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J. MONTILLOT.
SIGNES D’ABRÉVIATIONS
*
* *
L. — Loi.
D. — Décret.
Art. — Article.
Tit. — Titre.
C. Civ. ou C.C. — Code civil.
C. Com. — Code de Commerce.
C.P. ou C. pén. — Code pénal.
C. Inst. Crim. — Code d’Instruction criminelle.
C.F. ou C. For. — Code Forestier.
C. Pr. C. ou C. Pr. — Code de procédure.
Ext. — Extrait.
LEÇONS D’INSTRUCTION CIVIQUE
ET DE DROIT ADMINISTRATIF
LES ORIGINES DE NOTRE DROIT PUBLIC : 1789. — 1848. — 1875.
L’ÉTAT
LA CONSTITUTION. — LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE ; — LE
SÉNAT ; — LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS ; — MODES DE
NOMINATION ; — ATTRIBUTIONS.
De l’État. — Sa définition. — Des autorités qui le
représentent. — L’État est une personne morale, un être de raison
susceptible d’avoir des droits et capable de contracter des obligations. A ce
titre, l’État peut intenter un procès ou le soutenir, acquérir des biens, les
vendre, les échanger, contracter des dettes et aussi avoir des débiteurs, en un
mo être débiteur ou créancier. De même qu’un particulier, l’État peut, ainsi,
être propriétaire de biens meubles, tableaux, statues, objets d’art de toute
nature, affectés à l’embellissement des voies et édifices publics et à
l’ornement des musées nationaux ; de biens immeubles, forêts, fermes,
maisons de rapport, monuments, etc. Ces deux sortes de biens constituent,
dans un sens large, le domaine de l’État.
Les fonctionnaires qui, en France, représentent plus particulièrement
l’État, sont : le Président de la République et les ministres, auxquels des
autorités diverses et certains corps constitués viennent prêter leur concours.
Considéré sous ce point de vue, l’État est la force publique qui représente
la nation et qui la dirige, en se renfermant dans les limites qui lui sont
tracées par la Constitution.
De la Constitution. — Sa définition. — La Constitution ou Charte est
l’acte qui fixe la forme politique du gouvernement d’une nation. Tout
peuple policé a sa Constitution particulière, appropriée à ses mœurs et à ses
besoins ; mais les deux principales formes que peut prendre la Constitution
d’un pays, sont la forme monarchique et la forme républicaine.
La Russie, l’Allemagne, l’Angleterre, l’Autriche, l’Italie, l’Espagne, la
Belgique, ont, à des degrés divers, une Constitution monarchique. Les
pouvoirs du chef de l’État y sont héréditaires.
La France, la Suisse, les États-Unis d’Amérique, ont une Constitution
républicaine, qui prend son origine dans la volonté du peuple. Celui-ci,
directement ou par délégation, investit le chef de l’État des différents
pouvoirs que comporte l’exercice de la souveraineté. Sous cette dernière
forme de gouvernement, les pouvoirs confiés au chef de l’État ne sont ni
perpétuels, ni héréditaires.
Les Constitutions monarchiques ne sont point d’ailleurs identiques, elles
varient dans les détails ; il en est de même des Constitutions républicaines
qui peuvent revêtir des formes très différentes.
Des lois constitutionnelles françaises. — Les lois constitutionnelles
françaises sont au nombre de trois : elles portent les dates des 24, 25 février
et 16 juillet 1875. Elles confèrent le pouvoir exécutif à un Président de la
République, et le pouvoir législatif à deux Chambres électives : le Sénat et
la Chambre des députés.
Du Président de la République. — Mode de nomination. — Le
Président de la République, chef du pouvoir exécutif, est nommé à ces
hautes fonctions par les membres du Sénat et de la Chambre des députés
réunis, par exception, en une seule Assemblée nationale.
Élu pour sept années, à la majorité absolue des suffrages, c’est-à-dire par
un nombre de voix égal au moins à la moitié plus un des sénateurs et
députés réunis en assemblée unique, le Président de la République peut être
réélu, à l’expiration de ce délai, pour une nouvelle période d’égale durée.
Entre temps, s’il meurt ou s’il démissionne, les deux Chambres se
réunissent, de plein droit, et procèdent à son remplacement.
Ses principales attributions. — Les attributions du Président de la
République sont aussi nombreuses que variées ; les principales sont les
suivantes : le Président de la République porte les lois à la connaissance des
citoyens ; il en atteste ainsi l’existence à la nation ; c’est ce qu’on appelle la
publication et la promulgation de la loi. Il est tenu d’en surveiller et d’en
assurer l’exécution ; il a le droit de faire grâce3 mais non le droit
d’amnistier, les amnisties ne pouvant être accordées que par une loi ; il
dispose de la force armée ; nomme à tous les emplois civils et militaires ;
préside aux solennités nationales ; négocie et ratifie les traités. Quant à
déclarer la guerre, il ne le peut, sans le consentement formel et préalable des
deux Chambres. Le Président de la République enfin n’est responsable
qu’en cas de hante trahison ; à la seule Chambre des députés appartient le
droit de le mettre en accusation, au Sénat seul le droit de le juger.
Des Ministres. — Responsabilité ministérielle. — Le Chef du pouvoir
exécutif est assisté de ministres dont le nombre n’est pas nécessairement
invariable. Ces fonctionnaires participent à l’action du gouvernement ; ils
administrent ; de plus, ils contresignent, chacun en ce qui le concerne, les
actes du Président de la République. — Solidairement responsables, devant
les Chambres, de la politique générale du gouvernement, ils le sont,
individuellement, de leurs actes personnels. Dans le premier cas, le
ministère tout entier se retire, quand il n’est plus en communauté d’idées
avec la majorité des membres des Chambres ; dans le second cas, les
ministres qui ont encouru quelque blâme, pour une faute ou une erreur qui
leur est propre, donnent seuls leur démission. C’est cette responsabilité
politique qui forme le caractère distinctif de ce qu’on appelle le régime
parlementaire.
Chacun des ministres est à la tête d’une des grandes divisions de
l’administration publique, qu’on nomme communément : départements
ministériels. C’est ainsi qu’on peut actuellement distinguer onze ministères
ou onze grandes divisions de l’administration publique, savoir, ministères :
1° de la Justice et des Cultes ; 2° des Affaires étrangères ; 3° de l’Intérieur ;
4° des Finances ; 5° de la Guerre ; 6° de la Marine et des Colonies ; 7° de
l’Instruction publique et des Beaux-Arts ; 8° des Travaux publics ; 9° de
l’Agriculture ; 10° du Commerce ; 11° des Postes et des Télégraphes.
