livre

du professeur
HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
GÉOPOLITIQUE
ENSEIGNEMENT Nouveau

Tle
DE SPÉCIALITÉ programme

SCIENCES POLITIQUES
Collection Anne Doustaly
HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
GÉOPOLITIQUE
Nouveau
ENSEIGNEMENT

T
programme

le
DE SPÉCIALITÉ

SCIENCES POLITIQUES
Sous la direction d’Anne Doustaly

Auteurs
Stéphan Arias Camille Escudé-Joffres
Agrégé de géographie, Collège-Lycée Victor-Hugo, Agrégée de géographie, docteure en sciences
Colomiers politiques, enseignante à Sciences-Po Paris
Gaëlle Bailly-Maître Léonardon Stéphanie Fraisse d’Olimpio
Certifiée d’histoire-géographie, diplômée de Sciences-Po Agrégée de sciences économiques et sociales,
Paris professeure en classe préparatoire BL, Lycée Janson
de Sailly, Paris
Caroline Boyer
Agrégée d’histoire, Lycée Saint Jean Hulst, Versailles Simon Hecht
Agrégé d’histoire, diplômé de Sciences-Po Paris
Pierre Burgaud
Agrégé d’histoire, Lycée Frédéric Mistral, Fresnes Christelle Lamote
Agrégée d’histoire-géographie, Lycée français
Matthieu Charrier
de Vienne, Autriche
Agrégé de géographie, professeur d’histoire,
géographie et géopolitique en classe ECS, Marion Legal
Lycée Paul Cézanne, Aix-en-Provence Diplômée du Master 2 Médias, langages et sociétés,
Université Paris II
Bruno Cinq
Agrégé d’histoire, professeur de géographie Stéphane Nissant
et géopolitique en classe préparatoire ECS, Agrégé d’histoire, Lycée Charlemagne, Paris
Lycée Masséna, Nice
Camille Pereira
Fabienne Diana-Perrel Certifiée d’histoire-géographie, Collège Georges
Agrégée d’histoire, Lycée Estienne d’Orves, Nice Braque, Neuilly-sur-Marne
Anne Doustaly Clémence Roger
Agrégée d’histoire, Lycée Charlemagne, Paris Agrégée d’histoire, Lycée Honoré de Balzac, Mitry-Mory
Claire Dunyach Charlotte Rousset
Juriste en droit international, Université Paris I Agrégée de géographie, Lycée Mozart, Blanc-Mesnil
Édition : Aurélie Boulom, Sarah Licciardo
Mise en pages : Alinéa

Le code de la propriété intellectuelle n’autorise que « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » [article L. 122-5] ; il
autorise également les courtes citations effectuées dans un but d’exemple ou d’illustration. En revanche « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, sans le consentement de l’auteur
ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » [article L. 122-4]. La loi 95-4 du 3 janvier 1994 a confié au C.F.C. (Centre français de l’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins,
75006 Paris), l’exclusivité de la gestion du droit de reprographie. Toute photocopie d’oeuvres protégées, exécutée sans son accord préalable, constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425
et suivants du Code pénal.

© Éditions Belin Éducation, 2020

170 bis, boulevard du Montparnasse, 75680 Paris cedex 14 G0002298
Sommaire

THÈME 1 De nouveaux espaces de conquêtes 5

Introduction
Axe 1 Conquêtes, affirmations de puissance et rivalités 7
Axe 2 Enjeux diplomatiques et coopérations 11
Objet conclusif La Chine : à la conquête de l’espace, des mers et des océans 15

THÈME 2 Faire la guerre, faire la paix :

formes de conflits et modes de résolution 21
Introduction
Axe 1 La dimension politique de la guerre :
des conflits interétatiques aux enjeux transnationaux 23
Axe 2 Le défi de la construction de la paix 26
Objet conclusif Le Moyen-Orient : conflits régionaux et tentatives de paix 29

THÈME 3 Histoire et mémoires 35

Introduction
Axe 1 Histoire et mémoires des conflits 37
Axe 2 Histoire, mémoire et justice 40
Objet conclusif L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes 43

THÈME 4 Identifier, protéger et valoriser le patrimoine :

enjeux géopolitiques 49
Introduction
Axe 1 Usages sociaux et politiques du patrimoine 51
Axe 2 La préservation du patrimoine entre tensions et concurrences 53
Objet conclusif La France et le patrimoine, des actions majeures de valorisation
et de protection 57

THÈME 5 L’environnement, entre exploitation et protection :

un enjeu planétaire 63
Introduction
Axe 1 Exploiter, préserver et protéger 65
Axe 2 Le changement climatique :
approches historique et géopolitique 68
Objet conclusif Les États-Unis et la question environnementale :
tensions et contrastes 72

THÈME 6 L’enjeu de la connaissance 77

Introduction
Axe 1 Produire et diffuser des connaissances 79
Axe 2 La connaissance, enjeu politique et géopolitique 80
Objet conclusif Le cyberespace : conflictualité et coopérations entre les acteurs 87
THÈME 1
DE NOUVEAUX ESPACES
DE CONQUÊTE

THÈME 1 – (26-28 heures)
De nouveaux espaces de conquête
Introduction
Océan et espace : quelles spécificités ?
Axe 1
Conquêtes, affirmations de puissance
et rivalités.
Axe 2
Enjeux diplomatiques et coopérations.
Objet de travail conclusif
La Chine : à la conquête de l’espace,
des mers et des océans.
L’étude de ce thème a un double objectif : identifier, au-delà des territoires terrestres, les
possibilités d’affirmation et de développement des États liées à la conquête de l’espace et de
l’océan ; comprendre les défis et rivalités qui en découlent avec l’entrée en jeu de nouveaux
acteurs, notamment les entreprises privées.
• Une connaissance et une maîtrise en constante évolution.
• Les dernières frontières ?
Jalons
• Les enjeux géopolitiques d’une conquête : la course à l’espace des années 1950 à l’arrivée
de nouveaux acteurs (Chine, Inde, entreprises privées…).
• Affirmer sa puissance à partir des mers et des océans : la dissuasion nucléaire et les forces
de projection maritimes.
Jalons
• Coopérer pour développer la recherche : la station spatiale internationale.
• Rivalités et coopérations dans le partage, l’exploitation et la préservation des ressources
des mers et des océans : de la création des zones économiques exclusives (Convention de
Montego Bay) à la gestion commune de la biodiversité (conférence intergouvernementale
sur la biodiversité marine, BBNJ : Biological diversity beyond national juridiction).
Jalons
• Une volonté politique d’affirmation (discours, investissements, appropriations…).
• Des enjeux économiques et géopolitiques considérables pour la Chine et le reste du
monde.

INTRODUCTION
Première approche P. 18-19
Découvrir le thème
1. Sur le plan économique, elle permet le développement des acti-
vités numériques indispensables au développement des sociétés
contemporaines tout en nourrissant la croissance des entreprises.
La maîtrise de ces nouveaux espaces ouvre aussi l’accès à des
ressources océaniques et spatiales. Les grandes puissances veulent
contrôler ces espaces stratégiques (détroits notamment) et voient
dans cette conquête le moyen d’affirmer leur projet national.
2. Les États coopèrent pour établir des conventions internationales
sur l’utilisation de la mer (CNUDM) et de l’espace (traité de l’espace).
L’utilisation commune de ces espaces (satellites, câbles sous-marins)
rend cette coopération indispensable. Toutefois, la maîtrise tech-
nologique ou le tonnage des flottes illustrent une course entre les
nations comme la volonté d’accroître les ZEE témoigne d’une volonté
d’appropriation qui met les États en concurrence.
3. L’essentiel des communications passe aujourd’hui par les câbles
sous-marins et les satellites. La maîtrise des océans et de l’espace
est donc indispensable aux sociétés les plus avancées qui génèrent
le plus de données. Cette maîtrise participe aussi de leur affirmation,
les unes face aux autres, dans une course à la puissance.
Les clés du thème
1. À la conquête de l’océan mondial P. 20-21
Votre objectif
La mer a d’abord été un enjeu de conquête car elle permettait
d’accéder à des terres situées au-delà des océans. C’est ainsi que
l’Espagne et le Portugal se sont partagés le monde au tournant des
xve et xvie siècles.
La mer est aussi un enjeu de conquête car elle permet l’affirmation
de grandes puissances maritimes capables de contrôler les océans
et d’y imposer leurs règles comme ce fut le cas de l’Angleterre à
partir du xviie siècle.
La mer est enfin un miroir de la puissance : ceux qui n’y ont pas
accès comme la Russie peuvent être marginalisés ; ceux qui dominent
veulent maintenir leur domination à tout prix (États-Unis face à la
montée en puissance chinoise).

Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 5

 Activités
1. L’Espagne et le Portugal aux xve et xvie siècles. L’Angleterre du
xviie au xxe siècle. Les États-Unis au xxe siècle.
2. La doctrine de libre utilisation de la mer (Mare Liberum) affirme
que l’océan est libre pour tous les marins de tous les pays. Elle
s’oppose à la doctrine de l’appropriation maritime (Mare Clausum)
qui est une conception restrictive de l’utilisation de la mer qui peut
aller jusqu’à son découpage par appropriation. En pratique, c’est la
doctrine de l’appropriation qui s’impose puisque la convention de
Montego Bay reconnaît depuis 1982 les ZEE. L’extension de ces
zones laisse néanmoins une place à la libre utilisation en haute mer.
3. La position géographique de la Russie ne lui donne pas un accès
souverain à la mer. Alors que ce pays dispose d’un littoral très étendu,
son accès à la mer est entravé par la glace qui se forme sur la
majeure partie de son littoral dès l’automne. Au sud, la Russie
dispose d’accès à des mers (Mer Baltique, Mer Noire) fermées par
des détroits (Øresund, Bosphore) qu’elle ne contrôle pas.
Historiquement, la Russie a donc toujours cherché à sécuriser son
accès à la mer par des moyens stratégiques (Première Guerre mon-
diale, annexion de la Crimée en 2014) ou techniques (flotte de
sous-marins durant la guerre froide).
Atelier RECHERCHE
Pour cette recherche, il est indispensable d’aller sur le site des
Nations-Unies pour constater l’absence des États-Unis comme signa-
taire ou partie (voir sitographie). On peut ensuite effectuer une
recherche pour comprendre ce que contient le texte et ce qui peut
nourrir des oppositions en s’appuyant sur l’opposition des deux
doctrines d’utilisation. Le texte est long et compliqué, comme toute
source juridique. Il est donc préférable de se référer à son interpré-
tation proposée sur le site géoconfluences (voir sitographie).
Enfin, il faut identifier les arguments américains qui s’opposent au
texte, mais aussi les arguments qui s’opposent au principe même
du multilatéralisme.
Les clés du thème
2. Espace et océans : des défis
technologiques P. 22-23
Votre objectif
Les océans et l’espace opposent aux hommes des contraintes spé-
cifiques qui imposent une mobilisation scientifique et technique
exceptionnelle. Celle-ci passe souvent par des pionniers, qui ouvrent
la voie à une exploitation plus large. Le défi nécessite un financement
important qui requiert la mobilisation des États qui se livrent une
compétition (guerre froide) ou engagent une coopération (pro-
gramme européen) pour le relever. Mais au-delà des États, ce sont
toutes les sociétés qui se mobilisent (entreprises, individus) pour
soutenir l’effort et accepter les risques inhérents à la conquête.
Activités
1. Les documents présentent différents acteurs institutionnels
publics : les États (États-Unis, par l’intermédiaire de la NASA ; l’URSS)
mais aussi l’Union européenne qui est une association régionale et
qui a développé une Agence spatiale commune (qui intègre même
des États non-membres). Les acteurs privés sont aussi représentés :
les entreprises du secteur spatial (Space X) et des individus qui
investissent leur fortune dans le défi ( James Cameron).
6 Thème 1. De nouveaux espaces de conquête
2. L’exploration des océans et la navigation sous-marine imposent
la contrainte de la profondeur. L’exploration spatiale nécessite la
mobilisation d’une énergie considérable pour sortir du champ
d’attraction terrestre. Dans les deux cas, le problème du confinement
et des réserves d’oxygène se pose.
3. Pour répondre au coût de la conquête, les États qui ne disposent
pas de budgets suffisants peuvent s’associer. Depuis la fin de la
guerre froide, les États ont réduit leurs investissements et comptent
davantage sur l’initiative et les financements privés. Ceux-ci se
multiplient car l’espace et l’océan apparaissent comme des sources
de revenus.
4. L’espace est une chance pour l’Europe car le coût de la conquête
impose une coopération efficace aux États. Cette coopération permet
à l’Europe de mettre en œuvre des projets indispensables à l’indé-
pendance stratégique du continent. Galileo, qui permet à l’Europe
de disposer d’un système de guidage satellite propre, indépendant
de la technologie GPS américaine, paraît un exemple à suivre pour
donner à la construction européenne l’image de la réussite.
Atelier DÉBAT
Il faut poser le débat sur des bases économiques (coût) et éthiques
(intérêt commercial contre bien commun) : le coût de la conquête
impose l’appel aux investisseurs privés. Les gains espérés sont
importants ce qui peut faire de l’espace et des océans un marché
porteur. Une réflexion doit aussi être menée sur les risques que
font peser sur ces espaces fragiles leur exploitation commerciale.
La question de la propriété se pose aussi dans des espaces non
territorialisés. On peut apporter une nuance au débat en n’opposant
pas les acteurs : les acteurs privés peuvent être associés aux acteurs
publics dans un cadre juridique garanti par le droit international.
Les clés du thème
3. Espace et océans : entre conquête
et coopération P. 24-25
Votre objectif
La conquête des espaces et des océans met en concurrence les
puissances qui doivent néanmoins s’entendre pour la mettre en
œuvre. Si les intérêts sont nationaux, les espaces concernés sont
partagés. Ainsi, les puissances doivent s’entendre sur l’exploitation
et l’utilisation de ces espaces qui ne sont pas territorialisables
(espace extra-atmosphérique et haute mer). Par ailleurs, les puis-
sances doivent éviter que la concurrence ne tourne au conflit.
Activités
1. ReCAAP est un outil coopératif chargé de lutter contre la pirate-
rie en Asie du Sud-Est. Cette zone est traversée par la route maritime
la plus empruntée de la planète car l’Asie de l’Est est le premier
pôle commercial mondial. Au-delà des États de la région, il est donc
normal que de nombreuses grandes puissances et des organisations
mondiales y participent.
2. La coopération est nécessaire car les zones les plus riches en
nodules sont situées en haute-mer, c’est-à-dire l’espace maritime
non territorialisé. Le coût d’exploitation et la dimension stratégique
des nodules en font un enjeu économique majeur qui nécessite la
coopération pour éviter une exploitation anarchique. La réglemen-
tation permet aussi d’éviter la surexploitation d’espaces de grande
profondeur fragiles.
3. La Russie est aujourd’hui le seul acteur public spatial capable de
transporter des humains vers l’ISS. En faisant profiter les autres
nations de son Soyouz pour rejoindre la station, la Russie offre le
visage de la coopération, mais aussi celui d’une grande puissance
technologique. Elle utilise naturellement cette visibilité mondiale
pour faire la promotion des Jeux olympiques de Sotchi, autre volet
de son soft power.
4. Non. H. Fabre montre que la guerre dans l’espace n’est pas exclue
puisque les puissances spatiales se dotent d’armements anti-satellites.
On peut toutefois considérer qu’une guerre dans l’espace est peu
probable car elle entraînerait des dégâts considérables sur l’atmos-
phère. C’est la raison pour laquelle le traité de l’espace de 1967
interdit l’utilisation d’armes de destruction massive dans l’espace.
Atelier RECHERCHE
La recherche doit être menée sur le site de l’ONU qui donne accès
à tous les traités (voir sitographie). Il est ensuite possible d’effectuer
une recherche libre en indiquant, par exemple, CNUDM comme
base de recherche ou en interrogeant les négociations sur la régle-
mentation des eaux internationales engagées.
Pour accéder à des ressources plus simples d’utilisation, on peut
utiliser les nombreuses ressources mises en ligne à la suite de la
COP25 qui portait particulièrement sur les océans. La plateforme
océans et climats propose un site riche (voir sitographie).
Pour une recherche spécifique sur les fonds marins, le site de l’Auto-
rité internationale des fonds marins peut être consulté (voir sitogra-
phie).
Quiz interactif / Le point sur… P. 26
1. La doctrine de libre utilisation de la mer a été imposée par les
États-Unis ? Vrai ou faux ?
– Faux ; c’est le Royaume-Uni qui en est à l’origine avec Sir Walter
Raleigh.
2. La Russie n’est pas une puissance maritime car elle n’a pas de
littoraux ? Vrai ou faux ?
– Faux ; la Russie dispose de littoraux étendus mais qui sont engla-
cés une bonne partie de l’année.
3. L’Union européenne dispose d’un système de navigation par
satellite propre ? Vrai ou faux ?
– Vrai ; Galileo.
4. La CNUDM interdit aux acteurs privés d’exploiter le fond des
océans ? Vrai ou faux ?
– Faux ; elle l’encadre. L’Autorité internationale des fonds marins
délivre les autorisations.
5. Le traité de l’espace interdit l’utilisation des armes de destruction
massive dans l’espace ? Vrai ou faux ?
– Vrai.
AXE 1
Conquêtes, affirmations
de puissance et rivalités P. 28-29
Réponses
1. Dans les deux cas, l’appropriation passe par la présence physique
et par le pavoisement, c’est-à-dire le fait de hisser un drapeau pour
revendiquer une appartenance. On ne peut pour autant parler de
territorialisation car la Lune, comme n’importe quel corps terrestre,
ne peut être appropriée par un État depuis l’accord de 1979, et
l’archipel de Senkaku est japonais depuis le traité de Shimonoseki
signé en 1895.
2. Sur la photographie de gauche, l’acteur de l’appropriation est
l’astronaute étatsunien Buzz Aldrin, et sur la photographie de droite
ce sont des militants nationalistes japonais.
3. La course à la Lune s’est faite dans le contexte de la guerre froide.
L’appropriation est cependant symbolique. C’est différent pour
l’archipel de Senkaku qui fait l’objet d’un affrontement diplomatique
entre le Japon (souverain), la Chine nationaliste et la Chine populaire
qui ne reconnaissent pas le traité de Shimonoseki.
Les enjeux géopolitiques
de la conquête spatiale
JALON 1 CONTEXTE
La course à l’espace P. 30-31
Réponses
1. La course à l’espace s’est engagée durant la guerre froide. Même
si elle s’est préparée dans le cadre de la course aux armements
entre les États-Unis et l’URSS lancés dans la recherche de vecteurs
de plus en plus puissants dès la fin de la Seconde Guerre mondiale,
on peut retenir la date de 1957 qui marque la mise en orbite du
premier satellite artificiel.
2. La géopolitique de l’espace distingue aujourd’hui les puissances
traditionnelles (États-Unis et URSS devenue Russie) des puissances
émergentes (Chine, Inde). On peut y ajouter les puissances tech-
nologiques qui développent un programme spatial essentiellement
civil (Union européenne, Japon), à la différence des premières citées.
JALON 1
La conquête spatiale : un enjeu
central dans la guerre froide P. 32-33
Activités
1. L’accès à l’espace change la donne stratégique car il permet à
chaque puissance de frapper le territoire de l’autre de n’importe
quel point de la planète, rétablissant ainsi l’équilibre au profit de
l’URSS : « mettant ainsi fin à l’avantage stratégique considérable
dont jouissaient les États-Unis » (doc 1).
2. Oui, l’utilisation de Youri Gagarine pour célébrer les « réussites
scientifiques » de l’URSS illustre parfaitement le soft power, qui désigne
l’utilisation de l’influence comme arme géopolitique. À travers l’exploit
technique, c’est l’idéologie soviétique qui est mise en avant.
3. L’utilisation de l’espace évolue au gré des relations américano-
soviétique. En mobilisant la périodisation de la guerre froide, on
relève que la période de tension qui court jusqu’en 1962 est marquée
par une véritable course à l’espace, alors que la détente se traduit
par une coopération croissante qui débouche sur la rencontre Apollo-
Soyouz en 1975 qualifiée d’« apogée de la détente ». L’IDS illustre
parfaitement le retour des tensions durant la guerre fraîche. Cette
évolution ne doit pas masquer l’évidence : l’espace reste tout au long
de la guerre froide un enjeu de rivalité entre les puissances.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 7
4. Parce qu’elle modifie le rapport de force entre les États-Unis et
l’URSS, et notamment l’équilibre sur lequel se fondait la dissuasion,
l’IDS donne la victoire aux États-Unis. Toutefois, l’IDS reste un projet
et c’est donc une arme psychologique : en engageant son pays dans
des dépenses considérables que l’économie soviétique n’est pas en
mesure de supporter, R. Reagan remporte la course sur le plan
économique plus que scientifique, technique ou militaire.
L’enjeu géopolitique : La guerre froide a d’une certaine façon joué
le rôle d’adjuvant à la conquête spatiale en faisant de l’espace le
miroir de la réussite scientifique, économique et idéologique des
deux pays. La course aux armements a engagé les deux pays dans
une course à l’espace afin de fournir des vecteurs intercontinentaux
capables de porter des charges nucléaires. Elle a donc entrainé une
mobilisation scientifique et technique hors normes.
Pour la mettre en œuvre, c’est l’ensemble de l’économie qui a été
mobilisée avec, en retour, des innovations qui ont nourries la crois-
sance (le velcro par exemple). Sans cette mobilisation, imposée par
l’enjeu stratégique comme on le constate avec l’exemple de l’IDS,
les progrès n’auraient pas été aussi rapides.
Enfin, la course à l’espace ne peut se comprendre en dehors du contexte
d’affrontement idéologique : l’instrumentalisation de Y. Gagarine ou
l’investissement total de J.F. Kennedy dans le programme Apollo en
témoignent.
Pour approfondir : Après avoir choisi une agence, la présentation
devra relever :
– Son appartenance : nationale, bi ou multinationale ;
– Son budget ;
– Ses réalisations d’importance ;
– Son insertion dans le complexe spatio-militaro-industriel ;
– Ses perspectives de développement et ses projets phares.
Atelier ESPRIT CRITIQUE
Le discours de J.F. Kennedy doit être contextualisé sur le plan his-
torique (coexistence pacifique) et géographique (plusieurs discours
en fait). Il est nécessaire d’amener les élèves à comprendre que
c’est un discours qui n’est pas inscrit uniquement dans le cadre
d’un affrontement bipolaire avec l’URSS (1e §) mais dans celui d’un
défi face à la nature et face à la science. On retrouve donc bien les
deux fondements de la nation américaine : la « destinée manifeste »
bien entendu, qui donne aux États-Unis le devoir de montrer la voie
(2e §), mais aussi le mythe de la « nouvelle frontière » qui consiste
à repousser toujours plus loin les limites de la civilisation.
JALON 1
Le New Space P. 34-35
Activités
1. Les acteurs institutionnels sont évoqués, qu’ils soient anciens
(États-Unis, ESA, Roscosmos qui exploite les Soyouz) ou émergents
(Chine, Inde, Corée du Nord). S’ajoutent des acteurs écono-
miques anciens (Arianespace dont fait partie Airbus) ou plus récents
(OneWeb, Virgin Galactic), mais le document 7 évoque aussi les
« start-up de l’espace ».
2. On peut même affirmer que l’accès à l’espace n’est qu’un enjeu
de puissance. En effet, la Corée du Nord, pays pourtant pauvre, est
prête à sacrifier son développement pour financer un coûteux
programme spatial dans le but d’assurer sa protection par le
nucléaire. Cela lui permet aussi d’exercer un chantage sur la
8 Thème 1. De nouveaux espaces de conquête
communauté internationale et de développer une propagande
agressive. À l’inverse, les États-Unis ne sont plus en guerre et
l’espace est vue par le président Obama comme un espace d’oppor-
tunités plus que d’affirmation. Il délègue donc aux acteurs privés
le coût de la conquête.
3. Les débris dans l’espace posent des problèmes de sécurité car ils
peuvent entrer en collision à grande vitesse avec les vaisseaux, les
stations spatiales et les satellites. Ils posent aussi la question de la
pollution de l’espace. Les solutions apportées visent davantage à
gérer la situation (comité de coordination) qu’à la modifier : on peut
légitimement s’interroger sur l’efficacité de la proposition de l’ESA
car celle-ci ne résoudra pas le problème des débris les plus petits
qui sont les plus nombreux.
4. Oui, l’espace apporte des solutions, c’est la raison pour laquelle
les hommes dépensent tant d’énergie et de capitaux pour l’exploi-
ter : l’espace permet de s’affranchir de la distance, de mieux com-
muniquer, de mieux connaître la planète, grâce aux satellites.
L’exemple du projet de OneWeb l’illustre. L’espace pourrait aussi
fournir les ressources épuisées sur Terre. Toutefois, l’exploitation
de l’espace n’est pas une solution. Comme sur Terre, il faut envisa-
ger l’utilisation de l’espace de façon durable car les conséquences
d’une exploitation intensive de l’espace pourraient être pires que
les solutions qu’elles apportent.
L’enjeu géopolitique : Comme toujours, la multiplication des acteurs
est source d’opportunités et de dangers car elle entraine de nouvelles
formes de coopération (public-public ; public-privé ; privé-privé) mais
aussi des risques d’affrontement (Corée du Nord-États-Unis).
Par ailleurs, l’irruption de nouveaux acteurs dans un espace dont
les règles d’utilisation ont été fixées est source de déstabilisation.
L’utilisation pacifique peut ainsi être remise en cause (Corée du
Nord) et les pratiques peuvent être délétères (Inde). Mais ce sont
aussi les pratiques des puissances installées qui peuvent être révé-
lées par la multiplication des acteurs et les mettre en danger, comme
c’est le cas pour les déchets spatiaux.
Le recours à des acteurs diversifiés peut apparaître aussi comme
une solution pour valoriser les opportunités offertes par l’espace
(OneWeb) ou tenter d’atténuer les dérives liées à son utilisation
(nettoyage des déchets).
Une chose est certaine : avec la multiplication des acteurs, il est
indispensable de définir des règles strictes et universelles pour éviter
que l’exploitation de l’espace ne détruise les opportunités qu’il offre.
Pour approfondir : Le 24 décembre 2019, Ariane a fêté ses quarante
ans. Pour rendre compte de l’actualité de la fusée Ariane, le plus
simple est de diriger les élèves sur le site du centre spatial de Kourou
(voir sitographie). Ce site propose notamment un historique des
lancements qui peut être complété par les nombreuses ressources
vidéo en ligne.
Pour inscrire ce projet dans son contexte européen, le site de l’Agence
spatiale européenne peut être mobilisé (voir sitographie).
VERS LE BAC
Longtemps l’espace a été le champ d’expression de la puissance
militaire, ce n’est aujourd’hui plus le cas et de nouveaux enjeux
apparaissent.
Né pendant la guerre froide, l’enjeu géopolitique de la conquête
spatiale a d’abord été l’affirmation de la puissance pour les États-
Unis et l’URSS : puissance dure (hard power) car l’espace permettait
l’usage de vecteurs intercontinentaux ; influence (soft power) car
l’espace permettait aussi de valoriser le projet scientifique,
économique, idéologique et même civilisationnel porté par le leader
de chaque camp.
L’importance croissante donnée aux télécommunications à partir
des années 1960 a changé la donne dans un contexte d’abord
bipolaire puis multipolaire. Ainsi, les puissances souhaitant s’affir-
mer par l’espace sur les modalités classiques se sont multipliées
dans une relation mêlant dissuasion (armements ASAT) et coopé-
ration (ISS). Surtout, les utilisations civiles de l’espace se sont
multipliées, d’abord dans le cadre institutionnel des agences spatiales
(ESA avec le programme Ariane depuis 1979 par exemple) puis par
l’intermédiaire d’acteurs économiques attirés aussi par les promesses
de gains offertes par l’espace.
Aujourd’hui, l’espace est le miroir des relations internationales et
il n’est donc pas étonnant que les tensions actuelles s’y manifestent.
Une militarisation de l’espace est à craindre alors que la martiali-
sation de l’espace est déjà effectuée.
Une géopolitique de l’espace apaisée semble indispensable, mais
les enjeux sont colossaux.
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
Lever de Terre (1968) P. 36-37
Arrêt sur l’image : 1. Au premier plan, on distingue le sol lunaire,
objectif photographique de la mission. Au second plan, la Terre,
photographiée pour la première fois dans sa totalité depuis la Lune.
2. Non. L’objectif était de photographier le sol lunaire pour prépa-
rer les missions suivantes qui allaient alunir. La photographie, prise
depuis le hublot latéral et en urgence prouve le caractère fortuit de
cette « rencontre » que la citation de William Anders résume bien.
3. Oui car l’année 1968 est une année de grands changements sur
la Terre. En effet, la croissance fordiste s’essouffle et les contestations
face aux excès de la société de consommation enflent. Cette pho-
tographie devient alors un emblème pour ceux qui dénoncent le
modèle capitaliste-libéral (mouvement hippie) comme pour ceux
qui veulent en atténuer les conséquences néfastes (Club de Rome).
Sa portée politique : 4. La première photographie présente la Terre
dans l’immensité de l’espace. Elle identifie donc la Terre comme
lieu de vie au milieu du néant et comme « maison commune » de
l’humanité. La seconde montre un astronaute américain qui tient
le drapeau de son pays (Stars and Stripes) au premier plan alors que
la Terre est reléguée au second plan. La Terre n’est donc plus asso-
ciée à l’humanité mais à une Nation. Dans le contexte de la guerre
froide, le sens politique n’est pas univoque : dans le camp occiden-
tal, on peut considérer que l’association de la bannière étoilée,
symbole de la liberté, et de la Terre signifie le triomphe des valeurs
démocratiques ; dans le camp communiste, cette photographie
illustre l’appropriation inacceptable du bien commun (la Terre) par
une seule Nation.
5. L’exploit technologique se trouve d’abord dans la mission Apollo 8,
mais il est aussi dans la capacité des astronautes à prendre un cliché
de bonne qualité avec un matériel standard. Le signal géopolitique
donné est celui de la victoire américaine dans cette « course à la
Lune » qui a rythmé la décennie 1960. En ce sens, la photographie
de 1972 est plus claire. Enfin, cette photographie devient une icône
environnementale car elle permet de prendre conscience de la
fragilité et de l’unicité de la Terre. Les trois aspects sont incompa-
tibles puisque le message transmis par la photographie est en
contradiction avec les moyens qui ont été utilisés pour la réaliser.
Atelier RECHERCHE
La chronologie de la conquête de la Lune peut être étudiée en
parallèle avec les productions culturelles autour de cette quête. On
peut notamment montrer comment les albums d’Hergé ont sensi-
bilisé toute une génération à cette conquête lunaire ou consulter
les archives de l’INA pour évaluer son influence sur la pop culture
dans les années 1960.
Affirmer sa puissance à partir
des mers et des océans
JALON 2 CONTEXTE
Dissuasion et projection maritime
aux États-Unis et en Inde P. 38-39
Réponses
1. La dissuasion nucléaire s’est progressivement fondée sur l’utili-
sation de sous-marins lanceurs d’engins ce qui impose aux puis-
sances nucléaires une projection océanique.
2. Comme on le constate sur la carte, les principales puissances
nucléaires (États-Unis, Russie, Chine, France) disposent d’une pro-
jection mondiale à l’exception de la Russie (projection régionale)
entravée par son accès limité à l’océan.
JALON 2
Les États-Unis,
une puissance maritime globale P. 40-41
Activités
1. Dans le cadre de l’affrontement avec l’URSS (guerre froide), les
États-Unis ont développé une « capacité de seconde frappe » fondée
sur leur flotte de sous-marins pour renforcer leur dissuasion
nucléaire. Cette flotte leur assure aussi une présence sur tous les
océans comme le montre la carte (doc 4).
2. Les porte-avions sont présentés comme « les bâtiments rois de
toute la flotte » dans le document 1. Ils permettent une projection
maritime et une capacité d’intervention rapide sur tous les terrains
d’opération de la planète. En effet, les porte-avions permettent de
déployer une force de frappe aérienne pour sécuriser les nombreux
intérêts américains présents sur toute la planète.
3. La carte (doc 4) montre une importante densité de bases amé-
ricaines (Guam, Okinawa, Chinhae, Diego Garcia) en Asie et de
nombreux pays qui offrent des facilités navales aux États-Unis
(Philippines, Australie). Les enjeux de la stratégie américaine sont
aussi suggérés : la Chine et la Russie sont identifiés comme oppo-
sants, la Corée du Nord comme hostile, et les points de tensions et
de conflits dans les mers de Chine sont localisés. Toutefois, en ne
fournissant pas de données chiffrées, la carte ne permet pas de
confirmer le « pivot vers l’Asie » qui est d’abord défini comme un
transfert des forces américaines des terrains européen et moyen-
oriental vers l’Asie et le Pacifique.
4. La marine des États-Unis est d’abord un outil du hard power des
États-Unis. Elle assure en effet une présence militaire faite pour
garantir les intérêts des États-Unis dans le monde. C’est le sens de
l’expression « thalassokrator » employée par P. Royer : le maître de
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 9
la mer. Le document 3 montre cependant que l’US Navy est aussi
utilisée pour mener des opérations pacifiques de soutien ou d’aide
à des régions en difficultés. Même si ce n’est pas leur objectif premier,
on peut considérer que ces opérations valorisent la présence étatsu-
nienne ce qui participe de leur influence, et donc de leur soft power.
L’enjeu géopolitique : Le théorème de Castex fonde la puissance
sur la complémentarité des armes qui la composent. On peut l’uti-
liser comme base de la démonstration pour les États-Unis. En effet,
la marine américaine est composée d’une flotte complète qui assure
une présence sur tous les océans. C’est donc une puissance mon-
diale. Mais elle permet aussi aux forces américaines de déployer
des forces aériennes et terrestres au-delà des océans. C’est donc
une composante essentielle de la puissance de coercition globale
des États-Unis. Par ailleurs, la puissance navale des États-Unis est
utilisée par ce pays pour défendre ses intérêts mais, elle est aussi
mise au service de la sécurisation des routes maritimes. Elle béné-
ficie pour cela de nombreuses coopérations régionales (RIMPAC
par exemple) et de facilités navales offertes par plusieurs pays alliés.
Enfin, la puissance navale permet aussi, ponctuellement, d’entre-
tenir ou d’étendre l’influence des États-Unis en venant en aide à
des pays tiers confrontés à des situations de crise.
Pour approfondir : L’article à résumer est une note d’analyse
publiée à un rythme hebdomadaire par l’école de management de
Grenoble et généralement rédigée par son directeur.
Les élèves doivent :
• Structurer leur synthèse en respectant les trois axes, qui constituent
d’ailleurs une reprise du thème général étudié adapté au cas états-
unien ;
• Axer le prélèvement d’informations sur les spécificités étatsu-
niennes qui s’observent en particulier dans le fait de faire prévaloir
le droit national sur le droit international ;
• Axer l’analyse critique sur le fait que l’auteur de cette note suggère
à plusieurs reprises un avis sur la situation.
Atelier DÉBAT
Pour éviter un débat général sur l’exercice de l’autorité, il faut bien
contextualiser la question : en interrogeant le besoin du monde par
rapport aux États-Unis, on interroge en fait l’ordre international
actuel : est-il apolaire, unipolaire, bipolaire, multipolaire ? La réponse
à cette question n’étant pas clairement établie, le débat peut
s’articuler autour des insuffisances de la gouvernance mondiale qui
peuvent justifier le rôle étatsunien.
JALON 2
L’Inde, une puissance
maritime régionale P. 42-43
Activités
1. L’Inde a longtemps revendiqué une utilisation « pacifique » de
l’arme atomique, créée en réponse aux tensions avec la Chine, elle
même devenue puissance nucléaire en 1964. Toutefois, en se dotant
du missile Agni V, de portée intermédiaire, et d’un sous-marin
nucléaire lanceur d’engin, l’Inde se donne les moyens d’assurer une
dissuasion qui n’est plus « minimale crédible », sa doctrine tradi-
tionnelle, même si elle reste principalement destinée à la Chine.
2. Même si l’Inde fait reposer sa dissuasion sur les trois composantes
aériennes, terrestres et navales, il semble que celle-ci ne soit effec-
tive que sur les composantes terrestres (Agni V) et navales (SNLE).
10 Thème 1. De nouveaux espaces de conquête
L’Arihant est par ailleurs essentiel pour assurer une seconde frappe,
indispensable à la crédibilité de la dissuasion dans le cadre de la
doctrine indienne de « non-emploi en premier de l’arme atomique ».
3. L’Inde est en guerre avec le Pakistan depuis l’indépendance des
deux pays en 1947. Ses relations sont tendues avec la Chine depuis
la guerre sino-indienne de 1962. L’Inde doit enfin affronter les
incursions terroristes des groupes islamistes venus du Pakistan et
du Bangladesh. Sa dissuasion nucléaire lui permet de tenir tête à
la Chine et au Pakistan. L’accent mis sur la marine lui permet d’exer-
cer un contrôle sur l’océan Indien pour étouffer le Pakistan, éviter
l’expansion chinoise structurée par le « collier de perles », et contrer
l’alliance de ces deux pays. L’armement semble donc adapté aux
menaces que font peser ses voisins, mais il est inefficace face aux
menaces terroristes.
4. La carte de l’océan indien montre la présence des États-Unis,
pourtant loin de leur territoire national, ce qui confirme l’échelle à
laquelle ils exercent leur puissance. L’absence de bases britanniques
(même s’ils louent Diego Garcia aux États-Unis) et la présence de
la France qui possède des territoires ultra-marins dans cet océan
(Réunion et Mayotte entre autres) permettent de comprendre la
nuance entre la capacité mondiale et la réalité mondiale. On peut
cependant discuter l’échelle régionale attribuée à la Chine, présente
dans l’océan Indien jusqu’à l’Afrique (base de Djibouti non indiquée)
et l’échelle sous-régionale de l’Inde, reléguée au même rang que le
Pakistan alors qu’elle est présente sur l’ensemble du bassin océa-
nique. Cette carte semble donc minorer la montée en puissance
navale des émergents chinois et indien.
L’enjeu géopolitique : Le théorème de Castex fonde la puissance
sur la complémentarité des armes qui la composent. On peut l’uti-
liser comme base de la démonstration sur le caractère incomplet
de la puissance navale indienne. La marine indienne est composée
d’une flotte complète mais bien moins nombreuse que celle des
États-Unis ce qui ne lui permet pas d’assurer une présence sur tous
les océans. C’est donc une puissance régionale puisqu’elle n’est
présente que dans « son » océan. Elle permet difficilement de
déployer des forces aériennes et terrestres au-delà des océans car
elle ne dispose que d’un seul porte-avion et un porte hélicoptère.
Même si l’Inde participe à la sécurisation des routes maritimes dans
sa région au nom du droit international et qu’elle a noué de nom-
breux accords avec des pays tiers de la région et avec les États-Unis,
elle utilise sa marine d’abord et avant tout pour sécuriser son ter-
ritoire terrestre (dissuasion nucléaire en partie assurée par ses
sous-marins) et maritime face à ses voisins.
La puissance navale indienne sert essentiellement le hard power du
pays à une échelle régionale ce qui la différencie fondamentalement
de celle du « thalassokrator » américain.
Pour approfondir : L’émission Le Dessous des Cartes propose une
construction classique que l’on peut faire relever aux élèves pour
structurer leur résumé. Cela correspond aux attentes du supérieur :
accroche/problématique/plan scolaire/conclusion/ouverture.
Il est possible d’approfondir sur ce pays en visionnant l’interview
d’I. Therwath, spécialiste de ce pays, dans la rubrique des « experts
du Dessous des Cartes ».
VERS LE BAC
L’Inde est une puissance à l’ambition mondiale mais qui reste, pour
l’heure, cantonnée à une affirmation régionale. Quelles sont les
voies maritimes et nucléaires empruntées par la puissance indienne
dans cette émergence ?
Longtemps, l’Inde s’est contentée d’une dissuasion symbolique
fondée sur la possession de l’arme nucléaire. La doctrine du « non-
emploi » était alors commode pour maintenir son voisin pakistanais
à distance malgré le conflit latent dans le Cachemire. Cette position,
déterminée davantage par les tensions avec la Chine, a dû évoluer
en raison de l’émergence de ce concurrent régional.
En effet, face à la montée en puissance chinoise, l’Inde a dû réagir
en se dotant d’une force de frappe nucléaire fondée principalement
sur la projection maritime grâce au SNLE Arihant. Plus largement,
l’Inde souhaite reprendre possession de son environnement mari-
time régional en développant une marine performante. C’est ce qui
explique que l’Inde est au 2e rang mondial pour les achats de
matériel militaire depuis dix ans.
Les voies nucléaires et maritimes empruntées par l’Inde sont donc
liées à l’émergence de ce pays qui souhaite mettre en œuvre une
stratégie de dissuasion plus efficace vis-à-vis de ses voisins tout en
reprenant le contrôle de l’océan Indien, en usant de sa marine et
de sa diplomatie. L’inde peut en effet compter sur la peur de la
Chine pour nouer des alliances à l’échelle régionale (Iran, ASEAN,
Japon) et mondiale (États-Unis).
Quiz interactif / Axe 1 P. 46
1. La mission Apollo VIII a permis aux États-Unis de poser le premier
homme de l’histoire sur la Lune ? Vrai ou faux ?
– Faux ; c’est la mission Apollo XI. L’homme a cependant bien
marché sur la Lune.
2. Les grandes puissances spatiales montrent leur force en détrui-
sant leurs propres satellites dans l’espace ? Vrai ou faux ?
– Vrai ; c’est pour eux un moyen de tester leurs armes anti-
satellites.
3. Un thalassokrator est une puissance construite sur la mer ? Vrai
ou faux ?
– Faux ; c’est le sens du mot thalassocratie. Un thalassokrator désigne
une puissance qui domine les mers.
4. Selon le théorème de Castex, il faut privilégier la marine pour
devenir une grande puissance ? Vrai ou faux ?
– Faux ; il prône la complémentarité entre les forces.
5. Les États-Unis disposent d’une flotte de porte-avions cinq fois
supérieure à celle de la Chine ? Vrai ou faux ?
– Vrai ; avec 10 porte-avions contre 2 pour la Chine.
AXE 2
Enjeux diplomatiques
et coopérations P. 50-51
Réponses
1. Cette rencontre a lieu entre le représentant des États-Unis et des
dirigeants de petits États insulaires du Pacifique, de plus en plus
vulnérables au changement climatique. Dans une zone sous tension,
ces contacts diplomatiques et cette alliance entre nations insulaires
soulignent la volonté de mieux gérer des ressources convoitées, et
de mieux faire face aux défis environnementaux du xxie siècle.
2. Le programme Copernicus d’observation de la Terre montre la
capacité des États européens à mettre en commun leurs compétences
scientifiques. Il permet aussi de mieux coordonner certaines poli-
tiques communes, relatives à la protection de l’environnement.
3. Les très nombreux satellites d’observation collectent des infor-
mations déterminantes pour analyser l’évolution de l’océan mondial,
permettant aux experts de produire les rapports sur lesquels l’ONU
et les États s’appuient pour agir avec une meilleure efficacité, à
l’échelle planétaire.
Coopérer pour développer la recherche :
la Station spatiale internationale [ISS]
JALON 1 CONTEXTE
La Station spatiale internationale P. 52-53
Réponses
1. L’ISS peut être qualifiée d’« internationale » car son existence
résulte de la mise en commun des moyens de plusieurs puissances
spatiales : les États-Unis, la Russie, le Japon, le Canada, et les pays
membres de l’Agence spatiale européenne.
2. L’ISS donne la possibilité à des astronautes de tous les pays
partenaires d’effectuer des séjours de longue durée dans l’espace,
et d’emmagasiner des données multiples, jugées importantes dans
la perspective d’un vol habité vers la planète Mars, que projettent
plusieurs puissances spatiales.
JALON 1
Collaborer dans l’espace P. 54-55
Activités
1. L’assemblage de l’ISS est le fruit de la collaboration des États-Unis
et de la Russie, qui à l’époque possèdent seuls les moyens d’ache-
miner dans l’espace les différents modules, dont certains ont été
construits par d’autres pays partenaires du projet (ESA, Japon,
Canada). Les contributions financières des pays d’Europe, du Canada
et du Japon restent modestes, mais nécessaires au fonctionnement
de l’ISS.
2. Les deux membres fondateurs de l’ISS garantissent son existence
sur le plan financier (États-Unis principalement), et logistique.
Actuellement, seule la Russie est en mesure d’acheminer des astro-
nautes jusqu’à la station, grâce au vaisseau Soyouz. Le Japon et
l’Agence spatiale européenne contribuent toutefois à son ravitail-
lement par des véhicules automatiques.
3. Le projet ISS a permis de rendre plus stables les relations entre les
États-Unis et la Russie, après la fin de la guerre froide. Sur le plan
technique, l’ISS a favorisé de nombreuses collaborations à l’occasion
de son assemblage. Enfin, les nombreuses expériences scientifiques
pratiquées dans l’ISS ont fait avancer la connaissance du fonction-
nement de l’organisme humain.
4. L’ISS montre ses limites, car elle n’a pas permis d’avancées majeures
sur le plan de la recherche appliquée, alors que des retombées éco-
nomiques importantes étaient attendues. Elle ne permet plus de
répondre de façon satisfaisante aux nouveaux défis de la conquête
spatiale.
L’enjeu géopolitique : Au sortir de la guerre froide, il n’était pas
acquis que les puissances occidentales et la Russie parviennent à
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 11
normaliser leurs relations diplomatiques. Différentes crises ont
d’ailleurs montré que ces relations pouvaient se tendre à nouveau.
Ce fut le cas plus particulièrement avec l’éclatement de la Yougoslavie,
durant les années 1990. Il aurait pu en être de même dans l’espace ;
mais l’ISS a joué ici un rôle positif de catalyseur, en obligeant les
différents États impliqués à mettre en commun leurs compétences
techniques et scientifiques au service du même objectif.
Pour approfondir : Lorsque que l’idée d’une Station spatiale inter-
nationale a pris naissance, il semblait difficile d’y associer la Chine,
dont l’agence spatiale n’existe que depuis 1993. Le fait qu’elle ait
refusé de prendre part au projet en 2011 souligne cependant les
limites du projet ISS. Depuis les années 2010, la Chine se pose en
concurrente des États-Unis dans plusieurs domaines, et sa volonté
de construire seule sa propre station spatiale peut s’interpréter
comme un signe supplémentaire de l’affirmation de sa puissance.
Atelier DÉBAT
Dès l’origine, l’ISS suscite la controverse, en raison du coût financier
d’un tel projet. Aujourd’hui, différents experts continuent de criti-
quer les moyens qui lui sont accordés, pour diverses raisons. C’est
le cas de l’ancien spationaute P. Baudry (article dans 20 Minutes,
voir sitographie).
L’élève peut aussi s’aider des articles du journal Le Monde et du
quotidien Le Parisien, pour imaginer un autre fonctionnement de
l’ISS à terme et pour avoir un premier aperçu des projets faisant
concurrence à l’ISS en matière de financement (voir sitographie).
JALON 1 FOCUS
Rivalités et coopérations dans
l’espace : le regard d’Hollywood P. 56-57
Activités
1. La sortie du film de Kubrick L’Odyssée de l’espace précède d’un an
le 1er alunissage des astronautes américains, en 1969. Le programme
Apollo suscite alors un intérêt important de la part du grand public
américain, ce qui justifie que les producteurs hollywoodiens
accordent des moyens conséquents pour réaliser un tel film. À partir
des années 2010, les films ayant pour sujet la conquête de Mars se
multiplient, tandis que les missions de la NASA liées à la collecte
de données au sujet de cette planète s’enchaînent. Mais ces œuvres
veulent peut-être aussi souligner l’écart entre ce que peut le cinéma,
et les avancées moins spectaculaires de la NASA.
2. L’Étoffe des héros (1983) est le film qui fait le plus référence à la
guerre froide puisque sont mis en scène les débuts de la course à
l’espace américaine, après l’exploit de Youri Gagarine. Star Wars est
développée durant cette même période. Bien que cette œuvre ne
se réfère aucunement à cet affrontement, elle fait l’objet d’une
appropriation par les médias américains, afin de désigner le projet
d’« Initiative de Défense Stratégique », proposé par R. Reagan, et
visant à protéger les États-Unis d’une attaque nucléaire soviétique.
3. L’ensemble des films produits par Hollywood sur ce sujet sou-
lignent le courage, la ténacité, mais aussi l’ingéniosité des hommes
et des femmes de la conquête spatiale. On retrouve ici les caracté-
ristiques d’une société qui s’est construite en partie en adhérant
au mythe fondateur de la Frontière.
L’enjeu géopolitique : Jusqu’au début des années 2000, les films
hollywoodiens qui traitent de l’espace au sens large reflètent en
12 Thème 1. De nouveaux espaces de conquête
grande partie l’optimisme de la puissance américaine. L’Étoffe des
héros décrit cette conquête comme une aventure humaine révélant
toutes les ressources que l’Amérique peut mobiliser face à l’URSS.
Même s’il est le récit d’un échec, le film de R. Howard, Apollo 13,
appartient à cette même veine. Il est en revanche plus difficile de
faire de la saga Star Wars une œuvre au service de la puissance amé-
ricaine par la façon dont elle traite son sujet. Mais la réception de
l’œuvre de G. Lucas est en partie brouillée par son contexte d’appa-
rition, et cette saga malgré son auteur s’impose comme un des
fleurons du soft power américain. À partir des années 2000, une
inflexion s’observe dans le discours que véhicule ce type de films. J.
Cameron avec Avatar (2009) se projette dans le xxiie siècle pour
aborder les enjeux environnementaux de notre temps et les choix
de société qui en découlent. Dans les années 2010, alors que les
budgets consacrés à la conquête spatiale ne permettent pas d’atteindre
les nouveaux objectifs que voudrait se fixer l’État fédéral, plusieurs
films soulignent davantage l’écart entre ce que parvient alors à faire
la NASA et ce que peuvent imaginer les scénaristes d’Hollywood.
Pour approfondir : L’étoffe des héros, Apollo 13, Space cowboys et
Seul sur Mars mettent en avant l’idée que la réussite et le dépasse-
ment de soi sont le résultat d’un projet qui demeure collectif. Plus
récents, Gravity et Ad Astra, mettent en scène des figures fonda-
mentalement solitaires.
Atelier RECHERCHE
Les studios de l’URSS n’ont pas pour vocation pendant la guerre
froide de séduire un large public international, et les moyens dis-
ponibles pour le cinéma soviétique ne permettent pas de rivaliser
avec les superproductions d’Hollywood. A. Tarkovski s’empare
cependant du genre pour produire en 1972 Solaris, œuvre très sin-
gulière, qui remporte un important succès critique. Depuis la fin de
l’URSS, la Russie revisite l’histoire de sa conquête spatiale : Gagarine,
premier homme dans l’espace (2013), Saliout 7 (2017), The spacewalker
(2017) en témoignent.
Rivalités et coopérations : exploitation
et préservation des ressources maritimes
JALON 2 CONTEXTE
Enjeux et acteurs de l’océan mondial P. 58-59
Réponses
1. Pour les États du monde, la valorisation de nouvelles ressources
reste le facteur principal de création de richesse économique, alors
que celles-ci ont tendance à se raréfier (dépassement du « pic
pétrolier »). De ce fait, les perspectives offertes par l’« économie
bleue » suscitent un intérêt croissant.
2. En 1982, l’objectif de la CNUDM est de limiter les conflits terri-
toriaux relatifs aux espaces maritimes entre États riverains de la
même mer. La création du Tribunal international du droit de la mer
en 1996 correspond à ce même objectif, mais dans le même temps
l’ONU accorde un intérêt plus grand à la dimension environnemen-
tale des questions maritimes, ce dont témoigne l’organisation de
la Conférence internationale sur la biodiversité maritime, dont les
travaux sont actuellement en cours.

