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HISTOIRE GÉOGRAPHIE,
GÉOPOLITIQUE,
SCIENCES POLITIQUES
LES FONDAMENTAUX
Nicolas Davieau
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PRÉAMBULE5
GLOSSAIRE103
Chronologie
Géoconfluences, 2020.
Toutes ces marines sont aujourd’hui confrontées à la diversification des enjeux maritimes et des missions qui
leur sont confiées, parmi lesquelles figurent la lutte contre les menaces non-conventionnelles (terrorisme,
piraterie), les opérations humanitaires ou l’évacuation de leurs ressortissants dans les pays en crise. La
lutte contre la piraterie souligne bien les enjeux de puissance associés à cette nouvelle facette des missions
navales : au-delà de la nécessité d’assurer les routes maritimes, artères de la mondialisation, il s’agit
aussi, pour les États contemporains, de démontrer leur puissance navale et leur capacité à se projeter sur
les océans. Dès lors, l’implication des grandes puissances maritimes dans ces opérations internationales
se déroulant à proximité d’eaux territoriales déjà sources de tensions (Golfe d’Ormuz, Océan Indien) ne
peut qu’entrer en conflit avec l’affirmation géopolitique des États bordiers – au premier rang desquels
figurent les puissances émergentes du XXIe siècle.
Née dans le contexte de la guerre froide, la station spatiale internationale (ISS) symbolise l’émergence
d’une logique de coopération internationale dans la recherche spatiale. En la matière, les stations Saliout
et Mir ont constitué d’importants précédents historiques. Dès le milieu des années 1980, les soviétiques
ont ainsi convié des membres d’autres agences spatiales, notamment des Européens, à séjourner au sein
de ces stations qui consacraient alors un savoir-faire qu’ils étaient seuls à maîtriser. Dans les années 1980,
les États-Unis ont imité cette ouverture internationale, poussés d’ailleurs par une même logique financière
(mutualiser les coûts) : c’est dans cette perspective que le projet de station « Freedom » est devenu celui
de l’ISS, associant d’abord l’ESA, JAXA et le CSA à la NASA, avant que RKA/Roscosmos y soit invité en
1993. L’acte de naissance de l’ISS (accord de 1998), met en place les règles de la coopération internationale,
tout en héritant des logiques de pouvoir de la guerre froide : elle consacre la suprématie américaine et la
supériorité russe, reléguant les autres puissances à des places subalternes.
L’avenir de l’ISS
La mise en place et l’approvisionnement du « Meccano » de l’espace reflète également la hiérarchie des
puissances spatiales, et la dépendance du projet aux États-Unis qui en sont les principaux propriétaires.
Une forme de coopération internationale émerge : dominée par la première puissance mondiale, elle n’en
favorise pas moins l’essor d’une recherche scientifique placée sous les auspices de la coexistence et de
la collaboration de chercheurs nationaux au sein de laboratoires en orbite. L’intérêt de cette recherche
scientifique est toutefois âprement contesté, étant donné le coût faramineux qu’elle impose aux budgets
Les décisions de la CNUDM n’entrent toutefois en application qu’en 1994, même s’il faut attendre encore
plusieurs années pour que les grands pays industrialisés la ratifient (France, 1996) – certains ne l’ayant
toujours pas fait (États-Unis, Israël, Pérou, entre autres).
La territorialisation des espaces maritimes ne va pas sans susciter des tensions, sinon des conflits, entre
les États bordiers, mais la logique de coopération dans le partage des océans s’accentue du fait de la mise
en place progressive d’institutions internationales. C’est notamment le rôle du Tribunal International du
Droit de la Mer (TDIM), qui doit trancher les différends frontaliers entre États, mais aussi de la Commission
des Limites du Plateau Continental (CLPC) qui donne son avis sur le partage des espaces maritimes au-delà
des ZEE : deux organismes dont le fonctionnement permet sans doute d’éviter des conflits militaires.
Cette « zone » a
été découverte par
l’océanographe et skipper
américain Charles J. Moore
en 1997. Les courants du
Pacifique créent un effet
circulaire qui attire les débris
d’Amérique du nord, d’Asie
et des îles hawaïennes,
et les agglomèrent. Situé
dans le gyre subtropical du
Pacifique nord, ce vortex de
plastique représente plus
de 100 millions de tonnes
de déchets, une « soupe de
plastique » profonde de dix
mètres et qui s’étend sur une
superficie de 1, 76 M. de km².
La mise en place d’une régulation internationale pour favoriser leur protection ou leur exploitation durable,
reste pourtant encore incomplète, tant elle heurte des intérêts politiques et économiques multiples – et ce,
malgré la nécessité et l’urgence de préserver l’océan pour assurer le fonctionnement climatique de notre
planète.
Le retour de la puissance
dans le cadre du pacte
sino-soviétique dans les — Puissance géopolitique et militaire
années 1950. — Intégrité territoriale retrouvée
— Rôle géopolitique et militaire dans son environnement proche.
Quels aspects de la puissance
de la Chine retrouve-t-elle ?
L’espace n’est pas seulement source de soft power : il doit également contribuer au hard power en dotant
la Chine d’une capacité d’influence économique internationale, même si son poids dans le domaine de
l’espace commercial reste encore limité. Quant aux implications maritimes des « Nouvelles routes de la
Soie », au croisement d’enjeux économiques et militaires mondiaux, elles consacrent l’importance régionale
croissante de la Chine dans l’Océan Indien, où est mise en place la diplomatie du « collier de perles », visant
à contrôler les routes maritimes tout en évitant le rival indien.
L’océan et l’espace ont pour point commun d’être encore largement inconnus, bien que leur perception
et leur maîtrise par les sociétés humaines se soient accélérées au XXe siècle. Importants pour leurs
ressources potentielles, ils constituent aussi des théâtres où les États peuvent affirmer leur puissance et
qu’ils peuvent s’approprier en fonction de leurs intérêts. Une volonté de conquête qui pourrait repousser
encore les limites de l’œkoumène (espace habitable sur la planète) : océans et espace sont bien les
nouvelles frontières de l’humanité au XXIe siècle.
Les acteurs
Xi Jinping (1953-…)
Cette typologie posée, on peut affiner la réflexion sur les conflits en tentant de faire une liste des causes
des guerres.
Nous avons, par un panorama des conflits actuels et un essai de typologie, exploré les formes de la
conflictualité. Cependant, la dimension historique permet d’avoir une vision plus fine de ces éléments.
Ainsi les jalons nous permettent-ils de passer ces réflexions au prisme d’exemples concrets longuement
étudiés pour mieux les comprendre.
« Winston Churchill a été l’un des premiers à qualifier la Guerre de Sept Ans de première guerre mondiale.
L’intensité des combats aux quatre coins de la planète confère déjà à ce conflit une place exceptionnelle
dans l’histoire des guerres de l’époque moderne. Ajoutons que le déclencheur des hostilités est un
Amérindien […]. Ajoutons enfin que, fait inédit dans l’Histoire, voici une guerre initialement localisée
en Amérique du Nord qui s’est ensuite étendue au reste du globe et qui a débouché en 1763 sur un
bouleversement géopolitique dont nous ressentons aujourd’hui encore les effets. Outre le choc que
constitue pour la France la perte de son premier Empire colonial, c’est de 1763 que datent les débuts de la
domination britannique, et, plus largement, de la civilisation anglo-saxonne sur le monde. C’est aussi avec
la Guerre de Sept Ans que commence l’ère des révolutions appelées à mettre un terme à l’ordre ancien.
En Europe, s’est réalisée une clarification de la hiérarchie des puissances qu’on aurait tort de sous-estimer.
