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Initiation à la phytothérapie
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Note de l’auteur
Herboriste depuis 10 ans, l’expérience acquise m’a donné une connaissance plus
approfondie des plantes.
Ma recherche reste assidue et me permet d’acquérir des compétences plus
pointilleuses.
Pourquoi ce vif intérêt ?
C’est au cours d’une brocante que je découvre un ouvrage ancien1 traitant de
remèdes naturels. J’ai suivi et appliqué certains des conseils proposés : je fus
convaincue.
Cette découverte ainsi que la passion que voue mon mari à l’aromathérapie, furent
à l’origine de ma formation en herboristerie. Par la suite, elle s’est enrichie de
savoirs en aromathérapie auprès de Dominique Baudoux, en Phyto-aromathérapie
chez Hyppocratus en France et en gemmothérapie. Les approfondissements en
élixirs floraux de Bach, de Deva et les Californiens complètent ce parcours.
L’évolution de la phytothérapie prouve que la recherche est incessante en
questionnement.
Fin 2013, j’ai suspendu l’exercice d’herboriste pour poursuivre une formation de
naturopathe.
Mon intention est d’aborder ce livre avec beaucoup de simplicité ; j’y évoquerai
brièvement les principales branches de la phyto-aromathérapie, afin que le lecteur
intéressé, puisse parfaire leurs connaissances vers des traités plus larges
d’informations.
Chacun des domaines abordés dans ce livre ont fait l’objet d’ateliers présentés à tout
public, au cours de ma pratique.
Je proposerai des formulations pour chacune de ces disciplines, et ce
1
La Médication naturelle Traité populaire sous forme de dictionnaire pratique par F.E.BILZ Dr.
W.WOL FF, Dr GEHRMANN. Début 1900
Photo de couverture : Echinacée – Echinacea angustifolia
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volontairement, avec un minimum de plantes, indigènes autant que possible.
Bon nombre d’entre elles représentent l’aboutissement ou le fruit de conseils
donnés à plusieurs personnes tout au long de ces années de pratique.
Je me devais de partager cela avec vous.
Ce manuel clôt ainsi une partie de ce premier cheminement au travers de la nature.
Puisse ce livre vous éclairer et vous aider dans vos choix.
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Introduction
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médicinales ainsi que leurs vertus, leurs applications thérapeutiques, leurs contre-
indications et interactions possibles avec les médicaments. Sa tâche consiste à les
conseiller et à les préparer. On parle là, souvent « de remèdes de bonne femme ». Il
les présentait sous forme de baumes, crèmes, élixirs, huiles médicinales, huiles
essentielles, liqueurs, sirops, teintures, tisanes, vins médicinaux.
Tel était le rôle de l’herboriste, ce n’est plus le cas de nos jours !
En effet, sous le régime de Vichy, en 1941, le droit d’exercer leur pratique fut retiré.
Rappelons que le métier d’herboriste est apparu en Europe au XIVe siècle.
Cependant, de tout temps, il a existé parfois sous d’autres appellations.
Depuis plus de 2000 ans, se soigner par les plantes a laissé de nombreuses traces.
Leurs usages centenaires nous ont prouvé leurs propriétés et leurs toxicités.
Les récentes découvertes certifient de plus en plus leurs bienfaits et leur fiabilité.
Les effets secondaires néfastes de certains médicaments, mais surtout l’abus de
ceux-ci, ont largement contribué au renouveau de la phytothérapie.
Soulignons que la médecine allopathique se base aussi sur les principes actifs de
certaines plantes.
Voici quelques exemples de plantes dont les principes actifs sont utilisés en
allopathie
La morphine est extraite de l’opium.
La quinine provient du quinquina.
La taxotère et la vincristine sont issues de l’if et de la pervenche de Madagascar.
L’aspirine découle du saule blanc et de la reine-des-prés.
On répertorie plus de 400 000 espèces de plantes à travers le monde.
Autant que possible, nous nous intéresserons aux plantes indigènes. Les propriétés
médicinales sont aussi intéressantes que celles des plantes exotiques souvent plus
coûteuses. Les principes actifs de ces dernières sont souvent altérés par les
conditions de transports et falsifiées parfois par des gens cupides.
Restez vigilant lors de vos choix !
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Origines
Les plantes médicinales appelées « les simples », sont la plus ancienne forme de
médecine.
Connues depuis la nuit des temps et utilisées à des fins multiples, leurs origines et
leurs usages sont étendus.
À la Préhistoire, l’homme vivait proche de la nature. Sa perception sensorielle était
plus développée que la nôtre.
1550 av. J.-C., les papyrus Ebers en Egypte soulignent notamment les bienfaits de la
coriandre, du fenouil, du genévrier et du thym.
1000 av. J.-C., la Chine détient une riche pharmacopée qui nous démontre l’intérêt
des 5 éléments : le bois, l’eau, le feu, la terre et l’air.
800 av. J.-C., l’Ayurveda en Inde préconise les plantes associées à un régime
alimentaire et à une philosophie de vie.
