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Aux étudiants de S1(introduction à la science politique).

Ci-
dessous un léger résumé du cours ( plus de détails dans polycopié, à
photocopier). Pr. Ayoub El fassi

LE PROGRAMME SE DIVISE EN DEUX PARTIES :

PARTIE 1 : le territoire de la science politique

A. Définition de la science politique


1. Nécessité d’une science politique au singulier (la science
politique) et autonome ou le passage du pluriel (sciences
politiques) au singulier (la science politique)
2. L’objet de la science politique : le phénomène politique
a) Ambiguïté du mot «politique» (féminin et masculin)
b) Définition de la science politique ou la difficulté d’en
donner une définition précise
B. Le caractère scientifique de la science politique
1. La neutralité du politologue : L’objectivité
2. Les instruments d’investigation de la sci. pol
a) Les techniques d’information
b) Les modèles d’interprétation

PARTIE 2 : La dynamique politique

Elle renvoie à deux éléments : Le pouvoir et les acteurs politiques et


sociaux (l’Etat, les partis politiques, les groupes de pression, les
syndicats, les associations..)

A. Le pouvoir comme facteur de régulation sociale


1. Le pouvoir en général
2. Le pouvoir politique en particulier
B. Les acteurs politiques et sociaux
1. L’Etat, premier médiateur du conflit
2. Les partis politiques

R
3. Les groupes de pression

PARTIE 1. Le territoire de la Science Politique


A. Définition de la sci. pol.
1. La sci. pol. au singulier et autonome

La question qui se pose, pourquoi il y a nécessité d’une sci. pol.


autonome et au singulier? Deux séries de réponse :

a)La complexité du fait social

La sci. pol. a pour objet l’étude, l’examen du phénomène politique.Il


se trouve, pour différentes raisons, que le phénomène politique est
devenu complexe. IL reflète en fait la complexité du monde, de la
société (ex. marocaine..), des sociétés, dans lesquels on vit. Ceux-ci
ont subi , sur fond de mondialisation, des transformations, des
bouleversements profonds sur tous les plans : économiques, sociaux,
culturels…et politiques...Cette complexité devient encore plus grande
quand on sait que ces bouleversements accentuent les tensions(
entre individus, sociétés ou pays..) et donc les conflits. Du coup la
réalité politique et sociale devient de plus en plus compliquée, et
donc de moins en moins compréhensible. C’est pourquoi l’objet
politique a besoin d’une science, d’une discipline qui lui soit
entièrement consacré, susceptible de le rendre plus lisible. C’est
désormais le travail de la sci. pol..

b)Le passage du pluriel(les sci. poli.) au singulier(la sci.pol.)

L’autre série de raisons, c’est qu’autrefois on parlait de sci. pol.au


pluriel. En ce sens que le phénomène politique était un objet d’étude
de différentes sciences sociales et humaines, comme l’histoire,
l’économie, le droit constitutionnel…ou encore la philosophie…

R
Le problème c’est que le phénomène politique se trouve d’une part
éparpillé entre plusieurs disciplines et, d’autre part chacune d’elle
applique sa propre méthode d’approche du phénomène. Du coup, ce
regard particulier, faute d’une approche scientifique et global de
l’objet d’étude (inséré dans espace large) peut être préjudiciable à la
compréhension du phénomène politique. Prenons deux exemples :
La philosophie politique et le droit constitutionnel.

-La démarche du philosophe est «spéculative», il va méditer sur


l’objet politique à partir des idées abstraites sans se préoccuper de la
réalité. Elle est également «prescriptive», elle cherche à mettre des
règles, des normes, à dire la forme de pouvoir qui a sa préférence. Le
philosophe «dit les choses telles que lui voudrait qu’elles soient».

Ce n’est pas la démarche du politologue qui est de nature


«expérimentale», puisqu’elle soumet ses hypothèses à l’examen de la
réalité, des faits existants. Sa méthode est aussi «interprétative»,
c’est-à-dire que le politologue s’efforce de constater les faits et de
les expliquer. De ce point de vue, il dit «les choses telles qu’elles sont
et non pas telles que lui voudrait qu’elles soient», il «dit ce qui est et
non pas qui devrait être».

