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Accompagnement en médecine chinoise (zhōng yī 中醫) des troubles gynécologiques (nǚ kē 女科)

Introduction

La gynécologie (nǚ kē 女 科 ) est une spécialité à part entière de la médecine chinoise . Afin d’accompagner
correctement les femmes souffrant de troubles au niveau gynécologiques (nǚ kē 女科), il est fondamental d’avoir
des notions importantes dans ce domaine. Cet article est une simple présentation d’un domaine immensément vaste.
Il ne prétend que poser quelques modestes bases.

Physiologie

Généralités : Une première chose, il est important de comprendre que des menstruations « normales » doivent se
passer sans douleur, sans manifestation désagréable (si ce n’est la perte de sang). Les menstruations doivent durer
environ 5 jours. Au-delà, elles peuvent être considérées comme « abondantes » et en-deçà, elles peuvent être
considérées comme « peu abondantes ». Bien évidemment, tout dépend de la quantité de sang perdu. Une perte
normale se situe entre 30 à 80 ml par jour. Il est conseillé de changer sa protection maximum toutes les 3 à 4h en
fonction du flux. Un cycle normal doit durer 28 jours, plus ou moins 2 ou 3 jours.

Le sang perdu au moment des menstruations doit être rouge vif, sans caillots.

Si nous nous référons au Si nous nous référons au Si nous nous référons au Huáng Dì Nèi Jīng Sù Wèn (黄帝内经
素问) Simples questions du Classique interne de l’Empereur Jaune, les menstruations sont censées apparaître pour
la première fois vers l’âge de 14 ans. La moyenne est aux environs de 13 ans, malheureusement, cet âge est de plus
en plus précoce. La ménopause est censée arriver vers l’âge de 49 ans.
« La femme, à sept ans, son qì des reins est prospère, ses dents se renouvellent, ses cheveux poussent. À deux fois
sept ans, le tiān guǐ (= jīng) arrive, le rèn mài (任脉) circule, le chōng mài (冲脉) est prospère, les règles peuvent
descendre, c’est la raison pour laquelle, il y a des enfants (il peut y avoir des enfants). À trois fois sept ans, le qì des
reins est équilibré, c’est pourquoi la croissance et le développement des vraies dents sont à son maximum. À quatre
fois sept ans, les tendons et les os sont fermes, la pousse des cheveux est à son maximum, le corps est vigoureux et
puissant. À cinq fois sept ans, le yáng míng (阳明) est faible, le visage est desséché, les cheveux tombent. À six
fois sept ans, les trois canaux yáng qui vont en haut sont faibles, tout le visage est desséché, les cheveux
commencent à blanchir. À sept fois sept ans, le rèn mài (任脉) est vide, le chōng mài (冲脉) est faible, le tiān guǐ
épuisé, la voie de la terre ne communique plus (les menstruations s’arrêtent), c’est pourquoi l’apparence physique
se détériore et qu’il n’y a plus d’enfant.

(Huáng Dì Nèi Jīng Sù Wèn (黄帝内经素问)  – Chapitre 1).

Une modification ponctuelle du cycle n’est pas forcément significative. En général, il faut 3 cycles modifiés pour
affirmer la présence d’un déséquilibre.

Le cycle menstruel fait intervenir un jeu complexe de plusieurs systèmes. Les reins (shèn 肾) en sont à la base bien
évidement puisqu’ils stockent le jīng (精). Le jīng (精) des reins (shèn 肾), en étant abondant à partir de 14 ans
chez la jeune fille, va permettre l’apparition d’une substance, tiān guǐ (天癸). Cette substance va remplir le chōng
mài (冲脉) et se transformer en sang (xuè 血). Lorsque chōng mài (冲脉) est plein, les menstruations peuvent
s’écouler. C’est l’une des raisons qui fait que chōng mài (冲脉) est appelé « mer du sang » (xuè hǎi 血海). Le
sang (xuè 血) menstruel est ainsi « chargé » en jīng (精) des reins (shèn 肾).
Rèn mài (任脉) quant à lui, va nourrir l’utérus afin qu’il soit apte à recevoir un enfant. C’est pour cela que l’utérus
est parfois appelé zǐ gōng (子宫) : « palais des enfants ».

Dans les ouvrages classiques traitant de gynécologie, il est possible de voir passer 2 autres termes :

 bāo luò (胞络) : liaison de l’enveloppe procréatrice,

 bāo mài (胞脉) : vaisseau de l’enveloppe procréatrice.

