Vous êtes sur la page 1sur 11

1

COURS DE SOCIOLOGIE POLITIQUE


(Professeur J.A. BOUSSOUGOU-MOUSSAVOU)

PLAN DU COURS

OBJECTIFS DU COURS
INTRODUCTION
I. LE CADRE POLITIQUE
1.1. L’Etat
1.2. Les idéologies et doctrines politiques
1.3. Les régimes politiques
II. LES ACTEURS POLITIQUES
2.1. Les citoyens
2.2. Les partis politiques
2.3. Les médias et l’opinion politique
III. LA PARTICIPATION POLITIQUE
3.1. Le vote
3.2. Les comportements politiques extra-électoraux
V. ORIENTATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
2

OBJECTIFS DU COURS

Ce cours propose une première analyse détaillée de la société civile, et surtout ce que l’on
pourrait définir comme la « société civile organisée », dont les deux formes les
plus importantes sont les mouvements sociaux et les partis politiques.
L’objectif est donc double:
D’une part, amener l’étudiant à développer une capacité d’analyse, et donc une capacité de
réflexion personnelle appuyée par un appareillage théorique et conceptuel.
D’autre part, par ce fait, parvenir à acquérir un certain recul par rapport à des réalités (les
mouvements sociaux, les partis politiques) par rapport auxquelles l’étudiant n’est le plus
souvent pas « neutre ». Ceci peut, le cas échéant, permettre à certain(e)s de prendre du recul,
d’acquérir un certain discernement par rapport à leur propre engagement, de quelque
type que ce soit, actuel ou futur (monde associatif, politique, militantisme, etc.), et aussi par
rapport à leur place de citoyen dans la société.
3

INTRODUCTION

Expliquer ce qu'est la sociologie politique serait assez simple si cette sous-discipline des
sciences sociales était née dans des laboratoires de sociologie et si ceux qui s'en réclament
aujourd'hui partageaient la même conception de leur travail. On pourrait alors se contenter de
dire, sans nulle autre précision, qu'il s'agit d'une approche sociologique des phénomènes
politiques. Mais l'histoire est plus compliquée et le domaine plus clivé. La sociologie
politique française, en effet, est le produit d'enseignants-chercheurs en science politique qui
n'ont pas tous la même conception du politique ni les mêmes principes épistémologiques. A
ce titre, soulignons que c'est surtout dans le contexte intellectuel et politique particulier de mai
1968 que la sociologie politique prend son envol et se constitue en discipline.
Rappelons que le mouvement de mai 68 est né des étudiants en France. Il est caractérisé par
une vaste révolte spontanée anti- autoritaire, de nature à la fois sociale, politique et culturelle,
dirigée contre le patriarcat, le paternalisme, les structures autoritaires, le capitalisme, et pour
l’instauration des relations égalitaires, dans le travail, les études, la famille, et, plus
immédiatement, contre le pouvoir gaulliste en place.
● Genèse de la sociologie
La sociologie est une science dont la définition sur le plan étymologique est située entre le
latin
Ce terme est composé de deux racines. D’un côté on retrouve un terme latin societas et de
l’autre un terme grec logos. Le premier terme est très ressemblant à celui utilisé dans la
langue française et désigne la société. Le grand Larousse le définit comme un « ensemble
d’êtres humains vivant en groupe organisé ». C’est aussi « le milieu dans lequel quelqu’un vit

