Vous êtes sur la page 1sur 14

MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITE CONSTANTINE 3 SALAH BOUBNIDER

COURS HISTOIRE DE LA PHARMACIE


Cours de première année de pharmacie 2020-2021
Dr. M.H.Belmahi

I/ INTRODUCTION À LA PHARMACIE :

Le mot Pharmacie est dérivé du grec : Pharmakôn signifiant drogue, venin ou poison.
Elle a pris un certains nombre de dénomination avec des objectifs variables selon les
siècles :

 En 1694 c’est l’art de préparer et de composer les remèdes pour la guérison des
maladies. L’art de préparer et de composer les remèdes.

 En 1762 c’est l’art de préparer et de composer les médicaments.

 En 1835 c’est la science ayant pour objet la composition et la préparation des


médicaments.

 En 1932 c’est la science ayant pour objet la composition, la préparation et le contrôle


des médicaments.

 En 1986 La pharmacie est une Science appliquée à la conception, la préparation et la


distribution des médicaments. Sciences pharmaceutiques diverses (Physique
pharmaceutique, botanique médicale, toxicologie …etc. Pharmacodynamie.
Thérapeutique (traitement de la maladie). La pharmacie est l’art de la Préparation
médicamenteuse (procédé spécifique avec des techniques définies, choix des matières
premières et contrôle rigoureux).
II/ DÉFINITIONS

A/ DÉFINITION DU MÉDICAMENT :

En 1866 c’est toute substance introduite dans l’économie en vue de remédier à un état
de maladie.

En 2008 Toute substance ou composition : présentée comme possédant des propriétés


curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, pouvant être
utilisée chez l’homme ou chez l’animal, ou pouvant être administrée, en vue d’établir
un diagnostic. Ou administrée pour restaurer, corriger ou modifier les fonctions
physiologiques en exerçant une action pharmacologique, immunologique ou
métabolique.

B/ PRINCIPE ACTIF :
Dans un médicament le principe actif est l’unique substance qui possède une activité
biologique susceptible de corriger ou prévenir les troubles pathologiques de l’organisme. Il
justifie l’utilisation du médicament. Un médicament peut contenir plusieurs principes actifs

C/ EXCIPIENT :

Matières premières physiologiquement inertes permettant la préparation, la conservation et


l’utilisation du médicament. Rôle de véhicule : transport de principe actif dans l’organisme.

D/ CONDITIONNEMENT :

C’est un ensemble des éléments de protection, de présentation et d’identification du


médicament (conçu pour aider à une meilleure utilisation):

❑ Conditionnement primaire
❑ Conditionnement secondaire
1/ Conditionnement primaire :
 Au contact direct du médicament (contenant comme flacon, tube, blister…)
 Exigences : être inerte vis-à-vis du contenu et être d’une innocuité absolue.

2/ Conditionnement secondaire :
 Boite de présentation et de protection.
 Rôle : protection chimique contre la lumière, l’oxygène de l’air, protection mécanique
contre les chocs.

E/ LA DÉNOMINATION DU MÉDICAMENT :
Le nom doit être choisi de façon à éviter toute confusion avec d’autres médicaments.
C’est le nom de marque ou nom commercial. Une même substance peut être
commercialisée sous des noms de marques multiples. Le nom de fantaisie d’une même
substance active varie souvent d’un pays à l’autre.
F/ DÉNOMINATION COMMUNE INTERNATIONALE

La DCI est décernée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). C’est un nom non-
commercial (distinct de tout de produit commercial), conçu pour être utilisable sans
ambigüité. Pour chaque médicament on a une seule DCI.

Lorsqu’un médicament est présenté sous plusieurs formes pharmaceutiques, ou plusieurs


dosages, ces dosages et les mentions « nourrissons », « enfants » ou « adultes » doivent
figurer dans la dénomination.

G/ FORME GALÉNIQUE :

Une forme galénique (ou forme pharmaceutique ou encore forme médicamenteuse,


désigne la forme individuelle sous laquelle sont mis les principes actifs et les
excipients (matières inactives) pour constituer un médicament.

