livre

du professeur
T
le
COLLECTION DAVID COLON

NOUVEAU
PROGRAMME
Histoire
 COLLECTION DAVID COLON
T le
NOUVEAU
PROGRAMME

Histoire Livre du professeur

SOUS LA DIRECTION DE
David Colon
Professeur agrégé d’histoire, Sciences Po, Paris

AUTEURS
Hélène Becquet
Professeure agrégée d’histoire, Lycée Carnot, Dijon
Aude Chamouard
Professeure agrégée d’histoire, Lycée Henri-Martin, Saint-Quentin
David Colon
Professeur agrégé d’histoire, Sciences Po, Paris
Olivier Delmas
IA-IPR, Académie de Créteil
Cédric Perrin
Professeur agrégé d’histoire, Lycée Grandmont, Tours
Sophie Pousset
Professeure agrégée d’histoire, Lycée Lucie-Aubrac, Courbevoie
Solange Rameix
Professeure agrégée d’histoire, Lycée Marie-Curie, Sceaux
Thomas Rigaud
Professeur agrégé d’histoire, Lycée Jacques-Monod, Clamart
Jérémie Tamiatto
Professeur agrégé d’histoire, Lycée Clément-Ader, Athis-Mons
Christophe Tarricone
Professeur agrégé d’histoire, Lycée polyvalent du Grésivaudan, Meylan
Sabrina Tricaud-Turpin
Professeure agrégée d’histoire, Lycée du Parc, Lyon
Émeline Vanthuyne
Professeure agrégée d’histoire, Lycée René-Descartes, Champs-sur-Marne
Édition : Florence Coquinot, Antoine Moreau.
Maquette : Sandrine Girard, réalisation : Alinéa.
Fabrication : Zoé Farre Vilalta.

Le code de la propriété intellectuelle n’autorise que « les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » [article L. 122-5] ; il
autorise également les courtes citations effectuées dans un but d’exemple ou d’illustration. En revanche « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, sans le consentement de l’auteur
ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite » [article L. 122-4]. La loi 95-4 du 3 janvier 1994 a confié au C.F.C. (Centre français de l’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins,
75006 Paris), l’exclusivité de la gestion du droit de reprographie. Toute photocopie d’oeuvres protégées, exécutée sans son accord préalable, constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425
et suivants du Code pénal.

© Éditions Belin Éducation, 2020

170 bis, boulevard du Montparnasse, 75680 Paris cedex 14 G0002293
Sommaire

Comment le manuel met-il en œuvre le programme ? 4

THÈME 1 Fragilités des démocraties, totalitarismes

et Seconde Guerre mondiale (1929-1945)
Chapitre 1 L’impact de la crise de 1929 : déséquilibres économiques et sociaux 5
Chapitre 2 Les régimes totalitaires 10
Chapitre 3 La Seconde Guerre mondiale 15

THÈME 2 La multiplication des acteurs internationaux

dans un monde bipolaire (de 1945 au début des années 1970)
Chapitre 4 La fin de la Seconde Guerre mondiale
et les débuts d’un nouvel ordre mondial 24
Chapitre 5 Une nouvelle donne géopolitique :
bipolarisation et émergence du tiers-monde 30
Chapitre 6 La France, une nouvelle place dans le monde 36

THÈME 3 Les remises en cause économiques, politiques et sociales

(des années 1970 à 1991)
Chapitre 7 La modification des grands équilibres économiques et politiques mondiaux 43
Chapitre 8 Un tournant social, politique et culturel : la France de 1974 à 1988 49

THÈME 4 Le monde, l’Europe et la France depuis les années 1990,

entre coopérations et conflits
Chapitre 9 Nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux 56
Chapitre 10 La construction européenne, entre élargissement, approfondissement
et remises en question 61
Chapitre 11 La République française 66
Comment le manuel met-il en œuvre
le nouveau programme ?
Ce manuel d’Histoire met résolument en œuvre les nouvelles orientations du programme 2019.
Les nouvelles orientations du programme
Un enseignement de l’histoire plus chronologique qui
insiste sur la nécessité́ de faire acquérir les grands repères
chronologiques et spatiaux
Des « points de passage et d’ouverture » mettant en avant
des dates clés, des lieux ou des personnages historiques
Un enseignement à visée de culture générale
Une approche qui met en avant l’articulation entre le monde
d’hier et celui d’aujourd’hui
L’initiation au travail de l’historien à travers le travail
sur les sources et l’analyse approfondie de documents
La préparation des épreuves du Baccalauréat
Un travail approfondi sur les capacités et méthodes dans la
perspective d’une meilleure articulation avec l’enseignement
supérieur
La mise en avant du caractère structurant de la parole
de l’enseignant
4
La réponse du manuel Belin
• Une approche chronologique qui se déploie dans chaque chapitre
• Les pages « Grand angle » contextualisent le chapitre dans le temps et dans l’espace
• Les cours fournissant tous les repères chronologiques nécessaires
• Une double page pour chaque « point de passage et d’ouverture » avec des
documents variés et des parcours différenciés
• De nombreux repères (mots clés, biographies, chronologies) pour éclairer les enjeux
du programme
• Des pages « Étude » pour approfondir des points précis du programme
• Des exercices « Empreintes de l’histoire » qui permettent d’aborder les héritages
et la mémoire de certains thèmes au programme
• Des documents variés, soigneusement présentés et légendés
• Des doubles pages de méthode d’analyse de documents
• Des pages « Histoire des arts » permettant de contextualiser et d’analyser des
œuvres majeures
• Une méthodologie générale de chaque épreuve
• Dans chaque chapitre, des pages de méthodes et des exercices
• En fin de thème, des sujets blancs pour préparer les E3C
• Une page méthode par chapitre dédiée à une capacité au programme
• Deux pages d’exercices par chapitre pour mettre en œuvre les capacités et
méthodes
• La possibilité offerte à l’enseignant d’organiser librement sa progression
• Une grande variété d’études et de sujets lui permettant d’illustrer son enseignement
• Des parcours différenciés dans les « Points de passage » pour choisir librement
le degré́ d’approfondissement de chaque « point de passage et d’ouverture »
et s’adapter à l’hétérogénéité des élèves
1 L’impact de la crise de 1929 :
déséquilibres économiques et sociaux >> p. 16-41

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre vise à montrer l’impact de
la crise économique mondiale sur les
sociétés et les équilibres politiques, à
court, moyen et long terme.
On peut mettre en avant :
– les causes de la crise ;
– le passage d’une crise américaine à
une crise mondiale ;
– l’émergence d’un chômage de
masse.
» P. 18-19 : GRAND ANGLE Le monde dans la crise de 1929
» P. 20-21 : COURS 1 Une crise née des déséquilibres de l’économie mondiale
» P. 22 : ÉTUDE Les États-Unis, première économie mondiale en 1929
» P. 23 : ÉTUDE Jeudi noir : le krach de 1929
» P. 24-25 : COURS 2 Les États face à l’avènement du chômage de masse
» P. 26-27 : POINT DE PASSAGE Les conséquences de la crise de 1929 en Amérique latine
» P. 28-29 : POINT DE PASSAGE 1933 : F. D. Roosevelt lance une nouvelle politique économique, le New Deal
» P. 30-31 : POINT DE PASSAGE Juin 1936 : les accords de Matignon
» P. 32-33 : HISTOIRE DES ARTS Dorothea Lange, Mère migrante, 1936
Les outils du manuel
» P. 36-39 : BAC MÉTHODE • Analyse de document : Analyser une série statistique
• Question problématisée : Bien comprendre le sujet
• Capacités et méthodes : Confronter et critiquer deux documents
» P. 40-41 : EXERCICES • Analyser une série statistique
• Procéder à l’analyse critique d’un document
• Mettre en relation un texte et une image
• Utiliser les fonctions avancées des outils de recherche sur Internet

Ce chapitre est consacré à l’histoire économique, politique et sociale du monde dans les années 1930. Il invite à étudier le
fonctionnement de l’économie mondiale et à expliquer la crise par les déséquilibres nés de la Première Guerre mondiale. Le
passage d’une crise américaine à une crise mondiale permettra d’aborder les grands mécanismes de l’économie mondiale.
L’étude du chômage comme phénomène de masse permet d’évoquer les conséquences sociales et politiques de la Grande
Dépression.
Le manuel met en œuvre une démarche à la fois chronologique et géographique : le premier cours se consacre à l’étude des
mécanismes et déséquilibres de l’économie-monde dominée par les États-Unis puis à la crise américaine et sa diffusion au
monde. Le second cours s’intéresse aux effets de la crise sur les régimes et les sociétés à travers le monde. La photographie
de Dorothea Lange (Mère migrante) abordée en histoire des arts permet d’étudier une des représentations emblématiques de
cette grande crise.

Ouverture du chapitre >> P. 16-17

Les répercussions de l’effondrement de la bourse de Wall
Street sont d’abord financières puisque les bourses chutent,
mais rapidement les conséquences sont économiques et
sociales avec l’émergence d’un chômage de masse et de
contestations politiques.
Le monde dans
GRAND ANGLE
la crise de 1929 >> P. 18-19
Les modalités de diffusion de la crise sont multiples : financières
d’abord, l’effondrement de Wall Street ayant des répercussions sur
les autres bourses, notamment européennes, mais aussi écono-
miques avec la crise de l’économie américaine qui entraîne une
contraction du commerce mondial et l’effondrement du cours
mondial des matières premières. Le retrait des capitaux américains
entraîne la chute de certaines économies, européenne (Allemagne)
et latino-américaines, déstabilisant de nombreux régimes.
COURS 1
Une crise née des déséquilibres
de l’économie mondiale >> P. 20-21
Le cours s’ouvre sur une présentation de l’état et des mécanismes
de l’économie mondiale à la fin des années 1920. La domination
américaine peut être évoquée par l’endettement des pays d’Europe
envers la première puissance mondiale [doc. 1].
Puis l’étude de la crise américaine permet d’étudier le passage d’une
crise financière [doc. 3] à une crise bancaire [doc. 2] et économique
[doc. 5]. Enfin, le passage à une crise mondiale est abordé par le
document 4 qui montre les effets de la crise sur la production et le
commerce.
1 Conséquence de la Première Guerre mondiale, le fort taux
d’endettement de plusieurs pays européens (notamment la France
et la Grande-Bretagne) les met dans la dépendance économique et
politique des États-Unis.
2 La crise financière a rapidement des effets bancaires en entraî-
nant l’effondrement des avoirs des banques. Les déposants craignent
pour leur argent, ce qui mène à des paniques bancaires.

CHAPITRE 1 • L’impact de la crise de 1929 : déséquilibres économiques et sociaux 5

 3 Au lendemain du krach, les spéculateurs sont largement tenus
pour responsables de la crise par leur comportement irresponsable
(achats d’actions à crédit).
4 Le secteur le plus touché par la crise est le commerce mondial
dont la reprise est beaucoup plus lente que la production industrielle
ou la production de matières premières.
5 La crise des prix agricoles dans les années 1920 et 1930 entraîne
une grave crise sociale dans les campagnes américaines, ce qui
explique les contestations politiques.
Réaliser un schéma
Le schéma pourra proposer d’un côté les mécanismes américains
(crise financière qui mène à une crise bancaire), puis la mondiali-
sation de la crise (retrait des capitaux américains menant à d’autres
crises bancaires, effondrement du commerce mondial, baisse de
production, faillites).
Les États-Unis, première
ÉTUDE
économie mondiale en 1929 >> P. 22
L’étude sur les États-Unis, première puissance économique à la
veille de la crise, permet de revenir sur les mécanismes de l’économie
mondiale et les ressorts de la domination américaine. Il s’agit ainsi
d’illustrer la domination financière [doc. 3] dont témoigne le statut
de premier investisseur dans le monde. C’est aussi la domination
d’un modèle économique, celui du capitalisme américain que
représente le succès du modèle fordiste [doc. 1]. Enfin, cette domi-
nation économique suscite des réticences dans certains États
[doc. 2].
Analyser les documents
1. La domination américaine sur l’économie mondiale est financière
(par les investissements massifs à l’étranger) mais aussi économique
avec la prédominance de son modèle capitalistique dont témoigne
le succès de la Ford T.
2. L’efficacité du modèle capitalistique américain contribue à sa
domination sur le monde : invention d’une nouvelle méthode
industrielle (le fordisme) mais aussi disponibilité des capitaux.
ÉTUDE Jeudi noir : le krach de 1919 >> P. 23
L’étude sur le Jeudi noir permet d’étudier les mécanismes écono-
miques de la crise de 1929. L’explosion d’une bulle spéculative est
d’autant plus grave que la majorité des actions a été achetée à crédit
[doc. 1], ce qui a des conséquences bancaires graves. De plus, cet
effondrement était en réalité prévisible, comme en attestait le retour-
nement des indicateurs macro-économiques [doc. 3]. Le krach
boursier a très rapidement des conséquences bancaires et écono-
miques [doc. 2].
Analyser les documents
1. Face à la spéculation non contrôlée, la Réserve fédérale tente de
limiter celle-ci car les indicateurs macro-économiques sont moins
bons.
2. Le krach boursier entraîne une crise bancaire car la spéculation
se faisait à crédit ; avec la chute des cours, les spéculateurs ne
peuvent plus rembourser et les banques font défaut.
6
Construire et vérifier des hypothèses sur une situation
historique
Les élèves peuvent répondre à la question en rappelant les formes
de la domination de l’économie américaine sur le monde. La dépen-
dance de nombreuses économies vis-à-vis des États-Unis les entraîne
dans la dépression après le krach. Ils pourront ensuite rappeler que
la crise commence par un krach boursier à Wall Street dont les
conséquences sont graves du fait des déséquilibres du modèle
américain.
Les États face à l’avènement
COURS 2
du chômage de masse >> P. 24-25
Le cours s’ouvre sur une présentation des politiques déflationnistes
menées par la plupart des États pour enrayer la crise et des contes-
tations sociales et politiques qui en sont la conséquence [doc. 2],
notamment un antiparlementarisme qui peut déstabiliser les gou-
vernements [doc. 3]. Ces politiques n’empêchent pas l’émergence
d’un chômage de masse qu’aucune politique sociale ne vient atténuer
[doc. 1]. Enfin, le cours aborde le renouveau du paradigme écono-
mique avec l’émergence de la théorie keynésienne [doc. 4].
1 Le chômage commence à baisser vers 1932-1933 dans la plupart
des pays, avec des rythmes différents (maintien d’un chômage élevé
en France).
2 Cette manifestation inquiète le pouvoir pour trois raisons : elle
a lieu au cœur du pouvoir dans la capitale, elle est massive et menée
par des anciens combattants (auxquels l’État américain est
redevable).
3 Le leader paysan reproche aux parlementaires leur inaction,
du moins leur incapacité à enrayer la crise qui a des répercussions
fortes dans le monde agricole.
4 Selon la théorie keynésienne, l’État doit encourager la création
monétaire et injecter de l’argent dans l’économie par une politique
de déficit budgétaire.
Construire une argumentation historique
Dans de nombreux États, la crise économique entraîne l’émergence
d’un chômage de masse que les politiques déflationnistes ne par-
viennent pas à juguler. D’où des formes de contestations politiques
(manifestations, montée des extrêmes aux élections, violences).
Face à ces contestations, certains États choisissent de changer de
politique en suivant les principes keynésiens de relance de
l’économie.
Les conséquences de la crise
POINT DE PASSAGE
de 1929 en Amérique latine >> P. 26-27
Le dossier permet d’appréhender de manière concrète les consé-
quences économiques, politiques et sociales de la crise de 1929
dans cet espace proche des États-Unis. Placés sous la dépendance
du voisin américain, les pays du continent ont fondé des modèles
économiques extravertis et endettés qui pâtissent rapidement de
la crise [doc. 1]. Les exportations sont au cœur de leurs économies
qui reposent aussi sur les capitaux américains, d’où des consé-
quences graves quand ces derniers se tarissent [doc. 2]. La crise
des produits de dessert [doc. 3] entraîne en effet une crise de la
dette puis des monnaies latino-américaines qui contraignent les
États à changer de modèle de développement économique pour
un modèle autocentré [doc. 5]. De plus, la crise déstabilise les
régimes politiques et contribue à l’apparition de régimes autoritaires
[doc. 2, 4].
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Leur situation est fragile car leurs économies reposent sur l’expor-
tation de matières premières aux cours volatiles et sur l’endettement
envers des puissances étrangères.
2. La dépendance est économique car la plupart des produits latino-
américains s’exportent vers l’Amérique du Nord, mais aussi financière
car leurs monnaies sont liées au dollar et les États sont endettés
auprès des États-Unis.
3. Les États tentent d’arrêter la chute des prix des matières premières
en détruisant des stocks, puis choisissent de développer leur indus-
trie à l’abri de protections douanières.
4. La dépression entraîne une crise de légitimité pour les gouver-
nements. De nombreux coups d’État ont lieu sur le continent, qui
mènent à des régimes souvent plus autoritaires.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à réfléchir au modèle de développement
ouvert des États latino-américains afin d’expliquer la gravité des
effets de la crise sur ces économies. L’analyse de ces effets (chute
des prix des matières premières, effondrement des monnaies,
défaillance sur la dette) peut être appliquée à d’autres espaces.
Enfin, les conséquences politiques démontrent l’attirance pour un
modèle autoritaire commun à plusieurs États.
Parcours B
> Analyser une affiche
Le programme de Vargas prétend répondre à la crise car il entend
remettre les Brésiliens au travail, comme le présente l’affiche.
Cependant, il fonde aussi un nouveau régime de type autoritaire,
qui s’appuie sur le culte du chef (omniprésence de son portrait sur
l’affiche) et sur le culte de l’État (comme en atteste la légende). En
ce sens, il peut être rapproché d’autres régimes comme celui de
Salazar au Portugal.
1933 : F. D. Roosevelt lance
POINT DE PASSAGE
une nouvelle politique
économique, le New Deal >> P. 28-29
Le dossier permet d’étudier l’une des politiques économiques les
plus célèbres pour contrer la crise, qui en inspire beaucoup d’autres,
le New Deal. Elle a d’importantes résonances dans le présent puisque
F. D. Roosevelt a durablement transformé le modèle américain
[doc. 1]. Le New Deal a d’abord comme but de relancer une économie
américaine déprimée par 4 ans de crise [doc. 2], et ce à l’échelle
du pays tout entier, notamment par une politique de grands travaux
[doc. 3]. Il s’agit aussi de transformer le modèle américain en ins-
taurant pour la première fois un embryon de Sécurité sociale afin
de relancer la demande [doc. 5]. L’action du gouvernement Roosevelt
n’est cependant pas à l’abri des critiques relatives à sa cohérence
et sa capacité réelle à relancer l’économie [doc. 4].
CHAPITRE 1 • L’impact de la crise de 1929 : déséquilibres économiques et sociaux
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Les décisions de Roosevelt ont avant tout une finalité économique :
il s’agit de restaurer le pouvoir d’achat des Américains par une
politique de grands travaux et des aides sociales pour relancer
l’économie par la consommation.
2. Roosevelt élargit les missions de l’État américain en intervenant
dans l’économie par des grands travaux, par de l’aide sociale, par
l’encadrement des industries.
3. Les mesures sociales ont d’abord comme finalité de restaurer le
pouvoir d’achat des Américains afin relancer la demande et donc
l’économie.
4. Roosevelt a redéfini la notion de liberté et fait accepter l’idée
que l’État pouvait et devait intervenir dans l’économie.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à réfléchir à la notion de modèle américain.
Ils doivent insister sur la rupture que constitue le New Deal en termes
de politique économique puisqu’il correspond aux principes key-
nésiens de relance par la dépense publique, les grands travaux et
l’aide sociale. Les élèves réfléchiront aussi à la transformation de
la notion de liberté, qui d’un laisser-faire sans intervention de l’État
en vient à justifier l’intervention de ce dernier au nom du bien-être
des Américains.
Parcours B
> Analyser un discours politique
F. D. Roosevelt contribue à redéfinir la notion de liberté aux États-
Unis. Conçue comme une non-intervention de l’État, notamment
dans l’économie, la notion de liberté en vient à justifier, au contraire,
son intervention afin de réduire les inégalités, tout en ne tombant
pas dans un socialisme opposé à la culture américaine. Il s’agit
désormais d’assurer une sécurité minimale pour les citoyens.
Juin 1936 :
POINT DE PASSAGE
les accords de Matignon >> P. 30-31
Le dossier permet d’évoquer, par les accords de Matignon, une des
mesures phares de la politique économique du Front populaire. Il
évoque le contexte tendu de signature des accords, alors que la France
connaît une grande vague de grèves [doc. 1] ainsi qu’un important
changement de gouvernement avec l’arrivée au pouvoir d’un président
du Conseil socialiste [doc. 2]. Les accords de Matignon constituent
aussi une rupture dans l’histoire des rapports de travail dans les
entreprises avec la signature du premier accord tripartite [doc. 3].
Ils s’inscrivent dans une politique économique de relance de l’éco-
nomie [doc. 5], mais suscitent des critiques [doc. 4].
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Les accords de Matignon sont conclus dans le contexte des grandes
grèves du printemps et de l’été 1936 et après la victoire historique
de la coalition du Front populaire.
2. Il s’agit pour le gouvernement de tenter de mettre fin au grand
mouvement de grève qui paralyse le pays, et aussi de relancer
l’économie.
7
3. La politique du Front populaire transforme, par les accords de
Matignon, les rapports au sein des entreprises en créant des délégués
syndicaux et en inaugurant la pratique des négociations
tripartites.
4. Cette politique suscite des critiques car elle impose des augmen-
tations de salaires et diminue les pouvoirs des patrons dans les
entreprises grâce aux délégués syndicaux.
> Synthétiser
Les élèves sont incités à réfléchir à la rupture en termes de politique
économique que constitue le Front populaire. Véritable New Deal
français, cette politique est inaugurée par les accords de Matignon.
Ils pourront s’intéresser aussi au rééquilibrage des rapports entre
patrons et ouvriers dans les entreprises.
Parcours B
> S’approprier un questionnement historique
La politique économique du Front populaire est une politique de
relance par la consommation, comparable par exemple au New Deal.
Le pouvoir d’achat des ouvriers est augmenté par une hausse des
salaires, les chômeurs sont indemnisés. Par les accords de Matignon,
les rapports de pouvoir sont transformés dans l’entreprise. Cepen-
dant, les critiques sont nombreuses quant à l’efficacité économique
de ces mesures.
Dorothea Lange,
HISTOIRE DES ARTS
Mère migrante, 1936 >> P. 32-33
La double page sur la Mère migrante est l’occasion d’étudier une
œuvre emblématique de la Grande Dépression tout en évoquant le
Dust Bowl.
Analyser une photographie
> Analyser l’œuvre
1. Cette œuvre est centrée sur une mère placée au centre qui porte
ses deux enfants, qui semblent manquer de tout.
2. Réalisée par Dorothea Lange qui a pour mission de documenter
la misère des paysans américains, elle vise clairement à démontrer
l’utilité du New Deal.
3. La Mère migrante est une représentation moderne d’une Vierge
à l’Enfant.
> Dégager la portée de l’œuvre
Les élèves pourront insister sur les aspects réalistes de la photo-
graphie (grand dénuement de la mère), sur l’aspect politique de
défense de l’œuvre du New Deal, mais aussi sur la détermination
qui semble animer son regard, une valeur américaine face à la crise.
FAIRE LE POINT >> P. 34-35
Réviser autrement
Il s’agit pour les élèves de remplir le tableau en plaçant les principaux
blocs monétaires, mais aussi le New Deal et le Front populaire qui
sont les deux principales politiques de relance qui figurent au
programme. Ils pourront les opposer aux politiques autocentrées
(Italie, Allemagne), ainsi qu’aux politiques de substitution aux
importations (Amérique latine).
8
Vérifier ses connaissances
1. QCM : 1, b ; 2, a, b ; 3, a, b ; 4, c.
2. Notions clés à relier : 1, c ; 2, e ; 3, b ; 4, a ; 5, d.
BAC MÉTHODE >> P. 36-39
• Analyse de document : Analyser une série statistique
1. Ce document permet d’étudier le déclenchement de la crise aux
États-Unis et son impact sur l’Europe d’une part et l’Amérique latine
d’autre part. Il permet ainsi de voir comment la crise, d’abord amé-
ricaine, devient mondiale.
2. Les États-Unis sont les plus durement touchés : le PIB par tête y
diminue de 31 % entre 1929 et 1933. Sur la même période, celui de
la France ne diminue que de 5 %. La diffusion de la crise à l’Amérique
latine est visible dans le tableau statistique. Le PIB de l’Argentine
diminue de 17 % entre 1929 et 1933.
3. Ce document permet donc d’illustrer les effets de la crise, sans
permettre toutefois d’en percevoir tous les aspects. Il ne dit rien du
choc bancaire ni de la rétractation du commerce.
• S’entraîner
Le tableau permet d’abord de mesurer la diminution de la population
active (-6 %). Les plus touchés sont les ouvriers (15 %), et dans une
moindre mesure les isolés (-6 %), tandis que les employés (-1,5 %)
et les chefs d’établissement (-2,85 %) sont moins durement atteints.
Il permet ensuite de constater que le nombre de chômeurs augmente
de 90 %.
• Question problématisée : Bien comprendre le sujet
1. La période antérieure à la crise ne fait pas partie du sujet, qui
n’invite pas à considérer ses causes mais ses conséquences.
2. Il s’agit d’étudier les conséquences de la crise sur le système
bancaire, sur les échanges mondiaux, sur les sociétés et les régimes
politiques. Les élèves ne doivent donc pas restreindre le sujet à
l’avènement du chômage de masse.
3. Le sujet concerne les États-Unis et le monde, mais on attend des
élèves qu’ils accordent une attention particulière à la situation de
l’Europe et de l’Amérique latine.
Prolongement : L’enjeu du sujet est l’impact de la crise sur les
économies, les sociétés et les systèmes politiques. En introduction,
on attend des élèves qu’ils évoquent le krach de 1929, causé par
l’éclatement d’une bulle spéculative.
• Capacités et méthodes : Confronter et critiquer deux
documents
1. Les deux documents sont postérieurs aux élections des 26 avril
et 3 mai 1936 qui ont vu la victoire de la coalition électorale du Front
populaire. L’affiche de la CGT [doc. 2] est antérieure à la loi [doc. 1].
2. L’enjeu de la loi est la réduction du temps de travail en vue
d’encourager les entreprises à créer davantage d’emplois. La réforme
se veut égalitaire, en appliquant les mêmes règles à toutes les
entreprises, et protectrice pour les salariés, dont le salaire ne peut
être réduit au prétexte de la réduction du temps de travail.
3. Les documents ne permettent pas d’aborder les oppositions à la
loi ni ses effets sur l’emploi et la production. Ils révèlent, néanmoins,
le fait que le Front populaire promeut un nouveau modèle de société
qui fait toute sa place aux loisirs.
 EXERCICES >> P. 40-41
1. Analyser une série statistique
Les élèves peuvent comparer le taux de dépendance des différents
pays d’Amérique latine envers les États-Unis d’une part, et des pays
d’Europe d’autre part. Ils peuvent ainsi démontrer que les pays les
plus proches historiquement (Cuba, Mexique) sont aussi les plus
dépendants du voisin américain (à l’exception de la Colombie) et
émettre l’hypothèse que cela explique pourquoi la crise y est si
grave.
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Bibliographie
Hautcoeur, P.-C., La Crise de 1929, La Découverte, 2009.
Gazier, B., La Crise de 1929, Puf, 2009.
Terkel, S., Hard Times. Histoires orales de la Grande Dépression,
Amsterdam, 2009.
Galbraith, J. K., La Crise économique de 1929, Petite bibliothèque
Payot, 1997 (1re édition 1954).
Tartakowsky, D., Le Front populaire. La vie est à nous, Gallimard, 1996.
Tartakowsky, D., Margairaz, M., Le Front populaire, Larousse, 2009.

Filmographie
2. Procéder à l’analyse critique d’un document
Duvivier, J., La Belle Équipe, 1936.
L’affiche est construite sur une opposition simple. D’un côté, la Ford, J., Les Raisins de la colère, 1940.
dépression entretenue par le gouvernement conservateur (avec la Renoir, J., La vie est à nous, 1936.
mention du chômage) ; de l’autre, dans l’avenir, la fin de la dépres- Renoir, J., La Grande Illusion, 1937.
sion grâce à un vote pour le Parti travailliste. Il s’agit donc d’une Renoir, J., La Règle du jeu, 1939.
critique des politiques déflationnistes menées par les conservateurs,
Sites Internet
ce à des fins électoralistes.
Library of Congress : www.loc.gov
Office universitaire de recherche socialiste (OURS) : www.lours.org
3. Mettre en relation un texte et une image INSEE : www.insee.fr
La fresque de Ben Shahn est une illustration de la création d’un Organisation mondiale du commerce (OMC) : www.wto.org
premier État-providence par le New Deal. Elle illustre, dans un bâti- Association française des historiens économistes (documents pour
ment voué à cette protection sociale, les méfaits de la dépression, l’enseignement secondaire) : afhe.hypotheses.org/113
de « la peur et l’inquiétude » écrit Roosevelt, pour démontrer l’utilité Un site présentant les travaux d’Angus Maddison :
www.theworldeconomy.org
d’un État qui protège ses citoyens. Il s’agit donc bien de placer la
sécurité au cœur des valeurs américaines.