et qui est caractérisé par ses institutions, ses lois et ses règles ». Le logos, quant à lui, désigne
en grec le discours.
La sociologie peut être ainsi définie comme étant la science, et donc l’étude scientifique, des
sociétés humaines et des faits sociaux. Historiquement, la dénomination de sociologie, a été
pour la première fois utilisée par Auguste Comte en 1836. Au début de sa recherche portant
sur les lois évolutives de la société, il avait dénommé cette discipline “physique sociale”.
Cette dénomination tire son fondement dans le fait que cette discipline se consacre à l’étude
des phénomènes sociaux comme le fait exactement la science de la nature. Elle décrit les faits
tels qu’ils existent, sans aucun jugement de valeur. En effet, avant la naissance de la
sociologie on étudiait les faits sociaux, mais sous un angle philosophique et moral.
● Définition du terme politique
Le terme de politique nous vient du monde grec. En effet, la parenté est claire entre ce terme
et le terme polis qui veut dire cité ou ville. Mais il est indiscutablement plus proche du mot
politica. Ce terme a un sens précis et c’est tout ce qui concerne l’État, la constitution, le
régime politique, la République, la souveraineté. C’est là un terme qui fut d’ailleurs repris par
le latin pour en faire politicus.
Dans le Larousse, c’est l’adjectif de la chose relative à l’organisation du pouvoir dans l’État et
à son exercice. Le Littré définit la politique comme la science du gouvernement des États. Le
Robert est plus large dans la définition qu’il donne puisqu’il spécifie que c’est la pratique du
4

gouvernement des sociétés humaines. Ce terme désigne donc dans toutes les définitions
l’organisation et l’exercice du gouvernement. Là où l’on remarque des différences c’est au
niveau du cadre tracé pour l’exercice de ce gouvernement. Certaines définitions parlent d’État
alors que d’autres de sociétés humaines. La deuxième acception est plus large et englobe
l’État. En effet, on peut gouverner n’importe quel ensemble de personnes, de groupes
humains. Ils peuvent d’ailleurs constituer une association, une fédération, un État ou plusieurs
États.
Dans ce sens André Hauriou remarque que l’État n’est pas la seule société dans laquelle les
hommes se trouvent engagés. Il existe des quantités d’associations, de clubs, de partis
politiques, de syndicats, d’églises ou de groupes, à l’intérieur desquels des phénomènes de
conduite des hommes se produisent, phénomènes qui ont, par suite, un caractère politique, au
sens large du terme. Max Weber pense, quant à lui, que le politique est l’adjectif de toute
action tendant à exercer le pouvoir ou à en influencer la répartition entre les États ou au sein
même de l’État entre divers groupes de personnes. Le politique pour reprendre Georges
Burdeau est toute action ou situation où se traduisent des relations d’autorité et d’obéissance.
La politique est donc pour résumer l’organisation et l’exercice de l’autorité ou du
gouvernement quel que soit son cadre.
Il faut remarquer que suivant l’utilisation du terme au masculin ou au féminin, le sens qui lui
est réservé diffère. En effet, le politique veut dire tout autre chose que la politique.
Le terme utilisé au masculin renvoie aux structures exerçant un pouvoir politique dans la
société. C’est une vision statique des choses. Au féminin le même terme renvoie aux
phénomènes politiques, à l’action politique. Dans ce cas, la politique est une notion
dynamique des phénomènes sociaux.

● Définition de la sociologie politique


La sociologie politique est la science des sociétés humaines et des faits sociaux non dans leur
globalité mais ceux liés au pouvoir, à son organisation, à son exercice et sa transmission au
sein des groupements humains qui prennent aujourd’hui principalement la forme d’État. Cette
première donnée soulève d’ailleurs de vives controverses dans le monde de la sociologie
politique. En effet, la doctrine est partagée en deux clans : certains considèrent que la
sociologie politique est la science de l’État alors que d’autres considèrent qu’elle est la
science du pouvoir. Cette rivalité révèle donc une antinomie entre les notions de “pouvoir” et
d’“État”. Le débat a d’ailleurs donné lieu à deux conceptions de la sociologie politique. La
première conception considère que le terme même de politique vient de polis qui veut dire cité
nation ou groupement qui aujourd’hui a pris la forme d’État. Ce raisonnement nous amènerait
à dire que la sociologie politique est ainsi la science de l’État. C’est l’ancienne conception de
cette science.
Mais, la conception la plus moderne et la plus réaliste considère que la sociologie politique est
la science du pouvoir, de l’autorité, du commandement, du gouvernement dans quelle que
société humaine que ce soit. Le pouvoir en effet, s’exerce dans tout groupement social, dans
toute organisation sociale même la plus microscopique. C’est ainsi que le pouvoir est présent
dans le cadre de l’État mais aussi dans les entreprises, les partis politiques, les syndicats, la
famille. Cette conception est défendue en France par de grands noms comme Georges Vedel
ou Georges Burdeau. Ainsi la sociologie politique est une démarche scientifique consacrée à
l’étude de l’organisation du pouvoir et sa transmission dans tout groupement humain organisé,
dont l’État n’est qu’une forme parmi d’autres. Cette définition nous permettra de situer la
sociologie politique par rapport à certaines sciences voisines comme les sciences politiques et
les sciences juridiques.
5

