaire. Le résultat net imposable est le résultat net fiscal après imputation des déficits
antérieurs reportable en respectant les règles en la matière c'est-à-dire :
- en imputant obligatoirement le déficit sur les résultats du (ou des) premiers exercices
bénéficiaires avec un délai de report limité au 4 ème exercice qui suit celui du déficit,
- si après cette imputation, la situation est toujours bénéficiaire, on déduit alors les
amortissements dont la déduction avait été reportée pour raison de déficit
(amortissements réputés différés).
En rappel, les amortissements régulièrement comptabilisés, mais réputés différés en période
déficitaire sont déductibles sans limitation de durée. Toutefois, la déduction devient
obligatoire dès lors que le résultat de la société le permet.

En définitive, le résultat net fiscal = Résultat net comptable + réintégrations extra


comptables – déductions extra comptables.

SECTION III : LA LIQUIDATION ET LE PAIEMENT DE L’IS

(Articles 52 à 61 et Articles 105 à 125)

§1 Le calcul de l’impôt

Il est appliqué au bénéfice imposable des sociétés un taux nominal de 27,5% qui s’applique
sans abattement.

Ce taux d’imposition s’inscrit dans la fourchette admise au sein de l’UEMOA. La directive n°


08/2008/CM/UEMOA portant harmonisation des taux de l’impôt assis sur les bénéfices des
personnes morales dans les Etats membres de l’UEMOA prévoit un taux compris entre 25 et
30%.

§2 Le paiement de l’impôt

A- Le minimum forfaitaire de perception


26
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Il est établi un minimum forfaitaire de perception de l’impôt sur les sociétés au titre d'une
année déterminée, en fonction du chiffre d'affaires hors taxe de la période écoulée.

Il est dû par les sociétés déficitaires ou dont le résultat fiscal ne permet pas de générer un
impôt sur les sociétés supérieur au montant de 1 000 000 pour le régime normal d’imposition
et de 300 000 pour le régime simplifié d’imposition.

Pour le calcul du minimum, le chiffre d'affaires visé ci-dessus est arrondi aux cent mille
(100 000) francs CFA inférieurs. Il est fait application d’un taux de 0,5 % mais en aucun cas
le montant ne peut être inférieur à un million (1 000 000) de francs CFA pour les
contribuables relevant du régime du bénéfice du réel normal d’imposition et trois cent mille
(300 000) francs CFA pour les contribuables relevant du régime du bénéfice du réel simplifié
d'imposition.

Les adhérents des centres de gestion agréés bénéficient d'une réduction de 50% du
minimum forfaitaire de perception.

Les sociétés nouvelles sont exonérées du minimum forfaitaire pour leur premier
exercice d’exploitation.

B) Les acomptes provisionnels

L’impôt sur les sociétés donne lieu au titre de l’exercice comptable en cours, au versement
de trois (3) acomptes provisionnels égaux calculés sur la base de 75% du montant de
l’impôt dû au titre du dernier exercice clos, appelé « exercice de référence ».

- Période de référence

Au cours de l’année 2011, les acomptes provisionnels sont liquidés sur les résultats du
dernier exercice clos.

Le premier acompte étant dû au plus tard le 20 juillet 2011, l’exercice de référence est
l’année 2010.

- La base de calcul des acomptes provisionnels

Les acomptes sont calculés sur la base de 75% du montant de l’impôt dû au titre du dernier
exercice.

Lorsque l’exercice de référence est d’une durée inférieure ou supérieure à un an, le montant
des acomptes est calculé sur celui de l’impôt dû au titre dudit exercice rapporté à une
période de douze (12) mois.

NOTA BENE : Les sociétés nouvellement créées sont dispensées du versement


d’acomptes au cours de leur premier exercice.

Dans le cas où aucun exercice qui précède n’est bénéficiaire, l’entreprise est soumise au
paiement du minimum forfaitaire de perception.

- Le versement des acomptes 

27
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Les paiements doivent être effectués spontanément au plus tard les 20 juillet, 20 octobre et
20 janvier de chaque année auprès du receveur des impôts du lieu de rattachement.

- L’imputation des acomptes provisionnels

Avant l’expiration du délai de déclaration des résultats, la société procède à la liquidation de


l’impôt sur les sociétés dû au titre de l’exercice objet de la déclaration en tenant compte des
acomptes versés pour ledit exercice.

S’il résulte de cette liquidation un complément d’impôt, il est acquitté au plus tard dans le
délai de déclaration.

Si la liquidation fait apparaître que les acomptes sont supérieurs à l’impôt dû, l’excèdent
versé est imputé sur les exercices suivants ou remboursé si la société cesse son activité.

NB. Cet excédent peut également, à la demande du contribuable être utilisé pour le
paiement de tout autre impôt direct ou taxes assimilées dont il est par ailleurs redevable.

Les prélèvements et/ou les retenues d’un mois donné sont imputables sans limitation de
durée sur le minimum de perception ou sur les acomptes provisionnels exigibles au titre du
même exercice.

Si la liquidation de l’impôt sur les sociétés fait apparaître que les acomptes sont supérieurs à
l’impôt dû, l’excédent versé est imputé sur les exercices suivants ou remboursé si la société
cesse son activité.

L’excédent peut également être utilisé, à  la demande du contribuable pour le paiement de


tout autre impôt direct ou taxe assimilée dont il serait redevable.

SECTION IV : LES OBLIGATIONS ET LES SANCTIONS

§1 Les régimes d’imposition

Il y a trois régimes d’imposition :

 Le régime du réel normal d’imposition (RN)

Sont placés sous le régime du réel normal d'imposition :


a) les contribuables qui effectuent des livraisons de biens, des ventes à consommer sur
place, des fournitures de logement, des travaux immobiliers et travaux publics, les
exploitants agricoles, les planteurs, les éleveurs et les pêcheurs, lorsque leur chiffre d'affaires
annuel hors taxe est égal ou supérieur à cent millions (100 000 000) de francs CFA ;
b) les contribuables qui réalisent des opérations autres que celles visées au paragraphe
a) ci-dessus, lorsque leur chiffre d'affaires annuel hors taxe est égal ou supérieur à cinquante
millions (50 000 000) de francs CFA.
c) Les contribuables qui effectuent simultanément des opérations visées aux points a)
et b) ci-dessus, dès lors que leur chiffre d'affaires annuel hors taxe atteint cinquante millions
(50 000 000) de francs CFA.
d) Les commissionnaires en douane quelque soit le niveau de leur chiffre d’affaires.

28
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

2) les chiffres d'affaires limites de cinquante millions (50 000 000) de francs et cent
millions (100 000 000) francs CFA sont ajustés au prorata du temps d'exploitation pour les
contribuables qui commencent leurs activités en cours d'année.
3) les contribuables qui remplissent les conditions pour être imposés sous le régime du
réel simplifié d’imposition peuvent opter avant le 1er février de chaque année pour le régime
du bénéfice du réel normal. L'option prend effet à compter du 1er janvier de l'année au
cours de laquelle elle est exercée. Elle est irrévocable durant trois (03) ans. Au terme de
cette période de trois (03) ans, l'option peut être dénoncée chaque année au cours du mois
de janvier.
4) Les contribuables qui débutent leur activité peuvent opter dans les trente (30) jours du
commencement de leurs activités.
 Le régime du réel simplifié d'imposition (RSI)
Sont placés sous le régime du bénéfice du réel simplifié d'imposition :
a) les personnes morales qui ne remplissent pas les conditions pour relever du régime
du réel normal d’imposition quelle que soit la nature de leurs activités.
b) les personnes physiques qui effectuent des livraisons de biens, des ventes à
consommer sur place, des fournitures de logement, des travaux immobiliers et travaux
publics et les personnes physiques agriculteurs, pêcheurs, planteurs et éleveurs, lorsque leur
chiffre d'affaires annuel est égal ou supérieur à trente millions (30.000.000) de francs CFA
hors taxe et inférieur à cent millions (100.000.000) francs CFA hors taxe.
c) les personnes physiques qui réalisent des opérations autres que celles visées au b)
ci-dessus, lorsque leur chiffre d'affaires annuel, est égal ou supérieur à quinze millions
(15.000.000) francs CFA hors taxe et inférieur à cinquante millions (50.000.000) francs
CFA hors taxe.
d) - Les chiffres d'affaires limites de quinze millions (15 000 000) et cinquante millions (50
000 000) de francs CFA hors taxe sont ajustés au prorata du temps d'exploitation pour les
exploitants qui commencent leurs activités en cours d'année.
e) les personnes physiques exclues de la contribution du secteur informel, lorsqu'elles ne
remplissent pas les conditions pour être admises au régime du bénéfice du réel normal.
d)- Les personnes physiques qui effectuent simultanément des opérations visées aux b) et
c) ci-dessus, dès lors que leur chiffre d'affaires annuel atteint quinze millions (15 000 000)
de francs CFA hors taxe.
2)- Les chiffres d'affaires limites de quinze millions (15 000 000) et cinquante millions (50
000 000) de francs CFA hors taxe sont ajustés au prorata du temps d'exploitation pour les
exploitants qui commencent leurs activités en cours d'année.
3)- Les personnes physiques dont le chiffre d'affaires hors taxe baisse en dessous des
chiffres limites prévus au 1 ci-dessus, ne sont soumises à la contribution du secteur
informel, sauf option pour le régime du réel simplifié d'imposition, que lorsque leur chiffre
d'affaires hors taxe est resté inférieur à ces limites pendant trois (3) années consécutives.
4)- Les personnes physiques qui remplissent les conditions pour être imposées à la
contribution du secteur informel peuvent opter, avant le 1er février de chaque année, pour le
régime du réel simplifié. L'option prend effet à compter du 1er janvier de l'année au cours de
laquelle elle est exercée. Elle est irrévocable durant trois (3) ans. Au terme de cette période
de trois (3) ans, l'option peut être dénoncée chaque année au cours du mois de janvier.
5) Les contribuables qui remplissent les conditions pour être imposés sous le régime du réel
simplifié d’imposition peuvent opter avant le 1er février de chaque année pour le régime du
29
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

bénéfice du réel normal. L'option prend effet à compter du 1er janvier de l'année au cours
de laquelle elle est exercée. Elle est irrévocable durant trois (3) ans. Au terme de cette
période de trois ans, l'option peut être dénoncée chaque année au cours du mois de janvier.
6) Les personnes qui débutent leur activité peuvent opter dans les trente (30) jours du
commencement de leurs activités.
 La contribution du secteur informel (CSI)
Les autres contribuables, qui ne satisfont pas aux critères relatifs aux deux régimes sont
soumis à la contribution du secteur informel.
§2 Les obligations
A Les obligations comptables
Les sociétés soumises à l’IS doivent :
 Tenir une comptabilité en français et conformément au règlement relatif au
droit comptable des états membres de l’UEMOA ;
 Indiquer le nom et l’adresse des techniciens chargés de tenir la comptabilité
ou de contrôler les résultats ;
 De manière facultative, les sociétés peuvent déposer auprès de
l’administration les conclusions essentielles des experts comptables chargés
d’élaborer leurs comptes.

B Les obligations déclaratives


 Les sociétés sont astreintes à la déclaration de leur résultat imposable au plus tard le
30 avril de chaque année (31 mai pour les sociétés et compagnies d’assurances).
En cas de cession ou de cessation la déclaration de résultats doit être souscrite dans un délai
de trente (30) jours et l’impôt dù est immédiatement établi.
La déclaration de résultats doit être accompagnée des documents suivants :
- liasse des états financiers,
- liasse fiscale,
- état détaillé des comptes des produits et des charges,
- état annuel des salaires,
- état des amortissements et provisions.
Les sociétés doivent produire dans un délai de sept (7) mois à compter de la clôture de
l’exercice, les procès-verbaux des délibérations de leurs organes statutaires.
En cas de modification du pacte social (statuts) elles doivent joindre à la déclaration de
résultats, copie de l’acte modificatif.
 Les entreprises soumises à un impôt sur les bénéfices doivent :
 souscrire une déclaration d’existence dans les trente (30) jours du début des
opérations ou de l’ouverture de l’établissement ;
 souscrire une déclaration dans les mêmes délais en cas de cession, cessation ou de
modification d’activité (art.86).
 Une amende de 100 000FCFA sanctionne le défaut de déclaration prévue ci avant.
Les gérants des sociétés en nom collectif ou en commandite simple et les sociétés civiles, les
gérants des sociétés à responsabilité limité, les gérants des sociétés en participation, sont
tenus de fournir à l’appui de leur déclaration annuelle de résultats, un état indiquant :
 les nom, prénom, domicile des associés ou associés gérants ou coparticipants,

30
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

 la part des bénéfices de l’exercice correspondant aux droits de chacun ou revenant à


chacun, les parts sociales des associés,
 les bénéfices distribués ou les sommes versées à titre de traitements, émoluments,
indemnités autres rémunérations, intérêts dividendes, etc ;
 Les sociétés anonymes sont tenues de déclarer le montant des indemnités de
fonction versées aux membres des conseils d’administration, passibles d’IRVM. Toute
infraction donne lieu à une amende de 20 000 FCFA par renseignement non fourni
(art.89 et 90).
Les entreprises soumises à un impôt sur les bénéfices doivent déclarer les commissions,
courtages, ristournes et autres vacations qu’elles versent à des tiers, ne faisant pas partie de
leur personnel salarié. Si elles encaissent ou versent des droits d’auteur ou d’inventeur, les
entreprises doivent déclarer le montant de ces sommes (art.91).
Les entreprises qui font profession, à titre principal ou à titre accessoire, de payer des
intérêts, dividendes, revenus et autres produits de valeurs mobilières sont tenues de :
 déclarer les sommes payées à quelque titre que ce soit, avec l’identité et l’adresse
des bénéficiaires,
 d’exiger l’identité et l’adresse des requérants en cas d’ouverture de compte ou de
paiement. Une amende de 20 000 FCFA sanctionne toute omission ou inexactitude
des renseignements à fournir (art.92).

