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Année universitaire 2019-2020

Licence 1 Droit – Semestre 1

Droit constitutionnel – Travaux dirigés

Équipe pédagogique :
M. J.-J. URVOAS (CM), M. L. MVE ELLA (TD)
Mme S. LE BRETON (TD) M. J.F. LE GOFF

Séances n° 4 et 5 – LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Eléments bibliographiques :
- B. Chantebout, « Tant de pouvoirs pour de tels résultats ! », in AFDC, 1958-2008, Cinquantième
anniversaire de la constitution, 2008, p 17.
- M.A. Cohendet, Le Président de la République, Dalloz, coll. « Connaissance du droit », 2002
Pouvoirs, La candidature à la présidentielle, n°138, 2011/3.
- O. Duhamel, Le quinquennat, Presse de la FNSP, 2008.
- R. Ghevontian, « La révision de la Constitution et le président de la République : l’hyper-
présidentialisation n’a pas eu lieu », RFDC, 10 janvier 2009, p 224.
- P. Jean, Le Président de la République au centre du pouvoir, la documentation française, 2011.
- Pouvoirs, « La candidature à la présidentielle », n°138, 2011/3.
Objectifs de la séance :
- Saisir l’importance de la fonction et des pouvoirs du Président de la République dans la
Constitution de la 5ème République.
- Apprécier l’enjeu du mode d’élection et du mandat du Président de la République dans la vie
politique française et parallèlement l’évolution de la fonction présidentielle.
Sujets de dissertations :
- Séance n° 4 : « L’évolution de la fonction présidentielle sous la Ve République ».
- Séance n° 5 : « L’élection du Président de la République sous la Vème République ».
Recherches :
- Le Président de la République et la notion d’arbitrage.
- Pouvoirs propres et domaine réservé.
- L’élection du Suffrage Universel Direct du Président de la République. Pourquoi, Comment ?

Document 1 : C. de Gaulle, discours d’Epinal, 29 septembre 1946 (extraits).

Mais, si la République est sauvée, il reste à la rebâtir. À cet égard, nous avons toujours fait nettement
connaître à la nation quelle était la conception du salut après les terribles leçons que nous venons
d'essuyer et devant les durs obstacles que nous avons à franchir. Nous l'avons fait, convaincu que cette
conception répondait au sentiment profond du peuple, même si l'embrigadement dans les partis devait
en contrarier l'expression. Nous répétons aujourd'hui ce que nous n'avons cessé de dire sous beaucoup
de formes et en beaucoup d'occasions.

Il nous parait nécessaire que l'état démocratique soit l'état démocratique, c'est-à-dire que chacun des
trois pouvoirs publics : exécutif, législatif, judiciaire, soit un pouvoir mais un seul pouvoir, que sa tâche se
trouve limitée et séparée de celle des autres et qu'il en soit seul, mais pleinement, responsable. Cela afin
d'empêcher qu'il règne dans les pouvoirs de l'État cette confusion qui les dégrade et les paralyse ; cela
aussi afin de faire en sorte que l'équilibre établi entre eux ne permette à aucun d'en écraser aucun autre,
ce qui conduirait à l'anarchie d'abord et, ensuite, à la tyrannie, soit d'un homme, soit d'un groupe
d'hommes, soit d'un parti, soit d'un groupement de partis.

Il nous paraît nécessaire que le Chef de l'État en soit un, c'est-à-dire qu'il soit élu et choisi pour représenter
réellement la France et l'Union Française, qu'il lui appartienne, dans notre pays si divisé, si affaibli et si
menacé, d'assurer au-dessus des partis le fonctionnement régulier des institutions et de faire valoir, au
milieu des contingences politiques, les intérêts permanents de la nation. Pour que le Président de la
République puisse remplir de tels devoirs, il faut qu'il ait l'attribution d'investir les gouvernements
successifs, d'en présider les Conseils et d'en signer les décrets, qu'il ait la possibilité de dissoudre
l'Assemblée élue au suffrage direct au cas où nulle majorité cohérente ne permettrait à celle-ci de jouer
normalement son rôle législatif ou de soutenir aucun Gouvernement, enfin qu'il ait la charge d'être, quoi
qu'il arrive, le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et des traités signés par la
France.

Il nous paraît nécessaire que le Gouvernement de la France en soit un, c'est-à-dire une équipe d'hommes
unis par des idées et des convictions semblables, rassemblés pour l'action commune autour d'un chef et
sous sa direction, collectivement responsables de leurs actes devant l'Assemblée Nationale, mais
réellement et obligatoirement solidaires dans tous leurs actes, dans tous leurs mérites et dans toutes
leurs erreurs, faute de quoi il peut y avoir une figuration exécutive mais non pas de Gouvernement.

Il nous paraît nécessaire que le Parlement en soit un, c'est-à-dire qu'il fasse les lois et contrôle le
Gouvernement sans gouverner lui-même, ni directement, ni par personnes interposées. Ceci est un point
essentiel et qui implique, évidemment, que le pouvoir exécutif ne procède pas du législatif, même par une
voie détournée qui serait inévitablement celle des empiétements et des marchandages. Le Parlement doit
comporter deux Chambres: l'une prépondérante, l'Assemblée nationale, élue au suffrage direct, la
seconde, le Conseil de la République, élue par les Conseils généraux et municipaux, complétant la
première, notamment en faisant valoir, dans la confection des lois, les points de vue financier,
administratif et local qu'une Assemblée purement politique a fatalement tendance à négliger.

