Moucadel

Baudoin

Systèmes politiques et juridiques comparés

COMMENTAIRE

DM2

Le neuf mai prochain, auront lieu en France les élections européennes, deuxième plus
grande échéance électorale après l’élection présidentielle. Lors de ces élections, les
français vont retrouver les principaux partis politiques de France qui s’affronteront pour
obtenir le plus grand nombre d’eurodéputés. Renaissance, le Rassemblement
National, la France Insoumise, ne sont que les plus connus des 579 partis politiques
que compte l’hexagone. La France est considérée comme le pays ayant le plus de
partis politiques au monde, ces derniers sont aujourd’hui 16 fois plus nombreux qu’en
1990 !

Un parti politique est défini par l’économiste Max Weber comme : « Des sociations*
reposant sur un engagement (formellement) libre ayant pour but de procurer à [ses]
chefs le pouvoir au sein d’un groupement et à [ses] militants actifs des chances -
idéales ou matérielles - de poursuivre des buts objectifs, d’obtenir des avantages
personnels ou de réaliser les deux ensemble ».
Les partis politiques sont aujourd’hui essentiels et incontournables en France. Mais il
n’en a pas toujours été ainsi, et on peut légitimement se demander d’où viennent ces
piliers de la vie politique française. Se pose donc alors la question de la provenance
de partis politiques. Le politologue français Daniel-Louis Seiler, va se pencher sur la
question, et proposer la réponse suivante, lors d’une interview au journal Toute
l’Europe en 2012 : "Les partis politiques sont issus des conflits du passé et sont le
produit de l’histoire. Plus celle-ci est longue, tourmentée et riche, et plus le système
représentatif est ancien, plus le nombre de partis politiques est important."
La thèse de l’auteur est donc que l’Histoire est la source des partis politiques qui en
sont les produits. L’Histoire spécifique d’un pays, et plus particulièrement ses conflits,
créé et détermine le nombre de partis politiques au sein du même pays.

Cette thèse soulève de nombreux enjeux et questionnements : tous les partis

politiques sont-ils issus de l’Histoire ? Un conflit engendre-t-il nécessairement un ou
plusieurs partis politiques ? Comment l’Histoire d’un pays peut-elle provoquer la
naissance de partis politiques ?

Nous allons donc nous demander quelle est l’influence de l’Histoire sur les partis
politiques.

Tout en commentant la citation, nous allons ici proposer un développement argumenté

qui tâchera de répondre à cette problématique. Pour cela, nous commencerons par
étudier en quoi : « Les partis politiques sont le produit de l’Histoire », tant sur le fond
que sur la forme. Nous nuancerons ensuite la thèse de l’auteur en voyant que
l’influence de l’Histoire sur les partis politiques peut être réduite, voire que ce sont les
partis politiques qui influencent l’Histoire. Enfin, nous nous demanderons si, la fin de
l’Histoire n’ayant pas eu lieu, les partis politiques sont immortels.
I/ « Les partis politiques sont les produits de l’Histoire ».
Pour le politologue Daniel-Louis Seiler, les partis politiques d’un pays tirent leur
existence de l’Histoire de ce pays. Ce sont les évènements historiques qui vont
déterminer la création des partis politiques ainsi que l’idéologie qu’ils défendront. Plus
encore, l’Histoire va également influer sur la forme que vont prendre ces partis et sur
leur nombre.

A) L’Histoire engendre les partis politiques.