Les banques, entreprises de change, d’escompte, et toutes celles qui reçoivent


habituellement en dépôt des valeurs mobilières sont tenues de déclarer les avis d’ouverture
et de clôture de compte. En fin d’exercice, elles sont tenues d’adresser au service des impôts
le relevé des coupons portés au crédit de chaque compte. Toute infraction est sanctionnée
par une amende de 20 000FCFA par nature d’omission (art93.).
§3 Les sanctions
 La production hors délai de la déclaration annuelle de résultats est sanctionnée
par une amende de 200 000 francs ; cette amende est doublée lorsque la
déclaration n’est pas produite trente (30) jours après une mise en demeure
(art.73).
 En cas d’insuffisance dans les éléments servant à la liquidation de l’impôt la
majoration des droits s’établit comme suit :
- 25% en cas de bonne foi,
- 50% lorsque la mauvaise foi est avérée,
- 100% en cas de manœuvres frauduleuses
Elle est portée à 50%,100% et 200% en cas de récidive (art.78).
 Le défaut ou l’insuffisance de paiement, le versement tardif de l’impôt
donnent lieu à une majoration de droits de 10%, augmentée d’un intérêt de
retard de1% par mois ou fraction de mois de retard (art 79).

31
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

CHAPITRE II : L’IMPOT SUR LES BENEFICES INDUSTRIELS, COMMERCIAUX ET


AGRICOLES (IBICA)

L’IBICA est le second impôt sur les bénéfices le plus important après l’IS. Il touche
essentiellement les personnes physiques. Il sera question de son champ d’application, de la
détermination de sa base imposable, de sa liquidation, de son paiement, des obligations des
contribuables soumis à l’IBICA et des sanctions.

SECTION I : CHAMP D’APPLICATION

§1 Les personnes imposables et le lieu d’imposition

Les personnes imposables à l’IBICA sont énumérées à l’article 2 nouveau de la loi


06-2010/AN du 29 janvier 2010 modifiant le code des impôts directs et indirects. Il s’agit,
pour l’essentiel, de personnes physiques.
Ce sont :
1) les personnes physiques qui habituellement achètent en leur nom, en vue de les
revendre, des immeubles ou des fonds de commerce ;
2) les personnes physiques qui habituellement achètent en leur nom, des actions ou
parts de sociétés immobilières en vue de les revendre;
3) les personnes physiques qui habituellement souscrivent en vue de les revendre des
actions ou parts émises par les sociétés immobilières;
4) les personnes physiques qui habituellement se livrent à des opérations
d'intermédiaires pour l'achat, la souscription ou la vente des biens visés aux points 1-,, 2-,
et 3- ;
5) les personnes physiques qui réalisent des plus –values au titre de la cession de
permis d’exploitation minière et d’autorisation d'exploitation de carrières et de cession des
droits sur le permis ;
6) les personnes physiques qui procèdent au lotissement et à la vente des terrains leur
appartenant ;
7) les personnes physiques qui donnent en location un établissement commercial ou
industriel muni du mobilier et du matériel nécessaires à son exploitation, que la location
comprenne ou non tout ou partie des éléments incorporels du fonds de commerce ou
d'industrie ;
8) les adjudicataires, concessionnaires et fermiers de droits communaux ;
9) les loueurs d'appartements meublés. Toutefois, ne sont pas imposables les
personnes physiques qui se contentent de louer une pièce faisant partie intégrante de leur
appartement ;
10) toutes autres personnes physiques se livrant à une exploitation ou à des opérations à
caractère industriel ou commercial.
Il y a lieu de noter que cette énumération n’est pas exhaustive. Certaines personnes
peuvent opter pour l’IBICA comme souligné dans le cours relatif à l’IS.
L’impôt est établi au nom de chaque personne physique pour l’ensemble de ses activités
réalisées au Burkina Faso, au siège de la direction des entreprises ou, à défaut, au lieu du
principal établissement.

32
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

§2 La période d’imposition

Tous les impôts sur les bénéfices sont des impôts annuels.

Les exceptions en la matière concernent les entreprises nouvelles. Lorsque ces dernières
sont créées antérieurement au 30 juin, elles sont tenues d’arrêter leur premier exercice
comptable au 31 décembre de la même année. Celles, créées postérieurement au 30 juin,
sont autorisées à arrêter leur premier exercice comptable au 31 décembre de l’année
suivante. L’impôt est établi sur les bénéfices réalisés au cours de cette période.

Il y a également le cas des entreprises qui cessent leurs activités en cours d’année qui a été
exposé dans le cours d’IS.

§3 La territorialité

Sous réserve des dispositions des conventions internationales relatives aux doubles
impositions, l'impôt est dû à raison des bénéfices réalisés au Burkina Faso par les personnes
physiques.

Sont réputés réalisés au Burkina Faso, l’ensemble des produits et des bénéfices se
rapportant aux activités et aux opérations à caractère industriel et commercial qu’elles y
réalisent même à titre occasionnel.

SECTION II : LA DETERMINATION DE LA BASE IMPOSABLE

La base imposable à l’IBICA est déterminée comme en matière d’IS. De même, la


détermination du résultat fiscal obéit à la même logique qu’en matière d’IS.

Cependant, il subsiste quelques exceptions au sujet des charges déductibles et des produits
taxables.

§1 Les produits

L’article 7 nouveau énonce que : « A l’exclusion des revenus des capitaux mobiliers et des
produits de la location des immeubles bâtis et non bâtis qui ne sont pas inscrits à l’actif du
bilan, les produits taxables sont ceux visés à l’article 10 des dispositions relatives à l’impôt
sur les sociétés »

Ainsi, l’imposition à l’IBICA des revenus de location est conditionnée par l’inscription des
immeubles à l’actif de l’entreprise. Quant aux revenus des capitaux mobiliers, ils sont taxés
soit à l’IRVM soit à l’IRC.

§2 Les charges déductibles

L’article 09 de la loi n°06/2010 indique que : « Le bénéfice net est établi sous déduction de
toutes charges remplissant les conditions de déductibilité définies en matière d’impôt sur les
sociétés. »

 Le législateur précise, s’agissant des dépenses mixtes, qu’elles doivent faire l’objet d’une
ventilation. Dans le cas contraire, la partie déductible est fixée forfaitairement aux 2/3 de la
dépense en cause.
33
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Par ailleurs, le traitement du conjoint travaillant effectivement dans l’exploitation n’est


déductible qu’à condition qu’il ne soit pas exagéré par rapport aux rémunérations des
emplois de même nature exercés dans l’entreprise ou dans les entreprises similaires et que
l’intéressé soit affilié à un organisme de sécurité sociale obligatoire au Burkina Faso

SECTION III : LA LIQUIDATION ET LE PAIEMENT DE L’IBICA

§1 Le calcul de l’impôt

L’IBICA est un impôt progressif. La base imposable est égale au bénéfice imposable arrondi
aux 1000 f inférieurs. Il est fait application des taux progressifs suivants pour chaque
tranche de revenu:
Tranche de revenus Taux
0 à 500.000 10%
501.000 à 1000 000 20%
Plus de 1 001 000 27,5%
Les adhérents des centres de gestion agréés bénéficient d'une réduction de 30% de l'impôt
sur les bénéfices.
§2 Le paiement de l’impôt

L'IBICA d’un exercice donné est payable spontanément au plus tard le 30 avril de l’année
suivante.

Le paiement est effectué auprès de la recette des impôts du siège ou du principal


établissement au vu de la déclaration de résultat fiscal après déduction du minimum
forfaitaire de perception et des prélèvements et retenue à la source déjà supportés.

Le minimum forfaitaire de perception (MFP)

- Le calcul du MFP

Le minimum forfaitaire de perception de l’impôt sur les bénéfices industriels, commerciaux et


agricoles au titre d'une année déterminée est établi en fonction du chiffre d'affaires hors
taxes de la période écoulée.
Pour le calcul du minimum, le chiffre d'affaires visé ci-dessus est arrondi aux cent mille (100
000) francs CFA inférieurs.
Il est fait application d’un taux de 0,5 % sur le chiffre d’affaires hors taxe. En aucun cas le
montant ne peut être inférieur à un million (1000 000) de francs pour les contribuables
relevant du régime du bénéfice du réel normal d’imposition et trois cent mille (300 000)
francs CFA pour les contribuables relevant du régime du bénéfice du réel simplifié
d'imposition.

- Le paiement du MFP

Pour les contribuables relevant du régime du réel normal d’imposition, par des acomptes
mensuels. Chaque acompte est obtenu en appliquant au chiffre d'affaires hors taxes du mois
considéré, le taux de 0,5%. Le résultat de la liquidation pour chaque mois est arrondi aux
mille (1 000) francs inférieurs et ne peut en aucun cas être inférieur au douzième (1/12ème)
de 1 000 000 F ;

34
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Pour les contribuables relevant du régime simplifié d'imposition, par des acomptes
trimestriels. Chaque acompte est obtenu en appliquant au chiffre d'affaires hors taxes du
trimestre considéré le taux de 0,5% et le résultat de la liquidation arrondi aux mille (1 000)
francs inférieurs, ne peut en aucun cas être inférieur au quart (1/4) du minimum.

Les contribuables adhérents des centres de gestion agréés bénéficient d'une réduction de
50% du minimum forfaitaire de perception.

En vue du payement du minimum forfaitaire de perception, le contribuable est tenu de


souscrire, auprès du service des impôts de son principal établissement ou de son siège ,
une déclaration de chiffre d'affaires à l'aide d'un imprimé conforme au modèle prescrit par
l’administration., dans les délais ci-après :

Les contribuables relevant du régime du réel normal d’imposition dépose la déclaration


accompagnée du paiement de l'acompte correspondant au plus tard le 20 de chaque mois
pour les affaires du mois précédent;
Pour ceux relevant du régime simplifié d'imposition, la déclaration et le paiement doivent
intervenir au plus tard le 10 du mois suivant le trimestre écoulé pour les affaires dudit
trimestre.

Les entreprises nouvelles sont exonérées du minimum forfaitaire pour leur


premier exercice d’exploitation.
Le non respect des obligations déclaratives et de paiement du MFP entraîne à l'encontre des
contribuables concernés :
- une pénalité égale à 25% des droits dus en cas de déclaration tardive ;
- une pénalité égale à 50% des droits dus en cas de taxation d’office.
Toute autre infraction donne lieu à l'application d'une pénalité de 25% des droits compromis.

SECTION IV : LES OBLIGATIONS ET LES SANCTIONS

§1 Les régimes d’impositions

Ils sont ceux présentés en matière d’IS.

§2 Les obligations

A Les obligations comptables

Les personnes physiques qui relèvent du régime du bénéfice du réel normal sont tenues de
déclarer chaque année, au plus tard le 30 avril, le montant de leur résultat imposable
afférent à l'exercice comptable clos au 31 décembre de l'année précédente, au moyen d'un
imprimé conforme au modèle prescrit par l'Administration.

Les personnes physiques doivent tenir une comptabilité conforme aux dispositions prévues
par le règlement relatif au droit comptable dans les Etats membres de l'Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA).

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Les contribuables soumis au régime du bénéfice du réel simplifié doivent tenir une
comptabilité conforme aux dispositions prévues par le système normal ou le système allégé
du Système Comptable Ouest Africain (SYSCOA).

B Les obligations déclaratives

A l'appui de leur déclaration annuelle réglementaire de résultats, les personnes physiques


doivent joindre les documents suivants :
- la liasse des états financiers et états annexés annuels normalisés du système comptable
Ouest Africain (SYSCOA) ou, le cas échéant, du système comptable particulier qui leur est
applicable. Elle est établie en trois exemplaires, destinés respectivement à l’administration
fiscale à la Centrale des bilans et à l’Institut National de la Statistique et de la Démographie;
- la liasse fiscale ;
- l'état détaillé des comptes de charges et de produits ;
- l'état annuel des salaires prévu à l’article 24 des dispositions relatives à l’impôt sur les
sociétés ;
- l'état annuel des commissions, courtages, ristournes, honoraires, droits d'auteur et autres
rémunérations versées à des tiers, prévu à l’article 24 des dispositions relatives à l’impôt sur
les sociétés;
- l’état annuel des amortissements ;
- l’état annuel des provisions ;
- le relevé détaillé des loyers d'immeubles passés en charges, avec indication de l'identité et
de l'adresse des bailleurs.
- Les personnes physiques doivent indiquer les nom et prénom(s) ainsi que l'adresse
complète du ou des comptables et experts chargés de tenir leur comptabilité ou d'en
déterminer ou contrôler les résultats généraux, en précisant si ces techniciens font ou non
partie du personnel salarié de leur entreprise. Au cas où ces techniciens ne font pas partie
du personnel salarié de l'entreprise, ils doivent être inscrits au tableau de l'ordre des experts
comptables et comptables agréés. Elles peuvent joindre à leur déclaration les observations
essentielles et les conclusions qui ont pu leur être remises par les experts comptables ou les
comptables agréés chargés par eux, dans les limites de leur compétence, d'établir, contrôler
ou apprécier leur bilan et leur compte de résultat.

§3 Les sanctions

- Le défaut de production de la déclaration annuelle de résultats dans les délais prescrits est
sanctionné par une amende de deux cent mille (200.000) francs. Les amendes ainsi prévues
sont doublées lorsque les infractions relevées ne sont pas régularisées dans les trente (30)
jours suivant la réception d'une mise en demeure.

- Lorsque la déclaration laisse apparaître une base d’imposition ou des éléments servant à la
liquidation de l’impôt insuffisants, inexacts ou incomplets, le montant des droits mis à la
charge du contribuable est assorti d’une majoration de 25% en cas de bonne foi, de 50%
lorsque la mauvaise foi est établie ou 100% en cas d’agissements constitutifs de manœuvres
frauduleuses.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

- Le défaut ou l’insuffisance dans le paiement ou le versement tardif de l’impôt sur les BIC
donne lieu au versement d’une majoration de 10% du montant des droits différés,
augmentés d’un intérêt de retard au taux de 1% par mois ou fraction de mois écoulé entre
la date limite de dépôt de la déclaration et celle de versement.

- Lorsqu’un contribuable omet d’indiquer l’identité de la ou des personnes chargées de ternir


sa comptabilité, il est frappé d'une amende de cinq cent mille (500.000) CFA francs. En cas
de récidive, l'amende est portée à un million (1 000 000) de francs CFA.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

CHAPITRE III : L’IMPOT SUR LES BENEFICES NON COMMERCIAUX (IBNC)

Seront successivement abordés le champ d’application, le bénéfice taxable ou la base


imposable, la liquidation et le paiement de l’IBNC, enfin les obligations et les sanctions.

SECTION I : LE CHAMP D’APPLICATION

Le code des impôts ne définit pas les professions non commerciales mais se borne à citer les
professions qui doivent être assujetties à l’IBNC.