-La démarche du constitutionnaliste(le juriste)

Le constitutionnaliste aurait de l’examen du phénomène politique


une vision normative , juridique et institutionnaliste(l’Etat) oubliant
parfois la réalité plus vaste dans laquelle l’institution et les règles
s’insèrent et dont elles sont le produit(les forces diverses, les
intérêts, les enjeux…) . C’est le contexte général dont font parties le
droit(les règles), l’Etat qui intéresse le politologue. Ainsi quand le
juriste se contente d’une approche normative ou juridique , le
politologue s’intéresse, lui, aux règles ,certes ,mais il va chercher
aussi ce qu’il y a derrière ces normes , ces règles. C’est-à-dire que le

R
politologue porte un intérêt aux règles, aux institutions, mais
également et surtout aux pratiques concrètes et aux jeux des forces
sociales et politiques qui les produisent. Exemple la «moudawana»
ou le «code de la famille», plus que l’aspect juridique du code , c’est
le contexte global(historique,culturel,religieux,politique..de la société
marocaine) qui va interpeler le politologue .

Pour toutes ces raisons une sci. pol. , Comme discipline Autonome et
au singulier, s’impose .

2.L’objet de la sci. pol. : le phénomène politique

a)L’ambiguïté du mot «politique»

IL se conjugue au féminin ( la politique) et au masculin(le politique).

.«Le politique» renvoie à l’idée d’une instance, d’un ordre


indispensable pour organiser le conflit. Le conflit habite toute société
traversée naturellement par (des différences économiques,
sociales,culturelles,religieuses…) . «Le politique» ici rappelle
«l’Etat»(le gouvernement..), étant le premier médiateur du conflit.
De ce point de vue «la sci. poli. serait l’étude de l’Etat».

. «La politique» indique l’espace où s’affrontent les individus, les


groupes en compétition pour la conquête du pouvoir ou pour
l’influencer. Ce qui ressort, ici, c’est l’idée du «pouvoir». Donc «la
sci.pol.serait l’étude du pouvoir».

Cela dit, le domaine de la sci. pol. ne peut être réduit ni à l’Etat ni au


pouvoir . L’Etat, au centre du politique, n’a pas toujours existé, c’est
une création récente datant du 16è siècle ; le pouvoir, par contre a
toujours existé, bien avant l’Etat . Toute société ancienne ou
d’aujourd’hui a besoin d’un minimum d’organisation , et donc d’un
pouvoir . Ensuite, et c’est le plus important, l’Etat n’est pas le seul
médiateur du conflit(ou des affaires d’un pays), il y a d’autres

R
institutions, du moins dans un pays démocratique ou en voie de
libéralisation (comme le Maroc), ainsi les partis politiques, les
syndicats, les associations, les médias... Et chacun de ces
organisations participe à sa manière directement ou indirectement à

La politisation et à l’organisation de la vie sociale d’une société.

Quant au pouvoir, il n’est pas automatiquement politique. Le pouvoir


des parents sur les enfants, celui du patron sur les ouvriers, du prof
sur les élèves…. n’est pas politique.

Le pouvoir, source de relations contraignantes, devient politique


quand il y a intervention de l’Etat. Ce dernier a pour siège une réalité
géographique (le territoire) et une réalité sociologique (la population)
sur laquelle il exerce une autorité souveraine. En d’autres termes, il
dispose du «monopole de la contrainte normative et physique» sur
l’ensemble du territoire et de la société.IL se caractérise ainsi par sa
globalité par rapport aux autres pouvoirs ;

Par ailleurs, si le pouvoir en général -et le pouvoir politique en


particulier- est un phénomène social, tout phénomène social n’est
pas forcément politique. Mais il peut le devenir. C’est ce qu’on
appelle un « processus de politisation», le fait de qualifier un fait
social de politique. Ainsi un problème quelconque pris en charge par
un représentant de l’Etat (président, roi.., député ou ministre..), un
parti politique, un syndicat, une ong, un média…et qui en font un
sujet de débat sur le plan national. Exemples : les accidents de la
route, la corruption, la violence contre les femmes ou.. encore le
chômage, la santé…sont à la base des faits sociaux qui peuvent se
transformer en faits politiques à partir du moment qu’ils ont été
repris par des acteurs appartenant à la classe politique ou à la société
civile et portés devant l’Etat( le gouvernement, le parlement..) qui
doit leur trouver des solutions.