C’est au sortir de la Guerre de Sept Ans que la place de la Prusse dans le concert des puissances s’est une
fois pour toutes affirmée. C’est aussi à partir de 1763 que la vie internationale commence à être dominée
par la pentarchie constituée de la France, la Grande-Bretagne, la Prusse, l’Autriche et la Russie, qui, en
1914, constitue toujours l’ossature des deux systèmes d’alliances antagonistes qui mèneront l’Europe au
cataclysme. Longtemps sous-estimée, la dimension politique de la Guerre de Sept Ans s’avère au moins
aussi importante que sa dimension militaire et que ses effets sur l’échiquier diplomatique. Considérée sous
l’angle des idées et des pratiques politiques, cette guerre se présente comme le tournant du XVIIIe siècle, et
même, à certains égards, comme le terme de l’époque moderne. Tandis que se met en place une nouvelle
donne internationale marquée par l’affirmation de la suprématie britannique et par la divergence des
intérêts géopolitiques du Vieux Continent, la guerre a produit des transformations qui, pour être moins
ostensibles, n’en sont pas moins capitales. […] La guerre a accéléré les mutations politiques et idéologiques
en germe depuis des décennies, précipitant l’effondrement des paradigmes qui régissaient la culture
politique des temps modernes. Poussée patriotique mettant en exergue l’idée d’une citoyenneté active,
tentation libérale d’un pouvoir absolu contraint aux réformes, républicanisme classique se transmutant en
radicalisme politique : en 1763, idéologiquement parlant, le monde est entré dans l’ère des révolutions. Et
c’est à cette même Amérique septentrionale, qui, au pays de la Belle-Rivière, a vu l’échange des premiers
coups de feu qui ont embrasé la planète, qu’est réservé le privilège d’ouvrir cette ère nouvelle. »
Edmond Dziembowski, La Guerre de Sept Ans. 1756-1763, Éditions Perrin, 2015, pp. 9-12.
Résumons la pensée d’Edmond Dziembowski qui voit en la guerre de Sept Ans une rupture majeure par un
tableau.
Ces guerres modernes ont trouvé un penseur dès le début du XIXe siècle en la personne de Carl von
Clausewitz, officier prussien. Son essai militaire De la guerre a inspiré de nombreux chefs de guerre au XXe
siècle. Sa thèse est que la guerre n’est qu’un moyen parmi d’autres de mener des politiques de puissance.
Mener et gagner les guerres ne sont pas une fin en soi mais bien un moyen des États. C’est donc au chef
de l’État de la conduire et non aux armées. Par ailleurs, Clausewitz démontre que la guerre ne pouvant
être qu’« absolue » doit donc rechercher l’anéantissement de l’adversaire. Les armées doivent déployer
la force physique, c’est-à-dire la violence. Pour obtenir des soldats non plus mercenaires, mais conscrits
et nationaux, la cause de la guerre doit être politique et partagée : on retrouve ici l’idée du soldat-citoyen.
Chronologie
Al-Qaïda Daech
Date de fondation du
1987 2006
mouvement terroriste
Abdullah Yusuf Azzam et son disciple
Fondateur Abou Bakr al-Baghdadi.
Oussama Ben Laden.
Guerre d’Irak en 2003 et guerre civile
syrienne de 2011 : désintégration de
Contexte de la Guerre d’Afghanistan et invasion du
l’Irak et de la Syrie qui permet à Daech
création pays en 1980 par l’URSS.
de prendre des territoires dans la
région.
Ces attentats ont donné lieu à trois interventions militaires dirigées par les États-Unis, très différentes
dans leur nature mais assez similaires dans leurs résultats à long terme comme le résume le tableau
suivant.
Chronologie
Acteurs de l’intervention
États-Unis, France, Royaume-
Coalition internationale de 34 États-Unis et quelques alliés
Uni, Danemark, Maroc, Arabie
pays dont le Royaume-Uni
Saoudite ou encore Jordanie
Dates de la guerre
2001-2011 2003-2014 2014-2019
Avis de l’ONU
Favorable Défavorable Favorable
Cause de l’intervention
Prétendues armes de destruction
Régime protégeant Ben Laden. Éliminer l’État islamique.
massive (mensonge américain).
Régime ou organisation renversés
Talibans Saddam Hussein État islamique (Daech)
Situation actuelle
-Implosion de la mosaïque cultu- -Fin du contrôle de Daech en Irak
Guerre du gouvernement contre relle et religieuse de l’Irak. et en Syrie.
les Talibans et l’État islamique. -Guerre du gouvernement chiite -Mais maintien de son idéologie
contre l’État islamique sunnite. dans le monde.
On le voit : les guerres engagées par des coalitions d’États puissants et menées par les États-Unis
(première puissance militaire au monde) en Afghanistan ou en Irak se sont d’abord soldées par des
échecs : la démocratie n’a pas pu être rétablie et les attaques terroristes demeurent très fréquentes. Si
l’État islamique a été vaincu, de nombreux mouvements islamistes ont fait allégeance à Daech dans des
territoires disséminés partout dans le monde. Par ailleurs, l’idéologie djihadiste de Daech demeure présente
et meurtrière, en témoignent les nombreux attentats commis par des combattants se revendiquant de ce
mouvement en 2020, notamment le kidnapping de 330 lycéens nigérians par le Groupe Boko Haram en
décembre 2020. Ils ont été finalement libérés.
Les acteurs
Très riche héritier saoudien, Oussama Ben Laden s’engage dans le djihad
contre les Soviétiques en Afghanistan dans les années 1980. Il crée
Al-Qaïda en 1987 et dirige dès lors son action, toujours menée au nom de
la guerre sainte, contre les États-Unis, coupables, à ses yeux, d’occuper les
lieux saints de l’islam (des troupes américaines sont en effet stationnées
en Arabie Saoudite depuis la Première Guerre du Golfe). Revenant en
Afghanistan en 1996, il s’appuie sur les Talibans. De son sanctuaire afghan,
il coordonne plusieurs attentats en 1998, au Yémen, en Tanzanie – avant
d’organiser les attentats du 11-Septembre. Il est finalement tué lors d’un
assaut des forces américaines au Pakistan en mai 2011, soit près de dix ans
après les attentats.
Jalon 1 : Faire la paix par les traités : les traités de Westphalie (1648).
Si la question de la paix est ancienne (que l’on songe par exemple aux comédies d’Aristophane évoquant cet
enjeu dans le cadre de la Guerre du Péloponnèse), elle demeure une préoccupation constante aujourd’hui
et fait l’objet d’une attention particulière de certains savants, qui ont créé le champ des peace studies
– études de la paix. En théorie des relations internationales, la paix n’est guère l’objet de réflexion des
tenants de l’école réaliste qui postulent que les relations internationales sont fondamentalement des
relations de compétition et de tensions, donc de guerre – directe ou non. En revanche, les tenants de
l’école libérale, voyant d’abord dans les relations internationales des formes de coopération, ont davantage
cherché à réfléchir aux conditions d’une paix durable. Dans cet axe, nous avons envisagé successivement
deux manières de faire la paix : par les traités d’abord, en prenant l’exemple des traités de Westphalie ;
par la sécurité collective ensuite, en développant l’exemple de l’action de l’ONU lorsque Kofi Annan était
Secrétaire général de l’ONU (de 1997 à 2006).
Rapport entre
Principe de Structure du
les grandes Type de paix Exemples historiques
fonctionnement système
puissances
Concentration de
1. Paix d’hégémonie -Pax romana (Ier-IIe s.
la force (struc-
(monocratique) après J.-C.)
ture unipolaire)
-Paix de Westphalie,
Force 2. Paix d’équilibre
Dispersion de la Compétition -Détente dans la guerre
(polycratique)
force (structure froide
multipolaire)
3. Paix de directoire -Europe de la Sainte-
Coopération
(oligarchique) Alliance (XIXe s.)
Dispersion des
fonctions (struc- 4. Paix de droit interna- -SDN
ture décentra- tional (confédérative) -ONU
lisée)
Loi
Concentration
des fonctions 5. Paix d’union politique
-Union européenne
(structure centra- (fédérative)
lisée)
D’après Bruno Arcidiacono, Cinq types de paix : une histoire des plans de pacification perpétuelle (XVIIe-XXe siècles), Paris (PUF), 2011.
Le traité de paix n’est pas une invention occidentale, ni une invention des Temps Modernes. Si l’on entend
par traité de paix, un contrat entre sujets de droit public – le plus souvent des États – qui annonce la fin
d’une guerre entre ces sujets et contient en général des clauses négociées donnant avantage à l’un ou
l’autre des parties, on peut considérer que les premiers traités de paix remontent au IIIe millénaire avant
J.-C. L’un des exemples les plus anciens est le traité de Qadesh, conclu entre l’Égypte de Ramsès II et le
royaume hittite d’Hattusili III en 1259 avant J.-C., qui a été conservé à la fois dans une version hittite et
dans une version égyptienne. À l’époque moderne, les traités de Westphalie mettent fin à un long conflit
européen entamé par les « Défenestrations de Prague » en 1618 et connu sous le nom de « guerre de
Les traités de Westphalie : une étape fondamentale dans la mise en œuvre d’un
système international fondé sur la souveraineté des États.
