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Université de Manouba Année universitaire 2020-2021

ISCAE

COURS

LE CONTROLE ET LE CONTENTIEUX FISCAL


DANS LE CODE DES DROITS ET PROCEDURES FISCAUX

1
Plan sommaire
INTRODUCTION

PREMIERE PARTIE : LE CONTROLE FISCAL

CHAPITRE I : LES REGLES FONDAMENTALES DU CONTROLE


FISCAL
SECTION I : L’ETENDUE DE LA MISSION DU CONTROLE :
SECTION II. LES OBLIGATIONS ENTOURANT LE CONTROLE
FISCAL
CHAPITRE II. LE DEROULEMENT DE LA PROCEDURE DU
CONTROLE FISCAL
SECTION I. LE DECLENCHEMENT DE LA VERIFICATION
SECTION II. LA CLOTURE DE LA VERIFICATION

DEUXIEME PARTIE. LE CONTENTIEUX FISCAL

CHAPITRE I. LE CONTENTIEUX DE L’ASSIETTE DE L’IMPOT


SECTION I. LE RECOURS DEVANT LES TRIBUNAUX DE PREMIERE
INSTANCE
SECTION II. LES PROCEDURES DEVANT LA COUR D’APPEL
SECTION III.LES PROCEDURES DEVANT LE TRIBUNAL
ADMINISTRATIF
CHAPITRE II. LE CONTENTIEUX FISCAL PENAL
SECTION I. LA CONSTATATION DES INFRACTIONS FISCALES
PENALES
SECTION II. LES POURSUITES JUDICAIRES DES INFRACTIONS
FISCALES PENALES

2
NTRODUCTION

Les obligations fiscales des contribuables sont essentiellement fondées sur les
déclarations qu'ils établissent et qui sont présumées êtres exactes et sincères.
Ces déclarations sont contrôlées par l'administration fiscale, afin d'en déceler les
erreurs, les omissions ou les insuffisances. Ce contrôle interne peut conduire à un
redressement.
Cependant, dans certains cas, ce premier contrôle ne suffit pas à assurer le
principe d'égalité devant l'impôt. L'Administration est donc souvent conduite à
demander des renseignements complémentaires au contribuable ou à des tiers, ou
encore à procéder à une vérification.
La procédure de vérification se déroule en partie dans les locaux de l'entreprise et
entraîne une certaine perturbation dans son fonctionnement.
Pour cette raison, le contribuable, supposé de bonne foi, possède des droits et des
garanties et les pouvoirs de l'administration fiscale sont strictement définis.
Le système fiscal tunisien se caractérise par le dépôt spontané des déclarations
par le contribuable : il s’agit d’un système déclaratif.
L’article 2 du code des droits et procédures fiscaux 1 prévoit, en effet, effet,
que « l’accomplissement du devoir fiscal suppose la déclaration spontanée de impot
l’impôt dans les délais impartis et le respect des autres obligations prescrites parrr par
la législation fiscale », et ce, en conformité avec la constitution (2).

1 L’article premier du code des droits et procédures fiscaux prévoit que « le présent code fixe
les dispositions relatives aux droits et obligations du contribuable et aux procédures y
afférentes au niveau du contrôle et du contentieux des impôts, droits, taxes, redevances et
autres prélèvements fiscaux au profit de l’Etat et qui sont désignés dans ledit code par le
terme « impôt ».

Les dispositions du présent code ne sont pas applicables aux droits de douane et autres
droits, impôts et taxes perçus à l’importation qui demeurent régis par les dispositions du code
des douanes ». Cette disposition exclue, en effet, du champ d’application du code le
contentieux de la fiscalité locale, le contentieux de la fiscalité douanière y compris la TVA et
les droits de consommation à l’importation, le contentieux portant sur les droits, taxes et
redevance au profit des entreprises et des établissements publics telles que la contribution au
profit de l’ERTT, ou les redevances au profit de la Conservation de la propriété foncière.

2. Il s’agit notamment de l’article 10 de la constitution tunisienne du 27 janvier 2014 qui


prévoit que « l’acquittement de l’impôt et la contribution aux charges publiques,
conformément à un système juste et équitable, constituent un devoir. L’État met en place les
mécanismes propres à garantir le recouvrement de l’impôt et la lutte contre l’évasion et la
fraude fiscales. Il veille à la bonne gestion des deniers publics et prend les mesures
nécessaires pour les utiliser conformément aux priorités de l’économie nationale. Il agit en
3
Le contribuable en souscrivant ses déclarations fiscales bénéficie d’une
présomption d’exactitude et de sincérité. Le corollaire logique
du système déclaratif étant le contrôle fiscal.
Ces déclarations demeurent soumises au contrôle des services de l'administration
fiscale conformément à la législation fiscale en vigueur.
L'opération de contrôle vise essentiellement à s’assurer de la régularité du dépôt
des déclarations et de leur exactitude ; elle constitue aussi une occasion pour
orienter le contribuable et le renseigner sur ses droits et obligations prévus par la
législation fiscale.
L'Administration dispose, de divers moyens destinés à réprimer les infractions
aux dispositions de la législation fiscale et permettant le recouvrement des droits
non acquittés dans les délais prévus par la législation fiscale en vigueur.
De leur côté, les contribuables peuvent contester les impositions ou sanctions
fiscales jugées arbitraires ou injustifiées ou demander le remboursement d'impôts
payés en trop ou indûment payés. Ils peuvent également s’opposer devant les
tribunaux aux décisions de l’administration fiscale en matière de taxation
d’office, de retrait du régime forfaitaire d’imposition ou encore en matière de
restitution des montants d’impôts indument payés.
Le contrôle fiscal doit être exercé dans la limite des garanties attribuées aux
contribuables et prévues par le code des droits et des procédures fiscaux (CDPF)
promulgué par la loi n°2000-82 du 9 août 2000 et mis en application à compter
du 1ier janvier 2002 selon ladite loi (article 07).
Le contentieux fiscal résultant des désaccords entre les contribuables et
l’administration fiscale est régit par les dispositions du code de procédure civile
et commerciale et les dispositions particulières prévues par le code des droits et
procédures fiscaux.
Ainsi les contribuables, personnes physiques et personnes morales, sont soumis à
des obligations fondamentales prévues par le code de l’IR et de l’IS, le code de la
TVA et le code des droits d’enregistrement et de timbre.
Ces obligations fondamentales des contribuables comprennent :
-Les obligations déclaratives ;
-Les obligations en matière de comptabilité ;
-Les obligations en matière de factures ;

I- Les obligations déclaratives :

Les obligations déclaratives du contribuable comprennent notamment:

vue d’empêcher la corruption et tout ce qui est de nature à porter atteinte à la souveraineté
nationale ».

4
-La déclaration d’existence;
-Les déclarations relatives à la déclaration et au paiement de l’impôt et les
documents à joindre à ces déclarations pour justifier la liquidation de l’impôt.
-La déclaration de l’employeur;
-La déclaration de cessation…

A- La déclaration d’existence :

Toute personne qui s'adonne à l’exercice d’une activité industrielle,


commerciale, ou d’une profession non commerciale ainsi que toute personne
morale soumise à l’impôt sur les société est tenue, avant d’entamer l’exercice de
l’activité ou de la profession, de déposer au bureau de contrôle des impôts du lieu
de son imposition (3) une déclaration d’existence, selon un modèle établi par
l’administration (4).

3. Conformément à l’article 3 du CDPF qui prévoit que « sous réserve des dispositions des
articles 10, 11 et 12 du code des droits d’enregistrement et de timbre relatives au lieu de
l'enregistrement des actes et écrits, les impôts régis par le présent code doivent être établis et
déclarés :

1. au lieu de l'établissement principal pour les personnes physiques exerçant une activité
commerciale, industrielle, artisanale ou une profession non commerciale dans le cadre d'un
ou de plusieurs établissements sis en Tunisie ;

2. au lieu du domicile principal pour les personnes physiques réalisant des revenus ou
bénéfices provenant exclusivement de sources autres que les activités professionnelles visées
au paragraphe 1 du présent article ou provenant de l’étranger. A défaut de domicile en
Tunisie, l’impôt doit être établi et déclaré au lieu de la source principale des revenus et
bénéfices ;

3. au lieu du siège social ou de l'établissement principal pour les sociétés et autres personnes
morales. A défaut de siège social ou d'établissement stable en Tunisie, l’impôt doit être établi
et déclaré au lieu de la source principale des revenus et bénéfices.

Nonobstant les dispositions du premier paragraphe du présent article à l’exception des droits
d’enregistrement, le lieu de l’établissement des impôts régis par les dispositions du présent
code peut être désigné par un décret en se basant sur des critères qui prennent en
considération notamment le secteur d’activité des contribuables et l’importance du chiffre
d’affaires. Le champ et les conditions d’application des dispositions du présent paragraphe
sont fixés par décret.

Les contribuables exerçant leurs activités professionnelles dans plusieurs établissements


doivent joindre à leurs déclarations fiscales des renseignements détaillés sur l'activité de
chacun de leurs établissements, et ce, selon un modèle fourni par l'administration.

Le service de l’administration fiscale ayant procédé à la notification au contribuable d’un


avis de vérification fiscale approfondie ou des résultats d’une vérification fiscale préliminaire
5
B- Les déclarations et les documents relatifs à la déclaration et au
paiement de l’impôt:

Les contribuables sont tenus de déposer leurs déclarations fiscales exigibles selon
les délais prévus par la législation en vigueur et de présenter à la formalité de
l'enregistrement les contrats et actes obligatoirement soumis à cette formalité
dans les délais prévus par le code des droits de l'enregistrement et de timbre.
Les obligations relatives à la déclaration de l’impôt couvrent particulièrement:

1-Les déclarations annuelles de revenus ou des bénéfices :


Il s’agit de :
-la déclaration de l’impôt sur les sociétés pour les personnes morales soumises à
l’IS.
- la déclaration annuelle des bénéfices des sociétés de personnes, des
groupements et sociétés, dont le régime fiscal est assimilé à celui des sociétés de
personnes.

et de toutes autres démarches ou procédures postérieures, demeure le service compétent au


cas où le contribuable lui signifie le changement de son domicile fiscal conformément aux
dispositions de l’article 57 du code de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et de
l’impôt sur les sociétés, après son intervention de la manière sus indiquée et ce dans la limite
des impôts et de la période mentionnés dans la notification faite au contribuable. .

Les dispositions prévues par le présent article ne font pas obstacle à l'exercice du droit de
contrôle par les agents de l'administration fiscale dans la circonscription de laquelle se situe
le lieu d'exercice de l'activité du contribuable ».