4. Utiliser les fonctions avancées des outils de recherche

sur Internet
La vidéo met en scène un grand témoin des accords de Matignon,
Benoît Frachon, qui était à l’époque le leader de la CGT. Il évoque
ces accords trente ans après leur signature, rappelant la domination
patronale à cette époque mais aussi le grand tournant du Front
populaire.

CHAPITRE 1 • L’impact de la crise de 1929 : déséquilibres économiques et sociaux 9

 2 Les régimes totalitaires >> p. 42-69

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre vise à mettre en évidence » P. 44-45 : GRAND ANGLE L’Europe des totalitarismes
les caractéristiques des régimes » P. 46-47 : COURS 1 Le régime soviétique
totalitaires (idéologie, formes et
» P. 48-49 : POINT DE PASSAGE 1937-1938 : la Grande Terreur en URSS
degrés d’adhésion, usage de la
violence et de la terreur) et leurs » P. 50-51 : COURS 2 Le fascisme italien
conséquences sur l’ordre européen. » P. 52 : ÉTUDE 27-28 octobre 1922 : la marche sur Rome
On peut mettre en avant les » P. 53 : ÉTUDE L’embrigadement de la jeunesse sous le fascisme
caractéristiques :
» P. 54-55 : COURS 3 Le national-socialisme allemand
– du régime soviétique ;
– du fascisme italien ; » P. 56-57 : POINT DE PASSAGE 9-10 novembre 1938 : la « nuit de Cristal »
– du national-socialisme allemand. » P. 58-59 : POINT DE PASSAGE 1936-1938 : les interventions étrangères dans la guerre civile espagnole
» P. 60-61 : HISTOIRE DES ARTS Isaak Brodsky, Portrait de Joseph Staline, 1933

Les outils du manuel

» P. 64-67 : BAC MÉTHODE
» P. 68-69 : EXERCICES
• Analyse de document : Analyser une affiche
• Question problématisée : Définir et délimiter les termes du sujet
• Capacités et méthodes : Identifier les ressources et les contraintes
d’une situation historique
• Construire une argumentation historique
• Justifier une interprétation
• S’approprier un questionnement historique
• Préparer un exposé en interrogeant une base documentaire

Ce chapitre est consacré à l’histoire des totalitarismes avant la Seconde Guerre mondiale. Le programme invite à interroger
leur genèse, puis leurs caractéristiques communes. Cependant, l’approche reste plus historique que comparative, puisque le
programme invite à étudier les régimes de manière chronologique. Enfin, ce chapitre est préparatoire du suivant sur la Seconde
Guerre mondiale, puisque le programme propose d’évoquer les effets déstabilisateurs des totalitarismes sur l’ordre
européen.
Le manuel met en œuvre une démarche avant tout historique : le premier cours sur le régime soviétique est l’occasion de
rappeler son rôle dans l’invention des caractéristiques des totalitarismes. Puis le deuxième cours sur le fascisme replace ce
dernier, comme l’affirme l’historiographie, dans le modèle totalitaire. Enfin, le troisième cours évoque le régime nazi et ses
atteintes à l’ordre européen. L’histoire des arts permet d’aborder un des grands noms du réalisme socialiste, Isaak Brodsky, et
l’instrumentalisation de l’art par les régimes totalitaires.

Ouverture du chapitre >> P. 42-43
Les deux documents illustrent le culte du chef (portrait
géant de Staline et présence d’Hitler à la tribune) ainsi que
le rôle de la propagande par de grandes manifestations afin
de susciter l’adhésion au régime (symboles, mise en scène).
GRAND ANGLE L’Europe des totalitarismes >> P. 44-45
La violence totalitaire s’exerce contre les peuples des États mais aussi
au niveau des États européens. Le totalitarisme soviétique invente
le goulag, déporte des populations entières et organise une famine
en Ukraine, tandis que le régime nazi ouvre des camps de concen-
tration et que le fascisme italien réprime tous les opposants.
Cette violence s’exerce aussi à l’égard de l’ordre européen du fait
du caractère expansionniste des totalitarismes : conquête de l’Albanie
pour l’Italie, annexions qui violent les termes du traité de Versailles
pour l’Allemagne.
COURS 1 Le régime soviétique >> P. 46-47
Le cours débute par un rappel de la révolution de 1917 et de l’œuvre
de Lénine dont l’idéologie radicale est étudiée dans le document 3.
Puis il aborde le tournant de la fin des années 1920 avec la prise de
pouvoir de Staline et l’instauration d’un totalitarisme dont les aspects
de surveillance pourront être abordés dans le document 2 et le
caractère meurtrier dans le document 4.
La construction d’un culte du chef pourra être étudiée dans le
document 1.
1 Cette affiche célèbre Staline en le représentant en majesté à
la tête du peuple soviétique et en le replaçant dans la lignée de
Lénine.

10
 2 Le contrôle des ouvriers dans les usines s’exerce par les contre-
maîtres mais aussi surtout par les ouvriers eux-mêmes dans des
tribunaux populaires.
3 La violence se justifie pour briser la résistance des capitalistes
et instaurer le socialisme, seul régime vraiment démocratique.
4 Ce rapport est considéré comme contre-révolutionnaire car il
dénonce l’inaction des autorités et ne cache pas la vérité sur la
famine en Ukraine.
Justifier une interprétation
Le contrôle de la population est assuré par les autorités étatiques
et les membres du parti communiste avec une grande violence.
Cependant, le parti communiste parvient aussi à trouver des relais
dans la population qui a intériorisé les règles et l’idéologie du régime
et mène une surveillance à grande échelle.
1937-1938 :
POINT DE PASSAGE
la Grande Terreur en URSS >> P. 48-49
Le dossier permet d’étudier une des expressions les plus violentes
du totalitarisme soviétique. L’historiographie récente insiste sur les
aspects nationaux du phénomène [doc. 3] plus que sur les « grandes
purges » du parti voulues par Staline [doc. 5]. Le dossier permet
aussi d’aborder les formes de répression dans le régime stalinien
avec les déportations au goulag mais aussi les exécutions massives
de citoyens dans tout le pays [doc. 2]. Enfin, il permet d’aborder
les méthodes d’invention des coupables utilisées par le régime pour
obtenir des quotas de coupables [doc. 4]. Le dossier aborde donc
la violence totalitaire, mais aussi le fonctionnement de l’État stalinien
[doc. 1] et ses méthodes de répression.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Il s’agit de réprimer des individus accusés d’être des traîtres, du
fait de leur nationalité, de leur richesse ou de leur positionnement
idéologique.
2. Les populations ciblées sont de trois catégories : des dignitaires
du parti accusés de dévier de la ligne officielle, des koulaks et des
nationalités périphériques de l’URSS.
3. Cet épisode touche à la fois le cœur de l’URSS à Moscou avec les
grands procès mais aussi les périphéries avec les mesures antina-
tionales. De plus, on trouve des goulags et fosses communes dans
tout l’URSS.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à étudier les causes de la Grande Terreur,
voulue d’abord par Staline pour éliminer des dignitaires du régime
et renforcer son contrôle des populations périphériques de l’URSS.
Ils pourront aussi voir un État totalitaire dans son fonctionnement :
absurdité des ordres et des accusations, invention des coupables,
culte du secret. Enfin, ils pourront s’intéresser aux conséquences en
rappelant l’ampleur des moyens utilisés contre des faux coupables.
Parcours B
> Procéder à l’analyse critique d’un document
L’ordre opérationnel n° 00447 permet d’étudier la logique totalitaire
du régime de Staline qui choisit des coupables pour leur identité :
koulaks, nationalités, éléments criminels. Ils sont alors arrêtés et
éliminés sans jugement ou déportés au goulag. Le document démontre
l’efficacité du système totalitaire et la mainmise de Staline. La logique
d’instauration de quotas démontre qu’il ne s’agit pas de trouver les
coupables mais de renforcer le contrôle des populations.
COURS 2 Le fascisme italien >> P. 50-51
Le cours s’ouvre sur les origines guerrières du fascisme, notamment
par l’étude du mouvement squadriste [doc. 3]. Puis il s’intéresse
au passage rapide au totalitarisme dont plusieurs documents
dévoilent les caractéristiques : création d’un homme nouveau
[doc. 5], idéologie totalitaire et martiale [doc. 2], religion politique
[doc. 4], culte du chef [doc. 1]. Ce dernier document permet aussi
d’explorer la projection du totalitarisme à l’étranger lors de l’expé-
dition d’Éthiopie en 1935-1936.
1 Cette statue célèbre le régime fasciste par son chef mais aussi
par sa capacité à se projeter à l’étranger, ici en Éthiopie.
2 Dans l’idéologie fasciste, l’individu n’existe pas pour lui-même,
il doit servir l’État fasciste.
3 Le squadrisme est un mouvement terroriste car il ne respecte
pas l’ordre établi. Les squadristes commettent des assassinats
politiques au nom de Mussolini.
4 Dans la « religion » fasciste, Mussolini a le statut de dieu (remar-
quer l’usage de la majuscule pour le désigner) et de guide.
5 L’homme nouveau fasciste semble avoir été façonné par la
guerre ; de plus, il n’a plus de particularité individuelle car tous
doivent indistinctement servir le régime.
S’approprier un questionnement historique
La doctrine fasciste est une doctrine totalitaire qui attend la mobi-
lisation complète des citoyens au service de l’État. Ce dernier est
dirigé par un chef, le Duce, dont le statut s’approche de celui d’un
dieu. Les individus disparaissent dans le service de l’État qui leur
est demandé dès le plus jeune âge.
27-28 octobre 1922 :
ÉTUDE
la marche sur Rome >> P. 52
L’étude consacrée à la marche sur Rome permet d’étudier la genèse
du régime fasciste grâce à ce coup de force de Mussolini. Le docu-
ment 1 permet d’expliciter la démarche de Mussolini qui menace
la monarchie. Le document 3 donne, au contraire, une impression
de légalité, et permet donc de rappeler l’ambiguïté de cet événe-
ment. Enfin, le document 2 vise à révéler les conséquences réelles
de l’événement.
Analyser les documents
1. La marche sur Rome est un coup de force car Mussolini menace
directement le roi d’une guerre civile. De plus, il est soutenu par
ses partisans armés et des militaires.
2. Mussolini tente de maintenir les formes constitutionnelles en se
rendant auprès du roi (après que celui-ci l’a appelé au gouvernement)
en habit, et non en chemise noire, pour présenter son gouvernement
d’union.
3. Cet événement est fondateur pour le régime fasciste car Mussolini
s’empare du pouvoir tout en réussissant à maintenir l’apparence
de la légalité. Il détient très rapidement les rênes du pouvoir.
CHAPITRE 2 • Les régimes totalitaires 11
 L’embrigadement de la jeunesse
ÉTUDE
sous le fascisme >> P. 53
L’étude consacrée à l’embrigadement des jeunes dans le régime
fasciste vise à traiter la thématique de la propagande dans les
régimes totalitaires. Les enfants constituent une cible privilégiée
pour un régime qui veut construire un homme nouveau, d’où l’incul-
cation de valeurs [doc. 1] dans le cadre d’organisations de masse
pour les jeunes [doc. 3]. Il s’agit aussi d’enseigner dès le plus jeune
âge le culte du chef [doc. 2].
Analyser les documents
1. Les institutions qui encadrent les jeunes sont d’une part l’école,
d’autre part des organisations de jeunesse dès l’âge de 4 ans.
2. Les valeurs inculquées aux enfants sont militaires et nationalistes.
Il s’agit d’aimer sa patrie et le fascisme.
3. Ce sont à la fois la doctrine militaire mais aussi les modalités
d’encadrement des jeunes qui ressemblent à l’armée.
Construire un argumentaire oral
Les élèves peuvent répondre à la problématique en soulignant
l’utilisation de l’institution militaire dans la prise de pouvoir lors de
la marche sur Rome, mais aussi dans la structuration des institutions
d’encadrement de la population (ici pour les jeunes) et dans l’idéo-
logie du régime explicitée dans le document 1 de l’étude sur l’embri-
gadement des jeunes.
COURS 3 Le national-socialisme allemand >> P. 54-55
Le chapitre est à la fois chronologique et thématique. Le cours s’ouvre
sur les origines du nazisme et la constitution d’une idéologie nazie
[doc. 3]. Puis sont relevées les spécificités du régime nazi, notamment
son racisme, la violence exercée contre les opposants [doc. 2] et le
culte du chef [doc. 1]. Enfin, le document 4 permet d’étudier les
conséquences de l’avènement de Hitler sur l’ordre européen.
1 Il s’agit de démontrer l’attachement de la jeunesse à la personne
de Hitler et l’importance de la pureté de la race.
2 La terreur s’exerce par les effectifs mobilisés, les armes et la
contrainte exercée sur les opposants.
3 Ce texte annonce déjà l’antisémitisme du régime ainsi que sa
volonté de remettre en cause les clauses du traité de Versailles.
4 Les violations menacent tout l’équilibre géopolitique en Europe
centrale et les relations avec la France.
Justifier une interprétation
Le racisme du régime nazi s’exprime par un antisémitisme très
violent dès le programme du NSDAP en 1920. L’affiche promouvant
l’image de Hitler est aussi raciste car elle illustre un modèle aryen
pour les Jeunesses hitlériennes.
9-10 novembre 1938 :
POINT DE PASSAGE
la « nuit de Cristal » >> P. 56-57
Le dossier permet de remettre en cause un certain nombre d’idées
reçues sur cet événement. Il s’agit de montrer que ses mécanismes
sont ceux d’un pogrom qui ne diffèrent pas intrinsèquement de la
violence pogromiste qui se développe dans l’empire russe à la fin du
xixe siècle. La violence est décidée au plus haut sommet de l’État
[doc. 2] et répond à des objectifs politiques, forcer les Juifs à émigrer
12
malgré le contexte de fermeture des frontières en Europe et dans le
monde et durcir la politique antisémite du régime [doc. 6]. Cette
violence s’exerce sur tout le territoire du Reich, l’Autriche annexée
en mars est particulièrement touchée [doc. 1]. La violence est mul-
tiforme ; si les bris de vitrines, d’où l’expression « nuit de Cristal »,
sont bien connus, il s’agit pourtant de la violence la moins dramatique.
Les lieux de culte du judaïsme allemand, jusqu’aux plus petites villes,
sont détruits [doc. 1, 3] sous le regard d’une population allemande
curieuse et passive. L’événement marque l’entrée massive et tempo-
raire des Juifs dans un système concentrationnaire qui avait, à l’origine,
vocation à réprimer les seuls membres de la communauté aryenne
[doc. 1]. Enfin, des centaines de Juifs perdent la vie, assassinés pen-
dant le pogrom [doc. 5] ou dans les camps de concentration.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. L’État met au service de la violence une grande partie de ses
moyens. Les décisions sont prises au plus haut niveau, par Goebbels
et Heydrich, qui déterminent par leurs ordres l’usage et les cibles
de la violence. Les organisations de sécurité du IIIe Reich, les SS et
les SA, sont les acteurs principaux de la violence. Mais la population
qui assiste aux événements influe également sur la violence ne
serait-ce que par son absence de réaction.
2. La violence prend des formes multiples. Les lieux de culte, syna-
gogues et maisons de prière, sont détruits et incendiés [doc. 3], les
magasins appartenant à des Allemands juifs sont détruits et les
vitrines brisées [doc. 4, 6], les meurtres se comptabilisent immé-
diatement par dizaines [doc. 5], 30 000 hommes juifs sont déportés
vers le système concentrationnaire. Enfin, ce pogrom entraîne un
durcissement de la violence normative à l’encontre des Juifs en
Allemagne, comme le démontre l’interdiction de fréquenter désor-
mais les écoles allemandes [doc. 6].
3. Si des Allemands ont pu manifester des formes de solidarité à
l’encontre des victimes [doc. 6], ce qui prédomine c’est la passivité
face à la violence. De très nombreux Allemands assistent aux
déchaînements de violence tels des badauds cessant le travail pour
assister aux destructions [doc. 3, 4].
> Synthétiser
L’expression « nuit de Cristal » appartient à la langue nazie, étudiée
par Victor Klemperer. Elle euphémise très largement la violence de
cet événement puisqu’elle laisse à penser qu’il ne s’est déroulé que
durant une nuit et qu’il ne s’est concrétisé que par des bris de
vitrines. Or, c’est bien un véritable pogrom, comme ceux qui se
produisent à partir de la fin du xixe siècle en Russie, qui se déroule
dans le IIIe Reich en novembre 1938. Maisons de prière et synagogues
sont détruites afin d’effacer toute trace matérielle de la présence
juive dans le pays ; appartements et commerces sont pillés et détruits
afin de spolier les victimes ; la violence physique atteint un niveau
inédit en Allemagne avec des centaines de Juifs assassinés et 30 000
déportations. Cette violence n’a rien de spontané, elle résulte de
décisions de l’État comme en témoignent les ordres écrits de
Reinhard Heydrich.
Parcours B
> Confronter et critiquer deux documents
Les perpétrateurs comme les victimes témoignent largement de
l’intensité de la violence qui se déchaîne à partir du 9 novembre 1938.
Ce sont en particulier les SA [doc. 5] qui jouent un rôle essentiel
dans la destruction des édifices religieux mais aussi dans l’assassinat
de nombreux Juifs. Il s’agit pour eux de pouvoir enfin laisser libre
cours, sans risque de sanction, à leur haine antisémite. Les survivants
du pogrom font état dans leurs témoignages, postérieurs à la fin
du nazisme, du processus de violence subi, destructions matérielles,
déportations, accélération de l’exclusion de la société allemande.
1936-1938 : les interventions
POINT DE PASSAGE
étrangères dans la guerre
civile espagnole >> P. 58-59
Le dossier permet d’étudier l’implication des puissances totalitaires
dans un conflit extérieur, la guerre d’Espagne. L’approche tente de
traiter les interventions nazies, fascistes mais aussi soviétiques d’un
point de vue militaire d’abord [doc. 1]. Il s’agit aussi de démontrer
que l’intervention des puissances fascistes prend la forme d’une
ingérence dans ce qui est avant tout une guerre civile [doc. 2]. Le
dossier étudie également la mobilisation internationale sous contrôle
de l’URSS par les brigades internationales [doc. 5]. Enfin, il aborde
la question des violences et des pratiques totalitaires en Espagne
avec le bombardement de Guernica [doc. 3], mais aussi l’élimination
du POUM par le NKVD en Catalogne [doc. 4].
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Les puissances totalitaires envoient du matériel militaire et des
hommes (ou instructeurs militaires pour l’URSS), qui participent
directement aux combats. L’Italie et l’Allemagne organisent aussi
des bombardements.
2. L’Italie et l’Allemagne envoient beaucoup plus de matériel et
d’hommes que l’URSS. Ils n’hésitent pas à bombarder des villes.
3. Le bombardement de villes ouvertes afin de cibler des civils mais
aussi l’élimination des opposants politiques sont des méthodes
totalitaires.
4. En organisant les brigades internationales, l’URSS souhaite renvoyer
l’image d’une lutte pour la liberté alors qu’elle applique en Espagne
des pratiques proches de celles des grands procès de Moscou.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à étudier le choc des totalitarismes en Espagne.
Il importe de rappeler à l’aide des documents 1 et 2 qu’il s’agit d’une
ingérence dans une guerre civile étrangère. Ils pourront ensuite
étudier les modalités d’implications des puissances totalitaires grâce
au document 1 et souligner la différence dans les moyens. Enfin,
l’utilisation de méthodes totalitaires, par les nazis mais aussi par les
Soviétiques, pourra être soulignée avec les documents 3 et 4.
Parcours B
> Analyser une carte
Le document 1 permet de mettre en exergue les modalités d’impli-
cation des puissances étrangères dans la guerre d’Espagne, en
distinguant l’aide matérielle de l’aide directement militaire. Les
élèves pourront souligner le lien entre cette aide et l’avancée
inexorable des franquistes qui réduisent progressivement le territoire
républicain. Enfin, ils pourront mettre en évidence le retrait des
puissances démocratiques, en comparaison avec l’ingérence des
puissances totalitaires.
Isaak Brodsky, Portrait
HISTOIRE DES ARTS
de Joseph Staline, 1933 >> P. 60-61
La double page histoire des arts offre l’occasion d’étudier le courant
du réalisme socialiste en même temps que les débuts du culte du
chef en URSS, grâce à un de ses plus célèbres peintres, Isaak Brodsky.
Analyser un tableau
> Analyser l’œuvre
1. Isaak Brodsky peint Staline regardant vers l’avenir et semblant
répéter un discours. Il semble ainsi adhérer aux valeurs du régime
comme en atteste la présence du symbole rouge de l’URSS.
2. Cette représentation est conforme au projet du régime de se
projeter dans l’avenir, vers un monde sans lutte des classes et sans
capitalisme.
3. Les chefs bolcheviques figurent au cœur du tableau (dans le
portrait de Staline) mais aussi, de manière plus discrète, dans le
document 2 avec le portrait au centre du tableau ou dans le docu-
ment 1 avec Lénine en arrière-plan.
4. Les leaders soviétiques ne sont pas les seuls héros des peintures
réalistes, on trouve aussi le peuple prolétaire, qu’il soit ouvrier ou
kolkhozien.
> Dégager la portée de l’œuvre
Cette œuvre s’inscrit dans le courant du réalisme soviétique car elle
célèbre le régime (et non la réalité du régime), ses symboles et son
chef.
FAIRE LE POINT >> P. 62-63
Réviser autrement
1. Placer sur la carte : URSS, Italie fasciste, Allemagne nazie ; Pacte
germano-soviétique (1939), Axe Rome-Berlin (1936).
2. Compléter la légende : Anschluss (1938), Annexion des Sudètes
et de la Bohême-Moravie (1938-1939), Annexion de l’Albanie (1939),
Grande Terreur (1937-1938), « Nuit de Cristal » (10 novembre 1938).
Vérifier ses connaissances
1. Identifier les moments clés : 1, e ; 2, a ; 3, f ; 4, c ; 5, j ; 6, i ; 7, d ;
8, b ; 9, g ; 10, h.
2. Identifier les acteurs clés : 1, b ; 2, e ; 3, a ; 4, d ; 5, c.
BAC MÉTHODE >> P. 64-67
• Analyse de document : Analyser une affiche
1. Il s’agit d’une affiche commandée par l’État. Elle présente donc
le point de vue officiel des Soviétiques au pouvoir.
2. Sur la forme, l’affiche se veut moderne en s’inspirant d’avant-gardes
artistiques. Sur le fond, elle met en avant les mesures prises en faveur
des femmes et des ouvriers depuis la révolution russe. Cette dernière
est ainsi présentée comme une œuvre émancipatrice.
3. Les femmes russes sont présentées comme libérées des contraintes
qui restreignaient auparavant leur accès à la vie professionnelle et
à la vie politique. Dans la Russie soviétique, comme dans la propa-
gande communiste dans son ensemble, les femmes sont présentées
comme les égales des hommes. Ici, l’affiche présente la femme
comme une avant-garde du prolétariat.
CHAPITRE 2 • Les régimes totalitaires 13
• S’entraîner
Cette affiche ouvertement anticommuniste entend dénoncer l’in-
fluence de Moscou sur le Front populaire. Or, si Moscou n’a aucune
influence directe sur la SFIO ou les radicaux, le Komintern détermine
effectivement la politique du PCF par l’intermédiaire d’Eugen Fried,
son représentant à Paris. Il lui impose ses dirigeants, son organisation
et sa ligne politique. En 1935, le Komintern impose ainsi, contre la
menace du fascisme en Europe, la ligne du front populaire, qui se
substitue à la ligne « classe contre classe » en vigueur depuis 1928.
• Question problématisée : Définir et délimiter les termes
du sujet
Rappel : Il s’agit d’étudier les points communs davantage que les
différences entre les trois totalitarismes.
1. Les totalitarismes (fascisme italien, nazisme et stalinisme) sont
des régimes dictatoriaux caractérisés par le culte du chef, un parti
unique, la terreur de masse et la volonté́ de créer un homme nou-
veau, ce qui les distingue des régimes autoritaires qui cherchent
simplement à imposer la soumission des habitants.
2. Le sujet n’indique pas de bornes chronologiques précises, mais
on peut considérer comme point de départ l’arrivée de Hitler au
pouvoir en Allemagne (30 janvier 1933) et comme point d’arrivée
le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale (1er septembre
1939).
3. L’espace géographique concerné ne se limite pas au territoire
des régimes totalitaires. Il faut en effet considérer leur influence
sur d’autres pays européens, ainsi que leur intervention dans la
guerre d’Espagne.
Prolongement : La question mérite d’être posée en raison des
différences apparentes entre ces trois régimes politiques, et des
divergences idéologiques très marquées entre le communisme et
le nazisme. Cette question divise les historiens et les politologues
(H. Arendt) depuis très longtemps.
• Capacités et méthodes : Identifier les ressources
et les contraintes d’une situation historique
1. Les deux documents se rapportent au nazisme et sont postérieurs
à la prise de pouvoir par Hitler. Ils illustrent le point de vue du
régime nazi et de son chef sur le rôle de la femme allemande.
2. Sous la république de Weimar, les femmes ont connu une éman-
cipation politique (droit de vote et d’éligibilité), sociale (non-discri-
mination, égalité dans le mariage) et culturelle (représentation des
femmes dans l’art) sur laquelle le nazisme revient. Il s’agit donc
d’une politique réactionnaire, qui vise à ramener les femmes à leur
condition antérieure, en les subordonnant à leur mari et en les
confinant à leur fonction d’épouse et leur rôle de mère.
3. Hitler conçoit les femmes « aryennes » comme le pilier de la
communauté raciale qu’il appelle de ses vœux.
EXERCICES >> P. 68-69
1. Construire une argumentation historique
Lors de l’exposition universelle de 1937, les deux totalitarismes
rivalisent dans leur monumentalité, puisqu’ils ont des pavillons
immenses. Ils utilisent aussi l’architecture pour véhiculer l’idéologie
de leur régime : l’URSS avec l’ouvrier et la kolkhozienne qui célèbre
le peuple prolétarien ; l’Allemagne avec l’aigle et la croix gammée,
symboles du régime.
14
2. Justifier une interprétation
Pour Mussolini, la propagande est un outil fondamental de contrôle
de la masse que constitue le peuple. Cela passe par des grandes
cérémonies, mais aussi par le cinéma dont le Duce est un grand
promoteur. Le film Scipion l’Africain commandé par Mussolini célèbre
ainsi la victoire de Rome sur les « barbares » afin de glorifier l’expé-
dition d’Éthiopie.
3. S’approprier un questionnement historique
Les usages du sport sont multiples dans les régimes totalitaires. Ils
servent à glorifier le corps, celui du dirigeant [doc. 2] mais aussi
celui du peuple prolétarien [doc. 1], ici les femmes comme les
hommes. Il a aussi clairement une vocation belliciste, le sport étant
en réalité une préparation à la guerre.
4. Préparer un exposé en interrogeant une base documentaire
Les élèves pourront visionner l’extrait sur lumni.fr et remarquer
l’usage de la propagande faite par Goebbels qui insiste sur le culte
du corps et la jeunesse. Cependant, la vidéo démontre aussi que le
régime essaie de faire bonne figure, en atténuant, par exemple, les
marques d’antisémitisme.
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Bibliographie
Chapoutot, J., Fascisme, nazisme et régimes autoritaires en Europe,
Puf, 2013.
Evans, R. J., Le Troisième Reich (2 vol.), Flammarion, 2009.
Foro, P., L’Italie fasciste, Armand Colin, 2016.
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Rousso, H., Stalinisme et nazisme, Éditions Complexe, 1999.
Werth, N., L’Ivrogne et la marchande de fleurs, Tallandier, 2009.
Werth, N., Histoire de l’Union soviétique de Lénine à Staline (1917-1953),
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Filmographie
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Schlöndorff, V., Le Tambour, 1979.
Scola, E., Une journée particulière, 1977.
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Sites Internet
Mémorial de la Shoah : www.memorialdelashoah.org
L’Histoire par l’image (RMN) : www.histoire-image.org
3 La Seconde Guerre mondiale >> p. 70-103

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre vise à montrer l’étendue » P. 72-73 : GRAND ANGLE Une guerre mondiale
et la violence du conflit mondial, » P. 74-75 : COURS 1 Les grandes phases du conflit
à analyser le processus menant au
» P. 76-77 : POINT DE PASSAGE Juin 1944 : le débarquement en Normandie et l’opération Bagration
génocide des Juifs d’Europe, et à
comprendre, pour la France, toutes les » P. 78-79 POINT DE PASSAGE 6 et 9 août 1945 : les bombardements nucléaires d’Hiroshima
conséquences de la défaite de 1940. et de Nagasaki
On peut mettre en avant : » P. 80-81 : COURS 2 Crimes de guerre, violences de masse et génocides
– un conflit mondial (protagonistes, » P. 82-83 : POINT DE PASSAGE Le front de l’Est et la guerre d’anéantissement
phases de la guerre et théâtres
» P. 84 : ÉTUDE Auschwitz-Birkenau, camp de concentration et centre de mise à mort
d’opération) ;
– crimes de guerre, violences et » P. 85 : ÉTUDE Treblinka, un centre de mise à mort
crimes de masse, Shoah, génocide » P. 86-87 : HISTOIRE DES ARTS David Olère, Gazage, 1947
des Tsiganes ; » P. 88-89 : COURS 3 La France dans la Seconde Guerre mondiale
– la France dans la guerre
» P. 90-91 : POINT DE PASSAGE Juin 1940 en France : continuer ou arrêter la guerre
(occupation, collaboration, régime de
Vichy, Résistance). » P. 92-93 : POINT DE PASSAGE De Gaulle et la France Libre
» P. 94 : ÉTUDE Charlotte Nadel, membre fondatrice du mouvement Défense
de la France
» P. 95 : ÉTUDE Hélène Terré, commandant de la France Libre
Les outils du manuel
» P. 98-101 : BAC MÉTHODE • Analyse de document : Analyser une photographie
• Question problématisée : Comprendre les enjeux du sujet
• Capacités et méthodes : Procéder à l’analyse critique d’un document
» P. 102-103 : EXERCICES • Construire une argumentation historique
• Analyser une carte
• Confronter et critiquer deux documents
• Procéder à l’analyse critique d’un document

Ce chapitre est consacré à l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, étudiée d’abord de façon chronologique (acteurs, théâtres
et phases du conflit), puis sous l’angle, d’une part, de la guerre d’anéantissement (crimes de masse, Shoah, génocide des
Tsiganes), et, d’autre part, de la situation particulière de la France dans le conflit.
Le premier axe du programme est mis en œuvre dans le manuel d’abord géographiquement (Grand angle), puis chronologi-
quement (cours 1), avec pour points de passage les offensives de juin 1944 et les bombardements nucléaires de 1945. Le second
axe est traité dans un cours synthétique (cours 2), le point de passage sur le front de l’Est et les deux études sur Auschwitz-
Birkenau et Treblinka permettant d’aborder plus en détail le génocide des Juifs et des Tsiganes. Enfin, le troisième axe fait
l’objet d’un cours synthétique (cours 3) et de deux points de passage sur juin 1940 et de Gaulle, complétés par deux études
consacrées à des femmes résistantes, l’une engagée dans la Résistance intérieure, Charlotte Nadel, l’autre dans la France Libre,
Hélène Terré.