R
Pour toutes ces raisons on ne pourrait pas réduire la sci.pol. à lEtat
ou au pouvoir , il y a d’ autres facteurs, d’autres acteurs autres que
l’Etat, comme cela a été démontré ,qui participent aussi à la
régulation ou à l’organisation des affaires du pays ,et donc du conflit
qui habite naturellement toute société.

De ces derniers propos, je retiendrai cette définition qui me parait la


plus juste, à savoir que la sci. pol. serait «l’étude de tout phénomène
politique ou considéré comme tel, ou de tout fait social chargé de
politique et participant directement ou indirectement à la gestion, à
l’organisation du conflit inhérent à toute société» .

ON voit bien , à travers tout ce qui a été dit, combien il est difficile de
donner une définition précise de la science politique .

EN résumé j’en ai retenu quatre :

- LA sci. pol. serait «l’étude du fait ou du phénomène politique» ou..

-LA……… …….. «l’étude de l’Etat » ou…

-LA……… …………«l’étude du pouvoir » ou..

-LA ……… ………. « L’étude de tout phénomène politique ou

Considéré comme tel …. ». (voir la suite plus haut).Comme je viens


de le dire , c’est la définition qui me parait la plus satisfaisante.

B . Le caractère scientifique de la science politique

On sait maintenant que la science politique a un objet propre : le


phénomène ou le fait politique , séparé des autres savoirs ,comme
l’économie, la sociologie, la philosophie….

R
Pour rappel , une matière ou une discipline en science sociale pour
qu’elle soit autonome et au singulier, elle doit remplir deux
conditions : avoir un objet propre, ex.le phénomène politique (pour
la sci. pol.) et une méthode ou une approche théorique pour la
compréhension de l’objet d’étude( le fait politique) ?

Pour comprendre l’objet examiné, la sci. pol. a besoin d’une


approche rigoureuse, scientifique.

1. La neutralité du politologue : l’objectivité

Si la sci.pol. fait usage des méthodes variées puisées dans les


autres sciences sociales, c’est à la sociologie, réputée pour être
une science rigoureuse, qu’ elle emprunte le plus . AU point que
certains préfèrent l’expression «sociologie politique» à sci. pol.

Dans son livre «Les règles de la méthode sociologique », Emile


Durkheim établi un certain nombre d’exigences que les chercheurs
(ex.le politologue..) doivent respecter au moment de l’analyse de
l’objet étudié :

-Ecarter les prénotions, cad les préjugés, les jugements de valeur


morale ou partisan et ne garder que « le regard froid » du
scientifique.

-Considérer les faits sociaux(ou politiques) comme des « choses »,


cad en eux-mêmes détachés des représentations que l’on peut
s’en faire. AUREMENT DIT « voir l’objet tel qu’il est non tel que
vous voulez qu’il soit » ;

-L’ analyse du fait social( cad politique) doit se faire en liaison avec
d’autres facteurs sociaux (économique, culturel, religieux ,
historique…) ; En d’autres termes, il envisage le phénomène

R
politique dans son environnement général(socio-économique,
culturel,religieux ,historique…). IL Tient ainsi compte de la totalité
sociale, de l’unité de la société. Par exemple la moudawana(code
de la famille) n’est pas réductible à une simple loi faite par le
législateur, elle est aussi et surtout source d’autres faits sociaux(
contexte historique, culturel ,religieux…, les rapports de force
entre acteurs politiques et sociaux…)