La Constitution de 1875 a réparti la puissance législative, ou pouvoir de
faire la loi, entre le Sénat et la Chambre des députés.
Le Président de la République, qui est plus particulièrement le Chef du
pouvoir exécutif, participe cependant, dans une certaine mesure, à
l’exercice du pouvoir législatif ; il a, comme les sénateurs et les députés,
l’initiative des lois, qui n’est que le droit de soumettre un projet de loi
déterminé à la discussion et au vote des Chambres.
Mais tandis que tout membre de l’une des deux Chambres (chacun dans
l’assemblée dont il fait partie), peut prendre, aux débats, une part active et
directe, le Président de la République n’intervient pas de sa personne ; il
délègue un ministre qui porte la parole au nom et à la place du chef de
l’État. Quant à certaines communications spéciales, qui ont pour objet de
faire connaître aux Chambres l’opinion personnelle du Président de la
République sur une question particulière, elles sont portées et lues à la
tribune par un ministre, et prennent le nom de Messages.
Du Sénat. — Mode de nomination. — Le Sénat est une réunion de
citoyens français, âgés de 40 ans au moins, jouissant de leurs droits civils et
politiques ; ils sont élus, suivant un mode particulier de suffrage, connu
sous le nom de suffrage restreint, par une catégorie de citoyens français
ayant les qualités exigées par les lois.
Le Sénat se compose de 300 membres, dont 75, élus autrefois par
l’Assemblée de 1871, sont aujourd’hui, en cas de décès ou de démission,
renouvelés par le Sénat lui-même, et 225 élus par les départements et les
colonies. Les 75 sénateurs élus par l’ancienne Assemblée sont inamovibles ;
les 225 sénateurs des départements et des colonies sont nommés pour 9 ans
et renouvelables par tiers tous les 3 ans.
La loi qui règle l’organisation du Sénat est la loi du 24 février 1875 ;
celle qui règle le mode d’élection de cette assemblée politique porte la date
du 2 août de la même année.
Les sénateurs des départements et des colonies sont élus à la majorité
absolue, et, quand il y a lieu, au scrutin de liste, par un collège réuni au
chef-lieu du département ou de la colonie, et composé : 1° des députés ; 2°
des conseillers généraux ; 3° des conseillers d’arrondissement ; 4° des
délégués élus, un par chaque conseil municipal, parmi les électeurs de la
commune.
Dans l’Inde française, les membres du conseil colonial ou des conseils
locaux sont substitués aux conseillers d’arrondissement et aux délégués des
conseils municipaux ; ils votent au chef-lieu de chaque établissement (art. 4,
L. 24 février 1875).
Les sénateurs nommés par l’Assemblée sont élus, en séance publique, au
scrutin de liste et à la majorité absolue des suffrages, quel que soit le
nombre des épreuves (art. 5, L. 24 fév. 1875 et art. 24, L. du 2 août 1875).
Depuis que l’Assemblée unique de 1871 a été remplacée par la Chambre
des députés et par le Sénat, lorsqu’il y a lieu de pourvoir au remplacement
des 75 sénateurs inamovibles, ou d’un ou de plusieurs d’entre eux, c’est le
Sénat qui y procède dans les formes qui viennent d’être indiquées.
En ce qui concerne les sénateurs nommés par les départements et par les
colonies, si par décès ou démission, le nombre en est réduit de moitié, dans
un ou plusieurs départements, il est pourvu aux vacances dans le délai de 3
mois, à moins qu’elles ne surviennent dans les 12 mois qui précèdent le
renouvellement triennal. A l’époque fixée pour le renouvellement triennal,
il sera pourvu à toutes les vacances qui se seront produites, quel qu’en soit
le nombre et quelle qu’en soit la date (L. 2 août 1875, art. 23.) Il est
procédé, dans le délai d’un mois et par le même corps électoral, au
remplacement auquel peut donner lieu l’option d’un sénateur élu dans
plusieurs départements. Il en est de même dans le cas d’invalidation d’une
élection (art. 22, même loi).
En cas de décès ou de démission d’un sénateur inamovible, le Sénat lui-
même, dans le délai de 2 mois, élira un nouveau membre aux lieu et place
du défunt ou du démissionnaire.
Le collège électoral, appelé à nommer les sénateurs des départements ou
des colonies, est présidé par le président du tribunal civil du chef-lieu du.
département ou de la colonie. Il peut y avoir lieu à 3 scrutins successifs.
Nul n’est élu sénateur à l’un des deux premiers tours de scrutin, s’il ne
réunit : 1° la majorité absolue des suffrages exprimés ; 2° un nombre de
voix égal au quart des électeurs inscrits. Au troisième tour de scrutin, la
majorité relative suffit et, en cas d’égalité de suffrages, le plus âgé est élu
(art. 15, L. du 2 août 1875).
Il y a incompatibilité entre les fonctions de sénateur et celles de
conseiller d’État et de maître des requêtes, préfet et sous-préfet, à
l’exception du préfet de la Seine et du préfet de police ; de membre des
parquets des cours d’appel et des tribunaux de première instance, à
l’exception du procureur général près la Cour de Paris ; de trésorier-payeur
général, de receveur particulier, de fonctionnaire et employé des
administrations centrales des Ministères (art. 20) — Ne peuvent être élus
par le département ou la colonie compris, en tout ou en partie, dans leur
ressort, pendant l’exercice de leurs fonctions et pendant les six mois qui
suivent la cessation de leurs fonctions par démission, destitution,
changement de résidence, ou de toute autre manière : 1° les premiers
présidents, les présidents et les membres des parquets des cours d’appel ; 2°
les présidents, les vice-présidents, les juges d’instruction et les membres des
parquets des tribunaux de première instance ; 3° le préfet de police, les
préfets et sous-préfets, et les secrétaires généraux des préfectures, les
gouverneurs, directeurs de l’intérieur et secrétaires généraux des colonies ;
4° les ingénieurs en chef et d’arrondissement, et les agents-voyers en chef et
d’arrondissement ; 5° les recteurs et inspecteurs d’académie ; 6° les
inspecteurs des écoles primaires ; 7° les archevêques, les évêques et les
vicaires généraux ; 8° les officiers de tous grades de l’armée de terre et de
mer ; 9° les intendants divisionnaires et les sous-intendants militaires ; 10°
les trésoriers - payeurs généraux et les receveurs particuliers des finances ;
11° les directeurs des contributions directes et indirectes, de
l’enregistrement et des domaines, et des postes ; 12° les conservateurs et
inspecteurs des forêts (art. 21, L. 2 août 1875).
