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MALADIE SACRÉE, MALADIE UNIQUE :

HIPPOCRATE NEUROPSYCHIATRE

Hippocrate fut médecin et philosophe dialecticien, et en tant que tel il a brillé dans la
médecine et dans les trois champs classiques de la philosophie : la logique, la physi-
que et l’éthique (son serment est le premier document avant la lettre de l’histoire).
Platon dans le Phèdre 1 soixante ans après, se réfère à la méthode d’Hippocrate
comme l’alethés logos (la raison véritable, le discours de la vérité), il formule théori-
quement la méthode et il l’appelle dialectique. Il l’exemplifie avec le sujet central de la
psychiatrie : celui de la division, de la classification et de l’énumération des folies 2,
dans les deux mouvements opposés en zigzag d’Hippocrate, similitudes et différences,
qu’il appellera diairesis (analyse) et sinagogé (synthèse). Cette dialectique entre folie
et philosophie n’a pas cessé d’insister tout au long des siècles. Cela ne doit pas surpren-
dre que la maladie sacrée, la Peri ieres nousos, constitue un des sujets sur lesquels les
philosophes retourneront sans cesse. Les psychiatres, par contre, l’ont fait beaucoup
moins, peut-être à cause de ce que nous croyons être une grande équivoque. En effet,
dans le champ de la médecine on a considéré depuis des siècles que la maladie sacrée
des Anciens se réfère exclusivement à l’épilepsie. Nous proposons dans ce travail une
hypothèse différente. L’expression Peri ieres nousos se réfère depuis ses origines à la
folie. Et, comme le proposait Henri Ey – pour qui l’étude de l’épilepsie constitue la clé
de voûte de la psychopathologie –, la Peri ieres nousos est la dénomination d’un genre,
une maladie unique qui réunit deux espèces, deux formes : l’épilepsie convulsive et la
folie.

La Peri ieres nousos et le traité d’Hippocrate


L’expression Peri ieres nousos apparaît pour la première fois dans le fragment 46 d’Héra-
clite (550-480 av. J.-C.) : « la maladie sacrée : la présomption », comprise comme
infatuation 3. De même, Hérodote (480-420 av. J.-C.) dans le livre III transcrit un com-
mentaire sur Cambises, fils de Cire, où il dit qu’il souffre d’une maladie héréditaire

1. Platon 1985, § 270 et particulièrement § 262, qui paraît retranscrire presque textuellement les mots du
livre VI des Épidémies.
2. Ibid., § 265-266.
3. Herakleitos 1957.

Psychiatries dans l’histoire, J. Arveiller (dir.), Caen, PUC, 2008, p. 99-112


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grave que certains appellent maladie sacrée, décrivant avec minutie ses actes de folie,
délires, perte du bon sens, tous les symptômes de folie, mais à aucun moment il n’évo-
que quelque chose qui puisse nous faire penser à l’épilepsie : ni spasmes, ni convul-
sions. Selon J. Jouanna, aux temps d’Hippocrate, le mot épilepsie (epi leptos) n’a pas
le sens d’une maladie spécifique, mais plutôt celui d’une attaque, d’une saisie, d’être
pris par le haut, et il peut s’employer à propos de toute maladie 4. Elle est très peu uti-
lisée dans le traité d’Hippocrate, La Maladie sacrée. Ce traité est un texte court de seu-
lement 22 pages 5. Il a sûrement été écrit par Hippocrate lui-même en dialecte ionien
(celui de la philosophie, de l’histoire et de la science), probablement dans le dernier
quart du ve siècle. (425-420 av. J.-C.). Hippocrate, comme tous les Grecs de cette période,
écrit presque sans signes de ponctuation. Toutes les divisions en sections, paragraphes
et paraphes avec lesquels on présente le texte aujourd’hui sont introduites plus tard
par les traducteurs. Dans ce travail, nous nous proposons de faire remarquer quelques
difficultés de la traduction et d’introduire une nouvelle manière de grouper le texte
hippocratique afin de mieux faire ressortir notre hypothèse : l’objet qu’étudie La Mala-
die sacrée est une maladie de l’encéphale en tant que genre, avec trois espèces : épilep-
sie, folie tranquille et folie agitée. C’est le premier exposé d’une maladie unique qui
réunit la manie, la mélancolie et l’épilepsie.

