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Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique

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Institut Universitaire d’Abidjan

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Année Universitaire : 2023-2024
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LICENCE 1
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DROIT CONSTITUTIONNEL 1
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Chargé de cours : Prof. Martin BLEOU
Confection de la fiche : Dr. Balakiyém GNAZOUYOUFEI

Séance n° 5 : Le régime politique français : la cohabitation

Références bibliographiques

~ Philippe Ardant et Bertrand Mathieu, Droit constitutionnel et institutions politiques,


LGDJ, 35e éd., 2023.
~ Oliver Gohin, Droit constitutionnel, LexisNexis, 5e éd., 2022.

Documents à lire :

Document 1 : Constitution du 4 octobre 1958 [extrait]

Document 2 : Conférence de presse de Charles de Gaulle, 31 janvier 1964 [extrait].

Document 3 : Discours d’Emmanuel Macron devant le Parlement réuni en Congrès, 3 juillet


2016 [extrait].

Document 4 : J.-C. Zarka « A propos de la troisième cohabitation », LPA, 1998, p. 14.


(Extrait)

Exercice : Commentaire de texte (Travail à faire par les étudiants) :

Commentez cet extrait de texte :

« La troisième cohabitation a complètement neutralisé le présidentialisme traditionnel de la Ve


République. Le chef de l'État a perdu l'essentiel du pouvoir exécutif, et s'est replié sur la
mission essentielle d'arbitrage et de sauvegarde de l'État que lui confère le fameux article 5
de la Constitution qui constitutionnalise l'esprit de la fonction présidentielle sous la Ve
République (…).
Depuis le début de la troisième « coexistence institutionnelle », c'est le Premier ministre qui,
de fait, fait figure de « président véritable » ou encore de « vice-roi ». La cohabitation
transforme complètement la notion de chef de gouvernement sous la Ve République, car
lorsqu'il y a concordance entre les majorités, le Premier ministre, à qui il incombe alors d'être
le « bouclier » ou encore « le fusible » du président, doit se contenter d'assurer la gestion des
affaires au jour le jour. En revanche, lorsqu'il y a cohabitation, le Premier ministre récupère le
pouvoir d'impulsion réservé au président en période de couplage des majorités, c'est-à-dire la
faculté de fixer les grandes orientations de la politique nationale. La cohabitation est donc en
réalité la seule hypothèse politique permettant au Premier ministre d'être réellement le chef
du gouvernement ».

Proposition de correction

Accroche : « Deux calebasses posées sur une même surface d’eau finissent toujours par se
cogner ». Ce proverbe africain, nous semble-t-il, illustre parfaitement la description faite des
pouvoirs du PR et du PM sous la Vème République française dans ce texte soumis à notre
commentaire.

Présentation du texte : Il s’agit d’un extrait d’un article de doctrine écrit par Jean-Claude
Zarka et publié à la revue Les Petites Affiches dans son édition de 1994 en sa page 14. Cet
article intitulé « A propos de la troisième cohabitation » traite du régime politique français et
plus précisément des rapports entre le PR et le PM sous la Ve République.

Contexte : La rupture entre les majorités présidentielles et législative a conduit à la naissance


à trois reprises à une situation inédite de cohabitation. D’abord de 1986 à 1988, puis de 1993
à 1995, enfin de 1997 à 2002. C’est donc à cette dernière période de cohabitation, la plus
longue d’ailleurs (5ans), que s’intéresse l’auteur de cet extrait de texte. En effet, en 1997, le
président J. Chirac, de droite, doit composer avec, un premier ministre issu de la gauche, L.
Jospin.

