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REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE ET

POPULAIRE
Université Hassiba Benbouali de Chlef
Département de médecine
Enseignement pédagogique de la première année

Santé, société et humanité


Année universitaire 2023/2024

Histoire de la médecine :
Art ou science?
I-La médecine à travers les âges et les
continents
Dr Amina MEKERBA
La Leçon d'anatomie du docteur Tulp Par Rambrandt (1632)
Plan de la question
1. Pourquoi une histoire de la médecine.
2. Ancienneté de la médecine.
3. La médecine magique ou primitive.
4. La médecine ancienne ou archaïque.
5. La médecine au moyen âge.
6. La médecine arabo islamique.
7. Le moyen âge en Europe.
8. La renaissance ( XVIème, XVIIème , XVIIIème siècles).
9. La médecine pré moderne : du XIXe siècle.
10. La médecine du XXème siècle.
11. Quelle médecine pour le XXIème siècle?
12. Conclusion.
Pourquoi une histoire de la médecine ?
Pourquoi une histoire de la médecine

• Il peut sembler désuet, voire superflu, de porter encor quel qu'intérêt à l'Histoire de la Médecine

• Cette étude peut apparaître comme désuète en un temps où la médecine devient de plus en scientifique, où les

sciences fondamentales prennent une importance croissante, où l'on tend á croire de plus en plus á une solution

apportée aux problèmes par de nouvelles technologies.


• superflue dans la mesure où le médecin d'aujourd'hui n'a plus le temps d'encombrer son savoir d'inquiétudes sur
le passé de la médecine et sur son devenir.

• peut aussi apparaître vaine par la difficulté qui semble exister a priori á concilier l'Histoire et la Médecine.

• Pourtant, à y regarder d'un peu plus près, chacune d'entre elles s'enrichit de l'autre et il importe d'emblée, avant

toute chose, de s'interroger sur le rapprochement de ces deux termes : Histoire et Médecine.
• Médecine et Histoire ont des caractères communs et se rejoignent en
plusieurs points.
• Elles s'édifient toutes les deux sur des connaissances objectives, mais
pour participer á la fois de la science et de l'art.
• De plus, chacune d'entre elles a une influence sur l'autre.
• II est utile de rappeler
 qu'un art est le fruit d'actes individuels privilégiés á la mesure du
talent, de l'habileté et de l'intuition de ceux qui l'exercent.
 Une science, au contraire, est un ensemble de connaissances
exactes et approfondies, résultant d'observations et d'expériences
précises et portant sur un objet dont l’interet apparait général et
universel.

• L’intérêt de l’histoire de la médecine est de tirer des « leçons de


l’histoire », celle des erreurs du passé.
« Ceux qui ne peuvent connaitre le passé,
se condamnent à le répéter avec ses
erreurs ».
Ancienneté de la médecine
• La pratique médicale existe depuis toujours, bien que
l’on ait peu de traces des connaissances médicales des
hommes de la préhistoire, on a retrouvé des crânes de
cette époque portant des marques de trépanation.
• Pendant des millénaires, la médecine s'est identifiée
partout à des pratiques magiques et religieuses.
• Les techniques médicales se limitaient à la
thérapeutique par les plantes et à quelques opérations
chirurgicales simples et la réduction des fractures.
• La médecine commence à
apparaitre vers la fin de la
préhistoire, à l'âge de bronze.
• Elle nait dans les pays où naissent
l’agriculture et l’écriture, au
Moyen-Orient.
• Des civilisations de l’Antiquité (la Mésopotamie,
l’Egypte pharaonique, la Chine et l’Inde) nous
proviennent les plus anciens textes médicaux connus.
• Elle se rencontre aussi également sur tous les
continents, dite « traditionnelle », elle est toujours
pratiquée par de nombreuses cultures (Afrique, Asie).