§1 Les activités et les revenus imposables

Ce sont :
- les professions libérales. On entend par profession libérale celle dans laquelle l'activité
intellectuelle joue le principal rôle et qui consiste en la pratique personnelle en toute
indépendance d'une science ou d'un art. Les membres des professions libérales qui
apportent leur collaboration à des confrères sans être en position de subordination sont
considérés comme exerçant eux-mêmes une profession libérale ;
- les charges et offices dont les titulaires n'ont pas la qualité de commerçants ;
- les produits des opérations de bourse effectuées par les particuliers ;
- les produits de droits d’auteur perçus par les artistes, les écrivains ou compositeurs ou tous
autres bénéficiaires et par leurs héritiers ou légataires;
- les revenus non salariaux des sportifs ;
- les produits perçus par les inventeurs au titre, soit de la concession de licences
d’exploitation de leurs brevets, soit de la cession ou concession de marques de fabrique,
procédés ou formules de fabrication ;
- les produits perçus par les organisateurs de spectacles ;
- tous autres revenus provenant de l’exercice à titre accessoire d’une activité non
commerciale perçus par des personnes non immatriculées.
- et toutes autres occupations, exploitations lucratives et sources de profits non soumises à
un impôt spécial sur le revenu.
Il faut retenir que l’énumération du législateur n’est pas limitative. L’IBNC s’applique à tout
revenu qui échappe aux autres impôts sur les revenus existant.

§2 Les personnes imposables et le lieu d’imposition

L’impôt est établi au nom des bénéficiaires des revenus imposables ci-dessus au lieu
d’exercice de la profession ou du principal établissement. Dans le cas des sociétés civiles
professionnelles, l’IBNC est établi au nom de chaque associé.

NB : L’IBNC touche toute personne bénéficiaire d’un revenu non soumis à un impôt spécial.

§3 La territorialité

Aux termes de l’article 42 de la loi n°06/2010, les règles de territorialité sont déterminées
comme en matière d’impôt sur les bénéfices industriels et commerciaux.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

SECTION II : LA DETERMINATION DU BENEFICE TAXABLE

Le bénéfice imposable est constitué par l’excédent des recettes sur les dépenses nécessitées
par l’exercice de la profession. Il tient compte des gains ou des pertes provenant, soit de la
réalisation des éléments d'actif affectés à l'exercice de la profession, soit des cessions de
charges ou d'offices. Il tient compte également de toutes indemnités reçues en contrepartie
de la cessation de l'exercice de la profession ou du transfert d'une clientèle.

Le bénéfice à retenir est celui qui est réalisé au cours de l’année civile même si le
contribuable tient une comptabilité qui ne coïncide pas avec l’année civile. Il est fait
exception à la règle de l’annualité dans le cas des productions littéraires, artistiques et de
cessation d’activité.

§1 Les éléments constitutifs du bénéfice

Ils se composent des recettes et des dépenses.

A Les recettes

Les recettes à considérer sont celles encaissées au cours de l’année même si elles
correspondent à des opérations effectuées au cours d’une année antérieure ou à des
avances sur prestation à fournir.

Exceptionnellement, en cas de cessation d’activité, le bénéfice imposable comprend aussi


bien les recettes encaissées que les créances acquises.

B Les dépenses

Les dépenses susceptibles d’être retranchées des recettes sont celles qui ont été
effectivement payées. Elles doivent répondre aux conditions de déductibilités indiquées
en matière d’IS.

Les provisions sont donc exclues de même que les dépenses personnelles.

Les dépenses mixtes doivent faire l’objet d’une ventilation. Dans le cas contraire, la partie
déductible est fixée forfaitairement aux 2/3 de la dépense en cause.

§2 La détermination du résultat fiscal

La détermination du résultat fiscal se fait comme en matière d’IS. Mais, il existe une
exception en matière d’IBNC.

En effet, aux termes de l’article 47 de la loi n°06/2010 : « En ce qui concerne la production
littéraire, scientifique et artistique dont les revenus ne sont pas recueillis annuellement, le
bénéfice imposable peut, à la demande des contribuables, être déterminé en retranchant de
la moyenne des revenus des trois (3) années précédentes la moyenne des dépenses de ces
mêmes années. Les contribuables qui adoptent ce mode d'évaluation pour une année
quelconque ne peuvent revenir sur leur option pour les années suivantes. »

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

SECTION III : LA LIQUIDATION ET LE PAIEMENT DE L’IBNC

§1 Le calcul de l’impôt

Le montant de l’impôt est obtenu en appliquant à la base imposable arrondie aux mille
francs inférieurs le barème ci-après.

Tranche de revenus Taux

0 à 500.000 10%

501 000 à 1 000.000 20%

Plus de 1 001.000 27,5%

NB : Les adhérents des centres de gestion agréés bénéficient d’une réduction
d’impôt de 30%.

L’impôt est payable spontanément au plus tard le dernier jour du mois de février de l’année
qui suit l’exercice pour lequel l’impôt est du.

§2 Le minimum de perception

En cas de déficit, un minimum de perception est réclamé au contribuable. Aux termes de la


loi de finances gestion 2011, ce minimum ne peut être inférieur à :
- cinquante mille (50 000) francs CFA pour les cabinets privés de soins infirmiers
dûment autorisés et exerçant leur activité conformément aux textes en vigueur ;
- deux cent mille (200 000) francs CFA pour les cliniques d'accouchement dûment
autorisées et exerçant leur activité conformément aux textes en vigueur ;
- cinq cent mille (500 000) francs CFA et deux cent mille (200 000) francs CFA
respectivement pour les établissements d’enseignement relevant du régime du bénéfice du
réel normal d’imposition et ceux relevant du régime du bénéfice du réel simplifié
d’imposition, dûment autorisés et exerçant leur activité conformément aux textes en vigueur.
Toutefois, ce minimum est réduit à cent mille (100 000) francs CFA pour tout établissement
d’enseignement exploité par une personne physique dont les recettes demeurent en dessous
de 15 000 000 de francs CFA durant trois exercices successifs ;

- pour toutes les autres professions, le minimum de perception est de un million (1 000
000) de francs CFA pour celles relevant du régime du bénéfice du réel normal
d’imposition et trois cent mille (300 000) francs CFA pour celles relevant du régime
du bénéfice du réel simplifié d’imposition.

Les retenues à la source subies par les contribuables soumis à l’IBNC sont déductibles du
minimum à payer ou de l’IBNC. Les crédits de retenue sont imputables sur ces derniers tant
que le contribuable n’a pas cessé activité.

SECTION IV : LES OBLIGATIONS ET LES SANCTIONS


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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

§1 Les régimes d’imposition

Les contribuables assujettis à l’IBNC sont repartis entre le régime du réel normal d’imposition
et le régime simplifié d’imposition tels que précisés en matière d’IS. Un contribuable soumis
à l’IBNC ne peut pas être à la CSI.

§2 Les obligations

A Les obligations déclaratives

Les contribuables soumis à l’IBNC doivent produire au plus tard le dernier jour du mois de
février de l’année qui suit l’exercice clos leur déclaration de résultat.

Aux termes de l’article 51 de la loi n°06/2010, les documents ci-après sont à joindre :
 la liasse des états financiers et états annuels normalisés du Système Comptable
Ouest Africain (SYSCOA) ou, le cas échéant, du système comptable particulier qui
leur est applicable ; le deuxième exemplaire est destiné à la centrale des bilans le
troisième exemplaire est destiné à l’Institut National de la Statistique et de la
Démographie ;
 la liasse fiscale ;
 l'état annuel des salaires ;
 l'état annuel des commissions, courtages, ristournes, honoraires, droits d'auteur et
autres rémunérations versées à des tiers ;
 l’état détaillé des honoraires rétrocédés avec indication de l’adresse complète de
chaque bénéficiaire ;
 le relevé détaillé des loyers d'immeubles passés en charges avec l’indication de
l'identité et de l'adresse des bailleurs ;
 le tableau détaillé des amortissements.
B Les obligations comptables

Les contribuables soumis à l’IBNC ne sont pas astreints à la tenue d’une comptabilité
complète.

L’article 51 de la loi n°06/2010 prescrit la tenue d’un un livre journal servi au jour le jour et
présentant le détail des recettes et des dépenses professionnelles. En outre, le contribuable
a l’obligation de tenir un registre comportant la date d’acquisition ou de création et le prix de
revient des éléments d’actif affectés à l’exercice de la profession, le montant des
amortissements effectués sur ces éléments ainsi que éventuellement, le prix et la date de
cession de ces mêmes éléments.

§3 Les sanctions

- Le défaut de production de la déclaration annuelle de résultats dans les délais prescrits est
sanctionné par une amende de deux cent mille (200.000) francs. Les amendes ainsi prévues
sont doublées lorsque les infractions relevées ne sont pas régularisées dans les trente (30)
jours suivant la réception d'une mise en demeure.

- Lorsque la déclaration laisse apparaître une base d’imposition ou des éléments servant à la
liquidation de l’impôt insuffisants, inexacts ou incomplets, le montant des droits mis à la

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

charge du contribuable est assorti d’une majoration de 25% en cas de bonne foi, de 50%
lorsque la mauvaise foi est établie et de 100% en cas d’agissements constitutifs de
manœuvres frauduleuses. En cas de récidive, les compléments de droits sont majorés
respectivement de 50%, de 100% et de 200%.

- Le défaut ou l’insuffisance dans le paiement ou le versement tardif de l’impôt donne lieu au


versement d’une majoration de 10% du montant des droits différés, augmentés d’un intérêt
de retard au taux de 1% par mois ou fraction de mois écoulé entre la date limite de
paiement, c’est-à-dire le dernier jour du mois de février, et celle de versement.

PARTIE I : LES AUTRES IMPOTS ET TAXES APPLICABLES AUX ENTREPRISES

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

CHAPITRE I : L’IMPOT UNIQUE SUR LES TRAITEMENTS ET SALAIRES (IUTS)

L’IUTS est un impôt unique qui a été institué par l’ordonnance N°70/043 du 17 septembre
1970 en remplacement de l’impôt cédulaire sur les traitements et salaires, de l’impôt
progressif sur le revenu, de l’impôt forfaitaire sur le revenu et de la taxe de voirie. L’IUTS
est le seul impôt sur le revenu du par le salarié. C’est un impôt mensuel. L’IUTS est le
troisième impôt le plus rentable dans le système fiscal burkinabé.

SECTION I : LE CHAMP D’APPLICATION

§ 1- Le revenu imposable

Aux termes de l’article 55 du CI, l’IUTS est applicable à « l’ensemble des traitements publics
et privés, indemnités, émoluments et salaires de toute nature perçus au cours de la même
année y compris les avantages en nature… ». En règle générale, il s’agit de toute
rémunération versée à une personne à l’occasion ou en contrepartie d’une activité qu’elle
exerce en vertu d’un contrat écrit ou tacite qui la place en état de subordination vis à vis
d’un employeur. Peu importe la dénomination du revenu, c’est le lien de subordination dans
l’exercice de l’activité qui constitue le critère principal. Ainsi, par exemple, les honoraires d’un
médecin, d’un architecte, d’un avocat sont en principe des revenus non commerciaux
imposables à l’IBNC, mais dès lors que l’activité est exercée sous la subordination d’un
employeur, il entre dans le champ d’application de l’IUTS.

Le revenu soumis à l’IUTS comporte trois parties : le salaire de base et ses suppléments (A),
les indemnités (B) et les avantages en nature (C).

A- Le salaire de base et ses suppléments

Par salaire de base et ses suppléments, il faut entendre :


- le salaire de base mensuel appelé par ailleurs solde indiciaire. Il correspond en
principe à la classification catégorielle du salarié ;
- Il y a ensuite les sommes perçues au titre des heures supplémentaires au cours du
mois ;
- les primes de bilan ou de rendement, des gratifications et toutes primes attribuées en
rémunération d’un surtravail y compris le travail de nuit ;
- les primes d’ancienneté.
B- Les indemnités

L’indemnité peut être définie comme un élément d’une rémunération ou d’un salaire destiné
à rembourser une dépense imputable à l’exercice de la profession ou à récompenser un
effort ou un sacrifice supplémentaire ou spécifique à fournir pour exercer une profession ou
une fonction.

On peut, sans être exhaustif, citer les indemnités de fonction, de logement, de transport, de
risque, de caisse, de responsabilité, etc.

L’indemnité est aussi dans d’autres cas une somme allouée pour dédommager quelqu’un
d’un préjudice qu’il a subi. A titre d’exemples, on peut citer l’indemnité de rupture abusive ou

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

brusque de contrat de travail ou l’indemnité de licenciement. Ces genres d’indemnités sont


hors du champ de l’IUTS.

Par ailleurs, il existe d’autres types de rémunérations appelés abusivement indemnités, mais
qui sont en réalité des salaires ou des suppléments de salaire. Tel est le cas de l’indemnité
parlementaire.

C- Les avantages en nature

Les avantages en nature sont entrés dans le champ de l’IUTS à partir de la loi n°51/94/ADP
du 13 décembre 1994 portant loi de finances pour l’exécution du budget de l’Etat –gestion
1995.

L’article 59 du code des impôts énonce limitativement les avantages en nature. Il dispose
que : « …. Ne sont considérés au titre des avantages en nature que les dépenses ci-après,
prises en charge par l’employeur au profit du salarié :
- frais de voyage de congé ;
- consommation d’eau, d’électricité, de téléphone ;
- impôts personnels ;
- domesticité : gardiens, jardiniers, cuisiniers, etc.… ;
- logement, y compris les matériels et les mobiliers ;
- transport, à l’exclusion des transports en commun. »
Pour la détermination de la valeur à retenir pour l’imposition de l’avantage en nature, l’article
59 bis prescrit que «  Les avantages en nature sont estimés d’après le montant réel des
sommes mises à la charge de l’employeur.

Toutefois, lorsqu’il s’agit de la mise à la disposition du salarié d’actif immobilisé de


l’entreprise, il sera retenu une valeur forfaitaire mensuelle égale au douzième de la valeur
brute du bien figurant au bilan affectée d’un coefficient de cinq pour cent (5%) »

La traduction mathématique du dernier alinéa donne la formule suivante :

Valeur forfaitaire= Valeur d’origine * 5%*1/12= 1/240

§ 2- Les exonérations

Les exonérations en matière d’IUTS se repartissent en exonérations partielles et en


exonérations totales.

A- Les exonérations totales

Elles se composent, d’une part, des avantages en nature servis par l’Etat, les collectivités
locales et les entreprises publiques à caractère administratif.

