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Dr Victor Okombe Embeya

Professeur Ordinaire

NOTES DE COURS DE MEDECINE TRADITIONNELLE

Edition 2023

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INTRODUCTION

1. Définitions usuelles
La médecine est définie comme la science et l’art de soigner. On peut définir également
la médecine comme étant une science qui contribue à l’amélioration de la qualité et de la
quantité de la vie en assurant entre l’homme et son environnement un équilibre durable qui le
rendrait moins vulnérable à la maladie et lui permettrait de mener une existence plus productive
et plus attrayante, une vie socialement et économiquement plus productive.
La santé, la bonne santé entendue, est le contraire de l’état de maladie. Elle signifie l’état
d’une personne dont l’organisme fonctionne bien. D’après l’OMS, la santé est un état de
complet bien-être physique, mental et social et ne consiste pas seulement en l’absence de
maladie ou d’infirmité.
La médecine traditionnelle est à définir comme étant l’ensemble des pratiques
matérielles et immatérielles qui ont permis à l’homme depuis toujours de se prémunir contre la
maladie, de soulager ses souffrances et de se guérir. Elle signifie aussi l’ensemble des
connaissances et pratiques explicables ou non servant à diagnostiquer, à prévenir ou à éliminer
un déséquilibre physique, mental ou social, en s’appuyant exclusivement sur l’expérience et
l’observation transmises de génération en génération.
En d’autres termes, la médecine traditionnelle africaine est un ensemble des moyens
matériels et immatériels que des personnes formées utilisent pour guérir les maux du corps et
de l’esprit. Les moyens immatériels sont la parole, la prière, l’invocation, les cérémonies, les
rites, etc. tandis que les moyens matériels relèvent du règne végétal principalement mais aussi
des produits d’animaux et des minéraux.
En bref, la médecine traditionnelle africaine unit les vertus des plantes à valeur ajoutée
à la puissance de la parole. Elle se présente ainsi comme le produit d’une culture où le visible
et l’invisible, le matériel et l’immatériel sont intimement liés.
De ces définitions, on peut retenir que :
- la médecine traditionnelle est une pratique ancienne ancrée dans les mœurs et coutumes ;
- la médecine traditionnelle est une science de l’art médical associant une multitude de
techniques, de savoirs et d’activités comportementales ;
- la médecine traditionnelle repose sur la culture faite des croyances, coutumes et
représentations abstraites singulières.
La médecine traditionnelle africaine est la médecine de tradition populaire traditionnelle
africaine. Elle est exercée par le tradipraticien, le guérisseur ou encore le praticien traditionnel
africain de la santé.
Le tradipraticien est toute personne reconnue par la collectivité comme compétente pour
dispenser les soins de santé traditionnels grâce à l’emploi des substances naturelles (végétales,
animales ou minérales) et à d’autres méthodes basées sur le fondement socioculturel et magico-
religieux en rapport avec le bien-être physique, mental et social ainsi qu’à l’étiologie des
maladies et invalidités prévalant dans cette collectivité.
La phytothérapie est le recours aux plantes à valeur ajoutée (plantes alimentaires non
classiques, plantes médicinales, plantes fonctionnelles, plantes aromatiques) pour assurer les
soins de santé. La plante ou un organe de la plante peut être utilisé(e) sous forme nature ou sous
forme d’extrait (drogue).
On appelle « plante médicinale », tout végétal qui contient dans un ou plusieurs de ses
organes, des substances pouvant être utilisées à des fins thérapeutiques ou qui sont des
précurseurs pour l’hémisynthèse chimio-pharmaceutique. Cette définition permet de distinguer
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d’une part, les plantes médicinales déjà connues (dont les propriétés thérapeutiques ou la nature
de précurseurs de certaines molécules sont établies scientifiquement) et, d’autre part, les plantes
employées en médecine traditionnelle n’ayant pas encore fait l’objet d’études scientifiques
(approfondies).
Une plante est médicinale lorsque par son administration et par ses propriétés
particulières bénéfiques pour la santé humaine ou animale, elle offre un effet bienfaisant et
thérapeutique à l’organisme. Toutes les données concernant les plantes médicinales
(préparation, la composition, l’action des médicaments) sont regroupées dans un ouvrage
officiel, local, national ou international, appelé « pharmacopée » anciennement appelé Codex.
Les forêts congolaises sont aujourd’hui reconnues pour leur multifonctionnalité et en
particulier pour leur fonction de la conservation de la biodiversité et de la protection contre les
risques naturels.
Cette définition inclut :
a) des plantes ou parties de plantes utilisées en thérapeutique sous forme des préparations
galéniques (décocté, infusé, macéré, etc.) ;
b) des plantes produisant des substances pures employées directement en thérapeutique ou pour
l’hémisynthèse ;
c) des plantes alimentaires, des plantes alimentaires non classiques, des plantes fonctionnelles
et des plantes aromatiques utilisées en médecine ;
d) des plantes microscopiques (champignons) utilisées pour l’extraction des drogues,
spécialement des antibiotiques et ;
e) des fibres végétales (coton, lin, jute) d’emploi courant en chirurgie.
La plante fonctionnelle est celle douée de la propriété d’améliorer le fonctionnement
d’un organe, appareil ou de l’organisme entier. La plante aromatique est celle qui fournit une
sensation odoriférante agréable. La plante alimentaire non classique est une plante non cultivée
mais qui peut être utilisée comme alimentaire.
La pharmacopée traditionnelle est un recueille qui récence les recettes thérapeutiques
scientifiquement éprouvées auxquelles fait recours une population pour guérir et prévenir les
maladies. L’ethnopharmacopée concerne la pharmacopée traditionnelle se rapportant à une
ethnie. La pharmacologie est la science qui étudie les effets et le devenir du médicament dans
l’organisme.
Les plantes médicinales sont une source potentielle au substrat que l’on souhaite voir
fonctionner de manière optimale des dérivés chimiques utiles à l’homme. La médecine et la
pharmacopée traditionnelles sont parmi les utilisateurs potentiels des plantes médicinales.
La gestion durable des plantes médicinales est importante, non seulement en raison de leur
valeur en tant que source potentielle de nouveaux médicaments, mais en raison de la
dépendance des populations paysannes pour les besoins primaires (santé, nutrition,
construction, etc.). Le commerce des plantes médicinales est devenu une industrie en expansion.
L’exploitation intensive des espèces végétales pour des besoins médicinaux peut devenir
néfaste si elle dépasse le seuil de régénération des ressources utilisées, sachant qu’il existe une
relation manifeste entre la partie utilisée de la plante exploitée et les effets de cette exploitation
sur son existence. Les produits forestiers ligneux et non ligneux connaissent actuellement un
taux de mortalité important à cause des prélèvements non appropriés des organes. La plupart
des plantes médicinales du monde sont simplement cueillies dans la nature, les plus populaires
ont tendance à faire l'objet d'une cueillette excessive ce qui souvent conduit à développer une
offre cultivée pour des fins commerciales. La production des plantes médicinales est souvent
limitée par :
-les semences souvent difficiles à obtenir ;
-l’expertise et les connaissances pas toujours disponibles ;
-les besoins d’amélioration des plantes ;

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-les techniques de gestion à perfectionner et ;
-les marchés à localiser et à développer.

2. Evolution et intérêt de la médecine traditionnelle africaine


Trois temps forts caractérisent l’évolution de la médecine traditionnelle africaine en R. D.
Congo : les périodes précoloniale, coloniale et postcoloniale.
Au cours de la période précoloniale, l’art médical reposait sur la médecine traditionnelle
africaine. Celle-ci a favorisé le maintien de l’espèce humaine dans un environnement particulièrement
favorable à l’éclosion de divers types de maladies. La période coloniale a vu apparaitre l’implantation
de la médecine métropolitaine à travers les hôpitaux, dispensaires et infirmeries et le rejet de la médecine
traditionnelle. Au cours de la période postcoloniale s’installe le marasme sanitaire. Celui-ci est
consécutif à la détérioration des termes de l’échange, à la réduction des budgets des secteurs de la santé
et de l’éducation, à des longues dictatures et aux guerres fratricides, meurtrières et dévastatrices. Il va
s’ensuivre l’émergence de la médecine traditionnelle africaine à côté de la médecine conventionnelle.
En 1968, le Cercle des Médecins Congolais de l’Université Lovanium de Kinshasa
(CEMECOL) reconnaissait la médecine traditionnelle. A Alma Ata, en 1978, l’OMS a défini la Stratégie
des Soins de Santé Primaires portant sur l’accessibilité culturelle, géographique et financière des
populations à ces soins. Cette stratégie reconnue l’importance à accorder à la médecine traditionnelle
dans la stratégie de promotion des soins de santé. A Bamako en 1980, l’OUA lança l’Initiative de
Bamako intitulée « Santé pour tous d’ici l’an 2000 ». En 1981, la sous-commission « Santé et Bien-
être » du Comité Central du Mouvement Populaire de la Révolution (MPR – Parti Etat) reconnu
qu’environ 90 % de la population congolaise recouraient à la médecine traditionnelle africaine pour se
soigner. Le MPR a encouragé la valorisation de cette médecine. En 2010, l’OMS/AFRO a mis au point
la première stratégie de promotion de la médecine traditionnelle de 2001 à 2010. En 2002, le
Gouvernement congolais a créé la Direction de médecine traditionnelle et plantes médicinales au sein
du ministère de la Santé publique mettant définitivement fin à l’errance tutélaire ministérielle. En 2004
le Gouvernement congolais a introduit les cours de Médecine traditionnelle et Phytothérapie,
d’Ethnomédecine vétérinaire et des Questions spéciales de médecine traditionnelle et phytothérapie
respectivement dans les Facultés de médecine, de médecine vétérinaire et des sciences pharmaceutiques.
La conception et la mise au point d’un programme national concerté de formation en médecine
traditionnelle africaine est adoptée en 2007 avec le soutien de l’OMS/AFRO. En 2009, le Gouvernement
de la R. D. Congo a publié la première édition de la Pharmacopée traditionnelle congolaise. En 2013,
l’OMS a mis au point la deuxième stratégie de promotion de la médecine traditionnelle de 2014 à 2023.
L’intérêt de l’étude du cours de Médecine traditionnelle et Phytothérapie se situe dans la
recherche des solutions à la résolution des préoccupations relatives à la nécessité d’améliorer l’état de
santé des populations. L’exploration des ressources de la médecine traditionnelle africaine est un
processus dynamisé par les besoins des malades en matière de soins de santé à travers les différents
contextes sociopolitiques vécus.

3. Ressources thérapeutiques
La R. D. Congo dispose d’une végétation particulière au monde. En effet, on y rencontre
les types suivants : la végétation guinéenne, la végétation des forêts de montagnes, la végétation
soudanaise, la mangrove, la végétation zambézienne et, la forêt équatoriale. Entre ces types
originaux de végétation, il existe plusieurs faciès hybrides qui rendent plusieurs variétés de
plantes endémiques. Aussi, d’abondantes espèces animales dont plusieurs endémiques et divers
types de ressources minérales intervenant dans la santé sont disponibles.
La RDC possède la sixième plus grande superficie forestière au monde avec plus de 150
millions d’hectares représentant 60% du territoire national. Par sa richesse en espèces et de son
nombre considérable d’espèces endémiques, la RDC est considérée comme l’un des dix-sept
pays mégadivers au monde.
Sept régions floristiques différentes y sont identifiées, à savoir :
- une région forestière de montagne avec plusieurs grands lacs, à l’est du pays ;
- une bande étroite de savane boisée et herbacée, au Nord ;

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- le massif forestier équatorial qui recouvre le bassin central ;
- une bande de savane boisée qui relie la région guinéenne-congolaise à l’ouest ;
- une zone zambézienne ;
- la mangrove et ;
- divers hybrides végétaux.
Sur l’ensemble du territoire congolais il existe plus de 460 tribus qui ont su, et à travers
le temps, procéder à une lecture utile des ressources thérapeutiques existant au sein de chaque
environnement et qui détiennent d’informations thérapeutiques de valeur. Aussi, l’importance
significative de la proportion de la population recourant aux ressources thérapeutiques
traditionnelles (phytomédicaments, zoomédicaments, géomédicaments) est estimée à environ
80% de la population et 100% des pygmées vivant en R.D. Congo).

4. Enjeux de la médecine traditionnelle


La promotion et la valorisation de la médecine traditionnelle africaine exposent à
plusieurs enjeux notamment :
- l’enjeu économique induisant la résistance contre le manque de capitaux, l’inflation, la
dévaluation et attirer les investissements à des fins de production thérapeutique ;
- l’enjeu culturel permettant d’accroitre la conscience pour une meilleure compréhension de la
médecine traditionnelle africaine ; de connaitre les méthodes de travail, le niveau de confiance
et les limites des praticiens traditionnels africains de la santé et ; d’améliorer la collaboration
entre les praticiens conventionnels et traditionnels africains de la santé.
- l’enjeu sanitaire favorisant la mise en évidence de l’innocuité, la tolérance, l’efficacité et la
qualité des médicaments et pratiques de la médecine traditionnelle africaine et la valorisation
des méthodes et stratégies de production thérapeutique naturelle.
- l’enjeu scientifique améliorant l’épanouissement de la thérapeutique traditionnelle ;
- l’enjeu environnemental générant l’exploitation durable et rentable de la biodiversité végétale
et animale ;
- l’enjeu éducationnel par la maitrise des pistes de production des bio-médicaments et de
l’utilisation adéquate de la biodiversité animale et végétale.

5. Menaces sur la biodiversité


Aujourd’hui et plus qu’auparavant, le monde est confronté à plusieurs menaces qui
justifient l’apparition des maladies nouvelles et l’émergence des maladies contrôlées jusqu’il y
a peu. Devant ces menaces et sur le plan sanitaire, la population congolaise se trouve confrontée
à l’espoir d’un mieux-être indispensable à atteindre.
La survie des espèces floristiques est confrontée à une large gamme de menaces, allant de la
destruction et la fragmentation des écosystèmes, l’urbanisation et l’activité anthropique
(favorisant diverses zoonoses). Le taux de destruction des forêts en Afrique est fortement
corrélé avec les économies nationales et la densité humaine. Les activités humaines
principalement les activités minières et agricoles, forte densité de population humaine, les
incendies des forêts, l’installation des groupes armés dans les forêts sont les principales
menaces des forêts.
Le défi du côté de la population riveraine est lié à l’accès et à l’usage des ressources
naturelles de manière durable, car sa survie en dépend largement. Aux côtés des activités
relatives au braconnage, à l’exploitation minière artisanale, à la conversion des habitats naturels
en terres agricoles et autres, le prélèvement du matériel végétal pour des fins médicinales
constitue une forme de pression sur les forêts. Ces prélèvements hors normes des organes
végétaux en forêts contribuent à des formes de dégradation qui ne laissent pas sans
conséquences la survie d’autres espèces qui en dépendent. Les espèces végétales font l’objet de
compétition d’usages entre la nature et les communautés humaines concernées.

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La dégradation, la fragmentation et la disparition des écosystèmes consécutives à la
pression des activités agricoles, des industries d’extraction minière et forestière, à des
catastrophes naturelles, au réchauffement et changement climatiques compromettent l’avenir
de la médecine traditionnelle africaine.
En outre, la disparition progressive des tradipraticiens qui ne laissent souvent pas une
relève de qualité, la méconnaissance de la médecine traditionnelle africaine par la jeune
génération, la fiabilité de la tradipratique médicale, la mauvaise qualité de centre de
dispensation des soins traditionnels sont également à compter parmi les pesanteurs réduisant la
promotion de la médecine traditionnelle africaine.
Pendant que la médecine conventionnelle se modernise de plus en plus, les pathologies
les plus diverses font surface et le besoin de disposer des médicaments plus efficaces, plus
fiables et plus tolérables devient une priorité. Les informations thérapeutiques adéquates de la
médecine traditionnelle africaine, source intarissable des médicaments justifient pour
l’étudiant, la nécessité de renforcer les capacités en matière de l’exploitation durable de cette
précieuse ressource sanitaire.
Il ne convient donc pas d’opposer la médecine traditionnelle africaine de la médecine
conventionnelle et encore moins dans le camp de la médecine conventionnelle, la médecine
vétérinaire de la médecine humaine. Toutes ces médecines sont scientifiques à des degrés divers
et méritent le bénéfice d’être dynamiquement impliquées les unes aux autres dans une démarche
complémentaire d’enrichissement mutuel en vue d’offrir à l’homme un environnement sécurisé
durable en matière de santé. Cette complémentarité, pour être efficace, rend nécessaire la mise
en place d’un certain nombre de passages visant à sortir la médecine traditionnelle africaine de
son archaïsation tout en réduisant la technisation (mécanisation) à outrance de la médecine
moderne.

