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L1 / S1 - 2021/2022
Chargés de TD :
Aloïs Audoin - Jean-Romain Ferrand-Hus – Tiphaine Le Yoncourt
Séance de TD 4 : 1789
1. A réviser :
Tous les éléments du cours relatifs au thème de la séance
3. Pour chacun des textes, rassembler les premiers éléments nécessaires au commentaire :
- L’auteur du texte (l’individu, le groupe d’individus, l’institution etc., etc. qui a produit le
texte) et rassembler les sur cet auteur qui permettent de mieux comprendre le texte
- La nature du texte (un discours, une décision de justice, un acte normatif, un extrait d’un
ouvrage théorique, une lettre, un témoignage, etc., etc.) et préciser en quoi la nature du
texte permet de mieux en comprendre l’objet (ce que « dit » le texte)
- Le sujet du texte : sur quoi porte le texte ? Quel est le ou les thèmes du texte ?
- La date du texte et les éléments de base du contexte historique, politique et juridique qui
l’entourent et qui permettent d’en comprendre la signification, les enjeux
- La « problématique » de l’auteur :
o L’objet du texte : que « dit » l’auteur dans ce texte ? pour quoi l’auteur l’a produit ?
quel objectif cherche t’il a atteindre avec ce texte ?
o La construction du texte : comment l’auteur « dit-il ce qu’il dit » ? quels sont les
arguments utilisés ? comment s’y prend-il pour atteindre son objectif ?
4. TRAVAIL A REDIGER :
- Rédiger le commentaire complet du texte désigné par votre chargé de TD
1. Lettre du Roi du 24 janvier 1789 pour la convocation des États généraux à Versailles
1 « Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour Nous aider à surmonter toutes les
2 difficultés où Nous Nous trouvons, relativement à l’état de nos finances, et pour établir, suivant nos
3 vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur
4 de nos sujets et la prospérité de notre royaume.
5 Ces grands motifs Nous ont déterminé à convoquer l’assemblée des États de toutes les provinces
6 de notre obéissance, tant pour Nous conseiller et Nous assister dans toutes les choses qui seront mises
7 sous ses yeux, que pour Nous faire connaître les souhaits et les doléances de nos peuples, de manière que
8 par une mutuelle confiance et par un amour réciproque entre le souverain et ses sujets, il soit apporté le
9 plus promptement possible un remède efficace aux maux de l’État, et que les abus de tous genres soient
10 réformés et prévenus par de bons et solides moyens qui assurent la félicité publique et qui nous rendent, à
11 Nous particulièrement, le calme et la tranquillité dont Nous sommes privés depuis si longtemps.
12 A ces causes, Nous vous avertissons et signifions que notre volonté est de commencer à tenir les
13 États libres et généraux de notre royaume, au lundi 27 avril prochain, en notre ville de Versailles, où nous
14 entendons et désirons que se trouvent aucuns [chacun] des plus notables personnages de chaque province
15 […].
16 Et pour cet effet, vous mandons et très expressément enjoignons, qu’incontinent la présente reçue,
17 vous ayez à convoquer et assembler, en votre ville de … dans le plus bref temps que faire se pourra, tous
18 ceux des trois États de ... pour conférer et pour communiquer ensemble, tant des remontrances, plaintes et
19 doléances, que des moyens et avis qu’ils auront à proposer en l’assemblée générale de nos dits États ; et
20 ce fait, élire, […] dans les formes prescrites pour tout le royaume par le règlement annexé aux présentes
21 lettres ;
22 et seront lesdits députés munis d’instructions et pouvoirs généraux et suffisants pour proposer,
23 remonter, aviser et consentir tout ce qui peut concerner les besoins de l’État, la réforme des abus,
24 l’établissement d’un ordre fixe et durable dans toutes les parties de l’administration, la prospérité
25 générale de notre royaume et le bien de tous et chacun de nos sujets ;
26 les assurant que, de notre part, ils trouveront toute bonne volonté et affection pour maintenir et
27 faire exécuter tout ce qui aura été concerté entre Nous et lesdits États soit relativement aux impôts qu’ils
28 auront consentis, soit pour l’établissement d’une règle constante dans toutes les parties de
29 l’administration et de l’ordre public ;
30 leur promettant de demander et d’écouter favorablement leur avis sur tout ce qui peut intéresser le
31 bien de nos peuples, et de pourvoir sur leurs doléances et propositions qu’ils auront faites ; de telle
32 manière que notre royaume, et tous nos sujets en particulier, ressentent pour toujours les effets salutaires
33 qu’ils doivent se promettre d’une telle et si notable assemblée.