Les partis politiques sont apparus au XVIIIème siècle, en Angleterre puis en France.
Ils sont les produits indirects des grands bouleversements historiques qui ont lieu à
cette époque. En effet, le XVIIIème puis le XIXème siècle, sont des périodes
charnières, qui marquent, pour de nombreux pays, le passage de la monarchie
absolue à un régime plus démocratique comme la république ou la monarchie
constitutionnelle. Des lors, le pouvoir devient accessible, il n’est plus l’apanage d’un
seul. Avec l’avènement du droit de vote, le peuple va entrer dans l’arène politique en
tant que partie prenante, et des institutions vont être créés pour encadrer le suffrage.
Nous allons alors voir apparaître des organisations, regroupant un certain nombre de
personnes, qui vont avoir pour but de prendre et d’exercer le pouvoir : les partis
politiques. Les partis politiques sont donc la conséquence de deux phénomènes
historiques : l’institutionnalisation du régime représentatif et l’élargissement du
suffrage. L’Histoire d’un pays est constituée par ses conflits, et ce sont ces conflits qui,
selon Daniel-Louis Seiler, sont à la source des partis politiques. Il faut en effet
reconnaitre, qu’un parti politique naît d’un clivage, d’une division. Si tout le monde était
d’accord, il n’y aurait pas de parti politique. L’Histoire est faite de conflits, de
changements, de révolutions. Des oppositions vont naitre pour chacune de ces
révolutions. C’est ce que l’on va appeler des clivages. Et c’est de ces clivages sociaux
que vont naitre les partis politiques. Cette théorie des clivages est développée en 1967
par Seymour Martin Lipset et Stein Rokkan, deux politologues. Selon eux, les clivages
politiques actuels sont issus de deux grands évènements, deux phénomènes
historiques qui se sont passés au XIXème siècle : la révolution industrielle et la
révolution nationale. De ces deux révolutions, sont nés les clivages entre les villes et
les campagnes, la bourgeoisie et les ouvriers, l’Eglise et l’Etat. L’Histoire provoque
donc des clivages, des divisions sociales, qui vont ensuite se transposer avec plus ou
moins d’intensité au domaine politique où elles vont donner naissances aux partis
politiques.

B) L’influence de l’Histoire sur la forme et le nombre des partis

politiques.

En plus d’être à l’origine des partis politiques, l’Histoire détermine également (ou du
moins en partie) leur forme et leur nombre : « Plus celle-ci est longue, tourmentée et
riche, plus le nombre de partis politiques est important » écrit Daniel-Louis Seyler. En
effet, les partis politiques naissant des conflits historiques, plus une historie est longue,
plus elle est riche en conflits et en divisions et donc plus le nombre de partis politiques
est important. Nous pouvons trouver ici une explication au nombre impressionnant de
partis politiques en France, l’Histoire de France étant une des plus riches et
tourmentées qui soit. Un pays relativement moderne au contraire, comme les Etats
Unis, va comporter beaucoup moins de partis politiques. De même, plus le système
représentatif d’un pays est ancien, plus ce pays comporte de partis politiques déclare
Daniel-Louis Seyler. Car les partis politiques ont besoin d’un système représentatif
pour exister. Un système représentatif ancien va donc permettre à un plus grand
nombre de partis d’émerger. Les événements historiques vont également dicter
l’agenda d’apparition des partis politiques. En effet, les idées portées par les partis
politiques sont profondément influencées par l’Histoire et la culture de ce même pays.
Prenons l’exemple du Parti communiste français. Il découle directement de la
révolution industrielle française mais prend aussi ses sources dans des événements
historiques internationaux comme la révolution bolchevique de 1917. Le NSDAP et
son idéologie nazie sont les produits de la première guerre mondiale et de la défaite
de l’Allemagne. Et l’on peut supposer que la tardive apparition en Allemagne d’un
mouvement d’extrême droite (l’AFD1) est dû au traumatisme laissé par la période
nazie. Le contexte historique est également déterminant pour la forme que vont
prendre les partis politiques. Dans les années trente, période difficile, marquée par des
crises économiques et des bouleversements sociaux, les partis qui vont apparaitre
vont être des partis revendiquant des actions violentes, avec une organisation quasi

1
Fondé en 2013
militaire. On peut citer le Parti fascistes Républicain et ses chemises brunes, le NSDAP
d’Allemagne ou même dans une moindre mesure les ligues nationalistes française de
1929. Au contraire, une période historiquement calme comme dans les années 2000
en France voit la naissance de partis politiques institutionnels, s’appuyant sur la
république, plus calmes et rejetant la violence.

