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Trivium

Revue franco-allemande de sciences humaines et


sociales - Deutsch-französische Zeitschrift für Geistes-
und Sozialwissenschaften 

30 | 2019
La constitution au tournant des XXe et XXIe siècles
Die Verfassung an der Wende vom 20. zum 21. Jahrhundert

Aurore Gaillet, Mathieu Carpentier et Claus Dieter Classen (dir.)

Édition électronique
URL : http://journals.openedition.org/trivium/6376
DOI : 10.4000/trivium.6376
ISSN : 1963-1820

Éditeur
Les éditions de la Maison des sciences de l’Homme
 

Référence électronique
Aurore Gaillet, Mathieu Carpentier et Claus Dieter Classen (dir.), Trivium, 30 | 2019, « La constitution au
tournant des XXe et XXIe siècles » [En ligne], mis en ligne le 18 décembre 2019, consulté le 23
septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/trivium/6376 ; DOI : https://doi.org/10.4000/
trivium.6376

Ce document a été généré automatiquement le 23 septembre 2020.

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Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.
1

Face à la récurrence actuelle de la thématique de la « crise de confiance » des


démocraties représentatives et dans le contexte des anniversaires respectifs de la
Constitution de la République de Weimar (1919), de la Loi fondamentale de la
République fédérale allemande (1949) et de la Constitution française de la
Ve République (1958), ce dossier thématique propose une mise en perspective
historique, théorique et comparée de la notion de constitution et une réflexion sur ses
acteurs et sur son avenir dans un environnement social et politique fragmenté.
Ce numéro a été réalisé avec l’aide de la Délégation générale à la langue française et aux
langues de France (Ministère de la Culture), des Éditions de la Maison des sciences de
l’homme et de la Fondation Fritz Thyssen (Cologne).
Angesichts der »Vertrauenskrise«, mit der sich die repräsentativen Demokratien jüngst
wieder konfrontiert sehen, und vor dem Hintergrund der gegenwärtigen Gedenkjahre
anlässlich der Verabschiedungen der Verfassung der Weimarer Republik (1919) vor
100 Jahren, des Grundgesetzes der Bundesrepublik Deutschland (1949) vor 50 und der
Verfassung der V. Französischen Republik (1958) vor 60 Jahren geht es in diesem
Themenheft um historische, theoretische und vergleichende Analysen des Begriffs der
Verfassung, sowie um Überlegungen zu ihren Akteuren und zu ihrer Zukunft in einem
fragmentierten sozialen und politischen Umfeld.
Diese Publikation wurde gefördert durch die Fritz Thyssen Stiftung (Köln), die Éditions
de la Maison des sciences de l’homme und die Délégation générale à la langue française
et aux langues de France (Paris).

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SOMMAIRE

Introduction

La constitution – au tournant des XXe et XXIe siècles


Une perspective franco-allemande
Aurore Gaillet

Die Verfassung an der Wende vom 20. zum 21. Jahrhundert


Eine deutsch-französische Perspektive
Aurore Gaillet

Textes traduits en français

L’arrêt Lüth – 50 ans après


Helmuth Schulze-Fielitz

La doctrine de droit public allemande et les débats européanisés de la science du droit


Caractéristiques, compétences centrales et obstacles à sa réception
Matthias Jestaedt

« L’intégration par le droit » – la contribution de la Cour constitutionnelle fédérale


Andreas Voßkuhle

L’acquis du constitutionnalisme et ses perspectives dans un monde changé


Dieter Grimm

Textes traduits en allemand

Verfassung und Konstitutionalismus


Olivier Beaud

Das Verfassungsrecht: Recht der Verfassung und Verfassung des Rechts


Louis Favoreu

Das Verfassungsrecht im Zeichen der Wende hin zum Rechtsprechungskommentar –


Methodenfragen
Alexandre Viala

Die Konstitutionalisierung des Rechts und die Herausforderungen durch das Völkerrecht
und das Europarecht
Constance Grewe et Hélène Ruiz Fabri

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Introduction
Einleitung

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La constitution – au tournant des


XXe et XXIe siècles
Une perspective franco-allemande

Aurore Gaillet

« Les crises existentielles amèn[ent]


nécessairement à une réflexion sur les
fondements alors que les phases de stabilité
politique [ont] plutôt tendance à favoriser la
culture du droit en vigueur1 ».
1 Ces propos de Michael Stolleis, relatifs au XIXe siècle, sont aisément transposables à la
période contemporaine. La récurrence actuelle de la thématique de la crise de
« confiance » des démocraties représentatives2 interroge aussi les ordres
constitutionnels. Revenir sur la notion centrale de « constitution, au tournant des XX e
et XXIe siècles » prend dès lors tout son sens.
2 Le contexte des célébrations respectives des 70e et 60 e anniversaires de la Loi
fondamentale allemande (23 mai 1949) et de la Constitution de la V e République
française (4 octobre 1958) – sans oublier les 100 ans de la Constitution de Weimar
(11 août 1919)3 – a constitué une belle occasion de dresser un bilan comparé 4. D’une
part, pareilles célébrations sont l’occasion de rappeler l’importance des acquis du
constitutionnalisme en général, la stabilité des ordres constitutionnels français et
allemand en particulier. Ce constat commun n’efface bien sûr pas la distance entre une
Loi fondamentale fréquemment présentée comme le produit de l’« histoire d’un succès 5
» et une perspective française plus critique6. Mais, de manière générale, l’expansion
d’un certain « modèle » constitutionnel, associant des coordonnées formelles et
matérielles7 a incontestablement accompagné le dépassement progressif des régimes
autoritaires et totalitaires du XXe siècle et l’essor de l’État de droit8. Impossible
cependant, d’autre part, d’en rester à une autosatisfaction illusoire 9. Les multiples
transformations affectant l’État, la fragilisation des démocraties européennes – et de
leurs rapports avec l’État de droit –, les incertitudes touchant les fondements du pacte
politique et social – intégrant désormais une indispensable composante

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environnementale10 – retentissent en effet comme autant d’alertes pesant sur ces


concepts si classiques du droit constitutionnel que sont l’« État 11 » et la « constitution ».
3 Sans doute cette dernière, au cœur de la présente étude, « ne touche[-t-elle] pas
nécessairement à sa fin12 ». Mais une telle « situation d’incertitude13 » appelle à ne pas
déserter le champ de la réflexion sur les concepts et leur histoire 14. Si le « juriste
aveugle à l’histoire est dangereux15 », c’est aussi en connaissant les conditions
d’émergence de nos notions centrales « que l’on peut ensuite se demander si elles ont
été modifiées et ce que l’on peut en tirer comme conséquence pour l’interprétation,
l’application et l’évolution du droit en vigueur16 ». Sans poursuivre nulle vocation
d’exhaustivité – si tant est que cela soit possible –, les articles rassemblés dans ce
dossier peuvent accompagner une réflexion franco-allemande à ce sujet.
4 Il ne s’agit dès lors pas d’exposer les évolutions et mutations des deux textes
constitutionnels en vigueur, mais bien davantage de proposer une mise en perspective
historique, théorique et comparée de la notion de constitution (1). L’accent ensuite mis
sur ses acteurs (2) vise à mettre en exergue le caractère dynamique de l’ordre
constitutionnel, supposant en permanence interprétations et concrétisations. Si la
distance entre le texte et sa pratique est inévitable, les conceptions normative et
politique de la constitution ne sont pas nécessairement à opposer. Dès lors qu’il s’agit
désormais de penser la constitution dans un environnement politique et social
fragmenté (3), les deux acceptions peuvent au contraire utilement se compléter.

1. Mise en perspective historique, théorique et


comparée
5 Il est souvent observé à quel point « le regard vers le passé, avec l’histoire du droit, ou
celui vers le côté, avec le droit comparé, sont prédestinés à mettre en lumière de façon
critique ce qui est autrement occulté17 ». S’agissant de la constitution, une mise en
perspective historique et comparée, mais aussi théorique et philosophique, offre en
effet un éclairage nécessaire.
6 a) D’un point de vue historique le concept de constitution connaît une profonde
mutation à la fin du XVIIIe siècle, dépassant l’ancienne acception, descriptive, des modes
de gouvernement des communautés politiques. Le changement de paradigme
constitutionnel, traduisant la rencontre entre l’affirmation étatique et la souveraineté
démocratique, est décrit avec finesse par Olivier Beaud et Dieter Grimm 18. Avec son
dessein d’instituer une domination légitime et limitée par le droit, la constitution
moderne – dans une conception désormais également normative – naît des révolutions
américaine et française. Les cinq caractères identifiés par Dieter Grimm pour définir la
constitution libérale et démocratique qui est issue de ce processus de « normativisation
du concept de constitution19 » associent des dimensions politiques et juridiques, toutes
visant à dépasser l’idée d’un ordre préétabli, externe ou supérieur : (1) les constitutions
sont des normes juridiques émanant d’une décision politique ; (2) elles visent à réguler
l’établissement et l’exercice du pouvoir public ; (3) nulle autre limite au pouvoir public,
pré- ou extra constitutionnelle, n’est reconnue ; (4) la constitution est la norme
suprême, hiérarchiquement supérieure à tout autre droit ou instrument légal ; (5) la
constitution tient sa seule source de légitimation de la décision du peuple 20.

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7 b) D’un point de vue théorique ces évolutions historiques spécifiques ne se


comprennent qu’à l’aune de l’évolution des idées, notamment de la philosophie
politique libérale issue des Lumières. Dans ce sens, il y existe un lien étroit entre la
constitution et le constitutionnalisme21 : la constitution « moderne » est conçue comme la
loi écrite suprême, issue d’un « pouvoir constituant » légitime. La distinction entre le
pouvoir constituant22 et les pouvoirs constitués23 qui en procèdent est ici déterminante – le
pouvoir constituant s’entendant du pouvoir du peuple, notamment par opposition aux
anciennes constitutions octroyées par les monarques (« souveraineté » ou légitimité
monarchique).
8 Conformément au double programme de l’article 16 de la Déclaration des droits de
l’homme et du citoyen, la constitution libérale et démocratique consacre la garantie des
« droits » individuels et détermine la « séparation des pouvoirs 24 ». Elle accompagne en
outre le processus de distinction des sphères publique et privée 25.
9 c) Le recours au droit comparé permet enfin d’affiner l’analyse. Tous les articles ici
présentés soulignent l’importance des différentes traditions juridiques, du terreau
social et des habitudes de pensée. C’est ainsi qu’en Allemagne, l’évolution du XIX e siècle
s’est d’abord démarquée du constitutionnalisme libéral classique 26. Après
l’effondrement du IIIe Reich, une nouvelle culture de la constitution, voire un
« patriotisme constitutionnel27 », ont ensuite accompagné la reconstruction de l’État de
droit autour d’une attention toute spécifique accordée au juge et aux droits
fondamentaux28. En France, l’affirmation révolutionnaire des principes du
constitutionnalisme en 1789 n’a nullement conjuré les « heurts et malheurs du
constitutionnalisme français », la tradition légicentriste comme le terreau
« républicain » de méfiance à l’égard des juges marquant la culture libérale d’une
certaine « fragilité29 ». Nonobstant l’identification d’éléments communs aux « droits
constitutionnels européens30 » comme la structuration progressive d’une communauté
juridique « franco-allemande », voire européenne31, ces traditions imprègnent toujours
les conceptions nationales, de part et d’autre du Rhin32.

2. La constitution et ses acteurs


a) Constitution normative, justice constitutionnelle et
constitutionnalisation du droit

10 Dès lors que la constitution est envisagée comme une norme, elle suppose de
s’interroger sur les procédures permettant d’en assurer l’effectivité. La garantie de la
constitution n’appelle certes pas nécessairement l’intervention d’un juge. Mais l’essor du
constitutionnalisme est progressivement associé à l’organisation de la justice
constitutionnelle33.
11 La lecture parallèle des articles de Louis Favoreu et de Helmuth Schulze-Fielitz permet
à ce titre de relever la prévalence actuelle d’une dimension normative de la
constitution, rapportée aux « droits et libertés » constitutionnels et appuyée par une
« constitutionnalisation du droit », elle-même alimentée par les juges constitutionnels.
En France, l’appel à la juridicisation du droit constitutionnel était revendiqué par une
partie de la doctrine bien avant le « nouvel élan » suscité par l’introduction de la
procédure de question prioritaire de constitutionnalité (QPC) en 2010 (A. Viala).

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L’éditorial du premier numéro de la Revue Française de Droit constitutionnel, revue créée


en 1990 par Louis Favoreu, se présente comme une profession de foi en ce sens.
12 Les différences avec le modèle allemand n’en sont pas moins significatives, tant le
Conseil constitutionnel n’avait pas été conçu comme une juridiction en charge de la
garantie des droits et libertés. La distance entre les deux systèmes demeure manifeste,
en termes de composition comme de compétences34. L’atteste l’accent mis tour à tour
sur les larges compétences de la Cour constitutionnelle fédérale – incluant notamment
un recours constitutionnel contre les jugements (Urteilsverfassungsbeschwerde)
(M. Jestaedt), inconnu du droit français –, sur sa jurisprudence particulièrement
dynamique en matière de droits fondamentaux35 – notamment à partir de la décision
Lüth du 15 janvier 1958 (dont H. Schulze-Fielitz dresse un regard rétrospectif, cinquante
ans plus tard) – ou encore sur ses impulsions déterminantes en faveur d’une
« intégration [y compris européenne] par le droit » (et la perception qu’en donne
A. Voßkuhle, Président de la Cour (2010-2020) est ici éclairante).

b) Quel rôle pour la doctrine de la constitution ?

13 Les textes de Matthias Jestaedt et d’Alexandre Viala invitent quant à eux à se pencher
plus en avant sur le rôle revenant à la doctrine. La lecture du premier illustre à quel
point la prégnance d’une « dogmatique » (Dogmatik) marque profondément la culture
juridique allemande36. Envisagée dans sa fonction d’accompagnement de l’application
et de la systématisation du droit positif, cette dogmatique est du reste définie avec bien
plus de précision en Allemagne qu’en France. Cela va de pair avec une synergie
« presque fusionnelle » entre la science et la pratique du droit, particulièrement
caractéristique en droit constitutionnel allemand en raison de l’emprise de la
jurisprudence de la Cour de Karlsruhe (M. Jestaedt). Plongeant ses racines dans une
tradition juridique ancienne et prestigieuse37, la doctrine allemande demeure un
« partenaire fort » de la jurisprudence. Loin d’une autosatisfaction à cet égard, les
juristes allemands rappellent toutefois sans cesse qu’il leur revient de ne pas se limiter
à ce rôle de « partenaire », sous peine de voir leur horizon discursif et leur tradition de
systématisation doctrinale se resserrer, à la faveur d’un « positivisme de la Cour
constitutionnelle fédérale38 ».
14 Semblables mises en garde contre le « risque de subordination 39 » d’une doctrine
paraphrasant trop facilement la jurisprudence constitutionnelle se retrouvent sans
surprise en France. Comme le rappelle Alexandre Viala, une doctrine essentiellement
arrêtiste et glossatrice de la jurisprudence du Conseil constitutionnel court le risque de
se limiter à suivre un modèle déjà éprouvé de longue date par la doctrine
administrativiste, sans toutefois avoir pour moteur une institution aussi puissante que
le Conseil d’État. Plus encore, la comparaison avec la Cour constitutionnelle fédérale
allemande aiguise les critiques pointant les faiblesses du Conseil constitutionnel 40.
S’agissant de la doctrine française, la critique de la « surestimation de la dimension
contentieuse » (A. Viala) s’entend en outre dans une perspective quelque peu
différente. L’accent n’est, en effet, pas tant mis sur la « dogmatique » – terme peu
fréquent, voire « absent » en droit constitutionnel français41. On observe en revanche
une quête épistémologique toujours renouvelée, visant l’affirmation d’une « véritable »
science du droit constitutionnel. On note également l’importance, dans cette quête, de

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l’identification des objets du droit constitutionnel : en articuler les dimensions


contentieuse et politique demeure un beau défi pour la science juridique 42.

c) Droit politique et vigilance démocratique

15 En France comme en Allemagne, certaines perspectives critiques de l’analyse de la


constitution se rejoignent autour de la mise en évidence d’une lecture par trop
« positiviste », alimentée par une « obsession des droits fondamentaux 43 », qui
contribuerait à affaiblir le système démocratique. L’inviter à « découvrir la vérité du
monde juridique derrière la silhouette des juges » (A. Viala) ou à saluer le rôle du droit
dans l’accompagnement du processus d’intégration européenne (A. Voßkuhle) ne doit
pas conduire à occulter la dimension politique de la constitution.
16 Cette dernière dimension peut s’avérer particulièrement nécessaire, précisément
lorsque la fragmentation de l’État en particulier, du pouvoir politique en général,
comme l’effritement du tissu social accentuent la difficulté à penser la constitution.

3. Penser la constitution dans un environnement


fragmenté
17 Dès lors que la notion de constitution est liée à l’histoire de l’État, on ne peut faire
l’économie d’une interrogation sur les transformations de l’État 44 lui-même et sur « ce
que cela signifie pour la constitution45 ».

a) La constitution et l’État pris dans les processus d’européanisation


et d’internationalisation

18 Penser l’État et la constitution dans un environnement européen et international


étroitement imbriqué pose un défi théorique relevé de longue date.
19 L’approfondissement de la construction européenne a notamment ravivé d’anciens
débats46 pointant les limites de l’approche stato-centrée des catégories du droit
constitutionnel, y compris en Allemagne, pourtant familière des formes fédératives 47.
Dans ce cadre, Constance Grewe et Hélène Ruiz-Fabri présentent dans quelle mesure le
recours au registre constitutionnel, comme les « âpres » controverses l’accompagnant,
illustrent la nature atypique de la construction européenne. Sans doute, ces questions
ont-elles eu une résonnance particulière dans le contexte de la rédaction d’un « Traité
établissant une Constitution pour l’Europe » (2004). L’échec du processus de ratification
(2005) et le retour à un Traité se voulant plus classique (Traité de Lisbonne, 2009) n’ont
cependant nullement emporté une extinction des débats. L’« identité
constitutionnelle48 » des États n’est-elle pas, d’un côté, invoquée face à une intégration
parfois jugée trop uniformisante ? L’Union européenne ne poursuit-elle pas elle-même,
de l’autre coté, une quête d’« identité49 », s’appuyant en partie sur une « communauté
de valeurs » empruntées à un registre constitutionnel appuyé et partagé par les juges
constitutionnels et européens (A. Voßkuhle)50 ?
20 D’un point de vue comparé, on peut par ailleurs relever la vitalité des débats allemands,
notamment ravivés depuis l’arrêt Lisbonne de la Cour de Karlsruhe 51. Nonobstant
l’« étaticité ouverte52 » et la distance avec la notion de « souveraineté » qui

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caractérisent la Loi fondamentale depuis 1949, cette vitalité s’explique aussi par
l’existence de dispositions constitutionnelles spécifiques (art. 79 al. 3 – « clause
d’éternité » et art. 146 – durée de validité de la Loi fondamentale) comme par le
dynamisme jurisprudentiel de la Cour constitutionnelle fédérale. La volonté de
participer activement à l’évolution juridique européenne est clairement affichée par le
Président A. Voßkuhle. Sans doute n’est-ce pas là une seule volonté allemande 53. Mais
les domaines embrassés par les « impulsions » allemandes autour des mots clés « droits
fondamentaux » (v. ici récemment la question du mandat d’arrêt européen 54), « identité
constitutionnelle »55 (v. ici la question du droit du travail dans les Églises 56), « ultra
vires » (v. actuellement la question sensible de la politique de la Banque centrale
européenne57) sont particulièrement vastes.
21 Quant à la constitutionnalisation du droit international et aux discours relatifs au
« constitutionnalisme global58 », ils offrent également des perspectives pour
approfondir l’étude de la constitution au-delà de l’État. Ils se heurtent toutefois à leur
hétérogénéité et à des réalités non abouties. Partant, on peut douter que la « perte de
signification dont souffre la constitution au niveau national [puisse] [véritablement]
être compensée au niveau international » ou européen (D. Grimm). Pareils doutes
expliquent en retour d’autres travaux manifestant un regain d’intérêt ou un intérêt
maintenu pour l’État59.

b) La constitution et la société face aux nouvelles attentes pesant


sur l’État

22 En définitive, quelle que soit l’envergure des gageures auxquelles les ordres
constitutionnels français et allemand font face, la permanence de ces derniers suppose
à la fois souplesse et préservation de leur identité, mouvement et stabilité. Il s’agit à cet
égard de s’interroger sur les conditions permettant aux démocraties de demeurer les
cadres d’un lien social. Nul hasard dans la quête itérative de rendre le citoyen « plus
présent », de lui conférer « de nouveaux droits », voire de le (re)placer « au cœur des
institutions60 ». Renforcer la démocratie représentative, médium nécessaire de l’identité
entre gouvernants et gouvernés61 ; enrichir la démocratie participative, notamment en
associant véritablement le Conseil économique, social et environnemental – ou sa
reconfiguration en toute autre chambre « du long terme62 » ; affermir la place du
citoyen à la base du contrat social : différentes voies cumulatives doivent être associées.
23 Les premiers philosophes politiques s’interrogeaient déjà sur les rapports entre la
démocratie et le libéralisme, sur la menace de la tyrannie de la majorité 63 et sur la
possibilité d’une souveraineté « effective » du peuple64. De même, l’insuffisance des
présupposés libéraux et de la distinction entre les sphères publique et privée,
notamment pour rendre compte de l’élargissement des missions de l’État social (et du
rôle croissant des forces économiques)65, ont été pointées très tôt.
24 Poursuivre, au-delà des textes ici présentés, la réflexion sur la constitution au tournant
des XXe et XXI e siècles supposera d’approfondir ces questionnements, tant l’évolution
d’une société plurielle fait peser de nouvelles attentes sur le pouvoir politique, mais sur
son assise constitutionnelle.

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version légèrement modifiée également publiée dans Trivium 16|2014.

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NOTES
1. Stolleis (1992), p. 423.
2. Gaillet / Perlo / Schmitz (2018) ; Meinel (2019). V. aussi, pour dépasser nos frontières franco-
allemandes : Levitsky / Ziblatt (2017).
3. Gusy (2018) ; Di Fabio (2018) ; Dreier / Waldhoff (2018). V. aussi Gaillet / Herrera (2020).
4. V. aussi le chapitre « Perspectives » (chap. 9 – A. Gaillet) de l’ouvrage commun Gaillet et al.
(2019). La présente introduction en reprend certains passages.
5. Oppermann (2009), en part. p. 491. Les célébrations des décennies successives de la Loi
fondamentale ont été autant d’occasions de poser de proches constats. Dans le même sens, une
« fête de la Constitution » (Verfassungsfest) a été organisée à Karlsruhe le 23 mai 2019,
accompagnée d’une discussion organisée autour de la thématique : « 70 ans de la Loi
fondamentale – l’Allemagne dans une bonne constitution ? » (« 70 Jahre Grundgesetz –
Deutschland in guter Verfassung ? »). Pour élargir la perspective générale, v. par ex. Herrera
(2012) et Herrera (2015).
6. Les titres de nombreuses contributions parues à l’occasion des cinquante ans de la Constitution
de 1958 sont significatifs à cet égard, pointant fréquemment les déséquilibres et les ambiguïtés
des rapports entre les pouvoirs. V. notamment : Chagnollaud (2008) ; Mathieu (2008). Pour les
soixante ans de la Constitution de 1958, celle-ci semble être observée avec un œil interrogatif :
quel « sens » ? (Titre VII, Les Cahiers du Conseil constitutionnel, n° 1, 2018) ; quels « nouveaux
regards » ? (Pouvoirs, n° 166, 2018) ; quel bilan dix ans après la révision de 2008 ? (« Les dix ans de
la révision constitutionnelle de 2008 », RFDC 2018/4).
7. Exemple d’une définition classique : « ensemble des normes qui occupent le rang suprême de
l’ordre juridique, ne peuvent être modifiées qu’au moyen d’une procédure de révision spéciale et
dont la suprématie est effectivement assurée par un organe juridictionnel. Elles portent sur
l’organisation, la forme et la structure d’un État de droit démocratique, établissent ses organes,
leurs rapports mutuels ainsi que leurs compétences et fixent la situation des citoyens dans l’État
y compris leurs droits imprescriptibles » (Gerkrath [1998], p. 51).
8. Böckenförde (2000b), p. 139 sq. ; Jouanjan (2001) ; M. Stolleis (1990).
9. V. déjà : Grimm (1999), p. 39 sqq. ; Dreier (2009), p. 102. V. désormais : Grimm (2019a) et
(2019b), p. 287 sq.
10. Bourg / Whiteside (2010). V. aussi Ost (1995).
11. Beaud (1994).
12. Grimm (2012a), p. 330 ; v. version française dans ce numéro, § 35.
13. Voßkuhle (2016), p. 161 ; v. version française dans ce numéro, § 1.
14. Troper (2001).
15. Stolleis (1996).
16. Grimm (2018), p. 28.

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16

17. Jestaedt (2010), § 1, p. 24-25.


18. V. aussi : Mohnhaupt (1989) ; Grimm (1989). Pour des versions étoffées : Mohnhaupt / Grimm
(2002 [1995]) ; Grimm (1987), p. 221-240 ; Gosewinkel (2018).
19. Grimm (2012b).
20. Grimm (2012b), en part. p. 104.
21. Baranger (2003).
22. Carré de Malberg (2003 [1919/22]), t. II, chap. IV « Du pouvoir constituant » ; Klein (1996) ;
Gosewinkel (2018) ; Möllers (2009).
23. Le Pillouer (2005-2006). Pour une perspective critique : Jouanjan (1996).
24. Article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : « Toute
société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs
déterminée, n’a point de Constitution ». On notera que les Allemands préfèrent le terme de
« division des pouvoirs » (Teilung der Gewalten). V. à cet égard, la décision de principe de la Cour
constitutionnelle fédérale : décision Zeugen Jehovas Bremen du 30 juin 2015, (BVerfGE 139, 321
[361]).
25. Sur cette question fondamentale : Böckenförde (2000c).
26. Sur les grandes tendances du libéralisme allemand au XIX e siècle : Huber (1988), p. 371 sq. ;
Böckenförde (1961), p. 92 sq. ; puis (position précisée) : Böckenförde (1972).
Pour des perspectives en français : Hummel / Heuschling (2006) ; Gaillet (2012) .
27. Expression introduite dans le débat allemand à l’occasion de la célébration des trente ans de
la Loi fondamentale : Sternberger (1979) und (1990 [1982]). La postérité de la formule doit
beaucoup à l’utilisation qu’en a faite Jürgen Habermas (1987, p. 19). V. aussi : Grimm (2001) ;
Müller (2010 ; en anglais : Constitutional Patriotism, 2007). Pour un point de vue critique : Merten
(1992), p. 283 sq.
28. Mayer (2003), en part. p. 178 (cité ici par C. Grewe et H. Ruiz-Fabri), parle à cet égard
d’« obsession » de la jurisprudence et de la doctrine allemande pour les droits fondamentaux.
29. Baranger (2003), p. 268.
30. Grewe / Ruiz Fabri (1995).
31. Beaud / Heyen (1999) ; Bogdandy (2011), p. 2818.
32. Il faudrait évidemment poursuivre cette observation par un approfondissement des
particularités des pensées constitutionnalistes et des droits constitutionnels. Pour les droits
constitutionnels, v. par ex. in Gaillet et al. (2019).
33. Jouanjan / Masing (2011).
34. Marsch (2019).
35. Hochmann (2019).
36. Lepsius (2008), p. 16.
37. Jouanjan (2005).
38. Schönberger (2014) ; Schlink (1989) und (2007).
39. Beaud (2003), en part. p. 388.
40. Beaud et al. (2018).
41. Hochmann (2019), « La dogmatique allemande des droits fondamentaux et son absence en
France ».
42. V. dans ce sens : Baranger / Beaud (2008) ; Le Divellec (2011).
43. Mayer (2003), p. 178. En France, on soulignera le renouveau d’études critiques à cet égard :
Gauchet (2017) ; Mathieu (2017).
44. Romano (2015).
45. Grimm (2018), p. 28.
46. V. déjà : Huber (1993) ; Beaud (1993) ; Murswiek (1993), p. 163.
47. Jouanjan (2003), p 23 sq. ; Beaud (1998), p. 89.
48. Troper (2008) ; Millet (2013).

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17

49. Mehdi (2015).


50. V. aussi Pernice (2007).
51. Arrêt du 30 juin 2009 (BVerfGE 123, 267 – Lissabon).
52. Vogel (1964) ; Sommermann (2008) ; Kotzur (2011).
53. V. not. Cour const. it., ordinanza n°24/2017 et arrêt n°115/2018 dans le cadre de l'affaire
Taricco (CJCE, Gde Ch., 8 septembre 2015, Taricco, C-105/14 et CJUE, Gde Ch., 5 décembre 2017,
M.A.S et MB, C-42/17) ; Perlo (2018).
54. BVerfGE 140, 317 et CJUE, aff. Jtes C-404/15 et C-659/15 PPU (Aranyosi e. a.), ECLI :EU :C :2016 :
198.
55. V not. la jurisprudence de la Cour constitutionnelle allemande à partir de : BVerfGE 73, 339
[375].
56. CJUE, aff. C-414/16 (Egenberger), ECLI :EU :C :2018 :257. V. ici la jurisprudence traditionnelle
de la Cour allemande : BVerfGE 137, 273.
57. BVerfGE 142, 123, après CJUE, aff. C-62/14 (Gauweiler), ECLI :EU :C :2015 :400 ; BVerfGE 146,
216 et CJUE, aff. C-493/17 (Weiss u. a.), ECLI :EU :C :2018 :1000.
58. Tourard (2000) ; v. aussi le numéro de la revue Jus Politicum consacré à cette question (n° 19,
janvier 2018 : http://juspoliticum.com/numero/Constitutionnalisme-global-72.html).
59. Evans et al. (2010 [1985]) ; Beaud (1994) ; Möllers (2011) et (2008) ; Bonin et al. (2018).
60. V. resp. Vedel (1993) ; Balladur (2007) ; Bartolone / Winock (2015).
61. Jouanjan (2000), p. 34. Sur la représentation : Böckenförde (2000a).
62. Bourg (2017).
63. B. Constant, Principes de politique, 1815 ; A. de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, t. 1,
1835. V., pour une perspective d’ensemble, Manent (2012).
64. J. J. Rousseau, Du contrat social, 1762. Pour une mise en perspective, v. par ex. les articles
consacrés à la « volonté générale », in Jus Politicum, n° 10, mars 2014.
65. V. par ex. Rivero (1969).

INDEX
Mots-clés : introduction, constitution
Schlüsselwörter : Einleitung, Verfassung

AUTEUR
AURORE GAILLET
Aurore Gaillet est professeur de droit public à l’Université de Toulouse 1 Capitole. Pour plus
d’informations, voir la notice suivante.

Trivium, 30 | 2019
18

Die Verfassung an der Wende vom


20. zum 21. Jahrhundert
Eine deutsch-französische Perspektive

Aurore Gaillet
Traduction : Olivier Joop

»Die existentiellen Situationen führen notwendig


zu den Grundlagen, während politische
Ruhephasen eher die Kultur des geltenden Rechts
begünstigten«.1
1 Was Michael Stolleis hier in Bezug auf das 19. Jahrhundert feststellt, lässt sich ohne
weiteres auf die Gegenwart übertragen. Das heute wieder aktuelle Thema der
»Vertrauenskrise« der repräsentativen Demokratie2 führt auch zu einer Infragestellung
der Verfassungsordnungen. Es erscheint daher notwendig, den zentralen Begriff der
»Verfassung an der Wende vom 20. zum 21. Jahrhundert« einer Überprüfung zu
unterziehen.
2 Vor dem Hintergrund der Feierlichkeiten anlässlich des 70-jährigen Bestehens des
Grundgesetzes der Bundesrepublik Deutschland (23. Mai 1949) und des 60-jährigen
Bestehens der Verfassung der V. Französischen Republik (4. Oktober 1958) bot es sich
förmlich an, eine rechtsvergleichende Bilanz zu ziehen.3 Auch das Inkrafttreten der
Weimarer Reichsverfassung vor 100 Jahren, am 11. August 1919, sollte dabei nicht
vergessen werden.4 Derartige Gedenkfeiern bieten Anlass, die Errungenschaften des
Konstitutionalismus im Allgemeinen, aber auch die Stabilität der französischen und der
deutschen Rechtsordnung im Besonderen zu würdigen. Diese für beide Länder geltende
Feststellung darf allerdings nicht darüber hinwegtäuschen, dass zwischen der oftmals
als »Erfolgsgeschichte«5 dargestellten Entwicklung des Grundgesetzes und einer
weitaus kritischeren Würdigung der französischen Verfassung6 weiterhin ein Graben
besteht. Allgemein lässt sich jedoch feststellen, dass die Ausbreitung eines
»Verfassungsmodells«, das auf bestimmten formellen und materiellen Kriterien 7
beruht, zweifelsohne zu der schrittweisen Überwindung der autoritären und
totalitären Regime des 20. Jahrhunderts und zur Festigung des Rechtsstaats
beigetragen hat.8 Andererseits verbietet sich jede blinde Selbstzufriedenheit. 9 Die

Trivium, 30 | 2019
19

zahlreichen auf den Staat einwirkenden Veränderungen, die Erschütterungen der


europäischen Demokratien – und ihrer rechtsstaatlichen Dimension –, die
Unsicherheiten in Bezug auf die Grundlagen des politischen und sozialen Paktes –
nunmehr angereichert um eine unverzichtbare ökologische Komponente 10 –, das alles
sind Warnzeichen mit Auswirkungen auf diese klassischen Begrifflichkeiten des
Verfassungsrechts wie »Staat«11 oder »Verfassung«.
3 Die im Zentrum dieses Themenheftes stehende Verfassung ist damit wohl »nicht
notwendig an ihr Ende« gekommen.12 Jedoch fordern diese »Momente der
Verunsicherung«13 dazu auf, die intellektuelle Auseinandersetzung mit den Begriffen
und deren Entwicklungsgeschichte nicht aufzugeben.14 »Der geschichtsblinde Jurist ist
gefährlich«,15 und nur wenn man die Entstehungsbedingungen unserer zentralen
Begrifflichkeiten kennt, »kann man weiter fragen, ob sie sich verändert haben und was
daraus für Auslegung, Anwendung und Fortentwicklung des geltenden Rechts folgt«. 16
Ohne Anspruch auf eine erschöpfende Betrachtung – sofern eine solche überhaupt
möglich wäre – können die in dieser Nummer versammelten deutschen und
französischen Beiträge gemeinsame Überlegungen zum Thema Verfassung anstoßen.
4 Dabei geht es nicht darum, die Entwicklungen und Veränderungen der beiden
gegenwärtig in diesen Ländern geltenden Verfassungen nachzuzeichnen, sondern den
Verfassungsbegriff einer historischen, theoretischen und rechtsvergleichenden
Betrachtung zu unterziehen (1). Anschließend soll der Blick auf die Verfassungsakteure
gerichtet werden (2), womit der dynamische Charakter der Verfassungsordnung betont
werden kann, die stets Auslegungen und Konkretisierungen bedarf. Zwar sind
Unterschiede zwischen Verfassungstext und Verfassungspraxis unvermeidbar, jedoch
stehen normative und politische Auffassung von Verfassung nicht zwangsläufig im
Widerspruch zueinander. Ab dem Moment, wo die Verfassung nunmehr in einem
zersplitterten politischen und gesellschaftlichen Umfeld gedacht werden muss (3),
können diese beiden Bedeutungen sich im Gegenteil sinnvoll ergänzen.

1. Historische, theoretische und rechtsvergleichende


Betrachtung
5 Oftmals wird hervorgehoben, dass der »verfassungsgeschichtliche Rückblick wie der
verfassungsvergleichende Seitenblick […] dazu prädestiniert [sind], den mit dem
eigenen (verfassungsdogmatischen wie) verfassungstheoretischen Standpunkt
verbundenen blinden Fleck sichtbar zu machen und kritisch zu beleuchten«. 17 In Bezug
auf die Verfassung wirft eine sowohl historische als auch rechtsvergleichende Analyse,
die zugleich rechtstheoretisch und rechtsphilosophisch sein will, das notwendige Licht
auf diese Frage.
6 a) Historisch betrachtet, erfährt der Verfassungsbegriff gegen Ende des
18. Jahrhunderts einen tiefgreifenden Bedeutungswandel und überwindet die bislang
vorherrschende deskriptive Auffassung der Regierungsformen politischer
Gemeinschaften. Der Wandel des Verfassungsparadigmas, in dem staatliche
Selbstbehauptung und Souveränität des Volkes zusammentreffen, wird in den
Beiträgen von Olivier Beaud und Dieter Grimm im Einzelnen nachgezeichnet. 18 Die
moderne Verfassung mit ihrem Anspruch, eine legitime und durch das Recht begrenzte
Herrschaft zu errichten – eine Verfassung im nunmehr auch normativen Sinne –, geht

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aus der amerikanischen und der Französischen Revolution hervor. Die fünf von Dieter
Grimm festgestellten Kriterien einer freiheitlichen und demokratischen Verfassung,
die das Ergebnis dieses Prozesses der »Normwerdung des Verfassungsbegriffes« 19
bildet, verbinden politische und rechtliche Dimensionen, die alle darauf abzielen, den
Gedanken einer vorgegebenen, äußeren oder übergeordneten Ordnung zu überwinden:
(1) Verfassungen sind Rechtsnormen, die aus einer politischen Willensentscheidung
hervorgehen; (2) sie regeln die Einrichtung und die Ausübung der Staatsgewalt; (3)
keine anderen Grenzen als diejenigen aus der Verfassung, weder vor- noch
außerkonstitutionelle, werden als Begrenzung der Staatsgewalt anerkannt; (4) die
Verfassung ist die oberste Rechtsnorm und geht allen anderen rechtlichen
Bestimmungen und Regelungen voran; (5) die einzige und ausschließliche
Legitimationsquelle der Verfassung ist der Wille des Volkes. 20
7 b) Rechtstheoretisch betrachtet, können die skizzierten besonderen historischen
Entwicklungen nur vor dem Hintergrund der Ideengeschichte, insbesondere der
liberalen politischen Philosophie der Aufklärung, verstanden werden. In diesem Sinne
besteht eine enge Verknüpfung zwischen Verfassung und Konstitutionalismus 21: Die
»moderne« Verfassung wird als höchstes niedergeschriebenes Gesetz aus der Feder
einer legitimen »verfassungsgebenden Gewalt« (pouvoir constituant) gedacht. Die sich
daraus ableitende Unterscheidung zwischen verfassungsgebender Gewalt 22 und verfassten
Gewalten ( pouvoirs constitués)23 ist hier maßgeblich – die verfassungsgebende Gewalt
gehört zur Macht des Volkes, im Gegensatz namentlich zu den alten, von den Fürsten
oktroyierten Verfassungen (monarchische »Souveränität« bzw. Legitimität). Gemäß der
doppelten Stoßrichtung von Artikel 16 der Erklärung der Menschen- und Bürgerrechte
gewährleistet die freiheitliche und demokratische Verfassung die »(Grund-)Rechte« des
Einzelnen und legt die »Trennung der Gewalten«24 fest. Sie geht im Übrigen einher mit
dem Prozess fortschreitender Unterscheidung zwischen Privatsphäre und öffentlichem
Raum.25
8 c) Eine rechtsvergleichende Betrachtung erlaubt schließlich eine noch genauere
Analyse. Alle hier vorgestellten Beiträge unterstreichen die Bedeutung der
unterschiedlichen Rechtstraditionen, der sozialen Rahmenbedingungen und der
Denkgewohnheiten. So hat sich die Entwicklung in Deutschland während des
19. Jahrhunderts abgehoben vom klassischen liberalen Konstitutionalismus. 26 Nach dem
Zusammenbruch des »III. Reiches« hat eine neue Verfassungskultur – man sprach sogar
von einem »Verfassungspatriotismus«27 – die Wiedererrichtung des Rechtsstaats
begleitet; dabei wurde ein besonderer Akzent auf die Gerichtsbarkeiten und die
Grundrechte28 gelegt. In Frankreich hat die revolutionäre Durchsetzung der Prinzipien
des Konstitutionalismus von 1789 das Land nicht vor »den Unbilden des französischen
Konstitutionalismus« bewahrt: die gesetzes-zentristische Tradition und das
»republikanische« Misstrauen gegenüber der rechtsprechenden Gewalt haben die
freiheitliche Verfassungskultur in gewissem Sinne »geschwächt«. 29 Ungeachtet
feststellbarer Gemeinsamkeiten der »europäischen Verfassungsordnungen«, 30 wie
beispielsweise die schrittweise Herausbildung einer »deutsch-französischen« oder gar
einer europäischen31 Rechtsgemeinschaft, prägen diese Traditionen noch immer das
nationale Rechtsdenken dies- und jenseits des Rheins.32

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2. Die Verfassung und ihre Akteure


a) Normative Verfassung, Verfassungsgerichtsbarkeit und
Konstitutionalisierung des Rechts

9 Sobald die Verfassung als Rechtsnorm begriffen wird, stellt sich die Frage nach den
Verfahren zu deren wirksamer Durchsetzung. Die Sicherung der Verfassung erfordert
zwar nicht zwangsläufig einen gerichtlichen Schutz, jedoch wird der Aufstieg des
Konstitutionalismus immer mehr mit der Einrichtung einer Verfassungsgerichtsbarkeit in
Zusammenhang gebracht.33
10 Die beiden hier übersetzten Artikel von Louis Favoreu und Helmuth Schulze-Fielitz
betonen diesbezüglich das heutige Vorherrschen einer normativen Dimension von
Verfassung, die mit den »Grundrechten und -freiheiten« verknüpft ist und von einer
»Konstitutionalisierung des Rechts« verstärkt wird; diese wird ihrerseits von den
Verfassungsgerichten alimentiert. In Frankreich war die Verrechtlichung des
Verfassungsrechts von einem Teil der Rechtslehre bereits lange vor dem sogenannten »
nouvel élan« (neuen Aufschwung) (A. Viala) gefordert worden, der durch Einführung des
neuen prozessrechtlichen Instruments der vorrangigen Frage zur
Verfassungsmäßigkeit (question prioritaire de constitutionnalité – QPC) im Jahr 2010
ausgelöst worden war. Der Leitartikel der ersten Ausgabe der 1990 von Louis Favoreu
ins Leben gerufenen Revue française de droit constitutionnel ist in dieser Hinsicht
programmatisch zu verstehen.
11 Die Unterschiede zum deutschen Verfassungsmodell sind dennoch erheblich, denn der
Verfassungsrat war ursprünglich nicht als Gericht zur Wahrung der Grundrechte und
Grundfreiheiten konzipiert worden. Der Kontrast zwischen den beiden Systemen bleibt
offensichtlich, sowohl in Bezug auf die Zusammensetzung als auch die Zuständigkeiten
der jeweiligen Verfassungsgerichte.34 Davon zeugt auch in den hier veröffentlichten
Beiträgen die Hervorhebung zunächst der sehr weitreichenden Kompetenzen des
deutschen Bundesverfassungsgerichts, darunter eine dem französischen Recht fremde
Urteilsverfassungsbeschwerde (M. Jestaedt), sodann der besonders dynamischen
Grundrechtsjudikatur35 des Gerichts – namentlich seit dem Lüth-Urteil vom 15. Januar
1958, das H. Schulze-Fielitz aus der Retrospektive, 50 Jahre danach, analysiert. Andreas
Voßkuhle, Präsident des Bundesverfassungsgerichts (2010–2020) wirft seinerseits einen
erhellenden Blick auf die bedeutsamen, vom Bundesverfassungsgericht gesetzten
Impulse für eine (auch europäische) »Integration durch Recht«.

b) Welche Rolle für die Verfassungsrechtslehre?

12 Die beiden Beiträge von Matthias Jestaedt und Alexandre Viala laden zu einer näheren
Betrachtung der Rolle der Rechtslehre ein. Der Artikel des Ersteren zeigt auf, wie
tiefgreifend die »Dogmatik« die deutsche Rechtskultur prägt.36 In ihrer die Anwendung
und Systematisierung des positiven Rechts begleitenden Funktion ist diese Dogmatik in
Deutschland weitaus präziser ausgestaltet als in Frankreich. Dazu gesellt sich eine »fast
schon symbiotische« Synergie zwischen Rechtslehre und Rechtspraxis, die aufgrund
der Bedeutung der Rechtsprechung des Bundesverfassungsgerichts besonders das
deutsche Verfassungsrecht charakterisiert (M. Jestaedt). Die deutsche Rechtslehre, mit
ihren in einer weit zurückreichenden und ruhmreichen Rechtstradition liegenden

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Wurzeln,37 bleibt ein »starker Partner« der Gerichte. Doch mahnen die deutschen
Juristen ständig, sich nicht mit dieser »Partnerrolle« zu begnügen und damit ihren
Diskurshorizont zugunsten eines »Bundesverfassungsgerichts-Positivismus« 38
einzuschränken und die Tradition der Systematisierung der Dogmatik zu
vernachlässigen.
13 Es überrascht nicht, dass ähnliche Warnungen vor der »Gefahr einer Unterordnung« 39
einer lediglich die Verfassungsrechtsprechung paraphrasierenden Rechtslehre auch in
Frankreich zu hören sind. Wie Alexandre Viala hervorhebt, liefe eine im Wesentlichen
auf die Rechtsprechung des Verfassungsrates fokussierte und dieser nachplappernde
Rechtslehre Gefahr, lediglich einem in der Verwaltungsrechtslehre seit langem
betretenen Pfad zu folgen, ohne jedoch dabei Impulse von einer ähnlich mächtigen
Institution wie dem Staatsrat zu erhalten. Mehr noch: ein Vergleich mit dem deutschen
Bundesverfassungsgericht schärft die Kritik an den Schwächen des französischen
Verfassungsrates.40 In Bezug auf die französische Rechtslehre weist die Kritik an der
»Überbetonung des Verfassungsprozesses« (A. Viala) darüber hinaus in eine andere
Richtung. Der Fokus liegt dabei nicht so sehr auf der »Dogmatik« – einem Begriff, der
im französischen Verfassungsrecht selten verwendet wird beziehungsweise diesem
»fremd« ist41 –, sondern drückt sich vornehmlich in einer stets neuen
erkenntnistheoretischen Suche mit dem Ziel aus, eine »wahre« Wissenschaft vom
Verfassungsrecht anerkennen zu lassen. Darüber hinaus ist es bedeutsam, im Rahmen
dieser Suche auch die Gegenstände des Verfassungsrechts zu erkennen: den
prozessrechtlichen und den politischen Aspekt dieses Bereiches auszuformulieren,
bleibt für die Rechtswissenschaft eine stimulierende Herausforderung. 42

c) Staatsorganisationsrecht und demokratische Wachsamkeit

14 In Frankreich wie in Deutschland sind Stimmen zu hören, die eine zu »positivistische«


Lesart der Verfassung kritisieren. Sie werde von einer »Grundrechtsbesessenheit« 43
genährt, welche ihrerseits das demokratische System schwäche. Die Aufforderung, »die
Wirklichkeit der Welt des Rechts hinter der Silhouette der Richter« zu entdecken
(A. Viala) oder die Rolle des Rechts im europäischen Integrationsprozesses zu begrüßen
(A. Voßkuhle), darf nicht dazu führen, die politische Dimension der Verfassung zu
verschleiern. Diese Dimension kann sich als besonders notwendig herausstellen, wenn
die Fragmentierung des Staates im Besonderen und der politischen Macht im
Allgemeinen sowie das Auseinanderbrechen des sozialen Gefüges das Nachdenken über
die Verfassung schwieriger gestalten.

3. Das Verfassungsdenken in einem fragmentierten


Umfeld
15 Da der Begriff der Verfassung mit der Geschichte des Staates verwoben ist, darf die
Frage nach den Transformationen des Staates selbst44 und deren »Auswirkungen auf die
Verfassung«45 nicht ausgeklammert werden.

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a) Verfassung und Staat im Angesicht des Prozesses der


Europäisierung und der Internationalisierung

16 Das Denken über den Staat und die Verfassung in einem eng verschränkten
europäischen und internationalen Kontext stellt eine bereits seit langem bekannte
rechtstheoretische Herausforderung dar.
17 Namentlich die Vertiefung des europäischen Integrationsprozesses hat alten Debatten 46
neue Nahrung gegeben, welche die Grenzen eines staatszentrierten Ansatzes des
Verfassungsrechts unterstreichen, einschließlich in Deutschland, dem bundesstaatliche
Strukturen doch eigentlich vertraut sind.47 Vor diesem Hintergrund legen Constance
Grewe und Hélène Ruiz-Fabri in ihrem Beitrag dar, inwiefern der Rückgriff auf das
Verfassungsvokabular ebenso wie die diesen Rückgriff begleitenden »erbitterten«
Auseinandersetzungen das atypische Wesen des europäischen Einigungsprozesses
veranschaulichen. Zweifellos erfuhren diese Fragen eine besondere Resonanz bei der
Ausarbeitung des »Vertrages über eine Verfassung für Europa« (2004). Das Scheitern
dieses Vertrages im Ratifizierungsprozess (2005) und die Verabschiedung eines
klassischen Vertragswerks (Vertrag von Lissabon, 2009) haben allerdings keinen
Schlusspunkt unter diese Debatten gesetzt. Wird nicht einerseits die
»Verfassungsidentität«48 der Staaten gegen eine manchmal als zu stark
vereinheitlichend empfundene europäische Integration ins Feld geführt? Sucht die
Europäische Union andererseits nicht selbst nach einer eigenen »Identität« 49 und stützt
sich dabei auf eine »Wertegemeinschaft«, die auf einem von den nationalen
Verfassungsrichtern und den europäischen Richtern bekräftigten und geteilten
Verfassungsinstrumentarium beruht (Voßkuhle)?50
18 Von einem rechtsvergleichenden Standpunkt aus ist die insbesondere seit dem
Lissabon-Urteil des Bundesverfassungsgerichts51 verstärkte Vitalität des deutschen
Rechtsdiskurses hervorzuheben. Ungeachtet der seit 1949 für das Grundgesetz
charakteristischen »offenen Staatlichkeit«52 und der Abgrenzung vom klassischen
Begriff der »Souveränität«, lässt sich diese Vitalität auch dadurch erklären, dass das
Grundgesetz außergewöhnliche Verfassungsbestimmungen enthält (z. B. die
»Ewigkeitsgarantie« nach Art. 79, Abs. 3 GG oder auch die Bestimmung über die
Geltungsdauer des Grundgesetzes in Art. 146 GG) und dass das
Bundesverfassungsgericht eine ausgesprochen dynamische Judikatur verfolgt. Sein
Präsident Andreas Voßkuhle manifestiert offen den Willen des Gerichts, aktiv an der
Entwicklung des europäischen Rechts mitzuwirken.53 Ohne Zweifel hat nicht nur
Deutschland diese Absicht. Doch sind die Bereiche außerordentlich breit, zu denen die
»Impulse« aus Deutschland kommen. Man denke an die Schlagwörter »Grundrechte«
(vgl. dazu die Frage des europäischen Haftbefehls54), Verfassungsidentität55 (vgl. dazu
die Rechtsprechung des EuGH zum kirchlichen Arbeitsrecht56) oder »ultra vires« (vgl.
dazu die sensible Frage der Politik der EZB57).
19 Die Konstitutionalisierung des Völkerrechts und die Diskurse über den »globalen
Konstitutionalismus«58 bieten gleichfalls Perspektiven für eine eingehendere
Betrachtung des Verfassungsbegriffes jenseits des Staates. Allerdings finden sie ihre
Grenzen in ihrer Uneinheitlichkeit und in noch nicht abgeschlossenen Entwicklungen.
Von dieser Feststellung ausgehend, darf bezweifelt werden, ob der »Bedeutungsverlust,
den die Verfassung auf der nationalen Ebene erleidet, auf der internationalen [oder der
europäischen] Ebene kompensiert werden kann« (Grimm). Derartige Zweifel bilden

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andererseits die Grundlage für Untersuchungen, die ein verstärktes, zumindest aber
beständiges Interesse am Staat erkennen lassen.59

b) Verfassung und Gesellschaft im Kontext der neuen Erwartungen


an den Staat

20 Letztendlich bleibt festzuhalten, dass, gleichgültig wie groß die Unwägbarkeiten auch
sein mögen, denen die französische und die deutsche Verfassungsordnung ausgesetzt
sind, das Fortbestehen dieser Verfassungsordnungen sowohl Flexibilität und
Bewahrung ihrer Identität als auch Entwicklung und Stabilität voraussetzt. In diesem
Zusammenhang stellt sich die Frage, unter welchen Bedingungen der demokratisch
verfasste Staat weiterhin den Rahmen des sozialen Gefüges bilden kann. Die
wiederholten Bemühungen, den Bürger »präsenter« zu machen, ihm »neuartige
Rechte« zu geben oder auch ihn ins »Zentrum des Institutionengefüges« zu stellen, 60
sind kein Zufall. Stärkung der repräsentativen Demokratie als identitätsstiftendes Band
zwischen Regierenden und Regierten,61 Ausweitung der partizipativen Demokratie,
insbesondere durch eine tatsächliche Mitwirkung des Wirtschafts-, Sozial- und
Umweltrates (Conseil économique, social et environnemental) oder dessen
Umgestaltung in eine ganz andere »auf Langfristigkeit«62 angelegte Kammer; Stärkung
der Rolle des Bürgers als Grundstein des Gesellschaftsvertrages – all diese
unterschiedlichen Pfade gilt es miteinander zu verbinden und zu beschreiten.
21 Bereits die frühen politischen Denker warfen die Frage auf nach dem Verhältnis von
Demokratie und Freiheitlichkeit, nach der Gefahr einer Tyrannei durch die Mehrheit 63
sowie nach der Möglichkeit einer »wirksamen« Ausübung der Souveränität durch das
Volk.64 Desgleichen wurden die Unzulänglichkeiten der Grundannahmen liberaler
Denker und der Unterscheidung zwischen Privatsphäre und öffentlichem Raum –
insbesondere in Bezug auf die Ausweitung der Aufgaben des Sozialstaats (und der
zunehmenden Bedeutung der wirtschaftlichen Akteure)65 – bereits sehr früh
thematisiert.
22 Die Überlegungen über den Verfassungsbegriff an der Wende vom 20. zum
21. Jahrhundert über die hier zusammengestellten Beiträge hinaus weiterzuführen,
setzt voraus, diesen Fragestellungen vertieft nachzugehen, denn die Fortentwicklung
einer zunehmend pluralen Gesellschaft führt zu neuartigen Erwartungen nicht nur an
die politische Macht, sondern auch an deren verfassungsrechtliches Fundament.

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NOTES
1. Stolleis (1992), S. 423.
2. Gaillet et al. (2018); Meinel (2019). Für eine Betrachtung dieser Frage jenseits des deutsch-
französischen Rechtsraums, vgl. beispielsweise Levitsky / Ziblatt (2018 [2017]).
3. Hierzu s. ebenfalls das Kapitel »Perspektives« (Kap. 9. A. Gaillet) im Sammelband von Gaillet et
al. (2019). Die vorliegende Einführung greift Auszüge aus dem genannten Kapitel auf.
4. Gusy (2018); Di Fabio (2018); Dreier / Waldhoff (2018). Siehe dazu auch Gaillet / Herrera (2020).
5. Oppermann (2009), S. 481 ff. und insbesondere S. 491. Auch die weiteren runden Jahrestage des
Inkrafttretens des Grundgesetzes haben Anlass zu ähnlichen Kommentaren gegeben. So wurde in
Karlsruhe am 23. Mai 2019 ein »Verfassungsfest« gefeiert, begleitet von einer Diskussionsrunde
zum Thema »70 Jahre Grundgesetz – Deutschland in guter Verfassung?«. Eine Erweiterung der
Perspektive bieten u. a. Herrera (2012) und (2015).
6. Zahlreiche Beiträge anlässlich des 50-jährigen Bestehens der Verfassung von 1958 wiesen
diesbezüglich bereits vielsagende Titel auf und betonten immer wieder bestehende
Ungleichgewichte und unklare Regelungen in Bezug auf das Verhältnis der Gewalten. Vgl.
insbesondere Chagnollaud (2008); Mathieu (2008). Anlässlich des 60-jährigen Bestehens der
Verfassung von 1958 scheint diese eher Gegenstand fragender Betrachtungen zu sein, die den
Blick auf den »Sinn« (Titre VII, Les Cahiers du Conseil constitutionnel, Nr. 1, 2018) der Verfassung
richten, »neue Blickwinkel« (Pouvoirs, Nr. 166, 2018) zu eröffnen suchen, beziehungsweise zehn
Jahre nach der Verfassungsreform von 2008 Bilanz ziehen wollen (RFDC 2018/4).
7. Beispielhaft kann der Begriff der »Verfassung« klassischerweise definiert werden als
»Gesamtheit der höchsten Normen einer Rechtsordnung, die nur gemäß einem bestimmten
Änderungsverfahren novelliert werden dürfen und deren Vorrang wirksam durch ein Gericht
sichergestellt wird. Diese Normen regeln die Organisation, die Gestalt und die Struktur eines
demokratisch verfassten Rechtsstaats, bestimmen die Organe des Staates sowie deren
Beziehungen zueinander und deren Zuständigkeiten und legen die Rechtsstellung des Bürgers im
Staatswesen fest, einschließlich deren unveräußerlicher Rechte«, Gerkrath (1998), S. 51.
8. Böckenförde (1976 [1969]); Jouanjan (2001); Stolleis (1990), S. 367 ff.
9. Vgl. bereits Grimm (1999), S. 39 ff.; Dreier (2009), S. 102. Vgl. nunmehr Grimm (2019a); (2019b),
S. 287 f.
10. Bourg / Whiteside (2010). Vgl. auch Ost (1995).
11. Beaud (1994).
12. Grimm (2012a), S. 330 (franz. Übersetzung in dieser Nummer enthalten, § 35).
13. Voßkuhle (2016), S. 161 (franz. Übersetzung in dieser Nummer enthalten, § 1).
14. Troper (2001).
15. Stolleis (1996).
16. Grimm (2018), S. 28.
17. Jestaedt (2010), S. 24 f.
18. Dazu s. auch Mohnhaupt (1989) und Grimm (1989), S. 831 f. bzw. S. 863 f. Ausführlicher
Mohnhaupt / Grimm (2002 [1995]); Grimm (1987), S. 221 ff.; Gosewinkel (2018), S. 945 ff.
19. Grimm (2012b).
20. Grimm (2012b), insbesondere. S. 104.
21. Baranger (2003), S. 266 ff.

Trivium, 30 | 2019
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22. Carré de Malberg (2003 [1919/22]), Teil II, Kap. IV, » Du pouvoir constituant«; Klein (1996);
Gosewinkel (2018); Möllers (2009).
23. Le Pillouer (2005-2006), S. 123 ff. Für eine kritische Sichtweise s. Jouanjan (1996), S. 267 ff.
24. Artikel 16 der Erklärung der Menschen- und Bürgerrechte vom 26. August 1789 besagt: »Eine
Gesellschaft, in der die Verbürgung der Rechte nicht gesichert und die Gewaltenteilung nicht
festgelegt ist, hat keine Verfassung«. Diesbezüglich sei angemerkt, dass im deutschen
Sprachraum der Begriff der »Gewaltenteilung« dem im Französischen verwendeten Terminus der
»Gewaltentrennung« (séparation des pouvoirs) vorgezogen wird. Zu diesem Thema s. den
Grundsatzbeschluss des Bundesverfassungsgerichts vom 30. Juni 2015, BVerfGE 139, 321 (361).
25. Zu dieser grundsätzlichen Frage s. Böckenförde (1976 [1972]).
26. Zu den Haupttendenzen des deutschen Liberalismus im 19. Jahrhundert vgl. Huber (1988),
S. 371 f.; Böckenförde (1961), S. 92 f.; für eine genauere Analyse: Böckenförde (1972). Für Beiträge
in französischer Sprache vgl. Hummel / Heuschling (2006), S. 227 ff.; Gaillet (2012).
27. Dieser Begriff findet sich in der deutschen Rechtsdiskussion erstmals im Zuge der
Feierlichkeiten anlässlich des 30-jährigen Bestehens des Grundgesetzes: Sternberger (1979) und
(1990 [1982]). Namentlich durch ihre Verwendung durch Jürgen Habermas (1987, S. 19) ist diese
Wendung in den Sprachgebrauch übergegangen. S. auch Grimm (2001), S. 107 ff.; Müller (2010).
Für eine kritische Würdigung s. Merten (1992), S. 283 f.
28. Mayer (2003), S. 175 f. und insbesondere S. 178 (hier zitiert v. Grewe und Ruiz-Fabri) spricht
an dieser Stelle sogar von einer »Besessenheit« (»obsession«) der deutschen Rechtsprechung und
Rechtslehre in Bezug auf die Grundrechte.
29. Baranger (2003), S. 268.
30. Grewe / Ruiz-Fabri (1995).
31. Beaud / Heyen (1999); v. Bogdandy (2011), S. 2818.
32. Hier wäre eine vertiefende Analyse der Besonderheiten des jeweiligen Verfassungsrechts und
Verfassungsdenkens sehr sinnvoll. Bezüglich des Verfassungsrechts vgl. beispielsweise Gaillet
u. a. (2019).
33. Jouanjan / Masing (2011).
34. Marsch (2019).
35. Hochmann (2019).
36. Lepsius (2008), S. 16.
37. Jouanjan (2005).
38. Schönberger (2014), S. 41 ff.; Schlink (1989), S. 161 ff.; ders. (2007), S. 157 ff.
39. Beaud (2003), S. 384 ff. und insb. S. 388.
40. Beaud et al. (2018).
41. Hochmann (2019).
42. In diesem Sinne s. Baranger / Beaud (2011); Le Divellec (2011).
43. Mayer (2003), S. 178. In Frankreich nehmen kritische Beiträge zu diesem Thema in der letzten
Zeit wieder zu: Gauchet (2017); Mathieu (2017).
44. Romano (2015).
45. Grimm (2018), S. 28.
46. S. bereits Huber (1993); Beaud (1993); Murswiek (1993), S. 163.
47. Jouanjan (2003), S. 23 f.; Beaud (1998), S. 89.
48. Troper (2008), S. 123 ff.; Millet (2013).
49. Mehdi (2015), S. 143 ff.
50. Hierzu s. auch Pernice (2007), S. 61 ff.
51. Urteil vom 30. Juni 2009 (BVerfGE 123, 267 – Lissabon).
52. Vogel (1964); Sommermann (2008); Kotzur (2011), S. 389 ff.
53. Vgl. insbesondere Italienischer Verfassungsgerichtshof, ordinanza n°24/2017 und Urteil
n°115/2018 im Rahmen der Rechtsache Taricco (EuGH, Gr. Kammer, 8. September 2015, Taricco,

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32

Rs. C-105/14; und EuGH, Gr. Kammer, 5. Dezember 2017, M.A.S und MB, Rs. C-42/17) ; dazu Perlo
(2018).
54. BVerfGE 140, 317 und EuGH, verb. Rs. C-404/15 und C-659/15 PPU (Aranyosi u. a.), ECLI :EU :C :
2016 :198.
55. Zur traditionellen Rechtsprechung des BVerfG siehe BVerfGE 73, 339 [375].
56. EuGH, Rs. C-414/16 (Egenberger), ECLI :EU :C :2018 :257. Siehe demgegenüber die
herkömmliche Rechtsprechung des BVerfG : BVerfGE 137, 273.
57. BVerfGE 142, 123, nach EuGH, Rs. C-62/14 (Gauweiler), ECLI :EU :C :2015 :400 ; BVerfGE 146,
216 und EuGH, Rs. C-493/17 (Weiss u. a.), ECLI :EU :C :2018 :1000.
58. Tourard (2000). S. auch die dieser Frage gewidmete Ausgabe Nr. 19 der Zeitschrift Jus
Politicum.
59. Evans et al. (2010); Beaud (1994); Möllers (2011) und (2008); Bonin et al. (2018).
60. S. Vedel (1993) bzw. Balladur (2007) und Bartolone / Winock (2015).
61. Jouanjan (2000), S. 34. Zur repräsentativen Demokratie s. Böckenförde (1991 [1983]).
62. Bourg (2017).
63. Constant, Principes de politique (1815); Tocqueville (1984 [1835]). Für einen Gesamtüberblick, s.
Manent (2012).
64. Rousseau (1762). Für eine Einordnung in einen größeren Zusammenhang, s. beispielsweise die
Beiträge zum »allgemeinen Willen« in: Jus Politicum (2014), Nr. 10.
65. S. z. B. Rivero (1969), S. 311 ff.

INDEX
Mots-clés : introduction, constitution
Schlüsselwörter : Einleitung, Verfassung

AUTEURS
AURORE GAILLET
Aurore Gaillet ist Professorin für öffentliches Recht an der Universität Toulouse 1 Capitole.
Nähere Informationen finden Sie hier.

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Textes traduits en français


Übersetzungen ins Französische

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L’arrêt Lüth – 50 ans après


Helmuth Schulze-Fielitz
Traduction : Olivier Joop

NOTE DE L’ÉDITEUR
Nous remercions M. Helmuth Schulze-Fielitz de nous avoir accordé l’autorisation de
traduire ce texte pour le présent numéro.
Wir danken Herrn Helmuth Schulze-Fielitz für die freundliche Genehmigung, diesen
Artikel in französischer Übersetzung zu publizieren.

1 Même 50 ans plus tard, l’arrêt Lüth, rendu par la Cour constitutionnelle fédérale le
15 janvier 1958, n’a rien perdu de son actualité. Il confère durablement à la liberté
d’expression un rang primordial pour le débat public démocratique et marque le point
de départ du développement d’une dogmatique des droits fondamentaux
spécifiquement allemande, à l’origine d’un renforcement des compétences et de la
puissance particulières de la Cour constitutionnelle fédérale. Les raisons qui expliquent
l’approche particulière de résolution de conflits entre droits suivie dans l’arrêt Lüth ne
laissent pas présager un abandon de cette jurisprudence, abandon qui ne serait
d’ailleurs ni souhaitable ni réaliste.

I. Le cas Lüth et les strates des problèmes soulevés


1. Les faits de l’espèce

2 Erich Lüth était un haut fonctionnaire hambourgeois et chef de l’office de presse de


cette ville-État. En 1950, il s’opposa publiquement aux activités du metteur en scène
Veit Harlan, qui avait tourné en 1943 le film de propagande antisémite « Jud Süß », et
exhorta à plusieurs reprises le grand public à boycotter le nouveau film de Veit Harlan,
« Unsterbliche Geliebte ». La société cinématographique qui avait produit ce film porta
plainte devant les tribunaux civils, en invoquant le § 826 du Code civil allemand,
F0
2A

directement contre Lüth et exigea que ce dernier s’abstînt d’appeler au boycottage, un

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35

appel qu’elle considérait comme contraire aux « bonnes mœurs ». La plainte fut
couronnée de succès devant le tribunal régional de Hambourg, et Erich Lüth forma
ensuite un recours constitutionnel contre cette décision, au motif que celle-ci violait sa
liberté d’expression (garantie par l’article 5, alinéa 1 er, 1re phrase de la Loi fondamentale
– LF), un recours constitutionnel couronné de succès devant la Cour constitutionnelle
fédérale.

2. Les dimensions du problème

3 Pratiquement tout juriste allemand a déjà entendu parler de l’arrêt Lüth de la Cour
constitutionnelle fédérale – aucun cours de droit, aucun manuel de droits
fondamentaux n’omet d’y faire référence ; lors du cinquantenaire de l’institution de la
Cour constitutionnelle fédérale, le conférencier d’honneur souligna que s’il ne devait
retenir qu’une décision de la Cour constitutionnelle fédérale à emporter avec lui sur
une île déserte, son choix se porterait sur l’arrêt Lüth1. Quelle est la signification
« historique2 » de cette décision ? Les effets de ce « Big Bang3 » se manifestent dans
plusieurs dimensions thématiques, pour lesquelles l’arrêt a posé des jalons en matière
de dogmatique des droits fondamentaux, à savoir (a minima) : l’étendue de la liberté
d’expression et la possibilité d’imposer des limites à l’expression d’opinions (II.), la
théorie des droits fondamentaux et leur dimension objective (III.), entraînant des
conséquences majeures en ce qui concerne l’importance de la liberté d’expression dans
une démocratie, le rôle des droits fondamentaux en droit privé, le renforcement du rôle
de la Cour constitutionnelle fédérale et les débats au sein de la doctrine et portant sur
les droits fondamentaux (IV.). S’ajoute une dimension relative à la culture
constitutionnelle et au contentieux constitutionnel, fortement marquée par le droit en
Allemagne qui, si elle devait se trouver relativisée à long terme, ne pourrait l’être qu’en
raison des évolutions à l’échelon international (V.).

II. Portée et possibilité de limiter l’expression


d’opinions
1. La conception large de la notion « d’opinion exprimée » protégée
par la liberté d’expression

4 Un appel au boycott peut-il constituer l’expression d’une opinion protégée par les
droits fondamentaux ? L’arrêt Lüth apporte à cette question une réponse affirmative (à
l’opposé des conceptions prévalant alors en droit civil4) :
« L’idée que seule l’expression d’une opinion serait protégée par les droits
fondamentaux, mais non les effets voulus ou produits à l’égard de tiers, doit être
rejetée. Le sens de l’expression d’une opinion est justement de “produire un effet
intellectuel sur son environnement”, “d’avoir pour effet la formation d’opinions et
de vouloir convaincre dans la société” (Häntzschel, HdbDStR II, p. 655) … La
protection offerte par le droit fondamental s’étend en premier lieu à l’opinion
personnelle exprimée au moyen d’un jugement de valeur formulé, opinion par
laquelle le locuteur entend exercer une influence sur les tiers. Une distinction entre
expression (protégée) d’une opinion et effets (non protégés) de cette opinion serait
dénuée de sens5. »

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36

5 L’arrêt donne une interprétation large à la notion d’expression d’une opinion et par
conséquent également au domaine protégé par la disposition de l’article 5, alinéa 1 er, 1re
phrase LF – confirmant en même temps une tendance jurisprudentielle (désormais
établie depuis plusieurs décennies) consistant à interpréter généreusement le champ
d’application tombant sous la protection des droits fondamentaux (ce que le Cour avait
précédemment déjà fait dans son arrêt Elfes6) –, ce qui a pour conséquence que toute
restriction apportée à un droit fondamental (que ce soit par le législateur ou lors de
l’application concrète d’une loi) doit être susceptible, d’une part, d’être justifiée eu
égard aux exigences constitutionnelles et, d’autre part, de faire l’objet d’un contrôle de
constitutionnalité. L’arrêt Lüth parvient déjà explicitement à une telle conclusion :
« L’expression d’une opinion telle qu’elle vient d’être entendue est, en tant que
telle, c’est-à-dire dans sa portée purement intellectuelle, libre ; toutefois, si par
l’expression de cette opinion, il est porté atteinte au droit d’un tiers protégé par la
loi, et dont la protection mérite de prévaloir sur la liberté d’expression, l’atteinte en
question n’est pas justifiée du simple fait qu’elle est commise au moyen de
l’expression d’une opinion. Il est alors nécessaire de “mettre en balance les droits”
en présence : la liberté d’expression doit s’effacer si des intérêts d’une autre
personne dignes de protection possèdent une valeur supérieure et se trouveraient
violés en cas d’exercice de la liberté d’expression. La question de savoir si de tels
intérêts devant prévaloir sont concrètement en jeu doit trouver une réponse en
prenant en considération tous les éléments constitutifs du cas concret à trancher 7. »
6 Les cas impliquant des droits fondamentaux supposent donc de mettre ceux-ci en
balance les uns par rapport aux autres, ce qui conduit à un certain degré
d’imprévisibilité, due aux éléments particuliers des dits cas, lors de l’application
concrète du droit. Parmi les problèmes qui s’ensuivent figure celui de déterminer
concrètement les limites des « effets » – le droit fondamental n’est en tout cas pas
protégé lorsque son exercice est accompagné de l’exercice actif d’un pouvoir (par
exemple, un appel au boycott qui ne se bornerait pas à des arguments intellectuels,
mais tenterait de s’imposer par des moyens de puissance économique, ou encore un
recours à la violence)8. Il n’est alors guère étonnant que certains auteurs aient prôné
une acception plus étroite de la portée des droits fondamentaux, permettant
notamment d’éviter de procéder à cette opération de mise en balance. Ces voix
viennent peut-être de trouver récemment un écho, bien que marginal, jusqu’au sein
même de la Cour constitutionnelle fédérale9. La jurisprudence relative à la liberté
d’expression10 n’en a toutefois pas encore été affectée ; une limitation du domaine
protégé par l’article 5, alinéa 1er, 1re phrase, LF et qui laisserait un « Lüth
contemporain » sans protection constitutionnelle n’est pas sérieusement débattue.

2. La « généralité » des lois restreignant la liberté d’expression

7 L’arrêt Lüth apporte à ce jour une réponse de principe à la question de savoir ce qu’il
convient d’entendre par le terme de « lois générales » figurant à l’article 5, alinéa 2, LF
et imposant des limites aux libertés de communication visées à l’alinéa 1 er de l’article 5
LF. Ces lois sont toutes les lois
« qui “n’interdisent pas une opinion en tant que telle, qui ne sont pas dirigées
contre l’expression d’une opinion en tant que telle”, mais qui “ont pour souci de
protéger un droit subjectif en soi digne de protection, indépendamment de
l’expression d’une opinion particulière”, en d’autres termes qui visent à protéger
une valeur commune primant sur l’exercice de la liberté d’expression 11 ».

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8 Cette formulation – elle-même sujette à interprétation – combine deux propositions


issues de la science juridique de l’époque de la République de Weimar, a priori
contradictoires et se distinguant – tout comme ce fut déjà le cas lors de la définition du
domaine protégé par les droits fondamentaux – du point de vue de leur clarté et leur
accommodation avec le fait de devoir opérer des mises en balance. Selon la théorie du
« droit spécial » ([Sonderrechtslehre] – formulée pour la première fois par Kurt
Häntzschel), une loi n’est pas générale – et donc illicite – lorsqu’elle est dirigée contre
une opinion particulière ; en revanche, selon le point de vue remontant à Rudolf
Smend, les lois générales protègent des droits qui sont matériellement supérieurs (au
sens de l’intérêt général formulé à l’âge des Lumières), parce qu’ils relèvent de l’intérêt
indispensable pour la vie commune en société12. La combinaison évoquée
précédemment constitue une formule qui a permis à la Cour constitutionnelle, et à sa
jurisprudence ultérieure, d’une part de souligner régulièrement l’objectif d’exclure
qu’il y ait des lois spéciales contre le processus de formation des opinions 13 et d’autre
part de partir du principe de la priorité des droits et des intérêts protégés par les lois
pénales et civiles14 et de faire en définitive des limites particulières prévues à l’article 5,
alinéa 2, LF un élément examiné dans le cadre du contrôle classique du respect du
principe de proportionnalité, sans que ne soit survenu à ce jour un conflit insoluble
entre ces deux aspects. La démarche de la Cour ferme ainsi la voie aux possibilités de
contournement qui s’ouvriraient si la jurisprudence ne se fondait que sur la théorie du
« droit spécial », auquel cas le législateur pourrait, au moyen de la poursuite ciblée
d’objectifs en soi justifiables, interdire en apparence involontairement certaines
opinions particulières. La difficulté est toutefois que, pour des cas comme le droit
manifestement spécial prévu par le § 130, alinéas 3 et 4, du Code pénal allemand et
incriminant la négation de la Shoah ou encore l’interdiction d’utiliser les symboles du
national-socialisme (§§ 86 et 86a du Code pénal), la théorie du « droit spécial » n’est
guère applicable si elle n’est pas complétée par des exceptions et raisonnements
auxiliaires15 ; un problème supplémentaire est que les autres limites à la liberté
d’expression explicitement citées de manière autonome à l’article 5, alinéa 2, LF –
concrètement, il s’agit des dispositions légales pour la protection de la jeunesse et celle
de l’honneur personnel – constituent également des « lois générales » et sont donc
incluses dans cette limitation possible de la liberté d’expression.

3. La mise en balance concrète – entre interprétation conforme à la


Constitution et examen du respect du principe de proportionnalité

9 Tant en raison de l’étendue du domaine protégé qu’en raison de la mise en balance des
droits mise en œuvre lors de l’examen du caractère proportionné de restrictions
apportées par des lois générales, la technique consistant à mettre en balance les
intérêts en présence est centrale pour la résolution de cas impliquant la liberté
d’expression. Selon la formulation employée dans l’arrêt Lüth, il serait erroné de
considérer
« que la définition de la portée matérielle de ce droit fondamental soit précisément
laissée à la loi ordinaire (et inéluctablement aussi à la jurisprudence des tribunaux
chargés d’interpréter la loi), qui pourrait relativiser ce droit de quelque manière
que ce soit. Au contraire, le principe devant s’appliquer également ici est que les
lois générales restreignant ce droit fondamental doivent elles-mêmes être
examinées à la lumière de la signification de ce droit fondamental et interprétées

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d’une manière telle que soient préservées en tous les cas les valeurs particulières
qu’il protège et qui, dans une démocratie libérale, doivent aboutir à une
présomption de principe en faveur de la liberté d’expression dans tous les
domaines, et en particulier dans celui de la vie publique. La relation réciproque qui
existe entre ce droit fondamental et la ‘loi générale’ ne peut alors être interprétée
dans un sens qui considérerait que les ‘lois générales’ puissent unilatéralement
limiter la portée de ce droit ; il s’agit au contraire d’une interaction en ce sens
qu’aux termes de la Loi fondamentale, ce sont certes les ‘lois générales’ qui peuvent
apporter des restrictions à ce droit fondamental, mais que ces lois doivent elles-
mêmes être interprétées sur le fond du choix de valeurs opéré par ce droit
fondamental dans le cadre de l’État libéral et démocratique, ce qui a pour
conséquence que ces lois doivent à leur tour être limitées dans leurs effets
restreignant le droit fondamental16. »
10 Cette pondération méthodologiquement délicate à opérer et dépendant en apparence
du « contenu d’une valeur » a initialement été disqualifiée sous le nom de « théorie de
la balançoire » (Schaukeltheorie), mais, sur le fond, elle correspond toujours à la ligne
jurisprudentielle suivie jusqu’à ce jour. Toutefois, il apparaît aujourd’hui plus
nettement qu’il y a 50 ans que la Cour combine ici deux figures de dogmatique qui, dans
leur principe, sont désormais largement reconnus : le principe de l’interprétation
conforme à la Constitution des lois ordinaires (ici en ce qui concerne l’article 5,
alinéa 1er, 1re phrase, LF) et le principe de proportionnalité exigeant que toute
restriction apportée à un droit fondamental soit proportionnée ; que ce principe vaut
également pour le législateur a été explicité par la Cour constitutionnelle fédérale
quelques mois après l’arrêt Lüth, dans l’arrêt relatif à la liberté professionnelle des
pharmaciens (Apotheken-Urteil), dans laquelle elle a développé la théorie dite des « trois
degrés » (Drei-Stufen-Theorie) d’intensité d’une ingérence dans un droit fondamental 17.
11 Si l’on reformule ainsi le processus de mise en balance, il est aisément possible de
comprendre, non seulement la puissance du modèle de la mise en balance et le
caractère adéquat de ce modèle pour la résolution de conflits entre une liberté
fondamentale et d’autres droits fondamentaux ou droits protégés par la Constitution,
dans des cas autres que ceux relatifs à la liberté d’exprimer une opinion, mais
également le fait que ce modèle a, dans la jurisprudence de la Cour constitutionnelle
fédérale, été généralisé pour toutes les libertés de communication protégées par
l’article 5, alinéa 1er, LF (et, au-delà, pour tous les conflits impliquant des libertés
fondamentales). Il s’ensuit cependant un autre problème, consistant à maîtriser de
manière rationnelle, pour chaque domaine concerné, ces processus de mise en balance,
par exemple dans celui de la conciliation entre la liberté d’expression et la protection
de l’honneur personnel18. La riche jurisprudence établie lors de nombreux cas et les
contributions doctrinales correspondantes19 montrent non seulement qu’il est difficile
de délimiter la dimension et l’importance des intérêts politiques et économiques
susceptibles d’entrer en conflit avec un droit fondamental, mais également qu’il est, en
définitive, quasiment impossible de trouver une formule permettant d’apaiser de tels
conflits. En dernier lieu, il convient de mentionner un effet supplémentaire et
important en qui concerne le traitement de cas dans le quotidien de l’enseignement
universitaire en Allemagne : lorsqu’un étudiant doit traiter un cas relatif à une possible
atteinte au droit fondamental protégé par l’article 5, alinéa 1 er, LF, il doit, en raison de
cette construction dogmatique, procéder à un examen en deux temps pour déterminer
s’il y a eu ou non une atteinte injustifiée à ce droit : d’abord, sur le plan du contenu de

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la loi elle-même, puis au niveau de l’application concrète de cette loi dans un cas donné
20
.