Il nous paraît nécessaire que la justice soit la justice, c'est à dire indépendante de toutes influences
extérieures, en particulier des influences politiques. Si donc, comme il est raisonnable, la justice
s'administre en un Conseil de la Magistrature, encore serait-il indispensable que ce Conseil demeurât
fermé aux interventions des partis.

Document 2 : Ch. de Gaulle, Conférence de presse, 31 janvier 1964

« On ne saurait accepter qu’une dyarchie existât au sommet. Mais justement il n’en est rien… le président
qui choisit le Premier ministre, qui le nomme ainsi que les autres membres du Gouvernement, qui a la
faculté de le changer soit parce que se trouve accomplie la tâche qu’il lui destinait… soit parce qu’il ne
l’approuverait plus ; le président, qui arrête les décisions prises dans les Conseils, promulgue les lois,
négocie les traités, décrète ou non, les mesures qui lui sont proposées, est le chef des armées, nomme
aux emplois publics… le président est évidemment seul à détenir et à déléguer l’autorité de l’État.

Mais précisément, la nature, l’étendue et la durée de sa tâche impliquent qu’il ne soit pas absorbé, sans
relâche et sans limites, par la conjoncture politique, parlementaire, économique et administrative. Au
contraire, c’est là le lot, aussi complexe et méritoire qu’essentiel du premier ministre français. »

Document 3 : Ph. Blachèr, « Les pouvoirs discrétionnaires du chef de l’État, sources de la


présidentialisation du régime », Petites affiches, 10 juillet 2008, n° 138, p. 5 (extraits).
L'incontournable « domaine réservé » du chef de l'État.

La question de l'existence d'un « domaine réservé » au président de la République se pose dès les
premières années d'application du régime. Le « domaine réservé » traduit, par une formule ramassée
dont la paternité incombe à Jacques Chaban-Delmas lors du congrès de l'Union pour la Nouvelle
République du 15 novembre 1959, la tendance du pouvoir présidentiel à imposer son autorité dans
certaines matières.

L'attitude des présidents de la République confirme la tendance à exclure, dans les domaines
diplomatiques et militaires, la compétence primo-ministérielle et/ou parlementaire. Ainsi, l'engagement
des forces militaires françaises dans la première « Guerre du Golfe » de 1991 est décidé unilatéralement
par le président François Mitterrand. La Constitution prévoit pourtant que « toute déclaration de guerre »
soit votée par le Parlement (art. 35). Cependant, l'intervention militaire n'est pas officiellement assimilée
à une « guerre »mais à une opération de sécurité internationale conduite sous l'égide des Nations unies,
cette qualification juridique évitant l'obligation du vote du Parlement.

La lecture du texte constitutionnel incline à ranger dans le « domaine réservé » les matières touchant à
la politique étrangère de la France. En vertu de l'article 5, le président « est le garant de l'indépendance
nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités ». Dans l'esprit des rédacteurs du texte
constitutionnel, il ne fait aucun doute que le chef de l'État se voit ainsi confier la place première en matière
diplomatique. Cette intention se confirme par d'autres dispositions constitutionnelles. Selon l'article 14 de
la Constitution : « Le président de la République accrédite les ambassadeurs (...); les ambassadeurs (...)
sont accrédités auprès de lui». L'article 52 lui confère les plus hautes fonctions en matière de négociation
et de ratification des traités internationaux les plus importants : les engagements en forme solennelle. En
complément de ces dispositions constitutionnelles, le président de la République possède de fait le
pouvoir de représenter l'État sur la scène internationale. Ce pouvoir traditionnel se manifeste par les
visites à l'étranger dans le cadre de voyages officiels au cours desquelles le chef de l'État impulse les
relations diplomatiques.

Le domaine réservé renferme également les matières touchant à la défense nationale. Nonobstant l'article
20 (« Le gouvernement (...) dispose de la force armée » et l'article 21 « Le Premier ministre (...) est
responsable de la défense nationale »), le président s'est octroyé le pouvoir de décider la politique militaire
de la France en s'appuyant sur sa qualité de « chef des armées » énoncé par l'article 15 de la Constitution
de 1958. Le décret du 12 juin 1996 précise sur ce point que le président « peut décider seul l'engagement
des forces nucléaires ».

Manifestant cette primauté présidentielle en matière de défense nationale, le président Jacques Chirac
décide -contre l'avis d'une grande partie de la classe politique française et de la communauté
internationale- de procéder à des essais nucléaires dans le pacifique en juin 1995. C'est également le
président Jacques Chirac qui s'oppose à la guerre « préventive » contre l'Irak (seconde « Guerre du Golfe
» déclenchée en mars 2003) en rappelant, en février 2003, que la politique française en matière de crise
internationale se fonde prioritairement sur les modes de règlements pacifiques des différends dans le
cadre de la diplomatie multilatérale des Nations unies.