Ainsi donc, divers éléments appuient la thèse de Louis-Daniel Seyler qui consiste à
dire que les partis politiques sont les produits de l’Histoire. L’Histoire est en effet faite
de conflits, et de ces divisions apparaissent des clivages dans la société. Ce sont de
ces clivages que naissent les partis politiques. L’Histoire détermine également le
nombre et la forme de ces derniers : plus l’histoire d’un pays est riche, plus ce dernier
aura de partis politique. L’Histoire exerce donc bien une grande influence sur les partis
politiques. Cependant, jusqu’où va cette influence ? Peut-on vraiment affirmer que les
partis politiques sont tous des produits de l’Histoire ? Dans cette seconde partie, nous
nuanceront la thèse de l’auteur en voyant que les partis politiques ne sont pas
seulement les produit de l’Histoire. Ainsi, nous verrons que les partis politiques peuvent
avoir d’autres sources. Mais également que les partis politiques exercent eux-mêmes
une grande influence sur l’Histoire.
2/ L’émancipation partielle des partis politiques de l’Histoire

A) Une émancipation qui se fait par le temps, gel et dégel des

clivages politiques.

Si nous sommes d’accord pour dire, à la suite de Louis-Daniel Seyler, que les partis
politiques sont issus des conflits (clivages) du passés, force est de constater que, au
fil du temps, l’importance de ces clivages évolue et entraine de fait une distanciation
entre le parti politique et le clivage dont il est issu. En effet, un clivage, une division
sociétale né à un instant précis, du fait des conjoncture et évènements historiques.
Deux camps se créent alors dans la société qui vont potentiellement donner naissance
à un parti politique, ou du moins accentuer la différence entre les partis politiques déjà
existants. Mais, au fil du temps, le clivage va devenir de moins en moins actuel et
pertinent. Il va perdre en importance et en intensité et va peut-être même être oublié
ou remplacé. Mais les partis politiques eux, vont subsister à la mort de ces clivages et
continuer d’exister en dépit de la mort du conflit qui les a créés. Ainsi, le Parti Socialiste
créé en 1905 résulte du clivage entre les ouvriers et le capital. Il s’enracine dans la
lutte des classes et prône une révolution ouvrière. Ce clivage va peut à peu perdre de
sa valeur et on peut affirmer qu’il est aujourd’hui dépassé. Cependant, le Parti
Socialiste, quoiqu’en perte de vitesse continue d’exister. Les clivages politiques
passent tandis que les partis restent quasiment tous. Cependant, certains penseurs
défendent l’idée d’un gel relatif des clivages. Les clivages ne meurent pas mais
évoluent et changent de formes. Les Partis politiques n’abandonneraient donc pas
leurs clivages originels mais évolueraient à sa suite. Dans les deux cas, l’Histoire
avance et change les sociétés. Les partis politiques sont obligés de suivre cette
évolution sous peine de disparaitre. Ils s’éloignent donc plus ou moins du conflit qui
les a créés. D’autres conflits apparaissent, qui vont créer des clivages, engendrant une
adaptation des partis politiques tout en en faisant naitre des nouveaux (Renaissance).
Nous pouvons donc dire que les clivages perdent en intensité, évoluent, apparaissent.
Mais à un rythme différent des partis politiques qui peuvent continuer de subsister sans
leur clivage originel. A condition de se raccrocher à un nouveau clivage, issu d’un
nouveau conflit, qui n’est parfois d’ailleurs qu’une évolution d’un clivage plus ancien.
Car un parti politique a besoin de conflit, de division, de l’Histoire pour exister.
 B) L’influence des partis politiques sur l’Histoire