Code de Hammurabi 1750 av. J.-C


La médecine magique ou primitive
• Première forme de médecine qui a existé chez l’homme.
• La mentalité de l’homme primitif ne se limite pas au monde
rationnel, son domaine de pensée est le surnaturel (bons et
mauvais esprits, démons, fantômes…)
• La période primitive de l’histoire de la médecine est obscure,
pour eux, les maladies viennent du monde surnaturel.
• S’il tombe malade, l’homme primitif pensera à l’attaque par
un mauvais esprit qui veut lui nuire ou se venger.
• En matière de traitement, les guérisseurs rentrent en contact
avec les forces malfaisantes pour apprendre ce qui s’est
passé et ce qu’il faut faire.
La médecine ancienne ou archaïque
• La préhistoire est suivie par le temps des grandes
civilisations, qui ont vu une nouvelle forme de
médecine succéder à la médecine primitive et magique,
c’est la médecine archaïque, qui est apparue 3000
avant J-C.
• Avec le développement du commerce, les hommes
créent peu à peu le calcul puis l’écriture qui va
permettre de transmettre le savoir d’une génération à
une autre.
• Les médecins archaïques ont des conceptions erronées
de l’anatomie et de la physiologie.
1. La médecine dans l’Amérique
précolombienne :
- Les hommes pensaient qu’il existait une harmonie et un
équilibre entre l’homme, la nature et les dieux et avaient le
souci de manger une nourriture saine et variée.
- La culture MAYA: la médecine était pratiquée par l’élite
religieuse. Les Mayas savaient suturer les plaies à l’aide de
cheveux humains et réduire les fractures. Ils concoctaient des
remèdes qui pouvaient être ingérés, fumés ou appliqués sur la
peau.
- Les Incas avaient une très bonne connaissance de l’anatomie
grâce aux sacrifices humains. Ils pratiquaient l’amputation,
avec une lame en obsidienne après anesthésie du muscle grâce
à des feuilles de coca et d’autres plantes.
2. La médecine dans la Mésopotamie :
- Remonte à 2250 avant J-C.
- Les tablettes de cette époque constituent les premiers
documents médicaux connus de l’humanité.
-La plupart des maladies était l’effet de puissances
hostiles et étaient traitées par la magie.
-dès le 1er millénaire avant J-C, des traitements naturels
et plus rationnels remplacent la magie : matières
végétales, minérales, macération dans l’huile…

Tablette de Ninive prescrivant des remèdes de type médical


(cataplasmes) et magiques (réalisation d'amulettes) pour
guérir des jeunes enfants. v. 650 av. J.-C
3. la médecine dans l’Egypte antique:
• La médecine était la plus populaire de toutes les disciplines
scientifiques de l’Egypte ancienne; son exercice s’étendait sur plus de
5000 ans. Imhotep : est considéré comme le fondateur de la médecine
égyptienne et l'auteur d'un traité médical, le papyrus Ebers. Il a lancé la
première révolution médicale: la maladie n’est pas quelque chose à
traiter par la magie, mais par la science.
• Les médecins appartenaient à la classe des prêtres. Les papyrus
renferment beaucoup de description de maladies : anémie, diarrhée,
hémorroïdes, certaines tumeurs, incontinence urinaire…
• Les médecins appliquaient des pansements, ouvraient les tumeurs,
pratiquaient la circoncision.
• Ils s’occupaient aussi de l’hygiène et la diététique. L’idée que les
maladies sont la conséquence du mauvais fonctionnement des organes
se trouve dans les traités d’Ywti.

papyrus Ebers
4. La médecine indienne:
• C’est une ancienne médecine basée sur le Veda,
ensemble de textes sacrés de l’inde antique. Elle
suppose que l’être humain est composé de 7 principaux
éléments(le sang, la chair, le gras, l’os, la moelle, le
chyle et le sperme) et des 5 éléments (la terre, l’eau, le
feu, l’air et l’espace).
• Les principaux remèdes sont des préparations aux
formules parfois très complexes. Le meilleur hommage
rendu au système indien émane d’Avicenne.
• Comme les Grecs, les Indiens ont localisé la pensée
non dans l’encéphale mais dans les cavités cardiaques.
5. la médecine
traditionnelle chinoise:
C’est une des plus anciennes médecines du monde (vieille
de 4000 ans).
Basée sur l’utilisation de plantes médicinales et de
l’acupuncture.
C’est aussi une médecine de prévention, elle se compose
de 5 disciplines : la pharmacopée, le massage, la
diététique, l’acupuncture et la moxibustion.
5. la médecine traditionnelle chinoise:
L'utilisation des moisissures pour traiter des
infections est connue, dans l'ancienne Chine, faire
régresser des panaris à l'aide de peaux de fruits
moisis.
L'efficacité de ce traitement vient de ce que
certaines moisissures, dont Penicillium, produisent
des antibiotiques.
Néanmoins, on ne pouvait alors ni distinguer, ni
isoler, ni produire la substance active
6. La médecine grecque hippocratique:
• Elle est apparue au Ve siècle avant J-C, à l’époque des
premières écoles dont la plus célèbre est l’école
Hippocratique.
• Le plus influent médecin et philosophe de cette époque
est Hippocrate (450-377 av. J.C). Hippocrate est
considéré, dans le monde occidental comme le « père
de la médecine », le fondateur du savoir médical.
7. Galien et la médecine galénique:

• Galien (129-210), grec né à Pergame, deviendra médecin et partira à


Rome.
• Héritier spirituel d’Hippocrate. un des fondateurs des grands principes
de base sur lesquels repose la médecine occidentale5. Il a donné la
priorité à l'observation anatomique et a cherché à établir des
hypothèses sur les processus physiologiques en procédant à des
expérimentations sur les animaux6.