Elle correspond à l’aspect physique final du médicament tel qu’il sera utilisé chez un
patient : comprimés, gélules, sachets, solutions buvables, suspensions injectables, etc.

H/ LA PHARMACOPÉE :

C’est un ouvrage réglementaire destiné à être utilisé par les pharmaciens. Il défini les
critères de pureté des matières premières ou des préparations qui entre dans la
composition (fabrication) des médicaments.

Il décrit les méthodes d’analyse pour assurer le contrôle de ces critères de pureté.

III / LES OBJECTIFS DE L’UTILISATION DU MEDICAMENT :

 Guérison de la maladie : le terme curatif signifiant qui contribue à vaincre la maladie


et à amener la guérison.

 Prévention des maladies : par ex. prévention d’une carence vitaminique éventuelle,
d’une infection bactérienne ou virale par un vaccin.

 Diagnostic : par ex. substances administrées lors des examens d’imagerie médicale.
Quelques exemples :

Guérison de la maladie :

❖ Antihypertenseur → Tension artérielle


❖ Antibiotique → Infections
❖ Antituberculeux → Tuberculose
❖ Hypoglycémiant → Diabète
Prévention :
 Vaccin : prévenir les infections bactériennes ou virales.
 Vitamines : prévenir les carences vitaminiques.
Diagnostic :
 Produits de contraste → Imagerie médicale.
 Radio-isotopes → Scintigraphie.
 Allergènes → Diagnostic des allergies.

IV- LES PRATIQUES THÉRAPEUTIQUES DE L’ANTIQUITÉ

La médecine et la pharmacie ont longtemps été confondues. L’objectif de nos ancêtres était
d’avant tout de trouver des remèdes permettant de guérir et de soulager, avec ce dont ils
disposaient : plantes, animaux, minéraux. Cependant ces remèdes étaient le plus souvent
dispensés dans un contexte « magico-mystique » par les prêtres, les magiciens,…

La début de la période antique de l’histoire du médicament se confond avec l’invention de


l’écriture en Mésopotamie et en Egypte au IVe millénaire avant J.C, et voit sa fin autour du Ve
siècle (300 et 600).

 Les civilisations mésopotamiennes.


 L’Egypte antique.
 La Chine ancienne.
 L’Inde.
 La civilisation gréco-romaine.

A/ LES CIVILISATIONS MÉSOPOTAMIENNES :

La Mésopotamie située en Asie antérieure, Entre les cours du Tigre et de l’Euphrate

Du grec mesos, milieu et potamos, fleuve, Considéré comme le « berceau de la civilisation ».

L’une des premières régions du monde où il y a eu plantation de céréales et domestication


des animaux respectivement vers 9000 et vers 8000 av. J.-C.

Mais surtout, c’est en Mésopotamie qu’a été élaboré le premier système d’écriture d’abord
pictographique, puis cunéiforme vers 3300 av. J.-C. Des dizaines de milliers de tablettes
cunéiformes ont été retrouvées du golfe persique à l’Anatolie.

Quatre grandes civilisations se sont succédé en Mésopotamie :

❑ Les sumériens.
❑ Les akkadiens.
❑ Les babyloniens.
❑ Les néobabyloniens.
Les babyloniens :
 Avec le prestigieux roi Hammourabi (1792-1750 av. J.-C) qui a régné sur l’empire de
Babylone à son apogée. Il a élaboré le célèbre Code d’Hammourabi ; le plus ancien
code juridique connu.

 La tablette la plus ancienne concernant la médecine, date de la fin du IIIe millénaire


av. J.-C. Elle a été découverte en 1948 dans les ruines de la ville de Nippur fait état
d’une douzaine de remèdes.

Cette tablette montre que le médecin sumérien utilise des substances minérales, animales et
végétales :

 Le sel marin (chlorure de sodium),


 Le salpêtre (nitrate de potassium),
 L’argile,
 Le lait,
 Le miel, etc.