Leur unanimité est nécessaire pour adopter Leurs voix sont nécessaires pour adopter une résolution
une résolution (abstention possible). (4 si pas d’abstention des membres permanents).
Kofi Annan s’est alors appuyé sur un autre projet : un plan d’action pour lutter contre la pauvreté, développer
l’accès à l’éducation, combattre l’épidémie de sida… Cette impulsion est concrétisée par la mise en place
des Objectifs du Millénaire pour le Développement : il s’agit d’un plan approuvé par tous les pays du monde
et par les grandes institutions mondiales de développement, qui fixe huit objectifs principaux. Ainsi, sous
de multiples formes dont nous n’avons développé que quelques aspects (on aurait pu également évoquer
le développement de la lutte contre les organisations criminelles de type mafias ou encore les tentatives de
désarmement), l’ONU apparaît bien comme une institution qui cherche à maintenir la paix par la sécurité
collective.
Faire la paix par le développement : des OMD (2000-2015) aux ODD (2015-2030)
S’il est faux d’affirmer que l’ONU a pleinement réussi à faire valoir le principe de la sécurité collective et à
faire respecter le droit international, il est également injuste de ne relever que ses échecs. Certes, l’ONU
n’est pas la forme idéale du parlement des Nations et doit sans doute être réformée. Néanmoins, elle a
pu être un lieu de discussions, de négociations et d’investissement collectif en faveur d’une paix toujours
incomplète, toujours fragile et qui reste à construire au XXIe siècle.
Comme l’a résumé dans une formule un précédent Secrétaire général, Dag Hammarskjöld : « l’ONU n’a
pas créé le paradis, mais elle a évité l’enfer. »
Localisation des 13 opérations de maintien de la paix sous l’égide de l’ONU (en cours en
décembre 2020)
Sionisme Panarabisme
Figures
Jurji Zaydan, Nasser, parti Baas
éminentes Theodor Herzl, David Ben Gourion
Créer un État pour les Juifs (réponse à Réunir les Arabes dans une structure
Objectif
l’antisémitisme). politique (réaction à l’occidentalisation).
Le judaïsme est compris comme une
Le panarabisme est porté, notamment,
Rapport à la appartenance nationale ; le sionisme
par des minorités arabes chrétiennes et
religion se veut laïc et suscite l’opposition – au
place en retrait la religion musulmane.
départ – des autorités religieuses juives.
Valeur historique et religieuse : c’est la
Rapport à la patrie originelle. Mais Theodor Herzl Valeur historique : elle doit être incluse
Palestine envisage également d’autres territoires dans le projet panarabe.
(Argentine)
Pour rallier les Arabes dans la lutte
Le rôle des Déclaration Balfour (1917) : le Royaume-
contre l’empire Ottoman, Lawrence
Occidentaux (et Uni soutient l’établissement d’un « foyer
d’Arabie promet le soutien à la création
du Royaume-Uni) national juif » en Palestine.
d’un royaume arabe unifié.
En 1948, dès la naissance de l’État hébreu dans les frontières allouées par l’ONU, ses voisins lui font la
guerre – ouvrant ainsi le cycle de décennies de guerre entre pays arabes et Israël. La naissance d’Israël
et la question palestinienne ont donc suscité dès 1948 des conflits entre Israël et ses voisins. Mais les
Palestiniens s’estiment mal défendus par les puissances arabes et vont, au fil des décennies, s’organiser
entre eux pour porter leurs revendications. Elles portent en particulier sur la création d’un État palestinien,
CNED
La guerre est un phénomène complexe dont les formes ont pu évoluer au gré des circonstances, des
techniques militaires, des objectifs qui lui sont assignés. Le modèle des guerres régulières développées
au XVIIIe siècle s’est vu concurrencé par le modèle des guerres irrégulières – mais pas remplacées par
celles-ci.
Mémoire Histoire
Toutefois l’histoire et la mémoire entretiennent des liens multiples car toutes deux sont des rapports au
passé.
— Les mémoires sont des sources importantes de l’histoire, mais doivent être considérées avec
précaution et esprit critique. Le rôle des témoignages est très important pour construire l’histoire.
— La mémoire « est le plus beau matériau de l’histoire » selon la belle formule de Jacques Le Goff.
— L’histoire a souvent servi à alimenter la mémoire collective. En effet, connaître le passé permet de
nourrir voire de raviver les souvenirs personnels.
— Enfin, les mémoires sont un objet d’étude pour l’historien. Ainsi, les Lieux de mémoires, publiés
entre 1984 et 1992 sous la direction de l’historien Pierre Nora, s’intéressent à ce qui fait la mémoire de
la France (des monuments, des symboles comme la figure de Marianne, etc.).
Le terme de « crime contre l’humanité » relève l’extrême gravité des faits qu’il couvre. Ce n’est pas un
crime comme un autre. D’une part, il s’agit d’un crime particulièrement grave (meurtre, viol, ou torture).
D’autre part, ce crime est systématique, massif, dirigé contre une population civile. Sa particularité est
d’être imprescriptible : même bien des années plus tard, celui ou celle qui a commis ce type de crime
Pierre Vidal-Naquet re
Le déroulement de la guerre Non 1 génération
Mohamed Harbi
En 2006, des historiens des deux pays tentent de mener des recherches communes à travers un colloque
durant lequel ils posent les bases d’une recherche commune et apaisée. Ils posent comme prérequis la
nécessité de pouvoir se détacher de toute pression étatique d’un côté comme de l’autre. Cela montre que
les historiens se sont engagés vers une histoire dépassionnée. Mais Si les travaux des historiens permettent
d’aller vers « une histoire apaisée » (Raphaëlle Branche), on constate que les enjeux mémoriaux demeurent
très forts des deux côtés de la Méditerranée.
Il est pertinent d’engager une réflexion sur les mémoires de cette guerre (et donc pas sur la guerre d’Algérie
en elle-même), sur la démarche historique et sur la demande actuelle d’un « devoir de mémoire » qui est
bien différent d’un « devoir d’histoire ». En effet, la guerre d’Algérie est un laboratoire intéressant pour
étudier le rapport entre histoire et mémoire. On a vu que l’État pouvait influencer un « récit historique
officiel » en orientant les recherches, en les entravant ou en dissimulant les sources. La victimisation et la
concurrence des mémoires posent encore des enjeux identitaires importants, à l’heure où la République se
défie des communautarismes.
— À la différence du génocide des Juifs, l’extermination des Tutsis ne s’est pas concentrée sur de
grands sites de mise à mort : elle s’est déroulée sur l’ensemble du territoire rwandais, à la ville et à la
campagne, dans les maisons, au coin d’une rue, dans des endroits familiers. Les collines et les lieux de
culte concentrent même le plus grand nombre d’exactions (40 % des victimes), les églises n’offrant plus
d’abri efficace comme lors des précédents massacres.
— Les armes utilisées sont celles disponibles sur place : armes à feu, machettes, outils agricoles, etc.
Le viol est aussi utilisé comme « arme de guerre » : l’une des conséquences sera aussi la transmission
du sida.
Juger des millions de génocidaires : du tribunal pénal international aux gacaca locaux
La communauté internationale a réagi après le génocide en instituant un tribunal pénal. Le Tribunal
pénal international pour le Rwanda (TPIR) est une juridiction pénale internationale mise en place le 8
novembre 1994 par le Conseil de sécurité des Nations unies afin de juger les personnes responsables
d’actes de génocide et d’autres violations graves du droit international humanitaire commis sur le territoire
du Rwanda en 1994. Son but est de « contribuer au processus de réconciliation nationale au Rwanda et
au maintien de la paix dans la région ». Ses travaux se sont achevés le 31 décembre 2015. Les dossiers
du tribunal sont repris par le Mécanisme pour les Tribunaux pénaux internationaux. Son bilan est critiqué
pour son coût et son inefficacité. Des auteurs du génocide des Tutsis au Rwanda n’ont pas été poursuivis et
vivent tranquillement, notamment en France.