D’autre part, des allocations ou majorations de solde attribuées au salarié en raison de sa


situation de famille : allocation d’assistance à la famille ou des charges de famille (allocations
familiales), les pensions de retraite, les traitements attachés à la légion d’honneur ou à la
médaille militaire, les pensions d’invalidité,  les pensions alimentaires, les indemnités de
licenciement à l’exclusion des sommes versées à titre d’indemnité de préavis ou de congés
payés, les appointements des consuls pour l’exercice de leur fonction consulaire dans la
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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

mesure où les pays qu’ils représentent accordent des avantages analogues aux consuls et
aux agents consulaires du Burkina Faso. Enfin, il y a les frais de mission et de déplacement
dont l’exonération est conditionnée par l’absence de toute exagération. L’appréciation de
l’exagération doit se faire à la fois au regard de l’importance et de l’objet de l’entreprise et
au regard de la qualité de la personne qui exécute la mission. L’exonération n’est
définitivement acquise que s’il peut être prouvé que la mission a été effectivement exécutée
dans un but professionnel par la production du titre de transport et de l’ordre de mission.

B- Les exonérations partielles

Les exonérations partielles concernent uniquement les indemnités. L’article 56 du CI indique


que les indemnités de logement, de fonction et de transport sont exonérées dans les limites
respectives suivantes :
- 20% du salaire brut, sans excéder 50.000 francs par mois pour l’indemnité de logement ;
- 5% du salaire brut, sans excéder 30.000 francs par mois pour l’indemnité de fonction.
L’indemnité de fonction s’entend des allocations spéciales destinées à couvrir les frais
inhérents à la fonction ou à l’emploi expressément prévues par un texte, un statut ou
un contrat ;
- 5% du salaire brut, sans excéder 20.000 francs par mois pour l’indemnité de transport
ou de déplacement.
Pour l’application du présent article, le salaire brut s’entend de l’ensemble des rémunérations
y compris les avantages en nature sous déduction des cotisations de pensions ou de retraites
dans la limite de 8% du salaire de base. Ces exonérations partielles s’appliquent lorsque le
salarié bénéficie d’avantages en nature en lieu et place des indemnités suscités. En cas de
cumul, les limites ci-dessus seront appliquées à la somme globale des indemnités et
avantages en nature accordés.

§ 3- Les personnes imposables

C’est l’article 57 du CI qui dispose sur cette question. Aux termes de cet article, l’IUTS est
du, premièrement, par tous les salariés du Burkina Faso bénéficiaires des revenus visés à
l’article 55, quels que soient leur statut ou leur nationalité.

Ensuite, les salariés domiciliés ou ayant une résidence habituelle au Burkina Faso alors
même que l’activité rémunérée s’exercerait hors dudit Etat ou que l’employeur serait
domicilié ou établi hors de celui-ci.

Sont considérés comme ayant une résidence habituelle au Burkina Faso :

Premièrement, les personnes qui y possèdent une habitation à leur disposition à titre de
propriétaires, usufruitiers ou locataires, lorsque dans ce dernier cas, la location est conclue,
soit par convention unique, soit par conventions successives pour une période continue d’au
moins une année ;

Deuxièmement, les personnes qui, sans disposer au Burkina Faso d’une habitation dans les
conditions définies à l’alinéa précédent, ont néanmoins au Burkina Faso le lieu de leur séjour
principal ;
45
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Troisièmement, les salariés domiciliés ou résidant hors du Burkina Faso, à la double


condition que l’activité rétribuée s’exerce dans cet Etat et que l’employeur y soit domicilié ou
établi ;
Quatrièmement, les personnes se trouvant en congé hors du Burkina Faso, et qui sont visées
;
Enfin, les fonctionnaires ou agents burkinabé de l’Etat et des collectivités publiques servant
dans les pays étrangers où ils sont exemptés d’impôt sur le revenu ou d’un impôt similaire en
vertu des dispositions internationales.

§ 4 La territorialité

Comme on peut le remarquer, les dispositions afférentes aux personnes imposables tendent
à faire imposer au Burkina tout salaire servi sur le territoire burkinabé ou servi à des
Burkinabé hors du pays. Cette position rejoint le principe consacré par les conventions
internationales et qui veut que l’imposition des traitements et salaires se fasse dans le pays
où l’activité est exercée quel que soit le domicile du bénéficiaire du revenu.

Toutefois, les conventions internationales admettent deux exceptions à ce principe :

Lorsque l’activité est exercée de façon temporaire dans un pays autre que celui où réside le
bénéficiaire, la rémunération y relative est imposable dans le pays de résidence à la double
condition que, d’une part, le séjour dans l’Etat où s’exerce l’activité ne dépasse pas 183 jours
au cours de l’année fiscale et que, d’autre part, la rémunération concernée ne soit déduite
des résultat d’un établissement stable que l’employeur possède dans l’Etat où s’exerce
l’activité.

Le second cas est celui où l’activité est exercée à bord d’un navire ou d’un aéronef en trafic
international. Les rémunérations servies dans ces deux situations sont imposables dans le
pays où l’entreprise en cause à son domicile.

§ 5 Le fait générateur

Le principe est que le fait générateur de l’IUTS intervient au moment de la mise à disposition
du contribuable par le soin de son employeur, soit par voie de paiement, soit par voie
d’inscription au crédit d’un compte au profit du bénéficiaire des revenus. Cette mise à
disposition rend le contribuable redevable de l’IUTS. Cette position n’est pas explicitement
affirmée par un texte législatif, mais résulte du principe général selon lequel le revenu
imposable autre que le bénéfice est un revenu disponible.

Exceptionnellement, s’agissant de l’indemnité de caisse et de l’indemnité de départ à la


retraite, la doctrine administrative contenue dans l’instruction N°10 du 30/03/1978 retient
une solution différente. Dans le cas des indemnités de caisse conservées entre les mains de
l’employeur pour faire face à d’éventuelles pertes, l’IUTS ne sera précompté que le jour où le
caissier touchera ses indemnités ou le jour où elles seront utilisées par l’employeur pour
compenser les pertes. Le montant total perçu est reparti entre les exercices non prescrits et
l’IUTS réglé mois par mois. C’est la même solution qui prévaut dans le cas de l’imposition de
l’indemnité de départ à la retraite.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

SECTION II : LA BASE IMPOSABLE

La base imposable à l’IUTS s’obtient par étapes successives. Aux termes de l’article 60 du CI,
le montant net du revenu imposable est égal au montant brut des sommes payées et de la
valeur des avantages accordés, sous déduction :
- des retenues faites par l’employeur en vue de la constitution de pensions ou de
retraites dans la limite de 8% du salaire brut ;
- des franchises autorisées conformément à l’article 56 paragraphe 1 du code des
impôts. Il s’agit des indemnités partiellement exonérées ;
- d’un abattement forfaitaire du salaire de base pour frais et charges professionnelles  ; le
taux de cet abattement est de 20% pour les catégories supérieures et de 25% pour les
autres catégories.
Les catégories supérieures s’entendent des catégories « P », « A » et « B », des classes 6, 1
et 2 du secteur public et des grilles catégorielles équivalentes dans le secteur privé. Par
salaire de base, il faut entendre le salaire catégoriel tel qu’il résulte du contrat de travail,
exclusion faite des indemnités de quelque nature que ce soit.
Techniquement, la détermination de la base imposable à l’IUTS passe par les étapes
suivantes :
1- Evaluation des avantages en nature;
2- Etat détaillé des rémunérations plus avantages en nature, c’est-à-dire salaire de base
+ les indemnités + les avantages en nature;
3- Détermination du montant de la cotisation sociale : salaire de base + indemnités et
primes. Les indemnités ayant un caractère de remboursement ou de dommage et
intérêts sont exclues aux termes de l’article 22 &1 du code de sécurité sociale. La
cotisation ne peut excéder 8% du salaire de base. Par ailleurs, pour les salariés
relevant de la CNSS la cotisation ne doit pas excéder 33000;
4- Détermination du salaire brut qui est égal au total des rémunérations (point 2) – la
cotisation sociale;
5- Contrôle des limites des indemnités et avantages en nature : ce sont les limites
suivantes
- Indemnité de logement : 20% du salaire brut sans excéder 50000
- Indemnité de fonction : 5% du salaire brut sans excéder 30000
-Indemnité de transport : 5% du salaire brut sans excéder 20000;

6- Total des exonérations;


7- Calcul de l’abattement forfaitaire : 20% du salaire de base pour les catégories
supérieures et 25% pour les autres catégories;
8- Détermination du salaire net imposable = salaire brut- exonérations- abattement
forfaitaire.
9- Détermination de la base imposable= salaire net imposable arrondi aux 100F
inférieurs.

SECTION III : LA LIQUIDATION

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

La détermination du montant de l’IUTS, comporte deux phases :

1- La détermination de l’IUTS sans charge à partir du barème IUTS


2- Le calcul de l’IUTS avec réduction des charges de famille le cas échéant
Pour la détermination de l’IUTS à zéro charge, il est appliqué des taux progressifs par
tranche sur le salaire net imposable. Le montant de l’impôt est obtenu par le cumul des
montants relatifs à chaque tranche.
Barème en vigueur
0 à 10.000 1,80%
10.100 à 20.000 4,50%
20.100 à 30.000 9%
30.100 à 50.000 15,30%
50.100 à 80.000 17,10%
80.100 à 120.000 18,90%
120.100 à 170.000 21,60%
170.100 à 250.000 24,30%
250.100 et au dessus 27%
Le dispositif de l’IUTS prévoit une réduction de l’impôt au profit des travailleurs en raison des
charges cette famille. L’IUTS à payer est obtenu après application d’une réduction pour
charges de famille. Aux termes de l’article 61 du CI : « Sont considérés comme charges à
condition de ne pas avoir de revenus distincts :
a) les enfants mineurs ou infirmes ou âgés de moins de 25 ans lorsqu’ils
poursuivent leurs études ;

b) sous les mêmes conditions, les orphelins recueillis par lui à son propre foyer
et dont il assure entièrement l’entretien ;

c) un conjoint non salarié. »

Le nombre de charges de famille est limité à sept (7) charges dont six (6) enfants et le
conjoint non salarié. Les charges de famille donnent droit aux réductions ci-après :
1 charge : 8%
2 charges : 10%
3 charges : 12%
4 charges : 14%
5 charges : 16%
6 charges : 18%
7 charges : 20%

La réduction s’applique sur le montant brut de l’impôt, c’est-à-dire sur l’IUTS à zéro charge.

NB : dans le cas où les deux époux sont salariés, les charges profitent en priorité à l’homme
quand bien même le code des personnes et de la famille prescrit la direction collégiale de la
famille.

SECTION IV : LES OBLIGATIONS ET SANCTIONS DES EMPLOYEURS

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

§ 1- Les obligations

L’employeur doit :

- tenir un livre pour l’enregistrement de la paie ;


- retenir l’IUTS sur les salaires de ses employés et le reverser avant les dix (10) premiers
jours du mois suivant celui au cours duquel le salaire a été payé. Lorsque les retenues
mensuelles n’excèdent pas 2.500f, les reversements interviennent dans les 10 premiers
jours de Janvier et Juillet (reversements semestriels).
- joindre à sa déclaration de résultat un état des sommes versées au titre des traitements et
salaires sous peine de rejet des charges. Dans le cas de cession ou de cessation en totalité
ou en partie de l’entreprise ou de cessation de l’exercice de la profession, l’état doit être
produit, en ce qui concerne les rémunérations payées pendant l’année de la cession ou de la
cessation, dans un délai de dix jours. Il en est de même de l’état concernant les
rémunérations versées au cours de l’année précédente, s’il n’a pas encore été produit. En
cas de décès de l’employeur, la déclaration des traitements payés par le défunt pendant
l’année au cours de laquelle il est décédé doit être souscrite par les héritiers dans les six
mois du décès. Ce délai ne peut toutefois s’étendre au-delà du 28 février de l’année
suivante.

§ 2- Sanctions

Les sanctions en matière d’IUTS sont édictées à l’article 70 du CI.


Tout employeur qui n’a pas fait les retenues ou qui n’a opéré que des retenues insuffisantes,
est passible d’une amende fiscale égale au montant des retenues non effectuées, c’est-à-dire
100%.
L’employeur qui a effectué les retenues est passible d’une pénalité de 25% du montant des
IUTS par mois ou fraction de mois si le paiement intervient dans les 60 jours après le délai
légal. La pénalité est de 100% si le versement de l’IUTS intervient après cette période.
Lorsque l’employeur retient l’IUTS et s’abstient de le reverser au Trésor public, la loi prescrit
l’obligation de payer une somme équivalente à l’IUTS normalement dù majorée d’une
pénalité égale au double (200%).

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

CHAPITRE II : LA TAXE PATRONALE ET D’APPRENTISSAGE (TPA)

La TPA est un impôt direct institué dans l’optique de promouvoir le financement de la


formation par l’Etat. Elle est entièrement reversée au budget de l’ETAT. L’étude de la TPA est
associée à celle de l’IUTS parce que techniquement les deux impôts sont proches,
notamment pour ce qui est du calcul de la base imposable. Mais, il y a une différence
fondamentale entre ces deux prélèvements car l’IUTS est un impôt sur le revenu des
employés alors que la TPA est une taxe qui frappe les employeurs. La TPA a été créée en
1962. Elle a connu plusieurs réformes dont la dernière est celle de 2010. Le dispositif actuel
de la TPA est contenu dans la loi 006-2010/AN du 29 janvier 2010.

L’exposé sur le TPA se fera en trois temps.

SECTION I : LE CHAMP D’APPLICATION

§ 1- La matière imposable

Aux termes de l’article 120 du CI, la TPA est assise sur les rémunérations payées à titre de
traitements, indemnités, émoluments et salaires et les avantages en nature accordés aux
salariés et évalués comme en matière d’IUTS.

Ainsi, la TPA touche l’ensemble des rémunérations et avantages en nature que l’employeur
octroie à ses travailleurs.

§2 Les personnes imposables

Par personnes imposables, il faut entendre les employeurs soumis à la TPA. Toujours, aux
termes de l’article 120 nouveau du CI, la TPA est due par les personnes physiques et
morales ainsi que les organismes qui paient les rémunérations telles que définies dans le
paragraphe qui précède.