Pour le reste, les frontières entre le « domaine réservé » et celui qui ne l'est point reste normalement
déterminées par la seule volonté du président de la République. Dès 1961, Georges Berlia souligne que
« la frontière entre ces deux domaines ne saurait en effet être délimitée car le chef de l'État dispose d'un
véritable droit d'évocation qui lui permet, interprète souverain de la conjoncture politique nationale et
internationale, de faire passer un problème, une difficulté pour tout dire, d'un domaine dans l'autre ». Ce
constat est confirmé par les relations président/Premier ministre en période « normale » sous la Ve
République : le chef de l'État fait comme si le domaine réservé existait effectivement, cette réserve de
compétence lui permettant d'exclure l'intervention du chef du gouvernement dans certaines matières.

En période de « cohabitation », la question de l'effectivité du « domaine réservé » est un enjeu de pouvoir.


Le président continue de prétendre invoquer le « domaine réservé » à son profit. Mais les circonstances
l'empêchent de revendiquer une compétence exclusive dans les matières de la politique étrangère et des
questions militaires. En effet, le Premier ministre est également reconnu compétent pour intervenir dans
ces matières en vertu de l'article 20 de la Constitution (ce qui justifie pleinement une prochaine réécriture
de cette disposition). Ainsi, le chef du gouvernement Lionel Jospin a-t-il accompagné le chef de l'État,
Jacques Chirac, lors de la plupart des sommets européens et internationaux entre 1997 et 2002. Des
tensions et oppositions sont venues brouiller la position officielle de la France, le président de la
République n'hésitant pas à utiliser les compétences que lui accordent les textes pour (tenter de) nuire à
la politique de la majorité gouvernementale.

En somme, ce qu'on appelle le « domaine réservé » devient un domaine disputé en cohabitation. Il reste
que, dans ces périodes de crise institutionnelle, le président continue d'exercer une prééminence
certaine. Le 14 juillet 1997, Jacques Chirac affirme que sur les questions internationales et européennes
: « (...) Le dernier mot appartient au président de la République ». Et personne ne conteste au chef de
l'État ses prérogatives dans la mesure où la Constitution en fait le chef de la diplomatie française, en
toutes circonstances.

Document 4 : « 1962 : l’élection du Président de la République au suffrage universel direct », Site de la


documentation française

En 1962, le moment semble propice : depuis avril, l’Algérie est indépendante et en août le Général
échappe, miraculeusement, à un attentat au Petit-Clamart commandité par ceux qui ne lui pardonnent
pas d’avoir « abandon » l’Algérie et qui avaient soutenu son retour au pouvoir en 1958. L’émotion est
grande dans le pays : et si De Gaulle venait à disparaître, que se passerait-il ?

Le 20 septembre, un mois après l’attentat, dans une allocution radiotélévisée, le général de Gaulle
annonce « sans que doivent être modifiés les droits respectifs, ni les rapports réciproques des pouvoirs,
exécutif, législatif, judiciaire (…) mais en vue de maintenir et d’affermir dans l’avenir nos institutions (…)
je crois donc devoir faire au pays la proposition que voici : quand sera achevé mon propre septennat, ou
si la mort ou la maladie l’interrompait avant le terme, le Président de la République sera dorénavant élu
au suffrage universel. Sur ce sujet, qui touche tous les Français, par quelle voie convient-il que le pays
exprime sa décision ? Je réponds : par la plus démocratique, la voie du référendum ».

Cette annonce suscite un tollé dans les partis traditionnels. A l’exception du parti gaulliste, l’UNR, et d’une
minorité des Indépendants emmenée par Valéry Giscard d’Estaing, c’est un refus. Outre l’hostilité même
à la réforme, la classe politique reproche au général de Gaulle l’utilisation de l’article 11 de la Constitution
pour le processus référendaire et non l’article 89 destiné spécifiquement à la révision de la Constitution,
mais qui suppose un vote du Parlement.

Le Conseil d’État émet un avis défavorable au recours à l’article 11. Le Conseil constitutionnel se déclare
incompétent (décision Loi référendaire du 6 novembre 1962).

Cette situation se traduit par le vote d’une motion de censure, le 5 octobre à l’Assemblée nationale, à
l’encontre du gouvernement de Georges Pompidou ; c’est la première et unique fois à ce jour qu’une
motion de censure est adoptée sous la Ve République. Le Général dissout l’Assemblée.
Le 28 octobre, les Français adoptent la réforme par référendum (62 % de oui) : les partis traditionnels
sont battus, ils le seront de nouveau aux élections législatives des 18 et 25 novembre : l’UNR gaulliste et
les Républicains indépendants obtiennent la majorité absolue des sièges à l’Assemblée nationale

Cette réforme, même si elle ne modifie pas le texte constitutionnel quant aux pouvoirs du Président,
accroît sa force politique du fait de l’onction du suffrage universel direct, notamment face au Parlement,
ce qui va permettre, 24 ans plus tard, la première cohabitation. Elle va être le déclencheur de la
bipolarisation progressive et de la présidentialisation de la vie politique française. Dès 1962, Valéry
Giscard d’Estaing comme François Mitterrand, qui a voté contre, ont vu quelle opportunité cette élection,
« rencontre d’un homme et d’un peuple », leur offrait.

Document 5 : Ph. Ardant, B. Mathieu, Institutions politiques et droit constitutionnel, LGDJ-Lextenso, 23e
éd., 2011, pp. 456 et 484-485.