Pour traiter les génocidaires hutus extrémistes ayant perpétré le génocide des Tutsis au Rwanda, les
autorités de Kigali ont réactivé d’anciens dispositifs judiciaires. Ces tribunaux populaires nommés gacaca
ont permis de juger près de 2 millions d’accusés et d’en punir la moitié. Cela a évité la vengeance et
l’impunité car la justice nationale rwandaise (qui a également fonctionné) n’aurait pas pu juger l’ensemble
des coupables. Véritables laboratoires de justice, les gacaca ont assuré une justice de proximité pour punir
mais aussi pour tenter d’apaiser les tensions et d’obtenir le pardon. Jusqu’à leur fin en 2015, ces tribunaux
ont évité le déchaînement d’une vengeance systématique et l’impunité totale de nombreux génocidaires,
même si la sincérité du pardon et l’efficacité de la réconciliation restent discutables.
Bosnie-
Sarajevo Bosniaques, Serbes et Croates.
Herzégovine
Composé d’un territoire à majorité serbe et de deux provinces
Serbie Belgrade autonomes : le Kosovo à majorité albanaise et la Voïvodine qui compte
une forte minorité hongroise.
Titograd
Monténégrins en majorité avec des minorités serbes, bosniaques,
Monténégro (aujourd’hui
albanaises.
Podgorica)
La décomposition de la Yougoslavie :
— La Slovénie et la Macédoine deviennent indépendantes de manière pacifique en 1991.
— La Croatie proclame son indépendance en juin 1991 mais les Serbes de Croatie et la Serbie s’y
opposent. La guerre dure quatre ans, fait 20 000 morts, des centaines de milliers de déplacés et est
marquée par des atrocités.
— La Bosnie aussi connaît la guerre après avoir proclamé son indépendance en 1992. La guerre déchire
le territoire jusqu’aux accords de Dayton de 1995 sous l’égide américaine qui prévoient une partition du
pays en deux.
— Le Kosovo proclame son indépendance à la fin des années 1990, qu’il finit par obtenir.
— Le Monténégro devient indépendant en 2006.
– Violation de la Convention
de Genève. Des personnes physiques, surtout les
personnalités de haut rang accusées
– Violation du droit de la Faits commis sur le territoire
de porter une lourde responsabilité
guerre. de l’ancienne République de
dans les crimes. Obéir à un ordre ou en
Yougoslavie à partir de 1991.
– Crime contre l’humanité. donner ne soustrait pas la responsabi-
lité pénale.
– Génocide.
Bilan du TPIY
– Les principaux responsables de ces crimes contre – Le TPIY n’a pas permis de réelle récon-
l’humanité ont été condamnés à des peines d’emprison- ciliation.
nement à perpétuité comme Radovan Karadzic et Ratko
Mladic. En revanche Slobodan Milosevic est mort en – La TPIY n’a pas pu juger tous les crimi-
détention avant le verdict. nels, certains étant morts avant.
– Le TPIY a ouvert la voie à une justice internationale en – Le TPIY n’a pas jugé tous les crimes sur
transformant radicalement le droit international humani- tous les théâtres de la guerre de 1991 à
taire et en montrant que les hautes fonctions occupées 2001.
par un individu ne lui garantissaient plus l’impunité.
Même si le bilan du TPIY est imparfait, il faut retenir que c’est la première fois que l’ensemble de la
communauté internationale jugeait des hommes pour des crimes de guerre et contre l’humanité. Cette
grande première a permis de mettre fin à l’impunité des grands criminels.
-Antisémitisme européen.
-Longue histoire de persécution en
Marche vers le génocide -Lois visant les Juifs dans l’Alle- Europe.
magne nazie à partir de 1933.
Date du déclenchement
1941 1942
du génocide
-« Shoah par balle » sur le front Est. -« Shoah par balle » sur le front Est.
Déroulement du -Privations dans les ghettos. -Privations dans les ghettos.
génocide
-Déportation et mise à mort dans -Déportation et mise à mort dans des
des centres dédiés. centres dédiés.
220 000 morts (chiffre sûrement sous-
Bilan du génocide 6 millions de morts.
évalué).
-Shoah -Samudaripen
Nom donné au génocide
-Holocauste -Porajmos
Les lieux de mise à mort concernent les Juifs et les Tsiganes qui ont été visés par la même politique
raciale des nazis.
— 1961 : Procès d’Adolf Eichmann en Israël. Il entraîne une véritable prise de conscience de la
spécificité du génocide des Juifs.
— 1978 : La série Holocauste diffusée aux États-Unis est à la fois le reflet de cet intérêt mémoriel et
un accélérateur de la prise de conscience de la tragédie des Juifs.
— 1982 : L’Allemagne reconnaît le génocide des Tsiganes.
— 2001 : Ouverture à Auschwitz d’un pavillon permanent sur le génocide des Sinti et des Roms.
— 2011 : L’UE reconnaît le génocide des Tsiganes.
— 2015 : Journée commémorative du génocide des Tsiganes.
Témoignage Fiction
— 1471 : Le pape Sixte IV décide de présenter aux habitants de Rome des œuvres antiques considé-
rées comme un héritage prestigieux des Anciens.
— 1534 : Le pape Paul III met en place un contrôle strict sur les marbres antiques, en soumettant à
autorisation l’exportation des œuvres anciennes.
— XVIIe et XVIIIe siècles : développement des cabinets de curiosité et de la pratique du « Grand
Tour » qui voit les jeunes aristocrates européens sillonner l’Italie et la Grèce sur les traces du
passé antique.
— 1759 : Ouverture du British Museum.
— 1783 : Ouverture du musée de Vienne.
— 1785 : Ouverture du musée du Prado à Madrid.
— 1790, 4 octobre : Face au saccage d’édifices religieux et civils lors d’événements révolutionnaires,
pétition pour l’établissement d’un inventaire des « Monuments précieux de notre histoire ».
— 1795 : Création du Musée des monuments français.
— 1830 : Création de l’Inspection générale des monuments historiques.
— 1801 : Un firman (acte officiel ottoman) autorise les fouilles britanniques sur l’Acropole d’Athènes en
partie en ruine.
— 1802 : Lord Elgin, ambassadeur britannique en Turquie, fait transporter des marbres de l’Acropole à
Londres.
— 1816 : Le Royaume-Uni achète les marbres à Elgin pour le British Museum.
— 1834 : Le roi de Grèce, récemment indépendante, Othon Ier, cherche à racheter les marbres.
— 1981 : Melina Mercouri, ministre de la Culture grecque, combat pour le retour des marbres en Grèce.
— 2014 : Médiation de l’Unesco dans le différend entre la Grèce et le Royaume-Uni.
— 2015 : La Grèce renonce à toute action judiciaire contre le Royaume-Uni, préférant la voie diplomatique.
— 2017 : L’Union européenne rejette la demande grecque de restitution.
— 1964 : André Malraux, ministre de la Culture, fait du Marais le premier « secteur sauvegardé » régi
par un Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV).
— 1991 : Inscription des rives de la Seine au patrimoine mondial de l’Unesco.
— 1996 : Approbation du règlement du PSMV du Marais.
— 2010 : Loi sur « le Grand Paris ».
— 2019 : Loi pour la restauration et la conservation de Notre-Dame de Paris, instituant une souscrip-
tion nationale.
Si la destruction du patrimoine est interdite depuis les années 1950 par des conventions internationales,
elle prend une nouvelle dimension avec les événements de 2012 au Mali. Elle est dorénavant considérée
comme un « crime de guerre » et ses auteurs comparaissent devant la Cour pénale internationale qui siège
à La Haye.
— 1966 : Acqua alta, Venise est totalement inondée, avec des dégradations importantes du centre
historique.
— 1973 : Loi italienne faisant de Venise un « intérêt national prioritaire ».
— 1983 : Constitution du Consortium Venezia Nuova, visant à élaborer une protection du la ville contre
les hautes eaux.
— 1987 : Venise et sa lagune sont inscrites au patrimoine de l’Unesco.