De la Chambre des Députés. — Mode de nomination. — A côté du
Sénat se place la Chambre des députés, dont la loi du 30 novembre 1875
règle le mode d’élection et de renouvellement.
La Chambre des députés est composée de citoyens français, âgés au
moins de 25 ans, nommés pour 4 années, au suffrage universel et direct, par
les électeurs inscrits sur les deux listes électorales politique et municipale,
dont nous avons parlé déjà. — Sont électeurs, sans condition de cens, tous
les Français, âgés de 21 ans, jouissant de leurs droits civils et politiques, et
résidant, au moins, depuis six mois, dans la commune.
Les militaires et assimilés de tous grades et de toutes armes des armées
de terre et de mer, ne prennent part à aucun vote, quand ils sont présents à
leur corps, à leur poste ou dans l’exercice de leurs fonctions. Ceux.qui, au
moment de l’élection, se trouvent en résidence libre, en non-activité ou en
possession d’un congé régulier, peuvent voter dans la commune sur les
listes de laquelle ils sont régulièrement inscrits.
Le scrutin ne dure qu’un seul jour. Le. vote a lieu au chef-lieu de la
commune ; il est secret. Le second tour de scrutin, s’il en est besoin, a lieu
le deuxième dimanche qui suit le jour de la proclamation du résultat du
premier scrutin. — Tout mandat impératif est nul et de nul effet (art. 13,
L. 30 nov. 1875).
Les membres de la Chambre des députés sont élus au scrutin individuel
ou uninominal par arrondissement, chaque arrondissement administratif
nommant un député. Les arrondissements dont la population dépasse
100,000 habitants nomment un député de plus par 100,000 ou par fraction
de 100,000 habitants. Les arrondissements, dans ce cas, sont divisés en
circonscriptions dont le tableau est établi par une loi et ne peut être modifié
que par une loi. (art. 14 30 nov. 1875).
Nul n’est élu au premier tour de scrutin, s’il n’a réuni : 1° la majorité
absolue des suffrages exprimés ; 2° un nombre de suffrages égal au quart
des électeurs inscrits. Au deuxième tour, la majorité relative suffit ; en cas
d’égalité de suffrages, le plus âgé est élu (art. 18).
Les vacances par décès, démission ou autrement, sont comblées, dans le
délai de 3 mois, à partir du jour où elles se sont produites. En cas d’option,
il est pourvu à la vacance dans le délai d’un mois. Aucun militaire ou marin
faisant partie des armées actives de terre ou de mer ne pourra, quels que
soient son grade ou ses fonctions, être élu membre de la Chambre des
députés. Cette règle comporte certaines exceptions. — Quant à l’exercice
des fonctions publiques rétribuées sur les fonds de l’État, il est incompatible
avec le mandat de député.
En conséquence, tout fonctionnaire élu député, doit être remplacé dans
ses fonctions, si, dans les 8 jours qui suivent la vérification des pouvoirs, il
n’a pas fait connaître qu’il n’accepte pas le mandat de député : Sont
exceptées des dispositions qui précèdent les fonctions de ministre, sous-
secrétaire d’État, ambassadeur, ministre plénipotentiaire, préfet de la Seine,
préfet de police, premier président de la Cour de cassation, premier
président de la Cour des comptes, premier président de la Cour d’appel de
Paris, procureur général près la Cour de cassation, procureur général près la
Cour des comptes, procureur général près la Cour d’appel de Paris,
archevêque et évêque, pasteur, président du consistoire dans les
circonscriptions consistoriales dont le chef-lieu compte deux pasteurs et au-
dessus, grand-rabbin du consistoire central, grand-rabbin du consistoire de
Paris (art. 8). Sont également exceptés des dispositions de l’art. 8 ci-dessus :
1° les professeurs titulaires de chaires qui sont données au concours ou sur
la présentation des corps où la vacance s’est produite ; 2° les personnes qui
ont été chargées d’une mission temporaire ; — toute mission qui a duré plus
de 6 mois cesse d’être temporaire et est régie par ledit article.
Tout député nommé ou promu à une fonction publique salariée cesse
d’appartenir à la Chambre, par le fait même de son acceptation ; mais il
peut être réélu si la fonction qu’il occupe est compatible avec le mandat de
député. Toutefois les députés nommés ministres ou secrétaires d’État ne
sont pas soumis à la réélection (art. 11).
Ne peuvent être élus par l’arrondissement ou la colonie, compris, en tout
ou en partie, dans leur ressort, pendant l’exercice de leurs fonctions et
pendant les 6 mois qui suivent la cessation de leurs fonctions par démission,
destitution, changement de résidence, ou de toute autre manière : les
fonctionnaires de l’ordre administratif, judiciaire, ecclésiastique et
universitaire, dont l’énumération a été donnée plus haut, à propos des
élections sénatoriales ; sauf, toutefois, quelques additions ou
retranchements sans grande importance. Les sous-préfets ne peuvent être
élus dans aucun des arrondissements du département dans lequel ils
exercent leurs fonctions.
La Chambre des députés se renouvelle intégralement ; elle peut être
dissoute par le Président de la République, sur l’avis conforme du Sénat,
avant l’expiration de son mandat de 4 années. Le Sénat au contraire ne peut
être dissous.
Les membres des deux Chambres reçoivent la même indemnité : soit
9,000 fr. par an.
Attributions des deux Chambres. — Quant aux attributions des deux
Chambres, on peut dire, d’une manière générale, qu’elles ne varient pas
sensiblement : la confection des lois est, en effet, l’unique apanage de nos
deux Assemblées législatives. L’initiative, la dicussion et le vote des lois
appartiennent, au même titre, aux membres du Sénat et de la Chambre des
députés. La discussion peut commencer indifféremment à l’une ou à l’autre
des deux Chambres ; le vote du Sénat peut précéder ou suivre le vote de la
Chambre des députés. Toutefois, la loi annuelle de finances ou budget doit
être d’abord présentée à la Chambre des députés, votée par elle, et ensuite
soumise à la délibération du Sénat.