6. Production du médicament traditionnel amélioré


Pour promouvoir le développement des médicaments de la médecine traditionnelle
africaine, il est nécessaire de :
- se débarrasser des croyances erronées sur elle ;
- rendre capable les praticiens conventionnels de la santé à apprécier objectivement et
correctement les mérites et démérites de la médecine traditionnelle africaine ;
- rendre plus aptes les interactions professionnelles entre praticiens conventionnels et
traditionnelle africains de la santé ;
- rendre plus disponibles les praticiens conventionnels et tradipraticiens de la santé à collaborer
à travers la recherche pluridisciplinaire et enfin ;
- rendre possible l’intégration de la médecine traditionnelle africaine en santé en R.D. Congo.
Pour y arriver, il faut :
- concilier la conservation des écosystèmes et de la biodiversité avec le développement durable ;
- viser l’adéquation entre les politiques de développement et la biodiversité ;
- favoriser la conservation des écosystèmes et la préservation d’espèces rares ;
- valoriser la médecine traditionnelle africaine à travers sa pratique, la récolte et la validation
d’informations thérapeutiques traditionnelles, l’information et la formation de la société
(société civile, praticiens conventionnels et traditionnels africains de la santé, étudiants en
sciences de la santé, etc.).
L’exploitation de la convergence convergente (connaissances originales semblables) ou
la convergence divergente (connaissances originales spécifiques) de l’usage thérapeutique des
plantes en particulier entre les cultures ethniques différentes de la R. D. Congo est nécessaire
pour accroitre l’efficacité de la lutte contre la maladie et le maintien durable de la santé. L’abord
scientifique de la médecine traditionnelle africaine et de la phytothérapie dans leurs aspects
matériel, économique, culturel, juridique, publicitaire, etc. est un impératif justifié pour mieux

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appréhender, mieux comprendre, mieux utiliser et mieux contrôler les pratiques médico-
pharmaceutiques ancestrales afin d’en améliorer les limites et d’en agrandir les espoirs. Le
dialogue inter-médecine objectif, réaliste et rentable est nécessaire pour arriver à un état
sanitaire satisfaisant de la population. La promotion de la médecine traditionnelle africaine reste
une démarche scientifique consistant à aller de soi vers soi-même ou la découverte de l’acquis
culturel thérapeutique pluriel à métisser par l’usage mieux raisonné de la biodiversité et la
gestion durable de l’environnement. Un dialogue entre systèmes thérapeutiques peut ouvrir des
nouvelles opportunités en matière thérapeutique sur base de notre contexte géographique et
culturel. C’est dans ce contexte que ce situe l’enseignement de la Médecine traditionnelle et
Phytothérapie dans les Universités congolaises en particulier.
Les objectifs généraux du cours de Médecine traditionnelle et Phytothérapie destiné aux
étudiants en médecine sont les suivants :
- éveiller la conscience et l’intérêt des étudiants sur la médecine traditionnelle africaine et les
initier à la saisie et à la mise en valeur de l’information thérapeutique originale valorisée dans
leur exercice médical futur et ;
- faire adopter aux thérapeutes et aux patients un nouveau type de comportement face à l’art de
soigner.
Au cours de la présente année académique, huit chapitres ci-après constituent ce cours :
Chapitre I : Les principaux autres systèmes thérapeutiques traditionnels mondiaux ;
Chapitre II : les Thérapeutiques alternatives.
Chapitre III : la recherche pharmacologique en médecine traditionnelle ;
Chapitre IV : les Intoxications médicamenteuses ;

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CHAPITRE I : LES PRINCIPAUX AUTRES SYSTEMES
THERAPEUTIQUES TRADITIONNELS MONDIAUX

0. Fondamental

Les objectifs poursuivis par ce chapitre visent à :


- ressortir les précieuses contributions des médecines traditionnelles au progrès de la santé ;
- retracer les contours des quelques médecines traditionnelles et plus particulièrement celui de
la médecine traditionnelle africaine face à la couverture sanitaire et ;
- favoriser une attitude de confiance mutuelle entre les acteurs des divers systèmes de médecine.

1. Argumentaire
Depuis le nuit des temps, la première préoccupation de l’homme fut celle de satisfaire à
ses besoins primaires dont la nourriture, le mal-être ou la maladie, l’habitat, etc. à partir des
ressources naturelles (plantes, animaux et minéraux).
Par l’intuition et l’expérimentation, l’homme a su reconnaitre la différence entre le mal-être et
le bien-être, diagnostiquer la maladie et sélectionné au fil du temps des végétaux (plantes
alimentaires, plantes médicinales, etc.) et des plantes toxiques (poison de flèche de chasse ou
de guerre). L’Afrique le berceau de l’humanité à travers les preuves archéologiques qui ne font
que s’accumuler, c’est le système thérapeutique traditionnel africain qui est le premier à exister.
Il a servi de source d’inspiration à tous les autres systèmes. Selon l’OMS, la médecine
traditionnelle « se rapporte aux pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé
qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de
thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels – séparément ou en association –
pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé ». On en distingue :
- la médecine populaire ou celle de « grand-mères ». Elle est la forme la plus simple de la
médecine traditionnelle africaine et est utilisée par tous les ménages, peu importe leur catégorie
sociale.
- La médecine traditionnelle spécialisée qui est celle pratiquée par des praticiens traditionnels
appelés « tradipraticiens ». Cette dénomination a été adoptée par le Comité Scientifique et
Technique pour la Recherche de l’Union Africaine (l’OUA/CSTR) au Cameroun en 1993. Les
tradipraticiens sont des praticiens reconnus au sein de leurs communautés et qui sont consultés
pour des problèmes de santé particuliers, chroniques et difficiles à traiter. Les tradipraticiens
sont considérés comme des spécialistes.
Diverses stratégies de préservation de la santé et de lutte contre la maladie furent
élaborées par divers peuples du monde à travers le temps et l’espace sur base de leurs valeurs
sociologiques et anthropologiques, des conceptions de la physiologie et des pathologies du
corps et de l’esprit.

2. Principaux systèmes thérapeutiques traditionnels mondiaux et médecine classique


Les principaux systèmes traditionnels médicaux mondiaux d’après leur apparition et
selon les sources écrites.

2.1. Médecine traditionnelle africaine et médecine classique


Le papyrus d’Ebert datant du XVIe siècle avant Jésus Christ est le plus ancien texte de
caractère médical découvert à ce jour. Il a été découvert à Louxor en Egypte en 1987. Traduit

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jusqu’alors à 30%, il recense 970 prescriptions médicinales et préparations médicamenteuses
et 700 plantes médicinales dont Papaver somniferum, Euphorbia hirta.
L’école de médecine d’Alexandrie en Egypte était très importante dès la fin du VIe siècle
avant Jésus Christ où vinrent des étudiants méditerranéens et arabo-perses en particulier pour y
étudier la médecine. En 46 avant Jésus Christ, il se produisit le premier incendie de la grande
bibliothèque d’Alexandrie, incendie au cours duquel de nombreux papyrus furent brûlés ou
emportés. En 640 après Jésus Christ, il eut lieu le deuxième incendie au cours duquel près de
400.000 à 700.000 rouleaux de manuscrits furent détruits de cette bibliothèque. Il faut noter
qu’à l’époque, la bibliothèque (d’essence égyptienne) était le seul dépositaire de l’essor de la
connaissance en général.
La médecine traditionnelle africaine a des millions des années derrière elle. Elle
n’est pas seulement un moyen de traitement de maladie, elle est aussi une culture. A ce titre,
elle se trouve mêler à d’autres domaines tels que : la gestion des rapports sociaux et familiaux,
les cultures religieuses, la magie, la recherche de trésors, enrichissement, le bonheur, etc.
La médecine traditionnelle africaine a maintenu l’espèce humaine dans un
environnement favorable à l’éclosion des divers types des maladies. Actuellement encore, une
grande proportion de la population africaine recours à la médecine traditionnelle africaine pour
produire, maintenir et entretenir leur état de santé, et ceci pour des raisons économique, sociale
et culturelle.
Les arts des guérisons de sociétés africaines ont souvent été qualifiés de sociothérapie
dans le sens où ils ne s’adressent pas uniquement à un individu mais implique aussi le groupe
auquel cet individu appartient. Ils sont aussi définis comme magico-religieux, plusieurs les
maladies étant plus ou moins liées à une dimension surnaturelle.
Dans la société africaine, l’être humain est constitué de trois entités : le corps physique,
le corps mental et le corps spirituel. Le corps mental est l’entité du dialogue avec soi-même
pour soi-même là où on pense situer le rapport avec les autres. Le corps spirituel est l’entité qui
communique avec l’être supérieur. Le corps physique est celui sur lequel le mal-être peut se
traduire par la difficulté de retrouver l’équilibre dans son fonctionnement, lequel déséquilibre
peut se traduire par la maladie.
Le corps physique est constitué de deux cylindres. Le cylindre externe délimite la peau
(épiderme). Le cylindre interne est constitué par l’épithélium digestif. Entre les deux se trouvent
des organes communiquant avec l’un ou l’autre des épithéliums. C’est le cas de l’appareil
respiratoire, de l’appareil uro-génital, etc. A l’entre deux cylindres se trouvent également
d’autres organes totalement enfouis tel que le cœur, le foie, les os, les muscles et le cerveau ou
avec les épithéliums interne (foie) ou externes (reins). Les encombrements par des micro-
organismes ou de la matière physique colonisée ou non par les micro-organismes, la
malpropreté, le vidange trop lent ou trop rapide, le mauvais fonctionnement de l’un ou l’autre
organe peuvent déterminer diverses pathologies lesquelles, peuvent réclamer l’intervention de
la médecine traditionnelle africaine.
Des origines du premier homme jusqu’à la fin de la période précoloniale, la médecine
traditionnelle africaine a assuré la prise en charge des populations avec satisfaction. Depuis le
XIXe siècle et une partie importante du XXe siècle, les colonisateurs tenaient les thérapeutes
africains pour des sorciers pratiquant la magie noire et interdisaient le recours à leurs remèdes
et médicaments. En dépit de cela, les peuples d’Afrique ont conservé les traditions
thérapeutiques à des degrés divers. Aujourd’hui, les guérisseurs traditionnels et les sages-
femmes sont en train de rendre de services louables aux communautés. La valorisation de
l’herboristerie africaine peut élargir davantage la gamme des médicaments à base des plantes
pour l’homme et l’animal.
Il existe en Afrique noire autant de systèmes médicaux qu’il y a des ethnies ou tribus.
Cependant ceux-ci présentent ensemble des caractéristiques générales qui justifient l’existence

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d’une médecine traditionnelle africaine.
2.1.1. Subdivision de la médecine traditionnelle africaine
Du point de vue thérapeutique, il faut distinguer les herboristes et les ritualistes. Parmi
les herboristes plusieurs autres subdivisions sont constatées dont la médecine populaire
africaine et la médecine secrète des guérisseurs traditionnels.

2.1.2. Connaissances médico-thérapeutiques traditionnelles africaines


Les connaissances médico-thérapeutiques traditionnelles peuvent être acquises par la
voie expérimentale (essais et erreurs, échanges d’expériences), l’observation de certaines
pratiques médicales animales, la signature, la voie ésotérique (rêve, inspiration ou révélation)
et par la formation. Les possibilités d’organiser une formation structurée reste possible tant les
besoins existent, les matières abondantes et les compétences disponibles.

2.1.2.1. Voie expérimentale


La voie expérimentale consiste notamment à la pratique d’essais et erreurs et aux
échanges d’expériences entre tradipraticiens. En effet, les tradipratiens ont l’obligation morale
et sociale de fournir les soins aux malades. Parfois, des tentatives logiques osées arrivent-elles
à donner quelques résultats satisfaisants par la suite la pratique peut être répétée avec
satisfaction. Des telles pratiques innovantes sont échangées entre tradipraticiens, chacun
apportant parfois sa touche personnelle et ainsi, les connaissances sont transmises
horizontalement et verticalement.

2.1.2.2. Automédication animale


La sélection des espèces médicinales par les animaux s’observe souvent quand il s’agit
de mâcher de la moelle et avaler des feuilles entières des plantes. Dans ces types de
comportements, il ne suffit pas de connaître les plantes consommées, mais surtout d’identifier
quelles parties et comment elles sont ingérées. Ces preuves se résument en :
- une rare prise d’espèces végétales qui ne font pas partie de l’alimentation régulière,
- une habitude d’ingestion qui ne prévoit aucun avantage nutritionnel,
- la restriction de l’utilisation des plantes à des saisons données ou à d’autres périodes associées
à un risque élevé d’infections parasitaires,
- une maladie ou une infection parasitaire au moment de l’ingestion d’une plante médicinale
suivi d’un changement positif après l’ingestion.

2.1.2.3. Signature
La théorie des signatures, une méthode empirique utilisée pour reconnaitre les plantes
médicinales utiles pour une guérison humaine procède par une analogie, associant une plante
avec une partie du corps humain que l’on souhaite soigner l’aspect de la préparation d’une
plante.

2.1.2.4. Voie ésotérique


Le rêve, l’inspiration et la révélation sont également des voies d’acquisition des
connaissances originelles qui sont par la suite diffusées auprès d’autres tradipraticiens pour un
usage plus large et mieux exploité.

2.1.2.5. Formation

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Les savoirs des spécialistes sont également acquis par apprentissage bien que le
caractère secret qui le caractérise limite la transmission des connaissances entre guérisseurs
voire entre les lignées. Ce caractère secret s’explique généralement par le fait que les
tradipraticiens cherchent à protéger leurs savoirs de la concurrence du marché.
Au niveau de l’Afrique, l’OMS vise de développer cette médecine traditionnelle afin
qu’elle contribue davantage aux services de la santé sur le continent. Pour cela, le programme
est engagé à (a) développer des études et des recherches dans le domaine, (b) à inciter les états-
membres à rédiger des textes d’organisation et de règlementation de la médecine traditionnelle
(c) à faire breveter certains remèdes et enfin (d) à réaliser des programmes des formations
complémentaires. Il existe un lien entre la culture, la maladie et les soins par la plante au sein
d’une communauté. Chaque groupe ethnique a sa propre conception de l’étiologie des maladies,
de leurs significations et de leurs traitements. Ce qui suppose qu’il existe un lien entre la culture
et la maladie ainsi qu’avec les espèces utilisées pour soigner la maladie.
La culture peut influencer certaines maladies au sein des communautés. On peut illustrer
le lien par le cas de l’ethnie et la polygamie. La polygamie semble être liée aux trois types de
maladies prédominants : le dysfonctionnement érectile, les troubles de la prostate et les
maladies sexuellement transmissibles. Pour soulager ces maux, les tradipraticiens de la région
ont développé les traitements adéquats. Cet exemple montre combien la culture influence
parfois l’origine de certaines maladies ainsi que le développement des connaissances pour
traiter ces maladies. Le traitement des maladies au sein des différents groupes ethniques dépend
de la médecine inféodée à la flore locale, à l’environnement et aux règles de reconnaissance des
plantes. La diversité de soins et de traitements est considérable d’une communauté à l’autre,
d’un guérisseur à l’autre. Le savoir médical des tradipraticiens se confirme surtout dans la
sélection des parties des plantes à utiliser selon la distribution des constituants organo-
chimiques. Ainsi, un même guérisseur utilise des parties différentes de la même plante pour
traiter deux maladies différentes. Dans le cas de l’Hymenocardia acida, famille
d’Euphorbiaceae, les feuilles sont utilisées contre la folie et l'écorce du tronc contre la gastrite.
Aussi deux guérisseurs se servent de deux parties différentes de la même plante pour soigner
deux maladies différentes. L’Alchornea cordifolia, famille d’Euphorbiaceae, la tige ligneuse
est utilisée contre le diabète et la racine contre le psoriasis.

