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Cours de Fiscalité des Entreprises

TROISIEME PARTIE : LA FISCALITE INDIRECTE


La notion de fiscalité indirecte recoupe les impôts indirects et taxes assimilées. Au Sénégal, la
fiscalité indirecte intérieure comprend les taxes sur le chiffre d’affaires (TVA et TAF) et les droits
indirects ou accises (taxes spécifiques ou spéciales).

Les droits de douane sont compris dans la fiscalité indirecte (fiscalité de porte).

Contrairement aux impôts directs qui sont assis sur le revenu, les impôts indirects peuvent être
qualifiés "d’impôts sur la dépense"  ou "sur la consommation". Les impôts indirects frappent
en effet les revenus au moment où ils font l’objet d’un emploi. Ils tendent ainsi à appréhender au
profit de l’Etat une partie de la quote-part des revenus affectés par les différentes unités de
consommation, à l’acquisition des biens et services nécessaires à la satisfaction de leurs besoins.

En effet, les impôts indirects ne s’appliquent au revenu que lorsque celui-ci est dépensé dans les
opérations commerciales. Ils sont assis sur des opérations intermittentes réalisées même à titre
occasionnel comme les opérations d’absorption ou d’écoulement de la production, d’échanges, de
consommation ou plus simplement sur la dépense. Les impôts indirects sont recouvrés en ce qui
concerne la fiscalité intérieure par les services relevant de la Direction des impôts et les
déclarations et liquidations sont faites sous la responsabilité des redevables. Les impôts indirects
et taxes assimilées sont traités au livre II du Code Général des Impôts. Cependant, dans le cadre
du présent cours, l’accent sera mis sur la Taxe sur la Valeur Ajoutée (Titre I) et les Droits
d’enregistrement (Titre II).

TITRE I : LA TAXE SUR LA VALEUR AJOUTEE


Aux termes de l’article 351 du CGI « Il est établi au profit du budget de l’Etat une taxe sur la
valeur ajoutée ». En effet, la TVA  est un impôt général sur la dépense. C’est une taxe unique mais
dont le paiement est fractionnaire. En effet, chaque personne intervenant dans le circuit paie un
montant de TVA proportionnel à la valeur qu’il a ajoutée au produit ou service, de sorte que
lorsque le produit parvient au consommateur final, la TVA que chaque intermédiaire a payée est
égale à la TVA résultant du prix de vente, quel que soit le nombre d’intermédiaires intervenant
dans l’opération.

SECTION I : LES OPERATIONS IMPOSABLES


Paragraphe I : Les opérations obligatoirement imposables à la TVA
L’article 352 CGI soumet à la TVA, les opérations ci-après, effectuées à titre onéreux par
un assujetti agissant en tant que tel, à l’exclusion des activités agricoles et des activités
salariées au sens du Code du Travail :
 les livraisons de biens
 les prestations de services
 les importations

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Livraison de biens : est celle afférente à des biens corporels ou aux travaux immobiliers
et s’entend du transfert du pouvoir de disposer desdits biens comme propriétaire.
L’électricité, le gaz, la chaleur, le froid et les biens similaires sont assimilés à des biens
meubles corporels.
Auparavant considérés comme des opérations imposables par détermination de la loi, les
livraisons à soi-même de biens sont désormais assimilées à des livraisons de biens faites à
titre onéreux. Constitue une livraison à soi-même de biens le prélèvement ou la production
par un assujetti d’un bien qu’il affecte à des opérations n’ouvrant pas droit à déduction.
Toutefois, le prélèvement effectué pour donner des cadeaux de faible valeur (ceux dont la
valeur unitaire est inférieure à 20.000 FCFA hors taxes) ou échantillons pour les besoins
de l’entreprise n’est pas assimilée à une livraison à soi-même.
Prestation de service : est une opération autre qu’une livraison définit ci-dessus. Les
prestations à soi-même de services sont assimilées à des prestations de services
effectuées à titre onéreux. Constitue une prestation à soi-même de services, la prestation
de services effectuée à titre gratuit par un assujetti ou l’utilisation d’un bien de l’entreprise
par celui-ci pour les besoins d’une activité n’ouvrant pas droit à déduction.
Importation : est constituée par le franchissement du cordon douanier en vue de la mise
à la consommation sur le territoire du Sénégal.
Paragraphe II : Les opérations imposables par option
L’option pour l’imposition à la TVA est réservée aux opérations de vente des produits de la
pêche, de l’agriculture par les agriculteurs, les opérations de transport public de voyageurs
faites par les transporteurs inscrits au rôle des patentes en cette qualité titulaires des
autorisations réglementaires et pratiquant des tarifs homologués par l’autorité publique.
L’option est irrévocable et porte obligatoirement sur toutes les opérations faites par le
redevable optionnel.
SECTION II : LA TERRITORIALITE DE L’IMPOT
Paragraphe I : Localisation des Livraisons faites au Sénégal
Le lieu d’imposition de la livraison de biens est situé au Sénégal lorsque le bien se trouve
au Sénégal au moment de sa livraison.
En cas de livraison de gaz, d’électricité, de chaleur, de froid ou de choses similaires, le lieu
d’imposition est situé au Sénégal lorsque ces biens sont reçus au Sénégal.