Les auteurs du projet de Constitution ont imaginé la vie politique sous le nouveau régime comme
caractérisé par une lutte des partis analogue à celle des républiques précédentes. Les élections à leurs
yeux ne parviendraient pas, même avec l’aide du scrutin uninominal à deux tours, à dégager une majorité
stable de Gouvernement. L’exécutif ne recevrait qu’un soutien fragile et aléatoire de coalitions de
rencontre et la hantise d’une rémanence de l’instabilité gouvernementale a truffé la Constitution de
dispositions de rationalisation du parlementarisme destinées à renforcer l’autorité et la continuité de
l’équipe gouvernementale.

Les augures s’étaient trompés et aux divisions attendues s’est substitué à partir de 1962, le fait majoritaire
: l’exécutif a pu compter au Parlement sur une majorité fidèle pour la durée de la législature. C’est là la
caractéristique fondamentale de la vie politique de la Ve République : jusqu’en mars 1986 le fait
majoritaire a été parfait : les électeurs désignent un Président et envoient des députés siéger à
l’Assemblée avec mission de soutenir le Président et le Gouvernement nommé par lui.

Depuis lors, le fait majoritaire s’est modifié : il est parfois devenu imparfait, jouant en faveur du Premier
ministre contre le Président (1986-88, 1993-95, 1997-2002), ou encore il a disparu (1988-93).
[…]
Jusqu’en 2000, le mandat du Président était de sept ans, il était indéfiniment renouvelable. […]

Le débat sur la durée du mandat a été relancé au printemps 2000 par V. Giscard d’Estaing, proposant
l’adoption du quinquennat. L. Jospin y était depuis longtemps favorable et J. Chirac ne s’est pas opposé,
malgré des réticences avouées, à une révision de la Constitution. Les chambres ont approuvé la réduction
à cinq ans du mandat présidentiel, sans limitation du nombre de renouvellements, ni autre retouche au
texte de 1958 (le « quinquennat sec »). Le peuple a ratifié cette réforme le 24 septembre 2000, par
référendum.

La loi constitutionnelle de 2008 prévoit la limitation à deux mandats successifs. […] Plusieurs raisons ont
été évoquées pour justifier la réforme, elles ne sont guère convaincantes.

- La durée de cinq ans serait plus moderne. […]


- La réforme devrait éviter à l’avenir les situations de cohabitation. Le Président étant élu pour la
même durée que l’Assemblée et à la même période, devrait pouvoir compter, à la Chambre basse,
pour la durée de son mandat, sur une majorité disposée à soutenir son action. Pour plus de sûreté,
estimant que les électeurs confirmeraient lors des élections législatives leur choix de la
présidentielle, une loi du 15 mai 2001 a fixé les premières à une date postérieure à la seconde et
très proche de celle-ci. […]
-
De toute façon, la coïncidence entre la durée du mandat présidentiel et celle des députés n’est pas
acquise : elle disparaît en cas de dissolution, de démission ou de décès du Président. En réalité, c’est
toute la conception de la fonction présidentielle qui est en cause. Le mandat de cinq ans tend à consacrer
le Président comme véritable chef de l’exécutif, comme patron du système politique : un « capitaine » et
non un « arbitre » ; ceci dans la ligne de la pratique instituée par le général de Gaulle.

Cet effet a été très largement amplifié par la modification du calendrier électoral en 2001, opérée afin que
les élections législatives interviennent juste après les élections présidentielles. Cette réforme fait en effet
de l’élection présidentielle « la mère de toutes les élections ».

Document 6 : François Mitterrand, message au Parlement, 8 avril 1986

(…) Pour la première fois la majorité parlementaire relève de tendances politiques différentes de celles
qui s'étaient rassemblées lors de l'élection présidentielle, ce que la composition du gouvernement
exprime, comme il se doit.
Devant un tel état de choses, qu'ils ont pourtant voulu, beaucoup de nos concitoyens se posent la
question de savoir comment fonctionneront les pouvoirs publics. A cette question, je ne connais qu'une
réponse, la seule possible, la seule raisonnable, la seule conforme aux intérêts de la nation : la
Constitution, rien que la
Constitution, toute la Constitution. Quelqu'idée qu'on en ait - et je n'oublie pas moi-même ni mon refus
initial, ni les réformes qu'au nom d'un vaste mouvement d'opinion j'ai naguère proposées et que je
continue de croire souhaitables -, elle est la loi fondamentale. Il n'y a pas, en la matière, d'autre source
du droit. Tenons-nous en à cette règle.
Les circonstances qui ont accompagné la naissance de la Ve République, la réforme de 1962 sur l'élection
du chef de l'Etat au suffrage universel et une durable identité de vues entre la majorité parlementaire et
le
Président de la République ont créé et développé des usages qui, au-delà des textes, ont accru le rôle
de ce dernier dans les affaires publiques. La novation qui vient de se produire requiert de part et d'autre
une pratique nouvelle.
Je ne m'attarderai pas ici sur l'énoncé de compétences présentes, je le suppose, à votre esprit. Je
rappellerai seulement que la Constitution attribue au chef de l'Etat des pouvoirs que ne peut en rien
affecter une consultation électorale où sa fonction n'est pas en cause.
Fonctionnement régulier des pouvoirs publics, continuité de l'Etat, intégrité du territoire, respect des
traités, l'article 5 désigne de la sorte - et les dispositions qui en découlent précisent les domaines où
s'exercent son autorité ou bien son arbitrage. A quoi s'ajoute l'obligation pour lui de garantir
l'indépendance de la justice et de veiller aux droits et libertés définis par la Déclaration de 1789 et le
préambule de la Constitution de 1946.
Le gouvernement, de son côté, a pour charge, aux termes de l'article 20, de déterminer et de conduire la
politique de la nation. Il assume, sous réserve des prérogatives du Président de la République et de la
confiance de l'Assemblée, la mise en oeuvre des décisions qui l'engagent devant les Français. Cette
responsabilité est la sienne.
Cela étant clairement établi, Président et gouvernement ont à rechercher, en toutes circonstances, les
moyens qui leur permettront de servir au mieux et d'un commun accord les grands intérêts du pays.
(…)