Le Sénat jouit d’une prérogative qui n’appartient pas à l’autre Chambre.
Il peut être constitué en cour de justice pour juger soit le Président de la
République, soit les Ministres, et pour connaître des attentats commis
contre la sûreté de l’État.
CONFECTION DES LOIS ; — LA LOI ; — LE RESPECT DE LA LOI.
LA COMMUNE
LE CONSEIL MUNICIPAL ; — MODE D’ÉLECTION ; — ATTRIBUTIONS ; — LE
MAIRE ; — LES ADJOINTS.
ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE ; — GRATUITÉ ; — ÉCOLES
PUBLIQUES ; — SALLES D’ASILE ; — CLASSES
ENFANTINES
Loi qui établit la gratuité absolue de l’enseignement primaire
dans les Écoles publiques. — Bull. off. 625, n° 10,675).
ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE ; — OBLIGATION ; — LAÏCITÉ
LOI sur l’enseignement primaire. — (Bull. off. 690, n. 11, 696).
(6 janvier 1881).
LE PRÉSIDENT DU CONSEIL, MINISTRE DE L’INSTRUCTION
PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS, — Vu l’art. 2 de la loi du 28 juin
1833 ; — Vu les lois des 15 mars 1850 et 10 avril 1867 ; — Vu le statut des
écoles primaires en date du 25 avril 1834 ; — Vu la circulaire du 12
novembre 1835 ; — Vu la circulaire du 17 août 1851 et le règlement y
annexé ; — Vu la circulaire du 18 novembre 1871 ; — Le conseil supérieur
de l’instruction publique entendu, — Arrête :
ART. 1er. Pour être admis dans une école, les enfants doivent avoir plus
de six ans et moins de quatorze. En dehors de ces limites, ils ne pourront
être admis sans une autorisation spéciale de l’inspecteur d’académie.
Dans les communes qui n’ont pas de salle d’asile, l’âge d’admission sera
abaissé à cinq ans.
2. Tout enfant qui demandera son admission dans une école devra
présenter un bulletin de naissance.
L’instituteur s’assurera qu’il a été vacciné ou qu’il a eu la petite vérole, et
qu’il n’est pas atteint de maladies ou d’infirmités de nature à nuire à la
santé des autres élèves.
3. Le vœu des pères de famille sera toujours consulté et suivi en ce qui
concerne la participation de leurs enfants à l’instruction religieuse.
« Ce vœu sera formulé par oui ou par non dans une colonne spéciale sur
le registre matricule au moment de l’inscription des élèves.
Dans toute école mixte, quant au culte, les enfants reçoivent en commun
l’instruction primaire ; il reçoivent séparément l’instruction religieuse,
donnée aux uns et aux autres, en dehors des heures de classe ordinaire, par
le ministre de leur culte ».
4. La garde de la classe est commise à l’instituteur : il ne permettra pas
qu’on la fasse servir à aucun usage étranger à sa destination sans une
autorisation spéciale du préfet.
5. Pendant la durée de la classe, l’instituteur ne pourra, sous aucun
prétexte, être distrait de ses fonctions professionnelles, ni s’occuper d’un
travail étranger à ses devoirs scolaires.
6. Les enfants ne pourront, sous aucun prétexte, être détournés de leurs
études pendant la durée des classes.
« Ils ne seront envoyés à l’église que pour les catéchismes et pour les
exercices religieux qu’en dehors des heures de classe. L’instituteur n’est pas
tenu de les y surveiller. Il n’est pas tenu davantage de les y conduire, sauf le
cas prévu au § 3 de l’art. 9 ci-après.
Toutefois, pendant la semaine qui précède la première communion,
l’instituteur autorisera les élèves à quitter l’école aux heures où leurs
devoirs religieux les appellent à l’église. »
7. L’entrée de l’école est formellement interdite à toute personne antre
que celles qui sont préposées par la loi à la surveillance de l’enseignement.
8. L’instituteur n’établira aucune distinction entre les élèves payants et
les élèves gratuits ; les uns et les autres seront réunis dans les mêmes locaux
et participeront aux mêmes leçons.
9. Les classes dureront trois heures le matin et trois heures le soir. Celle
du matin commencera à huit heures, celle de l’après-midi à une heure ; elles
seront coupées par une récréation d’un quart d’heure.
Suivant les besoins des localités, les heures d’entrée et de sortie pourront
être modifiées par l’inspecteur d’académie, sur la demande des autorités
locales et l’avis de l’inspecteur primaire.
« Les enfants qui ne sont pas rendus à leur famille dans l’intervalle des
classes demeurent sous la surveillance de l’instituteur jusqu’à l’heure où ils
quittent définitivement la maison d’école. »
10. Les enfants se présenteront à l’école dans un état de propreté
convenable.
La visite de propreté sera faite par l’instituteur au commencement de
chaque classe.
11. Quand l’instituteur prendra la direction d’une école, il devra de
concert avec le maire ou son délégué, faire le récolement du mobilier
scolaire, des livres de la bibliothèque, des archives scolaires et, s’il y a lieu,
de son mobilier personnel et de celui de ses adjoints.
Le procès-verbal de cette opération, signé par les deux parties,
constituera l’instituteur responsable des objets désignés à l’inventaire.
En cas de changement de résidence, l’instituteur provoquera, avant son
départ, le nouveau récolement du mobilier.
12. Un tableau portant le prix de tous les objets que l’instituteur sera
autorisé de fournir aux élèves sera affiché dans l’école, après avoir été visé
par l’inspecteur primaire.
13. La classe sera blanchie et lessivée tous les ans, et tenue dans un état
constant de propreté et de salubrité. A cet effet elle sera balayée et arrosée
tous les jours ; l’air y sera fréquemment renouvelé ; même en hiver, les
fenêtres seront ouvertes pendant l’intervalle des classes.
14. Le français sera seul en usage dans l’école.
15. Toute représentation théâtrale est interdite dans les écoles publiques.
16. Aucun livre ni brochure, aucun imprimé ni manuscrit étrangers à
l’enseignement ne peuvent être introduits dans l’école sans l’autorisation
écrite de l’inspecteur d’académie.