Ces 2 trajets sont en fait les parties du chōng mài (冲脉) et du rèn mài (任脉) qui communiquent avec l’utérus. Ils
sont en lien avec le cœur (xīn 心).

Dài mài (带脉) va jouer également un rôle important tout au long du cycle menstruel afin d’aider à contenir les
fluides vaginaux et le sang (xuè 血) utérin, en dehors de la période des règles. Il assiste donc le qì (气) de la rate (pí
脾).

Notons tout de même le rôle de dū mài (督脉). Il naît dans l’utérus chez la femme et dans la « chambre du sperme
(jīng shì 精室) » chez l’homme. Rèn mài (任脉) est la mer des canaux yīn (yīn jīng 阴经). Dū mài (督脉) est la
mer des canaux yáng (yáng jīng 阳经). Ensemble ils régularisent le yīn yáng (阴阳) de l’organisme et participent
donc au bon fonctionnement de la physiologie féminine.

Le rôle de la rate (pí 脾) est important puisque d’une part, elle est l’une des sources de production du sang (xuè
血). Même si l’abondance du jīng (精) des reins (shèn 肾)permet l’apparition du tiān guǐ ( 天癸 ) et que cette
substance va se transformer en sang (xuè 血), celui-ci serait insuffisant pour développer correctement la muqueuse
utérine et pour produire des menstruations suffisantes. La rate (pí 脾) amène donc du jīng (精) acquis et permet
ainsi d’augmenter le volume du sang (xuè 血) utérin.

D’autre part, la rate (pí 脾) permet de maintenir le sang (xuè 血) dans les vaisseaux (mài 脉) et ainsi éviter son
échappement. En cas de vide de la rate (pí 脾), celle-ci peut perdre la fonction de maintien du sang (xuè 血) dans
les vaisseaux et des saignements en dehors des règles peuvent se produire (métrorragie) ou alors, le saignement au
moment des règles peut être trop abondant (ménorragie).

Le foie (gān 肝) va intervenir à plusieurs niveaux de la gynécologie. Il gouverne la mise en réserve du sang (xuè
血). C’est lui qui gère la quantité de sang (xuè 血) en circulation en fonction des besoins physiologiques. En cas de
besoin, il peut « libérer » une partie du sang (xuè 血) afin par exemple de produire des menstruations suffisantes.
Mais cette fonction est permise en partie grâce à la fonction de libre circulation et dégagement du foie (gān 肝).
Cette fonction fondamentale permet au qì (气) et au sang (xuè 血) de circuler harmonieusement. Ainsi, grâce au
foie (gān 肝), il y a alternance de mise en réserve et de dégagement/ circulation. C’est exactement le processus des
menstruations : il y a alternance de mise en réserve et de circulation de sang (xuè 血).

De plus, le foie (gān 肝) gouverne la régulation de rèn mài (任脉) et chōng mài (冲脉), là encore, grâce à sa
fonction de libre circulation et de dégagement du qì (气).

Le cœur (xīn 心 ) et le poumon (fèi 肺 ) vont également jouer rôle, quoique, moins directe. Le cœur (xīn 心 )
gouverne le sang (xuè 血). Il est la force motrice permettant de propulser le sang (xuè 血). Le sang (xuè 血) dans
l’utérus doit d’abord être mis en réserve, ce n’est pas pour autant qu’il doit stagner. Au moment des règles, s’il n’y
a pas eu fécondation, le sang (xuè 血) doit s’écouler, doit circuler. Le cœur (xīn 心) va aider à cet écoulement.

Le poumon (fèi 肺)gouverne le qì (气). Le qì (气) est le maître du sang (xuè 血) puisqu’il permet entre autre de le
propulser.

De plus, de nombreux canaux (jīng mài 经脉) se connectent aux organes génitaux et influencent ainsi le système
génital féminin et masculin.

5 étapes du cycle menstruel :

Nous pouvons diviser le cycle menstruel en 5 périodes :

• Jour 1 à 7 (phase folliculaire) : c’est la période des menstruations. En médecine chinoise, c’est la phase du sang
(xuè 血) puisqu’il y a évacuation du sang (xuè 血). L’action du cœur (xīn 心) de propulser le sang (xuè 血) et du
foie (gān 肝) de gouverner la libre circulation et le dégagement est primordiale.