Document 7 : P. Jan, « Déclaration présidentielle (art. 18 Constitution). Présidentialisme normal ou ultra-


présidentialisme ? », Site laconstitution.fr, 7 juillet 2017
La déclaration présidentielle d’Emmanuel Macron devant le Parlement réuni en Congrès (3 juillet 2017)
soulève une polémique en raison de sa proximité avec la déclaration de politique générale du Premier
ministre qui intervient le lendemain. Les arguments déployés à l’appui des critiques surprennent pour une
« première » de ce quinquennat. La régularité de telles interventions devant les députés et les sénateurs
réunis au château de Versailles peut, par contre, nourrir des interrogations légitimes.

L’article 18 de la Constitution offre deux voies au Président pour s’adresser aux chambres. Par voie de
message écrit et par voie de déclaration. Les messages respectivement lus dans chacune des
assemblées par leur président étaient, jusqu’à la révision constitutionnelle du 23 juillet 2008, la seule
possibilité pour le président de la République de communiquer directement avec la représentation
nationale. Interdiction lui était faite depuis une loi du 13 mars 1873, confirmée par la loi constitutionnelle
du 16 juillet 1875, de s’exprimer dans les hémicycles parlementaires. Jugée désuète et archaïque par le
constituant en 2008 tant en raison des moyens de communication moderne et de la centralité de sa
fonction, la procédure a été « modernisée » afin de lui permettre de s’adresser directement et sans
procuration aux parlementaires et, à travers eux, au peuple.

La rédaction de l’article 18 de la Constitution est sommaire : « [Le président de la République] peut


prendre la parole devant le Parlement réuni à cet effet en Congrès. Sa déclaration peut donner lieu, hors
sa présence, à un débat qui ne fait l’objet d’aucun vote ». A ce jour, deux discours présidentiels ont pris
appui sur ce fondement. Celui tout d’abord de Nicolas Sarkozy prononcé le 29 juin 2009 pour informer
les élus des « conséquences qu’[il tirait] de la crise » financière et économique de 2008. Celui, ensuite,
de François Hollande prononcé dans le contexte dramatique des attentats de Paris du 13 novembre 2015.
Dans le premier cas, le président a dressé un état des lieux et esquissé les voies et moyens pour
surmonter la débâcle financière et son lot de conséquences ; dans le second cas, le président s’est
adressé aux élus dans un contexte d’émotion extrême, d’unité rare de la Nation, et a annoncé un lot de
mesures fortes avec la déchéance de la nationalité et la constitutionnalisation de l’état d’urgence. Le
contenu des déclarations ne répond donc à aucune exigence particulière. Le contenu de la
communication est libre.

La déclaration présidentielle du 3 juillet 2017 s’inscrit dans la normalité institutionnelle.

La déclaration du président Macron est centrée sur les grands axes, les grands principes qui fixeront le
cap politique du quinquennat. Le format de l’exercice retenu par le président est, de ce point de vue,
parfaitement adapté. Comme toujours, on peut se livrer à deux lectures d’une situation. Soit on considère
que l’expression présidentielle directe devant les parlementaires est une marque d’un ultra-
présidentialisme qui doit être dénoncé et combattu, y compris par le boycott du discours et/ou du débat
qui s’engage à sa suite. Soit on estime, au contraire, que l’intervention s’insère totalement dans notre
régime parlementaire présidentialiste ou à direction présidentielle et dans ce cas, la démarche entreprise
par Emmanuel Macron n’est pas contestable. Deux interprétations, deux lectures qui recoupent de vraies
divergences et de réelles oppositions sur ce que sont ou ce que doivent être les institutions politiques.

Il n’est pas dans notre propos d’engager la réflexion sur ce dernier point. Simplement de livrer quelques
observations à partir desquelles chacun tirera ses propres conclusions.