17. Toute pétition, quête, souscription ou loterie y est également interdite.
18. Les seules punitions dont l’instituteur puisse faire usage sont :
Les mauvais points ;
La réprimande ;
La privation partielle de la récréation ;
La retenue après la classe, sous la surveillance de l’instituteur ;
L’exclusion temporaire.
Cette dernière peine ne pourra dépasser deux jours. Avis en sera donné
immédiatement par l’instituteur aux parents de l’enfant, aux autorités
locales et à l’inspecteur primaire.
Une exclusion de plus longue durée ne pourra être prononcée que par
l’inspecteur d’académie.
19. Il est absolument interdit d’infliger aucun châtiment corporel.
20. Les classes vaqueront le jeudi et le dimanche de chaque semaine, et
les jours de fêtes réservées.
21. Les jours de congés extraordinaires sont :
Une semaine à l’occasion des fêtes de Pâques ;
Le premier jour de l’an, ou le lendemain, si ce jour est un dimanche ou
un jeudi ;
Le lundi de la Pentecôte ;
Les jours de fêtes patronales ;
Les jours de fêtes nationales.
22. L’époque et la durée des vacances seront fixées chaque année par le
préfet en conseil départemental.
23. L’instituteur ne pourra ni intervertir les jours de classe, ni s’absenter,
sans y avoir été autorisé par l’inspecteur primaire, et sans avoir donné avis
de cette autorisation aux autorités locales.
Si l’absence doit durer plus de trois jours, l’autorisation de l’inspecteur
d’académie est nécessaire.
Un congé de plus de huit jours ne peut être donné que par le préfet. Dans
les circonstances graves et imprévues, l’instituteur pourra s’absenter sans
autre condition que de donner immédiatement avis de son absence aux
autorités locales et à l’inspecteur primaire.
24. Tout ce qui se rapporte à l’organisation pédagogique (emploi du
temps, programme d’études, classement des élèves, etc.) sera réglé par le
conseil départemental, sur la proposition de l’inspecteur d’académie, et
soumis à l’approbation du recteur.
25. Les dispositions de ce règlement sont applicables aux écoles de filles.
26. Le règlement modèle en date du 17 août 1851 est et demeure abrogé.
27. Les autorités préposées par la loi à la surveillance de l’instruction
primaire sont chargées de l’exécution du présent règlement.
Signé : Jules FERRY.
NOTA. — Les parties imprimées entre guillemets sont les dispositions additionnelles
au règlement du 7 ou 17 juin 1880, adoptées par le conseil supérieur dans sa séance du 6
janvier 1881.
ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE ; — OBLIGATION ; — CERTIFICAT
D’ÉTUDES ; — EXAMEN
Décret relatif aux conditions d’admission pour l’obtention du certificat d’études.
ART. 1er. L’examen public auquel doivent se présenter les enfants qui
désirent obtenir le certificat d’études institué par l’art. 6 de la loi du 28 mars
1882 aura lieu à l’expiration de chaque année scolaire.
2. Pour être admis à subir cet examen, les enfants devront avoir au moins
onze ans à l’époque où il aura lieu.
3. Les dispositions de l’arrêté ministériel du 16 juin 1880, relatives au
mode de l’examen pour le certificat d’études primaires élémentaires, à la
nature des épreuves et aux conditions d’admission, sont applicables à
l’examen dont il s’agit.
4. Le ministre de l’instruction publique et des beaux-arts est chargé, etc.
TEMPS CHIFFRE
NATURE DES
DONNÉ pour maximum
ÉPREUVES
les épreuves D’APPRÉCIATION
Orthographe » 10
Écriture » 10
Rédaction Idem. 10
Couture Idem. 10
Tout élève ayant fait plus de cinq fautes d’orthographe dans la dictée est
éliminé.
La dictée d’orthographe est corrigée d’après les règles suivantes :
Chaque demi-faute fait diminuer le maximum d’un point ;
Une faute d’orthographe usuelle compte une faute ;
Une faute d’orthographe grammaticale, une faute ;
L’accent changeant la nature du mot, une demi-faute ;
Les autres fautes d’accent, les fautes de cédille, de trait-d’union, de
tréma, de majuscule, de ponctuation, appréciées par le jury, sont évaluées,
dans leur ensemble, une faute ou une demi-faute.
La nullité d’une épreuve entraîne l’élimination.
Les compositions sont corrigées séance tenante par les membres de la
commission.
L’indication de la note est portée en tête de chaque copie et sur un tableau
dressé à cet effet.
Ne sont admis aux épreuves orales que les candidats qui ont obtenu, pour
la première série d’épreuves, au moins la moyenne de 20 points (garçons),
ou de 25 points (filles).
5. Les épreuves orales ont lieu en présence des maîtres et des maîtresses.
Elles comprennent :
La lecture expliquée ;
L’analyse d’une phrase de la lecture ou d’une phrase écrite au tableau
noir ;
Les éléments de l’histoire et de la géographie de la France ;
Des questions d’application pratique sur le calcul et sur le système
métrique.
Les épreuves orales sont appréciées de la même manière que les épreuves
écrites, c’est-à-dire au moyen d’un chiffre variant de 0 à 10.
La durée de l’ensemble des épreuves, pour chaque candidat, ne doit pas
excéder vingt-cinq minutes.
6. Les points obtenus pour les épreuves orales sont ajoutés aux points
obtenus pour les épreuves écrites.
Nul n’est déclaré définitivement apte à recevoir le certifica d’études s’il
n’a obtenu la moitié au moins du total maximum des points accordés pour
les deux catégories d’épreuves, soit 40 points pour les garçons, 45 points
pour les filles.
7. Outre les matières énoncées aux articles 3 et 5 du présent règlement,
l’examen peut comprendre : un exercice de dessin linéaire et des
interrogations sur l’agriculture.
Il sera fait mention sur le certificat des matières complémentaires pour
lesquelles le candidat aura obtenu la note 5.
8. Le procès-verbal de l’examen sera transmis à l’inspecteur d’académie,
qui, après avoir vérifié la régularité des opérations, délivre, s’il y a lieu, le
certificat d’études.
9. Le surplus des dispositions à prendre pour assurer la marche des
examens et les opérations des commissions sera réglé par les autorités
départementales.
Dans le mois qui suit la clôture des sessions, l’inspecteur d’académie
adresse au recteur un compte-rendu statistique des résultats obtenus dans
son département. Le recteur adresse au ministre un compte-rendu analogue
pour tous les départements de son ressort.