460-377 av. J.-C., Hippocrate précurseur de la médecine holistique, recommandait
plus de 230 plantes, entre autres l’ail, la camomille, la sarriette, la jusquiame, l’hysope.
En 23-79, Pline l’Ancien, dans son « Histoire naturelle » en 37 tomes, compose la
« Théorie des signatures » qui représente les principales sources de connaissance de
l’Antiquité. L’origine de cette théorie trouve sa source en Grèce antique.
En 40-90, Dioscoride, pharmacologue et botaniste grec, dans « De materiæ medica »
recueille les propriétés d’environ 500 plantes reconnues encore aujourd’hui.
D’après Pline et Dioscoride, les Gaulois utilisaient déjà plus de 150 plantes, entre
autres le gui (sacré et vénéré), la chélidoine, la jusquiame, le lierre.
En 131-201, Galien, médecin grec, à qui nous devons la galénique, développe une
théorie fort intéressante sur base des écrits d’Hippocrate.
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À savoir
À savoir
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l’Aspirine© : la salyciline chez le saule et l’acide salicylique chez la reine-des-prés.
– La tige de prêle rappelle la colonne vertébrale.
Selon « la théorie des signatures » elle est considérée comme efficace pour la
reminéralisation et le mal de dos qui s’ensuit.
Mais cette théorie reste incertaine.
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Les plantes et critères de qualité
Nos ancêtres tenaient compte des rythmes et des éléments de la terre. C’est
aujourd’hui la biodynamique, agriculture garantissant la santé du sol et donc des
plantes qui y puisent leur force.
La biodynamique met l’accent sur les rythmes de la nature, de l’influence des astres
et des cycles lunaires.
Ils dépendent de nombreux facteurs notamment :
– du biotope :
Le pays, le climat, la composition du sol, l’altitude, l’environnement végétal
interviennent dans l’évolution de la plante.
– de la récolte, du mode et du temps d’extraction :
Ces processus sont minutieusement respectés, sous peine de ne pas conserver tous
les principes actifs recherchés.
– de la composition chimique :
Une classification botanique et biochimique désigne les molécules de la plante qui
énumère ainsi leurs propriétés.
Les anthraquinones
Existent à l’état naturel dans certaines plantes comme le séné, la racine de rhubarbe,
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l’aloès. Ils sont fortement déconseillés aux femmes enceintes, car ils provoquent des
contractions.
Action principale : laxatives.
Les antibiotiques
Substances chimiques qui protègent les plantes des bactéries.
On en trouve dans l’ail des ours, la bardane, la busserole, le chardon bénit, l’échinacée,
la sarriette des montagnes…
Action principale : bactéricides.
Les flavonoïdes
Présents à l’état naturel dans l’arnica, le cacao, le chardon marie, l’achillée,
l’aubépine, le millepertuis, le sureau, la prêle des champs, le tournesol…
Actions principales : veino-protectrices, antioxydants.
Les coumarines
Puissants antioxydants, elles diminuent la perméabilité des vaisseaux capillaires et
elles renforcent leur résistance (le marron d’Inde).
D’autres coumarines (aspérule odorante, angélique) stimulent les sécrétions
digestives.
Attention : les coumarines sont photosensibilisantes.
Actions principales : anti-œdémateuses, anticoagulants, antioxydants.
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En usage externe, ils combattent les abcès et les furoncles, favorisent la suppuration.
Ils sont présents dans les racines et les feuilles de la guimauve dans les graines de
lin, dans les bouillons blancs, la bourrache, le fenugrec, la mauve, le plantain…
Actions principales : émollientes, béchiques.
L’acide salicylique
Précurseur naturel de l’Aspirine©. On le retrouve dans la reine-des-prés, l’écorce
de saule…
Actions principales : analgésiques, antiseptiques, anti-inflammatoires.
L’arbutine
On la retrouve dans la bruyère, la busserole…
Actions principales : anti-inflammatoires, diurétiques.
Les saponines
Ce sont des hétérosides naturels solubles dans l’eau ou dans l’alcool.
On les retrouve dans le bouillon blanc, la pensée sauvage, la primevère officinale,
l’avoine, la saponaire, la réglisse…
Actions principales : émulsionnantes, purifiantes.
Les tanins
Ce sont des substances polyphénoliques, très répandues. On les retrouve dans les
racines, écorces ou fruits.
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Les feuilles de thé contiennent 2 sortes de tanins : les polyphénols oxydés et les
polyphénols naturels présents dans tous les thés. Les autres plantes à tanins sont
aubépine, cyprès, pin, l’aigremoine, l’alchémille, la benoîte, le lamier blanc, la
myrtille, les potentilles…
En externe, ils constituent un excellent remède pour les plaies et les engelures.
Actions : anti-inflammatoires, antiseptiques, astringents.
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Lexique
Alcool, Alcoolat
Le mot alcool venant de l’arabe apparaît dans la langue romane au XIIIème siècle.