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En cas d’expédition ou de transport d’un bien, le lieu d’imposition du bien est situé au
Sénégal lorsque le bien se trouve au Sénégal au moment du départ de l’expédition ou du
transport du bien à destination de l’acquéreur.
Si le bien fait l’objet d’une installation ou d’un montage par le fournisseur ou pour son
compte, le lieu d’imposition est situé au Sénégal lorsque l’installation ou le montage y est
effectué.
Paragraphe II : Localisation des prestations de services faites au Sénégal
La localisation des prestations de services imposables au Sénégal obéit à une règle
principale qui comporte, toutefois, des exceptions. Quant aux prestations de
télécommunication, elles font l’objet d’un régime particulier quant à leur rattachement
territorial au Sénégal.
A. La règle principale de rattachement des prestations de services
1. Le critère du lieu d’utilisation ou d’exploitation
Une prestation de service est faite au Sénégal, lorsque le service rendu, le droit cédé ou
concédé, l’objet ou le matériel loué, sont utilisés ou exploités au Sénégal.
2. Le critère du lieu de situation du bénéficiaire ou de l’ordonnateur
Il suffit que le bénéficiaire, utilisateur du service, ou le donneur d’ordre qui a passé la
commande soit établie au Sénégal pour que la prestation soit réputée utilisée au Sénégal.
B. Cas des prestations de télécommunications
Pour ce qui concerne les prestations de télécommunications, la loi ne les répute pas faites
au Sénégal lorsque le preneur, c'est-à-dire la personne physique ou morale, qui donne
l’ordre d’exécuter à son profit la prestation est établie hors du Sénégal et que ladite
prestation est effectuée par un exploitant de service public dans le domaine des
télécommunications.
C. Exceptions à la règle principale de rattachement des prestations de services
Il s’agit des opérations ci-après :
 prestations de services se rattachant à un bien immeuble dont le lieu d’imposition est
l’endroit où le bien immeuble est situé ;
 prestations de services directement liées à des activités culturelles, artistiques, sportives,
scientifiques, éducatives, de divertissement ou similaires dont le lieu est l’endroit où ces
activités ou manifestations sont matériellement exécutées ;

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 prestations de location de moyens de transport pour une durée inférieure ou égale à


trente jours dont le lieu d’imposition est l’endroit où le moyen de transport est
effectivement mis à disposition du preneur.
D. Charge de la preuve du lieu d’imposition des livraisons de biens et des
prestations de services réalisées à l’étranger
La loi offre aux assujettis la possibilité de prouver qu’une livraison de biens ou une
prestation de services réalisée à l’étranger n’est pas territorialement rattachable au
Sénégal.
Au cas contraire, l’article 360 du CGI considère que lorsqu’un assujetti est établi au
Sénégal, le lieu d’imposition des livraisons de biens ou des prestations de services qu’il a
effectuées est situé en dehors du Sénégal, le lieu d’imposition de ces livraisons ou
prestations est réputé être au Sénégal.
SECTION III : LES PERSONNES IMPOSABLES OU ASSUJETTIES
Sont assujetties à la TVA, toute personne physique ou morale qui réalise une opération
imposable. Il s’agit :
 des producteurs directs ou indirects
 des commerçants revendeurs en l’état
 des importateurs
 des prestataires de service
 des assujettis volontaires
 des représentants fiscaux des assujettis étrangers
 des personnes physiques ou morales qui ont permis à un tiers non
installés au Sénégal d’y réaliser une opération imposable