§ 3 Les exonérations

Aux termes de l’article 121 du CI, les personnes ci-après sont exonérées de la TPA
lorsqu’elles sont en situation d’employeur :
- l'Etat et les collectivités territoriales ainsi que les établissements publics n'ayant pas un
caractère industriel ou commercial ;
 les missions diplomatiques, les organisations internationales et interafricaines ;
 les entreprises privées d'enseignement et de soins de santé ;
 les associations ou organismes à but non lucratif, sous réserve du respect strict de
leur objet ;
 les caisses de crédit agricole mutuel fonctionnant conformément aux dispositions
légales qui les régissent.
La loi ne prévoit pas d’exonération pour ce qui est de la matière imposable à la TPA
(traitements, salaires, avantages en nature). Par ailleurs, avec la nouvelle réforme,
l’exonération partielle à la TPA a été supprimée.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

SECTION II : LA BASE IMPOSABLE ET LA LIQUIDATION

L’article 122 du CI dispose que : « La base imposable est constituée par la totalité des
rémunérations payées en argent à titre de traitements, indemnités, émoluments et salaires,
majorée de la valeur des avantages en nature accordés aux employés, estimée comme en
matière d'impôt unique sur les traitements et salaires »

L’énoncé de l’article est certes succinct, mais complet. La base imposable à la TPA est la
rémunération accordée aux employés, c’est-à-dire salaire de base + les indemnités + les
avantages en nature, accordées à chacun des employés.

Le législateur accorde une faveur aux employeurs qui sont affiliées à un Centre de gestion
agrée (CGA). Ces derniers bénéficient d’une réduction de 20% sur la TPA due.

La simplification du dispositif intervenue avec la loi précitée a conduit à l’institution d’un taux
unique et à l’abandon de la discrimination liée à la nationalité du travailleur. Le taux actuel
de la TPA est de 3%.

SECTION III : LES OBLIGATIONS ET LES SANCTIONS

§ 1 Les obligations (articles 125 à 129)

Les redevables de la taxe doivent verser l'impôt dû au titre du mois précédent au plus tard le
dix (10) du mois suivant à la recette des impôts compétente du lieu de leur siège ou de leur
principal établissement.

Lorsque le montant mensuel de la taxe n'excède pas deux mille cinq cents (2.500) francs, le
versement peut n'être effectué que dans les dix (10) premiers jours des mois d’avril, de
juillet, d’ octobre et de janvier pour le trimestre écoulé. Si pour un mois déterminé, le
montant de l’impôt vient à excéder deux mille cinq cents (2.500) francs, toutes les sommes
dues depuis le début du trimestre en cours doivent être versées dans les dix (10) premiers
jours du mois suivant.

En cas de cession ou de cessation d'entreprise, les taxes dues doivent être immédiatement
versées.

En cas de décès de l'employeur, l’impôt dû doit être versé dans les trente (30) jours suivant
celui du décès.

Les modalités de versement, de comptabilisation sont celles fixées en matière d’impôt unique
sur les traitements et salaires.

Toute personne physique ou morale qui paye des sommes imposables doit pouvoir justifier
du montant du versement effectué chaque mois, à l'aide des documents prévus en matière
d’impôt unique sur les traitements et salaires.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Les contribuables de la taxe sont tenus de remettre, au plus tard le 30 avril de chaque
année, au service des impôts, un état récapitulatif indiquant les bases et le montant des
versements effectués mensuellement au cours de l'année précédente.

Dans le cas de cession ou de cessation, en totalité ou en partie de l'entreprise, ou de


cessation de la profession, l'état visé ci-dessus doit être produit en ce qui concerne les
versements de l'année de cession ou de cessation dans un délai de dix (l0) jours.

Il en est de même de l'état concernant les versements effectués au cours de l'année


précédente, s'il n'a pas encore été produit.

En cas de décès du contribuable, l'état récapitulatif des versements effectués doit être
souscrit par les héritiers dans les six (6) mois du décès. Le délai ne peut toutefois s'étendre
au-delà du 30 avril de l'année suivante.

Si le montant des versements effectués pendant une année déterminée est supérieur aux
sommes réellement dues, le redevable peut obtenir, par voie de réclamation adressée au
service des Impôts au plus tard le 30 avril de l'année suivante, la restitution des droits qu'il a
supportés en trop. Dans le cas contraire, les droits ou compléments de droits exigibles sont
mis en recouvrement.

 § 2 Les sanctions (article 130)

1°) Le contribuable qui n’a pas déposé sa déclaration dans les délais prescrits est passible
d’une pénalité égale à 25 % du montant des droits dus.

Le défaut ou l’insuffisance de déclaration entraîne pour le contribuable une pénalité de 50%.

2°) Le redevable qui n’a pas produit l’état récapitulatif visé plus haut est passible d’une
amende forfaitaire de cinquante (50 000) francs.

CHAPITRE III L’IMPOT SUR LES REVENUS FONCIERS (IRF)

Ignoré, dans un premier temps, par le premier code des impôts de 1965, les revenus
fonciers seront appréhendés en 1974 à travers l’impôt sur les revenus immobiliers (IRI). Ce
premier dispositif connaitra par la suite plusieurs modifications.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

L’IRF a été institué par la loi 54/94/ADP du 14 décembre 1994. Cette dernière a connu de
multiples modifications également. La toute dernière modification de l’IRF date de 2010 avec
la 24-2010/AN du 18 mai 2010.

SECTION I : LE CHAMP D’APPLICATION

§ 1 Les personnes et les revenus imposables

Aux termes de l’article 13 de la loi citée « l’IRF est applicable aux revenus de la location des
immeubles bâtis ou non bâtis quel que soit leur usage ainsi que les revenus accessoires ».

Le législateur donne ensuite les éléments qui composent les revenus fonciers. Ce sont :
- les revenus des propriétés bâties telles que maisons et usines ainsi ceux provenant de
l’outillage des établissements industriels attachés au fond à perpétuelle demeure ou reposant
sur des fondations spéciales faisant corps avec l’ensemble ou de toutes installations
commerciales ou industrielles assimilables à des constructions ;
- la location du droit d’affichage, de la concession du droit d’exploitation des carrières,
les redevances analogues ayant leur origine dans le droit de propriété ou d’usufruit ;
- les revenus des propriétés non bâties de toutes natures y compris ceux des terrains
occupés par des carrières et mines.
§ 2 Les exonérations

A coté des exonérations permanentes (B), le législateur a prévu une exonération temporaire
(A).

A- L’exonération temporaire

Elle porte sur les loyers des constructions nouvelles, reconstructions, additions de
constructions et ouvrages assimilés réalisés au moyen d’un prêt contracté auprès d’une
banque de la zone UEMOA pour une période de 05 ans à compter de la date d’achèvement
des travaux. Les propriétaires doivent à cet effet souscrire auprès du service des impôts,
dans un délai de trois mois à compter de la date d’achèvement des travaux, une
déclaration.
Cette dernière doit indiquer :
La nature et la destination du bâtiment ;
Les numéros du lot et de la par elle ;
La copie du titre d’occupation ;
L’autorisation de construire ;
Les plans de l’immeuble ;
Tous autres documents ou renseignements jugés utiles ;
La copie légalisée du contrat de prêt immobilier

B- Les exonérations permanentes

Elles portent sur :


- les loyers de toutes natures provenant de la location d’immeubles appartenant à des
personnes morales soumises à l’impôt sur les sociétés ;

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

-les loyers de toutes natures provenant de la location d’immeubles appartenant à l’Etat, aux
collectivités locales et aux établissements publics n’ayant pas un caractère industriel ou
commercial ;
- les loyers des chambres d’hôtels et établissements assimilés ;
- les loyers dont le cumul par bailleur n’excèdent pas 20 000 F par mois
- les personnes retraitées des secteurs publics et privé et les conjoints survivants de retraités
dans la limite d’un seul et sous réserve que l’immeuble loué ait été acquis pendant la période
d’activité. Le choix de l’immeuble ou de la partie d’immeuble est irrévocable.
Pour le bénéfice effectif de cette mesure, les intéressés doivent adresser au directeur
général des impôts une demande comprenant les pièces justificatives de leur statut ainsi que
tout document attestant de l’acquisition ou de la construction de l’immeuble pendant une
période d’activité et une copie du contrat de bail dûment enregistré ou de la quittance de
renouvellement du bail. Le bénéfice de l’exonération constaté par décision du directeur
général des impôts prend effet à compter de la date d’introduction de la demande ;
-les entreprises publiques ou privées ayant pour objet principal la promotion de l’habitat
social peuvent bénéficier de l’exonération par décret pris en Conseil des ministres après avis
du ministre de l’habitat.
§ 3 Territorialité

L’IRF s’applique aux revenus des immeubles situés au Burkina Faso et aux revenus des
immeubles situés à l’étranger lorsque le bailleur réside au Burkina Faso et y exerce ses
activités sous réserve des conventions visant à éviter la double imposition.

§ 4 Fait générateur et exigibilité

Le fait générateur de l’IRF est constitué par la mise de immeuble par le bailleur à la
disposition du preneur, mais l’impôt sur les revenus fonciers n’est exigible que sur le loyer du
au titre du mois écoulé.

Lorsque l’échéance des loyers telle que stipulée dans le contrat est supérieure à un mois
sans excéder trois mois, l’impôt est exigible à l’expiration de l’échéance conventionnelle.
Lorsque celle-ci est supérieure à trois mois, la périodicité du paiement de l’impôt est
fractionnée en autant de périodes de trois mois que comporte l’échéance conventionnelle.

SECTION II : LA BASE IMPOSABLE

La base de l’IRF ou revenu net imposable est égal au loyer brut hors TVA, acquis par le
bailleur au cours du mois considéré et au titre de chaque location, sous déduction d’un
abattement forfaitaire de 50% pour frais et charges.

Le loyer brut comprend, entre autres, les produits de toute nature provenant de la location
ou de la sous-location d’immeubles, notamment les loyers, les dépenses incombant
normalement au bailleur, mises contractuellement à la charge du locataire, la valeur
mensuelle de l’amortissement des investissements réalisés par le preneur calculée selon la
durée du contrat, majorée des indemnités, avantages ou prestations de toutes natures servis
au bailleur en exécution du bail à construction, les suppléments de loyers et autre revenus
exceptionnels, les sommes reçues des locataires à titre de dépôt de garantie, dès lors
qu’elles sont utilisées par le bailleur pour couvrir des loyers.

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SECTION III : LA LIQUIDATION

Le montant de l’IRF est obtenu par l’application des taux progressifs par tranches ci- après
au revenu net imposable :
0 à 100. 000 : 18%
Au dessus de 100. 000 : 25%

SECTION IV : LES OBLIGATIONS ET LES SANCTIONS

Toute personne bénéficiaire de revenus imposables est tenue d’en effectuer la déclaration
auprès du service des impôts territorialement compétent au plus tard le 10 du mois suivant
celui au titre duquel l’impôt est dû. L’IRF doit être acquitté dans le même délai.
Si l’IRF mensuel ne vaut pas 2.500 f, les reversements peuvent être faits trimestriellement,
c’est-à-dire, au plus tard, le 10 du mois suivant le trimestre écoulé..
Le non respect de ces obligations entraîne à l’encontre des bailleurs concernés:
- une pénalité égale à 25% des droits dus en cas de déclaration tardive. La pénalité est
doublée en cas de taxation d’office ;
- une pénalité égale à 50% des droits compromis en cas d’omission ou d’insuffisance des
bases déclarées
- une pénalité de 10% des droits dus majorée de 1% des droits dus par mois de retard ou
fraction de mois de retard pour ce qui concerne le paiement.

SECTION V : LA RETENUE A LA SOURCE IRF

§ 1 Le champ d’application de la retenue

La retenue à la source est applicable aux loyers des immeubles bâtis et non bâtis pris à bail
par un débiteur établi au Burkina Faso. Par débiteur établi, on désigne :
- la personne relevant du régime du réel normal d’imposition ;
- l’Etat, les collectivités publiques, les établissements publics ;
- les ONG, les Projets ;
- les représentations diplomatiques et consulaires ainsi que les organismes
internationaux et assimilés.
§ 2 Les obligations des débiteurs

La retenue à la source est obligatoire quel que soit le montant du loyer mensuel depuis la loi
de finances 2006. Le montant de la retenue est égal au montant de l’impôt sur les revenus
fonciers dû sur le loyer.

Les débiteurs sont tenus de remettre à l’appui de leurs paiements au service des impôts un
état des versements effectués à leur bailleur.

Cet état doit contenir les indications ci-après :


- nom, prénoms, profession, domicile, adresse complète et le N° IFU le cas échéant du
débiteur ;
- nom, prénoms, profession, domicile, adresse complète et éventuellement le N° IFU
du bailleur ;

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

- montant des sommes versées au bailleur ;


- montant brut du loyer ;
- période au titre de laquelle les versements ont été effectués ;
- montant de l’impôt retenu à la source.
Les retenues d’un mois donné doivent être versées au service des impôts au plus tard le 10
du mois suivant. Lorsque la périodicité dépasse un mois, le versement doit être effectué au
plus tard le 10 du mois suivant la période écoulée.

§ 3 Sanctions

Tout débiteur qui n’aura pas effectué de retenues ou qui aura opérée des retenues
insuffisantes sera personnellement redevable des retenues non opérées. En outre, il perdra
le droit de les porter dans ses charges professionnelles pour l’établissement de ses propres
impositions.

Tout débiteur qui, ayant effectué les retenues, n’effectue pas le reversement dans le délai
légal, sera frappé d’une pénalité égale à 15% par mois ou fraction de mois de retard.

S’il n’a effectué aucun reversement dans un délai de 03 mois à compter de la date
d’exigibilité, il sera tenu au versement des retenues non versées majorées d’une pénalité de
200%.

CHAPITRE IV : L’IMPOT SUR LES REVENUS DES CREANCES, DEPOTS ET


CAUTIONNEMENT (IRC)

Seront successivement abordés :


Le champ d’application ;
La liquidation et le paiement ;

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Les obligations et les sanctions.