Le monde végétal est plus souvent représenté avec des plantes : Myrte, Thym, La Saule……

La préparation des remèdes fait appel à la décoction et à la filtration avec des excipients
comme le vin et les diverses huiles.

La décoction consiste à chauffer un élément d’une plante avec de l’eau jusqu’à que cette
dernière soit bouillante, pour en extraire les principes actifs.

Une quarantaine de tablettes, plus récentes, ont été regroupées sous ce vocable. Elles
proviennent en majeure partie des ruines de la bibliothèque d’Assurbanipal (668-626 av. J.-
C.) à Ninive.

Elles correspondent à des résumés d’observations de malades avec un diagnostic, un


pronostic, et une prescription.

 Diagnostic : identification de la cause (l’origine) d’une maladie.

 Pronostic : en médecine, désigne les chances de guérison.

 Prescription : L’acte pour lequel un médecin ordonne des recommandations


thérapeutiques auprès d’un patient.

Ces prescriptions visent pour la plupart :

 les troubles gastro-intestinaux,


 dermatologiques
 et pulmonaires.
Elles sont sous formes variées : fumigations, inhalations, décoctions, potions etc.
➢ Fumigations : Combustion des végétaux produisant des vapeurs chargées de principes
actifs de la plante.
➢ Inhalations : L’absorption des principes actifs par les voies respiratoires.
➢ Potions : Une préparation médicamenteuse liquide destinée à être bue

B/ L’ÉGYPTE ANCIENNE

La civilisation égyptienne a duré environ 3000 ans, De 3100 à 332 av. J.-C, Depuis
l’apparition des hiéroglyphes et d’une monarchie centralisée Jusqu’à la conquête de l’Egypte
par Alexandre le Grand.

Ces trois mille ans d’histoire sont traditionnellement divisés en trois grandes époques séparées
par des périodes « intermédiaires » marquées par des troubles sociaux et politiques et des
invasions :

❑ La première période ou Ancien Empire : 2647 – 2140 av. J.-C.


❑ La seconde période ou Moyen Empire : 2040 – 1785 av. J.-C.
❑ La troisième période ou Nouvel Empire : 1540 – 1069 av. J.-C.

Les papyrus médicaux sont d’anciens textes égyptiens écrits sur des rouleaux de papyrus qui
nous donnent des informations précieuses sur les connaissances et les pratiques médicales de
l’Egypte Antique.

On dispose de plusieurs papyrus : Parmi les plus anciens textes médicaux connus à ce jour, il
comporte dix-sept pages et traite principalement des questions liées aux pathologies
chirurgicales, au diagnostic et au traitement.

Le plus élaboré date d’environ 1830 avant J.-C. Comporte cent-dix pages, ce qui en fait le
plus long papyrus médical. Il aborde différents sujets, notamment : la dermatologie, les
maladies digestives, les traumatismes, les affections gynécologiques et les soins dentaires.

Exemples de remèdes issus de Papyrus Ebers :

 Asthme : une mixture d’herbes chauffée sur une brique de sorte que le patient puisse
en respirer les vapeurs.

 Troubles gastriques : le lait de vache, des grains et du miel.

 Evacuation des intestins : mélilot, dattes.


La pharmacopée des égyptiens reposait sur l’application de trois types de substances :

Les substances d’origine minérale :

 Le sulfure d’arsenic,
 La brique, L’argile,
 La terre,
 Le granit, La boue,
 L’antimoine.
Les substances d’origine végétale :

 Laxatifs : Les fruits du sycomore (Ficus Aegyptae), le ricin, et l’aloès.


 La levure de bière utilisée dans les affections intestinales et les maladies de la peau
contient de la vitamine B.
Les substances d’origine animale :

Comme le miel souvent mentionné, qui avait des propriétés adoucissantes et


antiseptiques ou des extraits de foie (riche en vitamine A) pour le traitement des
maladies oculaires.

C/ LA CHINE ANCIENNE

La pharmacopée traditionnelle chinoise était riche :

➢ L’opium comme anesthésiant, le Soufre pour la gale, le mercure pour la syphilis.