Un seul genre et trois espèces


Comme nous le savons, depuis des siècles on a considéré que le traité hippocratique
traitait exclusivement de l’épilepsie. La question de la traduction peut être incriminée
dans ce malentendu. Ainsi, nous pensons que Littré traduit Hippocrate parfois de façon
discutable : par exemple il traduit « épilepsie » là où Hippocrate écrit « ieres nousos »
(maladie sacrée), « nousema » (maladie), « apokteinai » (s’étourdir), « erakleies nousos »
(maladie d’Héraklès 6). Si nous énumérons les différentes expressions du texte, nous
voyons qu’il traite de l’épilepsie, mais aussi d’autres maladies : les maladies de l’encé-
phale (l’épilepsie et la folie), retrouvant ainsi le même champ de signification de l’ex-
pression utilisée depuis ses origines chez Héraclite, en passant par Platon, jusqu’à
Aristote. Avec Hippocrate, la notion de « maladie sacrée » recouvre un genre qui réu-
nit trois espèces (dans l’ordre de description) : l’épilepsie convulsive 7, et la folie, scin-
dée à son tour en folie agitée par effet de la bile chaude et folie tranquille par effet du

4. Hippocrate 2003.
5. Hippocrate 1840.
6. Dans sa tragédie Herakles mainomenos, Euripide (416 av. J.-C.) ne fait pas mention de spasmes ni de con-
vulsions, mais plutôt de délires et de passages à l’acte. Pigeaud se référant à Temkin pour qui il s’agit d’un
« dreamy state », avance l’hypothèse d’un état crépusculaire épileptique (Pigeaud 1981). Pour Hersant : « les
folies [d’Héraklès] oscillent entre la manie, l’épilepsie et la mélancolie », Hippocrate 1989. Nous trouvons
ici le genre « maladie sacrée » et ses trois espèces dans un seul et même personnage.
7. Les formes non convulsives ont été isolées dix siècles plus tard par Caelius Aurelianus au ve siècle, et étu-
diées seulement au xixe et xxe siècle.
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flegme froid. Cette unification de plusieurs formes en un seul genre représente le second
moment de la dialectique d’Hippocrate (« une concordance seule et unique ») et de
Platon (synthèse, sinagogé). Cette unification succède au premier mouvement dialec-
tique (diairesis, analyse) de la division en trois espèces.
Comment cela se retrouve-t-il dans le traité hippocratique ? Nous conservons les
divisions en paragraphes qu’a introduit É. Littré 8 dans le texte d’Hippocrate, et nous
proposons de les grouper en cinq sections bien distinctes pour mieux nous repérer
dans nos propos. Nous porterons une attention détaillée à la quatrième section, de
contenu spécifiquement psychologique, psychopathologique et psychiatrique. Mais
d’abord consacrons quelques mots aux autres sections.

Première section : une introduction générale


La première section (les paragraphes I et II de É. Littré), peut être considérée comme
une introduction générale au sujet. Elle s’ouvre avec une expression révolutionnaire
et fondatrice de la médecine scientifique :

Sur la maladie dite sacrée voici ce qu’il en est. Elle ne me paraît nullement plus divine
que les autres maladies ni plus sacrée, mais de même que toutes les autres maladies
ont une origine naturelle à partir de laquelle elles naissent, cette maladie a une origine
naturelle et une cause déclenchante 9.

Hippocrate nie que les dieux soient la cause de la maladie sacrée et il souligne
qu’elle obéit exclusivement à une origine naturelle. Plus loin, le texte se poursuit avec
la mention de symptômes qu’aujourd’hui nous caractérisons comme psychotiques.
Il décrit également des symptômes de l’épilepsie convulsive du type grand mal. Nous
remarquons une phrase particulière avec laquelle Hippocrate poursuit sa critique
contre ceux qui cherchent à attribuer chaque forme de l’affection à un dieu différent :
il affirme l’unité du genre tout en reconnaissant la pluralité des espèces, le tout et les
parties de la maladie sacrée.

Deuxième et troisième section : l’encéphale et l’épilepsie


La deuxième section (paragraphes III, IV, V et VI de É. Littré) débute en répétant que
l’encéphale 10 est le responsable de l’épilepsie convulsive, comme il l’est des « autres
maladies les plus graves ». Ici, il s’agit de l’anatomie de l’organe responsable de la

8. É. Littré a divisé le traité en 18 paragraphes et W. Jones en 21.