En effet, deux sciences voisines peuvent prêter à confusion avec la sociologie politique. C’est
d’un côté la ou les sciences politiques et de l’autre, les sciences juridiques et, plus
précisément, le droit public. En ce qui concerne les sciences politiques, certains auteurs
considèrent que la sociologie politique est synonyme des sciences politiques. En effet,
Roger-Gérard Schwartzenberg dans son traité de sociologie politique parle indifféremment de
la sociologie politique ou de la science politique. La sociologie politique et les sciences
politiques partagent le même objet d’étude, à savoir, les phénomènes sociaux et utilisent la
même démarche. C’est pour cette raison que Schwartzenberg considère leurs dénominations
comme « synonymiques ». Elles désignent la même recherche. D’un autre côté, la sociologie
politique doit être distinguée des sciences juridiques. En effet, le droit a pour mission
d’étudier, entre autres, les règles d’organisation du système politique dans une société. Le
cadre juridique trace les règles de l’organisation politique et encadre le jeu politique dans
l’État. De ce point de vue, le droit a le même objet d’étude que la sociologie politique. Mais,
la différence réside principalement dans le fait que la sociologie étudie ce qui se passe
réellement sur le plan politique, alors que le droit trace à travers ses dispositions une image de
ce que devrait être la société politique dans un État donné.

En effet, le droit constitutionnel qui est l’ensemble des normes régissant les phénomènes
politiques dans une société, a des difficultés à rendre compte à travers ses catégories
traditionnelles de la pratique politique dans une société donnée. D’un autre point de vue, le
droit est un ensemble de règles qui est édicté par des juristes sans prise en considération réelle
de la réalité et des conditions effectives de son application.

En définitive, La sociologie politique est une branche de la sociologie qui étudie le pouvoir
politique, l’action publique, les politiques publiques, les élections et le vote ou encore les
mouvements sociaux. Elle comprend notamment la sociologie du vote (ou sociologie
électorale).

Rétrospectivement, plusieurs penseurs et philosophes ont pu être reconnus comme des


pionniers. C'est le cas de Machiavel dont Le Prince (1513) constitue une véritable enquête sur
le fonctionnement du pouvoir ou de Montesquieu dont De l'esprit des lois (1748) peut être lu
comme une sociologie méthodique des lois, mais surtout de Tocqueville dont De la
démocratie en Amérique (1835).

La sociologie politique peut ainsi être définie comme l’analyse sociologique du gouvernement
des sociétés humaines : quels types de normes organisent le fonctionnement social ; qui
produit ces normes, selon quelles modalités et avec quelles ressources ? Ainsi envisagé, le
programme de la sociologie politique est très vaste. Il peut s’appliquer aux sociétés sans État
comme aux sociétés étatiques et, dans celles-ci, il ne se limite pas aux institutions politiques,
mais s’étend à tous les « dispositifs » de pouvoir (Michel Foucault). Ce programme peut par
ailleurs être décliné en de multiples sous-programmes, correspondant à différents espaces ou
modes de gouvernement (sociologie politique de l’international, sociologie politique de
l’expertise, sociologie politique de l’action publique.