➢ Les plantes de saveur amère : Armoise et la Verveine pour calmer le cœur.
➢ Les plantes de saveur piquante : Aconit et Gingembre pour tonifier le cœur

Les produits sont employés sous forme de :

➢ Décoctions:
➢ Potions:
➢ Pilules: Préparation de consistance solide qui contient un principe actif solide, liquide
ou pâteux.
➢ Infusion : Une méthode d’extraction des principes actifs par dissolution dans un
liquide initialement bouillant que l’on laisse refroidir.

D/ L’INDE ANTIQUE

En sanskrit, le mot Āyurveda est une association des mots : āyur signifiant « vie » et veda qui
signifie « science », l’Ayurveda, Ayur-Véda ou médecine ayurvédique, il repose sur deux
ensembles de textes rédigés en sanskrit. Il a été rédigé vers 300 av. J.-C à partir de manuscrits
plus anciens, Il cite 500 plantes à intérêt thérapeutique. Sa date de rédaction n’est pas connue,

LE LIVRE DE SUSHRUTA est officiellement un ouvrage de chirurgie qui comprend 184


chapitres décrivant plusieurs maladies ainsi que 700 plantes médicinales, 64 préparations de
substances minérales et 57 préparations à base de substances animales.
E/ LA PÉRIODE GRÉCO-ROMAINE

1/ Le premier apport réel est celui d’HIPPOCRATE, Né en 460 avant J.-C. Il est considéré
comme « le père de la médecine ». Hippocrate base son art sur l’observation des symptômes,
et regarde les remèdes auxquels les malades attribuent leur guérison.

➢ Le système sanguin est rattaché à la pathologie cardiaque,


➢ les pathologies neurologiques rattachées au système lymphatique,
➢ l’anxiété rattachée au système hépatique.

Il a établit une Pharmacopée basée sur l’expérience, qui est publiée après sa mort, et
dénommée « Corpus hippocratum ». Cette pharmacopée contient les 250 plantes, dont il
faisait usage (belladone, mandragore,..).

Sa spécialité est la botanique et deux ouvrages « Historia plantarum et De causis


plantarum »ont été édités.

Quelques 500 plantes, telles que le pavot, la ciguë, et le mandragore pour les plantes
médicinales sont décrites avec précision.

On lui prête souvent la paternité théorie des signatures ; Cette théorie veut que les propriétés
physiques (forme, couleur) d’une plante médicinale évoquent une partie du corps humain que
l’on souhaite soigner.

Elle repose sur le principe « Les semblables soignent les semblables » exemple la noix soigne
le cerveau, la digitale soigne le cœur.

2/ DIOSCORIDE est un Médecin et botaniste grec, Né à Anazarbe en Cilicie, dans l’actuelle


Turquie. Il aurait été médecin militaire sous les règnes de Claude Ier et de Néron et ses
déplacements lui auraient permis de rassembler de nombreuses informations sur les plantes
médicinales.

Son ouvrage, De MATERIA MEDICA, présente environ 500 plantes et décrit leur utilisation
médicale avec au total 1600 préparations à base de végétaux, d’animaux et de minéraux.

3/ PLINE L’ANCIEN : Il est l’auteur d’une monumentale encyclopédie en 37 tomes intitulée


Histoire naturelle. Dans cet ouvrage Pline tenta de réunir toutes les connaissances de son
temps sur les végétaux.

Il rassembla toutes les informations botaniques disponibles dans les ouvrages auxquels il avait
accès mais Il mena aussi des enquêtes auprès des médecins, des herboristes, des gens de la
compagne, et fait par lui-même des observations sur terrain.