9. Joly 1964.
10. É. Littre traduit « cerveau » là où Hippocrate écrit ενκεφαλου. Nous préférons traduire « encéphale »
puisque Hippocrate ne différenciait pas d’organes indépendants dans le crâne (c’est Praxagore de Kos en
320 av. J.-C. qui distingue le cervelet).
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maladie sacrée : de l’encéphale et ses vaisseaux (phlebes), de sa physiologie et physio-


pathologie, du transport du souffle, de l’air par les artères (qui se trouvent vides de
sang dans les dissections donnant lieu à la supposition qu’elles transportent de l’air),
et des veines qui contiennent du sang noir et qui transportent les flux (flegme dans
l’épilepsie et la folie tranquille et bile dans la folie agitée). Une troisième section (du
paragraphe VI au XII inclus) permet de circonscrire la partie du traité dans laquelle
Hippocrate se réfère spécifiquement à l’épilepsie convulsive de type grand mal. Cette
partie décrit plus minutieusement l’épilepsie en utilisant les mots epilepton, epilepsios
et epileptous, qui ne signifient pas la maladie spécifique que nous connaissons main-
tenant mais simplement des attaques.

Cinquième section : l’air c’est l’intelligence


La cinquième section (paragraphes XVI, XVII et XVIII de É. Littré) présente un récapi-
tulatif de l’importance des fonctions psychiques, affectives et intellectuelles de l’encé-
phale. Cet organe est l’interprète de ce qui provient de l’air et il fournit la pensée
(phronesis) qui contient l’intelligence (phrónimon) 11. Selon le traité, l’air doit arriver
d’abord à l’encéphale et après au corps. Le diaphragme (phrénes) ne pense ni ne con-
çoit (noein), mais si l’individu expérimente soudainement une joie intense (hiperxaré)
ou une peine (aniathé), le diaphragme saute ou le cœur ressent une peine (aniómenon)
ou préoccupation. Mais, insiste Hippocrate, ni le diaphragme ni le cœur ne pensent :
seulement l’encéphale le fait.

Quatrième section : la psychopathologie et la psychiatrie dans le traité


Les paragraphes XIV et XV contiennent ce qui nous intéresse le plus en tant que psy-
chiatres. Groupés dans une même section, ils constituent la part spécifiquement psy-
chiatrique du traité La Maladie sacrée. Le paragraphe XIV est essentiellement une
introduction générale à la neuropsychiatrie et il contient une psychologie et psycho-
pathologie de l’affectivité et des fonctions intellectuelles.

1. Les hommes doivent savoir que la source de nos plaisirs, de nos joies, de nos rires
et de nos plaisanteries n’est autre que cet endroit-là [le cerveau] 12, qui est également la
source de nos chagrins, de nos contrariétés, de nos tristesses et de nos peurs. [L’affectif]
2. Et c’est par lui surtout que nous pensons et nous concevons, regardons, entendons,
distinguons le laid et le beau, le mal et le bien, l’agréable et le désagréable, tantôt dis-

11. « L’air est la source de la pensée dont le siège est le cerveau », dit Jouanna, voir Hippocrate 2003. Cette
phrase synthétise la conception hippocratique révélant son adhésion aux thèses d’Anaximène de Milet
(« le premier principe est l’air d’où naissent toutes les choses ») et à celles de son disciple médecin Diogène
d’Appolonie (« l’âme est un corps formé d’air, ou d’atomes d’air » (Vernant 1983).
12. L’encéphale dans la traduction de W. Jones, voir Hippocrate 1923.
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cernant d’après l’usage, tantôt ressentant selon l’intérêt, parfois aussi distinguant plai-
sirs et déplaisirs d’après l’opportunité ; et ainsi, ce ne sont pas [toujours] les mêmes
choses qui nous agréent. [Le cognitif, gnoséologique]
3. C’est encore à cause de lui que nous devenons fous, que nous délirons, que crain-
tes et frayeurs nous arrivent, soit la nuit, soit même le jour, ainsi que cauchemars,
divagations intempestives, anxiétés injustifiées, incapacité à reconnaître le réel, sen-
timent d’étrangeté devant l’habituel. [Le psychopathologique]
4. Et tous ces accidents nous viennent du cerveau, quand il n’est pas sain, mais est
soit plus chaud, soit plus froid, soit plus humide, soit plus sec que dans son état natu-
rel, ou quand il est dans tout autre état contre nature qui ne lui est pas habituel. [Le
physiopathologique]
5. Nous devenons fous à cause de l’humidité du cerveau ; quand en effet, il est plus
humide que dans l’état naturel, nécessairement il bouge, et du fait qu’il bouge, ni la
vue ni l’ouïe ne sont stables, mais l’on voit et l’on entend tantôt une chose tantôt une
autre et la langue exprime ce que l’on voit et ce que l’on entend à chaque fois. En revan-
che, tant que le cerveau est stable, pendant tout ce temps-là l’homme conserve aussi
sa raison 13. [L’étiopathogénique]