2.1.3. Maladie et nomenclature des maladies


La maladie est un état de cessation du bien aise. Dans la société traditionnelle africaine,
les causes de maladies alignent les causes surnaturelles et les causes naturelles.
Les causes surnaturelles comprennent notamment la méchanceté d’un tiers (sorcier,
jalousie, haineux, etc.), la sanction d’un esprit négligé ou courroucé, une faute consciente ou
inconsciente de la victime elle-même (interdits violés, discordes au sein de la famille ou groupe,
etc.).
Les causes naturelles de la maladie relèvent de l’alimentation, de microbes, du
traumatisme et des troubles fonctionnels.
En médecine traditionnelle africaine, les pathologies sont classées en plusieurs groupes
suivant divers critères notamment l’âge ou le sexe des patients, l’organe ou la partie atteinte du
corps, le symptôme ou le syndrome le plus remarquable. Selon l’âge ou le sexe des patients, on
peut distinguer les maladies des enfants, des adultes, des adultes femmes et des adultes hommes.
Suivant l’organe ou partie du corps, la nosologie traduit parfois la connaissance dérisoire des
notions d’anatomie et de physiologie par des thérapeutes traditionnels (exemple le mal du
ventre). Selon les symptômes ou syndromes peuvent être cités, les céphalalgies, le corps chaud,
la toux, les lombalgies, etc. La quatrième catégorie nosologique regroupe les affections et

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troubles divers que l’on ne peut facilement classer dans l’un ou l’autre des précédents groupes
tels que le diabète, l’hépatite, l’épilepsie, l’abcès, etc.
La médecine traditionnelle distingue aussi les affections médicales et chirurgicales de
celles dues à la violation des règles sociales relevant de la coutume et des interdits. Par affection
médicale, on désigne celle traitée par l’administration des médicaments. Les affections
chirurgicales nécessitent une intervention manuelle (manipulations et opérations en cas de
blessures et ulcérations, de fractures, de luxations, d’entorses etc.).
Lorsqu’un mauvais acte social a été posé notamment en cas de violation des règles
sociales ou interdits, l’auteur peut subir un malheur, un accident ou tomber malade. La
culpabilité et la responsabilité peuvent incomber à l’auteur du crime, aux parents ou aux défunts
selon les cas. Dans ce cas, le diagnostic ressort des devins ou de la palabre thérapeutique.

2.1.4. Motivations de la consultation


Plusieurs raisons poussent l’Africain à recouvrir à la médecine traditionnelle africaine
dont voici quelques-unes :
- l’impuissance déclarée de la médecine classique face au traitement de certaines maladies ;
- la présence des symptômes classiques spécifiques qui font d’emblée penser à une maladie
proprement africaine ;
- l’orientation du malade vers la médecine traditionnelle africaine par un membre du personnel
médical de la structure conventionnelle ;
- l’insuffisance des infrastructures de santé ;
- le coût onéreux de la prise en charge par la médecine conventionnelle ;
- l’inaccessibilité aux soins de santé classiques ;
- la conviction de l’efficience élevée de la médecine traditionnelle africaine face à une
pathologie donnée ;
- l’inadaptation des traitements de la médecine classique ;
- le caractère parfois redoutable des effets secondaires des médicaments moléculaires ;
- la couverture d’autres aspirations sanitaires de l’homme, etc.

2.1.5. Patient
La médecine traditionnelle étant holistique, le patient représente à la fois un individu
biologique et un être social. L’intervention du tradipraticien peut cerner les aspects biologique
et médical de la maladie mais également, pour certains cas, les aspects sociologique et
psychologique de la maladie. Dans ce dernier cas, la socialisation lie l’individu biologique à la
société des vivants et des morts à travers les coutumes et les traditions du groupe social auquel
il appartient.

2.1.6. Diagnostic
Le diagnostic peut se définir comme étant un ensemble des démarches, des procédures,
des moyens déployés pouvant aider à circonscrire le mal-être. C’est un temps de l’acte médical
permettant d’identifier la nature et la cause de l’affection dont un patient est atteint avant de
proposer un traitement. Le raisonnement diagnostic traditionnel africain pour ces pathologies
recourt plus à la clinique (anamnèse, examen physique), à la divination et à la révélation. Il a
pour but non seulement d’établir la force physique et la vitalité du patient mais aussi de
réintégrer le malade dans la communauté, de le réconcilier avec les forces transcendantes.
Pour tout dire, le raisonnement diagnostic traditionnel africain recourt à la clinique,
c’est-à-dire à l’anamnèse et à l’examen physique du malade, il s’établit en plusieurs étapes et
comprend l’entretien direct ou indirect avec le malade ou son dépendant et l’examen physique.
L’entretien (direct) avec le malade est une étape importante contributive au diagnostic.
Son but est d’établir des rapports plus humains dans lesquels le malade et le tradipraticien font
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face à l’ennemi commun, le mal-être. Il repose sur l’histoire de l’affection ; les antécédents
familiaux, chirurgicaux, gynécologiques ou autre, l’hygiène et le mode de vie racontés par le
patient lui-même.
L’anamnèse reprend le motif de consultation, l’histoire de l’affection, les antécédents,
etc. Il peut, dans certain cas, être fait par un membre de la communauté auquel appartient le
patient.
L’examen physique comprend l’inspection, l’audition, la palpation, l’audition et
l’olfaction.
Pour établir un diagnostic par divination, le tradipraticien interroge ses cauris et autres objets.
Pour ce qui concerne le diagnostic par révélation, le guérisseur prétend entrer en contact
avec un esprit transcendant, un ancêtre défunt par un rêve ou par songe. C’est de cet échange
que découle la conclusion diagnostique. Il faut observer que les deux dernières pratiques comme
plusieurs apparentées, moins scientifiques, ne retiennent pas l’attention.
La médecine traditionnelle africaine couvre une large gamme des pathologies dont
quelques-unes ne sont pas encore reconnues par la médecine classique. Des recherches restent
nécessaires en vue de mieux les élucider. Les symptômes et signes de la maladie étant
cliniquement les mêmes en médecine conventionnelle comme en médecine traditionnelle
africaine, leur meilleure compréhension peut aider à une bonne prise en charge des patients.
L’entretien indirect peut se dérouler lorsque le malade ne sait pas parler ou lorsque le
mal-être ne fait pas sa préoccupation.
L’examen physique en médecine traditionnelle africaine comprend quatre temps
essentiels : l’inspection, la palpation, l’audition, l’olfaction et parfois le goût.
Sur base de la subdivision des pathologies telles qu’établie en médecine moderne, une
démarche clinique est proposée.
2.1.7. Prise en charge des malades
En médecine traditionnelle africaine, le tradipraticien exerce son art de plusieurs façons.
Il est consulté ordinairement par un malade ou un membre de la famille du malade lorsque le
malade est un enfant ou ne peut consulter directement le tradipraticien.
Plusieurs tradipraticiens soignent en ambulatoire. D’autres ont des structures de soins
rappelant la structure moderne. D’autres encore se retrouvent aux coins des rues dans les
grandes agglomérations (urbaines ou rurales) en plein air ou dans des kiosques de santé.
Les maladies supposées à causes non magiques ou naturelles sont soignées par une
thérapie non magique et non religieuse. Les pratiques préventives et curatives existent. Le
tradipraticien réuni pour ainsi dire deux arts : l’art de soigner et l’art pharmaceutique confondus
en une seule personne. N’est tradipraticien qui le veut ! Même la tradition familiale ne suffit
pas toujours.

2.1.8. Formes et modes de préparation des drogues végétales


Les parties thérapeutiques de la plante ou organes utilisés (OU) c’est-à-dire les feuilles
(F), l’écorce (E), les fleurs (Fl), la sève (S), les racines (R), les plantes entières (PE), les graines
(Gr), la tige (T) ou la noix (No) utilisent un liquide et la chaleur. Souvent, la drogue est extraite
de la plante par l’eau à la température normale ou bouillante, par pressage de la partie de la
plante préalablement chauffée ou dans le vin ou l’huile de palme. Parfois encore, les parties
thérapeutiques des plantes sont grillées, charbonnées ou moulues et les préparations obtenues
appliquées localement ou administrées par voie entérale ou parentérale.
Il existe plusieurs formulations médicamenteuses ou modes de préparation notamment
la concoction, la macération, infusion, la décoction, le sirop, la pommade ou la crème, le
cataplasme, l’emplâtre, etc.

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2.1.8.1. Concoction
C’est un mélange de plusieurs médicaments à base de plantes mis ensemble, bouilli et
utilisé chauds ou froid.

2.1.8.2. Macération
Elle consiste à faire tremper les parties pilées ou écrasées de la plante dans l’eau pendant
plusieurs heures.

2.1.8.3. Infusion
Pour réaliser une infusion, l’eau bouillante est versée sur les parties concernées de la
plante pendant quelques minutes puis l’extrait aqueux est utilisé après filtration ou pas. On peut
réaliser l’infusion aussi en déposant les parties de la plante utilisées dans une tasse d’eau chaude
pendant quelques instants.

2.1.8.4. Décoction
Les parties utilisées de la plante sont bouillies à l’eau et l’extrait obtenu est à administrer
selon les indications après refroidissement et filtration éventuels.

2.1.8.5. Sirop
A l’infusé, au décocté ou au macéré amer à prendre per os, on y ajoute du miel ou du
sel indigène pour le rendre agréable au goût.

2.1.8.6. Pommade ou crème


C’est le mélange des parties écrasées en fin poudrage de la plante à l’huile végétale ou
animale.

2.1.8.7. Cataplasme
C’est une préparation médicamenteuse applicable sur la partie à soigner chez le malade.

2.1.8.8. Emplâtre
L’emplâtre est une application sèche ou fraîche de mélange solidifiant servant à
immobiliser un segment osseux fracturé ou une articulation luxée.

2.1.8.9. Poudre
L’emplâtre est une application sèche ou fraîche de mélange solidifiant servant à
immobiliser un segment osseux fracturé ou une articulation luxée.

2.1.10. Voies d’administration des médicaments


La voie orale (buccale, anale, rectale), la voie parentérale (instillation oculaire, nasale,
auriculaire ; bain de vapeur, bain de siège ou vaginal, bain corporel, scarification, massage,
aspersion, l’application locale et l’administration à distance sont les principales voies
d’administration des médicaments.

2.1.11. Posologie
Malgré le fait que le naturel reconnaît le naturel, le concept de posologie reste idéal en
médecine traditionnelle. La diversité de végétaux consommés a induit à travers le temps un
système enzymatique organique de digestion des phytomédicaments les rendant ainsi tolérables
en dépit des larges zones de posologie pour des individus véritablement différents. L’utilisation
des plantes en thérapeutique peut néanmoins présenter des risques et des effets secondaires.

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Chaque plante, chaque herbe comme toute substance chimique thérapeutique peut
présenter toute une gamme d’effets sans oublier que l’effet principal peut être positif chez un
malade, négatif chez un autre voire toxique chez un troisième. De plus, le taux d’ingrédients
d’une plante peut varier suivant l’espèce botanique, la saison, l’âge ou l’écologie de la plante,
le moment de la récolte, etc. Pour toutes ces raisons, il faut s’en tenir autant que possible à la
posologie réelle et au moment de la récolte indiqué lors de la récolte de l’information
phytothérapeutique.
La posologie est effectuée par des méthodes gravimétrique (fraicheur d’une graine),
numérique (nombre des feuilles) ou volumétrique (corne de l’antilope naine ; pincée de deux,
trois, voire cinq doigts.

2.1.12. Traitement
La médecine traditionnelle africaine distingue :
- des traitements médicamenteux : maladies à causes naturelles ;
- des traitements parapsychologiques pour des maladies à cause surnaturelle (ritualistes,
herboristes ritualisant et les ritualisant herboristes) et ;
- des traitements chirurgicaux.
Les médicaments en médecine traditionnelle africaine proviennent des végétaux, des
animaux et de substances inorganiques. Le tradipraticien phytothérapeute sait nommer et
localiser les plantes dans la nature et composer des préparations médicamenteuses utilisées.
Dans certaines circonstances, un assistant au tradipraticien peut aider à la récolte, à la
préparation et même à l’administration des médicaments.
Les organes ou parties végétales utilisés sont des bulbes, des rhizomes, des tubercules,
des racines et écorce de racine, des tiges et écorce de tige, des feuilles, des fleurs, des fruits, des
graines, du latex ou de la résine. Les indications suivantes sont à suivre :
- les racines, tubercules, rhizomes et bulbes se récoltent chez la planté âgée. Il est supposé qu’à
cet âge la plante devrait pouvoir accumuler beaucoup de réserves ;
- les écorces des tiges et racines se récoltent chez lesquelles ces organes ont atteint une certaine
épaisseur ;
- les feuilles se récoltent très jeunes, au moment de leur plein développement ou
exceptionnellement lorsqu’elles sont vieillissantes ;
- les sommités fleuries se cueillent avant la formation des premiers fruits ;
- les fruits charnus sont récoltés soit encore vert, soit à leur maturité ;
- les graines des fruits charnus ou secs sont extraites à la maturité du fruit ;
- les gousses sont obtenues dès la maturité du fruit ;
- les produits bruts tels que la gomme ou le latex sont généralement retirés de la plante âgée.
La récolte des plantes médicinales se fait sans rituel ni incantations.
Parmi les constituants chimiques actifs des animaux, on retrouve de la graisse et diverses
substances hormonogènes ou autres de nature glucidique, lipidique ou protéinique et des
substances minérales utilisées comme agents thérapeutiques.
Les intrants thérapeutiques animaux sont souvent obtenus à l’abattage des animaux
(rares) et stockés par le tradipraticien. Des coquilles ou os sont finement moulus après
carbonisation. L’huile est obtenue après ébullition de la chair animale. Certains organes sont
également utilisés comme des agents thérapeutiques.
Les intrants inorganiques sont récoltés anticipativement ou extemporanément selon leur
disponibilité ou les pathologies à résoudre.

2.1.13. Honoraires

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Les honoraires sont souvent fonction du type de tradipraticien consulté, du rang social
du patient et de la gravité de la maladie. Ils vont de la gratuité à des sommes d’argent
importantes ou à des présents de valeur.

2.2. Médecine indienne et médecine classique


La tradition indienne fait remonter l’Ayurveda, considéré comme le principal système
thérapeutique traditionnel indien à plus de 5.000 ans. Mais les écrits parvenus jusqu'à nous sont
plus récents. Le Caraca Samhita a été écrit aux environs de 1.500 avant notre ère. Reg Veda,
Yajir Veda, Santa Veda et Atharva Veda complétées ultérieurement par l’Upanishad ou
Vedanta), le Sushrut Samhita et l’Ashtang Hrdyam notamment attestent la codification de la
médecine traditionnelle indienne. Ces textes fondateurs consignent les principes de base de la
médecine ayurvédique.
Les Richis (ou Vaidyas), ces maîtres éclairés auxquels la tradition attribue les Védas
(écrits qui sont à l’origine de la religion hindoue et de l’Ayurveda), étaient avant tout des sages,
des philosophes. Ils étaient des gnostiques c’est-à-dire qu’ils croyaient possible d’atteindre un
état permettant d’appréhender, avec sa conscience, la totalité de l’univers et d’harmoniser le
corps avec l’Être Ultime, chemin le plus sûr, selon eux, vers le bonheur, la santé et l’équilibre.
Science de la vie millénaire de l’Inde, la sagesse védique soutient que santé et bien-être
ne s’arrêtent pas au seul corps physique. Et qu’harmonie de l’être et de l’univers ne font qu’un.
Ne sont qu’un, à l’image du macrocosme est le microcosme, à l’image de l’atome est l’univers,
à l’image de l’homme est le cosmos.
L’Ayurveda trouve naturellement sa place dans une approche intégrative de la maladie,
de plus en plus recherchée de nos jours. Il est un système holistique fondé sur une approche à
la fois physique, mentale et spirituelle de l’homme.
D’après cette doctrine, l’origine de tout ce qui existe est intelligence pure ou conscience.
L’énergie et la matière ne font qu’un. Ayurveda reconnait sept centres d’énergie appelés
Chakras. Les Chakras sont situés le long de la colonne vertébrale depuis la tête jusqu’à la base
de la moelle épinière. Leur blocage favoriserait l’apparition de la maladie.
La vie est sacrée. Partant de ce postulat, l’Ayurveda est avant tout une philosophie, un
art de vivre. Ayur, en sanskrit, signifie « la vie» ou « la force vitale ». Veda signifie «
connaissance ou science ». Ayurveda ou science de la vie combine la science et la religion à la
philosophie, la connaissance de la vie. Ayurveda veille au bien-être global, à la pleine santé et
à l’épanouissement. Un art entièrement naturel qui s’attache avant tout à la prévention, donc
plus à la cause qu’à l’effet.
L’énergie est constituée de cinq éléments : éther, air, feu, eau et terre. Chacun de ces
éléments est associé à un sens : l’éther correspond à l’ouïe, l’air au toucher, le feu à la vue, l’eau
au gout et la terre à l’odorat. L’ensemble de ces éléments constitue la matière. Ces éléments
sont présents dans trois forces fondamentales ou les Doshas qui assurent la régulation des
processus physiques et mentaux de l’organisme humain.
La constitution physique, le tempérament, la prédisposition à la maladie dépendent du
Dosha dominant ou de la rupture de l’équilibre spécifique entre Doshas chez un individu. La
constitution de base de chaque individu, la Prakruti, ne s’altère jamais.
Le praticien ayurvédique ou Richi utilise diverses techniques pour comprendre la nature
de la personne, pour identifier ses déséquilibres spécifiques et l’aider à retrouver son état naturel
de bonheur et de santé.
La maladie ou Ryadhi résulte des déséquilibres entre Doshas et peut se traduire en gêne
et douleur d’ordre physique, souffrance mentale et émotionnelle (jalousie, colère, peur et
remords). Les effets du mode de vie sur la constitution de base (Vakruti) influencent l’état de
santé et rompent facilement cet équilibre.