• Son œuvre fut d'abord en grande partie oubliée en Europe occidentale


jusqu’au XIe siècle. Transmise à Byzance et dans le monde musulman,
elle reviendra en Europe d'abord à partir de traductions de l'arabe en
latin puis, à partir de la Renaissance, des sources grecques d'origine

• Il pratiquait la dissection sur de gros animaux (porcs, singes) et en


soignant les gladiateurs (anatomie).
V. LA MEDECINE AU MOYEN AGE :
• La médecine Byzantine (330 -1453) est issue en grande
partie des connaissances de la Grèce et la Rome
antique.
• Dès l’apparition du christianisme, il y a eu modification
du mode de vie de l’homme.
• Introduction des soins infirmiers dans les hôpitaux, les
mesures d’hygiène publique, la rédaction de manuels.
• Elle commence à se développer à partir du VIIIème
VI. LA MEDECINE siècle dans la partie orientale du monde arabo-
ARABO- musulman (Irak, Syrie, Palestine, Iran, Egypte).

ISLAMIQUE : • Les 3 grandes phases de la médecine arabo-


musulmane:
1ère phase: traduction (VII – VIIIe siècle): connue par la fièvre de la traduction
• toute la médecine Hippocratique, Galénique et
Byzantine était accessible en arabe à la fin du IX e grâce
à la révolution du papier.

Samarcande devint le tout premier centre de production


du monde musulman. La fabrication fut améliorée en
incorporant à sa préparation des chiffons. La révolution
du papier catalysa ainsi l'« âge d'or islamique ».

Kitab Al-Tasrif de El Zahrawi


2ème phase: innovation (IX- XIIème siècle):