1 « […] qu'on nous dise d'après quelles vues, d'après quel intérêt on aurait pu donner une
2 constitution à la nation elle-même. La nation existe avant tout, elle est l'origine de tout. Sa volonté
3 est toujours légale, elle est la loi elle-même. Avant elle et au-dessus d'elle il n'y a que le droit naturel.
4 Si nous voulons nous former une idée juste de la suite des lois positives qui ne peuvent émaner
5 que de sa volonté, nous voyons en première ligne les lois constitutionnelles, qui se divisent en deux
6 parties : les unes règlent l’organisation et les fonctions du corps législatif ; les autres déterminent
7 l’organisation et les fonctions des différents corps actifs. Ces lois sont dites fondamentales, non pas en ce
8 sens qu'elles puissent devenir indépendantes de la volonté nationale, mais parce que les corps qui existent
9 et agissent par elles ne peuvent point y toucher. Dans chaque partie, la constitution n'est pas l’ouvrage du
10 pouvoir constitué, mais du pouvoir constituant. Aucune sorte de pouvoir délégué ne peut rien changer
11 aux conditions de sa délégation. C'est en ce sens que les lois constitutionnelles sont fondamentales. Les
12 premières, celles qui établissent la législature, sont fondées par la volonté nationale avant toute
13 constitution ; elles en forment le premier degré. Les secondes doivent être établies par une
14 volonté représentative spéciale. Ainsi toutes les parties du gouvernement se répondent et dépendent en
15 dernière analyse de la nation. […]
16 La nation se forme par le seul droit naturel. Le gouvernement, au contraire, ne peut appartenir
17 qu’au droit positif. La nation est tout ce qu’elle peut-être, par cela seul qu’elle est. Il ne dépend point de
18 sa volonté de s’attribuer plus de droits qu’elle n’en a à sa première époque, elle a tous ceux d’une nation.
19 à la seconde époque, elle les exerce ; à la troisième elle en fait exercer par ses représentants tout ce qui
20 est nécessaire pour la conservation et le bon ordre de la communauté. Si l’on sort de cette suite d’idées
21 simples, on ne peut que tomber d’absurdités en absurdités. Le gouvernement n’exerce un pouvoir réel qu'
22 autant qu’il est constitutionnel ; il n’est légal qu' autant qu'il est fidèle aux lois qui lui ont été imposées.
23 La volonté nationale, au contraire, n’a besoin que de sa réalité pour être toujours légale, elle est l’origine
24 de toute légalité.
25 Non seulement la nation n’est pas soumise à une constitution, mais elle ne peut pas l’être,
26 mais elle ne doit pas l’être, ce qui équivaut encore à dire qu’elle ne l’est pas.