JALON 2
Vers une nouvelle gouvernance
mondiale des océans P. 60-61
Activités
1. Malgré les règles fixées par la convention de Montego Bay, de
nombreux États cherchent à étendre leur Z.E.E. Les revendications
des uns et des autres s’avèrent souvent difficilement compatibles.
C’est le cas en Arctique, où Russie, Canada, Norvège, Islande,
Danemark convoitent les mêmes espaces. Les ressources halieutiques
sont particulièrement disputées, quelle que soit la mer ou l’océan
envisagés.
2. Depuis les années 1990, la prise de conscience relative à la raré-
faction des ressources maritimes, et à la vulnérabilité de l’Océan
mondial s’est accélérée. La surpêche, la pollution des océans par
les hydrocarbures et le plastique obligent à renforcer la protection
des espaces maritimes.
3. Les négociations de la Conférence internationale sur la biodiver-
sité maritime portent sur les zones ne relevant pas de la juridiction
nationale, c’est-à-dire au-delà de la limite des Z.E.E. Il est prévu que
soient créé un nouveau type d’aires marines protégées dans cette
partie de l’Océan mondial. Une assistance scientifique et technique
doit aussi permettre aux États de mieux aborder cette nouvelle
phase de la protection des espaces maritimes.
4. La raréfaction des ressources de toute nature engendre une
crispation de nombreux États qui voudraient pouvoir continuer à
accéder à des ressources maritimes dont elles estiment qu’elles
sont indispensables au fonctionnement de leur économie. La
Conférence internationale sur la biodiversité maritime rappelle
l’obligation de coopération des États participants aux négociations
actuelles.
L’enjeu géopolitique : De nombreux États misent sur leurs res-
sources maritimes pour poursuivre leur développement en créant
de la richesse économique afin de garantir le niveau de vie de leur
population ou de l’améliorer. La pression actuelle sur les ressources
halieutiques, la poursuite de l’exploitation des hydrocarbures dans
les fonds marins se comprend ainsi. Pourtant, si ces mêmes États
veulent pouvoir continuer de bénéficier de la richesse engendrée
par les diverses activités maritimes, il est nécessaire que les res-
sources renouvelables ne s’épuisent pas. Il faut donc accroître la
protection des espaces maritimes faisant déjà l’objet d’une vigilance
particulière (par le biais des quotas de pêche par exemple), mais
aussi accepter qu’une nouvelle catégorie d’espaces maritimes fasse
l’objet d’une protection, actuellement inexistante.
Pour approfondir : L’ONG Sea Shepherd, se distingue par des
actions militantes non violentes qui visent les acteurs de « l’écono-
mie bleue » peu respectueux des règles en vigueur, et elle est
parfois la cible des pêcheurs illégaux, dans les eaux du Golfe du
Mexique notamment.
Atelier RECHERCHE
WWF est une des principales ONG investie dans la protection de
l’environnement. Une première approche des actions développées
peut être faite à l’aide du site de l’ONG conseil France (voir sitogra-
phie). Son action pour demander l’encadrement des activités de
lobbying (notamment auprès de l’UE) peut être soulignée, ainsi que
la façon dont elle coopère dans la protection des aires maritimes
protégées. Veiller toutefois à conserver un regard critique (polémique
sur d’éventuels conflits d’intérêt lorsqu’elle collabore avec certaines
FTN).
JALON 2
La protection des espaces maritimes
à l’échelle régionale P. 62-63
Activités
1. En Méditerranée, la configuration des côtes rend difficile la déli-
mitation des Z.E.E. Dans cet espace densément peuplé, l’accès aux
ressources halieutiques crée des tensions entre acteurs de l’indus-
trie de la pêche. Les États convoitent aussi les ressources pétrolières
des domaines maritimes se chevauchant. Dans le Pacifique, la pêche
crée également une compétition souvent conflictuelle entre les
différentes flottes nationales.
2. Les États du Forum du Pacifique ont obtenu, grâce à l’Accord de
Nauru, la mise en place de quotas limitant les prélèvements dans
leurs eaux par les flottes de pêche des autres États. De son côté,
l’Indonésie réalise depuis plusieurs années des opérations specta-
culaires contre la pêche clandestine dont sont notamment respon-
sables les bateaux vietnamiens, ce qui peut se traduire par la
destruction de certains navires, à des fins dissuasives.
3. En Méditerranée, la création d’aires maritimes protégées contri-
bue à une meilleure protection des espaces maritimes. Certaines
de ces aires ont la particularité d’être partagées entre États riverains
(France, Italie, Monaco). Le sanctuaire Pélagos en est un exemple.
4. Les aires maritimes protégées ne permettent que rarement une
protection de haut niveau des écosystèmes marins. En effet, un très
faible pourcentage de leur surface possède un statut « no-take »,
garantissant une absence totale de prélèvement de la part des
pêcheurs.
L’enjeu géopolitique : En Méditerranée, la coopération entre États
pour une meilleure protection des espaces maritimes progresse
davantage dans la partie nord (du fait de l’existence de l’Union
Européenne) que dans la partie sud. Des aires maritimes protégées
transnationales sont présentes au Nord. Le sanctuaire Pélagos incite
Italie, France et Principauté de Monaco à coordonner leur action de
protection des mammifères marins. Par le biais de l’Unesco, le dépas-
sement des différences entre nord et sud se produit cependant, du
fait par exemple de l’existence d’une réserve de biosphère partagée
entre Espagne et Maroc. Dans le Pacifique, la dynamique impulsée
par la création du Forum du Pacifique contribue à une meilleure
reconnaissance des Petits États Insulaires en Développement, donc
l’action de régulation de la pêche au thon est un facteur d’affirmation
majeur.
Pour approfondir : Ce n’est pas en exploitant les ressources mari-
times proches que Nauru s’est développée. L’exploitation des
phosphates présents dans son sous-sol, après avoir fait de l’île de
Nauru un des États les plus riches du monde (2e PIB/habitant au
monde en 1974) a conduit le plus petit État insulaire du monde à
la faillite, en raison de la surexploitation de son territoire exigu.
Nauru étudie actuellement différentes stratégies pour sortir de
cette spirale du déclin.
VERS LE BAC
Selon la région envisagée, rivalités et coopérations maritimes entre
États ne prennent pas exactement la même forme, mais des
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 13
caractéristiques communes peuvent être identifiées. La volonté caractérise par le refus de l’élitisme. Le street art est, par définition,
d’accéder à des ressources supplémentaires peut conduire les États accessible à tout habitant d’une ville dès lors qu’il s’y déplace. Mais,
à vouloir revendiquer des limites différentes pour leur Z.E.E, ou à il s’agit en même temps ici de faire de ce citoyen d’une ville, ou du
laisser des navires s’introduire dans celle d’un État voisin sans visiteur de passage, un citoyen du monde prenant conscience en
autorisation. Ce phénomène peut aussi bien être observé en découvrant ces fresques d’une réalité parfois peu admise : l’état de
Méditerranée, où Tunisie et Italie revendiquent toutes deux certaines dégradation accélérée de la vie aquatique du fait des activités des
îles du détroit de Sicile, que dans l’Océan Pacifique, où les frontières habitants de la Terre. La dimension politique du projet réside aussi
maritimes sont régulièrement transgressées par les navires de pêche dans la volonté de faire collaborer des artistes d’horizons géogra-
de plusieurs nations asiatiques. L’important contentieux entre le phiques différents, et d’impliquer des villes de différents continents
Viêtnam et l’Indonésie en témoigne. Pourtant, des coopérations se dans cette démarche.
mettent en place dans ces mêmes espaces. La création du Forum
des îles du Pacifique part du constat de la très grande vulnérabilité Atelier ESPRIT CRITIQUE
de ses membres quand ils doivent agir seuls. Leur association a Pour un spectateur des années 2010, certaines scènes du Monde du
permis l’avancée de différents dossiers. À l’échelle régionale, le silence s’avèrent choquantes, ce que rappelle le magazine Télérama
pillage du thon par des flottes plus puissantes a cessé. Dans le cadre en 2016. Le cinéaste et écrivain Gérard Mordillat s’en fait lui aussi
des différentes COP, il leur a été plus facile d’alerter la communauté l’écho dans une tribune publiée sur le site Là-bas si j’y suis, intitulé
internationale sur les défis induits par le réchauffement climatique « Le Monde du silence, un film naïvement dégueulasse ». Un ancien
dans leur région. En Méditerranée, l’intégration progresse du fait conseiller scientifique de Cousteau, l’océanographe François Sarano
de l’action de l’UE, mais elle est renforcée par des dispositifs plus lui répond alors, par média interposé (voir sitographie).
originaux, tel le programme MedPAN, qui permet la gestion du
réseau des aires méditerranéennes protégées. Quiz interactif / Axe 2 P. 68
1. Quelles sont les deux puissances à l’origine du projet ISS, en dans
LA FABRIQUE DE L’IMAGE quel contexte ?
– Les États-Unis et la Russie, alors que la guerre froide a pris fin
La tortue marine, quelques années auparavant.
du Monde du silence à l’artivisme P. 64-65 2. Quelle est l’intérêt scientifique de l’ISS ?
– L’ISS est un outil mis au service de la recherche scientifique, en
Arrêt sur l’image : 1. La tortue marine, et plus particulièrement la
profitant des conditions offertes par la microgravité. Il permet aussi
tortue imbriquée, fait partie des espèces marines pouvant être
de mesurer les effets d’un long séjour dans l’espace, dans la
côtoyées à Cozumel par ceux qui pratiquent la plongée. La tortue
perspective d’un vol de longue durée, vers Mars en particulier.
est ici équipée d’une carapace en forme de sous-marin, que surmonte
3. Quelle activité maritime contribue actuellement le plus à la
un phare. Il s’agit de montrer que la tortue, espèce menacée, est
richesse des États ?
aussi un animal marin migrateur, qui explore les océans. Elle est un
– Il s’agit de la pêche, qui représente actuellement environ 1/3 de
témoin des changements en cours, permettant d’alerter, d’adresser
la richesse produite par « l’économie bleue ».
un signal à la planète.
4. Quel acteur majeur contribue à une meilleure régulation et
2. L’océan que traverse la tortue est parsemé de flaques de pétrole,
protection des espaces maritimes, à différentes échelles ?
qui viennent rappeler les nombreuses marées noires polluant le
– L’ONU est l’acteur le plus influent dans ce domaine. Les conven-
Golfe du Mexique (Deepwater Horizon, 2011). Le pétrole est le
tions qu’elle élabore (CNDUM) ont une valeur contraignante pour
produit le plus échangé de la planète, celui qui circule le plus par
les signataires.
voie maritime, en même temps qu’un des facteurs principaux du
5. Quel est l’outil principal de protection des espaces maritimes
réchauffement climatique, par l’ampleur de sa consommation.
dont disposent les États ?
3. Pour de nombreuses personnes engagées dans la protection de
– Les aires marines protégées permettent aux États de sanctuari-
la vie marine, le commandant Cousteau reste une référence, car il
ser certains espaces maritimes. Mais seule une très faible surface
est le premier à avoir sensibilisé un vaste public à la richesse et à
de celles-ci dispose d’une protection renforcée.
la beauté du monde sous-marin, encore mal connu dans les années
1950.
4. Pour J.Y Cousteau et son équipe, l’objectif principal est de per-
mettre au grand public des années 1950, témoin et bénéficiaire
d’une croissance économique sans précédent, d’accéder à une
meilleure connaissance de la vie aquatique, et d’en admirer toute
la beauté. Il s’agit en même temps de montrer la conquête par
l’Homme d’un monde encore inconnu. Dans les années 2010, le
constat que veut faire partager PangeaSeed Foundation en inter-
pellant le spectateur dans une démarche militante, est celui de la
très grande fragilité des écosystèmes marins, victimes d’une mon-
dialisation trop peu encadrée.
Sa portée politique : 5. La démarche de PangeaSeed Foundation
est politique au sens étymologique du terme : il s’agit de s’adresser
au citoyen, quel qu’il soit, en utilisant une forme d’art qui se

14 Thème 1. De nouveaux espaces de conquête


OBJET
CONCLUSIF
La Chine : à la conquête de l’espace,
des mers et des océans P. 72-73
Réponses
1. Les enjeux stratégiques doivent être envisagés à l’échelle régio-
nale : établir son contrôle sur les mers de Chine orientale et méri-
dionale pour garantir son accès à l’océan mondial. À l’échelle
mondiale, la Chine agit dans un objectif économique davantage
que stratégique, même si, à terme, elle souhaite se positionner
comme puissance mondiale, comme l’atteste son programme de
construction de porte-avions. Son déploiement suit le tracé des
« routes de la soie maritimes » qui doivent permettre d’assurer
l’approvisionnement du marché chinois et l’accès aux marchés
d’exportation pour ses produits.
2. La Chine s’appuie sur les outils militaires, comme le montrent
les documents 1 et 2 et la référence à sa force nucléaire sur la carte.
Elle use aussi de la diplomatie pour nouer des partenariats (Initiative
des routes de la soie), influencer l’agenda mondial (diplomatie de
club) et créer une interdépendance avec des pays du monde entier
(diaspora, IDE, ports offrant des facilités, projets d’infrastructures).
3. La Chine rencontre des limites qui s’expliquent d’abord par son
entrée tardive dans le cercle des grandes puissances : son premier
porte-avion fabriqué en Chine date de 2017. Son émergence est
aussi dépendante des pays fournisseurs de matières premières
comme des marchés de consommation extérieurs. Son affirmation
entraîne enfin des inquiétudes régionales (points de tension) et des
oppositions mondiales (puissances capables de s’opposer à la marine
chinoise) en particulier de la part des États-Unis.
OBJET CONCLUSIF CONTEXTE
L’affirmation d’une puissance P. 74-75
Réponses
1. Le graphique permet d’établir la très forte croissance du PIB
chinois qui a été multiplié par plus de 10 en moins de 40 ans.
L’affirmation est donc économique. Cette création de richesse
massive a permis à la Chine d’investir dans l’armement (courbe des
dépenses militaires qui suit celle du PIB) et en particulier dans le
développement d’un programme nucléaire, d’un programme spatial
et d’une marine performante.
2. Les aspects concrets sont identifiables dans la production de
richesse (croissance du PIB), l’équipement de la marine (porte-
avions, SNLE) et les progrès réalisés dans la conquête spatiale (vols
habités notamment). Mais cette affirmation est aussi portée par un
projet national, incarné par un slogan (« le rêve chinois »), un homme
(Xi Jinping) mais aussi les noms donnés aux réussites chinoises
(taïkonaute, « Longue marche » en référence à l’histoire du pays).
L’affirmation de la Chine :
un projet politique
JALON 1
L’océan, instrument d’une affirmation
chinoise tardive P. 76-77
Activités
1. Selon l’auteur, la Chine a manqué la première mondialisation en
raison de l’attitude de repli privilégiée par l’administration de
l’Empire du Milieu, notamment pour des raisons budgétaires.
2. La Chine a d’abord abandonné l’océan mondial aux puissances
occidentales en manquant la première mondialisation. Ce faisant,
elle a laissé les autres grandes puissances s’affirmer jusque dans
« ses » mers de Chine : le Royaume-Uni dès 1842 puis le Japon en
1895 ont alors privé la Chine de sa souveraineté maritime mais aussi
terrestre par des traités dits « inégaux ».
3. Après s’être repliée sur son territoire continental, la Chine s’est
progressivement ouverte à partir des années 1980 depuis son lit-
toral vers l’intérieur : ZES littorales d’abord, puis les villes et provinces
littorales, les villes des vallées fluviales et enfin les capitales pro-
vinciales et les villes frontalières de l’intérieur.
4. Au xxie siècle, la Chine met fin à une histoire continentale sécu-
laire pour repartir à l’assaut des océans. D’abord à l’échelle régionale,
puis mondiale, la Chine se positionne comme puissance globale
puisqu’elle transcende les échelles et joue la complémentarité
terre-mer-air (espace).
L’enjeu géopolitique : Longtemps considéré comme une puissance
continentale, la Chine souhaite aujourd’hui s’affirmer sur la scène
océanique. La Chine a longtemps vu la mer comme un instrument
d’oppression plus que d’affirmation : elle a été régulièrement vain-
cue en mer depuis l’avènement de la marine moderne. Les défaites
d’Anson et de Weihaiwei en témoignent.
Pourtant, de brefs épisodes glorieux lui ont permis de marquer
l’histoire maritime : les expéditions de Zheng He au xve siècle ont
montré que la Chine pouvait se lancer à l’assaut des océans. Ils
permettent aujourd’hui de nourrir la propagande. Mais ce succès
n’a pas été confirmé en raison de la position frileuse de l’adminis-
tration chinoise. Depuis les années 1980, l’émergence économique
de la Chine s’est néanmoins faite depuis et grâce à la mer selon une
stratégie mise en œuvre par l’État chinois.
Alors que son histoire pourrait l’en dissuader, la Chine choisi donc
l’affirmation océanique par nécessité, sans vocation maritime
affirmée toutefois.
Pour approfondir : L’article de C. Coutansais est construit sur une
première partie chronologique. Il peut être intéressant de faire
construire une frise chronologique aux élèves pour leur montrer
qu’un résumé n’est pas obligatoirement fait uniquement de mots.
De même, la seconde partie aborde la question sous un angle
géographique qui se prête bien à la cartographie. On peut donc
privilégier, dans un objectif de consolidation des repères spatiaux
et temporels, une synthèse très courte accompagnée d’une frise
chronologique et d’un croquis simplifié pour résumer l’article.
Atelier RECHERCHE
La figure de Zheng He est très présente depuis une dizaine d’années
dans la propagande chinoise, reprise par les médias du monde
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 15
entier. L’atelier recherche peut donc être mené sous la forme d’une
revue de presse. Son intérêt pour la propagande chinoise sera
d’autant plus facile à identifier qu’il est souvent mis en évidence
dans les différents articles.
JALON 1
Les mers, un enjeu d’appropriation
à l’échelle régionale P. 78-79
Activités
1. La Chine revendique l’île de Formose, actuelle Taïwan, et s’oppose
en cela à la République de Chine. En mer de Chine orientale, elle
revendique aussi l’archipel des Senkaku (Diaoyu en chinois) pour
lequel elle s’oppose au Japon et à Taïwan. En mer de Chine méridio-
nale, elle revendique les îles Paracels (Nansha) pour lesquelles elle
est en conflit avec le Viêtnam, l’îlot de Scarborough (Huangyan Dao)
qu’elle dispute aux Philippines, et les îles Spratleys (Xisha) aussi
revendiquées par le Viêtnam, les Philippines et la Malaisie.
2. La Chine revendique ces îles au nom de l’histoire et selon la
doctrine de la première appropriation. Le droit international ne
reconnaît pas cette forme de légitimité puisque ces îles sont situées
en dehors de la ZEE chinoise telle qu’elle est définie par la CNUDM.
C’est la raison pour laquelle la Cour permanente d’arbitrage a
condamné la position chinoise.
3. Non, le vocabulaire employé par l’auteur de l’article est clairement
subjectif. L’utilisation de l’expression « ligne en langue de bœuf »
est péjorative et les qualificatifs utilisés pour qualifier l’attitude
chinoise sont éloquents : l’article évoque des « revendications de
souveraineté vagues de la Chine », « conspuée » par les diplomates
du monde entier, d’actions « bellicistes », de revendications « irra-
tionnelles » et de « complots de la Chine ».
4. On peut identifier la dimension culturelle principalement dans
les toponymes qui changent selon le pays. Ainsi, la mer de Chine
méridionale est appelée « mer Orientale » par les Vietnamiens et
« mer des Philippines occidentales » par les Philippins. De même,
les noms chinois des îles revendiquées sont différents.
5. La poldérisation est une stratégie déployée par la Chine pour
obtenir la reconnaissance de facto de sa souveraineté. Elle permet
à la Chine de constituer des points d’appui au cœur de la mer de
Chine méridionale et pour appuyer ensuite une demande d’exten-
sion de sa ZEE.
L’enjeu géopolitique : La revendication des mers bordières est
une constante de la géopolitique chinoise. Leur territorialisation
marque-t-elle une nouvelle étape dans la stratégie d’expansion
maritime de ce pays ?
Depuis 1947, la Chine revendique les archipels de Paracels et Spratley
en s’appuyant sur la ligne dite « en 9 traits ». La revendication sur
les îles Senkaku est plus récente et ne donne pas lieu à une terri-
torialisation. En installant des infrastructures sur des îlots qui
émergent tout juste de l’océan, la Chine espère obtenir une légiti-
mité de fait qui lui permettra d’exploiter les fonds marins, de
contrôler la principale route maritime régionale, mais aussi d’appuyer
ses revendications sur l’ensemble de la mer de Chine méridionale
par le droit international (ZEE). On peut imaginer que le harcèlement
mené par ses navires au large des îles Senkaku, territoires sur les-
quels la souveraineté japonaise n’est pas reconnue par Beijing,
s’inscrit dans la même stratégie.
16 Thème 1. De nouveaux espaces de conquête
En contrôlant ses mers côtières par la territorialisation des îlots, la
Chine sécurise ce qu’elle estime être son territoire maritime (seconde
ligne de défense définie par l’amiral Liu Huaking) et son accès à
l’océan mondial. Le fait qu’elle le fasse au mépris des condamnations
internationales montre que c’est un enjeu décisif pour ce pays et
qu’elle considère le rapport de force à son avantage.
Pour approfondir : Pour mettre en œuvre de façon efficace la
consigne, il est conseillé de présenter la fiche sous la forme d’un
tableau en trois colonnes (colonne de gauche la position de la Chine,
colonne de droite la position des États-Unis) et de faire apparaître
ensuite les différends dans la colonne du milieu.
Atelier DÉBAT
Il apparaît à un regard extérieur qui s’appuie sur le droit interna-
tional que les revendications chinoises ne sont pas légitimes. Pour
que le débat puisse vivre, il faut qu’une partie des participants au
débat se mettent dans la position de la Chine. On peut alors opter
pour un débat qui s’approche des simulations de sommets inter-
nationaux où chaque partie prenante est représentée par un groupe
de la classe qui joue le rôle d’ambassadeur.
JALON 1
La conquête spatiale chinoise P. 80-81
Activités
1. Le programme habité est important car il permet à la Chine
d’entrer dans le cercle fermé des grandes puissances spatiales
capables d’envoyer un homme dans l’espace. Trois pays seulement
l’ont fait ce qui montre l’affirmation scientifique et technologique
chinoise. Il permet aussi à la Chine d’affirmer son soft power, comme
l’illustre le document 1. Mais l’urgence est ailleurs et le budget
spatial chinois est d’abord dévolu aux équipements utiles au déve-
loppement de son territoire et de son économie. De ce fait, le
programme habité n’est pas prioritaire.
2. Le programme spatial chinois doit permettre de mettre en œuvre
des applications civiles et militaires indispensables au développe-
ment d’un pays qui n’est sorti du sous-développement que récem-
ment. Il doit aussi permettre la projection chinoise sur le monde
comme l’illustre le système de navigation national développé par
Beidou. Celui-ci constitue une application indispensable au déve-
loppement des « routes de la soie », programme lancé en 2013 par
Xi Jinping.
3. En développant un programme spatial autonome, la Chine a
construit son indépendance, mais aussi son isolement. C’est la
raison pour laquelle elle est en retard dans la course à l’espace :
elle doit en effet franchir seule les obstacles technologiques et
financiers sans pouvoir bénéficier de la coopération internationale,
par choix ou par contrainte. À l’heure où l’avenir de l’ISS est incer-
tain, cela place néanmoins la Chine en position de force puisqu’elle
est la seule alternative.
4. La conquête spatiale est indiscutablement un élément du soft
power chinois. Elle a permis au pays de donner une image plus
moderne et, au-delà du symbole incarné par le taïkonaute, elle lui
donne des outils d’influence décisifs : elle ouvre sa station spatiale
à la coopération en reprenant son rôle de leader du monde en
développement et elle développe un système de navigation qu’elle
peut proposer aux pays qui adhèrent à l’initiative des routes de la
soie. Son importance est telle qu’on le nomme d’ailleurs space silk
road. Cette affirmation « douce » est indispensable pour lever les
craintes de ses futurs partenaires.
L’enjeu géopolitique : La conquête spatiale, longtemps menée
dans le cadre d’une compétition entre les États-Unis et l’URSS, est
aujourd’hui le résultat de la coopération de multiples acteurs, comme
en témoigne l’ISS. En faisant cavalier seul, la Chine mène-t-elle une
stratégie anachronique ?
D’une part, il semble évident que le programme spatial chinois est
une composante du projet national. Même s’il est gouverné par un
certain pragmatisme, la recherche de coups d’éclats et les noms
donnés aux différents programmes l’inscrivent aussi dans une
dimension symbolique.
Toutefois, la Chine souhaite aussi inscrire la conquête spatiale dans
un projet qui dépasse la seule enceinte nationale. En invitant les
pays en développement à bord de sa station et en proposant une
alternative chinoise au système de navigation américain, la Chine
sort de la démarche nationaliste sans pour autant se convertir au
nationalisme : c’est elle qui garde les commandes.
La conquête spatiale chinoise est indépendante, plus que nationa-
liste. Ce positionnement semble anachronique ce qui explique la
réorientation chinoise vers davantage de coopération, sans toute-
fois opter pour le multilatéralisme.
Pour approfondir : Mettre en avant le caractère révolutionnaire
de la mission qui fait que la Chine un pays pionnier pour la première
fois dans l’histoire de la conquête spatiale. Les recherches complé-
mentaires doivent permettre de montrer les difficultés rencontrées
par le pays dans cette mission qui a connu de nombreux échecs.
En se confrontant à la nouveauté, la Chine n’a-t-elle pas touché ses
limites ?
VERS LE BAC
Longtemps première puissance mondiale, la Chine a retrouvé les
moyens de s’installer à nouveau au sommet de la hiérarchie des
puissances au début du xxie siècle. Cette affirmation passe-t-elle
par la conquête des océans et de l’espace ?
La conquête des océans est construite en deux temps. D’abord,
c’est l’échelle régionale qui est visée en territorialisant les mers
bordières à partir des îlots revendiqués et/ou occupés. Ensuite, c’est
l’échelle mondiale qui est ambitionnée avec la 21st silk road initiative
comme colonne vertébrale et des bâtiments de haute mer comme
outils : porte-avions, SNLE. Tributaire des matières premières pour
son développement et de ses marchés d’exportation pour son
commerce, la Chine est obligée d’intégrer la conquête des océans
dans son projet d’affirmation.
Il en va de même pour la conquête spatiale qui permet de faire
entrer la Chine dans le club des grandes puissances tout en lui
donnant les outils de sa projection mondiale. Le projet spatial qu’elle
a d’abord développé dans un cadre purement militaire s’affranchit
progressivement du hard power pour devenir une composante
essentielle de son soft power.
La conquête des océans et celle de l’espace sont les deux faces
d’une même médaille, celle de l’affirmation d’un pays qui veut
redevenir une grande puissance. En témoigne le système de navi-
gation par satellite Beidou qui est une réussite du programme
spatial chinois utilisée pour mettre en réseau les pays de l’initiative
des routes de la soie.
Les enjeux économiques et géopolitiques
pour la Chine et le monde
JALON 2
Les nouvelles routes de la soie P. 82-83
Activités
1. On observe à partir des années 1980 une croissance lente des
exportations correspondant à l’ouverture de la Chine, qui s’accélère
dans les années 1990. La Chine est alors l’atelier du monde, ses
exportations augmentent sur des produits à faible valeur ajoutée
ce qui explique la croissance lente en valeur. À partir de l’entrée de
la Chine à l’OMC, les exportations chinoises connaissent une très
forte croissance en raison de l’ouverture des marchés aux produits
chinois et de la hausse de la valeur créée par la remontée de filière.
La croissance s’infléchit à partir de 2010 ce qui justifie le lancement
de la Belt and Road Initiative. L’infléchissement s’explique aussi par
le relais pris par le marché domestique.
2. La Chine a fondé son développement économique sur le commerce
extérieur. Le contrôle des routes commerciales est indispensable
pour sécuriser l’acheminement des produits chinois et leur ouvrir
de nouveaux marchés, comme par exemple l’Amérique latine évo-
quée dans le document 3.
3. L’insertion de l’Amérique latine relève d’une stratégie d’approvi-
sionnement qui dépasse les simples considérations économiques.
Le texte évoque l’agriculture dans les secteurs ciblés ce qui signifie
que la Chine compte trouver en Amérique latine les moyens de
nourrir sa population. Surtout, la contrepartie de l’aide financière
chinoise est politique : Beijing attend en contrepartie la reconnais-
sance diplomatique unique de la Chine populaire des pays qui
reconnaissaient jusqu’ici Taïwan. L’objectif planétaire est la recon-
naissance « d’une seule Chine », celle de Beijing.
4. Comme l’indique le titre, la Chine se positionne au centre du
monde à l’aide de cette projection. La projection, de type Atlantis,
était utilisée au xxe siècle pour centrer le monde sur l’Atlantique.
C’est aujourd’hui le tour de la Chine. Par ailleurs, l’intérêt pour les
routes polaires illustre l’ambition multiscalaire et multidirectionnelle
de la Chine qui souhaite contrôler toutes les routes, même celles
qui vont apparaître grâce au changement climatique comme celle
de l’Arctique. C’est le sens des investissements réalisés sur les lit-
toraux de cet océan.
L’enjeu géopolitique : Après avoir été considérée comme une péri-
phérie indispensable dans les années 1990 par le monde, la Chine a
choisi de reprendre l’initiative pour quitter sa position périphérique
à partir des années 2000. En organisant le monde selon ses intérêts,
la Chine se conçoit-elle à nouveau comme l’Empire du Milieu ?
Dès 2002, le géographe Hao Xiaoguang montre, en produisant un
planisphère spécifiquement conçu pour la Chine, qu’une prise de
conscience est en marche. Sa carte, utilisée massivement par les
autorités chinoises depuis 2010, montre que ce pays ne se représente
plus comme une périphérie.
Cette évolution dans les représentations s’accompagne d’une prise
initiative diplomatique d’une ampleur inégalée. En évoquant pour
la première fois en 2013 le projet « une ceinture, une route », Xi
Jinping lance un réseau de routes commerciales terrestres et mari-
times qui concerne en 2020 plus d’une soixantaine de pays sur tous
les continents.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 17
La référence aux routes de la soie conduit rapidement le monde à
envisager un retour à la période impériale. Il n’en est rien ! D’abord,
parce que la Chine impériale n’avait pas les ambitions mondiales
de la Chine actuelle. Ensuite, parce que la Chine n’impose rien. Elle
emporte l’adhésion en offrant des contreparties financières consi-
dérables.
Si l’Empire du Milieu n’est pas reconstitué, les routes du « projet
du siècle » (Xi Jinping) mènent toutes bien à Beijing, comme elles
menaient toutes à Rome dans l’Antiquité…
Pour approfondir : Le site asialyst propose sept articles très bien
documentés et illustrés qui se prêtent bien à un travail par groupe.
Les fiches peuvent ensuite être mises en commun pour gagner en
efficacité dans la préparation de l’examen. Les articles permettent
de mettre en perspective historique la question étudiée et d’en
aborder des aspects non évoqués en cours : par exemple le rôle
joué par les touristes chinois dans le processus d’appropriation de
l’archipel des Paracels.
Atelier RECHERCHE
Pour mener à bien ce travail de recherche, il est indispensable de
superposer les projections, soit à l’aide de calques, soit en utilisant
les outils numériques.
L’analyse doit prendre en compte les aspects scientifiques (géomé-
trie) mais aussi les aspects politiques et idéologiques qui ont conduit
certains cartographes à vouloir « mieux » représenter le monde.
Pour nourrir cet atelier recherche, on pourra consulter utilement
« l’Atlas des atlas » édité par Arthaud en 2008 ou le numéro 8084
de la documentation photographique intitulé « Représenter le
monde »
JALON 2
L’avenir de la puissance chinoise P. 84-85
Activités
1. F. Godement ne voit pas dans l’affirmation chinoise la poursuite
d’un « rêve hégémonique ». Il décrit plutôt une logique de préda-
tion (« Le rêve chinois […] serait d’être les propriétaires absents du
monde, sans avoir à l’administrer ») construite sur le désordre causé
par la disqualification des puissances occidentales « n’ayant plus
les moyens de maintenir l’ordre ancien ». Il décrit donc un monde
apolaire plus qu’unipolaire.
2. D’après les documents, la Chine semble pourtant se donner les
outils et les moyens d’administrer le monde : sur le plan financier
et commercial, elle signe des accords et met à la disposition des
pays des outils de gouvernance qu’elle contrôle ; sur le plan militaire,
elle débute en ouvrant sa première base outre-mer de son histoire
à Djibouti en 2017 une projection mondiale inédite. La Chinafrique,
construite sur une relation asymétrique qui mêle influence et ingé-
rence, nous donne peut-être à voir l’avenir d’un monde sous hégé-
monie chinoise contrairement à ce qu’affirme F. Godement.
3. L’importance des liens tissés entre la Chine et l’Afrique trouve
d’abord son explication dans l’histoire anticolonialiste puis anti-
impérialiste partagée par les deux entités depuis la fin du xixe siècle.
Cette relation est aujourd’hui entretenue par la Chine qui se présente
toujours comme anti-impérialiste. Ces liens sont aussi fondés sur
un intérêt économique : la Chine a besoin de matières premières
minières, énergétiques et agricoles que l’Afrique souhaite lui vendre
pour palier son manque de capitaux.
18 Thème 1. De nouveaux espaces de conquête
4. La théorie de G. Allison est populaire car elle donne des clés
d’explication à une situation dont l’issue n’est pas connue grâce à
une référence historique simple : la guerre du Péloponnèse. Elle est
particulièrement populaire aux États-Unis car elle met sa population
face à un destin déterminé et la renvoie à un de ses mythes fonda-
teurs (destinée manifeste). Plus globalement, les thèses qui s’ap-
puient sur une vision cyclique de l’histoire sont toujours populaires.
On peut toutefois s’interroger sur la pertinence d’une référence à
l’Antiquité grecque pour envisager l’avenir de deux civilisations qui
n’ont rien de commun. Une autre référence à l’Antiquité nous permet
d’ailleurs d’affirmer qu’« on ne se baigne jamais deux fois dans le
même fleuve » (Héraclite).
L’enjeu géopolitique : Parce qu’elle se présente encore sous les
traits d’un pays émergent alors que c’est déjà une grande puissance,
la Chine inquiète.
La stratégie chinoise apparaît inexorable : en proposant des alter-
natives aux outils de la gouvernance occidentale existants, la Chine
noue des alliances toujours plus étendues ce qui accroît son influence
à l’échelle régionale et mondiale. Ce positionnement anti-impéria-
liste est très efficace en direction des pays du Sud car il n’est pas
nouveau : déjà dans les années de guerre froide, Deng Xiaoping
dénonçait « les deux plus grands exploiteurs et oppresseurs inter-
nationaux de notre époque ».
Mais aujourd’hui, les succès diplomatiques chinois inquiètent car
ils s’accompagnent d’un déploiement militaire qui dépasse largement
le cadre régional de la Chine. L’ouverture d’une base à Djibouti en
2017 montre que l’expansion chinoise n’est plus uniquement com-
merciale ce qui conduit certains géopoliticiens américains à envi-
sager une réponse étatsunienne, preuve que la première puissance
mondiale redoute réellement l’affirmation chinoise.
Pour approfondir : L’exposé doit permettre de montrer la mer comme
outil de la puissance chinoise mais aussi montrer qu’elle est son
vecteur. L’exposé doit ainsi permettre de mobiliser l’ensemble du
thème car les modalités de l’affirmation chinoise peuvent être mises
en parallèle avec celles de l’Espagne ou du Portugal au xve  siècle :
la mer est alors un moyen d’atteindre l’objectif de puissance par ce
qu’elle représente et par ce qu’elle permet d’atteindre.
VERS LE BAC
Alors que Hu Jintao avait placé ses deux mandats sous le slogan du
« développement pacifique », Xi Jinping a choisi de diriger l’énergie
de la Nation vers 2049, date du centenaire de la République populaire
et de la réalisation du « rêve chinois ». Dans ses rêves de puissance,
la Chine n’a-t-elle pas abandonné son positionnement pacifique ?
Longtemps cantonnée dans un rôle déterminé par l’idéologie, la
Chine semble avoir opté pour le pragmatisme : tourner les choses
à son avantage sans avoir l’ambition de dominer le monde. C’est
sur ce projet qu’elle a construit la Chinafrique et c’est sous cet angle
qu’elle est encore vue par de nombreux analystes.
Pourtant, en se positionnant comme une alternative crédible aux
impérialismes occidentaux et en fournissant des outils financiers
et commerciaux efficaces, la première puissance commerciale tisse
des liens qui brouillent l’évaluation classique de la puissance : « soft
power et hard economy » selon T. Sanjuan (Atlas de la Chine, Autrement,
2015).
À moins qu’avec l’ouverture de la première base militaire outre-mer
de son histoire, la Chine ne revienne à une vision plus classique de
la puissance en abandonnant son positionnement pacifique. Face au
« basculement hégémonique » induit, le professeur de sciences
politiques G. Allison envisage une réaction préventive des États-Unis.
En ajoutant un caractère belligène à l’affirmation chinoise jusqu’ici
pacifique, la théorie du « piège de Thucydide » anticipe un chan-
gement qui n’est pas encore avéré, au risque de proposer une
prophétie autoréalisatrice.
Quiz interactif / Objet conclusif P. 88
1. La politique des quatre modernisations marque le point de départ
de l’ouverture de la Chine ? Vrai ou faux ?
– Vrai.
2. La Chine est la troisième puissance spatiale à envoyer un homme
sur la Lune ? Vrai ou faux ?
– Faux ; la Chine est la troisième puissance spatiale à envoyer un
homme dans l’espace.
3. La 21st Century Maritime Silk Road est la version chinoise de la
Fashion Week ? Vrai ou faux ?
– Faux ; c’est le volet maritime de l’initiative des routes de la soie.
4. La Chinafrique est un accord de partenariat pour promouvoir le
développement du continent africain ? Vrai ou faux ?
– Faux ; la Chinafrique est une relation asymétrique souvent appa-
rentée à une forme d’impérialisme chinois sur le continent.
5. Le piège de Thucydide est une théorie qui voit dans une guerre
sino-américaine la seule issue de l’affirmation chinoise ? Vrai ou
faux ?
– Vrai ; en s’appuyant sur le scénario similaire de l’affirmation
d’Athènes face à Sparte dans l’Antiquité.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 19
BIBLIOGRAPHIE – SITOGRAPHIE
Introduction
Un ouvrage de référence pour aborder la question des océans :
– P. Royer, Géopolitique des mers et des océans, PUF Major, 2014.
Un ouvrage particulièrement utile pour comprendre les stratégies des
grandes puissances maritimes :
– C. Coutansais, Géopolitique des océans. L’Eldorado maritime, Ellipses, 2012.
Une cartographie remarquable qui permet de spatialiser les phénomènes :
– D. Ortolland et J.-P. Pirat, Atlas géopolitique des espaces maritimes,
Technip, 2010.
La partie consacrée au nucléaire militaire est utile au traitement du sujet :
– B. Tertrais, Atlas mondial du nucléaire : civil et militaire, Autrement, 2011.
Axe 1
Une synthèse historique précieuse :
– P. Vandier, La dissuasion au troisième âge nucléaire, éditions du Rocher, 2018.
Ouvrage très rigoureux et très précis :
– X. Pasco, Le nouvel âge spatial. De la guerre froide au New Space, CNRS, 2017.
Les chapitres 5, 6 et l’exercice de prospective final sont notamment
précieux sur ce sujet :
– T. Snégaroff et A. Andorra, Géopolitique des États-Unis, PUF Major, 2016.
Une excellente présentation du positionnement indien aux échelles
régionale et mondiale :
– O. Guillard, Géopolitique de l’Inde. Le rêve brisé de l’unité, PUF Major, 2016.
Axe 2
Deux ouvrages écrits par des spécialistes de la conquête spatiale, anciens
mais très complets, et accessibles pour des non scientifiques, qui replacent
le développement de l’ISS dans un contexte plus large :
– A. Ammar-Israël et J.-L. Fellous, L’exploration spatiale, CNRS éditions, 2011.
– A. Dupas, La nouvelle conquête spatiale, Odile Jacob, 2010.
Un ouvrage de vulgarisation récent et bien conçu, d’une lecture facile,
chaque chapitre abordant par ordre alphabétique un aspect de la conquête
spatiale :
– S. Brunier, La conquête spatiale de A à Z, Gallimard, 2019.
Un essai stimulant sur la « nouvelle conquête spatiale » et son utilité pour
les Hommes :
– J. Arnoult, Oublier la Terre ? La conquête spatiale 2.0, Le Pommier, 2018.
Pour prendre connaissances des enjeux de « l’économie bleue » :
– C. P. Coutansais et C. Marignan, La Mer, nouvel eldorado ? La Documenta-
tion française, 2018.
Pour disposer de données récentes … et alarmantes. Disponible en accès
libre en PDF, très bien illustré :
– Atlas de l’océan : Faits et chiffres sur les menaces qui pèsent sur nos
écosystèmes marins, Fondation H. Böll, Université de Kiel, 2018.
Une approche qui manque parfois de neutralité, mais bien argumentée :
– J.-M. Valantin, Géopolitique d’une planète déréglée, Seuil, 2017.
Un recueil d’articles rédigés par un large éventail de chercheurs du CNRS :
– L’Océan à découvert, CNRS éditions, 2017.
Objet conclusif 
Indispensable pour aborder la question par la carte :
– T. Sanjuan, Atlas de la Chine, Autrement, 2015.
Des articles d’experts et une carte géante pour entrer clairement
dans la question :
– G. Fourmont-Dainville, Chine : puissance maritime, 2016.
8 spécialistes francophones de la Chine analysent chacun des enjeux
de la projection chinoise dans le monde :
– A. Ekman, La Chine dans le monde, CNRS, 2018.
Ne serait-ce que pour l’excellent jeu de mot du titre qui résume bien
son propos, ce livre est intéressant :
– S. Boisseau du Rocher et E. Dubois de Prisque, La Chine e(s)t le monde,
Odile Jacob, 2019.
20 Thème 1. De nouveaux espaces de conquête
Un Que-sais-je ? très utile notamment pour sa partie historique :
– M. Duchâtel, Géopolitique de la Chine, PUF, 2019
Sites utiles
Données économiques : site des données de la Banque mondiale.
https://donnees.banquemondiale.org
Données militaires : rapport annuel du SIPRI.
https://www.sipri.org
Le site de l’ONU pour les conventions et les textes internationaux.
https://www.un.org/fr/
Site des Nations Unies (Atelier Recherche p. 21).
https://treaties.un.org/Pages/ViewDetailsIII.
aspx?src=TREATY&mtdsg_no=XXI-6&chapter=21&Temp=mtdsg3&clang=_fr
Site de l’ENS Lyon : géoconfluences (Atelier Recherche p. 21).
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/montego-bay
Site de l’ENS Lyon : géoconfluences propose notamment des dossiers
sur la Chine et l’Inde.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/
dossiers-regionaux
Le site de L’ONU concernant les traités (Atelier Recherche p. 24).
https://treaties.un.org/
Plateforme Océans et Climats (Atelier Recherche p. 24).
https://ocean-climate.org/?p=8786
Site de l’Autorité internationale des fonds marins (Atelier Recherche p. 24).
https://www.isa.org.jm/fr
Site du centre spatial de Kourou (Pour approfondir p. 35).
http://www.cnes-csg.fr/web/CNES-CSG-fr/10805-le-centre-spatial-guyanais.
php
Site de l’Agence spatiale européenne (Pour approfondir p. 35).
https://www.esa.int
Sites médiatiques à propos de l’ISS (Atelier Débat p. 55).
https://www.20minutes.fr/
sciences/2670655-20191209-iss-ex-spationaute-patrick-baudry-juge-missions-
actuelles-station-inutiles
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2016/08/24/l-iss-laboratoire-des-
entreprises-spatiales-privees_4987206_1650684.html
http://www.leparisien.fr/sciences/ils-veulent-tous-decrocher-la-
lune-03-02-2019-8002716.php
Site ONG conseil France (Atelier Recherche p. 61).
https://www.ongconseil.com/associations/wwf-france/
Sites médiatiques et articles à propos du Monde du silence (Atelier Esprit
critique. 65).
https://www.telerama.fr/cinema/cousteau-refait-surface-en-dvd-le-pionnier-
le-megalo-et-l-ecolo,148732.php
https://la-bas.org/la-bas-magazine/chroniques/
le-monde-du-silence-un-film-naivement-degueulasse-05-18
Le site Asialyst publie des articles de journalistes, universitaires, chefs
d’entreprises ou acteurs de la vie asiatique en français. Le site propose des
dossiers sur l’Inde et sur la Chine (Pour approfondir p. 83).
https://asialyst.com/fr/
Le site du diploweb propose de nombreuses contributions sur l’initiative
des routes de la soie entre autres.
https://www.diploweb.com
Pour les aspects liés à la conquête spatiale et à la coopération
dans l’espace.
https://cnes.fr/fr/
https://www.esa.int/Space_in_Member_States/France
https://www.nasa.gov/
THÈME 2
FAIRE LA GUERRE, FAIRE LA PAIX :
FORMES DE CONFLITS ET MODES
DE RÉSOLUTION

Thème 2 - (26-28 heures)
Faire la guerre, faire la paix : formes
de conflits et modes de résolution
Introduction
Formes de conflits et tentatives de
paix dans le monde actuel.
Axe 1
La dimension politique de la guerre :
des conflits interétatiques aux enjeux
transnationaux.
Axe 2
Le défi de la construction de la paix.
Objet de travail conclusif
Le Moyen-Orient : conflits régionaux
et tentatives de paix impliquant des
acteurs internationaux (étatiques et
non étatiques).
L’étude de ce thème a un double objectif : comprendre les logiques des affrontements armés ;
étudier les modalités de construction de la paix.
• Panorama des conflits armés actuels.
• Essai d’une typologie : nature des conflits, acteurs et modes de résolution.
Jalons
• La guerre, « continuation de la politique par d’autres moyens » (Clausewitz) : de la guerre de
7 ans aux guerres napoléoniennes.
• Le modèle de Clausewitz à l’épreuve des « guerres irrégulières » : d’Al Qaïda à Daech.
Jalons
• Faire la paix par les traités : les traités de Westphalie (1648).
• Faire la paix par la sécurité collective : les actions de l’ONU sous les mandats de Kofi Annan
(1997-2006).
Jalons
• Du conflit israélo-arabe au conflit israélo-palestinien : les tentatives de résolution, de la créa-
tion de l’État d’Israël à nos jours.
• Les deux guerres du Golfe (1991 et 2003) et leurs prolongements : d’une guerre interétatique
à un conflit asymétrique.

INTRODUCTION Les clés du thème

1. Du conflit à la guerre,
Première approche P. 102-103 une question d’intensité P. 104-105

Découvrir le thème Votre objectif

1. Toutes les guerres sont des conflits car elles peuvent être définies
comme une situation relationnelle structurée autour d’un antago-
nisme, à l’origine de la guerre. Toutefois, certains conflits n’abou-
tissent pas à un affrontement armé opposant au moins deux groupes
humains.
2. Plusieurs critères peuvent être retenus pour distinguer les conflits :
le nombre de morts (intensité du conflit), l’échelle (conflit intraé-
tatique, interétatique) et la nature des acteurs (États, milices,
implication plus ou moins forte d’acteurs internationaux). En com-
binant ces éléments, on peut alors distinguer les guerres conven-
tionnelles des guerres non conventionnelles (doc 2).
3. L’Afrique et le Moyen-Orient sont les régions où la conflictualité
armée est aujourd’hui la plus forte : la plupart des conflits et des
opérations de maintien de la paix s’y déroulent.
Plusieurs critères peuvent être retenus pour établir une typologie
des guerres. Elles peuvent être distinguées les unes des autres par
le nombre de décès qu’elles provoquent, par le degré et la nature
de la conflictualité à l’origine de cette mortalité élevée. La nature
des acteurs et leurs interactions peuvent également être retenues
comme critère de distinction des conflits armés. Enfin, la localisation
de la conflictualité permet de distinguer des États entièrement en
guerre et des États où le conflit armé est cantonné à quelques
régions.
Activités
1. Le nombre de morts permet de distinguer des guerres d’intensité
plus ou moins importante. Ce critère, combiné à l’intensité de la
conflictualité, permet à l’HIIK de distinguer les guerres des guerres
limitées, qu’il oppose aux crises. L’ONU propose un classement par
acteur : guerres internationales, intraétatiques, internes institution-
nalisées, extra-systémiques.

Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 21

2. D’après l’HIIK, le Mexique est en guerre en 2018 alors que pour
le SIPRI, il ne l’est pas. Ce constat diffère car les deux instituts
n’accordent pas le même statut à la violence endémique qui touche
cet État. Pour le SIPRI et l’HIIK, la France et l’Espagne ne sont pas
en guerre. L’Espagne connaît toutefois une crise violente (Catalogne)
et la France une crise non violente (mouvement social).
3. Les deux instituts identifient un pays en guerre (doc 1). Le minis-
tère des Affaires étrangères de la France, conscient de cette situa-
tion conflictuelle, souligne le danger d’un risque terroriste élevé.
Toutefois, ces recommandations et la carte de l’HIIK (doc 3) attestent
d’une conflictualité localisée dans certaines régions. Ainsi, pour les
habitants du pays, le ressenti de la conflictualité varie fortement
en fonction de la région habitée. Dans le cadre d’un conflit armé
intraétatique, l’échelle régionale peut donc s’avérer la plus pertinente
que l’échelle nationale.
4. Six conflits se sont transformés en guerre de 2016 à 2017 d’après
le HIIK (doc 2). Elles continuent encore en 2018.
Atelier RECHERCHE
Quelques exemples de conflits qui entrent dans plusieurs catégories :
• La guerre civile en Syrie depuis 2015 : conflit interne, longue durée,
extension générale, entre guérilla et guerre à haute intensité ; guerre
extra-systémique
• La guerre civile en République centrafricaine (2013-2019) entre
les ex-Seleka (groupe rebelle à majorité musulmane qui s’empare
de la capitale en 2013) et les anti-balaka (à dominante chrétienne) :
conflit interne ; longue durée ; guérilla.
Les clés du thème
2. Des guerres et
des acteurs multiples P. 106-107
Votre objectif
Dans les guerres contemporaines, les acteurs traditionnels comme
les États peuvent continuer à intervenir soit dans le cadre d’une
guerre interétatique ou intraétatique. On voit de plus en plus des
acteurs non étatiques (milices armées, groupes terroristes, civils
en armes) prendre part à des conflits qui sont de moins en moins
conventionnels (guérilla, attentats).
Activités
1. Les guerres interétatiques : Ethiopie/Erythrée entre 1998-2000.
Les guerres intraétatiques : Tchad, la RDC, la Lybie, le Mali, le Nigéria.
Cette conflictualité importante s’explique par l’instabilité et la
fragilité des États, par l’ingérence extérieure (africaine et occiden-
tale). Les conflits prennent fin par des accords signés par les pays
plus ou moins provoqués par les organisations régionales (comme
l’Union africaine) et internationales (ONU).
2. Un conflit de 4e génération se caractérise par l’absence de champs
de bataille précis, une opposition entre États et acteurs non étatiques
(groupes terroristes, narcotrafiquants) et le recours à des tactiques
de guérillas, méthodes terroristes.
3. Les acteurs de la guerre sont les États, des milices, des réseaux
terroristes, des civils armés. Ils mènent des guerres qui se distinguent
par la mobilisation importante d’acteurs qui ne sont plus des armées
régulières, par l’absence de début et de fin du conflit clairement
identifiables (il n’y a plus de déclaration de guerre et de traités de
paix).
22 Thème 2. Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution
Atelier DÉBAT
Arguments pour une réponse positive : il y a des morts liés à des
conflits et à des actes violents ; des milices ou des civils en armes
qui agissent comme des armées régulières.
Argument pour une réponse négative : parler de crise plutôt que
de guerre ; une violence qui n’est pas légitime (au sens wébérien) qui
relève du délit, voire du crime.
Les clés du thème
3. Évolutions des guerres
et de la paix depuis 1990 P. 108-109
Votre objectif
La conflictualité (occurrence, intensité et durée des conflits) a dimi-
nué depuis les années 1990 même si le nombre de conflits recom-
mence à augmenter depuis le début des années 2010. Cette évolution
s’accompagne d’une privatisation, d’une hybridation et d’une révo-
lution technologique de la guerre qui amènent les États à redéfinir
leur stratégie et leur engagement.
Activités
1. Depuis les années 1990 et dans les années 2000, le nombre de
conflits a diminué. Il a augmenté à nouveau à partir des années
2010/2011, notamment dans la foulée des printemps arabes. Toutefois,
le trend général de la conflictualité reste à la baisse comme l’atteste
la courbe du cumul des critères magnitude. La diminution des conflits
interétatique est due à une interdépendance croissante des économies
nationales, à la dissuasion nucléaire, à la RAM et à un renouveau du
rôle de l’ONU. Celle des conflits intraétatiques est liée à la fin des
guerres de décolonisation, au progrès du développement économique
et humain et au rôle pacificateur de l’ONU et d’acteurs extérieurs.
2. La multiplication d’acteurs non étatiques, l’hybridation des conflits,
la RAM et la multiplication des attaques furtives à l’aide de drones
ou d’unités spéciales expliquent la multiplication des guerres non
conventionnelles.
3. Ils peuvent intervenir dans le cadre de guerres régulières interé-
tatiques avec leur armée nationale (même si ces conflits sont de
moins en moins nombreux). Ils peuvent également préparer et mener
des guerres plus irrégulières, notamment en se dotant des moyens
permettant de mener des guerres furtives ou des cyberattaques.
4. La résolution des conflits se fait de plus en plus grâce à l’inter-
vention d’acteurs extérieurs (États extérieurs, organisations régio-
nales et internationales, comme l’ONU). Depuis les années 1990,
la gestion des situations post-conflit s’est développée. Elle vise à
assurer les conditions durables de la paix, après l’arrêt des combats.
Atelier ESPRIT CRITIQUE
Il faut parvenir à montrer que dans le cadre d’une guerre asymétrique
et non régulière, des États puissants peuvent être déstabilisés.
Toutefois, les États les plus riches et les plus développés possèdent
les ressources pour s’adapter aux conditions de la guerre moderne.
Quiz interactif / Le point sur… P. 110
1. Tous les conflits sont des guerres ?
a. Vrai.
b. Faux.
2. Le SIPRI est :
a. une organisation régionale.
b. un institut d’irénologie.
c. une entreprise de l’armement.
3. Une guerre d’intervention est une guerre :
a. dans laquelle interviennent des acteurs étatiques et non étatiques.
b. dans laquelle les interventions des armées régulières sont nom-
breuses.
c. dans laquelle un des intervenants vient d’un pays éloigné
qui intervient pour respecter un engagement ou pour défendre
ses intérêts géopolitiques.
4. La conflictualité a fortement augmenté depuis la fin de la guerre
froide ?
a. Vrai.
b. Faux.
5. La privatisation de la guerre est :
a. l’interdiction de la guerre.
b. l’irruption d’acteurs privés parmi les belligérants.
c. une délégation de certaines fonctions à des entreprises privées
pendant les guerres.
AXE 1
La dimension politique de la
guerre : des conflits interétatiques
aux enjeux transnationaux P. 112-113
Réponses
1. Au xviie siècle, la guerre est menée par le roi, présent sur le
tableau et par des membres de l’aristocratie. Elle mobilise de nom-
breux soldats qui vont s’affronter afin de conquérir un territoire.
Dans le cas des attentats du 11 septembre 2001, l’attaque n’est pas
menée par des soldats membres d’une armée régulière. Le choix
d’un attentat-suicide vise à attaquer un symbole, tuer de nombreuses
personnes et atteindre ainsi l’opinion publique.
2. Ces deux situations conflictuelles n’ont pas des acteurs compa-
rables (armée régulière/groupe terroriste), ni des objectifs
identiques(conquête/attentat).
3. Si le tableau de Van Der Meulen est spontanément associé à une
scène de guerre, c’est parce qu’il s’agit d’une guerre régulière et
interétatique. Si la photographie des attentats pose plus question,
c’est parce qu’un attentat n’est pas spontanément pensé comme
un acte de guerre. Le discours et la riposte des pouvoirs publics aux
États-Unis construisent la dimension guerrière de l’évènement.
La guerre, « continuation de la politique
par d’autres moyens »
JALON 1 CONTEXTE
De la guerre de Sept Ans
aux guerres napoléoniennes P. 114-115
Réponses
1. En Europe, la guerre occupe une place centrale dans les mutations
géopolitiques et politiques. Les guerres accompagnent les change-
ments de régimes politiques et bouleversent les rapports de force.
2. Ces guerres sont souvent motivées par des préoccupations poli-
tiques qui permettent autant de justifier la guerre que de mobiliser
les combattants. Elles opposent de nombreux soldats pour des
périodes plutôt longues.
JALON 1
La guerre de Sept ans,
première guerre contemporaine P. 116-117
Activités
1. La guerre de Sept Ans peut être qualifiée de mondiale, car elle
mobilise de nombreux États européens et concerne des théâtres
d’opérations militaires en Europe, en Amérique et en Asie.
2. La France et le Royaume-Uni défendent deux modèles politiques
opposés. Pour la première, il s’agit de la monarchie absolue de droit
divin quand la deuxième fait la promotion de la monarchie parle-
mentaire et du régime représentatif. D’après Edmond Dziembowsli,
ces deux modèles se sont affrontés en Amérique. Avec la victoire
des Anglais, leur modèle a triomphé auprès des populations locales,
au point d’en faire une référence dans la future guerre d’indépen-
dance.
3. L’objectif de ces guerres est d’imposer par tous les moyens la
capitulation de l’adversaire et l’autorité du vainqueur sur les terri-
toires et les populations conquises. C’est la raison pour laquelle la
violence sur les combattants et sur les populations a été aussi
importante. Par ailleurs, l’État doit mobiliser l’économie et la popu-
lation pour maintenir l’effort de guerre.
4. La guerre de Sept Ans est une des premières guerres que l’on
peut qualifier de mondiale, particulièrement violente, avec une
mortalité importante des soldats et des violences également exer-
cées sur les populations civiles. Enfin, cette guerre a une dimension
politique car elle mobilise des populations sur un registre patriotique,
renforce le rôle des États, promeut des modèles politiques et trans-
forme l’ordre géopolitique.
L’enjeu géopolitique : Cette nouvelle forme de guerre est « abso-
lue » car elle vise à mobiliser le plus de ressources économiques et
humaines pour faire plier l’adversaire. Elle donne à l’État une auto-
rité légitime pour mobiliser l’économie, encourager le patriotisme,
imposer une discipline de fer aux soldats et s’en prendre aux civils
s’ils freinent l’effort de guerre. Elle peut également être qualifiée
« d’absolue » car elle ne connaît qu’une limite : la défaite de l’adver-
saire, acculé à la capitulation.
Pour approfondir : Frédéric II est roi de Prusse de 1740 à 1786.
Agrandissant son territoire au détriment de l’Autriche et de la
Pologne, il est parvenu à en faire une grande puissance européenne.
Il porte ses effectifs à 195 000 soldats pour un royaume de 5,7
millions d’habitants. Cet investissement du roi dans la chose militaire
a pu conduire Mirabeau à écrire : « La Prusse n’est pas un État qui
possède une armée, mais une armée qui possède un État. »
Atelier RECHERCHE
L’intrigue se déroule en Amérique du Nord, pendant les affronte-
ments entre Français et Anglais, notamment pendant la bataille de
Fort William Henry entre les troupes du général français Montcalm
et ses alliés amérindiens et celles du colonel britannique Monro.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 23
L’ouvrage évoque la disparition des Amérindiens et annonce la
naissance des États-Unis. Il a fait l’objet de nombreuses adaptations :
des films (le premier date de 1920, le dernier de 1992 réalisé par
Michael Mann avec Daniel Day-Lewis), des tableaux de Thomas
Cole, un opéra d’Alva Henderson.
JALON 1
Les buts politiques des guerres
révolutionnaires et napoléoniennes P. 118-119
Activités
1. La France entre en guerre en avril 1792 afin de contrer une future
attaque menée par des souverains européens soucieux de mettre
fin à l’expérience révolutionnaire française. Par ailleurs, certains
révolutionnaires y voient l’occasion de diffuser les valeurs de la
Révolution française.
2. En 1792, une partie des combattants de l’armée française sont
des volontaires. À partir de 1798, la conscription est instaurée. Elle
permet de mobiliser 2 200 000 soldats de 1799 à 1815. La Grande
armée de Napoléon Ier peut ainsi compter 600 000 hommes.
3. La bataille d’Austerlitz est emblématique d’une guerre dont la
finalité est la capitulation de l’adversaire afin d’imposer un nouvel
ordre géopolitique. Elle permet notamment de renforcer la présence
française en Europe et de faire disparaître le Saint-Empire romain
germanique.
4. Pour Napoléon, la guerre est un moyen d’obtenir la capitulation
de l’adversaire afin de remodeler l’ordre géopolitique du moment. Elle
est également un moyen de mobiliser les Français derrière un projet
politique ou autour de son armée car les « Français aiment la carrière
des armes ».
L’enjeu géopolitique : Les guerres révolutionnaires et napoléo-
niennes sont des guerres que l’on pourrait qualifier de politiques.
En effet, la mobilisation des soldats se fait au nom de valeurs ou
d’attachement à la nation. Leurs objectifs visent à défendre un
régime politique qui se sent en danger, à diffuser des valeurs dans
d’autres pays ou à modeler un nouvel ordre géopolitique européen.
Pour approfondir : J.-J. Rousseau écrit dans le Contrat social, en
1762 : « La guerre n’est pas une relation d’homme à homme mais
une relation d’État à État. » Il n’envisage la guerre que comme une
guerre interétatique. En faisant de l’État l’acteur principal de la
guerre, il permet de penser la dimension politique du conflit, dès
lors que l’État définit des buts de guerre politiques.
VERS LE BAC
Les guerres européennes de la deuxième moitié du xviiie siècle et
du début du xixe siècle peuvent être considérées comme une
« continuation de la politique par d’autres moyens ». En effet, elles
reposent sur une mobilisation politique des populations et des
soldats. La mobilisation des populations peut se faire autour d’un
attachement à un territoire, à une dynastie ou à un régime politique.
Le recrutement des soldats peut également relever de cette logique,
notamment lors de la levée de volontaires en 1792 en France. Par
ailleurs, le discours qui sert à mobiliser les soldats et les populations
devient de plus en plus politique autour de la promotion ou de la
sauvegarde d’un régime politique ou de valeurs. Enfin, ce sont des
guerres qui visent à modifier les rapports de puissance afin de
transformer l’ordre géopolitique. La guerre de Sept Ans instaure
durablement la thalassocratie britannique ; les guerres de la
24 Thème 2. Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution
Révolution et de l’Empire réorganisent momentanément le décou-
page politique de l’Europe.
JALON 2 FOCUS
Carl von Clausewitz, officier
prussien et théoricien de la guerre P. 120-121
Activités
1. « La guerre est un acte de violence engagé pour contraindre l’adver-
saire à se soumettre à notre volonté. » / « La guerre n’est rien d’autre
qu’une continuation des relations politiques par l’immixtion d’autres
moyens. »
2. Les leaders révolutionnaires s’inspirent de la pensée de Clausewitz
car pour eux la guerre est un moyen et non une fin. Elle doit à la
fois permettre de renverser l’ordre établi et d’en fonder un nouveau.
3. Clausewitz mène une réflexion sur les guerres nourrie par son
expérience personnelle lors des guerres napoléoniennes.
4. D’après R. Aron, Clausewitz, par son analyse, introduit dans
l’analyse des guerres l’idée que tout conflit armé depuis les guerres
de la Révolution et de l’Empire est idéologique. Elle doit permettre
de faire triompher une vision ou un ordre du monde suite à une
victoire obtenue après une bataille décisive. Pour atteindre cet
objectif, Clausewitz préconise le refus de tout dogmatisme, rappe-
lant la dépendance de la stratégie à l’état des armements et celle
du plan de guerre aux circonstances politico-sociales du pays.
L’enjeu géopolitique : L’analyse de Clausewitz permet de souligner
les enjeux idéologiques forts de ces conflits et de comprendre les
modalités de mobilisation des populations. Les écrits de Clausewitz
permettent également d’analyser les enjeux de la stratégie mise en
œuvre. Dans le cadre des conflits interétatiques réguliers, il convient
de l’emporter face à l’adversaire, le pousser à la capitulation et lui
imposer des décisions politiques et géopolitiques. Dans le cas des
guerres révolutionnaires, l’important est de déstabiliser le pouvoir
en place, de rallier des partisans afin de prendre le dessus.
Pour approfondir : L’article étudie le problème des relations entre
guerre et politique selon Clausewitz. La guerre n’est pas une fin
mais un moyen. L’intensité de la guerre dépend en partie de la
compréhension qu’ont les politiques qui dirigent la guerre de moyens
disponibles et des fins du conflit. Pendant les guerres de la Révolution
et de l’Empire, la politique révolutionnaire est victorieuse parce
qu’elle seule est capable de mobiliser le peuple dans sa totalité.
Atelier DÉBAT
Arguments en faveur de cette idée : seuls les États ont l’autorité
légitime et le savoir nécessaire pour prendre des décisions informées
sur ces sujets ; seuls les États sont capables de penser et de défendre
l’intérêt général comme les intérêts particuliers.
Arguments opposés à cette idée : en démocratie, le peuple doit
pouvoir donner son avis et son accord ; des organisations interna-
tionales ou régionales peuvent aussi avoir leur mot à dire.
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
Mort d’un soldat républicain, 1936 P. 122-123
Arrêt sur l’image : 1. Très peu d’éléments témoignent qu’il s’agit
d’une photographie de guerre, si ce n’est l’arme tenue à une main
et la position de l’homme touché qui s’effondre. En effet, il ne porte
pas d’uniforme, n’est pas visiblement sur un champ de bataille et
aucun autre combattant n’est photographié.
2. Ce n’est pas une photographie de guerre traditionnelle car elle
est centrée sur un individu, alors que le plus souvent les photogra-
phies de guerre montrent des groupes de combattants ou des scènes
de guerre où l’individu, son vécu et son ressenti ne sont pas au
centre de la photographie. Par ailleurs, peu de photographies avaient
auparavant saisi ce moment particulier où « le soldat tombe ».
3. Elle témoigne de l’engagement d’un individu dans un combat
pour lequel il est prêt à perdre sa vie. Son absence d’uniforme
rappelle l’importance de l’engagement des civils dans la guerre au
nom de la lutte antifasciste et en soutien à la République.
4. Cette image est devenue une icône du fait de sa diffusion très
rapide dans la revue Vu qui présentait alors les premiers reportages
sur cette guerre. Reprise ensuite par d’autres revues, elle devient
dès le début de la guerre d’Espagne une image que l’on associe à
ce conflit et au camp républicain.
Sa portée politique : 5. Certains ont émis des doutes sur une
possible mise en scène de la photographie. D’autres l’attribuent à
la compagne de Robert Capa, Gerda Taro.
Atelier RECHERCHE
Il faut privilégier dans cette présentation son travail lors de guerres
différentes (guerre d’Espagne/ Seconde Guerre mondiale/ Guerre
d’Indochine) et interroger l’évolution du travail de Capa. On peut
également montrer son importance dans la construction d’un genre
particulier, celui de la photographie de guerre et on peut aussi
confronter ses photographies de guerre avec le reste de sa production.
Le modèle de Clausewitz à l’épreuve
des « guerres irrégulières »
JALON 2 CONTEXTE
Islamisme et terrorisme P. 124-125
Réponses
1. Le terrorisme n’est pas né avec l’islamisme. Il existe depuis le
xixe siècle où il s’est principalement développé autour des mouve-
ments anarchistes et communistes.
2. Le projet islamiste n’a pas toujours été lié au terrorisme. Lorsque
l’islamisme se constitue en doctrine et en mouvement avec les
Frères musulmans en Egypte en 1928, il réclame l’application de la
charia. Il s’agit donc d’un projet politique anti-occidental visant à
refonder l’ordre politique et social des pays musulmans. À partir
des années 1960, des théologiens islamistes promeuvent le recours
à la violence pour diffuser l’islamisme.
JALON 2
Le terrorisme islamiste,
d’Al-Qaïda à Daech P. 126-127
Activités
1. Ce sont deux mouvements d’inspiration salafiste, islamiste et
djihadiste. Ils se sont tous les deux développés au Moyen-Orient.
2. L’EI est né d’une scission d’Al-Qaïda en 2006. L’EI a une dimension
takfiriste plus marquée qu’Al-Qaïda, n’hésitant pas à s’en prendre
à des musulmans dès qu’ils les identifient comme des ennemis.
Enfin, si Al-Qaïda est un réseau qui se transforme en organisation
structurée, l’EI est tenté à partir de 2014 de se doter d’une base
territoriale en proclamant la création du califat en Irak et au Levant.
3. Les espaces les plus touchés par le terrorisme islamiste sont
l’Afrique et le Moyen-Orient. Deux pays concentrent au Moyen-
Orient un nombre élevé de victimes : l’Irak et l’Afghanistan.
4. Elles ne sont pas menées par des armées régulières et ont recours
à des actes terroristes.
5. L’objectif de ces organisations terroristes islamistes est de déve-
lopper et d’exprimer un sentiment anti-occidental qui permet de
rallier de nouveaux partisans musulmans. Ils mènent également
des conflits asymétriques avec de grandes puissances, notamment
la première d’entre-elle, les États-Unis. Enfin, ils cherchent à dés-
tabiliser les États où ils commettent des attentats.
L’enjeu géopolitique : Si une guerre irrégulière est une guerre non
traditionnelle qui recouvre l’emploi de moyens tels que le terrorisme,
les actions menées par les groupes djihadistes islamistes relèvent
bien de guerres irrégulières. Toutefois, l’État islamique a pu être
tenté par des actions militaires plus traditionnelles, notamment en
Irak et en Syrie, en utilisant un armement conventionnel pour mener
une conquête territoriale où imposer une autorité politique nouvelle,
le califat.
Pour approfondir : En partant de la biographie d’Abou Bakr al-
Baghdadi, il est possible de montrer que la doctrine des deux
mouvements est très proche dans la mesure où ce dernier appar-
tenait à Al-Qaïda avant de rejoindre l’État islamique. En comparant
le fonctionnement des deux mouvements, on peut insister sur la
dimension réticulaire d’Al-Qaïda et sur la tentative de construction
d’un proto-État par Abou Bakr al-Baghdadi, même si ce dernier
n’abandonne pas le fonctionnement en réseau pour commettre des
attentats hors du califat. Enfin, le rapport aux autres musulmans et
notamment aux chiites peut distinguer les deux mouvements ; l’EI
est dirigé par un sunnite irakien qui vivait dans un pays où la majo-
rité de la population est chiite.
ATELIER RECHERCHE
Il faut confronter l’expérience de l’EI aux assertions suivantes :
– un État doit détenir durablement le monopole de la violence
légitime sur un territoire ;
– un État doit bénéficier d’une reconnaissance internationale ;
– un État doit pouvoir exercer les fonctions régaliennes de police,
justice, de défense et de levée de l’impôt.
On peut en conclure que l’expression « proto-État » serait plus
pertinente pour désigner l’EI.
JALON 2
Faire la guerre au terrorisme P. 128-129
Activités
1. Le titre de la une du journal L’Est républicain, « en guerre » à la
suite des attentats en France du 13 novembre 2015 s’explique d’abord
par la déclaration du 13 novembre du président de la République
qui déclare « nous sommes en guerre ». Par ailleurs, cette affirma-
tion est confortée par les images diffusées par les médias qui relèvent
de scène de guerre. Enfin, le sentiment que le pays a été attaqué
par des opérations coordonnées et multiples à Paris renforce ce
sentiment.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 25
2. Les pays occidentaux victimes d’actes terroristes islamistes
commencent par identifier une situation de guerre les conduisant
à opérer une riposte relevant de ce constat. Ils peuvent alors mener
des actions au sein de coalitions, éventuellement sous mandat de
l’ONU, afin de rechercher les auteurs de ces attentats ou de déman-
teler des réseaux terroriste. Ils peuvent également utiliser leurs
services de renseignement et des unités spéciales pour traquer et
éliminer leurs ennemis.
3. Les États occidentaux, en lutte contre le terrorisme, mènent à la
fois des opérations relevant de la guerre régulière avec mobilisation
des armées de terre, de mers et des airs dans le cadre d’opérations
conduisant à intervenir sur des territoires pour traquer l’ennemi.
Mais ils peuvent également privilégier des opérations menées par
des drones ou des unités spéciales, ne nécessitant pas d’interven-
tions massives sur le terrain.
4. Les démocraties occidentales, qui luttent contre le terrorisme,
peinent à maintenir le respect de certaines règles juridiques habi-
tuelles relevant les libertés fondamentales. En effet, elles se déclarent
en guerre contre le terrorisme sans pour autant respecter les règles
internationales du droit des prisonniers de guerre.
L’enjeu géopolitique : L’acte terroriste, en renouant avec les
logiques de guérillas, relève de la guerre irrégulière où sont absents
le front, les armées nationales, les déclarations de guerre et les
traités de paix. Si des modalités d’action traditionnelles peuvent
être maintenues (opérations militaires sur le terrain avec un
armement conventionnel), les États peuvent également renouve-
ler leurs interventions par l’utilisation de drones et d’unités spé-
ciales suite à des missions de renseignement.
Pour approfondir : Il faut retrouver et présenter les 5 lois antiter-
roristes votées entre 2014 et 2017. Il faut montrer comment ces lois
visent à identifier et à neutraliser des suspects de menaces poten-
tielles pour les soustraire au droit commun, par un renforcement
des pouvoirs policiers et administratifs au détriment du droit pénal.
Il faut également identifier les éléments de rupture et de continuité
entre la loi Colomb de 2017 et l’état d’urgence instauré au lendemain
des attentats de 2015.
VERS LE BAC
Tout d’abord, l’acte terroriste relève d’une forme de conflictualité
où sont absents le front, les armées nationales, les déclarations de
guerre et les traités de paix. Il peut être apparenté aux guerres
irrégulières en combinant toutes leurs caractéristiques possibles.
Ensuite, l’acte terroriste pousse les États des pays attaqués à réagir
dans un registre martial (« nous sommes en guerre contre le terro-
risme »), reconnaissant aux terroristes le statut d’ennemis qu’il faut
abattre.  Enfin, la riposte des États témoigne aussi d’une évolution
de la guerre. Si des modalités d’action traditionnelles peuvent être
maintenues (opérations militaires sur le terrain avec un armement
conventionnel), les États peuvent également renouveler leurs
interventions par des guerres furtives utilisant de drones et des
unités spéciales suite à des missions de renseignement, évitant
ainsi un engagement militaire massif sur le terrain.
Quiz interactif / Axe 1 P. 132
1. Clausewitz a écrit :
a. Mémorial de Saint-Hélène.
b. Le prince.
c. De la guerre.
26 Thème 2. Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution
2. L’islamisme est :
a. une religion.
b. un mouvement politique.
c. une des formes du sunnisme.
3. La conscription est mise en place en France en :
a. 1798.
b. 1805.
c. 1815.
4. L’État ne mène que des guerres régulières ?
a. Vrai.
b. Faux.
5. Clausewitz a vécu :
a. la Guerre de Sept Ans.
b. la Guerre d’indépendance des États-Unis.
c. les guerres de la Révolution et de l’Empire.
AXE 2
Le défi de la construction
de la paix P. 136-137
Réponses
1. Les acteurs représentés sur le tableau du traité de Münster sont
des diplomates venus négocier le traité de paix et prêter serment
de le respecter. Par leurs actions, ils représentent et engagent leur
État respectif. La fresque de Zanetti fait de l’ONU la clef de voûte
du maintien de la paix.
2. L’objectif de ces deux peintures est de mettre en valeur le rôle
d’une concertation entre différents acteurs rendant possible la
création ou le maintien de la paix.
3. Avec le premier tableau, ce sont les États qui doivent créer la
paix et assurer son maintien. Nous sommes à l’époque de la construc-
tion des États modernes, principaux acteurs de la vie internationale,
dans un monde westphalien. La fresque place une organisation
internationale au cœur du processus du maintien de la paix. Elle
renvoie à une période où une sécurité collective tente de se
construire.
Faire la paix par les traités
JALON 1 CONTEXTE
La guerre de Trente Ans P. 138-139
Réponses
1. La guerre de Trente Ans oppose les catholiques (les Habsbourg)
à des princes protestants. Toutefois, des États et/ou des princes
catholiques peuvent également se combattre à l’instar du royaume
de France, en guerre contre les Habsbourg.
2. La guerre de Trente Ans a commencé dans le Saint-Empire ger-
manique. De plus, les principales batailles et les zones les plus
touchées par la guerre se trouvent à l’intérieur des frontières de ce
territoire. Enfin, les traités de paix sont négociés et signés dans
l’Empire et concernent les territoires qui le composent.
 JALON 1
Les traités de Westphalie (1648) P. 140-141
Activités
1. Les traités de Westphalie visent à instaurer une paix durable en
Europe et notamment dans le Saint-Empire germanique. Le traité
de Münster affiche ainsi clairement l’objectif d’instaurer « une paix
chrétienne, universelle, et perpétuelle ».
2. Les traités de paix ont été mis en place dans le cadre d’un congrès
qui se tient dès 1643. Il réunit des diplomates qui négocient au nom
de leur État afin d’aboutir à la rédaction d’un traité.
3. Les traités de Westphalie ont suscité un enthousiasme important
en Europe. De nombreuses festivités sont organisées en l’honneur
de la paix retrouvée, notamment dans le Saint-Empire germanique.
4. La question religieuse n’est pas abordée par les traités. La paix
proclamée est « chrétienne », ce qui permet aux croyants des grandes
religions chrétiennes de l’Empire, les catholiques, les luthériens et
les calvinistes d’accepter le principe de la restauration de la paix et
de la « confiance », un terme connoté religieusement.
5. Certains territoires sont incontestablement devenus des États
souverains car ils sont devenus indépendants et n’appartiennent
plus au Saint-Empire germanique. Les territoires demeurés dans
l’Empire semblent gagner en autonomie dans la mesure où ils
obtiennent le droit de conclure entre eux et avec d’autres puissances
étrangères des traités. Toutefois, ils doivent s’engager à respecter
certaines obligations à l’égard de l’empire, ce qui atteste d’une
souveraineté qui demeure partielle.
L’enjeu géopolitique : Les traités de Westphalie consacrent un
nouvel ordre géopolitique en Europe. Ils permettent à des pays
comme la France et la Suède de gagner en puissance alors qu’ils
marquent le début d’un repli des Habsbourg en Europe. Ils renforcent
la souveraineté de certains princes sur leur territoire, donnant
naissance à un ordre international fondé sur le concours d’États
souverains, même si ceux du Saint-Empire germanique restent
encore partiellement sous la tutelle de l’empereur.
Pour approfondir : Au xvie siècle, la puissance espagnole atteint
son apogée avec la réunion sous l’autorité de Charles Quint et de
son fils Philippe II de nombreuses possessions (les couronnes de
Castille et d’Aragon ; Artois, Franche-Comté et Charolais ; Pays-Bas
espagnols ; Duché de Milan et Royaume de Naples ; possessions
en Amérique). La France est alors cernée par les territoires des
Habsbourg. En 1648, avec les traités de Westphalie, la position
d’hyperpuissance » de l’Espagne est entamée tandis que le rôle de
la France s’affirme. Elle reçoit, avec la Suède, la mission d’en garan-
tir l’application. En 1648, sa puissance diplomatique et militaire est
reconnue. Toutefois, ce n’est qu’avec Louis XIV que sa position
devient hégémonique et que sa puissance militaire s’impose vrai-
ment en Europe.
Atelier RECHERCHE
Deux pistes pour l’atelier recherche :
• S’intéresser à l’origine sociale et au parcours de ces deux hommes
afin de comprendre qui sont les diplomates de cette époque.
• Utiliser les lettres de ces deux diplomates pour illustrer leur rôle
dans les négociations du traité. Vous les trouverez en ligne (voir
sitographie).
JALON 1
États et relations internationales
après les traités de Westphalie P. 142-143
Activités
1. Les traités de Westphalie ne permettent pas d’assurer une paix
durable en Europe. Tout d’abord, certains belligérants continuent
à combattre, à l’instar de la France et de l’Espagne jusqu’en 1659
(traité des Pyrénées). Par ailleurs, en plaçant la question de la sou-
veraineté des États au cœur de l’ordre géopolitique, une paix armée
se met en place ; chaque prince prépare la future guerre qui doit
lui assurer le maintien de sa souveraineté sur son territoire.
2. Le frontispice du Léviathan est une allégorie du bon gouverne-
ment. Il montre un souverain dont le corps est composé de l’en-
semble des habitants de son royaume, rappelant que la souveraineté
réside entièrement dans le corps du roi. Le souverain détient le
glaive temporel comme la crosse spirituelle, qui ne sauraient être
séparés. La partie gauche de la gravure illustre le texte car elle
stipule que le pouvoir temporel réside avant tout dans la capacité
à faire la guerre afin de défendre les habitants du royaume.
3. Dans l’Europe post-westphalienne, l’État se doit de préparer la
guerre en temps de paix afin de préserver sa souveraineté qui
pourrait être menacée par des puissances étrangères. Il doit donc
se doter d’une armée puissante et renforcer ses frontières.
4. Afin de jouer ce nouveau rôle, l’État dispose d’une armée de plus
en plus nombreuse, professionnelle et permanente. De même l’État
dispose aux frontières de places fortes, de plus en plus nombreuses,
qui doivent freiner l’avancée des armées ennemies sur le territoire.
Enfin, il doit par une diplomatie efficace maintenir l’équilibre des
puissances afin d’éviter l’émergence d’une puissance hégémonique.
L’enjeu géopolitique : Le souverain d’un État est étroitement lié
à un territoire dont il doit garantir l’intégrité, tout en assurant la
sécurité des populations. Les États reconnaissent officiellement la
souveraineté des autres souverains sur leur territoire, ce qui confère
à la frontière une importance cruciale car elle limite l’étendue
spatiale de cette souveraineté. Ainsi, l’Europe est constituée d’États
souverains prêts à en découdre pour défendre ou étendre leur
frontière. Seul l’équilibre des puissances permet d’éviter l’hégémo-
nie d’un État sur un autre.
Pour approfondir : L’État a été défini par M. Weber, dans Le Savant
et le politique (1919) comme « une communauté humaine qui, dans
les limites d’un territoire déterminé – la notion de territoire étant
une de ses caractéristiques –, revendique avec succès pour son
propre compte le monopole de la violence physique légitime ».
Ainsi, le processus de construction de ce monopole, est au cœur
de la construction de l’État moderne, notamment dans sa dimension
militaire. R. Aron fait de l’État un acteur majeur des relations inter-
nationales. Plutôt proche de l’école réaliste et influencé par les
analyses de Clausewitz, il considère la guerre comme un acte poli-
tique dont les États sont les principaux acteurs.
VERS LE BAC
Au lendemain des traités de Westphalie, un nouvel ordre géopoli-
tique se met en place en Europe. Il repose sur une place renouvelée
et affirmée des États dont la souveraineté sort renforcée. Les rela-
tions internationales sont donc le fruit des interactions entre des
États souverains, de plus en plus soucieux de construire et de
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 27
préserver le monopole de leur autorité sur leur population et leur
territoire. Par ailleurs, les rapports de force entre ces États sont
bouleversés. L’Espagne cesse peu à peu d’être la puissance hégé-
monique qu’elle a été au xvie siècle et permet à la France d’affirmer
la sienne. Toutefois, les autres États tentent de freiner cette montée
en puissance de la France, y compris par la guerre, au nom de
l’équilibre des puissances.
Faire la paix par la sécurité collective
JALON 2 CONTEXTE
L’ONU et la paix P. 144-145
Réponses
1. Le Conseil de sécurité est à l’origine des résolutions qui permettent
de déclencher des missions de la paix. Il peut être conseillé par le
secrétaire général mais la décision finale lui revient. Rien ne peut
se faire sans l’accord des 5 membres permanents.
2. À partir des années 1990, le Conseil de sécurité cesse d’être
bloqué par l’opposition entre les États-Unis et l’URSS/Russie du fait
de la fin de la guerre froide. Par ailleurs, l’ONU modifie la philoso-
phie de ses opérations de la paix. Le nombre de ses missions aug-
mente fortement ; les Casques bleus n’hésitent plus à intervenir
dans des conflits intraétatiques, sans avoir obtenu préalablement
l’accord des belligérants. Enfin, l’ONU redéfinit ses missions, notam-
ment avec l’Agenda pour la paix de Boutros Boutros Ghali en insis-
tant sur la nécessité d’intervenir dans une phase pré-conflictuelle
pour prévenir le conflit et post-conflictuelle pour consolider la paix.
JALON 2
Les missions de paix de l’ONU
(1997-2006) P. 146-147
Activités
1. L’ONU mène des opérations de maintien et de rétablissement de
la paix (peacekeeping / peacemaking), d’imposition et de consolida-
tion de la paix (peace enforcement / peacebuilding).
2. Les régions du monde où les missions sont les plus importantes
sont l’Afrique et le Moyen-Orient.
3. Depuis les années 1990, l’ONU n’est pas le seul acteur à assurer
des missions de la paix. Sur les 60 missions de 2006, 20 étaient
menées par les Nations unies, 33 par des organisations régionales
ou alliances, 7 par des coalitions. Toutefois, l’ONU demeure le plus
important contributeur en personnel. Par ailleurs, l’ONU participe
de plus en plus à des missions hybrides avec les autres acteurs qui
vont du cadre conjoint de la mission à un cadre séquentiel.
4. Les actions de l’ONU connaissent des limites. Tout d’abord, les
missions de la paix de l’ONU n’ont pas pu empêcher l’explosion de
la conflictualité armée dans certaines régions du monde comme
l’Afrique. Dans de nombreux pays où elle intervient, ses effectifs
restent insuffisants. Par ailleurs, les États qui élaborent au Conseil
de sécurité les mandats des missions de paix, ne sont pas ceux qui
envoient des troupes sur le terrain (Pakistan, Bangladesh, Inde, …).
L’enjeu géopolitique : Les actions de l’ONU entre 1997 et 2006
ont augmenté, notamment dans les régions à forte conflictualité
comme l’Afrique et le Moyen-Orient. Ces actions sont de plus en
28 Thème 2. Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution
plus variées relevant autant du maintien, du rétablissement, de
l’imposition et de la consolidation de la paix. Par ailleurs, l’ONU
doit de plus en plus collaborer avec d’autres acteurs dans des mis-
sions hybrides. Toutefois, toutes ces missions peinent à empêcher
ou à freiner la conflictualité.
Pour approfondir : Pour présenter une mission en cours de l’ONU,
il faut partir des informations sur cette mission présentes sur le site
de l’ONU (voir sitographie).
Atelier DÉBAT
En faveur de la limite de la souveraineté des États : la supériorité
des droits de l’homme sur la raison et sur la souveraineté des États ;
la primauté de l’intérêt collectif de la communauté internationale
sur l’intérêt particulier d’un État ; le droit et le devoir d’ingérence
Contre le refus de la limite de la souveraineté des États : la nation
et l’État sont les seuls à pouvoir prendre une décision légitime
conforme à ses intérêts ; l’expression de la volonté de la commu-
nauté internationale est d’abord l’expression de la volonté de grandes
puissances qui peuvent imposer leurs décisions ; l’inégalité des
États à l’égard des sanctions de l’ONU (les 5 membres permanents
du Conseil de sécurité et leurs alliés sont protégés).
JALON 2
Le bilan des mandats
de Kofi Annan P. 148-149
Activités
1. Le nombre de casques bleus diminue fortement de 1996 à 2000,
puis il se met à nouveau à augmenter pour rejoindre le niveau de
1996. Ce recul est encouragé par K. Annan qui pousse le Conseil de
sécurité à une plus grande sagesse opérationnelle. Il tire les leçons
d’un engagement massif de l’ONU pendant la première moitié des
années 1990 dans des opérations qui ont échoué (ex-Yougoslavie,
Somalie, Rwanda).
2. En 2006, K. Annan plaide en faveur du multilatéralisme car il a
été remis en cause par les États-Unis dans leur lutte contre le ter-
rorisme à partir de 2003, notamment lorsqu’ils décident d’interve-
nir en Irak sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU.
3. Un secrétaire général de l’ONU est chargé de mettre en œuvre
les décisions prises par le Conseil de sécurité. Il peut également
conseiller ce dernier et orienter ses décisions par un certain nombre
de propositions qu’il lui soumet. Il incarne également l’institution
et peut proposer ses bons offices pour dénouer une situation diplo-
matique difficile. Enfin, il peut impulser une réflexion sur le fonc-
tionnement de l’ONU et sur les réformes à adopter.
4. Les réformes proposées par K. Annan portent notamment sur le
fonctionnement de l’ONU et notamment celui du Conseil de sécu-
rité dont la composition ne reflète plus la situation démographique
et géopolitique de 1945. Toutefois sa volonté de réforme se heurte
au refus de certains membres du Conseil de sécurité qui militent
pour le maintien d’un statu quo qui leur donne une place privilégiée
dans ces institutions.
L’enjeu géopolitique : Au terme des deux mandats du secrétaire
général K. Annan, le bilan des missions de la paix est en demi-teinte.
Il a réussi à restaurer l’image dégradée d’une institution qui n’a pu
empêcher des conflits et meurtres de masse pendant la première
moitié des années 1990. L’obtention du prix Nobel de la paix en
2001 récompense autant l’ONU que son secrétaire général. Toutefois,
il n’est pas parvenu à empêcher les États-Unis d’intervenir en Irak
en 2003 sans l’accord de l’ONU. De même, la réforme du fonction-
nement du Conseil de sécurité n’a pas abouti.
Pour approfondir : Depuis 1998, et plus encore après les attentats
de 2001, l’ONU prend fortement position sur la nécessité de lutter
contre le terrorisme. Le terrorisme est en effet posé comme une
menace contre laquelle les États doivent protéger leurs ressortissants.
Toutefois, l’ONU rappelle que les mesures anti-terroristes ne doivent
pas entrainer une violation des droits de l’homme.
VERS LE BAC
Le rôle de l’ONU dans ses missions de paix s’inscrit en partie dans
le prolongement de ce qui a été fait avant 1996. Elle continue à
s’interposer et à tenter de mettre fin aux conflits, en mobilisant
notamment les Casques bleus. Les missions de paix restent à l’ini-
tiative du Conseil de sécurité dont la structure a peu évolué depuis
1945 et qui accorde toujours un veto de fait aux cinq membres
permanents. Par ailleurs, l’ONU en 1996 s’inscrit dans la continuité
du renouveau de son action provoqué par la fin de la guerre froide
et une redéfinition des missions de paix par Boutros Boutros Ghali
avec l’Agenda pour la paix de 1992, notamment dans les phases de
pré-conflit et de post-conflit.
Le rôle de l’ONU a toutefois connu une inflexion à partir de 1996.
Le nombre de missions et de soldats mobilisés a diminué de 1996
à 2000 sous l’impulsion du nouveau secrétaire général Kofi Annan.
Les missions de l’ONU sont de plus en plus hybrides et obligent
l’ONU à collaborer avec d’autres acteurs (États, organisations régio-
nales, alliances militaires). Les missions de l’ONU sont désormais
de plus en plus variées (maintien, du rétablissement, de l’imposition
et de la consolidation de la paix).
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
Picasso : peindre la guerre,
peindre la paix P. 150-151
Arrêt sur l’image : 1. La colombe est représentée sur le bouclier
blanc du soldat de la Paix sur la paroi consacrée à la guerre.
2. La paix est représentée par « un déjeuner sur l’herbe, une famille
autour d’un foyer, puis le bleu de la mer et Pégase – emblème de
l’inspiration poétique, guidé cette fois par un enfant –, enfin une
scène joyeuse de jeux. »
3. Picasso a choisi une chapelle médiévale pour installer ces deux
peintures afin d’en faire un « temple pour la paix ». Il décide de
laïciser un lieu de culte tout en jouant du caractère sacré de son
attribution initiale.
4. L’expression « temple de la paix » témoigne de l’attachement de
Picasso à la promotion de la paix dans le contexte très particulier
de la guerre froide et de la décolonisation. Il se pense comme un
militant de cette cause.
Sa portée politique : 5. Dans le cadre de la guerre froide, le danger
de la guerre nucléaire hante les esprits à partir de 1945 et plus
encore à partir de 1949, lorsque l’URSS se dote de l’arme nucléaire.
Picasso, membre du parti communiste, milite pour la paix. Il sert
les intérêts de l’URSS et de PCF par son positionnement en faveur
de la paix, à un moment où la dissuasion nucléaire n’est pas encore
réciproque (il faut attendre 1957). C’est ce que dénonce l’affiche du
mouvement Paix et Liberté, soutenu par la CIA qui diffuse une
caricature de la colombe de Picasso afin de démontrer les visées
agressives de l’Union soviétique et de ses alliés. Toutefois, cet
engagement en faveur de la paix est beaucoup plus ancien chez
Picasso et semble correspondre à une conviction profonde.
Atelier RECHERCHE
• 2 tableaux très célèbres sur la guerre : Guernica et Massacre en
Corée.
• Un livret pédagogique autour de l’exposition Picasso et la guerre.
Quiz interactif / Axe 2 P. 154
1. Les traités de Westphalie sont signés :
a. dans la même ville.
b. dans plusieurs villes des Provinces-Unies.
c. dans deux villes du Saint-Empire germanique.
2. Les traités de Westphalie mettent fin à la guerre entre :
a. la France et l’Espagne
b. la France et l’Angleterre
c. la France et le Saint-Empire.
3. Le Conseil de sécurité est composé de :
a. 15 membres.
b. 16 membres.
c. 17 membres.
4. Kofi Annan a réalisé :
a. un mandat de secrétaire général.
b. deux mandats de secrétaire général.
c. trois mandats de secrétaire général.
5. La sécurité collective est totalement compatible avec l’unilaté-
ralisme ?
a. Vrai.
b. Faux.
OBJET
CONCLUSIF
Le Moyen-Orient :
conflits régionaux
et tentatives de paix P. 158-159
Réponses
1. Le détroit d’Ormuz est étroitement surveillé car il est un des points
stratégiques les plus importants de la planète puisque y transite 1/5
du pétrole mondial. Les États importateurs de pétrole, au premier
rang desquels les États-Unis (présence d’une flotte à demeure), des
pays producteurs comme l’Arabie saoudite, exercent une surveillance
permanente pour éviter toute rupture de l’approvisionnement et
au-delà un embrasement de la région.
2. S’entrelacent dans cette région, de manière inextricable, des pro-
blématiques religieuses (diversité de l’Islam, présence de minorités
puissantes comme les Juifs ou affaiblies comme les Chrétiens), eth-
niques (Arabes majoritaires mais aussi Turcs, Perses, Kurdes), poli-
tiques (point 3 de la légende), etc. Ces conflits sont présentés dans
la 5ème partie de la légende. Il conviendra aussi d’expliquer que cette
complexité n’est pas la cause de tout et que bien souvent elle sert à
masquer des enjeux hégémoniques beaucoup plus classiques.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 29
Du conflit israélo-arabe
au conflit israélo-palestinien
JALON 1 CONTEXTE
La question israélienne
depuis 1948 P. 160-161
Réponses
1. Israël a été créé pour les Juifs du monde entier. Victimes d’anti-
sémitisme et persécutés en Europe, en particulier orientale,
décimés durant la Seconde Guerre mondiale (Shoah), ils souhai-
taient disposer d’un État-refuge. Cette idée, le sionisme politique,
a été défendue dès la fin du xixe siècle, en particulier par T. Herzl.
Cette création, soutenue par l’ONU dans un premier temps, a été
immédiatement refusée par les États voisins qui ont trouvé là un
moyen assez efficace pour s’approprier, sous couvert de défense
de la cause palestinienne, quelques dépouilles de la Palestine
mandataire (bande de Gaza pour l’Egypte, Cisjordanie pour la
Transjordanie qui devient la Jordanie en 1950). Mais surtout, la
proclamation de l’État d’Israël a été refusée par les Palestiniens
(musulmans et chrétiens vivant en Palestine) dont une très grande
majorité (700 000) a quitté Israël pour se réfugier dans les États
voisins (notamment en Cisjordanie).
2. Israël a étendu son territoire initial, représentant en 1949, 80 %
de la Palestine. L’Egypte contrôle Gaza et la Jordanie, la Cisjordanie,
mais aussi Jérusalem-Est. L’État palestinien n’existe pas. Jérusalem-
Est et le Golan ont été annexés par Israël. La Cisjordanie, toujours
occupée, a été divisée en trois ensembles, en vertu des Accords
d’Oslo (1993) : les territoires de l’Autorité palestinienne (dont Gaza
contrôlé depuis 2007 par le Hamas), les territoires sous contrôle
partagé, le territoire entièrement contrôlé par Israël (parsemé de
colonies israéliennes toujours plus nombreuses).
3. Conclusion des points développés plus haut. Le grand vainqueur
est Israël, qui d’une façon ou d’une autre contrôle toute la Palestine.
JALON 1
Le conflit israélo-arabe P. 162-163
Activités
1. B. Gourion justifie la création de l’État d’Israël de deux manières.
Il y a d’abord le droit légitime du peuple juif à retourner sur sa terre,
celle de ses ancêtres. Ensuite, les conséquences de la Shoah qui
rendent la mise en œuvre de ce droit non seulement urgente mais
incontournable. Gourion n’utilise pas le terme de Palestine, mais
d’Israël, référence explicite au peuple hébreu.
2. Il n’y a aucun antisémitisme de la part des Arabes. Mais bien le
refus de voir un envahisseur, considéré comme occidental, s’appro-
prier une terre qui ne lui appartient pas. C’est ainsi que le présente
le ministre israélien Dayan. L’autre raison que l’on peut évoquer,
c’est le fait que l’État palestinien n’ait pas été créé (voir le docu-
ment 4), bien que cet argument ait plus été un prétexte permettant
de s’approprier une part de la Palestine (voir la réponse 2 de la
double page précédente).
3. Les accords de Camp David scellent la fin du conflit israélo-arabe,
du moins sa mise en sourdine progressive. Pour la première fois,
un État arabe, reconnaît l’État d’Israël. Ce n’est de plus pas n’importe
30 Thème 2. Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution
quel État, l’Égypte ayant été le pays leader du monde arabe depuis
Nasser. D’ailleurs, elle est unanimement condamnée par les États
de la Ligue arabe, dont le siège est déplacé à Tunis.
4. Israël se considère depuis sa création comme un État en guerre.
S’il a signé des accords de paix avec l’Égypte et la Jordanie, et
entretient des relations avec la Turquie et l’Arabie saoudite (deux
autres alliés des États-Unis), il est entouré d’États musulmans avec
lesquels il maintient une paix armée sans compter ceux qui sou-
haitent ouvertement sa disparition (Iran). On comprend dans ce
contexte, l’importance du soutien indéfectible des États-Unis (comme
le prouve d’ailleurs le transfert récent de leur ambassade de Tel-Aviv
à Jérusalem).
L’enjeu géopolitique : Les États arabes ont fini par reconnaître,
pour certains, l’existence d’Israël, pour d’autres n’ont plus cherché
à l’agresser même s’ils n’entretiennent aucune relation avec lui. De
plus, il s’agit maintenant surtout d’une tension entre État juif, tel
que se définit Israël, et États musulmans bien au-delà du monde
arabe. Le principal danger est représenté par l’Iran, dont les missiles
peuvent atteindre l’essentiel de l’espace moyen-oriental et par
conséquent Israël, sans parler de la menace constante du terrorisme
islamiste.
Pour approfondir : On attend ici de l’élève qu’il montre bien les
deux dimensions de l’évènement : dimension diplomatique puisque
c’est l’assassinat du leader arabe qui le premier s’est rapproché des
Israéliens, créant ainsi un nouveau point de tension au Moyen-
Orient. C’est ensuite une affaire intérieure, Sadate ayant entretenu
des relations ambiguës avec les islamistes (Frères musulmans), qui
lui reprochent justement sa politique extérieure et l’éliminent.
Atelier RECHERCHE
Pour ce faire l’élève pourra notamment s’appuyer sur la fiche
Wikipédia du « Plan de partage de la Palestine », ainsi que sur
l’article de l’AFP publié dans le journal Le Point (voir sitographie).
JALON 1
Le conflit israélo-palestinien
et ses tentatives de résolution P. 164-165
Activités
1. Les accords d’Oslo ont fait naître un grand espoir chez les
Palestiniens mais aussi dans la communauté internationale. Les
deux photos du document 2 prouvent le contraire : les Palestiniens
se sont révoltés durant deux intifadas ; la colonisation a été inten-
sifiée depuis 1993 alors qu’elle aurait dû cesser.
2. La Charte de l’OLP ne reconnaît ni le partage de la Palestine, ni
l’existence de l’État d’Israël. En 1988, l’OLP abandonne la lutte armée
dans son combat pour la création d’un État palestinien (rendant
ainsi caduque sa charte de 1968) ; en 1993, l’OLP reconnaît l’existence
de l’État d’Israël en signant les accords d’Oslo. Le Hamas, au contraire,
ne reconnaît pas l’État d’Israël.
3. Jérusalem devait être, d’après le plan de Partage, une ville sous
gestion internationale. Elle sera cependant divisée en deux jusqu’en
1967. La partie Ouest pour Israël et la partie Est annexée à la Jordanie.
Après la guerre des 6 jours, la ville est unifiée sous une seule auto-
rité. Prendre le contrôle de la vieille ville et des lieux saints a toujours
été un objectif d’Israël. À partir de 1967, Israël procède à la recons-
truction, à proximité de l’esplanade des mosquées, du quartier juif,
rasé par la Jordanie après 1949 (cette dernière gérant toujours
l’accès à cette esplanade), destruction des maisons contigües au
mur des Lamentations (tout cela n’est pas dans les documents mais
a son importance). En changeant d’échelle, les Israéliens ont aussi
procédé à l’extension des limites de la municipalité, en laissant à
l’extérieur de celles-ci les villages à majorité palestinienne et en y
intégrant les implantations (colonies) juives. Compte tenu du dyna-
misme démographique palestinien, Jérusalem n’est cependant pas
encore majoritairement juive.
4. La Cisjordanie ressemble à une peau de léopard. Il y a trois zones :
celle très morcelée, attribuée à l’Autorité palestinienne et difficile-
ment viable (A). Ensuite, celle au contrôle partagé (B). Enfin, la
zone C, totalement sous contrôle israélien et qui poursuit dans cet
espace la colonisation.
5. La solution à deux États (dont on se garde bien d’évoquer la
configuration) est celle qui semble compromise pour J.-P. Chagnollaud
alors qu’elle est la position défendue par l’ONU. L’auteur prend parti
contre Israël, qui selon lui mène une politique de colonisation.
L’enjeu géopolitique : Il y a bien conflit asymétrique dans la mesure
où un État reconnu par l’essentiel de la communauté des nations,
puissance militaire par ailleurs (détenteur de l’arme nucléaire) doit
faire face à un mouvement de résistance armée avant 1993, qui
constitue cependant un interlocuteur crédible. Après 1993, si
l’Autorité palestinienne apparaît comme un embryon d’État, la
dimension asymétrique du conflit demeure ; c’est encore plus vrai
avec le Hamas et sa branche armée, qui reçoit un soutien appuyé
de l’Iran et contrôle Gaza mais qu’Israël, par ses bombardements,
peut mettre facilement hors d’état de nuire.
Pour approfondir : La seule solution acceptable par les Palestiniens
serait de créer deux États dans les frontières de 1949, ce qui impo-
serait à Israël d’évacuer toutes ses colonies (500 000 personnes)
mais aussi Jérusalem-Est ; cette solution n’est donc pas acceptable
par Israël. Pour ce dernier, un État binational avec annexion de la
Cisjordanie rendrait la population juive minoritaire (tels les Blancs
en Afrique du Sud). Difficilement envisageable pour un pays qui
vient de se déclarer comme «État juif». Le statu quo est donc la
solution la plus acceptable.
VERS LE BAC
Se référer à la synthèse de cours du Jalon 1 p. 176.
Les guerres du Golfe et leurs suites
JALON 2 CONTEXTE
Les guerres du Golfe P. 166-167
Réponses
1. La première guerre du Golfe est déclenchée par l’occupation
irakienne du Koweït ; la seconde par l’agression américaine de l’Irak.
2. La première guerre du Golfe, menée par une coalition interna-
tionale, libère le Koweït et provoque un affaiblissement de l’Irak
(même si Saddam Hussein reste au pouvoir). La seconde guerre du
Golfe a pour conséquence sa chute et son exécution, puis par un
mécanisme implacable (dont rend compte l’organigramme de la
page 166), l’effondrement de tout un pays, rapidement aux prises
avec une guerre civile d’une grande complexité.
JALON 2
La première guerre du Golfe P. 168-169
Activités
1. S. Hussein avait plusieurs motivations : le sentiment de disposer
de droits historiques sur le Koweït, le fait que celui-ci était un
créancier refusant d’effacer les dettes irakiennes (contractées durant
la guerre contre l’Irak), et qu’avec l’Arabie saoudite, ne respectant
pas les quotas de production de l’OPEP, ils contribuaient à faire
baisser les prix du pétrole, entravant de ce fait le rythme de la
reconstruction irakienne.
2. Deux raisons émergent de ces documents : le refus par la com-
munauté internationale, au premier chef les États-Unis, de laisser
l’Irak, ayant une mainmise désormais le Koweït, de contrôler une
part plus importante du pétrole mondial (25 %) et de peser sur
les prix revus à la hausse ; éviter ensuite un embrasement de la
région.
3. Désir, à la sortie de la guerre froide, de mettre en place un nouvel
ordre mondial (« la loi et le droit »), dont Bush donne les principaux
axes pour le Moyen-Orient : sécuriser la région ; contrôler la proli-
fération des armes de destruction massives ; mettre fin au conflit
israélo-arabe et israélo-palestinien ; friser le développement éco-
nomique.
4. Si S. Hussein est maintenu au pouvoir, l’Irak est placé sous
embargo (voir les conséquences dans le texte), même si ce régime
est assoupli avec le programme «pétrole contre nourriture».
L’opportunité est donnée aux Kurdes de même en place, de fait, un
régime d’autonomie (voir la double page sur la question) ; plus
surprenant, S. Hussein exploite la situation pour renforcer son
pouvoir.
L’enjeu géopolitique : Il s’agit ici de reprendre les réponses aux
questions 2 et 4. L’Irak sous embargo, affaiblie, mais dont le dicta-
teur renforce son pouvoir ; éléments du Nouvel ordre mondial
programmés pour le Moyen-Orient.
Pour approfondir :
• Conséquences politiques : renforcement paradoxal de S. Hussein,
début de l’autonomie kurde.
• Conséquence diplomatique : mise en pratique du nouvel ordre
mondial.
• Conséquence économique : affaiblissement de l’Irak.
Atelier RECHERCHE
Pour préparer son oral de 10 minutes, l’élève peut s’appuyer sur les
fiches méthodes « Réussir son grand oral ». Ces dernières lui
apprendront entre autres à : maîtriser son trac et sa respiration
(p. 560), travailler sa voix et sa diction (p. 562) et à réguler son
rythme et son débit de parole (564), etc.
JALON 2
La seconde guerre du Golfe
(2003-2011) et ses suites P. 170-171
Activités
1. Dès 1996, parmi les « faucons », on est convaincu qu’il faut élimi-
ner S. Hussein, accusé sans preuves de détenir des armes de des-
truction massive et d’entretenir des liens avec Al-Qaïda. Les États-Unis
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 31
auraient aimé obtenir un vote du conseil de sécurité de l’ONU. Or,
tous les membres permanents ne sont pas favorables et menacent
d’opposer un veto (position de la France qui met en avant l’idée de
nouvel ordre mondial prônée par les États-Unis une décennie plus
tôt). D’où une attaque à la tête d’une coalition pro-américaine.
2. Très rapidement la libération (occupation) américaine n’est pas
acceptée. Après les manifestations viennent les premières résistances
d’autant que la politique menée par les États-Unis montre, selon
les observateurs une certaine impréparation.
3. Premier élément de désorganisation. En donnant le pouvoir aux
chiites, les États-Unis ont réveillé une vieille rivalité qui conduira à
la guerre civile. Deuxième élément, la débaasification dont les
conséquences sont multiples et en chaîne.
4. La guerre civile est confessionnelle (même si cela peut apparaître
à certains simplistes). Elle oppose les chiites qui mettent la main
sur le pouvoir aux sunnites, qui constituent des milices et pour
certains rejoignent les rangs de l’État islamique. Cette guerre civile
prend la forme d’attentats très nombreux à Bagdad, contribuant à
modifier la géographie de la ville avec un renforcement de la nature
confessionnelle des quartiers ; les quartiers mixtes occupant une
faible superficie. Mais cette guerre l’est aussi au sens propre comme
le montre la photo sur la bataille de Mossoul, dernier bastion de
l’État islamique.
5. Les occupants de la place revendiquent plusieurs choses : l’union
de tout le peuple irakien ; en finir avec le confessionnalisme ; en
finir aussi avec les ingérences extérieures (l’Iran, soutenant les
chiites, étant particulièrement visé).
L’enjeu géopolitique : On reviendra ici sur les positions antagonistes
(réponse 1) puis sur ses prolongements : désorganisation (réponse 3)
et guerre civile (réponse 4).
Pour approfondir : Il faudra prendre en considération les dimen-
sions politiques, économiques, géographiques et psychologiques
qui apparaissent dans ce document.
VERS LE BAC
Se référer au cours p. 176.
JALON 2 FOCUS
Un peuple sans État : les Kurdes P. 172-173
sera gravée dans le marbre de la nouvelle constitution. Les Kurdes
de Syrie ont espéré un temps, après 2012, suivre la même voie
puisque les forces syriennes s’étaient retirées. Fin 2019, la Turquie
envahit le Kurdistan syrien, mettant au terme à cet espoir. La Turquie
souhaite y transférer des réfugiés syriens (qui ne sont pas kurdes)
de la guerre civile.
L’enjeu géopolitique : Ce projet semble au point mort pour ne pas
dire qu’il a été complètement abandonné. Les observateurs ont
longtemps pensé que la situation géopolitique pouvait être favorable
à la création d’un État kurde, qu’il y avait un « moment kurde ». La
réalité leur donne tort en partie. Si les Kurdes d’Irak ont bien tiré
leur épingle du jeu, la situation des Kurdes de Syrie s’est brusque-
ment dégradée, celle des Kurdes de Turquie ou d’Iran n’évolue pas.
Il n’y a pas un front uni kurde, chaque composante se contenterait
bien, à l’instar des Irakiens, de parvenir à une autonomie dans le
cadre de l’État national, sans remise en cause des frontières.
Pour approfondir :
• Différence : Palestiniens au départ sur un territoire, devant pour
la grande majorité fuir de celui-ci, quitte à être rattrapés pour ceux
de Cisjordanie par l’occupation ; pour les Kurdes, partagés sur
plusieurs États (Iran, Irak, Syrie, Turquie) depuis la fin de la Première
Guerre mondiale ;
• Points communs : La promesse de création d’un État qui n’a
toujours pas vu le jour même si embryonnaire dans le cas palesti-
nien ; la diversité des statuts qui dépend pour les Kurdes de l’État
dans lequel ils vivent et pour les Palestiniens de la partie contrôlée
par Israël dans laquelle ils vivent : Jérusalem, Israël, Cisjordanie et
Gaza.
Atelier RECHERCHE
En réalisant cette fiche de présentation, l’élève apprend à synthé-
tiser ce qu’il a appris dans les documents. La fiche de présentation
devra mentionner les points suivants :
– Des éléments historiques (mentionner des dates et définir la
chronologie de leur histoire…)
– Des éléments géographiques (des données chiffrées, leur répar-
tition sur les différents territoires…) ?
Ensuite, l’élève pourra ajouter ce qui lui semble important de rete-
nir puis comparer avec ses camarades. Cela lui permettra de voir
s’il a su relever toutes les informations et si les siennes sont perti-
nentes aux yeux d’autres élèves.

Activités
1. La situation des Kurdes n’est pas la même partout (il suffit ici de
reprendre le contenu du tableau). En revanche, le rêve d’indépen-
dance, telle qu’elle a pu apparaître possible lors du traité de Sèvres
n’est plus la solution souhaitée par les Kurdes qui optent, dans leur
grande majorité, pour un maintien au sein de l’État dans lequel ils
vivent, sans remise en cause par conséquent des frontières. Le
Kurdistan autonome irakien est de ce point de vue un précurseur.
2. Les Peshmergas ont joué un rôle moteur dans la lutte contre l’État
islamique. C’est le cas des Kurdes irakiens (depuis leur base d’Erbil)
mais aussi des Kurdes syriens qui ont participé à toutes les grandes
batailles. Ce que le président D. Trump semble avoir oublié. On
notera la présence de femmes, ce qui est exceptionnel au sein de
troupes musulmanes.
3. Il y a d’abord une différence temporelle. Les Kurdes irakiens
parviennent à imposer à un S. Hussein affaibli, avec l’aide de la
communauté internationale, un Kurdistan autonome, dont l’existence

32 Thème 2. Faire la guerre, faire la paix : formes de conflits et modes de résolution

Quiz interactif / Objet conclusif P. 176
1. Le conflit israélo-arabe et le conflit israélo-palestinien sont res-
pectivement :
a. asymétrique et interétatique.
b. interétatique et asymétrique.
c. les deux à la fois.
2. Les accords d’Oslo ont été signés :
a. par le Hamas, le président des États-Unis Clinton et le président
égyptien Sadate.
b. par le Premier ministre d’Israël Rabin, le président des États-
Unis Clinton, et le président de l’OLP Arafat.
c. par Saddam Hussein, George Bush et Dominique de Villepin.
BIBLIOGRAPHIE – SITOGRAPHIE
Introduction
Un outil indispensable pour comprendre des notions, découvrir
des acteurs, appréhender des courants de pensée :
– B. Durieux, J.B Jeangène Vilmer, F. Ramel, Dictionnaire de la guerre
et de la paix, PUF, 2017.
Très utile pour actualiser des analyses sur la conflictualité et les processus
de paix aujourd’hui :
– P. Boniface et H. Védrine, Atlas des crises et des conflits, Armand Colin,
2019.
Une approche géopolitique de la question de la guerre et de la paix :
A. Cattaruzza et P. Sintès, Géopolitique des conflits, Bréal, 2016.
Axe 1
– B. Tertrais (dir), Atlas militaire et stratégique, Éditions Autrement, 2019.
– M. Guidère, Atlas du terrorisme islamiste d’Al-Qaida à Daech, Éditions
Autrement, 2017.
– P. Boulanger, Géographie militaire et géostratégie, Armand Colin, 2015.
– B. Cabanes (dir), Une histoire de la guerre du xixe siècle à nos jours, Éditions
du seuil, 2018.
Axe 2
– R. Hatto, Le maintien de la paix – L’ONU en action, Armand Colin, 2015.
Objet conclusif
Pour replacer les jalons dans un contexte plus général :
– P. Blanc et J.-P. Chagnollaud, L’invention tragique du Moyen-Orient,
Autrement, 2017.
– P. Blanc et J.-P. Chagnollaud, Atlas du Moyen-Orient, aux racines de la
violence, Autrement, 2016.
– M. Guidère, Atlas des pays arabes, Un monde en effervescence, Autrement,
2015.
– L. Dakhli, Histoire du Proche-Orient contemporain, La Découverte, 2015.
– P. Orcier, Atlas du Moyen-Orient, Le nœud du monde, Atlante, 2018.
Pour aborder la question israélo-palestinienne :
– D. Charbit, Israël et ses paradoxes, idées reçues sur un pays qui attise
les passions, Le Cavalier Bleu, avril 2018.
– J.-C. Lescure, Le conflit israélo-palestinien en 100 questions, Taillandier, 2018.
3. La première guerre du Golfe est la conséquence :
a. de l’invasion du Koweït par l’Irak.
b. du second choc pétrolier.
c. des attentats du 11 septembre.
4. La seconde guerre du Golfe provoque :
a. la chute et Saddam Hussein et la naissance d’un Irak pacifié qui
se reconstruit.
b. la chute de Saddam Hussein, la désorganisation du pays et
l’entrée dans la guerre civile.
c. le maintien de Saddam Hussein qui devient l’allié des États-Unis.
5. Les Kurdes expérimentent l’autonomie :
a. dans les provinces de l’Est de la Turquie.
b. en Iran.
c. dans le Nord de l’Irak.
Pour aborder les deux guerres du Golfe, les deux ouvrages complémen-
taires de Myriam Bernard :
– L’Irak par-delà toutes les guerres idées reçues sur un État en transition,
Le Cavalier Bleu, 2018.
– Irak, la revanche de l’histoire, De l’occupation étrangère à l’État islamique,
Vendémiaire, 2015.
Pour se documenter sur les Kurdes :
– B. James, et J. Tejel Gorgas, Les Kurdes en 100 questions, Tallandier, 2018.
Sites utiles
Des sites d’instituts qui travaillent sur la paix.
http://cic.nyu.edu/topic/peace-operations
http://www.ipinst.org/
https://dandurand.uqam.ca/centre-francopaix/
Les sites d’instituts spécialisés dans l’étude de la conflictualité.
https://sipri.org
https://hiik.de/?lang=en
Les lettres des deux diplomates pour illustrer leur rôle dans les négociations
du traité (Atelier recherche p. 141).
https://data.bnf.fr/12129687/claude_de_mesmes_avaux/
https://data.bnf.fr/14638766/abel_servien/
Le site de l’ONU sur les missions en cours (Pour approfondir p. 147).
https://peacekeeping.un.org/fr/where-we-operate
La fiche Wikipédia du « Plan de partage de la Palestine » et l’article
de l’AFP publié dans le journal Le Point (Atelier recherche p. 163).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Plan_de_partage_de_la_Palestine
https://www.lepoint.fr/monde/il-y-a-70-ans-un-plan-de-partage-conteste-de-
la-palestine-25-11-2017-2174983_24.php
Les clés du Moyen-Orient publient des articles de fond.
https://www.lesclesdumoyenorient.com/+-Zones-de-guerre-+.html
L’Institut de recherche et d’étude de Méditerranée-Moyen-Orient.
http://iremmo.org/
La Revue Moyen-Orient, qui propose des articles en ligne gratuitement.
Pour se tenir au courant de l’actualité.
https://www.areion24.news/category/moyen-orient/
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 33
THÈME 3
HISTOIRE ET MÉMOIRES

Thème 3 – (26-28 heures) L’étude de ce thème a un double objectif. Le premier est de montrer comment les conflits et
Histoire et mémoires leur histoire s’inscrivent dans les mémoires des populations ; le second est d’étudier quel rôle
jouent la connaissance historique et la justice dans la manière dont les sociétés et les États se
reconstruisent après des conflits majeurs.
Introduction • La différence entre histoire et mémoire.
Histoire et mémoire, histoire et justice. • Les notions de crime contre l’humanité et de génocide, et le contexte de leur élaboration.
Axe 1 Jalons
Histoire et mémoires des conflits. • Un débat historique et ses implications politiques : les causes de la Première Guerre mondiale.
• Mémoires et histoire d’un conflit : la guerre d’Algérie.
Axe 2 Jalons
Histoire, mémoire et justice. • La justice à l’échelle locale : les tribunaux gacaca face au génocide des Tutsis.
• La construction d’une justice pénale internationale face aux crimes de masse : le tribunal pénal
international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY).
Objet de travail conclusif Jalons
L’histoire et les mémoires du génocide • Lieux de mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes.
des Juifs et des Tsiganes. • Juger les crimes nazis après Nuremberg.
• Le génocide dans la littérature et le cinéma.

INTRODUCTION reconnaissance mémorielle peut révéler des rapports de force et

Première approche P. 190-191
Découvrir le thème
1. À la suite de la Première Guerre mondiale, les tentatives de mise
en place d’une justice pénale internationale échouent, malgré
quelques initiatives issues de négociations ouvertes lors de la
conférence de Versailles pour juger les criminels Turcs du massacre
des Arméniens. Une justice pénale internationale émerge en 1945.
Elle met en place des tribunaux destinés à juger les principaux
criminels de guerre (Nuremberg et Tokyo). Cette justice est partielle.
Il faut attendre les années 1990, après la fin de la guerre froide,
pour que soit franchie une nouvelle étape, avec la mise en place
de nouveaux tribunaux spécialisés régionaux, mais surtout la créa-
tion de la CPI par le statut de Rome.
2. L’organisation de procès des criminels contribue à la reconnais-
sance des victimes et de leur mémoire. Des lieux de mémoire,
musées, commémorations sont aussi institués pour transmettre.
Les États sont des acteurs de cette reconnaissance mémorielle. Les
victimes et leurs descendants s’organisent, agissent à l’échelle
nationale ou internationale pour que soient reconnues leurs aspi-
rations.
3. La reconnaissance mémorielle revêt des enjeux sociaux. Elle peut
contribuer à la reconstruction des sociétés touchées par les conflits.
Les enjeux politiques sont à l’échelle nationale, témoignant ainsi
du rapport de l’État à son passé. À l’échelle internationale, la
des enjeux de puissance. Les documents permettent d’en relever
plusieurs exemples. Cette reconnaissance mémorielle est souvent
incomplète et peut donner lieu à des revendications, même long-
temps après les conflits.
Les clés du thème
1. Transmettre le passé P. 192-193
Votre objectif
La mémoire des conflits contemporains revêt d’abord un enjeu
sociétal. Les témoins du passé et leurs descendants aspirent à la
reconnaissance pour que les sociétés puissent se reconstruire après
les conflits. La société inscrit cette mémoire dans les territoires. La
mémoire revêt une dimension politique, car elle concerne l’État par
le biais de la justice et du discours public mis en forme lors des
cérémonies. Ces enjeux politiques sont à plusieurs échelles et
peuvent concerner les relations entre les États.
Activités
1. Il s’agit ici de distinguer d’une part l’histoire, discipline scientifique,
s’efforçant d’utiliser des méthodes objectives de recherche et un
questionnement de sources variées, de la mémoire d’autre part.
Ainsi ce sont deux formes complémentaires de relation au passé.
Le travail s’appuie sur 3 textes d’historiens qui décrivent leurs
rapports au passé et les enjeux mémoriels.
2. Les témoins portent la mémoire des évènements. Ils en sont les

Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 35

survivants et sont indispensables aux historiens pour écrire le récit
du passé. Les témoignages sont parfois partiels, car ils expriment
le point de vue vécu. À distance d’un évènement, ils peuvent être
limités par l’oubli ou des imprécisions. Les historiens les confrontent
à d’autres témoignages ou à des sources de natures différentes
comme des archives ou des traces archéologiques.
3. La mémoire des conflits s’inscrit dans l’espace des sociétés. Elle
occupe une partie importante du champ intellectuel en participant
à l’écriture de l’histoire. La mémoire est portée par les survivants
et leurs descendants qui s’expriment, l’entretiennent ou reven-
diquent. Des manifestations, cérémonies ou monuments inscrivent
cette mémoire dans le calendrier et les paysages.
Atelier RECHERCHE
L’élève peut ici mettre en pratique cette distinction et la complé-
mentarité entre histoire et mémoire. Le travail sur un monument
commémoratif peut lui permettre de reconstruire l’histoire d’un
évènement, d’inscrire le territoire proche dans l’histoire locale ou
nationale, et de réfléchir sur les rythmes de mise en mémoire du
passé contemporain.
Les clés du thème
2. Massacres de masse et prise de
conscience d’un « crime sans nom » P. 194-195
Votre objectif
Les documents permettent de mettre en évidence l’ampleur des
violences de masses qui se déroulent au début du xxe siècle. Ces
violences accompagnent la conquête coloniale, ciblent des popu-
lations durant la Première Guerre mondiale. Certains intellectuels,
des juristes et des survivants tentent de rassembler des preuves
pour mobiliser l’opinion, protéger les civils, et juger les coupables.
Les premières tentatives de définition d’un droit international
échouent. La violence des crimes nazis entraîne une prise de
conscience.
Activités
1. Les documents permettent de revenir sur le premier génocide
du xxe siècle. Dans le cadre de la politique coloniale allemande
au Sud-Ouest africain, l’armée mène une politique de répression
qui accompagne la conquête du territoire. Elle cible des groupes
humains identifiés, Herero et Nama, considérés comme inférieurs.
Les victimes sont des populations civiles et pas seulement des
combattants.
2. À l’occasion de la conférence de Versailles, la communauté
internationale favorise le recensement des preuves des crimes
commis (témoignages, archives et photographies). Le gouvernement
britannique fait rédiger un rapport officiel sur la situation du Sud-
Ouest africain et propose aussi la création d’un tribunal pour juger
les criminels Turcs responsables du génocide arménien. Dans les
deux cas les procédures n’aboutissent pas à des procès. On peut
noter des préoccupations géopolitiques liées à la redéfinition des
frontières d’après la guerre et des freins juridiques liés à l’absence
de qualification.
3. La prise de conscience de l’ampleur des crimes commis par les
nazis est d’abord véhiculée par des survivants ou des témoins directs
qui tentent d’alerter les gouvernements et certaines institutions
36 Thème 3. Histoire et mémoires
internationales. Le document 6 permet de relever plusieurs exemples
de trajectoires individuelles aboutissant à la diffusion d’informations
précises sur les massacres en cours en Europe de l’Est.
4. La prise de conscience de la violence inédite des crimes commis
par les Nazis en Europe de l’Est amène Churchill à faire cette décla-
ration. Elle traduit une prise de conscience personnelle, symbolise
la dimension idéologique que revêt ce conflit et va orienter certains
choix stratégiques des alliés.
Atelier ESPRIT CRITIQUE
À la suite de la conférence de Versailles, les Allemands perdent
toutes leurs colonies. Les enquêtes menées par les Britanniques au
Sud-Ouest africain contribuent à la justification de cette sanction
territoriale sans que les victimes ne soient reconnues, ni les cou-
pables jugés. À propos des Arméniens, il est intéressant de suivre
la position de la France et du Royaume-Uni dans le contexte de la
naissance de la nouvelle Turquie et après le Traité de Lausanne.
Face aux persécutions antisémites un éclairage peut être apporté
sur la conférence d’Évian en 1938.
Les clés du thème
3. Crime contre l’humanité
et génocide : nommer et juger P. 196-197
Votre objectif
Face à l’ampleur des crimes commis par les Nazis et leurs collabo-
rateurs, les alliés expriment leur volonté de punir les criminels de
guerre. Deux juristes originaires de Pologne y jouent un rôle majeur.
H. Lauterpacht contribue à élaborer la notion de crime contre
l’humanité dans le cadre de la préparation du procès de Nuremberg.
R. Lemkin, prolonge ses réflexions entamées au lendemain de la
Première Guerre mondiale et forge le concept de génocide. Le terme
sera reconnu dans le cadre de l’ONU.
Activités
1. La notion de crime contre l’humanité apparaît dans la déclaration
alliée de 1915 , mais ce n’est qu’en 1945 qu’elle revêt une dimension
juridique. Elle s’applique donc initialement au jugement des crimi-
nels de guerre Nazis, puis Japonais.
2. Le terme de génocide est forgé par R. Lemkin. Le document 3 en
rappelle l’histoire et la définition, et dans quelle mesure il est
l’aboutissement d’un engagement de son auteur pour que soient
reconnus et jugés les auteurs des crimes de masse commis depuis
la Première Guerre mondiale.
3. Le document 4 permet de synthétiser les nuances qui existent
entre les notions de crime contre l’humanité et de génocide : d’une
part la question de l’intentionnalité du crime et d’autre part celle
de la nature et de l’ampleur des destructions.
4. La notion de génocide est juridique au sens de la convention de
l’ONU de 1948, ratifiée aujourd’hui par 152 pays. Dans le même
temps, elle nomme et identifie des violences commises dans des
contextes différents. Elle permet donc de caractériser des crimes
de masse. Son utilisation est progressivement étendue à la recon-
naissance du génocide arménien, de celui des Tsiganes, des Herero
et Nama et des Tutsi du Rwanda. L’usage du terme peut justifier
des revendications mémorielles pour des populations victimes en
attente de reconnaissance.
 Atelier DÉBAT
Ici, les élèves sont invités à réaliser une recherche personnelle sur
d’autres violences de masse commises au xxe siècle ou dans les
époques antérieures. Après avoir rapidement présenté la nature,
les formes et les acteurs des crimes, il s’agit de relever les termes
employés par les historiens et les éventuels débats que cela entraîne.
Quiz interactif / Le point sur… P. 198
1. L’histoire et la mémoire d’un évènement offrent un même éclai-
rage sur le passé ? Vrai ou faux ?
– Faux ; ce sont deux rapports complémentaires, mais différents
au passé.
2. Les principaux auteurs du massacre des Herero et Nama sont
jugés par les Britanniques après la Première Guerre mondiale ? Vrai
ou faux ?
– Faux ; un officier britannique est envoyé pour enquêter et relever
des preuves sans que cela ne soit suivi de conséquences judiciaires.
3. La notion de crime contre l’humanité apparaît dans le Traité de
Versailles ? Vrai ou faux ?
– Faux ; toutefois, les alliés évoquent un « crime de la Turquie
contre l’humanité » dans une déclaration publiée en mai 1915.
4. En forgeant le néologisme génocide, R. Lemkin fait référence au
massacre des Arméniens et des Juifs d’Europe ? Vrai ou faux ?
– Vrai ; il s’agit du prolongement d’un travail entamé durant l’entre-
deux-guerres pour que soit reconnus les crimes de barbarie.
5. La notion de crime contre l’humanité est reconnue par l’ensemble
des systèmes judiciaires du monde ? Vrai ou faux ?
– Faux ; le statut de Rome de la Cour pénale internationale n’a été
ratifié que par 139 États.
AXE 1
Histoire et mémoires
des conflits P. 200-201
Réponses
1. Le débarquement en Normandie est un événement historique et
mémoriel pour les raisons suivantes. Il est une mémoire partagée
puisque plusieurs nations participent à ce débarquement sans parler
des forces de l’armée allemandes qui le subissent. On notera cepen-
dant que, dans la mémoire collective, l’importance du débarquement
est surestimée, ou du moins ce dernier occulte le rôle essentiel des
alliés sur d’autres fronts, celui de l’Est en particulier (Armée Rouge).
2. Les cimetières militaires sont un lieu de mémoire des guerres,
en particulier des guerres mondiales. La plupart du temps, ils sont
entretenus par l’État qui y a enterré ses morts (ici c’est cimetière
britannique). Ces cimetières sont un espace souvent investi par les
cérémonies commémoratives.
3. Les commémorations servent à établir un lien vivant avec le
passé, conserver une conscience nationale d’un événement et servir
d’exemple (fonction éducative). Accessoirement, elles peuvent
permettre à un pouvoir d’imprimer sa marque si ce dernier a choisi
de mettre en avant un fait historique pour en tirer un avantage
politique.
Un débat historique et politique : les
causes de la Première Guerre mondiale
JALON 1 CONTEXTE
L’Europe et le monde en 1914 P. 202-203
Réponses
1. On peut relever deux sujets de tension principaux entre 1880 et
1914. En premier lieu les rivalités coloniales (on retiendra surtout
ici la question marocaine), une des manifestations des impérialismes
européens. En second lieu les revendications nationales. Si certaines
sont une affaire intérieure (peuples baltes), d’autres, en particulier
en Autriche-Hongrie, mettent en jeu des connexions aux dimensions
européennes, les nationalités souhaitant disposer d’elles-mêmes
trouvant un soutien bien senti auprès des puissances européennes
rivales de leur État de tutelle (les peuples slaves portés par la Russie
par exemple).
2. Les documents font état de deux réactions. D’une part la mise
en place d’un système d’alliances (Triple Entente contre Triple
Alliance) dont l’efficacité conduit au déclenchement de la guerre ;
d’autre part l’augmentation des dépenses d’armement (plus de
60 % dans le cas de l’Allemagne).
JALON 1
Les historiens et les causes
de la guerre P. 204-205
Activités
1. Voir le tableau page suivante.
2. L’Allemagne est considérée comme la principale responsable de
la guerre. Selon ces deux historiens, elle traverse une crise de
puissance mondiale. Si elle s’engage dans la guerre, c’est pour
répondre aux motivations impérialistes de ses classes dirigeantes,
économiques, politiques et militaires.
3. La guerre est le produit d’une mutation idéologique qui concerne
l’ensemble de l’Europe. Elle se caractérise par le passage d’idée de
sentiment national à celui de nationalisme. Ainsi, si l’Allemagne est
largement responsable du déclenchement des hostilités, celles-ci
n’ont été possibles que parce que la France avait envisagé la guerre
elle aussi.
L’enjeu politique : L’analyse des documents présente plusieurs
causes qui peuvent expliquer la Première Guerre mondiale. Causes
lointaines (économiques, politiques, géopolitiques) mais aussi
immédiates (attitude de l’Autriche-Hongrie et surtout de l’Alle-
magne). Cependant, le déclenchement n’aurait pas été possible
sans la montée des nationalismes facilitant l’adhésion des popula-
tions à la guerre.
Pour approfondir : Se reporter au site de l’historial et du mémorial
(voir sitographie).
Atelier DÉBAT
Il s’agit d’un débat d’acteurs, les élèves n’expriment pas leur opinion
mais prennent la place d’un acteur du sujet, à l’époque ou depuis.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 37
 Document Économique Politique Géopolitique Immédiate
1 • Piller les richesses des • Détourner les opinions • S’emparer de territoires et
territoires conquis.  publiques des problèmes asservir des nations étrangères.
• Trouver de nouveaux intérieurs.
débouchés. • Affaiblir, par le nationalisme
le mouvement révolutionnaire.
2 • Pour l’Autriche-Hongrie, • Provocation de
retrouver son prestige, car l’ultimatum.
menacée de décomposition
(aspiration nationale des Slaves
du Sud).
• Pour l’Allemagne, surmonter sa
crise de puissance.
3 • D’une guerre régionale à une • Occasion saisie de
guerre mondiale. l’attentat de Sarajevo de
• Acceptation de la guerre par la régler son compte à la
France. Serbie. 
4 • Plan d’annexion de l’Allemagne.
5 • Passage d’un sentiment • Passage d’un conflit
national au nationalisme austro-serbe à un conflit
presque partout (influence des franco-allemand.
partis d’extrême droite). 