SECTION I : LE CHAMP D’APPLICATION

§1 Les revenus imposables (article 627 du CET)

L’IRC s’applique aux revenus des créances, dépôts et cautionnements, les intérêts,
arrérages et tous autres produits :
1- des créances hypothécaires, privilégiées et chirographaires, à l'exclusion de celles
présentées par des obligations, effets publics et autres titres d’emprunts entrant dans les
prévisions du 6 de l’article 650 du CET;
2- des dépôts de sommes d'argent à vue ou à échéance fixe, quel que soit le dépositaire et
quelle que soit l'affectation du dépôt ;
3- des cautionnements en numéraire ;
4- des comptes courants ;
5- des bons de caisse. 
§2 Les exonérations

Sont exonérés de l’IRC :


1- les intérêts des sommes inscrites sur les livrets de la Caisse Nationale d’Epargne et des
comptes d’épargne logement régis par la loi ;
2. les intérêts, arrérages et tous autres produits des comptes courants figurant dans les
recettes provenant de l'exercice d’une profession industrielle, commerciale et agricole ou
d'une exploitation minière ou de carrière, sous la double condition que :
- les contractants aient, l'un et l'autre, l'une des qualités d'industriel, de commerçant,
d'exploitant agricole ou minier ou de carrière ;
- les opérations inscrites au compte courant se rattachent exclusivement à l'industrie,
au commerce, à l’agriculture ou à l'exploitation minière ou de carrière des deux parties.
Les dispositions qui précèdent ne s’appliquent qu’aux contractants dont les intérêts,
arrérages et tous autres produits des comptes courants sont imposés à l’impôt sur les
bénéfices industriels et commerciaux ou à l’impôt sur les sociétés au Burkina Faso.
3- les intérêts, arrérages et tous autres produits des comptes courants ouverts dans les
établissements de crédit au nom des caisses de crédit agricole mutuel et des coopératives
ouvrières, des coopératives agricoles, de pêche, d'élevage et leurs unions ;
4- les intérêts des prêts consentis ou les produits des dépôts effectués par les sociétés de
construction d’habitat social ;
5- les intérêts, arrérages et tous autres produits des prêts consentis sous une forme
quelconque par toutes les sociétés burkinabé autres que les personnes exerçant le
commerce de banque ou une profession s’y rattachant, au moyen des fonds qu’elles se
procurent en contractant des emprunts soumis eux-mêmes à l’impôt sur le revenu des
créances, dépôts et cautionnements ;
- les intérêts, arrérages et tous autres produits des prêts consentis sous une forme
quelconque et des dépôts effectués par les associations constituées en vue de mettre à la
disposition de leurs membres ou des associations similaires auxquelles elles sont affiliées,
les fonds qu‘elles se procurent en contractant des emprunts ou en recevant des dépôts. Le

57
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

montant des prêts exonérés ne peut excéder celui des emprunts contractés ou des dépôts
reçus et il doit en être justifié par la société, la personne ou l’association ;

- les produits des prêts non représentés par des titres négociables ainsi que les produits
visés au niveau du champ d’application qui sont encaissés par ou pour le compte de
banquiers ou d’établissements de banque, entreprises de placement ou de gestion de valeurs
mobilières, ainsi que de sociétés autorisées par l’Etat à faire des opérations de crédit foncier.
Cette exonération est strictement subordonnée à la condition que ces revenus et produits
soient taxés au Burkina Faso à l’impôt sur les bénéfices industriels, commerciaux et agricoles
ou à l’impôt sur les sociétés.

- les revenus des opérations effectuées par la BCEAO.

SECTION II : LA LIQUIDATION ET LE PAIEMENT

L’impôt est liquidé sur le montant brut des intérêts, arrérages et tous autres produits des
valeurs désignés plus haut. Il est dû par le seul fait, soit du paiement des intérêts de quelque
manière qu’il soit effectué, soit de leur inscription au débit ou au crédit d’un compte.

Le tarif de l’impôt est de 25%. Il est réduit de moitié pour les intérêts, arrérages et tous
autres produits des comptes de dépôt et des comptes courants ouverts dans les écritures
d’une banque, d’un établissement financier, d’un agent de change, d’un courtier en valeurs
mobilières, du Trésor public et des caisses de crédit agricole.

L’impôt est à la charge exclusive du créancier, nonobstant toute clause contraire entre les
parties contractantes.

SECTION III: LES OBLIGATIONS ET LES SANCTIONS

§1 Les obligations

 Des banques

L'impôt est retenu à la source et acquitté sur bordereaux lorsqu'il s'applique à des intérêts ou
autres produits payés ou inscrits par les banques au crédit ou au débit d'un compte. Elles
déposent à la recette des impôts compétente au plus tard le 20 du mois qui suit chaque
trimestre civil un bordereau certifié faisant connaître :
- le total des sommes à raison desquelles l’impôt est dû ;
- le montant de l’impôt exigible qui est immédiatement acquitté.
- Des autres redevables

Les personnes physiques ou morales autres que les banques, ayant leurs siège social ou un
établissement stable au Burkina, qui paient des intérêts donnant lieu à l'IR, ou qui reçoivent
des intérêts donnant ouverture au même impôt, retiennent obligatoirement cet impôt et le
paient sur déclarations souscrites au moyen d'un imprimé conforme au modèle prescrit par
l'administration à la recette des impôts de la division fiscale de rattachement.
Cette déclaration est déposée et l'impôt est payé dans les quatre (4) mois de la clôture de
l'exercice.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

L'impôt sur les intérêts et autres produits reçus de sociétés ou établissements non installés
au Burkina Faso ou de particuliers est payé par le bénéficiaire au service des impôts de son
domicile, au plus tard le 30 avril de chaque année suivant celle de l'encaissement.

§ 2 Les sanctions

Tout retard dans le paiement de l'impôt entraîne l'application aux sommes exigibles d’une
pénalité de 10% augmentée d'un intérêt liquidé au taux de 1% par mois de retard, toute
fraction de mois étant comptée pour un mois entier.

Toute inexactitude ou omission entraînant un préjudice pour le Trésor public donne lieu au
paiement d'une pénalité égale à 100% des droits simples exigibles, sans pouvoir être
inférieure à vingt cinq mille (25 000) francs.

Toute autre contravention aux dispositions de l’IRC est punie d'une amende de vingt cinq
mille (25 000) francs.

CHAPITRE V : L’IMPOT SUR LES REVENUS DES VALEURS MOBILIERES (IRVM)

Le dispositif de l’IRVM sera exposé à travers


Le champ d’application ;
La base imposable ;

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

La liquidation et le paiement ;
Les obligations et sanctions.
SECTION I: LE CHAMP D’APPLICATION

§1 Les personnes imposables

L'impôt sur le revenu des valeurs mobilières touche les revenus distribués par les sociétés et
personnes morales soumises à l’impôt sur les sociétés au Burkina Faso.

§ 2 Les revenus imposables

L’IRVM s’applique :
1) aux dividendes, intérêts, arrérages, revenus et tous autres produits des actions de
toute nature des sociétés, compagnies et entreprises commerciales ou civiles quelconques,
financières, industrielles ou agricoles, ayant leur siège social au Burkina Faso ;
2) aux intérêts, produits et bénéfices des parts d'intérêts et commandites dans les
sociétés, compagnies ou entreprises ayant leur siège social au Burkina Faso, dont le capital
n'est pas divisé en actions ;
3) au montant des remboursements et amortissements totaux ou partiels que les
sociétés désignées effectuent sur le montant de leurs actions, parts d'intérêts ou
commandites, avant leur dissolution ou leur mise en liquidation ;
4) au montant des indemnités de fonction, remboursements forfaitaires de frais et
toutes autres rémunérations revenant à quelque titre que ce soit à l'administrateur général
ou aux membres des conseils d'administration des sociétés visées au 1;
5) aux rémunérations versées aux actionnaires de ces sociétés à l'occasion des
assemblées générales ;
6) aux intérêts, arrérages et tous autres produits des obligations et emprunts de toute
nature des collectivités territoriales, établissements publics, ainsi que des sociétés,
compagnies ou entreprises désignées aux 1 et 2. Par emprunts de toute nature, il faut
entendre toutes opérations au moyen desquelles une société ou autre personne morale
assimilée se procure, par souscription publique ou autrement, les fonds dont elle a besoin
même si les emprunts ne sont pas constatés par des titres ou sont représentés par des titres
n'ayant pas le caractère d'obligations négociables ;
7) aux primes de remboursement payées aux créanciers des collectivités territoriales,
établissements publics ainsi que des sociétés, compagnies ou entreprises désignées aux
numéros 1 et 2;
8) aux sommes mises par les sociétés, compagnies ou entreprises visées à la
disposition des associés directement ou par personne ou sociétés interposées à titre
d'avances, de prêts ou d'acomptes. Nonobstant toute disposition contraire, lorsque ces
sommes sont remboursées à la personne morale moins de cinq ans après qu'elles aient été
mises à la disposition des associés, la fraction des impositions auxquelles leur attribution
avait donné lieu est restituée aux bénéficiaires ou à leurs ayants cause ;
9) aux rémunérations ou avantages accordés par les mêmes sociétés, compagnies ou
entreprises.
Les dividendes, arrérages, bénéfices et produits visés aux 1 et 2 s'entendent de toutes
sommes ou valeurs attribuées, à quelque époque que ce soit, aux associés et porteurs de
parts, à un autre titre que celui de remboursement de leurs apports.

60
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

NB : tous les bénéfices ou produits qui ne sont pas mis en réserve ou incorporés au capital
ainsi que toutes les sommes ou valeurs mises à la disposition des associés actionnaires ou
porteurs de parts et non prélevées sur les bénéfices sont considérés comme des revenus
distribués.
Toutefois les remboursements aux associés de titres annulés par suite de réductions de
capital non motivées par des pertes et les sommes versées aux associés en rémunération
d'un prêt, service ou fonction à condition que ces sommes soient déductibles du bénéfice
soumis à l’impôt sur les sociétés sont exclus.
Sont présumés distribués, tous les bénéfices qui ne demeurent pas investis dans l'entreprise
sociale quelle que soit la forme du désinvestissement.
Notamment, ne constituent pas des désinvestissements :
Les évaluations des valeurs d'exploitation (minorations de stock de sortie, majorations de
stock d'entrée) ;
Les amortissements excessifs ;
Les provisions non fiscalement déductibles.
L'impôt est dû, que les sommes ou valeurs attribuées soient ou non prélevées sur les
bénéfices.

§ 3 Les exonérations (voir l’article 653 du CET pour plus de détails)

Les exonérations couvrent une multitude de personnes et de revenus. On peut citer :


1) les amortissements de tout ou partie de leur capital social effectués par les sociétés,
concessionnaires de l'Etat ou d’autres collectivités publiques lorsque ces amortissements sont
justifiés par la caducité de tout ou partie de l'actif social, notamment par dépérissement
progressif ou par remise de la concession à l'autorité concédante. Le caractère
d'amortissement de l'opération et la légitimité de l'exonération sont constatés dans chaque
cas dans les conditions fixées par les textes en vigueur ;
2) les revenus des emprunts ou obligations des groupements et sociétés coopératives et
des associations de toute nature, quels qu'en soient l'objet et la dénomination, constitués
exclusivement par ces sociétés coopératives ;
3) les revenus des parts d'intérêts, emprunts ou obligations des sociétés coopératives
agricoles ou ouvrières, des caisses de crédit agricole et des associations agricoles ;
4) les revenus des parts d’intérêts dans les sociétés civiles n’ayant pas opté pour le
régime d’imposition à l’impôt sur les sociétés ;
5) les intérêts, arrérages et tous autres produits des rentes, obligations et autres effets
publics émis par l'Etat du Burkina Faso et les collectivités territoriales;
6) les distributions de réserves effectuées sous la forme d'augmentation de capital.
Sont également exonérés de cet impôt les bénéfices incorporés directement au capital.
7) les revenus des commandités dans les sociétés en commandite simple ;
8) les revenus des parts d'intérêts dans les sociétés en nom collectif;
9) les produits visés aux 1 et 2 distribués par une société burkinabé exerçant son
activité en dehors du Burkina Faso, à concurrence de la quotité taxée dans un autre Etat
pour cette activité extérieure;
10) les plus-values résultant de l'attribution gratuite d'actions, de parts sociales ou
d'obligations à la suite de fusions de sociétés anonymes ou à responsabilité limitée.

61
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Le même régime est applicable lorsqu'une société anonyme, en commandite ou à


responsabilité limitée apporte tout ou partie de son actif à une autre société constituée sous
l'une de ces formes.
11) a)- les sommes attribuées aux membres du conseil d'administration ou à
l'administrateur général en rémunération d’ un travail effectif de direction à condition qu’elles
ne soient pas exagérées eu égard au service rendu. Toutefois, l'exonération ne s'applique
qu’à un seul administrateur nommément désigné.
b) - en ce qui concerne les administrateurs ayant exercé une fonction salariée dans la société
avant d'accéder au conseil d'administration et continuant à occuper dans la société un emploi
salarié, l’exonération ne s'appliquent qu'aux produits leur revenant en leur qualité
d'administrateur.
c)- toute déclaration inexacte concernant la qualification des rémunérations susvisées donne
ouverture à une amende égale à 200% de l'impôt éludé.
12) a)- Les dividendes des sociétés anonymes ou à responsabilité limitée ayant leur siège
au Burkina Faso et qui possèdent, soit des actions nominatives d'une société par actions, soit
les parts d'intérêts d'une société à responsabilité limitée. Les dividendes distribués par la
première société sont, pour chaque exercice, exonérés de l'impôt sur le revenu des valeurs
mobilières dans la mesure du montant net, déduction faite de l'impôt sur le revenu des
valeurs mobilières, des produits des actions ou des parts d'intérêts de la seconde société
touchés par elle au cours de l'exercice, à condition que la société filiale ait son siège au
Burkina Faso ;que les actions ou parts d'intérêts possédées par la première société
représentent au moins 20% du capital de la seconde société. Ce taux est abaissé à 5 %
lorsque la deuxième société a pour objet la recherche ou l'exploitation minière au Burkina
Faso ; qu'elles aient été souscrites ou attribuées à l'émission et soient toujours restées
inscrites au nom de la société, ou qu'elles soient détenues depuis deux années consécutives
au moins sous la forme nominative.
b)- En cas de fusion, le bénéfice des dispositions qui précèdent est transporté de plein droit
de la société absorbée à la société absorbante ou nouvelle.
13) Les dividendes distribuées par les sociétés ayant pour objet exclusif la gestion d'un
portefeuille de valeurs mobilières dans la limite du montant net, déduction faite de l'impôt
sur le revenu des valeurs mobilières, des produits encaissés au cours de l'exercice, des parts
d'intérêt et des obligations qu'elles détiennent, à condition de justifier que ces produits ont
supporté l'impôt sur le revenu des valeurs mobilières.
14) Les intérêts des avances faites aux sociétés au moyen d'endossements de
bordereaux de nantissement de stock.
15) Les revenus distribués par la BCEAO.