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Le programme de l’Ayurvéda invite à découvrir les trois facteurs de santé: l’alimentation
(ahara), la vie quotidienne (vihara) et l’état d’esprit (manovyapara).Il n’existe donc pas une
seule technique ayurvédique, mais bien un ensemble cohérent de pratiques: massages, yoga,
diététique, utilisation thérapeutique et prophylactique des plantes, cures, jeûnes, purifications,
respiration, méditation, aménagement intérieur optimal. Ceci permet le rééquilibrage des
énergies sur le plan physique, vital, mental, psychique et spirituel, dans une perspective
évolutionniste.
L’individu, microcosme de la Nature, est composé selon l’ayurvéda des mêmes
éléments que l’univers (Éther, Air, Eau, Feu et Terre), en des proportions variables, selon
chacun. Ce sont ces proportions qui donnent la tendance ou la nature profonde de chaque
homme appelée dosha: vota (vent), pitta (bile) ou kapha (flegme). Chaque homme porte en lui
le mélange de ces trois natures, l’une d’entre elles a tendance à prédominer.
Une personne ayant beaucoup d’élément Terre et Eau aura kapha pour dosha. C’est une
personne stable, tranquille, plutôt ronde et flegmatique. Une personnalité solide, endurante, sur
laquelle on peut compter et qui aborde les choses de manière méthodique, sans précipitation.
Un individu ayant une majorité d’élément Feu et Eau aura pitta pour dosha. C’est une
personne sensible, intelligente, organisée, parfois susceptible ou colérique.
Quant à la personne constituée d’une majorité d’élément Air et Éther, elle aura vata pour
dosha. Elle est vive (de corps et d’esprit), fine, légère, aérienne, toujours en mouvement,
enthousiaste et vivant plutôt dans l’imaginaire. Mais aussi, très sensible, anxieuse, avec des
problèmes de sommeil.
Pour l’Ayurvéda, l’être humain ne peut s’affirmer en bonne santé que si les trois doshas
sont équilibrés, les sept dhatus (tissus) sont en équilibre, les agnis (treize feux) sont allumés et
bien vivants (ex.: si personne a le feu digestif - jatharagni, le plus important - est allumé, vous
avez une faim saine et une excellente digestion, mais aussi l’énergie pour faire face à la
maladie), les trois malas (éliminations: selles, urine et sueur) se font bien, l’affectif se trouve
dans l’état de joie, le mental est calme et paisible, et que l’être psychique se trouve sur la voie
ensoleillée de l’évolution. Un état vers lequel les pratiques ayurvédiques font tendre, à défaut
de pouvoir l’atteindre.
Le mot sanskrit de Svastha pour « bonne santé» est explicite: il signifie « être établi
dans son propre soi». Le bien-être, par excellence! Équilibre subtil du corps et de l’esprit, du
visible et de l’invisible, de l’intérieur et de l’extérieur, du matériel et du spirituel. Par contre, si
survient un déséquilibre quelconque dans ce principe d’harmonie, l’Ayurvéda signale que cela
peut conduire vers le mal-être, voire la maladie. La maladie n’est rien d’autre que le mouvement
du corps et de l’esprit pour rechercher un meilleur équilibre.
La consultation du tradipraticien ayurvédique tient compte de la constitution du patient
(Prakruti) et de son mode de vie (Vakruti). L’examen clinique ayurvédique repose sur les
antécédents du malade et sa conformation à travers les traits de son visage, les lignes de sa
main, sa peau, son type de cheveux, l’apparence de sa langue et le pouls.
Le diagnostic d’un déséquilibre des Doshas repose sur l’observation (couleur de la peau,
de la langue), l’appréciation de l’état général, la perception (voix du patient), la palpation (prise
du pouls) et l’interrogation (anamnèse) et conduit à la prescription d’un traitement visant
l’élimination des toxines, la régénération et la purification par des vomissements
thérapeutiques, purges, saignées.
Les traitements prescrits consistent en des remèdes d’origine naturelle (extraits de
plantes, miel, produits laitiers et doses infimes des métaux), un régime alimentaire adéquat et
des conseils sur l’hygiène de vie.
Les remèdes sont présentés sous forme de pilules, poudres, lotions, solutions de
lavement, cataplasmes, massages aux essences végétales chaudes, combustions d’encens,

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pierres et métaux précieux et infusions. Les ingrédients sont dosés selon les besoins spécifiques
du patient.
Le traitement des pathologies mentales consiste en des rituels de purification (récitation
des Mantras ou incantations inspirées des textes sacrés), aux exercices respiratoires et à la
méditation.
L’Ayurveda ne vise pas la jeunesse éternelle, mais cherche à retarder les effets du
vieillissement du corps et de l’esprit à travers une hygiène globale de vie, où les cures occupent
une place de choix. La cure vise notamment à débarrasser le corps des toxines, accumulées en
raison d’une hygiène de vie et d’une alimentation trop souvent déséquilibrée. L’Ayurveda
conseille de faire une cure au moment des changements de saison et/ou lors des passages clés
de la vie. On ne doit pas attendre l’accident ou la panne (la maladie) pour faire une révision.
Une traditionnelle cure de bien-être, Ojaskar, est indispensable pour augmenter la lumière du
corps, son immunité.
Le déclin de la médecine traditionnelle indienne eut lieu sous la conquête mongole au
XVIe siècle après Jésus Christ et renforcé lors de la colonisation anglaise par la fermeture des
écoles ayurvédiques. La pratique ayurvédique a survécu en clandestinité.
Après l’indépendance de l’Inde en 1947, l’Ayurveda prospère à côté de la médecine
classique. L’OMS a validé la pratique de l’Ayurveda comme système thérapeutique pouvant
être appliqué à travers le monde et plus particulièrement dans les pays en développement.
L’Ayurveda peut être considéré comme la plus ancienne tradition médicale à avoir survécu de
nos jours et ayant servi également de matrice à d’autres systèmes thérapeutiques ancestraux
grâce au bouddhisme, aux contacts commerciaux et aux guerres.
Aujourd’hui, les indiens ont intégré avec succès dans leur système national de santé cinq
courants thérapeutiques traditionnels pratiqué depuis plus de cinq millénaires. Il s’agit de la
médecine moderne associée à l’Ayush c’est-à-dire l’Ayurveda, le Yoga, l’Unani, le Siddha et
l’homéopathie.

2.3. Médecine chinoise et médecine classique


La médecine chinoise se fonde sur la connaissance et la compréhension des organes
internes et des méridiens. La médecine chinoise et sa tradition herboristique se sont développées
à partir de Chen Nong depuis le XIIe siècle avant Jésus Christ et intensifiées dans Huang Di Nei
Jing, texte établi entre le IIe siècle avant et le 1er siècle après Jésus Christ. Elle est fondée sur
des observations précises de la nature et une connaissance approfondie des mécanismes qui
soumettent toute vie aux lois naturelles.
Deux théories autonomes essentielles gouvernent la bipolarité du cosmos (principes du
Yin et du Yang) et cinq éléments (Wu xing) indispensables à la bonne santé et à la longévité.
L’énergie potentielle (Ki) peut décliner et les hommes peuvent être surmenés et s’éloigner des
joies de la vie. L’herboristerie, l’acupuncture et d’autres spécialités peuvent rétablir les
équilibres.
La théorie de cinq éléments associe les éléments de la nature (bois, feu, terre, métal et
eau), aux saisons, émotions, saveurs et parties du corps humain :
- la terre correspond à la fin de l’été : climat humide (soucis et plantes à la saveur douce et aux
vertus toniques et régénératives par action sur la rate, l’estomac, la bouche et la chair résolvent
les maladies) ;
- le métal correspond à l’automne : climat sec (tristesse et plantes piquantes aux vertus
stimulantes et révulsives par action sur les poumons, le gros intestin, le nez et la peau) ;
- l’eau traduit l’hiver et le froid : peur et salé (colère et les plantes à la vertu astringente sur le
foie, la vésicule biliaire, les yeux et les tendons sont employées) ;
- le feu correspond à l’été et au climat chaud : joie et amère (plantes à vertu rafraichissante par
leur action sur le cœur, l’intestin grêle, la langue et les vaisseaux sanguins).

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La maladie se traduit par une carence ou un excès de Yin ou de Yang. Les méthodes
d’exploration reposent sur l’observation de la mine du patient, la perception de la voix du
patient, l’interrogation sur l’état du patient et le déroulement de la maladie et la palpation à
travers la prise du pouls. Le diagnostic repose sur l’examen de la langue et le pouls. Le
traitement fait recours aux médicaments naturels d’origine végétale et aux méthodes
thérapeutiques spécifiques (acupuncture, massage, qi gong ou exercices respiratoires, etc.).
Depuis la révolution populaire de 1949, la médecine traditionnelle chinoise est devenue
florissante avec un système thérapeutique solide au même titre que la médecine classique par
l’organisation de son enseignement à l’université. L’OMS l’a validé. La médecine traditionnelle
chinoise a également largement contribué à la résurgence de la médecine traditionnelle dans le
monde.

2.4. Médecine européenne et médecine classique


Initiée par des courants philosophiques, cette médecine a connu un essor extraordinaire
(en même temps que d’autres disciplines scientifiques), après pillage et destruction de la
bibliothèque d’Alexandrie en Egypte. Elle s’est inspiré considérablement des médecines
traditionnelles africaine et indienne.
Hippocrate rompit avec les origines mystiques de la médecine traditionnelle depuis
environ cinq siècles avant Jésus Christ en prônant l’exercice de la médecine sans cérémonies ni
rituels magiques. Il prôna la rationalisé la médecine. Galien (131 - 201 après Jésus
Christ) élabora la théorie de quatre éléments en s’appuyant sur les écrits d’Hippocrate (460 -
377 avant Jésus Christ) et d’Aristote (384 - 322 avant Jésus Christ). La matière est composée
de quatre éléments : feu, air, terre et eau. Hippocrate attribua aux plantes différentes propriétés
: chaude, sèche, froide et humide. Aristote approfondit et confirma la théorie de quatre humeurs
ou fluides : sang, bile, atrabile et pituite (phlegme). La bonne santé se traduit par la présence de
quatre humeurs en quantités égales.
Galien élucida le principe spirituel (Pneuma) absorbé à chaque inspiration, lequel se
transforme en souffle de vie dans l’organisme. Ainsi, la vitalité et la santé sont un équilibre
entre les quatre humeurs et leur union intime avec le Pneuma.
Le diagnostic est établi sur base de déséquilibre entre humeurs. Le traitement repose sur
les plantes, les saignées, les vomissements et les purges. L’herbier de Pline l’Ancien (23 - 79
après Jésus Christ), publié par le grec Dioscoride, chirurgien de l’armée romaine, dans De
remedia medica est constitué de 600 plantes médicinales.
Avec l’invention de l’imprimerie au XVe siècle, l’usage des plantes fut accessible à ceux
qui savaient lire et écrire, surtout les femmes.
Nicholas Culpeper publia en 1652 un guide de phytothérapie de référence pratique.
Dans ce livre, chaque plante est définie par sa température, son usage dans le système humoral,
sa planète maitresse et son signe zodiacal.
Au XVIIe siècle, seuls les riches bourgeois et les nobles pouvaient accéder aux plantes
médicinales d’origine étrangère prescrites par des médecins formés à l’université, les plantes
européennes ne produisant que peu d’effets médicaux. Environ 70% des plantes médicinales
disponibles chez les apothicaires étaient importées.
Avec la découverte des principes actifs, la naissance de la médecine scientifique ou la
médecine moderne reposant sur la chimie et la physique fut consacrée. Vers la fin du XIXe et
XXe siècles, la médecine par les plantes fut censurée officiellement dans plusieurs pays
d’Europe.
A la suite des dégâts causés par la thérapie moléculaire (surtout de synthèse), le
renouveau de la médecine traditionnelle vit jour. Les phytothérapeutes recommandent les
plantes médicinales, le régime alimentaire et l’hygiène de vie adaptés.

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2.5. Médecine arabe et médecine classique
L’âge d’or de la médecine arabe est compris entre le VIIe siècle (622) et le XIIIe siècle.
Elle initia la réglementation de l’exercice médical : le collège des médecins teste par un examen
les connaissances des futurs médecins, leur donne la licence d’exercice et nomme les médecins
de l’administration municipale pour soigner les pauvres et les indigents ; met sur pied un corps
d’infirmeries ambulantes avec médecins et médicaments pour soigner les malades dans les
campagnes jusque dans les coins les plus reculés ; consacre le payement des médecins par
l’Etat.
La théorie de quatre éléments (terre, eau, air et feu) pouvant rendre froides, chaudes,
humides ou sèches différentes parties du corps et de quatre humeurs (sang, pituite, bile jaune,
bile noire ou atrabile) est retenue.
La médecine arabe est fortement influencée par la philosophie de Platon et d’Aristote et
la médecine d’Hippocrate. La thérapeutique repose sur le naturel (monde végétal, minéral et
animal).

2.6. Médecine australienne et médecine classique


Installée dans l’île depuis plus de 60.000 ans, la tradition thérapeutique australienne a
disparu suite à la décimation des aborigènes autochtones par les envahisseurs occidentaux au
profit des médecines traditionnelles indienne et chinoise. Plusieurs plantes médicinales de
tradition aborigène, dont l’eucalyptus, rendent des services louables à l’humanité.

2.7. Médecine nord-américaine et médecine classique


Les Maya et Aztèques disposent des solides connaissances en matière thérapeutique. La
maladie est définie comme étant la rupture entre les éléments chauds et froids du corps ou la
conséquence de l’emprisonnement de l’âme par des forces maléfiques. Le chaman, guérisseur
traditionnel indien mêle le savoir, le rituel et la magie pour conférer la guérison.
Le diagnostic repose sur les aspects physiques et spirituels des affections et les plantes
investies d’un pouvoir magique sont utilisées pour traiter ces affections. Plusieurs plantes
médicinales traditionnelles dont le maïs, le cacao, le poivre, la papaye, l’avocat, le piment, le
tournesol, etc. sont à la base de plusieurs médicaments modernes.

2.8. Médecine sud-américaine et médecine classique


La médecine traditionnelle sud-américaine est faite de rituel chamanique. Des espèces
de plantes médicinales non encore explorées se trouvent dans la forêt tropicale humide menacée
de disparition de suite de la dégradation de cette dernière à des fins notamment agricoles.
Plusieurs plantes médicinales dont le quinquina (Cinchilla spp.), la pomme de terre (Solanum
tuberosum), le Chondrodendium tometosum, etc. sont quelques contributions.

3. Avenir des systèmes thérapeutiques traditionnels


Les bases de la médecine ont été posées par le premier homme sur la terre. Les
techniques de conservation du bien-être et de détection du mal-être ont conduit au
développement du diagnostic, du pronostic et du traitement vont connaitre un développement
spatial et temporel.
La maladie et l’environnement hostile prélevèrent un lourd tribut parmi les premiers
hommes. Ces derniers ont, pendant des milliers d’années, observé les effets bons ou mauvais
provoqués par la consommation pour distinguer les plantes toxiques des plantes médicinales ou
alimentaires.
Différents systèmes de médecine s’appuient sur des théories spécifiques pour expliquer
le concept de maladie, d’étiologie, des principes de traitement, etc., ce qui constitue une source
mutuelle d’enrichissement thérapeutique traditionnel et moderne.

21
Les communautés locales disposent des connaissances solides sur l’usage thérapeutique
des plantes dont il est nécessaire de hâter l’identification, la conservation et l’exploitation
durable à des fins notamment thérapeutiques et économiques.
Des tentatives d’initiation d’une formation structurée et officielle en médecine
traditionnelle africaine demeurent encore sans résultat. Cette médecine reste populaire car, dans
certaines circonstances, si le patient ne recoure pas à elle dès le début d’une pathologie, c’est
elle qui prend en charge ce dernier lorsque sa prise en charge par la médecine conventionnelle
est sans issue heureuse. Son appui par d’autres disciplines scientifiques peut générer des succès
dans la recherche d’un meilleur état de santé de ses adeptes.