4. L’article 56 du code de l’IRPP et de l’IS prévoit à cet égard que « Toute personne qui
s'adonne à l'exercice d'une activité industrielle, commerciale, ou d'une profession non
commerciale à l’exception des intervenants dans la distribution des marchandises, des
produits et des services visés à l’article 51sexies du présent code ainsi que toute personne
morale visée à l'article 45 du présent code est tenue, avant d'entamer son activité de déposer
au bureau de contrôle des impôts du lieu de son imposition une déclaration d'existence selon
un modèle établi par l’administration.

La déclaration d'existence doit être accompagnée :

- d'une copie des actes constitutifs pour les personnes morales ; - d'une copie de l'agrément
ou de l'autorisation administrative lorsque l'activité ou le local où elle s'exerce est soumis à
une autorisation préalable.

Le bureau de contrôle des impôts compétent délivre aux personnes susvisées une carte
d’identification fiscale. Les personnes concernées sont tenues de l’accrocher au lieu de
l’exercice de l’activité ».

6
-la déclaration de l’impôt sur le revenu des personnes physiques.
Ces déclarations doivent être déposées auprès de la recette des finances du lieu
d’imposition au titre des revenus réalisés l’année précédente selon les délais
prévus à cet effet par la législation fiscale en vigueur 5.

5
Ces délais sont fixés par l’article 60 du code de l’IRPP et de l’IS qui prévoit que : « I. Le dépôt de la
déclaration annuelle de l'impôt sur le revenu des personnes physiques ou de l'impôt sur les sociétés, même en
cas d'exonération totale dans le cadre des avantages fiscaux, doit s'effectuer dans les délais suivants :
1- Personnes physiques
a) Jusqu’au 25 février pour les personnes qui réalisent des revenus de capitaux mobiliers ou des revenus de
valeurs mobilières ou des revenus fonciers ou des revenus de source étrangère autres que les salaires, pensions
et rentes viagères;
a bis) Le délai prévu à l’alinéa (a) susvisé s’applique à la déclaration de la plus-value visée à l’article 31
bis et de la plus-value mentionnée au deuxième paragraphe de l’article 3 du présent code. b) jusqu'au 25 avril
pour les commerçants ;
c) jusqu'au 25 mai pour les prestataires de services et les personnes qui exercent une activité industrielle ou
une profession non commerciale ainsi que les personnes qui exercent plusieurs activités ou qui réalisent plus
d'une seule catégorie de revenu. Les revenus visés à l'alinéa (a) ci-dessus sont considérés comme une seule
catégorie ;
d) jusqu'au 25 juillet pour les personnes qui exercent une activité artisanale ; Ce délai s'applique également
aux personnes qui réalisent, en plus des bénéfices des activités artisanales, les revenus visés à l'alinéa "a" du
présent paragraphe.
e) jusqu'au 25 août pour les personnes qui réalisent des bénéfices d'exploitation agricole ou de pêche.
La déclaration doit être déposée jusqu’au vingt cinquième jour du troisième mois qui suit la date de clôture
de l’exercice si celui-ci est arrêté à une date autre que le 31 décembre ;
Ce délai s'applique également aux personnes qui réalisent, en plus des bénéfices de l'exploitation agricole ou
de pêche, les revenus visés aux alinéas « a » et « d » du présent paragraphe.
f) jusqu'au 5 décembre pour les salariés et les bénéficiaires de pensions ou de rentes viagères et ce, pour les
salaires, pensions et rentes viagères de source tunisienne et étrangère.
Ce délai s'applique également aux personnes qui réalisent, en plus des salaires, pensions ou rentes viagères,
les revenus visés aux alinéas « a » et « e » du présent paragraphe.
2- Personnes Morales
La déclaration doit être déposée dans un délai n'excédant pas le 25 mars de chaque année ou dans un délai
n'excédant pas le vingt cinquième jour du troisième mois qui suit la date de clôture de l'exercice si celui-ci est
arrêté à une date autre que le 31 décembre. Ce délai s’applique à l’impôt prévu à l’alinéa « c bis » du
paragraphe I de l’article 52 du code de l’impôt sur le revenu des personnes physiques et de l’impôt sur les
sociétés.
Les déclarations comportant liquidation de l’impôt sur les sociétés pour les sociétés soumises légalement à
l’audit d’un commissaire aux comptes lorsqu’elles sont déposées avant la réunion de l’assemblée générale des
associés devant approuver les comptes dudit exercice ou avant la certification des comptes de l’année
concernée par un commissaire aux comptes pour les sociétés unipersonnelles à responsabilité limitée,
conservent un caractère provisoire et sont susceptibles de modifications dans les 15 jours qui suivent la date
d’approbation ou de la certification des comptes selon le cas et au plus tard le vingt cinquième jour du
troisième mois suivant la date limite fixée à l’alinéa précédent
II. La déclaration relative à la plus-value visée aux paragraphes 2 et 3 de l'article 27 du présent code doit être
déposée, au plus tard, à la fin du troisième mois qui suit celui de la réalisation effective de la cession. L'impôt
dû au titre de la plus-value de cession immobilière, visée au paragraphe 3 de l'article 27 du présent code est
payé au vu d'une déclaration initiale à déposer au cours du mois qui suit la date de la notification de la valeur
fixée par l'expert du domaine de l'Etat.
L'impôt perçu sur cette base constitue une avance déductible de l'impôt dû lors de la cession effective de tout

7
Les personnes morales et les personnes physiques soumises au régime réel
d’imposition doivent joindre à la déclaration annuelle les états financiers et les
états justifiant la déduction des amortissements, des provisions, des dons et
subventions accordés… 6

2- Les déclarations mensuelles :

Il s’agit d’une déclaration mensuelles unique qui sert pour la déclaration de


la TVA et autres taxes sur le chiffre d’affaires (droit de consommation, TCL, taxe
hôtelière, FODEC…), de la retenue à la source et des taxes sur le salaire (TFP,
FOPROLOS) et du droit de timbre.
La déclaration mensuelle doit être déposée avant le 15 du mois suivant
pour les personnes physiques et avant le 28 du mois suivant pour les personnes
morales7.

3-Les acomptes provisionnels:

Sont soumises aux acomptes provisionnels 8 les personnes physiques soumises à


l’impôt sur le revenu selon le régime réel à raison des bénéfices industriels et
commerciaux et des bénéfices des professions non commerciales ainsi que les
personnes morales passibles de l’impôt sur les sociétés.
Les acomptes provisionnels sont acquittés en trois échéances égales s’élevant
chacune à 30 % de l’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur les sociétés dû au titre

ou partie du terrain. Cette avance constitue un minimum d'impôt dû au titre de la plus-value réalisée lors de la
cession.
La main-levée ne peut être délivrée aux attributaires de terres domaniales à vocation agricole par voie de
cession qu'après justification du paiement de l'impôt sur le revenu au titre de la plus-value immobilière. La
main-levée en question peut être délivrée après le dépôt de la déclaration initiale de la plus-value et la
justification du paiement de l'impôt sur cette base sauf reprise par l'Etat des terres conformément à la
législation en vigueur.
En cas de non déclaration de l'impôt sur le revenu au titre de la plus-value visée au paragraphe 2 de l'article
27 du présent code, les services du contrôle fiscal peuvent, à l'expiration d'un délai d'un mois à compter de la
date de la mise en demeure de l'intéressé, appliquer d’office une avance au titre de l’impôt précité liquidée au
taux de 2,5% du prix de la cession déclaré dans l’acte.
La constatation n'a pas lieu s'il est justifié que l'impôt a fait l'objet d'une retenue à la source conformément
aux dispositions de l'article 52 du présent code.
III. Les personnes visées au paragraphe 3 de l'article 7 du présent code doivent déposer leur déclaration et
payer les impôts à leur charge dans le mois qui précède celui de leur départ.
IV. En cas de décès, la déclaration doit être déposée par les ayants droit du défunt dans les 6 mois de la date
du décès et ne peut donner lieu à un impôt excédant la moitié de l'actif net successoral avant paiement des
droits de mutation par décès ».
6
Conformément à l’article 59 du code de l’IRPP et de l’IS
7
En application de l’article 18 du code de la TVA et l’article 52-IV du code de l’IRPP et de l’IS
8
Articles de 51 à 51 sexies du code de l’IRPP et de l’IS.

8
des revenus ou des bénéfices à l’année précédente.

C-La déclaration de l’employeur 9 :

Les débiteurs des rémunérations ayant fait l’objet d’une retenue à la source
doivent déposer la déclaration de l’employeur auprès du service fiscal du lieu
d’imposition, dans un délai n’excédant pas le 30 avril de l’année suivant celle au
titre de laquelle les retenues ont été opérées.
La déclaration en question doit comporter les montants des honoraires
commissions, courtages, rémunérations occasionnelles ou accidentelles,
ristournes commerciales ou non accordées aux tiers et l’identité complète des
bénéficiaires.
Il s’agit d’un moyen de contrôle qui permet de faire le rapprochement entre
les revenus déclarés par les bénéficiaires des rémunérations et les informations
fournies par la déclaration en question.

D- La déclaration de cessation10:

Dans le cas de cession ou de cessation totale d’une entreprise industrielle,


commerciale, artisanale ou d’une activité non commerciale, les bénéfices réalisés
dans l’exploitation faisant l’objet de la cession ou de la cessation et qui n’ont pas
été imposés ainsi que les provisions non encore employées doivent être imposés
au niveau d’une déclaration à déposer au près de la recette des finances ou du
bureau de contrôle des impôts du lieu d’imposition dans un délai de 15 jours à
compter de la date de cession ou de la fermeture définitive en cas de cessation.

II- Les obligations en matière de comptabilité :

La comptabilité est un procédé décrivant l'activité de l'entreprise et sa situation


économique et financière. Elle constitue à ce titre un moyen de preuve à l'égard
des tiers et constitue par ailleurs un instrument de mesure des richesses et un
système de représentation du processus de création des richesses destiné à
protéger les intérêts du trésor, en ce sens qu'elle permet le calcul des différentes
bases d'imposition et de justifier les déclarations fiscales de l'entreprise.
Les obligations en matière de comptabilité portent sur :
-L’obligation de tenue de comptabilité ;
-L’obligation de présenter la comptabilité aux agents de l’administration fiscale ;

9
Article 55 du code de l’IRPP et de l’IS
10
Article 58 du code de l’IRPP et de l’IS

9
-La conservation des documents comptables.