La nosologie psychiatrique dans le traité


Le paragraphe XV apporte au paragraphe XIV des précisions cliniques et nosologi-
ques qui vont nous permettre de distinguer des formes psychiatriques de l’affection,
des hypothèses étiopathogéniques et des indications sur l’évolution de chaque forme.
Suivant les principes de classification des maladies de l’époque 14, dans le traité d’Hip-
pocrate sont étudiés seulement les cas de folie continue, c’est-à-dire chroniques. Est
donc exclue du traité la phrénitis 15 (qu’on peut faire équivaloir à notre bouffée déli-
rante), syndrome psychopathologique aigu, bref et avec fièvre, qui se présente dans
d’autres textes d’Hippocrate (principalement Aphorismes, Régime des maladies aiguës,
Maladies I, Épidémies II). Il en est de même pour l’hystérie 16, et la phrontis 17. Le traité
permet, en revanche, d’élaborer une nosologie des folies continues. Et c’est essentiel-
lement le paragraphe XV qui est le plus important à cet égard :

1. La détérioration du cerveau est due au phlegme et à la bile. On reconnaîtra chacun


des deux cas de la façon suivante : ceux qui sont fous sous l’effet du phlegme sont cal-
mes et ne sont pas criards ni turbulents ; tandis que ceux qui sont fous sous l’effet de
la bile sont braillards, malfaisants et ils ne restent pas en place, mais sont toujours à

13. L’énumération de ce paragraphe est introduite par J. Jouanna, voir Hippocrate 1923.
14. Jouanna 1992.
15. Concept nettement hippocratique d’après J. Pigeaud (Pigeaud 1981).
16. Considérée à l’époque comme une maladie de l’utérus et étudiée principalement dans les traités gynéco-
logiques du Corpus de l’école de Cnide, Maladies de la femme ; Nature de la femme.
17. En quelque sorte notre névrose d’angoisse, qui figure dans Maladies II.
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commettre quelque chose d’inconvenant. Si donc la folie est continue, voilà quelles
en sont les causes.
2. Mais si ce sont des craintes et des frayeurs qui arrivent, elles sont dues à une modi-
fication du cerveau. Or il se modifie en s’échauffant, et il s’échauffe sous l’effet de la
bile 18, quand elle s’élance vers le cerveau par les vaisseaux sanguins en provenance du
corps. La frayeur s’installe jusqu’à ce que la bile retourne dans les vaisseaux et dans
le corps ; après quoi elle cesse.
3. On éprouve du chagrin et du dégoût de façon intempestive, quand le cerveau se
refroidit et se resserre de façon inhabituelle. Cet état est dû au phlegme. Au cours de
l’affection même on a aussi des absences de mémoire.
4. La nuit, on crie et on hurle, quand le cerveau s’échauffe subitement. Cela arrive
aux bilieux, mais non aux phlegmatiques. Le cerveau s’échauffe aussi quand le sang
y parvient en abondance et y bouillonne ; le sang afflue en abondance par les vais-
seaux mentionnés précédemment quand l’homme se trouve voir un rêve effrayant et
qu’il est à la peine.
5. De même donc que, dans l’état de veille, le visage s’enflamme et les yeux rougis-
sent surtout quand on a une frayeur ou que l’esprit médite de faire quelque chose de
mal, de même en est-il dans le sommeil. Et quand le dormeur s’éveille, qu’il retrouve
sa raison et que le sang se disperse à nouveau dans les vaisseaux, cet état cesse 19.

Hippocrate agit en tant que médecin psychiatre, clinicien, et effectue une diaire-
sis, une division, une classification de la folie, exposant ses fondements étiopatholo-
giques, sémiologiques et évolutifs, définissant les formes selon leur étiologie. Il établit
ainsi une bi-partition de la folie qui durera jusqu’à Kraepelin.