Ouverture du chapitre >> P. 70-71
Le premier document, réalisé au moment du débarquement
de Normandie, présente le conflit comme une guerre des
démocraties (l’URSS étant absente de l’affiche), tout en sou-
lignant leur supériorité et leur certitude de vaincre. Le second
fait lui référence à l’extermination des juifs et des Tsiganes
et souligne combien la guerre d’anéantissement a été poussée
à son paroxysme pendant ce conflit.
GRAND ANGLE Une guerre mondiale >> P. 72-73
Les victoires de l’Axe sont représentées par les aplats de couleur,
qui permettent d’identifier les pays conquis par l’Allemagne entre
1940 et 1942 et de mesurer l’étendue de l’opération Barbarossa,
tandis que les offensives alliées sont figurées par les flèches, qui
permettent de suivre plus précisément la progression des troupes
et de localiser les principales opérations. La carte indique clairement
que le front de l’Est, l’Afrique du Nord puis la France ont été les
espaces les plus déterminants.

CHAPITRE 3 • La Seconde Guerre mondiale 15


COURS 1 Les grandes phases du conflit >> P. 74-75
Le cours retrace de façon chronologique les grandes phases du conflit
en évoquant d’abord les victoires de l’Axe, dont l’opération Barbarossa
[doc. 1] et la conquête de l’Asie du Sud-Est par le Japon [doc. 2], puis
en abordant l’année 1942, tournant de la guerre. La Charte de l’Atlan-
tique [doc. 4] présente les buts de guerre des Alliés tout en illustrant
le thème de la guerre d’anéantissement. Enfin, le cours aborde les
victoires des Alliés, en soulignant d’une part le rôle des États-Unis
[doc. 3] et d’autre part celui de l’URSS [doc. 5].
1 Cette photographie, publiée dans la revue Signal de la SS, donne
l’image d’une force irrépressible mais aussi du courage des soldats
qui se portent au-devant du véhicule blindé. La présence de la neige
indique en même temps les difficultés d’une offensive qui, à proxi-
mité de Moscou, touche à sa fin.
2 L’affiche présente l’invasion comme une libération des peuples
asiatiques du joug colonial, en même temps qu’un éveil des peuples
asiatiques face aux pays occidentaux.
3 L’affiche présente les emprunts de guerre comme indispensables
à la victoire et à la diffusion des idéaux américains (Oncle Sam).
Elle suggère que l’emprunt est une arme par procuration.
4 Les Alliés comptent faire valoir le droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes, tout en prévoyant un dispositif permettant de garantir
la paix au besoin par la force.
5 Cette photographie donne à voir l’ampleur des destructions
et, par conséquent, la violence des bombardements et des combats
dans Berlin.
Confronter deux documents
Les deux affiches ont en commun de mettre en œuvre l’un des
principes fondamentaux de la propagande de guerre : l’affirmation
selon laquelle c’est au nom d’une cause noble que l’on combat.
Elles se distinguent par le fait que l’écrasement de l’ennemi est
représenté crûment dans l’affiche japonaise, tandis qu’il est sim-
plement suggéré dans l’affiche américaine.
Juin 1944 : le débarquement en
POINT DE PASSAGE
Normandie et l’opération Bagration
>> P. 76-77
Le point de passage permet de montrer la complémentarité des
opérations Overlord et Bagration dans la chute du IIIe Reich. Les
cartes proposées mettent en évidence la profondeur des lignes de
front, les effectifs militaires engagés et les pertes humaines sur les
deux théâtres d’opérations entre lesquels l’Allemagne nazie est prise
en étau [doc. 1, 4]. Le témoignage d’un GI américain [doc. 2] et la
photographie [doc. 3] permettent de mieux appréhender la réalité
du Débarquement et les obstacles matériels et psychologiques
auxquels se heurtent les troupes alliées [doc. 4]. L’historien Jean
Lopez démontre l’importance stratégique de l’opération Bagration
qui atteint la Wehrmacht de manière décisive et ne peut être dis-
sociée de l’opération Overlord [doc. 5].
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Si, au soir du 6 juin, la bataille des plages est gagnée, un tiers
des pertes humaines a lieu à Omaha Beach (3 000 Américains tués).
16
Le « mur de l’Atlantique » inachevé n’est qu’un premier obstacle,
et l’avancée alliée est plus lente que prévu car le bocage normand
est propice aux embuscades.
2. L’opération Overlord suivie de la bataille de Normandie per-
mettent, après la percée d’Avranches, la libération du Nord-Ouest
de la France. Aux pertes humaines (près de 92 000 hommes dont
plus de la moitié sont Allemands) s’ajoutent les séquelles psycho-
logiques décrites par le GI Jess Weiss.
3. L’opération Bagration inflige à l’Allemagne nazie des pertes ter-
ritoriales (600 km en deux mois) et humaines considérables (de
300 à 400 000 soldats selon les estimations retenues). À la fin de
l’été 1944, l’Armée rouge est aux portes du Reich.
4. Décidées à la conférence de Téhéran et déclenchées simultané-
ment, les deux opérations ont pris le Reich en étau, limitant ainsi
le transfert d’unités de la Wehrmacht vers l’un et l’autre front. Elles
font ainsi figure d’étapes décisives dans la libération du territoire
européen.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à décrire le déroulement des opérations Over-
lord et Bagration. Ils rappelleront d’abord l’importance de la conférence
de Téhéran et la situation politique et militaire de l’Europe au début
du mois de juin 1944. Puis ils décriront l’avancée des opérations
(gains territoriaux et rythme d’avancée des troupes alliées). Enfin, ils
insisteront sur les étapes ultérieures ayant mené à la libération de
l’Europe mais aussi à sa division au sein d’un monde bipolaire.
Parcours B
> Confronter et critiquer deux documents
Les deux cartes nous fournissent des informations très factuelles
sur les dates de libération des principales villes situées sur les deux
théâtres d’opérations. Certains figurés (villes bombardées, décou-
verte de Majdanek) alertent toutefois sur la nécessité de croiser
ces documents avec d’autres sources (témoignages, données
quantitatives, photographies) pour appréhender la vie quotidienne
des soldats engagés sur ces deux fronts.
6 et 9 août 1945 : les bombardements
POINT DE PASSAGE
nucléaires d’Hiroshima
et de Nagasaki >> P. 78-79
Ce point de passage permet d’aborder l’entrée dans une nouvelle
ère de la guerre que constitue le double bombardement atomique
d’Hiroshima et de Nagasaki. La carte permet de resituer l’événement
dans le cadre spécifique de la guerre du Pacifique. Les facteurs qui
ont conduit à cette prise de décision sont abordés dans le docu-
ment 2. Les photographies [doc. 1, 3] illustrent les conséquences
matérielles et humaines des bombardements. Le document 5 peut
être confronté avec le document 1 afin de montrer comment sur le
long terme l’événement continue à marquer la société japonaise.
Le document 4 permet d’étudier les conséquences sur le cours de
la guerre de l’usage la bombe atomique.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Le président Truman présente sa décision comme inéluctable du
fait de l’absence de réponse des Japonais aux avertissements
adressés par les Alliés et comme une mesure de légitime défense
du fait de l’agression subie à Pearl Harbor. L’objectif est de mettre
fin le plus rapidement à la guerre en évitant un débarquement très
couteux en vies humaines américaines sur les côtes du Japon.
2. Alors que les bombardements aériens conventionnels étaient
menés dans le cadre d’opérations qui mobilisaient des escadrilles
importantes et se déroulaient sur plusieurs semaines, ici un seul
bombardier va mener directement l’attaque, pensée comme défi-
nitive par l’ampleur des destructions.
3. Les effets matériels du bombardement sont considérables. Avec
une seule bombe dans chacun des cas, les deux villes sont quasi
rasées. Les pertes humaines se comptent au minimum à 90 000 et
60 000 morts et poussent politiquement le Japon à capituler sans
condition.
4. Ce double bombardement fait entrer la guerre dans une nouvelle
ère car il fait surgir la possibilité d’un anéantissement total des
populations par la capacité destructrice démultipliée de cette nou-
velle arme.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à faire le lien entre ce double événement et
le concept de guerre d’anéantissement, c’est-à-dire d’une guerre
qui peut passer par la destruction totale de l’adversaire sans dis-
tinction entre civils et militaires. Les facteurs qui ont poussé les
États-Unis à faire le choix d’utiliser la bombe atomique sont mul-
tiples. L’opinion américaine comme le gouvernement s’estiment en
situation de légitime défense car agressés le 7 décembre 1941, et il
faut désormais éviter que de trop nombreux soldats américains
perdent la vie après une reconquête des îles du Pacifique déjà
difficile. Ce choix se traduit par la mort en masse de civils, la capi-
tulation du Japon mais aussi la naissance du sentiment que désormais
la guerre peut conduire à une forme d’apocalypse.
Parcours B
> Construire une argumentation historique
Ce dessin se distingue des autres documents du dossier car il n’est
pas contemporain de l’événement. Il fait partie d’un genre, le
témoignage de survivant d’un événement dramatique, qui prend
ici une forme non littéraire. Pour de nombreux survivants du bom-
bardement, le dessin a été un moyen de dire le drame vécu alors
que la parole semblait impuissante à retranscrire l’ampleur des
traumatismes. La comparaison avec le [doc. 1] permet de souligner
la précision et la justesse des souvenirs de l’auteur, tant au niveau
des couleurs (le jaune prédomine car la ville est un véritable brasier)
que de ce qui est représenté : des corps nus dont les vêtements ont
brûlé ou la présence du dôme d’Hiroshima, un des rares bâtiments
à ne pas avoir été complètement détruit.
Crimes de guerre, violences
COURS 2
de masse et génocides >> P. 80-81
Le cours débute par la description du caractère idéologique du
conflit. L’accent est mis sur la conception nazie de la guerre qui va
déterminer très largement l’essentiel des massacres commis entre
1939 et 1945. Le caractère racial de cette conception est abordé
dans le document 3. Le conflit donne lieu dès son déclenchement
à une violence de masse dont les civils sont les principales victimes
[doc. 1]. Cette violence atteint son paroxysme dans deux politiques
génocidaires à l’encontre des Juifs et des Tsiganes mises en œuvre
par le régime nazi et ses alliés [doc. 2, 4].
1 La distinction dans la guerre entre civils et militaires, patiem-
ment élaborée par le droit international au xixe, est abolie dès 1939
lors de l’invasion de la Pologne et encore plus dans le cadre de
l’opération Barbarossa. Les villages sont détruits par milliers car
accusés de soutenir les partisans.
2 Les ghettos et les centres de mise à mort se situent dans le
Yiddishland, l’espace en Europe dans lequel se concentrait 11 des
13 millions de Juifs européens.
3 Alfred Rosenberg aborde ici la question du Lebensraum dans
l’Est de l’Europe et de sa colonisation au profit des aryens qui doit
de facto entraîner la disparition par la faim des populations, en
particulier slaves, qui l’occupaient.
4 L’auteur évoque l’arrestation, la déportation, la mise au travail
forcé puis l’assassinat des Tsiganes.
Employer les notions et le lexique à bon escient
Les Tsiganes, hommes, femmes, enfants, sont victimes d’une poli-
tique de persécution et de concentration en Allemagne jusqu’en
1939. Ils sont ensuite déportés à l’Est dans des ghettos ou des centres
de mise à mort où ils sont assassinés car considérés comme dan-
gereux pour la pureté de la race aryenne.
Le front de l’Est et la guerre
POINT DE PASSAGE
d’anéantissement >> P. 82-83
Ce point de passage permet d’aborder la rupture dans la guerre que
constitue le déclenchement de l’opération Barbarossa. À partir de
juin 1941, c’est une guerre d’anéantissement qui se déroule entre
l’Allemagne et l’URSS. Celle-ci est pensée et organisée par le Troi-
sième Reich qui édicte, en préparation de l’affrontement, des ordres
criminels [doc. 1]. Cet anéantissement suit la progression des troupes
allemandes en Union soviétique [doc. 2] et vise les soldats faits
prisonniers [doc. 3] mais aussi les civils. Parmi ceux-ci, les Juifs
subissent une politique d’assassinat systématique menée en parti-
culier par les Einsatzgruppen et les forces de police et de sécurité
allemandes [doc. 4, 5]. Les populations slaves subissent également
des représailles dans le cadre de la lutte contre les partisans, ou
des politiques d’affamement pour faire céder la résistance à l’offen-
sive allemande [doc. 6].
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. L’opération Barbarossa est caractérisée par ses motivations d’ordre
racial, l’ampleur de la violence mise en œuvre qui vise tout le ter-
ritoire envahi, et le spectre très large des victimes qui va des pri-
sonniers de guerre aux civils.
2. Les acteurs de la guerre à l’Est sont multiples, de l’État allemand
et ses dirigeants à des institutions comme la Wehrmacht, des forces
chargées du maintien de l’ordre, les Einsatzgruppen, à des collabo-
rateurs locaux comme en Lituanie.
3. Cette guerre est conçue comme une guerre raciale et biologique
contre le « judéo-bolchevisme ». Elle ne peut se terminer que par
la destruction totale de ceux considérés comme une sous-humanité,
les Slaves, ou l’ennemi qui est censé comploter contre les aryens,
les Juifs.
CHAPITRE 3 • La Seconde Guerre mondiale 17
4. Les populations juives à l’Est commencent à être assassinées
systématiquement dès l’été 1941 dans des opérations de fusillade
de masse après parfois avoir été préalablement ghettoïsées. Les
populations assiégées dans les villes soviétiques subissent des
stratégies d’affamement particulièrement meurtrières.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à définir ce qui caractérise la guerre d’anéan-
tissement à l’Est dans le cadre de la Seconde Guerre mondiale qui
prend ailleurs d’autres formes que l’anéantissement. Cette guerre
mobilise des acteurs très variés. Elle est décidée et organisée par
l’État allemand et en particulier Himmler et la SS qui mettent en
place les Einsatzgruppen, mais la Wehrmacht joue également un
rôle essentiel. Cet anéantissement n’aurait pas été possible sans la
collaboration des populations locales qui peuvent partager avec le
nouvel occupant la même volonté de détruire le « judéo-bolche-
visme ». Cette guerre vise à détruire de façon systématique les
populations juives mais elle entraîne aussi la mort de millions de
Slaves considérés comme une sous-humanité.
Parcours B
> Analyser une photographie
Les compagnies de propagande allemandes comme les soldats, les
policiers et les gendarmes ont abondamment photographié les
massacres des populations à l’Est. Au premier plan on voit des
policiers allemands qui s’apprêtent à assassiner les Juifs de Mizocz
rassemblés dans un ravin près de la ville. En haut du ravin, des
collaborateurs ukrainiens montent la garde et s’apprêtent eux aussi
à participer à l’assassinat. La photographie est révélatrice du carac-
tère génocidaire de l’anéantissement de ces populations – c’est
l’ensemble des membres du groupe qui sont tués, hommes, femmes
et enfants –, de l’aspect routinier du meurtre pour ses perpétrateurs
dont l’un pose en se tournant vers le photographe, et de la colla-
boration des voisins non juifs des victimes.
Auschwitz-Birkenau, camp de
ÉTUDE
concentration et centre de mise à mort >> P. 84
Auschwitz-Birkenau est devenu le lieu métonymique de la Shoah
du fait de son bilan dramatique, des ruines qui persistent du centre
de mise à mort, des photographies de l’album d’Auschwitz [doc. 1],
mais surtout du fait que, conçu d’abord comme un camp de concen-
tration en 1940, il a permis à un petit nombre de Juifs déportés pour
être assassinés dans le centre de mise à mort à partir de 1942
[doc. 3] d’être sélectionnés pour être asservis, donc de potentiel-
lement survivre et de témoigner du sort qu’ils ont subi [doc. 2].
Analyser les documents
1. La photographie autorisée par le commandant d’Auschwitz a été
prise depuis le toit d’un wagon sur la Bahnrampe, le quai aménagé
en 1944 pour rapprocher la sélection des chambres à gaz. À gauche
et à droite on distingue les secteurs BI et BII du camp de Birkenau,
dont émergent les cheminées des crématorium II et III du centre
de mise à mort.
2. La sélection n’a existé qu’à Auschwitz en lien avec la triple fonction
du lieu. Afin de nourrir les commandos de travail en main-d’œuvre,
les SS sélectionnaient les déportés Juifs les plus aptes (aux alentours
de 20 % des déportés) pour être asservis dans les espaces
concentrationnaires.
18
3. Sur la photographie, l’atmosphère semble étrangement calme :
pas de chiens, pas de SS armés, pas de cannes brandies pour faire
obéir. Il s’agit d’une photographie de commande visant à démontrer
le bon déroulement des opérations de sélection.
ÉTUDE Treblinka, un centre de mise à mort >> P. 85
Treblinka est un des trois centres de mise à mort des Juifs du Gou-
vernement général de Pologne. Situé au milieu de nulle part, dis-
simulé par la forêt afin d’en cacher l’existence [doc. 2], Treblinka
n’a pas, contrairement à Auschwitz, de dimension européenne. Les
Juifs des districts de Varsovie et des alentours sont raflés à partir
de l’été 1942 [doc. 1] afin d’être immédiatement assassinés [doc. 3].
Ce site est moins connu qu’Auschwitz du fait du faible nombre de
survivants, une cinquantaine qui s’échappent lors d’une révolte en
août 1943, et du fait du démantèlement complet des installations
à l’automne 1943 quand presque tous les Juifs du Gouvernement
général ont été assassinés.
Analyser les documents
1. L’histoire de Treblinka est néanmoins connue car les déportations
vers ce lieu ont été prises en photo par la résistance polonaise, les
quelques survivants ont été interrogés ou ont laissé des mémoires.
Enfin, l’archéologie a permis de déterminer la topographie des lieux.
2. Les Juifs enfermés dans les ghettos sont raflés et déportés en train
à Treblinka. Une fois arrivés, les femmes sont séparées des hommes
et leurs cheveux coupés. Ensuite, les déportés sont immédiatement
gazés. Un convoi de 3 000 Juifs peut être assassiné en heure.
3. La photographie montre des Juifs qui ont été enfermés pendant
deux ans dans un ghetto. En août 1942, les Allemands leur annoncent
faussement qu’ils vont être transportés vers l’Est pour être réim-
plantés et qu’ils doivent prendre leurs affaires essentielles. C’est
l’ensemble du groupe qui est visé, quel que soit l’âge ou le genre.
Construire des comparaisons
Auschwitz-Birkenau Treblinka
Points Centre de mise à mort Centre de mise à mort
communs (960 000 morts) (900 000 morts)
Différences Sélection, existence d’un Assassinat des Juifs
camp de concentration et polonais principalement,
d’usines, assassinat des anéantissement immédiat
Juifs d’une grande partie de l’ensemble des
de l’Europe déportés
HISTOIRE DES ARTS David Olère, Gazage, 1947 >> P. 86-87
Cette double page propose d’aborder l’extermination des Juifs à
travers le témoignage unique de David Olère, qui a fait partie du
dernier Sonderkommando d’Auschwitz. Ses dessins, que Serge
Klarsfeld a fait connaître dans le monde entier, offrent une descrip-
tion rigoureuse du processus d’extermination.
Analyser un tableau
> Analyser l’œuvre
1. Ce qui rend le tableau unique est qu’il présente le témoignage
d’un témoin oculaire direct du processus d’extermination, qui a
survécu alors qu’il était lui-même voué à la mort par les nazis.
2. Le style de l’œuvre est réaliste et précis, comme l’illustrent, outre
son tableau, le plan du crématorium III [doc. 1] ou le dessin de la
salle des fours [doc. 2], qu’Olère a réalisés dès qu’il l’a pu afin de
témoigner de ce qu’il avait vu.
3. L’horreur du gazage est restituée par l’amoncellement de corps
et par la tentative, vaine, des déportés d’échapper au gaz en esca-
ladant les corps des plus faibles pour gagner le plafond.
> Dégager la portée de l’œuvre
Le tableau d’Olère est peint en 1947 d’après les croquis qu’il a réalisés
dès 1945. Le fait qu’un peintre ait été affecté au Sonderkommando
et ait survécu à l’extermination et à la « marche de la mort » est en
soi extraordinaire, ce qui fait de son œuvre un témoignage unique
et irremplaçable.
La France dans
COURS 3
la Seconde Guerre mondiale >> P. 88-89
Le cours rappelle les circonstances de la défaite de 1940 et évoque
les conditions de vie quotidienne des Français sous l’Occupation
[doc. 1]. Dès l’automne 1940, l’État Français met en place une
politique répressive contre les « ennemis du régime » [doc. 3] et
collabore avec les autorités allemandes [doc. 4]. Les premiers
noyaux de résistance luttant contre la propagande du nouveau
régime [doc. 2] se structurent et leurs liens s’intensifient avec la
France Libre et les Alliés pour préparer la libération du territoire
[doc. 5].
1 La propagande de Vichy cherche ici à attiser l’anglophobie au
sein de la population en rendant le blocus naval britannique res-
ponsable des pénuries, occultant le poids des réquisitions
allemandes.
2 Les murs des villes abritent à la fois d’immenses affiches de
propagande officielle, allemande ou vichyste, mais aussi les pre-
mières traces de refus de l’Occupation (graffitis, papillons).
3 Fin 1940, 50 000 Juifs, francs-maçons et étrangers sont placés
dans des camps d’internement. Ils servent d’étape vers la déportation
pour des milliers de Juifs livrés aux Allemands en zone Nord à l’été
1942.
4 L’affiche présente le Service du travail obligatoire comme un
instrument de protection (bouclier) contre l’expansion du commu-
nisme, symbolisé par l’ours portant une étoile rouge.
5 Se procurer un matériel encombrant, surmonter les difficultés
techniques, échapper à la surveillance allemande sont autant
d’obstacles expliquant les difficultés de communication entre la
métropole et Londres.
Identifier les contraintes d’une situation historique
Outils de propagande, la brochure et l’affiche mettent en évidence
les difficultés touchant la vie quotidienne des Français face à la
situation de pénurie de matières premières et la pression exercée
par l’occupant, notamment par la réquisition de main-d’œuvre qui
se généralise en 1943.
Juin 1940 en France : continuer
POINT DE PASSAGE
ou arrêter la guerre >> P. 90-91
Ce point de passage éclaire le débat qui oppose en juin 1940 par-
tisans et adversaires de l’armistice avec l’Allemagne nazie. La carte
[doc. 1] permet de décrire la situation de la France en juin 1940,
confrontée à une débâcle militaire et à l’exode de millions de civils.
Au sein du gouvernement réfugié à Bordeaux, certains souhaitent
poursuivre le combat depuis l’empire colonial [doc. 2] : 27 parle-
mentaires embarquent même en direction de l’Afrique du Nord à
bord du Massilia [doc. 3]. Toutefois, dès le 17 juin et dans ses allo-
cutions ultérieures, le nouveau président du Conseil (Pétain) justifie
le choix de l’armistice [doc. 5]. De Gaulle, général alors inconnu,
prononce à Londres le 18 juin son premier appel à la résistance, peu
entendu et relayé par quelques journaux en métropole [doc. 4].
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Après son offensive du 10 mai 1940, la Wehrmacht progresse
rapidement jusqu’à Paris et l’atteint le 14 juin : la débâcle militaire
s’accompagne de l’exode de millions de civils et l’évacuation des
troupes alliés depuis Dunkerque. Le gouvernement, qui a fui Paris,
est installé à Bordeaux.
2. Léon Blum et les 27 parlementaires embarqués sur le Massilia
envisagent de poursuivre le combat depuis l’Afrique du Nord, uti-
lisant « les bases coloniales proches du théâtre d’opérations ». Le
général de Gaulle choisit de rejoindre Londres et obtient le soutien
du Premier ministre britannique.
3. Blum et de Gaulle s’accordent sur le fait que la guerre ne s’arrête
pas avec la débâcle en métropole : la France dispose d’atouts et
d’alliés pour continuer à se battre. Léon Blum anticipe sur la future
politique de collaboration de Pétain et de Gaulle juge les conditions
d’armistice « contraires à l’honneur ».
4. Alors que le maréchal Pétain juge que la volonté de poursuivre la
lutte « hors du sol de France » est illusoire, le général de Gaulle évoque
une « guerre mondiale » et la possibilité de reconstituer une force
militaire capable de participer au combat aux côtés des Alliés.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à considérer la situation politique de la France
après l’armistice : alors que le territoire est morcelé, le maréchal
Pétain entend maintenir un « gouvernement libre » en métropole,
tandis que de Gaulle dénonce des conditions d’armistice inaccep-
tables. Sur le plan militaire, le débat oppose ceux qui considèrent
que le combat est perdu aux adversaires de l’armistice qui entendent
continuer une « guerre mondiale » avec l’aide britannique et les
ressources de l’empire colonial.
Parcours B
> Analyser une carte
L’analyse de la carte doit conduire les élèves à percevoir la fulgurance
de la débâcle militaire et le traumatisme associé chez les civils qui,
par millions et soumis aux attaques aériennes, fuient les zones de
combat vers le sud du pays. Cette carte permet également aux
élèves de s’interroger sur les conditions liées aux statuts adminis-
tratifs distincts entre les zones d’occupation (annexées, rattachées,
occupées, par l’Allemagne, par l’Italie).
De Gaulle
POINT DE PASSAGE
et la France Libre >> P. 92-93
Ce point de passage permet de montrer comment le général de
Gaulle a réussi à asseoir la légitimité militaire et politique de la
France Libre. Les ralliements des territoires coloniaux lui ont permis
CHAPITRE 3 • La Seconde Guerre mondiale 19
d’acquérir des bases territoriales [doc. 1]. Il les administre en mettant
en place dès octobre 1940 un gouvernement alors embryonnaire
[doc. 2]. Les institutions de la France Libre se structurent par la
suite, et la refondation républicaine est préparée depuis Alger à
partir de juin 1943 [doc. 3]. Les Français Libres, aux profils et mis-
sions variés [doc. 5], s’illustrent militairement aux côtés des Alliés,
dont de Gaulle parvient à vaincre les réticences afin de s’affirmer
à la Libération comme représentant légitime de la Résistance et du
Gouvernement provisoire [doc. 4].
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Dès octobre 1940, de Gaulle dénonce l’inconstitutionnalité de
gouvernement de Vichy et met en place des institutions visant à
administrer les territoires ralliés. À partir de juin 1943, à Alger, les
ordonnances prises par le CFLN permettent de préparer la refon-
dation républicaine.
2. L’empire colonial permet à la France Libre d’asseoir son assise
territoriale à proximité des théâtres d’opérations et de bénéficier
de ressources matérielles et surtout humaines : selon les estimations,
près de la moitié des FFL sont des soldats coloniaux.
3. De Gaulle démontre son attachement aux valeurs démocratiques
en mettant en place des instances représentatives (CNR, ACP). Face
à l’hostilité de Roosevelt, il s’affirme dès la libération de la Corse
comme autorité légitime et reconnue par l’ensemble des forces
politiques de la Résistance.
4. Les institutions provisoires à Alger (CFLN, ACP) et la promulgation
de nombreuses ordonnances (dont celles sur le droit de vote des
femmes ou sur la nomination de commissaires de la République,
représentants du gouvernement en région) permettent à de Gaulle
de préparer le retour à la démocratie.
> Synthétiser
Les élèves sont amenés à décrire la mise en place de la France Libre
en tant qu’organisation politique (mise en place d’institutions,
administration de territoires coloniaux) et militaire (FFL, BCRA). Ils
ne manqueront pas de rappeler les obstacles auxquels se heurtent
alors le chef de la France Libre : reconnu comme autorité légitime
par la Résistance, il doit vaincre l’hostilité des Alliés (qui ont soutenu
le général Giraud) et s’imposer à la Libération comme seule alter-
native politique.
Parcours B
> Justifier une interprétation
L’analyse de cette carte permet aux élèves de comprendre la diversité
des actions menées par la France Combattante. Cet outil de propa-
gande met en évidence l’action des comités de la France Libre
chargés d’en faire la promotion à travers le monde. L’imprécision
des données est une des principales limites de ce document qu’il
faudrait croiser avec d’autres sources pour quantifier les effectifs
de ces comités et l’efficacité de leurs moyens d’actions sur l’opinion
publique des pays concernés.
Charlotte Nadel, membre fondatrice
ÉTUDE
du mouvement Défense de la France >> P. 94
L’étude consacrée à Charlotte Nadel permet d’éclairer le rôle
méconnu joué par les femmes au sein de la Résistance intérieure.
20
Membre fondatrice du mouvement Défense de la France [doc. 3],
elle ne participe pas à la rédaction du journal mais à sa fabrication,
à la tête de quatre ateliers clandestins [doc. 1]. À l’été 1944, elle
devient agent de liaison pour le maquis de Seine-et-Oise, activité
féminine caractéristique au sein de la Résistance [doc. 2].
Analyser les documents
1. Charlotte Nadel a participé à la fondation du mouvement Défense
de la France et de son journal, mais elle en a également assuré et
perfectionné la conception et la diffusion.
2. Trouver des lieux pouvant accueillir des ateliers clandestins,
acquérir un savoir-faire de typographe et d’imprimeur, diriger des
équipes puis faire le lien entre le maquis de Seine-et-Oise et Paris
sont quelques-unes des tâches confiées à la résistante.
3. Ces tâches sont jugées par les intéressées elles-mêmes comme
étant moins « glorieuses » que celles des hommes engagés dans
des activités plus militaires ou politiques.
Hélène Terré, commandant
ÉTUDE
de la France Libre >> P. 95
L’étude consacrée à Hélène Terré permet de souligner le rôle joué
par les femmes volontaires engagées militairement au sein de la
France Libre. L’unité dirigée par Hélène Terré et fondée dès novembre
1940 [doc. 1] forme des femmes d’horizons très variés à remplacer
les hommes partis combattre dans des tâches techniques [doc. 2].
Elles rejoignent par la suite les théâtres d’opérations et sont assi-
gnées à des tâches auxiliaires (infirmières, conductrices) [doc. 3].
Analyser les documents
1. Encasernées et ayant reçu une formation technique (guet, méca-
nique…), les Volontaires françaises remplacent à Londres les hommes
partis combattre. Envoyées au front, elles y occupent alors des
fonctions auxiliaires (codage, conduite, soins).
2. Tout comme les hommes engagés au sein de la France Libre, les
Volontaires françaises viennent aussi bien de métropole que des
colonies. Elles reçoivent également une formation militaire et
technique, préalable indispensable à l’envoi en mission.
3. Les surnoms donnés à certaines unités féminines montrent le
peu de considération pour ces volontaires au sein de l’armée. Leurs
tâches auxiliaires ne sont pas valorisées et il faut attendre des
travaux historiques récents pour prendre en considération cette
forme d’engagement.
Rédiger un plaidoyer argumenté
Les élèves sont amenés à conduire une recherche personnelle, en
s’appuyant sur les ressources mises à leur disposition sur les sites
institutionnels (Fondation de la Résistance, Musée de l’Ordre de la
Libération) et les musées locaux. La mise en commun de différents
parcours de résistantes et Françaises Libres permet d’en dégager
les spécificités ainsi que des pistes de recherche encore peu
exploitées.
FAIRE LE POINT >> P. 96-97
Réviser autrement
Il s’agit pour les élèves de mobiliser des connaissances mentionnées
dans le chapitre : l’invasion de la Pologne, la signature de l’armistice,
l’opération Barbarossa (22 juin 1941), l’attaque de Pearl Harbor, les
batailles de Midway (1942) et d’El Alamein (1942), et la capitulation
de Stalingrad (1943). Enfin, les élèves sont invités à mentionner les
capitulations de l’Allemagne (8 mai 1945) et du Japon
(2 septembre 1945).
Vérifier ses connaissances
1. Notions clés à relier : 1, e ; 2, d ; 3, a ; 4, c ; 5, b.
2. Événements et acteurs politiques à relier : 1, d ; 2, c ; 3, e ; 4,
f ; 5, g ; 6, b ; 7, a.
BAC MÉTHODE >> P. 98-101
• Analyse de document : Analyser une photographie
1. Chartres a été libérée par l’action conjointe des troupes améri-
caines de Patton et de la Résistance. L’image n’évoque que les civils,
policiers et résistants français.
2. La photographie témoigne à la fois de la joie patriotique (drapeau)
qui entoure la Libération, et du phénomène de l’épuration extraju-
diciaire, alors que le Gouvernement provisoire n’a pas encore pu
établir parfaitement son autorité sur les territoires libérés.
3. La violence symbolique que représente la tonte et le tatouage
des femmes ayant collaboré avec l’ennemi fait écrire à l’historien
Fabrice Virgili que l’on assiste en France à la Libération à la restau-
ration d’un « ordre viril », qui contraste fortement avec l’octroi de
nouveaux droits aux femmes.
• S’entraîner
La photographie ne montre pas la réalité de la violence de la bataille
(7 000 morts parmi les troupes américaines), mais la détermination
des États-Unis dans la guerre qui les oppose aux Japonais dans le
Pacifique. Il est possible de faire travailler les élèves sur des images
qui s’inspirent de la photo d’Iwo Jima, par exemple l’affiche du 7e
emprunt de guerre lancé le 14 mai 1945, ou le groupe sculpté à
taille humaine que Felix de Weldon (1907-2003) réalise en 1954
pour le mémorial du corps des Marines du cimetière d’Arlington.
• Question problématisée : Comprendre les enjeux du sujet
Rappel : La violence connaît une étendue sans précédent de par
son intensité, le nombre de victimes et l’espace géographique
concerné. Le sujet porte sur la période 1939-1945 en Europe, mais
débute en 1937 en Asie.
1. La violence recouvre ici d’une part les crimes de guerre, à l’en-
contre par exemple des civils ou des prisonniers, et d’autre part les
crimes contre l’humanité.
2. La Seconde Guerre mondiale est une guerre d’anéantissement,
dans la mesure où il s’agit pour les belligérants d’anéantir l’adver-
saire. Elle est aussi marquée par la Shoah et l’extermination des
Tsiganes, qui font franchir un nouveau seuil à la violence.
3. Entre 1941 et 1944, 3 millions de Juifs sont morts dans les camps.
Si l’on ajoute les victimes des Einsatzgruppen et des ghettos, le total
des victimes juives de la Shoah atteint 5,1 millions de personnes.
Près de 250 000 Tsiganes, soit un tiers de la population tsigane de
1939, ont également été assassinés.
Prolongement : Il s’agit de s’interroger sur le processus qui a
conduit à l’exacerbation de la violence, en considérant d’une part
la nature de la guerre, et d’autre part le rôle spécifique joué par le
racisme et l’antisémitisme nazis.
• Capacités et méthodes : Procéder à l’analyse critique d’un
document
1. Trente exemplaires seulement du compte rendu ont été diffusés
aux participants, et un seul a été retrouvé après la guerre, dans les
archives du ministère des Affaires étrangères. Ce document n’avait
pas vocation à être révélé un jour.
2. L’emploi d’euphémismes masque mal le caractère systématique
de l’extermination mise en place : « l’évacuation » signifie la mort
programmée dans les ghettos et les camps de concentration, tandis
que le terme de « solution finale » annonce les centres de mise à
mort.
3. Le protocole de Wannsee est un document essentiel pour com-
prendre comment le crime de masse a été pensé, planifié et organisé
par le régime nazi.
EXERCICES >> P. 102-103
1. Construire une argumentation historique
Dans des villes comme Vilnius où la population juive est nombreuse,
les Allemands ordonnent la création de ghettos fermés. Les Juifs
sont astreints au travail forcé de façon provisoire. À partir de l’hiver
1941, la population des ghettos des villes soviétiques est progres-
sivement raflée pour être assassinée dans des centres de mise à
mort comme Ponar. Face à cet anéantissement, des Juifs choisissent
de résister en s’engageant parmi les partisans ou en témoignant
clandestinement de leur sort en photographiant la Shoah jusque
dans le centre de mise à mort d’Auschwitz.
2. Analyser une carte
Comme la Shoah, le génocide des Tsiganes est un crime à la dimen-
sion européenne. D’abord parce que cette population vivait dissé-
minée sur une grande partie du continent européen mais aussi
parce que l’Allemagne et ses alliés ont organisé leur déportation,
leur ghettoïsation et leur assassinat dans toute l’Europe centrale et
orientale.
3. Confronter et critiquer deux documents
Cette affiche de propagande allemande échoue dans sa tentative
de stigmatisation des « crimes » des résistants FTP-MOI : le procès
expéditif et l’exécution de ces 22 hommes et une femme (Olga
Bancic) marquent durablement la mémoire communiste à travers
la poésie (Aragon, Éluard), la chanson puis le cinéma.
4. Procéder à l’analyse critique d’un document
Ce film montre le savoir-faire des services de propagande de la
France Combattante. La notice du site évoque le décalage entre le
commentaire de Maurice Schumann, qui magnifie la dimension
militaire des maquis, et la réalité quotidienne liée aux difficultés
d’approvisionnement en armes et en nourriture.
CHAPITRE 3 • La Seconde Guerre mondiale 21
 INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Bibliographie
Albertelli, S., Blanc, J., Douzou, L., La Lutte clandestine en France.
Une histoire de la Résistance (1940-1944), Seuil, 2019.
Albertelli, S., Elles ont suivi de Gaulle, Perrin, 2020.
Bruttmann, T., Tarricone, C., Les 100 mots de la Shoah, Puf, 2018.
Bruttmann, T., Auschwitz, La Découverte, 2015.
Douzou, L., Lecoq, T., Enseigner la Résistance, Canopé, 2016.
Friedlander, S., Les Années d’extermination (1939-1945), Seuil, 2008.
Filmographie
Annaud, J.-J., Stalingrad, 2001.
Bouchareb, R., Indigènes, 2006.
Chabrol, C., L’Œil de Vichy, 1993.
Eastwood, C., Mémoires de nos pères, 2006.
Eastwood, C., Lettres d’Iwo Jima, 2007.
Lanzmann, C., Shoah, 1985.
Melville, J.-P., L’Armée des ombres, 1969.
Ophüls, M., Le Chagrin et la Pitié, 1969.
22
Resnais, A., Nuit et Brouillard, 1956.
Spielberg, S., Il faut sauver le soldat Ryan, 1998.
Zanuck, D. F., Le Jour le plus long, 1962.
Sites Internet
Encyclopédie multimédia de la Shoah : encyclopedia.ushmm.org/fr
Mémorial d’Auschwitz (Pologne) : auschwitz.org
Mémorial de la Shoah (France) : www.memorialdelashoah.org
Mémorial pour la paix (France) : www.memorial-caen.fr
Musée du Débarquement à Arromanches : www.musee-arromanches.fr
Historial Charles de Gaulle : www.musee-armee.fr/votre-visite/les-espaces-
du-musee/historial-charles-de-gaulle
Exposition de la BnF sur Robert Capa : expositions.bnf.fr/capa
Enseigner la Résistance (site Canopé) : www.reseau-canope.fr/
enseigner-la-resistance
Concours national de la Résistance et de la Déportation (site Canopé) :
www.reseau-canope.fr/cnrd
Musée de l’Ordre de la Libération : www.ordredelaliberation.fr
Musée de la Résistance en ligne : www.museedelaresistanceenligne.org
Bac sujets E3C : ÉPREUVES COMMUNES DE CONTRÔLE CONTINU
Question problématisée >> P. 104
• Quelles sont les causes de la crise de 1929 ?
Le sujet invite les élèves à considérer les causes immédiates du
krach de 1929 – c’est-à-dire l’éclatement d’une bulle spéculative –
aussi bien que les causes plus profondes – les déséquilibres de la
croissance américaine dans les années 1920. Le sujet porte donc
essentiellement sur les États-Unis.
Analyse de document >> P. 104
• Les grèves du Front populaire
Ce cliché reflète l’engagement du photographe en faveur du mou-
vement social et d’une photographie humaniste. Toutefois, manquant
de papier argentique qui lui aurait permis de traiter ce cliché sous-
exposé, il le range dans un tiroir jusqu’en 1980, date à laquelle il le
publie dans son ouvrage Sur le fil du hasard. Il fait ainsi passer à la
postérité Rose Zehner, qui avait été licenciée en 1938 à la suite de
son action militante. Cette photographie, célébrée aux Journées
internationales de la photographie en 1983, devient alors une icône
de l’engagement des ouvrières au temps du Front populaire.
Question problématisée >> P. 105
• Fascisme, nazisme et communisme :
un ou des totalitarismes ?
Le sujet porte sur l’entre-deux-guerres, tout en étant centré sur les
années 1930. Il invite à considérer d’abord les points communs entre
les trois totalitarismes (parti unique, culte du chef, volonté de créer
un homme nouveau, terreur), puis à souligner leurs divergences :
l’URSS est un totalitarisme de classe, le fascisme un totalitarisme
de l’État et le nazisme un totalitarisme de « race ».
Analyse de documents ’’ P. 105
• Les Jeunesses hitlériennes
Le texte d’Adolf Hitler révèle l’ambition totalitaire de l’encadrement
de la jeunesse, vouée à un endoctrinement idéologique et à une
préparation militaire. L’affiche des Jeunesses hitlériennes illustre
l’embrigadement dont les jeunes Allemands font l’objet tout en
désignant des ennemis.
>> P. 104-107
Question problématisée >> P. 106
• Quel est l’impact des totalitarismes sur l’ordre
européen ?
Le sujet porte sur les totalitarismes nazi, fasciste et soviétique, et
invite à considérer leur impact sur les autres pays européens. Il s’agit
de l’Espagne, qui connaît une guerre civile et souffre de l’influence
directe des totalitarismes. Il s’agit aussi des démocraties libérales,
qui subissent l’influence du modèle totalitaire, à travers l’essor de
partis qui s’en inspirent, comme en France, ou la constitution de
fronts populaires.
Analyse de document >> P. 106
• Le retentissement de la guerre d’Espagne
Le dessin de Miró est adressé à l’architecte Charlotte Perriand, qui
réalise avec Fernand Léger le Pavillon de l’agriculture de l’exposition
internationale de 1937. Il devait devenir un timbre (d’où la mention
« 1 FR »). La dédicace en donne des clés de lecture, en soulignant
les espoirs soulevés dans les partis de gauche par le combat des
républicains espagnols.
Question problématisée >> P. 107
• Quelles sont pour la France les conséquences
de la défaite de 1940 ?
La défaite de 1940 n’a pas seulement pour conséquences l’armistice
et l’occupation, ainsi que la division des Français entre les partisans
du maréchal Pétain et ceux du général de Gaulle (très minoritaires
en 1940). Elle affaiblit aussi durablement le rayonnement de la France :
grande puissance militaire et économique avant le conflit, elle apparaît
très affaiblie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Analyse de document >> P. 107
• La propagande de Vichy
Cette affiche conservée en un seul exemplaire n’a pas été diffusée
pendant la guerre, car elle ne correspondait pas à la propagande
du régime de Vichy, qui mettait en valeur l’image du maréchal Pétain
et se gardait bien de désigner nommément des ennemis. Ce qui lui
a valu d’être rejetée par la censure de Vichy lui donne aujourd’hui
tout son intérêt, puisqu’elle décrit très précisément les valeurs du
régime et ceux que ce dernier désigne comme ses adversaires.
CHAPITRE 3 • La Seconde Guerre mondiale 23
 4 La fin de la Seconde Guerre mondiale
et les débuts d’un nouvel ordre mondial >> p. 110-137