— 1994 : Plan pour la sauvegarde de la cité historique et de plusieurs îles.
— 2001 : Adoption du projet MOSE, ensemble de barrages mobiles destinés à endiguer les grandes
marées dans la lagune de Venise.
— 2003 : Lancement de la construction du système MOSE.
— 2019 : Acqua alta, Venise est inondée à 80%.
— 2020 : Première mise en œuvre réussie du système MOSE lors de l’acqua alta.
Valorisation et
protection du Patrimoine parisien Patrimoine malien Patrimoine vénitien
patrimoine
Bilan
Cette extension progressive de la notion de patrimoine en France favorise la muséification des centres
urbains et en particulier des centres-villes, tout comme elle a tendance à faire de tout un objet de patrimoine.
Cela peut faire perdre de leur valeur aux objets du patrimoine par un excès de patrimonialisation.
— 1790 : Création des Archives nationales qui centralisent et protègent les documents de l’État.
— 1830 : Guizot crée l’Inspection générale des Monuments historiques.
— 1959 : Création du ministère de la Culture.
— 1962 : Loi Malraux sur les secteurs urbains sauvegardés : le quartier du Marais à Paris est sauvé
de la destruction.
— 1980 : Année du Patrimoine en France.
— 1984 : Première journée portes ouvertes dans les monuments historiques.
— 2001 : Convention de l’Unesco sur la protection du patrimoine immatériel.
— 2010 : Le « repas gastronomique français » classé au patrimoine immatériel de l’Unesco.
— 2018 : Premier loto du patrimoine.
– Mise en tourisme
Valorisation
Les acteurs
Source : Geoconfluences
Cela dit, la création de parcs nationaux, dont la réglementation limite très fortement la possibilité d’activités
et d’exploitation économiques des ressources naturelles (notamment à l’intérieur de la zone « cœur », où la
protection est maximale), ne va pas sans difficultés ni sans tensions.
— 1669 : Ordonnance de Colbert, visant à conserver les ressources en bois, pour la construction de navires.
— 1824 : Création de l’École de Nancy, école nationale des eaux et forêts, pour former des agents qualifiés.
— 1827 : Promulgation du Code forestier, pour réguler l’exploitation des ressources forestières.
— 1857 : Loi relative à l’assainissement des landes de Gascogne, plantation de la forêt des Landes.
— 1963 : Création du premier parc national à la Vanoise.
— 1964 : Création de l’Office national des forêts (ONF).
— 1992 : Engagement de la France à protéger les massifs forestiers, dans le cadre du Sommet de la Terre
de Rio.
— 2001 : Loi d’orientation forestière, pour une gestion durable des forêts (certification PEFC).
— 2019 : Création du Parc national de forêts (Champagne et Bourgogne).
La seconde rupture est la révolution industrielle. Apparue au XVIIIe siècle en Angleterre, la révolution
industrielle désigne la mise en œuvre d’un nouveau mode de production, fondé sur la maîtrise de nouvelles
sources d’énergie (la machine à vapeur au départ) et le développement des machines. L’industrialisation
repose également sur une modernisation des campagnes : l’agriculture, devenue plus productive, peut
nourrir une population elle-même croissante, qui se concentre dans les villes – anciennes ou nouvelles –
qui polarisent les usines.
Traditionnellement, les historiens ont distingué plusieurs phases et des révolutions industrielles
successives :
La COP 21 (2015)
Signé à Paris en décembre 2015, à l’occasion de la 21e session de la Conférence des Parties, l’accord de
Paris sur le climat est entré en vigueur dès le 4 novembre 2016, un mois après que 55 États représentant au
moins 55% des émissions de GES l’ont ratifié. Il s’agit d’un accord quasi unanime. En effet, au moment de
la signature de l’accord, seuls deux États parties ne le signent pas : la Syrie, qui est alors en pleine guerre
civile et le Nicaragua, qui l’a depuis signé (en octobre 2017) et ratifié. Sous le mandat de Donald Trump, les
États-Unis se retirent de l’accord de Paris avant de le réintégrer par un décret de Joe Biden en janvier 2021.
À la différence du protocole de Kyoto, l’accord de Paris prévoit un engagement de chaque État à la réduction
des émissions de GES. Cet accord pose la question délicate des inégalités entre États, à la fois dans l’origine
des émissions de GES et dans les conséquences du réchauffement climatique, comme le montrent les
deux cartes suivantes.
Un bilan mitigé
Le bilan de ces accords internationaux est mitigé. Cela s’explique notamment par les spécificités du droit
international, bien mises en évidence dans les négociations et accords sur le climat. Pour qu’un traité
engage véritablement un État, ce dernier doit l’inclure dans son droit national, c’est ce qu’on appelle la
ratification. Cette opération prend la plupart du temps la forme d’une loi votée par la ou les assemblées
représentatives du pays. À titre d’exemple, pour la France, c’est la loi du 15 juin 2016, votée par l’Assemblée
nationale et le Sénat, qui autorise la ratification du traité de Paris sur le climat.
Le droit international est un droit complexe, lent. En effet, les États restent souverains, c’est-à-dire libres
d’adhérer ou non à des engagements contraignants, et toujours susceptibles de réviser leurs engagements.
C’est ce qu’illustre notamment le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat par Donald
Trump qui dénonçait un « mauvais accord » nuisant à la compétitivité économique des États-Unis. Enfin,
comme souvent en matière de droit international, l’accord de Paris ne prévoit aucune sanction en cas
de non-respect des engagements pris. Il se contente donc de fixer des objectifs, et de vérifier ou non la
réalisation de ses objectifs par chacun des États.
Face aux lenteurs de la négociation internationale, ou même de la traduction concrète des engagements
internationaux, certaines ONG tentent désormais de recourir à la justice, en présentant l’inaction climatique
comme un crime. Ainsi, le 20 décembre 2019, la Cour suprême des Pays-Bas a rendu une décision historique
confirmant l’obligation de l’État néerlandais à réduire de manière urgente et significative les émissions de
gaz à effet de serre. Au total, pas moins de 1300 affaires similaires (contentieux climatiques) seraient
en cours d’instruction à l’échelle mondiale. La pression des opinions publiques se traduit également par
des mouvements coordonnés à l’échelle planétaire, comme la « Grève de l’école pour le climat », portée
notamment par la figure de la jeune activiste suédoise Greta Thunberg.
Dans ce contexte, l’environnement est d’abord perçu comme un ensemble de forces hostiles à maîtriser
ou contrôler, avant de pouvoir en exploiter les ressources. Au cours du XIXe siècle, la mise en valeur
des territoires à l’Ouest et les développements de l’industrialisation amènent une transformation plus
importante des milieux, qui aboutit à l’apparition d’une pensée écologiste visant à protéger la nature.
Celle-ci est divisée entre les courants préservationniste et conservationniste.
Le préservationnisme
Ce courant est porté par son héraut John Muir, fondateur du Sierra Club, l’une des premières associations de
protection de l’environnement fondée à San Francisco en 1892. L’objectif de ce mouvement de préservation
est de sanctuariser des espaces naturels et vierges de toute anthropisation. Toutes les aires de protection
aujourd’hui découlent de ce mouvement. Dans ce cas-là, la nature ou les paysages naturels sont dotés
d’une valeur en eux-mêmes, qui justifient leur préservation.
Le conservationnisme
À l’inverse, le courant conservationniste, incarné par Gifford Pinchot, milite pour un usage raisonné
(wise use) des ressources naturelles pour le développement : il ne s’agit pas de protéger la nature ou
l’environnement pour lui-même, mais pour assurer la durabilité des ressources nécessaires aux hommes.
Ainsi, Gifford Pinchot milite pour une gestion publique des forêts, afin de garantir la préservation de la
ressource.
Les acteurs
Greta Thunberg
1800 10 %
1900 20 %
1950 50 %
2020 85 %
Parmi les 780 millions d’analphabètes dans le monde, deux tiers sont des femmes surtout en Afrique
subsaharienne et en Asie du Sud (notamment en Afghanistan).