III. Les droits fondamentaux en tant qu’éléments


objectifs d’un « ordre de valeurs »
12 Les développements de la Cour sur les particularités de la disposition de l’article 5 LF
ont été encore plus fondamentaux que les effets engendrés par les hypothèses
générales de la théorie des droits fondamentaux qui sous-tendent l’arrêt Lüth et,
depuis, la jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale relative aux droits
fondamentaux. La formule classique employée par la Cour est la suivante :
« Sans aucun doute, l’objectif premier des droits fondamentaux est de protéger la
sphère de liberté de l’individu contre les ingérences de la puissance publique ; ce
sont des garanties du citoyen contre l’État. (…) Il est cependant tout aussi vrai que
la Loi fondamentale, qui n’entend pas être un ordre juridique axiologiquement
neutre (…), a également créé, dans sa partie consacrée aux droits fondamentaux, un
ordre objectif de valeurs, et que c’est précisément par l’établissement de cet ordre
de valeurs que se manifeste le renforcement de principe de l’autorité des droits
fondamentaux. (…) Cet ordre de valeurs, centré sur la personnalité et la dignité
humaines, qui s’épanouissent au sein de la société, doit être considéré comme une
décision de principe que la Constitution impose à toutes les branches du droit ; le
législateur, l’administration et la justice en reçoivent des directives et des
encouragements à agir dans un certain sens21. »
13 Cette jurisprudence exprime la reconnaissance systématique de la dimension objective
des droits fondamentaux, qui s’imposent de surcroît à toutes les branches du droit. Les
termes (que l’on pourrait soupçonner d’être porteurs d’idéologie) d’« ordre de valeurs 22
» ou de « système de valeurs » reflètent plutôt l’esprit de l’époque. Ils permettaient de
faire écho aux efforts (que la Cour constitutionnelle fédérale n’a pas repris) que les
meilleurs juristes des premières années de la République fédérale fournirent pour
tenter de surmonter leur échec collectif durant la période avant 1945, en ayant surtout
recours, d’une part, à l’éthique de valeurs philosophique formulée par exemple par Max
Scheler et Nicolai Hartmann et, d’autre part, à l’idée du droit naturel (catholique). Ces
juristes associaient les causes de cet échec au « relativisme à l’égard des valeurs » sous
la République de Weimar, un relativisme qui aurait été confirmé par le droit inique de
l’époque nazie23. En parallèle, cette démarche permettait également de conférer un
fondement positif au nouvel ordre juridique des droits fondamentaux en tant que
« système de valeurs et d’exigences24 », y compris dans le but de rétablir la réputation
morale de l’Allemagne dans le monde25.
14

15 Au-delà de cette terminologie ambivalente, que la Cour a d’ailleurs par la suite de


moins en moins employée26, la question de fond tient à la teneur des garanties offertes
par les droits fondamentaux, en tant qu’« éléments d’un ordre objectif 27 », destinés à
compléter la dimension première de ces droits en tant que garanties contre l’État sous
la forme de droits du citoyen opposables à l’État et exigeant de ce dernier qu’il cesse ou
qu’il s’abstienne de certaines mesures28. La dimension objective est censée simplement
renforcer la dimension subjective des droits fondamentaux29. Mais, dans la
jurisprudence comme dans la doctrine, elle a acquis une importance propre, et non plus
uniquement une valeur de complément (ce qui a donné une actualité nouvelle à des

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conceptions oubliées des droits fondamentaux). Cette affirmation centrale de l’arrêt


Lüth fit immédiatement l’objet de critiques, dans le prolongement de querelles de
l’époque de Weimar sur des méthodes et des principes : ces critiques percevaient là une
« transformation de la loi constitutionnelle » et de sa technicité comme de sa précision
– autant de qualités formelles de l’État de droit – au profit d’une dé-formalisation de
l’État de droit et d’un raisonnement fondé sur une hiérarchie de valeurs, dans une
démarche comparable à la « méthode des sciences humaines » 30. Cette critique ne s’est
cependant pas imposée, car elle se fonde sur une conception de la Constitution réduite
à un ordre étatique formel31 n’acceptant pas la force nouvelle de la Loi fondamentale de
1949, conçue comme ordre fondamental de l’État et de la société. – L’importance
primordiale, pour la pratique du droit, des prémisses tirées des droits fondamentaux et
établies par cette jurisprudence, peut être aisément explicitée au travers des
conclusions de théorie du droit tirées déjà dans l’arrêt Lüth lui-même, ainsi que dans la
jurisprudence des cinquante années qui se sont écoulées depuis.

IV. Conséquences pratiques de la dimension objective


des droits fondamentaux
1. La pondération de la liberté d’expression

16 Dès lors que les droits fondamentaux sont l’expression de jugements de valeur
objectifs, dont la portée et les effets doivent être pris en considération de manière
appropriée lors de la mise en balance, se pose la question de l’importance qui doit leur
revenir dans chaque cas. Concernant l’article 5 LF, l’arrêt Lüth souligne jusqu’à ce jour
l’importance tout simplement fondamentale de la liberté d’expression :
« Le droit fondamental de la liberté d’expression, en tant que manifestation la plus
directe de la personnalité de l’homme dans la société, est un des droits les plus
nobles qui soit (“un des droits les plus précieux de l’homme” [en français dans le texte,
ndlr], selon l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de
1789). Pour un ordre démocratique et libéral, ce droit est tout simplement
constitutif, car il rend possibles les débats intellectuels et la lutte des opinions,
élément vital pour un tel ordre (Recueil BVerfGE 5, 85 [205]. Il constitue, d’une
certaine manière, le fondement pour toutes les autres libertés, “the matrix, the
indispensable condition of nearly every other form of freedom” (Cardozo) 32. »
17 Dès lors que le droit subjectif d’exprimer une opinion, quel que soit le contenu de celle-
ci, politique ou non, est considéré objectivement comme « tout simplement
constitutif » pour la démocratie, les contributions aux débats d’idées seront revêtues
d’une importance plus élevée, étant donné que
« le contenu de ce droit fondamental en tant que porteur d’une liberté
fondamentale (…) doit être pris en considération en particulier lorsque ce droit
n’est pas utilisé dans le cadre de débats dans un cercle privé, mais dans la sphère
publique et que le locuteur veut contribuer à la formation de l’opinion publique (…).
La protection d’un droit subjectif privé peut et doit s’effacer d’autant plus
fortement que les propos tenus ne sont pas dirigés directement contre ce droit
subjectif dans un cadre privé, notamment celui de la vie économique, et ne
poursuivent pas un objectif égoïste, mais sont au contraire destinés à apporter une
contribution, par une personne pour laquelle il est légitime de s’exprimer, dans le
cadre d’un débat d’idées portant sur une question essentielle intéressant le grand
public ; dans un tel cas, il convient de présumer qu’il est justifié de faire prévaloir la
liberté de parole33. »

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18 Contrairement à ce qu’affirment certains critiques34, cette présomption n’aboutit pas


tant à accorder un « privilège » à l’expression d’une opinion politique, qu’à reconnaître
l’effet particulier d’un propos politique en ce qu’il rend possible la participation au
débat démocratique35. Cette appréciation, rendue possible par la dimension objective de
la liberté d’expression, assure jusqu’à aujourd’hui l’importance particulière, voire la
primauté, de la liberté d’expression, et elle a été étendue à la liberté des médias de
masse et à la liberté d’expression artistique. Ce faisant, elle conduit à une dogmatique
de plus en plus fine pour tracer les limites des droits en cause dans le cadre d’une mise
en balance, notamment dans le domaine de la protection de l’honneur de tiers 36 ou de la
protection de la sphère privée de personnalités célèbres37.

2. L’effet horizontal « indirect » des droits fondamentaux en droit


privé

19 Si l’on considère que les droits fondamentaux constituent un droit objectif qui, en tant
que droit constitutionnel, s’impose à toutes les branches de l’ordre juridique, alors le
principe qui doit s’appliquer également au droit privé est le suivant : les droits
fondamentaux sont susceptibles de déployer des effets (également) à l’égard de
rapports de droits privés, autrement dit, d’avoir un effet « horizontal » entre les
citoyens. L’attitude de la Cour constitutionnelle fédérale reprend une solution de
compromis proposée par Günter Dürig et considère que les droits fondamentaux
déploient un effet « indirect » à l’égard des tiers, qui s’ajoute à leur rôle de garanties
contre les actions de l’État :
« Le contenu normatif des droits fondamentaux en tant que normes objectives se
déploie également dans le droit privé, à travers les dispositions directement
applicables dans cette branche du droit. (…) Un litige entre personnes privées
portant sur les droits et les obligations que ces personnes tiennent en vertu de ces
dispositions du droit civil, et sur lesquelles les droits fondamentaux exercent une
influence, demeure, sur le fond comme en ce qui concerne la procédure, un litige de
droit privé. Le droit qui y est interprété et appliqué est le droit civil, même si
l’interprétation de ce dernier doit se conformer au droit public de la Constitution.
(…) La jurisprudence peut traduire cette influence des droits fondamentaux
notamment lors de l’interprétation de dispositions contenant des “clauses
générales”, telles celles contenues dans le § 826 du Code civil. Pareilles dispositions
emploient en effet, pour l’appréciation d’une action, des notions indéterminées
tirées d’un domaine extra-civil, voire extra-juridique, ce qui est ici le cas de la
notion de “bonnes mœurs”. Or, pour déterminer ce que ces règles sociales exigent
dans un cas particulier, il faut avant tout s’appuyer sur l’ensemble des valeurs que
le peuple a, à un moment donné de son évolution intellectuelle et culturelle,
atteintes et consignées dans sa Constitution. Pour cette raison, et à juste titre, les
principes généraux ont été qualifiés de “brèches” par lesquelles les droits
fondamentaux s’immiscent dans le droit civil38. »
20 La terminologie employée (« effet à l’égard des tiers », « effet horizontal ») ou encore
les nuances des débats doctrinaux de l’époque portant sur les effets directs ou indirects
des droits fondamentaux ne sont plus si significatifs aujourd’hui. En revanche, la
proposition selon laquelle des exigences déduites des droits fondamentaux, en tant que
droits individuels de l’homme, sont susceptibles de marquer de leur empreinte
primordiale l’ordre juridique adopté par le législateur – que cette influence s’exerce au
moyen d’une interprétation et d’une application conformes à la Constitution des lois ou
à travers un effet de rayonnement revêtant également les dispositions régissant les

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relations de droit privé39 – déploie encore et toujours un effet particulièrement durable.


La primauté constitutionnelle est ainsi globale, la portée de l’article 1 er, alinéa 3, LF,
renforçant encore l’importance de la Loi fondamentale. Parmi les problèmes qui
s’ensuivent et qui n’ont à ce jour pas encore été résolus, deux peuvent être cités. Tout
d’abord, l’interprétation des dispositions consacrant les droits fondamentaux –
dispositions prenant la forme de principes généraux et rédigées au moyen d’énoncés
très abstraits – permet-elle encore de déduire de ces dispositions tout ce que la
jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale en déduit ? L’ordre juridique
régissant le droit privé, formé au fil des siècles et la doctrine civiliste conservant la
mémoire des raisonnements sur la justice, peut-il être chapeauté (les critiques diront
« abîmé40 ») par l’interprétation de la Loi fondamentale ?

3. Primauté et renforcement du rôle de la Cour constitutionnelle


fédérale

21 La dimension objective des droits fondamentaux tend à accroître l’importance de la


Constitution, mais aussi de la Cour constitutionnelle fédérale en tant qu’institution.
Pour reprendre les termes de l’arrêt Lüth :
« La Cour constitutionnelle fédérale (…) doit (…) disposer des outils juridiques (…)
permettant d’assurer vis-à-vis de tous les organes de la puissance publique, y
compris les tribunaux civils, l’efficacité de la valeur spécifique, pour la démocratie
libérale, qui se manifeste à travers ce droit fondamental 41. »
22 Les larges compétences de la Cour constitutionnelle fédérale en matière de
contentieux constitutionnel, notamment celle de trancher des recours constitutionnels
dirigés contre les décisions de justice de tous les ordres de juridiction, permettent à la
Cour, au fil des cas concrets qui lui sont soumis, d’imprégner de ses interprétations de
la Constitution la totalité de l’ordre juridique. Cette situation aboutit à une
« constitutionnalisation » de l’ordre juridique formé par les lois ordinaires 42. Il en
découle un problème non résolu jusqu’à ce jour (et vraisemblablement impossible à
résoudre), résidant dans la manière dont il serait possible de distinguer clairement
entre une violation du « droit constitutionnel spécifique » – qu’il appartient à la seule
Cour constitutionnelle fédérale de juger – et une violation du droit « ordinaire » –
relevant de la compétence des juridictions non constitutionnelles. Pour le juriste
devant appliquer le droit, la concentration sur le cas individuel et la prise en compte de
toutes les circonstances essentielles de ce dernier43 ne constituent justement pas une
solution pour disposer de critères prévisibles et faciles à manier ; ce constat est
également valable pour ladite « formule de Heck » (Heck’sche Formel), selon laquelle une
mauvaise interprétation de la loi ordinaire n’est contraire à la Constitution que si « elle
repose sur une interprétation dans son principe erronée de la signification d’un droit
fondamental, en particulier de l’étendue du domaine protégé par ce droit, et qu’elle
présente une certaine importance dans son impact matériel sur le cas concret » 44. Dans
les faits, la situation est dominée par une « réserve de compétence de la Cour
constitutionnelle », réserve souvent critiquée et qui fait apparaître la Cour
constitutionnelle fédérale comme l’une des juridictions les plus puissantes dans le
monde45.

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4. Prolongements dans les débats doctrinaux relatifs aux droits


fondamentaux

23 Les débats doctrinaux de théorie des droits fondamentaux qui ont suivi depuis cinq
décennies et portant sur les dimensions objectives des droits fondamentaux – souvent,
ces débats sont la réponse au développement décomplexé de ces dimensions par la
jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale – ont conduit à un niveau
théorique, comportant de fines ramifications dogmatiques, qui n’a guère d’équivalent
dans le monde et dont même les juristes spécialisés ont du mal à garder une vue
d’ensemble. Dans le cadre de la présente contribution, ces débats ne peuvent être
qu’esquissés. De manière schématique, il est possible de distinguer trois lignes de
débats, portant respectivement sur l’étendue, la maîtrise et les limites de la mise en
balance (a), sur la redécouverte (et la différenciation), la systématisation et la critique
des dimensions objectives des droits fondamentaux (b), puis, récemment, sur une
nouvelle formulation du contenu objectif des droits fondamentaux par la
jurisprudence, traduisant une tendance à insister à nouveau plus fortement sur la
dimension des droits fondamentaux en tant que garanties contre l’action de l’État,
dimension qui constitue le noyau dur des droits de l’homme (c).
24 (a) La conception élargie, sur le plan du principe, du domaine protégé par les droits
fondamentaux (y compris en dehors de l’article 5, alinéa 1 er, 1re phrase, LF) et le fait que
toute ingérence dans un droit fondamental (par le juge ou le législateur) doit être
appréciée à l’aune du principe de proportionnalité conduisent à ce que pratiquement
chaque cas impliquant un droit fondamental contient un problème de mise en balance.
Pour certains, pour lesquels la force du droit (constitutionnel) réside dans sa capacité à
proposer des solutions les plus claires possibles et formellement univoques de
résolution des conflits, la mise en balance est intolérable – d’autant plus que cette
dernière recourt à la notion de « valeurs » cachées derrière les droits fondamentaux.
Ces auteurs cherchent à réduire autant que possible le recours à une mise en balance,
justement parce que celle-ci entraîne une perte de précision lors de l’application du
droit46. Cette position, en règle générale, ne conduit cependant qu’à différer les
problèmes de mise en balance : lorsque des droits entrent en conflit, une mise en
balance devient inévitable47. Face à la jurisprudence de la Cour constitutionnelle
fédérale, la doctrine dominante a choisi de tenter de s’accommoder du caractère
inévitable des mises en balance, en formulant des préférences quant à la question de
savoir quelle appréciation doit l’emporter lors de l’examen d’un conflit de droits et
d’intérêts. Les expressions consacrées dite de la « concordance pratique » (Konrad
Hesse48) et de « l’équilibre le plus doux pour les deux parties » (Peter Lerche 49)
esquissent encore plus une mission, dont la description, la systématisation et la
formulation les plus plausibles jusqu’à ce jour émanent de la plume de Robert Alexy 50 –
sans qu’il ne soit toutefois en mesure de contourner le problème de la dépendance
d’une décision concrète des circonstances particulières du cas à trancher, ni même de
proposer un guide pratique utilisable qui permettrait de rendre prévisibles les
décisions suite à une mise en balance, y compris et en particulier dans des cas litigieux.
Dans ce contexte, il est nécessaire de procéder à des concrétisations plus spécifiques et
par domaine51.
25 (b) La deuxième ligne de débat porte sur une plus forte différenciation de la dimension
objective des droits fondamentaux52. L’aspect commun dans ces débats réside dans le

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constat que, dans le cadre d’un État providence (sozialer Leistungsstaat), la liberté
individuelle n’est pas assurée au seul moyen de la protection contre des ingérences de
la part de l’État ; elle ne peut, le plus souvent, l’être qu’au moyen de prestations
étatiques. L’État n’est plus l’ennemi de la liberté ; il se transforme en soutien et garant
de celle-ci. Ces dimensions se déclinent, au-delà de l’effet de rayonnement des droits
fondamentaux sur le droit privé susmentionné (« effet indirect »), dans une conception
des droits fondamentaux comme relevant d’un ordre institutionnel 53, organisationnel
ou processuel54, en tant que dimension ouvrant la jouissance de prestations (qu’elles
soient directes ou « dérivées », c’est-à-dire exigeant préalablement une action de la
part de l’État)55, ou encore sous la forme d’obligations de protection objectives
s’imposant au législateur et exigeant qu’il protège l’individu contre les ingérences de la
part de tiers (privés) dans sa vie privée56 ; dans un sens large, toutes les dimensions
citées, ainsi que d’autres dimensions57 renvoient à des manifestations de l’obligation
objective de l’État de protéger les citoyens58.
26 La redécouverte de ces dimensions s’accompagne souvent de demandes plus fortes et
controversées à l’endroit du législateur, lequel est supposé mettre en œuvre les
exigences tirées des droits fondamentaux. À cette tendance se rattache une seconde
critique – toujours aussi virulente –, qui voit dans la compétence ultime de la Cour
constitutionnelle fédérale un glissement, impliquant le « passage d’un État
parlementaire législatif à un État des juges constitutionnels 59 ». Toutefois, la voie
inverse, consistant à vouloir réduire l’influence de la Constitution 60, mettrait en danger
la force normative de cette dernière, en tant que fondement de l’État et de la société –
dès lors, il est préférable que la Cour constitutionnelle fédérale et la doctrine
constitutionnelle soulignent dans chaque cas les limites concrètes de la fonction de la
justice constitutionnelle.
27 (c) « L’esprit du temps » contemporain en matière de conception des droits
fondamentaux se tourne cependant à nouveau plus fortement vers la dimension
défensive de ces droits, en tant que garanties contre l’État. Les préoccupations
découlant de la dimension objective sont ici certes reconnues, mais elles sont
également largement reformulées, insistant tout à la fois sur la liberté du législateur et
sur la dimension subjective et défensive des droits61. Si cette approche intègre les
obligations de protection pesant sur l’État, elle considère superflues les autres
dimensions objectives62. Le cas Lüth pourrait alors aisément être également interprété
comme un cas dans lequel une atteinte à un droit fondamental a été censurée 63, à
travers la restriction de la liberté d’expression fondée sur l’interdiction d’appeler au
boycott que le tribunal régional de Hambourg avait cru pouvoir déduire de la
disposition du § 826 du Code civil. Une telle évolution n’a cependant pas eu de
répercussions manifestes dans la jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale –
sans doute parce que la jurisprudence est peu impactée par de telles reformulations
dogmatiques.

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V. Une mutation de la jurisprudence Lüth ?


1. L’arrêt Lüth comme symbole de l’évolution constitutionnelle de
l’Allemagne fédérale

28 Outre son influence sur les propositions dogmatiques de résolution de conflits, l’arrêt
Lüth et les conceptions qu’il véhicule peuvent également être considérés – dans la
perspective d’un observateur extérieur – comme un symbole de l’évolution
constitutionnelle de la République fédérale d’Allemagne en un demi-siècle ; c’est cet
arrêt qui marque la « naissance » de la République fédérale 64. Au départ, le cas Lüth
symbolise ce qui ne fait plus partie du quotidien du juriste contemporain : le traitement
du passé nazi et la construction d’un État libéral, la République fédérale. La moitié des
premiers juges de la Cour constitutionnelle fédérale avait émigré durant la période
nazie et, forts de leur expérience personnelle dans les États constitutionnels
occidentaux, ces juges pouvaient tracer un nouveau cadre d’appréciation, mettant
l’accent sur le rôle particulier de la liberté d’expression. L’arrêt Lüth a déclenché une
« révolution douce65 », conduisant à élargir nettement la possibilité de protester et
d’exprimer des critiques en public, confiant ainsi l’autorité de trancher entre
différentes opinions concurrentes, non plus au juge, mais au processus de formation de
l’opinion publique. En même temps, la primauté revendiquée par la Constitution et
l’importance des compétences de la Cour constitutionnelle fédérale ont conduit à
l’échec de toutes les tentatives de la Cour fédérale de justice et de ses hauts-magistrats
– dont certains avaient fait carrière sous le régime national-socialiste – de s’ériger en
interprètes premiers de la Loi fondamentale66. Dans la pratique, c’est la dimension
objective des droits fondamentaux qui a élargi la compétence de contrôle exercée par la
Cour constitutionnelle fédérale et fait de celle-ci la juridiction « suprême » par rapport
aux juridictions « ordinaires ». En outre, la « juridicisation », souvent critiquée, de la
culture politique allemande, autrement dit le fait que la solution à des conflits
politiques est souvent recherchée au moyen d’une procédure judiciaire impliquant
également la Cour constitutionnelle fédérale, peut être considérée comme l’un des
effets du « paternalisme des juges constitutionnels67 » ; dans le contexte du lourd
héritage du passé politique de l’Allemagne, ce paternalisme juridictionnel peut être
interprété comme l’équivalent allemand, du point de vue de la fonction qu’il exerce, de
la confiance, mûrie au fil de siècles de tradition démocratique, dont jouissent dans les
autres pays les procédures politiques et les institutions qui les mettent en œuvre (la
« culture politique »). Par la suite, dans les décennies ultérieures de la République
fédérale, la densité du développement des diverses directives imposées au législateur,
en vertu de la dimension objective des droits fondamentaux dégagée dans l’arrêt Lüth
et confirmée par la jurisprudence ultérieure, a suscité des voix critiques croissantes,
s’inquiétant du devenir de la démocratie vers un « État des juges 68 ». Il n’empêche que
la jurisprudence Lüth reflète toujours la position dominante au sein de la doctrine
comme de la jurisprudence.

2. Vers une relativisation de la jurisprudence Lüth ?

29 Certes, cette jurisprudence n’est pas à l’abri du changement. Un tel changement ne


revêtira toutefois vraisemblablement pas la forme d’une transformation de cette
jurisprudence en un simple « fait historique69 », mais s’effectuera dans le cadre et dans

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le maintien de la doctrine des dimensions objectives des droits fondamentaux : le socle


des acquis majeurs de cinquante ans de doctrine allemande sur les droits
fondamentaux paraît toujours robuste, ne serait-ce que parce que la Cour
constitutionnelle fédérale ne saurait elle-même se priver des outils puissants dont elle
dispose (et si jamais elle devait le faire, ce serait alors de manière ciblée, dans un cas
concret, et non de manière générale). La critique la plus récente adressée à la
jurisprudence Lüth est que, du point de vue de la doctrine juridique, elle constituerait
une « exception allemande70 » ou du moins une approche particulièrement développée
en Allemagne. Elle rencontrerait certes un certain écho, du point de vue de la
constitution formelle et sous l’influence de la Loi fondamentale et de la Cour
constitutionnelle fédérale, dans les États constitutionnels issus d’un régime de type
fasciste, comme la Grèce, l’Espagne ou le Portugal, mais elle ne produirait toutefois pas
d’effet durable dans les autres États membres de l’Union européenne 71. Un argument
contre cette idée relève que cette dimension objective des droits fondamentaux comme
ordre de valeurs reflète précisément la reprise, dans l’arrêt Lüth, de raisonnements
internationaux sur les droits de l’homme72, ainsi que l’hypothèse selon laquelle il
pourrait exister des évolutions équivalentes dans les autres pays, témoignant des
mêmes problèmes liés à la constitutionnalisation du droit 73. Dans le cadre d’une
harmonisation à long terme des ordres juridiques en Europe, il se pourrait que
l’importance doctrinale des dimensions objectives des droits fondamentaux se trouve
changée. Pour l’heure, cependant, il est probable que l’influence venant de l’extérieur
se limitera à des aspects ciblés (des ajustements) ne concernant que quelques domaines
particuliers de la jurisprudence concrète, comme par exemple la question de la
protection de la vie privée de célébrités contre les paparazzi74. Dans la pratique
jurisprudentielle de la Cour constitutionnelle fédérale, il peut également apparaître
judicieux que celle-ci, en réponse à la culture démocratique allemande qui s’est
enracinée dans la République fédérale depuis 1949, fasse preuve de retenue, dans un cas
concret, s’agissant du degré de détail du raisonnement juridique. Cela dit, toutes ces
évolutions futures possibles doivent se fonder sur le raisonnement de la jurisprudence
Lüth, et non en se détournant d’elle : « l’unité dans la diversité » en Europe permet très
certainement la coexistence de différentes formes de dogmatiques des droits
fondamentaux dans les traditions jurisprudentielles des États membres.

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NOTES
F0
2A. « Quiconque cause un préjudice à autrui par un comportement contraire aux bonnes mœurs
est obligé de réparer le préjudice causé ». La qualification de préjudice causé par une atteinte aux
bonnes mœurs pour les appels au boycott était une interprétation courante en droit civil (ndt).
1. Casper (2002), p. 215.
2. Böckenförde (1991), p. 87 ; dans le même sens, Wahl (2004), § 19, n os 2 sqq.
3. Alexy (2002), p. 9 ; Knies (1997), p. 1174.
4. BGHZ (3), p. 270 sqq. ; Nipperdey (1958), p. 445 sqq.
5. Recueil BVerfGE 7, 198 (210), cf. Revue NJW 1958, p. 257.
6. Recueil BVerfGE 6, 32 (36 sqq.), cf. Revue NJW 1957, p. 297 ; arrêt relatif à l’article 2, alinéa 1 er
LF.
7. Recueil BVerfGE 7, 198 (210 sq.).
8. Recueil BVerfGE 25, 256 (265), cf. Revue NJW 1969, p. 1161 – Blinkfüer ; BVerfGE 62, 230 (245), cf.
Revue NJW 1983, p. 1181 – appel au boycot ; références supplémentaires citées par Schulze-Fielitz
(2004), no 73.

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50

9. Pour l’état des débats, cf. Kahl (2004) et Hoffmann-Riem (2004) ; Möllers (2005), p. 1973 sqq. ;
Volkmann (2005), p. 261 sqq.
10. Il en va cependant différemment dans un cas (pour l’instant isolé) jugé par une section de la
Cour constitutionnelle et qui concernait la liberté d’expression artistique du « tagueur de
Zurich », cf. Cour constitutionnelle fédérale (section), in : Revue NJW 1984, p. 1293.
11. Recueil BVerfGE 7, 198 (209 sq.).
12. Pour une analyse plus détaillée, cf. Schulze-Fielitz (2004), n o 137 sqq.
13. Recueil BVerfGE 71, 206 (214), cf. Revue NJW 1987, p. 431 – publication d’un acte de mise en
accusation ; BVerfGE 95, 220 (236), cf. Revue JZ 1998, p. 300 – obligation d’enregistrement.
14. Pour une décision récente, et employant une formulation légèrement modifiée depuis
longtemps, Recueil BVerfGE 113, 63 (78 sq.), cf. Revue NJW 2005, p. 2912 – journal Junge Freiheit.
15. Recueil BVerfGE 90, 241 (251), cf. Revue NJW 1994, p. 1779 – négation de la Shoah ; cette
négation est considérée indépendamment du contexte dans lequel elle est proférée et serait à
apprécier, comme une allégation factuelle objectivement fausse, qui ne relève pas du domaine
protégé par l’article 5, alinéa 1er, LF et ne peut donc faire l’objet d’une mise en balance ;
appréciation critique de cette jurisprudence par Huster (1996), p. 487 sqq. ; cf. également
Schulze-Fielitz (1994), p. 902 sqq.
16. Recueil BVerfGE 7, 198 (208 sq.).
17. Recueil BVerfGE 7, 377 (404 sqq.), cf. Revue NJW 1958, p. 1035.
18. Pour un aperçu de cette ligne jurisprudentielle vue par un juge constitutionnel, cf. Hoffmann-
Riem (2003), p. 190 sqq. et 201 sqq. ; Grimm (1995), p. 1697 sqq.
19. Références supplémentaires citées par Schulze-Fielitz (2004), n os 67 sqq., 124 sqq., 161 sqq. et
277 sqq.
20. Cf. p. ex. Rühl (1998), entre autres p. 52.
21. Recueil BVerfGE 7, 198 (204 sq.) ; analyse détaillée par Rensmann (2007), p. 96 sqq.
22. Appréciation critique par Goerlich (1973), p. 135 sqq. et 140 sqq. ; Habermas (1997), p. 276 sqq.
23. Un aperçu clair au sujet des débats de l’époque se trouve chez Maihofer (1962) ; appréciation
critique de la pensée axée sur les valeurs par Böckenförde (1991), p. 71 sqq. et 81 sqq.
24. Cf. notamment Dürig (1956), p. 119 sqq.
25. Rensmann (2007), p. 84 sqq.
26. Wahl (2004), § 19, no 9 ; Dreier (2004), introduction au no 94.
27. Hesse (1999), nos 279 sqq. et 290 sqq.
28. Bon aperçu chez Dreier (2004), introduction aux n os 84 sqq. ; développements détaillés chez
Stern /Sachs (1988), p. 671 sqq.
29. Dans le même sens, Recueil BVerfGE 50, 290 (337), cf. Revue NJW 1979, p.699 – participation des
salariés.
30. Forsthoff (1959) ; contre cette critique, cf. Hollerbach (1960) ; bon aperçu chez Rühl (1998),
p. 53 sqq. ; Dreier (1993), p. 13 sqq.
31. Analyse plus détaillée par Dreier (1993), p. 53 sqq.
32. Recueil BVerfGE 7, 198 (208).
33. Recueil BVerfGE 7, 198 (212).
34. Isensee (1997), p. 36 sqq. ; Schmitt Glaeser (1996), p. 874 sqq. ; pour une contribution récente,
cf. Hochhuth (2007), p. 65 sqq.
35. Bon aperçu chez Bull (2001), p. 163 sqq., appréciation critique, ibid., p. 179 sqq.
36. Cf. p. ex. Recueil BVerfGE 93, 266 (289 sqq.), Revue NJW 1995, p. 3303 – « Les soldats sont des
assassins » (Soldaten sind Mörder).
37. Cf. p. ex. Recueil BVerfGE 97, 125 (144 sqq.), Revue NJW 1998, p. 1381 – Caroline de Monaco II.
38. Recueil BVerfGE 7, 198 (205 sq.).
39. Analyse détaillée par Ruffert (2001), p. 61 sqq.
40. Diederichsen (1997), p. 60 sqq.

Trivium, 30 | 2019
51

41. Recueil BVerfGE 7, 198 (209).


42. Hofmann (2003), p. 12 sqq. ; Schuppert / Bumke (2000).
43. Recueil BVerfGE 7, 198 (212).
44. Recueil BVerfGE 18, 85 (92 sq.), cf. Revue NJW 1964, p. 1715 – droit constitutionnel spécifique.
45. Pour l’une des premières appréciations, cf. Lerche (1999 [1961]), p. 150 : « Urteilsvorbehalt » ;
pour une analyse détaillée récente, cf. Hochhuth (2007), p. 46 sqq.
46. Au sujet de cette critique, cf. Böckenförde (1990), entre autres p. 9, 13 et 20.
47. Rühl (1998), p. 372 sqq. et 387 sqq.
48. Hesse (1999), no 72.
49. Lerche (1999 [1961]), p. 153.
50. Alexy (1985) ; appréciation critique récente par Jestaedt (2007).
51. Par exemple en cas de conflit entre la liberté d’expression et la protection de l’honneur, cf.
les références citées, note 18.
52. Bon aperçu chez Dreier (2004), introduction au n o 94 ; Dreier (1993), p. 41 sqq. ; Jarass (2001),
p. 39 sqq.
53. Häberle (1983), p. 70 sqq.
54. Recueil BVerfGE 53, 30 (65), cf. Revue NJW 1980, p. 759 – Mühlheim-Kärlich ; Häberle (1972),
p. 86 sqq. ; Denninger (2000), § 113.
55. Recueil BVerfGE 33, 303 (331 sqq.) – numerus clausus I ; Häberle (1972), p. 80 sqq. et 90 sqq. ;
Murswiek (2000), § 112.
56. Recueil BVerfGE 39, 1 (36 sqq. et 42 sqq.) – interruption de grossesse I ; Ruffert (2001), p. 141 sqq.
et 201 sqq.
57. Häberle (1983), p. 369 sqq.
58. Cf. Recueil BVerfGE 92, 26 (46), cf. Revue NJW 1995, p. 2339 – Registre maritime ; Rensmann
(2007), p. 200.
59. Böckenförde (1990), p. 25 ; appréciation critique par Dreier (1993), p. 60 sqq.
60. Cf. Böckenförde (1990), p. 30 sq.
61. Cremer (2003), p. 66 sqq. et 74 sqq. ; Poscher (2003), p. 153 sqq., 315 sqq. et 387 sqq. ; Lübbe-
Wolff (1988), p. 25 sqq. ; pour l’une des premières affirmations en ce sens, cf. Schwabe (1977),
p. 11 sqq.
62. Cremer (2003), p. 191 sqq.
63. P.ex. Dreier (2004), introduction au no 99 ; Pietzcker (1990), p. 353 sq. et 359.
64. En ce sens, cf. Roellecke (2000), p. 633.
65. En ce sens, cf. Kübler (2000), p. 313 sqq.
66. Cf. Henne (2005), p. 204 sq., 218 sq. et Baldus (2005), p. 243 sqq.
67. Wahl (2004), no 27.
68. Staff (2005) ; pour des références supplémentaires, cf. note 59.
69. Pourtant, dans tel sens, cf. Henne / Riedlinger (2005), p. 1 sqq. ; Jestaedt (2001), p. 77 sqq. ;
ainsi que déjà Isensee (1997), p. 28 sq.
70. Wahl (2004), no 53 ; cf. toutefois, en ce qui concerne la Suisse, ibid., n o 32 sqq., ainsi que Müller
(2007), nos 1 sqq.
71. À cet égard, cf. les développements détaillés chez Wahl (2004), n os 31 sqq. et 39 sqq.
72. Rensmann (2007), p. 68 sqq. et 266 sqq.
73. Cf. Cruz Villalón (2007), nos 50, 85 sq. et 96 sq.
74. Arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme, cf. Revue NJW 2004, p. 2647 sqq. – Caroline
de Hanovre.

Trivium, 30 | 2019
52

INDEX
Schlüsselwörter : Bundesverfassungsgericht, Meinungsfreiheit, Grundrechte,
Konstitutionalisierung
Mots-clés : Cour constitutionnelle fédérale, liberté d’expression, droits fondamentaux,
constitutionnalisation

AUTEURS
HELMUTH SCHULZE-FIELITZ
Helmuth Schulze-Fielitz est professeur émérite à l’Université de Würzburg. Pour plus
d’informations voir la notice suivante.

Trivium, 30 | 2019
53

La doctrine de droit public


allemande et les débats
européanisés de la science du droit
Caractéristiques, compétences centrales et obstacles à sa réception

Matthias Jestaedt
Traduction : Olivier Joop

NOTE DE L’ÉDITEUR
Nous remercions M. Matthias Jestaedt et la maison d’édition Mohr Siebeck de nous
avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro.
Wir danken Herrn Matthias Jestaedt und dem Verlag Mohr Siebeck für die freundliche
Genehmigung, diesen Artikel in französischer Übersetzung zu publizieren.

I. Une perspective inter-doctrinale


1 Lorsqu’on s’interroge sur les défis actuels auxquels la science du droit public en
Allemagne doit faire face, on mentionne surtout – certes pas uniquement – les défis
dont les origines sont extérieures aux frontières de l’Allemagne. Les mots-clés les plus
souvent cités sont l’européanisation et la mondialisation, qui constituent les raisons et
le moteur d’une remise en cause générale de l’état et de l’évolution de la discipline, en
dépit du fait qu’elle a réussi à prendre en compte certains besoins d’adaptation et de
réorientation aussi bien quotidiens que ciblés et spécifiques. La supranationalisation
croissante de la puissance publique, le manque persistant d’une science du droit de
l’Union « autochtone », c’est-à-dire étudiant le droit de l’Union dans une perspective
commune et globale, et non dans une perspective sectorielle et nationale – donc de fait
selon 27 perspectives plus ou moins sans liens les unes avec les autres –, le fait que dans
le cadre du processus de formation de l’Union, un rôle significatif revient
naturellement aux sciences juridiques des États membres, mais également la montée en

Trivium, 30 | 2019
54

puissance du système de protection des droits par les juges européens de Strasbourg : il
y a là un ensemble de facteurs qui, parmi d’autres, poussent les sciences juridiques
nationales du droit public à un (re)positionnement stratégique. Dès lors, il n’est guère
étonnant que ces dernières années, on tente de plus en plus de déterminer la place des
sciences juridiques allemandes, en mettant l’accent sur des détails différents. On
s’interroge ainsi, pour ne citer que trois exemples phares, sur la place de la science
constitutionnelle allemande dans le contexte des changements que connaît la
communauté scientifique internationale1, on essaie de cerner le rôle de la science
juridique allemande au sein de l’espace juridique européen2 et on développe des
réflexions – avec comme idée directrice le « juriste européen » – portant sur la
formation des juristes et sur la culture juridique en Allemagne 3.
2 Les présentes réflexions s’inscrivent dans ces efforts, mais elles adoptent cependant
une perspective dans l’ensemble plus modeste et plus spécifique. Selon la perspective
inter-doctrinale adoptée ici, l’attention se porte en priorité sur la science du droit public
développée en Allemagne par rapport à et en comparaison avec ses homologues dans
d’autres pays (en particulier les États membres de l’Union européenne). En revanche, le
point de vue interdisciplinaire, lequel s’intéresse principalement à la question de la
réception et de la compatibilité de la doctrine juridique avec des disciplines autres que
juridiques, ne sera traité que marginalement. De même, la question intra-disciplinaire
qui consiste à s’interroger sur la place et l’évolution de la science du droit public par
rapport à celles des sciences du droit privé et du droit pénal ne sera pas approfondie
ici4. Une troisième remarque restrictive : lorsque, dans les développements qui suivent,
il sera question de la science du droit public (ou encore de la théorie du droit public), le
terme renverra au premier chef à la recherche, et il ne sera fait référence à
l’enseignement que là où ce dernier revêt une importance structurante pour la
première. En quatrième lieu, le fait que, ce faisant, une telle démarche soit réductrice et
implique une approche qui se concentre sur les « grandes lignes » et dépasse l’analyse
détaillée de telle ou telle argumentation particulière, de tel ou tel modèle concret ou
encore de tel ou tel institut de recherche en particulier est dû d’une part au nombre
limité de pages disponibles pour la présente contribution et d’autre part à un souci de
clarté.
3 En dernier lieu, contrairement à la démarche suivie par la majorité des autres
contributions sur ce sujet, il ne s’agira pas tant pour la présente contribution de
formuler des remèdes destinés à combler des carences, d’avancer des recommandations
pour des actions futures, ni même de thématiser les projets de révisions ou
d’adaptation de la science du droit public en Allemagne. Non que je cherche à affirmer
ici qu’il faille s’opposer aux revendications et aux propositions avancées. Ici, l’idée
directrice est qu’avant toute ambition concrète de changement et d’adaptation destinée
à remédier aux impasses ou aux raccourcis, à des approches méthodologiques désuètes
ou des orientations de la discipline inadaptées à l’époque contemporaine, voire à
surmonter le « nationalisme méthodologique5 », il faut dresser – encore et toujours –
un état des lieux (plus) précis de ce qui caractérise spécifiquement l’apport de la
science du droit public allemande face aux défis internationaux et, surtout, européens.
Deux questions seront au centre de la présente analyse. Quelles sont les
caractéristiques principales et quelle est l’identité (Markenkern) de la science du droit
public en Allemagne ? Dans quelle mesure, ensuite, ces caractéristiques et cette identité
facilitent-elles ou rendent-elles au contraire plus difficiles les échanges et le

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rapprochement avec les sciences du droit public dans d’autres pays ? Les réponses à ces
deux questions fourniront, tantôt directement, tantôt indirectement, des indices pour
répondre aux questions qui en découlent – et qui ne seront pas traitées ici –, visant à
déterminer, d’une part, les orientations fondamentales et les compétences centrales
que la science du droit public allemande devra posséder pour être en mesure de
marquer de son empreinte la science du droit public commune européenne naissante,
ainsi que, d’autre part, le rôle et l’importance de la première au sein de la seconde.

II. La dépendance au sentier dogmatique : la science


du droit comme dogmatique
1. Penser en dogmaticien

4 Quiconque considère la structure et à la texture fondamentales de la science du droit


public allemand au sein des autres sciences (européennes) du droit public sera
inévitablement confronté à l’empreinte fondamentale centrale de cette science – dans
ce contexte, il est également possible de parler d’une dépendance au sentier –, bien
qu’il ne s’agisse pas là d’une spécificité de la littérature juridique en Allemagne, mais
plus largement une caractéristique de la science et de la culture juridiques allemandes
dans leur ensemble. En Allemagne, la dogmatique règne par une « présence écrasante 6
». La dogmatique comme mode de pensée et comme structure d’une discipline
scientifique est certes d’origine indubitablement civiliste, mais l’approche dogmatique
marque de son empreinte la doctrine juridique dans son ensemble et ce, depuis plus
d’un siècle7. La division tripartite du monde juridique en Allemagne – que ce soit en ce
qui concerne les débats scientifiques, l’enseignement à l’université ou encore la
subdivision au sein des unités d’enseignement et de recherche en instituts et chaires –,
fondée sur les trois « piliers » du droit public, du droit privé et du droit pénal, existe
grâce à la dogmatique, qui entend ainsi reproduire la tripartition du droit en vigueur
en Allemagne. Sans spécialisation dans une matière dogmatique (et sans avoir rédigé au
moins soit la thèse de doctorat, soit la thèse pour l’obtention de l’habilitation
universitaire dans un domaine touchant à la dogmatique), il est difficile d’envisager de
réussir en tant qu’enseignant-chercheur en Allemagne (et dans les pays
germanophones). La discipline guidant la pratique scientifique en matière juridique
accède au rang de discipline principale, transformant ainsi les « sciences juridiques »,
au pluriel, en « science juridique », au singulier.
5 Certains auteurs vont alors jusqu’à assimiler – consciemment ou non – science
juridique et dogmatique juridique8. Probablement, aucun autre aspect que celui de la
dépendance au sentier de la dogmatique juridique n’est mieux à même d’illustrer les
splendeurs et les misères de la science juridique allemande sous l’angle de sa réception
au-delà des frontières nationales.

2. La dogmatique comme forme de communication commune entre


science du droit et pratique du droit

6 Le rôle prédominant incontesté de la dogmatique au sein des disciplines juridiques


s’explique tout d’abord par le fait que, forte de l’orientation vers la pratique – ou mieux
encore, de l’inclusion de la pratique – qui lui est consubstantielle, la dogmatique

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constitue tant le produit que le catalyseur d’un système mêlant théorie et pratique, un
système propre à la doctrine juridique germanophone et produisant ses effets tant sur
la recherche que sur l’enseignement. Depuis toujours, la dogmatique a su marier de
manière presque symbiotique la pratique et la science du droit. Elle offre la base à
partir de laquelle la pratique et la science du droit communiquent intensément et
s’enrichissent mutuellement. Ainsi, la forme de publication juridique consubstantielle à
la dogmatique est celle du code ou de la loi commentés et donnant des indications pour
l’application du droit, une forme de publication qui, dans le contexte international,
peut être considérée comme une particularité allemande (ou germanophone) dans le
discours de la science juridique – ou, plus prudemment peut-être, comme une
contribution spécifiquement allemande (ou germanophone) à un discours de la science
du droit de plus en plus internationaliste. La plupart des revues juridiques témoignent
elles aussi de la relation symbiotique entre science et pratique véhiculée par la
dogmatique9. Dès lors qu’elles n’ont pas valeur d’archives ou qu’elles ne sont
exclusivement consacrées à des recherches sans rapport avec la dogmatique, les
publications de ces revues comportent typiquement un article, qui contient la
contribution scientifique à proprement parler, et une partie consacrée à la
jurisprudence, dans laquelle sont citées textuellement les décisions récentes les plus
importantes. Dans les articles scientifiques de type dogmatique, ainsi que dans les
arrêts des juridictions (suprêmes), les références (et citations) à des décisions
juridictionnelles et à des contributions de la doctrine se retrouvent indistinctement
côte à côte, souvent comme éléments destinés à étayer un même raisonnement. Ce qui
est communément appelé la « doctrine dominante » – qui tient compte, outre des
contributions doctrinales, également de la pratique juridique – ainsi que la
« jurisprudence constante » d’une juridiction supérieure, voire suprême, constituent
très souvent un argument de premier choix pour soutenir un raisonnement dans les
débats scientifiques.
7 Ce qui, vu de l’extérieur, peut apparaître comme une transgression des frontières n’est
pas perçu comme tel par les acteurs concernés, qui, de part et d’autre de cette frontière
parlent le même langage, celui de la dogmatique, à laquelle ils ont été formés dans le
cadre de leurs études et qu’ils emploient depuis lors, même si cet emploi peut servir à
des fins certes pas tout à fait identiques10. Cela est particulièrement manifeste pour
quiconque s’intéresse à l’objectif que doit atteindre tout étudiant qui reçoit une
formation juridique, sanctionnée par deux examens (d’État) en droit : cet objectif qui
est formulé en termes on ne peut plus clairs au § 5 de loi allemande relative au statut
des magistrats, n’est autre que remplir « les conditions d’accès à la magistrature du
siège ». Le titulaire des deux examens d’État en droit, celui qui est « habilité à accéder à
la magistrature du siège », est désigné par le terme de « juriste pleinement qualifié » («
Volljurist »).

3. Une production systématique du droit : le mode opératoire de la


dogmatique

8 En substance, la dogmatique juridique consiste à travailler (aufbereiten) – dans une


approche systématique s’appuyant sur les formes et les outils de la science – le droit
positif en vue de son application. À cette fin, la dogmatique s’est dotée d’un mode
opératoire grâce auquel la science du droit et le droit lui-même se trouvent liés d’une

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manière à la fois particulière et féconde. Ainsi, l’orientation scientifique de la pratique


juridique et l’orientation pratique de la science juridique vont de pair.
9 La manière de procéder se compose de trois opérations distinctes, du moins sur le plan
de l’analyse : d’abord une décontextualisation par abstraction, ensuite l’établissement
d’un système cohérent, puis une concrétisation au moyen d’une application concrète
par déduction logique :
10 (1) La première étape consiste à traiter le cas juridique étudié d’une manière à pouvoir
l’utiliser à des fins de dogmatique, c’est-à-dire de formuler des principes et des
concepts dogmatiques. En bref, cette phase consiste à décontextualiser le phénomène
juridique choisi, c’est-à-dire d’une part en lui ôtant au cas et aux faits concrets qu’il
concerne les références qu’il contient, et d’autre part en l’extrayant par principe de
l’environnement normatif concret de droit positif auquel il se rattache. Si le
phénomène juridique en question est ainsi « apuré » de sa consistance, il ne reste plus
que l’extrait ou l’essence de la signification de la norme. La décontextualisation sert,
tout comme l’étape suivante, à la standardisation, la rationalisation et la stabilisation
d’attentes normatives. De cette manière, les catégories dogmatiques dégagées assument
une fonction de mémorisation et d’orientation lors de l’établissement d’une
construction juridique.
11 (2) Pour que ces catégories puissent assurer cette fonction, elles doivent toutefois
encore être soumises au processus de systématisation à proprement parler, par une
démarche donnant une cohérence à leur contenu. Les règles de droit, largement
dépourvues de leurs éléments contingents, sont placées en relations – le plus souvent
hiérarchisées – si possible sans contradictions et dans leur intégralité. Ensemble, elles
forment le système dogmatique qui, à son tour, leur confère un rang et une force. Dans
ce système – entendu, nota bene, dans un sens matériel – se concrétise (le plus souvent
implicitement) l’idée d’ordre juridique. L’ensemble de règles de la dogmatique absorbe
le droit positif à un niveau d’abstraction plus élevé11. Le droit dans son ensemble, de
même que ses normes codifiées (par exemple, le code civil, le code pénal ou la Loi
fondamentale) sont perçus, d’une part, comme une « structure homogène possédant un
sens propre » et, d’autre part, comme un « réseau de normes à concrétiser 12 ». La notion
de système – au sens matériel – qui, ce faisant, sert de point de référence est, comparée
aux autres possibilités, la plus ambitieuse. Tout d’abord, elle va bien au-delà de la
simple « systématicité », qui, dans l’épistémologie moderne, est considérée comme une
marque de scientificité et constitue un indicateur de quantité et qualité d’un ensemble
relationnel dont la validité n’a pas (encore) été infirmée 13. Cependant, la notion de
système entendue dans un sens visant uniquement l’aspect de la procédure et des
compétences et qui entend par le terme d’unité (du système) l’absence de
contradictions au sein du contexte destiné à déterminer la compétence pour la création
de normes de droit et dans lequel des règles de droit peuvent être adoptées ou
abrogées, demeure en-deçà de la notion de système au sens matériel, qui vise à établir
un ordre normatif exempt de contradictions au regard de son contenu et de sa valeur.
12 (3) Le système ainsi créé déploie son plein effet – à travers chacun de ses énoncés –
dans son processus d’application à la signification concrète et contingente de la norme
(et du cas concret). Dans le cadre d’un processus de (re)concrétisation des conclusions
dogmatiques dégagées, la norme de droit positif déterminante pour trancher un litige
concret fait l’objet d’une interprétation dont la marge est délimitée par le système. Le
contenu et la place de la règle de droit à appliquer concrètement peuvent être

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déterminés au moyen d’un raisonnement déductif et systématique. La science se


retransforme alors en droit. Le circuit de rationalisation ainsi bouclé garantit la
scientifisation de la création de normes de droit – et en même temps le caractère
indispensable, auto-stabilisateur de la dogmatique juridique.

III. L’imbrication de la science du droit constitutionnel


et du droit administratif au sein de la science du droit
public (Staatsrechtslehre)
13 Lorsqu’il est question en Allemagne de la science du droit public, est visé – tant par la
discipline scientifique que par les scientifiques eux-mêmes – le droit régissant l’État. La
référence à l’État dans le terme allemand pour le droit public, le « Staatsrecht », n’est de
nos jours majoritairement plus perçue comme une auto-description programmatique et
militante. Elle est utilisée comme la désignation traditionnelle de la discipline qui
regroupe la science du droit constitutionnel et la science du droit administratif et qui
inclut de plus en plus la science du droit européen (dans la mesure où ce dernier
comporte des éléments de droit public, c’est-à-dire de droit constitutionnel et de droit
administratif)14. La manifestation la plus visible de cette communauté disciplinaire et
personnelle est l’Association des professeurs allemands de droit public, fondée en 1922,
qui regroupe en son sein la quasi-totalité des universitaires allemands, autrichiens et
suisses(-allemands) qui sont titulaires d’une habilitation dans l’une des deux
disciplines15.
14 Bien que, sous l’angle de la distinction entre droit public et droit privé, la doctrine
constitutionnelle (tout comme celle du droit européen) ne puisse, en y regardant de
près, être classée qu’avec de sérieuses réserves dans le droit public aux côtés de la
doctrine administrative, la science du droit constitutionnel et la science du droit
administratif sont considérées depuis longtemps comme deux disciplines étroitement
imbriquées, et s’associant en un « pilier » commun pour former une communauté de
discours scientifique, largement intégrée, dans le champ de la recherche comme de
l’enseignement. Qu’il s’agisse du choix du sujet de la thèse ou de l’habilitation d’un
« publiciste », qu’il soit question de l’habilitation à enseigner ou de l’intitulé d’une
chaire universitaire, ou bien encore que le sujet soit celui des lieux et du format des
échanges scientifiques, dans tous les cas, la doctrine constitutionnelle et la doctrine du
droit administratif sont fondamentalement considérées et traitées comme deux
branches du droit public liées entre elles. L’attente à laquelle doit satisfaire un
« publiciste » est qu’il obtienne une double qualification professionnelle, à la fois en
droit constitutionnel et en droit administratif. Il n’est donc guère étonnant qu’en
Allemagne, la constitutionnalisation de l’ordre juridique, dont il sera encore question
ultérieurement (cf. infra, IV.3.), ait trouvé son point de départ dans le domaine du droit
administratif (et de la science administrative) et se soit concrétisée de la manière la
plus poussée dans ce domaine. Les deux disciplines – la doctrine constitutionnelle d’une
part et la doctrine du droit administratif d’autre part – possèdent un « air de famille »
manifeste, du point de vue de l’approche disciplinaire ou méthodologique, ce qui ne
doit toutefois pas conduire à sous-estimer ou à négliger les différences qui existent bel
et bien, tant en ce qui concerne l’orientation que l’approche de ces deux disciplines 16.

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IV. La symbiose entre la science du droit


constitutionnel et la jurisprudence constitutionnelle
1. La dogmatique confrontée à la justice constitutionnelle

15 La science juridique allemande en général est connue – certains diront : tristement


célèbre – pour tirer ses repères du droit constitutionnel ; et la science du droit
constitutionnel en particulier est connue pour les concepts de dogmatique
constitutionnelle qu’elle élabore, concepts tout autant amples et destinés à couvrir tous
les domaines que finement ciselés et nuancés. Ce statut particulier – tant au niveau
national qu’à l’échelon international – de la doctrine constitutionnelle en Allemagne ne
résulte cependant pas exclusivement, ni même principalement, du génie propre de
cette science ou de ses propres mérites. Il résulte plutôt pour l’essentiel de la
combinaison de trois facteurs que la doctrine constitutionnelle n’a certes pas créés,
mais dont elle a vigoureusement soutenu l’épanouissement et la synergie.
16 Ces facteurs coïncidents étaient : (1) l’entrée en vigueur d’une nouvelle constitution (la
Loi fondamentale) conçue pour imposer définitivement l’État de droit, les droits
fondamentaux et la justice constitutionnelle ; (2) la mise en place d’une juridiction
constitutionnelle (la Cour constitutionnelle fédérale) inédite par sa conception et ses
compétences et qui ne tarda pas à réaliser, à développer et à mettre vigoureusement en
œuvre les possibilités qui résidaient dans son statut de juridiction opérant un contrôle
concret des normes et un examen de recours constitutionnels dirigés contre des
décisions de justice ; et enfin (3) la dogmatique en tant qu’outil scientifique dont la
Cour constitutionnelle a su se servir, d’une manière inédite jusqu’alors, que ce soit pour
s’y rallier ou prendre ses distances, afin d’étendre et de renforcer l’efficacité de la
Constitution. Sous l’empire de la Loi fondamentale, une juridiction constitutionnelle
n’hésitant pas à se positionner et à prendre des décisions et prête à imposer ces
décisions trouve ainsi dans la dogmatique – prédominante depuis longtemps dans la
science comme dans la pratique juridiques en Allemagne (cf. supra, II.) – un instrument
qui devait lui permettre de donner au droit qui est le fondement de ses décisions – la
Constitution – une vigueur qualitative et quantitative inconnue jusqu’alors 17. Le
raisonnement prenant la dogmatique comme point de départ – un mode de pensée qui
s’était sur le plan du principe déjà imposé avant l’entrée en vigueur de la Loi
fondamentale – a entamé une relation féconde avec le mode de pensée – à l’époque
nouveau et n’ayant pas encore fait ses preuves – centré sur la constitution. À cette
évolution a largement contribué le fait que, dans les motifs de ses décisions, la Cour
constitutionnelle fédérale adopte – et tout porte à penser que le phénomène
s’accentuera – un style de rédaction et un raisonnement clairement dogmatiques et
scientifiques. La Cour constitutionnelle fédérale a recours à la dogmatique dans une
mesure moindre que les cours suprêmes « ordinaires » des ordres de juridictions
judiciaire et administrative soucieuses de préserver l’unité de la jurisprudence et de
faire évoluer le droit sur certains points. Elle utilise au contraire la dogmatique d’une
manière qui n’est pas sans rappeler celle de la doctrine juridique, davantage attachée à
la préservation et/ou la réorientation du système dans son ensemble qu’au cas concret.
La structure de la motivation des décisions de la Cour constitutionnelle fédérale, dont
l’élément central est la partie consacrée aux normes de référence du contrôle de
constitutionnalité, en témoigne : régulièrement, le trait de plume, la forme et le

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contenu ne diffèrent que peu, voire pas du tout, de ceux d’une contribution scientifique
à un manuel de droit ou à un code commenté18. Il est tout à fait possible que cet aspect
scientifique des arrêts et décisions de la Cour de Karlsruhe ait été favorisé par le fait
que, parmi les membres ayant influencé la jurisprudence dans ses deux Chambres, il y a
toujours eu – actuellement même de manière prononcée – des professeurs de droit
public.
17 La science du droit public qui, contrairement à ce qui fut le cas sous la République de
Weimar, a témoigné dès le départ de sa loyauté – aujourd’hui unanime et sans réserve –
envers la Constitution agit globalement comme l’alliée naturelle de la jurisprudence
constitutionnelle de Karlsruhe. Ce constat ne saurait surprendre, étant donné qu’à côté
de la Cour constitutionnelle fédérale, la science du droit public a été le principal
bénéficiaire du changement d’attitude intervenu peu à peu depuis l’après-guerre et
consistant à faire de la Loi fondamentale le point de départ du raisonnement juridique.
Le fait que la science juridique utilise elle aussi la Constitution comme fondement de
ses raisonnements récompense la science du droit public par un accroissement sensible
de l’importance, de la portée et de la réputation de celle-ci au sein des autres
disciplines juridiques – il fait même d’elle la discipline juridique reine. La doctrine
constitutionnelle, à la différence, dans les années 1950, des autres organes
constitutionnels et des juridictions non constitutionnelles, ne s’est d’ailleurs jamais
fondamentalement ni ouvertement opposée à l’exigence de la Cour constitutionnelle
fédérale de jouer un rôle de premier plan19. Bien au contraire, la doctrine juridique s’est
montrée dès le départ comme un compagnon certes critique mais toujours loyal et –
dans les limites qui sont celles d’une discipline scientifique – un partenaire fort de la
Cour constitutionnelle. Si une critique peut être adressée à la majorité de la
communauté des constitutionnalistes, ce n’est pas celle d’une défiance injustifiée
envers la Cour ni une critique trop exacerbée de son activité, mais bien au contraire
une attitude parfois trop complaisante et prenant la forme de ce que l’on pourrait
appeler un « positivisme juridictionnel » axé sur la Cour constitutionnelle fédérale 20.

2. La juridicisation de la Constitution

18 Dès le début de son activité juridictionnelle en septembre 1951, la Cour


constitutionnelle fédérale n’a laissé aucun doute quant à son intention de lire et
d’interpréter la Loi fondamentale, de l’utiliser et de la rendre effective à un point
jamais atteint auparavant par aucune autre constitution. Ce sont en particulier les
différentes procédures de contrôle de constitutionnalité (contrôle des normes abstrait
et concret dans le cadre d’un recours au principal ; recours constitutionnel direct dans
le cadre d’un contrôle principal ou incident des normes) – procédures qui ont d’ailleurs
apporté une réponse à la question autrefois épineuse de la primauté par rapport au
législateur – qui ont encouragé la Cour de Karlsruhe à traiter, du point de vue de la
structure et de la méthode, les dispositions de la Loi fondamentale, sans préjudice de
leur statut et de leur rang particuliers parmi les normes juridiques, comme des normes
juridiques comme toutes les autres et à les interpréter et à les appliquer de la même
manière que ces dernières – c’est-à-dire dans le cadre et avec les outils de la
méthodologie et de la dogmatique juridiques. Le fait que le droit constitutionnel soit
d’une certaine manière un « droit politique21 » n’a pas conduit la Cour constitutionnelle
fédérale à développer, sur le modèle de la « political question doctrine », une
jurisprudence entérinant l’existence d’actes de gouvernement limitant la compétence

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de contrôle de la juridiction constitutionnelle. La doctrine constitutionnelle se rallie à


cette position de la Cour constitutionnelle.
19 Les droits fondamentaux ont acquis très vite une importance particulière, alors que
jusque-là, ces derniers n’avaient joué le rôle de normes de référence d’un contrôle
sérieux de constitutionnalité – y compris de la loi – qu’au mieux dans la jurisprudence
de la Cour suprême des États-Unis. Avec la collaboration vigoureuse de la doctrine
constitutionnelle qui, selon les cas, fournit des travaux en amont ou en aval des
décisions de la Cour et les accompagne de ses commentaires, la Cour constitutionnelle
fédérale a, depuis la fin des années 1950, érigé les droits fondamentaux en un système à
plusieurs dimensions, dynamique, flexible et couvrant en principe toutes les branches
du droit. Les effets de synergie libérés par la rencontre entre la justice constitutionnelle
et la dogmatique (constitutionnelle) se manifestent le plus clairement et le plus
durablement dans le domaine des droits fondamentaux. Les garanties fondamentales
offertes par ces droits – dont la structure et la teneur sont d’origine classique et tirées
de contextes et de traditions antérieurs à la Loi fondamentale et donc non créées par la
constitution allemande mais reprises par celle-ci – sont assemblées par la jurisprudence
et la doctrine constitutionnelles pour former un ensemble à plusieurs dimensions,
complet, tourné vers la résolution de conflits et ouvert sur l’avenir.
20 Ce système est dominé par deux idées fondamentales faisant référence l’une à l’autre et
entre lesquelles existe en même temps un équilibre : d’une part, l’ambition de procurer
la plus grande efficacité possible aux droits fondamentaux, d’autre part la réalisation
des différents droits selon le principe de proportionnalité. Tandis que la première de
ces idées directrices porte en elle une tendance à l’interprétation et à l’application des
droits fondamentaux extensives et largement libérées des contingences du cas concret,
la seconde sert de moyen de calibration de la protection efficace des droits
fondamentaux, tant au sein de l’ordre juridique dans son ensemble que, et surtout, dans
les cas concrets. Les éléments de dogmatique servant pour la réalisation de ces deux
axiomes de base tracent en principe le cadre dans lequel la réflexion portant sur
l’interprétation de la constitution doit s’effectuer et décrivent en même temps les
modèles d’argumentation en présence et la panoplie d’arguments disponibles. Quel que
soit le droit fondamental dont il est question, la Cour constitutionnelle examine un
recours invoquant sa violation généralement selon un schéma en trois temps :
détermination du domaine protégé par le droit fondamental en question,
détermination de l’ingérence étatique dans ce droit, puis justification possible de cette
ingérence. Le fait que le texte de la constitution lui-même soit muet sur ce schéma
tripartite « domaine protégé/ingérence/limites du droit fondamental » n’est de nos
jours même plus mentionné, ni ne donne lieu à aucune réflexion particulière. Un
élément supplémentaire pour l’édification de ce système réside dans le raisonnement
selon lequel les droits fondamentaux constituent d’une part des garanties de domaines
particuliers, mais prévoient aussi, d’autre part, des garanties générales et « fourre-
tout », applicables quand aucun droit fondamental spécial ne s’applique. Cette
constatation vaut pour les libertés fondamentales comme pour les garanties du
principe d’égalité. L’ingéniosité propre à ce mode de raisonnement est qu’il assure une
garantie en principe sans lacunes des droits fondamentaux. La pensée systématique
pousse à l’établissement d’un système sans faille et ne peut concevoir l’idée selon
laquelle la protection des droits fondamentaux pourrait n’être assurée que
ponctuellement ou de manière sectorielle. Dans la lignée de cette tendance à

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l’extension de la portée des droits fondamentaux, la Cour considère que toute


« situation particulière mettant en danger des droits fondamentaux »
(grundrechtstypische Gefährdungslage)22 dans laquelle se trouve le citoyen vis-à-vis de
l’État, et susceptible de déclencher une protection du premier contre le second, est plus
importante que le libellé de la définition du droit fondamental touché tel qu’il se trouve
dans le texte de la Constitution. La conséquence de cette jurisprudence est qu’il n’est
pas difficile de découvrir par voie d’interprétation de la Constitution de nouvelles
garanties offertes par les droits fondamentaux existants si survient une situation
nouvelle de mise en danger de ces droits. L’extraordinaire multiplication des droits
fondamentaux sous l’empire de la Loi fondamentale trouve l’un de ses principaux
catalyseurs dans la découverte du caractère multidimensionnel des garanties offertes
par les droits fondamentaux. L’extension des droits fondamentaux – ou plutôt
l’interprétation extensive du domaine protégé par les droits fondamentaux –
s’accompagne toutefois d’une tendance à maints égards parallèle – l’on pourrait aussi
dire une tendance complémentaire – du côté des limites des droits fondamentaux. Dans
la mesure où la protection conférée par ces droits est entendue dans un sens généralisé
et libéré des bornes de son champ d’application, surgit en effet la nécessité –
systémique – d’interpréter de façon extensive également les possibilités de restriction
des droits fondamentaux et de les actualiser. La jurisprudence des juges de Karlsruhe
satisfait à cette exigence lorsqu’elle nivelle – sinon expressément, du moins sur le fond
– le régime des restrictions différencié prévu dans le texte de la Loi fondamentale et
qu’elle le soumet à un arbitrage entre les différents intérêts en présence. Le principe de
proportionnalité, idée centrale pour toute justification de l’ingérence dans un droit
fondamental et initialement développé par la Cour au sujet des ingérences dans les
libertés publiques, rayonne désormais également sur la structure et la dogmatique
relatives au principe d’égalité. Ce système ouvert et dynamique de la dogmatique de la
Cour constitutionnelle en matière de droits fondamentaux permet, d’une part,
notamment à travers une homogénéisation des garanties offertes par les droits
fondamentaux, de désigner et de traiter pratiquement chaque question de droit comme
une question touchant aux droits fondamentaux. D’autre part, le recours – pour des
raisons systémiques, tout aussi généralisé – au principe de proportionnalité ouvre la
possibilité de piloter de manière différenciée tant la protection efficace des droits
fondamentaux dans un cas concret que l’étendue de la protection juridictionnelle
assurée par la Cour constitutionnelle. Ce qui rend possibles cette forme particulière de
développement de la Constitution sans révision formelle de son texte et cette flexibilité
qui permet de régler un cas particulier sans s’engager à l’avance à traiter les cas futurs
avec la même indulgence, c’est la dogmatique.

3. La constitutionnalisation de l’ordre juridique et de la pensée


juridique

21 La Loi fondamentale apparaît de plus en plus comme un code source de l’ordre


juridique. La découverte de l’idée que « la Constitution peut s’appliquer à tout 23 », un
principe que la Cour constitutionnelle fédérale a désigné dans son arrêt « Lüth » sous le
nom de « effet de rayonnement » des droits fondamentaux, conduit d’une part à ce
qu’aucune disposition de droit ordinaire ne puisse plus être interprétée et appliquée
d’une manière qui serait contraire à la Loi fondamentale et aux exigences que cette
dernière contient et d’autre part à ce que toute disposition de droit ordinaire doive être

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lue à la lumière de l’esprit de la Constitution24. Plus la teneur d’une disposition


constitutionnelle est généralisée et dense – teneur dont la signification exacte a été
dégagée par la dogmatique –, plus les exigences seront étendues auxquelles les normes
de valeur infra-constitutionnelle devront satisfaire. Dès que et dans la mesure où des
droits fondamentaux sont en jeu – et tel est régulièrement le cas du système des droits
fondamentaux tel qu’il a été formulé (cf. supra) à l’aide de la dogmatique se concentrant
sur l’aspect matériel –, il n’est plus possible pour le juge de dire le droit sans tenir
compte de la Constitution.
22 L’évolution, connue sous le terme de constitutionnalisation, consistant pour le juge à
s’orienter de plus en plus vers les principes de la Constitution lorsqu’il interprète le
droit ordinaire25 repose, outre sur la conception systématiquement étendue des droits
fondamentaux et guidée par l’idée d’une optimisation de la portée de ces droits, sur
deux piliers supplémentaires, à savoir la procédure du recours constitutionnel dirigé
contre une décision de justice et l’interprétation conforme d’une norme à la
Constitution. Les recours constitutionnels directs, lorsqu’ils sont dirigés contre une
décision de justice, fournissent – déjà en raison de leur nombre très élevé : près de
190 000 recours de ce type en près de 60 ans – à la Cour constitutionnelle fédérale un
instrument qui lui permet d’assurer un contrôle efficace sur la manière dont les
juridictions ordinaires s’acquittent concrètement de leur obligation de tenir compte
des droits fondamentaux. Cet instrument permet en outre aux gardiens des droits
fondamentaux de Karlsruhe de préciser la portée des droits fondamentaux jusque dans
les moindres détails d’un cas concret et individuel. À cet égard, une importance
primordiale et souvent décrite revient au principe de proportionnalité : par son objet et
son utilisation, ce dernier empêche que la procédure du recours constitutionnel
contestant une décision de justice puisse un jour devenir superflue, au motif que les
tribunaux ordinaires auraient pour chaque cas concret correctement prédit la portée
des droits fondamentaux en jeu.
23 Quant à ce que l’on appelle « l’interprétation conforme », c’est-à-dire la
réinterprétation du droit non-constitutionnel (prétendument) induite par la
Constitution, elle n’est pas nécessairement liée à une intervention de la part de la Cour
constitutionnelle fédérale, mais se rattache au fait que le juge est lié par la
Constitution26. Bien que l’objection selon laquelle cette technique ne constituerait pas
simplement une forme particulière d’interprétation de la Constitution destinée à
assurer la primauté de cette dernière, mais une manière « froide », et allant au-delà de
la décision de justice, de censurer partiellement une norme (sans amputation de parties
du texte de la norme) ne puisse être réellement rejetée, la majorité de la doctrine
publiciste se rallie à la position de la Cour constitutionnelle fédérale et prône l’idée que
la technique de « l’interprétation conforme » est la manifestation d’un « principe
servant à maintenir une norme, un principe que connaît tout ordre construit sous
forme de hiérarchie27 ». Cette technique a elle aussi pour effet de renforcer la
compatibilité du droit infra-constitutionnel avec la Constitution et l’orientation
croissante de ce droit vers la Constitution.
24 L’exemple de la théorie des principes formulée par Robert Alexy illustre la
constitutionnalisation de la pensée juridique. Alors qu’à l’échelon mondial, les
avantages et les inconvénients de ce modèle font l’objet de débats de théorie du droit
menés par des théoriciens du droit – débats de plus en plus internationalisés –, l’idée
avancée par Alexy et qu’il avait initialement formulée comme le fondement de sa

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« Théorie des droits fondamentaux28 » est reprise ou rejetée en Allemagne surtout par
les publicistes en leur qualité de membres de la doctrine constitutionnelle. La
différence du cadre des débats – la théorie du droit d’une part, la dogmatique
constitutionnelle (et/ou la théorie de la constitution) d’autre part – ne manque
logiquement pas d’influer considérablement sur la forme et le contenu de ces
controverses.
25 La constitutionnalisation engendre toutefois encore un autre effet qui, d’une certaine
manière, va dans la direction inverse. Dans la mesure où de nouveaux champs sont
ouverts à l’application de la Constitution, avec la Cour constitutionnelle fédérale
comme gardienne de cette dernière, les compétences de la science du droit
constitutionnel s’élargissent également et « contraignent » celle-ci à se préoccuper de
cas relevant du droit ordinaire.

4. La « dogmatisation » de la pensée constitutionnelle

26 « L’immense force créatrice de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale 29 »


a pour effet de faire participer la science constitutionnelle au renforcement du droit
constitutionnel et de la dogmatique constitutionnelle. Mais elle a aussi un prix, que l’on
pourrait désigner par le terme de « dogmatisation » de la pensée sur la constitution. La
science du droit public a fort à faire pour suivre, développer et encadrer la dogmatique
constitutionnelle tracée par la Cour constitutionnelle. Si les membres de la doctrine de
droit public veulent être en mesure d’exercer une influence sur cette dogmatique
constitutionnelle jurisprudentielle, ils doivent exposer leurs doutes et leurs
suggestions, leurs idées et leurs arguments en employant le langage de la dogmatique.
En Allemagne, même la théorie constitutionnelle, qui, par sa nature, est plutôt éloignée
de la pratique, garde un contact plus ou moins étroit avec la dogmatique
constitutionnelle. Contrairement à ce qui se passe dans des pays comme la France ou
les États-Unis, qui ne connaissent pas de discipline juridique comparable à celle de la
dogmatique allemande, la théorie constitutionnelle développée en Allemagne
entretient des liens plus étroits avec la dogmatique. Cette situation lui assure certes la
possibilité d’exercer une plus grande influence sur la pratique du droit, mais elle doit
en payer le prix, en ce sens que, globalement, cette proximité aboutit à une réduction
sensible – induite par la dogmatique – du champ de discussion 30. Les modèles ou les
approches théoriques qui s’écartent de la jurisprudence et la dogmatique formulées à
Karlsruhe, voire qui s’opposent fondamentalement à elles, n’ont que des chances
réduites d’attirer l’attention et d’obtenir l’adhésion dans les débats de la doctrine de
droit public.
27 La capacité d’innovation de la théorie constitutionnelle et l’influence de la pratique de
la Constitution sont d’une certaine manière comme des vases communicants : plus l’une
augmente, plus l’autre diminue, et vice versa. Alors que la doctrine de droit public sous
la République de Weimar, par son attitude ambiguë vis-à-vis de la Constitution de
Weimar et ses querelles sur la direction à suivre, n’a que peu pesé sur la pratique du
droit, la science du droit public développée sous l’empire de la Loi fondamentale dans le
sillage de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale ne saurait se plaindre
d’un manque de pertinence pour la pratique du droit, y compris dans le cadre du
dialogue entre la doctrine et la Cour constitutionnelle.

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5. L’attitude de la Loi fondamentale à l’égard de l’Europe : un point de


rupture ?

28 Tout semble laisser à penser que la relation quasi-symbiotique entre la Cour


constitutionnelle fédérale et la doctrine de droit public se voit confrontée à un défi
sérieux lorsqu’il s’agit de déterminer la position au sein de l’Union européenne de l’État
de droit mis en place par la Loi fondamentale. À cet égard, il apparaît surtout ces
derniers temps que les anciens rapports et liens de loyauté ne sont pas forcément
adaptés aux conditions de l’avenir. En conséquence, le débat tant au sein de la Cour
constitutionnelle31 que parmi la doctrine constitutionnelle est particulièrement vif.
L’enjeu de ce débat n’est pas « seulement » de trouver une réponse constitutionnelle
face à « l’Europe », mais également de déterminer (1) la place de la Cour
constitutionnelle fédérale au sein d’une « fédération européenne des juridictions
constitutionnelles32 »33, (2) l’orientation fondamentale et l’identité de la doctrine
allemande de droit public, ainsi qu’en dernier lieu (3) la relation entre ces deux
dimensions, ce qui explique la gravité et les préoccupations du discours, de part et
d’autre. Il serait certes prématuré de voir approcher la fin de cette communauté unique
basée sur la fécondation réciproque et ayant connu un tel succès en Allemagne, mais
l’on doit accepter que l’on s’interroge, au sein de la science du droit constitutionnel, sur
les effets que le recul de la domination de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle
fédérale peut produire sur la doctrine du droit public, sur les plans thématique,
méthodologique et disciplinaire34.

V. La science du droit administratif : entre


« dépendance de la Constitution » et « orientation
extérieure »
29 Tandis que le cadre de réflexion de la doctrine constitutionnelle allemande est pour
l’essentiel tracé par la jurisprudence des juges constitutionnels de Karlsruhe, on peut
dire, en simplifiant, que la doctrine administrative – liée à la doctrine constitutionnelle
dans le cadre de la communauté scientifique de droit public où sont menés les débats
(cf. supra, III.) – oscille entre « dépendance de la Constitution 35 » et « orientation
extérieure36 ».