5. Pour Clark, sans minimiser le bellicisme des pouvoirs austro-

JALON 1 hongrois et surtout allemands (devenir une grande puissance), il
L’enjeu politique des origines faut aussi, en changeant d’échelle, comprendre que la guerre a été
le résultat d’une culture politique commune, celle d’un impérialisme
de la guerre P. 206-207
nationaliste qui remontait au xixe siècle.
Activités L’enjeu politique : Le travail de l’historien n’est pas perçu de la
même façon selon le moment où il est rendu public. La responsa-
1. L’objectif premier était pour les vainqueurs (au premier rang
bilité de l’Allemagne dans le déclenchement de la Première Guerre
desquels la France) de désigner l’Allemagne comme responsable
mondiale est une idée qui passe mal (H. Rousso dirait « un passé
de la guerre (article 231 du traité de Versailles). C’est au nom de
qui ne passe pas ») au début des années 1960, au moment où la
cette responsabilité qu’on lui impose le règlement de réparations,
RFA se débat avec les premiers procès de criminels nazis et cherche
dont l’objectif est de l’affaiblir durablement. En Allemagne, on parle
en même temps à acquérir une nouvelle respectabilité. Dès lors,
de « coup de poignard dans le dos » et de Diktat, ce que la carica-
difficile d’accepter l’idée de continuité, comme si le mal était un
ture et l’affiche du parti nazi dénoncent.
invariant de l’histoire de la nation allemande.
2. Le NSDAP a été le grand bénéficiaire du ressentiment allemand.
Pour approfondir : L’élève orientera sa recherche vers des quoti-
C’est la raison pour laquelle ce dernier s’oppose à la république de
diens comme L’Humanité, Le Figaro, Le Canard enchaîné, mais aussi
Weimar. L’un des objectifs d’Hitler, une fois parvenu au pouvoir a
des journaux allemands comme le Deutsche Allgemeine Zeitung, de
été de revenir sur les clauses du traité (la question des réparations
manière à avoir des points de vue différents entre sensibilité poli-
ayant été réglée dès la fin des années 20).
tique mais aussi entre différents pays. Pour ne pas se perdre, la
3. Pour Fischer, il y a une continuité historique de la Prusse au
recherche portera en priorité sur la date du 28 juin 1919.
IIIe Reich. Le nationalisme allemand n’explique pas seulement
l’arrivée au pouvoir d’Hitler, il est aussi responsable du déclenche- VERS LE BAC
ment de la Première Guerre mondiale. Trois ans membre du parti
Il conviendra de rappeler les étapes du débat, les historiens fran-
nazi, et accusé de défendre une thèse le dédouanant de cet enga-
çais, allemands ou d’autres origines, qui l’ont marqué et leurs
gement, il doit, pour prouver sa bonne foi et en bon historien,
conclusions respectives. Pour l’Allemagne, s’appuyer sur une actua-
publier ses sources.
lité pour montrer la sensibilité de la question.
4. La thèse de Fischer a fait scandale en Allemagne et a été condam-
née par le chancelier et le président du Bundestag, au point même
d’interdire à Fischer une série de conférences aux États-Unis. Ce que LA FABRIQUE DE L’IMAGE
cet épisode révèle dans tous les cas, c’est la place que peut occuper
Le drapeau flotte sur Iwo Jima
l’historien dans la société, pour faire émerger des idées et des débats
nouveaux, en s’appuyant sur des méthodes rigoureuses et des sources
(23 février 1945) P. 208-209
fiables, quitte à remettre en cause tout un ensemble de mémoires Arrêt sur l’image : 1. La photo met en valeur le moment précis où
subjectives. le drapeau est levé, signe de victoire et de prise de possession d’un

38 Thème 3. Histoire et mémoires

territoire. Les hommes sont réunis dans le même mouvement,
symbole d’un effort commun, coordonné. Le vent qui souffle dans
le drapeau donne encore plus de dynamisme à l’image, et suggère
l’effort qu’ils doivent faire. Le spectateur est ainsi immergé dans le
moment saisi par la photo.
2. L’armée américaine envoyait des reporters de guerre avec les
troupes, pour diffuser largement les victoires et les efforts de son
armée.
3. La photographie a servi lors de la campagne du 7e emprunt
national de guerre : choisie par le président Roosevelt, elle a média-
tisé les efforts des armées américaines dans le Pacifique, et encou-
ragé les populations à donner encore pour financer la mission que
les États-Unis s’étaient fixé, battre le Japon.
Sa portée politique : 4. Cette image a pu exalter la volonté de vic-
toire, la ténacité, le courage de tenir face à la résistance de l’adversaire.
Elle fait appel au sentiment national par la symbolique du drapeau.
La guerre des images permet aussi de préfigurer la victoire américaine
qui au moment de la photo n’est pas encore acquise.
Atelier RECHERCHE
On peut prendre l’exemple de F. Cappa ou plus récemment de
G. Jacquier.
Mémoires et histoire d’un conflit :
la guerre d’Algérie
JALON 2 CONTEXTE
La guerre d’Algérie P. 210-211
Réponses
1. En 1954, la France refuse l’indépendance à ses départements algé-
riens et s’engage progressivement dans une guerre qui n’a pas de
nom, au point d’envoyer à partir de 1956 des appelés du contingent
outre-Méditerranée. Le général de Gaulle, à partir de 1958 infléchit
progressivement la politique de la France, et admet l’idée de l’indé-
pendance, bien que celle-ci soit refusée par l’OAS et les pieds-noirs.
2. La mémoire de la guerre d’Algérie concerne au premier chef les
deux États. Ensuite, des groupes à la mémoire divergente : soldats
français, combattants du FLN, harkis, membres de l’OAS et les pieds-
noirs.
JALON 2
Déni en France, héroïsation
en Algérie : l’histoire impossible ? P. 212-213
Activités
1. Le document 4 met en avant 3 groupes mémoriels. Les pieds-noirs
qui estiment avoir été chassés de l’Algérie, les soldats du contingent
qui n’ont pas choisi de combattre (doc 3), les harkis qui ont choisi
leur camp mais qui le paient au prix fort (la mort ou le mépris).
Chaque groupe a vécu sa guerre d’Algérie. Sans parler de la mémoire
collective d’une guerre qui a aussi touché l’opinion publique fran-
çaise de plus ou moins près : les partisans de l’Algérie française,
ceux partisans de l’indépendance, la majorité silencieuse.
2. La voix des combattants français de la guerre a été étouffée ; en
même temps, les membres de l’OAS ont été amnistiés puis même
graciés par le président de Gaulle. Tout cela dans un souci de dis-
simulation de la « tragédie algérienne ». Il faut à l’époque, souder
la nation autour d’un projet de grandeur et d’indépendance natio-
nale de la France. Amnistie et grâce peuvent surprendre car le
général de Gaulle a dû combattre l’OAS (qui organise contre lui
plusieurs attentats sans succès). On notera leur moment clé : un an
avant l’élection présidentielle au suffrage universel direct et au
lendemain de mai 1968. Dans les deux cas, à des fins probablement
électoralistes.
3. L’histoire officielle en Algérie glorifie la lutte du FLN seul (déni
des autres combattants indépendantistes) pour l’indépendance et
justifie ainsi son maintien au pouvoir depuis 1962. On ne peut
assister au développement d’une science historique (« ahistorial »)
autonome puisqu’elle serait par définition différente du dogme, de
la « vérité » à laquelle on doit croire (« État théologien »).
L’enjeu politique : Le travail historique sur la guerre d’Algérie a
été bloqué pendant 20 ans d’une part parce que les braises étaient
encore chaudes (trop grande proximité avec l’événement, trop
d’acteurs concernés par cette histoire tragique). De plus, il y avait
des deux côtés de la Méditerranée intérêt à édulcorer, au mieux,
et à réécrire au pire une histoire officielle. En France, faire croire à
un consensus autour de l’action du général de Gaulle (une indé-
pendance acceptée) ; en Algérie, une indépendance acceptée par
tous, conduite par le FLN qui s’est battu contre un ennemi inhumain.
Pour approfondir : L’amnistie est une pratique récurrente dans
l’histoire de la République en France. Héritière d’une longue histoire,
elle vise à clore le conflit civil en décrétant l’oubli des fautes com-
mises. Elle est accordée par une loi votée par le Parlement au terme
de débats généralement très animés. Mais elle est jugée contraire
au « devoir de mémoire » à partir des années 1960. L’auteur déve-
loppe cette évolution de la justice dans ses relations avec l’histoire
et les mémoires.
Atelier ESPRIT CRITIQUE
En France, les partisans de l’Algérie française portent une amertume,
voire une rancune contre les partis politiques qui ont accordé ou
soutenu l’indépendance. Par calcul électoraliste, certains partis ne
sont pas pressés de connaître la vérité historique. En Algérie, la
glorification du FLN au pouvoir a empêché les travaux objectifs sur
les autres acteurs de l’indépendance.
JALON 2
Le réveil des mémoires,
l’histoire au travail P. 214-215
Activités
1. Les témoignages (qui ont souvent manqué à l’historien pour les
périodes plus anciennes) sont indispensables à la compréhension de
la guerre d’Algérie. Cependant, ils n’ont de valeur qu’une fois validés
par des experts, les historiens qui en font une analyse objective.
2. Les lieux de mémoire communautaires présentent l’inconvénient
d’être clivants puisqu’ils ne mettent en avant qu’une mémoire, une
souffrance. À l’inverse, les mémoriaux témoignent d’un apaisement,
d’une mémoire qui se veut sinon consensuelle du moins fédératrice.
3. M. Audin a été assassiné par l’armée française. La France a tou-
jours refusé de le reconnaître. Le fait que le président Macron se
déplace en personne chez la veuve de la victime, est une recon-
naissance des crimes de l’armée française.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 39
L’enjeu politique : Avant les années 1980, on constate une histoire
très parcellaire et des mémoires communautaires. Peu à peu un
changement d’attitude se dessine, vers une fin progressive de
l’amnésie. Ouverture des archives, multiplication des ouvrages
savants, qualification de « guerre » reconnue par la loi, émotion
devant les crimes commis par l’armée française, mais aussi le FLN,
inauguration du mémorial parisien (qui prend en compte toutes les
victimes à la différence du monument du martyr d’Alger), visite d’E.
Macron à la veuve de M. Audin.
Pour approfondir : On peut suggérer aux élèves quelques réfé-
rences, dont ils chercheront les réalisateurs, la date de sortie sur
les écrans, le synopsis. Liste non exhaustive : La bataille d’Alger, Mon
colonel, L’ennemi intime, La guerre sans nom, Avoir 20 ans dans les
Aurès, L’honneur d’un capitaine.
VERS LE BAC
On pourra se reporter au texte de la page de cours p. 218 du manuel.
Quiz interactif / Axe 1 P. 218
1. Qui est le premier historien français à avoir travaillé sur les causes
de la Première guerre mondiale ?
a. Benjamin Stora.
b. Fritz Fischer.
c. Pierre Renouvin.
2. L’écrivain allemand F. Fischer, en 1961 est le premier à parler de :
a. La continuité historique de la Prusse au IIe Reich.
b. L’amitié franco-allemande nécessaire pour l’avenir.
c. La responsabilité de l’Autriche-Hongrie dans le déclenchement
de la Première Guerre mondiale.
3. Pour une formulation nuancée vous diriez à propos du déclen-
chement de la guerre que :
a. L’Allemagne n’est pas la seule responsable ; il faut aussi parler
de l’Autriche-Hongrie.
b. L’Allemagne a été un acteur déclencheur, mais les nationa-
lismes européens ont permis le consentement à la guerre des
populations.
c. L’Allemagne n’est en rien responsable. La faute revient uniquement
à la rivalité entre nations.
4. À propos de la guerre d’Algérie, on observe :
a. Une seule mémoire.
b. Des mémoires multiples.
c. Deux mémoires clivées, celle des Français et celle des Algériens.
5. Il existe un mémorial national de la guerre d’Algérie :
a. Oui à Alger.
b. Oui à Alger et à Paris.
c. À Alger mais pas à Paris.
AXE 2
Histoire, mémoire et justice P. 222-223
Réponses
1. L’affaire Dreyfus et le régime de l’Apartheid sont des épisodes
historiques marquants car ils ont illustré les difficultés que peut
40 Thème 3. Histoire et mémoires
impliquer une multitude de cultures et d’origines au sein d’un même
État. Dans le cas de l’affaire Dreyfus, l’antisémitisme profondément
ancré dans la société française a mené à la condamnation injuste
du capitaine Dreyfus et, dans le cas de l’Apartheid, à l’incarcération
injuste de Mandela. Dans les deux cas, leur réhabilitation et le
processus de justice qui l’a permis ont été primordiaux pour la
construction de l’histoire du pays.
2. L’affaire Dreyfus est restée dans la mémoire collective nationale
comme un exemple de l’antisémitisme très présent au sein de la
société française de l’époque, l’impact de cet état d’esprit sur la
justice et ses potentielles répercussions judiciaires.
L’incarcération de Mandela est restée dans la mémoire collective
nationale comme un exemple d’injustice et de lutte contre les
discriminations liées à l’Apartheid.
3. L’affaire Dreyfus a donné lieu à de nombreux rebondissements,
qui ont duré plusieurs années. Le capitaine Dreyfus a finalement
été innocenté et réhabilité aux yeux de la justice. Aujourd’hui cer-
tains se battent encore pour sa réhabilitation militaire.
Mandela a été emprisonné contre les demandes de la communauté
internationale, et notamment du Conseil de sécurité des Nations
Unies. À sa sortie de prison, il s’est engagé pour la réconciliation
des habitants d’Afrique du Sud, et est devenu un acteur incontour-
nable de cette lutte.
La justice face au génocide des Tutsi
JALON 1 CONTEXTE
Le génocide des Tutsi au Rwanda P. 224-225
Réponses
1. Le génocide des Tutsi a eu lieu avec la complaisance totale des
autorités locales, dans le cadre d’un conflit interethnique déjà ancien
au sein de la société rwandaise.
2. L’échelle internationale de la justice du génocide correspond à
la mise en place d’un Tribunal pénal international pour le Rwanda
(TPIR), créé par le Conseil de sécurité de l’ONU en 1994, et visait à
juger les planificateurs du génocide et les meurtriers reconnus
coupables de tortures sexuelles ou de viols.
L’échelle nationale de la justice du génocide a permis, grâce aux
juridictions nationales rwandaises, de juger les auteurs, coauteurs
ou complices d’homicide volontaire ainsi que les coupables de
tortures sexuelles ou de viols.
L’échelle locale de la justice du génocide a permis, grâce aux tribu-
naux gacaca, de juger ceux qui ont commis des atteintes graves
sans intention de causer la mort et ceux qui ont commis des infrac-
tions contre les biens.
JALON 1
La justice locale :
les tribunaux gacaca P. 226-227
Activités
1. Les Hutus et les Tutsis sont deux groupes ethniques distincts qui
cohabitent depuis fort longtemps au Rwanda et dans d’autres pays
d’Afrique, et cette cohabitation n’a pas été sans difficultés. Les
violences anti Tutsis ont toujours été très présentes du fait de la
majorité dominante Hutu, mais ont augmenté de manière signifi-
cative entre 1990 et 1994.
2. Juger les coupables et complices du génocide a été une nécessité
pour la reconstruction du Rwanda post-génocide et les tribunaux
gacaca, juridictions populaires pour les infractions les moins graves
liées au génocide, ont permis de répondre à ce besoin immédiat
de justice.
3. Les tribunaux gacaca ont permis à la fois d’écouter des témoins
et d’informer des victimes directes et indirectes du génocide.
Toutefois les membres du jury n’étaient pas forcément, et même
rarement des juristes, on peut donc douter de leur expertise en la
matière, leur nomination reposant sur leur « bonne réputation et
leur intégrité. »
L’enjeu politique : Les tribunaux gacaca, tribunaux populaires (du
kinyarwanda gacaca, « herbe douce », là où se réunit) ont permis de
mettre à contribution la population rwandaise, d’écouter les témoins
des massacres et de rétablir la vérité sur les infractions commises,
notamment sur les violences à l’encontre de la population Tutsi.
Pour approfondir : Afin de synthétiser l’article, l’élève peut se
constituer une liste. Cette dernière doit reprendre les éléments
notables de l’article.
– Tribunaux populaires ;
– Jugement des responsables et complices de génocides ;
– Répondaient à un besoin de justice immédiat ;
– Versant « local » de la justice post génocide face au versant
international de cette dernière avec le TPIR, créé par le Conseil de
sécurité de l’ONU ;
– Une fonction plus réparatrice qu’accusatrice : les victimes ont pu
donner leur témoignage.
Atelier DÉBAT
« Oui » :
– Les jurys populaires sont une ancienne méthode pour rendre la
justice qui a fait ses preuves et permet de faire appel au devoir
citoyen de chacun (exemple : les Assises en France, 12 angry men
aux États-Unis) ;
– Cela permet de responsabiliser les citoyens et de leur donner un
accès direct à la justice, non seulement en tant que justiciable mais
en tant que jury.
« Non » :
– Un jury populaire est constitué de citoyens qui ne sont pas for-
cément juristes, on peut donc douter de leur expertise en la matière ;
– Il est difficile, voire impossible de s’assurer de leur parfaite impar-
tialité.
JALON 1
Mémoire du génocide
et justice internationale P. 228-229
Activités
1. Le TPIR a un rayon d’action international, les personnes jugées
devant lui ont été arrêtées un peu partout dans le monde. Il s’agit
de planificateurs ou de meurtriers de grand renom.
2. Hors d’Afrique la plupart des suspects ont été arrêtés en Belgique.
La majorité des personnes mises en accusation devant le TPIR ayant
été condamnées, on peut considérer que les procédures de justice
internationale mises en place ont été efficaces.
3. La justice, à toutes ses échelles, a permis une forme de
réunification nationale et de rétablissement de la vérité des faits
nécessaire à la cohésion sociale post-génocide. Cette reconstruction
est aussi passée par l’intervention d’ONG comme l’association Ibuka
et la fondation d’un mémorial.
4.  Selon S. Audouin-Rouzeau, cinquante ans constitue la période
de temps à l’issue de laquelle un épisode traumatique comme un
génocide doit être reconnu comme tel par la communauté interna-
tionale, dans l’intérêt de la reconstruction étatique.
L’enjeu politique : Les arrestations internationales des principaux
instigateurs du génocide des Tutsi, leur jugement par le TPIR, ainsi
que le rétablissement de la vérité et l’entretien de la mémoire des
victimes des massacres au Rwanda ont contribué à la reconstruction
nationale du Rwanda, après des années de violences et de massacres
interethniques.
Pour approfondir : Plus de vingt-cinq ans après le génocide, la
commémoration des victimes de ce dernier fait désormais partie
intégrante de la vie politique du Rwanda.
VERS LE BAC
Plus de vingt-cinq ans après le génocide, la commémoration des
victimes de ce dernier fait désormais partie intégrante de la vie
politique du Rwanda. Le mémorial du génocide, situé à Kigali, est
un lieu central de mémoire du génocide. Il contient notamment des
reportages, des photos d’un grand nombre de victimes, et retrace
les faits qui se sont déroulés, rendant ainsi plus accessible la vérité
des faits et des violences commises à l’occasion du génocide, et
permettant aux citoyens rwandais de connaître avec exactitude
l’histoire de leur pays. La justice pour les victimes des massacres a
donc été progressivement assurée à l’échelle locale, par le biais des
tribunaux gacaca qui ont permis de juger de manière immédiate,
au moyen de jurys populaires, des personnes soupçonnées d’avoir
contribué aux violences ou d’avoir commis des atteintes contre des
biens, et à l’échelle nationale, la justice pénale rwandaise ayant
jugé les auteurs, coauteurs ou complices d’homicides volontaires
ou d’atteintes ayant entraîné la mort, ainsi que les coupables de
tortures sexuelles ou de viols. Mais au-delà des frontières rwandaises,
la justice a fait son travail d’histoire et de mémoire, notamment par
le biais du TPIR, créé par le Conseil de Sécurité des Nations Unies,
grâce auquel les principales autorités ayant dirigé les violences ainsi
que les plus grands meurtriers ou coupables de violences ou tortures
sexuelles, ont pu être jugés et condamnés.
La construction d’une justice pénale
internationale : le TPIY
JALON 2 CONTEXTE
La guerre et les massacres
en ex-Yougoslavie P. 230-231
Réponses
1. On retrouve de nombreux peuples et religions différents dans la
région des Balkans, notamment Albanais, Croates, Macédoniens,
Monténégrins, Serbes (majoritairement chrétiens orthodoxes),
slaves musulmans et slovènes.
2. La Serbie a permis l’extradition des principaux responsables des
violences commises à l’encontre des musulmans de Bosnie.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 41

JALON 2
Une justice internationale
face aux crimes de masse P. 232-233
Activités
1.  Le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie a été créé par
l’ONU pour juger les personnes présumées responsables des crimes
de guerre commis dans les Balkans au cours de conflits des années
1990. Il a été créé en 1993 pour juger les quatre types de crimes :
génocide, crimes contre l’humanité, violations des lois ou coutumes
de la guerre et infractions graves aux conventions de Genève.
2. Les hautes fonctions occupées par un individu peuvent encore
servir de protection contre les poursuites judiciaires, même pour les
crimes les plus graves. Les corps armés assurant la protection inter-
nationale des populations peuvent également se retrouver dépassés
par les événements et faillir à leur mission, comme l’a montré
l’exemple des Casques bleus néerlandais envoyés près de Srebrenica.
3. D. Tadic, Serbe de Bosnie accusé d’avoir tué treize musulmans,
d’en avoir torturé dix-huit et d’avoir commis un viol, et R. Mladic,
commandant en chef de l’armée de la République serbe de Bosnie
pendant la guerre de Bosnie, ont tous deux été jugés devant le TPIY.
Ces procès étaient donc particulièrement importants pour montrer
que de tels crimes ne peuvent pas demeurer impunis, et pour per-
mettre de reconstituer la vérité des faits commis pendant la guerre.
La réaction du président serbe indique une volonté d’aller de l’avant.
L’enjeu politique : Le TPIY a été créé par l’ONU le 25 mai 1993 pour
juger les personnes présumées responsables des crimes de guerre
commis dans les Balkans au cours de conflits des années 1990.
Pourtant, la prise d’assaut de Srebrenica au cours de laquelle huit
mille bosniaques musulmans furent massacrés sur ordre de R. Mladic
eut lieu en juillet 1995, soit plus de deux ans après sa création, ce
qui semble indiquer que son autorité internationale n’était pas
assez puissante pour empêcher, en amont, ce type de violences.
Pour approfondir : Un résumé de l’article est disponible sur le site
Cairn (voir sitographie). L’article de T. Tardy met en évidence le rôle
de l’ONU dans la gestion des conflits entre 1991 et 1995 en ex-You-
goslavie. Il distingue plusieurs niveaux que sont : l’action de l’ONU,
l’échec de la politique mise en place et les conséquences de cet échec.
Atelier DÉBAT
Les élèves doivent débattre au sujet de la candidature à l’adhésion
de la Serbie à l’Union européenne. Pour ce faire, ils doivent se
documenter pour étudier comment ce pays, et notamment son
gouvernement, a œuvré pour mettre en place cette candidature. Il
faudra relever les arguments en faveur de son adhésion et présen-
ter l’état actuel de cette candidature (depuis quand elle a été mise
en place, les dates clés, les décisions en cours…). L’exercice doit
mettre en exergue les enjeux de cette candidature de la Serbie pour
devenir le 28e membre de l’Union européenne.
JALON 1
Divergences mémorielles et
qualification des crimes de masse P. 234-235
Activités
1.  La bonne compréhension des massacres commis en Bosnie est
nécessaire pour la qualification des crimes commis et le jugement
des personnes reconnues coupables de ces actes. Pour cela il est
dans un premier temps nécessaire de savoir ce qui s’est passé
exactement, le bilan total des victimes, les conditions des attaques
etc. Or, ce bilan fut difficile à établir, d’autant plus que la qualifica-
tion de « génocide » fait débat.
2. Parmi les Serbes accusés d’avoir participé ou organisé les mas-
sacres, cette volonté de mettre des mots et de retracer le déroulé
exact des événements se heurte à des mémoires douloureuses et
divergentes, ce qui a pu notamment conduire au suicide de S. Praljak
en pleine audience en 2017. Le terme employé pour désigner les
violences qui ont eu lieu fait débat : si la communauté internationale
a pu insister pour les qualifier de génocide, d’autres parlent plutôt
de crime de guerre ou de nettoyage ethnique.
3. Comme pour les Tutsi au Rwanda la création d’un tel lieu de
mémoire a permis aux citoyens d’accéder à la vérité des faits qui
ont été commis et les proches des victimes peuvent ainsi voir la
mémoire de leurs proches reconnue.
4. Selon Y. Ternon, la CIJ a rendu un avis selon lequel les massacres
commis à Srebrenica s’apparenteraient à un génocide, or d’après
les historiens il s’agirait d’un acte génocidaire et non d’un génocide
car les massacres ont eu lieu dans une proximité géographique trop
importante pour pouvoir être qualifiés de génocide.
L’enjeu géopolitique : La CIJ, si elle n’a eu qu’un rôle d’organe
consultatif chargé de rendre un « avis sur cette question, fait néan-
moins autorité en la matière, et contribue, d’une certaine manière,
à l’écriture de l’histoire des massacres commis en Bosnie. De même
la communauté internationale, juristes, historiens etc. ont tous
débattu de la question de la qualification de ces crimes. La qualifi-
cation de génocide et en effet une question sensible et de dimen-
sion internationale car elle repose avant tout sur les définitions de
textes de droit international, des conventions internationales dont
les enjeux sont primordiaux.
Pour approfondir : Pour commencer, l’élève devra faire une fiche
de présentation de la minorité musulmane des Rohingyas (combien
sont-ils, où se trouvent-ils, quelle est l’origine de la tension…).
Ensuite, l’élève peut répertorier toutes les accusations mentionnées
dans l’article et distinguer la position de son auteur.
VERS LE BAC
Ici vous pouvez vous appuyer sur la réponse de l’enjeu politique
proposée à la p. 233.
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
Rithy Panh, cinéaste de la mémoire P. 236-237
Arrêt sur l’image : 1. Duch dirigeait à Phnom Penh le centre de
torture S21 où 12 380 Cambodgiens « opposants » à la dictature des
Khmers rouges trouvèrent la mort. R. Panh lui consacre un film
documentaire.
2. Ici Duch fait face à la caméra, il est au cœur de l’image et du
documentaire. Le décor est très épuré, pour ne pas dire inexistant.
Duch est assis à une table, sur laquelle se trouvent des documents
en rapport avec le centre de torture qu’il a dirigé, notamment des
photos des victimes, ce qui lui permet d’expliquer ce qu’il a fait.
3. Les Khmers rouges étaient une dictature communiste, plus pré-
cisément un mouvement politique et militaire communiste radical
d’inspiration maoïste, qui a dirigé le Cambodge de 1975 à 1979.

42 Thème 3. Histoire et mémoires

4. R. Panh tourne son film en 2012, après la condamnation de Duch
à 35 ans de prison, ce dernier ayant fait appel de cette décision. On
peut penser que son projet est motivé par la volonté de comprendre
les rouages de la machine meurtrière dictatoriale du régime des
Khmers rouges.
Sa portée politique : 5. Duch cherche avant tout à expliquer qu’il
ne faisait que son travail, qu’il obéissait aux ordres, et que c’est ce
contexte exceptionnel qui l’a poussé à commettre ces actes. Il se
devait de faire consciencieusement son travail, même s’il comprend
bien la gravité des faits commis.
6. R. Panh salue le fait que les jeunes Cambodgiens s’intéressent
de plus en plus à l’histoire de leur pays et notamment aux violences
commises sous le régime des Khmers rouges. Toutefois, il s’étonne
du fait que la justice a séparé le crime contre les Chams et les
Vietnamiens, qualifié de génocide, de celui contre le reste du peuple
khmer, qualifié de crime contre l’humanité.
Atelier RECHERCHE
L’élève devra faire des recherches afin de répertorier tous les enjeux
politiques liés au mémorial de Tuol Sleng. Il pourra également
développer une ou plusieurs controverses mémorielles qui sont
liées à ce musée du génocide (travaux de Judy Ledgerwood notam-
ment).
Quiz interactif / Axe 2 P. 240
1. Qu’est-ce que la gacaca ?
a. Une personne choisie, pour sa bonne réputation, afin de faire
partie d’un tribunal populaire dans le cadre de la justice post-géno-
cide au Rwanda.
b. Un tribunal villageois présidé par un jury populaire, ancienne
forme de juridiction au Rwanda recréée en 2001 pour juger les
auteurs présumés du génocide de 1994.
c. Un groupe ethnique très présent au Rwanda et au Burundi.
d. Une herbe médicinale.
2. Le Tribunal pénal international pour le Rwanda a été créé :
a. par les autorités rwandaises.
b. sur une initiative populaire rwandaise.
c. par le Conseil de sécurité de l’ONU.
d. à la demande d’un groupe d’ONG.
3. Le crime dont la qualification fait principalement débat au sein
de la communauté internationale concernant les violences commises
à l’encontre des musulmans de Bosnie est :
a. génocide.
b. crime de guerre.
c. crime contre l’humanité.
d. nettoyage ethnique.
4. La prise d’assaut de Srebrenica par les forces serbes a eu lieu :
a. le 16 avril 1993.
b. le 25 mai 1993.
c. en juillet 1995.
d. en décembre 1995.
5. Le régime des Khmers rouges a été à l’origine de l’extermination :
a. D’un groupe ethnique présent principalement au Cambodge.
b. Des personnes soupçonnées d’être des opposants au régime.
c. D’un groupe ethnique présent principalement au Viêtnam.
d. D’une minorité religieuse.
OBJET
CONCLUSIF
L’histoire et les mémoires du
génocide des Juifs et des Tsiganes
P. 244-255
Réponses
1. Le document cartographique permet de mettre en évidence la
dimension européenne du génocide des Juifs et des Tsiganes. Tous
les pays occupés ou alliés de l’Allemagne sont victimes de ces vio-
lences de masse, dont on peut ici rappeler les formes principales
(ghettos, groupes mobiles de tueries, camps de concentration,
centres de mise à mort) ainsi que le bilan plus élevé dans certains
pays. Aux 6 millions de Juifs s’ajoutent près de 250 000 Tsiganes
assassinés principalement à l’Est de l’Europe.
2. La mémoire du génocide est transmise par le témoignage des
survivants et de leurs descendants, la préservation de certains lieux
de massacres et leur transformation en musées, la construction de
mémoriaux et l’organisation de commémorations. L’éducation
contribue à cette mémorialisation. La culture y joue aussi un rôle
important à travers la littérature et le cinéma.
3. Les survivants et leurs descendants contribuent à la mémoire en
acquérant le statut de témoin. Des témoignages écrits, enregistrés
ou effectués dans un cadre scolaire, permettent la production et la
transmission mémorielle. La parole des témoins est intégrée aux
parcours muséographiques et aux cérémonies commémoratives.
Les lieux de mémoire du génocide
des Juifs et des Tsiganes
OBJET CONCLUSIF CONTEXTE
L’événement, l’histoire, la mémoire P. 246-247
Réponses
1. Les documents permettent de contextualiser le génocide des Juifs
et des Tsiganes. Le travail des historiens s’appuie ici sur des sources
de natures différentes : des archives, des témoignages, etc.
L’établissement de la vérité historique est relayé par des associations
de victimes qui contribuent à recueillir des preuves et des témoi-
gnages. Les historiens contribuent à la diffusion en utilisant les
ressources numériques.
2. Les historiens sont confrontés à certaines difficultés dans le cadre
de leurs travaux : la disparition des traces et les contraintes d’accès
aux archives qui peuvent limiter leurs recherches. Les historiens
peuvent être auditionnés lors des procédures judiciaires pour
contextualiser les procès.
3. La mémoire étant portée par des groupes humains, elle évolue
et permet de repérer une succession de régimes de mémorialité.
Dans le cas de la mémoire officielle, la chronologie des repères
permet de mettre en évidence la rupture des années 1970-1990.
Dans le cas de l’histoire, les évolutions sont liées à l’apparition de
nouvelles problématiques qui peuvent être portées par de nouvelles
générations d’historiens, et relire l’interprétation de certains
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 43
évènements. L’histoire évolue aussi en devenant plus précise à
mesure que sont disponibles certaines archives ou traces archéo-
logiques des évènements passés.
JALON 1
Les lieux de mémoire
de la Shoah en France P. 248-249
Activités
1. Le CDJC fondé durant la guerre en 1943 à l’initiative d’I. Schneersohn,
se donnait pour objectif de recueillir les preuves de la persécution
et d’en conserver des archives. Les documents permettent de mettre
en évidence d’autres fonctions qui sont progressivement apparues et
ajoutées à cette fonction archivistique : contribuer à l’établissement
de la justice, commémorer les victimes, soutenir les survivants,
diffuser la mémoire par différents supports, accompagner l’Éduca-
tion Nationale, sensibiliser à l’histoire de tous les génocides du
xxe siècle, etc. En fédérant un réseau de plusieurs lieux de mémoire
de la Shoah et en nouant des partenariats, ces objectifs se réalisent
à l’échelle nationale et internationale.
2. L’extrait des mémoires des époux Klarsfeld revient sur la lutte
contre les négationnismes. En publiant par exemple la liste de tous
les convois de déportés partis de France, S. Klarsfeld a contribué à
identifier l’ensemble des victimes et à mesurer l’ampleur du crime
commis par les Nazis et les collaborateurs. L’histoire est ainsi essen-
tielle pour établir des faits objectifs. Elle doit s’appuyer sur des
sources fiables et accessibles. La diffusion de la vérité historique
contribue à entretenir la mémoire des victimes et à lutter contre
ceux qui veulent falsifier le passé.
3. La mémoire revêt une dimension politique lorsqu’elle est prise
en charge par l’état ou des acteurs publics. Cette dimension politique
est illustrée par plusieurs aspects repérables dans les documents :
favoriser l’accès des victimes à la justice, aménager des lieux de
mémoire, organiser des commémorations, diffuser l’enseignement
de l’histoire des évènements, favoriser l’accès aux archives, etc. La
reconnaissance de la responsabilité de l’état français par le président
Jacques Chirac est un moment politique marquant de l’affirmation
d’un devoir de mémoire.
L’enjeu politique : Les documents permettent de suivre les étapes
de la transmission de la mémoire de la Shoah en France. À partir
du CDJC et des premières initiatives communautaires, destinées à
préserver des preuves des crimes et à rappeler la mémoire des
victimes, cette mémoire accède à une reconnaissance qui se traduit
par son inscription dans le paysage. Les moyens de transmission
sont élargis. Les objectifs deviennent aussi politiques et civiques.
Pour approfondir : Il est intéressant de comparer la situation de
la France avec celle de certains pays européens. Les élèves sont
invités à effectuer des recherches sur le cas de l’Italie et de la Grèce.
Après avoir contextualisé et rappelé les formes et le bilan de la
Shoah dans ces pays, on peut montrer combien la mémoire s’affirme
plus tardivement et encore de manière partielle au sein de la société.
La trajectoire de certains survivants, comme Primo Levi ou le deve-
nir de certains lieux, comme l’ancien quartier juif de Thessalonique,
peuvent servir de support à cette analyse.
Atelier DÉBAT
Cette question peut amener les élèves à s’interroger sur le lien entre
passé et présent, la responsabilité individuelle et/ou collective d’une
44 Thème 3. Histoire et mémoires
société. Les élèves sont invités à mobiliser des exemples tirés d’autres
espaces géographiques ou de situations que ceux évoqués ici.
JALON 1
Les lieux de mémoire du génocide
en Europe de l’Est P. 250-251
Activités
1. Les documents 1 à 3 complètent les informations présentes dans
les pages de contextualisation en début de jalon.
2. Préservé autant que possible, les deux premiers camps du com-
plexe d’Auschwitz font l’objet d’un aménagement muséographique
depuis 1947. Gérée au départ par l’état polonais, cette muséographie
évolue. Les étapes et les enjeux peuvent être repérés dans les
documents 2 et 3. La reconnaissance des victimes juives à partir
des années 1990 et le réaménagement des lieux d’exposition par-
ticipent et contribuent à une prise de conscience internationale de
la Shoah.
3. C’est sur le territoire polonais actuel que furent assassinés la
plupart des Juifs d’Europe. C’est là que se trouvaient les centres de
mise à mort installés par les Nazis. Les principaux ghettos et les
lieux d’action des groupes mobiles de tueries sont localisés en
Pologne et dans l’ex-URSS. Ainsi, ces pays occupent une place
spécifique dans la mémoire du génocide. D’autant plus que la Shoah
a abouti à la quasi-disparition d’une culture ancestrale et de sa
langue le Yiddish.
4. Les historiens polonais sont confrontés à plusieurs questions
importantes liés à l’aménagement des lieux comme la protection
des traces devant l’afflux de touristes ou la réalisation de parcours
muséographiques adaptés aux nouvelles fréquentations. Se pose
aussi la question de la préservation des autres lieux de la Shoah en
dehors d’Auschwitz. Des débats sont liés au rôle joué par les popu-
lations civiles polonaises, à l’ampleur de la collaboration et de
l’antisémitisme. Le travail des historiens est contrôlé et parfois
instrumentalisé par l’État.
L’enjeu politique et sociétal : L’ensemble des documents permet
de réfléchir au lien entre lieux de mémoire, établissement des
preuves du génocide et travail historique. À mesure qu’évolue la
mise en valeur des lieux, les historiens reconstituent l’identité
des victimes. Ainsi, à Birkenau, la dimension génocidaire du crime
est reconnue lorsqu’on admet que la majorité de victimes étaient
juives.
Pour approfondir : Les élèves réalisent une présentation de ce
document, ainsi que des travaux historiques effectués autour de
l’identité des photographes et de leurs intentions.
VERS LE BAC
Les élèves sont invités à rédiger une introduction en reprenant les
principaux éléments méthodologiques : une accroche tirée des
documents des pages précédentes, une définition des termes du
sujet (lieux de mémoire en faisant référence à P. Nora et génocide
en faisant référence à R. Lemkin), l’énoncé d’une problématique
(les enjeux que révèle l’évolution des lieux de la mémoire des
génocides depuis 1945) et l’annonce d’un plan. Ici, un plan chrono-
logique est préférable (il doit décrire une évolution). On peut alors
reprendre la périodisation proposée en p. 267 du manuel et choisir
comme coupures chronologiques les années 1960, puis 1990.
 Nuremberg, les Alliés instituent des tribunaux dans leurs zones
JALON 1 FOCUS d’occupation respectives. Malgré les centaines de procès, cette
justice est freinée par plusieurs difficultés : l’établissement des
Une reconnaissance tardive
preuves, l’identification et l’arrestation des coupables, le contexte
du génocide des Tsiganes P. 252-253
politique et sociétal de l’Allemagne, les premiers conflits géopo-
Activités litiques de la guerre froide, etc.
2. Plusieurs acteurs participent à la lutte contre l’impunité des
1. Les Tsiganes sont victimes de persécutions à travers l’ensemble
criminels : les autorités d’occupation militaire qui conduisent les
de l’Europe occupée. Ils sont ciblés en tant que groupe humain tout
premiers procès et l’épuration, les gouvernements des États qui
entier, considéré comme racialement inférieur. Selon les territoires,
définissent un cadre légal, la justice criminelle qui se saisit de
les violences de masse se traduisent par des internements forcés,
certaines affaires. L’espoir de justice est aussi animé par l’engage-
des assassinats ou des déportations en camps de concentration.
ment individuel et moral de magistrats, responsables politiques,
L’année 1943 est à retenir comme moment de l’accélération de la
survivants.
politique menée par les autorités allemandes.
3. Le procès d’A. Eichmann se déroule à Jérusalem entre avril 1961
2. La reconnaissance de la mémoire du génocide des Tsiganes est
et mars 1962. Le document 3 permet d’en rappeler la chronologie
tardive et partielle. Après la guerre, de nombreux États poursuivent
de la préparation et du déroulement : traque, arrestation et exfil-
une politique de ségrégation qui ne leur permet pas d’accéder à
tration vers Israël, séance d’ouverture et mise en accusation publique,
l’égalité des droits. Ils restent victimes de nombreux préjugés. La
témoignages, plaidoiries, verdict, appel et sentence.
constitution d’associations communautaires à l’échelle européenne
4. Surnommé « Nuremberg du peuple juif » par le Premier ministre
est tardive. L’établissement de la mémoire est aussi contraint par
israélien B. Gourion, ce procès est une rupture à plus d’un titre :
la rareté des travaux historiques s’appuyant sur des sources fiables.
premier procès tenu en Israël, procès public et intégralement filmé
3. La mémoire des Tsiganes est reconnue à partir de la fin du
pour l’histoire, procès médiatisé à l’échelle mondiale et donnant lieux
xxe siècle. La parole des derniers survivants y contribue. Les témoi-
à une abondante publication, procès faisant largement appel à des
gnages individuels sont relayés par une démarche communautaire.
témoins directement confrontés à l’accusé, etc. Établissant des faits,
Dans le cadre des nouvelles perspectives mémorielles et de l’émer-
le procès contribue à l’histoire. Il permet la reconnaissance de la
gence d’un devoir de mémoire, les victimes tsiganes sont reconsi-
déportation raciale et des violences antisémites. Il inaugure une « ère
dérées. Des travaux historiques sont favorisés par le recueil de
du témoin » selon l’expression qui sera retenue par A. Wieviorka.
nouvelles sources fiables.
L’enjeu politique : Les documents permettent d’analyser les rela-
L’enjeu géopolitique : La dimension européenne du génocide des
tions entre justice et mémoire de la Shoah jusqu’aux années 1970.
Tsiganes implique une dimension européenne de sa mémoire. Elle
Dans une première phase, la mémoire est contrainte par une justice
se traduit par l’existence de plus en plus de lieux de commémoration
partielle. L’épuration et les premiers procès sont limités. Le sort des
comme en témoignent les espaces dédiés à Auschwitz ou le mémo-
déportés juifs et tsiganes n’est pas vraiment différencié de celui
rial de Berlin. Cette reconnaissance présente toutefois des limites.
des autres victimes du nazisme. À partir des années 1960, de nou-
Ainsi, dans de nombreux pays d’Europe de l’Est, les populations
veaux procès comme celui d’Eichmann et la relance de certaines
tsiganes continuent à être victimes de préjugés. Les criminels res-
procédures s’accompagne de la reconnaissance des victimes et d’un
ponsables de leurs persécutions n’ont pas été jugés en tant que tel.
mémorialisation du témoignage.
Pour approfondir : « Rom, Roumaine et Française » ainsi qu’elle
Pour approfondir : Les élèves sont ici invités à prolonger le contenu
se définit, l’avocate et écrivaine A. Ciuciu contribue à diffuser la
du document 5 en réalisant une recherche sur le procureur allemand
mémoire du génocide des Tsiganes. F. Bauer. La démarche biographique doit être l’occasion d’une
contextualisation du parcours individuel : les enjeux politiques de
VERS LE BAC
l’Entre-deux-guerres, les oppositions à la montée du nazisme de la
Il s’agit ici de rédiger un paragraphe de synthèse de l’ensemble des répression à l’exil, la reconstruction des structures judiciaires de
documents, en mettant en évidence les spécificités de la mémoire l’Allemagne après 1945, les contraintes humaines et politiques qui
du génocide des Tsiganes : une persécution à l’échelle européenne pèsent sur le déroulement des procédures, etc.
mais d’intensité variable selon les territoires, une exclusion politique
et sociétale qui se poursuit après la guerre, une reconnaissance Atelier ESPRIT CRITIQUE
partielle et tardive. Les élèves sont invités à effectuer une recherche documentaire sur
les actions menées par S. Wiesenthal. Ce travail est l’occasion de
Juger les crimes nazis après Nuremberg revenir aussi sur le parcours de ces criminels et des stratégies leur
ayant permis d’échapper à la justice.
JALON 2
JALON 2
Les procès des anciens nazis
jusqu’aux années 1970 P. 254-255 Les procès pour crimes
contre l’humanité en France P. 256-257
Activités
1. Le procès des criminels de guerre nazis se déroule dans le cadre Activités
juridique posé par les Alliés au moment de la capitulation de 1. Jusqu’aux années 1980, la justice est contrainte par plusieurs
l’Allemagne. Après le procès du Tribunal international de éléments : de nombreux criminels nazis sont cachés ou en fuite,

Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 45

l’établissement des preuves est limité par un accès restreint aux
archives, les procédures sont ralenties, la plupart des collaborateurs
français ont été amnistiés ou réintégrés sans avoir été jugés, etc.
2. Plusieurs éléments matériels permettent de faire avancer les
procédures : la découverte de nouvelles archives et l’établissement
de preuves par des survivants ou des associations, de nouvelles
recherches historiques, la traque réussie de K. Barbie. Juridiquement,
la France reconnaît l’imprescriptibilité du crime contre l’humanité.
Moralement, l’opinion publique évolue et accompagne un désir de
justice.
3. Cette question permet de synthétiser l’ensemble des documents
pour mettre en évidence les enjeux des 3 procès. Ils marquent une
rupture mémorielle par l’intensité de leur médiatisation. Ils éta-
blissent une nouvelle lecture historique de plusieurs aspects de
l’histoire française : la violence de la Shoah, l’ampleur de la colla-
boration du régime de Vichy et des institutions de l’État français,
l’amnistie et la réintégration des collaborateurs dans le cadre de la
reconstruction politique de la France, etc.
4. Les procès sont l’occasion d’une mise en lumière des preuves de
la participation de la police et des instances judiciaires à la politique
de persécution antisémite. Ils établissent la complicité dans le crime
contre l’humanité. Tous ces procès s’accompagnent d’une confron-
tation aux témoignages. Dans ce contexte, l’État affirme un devoir
de mémoire qui se traduit par des initiatives présidentielles (com-
mémoration de la rafle du Vel d’hiv par Mitterrand en 1992 et discours
de Chirac en 1995).
L’enjeu politique : Les documents permettent de l’aborder par le
biais judiciaire. À cette occasion sont jugés des responsables des
persécutions antisémites, de la déportation des Juifs de France et
de la collaboration avec l’Allemagne nazie. La Shoah, déportation
raciale est reconnue officiellement, un devoir de mémoire s’affirme.
Associé aux témoins et aux associations qui les représentent, l’État
est un acteur essentiel de cette mémorialisation.
Pour approfondir : Les élèves sont invités à effectuer un travail de
recherche sur un des procès évoqués dans les documents. En utili-
sant des archives de presse écrite et audiovisuelle, il est d’abord
possible de reconstituer avec précision le déroulement du procès.
Après un bref rappel de la biographie de l’accusé, on pourra analy-
ser les charges qui pèsent sur lui, puis décrire les étapes du procès
en accordant une attention particulière à la place des témoins. En
citant au moins deux sources de l’époque, c’est l’occasion de réflé-
chir à la place occupée par les historiens dans le prétoire et leur
rôle joué dans la contextualisation de faits anciens pour aider à
l’établissement de la justice.
VERS LE BAC
Le sujet appelle une démarche comparative entre la France et
l’Allemagne. Il couvre toute la période du programme. Sans employer
le terme de mémoire, il traite de celle-ci dans la mesure où il
concerne la relation de la justice au passé. Le plan détaillé peut
s’appuyer sur le schéma de la p. 267 pour établir un plan chrono-
logique : une justice d’abord partielle et contrainte, une justice qui
s’affirme face à de nouveaux enjeux mémoriels, et enfin une justice
qui accompagne l’affirmation d’un devoir de mémoire.
46 Thème 3. Histoire et mémoires
Le génocide dans la littérature
et le cinéma
JALON 3
Écrire le génocide P. 258-259
Activités
1. Ces deux extraits permettent de lire en parallèle deux auteurs
majeurs de la littérature de la Shoah : P. Lévi et I. Kertész. Tous les
deux sont des survivants d’une déportation à Auschwitz. Leurs
œuvres ont connu une reconnaissance internationale, à travers une
diffusion massive ou l’attribution du Prix Nobel de littérature. Si
dans les deux cas, le projet littéraire est motivé par une nécessité
de témoigner, il diffère en plusieurs points : période de rédaction,
relation à l’ensemble de l’œuvre, point de vue sur le camp, intégra-
tion d’éléments fictionnels, etc.
2. Les documents évoquent la relation particulière de la littérature
de la Shoah à la mort, à l’absence, au vide laissé par les destructions.
Dans le cas des auteurs assassinés dans les ghettos ou par les
groupes mobiles de tuerie, l’écriture tient lieu d’ultime trace, de
témoignage historique. Ainsi, la forme littéraire est-elle inséparable
du contenu du récit, du statut de l’œuvre et de l’identité de son
auteur.
3. Le texte 3 est l’analyse d’une professeure de littérature. Il permet
de répondre en partie à la question : « survivre, témoigner, écrire ».
L’abondance des œuvres ayant trait à la Shoah est d’abord le produit
de la violence des évènements, de la volonté de dire, puis de com-
prendre. Elle accompagne l’évolution des régimes de mémorialité
et connaît ainsi une forte amplification à partir des années 1970-
1980.
4. Au-delà du récit biographique, l’écriture de la Shoah revêt une
dimension politique. D’une part en décrivant et en dénonçant les
mécanismes d’une violence issue de choix politiques et idéologiques.
D’autre part en cherchant à toucher le lecteur, à le faire réfléchir et
à tirer des leçons de ses lectures. La transmission de la mémoire de
la Shoah sert l’espoir qu’elle ne se reproduise pas. Elle contribue
ainsi au combat international contre les violences de masse et la
prévention des génocides. Ainsi, cette littérature est un des supports
de l’enseignement du devoir de mémoire.
L’enjeu sociétal et politique : Ce dossier documentaire permet
de mesurer l’ampleur et la diversité de la littérature de la Shoah.
La place de la littérature dans la transmission de la mémoire est
d’abord liée à l’abondance des œuvres de témoignages, écrites pas
des survivants des évènements. Après de nombreuses publications
dans l’immédiat après-guerre, l’écriture et la diffusion d’une litté-
rature de témoignage, mais aussi d’une fiction intégrant l’histoire
de la Shoah, connaissent une forte croissance dans les années
1980-1990. Elle accompagne ainsi le nouveau régime de mémoria-
lité décrit dans les autres jalons du thème.
Pour approfondir : Les élèves sont invités à choisir un ouvrage de
cette double page ou de la suivante. La fiche de lecture doit idéa-
lement comporter une biographie de l’auteur (en évoquant son lien
avec le génocide), le résumé de l’ouvrage (sa structure, la narration,
les personnages, etc.), quelques brèves citations qui résument le
propos et une analyse de sa portée étayée par un jugement qui
peut être personnel.
 Atelier ESPRIT CRITIQUE
La citation proposée permet aux élèves de réfléchir aux limites de
la transmission de la réalité de la Shoah et plus largement aux limites
de tout évènement marqué par une violence extrême.
JALON 3
Du témoignage à la fiction littéraire P. 260-261
Activités
1. Cette double page prolonge la précédente en offrant quelques
exemples pris dans une littérature très abondante. Y apparaît une
grande variété de formes de l’écriture de la Shoah. La prose domine,
mais on trouve aussi des œuvres poétiques et plus récemment des
romans graphiques. Le point de vue sur l’évènement peut prendre
la forme de témoignages écrits dans l’urgence de la guerre, publiés
au retour des camps, ou rédigés plus tardivement. La fiction littéraire
permet d’introduire une distanciation entre auteur et narrateur. Elle
est d’autant plus employée que disparaissent les survivants. Dans
tous les cas, ces œuvres tentent de rendre compte de la violence
et de l’omniprésence de la mort par une narration qui évoque la
relation de l’individuel au collectif. En ce sens, la littérature de la
Shoah exprime la part d’universalité de cet évènement historique.
2. Une comparaison de la démarche littéraire peut s’appuyer sur le
choix de deux œuvres lues et présentées par les élèves, en sélec-
tionnant une œuvre de fiction et un témoignage. Dans ce cas, il est
important de relever le statut de l’auteur par rapport à l’évènement
et ses choix éditoriaux. Les témoignages ou fictions écrits par les
rescapés ou les victimes expriment une volonté de survivre par une
forme d’écriture. La publication de ces œuvres accompagne la
reconnaissance des témoins dans le cadre d’un changement de
régime de mémorialité. Dans le cas des auteurs plus contemporains
et/ou sans liens personnels avec la Shoah, la forme peut alterner
de la fiction pure à la biographie romancée. Dans ce cas, se pose la
question des modalités d’intégration de la précision historique à la
construction du récit.
JALON 3
Les écrans de la Shoah P. 262-263
Activités
1. Au lendemain de la guerre se pose la question de la manière de
présenter des images et de filmer le génocide. Au départ, la forme
du documentaire s’impose, mais se pose alors la question de l’iden-
tification précise des images d’archives, de la nature du commentaire,
de l’intégration ou non de plans tournés sur les lieux de mise à mort
et ce qu’il en reste, de la pertinence de la reconstitution et du recours
à la fiction. Les enjeux sont aussi liés au contexte politique et
mémoriel qui peut aboutir à la censure de certaines œuvres ciné-
matographiques.
2. Le film de Lanzmann est une œuvre essentielle dans la représen-
tation du génocide des Juifs d’Europe. Par son titre, il diffuse le mot
Shoah auprès de l’opinion publique. Il fait le choix de refuser les
images d’archives et le recours à la fiction. L’absence de reconsti-
tution exprime le vide laissé par la mort sur les lieux de massacres.
Enfin, toute l’œuvre est basée sur les témoins qui reconstituent le
passé par leurs paroles et leurs gestes.
3. Dans ce recueil d’articles P. Vidal-Naquet revient sur le rôle de
l’histoire comme moyen de s’opposer aux négationnistes de la
Shoah, qu’il nomme des « assassins de la mémoire ». En accordant
une place centrale aux hommes qui ont vécu la période, en rendant
sensibles des témoignages bruts et incontestables, en confrontant
des points de vue, et en se donnant le temps de l’écoute (près de
9 heures de film), le cinéaste fonde son travail sur des sources
fiables identiques à celles utilisées par l’historien. Ainsi l’art peut
servir l’histoire.
4. De plus en plus de films de fiction font référence à la Shoah.
Les documents et repères filmographiques proposés permettent
d’en relever certains. Ces films sont produits dans le monde entier,
bénéficient des moyens techniques et financiers de grands groupes
cinématographiques, associent des réalisateurs ou producteurs
célèbres, sont primés lors de cérémonies ou festivals internatio-
naux, connaissent un succès important auprès du public, etc. Ainsi
peut-on parler d’une diffusion de la mémoire de la Shoah par le
cinéma commercial traduisant une massification et une interna-
tionalisation.
L’enjeu politique : Afin de répondre à cette question, les élèves
peuvent préparer un travail de recherche en complétant la liste des
œuvres cinématographiques consacrées à la Shoah. Il est possible
de relever la diversité des genres (fiction ou documentaire) et leur
évolution depuis 1945.
Pour approfondir : Il s’agit ici de proposer aux élèves une recherche
documentaire sur le feuilleton américain Holocauste du réalisateur
Chomsky. Basé sur le récit fictionnel de la vie de deux familles
allemandes, il caractérise un moment de massification de la repré-
sentation cinématographique de la Shoah. En même temps, il a fait
l’objet de nombreuses critiques que les élèves sont invités à retrou-
ver en s’appuyant sur des sources de l’époque.
VERS LE BAC
Les documents du jalon permettent de réfléchir à la place de l’art
dans la constitution et la diffusion de la mémoire du génocide. Les
élèves peuvent s’appuyer sur les exemples présentés ici ou des
prolongements personnels pour construire un plan comparatif,
idéalement chronologique, en évoquant dans une première partie
la littérature de témoignage et les documentaires cinématogra-
phiques comme moyens de fixer les premières représentations
(1945-1960), puis l’affirmation de la mémoire par la diffusion de
témoignage écrits et la diversification des productions cinémato-
graphiques (1960-1970), et enfin la diffusion de nouvelles formes
d’art au service d’un devoir reconnu de mémoire (depuis les années
1980).
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 47
Quiz interactif / Objet conclusif P. 266
1. Le premier des lieux de mémoire du génocide des Juifs de France
est institué à l’initiative de l’État au lendemain de la guerre ? Vrai
ou faux ?
– Faux ; fondé par Isaac Schneersohn, le CDJC est issu d’une
démarche qui ne bénéficie pas du soutien de l’État.
2. En Europe de l’Est, les musées ouverts sur les sites des principaux
lieux de la Shoah reconnaissent la mémoire des victimes juives dès
le départ ? Vrai ou faux ?
– Faux ; il faut attendre les années 1990 pour que l’État polonais
reconnaisse que la majorité des victimes d’Auschwitz-Birkenau
étaient des juifs déportés de toute l’Europe.
BIBLIOGRAPHIE – SITOGRAPHIE
Introduction
– V. Duclert, Les Génocides, documentation photographique, CNRS éditions,
2019.
– L. Faber-Jonker, Le premier génocide du xxe siècle, Herero et Nama dans le
Sud-Ouest africain allemand, Éditions du Mémorial de la Shoah, 2017.
– A. Taner, Un acte honteux, le génocide des Arméniens et la question de la
responsabilité turque, Paris, Denoel, 2008.
– « Se souvenir des Arméniens », Revue d’histoire de la Shoah, numéro 202,
Éditions du Mémorial de la Shoah, 2015.
– P. Sands, Retour à Lemberg, Albin Michel, 2017.
– A. Becker, Messagers du désastre, Raphael Lemkin, Jan Karski et les génocides,
Fayard, 2018.
– J. Semelin, Purifier et détruire, Usages politiques des massacres et génocides,
Éditions du Seuil, 2005.
– H. Rousso, Face au passé, essais sur la mémoire contemporaine, Belin, 2016.
Axe 1
– S. Audouin-Rouzeau et J.-J. Becker (dir.), Encyclopédie de la grande guerre,
Perrin, 2 vol. 2012.
– C. Clark, Les somnambules. Eté 1914 : comment l’Europe a marché vers la guerre.
Flammarion, 1913.
– D. Lejeune, Les causes de la Première Guerre mondiale, Cursus, A. Colin, 1992.
– L’œuvre de B. Stora, dont particulièrement, co-dirigé avec M. Harbi,
La guerre d’Algérie, 1954-2004, La fin de l’amnésie, Laffont, 2004.
– L’œuvre de R. Branche, dont particulièrement La torture et l’armée pendant
la guerre d’Algérie, Gallimard, 2001.
– J. Ferrandez, Carnets d’Orient, 10 volumes, Castermann. L’histoire de
l’Algérie française et de la guerre en B.D.
Axe 2
Retrace avec précision les événements qui se sont produits au Rwanda,
et l’impact des tribunaux gacaca sur la reconstruction mémorielle :
– H. Dumas, Le génocide au village, Seuil, 2014.
Explique avec précision le fonctionnement des tribunaux gacaca et leur
impact sur la reconstruction historique et mémorielle du Rwanda :
– S. Audouin-Rouzeau, Une initiation, Rwanda, 1994-2016, Seuil, 2017.
Explique avec précision le déroulé de la justice post-génocide rwandais,
à l’échelle internationale, et l’impact des jugements sur la justice pénale
internationale :
– O. Rovetta, Un génocide au tribunal, Belin, 2019.
Ouvrages de droit :
– H. Ascensio, E. Decaux et A. Pellet (dir.), Droit international pénal,
2e éd. révisée, Paris, Pedone, 2012
– O. de Frouville. Avec la participation de A.-L. Chaumette, Droit inter-
national Pénal, Sources, Incriminations, Responsabilité, Paris, Pedone, 2012.
48 Thème 3. Histoire et mémoires
3. Adolf Eichmann est le premier criminel nazi jugé en dehors
d’Europe ? Vrai ou faux ?
– Vrai ; Le procès Eichmann organisé à Jérusalem est parfois consi-
déré comme le « Nuremberg du peuple juif ».
4. Primo Levi obtient une reconnaissance internationale dès la publi-
cation de son ouvrage intitulé « Si c’est un homme » ? Vrai ou faux ?
– Faux ; le manuscrit est au départ refusé par plusieurs maisons
d’édition italiennes et il faudra attendre de nombreuses années
avant sa traduction dans de nombreuses langues.
5. Les criminels nazis responsables du génocide des Tsiganes sont
jugés lors du procès de Nuremberg ? Vrai ou faux ?
– Faux ; la référence au génocide des Tsiganes ne figure pas parmi
les chefs d’accusation du tribunal de Nuremberg. La reconnaissance
de la mémoire et du génocide des Tsiganes est tardive et partielle.
Objet conclusif
– G. Bensoussan, Atlas de la Shoah, Autrement, 2014.
– T. Bruttman et C. Tarricone, Les 100 mots de la Shoah, Que-sais-je? PUF,
2016.
– T. Bruttmann, Auschwitz, La Découverte, 2015.
– O. Lalieu, Histoire de la mémoire de la Shoah, Soteca, 2015.
– S. Perego et R. Poznanski, Le Centre de documentation juive contemporaine,
Éditions du Mémorial de la Shoah, 2013.
– A. Wieviorka, L’ère du témoin, Hachette, 1998.
– B. Klarsfeld et S. Klarsfeld, Mémoires, Fayard, 2015.
– H. Asséo, Les Tsiganes, Une destinée européenne, Gallimard, 1994.
– R. Hilberg, La politique de la mémoire, Gallimard, 1996.
– H. Rousso, Juger Eichmann, Jérusalem 1961, Éditions du Mémorial de la Shoah,
2011.
– J.-P. Jean et D. Salas, Barbie, Touvier, Papon, Des procès pour la mémoire,
Autrement, 2002.
– A. Dayan Rosenman, Les Alphabets de la Shoah, CNRS éditions, 2007.
– « Les écrans de la Shoah, la Shoah au regard du cinéma », Revue d’histoire
de la Shoah, numéro 195, Éditions du Mémorial de la Shoah, 2011.
Sites utiles
Violences de masse et résistance.
https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr.html
UNESCO – https://fr.unesco.org/themes/education-holocauste-genocides
Site de l’historial et du mémorial de la grande guerre.
https://www.historial.fr/
Mémorial de la Shoah – http://www.memorialdelashoah.org
Mémoire de déportations – http://memoiresdesdeportations.org/fr
Fondation pour la mémoire de la Shoah – http://www.fondationshoah.org
Musée Mémorial de l’Holocauste de Washington.
https://www.ushmm.org/fr
Yad Vashem, Institut international pour la mémoire de la Shoah 
de Jérusalem – https://www.yadvashem.org/fr
Mémoires Tsiganes – http://www.cercleshoah.org
Résumé de l’article de Thierry Tardy, « L’ONU et la gestion des conflits
yougoslaves (1991-1995) : faillite d’une institution, faillite des États ? »
Relations internationales, 2006-4, n° 128. (Pour Approfondir p. 233.)
https://www.cairn.info/revue-relations-internationales-2006-4-page-37.htm
Site du TPIY – https://www.icty.org/fr/le-tribunal-en-bref
Site du TPIR – https://unictr.irmct.org/fr
Site du mémorial de Kigali – https://www.kgm.rw/
THÈME 4
IDENTIFIER, PROTÉGER ET
VALORISER LE PATRIMOINE :
ENJEUX GÉOPOLITIQUES

THÈME 4 - (26-28 heures)
Identifier, protéger et valoriser
le patrimoine : enjeux géopolitiques
Introduction
Axe 1
Usages sociaux et politiques
du patrimoine
Axe 2
Patrimoine, la préservation entre
tensions et concurrences
Objet de travail conclusif
La France et le patrimoine,
des actions majeures de valorisation
et de protection
Ce thème a un double objectif : connaître ce que recouvre aujourd’hui la notion de patrimoine,
matériel et immatériel, dans ses dimensions historiques et géographiques, et comprendre les
enjeux géopolitiques qui lui sont associés.
• La construction et l’élargissement de la notion de patrimoine : de la transmission entre indi-
vidus à l’héritage au profit de l’humanité.
• Le « patrimoine mondial » de l’Unesco : une construction des États et de la communauté
internationale, de plus en plus diversifiée mais spatialement concentrée.
Jalons
• Réaménager la mémoire. Les usages de Versailles de l’empire à nos jours.
• Conflits de patrimoine. Les frises du Parthénon depuis le xixe siècle.
Jalons
• Urbanisation, développement économique et préservation du patrimoine. Paris entre protec-
tion et nouvel urbanisme…
• La destruction, la protection et la restauration du patrimoine, enjeu géopolitique. La question
patrimoniale au Mali.
• Le tourisme culturel, entre valorisation et protection. Venise, entre valorisation touristique et
protection du patrimoine.
Jalons
• La gestion du patrimoine français : évolutions d’une politique publique.
• La patrimonialisation, entre héritage culturel et reconversion. Le bassin minier du Nord-Pas-
de-Calais.
•Le patrimoine, facteur de rayonnement culturel de la France dans le monde et objet d’action
diplomatique (un exemple du patrimoine immatériel : le repas gastronomique des Français).

INTRODUCTION
Première approche P. 280-281
Découvrir le thème
1. Les sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial sont inégale-
ment répartis dans le monde. L’Europe concentre l’essentiel des
sites, qu’ils soient culturels ou naturels. Dans le reste du monde,
une telle concentration n’est pas présente, bien que des sites soient
nombreux au Proche-Orient, en Amérique centrale et en Asie.
2. Des biens peuvent être inscrits sur la liste du patrimoine mondial
en péril s’ils sont exposés à un danger menaçant l’existence même
du site que ce soit en raison de guerres, de la surfréquentation,
d’un manque d’entretien du site ou lié au changement climatique.
Le patrimoine peut être l’objet de tensions entre États réclamant
la propriété d’un patrimoine détenu par un autre, comme ici dans
le document après la colonisation du royaume de Dahomey par la
France (doc 1).
3. Ce sont les Occidentaux qui semblent imposer une vision du
patrimoine au reste du monde car ils semblent avoir identifié leurs
sites en priorité et parce que les autres États sont incités à poser
un regard similaire sur des sites culturels et naturels que ce soit
pour demander une restitution de leurs biens ou pour inscrire des
biens sur la liste du patrimoine mondial.
4. La dimension du patrimoine du document 1 est nationale, alors
que celle du document 2 est privée puis nationale.
Les clés du thème
1. L’évolution du
patrimoine familial P. 282-283
Votre objectif
Découvrir la notion du patrimoine à partir de son sens originel et
comprendre que le patrimoine familial varie selon le groupe social
de la famille et la société dans laquelle elle s’inscrit.

Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 49

 Activités
1. Les ascendants transmettent aux descendants des biens mobiliers
et immobiliers. Les biens transmis participent à la création d’une
mémoire familiale créée par les descendants au sujet de leur ascen-
dant. Les acteurs sont les ascendants et les descendants.
2. La transmission du patrimoine au sein d’une société donnée s’ins-
crit dans le droit. Ainsi, en Crète, la transmission du patrimoine ne
concerne que les hommes d’une famille. Mais si un père n’a pas de
fils, ses filles deviennent les intermédiaires permettant de transmettre
le patrimoine paternel à son petit-fils. Des sociétés ont en revanche
mis en place un droit d’aînesse, c’est-à-dire que seul l’aîné hérite de
ses ascendants. En France aujourd’hui, la ligne directe est privilégiée
et repose sur un testament écrit par le défunt avant sa mort.
3. Au moment de la mort d’un des leurs, la famille peut se déchirer
au sujet de la division de l’héritage. En Crète, il s’agit d’épouser la
patrôoque pour mettre la main sur l’héritage (doc 2). Au Pays basque,
le droit d’aînesse pouvait créer des tensions fraternelles fortes
(doc 5). Enfin, le défunt peut aussi anticiper des tensions futures
en cherchant à protéger ses héritiers directs, ou en créer en dés-
héritant un ayant droit.
4. Le patrimoine se transmet aujourd’hui tardivement en raison de
l’augmentation de l’espérance de vie. En pouvant transmettre à ses
descendants des biens matériels et immatériels, les familles aisées
tendent non seulement à rester riche, mais à le devenir de plus en
plus. Alors que les familles plus modestes rencontrent des difficul-
tés à transmettre aux futures générations. Ainsi, le patrimoine
accentue les inégalités au sein d’une société.
Atelier DÉBAT
Ce sujet invite à réfléchir sur les transmissions de patrimoine en
dehors du droit, sur les possibilités de transmettre de manière
illégale, mais aussi sur le fait de parler de famille si elle ne peut
plus transmettre.
Les clés du thème
2. Vers un patrimoine collectif
et international P. 284-285
Votre objectif
Comprendre la notion de patrimoine en géographie, inscrire cette
notion dans un contexte historique et lier cette dernière à l’identité
d’une nation ou du monde entier.
Activités
1. Le passage du cabinet de curiosités au musée public est réalisé
par la multiplication de lieux de collections particulières qu’il était
possible de visiter dès le xvie siècle. À la fin du xviiie siècle, la
Première République met fin à la monarchie et s’interroge sur
l’avenir du patrimoine royal. Parce que les républicains identifient
ce patrimoine à celui de la nation, ce lien entre le patrimoine et la
population justifie l’ouverture du musée du Louvre et la mise à
disposition de collections royales. L’idée donc, qu’un bien public
puisse à la fois être représentatif et appartenir à une population,
s’observe encore lors des journées du patrimoine.
2. Le patrimoine mondial de l’Unesco a été fondé pour deux raisons.
La première est la prise de conscience d’une menace pesant sur le
patrimoine ; la deuxième est la reconnaissance de lieux reconnus
exceptionnels à la fois pour un peuple et pour l’humanité tout entière.
50 Thème 4. Identifier, protéger et valoriser le patrimoine : enjeux géopolitiques
Le patrimoine est défini comme un bien culturel, donc un lieu façonné
par l’homme, ou un bien naturel, donc un lieu non investi par l’homme
ou peu et marqué par une remarquable faune et flore.
3. Les limites de la reconnaissance du patrimoine à différentes échelles
sont que ce n’est en rien une garantie de protection. Au contraire,
chaque institution peut prétendre qu’une autre assure sa mission.
Atelier ESPRIT CRITIQUE
Ce sujet invite à réfléchir sur le sens et la valeur de la patrimoniali-
sation et sur ses limites. La patrimonialisation donne de la valeur à
un bien rare et représentatif d’une période par exemple parce qu’elle
est sélective et élective. Si tout devient patrimoine alors sa valeur
peut décroître, comme sa protection et invisibiliser certains biens.
Les clés du thème
3. Le patrimoine mondial
de l’Unesco P. 286-287
Votre objectif
• Comprendre le processus d’inscription sur la liste.
• Confronter deux échelles et les mettre en relation : celle mondiale
incarnée par l’Unesco et celle locale incarnée par la ville de Lalibela.
• Expliquer les tensions géopolitiques entre États au sujet du patri-
moine mondial.
Activités
1. Pour qu’un bien soit inscrit sur la liste du patrimoine mondial, il
faut que l’État auquel il appartient l’identifie comme un site cultu-
rel ou naturel sur sa liste indicative nationale. Ensuite, il peut
soumettre un de ses biens à l’Unesco. À l’issue de l’analyse d’un
comité, le bien est inscrit sur la liste du patrimoine mondiale ou
non. Si le bien n’est pas inscrit, l’État peut tenter une nouvelle
candidature du même bien.
2. La mise en valeur d’un bien suppose une transformation durable
de celui-ci par les infrastructures touristiques construites pour à la
fois répondre à l’attractivité nouvelle du site et accentuer cette
attractivité. Plus le site est visité, plus le site génère des profits et
transforme l’économie autrefois traditionnelle.
3. La protection du patrimoine peut créer des tensions entre l’échelle
mondiale qui impose des normes touristiques aux sites de l’Unesco
car un bien est représentatif des autres. Ainsi les acteurs de l’échelle
mondiale cherchent à créer une nouvelle authenticité en détruisant
des bâtiments ou en éloignant des populations, comme les men-
diants. À l’échelle locale, la protection du patrimoine induit une
transformation des modes de vie en raison de l’afflux de touristes,
mais aussi par l’expropriation de certains habitants comme c’est le
cas à proximité des églises rupestres de Lalibela, ou le déplacement
forcé des mendiants dans des quartiers aux marges de la ville. En
voulant permettre aux touristes de voir un patrimoine authentique,
l’Unesco peut dénaturer la vie associée à un site.
4. Le patrimoine peut être l’objet de tensions géopolitiques entre
l’Unesco et un État-partie ou même entre États-parties au sujet de
l’inscription d’un bien. L’inscription d’un bien étant le reflet du
patrimoine d’un État, elle peut être un support révélateur de tensions
géopolitiques entre deux États comme c’est le cas entre Israël et la
Palestine. L’inscription de la ville d’Hébron comme un site palesti-
nien est comprise par Israël comme un affront et une absence de
compréhension de la valeur patrimoniale du site (doc 4).
 Atelier RECHERCHE
Les élèves peuvent faire cette recherche à la maison ou lors d’une
séance en salle informatique. Les élèves doivent se rendre sur le
site du patrimoine mondial de l’Unesco (voir sitographie) pour
sélectionner un bien de leur choix, collecter quelques informations ;
puis réaliser une recherche sur l’actualité du bien et les tensions
actuelles ou créées lors de l’inscription de ce bien sur la liste.
Quiz interactif / Le point sur… P. 288
1. Aujourd’hui en France, le patrimoine familial ne peut se trans-
mettre que de père en fils ?
a. Vrai.
b. Faux.
2. Patrimonialiser un bien garantit sa protection et son authenticité ?
a. Vrai.
b. Faux.
3. Pourquoi la liste du patrimoine mondial a-t-elle été créée ?
a. Pour protéger des sites exceptionnels et construire la paix.
b. Pour favoriser la compétition entre États.
c. Pour développer le tourisme dans le monde.
4. Le patrimoine mondial de l’Unesco est présent :
a. Uniformément dans le monde.
b. Uniquement en Occident (Europe et Amérique du Nord).
c. Dans le monde entier mais est inégalement réparti.
5. Un bien immatériel est :
a. Un paysage ou un monument naturel.
b. Une pratique, une représentation, une connaissance ou un
savoir-faire transmis de génération en génération.
c. Une construction réalisée par l’homme.
AXE 1
Usages sociaux et politiques
du patrimoine P. 290-291
Réponses
1. Il s’agit d’usages culturels, lors d’un voyage touristique ou d’une
exposition temporaire.
2. Ces usages témoignent d’identités culturelles et de pratiques
sociales (masques) ou religieuses (église). Les tensions qui les
accompagnent peuvent être d’ordre idéologique (lieu de culte
interdit par un régime politique athée) ou politique (appropriation
de biens culturels par d’autres civilisations).
Réaménager la mémoire : les usages
de Versailles de l’Empire à nos jours
JALON 1 CONTEXTE
Le château de Versailles P. 292-293
Réponses
1. C’est un plan politique voulu par Louis XIV qui fait du château un
instrument de son pouvoir et de sa mise en scène : sa chambre est
placée au centre, les éléments du gouvernement sont dans une aile,
la cour dans l’autre, et les jardins participent à l’exercice du pouvoir
par des réceptions et des loisirs offerts aux visiteurs et à la cour.
2. Par des routes qui partent du château, centre du pouvoir, vers le
royaume. Par des espaces dédiés aux relations diplomatiques (grande
galerie, jardins, galerie des batailles). Dans ces espaces, le roi ou le
pouvoir républicain reçoivent les visiteurs étrangers au nom de l’État.
JALON 1
Les usages politiques de Versailles P. 294-295
Activités
1. Un musée de l’histoire de France, un lieu de réception de visiteurs
prestigieux, un hôpital de campagne pendant la guerre contre la
Prusse et la résidence temporaire de l’empereur. Sous les IIIe à
Ve Républiques, Versailles est un lieu du parlement : le château
abrite la salle du Congrès où se réunissent les deux assemblées et
où le président peut faire des déclarations.
2. Le but de Louis-Philippe était de ressouder l’esprit national après
les troubles politiques de la révolution, de l’empire et le retour à la
monarchie. Au-delà de ces divisions politiques, le musée était
destiné à glorifier l’histoire nationale.
3. Versailles en temps de paix servait de lieu de visite prestigieux
pour invités de marque (doc 2) mais a été occupé en 1870 par
l’Allemagne victorieuse qui en a fait le symbole de la défaite française
(doc 3). C’est pourquoi en 1919, la France organisera dans le même
lieu, la galerie des Glaces, la signature du traité de Versailles qui
cette fois entérine sa victoire.
4. Versailles est un lieu du parlement : le château abrite la salle du
Congrès où se réunissent les deux assemblées et où le président
peut faire des déclarations. Dans ce cas, il n’y a ni débat avec le
président, ni vote, c’est pourquoi cette pratique est critiquée.
L’enjeu politique : Les fonctions historique et politique qui se sont
exercées ou s’exercent encore à Versailles sont nombreuses : musée
d’histoire, lieu de réception, de signature de traités, et de la vie
parlementaire. Depuis la Révolution française, Versailles a été le
théâtre d’événements liés à l’histoire de France, comme les guerres
et les républiques successives.
Pour approfondir : Proposer un résumé de 10 à 20 lignes, qui
insiste sur la symbolique de cette galerie, où sont représentées et
mises à l’honneur les victoires de l’histoire de France depuis 496.
Atelier DÉBAT
Appuyez le débat sur les critiques adressées à la Ve République
quant au pouvoir qu’elle accorde au président de la République.
Critiques qui redoublent lors des usages politiques d’un lieu aussi
symbolique de la monarchie que le domaine de Versailles.
JALON 1
Versailles, un atout pour
l’influence culturelle française P. 296-297
Activités
1. La notoriété de Versailles est vitale pour sa conservation en raison
des coûts que représente l’entretien du château, du parc, du mobi-
lier, etc.
2. Les expositions d’art temporaires ou les visites de chefs d’États
médiatisent le château et le parc.
3. Les moyens consacrés à Versailles participent à la politique
étrangère du pays, et à son prestige international.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 51
L’enjeu politique : Le rayonnement du domaine de Versailles est
un atout de la politique intérieure car il offre un lieu de prestige
incarnant la culture française sous de multiples formes et à un public
large. C’est aussi un outil de rayonnement international car il permet
de recevoir des visiteurs étrangers, des touristes aux chefs d’États,
et d’organiser des sommets internationaux.
Pour approfondir : Après avoir construit un tableau à trois colonnes,
vous montrerez que les sommes engagées sont importantes. Puis
vous poserez le débat des choix culturels et commerciaux qui sont
faits (expositions d’artistes contemporains ; gestion de flux massifs
de visiteurs) : une autre politique serait-elle possible à Versailles ?
Argumentez.
VERS LE BAC
Après avoir défini le soft power, vous pouvez vous appuyer sur les
exemples cités dans les pages du jalon. Insistez sur la valeur historique
des lieux (les nombreux événements qui s’y sont déroulés) et sur la
vivacité artistique du lieu jusqu’à aujourd’hui (art contemporain).
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
JR et la Grande Pyramide P. 298-299
Arrêt sur l’image : 1. C’est un trompe-l’œil qui fait disparaître le
sol pour montrer un gouffre rocheux entourant la grande pyramide.
On peut l’interpréter comme la révélation d’un « secret », comme
le dit le titre de l’œuvre, des parties habituellement cachées que
l’artiste révèle au public.
2. Le titre est un pastiche d’une aventure de Blake et Mortimer par
Edgar P. Jacobs. « Mystère » et « secret » renvoient au même sens
d’un monde caché à explorer.
3. Oui, en partie. L’artiste sort de la pratique supposée solitaire de
son art, liée à la signature, pour engager des bénévoles qui vont
co-créer l’œuvre avec lui. L’artiste est celui qui conçoit l’œuvre, pas
nécessairement qui la réalise entièrement (cf. aussi architecture).
4. Cette démarche montre une forme d’appropriation, et un hom-
mage en même temps qu’une irrévérence. Le lieu est à nouveau
célébré comme haut lieu de la culture française, mais aussi détourné
et réinterprété.
Sa portée politique : 5. C’est une vision périssable de l’art et du
patrimoine qui est montrée ici. Les politiques habituelles de conser-
vation et de préservation n’ont pas leur place. Seules des photogra-
phies témoignent que cette œuvre a existé.
Atelier RECHERCHE
Reprendre ici la méthode de la revue de presse (p. 538). Sélectionner
des avis très tranchés et montrer dans un tableau les conceptions
du patrimoine qu’ils révèlent.
Conflits de patrimoine : les frises
du Parthénon depuis le xixe siècle
JALON 2 CONTEXTE
Les marbres du Parthénon P. 300-301
Réponses
1. L’histoire des marbres a commencé alors que la Grande-Bretagne
était la première puissance mondiale, et la Grèce un pays dominé.
52 Thème 4. Identifier, protéger et valoriser le patrimoine : enjeux géopolitiques
Mais de nos jours, la puissance britannique a été dépassée et la
Grèce est un État indépendant membre de l’UE. Ainsi, les rapports
de forces ont changé et interviennent dans l’évolution de ce conflit.
2. Le sujet est particulièrement sensible en raison de la célébrité
mondiale du Parthénon et de sa valeur identitaire pour les Grecs.
L’Antiquité grecque est enseignée dans le monde, ainsi que la démo-
cratie athénienne et l’art grec, ce qui donne à ce conflit un écho
international.
JALON 2
Le patrimoine archéologique
comme enjeu géopolitique P. 302-303
Activités
1. Parce que Lord Elgin a emporté des fragments d’une œuvre conçue
comme un tout, et en a privé ainsi son pays d’origine.
2. Les arguments de M. Mercoùri sont historiques, la Grèce était
sous domination et n’a donc pas librement cédé les marbres. Ils
sont identitaires aussi, car le Parthénon est une œuvre-phare de la
capitale grecque et connu dans le monde entier. À ce jour, son
combat n’a pas abouti.
3. La Grèce espère toujours récupérer les marbres, malgré l’échec
de son recours devant l’Union européenne. La France semble sou-
tenir ce projet.
L’enjeu géopolitique : Le conflit met en jeu deux États souverains,
jusqu’en 2016 membres de l’UE, qui ont des arguments respectifs
pour garder ou récupérer les marbres. La Grèce avance un droit de
retour pour des pièces qui appartiennent à un ensemble architec-
tural majeur de sa capitale et de son patrimoine. La Grande-Bretagne
veut rester fidèle à son passé de puissance coloniale et dominante,
et ne souhaite pas se séparer de pièces qui contribuent à la célébrité
du British Museum.
Pour approfondir : L’élève peut se rendre sur le site de l’UE.
Atelier DÉBAT
Il s’agit de discuter du statut patrimonial des biens selon leur
« valeur » artistique : Quels critères ? Peut-on établir une hiérarchie ?
Pourquoi créer une catégorie « chefs d’œuvres » ?
Quiz interactif / Axe 1 P. 306
1. Quelle fonction le château de Versailles a-t-il toujours exercée ?
a. Château royal. / b. Musée d’histoire.
c. Aucune, ses fonctions ont varié.
2. C’est au château de Versailles qu’a été proclamé(e) :
a. le second empire allemand.
b. le second empire français. / c. la IIIe République.
3. Actuellement, le château de Versailles garde une fonction politique :
a. lors des réunions du Congrès.
b. lors des déclarations des présidents de la République.
c. lors de ces deux occasions.
4. Les marbres du Parthénon, dits d’Elgin, représentent :
a. la naissance mythique d’Athéna, fille de Zeus.
b. la procession de la fête des panathénées.
c. les récits mythologiques sur les dieux de l’Olympe.
5. Le recours de la Grèce devant l’UE pour récupérer les marbres :
a. est en cours. / b. a abouti à un succès.
c. a été rejeté.

AXE 2
La préservation du patrimoine
entre tensions et concurrences
P. 310-311
Réponses
1. Certains lieux deviennent patrimoniaux car ils sont reconnus pour
leur valeur historique, esthétique, culturels par une société qui
considère ces traces héritées du passé (bâtiments, lieux, œuvres
d’art ou pratiques culturelles) comme des témoins importants. Les
enjeux sont liés à la préservation et à la valorisation de ces lieux
patrimoniaux.
2. Certains lieux patrimoniaux font l’objet de conflits entre États ou
entre populations pour des raisons culturelles ou politiques. La ville
de Jérusalem est une ville sainte pour les trois monothéismes
(judaïsme, christianisme, islam).
Paris, entre protection
et nouvel urbanisme
JALON 1 CONTEXTE
Paris et le grand Paris P. 312-313
Réponses
1. La notion de patrimoine est élaborée après la Révolution française,
avec les « Monuments historiques ». Au xixe siècle, l’État se charge
d’inventorier les bâtiments et une administration est créée pour
faire l’inventaire des édifices à sauvegarder (1887 : loi sur la conser-
vation des monuments et objets d’art). La loi de 1913 sur la protec-
tion des monuments historiques est l’aboutissement d’un processus
engagé après 1789.
2. Le projet Grand Paris est un projet d’urbanisme qui prévoit
l’agrandissement du réseau de transports et la construction de
logements dans Paris et sa banlieue, qui doit répondre à la satura-
tion chronique de la métropole, qui attire des touristes et doit
répondre aux enjeux d’une ville mondiale.
JALON 1
Un patrimoine exceptionnel
et des conflits d’usage P. 314-315
Activités
1. L’Île de la Cité est le cœur historique de la ville de Paris, ce patri-
moine est l’héritier d’une longue histoire. Paris concentre des
vestiges gothiques (Notre-Dame, Sainte Chapelle), des bâtiments
de la Renaissance (aile Lescot du palais du Louvre, Pont-Neuf), de
l’urbanisme des xviie et xviiie siècles (quartiers du Marais et de l’île
Saint-Louis), du xixe siècle (travaux Haussmann) et du xxe siècle
(projets de la Ve République).
2. Le patrimoine parisien est également constitué d’ensembles
urbains remarquables comme le quartier du Marais, classé « zone
protégée » par l’État en 1964, pour son patrimoine architectural
exceptionnel. Les rives de la Seine sont également inscrites sur la
liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Les voies sur berge de la
Seine ont été rendues piétonnes par le maire de Paris, Anne Hidalgo,
entraînant les plaintes des riverains, des commerçants, des fédéra-
tions d’automobilistes, ou encore le maire du Ier arrondissement de
Paris.
3. Les acteurs de la protection du patrimoine sont l’État (échelle
nationale), les collectivités territoriales (échelle locale) et les insti-
tutions internationales comme l’Unesco (échelle mondiale).
4. Paris doit rester une ville attractive par rapport aux autres villes
mondiales et le patrimoine constitue un atout pour Paris dans la
compétition mondiale. S’est développée la notion de « waterfront »
culturel avec le thème de « métropole sur Seine » pour développer
le tourisme dans un contexte de la mondialisation.
L’enjeu politique : La préservation de Paris est liée à des choix
politiques car la diversité et la richesse du patrimoine parisien sont
liées à l’ancienneté de la ville et à l’intérêt du pouvoir politique pour
Paris. Le statut de capitale politique se traduit dans l’urbanisme de
la ville avec des choix de préservation pour sauvegarder et mettre
en valeur le patrimoine. La volonté de préserver le patrimoine peut
en effet entrer en conflit avec les enjeux de compétitivité d’une
ville mondiale et entre les différents acteurs.
Pour approfondir : Comparer la situation de la ville de Paris avec
une autre ville mondiale : Londres, New York, Tokyo.
Faire une recherche sur le patrimoine remarquable de la ville choi-
sie sous forme de revue de presse.
Montrer que la valorisation du patrimoine est un vecteur de crois-
sance économique à travers les activités issues du tourisme.
S’interroger sur le développement de la ville qui répond aux exi-
gences de la mondialisation et la préservation du patrimoine urbain
qui recouvre plusieurs dimensions (économique, culturelle, sociale
et environnementale).
Atelier DÉBAT
Mettre en place un débat en attribuant des rôles aux élèves pour
représenter les enjeux et acteurs dans la question de la piétonni-
sation des quais de la Seine. Montrer les enjeux liés à la gouvernance,
à l’environnement, sans oublier les enjeux sociaux et économiques.
JALON 1
Les mutations de
l’espace urbain parisien P. 316-317
Activités
1. De la destruction dans les années 70 des Pavillons Baltard au
nouveau centre commercial inauguré en 1979 et aux travaux de
rénovation du forum des Halles, de la destruction de son jardin et
de la création de la Canopée dans les années 2010, le quartier des
Halles, au cœur de Paris, porte le nom des anciennes halles de Paris
surnommées le « ventre de Paris » et transférées à Rungis au début
des années 1970.
2. La Ville de Paris a vendu le Forum des Halles à Unibail-Rodamco,
un groupe d’immobilier commercial. Elle s’est dotée d’un « Schéma
de développement touristique » pour développer les stratégies
d’accueil des touristes pour assurer les retombées économiques et
le rayonnement de la ville. Par ailleurs, la Société du Grand Paris
est chargée de concevoir et réaliser le Grand Paris Express (transports
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 53
publics) et de coordonner son financement et les relations avec les
autres acteurs (Île-de-France Mobilités, RATP, SNCF, élus, etc.).
3. Il doit répondre aux attentes d’une ville mondiale avec le déve-
loppement économique du tourisme (40 milliards d’euros par an
pour l’Ile-de-France et 524 000 emplois salariés en 2015) et le
développement de la place de Paris dans le monde.
L’enjeu politique : L’État et la Ville de Paris font des choix d’urba-
nisme qui répondent à des enjeux économiques, patrimoniaux et
politiques, dans un contexte de métropolisation et de mondialisa-
tion où le tourisme est un atout d’une ville mondiale. La valorisation
et la protection du patrimoine renforcent l’attractivité et le poids
de la ville.
Pour approfondir : La stratégie de développement touristique de
la Ville de Paris se décline en un plan d’actions composé de 59
fiches-actions mises en œuvre pour la période 2017-2022 par la Ville
et les partenaires du Comité de la destination Paris.
Les 4 axes sont : axe 1 : « des expériences uniques » en s’appuyant
sur les atouts touristiques de la ville ; axe 2 : « une ville bienveil-
lante » dans sa capacité d’accueil ; axe 3 : « un tourisme durable » qui
prend en compte essentiellement le volet environnemental et des
déplacements ; axe 4 : « une destination performante ». Le patri-
moine est perçu comme un facteur d’attractivité touristique essen-
tiel aux retombées économiques et au développement de la ville.
VERS LE BAC
Depuis le Moyen Âge, la ville de Paris a connu une forte croissance
jusqu’au xixe siècle et la capitale a vu très tôt s’édifier de nombreux
monuments emblématiques du pouvoir. Le patrimoine parisien porte
ainsi la marque des nombreux aménagements, des travaux réalisés
par le préfet Haussmann sous le Second Empire de Napoléon III au
Grand Paris en 2007 pour répondre à de nouveaux enjeux. La notion
de patrimoine s’élabore après la Révolution française pour conserver
les édifices hérités du passé mais elle s’est élargie au xxe siècle. La
destruction des Halles de Baltard en 1971 montre l’intérêt pour le
patrimoine industriel et témoigne d’une évolution de la sensibilité
patrimoniale. Celle-ci est d’autant plus renforcée que le patrimoine
est également vecteur de développement économique par le tourisme
et d’attractivité dans la compétition internationale des métropoles.
Paris cumule le statut de « ville-mémoire mondiale » et de « ville
globale ». Les nouveaux enjeux du Grand Paris permettent d’en rendre
compte (éviter la muséification de l’espace urbain déjà à l’œuvre dans
certains quartiers et fluidifier les transports).
JALON 2 FOCUS
Comment restaurer
Notre-Dame de Paris ? P. 318-319
Activités
1. La cathédrale Notre-Dame est un chef-d’œuvre de l’art gothique
du xiiie siècle. Le 15 avril 2019, un incendie a détruit la charpente
et la flèche de l’architecte français Viollet-le-Duc qui fut chargé de
sa restauration au xixe siècle.
2. La cathédrale appartient à l’État depuis la loi de 1905, classée
« Monument Historique», elle est rattachée au ministère de la
Culture pour son entretien et sa restauration. Un projet de loi pour
la cathédrale est voté en juillet 2019, trois mois après l’incendie,
afin de restaurer l’édifice.
54 Thème 4. Identifier, protéger et valoriser le patrimoine : enjeux géopolitiques
3. Les enjeux sont d’ordre esthétique et concernent la reconstruction
à l’identique ou pas. Ils sont également politiques et économiques
pour encadrer et financer la restauration.
L’enjeu politique : L’incendie de Notre-Dame a suscité l’émotion
en France et dans le monde. De nombreux témoignages dans les
médias, presse écrite et réseaux sociaux, ont rendu compte de
l’événement. La restauration de Notre-Dame de Paris fait débat
suite aux dons qui ont suivi et au mécénat de nombreuses entre-
prises pour la restauration. La loi de 2019 prévoit d’encadrer la
souscription ouverte pour la conservation et la restauration de
Notre-Dame. Il est question également des enjeux esthétiques de
la reconstruction de la flèche soumise à un concours proposé par
le Premier ministre du gouvernement français, entre restitution et
transformation du bâtiment.
Pour approfondir : Montrer le retentissement de l’incendie de
Notre-Dame à l’échelle mondiale à travers les unes des journaux
dans le monde entier et faire le point sur l’évolution des travaux et
débats.
Atelier DÉBAT
Dépouiller les résultats et préparer un court diaporama qui les
présente, afin d’introduire un débat ouvert à tous en proposant des
documents pour saisir les enjeux de la question et donner des
arguments. Produire un bilan de cette action.
Au Mali, le patrimoine,
enjeu de la guerre
JALON 2 CONTEXTE
La guerre au Mali P. 320-321
Réponses
1. Suite au coup d’État militaire à Bamako, le nord du Mali est occupé
par les rebelles touareg et islamistes qui détruisent intentionnelle-
ment le patrimoine culturel (Tombouctou, Gao). En mai 2015, des
accords de paix entre les rebelles et le gouvernement malien ont
été signés à la suite d’une médiation internationale mais la mise
en œuvre du processus de paix est lente.
2. La France et l’ONU sont des intervenants extérieurs dans le conflit.
JALON 2
La destruction de richesses
patrimoniales P. 322-323
Activités
1. En 1990, l’Unesco a déclaré Tombouctou site du Patrimoine
mondial en reconnaissance de sa signification en tant que site
architectural d’Afrique et de l’érudition de son passé. Trois grandes
mosquées et une prestigieuse université coranique qui attiraient
des milliers d’étudiants. Les manuscrits de Tombouctou sont parmi
les plus anciens connus dans le monde arabo-musulman.
2. Les sites visés du patrimoine du Mali et détruits entre 2001 et
2012 sont considérés par les djihadistes comme « anti-islamiques »
ou « relevant de l’idolâtrie ». Le patrimoine culturel est un enjeu
idéologique du conflit.
3. Ces destructions s’inscrivent dans un contexte plus large de «
guerre culturelle » où sont exclues les représentations artistiques
ou la musique.
L’enjeu géopolitique : Les destructions du patrimoine au Mali
relèvent d’une intention politique qui dépasse le cadre national, et
illustrent la manière dont un Islam radical a d’imposer ses normes
sociales et culturelles dans un pays en guerre.
Pour approfondir : La Mission multidimensionnelle intégrée des
Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) a été créée
par la résolution 2100 du Conseil de sécurité, du 25 avril 2013, pour
appuyer le processus politique dans ce pays et effectuer un certain
nombre de tâches d’ordre sécuritaire. Un préambule avec présen-
tation d’un historique des actions menées et des différents acteurs
impliqués, 35 articles abordent les points soumis au Conseil de
sécurité pour la création de la Minusma et l’organisation de son
action au Mali pour rétablir la paix.
Atelier ESPRIT CRITIQUE
L’action de l’UNESCO n’est pas neutre car elle valorise des biens
culturels et incite à leur protection ; elle s’engage donc en dénonçant
les auteurs de destructions. Son action ou ses prises de position
peuvent alors attiser la violence et favoriser la médiatisation que
les acteurs recherchent.
JALON 2
Protection et restauration
en temps de guerre P. 324-325
Activités
1. Les mesures prises au début des interventions internationales
pour protéger le patrimoine malien relèvent d’une campagne de
sensibilisation et d’information du patrimoine à l’aide de cartes et
passeports pour prévenir les dommages du patrimoine culturel
auprès des troupes de la Minusma et d’un large public, autorités
maliennes et organisations humanitaires. Également, ces mesures
servent à lutter contre le trafic illicite des biens culturels.
2. Des actions sont lancées pour la reconstruction des biens détruits,
des mausolées par exemple, le rééquipement des instruments de
musique et la réhabilitation des bibliothèques de manuscrits à
Tombouctou avec le soutien de l’ONU (Unesco et Minusma) et la
participation des communautés, avec des dons de la communauté
internationale (Union européenne, Suisse …).
3. Les opérations patrimoniales en temps de guerre sont innovantes
car elles accompagnent les peuples en guerre à se reconstruire
« Protéger la culture, c’est soutenir les peuples, leur donner la force
de se reconstruire, de regarder vers l’avenir. »
4. Les actions internationales ont permis la reconstruction des sites
détruits et la protection de biens culturels (manuscrits) avec l’aide
de la population et du gouvernement maliens. Ces actions ont attiré
l’attention sur les richesses culturelles du Mali et empêché en partie
leur disparition.
L’enjeu politique et géopolitique : Les sites classés font l’objet
d’opérations de protection de la part de l’Unesco et des autres
acteurs de la culture malienne à toutes les échelles. Ils interviennent
dès le début du conflit pour protéger les sites classés des combats,
et entreprennent aussi la restauration des biens déjà endommagés.
Le Mali devient un laboratoire expérimental de la préservation
patrimoniale en temps de guerre.
Pour approfondir : Collecter des éléments de la presse sur l’actua-
lité de la situation politique du Mali pour établir un bilan sur les
questions politiques et patrimoniales. Possibilité de s’appuyer sur
des éléments de presse écrite et audiovisuelles. Présenter les articles
et montrer la diversité des approches pour mener l’analyse.
Atelier RECHERCHE
« Timbuktu » raconte la prise en otage de la population de Tombouctou,
au Mali, à laquelle des djihadistes islamistes, prônant le recours à la
violence armée, imposent par la force un régime de terreur : inter-
diction de jouer au football, de fumer, d’écouter de la musique.
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
Palmyre, 2015, la destruction
d’un symbole culturel P. 326-327
Arrêt sur l’image : 1. Les photographies du Temple de Bêl dans la
ville antique de Palmyre en 2014 et 2016 révèlent les nombreuses
destructions sur ce patrimoine archéologique par Daech et les
groupes armés de l’État islamique, lors du conflit en Syrie.
2. La ville de Palmyre connaissait un rayonnement au début de
notre ère car c’était une ville caravanière permettant de nouer des
relations commerciales entre l’Empire romain, la Perse, l’Inde et la
Chine dans l’Antiquité.
3. La destruction du Temple de Bêl correspond à un contexte poli-
tique et géopolitique marqué par la montée de l’islamisme et les
destructions menées par Daech.
Sa portée politique : 4. La destruction du patrimoine de Palmyre
selon l’État islamique visait à détruire les monuments préislamiques
considérés comme de « l’idolâtrie ».
5. Cette photographie a suscité un choc dans le monde car c’est la
disparition d’un patrimoine culturel unique.
Atelier ESPRIT CRITIQUE
• La réaction d’un grand historien français Paul Veyne : stupéfaction
et réponse par un ouvrage qui témoigne de la splendeur de Palmyre
disparue.
• Pour l’Unesco : un « crime intolérable ».
• Stupéfaction et incompréhension de Maamoun Abdulkarim,
directeur des Antiquités et du musée syrien de Damas : « La bataille
pour Palmyre est culturelle et pas politique. Je n’ai pas compris
comment la communauté internationale et les acteurs du conflit
syrien ont accepté que Palmyre tombe. »
Venise, entre valorisation et protection
JALON 3 CONTEXTE
Le site culturel de Venise P. 328-329
Réponses
1. Depuis 1987, Venise et sa lagune sont inscrites sur la liste du
patrimoine mondial de l’Unesco pour la sauvegarde d’un site remar-
quable menacé par des dégradations importantes (acqua alta).
2. La part de la population vivant dans le centre historique de la
commune de Venise a diminué alors que le nombre de touristes a
augmenté dans les années 1980-1990 avec le développement du
tourisme de masse.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 55

JALON 3
Du tourisme culturel
au tourisme de masse P. 330-331
Activités
1. La fréquentation touristique à Venise n’a cessé de croître et la
ville doit faire face à une fréquentation touristique massive, large-
ment alimentée par l’essor des croisières et l’arrivée de gros paque-
bots (600 paquebots par an).
2. Le nombre de croisiéristes augmente même si on remarque une
légère baisse en 2017 suite à la décision de ne plus accepter les
navires de croisière dans la lagune car ils menacent l’environnement
avec l’érosion des fondations dans cette ville régulièrement inondée.
3. « Une muséification du paysage et une atonie de l’économie
locale » : Venise se spécialise dans des fonctions touristiques au
détriment des autres fonctions urbaines avec un processus de
gentrification, obligeant les populations locales à quitter le centre
de Venise dominé par les activités touristiques.
4. L’inscription sur la liste du patrimoine mondial entraîne une
hausse de l’intérêt pour le site et une augmentation de la fréquen-
tation. C’est une reconnaissance de son patrimoine unique, mais
en même temps cela contribue à le dégrader avec le nombre de
touristes qui se rendent sur le lieu.
L’enjeu politique et social : Le patrimoine exceptionnel de Venise
est à la fois un atout et une menace pour la ville. Le tourisme est
un atout pour le développement économique de la ville mais a des
conséquences sociales avec le phénomène de gentrification et les
risques environnementaux pour la lagune.
Pour approfondir : Pour enrichir le cours, proposer aux élèves
d’observer Venise en photos satellites pour identifier le site de
Venise, observer l’afflux des paquebots et de proposer des solutions
pour la sauvegarde ce lieu.
Atelier RECHERCHE
Quelques exemples : les îles grecques (Santorin), Barcelone (limi-
tation de la structure d’accueil), Venise (accès bloqué au-delà d’un
certain seuil), Dubrovnik en Croatie, Reykjavik en Islande.
contestée, son coût (5,5 milliards d’euros), et sa gestion (affaire de
corruption et de détournement de fonds). L’Unesco pourrait décider
de classer Venise et sa lagune « patrimoine en péril », ce qui per-
mettrait de limiter le flux touristique.
4. Selon M. Lussault, Venise est un exemple d’hyper-lieu car la ville
est un territoire de circulation et de connections intenses qui
concentre des personnes diverses.
L’enjeu politique : La préservation d’un site menacé comme Venise
implique des acteurs à toutes les échelles. « Habiter » à l’échelle
locale, c’est y résider, y travailler, s’y déplacer. Les acteurs locaux
agissent pour réguler le tourisme et préserver l’environnement et
la vie sociale des habitants (la municipalité et les collectifs de
citoyens). À l’échelle nationale, Venise est un facteur de dévelop-
pement économique dans le secteur touristique et l’État intervient
pour sa sauvegarde (projet Moïse). Enfin à l’échelle mondiale,
l’Unesco joue un rôle car le Comité du patrimoine mondial suit et
encourage les efforts de l’État et des institutions impliquées pour
la protection de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) de Venise
mais peut également décider du classement « patrimoine en péril ».
Pour approfondir : Venise et sa lagune (fiche sur le label et le
classement, le suivi des travaux et des attendus pour le site).
VERS LE BAC
Venise et sa lagune doivent faire face à une fréquentation touristique
massive et croissante, largement alimentée par l’essor des croisières
et l’arrivée de gros paquebots. Le patrimoine exceptionnel de la
ville, parcourue de canaux, bordé de palais, attire des visiteurs du
monde entier. Ce tourisme de masse entraîne un développement
économique à l’échelle locale mais également nationale. Les diffé-
rents acteurs publics (municipalité, État, Unesco) sont engagés dans
la protection et la sauvegarde de Venise car la ville subit également
de fortes pressions environnementales, inondations qui fragilisent
les fondations de la ville, et sociales avec des contestations des
populations locales face au tourisme et le développement de col-
lectifs (manifestations, référendum) car le nombre de touristes
modifie les pratiques des habitants de la ville avec une baisse du
nombre des résidents.

JALON 3
La nécessité d’une politique
de préservation P. 332-333

Activités
1. Les mesures mises en place par les autorités publiques à Venise
pour sauvegarder le patrimoine visent à limiter le phénomène
d’acqua alta par la mise en place du projet MOÏSE, un ouvrage
mécanique pour éviter les phénomènes d’inondations, et améliorer
le quotidien des Vénitiens avec la mise en place d’itinéraires spé-
cifiques pour rejoindre les points les plus visités de la ville (place
Saint-Marc, pont du Rialto …) afin d’éloigner les touristes des lieux
de vie des Vénitiens.
2. Les différents acteurs concernés par la sauvegarde du patrimoine
de Venise sont des acteurs publics, l’État, la municipalité de Venise,
l’Unesco, et des acteurs privés, entreprises (projet Moïse) et des
collectifs de citoyens.
3. Le bilan du projet Moïse est contrasté car critiqué pour sa réali-
sation (longueur des travaux, toujours inachevés), son efficacité

56 Thème 4. Identifier, protéger et valoriser le patrimoine : enjeux géopolitiques

Quiz interactif / Axe 2 P. 336
1. L’urbanisme est :
a. L’aménagement et l’organisation spatiale d’un territoire.
b. Une ville qui cumule les fonctions diverses.
c. L’expansion d’une zone urbaine.
2. Un label est :
a. Une méthode de marketing.
b. Une attestation de qualité par l’inscription sur une liste.
c. Un projet à rayonnement culturel.
3. Laquelle de ces affirmations vous paraît la plus juste ?
a. Le Grand Paris correspond à un projet de réforme institutionnelle
mise en œuvre par l’État.
b. Le Grand Paris est une politique de la ville pour étendre la surface
de Paris.
c. Le Grand Paris est un plan d’urbanisme pour répondre aux
enjeux du développement de Paris et sa banlieue.
4. La patrimonialisation est une notion qui correspond à :
a. Une mise en tourisme du patrimoine.
b. Un processus collectif de reconnaissance et de mise en valeur
d’édifices, d’espaces, d’objets ou de pratiques hérités du passé.
c. Une évolution d’espaces patrimonialisés qui se spécialisent dans
des fonctions touristiques au détriment des autres fonctions
urbaines.
5. La cohabitation dans un même espace des habitants et des tou-
ristes a forcément des conséquences sur l’organisation de la ville.
a. Vrai.
b. Faux.
OBJET
CONCLUSIF
La France et le patrimoine,
des actions majeures de
valorisation et de protection P. 340-341
Réponses
1. L’Unesco met surtout en valeur le patrimoine culturel matériel, dit
monumental, puisque la très grande majorité des 45 biens inscrits
relèvent de cette catégorie en France. Dans un deuxième temps, le
patrimoine naturel est valorisé. Depuis 2006, elle reconnaît le patri-
moine culturel immatériel, ce sont des formes d’expression culturelles
qui n’entrent pas dans la conception matérielle du patrimoine mais
participent de la culture héritée de sociétés. On voit ainsi que la
définition du patrimoine mondial s’est progressivement élargie.
2. La Mission Bern a pour objectif de protéger le patrimoine français
en péril qui ne fait pas l’objet d’autres mesures de protection. Le
patrimoine modeste des régions ou patrimoine dit « de proximité »
est davantage concerné ici (doc 1). Le patrimoine en péril peut être
industriel, religieux, agricole ou rural, lié à l’eau… Il est aussi divers
que les lieux retenus.
OBJET CONCLUSIF CONTEXTE
La politique du
patrimoine en France P. 342-343
Réponses
1. La notion de patrimoine a été inventée avec la Révolution fran-
çaise, période de destructions massives des symboles de l’Ancien
Régime. La République acquiert alors la propriété de nombreux
biens et objets d’arts avec pour objectif de les conserver. Dès le
début du xixe siècle, sont créées des institutions et des lois précises
pour inventorier, classer et protéger des monuments culturels puis
naturels. C’est le cas par exemple de la Commission des Monuments
historiques avec Prosper Mérimée qui fait établir la première liste
des monuments historiques en 1842 en France.
2. Des acteurs publics et privés interviennent dans la politique
publique du patrimoine. L’État fournit le cadre, contrôle et règle-
mente, mais ce sont surtout les collectivités territoriales (régions,
départements et communes) qui mettent en œuvre la protection
et la conservation du patrimoine. Les opérateurs publics (musées,
bibliothèques, fondation...) et après jouent aussi un rôle important.
JALON 1
La gestion du patrimoine français :
évolution d’une politique publique P. 344-345
Activités
1. Le patrimoine est historiquement monumental et classique et
couvre d’abord les objets d’art qui sont protégés. Progressivement,
les patrimoines naturel, archéologique, industriel, rural et maritime
sont reconnus pour enfin aussi intégrer le patrimoine immatériel
qui s’étend aux savoirs et aux modes de vie. La langue française et
les langues régionales sont aussi érigées au rang de patrimoine
aujourd’hui. Ces reconnaissances sont importantes symboliquement
et permettent de valoriser économiquement les territoires, mais
elles posent la question du risque d’une dilution et d’une difficulté
de financement et de conservation de ce patrimoine omniprésent.
2. La « démocratisation du patrimoine » est le fait de rendre le
patrimoine plus facilement accessible au plus grand nombre. Il s’agit
de sensibiliser le grand public aux enjeux de protection et de
conservation du patrimoine. Les Journées du patrimoine ou le loto
du patrimoine sont des moyens de participer à cette démocratisa-
tion du patrimoine en France.
3. Le mécénat d’entreprise et les souscriptions publiques sont
fortement encouragés depuis les années 90. La philanthropie indi-
viduelle et une plus grande participation des citoyens, y compris
par des formes innovantes comme le Loto du patrimoine mis en
place par la Mission Bern, sont favorisées. Ainsi, le système fiscal
est particulièrement avantageux en France pour les donateurs
(individus ou entreprises).
4. Trois types de débats sont posés aujourd’hui par la politique du
patrimoine. L’illimitation patrimoniale pose la question de la dilution
du patrimoine avec les difficultés de financement de la politique
de conservation d’un patrimoine omniprésent. La multiplication
des labels d’un patrimoine élargi pose le problème de leur lisibilité
et de leur crédibilité, in fine. Enfin, la notion de patrimoine est
fluctuante : ce qui était patrimoine hier n’est plus acceptable
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 57
aujourd’hui car les normes et les valeurs sociétales évoluent.
L’enjeu politique et sociétal : La politique patrimoniale française
s’est institutionnalisée, décentralisée et étendue à des patrimoines
de plus en plus étendus, qui se déclinent au pluriel aujourd’hui. On
parle d’« omnipatrimonialisation » ou d’« illimitation patrimoniale »
pour signifier cette tendance à reconnaître de nombreux éléments
matériels et immatériels comme patrimoine et héritage à reconnaître
et à transmettre. Ce processus va de pair avec la politique publique
de démocratisation du patrimoine.
Pour approfondir : L’omnipatrimonialisation signifie l’élargissement
sans fin de la notion de patrimoine. En effet, la demande des indivi-
dus et des sociétés pour le patrimoine continue et s’affirme. Elle est
alimentée par des acteurs de plus en plus nombreux et divers. Les
limites de la demande patrimoniale émanant des individus, des
groupes sociaux et des territoires, semblent difficiles à établir. Tout
peut a priori être patrimonialisé. Cette production continue, renou-
velée et diversifiée de patrimoines, a moins besoin de - et de fait se
fait moins par- la médiation d’experts du patrimoine. Le patrimoine
se produit via des processus d’appropriation et de mobilisation patri-
moniales « spontanés ». Néanmoins, elle obéit aussi à des logiques
notamment de marketing territorial dans le cadre du tourisme et de
la mondialisation. Ainsi, les labellisations se multiplient dans une
optique souvent utilitariste au dépens parfois de leur lisibilité. Ces
thématiques sont à creuser notamment dans les pages 63 à 65 du
rapport final de l’atelier de réflexion prospective sur les nouveaux
défis du patrimoine datant d’avril 2014 (voir sitographie).
Atelier DÉBAT
Si la démocratisation du patrimoine consiste à en faciliter l’acces-
sibilité au plus grand nombre afin de sensibiliser le public à ses
enjeux de conservation et de transmission aux générations futures,
elle peut aussi participer de la sur-fréquentation d’un lieu qui est
alors victime du tourisme de masse. C’est le cas par exemple du
Mont Blanc dont les visites font désormais l’objet de quotas quoti-
diens afin de ne pas dénaturer ce haut lieu du patrimoine français
naturel.
Le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais
entre héritage culturel et reconversion
JALON 2
Les enjeux de la patrimonialisation P. 346-347
Activités
1. De nombreux acteurs sont impliqués dans le processus de patri-
monialisation à toutes les échelles. Des habitants sensibilisés aux
professionnels, des acteurs institutionnels et associatifs sont éga-
lement impliqués. L’enjeu étant de créer une démarche fédératrice
autour du projet.
2. La patrimonialisation du bassin minier participe de la reconnais-
sance du patrimoine industrielle, elle a une fonction identitaire et
est porteuse de mémoire collective, de paysages, et d’une histoire,
façonnés par plus de trois siècles. En même temps, des fonctions
touristiques nouvelles sont attribuées à ces lieux patrimonialisés.
3. La patrimonialisation peut mener à une folklorisation aux dépens
de la culture locale. Il existe également des impératifs économiques
qui peuvent conduire à la destruction de certains patrimoines sous
pression foncière dans un cadre urbain densifié. Il peut apparaître
contradictoire de patrimonialiser à des fins identitaires et de tomber
dans le biais de la folklorisation pour répondre à des attentes tou-
ristiques.
4. Reprendre ici les exemples mobilisés dans la partie sur les contra-
dictions entre conservation du patrimoine et tourisme culturel
p. 330.
L’enjeu géopolitique : voir le tableau ci-dessous.
Pour approfondir : On pense d’emblée à Émile Zola et son célèbre
Germinal (1884-1885) qui présente avec un naturalisme saisissant
l’exploitation de la condition minière misérable. On pourra aussi citer
Alfred-Philippe Roll et son célèbre tableau La grève des mineurs exposé
pour la première fois au Salon en 1880 qui montre dans un cadre très
académique les conditions et revendications ouvrières nouvelles.