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre vise à mettre en parallèle » P. 112-113 : GRAND ANGLE Un nouvel ordre international
la volonté de création d’un nouvel » P. 114-115 : COURS 1 Le monde en 1945
ordre international et les tensions qui
» P. 116-117 : POINT DE PASSAGE 15 mars 1944 : le programme du Conseil national de la Résistance
surviennent très tôt entre les deux
nouvelles superpuissances (États-Unis » P. 118 : ÉTUDE Le procès de Nuremberg
et URSS). » P. 119 : ÉTUDE Le procès de Tokyo
On peut mettre en avant : » P. 120 : ÉTUDE La création de l’ONU
- le bilan matériel, humain et moral du
» P. 121 : ÉTUDE Les accords de Bretton Woods
conflit ;
- les bases de l’État-providence ; » P. 122-123 : COURS 2 De nouvelles tensions
- les bases d’un nouvel ordre » P. 124-125 : POINT DE PASSAGE 1948 : naissance de l’État d’Israël
international (création de l’ONU, » P. 126-127 : HISTOIRE DES ARTS Robert Capa, Tel Aviv fête la création de l’État d’Israël, 14 mai 1948
procès de Nuremberg et de Tokyo,
» P. 128-129 : POINT DE PASSAGE 25 février 1948 : le « coup de Prague »
accords de Bretton Woods) ;
- les nouvelles tensions (début Les outils du manuel
de l’affrontement des deux
superpuissances et conflits au Proche- » P. 132-135 : BAC MÉTHODE • Analyse de document : Analyser une allégorie
• Question problématisée : Reformuler la problématique
Orient).
• Capacités et méthodes : Justifier une interprétation
» P. 136-137 : EXERCICES • Confronter et critiquer deux documents
• Procéder à l’analyse critique d’un document
• S’approprier un questionnement historique
• Mettre en relation un texte et une image

Ce chapitre est consacré à l’histoire de la période qui suit la Seconde Guerre mondiale. Il débute fort logiquement par un bilan
de la guerre, puis il aborde la sortie de la guerre sous l’angle, d’une part, de la constitution d’un nouvel ordre mondial et de
ses conséquences, et, d’autre part, de l’établissement d’un nouvel État-providence. Le programme ne fixe pas de bornes chro-
nologiques, mais les dates des points de passage et d’ouverture indiquent clairement que le chapitre englobe les débuts de
la guerre froide, le blocus de Berlin constituant le temps fort des débuts de l’affrontement des deux superpuissances.
Le manuel met en œuvre le programme suivant un plan thématico-chronologique, en proposant d’aborder dans un premier
temps le bilan de la guerre, l’État-providence et l’instauration d’un nouvel ordre international (Grand angle, cours 1), puis, dans
un second temps, les premières tensions internationales (cours 2). Au premier cours sont rattachés le point de passage sur le
programme du CNR et quatre études permettant d’étayer les temps forts mentionnés par le programme : les procès de Nurem-
berg et de Tokyo, la création de l’ONU et les accords de Bretton Woods. Au second cours sont rattachés le « coup de Prague »
et la naissance de l’État d’Israël.

Ouverture du chapitre >> P. 110-111
Le premier document, qui met en abyme l’affiche américaine
posée devant l’Elbe en 1945, relève de la propagande et entend
souligner la bonne entente entre les deux alliés. Le second
document, publié à peine deux ans plus tard, permet d’aborder
les premières tensions entre les deux anciens alliés. La
confrontation des deux documents permet donc aux élèves
de mesurer l’évolution rapide des rapports entre l’URSS et
les États-Unis.
GRAND ANGLE Un nouvel ordre international >> P. 112-113
Avant même la fin du conflit, les deux Grands s’efforcent d’étendre
leur influence sur les territoires libérés, en y stationnant leurs armées
et en cherchant à y contrôler l’administration puis le gouvernement.
L’Europe représente un enjeu particulier, dans la mesure où l’effon-
drement du nazisme y crée une grande instabilité, et où il s’agit du
principal espace de contact entre la zone d’influence soviétique et
la zone d’influence américaine.
COURS 1 Le monde en 1945 >> P. 114-115
Le bilan de la guerre ouvre le cours : pertes humaines [doc. 1],
dégâts matériels, traumatisme moral [doc. 3] sont successivement
évoqués. La remise en ordre du monde d’après-guerre est abordée
ensuite en deux temps : tout d’abord, le nouvel ordre géopolitique
international programmé au cours des grandes conférences inte-
ralliées [doc. 2] ; puis les règles économiques et sociales appliquées
tant à l’échelle des États, avec la création de l’État-providence
[doc. 4], qu’à l’échelle internationale.