Il rassembla toutes les informations botaniques disponibles dans les ouvrages auxquels il avait
accès mais Il mena aussi des enquêtes auprès des médecins, des herboristes, des gens de la
compagne, et fait par lui-même des observations sur terrain. De cette large collecte, il tira un
inventaire de la plus grande partie des plantes connues et nommées de son temps, sont environ
900 végétaux, le double de ce qu’avait donné Théophraste, quatre siècles plutôt.
4/GALIEN : Né à Pergamum (actuellement Bergama, province d’Izmir, Turquie), Il exerça la
médecine à Rome. Galien serait l’auteur de 400 à 640 ouvrages recouvrant tous les domaines
médicaux dans lesquels il cite de nombreux remèdes dont 473 végétaux.

Galien est le considéré comme le père de la pharmacie (Pharmacie galénique), Il met au point
des formes de médicaments : pilules, emplâtres, pommades.

A la chute de l’Empire Romain, les traditions médicales sont sauvées par les monastères
(jardins de plantes médicinales). Tandis que l’Europe sombre dans l’obscurantisme et le chaos
pour plusieurs siècles, la pratique médicale et pharmaceutique arabe prend tout son essor.

F/ LA PÉRIODE ARABO-MUSULMANE

Assoupies en Occident la médecine et la pharmacie connaissent par contre une époque


très brillante chez les arabo-musulmans. A l’avènement de l’Islam, au VIIe siècle, en
« Arabie », le prophète Mohamed , tout en propageant la religion musulmane,
organisait la vie de tous les jours : il s’intéressait aussi à la médecine et à la santé de la
population. Il donnait des conseils d’hygiène et adressait les malades à Al Hareth Ibn
Kilda, premier médecin de l’Islam.

Le prophète a été le premier à suggérer la nature contagieuse de la peste, et de la gale


et à avoir dit qu’il y a toujours une cause et un remède à toutes les maladies, selon
plusieurs Hadiths, tel que : «Faites usage des traitements médicaux, car Dieu n’a crée
aucune maladie sans prévoir un remède pour elle, à l’exception dans une seule
maladie, la vieillesse ».

Les musulmans tiennent donc en haute estime l’art de guérir ; la croyance qu’il existe
un remède à chaque maladie a encouragé les premiers musulmans à se livrer à la
recherche médicale et à chercher un remède pour toutes les maladies qu’ils
connaissaient. Au VIIIe et IXe siècles, le monde arabo-musulman, connut un grand
essor scientifique auquel contribuaient des savants, des médecins en particulier.

C’était le règne des dynasties Omeyyades puis Abbassides dans le monde arabo-
musulman. (Damas, puis Bagdad) qui devient le foyer culturel et médical important.

En moins de cent ans ; les musulmans sont parvenus à traduire la culture grecque dans
la langue arabe. La politique menée par les califes de Bagdad à l’époque des
Abbassides, a été déterminante à cet égard.

C’est El-Mamoun (786 – 833) qui prend l’initiative de faire traduire les écrits grecs en
arabe et engage à cet effet un savant hors du commun, Hounaïne Ibn Is’haq (809 –
877). Celui-ci assimile l’ensemble de la science grecque, aussi bien les mathématiques
que l’astronomie, la philosophie et la médecine.
Hounaïne Ibn Ishaq a traduit de nombreuses œuvres de Galien en arabe et a continué
ses travaux par la traduction du livre de Sushruta, et du livre de Charaka. Son disciple
Houbaïche Ib El-Hassane (deuxième moitié du IXe siècle) s’attaque aussi à la
littérature pharmaceutique grecque désignée communément sous le nom de « matière
médicale ». Celle-ci se partage entre deux genres, les « simples » et les « composés ».

« Simples » et « Composés » correspondent à deux genres de livres distincts : les


herbiers et les formulaires qui comprennent des formules de médicaments composés,
où les simples se trouvent associés en nombre variable. Ces traités sont traduits par
Houbaiche, respectivement sous le titre de : Moufrada (simples) et Mourrakaba
(composés).

Bagdad voit aussi naître la profession pharmaceutique distincte de la profession


médicale. Les spécialistes de la fabrication et de la délivrance des médicaments
apparaissent pour la première fois à Bagdad : les Sayadila. L’existence des Sayadila
tenant officine ouverte à Bagdad est signalée dès le VIIIe siècle, sous le califat d’El-
Mahdi (775 – 785) ou de Haroune el-Rachid (786-809).