Intérêt : Les rapports entre le PR et le PM sous la Ve République ne sont pas des plus faciles
à analyser. En effet, malgré l’institution d’un bicéphalisme à la tête de l’exécutif, le PR semble
avoir un ascendant sur le PM dans la répartition, en pratique, des compétences. Cette
hiérarchie entre les deux têtes de l’exécutif est contre-intuitive dans un régime parlementaire
doté d’un exécutif bicéphale. Dans cette configuration la fonction exécutive est exercée par
deux entités distinctes : le chef de l’État et le Gouvernement dirigé par un Premier ministre.
Le chef de l’État ne dispose normalement que d’un pouvoir formel au détriment d’un Premier
ministre véritable chef du gouvernement. Le PM dirige l’action du gouvernement (art. 21) et
le PR se voit confier une mission arbitre (art. 5). Toutefois, malgré cette répartition affichée
entre les sphères de compétence respectives des têtes de l’exécutif, la Constitution du 4
octobre 1958 porte en germe la subordination du Premier ministre au Président de la
République.

Le pouvoir exécutif mis en place par la Constitution du 4 octobre 1958 s’éloigne donc de la
forme bicéphale classique propre au régime parlementaire pour prendre celle d’un couple
exécutif dominé par le Président de la République. En dehors de périodes de cohabitation, les
évolutions constitutionnelles du régime de la Vème République ont toutes confirmé cette
domination : l’élection du Président au suffrage universel direct, le fait majoritaire et le
quinquennat ont ainsi renforcé la subordination du Premier ministre au le Président de la
République. La cohabitation constitue la seule période qui marque un retour au texte
constitutionnel. La situation inédite de la cohabitation permet de donner tout son sens à la
belle formule de Charles Taylor, pour qui la démocratie est « la politique de la reconnaissance
de l'autre ».

Question : Quelle analyse peut-on faire des relations entre le PR et le PM en période de


cohabitation ? Ou encore, la période de cohabitation fait -elle du PM est un véritable chef de
gouvernement ?

Réponse de l’auteur : La réponse de l’auteur de l’extrait commenté est sans équivoque. La


régression du pouvoir présidentiel en période de cohabitation est telle qu’elle favorise une
revitalisation de la démocratie française. Le PM retrouve en cette période, sa posture de chef
de gouvernement et le PR relégué aux fonctions d’arbitre, comme un régime parlementaire
classique.

Plan : Ainsi, la cohabitation conduit à une neutralisation des pouvoirs présidentiels (I) et à
une revalorisation de fonction de premier ministre (II).

I- La neutralisation du présidentialisme en période de cohabitation

A. La perte du pouvoir d’impulsion de la politique nationale

« Le chef de l'État a perdu l'essentiel du pouvoir exécutif ».

Il n’a plus un pouvoir d’impulsion comme c’est le cas pendant la période de concordance des
majorités c’est-à-dire lorsque le président et la majorité parlementaire sont issus du même
parti politique. « Car lorsqu'il y a concordance entre les majorités, le Premier ministre, à qui il
incombe alors d'être le « bouclier » ou encore « le fusible » du président, doit se contenter
d'assurer la gestion des affaires au jour le jour ».
B. Le confinement des pouvoirs du président aux fonctions d’arbitrage

L’article 5 dont fait référence l’auteur dispose que : « Le Président de la République veille au
respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs
publics ainsi que la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale, de
l'intégrité du territoire et du respect des traités ».
Cela signifie que dans un régime qui se veut parlementaire, tel que proclamé par la Constitution
de la Ve République, la participation du président de la République est strictement limitée. Le
Président de la République assure la continuité de l’État mais ne prend pas part aux décisions
politiques du pays.

Or, le constat est tel qu’en France, au regard des attributions accordées au Président de la
République, il est difficile d’affirmer cela. (Avoir ici une approche critique avec la combinaison
des articles 9 et 13)
II- La (re)valorisation des pouvoirs du premier ministre en période de
cohabitation

A. La détermination les grandes orientations politique par le PM

« En revanche, lorsqu'il y a cohabitation, le Premier ministre récupère le pouvoir


d'impulsion réservé au président en période de couplage des majorités, c'est-à-dire la
faculté de fixer les grandes orientations de la politique nationale ».
A mettre en lien avec la perte du pouvoir exécutif par le PR.

B. La coordination de l’action gouvernementale par le PM

« La cohabitation est donc en réalité la seule hypothèse politique permettant au Premier


ministre d'être réellement le chef du gouvernement »
L’article 21 prend tout son sens « Le Premier ministre dirige l'action du Gouvernement ».

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