SECTION II : LA BASE IMPOSABLE

Aux termes de l’article 654 du CET : « La base imposable est déterminée :

1) pour les actions, par les dividendes fixés d'après les délibérations des assemblées
générales d'actionnaires ou des conseils d'administration, les comptes-rendus ou tous autres
documents analogues ;
2) pour les obligations ou emprunts, par l'intérêt ou le revenu distribué dans l'année ;

62
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

3) pour les primes de remboursements, par la différence entre la somme remboursée et


celle résultant de l’application du taux d'émission des emprunts ;
4) pour les rémunérations de l'administrateur général ou des membres des conseils
d'administration des sociétés par les délibérations des assemblées générales d'actionnaires
ou des conseils d'administration, les comptes rendus ou tous autres documents analogues ;
5) pour les autres revenus ayant le caractère de revenus distribués,
par tous les éléments déterminés par l’Administration. »

SECTION III : LA LIQUIDATION ET LE PAIEMENT

L’IRVM est assis sur les produits visés plus haut à raison de 6 % pour les intérêts, arrérages
et autres produits des obligations émises au Burkina et de 12,5% pour tous autres
produits.

Les sociétés, entreprises ou compagnies nouvellement constituées paient l'impôt au tarif


réduit de moitié sur les produits des actions qu'elles distribuent au titre des trois premiers
exercices sociaux suivant leur constitution, la durée de ces trois exercices ne pouvant
excéder une durée globale de 42 mois.

Les comptes rendus et les extraits des délibérations des conseils d'administration ou des
actionnaires sont déposés dans le délai d'un mois à compter de la date de tenue des
réunions de leurs instances au service des impôts de rattachement.

Chaque année, après la clôture des écritures relatives à l'exercice, il est procédé à la
liquidation de l’impôt. La liquidation a lieu dans les trente (30) jours de la mise en
distribution du dividende.

SECTION IV : LES OBLIGATIONS ET LES SANCTIONS

§1 Les obligations

Les déclarations de distributions se font comme suit :

Pour les dividendes :

Chaque année, après la clôture des écritures relatives à l'exercice, il est procédé à la
liquidation de l’impôt. La liquidation a lieu dans les trente (30) jours de la mise en
distribution du dividende.

 Pour les indemnités de fonction et les rémunérations diverses versées aux


membres des conseils d’administration des sociétés 

L’IRVM est dû au plus tard le 20 du mois suivant pour les sommes mises en distribution au
cours du trimestre précédent.

 Pour les remboursements ou amortissements totaux ou partiels 

Impôt est versé au plus tard le 20 du mois suivant la mise en paiement de ces
remboursements.

63
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

§2 Les sanctions

 Les inexactitudes et omissions

Lorsqu’elles ont entraîné un préjudice pour le Trésor public, elles donnent lieu au paiement
d'une pénalité égale à 100% des droits simples exigibles, sans pouvoir être inférieure à
vingt cinq mille (25.000) francs CFA.

 Le retard de paiement

Il entraîne l'application aux sommes exigibles d’une pénalité de 10% augmentée d'un intérêt
liquidé au taux de 1% par mois de retard, toute fraction de mois étant comptée pour un
mois entier.

 Les autres contraventions

Les autres manquements aux dispositions de l’IRVM sont punis d'une amende de vingt cinq
mille (25.000) francs CFA.

CHAPITRE VI : LA CONTRIBUTION DES PATENTES

64
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

La contribution des patentes est un impôt direct. C’est un impôt local car il est recouvré pour
alimenter les budgets des collectivités territoriales. Elle est régie par les articles 238 à 253 du
Code des Impôts.

SECTION I: LE CHAMP D'APPLICATION

§ 1  Les personnes et activités imposables – lieu d'imposition

L’article 238 du Code des Impôts indique les personnes et activités imposables à la
contribution des patentes.

En effet, aux termes dudit article, sont passibles de la contribution des patentes les
personnes physiques ou morales exerçant au Burkina Faso une activité professionnelle non
salariée.

Pour qu’un contribuable soit imposé à la patente, les conditions suivantes doivent être
remplies :
-l’activité professionnelle doit être exercée à titre indépendant et de façon habituelle ; cette
condition exclut les salariés et les mandataires ;
-l’activité professionnelle doit être exercée dans un but lucratif ;
-l’existence d’un établissement où s’effectuent les actes essentiels de la profession et
implanté dans la collectivité locale au profit de laquelle est perçu l’impôt ;
-l’activité doit s’exercer au Burkina Faso ;
-le contribuable ne doit pas relever du régime de la contribution du secteur informel, de la
contribution du secteur élevage ou de la contribution du secteur boisson.
La patente est un impôt local. Elle est donc perçue au profit des collectivités locales où sont
implantées les activités imposables.
Il en résulte que si une activité est implantée dans plusieurs localités, il sera réclamé au
contribuable une patente pour chaque localité dans laquelle il dispose d'un établissement
(voir définition ci-après) et/ou de locaux servant à l'exercice de la profession.

§ 2 : Les exonérations (article 239 du CI)

Sont exonérées de la contribution des patentes :


- l'Etat, les communes et les collectivités locales pour la distribution de l’eau, de l’électricité
et les services d’utilité générale ; toutefois, lorsque de telles activités sont exercées par des
démembrements de l’Etat qui ont un caractère industriel ou commercial (ONEA, SONABEL),
la patente sera exigible.
- la BCEAO ;
-les établissements publics ou privés et associations à caractère humanitaire reconnus
d’utilité publique ; ces attributs doivent avoir été prononcés par une autorité compétente (la
Croix Rouge par exemple);
-les cultivateurs et éleveurs vivant d'une activité de subsistance;
-les artistes amateurs et les troupes artistiques non professionnelles ;
-les coopératives agricoles, les coopératives d'éleveurs et les groupements villageois;
-les cercles et associations à but non lucratif sous réserve qu'ils ne vendent qu'à leurs
adhérents, conformément à leurs statuts.

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

SECTION II: LA DETERMINATION DE LA PATENTE

La patente se compose d’un droit fixe et d’un proportionnel

§1  Principe : annualité de la patente - dérogation

La contribution des patentes est annuelle. Cependant la règle du prorata temporis pourra
s'appliquer dans tous les cas où le patentable entreprend ou cesse son activité en cours
d'année.

En cas de cessation pour cause de décès, de liquidation judiciaire, d'expropriation ou


d'expulsion, le patentable ne pourra bénéficier de cette disposition que s'il adresse au service
des impôts une demande de dégrèvement dans les trente (30) jours qui suivent cette
cessation.

§ 2  Le droit fixe

La contribution des patentes se compose d'un droit fixe, et d'un droit proportionnel (article
240 du Code des Impôts).

Le droit fixe comprend, en particulier pour les transporteurs, une taxe variable et une taxe
déterminée.

Le patentable qui, dans la même localité, dispose de plusieurs établissements imposables est
soumis à autant de droit fixe que d'établissements.

Mais que faut – il entendre par établissement ?

Notion d’établissement

L'article 238 définit l'établissement comme étant "un centre d'affaires où s'effectuent les
actes essentiels de la profession". Constituent notamment des actes essentiels d’une
profession :
-la production ;
- la distribution
- les ventes
- les commandes
-la tenue de la comptabilité ;
-les relations avec la clientèle ;
-l’administration
-etc.
Ainsi défini, on admet que ne constitue pas un établissement, une entreprise de vente où le
public ne peut venir choisir et acheter des marchandises (ex: magasin de stockage, entrepôt,
vitrine dans laquelle une société expose des objets de son commerce pour faire que de la
publicité)

A l'inverse, une entreprise industrielle de fabrication est considérée comme un établissement,


de même qu'un chantier ou une usine où s'opère la transformation des produits.

66
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Par ailleurs, un centre d'affaires n'a pas besoin d'être ouvert au public en permanence pour
être considéré comme un établissement; il suffit d'une certaine régularité, d'une certaine
périodicité dans la mise à disposition de la clientèle (ainsi, par exemple, les boutiques
ouvertes seulement chaque jour de marché sont considérées comme des établissements au
sens des dispositions régissant la patente).

- Calcul du droit fixe

i) Pour les activités autres que le transport

Dans ce cas, le droit fixe se calcule sur la base du CA TTC de l’année N-2 et du tableau A, B
ou C selon la nature de l’activité. Aux termes de l’article 242 du CI : « Le patentable qui,
dans la même localité, dispose de plusieurs établissements imposables est soumis à autant
de droits fixes que d’établissements. Toutefois, lorsqu’il se livre en plus à une activité de
transport, il sera soumis à un droit fixe par véhicule en sus de celui dû pour le reste de ses
activités.

Pour les entreprises nouvelles, le CA prévisionnel ou le CA réalisé durant les douze (12)
premiers mois de l’activité pourra être utilisé.

Lorsque le CA TTC de l’exercice est identifié, il suffit de se reporter au tableau approprié


pour calculer le montant du droit fixe correspondant.

Les tableaux A, B et C dont il est question sont les suivants :

TABLEAU A : CAS GENERAL

CHIFFRE D'AFFAIRES DROIT FIXE


Inférieur ou égal à un million 5.000 F
Supérieur à 1million et inférieur ou égal à 3millions 7.000 F
Supérieur à 3millions et inférieur ou égal à 5millions 10.000 F
Supérieur à 5millions et inférieur ou égal à 7millions 15.000 F
Supérieur à 7millions et inférieur ou égal à 10millions 25.000 F
Supérieur à 10millions et inférieur ou égal à 15millions 40.000 F
Supérieur à 15millions et inférieur ou égal à 20millions 60.000 F
Supérieur à 20millions et inférieur ou égal à 30millions 85.000 F
Supérieur à 30millions et inférieur ou égal à 50millions 125.000 F
Supérieur à 50millions et inférieur ou égal à 75millions 175.000 F
Supérieur à 75millions et inférieur ou égal à 100millions 250.000 F
Supérieur à 100millions et inférieur ou égal à 150millions 325.000 F
Supérieur à 150millions et inférieur ou égal à 200millions 400.000 F
Au dessus de 200millions ajouter 100.000 francs par 100millions ou fraction de 100millions

67
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

TABLEAU B: PROFESSIONS LIBERALES, QUELQUE SOIT LA FORME JURIDIQUE DE


L'ENTREPRISE

CHIFFRE D'AFFAIRES DROIT FIXE


Inférieur ou égal à un million 25.000 F
Supérieur à 1million et inférieur ou égal à 3millions 35.000 F
Supérieur à 3millions et inférieur ou égal à 5millions 50.000 F
Supérieur à 5millions et inférieur ou égal à 10millions 100.000 F
Supérieur à 10millions et inférieur ou égal à 15millions 150.000 F
Supérieur à 15millions et inférieur ou égal à 20millions 200.000 F
Supérieur à 20millions et inférieur ou égal à 25millions 250.000 F
Supérieur à 25millions et inférieur ou égal à 30millions 300.000 F
Supérieur à 30millions et inférieur ou égal à 40millions 350.000 F
Supérieur à 40millions et inférieur ou égal à 50millions 400.000 F
Au dessus de 50millions ajouter 50.000 francs par 10millions ou fraction de 10millions

TABLEAU C : GROSSISTES EN BOISSONS DE FABRICATION LOCALE ET GERANT


DE STATIONS, A CONDITIONS QU'ILS N'EXERCENT PAS D'AUTRES ACTIVITES
PATENTABLES DANS LA MEME LOCALITE

CHIFFRE D'AFFAIRES DROIT FIXE


Inférieur ou égal à 5millions 5.000 F
Supérieur à 5millions et inférieur ou égal à 10millions 10.000 F
Supérieur à 10millions et inférieur ou égal à 20millions 20.000 F
Supérieur à 20millions et inférieur ou égal à 30millions 30.000 F
Supérieur à 30millions et inférieur ou égal à 50millions 100.000 F
Supérieur à 50millions et inférieur ou égal à 100millions 150.000 F
Supérieur à 100millions et inférieur ou égal à 200millions 200.000 F
Supérieur à 200millions et inférieur ou égal à 300millions 250.000 F
Au dessus de 300millions ajouter 50.000 francs par 100millions ou fraction de 100millions
Exemples :

1/ Un collège d’enseignement général a réalisé en 2007 un CA TTC de 100 000 000 FCFA on


demande de calculer le droit fixe au titre de la patente 2009.

2/ Un notaire a réalisé un CA TTC de 75 258 500 F CFA en 2005 ; on demande de


déterminer le droit fixe au titre de la patente 2008.

3/ La société ALPHA achète pour revendre des marchandises. Elle a commencé ses activités
le 12 mars 2009 on demande de calculer le droit fixe au titre de la patente 2008 ; CA
prévisionnel HT 275 000 000 TVA 18%.

2i) Pour les activités de transport

Le droit fixe pour un transporteur comprend :


-une taxe déterminée de 6000 FCFA/véhicule ;
-et une taxe variable qui est de :

68
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

 500 FCFA/place (celle du conducteur non comprise)


 1500 FCFA/tonne utile
 Pour le transport mixte (m/ses et personnes), il est retenu la taxe variable la plus
élevée.
Le droit fixe pour un transporteur est donc indépendant de son chiffre d’affaires.
Exemple :

La société SGF Transport possède 30 véhicules de 60 places assises chacun celle du


chauffeur comprise. On demande de calculer le droit fixe

Eléments Calculs Montants

Taxe déterminée 6000 X 30 180 000

Taxe variable 500 X (60 – 1) X30 885 000

Total = Droit fixe 1 065 000

§ 3  Le droit proportionnel

a) Principe : la valeur locative des locaux professionnels


est la base de calcul du droit proportionnel

Le droit proportionnel est assis sur l'ensemble des valeurs locatives des locaux servant à
l'exercice de la profession.

Droit proportionnel = Valeur locative des locaux professionnels x 8%

Le droit proportionnel ne peut être inférieur à 1/5 du droit fixe.

Les locaux notamment passibles du droit proportionnel sont : les magasins, boutiques,
usines, ateliers, hangars, remises (grand hall), chantiers, terrains de dépôts, autres locaux et
emplacements.

Il s’agit non seulement des constructions proprement dites mais aussi de toutes les
installations servant effectivement à l’exercice de la profession (parkings, autres installations
et aménagements).

Les locaux appartenant à l’entreprise mais utilisés à des fins non professionnelles comme
ceux servant de logement ou d’habitation ne sont donc pas passibles du droit proportionnel.

Sont aussi exclus des locaux passibles du droit proportionnel les locaux, installations et
aménagements dont l’entreprise n’a pas la disposition et dont elle ne peut s’en servir
librement : tel est le cas des entrepôts en douane.