La déclaration du président Macron n’a, en premier lieu et sur le fond, rien d’originale. Ses prédécesseurs,
non pas immédiats, mais de De Gaulle à Jacques Chirac, ont tous sans exception adressé un message
sur les grandes lignes de leur programme politique immédiatement après leur élection. De Gaulle « Au
moment où le Parlement va commencer ses travaux… » (15 janvier 1959) ; Pompidou : « Au moment où
le Parlement reprend ses travaux et au commencement de mon septennat… » (25 juin 1969) ; Valéry
Giscard d’Estaing : « Je ressens comme un honneur le fait d’adresser à la représentation nationale que
vous constituez mon premier message depuis que les suffrages du peuple français m’ont élu Président
de la République… Le Gouvernement vous exposera la semaine prochaine les perspectives de son
action. » (30 mai 1974) ; François Mitterrand le 8 juillet 1981 : « Comme m’y autorise l’article 18 de la
Constitution, j’adresse en ce début de législature mon salut au Parlement… Cet après-midi, le Premier
ministre vous demandera les moyens dont dispose la représentation nationale pour que soit fidèlement
exécuté le contrat qui, depuis les 10 mai et 21 juin derniers, nous lie au peuple français. » Sans faire
référence explicitement à la législature nouvelle, le président Jacques Chirac s’est adressé aux chambres
dans les jours qui ont suivi son élection (1995) et le premier jour de la session extraordinaire (2002). Ces
rappels montrent, si on en doutait, que la déclaration présidentielle du 3 juillet 2017 s’inscrit dans la
normalité institutionnelle. Y dérogeaient les présidences de Nicolas Sarkozy et de François Hollande…
De même, la communication présidentielle qui précède un engagement de responsabilité sur le
fondement de l’article 49, alinéa premier de la Constitution n’est pas inédite.

La politique des sièges vides pour marquer une désapprobation n’emporte aucune conséquence. Si les
parlementaires débattent, c’est hors la présence du Président. Le Congrès en cette occasion n’est pas
une instance de décision. Ils ne votent sur aucune motion d’approbation du discours présidentiel. La
posture des députés de la France insoumise et des élus communistes est symbolique. Pour autant, leur
attitude exprime une crainte qui dépasse largement leurs rangs rabougris. Celle d’une pratique régulière
de la déclaration présidentielle qui inclinerait les institutions de la Cinquième République vers un régime
présidentiel comme le connaît les États-Unis ou que la France a expérimenté en 1848, voire bonapartiste.
Cette crainte formulée en ces termes n’est pas sérieuse. Non seulement la France n’abrite pas un régime
présidentiel au sens juridique et politique du terme. Mais encore, aux États-Unis et sous la Deuxième
République, le discours présidentiel annuel est exigé par la Constitution. Rien de tel sous la Cinquième
République.

En revanche, il est certain qu’un recours « fréquent » (annuel) à l’article 18 de la Constitution soulève
légitimement des questionnements. Sous la Cinquième République, il revient au gouvernement
d’assumer la mise en musique des orientations présidentielles fondamentales et d’en assumer les
conséquences à l’Assemblée nationale (responsabilité). Telle est la loi du régime parlementaire, ce qu’est
la Cinquième République, même présidentialiste dans son interprétation. Si la déclaration présidentielle
en début de mandat traduit la volonté du chef de l’État de fixer le cap des cinq prochaines années, de
poser les fondamentaux de la charte législative qui découle de l’élection présidentielle et qui lie la majorité
législative, son déplacement annuel à Versailles (en dehors de tout événement particulier) impacterait
nécessairement le couple exécutif et peut-être l’équilibre attendu des institutions. En s’impliquant de la
sorte, le président restaure une certaine forme de responsabilité qui s’est perdue depuis bien longtemps
tout en redorant la fonction parlementaire. Mais une responsabilité politique unilatérale, choisie sans
crainte de contradictions et de sanctions, si ce n’est celle à terme du suffrage universel en cas de
renouvellement demandé du mandat. En cas de second mandat consécutif (dernier mandat), point de
sanction. En s’impliquant de la sorte, le président prend le risque d’effacer le Premier ministre qui
n’apparaîtra plus comme le responsable de la politique gouvernementale et donc n’endossera plus le rôle
de fusible qui protège la fonction présidentielle. Or le président n’engage pas juridiquement son mandat
sur la politique impulsée à la différence du Premier ministre et du gouvernement.

En d’autres termes, si l’initiative présidentielle s’inscrit dans la logique institutionnelle de la Cinquième


République, la multiplication des apparitions parlementaires du président ouvrira inévitablement le
chapitre de l’affaiblissement de la fonction présidentielle à terme. Elle alimentera la dénonciation de l’ultra-
présidentialisme. Elle fournira des arguments supplémentaires à celles et ceux qui ne pensent qu’à
défaire des institutions qui, jusqu’ici, ont fait la preuve de leur solidité en dépit d’une imperfection inévitable
mais toujours surmontée par les interprètes politiques et juridictionnels.
Document 8 : « L'évolution de la fonction présidentielle en France depuis 1947 », article publié en 2004,
site Historia.

Depuis l'élection en 1947 de Vincent Auriol, premier Président de la IVe République jusqu'à la présidence
actuelle de Jacques Chirac, on assiste à des périodes d'affaiblissement ou au contraire d'affermissement
de la fonction présidentielle.

I. La présidence de la République dans les institutions françaises :

A. Durée du mandat et mode d'élection :

1. Du septennat au quinquennat.
Depuis 1873, les présidents de la République en France étaient élus pour un mandat de 7 ans. Revenu
au pouvoir en 1958, le général de Gaulle a conservé le septennat, durée nécessaire à ses yeux pour
permettre au président de la République de mener à son terme ses grands desseins, à l'écart des luttes
des partis. En 2000, les Français ont ratifié par référendum la réduction du mandat présidentiel de 7 à 5
ans.