Nous abordons ici un point essentiel de ce développement. En effet, certes l’Histoire

exerce une influence conséquente sur les partis politiques. Mais les partis politiques
ont eu aussi une influence indéniable sur l’Histoire. Si les partis politiques sont les
produits de l’Histoire, ne peut on dire également que l’Histoire est le produit des partis
politiques ? En effet, lorsque l’Histoire créé indirectement un parti politique, elle donne
naissance à une organisation qui va modifier à plus ou moins grande échelles le cours
de l’Histoire. Par ses choix, ses actions, son influence, le fait qu’il prenne le pouvoir ou
non, un parti politique va écrire l’Histoire de son pays, voir du monde. Prenons le cas
le plus extrême : le NSDAP. Ce parti politique est fondé en 1919 en Allemagne, est
dirigé à partir de 1921 par Adolf Hitler. Ce parti va peu à peu gagner en influence
jusqu’à prendre le pouvoir en 1933. Dès lors, en s’appuyant et grâce à ce parti, Hitler
va mener l’Allemagne et le monde vers la deuxième guerre mondiale. Voila le plus bel
exemple de l’influence que peut avoir un parti politique sur l’Histoire de l’humanité. Il
est vrai que certains partis comme le Parti politique « Allons Enfants », qui a récolté
0,04% des voix aux dernières élections politiques européennes semble avoir une
influence assez limitée voire inexistante sur l’Histoire, même à une échelle régionale.
Mais cela, nul ne peut le prédire, l’Histoire emprunte parfois des chemins inattendus.
On peut donc dire que depuis l’apparition des partis politiques au XVIIIème siècle, les
partis politiques, par le pouvoir qu’ils ont mais surtout par le fait qu’ils ont pour vocation
de diriger un Etat sont à même d’écrire l’Histoire de leur pays. Les partis politiques font
partie de l’Histoire et l’Histoire est faite en partie par ces derniers. Dès lors, ne serait-
il pas contradictoire de dire que les partis politiques sont les produits de l’Histoire ?
Nous pensons que non, et ce pour diverses raisons. Premièrement car les partis
politiques sont récents et obéissent à des dynamiques historiques beaucoup plus
anciennes qu’eux. Deuxièmement, car l’un n’empêche pas l’autre, l’Histoire créé des
partis politiques qui vont eux même influencer l’Histoire et ainsi de suite. Enfin, car les
partis politiques sont des organisations temporelles, crées à partir d’un conflit
historique parmi tant d’autres et qui n’ont une influence que toute relative sur les
événements historiques. Il ne faut pas oublier qu’un parti politique n’est qu’une
enveloppe, une organisation, un moyen, qui va permettre à l’Homme, qui est le
véritable acteur, de faire l’Histoire.
Ainsi donc, si l’influence de l’Histoire sur les partis politiques est indéniable, on peut
néanmoins nuancer l’intensité de cette influence. D’abord par le fait qu’au fil du temps,
on observe un phénomène de distanciation entre le conflit créateur et le parti politiques
qu’il a engendré. Les clivages naissent puis perdent en intensité tandis que les partis
politiques subsistent et continuent de vivre en s’émancipant du conflit historique qui
les a fait naitre. Mais surtout, il est intéressant de voir que les partis politiques exercent
également une influence sur l’Histoire. Les partis politiques sont des acteurs
décisionnels de premier plan et modifient par leurs actions et leur existence le cours
de l’Histoire. L’Histoire créé des partis politiques qui vont eux même influencer
l’Histoire et ainsi de suite. La réalité est donc plus complexe que la simple affirmation
que les partis politiques sont les produits de l’Histoire. Se pose maintenant la question
de l’avenir des partis politiques. Ces derniers sont donc étroitement liés à l’Histoire
dont ils sont le produit. Dès lors, la fin de l’Histoire n’ayant pas eu lieu, les partis
politiques sont-ils immortels ? Nous commencerons par étudier pourquoi les partis
politiques sont indispensable à la vie démocratique de nos Etats. Enfin, nous verrons
que les partis politiques s’affaiblissent et font face à des menaces pour leur existence.