Le droit proportionnel est dû même lorsque les locaux sont concédés à titre gratuit.

b) Les méthodes d’évaluation de la valeur locative

La valeur locative est déterminée soit au moyen de baux authentiques ou sous seing privés
passés dans des conditions normales, soit par comparaison avec des locaux dont le loyer

69
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

aurait été régulièrement constaté ou serait notoirement connu et à défaut de ces bases par
voie d'appréciation directe.

i) Evaluation de la valeur locative au moyen de baux authentiques ou sous


seing privé

Cette méthode consiste à retenir comme valeur locative les loyers stipulés dans les contrats
de bail dûment enregistrés au service des impôts et qui ne peuvent faire l’objet d’aucune
contestation.

Les baux présentant donc des majorations ou minorations excessives seront écartés.
Exemple :
Un établissement commercial comprend un siège et deux succursales :
-loyer mensuel du siège : 250 000 ;
-loyer mensuel de la succursale A : 185 000 ;
-loyer mensuel de la succursale B : 140 000.
Sachant que tous ces baux ont été soumis à la formalité de l’enregistrement et qu’ils ne font
l’objet d’aucune contestation par l’administration fiscale, on vous demande de calculer le
droit proportionnel dû au titre de la patente.

Quel est le montant de la patente due si le droit fixe s’élève à 400 000 FCFA ?

2i) Evaluation de la valeur locative par voie de comparaison

Cette méthode n’est utilisée que lorsque la première méthode ne peut être mise en œuvre.
Elle consiste à déterminer la valeur locative en comparant les locaux professionnels de
l’entreprise à ceux d’entreprises similaires occupant des locaux similaires dont les loyers
auraient été régulièrement constatés ou seraient notoirement connus.

Les locaux à considérer comme termes de comparaison devront l’être compte tenu de leur
lieu de situation et de leur usage.

3i) Evaluation de la valeur locative par voie d’appréciation directe

Cette méthode n’est mise en œuvre que lorsque les deux premières se sont révélées
inefficaces. Il s’agit dans cette troisième voie de déterminer la valeur vénale des éléments du
capital et d’y appliquer un taux d’intérêt approprié selon la localité, la nature et la destination
des éléments à évaluer.

Dans la pratique, la valeur vénale des établissements dont les loyers ne sont pas connus est
déterminée à partir des valeurs figurant au bilan, dans les polices d’assurances ou par la
reconstruction des factures justificatives des prix de revient des constructions.

Le droit proportionnel pour des usines et des établissements industriels est calculé sur la
valeur locative de ces établissements pris dans leur ensemble et munis de leurs moyens
matériels de production.

De façon pratique, l'administration fiscale procède comme suit: détermination de la valeur


vénale des bâtiments et du matériel de production suivie de la détermination de la valeur
locative par application d'un taux d'intérêt.
70
Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

 Détermination de la valeur vénale

La valeur vénale des bâtiments et matériels de production peut être déterminée à partir de
leurs brutes telles qu’elles figurent à l’actif immobilisé du bilan comptable, à partir de celles
souscrites dans les polices d'assurances, ou enfin à partir du prix de revient établi sur la base
des factures ou des marchés.

Il faut toutefois appliquer à ces valeurs brutes un abattement de 50% pour obtenir la valeur
vénale réelle.

Valeur vénale = valeur d’origine X 50%

Les éléments de l’actif immobilisés exclus de cette évaluation sont :


-les charges immobilisées  ;
-le matériel de bureau ;
-le mobilier de bureau ;
-le matériel roulant qui ne participe pas directement à la transformation ou à la fabrication et
qui sert qu’au transport  ;
-les outils à mains  (pelles, pinces, marteaux, etc.);
-le matériel défectueux ;
-le matériel non encore monté.
 Détermination de la valeur locative

Elle est obtenue en appliquant à la valeur vénale les taux d'intérêt suivants:
- 5% pour les immeubles (terrains, bâtiments, parkings, hangars, etc.);
- 8% pour le matériel de production.
Exemple :

La brasserie du Burkina Faso (BBF) est une société de fabrication de boissons. Le siège de
l’entreprise est situé à la zone commerciale ; le loyer de l’immeuble abritant le siège est de
1 500 000FCFA le mois. L’usine de production est sise en zone industrielle. Les cadres
supérieurs de l’entreprise sont logés dans des cités prises en bail au total pour
15 000 000FCFA/mois.

Dans l’extrait du bilan de BBF on relève les informations suivantes :

Eléments d’actif Valeurs brutes


Charges immobilisées 2 350 000
Terrains 4 000 000
Bâtiments 150 000 000
Matériel industriel 300 000 000
Matériel de bureau 5 000 000
Mobilier 53 000 000
Outillage à main 2 850 000
Matériel de transport 145 000 000
Parking 1 000 000

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

Travail à faire :
Calculer la patente 2007 sachant que :
-le CA TTC de l’année 2004 s’élève à 2 500 000 000FCFA ;
-le CA TTC de l’année 2005 s’élève à 4 750 000 000FCFA ;
-dans le matériel industriel figure une machine en état défectueux depuis 2004 pour
15 000 000 ;
-dans le matériel de transport figure un bulldozer chargé du désenclavement du site de
production en saison hivernale : valeur d’origine 35 000 000.

SECTION III : LES CAS PARTICULIERS DE PATENTE

§ 1  La patente sur marchés publics

Les marchés publics sont des contrats écrits passés par des personnes publiques en vue de
la réalisation des travaux, de fourniture de biens ou de services et assujettis à des règles de
fond et de forme.

La patente sur marchés publics est exclusivement due par les personnes physiques ou
morales non établies au Burkina Faso, c’est-à-dire n’ayant pas d’établissement fixe au BF.

La patente sur marchés publics est exigible et doit être acquittée avant l’enregistrement du
marché. Elle est assise sur le montant TTC du marché. Le taux est de 2%.

§ 2  La patente des artisans handicapés physiques

Un artisan est en général celui qui exerce pour son propre compte un métier manuel pour
lequel il justifie d’une qualification professionnelle et prend personnellement part à
l’exécution du travail. Un certain nombre d’éléments caractérisent l’artisan :

- l’artisan travaille pour son propre compte à ses risques et péril ;


- l’artisan exerce une industrie mensuelle ;
- l’artisan ne doit pas spéculer sur la main d’œuvre.
Les artisans sont en principe soumis à la patente, mais ceux qui souffrent d’un handicap
bénéficient d’un abattement proportionnel au degré de leur invalidité.

Concrètement, cette patente est déterminée suivant les règles de droit commun dans un
premier temps. Ensuite, une réduction à hauteur du taux d’invalidité est accordée
au contribuable

SECTION III : LES OBLIGATIONS ET LES SANCTIONS

§ 1  Les obligations

Toute personne qui entreprend une profession susceptible d'être soumise à la contribution
des patentes doit dans les trente (30) jours du commencement de ses opérations ou de

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

l'ouverture de son établissement souscrire une déclaration d'existence sur un imprimé fourni
par l'administration comportant les informations indispensables à l'établissement de sa
patente:
 chiffre d'affaires prévisionnel
 loyer mensuel
 date de début d'exercice.
 Toute modification apportée à l'activité devra faire l'objet d'une déclaration dans les
mêmes conditions.
Lorsque le contribuable dispose de plusieurs établissements dans lesquels il exerce son
activité, il est tenu d’effectuer une déclaration indiquant pour chacun de ses établissements
le montant du chiffre d’affaires et la valeur locative des locaux servant à l’exercice de la
profession.

Tout patentable devra obligatoirement tenir un livre de recettes dans lequel sont
enregistrées toutes les recettes générées par son activité.

§ 2  Les sanctions

- Le défaut de déclaration est sanctionné par une pénalité égale au montant


des droits dus (donc 100%).

- En cas de déclaration tardive la pénalité est égale à 50% des droits.

- Les omissions ou inexactitudes dans les renseignements produits entraînent


une pénalité égale à 200% des droits éludés.

- La non tenue de livre de recettes est passible d'une pénalité de 100.000 F. En


cas d’inexactitude ou d’omission constatée dans le livre de recettes, la
pénalité sera de 200% des droits éludés.

CHAPITRE VII : LES DROITS D’ENREGISTREMENT

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Cours de fiscalité des entreprises, présenté par DICKO Hamadoum, Inspecteur des impôts

L’enregistrement est une formalité au cours de laquelle un agent du bureau d’enregistrement


analyse un acte (donation, vente, partage etc.) sur un registre spécial et encaisse les droits
fixés par la loi. La formalité est accomplie auprès du service compétent, selon des modalités
variables mais présentant le caractère commun de comporter à leur base une analyse.
L’Administration utilise un cachet et des mentions manuscrites prévoyant la date, le montant
des droits, le numéro du bordereau et le folio.

C’est un impôt qui est perçu à l’occasion de la formalité dont le taux est proportionnel,
progressif ou fixe.

SECTION I: LE CHAMP D’APPLICATION

L’enregistrement s’applique soit à des actes soit à des opérations juridiques même non
constatées par des actes.

1-Les actes

Par acte, il faut entendre en matière d’enregistrement tout écrit rédigé en vue de faire la
preuve d’une situation juridique (écrit constatant un partage par exemple). L’impôt est dû
parce qu’il y a un acte qui constate le partage et non pas parce qu’il y a eu partage.

2- Les opérations juridiques non constatées par des actes

Il s’agit d’opérations obligatoirement assujetties à l’enregistrement par le simple fait de leur


réalisation même si elles n’ont pas donné lieu à la rédaction d’un acte.

Il s’agit alors le plus souvent d’une mutation, c’est à dire de la transmission d’un droit d’une
personne à une autre (vente, location, donation, succession etc.). La formalité est dans ce
cas accomplie au vu d’une déclaration souscrite par les intéressés.

SECTION II : LES DIFFERENTS DROITS D’ENREGISTREMENT 

Les droits d’enregistrement sont soit fixes, soit proportionnels, soit progressifs.

1-Les droits fixes

Le droit fixe s’applique aux actes qui ne constatent ni transmission de propriété, d’usufruit ou
de jouissance de biens immeubles ou meubles, ni condamnation de somme et valeurs, ni
apport en mariage, ni apport en société, ni partage de biens meubles ou immeubles, ni
marchés et, d’une façon générale à tous autres actes même exempts de l’enregistrement qui
sont présentés volontairement à la formalité (Art. 32 du CET) :

- acceptation pure et simple de succession, legs ou communauté ;


- actes innomés ;
- adjudication à la folle enchère lorsque le prix n’est pas supérieur à celui de la précédente
adjudication, si elle a été enregistrée ;
- arrêts (sur appel, d’ordonnance, jugement en matière gracieuse etc.) ;
- exploits d’huissiers ;
- inventaire de meubles, objets mobiliers, titres et papiers.
- etc.

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2-Le droit proportionnel

Il s’applique essentiellement aux mutations à titre onéreux, partages, condamnation à payer


des sommes, etc. (art. 32 du CET) :
- échange d’immeuble : 5% ;
- cession de fonds de commerce : 12%
- cession d’immeubles ou baux d’immeubles à vie ou à durée illimitée : 8%
- cession de meubles ou baux de meubles à vie ou à durée illimitée : 7%
- marchés administratifs (publics) : 3%
- bail à durée limitée d’immeubles : 5% (usage commercial ou professionnel), 3% (usage
d’habitation) ;
- cessions d’actions : exonérées
- cessions d’obligations négociables : exonérées ;
- augmentation de capital : exonérées ;
- droit d’apport : exonérées ;
- fusion de sociétés : exonérées ;
- contrat de mariages avec apport : 0,50% ;
- etc.
3-Le droit progressif

C’est un droit qui a un caractère d’impôt sur le capital et dont la progressivité est réalisée par
tranches. Il s’applique aux mutations à titre gratuit, par décès ou entre vifs (art. 300 du
CET).

Degré de parenté Taux applicable à la fraction de part nette comprise entre :


  1 à 2 000 001 5 000 001 10 000 001 Au-delà de
2 000 000 à à à 50 000 00
5 000 000 10 000 00 50 000 000 0
0
En ligne directe et entre époux 0% 0% 1% 2% 5%

Entre frères et sœurs et entre 0% 7% 10% 15% 20%


parents au 3è degré (oncles ou          
tantes et neveux ou nièces)
Entre parents à partir du 4è 10% 15% 20% 30% 40%
degré et entre personnes non          
parentes

SECTION III : LE REGIME DES DROITS D’ENREGISTREMENT

1-Le fait générateur : La créance du trésor résulte de la rédaction de l’acte ou de la


mutation. Pour les actes non obligatoirement soumis à l’enregistrement, le fait générateur se
place à la date de la présentation volontaire de l’acte.

2- L’assiette : En général, la valeur taxable figure dans l’acte ou la déclaration présentée à


la formalité et résulte des conventions des parties (prix, au cas de vente, de bail….).

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Dans certains cas, les contribuables sont tenus de fournir une déclaration estimative pour la
perception de l’impôt.

3- La liquidation : Pour la perception des droits, il est fait abstraction des sommes et
valeurs inférieures à 1 000 Frs. Si le droit exigible est inférieur à 4 000 Frs, on retient 4 000
francs, sauf pour les baux à usage d’habitation ou le minimum de perception est de 1 000
frs.

La formalité accomplie dans un bureau incompétent est en principe inopérante et le


paiement des droits à ce bureau non libératoire.

Les notaires doivent faire enregistrer leurs actes au bureau dans la circonscription duquel ils
ont leur résidence légale.

Les huissiers et autres agents ayant pouvoir de faire des exploits ou procès verbaux sont
tenus de faire enregistrer leurs actes soit au bureau de leur résidence, soit au bureau du lieu
où ils les ont faits.

Les greffiers, les secrétaires des administrations locales et municipales doivent faire
enregistrer leurs actes au bureau dans le ressort duquel ils exercent leurs fonctions.

Les actes sous seing privé qui portent transmission de propriété, d’usufruit ou de jouissance
d’immeuble, de fonds de commerce doivent être enregistrés au bureau de la situation des
biens. Les autres actes sous seing privés sont présentés au bureau du domicile de l’une des
parties contractantes.

Les actes non soumis obligatoirement à l’enregistrement et les actes passés à l’étranger
peuvent être enregistrés dans n’importe quel bureau.

4-Les délais

En règle générale, le délai est d’un mois sauf dans certains cas :
-les actes d’huissier : 15 jours ;
-les testaments : 3 mois à compter du décès du testateur ;
-les successions : 6 mois à compter du décès du défunt ;
-délai d’un mois prorogé à 3 mois lorsque les actes sont passés hors du Burkina ou dans une
localité autre que celle où le bureau de l’enregistrement est établi.
L’inobservation des délais entraîne une pénalité de 100 %.

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