Folie par bile chaude et folie par phlegme froid


La folie par bile (chaude), appelée « folie agitée » (theriboodeis) par J. Jouanna, se pro-
duit par effet de la bile (kolés) ou de la chaleur (thermainómenos, diathermaínetai)
qu’elle produit 20. Dans cette forme, l’étiopathogénie est l’afflux de bile qui chauffe le
cerveau. Sa symptomatologie nous montre des individus criards, méchants, inquiets,
ne restant pas en place, ou bien agités et turbulents. Quelquefois pris de craintes et de
frayeurs, ils profèrent des cris et des hurlements pendant la nuit à cause de rêves
effrayants ; pendant la veille ils ont le visage enflammé et les yeux rouges. L’évolution
de cette forme est continue (tableau 1).
La folie par phlegme froid (phlegmatos mainómenoi), est appelée « folie calme ou
tranquille » par J. Jouanna 21. D’un point de vue étiopathogénique, elle se produit lors-

18. Il s’agit de la thermainómenos, la bile chaude, comme l’indiquent les lignes que suivent.
19. Hippocrate 2003.
20. Jouanna 1992.
21. Ibid.
Maladie sacrée, maladie unique : Hippocrate neuropsychiatre 105

que le cerveau se refroidit et se contracte de façon inhabituelle. Sa symptomatologie


montre des individus qui ne crient pas et ne sont pas agités, mais qui présentent plu-
tôt tristesse, craintes et angoisses intempestives sans aucune raison. L’évolution est
continue (tableau 2).

Étiopathogénie due à l’afflux de bile qui chauffe le cerveau

criards, méchants

inquiets, ne restant pas en place


Symptomatologie
agités, turbulents pris de craintes et frayeurs, cris et hurlements pendant la
nuit à cause de rêves effrayants pendant la veille, ils ont le visage enflammé
et les yeux rouges

Évolution continue

Tableau 1 – Folie par bile chaude (thermainómenos, diathermaínetai)

elle se produit lorsque le cerveau se refroidit et contracte de façon


Étiopathogénie
inhabituelle par l’afflux de phlegme

ne crient pas et ne sont pas agités

Symptomatologie tristesse, craintes et angoisses intempestives sans aucune raison

oublis

Évolution continue

Tableau 2 – Folie par phlegme froid (flegmatos mainómenoi)

Signalons que dans le traité, le phlegme froid est aussi la cause de l’épilepsie con-
vulsive, ce qui pourrait prêter à confusion. Mais dans Épidémies VI, ouvrage présumé
de disciples d’Hippocrate et de quelques années postérieur à La Maladie sacrée, nous
pouvons lire la célèbre phrase :

Les mélancoliques deviennent d’ordinaire épileptiques, et les épileptiques mélan-


coliques ; de ces deux états, ce qui détermine l’un de préférence c’est la direction que
prend la maladie : si elle se porte sur le corps, épilepsie, si sur l’intelligence, mélancolie 22.

22. Hippocrate (1839-1861). Cette phrase montre l’acuité clinique d’Hippocrate et des hippocratiques coïques :
épilepsie et mélancolie, deux syndromes, une seule cause. Cette idée est en quelque sorte répétée 24 siècles
après lorsque l’on propose le même traitement pour les épileptiques et les bipolaires : des anticomitiaux.
Il s’agit du même mode de raisonnement, de la même idée de base : deux humeurs, bile et phlegme ; deux
neurotransmetteurs, sérotonine et dopamine…
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De cette lecture, nous inférons que la maladie sacrée est une maladie unique, de
causes naturelles, avec des formes différentes, qui d’ailleurs peuvent se transformer les
unes dans les autres : épilepsie convulsive, folie par phlegme froid et la folie par bile
chaude.