SECTION IV : LES OPERATIONS NON IMPOSABLES


Paragraphe I : Les exemptions
Leur domaine se définit le plus souvent par opposition aux opérations imposables au sens
de l’article 352 CGI. Tel est le cas notamment des opérations qui ne sont pas
territorialement liées, des indemnités perçues en réparation d’un juste préjudice, les
opérations réalisées dans le cadre de l’activité salariale ou agricole.
Paragraphe II : Les exonérations
A) Les exonérations d’ordre économique
1 – Les exportations directes de marchandises
2 – Les opérations assimilées aux exportations directes
Par opérations assimilées, il faut entendre :
 les livraisons, transformations, réparations, entretien, affrètement et locations de
bateaux destinés à une activité de pêche, industrielle ou commerciale exercée en haute mer ;

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 les livraisons, transformations, réparations, entretien, affrètement et locations


d’aéronefs, utilisés par des compagnies de navigation aérienne pratiquant essentiellement
un trafic international rémunéré (au moins 80%) ;
 Le régime suspensif douanier (l’entrepôt de stockage, l’entrepôt industriel,
l’admission temporaire, le régime de l’usine exercée, le transit, le transbordement).des
affaires réalisées avec les missions diplomatiques (sous réserve de réciprocité).
Cette exonération, soumise à la formalité de visas sur les factures fournisseurs, porte sur
les opérations entrant dans le cadre normal du fonctionnement des missions diplomatiques
ou être destinées aux locaux du chef de mission.
3 – Les services directement liés aux exportations
Les opérations de transit, d’embarquement, de transbordement, de chargement, de
déchargement, effectuées dans la zone portuaire ou aéroportuaire portant sur des
marchandises exportées et les services de transport de biens directement exportés.
4 – Le transport international de biens à destination de l’étranger
5 – Le transport international de voyageurs en provenance ou à destination de
l’étranger
6 – Les livraisons de biens et fourniture de services en régime franc (zone
franche industrielle, points francs, entreprises franches d’exportation)
7– Les livraisons et prestations réalisées au profit des titulaires de permis de
recherche des substances minérales ou pétrolières pendant toute la durée de
validité dudit permis de recherche et de ses renouvellements, dans la mesure
où cette taxe se rattache directement au programme de recherche.
B) Les exonérations d’ordre social
1. Livraisons de biens de première nécessité non transformés notamment les
arachides ; les céréales, les légumes frais, la viande à l’état frais, le poisson à l’état frais,
congelés, surgelés à l’exclusion de mollusques et de crustacées, les œufs en coquille, la
pomme de terre, les oignons et autres racines et tubercules.
2. L’exonération dans le domaine de la santé
a) Les soins médicaux et paramédicaux
Sont exonérées de taxe : les prestations d’hospitalisation ainsi que les soins à la personne
faits dans les établissements publics ou privés y compris le transport de blessés, les
opérations faites par les laboratoires d’analyse.

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Ces prestations, pour être exonérées, doivent être faites par les membres des professions
médicales ou paramédicales titulaires de diplôme comme les médecins, les sages-femmes,
les infirmiers, les kinésithérapeutes, orthopédistes, masseurs, psychologues, etc.
b) Les produits pharmaceutiques et le matériel médical spécialisé.
3. Les locations d’immeubles nus à usage d’habitation.
4. Le transport public de voyageurs effectué par des transporteurs patentés reconnus
comme tel et pratiquant des tarifs homologués par l’autorité compétente.
5. Les exonérations dans le domaine de l’enseignement réalisé par des
établissements publics ou privés ou par des organismes assimilés soumis à la
réglementation administrative.
6. Les livraisons d’eau et d’électricité fournies à un foyer dont la consommation
n’excède pas la tranche sociale (tranche qui sera fixée par arrêté du Ministre chargé
des Finances).
7. L’exonération portant sur la presse et la culture.
Les opérations de vente, d’importation, d’impression, de composition, d’édition de
journaux, périodiques, livres sont exonérées de taxe sur la valeur ajoutée lorsqu’elles
portent sur des informations présentant un caractère d’intérêt général à l’exclusion des
recettes publicitaires. Le papier journal servant de fabrication ces livres, journaux,
périodiques,… est également exonéré.
8. Les ventes d’œuvres d’art originaux faites par leurs auteurs.
9. Les livraisons de semences, engrais, produits phytosanitaires, aliments de
volaille et de bétail, reproducteurs de race pure, œufs à couver, poussins dits
d’un jour entrant directement dans un cycle de production végétal ou animal.
10. Le gaz butane à usage domestique.
C. Les exonérations portant sur les opérations faites par des personnes
publiques ne poursuivant pas un but lucratif et ne jouissant pas d’autonomie financière.
D. Les exonérations d’ordre technique ou fiscal
1. Les ventes d’immeubles ou de fonds de commerce
2. Les opérations bancaires soumises à la TAF
3. Les prestations d’assurance soumises à la taxe sur les conventions
d’assurance