1 « L'Assemblée, délibérant après la vérification des pouvoirs, reconnaît que cette assemblée est
2 déjà composée des représentants envoyés directement par les quatre-vingt-seize centièmes au moins de la
3 nation. Une telle masse de députation ne saurait rester inactive par l'absence des députés de quelques
4 bailliages ou de quelques classes de citoyens ; car les absents qui ont été appelés ne peuvent point
5 empêcher les présents d'exercer la plénitude de leurs droits, surtout lorsque l'exercice de ces droits est un
6 devoir impérieux et pressant. De plus, puisqu'il n'appartient qu'aux représentants vérifiés de concourir à
7 former le vœu national, et que tous les représentants vérifiés doivent être dans cette assemblée, il est
8 encore indispensable de conclure qu'il lui appartient, et qu'il n'appartient qu'à elle, d'interpréter et de
9 présenter la volonté générale de la nation, il ne peut exister entre le trône et cette assemblée aucun veto,
10 aucun pouvoir négatif. –
11 L'Assemblée déclare donc que l’œuvre commune de la restauration nationale peut et doit être
12 commencée sans retard par les députés présents, et qu'ils doivent la suivre sans interruption comme sans
13 obstacle. –
14 La dénomination d'Assemblée nationale est la seule qui convienne à l'Assemblée dans l'état actuel
15 des choses, soit parce que les membres qui la composent sont les seuls représentants légitimement et
16 publiquement connus et vérifiés, soit parce qu'ils sont envoyés directement par la presque totalité de la
17 nation, soit enfin parce que la représentation étant une et indivisible, aucun des députés, dans quelque
18 ordre ou classe qu'il soit choisi, n'a le droit d'exercer ses fonctions séparément de la présente Assemblée.
19 L'Assemblée ne perdra jamais l'espoir de réunir dans son sein tous les députés aujourd'hui absents
20 ; elle ne cessera de les appeler à remplir l'obligation qui leur est imposée de concourir à la tenue des États
21 Généraux. A quelque moment que les députés absents se présentent dans le cours de la session qui va
22 s'ouvrir, elle déclare d'avance qu'elle s'empressera de les recevoir, et de partager avec eux, après la
23 vérification de leurs pouvoirs, la suite des grands travaux qui doivent procurer la régénération de la
24 France.
25 L'Assemblée nationale arrête que les motifs de la présente délibération seront incessamment
26 rédigés pour être présentés au Roi et à la nation. »
1 « Messieurs, je croyais avoir fait tout ce qui était en mon pouvoir pour le bien de mes peuples,
2 lorsque j'avais pris la résolution de vous rassembler, lorsque j'avais surmonté toutes les difficultés dont
3 votre convocation était entourée, lorsque j'étais allé pour ainsi dire au-devant des vœux de la Nation, en
4 manifestant à l'avance ce que je voulais faire pour son bonheur.
5 Il semblait que vous n'aviez qu'à finir mon ouvrage, et la Nation attendait avec impatience le
6 moment où, par le concours des vues bienfaisantes de son souverain et du zèle éclairé de ses représentants,
7 elle allait jouir des prospérités que cette union devait lui procurer. […] »
8 Art. 1er : Le Roi veut que l’ancienne distinction des trois ordres de l’Etat soit conservée en son
9 entier, comme essentiellement liée à la constitution de son royaume ; que les députés librement élus par
10 chacun des trois ordres, formant trois chambres, délibérant par ordre, et pouvant, avec l’approbation du
11 souverain, convenir de délibérer en commun, puissent seuls être considérés comme formant le corps des
12 représentants de la nation. En conséquence, le Roi a déclaré nulles les délibérations prises par les députés
13 de l’ordre du tiers-Etat le 17 de ce mois, ainsi que celles qui auraient pu s’ensuivre, comme illégales et
14 inconstitutionnelles […]
15 « Vous venez, messieurs, d’entendre le résultat de mes dispositions et de mes vues ; elles sont
16 conformes au vif désir que j’ai d’opérer le bien public ; et si par une fatalité loin de ma pensée, vous
17 m’abandonniez dans une si belle entreprise, seul, je ferai le bien de mes peuples ; seul, je me considérerai
18 comme leur véritable représentant ; et connaissant vos cahiers, connaissant l’accord parfait qui existe entre
19 le vœu le plus général de la nation et mes intentions bienfaisantes, j’aurai toute la confiance que doit
20 inspirer une si rare harmonie et je marcherai vers le but auquel je veux atteindre avec tout le courage et la
21 fermeté qu’il doit m’inspirer.