Ces premiers professionnels sont aussitôt soumis à des règles strictes. Ainsi, le calife
El-Mamoune (814-833) ordonne l’inspection des officines par le Mouhtassib, chargé
de détecter les fraudes éventuelles sur la qualité des drogues.

Les médecins musulmans à Bagdad ont été les premiers à mettre en place des hôpitaux
au sens moderne du terme sous le nom de « Bimaristans ». Il s’agissait
d’établissements où les malades étaient accueillis et pris en charge par un personnel
qualifié.

Les arabo-musulmans érigent la pharmacie, jusqu’alors confondue avec la médecine,


en science et profession autonomes et décrètent l’incompatibilité entre les deux
fonctions. Ce faisant, ils sont amenés à développer un formulaire de remèdes qu’ils
baptisent « Grabadin » signifiant médicament composé ; première pharmacopée au
sens moderne du terme.

AVICENNE Abu-Ali Ibn Sinâ (980-1037) médecin philosophe autodidacte, il aborde


seul l’étude des mathématiques, de la physique et de la théologie spéculative.

Il s’adonne à 16 ans à la médecine et à 18 ans il guérit le souverain de Boukhara d’un


ulcère. A 22ans il commence la rédaction de son œuvre médical « LE CANON ».

Parmi ses découvertes : la circulation du sang, les méthodes contraceptives


V/ PÉRIODE SCIENTIFIQUE

Le médicament moderne est né au XIXe siècle, à partir de la purification des principes actifs
de quelques plantes médicinales et l’étude expérimentale en laboratoire de leurs effets sur les
grandes fonctions de l’organisme. L’étude des effets des médicaments devient une science : la
pharmacologie.

Parallèlement la chimie de synthèse des colorants se met au service de la thérapeutique, et la


vaccination initiée à la fin du XVIIIe siècle, prend son plein essor.

Le chimiste anglais Joseph Priesley (1733 – 1804), décrit en 1776 deux gaz : le protoxyde
d’azote N2O, et le monoxyde d’azote NO. Le N2O sera vite considéré comme le gaz hilarant,
soixante huit après sa découverte il devient le premier anesthésique. Le NO devra attendre
deux siècles pour être défini en 1985 comme un médiateur endogène vasodilatateur, puis être
utilisé quelques années plus tard à l’hôpital dans l’hypertension pulmonaire.

La purification des principes actifs végétaux a été lancée par Friedrich Wilhelm Adam
Sertürner (1783 – 1841), apprenti pharmacien à Paderborn en Allemagne. Entre 1803 et
1805, il obtient à partir de l’opium une substance cristalline de nature alcaline, qu’il dénomme
« morphine » en évocation de Morphée, le dieu grec des rêves. Il en teste plusieurs doses sui
lui-même et des amis puis publie ses observations à partir de 1806. La morphine sera utilisée
pour la première fois à grande échelle au cours de la guerre de Sécession (1861 – 1865) aux
Etats-Unis, et de la guerre de 1870 en Europe.

❖ 1817 : L’émétine, vomitif, de l’Ipécacuanha (racine importée du Brésil) par


Joseph Pelletier.
❖ 1819 : La strychnine de la noix vomique par Pierre Jospeh Pelletier, et Joseph
Caventou.
❖ 1820 : La quinine, antipaludéen de l’écorce de quinquina par Pelletier et
Caventou.
❖ 1832 : La codéine, antitussif de l’opium par Pierre-Jean Robiquet.
❖ 1833 : L’atropine, antispasmodique de la belladone par le pharmacien
allemand Mein.
❖ 1860 : La cocaïne, anesthésiant du coca du Pérou par Albert Nieman un
pharmacien allemand.
❖ 1867 : La digitoxine, cardiotonique de la digitale, par Claude-Adolphe
Nativelle, pharmacien à Paris.
❖ 1881 : La scopolamine, antispasmodique du datura par le chimiste Albert
Ladenburg.
❖ 1884 : La colchicine, antigoutteux des semences de colchique, par Alfred
Houdé.
❖ 1887 : L’aphédrine de l’éphédra par le pharmacien Japonais Nagojosi Nagai.
❖ 1888 : L’ouabaïne, cardiotonique du strophantus par Albert Arnaud.
L’effet des principes actifs extraits des végétaux, comme l’atropine ou de préparations
toxiques, comme les curares, est étudié en laboratoire sur des animaux.
Ces travaux seront à la base de l’étude des principes actifs pour en apprécier les
potentialités médicamenteuses.