2. Du suffrage restreint au suffrage universel.


Sous la IVe République, le président était élu au suffrage restreint et indirect, par les seuls parlementaires
députés et sénateurs réunis en congrès à Versailles. Sous la Ve République, le président a d'abord été
élu au suffrage élargi, par environ 80 000 grands électeurs députés, sénateurs, conseillers généraux et
délégués des conseils municipaux. Depuis la révision constitutionnelle de 1962 voulue par de Gaulle, le
président est élu au suffrage universel direct ce qui renforce considérablement sa légitimité.

B. Les pouvoirs du Président sous la IVe et la Ve République :

1. Des pouvoirs surtout honorifiques sous la IVe République.


Il désignait le président du Conseil et nommait aux emplois importants de la haute fonction publique. Il
représentait officiellement l'Etat français en France et à l'étranger. C'est le président du Conseil [actuel
Premier ministre] qui, investi par l'Assemblée et placé sous son contrôle, avait l'initiative des lois. C'est
seulement à sa demande que le président de la République pouvait dissoudre l'Assemblée, ce qui est
arrivé une seule fois en 1955.

2. Le renforcement de l'exécutif à travers la fonction présidentielle sous la Ve République.


La Constitution adoptée en 1958, marque une rupture dans l'histoire des institutions françaises. Les
pouvoirs du président de la République se trouvent considérablement renforcés, conformément à la
pensée constitutionnelle du général de Gaulle énoncée dès 1946 dans le discours de Bayeux." Chef de
l'Etat ", le président de la République retrouve le droit de grâce ; il est " garant de l'indépendance nationale
".
- Il nomme et met fin aux fonctions du Premier ministre et des ministres.
- Il dispose de pouvoirs réglementaires en signant les ordonnances et les décrets adoptés en Conseil des
ministres présidé par lui à l'Elysée.
- Il peut dissoudre l'Assemblée nationale : de Gaulle en 1962 et 1968 ; François Mitterrand en 1981 et
1988 ; Jacques Chirac en 1997.
- Il peut s'adresser directement au pays et soumettre tout projet de loi à référendum : de Gaulle en 1958
référendum constitutionnel, en 1961 et 1962 autodétermination puis indépendance de l'Algérie, en 1962
révision constitutionnelle et en 1969 réforme régionale et du Sénat ; Pompidou en 1972 élargissement de
la CEE et adhésion du Royaume-Uni ; Mitterrand en 1988 sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, en 1992
ratification des accords de Maastricht ; Chirac en 2000 quinquennat.
- Il est le chef des armées, seul décideur de l'emploi de la force nucléaire, et signe les traités.
Confronté à des circonstances exceptionnelles, le président peut recourir à l'article 16 qui lui confère les
pleins pouvoirs : de Gaulle en 1961 pour riposter au putsch des généraux d'Alger.

II. L'exercice de la fonction présidentielle sous la Ve République :

A. L'affirmation de la prééminence présidentielle sous de Gaulle.


Elu président de la République en 1958, réélu en 1965, Charles de Gaulle refusait toute idée de dyarchie,
c'est-à -dire de partage du pouvoir exécutif entre le président et le Premier ministre. Pour lui le rôle du
Premier ministre est d'appliquer la politique définie par le président.

B. La pérennité de la lecture gaullienne des institutions après de Gaulle.


Beaucoup pensaient que la Ve République ne survivrait pas au général de Gaulle dans la mesure où ses
institutions semblaient avoir été taillées à sa mesure. Georges Pompidou, élu en 1969, héritier du
gaullisme, a rejeté la dyarchie que voulait lui imposer son Premier ministre Jacques Chaban-Delmas. En
1974, Valéry Giscard d'Estaing, chef des Républicains indépendants, qui n'était pas issu des rangs
gaullistes, a lui aussi affirmé la prééminence présidentielle. Président socialiste élu en 1981, François
Mitterrand, qui avait pourtant été depuis 1958 un adversaire résolu et constant du gaullisme et des
institutions de la Ve République, s'est efforcé de sauvegarder en toutes circonstances les prérogatives
présidentielles.

C. L'affaiblissement de la fonction présidentielle de 1986 à 2002.


De 1986 à 2002, trois cohabitations ont mis en opposition une majorité présidentielle et une majorité
parlementaire, obligeant les présidents de la République à partager le pouvoir exécutif avec des Premiers
ministres qui n'appartenaient pas à leur famille politique :
- cohabitations gauche/droite François Mitterrand/Jacques Chirac de 1986 à 1988, Mitterrand/Edouard
Balladur de 1993 à 1995,
- puis cohabitation droite/gauche Jacques Chirac/Lionel Jospin de 1997 à 2002.
De façon paradoxale, ce sont des Premiers ministres gaullistes, Jacques Chirac et Edouard Balladur qui,
les premiers, ont été amenés à exercer ce partage du pouvoir exécutif entre le président et le Premier
ministre, inscrit dans la Constitution de 1958, mais peu conforme à la lecture gaullienne des institutions.