22 Réfléchissez, Messieurs, qu’aucun de vos projets, aucune de vos dispositions ne peut avoir force de
23 loi sans mon approbation spéciale. Ainsi je suis le garant naturel de vos droits respectifs ; et tous les ordres
24 de l’Etat peuvent se reposer sur mon équitable impartialité. Toute défiance de votre part serait une grande
25 injustice. C’est moi, jusqu’à présent, qui fait tout le bonheur de mes peuples ; et il est rare peut-être que
26 l’unique ambition d’un souverain soit d’obtenir de ses sujets qu’ils s’entendent enfin pour accepter ses
27 bienfaits.
28 Je vous ordonne, Messieurs, de vous séparer tout de suite, et de vous rendre demain matin chacun
29 dans les chambres affectées à votre ordre, pour y reprendre vos séances. J’ordonne, en conséquence, au
30 grand-maître des cérémonies de faire préparer les salles. »
31 Après le départ du Roi, les députés de la noblesse et une partie de ceux du clergé se retirent, tous les
32 membres de l’assemblée nationale et plusieurs curés restent immobiles à leur place. »
1
Décret du 10 août 1789 pour le rétablissement de la sécurité publique
1 « Nous avons pensé qu’une constitution n’est autre chose qu’un ordre fixe et établi dans la manière
2 de gouverner ; que cet ordre ne peut exister s’il n’est appuyé sur des règles fondamentales, créées par le
3 consentement libre et formel d’une nation ou de ceux qu’elle a choisis pour la représenter. Ainsi une
4 constitution est une forme précise et constante de gouvernement, ou, si l’on veut, c’est l’expression des
5 droits et des obligations des différents pouvoirs qui le composent.
6 Quand la manière de gouverner ne dérive pas de la volonté du peuple clairement exprimée, il n’a
7 point de constitution ; il n’a qu’un gouvernement de fait qui varie suivant les circonstances, qui cède à tous
8 les évènements. Alors l’autorité a plus de puissance pour opprimer les hommes que pour garantir leurs
9 droits. Ceux qui gouvernent et ceux qui sont gouvernés sont également malheureux.
10 Sans doute nous ne pouvons pas dire qu’en France nous soyons entièrement dépourvus de toutes les
11 lois fondamentales propres à former une constitution. Depuis quatorze siècles nous avons un Roi. Le
12 sceptre n’a pas été créé par la force, mais par la volonté de la Nation. […]
13 Pour ne pas exposer le royaume à la domination des étrangers, pour réserver le sceptre à un
14 Français et former des rois citoyens, les femmes sont exclues de la couronne. Ces maximes sacrées ont
15 toujours été solennellement reconnues dans toutes les Assemblées des représentants de la nation, et nous
16 avons été envoyés par nos commettants pour leur donner une nouvelle force.
17 C'est encore un principe certain, que les Français ne peuvent être taxés sans leur consentement; et
18 dans le long oubli des droits du peuple, toutes les fois que l'autorité s'est expliquée sur cet important objet,
19 elle a cependant déclaré que les subsides doivent être un octroi libre et volontaire. Mais, malgré ces
20 précieuses maximes, nous n'avons pas une forme déterminée et complète de gouvernement. Nous n'avons
21 pas une constitution, puisque tous les pouvoirs sont confondus, puisqu'aucune limite n'est tracée. […]
22 Fixons enfin la constitution de la France ; et quand les bons citoyens en seront satisfaits, qu’importe
23 que les uns disent qu’elle est ancienne, et d’autres qu’elle est nouvelle, pourvu que, par le consentement
24 général, elle prenne un caractère sacré ?
25 Nous n’abandonnerons jamais nos droits mais nous saurons ne pas les exagérer. Nous n’oublierons
26 pas que les français ne sont pas un peuple nouveau, sorti récemment du fond des forêts pour former une
27 association, mais une grande société de 24 millions d’hommes qui veut resserrer les liens qui unissent
28 toutes ses parties, qui veut régénérer le royaume, pour qui les principes de la véritable monarchie seront
29 toujours sacrés. Nous n’oublierons pas que nous sommes redevables à la nation de tous nos instants, de
30 toutes nos pensées ; que nous devons un respect et une fidélité inviolables à l’autorité royale, et que nous
31 sommes chargés de la maintenir, en opposant des obstacles invincibles au pouvoir arbitraire. »