Si on regarde l’évolution de l’alphabétisation des femmes sur le long terme, on constate presque partout une
diminution sensible de l’analphabétisme et la volonté d’une solidarité entre femmes du monde développé
et en développement. D’autre part, les hommes ont été et sont toujours parties prenantes de cette lutte
qui sans eux n’aurait d’ailleurs pas de sens. À titres divers, nombreux sont ceux qui ont accompagné et
accompagnent les femmes ayant compris que l’alphabétisation était un enjeu de société qui procurait à
toutes et tous une meilleure compréhension du monde. Un monde où chacun et chacune aurait sa place.
Les échanges des hommes et des femmes de science sur la radioactivité ont profondément évolué tout au
long de la période.
Le scientifique travaille seul dans son laboratoire et fait une découverte fonda-
XIXe siècle mentale par sérendipité (par hasard, alors qu’il cherchait autre chose), puis la
communique à ses pairs par les publications officielles.
Des communautés de scientifiques cosmopolites bénéficient de financements
Début du XXe siècle privés et publics, mais continuent de collaborer et d’échanger assez librement
lors de congrès et à circuler entre universités, instituts ou autres laboratoires.
Le contexte politique précipite la communauté scientifique dans une dépendance
et une inféodation à l’égard de gouvernements qui leur imposent le secret. Par
exemple, les États-Unis chargent l’armée du programme nucléaire majeur : le
Fin des années 1930 Projet Manhattan. La communauté scientifique nucléaire vit désormais sous le
contrôle étroit de l’État et la surveillance de l’armée, elle devient l’une des clés
du complexe militaro-industriel. Les enjeux de la connaissance qu’elle produit
dépassent très largement la science.
Le nucléaire civil se trouve sous le contrôle de l’État. Les accidents de Tcher-
nobyl et de Fukushima ont montré que la sécurité des centrales nucléaires était
loin d’être acquise. La gestion des déchets radioactifs et l’approvisionnement en
uranium sont aussi des problèmes non résolus.
De nos jours Les enjeux du nucléaire militaire restent très forts et les scientifiques vivent
toujours sous surveillance. Des programmes nucléaires non autorisées sont en
cours dans certains pays comme l’Iran et en Corée du Nord et font peser sur la
paix des menaces réelles ou fictives. Les puissances nucléaires, prédominantes
à l’ONU, font elles-mêmes une entorse aux traités de non-prolifération tout en
interdisant à des puissances émergentes d’accéder à cette technologie.
Même si la physique nucléaire exacerbe cette évolution tant les enjeux des innovations qui lui sont liées
sont immenses, on peut cependant rapprocher son évolution de celle qu’a connue la science en général. La
chimie, la sidérurgie ont connu des évolutions similaires. Quant aux nouvelles technologies, elles ont vécu
en accéléré un processus équivalent. À l’origine, les pionniers de l’informatique, visionnaires et francs-
tireurs, souhaitaient que leurs innovations soient à disposition du grand public. Aujourd’hui, les géants
d’Internet, tous cotés en bourse, règlent nos vies et la société dans leurs moindres détails et sont devenus
incontournables en matière économique, militaire et de plus en plus, politique.
Deux choses sont cependant fondamentalement différentes entre hier et aujourd’hui. D’une part, la
production de la connaissance dans le domaine des nouvelles technologies est extrêmement diffuse et
multiforme, tant et si bien qu’il est impossible de la contrôler et difficile de la réguler. D’autre part, les
citoyens qui étaient presque complètement absents lors de la période étudiée, parce que très peu informés,
sont aujourd’hui des acteurs incontournables, comme consommateurs (ne serait-ce que par leurs usages
de « consommacteurs »), mais aussi par leur manière d’accéder à l’information. Les questions de sécurité
des données à toutes les échelles sont débattues et plus que jamais peut-être, le citoyen individuellement
ou via les organisations de la société civile mais aussi les comités d’éthique, les médias… n’a jamais eu
autant d’impact. De même, il n’a jamais été aussi difficile, pour le citoyen, de se faire une opinion. Comment
faire le tri parmi la quantité considérable d’informations (lanceurs d’alerte, collectifs…), la propagande et
la publicité auxquelles l’industrie consacre des milliards, le silence ou l’impuissance parfois des décideurs,
les messages outranciers des promoteurs ou des détracteurs des OGM, de la biotechnologie ou du traçage
numérique… ? Les contre-pouvoirs sont indispensables face à ces enjeux. Pour cela, l’information doit
circuler mais rien n’est simple à l’heure du numérique, des fakes, des hoax et des hackers.
Les acteurs
L’Inde est une puissance émergente et nul doute que la circulation des étudiants et les transferts de
technologie contribuent à sa puissance économique et à la place géopolitique grandissante qu’elle occupe.
La mobilité étudiante est un enjeu social majeur en Inde pour les prochaines années. La compétition que
se livrent les États pour attirer les meilleurs étudiants dans leurs universités prouvent qu’elle est aussi
un enjeu de puissance. La mobilité des étudiants et des jeunes diplômés concerne 300 000 indiens, ce qui
représente 10% des étudiants parmi lesquels, certains, souvent les plus brillants, décident de demeurer
dans le pays où ils ont étudié. La majorité d’entre eux restent donc aux États-Unis.
L’Inde bénéficie du succès professionnel de ses émigrés pour de multiples raisons :
— Elle reçoit une aide économique directe à travers les « remises » (transferts d’argent) envoyées par
les expatriés.
— Elle profite des investissements des Indiens d’outremer dans des projets de développement.
Les acteurs
Réguler Internet
Cependant, les États ne restent pas inactifs, beaucoup cherchent à territorialiser les données, voire à fermer
leur Internet ou à en contrôler de façon très autoritaire les contenus. Ces solutions ne sauraient convenir
aux démocraties européennes qui sont prises entre le feu des régimes autoritaires et le libéralisme états-
unien qui laisse tout pouvoir à ses entreprises. Pour affronter ce problème, une union mondiale semble peu
probable même s’il faut sans doute laisser le temps faire son œuvre. Rappelons que les espaces maritime
et aérien n’ont bénéficié que tardivement de réglementations internationales globalement respectées.
(Celles-ci ont mis beaucoup de temps à se mettre en place - 1982 pour les espaces maritimes -, alors que
les navires les parcouraient depuis des siècles). En attendant, si la souveraineté numérique de chaque état
européen semble difficile à atteindre, une action commune des États européens aiderait à faire face à la
puissance des grands acteurs du numérique. Une gouvernance « multi-acteurs » est peut-être la solution.
Couche du
Attaques et menaces potentielles
cyberespace
– Attaque par codes, hacking, malware ou logiciels malveillants (vers, virus, chevaux
Couche de Troie, etc.) éventuellement contre rançon.
logicielle – Attaque par déni de service ou DoS.
– Prise de contrôle d’un ordinateur à distance pour effectuer une action, etc.
– Modification de l’affichage des ordinateurs ou d’un site (défaçage).
– Vol ou/et destruction d’information ou de données.
– Déplacement de site (modification de la présentation d’un site Web par piratage ou
création d’un clone).
Couche – Phishing (hameçonnage) pour récupérer les coordonnées bancaires d’une
informationnelle personne.
– Manipulation pour que l’internaute envoie de l’argent.
– Introduction de messages modifiant les perceptions,
– Opération de propagande par immersion de l’opinion sous une grande quantité de
messages…
Ces différents types d’attaques impliquent une grande variété d’acteurs avec des intentions différentes, des
cybercriminels aux États ou groupes politiques en passant par les hackers.
La Convention de Budapest de 2003 ratifiée par 65 pays dont 21 hors Europe (situation en mai 2020
sachant que d’autres ratifications sont en cours) définit ainsi la cybercriminalité : des « infractions contre
la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité des données et systèmes informatiques » ainsi que les
« atteintes à la propriété intellectuelle ». Selon cette définition, la cybercriminalité inclut donc tous les
– Rançons.
– Pertes directes liées à l’interruption ou la perturbation des activités.
Économiques
– Dépenses des entreprises et des États pour rendre leurs systèmes plus sûrs.
– Cyberespionnage.
– Intervention dans les campagnes politiques.
Politiques
– Cyberespionnage et révélation de données secrètes.