Conclusion :
Depuis 1947, on est passé en France d'un régime d'assemblée qui cantonnait le président de la
République dans un rôle secondaire de représentation jusqu'en 1958, à un régime semi-présidentiel dans
lequel la fonction présidentielle était devenue la clé de voute des institutions. L'expérience des
alternances et des cohabitations atteste la pérennité des institutions mises en place par de Gaulle en
1958, de leur fonctionnement démocratique et de leur capacité d'adaptation. Mais elle a aussi contribué
à infléchir la lecture originelle imposée par de Gaulle de 1958 à 1969.

Document 9 : « Quelles ont-été les transformations de la Ve République ? », extrait du site internet


www.vie-publique.fr, 7 juillet 2018.

L’élection du président de la République au suffrage universel direct est aujourd’hui considérée comme
la principale caractéristique de la Ve République. C’est l’élection phare de la vie politique et un rendez-
vous majeur pour les électeurs et les partis politiques.
Cependant, elle ne figurait pas dans le texte originel de la Constitution de 1958. C’est une révision
constitutionnelle adoptée par référendum (procédure de vote permettant de consulter directement les
électeurs sur une question ou un texte, qui ne sera adopté qu’en cas de réponse positive) le 28 octobre
1962 qui l’a introduite dans la Constitution.

Ce référendum, organisé à l’initiative du président de la République Charles de Gaulle, se traduit par une
victoire politique du chef de l’État : 62,2% des suffrages exprimés approuvent le projet de loi (texte
législatif déposé au Parlement à l’initiative du gouvernement) prévoyant l’élection du président de la
République au suffrage universel direct, 37,8% se prononçant contre. Ce résultat doit toutefois être
nuancé du fait de l’abstention (non-participation à un scrutin) relativement importante compte tenu de
l’enjeu de la consultation : 23% des inscrits n’ont pas pris part au vote, contre 15% au référendum du
28 septembre 1958 approuvant la Constitution.

Les élections législatives des 18 et des 25 novembre 1962 qui suivent ce référendum consacrent la
victoire des partisans du chef de l’État : la formation gaulliste rassemble au second tour plus de 40% des
suffrages et obtient avec ses alliés la majorité absolue (plus de la moitié des suffrages exprimés) des
sièges, du fait du scrutin majoritaire à deux tours en vigueur depuis 1958. Ces élections marquent la
défaite des formations politiques opposées à l’élection du président de la République au suffrage
universel direct.

Sur le terrain du droit, la validité de la révision constitutionnelle, approuvée par la voie référendaire, n’a
par ailleurs pas été remise en cause par le Conseil constitutionnel. Saisie par le président du Sénat,
Gaston Monnerville, la juridiction constitutionnelle s’est refusée à vérifier la conformité à la Constitution
de la procédure suivie, s’estimant incompétente pour connaître des lois adoptées par le peuple à la suite
d’un référendum, qui « constituent l’expression directe de la souveraineté nationale. »

L’élection au suffrage universel donne une forte légitimité au président de la République qui est l’élu de
la Nation. Elle consacre la prééminence du président de la République.

Document 10 : « Comment devient-on président de la République ? », extrait du site internet www.vie-


publique.fr, 7 juillet 2018.

Une élection au suffrage universel direct : Le président de la République est élu au suffrage universel
direct, c’est-à-dire par tous les électeurs français majeurs, et au scrutin majoritaire uninominal à deux
tours.

Pour être élu, la majorité absolue des suffrages exprimés est nécessaire. Si cette majorité n’est obtenue
par aucun candidat à l’issue du premier tour (ce qui a été le cas dans toutes les élections présidentielles
jusqu’à ce jour), il y a « ballottage » et il est procédé à un second tour. Dans ce cas, seuls les deux
candidats ayant obtenu le plus de voix au premier tour restent en lice.

Dans le texte initial de la Constitution du 4 octobre 1958, le président de la République n’était pas élu au
suffrage universel direct, mais par un collège électoral. Celui-ci était composé des députés et des
sénateurs, des conseillers généraux, des membres des assemblées des territoires d’outre-mer, des
représentants élus des conseils municipaux, et comptait un peu plus de 80 000 personnes. C’est la
révision constitutionnelle du 6 novembre 1962 qui a institué l’élection du président de la République au
suffrage universel direct. Cette réforme a été acceptée par les Français par référendum (62 % de oui). La
première élection présidentielle au suffrage universel direct a eu lieu en 1965 (élection du général de
Gaulle).
Pour un mandat (durée d’exercice d’une fonction élective) de cinq ans : Le président de la République
est élu pour un mandat de cinq ans (quinquennat), renouvelable une fois. C’est par le référendum du 24
septembre 2000 que le peuple français a adopté une révision constitutionnelle fixant cette durée pour le
mandat présidentiel. Jusqu’à cette date, la durée était traditionnellement de sept ans (septennat)
renouvelable. Cette règle remontait à la IIIe République et avait été reprise sous la Ve République, alors
que le chef de l’exécutif y détient des pouvoirs plus importants. Un premier projet de réduction du mandat
n’avait pu aboutir en 1973. La règle du quinquennat s’est appliquée à partir de l’élection présidentielle de
2002. L’exercice de la fonction présidentielle est limité à deux mandats consécutifs (révision
constitutionnelle du 23 juillet 2008).

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