3/ La Fin de l’Histoire n’ayant pas eu lieu, les partis

politiques sont-ils immortels ?

A) Des partis politiques indispensable à la vie démocratique.

Les partis politique sont apparus avec le développement de la démocratie

représentative et l’extension du droit de vote. Au départ peu influent, et conçu
uniquement comme un regroupement de personnes partageant les mêmes idées, les
partis politiques vont s’organiser jusqu’à devenir des acteurs indispensables de la vie
démocratique. Tous les pays démocratiques dans le monde possèdent un ou plusieurs
partis politiques. Voyons maintenant quelles fonctions, remplies par les partis
politiques, rendent ces derniers si importants. Le chercheur politique Katz a dressé
une liste de ces fonctions que nous allons étudier ici. La première fonction est la
fonction de coordination. Les partis politiques font les liens entre les différents pouvoirs
(exécutif et législatif), ils permettent une meilleure coordination pour plus d’efficacité.
Ils jouent également le rôle de passerelle entre le peuple et les institutions politiques,
tout en structurant la vie politique des citoyens. La deuxième fonction est la fonction
électorale. L’Election est ce pour quoi un parti politique existe. C’est lui qui fournit les
candidats, prépare les programmes, mais s’occupe également de tout le côté pratique
tel que la campagne électorale, les financements, l’organisation de débats... Un
candidat a besoin d’un parti politique pour se présenter à une élection. Le parti lui
fournira un programme, des soutiens, un financement, des militants…Sans parti
politique, difficile donc d’imaginer des élections. La troisième fonction est la fonction
de recrutement. Cette fonction consiste à déceler et préparer des candidats pour qu’ils
représentent le parti aux élections et qu’ils permettent que ces dernières aient bien
lieu. Tout un travail de sélection du candidat et de son équipe se fait alors par divers
moyens (primaires, entretien…). Cela permet, (normalement) de présenter des
candidats de qualité et compétents. Enfin, la dernière fonction est celle de
représentation. Alors qu’il est fréquent que l’on accuse les politiciens d’être
déconnectés de la réalité et des attentes des citoyens, les partis politiques sont
présents pour tenter de remédier à ce problème. En effet, les partis politiques
représentent les intérêts d’une partie de la population dont ils sont les « héraut ». Le
Parti catholique représente les catholiques, le parti féministes les droits des femmes…
Ils permettent donc à une partie de la population de voir leurs idées accéder au pouvoir
et être mises en œuvre, ou du moins d’être entendues par les dirigeants. Pour toutes
ces raisons, les partis politiques sont indispensables au fonctionnement de la
démocratie représentative telle qu’elle existe aujourd’hui et il parait difficile d’imaginer
un état démocratique exister sans ces partis.
 B) Des partis politiques en plein affaiblissement et soumis aux
mouvements sociaux.