De manière plus restrictive, l’expression « sociologie politique » s’est imposée pour désigner
la sociologie « du politique », autrement dit l’analyse sociologique de ce champ d’activités
sociales particulier désigné sous le terme de « politique » dans les sociétés étatiques…

D'une part, tout comme le droit, la science politique étudie des rapports de force à l'échelle
interne à l'Etat ou externe à celui-ci. D'autre part, tout comme la sociologie, elle étudie des
6

processus et des relations entre individus ou entre groupes d'individus; somme toute, des
processus qui sont ancrés dans une société. Durkheim, Montesquieu et Rousseau sont des
précurseurs de la sociologie.

● Objet de la sociologie politique

La sociologie politique est une branche de la science politique, qui se définit par un
questionnement, celui de la science politique, et une approche, celle de la sociologie. L’objet
de la science politique est de questionner le gouvernement des sociétés humaines,
« gouvernement » étant ici entendu comme la définition et l’imposition des règles qui
régissent la société. L’approche sociologique s’efforce d’éviter les approches trop normatives,
qui se demandent comment les sociétés humaines peuvent ou doivent se gouverner, pour
donner la priorité à l’étude empirique des modes de gouvernement dans une société donnée :
comment les sociétés humaines se gouvernent-elles ?

L’organisation politique des sociétés contemporaines présente trois caractéristiques


principales : elle repose sur une différenciation du politique des autres activités sociales, elle
est de type étatique et elle est compétitive. Cette organisation, toute comme sa traduction
concrète contemporaine, la démocratie représentative parlementaire, apparaît aujourd’hui
comme « naturelle » et semble former un horizon indépassable. Pourtant, cette organisation
politique et la mise en place des institutions représentatives n’ont pas été de soi d’un point de
vue historique : depuis l’Antiquité, elles résultent d’un processus multiséculaire (c’est-à-dire
qui a duré plusieurs siècles) de construction et ont nécessité de longs et nombreux combats.

I. LE CADRE POLITIQUE
1.1. L’ETAT

On est en présence d’un Etat quand une population qui réside sur un territoire délimité subit
un pouvoir qui est juridiquement organisé, à savoir:

► Un territoire: il est un espace dont la grandeur peut être très variable. Il se divise
en trois dimensions: le sol; le sous-sol et l’espace aérien sur lesquelles s’appliquent certaines
règles juridiques. Il est aussi délimité par des frontières qui peuvent être naturelles ou
artificielles et sont le plus souvent le fruit de traité et de convention. La frontière ne sépare pas
deux paysages, ni deux cultures, mais deux régimes de droit, deux domaines différents
d’application des règles juridiques. Elle a connu son apogée avec la constitution des Etats-
Nations (début du 20ème siècle): Exemple de l’Afrique et de la Conférence de Berlin en
1885. La frontière est source de conflits militaires (Israël et Palestine, Inde et Pakistan…) et
commerciaux (exploitation du sous-sol de l’Arctique entre Russie, Canada, Etats-Unis…).

Pour certains, la frontière est indispensable pour gérer le flux de personnes, mais aussi une
fonction symbolique, même si on sait qu’il est très compliqué pour les Etats de contrôler
totalement les leurs (exemple: attentats, migrants, etc.).

► Une population: elle se compose généralement de deux catégories: les nationaux


et les étrangers. Le recensement de sa population par l’Etat devient de plus en plus difficile
7

avec l’accroissement de la mobilité des individus à l’échelle internationale. Des instruments


sont mis en œuvre par les Etats, de manière à affirmer leur emprise sur la population. Par
exemple, la carte d’identité nationale est obligatoire pour les nationaux, alors que la carte de
séjour est exigée aux étrangers pour vivre dans le territoire national.

La biométrie (utilisation des statistiques puis, identification des personnes en fonction de


leurs empreintes digitales, les traits du visage ou de caractéristiques comportementales), au
départ appliquée aux délinquants et aux criminels est appliquée aujourd’hui à tout le monde,
pour mieux contrôler la population.

► Un pouvoir juridique: c’est la capacité dont dispose l’Etat à imposer des règles,
procédures de manière unilatérale et donc des normes juridiques validées au-delà de
l’assentiment des personnes qui y sont assujetties. De plus, l’Etat a le pouvoir de nous obliger
à les respecter de par son pouvoir coercitif (c’est-à-dire le pouvoir officiel d’obliger, de
contraindre quelqu’un à faire, ou pas, quelque chose).