24
 1 Le pourcentage de la population tué par la guerre est généra-
lement très élevé. Le nombre de civils dépasse dans la plupart des
cas celui des militaires.
2 Alors que les ambitions des Alliés peuvent être contradictoires,
ils veulent afficher leur union et leur solidarité dans leur lutte contre
l’Allemagne et le Japon.
3 La puissance de la bombe atomique lui confère des capacités
dévastatrices inégalées. Elle tue en masse et sans distinction entre
civils et militaires, adultes et enfants.
4 La Sécurité sociale a pour but de limiter les inégalités sociales
en donnant à chacun le moyen de se soigner.
Mettre un événement en perspective
Jamais aucune guerre n’a causé autant de morts, et en particulier
de morts civils. En outre, de nouvelles méthodes sont apparues
pour tuer en masse : camps de mise à mort et bombe atomique. La
distinction entre civils et militaires a disparu, et la mort peut frapper
à tout moment.
15 mars 1944 : le programme du
POINT DE PASSAGE
Conseil national de la Résistance
>> P. 116-117
Le dossier met en lien le programme du Conseil national de la
Résistance (CNR) et les réformes économiques et sociales de la
Libération. Le diagramme circulaire [doc. 1] et l’extrait du programme
[doc. 2] permettent d’insister sur la représentativité du CNR et sur
le consensus né autour de ce texte au sein de la Résistance. La
photographie [doc. 3] et l’affiche publicitaire [doc. 5] symbolisent
l’esprit des réformes prises à la Libération visant à un plus grand
contrôle de l’État sur les secteurs économiques stratégiques et à
une meilleure protection des travailleurs. Le tableau [doc. 4] aide
les élèves à comprendre l’influence directe du programme du CNR
sur la politique mise en œuvre à la Libération, et ce jusqu’au début
de la guerre froide symbolisée par le départ des ministres
communistes.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Le programme est adopté à l’unanimité le 15 mars 1944 par ses
membres, représentatifs des principaux partis, syndicats et mou-
vements de la Résistance.
2. Le programme réaffirme les principes démocratiques et républi-
cains reniés par le régime de Vichy : « libertés fondamentales »
(presse, opinion, syndicats indépendants), « élections » libres,
« égalité de tous les citoyens » contre la politique répressive du
régime de Vichy vis-à-vis des « ennemis du régime ».
3. La Sécurité sociale répond à la volonté exprimée au sein du
programme d’assurer une meilleure protection sociale aux travail-
leurs. Elle rassemble l’ensemble des actifs au sein d’un régime
général (tout en maintenant certains régimes préexistants dits
« spéciaux »).
4. Les vagues de nationalisations et la mise en place d’une planifi-
cation économique sont inspirées du programme du CNR, tout
comme les ordonnances sur la liberté de la presse et la création des
comités d’entreprises. Seul le plan Langevin-Wallon est abandonné
suite au départ des communistes du gouvernement.
CHAPITRE 4 • La fin de la Seconde Guerre mondiale et les débuts d’un nouvel ordre mondial
> Synthétiser
Les élèves sont invités à montrer la portée immédiate du programme
du CNR à la Libération.
Dans une première partie, ils peuvent rappeler le contexte de
rédaction du texte (clandestinité au sein d’organes représentatifs
de la Résistance, unanimité autour des valeurs défendues).
Dans une deuxième partie, ils peuvent évoquer les principales
réformes économiques et sociales mises en œuvre à la Libération
et les limites du texte (aucune référence au droit de vote des femmes,
abandon de la réforme de l’éducation).
Parcours B
> Construire une argumentation historique
Le programme du CNR est à mettre en relation avec la définition
de l’État-providence issue du cours. La volonté d’instaurer « une
véritable démocratie économique et sociale » se traduit dans les
réformes prises en France à la Libération et doit être mise en parallèle
avec les politiques d’autres pays européens (notamment le Royaume-
Uni). Elles mettent en évidence une intervention accrue de l’État
dans la production nationale (planification, nationalisation) et la
redistribution des richesses (Sécurité sociale).
ÉTUDE Le procès de Nuremberg >> P. 118
Le procès de Nuremberg est une étape essentielle de la remise en
ordre internationale d’après-guerre. Les Alliés ont fait en sorte qu’il
réponde à tous les critères de légitimité juridique. Le procès est
largement médiatisé, et les accusés ont tous droit à un avocat
[doc. 1]. La charte du Tribunal militaire international définit de
nouvelles incriminations [doc. 2]. Les Alliés promeuvent ainsi un
modèle de justice internationale fondé sur les valeurs démocratiques
niées par l’Allemagne nazie [doc. 3].
Analyser les documents
1. Il était important que le procès soit médiatisé, d’une part, parce
que cela garantissait son caractère équitable et, d’autre part, parce
que cela permettait de condamner aux yeux du monde entier les
actions nazies.
2. Les agressions de l’Allemagne contre la Pologne et la Tchécoslo-
vaquie sont des crimes contre la paix, les massacres de populations
civiles comme celui d’Oradour-sur-Glane, des crimes de guerre, le
génocide des Juifs d’Europe, un crime contre l’humanité.
3. Les accusés ont tous droit à un avocat. Le procès se tient selon
les normes du droit américain : on produit des preuves, des témoins.
Il ne s’agit pas d’un jugement arbitraire : plusieurs accusés seront
acquittés.
ÉTUDE Le procès de Tokyo >> P. 119
Les Alliés ont conçu le procès de Tokyo comme le strict parallèle du
procès de Nuremberg. Les mêmes procédures sont suivies et le
procès est largement médiatisé [doc. 1]. Néanmoins, ce procès
suscite plus de remous. Les actes d’accusation contre les inculpés
apparaissent mal fondés à bon nombre d’observateurs [doc. 2]. En
outre, sur décision de MacArthur, qui souhaite ménager le Japon
pour l’arrimer au camp américain, l’empereur est épargné par le
procès [doc. 3].
25
Analyser les documents
1. Le procès de Tokyo a été ouvert aux journalistes, photographié,
filmé comme celui de Nuremberg. On trouve, devant les accusés,
le banc de leurs avocats. Peu ont été condamnés à mort, ce qui
dénote le souci de faire un procès équitable.
2. L’accusation de conspiration est faible. Le nombre de conspirateurs
est impossible à déterminer, surtout en l’absence de l’empereur.
En outre, elle condamne le gouvernement japonais pour une poli-
tique de grandeur menée aussi par d’autres puissances.
3. En considérant l’empereur comme irresponsable, les Américains
nient sa puissance et en font le simple jouet des militaires, alors
qu’il est considéré comme un personnage sacré par les Japonais.
Mettre en relation des faits de nature différente
Le procès de Nuremberg devait être équitable, en respectant les
droits des accusés, et créer une nouvelle norme de justice interna-
tionale, par l’invention de nouvelles incriminations. Mais à Tokyo,
l’empereur, premier responsable de la politique menée, a été épar-
gné, tandis que l’accusation de crime contre la paix s’avère sinon
inopérante, du moins très critiquable.
ÉTUDE La création de l’ONU >> P. 120
Cette étude permet d’aborder la mise en place d’un nouvel ordre
international à travers l’exemple le plus emblématique. Elle est axée
sur les ambitions de l’ONU, abordées par un extrait du préambule
de la Charte de San Francisco [doc. 1], une affiche illustrant son
ambition pacifique et multilatérale [doc. 2] et un schéma décrivant
ses institutions [doc. 3].
Analyser les documents
1. L’ambition de l’ONU est de maintenir la paix, de faire respecter
les droits de l’homme et d’encourager le progrès social.
2. La volonté de maintenir la paix se traduit par l’article 7 de la
Charte, qui autorise le recours à la force, par la mise en place du
Conseil de sécurité et par la création des Casques bleus. Les autres
ambitions se traduisent par l’Assemblée générale et les différentes
organisations satellites.
3. Le document 2 fait explicitement référence à la paix, le document 1
le fait en évoquant la nécessité de préserver les générations futures
du fléau de la guerre, et le document 3 décrit les outils de maintien
de la paix. Cela souligne en creux le traumatisme causé par la
Seconde Guerre mondiale et la volonté d’instaurer un ordre pacifique
durable et stable.
ÉTUDE Les accords de Bretton Woods >> P. 121
Cette étude permet d’aborder la mise en place d’un nouvel ordre
monétaire mondial visant à assurer la prospérité des pays qui le
rejoignent. Elle est centrée sur la description de ses principes et de
ses dispositifs : le Gold Exchange Standard [doc. 1], ses pays membres
[doc. 2] et la place particulière des États-Unis en son sein [doc. 3].
Analyser les documents
1. Le système consiste en un dispositif de parité des monnaies
exprimée en or ou en dollar des États-Unis, la monnaie américaine
étant désormais la seule convertible en or.
26
2. L’acte final de la conférence de Bretton Woods subordonne à
l’accord du FMI toute modification de la parité d’une monnaie
(dévaluation), chargeant cette nouvelle institution, dont le siège
est à Washington, du soin de veiller au respect des accords.
3. La suprématie des États-Unis s’exprime d’abord dans le fait qu’ils
sont, au sortir de la guerre, le « créancier du monde » et disposent
des plus importantes réserves d’or. Elle s’exprime ensuite, symbo-
liquement, dans la localisation du siège des organisations interna-
tionales (ONU, FMI, BIRD).
Rédiger une synthèse
La conférence qui fixe les règles du nouveau système international
se déroule sur le sol américain alors que la guerre n’est pas terminée.
Les États-Unis sont d’autant plus en position de force pour imposer
leurs vues qu’ils disposent d’une incontestable suprématie écono-
mique et des plus importants stocks d’or au monde.
COURS 2 De nouvelles tensions >> P. 122-123
Le cours débute par la description des première tensions, sensibles
dès la conférence de Postdam [doc. 1], qui mettent fin à la Grande
Alliance. Il aborde ensuite le basculement dans la guerre froide en
proposant aux élèves la confrontation des doctrines Truman et
Jdanov [doc. 3, 4]. Il traite enfin des nouveaux foyers de conflit, en
proposant un document sur le blocus de Berlin [doc. 2].
1 Les Alliés entendent donner une image d’unité et de
sérénité.
2 Cette photographie entend donner du pont aérien l’image d’un
dispositif de secours à la population berlinoise en détresse. En
réalité, les enfants berlinois s’amassaient à proximité de l’aéroport
car des bonbons leur étaient distribués. Le caractère propagandiste
de la photographie est trahi par le regard du soldat, tourné vers
l’objectif du photographe et non vers l’avion.
3 Truman oppose le régime de liberté des pays occidentaux au
régime de terreur en URSS et d’assujettissement des pays
occupés.
4 Jdanov critique l’impérialisme américain, dont il dénonce
l’agressivité.
Confronter et critiquer deux documents
Les deux textes témoignent de l’opposition croissante entre deux
modèles idéologiques, au fondement de la guerre froide. Tandis
que les États-Unis dénoncent dans les « démocraties populaires »
l’empreinte du totalitarisme stalinien, l’URSS voit dans les « démo-
craties libérales » des avant-postes de l’impérialisme américain.
1948 : naissance
POINT DE PASSAGE
de l’État d’Israël >> P. 124-125
Ce point de passage permet d’aborder un nouveau foyer de conflits
au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le projet sioniste de
création d’un État juif est concrétisé par la déclaration d’indépen-
dance prononcée par David Ben Gourion [doc. 1, 2], qui consacre
l’échec du plan de partage de l’ONU [doc. 3] et provoque la première
guerre israélo-arabe [doc. 4]. Le dossier permet de décrire aussi
bien la naissance de l’État d’Israël que ses conséquences, en parti-
culier le sort des réfugiés palestiniens [doc. 5, 6], source de conflits
futurs.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. David Ben Gourion justifie la création de l’État d’Israël par le droit
historique du peuple juif, reconnu selon lui par le plan de partage
de l’ONU. La proclamation de l’indépendance apparaît comme la
conséquence logique de la fin du mandat britannique.
2. À la suite de la proclamation de l’indépendance, les pays arabes
voisins déclarent la guerre, qui tourne en faveur d’Israël.
3. La guerre provoque l’exode forcé de très nombreux Palestiniens,
qui rejoignent les pays voisins, principalement le Liban, la Syrie et
la Transjordanie.
4. À l’issue du conflit, l’État d’Israël étend ses frontières au-delà de
ce qui était envisagé dans le plan de partage de l’ONU. La conquête
d’une partie de la ville de Jérusalem, dont l’ONU prévoyait de faire
une zone internationale, et la présence de très nombreux réfugiés
palestiniens dans les pays arabes voisins, sont les deux principales
sources de conflits futurs.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à considérer la création de l’État d’Israël
comme un tournant pour les Juifs, dans la mesure où il représente
l’aboutissement des aspirations sionistes en même temps qu’un
refuge pour de nombreux Juifs européens qui ont survécu à la Shoah.
Il constitue en même temps un tournant pour les Palestiniens, qui
se voient dépossédés pour beaucoup de leurs terres, mais aussi de
l’espoir de former un État arabe, conformément au plan de partage
de l’ONU.
Parcours B
> Analyser des cartes
La comparaison des deux cartes permet de mesurer l’étendue des
conquêtes israéliennes au détriment des territoires qui, aux termes
du plan de partage de l’ONU, étaient appelés à former un État arabe.
La carte de la guerre israélo-arabe permet également de voir com-
bien Jérusalem est un enjeu majeur du conflit et de son
règlement.
Robert Capa, Tel Aviv fête la création
HISTOIRE DES ARTS
de l’État d’Israël, 14 mai 1948
>> P. 126-127
Cette double page vient compléter le point de passage sur la nais-
sance d’Israël avec une œuvre emblématique de la proclamation
de l’indépendance. La photographie prise par Robert Capa d’une
fillette sur les épaules de son père est en effet devenue l’un des
symboles de l’État naissant.
Analyser une photographie
> Analyser l’œuvre
1. La naissance d’Israël est évoquée par le drapeau brandi par l’enfant
ainsi que par la foule qui manifeste sa joie, à l’image du père qui
porte l’enfant.
2. Le photographe joue sur les ombres et la lumière pour faire
ressortir la joie exprimée sur les visages. Il s’appuie également sur
le contraste entre la robe claire de l’enfant et les vestes foncées des
adultes pour renforcer cette impression.
CHAPITRE 4 • La fin de la Seconde Guerre mondiale et les débuts d’un nouvel ordre mondial
3. Par synecdoque, la jeune fille symbolise l’État d’Israël : jeune,
fragile et porteuse d’espoir pour les Juifs. Elle représente une jeune
nation tournée vers son avenir.
> Dégager la portée de l’œuvre
De par ses origines et son parcours, Robert Capa est très sensible
au symbole que représente la naissance d’Israël. Il met son talent
au service de la jeune nation en réalisant des reportages tous favo-
rables à l’État hébreu, au risque, comme le montrent les documents 1
et 2, d’occulter le point de vue des Palestiniens. À ce titre, ses
photographies apparaissent comme un outil de propagande au
service d’Israël qui peut être confronté aux photographies symboles
de la cause palestinienne [voir chap. 9, p. 278].
25 février 1948 :
POINT DE PASSAGE
le « coup de Prague » >> P. 128-129
Le dossier aborde les débuts de la guerre froide en Europe. La Tché-
coslovaquie est gouvernée par une coalition de libéraux et de
communistes. Sur ordre de Moscou, les communistes s’emparent
des leviers du pouvoir au mois de février 1948. Tout commence par
des manifestations orchestrées par les communistes [doc. 1] pour
dénoncer les libéraux. Klement Gottwald, déjà Premier ministre,
commence à éliminer ses adversaires avant de former un gouver-
nement uniquement communiste [doc. 2]. Les communistes
remportent là une victoire majeure, car ils prennent le pouvoir sans
verser le sang dans un pays de tradition libérale [doc. 3]. Le pays
s’aligne ensuite entièrement sur l’URSS [doc. 4]. En Occident,
l’épisode est perçu comme la manifestation d’un complot commu-
niste international [doc. 5].
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Le parti communiste a organisé de grandes manifestations et des
réunions à travers tout le pays. Des comités sont chargés de relayer
leur action au niveau local. En outre, les libéraux membres du
gouvernement sont dénoncés comme des traîtres à éliminer.
2. Les communistes considèrent que le gouvernement tchécoslo-
vaque cherchait à trahir la classe ouvrière et à se rapprocher des
Américains.
3. Les communistes instaurent ce qu’ils appellent une « dictature
du prolétariat », c’est-à-dire un gouvernement autoritaire entière-
ment aux mains du parti communiste et de son premier secrétaire,
Klement Gottwald. Les institutions et l’économie sont calquées sur
le modèle soviétique.
4. L’Occident redoute une sorte de contagion révolutionnaire. Le
« coup de Prague » pourrait être suivi d’autres événements similaires
en Europe, notamment en Grèce et en Italie où les partis commu-
nistes sont puissants.
> Synthétiser
Il faut d’abord rappeler que la Tchécoslovaquie est considérée
comme un pays stable, proche des valeurs des démocraties libérales
au début de l’année 1948. Ensuite, il faut décrire la manière dont
se déroule le « coup de Prague » à proprement parler avant d’en
donner les conséquences : d’une part l’instauration d’une dictature
communiste, d’autre part un refroidissement des relations avec
l’Occident.
27
Parcours B
> Construire une argumentation historique
Le « coup de Prague » est une victoire essentielle pour les commu-
nistes pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il démontre qu’ils peuvent
prendre le pouvoir de manière pacifique en suivant les règles du
jeu démocratique, ou presque. Ensuite, il prouve qu’il leur est pos-
sible de s’emparer du pouvoir dans des démocraties libérales, ce
qui ouvre de nouvelles perspectives de conquête en Europe. Enfin,
cette victoire montre l’impuissance du camp occidental à réagir
efficacement.
FAIRE LE POINT >> P. 130-131
Réviser autrement
Il s’agit pour les élèves de situer le FMI, l’ONU, la Ligue arabe et le
Kominform. La flèche transatlantique désigne le plan Marshall. Les
trois étoiles correspondent, du nord au sud, au blocus de Berlin
(1948-1949), au « coup de Prague » et à la naissance de l’État d’Israël
(1948).
Vérifier ses connaissances
1. Notions clés à relier : 1, d ; 2, c ; 3, a ; 4, e ; 5, b.
2. QCM : 1, a, c ; 2, c ; 3, a, b ; 4, a, b.
BAC MÉTHODE >> P. 132-135
• Analyse de document : Analyser une allégorie
1. Henri Biais réalise pour le compte du Gouvernement provisoire
une affiche destinée à consolider le nouveau pouvoir qui se met en
place en France sous l’autorité du général de Gaulle. À ce titre, il
s’agit d’une œuvre politique.
2. C’est une République combattive et triomphante que représente
Henri Biais à travers l’image de cette résistante qui brandit le drapeau
tricolore et écrase la croix gammée hitlérienne. Poing levé et serrant
le bord rouge du drapeau, elle illustre le sacrifice et la lutte des com-
battants de l’ombre engagés en faveur des idéaux républicains.
3. Il s’agit d’asseoir l’idée que Vichy représentait une parenthèse
et que la République n’a jamais cessé d’exister, incarnée par la
France Libre et la Résistance intérieure qui ont combattu le nazisme.
• S’entraîner
L’affiche illustre les idéaux démocratiques de l’ONU : la liberté (par
l’évocation des arbres de la liberté révolutionnaires), l’égalité (les 52
feuilles sont de taille égale), la sécurité (par la force et l’union des
deux mains d’une part, des feuilles de l’autre) et la croissance (allégorie
de l’arbre jeune et en pleine santé). On peut noter également que
les États-Unis sont placés au sommet et au centre de l’arbre, et que
l’URSS est représentée par les drapeaux de Biélorussie et d’Ukraine.
• Question problématisée : Reformuler la problématique
Rappel : On attend des élèves qu’ils mentionnent au moins les
capitulations allemande et japonaise en 1945, et les premières
tensions entre les deux Grands, par exemple le blocus de Berlin
en 1948-1949.
28
1. Pour la première fois, des grands procès internationaux sont
organisés pour juger les criminels de guerre et contre l’humanité
des pays vaincus. Tirant les enseignements de l’échec de la SDN,
les vainqueurs soutiennent une réorganisation profonde de l’ordre
non seulement diplomatique mais aussi politique et économique
mondial.
2. La géopolitique désigne l’étude des rapports entre les données
physiques – et en particulier géographiques – et la politique des
États. Le remaniement des frontières, la mise en place de zones
d’occupation et la création de structures internationales sont autant
de conséquences géopolitiques majeures de la guerre.
3. Le sens général du sujet invite à considérer la contradiction entre,
d’une part, la volonté d’instaurer un ordre multipolaire, tel qu’illus-
trée par la fondation de l’ONU et du FMI, et d’autre part, l’instau-
ration, dans les faits, d’un ordre bipolaire.
Prolongement : La période considérée est trop courte pour envi-
sager un plan chronologique. Un plan thématique paraît plus adapté.
On peut ainsi envisager d’étudier en première partie la mise en
place d’un ordre multipolaire, et en seconde partie sa remise en
cause par l’essor d’un monde bipolaire.
• Capacités et méthodes : Justifier une interprétation
1. Cette affiche est destinée à des élèves de l’enseignement primaire.
Fondées en 1946 par un couple d’enseignants, les éditions Rossignol
se sont spécialisées dans l’édition scolaire et ont notamment publié
780 images pédagogiques.
2. L’image ne présente aucune trace des destructions de la guerre,
ni aucune référence à l’aide américaine.
3. À l’époque, les fumées d’usines, les pavillons individuels et les
grands immeubles sont perçus comme des signes de modernité.
L’image présente aussi la modernisation de l’agriculture et l’essor
de l’automobile.
EXERCICES >> P. 136-137
1. Confronter et critiquer deux documents
Dans le document 2, l’image est occupée par le champignon de gaz
dû à l’explosion nucléaire dans lequel est fiché le drapeau américain
(allusion au flambeau de la statue de la Liberté). Le document 1 est
une pétition réclamant l’interdiction des armes nucléaires. L’arme
atomique semble résumer à elle seule la guerre, car elle provoque
des morts de masse. Or, les États-Unis sont à cette époque la seule
puissance nucléaire. Dénoncer la guerre atomique c’est dénoncer
l’impérialisme américain.
2. Procéder à l’analyse critique d’un document
Le préambule de la Constitution réaffirme d’abord les principes
hérités de la Révolution, avec la Déclaration des droits de l’homme
et du citoyen, et de la République, avec la liberté syndicale. Le texte
ajoute de nouveaux principes : égalité entre hommes et femmes,
nécessité d’un vaste service public, droit au travail, droit à la pro-
tection sociale. Il s’agit de rompre avec la dictature du régime de
Vichy et, dans une période de reconstruction, de rassurer les Français
sur leur avenir.
3. S’approprier un questionnement historique
Les deux documents illustrent le célèbre discours de Churchill,
auteur de la formule du « rideau de fer ». Le dessin [doc. 2] présente
ce dernier, pris dans son sens littéral, comme la conséquence d’une
volonté soviétique. Le point de vue soviétique (l’extension de l’impé-
rialisme occidental) est donc absent des documents. Ces deux
documents illustrent les premières tensions entre les deux Grands.
4. Mettre en relation un texte et une image
Le discours de Marshall [doc. 1] exprime clairement le fait que l’aide
apportée à l’Europe relève moins de la philanthropie que de l’intérêt
bien compris des États-Unis : il s’agit autant d’assurer des débouchés
pour les produits américains et de stabiliser économiquement
l’Europe, que de s’assurer en retour la loyauté de pays qui, à l’image
de la France ou de l’Italie, ont un parti communiste puissant. En
regard, l’affiche [doc. 2] apparaît clairement comme un outil de
propagande, en présentant le plan Marshall comme une contribution
à la reconstruction de l’Europe, sans référence au contenu précis
du discours de Marshall.
CHAPITRE 4 • La fin de la Seconde Guerre mondiale et les débuts d’un nouvel ordre mondial
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Bibliographie
Fetjö, F., Fišera, V. C., Le Coup de Prague (1948), Seuil, 1976.
Vincent, M.-B. (dir.), La Dénazification, Perrin, 2008.
Wieviorka, A. (dir.), Les Procès de Nuremberg et de Tokyo,
Éditions Complexe, 1996.
Wieviorka, A., Le Procès de Nuremberg, Liana Levi, 2006.
Filmographie
Delage, C., Le Procès de Nuremberg, 2006.
Rossellini, R., Allemagne année zéro, 1948.
Sites Internet
ONU : www.un.org/fr
Exposition de la BnF sur Robert Capa : expositions.bnf.fr/capa
Lettre de la Fondation de la Résistance sur le programme du CNR :
www.fondationresistance.org/documents/lettre/LettreResistance073.pdf
Espace pédagogique de la Fondation Charles de Gaulle :
charles-de-gaulle.org/enseigner-de-gaulle
German History in Documents and Images (documents et images
sur l’Allemagne d’après-guerre et la dénazification) :
germanhistorydocs.ghi-dc.org
29
5 Une nouvelle donne géopolitique : bipolarisation
et émergence du tiers-monde >> p. 138-165

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre vise à montrer comment » P. 140-141 : GRAND ANGLE Un monde divisé
la bipolarisation issue de la guerre » P. 142-143 : COURS 1 Les modèles des superpuissances et la bipolarisation
froide interfère avec la décolonisation
» P. 144-145 : POINT DE PASSAGE 1962 : la crise des missiles de Cuba
et conduit à l’émergence de nouveaux
acteurs. » P. 146-147 : POINT DE PASSAGE Les guerres d’Indochine et du Vietnam
On peut mettre en avant : » P. 148-149 : COURS 2 Décolonisation et émergence du tiers-monde
– les modèles des deux » P. 150 : ÉTUDE 1956 : la crise de Suez
superpuissances et la bipolarisation ;
» P. 151 : ÉTUDE 1967 : la guerre des Six-Jours
– les nouveaux États, des
indépendances à leur affirmation sur » P. 152 : ÉTUDE La Chine de Mao
la scène internationale ; » P. 153 : ÉTUDE L’Afrique dans la guerre froide
– la Chine de Mao : affirmation d’un » P. 154-155 : POINT DE PASSAGE L’année 1968 dans le monde
nouvel acteur international ;
» P. 156-157 : HISTOIRE DES ARTS René Mederos, Le Triomphe de la Révolution cubaine, 1969
– les conflits du Proche et du Moyen-
Orient. Les outils du manuel
» P. 160-163 : BAC MÉTHODE • Analyse de document : Analyser une peinture
• Question problématisée : Choisir un plan adapté au sujet
• Capacités et méthodes : Décrire et mettre en récit une situation
historique
» P. 164-165 : EXERCICES • Construire une argumentation historique
• Procéder à l’analyse critique de documents historiques
• Mettre en relation un texte et une image
• Identifier les contraintes d’une situation historique

Ce chapitre est consacré à l’étude de la bipolarisation et de sa remise en cause par l’avènement de nouveaux acteurs issus de
la décolonisation. La période couverte débute à la fin des années 1940 et s’achève au début des années 1970. L’approche est
ouvertement géopolitique : il s’agit d’un chapitre d’histoire des relations internationales.
Le manuel s’ouvre sur la description d’un monde divisé par la guerre froide puis met en œuvre les quatre axes du programme
dans deux cours synthétiques, le premier portant sur les modèles des superpuissances pendant la guerre froide et le second
sur la décolonisation et l’émergence du tiers-monde. Au premier cours sont rattachés les points de passage sur la crise de Cuba
et les guerres d’Indochine et du Vietnam. Au second sont associées quatre études permettant d’aborder plus en profondeur
certains éléments au programme : les conflits du Moyen-Orient sont analysés à travers la crise de Suez et la guerre des Six-
Jours ; l’affirmation de la Chine comme nouvel acteur international donne lieu à deux études, l’une sur la Chine de Mao, l’autre
sur l’Afrique dans la guerre froide. Y est rattachée également l’étude de la révolution cubaine au prisme de l’histoire des arts.
Le chapitre s’achève par le point de passage conclusif sur l’année 1968 dans le monde.

Ouverture du chapitre >> P. 138-139
Le premier document, réalisé par le mouvement anticommu-
niste Paix et Liberté, financé par les États-Unis, illustre la
division de l’Europe en présentant comme disproportionné
le rapport de force entre l’Est et l’Ouest. Le second, réalisé
sur commande du gouvernement chinois, illustre à la fois
l’affirmation du tiers-monde et des non-alignés et le rôle de
la Chine sur la scène internationale.
GRAND ANGLE Un monde divisé >> P. 140-141
La carte retraçant la formation des blocs [doc. 1] permet de mettre
en valeur l’organisation précoce des pays alliés aux États-Unis au
sein de l’OEA et de l’OTAN. La constitution tardive du pacte de
Varsovie ne doit toutefois pas faire oublier le fait que la bipolarisa-
tion du monde a largement précédé l’organisation des blocs. Parce
qu’ils ne font pas partie des blocs, l’Afrique et l’Asie sont des enjeux
majeurs de la guerre froide.
Les modèles des superpuissances
COURS 1
et la bipolarisation >> P. 142-143
Le cours débute par la présentation de l’opposition idéologique
entre les deux modèles [doc. 2, 3], qui conduit à la bipolarisation
du monde, symbolisée par le mur de Berlin [doc. 5]. La compétition
entre les deux Grands peut être évoquée dans le domaine de l’arme-
ment [doc. 1], de la course à l’espace et de la culture. La guerre de

30
Corée [doc. 4] permet de montrer l’intensité des crises de la guerre
froide mais en même temps l’absence d’affrontement direct entre
les deux Grands.
1 Si la détente conduit les deux Grands à s’engager à limiter leur
arsenal nucléaire, les Soviétiques profitent en réalité de cette période
pour rattraper leur retard et même dépasser les États-Unis.
2 Cette affiche occidentale présente la formation du bloc com-
muniste comme une annexion des pays d’Europe de l’Est par Staline,
lanceur de couteaux qui les poignarde un à un.
3 La caricature soviétique montre les Européens contraints par
les États-Unis de signer le traité de l’Atlantique Nord. L’OTAN est
ainsi présenté comme un instrument des États-Unis pour asservir
l’Europe de l’Ouest.
4 Les États-Unis interviennent directement en envoyant des
troupes pour aider la Corée du Sud. L’URSS aide financièrement et
matériellement la Corée du Nord mais laisse la Chine intervenir
militairement.
5 Le mur de Berlin symbolise pour Kennedy l’échec du commu-
nisme, car il a été construit dans le but d’empêcher les Allemands
de l’Est de fuir la RDA.
Savoir lire, comprendre et apprécier des documents
L’affiche, en présentant Staline comme un tyran qui soumet de force
les pays de l’Est, souligne en filigrane que le camp occidental est
celui de la liberté. La caricature soviétique dénonce a contrario
l’hégémonie américaine, qui repose sur l’arme nucléaire, sous-
entendant que l’URSS représente le camp de la paix.
1962 : la crise des missiles
POINT DE PASSAGE
de Cuba >> P. 144-145
Le dossier permet d’appréhender à travers l’une des principales
crises de la guerre froide les règles de l’ordre bipolaire ainsi que
l’équilibre de la terreur. Le régime castriste, menacé par les États-
Unis, cherche un soutien stratégique auprès de l’URSS [doc. 1],
mais la présence d’armes nucléaires à proximité du continent
américain est une remise en cause de la sécurité des États-Unis
[carton, doc. 2]. La fermeté de Kennedy [doc. 2] s’accompagne
d’une négociation diplomatique [doc. 3, 5] qui n’empêche pas une
situation de fortes tensions et la crainte d’une escalade [doc. 4].
Le point de vue de Khrouchtchev permet de nuancer la victoire
américaine [doc. 5].
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Les missiles soviétiques, destinés à protéger le régime de Castro,
remettent en cause l’équilibre de la terreur car ils permettent
d’atteindre très rapidement le territoire des États-Unis. La présence
soviétique dans la sphère d’influence américaine met à mal la
bipolarisation du monde.
2. Le discours de Kennedy annonce un blocus mais appelle tout de
même à la discussion ; le témoignage de Khrouchtchev explicite
clairement la logique de négociations qui préside au retrait
soviétique.
3. La crise n’a pas dégénéré en conflit ouvert car l’ONU a joué un
rôle de médiation, où les deux puissances ont pu négocier. Le poids
CHAPITRE 5 • Une nouvelle donne géopolitique : bipolarisation et émergence du tiers-monde
des opinions publiques et la peur d’une apocalypse nucléaire ont
également limité l’agressivité des acteurs.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à souligner que la crise des missiles illustre
le fonctionnement de la guerre froide : l’installation des missiles
soviétiques à Cuba remet en cause l’ordre bipolaire et l’équilibre
de la terreur ; mais ce même équilibre de la terreur freine les velléités
d’intervention militaire, du fait de la dissuasion nucléaire. On peut
également souligner le rôle du renseignement militaire (car l’ins-
tallation se fait en secret).
Parcours B
> Analyser une caricature
Le dessin illustre un point de vue occidental sur les prodromes de
la crise cubaine : bien que l’accord entre Cuba et l’URSS porte sur
des installations de pêche, le caricaturiste ouest-allemand insiste
sur la menace atomique, en transformant la canne à pêche en missile
à tête nucléaire. L’impuissance des États-Unis s’oppose à la non-
chalance de Fidel Castro, qui trouve en Khrouchtchev un appui et
un soutien.
Les guerres d’Indochine
POINT DE PASSAGE
et du Vietnam >> P. 146-147
Ce point de passage permet d’aborder l’enjeu de la décolonisation
en contexte de guerre froide, à partir d’un cas emblématique, les
guerres d’Indochine puis du Vietnam : la déclaration d’indépendance
[doc. 1] marque le début d’un affrontement avec la puissance
coloniale, qui ne peut se maintenir [doc. 2]. La division en deux du
Vietnam ne dure guère et conduit à l’intervention américaine
[doc. 4], pour contrer l’effet domino. Le conflit asymétrique empêche
l’armée américaine de prendre l’avantage [doc. 3], ce qui aboutit
à une progression des communistes au Vietnam du Sud [doc. 5],
avant le retrait des États-Unis puis une réunification au profit du
Vietnam du Nord communiste.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. La défaite des puissances occidentales, l’occupation japonaise
(qui marque la fragilité de la présence française en Indochine) et
la proclamation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à
l’ONU favorisent l’indépendance. Cette indépendance est soutenue
par la Chine communiste à partir de 1949.
2. Les États-Unis interviennent pour soutenir leur allié français, puis
un régime pro-occidental, afin d’empêcher la diffusion du commu-
nisme à l’ensemble de la péninsule indochinoise, voire de l’Asie du
Sud-Est.
3. Les affrontements sont asymétriques : l’armée américaine bom-
barde, tandis que le FNL vietnamien pratique une forme de guérilla,
reposant sur le harcèlement et l’embuscade, mettant à profit la
sympathie des populations locales.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à considérer d’abord la guerre d’Indochine
comme un conflit de décolonisation, opposant la métropole à son
ancienne colonie, même si la logique bipolaire est visible dans les
différents soutiens de chaque camp. Par la suite, la guerre du
31
Vietnam hérite de la situation incertaine des accords de Genève,
divisant en deux le Vietnam, et prend la forme d’un conflit de guerre
froide : les oppositions politiques et militaires reposent d’abord sur
des antagonismes idéologiques.
Parcours B
> Analyser une carte
L’analyse de la carte doit conduire les élèves à repérer les divergences
de positionnement politique entre le Vietnam du Nord (communiste)
et le Vietnam du Sud (pro-occidental), ainsi que l’opposition entre
les soutiens respectifs des deux camps : les régimes communistes
(Chine, URSS) soutiennent le Vietnam du Nord, tandis que les États-
Unis apportent leur soutien et engagent des troupes en faveur du
Vietnam du Sud.
Décolonisation et émergence
COURS 2
du tiers-monde >> P. 148-149
Le cours débute par les luttes des colonies pour l’indépendance
[doc. 4]. Les nouveaux États cherchent ensuite à s’affirmer sur la
scène mondiale et à échapper à la bipolarisation due à la guerre
froide, par la création du tiers-monde [doc. 3], l’utilisation de l’ONU
[doc. 1] et le mouvement des non-alignés [doc. 2]. Néanmoins, les
États postcoloniaux ne parviennent guère à rester hors de la guerre
froide : manquant de moyens, ils acceptent vite l’aide de l’URSS ou
des États-Unis [doc. 2].
1 À partir des années 1960, les pays d’Afrique et d’Asie sont
majoritaires à l’ONU. Ils peuvent alors faire adopter des textes par
l’Assemblée générale, où le vote se fait à la majorité.
2 Le non-alignement n’a guère duré car la plupart des pays ayant
participé à la conférence de Belgrade (1961) ont peu après reçu une
aide économique et/ou militaire de l’un ou l’autre des deux Grands.
3 Sukarno dénonce les dangers de la guerre froide, mais aussi
la colonisation et le néocolonialisme. Afin d’y échapper et de se
faire entendre, Sukarno propose aux pays d’Afrique et d’Asie de
coopérer.
4 L’affiche rappelle l’aide de l’Égypte à l’Algérie dans sa guerre
contre la France, ici figurée par un monstre vêtu d’un uniforme nazi.
Nasser veut unir les Arabes afin de peser sur la scène mondiale.
Construire une argumentation historique
Les États issus de la décolonisation remettent en cause la bipolari-
sation en créant le groupe du tiers-monde à Bandung en 1955.
Dès 1961, en se proclamant non-alignés, ils souhaitent échapper à
la guerre froide, mais ils cèdent vite à l’aide économique et/ou
militaire d’un des deux Grands.
ÉTUDE 1956 : la crise de Suez >> P. 150
Cette étude permet d’aborder à la fois les enjeux de la guerre froide
et ceux des conflits du Moyen-Orient. La crise de Suez est en effet
traitée sous l’angle de son apport à la compréhension de l’évolution
des rapports de force internationaux. La crise révèle d’abord le rejet
de l’impérialisme occidental par Nasser [doc. 1], puis elle peut être
abordée en tant que nouveau conflit israélo-arabe [doc. 3]. Enfin,
elle révèle surtout l’échec des anciennes puissances coloniales dans
le contexte de la guerre froide [doc. 2].
32
Analyser les documents
1. Nasser s’appuie sur des arguments nationalistes, qui mettent en
avant le rôle historique de la nation égyptienne et, à travers elle,
de la nation arabe.
2. À la suite de l’accord secret conclu le 24 octobre, Israël déclenche
une offensive dans le Sinaï, qui est prise pour prétexte par le
Royaume-Uni et la France pour intervenir. La carte montre qu’il
s’agit moins pour ces deux puissances coloniales de s’interposer
que de saisir par la force le canal nationalisé par Nasser.
3. La pression conjointe des États-Unis et de l’URSS force la France
et le Royaume-Uni à renoncer à leur projet de s’emparer du canal.
La crise symbolise aux yeux du monde entier l’effacement des
logiques coloniales au profit de celles de la guerre froide. Le déploie-
ment de Casques bleus souligne aussi le rôle dévolu à l’ONU.
ÉTUDE 1967 : La crise des Six-Jours >> P. 151
Cette étude permet d’aborder l’axe des conflits au Proche et au
Moyen-Orient par l’exemple du conflit le plus déterminant à l’échelle
internationale. L’offensive préventive israélienne, qui aboutit à la
défaite des armées arabes [doc. 1], est notamment condamnée par
le général de Gaulle.
Elle se traduit par la prise de Jérusalem-Est [doc. 3], qui envenime
pour des décennies les relations entre Israéliens et Arabes palesti-
niens. Elle débouche enfin sur une résolution [doc. 2] dont l’inter-
prétation et l’application font débat jusqu’à nos jours. Tout cela
justifie que la guerre soit traitée comme un tournant dans les
relations internationales.
Analyser les documents
1. En réponse au blocus égyptien du détroit de Tiran et aux prépa-
ratifs militaires de ses voisin arabes, Israël lance le 5 juin une
offensive militaire dans le Sinaï, en Cisjordanie et sur le plateau du
Golan, qui aboutit le 10 juin à une victoire sans appel.
2. La carte [doc. 1] permet de situer les territoires occupés par Israël
à l’issue du conflit. Le processus de négociations plus tard engagé
avec l’Égypte aboutit au retrait israélien du Sinaï et à un traité de
paix en 1979. En revanche, Israël annexe Jérusalem-Est et le Golan
et occupe la Cisjordanie et Gaza.
3. La guerre des Six-Jours marque un tournant car elle est vécue
comme une humiliation par les Arabes et provoque la radicalisation
de l’OLP, qui révise sa charte l’année suivante [voir doc. 5, p. 155],
et le déclenchement d’une vague d’attentats visant à attirer l’atten-
tion de l’opinion publique internationale sur le sort des Pales-
tiniens.
Rédiger une notice biographique
Fondateur de l’État d’Israël, dont il a proclamé l’indépendance,
David Ben Gourion est Premier ministre de 1948 à 1954 et de 1955
à 1963. En 1956, aux côtés de Shimon Peres et Moshe Dayan, il
représente Israël aux négociations secrètes de Sèvres qui aboutissent
à l’accord du 24 octobre. En 1967, il est depuis plusieurs années
écarté du pouvoir lorsqu’est déclenchée la guerre, mais sa venue
devant le mur occidental a valeur de symbole. Dans les semaines
qui suivent, le quartier arabe est détruit pour dégager l’esplanade
devant le mur.