Hippocrate et la triade de Jackie Pigeaud


Dans Aphorismes, ouvrage qui ne serait pas antérieur au ive siècle av. J.-C., on ne
retrouve pas la maladie sacrée ainsi désignée, mais en deux occasions il est fait réfé-
rence à ce que J. Pigeaud a appelé « la triade » : affections maniaques, mélancoliques
et épileptiques 23. À la différence du traité La Maladie sacrée, nous trouvons ici le pre-
mier moment de la dialectique hippocratique (diairesis, analyse), c’est-à-dire les trois
espèces présentées comme entités indépendantes (Aphorismes III, 20 et 22) avant leur
unification dans le genre maladie sacrée.
Manie et ses dérivés signifient depuis les temps archaïques la folie en général. Elle
est mentionnée peut-être pour la première fois dans L’Iliade, réunie oralement vers
850 av. J.-C. et fixée dans l’écriture circa 675 av. J.-C., dans le chant XXIV CXV et
CXXXV. L’expression « fresí mainómenesin » fait allusion à la colère d’Achille et a été
traduite comme « cœur furieux » dans la période où l’on considérait le cœur et le
diaphragme (phrenes) comme le siège de l’âme et du thymos, l’âme sensitive. L’accep-
tion de la manie comme une forme de folie, comme concept médical proche de sa
définition actuelle est attribuée par J. Jouanna à Arétée de Cappadoce (ier siècle) 24.
L’histoire de la signification et de l’application du signifiant mélancolie (melaínos
koles, melagkolikos) a diverses étapes que W. Müri résume, montrant tous les aspects
de la problématique 25. Selon cet auteur, l’idée de la mélancolie comme maladie men-
tale est une idée populaire très ancienne, développée de façon indépendante du savoir
médical. Et puis, chez les médecins, il est apparu l’idée que la bile noire est l’humeur
spécifique des maladies mentales. La conception bi-humorale, archaïque, est caracté-
ristique de l’école de Cnide qui l’aurait transmise à l’école de Kos, légèrement posté-
rieure.
Dans le traité La Maladie sacrée, il n’y a que deux humeurs causes de maladies :
bile et phlegme. La bile noire n’est même pas mentionnée. Mais elle fera son apparition
vers 400 av. J.-C. dans le texte du corpus Nature de l’homme, œuvre de Polibe, élève et
gendre d’Hippocrate et qui introduit la doctrine des quatre humeurs en médecine :
sang, phlegme, bile jaune et bile noire. C’est sans doute la conséquence du changement
d’influence des philosophes sur la pensée de quelques médecins grecs : des physikoi
inoniens (Héraclite, par. ex.) pour Hippocrate, à Empédocle d’Akragas, sicilien, pour
Polibe.

23. Pigeaud 1987.


24. En 1800, Pinel considère la manie comme folie en général dans le Traité médico-philosophique sur l’aliéna-
tion ou la Manie.
25. Cité par Thivel 1981.
Maladie sacrée, maladie unique : Hippocrate neuropsychiatre 107

La maladie sacrée et les philosophes


Pour Hippocrate, la réflexion clinique est liée à la conception globale de la maladie,
c’est-à-dire que la clinique est indissociable de la représentation causale de la folie.
Dans ce sens, sa pensée est en résonance avec les inquiétudes des philosophes qui l’ont
précédé concernant la nature de l’âme. Pour eux aussi, la notion de maladie sacrée
dépasse la seule épilepsie convulsive et se réfère aussi à la folie. Les présocratiques
ioniens, les premiers philosophes matérialistes, pensent que tout, même l’homme, se
forme à partir d’un seul élément primordial : l’eau pour Thalès, l’air pour Anaximène,
le feu pour Héraclite, quelque chose d’indéterminé pour Anaximandre. L’âme est for-
mée par des atomes d’air pour Diogène d’Appolonie – médecin et philosophe qui aurait
eu une influence sur Hippocrate – qui considère que l’air est le substrat et l’agent de
l’intelligence. Démocrite, suivant Héraclite, pensait que l’âme était faite de feu. Dans
Du Régime 26 (400-350 av. J.-C.) (d’un auteur probablement coïque), l’âme est faite
d’un mélange d’eau et de feu, mélangés en sept proportions différentes comme dans
un spectre de gradations morbides et psychopathologiques, dans les extrêmes duquel
il y a deux folies : si le feu prédomine, les sujets sont hypomaniaques (hipo mainóme-
nos), ou bien des fous qui délirent avec facilité. Par contre, si la prédominance de l’eau
est totale, les individus sont lents (manie-braditeron), niais (elithioí), insensés (afron-
tas) et stuporeux (embrontetous). Nous avons ici deux folies similaires à celles du traité
hippocratique La Maladie sacrée. Avec Empédocle (492-432 av. J.-C.) s’inaugure la con-
ception des quatre éléments : eau, air, feu et terre. Par principe de symétrie, Polibe
inaugure dans la Nature de l’homme la théorie des quatre humeurs : sang, phlegme,
bile jaune et bile noire, ainsi que les quatre catégories physiopathologiques : humide,
sec, froid et chaud, conceptions qui sont parfois attribuées de façon erronée à Hippo-
crate. L’œuvre de Polibe constitue un point d’inflexion puisqu’elle donne naissance à
la bile noire, la mélancolie, comme concept médical. À partir de ce moment, les méde-
cins ne parlent plus de maladie sacrée, mais les philosophes continuent à tenir compte
de l’œuvre hippocratique.