1. La constitutionnalisation du droit administratif et de la science


administrative

30 C’est sur le droit administratif, et avec lui sur la science administrative, que l’accent
mis sur la Constitution a produit ses effets en premier, de manière la plus complète et
le plus durablement. Même avant que la Cour constitutionnelle fédérale n’y ait apporté
sa contribution, la Cour fédérale administrative et la doctrine de droit public ont
montré et attiré l’attention sur le fait que le droit administratif n’était pas autre chose
que du « droit constitutionnel concrétisé37 »38.
31 Pour l’essentiel, c’est la combinaison du droit subjectif – dont les droits fondamentaux
constituent le paradigme – et de la protection juridique – qui est depuis toujours la
principale incarnation en Allemagne de l’idée de l’État de droit – qui forme le duo

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fondamental constitutionnalisant le droit administratif et la science du droit


administratif. C’est de ce double mouvement de pensée, guidé d’une part par le droit
subjectif et d’autre part par la protection juridique (de l’individu), que sont nés le droit
administratif et la science administrative d’après-guerre en Allemagne. C’est sous son
influence que « tombe » le principe du « rapport d’autorité particulier », qui avait
auparavant dominé le droit public et conféré à celui-ci le caractère d’un droit basé sur
un rapport de subordination, un droit spécial au bénéfice de l’État ; en vertu du droit à
une protection juridictionnelle efficace garantie par l’article 19, alinéa 4, de la Loi
fondamentale, le caractère de la forme de l’action de l’État, jadis déterminante pour le
déclenchement de la protection juridique, est relégué au second plan ; le principe de la
légalité est élargi significativement et s’étend, sous l’effet de la théorie des garanties
essentielles (Wesentlichkeitstheorie) jusque dans le domaine des services publics
(Leistungsverwaltung) ; les modalités des procédures et de l’organisation administratives
sont remises en question sous l’angle des effets pour le renforcement des droits
fondamentaux qu’elles sont susceptibles d’engendrer ; une attention particulière est
désormais accordée aux rapports juridiques pluripartites, en tant que situations
subjectivisées concernant la protection de tiers ; les dispositions administratives,
conçues comme des règles internes flexibles et malléables, entrent, du fait du
« principe de l’autolimitation de l’administration », dans le champ du principe d’égalité
(article 3, alinéa 1er, de la Loi fondamentale) et tombent donc sous l’influence de ce
dernier ; le pouvoir discrétionnaire de l’administration et ses marges d’appréciation
sont, sous l’aspect de la protection juridique (intensité du contrôle opéré) et des droits
fondamentaux, soumis à un régime plus exigeant quant à leur justification ; anobli par
son application en droit constitutionnel et en particulier dans le domaine des droits
fondamentaux, le principe de proportionnalité, initialement développé dans le domaine
du droit de la police administrative et « exporté » depuis vers le droit constitutionnel,
déploie une efficacité ubiquitaire. Il est en principe applicable lors de toute
interprétation du droit (« interprétation conforme à la Constitution » !) et de toute
application du droit par l’administration, laquelle est liée par les droits fondamentaux.
La conséquence en est une « juridicisation et une soumission aux tribunaux
croissantes » de l’action de l’administration39 – et en conséquence un repositionnement
de la science du droit administratif. Dans ce contexte, un rôle central revient au droit
administratif général – façonné d’abord par la science du droit administratif, puis
ensuite par la jurisprudence des juridictions administratives et oscillant étrangement
entre droit positif et science du droit –, car ce droit assure la fonction déterminante
« d’intermédiaire entre le droit constitutionnel et le droit administratif spécial 40 ». Ce
constat est d’autant plus remarquable que le droit administratif général est considéré
comme l’incarnation par excellence de la pensée dogmatique systémique en droit public
(et dans la science du droit public)41. Une fois de plus, la dogmatique axée sur la notion
de système démontre son efficacité, notamment à travers l’effort pour rendre
compatible le droit constitutionnel et le droit infra-constitutionnel.

2. Réorientations et tendances à l’ouverture

32 La constitutionnalisation n’est pas le seul modèle du droit administratif et de la


doctrine du droit administratif dans l’Allemagne de l’après-guerre. Ces dernières
décennies, deux évolutions – à maints égards entrelacées – poussent le droit
administratif et plus encore la doctrine administrative à se réorienter et, du coup, à

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relativiser d’une certaine manière ou du moins à enrichir l’accent mis sur le droit
constitutionnel. Ces évolutions ont toutes deux leurs origines à l’extérieur de la
Constitution. La première, à savoir l’européanisation (et, dans un degré moindre,
l’internationalisation), résulte pour l’essentiel des effets produits par le droit de l’Union
européenne (auparavant le droit communautaire), lequel prime en principe sur toute
norme nationale des États membres et dispose, avec le principe de « l’effet utile »,
d’une clef passe-partout pour ouvrir aux effets du droit de l’Union toute disposition
juridique nationale. La Cour constitutionnelle fédérale et, avec elle, la science du droit
constitutionnel font largement figure d’observatrices extérieures dans cette évolution,
étant donné que les dispositions du droit de l’Union ne constituent pas des normes de
référence pour le contrôle de constitutionnalité opéré par les juges de Karlsruhe. Dès
lors, l’européanisation du droit administratif allemand s’effectue en majeure partie en
dehors du droit constitutionnel et de l’intervention de la Cour constitutionnelle
fédérale. De ce fait, l’européanisation du droit administratif se superpose partiellement
(mais de manière croissante) à la constitutionnalisation de ce droit.
33 La seconde évolution, qu’il n’est pas aisé de résumer au moyen d’un concept
homogène, trouve ses origines dans la tentative pour formuler une science du droit
administratif moderne, répondant aux réalités nouvelles de la vie administrative
comme aux connaissances modernes dégagées par les disciplines non juridiques et
(davantage) susceptible d’intéresser d’autres disciplines. Renforcée par la « discussion
sur la réforme » notamment pendant les années 199042, cette évolution s’est manifestée
dans le projet d’envergure et programmatique de formuler une « Nouvelle science du
droit administratif43 ». Le nouveau modèle est celui du pilotage. Il oriente et produit
une multitude de mouvements de recherche et d’ouvertures jusqu’alors méconnus – en
visant dans un premier temps le monde réel de l’administration, mais ensuite
également une orientation de la discipline et des méthodes. Dès l’origine, il reflète dans
son ambition globale l’esprit de la dogmatique fondée sur un système de pensée ;
malgré son effort d’ouverture, il n’abandonne pas le projet, plutôt tourné vers
l’établissement d’un système fermé, d’une dogmatique administrative, mais au
contraire donne une nouvelle dimension à l’idée de système inhérente à la dogmatique
et selon laquelle les connaissances sont maîtrisables avec les moyens de la science.
34 Du point de vue disciplinaire et méthodologique, la « Nouvelle science du droit
administratif » présente un visage hybride. Il n’est pas faux de constater que – avec son
ambition holistique consistant à vouloir prendre en compte l’intégralité des effets de
pilotage pour les soumettre à la science du droit – la « Nouvelle science du droit
administratif » contribuerait à rendre confuses les « imputations normatives de
compétences et de responsabilités44 ». Plus l’imbrication au sens strict entre
perspectives juridiques et non-juridiques est forte, moins la teneur juridique des
énoncés ainsi produits est identifiable45 ; mais d’un autre côté, ces derniers sont alors
plus susceptibles de faire l’objet de débats menés ailleurs (que cet « ailleurs » renvoie à
une discipline scientifique ou à un lieu) et n’étant pas aussi stricts en ce qui concerne
les aspects liés à la discipline et aux méthodes. Il est même permis d’aller encore plus
loin et d’affirmer que du fait de la diversité des perspectives – un élément constitutif de
toute science du droit administratif qui se veut informée de manière interdisciplinaire
– et de l’utilisation de notions employées par plusieurs disciplines – alors que ces
notions n’ont, au mieux, que partiellement été revêtues d’un contenu juridique – la
nouvelle approche en termes de pilotage dépasse de plus en plus le rôle et le cadre de la

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dogmatique classique. Alors que cette dernière vise, dans le débat intra-juridique, à
fournir une explication pour l’application du droit – explication fiable, standardisée et
maintenue à une dimension (réduite) permettant aux acteurs juridiques de la traiter –,
l’ambition de la « Nouvelle science du droit administratif » est justement de mener
dans la perspective d’une science administrative moderne un discours de pilotage
ambitieux en matière de trans- et d’interdisciplinarité. Pour la science du droit
administratif, le prix à payer de cette capacité à générer des liens trans- ou
interdisciplinaires est, semble-t-il, qu’elle perd en pertinence pour la pratique du droit.
Le fait qu’au moins une partie des membres de la science du droit administratif
estiment acceptable de relativiser ainsi le caractère dogmatique et la capacité des idées
et modèles de cette science à être repris par la jurisprudence est, sans doute, dû
également au fait que le lien entre science administrative et jurisprudence
administrative est traditionnellement moins étroit et moins généralisé que celui qui
unit la doctrine constitutionnelle et la jurisprudence constitutionnelle. L’affinité de la
Cour fédérale administrative pour la science du droit, nettement plus réduite, que celle
de la Cour constitutionnelle fédérale, se manifeste déjà dans la structure et le style de
rédaction – correspondant typiquement à ceux d’une juridiction de cassation – des
motifs de ses décisions et arrêts46. Cette moindre affinité apparaît de manière
particulièrement claire lorsqu’il y a un décalage entre l’état de la dogmatique
scientifique et celui de la dogmatique de la Cour, comme ce fut longtemps le cas sur la
question de la reconnaissance et du respect des effets du droit communautaire
(désormais droit de l’Union) par le droit (administratif) allemand.
35 Du point de vue de l’assouplissement ou de l’affaiblissement du caractère dogmatique
(systématicité), la boucle est bouclée par rapport à la première évolution mentionnée, à
savoir l’européanisation du droit administratif : la jurisprudence de la Cour de justice et
du Tribunal de l’Union européenne se nourrit de traditions juridictionnelles diverses,
parmi lesquelles on trouve des systèmes juridiques fondés sur la règle du précédent,
mais aussi des traditions auxquelles la culture de la motivation ample, comme en
Allemagne, est étrangère. Cette situation conduit à ce qu’une dogmatisation –
habituelle en Allemagne vis-à-vis des juridictions nationales – apparaisse, eu égard à la
jurisprudence des juridictions de l’Union, largement inappropriée, pour ne pas dire
déplacée. Cet élément oblige lui aussi la science administrative allemande européanisée
soit à élargir sa conception d’une dogmatique centrée sur la notion de système, soit à la
modifier dans son ensemble ou du moins à s’accommoder d’un degré moindre de
dogmatisation et de systématisation.

VI. La science du droit public dans le cadre de la


science européenne commune du droit public : un bref
aperçu
1. La contribution allemande lors de la formation de la science
européenne commune du droit public

36 Jusqu’à présent, la doctrine de droit public allemande s’est globalement montrée


ouverte aux multiples dimensions de l’européanisation et a activement contribué à
cette dernière. Elle peut même prétendre avoir fourni des impulsions majeures et des
contributions exceptionnelles pour l’établissement d’une doctrine commune

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européenne de droit public : à cet égard, il convient de citer la fondation, à l’initiative


de l’Association des professeurs allemands de droit public, d’une association
européenne des professeurs de droit public, la Societas Iuris Publici Europaei (SIPE), en
200347, ou encore l’ouvrage classique Ius Publicum Europaeum (IPE), publié en majorité
sous égide allemande et comportant des contributions en langue allemande de juristes
d’environ une douzaine des États membres de l’Union européenne, ainsi que de la
Suisse48. En ce qui concerne d’une part l’impact du droit européen sur les ordres
juridiques nationaux et les sciences juridiques nationales, et d’autre part l’édification
d’une science européenne commune, la science allemande du droit public n’a pas à
rougir.
37 Cette contribution allemande dans le cadre de l’émergence et de la formation du
discours européen commun sur le droit est d’autant plus importante et urgente que la
manière de pratiquer en Allemagne la science du droit en général, et plus
particulièrement du droit public, constitue à maints égards, si l’on considère les ordres
juridiques, les sciences juridiques et les cultures juridiques des États membres de
l’Union européenne, une forme « d’exception allemande », ou du moins d’exception
limitée aux pays germanophones. Si « l’approche allemande » n’est pas expliquée à
temps, durablement, clairement et par des voies multiples, s’il n’est pas fait d’efforts
pour vanter les mérites de cette approche, alors le courant principal du débat européen
s’engouffrera dans d’autres voies. Évidemment, il ne s’agit pas là de prôner un
« nationalisme méthodologique » visant à préserver ce qui est familier à soi-même,
mais, en parallèle, il faut aussi se garder de l’autre extrême, c’est-à-dire la fuite dans
une « euphorie de la convergence49 ». Il convient en outre de souligner que l’objectif
n’est pas simplement de remplacer des débats nationaux de la science du droit par un
unique discours européen commun sur le droit, mais au contraire de faire coexister ces
deux échelons de discours dans un rapport dialectique – ou pour reprendre le crédo
ecclésiologique du IIe Concile œcuménique du Vatican50 : « in quibus et ex quibus ».

2. Dépendances au sentier de la doctrine de droit public, obstacles à


son internationalisation

38 Ce projet doit faire face à des difficultés diverses – indépendamment même de la


véritable question, qui est de savoir quels aspects doivent concrètement être préservés
ou transposés. Parmi ces difficultés figurent celles que l’on pourrait qualifier de
dépendances au sentier faisant obstacle à l’européanisation, voire à
l’internationalisation : des caractéristiques des débats allemands sur le droit qui dans
l’une et/ou l’autre direction (c’est-à-dire de l’intérieur vers l’extérieur et/ou de
l’extérieur vers l’intérieur) se présentent comme autant d’obstacles à ce qu’elles
puissent être reprises à l’échelon européen ou international.
39 Dans une large mesure, ces obstacles ne touchent pas la seule doctrine de droit public,
mais concernent la science du droit en Allemagne dans son ensemble. On peut citer ici
en premier lieu le fait que les débats à l’échelon national sont intrinsèquement liés à la
langue allemande, un obstacle difficile à surmonter si l’on prend en considération que
le droit, en tant que produit d’une certaine culture, dépend de manière spécifique de la
langue et que la pratique du droit, à laquelle la science du droit se réfère (par exemple
les lois adoptées ou encore la jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale),
communique en langue allemande. Un autre obstacle, d’ordre doctrinal et général,

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réside dans l’attachement de la doctrine à une perspective, des exigences et à un format


de type spécifiquement dogmatique ; dès lors, la reprise d’approches juridiques
s’étendant bien au-delà de l’horizon de la dogmatique n’est possible que dans des
limites étroites. Une autre conséquence, agissant comme un obstacle, est que la
formation des juristes en Allemagne, sanctionnée par les examens d’État, lie la
recherche avec l’enseignement, limitant ainsi la pertinence d’échanges internationaux
pour les chercheurs comme pour les étudiants. Si l’on considère seulement les systèmes
de « common law », mais aussi le droit de l’Union européenne, où la division tripartite en
droit privé, droit public et droit pénal est inconnue, la doctrine des « trois empires »,
qui continue d’être rigoureusement suivie en Allemagne, constitue parfois un obstacle
gênant pour les débats. Eu égard au fait qu’en droit comparé, le sens de la comparaison
va du plus petit au plus grand, la comparaison, en Allemagne, est la plupart du temps
menée avec des ordres et des débats juridiques ayant un « poids » comparable ou plus
élevé que ceux de l’Allemagne (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Espagne –
l’Autriche et la Suisse, en raison de la langue, constituent des exceptions notables),
alors que des ordres et des débats juridiques plus « petits » ne sont guère au centre de
l’attention. Un obstacle particulier à la réception de publications scientifiques
étrangères réside en Allemagne dans la concentration sur la jurisprudence de la Cour
constitutionnelle fédérale. Ceci conduit à ce que la convention CEDH et la jurisprudence
de la Cour européenne des droits de l’homme se trouvent pour ainsi dire rejetées dans
l’ombre par les droits fondamentaux de la Loi fondamentale dans leur interprétation
par la Cour constitutionnelle fédérale. En conséquence, la connaissance en Allemagne
de ce niveau européen, de plus en plus important, des droits fondamentaux demeure en
partie nettement plus réduite que celle qui prévaut dans d’autres pays ayant adhéré à
la CEDH51 – et ce, alors que la Cour européenne des droits de l’homme s’appuie plus
d’une fois sur des traditions d’interprétation et d’application des droits fondamentaux
forgées à Karlsruhe. Le pays possédant la dogmatique la plus évoluée et la plus poussée
en matière de droits fondamentaux appartient, lorsqu’il s’agit de la dogmatique relative
aux droits de l’homme (tels que les entend la Convention EDH) plutôt aux pays en voie
de développement.

3. Tirer des enseignements de la doctrine de droit public ?

40 Si l’on s’interroge en fin de compte sur l’utilité de l’apport de la doctrine de droit public
allemande à une science du droit européenne commune, quatre éléments viennent
particulièrement à l’esprit, et il convient de les mentionner au moins brièvement. Il
s’agit en premier lieu de l’imbrication, féconde pour les deux disciplines impliquées, de
la science du droit constitutionnel et de la science du droit administratif ; en deuxième
lieu, de la riche expérience d’interaction avec une juridiction constitutionnelle active,
puissante et montrant une grande affinité pour la science ; troisièmement, de toutes les
connaissances accumulées relatives au phénomène de constitutionnalisation, qui
affecte tous les niveaux du droit et présente quelques ressemblances remarquables avec
le phénomène d’européanisation du droit des États membres de l’Union européenne ;
enfin – last but not least – de la connaissance de l’efficacité (et des limites) de cette
discipline tournée vers la pratique juridique, et orientée vers l’étude du droit en
vigueur, qu’est la dogmatique.

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NOTES
1. Möllers / Voßkuhle (2003), p. 321 sqq.
2. Bogdandy (2011), p. 1 sqq.
3. Voßkuhle (2010a), p. 326 sqq.
4. Pour la doctrine civiliste et la doctrine pénaliste, voir, dans le présent volume, Stürner (2012),
p. 10, ainsi que Vogel (2012), p. 25.
5. À cet égard, cf. Bogdandy (2011), p. 4, se référant à Zürn (2001), p. 181 ; à titre complémentaire
et pour un exemple tiré du droit administratif comparé, cf. Schönberger (2011a), § 71, n os 50 sqq.
6. Brohm (2001), p. 1079.
7. Sur ce point et pour la suite de notre propos, cf. Jestaedt (2011b), p. 169 sqq.
8. Ayant déployé une influence considérable : Larenz (1960), p. 189. À ce sujet, cf. Seinecke (2010),
p. 283 sq. et en particulier p. 285 sq.
9. La seule Loi fondamentale a donné lieu, à ce jour, à 25 codes commentés, dont deux éditions
particulièrement approfondies (le commentaire dit « de Bonn » et le « Maunz / Dürig ») et cinq
éditions en plusieurs volumes (le commentaire « Mangoldt / Klein / Starck », le commentaire
« von Münch », le « commentaire alternatif », le commentaire « Dreier » et le « commentaire
berlinois »).
10. Sur le fait que la science du droit et la pratique du droit emploient un langage commun avec
des objectifs différents, cf. Jestaedt (2011b), p. 178 sqq.
11. Pour p. ex. le droit social, cf. Becker (2010), p. 15 sq.
12. À ce sujet, en se référant à la Loi fondamentale, cf. Lerche (2001), p. 340-342 et 342-348.
13. Pour une analyse plus approfondie, cf. Hoyningen-Huene (2008), p. 167 sqq.
14. A ce sujet, cf. Pauly (2008), § 27, n os 13 et 18. Traditionnellement, la doctrine de droit
international public n’est considérée comme élément – dépendant – de la doctrine de droit public
que dans la mesure où – du point de vue de la discipline scientifique – elle se recoupe avec la
science administrative et la science constitutionnelle et/ou – du point de vue des personnes – le
scientifique en question possède, outre sa qualité d’enseignant de droit constitutionnel ou de
droit administratif, une qualité d’enseignant de droit international public qui le qualifie
particulièrement pour se prononcer sur la question concrète à traiter.
15. À la date du 22 novembre 2011, le registre des membres de l’Association comporte les noms
de 717 enseignants de droit public venant d’Allemagne, d’Autriche et de la Suisse, ainsi que, pour
une poignée d’entre eux, d’autres pays (dont p. ex. la France ou la Grèce). Cf. https://
www.vdstrl.de/mitgliederverzeichnis/ (site consulté le 11 décembre 2019).
16. Pour une analyse approfondie, cf. Schoch (2007), p. 177 sqq.
17. Au sujet de la Cour constitutionnelle fédérale comme « pouvoir fixant des critères de
référence », cf. l’analyse détaillée de Lepsius (2011), p. 159 sqq.
18. De manière fondamentale, cf. Lepsius (2008), p. 103 sqq.
19. À ce sujet, cf. Schönberger (2011b), p. 11 sqq.
20. Pour une analyse plus approfondie, cf. Schlink (1989), p. 161 sqq. ; Schlink (2007), p. 157 sqq. ;
Jestaedt (2002), p. 183 sqq.
21. À cet égard, cf. la contribution particulièrement pertinente d’Isensee (1992), § 162.
22. Recueil BVerfGE 61, 82 (108).
23. Hollerbach (1969), p. 51 sqq.

Trivium, 30 | 2019
75

24. Recueil BVerfGE 7, 198 (205, 207).


25. Au sujet des différentes formes que peut prendre la constitutionnalisation, cf. Jestaedt
(2011a), p. 37 sqq.
26. Pour une explication et une critique de la technique de l’interprétation conforme à la
Constitution, cf. Lembke (2009).
27. Citation tirée de Löwer (2005), § 70, no 126.
28. Alexy (1985), p. 77 sqq.
29. Formulation employée par Pauly (2008), § 27, no 16.
30. Pour plus de détails, cf. Jestaedt (2010), § 1, n os 10 sqq., 13 sqq., 53 sqq. et 68 sqq.
31. Cf. notamment, en ce qui concerne la Seconde Chambre de la Cour constitutionnelle fédérale :
Recueil BVerfGE 123, 267 sqq. – Lisbonne, cf. Revue JZ 2009, p. 890 (au sujet de cet arrêt, cf.
Gärditz / Hillgruber [2009], p. 872 et Classen [2009], p. 881) ; BVerfGE 126, 286 – Honeywell, cf.
Revue JZ 2010, p. 1177 (avec un commentaire de Claus Dieter Classen) ; arrêt du 7 septembre 2011,
aff. 2 BvR 987/10, 1485/10, 1099/10 – mesures de sauvetage de l’euro, disponible en ligne sous
http://www.bverfg.de/entscheidungen/rs20110907_2bvr098710.html (consulté le 6 décembre
2011 ; 11 déc. 2019), cf. revue JZ 2011, p. 1004 (avec un commentaire de Daniel Thym) ; arrêt du
9 novembre 2011, aff. 2 BvC 4/10, 6/10, 8/10 – seuil des 5 % lors des élections européennes, disponible
en ligne sous http://www.bverfg.de/entscheidungen/cs20111109_2bvc000410.html (consulté le
6 décembre 2011 ; 11 déc. 2019) ; en ce qui concerne la Première Chambre, cf. l’arrêt du 19 juillet
2011, aff. 1 BvR 1916/09 – titularité des droits fondamentaux au profit de personnes morales des
États membres de l’Union européenne, cf. Revue JZ 2011, p. 1112 sqq. (avec un commentaire de
Christian Hillgruber).
32. Terme utilisé par Voßkuhle (2010b), p. 1 sqq.
33. À ce sujet, cf. Schönberger (2011b), p. 59 sqq. ; Möllers (2011), p. 402 sqq.
34. Pars pro toto, cf. Pauly (2008), § 27, no 17.
35. Bachof (1963), p. 257, emploie dès 1963 le terme de la « dépendance systématique du droit
administratif vis-à-vis du droit constitutionnel ».
36. Wahl (2003), p. 422, décèle dans « l’ouverture envers une orientation vers l’extérieur de
l’ordre juridique » l’élément déterminant de la « seconde phase » d’évolution du droit public en
Allemagne sous l’empire de la Loi fondamentale.
37. Le président de l’époque de la Cour fédérale administrative marqua fortement ce débat de son
empreinte, cf. Werner (1959), p. 527 sqq.
38. Pour une analyse plus approfondie du rôle de la justice administrative (notamment de la Cour
fédérale administrative), cf. Schönberger (2006), p. 53 sqq.
39. Terme employé par Wahl (2006), p. 41.
40. Wahl (2006), p. 38.
41. Cf. la contribution paradigmatique de Schmidt-Aßmann (2004), dont le sous-titre est, de
manière significative, « fondements et missions de la création de systèmes en droit administratif »
(nous soulignons). Dans ce contexte, sur la question de la viabilité d’un concept, cf. Trute et al.
(2008).
42. Les volumes publiés sous la direction de Wolfgang Hoffmann-Riem et Eberhard Schmidt-
Aßmann et intitulés « Schriften zur Reform des Verwaltungsrechts » (Documents pour la réforme du
droit administratif) : 10 volumes, publiés entre 1993 et 2004, peuvent être considérées comme des
contributions qui ont marqué les débats de leur empreinte.
43. Un monument de la littérature relative à la « Nouvelle science du droit administratif » est
l’ouvrage publié sous la direction de Hoffman-Riem et al. (2006–2008). Le projet est décrit de
manière concise par Voßkuhle (2006), § 1.
44. En ce sens, cf. Pauly (2011), § 58, no 20.
45. Pour une critique du point de vue de la « méthodologie juridique », cf. Krebs (2004),
p. 219 sqq.

Trivium, 30 | 2019
76

46. À titre d’exemple, cf. Pauly (2011), § 58, no 34.


47. À ce sujet, cf. Starck (2003), p. 895.
48. À ce jour, quatre volumes de IPE ont été publiés, pour un total d’environ 3 000 pages. Le
terme de « droit constitutionnel européen commun » a été employé très tôt par Häberle (1992),
p. 71 sqq.
49. En ce qui concerne le droit administratif comparé, les juristes naviguent alors entre Charybde
(le « nationalisme méthodologique ») et Scylla (« l’euphorie de la convergence ») ; à ce sujet, cf.
les travaux fondamentaux de Schönberger (2011a), § 71, nos 50–52.
50. Cf. l’article 23 de la Constitution dogmatique sur l’Église, Lumen Gentium, qui fait depuis 1983
partie du droit positif ecclésiastique.
51. Il est révélateur à cet égard que le manuel classique relatif à la CEDH commercialisé en
Allemagne n’ait pas été rédigé par un Allemand, cf. Grabenwarter (2009).

INDEX
Schlüsselwörter : Staatsrechtslehre, Dogmatik, Öffentliches Recht, Europäisierung
Mots-clés : doctrine, dogmatique, droit public, européanisation

AUTEURS
MATTHIAS JESTAEDT
L’auteur est coéditeur de la Revue JuristenZeitung, responsable pour les questions de droit public
et de méthodologie. Il est professeur de droit public et de théorie du droit à l’Université Albert
Ludwig à Fribourg-en-Brisgau. Voir aussi la notice suivante.

Trivium, 30 | 2019
77

« L’intégration par le droit » – la


contribution de la Cour
constitutionnelle fédérale
Andreas Voßkuhle
Traduction : Olivier Joop

NOTE DE L’ÉDITEUR
Nous remercions M. Andreas Voßkuhle et la maison d’édition Mohr Siebeck de nous
avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro.
Wir danken Herrn Andreas Voßkuhle und dem Verlag Mohr Siebeck für die freundliche
Genehmigung, diesen Artikel in französischer Übersetzung zu publizieren.

NOTE DE L'AUTEUR
Une première version de cette contribution a été présentée le 22 octobre 2015 à
l’Université Humboldt de Berlin. L’auteur remercie Dr. Friedrich Schütter pour sa
collaboration précieuse.
Depuis les années 1960, la Cour constitutionnelle
fédérale n’a cessé de renforcer l’idée d’une
communauté européenne du droit. La présente
contribution apporte un regard approfondi sur
dix impulsions de juridicisation.

I. L’idée d’une communauté européenne du droit


1 L’Union européenne se trouve sous pression. Soixante-dix ans après la fin de la Seconde
Guerre mondiale, la promesse de liberté, de paix, de prospérité et de solidarité a perdu

Trivium, 30 | 2019
78

de son éclat, qui naguère illuminait le processus de construction européenne. L’épreuve


décisive de la crise financière mondiale et de la crise de la dette dans la zone euro a non
seulement rendu visibles des vices de construction et des modifications du rapport de
forces à l’échelon des institutions européennes1. Mais elle a également nourri, de
diverses manières, les égoïsmes nationaux au sein des États membres et fait apparaître
des doutes quant à la cohésion interne de l’Union. Ces forces centrifuges pesant sur
l’Union sont en outre exacerbées par les défis auxquels l’Union est confrontée,
s’agissant notamment du flux ininterrompu de réfugiés. C’est précisément dans une
situation d’incertitude2 qu’il peut être utile de rappeler les réalisations dont le
processus de construction européenne a été porteur jusqu’à ce jour.
2 La construction d’une communauté européenne du droit opérationnelle est sans doute
l’un des succès les plus fondamentaux de l’Europe dans les dernières décennies 3. Cette
communauté du droit trouve sa raison d’être dans le fait qu’une communauté de vingt-
huit États membres, aux héritages historiques, culturels, sociaux et économiques les
plus divers, ne peut ni préserver les valeurs sur lesquelles l’Union européenne est
fondée4, ni réaliser ses objectifs sans le respect des règles que l’Union s’est elle-même
données. Dans un tel contexte, le droit remplit toute une série de fonctions à l’échelon
européen. Il sert d’orientation claire, contribue à la prévention et au règlement de
conflits, puis crée une légitimité, en répartissant des pouvoirs de décision et en
prévoyant des procédures de prise de décision. La capacité d’intégration du droit se
manifeste précisément dans le cadre d’un édifice comme l’Union européenne, au sein
de laquelle les intérêts divergents des États membres conduisent a priori à une cohésion
interne relativement faible. Ainsi, y compris en temps de crise et malgré les violations
du droit déplorées à juste titre5, le droit demeure le socle le plus stable de l’Europe !
3 De nombreux acteurs contribuent à la réalisation de l’idée d’une communauté du droit,
déjà promue avec force par Walter Hallstein6. Bornons-nous à citer à cet égard les
gouvernements des États membres qui négocient et font évoluer les traités européens ;
le Parlement européen et le Conseil qui, de concert avec la Commission, adoptent le
droit dérivé européen ; la CJUE, qui assure le respect du droit dans l’application et
l’interprétation des traités7 ; les parlements nationaux, ainsi que les autorités
administratives et les juridictions nationales, qui sont à leur tour responsables de la
mise en œuvre du droit européen ; les citoyens, enfin, qui, au moyen d’associations et
d’initiatives citoyennes, peuvent apporter de diverses manières leur contribution au
débat juridique. Cette multitude d’acteurs impliqués montre à elle seule que
l’établissement et le développement de la communauté européenne du droit est un
processus particulièrement complexe, marqué par de nombreuses imbrications et
relations de dépendance, et qu’il n’est que partiellement possible de réfléchir aux
conditions du succès de ce processus comme aux dangers qui pèsent sur lui. C’est dans
ce contexte que je voudrais apporter quelques réflexions sur la contribution de la Cour
constitutionnelle fédérale à « l’intégration par le droit8 » dans les dernières décennies.
Pour ce faire, cette analyse se concentrera sur dix impulsions de juridicisation (II.),
avant de conclure sur quelques réflexions portant sur les possibles limites de l’idée
d’une communauté du droit (III).

Trivium, 30 | 2019
79

II. Impulsions de juridicisation dans la jurisprudence


de la Cour constitutionnelle fédérale
1. Ouverture de la Constitution à l’intégration et ligne juridique
guidant le processus d’intégration

4 Commençons avec un exemple connu de juridicisation : l’insertion du nouvel article 23,


appelé « article sur l’Europe », dans la Loi fondamentale (LF) en 1992. Lors de la refonte
de cette disposition, le législateur constitutionnel s’est inspiré de principes
fondamentaux de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale en matière de
droit européen. Dès 1967, la Cour avait constaté que la Communauté économique
européenne de l’époque constituait une communauté sui generis, caractérisée par un
processus d’unification progressive, et que la République fédérale pouvait transférer à
cette entité, sur le fondement de l’article 24 LF9, des droits de souveraineté. De ce fait,
la Cour a très tôt souligné que la Loi fondamentale était ouverte au processus
d’intégration européenne. Les développements de la Cour en la matière ont pu servir de
modèle pour la formulation de l’objectif de l’État et de la mission constitutionnelle de
contribuer à l’édification d’une Europe unie repris dans le texte de l’article 23,
alinéa 1er, LF et renforçant l’attachement à l’Europe déjà affirmé dans le Préambule de
la Loi fondamentale.
5 En parallèle, la Cour constitutionnelle fédérale a développé dans sa décision dite
Solange I de 1974 une ligne juridique pour le déroulement du processus d’intégration à
l’échelon interne, et elle a subordonné le transfert de droits de souveraineté au respect
de certaines conditions structurelles10. Ces conditions visaient le respect de l’identité
constitutionnelle, la protection des droits fondamentaux et la répartition des
compétences11. Considérant la partie de la Loi fondamentale consacrée aux droits
fondamentaux comme l’un des éléments « essentiels » de la Loi fondamentale, la Cour
constitutionnelle prône une intégration européenne respectueuse des droits de
l’homme et du citoyen. Parmi les éléments constitutifs de l’identité constitutionnelle
figure également le respect des principes démocratiques. Or, dans sa décision Solange I,
la Cour constitutionnelle fédérale avait relevé un déficit sur ce point à l’échelon
européen, dans la mesure où la Communauté ne disposait pas d’un parlement élu au
suffrage universel, exerçant de compétences législatives et devant lequel les
institutions communautaires compétentes en matière législative seraient
politiquement pleinement responsables12. S’agissant de la répartition des compétences
entre la Communauté et les États membres, la Cour a souligné dans sa décision
Kloppenburg rendue en 1987 que le transfert de compétences ne saurait conduire à un
abandon de la qualité d’État souverain, les États membres demeurant les « maîtres des
traités13 ». Cette constatation demeure actuelle au regard du principe d’attribution de
compétences sur lequel repose l’Union européenne, celle-ci ne pouvant régler que les
matières pour lesquelles une compétence lui a été attribuée et étant ainsi soumise au
principe de subsidiarité.
6 Ces exigences centrales de la jurisprudence de la Cour ont été par la suite reprises et
précisées par le constituant allemand dans le mécanisme dit de « préservation de la
structure constitutionnelle » (Struktursicherungsklausel) de l’article 23 LF. Cette
disposition impose à l’Union l’obligation de respecter les principes de l’État fédéral,
social, libéral et démocratique comme le principe de subsidiarité, et de garantir une

Trivium, 30 | 2019
80

protection des droits fondamentaux essentiellement comparable à celle qu’offre la Loi


fondamentale.

2. Garantie de l’évolution du droit opérée par la CJUE

7 Contrairement à ce que peuvent suggérer des expressions bien connues, comme celles
de la « guerre des juges14 » ou de « lutte pour le dernier mot15 », la Cour
constitutionnelle fédérale a très tôt assuré, à l’échelon constitutionnel, la compétence
revenant à la CJUE de faire évoluer le droit. De même, elle a souligné le rôle central joué
par cette dernière pour l’établissement d’une communauté de droit 16.
8 Au début des années 1960, la CJCE de l’époque commença à interpréter d’une manière
particulièrement favorable à l’intégration, la compétence que lui attribuait l’article 19,
§ 1er, TUE et selon lequel elle « assure le respect du droit dans l’interprétation et
l’application des traités ». Par sa jurisprudence, elle a d’une part fait accélérer le
processus d’intégration et d’autre part renforcé sa propre position au sein de l’édifice
des institutions17. La première décision historique sur ce chemin fut l’arrêt rendu par la
CJCE dans l’affaire van Gend / Loos en 1963. Dans cet arrêt, la Cour libéra la Communauté
du carcan classique imposé par le droit international public et affirma que le droit
communautaire constituait, vis-à-vis des ordres juridiques des États membres, un ordre
juridique indépendant et que le droit communautaire avait un effet direct dans les
États membres, sans qu’un acte juridique national confirmant la validité de l’acte
communautaire ne soit nécessaire18. Un an plus tard, dans l’arrêt Costa / ENEL, la Cour
de justice confirma cette jurisprudence favorable à l’intégration européenne et décida
qu’en cas de conflit entre une règle de droit communautaire directement applicable et
une norme de droit national, le droit communautaire primait 19. Ces deux décisions
illustrent la manière dont fonctionne l’intégration par le droit (et la jurisprudence) au
niveau européen : l’ordre juridique européen se tourne vers les citoyens et leur garantit
des droits, telles les libertés fondamentales de l’Union, libertés que les citoyens peuvent
invoquer directement vis-à-vis des autorités nationales. Ainsi se trouvent posées les
conditions d’une circulation transfrontalière de biens, de services, de personnes et de
capitaux, qui conduit à son tour à des imbrications économiques, sociales et culturelles,
elles-mêmes essentielles pour la réalisation des objectifs de l’Union que sont la paix, la
liberté et la prospérité. En même temps, le principe de primauté permet d’assurer
d’une part la cohérence entre des pans entiers de normes juridiques de droit de l’Union
et de droit national et d’autre part une application uniforme du droit.
9 À l’échelon national, la Cour constitutionnelle fédérale n’a pas freiné la CJUE dans son
élan de « moteur de l’intégration ». Au contraire, en reconnaissant la jurisprudence de
la CJUE, elle l’a même parfois encouragée à poursuivre ce chemin. En 1967, la Cour
constitutionnelle fédérale a adhéré à l’idée que le droit communautaire constituait un
ordre juridique autonome tant par rapport au droit international public que par
rapport au droit interne des États membres20. Dès 197121, et ainsi nettement plus tôt que
de nombreuses autres cours constitutionnelles ou suprêmes d’autres États membres 22,
la Cour constitutionnelle fédérale a en outre reconnu, en droit interne, le principe de
primauté – bien qu’elle lui donnât une justification constitutionnelle et donc un
fondement juridique théorique différent de celui qu’avait retenu la CJUE. Finalement, la
Cour constitutionnelle fédérale a accepté en 1987 – et pour la première fois
explicitement – le principe d’une contribution de la Cour de justice au développement

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du droit communautaire, en renvoyant à la tradition séculaire de droit prétorien en


Europe, du droit romain jusqu’au droit du travail dans l’Allemagne contemporaine 23.
10 Dans la pratique, il appartient pour l’essentiel aux autorités administratives et
juridictionnelles nationales d’assurer l’exécution du droit européen comme du droit
national. En raison des mécanismes décentralisés de cette exécution, les tribunaux
nationaux des différents ordres de juridiction jouent un rôle primordial dans la mise en
œuvre du droit de l’Union24. À cet égard, la procédure de renvoi préjudiciel prévue à
l’article 267 TFUE est tout simplement indispensable pour la juridicisation du processus
d’intégration européenne25. Cette disposition contient un mécanisme procédural
destiné à garantir le respect de l’obligation des juridictions nationales d’assurer la
primauté du droit de l’Union vis-à-vis de toute norme nationale qui lui serait contraire.
Il constitue par ailleurs la manifestation de la répartition des responsabilités au sein
d’une communauté dans laquelle les échelons du droit de l’Union et du droit national
s’entrelacent26.

3. Mise en œuvre de l’obligation de saisir la CJUE à titre préjudiciel

11 La procédure de renvoi préjudiciel resterait toutefois inefficace, s’il n’existait pas de


mécanisme pour en contrôler le respect. Dès le départ, la Cour constitutionnelle
fédérale s’est par conséquent efforcée d’assurer avec les instruments du droit
constitutionnel l’efficacité de cette obligation27. Lorsqu’une juridiction allemande viole
arbitrairement son obligation, d’après le droit de l’Union, de poser une question
préjudicielle à la CJUE, cette violation constitue (également) selon la jurisprudence de
la Cour constitutionnelle fédérale une violation du droit à l’accès au juge légal protégé
par l’article 101, alinéa 2, LF. Par conséquent, cette garantie assure aux parties à une
instance le droit à ce qu’une question de droit européen déterminante pour l’instance
soit tranchée par la CJUE. Si l’obligation de saisir la CJUE à titre préjudiciel est
appliquée de manière manifestement intenable par une juridiction allemande, cette
décision peut faire l’objet d’un recours constitutionnel devant la Cour constitutionnelle
fédérale.
12 On constate ainsi que l’interaction entre la Cour constitutionnelle fédérale et la Cour
de justice s’opère dans un rapport de coopération. Par conséquent, il est logique que la
deuxième chambre de la Cour constitutionnelle fédérale ait finalement elle-même saisi
la CJUE de plusieurs questions préjudicielles [pour la première fois en 2014 ; ndt], au
sujet du programme dit OMT de la Banque centrale européenne28.

4. Impulsions pour le développement de la protection des droits


fondamentaux

13 Même lorsqu’elle a tracé des limites au principe de primauté du droit de l’Union et ainsi
pu sembler retarder l’intégration, la Cour constitutionnelle fédérale a en définitive
promu le processus d’intégration par le droit. Sa jurisprudence a donné des impulsions
déterminantes pour le développement de la protection des droits fondamentaux au sein
de l’Union. Le point de départ de cette évolution a déjà été mentionné, à savoir la
décision Solange I de 1974. Dans cette décision, la Cour avait apporté une restriction au
principe de primauté d’application du droit communautaire, pour les cas où ce dernier
entrait en conflit avec les droits fondamentaux protégés par la Loi fondamentale. La

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Cour avait fondé son raisonnement sur le fait que le droit communautaire ne disposait
pas d’un catalogue de droits fondamentaux équivalent à celui de la Loi fondamentale 29.
La Cour constitutionnelle fédérale se voyant elle-même comme une cour des citoyens
(Bürgergericht), elle s’est efforcée de renforcer également à l’échelon européen la
protection des droits fondamentaux en tant qu’élément essentiel de l’État de droit 30. La
Cour de justice a relevé ce défi et depuis le début des années 1970, sa jurisprudence,
s’inspirant tant des traditions constitutionnelles communes des États membres que de
la CEDH, a résolument développé un catalogue non écrit de droits fondamentaux 31. Face
à cette évolution, la Cour constitutionnelle fédérale a considéré en 1986, dans sa
décision Solange II, que, sur le fond, les exigences qu’elle avait formulées dans la
décision Solange I avaient été remplies. Désormais, la Cour constitutionnelle fédérale se
réserve la possibilité d’exercer son contrôle si le droit de l’Union devait ne plus assurer
une protection des droits fondamentaux globalement équivalente à celle offerte par la
Loi fondamentale32.
14 La jurisprudence de la CJUE relative aux droits fondamentaux de l’Union a, de son côté,
offert une impulsion majeure à l’élaboration du catalogue des droits contenu dans la
Charte des droits fondamentaux entrée en vigueur le 1er décembre 2009. À l’heure
actuelle, le système soigneusement équilibré de protection des droits fondamentaux
risque malheureusement d’être déstabilisé33. Dans son arrêt Åkerberg Fransson rendu en
2013, la CJUE a donné à un article relatif au domaine d’application de la Charte des
droits fondamentaux (article 51, § 1er, 1ère phrase, de la Charte) une interprétation
tellement extensive que pratiquement toute action d’un État membre présentant un
rapport avec le droit de l’Union pourrait alors tomber sous le coup d’un contrôle à
l’aune des droits fondamentaux de l’Union. En réaction, la Cour constitutionnelle
fédérale a rappelé, dans un arrêt de 2013 relatif au fichier de lutte contre le terrorisme,
que l’arrêt Åkerberg Fransson ne saurait être interprété ou appliqué dans un sens
conduisant à considérer que tout lien d’une réglementation concrète avec le champ
d’application abstrait du droit de l’Union ou de simples effets de fait sur ce droit
suffiraient pour déclencher les obligations des États membres découlant de la Charte
des droits fondamentaux. La Cour constitutionnelle fédérale visait ainsi à préserver
également une protection efficace des droits fondamentaux à l’échelon européen 34. Le
risque est en effet que, si la protection des droits fondamentaux était globalement
transférée de l’échelon national au niveau supranational, cette protection en apparence
plus élevée serait acquise au détriment de la précision et de la proximité de la
protection des droits fondamentaux. En outre, des conflits sont possibles dans le cas de
figure d’une multitude de droits fondamentaux applicables, c’est-à-dire lorsque
plusieurs droits fondamentaux doivent être conciliés, si la CJUE considère qu’un droit
fondamental consacré par la Charte prime sur un droit fondamental national
contraire35.
15 Indépendamment de cette question, il convient de ne pas perdre de vue l’aspect
suivant : si la protection des droits fondamentaux se trouvait concentrée entre les
mains d’une seule juridiction, une telle évolution serait contraire à l’idée d’une
communauté du droit de type fédérale et dans laquelle les responsabilités sont
partagées. Cette évolution serait susceptible de conduire à une harmonisation des
différentes branches du droit – par exemple du régime de la protection des données
personnelles jusqu’au droit pénal, en passant par le droit des assurances – qui ne serait
pas entièrement compatible avec la répartition des compétences entre l’Union et les

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États membres et, par conséquent, ne serait pas couverte par la volonté de ces derniers.
Un tel « égalitarisme formaliste36 » par le droit limiterait les marges d’action politique
et se superposerait à la protection des droits fondamentaux différenciée et développée
au fil de l’histoire dans les États membres37. En cas de doute, ces aspects tendraient à
nuire à l’intégration et iraient ainsi à l’encontre des buts visés par l’Union.
16 Dans ce contexte, une fusion des échelons de droits fondamentaux ne conduirait pas à
l’effet escompté. La suggestion selon laquelle la Cour constitutionnelle fédérale serait
appelée à exercer son contrôle du respect des droits fondamentaux d’abord à l’aune de
la Loi fondamentale, mais en se rapprochant, sur le fond, de la signification que
revêtent ces droits en vertu de la Charte des droits fondamentaux et de la CEDH et en
faisant primer, en cas de conflit, le droit de l’Union 38, ne serait acceptable39 que si, de
son côté, la CJUE n’exerçait son contrôle qu’avec beaucoup de retenue. Or, à l’heure
actuelle, je ne perçois que peu d’indices allant dans ce sens 40.
17 En même temps, la complexité de la protection des droits fondamentaux au sein du
système à plusieurs échelons que constitue l’Union européenne ne doit pas servir
d’épouvantail. Il en va de même en ce qui concerne l’adhésion, prévue à l’article 6, § 2,
TUE, de l’Union à la Convention européenne des droits de l’homme, à la suite de
laquelle les actes juridiques et les jugements des organes de l’Union seront susceptibles
d’être contrôlés par la Cour de Strasbourg. Cependant, la CJUE a conclu dans son avis du
18 décembre 201441 que le projet d’accord pour l’adhésion de l’Union européenne à la
Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales n’était
pas conforme au droit primaire de l’Union42. La question de savoir si la critique
formulée par la doctrine, et selon laquelle la CJUE ne poursuit là que l’objectif de
protéger son propre monopole d’interprétation en matière de droits fondamentaux de
l’Union, est justifiée43 doit ici rester en suspens. Il est toutefois possible d’affirmer que
l’implication d’un juge international des droits de l’homme spécialisé supplémentaire
contribuerait à renforcer la légitimité et la crédibilité du système de protection des
droits de l’homme dans son ensemble.

5. Contrôle du respect du programme d’intégration

18 Outre le contrôle du respect des droits fondamentaux, la Cour constitutionnelle


fédérale a développé deux autres instruments pour assurer le respect du programme
d’intégration convenu dans les traités européens : le contrôle du respect de l’identité
constitutionnelle et le contrôle des actes ultra vires44.
19 Dans le cadre du contrôle du respect de l’identité, la Cour constitutionnelle fédérale
vérifie que le noyau dur intangible de la Loi fondamentale n’est pas atteint (dispositions
combinées de l’article 23, alinéa 1er, 3e phrase, et de l’article 79, alinéa 3, LF). Dans son
article 23, alinéa 1er, 3ephrase, la Loi fondamentale prévoit explicitement des limites au
transfert de droits de souveraineté vers l’Union européenne. Lors de tels transferts, les
principes fondamentaux de l’État allemand, comme le principe de démocratie, le
caractère d’État de droit et d’État social, la forme républicaine du gouvernement et la
qualité d’État fédéral, ne sauraient être remis en cause. Il en va de même en ce qui
concerne la garantie de la dignité humaine et des droits fondamentaux qui – pour le
dire de manière simplifiée – en découlent45. Sur ce point, le principe est simple : ce qui
est soustrait même à une révision constitutionnelle doit également demeurer
intangible pour l’intégration européenne46. Un acte juridique européen portant atteinte

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à ce noyau dur intangible de la Constitution est inapplicable en Allemagne 47. À cet


égard, l’intégration et l’identité constitutionnelle sont inextricablement liées et
constituent les deux faces de la même pièce : deux valeurs protégées tant par le droit
constitutionnel que par le droit de l’Union, et dont la protection et la promotion sont
liées l’une à l’autre. Ce lien résulte déjà du texte du Traité sur l’Union européenne lui-
même, dont l’article 4, § 2 dispose : « L’Union respecte l’égalité des États membres
devant les traités, ainsi que leur identité nationale, inhérentes à leurs structures
fondamentales politiques et constitutionnelles, y compris en ce qui concerne
l’autonomie locale et régionale48. »
20 L’identité constitutionnelle doit être distinguée du contrôle des actes ultra vires. L’idée
qui sous-tend ce contrôle est que l’Union européenne, à la différence d’un État, ne peut
s’attribuer elle-même des compétences. Avec la disposition de l’article 5, § 2, 1 ère
phrase, TUE, les États membres ont imposé aux organes de l’Union de respecter les
limites des compétences qu’ils leur ont attribuées conformément au principe
d’attribution. Une utilisation téléologique des normes d’attribution de compétences
guidée essentiellement par le souci d’assurer le bon fonctionnement et l’efficacité de
l’Union porte en elle, si elle n’est pas soumise à un contrôle juridictionnel effectif 49, le
risque de saper le programme d’intégration convenu et, en définitive, le risque d’un
renoncement au respect du droit, ce qui ne pourrait conduire finalement qu’à la
désintégration de l’Union. Le contrôle des actes ultra vires a pour but de censurer des
excès manifestes dans ce domaine50.
21 Dès son arrêt Maastricht rendu en 1993, la Cour constitutionnelle fédérale s’est réservé
la compétence de vérifier si les actes des institutions et organes de l’Union respectent
les limites tracées ou les outrepassent51. Dans son arrêt Lisbonne rendu en 2009, la Cour
constitutionnelle a pour la première fois mentionné la notion de contrôle d’actes ultra
vires et précisé en même temps que ce contrôle devait être exercé dans un esprit
d’ouverture vis-à-vis du droit européen52. Dans la décision Honeywell du 6 juillet 2010, la
Cour constitutionnelle fédérale a précisé cette notion. Selon cette jurisprudence, avant
qu’un acte ne puisse être déclaré comme acte ultra vires, il est nécessaire de donner à la
CJUE la possibilité, dans le cadre d’un renvoi préjudiciel, de se prononcer sur la validité
et l’interprétation de l’acte litigieux53. En outre, un acte n’est susceptible de faire l’objet
d’un contrôle des actes ultra vires que si l’excès de compétence de la part des organes
européens est manifeste et conduit à une rupture de la répartition des compétences, au
détriment des États membres54.
22 La Cour constitutionnelle fédérale a pour la première fois considéré que ce cas de
figure était concrètement rempli dans l’affaire relative à la décision du Conseil de la
BCE portant sur le programme d’achat illimité de titres de la dette souveraine de
certains États membres (programme OMT)55 Elle a posé à la CJUE la question
préjudicielle de savoir si la décision OMT était compatible avec le mandat de la BCE en
matière de politique monétaire (cf. les articles 119 et 127 et suivants TFUE) et si elle
portait atteinte à l’interdiction d’un financement monétaire des déficits publics
(article 123, § 1er, TFUE). Au final, la CJUE a apporté dans son arrêt du 16 juin 2015 56 une
réponse négative aux deux questions préjudicielles, tout en précisant que,
contrairement à la position des États membres et d’une partie de la doctrine 57, l’action
de la BCE était bel est bien soumise à des limites susceptibles d’être contrôlées par la
voie juridictionnelle et qu’en particulier, la BCE ne saurait contourner le principe de
l’interdiction d’un financement monétaire des déficits publics58. À présent, il appartient

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à la deuxième chambre de la Cour constitutionnelle fédérale de rendre sur le


fondement des réponses données par la CJUE sa décision finale sur le fonds des recours
contre le programme OMT.

6. Le principe d’ouverture vis-à-vis du droit européen

23 Comme indiqué précédemment, les compétences de contrôle au moyen desquelles la


Cour constitutionnelle fédérale assure le respect des limites du programme
d’intégration se bornent à des cas d’exception et manifestes. La raison en est aussi que
ces compétences doivent être exercées conformément au principe d’ouverture vis-à-vis
du droit européen. La Cour constitutionnelle fédérale a créé ce principe dans son arrêt
Lisbonne et l’a déduit de la mission constitutionnelle de contribuer à l’édification d’une
Europe unie (article 23, alinéa 1er, LF) et du Préambule de la Loi fondamentale. Le
principe d’ouverture vis-à-vis du droit européen peut être considéré comme preuve
supplémentaire de la bienveillance de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle
fédérale envers l’intégration européenne. Selon la Cour, la Loi fondamentale exige de
l’Allemagne de prendre part au processus de construction européenne et à un ordre
international fondé sur la paix59. Tous les organes constitutionnels, y compris la Cour
constitutionnelle fédérale, sont tenus d’agir au service de ce principe. Le poids qui
revient au principe d’ouverture vis-à-vis du droit européen dans chaque cas ne peut
aujourd’hui être aisément déterminé. Toutefois, en pensant à d’autres principes
généraux, comme celui de l’effet utile, auquel la CJUE a recours pour l’interprétation du
droit de l’Union pour assurer à ce dernier la plus grande efficacité possible, le pouvoir
d’influence du principe d’ouverture au droit européen ne saurait être sous-estimé. En
tout état de cause, ce principe n’est pas une simple promesse de bienveillance, sans
engagement, dans le cadre des questions touchant au processus d’unification de
l’Europe.

7. L’idée d’une responsabilité d’intégration

24 Au fil de la présente contribution, il est apparu de plus en plus clairement que,


confrontées à l’idée d’une communauté du droit, les autorités publiques doivent faire
face au difficile exercice consistant à trouver un équilibre entre, d’une part, la
promotion du processus d’intégration dans l’esprit tracé par le principe d’ouverture
vis-à-vis du droit européen qu’exige la Loi fondamentale et, d’autre part, la
préservation de l’identité constitutionnelle nationale60. Afin d’éviter des dynamiques
univoques et de s’exposer au risque de négliger le droit de l’Union ou le droit national,
la Cour constitutionnelle fédérale s’est référée dans son arrêt Lisbonne à l’idée d’une
responsabilité au service du processus d’intégration européenne61. Dans cette logique,
le concept de responsabilité d’intégration signifie qu’il faut assumer durablement une
responsabilité dans le cadre de l’intégration européenne, c’est-à-dire dans un premier
temps lors du transfert de droits de souveraineté et de l’aménagement des procédures
européennes de prise de décisions62, mais également, ensuite, lors de l’évolution
dynamique des traités et de la mise en œuvre de ces derniers 63. Autrement dit, il s’agit
de donner une forme juridique au suivi de l’intégration européenne. La responsabilité
d’intégration s’impose tant aux États membres et à leurs organes constitutionnels
qu’aux organes de l’Union européenne64. Les exigences concrètes qui peuvent découler
de cette responsabilité ont été clairement dégagées par la Cour constitutionnelle

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fédérale dans sa décision de renvoi préjudiciel portant sur le programme OMT. Ainsi, la
responsabilité d’intégration impose par exemple au Bundestag et au Bundesrat de
veiller au respect du programme d’intégration. Lorsque les organes de l’Union
outrepassent leurs compétences de manière manifeste et significative sur le plan des
structures de l’Union, les organes constitutionnels sont non seulement tenus de ne pas
collaborer et de ne pas mettre en œuvre les actes en question, mais également d’agir
concrètement pour que le programme d’intégration convenu soit respecté.

8. Renforcement du lien entre le processus décisionnel européen et


les décisions du parlement national

25 En particulier depuis l’avènement de la crise de la dette de la zone euro, de nombreuses


voix s’élèvent qui suivent la logique selon laquelle « nécessité n’a point de loi » et
prônent des solutions politiques au-delà des contraintes juridiques en vigueur 65. Les
procédures parlementaires transparentes se trouvent alors vite remplacées par un
mode de gestion de crise à court terme politique et par le pouvoir exécutif, lequel doit
tenir compte des contraintes et des intérêts les plus divers lorsqu’il essaie de résoudre
ces crises. Dans plusieurs décisions, la Cour constitutionnelle fédérale a alors exigé une
légitimation démocratique des processus décisionnels européens et renforcé la
juridicisation du processus d’intégration66.
26 Dès son arrêt Maastricht de 1993, la Cour constitutionnelle fédérale a souligné que dans
le regroupement d’États que constitue l’Union européenne, la légitimité démocratique
de l’action des organes européens devait nécessairement se rattacher aux décisions des
parlements nationaux des États membres67. Les décisions de la Cour constitutionnelle
rendues dans le cadre de la crise de la dette de la zone euro portaient pour l’essentiel
sur la préservation de la souveraineté budgétaire du parlement. Dans son arrêt rendu
en septembre 2011 au sujet des aides pour la Grèce et des fonds de sauvetage de l’euro,
la Cour constitutionnelle fédérale a souligné qu’un parlement ne saurait renoncer à ses
possibilités d’action en matière financière. Ainsi, la décision relative aux recettes et aux
dépenses des pouvoirs publics doit continuer de relever de la responsabilité du
Bundestag allemand68. Le droit budgétaire constitue un élément central pour la
formation de la volonté politique. Toute mesure d’aide solidaire d’une certaine ampleur
accordée dans le domaine international ou de l’Union européenne doit être
spécifiquement approuvée par le Bundestag69.
27 Ce faisant, les modalités de prise de décision du Bundestag ne sauraient être telles
qu’une grande partie des députés se trouveraient exclus de l’exercice de leur
responsabilité générale en matière budgétaire. Le caractère particulièrement
confidentiel du dossier ou l’urgence de prendre une décision, par exemple lors de
mesures d’urgence pour surmonter la crise de la dette souveraine, ne sauraient en
principe justifier que des compétences de décision soient déléguées à des organes
subsidiaires. Tel est la vision développée par la Cour constitutionnelle fédérale dans un
arrêt rendu en 2012, dans lequel elle a considéré qu’il n’était pas licite d’habiliter une
commission spéciale composée de neuf députés à exercer à titre exceptionnel les droits
de participation du Bundestag dans les affaires concernant le Fonds européen de
stabilité financière, précurseur du Mécanisme européen de stabilité permanent 70. En ce
qui concerne le MES lui-même, la Cour constitutionnelle fédérale a pour l’essentiel
rejeté, en septembre 2012, les demandes en référé dont l’objectif était de faire interdire

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au Président fédéral, par ordonnance provisoire, de signer les lois allemandes


d’approbation du Traité MES71. Après un examen sommaire de l’affaire, la Cour
constitutionnelle fédérale a affirmé que la loi d’approbation du Traité MES était
conforme à la Constitution. En même temps, la Cour n’a pas simplement approuvé sans
grande discussion ces mesures de sauvetage de l’euro. Pour la ratification du traité, elle
a notamment posé comme condition qu’il fallait garantir à l’échelon du droit
international public que toutes les obligations financières de la République fédérale
d’Allemagne découlant de ce traité soient limitées à un montant total de 190 milliards
d’euros et qu’aucune disposition du traité ne saurait être interprétée dans un sens qui
permettrait qu’une décision augmentant le montant de ces obligations financières soit
prise sans l’accord du représentant allemand au sein des organes du MES 72. Cela signifie
par conséquent que toute augmentation des obligations financières de l’Allemagne
requiert un nouveau vote de la part du Bundestag. En même temps, la Cour
constitutionnelle fédérale a considéré que le Pacte budgétaire européen, lequel impose
aux États membres de prévoir un plafonnement de leur endettement, était lui aussi
compatible avec le principe de démocratie. Dans son arrêt sur le fonds des recours
dirigés contre le MES et le Pacte budgétaire, rendu le 18 mars 2014, la Cour
constitutionnelle fédérale a confirmé la jurisprudence tracée dans la décision en référé
73
.

9. Le rôle précurseur de la jurisprudence de la Cour constitutionnelle


fédérale

28 Le cas des mesures européennes de sauvetage de la monnaie unique illustre bien une
autre impulsion importante de juridicisation donnée par la jurisprudence de la Cour
constitutionnelle fédérale : le rôle précurseur de cette jurisprudence. Le simple fait que,
lors de la gestion de la crise, des mécanismes comme le MES ou le Pacte budgétaire
aient été adoptés constitue un succès de taille pour l’idée du droit. Dans une situation
particulièrement difficile, les acteurs politiques ont fait le choix, non de recourir à des
concertations ad hoc, mais à une juridicisation et à une légitimation démocratique des
instruments de gestion de la crise. Si l’on examine de plus près les différents éléments
caractérisant la structure du Mécanisme de stabilité, il semble évident que la
jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale visant à préserver la souveraineté
budgétaire du parlement a joué un rôle non négligeable en faveur de cette démarche.
Ainsi, le Traité MES prévoit par exemple pour la sauvegarde de la responsabilité globale
des parlements nationaux en matière budgétaire un plafonnement des obligations
financières, et il dispose que, pour les questions déterminantes ayant des répercussions
budgétaires, les décisions ne pourront pas être facilement prises contre le vote des
représentants des grands États membres qui supportent en grande partie la charge des
aides financières accordées.
29 L’obligation pour les États membres de présenter un budget équilibré et d’introduire
dans leur droit national un mécanisme de plafonnement de leur endettement, inscrite
dans le Pacte budgétaire, est également inspirée de la jurisprudence de la Cour
constitutionnelle fédérale. Cette obligation vise à assurer la rigueur budgétaire et tient
ainsi compte de l’exigence constitutionnelle de préserver la souveraineté budgétaire du
parlement.

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10. Un regard réaliste sur le droit

30 Le dernier point sur lequel je souhaiterais attirer l’attention dans la présente étude
concerne le regard sur la réalité juridique que la Cour constitutionnelle fédérale porte
dans sa jurisprudence en matière d’intégration européenne. Ce regard permet d’affiner
la perception des modalités, du fonctionnement, mais aussi des lacunes des traités
européens. Une crise ou un conflit constituent en règle générale l’épreuve décisive
pour le droit. Pour cette raison, la Cour constitutionnelle fédérale envisage souvent le
« pire des scénarios ». Par exemple, dans son arrêt Maastricht, elle a prévenu qu’en cas
d’échec des efforts relatifs à la stabilité financière, les conséquences pourraient être des
concessions en matière de politique budgétaire des États membres, conséquences qui, à
leur tour, produiraient des effets imprévisibles pour l’Union européenne dans son
ensemble74. Dans l’arrêt Lisbonne, la Cour constitutionnelle fédérale a relevé que la règle
démocratique fondamentale d’égalité du poids de chaque suffrage (« one man, one vote »)
ne s’applique pas entièrement à l’échelon de l’Union, ce qui entraîne des effets sur la
légitimité démocratique des décisions et sur leur acceptation75. Dans l’arrêt relatif au
MES, la Cour a exigé du gouvernement fédéral qu’il comble les lacunes que le traité
comportait quant au plafonnement des dettes76. Dans la décision de renvoi préjudiciel à
la CJUE, elle a mis en garde contre le risque d’un contournement de l’interdiction du
financement monétaire des déficits publics (article 123, § 1 er, TFUE)77. La liste qui vient
d’être dressée est loin d’être exhaustive. Souvent, les développements dans les motifs
des décisions de la Cour comme ceux qui viennent d’être mentionnés ont été perçus
comme « sourcilleux » ou anti-européens. Il a été reproché à la Cour un manque
d’empathie pour le projet européen et ses institutions. Cet état d’esprit se manifesterait
déjà dans le style de rédaction des motifs des décisions et ce, quelle que soit finalement
la solution juridique retenue. En effet, il faut concéder que la manière dont « sonnent »
les décisions de la Cour constitutionnelle fédérale peut à première vue apparaître peu
engageant. Après un long rappel des faits, souvent fort détaillé, suivent des
développements complexes et différenciés portant sur les critères de référence pour le
contrôle de constitutionnalité opéré, critères tirés tant des normes en vigueur que de
sa propre jurisprudence. Ces développements sont ensuite eux-mêmes suivis du
raisonnement plutôt technique aboutissant à l’application concrète des normes au cas
de l’espèce78. Il est permis de douter que, malgré le large écho de la jurisprudence de la
Cour constitutionnelle fédérale, le style fort doctrinal79 de ses décisions soit susceptible
d’être suffisamment accueilli, en particulier dans le contexte européen et international.
En même temps, il convient de mettre en garde contre une rhétorique europhile trop
affirmative. Pour dire les choses platement, le rôle des juridictions n’est pas de
proposer de « beaux discours ». Ils doivent au contraire procéder à une analyse
objective et réaliste des cas à trancher et, ce faisant, renforcer les fondements
juridiques de l’intégration européenne.

III. Mouvements en sens opposé : l’idée de la


communauté du droit n’est-elle pas excessive ?
31 Nous touchons à la fin de ce tour d’horizon de cinquante années de jurisprudence de la
Cour constitutionnelle fédérale sur des questions européennes. Certes, chacune des
décisions mentionnées pourrait faire l’objet de développements (critiques) plus

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approfondis. Toutefois, mon ambition était davantage de montrer la continuité et la


ligne commune suivies par les différentes décisions de la Cour. Toutes ces décisions
sont caractérisées par la foi en la force d’intégration de la communauté européenne du
droit. « L’intégration par le droit » !? Ce concept n’est-il en définitive pas un concept
très allemand, malgré l’empreinte internationale des notions employées 80, un concept
qui a notamment atteint ses limites lors de la crise financière et de la crise de la dette
dans la zone euro81 ? Les voix sceptiques ne manquent pas82 :
32 - Selon certaines voix critiques, le droit ne peut servir de remède pour les causes réelles
de la crise. En raison de son caractère abstrait, il ignore nécessairement toute une série
d’exigences et de particularités. Le résultat en est alors que le droit ne donne pas de
réponse adéquate face à la complexité de la crise de la dette publique et aux intérêts
multiples des acteurs et États impliqués.
33 - En outre, d’autres critiques affirment que les solutions de règlement des conflits
prévues par le droit sont trop rigides. Selon ces critiques, le droit fonctionne selon un
« mode binaire », et de même qu’une femme ne peut être juste « un peu » enceinte, de
même une situation juridique ne saurait être juste « un peu » illicite. Mais, précisément
dans une situation de crise, ce qui est nécessaire, ce sont des solutions provisoires et
des compromis.
34 - De plus, ni le législateur, national ou européen, ni les juridictions ne seraient en
mesure d’agir avec la diligence nécessaire, un problème aggravé par le fait qu’une
révision des traités qui s’avérerait nécessaire serait, à l’échelon européen,
pratiquement impossible politiquement.
35 - Eu égard à la complexité accrue et à la dynamique de la crise de la dette souveraine,
ainsi qu’aux effets et aux risques d’ensemble, ni le législateur ni les juridictions ne
posséderaient en outre l’expertise nécessaire pour élaborer des solutions juridiques
pertinentes83. Les informations requises se trouveraient au mieux à la disposition du
pouvoir exécutif, mais plus encore entre les mains d’institutions spécialisées comme les
diverses agences européennes ou la Banque centrale européenne, voire entre celles
d’acteurs du secteur privé.
36 - De toute manière, de nombreux acteurs agissant à l’échelon européen ne
respecteraient pas (ou plus) le droit lorsqu’il s’agit de régler des questions
fondamentales. La violation manifeste des critères de stabilité par la France et
l’Allemagne84, ou encore le non-respect des exigences découlant du système d’asile
« Dublin » en seraient la preuve.
37 La liste des objections pourrait encore être allongée à volonté. Toutefois, la plupart
d’entre elles sont quelque peu réductrices. Bien sûr, le fait que le droit fasse abstraction
de nombreux aspects d’un conflit peut être perçu comme le signe d’une certaine
« froideur » ou d’une incapacité à admettre la complexité. Le grand avantage de cette
distance est cependant qu’elle permet de faire abstraction des différences entre les
hommes et entre les États. Le fait de garder une certaine distance par rapport aux
conflits personnels ou politiques présents est l’une des forces spécifiques du droit. Au
moyen de cette distance, le droit est en mesure de créer une base commune même
lorsqu’une communauté se caractérise par des différences culturelles. Le droit exprime
des conceptions générales de l’idée de justice dans une société plurielle, sur lesquelles
tout le monde a pu s’accorder, malgré les divergences. C’est pour cette raison que, dans

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une Europe de la diversité, un rôle primordial incombe au droit dans le processus


d’intégration.
38 Cette importance est particulièrement manifeste, si nous imaginons les autres
possibilités en présence. Qu’adviendrait-il si chaque conflit entre les États membres
devait être réglé par la voie politique ? Non seulement chaque État tenterait alors de
trouver pour soi-même la solution la plus avantageuse à court terme. Mais en outre,
entreraient en jeu dans chaque conflit des critères dont le droit fait justement, et avec
succès, abstraction – par exemple la taille et la puissance économique de l’État membre
en question, le bord politique du gouvernement au pouvoir, les éventuelles alliances
nouées par le passé, les affronts subis et les attentes déçues. En un rien de temps,
l’Union européenne serait confrontée à des défis déchirants qu’elle ne serait guère en
mesure de surmonter. Les négociations relatives aux aides pour la Grèce illustrent bien
ce problème. Par rapport aux conflits politiques, le droit possède un avantage tout à fait
décisif : l’accord mutuel portant sur la mise en place d’un cadre juridique est certes le
résultat de débats politiques85, mais le droit est posé avant qu’un conflit concret n’ait
éclaté. La politisation d’un conflit concret s’en trouve alors évitée, du moins en règle
générale. Cet exploit est l’un des résultats majeurs de la capacité d’intégration du droit
en Europe.
39 Selon la vision des Pères fondateurs de la Communauté européenne, la coopération
économique (pensons ici à la CECA) et politique (songeons ici à la Communauté
européenne de défense) devaient constituer les fondements de l’intégration
européenne. Par leur nature, ces deux objectifs ont fait et font toujours l’objet de
conflits d’intérêts, ce qui ne manque pas de les fragiliser. Ce n’est que par la force
unificatrice des traités que, pour reprendre les mots de Walter Hallstein, la prééminence
du droit se substitue « au pouvoir et à la manipulation de ce dernier, (…) à l’équilibre
des puissances, aux aspirations hégémoniques et au jeu des alliances » et écarte « la
violence et la pression politique86 ». La mise en place déjà mentionnée du MES et du
Pacte budgétaire peut illustrer le fait que les acteurs politiques sont en mesure, même
dans une crise, d’agir rapidement et efficacement avec les moyens que le droit met à
leur disposition.
40 Le fait que même dans une communauté de droit, il existe des violations du droit
constitue une banalité, mais ne remet pas en cause l’idée en tant que telle. Un danger
n’existe que lorsque le droit n’est systématiquement plus respecté ou si sa valeur est
remise en cause globalement. Dans l’Union européenne, vu la quantité des opérations
juridiques imprégnées par le droit européen, nous en sommes encore loin, malgré les
traditions juridiques différentes et l’application parfois laxiste des exigences juridiques
dans certains domaines87. En outre, les atteintes au droit alléguées s’avèrent souvent,
en y regardant de plus près, être plutôt des divergences sur la bonne interprétation de
normes ouvertes et devant être concrétisées88. De telles divergences constituent à leur
tour un élément déterminant pour toute communauté de droit. Malgré tout, les signes
précurseurs d’une certaine ignorance partielle du droit ne sauraient être ignorés. Si
devait s’intensifier l’impression qui apparaît régulièrement et ce, pas uniquement en
Allemagne, et selon laquelle lors de conflits majeurs, le droit européen devient très
malléable, voire une quantité négligeable, une telle évolution remettrait en cause non
seulement la communauté du droit, mais également la base fondamentale de la
construction européenne.

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IV. Conclusion
41 Pour terminer, reprenons les propos d’un doyen du droit européen en Allemagne,
Thomas Oppermann :
« Plus l’Union européenne s’élargit, plus elle a besoin de la force structurante de
son droit. L’Union ne dispose pas de mesures de contraintes d’un État. Elle ne peut
survivre que si elle est une communauté de droit. Pour la réalisation de l’idée
européenne, le principe du rule of law du droit de l’Union est indispensable. Ce
constat vaut également et en particulier pour ce qui concerne la crise financière
actuelle depuis 201089. »

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NOTES
1. À titre d’exemple récent, Rodi (2015), p. 737 sqq.
2. Pour des conclusions radicales, cf. p. ex. Streeck (2015).
3. De façon claire et nette, cf. Volkmann (2014), p. 1061 sq. ; analyse détaillée dans Voßkuhle
(2015), p. 135 sqq. et les références qui y sont citées.
4. Pour plus de détails, cf. Callies (2004), p. 1033 sqq. ; Sommermann (2014), p. 287 sqq. et les
références qui y sont citées.
5. Cf. Kirchhof (2012) ; Kirchhof (2013) ; Kielmannsegg (2012) ; Schmidt (2013), § 252, n o 60 : « La
crise financière actuelle est née d’un non-respect du droit. » ; Schmidt (2012) ; Huber (2015).
6. Hallstein (1979), p. 341 sqq.

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7. Sur les missions de la CJUE en temps de crise, cf. en particulier Everling (2015), p. 85 sqq.
8. À l’origine de cette formulation, cf. Cappelletti et al. (1986).
9. Recueil BVerfGE 22, 293 (296), cf. Revue JZ 1968, p. 99.
10. Recueil BVerfGE 37, 271 (279 sq.), cf. Revue JZ 1975, p. 479.
11. Recueil BVerfGE 37, 271 (280), cf. Revue JZ 1988, p. 191.
12. Recueil BVerfGE 37, 271 (280).
13. Recueil BVerfGE 75, 223 (242).
14. Karpenstein, interview donné au Deutschlandfunk le 10 août 2009, cf. www.dlf.de, consulté le
1er octobre 2015.
15. En ce sens, cf. Schwarze (2005), p. 3459.
16. Analyse détaillée par Mayer (2005), p. 456 sqq.
17. Pour une position claire et nette, cf. p. ex. Grimm (2014), p. 1047 sqq. En outre, cf. également
p. ex. Tamm (2013), p. 22 sqq.
18. CJCE, arrêt du 5 février 1963, aff. 26/62 – van Gend & Loos / administration fiscale des Pays-Bas,
Rec. 1963, 1 (25).
19. CJCE, arrêt du 15 juillet 1964, aff. C-6/64 – Costa / E.N.E.L., Rec. 1964, 1251 (1270).
20. Recueil BVerfGE 22, 293 (296).
21. Recueil BVerfGE 31, 145 (174 sq.).
22. Pour une perspective de droit comparé, cf. Grabenwarter (2009), p. 124 sqq.
23. Recueil BVerfGE 75, 223 (242 sqq.).
24. Pour plus de détails, cf. Gärditz (2014), § 34, n o 1.
25. Pour une position claire et nette, cf. p. ex. Skouris (2008), p. 343 sqq. ; Karpenstein (2014), § 8,
no 1. En outre, cf. Proelss (2014), p. 172 sqq. et les références qui y sont citées.
26. Pour plus de détails, cf. Voßkuhle (2010a), p. 1 sqq. Cf. également Ludwigs (2014), p. 273 sqq.
Appréciation critique p. ex. par Biaggini (2014), p. 29 sq.
27. Pour plus de détails, cf. Britz (2012), p. 1313 sqq. De manière générale à ce sujet, cf.
Voßkuhle / Lange, § 6, nos 19 sqq. et les références qui y sont citées.
28. Recueil BVerfGE 134, 366, cf. Revue JZ 2014, p. 341.
29. Recueil BVerfGE 37, 271 (285).
30. Cf. Limbach (2001), p. 2916.
31. À titre d’exemple, cf. CJCE, arrêt du 17 décembre 1970, aff. 11/70 – Internationale
Handelsgesellschaft / Einfuhr- und Vorratsstelle für Getreide und Futtermittel, Rec. 1970, 1125 (1135).
32. Recueil BVerfGE 73, 339 (376, 387) – Solange II, cf. Revue JZ 1987, p. 236 ; jurisprudence
confirmée par Recueil BVerfGE 89, 155 (174 sq.) – Maastricht, cf. Revue JZ 1993, p. 1100 ;
BVerfGE 102, 147 (167) – Règlement du marché de la banane, cf. Revue JZ 2000, p. 1155 ; Recueil
BVerfGE 123, 267 (335) – Traité de Lisbonne, cf. Revue JZ 2009, p. 890.
33. CJUE, arrêt du 26 février 2013, aff. C-617/10 – Åkerberg Fransson, cf. Revue JZ 2013, p. 613, n os
17-27 ; sur les critiques contre l’interprétation donnée à l’article 51 de la Charte, cf. p. ex. Frenzel
(2014), p. 18 sqq. Sur la nécessité pour la CJUE de préciser la notion de mise en œuvre du droit de
l’Union au sens de l’article 51 de la Charte, cf. Hancox (2013), p. 1425 sqq. La jurisprudence des
chambres de la CJUE suite à l’arrêt Åkerberg Fransson n’est pas univoque ; cf. p. ex. Franzius
(2015a), p. 390 et les références qui y sont citées.
34. Recueil BVerfGE 133, 277 (316, n o 91), cf. Revue JZ 2013, p. 621. Pour un aperçu nuancé de la
jurisprudence de la Cour constitutionnelle fédérale, cf. Britz (2015), p. 275 sqq. et les références
qui y sont citées.
35. Lange (2014), p. 173.
36. Hallstein (1979), p. 347.
37. Pour une prise de position claire, cf. Masing (2015), p. 486. En outre, cf. Ohler (2013), p. 1438.
Sur le pluralisme des droits fondamentaux, il convient de renvoyer de manière générale aux
contributions rassemblées par Avbelj / Komárek (2012).