1.2. LES IDEOLOGIES ET DOCTRINES POLITIQUES

Les idéologies et doctrines politiques constituent le cadre du politique, parce qu’à travers
elles, les Hommes tentent de répondre à des questions essentielles, telles par exemple,
comment accepte-t-on de vivre ensemble? Comment accepte-t-on l’existence d’un pouvoir?
Des questions essentielles qui engagent le rapport gouvernants/gouvernés. Les idéologies et
doctrines politiques sont des représentations collectives qui gouvernent politiquement les
sociétés.

Ainsi, nous avons:

► Le Libéralisme: c’est une doctrine de philosophie-politique qui se développe au


16ème-17ème siècle en relation avec des idées politiques hostiles à l’absolutisme (Système de
gouvernement où le pouvoir du chef de l’Etat est absolu) qui contestent le développement du
pouvoir monarchique qui a tendance à engendrer la tyrannie et le despotisme du fait d’une
concentration trop forte du pouvoir et de l’abus de ce pouvoir.

Ce courant de pensée prend donc pour cible les Etats qui veulent exercer une domination sur
l’ensemble des sociétés, qui se structurent sur un mode autoritaire et qui portent ainsi atteinte
à l’autonomie individuelle et ne respectent pas les droits naturels.

● Sur le plan religieux, cela se traduit par la mise en avant de liberté de conscience;
l’idée selon laquelle l’Etat ne doit pas être sous la tutelle de l’église et surtout que l’on doit
garantir à chaque individu le droit de trouver son salut comme il le souhaite.

● Sur le plan politique, le libéralisme pousse jusqu’au bout l’idée contractualiste de la


formation de l’Etat par un Contrat social. En ce sens que si les Hommes ont eux-mêmes
institué l’Etat pour les protéger et garantir leurs droits, alors cela implique que l’Etat ne doit
pas menacer les Hommes, ni mettre en danger leur bien le plus précieux qu’est la liberté. A ce
titre, l’idée de limitation de la souveraineté de l’Etat se pose; cela a des conséquences
importantes sur l’agencement des institutions: elles doivent être représentatives, le culte du
droit et de la loi doit régner. D’où la valorisation des assemblées législatives, au travers de
laquelle on refuse de se voir imposer un pouvoir absolutiste, qui élabore et applique seul les
lois. De plus, les institutions de l’Etat doivent aussi être agencées d’une certaine manière, afin
8

d’éviter que l’une d’elles s’impose sur les autres; d’où la nécessité de séparation et
d’équilibre des pouvoirs.

● Sur le plan économique, la philosophie libérale est aussi liée à l’idée de marché, le
libéralisme acquiert cette dimension économique à partir du 17è siècle. Avec le
développement des échanges commerciaux marchands, certains penseurs libéraux s’appuient
sur la philosophie libérale pour développer une théorie de la régulation autonome de la société
par elle-même.

L’économie est ici une nouvelle façon de comprendre et d’expliquer le lien social. En effet, le
marché est considéré comme le régulateur de la société. Derrière cette idée, on retrouve les
fondements de libéralisme politique; car, les idées de marché et de libre échange sont en
adéquation avec les idées de tolérance, de liberté morale, puisque cela participe d’un même
refus de voir s’imposer l’autorité sur les individus, de garantir l’autonomie individuelle.

► Le Conservatisme: c’est une philosophie politique qui est en faveur des valeurs
traditionnelles et affirme le primat du droit naturel (c’est-à-dire l’ensemble des normes
théoriques prenant en considération la nature de l’Homme et sa finalité dans le monde) sur la
raison humaine. Le conservatisme prône la préservation d’une situation ou le retour à une
situation passée dans les domaines social, politique, moral, culturel, religieux. En ce sens, il
s’oppose au progressisme.