22
CHAPITRE II : QUELQUES THERAPEUTIQUES
ALTERNATIVES

0. Fondamental

Ce chapitre a pour objectifs spécifiques de :


- faire savoir l’existence d’autres systèmes thérapeutiques ;
- mettre en évidence les potentialités des médecines douces, parallèles ou naturelles dans la
promotion de la santé humaine.

1. Contexte des médecines traditionnelles


Selon les contextes, on peut avoir à faire à des :
- médecines traditionnelles comme patrimoine culturel de chaque peuple (médecine chinoise,
japonaise ou bantoue, etc.) ;
- médecines continentales : ensemble des manières thérapeutiques apparentées liées à tel ou tel
autre continent (médecine asiatique, africaine, sud-américaine, etc.).

2. Justifications du regain d’intérêt aux médecines douces


Des progrès extraordinaires de la médecine classique sont souvent mal « digérés » au
niveau de l’application, ce qui aboutit parfois à des inadaptations entre les états pathologiques
et les traitements proposés aux malades : déluge d’antibiotiques pour le moindre épisode
infectieux, d’anti-inflammatoires pour la moindre douleur, d’hormones pour le moindre
dysfonctionnement endocrinien, etc. Il en résulte à la fois une multiplication des maladies
iatrogéniques, l’insuffisance dans la résolution de certains types de maladies et des difficultés
financières rendant malaisée l’accessibilité thérapeutique aux soins dits de qualité. Pour toutes
ces raisons, on assiste à un regain d’intérêts envers les médecines douces.

3. Principales médecines douces


Les médecines alternatives, également appelées médecines douces ou médecines
parallèles, offrent des approches différentes des soins et de la santé. Elles sont considérées
comme complémentaires par rapport à la médecine conventionnelle. Certains de ces types sont
généralement reconnues par un grand public et par des médecins, d’autres sont encore
accueillies avec méfiance, voire avec hostilité, par la médecine classique. La grande critique
faite par les médecins, et les scientifiques d’une manière générale aux médecines douces, est le
manque de rigueur ou la faible rigueur intellectuelle et scientifique des promoteurs de ces
systèmes de soins.
Les médecines douces recourent à utilisation des traitements naturels et à des exercices
doux et moins dangereux pour conditionner l’organisme à se soigner lui-même. Les remèdes
naturels sont moins agressifs, moins chers, effectifs, accessibles et disponibles.
Parmi les médecines douces il y a la naturothérapie, la psychothérapie, la physiothérapie
et les leurs associations thérapeutiques. Les médecines naturopathiques les plus courantes sont
l’homéopathie, la thalassothérapie, l’aromathérapie et la phytothérapie. La
psychothérapie comprend la visualisation, la méditation, le ritualisme et le spiritisme. La
physiothérapie se compose de la chiropraxie, de l’acupuncture, de la relaxation, du massage, de
la réflexothérapie, de l’ergothérapie et de l’ostéopathie. Les courants thérapeutiques associés
concernent les médecines orientales et holistiques.

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3.1. Naturothérapie
La naturopathie, thérapie globale héritée des guérisseurs, est fondée sur la prise en
compte de toutes les relations que l’homme entretient avec la nature et le cosmos, et recoure à
tous les moyens naturels tels que l’eau, le soleil, l’air, la plante et les aliments pour faire face à
la maladie.
La naturothérapie postule qu’il existe chez chaque patient une énergie vitale capable
d’apporter la guérison et qui vise à développer les défenses naturelles de l’organisme. Les
indications de la naturothérapie demeurent avant tout préventives.
Dans son principe, cette discipline considère que l’homme sain, qui vit en respectant
une bonne hygiène de vie, ne peut pas tomber malade. Comme toute médecine de prévention,
la naturothérapie prône des règles de vie respectueuses du corps. Dans ce cadre, toute pathologie
aigüe est vue comme une réaction salutaire qui reflète la défense normale de l’organisme face
à des agressions. Mais si le terrain est trop affaibli ou trop intoxiqué, l’élimination des
« toxines » se fait mal et la maladie devient chronique.
Le « traitement par la nature » est un procédé thérapeutique qui guide l’organisme vers
un retour à un état de « plénitude ». Les adeptes de la naturopathie pensent qu’il y a en tout être
vivant un pouvoir de guérison. Cette hypothèse s’appuie sur le fait que les cellules participent
au bon fonctionnement de l’organisme et qu’en retour le corps assure le bien-être des cellules
en rejetant les déchets.
La naturothérapie utilise les ressources naturelles auxquelles ses défenseurs attribuent
des vertus thérapeutiques. Ils pensent que la maladie survient lors d’un blocage de l’énergie
vitale. La naturothérapie n’a pas recours à la chimiothérapie, ni à la chirurgie, mais à des
procédés tels que le jeûne, l’hydrothérapie, la prescription de vitamines et de minéraux, les
régimes végétariens ou diététiques, les plantes, les bains de boue, l’exercice physique, etc. Elle
s’intéresse également à l’étiologie pathologique car son but est de supprimer les causes de la
maladie par un traitement général. Parmi les thérapeutiques naturelles, il y a lieu de retenir :

3.1.1. Homéopathie
Alors que l’allopathie vise à juguler l’action de l’agent agresseur, l’homéopathie
cherche à stimuler les réactions de défense de l’organisme agressé afin que celui-ci puisse lutter
contre l’agent pathogène dans les limites de ses possibilités. Les indications de l’homéopathie
sont essentiellement les maladies fonctionnelles, c’est-à-dire les maladies ne présentant pas de
lésion évidente de la structure de l’organe concerné. Comme sources des médicaments,
l’homéopathie utilise des principes actifs d’origine minérale, végétale ou animale.
La maladie étant définie comme une aberration de l’organisme sain par un élément qui
ne peut être éliminé mécaniquement, le diagnostic et le traitement homéopathique considèrent
l’organisme dans sa totalité. La démarche de l’homéopathe se décompose en plusieurs points :
la connaissance approfondie de la maladie (étiologie, pouvoir pathologique, pronostic et
diagnostic), la connaissance du médicament, la connaissance des liens entre les propriétés du
médicament et l’état du patient ainsi que la connaissance des obstacles qui séparent le patient
de la guérison pour arriver à les éliminer.
Le principe du traitement homéopathique se fonde sur deux lois essentielles : la loi de
similitude et celle de l’infinitésimalité.
La loi de similitude, « soigner le mal par le mal » postule que, toute substance administrée à un
individu sain qui développe en lui un ensemble de symptômes, est capable de guérir le même
ensemble de symptômes présenté par un malade sous des influences diverses. Elle se résume
par l’adage « similia similibus curentur » ou les semblables sont guéris par les semblables.
Ainsi par exemple, la belladone qui entraîne expérimentalement un syndrome d’allure
congestive avec rougeur, chaleur, douleur et tuméfaction, sera indiquée dans tout ensemble
pathologique présentant les mêmes caractères.

24
La loi d’infinitésimalité postule qu’une substance médicamenteuse à hautes doses intensifie les
symptômes, alors que la même substance en doses moins fortes stimule les mécanismes de la
défense naturelle de l’organisme. Le remède semblable entraîne souvent, au début, une
aggravation de l’état du patient puisqu’il ajoute ses effets symptomatiques à ceux de la maladie
spontanée. Mais en diminuant progressivement les doses, l’action thérapeutique du médicament
persiste et s’élargi d’une part et de l’autre, cette action est beaucoup plus douce de sorte que
certains produits inertes à dose pondérale développent une activité thérapeutique considérable
à des doses infinitésimales. Cette dynamisation de l’activité thérapeutique s’obtient par le
procédé de dilution-agitation.
Le principe de dilution - agitation est simple : une goutte du produit de base ou
« teinture-mère » est mélangée à 99 gouttes du solvant et le flacon est fortement agité. On
obtient ainsi une première dilution ou concentration hahnemannienne ou 1ère CH. Une goutte
de cette 1ère CH est mélangée à 99 gouttes de solvant et, après agitation on obtient la 2ème CH.
En continuant ainsi, on obtient les dilutions de la hauteur que l’on veut. Habituellement, on fixe
ces dilutions sur des granules ou des globules de lactose.
On peut certes utiliser n’importe quelle dilution, mais l’expérimentation clinique a
consacré l’usage selon lequel on se sert surtout des des 4e aux 7e, 9e, 12e, 15e et 30e CH.
Plusieurs autres techniques de dilution - dynamisation existent dont la technique
korsakowienne. Le principe de cette technique est le suivant : le premier flacon contenant la
1ère CH est vidé et son contenu jeté ou utilisé selon le besoin. Mais une partie du liquide reste
adhérente à la paroi du flacon. On peut admettre qu’une goutte environ reste dans le flacon, on
ajoute de nouveau 99 gouttes d’eau. Après agitation, on obtient ainsi la 2 e dilution
korsakowienne, ou 2 K. Le flacon est de nouveau vidé, la goutte restante mélangée à 99 gouttes
d’eau et l’agitation aboutit à la 3e K, etc. l’expérience fait qu’on utilise surtout les 6 K, 30 K,
200 K, 1.000 K et 10.000 K de ce mode de préparation « à flacon unique ».
En règle générale, la posologie et le rythme d’administration des médicaments
homéopathiques sont variables. En effet, plus l’homéopathaticité est à un niveau élevé c’est-à-
dire portant sur beaucoup des signes et sur des signes de hauteur valeur : étiologiques, mentaux,
généraux, fonctionnels, plus la dilution sera élevée (9 CH et 200 K et au-delà) et plus la
répétition sera importante, réglée sur la durée d’action observée du médicament. A l’inverse,
plus l’homéopathicité sera faible : peu de signes, et des signes de moindre valeur (signes locaux,
lésionnels), plus la dilution sera aussi faible (de la teinture-mère (T.M.) ou 1 D à la 7 CH ou à
la 30 K). Les prises sont à espacer au fur et à mesure de l’amélioration.
La diathèse esnt l’élément essentiel de l’homéopathie. La diathèse est la disposition
d’une personne à être atteinte d’une affection de même nature, simultanément ou
successivement. Ainsi on parle de la diathèse arthritique, de la diathèse goutteuse, etc. En
homéopathie, la diathèse se définit d’une autre façon. En effet, l’expérience clinique de tous les
jours montre, à qui veut se donner la peine de regarder, que la plupart des individus, porteurs
de maladies très diverses et apparemment distribuées au hasard, réagissent au cours de leur vie,
selon de grands aspects évolutifs communs :
- les uns seront porteurs de troubles à rechutes, où les alternances pathologiques seront
nombreuses, qui les feront passer de troubles cutanés en manifestations digestives, respiratoires
ou rhumatismales ;
- les autres associeront une grande sensibilité neuropsychique à des troubles plus ou moins
profonds de la nutrition, une mauvaise résistance aux infections, une insuffisance veineuse
chronique ;
- d’autres encore verront se succéder des épisodes inflammatoires, éventuellement ulcératifs,
plus ou moins vite suivi de lésions ulcéreuses ;

25
- enfin, certains, de mentalité souvent dépressive, présenteront des inflammations plus ou moins
chroniques des muqueuses, une tendance à la rétention d’eau, ainsi qu’à la production de
néoformations cutanées ou muqueuses bénignes telles que les kystes, polypes, condylomes.
Ces quatre groupes d’histoires pathologiques naturelles qui caractérisent les terrains
sont appelés les diathèses homéopathiques. A chacune de ces diathèses ou complexes
pathologiques, des médicaments répondant à chacun des profils pathologiques et des
symptômes de guérison ou d’échec existent. L’efficacité du traitement ne dépend donc pas de
la quantité mais de la qualité de la diathèse. Pour cette raison, les remèdes homéopathiques sont
assortis de prescriptions et de formulations complexes. Les traitements uniques consistent à
prescrire un seul médicament à la fois pour éviter les mélanges qui pourraient être néfastes.
Ainsi l’homéopathie consiste, après avoir fait le diagnostic classique de la maladie, à
individualiser simultanément le malade et le médicament :
- le malade en recherchant par quels symptômes particuliers, mentaux, généraux et locaux il
colore son tableau clinique,
- et le médicament par son tableau expérimental semblable.
Les médicaments homéopathiques ont cependant des limites. Ils agissent en excitant les
défenses de l’organisme malade dans le sens même où se font les réactions spontanées. Cela
signifie qu’ils ne seront actifs que chez un organisme chez lequel les possibilités de défense
existent. Ainsi, sont exclus du champ d’action de l’homéopathie :
- les maladies constitutionnelles à forte tonalité génétique comme le diabète insulinodépendant ;
- les maladies liées spécifiquement à une insuffisance immunitaire (cancer, sida, etc.) ;
- les états toxi-infectieux massifs dépassant toute possibilité de défense et ;
- les processus dégénératifs avancés irréversibles (athérosclérose, rhumatisme, etc.).

3.1.2. Thalassothérapie
La thalassothérapie est l’ensemble des moyens et des techniques mis en œuvre à
proximité immédiate du milieu marin, afin d’en exploiter les effets bénéfiques pour la santé.
L’action spécifique de la thalassothérapie proviendrait des substances chimiques et des micro-
organismes présents dans les produits de la mer. Il semble que les substances telles que les
oligoéléments parviennent à traverser la peau et à pénétrer dans les tissus superficiels de
l’organisme. Différents produits marins dont l’eau de mer (captée au large à moyenne
profondeur, réchauffée et non traitée), le sable, les algues, les boues marines sont utilisés à des
fins thérapeutiques. On peut effectuer des applications externes et des bains de boue ou
d’algues, des bains d’eau de mer en baignoire ou en piscine, des douches, des bains de pieds et
des marches en bassin, des massages et des exercices en immersion dans l’eau.
Les effets de la thalassothérapie peuvent s’ajouter à ceux de la climatothérapie, liés à
l’action bénéfique prêtée au climat marin, et de l’héliothérapie (bains de soleil). Les indications
sont les rhumatismes, les séquelles de traumatisme et les maladies cutanées notamment.

3.1.3. Aromathérapie
L’aromathérapie repose sur utilisation des huiles aromatiques odorantes pour les soins
de la peau. Les huiles sont généralement appliquées localement par des massages cutanés. Il
semble que la senteur des huiles est efficace contre diverses autres affections dont la grippe et
les déficiences immunitaires. Les troubles émotionnels peuvent également être résolus par
l’aromathérapie.

3.1.4. Phytothérapie
La phytothérapie est l’art et la science de la médecine par les plantes. Cette science
séculaire est connue depuis des millénaires. En fonction du traitement, on utilise tout ou partie

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d’une plante pour fabriquer le remède. Les éléments les plus utilisés sont les graines, les fruits,
les fleurs, les feuilles, les racines, les tiges et les écorces.
La phytothérapie ne se présente pas comme un système médical à part entière telles
l’homéopathie ou encore l’allopathie. Il s’agit plutôt d’un outil thérapeutique. Longtemps
utilisés en préparations magistrales, les phytomédicaments existent aujourd’hui sous de
multiples formes : teintures-mères, extraits secs, gélules de poudres de plantes entières, huiles
essentielles, tisanes, etc. Toutes ces présentations contiennent l’ensemble des principes actifs
de la plante, le totum, qui sont supposés agir en synergie.
La phytothérapie représente l’essentiel de l’arsenal thérapeutique jusqu’à la fin du
XIXe siècle. Elle a ensuite été rapidement supplantée par l’arrivée massive des médicaments de
synthèse, forts de leur efficacité et de leur présentation prête à l’emploi. Ce n’est que depuis
quelques décennies que cette discipline retrouve ses lettres de noblesse, regain concomitant au
développement de l’ethnopharmacologie.
On peut prescrire les plantes médicinales contre toutes sortes d’indications
thérapeutiques. Les phytothérapeutes n’ont pas tous la même approche. Certains font de la
phytothérapie symptomatique, à l’instar des allopathes qui soignent un symptôme ou une
maladie précise. D’autres préfèrent une phytothérapie de terrain, plus complexe à manipuler et
fondée sur l’équilibre des fonctions du système endocrinien et du système neuro-végétatif (ou
système nerveux autonome). Cette démarche se définit comme une véritable médecine de
prévention.

3.2. Psychothérapie

3.2.1. Visualisation
La visualisation est une technique qui consiste à faire imaginer au patient une situation
désirée. Plus l’image est précise et forte, plus l’effet sera important. Cette technique permet de
contrôler les symptômes et les troubles physiques. Le recours conscient à la visualisation aide
à structurer l’imagination de manière à créer des liens substantiels entre les rêves et la réalité.
En d’autres termes, en faisant penser au patient qu’il va bien, il peut se sentir vraiment mieux.
La visualisation interne du corps permet de vaincre certaines maladies très communes
comme l’hypertension artérielle. Elle permet à ceux qui la pratiquent de devenir plus forts, de
réagir plus efficacement contre le stress et de faire régresser les symptômes cliniques d’une
maladie.