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38. Dans ce sens, cf. Thym (2015), p. 57. Pour une approche plus radicale, cf. Bäcker (2015),
p. 410 sq. Pour une analyse intéressante des débats, cf. Franzius (2015a), p. 383 sqq.
39. Dans le même sens, cf. Franzius (2015b), p. 152.
40. Toutefois, pour une décision exemplaire, cf. CJUE, arrêt du 4 octobre 2004, aff. C-36/02 –
Omega, Rec. 2004, p. I-9609, nos 23 sqq. ; pour une analyse soulignant un contrôle du respect des
droits fondamentaux exercé avec retenue par la CJUE et s’inspirant de la décision Solange II, cf.
Kirchhof (2014), p. 272.
41. Avis 2/13 de la CJUE (assemblée plénière) du 18 décembre 2014 – adhésion de l’Union à la CEDH,
J. O. officiel de l’UE C 65 du 23 février 2015, p. 2, cf. Revue JZ 2015, p. 773.
42. Pour une appréciation critique de cet avis, cf. Wendel (2015), p. 921.
43. Cf. Mayer (2015a), p. 122 ; Tomuschat (2015), p. 137 et 139 ; Schorkopf (2015), p. 783.
44. Pour un résumé de ce que signifie le contrôle des actes ultra vires, cf. Recueil BVerfGE 134, 366
(382 sqq., nos 22 sqq.). Sur l’évolution de ces deux réserves de contrôle et de la manière dont elles
ont été accueillies par les juridictions des autres États membres, cf. p. ex. Wendel (2011),
p. 462 sqq. et 471 sqq. et les références qui y sont citées. La fonction compensatrice de ces
réserves est pertinemment soulignée par Kahl (2013), p. 197 sqq. Pour une appréciation récente
plus critique, cf. Schwerdtfeger (2015), p. 290 sqq.
45. Recueil BVerfGE 123, 267 (348).
46. Recueil BVerfGE 123, 267 (348).
47. Recueil BVerfGE 123, 267 (400) ; 126, 286 (302), cf. Revue JZ 2010, p. 1177.
48. Pour une analyse plus approfondie, cf. p. ex. Wischmeyer (2015), et les références qui y sont
citées.
49. Cf. Klein (2014), p. 185.
50. Cf. également Ludwigs (2015), p. 537.
51. Recueil BVerfGE 89, 155 (188, 209 sq.) ; cf. également la décision de la 1 re section de la Seconde
Chambre de la Cour constitutionnelle fédérale du 17 février 2000, aff. 2 BvR 1210/98, cf. Revue
NJW 2000, p. 2016 – Alcan ; au sujet des voix critiques parmi la doctrine, cf. p. ex. Zuleeg (1994),
p. 3 sqq.
52. Recueil BVerfGE 123, 267 (354).
53. Pour une appréciation critique au sujet d’un éventuel renvoi préjudiciel dans un tel cas, cf.
Kirchhof (2013), p. 5.
54. Recueil BVerfGE 126, 286 (303 sqq.).
55. Recueil BVerfGE 134, 366.
56. CJUE, arrêt du 16 juin 2015, aff. C-62/14 – Gauweiler e. a., cf. Revue JZ 2015, p. 785 sqq.
57. Appréciation critique par Schmidt (2015), p. 326 et les références qui y sont citées.
58. Pour une appréciation positive de la bienveillance juridique à l’encontre de la BCE, cf. Mayer
(2015b), p. 2002 sq. Dans le même sens, cf. Ohler (2015), 1004 sqq. Pour une position plus nuancée,
cf. en revanche Klement (2015), p. 754 sq.
59. Recueil BVerfGE 123, 267 (346 sq.).
60. Analyse pertinente chez Lenaerts (2015), p. 353 : « Ni l’uniformité ni la diversité ne peuvent
prétendre s’appliquer de manière absolue. L’Union européenne doit toujours tenir compte de ces
deux aspects, car, pris isolément, aucun d’eux n’est suffisant pour assurer le projet de
construction européenne ».
61. Recueil BVerfGE 123, 267 – considération principale n o 2. Pour plus détails, cf. Voßkuhle
(2010b), p. 229 sqq. ; Nettesheim (2010), p. 177 sqq. ; Calliess (2012), p. 55 sqq. ; appréciation
critique par v. Bogdandy (2010), p. 3.
62. Recueil BVerfGE 123, 267 (356).
63. Recueil BVerfGE 123, 267 (435).
64. Cf. également Recueil BVerfGE 134, 366 (395, no 48) et les références qui y sont citées.

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98

65. Pour une appréciation critique (outre celles mentionnées à la note 5), cf. p. ex. Müller-
Franken (2015), p. 356 sq.
66. Pour une analyse récente plus approfondie, cf. Daiber (2014), p. 809 sqq. et les références qui
y sont citées. Au sujet de cette jurisprudence en général, cf. Emmenegger (2011), p. 447 sqq.
67. Recueil BVerfGE 89, 155 (185).
68. Recueil BVerfGE 129, 124 (177), cf. Revue JZ 2011, p. 1004 ; cf. l’analyse succincte des normes
de référence pour le contrôle de constitutionnalité opéré dans l’arrêt relatif aux aides financières
pour la Grèce, cf. p. ex. Kube (2012), p. 205 sqq.
69. À ce sujet dans son ensemble, cf. Recueil BVerfGE 129, 124 (180). La préservation du droit
budgétaire du Bundestag dans cette décision est analysée p. ex. par Nettesheim (2011), p. 771 ;
Ruffert (2011), p. 847 sqq. Cf. également les normes de référence appliquées dans le cadre d’un tel
contrôle, Recueil BVerfGE 132, 195 (238 sqq., nos 105 sqq.).
70. Recueil BVerfGE 130, 318.
71. Recueil BVerfGE 132, 195 sqq. ; à ce sujet, cf. Herrmann (2012), p. 805 sqq. ; Kahl (2013),
p. 197 sqq. ; Lepsius (2012), p. 761 sq. ; Müller-Franken (2012), p. 3161 sqq. (commentaire de
l’arrêt BVerfGE 132, 195) ; Schorkopf (2012), p. 1273 sqq. ; Tomuschat (2012), p. 1431 sqq.
72. BVerfGE 132, 195 (257, no 149).
73. BVerfGE 135, 317.
74. BVerfGE 89, 155 (205).
75. BVerfGE 123, 267 (371 sq.)
76. BVerfGE 132, 195 sqq.
77. BVerfGE 134, 366 (411 sqq., nos 84 sqq.).
78. Appréciation critique par Lepsius (2011), p. 159 sqq.
79. Au sujet de l’origine de ce style, cf. Bumke (2014), p. 642 sqq. Pour une analyse plus
approfondie de la distinction entre doctrine à usage pratique et doctrine scientifique, cf. Kaiser
(2014), p. 1105.
80. Cf. note 8.
81. De façon claire et nette, cf. Rodi (2015), p. 737 : « Avec la crise financière, le corset juridique
de l’Union économique et monétaire est devenu, tant du point de vue matériel qu’institutionnel,
trop étroit ». En outre, cf. les contributions dans Möllers / Zeitler (2013).
82. Pour une analyse plus détaillée à ce sujet, cf. Voßkuhle (2015), p. 137 sqq. et les références qui
y sont citées.
83. Au sujet de « technocratisation ad hoc » causée par la crise financière et par la crise de la
dette souveraine, cf. Enderlein (2013), p. 724 sqq.
84. Pour une analyse plus approfondie à ce sujet, cf. Palm (2004), p. 71 sqq.
85. Pour une analyse plus détaillée, cf. Baer (2015), p. 141 sq.
86. Hallstein (1979), p. 344 et 348.
87. Cf. les références citées à la note 5.
88. Pour une analyse pertinente à cet égard, cf. Volkmann (2014), p. 1062.
89. Oppermann (2014), § 3, no 19.

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INDEX
Mots-clés : Cour constitutionnelle fédérale, communauté européenne du droit, intégration
Schlüsselwörter : Bundesverfassungsgericht, europäische Rechtsgemeinschaft, Integration

AUTEURS
ANDREAS VOSSKUHLE
L’auteur est président de la Cour constitutionnelle fédérale et directeur de l’Institut de
Staatswissenschaft et de philosophie du droit de l’Université Albert Ludwig à Fribourg-en-
Brisgau. Pour plus d’informations, voir la notice suivante.

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L’acquis du constitutionnalisme et
ses perspectives dans un monde
changé
Dieter Grimm
Traduction : Olivier Joop

NOTE DE L’ÉDITEUR
Nous remercions Monsieur Dieter Grimm ainsi que la maison d’édition Suhrkamp de
nous avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro.
Wir danken Herrn Dieter Grimm und dem Suhrkamp-Verlag für die freundliche
Genehmigung, diesen Artikel in französischer Übersetzung zu publizieren.

I. Apogée à l’extérieur – érosion à l’intérieur


1 Le constitutionnalisme est un phénomène relativement récent dans l’histoire des
institutions politiques. Il a émergé au cours des vingt-cinq dernières années du XVIII e
siècle, à la suite de deux révolutions menées avec succès contre le pouvoir en place, la
première dans les colonies anglaises d’Amérique du Nord, la seconde en France.
Immédiatement perçu comme une avancée majeure, le constitutionnalisme n’a pas
tardé à exercer également son pouvoir d’attraction en dehors des pays où il est apparu.
Partout en Europe, et ensuite dans d’autres parties du monde, des tentatives pour
mettre en place des constitutions modernes virent le jour. Tout le XIX e siècle fut
traversé par les luttes pour une constitution, et le XXe siècle fut une période de sérieux
revers, avant qu’au tournant du XXIe siècle, le constitutionnalisme ne finisse par
accéder à une reconnaissance mondiale. De nos jours, seule une poignée d’États, parmi
les quelque deux cents que compte le monde, ne possède pas de constitution.
2 On ne saurait pour autant prétendre que la constitution est partout prise au sérieux ou
qu’elle prend toujours le dessus lorsqu’elle entre en conflit avec des desseins politiques.

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101

La reconnaissance universelle du constitutionnalisme en tant que modèle pour


l’organisation et la légitimation du pouvoir politique se manifeste cependant en ceci
que même les despotes qui ne sont pas enclins à se soumettre à des règles de droit
tiennent au moins à entretenir l’apparence que leur pouvoir s’exerce à l’intérieur d’un
cadre constitutionnel. Globalement, la propension des dirigeants à gouverner en
conformité avec les dispositions inscrites dans leur constitution a toutefois
sensiblement augmenté ces derniers temps, ce que confirme le grand nombre de cours
constitutionnelles ou de juridictions compétentes pour trancher des contentieux
constitutionnels mises en place durant le dernier quart du XX e siècle. 225 ans après ses
débuts, le constitutionnalisme semble être au faîte de son évolution.
3 Toutefois, il ne faut pas se laisser tromper par ce succès apparent. Il s’accompagne
d’une érosion à l’intérieur du système, laquelle a commencé presque
imperceptiblement avec la transformation de la puissance étatique et conduit à ce que
ce l’État ait finalement perdu le monopole de la puissance publique sur son territoire 1.
De nos jours, l’État est obligé de partager son pouvoir avec toute une série d’acteurs
non étatiques, la plupart d’entre eux étant des organisations internationales auxquelles
les États ont transféré des droits de souveraineté dont l’usage échappe désormais aux
dispositions des constitutions nationales. Ce phénomène ne renvoie pas à la
transgression ou au contournement des normes constitutionnelles : il y a toujours eu
des écarts entre la norme et la réalité, sans pour autant que la vigueur du
constitutionnalisme en fût affectée. En revanche, l’érosion par l’intérieur de la
constitution fragilise la capacité de cette dernière à imposer des règles à la puissance
publique. Cette érosion n’affecte donc pas seulement quelques constitutions isolées,
mais les acquis du constitutionnalisme dans leur ensemble.
4 L’une des réactions possibles à cette évolution consiste à compenser à l’échelon
international la perte d’importance des constitutions nationales. L’essor du terme
« constitutionnalisation » est l’expression de cette tendance. Contrairement à l’activité
constituante classique, le terme de constitutionnalisation ne désigne pas l’acte par
lequel une constitution entre en vigueur, mais le processus qui aboutit à une
constitution. De tels processus peuvent être observés en Europe, où la Convention
européenne des droits de l’homme et le droit primaire de l’Union européenne sont
décrits comme relevant du droit constitutionnel. Ils affectent en outre l’échelon
mondial. Pour de nombreux auteurs, le droit international public prend des traits de
droit constitutionnel. La Charte des Nations Unies, ainsi que les statuts d’autres
organisations internationales, sont considérés comme la constitution de ces
organisations. Même des réseaux politiques mondiaux ou des processus d’auto-
organisation d’acteurs privés agissant mondialement sont analysés du point de vue du
constitutionnalisme – autant d’objets pour lesquels, il y a encore quelques années, le
terme de constitution n’aurait pas été employé2.
5 Avant de pouvoir déterminer dans quelle mesure la constitution nationale souffre de
cette évolution et s’il existe une chance de compenser ce déclin à l’échelon
international, il convient cependant de se faire une idée plus précise de ce que signifie
le constitutionnalisme. Or, bien souvent, une telle définition fait défaut dans les débats
sur l’avenir du constitutionnalisme. De nombreux auteurs tendent à assimiler
constitutionnalisme et juridicisation de la politique. La juridicisation de la politique
n’est cependant pas un phénomène nouveau. Elle existait déjà bien avant l’avènement
du constitutionnalisme. La meilleure manière de se faire une idée précise de la notion

Trivium, 30 | 2019
102

de constitutionnalisme consiste alors à évaluer ce que la constitution a apporté de


nouveau lorsqu’elle est entrée sur la scène à l’occasion des deux révolutions majeures
de la fin du XVIIIe siècle, et quelles conditions devaient être remplies afin qu’une
constitution pût alors s’imposer3. Une telle approche permet d’une part de comparer le
constitutionnalisme au sens classique du terme et la constitutionnalisation qui s’étend
au-delà de l’État national, et d’autre part d’évaluer les perspectives futures de ce
mouvement de constitutionnalisation.

II. Les acquis et ses conditions préalables


6 Ce n’est pas un hasard si la constitution moderne est le fruit d’une révolution. Les
révolutions américaine et française se distinguent des nombreuses autres périodes de
révoltes et de troubles qui ont marqué l’histoire en ceci qu’elles ne se sont pas
contentées de remplacer un souverain détesté par un nouveau monarque. Elles visaient
davantage la mise en place d’un nouveau régime politique qui ne porterait plus en lui les
défauts que les révolutionnaires attribuaient à l’Ancien Régime. Pour atteindre ce but,
ces derniers formulèrent le projet d’un pouvoir légitime, avant que des personnes, sur
la base de ce projet, ne fussent appelées au pouvoir et à l’exercer selon des modalités
préalablement déterminées. La nouveauté historique de cette étape est souvent
occultée par le fait que la juridicisation de la politique avait déjà commencé avant la
naissance des premières constitutions. Le terme de « constitution » lui-même n’était
pas nouveau, il fut utilisé longtemps avant celui de constitutionnalisme. Toutefois, les
normes juridiques liant le pouvoir en place étaient de nature différente de celle d’une
constitution, et le terme même de « constitution » revêtait des significations
différentes avant et après la rupture que constituait la révolution4.
7 Dans son acception traditionnelle, le terme de « constitution » décrivait l’état d’un pays
tel qu’il était déterminé par différents éléments comme sa situation géographique, les
caractéristiques de sa population ou encore les rapports de force à l’intérieur de ce
pays. Parmi ces éléments figuraient également les règles de droit fondamentales
régissant la structure politique et sociale du pays en question. Vers la fin du XVIII e
siècle, le terme prit un sens différent, plus retreint, caractérisant alors l’état d’un pays
tel qu’il était déterminé par ses lois fondamentales. À ce stade, ces lois fondamentales
ne formaient toutefois pas encore une « constitution ». Le concept n’est pas de nature
normative, mais empirique. Dans cette approche descriptive, chaque pays avait une
constitution ou, autrement dit, il était constitué. Utilisé dans un sens normatif, le terme
de « constitution » désignait alors une certaine catégorie de lois, par exemple des lois
édictées directement par l’empereur du Saint-Empire romain germanique (Constitutio
Criminalis Carolina). Par ailleurs, il existait des normes juridiques qui régissaient
l’exercice du pouvoir, mais, précisément, elles n’étaient pas appelées « constitution »,
mais forme du gouvernement, leges fundamentales, etc.
8 Au Moyen Âge, le droit était considéré une composante de l’ordre mis en place par la
création divine. Le droit divin primait sur toute autre norme et ne pouvait être modifié
par le pouvoir temporel. La mission de ce dernier était au contraire d’imposer la
volonté divine. Dans la mesure où des lois étaient édictées par le pouvoir temporel,
elles n’étaient pas considérées comme génératrices de droit nouveau, mais comme la
concrétisation et l’adaptation du droit éternel aux circonstances géographiques et
temporelles. Cette conception du droit fut balayée par la Réforme au début du XVI e

Trivium, 30 | 2019
103

siècle. Les guerres de religion – de véritables guerres civiles – conduisirent à ce que le


rétablissement de la paix intérieure fût considéré comme l’objectif suprême du
pouvoir. Cet objectif ne pouvait toutefois pas être atteint sur la base de l’ordre social
médiéval, dans lequel les droits de souveraineté étaient répartis entre de nombreux
acteurs indépendants les uns des autres, qui en outre n’exerçaient pas ces droits au
titre d’une fonction à part entière, mais comme le prolongement d’un certain statut –
souvent celui de propriétaire de terres. Par ailleurs, ces droits étaient exercés non pas
tant sur un territoire donné, que sur certaines catégories de personnes, si bien que sur
un même territoire, pouvaient coexister plusieurs détenteurs de droits de souveraineté
différents.
9 Le rétablissement de la paix intérieure ne semblait au contraire possible que si un
souverain parvenait à s’arroger des droits de souveraineté éparpillés et à les concentrer
entre ses mains pour en faire la souveraineté (au singulier). À l’époque, seuls les princes
étaient en mesure d’assumer ce rôle. Leur pouvoir ne pouvait cependant pas demeurer
limité à l’exécution du droit, il devait s’étendre également au droit de mettre en place
un ordre juridique indépendant de la vérité religieuse si controversée. Le droit divin
perdit alors sa force juridique et continua d’exister uniquement en tant qu’impératif
moral. Pour être en mesure de faire respecter le droit séculier, les princes
revendiquèrent alors le monopole de la violence sur leur territoire, une évolution qui
faisait écho, au sein de la société, à une complète privatisation. Pour ce nouveau type
d’exercice de la puissance publique en Europe apparut vite un nouveau terme : l’État.
Son attribut essentiel était la souveraineté, entendue depuis Bodin comme le droit du
souverain d’édicter du droit s’imposant à tous, sans être lui-même lié par ce droit 5.
L’État naquit sous la forme de l’État absolu.
10 Avant la Révolution française, l’absolutisme demeura toutefois une ambition qui ne se
concrétisa nulle part intégralement. Bien que définie comme pouvoir suprême et
indivisible sur tous les sujets de l’État, la souveraineté ne fut en réalité que relative. Des
règles juridiques héritées du Moyen Âge subsistèrent, de nouvelles furent créées.
Cependant, toutes ces règles ne formaient pas une unité cohérente. La plupart d’entre
elles découlaient de conventions que les ordres statutaires [Stände] privilégiés de la
société, en raison du fait que le souverain dépendait de leur service ou de leur
consentement, avaient pu imposer aux princes de leur concéder. Ces conventions
étaient considérées comme liant les deux parties et pouvaient même parfois être
invoquées devant les tribunaux. Cela dit, aucun de ces engagements juridiques ne
remettait en cause le droit du prince de régner. Ce droit, reposant sur la volonté divine
ou sur la tradition comme base de légitimité, était antérieur à ces engagements. Ces
derniers avaient pour seul effet de limiter le pouvoir du souverain d’une manière ou
d’une autre, et uniquement au bénéfice des parties contractantes, et non de tous.
11 L’existence de règles de droit d’origine divine ou laïque liant le pouvoir confirme qu’il
ne suffit pas de décrire le constitutionnalisme comme juridicisation du pouvoir. Une
telle juridicisation a toujours existé. La particularité de ces nouvelles constitutions était
qu’elles ne se bornaient pas à modifier les règles régissant un pouvoir qui existait déjà
avant elles. Au contraire, elles précédaient le pouvoir et l’établissaient par leurs
dispositions. En même temps, elles déterminaient les modalités selon lesquelles le
pouvoir pouvait être exercé légitimement. Contrairement aux types antérieurs de
règles de droit liant le pouvoir, elles réglaient le pouvoir public de manière
systématique et exhaustive. Cela ne signifie nullement que la puissance publique fût

Trivium, 30 | 2019
104

bornée à assurer l’exécution du droit, comme cela avait été le cas au Moyen Âge, mais
que le constitutionnalisme n’admettait ni qu’il y eût des détenteurs de la puissance
publique extérieurs à la constitution, ni que cette puissance pût être exercée avec des
moyens ou par des voies extraconstitutionnels. En définitive, l’obligation faite au
pouvoir de respecter la constitution ne bénéficiait pas uniquement aux catégories
privilégiées de la société qui disposaient d’un pouvoir de négociation suffisant, mais à
tous les habitants du territoire sur lequel elle s’appliquait.
12 Ces différences engendrèrent une série de conséquences qui tendirent à affiner la
notion de constitution. En tant qu’acte fondateur légitimant le pouvoir ainsi établi, la
constitution ne pouvait être le fait du prince. Il fallait qu’elle s’appuyât sur une source
indépendante de la volonté du prince. Cette source fut trouvée dans le peuple, qui se
constituait en tant qu’entité politique. Le principe conférant sa légitimité à l’État
constitutionnel n’était pas la souveraineté du monarque, mais la souveraineté
populaire. Cette idée n’est cependant pas propre aux révolutions américaine et
française. Ses origines remontaient bien plus loin dans le temps, et elle fut
communément reconnue une fois que la Réforme eut ôté à la révélation divine sa
qualité de fondement de l’ordre social. Faute de pouvoir s’appuyer sur cette légitimité
divine, la philosophie contemporaine se tourna alors vers la raison, perçue comme le
lot commun de toute l’humanité et indépendante de toute confession religieuse. Afin de
fonder la légitimité du pouvoir politique, les philosophes imaginèrent un état naturel,
dans lequel tous les hommes étaient, par définition, égaux. La question qui se posait
alors fut de savoir pourquoi et dans quelles conditions ces êtres doués de raison
seraient disposés à échanger l’état naturel contre un état de domination.
13 Une explication fut trouvée dans l’insécurité fondamentale que l’état naturel faisait
peser sur le corps et la vie des hommes. La raison commandait par conséquent
d’abandonner l’état naturel. Toutefois, étant donné que l’état naturel se définissait par
l’égale liberté de chaque individu, le passage à un état de domination ne pouvait se
produire qu’avec le consentement de tous. Seule une domination fondée sur le
consentement des dominés était par conséquent considérée comme légitime. De même,
il revenait aux dominés de définir les conditions dans lesquelles le pouvoir politique
pouvait être exercé légitimement. Ces conditions évoluèrent au fil du temps. Pour les
philosophes qui formulaient leurs théories en réaction aux guerres de religion des XVI e
et XVIIe siècles, la fin des hostilités et le rétablissement de la paix civile constituaient
une priorité absolue. Ce but ne leur semblait pouvoir être atteint que si les individus
cédaient l’intégralité de leurs droits naturels au souverain et recevaient en échange ce
bien plus précieux que tous les autres : la sécurité. Dans ces conditions, la théorie du
contrat justifiait le caractère absolu du pouvoir.
14 Toutefois, plus le souverain absolu parvenait à accomplir sa mission historique, celle
d’assurer la paix civile, moins il paraissait alors justifié d’acheter cette paix au prix du
renoncement à tous les droits individuels. La fonction du souverain semblait désormais
résider davantage dans la protection de la liberté individuelle des sujets, et à cette fin,
le seul droit auquel il suffisait de renoncer était le droit à se faire justice soi-même.
Depuis le milieu du XVIIIe siècle, les traités de droit naturel furent remplis de
catalogues de plus en plus détaillés de droits humains que l’État devait respecter et
protéger. En même temps s’imposa dans l’économie politique l’idée que la prospérité et
la justice pouvaient être plus sûrement atteintes dans le cadre d’un ordre fondé sur le
droit de propriété et la liberté contractuelle que sous un ordre féodal et à travers le

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105

dirigisme économique de l’État. De plus en plus se répandit alors l’idée que la


concentration du pouvoir constituerait toujours une menace pour la liberté
individuelle. Par conséquent, pour garantir cette liberté, un système de séparation des
pouvoirs ou de contrôle mutuel des pouvoirs (checks and balances) parut indispensable.
15 Bien que ces théories eussent déjà contenu tous les éléments qui allaient faire partie
des futures constitutions, les philosophes ne les poussèrent pas jusqu’au point de
réclamer une constitution à valeur juridique. Ils envisageaient davantage ces théories
comme la pierre de touche de la légitimité d’un système politique, ce dernier étant
considéré comme légitime s’il pouvait être pensé comme étant le résultat du
consentement des individus soumis au pouvoir de domination. Tout comme l’état
naturel, la théorie du contrat reposait sur une fiction. À l’exception d’Emer de Vattel 6,
aucun des philosophes de l’Ancien Régime ne réclama un document écrit ou un
plébiscite. Le contrat faisait office d’idée régulatrice. Il n’était pas le produit d’un
processus d’accord effectif. Son autorité reposait sur les arguments avancés, et non sur
une quelconque force juridique. Aucun souverain de l’Ancien Régime n’avait été
disposé à se rallier à cette théorie. La plupart d’entre eux la rejetaient catégoriquement.
Droit naturel et droit positif étaient en opposition.
16 Ce n’est qu’avec le renversement du pouvoir établi, engendré par les révolutions, que
ces idées purent servir d’orientation pour la mise en place d’un ordre nouveau
remplissant la vacance du pouvoir légitime. La logique voulut que fût enfin établie une
constitution. L’ordre nouveau reposait sur le principe de la souveraineté du peuple
comme source de légitimité. Cependant, contrairement au monarque absolu, le peuple
n’avait pas la capacité de se gouverner lui-même. Il avait besoin de représentants qui
gouverneraient en son nom. Le pouvoir démocratique repose sur l’idée d’un mandat et
appelle une organisation correspondante. Le mandat donné aux représentants du
peuple ne l’était d’ailleurs pas sans conditions. Par opposition au pouvoir illimité du
Parlement britannique ou du roi de France, les révolutionnaires voulaient établir un
pouvoir limité. La durée et le périmètre du pouvoir, ainsi que sa répartition entre
différentes autorités, devaient être définis sous la forme de règles. En raison de la
nouvelle ère amorcée par la rupture que constituait la révolution, ces règles prirent la
forme d’une constitution écrite.
17 L’apport des révolutions américaine et française réside alors dans le fait qu’elles
parvinrent à transposer les idées philosophiques relatives au droit naturel dans un code
de lois particulier destiné à légitimer et à limiter le pouvoir. Seul le droit possédait la
capacité de dissocier le consensus atteint sur le but et les formes du pouvoir politique
du moment historique de sa réalisation et de le projeter vers l’avenir, de mettre en
place des critères contraignants pour renouveler ce consensus et faire reposer le
pouvoir politique non plus sur le pouvoir de persuasion, mais sur la force du droit en
vigueur. Surgit alors le problème qu’après l’effondrement de l’ordre médiéval perçu
comme d’origine divine, le droit était devenu le produit de décisions politiques.
Indéniablement, le droit était un droit positif. Il en allait de même du droit destiné à
régir la mise en place et l’exercice du pouvoir. Dès lors, la question qui en découlait
était de savoir de quelle manière le droit, lui-même le fruit d’une procédure politique,
pouvait à son tour lier cette procédure.
18 La solution consista à reprendre l’ancienne hiérarchie des normes qui distinguait entre
le droit divin et le droit séculier et de la transposer au droit positif. Ce dernier fut
scindé en deux parties : l’une ayant pour source le peuple et liant le pouvoir, et l’autre

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ayant pour origine le pouvoir et imposant des obligations au peuple. La première part
réglait l’adoption et l’application de la seconde. Le droit devint réflexif. Cette évolution
ne pouvait toutefois réussir que si le droit ayant pour source le peuple primait sur celui
posé par l’autorité publique. Les théoriciens de l’époque des révolutions étaient
parfaitement conscients de cette nécessité. Les Américains créèrent le terme de «
paramount law » pour y répondre et décrire la distinction entre le maître et son
serviteur, le principal et son agent, tandis que Sieyès eut recours à la dichotomie entre
pouvoir constituant et pouvoir constitué 7. Sans cette distinction, et celle qui en découlait,
entre droit constitutionnel et loi ordinaire et la soumission du second au premier, le
constitutionnalisme n’aurait pu remplir sa fonction.
19 La constitutionnalisation n’est donc pas la même chose que la juridicisation du pouvoir
public. Le constitutionnalisme constitue plutôt une forme spécifique et
particulièrement ambitieuse de juridicisation, dont les principaux éléments peuvent
être résumés comme suit :
20 1. La constitution moderne est un ensemble de règles de droit, et non pas une théorie
philosophique. Ses normes reposent sur un choix politique, et non sur une vérité
préexistante.
21 2. Le but de ces normes est de régler la mise en place et l’exercice de l’autorité
publique. Elles ne se bornent pas simplement à modifier les règles régissant une
puissance publique qui existerait déjà.
22 3. Les règles sont exhaustives dans le sens qu’elles excluent la possibilité qu’il y ait
d’une part des détenteurs extraconstitutionnels de l’autorité publique et d’autre part
des moyens extraconstitutionnels d’exercice de cette autorité publique.
23 4. La constitution émane du peuple, seule source légitime de toute autorité publique. La
distinction entre pouvoir constituant et pouvoir constitué est fondamentale pour la
constitution.
24 5. Le droit constitutionnel est un droit supérieur. Il prime sur les lois et les autres actes
juridiques adoptés par les pouvoirs publics. Un acte non conforme à la constitution ne
produit pas d’effets juridiques.
25 Ces cinq éléments portent sur la fonction de la constitution. Ils se distinguent ainsi des
nombreuses tentatives de définir une constitution moderne par son contenu : la
démocratie, l’État de droit, la séparation des pouvoirs, les droits fondamentaux, etc. La
raison en est que le constitutionnalisme est ouvert à de nombreux types différents
d’organisation de l’autorité publique : monarchie ou république, État unitaire ou
fédéral, régime parlementaire ou présidentiel, régime monocaméral ou bicaméral,
constitution contenant ou non un catalogue de droits fondamentaux, constitution
prévoyant ou non une justice constitutionnelle, etc. Tous ces aspects sont laissés à la
décision du pouvoir constituant. Cela ne signifie toutefois pas que la constitution
moderne soit compatible avec tout type de contenu. La raison en est justement la
fonction qui lui revient, c’est-à-dire fonder la légitimité du pouvoir et déterminer de
manière exhaustive les règles pour l’exercice de ce pouvoir. Un ordre constitutionnel
qui ne reconnaîtrait pas l’origine populaire de l’autorité publique et qui ne serait pas
conçu pour limiter chacun des pouvoirs publics manquerait aux exigences du
constitutionnalisme.
26 Aussi les deux éléments du constitutionnalisme que sont la démocratie et l’État de droit
ne peuvent-ils être dissociés l’un de l’autre sans amoindrir les acquis du

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constitutionnalisme. Il est généralement reconnu qu’un acte dépourvu de l’intention


d’assujettir le pouvoir politique au droit ne mérite pas de porter le nom de
« constitution ». Cette affirmation est cependant moins nette pour ce qui concerne la
démocratie comme principe de légitimation de l’autorité publique. Dans le même
temps, tout autre principe de légitimation que celui de la démocratie minerait la
fonction de la constitution. Si la compétence d’exercer un pouvoir de domination
repose sur une vérité absolue postulée, que celle-ci soit d’ordre religieux ou séculier,
cette vérité s’imposera toujours en cas de conflit avec le droit positif. Le même résultat
se produira si une élite revendique une capacité éminente à discerner le bien commun
et s’arroge à ce titre le droit de gouverner sans tenir compte du consentement de ceux
qui sont soumis au pouvoir. Pour cette raison, il serait erroné de considérer qu’il existe
deux types équivalents de constitution, qui représenteraient tous deux les acquis : le
type démocratique et le type de l’État de droit8. Lorsqu’il s’agit non de dresser une
typologie de constitutions historiques, mais de relever l’acquis du constitutionnalisme,
seule une constitution contenant ces deux éléments répond pleinement aux exigences.
27 Le constitutionnalisme, ainsi entendu, mérite d’être qualifié d’« acquis » 9 au sens de
« conquête », parce qu’il exclut toute forme de pouvoir absolu ou arbitraire des
hommes sur d’autres hommes. En assujettissant tout acte de pouvoir au respect des
règles de droit, il rend prévisible l’exercice de l’autorité publique et donne aux
individus soumis à cette autorité la possibilité de s’organiser en fonction des décisions
du gouvernement et d’interagir sans crainte avec les détenteurs de l’autorité publique.
Il offre aux individus et aux groupes aux idées et aux intérêts les plus divers une base
de consensus sur laquelle ils peuvent s’affronter de manière civilisée. Il rend possible
un changement paisible de gouvernement. Dans des conditions favorables, il peut
même contribuer à l’intégration sociale10. Bien que tout acquis implique aussi des
faiblesses ou des erreurs, le constitutionnalisme tel qu’il est défini par les cinq éléments
décrits ne constitue pas un idéaltype au sens wébérien du terme, dont on ne peut que
s’approcher sans jamais l’atteindre complètement. Les constitutions au sens de l’acquis
décrit sont une réalité, tant historique que contemporaine, qui s’est déjà concrétisée
dans les premières constitutions en Amérique du Nord et en France et qui remplit
également ses promesses dans toute une série d’autres pays.
28 Pour ces raisons, les cinq éléments définissant l’acquis réalisé par le
constitutionnalisme ne sauraient être envisagés comme la description de tous les
documents qui, depuis les deux révolutions mentionnées, prirent le nom de
« constitution ». Il y eut nettement plus de documents compris comme « constitution »
ou désignés par ce terme que de constitutions au sens plein de l’acquis défini
précédemment. Une fois que la constitution était entrée dans l’histoire comme une
force agissante, il devenait également possible de recourir à une constitution au sens
formel sans en même temps reprendre tous les éléments matériels définissant une telle
loi fondamentale. Il y eut des constitutions qui ne remirent pas en cause le droit du
souverain de régner qui était antérieur à la constitution. Il y eut des constitutions sans
véritable volonté de se soumettre les pouvoirs politiques. Il y eut des constitutions
dépourvues de toute primauté par rapport aux actes des pouvoirs publics, et qui
pouvaient au contraire être écartées de manière légale par des décisions politiques.
Néanmoins, dans la mesure où des éléments fondamentaux du constitutionnalisme
faisaient défaut à ces constitutions, elles restèrent en deçà de l’acquis réalisé par le

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constitutionnalisme et furent également considérées comme incomplètes par leurs


contemporains.
29 Le fait que, historiquement, le constitutionnalisme fit son entrée sur scène
relativement tard amène cependant à penser que des conditions supplémentaires
devaient être remplies pour permettre l’avènement d’une constitution, et non d’une
simple juridicisation de l’action des pouvoirs publics. Bien que les premières
constitutions fussent le produit de révolutions, la rupture révolutionnaire ne constitue
pas la condition indispensable de la mise en place d’une constitution. Certes, la rupture
avec le pouvoir traditionnel en place, combinée avec une conception nouvelle de la
légitimité du pouvoir, fut déterminante lors de l’invention de la constitution. Mais une
fois inventée, l’idée de constitution ne dépendait plus de ses origines révolutionnaires.
Elle pouvait également devenir le fruit d’une évolution. Il suffit que les questions
portant sur la légitimité du pouvoir et l’organisation d’un tel pouvoir puissent être
tranchées par des décisions politiques. Si l’ordre politique et social est déjà déterminé
indépendamment de l’accord du peuple sans pouvoir être modifié, une constitution n’a
plus sa place. Dans ce cas, un document qui prendrait le nom de constitution ne pourra
jouir de primauté et restera subordonné à la vérité absolue proclamée.
30 Même entendue comme régulation systématique et complète de l’institution et de
l’exercice de l’autorité publique, la constitution ne pouvait toutefois émerger avant que
ne fussent remplies deux conditions supplémentaires. Tout d’abord, il devait y avoir un
objet susceptible d’être réglé par une constitution. Avant la naissance de l’État au sens
moderne aux XVIe et XVII e siècles, un tel objet n’existait pas. Ce qui distingue l’État
moderne de l’ordre médiéval est qu’il concentre entre ses mains tous les droits de
souveraineté s’exerçant sur un territoire donné. Ce n’est qu’une fois qu’autorité
publique et puissance de l’État étaient devenues identiques que cette autorité pouvait
être régie de manière détaillée par une loi spéciale, dont l’objectif était précisément de
réguler cette autorité. Le monde médiéval avec ses droits de souveraineté éparpillés
n’était pas simplement dépourvu de constitution. Il n’aurait pas pu en avoir 11. Toutes
les affirmations formulées au sujet de la constitution du Saint Empire romain
germanique, des royaumes du Moyen Âge ou encore de la constitution britannique se
réfèrent à un objet différent.
31 La naissance de l’État moderne fut donc une condition nécessaire pour qu’une
constitution pût émerger. Mais elle n’était pas une condition suffisante. Façonné par la
mission historique qui était la sienne, l’État émergeant sur le continent européen était
un État absolutiste. Il ne reposait pas sur le consentement de ceux qui étaient soumis à
sa domination. Au contraire, il réclama un pouvoir illimité vis à vis d’eux.
Contrairement à un pouvoir exercé par délégation, un pouvoir que le souverain détient
et exerce en vertu d’un droit propre ne requiert pas que soit réglé juridiquement le
rapport entre mandant et mandataire. Dans de telles conditions, le pouvoir absolu
constitue la seule norme constitutionnelle. Mais même lorsque le souverain dispose
d’un mandat, il est inutile de prévoir des règles pour son exercice, si ce mandat a été
donné de manière inconditionnelle. Le pouvoir illimité est l’opposé du
constitutionnalisme. Ce n’est qu’une fois que s’est imposée l’idée que, dans l’intérêt de
la liberté des individus et de l’autonomie des différents domaines de la vie sociale, la
puissance de l’État doit être limitée que la question d’une constitution peut être
débattue.

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32 La concentration de tous les pouvoirs publics entre les mains de l’État avait une
contrepartie : la privatisation de la société. La constitution ne changea rien à cet état
des faits. Elle renversa seulement l’ordre de priorité entre l’État et la société.
Désormais, la priorité revenait à la liberté individuelle, cependant que l’Etat déduisait
d’elle sa raison d’être et devait se contenter du rôle de garant de la liberté contre les
agresseurs et les criminels. Afin d’être en mesure d’exercer cette compétence limitée, il
fallait qu’il gardât un pouvoir de domination sans partage et le monopole de la
violence. Seuls changèrent les buts pour lesquels il était autorisé à en faire usage et les
conditions qu’il devait alors respecter. Pour cette raison, la ligne de partage entre ce
qui relève du domaine privé de l’individu et ce qui relève du domaine de l’autorité
publique est déterminante lorsqu’il est question d’une constitution 12. Un système dans
lequel l’État jouirait des mêmes libertés que les individus serait non moins dépourvu de
constitution au sens où l’entend le constitutionnalisme qu’un système dans lequel les
particuliers disposeraient de l’autorité publique. Si les particuliers détenaient une part
de la puissance publique, la constitution ne pourrait plus prétendre régler de manière
exhaustive la mise en place et l’exercice de l’autorité publique, à moins que les
particuliers ne se soumettent aux obligations imposées par la constitution, renonçant
ainsi à leur statut de membres libres de la société.
33 Le fait que l’objet susceptible de donner lieu à une constitution revêtit la forme de l’État
territorial engendra comme conséquence qu’une multitude d’États purent coexister. La
seconde condition pour qu’une constitution fût en mesure de régler de manière
complète l’autorité publique exercée dans son champ d’application territorial était
alors que la puissance de l’État ne connût pas de concurrence à l’intérieur de ce
territoire. Par conséquent, le champ d’application d’une constitution trouvait ses
limites aux frontières de l’État. Aucune constitution ne prétend régir une autorité
publique étrangère, de même qu’elle ne reconnaît pas d’applicabilité sur son territoire
aux actes d’une autorité publique étrangère. De même que les limites entre la sphère
privée des individus et la sphère publique de l’État sont déterminantes pour qu’il y ait
une constitution, de même la frontière entre un espace intérieur et un espace extérieur
est une condition indispensable pour qu’une constitution soit en mesure de réaliser son
objectif de prévoir une réglementation exhaustive13. Un État qui ne serait pas capable
de protéger ses frontières des actes d’une autorité publique étrangère n’est également
pas en mesure de garantir sur son territoire la pleine application de la constitution.
34 Au-dessus des États, il n’existait pas de vide juridique. C’est le droit international public
qui s’appliquait. Mais ce dernier reposait sur le postulat de la souveraineté et de
l’intégrité territoriale des États. Il réglait les relations des États entre eux sur la base du
principe de non-ingérence dans les affaires intérieures. Tout engagement juridique
d’un État ne pouvait alors avoir comme source qu’un accord volontaire entre États.
Seule la condition sur laquelle reposait le fonctionnement de cet ordre international, la
règle pacta sunt servanda, était applicable indépendamment d’un consentement
explicite. En revanche, il n’existait pas à l’échelon international d’institutions chargées
d’imposer le respect des engagements contractés par les États. Dès lors, la guerre ne
pouvait être exclue comme moyen de faire respecter le droit, tout au plus pouvait-elle
être soumise à certaines règles par le droit international public. Mais ce dernier
n’exerçait aucune influence sur l’ordre interne des États. Le droit international public
s’appliquait entre les États, et non en leur sein. Ces deux sphères juridiques – le droit

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constitutionnel en tant que droit interne, le droit international en tant que droit
« externe » – coexistaient de manière indépendante.

III. Perspectives dans un contexte renouvelé


35 S’il est vrai que l’émergence de la constitution moderne dépendait de la réalisation de
certaines conditions sans lesquelles elle n’aurait pas été possible, alors il est
envisageable que ces conditions, dans certains cas, disparaissent. Une telle situation ne
signifie toutefois pas nécessairement que le modèle constitutionnel toucherait à sa fin.
Il est peu probable que la disparition de ces conditions advienne brutalement. Si elle
devait avoir lieu, il s’agirait vraisemblablement d’un processus long, porteur de
conséquences lointaines plutôt qu’immédiates. Si la constitution devait survivre à une
telle évolution, il serait alors hautement probable qu’elle adopterait un sens nouveau et
produirait des effets différents. Pour l’avenir de la constitution, il est par conséquent
d’une importance primordiale de déterminer si les conditions qui ont conduit à l’essor
de ce modèle ont changé et ce que ces changements signifient pour l’acquis qu’est le
constitutionnalisme. La question de l’avenir de la constitution est la question de la
persistance des conditions dans lesquelles elle s’est développée.
36 Pour deux de ces conditions, la réponse semble nette. Elles ne posent pas de problème,
du moins dans la plupart des régions du monde. Les questions relatives à l’organisation
politique peuvent encore et toujours être tranchées par des décisions politiques. Elles
ne sont pas considérées prédéterminées ni soustraites à la volonté humaine. De même,
l’idée d’une limitation du pouvoir demeure valable dans les États de tradition
occidentale. Des problèmes se posent en revanche en ce qui concerne l’État et ses deux
limites déterminantes : la distinction entre la sphère intérieure et la sphère extérieure,
ainsi que celle entre les sphères privée et publique. Nul ne peut contester que nous
assistions de nos jours à une érosion des caractères traditionnels de l’État 14, bien que ce
en quoi cette érosion consiste ne soit pas toujours clairement analysé. Si l’élément
distinctif de l’État par rapport aux entités politiques qui l’ont précédé résidait dans le
fait que l’autorité publique dans un territoire donné se trouve concentrée entre les
mains de l’État et soustraite à l’ingérence de tiers, il est alors logique de rechercher là la
source de cette érosion.
37 En effet, les frontières s’estompent. La frontière entre les sphères privée et publique est
devenue perméable, déjà du fait de l’accroissement des missions de l’État. Depuis déjà
bien longtemps, l’action de l’État ne se limite plus à garantir la liberté individuelle et
les mécanismes du marché. L’État est redevenu régulateur de l’économie, il promeut le
développement de la société, assure la sécurité sociale et essaie de protéger la société
contre tout type de risque. Nombre de ses missions ne peuvent être assurées
uniquement avec les moyens classiques de l’État que sont l’injonction et la contrainte.
Dans un nombre croissant de cas, l’État renonce en fait à formuler unilatéralement des
injonctions et opte plutôt pour des négociations avec les acteurs privés. Des
conventions se substituent alors aux lois. De cette manière, les acteurs privés
participent à l’autorité publique, sans toutefois être soumis aux normes relatives à la
légitimité et à la responsabilité auxquelles la constitution assujettit les détenteurs de
l’autorité publique. En même temps, et pour des raisons structurelles qui ont fait naître
cette évolution, cette dernière ne saurait être tout simplement interdite ni entièrement
constitutionnalisée15.

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38 Une observation similaire vaut également pour ce qui concerne la frontière entre les
sphères intérieure et extérieure. Après avoir perduré pendant près de trois siècles,
cette frontière est devenue perméable depuis que les États ont commencé à fonder des
organisations internationales, pour renforcer leur capacité à résoudre les problèmes
qui se posent à eux, et qu’ils ont transféré certains de leurs droits de souveraineté à ces
organisations qui exercent ces droits en produisant des effets directs sur le territoire
des États, sans que ces derniers ne puissent s’y opposer en invoquant leur souveraineté.
Le premier pas dans cette direction fut la mise en place de l’Organisation des Nations
Unies en 1945, dont le but n’est pas uniquement de coordonner les actions des États,
mais également d’accomplir sa propre mission de préservation de la paix. À cette fin,
les États membres ne se sont pas bornés à renoncer à leur droit de recourir à la violence
pour régler leurs conflits (hormis en cas de légitime défense). Cette mesure
d’autolimitation prise en tant que telle n’aurait pas dépassé le cadre classique du droit
international public et aurait laissé intacte la souveraineté des États. Mais au contraire,
les États ont habilité l’ONU à imposer le renoncement à la violence, au besoin par des
moyens militaires. Ainsi, le droit d’autodétermination ne s’applique plus qu’aux
relations des États entre eux et ne peut être invoqué contre la puissance publique de
l’organisation internationale.
39 Entre-temps, cette évolution est allée plus loin. De nos jours, il est généralement
reconnu que l’ONU a le droit d’intervenir pour des raisons humanitaires en cas de
violations graves des droits de l’homme aux dépens de groupes de population tout
entiers, en particulier des minorités. En outre, des juridictions internationales ont été
créées pour réprimer les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité. Certaines de
ces juridictions, comme les Tribunaux pénaux internationaux pour l’ex-Yougoslavie et
pour le Rwanda, trouvent leur origine non pas dans une convention internationale,
mais dans des résolutions du Conseil de sécurité et peuvent agir sur le territoire des
États sans que le consentement de ces derniers ne soit requis. De plus, un droit
international public impératif (ius cogens) s’est développé sous l’égide de l’ONU dont la
source n’est pas un traité, mais qui lie les États justement lorsqu’ils passent une
convention internationale. Des effets comparables se sont produits avec la mise en
place de l’Organisation mondiale du commerce, laquelle, en substance, constitue certes
un forum pour des négociations et des accords entre les États, mais qui, à travers son
mécanisme pour trancher des litiges sous la forme juridictionnelle, s’est émancipée de
la volonté des États.
40 Dès lors, aujourd’hui, aucun État n’est plus souverain, au sens où les États l’étaient
avant 1945. Cela dit, nulle part dans le monde cette évolution n’a connu de plus grandes
avancées qu’en Europe. Certes, les interventions des Nations Unies peuvent, lorsqu’elles
ont lieu, prendre des formes bien plus massives que les actes que peuvent prendre les
institutions européennes. Mais ces interventions sont rares, d’une part parce que les
actions de la majorité des États ne donnent pas de raisons pour une telle intervention,
et d’autre part parce que les membres permanents du Conseil de sécurité disposent
d’un droit de véto permettant de faire obstacle à une intervention. Contrairement au
pouvoir étatique, le pouvoir de l’ONU n’est que rarement appliqué, et lorsqu’il l’est, il
vise des États qui manquent à leurs obligations découlant de la Charte, manquements
qui déclenchent l’action de l’ONU. La majorité des États n’a jamais fait l’objet de
sanctions de la part de l’ONU. Pour eux, le changement qui a eu lieu avec la mise en
place de l’ONU est donc moins tangible et la perte de souveraineté moins manifeste.

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41 Il en va tout autrement des États européens. Bien qu’à ce jour, aucune institution
européenne ne se soit vu attribuer la compétence de recourir à la force, les États
membres sont exposés en permanence à des actes juridiques des institutions
européennes qu’ils doivent accepter et respecter. Seule varie l’étendue de ces
obligations. Le Conseil de l’Europe n’exerce son autorité publique qu’à travers la Cour
européenne des droits de l’homme. Les arrêts de cette dernière lient certes les 46 États
membres, mais ils ne produisent pas d’effets juridiques directs à l’échelon national. La
CEDH n’est pas une cour de cassation qui aurait la compétence de casser les décisions
des tribunaux nationaux. Elle ne peut que constater une violation de la Convention
européenne des droits de l’homme, les actions correctives à engager étant laissées aux
États. Quoi qu’il en soit, les conséquences d’un arrêt de la CEDH pour les États membres
peuvent être considérables, selon les cas. Elles peuvent même aller jusqu’à imposer à
un État une obligation découlant du droit international de modifier sa constitution.
42 En comparaison, les compétences de l’UE possèdent un champ d’application plus large
et interfèrent plus profondément avec la souveraineté des États membres. Ces
compétences sont tant de nature législative que de nature exécutive et de nature
judiciaire. Certes, l’UE ne dispose que des compétences qui lui ont été attribuées par les
États membres. S’agissant du transfert de droits de souveraineté, les États gardent leur
droit à l’autodétermination, ils demeurent « maîtres des traités ». Mais une fois
transférées, les compétences sont exercées par les institutions de l’UE. Les actes
adoptés par ces dernières ne prétendent pas uniquement à un effet direct dans les États
membres, mais également à la primauté vis-à-vis de toute norme juridique nationale,
fût-elle constitutionnelle. Bien que cet effet du droit de l’Union ne soit pas
explicitement prévu dans le texte des traités européens, il a été accepté par les États
membres comme la condition indispensable du bon fonctionnement de l’Union, en
particulier du Marché unique. Seules les ultimes limites de ces effets prêtent lieu à des
débats, dans la mesure où tant la CJUE que diverses cours constitutionnelles nationales
réclament pour elles le dernier mot lorsqu’il s’agit de trancher la question de savoir si
l’UE a outrepassé ses compétences dans un cas concret16.
43 Dès lors, l’État n’est plus la seule source du droit sur son territoire. Des lois et des actes
juridiques de source non-étatique s’imposent à l’intérieur de l’État et font fi du droit
national. L’identité entre autorité publique et pouvoir étatique, qui à l’origine faisait
partie intégrante de la notion de souveraineté et constituait le fondement tant de
l’ordre interne des États que de l’ordre international, s’efface alors. La constitution se
trouve forcément affectée par une telle évolution17. Étant donné que la constitution
présuppose qu’il doit y avoir un État et qu’elle se réfère au pouvoir de ce dernier, la
fragmentation de l’autorité publique conduit nécessairement à une perte d’importance
de la constitution de l’État. Certes, cette perte d’importance n’a pas eu lieu contre la
volonté des États. Ces derniers ont de leur plein gré renoncé à certains droits de
souveraineté, parce qu’ils en attendaient une contrepartie : un renforcement de leur
capacité à régler leurs problèmes dans des affaires qui ne pouvaient plus être réglées de
manière satisfaisante au seul échelon national. En outre, les États continuent en général
à exercer une influence sur les processus de décision des organisations internationales,
qui exercent désormais les droits de souveraineté transférés. Toutefois, cette influence
ne saurait être regardée comme compensant la perte de légitimation et de limitation de
l’autorité publique, deux aspects qui découlent de la constitution.

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44 Au regard des cinq éléments précédemment identifiés comme caractérisant la


constitution moderne, cette évolution se traduit par les conséquences suivantes :
45 1. La constitution demeure un ensemble de normes juridiques, dont la valeur trouve sa
source dans une décision politique.
46 2. L’objet de la constitution est toujours de régler la mise en place et l’exercice de
l’autorité publique, mais seulement, désormais, dans la mesure où cette autorité
publique est exercée par l’État.
47 3. Puisque autorité publique et pouvoir étatique ne sont plus identiques, la constitution
cesse de régler exhaustivement l’autorité publique qui s’exerce dans son champ
territorial d’application.
48 4. Par conséquent, la primauté de la constitution n’est plus assurée de manière absolue.
Désormais, elle prime uniquement sur les lois de l’État et des actes pris sur le
fondement de ces dernières, mais non plus sur tout acte d’un pouvoir public.
49 5. La constitution émane toujours du peuple ou est supposée en émaner. Elle ne peut
toutefois plus garantir que tout acte d’un pouvoir public applicable à l’échelon interne
trouve son origine et sa légitimité dans une décision populaire.
50 L’émergence d’une autorité publique internationale n’a donc pas rendu la constitution
caduque, pas davantage qu’elle ne l’a privée d’effets. Mais dans la même mesure où la
puissance étatique s’érode, l’influence de la constitution diminue elle aussi. Elle
s’affaiblit parce que la constitution ne peut plus prétendre légitimer et régler toute
forme d’autorité publique s’exerçant dans son champ d’application. Un acte émanant
d’un pouvoir public qui ne fait pas partie de l’État ne doit pas répondre aux exigences
de la constitution de cet État, et son application dans l’État ne dépend pas de sa
conformité à la constitution. La constitution en est réduite à constituer un ordre
juridique partiel. Seule une perspective incluant le droit constitutionnel national et le
droit international permet d’obtenir une vue complète du cadre juridique pour
l’exercice du pouvoir politique dans un pays donné. Le fait que de nombreuses
constitutions admettent explicitement le transfert de droits de souveraineté exclut
qu’une telle situation soit contraire à la constitution. Ce fait, cependant, ne permet pas
de combler le fossé entre, d’un côté, la portée de l’autorité publique et, de l’autre, la
portée des normes constitutionnelles.
51 Cette évolution conduit à envisager la question de savoir si la perte d’importance subie
par la constitution à l’échelon national peut être compensée à l’échelon international.
Le besoin de légitimation et de limitation n’est pas inhérent au pouvoir de l’État, mais
concerne l’autorité publique en tant que telle, indépendamment de la question de
savoir qui l’exerce. La constitution a apporté avec succès une réponse à l’échelle de
l’État. Dès lors, il paraît aisément concevable d’essayer de répéter ce succès au niveau
international18, ce qui explique pourquoi la notion de « constitutionnalisation » jouit
d’une telle popularité dans la littérature scientifique et dans le débat public. La
constitutionnalisation désigne alors un processus de création d’une constitution au-
delà de l’État19. Le terme est utilisé pour qualifier des institutions politiques
internationales et des textes juridiques internationaux, et il est même appliqué pour
désigner des processus de production de normes dans le cadre d’un partenariat entre
acteurs publics et privés, voire entre acteurs privés agissant à l’échelon mondial.
52 Etant donné les conditions qui avaient dû être remplies pour que des constitutions
nationales devinssent possibles, se pose alors la question de savoir s’il existe, pour

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commencer, un objet susceptible d’être constitutionnalisé. La réponse ne peut être la


même pour chaque organisation internationale, les disparités entre elles étant trop
grandes. Ce constat est d’autant plus valable si l’on envisage également des institutions
de la société. Le cas le plus évident est celui de l’Union européenne qui, d’une part, n’est
pas un État, mais, d’autre part, n’est pas non plus une organisation internationale au
sens classique. Elle se distingue des autres organisations internationales tant par ses
objectifs, qui ne se limitent pas à un seul champ particulier, que par la densité de sa
structure, qui connaît tous les pouvoirs qui sont les attributs d’un État. Elle se distingue
en dernier lieu également par l’intensité des effets que ses actes juridiques produisent à
l’égard des États membres et de leurs citoyens. Tous ces éléments réunis permettent
d’affirmer que l’Union européenne se rapproche de l’échelon central d’un État fédéral.
53 Le pouvoir de l’Union européenne n’est bien entendu pas un pouvoir sans normes. Bien
au contraire, ce pouvoir s’insère dans un étroit réseau de normes. Bien que ces normes
ne soient pas contenues dans une constitution mais dans des traités internationaux
conclus par les États membres, elles remplissent à l’échelon de l’Union la plupart des
mêmes fonctions que les normes constitutionnelles au niveau des États. Les traités ont
fondé la communauté qui aujourd’hui porte le nom d’Union européenne. Les traités ont
mis en place les institutions de l’Union, déterminé les compétences et les procédures de
l’Union, réglé la relation de celle-ci avec les États membres, ainsi que celle entre
l’Union et les citoyens. Au sein d’un État, toutes ces normes figureraient dans une
constitution. Les traités constituent également une catégorie de droit supérieure : tout
acte juridique de l’Union doit leur être conforme. C’est pour cette raison que de
nombreux auteurs n’hésitent pas à qualifier les traités de constitution de l’Union
européenne, et la CJUE a elle aussi eu recours à ce terme.
54 Toutefois, cette expression néglige l’un des éléments caractérisant une constitution au
sens plein du terme20. Contrairement à une constitution, les traités ne sont pas le fruit
d’un acte d’autodétermination d’un peuple ou d’une société cherchant à déterminer le
but et les formes de son unité politique. L’Union européenne ne se donne pas elle-
même son fondement juridique. Ce fondement lui est donné par les États membres qui
en conviennent dans des traités de droit international public. De ce fait, les traités
n’ont pas une origine démocratique. Cela ne les rend pas illégitimes. Mais leur
légitimité n’est pas une légitimité démocratique comme celle que la constitution
confère dans le cadre d’un État. Les citoyens de l’Union ne participent pas à la mise en
place des bases juridiques de l’Union. Ils n’ont pas attribué un mandat à une assemblée
constituante pour créer l’Union, pas plus qu’ils ont pu se prononcer dans le cadre d’un
référendum sur le texte fondateur de l’Union. La ratification s’opère au niveau des
États, et même si certains d’entre eux ont recours à la procédure du référendum, ce
dernier ne constitue pas une mesure européenne, mais nationale, au moyen de laquelle
on détermine si l’État en question doit approuver ou non le traité européen. Le
document ne fait même pas référence au peuple comme source de tout pouvoir public.
55 On rencontre cependant dans l’histoire des exemples d’une constitution au sens
complet du terme trouvant son origine dans une convention entre des États désireux de
former une entité plus large. Dans un tel cas, le traité fondateur ne constitue toutefois
que le moyen pour l’établissement d’une constitution. Une fois que le traité a été
adopté en tant que fondement juridique de la nouvelle entité politique, les États qui
l’ont fondée perdent leur droit de déterminer le sort ultérieur de ce texte et transfèrent
ce droit à la nouvelle entité politique qui obtient alors la compétence pour maintenir,

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115

modifier ou abroger ce texte. Ce texte, qui constitue un traité par son origine, est une
constitution par sa nature juridique. À cet égard, les dispositions relatives aux révisions
du texte sont déterminantes. Si les États membres conservent le droit de révision et s’il
s’exerce au moyen de la conclusion de traités modifiant le texte existant, alors le traité
ne s’est pas transformé en constitution. Si en revanche l’entité nouvellement fondée a
de ce fait acquis le droit d’autodétermination (même si les États membres continuent
de prendre part aux décisions de la nouvelle entité), alors le fondement juridique de
cette entité a accédé au rang d’une constitution.
56 L’Union européenne n’a cependant pas encore vécu une telle transformation. Celle-ci
ne résultait même pas du projet de traité constitutionnel, qui a finalement échoué. Ce
traité n’aurait pas accédé au rang de constitution, même s’il avait été ratifié par tous les
États membres. Cela ne veut toutefois pas dire que l’Union européenne ne soit pas
susceptible de faire l’objet d’une constitutionnalisation. Avec ses larges compétences et
la densité de sa structure, qui se rapprochent de celles de l’échelon central dans un État
fédéral, l’Union pourrait très bien être dotée d’un fondement juridique sous la forme
d’une constitution. Pour ce faire, il suffirait que les États membres transfèrent à l’Union
leur droit à déterminer les bases juridiques de l’Union. La question qui se pose en
Europe n’est donc pas de déterminer si une telle évolution est possible, mais si elle est
souhaitable. La question centrale est alors de savoir si une démocratisation des formes
de l’Union engendrerait également plus de démocratie substantielle, ou si au contraire
le principe de démocratie serait mieux servi si les décisions sur le fondement juridique
de l’Union demeuraient là où les conditions sont plus favorables pour la réalisation des
exigences démocratiques qu’elles ne le sont à l’échelon de l’Union. De la même
manière, on peut se demander si ce n’est pas justement le caractère innovant de
l’Union européenne, comme entité politique située à mi-chemin entre une organisation
internationale et un État fédéral, qui mérite d’être préservé.
57 Il en va autrement à l’échelon mondial. Aucune organisation ne possède – loin s’en faut
– un nombre comparable de compétences et une structure aussi dense que l’Union
européenne. Il existe des organisations spécifiques aux missions limitées – souvent
même orientées vers une seule mission – et, par conséquent, aux compétences et aux
moyens également limités. Non seulement ces organisations n’existent pas isolées les
unes des autres, mais elles poursuivent même parfois des objectifs antagoniques, par
exemple des buts économiques pour l’une et des objectifs humanitaires pour une autre.
Ces organisations ne s’associent pas pour former un système d’autorité publique
mondiale, elles apparaissent plutôt comme des îlots dans l’océan des relations
internationales traditionnelles. Ainsi, l’ordre international ressemble aujourd’hui plus
à l’ordre pré-étatique du monde médiéval, où se côtoyaient indépendamment les uns
des autres différents détenteurs de droits de souveraineté spécifiques 21. À l’instar de cet
ordre médiéval, l’ordre international contemporain n’est actuellement pas susceptible
d’adopter la forme d’un ordre juridique cohérent et complet de type constitutionnel.
58 Les Nations Unies ne font pas exception sur ce point. Elles se distinguent des autres
organisations internationales mondiales par leur large influence sur la scène mondiale,
leur mission de préservation de la paix et les prérogatives qui sont les leurs pour
assurer cette mission. Mais elles sont loin de détenir l’ensemble de l’autorité publique
exercée au niveau mondial, et plus encore de posséder les pouvoirs publics concentrés
et complets d’un État. Pour cette raison, la Charte des Nations Unies n’est pas une
constitution mondiale. La mise en place de l’ONU a marqué une étape importante dans

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la juridicisation des relations internationales, mais elle ne s’étend pas au-delà de cette
juridicisation. Ce constat est plus valable encore pour des organisations internationales
comme l’Organisation mondiale du commerce, le Fonds monétaire international,
l’Organisation internationale du travail, etc. Les traités constitutifs de ces organisations
déterminent leurs compétences et règlent leur mode de fonctionnement. Mais en
raison de leurs compétences limitées et du caractère non démocratique de leur
structure, elles ne sauraient prétendre faire l’objet de ce type spécial de juridicisation
qu’est une constitution.
59 Malgré cela, il est devenu courant de considérer que, même au niveau mondial, des
processus de constitutionnalisation sont à l’œuvre, et de désigner les traités constitutifs
d’organisations internationales ou encore les normes de ius cogens du droit
international public par le terme de constitution. Ce terme ne se borne certes pas à une
signification unique, et comme indiqué précédemment, il a par le passé été employé
pour désigner des phénomènes très divers22. Toutefois, lorsqu’on l’applique aux
organisations internationales et à leurs fondements juridiques, on ne doit pas perdre de
vue qu’il n’a plus grand chose à voir avec l’acquis réalisé avec le constitutionnalisme. Il
ne fait aucun doute que le droit international public connaît actuellement une
transformation profonde, qu’il se développe et gagne en efficacité 23. L’emploi du terme
« constitution » témoigne cependant d’une forte dilution du concept de Constitution. Le
constitutionnalisme est alors assimilé à la juridicisation. Or, comme nous l’avons relevé,
la juridicisation existait déjà bien avant le constitutionnalisme et se distinguait
nettement de ce dernier. L’usage du terme de « constitution » tend alors à aplanir cette
distinction.
60 Cette constatation vaut plus encore pour ce que l’on appelle le « constitutionnalisme
sociétal »24. Cette forme de constitutionnalisme est non seulement détachée des États,
mais aussi des organisations internationales que les États ont mises en place. Les
partisans du constitutionnalisme sociétal considèrent, d’une part, que les États ne sont
plus en mesure de réguler les transactions effectuées par les acteurs privés agissant
mondialement. Mais ils estiment aussi, d’autre part, que les organisations
internationales ne disposent pas non plus des moyens de régulation adéquats pour
créer un cadre juridique pour le secteur privé, qui empêcherait que les acteurs
mondiaux ne poursuivent leurs intérêts de manière débridée. À la rigueur, les
organisations internationales pourraient pour ainsi dire s’auto-constitutionnaliser, si
elles soumettaient leurs propres actions au respect de certaines normes. L’écart entre
la législation internationale et le champ d’intervention des acteurs privés agissant à
l’échelle mondiale ne pourrait au contraire être comblé que si l’idée du
constitutionnalisme était détachée de sa relation traditionnelle avec la sphère politique
et appliquée de manière féconde également à la sphère sociale. De cette manière, un
droit transnational pourrait émerger, qui constituerait un troisième ordre juridique à
côté du droit national et du droit international.
61 On attribue à ce droit nouveau la faculté d’exercer, vis-à-vis des acteurs privés
mondiaux, la même fonction qu’une constitution. Une telle évolution exigerait
cependant une adaptation de la notion de « constitution » à l’objet réglé par ce droit, à
savoir les acteurs privés opérant à l’échelle mondiale. Contrairement aux constitutions
des États, une constitution sociale n’entrerait pas en vigueur sur la base de l’acte
autoritaire d’un pouvoir constituant. Elle serait plutôt le résultat d’un processus
caractérisé par une évolution de longue durée, processus qui serait d’ailleurs

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susceptible d’être déclenché ou accéléré par une certaine pression politique ou des
exigences juridiques. Les constitutions sociétales ne seraient ni de simples textes
juridiques, ni simplement le reflet de situations de fait, et elles ne règlementeraient pas
non plus exhaustivement la puissance privée exercée à l’échelon mondial.
Contrairement aux constitutions nationales traditionnelles, qui embrassent toute la
puissance publique, mais demeurent limitées dans leur champ d’application
territoriale, les constitutions sociétales revendiqueraient une valeur mondiale, tout en
se limitant à certains domaines spécifiques de la société. La valeur territoriale du droit
national se trouverait nuancée par la limitation du droit mondial à certains secteurs.
62 De plus, pour mériter le nom de « constitution », ce droit sociétal devrait présenter au
moins quelques-unes des caractéristiques structurelles d’une constitution nationale. Il
faudrait premièrement qu’une constitution sociétale soit un droit hiérarchiquement
supérieur et régissant l’adoption de normes de rang inférieur. Deuxièmement, ce droit
supérieur devrait comprendre des dispositions relatives à l’organisation et à l’activité
des acteurs privés mondiaux. En troisième lieu, il faudrait qu’il encadre cette activité,
de la même manière que les droits fondamentaux constitutionnels limitent le pouvoir
d’un État. Enfin, en quatrième lieu, il faudrait qu’il prévoie des mécanismes de contrôle
comparables à ceux d’une justice constitutionnelle, de manière à vérifier que les
acteurs respectent le droit qu’ils ont eux-mêmes fixé. Les partisans de cette idée
concèdent qu’un tel droit n’existe jusqu’à présent que dans un état tout au plus
rudimentaire. Ils placent toutefois leur espoir dans la capacité de ce droit sociétal
d’imposer, dans les domaines de la société qu’il règle, le respect de l’autonomie des
autres secteurs de la société, voire aussi de l’existence de zones dans lesquelles les
activités des acteurs privés peuvent être surveillées de manière indépendante et
critique.
63 Si cette potentialité existe réellement, sa concrétisation dépend toutefois de toute une
série de conditions, que l’on ne saurait a priori tenir pour acquises. En l’absence d’un
législateur mondial, la limitation opérée par des constitutions sociétales ne sera jamais
plus qu’une autolimitation des acteurs privés et, par conséquent, cette autolimitation
sera guidée par des considérations d’intérêts particuliers, et non d’intérêt général. Ces
intérêts peuvent se recouper ici ou là, mais jamais totalement. Dès lors, une
autolimitation qui concilie les intérêts des acteurs privés avec les intérêts de ceux qui
sont concernés par leurs activités, ainsi qu’avec l’intérêt général, semble peu probable,
tant qu’elle n’émane pas d’une autorité publique dont le rôle est justement de veiller à
un juste équilibre entre les intérêts en présence. À l’échelon national, ce rôle est
assumé par l’État. Mais comment le même effet pourrait-il être atteint au niveau
international en l’absence d’un organisme équivalent à l’État ou d’autres institutions
disposant d’un pouvoir suffisant de légiférer ? Même à supposer que des organisations
internationales possèdent un tel pouvoir, la question demeure de savoir comment elles
pourraient l’utiliser efficacement, alors que l’élément démocratique et représentatif
qui assure aux acteurs concernés un droit de participation, et rend ainsi possible une
approche des problèmes qui dépasse les différents intérêts particuliers, leur fait défaut.
À l’heure actuelle, aucune de ces soi-disant constitutions, au niveau international ou
transnational, n’est en mesure de répondre aux attentes démocratiques les plus
élémentaires.

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IV. Quelles conclusions en tirer ?


64 La présente enquête permet de conclure qu’en raison de l’érosion de la puissance
étatique et du transfert de prérogatives d’autorité publique à des organisations
internationales, l’écart entre autorité publique, d’une part, et légitimation et limitation
de cette autorité par la constitution, d’autre part, ne peut être comblé à l’heure
actuelle. D’un côté, il n’est pas possible, ni d’ailleurs souhaitable, de revenir à l’ordre
mis en place par les traités de Westphalie. De l’autre, l’acquis du constitutionnalisme ne
peut être reproduit aux échelons international et transnational. En même temps, il sera
impossible aux constitutions nationales de retrouver la capacité de régler
complètement les pouvoirs publics agissant dans leur champ d’application. La
réglementation de l’autorité publique exercée au niveau international est en voie
d’extension mais demeure au stade de la juridicisation, sans accéder au rang de
constitution. Lorsque, dans ce contexte, le constitutionnalisme est invoqué, il s’agit
d’un succédané de constitution, dans lequel on renonce tacitement aux éléments
démocratiques.
65 Si le constitutionnalisme au sens plein du terme n’est alors plus une option, la
meilleure solution qui reste consistera à préserver, dans les circonstances données, le
plus grand nombre des éléments de l’acquis du constitutionnalisme. Une telle
démarche est possible de deux manières : par un accroissement de l’autorité publique
au niveau international25 ou par un coup d’arrêt à l’érosion de la puissance étatique. La
première option ne serait envisageable que dans la perspective où l’ordre international
évoluerait progressivement pour devenir l’objet d’une possible constitution. À moyen
terme, cette perspective n’apparaît que peu probable26. Aucun modèle convaincant ne
se dessine pour l’instant pour un pouvoir démocratique à l’échelon international.
Même au sein de l’Union européenne, il est difficile de réaliser une démocratie qui ne
soit pas spoliée de ses éléments participatifs et dont les conditions de réalisation au
sein de la société, en particulier la possibilité d’un débat public robuste, soient
satisfaites. Au niveau international, même une démocratie purement formelle semble
peu probable.
66 Dès lors, la seconde option, qui met l’accent sur l’État, dans le cadre duquel le
constitutionnalisme trouve des conditions plus avantageuses pour la légitimation et la
responsabilité démocratiques qu’au niveau international, ne doit pas être écartée
d’emblée. Cette perspective ne saurait toutefois être perçue comme appel au retour à
l’État-nation traditionnel. Au contraire, l’internationalisation de la politique doit
encore être poursuivie. Rapprocher la sphère d’action de la politique de celle des
acteurs privés opérant mondialement constitue une demande forte. Il semble
cependant tout aussi important que les États démocratiques demeurent la source
première de légitimité de l’autorité publique, y compris pour les organisations
internationales. Ces dernières ne doivent pas évoluer vers des entités se déterminant
elles-mêmes et qui existeraient loin des citoyens, ne seraient pas susceptibles de voir
leurs activités contrôlées et n’assumeraient pas la responsabilité des effets de ces
activités.
67 En réalité, les États ne se sont aucunement retirés de la scène internationale et
transnationale. À ce jour, aucune organisation internationale ne dispose de son propre
pouvoir de contrainte, a fortiori d’un monopole de la contrainte. La société mondiale
morcelée ne possède pas un pouvoir propre lui permettant d’imposer sa volonté. Les

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tribunaux et les organes d’arbitrage internationaux dépendent des États, lorsque leurs
décisions doivent être imposées par la contrainte à l’encontre de parties qui
refuseraient de s’y conformer. En outre, les États prennent part à la gouvernance des
organisations internationales qu’ils ont créées. Cet aspect joue un rôle important, tant
en ce qui concerne l’Union européenne qu’à l’échelon mondial. Dans ce contexte, ils
demeurent liés par les exigences de leur constitution nationale. Ce lien ne doit pas être
brisé précipitamment, ni affaibli durablement.
68 S’agissant de l’échelon supranational, la question de savoir s’il ne faudrait pas
abandonner l’idée du constitutionnalisme et de la constitutionnalisation mérite
réflexion. Ces deux notions prêtent à malentendu, dans la mesure où elles peuvent
susciter l’espoir que la perte d’importance subie par la constitution sous l’effet de
l’internationalisation et de la mondialisation pourrait être compensée au niveau
international. Ce serait une illusion. L’assujettissement de l’autorité publique telle
qu’elle s’exercée au niveau international reste en deçà de ce que le constitutionnalisme
a réalisé à l’échelon national. Les conditions qui seraient nécessaires pour transposer le
constitutionnalisme au niveau international ne sont pas réunies. L’internationalisation
de l’autorité publique est un phénomène nouveau, porteur de défis nouveaux. L’espoir
que ces défis puissent être relevés à l’aide d’un modèle qui avait été développé pour un
objet tout différent entrave la recherche de solutions tenant réellement compte de la
nouvelle situation et adaptées à cette dernière.

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NOTES
1. Pour les causes et les effets internes aux États et qui ne seront pas au centre des
développements du présent chapitre, cf. Grimm (2002) ; Grimm (2012a).
2. Le nombre de contributions à ce sujet ne cesse d’augmenter. Pour des contributions générales,
cf. St. John Macdonald / Johnston (2005) ; Peters (2006), p. 579 ; de Wet (2006), p. 51 ; Uerpmann
(2001), p. 565 ; Knauff (2008), p. 453 ; Walter (2001), p. 170 ; Kreidel/ Niederberger (2008), p. 200 ;
Frowein (1999), p. 427. Au sujet des Nations Unies, cf. Fassbender (1998), p. 529. Au sujet de l’OMC,
cf. Cass (2005) ; Trachtmann (2006), p. 623. Au sujet de la CEDH, cf. Walter (1999), p. 961. En ce qui
concerne l’Union européenne, il est quasiment impossible de garder une vue d’ensemble sur les
contributions existantes. Citons à titre d’exemples Weiler (1999) ; Pernice (1999), p. 703 ; Peters

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123

(2001). Au sujet du constitutionnalisme des acteurs privés, cf. Teubner (2003), p. 1 ; Fischer-
Lescano / Teubner (2006) ; Schepel (2005). Appréciations critiques chez Wahl (2002), p. 191 ;
Haltern (2003), p. 511 ; Dobner (2002) ; Grimm (2012b).
3. Cf. Grimm (2002) ; Grimm (1995a), p. 10 sqq.
4. Cf. Mohnhaupt / Grimm (2002) ; McIlwain (1940).
5. Bodin (1576), I 8, I 10.
6. Vattel (1758), I, 3 § 27.
7. Madison et al. (1788) ; Sieyès (1789).
8. À cet égard, cf. Möllers (2009), p. 227.
9. Luhmann (1990), p. 176.
10. Cf. Grimm (2012e) ; Vorländer (2002).
11. Cf. Quaritsch (1970), p. 184 ; Böckenförde (1983), p. 9 ; Grimm (2002), p. 37 sqq.
12. Cf. Grimm (2012a), p. 30 ; Sassen (2008).
13. Cf. Grimm (2012a), p. 30 sq. ; Walker (1993).
14. Cf. p.ex. Leibfried / Zürn (1999) ; Beisheim et al. (1999) ; Held et al. (1999) ; Sassen (1996) ;
Sassen (2008).
15. Cf. Grimm (2003), p. 193.
16. Cf. Mayer (2000) ; Claes (2006) ; Slaughter et al. (1998).
17. Cf. Grimm (2012c), p. 94 sqq. ; Ruffert (2004) ; Wahl (2006).
18. Cf. les références citées dans la note 2.
19. Cf. Loughlin (2010), p. 47.
20. Cf. Grimm (1995b) ; Grimm (2012d) ; Grimm (2004), p. 279.
21. Cf. Sassen (2008). Sur les différences par rapport au Moyen Âge, cf. Grimm (2009), p. 105 sq.
22. Cf. Mohnhaupt / Grimm (2002).
23. Zangl / Zürn (2004) ; Zangl (2006).
24. Cf. Sciulli (2005) ; Teubner (2004), p. 71 ; en outre, cf. Fischer-Lescano / Teubner (2006).
Appréciation critique chez Grimm (2012f).
25. Cf. Lutz-Bachmann / Bohman (2002) ; Albert / Stichweh (2007).
26. Cf. Kuper (2004) ; Anderson (2002) ; Niederberger (2007), p. 109 ; Burca (2008), p. 221.

INDEX
Mots-clés : constitution, constitutionnalisme, constitutionnalisation
Schlüsselwörter : Verfassung, Konstitutionalismus, Konstitutionalisierung

AUTEURS
DIETER GRIMM
Le juriste Dieter Grimm est professeur émérite à l’Université Humboldt à Berlin. Pour plus
d’informations, voir la notice suivante.

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Textes traduits en allemand


Übersetzungen ins Deutsche

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Verfassung und Konstitutionalismus


Olivier Beaud
Traduction : Olivier Joop

NOTE DE L’ÉDITEUR
Wir danken Herrn Olivier Beaud und dem Verlag Presses universitaires de France für
die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in deutscher Übersetzung zu publizieren.
Nous remercions M. Olivier Beaud et les Presses universitaires de France de nous avoir
accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro.