A- L’obligation de tenue de comptabilité 11 :

L’obligation de tenir une comptabilité conformément au système comptable des


entreprises et mise à la charge des:
-personnes morales visées aux articles 4 et 45 du code de l’IRPP et de l’IS,
-personnes physiques soumises à l’impôt sur le revenu au titre des bénéfices
industriels et commerciaux et des bénéfices non commerciaux ;
-ainsi que toute personne physique qui a opté pour l’imposition selon le régime
réel.
Cette obligation couvre la tenue des documents comptables obligatoires (le
journal général, le grand livre, le livre d’inventaire et la balance), la présentation
des états financiers (bilan, état du résultat, état du flux de trésorerie et les notes
aux états financiers) et le respect des normes comptables Tunisiennes.
Le journal général et le livre d'inventaire doivent être côtés et paraphés et ne
doivent comporter ni blanc ni altération et la présentation des pièces justificatives
des écritures comptables est indispensable.
Les documents écrits issus de l'informatique présentés par les entreprises qui
tiennent leur comptabilité sur ordinateur peuvent tenir lieu des livres et journaux
auxiliaires à condition qu'ils soient identifiés, numérotés et datés dès leur
élaboration par des moyens offrant toute garantie en matière de preuve.
Les entreprises qui tiennent leur comptabilité sur ordinateur doivent centraliser au
moins une fois par mois l'ensemble des écritures comptables ainsi que les totaux
des opérations et des soldes dans le journal général et le grand livre tenus
manuellement12.
Les personnes physiques qui réalisent des revenus de la catégorie des bénéfices
industriels et commerciaux peuvent tenir une comptabilité simplifiée conforme à
la législation comptable des entreprises 13
Ces personnes doivent tenir un registre côté et paraphé par le service du contrôle
des impôts territorialement compétent, sur lequel sont portées au jour le jour, les
recettes et les dépenses du contribuable.

11
Article 62 du code de l’IRPP et de l’IS

12 Article 14 de la loi 96-112 du 26 décembre 1996 relative au système comptable des entreprises.

13 La tenue d’une simplifiée implique la tenue:


- d’un registre côté et paraphé par les services du contrôle fiscal sur lequel sont portés au jour le jour les
produits bruts et les charges sur la base des pièces justificatives;
-d’un un livre d'inventaire côté et paraphé par les services de contrôle fiscal où sont enregistrés annuellement
les immobilisations et les stocks.

10
B- L’obligation de présenter la comptabilité aux agents de l’administration
fiscale14 :

Cette obligation couvre pour les entreprises qui tiennent une comptabilité
informatisée, les documents comptables obligatoires tels que définis par le
système comptable des entreprises, les programmes, les logiciels et les
applications informatiques utilisées pour arrêter les comptes et établir l’impôt.

C- La conservation des documents comptables :

Les documents comptables et les états financiers relatifs à un exercice comptable


et les pièces justificatives correspondantes doivent être conservés pendant au
moins une période de dix ans 15.

III- Les obligations en matière d’établissement et d’utilisation des


factures16 :

La facture constitue un document de base pour la justification des charges


supportées et des immobilisations acquise par les personnes soumises au régime
réel d’imposition et la déduction de la TVA supportée au titre des achats des
biens et services nécessaires à l’exploitation.
Les obligations en matière des factures incombent aux assujettis à la TVA 17 ainsi
qu’à toute personne physique ou morale soumise légalement à l’obligation de
dépôt de la déclaration d’existence, à l’exclusion des personnes physiques
réalisant des bénéfices industriels et commerciaux soumises au régime forfaitaire
d’imposition prévu par l’article 44 bis du code de l’IR et de l’IS.
Les assujettis à la TVA doivent établir des factures numérotées dans une série
chronologique ininterrompue comportant des mentions obligatoires permettent
d’identifier le client, le fournisseur, la nature du bien ou du service, les quantités,
le prix et le montant de la TVA.
Les marchandises transportées doivent être accompagnées soit d’une facture, soit
des documents en tenant lieu.

IV- La retenue à la source :

14
Article 9 du code des droits et procédures fiscaux
14 Article 62 du code de l’IR et de l’IS, article 25 de la loi relative au système comptable des entreprises
16
Article 18 du code de la TVA

17 Article 18 du code de la TVA

11
L’impôt sur le revenu et l’impôt sur les sociétés sont payés, sauf exceptions
prévues par la loi, par voie de retenues à la source, d’avances et d’acomptes
provisionnels et par voie de régularisation lors du dépôt de la déclaration annuelle
de l’IR ou de l’IS.
La TVA fait l’objet également d’une retenue à la source au titre des opérations
réalisées avec le secteur public et des opérations des services ou de location
réalisées en Tunisie par des personnes non résidentes et non établies.

A- La retenue à la source au titre de l’IR et de l’IS :

L'impôt sur le revenu et l'impôt sur les sociétés font l'objet d'une retenue à la
source18, cette retenue doit être effectuée par la personne qui paie les revenus,
que ce paiement soit effectué pour son propre compte ou pour le compte d'autrui.
La retenue à la source est prélevée sur les rémunérations brutes servies à certains
contribuables domiciliés en Tunisie et pour lesquels la législation fiscale a
institué des modalités spécifiques pour le paiement de l'impôt.
Les retenues à la source ainsi réalisées sont libératoires de l’impôt sur le revenu
ou de l’impôt sur les sociétés.
Toutefois, les personnes concernées peuvent opter pour le paiement de l’impôt
sur le revenu ou à l’impôt sur les sociétés sur la base des revenus ou bénéfices
nets réalisés au titre de ces activités et déterminés conformément aux dispositions
du code de l’IR et de l’IS.
L’impôt sur le revenu dû à raison des traitements, salaires, pensions et rentes
viagères y compris la valeur des avantages en nature, donne lieu à une retenue à
la source obligatoire à opérer par employeur ou le débiteur des rentes ou des
pensions établi ou domicilié en Tunisie.
Les personnes qui perçoivent des particuliers, des sociétés ou des associations,
domiciliés ou établis hors de Tunisie, des traitements, salaires, ou rentes viagères,
sont tenues d’opérer elles- mêmes la retenue d’impôt. 19
L’article 53 du code de l’IRPP et de l’IS a défini les modalités de calcul de la
retenue à la source, celles-ci différent selon qu’il s’agit d’un employeur
informatisé ou non informatisé.
A partir du 1ier janvier 2014 les traitements et salaires servis à des salariés non
résidents qui travaille en Tunisie pour une période ou des périodes ne dépassant
pas 6 mois sont imposable par voie de retenue à la source libératoire au taux de
20% sur leur montant brut. 20

18 Les articles 52 et 53 du code de l’IRPP et de l’IS

19
Ajouté par l’article 36 de la loi de finances pour l’année 2007.

20 Ajouté par l’article 52 de la loi de finances pour l’année 2014

12
B- La retenue à la source au titre de la TVA:

La retenue à la source au titre de la TVA doit être effectuée :


1- Au taux de 25% du montant de la TVA applicable sur les montants supérieurs
ou égaux à 1.000 dinars payés par l’Etat, les collectivités locales, les entreprises
et établissements publics au titre de leurs acquisitions des biens et services. 21
2- Au taux de 100% du montant de la TVA applicable aux opérations soumises à
la TVA réalisées en Tunisie par des personnes non résidentes et non établies en
Tunisie. 22
Les retenues effectuées à quelque titre que ce soit doivent être reversées à la
recette des finances compétente :
- dans les 15 premiers jours du mois suivant celui au cours duquel les retenues
sont effectuées pour les personnes physiques.
- dans les 28 premiers jours de ce même mois pour les personnes morales.

C- L’avance au titre des achats des forfaitaires 23 :

A compter du 1ier janvier 2013, les industriels et les commerçants grossistes


doivent appliquer une avance au taux de 1 % sur leurs ventes aux personnes
physiques soumises à l’IR selon le régime forfaitaire au titre des bénéfices
industriels et commerciaux ou selon le régime du forfait d’assiette au titre des
bénéfices non commerciaux.
L’avance n’est pas applicable sur la vente des produits soumis à
l’homologation administrative des prix.
L’avance en question est déductible de l’IR dû par les personnes qui l’ont
supportée lorsqu’elle se rapporte à des achats nécessaires à l’exploitation.
Les débiteurs de l’avance doivent porter sur la déclaration de l’employeur
l’identité complète des clients concernés, le montant des achats ayant supporté
l’avance et les montants des avances appliquées.
Cette nouvelle mesure constitue un moyen efficace pour améliorer le
rendement du secteur forfaitaire et la lutte contre la fraude fiscale causée par les
faux forfaitaires.

D- Les conséquences du non respect des obligations en matière de retenue à


la source :

21
Article 19 bis du code de la TVA
22
Article 19 du code de la TVA
23
Article 51 quater du code de l’IRPP et de l’IS

13
1-Cas du défaut d’application de la retenue à la source ou son application de
manière insuffisante :

Le défaut d’application de la retenue à la source au titre de l’IR ou de l’IS sur les


rémunérations servies à des personnes résidentes ou établies en Tunisie ou au titre
de la TVA ou son application de manière insuffisante donne lieu à la réclamation
d’une amende fiscale égale à la retenue non effectuée. Le montant de l’amende
est doublé en cas de récidive dans un délai de deux ans 24.

Le défaut d’application de la retenue à la source au titre de l’IR ou de l’IS sur les


rémunérations servies à des personnes non résidentes et non établies en Tunisie
donne lieu à la réclamation de la retenue à la source déterminée selon la formule
de prise en charge T/100-T 25(T représente le taux de la retenue à la source prévu
par le droit interne) majorée de pénalités de retard 26. Ce taux est relevé à 25%
lorsqu’il s’agit de rémunération ou des revenus au profit de personnes
domiciliées dans des paradis fiscaux.

2- Cas du non reversement de la retenue à la source :

La retenue à la source effectuée au cours d’un mois doit être reversée à la recette
des finances du lieu d’imposition, avant le 15 du mois suivant pour les personnes
physiques et le 28 du mois suivant pour les personnes morales.
Le retard dans la déclaration et le reversement de la retenue à la source donne lieu
à l’application des pénalités de retard prévues par les articles 81, 81 bis nouveau
et 82 du CDPF.
Toutefois, lorsque le retard est supérieur à 6 mois à compter de la date
d’exigibilité, l’infraction fiscale commise est considérée comme étant une

24 Article 83 du CDPF

25 L’article 52 IV du code de l’IR et de l’IS prévoit que « la retenue à la source libératoire de l’impôt sur le
revenu ou de l’impôt sur les sociétés qui n’a pas été opérée, est considérée comme étant à la charge de son
débiteur effectif. Ladite retenue est exigible dans ce cas selon la formule de prise en charge de l’impôt
suivante :
100 x Taux de la retenue à la source 100 – Taux de la retenue à la source
(Modifié Art.33 LF.93-125 du 27/12/1993 et Art 23 LF 2014-59 du 26 décembre 2014)
Le taux de la retenue à la source prévu au troisième tiret de l’alinéa « b » et aux alinéas « c », « c bis » et « e
» du paragraphe I du présent article est relevé à 25% lorsque il s’agit de rémunérations ou revenus servis à
des personnes résidentes ou établies dans des paradis fiscaux ».