Avant cette période, on utilisait les vins médicinaux ou les vinaigres. L’alcool
possède un fort pouvoir d’extraction des principes actifs de la plante.
L’alcoolat résulte de la distillation de macération de plantes fraîches ou sèches dans
de l’alcool (60-90°).
Algue
Plantes marines, les algues sont utilisées en cataplasmes ou en compléments
alimentaires. En thalassothérapie, on les applique en enveloppement. En
herboristerie, les plus usuelles sont la laminaire, le fucus, le lithothamne, la spiruline
et la chlorella.
Argile
Produit d’usage très ancien, l’argile est une roche hydrophile formée par plusieurs
années de sédimentation. Leurs propriétés thérapeutiques sont multiples. Utilisées
tant en interne qu’en externe, elles sont riches en oligo-éléments et en sels
minéraux.
Baume (onguent)
Onguent de consistance molle voire liquide, il est très utilisé en herboristerie.
On considère aussi comme baume les substances naturelles résineuses tels le baume
du Pérou, le baume du Tolu ou encore celui du copahier.
Le baume d’Italie ou le baume du commandeur se présentent sous forme de
préparations alcooliques liquides. Les baumes s’appliquent en onctions et en
frictions.
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Cataplasme
Application locale de plantes fraîches ou sèches, broyées pour calmer les douleurs
ou inflammations diverses. De la poudre d’argile peut être utilisée.
Cérat
Mélange à base de cire et d’huile auquel on ajoute des hydrolats (ou eau distillée),
et souvent des principes actifs sous forme d’extraits, d’essences ou encore de
poudres.
Gélules
De poudre totale, elles peuvent être obtenues par :
– cryobroyage, c’est-à-dire en pulvérisant la partie active de la plante sèche puis en
la broyant à froid sous azote liquide à -196°.
– broyage classique, réduite en poudre, elle représente « l’intégralité » de la plante.
Nous parlons là du « Totum » de la plante. L’enrobage est de gélatine végétale ou
animale.
Il existe des gélules d’extraits secs ou fluides obtenus :
– en traitant la plante dans une solution vaporisable (éther, eau, alcool,…) Ensuite
ces solutions sont évaporées jusqu’à obtention d’une consistance fluide, molle ou
sèche.
Pour l’obtention de l’extrait sec, on utilise comme solvant : de l’eau et de l’alcool.
Par conséquent, le nébulisât obtenu ne contiendra, que les principes actifs solubles
dans ce solvant. Il faudra en tenir compte.
Leur composition diffère donc de celle des tisanes traditionnelles (qui ne
contiennent que les substances hydrosolubles de la plante).
Pour certaines personnes, la gélule d’enrobage végétale est préférable à la gélatine
(animale) plus lourde à digérer.
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Toutes les plantes ne permettent pas une expression. Dans ce cas, une macération
de ses fruits ou de ses fleurs donnera un macérât huileux.
Huile essentielle
Les huiles essentielles sont des extraits liquides très complexes obtenus par
distillation de plantes aromatiques à la vapeur d’eau.
Hydrolat
Lors de la distillation par entraînement à la vapeur d’eau des fleurs, feuilles ou
rameaux des plantes, on obtient d’une part l’eau aromatisée, c’est-à-dire l’hydrolat
et d’autre part, l’huile essentielle qui surnage l’eau.
Lotion
Solution aqueuse de plantes parfois légèrement alcoolisée ou vinaigrée, destinée à
être appliquée sur la peau ou les muqueuses. Se dit également parfois d’un lait.
Macérât de bourgeons
La gemmothérapie utilise l’énergie des bourgeons, des radicelles et des jeunes
pousses. La macération s’opère dans l’eau, la glycérine végétale et l’alcool.
La ruche
Son usage médicinal remonte à la plus haute Antiquité. Hippocrate, médecin grec
et philosophe, considérait déjà le venin d’abeille comme idéal pour traiter les
rhumatismes. Aujourd’hui, les produits de la ruche tels le pollen, la propolis, la gelée
royale ainsi que le miel sont hautement recommandés.
Pommade
Préparation molle contenant des excipients ordinaires, poudre de plantes, extraits,
plantes fraîches, huiles essentielles.
Teinture mère
Préparation liquide résultant de la macération d’une ou de plusieurs plantes
fraîches le plus souvent ou sèches dans de l’alcool (40°-90°). La plupart sont
élaborées au 1/10.
Tisane
Boisson résultant d’une infusion ou d’une décoction qui, selon la plante sera à base
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d’écorces, de feuilles, de fleurs, de fruits, de racines ou encore de semences de
plantes et d’eau. On n’y retrouve en principe, que les substances hydrosolubles de
la plante.
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En pratique
Il convient de connaître l’anatomie des plantes afin de bien les récolter et de s’en
servir.
En phytothérapie, on utilise plusieurs parties de la plante notamment :
1. la partie souterraine de la plante :
– la racine, le tubercule ou le rhizome
2. les parties aériennes :
– les tiges, les feuilles, les bourgeons ou les fleurs.
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