2. Les instruments d’investigation de la sci. pol.

Le fait social( le fait politique), étant perçu comme une «chose»,


et donc considéré comme un objet scientifique, il peut être
mesuré. D’où l’utilité des instruments d’investigation qui sont à la
fois des «techniques d’information » et des «modalités de
conceptualisation»

a)Les techniques d’information

Parmi celles –ci citons : l’enquête du terrain, les sondages


d’opinion, l’interview, le test, le questionnaire, les techniques
documentaires comme les archives, les livres, les statistiques, la
presse…

b) Les modalités de conceptualisation

Mais la connaissance de l’objet d’étude(le phén.pol.) ne se


résume pas à ces informations brutes ( cad les techniques
d’information), pour le politologue un effort de conceptualisation ou
d’interprétation est nécessaire. Un exercice qui consiste à construire
des concepts susceptibles de rendre la réalité ou l’objet étudié (cad le
fait politique) plus compréhensible, plus claire. Ainsi par exemples :

-L’idéal-type : concept élaboré par Max Weber, comme «instrument


de recherche permettant de rendre compte de certains aspcts
singuliers d’un fait social, mais ne se confond avec lui ». IL y a

R
forcément un décalage entre le modèle et laréalité. Exemples « les
trois idéaux-types de domination légitimes ».

-La typologie : c’est «un instrument de classification à partir d’un


certain nombre de critères » . Ainsi la typologie des partis politiques :
«parti de masse », «parti de cadres »..

-Le modèle : constitue «un ensemble de propositions d’où il est


possible de tirer de manière automatique des conséquences
directement liées au phénomène étudié. Exemples de modèles :
l’empirisme, le fonctionnalisme, ou encore le
développementalisme ..Ce dernier signifie «le passage d’une
structure politique traditionnelle à une structure moderne ».

R
PARTIE 2 : LA DYNAMIQUE POLITIQUE

Elle renvoie à deux éléments essentiels : le pouvoir en

général et le pouvoir politique en particulier, ainsi qu’aux institutions


et aux acteurs politiques et sociaux (Etat, parlement, gouvernement,
partis politiques, syndicats, société civile, associations, média..). Ces
derniers participent directement ou indirectement, sur fond de
rapports de force, à la confection des lois, des normes, qui organisent
la vie sociale et politique d’une société, naturellement conflictuelle.

A. Le pouvoir, facteur de régulation sociale

1. Le pouvoir en général

a) Le pouvoir comme relation sociale

Le pouvoir en général est un «phénomène d’autorité» que l’on


trouve dans toute société, dès lors qu’il y a au moins deux personnes
dont l’un impose sa volonté à l’autre. Selon M. Weber, le pouvoir
«est toute chance de faire triompher, dans une relation sociale, sa
propre volonté.. ». Robert Dahl va dans le même sens, « ‘’A’’ exerce
sur ‘’B’’ un pouvoir, pour arriver à un résultat ‘’C’’ auquel ce dernier
ne serait pas arrivé seul ».

b)Le pouvoir comme relation de domination

Ce rapport de commandement et d’obéissance qui se crée entre


‘’A’’ et ‘’B’’ implique la mobilisation de plusieurs ressources par A
pour obtenir de B le comportement qu’il souhaite : le «pouvoir
d’injonction» et le «pouvoir de persuasion»(ou d’influence).

R
Le ‘’pouvoir d’injonction’’ repose sur la force pure, brutale. Ici ‘’B’’
doit obligatoirement obéir, il n’a pas le choix, si non… !

Le ‘’pouvoir de persuasion’’, écarte la contrainte ou l’injonction pure,


lui préférant le recours à l’influence (ou la persuasion) mêlée à des
gratifications ou récompenses symboliques ou matérielles ( au cours
d’une élection , par ex.).

En réalité l’injonction et la persuasion se mêlent dans une relation de


pouvoir, surtout dans le domaine politique. En générale un pouvoir
politique pour durer dans le temps, il a impérativement besoin des
deux ressources. Aucun pouvoir, et notamment politique, ne peut
s’inscrire dans la durée en faisant uniquement usage de l’injonction
ou de la persuasion.

POUR durer, généralement, un pouvoir, et particulièrement dans le


domaine politique, a besoin du consentement ( de l’accord) des
gouvernés et donc de la reconnaissance de sa ‘’légitimité’’ pour
asseoir sa domination. Domination ET Légitimité SONT Liées.