26 Articles 81, 81 bis et 82 du CDPF

14
infraction fiscale pénale donnant lieu en plus de l’application des pénalités de
retard, à l’application de sanctions pénales sous forme d’une sanction financière
variant entre 1000 et 50.000 dinars et d’une peine d’emprisonnement variant
entre 16 jours et 3 ans.27
Ces principales obligations fiscales incombant aux contribuables, font l’objet
d’un contrôle de la part des services de l’administration fiscale et qui peut aboutir
à un contentieux, en cas de désaccord opposant les deux parties, impliquant
l’intervention du juge. Par ailleurs, la loi prévoit des sanctions en cas de non
respect des obligations fiscales mais aussi la possibilité de médiation et de
conciliation entre contribuables et administration fiscale.
Nous consacrerons, ainsi, une première partie de ce cours à l’étude du contrôle
fiscal, une deuxième partie à l’étude du contentieux fiscal .

27 Article 92 du CDPF

15
PREMIERE PARTIE : LE CONTROLE FISCAL

La législation accorde à l’administration fiscale un droit de contrôle concernant


les prélèvements obligatoires régis par le CDPF. Ce droit doit obéir à certaines
règles générales fondamentales (chapitre premier) lors du déroulement de la
procédure de contrôle fiscal (chapitre deuxième).

CHAPITRE I : LES REGLES FONDAMENTALES DU CONTROLE


FISCAL

Les règles fondamentales entourant l’exercice du contrôle fiscal portent, d’après le CDPF, sur
l’étendue de cette mission (section I) et les obligations qui l’enferment (section II), dont le but
est de concilier entre les droits du contribuable d’une part, et les droits de l’administration
fiscale d’autre part.

SECTION I : L’ETENDUE DE LA MISSION DU CONTROLE :

Le contrôle fiscal doit s’effectuer dans la limite du respect du secret professionnel


(paragraphe I), et du délai de reprise (paragraphe II).

PARAGRAPHE I : LE RESPECT DU SECRET PROFESSIONNEL

Le droit au respect du secret professionnel constitue, généralement, une


obligation imposant à des professionnels de ne pas dévoiler les confidences
recueillies pendant l’exercice de leur profession. Le fondement du secret
professionnel repose sur la nécessité du respect des libertés individuelles.
Ainsi, les agents de l’administration fiscale ou ceux relevant d’autres
administrations (agents de service des douanes, de la sureté nationale, de
transport, de commerce…) sont appelés, dans le cadre de l’exercice de leur
mission de contrôle, de recouvrement ou de contentieux fiscal, par le respect du
secret professionnel. Le non respect de cette règle est passible d’une peine prévue
par les articles 253 et 254 du code pénal28.
Toutefois, le secret professionnel n’est pas absolu ainsi l’article 8 permet aux

28 L’article 253 prévoit que « Celui qui, sans y être autorisé, divulgue le contenu d'une lettre, d'un télégramme
ou de tout autre document appartement à autrui, est puni de l'emprisonnement pendant 3 mois ». De son côté
l’article 254 prévoit que « Sont punis de six mois d'emprisonnement et de cent vingt dinars d’amende, les
médecins, chirurgiens et autres agents de la santé, les pharmaciens, sages-femmes et toutes autres personnes
qui, de par leur état ou profession, sont dépositaires de secrets, auront, hors le cas où la loi les oblige ou les
autorise à se porter dénonciateurs, révélé ces secrets ».

16
agents de contrôle la saisie de copies des documents à l’occasion des opérations
de perquisition et de contrôle.
L’article 15 du CDPF exclus de l’obligation du respect du secret professionnel
fiscal l’échange de renseignements avec les Etats étrangers liés avec la Tunisie
par des conventions d'échange de renseignements et d'assistance administrative
en matière fiscale ainsi que la communication de renseignements sur ordonnance
ou à la demande des autorités judiciaires.
Sont exclus de l’obligation du respect du secret professionnel fiscal la
communication par l’administration fiscale aux organismes suivants :
-Banque Centrale de Tunisie,
- Caisse nationale de sécurité sociale,
- Institut National de la Statistique,
- Agence Technique des Transports Terrestres,
- Registre National des Entreprises,
- Conservation de la Propriété Foncière,

Le secret professionnel devenant lui-même, de plus en plus restrictif, n’est pas la


seule limite au droit de contrôle exercé par l’administration fiscale, les délais de
reprise et la prescription constituent une autre limite à ce droit.

PARAGRAPHE II. LA PRESCRIPTION ET LES DELAIS DE REPRISE

Le contrôle fiscal peut constituer une arme redoutable entre les mains de
l’Administration. Toutefois, à cette prérogative répondent les différents droits et
garanties que la loi accorde au contribuable. Ainsi, l’action de l’administration
fiscale ne peut intervenir sans limite dans le temps. Au-delà d’un certain délai,
qui varie, selon les impôts et selon les situations, le contribuable ne peut être
poursuivi. On parle alors de prescription fiscale ou de délai de reprise, qui
correspond à un délai au-delà duquel l’administration fiscale n’aura plus la
possibilité de rectifier les déclarations de revenus du contribuable et procéder à
un redressement fiscal. C’est donc pendant ce délai que l’administration fiscale
peut procéder à des contrôles et demander des rectifications sur des défauts ou
des erreurs détectés. Une fois ce délai passé, l’Administration ne peut, en
principe, plus agir.
En effet, l'Administration peut vérifier les impôts dans les limites de :
- 4 ans en cas de déclaration de l'impôt : (article 19 du CDPF)29

29 Toutefois, l’article 17 de la loi n°2014-54 du 19 août 2014 portant loi de finances complémentaire pour
l’année 2014 prévoit que : « les omissions et dissimulations constatées dans l’assiette de l’impôt, l’application

17
Ce délai est décompté jusqu'à la fin de la quatrième année qui suit l'année au
cours de laquelle sont réalisés le bénéfice, le revenu, le chiffre d'affaires,
l'encaissement ou le décaissement des sommes ou les autres opérations donnant
lieu à l'exigibilité de l'impôt.
Le délai de prescription en matière de droits d'enregistrement commence à courir
à compter de la date de l'enregistrement de l'acte, du jugement ou de l'écrit.
Les amendes administratives prévues par les articles de 84 bis à 85 du CDPF se
prescrivent à l’expiration de la quatrième année suivant celle au cours de laquelle
l’infraction passible de l’application de l’amende a été commise.
- 6 ans en cas de déclaration du minimum d’impôt.
- 10 ans en cas de non déclaration de l'impôt (article 20 CDPF).
Ce délai commence à courir en matière de droits d'enregistrement à compter de la
date de l'acte, de la cession, de l'écrit ou du jugement. La date des actes sous
seing privé doit être certaine.
- 10 ans en matière de droits de timbre dans tous les cas (article 21 CDPF).
Ces délais peuvent être dépassés en cas d'imputation de déficits, d'amortissements
différés ou de crédits d'impôt provenant de périodes prescrites et ayant une
incidence sur l'assiette ou le montant de l'impôt dû au titre des périodes non
prescrites.

Les délais de reprise, sont applicables aux pénalités liquidées sur le principal de
l'impôt (article 25 CDPF)
La prescription est interrompue par (article 27 CDPF) :
 la notification des résultats de la vérification fiscale,
 la reconnaissance de dette,
 la notification de l'arrêté de taxation d'office,
 Pour les impôts non déclarés par la mise en demeure ou par la
notification de l’avis de vérification approfondie,
 Pour les amendes fiscales administratives en matière de TVA par la
mise en demeure de régularisation.
Les limites dans lesquelles s’exerce le droit de contrôle sont accompagnées par
des obligations qui incombent à la fois au contribuable et à l’administration
fiscale.

de ses taux ou sa liquidation pour les personnes qui ont été précédemment condamnées par des jugements ayant
acquis la force de la chose jugée dans des procès relatifs à la contrebande ou au commerce parallèle sont
réparées jusqu'à la fin de la quinzième année suivant celle au cours de laquelle sont réalisés les revenus,
l’encaissement ou le décaissement de l’argent ou autres opérations donnant lieu à l’exigibilité de l’impôt ».

18
SECTION II. LES OBLIGATIONS ENTOURANT LE CONTROLE
FISCAL

Les obligations concernent le droit accordé à l’administration fiscale de se faire


communiqué toutes les informations nécessaires pour mener à bien sa mission de
contrôle (paragraphe I) d’une part, et le droit accordé au contribuable de se faire
restituer l’impôt trop perçu (paragraphe II) d’autre part.

PARAGRAPHE I. LE DROIT DE COMMUNICATION DE


L’ADMINSTRATION

Le droit de communication de l’administration est le droit reconnu à


l’administration fiscale de prendre connaissance et, au besoin, copie de
documents détenus par des tiers (entreprises privées, administration,
établissement et organismes divers…).
Les renseignements recueillis à cette occasion peuvent être utilisés pour l’assiette
et le contrôle de tous impôts et taxes à la charge de la personne physique ou
morale auprès de laquelle il est exercé, soit de tiers de cette personne.
Il peut également être utilisé dans le cadre de l’assistance technique internationale
auprès des administrations d’autres pays, dans les limites et selon les modalités
prévues par les conventions entre Etats.
Le CDPF accorde à l’administration fiscale le droit de se faire communiqué
auprès toutes les institutions et établissements publics ou privés, sur demande, les
registres, la comptabilité, les factures et les documents qu’ils détiennent d’en
prendre copies. Elle peut aussi avoir des listes nominatives de leurs clients et de
leurs fournisseurs avec les montants des achats et des ventes de marchandises, de
services et de biens effectués dans un délai qui ne doit pas dépasser trente jours à
compter de la date de la notification de la demande écrite ( article 16 CDPF).
L’Etat, les collectivités publiques locales, les établissements et entreprises
publics ainsi que les sociétés dans le capital desquelles l'Etat détient directement
ou indirectement une participation, sont dans l’obligation de faire parvenir à
l'administration fiscale, les renseignements relatifs aux marchés conclus avec les
tiers selon un modèle établi par l'administration, dans un délai qui ne doit pas
dépasser pas trente jours à compter de la date de leur passation. Ils sont aussi
tenus de faire parvenir, dans les quinze premiers jours de chaque semestre, aux
services fiscaux, une liste nominative selon un modèle établi par l’administration
concernant les personnes exerçant une profession libérale et ayant traitée avec
eux. Le droit de communication peut être effectué par les moyens électroniques
(article 16 CDPF).
L’administration fiscale a aussi le droit de se faire communiqué des
renseignements auprès du secteur financier et du secteur des assurances suite à