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4. des livraisons à leur valeur faciale, de timbres-poste pour affranchissement,


de timbres fiscaux et d’autres valeurs similaires
5. des produits bruts de jeux et des ventes de billets de la LONASE.
6. des importations et reventes en l’état, de produits destinés à l’Etat, aux
Communes et aux établissements publics dans la mesure où ces produits sont
exonérés de droits d’entrée.
7. des importations de biens dont la livraison est exonérée de la TVA
8. des opérations de crédit-bail ou finance islamique portant sur des biens dont
la livraison est exonérée de TVA.
SECTION V : LA BASE D’IMPOSITION OU ASSIETTE DE LA TVA
C’est le prix total, tous frais compris, du produit ou service imposé (la contrepartie).
Paragraphe I : Assiette suivant le régime du réel
Sont soumises au régime du réel les personnes réalisant un chiffre d’affaires annuel
supérieur à 50.000.000 FHT.
Base de la TVA = prix de référence (de base ou catalogue) + frais accessoires
A. Eléments du prix exclus de la base imposable
Les réductions de prix ne sont pas imposables sous trois conditions :
 la réduction doit bénéficier à l’acheteur pour son montant exact ;
 la réduction doit entraîner une rectification expresse de la TVA initialement
facturée lorsqu’elle est accordée après délivrance de la facture initiale ;
 la réduction ne doit pas constituer la rémunération d’un service quelconque.
Les remboursements de débours réels ne sont pas imposables sous trois conditions :
 le mandataire devra agir en vertu d’un mandat préalable et explicite : la mention
Pour compte » doit figurer sur la facture ;
 le mandataire doit refacturer à l’identique à son mandant ;
 le mandataire doit justifier du montant exact des débours.
Les pourboires ne sont pas imposables sous trois conditions :
 le client est au préalable informé du caractère obligatoire du prélèvement
supplémentaire ;
 les pourboires encaissés sont entièrement et exclusivement reversés au
personnel en contact avec la clientèle ;

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 le reversement effectif des sommes au personnel devra être justifié par la tenue
d’un registre émargé par les bénéficiaires.
Les indemnités considérées comme la juste réparation d’un préjudice ne sont pas
taxées.
Certains impôts et taxes ne sont pas à inclure dans la base imposable. C’est le cas, de
la TVA sur l’opération en cours ; des droits d’enregistrement et de timbre ; des
prélèvements du COSEC, au profit de l’UMEOA et de la CEDEAO.
NB. Tous les autres impôts et taxes notamment, les taxes spécifiques et les droits de
douane doivent cependant être inclus dans la base imposable.
B. Opérations soumises à des règles d’assiette particulières
Les importations : la base est constituée par la valeur en douane augmentée des droits
et taxes à l’exclusion de la TVA et des droits d’enregistrement.
Les échanges : chacun des coéchangistes est considéré comme vendeur. L’assiette de la
TVA est constituée par la valeur des biens reçus en contrepartie de ceux livrés.
Les subventions d’équilibre versées par l’Etat (destinées à compenser globalement
l’insuffisance d’une entreprise ou d’un service) sont imposées. Tandis que les
subventions d’exploitation versées par l’Etat sont imposées lorsqu’elles constituent le
complément direct du prix d’une opération imposée.
Les aides entre entreprise à caractère financier sont non imposables.
Les aides entre entreprise à caractère commercial sont imposées.
La base pour les livraisons à soi-même et prestations à soi-même est établie par
comparaison, mais ne peut être inférieure au prix de revient des biens.
Les livraisons de biens et prestations de services entre parties liées : la base est
déterminée en comparaison avec une opération similaire.
Les opérations réalisées entre deux entités d’une même entreprise ou d’un
même groupe dont l’une n’est pas établie au Sénégal : la base est déterminée en
comparaison avec une opération similaire.
Les emballages non récupérables, lorsqu’ils sont facturés, constituent des éléments du
prix et suivent le sort du produit emballé.
La consignation des emballages n’est pas imposée, mais si l’emballage n’est pas
restitué, la consignation devient imposable.