M ; Weber propose trois idéaux types de ‘’domination légitimes’’ :

-La ‘’domination traditionnelle’’, est une forme de domination fondée


sur «la croyance au caractère sacré des traditions et coutumes, ainsi
qu’à celui qui la porte ».

-La ‘’domination charismatique’’, du grec charisma qui veut dire ‘’ la


grace’’. Ici on obéi à quelqu’un pour « ses dons.., ses qualités.., jugés
exceptionnels ».Du coup c’est un «rapport émotionnel, affectif
s’établi entre lui et ses sujets..qu’il gouverne »

-La ‘’domination légal-rationnelle’’ : on obéi, dans ce cas-là, « moins à


une personne qu’à la loi, à des règles, à des institutions
impersonnelles et générales ». M. Weber relève ces caractéristiques
dans l’Etat bureaucratique moderne.

R
A noter que ces formes de domination sont des idéaux types, ils
n’existent pas à l’état pure dans la réalité, Ils s’entremêlent les uns
les autres. Par exemple l’Etat monarchique marocain, étant lié
PRINCIPALEMENT à une domination ‘’traditionnelle’’ mêlée à la
‘’légalité rationnelle’’, sans oublier la dimension ‘’charismatique du
détenteur du pouvoir(le Roi).

2. Le pouvoir politique

Tout pouvoir, avions nous dit, n’est pas automatiquement politique,


il y a le pouvoir des parents sur les enfants, de l’enseignant sur les
élèves, du patron sur les ouvriers, il y a le pouvoir religieux…,
économique…

Le pouvoir politique, à la différence des autres pouvoirs, s’impose,


par sa fonction de régulation de la vie sociale, à l’ensemble de la
population et du territoire nationale. Tandis que le pouvoir des
autres institutions ne s’applique qu’à eux et non à toute la société.

LE pouvoir est impératif, et surtout le pouvoir politique, dont la


fonction est de gérer, de réguler tout un pays. Sachant qu’un pays
comme toute société, le conflit lui est inhérent. Encore une fois, par
conflit on entend les échanges, les différences, les oppositions, les
tensions, les rapports de force…d’ordre économique, sociale,
politique, religieux, voire ethnique…qui existent dans toute pays.
D’où la nécessité des règles, des normes, et donc d’un Etat pour
organiser ce conflit. Sans quoi, c’est la violence, l’anarchie,
l’instabilité permanente.

Cela dit, il faut bien avoir à l’esprit, que le conflit ne disparaitra


jamais. Tout au plus on peut l’encadrer, le réguler, l’apaiser, par des
lois, des normes, des valeurs, des institutions (Etat, familles, partis ,
associations…).

R
Par ailleurs en parlant des trois formes de ‘’domination légitime’’
dressée par M.Weber, on parle en même temps, d’une certaine
manière, de l’évolution du pouvoir politique. Celui-ci est passé par
trois étapes, avant qu’il ne devienne l’Etat que nous connaissons
aujourd’hui :

-le ‘’pouvoir anonyme’’, dans ce cas de figure, les sujets n’obéissent


pas à une personne mais à un ‘’ensemble de croyances et de
coutumes’’. Le pouvoir est ‘’diffus, dit-on (la tradition). .

-Le ‘’pouvoir personnalisé’’, ici le pouvoir quitte l’anonymat pour se


réincarner dans une personne qui aurait ‘’des qualités, des dons
exceptionnels’’(le charisme).

-Le ‘’pouvoir institutionnalisé’’ : de personnel le pouvoir devient


étatique. En ce sens qu’il quitte la personne physique pour se
réincarner dans une ‘’entité abstraite’’ unique et permanente. C’est
ce que l’on appelle ‘’le processus d’institutionnalisation du
pouvoir’’.IL s’agit d’un processus de transfert de l’autorité d’ ‘’une
personne physique’’ à une ‘’instance abstraite’’, dotée de la
‘’personnalité morale’’. C’est ‘’l’Etat moderne’’ (la légalité
rationnelle).