La politique de cyberdéfense de chaque État dépend de la représentation qu’il se fait de la menace. Or,
jusqu’à récemment, la représentation française était très « techno-centrée » et portées principalement
sur les aspects militaires. Comme ses voisins européens, la France craint pour ses infrastructures, ses
systèmes de communication et cherche à éviter les intrusions, les sabotages, le vol ou la manipulation de
données. Les autorités travaillent encore sur des scénarios catastrophes d’attaques sur des infrastructures
vitales comme les centrales nucléaires, par exemple.
Alors que la Chine et la Russie ont regardé très tôt du côté de la menace informationnelle, l’Occident a
pris du retard dans ce domaine. Sa stratégie s’appuie désormais sur une approche globale des enjeux
et des menaces liées au cyberespace. Dans cette nouvelle prise de conscience, les États européens dont
la France sont pris dans un dilemme sécuritaire. S’ils reconnaissent la complexité et la dangerosité des
cyberattaques qui n’ont pas de frontières et par conséquent la nécessité de s’en protéger, les Européens
savent également que la cyberdéfense passe nécessairement par la collaboration internationale et une
régulation du cyberespace. Néanmoins, les États sont aussi conscients de la puissance géostratégique
et de la supériorité dans les rapports de force que leur confèrent leurs propres capacités numériques.
Sont-ils prêts à renoncer à investir massivement dans l’armement, à passer des accords internationaux qui
limiteront leur champ d’action dans le domaine du renseignement ou de la guerre ?
L’appel de Paris
Le 12 novembre 2018, lors du forum de l’UNESCO à Paris pour la gouvernance de l’Internet intitulé The
Internet of Trust (l’Internet de la confiance), Emmanuel Macron a appelé les États, les géants du numérique
et les acteurs de la société civile à soutenir « un cyberespace ouvert, sûr, stable, accessible et pacifique ».
Dans ce discours connu sous le nom d’« appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace
», le Président français a défini le cyberespace comme un formidable lieu d’opportunités aux prises avec de
nouvelles menaces, cyberattaques, propos haineux ou activités de déstabilisation de l’opinion entraînant la
fragmentation des sociétés. Il a dénoncé l’utilisation d’armes offensives numériques et promu la nécessité
de protéger les droits des citoyens dans le cyberespace comme ils le sont dans le monde réel. Enfin, pour
réguler le cyberespace, la coopération entre États et entreprises du numérique, y compris les géants du
Net, paraît indispensable.
L’appel a été signé par des centaines d’entreprises (dont Microsoft qui a été élogieuse) et des dizaines de
pays en Europe (tous les États de l’U.E. sauf le Royaume-Uni qui en faisait encore partie), mais aussi en
Afrique, au Moyen-Orient, en Amérique Latine, ainsi que le Canada et la Nouvelle-Zélande. Certains États
ont sans doute signé par conviction, d’autres parce qu’ils y voient l’opportunité d’être soutenus dans la
protection de leur cyberespace.
Les acteurs
Né à Glasgow (Ecosse) en 1966, Gary McKinnon est plus connu sous le pseudonyme
de « Solo ». Il a été accusé par les États-Unis d’avoir commis le « plus grand
piratage informatique militaire de tous les temps » depuis sa petite chambre
londonienne. Cet administrateur systèmes et réseaux au chômage aurait pénétré
dans 97 ordinateurs appartenant à l’armée de terre, la marine, le ministère de la
Défense (Pentagone) et la NASA, entre 2001 et 2002.
Accords de libre-échange : Accords entre au moins deux États qui facilitent le commerce dans l’esprit du
libre-échange, en réduisant les barrières commerciales.
Acqua alta : Période d’inondation de Venise à cause des marées entre l’automne et le début du
printemps.
Aéronavale : Ensemble des moyens organiques d’aéronautique (matériels et personnels) dont dispose la
marine de guerre ; organisation de ces moyens.
Alphabétisation : Enseignement de la lecture et de l’écriture.
ANSSI : Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information France.
Anthropocène : Période géologique actuelle entamée avec la première révolution industrielle où
les activités humaines ont de fortes répercussions sur les écosystèmes de la planète, comme le
réchauffement climatique, la destruction des milieux naturels et les menaces sur la biodiversité.
Armistice : Convention par laquelle les belligérants suspendent les hostilités.
Arsenalisation : Développement d’un arsenal militaire dans un secteur donné.
ASNC (Agence Spatiale Nationale Chinoise) : Agence spatiale chinoise.
Astronaute : Nom donné aux États-Unis aux membres des vols spatiaux.
Astrosurfing : Action de désinformation populaire orchestrée par l’intermédiaire de techniques de
propagande manuelles ou algorithmiques utilisées à des fins publicitaires ou politiques.
Autodidaxie : Fait d’apprendre à lire et écrire par ses propres moyens (faisant de la personne un
autodidacte) souvent en réalité auprès des membres de sa famille ou de ses pairs, mais sans aller à
l’école.
BATX : Équivalent des GAFAM en Chine : Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi. (Tencent détient WeChat).
BBNJ (Biological Diversity beyond National Juridiction) : Conférence intergouvernementale sur la
biodiversité marine organisée par l’ONU depuis 2018.
Big data : Données de masse.
Biodiversité : Variété et diversité du vivant dans un espace donné.
Bitcoin : Monnaie virtuelle.
Blockchain : Technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et
fonctionnant sans organe central de contrôle, mais qui repose sur une base de données sécurisée et
distribuée par les différents utilisateurs.
Brevet : Titre délivré par l’État qui assure à un individu ou une entreprise la propriété d’une invention
technique, c’est-à-dire un produit ou un procédé qui apporte une nouvelle solution technique à un
problème technique donné.
BRICS : Acronyme anglais qui désigne les cinq grandes puissances émergentes, le Brésil, la Russie,
l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, (en anglais : Brazil, Russia, India, China, South Africa).
Capacité de projection : Capacité d’un État à intervenir en dehors de ses frontières.
Capitalisme : Société humaine caractérisée par la propriété privée des moyens de production et leur
mise en œuvre par des travailleurs qui n’en sont pas propriétaires. Une lecture marxiste y ajoute
l’exploitation des travailleurs et la recherche systématique du profit par les propriétaires des moyens de
production.
Captation de patrimoine : Appropriation d’un patrimoine par une puissance étrangère par l’achat, la
réquisition ou encore le pillage.
Méthodologie de la dissertation
Principes
La dissertation est le traitement d’un sujet donné, avec une introduction, un développement en plusieurs
parties et une conclusion. Elle donne une réponse argumentée à une question en montrant qu’elle
pose un problème. Le sujet de dissertation peut être une phrase reprenant l’intitulé d’un des thèmes
au programme ou alors une question ou une affirmation. Dans cette épreuve, vous devez montrer votre
connaissance du programme, mais aussi votre capacité à mobiliser vos connaissances personnelles et à
les organiser. L’approche pluridisciplinaire de votre spécialité vous incite à discerner dans chaque sujet
les problèmes et les enjeux historiques et géographiques mais aussi politiques, économiques, culturels,
diplomatiques et stratégiques. Enfin, rappelons que l’étude du passé et de territoires donnés permet de
mieux comprendre le présent.
Le développement
Le développement se compose d’ordinaire de trois parties, elles-mêmes divisées en deux ou trois
paragraphes. Si vous ne trouvez pas de plan en trois parties, contentez-vous d’en faire deux. Mieux vaut
deux parties cohérentes et répondant au sujet plutôt qu’une troisième partie totalement artificielle et
hors sujet qui aurait pour effet de faire baisser votre note. Les parties doivent être aussi équilibrées. Lors
de l’examen, il vaut mieux rédiger le développement directement au propre.
Voici quelques conseils méthodologiques :
— La structure de votre dissertation doit être bien visible. Sautez des lignes entre l’introduction, les
trois parties et la conclusion et marquez clairement les sous-parties et paragraphes grâce à des alinéas.
On doit voir quand vous changez de partie ou de sous-partie.
— Une sous-partie correspond à une idée illustrée par un ou plusieurs exemples.
— Commencez chaque partie par une phrase d’introduction et terminez-la par une phrase de transi-
tion (une question, par exemple) qui annonce la partie suivante.
— En principe, on ne donne pas de titres aux parties de la dissertation.
— Vous pouvez inclure aussi des croquis de cartes ou des schémas à condition de les commenter
dans votre développement.