19
une vérification fiscale préliminaire ou approfondie.
Ainsi, la Banque Centrale de Tunisie, les banques et les institutions financières, y
compris les banques et les institutions financières non résidentes, les sociétés de
gestion de portefeuilles de valeurs mobilières pour le compte des tiers, les
sociétés d'investissement, les sociétés de gestion de fonds, les intermédiaires en
bourse, la Société de dépôt, de compensation et de règlement et l'Office National
des Postes doivent, chaque fois que le fisc le leur demande par écrit, les numéros
des comptes ouverts auprès d'eux au nom et pour le compte du contribuable ou
pour le compte des tiers ou ouverts par les tiers pour le compte du contribuable,
durant la période non prescrite, l'identité de leurs titulaires, ainsi que la date
d'ouverture de ces comptes dans un délai ne dépassant pas vingt jours (article 17
CDPF).
De même les entreprises d'assurances résidentes ou non résidentes, doivent
présenter à l’administration fiscale, chaque fois qu'elle le leur demandent par
écrit, toutes les données relatives aux dates de souscription des contrats de
capitalisation et des contrats d'assurance-vie souscrits auprès d'elles, leurs
numéros et les délais de leurs échéances, dans un délai maximum de 20 jours à
compter de la date de la demande (article 17CDPF).
Ces renseignements doivent parvenir aux services de l’administration fiscale dans
un délai ne dépassant pas les 20 jours à partir de la notification de la demande
lorsque le contribuable ne les présente pas dans un délai de 20 jours à partir de la
date de sa mise en demeure.

Par ailleurs, les institutions financières et d’assurances sont tenues de présenter à


l’administration fiscale, sur demande, ou de façon automatique, les informations
dont elles disposent et requises par les Etats liés à la Tunisie par des conventions
d'échange de renseignements et d'assistance administrative en matière fiscale, dans un
délai de vingt jours à compter de la date de la notification de la demande ou avant trente
jours du délai imparti pour le transfert des renseignements à l'étranger (article 17 bis
CDPF).
La loi qui accorde un pouvoir étendu au profit de l’administration fiscale pour
mener à bien sa mission de contrôle et préserver les deniers publics, octroie aussi
au contribuable le droit de se faire restituer les sommes indûment versées.

PARAGRAPHE II. LE DROIT DE RESTITUTION DES SOMMES


PERÇUES EN TROP

La demande de restitution de l’impôt ou des sommes perçues en trop doit


intervenir à l’administration fiscale dans un délai ne dépassant pas 3 ans à partir
de la date légale de sa restitution (article 28 CDPF).
Les cas de restitution dépendent de la nature de l’impôt faisant l’objet d’une
demande en restitution.
Concernant l’IRPP et l’IS, l’excédent provenant des acomptes provisionnels, des
20
avances ainsi que les retenus à la source non libératoires, payés par le
contribuable ou pour son compte au titre d’un exercice et non imputés (article 54
du code de l’IRPP et de l’IS).Il en est de même pour les excédents en cas de
cessation d’activité ou de cession.
En matière de TVA, au cas où la taxe ne peut être entièrement imputée sur la taxe
sur la valeur due, la fraction non imputée peut être restituée totalement ou
partiellement (article15 du code de la TVA).
Totalement pour :
- des opérations d’exportation de marchandises,
- des services utilisés ou exploités hors de Tunisie,
- des ventes en suspension de la taxe sur la valeur ajoutée,
- de la retenue à la source prévue par les articles 19 et 19 bis du code de la TVA.
-d’une cessation d’activité.
Partiellement pour :
-les déclarations mensuelles de la taxe au titre de trois mois consécutifs, pour le
crédit de taxe provenant des opérations d’investissement direct telles que définies
par l’article 3 de la loi de l’investissement réalisées par les entreprises autres que
celles exerçant dans le secteur financier, les secteurs de l’énergie à l’exception
des énergies renouvelables, des mines, de la promotion immobilière, de la
consommation sur place, du commerce et des opérateurs de télécommunication et
des investissements de mise à niveau réalisés dans le cadre d’un programme de
mise à niveau approuvé par le comité de pilotage du programme de mise à
niveau.
- les déclarations mensuelles de la taxe au titre de six mois consécutifs dans les
autres cas. Dans ce cas est payé une avance de 15% du montant global du crédit
de la taxe sur la valeur ajoutée sans contrôle préalable.
Le taux de l’avance est relevé à 50% pour les entreprises dont les comptes sont
légalement soumis à l’audit d’un commissaire aux comptes.
Le délai de 3 ans de l’action en restitution commence à courir :
- de la date de recouvrement, concernant l’impôt indûment perçu,
- de la date de la réalisation des conditions prévues par l’article 15 du code de la
TVA ou par l’article 54 du code de l’IRPP et de l’IS, pour le crédit d’impôt,
- de la date à laquelle le jugement ou l’arrêt de justice acquiert la force de la
chose jugée, pour l’annulation, la révocation, la résolution ou la rescision
prononcée par la justice visée par le paragraphe II de l’article 74 du code des
droits d’enregistrement et de timbre,
- de la date à laquelle le jugement ou l’arrêt de justice acquiert la force de la
chose jugée, pour les sommes d’impôt perçues dans le cadre d’un arrêté de
taxation d’office ou d’un jugement ou d’un arrêt de justice y afférent et qui ont
été modifiées ou annulées.
L'action en restitution est introduite au moyen d'une demande écrite motivée.
L’administration fiscale doit donner suite à cette demande dans un délai
maximum de six mois. Son rejet doit être motivé et son silence durant ce délai

21
équivaut à un refus implicite de restitution (article 29 CDPF).
Le contribuable peut bénéficier d'un intérêt de restitution au taux de 0,5% des
sommes indûment perçues lors d’une taxation d’office (article 34 CDPF).
La restitution est effectuée par prélèvement sur les recettes au titre de l'impôt ou
des pénalités objet de la restitution (article 35 CDPF) d’un impôt trop perçu
exécuté suite à une procédure de contrôle fiscal.

CHAPITRE II. LE DEROULEMENT DE LA PROCEDURE DU


CONTROLE FISCAL

Le contrôle fiscal des particuliers et des entreprises prend plusieurs formes,


depuis le déclenchement de la vérification (section I) jusqu'à sa clôture (section
II).

SECTION I. LE DECLENCHEMENT DE LA VERIFICATION

La vérification fiscale est générale et s’exerce dans la limite des prélèvements


régis par le CDPF et les délais de reprise. Le CDPF a prévu dans ce cadre deux
types de vérification dont les modes (Paragraphe I) et les règles (Paragraphe II)
sont, en principe, différents.

PARAGRAPHE I. LES MODES DE LA VERIFICATION

Les déclarations déposées auprès de l'administration peuvent faire l'objet de deux


modes de vérification: une vérification préliminaire et une vérification
approfondie (article 36 CDPF).
1. La vérification préliminaire des déclarations, actes et écrits (article 36
CDPF).
Dans l'exercice de ses attributions, l'administration fiscale procède, sans avis
préalable, à la vérification préliminaire des déclarations, actes et écrits déposés.
L'administration doit, à cette occasion, demander, par écrit, des éclaircissements,
des renseignements et des justifications relatifs aux différents éléments du
patrimoine et du train de vie. Le contribuable doit répondre à cette demande, par
écrit, dans un délai de 20 jours à partir de la date de sa notification.
Par ailleurs, les services de contrôle fiscal peuvent utiliser les résultats de
constatations matérielles relevées à l’occasion des visites sans avis préalable des
locaux professionnels, des magasins ainsi que des entrepôts des personnes

22
physiques soumises au régime forfaitaire.
Ce mécanisme concerne tous les contribuables au titre des opérations de
vérification des avantages et incitations fiscales.
L’administration fiscale ne peut pas procéder à une nouvelle vérification
préliminaire du même impôt et pour la même période.
L’administration fiscale informe le contribuable des résultats de la vérification
dans un délai ne dépassant pas 90 jours à compter de la date de l’expiration du
délai de 20 jours imparti pour le contribuable pour présenter sa réponse.
Par ailleurs, l’administration fiscale peut utiliser, dans le cadre de la vérification
préliminaire des déclarations, actes et écrits, les résultats des visites, perquisitions
et constatations matérielles réalisées conformément aux dispositions de l’article 8
afin de vérifier la situation fiscale des personnes physiques soumises à l’impôt sur
le revenu selon le régime forfaitaire, visées par l’article 44 bis du code de l’impôt
sur le revenu des personnes physiques et de l’impôt sur les sociétés, et pour
contrôler les avantages, accordés aux personnes morales ou aux personnes
physiques.
La vérification préliminaire ne fait pas obstacle à la vérification approfondie de la
situation fiscale.
2. La vérification approfondie de la situation fiscale
Cette vérification (article 38 CDPF) concerne toute la situation fiscale du
contribuable ou une partie de celle-ci, elle s'effectue sur la base de la comptabilité
pour le contribuable soumis à l'obligation de tenue de comptabilité et dans tous
les cas sur la base de renseignements, de documents ou de présomptions de fait
ou de droit.
Elle nécessite l'information préalable (article 39 CDPF) du contribuable et se base
sur la comptabilité et sur les informations, documents et présomptions de fait et
de droit dans tous les cas.
Avant le commencement de la vérification approfondie, l'administration contacte
le contribuable par lettre recommandée avec accusé de réception, par les agents
des services de l'administration fiscale, par les huissiers-notaires ou par les
officiers des services financiers.
L'avis de vérification comporte notamment :
 la date de commencement de la vérification qui doit être séparée d'au
moins 15 jours de la date de notification de l'avis, sachant que vous avez la
possibilité de demander par écrit, pour des raisons objectives, le report de
la date de l'opération de vérification pour une durée n'excédant pas 60
jours.
Dans ce cas, le commencement de la vérification est constaté par un procès-
verbal rédigé à cet effet.
 les impôts concernés par la vérification.
 la période qui sera couverte par la vérification.
23
 l'agent ou les agents chargés de la vérification.
 le droit pour le contribuable de se faire assisté lors de la vérification fiscale
par une personne de votre choix ou d'être représenté à cet effet par un
mandataire conformément à la loi.
La durée de la vérification approfondie (article 40 CDPF) ne peut dépasser :
- 6 mois à compter de la date de son commencement effectif en cas de tenue de
comptabilité,
- 1 année dans les autres cas.
Ne sont pas prises en compte pour le calcul de cette durée, les interruptions de la
vérification intervenues pour des motifs attribués au contribuable ou à l'initiative
de l'administration et ayant fait l'objet de correspondances. La durée totale de ces
interruptions ne peut pas dépasser 60 jours.
L'administration fiscale peut demander, par écrit, des renseignements, en rapport
avec la vérification. Le contribuable doit y répondre par écrit, dans un délai ne
dépassant pas vingt jours à partir de la date de la notification ou de la remise
directe de la demande de l'administration fiscale (article 41 CDPF).
L'administration fiscale ne peut pas effectuer une nouvelle vérification
approfondie du même impôt et pour la même période que lorsqu’elle dispose de
nouveaux renseignements touchant à l'assiette et à la liquidation de l'impôt.
Elle ne peut aussi procéder après une vérification approfondie à une vérification
préliminaire du même impôt et pour la même période (article 38 CDPF).
En outre, les deux modes obéissent à certaines règles communes.