Platon, le Timée
Dans le Timée, presque 60 ans après le traité hippocratique, Platon (427-347 av. J.-C.),
s’occupe de la folie. Dans son texte déjà la bile noire mélangée avec le phlegme est
identifiée comme cause de la folie. Platon va non seulement conserver la dénomina-
tion de maladie sacrée, mais il va se référer dans ses considérations seulement à la
folie, laissant de côté l’épilepsie convulsive. Le paragraphe cité du Timée se trouve
dans la partie du texte qui traite des maladies du corps, mais il se réfère à la tête, à

26. Pour Jouanna, Du Régime occupe une place indépendante et originale dans la collection. Son auteur n’a
pas pu être identifié : É. Littré serait tenté de l’attribuer à Hippocrate ; Galien à Polibe et Gomperz à Héro-
dique de Selimbria.
108 Eduardo Luis Mahieu

l’encéphale, où s’accomplissent les fonctions divines, c’est-à-dire psychiques, laissant


de côté les membres du corps. Quelques lignes plus loin, il attribue la folie à l’accu-
mulation excessive du phlegme, aigre ou salé, ainsi qu’à l’accumulation de la bile.
Pour ce que nous appelons aujourd’hui psychopathies et perversions, il attribue leur
cause à l’excès de semence qui afflue à la moelle.

Aristote – le Problème XXX


Aristote (384-322 av. J.-C.) 27 s’applique à l’étude de la folie dans le Problème XXX. Il
ne mentionne ni le cœur, ni l’encéphale comme siège de l’activité psychique, mais il
lui assigne le lieu (topos) où nous pensons (frenomen) ou craignons (elpisomen). D’un
autre côté, toutes les maladies mentales et nerveuses sont dues à une seule cause, à une
seule humeur : la bile noire, mêlée dans le sang avec l’air (pneuma). La symptomato-
logie de ces maladies est bien différente selon que la bile est chaude ou froide, ce qui
répète la bi-partition étiologique et sémiologique d’Hippocrate. Il signale, par ailleurs,
sa ressemblance phénoménologique avec les effets du vin, un autre liquide, une autre
humeur, un autre κυμον… Il décrit deux tableaux psychopathologiques similaires à
ceux de la folie tranquille et de la folie agitée. Aristote reprend la systématisation de la
folie d’Hippocrate tout en la complétant avec une description plus minutieuse. Galien,
aristotélicien convaincu, canonise la thèse du stagirite six siècles après le Problème XXX
et il va fixer les concepts de bile noire, de mélancolie et de maladie pour les seize siè-
cles suivants.

Autres textes du Corpus hippocraticum


Il est nécessaire de faire mention ici à trois textes du Corpus hippocraticum ayant un
rapport avec le traité hippocratique et avec la notion de maladie sacrée. Le premier
est le bref opuscule Perí Parthenion 28 que É. Littré traduit par Des maladies des jeunes
filles. Ce texte attribue les fonctions psychiques au cœur et au phrenes, conceptions dis-
cutées puis réfutées par Hippocrate en faveur de l’encéphale dans La Maladie sacrée.
La cause de la maladie c'est l’inondation de ces organes par la stase du sang corrompu
par la bile noire, la fièvre et l’inflammation, c’est-à-dire la chaleur. Il y décrit un tableau
comportant une symptomatologie qu’aujourd’hui nous appelons psychotique, une
folie, une espèce de la maladie sacrée, bien plus qu’une hystérie (qui n’est même pas
mentionnée dans le texte), hypothèse parfois évoquée.