B. Les acteurs politiques et sociaux.

1. L’Etat, premier médiateur du conflit

a) L’Etat moderne

Le ‘’pouvoir institutionnalisé’’ ou l’Etat doté de ‘’la personnalité


morale’’, est d’importance capitale. Elle implique des changements
importants par rapport au système de ‘’pouvoir personnalisé’’.

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-D’abord il y a la distinction entre l’Etat, ‘’instance abstraite’’, et
celui qui la représente( le chef de l’Etat, le ministre, le député, le
fonctionnaire…) .

-Ensuite la ‘’personnalité morale’’ permet de penser la continuité


de l’Etat dans le temps. Celui qui détient l’autorité peut mourir ou
partir à la retraite, mais l’Etat demeure d’une manière permanente.

-Et enfin l’Etat ne se confond pas avec celui qui exerce une
fonction étatique, c’est l’occasion de différencier le patrimoine de
l’Etat et le patrimoine personnel .Le domaine public est distinct du
domaine privé. Dans le cas contraire on aura affaire à un ‘’Etat
patrimonial’’.

Le ‘’Patrimonialisme’’ , un concept de M.Weber pour définir un type


de ‘’domination traditionnelle’’ où « le prince, détenteur du pouvoir,
à l’instar du chef de famille dans l’univers patriarcal, gère le territoire
et la population comme un foyer domestique». Dans ce contexte l’
‘’espace public’’ devient «le patrimoine du prince, le personnel
politique et administratif ses obligés et les décisions sont soumises à
son pouvoir discrétionnaire »(voir détails dans polycopié).

b)L’Etat, une société juridiquement organisée

On désigne par Etat «une autorité souveraine s’exerçant sur une


population fixée sur un territoire». Trois éléments : une réalité
sociologique (la population), une réalité géographique( le territoire)
et une réalité politique( le gouvernement).

Mais ce qui identifie réellement l’Etat, selon M.Weber, c’est «le


monopole de la contrainte normative et physique sur l’ensemble du
territoire et de la population ». Sans oublier, toujours, selon M.W, «la
bureaucratisation de l’Etat ». A savoir que cet Etat est dotée d’ une

R
‘’administration’’ qui s’inscrit sur le temps long et s’élargit sur tout le
pays.

Une précision importante néanmoins : l’Etat n’est pas le seul à créer


des règles et du pouvoir, d’autres institutions, comme le parti, le
syndicat, l’entreprise, la famille, l’école…. ou encore l’université… en
font de même. Mais ce qui différencie l’Etat de ces institutions, c’est
que l’Etat dispose du «monopole de la contrainte normative et
physique » sur l’ensemble de la société. Contrairement aux autres
organisations dont le pouvoir et les normes ne s’appliquent qu’à eux
même.

c) L’Etat de droit et l’Etat policier

La loi pour etre effective, elle doit être garantie par l’usage éventuel
de la force (la contrainte physique). L’emploi de la force arrive en
dernier ressort, du moins dans un ‘’Etat de droit’’. Celui-ci donne la
possibilité aux citoyens de se défendre. LE ‘’pouvoir de contrainte’’
dans un Etat de droit ne s’exerce pas de manière arbitraire, il suit une
procédure, «il est juridiquement codifié ».

Mais il y a des Etats qui appliquent la ‘’contrainte physique’’ d’une


façon arbitraire, ce sont des ‘’Etats policiers ou dictatoriaux’

d) Les fonctions de l’Etat

Aujourd’hui, l’Etat n’a pas uniquement pour fonction la ‘’contrainte


normative et physique’’(le coté régalien ou gendarme). Depuis le
20è.siècle le champ d’intervention de l’Etat s’est élargi pour atteindre
des secteurs, notamment économique (industrie, commerce,
agriculture, services..) et social (aides, couverture médicale…pour les
citoyens au nom de l’intérêt général). On passe ainsi de ‘’l’Etat
gendarme’’ à l’ ‘’Etat providence’’.