Fait à Paris, le 16 juin 1880.
J. FERRY.
ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE ; — MAITRISES ; — INSPECTION
ACADÉMIQUE
CIRCULAIRE du ministre de la justice et des cultes aux préfets, portant que les maîtrises
sont soumises aux lois scolaires, et notamment à l’inspection académique.
(4 juillet 1882).
MONSIEUR LE PRÉFET, j’ai été, dans ces derniers temps, à plusieurs
reprises, consulté soit par le Ministère de l’instruction publique et des beaux
arts, soit par un certain nombre de vos collègues sur le point suivant :
Les établissements entretenus par des fabriques cathédrales ou
paroissiales, ou dépendant plus ou moins directement desdites fabriques et
confiés aux soins d’ecclésiastiques appartenant au clergé séculier ou
régulier, dans lesquels sont enseignées tout ou partie des matières
composant le programme des écoles primaires des différents degrés, ou
même des écoles secondaires, peuvent-ils exciper du titre de MAÎTRISE,
soit qu’ils se le soient spontanément attribué, soit même qu’ils le tiennent
d’actes réguliers de l’autorité publique, pour se soustraire à l’application
des règles du droit commun en matière d’enseignement, notamment en ce
qui concerne les règles qui président à l’ouverture des institutions de cette
nature, soit en ce qui concerne leur inspection ?
Je crois devoir porter à votre connaissance les instructions suivantes que
j’ai données en réponse, et qui ne sont que le rappel et la confirmation de la
jurisprudence constamment maintenue par l’Administration.
Les maîtrises sont astreintes à toutes les dispositions des lois scolaires,
notamment à l’inspection académique, à moins toutefois qu’elles ne se
composent que de simples classes de plain-chant.
Dès 1819, le Ministre de l’intérieur reconnaissait que « des
ecclésiastiques réunissant près d’eux huit, dix et quelquefois jusqu’à trente
élèves de tous âges qu’ils instruisent gratuitement ou moyennant
rétribution, sont de véritables instituteurs rentrant de droit dans la classe
commune, comme ils y rentrent de fait. Ils doivent se munir de diplôme ou
cesser des fonctions que les instituteurs légalement autorisés peuvent seuls
remplir ».
La Cour de cassation, d autre part, n’a jamais varié dans la jurisprudence
inaugurée par ses arrêts des 15 décembre 1834 et 23 mars 1835, où elle
reconnaissait que le législateur n’a jamais entendu dispenser de la
soumission à l’Université les élèves destinés, à quelque titre que ce soit, au
service des autels ; que cette soumission tenait à l’un des principes
constitutifs de l’université et que, ni dans les décrets impériaux, ni dans les
ordonnances royales, il ne se trouvait aucune disposition exceptionnelle à
ces principes.
Si, depuis cette époque, la liberté d’enseignement a été proclamée, c’est
sou ; la réserve de certaines garanties, vérifications et inspections, et il y a
lieu de soumettre les maîtrises à l’empire des règles du droit commun sans
qu’elles puissent invoquer le bénéfice d’aucun privilège ou d’aucune
exception.
Recevez, etc.
Pour le Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et des Cultes :
Le Conseiller d’Etat, Directeur général des Cultes,
Signé : FLOURENS.
10*
ÉCOLES MATERNELLES
DÉCRET portant règlement général pour L’établissement des Ecoles maternelles (Salles
d’asile). — (Bull. off. 641, n° 1910).
ART. 1er. Les écoles maternelles (salles d’asile), publiques ou libres, sont
des établissements d’éducation où les enfants des deux sexes reçoivent les
soins que réclame leur développement physique, intellectuel et moral.
Les enfants peuvent y être admis dès l’âge de deux ans accomplis et y
rester jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge de sept ans.
2. L’enseignement dans les écoles maternelles comprend :
1° Les premiers principes d’éducation morale ; des connaissances sur les
objets usuels ; les premiers éléments de dessin, de l’écriture et de la lecture ;
des exercices de langage ; des notions d’histoire naturelle et de géographie ;
des récits à la portée des enfants ;
2° Des exercices manuels ;
3° Le chant et les mouvements gymnastiques gradués.
3. Les écoles maternelles sont exclusivement dirigées par des femmes.
4. Nulle ne peut diriger une école maternelle avant l’âge de vingt et un
ans accomplis, et sans être pourvue du certificat d’aptitude à la direction des
écoles maternelles.
Nulle ne peut diriger une école maternelle annexée à un cours normal,
avant l’âge de vingt-cinq ans, ni sans avoir exercé pendant cinq ans dans les
écoles maternelles publiques ou libres.
Nulle ne peut être sous-directrice d’école maternelle avant l’âge de dix-
huit ans, ni sans justifier du certificat d’aptitude à la direction des écoles
maternelles.
5. Sont incapables de tenir une école maternelle, publique ou libre, les
personnes qui se trouvent dans les cas prévus par l’art. 26 de la loi du 15
mars 1850.
6. Indépendamment des autorités instituées par la loi pour la surveillance
et l’inspection des écoles, l’inspection des écoles maternelles est exercée :
1° Par les inspectrices générales ;
2° Par les inspectrices départementales.
Les inspectrices générales et départementales sont nommées par le
ministre.
7. Nulle ne peut être nommée inspectrice générale sans avoir au moins
trente-cinq ans d’âge et cinq ans de service dans l’enseignement public ou
libre, et sans être pourvue : 1° du brevet supérieur ; 2° du certificat
d’aptitude à la direction des écoles maternelles ; 3° du certificat d’aptitude à
l’inspection des écoles maternelles.
Une inspectrice générale fait partie du comité consultatif de
l’enseignement primaire au ministère de l’instruction publique.
8. Nulle ne peut être nommée inspectrice départementale sans avoir
trente ans d’âge et trois ans de service dans renseignement public ou libre,
et sans être pourvue : 1° du brevet supérieur ou, à son défaut, du brevet
élémentaire complété parle certificat d’aptitude pédagogique ; 2° du
certificat d’aptitude à la direction des écoles maternelles ; 3° du certificat
d’aptitude à l’inspection des écoles maternelles.
Les inspectrices départementales visitent deux fois par an, au moins, les
écoles maternelles de leur ressort, et adressent à l’inspecteur d’académie un
rapport spécial sur chaque école à la suite de chaque inspection.