1 »Als Konsequenz dieser Entwicklung [der Rechtsauffassung]«, schreibt Giovanni


Sartori,
»muß man heute jede Art staatlicher Organisation als ›Verfassung‹ bezeichnen und
jede Art staatlicher Verfügung, die die vom Souverän festgelegte Form aufweist, als
›Gesetz‹. […] Nach der formalen Auffassung kann das Recht jeden beliebigen Inhalt
haben, und ein ungerechtes Recht ist dennoch Recht. Daher kann die Gesetzgebung
offen tyrannisch sein und trotzdem nicht nur legal heißen, sondern auch als
rechtmäßig zu achten sein.«1
So verstanden, enthielte der moderne Verfassungsbegriff eine offensichtliche
Diskrepanz zwischen Legalität und Legitimität, insofern er auch eine Verfassung
einschlösse, die sich als unterdrückerisch und sogar tyrannisch entpuppen könnte. Aus
Sicht des Verfassungspositivismus, der die (politische und juristische) Wirklichkeit mit
den Mitteln der Wissenschaft untersuchen will, muss jeder Rechtstext, der in Form
eines Verfassungsgesetzes verabschiedet worden ist, auch Verfassung genannt werden.
Für den Konstitutionalismus hingegen, der sich den Schutz der Freiheit des Einzelnen
mittels Verfassungsnormen auf die Fahnen geschrieben hat, muss eine wirkliche
Verfassung auch gerecht – oder, um einen moderneren Begriff zu verwenden,
freiheitlich-demokratisch – sein, was bedeutet, dass sie übergeordnete Grundsätze wie
die Menschenrechte und die Gewaltenteilung würdigt, welche die politische Macht
begrenzen sollen. Auf begrifflicher Ebene könnte es somit zu einem Konflikt kommen
zwischen dem Konstitutionalismus und einem im Sinne des Verfassungspositivismus
verstandenen Verfassungsbegriffs. Auf den ersten Blick könnte dieser Konflikt als

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Wiederkehr in neuem Gewand des klassischen und jahrhundertalten Ringens der


Theorie vom Naturrecht und der Theorie vom Rechtspositivismus gesehen werden.
Träfe diese Annahme zu, genügte es allerdings, in diesem Lexikon die Einträge »Recht«
(Naturrecht, positives Recht) oder »Alte und Neue« (Anciens et Modernes)
nachzuschlagen, um eine Antwort auf die Frage des Verhältnisses von Verfassung und
Konstitutionalismus zu erhalten.
2 In diesem Eintrag wird jedoch die Ansicht vertreten, dass mit der
Naturrechtsproblematik das Verhältnis zwischen Verfassung und Konstitutionalismus
nicht erschöpfend beschrieben wird. Zum einen, weil die Begriffe Verfassung und
Konstitutionalismus bei weitem nicht eindeutig sind und ihre Bedeutung näher
bestimmt werden muss, bevor sie verglichen werden können. Zum anderen, weil im
Vorhinein die Frage der Entsprechung von Verfassung und Recht zu klären ist, die der
Verfassungspositivismus postuliert – eine Gleichsetzung, die sich bei einer
eingehenden Analyse des Verfassungsbegriffs nicht so ohne weiteres ergibt.

Der Begriff der Verfassung und der Begriff des


Konstitutionalismus
3 Ursprünglich findet der aus dem Lateinischen constitutio stammende Begriff der
Konstitution, bzw. Verfassung, Verwendung sowohl im Bereich der Medizin (wo er den
Zustand, die Ordnung oder die Struktur einer Sache beschreibt) als auch im Recht, als
Bezeichnung für eine Sammlung päpstlicher oder klösterlicher Rechtstexte und eine
Art öffentlicher Urkunde. Darüber hinaus kann er sowohl auf den Körper eines
Menschen (»menschliche Konstitution«) als auch auf ein soziales oder abstraktes
Gebilde angewendet werden. Die reichhaltige Bedeutungsvielfalt des Begriffs hat zu
einer ebenso breitgefächerten Verwendung geführt. Die Idee der Verfassung ihrerseits
ist vom scharfen Gegensatz durchdrungen zwischen zwei Vorstellungen, die hier als
institutionelle (Bobbio) und normative Auffassung der Verfassungsidee bezeichnet
werden können.
4 Nach der institutionellen oder auch »organischen« Auffassung regelt die Verfassung
die politische »Ordnung« oder ist sie das »oberste Prinzip der politischen Einheit bzw.
der politischen Ordnung« (Fioravanti). Als Struktur regelt sie die Handlungen und die
Daseinsweise des Staates auf die gleiche Weise wie die Konstitution das Leben und die
Bewegungen des menschlichen Körpers bestimmt. Daraus folgt, dass jeder Staat eine
Verfassung besitzt, denn »alles, was existiert, hat auch eine Daseinsform, gleich ob gut
oder schlecht, vernünftig oder nicht« (P. Rossi). Sehr oft geht diese Vorstellung von der
Verfassung einher mit illiberalen politischen Überzeugungen, denn dieser Vorrang der
politischen Ordnung – des Ganzen – setzt voraus, dass es eine (oder mehrere)
Gewalt(en) gibt, die in der Lage ist (bzw. sind), eine solche Ordnung zu erschaffen und
aufrechtzuerhalten. Die Verfassung in diesem Sinne ist es dann, die die Einheit eines
Volkes gegenüber den (innerstaatlichen oder äußeren) Zentrifugalkräften bewahrt, die
diese Einheit ständig bedrohen. Als maßgebliche politische Denker in dieser
Traditionslinie sind Hobbes, Hegel und Carl Schmitt zu nennen. Freilich folgen auch
andere politische Philosophen, wie Aristoteles oder Montesquieu, der institutionellen
Auffassung von Verfassung, ohne dabei gleichzeitig auch dieses Ordnungsschema zu
verfechten. Auf der anderen Seite betrachtet die normative Auffassung der
Verfassungsidee die Verfassung als Grundgesetz, mit anderen Worten als oberste

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127

Rechtsnorm. Sie reiht sich ein in die Denktradition Lockes, Constants oder auch Rawls’,
die in der Verfassung ein Instrument zur Begrenzung der Macht zum Zwecke des
Schutzes der Freiheit des Einzelnen erblickt.
5 Die Idee des Konstitutionalismus ist nicht minder mehrdeutig als diejenige der
Verfassung. Im weitesten Sinne beschreibt das Konzept des Konstitutionalismus das
Verfahren, »durch Gewaltenteilung (Aufteilung der Macht) ein System wirksamer
Beschränkungen für das Handeln der Regierung« zu schaffen.2 So verstanden,
verdichtet der Konstitutionalismus zwei entscheidende und bereits weit
zurückreichende Gedanken der politischen Philosophie: zum einen die Forderung nach
einer begrenzten Herrschaft und zum anderen die Herrschaft des Rechts, die an die
Stelle der Herrschaft der Menschen tritt. Nach einer solchen Sichtweise vermöchte der
Konstitutionalismus die Einschränkung der Macht sowohl der Polis (»antiker
Konstitutionalismus«) als auch der Macht des Königtums durch Gewohnheitsrecht
(»mittelalterlicher Konstitutionalismus«) zu erklären. Im engeren Sinne hingegen
bezeichnet Konstitutionalismus zwar die Beschränkung politischer Herrschaft, doch ist
diese politische Gewalt ausschließlich diejenige des modernen Staates. Der
Konstitutionalismus ist in der Tat integraler Bestandteil der Idee einer freiheitlichen
Demokratie, die eine Unterscheidung zwischen privater oder auch sozialer Sphäre
einerseits und öffentlichem oder auch politischem Raum andererseits voraussetzt, mit
anderen Worten eine Abgrenzung von Staat und Bürger- bzw. Zivilgesellschaft, die den
früheren Denkformen des Konstitutionalismus unbekannt war.
6 Hier soll nur der Konstitutionalismus im engeren Sinne behandelt werden, da der
antike und der mittelalterliche Konstitutionalismus mit der Entstehung der Idee der
Souveränität und des modernen Staates überholt sind. Der Konstitutionalismus geht
vom Bestehen eines Gefüges unantastbarer und die »Verfassung« bildender Normen
aus. Entgegen der Ansicht Mac Ilwains hat die Entstehung des modernen (und
souveränen) Staatswesens den mittelalterlichen Konstitutionalismus vollständig
verdrängt, denn durch das Konzept der Souveränität kann der Souverän auch über
Normen nicht-staatlichen Ursprungs, wie etwa das Gewohnheitsrecht, verfügen.
Anders ausgedrückt, kann der souveräne Staat jede Norm des positiven Rechts (also
auch die Regeln des Gewohnheitsrechts, die nach der mittelalterlichen Auffassung die
»Verfassung« bildeten) nach seinem Belieben ändern, auch aus politischen
Erwägungen. Diese Feststellung entkräftet freilich nicht die Idee eines modernen
Konstitutionalismus, und zwar aus dem Grund, dass sich dieser innerhalb des Staates
gewissermaßen durch einen involutiven Prozess entwickelt. Die Souveränität des
Staates ist also Teil der modernen Idee von Konstitutionalismus. Dieser ist bestrebt, die
Staatsgewalt mittels »unantastbarer« und »Verfassungsnormen« genannter
Vorschriften einzuhegen, die außerhalb der Verfügungsgewalt der Herrschenden
stehen. Genauer gesagt: Die Entstehung der modernen Verfassung ist Ausdruck des
Bestrebens, zum Schutze der Rechte der Bürger einen Teil des positiven Rechts der
Verfügungsmacht der Herrschenden zu entziehen. Der Konstitutionalismus ist untrennbar
mit John Locke, dem zentralen Denker des Konstitutionalismus, und dessen Begriff des
Vertrauens (»trust«) verbunden, gemäß welchem das zum Souverän gewordene Volk
(als »community« bezeichnet) der Regierung sein Vertrauen gibt und sie überwacht, um
sicherzustellen, dass die Rechte der Bürger gewahrt bleiben. Eingebettet in diese
Beziehung zwischen Menschenrechten und Souveränität des Volkes, folgt der
Konstitutionalismus dem Locke’schen Programm: »So hielt das Volk klare Grenzen der
Prärogative für notwendig in Fällen, die es […] der Weisheit solcher Fürsten überlassen

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hatten […].«3 Historisch betrachtet, besteht der Sieg des Konstitutionalismus vorrangig
darin, die Prärogative bzw. das »Vorrecht« des Königs, mit anderen Worten die
absolute Macht des Herrschers, zurückgedrängt zu haben. Es darf damit behauptet
werden, dass seit der Zeit Lockes die fundamentale Trennlinie im Bereich des
Staatsaufbaus zwischen der absoluten, als willkürlich bezeichneten Macht und der
begrenzten, als verfassungsmäßig betitelten Gewalt verläuft. Im Verfassungsstaat sind
die Regierenden durch das Recht gebunden, das sie gleichzeitig gegen den Missbrauch
der Staatsmacht schützt. Der Konstitutionalismus schließt die Monarchie als
Staatsform nicht aus und kann eine in Frankreich als »begrenzte Monarchie« (S. Rials),
allgemein als »konstitutionelle Monarchie« bezeichnete Staatsorganisation beinhalten.
Die Frage der Regierungsform (Monarchie oder Republik) ist für den
Konstitutionalismus nachrangig, entscheidend sind dessen Grundsätze und
Wirkmechanismen.
7 Die Ursprünge des Konstitutionalismus sind unzweifelhaft in der Philosophie des
politischen Liberalismus zu finden, jedoch besteht seine Besonderheit darin, dass er die
von ihm angestrebte Begrenzung politischer Macht mittels des Rechts zu erreichen
sucht, durch eine als Rechtsordnung verstandene Verfassung. In dieser Hinsicht
unterscheidet sich der moderne Konstitutionalismus von der altgriechischen
(Verfassung als Ordnung) und der mittelalterlichen (Verfassung als Gewohnheitsrecht)
Verfassungsvorstellung. Da die Entwicklung des modernen Rechts selbst in Richtung
verbindlicher Rechtsnormen tendiert, strebt auch der moderne Konstitutionalismus in
Richtung einer Verfassung als Rechtsnorm, wie dies die gängigen Definitionen des
Verfassungsbegriffs aufzeigen. »Die moderne Verfassung zeichnet sich«, im
gebräuchlichen (d. h. normativen) Sinne verstanden, »durch den Anspruch aus,
politische Herrschaft nach Zustandekommen und Ausübungsweisen in einem allen
anderen Rechtsnormen übergeordneten Gesetz umfassend und einheitlich zu regeln.« 4
Aus dieser Definition ergeben sich vier grundlegende Wesensmerkmale der als
Rechtsnorm verstandenen Verfassung.
8 Gemäß dem ersten dieser Merkmale bestimmt und gestaltet die Verfassung die
Übertragung und Ausübung der staatlichen öffentlichen Gewalt. Sie ermächtigt die
Regierenden, zu handeln, indem sie deren Befugnisse, die dadurch zu Zuständigkeiten
werden, festlegt und damit auch gleichzeitig eingrenzt. Rechtlich ist die Verfassung
mehr Ermächtigung als Anordnung. Der zweite Wesenszug der Verfassung liegt in ihrer
Schutzfunktion der Rechte des Einzelnen gegen einen möglichen Missbrauch der
Staatsgewalt. Hier zeigt sich ihre originär liberale Komponente, die den Gesichtspunkt
der natürlichen Rechte des Menschen mit dem Gedanken der Einschränkung der Macht
der Herrschenden verbindet. Der dritte Aspekt besteht in der die Ausübung der
Staatsgewalt eingrenzenden Funktion der Verfassung, eine Begrenzung, die durch den
Grundsatz der Gewaltenteilung, d. h. durch die Aufteilung der von den handelnden
öffentlichen Gewalten ausgeübten Befugnisse auf unterschiedliche Träger,
gewährleistet wird. Bekanntermaßen fasst Artikel 16 der Erklärung der Menschen- und
Bürgerrechte von 1789 die beiden letztgenannten Charakteristika zusammen, wenn er
verkündet: »Eine Gesellschaft, in der die Verbürgung der Rechte nicht gesichert und
die Gewaltenteilung nicht festgelegt ist, hat keine Verfassung.« Das letzte
Wesensmerkmal einer modernen Verfassung ist schließlich, dass es sich bei ihr um ein
formal höchstes, allen anderen Rechtsvorschriften vorgehendes Gesetz handelt, das in
einem einzigen und besonderen Dokument niedergelegt ist. In der Tat ist die

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Verfassung mit wenigen Ausnahmen, wie beispielsweise Großbritannien oder Israel, ein
schriftlich festgehaltenes Gesetz, eine Art Verfassungsgesetzbuch. 5

Konstitutionalismus und Verfassung als Rechtsnorm:


der englische, amerikanische und französische
Konstitutionalismus
9 Im Zuge der Amerikanischen und der Französischen Revolution am Ende des
18. Jahrhunderts nimmt der Konstitutionalismus eine normative Auffassung von
Verfassung an. Es kommt zu einem Paradigmenwechsel in Bezug auf die Verfassung,
wie eine Gegenüberstellung des Konstitutionalismus nach Bolingbroke und des von den
amerikanischen und französischen Revolutionären (Thomas Paine und Sieyès)
vertretenen Konstitutionalismus veranschaulicht.

Auf Gewohnheitsrecht gegründete Verfassung und englischer


Konstitutionalismus

10 1733 schlägt Bolingbroke, bekannt als Vordenker einer ausgeglichenen


Gewaltenteilung, die folgende Begriffsbestimmung für die Verfassung vor: »Unter
Verfassung verstehen wir, wenn wir uns genau und angemessen ausdrücken, dieses
Gefüge von Gesetzen, Institutionen und Sitten, die aus bestimmten unveränderlichen
Grundsätzen der Vernunft folgen, auf bestimmte, unveränderliche Aspekte des
Gemeinwohls hinwirken und zusammen die allgemeine Herrschaftsform bilden, auf die
sich die Gemeinschaft zu seiner Regierung geeinigt hat«.6 Diese Betrachtungsweise, die
man als politische Auffassung von Verfassung bezeichnen könnte, verbindet die
klassische Sichtweise von Verfassung als Organisation von Herrschaft mit der
englischen und gewohnheitsrechtlichen Vorstellung des Verfassungsbegriffs. Das Erbe
des klassisch-antiken politischen Denkens besteht darin, die Verfassung als
Regierungsform, als politische Ordnung zu begreifen (die politeia / πολιτεία der
Griechen). In diesem Punkt will Bolingbroke an das von Cicero propagierte Ideal der
Mischform von Regierung7 anknüpfen, indem er das Gleichgewicht zwischen den die
englische Verfassung bildenden Organen als vorbildhaft rühmt. Hier treten die vier
Elemente der republikanischen constitutio erneut zum Vorschein: Autorität durch Alter,
Gleichgewicht durch Austarieren der politischen und gesellschaftlichen Kräfte, Aufgabe
und Pflicht, die Freiheit der Bürger zu schützen, und schließlich Dauerhaftigkeit und
Beständigkeit.8 Der zweite Ursprung dieser Auffassung von Verfassung liegt in der
englischen Verfassungspraxis. Die englische Regierungsform kennt zwar das
Gleichgewicht der Kräfte, agiert aber im Wesentlichen auf der Grundlage der Vernunft
und einer Reihe von in den Institutionen der englischen Nation verinnerlichten
Grundsätzen, die als »Verfassung« bezeichnet werden. Das Wesensmerkmal dieser
Verfassung ist, dass sie die Macht der Krone nicht durch ein geschriebenes Gesetz,
sondern durch Privilegien und Rechte einschränkt, die aus von den Gerichten
anerkannten Gewohnheiten entstanden sind. In dieser Art von Verfassung, die auf
Gewohnheitsrecht basiert, stellt der rechtliche Präzedenzfall das lebensnotwendige
Prinzip für die Staatsorgane und die Gesetzgebung dar. Es ist diese Tradition, auf die

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sich Burke bezog, als er die englischen Verfassungsgrundsätze gegen die Französische
Revolution verteidigte.

Amerikanischer Konstitutionalismus

11 Auf den Konstitutionalismus amerikanischer Prägung geht die geschriebene


Verfassung zurück. Als Gegenmodell zur englischen Gewohnheitsrechtsverfassung
steht der moderne Konstitutionalismus, der unter Verfassung eine schriftliche
Verfassung versteht. In diesem neuen Bedeutungsgehalt des Wortes kommt ein
fundamentaler Wandel zum Ausdruck: die »Verrechtlichung« der Verfassung durch die
Verschmelzung des Verfassungsbegriffs mit dem Begriff des »Grundgesetzes«. Diese
einschneidende Entwicklung nimmt ihren Ursprung in den Vereinigten Staaten. Der
Freiheitskämpfer Thomas Paine, erbitterter Gegner der Theorien Burkes, steht
exemplarisch für diese neue Strömung im staatsrechtlichen Denken, die in der
Verfassung einen rechtlichen Begriff sieht. Die Verfassung wird definiert als »Werk
[nicht] der Regierung, sondern des Volkes, das eine Regierung einsetzt«. Thomas Paine
führt weiter aus: »Eine Konstitution ist ein Etwas, das der Regierung vorherging; und die
Regierung ist nur das Geschöpf der Konstitution.«9 Aus der Tatsache, dass die
Verfassung der Regierung vorhergeht, ergibt sich, dass die einzig legitimen Gewalten in
einer verfassungsmäßigen Demokratie diejenigen Gewalten sind, die von der
Verfassung eingerichtet wurden (in Frankreich werden diese mit dem Begriff
»Verfassungsorgane« [pouvoirs publics] bezeichnet), und dass die Verfassung die
gegenüber allen anderen von den Regierenden erlassenen Rechtsakten vorrangige
Rechtsnorm darstellt. Sie ist ein »grundlegendes Gesetz«. Woher kommt diese
Verschmelzung von Verfassung und »Grundgesetz« und welche Tragweite hat sie?
12 Die Bedeutung des »Grundgesetz«-Begriffs liegt darin, dass er eine Abgrenzung der
unantastbaren Normen (»Verfassungsnormen« lato sensu), d. h. die der
Verfügungsgewalt des Souveräns entzogen sind, gegenüber den nicht unantastbaren
Vorschriften, die durch den Willen der Regierenden geändert werden können,
ermöglicht. Allerdings stand dieser Begriff nicht immer im Dienste der
Verfassungsidee. Ursprünglich verwendeten ihn die Rechtsgelehrten zu Zeiten der
französischen Monarchie in der Pluralform und in einem einschränkenden Sinne: die
Grundgesetze stellten das öffentliche Recht des Königreiches dar, von dem der
Monarch nicht abweichen durfte, da es den Staat gegen mögliche Verirrungen des
Mannes auf dem Thron schützen sollte. In diesem Sinne ist Bodins Wendung von der
Unveräußerlichkeit der Güter der Krone zu verstehen, und in demselben Sinne
verwendeten auch Jakob I. und Francis Bacon den Begriff, wenn sie damit die
»unveräußerlichen Vorrechte der Krone«, das Ius Regis, im Gegensatz zum gemeinen
Recht, dem common law, bezeichneten. Der Bedeutungsgehalt der Wendung
»Grundgesetze« erfuhr jedoch eine Umkehrung in einen freiheitlichen Sinn, als die
Verteidiger des englischen Parlaments – die von den französischen, hugenottischen
Autoren der Zeit der Religionskriege beförderte Verwendung des Begriffes aufgreifend
– mit diesem Begriff die Gesamtheit aller wesentlichen Rechte der Untertanen
bezeichneten, die der König nicht abschaffen dürfe. Seit dieser Zeit wird der Gedanke
der »Grundgesetze« geltend gemacht, wenn es um den Schutz der Freiheiten und
Vorrechte der »Bürger« oder der verschiedenen gesellschaftlichen Gruppierungen geht
(J. Gough).

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13 Der letzte qualitative Sprung erfolgte, als der Ausdruck »Grundgesetz« eine spezifisch
rechtliche Bedeutung im Sinne eines obersten Gesetzes annahm und mit der
Verfassungsidee verknüpft wurde. Dieses Ereignis geschah in Amerika im Zuge der
Unabhängigkeitsbewegung, die zur Amerikanischen Revolution führen sollte. In deren
Verlauf kam es zur Geburt der modernen Verfassung als oberster Rechtsnorm eines
Staates, d. h. als gegenüber allen anderen Normen vorrangiger Bestimmung, welche die
Ungültigkeit oder Nichtigerklärung von Vorschriften erwirken kann, die mit ihr
unvereinbar sind. Zwei Begebenheiten sind für diese Entwicklung ursächlich. Zum
ersten trat an die Stelle des Widerstandsrechts die Möglichkeit, gerichtlich gegen einen
verfassungswidrigen Akt vorzugehen, was zu einer Befriedung der politischen
Auseinandersetzungen durch das Recht führte. Während das englische
Verfassungsrecht sich als unfähig erwies, auf ein verfassungswidriges Gesetz zu
reagieren, und somit nur das Widerstandsrecht Abhilfe leisten konnte, schuf das
amerikanische Verfassungsrecht neue Lösungsmöglichkeiten für politische Konflikte,
nämlich mit friedlichen Mitteln und durch ausgestaltete Verfahren: insbesondere
durch die Möglichkeit einer gerichtlichen Prüfung der Verfassungsmäßigkeit von
Gesetzen, aber auch durch andere Verfahren wie beispielsweise die Bildung
vorübergehender verfassungsgebender Versammlungen (die berühmten
»Verfassungskonvente«) oder die Ausgestaltung, in den Verfassungstexten selbst, von
Verfahren zur Änderung der Bestimmungen der Verfassung. Das zweite bedeutende
Ereignis war die Entstehung einer schriftlichen, sich ausdrücklich von den einfachen
Gesetzen abhebenden Verfassung. Dadurch erhielt die Verfassung
Rechtsverbindlichkeit, entfaltete also eine Bindungswirkung gegenüber den
Regierenden. Diese begriffliche Umwälzung ermöglichte die feste Verankerung des
Schutzes der Menschenrechte durch die Schaffung eines entsprechenden Rechtwegs.
Die Verbindung der Verfassung mit der Möglichkeit einer Verfassungswidrigkeitsklage
als Abhilfe gegen den Missbrauch der Staatsgewalt vollzog der Oberste Richter John
Marshall im vom Obersten Gerichtshof der Vereinigten Staaten im Jahr 1803
entschiedenen Fall Marbury v. Madison. In diesem Urteil beschrieb er die moderne
Rechtsauffassung einer Verfassung:
»All diejenigen, die schriftliche Verfassungen ausgearbeitet haben, betrachten diese
als grundlegendes und oberstes Gesetz der Nation, daher muss für jede
Regierungsform, die auf einer solchen Verfassung beruht, gelten, dass Gesetze, die
gegen die Verfassung verstoßen, unrechtmäßig sind.«
Ein derart verstandener Verfassungsbegriff setzt freilich den Gedanken an
Rangunterschiede zwischen den Rechtsnormen voraus, was seit Kelsen als Stufenbau
der Rechtsordnung oder auch Normenhierarchie bezeichnet wird. Der niedrigere Rang
des einfachen Gesetzes gegenüber dem Verfassungsgesetz oder, in Bezug auf die
Staatsorgane, die Unterordnung des Parlaments gegenüber dem Verfassungsgeber, ist
»die große, von der Amerikanischen Revolution bewirkte Neuerung«.10

Französischer Konstitutionalismus
14 Die Französische Revolution scheiterte zwar in Bezug auf die praktische Anwendung
der Verfassungsnorm, gab Europa dafür allerdings die abstrakteste Vorstellung des
neuen Verfassungsparadigmas. Abstrakte Vorstellung deshalb, weil die Verfassung auf
philosophischen Grundsätzen beruht, die in der Erklärung der Menschen- und
Bürgerrechte auf erhabene Weise niedergelegt sind: sie soll die natürlichen Rechte des

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Menschen zum »positiven Recht erheben«. Diesbezüglich ist das Werk von Emmanuel
Sieyès umfassend, mehr noch vermutlich als dasjenige von Condorcet. Während die
Mitglieder des Parlaments in Kategorien überlieferter Rechte dachten, beschwört
Sieyès, im Geiste der Aufklärung und der Physiokraten, aus der Natur und der Vernunft
abgeleitete Rechte. Im vollen Vertrauen auf die neue »Verfassungswissenschaft« will er
die Entstehung einer schriftlichen Verfassung erreichen, welche die Vorgaben der
abstrakten Vernunft (als wahrhaftiges »Verfassungsgesetzbuch«) und die rechtlich
zum Schutz der Menschenrechte notwendigen Maßnahmen miteinander in Einklang
bringen soll.
15 In Was ist der Dritte Stand? gelingt es ihm, die scheinbar widersprüchlichen Ideen der
Souveränität der Nation auf der einen und der Verfassung auf der anderen Seite
zusammenzuführen. Durch den von ihm formulierten Gedanken der Souveränität und
der verfassungsgebenden Gewalt rechtfertigt er das Recht auf Widerstand gegen
Unterdrückung, das dem Volk zustehe, wenn die Regierung die wahrhaftige Verfassung
verletze. Damit markiert sein Werk sichtbar den Bruch mit dem klassischen politischen
Denken, den Ideen Bolingbrokes, nach dem die Nichteinhaltung der Verfassung die
Regierung disqualifiziert – sie ist dann eine schlechte Regierung –, aber keine konkreten
politischen Folgen nach sich zieht. Sieyès begnügt sich jedoch nicht damit, das Recht
zum Aufstand zu verteidigen, er entwickelt auch ein Modell für die Funktionsweise
einer Verfassung. Er führt das klassische Verständnis der Verfassung als Anordnung
oder Gliederung der Gewalten (politeia) und den modernen Begriff der Verfassung als
Grundnorm zusammen.
16 Auf der einen Seite gibt er die strukturbildende Eigenschaft der Verfassung durch das
organische Bild des »politischen Körpers« bzw. der »politischen Körperschaft« (corps
politique) wieder. So ist es ihm möglich, Assoziationen zu nutzen, die diese medizinisch-
biologische Metapher mit sich bringt. »Man kann unmöglich eine Körperschaft zu
einem bestimmten Zweck schaffen, ohne ihr eine Organisation, Formen und Gesetze zu
geben, durch die sie in der Lage ist, die ihr gestellten Aufgaben zu erfüllen. Man nennt
dies die Verfassung dieser Körperschaft.« 11 Auf der anderen Seite stellt er jedoch fest,
dass, wenn die Errichtung einer »Regierung« notwendig dafür sei, damit der Staat
bestehen und wie eine politische Gewalt handeln könne, so müsse sie gleichzeitig für
den Einzelnen nutzbringend sein und ihm mit Wohlwollen begegnen. Sieyès führt aus,
es liege im Interesse der Nation,
»dass die übertragene Staatsgewalt niemals für ihre Auftraggeber schädlich werden
darf. Daher die vielen politischen Vorsichtsmaßregeln, die man mit der Verfassung
verwoben hat, die gleichzeitig unabdingbare Vorschriften für die Regierung sind,
ohne die die Ausübung der Staatsgewalt ungesetzlich wäre.« 12
Dies ist die zweite freiheitliche Dimension der Verfassung, die nunmehr als
grundlegendes Gesetz betrachtet wird. Ebenso wie bei den amerikanischen
Verfassungsvätern wird sie als rechtliches Mittel zum Schutze der Souveränität des
Volkes gegen die Regierenden verstanden, da sie die Unterordnung der verfassten
Gewalten (Staatsorgane) unter die verfassungsgebende Gewalt (Nation) impliziert.
Sieyès gelingt es, die hergebrachte Idee der Verfassung als Regierungsform und den
modernen Gedanken einer obersten verfassungsmäßigen Rechtsnorm miteinander zu
vereinbaren.
17 Darüber hinaus hat er die entscheidende Bedeutung der Verfahren zur Sicherung der
Verfassungsnorm erfasst, wie seine Befürwortung der Einrichtung einer
Verfassungsgerichtsbarkeit (ausgeübt durch eine »Jury constitutionnaire«) belegt. Aber

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genau an diesem Punkt des Schutzes der Verfassung (Schutz der Menschenrechte) und
ihrer rechtlichen Wirksamkeit liegt eine erstaunliche Diskrepanz zwischen der
Verfassungsphilosophie einiger Revolutionäre und der Verfassungswirklichkeit
während der Französischen Revolution. Tatsächlich ist der Konstitutionalismus in jener
Zeit infiziert von der Form von Heiligkeit, die dem Gesetz als »Ausdruck des
allgemeinen Willens« (Art. 6 der Erklärung von 1789) vom »Legizentrismus« (S. Rials)
zugeschrieben wird, der dem Gesetz ein übersteigertes Vertrauen entgegenbringt,
wenn es um den Schutz der Grundrechte geht. In einer Zeit politischer Wirren und
Umwälzungen bleiben die von der Aufklärung geleiteten Bemühungen einiger
girondistischer Abgeordneter und Condorcets (der die Bürger zu Verfassungswächtern
erheben will), Mechanismen zum Schutz der Verfassung institutionell zu verankern,
erfolglos, sodass die Verfassung »eine Vorrichtung, die für machtpolitische Zwecke
verwendet wird, bleibt« und nicht »die Rechtsstellung eines obersten Gesetzes« hat, 13
die sie in den Vereinigten Staaten erlangen konnte.
18 Die Analyse der Amerikanischen und der Französischen Revolution zeigt, dass es ihnen
gelang, vormals unverbundene politische und rechtliche Auffassungen des
Verfassungsgedankens zusammenzuführen. Die Verfassung wird zum Rechtsbegriff,
indem sie zwischen gesetzlich und ungesetzlich unterscheidet, aber sie ist auch ein
politisches Konzept, das die Staatsgewalt strukturiert und begrenzt. Mit den Worten
Niklas Luhmanns: »Man denkt jetzt bei constitution an einen Rechtstext, der zugleich
die politische Konstitution eines Staates fixiert«.14 Auf diese Weise werden Recht und
Politik, Verfassung und Konstitutionalismus vereint. Allerdings wird noch zu sehen
sein, dass dieses Zusammentreffen von Konstitutionalismus und Verfassung auch
wieder in Frage gestellt worden ist.

Die Auflösung der Verbindung zwischen Verfassung


und Konstitutionalismus nach der Französischen
Revolution
19 Nach dem »Verfassungslabor«, das die Französische Revolution dargestellt hatte und
das sowohl von den Jakobinern als auch vom Bonapartismus maßgeblich mitgeprägt
wurde, musste sich der Konstitutionalismus in Europa einer doppelten
Herausforderung stellen: Verfassung und Souveränität des Volkes miteinander in
Einklang zu bringen und sich des Frontalangriffs Hegels zu erwehren, der gegen den
Konstitutionalismus der Revolutionszeit konterte. Beiden Herausforderungen ist
gemein, dass sie eine Entzweiung von Verfassung und Konstitutionalismus bewirken.

Benjamin Constant oder die Trennung zwischen Verfassung als


Rechtsnorm und Konstitutionalismus

20 Der Konstitutionalismus gewinnt mit der Herausbildung der Demokratie eine


zusätzliche Funktion: Kampf gegen die Tyrannei der Mehrheit. Das Problem der
Französischen Revolution war der potenzielle Gegensatz zwischen der Souveränität des
Volkes und der Freiheit des Volkes gewesen: Wie konnte verhindert werden, dass
diejenigen, die sich auf die Souveränität des Volkes beriefen, diese an sich rissen?
Dieses Problem, welches das Denken der amerikanischen Aufständischen (siehe die

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Federalist Papers) beherrscht hatte, wurde zwar von einigen scharfsichtigen


Protagonisten der Französischen Revolution erkannt, jedoch erst später von den
Anhängern liberaler Denkschulen in ein Konzept gegossen, als diese sich mit dem, aus
ihrer Sicht, »Scheitern« der Französischen Revolution auseinandersetzten. Unter
diesen Denkern, die den Konstitutionalismus in Europa erneuerten, ragt Benjamin
Constant besonders hervor. Er war der erste, der die Kluft zwischen der normativen
Vorstellung von Verfassung und dem politischen Konstitutionalismus erkannte.
21 Constant geht davon aus, dass in der Gegenwart seiner Zeit Freiheit im ungestörten
Genuss der privaten Autonomie besteht. Daraus folgt, dass einer der Zwecke einer
guten Verfassung darin liegen müsse, den Genuss dieser persönlichen Freiheit
sicherzustellen. Diese Garantie besteht in nichts anderem als dem Schutz gegen die
stets mögliche Willkür der Regierenden. Die Verfassung ist, so Constant, »ein Akt des
Misstrauens, da sie der Macht Grenzen aufzeigt«. Er sieht aber auch die Gefahr, die in
einer neutralen Verfassung liegen könnte: »Der modernen Freiheit droht die Gefahr,
dass wir, die wir im Genuss unserer persönlichen Unabhängigkeit und in der
Verfolgung unserer privaten Angelegenheiten aufgehen, allzu billig unser Recht auf
Anteil an der politischen Macht hergeben.«15 Infolgedessen bestehe der andere Zweck
einer Verfassung darin, die Teilhabe am politischen Leben zu gestalten, durch die
Anerkennung des Wahlrechts, der Pressefreiheit und der Versammlungsfreiheit. Aus
diesem doppelten Grundprinzip politikphilosophischer Natur ergeben sich mehrere
Schlussfolgerungen in Bezug auf den Verfassungsbegriff.
22 Die erste betrifft das Wesen der Verfassung: Sie wird als rein anerkennender und
deklaratorischer Akt verstanden und nicht als Gründungsakt, wie ihn die
positivistische Denkschule sieht. Sie proklamiert lediglich Rechte des Einzelnen, die
bereits vor der Gesellschaft bestanden, denn, so Constant, »der Mensch besitzt Rechte,
die unabhängig von jedem Zusammenschluss bestehen«.16 Die zweite dieser
Folgerungen lautet, dass der alleinige Inhalt der Verfassung das Bündel der
»Freiheitsgrundsätze« ist, d. h. die Gesamtheit von Verfassungsgrundsätzen. Zu diesen
Grundsätzen, die dem Schutz der Freiheit dienen, zählen sowohl die Pressefreiheit, die
Verantwortlichkeit der Minister und der diesen untergeordneten Beamten und eine
vielköpfige und unabhängige Volksvertretung17 als auch »die Gewähr, nicht willkürlich
in Haft genommen zu werden, nicht seinem natürlichen Richter entzogen zu werden,
keinen rückwirkenden Gesetzen unterworfen zu werden, sowie eine sehr geringe
Anzahl weiterer Grundsätze«.18 Die Aufzählung dieser Prinzipien ist nach Constants
Ansicht im Übrigen nicht abgeschlossen, sie kann im Zuge der gesellschaftlichen
Entwicklungen ergänzt werden, ganz im Sinne eines dynamischen
Verfassungsverständnisses. Daraus ergibt sich, dass die Verfassung, wie Constant sie
begreift, nicht mehr bloß als Verfassung im formalen Sinne verstanden wird, als
schriftlich niedergelegtes, besonderes Gesetz. Constant schlägt eine materiell-rechtliche
Definition der Verfassung vor, die man beispielsweise aus der Beschreibung von
Verfassungsverstößen herauslesen kann.19 Diese Vorstellung wird durch Constants
berühmten Ausdruck vollkommen zusammengefasst: »Die Verfassung ist die
Versicherung eines Volkes: daher ist alles verfassungsmäßig, was sich auf die Freiheit
bezieht, und ebenso kann daher nichts, was sich nicht auf die Freiheit bezieht,
verfassungsmäßig sein.«20 Mit anderen Worten, bestimmte Grundsätze werden selbst
dann Verfassungsgrundsätze sein, wenn sie nicht in einem förmlichen
Verfassungsgesetz festgeschrieben sind. Umgekehrt kann eine förmliche Verfassung

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(der Verfassungstext) Bestimmungen enthalten, die lediglich »regulatorischen« oder


»verwaltungstechnischen« Charakter haben und damit nicht im materiellen Sinne
Verfassungsnormen sind; es wäre ein Fehler, diese Bestimmungen »unterschiedslos als
heilig« zu betrachten.21 Eine solche Auslegung ist durchaus aktuell, denkt man an die
Rechtsprechung des Verfassungsrates (Conseil constitutionnel) und anderer Gerichte über
die wesentlichen, von den Gesetzen der Republik anerkannten Grundsätze –
Verfassungsgrundsätze, die aus formal einfachen Gesetzen abgeleitet wurden.
23 Schließlich besteht die letzte Schlussfolgerung darin, in der Verfassung auch eine Reihe
von Mechanismen zum Schutz dieser Grundsätze zu sehen. Constant betont die
Bedeutung von Verfahren und »Formen, diesen Hilfsgöttinnen menschlicher
Zusammenschlüsse«. Mit heutigen Worten ausgedrückt könnte man sagen, dass
Constant sich um die Wirksamkeit der freiheitlichen Verfassungsordnung Gedanken
macht, denn er hat die Lehren aus der Französischen Revolution gezogen, während
welcher, obgleich eine Verfassung die persönliche Freiheit verbürgte, »die Freiheit der
Person ohne Unterlass missachtet wurde«.22 Er sucht nach Wegen, wie derartige
Verbrechen oder Verstöße gegen die Verfassung verhindert werden können, und
schlägt daher eine Reihe von Maßnahmen und Einrichtungen zum besseren Schutz der
Verfassungsgrundsätze vor. Die bekannteste und interessanteste dieser Einrichtungen,
mit der Constants Name verbunden bleiben sollte, ist die berühmte »neutrale Gewalt«
(pouvoir neutre) oder auch »bewahrende Gewalt« (pouvoir préservateur). Diese
Schiedsinstanz ergibt sich für Constant folgerichtig aus den Erfordernissen, die sich aus
der Logik des Verfassungssystems ergeben. Im Gegensatz zur monarchischen
Regierungsform, in der es nur eine einzige Gewalt gibt und somit keine
Konfliktmöglichkeiten bestehen, ergibt sich aus der Koexistenz aktiver und gleicher
Gewalten in liberalen Verfassungsordnungen die Gefahr von politischen
Auseinandersetzungen. Zwischen den Gewalten kommt es unausweichlich zu einem
Ringen, denn »die Kämpfe der Freiheit kommen nie von selbst zur Ruhe, und wenn man
die Kombattanten nicht voneinander scheidet, stirbt am Ende die Freiheit selbst«. 23
Infolgedessen tut eine »neutrale« Gewalt not, die als dritte »Autorität« (nicht: Gewalt)
in der Lage ist, Konflikte zwischen den »aktiven Gewalten« (die gesetzgebende und die
ausführende Gewalt) zu schlichten und die Verfassung gegen jene zu verteidigen, die
sie bedrohen.
24 So setzt Benjamin Constant sein Vertrauen nicht mehr in ein »Verfassungsgesetzbuch«
oder ein »Verfassungsgesetz«, um das Hauptproblem des Konstitutionalismus zu
bewältigen. Sein Lösungsansatz liegt in der harmonischen Verbindung zwischen
Verfassungsgrundsätzen und deren Bewahrung durch eine außerordentliche Instanz.
Bedeutung erlangt sein Werk dadurch, dass es zeigt, wie ein liberaler Denker ein
Bewusstsein für die Entzweiung zwischen der Verfassung als Rechtsnorm und dem
Konstitutionalismus als Weg für die Begrenzung der Macht entwickelt.

Die Trennung von Verfassung und Konstitutionalismus nach Hegel

25 Im Gegensatz zu Constant lehnt der deutsche Philosoph nicht nur die Idee der
Verfassung als Rechtsnorm, sondern auch den Gedanken des Konstitutionalismus ab
und stützt seine Gedanken stattdessen auf einen »institutionellen« Verfassungsbegriff.
Beide Denker, die auch Zeitgenossen waren, teilten ähnliche Gedanken, gingen
allerdings von unterschiedlichen Fragestellungen aus. Im Zentrum von Constants
politischem Denken steht die Suche nach einem wirksamen Schutzmechanismus für die

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freiheitliche Verfassung; Hegel hingegen wählt als Ausgangspunkt seiner


verfassungsphilosophischen Betrachtungen den Zusammenbruch des vom modernen
Reich Napoleons besiegten Heiligen Römischen Reiches deutscher Nation. In seiner
Schrift Die Verfassung Deutschlands reflektiert Hegel über die Nachteile, die sich aus der
fehlenden Staatlichkeit Deutschlands ergeben, und sinniert, einem neuen Machiavelli
gleich, über Wege, Deutschland eine wirkliche Verfassung zu geben, d. h. ein solides
Staatswesen. Als Reaktion auf den nachkant’schen Idealismus und den rationalistischen
und überhistorischen Universalismus der Französischen Revolution will er die
konstitutionalistische Sichtweise überwinden, die seiner Ansicht nach den Staat auf
dem Altar der individuellen Freiheit opfere. Aus diesem Grund stellt er zwei zentrale
Ideen des Konstitutionalismus in Frage, die Idee des rule of law und die in den Theorien
des Gesellschaftsvertrags enthaltene Idee des Individualismus. Er grenzt sich von der
herrschenden konstitutionalistischen Sichtweise ab und stellt der Konstitution im Sinne
der französischen Revolutionsverfassungen (normatives Verständnis des
Verfassungsbegriffes) den Begriff der Verfassung im Sinne einer »Organisation des
Staates« (politische oder »institutionelle« Verfassung) entgegen.
26 Hegel will die politische Philosophie der Antike (zumindest von Aristoteles) erneuern,
von der er den Kerngedanken übernimmt, das Gemeinwesen (die Polis) sei erstrangig
und gehe seinen Mitgliedern (den Bürgern) vor. Dieser Standpunkt führt dazu, dass
Hegels Verständnis des Verfassungsgedankens durch sein Staatsverständnis bestimmt
wird. Mit den Worten Bobbios: »Der Staat als organisches Gebilde ist etwas
Strukturiertes und das Prinzip der Verfassung liegt gerade in der Organisation des
Staates«.24 Als Verfassung des Staates ist die politische Verfassung zwangsläufig eine
Verfassung des Volkes, da der Staat dieses überpersönliche Gebilde ist, das aus dem Volk
ein organisches Ganzes formt. Bei Hegel entspricht die Verfassung dem tatsächlichen
Aufbau des politischen Gebildes und nicht seiner normativen Struktur. 25 Sie
materialisiert das abstrakte Gebilde, den Staat. Hegel will damit ausdrücken, dass die
Verfassung die Struktur oder die Gesamtheit ausdifferenzierter Strukturen darstellt,
die ein Volk auf die Ebene der Staatswerdung hebt, eine sittlich höherwertige Einheit.
Anders ausgedrückt ist für Hegel die (politische) Verfassung die »Form« oder auch das
Prinzip der Einheit des Staates.
27 Als Verfassung des Staates vereinigt sie beide Ausprägungen der Souveränität des
Staates, die innere und die äußere. In ihrer nach innen gerichteten Gestalt ist die
politische Verfassung die »Organisation des Staates und der Prozeß seines organischen
Lebens in Beziehung auf sich selbst«26 und erschöpft sich nicht darin, eine Summe von
Begrenzungen der Handlungen des Staates oder »Hindernis« für dieses Handeln oder
ein Akt des Misstrauens gegenüber den Regierenden zu sein. 27 Für Hegel gilt, »bei einer
Verfassung kommt es [darauf] an […] daß die besonderen Gewalten sich unterscheiden
[…] aber ebenso in ihrer Freiheit zu einem Zweck zusammenarbeiten und von ihm
gehalten werden, d. i. ein organisches Ganzes bilden.« 28 Damit sind die beiden der
inneren Verfassung des Volkes eigenen Erfordernisse genannt, nämlich dessen
Gliederung und Integrierung. Die Verfassung spiegelt die Gliederung der verschiedenen
gesellschaftlichen Gruppen wider – sowohl die Unterscheidung zwischen Herrschenden
und Beherrschten als auch die Aufteilung der verschiedenen Gewalten zwischen den
verschiedenen gesellschaftlichen Gruppen. Die Verfassung legt die gesellschaftliche
Spaltung offen, ist gleichzeitig aber auch das Vehikel, diese Gruppen
zusammenzuführen. Sie vereint zwangsläufig voneinander getrennte Gruppen, deren

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Spaltung, bestünde sie fort, die Einheit des Staates unterhöhlen könnte. Weit davon
entfernt, ein Instrument zur Sicherung der individuellen Freiheit zu sein, drückt die
Verfassung den Grundsatz der Einheit des sozialen Gebildes aus, oder auch das Mittel,
mit dem die bürgerliche Gesellschaft (dieser »äußere Staat«) über sich hinauswächst
und eine höhere Ebene des Staatswesens erreicht.
28 Die Verfassung besitzt freilich auch eine internationale (nach außen gerichtete)
Dimension: Sie ist das Instrument, mittels dessen der Staat als »individuelles Subjekt«
seine Wesensart bei seinem Aufeinandertreffen mit anderen, d. h. in seinen
Beziehungen mit den auswärtigen Mächten, den anderen Staaten, manifestiert. Er ist
»eine Individualität ausschließendes Eins, welches sich damit zu anderen verhält, seine
Unterscheidung also nach außen kehrt«.29 Die Verfassung ist Ausdruck der
Differenzierung, die bei der Herausbildung der Individualität des Staates im Konzert
heterogener politischer Einheiten, der Gesellschaft der Völker, am Werke ist. Wegen
der unvermeidlichen Streitigkeiten mit anderen Staaten ist es daher von Bedeutung,
dass das Volk seine Verbundenheit mit der Verfassung zum Ausdruck bringt. Daraus
ergibt sich für den Einzelnen »die Pflicht […], diese substantielle Individualität, die
Unabhängigkeit und Souveränität des Staats zu erhalten«.30 Dieses wesensbestimmende
Band mit der Gemeinschaft der Bürger (dem Volk) erklärt Hegels institutionelles
Verständnis von Verfassung: Die Verfassung ist eine sittlich-politische Kategorie (wie
der Staat) und gleichzeitig beschreibt sie eine sowohl historische als auch lebendige
Wirklichkeit, die im Geist des Volkes begründet liegt. »Es ist noch späterhin zu zeigen,
daß die Verfassung eines Volkes mit seiner Religion, mit seiner Kunst und Philosophie
oder wenigstens mit seinen Vorstellungen und Gedanken, seiner Bildung überhaupt […]
eine Substanz, einen Geist ausmache.«31
29 Daraus ergeben sich bedeutende Veränderungen gegenüber dem
Verfassungsverständnis der Revolutionszeit (dem Konstitutionalismus). Zunächst führt
die Betonung des Geistes des Volkes als Schlüsselelement für das Vorhandensein einer
Verfassung Hegel dazu, die Existenz einer verfassungsgebenden Gewalt zu leugnen. 32
Des Weiteren führt diese Vorstellung dazu, in der Verfassung eher eine Beschreibung
dessen zu sehen, was existiert, und nicht eine Anordnung dessen, was existieren soll.
Sie spiegelt die tatsächlichen Empfindungen eines Volkes wider und nicht eine
Bestimmung dessen, was es empfinden sollte. Mit anderen Worten, wird sie als das
einem Volk je eigene betrachtet, dessen »Geist« in ihr zum Ausdruck kommen soll.
Indem er postuliert, »Jedes Volk hat […] die Verfassung, die ihm angemessen ist und für
dasselbe gehört«,33 folgt Hegel dem Vorbild von Aristoteles und Montesquieu. Die
Verfassung ist also weniger eine Norm (oder eine Gesamtheit von Normen) zur
Begrenzung der Macht der Regierenden als Ausdruck der Eintracht zwischen dem Staat
und den Mitgliedern der politischen Gemeinschaft. So hängt denn auch die
Wirksamkeit einer Verfassung nicht so sehr davon ab, dass die (Rechts-)Normen der
Verfassung vom Staat zum verbindlichen Gesetz erhoben werden, sondern vielmehr
von der Anerkennung durch das Volk. Eine Verfassung ist wirklich, weil sie dem Geiste
des Volkes entspricht.

Das Erbe Hegels

30 Wie bekannt, wurde das Hegelsche Verfassungsverständnis, in dessen Zentrum die


politische Realität, und nicht Rechtsnormen, steht, in Deutschland von linken wie
rechten Hegelianern aufgegriffen und fortgeführt. Im linken Spektrum (Marx und die

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Marxisten) hat Ferdinand Lassalle in einem berühmt gewordenen Vortrag die Frage
nach dem »Verfassungswesen« aufgeworfen. Dieses Wesen wird von ihm als eine Kraft
definiert, die den übrigen Gesetzen den Geist der Nation einhauche, gleichzeitig aber
auch als unbestreitbares Prinzip gesehen, dessen Existenz aus Notwendigkeit und nicht
aus Zufälligkeit entstanden sei. Diese Notwendigkeit einer Verfassung wird nunmehr mit
marxistischen Begriffen umschrieben: sie ist der Ausdruck »der tatsächlichen
Machtverhältnisse, die in einer gegebenen Gesellschaft bestehen«, mit anderen Worten
innerhalb der Nation. Aus dieser den engen Einklang zwischen politischem Sein und
Sollen bezeugenden Notwendigkeit folgt eine Relativierung des Verfassungstextes,
somit auch der Verfassungsnorm, die lediglich als bloße schriftliche Niederschrift der
streitbeladenen politischen Wirklichkeit angesehen wird. Somit ist der Übergang von
einer politischen Verfassung zu einer »rechtlichen Verfassung« nichts weiter als das
Niederschreiben der »tatsächlichen Machtverhältnisse […] auf ein Blatt Papier«. Die
Niederschrift der Verfassung zementiert diese Machtverhältnisse, die damit zu »Recht
[…] zu rechtlichen Einrichtungen« werden; »und wer dagegen angeht, wird bestraft«. 34
Doch bleibt das geschriebene Verfassungsrecht dem ehernen Gesetz der politischen
Notwendigkeiten unterworfen, die jederzeit zu einer Änderung der rechtlichen
Verfassung führen können. Das marxistische Verfassungsverständnis, wie jedes
institutionelle Rechtsverständnis, bezieht sich auf die Entwicklungen der Gesellschaft
und konzentriert sich mehr auf die politische Wirklichkeit als auf die Normen des
Rechts. Der marxistische Ansatz radikalisiert die Hegelsche Sicht und sieht die
Verfassungsnorm ausschließlich von den wirtschaftlichen und sozialen Verhältnissen
abhängig.
31 Im Gegensatz dazu radikalisieren die Rechtshegelianer die Hegelsche Dialektik in eine
autoritäre Richtung. Indem sie die Verfassung nach Rudolf Smend als das
allumfassende Gesetz für das politische Leben in einem Staat definieren, geben sie der
politischen Ordnung (derjenigen des Staates) gegenüber dem Konstitutionalismus den
Vorzug. Dieses institutionelle Verfassungsverständnis bestreitet entschieden die
Stichhaltigkeit, bezogen auf die Verfassung, der vom Rechtspositivismus
vorgenommenen Unterscheidung zwischen dem politischen Sein, das für die Politik
erkennbar ist, und dem in der Verfassung als Norm formulierten Sollen. Dieses
Verständnis geht von der Prämisse aus, die politische Realität sei integraler Bestandteil
des Verfassungsgedankens. Carl Schmitt, Musterbeispiel dieser Denkrichtung, definiert
die Verfassung als Ergebnis einer »politischen Entscheidung«. Diese Entscheidung –
einer verfassungsgebenden Gewalt – hat den Zweck, »Form und Art der politischen
Einheit« des Volkes zu begründen.35 Kurz gesagt: Die Verfassung gründet den Staat. Wie
zuvor bei Aristoteles, Montesquieu oder Hegel, kann diese Selbstbestimmung in
Verfassungsfragen in einer Form der Staatsorganisation münden, die die Eigenheiten
des Geistes oder der Geschichte eines Volkes widerspiegelt, ohne zwangsläufig eine
liberale Verfassung zu sein.
32 Im Gegensatz zu Hegel, der bei seinem Versuch, den Individualismus dialektisch zu
überwinden, stets bemüht war, liberale Denkansätze zu bewahren, radikalisiert Schmitt
das Hegelsche Denken in eine autoritäre und gegenrevolutionäre Richtung. Die
Herrschaft des Staates über den Einzelnen erfolgt weder mittelbar durch
zwischengeschaltete Gewalten noch in einer durch eine echte Gewaltenteilung
gemilderten Form, und darüber hinaus wird die bürgerliche Gesellschaft mit Anarchie
gleichgesetzt. Des Weiteren verleugnet diese dezisionistische Vorstellung von

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Verfassung, welche die Höhepunkte des kollektiven Seins der Gruppe in den
Vordergrund stellt – den Krieg oder die Kriegsgefahr –, vollständig den
Konstitutionalismus, indem sie systematisch der Staatsräson gegenüber der
Rechtsnorm den Vorrang gibt. Dort, wo Locke als wahrer Liberaler das »Prärogativ«
einhegen und begrenzen, es »konstitutionalisieren« will, strebt Schmitt danach, dieses
Vorrecht von jeder Begrenzung zu befreien, damit die reine Entscheidungsgewalt eines
allmächtigen Herrschers sich ohne Beschränkungen in den Freiräumen des
Verfassungsgeflechts entfalten kann.

Verfassungslehre und Verfassungspraxis oder die


Entfremdung von Verfassung und Konstitutionalismus
Die Trennung in der Verfassungspraxis

33 Die Verfassung als Rechtsnorm scheint machtlos in Bezug auf zwei neuartige und
zentrale Erscheinungen: das Vordringen der plebiszitären Demokratie und die
Entstehung des Sozialstaats.
34 In Europa wirft die Revolution von 1848 das Problem der tatsächlichen Souveränität des
Volkes auf und deckt die Gefahr des demokratischen Cäsarismus auf, die in der
Ausübung des allgemeinen Wahlrechts durch das Volk angelegt ist. So erscheint das
Verhältnis von Konstitutionalismus und tatsächlicher Souveränität des Volkes als
konfliktbeladen. Die vom Konstitutionalismus erdachten Verfassungsmechanismen
sollten die Idee umsetzen, nach der die Verfassung dazu diene, den Einzelnen (als
Angehörigen der Nation) gegen die Gewalten des Staates zu schützen. Durch die
Demokratie und die mit ihr einhergehende Einrichtung des allgemeinen Wahlrechts
entsteht eine neue potenzielle Gefahr für die Freiheiten des Individuums: die
plebiszitäre Gefahr. Diese Gefahr ist politischer und rechtlicher Art. Sie erscheint
zunächst im Primat des Volkswillens, der sich im Hinblick auf die Verfassung immer
wieder ändern kann, und besteht darin, dass die »allgemeine Wahl schwerer wiegt, als
die Verfassung«, d. h. dass der Wille der gewählten Mehrheit sich über die Verfassung
erheben könnte. Der mögliche Widerstreit zwischen Konstitutionalismus und
Volkssouveränität kann vorrangig bezüglich der Frage ausbrechen, ob das Volk (dessen
Mehrheit) an die geltende Verfassung gebunden ist oder ob es diese nach seinem
Gutdünken aufheben oder ändern kann. Letztlich besteht die Kernfrage darin zu
bestimmen, ob das Volk in verfassungsmäßiger Weise eine liberale oder auch eine
autoritäre Verfassung verabschieden kann. Wenn das letztgenannte Verständnis gelten
sollte, würde die Logik der Souveränität, verstanden im formalen Sinne einer
Entscheidung der Mehrheit, die liberale Logik (des Konstitutionalismus) zerstören.
Nach der Sichtweise des Konstitutionalismus sind im Moment der Gründung einer
konstitutionellen Demokratie der Gestaltungsfreiheit der verfassungsgebenden Gewalt
des Volkes Grenzen gesetzt.
35 Der Konflikt zwischen dem Willen des Volkes und den Bestimmungen der Verfassung
geht jedoch über die nur gelegentlich erfolgende Ausübung der verfassungsgebenden
Gewalt hinaus und ist vor allem alltagspolitischer Natur. In einer Demokratie besteht
einer der wesentlichen Grundsätze des Konstitutionalismus im Pluralismus der
parteipolitischen Landschaft. Was ist daher zu tun, damit die Regierung des Staates
durch die politische Mehrheit – ob nun in einer parlamentarischen oder einer

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präsidialen Demokratie – nicht zu einer Denaturierung der Verfassung und zu einer


Abschaffung dieses konstituierenden Prinzips, des Pluralismus, führt? Diesbezüglich
fordert die politische Philosophie im Namen der »Gerechtigkeit der Verfassung«, dass
eine faire Beteiligung der politischen Parteien oder auch eine »Form des fairen
Konkurrenzkampfes um politische Macht und Ämter«36 vorgesehen sein muss. Mit
anderen Worten: der Grundsatz der politischen Teilhabe und der Grundsatz der
politischen Repräsentation (sowie des Prinzips einer Volksvertretung) gehören zu den
elementaren Grundsätzen des politischen Konstitutionalismus.
36 Um die Idee der Verfassung als Rechtsnorm fortzuschreiben und ihre Bedeutung im
konstitutionalistischen Sinne zu bewahren, wurde das Verfassungsarsenal erweitert,
sodass eine Verfassung nunmehr auch Bestimmungen zum Schutz der Minderheit
gegen mögliche Übergriffe durch die Mehrheit (d. h. der Parteien der Minderheit
gegenüber den Parteien der Mehrheit) enthält und rechtliche Vorrichtungen
vorgesehen sind, die die Einhaltung dieser Bestimmungen sicherstellen sollen. Unter
diesen Schutzmechanismen ist der typischste die gerichtliche Normenkontrolle, also
die Überprüfung der Verfassungsmäßigkeit von Gesetzen, die aufgrund eines
pluralistischen Demokratieverständnisses (H. Kelsen) dem Gedanken folgt, dass die
Verfassung (Grundprinzipien des Konstitutionalismus) gegenüber dem Willen der
politischen Mehrheit überwiegt. Von diesem Standpunkt aus betrachtet, ist die
Möglichkeit, eine solche gerichtliche Normenkontrolle auszulösen, eine der rechtlichen
»Waffen« zum Schutz der Parteien der politischen Minderheit vor der Gefahr einer
möglichen Unterdrückung durch die Partei(en) der politischen Mehrheit. Richtig ist
allerdings auch, dass der ausschließlich gerichtliche Schutz der Verfassung an Grenzen
stößt, die im Wesen der Handlungsmöglichkeiten der Gerichte begründet sind, wie z. B.
dass diese Möglichkeiten, so in Fällen, in denen Dringlichkeit herrscht, weniger
wirkungsvoll sind als diejenigen, die der Politik zur Verfügung stehen.
37 Zusätzlich zur plebiszitären Gefahr tritt in einer Demokratie das drohende Unheil einer
Tyrannei der Mehrheit im soziologischen Sinne Tocquevilles. Darunter wird die
Bedrohung durch die Macht der Gesellschaft verstanden, die »Macht der öffentlichen
Meinung«, die in einer Demokratie eine ebenso gewichtige Rolle einnimmt wie die
traditionellen Inhaber der Macht (die öffentlichen Gewalten). Tocqueville sah vor allem
die Gefahr eines sozialen Konformitätsdrucks, der weniger sichtbar und damit für den
Konstitutionalismus schwerer zu erfassen sei. Heutzutage stellt sich die Frage, ob die
wahre Gefahr nicht in einem Abgleiten der Macht der öffentlichen Meinung in eine
Tyrannei der öffentlichen Meinung liegt. Die öffentliche Meinung im liberalen Sinne,
im Zuge des Kampfes für eine Regierung »durch den Wettstreit der Ideen« geboren,
droht in der Gegenwart durch neue Ausdrucksmöglichkeiten von Meinungen
pervertiert zu werden. Die Pressefreiheit war die Verkörperung dieses Gedankens einer
Regierung »durch den Wettstreit der Ideen« und war gemeinsam mit dem Grundsatz
der Repräsentation des Volkes Teil des Markenkerns des Konstitutionalismus. Doch mit
der Entstehung und gegenwärtigen Dominanz der neuen Medien scheint diese
Regierungsform in Gefahr, treten Gefühle und Leidenschaften an die Stelle der
Vernunft. Nach mancher Ansicht reiche die Macht der Medien sogar bis zu einer
Denaturierung der öffentlichen Meinung und begünstige die plebiszitärsten Formen
der Demokratie. Die Bedeutung dieser Tatsache – die Verschiebung der Macht von der
Meinung zu den Medien – sei umso gravierender, da sie zu einer weiteren
Verschiebung innerhalb der Demokratie hinzutrete, nämlich derjenigen zugunsten der
Exekutive. Unter der Last der Anforderungen an den modernen Staat, den

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»vorantreibenden Staat«, führt die Wandlung der parlamentarischen Demokratie hin


zu einer exekutiven Demokratie gleichzeitig zu einer »Personalisierung der Macht«.
Diese Wandlung der Umstände, in denen der öffentliche Diskurs geführt wird, führt
tendenziell dazu, dass bestimmte Ausprägungen des Parlamentarismus und bestimmte
klassische Strategien des Konstitutionalismus obsolet werden.
38 An eine weitere Grenze stößt der Konstitutionalismus durch die Entstehung des
Sozialstaats, der dessen Fundament und Wirksamkeit erheblich erschüttert hat. Aus
Sicht der gesellschaftspolitischen Geschichte markiert die liberale Verfassung die
Geburtsstunde der Abgrenzung von Staat und Bürgergesellschaft (nicht im Hegelschen
Sinne verstanden). Wenn sich dieser Verfassungstyp darauf beschränkt, die
Staatsgewalt einzuhegen, so geschieht dies aus einem individualistisch-freiheitlichen
Staatsverständnis heraus, wonach die Gesellschaft sich selbst regeln soll. Die
Verfassung ist eines der Instrumente des liberalen Staates, die die Eigeninitiative der
Bürger und eine klare Abgrenzung von öffentlichem Raum und privatem Lebensbereich
ermöglichen. Nun wurden allerdings die außerhalb der Verfassung selbst liegenden
Voraussetzungen durch die gesellschaftlichen Umwälzungen und die industrielle
Revolution tiefgreifend verändert. Wie bereits von Hegel und Marx dargelegt, bedrohen
die »ökonomischen Kräfte« viel stärker als die politische Macht die Freiheit und die
Würde des Menschen, während die Logik der Ungleichheit, die der Freiheit im Sinne
der Liberalen innewohnt, das Gleichgewicht zwischen Gleichheit und Freiheit sprengt.
Mitte des 19. Jahrhunderts verändert die »soziale Frage« das Wesen des Staates, der
nun nicht mehr bloß der Garant der persönlichen Freiheiten ist, sondern auch zum
Sozialstaat mutiert, der den Benachteiligten der kapitalistischen und industrialisierten
Gesellschaft Leistungen erbringt. Auf die Menschenrechte folgen die sozialen Rechte,
die Ansprüche anderer Art formulieren, da sie vom Staat keine Unterlassung, sondern
eine aktive Handlung einfordern.
39 Die Folgen dieser hier nur in ihren groben Zügen dargestellten fundamentalen
gesellschaftlichen Entwicklung sind zweierlei Art. Zunächst ergibt sich eine Einbuße
der Wirk- und Ordnungskraft der »liberalen« Verfassung – der Verfassung im Sinne des
Konstitutionalismus –, da diese ihrem Wesen und ihren »Mitteln« nach hauptsächlich
darauf ausgerichtet war, die politische Macht zu zügeln, und nicht, die wirtschaftliche
und finanzielle Macht einzudämmen. In dem Maße jedoch, in dem diese Macht stärker
wird, versagt die »klassische« Verfassung durch eine allzu große Ausblendung der
Realität, denn sie erfasst mehr die vermeintliche Macht (die Rechtsordnung) und
weniger die tatsächliche (alle Mächte in ihrer Gesamtheit). Darüber hinaus führt der
wirtschaftliche Interventionismus dazu, früher im Wesentlichen als unzulässig oder
nur stark eingeschränkt als möglich erachtete Eingriffe des Staates in den privaten
Bereich nunmehr als fast gewöhnliche Begebenheit anzusehen, die keiner besonderen
rechtlichen Garantien bedarf. Schließlich verliert die Verfassung durch diese
»materielle« Ausdehnung der Aufgaben des Staates auch einen großen Teil ihrer
regulierenden Funktion, da die Funktionsweise des Sozialstaats weniger auf dem
Verfassungsrecht als auf dem Verwaltungsrecht beruht.37 Trotz der Bemühungen der
Rechtslehre wie der Rechtsprechung, dieses Eindringen des Staates in eine
Rechtssphäre, die früher als unantastbar galt, einzudämmen, ist dem Wesen der
neuartigen Eingriffsformen durch den Sozialstaat inhärent, dass sie den
Gestaltungsmöglichkeiten durch das Recht und die Verfassung Grenzen setzen. So sind
beispielsweise die Handlungen des »Wohlfahrtsstaates« schwieriger rechtlich
einzugrenzen als diejenigen des »Nachwächterstaates«. Dieser handelt in seiner

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Funktion als Bewahrer der Rechte seiner Bürger »retrospektiv und punktuell«, und
seine Handlungen können von der Rechtsnorm mühelos erfasst werden, durch eine
klassische Subsumtion des Einzelfalles unter die allgemeine Norm. Jener hingegen
handelt in seiner Funktion als Erbringer einer sozialen Leistung »prospektiv und
flächendeckend«,38 und diese Art der Handlungen, die vor allem auf ein zu erreichendes
Ziel ausgerichtet sind, ist der rechtlichen Subsumtionslogik teilweise entzogen.
40 Durch das Auftreten der sozialen Frage auf der politischen Bühne ergibt sich als zweite
Folge eine Veränderung der Substanz moderner Verfassungen. Diese umfassen
nunmehr auch neuartige soziale Rechte und Grundsätze, die »unserer Zeit besonders
nötig« sind (Präambel der französischen Verfassung von 1946). Im Gegensatz zur
liberalen Verfassung, deren Bestimmungen rein organisatorische Fragen regeln und
»Abwehrrechte« formulieren (zum Schutz der Grundrechte soll der Staat bestimmte
Handlungen unterlassen), besteht die sozialstaatliche Verfassung aus Bestimmungen,
die »materielle Fragen und Fragen bezüglich einer Leistung« regeln sollen. Seit dieser
Zeit taucht der Begriff der »programmatischen Verfassung« auf, um diese eine
Richtung vorgebende oder auch »ideologische« Form der modernen Verfassung zu
beschreiben. Jedoch stößt diese bedeutende Wandlung des Inhalts und der Funktion
einer Verfassung auf rechtliche Hürden. Unter anderem führen die inhaltlichen
Veränderungen der Verfassungen dazu, die Wirkungskraft des Verfassungstextes zu
schmälern, der nunmehr gespickt ist mit Vorschriften, die den Anschein erwecken,
Rechtsnormen zu sein, allerdings nur einen schwachen normativen Gehalt aufweisen.
Im Ergebnis dieser Entwicklung verliert die Verfassung ihren Anspruch, die politischen
Handlungen der Staatsgewalt umfassend zu regeln: sie büßt an Wirkungskraft und
Erhabenheit ein. So mindert die Entstehung des Sozialstaates die Macht des
Konstitutionalismus, indem sie die Verfassung um eine »nicht-konstitutionalistische«
Aufgabe erweitert.

Die antikonstitutionalistische Sichtweise des


Verfassungspositivismus

41 Die (Verfassungs-)Rechtslehre hat die durch die demokratische und die soziale
Revolution entstandene neue politische und soziale Wirklichkeit nicht
unberücksichtigt gelassen. Sie hat daraus allerdings den verhängnisvollen Schluss
gezogen, sich auf eine rein rechtliche Erfassung des Verfassungsbegriffs
zurückzuziehen, womit sie Verfassung und Konstitutionalismus voneinander getrennt
hat. Die herrschende Lehre setzt Verfassung mit dem Verfassungstext gleich und
definiert die Verfassung somit als eine »Rechtsnorm«, die die Beziehungen zwischen
den öffentlichen Gewalten sowie zwischen der öffentlichen Gewalt und dem Einzelnen
regeln soll. Es liegt im Wesen eines solchen positivistischen Verfassungsverständnisses,
dass es den Bereich des Rechts und den Bereich der Politik radikal voneinander
scheidet. Auf der einen Seite stehen die Gesetze des Rechts, auf der anderen die Gesetze
der Politik.
42 Im Ergebnis wird damit der Gedanke des Konstitutionalismus auf dem Altar des Rechts,
bzw. der »Rechtsnorm«, geopfert. Besonders deutlich geschieht dies bei Hans Kelsen,
der die Theorie des Rechts und der Verfassung am konsequentesten ausformuliert hat.
In der Absicht, die Selbständigkeit der Rechtswissenschaft zu begründen, treibt er das
positivistische Verständnis der Verfassung als »Gesetz« oder »Rechtsnorm« auf die

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Spitze. Kelsen unterscheidet zwischen der rein formalen Verfassung, einer feierlichen
Urkunde bestehend aus Rechtsvorschriften, die durch ein dafür vorgesehenes
besonderes Verfahren geändert werden können, und der materiellen Verfassung, die
Bestimmungen für die Schaffung allgemeiner rechtlicher Vorschriften enthält. Nur im
Rahmen dieses materiellen Verfassungsverständnisses sieht Kelsen, beinahe
widerwillig, die Möglichkeit (nicht die Notwendigkeit), einen Katalog mit Bürger- oder
Menschenrechten oder auch die Gewaltenteilung vorzusehen. Keine der beiden
Definitionen berücksichtigt dabei die politische Funktion einer Verfassung, und beide
sind Ausdruck eines formalen Verfassungsverständnisses, nach dem die Verfassung
eine Rechtsnorm darstellt, deren Geltung auf einer hypothetisch-deduktiv
feststellbaren Grundnorm beruht. Diese Grundnorm, die vom Betrachter der
Rechtsordnung als transzendentallogische Voraussetzung gesehen wird, kann jedoch
das »Gutdünken des Herrschers« als Gehalt haben und so den Regierenden eine
Blankovollmacht ausstellen.
43 Eine solche positivistische Sichtweise steht damit dem Konstitutionalismus diametral
entgegen, denn sie führt dazu, jede in einem Verfassungsgesetz festgehaltene und mit
einem höheren rechtlichen »Rang« als die übrigen Gesetze versehene Rechtsform des
Staates als Verfassung anzusehen. Dementsprechend kann jeder Staatschef eines
autoritären Staates Bestimmungen zu Verfassungsbestimmungen erklären lassen, die
beispielsweise ein rein irreführendes Glaubensbekenntnis verkünden oder offen
autoritären (und damit weniger heuchlerischen) Charakter haben, z. B. wenn sie einer
einzigen Partei das Monopol politischer Tätigkeit zusprechen (Art. 6 der Verfassung
der UdSSR von 1977). Der Inhalt einer Verfassung ist damit im wahrsten Sinne des
Wortes gleichgültig geworden. Pseudo-Verfassungen (»autoritäre« Verfassungen)
können nicht mehr von liberalen Verfassungen unterschieden werden. Infolgedessen
ist die Verfassung vom Konstitutionalismus abgekoppelt: Ursprünglich erdacht als Weg
zur Eindämmung staatlicher Willkür, ist sie zum Ausdruck eben dieser Willkür
geworden (oder besser gesagt, kann sie dies jederzeit werden). Somit drückt das
formale Verständnis von Verfassung ein Abdriften des Verfassungsbegriffes aus, wie
der von Sartori und auch von anderen aufgestellte und eingangs erwähnte Befund
aufzeigt. Der Rechtspositivismus schweigt bezüglich der Frage des Telos der Verfassung,
er opfert diese politische Frage der methodologischen Reinheit (Unterscheidung
zwischen Tatsachenurteilen und Werturteilen) und vor allem der Abgeschlossenheit
des Rechtssystems in sich selbst. Damit lässt der Rechtspositivismus die dem
Konstitutionalismus zugrundeliegende Hauptfrage unbeantwortet: »Was ist die
politische Funktion einer Verfassung?«39
44 Wie es scheint, muss sich der Gedanke des Konstitutionalismus heutzutage einer
zweifachen Herausforderung stellen, einer intellektuellen und einer praktischen.
Zunächst die rechtstheoretische Herausforderung: die moderne Verfassungs- und
Politikwissenschaft muss sich stets der Schwierigkeit stellen, ein normatives
Verständnis des Verfassungsbegriffes hinzunehmen. Um jedoch die Möglichkeit
normativer Vorstellungen überhaupt denken zu können, muss vorher die objektive
Komponente, die einer Verfassung inhärent ist, herausgearbeitet werden, ohne dabei in
eine rein ethische oder axiologische (Naturrecht) Definition zu verfallen, die in andere
Wissensbereiche fällt. Wie alle bedeutenden verfassungspolitischen Schriften zeigen,
ist nur eine Analyse der Politikgeschichte und des politischen Lebens in der Lage, diese
objektive Komponente herauszuarbeiten, die es ermöglicht, einerseits dem
»Verfassungsnihilismus« der positivistischen Sichtweise und andererseits einer Art

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»Verfassungsmoral« – um nicht zu sagen der Sehnsucht nach der alten Ordnung, die in
den meisten institutionellen Auffassungen von Verfassung mitschwingt – zu entfliehen.
Der Konstitutionalismus muss allerdings ebenso eine praktische Herausforderung
bewältigen: die Entstehung neuer Formen der Ausübung und der Ausgestaltung von
Herrschaft, die sich aus dem Strukturwandel des öffentlichen Raumes ergeben. Die
Herausforderung besteht darin, die konstitutionelle Demokratie mit den neuen
Erscheinungsformen der Herrschaft – »exekutive Demokratie«, Personalisierung und
»Mediatisierung« der Macht – zu vereinbaren, wenn die Mechanismen zum Schutz
gegen die Staatsgewalt mit den Veränderungen eben dieser Gewalt Schritt halten
sollen. Jedoch erscheint der Konstitutionalismus, der die politische Macht durch eine
als Rechtsnorm verstandene Verfassung einhegen wollte, gegenüber diesen neuartigen
Herrschaftsformen zum Teil als machtlos, obwohl er doch gerade auf der Ebene der
Verfassung nach (sowohl rechtlichen als auch politischen) Lösungen suchen sollte, die
Herrschaft und deren diffuse Ausdrucksformen einzuhegen. Vielleicht kommt gerade
in dieser Unfähigkeit, neue Regeln oder Mittel zu erdenken, eine gewisse Krise des
Konstitutionalismus zum Ausdruck.

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Stourzh, G. (1989): Wege zur Grundrechtsdemokratie, Wien / Köln: Böhlau.

NOTES
1. Sartori (1992 [1987]), S. 319.
2. Friedrich (1953), S. 26.

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3. Locke (1969 [1690]), § 162, S. 311.


4. Grimm (1991), S. 37.
5. Stourzh (1988).
6. Bolingbroke (1809 [1733/34]), S. 157.
7. Cicero (1956), 1. Buch, 45, S. 43.
8. Mohnhaupt (1990).
9. Paine (1973 [1791]), S. 86.
10. Stourzh (1988).
11. Sieyès (1968 [1789]), S. 108.
12. Sieyès (1968 [1789]), S. 108 [Übersetzung modifiziert, A.d.Ü.].
13. Jaume (1993).
14. Luhmann (1990), S. 175.
15. Constant (1946 [1820]), S. 57.
16. Constant (1991), VIII, 8.
17. Constant (1872 [1815]), Principes de politique, Kap. XVIII.
18. Constant, Des réactions politiques.
19. Constant (1991), VIII, 11.
20. Constant, Principes de politique, S. 111.
21. Constant (1991), VIII, 11.
22. Constant, Principes politiques, Kap. XVIII.
23. Constant (1991), VIII, 4.
24. Bobbio (1980), S. 135.
25. Hegel (1970 [1821]), § 271, S. 431 f.
26. Hegel (1970 [1821]), § 271, S. 431.
27. Hegel (1970 [1821]), § 272, Zusatz, S. 434 f.
28. Hegel (1968 [1837]), S. 147.
29. Hegel (1970 [1821]), § 271, S. 431.
30. Hegel (1970 [1821]), § 324, S. 491.
31. Hegel (1970 [1840]), S. 64 f.
32. Hegel (1970 [1821]), § 273, S. 439.
33. Hegel (1970 [1821]), § 274, S. 440.
34. Lassalle (1923), S. 66, 73.
35. Schmitt (1993), S. 21.
36. Rawls (1975 [1971]), S. 257.
37. Grimm (1991).
38. Grimm (1991), S. 64.
39. Friedrich (1953).

INDEX
Mots-clés : constitution, constitutionnalisme
Schlüsselwörter : Verfassung, Konstitutionalismus

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AUTEURS
OLIVIER BEAUD
Olivier Beaud ist Professor für öffentliches Recht an der Universität Paris 2 Panthéon-Assas.
Nähere Informationen finden Sie hier.

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Das Verfassungsrecht: Recht der


Verfassung und Verfassung des
Rechts
Louis Favoreu
Traduction : Olivier Joop

NOTE DE L’ÉDITEUR
Wir danken den Rechtsnachfolgern von Herrn Louis Favoreu, insbesondere Frau Wanda
Mastor, für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in deutscher Übersetzung zu
publizieren.
Nous remercions les ayants droit de Monsieur Louis Favoreu, et notamment Mme
Wanda Mastor, de nous avoir accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent
numéro.

1 Im Jahr 19801 erschien aus dieser Feder eine Abhandlung, in der festgestellt wurde, dass
während der vorangegangenen Dekade das »öffentliche Recht eine so tiefgreifende
Veränderung erfahren hat, dass man bald von einer ›Revolution‹ wird sprechen
können«, und im selben Jahr, anlässlich der ersten Tagung der Association française
des Constitutionnalistes (Vereinigung der französischen Staatsrechtslehrer), 2 haben
wir den Wandel des Inhalts und der Stellung des Verfassungsrechts im Verhältnis zu
den anderen Rechtsgebieten nachgezeichnet.
2 Nun, zehn Jahre später und vor dem Hintergrund der erheblich gewachsenen
Bedeutung der Rechtsprechung des Verfassungsrates,3 ist ersichtlich, dass diese
Feststellungen nur bekräftigt und weiterentwickelt werden können. Nicht nur wurden
die Umwälzungen der Grundgegebenheiten des öffentlichen Rechts und die
Wesensänderung des Verfassungsrechts bestätigt, sondern es kann darüber hinaus mit
Fug und Recht behauptet werden, dass sämtliche Rechtsbereiche 4 nunmehr dem
Einfluss durch die Verfassung und deren Recht ausgesetzt sind.