➢ François Magendie un Professeur de médecine au collège de France, publie dès


1809 une étude des effets, sur un cheval, six chiens et trois lapins, d’un poison
d’une potion préparé à base de plantes du genre Strychnos.

Tous les symptômes de l’intoxication de la strychnine qui sera isolée par Pelletier et
Caventou en 1819, y sont décrits. Ces études initient l’expérimentation des médicaments
potentiels sur l’animal, préalable nécessaire à leur étude chez l’homme ;

« Vingt ans d’expériences en tout genre, soit dans mon laboratoire, soit au lit du
malade, me permettent d’affirmer que la manière d’agir des médicaments et des
poisons est la même sur l’homme et sur les animaux ».

La grande œuvre de Magendie est le « Formulaire pour la préparation et l’emploi de


plusieurs médicaments, tels que la noix vomique, la morphine, l’acide prussique, la
strychnine, la vératrine, les alcalis des quinquinas, l’iode, etc. », Publié en 1821. Il y
insiste sur l’importance dans les essais cliniques de contrôles avec de l’eau colorée ou
des pilules de pain, c’est-à-dire des placebos.

➢ Claude Bernard Elève de François Magendie. Il lui succède au collège de France


en 1855. Suivant les traces de son maître, les travaux de Claude Bernard sont
consacrés notamment aux substances toxiques.

➢ Rudolph Buchheim fonde en 1847 le premier institut universitaire de


pharmacologie expérimentale. Il affirme ainsi l’indépendance de la pharmacologie
en tant que science.
➢ Oswald Schmiedeberg étudie les propriétés de la muscarine, extraite du
champignon amanita muscaria, et de l’atropine, et il publie son manuel de
pharmacologie « Eléments de Pharmacologie » réédité à sept reprises et traduit
dans plusieurs langues.

La chimie pharmaceutique se développe à partir de la synthèse de petites molécules : Le


chloroforme : CHCl3, en 1831 par Eugène Soubeiran, Pharmacien Professeur de Physique
pharmaceutique à l’école de Pharmacie de Paris

Deux autres chimistes ont particulièrement marqué les débuts de la chimie organique :
Friedrich Wöhler Médecin et chimiste, Considéré comme le fondateur de la synthèse
organique. Il réalise les premières synthèses organiques de l’acide oxalique en 1824, et de
l’urée en 1828. Parmi ces élèves, l’américain Harmon Northrop Morse réalisa la synthèse du
paracétamol en 1878 à Baltimore.
Marcelin Berthelot : Professeur de chimie organique à l’école de pharmacie de Paris en
1859, Puis au collège de France, Il réalise les premières synthèses de l’acide éthylique en
1856, du méthane en 1858, de l’acétylène en 1859, et du benzène en 1866.

Friedrich August Kekulé. le chimiste allemand avait été définie à Gand la structure cyclique
du benzène en 1861.

Adolph von Baeyr, élève de Kekulé et professeur de chimie à Berlin synthétise l’acide
barbiturique en 1864, précurseur du Barbital et du Phénobarbital, et l’acétylcholine en 1867,
avant qu’elle ne soit reconnue comme neuromédiateur.

Emil Fisher : élève de Baeyer à Strasbourg et professeur de chimie à Berlin, reçoit le prix
Nobel de la chimie en 1902, pour ses travaux sur la synthèse de la phénylhydrazine, de sucres,
de purines et de l’Antipyrine® ou phénazone en 1884.