ÉTUDE La Chine de Mao >> P. 152
L’étude consacrée à la Chine de Mao permet de montrer comment
la RPC s’est progressivement affirmée sur la scène internationale.
La carte [doc. 1] souligne que la Chine s’est d’abord imposée
comme une puissance régionale intervenant dans les conflits
voisins, avant de rompre avec son alliée, l’URSS. L’affiche [doc. 2]
permet d’évoquer son rôle de chef de file des pays du tiers-monde.
Enfin le rapprochement avec les États-Unis et l’entrée de la RPC
à l’ONU peuvent être abordés à partir des mémoires de Kissinger
[doc. 3].
Analyser les documents
1. La Chine signe avec l’URSS un traité d’alliance en 1950, avant de
rompre idéologiquement avec celle-ci au cours des années 1960.
Cette rupture débouche sur un conflit frontalier entre les deux
anciens alliés en 1969.
2. La RPC soutient le mouvement de décolonisation en fournissant
du matériel militaire au Vietminh pendant la guerre d’Indochine
contre la France. Elle se présente aussi comme le principal défenseur
des pays du tiers-monde en Asie, en Amérique et en Afrique.
3. La RPC se présente comme un rempart face à l’impérialisme
américain, n’hésitant pas à intervenir contre eux pendant la guerre
de Corée. Mais en 1971, elle se rapproche des États-Unis grâce à la
diplomatie du ping-pong, ce qui facilite son entrée à l’ONU.
ÉTUDE L’Afrique dans la guerre froide >> P. 153
L’étude portant sur l’Afrique permet de montrer que le continent
devient au moment de la décolonisation un enjeu de la guerre
froide. L’appel à l’unité africaine de Kwame Nkrumah [doc. 3] sou-
ligne que les États africains cherchent au travers du panafricanisme
une voie propre vers le développement. La caricature de Plantu
[doc. 2] permet d’illustrer la difficulté d’échapper à l’influence des
deux Grands. La carte [doc. 1] montre que la Chine est aussi un
acteur de cette lutte d’influence.
Analyser les documents
1. Les États africains sont l’objet d’une lutte d’influence entre les
deux Grands, qui cherchent à les séduire en leur fournissant une
aide économique et/ou militaire. Cette concurrence est renforcée
par l’émergence de la Chine sur la scène africaine.
2. Les États africains cherchent à échapper à l’influence étrangère
en participant au mouvement des non-alignés et en promouvant
l’unité du continent africain, selon l’idéologie panafricaniste.
3. L’échec du mouvement des non-alignés comme du panafricanisme
a amené de nombreux leaders africains à accepter l’aide économique
et/ou militaire de l’un des deux Grands ou de la Chine pour pouvoir
consolider leur pouvoir.
L’année 1968
POINT DE PASSAGE
dans le monde >> P. 154-155
Ce point de passage peut être abordé en conclusion du chapitre,
pour décrire les évolutions à l’œuvre depuis la fin des années 1950.
En effet, les rapports Est-Ouest s’apaisent à la faveur de la détente
[doc. 2], et les failles du monde se font de plus en plus nombreuses
[doc. 1]. Les photographies permettent de confronter les aspirations
CHAPITRE 5 • Une nouvelle donne géopolitique : bipolarisation et émergence du tiers-monde
opposées des jeunesses de l’Est et de l’Ouest [doc. 3, 4], tandis
que la charte palestinienne révisée [doc. 5] permet d’évoquer
l’aggravation du conflit israélo-palestinien à la suite de la guerre
des Six-Jours. Si l’équilibre Est-Ouest est remis en cause, c’est aussi
en raison de l’instabilité croissante du monde dans lequel s’expri-
ment de nouveaux acteurs qui cherchent à échapper à la logique
des blocs, à l’image de la France.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. L’évolution des rapports Est-Ouest s’explique d’abord par la prise
de conscience de l’impasse de la course aux armements nucléaires,
puis par l’essor des contestations du monde bipolaire et l’affirmation
de nouveaux acteurs (la Chine de Mao, la France).
2. Le bloc soviétique est fragilisé par le fait que la Chine et la You-
goslavie ont rompu leurs relations avec l’URSS pour développer une
nouvelle voie vers le socialisme [doc. 1], et par l’essor des contes-
tations au sein du bloc soviétique [doc. 3]. L’URSS tente d’y remédier
par la force lors de l’écrasement du « printemps de Prague ».
3. Le bloc occidental est quant à lui fragilisé par l’attitude de certains
pays, comme la France qui prend ses distances vis-à-vis de la poli-
tique des États-Unis en quittant le commandement intégré de l’OTAN
et en poursuivant ses essais nucléaires. Le modèle occidental est
également remis en cause par sa jeunesse.
4. L’instabilité du monde en 1968 est accrue par la multiplication
des soulèvements étudiants, des mouvements sociaux, des coups
d’État et des interventions militaires [doc. 1], ainsi que par l’essor
du terrorisme international [doc. 5].
> Synthétiser
Les élèves sont invités à décrire d’abord la détente des rapports Est-
Ouest, avant d’évoquer la fragilisation de chaque bloc puis de décrire
enfin les facteurs qui rendent le monde plus instable en 1968.
Parcours B
> Confronter et critiquer deux documents
Le point commun entre les deux photographies est qu’elles illustrent
une volonté de changement commune aux jeunesses de l’Est et de
l’Ouest, qui se soulèvent dans de nombreux pays. En revanche, leurs
aspirations sont rigoureusement opposées : tandis que les jeunesses
occidentales rejettent l’impérialisme américain tel qu’il s’exprime
dans la guerre du Vietnam et n’hésitent pas à brandir des drapeaux
révolutionnaires dans leurs manifestations, les jeunesses de l’Est
rejettent les symboles communistes au profit de symboles nationaux
et aspirent à bénéficier de la société de consommation que critiquent
leurs homologues occidentaux.
René Mederos, Le triomphe
HISTOIRE DES ARTS
de la Révolution cubaine, 1969
>> P. 156-157
Cette double page propose d’aborder l’art graphique cubain au
travers d’une affiche de propagande qui célèbre la révolution
cubaine. René Mederos, comme de nombreux artistes de l’île, a été
influencé non seulement par le réalisme socialiste soviétique, mais
aussi par le pop art, ce qui se traduit par une affiche d’une grande
liberté esthétique.
33
Analyser une affiche
> Analyser l’œuvre
1. L’affiche célèbre les dix ans de la prise de pouvoir de Fidel Castro,
au premier plan, et de ses guérilleros. Le poing levé et les armes
brandies rappellent qu’ils sont parvenus à renverser le gouvernement
pro-américain de Fulgencio Batista.
2. René Mederos s’inspire du réalisme socialiste soviétique, car il
cherche à héroïser ceux qui ont participé à la révolution cubaine.
Il s’inspire aussi du pop art, comme en témoigne l’emploi de couleurs
vives.
3. Cuba utilise l’art comme un vecteur des idées révolutionnaires.
L’objectif est d’éduquer les masses cubaines mais aussi d’exporter
l’idéologie révolutionnaire et de lutter contre l’impérialisme amé-
ricain en Asie, en Afrique et sur le continent américain.
> Dégager la portée de l’œuvre
L’affiche de René Mederos met en avant les héros de la révolution
que sont Fidel Castro et ses compagnons d’armes. Elle figure le
peuple cubain en armes capable de se soulever contre l’impérialisme
américain. Si la propagande cubaine s’inspire dans ses objectifs du
réalisme soviétique, elle en diffère par sa liberté créative et ses
couleurs pop.
FAIRE LE POINT >> P. 158-159
Réviser autrement
Il s’agit pour les élèves de nommer et dater les principales crises
de la guerre froide mentionnées dans le chapitre : la guerre de Corée
(1950-1953), la guerre du Vietnam (1960-1973), la crise de Berlin
(1961), la crise de Cuba (1962). Ensuite, les élèves doivent compléter
la légende en indiquant la conférence fondatrice du tiers-monde
(Bandung, 1955) et la principale conférence des non-alignés (Bel-
grade, 1961). Enfin, les élèves sont invités à mentionner les trois
principaux pays non alignés : la Yougoslavie, l’Égypte et l’Inde.
Vérifier ses connaissances
1. Notions clés à relier : 1, d ; 2, a, d ; 3, b ; 4, a, c.
2. Événements et acteurs politiques à relier : 1, e ; 2, a ; 3, c ;
4, g ; 5, h ; 6, d ; 7, b ; 8, f ; 9, f ; 10, d.
BAC MÉTHODE >> P. 160-163
• Analyse de document : Analyser une peinture
1. Le tableau de Fougeron n’est pas conforme aux canons du réalisme
socialiste, car il ne présente pas une société communiste idéale
mais offre au contraire une caricature acerbe de la société de
l’ennemi. Le tableau est réalisé au plus fort de la guerre froide.
2. Fougeron décrit les inégalité sociales et raciales aux États-Unis,
dénonce le recours à la peine de mort et l’impunité des anciens
nazis, et stigmatise une société individualiste et hédoniste qui
accorde plus d’égards à ses animaux domestiques qu’aux enfants
des rues. Dans la partie droite du tableau, il représente les guerres
coloniales en figurant à la fois leur impact sur les populations
autochtones et sur les soldats occidentaux, qui reviennent dans un
cercueil.
34
3. Artiste engagé, Fougeron laisse sciemment de côté tous les
aspects positifs du mode de vie occidental, qu’il ne peut pas ignorer,
notamment la liberté d’expression, de création et de réunion, dont
il bénéficie lui-même puisque son œuvre est exposée en
Occident.
• S’entraîner
Inspirée de deux photographies d’actualité, l’œuvre de Gilles Aillaud
entend dénoncer la guerre du Vietnam en représentant la dispro-
portion entre la taille du soldat américain et la fragilité apparente
du soldat vietcong. Il présente le Vietnam comme un pays rural et
paisible, ce qui par effet de contraste connote l’étrangeté de la
présence américaine. Le tableau a été présenté en 1968 dans la
« Salle rouge pour le Vietnam », une exposition d’artistes de la
figuration narrative dénonçant la guerre du Vietnam.
• Question problématisée : Choisir un plan adapté au sujet
Rappel : L’année 1947 correspond à l’affirmation de la guerre froide,
avec notamment le plan Marshall. L’année 1968 peut être choisie
comme date de fin. L’enjeu principal du sujet porte sur les contes-
tations du monde bipolaire.
1. Ce sujet propose d’analyser les caractères du monde bipolaire,
en considérant le tournant que représentent la décolonisation et
l’essor du tiers-monde.
2. On peut envisager un plan dialectique, construit sur une thèse
(le monde est marqué depuis 1947 par une bipolarisation marquée),
une antithèse (la bipolarisation est remise en cause par l’essor de
nouveaux acteurs), et éventuellement une synthèse (cela conduit
les deux blocs à reconsidérer leurs relations au profit de la détente).
Prolongement : Il est incontestable que le monde, en 1947, s’orga-
nise autour ou en fonction des deux Grands, les États-Unis et l’URSS.
Cela se traduit notamment par des alliances et la constitution de
blocs antagonistes. Aucun pays ne peut échapper totalement aux
logiques de guerre froide.
• Capacités et méthodes : Décrire et mettre en récit
une situation historique
1. Le texte est un discours politique majeur de Dwight Eisenhower,
qui consacre la doctrine américaine en matière atomique. Il propose
en effet de créer une organisation internationale chargée de diffuser
les technologies nucléaires à des fins pacifiques, au moment même
où son pays accroît son arsenal. Sa proposition donne naissance
en 1957 à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
Le graphique décrit l’évolution de l’arsenal nucléaire et des négo-
ciations en vue du désarmement.
2. L’arsenal nucléaire des États-Unis, de l’URSS et du Royaume-Uni
connaît une augmentation rapide jusqu’à la crise de Cuba, qui
conduit à un ralentissement de la croissance de l’arsenal russe et
une diminution de l’arsenal américain. Le traité de non-prolifération
de 1968 vise à empêcher d’autres pays de suivre l’exemple chinois
et français et de se doter de l’arme nucléaire.
3. Tandis que le graphique donne à voir les conséquences concrètes
de la détente, le discours d’Eisenhower est ambivalent, dans la
mesure où la promotion du nucléaire civil s’accompagne, à la date
où il est prononcé, d’une hégémonie nucléaire américaine. Il peut
être intéressant de comparer le graphique au document 1 p. 142,
pour montrer aux élèves que sur un même sujet les données peuvent
varier considérablement selon les sources utilisées.
 EXERCICES >> P. 164-165
1. Construire une argumentation historique
La RFA et la RDA symbolisent l’affrontement de deux modèles : la
démocratie libérale et la démocratie populaire. À grande échelle,
Berlin-Ouest apparaît comme la vitrine du « monde libre » au cœur
de la RDA. La construction du mur a pour objectif d’empêcher les
passages. Si le mur permet de tarir le flux de réfugiés, il devient le
symbole de la bipolarisation du monde.
2. Procéder à l’analyse critique de documents historiques
Les Soviétiques lancent le premier satellite (Spoutnik, 1957) et
envoient le premier homme dans l’espace (Gagarine, 1961), mais
les Américains les rattrapent en envoyant le premier homme sur la
Lune (Armstrong, 1969). La course à l’espace a pour objectif de
montrer la supériorité technologique d’un camp sur l’autre. Elle met
en scène des héros à l’image de Gagarine.
3. Mettre en relation un texte et une image
Les deux superpuissances dénoncent la colonisation pour des raisons
d’abord idéologiques, comme une forme d’oppression, contraire
aux droits des peuples. Les États-Unis rappellent ainsi qu’ils ont été
une colonie. Les deux Grands ont aussi des objectifs stratégiques :
durant la guerre froide, ils sont en rivalité pour avoir le maximum
d’alliés.
4. Identifier les contraintes d’une situation historique
Boumédiène rappelle que l’économie des États postcoloniaux repose
sur l’exportation de matières premières. Il dénonce l’ordre écono-
mique mondial, dominé par les pays industrialisés, qui importent
des ressources à bas coût et exportent des biens manufacturés à
un prix supérieur. Pour limiter cette inégalité, le président algérien
propose de nationaliser les ressources, développer l’industrie et
attirer l’aide des pays riches.
CHAPITRE 5 • Une nouvelle donne géopolitique : bipolarisation et émergence du tiers-monde
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Bibliographie
Cooper, F., « Conflits, réformes et décolonisation. La situation
impériale mise en cause », in Singaravelou, P. (dir.), Les Empires
coloniaux (xixe-xxe siècle), Seuil, 2013.
Delmas, C., Cuba. De la révolution à la crise des fusées, Éditions
Complexe, 2006.
Droz, B., La Décolonisation, La Documentation photographique, n° 8062,
2008.
Dullin, S., Jeannesson, S., Tamiatto, J., Atlas de la guerre froide.
1947-1990 : un conflit global et multiforme, Autrement, 2017.
Grosser, P., La Guerre froide, La Documentation photographique,
n° 8055, 2007.
Jeannesson, S., La Guerre froide, La Découverte, 2002.
Peyroulou, J.-P., Atlas des décolonisations. Une histoire inachevée,
Autrement, 2014.
Phan, B., Colonisation et décolonisation (xvie-xxe siècles), Puf, 2017.
Savranskaya, S., « Cuba est presque devenue une puissance nucléaire
en 1962 », Foreign Policy, 10 octobre 2012.
Sirinelli, J.-F., Soutou, G.-H. (dir.), Culture et guerre froide, Presses
de l’Université Paris-Sorbonne, 2008.
Suremain, M.-A., Dulucq, S., Lambert, D., Enseigner les colonisations
et les décolonisations, Canopé, 2016.
Filmographie
Coppola, F. F., Apocalypse Now, 1979.
Henckel von donnersmarck, F., La Vie des autres, 2006.
Hitchcock, A., Le Rideau déchiré, 1966.
Kubrick, S., Docteur Folamour, 1964.
Kubrick, S., Full Metal Jacket, 1987.
Spielberg, S., Le Pont des espions, 2015.
Stone, O., Platoon, 1986.
Sites Internet
Mémorial de Caen (dossier sur la guerre froide) :
www.memorial-caen.fr
Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe (dossiers sur la crise
cubaine et sur la guerre du Vietnam) : www.cvce.eu
35
6 La France, une nouvelle place dans le monde
>> p. 166-191

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre vise à montrer comment la
France de l’après-guerre s’engage dans la
construction européenne, cesse d’être une
puissance coloniale et retrouve un rôle
international, réforme ses institutions et
ouvre davantage son économie.
On peut mettre en avant :
– la IVe République entre décolonisation,
guerre froide et construction européenne ;
– la crise algérienne de la République
française et la naissance d’un nouveau
régime ;
– les débuts de la Ve République : un
projet liant volonté d’indépendance
nationale et modernisation du pays.
» P. 168-169 : GRAND ANGLE La France face à la décolonisation et à la Guerre froide
» P. 170-171 : COURS 1 La IVe République, entre décolonisation, guerre froide et construction
européenne
» P. 172-173 : POINT DE PASSAGE La guerre d’Algérie (1954-1962)
» P. 174 : ÉTUDE Jean Monnet, « père de l’Europe »
» P. 175 : ÉTUDE La Communauté européenne de défense (CED)
» P. 176-177 : COURS 2 Les débuts de la Ve République
» P. 178-179 : POINT DE PASSAGE Charles de Gaulle et Pierre Mendès France : deux conceptions
de la République
» P. 180-181 : POINT DE PASSAGE La Constitution de 1958
» P. 182 : ÉTUDE L’élection du président au suffrage universel
» P. 183 : ÉTUDE De Gaulle et les médias
Les outils du manuel
» P. 186-189 : BAC MÉTHODE • Analyse de document : Analyser un discours politique
• Question problématisée : Élaborer le plan
• Capacités et méthodes : Mettre en relation un texte et une image
» P. 190-191 : EXERCICES • Mettre en relation un texte et une image
• Confronter et critiquer deux documents
• S’approprier un questionnement historique
• Mettre une figure en perspective

Ce chapitre est consacré à l’histoire de la France sous la IVe République et les débuts de la Ve République, avec comme angles
principaux l’histoire politique et diplomatique, l’histoire coloniale et l’histoire de la construction européenne.
Le manuel regroupe les trois axes (IVe République, crise algérienne et débuts de la Ve République) en deux cours chronolo-
giques, le premier consacré à la IVe République, le second à la crise algérienne et aux débuts de la Ve République. Au premier
cours sont associées, outre le point de passage sur la guerre d’Algérie, deux études, l’une consacrée à Jean Monnet, l’autre à
l’échec de la CED, qui permettent de relier les enjeux de la construction européenne à ceux de la guerre froide. Au second
cours sont associées, outre le point de passage sur Charles de Gaulle et Pierre Mendès France, deux études, l’une sur l’élection
du président au suffrage universel, l’autre sur les rapports entretenus par de Gaulle avec les médias.

Ouverture du chapitre >> P. 166-167
Le premier document est une affiche vietnamienne qui traduit
moins la réalité de la situation militaire en 1945 que l’ambition
des indépendantistes de ne pas laisser la France reprendre
le contrôle de ses colonies occupées pendant la guerre par
les Japonais. À l’image d’un affaiblissement militaire de la
France s’oppose l’image de grandeur donnée par la photo-
graphie de la proclamation solennelle [doc. 2], place de la
République, de la nouvelle République, le 4 septembre 1958,
jour anniversaire de la proclamation de la IIIe République.
de propagande en vue de célébrer l’Union française [doc. 1]. Cet
affaiblissement se traduit par les guerres d’indépendance et les
émeutes auxquelles elle fait face, mais aussi par l’influence des
États-Unis [doc. 2]. Toutefois, la construction européenne et la
politique d’indépendance nationale menée par le général de Gaulle
(essais nucléaires, voyages d’État) redonnent à la France une
influence dans le monde.
La IVe République, entre décolonisation,
COURS 1
guerre froide et construction européenne
>> P. 170-171

Le cours décline les trois thèmes du premier axe du programme :

La France face à la décolonisation
GRAND ANGLE l’impact de la guerre froide, appuyé par l’exemple du plan Marshall
et la construction européenne
[doc. 1], le rôle de la France dans la construction européenne, illustré
>> P. 168-169
par la déclaration Schuman [doc. 2] et le schéma des institutions
Cette double page donne d’abord à voir l’affaiblissement de la de la CEE [doc. 4], et enfin la crise coloniale de la République
puissance de la France sous la IVe République, en dépit de son effort française, en Indochine [doc. 3] et en Algérie [doc. 5].