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SECTION VI. LE TAUX DE LA TVA


Deux taux sont prévus pour la TVA au Sénégal : un taux normal est de 18% et un taux
réduit de 10% pour les prestations d’hébergement et de restauration fournies par les
établissements d’hébergement touristique agréés.
SECTION VII. LE FAIT GENERATEUR DE LA TVA
Le fait générateur varie selon la nature des opérations imposables. Il est constitué :
par la livraison du bien ou des travaux (les livraisons de biens, les travaux immobiliers)
;
par l’accomplissement des services, en ce qui concerne les prestations de services
par la première utilisation, en ce qui concerne les livraisons à soi-même de biens ou
de travaux immobiliers ;
par le franchissement du cordon douanier en vue de la mise en consommation,
c’est-à dire le dédouanement des marchandises, en matière d’importation ;
par l’encaissement du loyer ou du prix, en ce qui concerne les opérations de crédit-
bail ou de finance islamique, les opérations payées sur fonds de l’Etat, des collectivités
locales ou soumises au précompte de TVA, les opérations effectuées par les membres des
centres de gestion agréés soumis au régime du réel simplifié (ils doivent procéder à la
régularisation sur l’ensemble de leurs opérations taxales réalisées au cours de l’année au
plus tard à la fin du3ème mois suivant la clôture de l’exercice).
NB. En cas d’émission d’une facture avant que les livraisons ou les prestations de services
ne soient effectuées, le fait générateur est réputé intervenir au moment de l’émission de la
facture. Egalement, la TVA est exigible sur les avances et acomptes à condition que
l’opération soit imposée.
Au Sénégal, la période au titre de laquelle les opérations imposables doit obligatoirement
faire l’objet de déclaration, est mensuelle pour les assujettis soumis au régime du réel
normal ou trimestrielle pour ceux soumis au régime du réel simplifié.

SECTION VIII. L’EXIGIBILITE


Sauf, l’importation (le fait générateur coïncide avec l’exigibilité), l’exigibilité de la TVA
intervient dans le mois suivant celui du fait générateur et au plus tard le 15 de ce mois
pour les assujettis soumis au régime du réel normal. Par contre, pour les assujettis soumis
au régime du réel simplifié, les opérations réalisées au titre d’un trimestre sont déclarées
au plus tard le 15 des mois d’avril, juillet, octobre et janvier.

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EXERCICES D’APPLICATION
Exercice 1 – Questions de cours

1- Quelles sont les opérations exemptées de TVA ?


2- Quels sont les éléments à exclure de la base d’imposition à la TVA ?

Exercice 2 – Champ d’application

La dame Tabaski a réalisé au cours du mois de mai 2016 les opérations suivantes :

1- Achat de manioc, transformé en poudre par sa famille, pour la consommation


domestique : montant 15.000 Francs hors Taxe (0,5pt) ;
- Importation de riz de la Thaïlande ; valeur hors taxe : 20.000.000 (0,5pt) ;

2- Réalisation de travaux d’ameublement et de décoration du bureau du Président


Directeur Général de l’ISM pour un montant de 3.000.000. (0,5pt) ;

3- Réception des factures d’électricité et d’eau :


- pour l’électricité, montant 175.000, les 65.000 correspondant à la consommation des
deux premières tranches (0,5pt) ;
- pour l’eau, montant 85.000 correspondant à une consommation de 70m3 (0,5pt).

4- Importation de matières premières pour un montant hors TVA de 25.000.000 de


francs dont droits de douanes de 3.000.000 de francs (0,5pt).

5- Réception de la note de loyer envoyée par l’agence immobilière et relative :


- d’une part à l’immeuble abritant son logement et meublé par elle : montant : 125.000
HTVA (0,5pt) ;
- et d’autre part à un magasin de vente de ses produits : montant : 150.000 HTVA (0,5pt).