Elles donnent leur avis sur la nomination et la révocation des directrices
et sous-directrices d’écoles maternelles publiques, ainsi que sur les
récompenses qui peuvent leur être accordées.
9. L’examen pour l’obtention du certificat d’aptitude à l’inspection des
écoles maternelles comprend les épreuves suivantes :
1° Épreuve écrite :
Un sujet de pédagogie appliqué aux écoles maternelles ;
2° Épreuve orale :
Questions de législation et d’administration concernant les écoles
maternelles ;
3° Épreuve pratique :
Inspection d’une école maternelle et rapport à la suite de cette inspection.
Un arrêté ministériel déterminera les conditions de cet examen.
10. Il peut être établi dans chaque commune où il existe des écoles
maternelles un ou plusieurs comités de dames patronesses présidé par le
maire.
Les membres du comité de patronage sont nommés par le préfet, sur la
proposition de l’inspecteur d’académie et après avis du maire.
Ce comité a pour attribution exclusive de veiller à l’observation des
prescriptions de l’hygiène, à la bonne tenue de l’établissement et au bon
emploi des fonds ou des dons en nature recueillis en faveur des enfants.
11. L’inspection des écoles maternelles libres porte sur la morale,
l’hygiène et la salubrité. Elle ne peut porter sur l’enseignement que pour
vérifier s’il n’est pas contraire à la morale, à la constitution et aux lois.
TITRE II
ÉCOLES MATERNELLES PUBLIQUES.
12. Dans les écoles maternelles publiques, les enfants seront divisés en
deux sections, suivant leur âge et le développement de leur intelligence.
13. Les premiers principes d’éducation morale seront donnés dans les
écoles maternelles publiques, non sous forme de leçons distinctes et suivies,
mais par des entretiens familiers, des questions, des récits, des chants
destinés à inspirer aux enfants le sentiment de leurs devoirs envers la
famille, envers la patrie, envers Dieu. Ces premiers principes devront être
indépendants de tout enseignement confessionnel.
14. Les connaissances sur les objets usuels comportent des explications
très élémentaires sur le vêtement, l’habitation et l’alimentation, sur les
couleurs et les formes, sur la division du temps, les saisons, etc.
15. Les exercices de langage ont pour but d’habituer les enfants à parler
et à rendre compte de ce qu’ils ont vu et compris.
Les morceaux de poésie qu’on leur fait apprendre seront courts et
simples.
16. L’enseignement du dessin comprend :
1° Des combinaisons de lignes au moyen de lattes, bâtonnets, etc.
2° La représentation sur l’ardoise de ces combinaisons et de dessins
faciles faits par la maîtresse au. tableau quadrillé.
3° La représentation sur l’ardoise des objets usuels les plus simples.
17. La lecture et l’écriture seront, autant que possible, enseignés
simultanément.
Les exercices doivent toujours être collectifs.
18. L’enseignement du calcul comprend ;
1° L’étude de la formation des nombres de un à dix ;
2° L’étude de la formation des dizaines de un à cent ;
3° Les quatre opérations, sous la forme la plus élémentaire, appliquées
d’abord à la première dizaine ;
4° Ca représentation des nombres par des chiffres ;
5° Les applications très simples du système métrique (mètre, litre,
monnaie).
Cet enseignement sera donné au moyen d’objets mis entre les mains des
enfants, tels que lattes, bâtonnets, cubes, etc.
Les enfants seront exercés au calcul mental sur toutes les combinaisons
de nombres qu’ils auront faites.
19. Les éléments d’histoire naturelle comprennent la désignation des
parties principales du corps humain, des notions sur les animaux les plus
connus, les végétaux et les minéraux usuels.
Cet enseignement est donné à l’aide d’objets réels et de collections
formés, autant que possible, par les enfants et les maîtresses.
20. L’enseignement de la géographie est descriptif ; il s’appuie sur
l’observation des lieux où vit l’enfant.
Il comprend :
1° L’orientation (points cardinaux) ;
2° Des notions sur la terre et les eaux ;
3° Quelques indications sur les fleuves, les montagnes et les principales
villes de France.
21. Les récits porteront principalement :
1° Sur les grands faits de l’histoire nationale ;
2° Sur les leçons de choses.
22. Les exercices manuels consisteront en tressage, tissage, petits
ouvrages de tricot.
Les travaux de coulure et autres travaux de nature à fatiguer les élèves
sont interdits.
23. L’enseignement du chant comprend :
Les exercices d’intonation et de mesure les plus simples, les chants à
l’unisson et à deux parties qui accompagnent les jeux gymnastiques et les
évolutions. Les chants sont appropriés à l’étendue de la voix des enfants.
Pour ces exercices, les directrices se serviront du diapason.
24. Les exercices gymnastiques seront gradués de manière à favoriser le
développement physique de l’enfant. Ils se composeront de mouvements, de
marches, d’évolutions et de jeux dirigés par la maîtresse.
25. Les leçons ne devront jamais durer plus d’un quart d’heure ou vingt
minutes ; elles seront toujours séparées par des chants, des exercices
gymnastiques, des marches ou des évolutions.
26. Les conditions dans lesquelles doivent être établies les écoles
maternelles publiques, tant au point de vue des bâtiments que de
l’ameublement, seront l’objet d’un règlement spécial.
27. Le matériel d’enseignemont de l’école maternelle comprend
nécessairement les objets suivants :
Un claquoir, un sifflet ;
Un ou plusieurs tableaux noirs, dont un au moins sera quadrillé ;
Une méthode de lecture en tableaux et plusieurs collections d’images ;
Un nécessaire métrique ;
Un globe terrestre et une carte murale de France ;
Un boulier ;
Des collections de bûchettes ou bâtonnets, des lattes, des cubes, etc. ;
Une collection de jouets ;
Des ardoises quadrillées d’un côté et unies de l’autre ;
Un diapason.
28. Aucun enfant n’est reçu dans une école maternelle, s’il n’est muni
d’un billet d’admission signé par le maire et s’il ne produit un certificat de
médecin, dûment légalisé, constatant qu’il n’est atteint d’aucune maladie
contagieuse et qu’il a été vacciné.
29. Lorsqu’un enfant est présenté dans une école maternelle, la directrice
fait connaître aux parents les conditions réglementaires auxquelles ils
devront se conformer.