36
 1 L’aide américaine est présentée comme un soutien à la recons-
truction matérielle d’un édifice européen. On peut critiquer cette
affiche en notant que l’édifice en question n’a jamais existé : il
n’existait pas d’union des pays d’Europe avant la guerre. L’affiche
reflète donc la volonté des États-Unis de constituer un ensemble
politique et économique uni par le plan Marshall.
2 La France cherche en premier lieu à travers la CECA à rendre
impossible une future guerre, en mettant en commun la production
du charbon et de l’acier nécessaires à la fabrication d’armes et de
munitions. Elle cherche aussi à affirmer son rôle moteur en Europe.
3 L’origine de ces soldats indique que la France, qui n’a pas engagé
en Indochine le contingent mais une armée de métier, s’appuie très
largement sur des troupes coloniales et des supplétifs vietnamiens
pour mener la guerre. La photo ne montre pas en revanche le recours
à d’anciens soldats allemands, dont d’anciens SS, au sein de la Légion
étrangère, recrutés parmi les prisonniers de guerre.
4 Les États occupent un rôle déterminant à travers le fait que le
Conseil, qui les représente, partage avec la Commission – dont les
membres sont nommés par les États – le pouvoir décisionnel.
5 Cette photographie révèle l’ampleur des manifestations qui
ont conduit à la prise du bâtiment du gouvernement général et à
la nomination d’un comité de salut public.
Analyser un schéma institutionnel
Ce document reflète la complexité des institutions de la CEE, qui
font en 1957 très peu de place à l’expression d’une souveraineté
populaire, puisque les membres de l’Assemblée sont délégués par
les parlements, autrement dit élus au suffrage indirect, et que
l’Assemblée n’a pas de fonction décisionnelle.
La guerre d’Algérie
POINT DE PASSAGE
(1954-1962) >> P. 172-173
Ce point de passage vise à comprendre comment l’Algérie a obtenu
son indépendance. Le document 4 rappelle l’infériorité militaire du
FLN face à la France. Il peut être confronté avec les documents 1 et
2 qui éclairent la double stratégie du FLN : attentats, guérilla et
mobilisation de la population en Algérie, recherche de soutiens
financiers et diplomatiques à l’étranger. Le document 1 montre pour-
quoi la France veut, dans un premier temps, conserver l’Algérie ; les
documents 3 et 4 présentent les moyens exceptionnels utilisés à cette
fin. L’attitude de la population algérienne, illustrée par le document 5,
et celle des Français de métropole, abordée dans le document 6,
permettent enfin d’analyser pourquoi les autorités françaises ont
finalement accepté de négocier l’indépendance.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. En Algérie, le FLN organise des attentats et pousse les Algériens
à se soulever contre la France. Cependant, le FLN a conscience qu’il
n’a pas les mêmes moyens que la France et mène une stratégie
politique et médiatique pour justifier son combat et obtenir le
soutien de pays étrangers.
2. La France refuse de céder l’Algérie, où se trouvent de nombreux
Français, des bases militaires et des hydrocarbures. Contre le FLN,
la France envoie des militaires (professionnels, appelés) et recrute
des supplétifs algériens (« harkis »). L’armée justifie la torture pour
déjouer les attentats du FLN.
3. La France accepte de négocier avec le FLN car la guerre est de
plus en plus dénoncée en métropole, à cause de son coût humain,
et dans le monde, l’ONU se prononçant pour l’indépendance de
l’Algérie. Enfin, la guerre paraît difficile à gagner par la France tant
les Algériens soutiennent le FLN.
4. Les Algériens n’ont pas tous soutenu le FLN ; certains se sont
même engagés dans le camp français : les « harkis ». Les Français
sont aussi divisés : à la fin de la guerre, la majorité veut négocier
avec le FLN mais les membres de l’OAS organisent des attentats
contre les partisans de l’indépendance.
> Synthétiser
Les élèves doivent d’abord analyser la stratégie militaire et diplo-
matique du FLN : dans un conflit asymétrique, il est vital d’obtenir
des soutiens étrangers. Les élèves sont ensuite invités à montrer
comment la France tente de conserver l’Algérie, allant jusqu’à
légitimer la torture. Enfin, pour expliquer pourquoi la France accepte
l’indépendance, les élèves peuvent souligner le coût de la guerre,
en nombre de victimes, mais aussi d’image. La stratégie interna-
tionale du FLN a été décisive.
Parcours B
> Analyser un texte
Le texte met en évidence la double stratégie du FLN. À l’intérieur,
il légitime « la lutte par tous les moyens », y compris les attentats.
Le FLN entame une guerre d’usure (« la lutte sera longue »), dans
laquelle le soutien de la population algérienne est essentiel. À l’étran-
ger, le FLN utilise les médias (ici la radio égyptienne) pour légitimer
son action, tout en développant une action diplomatique visant à
obtenir le soutien d’autres pays et de l’ONU, au nom du droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes.
ÉTUDE Jean Monnet, « père de l’Europe » >> P. 174
Cette étude permet d’étudier l’évolution de la puissance française
en liant les enjeux de la construction de l’Europe à ceux de la guerre
froide. Longtemps présenté comme « père de l’Europe », Jean
Monnet tend à être décrit dans l’historiographie récente d’abord
comme proche des États-Unis, et ensuite comme poursuivant à
travers la construction européenne une ambition de puissance pour
la France. Ce n’est que sur le tard (après 1955), qu’il devient un
fédéraliste convaincu.
Analyser les documents
1. Le général de Gaulle choisit de s’appuyer sur Jean Monnet pour
mener la reconstruction économique de la France, en tant que
commissaire au Plan [doc. 1]. Dans ses Mémoires [doc. 3], Jean
Monnet ne cache pas que la puissance industrielle de la France est
une motivation importante du projet européen.
2. La relance de l’industrie est une priorité du premier plan, dit
« plan Monnet », et cet enjeu est parfaitement illustré par le tableau
derrière Jean Monnet [doc. 1], qui montre au passage le rôle des
États-Unis, puisqu’il est rédigé en anglais. Elle est également une
priorité du plan Schuman.
3. Jean Monnet apparaît comme l’archétype du haut-fonctionnaire,
serviteur de l’État, dont l’action entend servir l’intérêt général.
La critique dont ces « commis de la République » sont souvent
l’objet [doc. 2] traduit une méfiance du monde politique et de
l’opinion envers cette technocratie montante.
CHAPITRE 6 • La France, une nouvelle place dans le monde 37
 La Communauté européenne
ÉTUDE
de défense (CED) >> P. 175
Tandis que les États-Unis veulent intégrer une armée allemande au
bénéfice du bloc de l’Ouest, René Pleven met en route la création
d’inspiration fédéraliste de la CECA (en 1950), prémisse du Marché
commun, puis présente le projet de la CED en 1952 et d’une Com-
munauté politique européenne (CPE) en 1953. Au Parlement français,
la coalition des opposants enterre le projet supranational de CED
(le « crime du 30 août 1954 »).
Analyser les documents
1. La CED a pour but de créer une « armée européenne » et d’y
intégrer des forces allemandes [doc. 1], de sorte de garantir la paix
[doc. 2].
2. Ses partisans, principalement socialistes, modérés et démocrates-
chrétiens, voient en elle un rempart contre le retour des totalita-
rismes [doc. 2], tout en considérant qu’elle représente une
opportunité d’approfondir la construction européenne [doc. 1].
3. On lui fait principalement deux reproches : recréer une armée
allemande alors que la France a été envahie trois fois en un siècle
par l’Allemagne ; se mettre sous la tutelle américaine, donc aban-
donner l’indépendance de la France [doc. 3].
Faire une recherche sur Internet
Outre ceux déjà cités, le principal argument avancé en faveur de la
CED est l’idée qu’elle représenterait un bouclier face à la menace
soviétique, et le principal argument en sa défaveur est la crainte
d’une renaissance du militarisme allemand, souvent dénoncée par
le PCF dans ses affiches.
COURS 2 Les débuts de la Ve République >> P. 176-177
Le cours s’attache à montrer comment la Ve République allie, de 1958
à 1965, volonté d’indépendance nationale et modernisation de la
France. Il débute par l’analyse des caractéristiques du nouveau
régime, qui peut être complétée par l’étude du schéma de la consti-
tution [doc. 2, p. 180]. Il aborde ensuite la politique de grandeur
et d’indépendance nationale voulue par de Gaulle : l’arme nucléaire
[doc. 4], la coopération [doc. 1] et une politique étrangère ambi-
tieuse [doc. 2]. Enfin, il aborde les formes que revêt la modernisation
du pays dans le secteur industriel [doc. 3], mais aussi culturel
[doc. 5].
1 L’affiche présente les rapports entre la France et ses anciennes
colonies, en apparence sur un pied d’égalité, la France se contentant
d’apporter aux pays africains une aide au développement. Toutefois,
le bloc symbolisant la France apparaît comme la clé de voûte du
dispositif. Cette affiche mérite d’être comparée à celle du plan
Marshall [doc. 1, p. 170].
2 Ces conditions sont l’entente franco-allemande, l’autonomie
de sa diplomatie, la coopération avec le tiers-monde et enfin le
développement de l’arme nucléaire.
3 Cette carte révèle la capacité dont dispose alors le ministère
de l’Industrie d’agir sur la localisation des industries, tant nationales
qu’étrangères, en s’appuyant notamment, pour convaincre ces
dernières, sur le levier des commandes publiques et des règle-
mentations.
38
4 Ce coq surdimensionné donne de la France l’image d’une nation
prétentieuse, dont l’ambition dépasse ses moyens militaires réels.
Le troisième personnage sous le panier suggère que la bombe lui
est fournie par une aide étrangère.
5 L’ambition de la politique culturelle est traduite avec emphase
par Malraux, qui considère que la France dispose d’une forme de
« destinée manifeste » dans le domaine des arts et des lettres.
Il inscrit en cela la politique culturelle au cœur des missions de la
République.
Analyser un texte politique
On attend des élèves qu’ils tiennent compte du décalage entre la
date de rédaction, tardive, et celle des faits relatés. De Gaulle entend
donc justifier et légitimer a posteriori ses choix et ses décisions en
matière de politique étrangère, de sorte de convaincre le lecteur
qu’à l’issue de son mandat, la France a effectivement recouvré une
indépendance qu’elle aurait auparavant entièrement perdue.
Charles de Gaulle et Pierre Mendès
POINT DE PASSAGE
France, deux conceptions
de la République >> P. 178-179
Ce point de passage permet de mieux comprendre les fondements
du désaccord institutionnel opposant Charles de Gaulle et Pierre
Mendès France, deux figures politiques majeures de la seconde moitié
du xxe siècle. Le discours de Bayeux [doc. 1] et l’extrait d’un des
ouvrages de Mendès France [doc. 5] démontrent que les deux hommes
s’accordent sur les limites institutionnelles de la IVe République.
L’organigramme [doc. 2] permet de décrire le fonctionnement de ce
régime et de souligner la faiblesse du pouvoir exécutif face à l’Assem-
blée nationale. Les textes, ainsi que la comparaison des deux affiches
électorales [doc. 3, 4], mettent toutefois en évidence une conception
opposée de la place réservée au chef de l’État : maître d’œuvre pour
de Gaulle et garant moral des institutions pour Mendès.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. De Gaulle et Mendès France critiquent la dépendance des gou-
vernements de la IVe République face à l’Assemblée. Le chef du
gouvernement (responsable devant l’Assemblée qui peut le renver-
ser) doit être investi à la majorité absolue par une Assemblée élue
au scrutin proportionnel sans majorité stable.
2. Mendès France reproche une trop forte concentration des pouvoirs
au sein de l’exécutif au profit du général de Gaulle, chef de l’État.
Il dénonce un déséquilibre des pouvoirs en raison de la perte des
prérogatives de l’Assemblée au profit du gouvernement (fixation
de l’ordre du jour, article 49-3).
3. Selon de Gaulle, le chef de l’État est placé au-dessus du « régime
des partis ». Il joue le rôle d’« arbitre », de garant des institutions.
Il peut ainsi en appeler directement au vote du peuple (référendum).
Il décide également de la politique extérieure (« garant de l’indé-
pendance nationale »).
4. Mendès France propose un rééquilibrage des prérogatives entre
le gouvernement et l’Assemblée mais aussi entre le chef de l’État
(arbitre moral) et son Premier ministre (responsable du programme
politique). C’est le sens du ticket présidentiel qu’il propose avec
Defferre aux élections de 1969.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à énumérer les faiblesses institutionnelles
de la IVe République : absence de majorité stable à l’Assemblée,
instabilité chronique des gouvernements investis par l’Assemblée.
Ils sont ensuite conviés à mettre en parallèle les solutions proposées
par de Gaulle et Mendès France. Le premier insiste sur la prédomi-
nance du rôle du chef de l’exécutif alors que son opposant défend
un meilleur équilibre entre pouvoirs exécutif et législatif, ainsi qu’au
sein du pouvoir exécutif.
Parcours B
> Confronter et critiquer deux documents
L’analyse comparée des deux affiches électorales doit amener les
élèves à s’interroger sur la forme adoptée (dessin/photo ; mise en
page du texte) et sur la conception de la République ainsi présentée :
sur l’affiche gaulliste de 1965, la manche de l’uniforme du Général
suffit à l’identifier et la Ve République apparaît sous les traits d’une
enfant qu’il doit encore guider. Sur celle de 1969, Defferre et Mendès
France apparaissent côte à côte, montrant une volonté d’équilibre
entre les deux futures têtes de l’exécutif.
POINT DE PASSAGE La Constitution de 1958 >> P. 180-181
Ce point de passage permet de comprendre le contexte et les principes
ayant présidé à la rédaction de la Constitution de 1958 et à la première
réforme constitutionnelle de 1962. L’extrait de la Constitution [doc. 1]
et l’organigramme institutionnel [doc. 2] mettent en évidence le
renforcement du pouvoir exécutif au sein d’un régime parlementaire.
Les affiches électorales sur le référendum de 1958 [doc. 3] et la
caricature du général de Gaulle [doc. 5] montrent l’importance du
clivage opposant les promoteurs du texte et les partis de gauche qui
dénoncent un « coup d’État permanent » (Mitterrand). L’extrait de
l’allocution prononcée par le président de la République [doc. 4]
éclaire le passage à un régime semi-présidentiel avec l’élection du
chef de l’État au suffrage universel direct à partir de 1962.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Son adoption par une très large majorité lors du référendum
de 1958 ne doit pas occulter la vigueur des critiques des adversaires
de la nouvelle Constitution. Ils dénoncent, depuis la crise du 13 mai
et le retour de De Gaulle, les risques d’abus de pouvoir du nouveau
chef de l’État.
2. La Ve République met fin à la pratique de la double investiture,
le chef de l’État peut dissoudre sans condition l’Assemblée nationale
et l’article 49-3 permet au Premier ministre de faire adopter un
texte sans vote en engageant la responsabilité de son gouvernement
devant l’Assemblée.
3. Les critiques portent notamment sur l’article 16 (accordant des
pouvoirs exceptionnels au chef de l’État en cas de menaces sur les
institutions), la pratique référendaire puis, à partir de 1962, sur
l’élection du président au suffrage universel direct. Ses opposants
craignent une dérive despotique du régime.
4. La pratique gaullienne du pouvoir privilégie le lien direct avec
les citoyens : le référendum est utilisé à 5 reprises entre 1958 et 1969 ;
les allocutions radiotélévisées et les conférences de presse sont
fréquentes, ainsi que les déplacements à l’intérieur du pays.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à rappeler les difficultés rencontrées par la
IVe République et les débats nés après le retour au pouvoir du
général de Gaulle lors de la crise du 13 mai 1958 à Alger. Ils sont
ensuite conviés à insister sur la rupture institutionnelle mise en
œuvre par la Constitution de 1958 : renforcement du pouvoir exécutif
face à l’Assemblée et des prérogatives du chef de l’État. Ils peuvent
conclure sur la manière dont la réforme de 1962 acte le passage à
un régime semi-présidentiel.
Parcours B
> Analyser une caricature
La description de la caricature permet aux élèves d’identifier le
général de Gaulle trônant en majesté dont le dessinateur dénonce
le pouvoir sans limite. Cette représentation doit alors être mise en
lien avec les critiques émises à l’égard de la Constitution : nouvelles
prérogatives du chef de l’État (article 16, droit de dissolution, nomi-
nation du Premier ministre) ; pratique gaullienne du pouvoir (réfé-
rendum, conférences de presse) ; puis, à partir de 1962, élection du
président au suffrage universel direct.
L’élection du président
ÉTUDE
au suffrage universel >> P. 182
Cette étude permet d’aborder la modernisation de la vie politique
à travers l’exemple emblématique de l’élection présidentielle au
suffrage universel direct, décidée en 1962 à l’issue d’une campagne
référendaire qui a vu l’ensemble des partis politiques non gaullistes
s’opposer à ce projet, et mise en œuvre en 1965. Elle permet éga-
lement de prolonger le point de passage sur Charles de Gaulle et
Pierre Mendès France en confrontant leurs points de vue.
Analyser les documents
1. De Gaulle justifie l’élection au suffrage universel direct par la
nécessité de conforter la légitimité de ses successeurs, et de confor-
ter ainsi dans la durée les institutions.
2. Mendès France s’inquiète du risque de dérive tant césariste
(Louis-Napoléon Bonaparte) que démagogique que contient cette
réforme. À la conception d’un pouvoir exécutif fort, doté de la
« force de gouverner » (Nicolas Roussellier), s’oppose donc celle
d’une République du Parlement.
3. La réforme oppose l’opinion publique, qui y est majoritairement
favorable, et les partis politiques qui appellent à voter « non ». Le
référendum consacre ainsi doublement la légitimité du président :
par la victoire du « oui », et par le fait qu’il avait contre lui l’ensemble
des forces politiques d’opposition.
ÉTUDE De Gaulle et les médias >> P. 183
Cette étude permet d’aborder la modernisation du pays à travers
l’exemple de la communication du président de la République, qui
a fait de l’audiovisuel l’axe privilégié de ses échanges avec la nation.
Analyser les documents
1. L’intérêt que de Gaulle accorde à la radio et à la télévision [doc. 1]
se traduit par une parole rare et solennelle [doc. 3], soigneusement
orchestrée. Il entend ainsi contrer l’hostilité qu’il perçoit à son égard
dans la presse écrite ou sur les chaînes de radios périphériques.
CHAPITRE 6 • La France, une nouvelle place dans le monde 39
2. De Gaulle intervient en moyenne sept fois par an, généralement
sous la forme d’allocutions radiodiffusées et de conférences de
presse (1 à 2 par an). Cela révèle sa volonté de s’assurer que chacune
de ses interventions, par ailleurs reproduite in extenso dans la
presse, ne passe pas inaperçue.
3. Le dessin [doc. 2] critique l’étroit contrôle de la prise de parole
lors des conférences de presse, puisque les journalistes ont l’obli-
gation de fournir à l’avance leurs questions et ne peuvent en changer
sous peine de ne plus être invités (eux ou leur média).
Faire une recherche sur Internet
Il s’agit de l’allocution dont un extrait est proposé p. 182 et par
laquelle de Gaulle annonce son souhait de modifier la Constitution
en vue d’instaurer l’élection du président au suffrage universel
direct. Dans la première partie de son propos, il explique que cette
réforme s’inscrit dans l’esprit de la Constitution, qui conçoit un
exécutif fort.
FAIRE LE POINT >> P. 184-185
Réviser autrement
Il s’agit pour les élèves de mobiliser des connaissances mentionnées
dans le chapitre. Dans le domaine colonial, il s’agit de la décolonisation
(rôle moins important) et de la coopération (rôle plus important).
Dans celui des organisations internationales, il s’agit de la CECA et
la CEE (rôle plus important) d’une part, et de l’ONU et l’OTAN d’autre
part (identique, le retrait de l’OTAN intervenant plus tard). Dans le
domaine militaire, il s’agit d’une part de la défaite emblématique de
Dien Bien Phu (moins important) et d’autre part le développement
de l’arme nucléaire (plus important). Dans le domaine économique,
enfin, il s’agit du développement industriel (plus important).
Vérifier ses connaissances
1. Notions clés à relier : 1, e ; 2, b ; 3, d ; 4, a ; 5, c.
2. Acronymes à définir : Communauté économique européenne
(CEE), Communauté européenne de défense (CED), Délégation à
l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR),
Front de libération nationale (FLN), Office de radiodiffusion-télévi-
sion française (ORTF), Organisation du traité de l’Atlantique nord
(OTAN), Union occidentale (UO).
BAC MÉTHODE >> P. 186-189
• Analyse de document : Analyser un discours politique
1. Le discours s’adresse aussi bien aux personnes présentes sur le
forum d’Alger qu’aux combattants du FLN, auxquels de Gaulle
s’adresse à la 3e personne (« Puissent-ils même y participer ceux,
qui par désespoir, ont cru devoir mener sur ce sol un combat… »).
2. Il s’agit pour de Gaulle de calmer la rébellion des Français d’Algérie,
qui l’a porté au pouvoir, tout en donnant de l’espoir aux partisans
d’une autodétermination de l’Algérie et en invitant les partisans de
l’indépendance à s’exprimer par les urnes.
3. De Gaulle n’évoque pas la situation militaire, et ne fait aucune
annonce précise quant à l’avenir du statut du territoire algérien.
Sa position évolue par la suite, comme l’illustre l’organisation en 1961
du référendum sur l’autodétermination en Algérie.
40
• S’entraîner
Le président François Hollande est le premier président de la Répu-
blique française à qualifier la colonisation de système « profondé-
ment injuste et brutal ». Il assigne à l’histoire le rôle de contribuer
à la réconciliation des mémoires en établissant les faits. Son discours,
aussitôt qualifié d’« historique », a été bien accueilli en Algérie,
mais beaucoup moins bien en France, en particulier au sein de
l’UMP et du FN.
• Question problématisée : Élaborer le plan
Rappel : Le sujet porte sur la France métropolitaine, ses colonies
et ses départements d’outre-mer et l’ensemble des moyens par
lesquels elle rayonne sur le monde.
1. Le sujet invite à proposer une réponse nuancée. Un plan chrono-
logique ou thématique ne serait donc pas adapté.
2. La France a pour atout d’être une puissance influente en Europe
et dans le monde, et pour faiblesse de ne plus avoir les moyens de
sa puissance, ce qui ne l’empêche pas, en tant que puissance
moyenne, de jouer un rôle international.
3. La France de l’après-guerre est une puissance très influente dans
le monde.
Prolongement : Ses faiblesses sont d’être un pays de taille
moyenne, dont l’influence recule face aux deux Grands, à la Chine
et aux pays émergents. Elle parvient toutefois à maintenir son
influence en développant l’arme nucléaire, en établissant des liens
avec ses anciennes colonies et en développant une diplomatie
autonome.
• Capacités et méthodes : Mettre en relation un texte
et une image
1. Les deux documents se rapportent aux événements de mai 1958,
auxquels ils sont postérieurs, l’un de quelques mois [doc. 1], l’autre
de trente ans [doc. 2]. Le témoignage de Pierre Lefranc n’en a pas
moins énormément de valeur.
2. Tandis que Jean Effel [doc. 1] dénonce ouvertement un coup
d’État, Pierre Lefranc [doc. 2] décrit les circonstances qui ont permis
au général de Gaulle d’accéder légalement au pouvoir, sans nier
pour autant le rôle qu’a joué la menace d’un coup d’État militaire.
3. Les deux documents ont en commun de présenter le général de
Gaulle en retrait, tout en étant attentif au déroulement des événe-
ments. Pierre Lefranc indique qu’il « laisse peser la menace » d’une
intervention militaire. La question de la nature, légale ou illégale,
de son accession au pouvoir, divise depuis 1958 les juristes et les
historiens.
EXERCICES >> P. 190-191
1. Mettre en relation un texte et une image
Le document 1 montre qu’en Algérie la guerre est commémorée
depuis 1962 par de nombreux monuments aux « martyrs ». Le
document 2 rappelle qu’en France, a contrario, la guerre a été niée
par les autorités jusqu’en 1999. Cependant, Jacques Chirac, en 2002,
n’honore que les combattants et n’évoque pas la torture, de peur
d’aviver les polémiques. De son côté, l’Algérie, en soulignant l’unité
du peuple dans la guerre, continue d’oublier certains groupes tels
les harkis.
2. Confronter et critiquer deux documents
Les deux textes ont en commun une critique du fonctionnement
de l’Europe et démontrent une certaine méfiance de De Gaulle vis-
à-vis de l’approfondissement européen. D’une part, de Gaulle a peur
que la souveraineté de la France soit remise en cause par la mise
en place d’institutions supranationales, d’autre part, il s’oppose à
l’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté européenne
car il juge celle-ci trop éloignée des objectifs des autres pays.
3. S’approprier un questionnement historique
Les voyages relèvent d’une stratégie politique, dans la mesure où
le général de Gaulle s’emploie à couvrir le territoire français le plus
largement possible, en consacrant le plus de visites aux départements
dans lesquels le parti communiste obtient les meilleurs résultats.
Chaque déplacement est associé à un thème permettant de mettre
en valeur un aspect de sa politique. Il s’agit également d’une stra-
tégie de communication : ses déplacements sont soigneusement
mis en scène, les opposants politiques étant mis à l’écart et les
écoliers mobilisés pour agiter des drapeaux. Chaque soir, le journal
télévisé diffuse des images de liesse et des extraits de ses discours,
sans jamais donner la parole à des contradicteurs.
4. Mettre une figure en perspective
Jean Lecanuet s’emploie, dans son discours comme dans son affiche,
à faire de ses faiblesses par rapport à de Gaulle (jeunesse, inexpé-
rience) des atouts. Son discours télévisé, qui introduit dans la
politique française la technique du storytelling, est conçu pour
toucher le plus largement les Français et en conduire le plus grand
nombre à s’identifier à lui.
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Bibliographie
Branche, R., Thenault, S., La Guerre d’Algérie, La Documentation
photographique, n° 8022, août 2001.
Cooper, F., « Conflits, réformes et décolonisation. La situation
impériale mise en cause », in Singaravelou, P. (dir.), Les Empires
coloniaux (xixe-xxe siècle), Seuil, 2013.
Delacroix, C., Zancarini-Fournel, M., La France du temps présent
(1945-2005), Belin, 2010.
Lecoq, T. (dir.), Enseigner de Gaulle, Canopé, 2018.
Les Collections de l’Histoire, n° 55, avril 2012 (n° spécial sur « L’Algérie
et les Algériens »).
Pervillé, G., Atlas de la guerre d’Algérie. De la conquête à l’indépendance,
Autrement, 2011.
Peyroulou, J.-P., Atlas des décolonisations. Une histoire inachevée,
Autrement, 2014.
Roussellier, N., La Force de gouverner. Le pouvoir exécutif en France
(xixe-xxie siècles), Gallimard, 2015.
Stora, B., De Gaulle et la guerre d’Algérie, Fayard, 2012.
Suremain, M.-A., Dulucq, S., Lambert, D., Enseigner les colonisations
et les décolonisations, Canopé, 2016.
Thénault, S., Histoire de la guerre d’indépendance algérienne,
Flammarion, 2005.
Filmographie
Bouchareb, R., Hors-la-loi, 2010.
Moati, S., Je vous ai compris. De Gaulle (1958-1962), 2010.
Pontecorvo, G., La Bataille d’Alger, 1966.
Rotman, P., L’Ennemi intime, 2002.
Rotman, P., De Gaulle, le dernier roi de France, 2017.
Vautier, R., Avoir vingt ans dans les Aurès, 1972.
CHAPITRE 6 • La France, une nouvelle place dans le monde 41
Bac sujets E3C : ÉPREUVES COMMUNES DE CONTRÔLE CONTINU
Question problématisée >> P. 192
• Quel est le bilan de la Seconde Guerre mondiale ?
Le sujet invite les élèves à considérer d’abord le bilan humain et
matériel de la guerre, en décrivant l’ampleur des destructions et le
nombre de morts, civils et militaires, puis à considérer le bilan moral,
en considérant les crimes de masse, la Shoah et le recours à la
bombe atomique, avant d’analyser les caractères du monde en
reconstruction : les procès de Tokyo et Nuremberg, la création de
l’ONU, le nouvel ordre économique (FMI) et l’essor de l’État-
providence.
Analyse de documents >> P. 192
• Les femmes à la Libération en France
Les femmes acquièrent un nouveau statut politique en France à la
Libération, avec l’octroi du droit de vote et d’éligibilité, dont le
caractère solennel est souligné par la photographie [doc. 1]. Elles
deviennent par conséquent un enjeu pour les partis politiques, qui
se disputent leurs suffrages. L’affiche socialiste [doc. 2] ajoute aux
métiers traditionnels de la femme (paysanne, ouvrière) une référence
au secrétariat, qui était avant la guerre encore un métier majori-
tairement masculin et qui tend à se féminiser rapidement pendant
les Trente Glorieuses.
Question problématisée >> P. 193
• Comment le tiers-monde s’affirme-t-il dans les
relations internationales ?
Le sujet invite les élèves à considérer l’impact de la décolonisation
sur la guerre froide en montrant comment l’accès de nombreux
pays à l’indépendance et les fragilités de chaque bloc conduisent
à l’affirmation de nouveaux acteurs dans les relations internationales.
Les pays du Sud, soutenus par la Chine, contestent en effet la logique
des blocs, et tendent à s’organiser pour revendiquer la mise en
place d’un nouvel ordre mondial.
Analyse de document >> P. 193
• La guerre d’Indochine
L’affiche de propagande présente la défaite de Dien Bien Phu non
comme la conséquence d’une guerre coloniale, mais comme un
événement s’inscrivant dans le contexte de la guerre froide et de
la lutte contre le communisme. La métaphore de la croix et la men-
tion du sacrifice donnent une connotation chrétienne à l’image, qui
témoigne en même temps de l’affaiblissement de la place de la
France dans le monde.
42
>> P. 192-195
Question problématisée >> P. 194
• Quel type de régime le général de Gaulle institue-t-il
en 1958 ?
On peut définir un régime politique comme un type d’organisation
et d’exercice des pouvoirs. Le sujet invite à considérer dans un
premier temps le fait que la Constitution de 1958 instaure un régime
semi-présidentiel, dans lequel le président joue un rôle important
et le gouvernement reste responsable devant le Parlement, puis à
montrer que la révision constitutionnelle aussi bien que la pratique
gaullienne du pouvoir ont conduit à un renforcement du pouvoir
exécutif.
Analyse de document >> P. 194
• La proclamation de la Ve République
La caricature présente bien l’abandon presque sans regret de la
IVe République, et permet de faire un bilan de la mise en place de
la Ve : les éléments militaires et algériens sont très présents à droite,
tandis que les personnages à gauche manifestent davantage l’alliance
avec des leaders de la IVe. On voit aussi une vive critique de De Gaulle
avec une Ve République qui naîtrait de l’émeute et du coup de force
militaire, et dans laquelle de Gaulle serait un véritable monarque.
Question problématisée >> P. 195
• Quel est l’impact de la guerre d’Algérie sur la vie
politique française ?
Le sujet invite les élèves à investir l’axe du programme consacré à
la crise algérienne de la République française. Il leur faut bien
délimiter chronologiquement le sujet en précisant que la guerre
d’Algérie concerne autant la IVe République que les débuts de la Ve.
Elle est une crise militaire, mais surtout une crise politique, comme
l’illustrent les événements de mai 1958. Le choix de l’autodétermi-
nation par le général de Gaulle, puis l’indépendance, divise les
Français, mais conduit en retour à un renforcement des institutions
par la réforme constitutionnelle de 1962.
Analyse de documents >> P. 195
• L’Organisation armée secrète (OAS)
Créée en février 1961 au lendemain de la semaine des barricades,
l’OAS s’oppose par les armes à la politique menée par le général
de Gaulle en Algérie, comme en atteste le détournement de l’affiche
qui commémorait le discours du 4 juin 1958 [Voir Méthode, p. 186].
Le tract, quant à lui, est diffusé en métropole peu après la signature
des accords d’Évian et le cessez-le-feu, et vise à justifier l’action de
l’OAS tout en critiquant le poids du président de la République dans
le régime républicain.
7 La modification des grands équilibres
économiques et politiques mondiaux >> p. 198-223

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre vise à montrer les conséquences » P. 200-201 : GRAND ANGLE Le monde nouveau dans la crise
sociales, économiques et géopolitiques » P. 202-203 : COURS 1 Les chocs pétroliers et la nouvelle donne internationale
des chocs pétroliers (1973 et 1979), dans le
» P. 204 : ÉTUDE L’OPEP
cadre d’une crise économique occidentale
qui caractérise la période, mais aussi » P. 205 : ÉTUDE Le G6
ses profondes évolutions politiques : la » P. 206-207 : COURS 2 Une nouvelle gouvernance du libéralisme : libération et dérégulation
démocratie trouve une nouvelle vigueur avec » P. 208-209 : POINT DE PASSAGE Ronald Reagan et Deng Xiaoping : deux acteurs majeurs d’un
la chute des régimes autoritaires d’Europe nouveau capitalisme
méridionale (Grèce, Portugal et Espagne)
et l’effondrement du bloc soviétique,
» P. 210-211 : COURS 3 De nouveaux équilibres internationaux
tandis que la révolution iranienne marque » P. 212 : ÉTUDE L’adhésion de la Grèce à la CEE
l’émergence de l’islamisme sur la scène » P. 213 : ÉTUDE Mikhaïl Gorbatchev et la fin de l’URSS
politique internationale. » P. 214-215 : POINT DE PASSAGE L’année 1989 dans le monde
On peut mettre en avant :
– les chocs pétroliers ; Les outils du manuel
– la libéralisation et la dérégulation de
» P. 218-221 : BAC MÉTHODE • Analyse de document : Analyser un graphique
l’économie ;
• Question problématisée : Bâtir un plan détaillé
– la révolution islamique d’Iran et le rejet du
• Capacités et méthodes : Mettre une figure en perspective
modèle occidental ;
– la démocratisation de l’Europe méridionale » P. 222-223 : EXERCICES • S’approprier un questionnement historique
et les élargissements de la CEE ; • Procéder à l’analyse critique d’un document
– l’effondrement du bloc soviétique et de • Confronter deux points de vue
l’URSS. • Confronter et critiquer deux documents

Ce chapitre est consacré à l’histoire économique, politique et des relations internationales à l’échelle mondiale du début des
années 1970 à la fin de la guerre froide. Il aborde aussi bien les chocs pétroliers et leurs conséquences que les transformations
politiques et économiques à différentes échelles, dont celle de l’Europe.
Le manuel regroupe les cinq axes du programme dans trois cours synthétiques. Le premier cours, consacré à l’impact des chocs
pétroliers, est complété par deux études décrivant deux institutions jouant un rôle économique majeur, l’OPEP et le G6.
Le deuxième cours, qui porte sur la dérégulation et la libéralisation, est conçu pour mettre en perspective le point de passage
consacré à Ronald Reagan et à Deng Xiaoping. Enfin, le troisième cours, centré sur les nouveaux équilibres internationaux,
aborde tous les enjeux au programme. Il est appuyé par deux études, l’une consacrée à l’entrée de la Grèce dans la CEE, l’autre
à la fin de l’URSS. Enfin, le point de passage sur l’année 1989 offre une parfaite conclusion au chapitre.