3.2.2. Méditation
La méditation cherche à faire atteindre au patient la conscience de soi et de son
environnement. Elle consiste à dissocier la pensée et les sensations pour aboutir à une séparation
entre l’individu et ses émotions. Certains pratiquants affirment qu’elle aide à se rapprocher de
Dieu et des qualités divines de la vie. Elle est pratiquée depuis des siècles par les religions
orientales (asiatiques et indiennes) pour lesquelles elle constitue un élément essentiel. Les
bouddhistes méditent pour purifier leur esprit et aiguiser leurs perceptions. La méditation se
pratique à tout moment et en tout lieu, mais généralement dans une position confortable, yeux
clos et muscles détendus.
La plupart des programmes de méditation impliquent une prise de conscience grâce à
une focalisation sur l’environnement intérieur, une sensation, une pensée ou un processus
physique. Il est également possible de se concentrer sur un élément extérieur comme un objet
ou un son.

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3.2.3. Ritualisme et spiritisme
Les ritualistes associent le rituel au diagnostic, à la récolte thérapeutique et au traitement
des pathologies. Les spiritistes quant à eux évoquent et guérissent en faisant recours aux prières
et autres types d’incantations.

3.3. Physiothérapie

3.3.1. Chiropraxie
La chiropraxie est la science et l’art de guérir par des manipulations de la colonne
vertébrale. La guérison du malade est recherchée par correction des défauts d’alignement par
manipulation de la colonne vertébrale et du bassin, en vue de réajuster les vertèbres déplacées
et d’améliorer ainsi la propagation de l’influx nerveux.
Selon la théorie qui sous-tend la chiropraxie, le moindre déséquilibre articulaire au
niveau des vertèbres, du bassin ou d’autres jointures du squelette risque de perturber
l’organisme par des désordres mécaniques ou nerveux.
Pour établir son diagnostic, le chiropracteur s’appuie sur la radiographie du squelette et
sur la palpation du dos. L’acte chiropratique consiste ensuite à remettre en place, manuellement,
l’articulation en cause : on parle d’« ajustement vertébral ».
Se définissant comme une « méthode de santé holistique », cette thérapie s’intéresse à
l’ensemble de l’être humain : elle cherche la cause des troubles sans se limiter aux symptômes.
Ainsi, certains maux de tête ou problèmes digestifs, apparemment d’origine organique, peuvent
se révéler avoir pour origine un problème mécanique. Comme indications, la chiropraxie
soulagerait certaines douleurs (vertébrales, thoraciques, abdominales ou pelviennes) et des
troubles fonctionnels des appareils respiratoire et cardio-vasculaire.

3.3.2. Acupuncture
L’acupuncture est une technique qui consiste en l’implantation des petites aiguilles dans
des zones précises du corps où sont censés passer des flux d’énergie vitale pour obtenir une
réaction bénéfique. Parmi les indications figurent les douleurs postopératoires, les douleurs
musculaires, les règles douloureuses, etc. et anesthésie chirurgicale (alternative).
Les anciens chinois avaient identifié vingt-six méridiens, des routes empruntées par les
flux d’énergie qui irriguent l’organisme. Les méridiens unissent des points où l’énergie et le
sang convergent.
Il existe plus de huit cents points dans le corps humain. Chaque point ou série de points
est associé à un organe ou à une fonction organique. La maladie survient lorsque le flux
d’énergie le long de l’un de ces méridiens est bloqué. Le traitement consiste à localiser
l’obstruction et à relaxer le point en question en le ponctionnant. Une fois le point de traitement
localisé, l’acupuncteur pique une aiguille dans la peau à une profondeur qui dépend de la gravité
du mal et de la partie du corps concernée pendant quelques secondes ou plusieurs minutes. Le
flux énergétique est alors rétabli, ce qui fait cesser la douleur ou guérir l’affection.
L’acupressure est une variante de l’acupuncture dans laquelle les manipulations
remplacent les aiguilles. Également appelée « Shiatsu », l’acupressure est réalisée par pression
des doigts, parfois des coudes ou des genoux, sur des points clés du corps du patient. Le shiatsu
(pression digitale) consiste à exercer une pression sur divers endroits du corps appelés points
de pression. Ce traitement alternatif permet de soulager la douleur et aurait une action
revitalisante.
Avec la découverte des enképhalines et des endorphines, des inhibiteurs naturels de la
douleur, les neurologues ont suggéré que les aiguilles pouvaient déclencher la libération d’une
ou plusieurs de ces substances. Ces dernières auraient pour effet de bloquer la transmission des
messages douloureux au niveau de la moelle épinière.

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3.3.3. Relaxation
La relaxation cherche à éliminer le stress que subit le corps. La plupart des techniques
consistent à entraîner les muscles à se débarrasser de leurs tensions. Elles enseignent également
à l’individu à reconnaître et à gérer les sources de stress de la vie quotidienne. Le stress se
traduit, le plus souvent, par des manifestations physiques comme l’accélération de la pression
artérielle et des rythmes cardiaque et respiratoire. Comme la plupart des gens stressés ont
tendance à respirer rapidement, les techniques de relaxation conseillent généralement
d’augmenter l’amplitude de la respiration, ce qui réduit mécaniquement la tension.
Le yoga est une forme particulière de relaxation qui repose sur des techniques
particulières de respiration et de positionnement du corps. Il permet d’améliorer la souplesse
corporelle tant sur le plan physique que psychique, et contribue à la relaxation du corps. Le
yoga apporte également une paix et une sérénité intérieures qui sont la base la thérapie.

3.3.4. Réflexologie
Cette méthode intègre de nombreux principes de l’acupuncture et du massage. En effet,
elle consiste à masser des points de la plante du pied (ou de la paume de la main), qui
correspondent à un organe ou à une fonction physiologique. Selon cette conception
thérapeutique, l’énergie vitale circule le long de méridiens pour aboutir dans la plante du pied
ou la paume de la main. Ces points que l’on appelle « zones réflexes » seraient la projection
fidèle des différents organes du corps sur lesquels le massage susciterait une action réflexe. De
l’équilibre de ces flux dépend l’état de santé du patient. La réflexologie peut également
constituer un outil diagnostique. En effet, si un organe fonctionne normalement, le point réflexe
correspondant réagira bien au massage. En revanche, si l’organe est atteint, son point sera
hypersensible, ce qui permettra d’établir un diagnostic fiable.
On estime que les points de réflexologie situés sur les parties supérieures et inférieures
de la plante des pieds correspondent aux terminaisons de 720.000 nerfs reliés aux différentes
parties du corps et aux organes internes.

3.3.5. Massage
Le massage a pour but de soulager la fatigue, les maux de tête et diverses douleurs. Ces
méthodes se concentrent plutôt sur le système nerveux, les articulations, le tissu musculaire, le
système endocrinien et sur des pathologies telles que les infarctus, la poliomyélite, la paralysie,
les arthroses, les douleurs abdominales chroniques et les constipations chroniques.
Le massage repose sur le principe selon lequel toute information reçue par un individu
transite en priorité par son corps, et que la manière dont le cerveau percevra cette information
dépendra de ses sensations physiques. C’est pourquoi le physique influe sur le psychique et
inversement. Le massage tente de parvenir à l’unité osmotique, la fusion et la coordination du
mental et du corporel par la stimulation des nerfs et des muscles, en vertu de la théorie selon
laquelle chaque partie du corps est contrôlée par un nerf de la colonne vertébrale. Une légère
pression digitale sur le nerf contribue à le détendre alors qu’un mouvement plus franc le stimule.

3.3.6. Ergothérapie
L’ergothérapie est un traitement paramédical ayant recours à une activité pour favoriser
la guérison ou améliorer l’état général de personnes atteintes de maladie mentale ou
d’incapacité physique, parfois à la suite d’accidents. Considérée à l’origine comme une simple
manière d’occuper les patients convalescents, l’ergothérapie est devenue un programme

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d’activités spécialement choisies pour leur valeur physique, intellectuelle, émotionnelle et
professionnelle.
Le travail du thérapeute s’appuie sur le diagnostic, le pronostic, la personnalité, les
limitations physiques et émotionnelles du patient, ainsi que sur les objectifs visés. Parfois, le
thérapeute s’engage dans une forme de réhabilitation professionnelle en choisissant des
activités qui permettront aux patients d’apprendre des gestes de la vie quotidienne, soit parce
qu’ils ne les ont pas acquis, soit parce qu’ils ne peuvent plus les accomplir (personnes amputées
ou handicapées).
En outre, en traitant des patients qui n’ont jamais travaillé ou qui doivent changer de
métier en raison de leur invalidité, le thérapeute peut être amené à proposer une nouvelle
orientation professionnelle.
Un thérapeute expérimenté est familiarisé avec des activités très diverses comme le
jardinage, le tissage, le bricolage, la musique, divers loisirs récréatifs, éducatifs et créatifs
comme la poterie, le travail du cuir et les travaux manuels. Après avoir déterminé la volonté du
patient de s’investir dans un domaine précis, le thérapeute aura recours à une ou plusieurs de
ces activités pour obtenir le résultat désiré. Qu’il s’agisse d’une maladie physique, émotionnelle
ou chronique, d’adultes normaux, de sujets âgés ou d’enfants, le thérapeute travaille sur deux
plans : fonctionnel et psychologique.
Que le handicap soit dû à une incapacité physique ou à une maladie mentale, la
réhabilitation psychologique du patient est importante. L’ergothérapie ou la thérapie
fonctionnelle repose sur la pratique d’activités utiles et planifiées apportant au patient des
satisfactions qui l’aideront à vaincre le manque d’amour propre et de confiance en lui, ou la
difficulté de vivre avec le stress et la dépression. L’ergothérapie s’efforce d’équilibrer le travail,
les jeux et le repos, d’optimiser les fonctions indépendantes et de considérer le patient comme
un individu fonctionnel et non comme une personne handicapée.
L’ergothérapeute évalue le comportement du patient en fonction de ses capacités, de ses
atouts, de ses handicaps et de ses invalidités. La thérapie fonctionnelle s’applique au
fonctionnement et aux dysfonctionnements des systèmes nerveux moteur et sensitif et à la façon
dont une activité organisée peut contribuer à développer ou à rétablir des capacités sensorielles
et motrices. Ceci est particulièrement vrai lorsqu’une incapacité physique limite les activités
d’une personne en termes de soins quotidiens, d’activités de loisir et de travail.
Le programme d’ergothérapie est individualisé afin d’optimiser le développement et le
rétablissement de la coordination nerveuse ou musculaire, d’augmenter l’amplitude articulaire
et de renforcer les muscles dans les limites de la tolérance physique du patient. La thérapie
fonctionnelle peut également prendre en compte la motivation d’une personne pour pratiquer
des activités de manière thérapeutique.

3.3.7. Ostéopathie
L’ostéopathie est très proche de la chiropraxie, car ces médecines ont les mêmes
sources. Les chiropracteurs utilisent la radiographie plus souvent que les ostéopathes.
L’ostéopathie fait essentiellement appel aux massages et aux manipulations portant sur toutes
les parties du corps mais plus spécifiquement sur le crâne et la colonne vertébrale, où les nerfs
et les vaisseaux sanguins pourraient être compressés.

3.4. Courants associatifs

3.4.1. Médecines orientales


Ces médecines orientales, notamment l’acupuncture, le massage et la phytothérapie ont
leur source dans le taoïsme, une école de pensée qui remonte à l’Antiquité. Selon le taoïsme,

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tous les phénomènes biologiques ont la même origine : la circulation d’énergies de natures
opposées, le « yin » et le « yang ». Ce flux, ces mouvements ininterrompus seraient visibles
dans tout l’univers depuis l’atome jusqu’à la planète.
Le « yin » et le « yang » sont des forces complémentaires qui doivent s’équilibrer pour
apporter santé et bien-être à l’individu et pour créer, au niveau universel, des conditions
optimales d’harmonie. L’énergie de toute chose, le mouvement entre le « yin » et le « yang »
est appelé « ki » ou « prana ». Tout être est animé par le « ki », mais l’énergie et ses qualités
varient d’un individu à l’autre. Concrètement, ce que nous buvons et mangeons chaque jour
nous apporte du « ki », et les médecines orientales tentent de réguler cette consommation de
manière à optimiser la circulation du « ki » dans l’organisme. Les défenseurs de ces médecines
distinguent dans le corps les organes « yin » (les organes creux d’absorption tels que la vésicule
biliaire ou l’intestin grêle) et les organes « yang » (les organes pleins de régulation, bien irrigués
dont le cœur, le foie ou les reins). Le niveau de « ki » requis par les organes dépend de leur
densité et de leur structure.

3.4.2. Médecine holistique


Les praticiens traditionnels considèrent le corps comme un organisme composé de
différents organes qu’ils traitent séparément. Ils se concentrent sur le rôle du médecin dont
l’objectif est d’administrer les soins en négligeant souvent la part des facteurs émotionnels et
mentaux dans l’apparition ou le traitement des maladies. La médecine holistique met en avant
les aspects émotionnels et psychiques de la santé et des soins. Elle appréhende l’individu
comme un tout. Holistique vient du mot grec holos qui signifie entier. L’holisme est une
philosophie qui vise à traiter le corps comme une entité unique et non par organes distincts. Il
tente d’harmoniser les différentes dimensions émotionnelle, sociale, physique et spirituelle de
l’individu pour stimuler les processus naturels de guérison du corps. La médecine holistique
met donc l’accent sur les interactions qui unissent le physique et le spirituel.
L’holisme définit ainsi les moyens de donner à l’individu un sens à sa vie et un sentiment
de bonheur intérieur. Il appartient en outre à la personne de déterminer elle-même le sens qu’elle
désire donner aux notions de santé et de bien-être. Ces théories s’appliquent également à la
prévention en insistant sur l’importance de maintenir les processus internes de guérison active.
La médecine holistique affirme que l’origine des déficiences des défenses naturelles face à la
maladie réside dans une mauvaise hygiène de vie et le stress. La maladie est donc considérée
comme le résultat d’un déséquilibre dans l’harmonie de l’individu.
Il existe plusieurs catégories de stress : la peur ; les préoccupations ; le stress émotionnel
; le stress dû aux agressions extérieures, à la pollution de l’air ou de l’eau et de la nourriture,
aux drogues, à l’alcoolisme, à l’alimentation trop riche, et enfin le stress lié aux manques
d’exercice physique, de repos et de relaxation. En matière de prévention, la médecine holistique
s’efforce de maintenir l’équilibre entre l’individu et son environnement.

4. Leçon à retenir
Il existe plusieurs systèmes médicaux au monde. Chaque système de santé concourt à la
résolution des problèmes avec ses points forts et faibles.
Le champ thérapeutique couvert par les médecines douces est très vaste et comprend
une grande part des aspirations sanitaires de l’homme. De cette importance se dégagent la
nécessité et l’urgence de réaliser et d’enrichir des enquêtes. Ces enquêtes peuvent conduire au
recensement, à la récolte et à la capitalisation, par le praticien, des informations relatives à la
naturothérapie, à la psychothérapie et à la physiothérapie afin de permettre au patient de jouir
des différentes possibilités thérapeutiques exploitables dans notre société aujourd’hui.

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Comme on peut s’en rendre compte, il existe plusieurs systèmes thérapeutiques dont la
médecine traditionnelle africaine. Dans la pratique courante, il semble essentiel de reconnaitre
leurs forces et faiblesses respectives en vue de mieux soulager les patients.

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CHAPITRE III : LA RECHERCHE
PHARMACOLOGIQUE EN MEDECINE
TRADITIONNELLE

1. Fondamental

0.1. Objectifs spécifiques


Ce chapitre vise les objectifs suivants :
- acquérir les connaissances sur les méthodes de recherche sur les médicaments botaniques ;
- mieux comprendre les concepts de la maladie, du diagnostic ;
- comprendre les bases biostatistiques de préparation des notices des produits
pharmaceutiques.

1. Approche de recherche
L’approche scientifique de la médecine traditionnelle africaine doit être
multidisciplinaire et tenir compte des composantes tangibles à travers des études botaniques,
cliniques, pharmacognosiques, pharmacologiques, physiothérapeutiques et celles intangibles
reposant sur des études anthropologique, sociologique, historique, philosophique et autres.