27. Aristote, né 56 ans après Hippocrate et 29 ans après Platon, était fils de médecin et probablement médecin
lui-même, car les fils des asclépiades commençaient leur formation médicale vers les 13 ans.
28. Il s’agit d’un court fragment d’une œuvre perdue attribuée par É. Littré à l’auteur de Maladies de la
femme, un médecin de l’école de Cnide, mais considéré par J. Jouanna sans rapport avec les traités gyné-
cologiques en le datant du iv siècle av. J.-C.
Maladie sacrée, maladie unique : Hippocrate neuropsychiatre 109

Dans Des glandes (Perí Adenon), probablement archaïque (fin du ve siècle av. J.-
C.) et d’un auteur présumé de l’école de Cnide, l’encéphale est considéré comme une
glande par son apparence et sa fonction. Dans le paragraphe XII, il est dit que lorsque
l’encéphale est irrité, l’intelligence se trouble, il est pris de spasmes et convulse tout le
corps. Cette affection est appelée apoplexie. Si le flux n’est pas âcre, l’intelligence se
trouble et le patient déambule en pensant et en voyant autre chose que la réalité, avec
des sourires ironiques et des visions étranges (fantasmasín). Ce texte nous montre,
encore une fois, les similitudes des conceptions des auteurs cnides et coïques. Il est
important de signaler que, dans cet ouvrage des premiers temps de la médecine grec-
que, seules deux humeurs sont mentionnées en tant qu’agents causaux : le phlegme et
la bile. Ils sont responsables chacun de deux folies différentes, indépendantes entre
elles. La folie tranquille (et l’épilepsie convulsive) pour le phlegme, et la folie agitée
pour la bile. Cette conception bi-humorale, archaïque est caractéristique de l’école de
Cnide, qui l’aurait transmise à celle de Kos, légèrement postérieure.
Dans le texte cnide Maladies Ic. 30, probablement contemporain du traité d’Hip-
pocrate sur La Maladie sacrée, nous pouvons voir des similitudes sémiologiques entre
la phrénitis (aiguë) et la mélancolie (continue). Est exposée aussi l’idée que la folie
serait plus grave que le délire, ou bien que tant la mélancolie que la phrénitis peuvent
évoluer jusqu’à la folie. Dans ce texte comme dans La Maladie sacrée, l’encéphale se
voit affecté par deux humeurs différentes produisant des syndromes neurologiques
(apoplexie) et des syndromes psychiatriques (folie, délire et hallucinations).
Citons pour finir le célèbre Discours sur la folie (O perí maníes logos) 29, texte d’impor-
tance car l’auteur se réfère exclusivement aux aspects psychiatriques, la folie mais
aussi la névrose, en répétant presque textuellement les paragraphes XV de La Maladie
sacrée d’Hippocrate et les paragraphes LXX et LXXXI d’Épidémies V. Il est à souligner
la particularité de l’introduction du terme psykhé, inexistant dans La Maladie sacrée.

Conclusion
Le célèbre traité d’Hippocrate est loin de se limiter à la seule épilepsie convulsive,
comme un large et durable consensus le laisserait penser. Bien plus, en consonance
avec l’usage qui le précédait de l’expression Peri ieres nousos, mais aussi avec les éla-
borations des philosophes grecs anciens sur la notion de maladie sacrée, ou les textes
d’autres auteurs du Corpus hippocraticum, La Maladie sacrée d’Hippocrate est un texte
sur une maladie unique de l’encéphale avec trois espèces : épilepsie, folie tranquille et
folie agitée, une triade déjà isolée par J. Pigeaud. Ainsi, une lecture neuro-psychiatri-
que peut y voir son texte fondateur. Le texte impérissable d’une maladie unique qui

29. Ce texte est inclus comme « lettre no 19 » dans la section « Lettres, décrets et discours » dans le tome IX des
Œuvres complètes d’Hippocrate éditées en version bilingue par É. Littré en 1861. Bien qu’il l’ait considérée
comme « apocryphe, fausse et très ancienne », il l’a tout de même jugée digne d’y figurer. De même,
J. Jouanna l’analyse dans ses œuvres, spécialement dans son étude sur La Maladie sacrée en 2003.
110 Eduardo Luis Mahieu

traverserait des siècles, d’Hippocrate jusqu’à Henri Ey ou Enrique Pichon-Rivière, en


passant par Philippe Pinel, dans une dialectique de l’un et du multiple, de Cnide et
Kos, de l’analyse et la synthèse, de la diaresis et la sinagogé.

Eduardo Luis Mahieu 30

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30. Psychiatre, Universidad Nacional de Córdoba, curso de formación básica en psiquiatría ;


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