PARAGRAPHE II. LES REGLES DE LA VERIFICATION

Lors de la vérification fiscale de la vérification, le contribuable a le droit de se


faire assister par une personne de son choix, ou de se faire représenter par un
mandataire conformément à la loi. La représentation se fait par mandat légal à
présenter au vérificateur (article 42 CDPF).
L'agent chargé de la vérification doit, avant d'entamer toute opération de
vérification au siège de l’entreprise, présenter :
- la carte professionnelle,
- l'ordre de mission le chargeant de la vérification,
- et une copie de l'avis de vérification.
Le vérificateur est assermenté et tenu au secret professionnel.

-La vérification préliminaire des déclarations, actes et écrits


Cette vérification est effectuée dans les locaux de l'administration fiscale.
-La vérification approfondie de la situation fiscale
Cette vérification se déroule en principe dans les locaux de l'entreprise ou, en cas
24
de nécessité, dans les bureaux des services de l'administration fiscale sur
demande écrite de l'entreprise ou à l'initiative de ces services (article 40 CDPF).
Dans ce cas, les échanges des documents sont constatés par récépissés.

SECTION II. LA CLOTURE DE LA VERIFICATION

La clôture de la vérification se concrétise par la notification de ses résultats au


contribuable (paragraphe I) et par une taxation d’office lorsque le contribuable
refuse partiellement ou totalement les résultats de la vérification fiscale
préliminaire ou approfondie (paragraphe 2).

PARAGRAPHE I. LES RESULTATS DE LA VERIFICATION

La vérification fiscale implique la réaction du contribuable et la possibilité de


modification des résultats de la vérification.
1. La réaction du contribuable
L'administration fiscale communique par écrit les redressements relatifs à la
situation fiscale du contribuable au moyen d'une notification comportant
notamment (article 43 CDPF) :
-la nature de la vérification dont vous avez fait l'objet,
-les chefs de redressements et la méthode retenue pour l'établissement des
nouvelles bases d'imposition,
-le montant de l'impôt exigible et les rectifications du crédit d'impôt, du
report déficitaire et des amortissements régulièrement différés,
-les pénalités exigibles,
Le contribuable est dans l'obligation de répondre aux résultats de la vérification
dans un délai de 45 jours à compter de la date de la notification des résultats de
la vérification (article 44 CDPF).
Lorsque le contribuable s’oppose aux résultats de la vérification fiscale
l’administration fiscale doit répondre par écrit à l’opposition du contribuable dans
un délai ne dépassant pas 6 mois à compter de la date de ladite opposition. Le
rejet par l’administration fiscale de l’opposition du contribuable doit être motivé
(article 44bis CDPF).
Le contribuable négocie les résultats de la vérification avec les services de
l'administration fiscale. Au cours de cette négociation, il formule ses observations
et ses réserves appuyées de ses arguments et de ses justificatifs.
La notification des résultats de la vérification fiscale peut aboutir à :
-En cas d'acceptation totale des résultats de la vérification, par la signature de
déclarations rectificatives et de reconnaissance de dette.

25
-En cas d'acceptation partielle des résultats de la vérification, l'accord partiel est
concrétisé par la signature de déclarations rectificatives, d'une reconnaissance
partielle de dette et par l'établissement d'un arrêté de taxation d'office pour le
reste des points.
-En cas de rejet total des résultats, les services de l'administration fiscale
procèdent à l'établissement de l'arrêté de taxation d'office.
En cas de défaut de réponse aux résultats de la vérification, un arrêté de taxation
d'office est établi à cet effet.
2. La modification des résultats de la vérification
- Les services de l'administration fiscale peuvent procéder à la réduction ou au
rehaussement des résultats de la vérification fiscale et ce (article 46CDPF) :
- pour réparer les erreurs matérielles relatives à l'imposition,
- lorsque l'administration dispose de renseignements touchant à l'assiette ou à
la liquidation de l'impôt et dont elle n'a pas eu connaissance précédemment.
- La demande de réduction des résultats de la vérification fiscale est adressée au
tribunal chargé de l'affaire tant qu'un jugement définitif la concernant n'est pas
prononcé.
- Le rehaussement avant la notification de l'arrêté de taxation d'office s'effectue
par une notification complémentaire des résultats de la vérification fiscale.
- Le rehaussement après la notification de l'arrêté de taxation d'office s'effectue
par :
- la présentation d'une demande au tribunal de première instance si le
rehaussement a eu lieu en première instance,
- une notification complémentaire des résultats de la vérification dans les
autres cas
En outre, l’administration fiscale ne peut procéder à une nouvelle vérification
approfondie du même impôt et pour la même période. Elle ne peut aussi
procéder après une vérification approfondie à une vérification préliminaire du
même impôt et pour la même période.
Toutefois, elle peut procéder à une nouvelle vérification approfondie du même
impôt et pour la même période lorsqu’elle dispose de renseignements touchant à
l'assiette et à la liquidation de l'impôt et dont elle n’a pas eu connaissance lors de
la précédente vérification et ce, dans la limite des délais de prescription (article
37 CDPF).

PARAGRAPHE II. LA TAXATION D’OFFICE

En cas de désaccord avec les services de l'administration fiscale sur les résultats
de la vérification préliminaire ou approfondie et en cas de défaut de réponse
écrite à ces résultats.

26
En cas de défaut de dépôt des déclarations de l’impôt dans un délai maximum de
30 jours à compter de la date de la mise en demeure du contribuable, un arrêté de
taxation d'office sera établi et notifié au contribuable. La taxation est, dans ce cas
établie sur la base de présomptions de droit ou de fait ou sur la base des éléments
de l’imposition portés sur la dernière déclaration déposée à l’exception du crédit
d’impôt, des déficits et des amortissements différés provenant des périodes
antérieures à la période concernée par la déclaration ainsi que des dégrèvements
fiscaux au titre des revenus et bénéfices réinvestis, et ce, avec un minimum
d’impôt non susceptible de restitution, perçu par déclaration nonobstant le
nombre des impôts exigibles concernés fixé sous réserve du minimum d’impôt
prévu par les articles 44 et 49 du code de l’impôt sur le revenu des personnes
physiques et de l’impôt sur les sociétés de la manière suivante:
- 200 dinars concernant les personnes morales,
- 100 dinars pour les personnes physiques soumises à l’impôt sur le revenu selon
le régime réel ou soumises à l’impôt sur le revenu selon le régime forfaitaire pour
les bénéfices des professions non commerciales,
- 50 dinars concernant les personnes physiques soumises à l’impôt sur le revenu
au titre des bénéfices industriels et commerciaux selon le régime forfaitaire,
- 25 dinars pour les autres cas.
Dans ce cas, la taxation d'office ne fait pas obstacle à la vérification approfondie
de la situation fiscale (article 48 CDPF).
La taxation au titre des amendes fiscales administratives prévues par les articles
84 ter et 84 sexies du CDPF est établie aussi lorsque le contribuable ne procède
pas à la régularisation de sa situation dans un délai de 30 jours à compter de la
date de sa mise en demeure (article 47 CDPF).
1- Le contenu de l’arrêté de taxation d’office
L'arrêté de taxation d'office comprend les mentions suivantes (article 50 CDPF) :
-les services de l'administration fiscale ayant établi l'arrêté et leur
adresse,
-la méthode d'imposition retenue,
-les fondements juridiques de l'arrêté,
-les noms, prénoms et grade des vérificateurs,
-la date du commencement de la vérification approfondie et de son
achèvement ainsi que le lieu de son déroulement,
-les années et les impôts concernés par la vérification fiscale,
-le montant d'impôt exigible et des pénalités y afférentes ou les
rectifications relatives au crédit d'impôt, aux reports déficitaires et
aux amortissements régulièrement différés,
-la recette des finances auprès de laquelle seront constatées les
sommes exigibles,
-l'information du contribuable de son droit de s’opposer à l'arrêté de
27
taxation d'office devant le tribunal de première instance dans la
circonscription duquel se trouve le service fiscal chargé de l'affaire
dans le délai de 60 jours à partir de la date de la notification de
l'arrêté de taxation d'office,
-la possibilité de suspendre l'exécution de l'arrêté de taxation d'office
et les conditions y afférentes malgré son caractère exécutoire.

2- Le caractère exécutoire de l’arrêté de taxation d’office


L’arrêté de taxation d’office est un acte administratif et donc exécutoire
nonobstant les actions d’opposition à son encontre.
Toutefois, l'exécution de l’arrêté de taxation d'office est suspendue par le
paiement de 10% du montant de l'impôt en principal exigible ou par la production
d’une caution bancaire de 15% du même montant, et ce, dans un délai de soixante
jours à compter de la date de la notification. Ce taux est relevé à 20% en cas de
défaut de déclaration (article 52 CDPF).
Le montant de l’impôt objet de la caution bancaire est recouvrable auprès de
l’établissement de crédit à l’expiration d’une année à compter de la date de la
notification de l’arrêté de taxation. Toutefois, et en cas de prononciation du
jugement de première instance et sa notification avant l’expiration dudit
délai, le recouvrement sera limité au montant prononcé en première
instance.
La suspension d’exécution de l’arrêté de taxation prend effet jusqu’à la date de
la notification du jugement de première instance.
La suspension de l'exécution ne s'applique pas à l'impôt en principal et aux
pénalités administratives y afférentes en matière de retenue à la source ainsi que
pour les amendes administratives prévues par les articles 83 et 84 bis à 85 du
CDPF.
DEUXIEME PARTIE. LE CONTENTIEUX FISCAL

Le code des droits et procédures fiscaux distingue entre le contentieux


de l’assiette de l’impôt (chapitre I) et le contentieux fiscal pénal
(chapitre II)

CHAPITRE I. LE CONTENTIEUX DE L’ASSIETTE DE L’IMPOT

Le contentieux de l'assiette de l'impôt couvre (article 53 CDPF) :


- l'opposition contre les arrêtés de taxation d'office,
- l'opposition contre le refus de la demande en restitution,
- l'opposition contre la décision de retrait du régime forfaitaire (article
44 sexies du code de l’IRPP et de l’IS).