A ce stade de nombreux troubles peuvent arriver :

 Menstruations retardées,

 Menstruations avancées,

 Ménorragie,

 Aménorrhée,

 Dysménorrhée…

De nombreux syndromes en médecine chinoise peuvent expliquer ces troubles, notamment :

 Syndrome de vide de sang (xuè xū zhèng 血虚证),

 Syndrome de stases de sang (xuè yū zhèng 血瘀证),

 Syndrome de chaleur du sang (xuè ré zhèng 血热),

 Syndrome de froid du sang (xuè hán zhèng 血寒证),

 Syndrome de surpression de qì du foie (gān qì yù zhèng 肝气郁证),

 Syndrome de la rate ne rassemblant pas le sang (pí bù tǒng xuè zhèng 脾不统血证),

 Syndrome de vide de yīn des reins (shèn yīn xū zhèng 肾阴虚证),

 Syndrome d’insuffisance du jīng des reins (shèn jīng bù zú zhèng 肾精不足证),

 Syndrome du qìdes reins pas affermi (shèn qì bú gù zhèng 肾气不固证),


 Syndrome d’affaiblissement de chōng mài (冲脉) et rèn mài (任脉) (chōng rèn xū shuāi zhèng 冲任
虚衰证),

 Syndrome de chōng mài (冲脉) et de rèn mài (任脉) non-affermis (chōng rèn bù gù zhèng 冲任不固
证)…

• Jour 7 à 14 (phase folliculaire) : c’est la période qui démarre de la fin des règles jusqu’à l’ovulation. C’est la
période pré-ovulatoire. En médecine chinoise, elle correspond à une phase yīn ( 阴), le corps reconstitue du sang
(xuè 血) neuf, le jīng (精) est sollicité. Le yīn (阴) des reins (shèn 肾) doit permettre la production de tiān guǐ (天
癸), qui à son tour permet la production de sang (xuè 血) afin de nourrir l’utérus. L’action de la rate (pí 脾) est
également importante.

A ce stade, il est donc important que le sang (xuè 血) et/ ou le yīn (阴) soit suffisants. Nous retrouverons donc des
syndromes en lien avec l’affaiblissement de ces substances :

 Syndrome de vide de qì de la rate (pí qì xū zhèng 脾气虚证),

 Syndrome de vide de sang (xuè xūzhèng 血虚证),

 Syndrome de vide de yīn des reins (shèn yīn xū zhèng 肾阴虚证)...

• Aux alentours du 14ème jour : c’est l’ovulation. Elle peut durer plus d’un jour bien évidemment. À ce stade, de
nombreux mécanismes entrent en scène afin de permettre l’ovulation. Il y a une augmentation du yuán qì ( 元气)
pour permettre les transformations. Le yīn ( 阴 ) originel doit être suffisant pour servir de support à cette
transformation. Le yáng (阳) originel, donc le feu ministre (xiāng huǒ 相火) doit être suffisant pour permettre la
libération de l’ovocyte. Et enfin, il faut qu’à ce moment précis, le qì (气) et le sang (xuè 血) circule correctement
grâce à la fonction de libre circulation et dégagement du foie (gān 肝).

Dans la mesure où il y a un jeu complexe faisant intervenir de nombreuses structures, les syndromes peuvent, là
encore, être multiples.

• Jour 14 à 21 (phase lutéale) : c’est la période ovulatoire et post-ovulatoire. En médecine chinoise, c’est la phase
yáng (阳). Cette phase yáng (阳) permet de faire mûrir et de libérer l’ovule. C’est à cette période qu’il y a une
légère élévation de la température corporelle.

Ici, il est surtout à craindre une insuffisance du feu ministre (xiāng huǒ 相火) et donc un syndrome de vide du yáng
des reins (shèn yáng xū zhèng 肾阳虚证).

• Jour 21 à 28 (phase lutéale) : c’est la période prémenstruelle. En médecine chinoise, c’est la phase du qì (气). Le
qì ( 气 ) permet ici soit d’organiser le développement de la nidation, de la grossesse ou de permettre les
menstruations.

Deux organes jouent un rôle fondamental : foie (gān 肝) et rate (pí 脾). Nous retrouverons donc fréquemment :

 Syndrome de surpression de qì du foie (gān qì yù zhèng 肝气郁证),

 Syndrome de vide de qì de la rate (pí qì xū zhèng 脾气虚证).


Il est évident que de nombreux autres syndromes existent. La médecine chinoise (zhōng yī 中醫) étant très riche et
très vaste, de nombreuses possibilités d’accompagnement existent.

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