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3 Manche Autoren haben eine Rückkehr des Verfassungsrechts alten Stils aus der
Vorkriegszeit gewittert oder gar – in einer erstaunlichen Gleichsetzung – ein Zeichen
für die Wiederkehr der Rechtsschulen sehen wollen!5
4 Eine solche Einstellung hieße jedoch, die grundlegende Entwicklung, die sich seit
ungefähr vierzig Jahren im Verfassungsrecht der europäischen Staaten, und darüber
hinaus sogar in der Mehrzahl der demokratischen oder zur Demokratie strebenden
Staaten, vollzieht, zu verkennen – oder sie völlig unbeachtet zu lassen. Vereinfacht
gesagt, hat sich das Wesen der Verfassung gewandelt, ist diese nicht mehr nur eine
»Idee«, sondern nun auch eine »Norm«, mit anderen Worten eine als verbindlich
anerkannte rechtliche Regelung, »deren Auswirkungen sowohl im Hinblick auf die
Bürger als auf die Gerichte spürbar sind«.6 Fraglos war dies in Frankreich zur Zeit der
III. Republik nicht der Fall, und es ist schwer zu sehen, wie die Verfassungsrechtler
jener Zeit die Bestimmungen der Verfassungsgesetze von 1875 auf dieselbe Art hätten
betrachten können. Darüber hinaus kann heutzutage die Betrachtungsweise des
Verfassungsrechts nicht mehr dieselbe wie damals sein, angesichts der Tatsache, dass
die Politikwissenschaft seitdem – unbestrittenerweise – wertvolle Beiträge für die
Kenntnis des Verfassungsrechts geleistet hat.
5 Das Phänomen der Verrechtlichung7 des Verfassungsrechts steht in engem
Zusammenhang mit dem Ausbau der Verfassungsgerichtsbarkeit: Diesbezüglich wird
offenbar, wie sehr das Verfassungsrecht in Deutschland, Österreich, Kanada, Italien,
Spanien, Griechenland, Portugal und Belgien eine erhebliche Entwicklung erfahren hat
(bzw. noch erfährt), wohingegen das britische, das niederländische oder auch das
schwedische Verfassungsrecht praktisch unverändert geblieben sind. Wer diese
Veränderungen insbesondere durch rechtsvergleichende Untersuchungen
wahrgenommen hat, wird daher kaum der Ansicht von Michel Troper beipflichten, 8
wonach die verfassungsrechtliche Situation die gleiche sei, ob es nun eine
Verfassungsgerichtsbarkeit gebe oder nicht. Um die Stichhaltigkeit dieser Aussage in
Zweifel zu ziehen, genügt es, folgende einfache Frage zu stellen: Könnte es ein
Verwaltungsrecht ohne Verwaltungsgerichtsbarkeit geben? Sicherlich gilt, wie Georges
Vedel9 treffenderweise aufgezeigt hat, dass die Lage, in der sich der Verfassungsrichter
gegenüber der Verfassung befindet, nicht völlig dieselbe ist wie diejenige des
Verwaltungsrichters gegenüber dem Verwaltungsrecht, jedoch ist schwer vorstellbar,
wie ohne den einen wie den anderen die Verwaltung und der Gesetzgeber zur
Einhaltung des Rechts hätten verpflichtet werden können.
6 Sicherlich ist die Entwicklung – die nicht älter als dreißig Jahre ist – noch nicht
abgeschlossen, doch ist es durchaus möglich, zu Beginn dieser 1990er Jahre Bilanz zu
ziehen oder zumindest eine Bestandsaufnahme zu erstellen. Dazu wird im Folgenden
das Verfassungsrecht zwei Betrachtungsweisen unterzogen, zunächst als »Recht der
Verfassung«, sodann als »Verfassung des Rechts«.

I. Das Verfassungsrecht, Recht der Verfassung


7 1949 schrieb Georges Vedel in seinem Lehrbuch Verfassungsrecht (S. 5):
»[I]n den meisten Ländern und hinsichtlich der meisten Bereiche findet sich das
Recht, das die Staatsgewalt regelt, in einer geschriebenen Verfassung niedergelegt.
Es ist dieses umfängliche und sehr häufige Zusammentreffen, das zur Einführung

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150

und Verwendung des Begriffs des Verfassungsrechts geführt hat, obgleich das
Verfassungsrecht etwas anderes als das ›Recht der Verfassung‹ ist«.
Zu Beginn der IV. Republik ist das »Recht der Verfassung« nicht so umfassend wie das
Verfassungsrecht: Vierzig Jahre später kann jedoch umgekehrt behauptet werden, dass
das Verfassungsrecht – zumindest so, wie es üblicherweise verstanden wird – nunmehr
zu eng ist, um das gesamte »Recht der Verfassung« zu umfassen. Der Gegenstand des
Verfassungsrechts hat sich verändert.
8 Der Terminus »Recht der Verfassung« wird hier ebenfalls zur Definition des
Verfassungsrechts zu Beginn dieser 1990er Jahre dienen.

A. Der Gegenstand des Verfassungsrechts

9 In seiner »Vorlesung zum Vergleichenden Verfassungsrecht« von 1950/51 hat Charles


Eisenmann richtigerweise – namentlich in Bezug auf das Verfassungsrecht –
hervorgehoben, dass Recht und Rechtswissenschaft nicht miteinander verwechselt
werden dürfen10:
»Der Begriff ›Recht‹ für und in sich selbst betrachtet, und mehr noch in
zusammengesetzten Begriffen wie Zivilrecht, Verfassungsrecht oder
Verwaltungsrecht, wird fortwährend in einem zweifachen Bedeutungssinn
verwendet, wobei häufig von der einen zur anderen dieser Bedeutungen gewechselt
wird. Manchmal bezieht sich der Begriff auf einen Korpus von Regeln, auf die
Regeln in ihrer Gesamtheit oder auf bestimmte Rechtsregeln. Dann wieder
bezeichnet er die Disziplin(en), deren Gegenstand diese Regeln sind; in diesem Fall
bezeichnet er die Untersuchung oder die Wissenschaft von diesem Korpus von
Regeln. Dieser doppelte Wortsinn findet sich insbesondere bezüglich der
Bezeichnung ›Verfassungsrecht‹.«

1. Von einem einzigen zu drei Gegenständen

10 Fürs Erste kann die Idee des Zusammenhangs zwischen dem »Korpus von Regeln« und
der »Disziplin, deren Gegenstand diese Regeln sind«, beibehalten werden. Von diesem
Blickwinkel aus betrachtet ist unbestreitbar, dass der Gegenstand des
Verfassungsrechts (zumindest in Frankreich) zum Ende der 1940er Jahre ein ganz
anderer war als zu Beginn der 1990er Jahre: Es kann sogar behauptet werden, dass
dieser Gegenstand nunmehr aus drei Teilen besteht, da im Vergleich zum
Verfassungsrecht der IV. Republik, das sich hauptsächlich mit der Organisation der
Staatsorgane befasste, im Verfassungsrecht der V. Republik – diesbezüglich auf einer
Linie mit dem heute allgemein üblichen Verfassungsrecht – zur Staatsorganisation
noch der Bereich des Normengefüges und der Bereich des Grundrechtsschutzes
hinzugetreten sind. Im Interesse besserer Übersichtlichkeit11 soll hier im Folgenden
daher, der Dreigliedrigkeit des modernen Verfassungsrechts – Organe, Normen,
Grundrechte – folgend, zwischen dem Staatsorganisationsrecht, dem normativen
Verfassungsrecht und dem materiellen Verfassungsrecht unterschieden werden.

a) Die Institutionen: Das Staatsorganisationsrecht

11 Hierbei handelt es sich um den klassischen Gegenstand des französischen


Verfassungsrechts seit dem letzten Krieg: die Darstellung der politischen Institutionen
nach vier Themengebieten, nämlich der allgemeinen Staatslehre, 12 den ausländischen
politischen Institutionen, der Geschichte der französischen politischen Institutionen

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151

sowie den politischen Institutionen der V. Republik. Die Vorlesung zum


Verfassungsrecht ist üblicherweise wesentlich eine Vorlesung zum Staatsrecht,
obgleich die offizielle Bezeichnung dieser Lehrveranstaltung im Rahmen des ersten
Studienjahres der Rechtswissenschaften folgendermaßen lautet: »Verfassungsrecht
und politische Institutionen«.
12 Rechtsfragen werden im Allgemeinen gegen Ende der Vorlesung zur V. Republik
erörtert, seien es Fragen in Bezug auf das Normengefüge (Theorie der Rechtsquellen,
Stufenbau der Rechtsordnung) oder auch Rechtsfragen zu den Institutionen selbst.
Zwar werden üblicherweise die Bestimmungen zur Einteilung der Wahlkreise, zur
Parteien- und Wahlkampffinanzierung, zum aktiven und passiven Wahlrecht usw.
thematisiert, allerdings wird auf die rechtlichen Fragestellungen zu diesen Themen
eher weniger eingegangen.
13 Darüber hinaus beschränkt sich das Studium der Institutionen auf die politischen
Institutionen. Dabei erstreckt sich das Verfassungsrecht, so wie es heutzutage in der
Mehrzahl der Länder verstanden wird, auch auf die Einrichtungen der Verwaltung
(insbesondere auf lokaler Ebene) und die Organe der rechtsprechenden Gewalt.
Sicherlich hängt – insbesondere in Bezug auf jene – viel von der Staatsform ab
(Bundesstaat, quasi-bundesstaatliche Ordnung oder Ordnung mit autonomen
Gebietskörperschaften, Einheitsstaat); doch selbst in einem Einheitsstaat wie
Frankreich ist es heutzutage nicht mehr möglich, die Frage der verfassungsrechtlichen
Grundlagen der Verwaltungseinrichtungen sowie des Gerichtswesens unberücksichtigt
zu lassen.
14 Es stimmt zwar, dass in diesem Bereich die Tradition in Frankreich gegen eine solche
Einbeziehung der Verwaltungsbehörden und der Gerichte in das Verfassungsrecht
spricht. Diese Haltung wird damit begründet, dass die Verfassung nur Bestimmungen
über die politischen Institutionen enthalten könne.13 Jedoch ist eine solche Auffassung
in der Rechtsvergleichung und selbst in der gegenwärtigen französischen
Verfassungslehre inzwischen völlig überholt. Wer könnte in der Tat heute, nach den
Entscheidungen des Verfassungsrates vom 25. Februar 1982 14, vom 22. Juli 198015 oder
auch vom 23. Januar 198716 – um nur die bedeutendsten zu nennen –, noch ernsthaft
behaupten, die verfassungsmäßigen Grundlagen der Gerichtsorganisation seien kein
Gegenstand einer wissenschaftlichen Befassung mit dem Verfassungsrecht?
15 Zusammenfassend lässt sich festhalten, dass zu den Themen des
Staatsorganisationsrechts die politischen Institutionen und die damit im
Zusammenhang stehenden Rechtsfragen ebenso gehören wie die Fragen bezüglich der
verfassungsmäßigen Grundlagen der Verwaltungseinrichtungen und des
Gerichtswesens.

b) Die Normen: das Normengefüge im Verfassungsrecht

16 Das normative Verfassungsrecht bzw. das grundlegende Verfassungsrecht sollte


eigentlich unter den Regelungsgehalten des Verfassungsrechts an erster Stelle genannt
werden, doch ist es – in Frankreich – so wenig üblich, es dem Verfassungsrecht in all
seinen Dimensionen zuzuordnen, dass es hier an zweiter Stelle behandelt werden soll.
17 Es umfasst, was manchmal auch als das System der Rechtsquellen 17 bezeichnet und hier
besser unter dem Begriff des Normensystems behandelt werden wird. Im französischen
Recht setzt sich nach und nach die Erkenntnis durch, dass das System der

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152

Rechtsquellen von der Verfassung abhängt, eine Tatsache, die in der


Rechtsvergleichung bereits seit langem anerkannt ist.18
18 Das Normensystem bildet ein komplexes Netzwerk, in der V. Republik bemerkenswert
strukturiert durch die Verbindung der Artikel 2, 11, 16, 34, 37, 38, 41, 45, 46, 53, 54, 55,
72, 73, 74, 89 und 92 der Verfassung: Die Art und Weise, wie die nationalen und die
lokalen Normen, die nationalen und die internationalen Normen sowie die
unterschiedlichen Kategorien nationaler Normen untereinander angeordnet sind,
einander ergänzen und ineinander greifen, erinnert an ein Uhrwerk, das vom
Verfassungsrichter justiert wird. Wie wir im Rahmen der Einführung zum Symposium
über die »Abfassung der Verfassung« hervorgehoben haben, liegt hier ein ausgefeilter
Mechanismus vor, dessen Einzelteile von den »rechtsgelehrten Richtern« des
Staatsrats, die an der Ausarbeitung der Verfassung beteiligt waren, mit besonderer
Sorgfalt »bearbeitet« worden sind und der von den Richtern des Verfassungsrates in
die Praxis umgesetzt wird.19 Die Möglichkeiten und die Komplexität des französischen
Normengefüges offenbaren sich nur nach und nach, im Zuge der sich entwickelnden
Verfassungsrechtsprechung.20
19 Im Rechtsvergleich finden sich jedoch noch komplexere Systeme von Rechtsquellen,
namentlich in Bundesstaaten oder Staaten mit bundesstaatsähnlicher
Organisationsform.
20 Zusammenfassend lassen sich mindestens drei Situationen unterscheiden, je nachdem,
ob es eine Kategorie von Rechtsquellen (nationale Rechtsquellen, wie z. B. in Japan),
zwei Kategorien von Rechtsquellen (nationale und internationale, wie z. B. in
Frankreich oder den Niederlanden, oder auch nationale und lokale wie in den
Vereinigten Staaten) oder drei Kategorien von Rechtsquellen (internationale, nationale
und lokale, wie z. B. in der Bundesrepublik Deutschland, in Italien oder in Spanien) gibt.
Wie viele und welche Rechtsquellen es gibt, hängt von der Verfassung und damit vom
Verfassungsrecht ab. Auch ist es entbehrlich, die Bedeutung des Systems der
Rechtsquellen in den verschiedenen Ländern hervorzuheben: es ist mindestens
genauso bedeutsam wie das Staatsorganisationsrecht.

c) Die Grundrechte: das materielle Verfassungsrecht

21 Unter dieser Bezeichnung soll hier das die Grundfreiheiten schützende


Verfassungsrecht verstanden werden, das wir bei anderer Gelegenheit auch als die
Beziehungen zwischen Staat und Bürger regelndes Verfassungsrecht bezeichnet haben.
21
In Frankreich ist es nicht üblich, die Grundfreiheiten im Rahmen des
Verfassungsrechts zu thematisieren. Im Rechtsvergleich hingegen ist dies eher die
Ausnahme als die Regel, denn in der Mehrzahl der modernen westlichen Rechtssysteme
stellen die Beachtung und der Schutz der Grundrechte einen der wichtigsten Zweige
des Verfassungsrechts dar.
22 Diese Aspekte gehören zu den Anforderungen, die ein modernes Verfassungsrecht
erfüllen muss. Sicherlich könnte der Gedanke an eine Wiederkehr der Rechtslehren
Duguits und Haurious aufkommen, die in den Menschenrechtserklärungen
Verfassungsrecht oder gar Über-Verfassungsrecht sahen; doch wie Eisenmann bereits
1928 aufzeigen konnte, entsprangen derartige Theorien eher der Naturrechtslehre als
dem Rechtspositivismus und hatten eine stärker politische denn rechtliche
Stoßrichtung.22 Heutzutage hingegen geht die Eingliederung der Grundrechte und -

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freiheiten auf eine bewusste Entscheidung des Verfassungsgebers zurück, der diesen
ausdrückliche Bestimmungen im Verfassungstext selbst widmet, ebenso wie den
Staatsinstitutionen und dem Normengefüge.23
23 Darin kommt ein Wandel zum Ausdruck in Bezug auf das Verständnis der Befugnisse
der Regierenden, denn dem Einzelnen in der Verfassung verankerte Grundrechte und -
freiheiten zuzuerkennen bedeutet zwangsläufig eine erhebliche Einschränkung der
Macht der Regierenden. Diese haben nicht nur Form- und Verfahrensvorschriften zu
beachten, sondern auch materielle Rechtsvorschriften. Der Einzelne vertraut der
Mehrheit nicht mehr, selbst wenn diese aus einem vollständig demokratischen
Verfahren hervorgegangen ist: Er will, dass die Entscheidungen der Mehrheit überprüft
werden können, damit sichergestellt ist, dass seine Grundrechte nicht verletzt werden.

2. Der Wesenswandel des Verfassungsrechts

24 Zusammenfassend lässt sich feststellen, dass sich der Gegenstand des


Verfassungsrechts der III. und der IV. Republik auf »die Institutionen, mittels deren die
Staatsgewalt begründet, ausgeübt und übertragen wurde«,24 beschränkte. In gewisser
Hinsicht ging es lediglich darum zu überprüfen, dass die Staatsorgane in
demokratischer Weise eingerichtet worden waren und die Wahl der Volksvertreter so
unverfälscht wie möglich durchgeführt worden war.25 So erklärt sich die Bedeutung,
die Fragen der Durchführung von Wahlen, der Parteien und der verschiedenen
möglichen politischen Akteure, sowie Fragen institutioneller Mechanismen wie die zur
Sicherung der Verantwortlichkeit der Regierung gegenüber dem Parlament, die
Auflösung der Volksvertretung oder, allgemeiner, Fragen der Beziehungen zwischen
den Staatsgewalten beigemessen wird.
25 Diese Feststellung gilt für den Inhalt und die Struktur der Verfassungen von 1875 und
1946: Diese Verfassungen hatten überwiegend die Organisation des Staates zum
Gegenstand und sollten dafür sorgen, dass sich der allgemeine Wille bestmöglich durch
vorschriftsmäßig gewählte Abgeordnete ausdrücken konnte. Darin folgten sie dem
britischen Demokratieverständnis.
26 Diese Auffassung gründet auf einer »optimistischen« Grundannahme, nämlich dass der
von der Mehrheit ausgedrückte Wille dem allgemeinen Willen entspricht und
Minderheiten von der Mehrheit weder unterdrückt noch benachteiligt werden. Die
Briten heben auch hervor, dass die politische Kultur der Bevölkerung dazu beiträgt,
dass der von der Mehrheit formulierte Wille »gesittet« ausfällt und Beschränkungen
unterliegt. Eine pessimistische Sicht ist freilich ebenso denkbar, die in der
demokratischen Staatsform einen Nutzen nur für einen Teil der Bevölkerung sieht. So
kam es in Kanada anlässlich der Ausarbeitung einer eigenen Verfassung als Abkehr
vom reinen britischen Verfassungsmodell zur Aufnahme einer Grundrechtserklärung
in den Verfassungstext, die auf eine Initiative des Premierministers P. E. Trudeau
zurückging, von einigen seiner politischen Gegner allerdings im Namen der reinen
Demokratielehre britischen Typs bekämpft worden war. W. F. Murphy hat dazu sehr
klar ausgeführt26:
»Im Grunde genommen würden die Verfassungsrechtler annehmen, dass beide
Vorgehensweisen richtig wären; sicherlich wäre jede von ihnen geeignet, um den
Schutz der Rechte der weißen, englischsprachigen, im Land geborenen
Angehörigen der Mittelklasse zu gewährleisten. Aber in England würden mich Iren,
Indianer und Schwarze nicht ernstnehmen, wenn ich behauptete, ihre Rechte seien

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ebenso gut geschützt wie diejenigen der französisch-, japanisch-, inuit- oder
indianisch-stämmigen Kanadier.«
27 Ein weiterer amerikanischer Fachmann, Bruce Ackerman, zeigt ähnlich auf, dass in
einem System, das er als »monistische Demokratie« bezeichnet (und dessen Archetyp
die britische Demokratie verkörpert), »der Sieger der letzten allgemeinen Wahlen über
eine vollumfängliche Gesetzgebungsfreiheit verfügen« müsse und »während der Zeit
zwischen zwei allgemeinen Wahlen jede institutionelle Kontrolle gegenüber den
Siegern der Wahl als undemokratisch anzusehen« sei. Woraus folgt, dass es
hauptsächlich darum gehe zu prüfen, dass die Wahlvorgänge rechtmäßig durchgeführt
wurden, womit wiederum diese Wahlvorgänge zu »einer zentralen Frage« erhoben
werden.27
28 So erklärt sich, weshalb in Demokratien britischen oder französischen (III. und
IV. Republik) Typs Fragen der Staatsorganisation und der Durchführung von Wahlen
praktisch die einzigen Fragen des Verfassungsrechts sind. Diesem Modell steht
dasjenige des gegenwärtigen Verfassungsrechts der meisten westlichen Staaten
gegenüber, dem auch die osteuropäischen Staaten, die den Rechtsstaat einführen
wollen, zu folgen scheinen.
29 Das Verfassungsrecht der Gegenwart wird von eben gerade diesem
Rechtsstaatsgedanken beherrscht: Alle Institutionen (einschließlich des Parlaments)
sind an die Vorschriften des Rechts gebunden, namentlich an die Grundrechte, sodass
es ihnen nur dann erlaubt ist, in Bezug auf diese Rechte Einschränkungen oder
Eingriffe vorzunehmen, wenn die dafür vorgesehenen rechtlichen Möglichkeiten
genutzt werden. Das bedeutet in der Praxis, dass die erforderlichen Mehrheiten
erreicht werden müssen, um diesen oder jenen Grundrechtseingriff beschließen zu
können. So zeigt sich, dass die drei Gegenstände des modernen Verfassungsrechts – die
Organe, die Normen, die Grundrechte – eng miteinander verwoben sind und ein Ganzes
bilden.

B. Die Definition des Verfassungsrechts

30 Hier soll es, ohne Anspruch auf wissenschaftliche Vollständigkeit, darum gehen, durch
den Versuch einer Definition Licht in die gegenwärtige Situation rund um das
Verfassungsrecht zu bringen. Dazu sollen die folgenden drei Thesen näher entwickelt
werden, nämlich dass es sich beim Verfassungsrecht um Recht handelt (1.), und zwar
das Recht der Verfassung (2.), ein Recht, das durch Gerichte durchgesetzt werden kann
(3.).

1. Verfassungsrecht als Recht: die Abkehr von der auf die Politikwissenschaft zentrierten
Sichtweise

31 Wie bereits von Georges Vedel28 hervorgehoben, haben Verfassungsrechtler heutzutage


keine Bedenken, das Verfassungsrecht als Rechtsgebiet und sich selbst als Juristen
anzusehen.
32 a) Diese Sicht wird von manchen Politikwissenschaftlern in Zweifel gezogen, und zwar
aus den verschiedensten Gründen, die allerdings als gemeinsamen Nenner zu haben
scheinen, dass sie den Staatsrechtlern die Berechtigung absprechen, politische
Phänomene mit rechtlichen Begrifflichkeiten zu erfassen; wenn Staatsrechtler dies

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täten, dann nur aus einer Art Standesdünkel heraus und um »das Feld zu besetzen« und
andere Fachleute (namentlich die Politikwissenschaftler) vom Diskurs auszuschließen,
wodurch sie diesen gewissermaßen zu ihren Gunsten zu monopolisieren suchten.
33 Hier ist zunächst festzustellen, dass sich die Politikwissenschaftler – oder zumindest
einige unter ihnen – in der Defensive befinden (was ihnen seit langem nicht
widerfahren war) und sich im Übrigen allgemein einer gleichsam militärisch
inspirierten Rhetorik bedienen, wenn sie von »intellektuellen und universitären
Strategien«29 oder von »Putsch« usw. sprechen.
34 Ernsthafter, und auf der Sachebene, drückt diese Kritik eine Sichtweise aus, die man als
politikzentriert bezeichnen könnte und nach deren Verständnis Phänomene der
Verfassung und der Politik nur durch die Politikwissenschaft erfasst und betrachtet
werden sollten. Doch selbst wenn unterstellt würde, dass der
Ausschließlichkeitsanspruch der politikwissenschaftlichen Herangehensweise
begründet wäre, müsste dennoch festgehalten werden, dass diese Herangehensweise
nicht zielführend wäre, da von einem bestimmten Kontext abhängig und darüber
hinaus auch veraltet.
35 Zum einen ist eine solche Herangehensweise sehr eng mit Frankreich und dessen
Besonderheiten verknüpft: Die Politikwissenschaftler stützen ihre Denkmodelle
hauptsächlich auf die (klassische) französische Auffassung des Verfassungsrechts und
nicht auf die heute nicht nur in den Vereinigten Staaten, sondern auch in den meisten
westeuropäischen Staaten mit einer Verfassungsgerichtsbarkeit vorherrschende Sicht.
Diesbezüglich ist anzumerken, dass den französischen Verfassungsrechtlern zu
unterstellen, sie verwendeten besondere Begrifflichkeiten und eine besondere – gar
codierte –Sprache, um eine »Abschottung ihrer wissenschaftlichen Disziplin«
herbeizuführen, darauf hinausliefe, sie einer über mindestens vierzig Jahre hin
gesponnenen und groß angelegten Verschwörung zu bezichtigen, die beabsichtigte, die
österreichischen, deutschen, italienischen, schweizerischen und natürlich auch die
amerikanischen, sowie heutzutage die spanischen, portugiesischen, griechischen,
belgischen usw. Verfassungsrechtler dazu zu bringen, dasselbe Vokabular wie sie zu
verwenden (und dies sogar viele Jahre früher als sie selbst).
36 Doch selbst aus rein innerfranzösischer Perspektive ist diese Herangehensweise
veraltet und bereits dadurch auch ungeeignet und erfasst nur einen Teil des Problems.
Zum einen nämlich fokussieren sich die Politikwissenschaftler auf einen Begriff des
Verfassungsrechts, der im Wesentlichen auf der Exegese des Verfassungstextes basiert,
und sehen in der gegenwärtigen Neubelebung des Verfassungsrechts eine Rückkehr zur
Vorgehensweise aus der Vorkriegszeit. Allerdings berücksichtigt eine derartige Sicht
nicht die Tatsache, dass das heutige Verfassungsrecht nicht auf einer Exegese des
Verfassungstextes durch die Rechtslehre beruht, sondern auf einer reichhaltigen
Auslegung durch die Rechtsprechung der (Verfassungs)Gerichte, die es so bislang nicht
gab30 und die als solche auch nicht Gegenstand politikwissenschaftlicher Betrachtungen
gewesen ist.31 Sodann ist anzumerken, dass die Politikwissenschaftler dem
Verfassungsrecht nur in dem Maß Beachtung schenken, wie es die Institutionen des
Staates regelt, was heißt, dass dabei nur einer der drei Gegenstände des modernen
Verfassungsrechts betrachtet wird. Da sich die gesamte Aufmerksamkeit der
Politikwissenschaftler und der »Institutionalisten« auf das Wahlsystem, die politischen
Parteien, das Parlament, die Regierung und die Beziehungen zwischen diesen
Staatsorganen konzentriert, bilden das normative Verfassungsrecht und das materielle

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Verfassungsrecht einen blinden Fleck in ihren wissenschaftlichen Untersuchungen.


Selbst wenn es also den Politikwissenschaftlern gelänge, ohne Berücksichtigung der
Verfassungsrechtsprechung Schlüsse aus ihrer Analyse der Institutionen zu ziehen,
wären diese Schlüsse doch nur unvollständig und in Bezug auf die Gesamtheit dessen,
was heutzutage das Verfassungsrecht ausmacht, nicht stichhaltig.
37 b) Da für sie das Verfassungsrecht als ein Bereich des Rechts ein Forschungsgegenstand
ist, müssen die Verfassungsrechtler auch auf die Terminologie des Rechts
zurückgreifen, die im Übrigen nicht weniger unzugänglich ist als diejenige der
Politikwissenschaftler. Darüber hinaus kann die Notwendigkeit auftreten, neue
Vorstellungen des modernen Verfassungsrechts auch mit neuen Begrifflichkeiten zu
erfassen.32
38 So dürfen beispielsweise die Begriffe Oberster Gerichtshof und Verfassungsgericht
nicht verwechselt werden33: Es handelt sich um zwei Arten der Ausübung von
Verfassungsgerichtsbarkeit (letztere Bezeichnung dient hierbei als Oberbegriff), die zu
zwei unterschiedlichen Modellen gehören. Es käme auch niemandem in den Sinn,
beispielsweise von einem »parlamentarischen Präsidialsystem« zu sprechen; gleichfalls
ist es unmöglich, von einem »Obersten Verfassungsgerichtshof« zu sprechen.
Parlamentarische Demokratie und präsidiale Demokratie sind zwei verschiedene
Formen eines freiheitlichen Regierungssystems, aber dies darf nicht dazu führen, sie
durcheinanderzubringen; Gleiches gilt, in Bezug auf die Verfassungsgerichtsbarkeit, für
Oberste Gerichte und Verfassungsgerichte.

2. Das Verfassungsrecht als Recht der Verfassung: die Abkehr von der auf die
Verwaltung zentrierten Sichtweise

39 a) Lange Zeit war das Verwaltungsrecht die dominierende Disziplin im öffentlichen


Recht, und es ist nur zu verständlich, dass sich seine Vorstellungen und
Begriffsbestimmungen auch durch die Rechtsprechung des Staatsrates durchgesetzt
haben. Doch ab dem Moment, wo sich eine im Wesentlichen auf ein Verfassungsrecht,
wie es im Rechtsvergleich bereits seit längerem vorherrscht, stützende
Verfassungsrechtsprechung etabliert, verändert sich auch die Gemengelage: die
Vorstellungen und Begriffe sind nicht dieselben, denn das Verfassungsrecht ist nicht das
Verwaltungsrecht.
40 Ein Beispiel soll dies verdeutlichen: Der im Rechtsvergleich häufig verwendete Begriff
der »Grundfreiheiten« oder auch der »Grundrechte« ist nicht deckungsgleich mit dem
Begriff der »bürgerlichen Freiheiten« (libertés publiques); Letzterer verweist im
Wesentlichen auf Freiheitsrechte, die gesetzlich (und von den ordentlichen Gerichten
oder den Verwaltungsgerichten) gegen Eingriffe der Exekutive geschützt werden,
während die beiden erstgenannten Begriffe Freiheiten bezeichnen, die gemäß der
Verfassung oder völkerrechtlichen Übereinkommen von einem Verfassungsgericht
(bzw. einem internationalen Gericht) gegen Eingriffe durch die Exekutive und die
Legislative geschützt werden.
41 Desgleichen ist es nicht möglich, auf der Grundlage der im Verwaltungsrecht
verwendeten Begriffe und Vorstellungen die Verfassungsgerichtsbarkeit zu definieren:
deren Wesensmerkmale müssen anhand der Theorie von der
Verfassungsgerichtsbarkeit abgeleitet werden, wie sie sich auf der Grundlage des
Rechtsvergleichs ergibt. Niemand würde eine politische Ordnung als

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»parlamentarisches« oder »präsidiales« System qualifizieren, ohne sich auf die


allgemeinen und in der Rechtsvergleichung gebräuchlichen Kriterien zu beziehen, die
ein parlamentarisches bzw. ein präsidiales Regierungssystem ausmachen. Daher ist auf
eine sogenannte »auf die Verwaltung zentrierte Sichtweise«34 zu verzichten: Die
Begriffe und Vorgehensweisen im Verfassungsprozessrecht sind sicherlich in hohem
Maße denjenigen des Verwaltungsprozessrechts entlehnt, doch kann keine
vollständige oder zwangsläufige Übereinstimmung zwischen diesen beiden
Prozessrechten abgeleitet werden. Tatsächlich ist das Verwaltungsprozessrecht vom
innerstaatlichen Recht geprägt und spezifisch für die französische
Verwaltungsgerichtsbarkeit, während das Verfassungsprozessrecht vom
Rechtsvergleich inspiriert ist und nur durch dieses verständlich wird.
42 b) Dies soll nicht bedeuten, dass das Verwaltungsrecht die Verfassungsrechtsprechung,
und damit im Weiteren auch das Verfassungsrecht selbst, nicht »befruchten« würde.
43 In der Tat ist es so, dass die französische Verfassungsgerichtsbarkeit – in diesem Punkt
einer Erscheinung aus dem italienischen Recht und in diesem als »Lehre vom
lebendigen Recht«35 folgend – im Recht der Verfassung zweifellos auch Rechtsfiguren
und Denkmuster einbezieht, die von der Verwaltungsgerichtsbarkeit oder von der
ordentlichen Gerichtsbarkeit geschaffen wurden.36 So kann beispielsweise davon
gesprochen werden, dass immer häufiger eine »Verfestigung« der von der
Verwaltungsgerichtsbarkeit geschaffenen Lösungsansätze durch die
Verfassungsgerichtsbarkeit erfolgt. Auf diese Weise werden die Rechtsfiguren und
37

Vorgehensweisen aus der Verwaltungsrechtsprechung dem Verfassungsrecht


einverleibt. Jedoch darf dabei nicht übersehen werden, dass, einmal einverleibt, diese
Rechtsfiguren und Vorgehensweisen fortan verfassungsrechtlicher Art sind, und es damit
Aufgabe der Verfassungsgerichtsbarkeit ist – und nicht mehr der ordentlichen
Gerichtsbarkeit bzw. der Verwaltungsgerichtsbarkeit –, sie weiterzuentwickeln. Eine
tiefergehende Analyse zur Feststellung der genauen Tragweite dieser Verfestigung der
von der Verwaltungsgerichtsbarkeit aufgestellten Lösungsansätze durch die
Verfassungsgerichtsbarkeit wäre sicherlich lohnenswert.

3. Das Verfassungsrecht als Recht, das durch ein Verfassungsgericht durchgesetzt


werden kann: Ablehnung der auf das amerikanische System zentrierten Sichtweise

44 a) Das Verfassungsrecht wird mehr und mehr zu einem Recht, das von Gerichten
durchgesetzt werden kann. Sicherlich haben auch Großbritannien oder die Niederlande
ein Verfassungsrecht, obwohl es in diesen Ländern keine Verfassungsgerichtsbarkeit
gibt, die über die Einhaltung der Verfassung wacht; gleichfalls gab es im Frankreich der
III. und der IV. Republik auch ohne Verfassungsgerichtsbarkeit ein Verfassungsrecht.
Doch das moderne Verfassungsrecht ist heutzutage als Recht schwer vorstellbar ohne
eine Gerichtsbarkeit, die dieses Recht durchsetzen kann: Das deutsche, amerikanische,
österreichische, kanadische, das spanische, italienische, griechische, portugiesische,
das schweizerische usw. Verfassungsrecht basieren gegenwärtig in wesentlichem Maße
auf der Verfassungsrechtsprechung; Gleiches wird bald auch in Bezug auf das belgische
Verfassungsrecht gelten, da die Zuständigkeiten des Schiedshofes vor kurzem erweitert
wurden. Auch in Frankreich ist eine derartige Entwicklung feststellbar: der
Verfassungsrichter hat durch seine Tätigkeit, wie in den anderen Ländern mit einer
Verfassungsgerichtsbarkeit, das Verfassungsrecht verändert.

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45 b) Anwendung und Durchsetzung des Verfassungsrechts erfolgen selbstverständlich


durch ein Verfassungsgericht, und nicht durch die ordentliche Gerichtsbarkeit. Diese
kann sicherlich zur Ausstrahlung des angewendeten Verfassungsrechts beitragen, aber
es kann kein im modernen Sinne verstandenes Verfassungsrecht geben ohne
Verfassungsgerichtsbarkeit. Unter dem Begriff der Verfassungsgerichtsbarkeit ist in der
Rechtsvergleichung jede Form von Gericht zu verstehen, dessen Bestehen,
Zusammensetzung und Zuständigkeiten von der Verfassung selbst vorgesehen und
gewährleistet werden und dessen Entscheidungen ausschließlich von der
verfassungsgebenden Gewalt umgestoßen werden dürfen. So ist beispielsweise gemäß
der Rechtsprechung des Verfassungsrates der Bestand der Verwaltungsgerichtsbarkeit
durch die Verfassung gesichert, doch bedeutet dies nicht, dass es dem Gesetzgeber
durch die Verabschiedung eines ordentlichen Gesetzes nicht freistünde, die
Zusammensetzung und das Verfahren für die Auswahl der Richter des Staatsrates oder
der Verwaltungsgerichte zu ändern, die Zuständigkeiten dieser Gerichte zu
modifizieren oder auch eine missliebige Rechtsprechung zu überwinden.
46 c) In dem Maße, in dem das Verfassungsrecht zu einem von der Rechtsprechung
geprägten Recht wird, liegt die Versuchung nahe, den Blick gen Amerika zu richten und
die in den Vereinigten Staaten weit verbreiteten Theorien38 in Bezug auf die
gerichtliche Auslegung der Verfassung zu übernehmen.
47 Dort kreisen die verfassungsrechtlichen Fragestellungen um die gerichtliche Auslegung
der Verfassung, während dieses Thema im Verfassungsrecht in Europa bis vor kurzem
nur ein sehr begrenztes oder gar kein Interesse genoss. Hier gilt es, nicht von einem
Extrem ins andere zu fallen und davon auszugehen, alles hänge nur noch von einer
»zeitgerechten Auslegung« der Verfassung ab. Sicherlich ist der Gewinn durch eine
solche Vorgehensweise nicht zu unterschätzen, und die Arbeiten Michel Tropers sind
in diesem Zusammenhang von großem Wert.39 Die diesbezügliche Debatte in der
Rechtslehre dreht sich allerdings nicht um die Frage der Sachdienlichkeit einer solchen
Sichtweise, sondern um diejenige der Stellung, die sie im Rahmen
verfassungsrechtlicher Fragen einnehmen soll. Hier wird die Ansicht vertreten, dass sie
nicht den gesamten Diskurs beherrschen soll und damit die auf das amerikanische
System zentrierte Sichtweise ebenso wie die auf die Politikwissenschaft und auf die
Verwaltung zentrierte Sichtweise abzulehnen ist, und zwar aus mehreren Gründen.
48 Zunächst ist festzuhalten, dass die staatsorganisatorischen und rechtlichen
Rahmenbedingungen in Europa und in den Vereinigten Staaten nicht die gleichen sind.
Die amerikanische Verfassung ist zweihundert Jahre alt und war bereits Gegenstand
unzähliger gerichtlicher Entscheidungen, die sie ausgelegt haben, wohingegen die
Verfassungen der europäischen Staaten deutlich jünger und Ausdruck des Willens des
jeweiligen Verfassungsgebers sind, eine bestimmte rechtliche und politische Ordnung
zu schaffen; es ist schwierig, diese Tatsache im Sinne einer zeitgerechten Auslegung der
Verfassung, die demjenigen, der diese Auslegung vornimmt, insbesondere den
Gerichten, praktisch jedes Ermessen einräumt, nicht zu beachten oder zu übergehen.
Des Weiteren besteht die Problematik in den Vereinigten Staaten wesentlich darin, die
Art und Weise zu bestimmen, wie die Grundrechte zu berücksichtigen sind und wie
deren Beachtung dem Gesetzgeber auferlegt werden kann: Ob nun im Rahmen der
Debatte um die sogenannten »neutralen Prinzipien« oder derjenigen zwischen
»Interpretivisten« und »Nicht-Interpretivisten«, oder auch bei Fragen, wie sie bereits
im Titel eines Werkes des herausragenden Vertreters der amerikanischen

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Rechtsliteratur (R. Dworkin, Bürgerrechte ernstgenommen, dt. 1990) angedeutet werden,


stets geht es um die Definition der Grundrechte und die Frage, ob der Richter bei der
Bestimmung von deren genauer Bedeutung der Verfassung treu geblieben ist oder
nicht. Dieser Ansatz setzt den Schwerpunkt fast ausschließlich auf einen einzigen der
Gegenstände des Verfassungsrechts und vernachlässigt die anderen: Er ist deshalb
genauso unbefriedigend wie der Ansatz, der den Fokus auf das Staatsorganisationsrecht
legt. Schließlich besteht in den Vereinigten Staaten eine derartige Verflechtung
zwischen dem Verfassungsrecht und den anderen Rechtsbereichen, dass der Diskurs
über den Bedeutungsgehalt der Grundrechte auf eine philosophische Debatte über die
Bedeutung des Rechts hinausläuft. In Europa hingegen ist eine derartige Osmose von
Verfassungsrecht und übrigem Recht noch in weiter Ferne: Daher können die aus dem
amerikanischen Beispiel gezogenen Schlüsse keinen universalen Geltungsanspruch
haben und sind nicht ohne weiteres übertragbar.
49 Richtig ist allerdings ebenfalls, dass das Verfassungsrecht sich zunehmend als
Grundlage auch der übrigen Rechtsgebiete etabliert und somit als »Verfassung des
Rechts« gelten kann.

II. Das Verfassungsrecht, Verfassung des Rechts


50 Die nun folgenden Ausführungen sollen einen weniger breiten Raum einnehmen, denn
es können lediglich die Grundlinien der gegenwärtig erfolgenden Entwicklung skizziert
werden. Das Thema soll aber im Weiteren immer wieder Gegenstand von
diesbezüglichen Beiträgen in den Chroniken dieser Zeitschrift [Revue française de Droit
constitutionnel] sein.
51 Mit fortschreitender Anwendung und Auslegung der Verfassung durch den
Verfassungsrichter sowie mit der Umsetzung der derart ausgelegten
Verfassungsnormen durch die politischen Organe und die Verwaltungsbehörden findet
eine allmähliche verfassungsrechtliche Durchdringung der verschiedenen
Rechtsgebiete statt, in deren Folge die Unterscheidung zwischen öffentlichem Recht
und Privatrecht an Trennschärfe verliert.

A. Die fortschreitende verfassungsrechtliche Durchdringung der


verschiedenen Rechtsgebiete

52 1. Was noch 198040 sehr skeptisch als einsamer Ruf in der Wüste aufgenommen worden
war, trifft zehn Jahre später auf einen breiten Konsens unter Straf-, Verwaltungs-,
Handels- wie Arbeitsrechtlern.
53 Diesbezüglich besonders vielsagend ist der einleitende Hinweis von einem der
bedeutendsten Spezialisten für Arbeitsrecht, Professor G. Lyon Caen, zu seiner kürzlich
erschienenen Rechtsprechungschronik zum Thema »Die Rechtsprechung des
Verfassungsrates mit Bezug zum Arbeitsrecht« (Revue Dalloz, 1989, S. 192, Fn. 1):
»Diese Chronik wird manchen Fachleuten für Verfassungsrecht sehr oberflächlich
erscheinen.41 Ihr Zweck ist es, den Spezialisten für Arbeitsrecht die
verfassungsrechtlichen Grundlagen ihrer Disziplin näherzubringen. Dies ist umso
unverzichtbarer, als die Arbeitsgerichte (ebenso wie die übrigen Gerichte), in den
Begründungen ihrer Beschlüsse immer stärker auf verfassungsrechtliche
Grundsätze Bezug nehmen. Gleichzeitig erklärt sich die grundlegende

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Widersprüchlichkeit innerhalb des Arbeitsrechts durch die Dualität von dessen


verfassungsrechtlichen Quellen.«
54 Im gleichen Sinne kann auch hervorgehoben werden, was der Redakteur der Revue des
sociétés in Bezug auf Entscheidungen des Verfassungsrates aus dem Jahr 1986
geschrieben hat, nämlich dass sie »die immer stärkere Rolle belegen«, die dem
Verfassungsrat im Bereich des Handelsrechts zukommt, wobei doch gerade dieses
Rechtsgebiet »eigentlich keinen engen Zusammenhang mit den Grundnormen für die
Funktionsweise des politischen Gemeinwesens aufweist«. 42
55 Im Bereich des Strafrechts liegen nicht nur eine Reihe von Beiträgen von Strafrechtlern
zu Themen der Durchdringung des Strafrechts und des Strafprozessrechts durch das
Verfassungsrecht vor,43 sondern auch ein rechtsvergleichendes Themenheft der
Zeitschrift Revue des sciences criminelles, das auf eine Anregung ihrer Herausgeberin
zurückgeht.44
56 Die gleiche Feststellung kann selbstverständlich auch in Bezug auf die übrigen Gebiete
des öffentlichen Rechts getroffen werden, seien es das öffentliche Finanzwesen 45, das
Verwaltungsrecht46 oder die Grundrechte (libertés publiques)47. Es ist heutzutage normal
geworden, den Bezug zum Verfassungsrecht herzustellen. In diesem Zusammenhang
sei hier stellvertretend eine besonders bedeutsame (weil von einem Mitglied des
Staatsrates stammende) Äußerung zitiert:
»Die Verfassungsnormen sind im Verwaltungsrecht allgegenwärtig, und der
Übergang vom einen zum anderen ist in der Realität kaum mehr spürbar, seitdem
und in dem Maße in dem sich durch die Rechtsprechung des Verfassungsrates die
verfassungsrechtlichen Grundlagen des öffentlichen Rechts fortentwickelt haben.«
48

57 2. Es ist angezeigt, in wenigen Worten nachzuzeichnen, worin die


verfassungsrechtliche Durchdringung eines Rechtsgebietes genau besteht.
58 Zunächst bedeutet dieses Phänomen, dass das betreffende Rechtsgebiet nunmehr
verfassungsrechtliche Grundlagen besitzt, die es in jeder Lehrveranstaltung und bei
jeder Forschungsarbeit zu berücksichtigen gilt, wenn der geltende Stand des Rechts
nicht verkannt werden soll. Im Verwaltungsrecht zum Beispiel können Themen wie
Körperschaften des öffentlichen Rechts, Verwaltungsstrafen, Mittlerorganisationen,
das Legalitätsprinzip usw. nicht mehr ohne Bezugnahme auf die Verfassung und deren
verfassungsgerichtliche Auslegung behandelt werden. Des Weiteren ist es im Strafrecht
und im Strafprozessrecht unmöglich geworden, das Rückwirkungsverbot, die
Unschuldsvermutung, die Rechte der Verteidigung usw. losgelöst von den
verfassungsrechtlichen Bestimmungen und Grundsätzen zu analysieren, die »das
materielle Strafrecht einschränken«.49 Diese Beispiele ließen sich beliebig fortsetzen,
auch in Bezug auf andere Rechtsgebiete.
59 Die verfassungsrechtliche Durchdringung eines Rechtsgebietes bedeutet des Weiteren,
dass das betreffende Gebiet unter dem Einfluss des Verfassungsrechts Veränderungen
erfährt. So kann beispielsweise das bürgerliche Recht durch das verfassungsrechtliche
Gleichheitsgebot, insbesondere durch den Grundsatz der Gleichheit zwischen Männern
und Frauen, einen Wandel durchlaufen, wie dies z. B. in Deutschland geschehen ist. 50
Auch das Gesellschaftsrecht oder das Recht des Öffentlichen Dienstes werden durch das
Gleichheitsgebot Wandlungen erleben. Diese Wandlungen vollziehen sich dabei immer
zugunsten einer größeren Freiheit des Einzelnen und einer stärkeren Berücksichtigung
von dessen Grundrechten.

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161

60 Allerdings ist anzumerken, dass der Grad der Durchdringung durch das
Verfassungsrecht von Rechtsgebiet zu Rechtsgebiet unterschiedlich ausfällt: in
manchen ist diese Durchdringung tiefer als in anderen, wobei mit der Zeit eine gewisse
Angleichung stattfindet bzw. stattfinden wird. Tatsächlich hängt diese Durchdringung
auch von der Gesetzgebungstätigkeit in diesem oder jenem Rechtsgebiet ab:
Verabschiedet der Gesetzgeber in einem bestimmten Rechtsgebiet besonders viele
Gesetze, wird auch der Verfassungsrat häufiger die Gelegenheit erhalten, zu diesen
Fragen zu entscheiden und in Bezug auf diesen Rechtsbereich die Verfassung
auszulegen. Von diesem Standpunkt aus betrachtet, würde die 1989 vom Präsidenten
des Verfassungsrates sowie vom Präsidenten der Republik vorgeschlagene Reform
zweifelsohne dazu führen (so sie denn verabschiedet würde), diesen Prozess der
verfassungsrechtlichen Durchdringung erheblich zu beschleunigen.
61 Deren Fortschritte lassen sich offensichtlich am besten durch eine Analyse der
Rechtsprechung der Verwaltungsgerichte und der ordentlichen Gerichte, aber auch
durch eine Beschäftigung mit der institutionellen Praxis und der Gesetzgebungspraxis
verfolgen und messen.
62 Doch geht die seit über fünfzehn Jahren beobachtete Entwicklung noch darüber hinaus:
tatsächlich ist inzwischen die Frage immer stärker berechtigt, ob die Unterscheidung
zwischen öffentlichem Recht und Privatrecht noch begründet ist.

B. Die zunehmende Relativierung der Unterscheidung zwischen


öffentlichem Recht und Privatrecht

63 1. Die meisten Rechtslehrbücher beginnen mit einer Darstellung der Rechtsgebiete, die
auf einer fundamentalen Unterscheidung zwischen öffentlichem Recht und Privatrecht
beruht, fahren anschließend mit einer Darstellung des ausgewählten Rechtsgebiets
innerhalb des öffentlichen Rechts oder des Privatrechts fort und schließen mit einer
Hervorhebung der Eigenständigkeit des behandelten Rechtsgebiets, das ganz
selbstverständlich seine eigenen Grundsätze und Grundlagen besäße, die natürlich
nicht dem Einfluss anderer Rechtsdisziplinen zu verdanken seien.
64 Eine derartige Darstellungsweise war noch vorstellbar, als die einzelnen Rechtsgebiete
noch keinen gemeinsamen Unterbau bzw. keine gemeinsame Grundlage besaßen.
Damals wurde die Verfassung in der Tat nicht als Gesamtheit von Normen aufgefasst,
die als Grundlage der Rechtsordnung fungieren könnten, und allgemeine
Rechtsgrundsätze wurden bald von der Rechtsprechung des Staatsrates, bald von
derjenigen des Kassationsgerichtshofes herausgearbeitet; selbst wenn diese
allgemeinen Rechtsgrundsätze sich manchmal überschnitten, waren sie doch keine
gemeinsamen oder einheitlichen Grundsätze für das öffentliche Recht und für das
Privatrecht (manchmal gar galten diese Grundsätze nicht einmal in einheitlicher Weise
für alle Rechtsgebiete aus einer dieser beiden Rechtsordnungen 51). Diese Zeit ist nun
überwunden, denn die Normen der Verfassung gelten gleichermaßen für das
Privatrecht und für das öffentliche Recht und bilden einen gemeinsamen Stamm, mit
dem die einzelnen Rechtsgebiete verbunden sind, ohne dass es notwendig wäre,
zwischen privatrechtlichen und öffentlich-rechtlichen Rechtszweigen zu
unterscheiden.
65 Vor zehn Jahren konstatierten wir52 eine »Bewegung hin zu einer Wiedervereinigung
des öffentlichen Rechts, die sich aus der Entwicklung des Verfassungsrechts hin zu

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einem Grundsockel« ergab. Heutzutage hat sich diese Bewegung nicht bloß stark
weiterentwickelt, sondern greift auch auf das Privatrecht über. Dessen ist sich
allerdings noch nicht jeder Jurist bewusst geworden, und es dürfte noch eine Weile
dauern, bis die verfassungsrechtliche Denkweise bei allen, deren Aufgabe die
Anwendung oder Auslegung des Rechts ist, zu einem normalen Reflex wird.
66 2. Worum es geht, ist die Einheit der Rechtsordnung und deren Identität
beziehungsweise Einzigartigkeit.
67 Von dem Moment an, wo die allgemeinen Rechtsgrundsätze – zumindest diejenigen der
obersten Ebene – mehr und mehr von Verfassungsnormen absorbiert und ersetzt
worden sein werden, werden auch die Gefahren verschwinden, die sich daraus ergeben,
dass mehrere Rechtsordnungen nebeneinander bestehen.
68 Das Recht wird dann nur noch eine einzige Verfassung haben und ein einziges Gebälk,
um es zu stützen.
69 Durch eine derartige Entwicklung werden die einzelnen Rechtszweige nicht ihre
Eigenheiten einbüßen, denn wie weiter oben bereits beobachtet, festigt und bestätigt
die Verfassungsrechtsprechung oftmals Lösungsansätze, die bereits von der
Rechtsprechung der Verwaltungsgerichte oder der ordentlichen Gerichte
herausgearbeitet wurden.
70 Es kann sogar behauptet werden, dass diese Festigung geeignet ist, die Besonderheiten
des nationalen Rechts trotz des Eindringens gemeinschaftsrechtlicher und
völkerrechtlicher Normen in die innerstaatliche Rechtsordnung zu bewahren. Die
verfassungsrechtliche Durchdringung aller Rechtsgebiete erlaubt es, diese vor einer
gemeinschaftsrechtlichen Vereinheitlichung zu schützen.
71 Das in diesem Beitrag beschriebene moderne Verfassungsrecht ist nicht mehr bloß ein
Verfassungsrecht der westlichen Demokratien, das als solches nicht auf die Staaten des
Ostblocks oder des Südens übertragbar wäre.
72 Die Ereignisse und Umwälzungen, die sich in den Volksdemokratien vollziehen und
auch vor bestimmten politischen Ordnungen in der Dritten Welt, so z. B. in Algerien,
nicht haltmachen, zeigen, dass in allen Ländern eine ähnliche Entwicklung hin zu
gleichen Auffassungen von Demokratie und Verfassungsstaat stattfindet. Die Forderung
nach Pluralismus und der Errichtung eines Rechtsstaats ist nicht mehr, so scheint es,
ausschließlich auf freiheitliche und kapitalistische Gesellschaftsordnungen beschränkt.
73 Überall dort, wo diese Forderung laut wird, wird auch die Einrichtung einer
Verfassungsgerichtsbarkeit verlangt: nicht, weil es sie ein weiterer Baustein aus dem
Verfassungsbaukasten wäre, sondern weil es sich dabei um eine unabdingbare
Voraussetzung für die Verwirklichung und die Bewahrung des Rechtsstaats handelt.
74 In jedem seiner drei Aspekte (der Organe, des Normengefüges und der Grundrechte)
scheint das Verfassungsrecht zum gemeinsamen Nenner aller Systeme zu werden, die
für sich in Anspruch nehmen, demokratisch zu sein. Begrenzt auf den Aspekt der
Staatsorganisation, konnte das Verfassungsrecht hingegen nur zersplittert und
nationalspezifisch bleiben, selbst wenn es aus dem Blickwinkel der allgemeinen
Staatstheorie betrachtet wurde, denn diese allgemeine Staatstheorie befasst sich in
Frankreich im Wesentlichen mit den Institutionen des Staates.
75 Wenn die vorliegende Analyse bestätigt werden sollte – und sie wird es werden, wenn
die französischen Verfassungsrechtler zu ihren ausländischen Kollegen aufschließen

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und nicht in ihrer Isolierung verharren wollen –, dann wird noch vieles Überkommene
einer Revision unterzogen werden müssen.

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Luchaire, F. (1987): La protection constitutionnelle des droits et des libertés, Paris: Economica.

Meny, Y. (1988): Politique comparée: les démocraties: Allemagne, États-Unis, France, Grande-Bretagne,
Italie, 2. Aufl., Paris: Montchrestien.

Michaut, F. (1989): »L’inscription de la décision judiciaire dans un système juridique. Réflexions


sur l’évolution de la doctrine américaine contemporaine«, Revue du droit public, Nr. 4, S. 1009–
1059.

Miclo, F. (1982): Le régime législatif des DOM et l’unité de la République, Paris / Aix-Marseille:
Economica / PUAM.

Murphy, W. F. (1989): »Constitutions, Constitutionalism, and Democracy«, Vortrag auf der


Tagung des American Coucil of Learned Societies (ACLS), Berlin 1989; jetzt in: Constitutionalism &
Democracy: Transitions in the Contemporary World, Oxford: Oxford University Press, 1993.

Philip, L. (1984): »La constitutionnalisation du droit budgétaire français«, in: Beck, B. et al. (Hg.):
Études de finances publiques. Mélanges en lʼhonneur de M. le Professeur Paul Marie Gaudemet, Paris:
Economica, S. 49–62.

Pizzorusso, A. (1977): Delle Fonti del Diritto, in: Scialoja, A. / Branca, G. (Hg.): Commentario del Codice
civile, Bologna / Rom: Zanichelli.

Prelot, M. / Boulouis J. (1987): Institutions politiques et droit constitutionnel, 10. Aufl., Paris: Dallos.

Stirn, B. (1989): Les sources constitutionnelles du droit administratif, Paris: LGDJ.

Troper, M. (1974): »Le probleme de l’interprétation et la théorie de la supra-légalité


constitutionnelle«, in: Recueil dʼetudes en hommage à Charles Eisenmann, Paris: Éd. Cujas.

Trivium, 30 | 2019
165

Troper, M. (1990): »Justice constitutionnelle et démocratie«, Revue française de Droit constitutionnel,


Nr. 1, S. 31–48.

Vedel, G. (1949): Droit constitutionel, Paris: Sirey.

Vedel, G. (1984a): »Le précédent judiciaire en droit public français«, in: RIDC, Sonderheft, VI,
S. 283 ff.

Vedel, G. (1984b): Vorwort zu Beck, B. et al. (Hg.): Études de finances publiques. Mélanges en lʼhonneur
de M. le Professeur Paul-Marie Gaudemet, Paris: Economica.

Vedel, G. (1990): »La continuité constitutionnelle en France de 1789 à 1989«, Revue française de
droit constitutionnel Nr. 1, S. 5–15.

Zagrebelsky, G. (1986): »La doctrine du droit vivant«, Annuaire international de justice


constitutionnelle, Bd. II, S. 54–77.

NOTES
1. Favoreu (1980), S. 17 f.
2. Fachtagung in St. Maur, Februar 1980.
3. S. unsere Bemerkungen in der Revue du Droit Public, 1989, Nr. 2, S. 407; 90 % der
Rechtsprechung des Verfassungsrates sind in den Jahren zwischen 1980 und 1989 ergangen.
4. Auf diese Veränderungen wurde bereits hingewiesen von Favoreu (1982), S. 235 f.
5. Siehe insbesondere die erstaunlichen Ausführungen von Gaxie (1989), S. 225, Fn. 8: »Man
denke an dieser Stelle nur an die intellektuelle bzw., allgemeiner, an die akademische Strategie
von Louis Favoreu.« Diese eher kryptische Andeutung wird in Fußnote 42 aufgeklärt: »Auch hier
ist diese intellektuelle Strategie untrennbarer Bestandteil einer akademischen Strategie, die
danach strebt, die Tradition der Rechtsschulen wiederaufleben zu lassen und innerhalb
derselben die klassische Vorlesung zum ›Verfassungsrecht‹ durch eine zum
›Verfassungsprozessrecht‹ zu ersetzen.«
6. In diesem Sinne, s. Garcia de Enterria (1985).
7. Dieses Phänomen haben wir bereits häufiger hervorgehoben, und dabei auch den Begriff
»Verrechtlichung« verwendet, s. insbesondere Favoreu (1980).
8. Troper (1974), S. 133 und (1990), S. 38 ff.
9. Vedel (1984a).
10. Zur Vermengung von Recht und Rechtswissenschaft vgl. die Bemerkungen von Atias (1985),
S. 31.
11. Auch wenn die wissenschaftliche Genauigkeit der Termini Anlass zu Diskussionen geben mag.
12. Inhaltlich handelt es sich dabei im Wesentlichen um eine allgemeine theoretische
Behandlung politischer Institutionen aus französischer Sicht.
13. Selbst Charles Eisenmann vertritt diese Ansicht noch 1950: Er wendet sich gegen die
Sichtweise Prélots, wonach »das Verfassungsrecht die Struktur der Organe und des
Staatsapparates als Ganzes zum Gegenstand habe, d. h. sowohl die Organisation der Verwaltung
und des Gerichtswesens als auch der höheren Staatsorgane Parlament und Regierung«. Für
Eisenmann hingegen gilt: »Es ist als überlieferte und berechtigte Tatsache festzuhalten, dass das
›Verfassungsrecht‹ sich ausschließlich mit Fragen und Bestimmungen zu den obersten Organen
des Staates befasst, d. h. mit den Grundlagen der politischen Organisation des Staates« (Vorlesung
zum Vergleichenden Verfassungsrecht; Eisenmann [1950–1951], S. 37).
14. Entscheidungen Nr. 82-137 DC und Nr. 82-138 DC, Dezentralisierung, in: GD, 5. Aufl., Nr. 34.

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15. Entscheidung Nr. 80-119 DC, Gültigerklärung von Verwaltungsverordnungen, in: GD, 5. Aufl.
Nr. 31.
16. Entscheidung Nr. 86-224 DC, Wettbewerbsbehörde, in: GD, 5. Aufl., Nr. 43.
17. In den französischen Rechtswissenschaften wird die Frage der Rechtsquellen meist im
Rahmen der Einführung in die Rechtswissenschaft thematisiert, die im Übrigen oftmals eher eine
Einführung in das Zivilrecht darstellt.
18. Es genügt, hier auf den Stellenwert hinzuweisen, der den Rechtsquellen im deutschen oder im
italienischen Verfassungsrecht eingeräumt wird. So kann beispielsweise festgestellt werden, dass
im Kommentar zum italienischen Zivilgesetzbuch der Abschnitt über die »Rechtsquellen« aus der
Feder des Verfassungsrechtlers Alessandro Pizzorusso stammt, der diesem Thema ungefähr
sechshundert Seiten widmet; Pizzorusso (1977).
19. S. unseren einführenden Bericht zu L’écriture de la Constitution, dem Symposium über die
Abfassung der Verfassung, Aix-en-Provence, September 1988; Favoreu (1992).
20. Dieses Forschungsgebiet haben wir seit 1977 und dem Symposium über »Das Gesetz und die
Rechtsverordnung« (Le domaine de la loi et du règlement, 1978, Neuaufl. 1982) zu erschließen
versucht und auch andere dazu ermuntert, sich ihm zu widmen, so durch Dissertationen.
Genannt seien beispielsweise zu Artikel 37, Absatz 2 (Fertigstellung steht bevor), Artikel 38 (in
Vorbereitung), Artikel 41 [É. Oliva, »L’article 41 de la Constitution du 4 octobre 1958: initiative
législative et Constitution«, 1997], Artikel 46 [J.-C. Car, »Les lois organiques de l’art. 46 de la
Constitution du 4 octobre 1958«, 1999], Artikel 53 und 54 (P. Gaia, Le Conseil constitutionnel et le
contrôle de l’intégration des engagements internationaux dans l’ordre juridique interne, Diss. Aix-
Marseille III, 1990), Artikel 72 (C. Bacoyannis, Le principe constitutionnel de libre administration des
collectivités territoriales, 1993), Artikel 73 (F. Miclo, Le régime législatif des DOM et l’unité de la
République, 1982), Artikel 74 (in Vorbereitung), oder auch Artikel 92 (in Vorbereitung). Zu der
Erforschung des Themas »Rechtsquellen«, insbesondere Artikel 2 der Verfassung, kann auch die
Dissertation von R. Debbasch, Le principe révolutionnaire d’unité et d’indivisibilité de la République,
Aix-Marseille III, 1987 (erschienen 1988) gezählt werden.
21. Siehe insbesondere unsere Rechtsprechungschronik in der Revue du droit public.
22. Eisenmann (1928), S. 24 f.
23. Dies ist bei allen neueren Verfassungen der Fall.
24. M. Prélot und J. Boulouis, Institutions politiques et droit constitutionnel, 10. Aufl., S. 33. Dies war
die Ansicht Marcel Prélots. Jean Boulouis hingegen legte dar, wie sich die Dinge seitdem geändert
haben. Er räumt ein, dass neben den Normen und den Grundfreiheiten nun eigentlich auch die
Organisation der Verwaltung und das Gerichtswesen in Rahmen der Verfassungsrechtslehre
thematisiert werden müssten, und fügt hinzu, dass »wenn man an (der) klassischen Definition
festhält, dann nur aus einem Sachzwang zur Einteilung des Lehrstoffs, die allerdings immer
weniger dem Stand des positiven Rechts und den inhaltlichen pädagogischen Anforderungen
entspricht« (§ 21, Hervorhebung des Verfassers).
25. Diese Prüfung ist heute strenger als früher, insoweit heute beispielsweise auch geprüft wird,
ob der Anforderung einer gerechten Einteilung der Wahlkreise genügt wurde; aber all diese
Fragen fallen unter das die Institutionen gestaltende Verfassungsrecht.
26. Murphy (1989), S. 21. W. F. Murphy ist einer der bedeutendsten Experten in Sachen »judicial
politics« in den Vereinigten Staaten.
27. Ackerman (1989).
28. Vedel (1990), S. 7.
29. Gaxie (1989).
30. Hierbei handelt es sich vornehmlich um die Rechtsprechungstätigkeit der
Verfassungsgerichte in Deutschland, Österreich, Italien, Spanien, Portugal und Belgien, die
bislang von der französischen Rechtslehre weitgehend unbeachtet geblieben sind und die wir seit
1985 vermehrt in der Zeitschrift Annuaire international de justice constitutionnelle (AIJC) zu

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167

behandeln suchen. Darüber hinaus sei auch die sehr umfangreiche rechtswissenschaftliche
Literatur zu dieser Rechtsprechung in Westdeutschland, Italien und Österreich, sowie nunmehr
auch in Spanien und Portugal erwähnt, die von den Politikwissenschaftlern wie im Übrigen auch
von sich ausschließlich mit der Staatorganisation befassenden Juristen und den
Rechtstheoretikern und Rechtsphilosophen vollständig unbeachtet gelassen wird.
31. Im Gegensatz zur Vorgehensweise der amerikanischen Politikwissenschaftler.
32. In diesem Sinne, s. François (1990), S. 52. Vgl. ebenfalls die klugen Betrachtungen von Georges
Lavau (1989), S. 135: »Versuchen wir doch, diese etwas engen Diskussionen zu überwinden, die so
oft von Missverständnissen und Vorurteilen verdüstert werden. Ich möchte darlegen, auf welche
Weise so manches Mal terminologische Meinungsverschiedenheiten, Unzulänglichkeiten
vorheriger Definitionen und theoretische Unterscheidungen sich überlagern.« Diese Worte,
geschrieben in Bezug auf einen Streit unter Politikwissenschaftlern, sind ebenso zutreffend in
Bezug auf einen Diskurs zwischen Politikwissenschaftlern und Juristen.
33. Aus diesem Grund halten wir die von Y. Mény ([1988], S. 417) sowie von F. Hamon und
C. Wiener (Encyclopaedia Universalis, Vo Verfassungsgerichte) vorgenommene Vermengung der
Begriffe für nicht vereinbar mit der in der Rechtsvergleichung allgemein anerkannten
Betrachtungsweise.
34. Für eine vertiefende Analyse dieser Betrachtungsweise vgl. Escarras (1986).
35. Zagrebelsky (1986), S. 54 f.
36. Escarras (1986).
37. Als jüngste Beispiele seien hier die Rechtsprechung zum Streikrecht im Öffentlichen Dienst
oder auch die Rechtsprechung über verwaltungsgerichtlich verfolgbare Übertretungen wegen
Beschädigung oder Störung der Verkehrswege genannt.
38. Einen hervorragenden Überblick liefert Michaut (1989), S. 1009 f.
39. Troper (1990), S. 31.
40. Favoreu (1980), S. 17 f.; Favoreu (1982), S. 235 f.
41. Diese Ansicht wird vom Autor dieses Beitrags nicht geteilt.
42. Guyon (1986), S. 606.
43. S. beispielsweise Legeais (1981), S. 621–631; Le Calvez (1985).
44. Revue des sciences criminelles, 1985, Nr. 4, S. 711–754.
45. Philip (1984), S. 49; vgl. auch die Einführung von Georges Vedel zu diesem Werk.
46. S. diesbezüglich die Anmerkungen von Georges Vedel in der Ausgabe dieser Zeitschrift (Vedel
[1990]), S. 14.
47. Luchaire (1987).
48. Stirn (1989), S. 8.
49. So Delmas-Marty (1989), S. 154.
50. Fromont (1975), S. 61 f. M. Fromont zeigt dort in allgemeinerer Weise auf, inwieweit eine
solche Veränderung sich in den unterschiedlichen Rechtsgebieten vollzieht.
51. Für eine eingehendere Analyse dieser Frage vgl. Favoreu (1988), S. 145 f.
52. Favoreu (1980), S. 23.

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INDEX
Mots-clés : droit constitutionnel, droit de la Constitution, constitution du droit
Schlüsselwörter : Verfassungsrecht, Recht der Verfassung, Verfassung des Rechts

AUTEURS
LOUIS FAVOREU
Louis Favoreu war Professor für Verfassungs- und Staatsrecht an der Universität Aix-en-
Provence / Marseille. Nähere Informationen finden Sie hier.

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Das Verfassungsrecht im Zeichen


der Wende hin zum
Rechtsprechungskommentar –
Methodenfragen
Alexandre Viala
Traduction : Olivier Joop

NOTE DE L’ÉDITEUR
Wir danken Herrn Alexandre Viala für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in
deutscher Übersetzung zu publizieren.
Nous remercions M. Alexandre Viala de nous avoir accordé l’autorisation de traduire ce
texte pour le présent numéro.

1 Unlängst noch wurde der Verfassungsrechtler im Kreis der Rechtswissenschaftler


manchmal eher stiefmütterlich behandelt. Verfassungsrecht wurde nicht immer als
Rechtsgebiet betrachtet, sondern, mit seinem Fokus auf die politische Verfasstheit der
Institutionen und deren Akteure, eher als eine Art vertiefter journalistischer Arbeit
wahrgenommen. Diese Zeit gilt nunmehr als vergangen, seit der Verfassungsrichter die
Bühne betreten hat und Rechtsstreitigkeiten auch im Verfassungsrecht ausgetragen
werden; damit ist auch der Verfassungsrechtler in den Augen seiner Kollegen in den
rechtswissenschaftlichen Fakultäten zu einem vollwertigen Juristen avanciert. Mit
eigenem Richter, eigenen Prozessen und eigener Rechtsprechung ausgestattet, kann
der Gegenstand, für den sich der Verfassungsrechtler interessiert, nunmehr Anlass zu
Rechtsprechungskommentaren geben. Der neue Schwung, den die Einführung der
vorrangigen Frage zur Verfassungsmäßigkeit (question prioritaire de constitutionnalité,
QPC) im Verfassungsprozessrecht gebracht hat, eröffnet dem Verfassungsrechtler die
Möglichkeit, selbst zum Kommentator von Urteilen aufzusteigen, wie es damals, zur Zeit
Maurice Haurious, den Verwaltungsrechtlern vergönnt war, nachdem mit dem Cadot-

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Urteil die Theorie des »Ministers als Verwaltungsrichter« 1 hinweggefegt und der
Aufstieg der aufstrebenden Verwaltungsgerichtsbarkeit zum Gegenstand
wissenschaftlicher Auseinandersetzung begünstigt worden war. Obgleich eingedenk
der Tatsache, dass der Verfassungsrat »Entscheidungen« (décisions) und keine »Urteile«
(arrêts) fällt, die Bezeichnung »Kommentator von Urteilen« in den Ohren mancher
Puristen unangemessen klingen mag, soll sie hier gleichwohl Verwendung finden,
bezeichnet sie doch für die Gemeinschaft der Verfassungsrechtler im Zeichen der
vollen Verwirklichung des Rechtsstaats einen Wendepunkt – die Umstände ähneln
durchaus jenen, die damals die Verwaltungsrechtler im Zeitalter des aufstrebenden
Gesetzesstaats kannten.
2 Allgemein als Fortschritt verstanden, wirft die Angleichung des Verfassungsrechts an
die anderen Rechtsdisziplinen gleichwohl eine Reihe von Fragen auf, die angesichts der
Zweifel, die von manchem skeptischen Rechtswissenschaftler geäußert worden sind,
beantwortet werden müssen. Die Bedeutung des Verfassungsprozesses in der
akademischen Welt der Verfassungsrechtler, verstärkt durch die zunehmende
Rechtsprechungstätigkeit des Verfassungsrates im Zuge der Einführung eines
Verfahrens zur konkreten Normenkontrolle, habe das Potenzial, das Verfassungsrecht
wesentlich zu verändern. Der nachdenkliche Blick mancher Autoren in Anbetracht der
Wendung hin zur Verfassungsgerichtsbarkeit, die bereits vor Einführung der
vorrangigen Frage zur Verfassungsmäßigkeit (QPC) begonnen hatte, äußerst sich darin,
im Verfassungsprozess als Teilbereich des Verfassungsrechts nur die Spitze des
Eisbergs zu sehen, wohingegen ihnen zufolge das wahre Verfassungsrecht, das in die
Tiefe reichende, in den Handlungen der politischen Akteure zum Ausdruck komme,
Handlungen, deren mehr oder weniger beständige Regelmäßigkeit zu dem führe, was in
Bezug auf das anglo-amerikanische Recht als Verfassungskonvention oder
Verfassungsüberlieferung bezeichnet wird.2 Nach Ansicht mancher entrückt die
Überbetonung des Verfassungsprozesses den Verfassungsrechtler vom wahren
Gegenstand seiner Disziplin, ebenso wie die Technisierung verfassungsrechtlicher
Fragen durch den Verfassungsprozess ihn dazu verleitet, das Verfassungsrecht in einer
der instrumentellen Vernunft – von der Heidegger befürchtete, sie breche den
Menschen und stürze ihn in die Seinsvergessenheit3 – ähnlichen Weise zu
vernachlässigen. Indem sie die Verfassungsrechtler dazu verleite, sich auf das
Kommentieren der nunmehr erweiterten Rechtssprechungstätigkeit des
Verfassungsrichters zu konzentrieren, verschärfe das Institut der vorrangigen Frage
zur Verfassungsmäßigkeit diese Neigung zur Beschäftigung mit
Verfassungsstreitigkeiten. Sie lege den Keim für eine und verführe zu einer übertrieben
formalistischen Denkweise in einem Rechtsgebiet, das sich bis dahin durch eine gewisse
Form von Vornehmheit auszeichnete. Mit nostalgischem Tonfall und einer Wortwahl,
in der Trugbilder und Überzeichnungen so manches Mal gegenüber der Vernunft
Oberhand gewinnen, wird beklagt, die edlen Verfassungsgrundsätze der
Staatsorganisation – lange Zeit den Niederungen der Klagewut der Leute entzogen –
seien heutzutage zum Mittel findiger Advokaten für die Durchsetzung der subjektiven
Rechte ihrer Klienten geworden.
3 Allerdings steht dies nicht im Zentrum des vorliegenden Beitrags. Ohne beanspruchen
zu wollen, die Quelle des wahren Verfassungsrechts (zwischen Verfassungstext,
Entscheidung des Verfassungsrichters und Verhalten der politischen Akteure) zu
ermitteln – auf die Gefahr hin, in ein Übermaß an Dogmatismus zu verfallen –, soll es

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171

hier vielmehr um die Problematik gehen, unter welchen Voraussetzungen die


Vorgehensweise des Verfassungsrechtlers, wenn er in die Rolle des Kommentators von
Urteilen schlüpft, den Anspruch auf Wissenschaftlichkeit erheben darf. Wir
beabsichtigen dabei nicht, diese normative Wende des Verfassungsrechts zu verbannen
– schließlich gebührt ihr das Verdienst, diese Disziplin aus ihrem langen
Dornröschenschlaf im Vergleich zu den anderen Rechtsdisziplinen gezogen zu haben –,
sondern wir wollen nach der Vereinbarkeit dieser Wende zum Normativen mit den
methodischen Anforderungen der Rechtswissenschaft fragen. Genauer untersucht
werden soll die Fähigkeit dieses neuartigen Verfassungsrechts, den epistemologischen
Bedingungen zu genügen, die notwendig sind, um in berechtigter Weise den Rang einer
wissenschaftlichen Disziplin beanspruchen zu können. Was die Disziplin des
Verfassungsrechts in der Gemeinschaft der Juristen, in deren Augen die
Kommentierung der Rechtsprechung eine bedeutsame intellektuelle Übung darstellt,
an Anerkennung gewonnen hat, könnte sie vielleicht in dem Maße an
Wissenschaftlichkeit eingebüßt haben, in dem der Fallstrick einer »formalistischen
Denkweise«, in die der Verfassungsrechtler durch seine Rechtsprechungsexegese
geraten kann, die Gefahr mit sich bringt, dessen Tätigkeit zu einer bloßen Technik zu
degradieren.4
4 Der Teil einer Rechtsdisziplin, der sich mit den Streitigkeiten in diesem Rechtsgebiet
auseinandersetzt, führt nämlich den Juristen dazu, sich nur mit dem normativen
Aspekt des »Rechts« zu befassen, mit anderen Worten mit dem, was gemäß den
Bestimmungen einer Norm »sein soll«, auch wenn anerkannt wird, dass die in einem
solchen Sinne verstandene Norm das Ergebnis der Auslegung durch den Richter ist.
Nun bestehen allerdings erhebliche Zweifel an der Wissenschaftlichkeit einer
Betrachtungsweise, die sich ausschließlich der normativen Seite des Rechts widmen
würde. Dieser Verdacht wird durch eine einfache terminologische Beobachtung
erhärtet: Als »Wissenschaften« werden ausdrücklich diejenigen Disziplinen tituliert,
die sich mit dem, »was ist«, befassen, oder anders ausgedrückt, mit der Wirklichkeit
der Dinge jenseits deren normativen Gehalts und parallel zu dem rein juristischen Blick
auf einen besonderen Aspekt des sozialen Lebens. So wird das Verfassungsrecht durch
eine von der »Politikwissenschaft« geleisteten Analyse ergänzt, ebenso wie das
Verwaltungsrecht in der »Verwaltungswissenschaft«, das Strafrecht in der
»Kriminologie« und das Zivilrecht in der »Rechtssoziologie« ihre Fortsetzung findet,
wobei die letztgenannte Disziplin zwar nicht die Bezeichnung »Wissenschaft« im
Namen trägt, aber unzweifelhaft eine darstellt: die Soziologie, zu der sie gehört, wird
allgemein als Königsdisziplin der Sozialwissenschaften betrachtet. Demgegenüber wird
bei den rechtlichen Fragen, die solchen ausdrücklich als wissenschaftlich betitelten
Disziplinen entsprechen, so getan, als gehörten sie dem ungleich weniger edlen Bereich
des rein Technischen an.5 Alles in allem scheint es, als gewönnen die
Sozialwissenschaften ihren Status als wissenschaftliche Disziplinen ohne weiteres nur
dann, wenn ihr Gegenstand, wie derjenige der Naturwissenschaften, empirischer Art
ist, und verlören diesen Status im Gegenzug, wenn der Gegenstand rein normativer Art
ist. Darin bestehe der Geburtsfehler dessen, was man als Rechtswissenschaft
bezeichnet. Eine Schwäche, die sich verstärke, wenn diese Wissenschaft die in ihrem
Bereich behandelten Fragen zu Streitsachen überbewerte.
5 Worin liegen die Gründe für diese Vermutung der Nicht-Wissenschaftlichkeit, die eine
Rechtsdisziplin trifft, deren Interesse ausschließlich der normativen Seite ihres
Forschungsgegenstandes gilt? In der vorliegenden Abhandlung wird die Auffassung

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172

vertreten, dass die Rechtswissenschaft, wenn sie darauf reduziert wird, nach dem
»Sollen« zu fragen, mit einem ernsten epistemologischen Problem konfrontiert ist,
nämlich dass dann zwei Begriffe mit demselben Wort wiedergegeben würden, die bei
Kelsen jeweils als Rechtsnorm und Rechts satz (der die Norm beschreibt) bezeichnet
werden. Der Kommentator von Urteilen steht genau vor der Herausforderung dieser
semantischen Übereinstimmung der Norm, die in diesem Fall vom Gericht formuliert
wird und Gegenstand des Kommentars ist, und des Rechtssatzes, der im Kommentar
seinen Ausdruck findet. Dadurch ist die Grenze zwischen der Rechtswissenschaft und
der von ihr untersuchten Welt des Rechts sehr dünn oder gar durchlässig. Als
Wissenschaft aber kann nur die gelten, die Distanz gegenüber der von ihr untersuchten
Welt wahrt. Denn ihr Forschungsobjekt ist nicht dasselbe wie ihr wissenschaftlicher
Gegenstand. Die Welt, auf den sie ihren Blick richtet (ihr Forschungsobjekt), ist nur
eine empirische Gegebenheit, von der aus die Wissenschaft ihren eigenen Gegenstand
herausarbeiten muss (ihr Artefakt, wie die Biologen sagen würden). Seit Gaston
Bachelards wohlbekanntem Werk6 gilt es als gesicherte Erkenntnis, dass der
Gegenstand einer Wissenschaft nicht vorgegeben ist. Er ist konstruiert, und die
Wissenschaftlichkeit einer Disziplin lässt sich an ihrem konstruktivistischen Aspekt
messen: Ist sie in der Lage, ihren Gegenstand aufzubauen? In dieser pragmatischen
Fähigkeit beruht die Wissenschaftlichkeit jedes akademischen Diskurses. Die
Herausforderung ist schwer zu meistern, wenn die Welt, für die sich eine
Wissenschaftsdisziplin interessiert, eine Welt voller normativer Aussagen ist, deren
Beschreibung nur zu Aussagen mit einem sterilen analogen semantischen Gehalt führt.
Was Kelsen den Rechtssatz nannte, ist somit nur ein klägliches Werkzeug, das für den
Juristen keinerlei Hilfe bietet, wenn dieser seinen Gegenstand konstruieren will.
6 Der Verfassungsrechtler, heutzutage ganz ergriffen von der Begeisterung für
Rechtsprechungskommentare, kann diese auf seiner Disziplin lastende Vermutung der
Nicht-Wissenschaftlichkeit nur widerlegen, wenn es ihm gelingt, beim Aufbau seines
wissenschaftlichen Gegenstandes zwei Arten von Anforderungen Genüge zu leisten. Für
den Kommentator von Urteilen besteht die erste darin, einen höheren Grad von
Abstraktheit im Vergleich zu den Aussagen der Gerichte, deren Entscheidungen er
kommentiert, zu erreichen. Die Aussagen aus den konkreten Gerichtsentscheidungen
sind nicht das Artefakt der Rechtswissenschaft, denn sie liegen bereits vor, der Jurist
kann sie in ihrer ganzen Kontingenz einfach lesen. Der wissenschaftliche Gegenstand,
mit dem sich der Verfassungsrechtler beschäftigt, ist hingegen eine pure Konstruktion,
das Ergebnis einer gegenüber den Umständen des Einzelfalls eingenommenen Distanz,
die darin besteht, rechtliche Kategorien zu schaffen, deren Allgemeingültigkeit und
Abstraktheit von der konstruktiven Dimension der Vorgehensweise des
Verfassungsrechtlers Zeugnis geben (I). Die zweite Bedingung, um den
konstruktivistischen Anspruch zu erfüllen, dem auch die gegenwärtige Begeisterung
für den Verfassungsprozess sich nicht zu entziehen vermag, beruht darin, den
Grundsatz der Kausalität zu verwenden, auf den seit dem 18. Jahrhundert jede
wissenschaftliche Disziplin zurückgreift, um ihren Gegenstand aufzubauen.
Kausalitätszusammenhänge sind das Werkzeug schlechthin, mit dem der
Wissenschaftler selbst den Gegenstand seiner Wissenschaft konstruiert, und zwar
aufgrund der bloßen Tatsache, dass der Grundsatz der Ursächlichkeit weder in der
Natur (wenn es um Naturwissenschaften geht) noch im Recht (wenn es um die
Rechtswissenschaft geht) liegt. Es gibt keinen Grund, warum der Kommentator
verfassungsgerichtlicher Entscheidungen in seiner Funktion als Rechtsgelehrter auf ein

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derartiges Requisit verzichten sollte. Daher ist es bedeutsam, eine allgemeine Theorie
des Verfassungsrechts aufzubauen, die ihren Gegenstand in Kausalzusammenhängen
begreift (II).