Le conservatisme s’oppose fortement au Libéralisme à partir de ce qu’est ou doit être le


droit ; les droits sont acquis et protégés par les institutions établies, et donc, ne sont pas innés
ou attachés à l’individu. En définitive, le conservatisme met en place une triple critique de la
Révolution ou du Libéralisme : une critique épistémologique, d’ordre politique et de nature
sociologique.

→ Sur le plan épistémologique, les conservateurs pensent que la raison est extérieure à
l’individu et est donc liée à la providence (c’est-à-dire à Dieu). Ainsi, seul Dieu a raison et
donc détient le pouvoir de décider de la conduite et du devenir des Hommes.

→ Sur le plan politique, les révolutionnaires ouvrent le pouvoir à tous, ainsi selon les
conservateurs, c’est pour cela qu’ils récoltent l’anarchie et le malheur. Donc, selon les
conservateurs ce qui assure la stabilité politique n’est pas de faire participer tout le monde à
l’exercice du pouvoir, mais le respect de la coutume et de la tradition.

→ Sur le plan sociologique, pour les conservateurs, l’individualisme moderne est néfaste au
bon fonctionnement de la société. Elle n’est pas un agrégat d’individus autonomes, mais un
corps uni qui n’obéit pas au désir de chacun, mais à des règles stables et immuables.

Ces trois critiques ont un trait commun, à savoir que l’individu doit se soumettre à un ordre
qui le dépasse, un ordre religieux, transcendant et monarchique et ne doit pas chercher à s’en
affranchir, car il permet de bien réguler la société.

Il faut souligner qu’on peut distinguer un conservatisme libéral d’un traditionalisme


conservateur. L’exemple du conservatisme libéral est celui de la Grande Bretagne où règne la
monarchie en se focalisant sur les valeurs monarchiques. Ce conservatisme est pragmatique et
sait s’associer au libéralisme. En revanche, en France, le conservatisme connaît surtout une
9

radicalisation sous la forme d’un traditionalisme s’éloignant du pouvoir. Cette confusion entre
conservatisme et traditionalisme se confond rapidement avec l’extrême droite.

► Le Socialisme: Doctrine d’organisation sociale qui entend faire prévaloir l’intérêt


général sur les intérêts particuliers, au moyen d’une organisation concertée (opposé à
Libéralisme). A ce titre, Pierre-Joseph Proudhon (penseur du socialisme libertaire non
étatique) défend la liberté totale de l’individu contre toute forme d’autorité, en même temps, il
entend réaliser une démocratie socialiste ayant pour objectif de mettre fin aux inégalités
sociales les plus importantes par l’exercice d’une forme de solidarité entre les individus.
Proudhon veut donc concilier liberté et socialisme impliquant à ses yeux une Révolution
sociale pour abattre les deux carcans de la liberté, à savoir : l’Etat et le système capitaliste. Il
considère que l’Etat suit à travers l’histoire un mouvement quasi ininterrompu d’expansion et
de centralisation du pouvoir et, de ce fait, il est amené à s’imposer sur la société civile. Par
voie de conséquence, au lieu de se cantonner dans le rôle d’arbitre entre les intérêts privés, à
des fonctions strictement régaliennes, il devient peu à peu une force indépendante concentrant
entre ses mains toute la puissance politique. Alors, il devient donc peu à peu un instrument
d’oppression de par sa force et sa forte centralisation, empiétant ainsi sur la liberté
individuelle. Mais, au nom de l’autonomie et de la liberté individuelle, Proudhon critique
aussi le système économique libéral. Il énonce que l’individualisme est le fait primordial de
l’humanité, or si c’est le cas, le capitalisme n’assure aucunement la liberté et l’autonomie de
chacun, parce que le capitalisme formerait un système oppressif, dans lequel l’immense
majorité des travailleurs est exploitée par une minorité qui dispose du capital. Pour lui, la
propriété c’est le vol.

La nouvelle société que prône Proudhon repose donc sur deux piliers philosophiques : le
principe d’égalité entre les individus qui est à la base de la solidarité entre les individus et le
principe de pluralisme permettant de s’opposer à toute hiérarchie dans le domaine
économique.
10
11

Vous aimerez peut-être aussi