28
Conformément aux dispositions du CDPF, le contentieux de l’assiette de l’impôt
relève en premier (section I) et en second degré (section II) des juridictions de
l’ordre judiciaire, et la cassation est de la compétence du tribunal administratif
(section III).

SECTION I. LE RECOURS DEVANT LES TRIBUNAUX DE PREMIERE


INSTANCE

Le recours devant le juge de première instance doit se dérouler suivant la


procédure qui lui a été fixé par le code (paragraphe I) avant de prononcer le
jugement (paragraphe II).

PARAGRAPHE I. LE DEROULEMENT DE LA PROCEDURE DE


PREMIERE INSTANCE

Le contribuable peut intenter un recours devant les tribunaux de première


instance (article 54 CDPF) au moyen d'une requête écrite rédigée par lui même
ou par un mandataire, dûment habilité, à l'encontre des services de
l'administration fiscale. La requête est portée devant le tribunal de première
instance dans la circonscription de laquelle se trouve le service de l'administration
fiscale en charge du dossier, dans un délai ne dépassant pas 60 jours (article 55
CDPF), à compter de la date de la notification de l'arrêté de taxation d'office, de
l'expiration du délai pour donner suite à la demande en restitution ou de la date de
notification de la décision de retrait du régime forfaitaire.
Le délai pour agir commence à courir le lendemain30 de la notification, il prend
fin le soixantième jour. Toutefois, dans le cas où ce jour correspond à un jour
férié, le jour suivant non férié s’entend substitué au jour de l’échéance 31.
Le contentieux de l’assiette de l’impôt, obéit aux dispositions du CDPF et du
code de procédure civile et commerciale lorsqu’elles ne sont pas contraires à
celui-ci :
- Le délai de comparution à l'audience fixé pour l'affaire ne doit pas
être inférieur à 30 jours à compter de la date de la signification aux
services de l'administration fiscale d'une copie de la requête
introductive d'instance.
- Le recours porté devant le tribunal de première instance n’est pas
soumis à la condition du paiement du montant de l’impôt ou des
pénalités figurant dans l’arrêté de taxation d’office.

30 Article 140 du code des obligations et des contrats.

31 Article 143 du code des obligations et des contrats.

29
-Une copie de la requête accompagnée des pièces justificatives est
assignée à l’administration fiscale.
-Le contribuable ou son mandataire doit, sept jours avant la date de
l’audience, présenter au greffe du tribunal l’original de la requête,
dont copie a été signifié au défendeur, accompagnée des moyens de
preuve, d’un bordereau en deux exemplaires comportant l’indication
des pièces produites.
-L’administration doit notifier au contribuable ou à son mandataire
une copie de ses conclusions en réponse ainsi que des copies de ses
pièces justificatives.
-L’assignation de l’administration doit être faite par un huissier-
notaire. L’administration assigne le contribuable par ses agents, par les
porteurs de contraintes ou par les huissiers notaires.
- Le contribuable peut suivre le déroulement de l'instance lui-même
ou par un mandataire conformément à la loi. Le ministère d’avocat
est obligatoire lorsque le montant de l’affaire est supérieur à vingt
cinq mille dinars.
-L’administration est représentée à l’instance par l’un de ses agents
sans pouvoir spécial à cet égard.
- Le contribuable peut présenter au tribunal une demande motivée
afin de tenir les audiences à huis clos et ce, pour des raisons
objectives.
- Les moyens de preuve autorisés, en matière fiscale, sont : l’aveu, la
preuve littérale ou écrite, et la présomption. Sont éliminés la preuve
testimoniale, le serment et le refus de le prêter.
- Le recours à l'expertise est obligatoire en cas de litige relatif aux
droits d’enregistrement, à l'impôt sur le revenu au titre de la plus-
value immobilière, pour évaluer la valeur vénale des immeubles, des
droits immobiliers et des fonds de commerce. Le tribunal peut dans
les autres cas ordonner, chaque fois qu’il le juge nécessaire, qu’il
soit procéder à une expertise avant de rendre le jugement.
L’inobservation des règles de formes concernant la requête introductive
d’instance entraîne sa nullité (article 71 du code de procédure civile et
commerciale).

PARAGRAPHE II. LE JUGEMENT DE PREMIERE INSTANCE

Lors du déroulement de la procédure, l’affaire est réputée classée à la phase de


première instance et de l’appel par la présentation de l’une des parties des
justificatifs de la conclusion de la transaction entre l’administration et le
contribuable (article 65 bis CDPF).

30
Le jugement est rendu par trois magistrats à la majorité des voix (article 120 du
code de procédure civile et commerciale)
Le tribunal peut se faire assister par les services de l'administration fiscale pour
établir une nouvelle liquidation des sommes à payer ou à restituer ou désigner un
expert à cet effet suite à la demande du contribuable.
Le secrétariat est assuré par le tribunal et le dossier n’est pas transmis à
l’administration fiscale.

Le jugement est notifié par la partie la plus diligente à l’autre partie. Cette
notification fait courir le délai pendant lequel chacune des parties peut interjeter
appel.

SECTION II. LES PROCEDURES DEVANT LA COUR D’APPEL

L'appel obéit aussi aux dispositions du CDPF et du code de procédure civile et


commerciale. L’introduction de la requête d’appel (paragraphe I.) produit des
effets particuliers sur l’affaire (paragraphe II).

PARAGRAPHE I. LA REQUETE D’APPEL

L’appel est interjeté contre le jugement de première instance au moyen d’une


requête écrite par l’appelant ou son mandataire désigné à cet effet conformément
à la loi, dans un délai de 30 jours à compter de la date de la signification du
jugement (article 67 CDPF).
Le ministère d’avocat est obligatoire lorsque le montant de l’affaire est supérieur
à vingt cinq mille dinars. L’administration fait appel et suit le déroulement de
l’affaire par ses agents sans pouvoir spécial à cet égard.
Le greffier doit convoquer l'appelant au moins 30 jours avant la date de
l'audience.
L'appelant doit assigner l'intimé dans un délai minimum de 20 jours avant la date
de l'audience.
L’assignation de l’administration doit être faite par un huissier-notaire.
L’administration assigne le contribuable par ses agents, par les porteurs de
contraintes ou par les huissiers notaires.
L’adversaire doit présenter sa réponse et ses moyens de défense au greffe de la
cour d’appel au plus tard le jour de l’audience.
Lorsque les parties ont fini d’échanger leurs moyens et conclusions et que
l’affaire est en état, elle est fixée à l’audience de plaidoirie.

31
PARAGRAPHE II. L’EFFET DE L’APPEL

L’appel interjeté contre les jugements de première instance rendus dans les
recours relatifs à l’arrêté de taxation d’office n’est pas suspensif de l’exécution de
ces jugements. Toutefois, dans le cas où le juge a annulé totalement ou
partiellement l’arrêté de taxation d’office, les sommes recouvrées32 dans le cadre
de l’exécution de cette arrêté, ne peuvent être restituées qu’en vertu d’un
jugement ayant la force de la chose jugée (article 67 CDPF).
L’appel a pour effet de remettre l’affaire à l’état où elle se trouvait avant le
prononcé du jugement entrepris et ce, dans la limite où l’appel est interjeté.
La juridiction d’appel ne peut statuer que sur les chefs critiqués par l’appelant.
Les arrêts de la cour d’appel sont rendus en dernier ressort et ne sont susceptibles
que d’un pourvoi en cassation devant le tribunal administratif.

SECTION III. LES PROCEDURES DEVANT LE TRIBUNAL


ADMINISTRATIF

Le tribunal administratif est compétent pour statuer sur les recours contre les
arrêts rendus par les cours d’appel de l’ordre judiciaire concernant le contentieux
de l’assiette de l’impôt (article 69 CDPF).
Les conditions d’introduction du pourvoi de la cassation devant le tribunal
administratif (paragraphe I) ainsi que la décision rendu par le juge (paragraphe II)
obéissent aux règles de la loi organique relative au Tribunal administratif 33.

PARAGRAPHE I. L’INTRODUCTION DU POURVOI DE LA


CASSATION
Le recours en cassation contre l'arrêté de la cour d'appel peut être effectué dans
un délai ne dépassant pas 30 jours à compter de la date de la notification de
l'arrêté attaqué.

Le recours en cassation n’est pas suspensif de l’exécution de l’arrêté rendu en


appel (article 70 de loi du 1er juin 1972). Toutefois, le Premier président du
tribunal administratif peut ordonner le sursis à exécution des arrêts et jugements
pour un délai, qu’il fixe lui-même, lorsqu’il estime que leur exécution risque de
créer une situation irréversible ou d’entraîner des conséquences difficilement

32 Il s’agit des 10% du montant de l’impôt fixé dans l’arrêté de taxation d’office ou des 15% de la caution
bancaire du même montant, ou encore du montant total de l’impôt en principal et des pénalités administratives
en matière de retenue à la source prévu par l’article 52 du CDPF.

33 La loi organique n°72-40 du premier juin 1972 telle que modifiée et complétée.

32
réparables (article 71 de loi du 1er juin 1972).
Le pourvoi en cassation est porté devant l’assemblée plénière du tribunal
administratif au moyen d'une demande rédigée obligatoirement par un avocat
auprès de la cour de cassation pour le contribuable et par les agents des services
de l'administration fiscale pour l'administration.
Le ministre des Finances ou la personne déléguée par lui ont seul la qualité pour
introduire le recours en cassation et pour recevoir les requêtes et les mémoires
notifiés par le contribuable et non le chef du contentieux de l’Etat 34.
Le tribunal administratif ne peut être saisi que des moyens de droit et ne peut
connaître, en principe, que des seuls moyens de droit conséquence de l’absence
de l’effet dévolutif du pourvoi en cassation.
Le tribunal administratif ne connait que des seuls moyens soulevés
préalablement devant le juge du fond. Toutefois, l’auteur du pourvoi peut
invoquer pour la première fois un moyen intéressant l’ordre public ou concernant
une irrégularité entachant la décision objet du pourvoi qui ne peut être su qu’au
vu de ladite décision.
Le tribunal peut, à la demande de l’auteur du pourvoi, contrôler l’existence
matérielle des faits sur lesquels s’est fondée la décision de la cour d’appel et
examiner si les juges de fond aient donné à ces faits une qualification juridique
exacte.
L'auteur du pourvoi en cassation doit présenter dans un délai ne dépassant pas
les 60 jours à compter de la date de présentation de sa demande au greffe du
tribunal les pièces suivantes :
- une copie de l'arrêt attaqué s'il a fait l'objet de signification,
- un mémoire indiquant les moyens de recours détaillés par moyen
accompagné de toutes les pièces justificatives,
- une copie du procès-verbal de signification de ce mémoire et ses
pièces justificatives à la partie adverse.
-les moyens de recours doivent être précis et suffisants
-la signification des mémoires par le contribuable doivent être faite
par un huissier-notaire

PARAGRAPHE II. LA DECISION DE LA JURIDICTION DE LA


CASSATION

Le tribunal administratif, statuant en cassation, rejette ou admet le pourvoi.