I. Allgemeingültigkeit als Hauptaufgabe der


Verfassungswissenschaft
7 Die von Gaston Bachelard formulierte epistemologische Anforderung, der sich Juristen
nicht entziehen dürfen, wenn sie den Anspruch erheben, wissenschaftlich vorzugehen,
wird von deren Kollegen in anderen Wissenschaftsdisziplinen ganz natürlich befolgt.
Gewinnt die behandelte empirische Gegebenheit nicht die Form eines
Normsetzungsdiskurses, erfolgt deren wissenschaftliche Beschreibung und Benennung
im Rahmen eines eigenständigen akademischen Diskurses, dessen Inhalt zwangläufig
aus einer Konstruktion hervorgeht. Um im Bereich des Rechts eine solche Konstruktion
zu erreichen, muss der Jurist im Vergleich zu einem Nicht-Juristen eine besondere,
wenn nicht verstärkte Anstrengung leisten, denn die normativen Aussagen, die seiner
Betrachtung unterliegen, weisen die Besonderheit auf, ihm die Illusion zu vermitteln,
sie seien bereits der wissenschaftliche Gegenstand. Angesichts dieser Lage muss der
Jurist auf die Methode der Theoriebildung zurückgreifen, die darin besteht, jenseits
einer bloßen Wiederholung der normativen Aussagen, die das Rohmaterial seiner
Betrachtungen bilden, Rechtskategorien zu konstruieren, die geeignet sind, das
Durcheinander dieser Aussagen in etwas Begreifbares zu verwandeln (A).
8 Ein solches Unterfangen bewirkt, über die Erkenntnisse aus der empirischen
Beobachtung dieser Aussagen hinaus, die Herausbildung einer Reihe von Konzepten,
die zur kontingenten Sphäre des positiven Rechts hinzutreten. Es geht darum, die
Verschiedenartigkeit der untersuchten Aussagen des positiven Rechts
herunterzubrechen auf ein einheitliches System, das wiederholbar und auch auf
Aussagen anwendbar ist, die mit den konkret untersuchten normativen Aussagen
vergleichbar sind. Daher stellt für den Verfassungsrechtler der rechtsvergleichende
Blick eine große Bereicherung dar, der es ihm ermöglicht, auf der Grundlage der
Befassung mit diesem oder jenem spezifischen positiven Recht für den Gegenstand
seiner Wissenschaft ein Modell zu entwickeln (B).

A. Die Vorteile der theoretischen Herangehensweise: die


Konstruktion des wissenschaftlichen Gegenstands

9 Das wesentliche Erkenntnishindernis, das die Rechtswissenschaft im Besonderen zu


überwinden hat, ist folgendes: Während im Allgemeinen die vom Wissenschaftler
beschriebene Welt eine Welt ohne Signifikanten ist – eine Welt, die vom
Wissenschaftler souverän benannt wird –, weist die vom Juristen beschriebene Welt,
die ausschließlich auf einem normativen Diskurs beruht, die Besonderheit auf, dass sie
sich selbst als Welt des Rechts bezeichnet. In einem solchen Diskurs geht es um
Aussagen, deren Urheber den Anspruch erheben, Normen zu erzeugen, d. h. Aussagen
mit einer normativen Bedeutung, die dem Rechtswissenschaftler, der sich mit ihnen
befasst, die Illusion vermitteln, der Gegenstand seiner Wissenschaft sei bereits
konstituiert. Daraus ergibt sich, dass der Aussagegehalt des rechtswissenschaftlichen
Diskurses fast identisch ist mit demjenigen des Diskurses des Rechts selbst. Wenn in

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174

Frankreich ein verfassungsrechtliches Lehrbuch die Aussage enthält, »der Präsident


der Republik wird alle fünf Jahre neu gewählt«, so verweist es auf keinen anderen
Sachverhalt als denjenigen, der von der französischen Verfassung vorgegeben wird,
doch im Unterschied zu dieser, die einen Willen und eine Handlungsanweisung
ausdrückt, vermittelt jenes eine Information, ein Stück Wissen … Andere Zwecke, doch
dieselbe Aussage.
10 Die Folge aus dieser semantischen Übereinstimmung ist beachtlich: Das Recht ist jene
einzigartige Disziplin, bei der der Wissenschaftler bei der Schaffung seines
wissenschaftlichen Gegenstandes erhebliche Hindernisse zu überwinden hat, die daher
rühren, dass zwischen ihm und der Welt, die er untersuchen soll, eine besondere, fast
»inzestuöse« Beziehung besteht. Der Aufbau eines wissenschaftlichen Gegenstandes
wird ihm erschwert, da eine übermäßige Nähe vorliegt zwischen der Welt, die seine
Neugier entfacht, und den Ausdrucksmitteln zur Beschreibung dieser Welt – beiden ist
ihr diskursiver Charakter eigen. Einem Insektenkundler ist dieses Problem fremd – eine
von ihm untersuchte Fliege hat sich selbst nie als »Drosophila« bezeichnet – und es
steht ihm frei, dieses Insekt zu vergegenständlichen, indem er ihm die Bezeichnung
»Drosophila« gibt. Auch ein Soziologe, dem die von ihm untersuchten menschlichen
Gruppen nie vorgegeben haben, sie seien der »Psychologie der Massen« unterworfen
gewesen, als sie die Machtergreifung eines Diktators guthießen, kann den Gegenstand
seiner Wissenschaftsdisziplin eigenständig benennen – und erschaffen. 7
11 Bereits Kelsen stellte fest: »Eine Pflanze kann dem sie wissenschaftlich bestimmenden
Naturforscher nichts über sich selbst mitteilen. Sie macht keinen Versuch, sich selbst
naturwissenschaftlich zu erklären«.8 Für den Juristen ist die Situation eine andere; er
muss sich damit auseinandersetzen, dass die »Dinge«, die er bezeichnen soll, sich selbst
als Rechtsakte bezeichnen. Die Rechtswissenschaft mit ihrem normativen Gegenstand
steht einem Problem gegenüber, das den empirischen Wissenschaften – beispielsweise
den Naturwissenschaften oder den nicht normativen Sozialwissenschaften wie der
Soziologie – mit ihrem »stummem« Gegenstand zwangsläufig fremd ist. 9 Kelsen
schreibt weiter: »Die das Recht begreifende Erkenntnis findet mitunter schon eine
rechtliche Selbstdeutung des Materials vor, die der von der Rechtserkenntnis zu
leistenden Deutung vorgreift.«10 Die Rationalisierung dieses Materials ist bereits
erfolgt, bevor der Rechtswissenschaftler eingreift. Diesem fällt es mithin schwer, der
Anleitung Bachelards Folge zu leisten, wonach Wissenschaft ihren Gegenstand durch
dessen Benennung zu konstruieren hat. Sicherlich konstruiert der Wissenschaftler den
wissenschaftlichen Gegenstand nicht aus dem Nichts heraus, er ist zunächst Betrachter
einer Unordnung, die ihm zufällt und die er jedoch verständlich zu machen hat. In
dieser Rationalisierung liegt der Vorgang, stummen Dingen einen Namen zu geben;
dadurch leistet der Wissenschaftler Konstruktionsarbeit. Was sofort die Frage nach sich
zieht: Wie kann einer Disziplin Wissenschaftlichkeit zuerkannt werden, die
wissenschaftliche Diskurse in Bezug auf Aussagen produziert, die aufgrund der
Tatsache, dass sie bedeutungstragende Aussagen darstellen, die Aussichten des
Wissenschaftlers schmälern, eigenständig seinen Gegenstand zu konstruieren? Anders
formuliert: Wie kann der Jurist die unverzichtbare Aufgabe erfüllen, rational Ordnung
in das Chaos zu bringen; nur dann ist eine konstruktive Leistung überhaupt feststellbar,
denn das zu ordnende Chaos besteht aus signifikanten Aussagen, welche die Illusion
vermitteln, sich zum wissenschaftlichen Gegenstand zu erheben, wodurch die Gefahr

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besteht, dass sie den Wissenschaftler beeinträchtigen und daran hindern, den
Bachelard’schen Anforderungen gerecht zu werden.
12 Die Antwort liegt in der theoriebildenden Herangehensweise. Dabei werden jenseits
einer bloßen Wiederholung der normativen Diskurse, die illusorischerweise als
wissenschaftlicher Gegenstand der Rechtswissenschaft erscheinen könnten, allgemeine
Kategorien entwickelt, die es erlauben, die Unordnung dieser mit normativem
Anspruch auftretenden Aussagen zu ordnen, zu erkennen und zu begreifen, sodass es
anschließend möglich ist, daraus gemeinsame und verallgemeinerbare unveränderliche
Größen (Gesetzmäßigkeiten) zu ziehen – was eine wissenschaftliche Vorgehensweise
auszeichnet. Der Gegenstand der Rechtswissenschaft ist das Ergebnis dieser das Chaos
ordnenden Vorgehensweise, die ein theoretischer Ansatz ist, da sie darauf zielt –
worauf bereits die Herkunft des Begriffes »Theorie« schließen lässt – das in einer Sache
verborgene Göttliche (theion) zu erblicken (orao), d. h. die Logik beziehungsweise den
Geist (logos), der diese Sache beseelt und leitet, zu entdecken: theion orao, »ich sehe das
Göttliche«. Dieser vom Wissenschaftler geschaffene Gegenstand zur Erklärung dieser
Unordnung nimmt die Gestalt sogenannter Rechtskategorien an (im hier betrachteten
Bereich handelt es sich um Kategorien verfassungsrechtlicher Art). Das Göttliche zu
erkennen war bereits von der griechischen Antike bis zur Scholastik des Mittelalters
die dem Gelehrten zugeschriebene Bestimmung. Für die antiken Denker war die
Wissenschaft kein Hilfsmittel des Fortschritts, sondern Selbstzweck, mit dem
ausschließlich spekulativen Ziel, im Kosmos die Harmonie eines göttlichen Plans
aufzuspüren, der jedem seinen unverrückbaren Platz in der göttlichen Ordnung
zuweist. In diesem Sinne war eine Theorie nichts anderes als eine Metaphysik des
Kosmos. Vor diesem historischen Hintergrund wäre es verständlich, wenn nach der
Wende hin zu empirischer Wissenschaft seit dem 17. Jahrhundert dem idealistisch
geprägten Begriff der »Theorie« mit Misstrauen begegnet würde. Doch obgleich der
Theoretiker unserer Tage, im Gegensatz zu demjenigen der Antike, nicht mehr danach
strebt, das im engeren Sinne Göttliche in den Dingen zu erkennen, besteht seine
Vorgehensweise noch immer darin, die unsichtbaren Facetten dieser Dinge freizulegen,
indem er sie einer logischen und systematischen Darstellung unterwirft. Gemeinsam ist
dem antiken theoretischen Vorgehen und dem unserer Tage allerdings, dass sie stets
darin besteht, sich von den sinnlich fassbaren Dingen selbständig zu machen und eine
Darstellung der realen Welt mittels allgemeiner, universeller und gleichmäßiger
Gesetze anzubieten. Seitdem sich die moderne Erkenntniswissenschaft etabliert hat, ist
ein weltliches Verständnis dieses Begriffes üblich, weit entfernt von einer
metaphysischen Betrachtungsweise. Allerdings geht es auch weiterhin darum, durch
Theoriebildung diejenige Seite der Dinge zu erfassen, die bei einer rein sinnlichen
Herangehensweise verborgen bleiben. Die Theorie sucht noch immer nach dem
Göttlichen, jedoch verstanden als die verborgene Seite der Wirklichkeit.
13 Der Jurist, dessen Erkenntnisschwierigkeiten sich aus der semantischen Nähe zwischen
dem präskriptiven Diskurs der rechtssetzenden Organe und dem deskriptiven Diskurs
auf der Meta-Ebene ergeben, mit dem das Recht erforscht und gelehrt wird, ist von
dieser theoriebildenden Vorgehensweise umso abhängiger, als es ihm unmöglich ist,
den Gegenstand seiner Wissenschaft nur aufgrund einer rein empirischen
Vorgehensweise zu konstruieren. Ohne eine theoretische Herausarbeitung bleibt der
Gegenstand unsichtbar. Diese Herangehensweise ist das Lebenselixier der
Rechtswissenschaft, es verhindert, dass der Jurist in einen fruchtlosen Diskurs ohne
Erkenntnisgewinn verfällt: Da zweckbedingt ein Unterschied zwischen den

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Äußerungen eines Richters, der ein Urteil spricht, und eines Kommentators dieses
Urteils besteht – der Richter legt den Inhalt einer Vorschrift aus, der Verfasser eines
Kommentars sucht die Bedeutung hinter einer Darstellung –, führt der Gebrauch
derselben Begriffe in der Sprache des Richters und des Verfassers eines
Rechtsprechungskommentars unweigerlich dazu, dass ein solcher Kommentar lediglich
zu einem trockenen Bericht des ergangenen Urteils verkommt, wenn dessen Verfasser
auf eine theoretische Auseinandersetzung mit dem Urteil verzichtet. Das Heil liegt für
den Juristen somit darin, sich zu überwinden und eine scharfe Trennlinie zu ziehen
zwischen seinem eigenen Sprachgebrauch und dem des Richters. Wenn beispielsweise
der Jurist die Auslegungsvorbehalte in den Entscheidungen des Verfassungsrates mit
dem Begriff der »dritten Entscheidungsart« qualifiziert und dadurch nahelegt,
Auslegungsvorbehalte nicht als Ausdruck einer Rechtsprechungstechnik, sondern als
neuartigen Entscheidungstyp anzusehen, der die klassische Einteilung
verfassungsgerichtlicher Urteilssprüche in Verfassungswidrigkeitserklärungen und
Verfassungskonformitätserklärungen erweitert, schafft er gewissermaßen seinen
wissenschaftlichen Gegenstand, insoweit der Verfassungsrat selbst nie diesen Begriff
für die Auslegungsvorbehalte in seinen Entscheidungen verwendet hat. 11 Die gleiche
Beobachtung gilt, wenn ein Rechtswissenschaftler z. B. eine Dissertation zum Thema
»Der Konsequentialismus in der Rechtsprechung des Verfassungsrates« verfasst. 12 Er
konstruiert seinen Gegenstand ausgehend von einer sorgfältigen Lektüre der
verfassungsgerichtlichen Entscheidungen, wobei das Verfassungsgericht selbst nie eine
derart präzise und wissenschaftliche Terminologie verwendet hat, um solche seiner
Entscheidungen zu bezeichnen, in denen ein aufmerksamer Leser einen
konsequentialistischen Gedankengang aufzeigen kann. »Eine Dissertation zu verfassen
bedeutet, einen Gegenstand zu entwickeln.« Diesen ersten methodischen Rat sollte
jeder Doktorvater seinem Doktoranden zu Anfang von dessen Forschungsarbeit geben.
14 Zwischen dem Richterspruch und den Ausführungen des Juristen auf der Meta-Ebene
muss es einen Unterschied geben, ohne den ansonsten die Rechtswissenschaft nichts
weiter täte als eine Reihe von Rechtssätzen zusammenzutragen, die in empirischer
Weise lediglich den Inhalt der von ihnen beschriebenen Normen wiedergeben. Den
epistemologischen Gewinn, der sich aus diesem Unterschied ergibt, hat Michel Troper
wie folgt beschrieben:
»Der Rechtssatz: ›Der Präsident der Republik wird in allgemeiner und
unmittelbarer Wahl für eine Amtszeit von fünf Jahren gewählt‹ ist richtig, wenn das
positive Recht eine Norm enthält, die bestimmt: ›Der Präsident der Republik wird in
allgemeiner und unmittelbarer Wahl für eine Amtszeit von fünf Jahren gewählt‹.
Doch betrachten wir die allgemeinen rechtstheoretischen Sätze, die besagen:
›Auslegung ist eine Tätigkeit des Willens‹ und ›Die Rechtsordnung kennt keine
Lücke‹. Diese Sätze ergeben sich nicht unmittelbar aus einer Betrachtung des
positiven Rechts. Sie beschreiben keine Rechtsnorm. Man kann sie, indem man das
positive Recht jedes Landes nach einer Norm gleichen Inhalts durchforsten würde,
weder bestätigen noch widerlegen, denn eine derartige Norm existiert nicht. Sie
umschreibt darüber hinaus auch keine Aussage vergleichbaren Inhalts aus der
Sprache des positiven Rechts. Es ist durchaus denkbar, dass die entsprechende
Sprache keine Aussage über die Art der Auslegung enthält. Oder umgekehrt kann es
sein, dass sie eine solche Aussage enthält, aber mit entgegengesetztem Inhalt.
Daraus ergäbe sich allerdings keineswegs, dass die betrachteten allgemeinen
rechtstheoretischen Sätze keine Gültigkeit besitzen«.13
15 Das ideale Vorgehen besteht somit darin, jenseits einer bloßen Wiederholung der
normativen Aussagen allgemeingültige Kategorien zu schaffen, welche die Unordnung

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des positiven Rechts strukturieren und in Bezug auf dieses Konstanten herausarbeiten
sowie Erklärungsschemata und Begriffe entwickeln. Ein im erkenntnistheoretischen
Sinn idealistisches Vorgehen ist dafür bestens geeignet. Unter Idealismus ist hier nicht
zu verstehen, dass es darum ginge, unter dem Banner der Rechtswissenschaft ein Ideal
vorzuschreiben, wie dies die naturrechtlichen Theorien tun, sondern die Idee hinter
einer Sache zu ergründen. So verstanden, beinhaltet jedes theoriegestützte Vorgehen
eine idealistische Komponente – einer der ältesten Grundsätze der Theorie des
Erkennens. Er geht, wie noch zu sehen sein wird, auf Platon und das Höhlengleichnis
zurück, das im westlichen Denken die Herausbildung des wissenschaftlichen Geistes
und die Vorliebe für abstraktes Denken anstelle des gewöhnlichen Wissens über
unmittelbar erlebte Dinge markiert, die in ihrer Zufälligkeit und Kurzlebigkeit lediglich
erlauben, sich eine Meinung über sie zu bilden.14 Gemäß dieser idealistischen
Betrachtungsweise liegt die Wahrheit nicht in den zu einer illusorischen Welt voller
Darstellungen gehörenden sinnlich erfahrbaren Dingen: Hinter der sichtbaren und
sinnlich erfahrbaren Welt, die nach Ansicht der Juristen die normativen Aussagen der
rechtssetzenden Akteure darstellen, verbirgt sich eine andere Welt, eine wahre Welt,
die sich jeglicher unmittelbaren Wahrnehmung entzieht und sich nur nach kritischer
Erkenntnisgewinnung offenbart. Eine intelligible Welt, gebildet aus Kategorien, die nur
dann einen erkenntnistheoretischen Wert besitzen, wenn sie nach Allgemeingültigkeit
und Zeitlosigkeit tendieren. Wissenschaft besteht darin, Modelle zu bilden und dadurch
Licht in das Dickicht der ganzen Vielfalt der Wirklichkeit zu bringen, dass sie diese
mittels einer allgemeingültigen Gestalt abbildet. Darin liegt, insbesondere im Bereich
des Verfassungsrechts, auch der wertvolle Beitrag der Rechtsvergleichung.

B. Der Beitrag rechtsvergleichender Betrachtungen: die


Modellierung des wissenschaftlichen Gegenstands

16 Bevor der Jurist als Antwort auf die Suche nach seinem wissenschaftlichen Gegenstand
theoretische Aussagen erzeugen kann, muss er selbstverständlich zunächst die
normative Sachlage empirisch untersuchen, die er anschließend gedanklich erfassen
und Kategorien zuordnen will. Ein solches wissenschaftliches Protokoll ist
insbesondere für den rechtsvergleichenden Juristen das probate Mittel. Der Zweck der
Rechtsvergleichung besteht darin, durch eine Betrachtung der Vielfalt der nationalen
positiven Rechtsordnungen Erkenntnisse über das Wesen des Rechts im Allgemeinen zu
erlangen. Sie stellt aufgrund ihrer Eigenständigkeit und Freiheit im Stadium des
Aufbaus des wissenschaftlichen Gegenstands das archetypische methodische Vorgehen
des theoriegestützten Gedankengangs dar.
17 Unter epistemologischen Gesichtspunkten ist die Rechtsvergleichung deshalb von
Interesse, weil ihr Diskurs niemals die bloße Wiederholung einer normativen Aussage
des positiven Rechts darstellt. Sie ist nichts anderes als eine Teildisziplin bzw. ein
Beitrag zur Rechtswissenschaft.15 Es gibt zwar etwa das französische Recht, das
britische Recht, das EU-Recht oder auch das Völkerrecht als Rechtsordnung, doch kein
Bürger der Welt kann je den Vorschriften des vergleichenden Rechts unterworfen sein.
Das vergleichende Recht existiert nur als akademische Disziplin, die auf der Grundlage
der Untersuchung der positiven Rechtsordnungen induktiv Invarianten und weitere
universelle Gesetzmäßigkeiten ausmachen will, mit denen sich zwischen diesen
verschiedenen Rechtspraxen Gemeinsamkeiten oder auch Unterschiede aufzeigen

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lassen, um so das Wesen des Rechts im Allgemeinen zu erfassen. Das vergleichende


Recht ist kein positives Recht, es kann nichts anderes sein als Wissenschaft. Ausgehend
von einer wissenschaftlichen Untersuchung der nationalen Rechtsordnungen
ermöglicht es, ein invariantes Modell für das Verständnis des positiven Rechts zu
erstellen, ein Modell, das auf alle individuellen und kontingenten Rechtsordnungen
anwendbar ist. Es ist daher ein rein theoretisches Konstrukt.
18 Dabei ist dem rechtsvergleichenden Juristen nicht vollständig bewusst, dass er eine
Arbeit theoretischer Art leistet und den Gegenstand seiner Wissenschaft schafft. Wie
die meisten seiner Kollegen aus den anderen Rechtszweigen vermittelt er den
Eindruck, dass er sich selbst als Jurist betrachtet, der das positive Recht empirisch
beschreibt, ohne dabei konstruktiv tätig zu sein. Damit ist das einzige Monopol, das der
»Theoretiker« zu Recht für sich beanspruchen kann – wenn ihm die normalerweise von
allen Juristen geteilte Fähigkeit verwehrt bleibt, Rechtskategorien zu erschaffen –, das
Bewusstsein dafür, dass jeder in seinem eigenen Bereich zu dieser
Kategorisierungsarbeit beiträgt. So ist die Fähigkeit zur Reflexivität oder Distanznahme
in Bezug auf das eigene Juristenhandwerk der ausschließlich denjenigen vorbehaltene
Beitrag, die für sich die Bezeichnung »Theoretiker« beanspruchen. Von dieser Warte
aus handelt es sich bei der Rechtstheorie, die von »Rechtstheoretikern« entwickelt
wird, um jenes Bestreben nach Reflexivität, jenen Diskurs auf der Meta-Metaebene, der
zum Ziel hat, darüber zu reflektieren, in welchem Maße der Metadiskurs der
Rechtswissenschaft jene theoretischen Aussagen und allgemeingültigen Kategorien
hervorzubringen vermag, ohne die eine Rechtswissenschaft überhaupt nicht möglich
ist. Der »Theoretiker«, der für sich selbst diese Bezeichnung in Anspruch nimmt, ist
somit jener Jurist, der – vergleichbar den Meistern des Zweifelns aus anderen
Wissenschaftsfeldern – in objektiver Weise die Lage seiner Juristenkollegen analysiert
und sich bemüht, diese das Ausmaß des höchst subjektiven und konstruktiven
Charakters ihrer Kategorisierungsarbeit erkennen zu lassen. Es sind in erster Linie
Rechtsepistemologen, die eine solche Distanznahme in Bezug auf die Art und Weise
leisten, mit der alle Rechtszweige behandelt werden, insbesondere der Wissenskorpus
des Verfassungsrechts.
19 Für den »Theoretiker«, der auf dieser Meta-Metadiskursebene agiert, ist es in der Tat
lohnend, den Grad theoretischen Nachdenkens in der französischen und ausländischen
Rechtslehre zu ermessen, insbesondere im Bereich der Typenlehre politischer Systeme,
der Entwicklung von Modellen der Verfassungsgerichtsbarkeit oder auch der Definition
des Verfassungsbegriffs, in Bezug auf den vor dem Hintergrund der Europäisierung und
Internationalisierung des Konstitutionalismus eine notwendige
Anpassungsentwicklung feststellbar ist. Auch wenn der rechtsvergleichende Jurist,
insbesondere der verfassungsvergleichende Jurist, den von ihm geführten Diskurs nicht
immer explizit als theoretischen deklariert, so folgt er doch unausgesprochen einem
theoretischen Denkmuster, und zwar aufgrund der schlichten Tatsache, dass er ganz
und gar den Gegenstand seiner Wissenschaft kreiert, wenn er auf der Basis einer
Analyse der positiven Rechtsordnungen systematische Kategorien induziert. Als Louis
Favoreu auf der Grundlage eines Vergleichs der Normenkontrollverfahren in den
Vereinigten Staaten und in Europa die Unterscheidung zwischen dem Begriff des
Obersten Gerichtshofs und dem Begriff des Verfassungsgerichts einführte, schuf er ein
Modell der verschiedenen Arten von Verfassungsgerichtsbarkeit und erwies sich als
Rechtstheoretiker, auch ohne diese Bezeichnung für sich in Anspruch zu nehmen. 16 Die
Schaffung dieser Kategorien, die es der Rechtswissenschaft erlaubt, ihren Gegenstand

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zu konstruieren und gleichzeitig ihren Status als Wissenschaft sichert, gehört zu den
epistemologischen Gepflogenheiten des Verfassungsrechtlers, wenn er beispielsweise
eine Typenlehre der politischen Systeme erstellt (parlamentarisches System /
Präsidialsystem), deren Bezeichnungen in dieser Form in den unterschiedlichen von
ihm analysierten Verfassungen nicht vorkommen. Dieser konstruktivistische – und
damit theoretische – Ansatz stellt somit ein Indiz dafür dar, dass es sich bei der
Rechtstheorie weniger um eine spezifische Disziplin als vielmehr um einen heilsamen
methodologischen Reflex handelt. Viele Juristen sind gleichzeitig Theoretiker, ohne
sich dessen völlig bewusst zu sein. Die Lehrbücher von Maurice Hauriou, Léon Duguit
und Raymond Carré de Malberg,17 die zu Beginn des 20. Jahrhunderts die ersten
bedeutenden Kategorien des öffentlichen Rechts entwickelt haben, stellen in vieler
Hinsicht genauso rechtstheoretische Werke wie verfassungsrechtliche Abhandlungen
dar. Und die Theorien, die sie entwickelten – und die noch im 21. Jahrhunderts
ernstgenommen werden –, sollten über den nationalen Rahmen des französischen
Verfassungsrechts hinaus Wirkung entfalten.
20 Die Modellbildung, zu der eine rechtsvergleichende Perspektive führt, verleiht dem
Juristen Unabhängigkeit gegenüber Zeit und Raum, die gemäß der idealistischen
Denktradition lediglich der sinnlich erfahrbaren Welt innewohnende Elemente sind,
einer Welt, die, weil sie ein geliehenes, vielschichtiges und relatives Wesen ist, stets im
Werden und in permanenter Bewegung befindlich, keine echte Existenz besitzt und im
Gegensatz zu den Ideen niemals ist.
21 Die rechtsvergleichende Perspektive nimmt zunächst einmal eine räumliche Distanz ein,
insofern der geschaffene wissenschaftliche Gegenstand aus einem Konzept besteht, das
auf der Grundlage einer Analyse der Vielfalt der positiven Rechtsordnungen gewonnen
wird. Greift der Verfassungsrechtler auf die Begriffe »Verfassungsgericht« oder
»Oberster Gerichtshof« zurück, deren Bezeichnungen auf keine bestimmte nationale
Verfassung zurückgehen, so ergibt sich der von ihm geschaffene wissenschaftliche
Gegenstand aus dem Vergleich unterschiedlicher Rechtsordnungen – womit sich die
enge Verbundenheit von theoriegestütztem Vorgehen und rechtsvergleichender
Betrachtung zeigt. Die Vergleichende Rechtswissenschaft ist nicht die Beschäftigung
mit dem ausländischen Recht, sondern ein vom rechtsvergleichenden Juristen durch
eine Analyse der verschiedenen nationalen Rechtsordnungen geschaffener Gegenstand.
Rechtsvergleichung existiert nicht in Form positiven Rechts, sondern in Form eines
durch Modellbildung geschaffenen und auf der Metaebene stattfindenden Diskurses,
und dadurch ist die in anderen Rechtszweigen häufig anzutreffende Gefahr der
Verworrenheit zwischen der diskursiven Ebene des positiven Rechts und der
metadiskursiven Ebene der Rechtswissenschaft in der Vergleichenden
Rechtswissenschaft ausgeschlossen. Im Gegensatz etwa zum französischen Recht, zum
britischen Recht, zum europäischen Recht oder allgemein zu jeder positiven
Rechtsordnung, die stets einer räumlichen Beschränkung unterliegen und – um die
Formulierung Kelsens aufzugreifen – eine »Selbstdeutung« liefern, »die der von der
Rechtserkenntnis zu leistenden Deutung vorgreift«,18 ist die Rechtsvergleichung
aufgrund der bloßen Tatsache, dass sie nicht als positive Rechtsordnung existiert, ein
reines Wissen und bei der Konstitution seines Gegenstands so souverän wie jede andere
nichtrechtliche Wissenschaft, also ein reines Konstrukt des Rechtswissenschaftlers. Ihr
Gegenstand, Ergebnis des dem Beruf des Wissenschaftlers innewohnenden ordnenden
und systematisierenden Vorgehens, besteht aus einer Reihe von Aussagen, die für jedes
nationale Recht gültig sind und eine konzeptuelle Einheit bilden, die aufgrund einer

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Analyse der empirischen Vielfalt rechtlicher Phänomene gewonnen wurde. Die


Rechtsvergleichung scheint daher innerhalb der Juristengemeinschaft die freieste
Herangehensweise in Bezug auf die empirische Realität, aus der sie ihren Gegenstand
gewinnt, darzustellen. Bei den Juristen bildet sie den archetypischen Ausdruck eines
theoriegeleiteten Gedankengangs.19
22 Die Modellbildung befreit den Juristen zudem von zeitlichen Zwängen. Modellbildung,
die ganz allgemein jeder Jurist, der theoretisch arbeiten will, vornimmt, und der sich
der rechtsvergleichende Jurist durch seinen von den Zufälligkeiten einer bestimmten
Rechtsordnung losgelösten Vorgehensweise ganz selbstverständlich widmet, hat den
Vorteil, den wissenschaftlichen Gegenstand des Verfassungsrechtlers vor den
Unwägbarkeiten der Entwicklung des positiven Rechts und der rechtlichen
Momentaufnahme zu schützen. Mehr noch als eine reine Exegese bewahrt die
Konzeptualisierung den Metadiskurs des Rechtswissenschaftlers vor den Folgen einer
Vergreisung. Gemäß der idealistischen Denkschule ist nämlich die Idee (Platon) bzw.
das Ding an sich (Kant) unabhängig von jeder Art von Zeitlichkeit, die nach Ansicht eines
weiteren Idealisten, Schopenhauer, lediglich zur »Welt als Vorstellung« zählt. 20 Nach
Platon, dem berühmten Begründer der Akademeia, ist Zeit nichts anderes als das
»bewegliche Abbild der Ewigkeit«,21 sodass Begriffe – die per definitionem keine
empirische Dimension beinhalten – ahistorisch sind und aufgrund ihrer
Allgemeingültigkeit dem Schrifttum des Juristen einen hinreichenden Schutz vor
geistiger Obsoleszenz bieten. Eine zum »Standardwerk« avancierte wissenschaftliche
Veröffentlichung hat umso größere Chancen, auch von künftigen Generationen
Beachtung zu erhalten, je höher ihr Grad an Allgemeinheit ist, wohingegen
beispielsweise eine Rechtsprechungschronik Gefahr läuft, stark von den zufälligen und
bereits ihrem Wesen nach flüchtigen Gegebenheiten des Augenblicks abzuhängen und
weniger Spuren für die Nachwelt zu hinterlassen. In dem Maße, in dem eine Chronik,
wie bereits die Herkunft dieses Wortes nahelegt, mit dem Konzept der Zeit verwoben
ist – hier derjenigen, in der die betreffende Rechtsprechung ergangen ist –, muss deren
Autor eine verstärkte Anstrengung leisten, wenn er ihren wissenschaftlichen Wert über
die Flüchtigkeit seiner Gegenwart hinaus sichern will; dafür muss ein solcher Autor auf
eine durch die rechtsvergleichende Analyse beförderte Modellbildung zurückgreifen.
23 So schreibt etwa Michel Troper, dass, wer etwas anderes hervorbringen wolle als eine
banale und »völlig bedeutungslose Beschreibung, die nichts weiter wäre als eine bloße
Wiedergabe der Aussagen des französischen positiven Rechts […], das positive Recht
über den Verfassungsrat mit Metakonzepten wie ›Normenkontrolle‹,
›Verfassungsprozess‹ oder ›Verfassungsgericht‹ erfassen [müsse], die im
Verfassungstext selbst nicht aufgeführt sind«.22 Dem sei hinzugefügt, dass diese
Metakonzepte für alle nationalen Rechtsordnungen gültig sind, in denen
verfassungsgerichtliche Normenkontrollverfahren vorgesehen sind. Eine
Auseinandersetzung mit dem positiven Recht jenseits der nationalen Grenzen fördert
und erleichtert eine Modellbildung, die dem vom Juristen geschaffenen
wissenschaftlichen Gegenstand einen festen Schutz gegen das Werk der Zeit bietet.
24 Angesichts der Wende hin zum Rechtsprechungskommentar und der mit dieser Wende
verbundenen Gefahr, lediglich eine Momentaufnahme des Rechts abzubilden, kommt
der Verfassungsrechtler somit nicht umhin, eine theoretische und für die
Rechtsvergleichung offene Vorgehensweise zu wählen, um einen stärkeren Grad an
Allgemeinheit zu erreichen und den wissenschaftlichen Charakter seines Diskurses zu

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bewahren. Gleichzeitig darf er nicht verkennen, dass – in jeder Disziplin – ein Gelehrter
den Gegenstand seiner Wissenschaft konstruiert, indem er – seit der modernen
epistemologischen Revolution im 18. Jahrhundert – sich methodisch des Instruments
des Erkennens von Kausalitätszusammenhängen bedient. Will der Verfassungsrechtler
den von Gaston Bachelard formulierten konstruktivistischen Anforderungen genügen,
darf er auf dieses Instrument nicht verzichten, selbst wenn sein Interesse eher den
verfassungsprozessrechtlichen Aspekten des Verfassungsrechts gelten sollte.

II. Kausalität als idealer Modus der Konstruktion des


Gegenstands der Verfassungswissenschaft
25 Um seinen wissenschaftlichen Gegenstand zu konstruieren, erzeugt der Rechtsgelehrte
theoretische Aussagen, die in der Rechtswissenschaft den wissenschaftlichen Gesetzen
in allen anderen Wissenschaften entsprechen: Sie dienen der Gewinnung von
Erkenntnissen, womit sie sich von den normativen Gesetzen unterscheiden, die von den
rechtssetzenden Organen in deren Funktion als Regulierer menschlichen Verhaltens
erlassen werden. Die Unterscheidung zwischen wissenschaftlichen Gesetzen und
normativen Gesetzen darf jedoch jene als ausschließlich beschreibende Aussagen
gegenüber diesen nicht in den Hintergrund treten lassen. Wissenschaftliche Gesetze
sind durchaus Gesetze, und gemäß der treffenden Formulierung von Paul Amselek
erweisen sie sich als »geistige Werkzeuge, die die Wahrscheinlichkeit für den Eintritt
bestimmter Dinge messen«.23 Sie sind, fügt er hinzu, »nach folgendem Schema
formuliert: Unter diesen oder jenen Bedingungen wird sich, kann sich nicht oder kann
sich dieses oder jenes Phänomen ereignen – bzw., in Wahrscheinlichkeiten
ausgedrückt, besteht eine bestimmte Wahrscheinlichkeit für ihr Eintreten«. 24 Diese
Strukturierung des Gedankengangs hat einen Namen: Kausalität, als ein wesentliches
Merkmal theoretischer Aussagen, ebenso wie deren Allgemeinheit. Wissenschaftliche
Gesetze sind sehr wohl Gesetze, und ihre Besonderheit liegt darin, auf
Kausalzusammenhängen zu beruhen.
26 Aufgrund der normativen Besonderheit des Materials, mit dem sich die
Rechtswissenschaft beschäftigt, erachtete Kelsen es als unmöglich für Juristen, auf
Kausalzusammenhängen beruhende Gesetzmäßigkeiten herauszuarbeiten. Rechtliche
Normen seien ideelle Einheiten, denen ein anderes Strukturprinzip zugrunde liege: die
Zurechnung, ein wesentliches Merkmal der Welt des Rechts. Kelsen zufolge hat diese
ontologische Eigenschaft der Normen Auswirkungen auf die Rechtswissenschaft, die
sich zwangsläufig von den Kausalwissenschaften (Naturwissenschaften und nicht-
normative Sozialwissenschaften), »die auf die kausalgesetzliche Erkenntnis
tatsächlicher Vorgänge« abzielten, abgrenzt.25 Mit anderen Worten, für Kelsen hing die
Epistemologie in Bezug auf das Recht von der ontologischen Struktur der Welt des
Rechts ab.
27 Diese Ansicht erscheint uns gefährlich vereinfachend, denn sie kann eigentlich nur
dazu führen, die Rechtswissenschaft als bloßes semantisches Abbilden der
Rechtsnormen zu betrachten und diese Wissenschaft zu einer Aussätzigen gegenüber
allen anderen wissenschaftlichen Disziplinen zu degradieren. Rechtswissenschaft wäre
dann die einzige Disziplin, die von der ontologischen Struktur der von ihr untersuchten
Welt abhinge. Tatsächlich hat diese aus ideellen Einheiten bestehende und vom
Grundsatz der Zurechnung geleitete Welt für die unglücklicherweise von der

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Kelsen’schen Überschätzung der Besonderheit ihrer Disziplin beeinflussten Juristen


lange ein furchtbares Erkenntnishindernis dargestellt (A). Erst im Zuge der Wende hin
zum Rechtsprechungskommentar und der wachsenden Bedeutung prozessrechtlicher
Fragen innerhalb seines eigenen Fachbereichs hat der Verfassungsrechtler die ganze
Wucht dieses durch die ideelle Dimension der Normen begründeten Hindernisses zu
spüren bekommen. Wie jeder andere Jurist auch hat er, wenn er dieses Hindernis
umgehen will, keine andere Wahl als den Gegenstand seiner Wissenschaft zu einem
Gegenstand empirischer Untersuchungen zu erklären, der mittels
Kausalitätszusammenhängen betrachtet werden kann, indem das Interesse des
Wissenschaftlers über die semantische Ebene der Richtersprüche auch der
pragmatischen Dimension dieses Diskurses gilt (B).

A. Ein Erkenntnishindernis: die ideelle Dimension der Normen

28 In den empirischen Wissenschaften, welche die Naturwissenschaften und die nicht-


normativen Gesellschaftswissenschaften (d. h. sämtliche Sozialwissenschaften mit
Ausnahme der Rechtswissenschaft) einschließen, ist das Kausalitätsprinzip das
intellektuelle Standardwerkzeug des Wissenschaftlers zum Begreifen der Welt. Es
verbürgt die Wissenschaftlichkeit des akademischen Diskurses, denn da weder der
Natur noch der Gesellschaft inhärent, sondern ausschließlich dem Geist des Forschers
entsprungen, bezeugt es die konstruktive Dimension der wissenschaftlichen
Vorgehensweise.
29 Es sei daran erinnert, dass Kausalität kein ontologisches Merkmal der physischen Welt
ist, der Grundsatz der Zurechnung dagegen ein ontologisches Merkmal der spezifischen
Welt der Normen. Wie vom skeptischen Empiriker David Hume treffend dargelegt
wurde, ist die Regelmäßigkeit, die von den Kausalitätsgesetzen aufgezeigt wird, wenn
diese die innerweltlichen Sachverhalte nach dem Ursache-Wirkung-Prinzip darstellen,
ausschließlich postuliert und erschließt sich nicht von selbst. 26 Zwischen der
beobachteten Regelmäßigkeit eines besonderen Phänomens und der Formulierung
eines Gesetzes, das dieses rational erfasst und eine allgemeingültige Aussage aufstellt,
liegt ein qualitativer Sprung, der nichts Rationales an sich hat und lediglich eine
Überzeugung ausdrückt, die Überzeugung nämlich, dass das beobachtete Phänomen
sich unendliche Male wieder ereignen wird; es ist eine Wette auf die Zukunft,
gewissermaßen eine Handlung, die mehr dem Willen als dem Wissen geschuldet ist –
insofern ist der Begriff des »Gesetzes« diesbezüglich gerechtfertigt. Es handelt sich in
der Tat um ein geistiges Konstrukt, das der Wissenschaftler nicht in die Welt projiziert,
das der Laie jedoch als deckungsgleich mit der Welt verwechselt. Paul Amselek hat
diesen Aspekt gut erkannt, wenn er eine hartnäckige und in unserem Denken
weitverbreitete transzendentale Illusion anprangert, die er als Form der
»Verweltlichung« des Denkens und der Auslegung der Welt am Maßstab des
menschlichen Wesens ansieht. Diese Neigung besteht seiner Ansicht nach darin, »das,
was der Geist des handelnden Wissenschaftlers [tut], auf die Welt, die Gegenstand
seiner Analyse ist, zu projizieren und zu glauben, die Regelmäßigkeiten, die Gesetze,
die Vorhersehbarkeit, die Ordnung seien Merkmale, Wesenszüge besagter Welt,
Bestandteile und Modalitäten von deren ontologischer Struktur, welche die besagte
Welt der Betrachtung durch den Wissenschaftler anbiete«,27 wohingegen richtigerweise
diese Gesetze nur ein Konstrukt des Geistes und nicht Gegebenheiten der analysierten
Welt seien.

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30 Der vom Laiendenken nur unzureichend erfasste konstruierte Charakter von


Kausalitätszusammenhängen ist im Übrigen der Garant für die Allgemeingültigkeit
wissenschaftlicher Gesetze, insofern die Welt für sich genommen nur aus Vielfalt und
Kontingenz besteht.28 Konstruiert und ohne eigene weltliche Existenz, ist die
Allgemeingültigkeit das Ergebnis eines induktiven Denkprozesses, der darin besteht,
auf der Grundlage regelgerechter, aber kontingenter Beobachtungen allgemeine
Gesetze abzuleiten. Ein solches Vorgehen ist gelungen, wenn die Regelmäßigkeit eines
Vorgangs Ausdruck einer systematischen Verkettung von Ursache und Wirkung ist, der
sich auch bei ähnlich gelagerten Phänomenen unendliche Male wiederholen kann.
Kausalität und Allgemeinheit sind daher miteinander verbunden. Diese Verschränkung
belegt den konstruierten Charakter wissenschaftlicher Gesetze, deren Zweck darin
liegt, ein abstraktes Universum zu erschaffen, das zu der sinnlich erfahrbaren Welt
hinzutritt und diese vorstellungsgemäß und diskursiv in Kategorien ordnet. Diese
Gesetze stellen die Vorstellung dar, die die sinnlich erfahrbare Welt repräsentiert, der
die Kausalität fremd ist – diese existiert ausschließlich im Denken des Gelehrten. Die
Diskrepanz zwischen dem wissenschaftlichen Diskurs und den Dingen der Welt, die
durch diesen Diskurs rational erfasst werden, hängt mit diesem Fehlen von Kausalität
zusammen. Daraus ergeben sich der konstruierte Charakter des wissenschaftlichen
Gegenstands und die Wissenschaftlichkeit des Diskurses. Kausalität, Allgemeinheit,
Künstlichkeit des Gegenstandes stehen in engem Zusammenhang und sichern so die
Wissenschaftlichkeit des Diskurses.
31 Wie verhält es sich in Bezug auf die Welt des positiven Rechts, die für die
Rechtswissenschaft dem entspricht, was die sinnlich erfahrbare Welt für die
empirischen Wissenschaften ist? Auch hier gilt, dass die Kausalität nicht von dieser
Welt ist, wodurch der Gedanke naheliegend wäre, dass ein von der Rechtswissenschaft
formulierter Satz, um mit der von ihr analysierten Welt diejenige kritische Distanz zu
wahren, die ihr eine eigenständige Erschaffung ihres wissenschaftlichen Gegenstandes
erlaubt, auf einer ebenso weißen Leinwand entstehen könnte wie sie beim Formulieren
jedes wissenschaftlichen Gesetzes gegeben ist. Dem ist jedoch nicht so. Ein solcher
Abstand ist für Juristen nur schwer zu erreichen. Zwar ist Kausalität der Welt der
Normen offensichtlich fremd, doch zeichnet sich diese vom Rechtswissenschaftler
betrachtete besondere Welt durch eine andere Art von Zusammenhang aus: durch den
Grundsatz der Zurechnung.29 Während Kausalität in der erforschten Welt lediglich ein
geistiges Konstrukt ist, ist Zurechnung selbst eine Gegebenheit der Welt des Rechts.
Infolgedessen behindert die Tatsache, dass innerhalb dieser Welt des Rechts die
Normen durch Zurechnung miteinander verbunden sind, den Juristen bei seinem
Bemühen, wissenschaftliche Eigenständigkeit zu erreichen, denn diese Vor-
Bestimmtheit kann ohne weiteres den Inhalt des wissenschaftlichen Diskurses
beeinflussen. Schließlich ist die Norm, eine ideelle Einheit, der Bedeutungsinhalt einer
Aussage, die, wenn gewisse Bedingungen gegeben sind, normative Folgen einem diese
Folgen auslösenden Sachverhalt zurechnet. Sie ist der Bedeutungsinhalt einer Aussage
über das, was sein soll, und erscheint damit als Bedeutungsinhalt einer Idealität und
nicht einer Realität. Folglich muss der Rechtssatz – die Aussage, mit der ein
Rechtswissenschaftler diese Idealität beschreibt – zwangsläufig den
Zurechnungszusammenhang, aus dem diese Idealität besteht, abbilden, und weist vom
strukturellen Aspekt her keine Eigenständigkeit gegenüber der von ihm erfassten
Norm auf. Angesichts dieser nicht zur sinnlich erfahrbaren Welt gehörenden ideellen
Einheit ist für den Juristen die Versuchung groß, gewissermaßen aus einer Art

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intellektueller Bequemlichkeit heraus, diesen Zurechnungszusammenhang im Rahmen


der Formulierung dessen lediglich zu wiederholen, was Kelsen ein beschreibendes
Sollen nennt, d. h. einen Satz zu formulieren, dessen Bedeutungsgehalt die Nachbildung
der Normaussage ist, was vom wissenschaftlichen Standpunkt aus betrachtet keinen
Erkenntnisgewinn bietet. Denn der Inhalt der Norm als ideeller Einheit, selbst wenn er
von einem Richter in seinem Urteilsspruch herausgearbeitet wird, ist nichts weiter als
der Gedanke, dass »ein bestimmtes Verhalten erfolgen soll«. Somit weist der diesen
Gedanken ausdrückende und von Kelsen als »beschreibendes Sollen« bezeichnete
Rechtssatz keinen anderen Gehalt auf als die Norm selbst, d. h. den Gedanken, dass
»eben dieses (von der Norm vorgeschriebene) Verhalten erfolgen soll«. Unter dem
Aspekt der Erkenntnis gesehen, ist der Rechtssatz eine entbehrliche Aussage, da er
keinen eigenen Inhalt aufweist. Er ist transparent, gewissermaßen das Spiegelbild der
Norm. Die bereits in der Norm angelegte Zurechnung äußert sich in identischer Weise
im Rechtssatz. Während Kausalitätszusammenhänge das geistige Werkzeug des
Gelehrten in den empirischen Wissenschaften darstellen und ausschließlich dessen
Geist entspringen, existiert die Zurechnung bereits, nämlich in den Normen – sie
gehören zu deren ureigenen Merkmalen. Aufgrund dieser ontologischen Vor-
Bestimmtheit beeinflusst die Zurechnung die Sätze der Rechtswissenschaft, die
ihrerseits nur ein blasses Abbild von ihr bilden. Im Gegensatz zu den
wissenschaftstheoretisch eigenständigen empirischen Wissenschaften ist die
Rechtswissenschaft dazu verurteilt, eine fade Nachbildung des positiven Rechts zu sein,
wenn der Jurist sich auf eine bloße Normexegese beschränkt.
32 Um dieses erkenntnistheoretische Dilemma zu überwinden und sich von der
Formulierung der Norm abzugrenzen, deren reine Exegese dem Juristen zu Recht als
unproduktiv erscheint, besteht der von diesem häufig gewählte Weg darin, mögliche
Interpretationen der Norm herauszuarbeiten. Will er die wissenschaftlich reizlose und
bloß beschreibende Textexegese vermeiden, kann der Jurist die genau
entgegengesetzte Vorgehensweise wählen und vorschreiben, was sein sollte, was dazu
führt, dass er die Grenzen des wertmäßigen Neutralitätsgebots der Rechtswissenschaft
überschreitet. Denn auslegen erfordert auch bewerten – mit anderen Worten eine
Festlegung, eine Wahl, die sich per Definition der Objektivität entzieht. Diesen – nicht-
wissenschaftlichen – Weg beschreitet die Dogmatik. Dazu gehören eine ganze Reihe
hermeneutischer Verfahren, beispielsweise das des Rechtsanwalts oder des
Rechtslehrers, der eine Rechtsberatung erteilt, oder auch des Rechtsgelehrten, der eine
rein subjektive Auslegung einer gesetzlichen (oder verfassungsrechtlichen)
Bestimmung vornimmt, die noch nicht Gegenstand einer sogenannten authentischen
Interpretation durch den Richter war.
33 Gemäß den voluntaristischen Theorien der Interpretation kennt niemand die geltende
Norm, bevor nicht der Richter die sogenannte authentische Interpretation der
betreffenden Bestimmung vornimmt. Die Debatten in der Rechtsliteratur kreisen somit
um die Potenzialität mehrerer anwendbarer Normen.30 Besteht die Tätigkeit der
Rechtswissenschaft im Kelsen’schen Sinne darin, eine abschließende Aufzählung dieser
verschiedenen möglichen Normbedeutungen vorzunehmen, indem sie eine Reihe von
Sollen-Zuständen beschreibt und das umsetzt, was bei Kelsen als wissenschaftliche
Interpretation bezeichnet wird,31 so tritt sie hingegen zugunsten der Dogmatik in den
Hintergrund, wenn der Jurist unter den zahlreichen möglichen Auslegungen eine Wahl
trifft und begründet, welche ihm am angebrachtesten scheint. Er tritt damit als
Vertreter einer Lehrmeinung auf. Beispielhaft sei hier die den Entscheidungen des

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Verfassungsrates32 und des Kassationsgerichtshofes 33 vorausgehende Debatte um die


alte Fassung von Artikel 68 der französischen Verfassung und die Frage der
strafrechtlichen Haftung des Staatspräsidenten genannt. Dabei handelt es sich um eine
Debatte in der Rechtslehre, deren jeweilige Protagonisten Festlegungen vornahmen, um
semantische Mehrdeutigkeiten aufzulösen, indem sie verschiedene Lesarten der
Vorschrift von Artikel 68 (alte Fassung) der Verfassung anboten. 34 Hier zeigt sich der
Beitrag der Rechtslehre (der Dogmatik im Allgemeinen): Sie leistet die gleiche Arbeit
wie der Richter, allerdings ohne dessen Befugnis zu besitzen, eine authentische
Interpretation vorzunehmen. Anders gesagt, steuert sie im Vorfeld die hermeneutische
Tätigkeit des Richters und erhebt sich zu einer indirekten Rechtsquelle. Erst wenn der
Rechtsprechungsprozess abgeschlossen ist und der Richter die authentische
Interpretation vorgenommen hat, nimmt der Jurist wieder seine beschreibende
Position ein. Indem er als Rechtsprechungskommentator die geltende Norm beschreibt,
wobei er erneut der Gefahr ausgesetzt ist, beschreibende Soll-Zustände ohne
wissenschaftliche Relevanz zu formulieren, beschreibt er, was sein soll, auf der
Grundlage dessen, was der Richter aus der anwendbaren Vorschrift herausgelesen hat,
und zwar mittels Sätzen der Art »der Richter hat entschieden, dass«. Erneut sieht sich
der Jurist konfrontiert mit dem Dilemma, das der Mangel an Eigenständigkeit des
rechtswissenschaftlichen Metadiskurses gegenüber der Normaussage bewirkt: der
Jurist hat sein epistemologisches Problem nicht gelöst, sondern in unproduktiver Weise
lediglich in die Phase der Rechtsfindung durch den Richter verschoben.
34 Es zeigt sich, dass in einer Welt, die aus Aussagen besteht, deren Sinn das betrifft, was
sein soll, der Jurist gefangen ist in den engen Grenzen einer hermeneutischen Tätigkeit,
die ihn dazu bringt, entweder diese Aussagen in beschreibender Weise und ohne
wissenschaftliche Relevanz wiederzugeben oder sich von ihnen zu befreien, jedoch um
den Preis einer präskriptiven Vorgehensweise ohne Wissenschaftlichkeit. Unter solchen
Umständen besteht der Ausweg für einen Rechtsprechungskommentator, der eine
wissenschaftliche Leistung erbringen will, die weder deskriptiv noch präskriptiv ist,
darin, sein Interesse vom Aspekt des Sinns und des normativen Charakters der
Aussagen des Gerichts wegzulenken und auf das zu richten, was das Gericht tut, wenn
es diese Aussagen formuliert. Ein Kommentator von Urteilen, der diesen Weg geht, gibt
dem pragmatischen Aspekt des richterlichen Diskurses den Vorzug und schafft sich
selbst einen Gegenstand empirischer Untersuchungen, den er unter
Kausalitätszusammenhängen betrachten kann.35

B. Eine unverzichtbare Hilfsquelle: die pragmatische Dimension der


Sprache des Richters

35 Konfrontiert mit der erkenntnistheoretischen Sackgasse einer ausschließlichen


Befassung mit dem semantischen Aspekt des Urteilsspruchs, beweisen einige
Urteilskommentatoren Hellsichtigkeit. Dies belegen deren Rechtsprechungschroniken,
in denen sie dem Leser offenbaren, was nicht unmittelbar aus dem Urteilsspruch des
Richters ersichtlich ist. Ergiebige Beispiele zeigen sich in vielen Fällen, wie
insbesondere in der Anfangszeit nach der Einführung des neuen prozessrechtlichen
Mittels der vorrangigen Frage zur Verfassungsmäßigkeit (QPC): So erkannten manche
Kommentatoren in Beschlüssen des Staatsrats oder des Kassationsgerichtshofs, mit
denen eine vorrangige Frage zur Verfassungsmäßigkeit wegen Nichterfüllung der
Voraussetzung der Ernsthaftigkeit der Frage verworfen wurde, die Durchführung einer

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verkappten Normenkontrolle, indem diese obersten Gerichte das gerügte Gesetz auf
solch eine Weise auslegten, dass es als verfassungskonform gelten konnte. 36 Indem er
seine Aufmerksamkeit der versteckten Seite des Richterspruchs widmet (nämlich, dass
darin eine diffuse Normenkontrolle zum Ausdruck kommt), seziert der
Urteilskommentator die Wirklichkeit in einer Weise, die dem konstruktivistischen Ideal
des theoretischen Gedankengangs Genüge tut und der Abhandlung des Kommentators
einen hinreichend wissenschaftlichen Charakter sichert. Daran ändert sich auch nichts,
wenn der Kommentator sich eine kritische Würdigung der Vorgehensweise des
Gerichts erlaubt und, in einem solchen Fall, eine Lehrmeinung vertritt, die ihn nur in
seiner Eigenschaft als Bürger bindet. Die wissenschaftliche Relevanz seines
Kommentars liegt dann weniger darin, dass er diese subjektive Bewertung vornimmt,
als in seiner Fähigkeit zu enthüllen, wie der Richter vorgegangen ist.
36 Indem er auffordert, hinter der Prüfung des Zulässigkeitskriteriums der Ernsthaftigkeit
einer vorrangigen Frage zur Verfassungsmäßigkeit die tatsächliche Durchführung einer
(jedoch nicht offen als solche bezeichneten) konkreten Normenkontrolle zu sehen,
erkennt der Urteilskommentator das Göttliche in einer Sache und schafft durch diese
theoretische Vorgehensweise die für die Wissenschaftlichkeit seines Metadiskurses
unerlässliche Distanz zwischen diesem Diskurs und der vom Richter ausgesprochenen
Normaussage. Hierin liegt der schmale und schwierige Pfad, den sich die
Rechtswissenschaft bahnen muss zwischen auf der einen Seite dem bloß empirischen
und unschöpferischen Ergebnis, zu dem eine beschreibende Darlegung von Soll-
Zuständen führt, und auf der anderen Seite der normformulierenden Vorgehensweise
von Lehrmeinungen. Hier ist der Kant’sche Weg des Kritizismus deutlich zu erkennen,
der darin besteht, weder zu beschreiben noch vorzuschreiben, sondern zu erschaffen.
Wissenschaftliche Erkenntnis bietet einen kognitiven Mehrwert, nämlich eine
Vorgehensweise, die etwas anderes »ausspricht« als das, was ein Beobachter ohnehin
unmittelbar erkennen kann, wobei hervorzuheben ist, dass besagter Mehrwert, der
eher von der Konstruktion als vom Wissen abhängt, in einem Denkmodell besteht, das
auf der Grundlage einer kritischen Beobachtung der Sachlage jenseits einer passiven
Lektüre von Aussagen herausgearbeitet wird.37
37 Der paradoxe Charakter dieses Vorgehens beruht darin, dass der Kommentator von
Urteilen, wenn er durch die Einnahme einer theoretischen Perspektive, die ihn von
einer fruchtlosen empiristischen Lesart der Urteilssprüche des Richters entfernt, das
Göttliche in einer Sache erkennen will, auf der Grundlage dessen, was er von dieser
Lektüre des Urteils mitnimmt, einen Gegenstand empirischer Untersuchungen
entwickeln muss. Dieser Gegenstand, erkennbar lediglich im pragmatischen Aspekt des
Urteilsspruchs, ist »das-was-der-Richter-tut-wenn-er-Recht-spricht«. Indem er seinen
Gegenstand zu einem empirisch fassbaren Gegenstand erhebt, lässt der Jurist die rein
empiristische Haltung desjenigen hinter sich, der seine Aufgabe auf eine bloße
Wiedergabe des Inhalts der Gerichtsentscheidung beschränkt. Durch Dekonstruktion
des Urteils, hinter dessen semantischen Schleier er schaut, offenbart sich dem Juristen
die verborgene Seite der Dinge. Um zur Idee durchzudringen und das Wesen der Welt
zu erfassen, erschafft sich der Jurist paradoxerweise einen empirischen Gegenstand.
Daraus ergeben sich für ihn drei Vorteile, welche die Wissenschaftlichkeit seiner
Vorgehensweise verbürgen.
38 Der erste Vorteil erlaubt dem Juristen, die epistemologische Anforderung Gaston
Bachelards zu erfüllen. Der wissenschaftliche Gegenstand, der nichts anderes ist als das

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richterliche Tun, dessen Entwicklung jenseits des richterlichen Diskurses der Jurist
aufzeigt, ist kein dem Wissenschaftler vorgegebener Gegenstand, sondern einer, den
dieser sich selbst erschafft. Es ist ein im Bachelard’schen Sinne konstruierter
Gegenstand, Ergebnis einer geistigen Erfassung und Ordnung des dem
Urteilskommentator gegebenen Rohmaterials. Bei diesem Rohmaterial handelt es sich
um nichts anderes als um die Unordnung der vom Richter öffentlich formulierten
Normaussagen, deren bloßes Lesen nicht zur Konstitution des wissenschaftlichen
Gegenstands führen kann. Das, was der Wissenschaftler entwickelt, wenn er die
pragmatische Dimension des Richterspruchs beleuchtet, ist jenseits des Gesagten, liegt in
dessen illokutionärer Dimension. 38 Die Konstitution des empirischen Gegenstands steht
am Ende eines höchst idealistischen Vorgehens. Dieser Gegenstand wird nicht
unmittelbar durch die Lektüre der Entscheidungsgründe erkannt, die für den
Kommentator nur die oberflächliche Schale des Urteils darstellen, sondern mittelbar
durch den Verstand, der ihm dank des theoretischen Vorgehens ermöglicht, das
Göttliche in einer Sache zu sehen, und ihm Aufschluss darüber gibt, was der Richter
tatsächlich tut, wenn er Recht spricht. Wie es die Besonderheit der
konstruktivistischen und theoretischen Vorgehensweise fordert, muss der
Kommentator von Urteilen die empirische Realität dessen, was der Richter tut, durch
die Augen der Seele betrachten.
39 Der zweite epistemologische Vorteil für den Urteilskommentator, wenn er seine
Aufmerksamkeit auf den pragmatischen Aspekt der verfassungsgerichtlichen
Urteilssprüche richtet, liegt in den intrinsischen Eigenschaften des empirischen
Gegenstands. Von dem Moment an, an dem der Gegenstand empirisch untersucht
werden kann, ist es ebenfalls möglich, ihn unter Kausalitätsgesichtspunkten zu
behandeln. Ohne jegliche ideelle Dimension und vom Ballast der Zurechnung befreit,
wird er zu einem Gegenstand ontologisch gleicher Art wie in den empirischen
Wissenschaften (Naturwissenschaften und nicht-normative Sozialwissenschaften) und
bietet dem Urteilskommentator – wie jeder derart beschaffene Gegenstand –
wissenschaftliche Eigenständigkeit, die der Kommentator für sich nutzt, indem er
Erklärungsmuster kausaler Art in Bezug auf die Gerichtentscheidung herausarbeitet,
die sich dafür interessieren, wie die Entscheidung erarbeitet wurde, unter welchen
Umständen sie entstanden ist oder auch welchen rechtlichen Zwängen der Richter bei
seiner Entscheidungsfindung unterliegt.39 An dieser Stelle sei das bereits genannte
Beispiel wieder aufgegriffen: das Verhältnis von Staatsrat und Kassationsgerichtshof
zum Verfassungsrat, wenn es um die Prüfung vorrangiger Fragen zur
Verfassungsmäßigkeit geht, und das entweder als Konkurrenzsituation (aus Sicht
pessimistischer Kommentatoren) oder als Kooperationsverhältnis (aus Sicht
optimistischer Kommentatoren) gesehen wird. Dieses Verhältnis kann vom Juristen als
eine Gegebenheit soziologischer Art gesehen werden, die ihm die Möglichkeit eröffnet,
näher zu beleuchten, was der Richter eigentlich tut, wenn er entscheidet, dass eine
gegen eine bestimmte gesetzliche Vorschrift gerichtete vorrangige Frage zur
Verfassungsmäßigkeit der Ernsthaftigkeit entbehrt: in dem Fall erhebt sich der Richter
nämlich zum Verfassungsrichter. Hier bietet sich dem Juristen die günstige
Gelegenheit, für die wissenschaftliche Untersuchung verfassungsgerichtlicher
Entscheidungen auf eine Wissenschaft zurückzugreifen, die sich mit den
Verhaltensweisen der Richter beschäftigt und zu den nicht-normativen soziologischen
Disziplinen gehört, wie bspw. die Politikwissenschaft. Dadurch, dass er aus der
Rechtswissenschaft eine empirische Wissenschaft macht anstelle einer normativen,

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kann der Jurist seinen wissenschaftlichen Gegenstand erschaffen, was im Übrigen der
methodischen Anforderung entspricht, die bereits von Léon Duguit formuliert wurde,
der zu Recht forderte, die rechtswissenschaftlichen Fakultäten müssten die
Bezeichnung »Rechts- und Sozialwissenschaftliche Fakultäten« tragen. Die Einbettung
der Rechtswissenschaften in die nicht-normativen Sozialwissenschaften stellt sich als
conditio sine qua non dar, um dem Juristen die wissenschaftliche Eigenständigkeit zu
sichern, wohingegen umgekehrt die ausschließliche Berücksichtigung dessen, was die
Besonderheit der Normativität ausmacht, nämlich deren ideelle Dimension, für den
Juristen ein ernstes Erkenntnishindernis darstellt: Die vom Juristen für die Konstitution
seines Gegenstandes benötigte Autonomie erfordert, logischer- ebenso wie
paradoxerweise, eine gleichgültige Haltung in Bezug auf die ontologische
Eigenständigkeit des Rechts und die ausdrückliche Forderung nach epistemologischer
Interdisziplinarität zwischen Juristen und Nichtjuristen. Aus diesem Grund würde der
bei manchen Juristen latent vorhandene und mit der Besonderheit der Welt des Rechts
begründete Wunsch nach einer Eingliederung der rechtswissenschaftlichen Fakultäten
in die Organisationsstruktur des Justizministeriums endgültig die Totenglocke für die
Rechtswissenschaft läuten. Das Recht wäre dann nur noch für diejenigen von Belang,
die es anwenden, und nicht mehr für diejenigen, die es erforschen. Gefangen im Käfig
einer Institution, die ausschließlich eine technische Ausbildung liefern würde,
richteten die Juristen ihren Fokus nur noch auf den semantischen Aspekt der
Gerichtsurteile und sähen daher nur noch Schatten.
40 Es gibt für den Urteilskommentator, der gewillt ist, seinen wissenschaftlichen
Gegenstand jenseits der Bedeutungsinhalte der Sprache der Gerichte zu konstruieren,
noch einen dritten Vorteil. Indem er sein Interesse auf das richtet, was der Richter in
Wirklichkeit tut, wenn er sein Urteil formuliert, zeigt der Kommentator, dass er dem Weisen
gleich verstanden hat, dass er stets nur eine oberflächliche Erkenntnis der Welt des
Rechts erreichen wird, wenn er sich nicht aus dem Gefängnis der Platon’schen Höhle
befreit, in das ihn die reine Textexegese sperrt. Jede theoretische Herangehensweise,
auch wenn diese Bezeichnung nicht ausdrücklich in Anspruch genommen wird, reiht
sich zwangsläufig in eine idealistische Perspektive auf die Erkenntnis ein: Aufdecken,
welche geistige Wahrheit sich hinter den Erscheinungen verborgen hält, enthüllen, was
der Richter jenseits seines Urteilsspruchs tut, das Göttliche in den Dingen erblicken,
bedeutet, zur Idee vorzudringen, die weder der Richter noch der Rechtspraktiker sehen.
Die berühmte sogenannte realistische Lehre von der Auslegung des Rechts, die bei
Verfassungsrechtlern, die sich für verfassungsprozessrechtliche Fragen interessieren,
großen Anklang gefunden hat, liefert dafür ein anschauliches Beispiel. Ihre Verfechter
betrachten sich aufgrund ihres gewählten wissenschaftlichen Gegenstands als Realisten
in dem Sinne, dass sie jenseits des offiziellen Urteilsspruchs des Richters, der vorgibt, sich
auf die Anwendung bestehender Regeln zu beschränken, zu erblicken glauben, was der
Richter realiter tut, und durch diese Erkenntnis entdecken, dass der Richter durch die
Auslegung der Gesetzestexte Recht setzt.40 Realisten aufgrund ihres Interesses für die
pragmatische Dimension des Urteilsspruchs, sind diese Juristen in ihrer
epistemologischen Haltung Idealisten. Indem er die wahre Tätigkeit des Richters
jenseits von dessen Worten durchdringt und sich für den pragmatischen Aspekt des
richterlichen Diskurses interessiert, ohne sich von der Semantik dieses Diskurses
täuschen zu lassen, gelingt es dem den Lehren dieser Theorie gegenüber
aufgeschlossenen Urteilskommentator dank dieses Enthüllungswerkzeugs, die Idee
hinter den sichtbaren Dingen zu entdecken. Er sieht, wie der Richter Recht setzt,

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obgleich dieser behauptet, er beschränke sich auf dessen Interpretation, und wird
dadurch zu einem Nachfolger des Kopernikus, der die Kühnheit besaß, entgegen der
von der himmlischen Bahn der Sonne entstandenen Illusion das Gegenteil des für alle
Sichtbaren zu postulieren, und die geozentrischen Doktrin durch die heliozentrische
These ersetzte, um den Menschen zu helfen, die Wirklichkeit der Welt zu begreifen.
Wer einen theoretischen Standpunkt einnimmt, betreibt immer auch eine Form von
epistemologischem Idealismus.
41 Die Verfassungsrechtslehre, sei sie nun wohlwollend oder kritisch gegenüber der
Rechtsprechung des Verfassungsrats, hat hinreichende Belege einer solchen
methodischen Hellsichtigkeit gegeben, sodass es entgegen der von manchen Autoren in
der jüngeren Vergangenheit geäußerten Skepsis41 erlaubt sein muss, Genugtuung
darüber auszudrücken, dass diese Verfassungsrechtslehre nicht in die Falle des
formalen Legalitätsdenkens getappt ist. Dies belegt ein Blick in gegenwärtige
Publikationen sowie die sich daraus ergebende Feststellung, welch hohe Resonanz
seitens der Rechtslehre die Entscheidung des Verfassungsrats aus dem Jahr 2010
erfahren hat, »die Verfassungsmäßigkeit der tatsächlichen Tragweite eines Gesetzes
aufgrund von dessen Auslegung durch die ständige Rechtsprechung« 42 zu prüfen.
Manche Kommentatoren haben darin scharfsinnigerweise eine Anerkennung
rechtssetzender Befugnisse der obersten Gerichte der Verwaltungsgerichtsbarkeit und
der ordentlichen Gerichtsbarkeit durch den Verfassungsrat gesehen, da der Rat ihrer
Ansicht nach mit dieser Rechtsprechung auch die voluntaristische Theorie der
Rechtsauslegung bestätigt habe, wonach ein verabschiedetes Gesetz noch keine Norm
sei, solange es noch nicht durch die Rechtsprechung ausgelegt worden sei. Daraus
schließen sie: »Der Verfassungsprozess greift theoretische Überlegungen auf und bietet
sich diesen an!«43 Ein entsprechendes Echo seitens der Rechtslehre erntete der
entgegengesetzte Standpunkt des Kassationsgerichtshofes, als er sich zunächst
weigerte (bevor er dann später seine Linie doch änderte), dem Verfassungsrat eine
vorrangige Frage zur Verfassungsmäßigkeit vorzulegen, die das sogenannte lebendige
Recht betraf.44 Indem er seine eigene Rechtsprechung vor einer
Verfassungsmäßigkeitskontrolle zu bewahren suchte, zog der Kassationsgerichtshof
stillschweigend eine Trennlinie zwischen Rechtsprechung und gesetzlicher
Bestimmung, womit er nolens volens seine eigene etablierte Rechtsprechungsdoktrin in
Frage stellte, gemäß der die Auslegungen des Gesetzes durch den Kassationsgerichtshof
und das ausgelegte Gesetz eine Einheit bilden. Diese seitens der Rechtslehre
scharfsichtige Analyse, die das Licht hinter dem Schatten der sich bewegenden Richter
ausmachte, stammt von Nicolas Molfessis, nach dessen Ansicht die Aussage des
Kassationsgerichtshofes auf »nicht mehr und nicht weniger« hinauslaufe »als der
Rechtsprechung ein offizielles Dasein zu verleihen, die in einigen Entscheidungen
ausdrücklich hervorgehoben wird«.45 Wenn die Richter nicht immer sehen, was sie tun,
wenn sie Recht sprechen, erwartet die Rechtswissenschaft von ihren begabten
Handwerkern, dass sie es sehen und sehen lassen. Auf sie zählt die Rechtswissenschaft,
um die heutzutage im Verfassungsrecht erlebte Wende hin zum
Rechtsprechungskommentar zu durchleben, ohne dabei ihre Identität einzubüßen.
42 Auf der soliden Grundlage dieser theoretischen Antworten und seines akademischen
Geistes wird der heute von der kulturellen Revolution hin zum
Rechtsprechungskommentar erfasste Verfassungsrechtler die wissenschaftliche
Dimension seines Faches nur dann bewahren können, wenn es ihm gelingt, auf die
beschriebene Art die Wirklichkeit der Welt des Rechts hinter den vom Rhythmus der zu

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entscheidenden Fälle geprägten Bewegungen der Richter in deren Platon’scher Höhle,


dem Gerichtsaal, herauszulesen. Die zeitgenössische Verfassungslehre bietet in dieser
Hinsicht Anhaltspunkte, die eher zuversichtlich stimmen.46

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NOTES
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Sirey (1892), S. 3 (17), Anmerkung von M. Hauriou.
2. Avril (1997).
3. In einer Rezension zu Pierre Avrils Werk würdigte Olivier Beaud dessen Vorgehensweise. Diese
hatte seiner Ansicht nach den Vorteil, »den monopolistischen Anspruch der Verfassungsrechtler
in Frage zu stellen, die nur noch auf die Rechtsprechung des Verfassungsrates schwören«. Beaud
ruft anschließend dazu auf, dieser »Kurzsichtigkeit« der Verfassungsrechtslehre ein Ende zu
setzen, welche die Rechtsprechung des Verfassungsrates zum »Alpha und Omega« des
Verfassungsrechts erhebt (Beaud [1999], S. 68). Diese Form des epistemologischen Widerstands
sollte später zu konkreten Initiativen führen, unter anderem insbesondere zur Gründung, im
Jahr 2008, der Zeitschrift Juspoliticum, die in sehr gelungener Weise der vorherrschenden
Zeitströmung im Verfassungsrecht eine »Alternativkultur« entgegensetzt, welche den rein
politikwissenschaftlichen Aspekt der wissenschaftlichen Disziplin bevorzugt (und dessen guten
Ruf wiederherzustellen sucht).
4. Denis Baranger hatte die Verfassungsrechtler bereits kurz vor dem Inkrafttreten des neuen
Instituts der vorrangigen Frage zur Verfassungsmäßigkeit vor der, in seinen Worten, »Falle des
Verfassungsrechts« gewarnt und stattdessen als Gegenmittel einer die historische Dimension der
Rechtsdisziplin betonenden Vorgehensweise den Vorzug gegeben, Baranger (2009), Nr. 3; vgl.
auch Denquin (2008), Nr. 1.
5. Diese Ansicht vertritt jedenfalls Paul Amselek, der keinerlei Lob übrig hat für den Anspruch
der Juristen, ihre Disziplin zu einer wissenschaftlichen Disziplin zu erheben. Er schreibt: »Genau
darin liegt die Hauptaufgabe der Juristischen Fakultäten, nämlich juristisches Handwerkswissen
zu bilden und weiterzugeben, wohingegen wissenschaftlichen Erkenntnissen bedauerlicherweise
bloß eine Nebenrolle zukommt. Dies schmälert jedoch in keiner Weise das mit dieser Tätigkeit
einhergehende grundlegende gesellschaftliche Interesse, denn dieses juristische Handwerk ist
die Grundlage für juristische Erfahrung in unseren Gesellschaften, es erlaubt diesen, weiter zu
bestehen, sich an die nächsten Generationen weiterzugeben und durch diese voranzuschreiten;
dies stellt bereits für sich genommen ein Verdienst dar und bedarf sicherlich keiner Verbürgung
durch das Etikett ›Wissenschaft‹«, Amselek (1997), S. 337.
6. Bachelard (1987 [1938]).
7. Dieser Begriff geht auf den französischen Soziologen Gustave Le Bon zurück; s. Le Bon (1951
[1895]).
8. Kelsen (1976 [1960]), S. 3.
9. Die nicht-normativen sozialen Gegebenheiten, mit denen sich der Soziologe auseinandersetzt,
sind genauso stumm wie die natürlichen Gegebenheiten. Während die den Gegenstand der
Rechtswissenschaften bildende Welt aus Normgehalten besteht, die Werte vorschreiben, und
zwar unter Verwendung derselben semantischen Struktur, auf die der Jurist zurückgreift, wenn
er diese normativen Aussagen beschreibt, besteht die Welt, mit der sich der Soziologe befasst –
und sei sie auch Trägerin von Werten –, lediglich aus einer Gesamtheit nicht-normativer

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Gegebenheiten oder Ereignisse, die sich nicht als solche bezeichnen und manchmal über den
Willen der Menschen hinauswachsen, deren geistiges Kind sie sind. Wenn Durkheim schrieb, man
müsse »soziale Gegebenheiten wie Dinge behandeln«, vertrat er damit implizit die Auffassung,
dass die Dinge, welche die empirischen Wissenschaften zu ihrem Gegenstand erheben, stumm
seien und es daher geboten sei, sie im Lichte des Kausalitätsprinzips zu untersuchen, des
Denkinstruments, das für die konstruktive Dimension des wissenschaftlichen Denkens am
bezeichnendsten sei, s. Durkheim (1995 [1895]).
10. Kelsen (1976 [1960]), S. 3.
11. Viala (1999).
12. Salles (2015).
13. Troper (2001), S. VII. Indem er näher darlegt, dass die Rechtssprache sogar dem Gehalt der
theoretischen Aussage entgegenwirken kann, spielt Troper hier auf die im Übrigen sehr häufigen
Fälle an, in denen der Richter durch die Verwendung von Formulierungen wie »es folgt aus …«
oder »in Erwägung dessen, dass …« erkennen lässt, dass er das Gesetz auf mechanische Weise
auslegt, ohne dessen Wortlaut zu verraten, womit er gleichzeitig die theoretische Annahme
widerlegt, gemäß welcher »Auslegung eine Tätigkeit des Willens« sei. Nach Tropers Ansicht
verraten die vom Richter verwendeten Formulierungen hingegen, dass Auslegung für diesen eine
Tätigkeit der Erkenntnis ist. Weit davon entfernt, die Richtigkeit des theoretischen Diskurses zu
widerlegen, stellt diese Diskrepanz zwischen dem Gehalt der theoretischen Aussagen und dem
Gehalt der normativen Aussagen gerade das dar, was die Rechtstheorie interessant macht: Um
die Herausforderung der Falsifizierbarkeit zu meistern, vor die der richterliche Diskurs den
Juristen stellt, wird dieser die Diskrepanz mit der Unbedarftheit des Richters zu erklären suchen,
oder damit, dass der Richter die Illusion und die Legende seiner Folgsamkeit gegenüber dem
Gesetzgeber aufrechterhalten wolle, um auf diese Weise seine Normsetzungsmacht zu
verschleiern und seine Legitimität zu bewahren. Hier zeigt sich, wie der Jurist, indem er auf eine
theoretische Auseinandersetzung und die Konstitution seines wissenschaftlichen Gegenstandes
verzichtet, dem Test durch den von Karl Popper so bezeichneten Falsifikationismus ausweicht,
der für Popper die Wissenschaftlichkeit eines Gedankenganges auszeichnet; Popper (1973 [1972]).
14. Platon, Politeia, Buch VII, S. 509 ff.
15. Ponthoreau (2007), S. 219; Ponthoreau (2010).
16. Favoreu (1992); für eine ähnliche rechtstheoretische Anstrengung durch andere, für die
moderne Hinwendung zum Rechtsprechungskommentar im Verfassungsrecht repräsentative
Autoren vgl. Rousseau (1996), S. 13 f.; Rousseau (2013), S. 16 f.; Magnon (2014), S. 305.
17. Carré de Malberg hat seine Grundsätze zur Staatstheorie auf der Grundlage einer
Untersuchung zu den ideologischen Vorannahmen der Französischen Revolution ausgearbeitet,
Prinzipien, die – so Michel Troper – »auch für andere Länder und andere Zeitalter gültig« seien,
Troper (1994a), S. 16.
18. Kelsen (1976), S. 3.
19. Für die Beziehung zwischen Rechtsvergleichung und Rechtstheorie vgl. Pfersmann (2001),
S. 275; Samuel (2006), S. 32; Picard (2009), S. 173.
20. Schopenhauer (1994/95).
21. Platon (1991), Timaios, 37d, S. 257.
22. Troper (2011), S. 265.
23. Amselek (1987), S. 131.
24. Ebd.
25. Kelsen (1976), S. 78.
26. Hume (1928 [1748]), S. 90 ff.
27. Amselek (1988), S. 45.