30. Un mois de vacances est successivement accordé chaque année aux
directrices et sous-directrices d’écoles maternelles.
31. Les enfants seront toujours repris avec bienveillance. Ils ne devront
jamais être frappés.
32. Un médecin nommé par le maire visite une fois par semaine les
écoles maternelles.
Il inscrit ses observations sur un registre particulier.
33. Les directrices et sous-directrices des écoles maternelles publiques
sont nommées et révoquées dans la même forme que les institutrices
publiques. Les peines disciplinaires leur sont applicables et dans la même
forme qu’aux institutrices.
Les directrices sont choisies, autant que possible, parmi les sous-
directrices.
Chaque année, la directrice adresse à l’inspectrice départementale un
rapport détaillé sur tout ce qui concerne l’établissement qu’elle dirige.
34. Dans toute école maternelle publique recevant plus de cinquante
enfants, la directrice est aidée par une sous-directrice.
Dans toute école maternelle publique recevant plus de vingt-cinq enfants,
la directrice est assistée par une femme de service.
35. Les directrices et sous-directrices d’écoles maternelles publiques
pourvues du brevet de capacité sont assimilées aux institutrices titulaires et
adjointes pour la fixation du taux du traitement, les conditions de
l’avancement et du logement.
36. La femme de service est nommée, dans chaque école maternelle
publique, par la directrice avec agrément du maire ; elle est révoquée dans
là même forme.
37. Un règlement des écoles maternelles libres de chaque département
sera rédigé par le conseil départemental, d’après les indications générales
d’un règlement modèle arrêté par le ministre de l’instruction publique en
conseil supérieur.
TITRE III
ÉCOLES MATERNELLES LIBRES.
38. Quiconque veut ouvrir ou diriger une école maternelle libre doit se
conformer préalablement aux dispositions prescrites par les art. 25 et 27 de
la loi du 15 mars 1850, et 1, 2 et 3 du décret du 7 octobre 1850.
Le préfet peut faire opposition à l’ouverture de l’école maternelle, dans
les cas prévus par l’art. 28 de la loi du 15 mars 1850 et par l’art. 4 du décret
du 7 octobre 1850. L’opposition est jugée par le conseil départemental,
contradictoirement et à bref délai. Le recours est admis lorsque l’opposition
est faite à la personne. Si le maire refuse d’approuver le local, il est statué à
cet égard par le conseil départemental.
A défaut d’opposition, l’école maternelle peut être ouverte à l’expiration
du mois.
39. Le conseil départemental peut, par application de l’art. 30 de la loi du
15 mars 1850, censurer, suspendre pour un temps qui ne pourra excéder six
mois, ou interdire de sa profession, dans la commune où elle réside, une
directrice ou une sous-directrice d’école maternelle libre.
Il peut frapper d’interdiction absolue une directrice ou une sous-directrice
d’école maternelle libre ou publique, sauf appel devant le conseil supérieur
de l’instruction publique, dans les délais légaux.
TITRE IV
EXAMENS.
ENSEIGNEMENT
PRIMAIRE ; — OBLIGATION ; — DÉCLARATION DES
PARENTS
CIRCULAIRE du ministre de l’instruction publique et des beaux-arts aux préfets, relative
à l’exécution de la loi du 28 mars 1882 sur l’instruction primaire obligatoire.
FIN
TABLE DES MATIÈRES
AVERTISSEMENT
Extrait du programme ministériel
Adjoints
Administrateurs
Agents de la force publique
Agents de la souveraineté nationale
Agents voyers
Ajournés
Aliénés
Amendement
Arrêtés ministériels
Arrêtés préfectoraux
Arrêtés des maires
Affouages
Arrondissement
Assiette de l’impôt direct
Avis des conseils municipaux
Avis des conseils généraux
B
Bâtiments communaux
Bâtiments départementaux
Bienfaisance publique
Biens du domaine public communal
— communaux proprement dits
— patrimoniaux
Bons du Trésor
Budget de l’Etat
— du département
— de la commune
Cadastre
Canton
Centime additionnel
Chambres
Chemins ruraux
— vicinaux
Circulaires
Citoyen
Classement
Classification
Collège électoral
Commission départementale
Communeet suiv.
Comptables
Comptabilité administrative
— judiciaire
— législative
— deniers
— matières
— publique
Conseil académique
— d’arrondissement
— départemental
— d’instruction publique
— d’Etatet
— général
— de préfecture
— municipal
— des prud’hommes
— supérieur de l’instruction publique
— de révision
Contentieux de l’impôt direct
Cour d’appel
— d’assises
— de cassa ion
— des comptes
Cultes reconnus
Constitution
Contrainte par corps
Égalité civile
Electeur
Élection
Eligible
Etat
Engagés conditionnels d’un an
Engagements volontaires
Engagements et rengagements
Enregistrement
Enseignement primaire. L. promul. en 1881 et 1882
Etat de guerre
— de paix
— de siègeet
— de sections
Excès de pouvoir
Exercice budgétaire
Fonctionnaires
Force publique
Gendarmerie
Gestion
Grand-Livre de la Dette publique
Hiérarchie
I
Incompétence
Impôt direct foncier
— personnel et mobilier
— des portes et fenêtres
— des patentes
Impôt indirect
— de quotité
— de répartition
Instructions
Instruction primaire
Inviolabilité du domicile
— de la propriété
Juges de paix
Jury.
Justice
Liberté de conscience
— individuelle
Listes électorales
Loi (définition)
M
Maireet
Matrice du rôle
Ministres
Ministères
Monopoles
Obligation scolaire
Octroi
Ordonnateurs
Ordres
Origines du droit public
Passe-port
Pâturages communaux
Période électorale
Police municipale et rurale
— sanitaire
Préfet
Président de la République.
Prestations en nature
Promulgation de la loi
Pouvoirs constitués
Principes de 1789
R
Salubrité publique
Scrutins (individuel, de liste)
Sécurité individuelle
— publique
Sénat
Service militaire obligatoire
Sessions des conseils municipaux
— — généraux
Sous-préfet
Souveraineté nationale
Subventions de l’Etat
— du departement
Suffrage universelet
Suffrages à plusieurs degrés
Sursis d’appel
T
Violation de la loi
Vœux des conseils municipaux
— — généraux
Voirie municipale
collection19@bnf.fr
ooo0ooo
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