2. Enquêtes ethnobotaniques
L’ethnobiologie est une science qui s’occupe des rapports entre l’homme et le monde
des vivants au sein d’une ethnie. Elle comprend l’ethnobotanique, l’ethnozoologie et
l’ethnopharmacologie.
L’ethnozoologie étudie, au sein d’une ethnie, les rapports réciproques entre l’homme et
le monde animal. Son champ d’action concerne la relation entre les hommes et l’environnement
animal en recherchant la signification économique, religieuse et sociale culturelle des animaux.
L’Ethnopharmacologie étudie les constituants chimiques des plantes, des produits animaux et
minéraux et leur action sur le fonctionnement de l’organisme animal ou humain au sein d’une
ethnie.
. L’Ethnobotanique est définie comme la science des rapports réciproques entre
l’homme et le monde végétal à travers la signification économique, religieuse et sociale des
végétaux au sein d’un groupe ethnique.

L’ethnobotanique, la phytothérapie et l’herboristerie reposent aussi sur une bonne


connaissance des plantes et donc sur des notions fondamentales de botanique. La phytothérapie
se définit comme une médecine fondée sur les extraits de plantes et les principes actifs naturels
tandis que l’herboristerie elle consiste dans la préparation et la commercialisation des plantes
médicinales ou de préparations dérivées.

33
3. Ethique, Genre et Nature des études en médecine

3.1. Ethique de la recherche en médecine traditionnelle africaine


L’évaluation de l’efficacité de la médecine traditionnelle africaine doit être faite selon
les considérations botaniques, pharmacognosiques, pharmacologiques, cliniques, etc.
La morale (mores en latin) signifie à la fois les coutumes et les pratiques et l’éthique
(êthos en grec) signifie dispositions morales mais éthos coutumes) ont le même sens originel.
C’est l’usage qui a différencié ces deux termes. L’éthique relève plutôt de la réflexion théorique
qui s’interroge sur la liberté, la dignité, les relations avec les autres et les concepts qui entourent
ces notions. La morale, quant à elle, permet d’intégrer dans un art de vivre, les réponses
dégagées par la réflexion et de les appliquer à l’économie, au droit et à la science. L’éthique
décrit et définit les principes, la morale prescrit les contraintes qui s’imposent à toute activité
humaine en vue de la protection de la vie et du respect des personnes, des animaux, des
végétaux.
Il existe six positions fondamentales de l’homme vis-à-vis des droits dus aux animaux :
le cartésianisme, l’humanisme républicain, l’utilitarisme, l’antispécisme, le romantisme et
l’écologie fondamentale.

3.1.1. Cartésianisme
Descartes n’accorde aucun droit aux ‘bêtes’ considérées comme des machines. Les
animaux ne possèdent ni le pouvoir de raisonner abstraitement, ni conscience d’eux-mêmes. Le
corps humain ne relève que des seules lois mécaniques, comme celui des animaux. Cependant,
l’homme dispose en plus d’une âme immatérielle.

3.1.2. Humanisme républicain


L’humanisme républicain est fondé sur le principe de la dignité de la personne et sur la
reconnaissance des droits de l’homme. La personne humaine n’a pas de prix. L’humanisme
républicain résume sa position par la formule selon laquelle l’homme a des devoirs envers les
animaux, mais les animaux n’ont pas de droits. Les animaux sont des êtres sensibles qui doivent
inspirer une certaine compassion ; mais, à chaque fois qu’il y a conflit d’intérêt entre l’homme
et l’animal, celui de l’homme prime sur tous les autres.

3.1.3. Utilitarisme
L’utilitarisme affirme que tous les animaux doivent bénéficier d’une égalité de
considération sur le plan éthique, quelle que soit l’espèce. L’expérimentation animale est tolérée
sur la base d’une certaine différence entre l’homme et l’animal. Dans cette perspective, il n’y a
ni limite ni règle morale, a priori : la fin justifie les moyens et un préjudice pour un individu ou
une minorité est moralement justifié, s’il a pour effet de maximiser le bonheur collectif.
Cependant, dans la mesure où l’animal est capable de souffrir, l’homme a l’obligation morale
de prendre en compte ses intérêts.

3.1.4. Antispécisme
L’antispécisme développe la théorie du droit des animaux. Cette théorie est la base des
mouvements antispécistes qui posent en principe l’égalité fondamentale de tous les animaux
qui peuvent ressentir plaisir ou douleur.
L’antispécisme considère qu’il y a ‘spécisme’ dès lors que les animaux sont exploités
d’une manière qui serait jugée inacceptable si les victimes étaient humaines. Il attribue aux
animaux des droits moraux et une identité psychologique au même titre que les humains. Cette
conception tend vers le principe de non-utilisation des animaux en expérimentation animale,
défendu par de nombreuses associations protectrices des animaux.

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3.1.5. Romantisme
Le romantisme accorde des droits à la nature toute entière, y compris végétale ou
minérale. C’est ainsi que certains suggèrent de remplacer les animaux de laboratoire par des
fœtus, des détenus en prison, des immigrés, des chercheurs et leurs enfants.

3.1.6. Ecologie fondamentale


L’écologie fondamentale, proche du romantisme, attribue un statut juridique, non
seulement aux animaux, mais aussi à toute la nature. Elle dote certaine espèce animale de droits
supérieurs à ceux de certains humains. Selon cette théorie, une mortalité humaine massive serait
une bonne chose. Il est du devoir de l’homme de la provoquer. C’est le devoir de l’espèce
humaine vis-à-vis de notre milieu, d’éliminer 90% de ses effectifs !
Devant la diversité des opinions et des lignes de pensées, il est clair qu’aucun principe
universel n’est en mesure de dicter une solution et que seules des considérations pragmatiques
acceptées par le plus grand nombre peuvent servir de ligne de conduite. La règle commune doit
s’élaborer autour d’une position consensuelle, qui n’accorde pas trop de poids aux positions les
plus extrêmes.
Classiquement, l’évaluation des médicaments consiste à transformer l’acte
thérapeutique du tradipraticien en essai clinique autant que possible sur culture cellulaire et ou
sur l’animal d’expérience et enfin sur l’homme. L’expérimentation biologique des médicaments
recours aux animaux avant d’atteindre l’homme. Parmi les animaux auxquels il est fait usage
comptent ordinairement le rat, la souris, le cobaye, le lapin, le hamster, le chien, le chat, la
poule, le singe, etc. provenant des élevages ordinaires ou spécialisés dans la production des
animaux de laboratoire (animaux axéniques ou gnotoxéniques) ou de la nature. Les animaux
axéniques sont exempts de germes et pour cela on les obtient par césarienne. Les animaux
gnotoxéniques n’hébergent que certaines espèces définies des micro-organismes et, selon le
nombre d’espèces présentes, ils sont dits mono, di, trixéniques, etc.
L’horreur de la cruauté délibérée est universelle. Depuis 1985, le Conseil des
Organisations Internationales des Sciences Médicales (CIOMS) a publié des principes se
fondant sur l’idée :
- que l’utilisation des animaux à des fins scientifiques est foncièrement indésirable ;
- qu’il convient autant que possible d’utiliser d’autres méthodes ;
- que, à l’état actuel des connaissances, l’utilisation des animaux est inévitable ;
- que les scientifiques ont l’obligation morale de traiter leurs sujets animaux de manière
humanitaire, de leur éviter autant que possible la douleur et la gêne et de ne laisser échapper
aucune possibilité de parvenir aux résultats sans recourir à des animaux.
L’éthique, dans le domaine des sciences biologiques, apparaissant nécessaire au
public comme aux chercheurs, a pris la forme de règles et de principes. Le courant de
préoccupation pour la limitation des souffrances infligées aux animaux de laboratoire est
formulé à travers la règle des quatre ‘R’ : replace (remplacer), reduce (réduire) et refine
(améliorer) et responsability (la responsabilité).

3.2. Genre des études sur les plantes à valeur ajoutée


La récolte d’informations thérapeutiques exige de réussir dans la mesure du possible à
la double épreuve : épreuve de fidélité et de conformité. L’épreuve de fidélité concerne
l’enquêteur tandis que celle de conformité le tradipraticien sur lequel porte l’enquête. L’épreuve
de conformité est appliquée par l’enquêteur sur le tradipraticien afin de se rassurer quant à la
conformité des renseignements obtenus sur les vertus thérapeutiques revendiquées sur une
plante. A travers l’épreuve de fidélité, le tradipraticien mesure et apprécie la détermination de
l’enquêteur à entrer en possession de l’information thérapeutique recherchée. Le chercheur

35
devrait adopter une position de dépendance, de mise en confiance, d’humilité à l’égard du
tradipraticien interrogé.
La relation entre les communautés humaines et les plantes médicinales peut être
envisagée sous plusieurs facettes notamment celles de l’ethnobotanique quantitative et de
l’ethnobotanique qualitative.
4. Standardisation des médicaments traditionnels
L’intérêt croissant pour les systèmes traditionnels de médecine et en particulier pour les
médicaments à base de plantes a induit un marché des plantes à valeur ajoutée en expansion.
Ce marché peut générer des bénéfices conséquents pouvant permettre l’amélioration des
moyens de subsidence locale et celle de l’état de santé des populations. Cette filière économique
et sanitaire est prometteuse pour la R.D. Congo.
Pour répondre aux normes des industries biopharmaceutiques mais aussi pour que les
médicaments botaniques ne puissent pas être nuisible à la santé des populations, il est essentiel
de porter une attention particulière sur l’innocuité et la qualité des produits issus des plantes
thérapeutiques.
Parmi les facteurs influençant l’innocuité et la qualité des phytomédicaments il y a des
facteurs intrinsèques (génétiques) et les facteurs extrinsèques (environnement, méthode de
culture, de récolte, de traitement après récolte, de transport, de conditionnement, de stockage,
etc.).
En 2004, l’OMS a établi un code de bonnes pratiques agricoles et de bonnes pratiques
de récolte des plantes médicinales en vue de promouvoir la production des médicaments
répondant aux normes et pratiques conformes de fabrication (PCF).
5. Commerce international des plantes médicinales
Le commerce des plantes médicinales à l’échelle plus large se fait sous deux formes :
plantes médicinales (drogues) et extraits végétaux. L’exploitation judicieuse du commerce des
plantes médicinales peut constituer une filière économique prometteuse à conditions que les
normes concernant l’innocuité et l’efficacité des produits soient respectées et la nature traitée
avec soin.

6. Concepts de la maladie et du diagnostic

5.1. Maladie
La santé, la bonne santé entendue, se traduit par un équilibre entre les facteurs
d’agression (physique, chimique, biologique, social) et l’organisme au profit de ce dernier. La
relation entre la maladie et l’hôte peut être schématisée de la manière suivante :

𝐹𝑎𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑′𝑎𝑔𝑟𝑒𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛
𝑀𝑎𝑙𝑎𝑑𝑖𝑒 ≈
𝐹𝑎𝑐𝑡𝑒𝑢𝑟𝑠 𝑑𝑒 𝑟é𝑠𝑖𝑠𝑡𝑎𝑛𝑐𝑒
Dans certaines circonstances, ce sont les facteurs d’agression qui l’emportent et
l’individu devient malade.
Dans la conception de la médecine traditionnelle africaine, le corps humain est constitué
de deux cylindres superposés l’un sur l’autre: le cylindre intérieur et le cylindre extérieur. Le
cylindre intérieur est creux et comprend plusieurs diverticules (organes et appareils internes
connectés à la lumière). Entre les deux cylindres se trouve le corps charnu constitué de la
charpente osseuse, les muscles et des réseaux de vascularisation et d’innervation. Les
diverticules et le corps charnu sont interdépendants et commandés par le cerveau. Le cylindre
creux est chargé d’approvisionner divers organes, systèmes et appareils des diverticules et corps
charnu en divers nutriments (glucides, lipides, protides, vitamines, minéraux, etc.). Il peut
cependant être victime en terme d’apport (carence et déséquilibre alimentaire), spolié selon la
qualité et la quantité des nutriments, souillé par des pathogènes, envouté ou subir un

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dysfonctionnement dégénératif ou consécutif à la transgression d’une loi sociale propre à
chaque groupe ethnique.
A l’instar de la face externe du cylindre extérieur qui est souvent soigné par des bains
réguliers, de la qualité des soins apportés au cylindre intérieur influence la purification et donc
le fonctionnement des divers appareils, organes et systèmes de l’organisme.

6.2. Diagnostic
Le diagnostic d’une maladie est un classement d’un cas de maladie dans une entité
nosologique donnée ou une entité ayant des caractères distinctifs permettant la définition de la
maladie. Cette systématisation repose sur deux notions essentielles : intégralité et clarté.
Le diagnostic d’une maladie peut être difficile à établir dans la mesure où les critères de
définition des maladies peuvent se situer soit au niveau de la symptomatologie, ce qui le rendrait
plus accessible au diagnostiqueur, soit plus difficile au niveau de la pathologie spécifique ou
encore au niveau de l’étiologie. Ainsi, selon les possibilités matérielles et intellectuelles du
diagnostiqueur, l’amibiase peut être diagnostiquée sur base de l’examen clinique et de
l’anamnèse, sur base de l’identification de l’agent causal ou encore grâce à la symptomatologie
parfois changeante liée à des formes atypiques de la maladie.

7. Critères de jugement de l’activité thérapeutique


Pour apprécier l’efficacité d’un médicament, il est aisé d’évaluer le critère qui mesure
le mieux l’effet attendu du traitement. C’est le critère de jugement de l’activité thérapeutique.
Il peut être direct ou indirect. Le critère direct est celui qui permet l’appréciation de l’évolution
directe de l’effet thérapeutique recherché. Le critère indirect apporte une réponse indirecte telle
la qualité de l’équilibre lorsqu’on roule à vélo ; le temps de réaction au bruit, à la lumière, à
l’excitation douloureuse, etc. Un critère direct ou indirect de qualité est celui dont la mesure est
rapidement disponible.
Le critère de jugement peut également être objectif ou subjectif. Le critère de jugement
objectif, de loin préférable, doit être exact, précis et reproductible. Celui subjectif ne sera choisi
que lorsqu’il répond exactement à la question posée ou s’il n’existe pas de critère objectif. Le
critère de jugement subjectif est mesurable à l’aveugle, c’est-à-dire par des personnes qui
ignorent le traitement institué.
Le critère de jugement est apprécié en fonction du temps. Dans ce sens, on fixe le
nombre optimum de mesures et les intervalles de temps qui les séparent afin d’en établir la
courbe de l’évolution et le mode de traitement statistique des résultats. Un ou plusieurs critères
de jugement peuvent être évalués au cours d’un essai thérapeutique.
Divers index peuvent traduire le périmètre de marche de l’essai thérapeutique. Parmi
ceux-ci, on peut retenir :
- l’index de variation relative du périmètre de marche qui équivaut à la valeur du traitement au
temps t moins la valeur du traitement au temps t-1 sur la valeur du traitement au temps t ;
- l’index de variation absolue du périmètre de marche de l’essai thérapeutique qui vaut la valeur
du traitement au temps t moins la valeur du traitement au temps t-1.
Etant donné que la définition de la maladie peut reposer sur des critères cliniques,
biologiques et/ou histologiques, il est important de préciser, au cours d’essais thérapeutiques,
les formes cliniques de l’affection ; décider entre les formes chroniques et aiguës, le premier ou
le énième épisode de la maladie, les formes jamais traitées ou pas, la détermination de la phase
d’intervention pour les maladies récidivantes ; de prendre une option vis-à-vis d’une ou
plusieurs maladies associées ; etc. La biologie des malades (âge, sexe, état de gravidité de la
matrice chez la femme, l’état de nutrition, etc.), le problème d’ambivalence et les conditions
d’administration du traitement, de posologie sont également à considérer.

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8. Protocole d’essais thérapeutiques
Comme c’est le cas dans plusieurs types de recherches, la mise au point du protocole de
recherche est nécessaire avant tout essai portant sur l’évaluation de l’activité thérapeutique (de
l’extrait) d’une plante contre telle ou telle autre pathologie. Ce protocole doit permettre de
résoudre au mieux les problèmes cliniques et méthodologiques.
Le plan du protocole de recherche doit comprendre les éléments ci-dessous :

8.1. Titre
Le protocole de recherche doit être défini par un titre qui doit être bref, suggestif, précis
et concis. Le titre permet d’exprimer le plus clairement possible le contour de l’essai
thérapeutique à réaliser.

8.2. But
Le but de l’essai thérapeutique doit être défini avec soin. Dans le présent contexte, il
peut consister notamment à démontrer l’efficacité d’un (nouveau) produit ou à comparer deux
ou plusieurs thérapeutiques contre une maladie.