R
2.Les partis politiques

L’Etat n’est pas le seul médiateur du conflit, il est accompagné, du


moins dans un pays démocratique ou ‘’en voie de libéralisation’’
comme le Maroc, par d’autres médiateurs ou acteurs. Ainsi les paris
politiques et les groupes de pression (syndicats, associations..).

a) Définition d’un parti politique

C’est «une organisation dont l’espérance de vie est supérieure à celle


de ses dirigeants (institution durable), structurée sur le plan local et
national (éparpillée sur le territoire national), en vue d’obtenir le
maximum de voix (soutien populaire), avec pour objectif la conquête
et l’exercice du pouvoir.

Quatre critères se dégagent de cette définition :

-La durabilité (institutionnalisation)

-Etre sur l’ensemble du territoire (nationalisation)

-Recherche du soutien des citoyens

-Et surtout la prise et l’exercice du pouvoir

Ce dernier critère, très important, permet de différencier un parti


d’un groupe de pression. Le premier cherche à conquérir le pouvoir
et l’exercer, le second se contente uniquement de faire pression sur
le pouvoir politique pour obtenir des satisfactions morales ou
matérielles (syndicat ou association..).

b) Les origines des partis politiques.

Le politologue Maurice Duverger, dans son livre ‘’les partis


politiques’’(1951) propose deux catégories de partis :

R
-Ceux d’origine électorale et parlementaire. Ils sont nés avec
l’extension du suffrage universel et de la démocratie parlementaire,
notamment en Angleterre et aux Etats unis, puis dans le reste de
l’Europe.

-Et ceux d’origine extra-parlementaire qui sont nés des groupements


qui existent déjà. En Angleterre, par exemple, le parti travailliste est
issu d’un syndicat ; en Suède ou en Allemagne, les ‘’partis
démocrates-chrétiens’’ sont issus d’associations à caractère religieux.
Au Maroc le P.J.D a vu le jour à partir d’une association religieuse.

En Afrique, au Maroc notamment, les partis pour la plus part sont de


‘’création externes’’ et ne sont pas issus de mécanismes électoral et
démocratique. Au Sénégal, en Côte d’Ivoire, en Guinée, ou encore au
Maroc…les partis se sont constitués pendant le combat pour
l’indépendance.

Au Maroc, le P.I, le P.R.N, le P.C…nés dans les années trente et


quarante, en même temps que la résistance contre l’occupant
français.

Au départ tous ces partis étaient unanimement mobilisés pour la


cause de l’indépendance. Mais, une fois l’indépendance acquise, au
Maroc, pour ne prendre que cet exemple, les partis politiques vont se
développer selon une autre logique. En effet ils vont s’orienter sur
d’autres conflits, d’autres problèmes concernant cette fois l’avenir, la
construction du pays, avec des préoccupations d’ordre
économiques, sociales, culturels.. Ce sont donc de nouveaux conflits
auxquels les partis, devenus nombreux, sont invités à se situer. On
voit bien, à travers cet exemple, que les partis sont des acteurs
appelés aussi à accompagner l’Etat dans la gestion des affaires du
pays (forcement conflictuelles).

c) La typologie des partis politiques.

R
M. Duverger suggère la typologie classique : «partis de cadres» et
«partis de masse».

- les «partis de cadres», sont «liés au début de la démocratie


représentative, considérés souvent comme l’expression de la
bourgeoisie. Ils sont faiblement structurés, recherchant l’influence
des notables, ne cherche pas l’adhésion du plus grand nombre. Ils
sont, par ailleurs souples et pragmatiques, sans idéologie fixe ».

-Les «partis de masse», sont liés «à l’essor de la démocratie, du


suffrage universel et de l’émergence des masses ouvrières dans la vie
politique. Ils sont des partis de militants, orientés vers le recrutement
massif de membres. Ce qui suppose une organisation rigide,
hiérarchisée et disciplinée ». Exemple les ‘’partis communistes’’.