1- Des notables d’un quartier de Dakar avaient demandé et obtenu une


exonération sur l’achat de ciment en vue de la finalisation des travaux de leur mosquée.
Sur les 20 tonnes achetées, les 13 ont été utilisées par le chef de quartier pour sa maison.
Le prix hors taxe d’une tonne et 70.000 (0,5pt).

TAF : Analyser, au regard de la TVA, les opérations de la dame Tabaski du


mois de mai 2016 et liquidez sa TVA.

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APPLICATION FINALE
La société « Infinity » est une société anonyme établie au quartier Liberté VI de Dakar.
Elle est spécialisée dans la grande distribution de produits divers, la construction
immobilière et les prestations de services dans des domaines variés. Au cours du mois
d’octobre 2015, elle a réalisé les opérations suivantes :
1- Achats de poissons congelés, de farine de blé, d’huile et de maïs auprès de la
société de distribution de denrées alimentaires (SODA) pour la restauration des ouvriers
de « Infinity ». Montant : 1 000 000 F HT pour chaque type de denrée alimentaire.
2- Organisation d’un séminaire sur la « lutte contre le terrorisme » pour le compte de
l’ambassade du Nigéria à Dakar : 15.500.000 F HTVA. Le séminaire est animé par le Dr
SARA, professeur de droit international à l’université de Saint-Louis.
3- Vente de sacs à un client établi en Guinée. Ce client est venu chercher les sacs au
siège de « Infinity » pour les acheminer lui-même en Guinée, Prix 40 568 945 HT,
4- Primes d’assurance versées à « TOUTASSUR » pour les véhicules : 500 000 F,
5- Locations de deux (2) véhicules de tourisme à des joueurs ivoiriens de passage à
Dakar pour deux jours au prix unitaire et journalier de 150.000 F HTVA. Les joueurs
ivoiriens ont décidé de visiter le parc zoologique de Serecunda en Gambie pour fêter leur
victoire à la CAN.
6- Constructions du siège de la société IBK TRANSIT à Bamako (Mali). Le montant total
du marché est de 90.000.000 FCFA HTVA y compris les droits d’enregistrement au taux de
1%,
7- Vente d’un immeuble inscrit à l’actif : prix de vente 170 000 000 F.
8- Construction par la société de son siège social, coût de construction : 350 000 000
F.
9- Cessions au prix coûtant d’une créance de 150 000 000 F, la cession a déjà été
soumise aux droits d’enregistrement.
10- Location d’un terrain à usage agricole au profit d’un agriculteur, 350 000 F par mois.
11- Etude de marché réalisée au Sénégal au profit de « Infinity » par la société
« Prospectius » domiciliée en Jamaïque pour un montant de 15 000 000 F,
12- Impression de calendriers au nom de la société « Infinity » qui les distribue
gratuitement, le prix total des calendriers est de 2 500 000 F HT.
13- Acquisition auprès d’un étranger d’un logiciel sous forme de cession de licence
d’utilisation assortie d’une formation du personnel, de la maintenance des applications
informatiques au prix total de 24 643 000 F HT,
14- Facture de 6 500 000 F adressée à la société « Front » située en Argentine qui a
commandé, pour son compte, une étude de marché pour la réalisation d’un complexe
immobilier au Sénégal.
15- Pénalités de retard facturées à un client : 1 000 000 F,
16- Loyers de 2 000 000 F HT dus au titre d’une villa composée de deux appartements
nus à usage d’habitation. L’un des appartements est mis à la disposition du Directeur
général. L’autre est sous loué nu à Aziz au montant de 1 100 000 F HT par mois,