• La médecine écrite: c’est la phase de l’apogée de la science


arabe, elle se caractérise par la naissance des premiers
grands médecins pionniers d’expression arabe.
• La médecine enseignante: les jeunes médecins étaient
instruits lors de conférences publiques faites dans les salles
de malades et les amphithéâtres des hôpitaux.
• La médecine diplômante : l’autorisation d’exercer la
médecine « Al Ijaza » n’est délivrée aux futurs médecins
dans les grandes villes (Bagdad, Damas, Le Caire, Kairouan…)
qu’après succès à un examen formel.
• Cette médecine s’est illustrée au travers de praticiens
célèbres: IBN ISHAQ (806-877), AL-RAZI (854- 935), IBN SINA
(980- 1037), IBN AN NAFIS (1213- 1288), AL KAIRAOUANI
(925-1000), IBN RUSHD (1126-1198), IBN BAYTAR (1197-
1248), Abderezak Ibn Hamadouch Al Djazairi (1695- 1791). IBN SINA (980- 1037)
Ibn Zohr
• Son travail se situe dans la lignée d'Hippocrate et de Galien, mais il s'en démarque par son
goût pour la pratique et l'expérimentation :
1. Il a été le premier à réaliser des expérimentations sur les animaux avant de les appliquer aux
hommes.
2. Il a été le premier à faire une description détaillée de la trachéotomie en observant les effets
expérimentaux sur une chèvre. Il a eu l'idée de nourrir les malades présentant une paralysie
du pharynx ou une dysphagie irréversible, par sonde trachéale ou rectale.
3. Traite de manière pertinente et décrit pour la première fois les épanchements péricardiques,
les abcès du péricarde, les tumeurs médiastinales ainsi que les inflammations de l'oreille
moyenne.
4. Comme clinicien, il a fait des descriptions cliniques de tuberculose intestinale,
5. Il a concentré ses efforts sur la prophylaxie et la thérapeutique et s'est intéressé aux affections
cérébrales. Il a écrit l'un des meilleurs traités de médecine clinique arabe, il renferme des
études pertinentes sur les maladies du cerveau et du système nerveux central, en particulier
sur les comas, l'apoplexie, les convulsions, les épilepsies, les tremblements, la migraine, l'
hémiplégie, l'hydrocéphalie voire les états de démence et la catatonie.
6. Il décrit également le traitement des luxations de vertèbres cervicales.
La 3ème phase
• Amorce d’un processus de déclin de l’activité
scientifique : c’est celle de la décadence, qui s’amorce
au XIIIème siècle.
VII. LE MOYEN AGE EN EUROPE :
• Durant cette période (V- XI e siècles), la connaissance et la
pratique de la médecine sont essentiellement dévolues aux
moines.
• Au XIIème siècle, la traduction du Canon d’Avicenne, influence
également l’hygiène : nourriture, exercice, air, méditation.
• La médecine devient une discipline intellectuelle avec une
double approche théorique et pratique.
• L’Europe devient le pôle intellectuel majeur de la méditerranée.
L’enseignement se fonde essentiellement sur les sources
antiques et arabes (Hippocrate, Galien, Avicenne en particulier).
• À partir du XIIème siècle, toute une série d’université se crée en
Europe : Italie, Espagne, France, Angleterre, Portugal.
• Ensuite apparait la chirurgie ; les chirurgiens insistent sur
l’importance d’une bonne connaissance de l’anatomie
VIII. LA RENAISSANCE (XVI, XVII,
XVIIIème siècle en Europe) :
• Cette période baptisée « Renaissance » correspond à un
enthousiasme pour la valeur et le savoir.
• La découverte de l’imprimerie va entrainer une
révolution dans la diffusion des connaissances. En 1543,
André Vésale (1514-1564), premier véritable anatomiste,
procède à une dissection publique.
• Il remet en cause 200 erreurs de Galien. L’enseignement
de la médecine fait directement au lit du malade fut une
des grandes innovations pédagogiques du XVIIIème
siècle.
• Les premiers microscopes, sont réalisés aux Pays-Bas à la
fin du XVIème siècle. Découverte de la vaccination: fin du
XVIIIème siècle
IX. LA MEDECINE PREMODERNE DU
XIXe SIECLE :
• - Naissance de la théorie anatomo-clinique qui prétend
expliquer toute manifestation pathologique par au
moins une lésion organique.
• René Laennec (1781- 1826) invente le stéthoscope.
• Robert Koch (1843- 1910) découvre le bacille de la
tuberculose (1882) et du choléra (1883).
• Louis Pasteur (1822- 1895) a mis en évidence le rôle
des micro-organismes comme agents infectieux.
• - Fin du XIXème siècle : Découvertes biologiques,
techniques, pharmaceutiques, les rayons X,
l’électrocardiogramme, les antibiotiques, les greffes
d’organes, la chimiothérapie…
IX. LA MEDECINE PREMODERNE DU
XIXe SIECLE :
• - Fin du XIXème siècle :
• Découvertes biologiques, techniques,
pharmaceutiques, les rayons X, l’électrocardiogramme,
les antibiotiques, les greffes d’organes, la
chimiothérapie…

Wilhelm Röntgen
X. LA MEDECINE DU XXe SIECLE :
• Médecine rationnelle et efficace.
• Les antibiotiques ont transformé le destin des
hommes : la syphilis, la tuberculose, les septicémies ne
sont plus des maladies fatales.

• Decouverte de la penicilline : un cas emblématique de


découverte faite par sérendipité.

sir alexander flemming


X. LA MEDECINE DU XXe SIECLE :
• Progrès de la chirurgie du cœur
( Christiaan Bernard), des poumons,
du cerveau… traitement des cancers.

• 03 decembre 1967 premiere greffe du


cœur
X. LA MEDECINE DU XXe SIECLE :
• Découverte en 1900 par Karl Landsteiner du
système de groupes sanguins ABO qui permet
les transfusions sanguines.
X. LA
MEDECINE DU
XXe SIECLE :

• Jean Dausset découvre en


1955 le système de
groupe tissulaire HLA qui
permet les greffes
d’organes.
XI. QUELLE MEDECINE POUR LE XXIe
SIECLE ?
• Essor de la génétique, des soins, de la production de
médicaments, de vaccins, des technologies.

• Nouvelles technologies : interventions chirurgicales par


robot interposé.
XI. QUELLE MEDECINE POUR LE XXIe
SIECLE ?
• Le traitement à base de cellules souches
Conclusion
 Evolution constante de la médecine
 Intérêt de connaitre et revenir à nos prédécesseurs
 L’intérêt de l’histoire de la médecine est de tirer des « leçons de l’histoire », celle des
erreurs du passé pour améliorer le futur et contribuer à prolonger l'espérance de vie de
nos patients.

Art qui fait évoluer la science

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