8.3. Méthodes
Les méthodes doivent préciser le périmètre de recherche de l’essai évaluant l’activité
thérapeutique, le nombre des groupes, les modes d’attribution des traitements, le type de
formulation (unilatérale ou bilatérale) et les tests statistiques auxquels il sera fait usage.

8.4. Sujets éligibles


Il est nécessaire de définir aussi précisément que possible les sujets éligibles c’est-à-dire
la population sur laquelle doit porter l’essai thérapeutique à travers les critères d’inclusion
(maladie, malades, conditions d’expérimentation, etc.) et les critères de non inclusion (maladie,
malades, traitements antérieurs, etc.).
Dans certains types d’essais thérapeutiques, un sujet testé peut servir comme son propre
témoin s’il reçoit deux traitements simultanément ou alternativement. Tel peut être le cas de
l’étude de deux hypnotiques chez les insomniaques ou l’efficacité de deux crèmes
éclaircissantes. L’utilisation du même sujet en double réduit l’influence de l’effet terrain,
double le nombre des sujets d’expérience et réduit de moitié la variabilité intra-sujet.
8.5. Bilan initial
Le bilan initial à obtenir sur base des examens paracliniques (biologiques et
biochimiques) nécessaires à l’inclusion de tout sujet éligible doit être réalisé pour tous les sujets.
Ce bilan initial permet le recueil des facteurs pronostics dont il faudra tenir compte dans
l’analyse des effets de l’essai thérapeutique à réaliser.

8.6. Dose de départ


Lors d’essai thérapeutique, la dose de départ peut être généralement extrapolée à partir
de la posologie gravimétrique, numérique ou volumétrique empirique de la préparation du
tradipraticien ou de l’extrait jusqu’à la détermination de la dose maximale tolérée.

8.7. Traitement
La composition, le conditionnement ainsi que les modalités d’administration de
traitement (voie d’administration, intervalles de prise, durée de traitement, méthode aveugle ou
pas, etc.) doivent être décrits.

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8.8. Tirage au sort
Le tirage au sort des traitements à instituer est indispensable dans la constitution des
groupes lors d’essai thérapeutique unilatéral ou bilatéral pour assurer la comparabilité du
jugement de causalité du médicament testé. Plusieurs méthodes de tirage au sort existent
notamment le numéro d’ordre d’arrivée, etc.

8.9. Modalités de recueil des critères de jugement


Il est important de définir et de détailler les modalités du recueil de critère de jugement
(subjectif ou objectif, direct ou indirect, simple ou multiple) tout en précisant la qualité de la
personne chargée de les recueillir ainsi que le moment et les méthodes de recueil.

8.10. Surveillance
Tous les sujets soumis à l’essai thérapeutique doivent être surveillés régulièrement et de
la même façon jusqu’à la fin de l’étude. Le rythme, la nature et les modalités des examens de
contrôle ainsi que la durée totale de suivi des malades doivent être précisés. La surveillance a
pour but de détecter la survenue des réactions d’intolérance allergique spécifique caractérisée
par l’eczéma, les éruptions cutanées, les difficultés respiratoires, l’œdème, la somnolence, la
nausée, etc. de type immédiat (1ère dose) ou retardé (nième dose). Les moyens de contrôle doivent
être réalisés avec un maximum d’attention et les données correctement saisies.

8.11. Fiche d’enregistrement


Elles doivent de documenter d’établir des informations précieuses en rapport avec
l’essai thérapeutique y relatif pour chaque individu ou unité d’étude.

39
CHAPITRE IV : LES INTOXICATIONS
MEDICAMENTEUSES

0. Fondamental
Ce chapitre aide l’apprenant à faire ressortir quelques indicateurs d’intoxications
médicamenteuses isolées ou associées à travers différents organes ou appareils cibles.

1. Axes d’intoxication médicamenteuse et leur détection


Le médicament n’est que toxique. Le médicament naturel est toxique. Tout est fonction
de la dose. Lorsqu’il est fait usage de la phytothérapie, il est essentiel de savoir que l’on ne
dispose pas toujours d’informations suffisantes sur la toxicité des plantes. En cas
d’intoxications médicamenteuses, des lésions limitées ou étendues peuvent se produire. Les
lésions peuvent traduire des pathologies hépatiques, nerveuses, cardiaques, rénales,
respiratoires, digestives ou métaboliques.

1.1. Foie et assimilation médicamenteuse


Le foie est doté d’un système enzymatique très riche assurant le métabolisme des
glucides, des protides, des lipides et de nombreuses substances médicamenteuses. Il assure la
stabilité de la glycémie, synthétise la majeure partie des protéines plasmatiques dont l’albumine
et la plupart des globulines. L’albumine assure en grande partie la pression oncotique du plasma
et sert au transport des médicaments et autres composés hydrophobes endogènes comme la
bilirubine non conjuguée. Les globulines comprennent les facteurs de coagulation dont le
fibrinogène, la prothrombine (facteur I) et les facteurs VI, VII, IX dont l’activité dépend de la
vitamine K elle-même dépendant de la présence des sels biliaires pour son absorption
intestinale.
Les facteurs de coagulation décroissent en cas de malabsorption des graisses (choléstase
prolongée) ou à l’occasion du ralentissement de la fonction de synthèse hépatique. Le foie est
particulièrement vulnérable aux lésions d’origine médicamenteuse ou toxique.
Classiquement on décrit trois variétés d’hépatites induites par les médicaments ou
substances toxiques : les hépatites cytotoxique, choléstasique et mixte.
L’hépatite cytotoxique se caractérise par une nécrose des cellules hépatiques dont le
signe essentiel est l’augmentation des transaminases tandis que l’hépatite choléstasique est
associée à un gène de l’élimination de la bile. Dans ce cas il y a une augmentation de la
bilirubine, un pigment biliaire provenant de la destruction de l’hémoglobine contenue dans les
globules rouges. Les hépatites mixtes se traduisent notamment par l’augmentation des taux de
transaminases et de bilirubine.
Les mécanismes liés à l’atteinte des cellules hépatiques sont variés et fort complexes
allant de l’inflammation jusqu’au cancer. La toxicité d’un médicament sur le foie est en général
proportionnelle à la dose. En cas d’atteinte du foie, les analyses de sang peuvent déceler une
anémie, une hyperéosinophilie, une augmentation du taux de transaminases et de la
bilirubinémie.
Certaines autres hépatites médicamenteuses sont prévisibles car la toxicité est directe.
Parfois, un grand nombre de sujets prenant le médicament sont atteints.
Dans le cas des hépatites médicamenteuses imprévisibles, seul un petit nombre de sujets
ayant pris le médicament peuvent être atteints avec absence de relation entre la dose et l’effet.
La toxicité imprévisible peut correspondre à un mécanisme immuno-allergique dirigé contre
les métabolites hépatiques du médicament, à un métabolisme individuel inhabituel du

40
médicament aboutissant à la production de métabolites directement toxiques ou aux deux
mécanismes à la fois.
La responsabilité d’un médicament doit être envisagée en cas de maladie aiguë du foie
et à chaque fois qu’un médicament connu pour être hépatotoxique est pris par le patient ou
qu’un médicament sous expérimentation ou nouvellement mis sur le marché est pris par le
patient.
La maladie hépatique se reflète souvent à travers des anomalies des diverses fonctions
hépatiques. Elle peut affecter les hépatocytes (dysfonction hépatocytaire), l’appareil excréteur
(choléstase) ou le système vasculaire (hypertension portale).
L’hépatite cytolytique peut évoluer vers une insuffisance hépatique mortelle. Cette
évolution défavorable est plus fréquente lors de la poursuite de la prise du médicament après
l’ictère ou lorsqu’il s’agit d’une ré-administration d’un agent responsable d’une atteinte
immuno-allergique.
De façon générale, plusieurs médicaments toxiques pour le foie peuvent l’être pour un
ou plusieurs autres organes notamment les reins, le système nerveux entre autres.

1.2. Intoxication du système nerveux central


Les lésions nerveuses liées aux médicaments peuvent être causées par le médicament,
la posologie ou les métabolites du médicament. L’intoxication nerveuse peut se traduire par de
l’apathie, des mouvements anormaux de la bouche, le torticolis, la protrusion de la langue, les
crises oculogyres, les troubles du comportement (amnésie, obnubilation, somnolence, etc.), la
dépression respiratoire parfois aggravée par un encombrement trachio-bronchique ou une
pneumonie, l’hypothermie, l’hypotonie ou l’hypertonie musculaire, l’hypotension
cardiogénique ou vasoplégique et le coma.

1.3. Intoxications circulatoires et respiratoires


Les intoxications médicamenteuses cardiaques et ou respiratoires peuvent s’exprimer
par la dépression de la perfusion périphérique. Cette dépression entame la microcirculation et
l’oxygénation des tissus par altération des facteurs suivants : le débit cardiaque et le taux
d’oxygénation du sang artériel. L’oxygénation des tissus est corrélée au débit cardiaque, à la
saturation en oxygène du sang artériel et au taux d’hémoglobine. Elle peut être affectée à travers
le débit cardiaque, le taux d’hémoglobine ou la saturation du sang artériel en oxygène.

1.3.1. Facteurs de perturbation du débit cardiaque


La perturbation du débit cardiaque peut être causée par les altérations rythmiques et
tensionnelles cardiaques notamment l’arrêt cardiaque, la fibrillation cardiaque, l’asystolie
ventriculaire, l’hypotension, l’arythmie cardiaque et le choc.
L’arrêt cardiaque est caractérisé par la disparition du pouls ou un pouls paradoxal, la
mydriase complète, l’absence des réflexes (palpébral, cornéen, etc.) et la pâleur des muqueuses.
En cas d’arrêt cardiaque, la respiration continue encore 30 à 60 secondes et s’arrête par anoxie
survenat dans le centre hypothalamique de la respiratoire. Après 3 à 5 minutes, il se développe
des lésions cérébrales irréversibles (dont l’œdème cérébral avec mort certaine).
La fibrillation cardiaque résulte des contractions cardiaques anarchiques c’est-à-dire
non coordonnées. Au cours de l’asystolie ventriculaire, l’ECG est absent. Elle se traite par des
procédés de réanimation.
L’hypotension se signale par des battements cardiaques plus ou moins effectifs avec une
tension intra-artérielle faible. Une tachycardie ou une bradycardie sont des symptômes offerts
par les médicaments affectant la rythmicité cardiaque.

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Le choc est un syndrome caractérisé par l’effondrement de l’efficacité de la circulation
sanguine périphérique causé par une perte importante de sang, de liquide, de la douleur ou de
suite d’une infection.

1.3.2. Taux d’hémoglobine


Le taux d’hémoglobine peut être bas à la suite de la médication gênant la néoformation
des hématies ou précipitant la destruction de ces dernières.

1.3.3. Dépression respiratoire


Lors de la dépression respiratoire, il y a moins d’oxygène disponible dans le poumon et
l’élimination de gaz carbonique diminue. Les perturbations respiratoires peuvent affecter
l’oxygénation du sang par hypoventilation, arrêt respiratoire, laryngospasme, bronchospasme,
fausse déglutition et bronchopneumonie consécutive à une fausse déglutition.
L’hypoventilation aligne comme causes principales entre autres la dépression du centre
respiratoire du cortex, la paralysie des muscles respiratoires, certaines affections pulmonaires
(emphysème, bronchite, obstruction des voies aériennes par corps étranger) ou une
accumulation de la sécrétion dans les voies pulmonaires.
L’arrêt respiratoire ou l’apnée durable peut se développer à partir de l’hypoventilation
par intoxication du centre respiratoire hypothalamique (hypoxie et hypercapnie) ou paralysie
des muscles respiratoires (myorelaxants).
Lors du laryngospasme, les mouvements respiratoires sont rendus inefficaces par
inversion des mouvements laryngiens : l’épiglotte ferme le passage laryngé durant l’inspiration
et l’ouvre à l’expiration.

1.3.4. Bronchospasme
Le bronchospasme est une contraction réversible des bronches de petit calibre du tractus
respiratoire inférieur. Il s’observe par la dyspnée, les sibilants, la cyanose et la toux. Le patient
peut être essoufflé pour parler. Le silence auscultatoire, la tachycardie et un pouls paradoxal
sont habituels.

1.3.5. Fausse déglutition


Du fait de la disparition du réflexe pharyngé lors de vomissement, il peut se produire
une fausse déglutition ou un passage de matières alimentaires, de la salive ou de sang dans la
trachée et les bronches. La fausse déglutition peut déterminer, selon la quantité des matières
aspirées et/ou leur nature, une asphyxie aiguë. On remarque une dyspnée, une toux, la cyanose
et la tachycardie. La broncho-pneumonie peut survenir ultérieurement à la suite d’une fausse
déglutition.

1.4. Intoxication rénale


L’hypotension prolongée peut provoquer une oligurie ou une anurie ischémique.
L’hypertension rénale peut justifier la polyurie. Aussi, des néphrites plus ou moins compliquées
peuvent apparaître. Les dysfonctions rénales hydriques, hydro-électrolytiques, acido-basiques
et excrétoires sont observables lors d’intoxications médicamenteuses avec atteinte rénale.

1.5. Intoxication digestive


Diverses atteintes lésionnelles ou fonctionnelles peuvent être observées en cas
d’intoxications digestives. Parmi elles on peut citer les brûlures, les plaies, les ulcères, la
diarrhée, le vomissement, la constipation, l’anorexie, l’iléus médicamenteux, etc.

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1.6. Complications métaboliques
Le métabolisme cellulaire normal exige un équilibre thermique. La température
corporelle est réglée par des mécanismes qui tendent à équilibrer la production et la déperdition
de chaleur.
Les médicaments peuvent altérer l’équilibre entre la thermogenèse et la thermolyse.
Quand le centre de la thermolyse est stimulé, il met en opération une série de réactions qui
abaissent la température corporelle. En cas de stimulation du centre de la thermogenèse, il y a
déclenchement d’une série de réactions qui augmentent la température corporelle.

1.6.1. Hyperthermie maligne


L’hyperthermie maligne est une maladie pharmacogénétique du muscle squelettique
transmise selon un mode autosomique dominant. Les principaux symptômes observés sont une
hyperthermie, un hyper-métabolisme et une rigidité musculaire. Le syndrome d’hyperthermie
maligne est associé à un trouble de l’homéostasie calcique dans la fibre musculaire. Le trouble
est causé par un dysfonctionnement des canaux calciques qui permettent le relâchement des
ions de calcium (Ca2+) contenu dans le réticulum sarcoplasmique.
Chez les individus susceptibles, une crise d’hyperthermie maligne peut en effet survenir
à la suite d’une exposition à certains agents thérapeutiques mimant les mécanismes d’action des
anesthésiques halogénés ou certains relaxants des muscles squelettiques comme la
succinylcholine.
La crise d’hyperthermie maligne fulminante est caractérisée par une élévation rapide et
importante de la température, le développement d’une rigidité musculaire généralisée, avec en
particulier une contracture des muscles masséters, des troubles du rythme cardiaque
(tachycardie ou arythmie), une hypercapnie et une cyanose. Le développement d’une acidose
respiratoire et métabolique est un signe précoce de cette crise qui se conclue souvent par le
décès du patient.

1.6.2. Hypothermie

L’hypothermie est définie par la chute de la température centrale en dessous de 35°


Celsius. Classiquement, on parle d’hypothermie modérée au-dessus de 32 °C, d’hypothermie
grave de 32 à 25 °C et majeure en dessous ; mais sa gravité dépend beaucoup du patient, de
l’étiologie et de sa vitesse d’installation.
Sur le plan clinique, tous les organes diminuent leur métabolisme à des degrés divers,
ce qui entraîne une symptomatologie riche et qui varie selon la profondeur de l’hypothermie et
l’état hémodynamique. D’abord agité, frissonnant (34 °C), puis comateux hypertonique (28
°C), le patient rigide, livide, en mydriase, au pouls et à la respiration imperceptibles présente,
aux alentours de 20 °C, tous les caractères cliniques de la mort. Par des effets délétères
essentiellement cardiaques, l’hypothermie tue classiquement par fibrillation ventriculaire.
Sur le plan hémodynamique, la vasoconstriction périphérique entraîne une redistribution
volémique vers le circuit veineux profond. L’organisme compense cette hypervolémie par une
élévation de la diurèse. On constate également une fuite extravasculaire au profit des espaces
extra et intracellulaires. L’importance de cette hypovolémie réelle (diurèse) et relative (inter-
compartimentale) dépend de la vitesse de son installation.
Les modifications biologiques concernent essentiellement la kaliémie (hypo ou hyper),
l’équilibre acido-basique et l’hémostase.

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BIBLIOGRAPHIE

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