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17- Livraison à 150 000 F le Kg de deux (2) tonnes de poissons fumés à la société « La
Poissonnière » située à Paris qui l’expose au salon international des matières halieutiques.
18- Frais de 5 000 000 F HT au titre du transport des deux tonnes de poissons fumés du
port de Joal à celui de Dakar,
19- Facture de 1 500 000 F au titre du gardiennage des marchandises situées au port de
Dakar et destinées à l’exportation.
20- Réception d’une subvention versée par le ministère de la Santé. Le montant de la
subvention représente 50% du prix de la construction d’une clinique pédiatrique pour le
compte de la mairie d’Oussouye (Sénégal) pour un coût total estimé à 30.000.000 HTVA
21- Loyers de crédit-bail d’un montant de 7 500 000 F HT portant sur un immeuble à
usage d’habitation situé au Sénégal. Le crédit preneur, une société située en Italie, n’a pas
encore payé le mois d’octobre.
22- Redevance de 10 000 000 F payée à une société établie en Allemagne pour
l’utilisation de la marque « Paradise » dans le cadre des activités de construction.
23- Mise à disposition de quatre secrétaires par la société « Intelligence » au prix total
de 1 500 000 F HT. La constitution du prix est ainsi détaillée : Salaire 1 000 000 F,
Cotisations patronales 150 000 F, Assurance-maladie 100 000 F, Prestation (20% coût)
250 000 F,
24- Virement simple au profit de Ndiaga d’une ristourne de 1 000 000 F. Cette ristourne
est une application directe du contrat commercial avec les clients. D’où l’absence de
facture rectificative ou de note d’avoir.
25- Notes d’avoir de 600 000 F HT, à titre de ristournes au profit des clients qui
acceptent de peindre leurs locaux aux couleurs de « Infinity »,
26- Achats de feuilles d’annonces légales au montant de 800 000 F HT,

Travail à faire :
Pour chaque opération, déterminez : la nature, le sort par rapport au champ
d’application, le sort par rapport à la taxation, l’assujetti, le fait générateur, l’exigibilité, la
base taxable et le taux ainsi que le montant de la TVA.

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TITRE II : LES DROITS D’ENREGISTREMENT


SECTION I : DISPOSITIONS GENERALES
L’enregistrement est une formalité fiscale obligatoire ou volontaire consistant en l’analyse
ou la mention d’un acte juridique sur un registre donnant lieu à la perception de droits de
l’Etat et conférant date certaine aux actes qui en sont dépourvus.

Le mot enregistrement désigne à la fois une formalité mais aussi un impôt.


I - L’ENREGISTREMENT EST UNE FORMALITE
a) - DEFINITION

L’enregistrement peut être défini d’une manière générale comme étant une formalité
accomplie par un fonctionnaire public appelé Receveur de l’enregistrement.
Cette formalité peut consister à l’analyse d’événements juridiques qui donnent lieu à la
perception d’un impôt.
La formalité s’applique soit à des actes, soit à des opérations juridiques non constatées
par des actes d’après leur forme extérieure ou la substance de leurs dispositions, sans
égard à leur validité ni aux clauses quelconques de résolution ou d’annulation ultérieures.
b) – LES EFFETS CIVILS DE LA FORMALITE (L’ENREGISTREMENT) 

La formalité de l’enregistrement comporte un certain nombre (4) d’effets civils :


- L’enregistrement donne date certaine aux actes sous seing privée à l’égard des tiers.
- Contrôle de la régularité des actes : la formalité permet d’assurer une surveillance
de la forme et du contrôle des actes.
- Publicité des actes : l’enregistrement contrairement aux formalités hypothécaires ne
joue pas un rôle de publicité.
- Force probante de la formalité de l’enregistrement :
 Dans les rapports entre les parties : l’enregistrement peut être invoqué à titre de
présomption, alors que la déclaration d’opérations non constatées par un acte constitue un
commencement de preuve par écrit.

 Dans les rapports des redevables avec l’administration : l’enregistrement fait foi
jusqu’à preuve du contraire.

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II - L’ENREGISTREMENT EST UN IMPOT


La formalité a un rôle essentiellement fiscal. Elle constitue un mode particulier de taxation
des opérations de la vie juridique. Il est classé dans la catégorie des impôts indirects.
L’impôt est payé en espèce, par chèque ou par mandat au profit de l’Etat sous la
dénomination de droit d’enregistrement.
III – PAIEMENT DE DROITS AVANT L’ENREGISTREMENT
« Les droits d’enregistrement sont payés avant l’accomplissement de la formalité. Nul ne
peut en atténuer ni différer le paiement sous prétexte de contestation sur la quotité, ni
pour quelque motif que ce soit, sauf à se pourvoir en restitution s’il y’a lieu ».art 460 du
CGI.

Aucune autorité publique, ni l’Administration, ni ses préposés, ne peuvent accorder de


remise ou modération des droits, ni en suspendre ou faire suspendre le recouvrement,
sans en devenir personnellement responsable.