A cette typologie classique (un peu dépassée) de Duverger, s’ajoute


un nouveau type de parti. En effet le progrès économique et social,
l’amélioration de la condition ouvrière, l’apparition d’une classe
moyenne nombreuse, avec un niveau de vie plus confortable,
notamment en occident, donne naissance à une nouvelle typologie
partisane. Le politologue O. Kirschmayer propose le concept de «parti
attrape-tout » que l’on appelle aussi «parti de rassemblement»,
comme pour mieux souligner «leur caractère interclassiste».

Le «parti attrape-tout» ou «interclassiste» se caractérise par le fait


qu’il «transcende les limites des classes sociales et des idéologies. IL
est animé par une doctrine relativement souple pour rallier à lui le
maximum de personnes». Et pour cause, les classes moyennes
devenues nombreuses et vivant dans un certain confort, en
particulier dans les pays occidentaux, votent de moins en moins pour
les extrêmes, les partis à l’idéologie rigide. Ceci explique le recul très
nette des partis communistes dans ces pays .

R
Moins rigide, plus pragmatique sur le plan idéologique, l’évolution
des partis ‘’socio-démocrates’’ en Europe correspond dans les
années 70 et 80 à ce schéma de «parti attrape-tout » ou «parti-
interclassiste». Pour rappel, ces partis pour avoir le maximum de
voix afin d’accéder au pouvoir, ils ont été amenés à assouplir leur
programme.

Au Maroc, l’U.S.F.P et Le P.J.D se sont, avec le temps passant, glisser


progressivement vers le «parti interclassiste».

3. Les groupes de pression(ou d’intérêt)

Les groupes de pression ou d’intérêt participent aussi à l’expression


du pluralisme démocratique. D’ une part, ils défendent des
revendications matérielles ( ex. hausse des salaires..) ou morales (ex.
les droits de l’homme..) auprès du gouvernement, et d’autre part, ils
jouent un rôle de médiateur entre la société et l’Etat permettant ainsi
aux citoyens de se faire entendre.

Cependant ils sont différents des partis, ils ne cherchent pas la


conquête du pouvoir, mais faire uniquement pression sur les
autorités afin de répondre favorablement à leurs revendications.

a) Définition

Un groupe d’internet ou de pression se défini comme «une


organisation formée, constituée qui, en défendant des intérêts, des
demandes, cherche à exercer une pression sur le pouvoir politique ».

De cette définition découlent trois caractéristiques, à savoir que le


groupe de pression (syndicat ou association..) doit :

- se doter d’un minimum d’organisation ; de définir l’intérêt ou la


demande qu’il doit défendre auprès des autorités ; et enfin faire
pression sur le pouvoir afin d’obtenir satisfaction à ses demandes.

R
b) Typologie des groupes d’intérêt

-Il y a « les groupes de pression à vocation global » dont l’objectif est


de défendre les « intérêts d’une catégorie particulière de la
population », comme par exemple, les ouvriers, les paysans, les
femmes...On distingue, ici, deux catégories : les groupes socio-
économiques qui défendent les intérêts matériels, ainsi les syndicats
de salariés (ex. U.M.T ou C.D.T.. au Maroc), et les groupes qui
défendent les intérêts à caractère socio-culturels, comme par
exemple, les syndicats étudiants(ex. L’U.N.E.M au Maroc), les
organisations féministes(ex. A.D.F.M au Maroc).

- Les «groupes d’intérêt spécialisés » se font «les portes paroles


d’une cause spécifique ». Ainsi par exemple, la défense des animaux,
de la nature, des sans-abris… des droits de l’homme, la lutte contre le
racisme (ex. d’organisation : l’O.M.D.H , F.V.J… au Maroc).

c) L’action des groupes de pression

Défendre les intérêts pousse ces groupes à mener différents actions


pour se faire entendre, soit :

-directement sur les autorités ( chef d’Etat, ministre, député,


administration..)

-ou indirectement sur les opinions publiques, et obtenir son soutien,


soit par :

. La communication à travers les journaux, radio, télévision

. La grève

.Le chantage au désordre : ex. barrages de route, déversement de


produits agricole venant d’un pays étranger…Ces procédés sont
souvent redoutés des pouvoirs publics qui cherchent plutôt à éviter
le désordre

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