Empêcher la destruction
Préserver et transmettre
Repenser l’image et
l’identité d’un territoire
Elargir l’offre patrimo-
niale en la diversifiant
Valoriser touristique-
ment le lieu
Légitimer
l’action politique
Investir le local
face au global
La repatrimonialisation apparaît comme un moyen de sauvetage de sites. En particulier certains éléments
du patrimoine sont mal reconnus à l’instar de l’architecture du xxe siècle. L’objectif du label « patrimoine »
permet de faire jeter un autre regard sur certains objets architecturaux.
La patrimonialisation assure la transmission et la continuité dans le temps, entre générations. Par
exemple, les constructions des années 1950 et 1960 sont aussi le symbole d’une époque, celle des efforts
de construction rapide pour mieux loger la population, mais aussi de l’optimisme du lendemain de crise.
Il importe de les réhabiliter.
Mobiliser le patrimoine pour produire des référents et figures territoriales et donner un sens à une
histoire locale en la mettant en récit. Faire de la population locale l’héritière de cette histoire et de
cette identité.
Il s’agit de renouveler l’intérêt des visiteurs en élargissant l’offre culturelle. Par exemple, les acteurs
locaux placent progressivement le patrimoine du xxe siècle dans les circuits touristiques.
La patrimonialisation accélère le tourisme, en valorisant un lieu et en créant un marketing territo-
rial.
Décider ou non de patrimonialiser relève d’une décision politique et la mobilisation du processus
de patrimonialisation permet de donner un sens à l’action politique.
La mobilisation du patrimoine répond à un besoin d’enracinement, un retour au local à l’heure de
l’avènement du global. Mais la mondialisation joue un rôle dans la production sociale du patrimoine
notamment par la circulation de standards patrimoniaux globalisés et parfois standardisés.

58 Thème 4. Identifier, protéger et valoriser le patrimoine : enjeux géopolitiques

Cette fresque artistique et littéraire pourra aller jusqu’à la chanson
intitulée « Les Corons » de Pierre Bachelet en 1982 rendant un vibrant
hommage à cette activité ouvrière à la fin du xxe siècle. Cette chan-
son eut un succès populaire extraordinaire et montrait en creux
l’attachement à cette culture de la mine en train de disparaître.
Atelier RECHERCHE
S. Brunel parle de disneylandisation pour désigner la transformation
des sociétés et des cultures locales, par la présence de touristes, et
pour répondre à leurs attentes. La disneylandisation transforme le
lieu en décor idéal pour le touriste comme la folklorisation men-
tionnée ici. Il existe d’autres exemples caricaturaux de folklorisation
ou disneylandisation comme au Kenya par exemple où les villages
masaïs « typiques » sont reconstruits pour les besoins du tourisme.
En effet, face au coût croissant des safaris animaux, la tendance
est désormais de promouvoir les « safaris humains » chez les peu-
plades « primitives » ou la visite des ghettos.
JALON 2
La reconversion :
réussites et débats P. 348-349
Activités
1. La reconnaissance du patrimoine minier a été tardive pour plu-
sieurs raisons. D’abord, elle a nécessité un changement de regard
progressif sur ces lieux de déprise industrielle. C’est un territoire
entier et plus d’un million d’habitants dont 3 pôles métropolitains
qui ont été concernés par ces reconversions longues, complexes et
sources de conflits. Ainsi, certains sites ont été rasés au grand dam
des associations locales de protection du patrimoine minier.
2. Dans certains cas, les bâtiments miniers ont été rasés pour
accueillir de nouveaux projets comme le Musée du Louvre-Lens
contre l’avis des associations locales. Des friches industrielles ont
été reconquises pour accueillir des espaces verts, des bases de
loisirs ou des réservoirs faunistiques. Le pays noir est ici devenu
pays vert. Enfin, des cités d’habitation ont été rénovées. Néanmoins,
dans certains cas, les conditions très strictes du cahier des charges
imposées par l’Unesco pour le classement du bassin minier ont été
parfois mal vécues par les habitants qui se sont ainsi sentis dépos-
sédés de leur lieu de vie.
3. Le changement de regard porté sur les lieux est nécessaire pour
imaginer une évolution des fonctions des nouveaux lieux patrimo-
nialisés. Cette patrimonialisation doit aussi être accompagnée, être
promue comme par exemple avec la politique active de démocra-
tisation culturelle associée au Musée Louvre-Lens pour attirer les
habitants de la région dans ce haut lieu culturel régional.
L’enjeu politique : Il s’agit de rendre le territoire plus attractif pour
les touristes et de drainer vers le Louvre-Lens une partie des touristes
du Nord de l’Europe et le tourisme régional. L’objectif est aussi de
mettre en récit une histoire locale pour transformer l’image des
lieux et créer une identité positive pour ce territoire minier.
Pour approfondir : Site Internet du Centre historique minier de
Lewarde (voir sitographie).
Atelier RECHERCHE
Quelques exemples de sites à étudier : le parc des îles à Drocourt,
Hénin-Beaumont et Rouvroy, les bases de loisirs de Loisinord à
Noeux-les-Mines, Raismes, la base des Argales sur le terril n° 144
à Pecquencourt-Rieulay, Centre d’Education à l’Environnement
d’Amaury à Hergnies, etc.
Le patrimoine, facteur de rayonnement
culturel de la France dans le monde
JALON 3
Le patrimoine, soutien
du rayonnement culturel P. 350-351
Activités
1. La promotion du patrimoine culturel français est vue comme un
outil de développement économique et social. C’est aussi un outil
diplomatique pour mettre en valeur la grandeur de la culture fran-
çaise.
2. C’est le modèle français d’éducation et plus largement « une
certaine idée de la France » qui sont exportés à l’étranger avec le
projet de la « Sorbonne des sables ». Que ce soit pour cette univer-
sité, ou les musées français (le Louvre ou le centre Pompidou qui
a ouvert une antenne à Shanghai en 2020), il s’agit de trouver un
rayonnement international tout en mettant en valeur des collections
richement payées auprès d’un public international. On accuse les
responsables politiques de brader, voire de trahir, les idéaux que
représente le patrimoine français à des fins politiques et/ou utili-
taristes.
3. La France est très active dans la diplomatie culturelle mondiale.
Ainsi, elle est à l’origine de la Convention de l’Unesco pour la pro-
motion de la diversité des expressions culturelles en 2005. Elle
compte des éléments de soft power particulièrement remarquables :
son réseau scolaire et universitaire à l’étranger, le nombre d’étudiants
étrangers accueillis en France, la francophonie, son cinéma, ses
produits de luxe ainsi que son patrimoine architectural et gastro-
nomique mondialement connu…
4. L’influence française est surtout le fait des gouvernements et
des diplomates français. D’après Nye, le soft power devrait davantage
relever de la société civile, du marché et des individus. Enfin, l’ini-
tiative de la « Sorbonne des sables » s’avère pour l’instant déficitaire
puisque l’université française implantée aux Émirats Arabes Unis
n’accueille pour l’instant que 50 % du nombre d’étudiants attendus.
L’enjeu géopolitique : Le patrimoine culturel français est d’une
richesse et d’une diversité extraordinaires. La France le met en
valeur à travers des institutions internationales comme l’Unesco
en promouvant l’inscription de son patrimoine culturel matériel et
immatériel sur sa liste de promotion officielle. Les réseaux diplo-
matiques présents à l’étranger sont le vecteur principal du rayon-
nement culturel français dans le monde. Le réseau scolaire à
l’étranger, particulièrement dense est également un vecteur décisif
d’influence. Au-delà, la France déploie aussi sa culture grâce au
marché et aux grandes entreprises, puisqu’on peut inclure au soft
power français, le cinéma, la gastronomie et le tourisme, le vin et
le champagne ou encore le très influent secteur de la mode. Enfin,
la langue et le sport apparaissent également, à des degrés divers,
comme des vecteurs de l’influence française.
Pour approfondir : Pour J. Nye, le soft power ne doit dépendre qu’à
la marge des gouvernements, comme c’est le cas aux États-Unis.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 59
C’est surtout la société civile, les individus et le marché qui mettent
en valeur cette puissance douce. Cette stratégie est autonome,
indirecte et décentralisée. En France, le rayonnement culturel est
majoritairement pris en charge par les diplomates qui pilotent eux-
mêmes la politique linguistique, universitaire et scientifique même
si des acteurs privés jouent un rôle important aussi. Les différents
domaines du soft power français sont analysés, les enjeux futurs de
leur développement sont présentés.
Atelier RECHERCHE
La France compte une diversité de patrimoine exceptionnelle grâce
notamment à ses territoires d’outre-mer. « Le monde est réunion-
nais » est le slogan qui met en valeur la pluralité des cultures réu-
nionnaises. Des traditions musicales locales sont ainsi inscrites au
patrimoine mondial immatériel de l’humanité tel que le Maloya
réunionnais ou le Gwoka guadeloupéen. Les temples tamouls réu-
nionnais ou les façades des maisons de la ville martiniquaise de
Saint-Pierre sont des témoins de l’histoire de ces îles également
reconnus par l’Unesco. Enfin, le patrimoine naturel est également
largement valorisé avec l’inscription de monuments naturels excep-
tionnels à cette même liste comme les lagons de Nouvelle-Calédonie
ou les Terres et mers australes françaises. On pourra aussi penser
à la patrimonialisation de l’héritage de l’esclavage, reconnu comme
un crime contre l’humanité par la loi Taubira depuis 2001.
JALON 3
Le repas gastronomique,
objet d’action diplomatique P. 352-353
Activités
1. Le repas gastronomique des Français est d’abord une pratique
sociale liée à l’art du « bien manger » et « bien boire » dans un cadre
festif. C’est bien la tradition et l’héritage culturel entre les générations
qui sont mis en valeur avec cette pratique reconnue et inscrite au
patrimoine immatériel de l’Unesco. De plus, cette nouvelle patrimo-
nialité mise en valeur par l’Unesco est liée au lien entre le corps
biologique et le corps social, entre la nature et la culture, qui peut
apparaître comme une valeur refuge dans un monde artificialisé.
2. La gastronomie est considérée à travers l’histoire comme une
arme d’influence et de séduction massive. Les politiques se sont
souvent décidées autour d’un dîner qui peut bien disposer les
convives à l’égard d’un pays. Talleyrand a largement utilisé cette
gastro-diplomatie, comme le ministre des Affaires étrangères Laurent
Fabius un siècle après lui. Les enjeux sont politiques, économiques
et culturels.
3. La France fait partie des 10 premiers exportateurs de vin au
monde. Sachant que la Chine est devenue le premier pays consom-
mateur de vin rouge et que la croissance de cette consommation
semble exponentielle (+ 33,8% en 4 ans de 2013 à 2017), il est
stratégique pour les producteurs de vin français de se positionner
efficacement sur le marché chinois.
4. La gastro-diplomatie consiste à utiliser ses traditions culinaires
comme vecteur de puissance à l’international et de promouvoir sa
nation comme une marque afin d’exporter son patrimoine culinaire
et de favoriser le tourisme. Le repas gastronomique est une pratique
sociale qui concerne tous les Français, promue et protégée comme
patrimoine immatérielle par l’Unesco. L’enjeu est que la défense
60 Thème 4. Identifier, protéger et valoriser le patrimoine : enjeux géopolitiques
de la haute gastronomie comme instrument d’influence ne fasse
pas oublier les enjeux de défense des petits producteurs et artisans
français subissant une concurrence mondialisée féroce.
L’enjeu géopolitique : La diplomatie passe par la gastronomie,
domaine dans lequel la France excelle, et qui lui permet de com-
muniquer avec les leaders étrangers par son art de vivre et en cela
de transmettre des messages politiques (à l’instar du Congrès de
Vienne). Au-delà, la gastronomie donne une image de la France et
renforce son attractivité touristique. Enfin, l’enjeu est également
d’exporter des produits français vers l’étranger. Il n’est pas négli-
geable compte tenu de la forte spécialisation de la France dans
l’industrie agro-alimentaire.
Pour approfondir : La diplomatie culinaire est destinée aux hautes
sphères et implique un rapport d’État à État. Elle s’opère autour
d’un événement précis dans des lieux qui lui sont entièrement
dévoués (salons de palais, hôtels et grands restaurants, ambassades,
etc.). La gastro-diplomatie, en revanche, n’est pas le seul apanage
des élites publiques. Elle renvoie à une acception large qui comprend
l’idée de culture alimentaire – faite aussi bien de matérialité (pro-
duits, mets, produits et artisanat local…) que d’immatérialité (lien
sociaux, discours, représentations…).
VERS LE BAC
L’importance du patrimoine architectural français en France et à
l’étranger mériterait également d’être mentionné. Le patrimoine
naturel et immatériel fait aussi l’objet d’une promotion internatio-
nale par l’Unesco notamment. Il n’est que très partiellement et
indirectement mentionné ici avec la gastronomie par exemple.
Quiz interactif / Objet conclusif P. 356
1. Patrimonialiser revient à :
a. Reconnaître un capital symbolique et culturel à un lieu qui
devient patrimoine.
b. Valoriser un lieu patrimonialisé en lui reconnaissant un
capital économique.
c. Garder la même fonction du lieu mis en valeur par la patrimo-
nialisation.
2. Folkloriser un patrimoine, c’est le :
a. Rendre accessible au plus grand nombre.
b. Valoriser.
c. Insister particulièrement sur certains éléments des traditions
et coutumes d’un patrimoine.
3. Quels sont les acteurs du patrimoine en France aujourd’hui ?
a. Les citoyens.
b. Les entreprises privées.
c. L’État et les collectivités territoriales.
d. L’Abbé Grégoire.
4. Le patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco reconnaît en
France :
a. Le repas gastronomique des Français.
b. La corrida et les traditions taurines.
c. Les biens en péril identifiés par la Mission Bern.
5. Les éléments suivants relèvent du soft power français :
a. Tous les éléments culturels, scientifiques et idéologiques
français qui montrent l’influence de la France.
b. La fabrication d’Airbus et des voitures Renault.
c. La langue française.
BIBLIOGRAPHIE – SITOGRAPHIE
Objet conclusif
Introduction
– F. Choay, L’allégorie du patrimoine, Paris, Ed. du Seuil, 1992. Les enjeux liés aux patrimoines démultipliés sont ici bien identifiés :
– J. Davallon, « Comment se fabrique le patrimoine ? », Sciences humaines, – M. Gravari-Barbas, Atelier de réflexion prospective. Nouveaux défis pour
mars / avril / mai 2002. le patrimoine culturel. Rapport final, EA-EIREST, Université Paris 1 Panthéon-
Sorbonne, Avril 2014.
– J. Davallon, Le don du patrimoine. Une approche communicationnelle
de la patrimonialisation, Lavoisier, coll. Hermès, 2006.
– T. Le Hégarat, Un historique de la notion de patrimoine, 2015. Sites utiles
Le site du château de Versailles.
Axe 1 http://www.chateauversailles.fr/
– A. Babadzan, « Les usages sociaux du patrimoine, miroirs identitaires », Site de l’UE (Pour approfondir, p. 303).
Revue ethnologies comparées, n° 2 printemps 2001. https://europa.eu
– P. Béghain, Patrimoine, politique et société. Presses de Sciences Po, 2012. La direction générale des patrimoines au Ministère de la culture.
– M. Vernières, « Le patrimoine : une ressource pour le développe- https://www.culture.gouv.fr/Nous-connaitre/Organisation/
ment », Techniques Financières et Développement, vol. 118, n° 1, 2015, pp. 7-20. La-direction-generale-des-patrimoines
Rapport sur la restitution du patrimoine culturel africain. Vers une nouvelle
Axe 2 éthique relationnelle. Novembre 2018.
L’auteur analyse les retombées économiques du patrimoine mais https://www.icom-musees.fr/ressources/
également les politiques patrimoniales à différentes échelles, et la rapport-sur-la-restitution-du-patrimoine-culturel-africain-vers-une-nouvelle-
construction sociale du patrimoine, son engouement et son extension : ethique
– F. Benhamou, Économie du patrimoine culturel, Collection Repères, Site de l’Unesco.
La Découverte, 128 pages, Paris, rééd. 2019.
https://whc.unesco.org
Ouvrage général…
Ministère de la Culture, Direction générale du patrimoine.
– J.-P. Augustin et E. Fagnoni (dir.), 2017, Les espaces du tourisme et des loisirs,
https://www.culture.gouv.fr/Nous-connaitre/Organisation/
Paris, Armand Colin col. CAPES / Agrégation.
La-direction-generale-des-patrimoines
…mais plus particulièrement :
Paris.
J.-M. Tobelem : Permanence et mutations du tourisme culturel.
https://www.ateliergrandparis.fr/12clefs/PE.pdf
S. Jacquot : Tourisme et métropolisation : les métropoles comme destina-
https://www.citedelarchitecture.fr/fr
tions touristiques ?
S. Jacquot et F. Cominelli : Tourisme et patrimonialisation. Il est essentiel pour identifier le cadre de la politique publique française
et donne toutes les informations institutionnelles émanant du ministère.
Organisée par la Chaire Unesco « Culture, Tourisme, Développement »
https://www.vie-publique.fr/
de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne avec l’appui de la Convention
France Unesco et de l’ICOMOS France, cette journée d’étude porte sur les Les sites des associations de droit public ou privé qui s’occupent du
divers rapports entre les sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial patrimoine en France comme le site de la Mission Bern, de la Fondation
de l’Unesco et le tourisme : du Patrimoine.
– Sous la direction de M. Gravari-Barbas et S. Jacquot, Villes françaises du https://www.missionbern.fr/
patrimoine mondial et tourisme. Protection, gestion, valorisation, Unesco, 2010. https://www.fondation-patrimoine.org/
Mais aussi … cités et présentés dans le chapitre : Le rapport final de l’atelier de réflexion prospective sur les nouveaux défis
– M. Gravari-Barbas et S. Jacquot, 2014, Nouveaux patrimoines. Patrimoine du patrimoine datant d’avril 2014 (Pour approfondir p. 345).
mondial et développement : au défi du tourisme durable, Presses de l’Université https://www.pantheonsorbonne.fr/fileadmin/Colloques_IREST/Rapport_
du Québec, Québec. final_29_04_14.pdf
– M. Lussault, Hyper-lieux. Les nouvelles géographies politiques de la Site Internet du Centre historique minier de Lewarde
mondialisation, Paris, Seuil, coll. « La couleur des idées », 2017. (Pour approfondir p. 349).
– P. Veyne, Palmyre. L’irremplaçable trésor, Albin Michel, 2015. https://www.chm-lewarde.com/fr/

Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 61

THÈME 5
L’ENVIRONNEMENT, ENTRE EXPLOITATION
ET PROTECTION : UN ENJEU PLANÉTAIRE

THÈME 5 – (26-28 heures)
L’environnement, entre exploitation
et protection : un enjeu planétaire
Introduction
Qu’est-ce que l’environnement ?
Axe 1
Exploiter, préserver et protéger.
Axe 2
Le changement climatique :
approches historique et géopolitique.
Objet de travail conclusif
Les États-Unis et la question environ-
nementale : tensions et contrastes.
L’étude de ce thème a un double objectif : analyser l’évolution des rapports entre les sociétés
et leurs milieux, et notamment les changements environnementaux non désirés qu’ils induisent ;
en comprendre les enjeux géopolitiques.
• Définitions, représentations, évolutions de la notion d’environnement : une construction his-
torique, sociale et politique.
• Un regard sur l’histoire de l’environnement.
Jalons
• Exploiter et protéger une ressource « naturelle » : la forêt française depuis Colbert.
• Le rôle des individus et des sociétés dans l’évolution des milieux : « révolution néolithique »
et « révolution industrielle », deux ruptures ?
Jalons
• Les fluctuations climatiques et leurs effets : l’évolution du climat en Europe du Moyen Âge au
xixe siècle.
• Le climat, enjeu des relations internationales : les accords internationaux (Sommets de la Terre,
COP…).
Jalons
• L’environnement aux États-Unis : entre protection de la nature, exploitation des ressources et
transformation des milieux depuis le xixe siècle ; les rôles respectifs de l’État fédéral et des États
fédérés.
• Les États-Unis et l’environnement à l’échelle internationale (État, firmes transnationales, ONG…).

INTRODUCTION Les clés du thème

1. L’environnement, une
Première approche P. 370-371 construction sociale et politique P. 372-373

Découvrir le thème Votre objectif

1. Sur Terre, l’environnement est toujours le fruit d’interactions Il s’agit de montrer que les représentations de l’environnement sont
naturelles et humaines. L’action de l’homme sur l’espace naturel diverses selon les acteurs : entreprises, ONG, États aux différents
est visible partout, qu’il s’agisse de l’agriculture (vignobles de intérêts politiques, groupes sociaux. Elles évoluent dans le temps
Bourgogne) ou du reboisement pour lutter contre le réchauffement et dans l’espace et peuvent engendrer des conflits pour les ressources
climatique (en Éthiopie). et des stratégies de coopération pour protéger l’environnement.
2. L’environnement est une ressource pour les humains, car il est
indispensable à leur survie, leur fournissant de quoi se nourrir par
Activités
exemple. L’environnement est aussi une contrainte quand la relation 1. Exemples d’acteurs Représentation
entre homme et nature est déséquilibrée : l’environnement peut
• Union internationale pour Un territoire à protéger
alors nuire à la santé humaine ou favoriser des risques naturels.
la conservation de la nature de l’action humaine
3. Le planisphère permet de mettre en avant le lien entre niveau
• Candidat écologiste aux
de développement et empreinte écologique. Les pays au plus fort
élections présidentielles
IDH sont ceux qui ont la plus forte empreinte écologique : quatre
planètes seraient par exemple nécessaires si toute l’Humanité avait • Entreprise pétrolière Une ressource à exploiter
le même mode de vie que les habitants des États-Unis. ou gazière pour les hommes

Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 63

2. Les représentations de ces différents acteurs peuvent être concur-
rentes, et même engendrer des conflits. Ces conflits peuvent
émerger entre des acteurs qui veulent exploiter l’environnement
arctique pour en tirer des ressources, et ceux qui veulent le proté-
ger. On observe cependant que différents acteurs peuvent coopérer
pour défendre leur point de vue : les conférences pour le climat ou
l’environnement l’illustrent à l’échelle mondiale.
3. La géopolitique est l’étude des rivalités de pouvoir sur les terri-
toires. On peut voir que des relations de pouvoir concurrentes sont
observables en Arctique, entre les ONG comme Greenpeace parti-
sanes d’une protection totale de l’environnement contre les pollu-
tions liées à l’exploitation des hydrocarbures, et des entreprises
pétrolières russes. Ces conflits supposent alors des régulations,
souvent par des acteurs du niveau supranational, comme le
Parlement européen qui propose la protection de l’environnement
arctique.
Atelier RECHERCHE
L’Union européenne a déployé tout d’abord une politique de sanc-
tuarisation de l’Arctique, en proposant une sanctuarisation de la
région sur le modèle du continent Antarctique.
Cette proposition a été très mal reçue par les États arctiques qui
ont rappelé que quatre millions de personnes vivent dans cette
région qui ne peut être mise « sous cloche ».
L’UE a alors adapté plus récemment sa politique dans un sens de
protection moins strict de la nature pour prendre en compte la
dimension sociale de l’environnement.
Les clés du thème
2. Un regard sur l’histoire
de l’environnement P. 374-375
Votre objectif
Il s’agit de comprendre que l’histoire de l’environnement permet
d’éclairer notre compréhension de l’environnement des sociétés.
La sous-discipline de l’histoire qu’est l’histoire de l’environnement
est apparue dans un contexte particulier qui est celui de la montée
des mouvements écologistes. La compréhension contemporaine
que nous avons de l’environnement est le fruit de facteurs sociaux,
politiques et historiques conjoncturels.
Activités
1. Selon E. Le Roy Ladurie, l’histoire du climat est à mettre en lien
avec celle des événements politiques, économiques sociaux :
« Certains événements de l’histoire de France et des pays voisins
peuvent en effet être replacés dans un contexte écologique ». Il
prend l’exemple de plusieurs révoltes ou révolutions européennes
de l’époque moderne et contemporaines, liées en partie aux mau-
vaises récoltes dues à des dérèglements climatiques.
2. L’anthropocène est une notion nouvelle, fondée par plusieurs
scientifiques à la fin du xxe siècle. C’est une nouvelle ère géologique,
caractérisée par le fait que l’action humaine est désormais la prin-
cipale force de changement de l’environnement mondial. B. Latour
écrit ainsi : « Nous sommes désormais une force géologique de
grandeur comparable aux chaînes de montagnes, aux volcans, à
l’érosion ».
64 Thème 5. L’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire
3. L’histoire des animaux est une branche de l’histoire de l’environ-
nement, comme celle du climat. Il est alors intéressant d’étudier
les représentations historiques des animaux. Alors que l’ours était
diabolisé au Moyen Âge, après avoir été vénéré pendant des dizaines
de millénaires, sa vision contemporaine est tout autre. Dans nos
sociétés occidentales actuellement, l’ours est vu comme une espèce
rare et précieuse à protéger, parfois en dépit des dégâts qu’il cause
à l’environnement.
Atelier DÉBAT
Vous trouverez dans la presse régionale et locale de nombreux
articles présentant les arguments des deux camps. Les associations
écologistes rassemblent souvent des habitants urbains ou néo-
ruraux, à qui les éleveurs reprochent une vision hors-sol de l’envi-
ronnement rural. Pour les éleveurs, l’ours est avant tout une menace
de plus à la survie de leur activité pastorale, puisqu’il décime les
troupeaux.
Les clés du thème
3. Les inégalités face aux risques
environnementaux P. 376-377
Votre objectif
Il s’agit de montrer que les changements climatiques révèlent les
inégalités politiques, sociales, économiques des acteurs à différentes
échelles dans le monde. Un État riche, et par ailleurs industrialisé
et pollueur, aura plus de moyens de s’adapter aux changements et
de se prémunir contre les risques qu’un État faible. À cet égard, les
changements environnementaux aggravent également les inégali-
tés existantes. Ces changements environnementaux peuvent donc
engendrer des tensions à toutes les échelles, comme dans le cadre
des migrations environnementales.
Activités
1. Les sociétés sont confrontées à différentes inégalités en fonction
de leur vulnérabilité face aux changements. Des inégalités géogra-
phiques tout d’abord, certaines parties du monde comme l’Arctique
étant plus touchées que d’autres, ou les États insulaires étant plus
sujets à la submersion. Des inégalités économiques ensuite, les pays
les moins développés étant les plus vulnérables. Des inégalités poli-
tiques enfin, puisqu’en l’absence de réponse politique claire, ces
changements peuvent engendrer des troubles politiques et sociaux.
2. Les risques climatiques ont des implications politiques et géo-
politiques. Ces risques peuvent en effet engendrer des tensions
économiques, sociales et politiques au niveau national comme
international. Les migrations forcées en sont un exemple. Selon le
document 3, « À Tuvalu, les conditions environnementales ont
déclenché 9% des mouvements [de population] enregistrés entre
2005 et 2015 ».
3. Les changements environnementaux aggravent les inégalités
déjà présentes, puisque ce sont les acteurs qui ont le moins de
moyens techniques ou économiques de s’adapter aux changements
qui en subissent le plus les conséquences.
On peut voir ainsi que les États les plus confrontés à la submersion
marine dans les îles Pacifique sont des petits États pauvres, au PIB
dix à vingt fois inférieur à la France, qui est moins exposée aux
risques.
 Atelier RECHERCHE
On peut prendre l’exemple d’un petit État insulaire du Pacifique,
ou du Bangladesh.
Des articles scientifiques ou de presse, les sites des organisations
internationales, permettent de mettre en avant les politiques entre-
prises qui sont souvent très médiatisées.
Quiz interactif / Le point sur… P. 378
1. L’environnement est synonyme de nature ? Vrai ou faux ?
– Faux.
2. La conception actuelle de l’environnement repose souvent sur
un rapport de domination de l’homme sur le milieu naturel ? Vrai
ou faux ?
– Faux.
3. L’anthropocène est la nouvelle ère dans laquelle nous sommes
entrés, où l’Homme est la principale force géologique à l’œuvre ?
Vrai ou faux ?
– Vrai.
4. L’histoire de l’environnement est un sous-champ de l’histoire du
climat ? Vrai ou faux ?
– Faux.
5. Tous les États sont égaux face aux conséquences du changement
climatique ? Vrai ou faux ?
– Faux.
AXE 1
Exploiter, préserver
et protéger P. 380-381
Réponses
1. La vallée de Luoping est marquée durablement par la main de
l’homme et présente un paysage en terrasses, qui a été modifié afin
de faciliter l’agriculture.
2. Les îles Galàpagos, préservées par leur position géographique
extrêmement isolée, font l’objet de mesures de protection car elles
recueillent une biodiversité exceptionnelle, et notamment de nom-
breuses espèces protégées, comme les tortues géantes.
3. L’homme, par ses activités, transforme les paysages pour les
adapter à ses besoins, afin d’en tirer des ressources, notamment
alimentaires, comme le montrent les champs de colza de Luoping.
Même dans les lieux qui paraissent les plus préservés, l’impact de
l’homme est lisible. Alors que la consommation de tortues menaçait
de faire disparaître cette espèce, l’intervention humaine a permis
sa réintroduction et sa protection.
Exploiter et protéger la forêt française
JALON 1 CONTEXTE
La forêt française aujourd’hui P. 382-383
Réponses
1. Au xviie siècle, la forêt était surtout présente dans la partie nord-
est du territoire et couvrait une surface très limitée. Aujourd’hui,
elle est omniprésente sur le territoire français, puisqu’elle couvre
30% de la surface totale de la métropole, et entre 30 et 40% de
celle des DROM. Au nord du territoire, elle est extrêmement par-
cellaire, tandis qu’au sud et dans les DROM, elle s’organise plutôt
en massifs.
2. Depuis le xviie siècle, l’État français a mis en place une protection
de la forêt qui constitue une ressource essentielle pour la marine,
mais également pour les entreprises. Cette protection passe par un
volet législatif avec la mise en place de codes de lois, mais également
par une politique de formation de professionnels compétents et de
création de nouvelles forêts.
JALON 1
Protéger pour exploiter
(xviie-xixe siècles) P. 384-385
Activités
1. Colbert met en place une politique de protection de la forêt dans
l’idée de préserver la ressource afin que l’État puisse l’exploiter à
son compte, et notamment utiliser le bois pour construire des
bateaux et renforcer sa marine. Charles X constate que cette réforme
n’est pas réellement appliquée et que la surface forestière continue
de diminuer. Il crée alors un nouveau Code forestier.
2. Les multiples acteurs de la forêt utilisent cette ressource diffé-
remment : l’État français se sert du bois pour sa marine, les grands
propriétaires gardent leur bois pour pouvoir le vendre, les industriels
utilisent le bois comme combustible, tandis que pour les paysans,
la forêt est une réserve de bois de construction, de chauffage, mais
sert aussi à se nourrir.
3. Ces différents usages sont difficilement compatibles les uns avec
les autres et entraînent donc des conflits entre les acteurs, comme
la « guerre des Demoiselles ». Par exemple, l’État restreint les droits
qu’avaient les paysans sur la forêt et ne leur permet plus de satisfaire
leurs besoins en ressources, ce qui crée des révoltes.
L’enjeu géopolitique : Entre le xviie et le xixe siècle, l’État français
façonne une législation qui réglemente l’usage de forêt par les
différents acteurs, afin de préserver la ressource essentielle qu’est
le bois. L’objectif est de mettre en place une gestion qui lui permette
de répondre à ses besoins. Dans son Ordonnance de 1669, Colbert
réserve le bois à la marine marchande et militaire, tandis que
Napoléon III fait pousser de nouvelles forêts pour produire rapide-
ment le bois nécessaire aux industries.
Pour approfondir : L’ambition de Colbert est de continuer la poli-
tique forestière menée en France depuis l’ordonnance de Brunoy
de Philippe VI (1346) et de compenser la diminution de la surface
forestière due aux défrichements du xie siècle. Colbert s’inscrit
également dans une période de centralisation du pouvoir, qui
cherche à contrôler notamment les ressources de son territoire
(absolutisme). Néanmoins, cette politique semble avoir été d’une
efficacité très limitée car difficile à mettre en place.
Atelier ESPRIT CRITIQUE
Il faut revenir sur la définition de « naturel » et bien insister sur
l’idée directrice d’une nature transformée par l’homme. Dans cette
vidéo, même les arbres morts ne sont pas là par hasard. Il s’agit ici
d’une vidéo produite par un acteur, le CNPF, qui cherche à promou-
voir sa vision de la forêt.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 65

JALON 1
Entre protection environnementale
et nouveaux usages P. 386-387
Activités
1. Selon T. Rousseau, la forêt doit être protégée avant tout pour ses
qualités esthétiques. Ainsi qu’une œuvre d’art, elle devient paysage
patrimonialisé qu’il faut conserver. Selon le Sommet de la Terre de
Rio, la forêt doit être gérée dans l’optique du développement durable,
en exploitant ses ressources pour le bien-être économique et social
des individus, tout en respectant la biodiversité qui s’y trouve.
2. Les trois missions de l’ONF sont : produire du bois, préserver
l’environnement et accueillir du public. La critique qui lui est prin-
cipalement formulée est de ne pas parvenir à trouver un équilibre
entre rentabilité et protection.
3. Les citoyens peuvent profiter de la forêt, qui est à la fois une
ressource utile à la construction et une ressource de loisir, mais ils
peuvent aussi se mobiliser afin d’acheter une partie de la surface
forestière, qu’ils peuvent ensuite laisser en libre évolution.
L’enjeu politique : De nombreux acteurs cherchent à profiter de
la forêt, mais leurs intérêts s’opposent et rendent difficilement
conciliables exploitation et protection. Les acteurs de la filière bois
veulent rendre la forêt rentable tandis que des associations se
forment pour la sauvegarder en la laissant en libre évolution.
L’exemple de l’ONF et de sa gestion critiquée montre qu’il est
extrêmement compliqué de parvenir à un équilibre entre accueil
du public, exploitation du bois et protection environnementale.
Pour approfondir : Les forêts de protection (statut créé en 1922)
sont des espaces particulièrement importants pour lutter contre
des phénomènes d’érosion ou de glissements de terrain, pour
préserver la santé de populations qui se trouvent autour, ou pour
conserver une biodiversité particulière. Il en existe en France et
dans le monde entier.
VERS LE BAC
1re partie : La forêt française est une ressource essentielle, fournis-
sant du bois de construction, de chauffage, mais aussi des aliments.
Elle fait donc l’objet de convoitises, que l’État a cherché à contrôler
depuis le Moyen Âge, mais surtout avec Colbert, afin de conserver
les ressources pour ses propres intérêts.
1) La mise en place de règlementations par l’État qui cherche à
protéger la forêt pour pouvoir l’exploiter selon ses besoins.
2) Des conflits d’usages qui naissent de la volonté d’exclure les
populations de l’utilisation des ressources forestières.
2e partie : À partir du milieu du xixe siècle, la notion de protection
prend un sens nouveau. Il ne s’agit plus uniquement de conserver
dans l’optique de préserver une ressource, mais aussi de protéger
l’espace forestier pour lui-même, pour ses qualités esthétiques et
sa biodiversité : 1) L’apparition d’une nouvelle vision de la protection.
2) De nouveaux acteurs de la forêt et de nouveaux usages diffici-
lement conciliables.
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
L’esthétisation d’une nature
« préservée » : Sebastião Salgado P. 388-389
Arrêt sur l’image : 1. L’image est divisée par une diagonale en deux
66 Thème 5. L’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire
parties bien distinctes. À droite sont alignés les Indiens Yanomami,
leurs regards, ainsi que leurs lances, sont dirigés vers la partie
gauche de l’image, entièrement occupée par la nature : la forêt et
les montagnes.
2. L’image montre un peuple qui veille sur la nature, et vêtu comme
notre imaginaire se représente des Indiens d’Amazonie vivant dans
la forêt.
3. Salgado a réalisé une série de clichés, nommée Genesis, après s’être
rendu dans des endroits du monde qui étaient, selon lui, encore
conservés à l’état de nature. L’objectif était, pour le photographe, de
mettre en scène une nature sauvage, préservée de l’impact de l’homme
moderne.
4. Ces photographies sont extrêmement travaillées et construites.
Il faut des heures à Salgado pour prendre le cliché qu’il espère
obtenir, il lui arrive donc de faire rejouer des scènes aux habitants
qu’il photographie. Il utilise le noir et blanc et travaille la lumière
de manière à rendre ses clichés très esthétiques. Ces derniers, bien
que cherchant à mettre en scène une nature préservée, sont donc
eux-mêmes tout sauf naturels.
Sa portée politique : 5. Salgado est un artiste engagé dans la
protection de l’environnement. Il cherche à montrer la beauté de
la nature et faire prendre conscience à tous de la nécessité de la
préserver. Il a également créé l’Instituto Terra dont l’objectif est de
replanter des arbres. Cependant, son travail a été critiqué, notam-
ment car il a été financé par une entreprise minière brésilienne,
Vale, bien que ces entreprises soient extrêmement néfastes pour
la forêt, étant à l’origine de déforestations.
Atelier RECHERCHE
Y. Arthus Bertrand cherche à magnifier la nature dans le but de
donner envie de la protéger, ce dont témoignent notamment deux
de ses œuvres les plus célèbres : La Terre vue du Ciel et Home. Mais
il est également critiqué, notamment pour ses accointances avec
des industriels.
« Révolution néolithique »
et « révolution industrielle »,
une anthropisation des milieux
JALON 2 CONTEXTE
La « révolution néolithique »
et la « révolution industrielle » P. 390-391
Réponses
1. Ces termes de « révolution néolithique » et « révolution indus-
trielle » font l’objet de débats chez les historiens, dont certains
refusent désormais de les employer. Ils donnent l’image d’une
rupture trop brutale, alors que ces processus se sont constitués sur
le temps long, et qu’ils n’ont pas remplacé les modes de vie ou de
production qui existaient avant l’apparition de ces phénomènes.
2. Ces phénomènes se sont diffusés à l’échelle mondiale. La néoli-
thisation a débuté dans des foyers différents un peu partout sur le
globe, et s’est étendue à partir de ces foyers vers les régions limi-
trophes. L’industrialisation a débuté dans les pays de l’Europe de
l’Ouest et aux États-Unis et s’est diffusée dans d’autres territoires
avec lesquels se sont noués des échanges.

JALON 2
La « révolution néolithique »,
une domestication des milieux
par l’homme P. 392-393
Activités
1. L’homme a transformé son milieu en défrichant les forêts afin de
créer plus d’espaces agricoles, en creusant les paysages afin d’obte-
nir des minéraux, mais aussi en sélectionnant et domestiquant les
plantes et les animaux qui lui assuraient le plus de rendement.
2. La thèse de J. Cauvin est que la néolithisation s’expliquerait par
des facteurs intellectuel et idéologique. L’homme aurait changé son
regard sur l’environnement, se pensant comme maître de la nature
et non plus comme appartenant à celle-ci. C’est ce qu’explique
J.-P. Demoule : « Il y aurait d’abord eu un changement de regard
sur le monde naturel : […] certaines communautés auraient décidé
de la contrôler » (doc 3).
3. Les sociétés ayant adopté l’agriculture et l’élevage se caractérisent
par une augmentation des inégalités et la création d’une hiérarchi-
sation sociale. Ce phénomène aboutit à une nouvelle organisation
des sociétés avec la création d’États, qui se développent au sein de
villes.
L’enjeu géopolitique : L’homme, durant la néolithisation, se met
à transformer massivement le milieu dans lequel il vit, sélectionnant
des espèces, métamorphosant les paysages. Ces changements
entraînent la transformation du corps humain. La taille des hommes
a augmenté, mais ces derniers sont touchés par de nouvelles patho-
logies : caries dentaires, maladies animales, etc.
Pour approfondir : L’agriculture a transformé l’humanité, en lui
permettant de s’assurer un apport de nourriture moins fluctuant,
mais a engendré de nouvelles contraintes, et notamment une
nécessité de réaliser les travaux des champs de manière régulière.
Ces vidéos ont été réalisées par des vidéastes vulgarisateurs de
contenus scientifiques. Il ne faut donc pas oublier que leur point
de vue n’est pas celui d’historiens-spécialistes, et qu’ils cherchent
à faire du contenu divertissant et accessible.
ATELIER RECHERCHE
Vous pouvez utiliser les sites français de Chalain et Clairvaux : les
découvertes archéologiques y sont détaillées, ou le site des mines
de Spiennes en Belgique (voir sitographie).
JALON 2
La « révolution industrielle »,
dégradations et prise de conscience
(1750-1914) P. 394-395
Activités
1. L’industrialisation impacte fortement le milieu à partir de la
deuxième moitié du xviiie siècle. Le document 1 montre un paysage
avec une fumée noire omniprésente, témoignage visible d’une
pollution à grande échelle. Le document 2 met en scène une aug-
mentation de la production dans les campagnes du fait de l’utilisa-
tion des engrais chimiques.
2. L’industrialisation entraîne une aggravation de la pollution des
milieux qui a pour conséquence une surmortalité des habitants.
Ainsi, en Grande-Bretagne, 20% des morts de bronchite seraient
dues à la pollution, tandis que cette dernière aurait fait baisser la
durée de vie de plus d’un million de personnes entre 1840 et 1900.
3. Cette pollution, engendrée par l’industrialisation, entraîne la mise
en place d’une législation par Napoléon Ier en 1810, qui interdit
l’établissement de fabriques polluantes à proximité des habitations.
Il est alors possible pour les riverains de porter plainte contre une
industrie polluante.
4. Les sociétés industrialisées ont un impact de plus en plus fort
sur leur milieu à partir des années 1750. Les pollutions sont partout,
dans l’air comme dans l’eau, et fragilisent la santé des individus.
Alors que la société industrielle se met en place, des collectifs de
citoyens cherchent à agir pour protéger l’environnement, tandis
que les artistes magnifient une nature sauvage.
L’enjeu géopolitique : À la fin du xviiie siècle, des riverains se
plaignent des nuisances engendrées par les usines polluantes. Ils
portent plainte, mais ne sont pas toujours entendus, et ce notam-
ment car l’industrie est considérée comme essentielle à la nation.
Les industriels ont acquis une place importante dans les sociétés,
ils participent notamment à la vie politique, ce qui leur permet de
défendre leurs intérêts. La protection de l’environnement apparaît
donc secondaire par rapport à la production industrielle.
Pour approfondir : Selon J.-B. Fressoz, la transition énergétique
n’existe pas, car l’homme n’abandonne jamais une énergie lorsqu’il
en découvre une autre. Il montre également que les choix en termes
énergétiques, issus pour partie de l’industrialisation, n’avaient rien
d’évident, ni en ce qui concerne leur efficacité, ni en ce qui concerne
leur coût. Ces choix ont été le résultat de jeux d’acteurs.
VERS LE BAC
Avec l’industrialisation, l’homme transforme son milieu en profon-
deur. Les pollutions prennent une dimension nouvelle et menacent
les individus et l’environnement. Certains hommes prennent
conscience de cette dégradation, ainsi apparaît la vision d’une nature
idéalisée, qui nécessite d’être protégée pour elle-même, et non plus
uniquement en tant que ressource. Cette conception nouvelle de
la nature s’accompagne d’une artificialisation de l’environnement
(utilisation d’engrais chimiques).
JALON 1 FOCUS
Vivre avec les loups,
un projet diplomatique P. 396-397
Activités
1. Face au retour du loup en France, on voit s’affronter les partisans
de la chasse systématique d’une part, et d’autre part ceux qui
considèrent que le loup a sa place dans notre environnement.
2. La loi française et européenne (1993) protège le loup et en inter-
dit la chasse. En France des plans « loup » encadrent strictement
l’abattage qui est limité.
3. Des solutions de dissuasion et d’éloignement sont essayées afin
de permettre la cohabitation pacifique des hommes et des loups.
L’enjeu géopolitique : Le partage réussi du territoire suppose une
bonne connaissance des loups, or ils sont difficiles à observer.
D’après les spécialistes, il est en tout cas contre-productif
d’abattre des loups au hasard, au risque de désorganiser les meutes,
qui se disséminent alors encore plus.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 67
Pour approfondir : À partir du site indiqué, présenter d’abord une
fiche d’identité de cet organisme et de ses missions. Puis recentrer
sur le loup, montrer les politiques en place, les projets et l’impor-
tance de ce sujet.
Atelier DÉBAT
Attention il s’agit d’un débat d’acteurs ; les élèves n’expriment donc
pas leur opinion personnelle, mais celle du personnage qu’ils
incarnent lors du débat.
Quiz interactif / Axe 1 P. 400
1. La forêt française est moins vaste qu’au xviie siècle ?
a. Vrai.
b. Faux.
2. La conservation au xviie siècle c’est :
a. Mettre des ressources sous cloche, pour les laisser se développer
sans intervention humaine.
b. Aménager l’environnement afin d’en préserver une utilisation
touristique.
c. Réguler l’utilisation des ressources afin d’assurer leur péren-
nité.
3. La préservation de l’environnement selon le développement
durable c’est :
a. Protéger les ressources pour assurer le développement des
sociétés humaines qui les exploitent.
b. Protéger les ressources de toute intervention humaine.
4. Les « révolutions » néolithique et industrielle sont des ruptures
brutales dans l’évolution des sociétés ?
a. Vrai.
b. Faux.
5. La décroissance c’est :
a. La baisse de la consommation de tous les produits qui ne
sont pas essentiels.
b. Le retour à une époque sans industrie.
c. L’augmentation de la production afin que tous les humains
puissent avoir un large accès aux biens de consommation.
AXE 2
Le changement climatique :
approches historique et
géopolitique P. 404-405
Réponses
1. L’hiver est représenté ici comme un froid intense et continu car
les cours d’eau sont gelés. Cela correspond à une réalité, le Petit
âge glaciaire, identifié par E. Le Roy Ladurie. L’hiver est perçu comme
synonyme de joie et de gaîté. Mais cette imagerie hivernale du
Siècle d’or flamand a des limites : premièrement, le tableau tend à
laisser croire une constante du froid hivernal lors du petit âge
glaciaire. Or, celui-ci a connu des variétés climatiques. Deuxièmement,
le tableau nous incite à associer ce grand froid une image positive,
alors que les grands froids engendraient des catastrophes démo-
graphiques et économiques. Cette image est une construction
mythique qui illustre la capacité de résilience des sociétés humaines
68 Thème 5. L’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire
au milieu environnant : ici, la capacité des Hollandais à dominer la
nature dans un pays qui lutte toute l’année contre les eaux. Donc
attention à cette image qui tend à développer une mémoire nos-
talgique de ces passés hivernaux et nous faire oublier la vulnéra-
bilité des populations face aux grands froids de cette époque.
2. L’une des conséquences visibles du réchauffement climatique est
la fonte des glaces (banquise, inlandsis, glaciers de montagnes) et la
hausse du niveau de la mer, ainsi que de longues périodes de séche-
resse sous certaines latitudes. Ceci a des conséquences irrémédiables
sur l’écosystème global. Par cette exposition, le Museum d’histoire
naturelle a cherché à alerter le grand public sur la question.
Les fluctuations climatiques et leurs
effets du Moyen Âge au xixe siècle
JALON 1 CONTEXTE
Le climat en Europe P. 406-407
Réponses
1. La connaissance des climats s’affine avec l’apparition des instru-
ments de mesure (xviie/xviiie siècles) et les relevés systématiques
(xixe siècle) : ces progrès scientifiques permettent de faire des
mesures météorologiques précises et organisées aux échelles
nationales. Elles complètent le travail que des contemporains,
appelés des météophiles (chroniqueurs, ecclésiastiques, savants)
effectuaient jusqu’alors de manière empirique.
2. L’Europe a connu trois phases de fluctuations climatiques depuis
le début du Moyen Âge : un optimum médiéval (xe-xive siècles), un
refroidissement généralisé surnommé le Petit âge glaciaire (mi- xive
siècle – mi-xixe siècle), puis un réchauffement.
JALON 1
Les variations du climat en Europe P. 408-409
Activités
1. Les graphiques montrent trois périodes de variation du climat :
l’optimum médiéval de l’an 1000 à 1310 environ ; le Petit âge glaciaire
(PAG) de 1300 environ à 1860 ; et le réchauffement depuis 1860.
Le petit âge glaciaire (PAG) s’étend du début du xive siècle au milieu
du xixe siècle et se caractérise par des températures annuelles
moyennes plus froides que la période précédente. On l’appelle
également parfois petite glaciation. Ces grandes périodes s’accom-
pagnent de variabilités météorologiques (le PAG a connu des
périodes de redoux ou de froid plus intenses).
2. Les scientifiques ont dégagé de multiples facteurs d’explication
de ces variations climatiques du passé, parmi lesquels les fluctua-
tions solaires et les éruptions volcaniques.
3. La nature est touchée de différentes manières par les aléas. On
observe une longue période d’extension des glaciers sous le PAG,
avec des variétés. Par ailleurs, les variétés météorologiques touchent
directement la terre, avec des incidences sur l’agriculture : mauvaises
récoltes dues à des inondations, grêles, orages, gels continus ou
tardifs, sécheresses. C’est l’agriculture qui est touchée en premier
lieu, avec ses conséquences pour les sociétés humaines.
4. Disette : les populations souffrent de la faim – malnutrition et
sous-nutrition (à cause de la pénurie due aux intempéries dans le
cas étudié ici ; mais la cause peut aussi être le manque de moyens
financiers). En période de disette, la mortalité augmente, touchant
les populations dont les corps sont affaiblis (enfants, malades,
vieillards). Famine : Les populations manquent totalement de nour-
riture, ce qui conduit à de fortes mortalités.
L’enjeu politique : Les deux phases de variations climatiques obser-
vées jusqu’en 1860 ne constituent pas un changement climatique.
Elles n’ont pas modifié le caractère général de chacun des climats
européens, qui ont, conservé leurs caractéristiques générales. Les
scientifiques attribuent ces variations à des causes physiques, liées
à des contraintes astronomiques (variations des positions de la Terre
et du Soleil) et à des contraintes géologiques (volcanisme notamment).
En revanche, le changement climatique, caractérisé par un réchauf-
fement climatique depuis les années 1860 (qui apparaît très claire-
ment sur le 1er graphique du document 2) relève d’un autre champ
explicatif. Celui-ci peut être attribué aux activités humaines –
l’industrialisation qui se généralise en Europe et en Amérique du
Nord à partir de la deuxième moitié du xixe siècle, comme le rappelle
la chronologie de la page 406.
Pour approfondir : Il existe plusieurs éruptions volcaniques dans
le passé, qui ont profondément perturbé les conditions météoro-
logiques, entraînant des crises économiques. Exemples : l’éruption
du Laki en Islande (1783-85), qui engendra des pluies de grêles et
de mauvaises récoltes en Europe en 1788, ou encore l’éruption du
Tambora en Indonésie (10 avril 1815), qui engendra l’année sans été
(voir p. 425-426).
Atelier ESPRIT CRITIQUE
Beaucoup de climatosceptiques s’appuient sur les fluctuations
climatiques du passé pour nier ou relativiser le caractère grave du
réchauffement climatique actuel. Les scientifiques (historiens
compris) répondent que le réchauffement climatique a un caractère
continu et inéluctable car il entraîne de graves perturbations de
l’écosystème. Ils soulignent surtout l’importance du facteur humain
dans le réchauffement climatique, ce qui n’était pas le cas dans les
périodes précédentes.
JALON 1
Climat et sociétés en Europe P. 410-411
Activités
1. Une crise de subsistance se caractérise par de mauvaises récoltes
ou le blocage des communications dues à de mauvaises conditions
climatiques (gel, orages, grêle, inondations, sécheresse), qui
entraînent une pénurie de céréales (nourriture de base), ce qui en
fait monter les prix ; les dépenses dans les autres secteurs de l’éco-
nomie diminuent ; les populations souffrent de disette, le chômage
augmente. Le cercle vicieux de la crise économique s’installe.
2. La crise de subsistance est typique d’une crise d’Ancien Régime
en Europe, c’est-à-dire des économies préindustrielles, fondées sur
l’agriculture.
3. Les famines disparaissent à cause de l’amélioration générale du
niveau de vie, de l’industrialisation qui débute, et de l’organisation
des pouvoirs publics. Mais les disettes ne disparaissent pas, et la
mortalité due aux accidents climatiques non plus.
4. Une crise climatique entraîne une crise économique et
sociale (chasse aux sorcières, révoltes frumentaires contre les
accapareurs, voire contre les autorités) ; puis parfois une crise
politique (révoltes, révolutions). Mais toutes les crises économiques
n’aboutissent pas à une crise politique et attention au déterminisme
climatique : tous les historiens soulignent l’aspect multifactoriel
d’une crise politique.
L’enjeu géopolitique : Toutes les autorités s’organisent face au
risque climatique. Les autorités religieuses organisent des proces-
sions pour attirer la bienveillance de Dieu ; les villes font des réserves
de grains ; les autorités royales essaient de contrôler le prix du grain.
En termes de prévention, on ne construit pas près des rivières, on
construit des ponts plus élevés parfois. Noter la résilience des
sociétés.
Pour approfondir : Les historiens et les géographes utilisent la
notion de résilience pour étudier la réaction et l’adaptation des
sociétés aux risques – quels qu’ils soient. La géographe M. Reghezza-
Zitt s’est spécialisée dans ces questions dans le cadre urbain. Voir
les définitions p. 422-423 et sur le site de géoconfluences.
VERS LE BAC
Les élèves sont invités à reprendre les différentes phases d’une crise
engendrée par un accident météorologique, et à illustrer chaque
phase par des exemples tirés des documents :
– La crise économique et sociale : accident météorologique →
mauvaises récoltes → hausse des prix du grain → disette / famine.
Crise qui peut devenir politique (révoltes frumentaires, révolution).
– Une crise atténuée s’il y a eu des mesures de prévention : réserves
de grains, adaptation des architectures et ouvrages d’art (construc-
tions, ponts …).
– Intervention des pouvoirs publics (contrôle des prix, encadrement
de la population et des distributions, processions et prières par les
autorités religieuses).
Le climat, enjeu des relations
internationales
JALON 2 CONTEXTE
Les mécanismes
du changement climatique P. 412-413
Réponses
1. L’émission des gaz à effet de serre (GES) augmente avec le niveau
de développement, qui est fondé depuis l’industrialisation du
xixe siècle sur l’utilisation des énergies fossiles (charbon, hydrocar-
bures) comme base énergétique. Les secteurs les plus fortement
émetteurs de GES sont caractéristiques des économies développées
et industrialisées : ainsi, les industries, les transports et la produc-
tion d’électricité et de chaleur constituent 60% des émissions de
gaz à effet de serre.
2. Le changement climatique accentue les risques naturels auxquels
sont exposées certaines populations : montée du niveau des eaux,
inondations, tempêtes, désertification …
3. L’ensemble de la communauté internationale s’est emparée de
la question climatique, que ce soit au niveau des organisations
internationales comme l’ONU ou au niveau des instances de gou-
vernance interétatique comme le G7. L’ensemble des États se sont
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 69
mis d’accord pour se doter d’un outil d’analyse, le GIEC, et pour se
réunir régulièrement à travers les COP. L’ONU dispose de divers
organes pour mesurer les variations climatiques et mettre en place
des projets de lutte contre le réchauffement climatique, comme
l’OMM et le PNUE.
JALON 2
Le réchauffement climatique,
phénomène global P. 414-415
Activités
1. Le réchauffement climatique est un phénomène établi : on observe
une montée continue des températures depuis 1860, avec une
accélération depuis les années 1980. On observe également une
forte augmentation des émissions de CO2. Un lien peut être fait
entre le réchauffement et le CO2. On peut aussi établir un lien entre
ces deux augmentations et l’industrialisation qui se généralise à
partir de la deuxième moitié du xixe siècle.
2. Le réchauffement climatique engendre des dérèglements clima-
tiques qui ne sont pas nouveaux dans l’histoire, mais qui prennent
d’autant plus d’ampleur que de nombreux espaces à risques sont très
peuplés : les littoraux par exemple et les plaines basses, menacés par
la montée des eaux. Le réchauffement climatique, associé aux aléas
météorologiques habituels (comme la mousson, les cyclones ou les
tempêtes), aggrave les risques sur les sociétés humaines. Pour élar-
gir : la question de la sécheresse, non évoquée dans les documents,
est préoccupante également (progression du Sahel par exemple).
3. Le climatoscepticisme pose la question de la décision politique,
d’autant plus fortement lorsqu’il est défendu par les dirigeants de
grandes puissances : ceux-ci refusent de réfléchir et de faire réflé-
chir leurs concitoyens sur le modèle de développement générateur
de GES. Ils retardent la prise de conscience collective, ainsi que les
prises de décisions aux échelles nationale et internationale. En bref,
ils freinent la gouvernance climatique.
4. Le réchauffement climatique oblige les sociétés humaines à
s’adapter et à mettre en cause le modèle de développement fondé
sur la recherche de la croissance reposant sur des activités fortement
émettrices de gaz à effet de serre. La question de l’adaptation ou
du changement du modèle économique est éminemment politique.
L’enjeu géopolitique : Le réchauffement climatique rend les ter-
ritoires et les sociétés vulnérables. Dans les pays peu développés
et dans les territoires en difficultés économiques, les effets du
réchauffement climatiques se cumulent avec les difficultés écono-
miques. Ainsi, les migrants qui quittent une région pauvre menacée
par la montée des eaux la quittent aussi pour des raisons écono-
miques, et parfois depuis longtemps. Le paradoxe pour les pays les
moins développés est qu’ils subissent une double peine : la pauvreté
due au mal-développement et le réchauffement climatique dont ils
ne sont pas responsables. Donc le réchauffement climatique accroît
les inégalités à toutes les échelles.
Pour approfondir : Les arguments scientifiques des climatoscep-
tiques sont en général le manque de preuves du lien entre réchauf-
fement climatique et causes anthropiques. Ces arguments sont
maintenant balayés par la recherche scientifique. De plus en plus
de chercheurs dénomment ces climatosceptiques des climatoné-
gationnistes : car il s’agit de nier une réalité scientifique.
Les arguments économiques consistent à opposer intérêts écono-
miques et intérêts écologiques.
70 Thème 5. L’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire
Les arguments politiques rejoignent les arguments économiques :
le refus de prendre des décisions visant à limiter le réchauffement
climatique, de peur de bouleverser le modèle de société, et de
perdre ses électeurs.
Atelier DÉBAT (vers le sup)
La question climatique est tout aussi révolutionnaire que le marxisme
est complexe, car elle met en cause le confort et le progrès propo-
sés par les sociétés contemporaines du monde occidental. Les
spécialistes et alerteurs sur la question climatique parlent de chan-
gement de paradigme. Par ailleurs, la question climatique met en
jeu la question des inégalités sociales et de développement, tout
comme le marxisme. La prise en compte de l’enjeu du changement
climatique est aussi importante pour le mouvement des idées
politiques, que ne l’a été le marxisme : car il s’agit de penser un
changement de modèle de société.
JALON 2
Une gouvernance mondiale
du climat P. 416-417
Activités
1. Depuis les années 1980, une gouvernance mondiale du climat
s’est peu à peu mise en place ; elle s’est appuyée sur le GIEC, organe
d’analyse du réchauffement climatique, composé d’experts du
monde entier. Deux décisions internationales sont à retenir : le
protocole de Kyoto de 1997, premier accord multilatéral de limitation
des gaz à effet de serre ; et l’accord de Paris de 2015 dans lequel
195 États s’engagent à ne pas dépasser le seuil d’augmentation des
températures de plus de 1,5°C. Mais la gouvernance climatique
connaît des freins : de grandes puissances économiques, fortement
émettrices, refusent le protocole de Kyoto (les États-Unis et le
Canada) ou refusent de ratifier l’accord de Paris (États-Unis de
Donald Trump), ce qui a une portée symbolique très négative sur
la gouvernance mondiale du climat.
2. Selon les spécialistes, nous ne sommes plus dans des ères géo-
logiques, caractérisées par le fait que la main de l’homme n’agit
pas sur l’écosystème général. Nous sommes entrés dans l’ère de
l’anthropocène, littéralement l’ère de l’Homme : une nouvelle ère
géologique dans laquelle l’homme est devenu l’acteur central.
3. Certains pouvoirs locaux se sont organisés en réseau à l’échelle
mondiale pour limiter le réchauffement climatique : c’est le cas du
C40, groupe créé en 2005 pour rassembler les grandes métropoles
en lutte contre le réchauffement climatique. La présence des pou-
voirs locaux est justifiée par le fait que les accords climatiques
trouvent leur application dans l’aménagement du territoire. Le
schéma des différents acteurs de la COP21 montre qu’ils sont pré-
sents aux COP : ils ne sont pas signataires de l’accord final, mais
font entendre leur voix lors des négociations.
L’enjeu politique : La question climatique a désormais une place
importante dans les négociations internationales, quelles qu’elles
soient – sommets pour le climat, réunions des différents groupes
G7/G8, G20. Les acteurs se sont diversifiés et multipliés ; le rôle des
experts est reconnu (rappelons que le GIEC émane d’une demande
conjointe du G7, de l’OMM et du PNUE). L’Union européenne joue
également un rôle fondamental en matière d’adoption de normes
contre le réchauffement climatique. Certains pouvoirs locaux
s’organisent aussi (voir Atelier recherche). En ce qui concerne le
contenu, de nombreux États se sont d’ores et déjà engagés dans la Sa portée politique : 5. En invitant G. Thunberg à la tribune de
lutte contre le réchauffement à travers deux grands accords (Kyoto l’ONU, le secrétaire général de l’ONU a voulu frapper l’opinion
et Paris). Mais on peut souligner la lenteur de la prise de décision publique pour faire pression sur les décideurs politiques. La
et de son application, au regard de la date des premières alertes démarche est la même à l’échelon national, puisque la jeune mili-
(années 1980). tante a été invitée par la classe politique ou les institutions de
Pour approfondir : L’Union européenne est la partie du monde qui nombreux pays. Si sa démarche ne fait pas consensus, elle a le
est le plus engagée dans la lutte contre le réchauffement climatique. mérite de faire entrer la question climatique dans le débat politique.
Elle a pris des engagements forts dans l’application du Protocole de
Kyoto, ainsi que dans l’accord de Paris. L’adoption d’un Green Deal Atelier DÉBAT
européen en décembre 2019 va dans ce sens. Pour certains observa- Pour préparer le débat, les élèves peuvent effectuer des recherches
teurs et militants, ces engagements sont peu ambitieux. La question, sur les marches pour le climat (ampleur en France et dans le monde,
pour l’UE, reste celle liée à son mode de gouvernance : la difficulté contenus et résultats), sur des analyses sociologiques du vote éco-
à avancer de manière unie, à 27, sur ce grand enjeu de société. logique dans les pays démocratiques, et sur les travaux de la
Convention citoyenne pour le climat en France (voir sitographie).
VERS LE BAC (vers le sup)
Une première partie peut être consacrée au réchauffement clima- Quiz interactif / Axe 2 P. 422
tique : son ampleur, ses dates et ses facteurs. On peut utiliser la 1. Les sociétés anciennes étaient totalement démunies face aux
notion d’anthropocène. catastrophes climatiques ?
Dans un second temps, on peut dégager les conséquences écono- a. Vrai.
miques, sociales et politiques du réchauffement dans les pays b. Faux.
développés et en développement (vulnérabilité des territoires, 2. Le réchauffement climatique actuel est une variation climatique
maladies et mortalités, crises migratoires et conflits). aux fortes causalités anthropiques ?
Dans un troisième temps, on constate que le réchauffement climatique a. Vrai.
est une question éminemment géopolitique : les crises économiques, b. Faux.
notamment migratoires, ignorent les frontières. Elles déstabilisent 3. Le réchauffement climatique actuel :
les relations diplomatiques (conflits liés à l’eau, aux ressources). La a. n’impacte que les littoraux.
question ne trouve donc de solution qu’à l’échelle internationale, b. fragilise les pays et populations les plus pauvres.
d’où la nécessité de renforcer la gouvernance climatique. c. n’impacte que les pays à climat chaud.
4. La gouvernance climatique mondiale :
a. ne repose que sur les accords signés entre les États.
LA FABRIQUE DE L’IMAGE b. ne repose que sur les États les plus puissants.
c. implique des acteurs institutionnels diversifiés, à plusieurs
Greta Thunberg, égérie de
échelles.
la jeunesse pour le climat P. 418-419
5. La résilience des sociétés consiste à réparer les dégâts causés
Arrêt sur l’image : 1. La présence d’une jeune fille à la tribune de par une catastrophe ?
l’ONU, s’adressant aux grands de ce monde, est une image « choc », a. Vrai.
surtout quand elle adopte un ton moralisateur. Cependant, la pré- b. Faux.
sence d’une jeune militante lors d’un sommet climatique n’est pas
nouvelle : au sommet de Rio de 1992, une jeune militante canadienne
de 12 ans, S. Cullis-Suzuki, avait pris la parole. Un événement oublié…
2. L’invitation faite à G. Thunberg montre que la question climatique
est entrée dans les instances de la gouvernance mondiale – depuis
longtemps – car les décisions en la matière ne peuvent se prendre
et s’appliquer qu’à l’échelle mondiale.
3. Dans ce discours G. Thunberg s’adresse aux dirigeants de la planète.
Les yeux remplis de larmes mais la tête haute, la jeune fille exprime
sa colère. Son discours est un véritable plaidoyer dans lequel elle
exprime l’urgence. Il faut réagir vite sinon il sera trop tard.
4. La démarche de G. Thunberg fait polémique car elle est très jeune.
Certains hommes politiques estiment qu’elle est instrumentalisée
par les militants d’un changement radical de paradigme en matière
de climat. Les arguments sont multiples : refus de l’hypermédiatisa-
tion, instrumentalisation par des adultes militants, utilisation de la
cause environnementale à des fins financières. Diverses interprétations
de ces débats sont possibles : peur des conservateurs face à une
jeunesse militante (l’argument de la défense des droits de l’enfant),
peur du défi posé à nos sociétés par l’urgence climatique ; tentative,
en France, de récupération politique du « phénomène Greta ».

Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 71


OBJET
CONCLUSIF
Les États-Unis et la question
environnementale : tensions
et contrastes P. 426-427
Réponses
1. La protection de l’environnement aux États-Unis est aux mains
d’acteurs multiples qui agissent selon leurs moyens propres : l’État
fédéral (par des lois de protection et par la création de parcs natu-
rels), les États locaux (mêmes moyens, à leur échelle) scientifiques
(publications) et associations de défense de l’environnement.
2. Les freins à la protection environnementale aux États-Unis sont
certains acteurs économiques, gênés par les lois de restriction
d’exploitation de certains espaces ou les mesures de protection de
la nature.
OBJET CONCLUSIF CONTEXTE
Les États-Unis, un territoire
riche en ressources P. 428-429
Réponses
1. Les mythes de la Frontière et de la Destinée manifeste ont servi
de justification collective à la conquête du territoire, quels qu’en
soient les moyens – y compris aux dépens des Amérindiens et,
aujourd’hui, de l’environnement. Ces mythes, à forte empreinte
religieuse, entretiennent auprès d’une population très majoritaire-
ment croyante l’idée que le territoire et la nature sont un don de
Dieu au bon peuple américain et que son devoir est d’exploiter
cette terre, avec ses propres talents.
2. Le pétrole est une des bases du développement économique et
de la puissance des États-Unis depuis la fin du xixe siècle. Il joue
un rôle essentiel dans la conquête du territoire, dans le mythe du
self made man, et dans l’enrichissement du pays. Pendant un siècle
et demi, les Américains ont vécu dans son exploitation sans restric-
tion – ceux-ci, forts de leurs réserves pétrolières, n’ont pas été
impactés comme les Européens par les programmes d’économies
d’énergie consécutifs aux chocs pétroliers des années 1970. Les
Américains vivent dans l’illusion que leurs ressources, qui ont fait
leur puissance, sont inépuisables. Le travail des lobbyistes au service
des intérêts pétroliers ne va pas dans le bon sens.
Les États-Unis entre protection
et exploitation de l’environnement
JALON 1
Des précurseurs
de la protection de la nature P. 430-431
Activités
1. L’État fédéral se dote progressivement de tout un arsenal de lois
protectrices de l’environnement. Dans la deuxième moitié du
72 Thème 5. L’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire
xixe siècle, il protège les espaces naturels dans un contexte de
colonisation et de mise en valeur du territoire. Pendant les Trente
Glorieuses, il y a une prise de conscience de la nécessité de proté-
ger la nature contre les conséquences de l’industrialisation.
2. Les grands espaces américains sont constitutifs de la culture et
de l’identité des États-Unis. La nature fait aussi la force de leur
puissance et de leur domination économique. Dans l’imaginaire
collectif américain, elle est pourvoyeuse de ressources naturelles
infinies : l’idée de limiter leur exploitation est difficilement accep-
table.
3. Les premiers environnementalistes américains débattent sur
deux conceptions différentes de la défense de l’environnement,
dont nous sommes héritiers aujourd’hui. Pour les adeptes de la
politique de préservation ( J. Muir, digne héritier de Thoreau), il
s’agit de garder la pureté originelle de la nature. Les autres déve-
loppent la politique de conservation (G. Pinchot) visant à mettre
en place une économie maîtrisée des ressources naturelles.
4. Les valeurs américaines mises en avant sont la liberté d’entre-
prendre, le développement et la prospérité économique, que l’on
oppose aux restrictions à la liberté qu’imposeraient les mesures de
protection de la nature. On retrouve aussi dans les débats une vieille
opposition entre la position d’un État fédéral qui serait contraignant
et les États fédérés plus attachés au principe de liberté. Comme
souvent aux États-Unis, la question porte sur l’interprétation de
l’exercice des libertés individuelles et collectives.
L’enjeu sociétal et politique : La nature est perçue par les
Américains depuis le début de leur histoire comme infinie et pour-
voyeuse de richesses ; elle est la base de leur puissance. Elle est un
élément constitutif de leur identité.
Il y a cependant, à la fin de la Conquête de l’Ouest, la prise de
conscience du caractère irréversible de la transformation de la
nature et la volonté de la préserver.
C’est pourquoi les États-Unis sont à la fois le premier pays protecteur
de la nature et celui qui rencontre les plus fortes réticences (lobbying
puissant à la clé) à encadrer et limiter son exploitation.
Pour approfondir : Les élèves peuvent effectuer des recherches
sur les accidents de grizzlis qui attaquent les personnes dans les
parcs ou les zones sauvages. Ces affaires montrent l’ambivalence
du rapport des Américains à la nature, partagés entre volonté de
la préserver et peur du danger de la nature sauvage.
Atelier DÉBAT
Les recherches doivent mettre en évidence le fait que les États-Unis
ont été précurseurs de la protection de la nature, pour des raisons
éthiques (voir p. 430). Mais la protection de la nature est devenue
aussi une activité économique très fructueuse, ce qui peut aller à
l’encontre de l’objectif initial.
JALON 1
Les échelles du pouvoir et
la question environnementale P. 432-433
Activités
1. Les États-Unis sont devenus les premiers producteurs mondiaux
d’hydrocarbures : c’est l’exploitation des gaz et pétroles de schiste
qui leur a permis de dépasser l’Arabie saoudite et la Russie. C’est
un élément fondamental de leur puissance, avec des conséquences
géopolitiques de poids, puisqu’ils n’ont plus besoin du pétrole du
Moyen-Orient.
2. D. Trump développe une argumentation nationaliste, protection-
niste et sociale : opposer les intérêts américains à ceux de la com-
munauté internationale. Le choix de l’ouvrier de Pittsburgh est lourd
de sens : la ville, au cœur de la Manufacturing Belt, s’est développée
sur la sidérurgie et symbolise la réussite industrielle du pays. La
région, particulièrement touchée par les effets sociaux des déloca-
lisations industrielles liées à la mondialisation, a voté pour Trump
en 2016, malgré un long passé démocrate. La position climatoscep-
tique de D. Trump vise aussi à opposer les intérêts économiques
aux préoccupations environnementales. Le document 5 vient
contredire l’affirmation de D. Trump selon laquelle la classe moyenne
américaine ne s’intéresserait pas au réchauffement climatique.
3. Certains pouvoirs locaux américains refusent la sortie fédérale
de l’accord de Paris et s’engagent dans la lutte contre le réchauffe-
ment climatique. Ils sont en cela portés par l’opinion publique. Ils
se sont organisés en Alliance des États fédérés pour le climat, qui
touche 25 États : la plupart sont situés dans les grandes zones
urbaines du pays, où se concentrent les classes les plus aisées. Les
États de la Manufacturing Belt y sont également bien représentés,
ce qui contredit la conviction de D. Trump selon laquelle la lutte
contre le réchauffement climatique nuirait aux classes moyennes
et défavorisées. L’expérience de Pittsburgh montre que des villes
et bassins industriels se redynamisent par la lutte contre le chan-
gement climatique.
4. Les débats sur la protection de l’environnement opposent des
arguments économiques néo-libéraux (laissez-faire) aux arguments
de protection de l’environnement. La logique de développement
durable n’est pas acceptée par ceux qui s’opposent à la réglemen-
tation contre le réchauffement climatique.
5. Les États-Unis jouent un rôle essentiel dans la géopolitique du
climat, car c’est la première puissance économique mondiale. C’est
pourquoi leur retrait de l’accord du climat est un mauvais signal
pour la lutte contre le réchauffement climatique. Mais leur organi-
sation fédérale nuance cette prise de position puisque les pouvoirs
locaux s’engagent dans la géopolitique du climat.
L’enjeu politique : La question climatique est au cœur des débats
politiques états-uniens : D. Trump a fait du climatoscepticisme un
argument de campagne lui permettant de récolter le vote des classes
moyennes du nord-est, jusque-là acquises au vote démocrate. Mais
la question est plus complexe qu’il n’y paraît : une partie grandis-
sante de l’opinion publique est préoccupée par la question clima-
tique.
Les élèves peuvent faire des recherches sur la question climatique
et environnementale dans la campagne électorale de 2020.
Pour approfondir : Dans leur recherche sur les climatosceptiques
américains, les élèves devront s’intéresser à ceux qui sont entrés à
la Maison-Blanche et notamment à l’Agence pour l’environnement.
Il faudra aussi faire le lien avec les lobbies du pétrole.
Atelier RECHERCHE
Les élèves sont invités à faire le bilan environnemental de D. Trump,
et à montrer qu’il tourne le dos à cinquante ans de – lente – prise de
conscience de l’enjeu environnemental par l’administration améri-
caine. Les deux grands présidents des États-Unis qui se sont illustrés
pour la protection de l’environnement furent Theodore Roosevelt et
Richard Nixon, tous deux républicains, comme D. Trump…
Les États-Unis et l’environnement
à l’échelle internationale
JALON 2
Une place incertaine dans
la gouvernance mondiale P. 434-435
Activités
1. La position des États-Unis en matière d’engagement international
en faveur de la lutte contre le dérèglement climatique est incertaine
puisque plusieurs accords fondamentaux tels que celui de Kyoto
en 1997 puis celui de Paris en 2017 n’ont pas été ratifiés. Le souci
des États-Unis est de ne pas s’engager plus que d’autres pays pol-
lueurs et notamment la puissance concurrente qu’est la Chine, et
d’échapper aux scenarii les plus contraignants. L’objectif est de ne
pas porter atteinte au modèle de croissance américain. Les présidents
successifs défendent le mode de vie américain.
2. En 1988, le GIEC est créé sous la pression de R. Reagan et
M. Thatcher, afin d’empêcher une agence de l’ONU, soupçonnée de
militantisme écologique, de maîtriser l’expertise climatique. La
crainte de ces dirigeants est que cette institution impose des
contraintes trop importantes en matière de politique climatique.
De fait la méfiance porte de manière générale sur les contenus des
protocoles internationaux, jugés souvent trop restrictifs.
3. C’est finalement l’engagement des acteurs privés ou locaux qui
devrait permettre le respect des engagements internationaux de
Paris. Ainsi, l’America’s Pledge on Climate Change prend le relais du
pouvoir fédéral américain autour notamment de M. Bloomberg.
4. Macron s’efforce d’endosser la position de leader mondial de
l’engagement climatique, dans la continuité des accords de Paris
et pour combler l’espace vacant laissé par les États-Unis. Il cherche
à donner à la France un rôle de « puissance médiatrice » entre la
position réfractaire des États-Unis et les pays menacés par le chan-
gement climatique et surtout la société civile et l’opinion publique.
D. Trump maintient sa position climatosceptique, conformément
aux attentes de son électorat et dans l’intérêt du modèle de déve-
loppement économique des États-Unis.
L’enjeu géopolitique : Les États-Unis se sont très peu engagés
dans la gouvernance climatique mondiale, même si des figures
emblématiques comme celle d’Al Gore ont incarné les attentes d’une
partie de la population américaine en matière d’engagement du
pays en faveur de la lutte contre le changement climatique. Dans
les faits, les États-Unis sont restés en retrait des engagements
internationaux ou ont accepté de négocier à minima. Cette absence
d’implication laisse un espace vacant dans la gouvernance interna-
tionale que d’autres pays tentent d’occuper, à l’instar de la France.
Pour approfondir : Le Protocole de Montréal adopté en 1987 est
certainement l’incarnation d’un accord international ayant conduit
aux résultats les plus concrets en matière d’engagement interna-
tional en faveur de la politique climatique. Ainsi, pour préserver la
couche d’ozone, les pays ont accepté de réglementer pour interdire
la production et l’utilisation des substances appauvrissant la couche
d’ozone, c’est-à-dire principalement les chlorofluorocarbures (CFC)
qui étaient utilisés dans la fabrication des aérosols, des réfrigéra-
teurs, des climatiseurs, des mousses isolantes et des extincteurs.
Vingt ans plus tard, le « trou » de la couche d’ozone se résorbe.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 73
 Atelier DÉBAT
Le désengagement des États-Unis est partiellement compensé par
la mobilisation des acteurs privés américains et par la mobilisation
de pays émergents et notamment de la Chine. Mais à plus long
terme, la transition écologique ne peut se produire sans une impli-
cation des États-Unis dans la lutte contre le changement climatique,
car cela contraint les pays à être plus coopératif pour repenser
collégialement les modalités de la production. En somme, la variable
déterminante pourrait être l’opinion publique.
JALON 2
L’État et les firmes américaines
sous la pression de la société civile P. 436-437
Activités
1. Les lanceurs d’alerte (victimes, intellectuels, associations…) font
connaître au public les comportements des entreprises et mobilisent
l’opinion publique et/ou le droit pour exercer une pression sur les
entreprises. Dans le cas de la pollution de Texaco, les résultats de
l’action collective ont été moins visibles que ceux de Greenpeace
en 2011 dans le cadre de l’opération « Detox ».
2. Face au risque de boycott ou de pâtir d’une mauvaise réputation
auprès de leurs consommateurs, les entreprises sont contraintes
de s’engager sur des codes de bonne conduite. L’exemple de la
campagne menée contre Nike à la fin des années 1990 a conduit
l’entreprise à baliser ce qui deviendra la RSE (responsabilité sociale
des entreprises). Nike, s’engage même aujourd’hui de sa propre
initiative dans le respect des accords de Paris. Il s’agit aussi désor-
mais d’une stratégie de communication.
3. La RSE repose sur des rapports des entreprises (reporting extra-
financier) décrivant comment l’entreprise parvient à concilier
efficacité économique et respect d’une éthique environnementale,
sociale… Cela implique la prise en compte des attentes des consom-
mateurs, le respect de la santé des travailleurs, le contrôle des
sous-traitants, c’est-à-dire la prise en compte d’une grande diversité
d’acteurs (les parties prenantes), au-delà des critères de rentabilité
économique. On passerait donc d’un capitalisme des « shareholders »
(actionnarial) à un capitalisme des « stakeholders » (des parties
prenantes).
4. Compte tenu de la taille du marché américain, l’existence d’un
label comme le label B-Corp peut rapidement devenir une référence
puisque des producteurs internationaux vont l’adopter pour pouvoir
accéder au marché américain. Cela peut faciliter sa diffusion sur
d’autres marchés et donc diffuser les normes de productions amé-
ricaines.
74 Thème 5. L’environnement, entre exploitation et protection : un enjeu planétaire
5. Les entreprises peuvent faire évoluer leur mode de production
pour répondre aux attentes des consommateurs et aux exigences
éthiques. En cela, elles ont un rôle géopolitique à jouer car en
l’absence de modification des modalités de production, les réactions
contre les formes prises par la mondialisation économique vont
entretenir le nationalisme et le repli sur les frontières nationales.
L’enjeu géopolitique : Les acteurs de la société civile (lanceurs
d’alertes, intellectuels, personnalités et bien sûr association) mettent
une pression sur les entreprises à travers l’action collective (boycott,
mouvements sociaux, pétitions…) et par des poursuites légales pour
exiger la compensation des préjudices subis.
Pour approfondir : La RSE ne doit pas être confondue avec le
greenwashing. L’écoblanchiment ou verdissage, est un procédé de
marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation
(entreprise, administration publique nationale ou territoriale, etc.)
dans le but de se donner une image de responsabilité écologique
alors que les pratiques ne sont pas modifiées en profondeur. Le
greenwashing est alors plus un argument de vente.
VERS LE BAC
Ici, le sujet annonce les trois parties que l’élève devra développer
dans son paragraphe argumenté. Dans la dernière partie il devra
bien distinguer acteurs privés et acteurs publiques.
Quiz interactif / Objet conclusif P. 438
1. Les notions de « préservation de la nature » et de « conservation
de la nature » sont synonymes pour les environnementalistes ?
a. Vrai.
b. Faux.
2. La création des premiers parcs naturels nationaux américains
avait pour premier objectif :
a. d’organiser des zones de chasse.
b. de protéger la nature.
c. de créer de nouvelles activités économiques.
3. Les États-Unis sont sortis de l’accord de Paris en 2017 :
a. pour des raisons économiques.
b. pour préserver leur indépendance.
c. parce que les citoyens américains sont climatosceptiques.
4. La sortie de l’accord de Paris par les États-Unis a pour conséquence
l’arrêt total de la lutte contre le réchauffement climatique dans le
pays ?
a. Vrai.
b. Faux.
5. La tragédie des biens communs résulte d’une surexploitation des
ressources, d’autant plus que leur accès est facile et gratuit ?
a. Vrai.
b. Faux.
BIBLIOGRAPHIE – SITOGRAPHIE
Introduction
Un ouvrage collectif qui couvre par chapitre tous les enjeux contemporains
liés à l’environnement et à ses changements : ressources, politiques,
géopolitique :
– F. Gemenne, L’enjeu mondial. L’environnement, Presses de Sciences Po, 2015.
Un atlas de référence pour une mise au point récente sur l’Anthropocène,
riche et très bien illustrée :
– F. Gemenne et A. Rankovic, Atelier de cartographie de Sciences Po. Atlas de
l’Anthropocène, Presses de Sciences Po, 2019.
Un manuel universitaire :
– F. Gemenne, Géopolitique du climat, Armand Colin, 2015.
Un auteur de référence sur l’Anthropocène :
– B. Latour, Face à Gaïa : Huit conférences sur le nouveau régime climatique, La
Découverte, 2015.
Un auteur de référence sur l’histoire du climat, pour une compréhension
des liens entre climat et événements historiques dans le temps long :
– E. Le Roy Ladurie, Les fluctuations du climat de l’an mil à aujourd’hui,
Fayard, 2011.
Axe 1
Manuel généraliste sur le sujet, qui permet une première approche
en ce qui concerne notamment la mise en place de politiques
environnementales :
– J.-B. Fressoz, F. Graber, F. Locher, G. Quenet, Introduction à l’histoire
environnementale, La Découverte, 2014.
Une auteure de référence sur l’histoire de la forêt française depuis la
Préhistoire jusqu’à nos jours :
– M. Chalvet, Une histoire de la forêt, L’Univers Historique (Seuil), 2011.
Deux spécialistes de la néolithisation et de son impact sur les milieux :
– J.-P. Demoule, La révolution néolithique, Le Pommier, 2013.
– J. Guilaine, La seconde naissance de l’homme, le néolithique, Odile Jacob,
2015.
Sur l’histoire de la pollution liée à l’industrialisation :
– F. Jarrige et T. Le Roux, La contamination du monde. Une histoire des
pollutions à l’âge industriel, Seuil, 2017.
Sur le cas français en particulier :
– G. Massard-Guilbaud, Histoire de la pollution industrielle, France : 1789-1914,
Editions de l’EHESS, 2010.
Axe 2
Pour appréhender l’art hollandais du siècle d’or et le thème pictural
qu’est l’hiver :
– A. Metzger, Essai sur la peinture hollandaise hivernale du Siècle d’or,
Hermann, 2012, p. 122.
Pour comprendre le travail pluridisciplinaire sur le climat et pour puiser
des exemples :
– E. Garnier, Les dérangements du temps. 500 ans de chaud et de froid
en Europe, Plon, 2009.
– V. Masson-Delmotte, Le climat : le vrai et le faux, Le Pommier, 2011.
Paléontologue française, l’auteure et co-présidente du GIEC.
– S. C. Aykut et A. Dahan. Gouverner le climat ? Vingt ans de négociations
internationales, Presses de Sciences Po, 2015.
Objet conclusif
– J. Portès, Histoire des États-Unis, de 1776 à nos jours, Paris Colin U, 2017,
p. 432.
– F. Leriche, Géographie d’une grande puissance, Paris, Colin U, 2016, p. 288.
– M. Goussot, » Des milieux à protéger », Espaces et territoires aux États-Unis,
Paris, Belin, 2004, pages 101-113.
– F. Duban, « L’écologisme américain : des mythes fondateurs de la nation
aux aspirations planétaires », Hérodote 2001/1 (N° 100), pages 55 à 86.
Sites utiles
Un site qui donne accès aux cartes de Cassini et permet d’avoir une idée de
la surface forestière au xviie s.
https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/carte-de-cassini
Site utile sur la forêt française, avec de nombreuses informations et des
chiffres.
https://www.onf.fr/
Un site qui donne des informations sur le Néolithique et présente des sites
archéologiques français.
https://www.inrap.fr/periodes/neolithique
Sites français de Chalain et Clairvaux (Atelier recherche p. 393).
http://www2.culture.gouv.fr/culture/arcnat/chalain/fr/index2.html
Site des mines de Spiennes en Belgique (Atelier recherche p. 393).
https://www.minesdespiennes.org/
Quelques articles d’historiens actuels ou de presse du xixe siècle sur les
pollutions durant la période d’industrialisation (site payant mais une partie
est gratuite).
https://www.retronews.fr/
Le site de Météo-France propose des mises au point très claire, rubrique
« Comprendre ». La sous-rubrique Education est pleine de ressources.
http://www.meteofrance.fr/
Le site de l’ENS de Lyon.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/
Site officiel de la Convention Citoyenne pour le Climat (Atelier débat p. 419).
https://www.conventioncitoyennepourleclimat.fr/
Emission de France Culture « La Fabrique de l’Histoire » : débat animé par
Emmanuel Laurentin lors du colloque de la Sorbonne « La planète se
réchauffe » : très intéressante pour son approche pluridisciplinaire et la
mise en place de toutes les thématiques de l’histoire des fluctuations du
climat (sources, représentations, vulnérabilité et résilience des sociétés).
https://www.youtube.com/watch?v=ZlQnFKqWPTA
MOOC « Causes et enjeux du changement climatique », Université virtuelle
Environnement et Développement durable, (UVED), sous l’égide du
Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation
et de la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme.
https://www.canalu.tv/producteurs/canal_uved/
mooc_causes_et_enjeux_du_changement_climatique
Des articles et des cartes sur les grands enjeux actuels liés à
l’environnement.
https://espace-mondial-atlas.sciencespo.fr/fr/
Site institutionnel du Programme des Nations Unies pour l’Environnement
pour trouver des données à jour.
https://www.unenvironment.org/fr
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 75
THÈME 6
L’ENJEU DE LA CONNAISSANCE

THÈME 6 – (26-28 heures)
L’enjeu de la connaissance
Introduction
Axe 1
Produire et diffuser des connaissances. • Donner accès à la connaissance : grandes étapes de l’alphabétisation des femmes du xvie siècle
Axe 2
La connaissance, enjeu politique
et géopolitique.
Objet de travail conclusif
Le cyberespace : conflictualité et
coopération entre les acteurs.
Ce thème a un double objectif : mettre en avant les conditions nationales et internationales de
la construction de la connaissance, en particulier de la connaissance scientifique, et expliquer
la manière dont les États favorisent ou contrôlent, entre coopérations et conflits, la production
ou la diffusion de celle-ci.
• La notion de « société de la connaissance » (Peter Drucker, 1969), portée et débats.
• La notion de communauté savante, communauté scientifique en histoire des sciences.
• Les acteurs et les modalités de la circulation de la connaissance.
Jalons
à nos jours dans le monde.
• Produire de la connaissance scientifique : recherche et échanges des hommes et des femmes
de science sur la question de la radioactivité de 1896 aux années 1950.
Jalons
• Le renseignement au service des États : les services secrets soviétiques et américains durant
la guerre froide.
• Circulation et formation des étudiants, transferts de technologie et puissance économique :
l’exemple de l’Inde.
Jalons
• Le cyberespace, entre réseaux et territoires (infrastructures, acteurs, liberté ou contrôle des
données…).
• Cyberdéfense, entre coopération européenne et souveraineté nationale : le cas français.

INTRODUCTION brevets, témoin de l’innovation d’un secteur de recherche, est un

indicateur de développement économique. Source d’émancipation,
l’accès à la connaissance est souvent limité dans les pays où la
Première approche P. 454-455
démocratie est moins bien ancrée.

Découvrir le thème Les clés du thème

1. Les pays où la scolarisation est la plus longue sont les États-Unis,
le Canada, l’Australie, l’Irlande, l’Islande, le Royaume-Uni, les pays
scandinaves, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Suisse, le Lichtenstein,
l’Autriche, la Slovénie, la République Tchèque, la Slovaquie, la
Pologne, l’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la Biélorussie, le Japon,
la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande. On note que les pays qui
déposent le plus de brevets figurent dans ce classement, de même
que ceux qui ont un accès largement répandu à Internet.
2. La connaissance se partage à tous les niveaux de la société : entre
les citoyens, comme dans le savoir-faire des cultures en terrasses
du premier document, entre les étudiants dans les programmes
Erasmus (document 2), entre chercheurs pour les brevets etc. Comme
l’écrit P. Juignet, la connaissance est un « rapport actif au monde »,
un processus de co-construction du savoir.
3. L’accès à la connaissance et son partage sont des enjeux essen-
tiels pour les individus, qui, en devenant des êtres éclairés, peuvent
jouer un rôle de citoyens actifs. À l’échelle des États, dans notre
univers mondialisé, les pays qui produisent le plus de connaissances
sont aussi les plus puissants politiquement. Ainsi, le dépôt de
1. La notion de « société de la
connaissance », portée et débats P. 456-457
Votre objectif
Cette double-page permet de comprendre ce que recouvre la notion
de « société de connaissance » proposée par P. Drucker, et de
replacer ses ouvrages dans l’histoire des sciences. La connaissance
est ici appréhendée comme une ressource économique à exploiter.
Ce concept est ensuite éclairé par des débats contemporains en
interrogeant la place des financements dans la production de la
recherche, universitaire et pharmaceutique.
Activités
1. P. Drucker et les théoriciens du fordisme et du taylorisme visent
le même but : une amélioration de la productivité des entreprises.
Toutefois, ils ne considèrent pas la main-d’œuvre de la même façon :
quand les uns utilisent sa force de travail brute, et recommandent
aux ouvriers de « laisser leur intelligence au vestiaire », P. Drucker

Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 77

préfère privilégier leur bien-être, pour que les travailleurs se sentent
utiles et sachent pourquoi et comment mieux produire.
2. Selon P. Drucker, la connaissance est une ressource au même
titre que les facteurs de production définis par la tradition marxiste :
le travail et le capital. Il postule même la prévalence de cette res-
source sur les deux autres, condition à la réussite économique d’une
entreprise ou d’un État. Il prend le soin de distinguer la connaissance
de l’information : la connaissance est une application vivante de
données brutes. C’est dans ce processus d’interaction que réside la
valeur de la connaissance, et non dans la « sophistication ou la
nouveauté » de l’information.
3. L’éducation et l’innovation sont au centre de la théorie de
P. Drucker. Pour qu’une société soit prospère, il lui faut une main-
d’œuvre éclairée, constituée de « travailleurs du savoir » épanouis,
qui sachent définir et comprendre les objectifs d’une entreprise.
Ainsi, les formations initiale et continue apparaissent comme des
conditions nécessaires pour le succès économique et social des
États et des entreprises.
4. La quête de rentabilité induite par le financement par projet peut
conduire à museler une recherche qui aurait peur de prendre des
risques. Les allocations publiques doivent permettre de soutenir
des études qui, libérées de contraintes de temps et de résultats,
peuvent offrir des inventions comme celles récompensées par le
Nobel. Dans le cas du secteur pharmaceutique, l’industrie a permis
à la fois un développement rapide des antirétroviraux, et en même
temps, a limité son accès aux patients, par souci de profits.
Atelier DÉBAT
La clé de voûte de cette problématique repose sur l’usage de l’ad-
verbe intensif « toujours ». Le débat pourra ainsi s’organiser dans
un mouvement concessif, de type « s’il est parfois nécessaire d’uti-
liser les ressources du privé pour financer des recherches, il arrive
que les résultats obtenus ne soient pas seulement mis au profit des
utilisateurs/consommateurs qui pourraient en bénéficier ». Le privé
peut être soit un accélérateur d’innovation, soit un frein dans sa
diffusion. Les différentes contributions des élèves s’inscriront ainsi
dans un débat sur la régulation des marchés, et la place de l’État
dans cette régulation.
Les clés du thème
2. Des sociétés savantes
à la communauté scientifique P. 458-459
Votre objectif
Il s’agit d’établir des liens de filiation entre les sociétés savantes et
la communauté scientifique actuelle, pour comprendre que les intel-
lectuels ne sont pas des individus isolés, mais des parties d’un éco-
système qui conditionne leurs résultats et auquel ils apportent en
retour une contribution vitale. Il existe donc un lien consubstantiel
entre un chercheur et sa communauté. La page permet de distinguer
les éléments définitoires de ces groupes d’intellectuels, comme son
institutionnalisation, mais également d’envisager différents modèles :
plus ou moins légitimés, plus ou moins participatifs.
Activités
1. Les salons littéraires du xviie siècle peuvent être considérés comme
les ancêtres de la communauté scientifique car ils reposent sur un
78 Thème 6. L’enjeu de la connaissance
modèle similaire : des experts et intellectuels échangent sur des
connaissances et diffusent des supports qui synthétisent et offrent
un aperçu des avancées sur un sujet.
2. Lorsqu’un thème est trop complexe ou que les recherches sont
trop coûteuses pour être prises en charge par un seul laboratoire,
la collaboration s’avère nécessaire. C’est aussi le cas dans des
enquêtes de journalistes, où des consortiums se mettent en place
pour traiter, par exemple, une quantité très importante de docu-
ments.
3. Dans des communautés scientifiques traditionnelles, l’adoption
de consensus repose sur un fonctionnement vertical. Ces commu-
nautés sont souvent dotées d’organes de légitimation qui ont le
dernier mot, où siègent une poignée d’individus qui ont un pouvoir
d’autorité. Pour qu’une notice soit adoptée sur Wikipédia, elle doit
être le fruit d’allers-retours entre des contributeurs qui se sont mis
d’accord après divers échanges pour obtenir un résultat qui convient
au plus grand nombre.
Atelier RECHERCHE
L’exemple du futur collisionneur du Conseil Européen pour la
Recherche du Nucléaire permet de s’interroger sur l’idéologie du
projet, reposant sur une science ouverte aux différentes contribu-
tions au-delà de certaines frontières étatiques. Actuellement, vingt-
deux pays y participent. Cette étude de cas permet de souligner
que la connaissance a une dimension géopolitique, puisque la Chine
et le Japon cherchent aussi à développer des projets similaires.
L’enjeu est essentiel : ces recherches sur la physique des particules
pourraient avoir des applications majeures dans le domaine des
énergies et de la médecine.
Les clés du thème
3. Les acteurs et les modalités de
la circulation de la connaissance P. 460-461
Votre objectif
La connaissance est une matière première qui se partage dans des
circuits difficilement cartographiables : l’éducation institutionnali-
sée est évidemment une voie privilégiée, mais Internet offre désor-
mais des territoires où différents citoyens peuvent prendre la parole
et co-construire le savoir. Les échanges sont toutefois soumis à des
aléas : contraintes matérielles, géopolitiques, sociales. La langue,
enjeu politique majeur, peut apparaître comme un facilitateur ou
un frein dans la circulation de la connaissance.
Activités
1. Cette carte permet de distinguer les principaux foyers d’accueil
et d’émission d’étudiants étrangers. En revanche, elle ne montre
pas d’où viennent et où vont les différents flux.
2. L’exemple de Jackson et de Salomé (doc 2) illustre le fait que
certains élèves africains ont difficilement accès à l’école, puisqu’ils
doivent parcourir des kilomètres pour s’y rendre. Le document 1
montre que les étudiants chinois, français et espagnols partent plus
facilement étudier à l’étranger : l’accès à la connaissance est le
témoin des inégalités économiques internationales.
3. L’école, les médias traditionnels et Internet sont les principaux
espaces où circule la connaissance. Dans les deux premiers cas, la
connaissance est délivrée par des figures certifiées comme les
professeurs ou les journalistes, même s’il existe des espaces
d’échanges avec les récepteurs. Sur le web, tous les citoyens peuvent
potentiellement être créateurs de contenus. On observe qu’il s’agit
néanmoins d’une minorité, et que tous ne sont pas dotés de la
même visibilité. En pratique, les catégories de population tradition-
nellement les plus écoutées – éduquées académiquement – le sont
aussi sur Internet.
4. Les réalités économiques, politiques, géographiques, linguistiques
sont autant de freins à la libre circulation de la connaissance. La
carte qui se situe p. 454-455 montre l’inégalité d’accès à Internet.
Tous les pays ne favorisent d’ailleurs pas cette circulation : Internet
offre de multiples exemples de censures étatiques. Certains docu-
ments parviennent difficilement à survivre à l’épreuve du temps :
certains concepts ancrés dans un contexte historique et social sont
trop éloignés des récepteurs pour qu’il y ait une bonne compréhen-
sion, et donc une bonne diffusion.
Atelier ESPRIT CRITIQUE
L’anglais offre une forme de « terrain commun » à des individus
éloignés les uns des autres, qui peuvent ainsi échanger, et faire
évoluer plus rapidement la recherche en collaborant. Toutefois,
ceux qui ne maîtrisent pas la langue sont exclus de ce circuit. Il
existe aussi un risque d’une forme d’uniformisation de la pensée,
limitée par les terminologies anglophones, effaçant parfois les
spécificités de situations locales.
Quiz interactif / Le point sur… P. 462
1. Les notions de « société de connaissance » et d’« économie de
la connaissance » sont des synonymes ? Vrai ou faux ?
– Faux.
2. L’école et Internet constituent les principaux circuits de la connais-
sance ? Vrai ou faux ?
– Faux ; les médias traditionnels constituent également un espace
où circule la connaissance.
3. Au sein de communautés comme Wikipédia, le processus de
légitimation se fait de manière horizontale ? Vrai ou faux ?
– Vrai ; une notice Wikipédia est le fruit d’allers-retours entre des
contributeurs. Le processus est participatif.
4. Pour Peter Drucker, la connaissance est une ressource non essen-
tielle par rapport au capital et au travail pour créer de la richesse ?
Vrai ou faux ?
– Faux.
5. Un des enjeux de la société de la connaissance est la mutualisa-
tion des savoirs ? Vrai ou faux ?
– Vrai.
AXE 1
Produire et diffuser
des connaissances P. 464-465
Réponses
1. Galilée renouvelle la conception traditionnelle de l’Univers qui
affirmait que la Terre se trouvait au centre de l’Univers (géocen-
trisme). Galilée défend la théorie héliocentrique qui place le soleil
au centre de l’Univers. Sa méthode est basée sur l’observation
astronomique, notamment l’utilisation de la lunette astronomique.
2. L’héliocentrisme est l’objet d’interdits religieux. Galilée est accusé
d’hérésie par l’Inquisition en 1633 pour avoir réfuté le géocentrisme,
et avoir adhéré aux théories de Copernic. Ainsi, les progrès de la
connaissance peuvent être freinés par les conflits entre les dogmes
religieux et les données de la science. Ce n’est qu’au xviiie siècle
que l’Église catholique admet la théorie héliocentrique.
3. Jusqu’au xixe siècle, l’éducation est réservée à une élite, surtout
masculine. Avec la généralisation de la scolarisation primaire dans
les pays industrialisés au xixe siècle, l’alphabétisation des populations
se généralise et le savoir se transmet plus facilement. La deuxième
moitié du xxe siècle voit le nombre d’étudiants dans l’enseignement
supérieur fortement augmenter, favorisant ainsi une démocratisa-
tion du savoir.
Accéder à la connaissance :
l’alphabétisation des femmes
du xvie siècle à nos jours
JALON 1 CONTEXTE
L’alphabétisation des femmes P. 466-467
Réponses
1. En 1950, la moitié de la population était analphabète, les personnes
ne sachant ni lire ni écrire se trouvant majoritairement dans les
pays en développement, du fait de la faible scolarisation de leurs
populations. Depuis, de nombreux progrès ont été réalisés puisque
le nombre d’enfants non scolarisés a diminué passant de 124 millions
en 1970 à 61 millions en 2008. Aujourd’hui, 14 % de la population
mondiale n’est toujours pas alphabétisée. 2/3 des analphabètes
sont des femmes.
2. Les femmes analphabètes sont majoritairement situées dans les
pays en développement. Les femmes sont beaucoup moins alpha-
bétisées que les hommes (en Afrique subsaharienne, 74 % des
hommes sont alphabétisés contre 51 % des femmes). En raison de
la pauvreté, du poids des coutumes, les parents privilégient la
scolarisation des garçons. (En Inde, 66 % des femmes sont alpha-
bétisées contre 82 % des hommes).
JALON 1
L’évolution de l’alphabétisation
des femmes en France P. 468-469
Activités
1. Fénelon combat les idées d’une société qui s’oppose à l’éducation
des filles, et qui trouve honteux pour les femmes de désirer s’ins-
truire. Il ne suffit pas pour la femme de savoir diriger son ménage
et obéir à son mari sans réfléchir. Fénelon insiste sur la nécessité
de donner aux filles une bonne éducation car c’est la mère qui
influence les mœurs, qui éduque les enfants et qui s’occupe de
l’administration des familles.
2. J. Ferry soutient l’éducation des filles car il juge que les femmes
ont un rôle important dans la tenue du foyer et une grande influence
sur leurs maris. Ce discours n’est pas neutre : J. Ferry, républicain,
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 79
pense que l’éducation féminine est indispensable pour soustraire
les femmes de l’emprise de l’Église, et pour promouvoir la République
auprès de leurs maris, et les inciter à voter pour les républicains.
3. Les finalités implicites assignées à l’alphabétisation des filles
jusqu’au xixe siècle ne sont pas celles qui visent à former des femmes
savantes mais à éduquer les femmes à être de bonnes épouses et
de bonnes mères sachant tenir leur foyer. Les programmes com-
prennent, l’apprentissage de la lecture, de l’écriture, des rudiments
du calcul, une éducation morale et religieuse, mais restent définis
en fonction des rôles sociaux assignés aux femmes comme les
« travaux d’aiguille », les travaux ménagers et la puériculture.
4. Aujourd’hui, en France, ce sont surtout les femmes immigrées
qui sont touchées par l’analphabétisme puisqu’elles n’ont, la plupart
du temps, pas été scolarisées dans leurs pays d’origine, et qu’elles
ne maîtrisent pas le français en arrivant en France. Leur alphabéti-
sation est essentielle pour s’intégrer dans la société comme trouver
un emploi, effectuer les démarches administratives, suivre la sco-
larité de leurs enfants. C’est aussi un gage d’émancipation dans la
mesure où savoir lire et écrire rend les femmes plus autonomes
financièrement et socialement.
5. Aujourd’hui, en France, la quasi-totalité des femmes est alphabé-
tisée. D’ailleurs, les jeunes filles ont des pourcentages de réussite au
baccalauréat supérieurs aux garçons et obtiennent davantage de
mentions. Toutefois, les inégalités hommes-femmes persistent dans
le domaine du travail. Les femmes sont moins nombreuses à obtenir
un CDI et le statut de cadre (60 % contre 80 % pour les hommes)
après l’obtention d’un diplôme de l’enseignement supérieur égal avec
les hommes. Elles perçoivent aussi un salaire inférieur d’environ 15 %.
L’enjeu politique et social : Au xvie siècle, l’éducation des femmes,
souvent réservée à une élite, est prise en charge par l’Église. On
enseigne aux filles, outre la religion, des rudiments de lecture et
d’écriture, mais surtout les travaux d’aiguille. Grâce aux lois Jules
Ferry de 1881-1882, qui rendent l’enseignement gratuit, obligatoire
et laïc, les femmes deviennent majoritairement alphabétisées.
L’enjeu pour les républicains est de soustraire les femmes à l’emprise
de l’Église, en leur enseignant les valeurs républicaines. Aujourd’hui,
les femmes sont aussi diplômées que les hommes, mais les inéga-
lités en matière d’emplois et de salaires persistent.
Pour approfondir : En avril 1792, Condorcet remet à l’Assemblée
nationale un rapport intitulé L’organisation générale de l’Instruction
publique. Croyant à l’égalité intellectuelle des sexes, il défend l’idée
d’une éducation publique commune aux garçons et aux filles.
Il demande que les femmes partagent l’instruction donnée aux
hommes pour qu’elles puissent surveiller celle de leurs enfants. Au
siècle des Lumières, l’éducation est un sujet de réflexion important
pour de nombreux philosophes. Si les rangs des écoles de filles gros-
sissent, la scolarité y est brève. Les savoirs proposés par l’école gardent
les trois mêmes pôles : avant tout un enseignement religieux destiné
à former de bonnes mères chrétiennes ; ensuite, des rudiments du
lire, écrire, compter, enfin, des travaux d’aiguilles.
Atelier ESPRIT CRITIQUE
L’alphabétisation progressive des femmes depuis le xvie siècle n’a
pas été synonyme d’émancipation : l’instruction dispensée aux filles
avant le xixe siècle avait pour but de former des bonnes épouses
chrétiennes. La généralisation de l’alphabétisation féminine, depuis
les lois Jules Ferry, n’a pas permis aux femmes d’accéder aux mêmes
droits que les hommes, tel le droit de vote qui ne leur est accordé
qu’en 1944. Si aujourd’hui, les femmes sont autant diplômées que
80 Thème 6. L’enjeu de la connaissance
les hommes, elles subissent toujours des discriminations dans le
domaine du travail.
JALON 1
L’alphabétisation des femmes dans
le monde, enjeu de développement P. 470-471
Activités
1. Dans les pays développés, les femmes sont presque toutes alpha-
bétisées. Or, dans les pays en développement, le pourcentage des
femmes alphabétisées diminue. C’est en Afrique subsaharienne
que les femmes sont le moins alphabétisées. Ces contrastes s’ex-
pliquent par le fait que dans de nombreux pays les filles ne sont
pas scolarisées en raison de la pauvreté, des mariages précoces
(dans les régions où les filles sont mariées précocement, les taux
d’alphabétisation sont les plus faibles) et des mœurs.
2. Les femmes ont d’abord été alphabétisées dans les pays déve-
loppés. D’abord réservée à une élite, la scolarisation s’est généra-
lisée dans ces pays au xixe siècle et la grande majorité des femmes
ont eu accès à l’écriture et à la lecture. Mais aux États-Unis, les
femmes afro-américaines, victimes de la ségrégation, ont longtemps
été exclues de l’école.
3. C’est par la scolarisation que les femmes ont été majoritairement
alphabétisées au cours des siècles, comme dans les pays dévelop-
pés au xixe siècle. Dans les pays en développement, les ONG et les
campagnes d’alphabétisation prennent le relais quand l’école est
défaillante. Des progrès ont été constatés puisque depuis 1990,
l’alphabétisation des femmes a progressé dans les pays en déve-
loppement. Mais depuis quelques années, les chiffres stagnent.
4. De nombreuses entraves viennent freiner l’alphabétisation des
femmes. Le poids des traditions et les mariages précoces favorisent
la scolarisation des garçons. La pauvreté des pays est un frein à la
mise en place d’un système éducatif efficace. Enfin, les situations
de guerres et de crises politiques peuvent empêcher la scolarisation
des jeunes filles, comme ce fût le cas en Afghanistan sous le régime
des Talibans.
L’enjeu géopolitique : C’est d’abord dans les pays développés que
les femmes ont été alphabétisées, surtout lors de la scolarisation
obligatoire au xixe siècle, qui généralise l’alphabétisation, déjà
engagée quelques siècles plus tôt. Les progrès de l’alphabétisation
féminine dans les pays en développement sont le fruit de politiques
nationales après les indépendances, et de politiques internationales
menées par les ONG. Si la proportion de femmes analphabètes a
diminué fortement depuis 1950, les femmes restent aujourd’hui
encore largement moins alphabétisées que les hommes : 2/3 des
analphabètes dans le monde sont des femmes.
Pour approfondir : Née le 12 juillet 1997 au Pakistan, M. Yousafzai
milite très tôt pour le droit à l’éducation et dénonce les Talibans qui
détruisent les écoles et imposent la charia. Alors qu’elle se rend à
l’école, elle est victime d’un attentat perpétré par les Talibans le 9
octobre 2012. Rescapée, elle réside, aujourd’hui, en Angleterre ;
elle est une icône du droit des filles à l’éducation. L’Unesco fonde
en 2012 le fonds Malala pour scolariser les enfants, et elle reçoit en
2014 le prix Nobel de la paix pour son combat.
Atelier DÉBAT
L’éducation des filles et des femmes, notamment dans les pays en
développement, permet aux familles de mettre un terme au cycle
de la pauvreté. Une femme éduquée est plus armée pour protéger
ses enfants contre la malnutrition et la maladie, à exercer une
activité qui procurera des revenus à sa famille et surtout, à envoyer
ses propres enfants, à l’école. Aussi, il faut prendre en considération
le rôle des femmes comme agents économiques. Selon l’Unesco,
chaque année d’étude supplémentaire augmente le PIB par habitant
de 4 % à 6 %.
Produire de la connaissance :
la recherche sur la radioactivité
[1896-années 50]
JALON 2 CONTEXTE
La radioactivité P. 472-473
Réponses
1. La radioactivité est un phénomène naturel qui vient de la désin-
tégration d’éléments radioactifs, et qui produit des rayonnements
très énergétiques, le rayonnement radioactif. Elle a été découverte
à la fin du xixe siècle. K. Röntgen, M. et P. Curie, et H. Becquerel
ont exploré ce phénomène en profondeur.
2. La découverte du radium et de ses propriétés (curatives, éner-
gétiques, …) a suscité durant l’entre-deux-guerres un fort engoue-
ment. Le radium fait son apparition dans d’innombrables objets du
quotidien qui en vantent les mérites. Les travaux entrepris sur la
radioactivité artificielle aboutissent, dans les années 1940, à une
maîtrise du phénomène de fission nucléaire, permettant une utili-
sation industrielle, notamment la production d’électricité. Surtout,
cette découverte permet de mettre au point la bombe nucléaire.
JALON 2
La découverte de la radioactivité
et ses applications
P. 474-475
Activités
1. C’est dans leur laboratoire de l’école de physique et de chimie
que les Curie aboutissent en 1898 à la découverte de deux éléments
radioactifs, le polonium et le radium. P. et M. Curie reçoivent, avec
H. Becquerel, le prix Nobel de physique, pour la découverte de la
radioactivité naturelle en 1903. Après la mort de Pierre, Marie
continue seule, les recherches entreprises en commun. Le 5
novembre 1906, elle reprend le cours de son époux à la Sorbonne,
qui accueillait pour la première fois une femme parmi ses maîtres
et devient directrice du Laboratoire Curie.
2. Les chercheurs travaillent dans le but de faire progresser la science
et se livrent à des expériences pour enrichir sans cesse les décou-
vertes : en 1896, la radioactivité est découverte, en 1934, Irène et
Frédéric Joliot-Curie découvrent la radioactivité artificielle pour
aboutir en 1938 à la fission nucléaire. Ils travaillent en lien avec les
autres disciplines pour multiplier ses applications.
3. Les découvertes en radioactivité permettent des interactions avec
les sciences médicales. En 1909, est fondé l’Institut du radium. Son
objectif est l’étude de la radioactivité et de ses applications en
physique, chimie, biologie et médecine. Il comprend le laboratoire
Curie et le laboratoire Pasteur, sous la direction du Dr Claudius
Regaud. Pendant la Première Guerre mondiale, M. Curie met au
point les Petites Curies, les voitures radiologiques permettant de
venir en aide aux blessés du front. Crée en 1921, le dispensaire de
la Fondation Curie est le premier centre de lutte contre le cancer
ouvert en France.
4. Pendant la période de l’entre-deux-guerres, il y eut un engoue-
ment pour l’utilisation de produits contenant des substances
radioactives. Le radium était perçu comme ayant un pouvoir des-
tructif à haute dose, mais un effet bénéfique à faible dose. Des
produits de beauté « irradiants » étaient proposés aux femmes, et
les médecins prescrivaient des pommades et des comprimés à base
de radium. De nombreuses sociétés vendaient une eau radioactive
à domicile en proposant des « cafetières au radium » et des « fon-
taines au radium.
L’enjeu politique et sociétal : Après la découverte de la radioac-
tivité à la fin du xixe siècle, de nombreux scientifiques consacrent
leurs travaux à ce phénomène et apportent de nouvelles connais-
sances. Le Congrès Solvay de 1911 inaugure les rencontres des plus
grands savants, tels Einstein et M. Curie. C’est grâce aux recherches
de l’Italien Fermi, transmises par les scientifiques allemands O.
Hahn et F. Strassman à L. Meitner, que le phénomène de fission
nucléaire a été mis en lumière. La coopération internationale devient
ainsi une méthode de travail. Les échanges entre les différentes
sciences et les travaux collaboratifs se développent, permettant des
apports mutuels.
Pour approfondir : Née en 1878 dans une famille juive à Vienne,
L. Meitner accède à l’enseignement supérieur en 1897 quand les
femmes sont acceptées à l’université. Elle se met à étudier les
réactions nucléaires artificielles en Allemagne avec O. Hahn et F.
Strassman. Ils découvrent la fission nucléaire en 1938, qui permet
la mise au point de la bombe atomique lors de la Seconde Guerre
mondiale. Menacée par le régime nazi, elle prend la fuite en Suède.
Quand en 1944, ses deux collègues sont récompensés du prix Nobel,
elle est laissée de côté. Après la guerre, elle devient militante anti-
nucléaire et se reproche les conséquences de ses découvertes sur
des milliers de civils.
Atelier DÉBAT
En 1903, P. Curie pense que la radioactivité est source de progrès
pour l’humanité. Elle permet, ainsi, des améliorations dans le
domaine médical. Le radium est ensuite utilisé dans de nombreux
objets de la vie quotidienne, mais on ignore son danger immédiat.
La fission nucléaire permet aussi de produire en grande quantité
de l’énergie. Toutefois, la science peut s’avérer dangereuse quand
elle échappe à ses chercheurs, comme ce fut le cas de la bombe
atomique.
JALON 2
Recherches et échanges entre
scientifiques, avancées et menaces P. 476-477
Activités
1. La radioactivité est obtenue pour la première fois de façon arti-
ficielle en 1934 par I. et F. Jolliot-Curie. La fission du noyau de l’atome
est observée dès 1938 par des physiciens allemands et réalisée par
Fermi en 1942. Elle ouvre la voie à la bombe atomique, mais aussi
à la production d’énergie.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 81
2. À l’aube de la Seconde Guerre mondiale, une course contre la
montre s’engage dans la communauté scientifique qui comprend
l’enjeu de la découverte de la fission nucléaire. Einstein avertit les
États-Unis d’une possible création d’une bombe nucléaire par l’Alle-
magne. Dès lors, les États-Unis lancent, en 1942, le projet Manhattan :
les scientifiques travaillent en collaboration avec l’armée et mettent
au point la première bombe atomique. La Seconde Guerre mondiale
est le premier conflit où la recherche scientifique joue un rôle
essentiel.
3. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis mobilisent
de nombreux scientifiques (mathématiciens, physiciens …) de
différentes nationalités pour participer à l’élaboration d’une bombe
nucléaire, face à la menace hitlérienne. Au lendemain de la guerre,
dans le contexte de guerre froide, Staline veut rattraper le retard
de l’URSS face aux États-Unis, et utilise des espions, et mobilise de
nombreux scientifiques allemands pour travailler à leur programme
nucléaire. Après Hiroshima, on assiste à l’entrée sur la scène média-
tique des atomistes américains. Ils veulent communiquer au grand
public et aux hommes politiques les éléments d’une politique
atomique susceptible d’apporter la paix. Mais c’est un échec. En
1950, l’appel de Stockholm, lancé par des scientifiques et des intel-
lectuels, plaide pour un contrôle international du nucléaire. S’ils ne
sont pas entendus en cette période de prolifération nucléaire, aucune
puissance, n’a toutefois, eu recours à son utilisation.
4. La doctrine de la dissuasion nucléaire est née de la guerre froide
et de la volonté des États-Unis et de l’URSS d’assurer l’autre qu’au-
cune attaque ne serait possible sans représailles apocalyptiques.
L’enjeu géopolitique : À la veille de la Seconde Guerre mondiale,
une course contre la montre s’engage dans la communauté scien-
tifique, qui comprend l’enjeu de la fission de l’atome, et son utili-
sation à des fins militaires. Dès lors, les États-Unis mobilisent un
nombre important de scientifiques dans le projet Manhattan. La
première bombe atomique est lancée sur Hiroshima le 6 août 1945.
Après la guerre, si les scientifiques plaident pour un contrôle du
nucléaire et lancent des mouvements de paix, la dissuasion nucléaire
rythme les relations entre les États-Unis et l’URSS, qui toutes deux
se lancent dans une course à l’’armement et au perfectionnement
de leur arme nucléaire.
Pour approfondir : I. Curie forme avec son mari, rencontré à l’Ins-
titut Curie, un nouveau couple de scientifiques travaillant ensemble.
Ils mettent en évidence la radioactivité artificielle et travaillent sur
la fission en chaîne ouvrant la voie à la maîtrise de l’énergie nucléaire.
Leur notoriété légitime leur implication dans des actions politiques,
leur engagement au service du progrès social et dans la Résistance
lors de la Seconde Guerre mondiale.
VERS LE BAC
L’aventure de la radioactivité commence à la fin du xixe siècle. Elle
est découverte par H. Becquerel en 1896, puis enrichie par P. et
M. Curie qui découvrent le radium et le polonium en 1898. Ces derniers
travaillent en parfaite complémentarité dans leur laboratoire artisa-
nal. À la suite de ces pionniers, un grand nombre de scientifiques
européens apportent leurs connaissances à ce phénomène et de
nombreux échanges s’organisent, telles les rencontres internationales,
comme le Congrès Solvay. Les chercheurs travaillent en interaction
avec d’autres sciences, telle la médecine à l’Institut Curie, et mettent
leurs innovations à son service, comme la radiologie et la radiothé-
rapie. C’est également un couple de scientifiques, I. et F. Joliot-Curie,
qui travaillant dans le respect de l’égalité à quatre mains, mettent en
82 Thème 6. L’enjeu de la connaissance
évidence la radioactivité artificielle. Dès lors, les collaborations entre
scientifiques se multiplient à l’échelle internationale pour approfon-
dir ces recherches. Cette course à l’énergie nucléaire inquiète et les
États-Unis attirent les scientifiques, organisent le travail de chercheurs,
au sein d’équipes pluridisciplinaires avec le soutien des entreprises
privées. Le projet Manhattan symbolise ces travaux d’équipes. Après-
guerre, les scientifiques poursuivent cette collaboration en participant
ensemble à des mouvements de paix, souhaitant garder le contrôle
de leurs innovations.
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
L’Atomium de Bruxelles,
symbole d’un monde pacifique P. 478-479
Arrêt sur l’image : 1. L’Atomium a la forme d’un cube sur pointe
et représente une maille élémentaire de 9 atomes de fer agrandie
165 milliards de fois, avec un atome à chaque angle, reliés entre
eux par 20 tubes, le tout étant supporté par trois grands bipodes.
2. Les 9 sphères qui constituent l’Atomium sont les neuf atomes
constituant la maille conventionnelle de la structure cubique. Les
illuminations clignotantes symbolisent les électrons qui tournent
autour du noyau.
3. L’Atomium fut réalisé à l’occasion de l’Exposition Universelle de
Bruxelles (1958), dont il était le bâtiment phare. Avec pour
slogan bilan d’un monde, pour un monde plus humain, l’Expo 58 se
voulait être l’expression de la volonté d’entretenir la paix entre
toutes les nations, de la foi dans le progrès et, d’une vision optimiste
dans l’avenir d’un monde moderne qui devrait permettre aux
hommes de vivre mieux.
4. L’exposition universelle de 1958 est la vitrine du monde. Même
si la période est à l’apaisement entre les États-Unis et l’URSS qui
entrent dans la période de « Coexistence pacifique », les deux grands
ne manquent pas de rivaliser et d’exposer leurs performances dans
leurs pavillons respectifs, l’URSS le Spoutnik et les États-Unis, le
rêve américain.
Sa portée politique : 5. Au lendemain de la guerre et de l’utilisation
de la bombe atomique, l’Atomium symbolisait la modernité et la
volonté de maintenir la paix entre toutes les nations. Mais il est
aussi le signe des angoissants excès de la science puisque les pro-
grès dans la connaissance de l’atome ont amené les États à l’utiliser
à des fins belliqueuses. Aujourd’hui, il existe une méfiance géné-
ralisée sur l’atome. Depuis l’accident de Tchernobyl en 1986, l’opi-
nion se cristallise autour des dangers du nucléaire. La course à
l’arme atomique de la part de certaines nations, fait craindre une
escalade des tensions internationales.
Atelier RECHERCHE
L’élève choisira un monument consacré à la connaissance scientifique
dans le monde. Il pourra aller directement consulter le site internet
du musée et devra rappeler son contexte de création, son contenu
et ses expositions, ses fonctions auprès du public et son influence.
Quiz interactif / Axe 1 P. 482
1. Quelles lois permettent de généraliser l’alphabétisation des filles
en France ?
– Ce sont les lois Jules Ferry qui rendent l’école gratuite en 1881,
laïque et obligatoire en 1882.
2. Donnez la définition exacte du taux d’alphabétisation.
– Pourcentage des personnes adultes qui savent lire et écrire
dans une population.
3. Quel continent est le plus touché par l’analphabétisme des
femmes ?
– Il s’agit de l’Afrique subsaharienne.
4. Quelle jeune femme, victime des Talibans, se bat aujourd’hui
pour l’éducation des femmes dans le monde ? → Malala Yousafzai
se bat aujourd’hui pour l’éducation des femmes dans le monde.
5. Qui a découvert le phénomène de la radioactivité ? Quand ?
– Henri Becquerel a découvert la radioactivité en 1896.
AXE 2
La connaissance, enjeu
politique et géopolitique P. 486-487
Réponses
1. Le « pont des espions » qui reliait RFA (Allemagne de l’Ouest) et
RDA (Allemagne de l’Est) était l’un des rares points de contact
ouverts entre le bloc des États communistes et le bloc occidental.
Pendant la guerre froide, les échanges entre ces deux blocs étaient
extrêmement restreints, d’où son importance. Politiquement, ce
pont permettait aux dirigeants des deux camps de procéder à des
échanges d’espions capturés, avec de nombreux avantages.
2. La livraison du premier avion militaire français « Rafale » à l’Inde
est l’occasion d’une conférence de presse des ministres de la Défense.
La présence de ces dirigeants montre que ce contrat a des enjeux
politiques, et non pas seulement commerciaux ou industriels. La
mise en scène de cette conférence de presse le confirme. Les
emblèmes des deux pays sont mis en avant : non seulement de
larges drapeaux sont accrochés au bout d’une hampe qui dépasse
les deux mètres – en comparaison avec la taille de l’orateur – mais
ils sont encore inscrits sur le pupitre de ce dernier.
3. La présence du ministre de la Défense de l’Inde, Rajnath Singh,
lors de cette livraison qui a lieu en France, à Mérignac (commune
de Gironde à l’ouest de Bordeaux, où est situé l’aéroport de la
métropole), témoigne de l’aspect politique et stratégique de
l’échange qui a été conclu. Le fait que l’État indien soit acheteur de
ces avions n’explique pas à lui seul la présence d’un des principaux
responsables du gouvernement. De toute évidence, le pouvoir indien
a tenu à médiatiser cette acquisition.
Le renseignement au service des États :
services secrets américains et soviétiques
pendant la guerre froide
JALON 1 CONTEXTE
Guerre froide et espionnage P. 488-489
Réponses
1. Après la Seconde Guerre mondiale, lorsque s’installe la guerre
froide, les services secrets se développent et se réorganisent pour
deux raisons. D’une part, ces services s’adaptent au nouveau contexte
géopolitique. Ensuite, l’espionnage se reporte sur les activités militaires
et scientifiques, dans un contexte de course à l’armement. Aucun
camp ne peut se permettre d’être distancé, notamment lorsque sont
mises au point des armes décisives (bombe nucléaire A puis H). Enfin,
le développement et la réorganisation des services secrets s’expliquent
par les caractéristiques de la guerre froide.
2. Les services secrets soviétiques et états-uniens se développent
dans des contextes et avec des chronologies distinctes. Les services
soviétiques ont été mis en place par le pouvoir communiste dès la
Révolution bolchevique, avec la création de la Tchéka en 1917. Aux
États-Unis, la création de la CIA comme agence d’espionnage est
liée au traumatisme de Pearl Harbor. Malgré les contextes très
différents qui ont conduit à leur création, le KGB et la CIA connaissent
une croissance accélérée et parallèle après la Seconde guerre,
lorsque débute la guerre froide.
JALON 1
La création de puissants
services secrets P. 490-491
Activités
1. La CIA est créée dans le contexte du début de la guerre froide.
Le président Truman fait le choix de la politique de l’endiguement
(containment) qui conduit à développer les services secrets pour
intervenir dans d’autres pays et empêcher qu’y soit mis en place
un régime communiste, sans pour autant mener ouvertement
d’opérations militaires.
2. Les espions sont recrutés dans les secteurs stratégiques dans le
contexte de la guerre froide : l’armée, la diplomatie (Département
d’État), le secteur industrialo-scientifique, et les services secrets
adverses eux-mêmes.
3. L’espionnage est une activité risquée car sévèrement punie. La
répression de cette activité illégale peut conduire à un procès
(doc 2) : dans les faits, c’est rarement le cas car un État ne cherche
pas à attirer la lumière sur les failles dont il a fait l’objet. Les espions
capturés sont donc plus souvent emprisonnés de manière secrète,
dans le but d’être échangés contre d’autres espions.
4. La publicité sur les affaires d’espionnage dépend d’abord des
secrets qui ont été dérobés et dévoilés à l’ennemi. Dans le cas des
époux Rosenberg, le fait que l’URSS a pu se doter de l’arme ato-
mique, en grande partie grâce à des secrets dérobés aux États-Unis
est déjà connu. Dans d’autres affaires, l’État victime ne souhaite
pas attirer l’attention sur certaines activités qu’il conduit.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 83
5. L’expression « Gestapo américaine » est très forte puisqu’elle fait
référence à la police politique de l’Allemagne nazie. À l’inverse du
KGB, la CIA n’a pas de mandat pour conduire d’opération sur le sol
états-unien, le contre-espionnage étant assuré par le FBI ou par la
NSA. Cependant, le développement accéléré de la CIA, les larges
moyens qu’elle acquiert, et le secret qu’elle conserve sur de larges
pans de son activité expliquent la crainte que ne se développe un
véritable État dans l’État, hors de tout contrôle démocratique (élec-
tions, responsabilité devant le Congrès ou la justice).
L’enjeu géopolitique : Comme son nom l’indique, la guerre froide
se caractérise par l’absence d’affrontement militaire direct entre
ses deux principaux protagonistes, États-Unis et Union soviétique.
Leur rivalité s’est traduite autrement : course aux armements et
aux grandes réalisations (conquête spatiale notamment), conflits
interposés, rivalités sportives (aux Jeux olympiques, aux échecs,
etc.) et guerre secrète entre services de renseignement.
Le développement des agences de renseignement est apparu
nécessaire pour suivre au plus près les découvertes scientifiques
opérées par l’adversaire, mais aussi pour infiltrer ses institutions
stratégiques (armée, diplomatie, services secrets). La CIA et le KGB
ont été dotés de moyens humains, financiers et technologiques
sans précédent, au risque de créer des institutions quasiment
autonomes, pouvant menacer le caractère démocratique des insti-
tutions aux États-Unis.
Les particularités de la guerre froide expliquent pourquoi elle a
largement été une guerre d’espions, où la connaissance était un
enjeu central.
Pour approfondir : Pour la France, le rôle de la DST (contre-espion-
nage) dans l’affaire Farewell est intéressant car il s’agit d’une des
principales affaires d’espionnage de la guerre froide. Pour le
Royaume-Uni, des opérations du MI6 peuvent être présentées, mais
aussi certains de ses échecs (affaire Philby). En RDA, le rôle de la
Stasi comme police politique chargée du contrôle social de la popu-
lation est un autre aspect des agences de renseignement, etc.
Atelier RECHERCHE
Köcher est une figure emblématique de la guerre froide puisqu’il est
à la fois un (prétendu) dissident et un (véritable) espion. L’étude de
son histoire permet de mettre en lumière les stratégies de long terme
des services secrets, les liens entre différentes agences (tchécoslo-
vaque et soviétique) et le traitement des espions capturés (procès
avorté, conditions de détention, échange sur le pont des espions).
JALON 1
La technologie au service
de l’information P. 492-493
Activités
1. L’espionnage aérien est novateur en ce que les appareils permet-
tant de voler et de se diriger dans les airs n’ont été développés qu’à
partir du xviiie siècle (montgolfière), et surtout aux xixe et xxe siècles.
Des dirigeables et des avions sont utilisés pendant la Première
Guerre mondiale. Mais c’est au début de la guerre froide que le
développement des appareils offre de nouvelles perspectives aux
services de renseignement.
2. Dans le contexte de la guerre froide, le survol du territoire ennemi
devient l’une des meilleures manières de récupérer des informations.
84 Thème 6. L’enjeu de la connaissance
Ces données sont précieuses car il est difficile de dissimuler de
grands complexes militaires ou industriels à un objectif pointé
depuis les airs. De plus, ces images sont plus fortes qu’un simple
témoignage, et permettent de justifier une opération militaire (le
blocus de l’île).
3. À première vue, l’espionnage aérien peut sembler moins dange-
reux dans la mesure où l’espion n’est pas sur le sol de l’État ennemi.
Cependant, un avion, aussi haut qu’il puisse voler, n’est jamais
vraiment hors de portée de l’adversaire (avions de chasse, missiles
sol-air). La capture de Powers, après que son avion a été abattu, en
témoigne bien. Ce type d’affaire est à la fois rare et sensationnel,
ce qui explique que les responsables politiques s’en emparent. Ici,
Khrouchtchev, dirigeant de l’URSS, a tout intérêt à médiatiser ce
cuisant revers des États-Unis à qui l’opinion peut à la fois reprocher
les activités d’espionnage illégales et dont on peut moquer la cap-
ture de l’agent.
4. Le renseignement d’origine technique permet de récolter des
données nettement plus nombreuses et plus précises que le ren-
seignement d’origine humaine. Qu’il s’agisse d’images (prises depuis
un ballon, un avion ou un satellite) ou de télécommunications
interceptées puis traitées, ce mode de renseignement permet de
disposer de nombreuses données, sans exposer des espions en les
envoyant sur un territoire hostile. Cependant, un État peut également
être abusé par de fausses informations récoltées par ces moyens
techniques. De plus, face à l’afflux d’informations, il est nécessaire
de savoir où chercher. Pour cela, le renseignement d’origine humaine
reste un complément indispensable.
L’enjeu géopolitique : Pendant la guerre froide, afin de disposer de
services de renseignement aussi puissants que possible, les États ont
cherché à les doter de moyens techniques toujours plus innovants.
Afin de disposer d’informations sur les activités militaires de l’adver-
saire, l’espionnage aérien s’est révélé précieux. Par exemple, il est
décisif pour identifier les nouvelles rampes de missiles établies par
les Soviétiques à Cuba, en 1962, à l’origine de la crise la plus aiguë
de la guerre froide. Le renseignement électromagnétique, qui consiste
à capter les flux d’information (par exemple téléphonique), se déve-
loppe également. L’innovation technique évite aussi de trop exposer
les espions, en les maintenant à distance de l’adversaire.
Pour approfondir : W. Fisher a une longue carrière qui commence
à la Tchéka et se poursuit au KGB. Pendant la Seconde Guerre, il
utilise les radios dérobées à l’armée allemande à des fins de désin-
formation, ce qui est une manière d’utiliser le renseignement
technique de manière active. Son parcours aux États-Unis, où il met
en place le réseau qui dérobe les plans de l’arme nucléaire, montre
l’importance du renseignement humain, toujours nécessaire.
VERS LE BAC
Les États ont toujours recouru à des services de renseignement, que
ce soit pour leurs activités militaires, diplomatiques, ou pour collec-
ter des connaissances scientifiques et industrielles. Durant la guerre
froide, les activités des services de renseignement sont à leur
paroxysme, ce qui explique le développement de puissantes agences.
Les caractéristiques de la guerre froide expliquent le développement
sans précédent des agences de renseignement. D’abord, les deux
superpuissances, États-Unis et Union soviétique, ne combattent
jamais ouvertement, de peur de déclencher un conflit nucléaire
dévastateur pour la planète.
Ensuite, ces deux puissances se livrent à une course à l’armement
permanente.
Enfin, chaque bloc essayant de se fermer hermétiquement aux
intrusions adverses, l’emploi de services secrets devient nécessaire.
Dans ce contexte, les agences de renseignement deviennent des
acteurs extrêmement puissants. Le KGB et la CIA acquièrent des
moyens humains et financiers considérables. Ils sont également
dotés des dernières technologies.
LA FABRIQUE DE L’IMAGE
La fiole d’anthrax de Colin Powell
ou l’invention d’un casus belli P. 494-495
Arrêt sur l’image : 1. De sa main droite, C. Powell présente une
petite fiole, plus petite qu’un doigt. On y distingue une solution
beige. Toutefois, il ne s’agit absolument pas d’une preuve probante.
D’une part, rien ne permet de savoir ce qu’il y a réellement dans
cette éprouvette. D’autre part, rien n’établit la provenance de son
contenu. Pour autant, l’aspect visuel et menaçant de ce produit
chimique a évidemment eu plus d’impact sur l’auditoire qu’un
simple témoignage.
2. La fiole de Powell n’est en elle-même absolument pas une preuve.
Toutefois, elle participe de sa démonstration qui repose sur un
faisceau d’indices. Dans ce contexte, les assertions du Secrétaire
d’État, mais surtout les photographies aériennes qu’il présente le
même jour, donnent plus de poids à sa démonstration d’ensemble.
Ces soi-disant preuves ont été obtenues par des moyens très dif-
férents, puisqu’il s’agit nécessairement d’un renseignement d’origine
humaine pour la fiole d’anthrax, supposée avoir été dérobée, et de
renseignement d’origine technique pour les photographies aériennes
des sites de lancement de missile.
3. Dix ans plus tard, Powell explique avoir été, comme tout le monde,
victime de fausses informations délivrées par la CIA. Il rejette sur
l’agence de renseignement l’énorme responsabilité du déclenche-
ment de la guerre en Irak, qui déstabilise encore aujourd’hui la
région. De son côté, l’ancien dirigeant des services de renseignement,
D. Rumsfeld, plaide la maladresse et l’erreur de la part de ses ser-
vices.
Sa portée politique : 4. L’image de Powell agitant sa prétendue
fiole d’anthrax, immortalisée par la photographie, est peut-être
devenue l’exemple le plus célèbre d’un mensonge d’État. La parole
des États-Unis avait été engagée par le Secrétaire d’État, et cette
manipulation l’a durablement entachée. Quatorze ans plus tard,
l’ambassadrice des États-Unis à l’ONU, N. Halley, exhibe des pho-
tographies de jeunes civils victimes de la guerre en prétendant qu’il
s’agit de crimes commis par l’armée syrienne de Bachar el-Assad.
Les adversaires des États-Unis ont alors beau jeu de rappeler leurs
turpitudes passées.
Atelier DÉBAT
La question du mensonge d’État peut être abordée sous plusieurs
aspects. Cette notion gagnera d’abord à être définie : manipulation,
présentation fallacieuse, mensonge par omission. Du côté des
acteurs, le chapitre et cette double page invitent à s’interroger sur
les rôles respectifs des dirigeants politiques, des agences de ren-
seignement et des espions. Il faut aussi s’interroger sur le contexte :
le mensonge d’État est-il plus légitime en temps de guerre ? Qu’en
est-il pendant une période comme la guerre froide ? Enfin, le ques-
tionnement pourra mettre en balance différentes valeurs. Le men-
songe est-il seulement prohibé moralement ? Est-il permis aux
dirigeants d’une démocratie de mentir alors qu’ils détiennent leur
mandat des citoyens ?
Circulation des étudiants, transferts
de technologie : l’exemple de l’Inde
JALON 2 CONTEXTE
La puissance indienne P. 496-497
Réponses
1. L’Inde dispose d’un tissu industriel ancien, hérité de l’époque
coloniale britannique. Il est particulièrement dense dans quatre
régions : l’ouest autour d’Ahmedabad et de Mumbai, le sud autour
de Bangalore, l’ouest vers Kolkata et le nord à proximité de Delhi.
L’Inde peut également s’appuyer sur de puissantes entreprises,
comme le groupe Tata ou Reliance industries, qui sont des multi-
nationales de premier rang mondial. L’expression « bureau du
monde » témoigne du poids de l’Inde dans certaines activités ter-
tiaires internationales.
2. Puissance économique de premier rang (7e PIB mondial), l’Inde
connaît une forte croissance (7 %, en 2019). En outre, elle dispose
de plusieurs atouts : sa population considérable (1,3 milliard d’habi-
tants) qui constitue un vivier de travailleurs et de consommateurs ;
sa superficie (3,3 millions de km carrés) qui lui permet de dévelop-
per de nombreuses activités sur son territoire et de bénéficier de
nombreuses ressources ; son poids géopolitique qui tient à l’histoire
(prestige de l’Inde en tête du mouvement des non-alignés), etc.
JALON 2
Transferts de technologie et délocalisations
au service de l’industrialisation P. 498-499
Activités
1. L’originalité de l’Inde est d’avoir connu un développement éco-
nomique d’abord tiré par le secteur tertiaire (services) et dans un
second temps seulement par le secteur secondaire (industrie). Son
activité tertiaire est notamment tirée par les pôles technologiques
de Bangalore et Hyderabad. Les transferts de technologie permettent
à ses entreprises de demeurer au premier rang mondial.
2. L’article de La Croix rappelle que de nombreuses entreprises
occidentales de l’informatique (Google, Microsoft, Cap Gemini)
s’implantent en Inde. Elles y bénéficient d’une main-d’œuvre abon-
dante (« quatre millions d’Indiens écrivent des lignes de code » ;
« 400 000 nouveaux informaticiens chaque année ») et très qua-
lifiée (« quelques-uns des instituts de technologie les plus sélectifs
au monde »).
3. Lors de l’achat de matériel industriel, l’Inde négocie des offsets,
définis comme des « investissements liés aux compensations
industrielles ». Concrètement, les entreprises partenaires s’engagent
à délocaliser une partie de la production sur le sol indien, ce qui
entraîne créations d’emplois et production de richesse localement.
Ne sont plus délocalisées les activités dépréciées (polluantes, à
faible valeur ajoutée), mais au contraire des activités qui permettent
à l’industrie indienne de monter en gamme.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 85
4. L’achat d’avions militaires « Rafale » répond évidemment à des
objectifs militaires. Il s’agit de maintenir les capacités de l’armée
indienne à un haut niveau, pour un pays en rivalité et en tension
constante avec le Pakistan, et dans une moindre mesure avec la
Chine. Cependant, il s’agit aussi d’objectifs politiques : en média-
tisant l’acquisition de ce matériel de haute technologie, N. Modi
souhaite montrer l’image d’un gouvernement attentif à la moder-
nisation de son pays et à l’acquisition de technologies de pointe.
L’enjeu économique et géopolitique : L’Inde attire les activités
économiques des multinationales étrangères sur son territoire et
bénéficie des transferts de technologie pour accélérer son déve-
loppement. De nombreuses multinationales délocalisent leurs
activités sur le territoire indien pour profiter d’une main-d’œuvre
nombreuse, bon marché mais bien formée, en particulier dans les
instituts de technologie. Lors de ces délocalisations, les entreprises
déplacent en Inde une partie de leur savoir-faire et de leurs tech-
nologies, y compris pour le secteur tertiaire (technologie informa-
tique). De plus, lors de la signature de gros contrats, l’Inde négocie
des offsets : les entreprises et les pays partenaires s’engagent à
produire une partie du bien acheté en Inde. Lorsqu’il s’agit de biens
de haute technologie, comme des avions militaires de pointe, cela
induit d’importants transferts de technologie.
Pour approfondir : Plusieurs pistes sont envisageables. L’exemple
de la France peut être creusé car des partenariats ont été noués
dans plusieurs secteurs : aéronautique (Dassault, Safran), automo-
bile (Renault), informatique (Cap Gemini), nucléaire, etc. Il est aussi
possible de partir des partenariats tissés par la diplomatie indienne,
notamment grâce aux exemples donnés dans le texte 4.
Atelier RECHERCHE
L’Inde a mis en place une ample stratégie de développement numé-
rique. En amont, l’État investit largement dans la formation des
ingénieurs et des informaticiens, notamment via les instituts de
technologie. Cette main-d’œuvre vient renforcer les entreprises de
ces secteurs, qu’il s’agisse d’entreprises indiennes, ou de filiales de
multinationales qui ont délocalisé une partie de leurs activités. La
numérisation transforme non seulement les activités économiques
classiques, mais aussi l’accès à l’Internet et les services publics
(programme Digital India), l’éducation, et le fonctionnement des
villes (des exemples de smart cities peuvent être développés).
JALON 2
Les étudiants, instrument
du soft power indien P. 500-501
Activités
1. Dès son indépendance, en 1947, l’Inde développe un système
universitaire inspiré du MIT états-unien, jusque dans le nom des
instituts qu’elle crée (« IIT »). Depuis la fin de la Seconde Guerre,
les États-Unis sont la première puissance mondiale, ce qui explique
qu’ils servent de modèle. En même temps qu’elle développe l’ensei-
gnement supérieur sur son territoire, l’Inde tient à améliorer la
formation de ses étudiants en les envoyant dans les pays les plus
avancés, à commencer par les États-Unis. Là aussi, la proximité
linguistique est un atout précieux. De leur côté, les États-Unis
encouragent la venue de ces jeunes diplômés, d’une part en raison
de leur bon niveau de formation initiale, d’autre part pour nouer
de solides relations avec l’Inde.
86 Thème 6. L’enjeu de la connaissance
2. Les étudiants indiens se rendent principalement aux États-Unis
(plus de 130 000 en 2015), ainsi que dans d’autres pays développés
anglophones : Canada, Australie, Royaume-Uni et Nouvelle-Zélande.
Parmi les sept premiers pays d’accueil figurent aussi l’Allemagne,
puissance industrielle majeure, et la Chine, voisin de l’Inde et
« atelier du monde » dont les activités industrielles sont en pleine
croissance.
3. Pour l’économie indienne, le départ des étudiants à l’étranger
est à double tranchant. D’un côté, ces étudiants vont se former dans
les excellentes universités des pays les plus développés, où ils
peuvent acquérir des savoirs et des savoir-faire de haut niveau,
dont ils peuvent faire bénéficier leur pays d’origine par la suite. De
plus, ils peuvent plus facilement être embauchés par de grandes
entreprises étrangères, avec lesquelles l’Inde pourra plus facilement
traiter par la suite. D’un autre côté, l’Inde s’expose à une fuite des
cerveaux (brain drain) car rien n’assure que ces brillants étudiants
reviendront au pays.
4. En 2017, 45 000 étudiants étrangers sont venus étudier en Inde.
Ramené au total des étudiants de ce géant démographique, ce
chiffre n’est guère important (0,1%). En revanche, il permet à l’Inde
d’être un réel pôle d’attractivité pour certains grands États du Sud,
comme le Nigeria, l’Iran ou la Malaisie, ainsi que pour ses voisins :
Afghanistan, Népal, Bhoutan et Sri Lanka. Encore loin dans les
palmarès internationaux des universités, les grands IIT indiens
veulent accroître la venue d’étudiants et de professeurs étrangers
pour gagner en prestige et en visibilité.
L’enjeu géopolitique : La formation des étudiants n’est pas seulement
un enjeu socio-économique : les échanges, aussi bien d’étudiants
indiens qui partent à l’étranger que d’étudiants étrangers qui viennent
en Inde, sont des leviers géopolitiques pour l’Inde. Si l’Inde a mis en
place dès son accession à l’indépendance un système universitaire
solide, ce dernier s’est largement inspiré des instituts états-uniens,
comme le MIT. De plus, ce sont au moins 280 000 étudiants qui
partent chaque année renforcer leur formation dans un autre pays,
avant tout des pays développés anglophones. Par la suite, ils peuvent
revenir en Inde pour faire bénéficier leur pays d’origine de leurs
nouveaux savoirs. Ils peuvent également s’installer à l’étranger où ils
forment des diasporas bien organisées, susceptibles de peser dans
certaines négociations diplomatiques, comme ce fut le cas pour
l’accord nucléaire entre l’Inde et les États-Unis. Lorsqu’ils accèdent à
des responsabilités majeures, comme Sunder Pichai, le prestige
rejaillit sur l’Inde. Parallèlement, l’Inde accueille plusieurs dizaines
de milliers d’étudiants étrangers chaque année, dans ces instituts de
qualité. La formation de ces futurs ingénieurs et entrepreneurs n’est
pas anodine car elle permet à l’Inde de disposer d’un certain leader-
ship parmi les pays en développement.
Pour approfondir : Les pays anglo-saxons sont à privilégier : États-
Unis, Canada, Australie et Royaume-Uni. La proximité linguistique
est un atout évident qui suppose un rappel sur le passé colonial
indien. Le fonctionnement de ces diasporas permet de rappeler la
différence entre le modèle républicain français d’assimilation et le
modèle anglo-saxon du multiculturalisme (ou « communautarisme »,
sans la connotation négative que le terme a en France). Plusieurs
éléments peuvent être étudiés : la trajectoire de vie (arrivée des
étudiants, installation temporaire ou définitive, départ) ; la conser-
vation d’un mode de vie (langue, gastronomie, fêtes) ; la création
de quartiers ethniques ; les liens avec l’Inde (voyages, envoi de
fonds, partenariats entre entreprises).
 VERS LE BAC
Dans une économie de la connaissance où la valeur ajoutée des
prestations intellectuelles est de plus en plus importante, les États
cherchent à développer leur système productif en attirant les tech-
nologies de pointe et en renforçant la formation des étudiants. Ces
échanges interétatiques sont porteurs d’importants enjeux géopo-
litiques. Le développement des appareils productifs passe par
l’acquisition de technologies de pointe. À cette fin, les pays en
développement négocient des transferts de technologie lors des
contrats conclus avec les pays développés, souvent sous la forme
d’offsets. C’est par exemple ce qu’a négocié l’Inde lors de l’achat
des avions militaires « Rafale » à la France.
En outre, les États renforcent l’effort de formation de leurs étudiants
et de leurs chercheurs, notamment des ingénieurs. L’Inde a mis en
place un solide système universitaire depuis qu’elle a accédé à
l’indépendance, en 1947. Cette formation est complétée par l’envoi
d’étudiants en échange dans les universités des pays développés
anglophones. Dans le même temps, l’Inde accueille environ 45 000
étudiants venus principalement des grands pays en développement.
Ces échanges de technologie et d’étudiants jouent un rôle géopo-
litique. L’acquisition de technologie de pointe est nécessairement
complétée par des négociations diplomatiques. Lors de l’achat
d’avions Rafale, le ministre indien de la Défense en personne a
donné une conférence de presse. L’envoi d’étudiants indiens en
Occident a pour conséquence de créer de nouvelles diasporas, voire
de véritables lobbies, capables de peser lors de négociations géos-
tratégiques aussi importantes que sur l’accord nucléaire conclu avec
les États-Unis. Dans le même temps, la venue d’étudiants originaires
des grands pays en développement permet à l’Inde de conserver
le rôle prééminent qu’elle avait pendant la guerre froide, lorsqu’elle
était à la tête du mouvement des non-alignés.
Quiz interactif / Axe 2 P. 504
1. La CIA est :
a. une agence d’espionnage.
b. une agence de contre-espionnage.
c. les deux.
2. En 1953, les époux Rosenberg ont été :
a. tués durant une opération d’espionnage.
b. exécutés pour espionnage après un procès.
c. échangés sur le pont des espions.
3. En 1960, le pilote Gary Powers :
a. a été abattu au-dessus de l’Union soviétique.
b. a repéré des installations de missiles soviétiques à Cuba.
c. a été capturé puis échangé sur le pont des espions.
4. Les offsets sont une forme :
a. de pillage technologique.
b. de transfert de technologie.
c. aucun des deux.
5. Les étudiants indiens sont formés :
a. en Inde.
b. dans les pays développés anglophones.
c. dans d’autres pays en développement.
OBJET
CONCLUSIF
Le cyberespace : conflictualités
et coopération entre les acteurs
P. 508-509
Réponses
1. Les Anonymous défendent la liberté d’expression, notamment
sur Internet. Le cyberespace est en effet un lieu privilégié de diffu-
sion et de partage des connaissances : il suffit d’un accès à Internet
et d’un ordinateur pour pouvoir accéder à un grand nombre d’infor-
mations. Les blogs, les réseaux sociaux ou encore les wikis sont
autant d’espaces de co-production d’informations et de savoirs.
Cependant, il existe de nombreuses limites : fiabilité des informa-
tions et diffusion de fake news, contenus illicites comme la pédo-
pornographie, protection des droits d’auteur etc.
2. Le cyberespace est un espace de conflictualité : les États cherchent
à y affirmer leur puissance et sont exposés à des cyberattaques,
comme celle qui a touché l’Iran en 2010. Ils cherchent à renforcer
leur capacité de cyberdéfense, comme en témoigne l’existence de
puissants centres de cyberdéfense. L’Organisation du Traité de
l’Atlantique Nord a ainsi reconnu le cyberespace comme un domaine
d’opération à part entière.
3. Face aux cyberattaques, principales menaces qui pèsent sur le
cyberespace, les États peuvent apporter une réponse militaire grâce
à la création de commandement de cyberdéfense comme l’USCY-
BERCOM aux États-Unis. Les États interviennent également pour
réguler certaines pratiques dans le cyberespace : ils légifèrent pour
protéger les usagers, notamment les plus jeunes, ainsi que leurs
libertés fondamentales comme le droit de propriété.
OBJET CONCLUSIF CONTEXTE
Acteurs et enjeux du cyberespace P. 510-511
Réponses
1. Entre la fin des années 1990 et le début des années 2000, un
certain nombre d’événements concourent à l’émergence du cybe-
respace en tant que nouvelle dimension de la vie économique,
sociale, politique et culturelle : l’usage d’Internet se diffuse, comme
en témoigne par exemple la création de l’ICANN en 1998.
2. Le cyberespace repose sur un ensemble d’infrastructures qui
permettent l’interconnexion des ordinateurs : des câbles sous-
marins, qui reposent sur le fond des océans, des centres de données,
des routeurs etc. Le cyberespace a donc une dimension matérielle. 
3. Le cyberespace concerne de très nombreux acteurs, privés et
publics, et comporte des enjeux très divers, parfois contradictoires :
la liberté de circulation et de partage de l’information, mais aussi
la sécurité et l’accessibilité des réseaux. Des enjeux économiques,
géopolitiques et culturels sont ainsi au cœur du fonctionnement
du cyberespace.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 87
Le cyberespace entre réseaux
et territoires
JALON 1
Le cyberespace : un territoire
sans frontières ? P. 512-513
Activités
1. Le cyberespace décrit par John P. Barlow est caractérisé par le
principe de liberté (liberté d’accès et d’expression notamment). Il
est considéré comme un espace en rupture avec le monde contem-
porain et ses grands principes et représente pour Barlow le futur.
Cette vision correspond à l’utopie originelle du cyberespace parta-
gée par de nombreux internautes.
2. Le dessin représente de façon caricaturale des combattants issus
de différents pays entraînés par un Chinois à détruire des écrans
d’ordinateur. Il dénonce les limites de la liberté d’expression en
Chine, notamment dans le cyberespace, et la diffusion de pratiques
de censure dans d’autres pays. La censure touche en particulier les
contenus scientifiques comme l’indique le texte.
3. Le cyberespace échappe en partie au contrôle des États, c’est
d’ailleurs ce qui est revendiqué par les pionniers d’Internet comme
Barlow. Avec l’exemple de Daech, on comprend par exemple que
la capacité d’action de l’État est limitée face à un acteur qui tire
parti des ressources d’Internet telles que l’anonymat ou les indé-
terminations juridiques.
4. Les États peuvent toutefois exercer un certain contrôle du cybe-
respace : la Chine a ainsi choisi de développer un réseau national
limité par des frontières, parfois qualifiées de « grande muraille
numérique », au sein duquel s’opère une censure étroite. Sans aller
aussi loin, de nombreux États se dotent de moyens techniques,
humains et financiers pour assurer leur cybersécurité.
L’enjeu géopolitique : Le cyberespace échappe en partie à la
souveraineté des États : entreprises juridiquement basées à l’étran-
ger, sites hébergés par des plateformes étrangères, cryptage des
informations, anonymat des acteurs sont autant d’obstacles à la
régulation. Pour autant, le cyberespace n’est pas un monde sans
frontières, les États disposent d’outils juridiques et techniques pour
exercer un contrôle plus ou moins étroit sur le cyberespace.
Pour approfondir : Stuxnet est un virus informatique extrêmement
complexe découvert en 2010 et attribué aux États-Unis et à Israël
qui visait le programme nucléaire iranien. Cet acte de sabotage
industriel marque un tournant dans la géopolitique mondiale du
cyberespace : visant une infrastructure stratégique, il est considéré
comme un acte de cyberguerre.
Atelier DÉBAT
Pour construire l’argumentation, on peut s’intéresser à différents
enjeux :
– L’influence des réseaux sociaux sur la société : quel pouvoir ?
quelle audience ? quels usages, notamment en politique ?
– Les informations diffusées et partagées sur les réseaux sociaux
– La question en particulier des fake news et a question des ingé-
rences étrangères  coproduction. Forums, bases de données partagées ou encore
88 Thème 6. L’enjeu de la connaissance
JALON 1
Le cyberespace :
vaste réseau de données P. 514-515
Activités
1. Le logo est une sphère sur laquelle figurent des lettres de diffé-
rents alphabets qui représentent le caractère mondial et universel
de l’encyclopédie. Les pièces de puzzle illustrent la co-construction
des connaissances, et donc l’idéal d’intelligence collective. Le puzzle
est incomplet, ce qui montre le caractère inachevé de cette construc-
tion.
2. Les géants de l’Internet, souvent désignés par le sigle GAFAM,
ont connu une croissance soutenue et rapide, en lien avec l’aug-
mentation très forte des usagers d’Internet (le nombre a été mul-
tiplié par 8 depuis le début du xxie siècle). Leur poids dans la société
et l’économie est de plus en plus marquant (doc 4).
3. L’expression « servitude volontaire » fait référence au célèbre
discours d’E. de la Boétie qui y dénonçait le fait que le pouvoir des
tyrans dépend de l’acceptation de ce pouvoir par ceux qui y sont
subordonnés. Les signataires de la tribune appellent ainsi à refuser
la mainmise des entreprises d’Internet sur les données personnelles.
La référence à Proudhon permet d’insister sur l’idée de propriété.
4. La domination des géants de l’Internet peut être atténuée par
l’action des États, qui peuvent légiférer comme c’est le cas aux
États-Unis avec le Dashboard Act. Les médias, et les individus jouent
également un rôle de prise de conscience de cette domination. Le
développement d’autres modèles de production de contenus, comme
les wikis, permet aussi de réduire leur influence dans le cyberespace.
L’enjeu politique : Les données personnelles sont considérées par
les entreprises d’Internet comme un bien qu’elles peuvent exploiter :
ce sont en effet des informations qui sont valorisées à des fins
commerciales (marketing ciblé notamment). Dans la mesure où ces
données touchent à l’identité de chacun, de nombreux États ont
mis en place des dispositifs juridiques pour les protéger. Certaines
personnes revendiquent une rétribution pour la mise à disposition
de leurs données.
Pour approfondir : Le sujet principal du podcast est le droit inter-
national du cyberespace, avec comme enjeu la question de l’appli-
cabilité ou non du droit international existant. Plusieurs difficultés
sont soulignées : d’une part, le problème de la dimension territoriale.
D’autre part, la capacité d’un programme informatique à se trans-
former en arme, donc la difficulté à définir précisément ce qu’est
une cyberarme pour pouvoir légiférer en la matière.
VERS LE BAC
Le cyberespace est un espace privilégié de mise en œuvre de l’intel-
ligence collective. Théorisée notamment par le penseur P. Lévy, on
peut définir l’intelligence collective comme la capacité intellectuelle
issue de la mise en commun des idées, des savoirs et des raison-
nements au sein d’une communauté et des interactions entre les
membres de ce groupe. En effet, Internet rend possible la circulation
d’informations à une vitesse inégalée entre une multitude d’indi-
vidus à travers le monde. Il favorise donc de multiples pratiques de
réseaux sociaux peuvent également constituer des lieux privilégiés
de l’intelligence collective dans le cyberespace.
La cyberdéfense française  JALON 2
entre coopération et souveraineté
JALON 2
Coopérer pour défendre
le cyberespace ? P. 516-517
Activités
1. Le document 1 évoque des cyberattaques ciblant une entreprise
européenne, Airbus, via ses sous-traitants, afin de voler des données
stratégiques. Le doc 2 montre que des personnalités politiques
européennes ont été mis sur écoute. Le doc 3 traite de l’exposition
d’enfants à la pédopornographie sur Internet.
2. La sécurité est particulièrement difficile à assurer dans le cybe-
respace en raison de l’anonymat dont peuvent bénéficier les usagers,
mais aussi parce que les sites peuvent être hébergés par des pla-
teformes étrangères. Or, tous les États ne sont pas prêts à coopérer
en matière de cybersécurité.
3. L’UE peut apporter une réponse législative, comme en témoigne
le document 2 qui est un extrait d’une directive européenne. L’UE
a également créé une agence dédiée à la cybersécurité, l’ENISA
(doc 4) qui organise des exercices de cybersécurité. Elle a aussi un
rôle de conseil auprès des États pour élaborer des stratégies natio-
nales de cybersécurité. Son rôle est néanmoins limité car elle n’a
pas de pouvoir contraignant, même si les choses évoluent en 2019
(doc 6).
L’enjeu géopolitique : Les menaces qui affectent le cyberespace
dépassent les frontières des États. Ainsi, il peut sembler nécessaire
d’établir un système de régulation à une échelle transnationale pour
mutualiser les moyens de lutte contre les cybermenaces. Si l’échelle
européenne semble pertinente car l’Union européenne bénéficie
d’un cadre institutionnel, les menaces ne s’arrêtent pas plus aux
portes de l’Europe qu’à celle des États. En tout état de cause, la
plupart des États font de la protection du cyberespace un enjeu
national de souveraineté.
Pour approfondir : Pour organiser les recherches (et la fiche), il peut
sembler utile de commencer par faire un rapide portrait de Snowden,
puis de retracer les grandes étapes de « l’affaire » avant d’identifier
les principales conséquences et la portée de l’affaire.
Atelier DÉBAT
Pour pouvoir élaborer des arguments, on peut décomposer le
questionnement ainsi :
– Pourquoi la sécurité est-elle considérée comme un enjeu majeur
de souveraineté ? Quels sont les enjeux exposés ?
– L’échelle des États est-elle efficace pour lutter contre les cyber-
menaces ?
– Quelles sont les conséquences sur le cyberespace d’un contrôle
étatique renforcé ? Que nous enseignent en particulier les cas de
la Chine et de la Russie ?
Défendre le cyberespace,
un enjeu national P. 518-519
Activités
1. Le Comcyber est chargé d’assurer la protection des réseaux du
ministère des Armées. Il conduit les opérations militaires de cyber-
défense et assure le développement de la réserve citoyenne de
cyberdéfense
2. Alors que le ministère des Armées est en charge de la cyberdé-
fense, et a donc un rôle militaire, le ministère de l’Intérieur est
chargé de lutter contre les différentes formes de cybercriminalité
qui visent tous les acteurs du pays.
3. L’année 2019 constitue un tournant en matière de cyberdéfense :
en effet, dans son discours, la ministre des Armées annonce que
face à l’augmentation des menaces (multiplication des cyberat-
taques) le pays est prêt à passer à la cyberoffensive et à utiliser
l’arme cyber. C’est une rupture car la France considérait auparavant
l’arme cyber comme une arme à limiter.
4. Sur l’affiche on aperçoit à l’arrière-plan un écran sur lequel se
superposent le portrait du personnage principal de la série et des
lignes de code. Sur la gauche, un personnage se distingue des autres
par ses vêtements (chemise à carreaux ouverte, baskets) et l’ordi-
nateur qu’il tient dans ses mains : ces caractéristiques l’apparentent
à un jeune informaticien, voire à un hacker. La série le Bureau des
Légendes, qui met en scène des affaires d’espionnage au sein de
la DGSE, consacre ainsi une place majeure au cyberespace. Elle
contribue à la cyberpuissance de la France par l’image qu’elle donne
de la performance de ses services de sécurité informatique et de
surveillance.
5. Dans son discours (doc 5), la ministre des armées insiste sur le
caractère collectif de la lutte pour la sécurité du cyberespace. Or,
le document 6 évoque le rôle crucial des entreprises dans ce
domaine. En effet, elles sont des acteurs majeurs du cyberespace
et les autorités doivent s’appuyer sur ces entreprises pour assurer
pleinement la cybersécurité.
L’enjeu géopolitique : La France est une cyberpuissance grâce à
son hardpower : elle dispose d’un commandement cyber placé sous
l’autorité de l’état-major des armées, fort de près de 3500 cyber-
combattants. Elle est également dotée d’une doctrine de cyberof-
fensive depuis 2019. On peut aussi considérer qu’elle dispose d’un
certain softpower en matière de cyberguerre grâce à des fictions
comme la série Le Bureau des Légendes qui rencontre un succès à
l’étranger. Néanmoins, la capacité d’action de la France est limitée
par rapport aux grandes cyberpuissances que sont les États-Unis,
la Russie ou la Chine.
Pour approfondir : Le texte débute par l’affirmation de l’importance
prise par le cyberespace dans la société et l’enjeu que représente
sa protection. Il affirme que le droit international doit s’appliquer
dans le cyberespace afin de garantir la paix et la sécurité. Il insiste
ensuite sur l’importance de la coopération transnationale pour la
lutte contre la cybercriminalité et de la collaboration entre pouvoirs
publics, acteurs privés et société civile. Le texte se termine avec
une énumération d’objectifs plus précis.
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 89
 VERS LE BAC Pour approfondir : L’article évoque la conférence NetMundial qui
s’est déroulée en 2014 à Sao Paulo et dont les conclusions sont
La France cherche à s’affirmer comme une cyberpuissance. Sur le
contestées par la Russie qui considère qu’elles confortent la supré-
plan militaire, le Comcyber a été créé en 2017 : cette unité opéra-
matie des États-Unis dans le cyberespace. L’article pointe ensuite
tionnelle de 3400 combattants est en charge de la défense des
les inégalités d’accès à Internet sur le territoire russe. Enfin, c’est
systèmes d’information du ministère des Armées ainsi que de la
l’affirmation d’une puissance régionale qui est mise en évidence.
conduite des opérations militaires de cyberdéfense. De plus, depuis
2019, le pays s’est doté d’une doctrine cyberoffensive et utilise Atelier ESPRIT CRITIQUE
l’arme cyber. La France est donc une cyberpuissance forte de son
Pour construire une argumentation, on peut décomposer le ques-
hardpower. L’ANSSI, créée en 2009, et le ministère de l’Intérieur
tionnement de la façon suivante :
assurent plus généralement la sécurité des systèmes d’information
– Quels sont les arguments des autorités russes en faveur de la
et la lutte contre la cybercriminalité dans le pays. Par ailleurs, la
souveraineté numérique ?
fiction contribue à diffuser l’image de la cyberpuissance française
– Quels sont les problèmes que pose cette politique pour la popu-
à l’étranger : une série comme le Bureau des Légendes est un ins-
lation russe ? pour les pays voisins ? pour le reste du monde ?
trument majeur de softpower. Enfin, la France cherche à affirmer sa
– Qui critique cette politique et quels sont les arguments ?
place de puissance dans la cyberdiplomatie mondiale, comme en
témoigne l’Appel de Paris pour la confiance et la cybersécurité du
Quiz interactif / Objet conclusif P. 524
président Macron en novembre 2018.
1. Le cyberespace est un espace totalement virtuel ?
a. Vrai.
OBJET CONCLUSIF FOCUS b. Faux. Le cyberespace a aussi une dimension matérielle, notam-
La Russie : ment en raison des infrastructures physiques nécessaires pour son
développement.
vers un cyberespace national P. 520-521
2. L’ICANN est :
Activités a. Une organisation des Nations Unies qui agit pour la coopération
dans le cyberespace.
1. La Russie cherche à affirmer sa souveraineté sur le cyberespace.
b. Une entreprise américaine chargée d’assurer la sécurité des
Cela passe notamment par la maîtrise des infrastructures : ainsi,
réseaux.
les Russes sont capables d’isoler leur réseau du reste du monde.
c. Une organisation internationale qui gère le système d’attri-
Cela se traduit également par le développement de ses propres
bution des adresses Internet.
réseaux sociaux et moteurs de recherche, l’interdiction de certaines
3. Quel est le point commun entre John P. Barlow et le mouvement
pratiques ou encore une législation contraignante vis-à-vis des
des Anonymous ?
géants d’Internet.
a. Ils critiquent le manque de fiabilité des wikis.
2. La Russie cherche à s’affirmer comme une cyberpuissance à
b. Ils défendent la liberté d’expression sur Internet.
l’échelle du monde et à exercer une influence sur les pays qui
c. Ils luttent contre le commerce des données personnelles.
l’entourent, en particulier les anciennes républiques soviétiques
4. Le Comcyber est :
désignées par le concept « d’étranger proche ».
a. Une institution dépendant du ministère de l’Intérieur en charge
3. Les manifestants protestent contre la volonté de la Russie d’iso-
de la lettre contre la cybercriminalité.
ler le cyberespace russe du reste du monde. Ils défendent la vision
b. Une unité opérationnelle en charge de la sécurité des systèmes
d’un Internet ouvert, libre et transnational.
d’information du ministère des Armées.
L’enjeu géopolitique : Le cyberespace est au cœur des ambitions
c. Une agence européenne en charge de la coordination des poli-
géopolitiques de la Russie. Le Runet, qui désigne l’ensemble des
tiques de sécurité à l’échelle européenne.
sites visités par les populations russophones, est ainsi un puissant
5. Le Runet est un levier d’influence de la Russie dans l’espace post-
outil d’influence sur les pays voisins. Au softpower, permis par la
soviétique ?
diffusion des géants russes du numérique (Yandex), s’ajoutent les
a. Vrai.
cyberattaques, comme celle de 2007 contre l’Estonie et attribuée
b. Faux.
à la Russie. Le cyberespace est également au service de l’affirmation
de la puissance russe.

90 Thème 6. L’enjeu de la connaissance

BIBLIOGRAPHIE – SITOGRAPHIE
Introduction
Dans cet ouvrage pluridisciplinaire, l’auteur éclaire la notion de « savoir »
et de « société de la connaissance » :
– N. Adell-Gombert, Anthropologie des savoirs, Armand Colin, « U », 2011.
Cet ouvrage interroge les tensions entre science et société : quelle place
doivent prendre les scientifiques dans le débat public ? :
– J.-M. Berthelot, « Chapitre 9. L’emprise de la science : sommes-nous
dans une société de la connaissance ? dans une société du risque ? »,
in : L’emprise du vrai. Connaissance scientifique et modernité, sous la direction
de J.-M. Berthelot, Paris cedex 14, Presses Universitaires de France,
« Sociologie d’aujourd’hui », 2008, p. 165– 182.
Cet article permet de donner un éclairage historique très enrichissant pour
comprendre les notions de « société de la connaissance », et d’« économie
de la connaissance » :
– J.-P. Alix, « Société de la connaissance : réforme ou révolution ? »,
Natures Sciences Sociétés, 2011/3 (Vol. 19), pp. 277-281.
Une interrogation sur l’imaginaire d’Internet : la possibilité d’un modèle
plus horizontal, plus participatif, d’interactions inédites stimulantes entre
des individus séparés jusque-là par des contraintes spatiales :
– P. Flichy, « Internet ou la communauté scientifique idéale », in : Réseaux,
vol. 17, n° 97, Internet, un nouveau mode de communication ? 1999, pp. 77-120.
Axe 1
Pour connaître l’histoire de l’éducation des jeunes filles en France
et leur alphabétisation au xixe siècle :
– F. Mayeur, L’éducation des filles en France, Paris, Perrin, coll. Tempus, 2008.
– J. Quéniart, Les Français et l’écrit, xiiie-xixe siècle, Paris, Hachette éducation,
coll. Carré Histoire, 1998.
Pour l’histoire de l’alphabétisation dans les colonies françaises :
– P. Barthélémy, Africaines et diplômées à l’époque coloniale (1918-1957),
Rennes, PUR, 2010.
Sur Marie Curie :
– M.-N. Himbert, Marie Curie, portrait d’une femme engagée, 1914-1918, Paris,
Actes Sud éditions, 2014.
Sur l’histoire de la bombe atomique :
– S. Cohen, La bombe atomique : la stratégie de l’épouvante, Gallimard, 1995.
Pour étudier l’enjeu de l’arme atomique dans les relations internationales
depuis 1945 et la dissuasion nucléaire :
– P. Boniface, Le monde nucléaire, arme nucléaire et relations internationales
depuis 1945, Odile Jacob, 2006.
Axe 2
Des ouvrages de référence sur l’espionnage pendant la guerre froide :
– J.-P. Allem, L’Espionnage et le Contre-espionnage, PUF, « Que sais-je ? », 1980.
– C. Andrew et V. Mitrokhine, Le KGB contre l’Ouest. 1917-1991, Fayard, 2000.
– C. Henkine, L’Espionnage soviétique : le cas Rudolph Abel, Fayard, Paris, 1981.
L’autobiographie de l’un des plus célèbres espions de la guerre froide :
– K. Philby, Ma guerre silencieuse, Éditions Robert Laffont, 1968.
Une approche historiographique de la question :
– G. Le Voguer, « Le renseignement soviétique aux États-Unis : vérité des archives
et vérités historiques », Revue française d’études américaines, n° 133, 2012.
Des ouvrages de référence sur l’appareil productif indien :
– J.-J. Boillot, L’économie de l’Inde, La Découverte, 2016.
– V. Caupin et S. Pamies-Sumner, Les défis de la politique économique indienne,
Macrodev n° 16, septembre 2014.
Deux ouvrages anciens mais toujours utiles pour appréhender la notion
de transfert de technologie :
– R.F Bizec, Les transferts de technologie, Presses Universitaires de France, 1981.
– A. Boutat, Les transferts internationaux de technologie. Presses universitaires
de Lyon, 1991.
Des références utiles sur la diplomatie indienne :
– C. Jaffrelot, « L’Inde en quête de puissance… mais quelle puissance et à
quelle fin ? », Ceriscope Puissance, 2013.
– P. Humbert, « La diplomatie de l’Inde de Narendra Modi », Fondation Jean
Jaurès, 2018.
Objet conclusif
F. Douzet : pionnière de la recherche française sur le cyberespace et ses
enjeux géopolitiques, professeure à l’Institut français de géopolitique
(Paris 8) et directrice d’un centre de recherche dédié aux enjeux géopoli-
tique du numérique (GEODE), elle a notamment dirigé avec B. Giblin en
2013 un ouvrage consacré aux frontières :
– Des frontières indépassables ? : Des frontières d’État aux frontières urbaines,
Armand Colin, 2013).
Alix Desforges : chercheuse au centre de recherche GEODE, elle a soutenu
en 2018 une thèse consacrée à aux enjeux géopolitiques du cyberespace : 
– « L’approche géopolitique du cyberespace : les enjeux pour la défense et la
sécurité nationale, l’exemple de la France ».
Kévin Limonier : chercheur à l’Institut française de géopolitique, spécialiste
de la Russie, il a publié en 2018 :
– Ru.net : géopolitique du cyberespace russophone (édition L’Inventaire).
Sites utiles
Pour les données et actions sur l’alphabétisation et l’éducation des femmes
dans le monde.
https://fr.unesco.org/
https://www.unicef.fr/
Pour connaître l’histoire de la radioactivité et l’histoire de la famille Curie.
https://musee.curie.fr/
Pour l’histoire de la radioactivité, ses applications et ses enjeux.
http://www.cea.fr/
Un reportage photo du Figaro sur les lieux emblématiques de l’espionnage
en Allemagne.
https://www.lefigaro.fr/voyages/
cinq-lieux-d-espionnage-a-visiter-le-temps-d-un-sejour-a-berlin-20191115
Le site Institute of International Education comporte de nombreuses
références sur les étudiants dans le monde.
https://www.iie.org/
La fiche du pays (Inde) sur le site institutionnel du Quai d’Orsay.
https://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/inde/presentation-de-l-inde/
Le site institutionnel du programme Digital India.
https://www.digitalindia.gov.in/
Le site de la Chaire Casex de cyberstratégie : même si le site n’est plus
alimenté, il contient des articles, des cartes et des vidéos mis en ligne par
une équipe de chercheurs spécialisés dans la géopolitique du cyberespace.
https://www.google.com/search?client=safari&rls=en&q=Chaire+de+cyberstra
tégie+Castex&ie=UTF-8&oe=UTF-8
La revue des médias (INA) : De nombreux articles relatifs à internet
au cyberespace.
https://larevuedesmedias.ina.fr
Cet article permet de saisir à la fois les principaux éléments biographiques
de Peter Drucker,
https://www.lesechos.fr/2016/08/
peter-drucker-le-pape-du-management-1112170
« Les salons littéraires au xviiie siècle », Gallica ébauche de manière
synthétique les grandes caractéristiques des salons littéraires du siècle des
Lumières.
https://gallica.bnf.fr/essentiels/repere/salons-litteraires-xviiie-siecle
« La nouvelle production de la connaissance », entretien publié sur la chaîne
de l’Acfas le 16 avril 2015. L’historien et sociologue des sciences Camille
Limoges s’interroge sur la production et la circulation de la connaissance,
qu’elle soit universitaire ou issue des citoyens non-spécialistes.
https://www.youtube.com/watch?v=3rEt3cE8mXI
Ce site est une publication en ligne de données dirigée par l’université
d’Oxford. Il présente de précieuses données, sans cesse réactualisées, ainsi
que des cartes et des graphiques qui constituent d’excellents supports
pédagogiques interactifs.
https://ourworldindata.org/global-education
Histoire-géographie Géopolitique Sciences politiques Tle – Belin 91
NOTES
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NOTES
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NOTES
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 HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
GÉOPOLITIQUE
ENSEIGNEMENT
DE SPÉCIALITÉ

SCIENCES POLITIQUES
PREMIÈRE TERMINALE
HISTOIRE-GÉOGRAPHIE HISTOIRE-GÉOGRAPHIE
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SCIENCES POLITIQUES 1re

DE SPÉCIALITÉ programme

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Sur le manuel numérique MAX, vous trouverez des évaluations pour chaque
thème de 1re et bientôt de Terminale, rédigées par des enseignants de l’association
Les Clionautes.
Les Clionautes sont un mouvement national de professeurs d’Histoire et de Géographie.
Association agréée par le ministère de l’Éducation nationale, les Clionautes proposent, sur une base
collaborative, un soutien professionnel aux enseignants (recensions d’ouvrages universitaires, séquences
pédagogiques, préparation aux concours enseignants, etc.) depuis le site www.clionautes.org.
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