IV– OBLIGATION AU PAIEMENT


Les droits d’enregistrement sont acquittés :

- par les notaires, les huissiers et autres personnes ayant pouvoir de faire des exploits ou
procès-verbaux pour les actes de leur ministère,

- par les parties pour les actes sous seing privé et les décisions de justice,

- par les secrétaires d’administrations (Greffiers),

- par les héritiers, légataires et donataires, leurs tuteurs ou curateurs pour les testaments
et autres libéralités pour cause de décès.

V- SOLIDARITE DES PARTIES


Les parties et les cohéritiers sont solidaires vis-à-vis du Trésor public pour le paiement des
droits simples et des amendes ou pénalités.

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SECTION II : LE FAIT GENERATEUR – L’ASSIETTE ET LA


LIQUIDATION DES DROITS

I - FAIT GENERATEUR

Pour les actes et les mutations obligatoirement soumises à la formalité de


l’enregistrement,  la créance de l’Etat résulte de la rédaction de l’acte ou de la mutation.
Par la suite, l’impôt constitue un droit immédiatement acquis échappant aux modifications
de tarifs survenues entre l’époque de son ouverture et celle de son paiement.
Pour les actes non soumis obligatoirement à la formalité de l’enregistrement, le fait
générateur se place à la date de la présentation volontaire.
II – ASSIETTE
Les droits d’enregistrement sont assis sur les valeurs des biens transmis.
La valeur d’un bien correspond au prix que le jeu normal de l’offre et de la demande
permet d’obtenir à un moment donné de la vente d’un bien déterminé, abstraction faite de
toute valeur de convenance qui pourrait être offerte.
En général,  la valeur du bien figure dans l’acte. Mais, si la valeur imposable ne résulte pas
de l’acte, les parties sont tenues d’y supplier par une déclaration estimative faite au pied
de l’acte sous peine de refus de la formalité.
III - LIQUIDATION ET PAIEMENT
Pour la perception des droits, il est fait abstraction des sommes ou des valeurs inférieures
à 1.000 FCFA.
Le montant de la base taxable est arrondi au millier de franc inférieur.
L’ensemble des droits variables exigibles sur un acte ou une mutation ne peut être
inférieur à cinq mille (5000) francs correspondant au minimum de perception en matière
de droits d’enregistrement.
SECTION III : LES MARCHES

I - DEFINITION
Le Code des Obligations Civiles et Commerciales définit le marché comme étant le contrat
d’entreprise qui oblige l’entrepreneur à effectuer un travail pour le maître d’ouvrage sans
créer entre les parties un lien de subordination.
Quant au Code Civil Français, le louage d’ouvrage est défini comme étant le contrat par
lequel l’une des parties s’engage à faire pour l’autre quelque chose moyennant un prix
convenu entre- elles.
De ces deux définitions, on retient que les marchés ou louage d’ouvrages peuvent être
classés en deux catégories :

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Cours de Fiscalité des Entreprises

- lorsqu’on charge quelqu’un de faire un ouvrage en convenant qu’il fournira seulement son
travail ou son industrie, on dit qu’il y a marché louage.
- Quand la personne fournit et son travail et la matière première, il y a marché vente.
II – MARCHES ASSUJETTIS A LA FORMALITE
Les marchés soumis au code des marchés sont assujettis à un droit de 1 %.
Par contre, ne sont assujettis que les marchés publics c’est-à-dire les marchés passés par
l’Etat, les Collectivités publiques, notamment les Régions, les Communes, les
Communautés rurales, les Communes d’arrondissement et les Etablissements publics
autres que les EPIC (Etablissement Public à Caractère Industriel ou Commercial).
Les EPIC sont des entreprises publiques bénéficiant de l’autonomie financière.
III - ASSIETTE ET LIQUIDATION DU DROIT DE MARCHE
Le droit de marché est liquidé sur le prix hors taxes exprimé ou sur l’évaluation de
l’ensemble des livraisons et travaux incombant au fournisseur.
IV- LES EXONERATIONS ET LES EXEMPTIONS
Sont exonérés les marchés passés par le Ministère des Forces Armées pour l’entretien et
l’approvisionnement en denrées du service des substances militaires et les marchés passés
par les établissements hospitaliers nationaux ou communaux.
Sont exempts de la formalité les marchés de production, du transport et de la distribution
d’eau et d’électricité.

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