La conclusion
Votre conclusion doit toujours être entièrement rédigée au brouillon avant de vous lancer dans la rédaction
au propre. Vous n’aurez ainsi qu’à la recopier sans risque de paniquer faute de temps suffisant. Ainsi votre
lecteur terminera sur une impression de cohérence dans votre raisonnement. Une conclusion a un but très
simple dans une composition : elle est destinée à dire à votre correcteur : « voilà ce que je viens de vous
expliquer ».
La conclusion doit toujours comporter les points suivants :
— Une synthèse de votre argumentation qui apporte une réponse à la problématique posée.
— Une ouverture : la conclusion propose d’élargir le sujet dans le temps et dans l’espace.
Étape 4 : se relire
Vous devez garder du temps pour vous relire et corriger vos fautes. Ces corrections doivent, dans la
mesure du possible, être faites proprement. À la relecture, vous comprendrez si vous avez su donner
du sens à votre dissertation en ayant bien posé la problématique et en ayant mené une argumentation
solide aboutissant à une réponse satisfaisante.
A. L’action des États fédérés (et des villes) pour suppléer le désengagement fédéral.
L’introduction
Synthèse et réponse à la En conclusion, il apparaît donc que les États-Unis sont une nation
problématique. divisée [États-désunis ?] sur la question de la protection de
l’environnement : si l’élection de Donald Trump en 2016 s’inscrit dans
une tradition hostile aux engagements internationaux, accordant
la priorité aux intérêts économiques, il serait trompeur de réduire
l’ensemble du pays à cette position. Dans le passé ou à d’autres
échelles, les États-Unis ont aussi été et sont encore des pionniers
de la protection de l’environnement. Sans doute peut-on analyser
le retrait de l’accord de Paris comme un signe de fébrilité, sinon
de faiblesse, du géant américain : au moment où les États-Unis
s’apprêtent à se mettre en marge de la communauté internationale,
Xi Jinping annonce des ambitions renforcées pour la Chine dans la
réduction des GES, s’attirant les félicitations de l’UE. Ne peut-on pas
y voir, comme le suggère l’historien Adam Tooze, un signe majeur de
Ouverture(s). la relégation et le rabaissement de la puissance américaine ? Même
sans les États-Unis, le reste du monde n’entend pas rester inactif
face au défi du changement climatique.
Autre ouverture possible : Pierre Charbonnier sur la nécessité
du débat/du conflit > protection de l’environnement n’atteint pas
également tous les intérêts, il est normal qu’elle suscite une
opposition, sinon c’est une protection en trompe-l’œil, insuffisante
(greenwashing). Paradoxalement, D. Trump réveille les consciences
dans le camp adverse : projet de green New Deal (protection de
l’environnement et redistribution des richesses contre les inégalités).
Autre ouverture possible : que veut-on dire vraiment par protection
de l’environnement ? développement durable (avec maintien de la
croissance économique) ou remise en cause plus fondamentale d’un
mode de vie hérité de l’industrialisation ?
Principes
L’étude critique d’un ou deux documents est l’un des deux exercices proposés dans l’épreuve de la spécialité
histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques. Chaque sujet se compose d’un titre et d’un ou deux
documents de nature différente accompagnés d’une consigne, qui vise à orienter le travail du candidat. Un
nombre limité de notes explicatives peut également figurer. Dans cet exercice, vous devez aussi mobiliser
vos connaissances : l’étude de document(s) n’est pas plus « facile » que la dissertation. Enfin, n’oubliez
pas l’approche pluridisciplinaire de votre spécialité qui vous invite à discerner dans chaque document
les problèmes et les enjeux historiques et géographiques mais aussi politiques, économiques, culturels,
diplomatiques et stratégiques.
En analysant le document et en vous appuyant sur vos connaissances, répondez à la question suivante : en quoi
la guerre du Golfe illustre-t-elle la réalité et les limites d’une paix fondée sur la sécurité collective ?
« Avec l'agonie de la guerre froide, dans la seconde moitié des années 1980, le Conseil de sécurité
sort de sa somnolence. Dès lors, ses résolutions, fondées sur le chapitre VII (maintien de la paix),
se multiplient et visent de très nombreux conflits, du Cambodge à l›ex-Yougoslavie, de la Somalie
à Haïti. […]
En 1990-1991, l’affaire du Koweït revêt une importance particulière : elle semble illustrer ce
que devrait et pourrait être un bon fonctionnement de l’ONU. En même temps, elle confirme les
difficultés insurmontables contre lesquelles est vouée à buter toute organisation institutionnelle
du maintien de la paix. […]
Par une succession de résolutions, le Conseil enferme l’Irak dans des sanctions de plus en plus
sévères et autorise même le recours à la force armée pour libérer l’Émirat de l’emprise irakienne
(résolution 678 du 29 novembre 1990). […]
Cependant, derrière la guerre du droit, se devinent les faiblesses du système onusien. L’unité du
Conseil, loin d’être un acquis irréversible, est le produit éphémère des circonstances. Les États-
Unis, le Royaume-Uni et la France, démocraties occidentales, très dépendantes du pétrole du
Moyen-Orient, ne peuvent que combattre l’agression irakienne. Mais l’URSS, elle, a longtemps
été la protectrice de l’Irak. Seulement, en 1990, la patrie du socialisme est moribonde et a un
besoin vital du soutien occidental ; d’où son adhésion à la décision de sanctionner l’Irak. Quant à
la Chine, son accord s’explique par le souci de se faire pardonner par l’Occident la répression de
Tian’anmen (1989).
Certes, les résolutions du Conseil encadrent la montée vers la guerre et son règlement. Elles
sont essentielles pour légitimer la mise au pas de l’Irak. Mais la guerre, elle-même, échappe au
Conseil de sécurité. Pour le « grand patron », les États-Unis, ce conflit reste son affaire exclusive.
L’ONU n’est en aucune manière associée aux opérations militaires.
C’est là un nouvel exemple de la contradiction fondamentale de l’Organisation : conçue pour
acquérir peu à peu le contrôle de la force armée, elle se révèle impuissante à surmonter la
volonté des États, et d’abord des plus puissants, de conserver jalousement cette maîtrise des
moyens militaires, cœur de leur souveraineté. »
Philippe Moreau Desfarges, « Les quatre âges de l’ONU », L’Histoire, septembre 2005 (n°305)
Rappel : L’épreuve consiste à analyser de manière critique un ou deux documents en prenant appui sur la
consigne et à élaborer une problématique.
— Présentation du document :
– sa nature : il s’agit de l’extrait d’un article paru dans L’Histoire, un magazine de vulgarisation
scientifique.
– son auteur : Philippe Moreau Desfarges est un politologue spécialiste de la géopolitique.
– son contexte : l’article est paru en 2005, deux ans après le commencement de la guerre d’Irak.
– sa visée est critique et argumentative : l’auteur réfléchit au rôle de l’ONU dans la conduite de
cette guerre et souligne son impuissance à tempérer l’hégémonie américaine.
— Relevé des mots clés et des « idées fortes » du document :
– Maintien de la paix, ONU, États-Unis, après-guerre froide, difficultés insurmontables, succession de
résolutions, faiblesses du système onusien, légitimer la guerre…
Page 6 : Raketen-Versuchsgelände Peenemünde (Rakete beim Start, links die fahrbare Wartungsbühne), 1943.
Archives Fédérales d'Allemagne. CC-BY-SA 3.0. Source : Wikipedia.
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sous-marines et dissuasion nucléaire, enjeux géographiques et géostratégiques, 01/09/2020, GéoConfluences.
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Page 28 : Karl Wilhelm Wach (1787–1845), Portrait de Carl von Clausewitz (1780–1831), XIXème siècle. Domaine
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Page 38 : L’État d’Israël de 1947 à nos jours. © Institut du Monde Arabe
Page 38 : NuclearVacuum, Israel-Palestine Diplomacy, 2009. CC-BY-SA 3.0. Source : Wikipedia.
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Page 49 : Génocide de Tutsi au Rwanda, date inconnue, L'Histoire.
Page 52 : Nationalismes : la tragédie yougoslave, « Manière de voir » #17, Février-mars-avril 1993, Le Monde
Diplomatique.