Par leur aspect indispensable, les partis politiques semblent donc être promis à une
vie longue et prospère, qui durera tant que la démocratie vivra. Seulement, depuis
quelques années, de nombreuses études et sondages ont révélé que les partis
politiques étaient en train de s’affaiblir. Cet élément peut se vérifier par des éléments
concrets comme la baisse du nombre d’adhérent. Prenons l’exemple du parti « Les
Républicains ». Son ancêtre, revendiquait cinq cent mille adhérents en 1980. Ils ne
sont plus que quarante-huit mille le 1er juin 2022. Cet effondrement n’est pas l’apanage
du parti de la droite traditionnelle. Tout les partis politiques ont vu leur nombre
d’adhérents et de militants chuter considérablement, contribuant à créer ce que l’on
appelle la « crise des partis ». Cette baisse d’adhérents entraine plusieurs
conséquences comme un appauvrissement du parti, une moins grande présence sur
le terrain, un affaiblissement général de l’influence qu’exerce le parti sur la société…
En plus de cette forte décroissance, les partis politiques sont également en train de
perdre la confiance des français. Les partis politiques sont, d’après une étude réalisée
par le CEVIPOF, l’institution en laquelle les français ont le moins confiance, derrière
les médias et les réseaux sociaux. Ce phénomène, lorsqu’on le relie à la hausse de
l’abstention, est inquiétant. Les français n’adhèrent plus aux partis, ne leur font pas
confiance, et votent de moins en moins. On pourrait légitimement penser que la vie
politique française est sur le déclin, en train de mourir à petit feu, du fait de
l’affaiblissement des partis. Mais ce n’est pas le cas ! Les français et en particulier les
nouvelles générations font simplement de la politique autrement. Fini le système
partisan composé de primaires et de cartes de partis, place à l’actions directe, aux tik-
tok militant et aux groupuscules politiques. La jeunesse d’aujourd’hui est beaucoup
plus radicale et engagée dans les mouvements sociaux qui traversent nos sociétés.
Ecologie, Féminisme mais surtout Identité et Nationalisme, telles sont les causes
auxquelles adhèrent les jeunes et pour lesquelles ils se battent. Causes qui sont
beaucoup plus concrètes et importantes pour les nouvelles générations que des partis
politiques vus comme les symboles du passé. La société actuelle est traversée par de
grands mouvements, de grands clivages qui emportent dans leurs passages les partis
politiques, obligés de suivre les mouvements sociaux. La violence apparait de plus en
plus comme un mode d’actions légitime et la société française n’a jamais été autant
fracturée. La politique passionne donc la jeunesse mais la politique vue d’une manière
nouvelle, comme une lutte idéologique entre différentes factions (même si nous
pouvons en distinguer deux principales). Les partis tentent donc de survivre en
s’appropriant ces mouvements sociaux et en se radicalisant pour attirer la jeunesse.
Lors du premier tour de l’élection présidentielle, les jeunes de 18 à 25 ans, ont voté à
60% pour Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen et ce chiffre ne va cesser
d’augmenter, l’électorat des partis « modérés » étant de plus en plus vieillissant.

Pour conclure, nous pouvons dire que malgré l’influence qu’exerce les partis politiques
sur l’Histoire, cette dernière reste la « mère » des partis politiques. Elle en est à
l’origine, mais façonne aussi leurs formes et leur idéologie. En effet, comme le dit bien
Louis-Daniel Seyler, les partis politiques sont les produits de l’Histoire. Les conflits et
les clivages sociaux qu’ils engendrent ont pour conséquence la création de partis
politiques divers. L’Histoire détermine également la forme et le nombre des partis
politiques : plus l’histoire d’un pays est riche, plus ce pays comportera de partis
politique. Cependant, cette influence peut être (légèrement) relativisé. D’une part car
les partis politiques s’émancipent du clivage qui les a créés mais aussi et surtout car
les partis politiques exercent une influence importante sur l’Histoire elle-même.
Aujourd’hui les partis politiques sont indispensables à la vie démocratique par les
fonctions (représentation, recrutement…) qu’ils occupent. Néanmoins les partis
politiques s’affaiblissent, et sont progressivement remplacés par le renouveau politique
qu’apporte la jeunesse. Cette dernière est plus radicale, plus dans l’action et rejette
les partis politiques, symbole d’une démocratie policé et organisé. Des lors, ce sont
les mouvement sociaux qui font la loi et les partis politiques sont bien obligé de les
suivre. Il faut bien comprendre que les partis politiques n’existent que depuis 2 siècles,
ce qui est peu. La société évolue rapidement aujourd’hui, plus qu’elle ne là jamais fait,
et les partis politiques tel qu’on les connait aujourd’hui vont devoir s’adapter ou
disparaitre. L’Histoire nous dira car cette dernière, au contraire des partis politiques
durera tant que l’Homme vivra.