Les pharmaciens vont se lancer dans la fabrication industrielle des médicaments, en


collaboration avec des chimistes. D’où la proximité entre industrie pharmaceutique et
industrie chimique, qui a perduré longtemps. En Allemagne, l’industrie
pharmaceutique nait de la division de l’industrie chimique (Bayer). En France, la
première grande loi relative à l’exercice de la pharmacie est applicable depuis le 11
Avril 1803 : Loi du 21 Germinal.

Cette loi, qui restera en vigueur pendant 138 ans encadre les médicaments préparés à
l’officine, sur prescription médicale, par le pharmacien. Or cette loi n’encadrait que
l’officine. En l’absence de réglementation sur la pharmacie industrielle, c’est la
jurisprudence qui va étendre aux premiers laboratoires pharmaceutiques les
dispositions légales en matière d’officine, notamment en disposant que les
établissements de fabrication ou répartition doivent appartenir à un pharmacien
diplômé, ou à une société constituée exclusivement de pharmaciens diplômés. La loi
de 1941 marque un tournant important car elle conditionne la commercialisation du
médicament à un visa. Ces demandes de visas sont étudiés par un comité technique
composés de pharmaciens, médecins, de représentants de l’industrie pharmaceutique
et de l’administration, et pouvant s’appuyer sur les expertises externes.

Le décret du 11 septembre 1941 vient enfin séparer l’industrie pharmaceutique de la


préparation des médicaments en officine, en dotant les établissements de préparation
ou de vente en gros des produits pharmaceutiques d’un véritable statut, permettant
ouverture totale aux capitaux extra-pharmaceutiques, mais en imposant à la direction
des laboratoires des pharmaciens diplômés.
Enfin, les affaires du Stalinon® et de la thalidomide font prendre conscience aux
autorités de l’importance du suivi des médicaments, et de la question des effets
indésirables des médicaments. Le Stalinon®, médicament à base d’étain contre la
furonculose, ayant obtenu son visa en 1953 pour être commercialisé, provoqua l’année
suivante une catastrophe sanitaire : on note 100 décès et 117 intoxications avec des
lourdes séquelles paralytiques.

Le Stalinon® était en effet préparé dans des conditions non conformes au visa obtenu.
Il sera désormais exigé de l’industriel un protocole d’analyse et de contrôle des
matières premières, ainsi qu’un compte rendu des essais cliniques ainsi que leur
expertise. C’est l’apparition de la pharmacovigilance, mais également des essais
cliniques dans les années 1950.

Aux Etats Unis, en 1962, la loi introduit le contrôle de l’innocuité des médicaments, et
les essais cliniques approuvés par le Food and Drug Administration (FDA). La FDA
doit être informée de tout incident et effet indésirable constaté à l’emploi d’un
médicament.

LES PREMIERES VACCINATIONS :

Les vaccins font partie des médicaments immunologiques. Leur origine remonte à la fin du
XVIIIe siècle.

➢ Edward Jenner est le premier médecin à avoir étudié le vaccin de la variole,


en inoculant la vaccine des vaches à un garçon de 8 ans.

➢ Louis Pasteur Professeur à la faculté des sciences de Lille fait une découverte
capitale : les levures sont des êtres vivants responsables de la fermentation. Il
propose de chauffer le vin à 57° C afin de tuer les germes et résout ainsi le
problème de sa conservation, c’est la pasteurisation. Il débute ses recherches
sur la rage en 1880. L’agent pathogène lui échappe mais la moelle épinière
infectée et desséchée protège les chiens de la maladie. Le 6 juin 1885,
Pasteur reçoit la visite d’une dame dont le fils Joseph a été mordu par un chien
soupçonné de porter la rage. Il commence les injections, et plus tard, l’enfant
sauvé, Pasteur présente ses travaux à l’Académie des sciences.
Le 1er mars 1886, sur 350 personnes vaccinées, une seule est décédée.
L’Académie propose alors de créer un établissement destiné à traiter la rage après
morsure : l’Institut Pasteur.

Vous aimerez peut-être aussi