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28. Die Natur »ist nur einmal da«, schrieb im 19. Jahrhundert der Physiker Ernst Mach, der einen
starken Einfluss auf den sehr empiristisch geprägten Wiener Kreis ausgeübt hat; Mach (1973
[1883]), S. 459.
29. Für Kelsen ist die Zurechnung in der Welt der Normen das Gegenstück zur Kausalität in der
Welt der Naturgesetze: »Die Analogie besteht darin, dass das in Rede stehende Prinzip in den
Rechtssätzen eine ganz ähnliche Funktion hat wie das Kausalitätsprinzip in den Naturgesetzen,
mit denen die Naturwissenschaft ihren Gegenstand beschreibt«, Kelsen (1976), S. 80. Wie Kelsen
kurz darauf weiter ausführt, beschränkt sich die Ähnlichkeit darauf, dass die Zurechnung und
das Kausalitätsprinzip beide Verknüpfungen herstellen. Doch die Ähnlichkeit geht nicht weiter,
und beide Grundsätze divergieren in Bezug auf das Wesen einer solchen Verknüpfung: die
Zurechnung durch die Norm ist eine Verknüpfung, die einem auslösenden Sachverhalt eine
normative Folge nach der Hypothese zuordnet »Wenn A ist, soll B sein«, während die
Kausalitätsverknüpfung durch das Naturgesetz nach dem einer deterministischen
Vorgehensweise erfolgt und eine Wirkung mit einer Ursache verbindet nach dem Schema »Wenn
A ist, wird B sein«.
30. Zu dieser begrifflichen Unterscheidung vgl. Troper (2001), S. 12.
31. Kelsen (1976), S. 353 f.
32. Verfassungsrat, Entscheidung Nr. 98-408 DC vom 22. Januar 1999 – Vertrag über das Statut
des Internationalen Strafgerichtshofes, amtl. Slg., S. 29.
33. Kassationsgerichtshof (Plenum), Urteil vom 10. Oktober 2001, Rs. Nr. 01-84922, Breisacher.
34. In dieser Debatte standen sich zwei Auffassungen gegenüber, die, jede für sich, Ausdruck
einer Positionierung waren, welche das Neutralitätsgebot der Wissenschaft übertraten. Manche
Autoren vertraten die Ansicht, die umstrittene Verfassungsbestimmung nehme den
Staatspräsidenten auch dann von der Unterwerfung unter die Gerichtsbarkeit aus, wenn er nicht
in Verbindung mit der Ausübung des Präsidentenamtes gehandelt habe (so Georges Vedel oder
auch Guy Carcassonne), während andere den entgegengesetzten Standpunkt vertraten und im
Staatspräsidenten außerhalb dessen Amtsausübung einen gewöhnlichen Bürger sahen, gegen den
ein Verfahren vor den ordentlichen Gerichten zulässig sei (so Dominique Rousseau oder auch
Olivier Duhamel). Zwar emanzipierten sich diese Darlegungen aus der Rechtslehre vom Wortlaut
des Artikels 68 der Verfassung, doch führte der gewollte Charakter dieser Darlegungen, in
Ermangelung einer (damals noch nicht ergangenen) Rechtsprechung des Verfassungsrates oder
des Kassationsgerichtshofes, deren Autoren dazu, die Grenzen des Neutralitätsgebotes zu
überschreiten, denen eine Wissenschaft unterworfen ist. Für die Unterscheidung zwischen
Rechtslehre und Rechtswissenschaft vgl. insbesondere die Dissertation von Cathie-Sophie Pinat,
Le discours de l’avocat devant la Cour de cassation. Étude et théorie du droit, Universität Montpellier,
2015.
35. Die Unterscheidung zwischen Semantik und Pragmatik geht auf den Semiotiker Charles W.
Morris (1901–1979) zurück. Während die Semantik sich mit der Bedeutung einer Aussage
beschäftigt, befasst sich die Pragmatik damit, was der Sprecher tut, wenn er die Aussage tätigt:
Die pragmatische Dimension hinter der Aussage, durch die der Professor sagt, »das Wetter ist
schön«, erlaubt es dessen Studentin zu verstehen, dass er ihr den Hof macht, da man aufgrund
des schönen Wetters ja einen Kaffee trinken gehen könnte. Die umfassendsten Ausführungen zur
pragmatischen Dimension der Sprache sind allerdings diejenigen des Oxforder Philosophen aus
den 1950er Jahren, John L. Austin, sowie von dessen Schüler, John R. Searle. Vgl. Austin (1972
[1962]); Searle (1971 [1969]).
36. Vgl. z. B. Rousseau (2010a), S. 1545, insb. S. 1547; Drago (2010), S. 1438; Roblot-Troizier (2011),
S. 691.
37. »Wissenschaftliche Erkenntnisse«, schreibt Michel Troper, »können nicht nur über den
Grundsatz der Neutralität definiert werden. Sie müssen eine Erkenntnis bereithalten, mit

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anderen Worten: etwas zutage bringen, das nicht unmittelbar ersichtlich ist«, Troper (1994b),
S. 310 und insb. S. 321.
38. Was der Sprecher tut, wenn er eine Aussage tätigt, ist nur außerhalb des Ausspruches
erkennbar. Weit mehr als der Sinngehalt der Aussage selbst gibt die Stellung des Sprechers
gegenüber seinem Gesprächspartner Aufschluss über das Wesen der Aussage und ob sie z. B. eine
Feststellung, eine Anweisung, ein Versprechen, ein Geständnis usw. beinhaltet. Vgl. Amselek
(1986).
39. Troper et al. (2005).
40. Troper (1995), S. 235.
41. Baranger (2009).
42. Verfassungsrat, Entscheidung Nr. 2010-39 QPC vom 6. Oktober 2010, amtl. Slg., S. 264;
Verfassungsrat, Entscheidung Nr. 2010-52 QPC vom 14. Oktober 2010, amtl. Slg., S. 283.
43. Rousseau (2010b), S. 12–15.
44. Kassationsgerichtshof (Strafsenat), Urteil vom 19. Mai 2010, Rs. Nr. 09-83328, 09-87307 und
09-82582.
45. Molfessis (2010), S. 1955.
46.

INDEX
Schlüsselwörter : Verfassungsrecht, Verfassungswissenschaft, Rechtsprechung, Methodik
Mots-clés : droit constitutionnel, science constitutionnelle, jurisprudence, méthode

AUTEURS
ALEXANDRE VIALA
Alexandre Viala ist Professor für öffentliches Recht an der Universität Montpellier. Nähere
Informationen finden Sie hier.

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Die Konstitutionalisierung des


Rechts und die Herausforderungen
durch das Völkerrecht und das
Europarecht
Constance Grewe et Hélène Ruiz Fabri
Traduction : Olivier Joop

NOTE DE L’ÉDITEUR
Wir danken Frau Constance Grewe und Frau Hélène Ruiz Fabri für die freundliche
Genehmigung, diesen Artikel in deutscher Übersetzung zu publizieren.
Nous remercions Mme Constance Grewe et Mme Hélène Ruiz Fabri de nous avoir
accordé l’autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro.

1 Konstitutionalisierung, Europäisierung, Internationalisierung … So viele bestehende


oder sich abzeichnende Tendenzen, die durch ihre Neuheit bestechen und durch ihre
Dynamik Interesse erwecken. Doch, wie Jean-Claude Gautron gerne seinen
Doktoranden zu verstehen gibt, »nicht alles, was glänzt, ist Gold«, eine Einstellung, die
sich auch in seiner eigenen Haltung der »kritischen Betrachtung Europas durch einen
Europarechtler«1 widerspiegelt. Ihn durch den Versuch zu würdigen, die Verwendung
bestimmter Begriffe zu beleuchten, ist daher nicht unangemessen.
2 1. Der bereits von Boris Mirkin-Getzewitsch2 geprägte und insbesondere von Louis
Favoreu und Joël Rideau3 übernommene Begriff des »droit constitutionnel international«,
des international ausgerichteten Teils des Verfassungsrechts, bezeichnet die
Bestimmungen der Verfassung, die sich auf die auswärtigen Beziehungen und die
Öffnung des nationalen Rechts zum Völkerrecht beziehen. Im Zuge der deutlichen
Zunahme derartiger Bestimmungen in den Verfassungen der Staaten Europas,
insbesondere als Folge des Vertrags von Maastricht, und der Angleichung des
materiellen Rechts infolge des Einflusses der Rechtsprechung des EuGH und des EGMR

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auf das innerstaatliche Recht und die innerstaatliche Rechtsprechung, ist in der
Rechtssprache der Begriff des droit constitutionnel international fortschreitend verdrängt
worden durch den Ausdruck der Internationalisierung beziehungsweise Europäisierung
des Verfassungsrechts4 – ein Ausdruck, der, je nach Betrachtungswinkel, die Vorder-
oder Rückseite ein- und derselben Medaille darstellt, und dessen semantisches
Gegenstück die Konstitutionalisierung des Völker- und/oder des Europarechts
darstellt.
3 An dieser Stelle könnte leicht der Eindruck entstehen, dass dieses Begriffspaar –
Internationalisierung bzw. Europäisierung auf der einen und Konstitutionalisierung auf
der anderen Seite – auf zwei unterschiedliche Aspekte der gegenwärtigen
Entwicklungen des Rechts verweisen würde, die im Wettbewerb oder gar im Konflikt
miteinander stehen. Jedoch steht bei einer stärker auf die Wechselwirkung und die
Vielfalt der betrachteten Rechtsordnungen, im Besonderen in Europa, ausgerichteten
Analyse der »Netzwerk-« oder »multi-level government«-Charakter5 des Verbundes von
innerstaatlichem und europäischem Recht im Vordergrund. Bei einer solchen
Betrachtungsweise befinden sich beide Rechtsordnungen in einem Prozess der
gegenseitigen Annäherung, Vernetzung und Verflechtung, sodass die Völker- und
Europarechtsfreundlichkeit des Verfassungsrechts als Teil dieser
Konstitutionalisierung zutage tritt. Die Internationalisierung/Europäisierung des
6

Verfassungsrechts stünde damit der Konstitutionalisierung des Völker-/Europarechts


nicht entgegen, sondern stellte im Gegenteil ein Element desselben dar. Allerdings
muss man sich darüber klar sein, was man mit diesen Begriffen wirklich bezeichnet.
4 2. In einem ersten Ansatz kann davon ausgegangen werden, dass der Begriff der
Konstitutionalisierung den Vorgang beschreibt, durch den eine Vorschrift Teil der
Verfassung wird oder Verfassungsrang erlangt. Zunächst in der deutschsprachigen und
der anglo-amerikanischen7 Rechtsliteratur in Bezug auf das Völkerrecht und das
Europarecht gebraucht, ist der Terminus von der französischen Rechtslehre
aufgegriffen worden. Diese hatte den Begriff allerdings schon auf innerstaatlicher
Ebene verwendet, um die seit 1971 eingetretene neue Qualität des Vorrangs und des
normativen Charakters der Vorschriften der Verfassung zu bezeichnen. So ist bereits
von einer Konstitutionalisierung des Strafrechts, des Zivilrechts oder des
Verwaltungsrechts im Sinne eines Hineinwirkens des Verfassungsrechts in diese
Rechtsbereiche gesprochen worden.8
5 Ist allerdings dieselbe Art von Konstitutionalisierung gemeint, wenn von einer
Konstitutionalisierung des Völkerrechts oder des Europarechts die Rede ist? Zweifel
sind angebracht.
6 Zum einen ist der französische Begriff »constitution« nicht deckungsgleich mit dem
englischen »constitution« oder dem deutschen »Verfassung«. Im Englischen und im
Deutschen hat der Begriff viel mehr als im Französischen seine ursprüngliche
etymologische Bedeutung beibehalten, im Sinne der Schaffung grundlegender Statuten
eines Organs oder einer Institution. Jean-Claude Gautron hat von der ironischen
Bemerkung Peter Hains, des Beraters von Tony Blair, berichtet, der angemerkt habe,
auch sein Golfverein besitze eine Verfassung.9 Im deutschen Recht taucht die
Bezeichnung »Verfassung« auch mit Bezug auf Unternehmen oder Gemeinden auf,
wohingegen sie im Französischen im Wesentlichen auf den Prozess beschränkt bleibt,
in dessen Rahmen ein Staat oder eine internationale Organisation geschaffen wird. Vor
diesem Hintergrund ist es möglich oder gar wahrscheinlich, dass, je nach nationaler

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198

Rechtslehre, eher mehr oder eher weniger Hemmungen bestehen, diesen Begriff und
dessen Ableitungen zu verwenden. Dies schließt freilich nicht aus, dass die
Verwendung dieses Begriffes mit unterschiedlichen rechtlichen Traditionen oder
zumindest mit einer Rechtsauffassung, die ein anderes Verständnis des
Verfassungsbegriffes aufweist, verknüpft ist.
7 Zum anderen liegt der Vorteil des Begriffes »Konstitutionalisierung«, wie bei allen
Bezeichnungen mit der Endung »-isierung«10, in seiner Mehrdeutigkeit, die sowohl
einen Zustand als auch den Prozess zu dessen Entstehen beschreiben kann. Er kann
auch dann verwendet werden, wenn dieser Prozess noch lange nicht abgeschlossen ist,
und er kann sogar präskriptiv gebraucht werden.11 Gleichwohl ist eine prospektive
Verwendung des Begriffes natürlich mehrdeutiger als eine rückblickende, birgt sie
doch die Gefahr, als Versuch gewertet zu werden, gegenwärtige Entwicklungen am
Maßstab eines naturgemäß politischen Vorhabens deuten zu wollen.
8 Schließlich vermischt eine solche Analyse unvermeidlich das Recht und den Diskurs
über das Recht. Diese Feststellung gilt noch mehr im Hinblick auf das Europarecht als
auf das Völkerrecht im Allgemeinen, da der Konstitutionalisierungsbegriff im
Europarecht über den Diskurs in der Rechtslehre schon lange hinausgewachsen ist und
es für die Literatur nicht mehr so sehr darum geht, den Dingen einen Namen zu geben,
als Stellung zu beziehen zu den Begrifflichkeiten, die diesen Dingen von der Politik
gegeben wurden, und anschließend die Stichhaltigkeit des zugrundeliegenden
Gedankengangs zu bewerten. Diesbezüglich führt die Verschränkung der formal-,
materiell- und verfahrensrechtlichen Aspekte des Begriffes der Verfassung
zweifelsohne zu Vielschichtigkeit und Verwirrung.
9 Dies ist der Hintergrund für die nachfolgenden Überlegungen über die Bedeutung der
Übernahme des Begriffs der Konstitutionalisierung im französischen Rechtsdiskurs zur
Beschreibung eines dem Völkerrecht und dem Europarecht eigenen Phänomens. Hier
stellt sich die Frage, ob es sich bei dieser terminologischen Übernahme um ein
fehlgeleitetes oder im Gegenteil fruchtbares »Nachplappern« oder um einen
surrealistischen Schritt handelt, der – angelehnt an Magrittes Behauptung, bei der von
ihm gezeichneten Pfeife handele es sich nicht um eine Pfeife – in umgekehrter
Vorgehensweise behauptet, »dies ist eine Verfassung« und somit Teil eines politischen
Projektes ist. Eine einzige und eindeutige Antwort auf diese Fragen erscheint schwierig,
aber es stellt sich dennoch heraus, dass das Phänomen der »Konstitutionalisierung«
nicht völlig neu ist; es ist die Eindringlichkeit dieser Erscheinung, die eine neue Stufe
erreicht hat und somit die Veränderung der Bezeichnung erklärt bzw. dessen, was die
Sprachwissenschaft mit dem Begriff des Signifikanten oder Bezeichnenden umschreibt
(I). Spiegelt diese Veränderung des Signifikanten lediglich eine quantitative
Entwicklung wider oder ist sie Ausdruck eines tatsächlichen qualitativen Sprunges;
anders ausgedrückt, schließt die Veränderung des Bezeichnenden auch eine
Veränderung des Bezeichneten, des Signifikats, mit ein (II)?

I. Der Wandel des Bezeichnenden


10 Heutzutage ist die Konstitutionalisierung oder zumindest die Debatte über diese
Konstitutionalisierung im Europarecht weiter vorangeschritten als im Bereich des
Völkerrechts, doch ist es Letzteres, in dem die zu behandelnden Fragen, Überlegungen
und Prognosen zuerst Bedeutung erlangten. Dies liegt nicht ausschließlich an der

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199

logischen Feststellung, dass das Völkerrecht bereits vor dem Europarecht bestand
(noch ist dieses nicht von jenem getrennt). Tatsächlich können zwei Phasen der
Konstitutionalisierungsdebatte unterschieden werden. Die erste setzte nach dem Ersten
Weltkrieg ein und speiste sich aus dem Reichtum der damals entstehenden
Normengefüge und Strömungen in der Rechtslehre. Die zweite ist deutlich jünger und
behandelt erkennbar das Europarecht vor dem »übrigen« Völkerrecht (wobei die Frage
nicht erörtert wird, ob das Europarecht noch immer als Teil des Völkerrechts oder als
eigenständige Rechtsordnung angesehen werden kann/soll).

A. Eine im Völkerrecht bereits seit Längerem bestehende


Erscheinung

11 Dieses Alter ist freilich relativ: Die Wurzeln liegen im Wesentlichen zu Beginn des
20. Jahrhunderts. Das Phänomen der Konstitutionalisierung findet seinen Niederschlag
hauptsächlich in der Rechtswissenschaft, und in mehrdeutigerer Weise im Recht selbst.
Der historische Hintergrund ist alles andere als unbedeutend, insbesondere im Hinblick
auf zwei Aspekte. Zum einen entstand nach dem Ersten Weltkrieg in der Rechtslehre
eine Gegenbewegung zur positivistischen Strömung, die ihren Niederschlag auch in der
Vorstellung vom Verfassungsbegriff finden sollte. Zum anderen führte die
Notwendigkeit einer Zusammenarbeit in bestimmten Bereichen, insbesondere der
Kommunikation, zu verstärkten kollektiven Ansätzen und im Besonderen zu neuen
internationalen Einrichtungen, was eine neue Ausgestaltung von Teilordnungen der
internationalen Beziehungen und einen Reflexionsprozess über Sinn und Folgen dieser
Neuausgestaltung auslöste.

1. Der Traum der Rechtslehre von einer Verfassung der Völker

12 Die Formulierung mag etwas radikal erscheinen, so wie es wohl jede Zusammenfassung
verschiedener Rechtsauffassungen in einer kurzen Formel sein muss. Auch auf die
Gefahr einer übertrieben vereinfachenden Darstellungsweise hin kann behauptet
werden, dass eine der Gemeinsamkeiten der Lehrmeinungen nach dem Ersten
Weltkrieg darin bestand, das Völkerrecht gewissermaßen als »Welt-Recht« 12 zu denken.
Sofern in diesem Kontext der Begriff der Verfassung auftauchte, so geschah dies weit
entfernt von und in ganz unterschiedlicher Weise als bei demjenigen Ansatz, der das
Völkerrecht auf den die Außenbeziehungen der Staaten regelnden Teil des öffentlichen
Rechts verengte und dieses die auswärtigen Beziehungen regelnde öffentliche Recht
lediglich als Teilbereich des jeweiligen nationalen Verfassungsrechts ansah. 13 Im
Gegenteil schimmerte hier im Hintergrund die Idee einer »Gesellschaft der Völker«
durch, bei der es nicht lediglich um ein einfaches Nebeneinander der Staaten und ein
»allgemeines« Völkerrecht zur Friedenswahrung ging.14 Die Herausbildung der Idee
einer Verfassung steht im Zusammenhang mit der Suche nach neuen Denkmustern, um
eine Grundlage des Rechts außerhalb ausschließlicher Willensentscheidungen, also
gewissermaßen »in etwas Objektivem« zu finden. »Eine Verfassung zu postulieren
bedeutete, das Völkerrecht auf einer objektiven Grundlage zu verankern, die, ebenso
wie eine Verfassung auf nationaler Ebene, geeigneter war, Macht und Recht
miteinander in Einklang zu bringen.« Der Begriff der Verfassung wurde also als
Bezeichnung für »die Organisation der Gewalten und der grundlegenden

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200

Zuständigkeiten« verstanden.15 Dieser allgemeine Ansatz untergliederte sich jedoch in


verschiedene Strömungen.
13 Die Anhänger eines soziologischen Ansatzes in der Rechtslehre vertraten den
Gedanken, dass jede Organisation oder Institution über eine Verfassung verfüge. Zu
diesen Anhängern zählten einige Vertreter der italienischen Schule, 16 vor allem jedoch
Verfechter des sogenannten Solidarismus, wie Georges Scelle oder Léon Duguit. Sie
glaubten nicht an eine Zukunft für die Staaten, sondern vertraten die Auffassung, die
geschichtliche Entwicklung gehe in Richtung der Entstehung einer Weltgesellschaft, in
deren Rahmen die Einzelnen die Rechtssubjekte des Völkerrechtes würden. 17 Nationales
Recht und Völkerrecht würden gewissermaßen zum Wohle des gesellschaftlichen
Fortschritts zu einer Einheit verschmelzen. Die Leitidee dieser Autoren war daher die
Verfassung, die sie auf die soziale Realität oder die politische Gesellschaft bezogen.
Dabei wurde auch das Problem der Verbindung von Verfassung und Staatswesen,
allerdings mittels eines sehr ungenauen theoretischen Konstrukts, aufgelöst. Aus
formeller Sicht zeichnete sich deren Herangehensweise durch die Verwendung von aus
dem Verfassungsrecht entlehnten Begriffen und Vorstellungen aus, um das
Völkerrecht zu untersuchen (so verwendete G. Scelle z. B. die Begriffe Föderalismus,
Gesetzgebungsfunktion, exekutive Funktion, Rechtsprechungstätigkeit) und
gegebenenfalls, nach Maßgabe der Anforderungen, die diesen Begriffen zugeordnet
werden, noch Mängel des Völkerrechts hervorzuheben. Allerdings geschah dies zu
einer Zeit, in der der Begriff der Verfassung selbst noch nicht so »bestimmt« war wie
heute, und in der viele nationale Verfassungen sich gerade anschickten, sich ihren
normativen Charakter zu erkämpfen. In der deutschsprachigen Rechtslehre vertrat in
jener Zeit Alfred Verdross ähnliche Auffassungen und befürwortete die Idee einer
Verfassung für die Völkerrechtsgesellschaft,18 deren Vorschriften zugleich
Ausgangspunkt und Legitimationsgrundlage – mit einem Wort, die Grundnorm – des
Völkerrechts bilden sollten. Gleichzeitig gesellten sich zu diesen Gedanken über
Kompetenzverteilungen auch Überlegungen zu materiell-rechtlichen Fragen wie
derjenigen der Gerechtigkeit oder des Gemeinwohls hinzu, was dazu führt, dass
Verdross’ Ideen eher einer Wiederbelebung des Naturrechtsgedankens zugeordnet
werden können.
14 In gewisser Hinsicht stellt sich die Frage, ob die Verwendung des Verfassungsbegriffs
nicht Ausdruck einer Ausuferung oder einer Wandlung der Debatte über die
Eigenschaft des Völkerrechts als Rechtsordnung ist, einer Debatte, die noch lange nicht
erschöpft ist19 und sogar eine gewisse Wiederbelebung erfährt, obwohl es schien, dass
sich die neuere Rechtslehre zum Teil von ihr abgewendet hätte. 20 Jedenfalls hat man
das Gefühl, nie weit davon entfernt zu sein. In diesem Zusammenhang kann es
interessant sein festzustellen, dass diese Entwicklung zusammenfällt mit einer
vertieften Beschäftigung mit der Frage des Verhältnisses von Völkerrecht und
innerstaatlichem Recht. Vielleicht nicht das Völkerrecht selbst, aber zumindest die
Völkerrechtslehre setzt sich mit dem innerstaatlichen Verfassungsrecht auseinander,
ebenso wie die Staatsrechtslehre auch das Völkerrecht behandelt. Bezeichnenderweise
sehen diejenigen Denkströmungen, die am ehesten geneigt sind, den
Verfassungsbegriff auch in Bezug auf das Völkerrecht zu verwenden, dieses Verhältnis
als hierarchische Beziehung zwischen übergeordnetem Völkerrecht und
untergeordnetem Staatsrecht an (bzw. fassen diesen Zustand als Übergangszustand bis
zur Entstehung eines rein monistischen Systems auf).

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15 Eine derartige semantische und begriffliche Verschiebung wird von den Ansätzen zu
einem Institutionengefüge dieser internationalen Gesellschaft, die sich als solche
wahrnimmt, begünstigt oder genährt.

2. Die Gründungsverträge internationaler Organisationen aus verfassungsrechtlicher


Perspektive

16 Eine solche Analyse enthält zwei Ebenen. Die erste ist in gewisser Weise zeitlos, auch
wenn sie historisch betrachtet mit der Entwicklung internationaler Organisationen
zusammenfällt. Sie gründet auf einem Verständnis des Verfassungsbegriffes wie es im
Englischen und im Deutschen möglich ist (s. oben in der Einführung) und ist vor allem
darauf gerichtet, die internen Strukturen der Organisation zu untersuchen. Hier kann
auch von einer »mikroverfassungsrechtlichen«21 Analyse gesprochen werden. Der
Gründungsvertrag einer internationalen Organisation markiert die Schaffung eines
neuen Gebildes, bestimmt dessen Organe, legt die Verteilung der Zuständigkeiten fest,
ermächtigt zu bestimmten Handlungen und begründet die Gültigkeit der Rechtsakte,
die im weiteren Verlauf innerhalb und von der Organisation angenommen werden.
Dieser Gründungsakt kann sogar ausdrücklich den Namen Verfassung tragen, dies ist
beispielsweise bei der Internationalen Arbeitsorganisation (ILO) der Fall. Dieser
Betrachtungsweise kann auch die Entwicklung der Analyse des Europarechts, als Recht
einer besonderen internationalen Organisation, in verfassungsrechtlichen Kategorien
zugeordnet werden. In diesem Sinne stellt eine solche Analyse nicht zwangsläufig ein
Argument zugunsten einer Abspaltung und Sonderstellung des Europarechts
gegenüber dem Völkerrecht dar, zumal besagte Analyse einige Wesensmerkmale der
Gründungsverträge internationaler Organisationen selbst mit einbezieht – und somit
als auch für das Europarecht geltend anerkennt: das Merkmal, dass die
Gründungsverträge häufig einen Vorrang gegenüber anderen oder sogar allen anderen
Verträgen beanspruchen, die die Mitgliedstaaten oder auch die Organisation selbst
abschließen, das Merkmal, dass eine Annahme der Gründungsverträge nur mit allen
deren Bestandteilen, d. h. ohne Vorbehalte, zulässig ist, sowie das Merkmal, dass mit
den Gründungsverträgen spezifische Herausforderungen bei deren Auslegung
einhergehen.22 Diese Betrachtungsweise des »internationalen Verfassungsrechts« ist
oftmals allerdings mit weitergehenden Bestrebungen verbunden, die die zweite Ebene
der Analyse der Gründungsverträge internationaler Organisationen unter
verfassungsrechtlicher Perspektive bilden.
17 Diese zweite Ebene richtet den Fokus auf die äußere Ordnung, in die sich die
Organisation einbettet, und birgt eher Züge einer »makroverfassungsrechtlichen« 23
Analyse. Sie betrachtet die untersuchte internationale Organisation gewissermaßen als
Entwurf für das Institutionengefüge der Gesellschaft der Völker in deren Gesamtheit,
insbesondere wenn die betreffende internationale Organisation ein System der
kollektiven Sicherheit einrichtet und einen weltweiten Geltungsanspruch erhebt. Eine
solche Analyse versucht Lauterpacht in Bezug auf die Satzung des Völkerbundes. 24
Ausgehend davon, dass die Satzung analog zu innerstaatlichem Recht betrachtet
werden könne, sieht er in ihr »das Grundgesetz der Gesellschaft der Völker« und
vertritt die Auffassung, der verfassungsrechtliche Charakter der Satzung sei in deren
Artikel 20 selbst ausdrücklich bekräftigt, der, nach Lauterpacht, »den absoluten
Vorrang der Satzung gegenüber jedem anderen unter den Mitgliedern des Bundes
geschlossenen Abkommen«25 festschreibt. Daher könne der Völkerbund nicht als eine

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einfache Organisation zur Abstimmung der diplomatischen Handlungen ihrer


Mitglieder angesehen werden, insbesondere da seine Satzung »ein System der
kollektiven Sicherheit [einrichtet], das bei näherer Betrachtung nichts anderes [ist] als
der Ausdruck der tatsächlichen Herrschaft des Rechts zwischen den Staaten, ebenso
wie im Gegenteil das Fehlen eines kollektiven Sicherheitssystems das Maß für die
Defizite des Völkerrechts als Rechtsordnung«26 aufzeige. Konkret angewendet, schließt
sich diese Vorgehensweise derjenigen an, welche die Eigenschaft des Völkerrechts als
System, als normative Ordnung belegen will. Lauterpachts Analyse kann der
Konfrontation mit einer Realität, die schwerlich mit den Forderungen der
Völkerbundsatzung übereinstimmt, allerdings nur dann standhalten, wenn die Praxis
nicht als Verstoß gegen die Satzung, sondern als Ausdruck des den Staaten von der
Satzung selbst für deren Auslegung zugebilligten Ermessensspielraums verstanden
wird, womit der betreffenden »Verfassung« eine eher richtungsweisende Funktion
zugeschrieben wird. Gleichwohl nahm Lauterpachts Analyse diejenigen vorweg, die
später in Bezug auf die Charta der Vereinten Nationen unternommen werden sollten.

B. Die Herausbildung einer neuen Terminologie

18 In der zweiten Hälfte des 20. Jahrhunderts entwickelte sich die Frage der
Konstitutionalisierung des Völker- und des Europarechts in verschiedene Richtungen,
ohne die französische Rechtslehre dabei jedoch wirklich zu erreichen.

1. Im Völkerrecht

19 Im Völkerrecht ging diese Entwicklung nicht auf systematische, sondern auf eher
ungeordneten Wegen vonstatten. Dies wird besonders in zwei Bereichen und einem
Graubereich deutlich.
20 Der erste greift die Leitlinien der Analysen aus den 1920er und 1930er Jahren auf.
Spuren davon finden sich besonders in der deutschsprachigen Rechtsliteratur. 27 Hier
wurden Gedanken, die Verdross selbst in Bezug auf die Charta der Vereinten Nationen
aktualisiert hatte,28 aufgegriffen und weiterentwickelt. Mit unterschiedlichen
Akzentsetzungen wird darin nach der verfassungsartigen Funktion der Charta »im
Hinblick auf die internationale Rechtsordnung in ihrer Gesamtheit« 29 gefragt. Diese
»Verfassung«, die nach dieser Einschätzung von der Charta – von der es heißt, sie habe
das allgemeine Völkerrecht integriert – verkörpert wird, oder deren Teil sie ist, wird
als Grundgesetz der internationalen Gemeinschaft gesehen. Nach dieser Lesart sind die
Organe der Vereinten Nationen dazu berufen, diese Weltgemeinschaft zu verkörpern,
und das in der Charta enthaltene Primärrecht soll gegenüber jeder anderen
Verpflichtung Vorrang haben, was im Übrigen Artikel 103 der Charta explizit vorsieht.
Darüber hinaus wird mit dem Begriff der »Konstitutionalisierung« des Völkerrechts
auch die Tendenz zur Institutionalisierung bezeichnet, sowie die zunehmende
Entwicklung multilateraler Verträge mit Weltgeltungsanspruch, die allgemeine und
abstrakte Normen beinhalten, die für alle Staaten gleichermaßen gelten sollen und das
internationale Völkervertragsrecht hin zu einer Art »Gesetz«30 entwickeln. Diese Form
von Konstitutionalisierung – dieser global constitutionalism31 – hält den Wert der
Gleichheit hoch, und die Fragen, die sie aufwirft, betreffen ihr Verhältnis zur und ihre
Auswirkungen auf die Souveränität der Staaten.32

Trivium, 30 | 2019
203

21 Den Graubereich bildet ein begrifflicher und normativer Nebel, der das Völkerrecht in
die Richtung verfassungsrechtlicher Problemstellungen treibt. Diese Entwicklung weist
Parallelen mit derjenigen der innerstaatlichen Verfassungen auf. Diese innerstaatliche
verfassungsrechtliche Entwicklung zeichnet sich, insbesondere nach und seit dem
Zweiten Weltkrieg, durch eine langsame und stetige Festigung der materiell-
rechtlichen Ebene des Rechtsstaats aus. Es geht nicht nur darum, dass der Staat dem
Recht unterworfen ist, sondern dieses Recht muss eine bestimmte Qualität besitzen und
Träger bestimmter Werte sein, in denen im Besonderen die Grundrechte des Einzelnen
verankert sind.33 Auf der internationalen Ebene wird diese Entwicklung in materiell-
rechtlicher Hinsicht gespiegelt durch Menschenrechtserklärungen. In
verfahrensrechtlicher Hinsicht zudem durch die Tatsache, dass die diese
Menschenrechte absichernden Verträge bestimmte Wesenszüge aufweisen
(insbesondere z. B. das Fehlen von Reziprozitätsklauseln), die ihnen einen stärkeren
objektiv-rechtlichen Charakter verleihen. In struktureller Hinsicht zeigt sich das an der
Förderung von Vorstellungen – selbst wenn deren Realisierung in der Praxis
unvollendet bleibt – wie derjenigen der internationalen Normenhierarchie oder eines
völkerrechtlichen ordre public34, sowie von Ideen wie derjenigen zwingender
Rechtsnormen (ius cogens) oder erga omnes geltender Vorschriften, oder auch von
gemeinsamen Definitionen zu ahndender Verbrechen sowie schließlich durch die
Förderung des Gedankens einer internationalen Gemeinschaft selbst. Der Begriff des
Rechtsstaates selbst tritt erst später, ungefähr ab den 1980er und 1990er Jahren, in
Erscheinung, und dann auch zunächst weniger auf das Völkerrecht selbst ausgerichtet,
sondern mehr als eine Handlungsanweisung des Völkerrechts an die nationalen
Rechtsordnungen.35 Die Umwälzungen in Osteuropa und die damit verbundene Geburt
oder, mit Hilfe der Staatengemeinschaft, Wiedergeburt zahlreicher Staaten haben ein
bestimmtes Staatsmodell begünstigt, nämlich dasjenige eines Staates, der demokratisch
verfasst ist und die Menschenrechte achtet,36 Voraussetzungen, die auch aus einer
wirtschaftswissenschaftlichen Perspektive nicht infrage gestellt, sondern im Gegenteil
als eine der Grundlagen einer »guten Regierungsführung« angesehen werden.
Gleichwohl können diese Entwicklungen nicht als Kronzeugen für eine auf einen
Konstitutionalisierungsprozess gerichtete Analyse herangezogen werden, da der
Verfassungsbegriff im Rahmen des rechtswissenschaftlichen Diskurses über diese
Entwicklungen praktisch nicht vorkommt. Dies kann auf eine Schwierigkeit hindeuten,
die Verwendung des Begriffs vom Vorhandensein eines Institutionengefüges zu lösen,
was wahrscheinlich vor allem eine Folge einer realistischen Betrachtungsweise sein
dürfte, die den Fokus auf das ausschlaggebende Wesen von Machtverhältnissen legt. Es
scheint unbestritten, dass die Gegnerschaft der Großmächte ursächlich dafür war, dass
die Charta der Vereinten Nationen nicht die »tatsächliche Verfassung der Menschheit«
37
geworden ist, zu der sie hätte werden können. Der Gedanke, dass sich die Charta
diesem Ideal annähert, lebte erst im Zuge der dafür günstigen Verhältnisse nach dem
Ende des Kalten Krieges wieder auf, als eine neue Weltordnung entstand.
22 Doch die Debatte hat, parallel und fast heimlich, noch eine weitere Facette
hervorgebracht, die sich im Laufe der 1990er Jahre durchgesetzt hat, nämlich das
Nachdenken über eine Globalisierung des Rechts. Der Begriff der Konstitutionalisierung
nimmt darin keinen hervorgehobenen Platz ein und stellt auch kein den Diskurs
strukturierendes Element dar. Er schimmert nichtsdestotrotz auf zwei sich ergänzende
Arten durch, deren Gemeinsamkeit möglicherweise in der Bildung eines Gegenpols zur
»Fragmentierung« des Völkerrechts besteht, zumindest jedoch in der Betonung der

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wirtschaftlichen Komponente. Zu diesem Bereich gehören Überlegungen, die, nach


einer Betrachtung der Entwicklungstendenzen der Globalisierung des Rechts, eine
Konstitutionalisierung dieses Rechts fordern, um dadurch Ordnung und Einheitlichkeit
zu sichern. Eine solche Analyse verfährt ähnlich dem Prinzip des Syllogismus: »Die
wesentlichen Merkmale eines Rechtsstaates und einer rechtmäßigen Ausübung von
Machtbefugnissen sollten auch im Rahmen der Globalisierung gelten«. Gleichzeitig gilt:
»Die Globalisierung des Rechts führt zum Teil dazu, dass diese Grundsätze nicht mehr
auf der bloßen staatlichen Ebene gewährleistet werden können.« Daraus ergibt sich der
Schluss, dass, wenn diese »Verfassungsgrundsätze« den staatlichen Rahmen sprengen,
»es notwendig wird, das Völkerrecht zu konstitutionalisieren«. 38
23 Diesem Bereich können allerdings auch Untersuchungen zugeordnet werden, die sich
spezifischer mit der Welthandelsorganisation befassen und eine Konstitutionalisierung
des WTO-Rechts befürworten. Diesem Recht sollte verfassungsmäßiger Charakter
zukommen,39 sei es, um dadurch den Vorrang zu begründen, den es haben sollte, und/
oder sei es, um die Beachtung zu rechtfertigen, die es dem, was man unter dem
Oberbegriff nichtkommerzielle Anliegen zusammenfassen könnte, schenkt oder
schenken sollte, und/oder sei es schließlich, um die wirtschaftlichen Freiheiten, die es
gewährleistet, in den Rang von grundlegenden Freiheiten zu erheben. Während
wirtschaftliche Verhaltensweisen nicht mehr isoliert von den weiteren Erwägungen
betrachtet werden könnten, die Handlungen in diesem Bereich begründen und
beeinflussen, habe die WTO, namentlich wegen ihres Streitschlichtungsverfahrens, 40
das Potenzial, um zur Speerspitze einer »Konstitutionalisierung« des Völkerrechts 41 zu
werden. Der von der Rechtslehre verfolgte – im vorliegenden Fall liberale bzw. ultra-
liberale – Ansatz weist in seinem Aufbau gewisse Entsprechungen zur Entwicklung der
Europäischen Gemeinschaft auf, die zunächst auf den Grundsätzen des freien Verkehrs
und der Nichtdiskriminierung fußte und im weiteren Verlauf um Mechanismen des
Grundrechtsschutzes und der Demokratisierung sowie der Legitimierung der
Machtbefugnisse angereichert wurde, sodass sie den Weg einer Konstitutionalisierung
beschritten hat.

2. Im Europarecht

24 Die Folgen des Zweiten Weltkrieges stehen in besonderem Kontrast zu denen des
Ersten. Auch aufgrund des Kontextes des Kalten Krieges war die Stimmungslage weder
dem Gedanken einer Weltgesellschaft noch der Idee einer europäischen Verfassung
förderlich. Der Staat trat wieder in den Vordergrund, sowohl als Mitwirkender auf der
Weltbühne als auch als Gestalter der jeweiligen nationalen Gesellschaften. Eine
Gemeinsamkeit ist jedoch hervorzuheben: die Sehnsucht nach Frieden. Der Wille, einen
dauerhafteren Frieden zu etablieren, stand nicht nur am Ursprung der Einrichtung und
des Aufbaus der Vereinten Nationen, sondern bildete auch den Motor für die
wirtschaftliche europäische Integration und die Europäische
Menschenrechtskonvention. Tatsache bleibt bei alldem freilich, dass das Europarecht
im Schatten und unter der Aufsicht der Staaten seinen Aufschwung genommen hat. Die
anfängliche Zurückhaltung der Rechtsprechung des Europäischen Gerichtshofs für
Menschenrechte zeugt deutlich davon.
25 Doch der beeindruckende Siegeszug namentlich des Verfassungsrechts und
insbesondere derjenige der Grundrechte sowie die Verstärkung dieser Entwicklung
durch die Demokratisierung mehrerer südeuropäischer Länder in den 1970er Jahren

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führten zuletzt dazu, dass die bestehende Trennung zwischen innerstaatlichem und
europäischem Rechtssystem als untragbar angesehen wurde. Der Dialog über den
Grundrechtsschutz zwischen dem deutschen Bundesverfassungsgericht sowie dem
italienischen Verfassungsgerichtshof auf der einen und dem EuGH auf der anderen
Seite ist diesbezüglich bezeichnend. Europa wurde reif für die Idee oder das Projekt
einer Konstitutionalisierung.
26 Die anfängliche Idee geht zweifellos auf das deutsche Bundesverfassungsgericht
zurück, genauer gesagt auf dessen Solange I-Rechtsprechung. Sie illustriert, dass die
Grundrechte für deutsche Rechtsprechung und Rechtslehre zu einer Art
»Zwangsvorstellung« (»obsession«)42 geworden sind: es soll klargestellt werden, dass
die europäische Integration nicht voranschreiten könne, wenn bestimmte
verfassungsrechtliche Vorgaben unbeachtet bleiben; zu diesen zählt ganz besonders
der Schutz der Grundrechte. Der gleiche Gedanke liegt der späteren Solange II-
Entscheidung, der Novellierung von Artikel 23 des Grundgesetzes sowie dem Vorschlag
der deutschen EU-Ratspräsidentschaft beim EU-Gipfel 1999 in Köln zugrunde, eine
Charta der Grundrechte der Europäischen Union zu verfassen.
27 Doch bleibt der Horizont für die Diskussion dieser Gedanken eine gewisse Zeit lang
zunächst auf Deutschland beschränkt, bevor er die europäische Ebene und zuletzt
Frankreich erreicht. Im Laufe der 1980er Jahre beschließen die beiden bedeutenden
europäischen Gerichte, der EuGH und der EGMR, ihre bisherige Rechtsprechung unter
den umfassenden Begriff der Verfassung zu stellen. In seinem Urteil Parti écologiste »Les
Verts« gegen Europäisches Parlament43 vom 23. April 1986 bezeichnet der EuGH den EG-
Vertrag zum ersten Mal als »Verfassungsurkunde der Gemeinschaft«. Der EGMR
seinerseits beruft sich in seinem Loizidou-Urteil44 auf die EMRK als
Verfassungsinstrument eines europäischen ordre public. Diese Rechtsprechung erfährt
breite Resonanz. Insbesondere die angelsächsische45 und die französische Rechtslehre
greifen den Begriff auf, und zwar so, dass darüber fast dessen Ursprung in
Vergessenheit gerät. Manche gehen so weit, in dieser Rechtsprechung eine
»Verwandlung des Vertrags in eine Verfassung«46 oder eine »Richterverfassung« zu
sehen, die sich aus der »Weigerung der Staaten, eine wahrhaftige Verfassung
auszuarbeiten«47, erkläre. Dieser Auffassung nach entspricht die Einführung dieses
neuen Signifikanten einer Änderung, einer Verwandlung oder, mit den Worten Joseph
Weilers, einer »friedlichen Revolution«,48 die das Signifikat berühre.

II. Der Wandel des Bezeichneten: Ist dies eine


Verfassung?
28 Die These von der Verwandlung ist hochgradig umstritten, sowohl in Bezug auf das
Völkerrecht als auch auf die Europäische Union. Daher muss für jeden der beiden Fälle
nach der Funktion gefragt werden, die die verwendete staatsrechtliche Terminologie
erfüllen soll.

A. Die Begriffswahl im Völkerrecht

29 1. Es lässt sich eine gewisse Banalisierung in der Verwendung der Begriffe Verfassung
und Konstitutionalisierung beobachten, ohne dass gleichzeitig eine wirkliche
Begeisterung für diese Begriffe erkennbar wäre. Diese Verwendung reicht bezüglich

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ihrer Zielsetzung und ihrer Ursprünge nicht über ein gewisses Maß hinaus. Sie bleibt
hauptsächlich ein Phänomen der westlichen Rechtslehre, obwohl der
Konstitutionalismus weit über sein ursprüngliches Entstehungsgebiet hinaus
Ausstrahlungswirkung entfaltet hat und die grundsätzlichen konstitutionellen Ideen
und Werte mehr oder weniger weltweit anerkannt werden.49 Innerhalb der westlichen
Rechtslehre ist es wiederum im Wesentlichen die deutschsprachige, die am aktivsten
eine auf verfassungsrechtliche Aspekte gerichtete Behandlung der Charta der
Vereinten Nationen und darüber hinaus des Völkerrechts im Allgemeinen vorantreibt.
Der zweifelsohne mit der symbolischen Bedeutung, die das Wort Verfassung im
nationalstaatlichen Rechtsgedächtnis besitzt, verbundene verfassungsrechtliche Ansatz
wird darüber hinaus durch eine Denkweise begünstigt, die den Fokus stärker auf die
materiell-rechtliche Dimension eines »Grundgesetzes« richtet, wohingegen die
französische Denkweise, um nur sie als Gegenpol zu nennen, einen formal-rechtlichen
Betrachtungsansatz vorzieht.50 Jedenfalls toben auch weiterhin lebhafte
Auseinandersetzungen, selbst unter denjenigen, die am offensten für eine Übertragung
der Begrifflichkeiten auf die völkerrechtliche Ebene sind.
30 Der Übergang vom innerstaatlichen Recht hin zum Völkerrecht ist gleichzeitig der
Wechsel von einer Überdeterminierung des Begriffes, durch einen Fächer formeller,
institutioneller und materiell-rechtlicher Aspekte, hin zu einer Unterdeterminierung,
selbst wenn zweifellos der Bezug zu der materiell-rechtlichen Dimension des
Verfassungsbegriffs überwiegt. Die Unsicherheiten im Hinblick auf die Folgen einer
Verwendung dieses Begriffes führen zu einer Zurückhaltung in Bezug auf eben diese
Verwendung. Die detailliertesten und am stärksten begründeten Abhandlungen
beziehen sich auf die Charta der Vereinten Nationen, was leicht zu erklären ist. Weil die
Charta eine politische Organisation begründet, weil das System zur Sicherung der
kollektiven Sicherheit wie eine Skizze oder Vorausdeutung eines Gewaltmonopols
zugunsten der Vereinten Nationen wirken kann, weil die Charta (quasi-) universelle
Geltung entfaltet, kann sie als das geeignetste Mittel zur Verkörperung eines
weltweiten Gesellschaftsvertrages erscheinen. Wird die Charta mit einer Verfassung
der Staatengemeinschaft gleichgesetzt, behält eine derartige Untersuchung eine
institutionell-rechtliche Dimension, die sie jedoch einbüßt, wenn es darum geht, den
Faktor zu betrachten, dass sich diese Verfassung nicht auf nur institutionelle Aspekte
beschränkt, oder wenn der Begriff in anderen Gebieten verwendet werden soll. Die
Herangehensweise betrachtet dann hauptsächlich materiell-rechtliche Aspekte, und
gleichzeitig wird der Referenzbegriff unbestimmter.
31 Die Vorgehensweisen sind nur selten eindeutig und systematisch. Sie sind darüber
hinaus auch nicht einheitlich und stützen sich nur in geringem Maße auf klar benannte
theoretische Prämissen. In so manchem Fall erfolgt der Rückgriff auf den Verfassungs-
oder den Konstitutionalisierungsgedanken lediglich aus Bequemlichkeit 51 oder ist
Ausdruck einer Anspielung auf die symbolische Dimension des Verfassungsbegriffs und
des Verweises auf einige der grundlegenden, aber ungenau definierten Vorstellungen
wie die des Schutzes bestimmter Werte, allen voran der Menschenrechte und der
Wahrung des Friedens, oder von mit diesem Schutz mehr oder weniger eng in
Zusammenhang stehenden Ideen wie die der Notwendigkeit demokratischer
Entscheidungsprozesse, der Hierarchie der Normen, usw. Schließlich scheint sich die
Verwendung dieses Begriffs auch im Wettbewerb mit anderen Termini wie dem der
Weltgemeinschaft zu befinden. Dabei entsteht der Eindruck, dass diese

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Begriffsverwendung eine Antwort auf das polyzentrische Wesen des Völkerrechts


darstellt und auf die Frage der Einheit des Völkerrechts abzielt. Ein solcher Ansatz ist
nicht neu, jedoch verleihen ihm die zunehmenden wechselseitigen Abhängigkeiten
(man könnte auch von Globalisierung sprechen, wenn man diesen Begriff nicht auf
seine Bedeutung im wirtschaftlichen Sinne beschränkt) eine verstärkte Aktualität. Bei
den Überlegungen über eine Strukturierung des Völkerrechts, die mit dieser
Erscheinung einhergehen könnte, erlaubt der Gebrauch des Wortes »Verfassung« auf
vielsagende Weise, sowohl den Gedanken der Einheit des Völkerrechts aufzuwerfen als
auch denjenigen, dass diese Einheit nicht ohne Normenhierarchie zu erreichen ist. Ein
solcher Diskussionsansatz ist freilich bei weitem nicht der einzig mögliche, 52 und selbst
wenn dieser Ansatz gewählt wird, führt die Argumentation nicht zwangsläufig über den
Verfassungsgedanken, was bedeutet, dass dieser Gedanke entweder durch andere
austauschbar ist oder ein Zweifel darüber besteht, ob er für das Völkerrecht geeignet
und adaptierbar ist.
32 2. Denn so unbestimmt der Verfassungsbegriff auch sein mag, so ist doch deutlich, dass
seine Verwendung für eine Analyse des Völkerrechts – sofern man nicht die Errichtung
eines Weltstaates befürwortet – voraussetzt, dass er nicht untrennbar mit dem Begriff
des Staates verbunden ist und somit in stichhaltiger Weise auf andere Arten von
Gemeinschaften übertragbar ist.53 Sie muss des Weiteren davon ausgehen, dass
zwischen Völkerrecht und Verfassungsrecht keine unauflösbare Gegensätzlichkeit
gesehen wird. Schließlich setzt sie voraus, dass der Gedanke vorstellbar ist, es könne
mehrere Verfassungen gleichzeitig geben, ein Gedanke, der offensichtlich
Rechtswissenschaftlern aus bundesstaatlich organisierten Staatswesen leichter fällt
und zudem Teil von Debatten im spezifischen europäischen Kontext ist, in dessen
Rahmen bereits der Gedanke einer »dualen Verfassung«54 aufgeworfen worden ist. Hier
könnte im Übrigen durchscheinen, dass die Debatte um eine Konstitutionalisierung des
Europarechts auch leicht schizophrene Züge tragen kann, wenn bedacht wird, dass der
verfassungsrechtliche Ansatz auch verwendet wird, um das Gemeinschaftsrecht
gegenüber dem Völkerrecht abzugrenzen und Eigenschaften zu benennen, über die das
Völkerrecht (noch?) nicht verfügt55 oder die es nicht in ihrer Gesamtheit erwerben
könnte.
33 Wenn Martti Koskenniemi die Reflexionen Lauterpachts über die Satzung des
Völkerbundes mit dem Begriff Verfassung umreißt, erklärt er dies bezeichnenderweise
mit dem politischen Engagement des von ihm Zitierten.56 Allgemein kann festgestellt
werden, dass die Verwendung des Verfassungsbegriffs in Bezug auf das Völkerrecht
stärker auf Rechtssetzung abzielt als beschreibenden Charakter hat. Eine deskriptive
Analyse würde rasch an der positivistischen Gegenprobe scheitern, mittels deren mit
Leichtigkeit nachgewiesen kann, dass das Völkerrecht – wenn man unterstellt, dass es
sich dabei um eine Rechtsordnung handele – nicht die Eigenschaften aufweist, die
Vorstellung einer höchsten Norm zuzulassen, und sei diese auch Trägerin von
Grundwerten.57 Eine präskriptiv ausgerichtete Analyse propagiert die Idee einer
Vereinheitlichung des Völkerrechts als Recht einer durch gemeinsame Interessen und
universelle Werte miteinander verbundenen Weltgemeinschaft.
34 Somit handelt es sich um ein politisches Vorhaben, obgleich dies wegen des Gedankens,
dass das Völkerrecht ein Flickenteppich ist, den es zu stopfen gilt, leicht aus dem Blick
geraten könnte. Indessen verführt die Tatsache, dass diese Vereinheitlichung auf
verschiedene Arten erreichbar erscheint, dazu, diesen Prozess zu lenken 58 oder, falls er

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unter fragwürdigen Vorzeichen geführt wird – beispielsweise als Vereinheitlichung


unter dem hegemonialen Einfluss eines einzigen dominierenden Staates –, sich ihm zu
widersetzen.59 Die Analyse des Völkerrechts unter verfassungsrechtlichen Prämissen ist
nur ein Modell unter mehreren. Es gehört zu denjenigen, die zum einen das
Völkerrecht in der Genealogie des Kant’schen Gedanken eines kosmopolitischen Rechts
sehen, zum anderen aber auch grundlegenden Wert darauf legen, dass das System auf
Rechtsnormen basiert (rule-orientated). Der besondere Wert eines solchen Modells
besteht darin, dass es versucht, das Vorhaben, auf das es abzielt, zu verbinden mit einer
Berücksichtigung des gegenwärtigen Standes der Entwicklung des Rechts, und zwar
indem es den Gedanken aufgreift und ihn fördern und schützen will, dass es bestimmte
übergeordnete universelle Werte sowie Ansätze einer organisierten Weltgesellschaft
und eines Vorrangs des Völkerrechts gibt. Es dient dazu, etwas zu beschreiben, von
dem man zugeben muss, dass es noch keinen besonderen Rechtsstatus besitzt – konkret
einen obersten Rang, der es unangreifbar machen würde –, bzw. von dem man sich
wünschte, es besäße einen derartigen Rechtsstatus. Dieses Modell beeinflusst darüber
hinaus die Wahrnehmung des Staats- und des Souveränitätsbegriffs, vielleicht nicht
durch das Völkerrecht selbst, aber doch durch die Rechtslehre, welche die auf die
Menschenrechte zentrierte inhaltliche Auffüllung und Rangordnung des Völkerrechts
mit der Zuschreibung einer materiell-rechtlichen Komponente (insbesondere in Form
der Vorgabe einer demokratischen Verfasstheit eines Staatswesens) an den
Souveränitätsbegriff verknüpft, was die klassische Sichtweise auf diesen Begriff nicht
zwangsläufig vornimmt.
35 Es bleibt indessen die Aufgabe, zum einen das Wesen der Weltgemeinschaft, um die es
gehen soll,60 und zum anderen die Denkmuster zu beleuchten, die für die
Vergemeinschaftung des Völkerrechts Verwendung finden61 – ein Aspekt, bezüglich
dessen der verfassungsrechtliche Ansatz noch recht wortkarg bleibt.

B. Die Begriffswahl im Europarecht

36 Im Europarecht wurde und wird die Debatte rund um das Thema Konstitutionalisierung
äußerst erbittert geführt. Nicht nur eignet sich dieses Gebiet dazu besser als das
Völkerrecht, sondern hat auch das Recht selbst den Diskurs über das Recht bereits
eingeholt. Grob vereinfacht, können in diesem hochkomplexen Bereich drei
Gesichtspunkte erkannt werden: zum einen die Debatte darüber, wie legitim die
Übertragung des Verfassungsbegriffs auf die europäische Ebene ist, zum anderen die
Neuerungen im positiven Recht und schließlich der Versuch einer wissenschaftlichen
Nutzbarmachung des Verfassungsgedankens. Diese drei Gesichtspunkte sind stark
miteinander verflochten, wobei sie mehr oder weniger chronologisch aufeinander
folgen.
37 1. Unverkennbar ist die Begeisterung für den Diskurs über die Konstitutionalisierung
größer als diejenige für die europäische Verfassung selbst. Diese wird oftmals als
»bruchstückhaft und unvollständig«62 angesehen, insbesondere aufgrund des Fehlens
einer echten verfassungsgebenden Gewalt und einer eigenen Souveränität. 63 Die
Debatten kreisen zunächst um die mögliche begriffliche Entkoppelung 64 von Staat und
Verfassung – wobei auch bewusst die Unterscheidung zwischen Verfassung im
formellen und Verfassung im materiellen Sinne eingesetzt wird – oder um die Frage, ob
im Gegenteil diese Begriffe notwendigerweise miteinander verbunden seien, 65 sodass

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der Dreh- und Angelpunkt zahlreicher wissenschaftlicher Auseinandersetzungen mit


diesem Thema letztlich die Frage der staatlichen Souveränität bleibt.
38 Die Frage, wie aussagekräftig der Rückgriff auf den Verfassungsgedanken für die
Beschreibung des europäischen Entwicklungsprozesses ist, hat noch keine
abschließende Antwort gefunden. Zwar hat sie die Umrisse eines europäischen
»Verfassungsbesitzstandes« klarer zum Vorschein gebracht, allerdings noch nicht alle
Ungewissheiten oder Mehrdeutigkeiten ausgeräumt. So werden einerseits die
Unterscheidung zwischen der Konstitutionalisierung des Rechts – verstanden als das
nationale Recht – und der Konstitutionalisierung des Europarechts 66 und andererseits
die Bedeutung dieser Unterscheidung nicht immer klar herausgestellt. Jean-Claude
Gautron hingegen differenziert zwischen »zum einen der Entwicklung der
Gemeinschaftsrechtsordnung hin zu einem Bestand von Verfassungsnormen im
materiellen Sinne« und »zum anderen den Anpassungen der nationalen Verfassungen
an die Gemeinschaftsrechtsordnung«, die »eine Konstitutionalisierung im formellen
Sinne darstellen«.67 Es ist klar, dass die Standpunkte innerhalb des
Konstitutionalisierungsdiskurses die Begeisterung, die Faszination, aber auch die
Zurückhaltung, bis hin zu offener Feindseligkeit, in Bezug auf die gegenwärtigen
Entwicklungen ausdrücken,68 aber es liegt auch genauso auf der Hand, dass die
Wortwahl nicht neutral ist, sondern – zumindest symbolisch 69 – Auswirkungen auf das
Bezeichnete entfaltet: die Konstitutionalisierung des Europarechts ist demnach mehr
als eine bloße Modeerscheinung. Dies auch, weil die Idee, die Europäische Gemeinschaft
in einen Bundesstaat umzuwandeln, spürbar nachlässt.70 An ihre Stelle tritt ein Gebilde
sui generis, nicht wirklich Staat, aber auch nicht wirklich internationale Organisation. 71
Gerade dieser Gedanke spiegelt sich in der Fortentwicklung des positiven Rechts wider.
39 2. Durch den Vertrag von Maastricht wurden die Europäische Union und die
Unionsbürgerschaft geschaffen, der Vertrag von Amsterdam bezieht sich auf die
gemeinsamen Ziele und Werte der Union und der Mitgliedstaaten, und im Rahmen des
Vertrags von Nizza haben die EU-Institutionen die Charta der Grundrechte verkündet.
2002/2003 trat ein Konvent zusammen, um für die Union eine Verfassung
auszuarbeiten, oder besser gesagt einen Verfassungsvertrag.
40 Der vom Konvent erstellte Entwurf ist in der Tat vom Geist des Konstitutionalismus
durchdrungen, wie er in der Präambel der Erklärung der Menschen- und Bürgerrechte
von 1789 zum Ausdruck kommt:
»damit diese Erklärung allen Mitgliedern der Gesellschaft beständig vor Augen ist
und sie unablässig an ihre Rechte und Pflichten erinnert; damit die Handlungen der
gesetzgebenden wie der ausübenden Gewalt in jedem Augenblick mit dem
Endzweck jeder politischen Einrichtung verglichen werden können und dadurch
mehr geachtet werden; damit die Ansprüche der Bürger, fortan auf einfache und
unbestreitbare Grundsätze begründet, sich immer auf die Erhaltung der Verfassung
und das Allgemeinwohl richten mögen«.72
Hier entsteht der Eindruck, dass durch die Arbeiten des Konvents zum einen eine
Verfassung im materiellen Sinne, in deren zweitem Teil die Grundrechte der Charta
verankert wurden, und zum anderen eine Verfassung im formellen Sinne einer
obersten und schriftlich niedergelegten Norm entstanden ist.
41 3. Ist dieser Schluss gerechtfertigt und welche weiteren Schlüsse ergeben sich daraus?
Bei dem dritten behandelten Gesichtspunkt steht nun nicht mehr so sehr das politische
Projekt im Vordergrund, sondern mehr das Bestreben, in der europäischen Verfassung
ein Werkzeug für die wissenschaftliche Betrachtung, eine Analysemethode oder ein

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Bewertungsraster zu sehen. Jean-Claude Gautron greift darauf zurück, wenn er vom


»Verfassungsbesitzstand der Union« und ebenso von den »verfassungsrechtlichen
Inhalten der im Werden befindlichen Europäischen Union« spricht. 73 Zum Besitzstand
zählt er die Gründungsverträge, wobei er besonders die sich aus der unklaren
Gewaltenteilung ergebende Unvollkommenheit des Unionssystems, die beiden
Legitimitätsgrundlagen des Parlaments und des Europäischen Rates sowie die
Rechtsprechung des EuGH und deren strukturgebende Funktion zugunsten der
Gemeinschaftsrechtsordnung hervorhebt. Die Inhalte der im Werden befindlichen
Union, die einer Verfassungsebene zugeordnet werden können, werden von ihm bei
den Grundrechten und der Unionsbürgerschaft, der Zuständigkeitsverteilung und dem
Subsidiaritätsprinzip sowie bei der Normenhierarchie und dem Institutionengefüge
verortet.
42 Der Rückgriff auf die europäische Verfassung führt unweigerlich zu einer Relativierung
innerhalb des Diskurses; sie ist mehr ein Messinstrument denn ein
Bewertungskriterium. In einem wichtigen Beitrag mit dem Titel »Beobachtungen zur
Wissenschaft vom Europarecht. Strukturen, Debatten und Entwicklungsperspektiven
der Grundlagenforschung zum Recht der Europäischen Union« nimmt Armin von
Bogdandy74 eine Bestandsaufnahme der Rechtslehre vor, die zeigt, wie sehr das
europäische Recht durch diese beständige Messung am Maßstab verfassungsrechtlicher
Begrifflichkeiten Bereicherung und Vertiefung erfahren hat. Diese Feststellung bezieht
sich sowohl auf das materielle wie auf das formelle Recht. In letztgenannter Hinsicht
wird die Rechtslehre vor allem die Frage nach dem Verfahren für die Ratifizierung
beziehungsweise die Zustimmung zu der europäischen Verfassung zu behandeln haben:
Soll dieses Verfahren nach den gleichen Vorgaben gestaltet werden – und wenn ja, bis
zu welchem Grad – wie denjenigen, die sich aus innerstaatlichem Verfassungsrecht
ergeben, oder soll es vor allem den Regeln für eine Änderung des Gründungsvertrages
folgen? Soll die Ratifizierung in allen Mitgliedstaaten auf identische Weise erfolgen
und, vor allem, soll in ihrem Rahmen, vorher oder gleichzeitig, ein Volksentscheid auf
europäischer oder der jeweiligen nationalen Ebene durchgeführt werden?
43 Dementsprechend bleibt noch zu fragen, welche Bedeutung dem Phänomen der
Konstitutionalisierung beizumessen ist oder, anders ausgedrückt: wie könnte die
Stellung der Mitgliedstaaten aussehen, über wieviel Eigenständigkeit würden sie
verfügen? Geht es also mithin darum, eine stärker »europäische«, stärker
vereinheitlichende Konstitutionalisierung vorzunehmen oder eher eine stärker
»nationale«, vielfältigere? Wahrscheinlich wird die Antwort darauf erst am Ende eines
langen Entwicklungsprozesses stehen, denn »Konstitutionalisierung beschreibt eine
Richtung, einen Verlauf, und sicher nicht einen abgeschlossenen Zustand«, 75 oder, um
nochmal Magritte zu zitieren: dies ist und ist keine Verfassung.

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NOTES
1. Gautron (2003), S. 744.
2. Mirkine-Guetzevich (1933).
3. Rideau (1990).
4. Ziller (2003); Bogdandy (2002); Bauer (2000), S. 750 f.
5. Pernice / Mayer (2000), S. 623 f.
6. Gautron (2000), S. 365.
7. Constantinesco (2000), S. 137; Fassbender (1998); Dupuy (2002), insb. S. 215–244.
8. Favoreu (1990), S. 71 f.
9. Gautron (2003), S. 744.
10. Bemerkenswert ist an dieser Stelle die gelungene Begriffsschöpfung der
»Juridiktionalisierung« durch die Völkerrechtslehre, so z. B. bei der Französischen Vereinigung
für Völkerrecht (S.F.D.I.), s. SFDI (2003).
11. S. u. a. Petersmann (2002a), (2002b).
12. Kolb (2003), S. 23.
13. Womit eine Verneinung des Rechtscharakters des Völkerrechts zum Ausdruck gebracht wird,
beziehungsweise eine Verneinung des Völkerrechts selbst. In gewisser Hinsicht ist der
Verfassungsgedanke diesen Ansätzen nicht fremd, wenngleich er auch nur im Hintergrund
bleibt. Die Negierung des Völkerrechts wird aus der Tatsache abgeleitet, dass es keine den
Staaten übergeordnete Institutionen gibt, die Zwang auf die Staaten ausüben könnten, mit
anderen Worten, dass keine überstaatliche Organisation existiert, auf die der
Verfassungsgedanke anwendbar sein könnte, wenn man sich die Mühe machte, die Kriterien zu
ermitteln, die eine solche Organisation dafür erfüllen müsste. Weniger absolut betrachtet kann
die These vom nicht-rechtlichen Charakter des Völkerrechts auch zum Verfassungsbegriff
zurückführen, wenn sie das Völkerrecht eng begreift als das öffentliche Recht der
Außenbeziehungen eines Staates. Die Verfassung, um die es dann geht, ist allerdings die
nationale Verfassung. S. Daillier / Pellet (2002), S. 85–88.
14. Kolb hebt richtigerweise hervor, dass die allgemeinen Vorlesungen an der Haager Akademie
für Völkerrecht in den Zwischenkriegsjahren fast stets den Titel trugen »Allgemeine
Bestimmungen des Friedensrechts«, s. Kolb (2003), S. 24.
15. Kolb (2003), S. 24.
16. So z. B. Romano (1975 [1917]).
17. Scelle (1932); Duguit (2003).
18. Verdross (1923); Verdross (1926); s. auch Gerkrath (1997), S. 99–113.
19. Alland (2002).
20. Jouannet (2000).
21. Dupuy (2002), S. 227.
22. Skubiszewski (1983), S. 891.
23. Dupuy (2002), S. 228.
24. Koskenniemi (2001), S. 376 f.
25. Lauterpacht (1936a), S. 55, zit. bei Koskenniemi (2001), S. 376. Hier sei angemerkt, dass der
von Lauterpacht verwendete Begriff »the Higher Law« der von den Federalist Papers in den

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Vereinigten Staaten verwendete Begriff ist, um die Verfassung zu bezeichnen. S. Fassbender


(1998), S. 534. Artikel 20 der Völkerbundsatzung sah vor: »1. Die Bundesmitglieder erkennen, ein
jedes für sein Teil, an, daß die gegenwärtige Satzung Verpflichtungen und Einzelverständigungen
aufhebt, die mit ihren Bestimmungen unvereinbar sind, und verpflichten sich feierlich, solche in
Zukunft nicht mehr einzugehen. 2. Hat ein Mitglied vor seinem Eintritt in den Bund
Verpflichtungen übernommen, die mit der Satzung unvereinbar sind, so hat es die Pflicht,
unverzüglich Maßnahmen zur Lösung dieser Verpflichtungen zu ergreifen.«
26. Lauterpacht (1936b), S. 133, zit. bei Koskenniemi (2001), S. 377.
27. Fassbender (1998); Tomuschat (1993); Bernhardt (2002), S. 1292; Frowein (1994); Simma
(1994).
28. Verdross / Simma (1976).
29. Dupuy (2002), S. 228.
30. Hier findet die alte Unterscheidung zwischen Verträgen als Gesetz und Verträgen als
Übereinkommen einen Nachhall, obgleich eine solche Unterscheidung umstritten ist. Das
Völkerrecht selbst greift sie nicht auf, es sieht keine unterschiedliche Rechtsstellung für die
betreffenden Vertragsarten vor.
31. Falk (1993).
32. Krisch (2003), S. 150 f.
33. Grewe / Ruiz Fabri (1995), S. 21 f.
34. Ruiz Fabri (2001).
35. Sicilianos (2000); Mockle (2002).
36. Ruiz Fabri (1992).
37. Koskenniemi (2001), S. 512.
38. Epiney (2001), insb. S. 164.
39. Krajewski (2001).
40. Cass (2001).
41. Hierzu s. z. B. Schloemann / Ohlhoff (1998) und (1999); Petersmann (2002a) und (2002b). Für
eine Entgegnung s. Alston (2002). Für eine Gegenposition, die die Risiken einer solchen
»Konstitutionalisierung« betont, s. Howse / Nicolaïdis (2001).
42. Der Begriff wird verwendet von Mayer (2003), insb. S. 178.
43. Rs. 294/83, Slg., S. 1365.
44. Loizidou / Türkei, Urt. v. 23. März 1995, Preliminary Objections, Serie A, Nr. 310.
45. S. insb. das bei Bogdandy (2001), S. 3 f., zitierte Literaturverzeichnis.
46. Zum EuGH s. Rasmussen (1992), insb. S. 201.
47. Jacqué (1991), insb. S. 132.
48. Weiler (1995).
49. Fassbender (1998), S. 555.
50. Dupuy (2002), S. 230.
51. Der Verfassungsbegriff scheint manchmal bloß als Lockmittel verwendet zu werden, ohne im
Weiteren Gegenstand einer eingehenderen Analyse zu sein. So tragen beispielsweise die
Schlussbemerkungen Andrew Hurrells zum Symposium The Role of Law in International Politics
zwar den Titel »International Law and the Changing Constitution of International Society«
([2000], S. 327), doch wird weder der Begriff noch der dahinter stehende Gedanke im inhaltlichen
Teil dieses Beitrags wieder aufgegriffen.
52. Ost / van de Kerchove (2002), insb. S. 125–183.
53. Fassbender (1998), S. 561 f.
54. Pernice / Mayer (2000), S. 623.
55. Simon (2001), S. 73 f.
56. Koskenniemi (2001), S. 376 f.
57. Combacau (1986).

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58. Delmas-Marty (1998).


59. Koskenniemi (2003), S. 98.
60. Jouannet (2003).
61. Kolb (2003), S. 23 f.
62. Constantinesco (2000), S. 152.
63. Jouanjan (2003).
64. Zu möglichen Wegen für eine solche Entkoppelung s. Jouanjan (2003), S. 29; Beaud (1998),
S. 89; Pernice / Mayer (2000), S. 623 f.
65. Dieser Aspekt wird besonders betont unter anderen bei Grimm (1999); Kirchhof (1992),
S. 855 f. Dagegen: s. Grewe (1999), S. 59 f.
66. Nabli (2003), S. 69 f.
67. Gautron (2000), S. 365.
68. La »constitution européenne«: une Constitution?, S. 655–753.
69. In diesem Sinne Jouanjan (2003), S. 33, und Mayer (2003), S. 194 f.
70. Für diese Idee s. insb. die Rede Joschka Fischers an der Humboldt-Universität in Berlin am
12. Mai 2000; abgedruckt bei Dehousse (2002), S. 238.
71. Über die strukturellen Probleme dieses Gebildes, das auf einer Abspaltung zwischen dem
Wirtschafts- und Währungsbereich und der Weltgesellschaft beruht, s. Böckenförde (1999).
72. Präambel der Erklärung der Menschen- und Bürgerrechte vom 26. August 1789.
73. Gautron (2003), S. 744 f.
74. Bogdandy (2001), S. 3 f.
75. Gautron (2000), S. 366.

INDEX
Mots-clés : constitutionnalisation, droit international, droit européen
Schlüsselwörter : Konstitutionalisierung, Völkerrecht, Europarecht

AUTEURS
CONSTANCE GREWE
Constance Grewe ist emeritierte Professorin an der Universität Straßburg. Nähere Informationen
finden Sie hier.

HÉLÈNE RUIZ FABRI


Hélène Ruiz Fabri ist Direktorin des Max Planck-Instituts für Vefahrensrecht in Luxemburg.
Nähere Informationen finden Sie hier.

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