1. Le rejet du pourvoi

34. Article 1er de la loi du n°88-13 du 7 mars 1988 relative à la représentation de l’Etat, des établissements à
caractère administratif et des entreprises soumises à la tutelle de l’Etat devant les tribunaux.

33
Le rejet du pourvoi en cassation par l’assemblée plénière peut être pour des
considérations tenant à la forme telle que le non respect des délais ou le défaut
de dépôt d’une copie de la décision attaquée.
Le rejet du recours peut être aussi pour des considérations tenant au fond
lorsque la décision attaquée est bien fondée.
2. L’admission du pourvoi
Lorsque le tribunal administratif admet le pourvoi, la cassation peut être sans
renvoi ou avec renvoi, elle peut être en tout ou en partie.
Le tribunal casse la décision attaquée sans renvoi lorsque la suppression de la
disposition cassée dispense d’un nouvel examen ou quand la cassation ne
laisse rien à juger (article 75 de la loi du 1er juin 1972).
Le tribunal casse la décision avec renvoi devant la juridiction qui a rendu la
décision attaquée qui le réexamine avec une formation différente. Il peut
renvoyer l’affaire devant une autre cour d’appel.
Il revient à la partie la plus diligente d’inscrire l’affaire devant la juridiction
du renvoi qui l’examine selon la procédure qui lui est applicable (article 73 de
la loi du 1er juin 1972).
Si la décision rendue par la juridiction du renvoi ne se conforme pas à ce qu’a
décidé le tribunal administratif et qu’elle ait fait l’objet d’un autre pourvoi
pour les mêmes motifs ayant entrainé la cassation ou pour tout autre motif, et
que le tribunal administratif décide de casser à nouveau la décision, il statue
définitivement au fond (article75 de la loi du 1er juin 1972).

CHAPITRE II. LE CONTENTIEUX FISCAL PENAL

Le contentieux fiscal pénal obéi aux règles générales prévues par le code de
procédure pénale d’une part et les règles particulières prévues par le code des
droits et procédures fiscaux d’autre part. En effet, un particularisme entourant ce
contentieux qui concerne aussi bien la constatation des infractions fiscales
pénales (section I) que leurs poursuites judiciaires (section II).

SECTION I. LA CONSTATATION DES INFRACTIONS FISCALES


PENALES

La constatation des infractions fiscales pénales est minutieusement organisée par


le CDPF tant au niveau des personnes verbalisateurs (paragraphe I) qu’au niveau
du contenu du procès-verbal (paragraphe II).

PARAGRAPHE I. LES PERSONNES VERBALISATEURS

34
La constatation des infractions fiscales pénales est effectuée par les agents des
services de l'administration fiscale et les autres agents habilités à cet égard tels
que les agents habilités à verbaliser en matière de circulation, les agents des
douanes, les agents de contrôle économique… Concernant les infractions de
contrefaçons des timbres, sceaux, marques fiscaux et leur réutilisation, les procès-
verbaux sont établis par la police judicaire (article70 CDPF).
Les agents de la brigade des investigations et de la lutte contre l’évasion fiscale 35
procèdent à la recherche des infractions fiscales pénales et à la collecte de ses
preuves lors qu’une décision d'ouvrir une information n'est pas encore prise.
Les agents de la brigade des investigations établissent aussi des rapports sur les
infractions fiscales pénales pour lesquelles les procureurs de la république ont
ouvert une information et exécutent les actes d’instruction requis par les juges
d’instruction (article 80 ter CDPF).
Les agents de l’administration fiscale relève les infractions fiscales pénales aussi
bien sur la voie publique que dans les locaux soumis au contrôle fiscal. En
revanche, les autres agents ne relèvent les infractions fiscales que sur la voie
publique.
Le procès-verbal concernant les infractions fiscales pénales doit être rédigé par
deux agents assermentés ayant constatés personnellement et directement les faits
de l’infraction (article 71 CDPF).

PARAGRAPHE II. LE CONTENU ET LE SUIVI DU PROCES-VERBAL

Le procès-verbal doit comporter (article 72 CDPF) :


- la date, l'heure et le lieu de l’infraction commise,
- la nature précise de l'infraction relevée tels que le défaut de dépôt d’une
déclaration dans les délais, ou le défaut de tenu d’une comptabilité….
- les noms, prénoms et profession du contrevenant pour les personnes
physiques ou la raison sociale et l'adresse pour les personnes morales,
- toutes les informations concernant les procédures, documents,
marchandises et objets saisis,
- la signature du contrevenant ou de son représentant et le cas échéant la
mention de son absence ou de son refus de signer,
- le cachet du service dont relèvent les agents verbalisateurs leurs noms et

35. L’article 80 bis nouveau du CDPF prévoit qu’il « est créé, à la direction générale des impôts, un corps spécial
dénommé "brigade des investigations et de la lutte contre l’évasion fiscale" exerçant ses attributions sous
l’autorité des procureurs généraux près des cours d’appel. Est attribué aux agents de la brigade des investigations
et de la lutte contre l’évasion fiscale le droit de s'autosaisir des investigations sur les délits fiscaux.

Le statut de ce corps est fixé par décret gouvernemental ».

35
leurs prénoms ainsi que leur signature.
Les procès-verbaux constatant les infractions fiscales pénales, sont inscrits
selon un ordre numérique ininterrompu sur un registre spécial ouvert à cet
effet aux bureaux de contrôle des impôts territorialement compétent.
L’inscription, pour chaque procès-verbal, doit être annotée de la procédure
contentieuse et éventuellement transactionnelle (article 73 CDPF).
Les procès-verbaux constituent la pierre angulaire du contentieux fiscal
pénal le non respect de toutes les mentions prévues pour son établissement
(établi par un seul agent par exemple), entraîne sa nullité (article 155 du
code de procédure pénale). La preuve des infractions sont les procès-
verbaux, et ce, jusqu’à preuve du contraire à la charge du contrevenant. La
preuve peut être apportée par tous moyens devant le juge judiciaire (article
71 CDPF et article 154 du code de procédure pénale).

SECTION II. LES POURSUITES JUDICAIRES DES INFRACTIONS


FISCALES PENALES

Les poursuites des infractions fiscales pénales prévues par le CDPF (article
77), se font devant le tribunal de première instance territorialement
compétent.
Les décisions sont rendues par le tribunal de première en premier ressort et
peuvent faire l’objet d’appel devant la cour d’appel (article 126 du code de
procédure pénale).
Les décisions sont rendues par la cour d’appel en dernier ressort et sont
susceptibles de pourvoi en cassation devant la cour de cassation (article
258 du code de procédure pénale).
La mise en mouvement de l’action publique en matière fiscale, obéit à des
règles générales prévues par le code de procédure pénale, et des règles
spécifiques prévues par le CDPF (paragraphe I). Toutefois, la loi permet à
l’administration fiscale de transiger en matière d’infractions fiscales
pénales (paragraphe II).

PARAGRAPHE I. LA MISE EN MOUVEMENT DE L’ACTION


PUBLIQUE

En matière des infractions fiscales pénales c’est le directeur général des


impôts, le chef de l’unité du contrôle national et des enquêtes fiscales, le
directeur des grandes entreprises ou le chef du centre régional de contrôle
des impôts qui exerce l’action publique et transmet les procès-verbaux au
procureur de la république auprès du tribunal de première instance dans la
circonscription de laquelle se trouve le service de l'administration fiscale

36
qui a constaté ou qui est en charge de l'infraction concernant les infractions
fiscales non passibles d’une peine corporelle (article 74 alinéa1CDPF).
Concernant les infractions fiscales pénales passibles d’une peine corporelle, c’est
le ministre des finances ou le directeur général des impôts par délégation du
ministre des finances qui met en mouvement l’action publique sur avis d’une
commission administrative dont les attributions et les modalités de
fonctionnement sont fixées par décret (article 74 alinéa 2CDPF).
Il revient aux agents de l’administration fiscale de poursuivre, devant les
tribunaux, sans pouvoir spécial à cet égard, les affaires fiscales pénales. Ils
peuvent aussi accomplir les actes qui relèvent d’habitude des huissiers-notaires
ou recourir aux services du trésor (article 75 CDPF).
La poursuite judiciaire de l’infraction fiscale pénale se prescrit après trois ans à
compter de la date de la constatation de l’infraction pour les infractions passible
uniquement d’une amende pécuniaire et après cinq ans concernant les infractions
fiscales passibles d’une amende pécuniaire et d’une peine d’emprisonnement
(article 76 CDPF).
L’action publique afférente à l’infraction fiscale pénale est interrompue par la
transaction entre l’administration fiscale et le contrevenant.

PARAGRAPHE II. LA TRANSACTION

La loi permet à l’administration fiscale de transiger en matière d’infractions


fiscales pénales dont la constatation ou la poursuite lui incombe et ce avant
qu’une décision judiciaire y afférentes ne soit prononcée. Toutefois, sont exclus
de cette transaction les contraventions relatives à l’obligation du respect du secret
professionnel, ainsi que les infractions de contrefaçon des timbres, sceaux ou
marques fiscaux ou de leur réutilisation (article 78 CDPF).
La transaction s’effectue conformément à un tarif fixé par le ministre des finances
et ce après la régularisation du contrevenant de sa situation fiscale (article 79
CDPF).
La transaction entraîne la prescription des poursuites judiciaires en matière
d’infractions fiscales pénales et l’extinction de l’action publique (article 80
CDPF).

37
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE

-Abouda(A.), Code des droits et procédures fiscaux , Tunis, IORT, 2001, 276
pages.
-Ayadi (H.), Les procédures fiscales de contrôle et de contentieux, Sfax,
Novaprint, 2013, 498 pages.
-Baccouche (N.), Droit fiscal général, Sfax, Novaprint, 2008, pp.351-488.
-Chaabane(N.), La protection du contribuable tunisien, thèse de doctorat en droit
public, faculté des sciences juridiques et politiques, Tunis, 2008.
-Choyakh (F.), Le contrôle fiscal, Tunis, Opus Editions, 2013, 1163 pages.
-Kraiem (S.), Le juge compétent en matière fiscale en Tunisie, Paris,
L’Harmattan, 2007,378 pages.
-Code des droits et procédures fiscaux (version 2019).

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