Ouverture du chapitre >> P. 198-199
La photographie de Henri Bureau est devenue l’icône des
guerres pour le pétrole, constamment imitée depuis (en par-
ticulier en 1991 et 2003). Elle illustre l’enjeu que représente le
pétrole, en même temps que le second choc pétrolier, causé
par le déclenchement de la guerre Iran-Irak. La photographie
de Patrick Piel évoque l’effondrement de l’URSS. Ces documents
permettent d’aborder le point de départ du chapitre et son
aboutissement, sans établir de lien de causalité.
Le monde nouveau
GRAND ANGLE
dans la crise >> P. 200-201
L’instabilité mondiale est d’abord la conséquence de l’affaiblissement
des deux Grands, dont l’hégémonie continue d’être contestée, mais
aussi du bref regain de la guerre froide marqué notamment par la
crise des euromissiles. Cette instabilité s’explique également par la
multiplication des conflits et des coups d’État. La carte, en revanche,
n’aborde pas les troubles économiques qui font l’objet du cours
suivant.
Les chocs pétroliers et la nouvelle donne
COURS 1
économique internationale >> P. 202-203
Le cours s’ouvre sur la notion de choc pétrolier. Le document 1
permet d’en mesurer la soudaineté et l’ampleur. Ces chocs obligent
les gouvernements à réagir et à modifier les habitudes de consom-
mation [doc. 2] face aux déséquilibres économiques qu’ils pro-
voquent [doc. 4]. Toutefois, ils révèlent une crise plus profonde.
C’est le modèle de la croissance fordiste des Trente Glorieuses qui
s’essouffle [doc. 3] : les pays occidentaux connaissent une désin-
dustrialisation [doc. 5].

CHAPITRE 7 • La modification des grands équilibres économiques et politiques mondiaux 43

 1 L’expression « choc pétrolier » désigne concrètement la brutale
augmentation des prix du baril de pétrole à la fin de l’année 1973,
puis de nouveau en 1979.
2 Pour faire face aux conséquences des chocs pétroliers, le gou-
vernement français lance une campagne de communication pour
inciter les Français à réduire leur consommation d’énergie.
3 Le graphique fait apparaître une nette corrélation entre le
ralentissement de la croissance du PIB et la dégradation des gains
de productivité et signale ainsi l’essoufflement du modèle de la
croissance fordiste.
4 Dans l’immédiat, les chocs pétroliers provoquent une récession
économique et un déséquilibre de la balance commerciale de la
France, plus marqués en 1974 qu’en 1979.
5 La crise économique et le ralentissement de la croissance
économique ont des effets durables avec la fermeture d’entreprises,
le déclin de secteurs entiers, le chômage. Les pays occidentaux
connaissent une désindustrialisation.
Confronter et critiquer deux documents
La confrontation des documents 3 et 4 permet de nuancer l’impor-
tance des chocs pétroliers dans l’évolution économique. Le texte
montre qu’ils occasionnent une crise mais qu’ils révèlent surtout
la fragilisation de plus longue durée de la croissance liée à la dégra-
dation de la productivité visible sur le graphique.
ÉTUDE L’OPEP >> P. 204
Cette étude permet d’étudier les chocs pétroliers à travers l’analyse
du rôle de l’OPEP, au sein de laquelle les pays arabes, qui ont pro-
gressivement nationalisé le pétrole extrait de leur sol, jouent un
rôle déterminant. L’étude permet de comprendre comment le pétrole
renforce leur rôle dans le monde.
Analyser les documents
1. Les pays arabes exportateurs contestent la domination occidentale
en procédant à la nationalisation des sociétés pétrolières occiden-
tales [doc. 3] et en faisant de l’« or noir » une arme politique dans
le contexte de la guerre du Kippour [doc. 2].
2. C’est en réaction à la guerre du Kippour que les pays du Golfe
membres de l’OPEP décident de fixer eux-mêmes les prix et pro-
cèdent à une augmentation qui plonge le monde dans une crise
durable.
3. Le Moyen-Orient est dans les années 1970 la principale zone pro-
ductrice de pétrole. Le contrôle des champs pétrolifères, des oléoducs
et des terminaux pétroliers est donc un enjeu majeur, tant pour les
pays arabes que pour les grandes puissances occidentales.
ÉTUDE Le G6 >> P. 205
Comme la précédente, cette étude permet d’aborder les consé-
quences géopolitiques des chocs pétroliers, en l’espèce l’abandon
du multilatéralisme par les grandes puissances économiques occi-
dentales, qui choisissent de constituer un « club » informel en vue
d’accroître leur coopération et de maintenir leur domination éco-
nomique et politique.
Analyser les documents
1. Le sommet réunit les principales puissances économiques du
44
bloc occidental [doc. 1], qui réagissent au choc pétrolier et à la crise
en approfondissant leurs relations en vue de stabiliser l’économie
mondiale.
2. Le type de coopération mise en place est intergouvernementale
et se place délibérément en dehors des grandes organisations
internationales (ONU, FMI). Il s’agit d’une remise en cause du mul-
tilatéralisme, les pays du G6 considérant qu’ils ont le devoir de
prendre des décisions s’appliquant au monde entier.
3. Le G6 exclue les pays communistes, qui représentent près de
14 % du PIB mondial, et les pays en voie de développement. Ses
pays membres représentent moins de la moitié du PIB mondial.
Il apparaît ainsi comme une tentative pour maintenir une hégémonie
occidentale en déclin.
Construire et vérifier des hypothèses
sur une situation historique
Les deux études témoignent de l’affaiblissement des grandes orga-
nisations internationales. L’ONU et le FMI, en effet, ne parviennent
pas à contrer les effets conjoints du choc pétrolier de 1973 et de la
fin de la convertibilité du dollar en or. Le fait que les pays riches se
constituent en « club » témoigne également du déclin du multi-
latéralisme.
Une nouvelle gouvernance du capitalisme :
COURS 2
libéralisation et dérégulation >> P. 206-207
La double page rappelle d’abord la remise en cause de la gouver-
nance économique mondiale keynésienne. Le renouveau de la
pensée économique libérale inspire l’action des institutions inter-
nationales [doc. 4] et des gouvernements, notamment états-unien
et britannique dans un premier temps [doc. 3], mais aussi l’État
chinois qui s’ouvre aux investissements étrangers [doc. 5]. Ce
tournant libéral est marqué par un approfondissement de la libé-
ralisation et une dérégulation des échanges et des marchés [doc. 1].
1 Au cours des années 1970 et 1980, les tarifs douaniers ont
diminué de 6 points, poursuivant une tendance à la libéralisation
des échanges entamée depuis les premières négociations du GATT.
2 Pour compenser la disparition du SMI, des États de la CEE créent
leur propre outil de régulation sous l’impulsion du couple franco-
allemand, mais le Royaume-Uni, notamment, reste à l’écart.
3 La cheffe du gouvernement britannique entend convaincre les
autres États européens d’engager des politiques de libéralisation
des échanges et de déréglementation qui doivent éliminer les
entraves au marché libre.
4 Selon l’économiste du FMI, la croissance économique repose
sur le libre jeu du marché et une limitation des interventions des
États appelés à diminuer les dépenses publiques.
5 L’ouverture de l’économie chinoise décidée par Deng Xiaoping
est suivie d’une progression des investissements américains avec
l’installation de sites de production dans ce pays.
Confronter et critiquer deux documents
Le document 4 expose les principes, connus sous le nom de consen-
sus de Washington, qui doivent guider les politiques économiques
selon les économistes libéraux qui conseillent les institutions
internationales. Ce sont ces principes qui inspirent M. Thatcher et
dont elle souhaite la diffusion dans le document 3.
 Ronald Reagan et Deng Xiaoping :
POINT DE PASSAGE deux acteurs majeurs d’un nouveau
capitalisme >> P. 208-209
Le dossier vise à souligner l’ampleur des réformes économiques
aux États-Unis et en Chine, témoignant d’une mutation et d’une
extension du capitalisme dans les années 1980. Le discours [doc. 3]
et la photographie [doc. 1] permettent d’appréhender le contenu
des réformes néolibérales de Ronald Reagan. Le dessin [doc. 2]
rappelle les critiques dont cette politique de réduction des dépenses
publiques a fait l’objet, tout en illustrant la vision commune de la
pauvreté aux États-Unis. La nature et les étapes des réformes en
Chine ainsi que leurs conséquences sont présentées par la carte
[doc. 4]. La rencontre des dirigeants chinois et américain [doc. 5]
évoque l’audace des réformes de Deng Xiaoping. Son discours
[doc. 6] atteste qu’il a été difficile de les faire accepter dans un
pays communiste.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Le président américain propose de réduire les dépenses de l’État
afin de diminuer la dette publique ainsi que les impôts. Il veut aussi
supprimer ou réformer des règlementations vues comme un frein
aux investissements. Par ces réformes libérales, Ronald Reagan
espère créer des emplois.
2. Les réformes de Ronald Reagan (ou « Reaganomics »), en parti-
culier la diminution des dépenses publiques, suscitent des critiques
concernant la réduction des aides sociales, faisant craindre une
dégradation des conditions de vie des plus pauvres, et partant une
augmentation des inégalités sociales.
3. Pour développer l’économie chinoise, Deng Xiaoping rompt avec
la politique de son prédécesseur, Mao Zedong, et l’ouvre aux capitaux
étrangers. Il crée à partir de 1980 de nombreuses zones franches
bénéficiant d’exonérations fiscales afin d’inciter les entreprises
étrangères à investir en Chine.
4. Les réformes de Deng Xiaoping permettent de créer des emplois,
mais aussi, pour les entreprises chinoises, d’acquérir de nouvelles
technologies et, surtout, d’accroître la production et l’exportation
de biens manufacturés de consommation courante. Ainsi, la Chine
devient l’« atelier du monde ».
> Synthétiser
Les élèves sont invités à analyser l’importance des réformes éco-
nomiques adoptées dans les années 1980 aux États-Unis et en Chine.
Ils peuvent d’abord préciser que ces réformes sont d’inspiration
libérale, car elles reposent sur une réduction des impôts afin de
stimuler la production. Les élèves peuvent ensuite souligner les
différences entre les réformes chinoises et américaines, selon les
territoires concernés, le régime économique et le niveau de richesse
antérieurs, et leurs conséquences sociales.
Parcours B
> Mettre une figure en perspective
La carte et le texte soulignent l’importance des réformes de Deng
Xiaoping pour la Chine. Rompant avec Mao Zedong, il crée des
zones franches (ZES) visant à attirer les entreprises étrangères pour
accroître la production et l’exportation de biens de consommation
courante. Ainsi, il favorise le décollage économique de son pays.
CHAPITRE 7 • La modification des grands équilibres économiques et politiques mondiaux
Pour justifier ces réformes audacieuses, Deng Xiaoping souligne
qu’elles ne remettent pas en cause le projet communiste de créer
une société sans classes. En conclusion, les élèves peuvent expliquer
l’oxymore « socialisme de marché » par lequel Deng Xiaoping qualifie
l’économie chinoise.
De nouveaux équilibres
COURS 3
internationaux >> P. 210-211
Le cours analyse de manière synthétique tous les enjeux interna-
tionaux abordés par le programme. Il traite tout d’abord de la
révolution iranienne [doc. 1] et de l’affirmation de l’islamisme en
évoquant ses conséquences géopolitiques à travers l’exemple de la
guerre Iran-Irak [doc. 2]. Le cours aborde ensuite la démocratisation
des pays d’Europe méridionale et l’élargissement de la CEE qui en
découle, en présentant également l’avancée majeure que représente
dans l’histoire de la construction européenne l’Acte unique européen
[doc. 3]. Enfin, le cours décrit la fin de la guerre froide et ses consé-
quences, en particulier sur l’URSS [doc. 4].
1 Cette image témoigne de l’implication massive des femmes
dans la révolution iranienne de 1979. Leur motivation est autant
religieuse que nationaliste et certaines rejoignent les groupes de
guérilla.
2 Le conflit est une guerre de tranchées et de position, caracté-
risée par le recours à des bombardements massifs et l’emploi de
gaz de combat.
3 L’Acte unique apporte une perspective de relance de la construc-
tion européenne après les élargissements vers le sud, en proposant
la constitution d’un grand marché unique, effectif le 1er janvier 1993.
4 L’implosion de l’URSS se manifeste d’abord par l’indépendance
des pays baltes, puis par l’éclatement de l’URSS entre les États non
russes qui deviennent indépendants et les États russes qui rejoignent
la Fédération de Russie.
Mettre une figure en perspective
Khomeiny inspire la révolution contre le shah [doc. 1] et fait de
l’Iran un foyer de l’islamisme politique. La guerre engagée contre
l’Irak [doc. 2], soutenu par les pays occidentaux, fait de lui une
référence pour de nombreux mouvements islamistes ou nationalistes
dans le monde.
ÉTUDE L’adhésion de la Grèce à la CEE >> P. 212
Cette étude permet d’aborder l’élargissement de la CEE aux pays
d’Europe méridionale à travers l’exemple emblématique de la Grèce,
dont l’intégration à l’Europe résulte moins de critères économiques
ou sociaux que de critères politiques : il s’agit pour l’Europe d’aider
à y consolider la démocratie.
Analyser les documents
1. La Grèce est le berceau de la démocratie et de l’Europe (la déesse
de la mythologie grecque). Elle aurait très vraisemblablement rejoint
l’Europe plus tôt si elle n’avait pas connu la dictature des
colonels.
2. La Grèce représente un enjeu politique en raison de son histoire,
mais aussi un enjeu géopolitique en raison de sa situation géogra-
phique : elle est le pays d’Europe le plus méridional, au contact de
la Turquie.
45
3. La situation économique de la Grèce est très éloignée de celle
des pays membres de la CEE, ce que représente la caricature [doc. 3].
La procédure d’adhésion a été laborieuse et s’est traduite par
d’importantes concessions de la part des pays membres. L’harmo-
nisation sociale et économique de la Grèce n’était pas un prérequis
pour l’adhésion.
ÉTUDE Mikhaïl Gorbatchev et la fin de l’URSS >> P. 213
Cette étude permet d’illustrer l’axe du programme relatif à l’effon-
drement du bloc soviétique et de l’URSS. Il faut souligner le décalage
entre le projet initial de Gorbatchev, moderniser le système sovié-
tique, et le résultat final de sa politique : l’éclatement de l’URSS en
quinze nouveaux États. L’échec des réformes est compensé par
l’apaisement des tensions Est-Ouest, et l’avènement de la démocratie
en Europe de l’Est.
Analyser les documents
1. Les principales réformes sont la Glasnost et la Perestroïka, décrites
dans les documents 1 et 2.
2. D’abord modernisation économique, la politique de Gorbatchev
évolue vers la démocratie en s’appuyant sur un nouveau style de
leadership.
3. La transparence affaiblit le régime, tandis que la Perestroïka
exacerbe les oppositions, notamment nationalistes. Gorbatchev
pensait pouvoir améliorer la productivité et le bien-être de la popu-
lation sans changer de régime. Il a finalement dû renoncer au rôle
de dirigeant du parti, et a mis fin au « système totalitaire ».
Construire un argumentaire oral
La démocratisation des pays d’Europe méridionale, comme la Grèce,
permet d’élargir l’horizon démocratique de la CEE tandis que le
Parlement européen est désormais élu au suffrage universel (1979).
Les élargissements de 1981 et 1985 confortent la CEE, qui se dote
de nouvelles institutions avec l’Acte unique. A contrario, la démo-
cratisation de l’URSS, à l’initiative de Gorbatchev, affaiblit un
ensemble politique jusqu’alors autocratique, conduisant à la fin de
la guerre froide.
L’année 1989
POINT DE PASSAGE
dans le monde >> P. 214-215
Le dossier permet d’appréhender une année très riche en événe-
ments politiques conduisant à des bouleversements majeurs
notamment en Europe. Cette année est retenue comme celle de la
fin de la guerre froide en raison de la disparition du rideau de fer
[doc. 5] avec notamment l’ouverture du mur de Berlin [doc. 4].
C’est le temps de la défaite du communisme avec l’accession au
pouvoir dans les pays d’Europe de l’Est de forces démocratiques
[doc. 3]. En URSS, les nationalistes baltes revendiquent pacifique-
ment l’accession à l’indépendance. Les élèves sont donc invités à
réfléchir à l’émancipation des peuples européens de la tutelle
communiste.
La situation chinoise est tout autre. La répression du « printemps
de Pékin » [doc. 1] conduit à l’isolement diplomatique temporaire
de la RPC renforçant ainsi le poids des pays occidentaux dans la
conduite des affaires du monde. Le texte de Francis Fukuyama offre
une analyse immédiate sur le sens politique global des événements
46
– la victoire de l’Occident – qui pour lui ne signifie pas forcément
l’établissement d’une paix mondiale mais plutôt le début d’un ordre
démocratique libéral.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. La Pologne se distingue par la reconnaissance officielle de l’oppo-
sition avec Solidarnosc qui remporte les élections. Le gouvernement
hongrois décide l’ouverture de sa frontière avec l’Ouest tandis que
la RDA est le lieu de grandes manifestations obligeant le pouvoir à
ouvrir le mur.
2. Les gouvernements communistes sont contraints de céder aux
revendications de la libre circulation et du droit à la liberté d’expres-
sion, comme en témoignent la disparition du rideau de fer et l’arrivée
au pouvoir des forces d’opposition démocratique.
3. Deux pays connaissent une situation conflictuelle violente. La
Chine, avec un puissant mouvement d’opposition pacifique réprimé
violemment par le pouvoir communiste, et la Roumanie, où l’insur-
rection populaire à Bucarest renverse le pouvoir.
4. Selon Francis Fukuyama, 1989 est l’année de la disparition de
modèles concurrents au modèle libéral occidental. Le modèle
soviétique se réforme et doit abandonner le bloc de l’Est tandis que
la Chine adopte une économie s’inspirant des principes
capitalistes.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à comprendre comment l’année 1989 peut
être considérée comme une année de rupture. C’est la fin de la
division de l’Europe, conséquence de la guerre froide, avec la ques-
tion de la réunification allemande qui se pose suite à la disparition
du mur, et la contestation du pouvoir communiste. L’ensemble des
démocraties populaires connaît d’importants mouvements de
contestation pour l’établissement des libertés fondamentales qui
aboutissent à l’accession au pouvoir des forces d’opposition.
Parcours B
> Analyser une carte historique
La carte figure la disparition des démocraties populaires issues de
l’ordre établi par la guerre froide en Europe en 1945. Le rideau de
fer marquait une rupture entre l’Est et l’Ouest que l’année 1989
vient effacer par le succès de puissants mouvements nationalistes
démocratiques, qui parviennent au pouvoir comme en Pologne ou
qui, comme dans les pays baltes, revendiquent l’accession à l’indé-
pendance par des manifestations de masse, par exemple lors de la
chaîne humaine dite « Voie balte ».
FAIRE LE POINT >> P. 216-217
Réviser autrement
Les membres du G6 sont la RFA, l’Italie, le Royaume-Uni, la France,
le Japon et les États-Unis. L’organisation en vert est l’OPEP, l’orga-
nisation en bleu la CEE. Les guerres mentionnées sur la carte sont
les guerres israélo-arabes (1973-1982), la guerre du Liban (1975-1990),
la guerre Iran-Irak (1980-1988) et la guerre d’Afghanistan (1979-
1989). Les pays du sud de l’Europe en transition démocratique sont
la Grèce, l’Espagne et le Portugal. Le lieu symbole de la fin de la
guerre froide est Berlin.
Vérifier ses connaissances
1. Notions clés à relier : 1, e ; 2, b ; 3, d ; 4, a ; 5, c.
2. Événements et acteurs clés à relier : 1, d ; 2, b ; 3, c ; 4, e ;
5, a ; 6, f.
BAC MÉTHODE >> P. 218-221
• Analyse de document : Analyser un graphique
1. Il s’agit d’un graphique en courbe représentant l’évolution
conjointe du nombre de protections tarifaires aux frontières et du
nombre de participants aux négociations du GATT.
2. Le graphique suggère une corrélation entre le nombre de parti-
cipants et l’abaissement des protections tarifaires, mais il ne men-
tionne pas les protections non tarifaires (les normes, les quotas ou
les formalités administratives), qui sont aussi déterminantes que
les tarifs.
3. Ce document révèle les progrès très nets du libre-échange à partir
des années 1960 : le nombre de participants quadruple entre 1961
et 1995, date à laquelle les membres de l’OMC représentent près
des deux tiers des pays du monde. Parallèlement, les protections
tarifaires aux frontières diminuent de plus de la moitié.
• S’entraîner
Le graphique décrit la part croissante du commerce mondial que
représentent les membres du GATT entre 1948 et 1993, en même
temps que la très forte croissance du commerce mondial. Le gra-
phique révèle aussi le déclin relatif de l’Europe et des États-Unis
depuis les années 1970. Longtemps exportateurs nets, les États-Unis
importent davantage qu’ils n’exportent, ce qui se traduit par un
creusement de leur dette extérieure au profit principalement de la
Chine.
• Question problématisée : Bâtir un plan détaillé
Rappel : Le sujet porte sur la période qui suit les chocs pétroliers
de 1973 et 1979, marquée dans les pays industriels par un phénomène
de stagflation. L’enjeu du sujet est de mesurer l’importance de cette
période tant dans le domaine économique que dans celui des rela-
tions internationales.
1. Conformément au programme, les principaux thèmes du sujet
sont la nouvelle donne économique, les bouleversements politiques
(en particulier la démocratisation en Europe méridionale) et l’impact
économique et politique de la révolution islamique en Iran.
2. La nouvelle donne économique ne résulte pas seulement des
chocs pétroliers, mais aussi de la fin de la convertibilité du dollar
en or, qui provoque une déstabilisation durable du système
monétaire.
3. Les mutations de la gouvernance mondiale consistent en une
remise en cause du multilatéralisme, incarné par les grandes orga-
nisations internationales (FMI, Banque mondiale), au profit d’une
coopération intergouvernementale symbolisée par le G6.
Prolongement : L’évocation de la guerre du Kippour constitue sans
doute la meilleure entrée en matière possible pour ce sujet. Pour
relativiser le tournant des années 1970 et 1980, on peut évoquer
l’exemple de l’URSS, dont le tournant est pris en 1985 seulement
avec l’arrivée au pouvoir de Gorbatchev.
CHAPITRE 7 • La modification des grands équilibres économiques et politiques mondiaux
• Capacités et méthodes : Mettre une figure en perspective
1. Le conseil européen de 1984 s’inscrit dans le contexte de l’élar-
gissement de la CEE (à la Grèce en 1981, à l’Espagne et au Portugal
en 1986), qui accroît les tensions au sein de la Communauté.
2. Margaret Thatcher considère que le Royaume-Uni est à la fois
européen et tourné vers l’Amérique du Nord (les « vastes
horizons »).
3. Margaret Thatcher incarne à la fois un patriotisme intransigeant
et une conception de la construction européenne réduite aux négo-
ciations intergouvernementales. Tout au long des années 1980, elle
se montre profondément hostile à l’approfondissement de la
construction européenne et s’oppose à Jacques Delors.
EXERCICES >> P. 222-223
1. S’approprier un questionnement historique
La réforme des institutions européennes est adoptée en
décembre 1974 sous l’impulsion notamment du nouveau président
français Valéry Giscard d’Estaing. La création du Conseil européen
des chefs d’État et de gouvernement reflète le rôle désormais
déterminant des grandes puissances économiques (RFA, France,
Royaume-Uni). Ce rôle est toutefois tempéré par l’élection du Par-
lement européen au suffrage universel.
2. Procéder à l’analyse critique d’un document
Photojournaliste, Jeff Widener fait partie des sept journalistes qui
ont filmé ou photographié celui que l’on a surnommé « Tank Man »,
depuis le balcon de l’hôtel Beijing. Son cliché est celui qui a connu
le plus de succès dans les médias occidentaux.
3. Confronter deux points de vue
En 1979, l’ayatollah Khomeiny impose une révolution islamique en
Iran dont il veut faire un modèle pour tous les musulmans. Une
république islamique est née (Parlement, Constitution, élections)
sur la base du chiisme révolutionnaire, foyer d’islamisme. En
avril 1980, il appelle à renverser Saddam Hussein. Ce dernier attaque
l’Iran le 22 septembre 1980, avec le soutien de l’ensemble du monde
arabe, hormis la Syrie rivale. La religion n’est pas l’élément déclen-
cheur du conflit, mais elle est mobilisée à des fins de propagande
par l’Iran, tandis que la dénonciation du « fanatisme » religieux
chiite est partie prenante de la propagande irakienne.
4. Confronter et critiquer deux documents
Ces deux documents permettent d’aborder deux aspects contradic-
toires de la mémoire du communisme : d’une part, la décommuni-
sation en Ukraine, où les monuments dédiés à Lénine ont disparu
de l’espace public et semblent à l’abandon [doc. 1], et d’autre part,
la nostalgie de l’Allemagne de l’Est (« Ostalgie »), illustrée par le
film de Wolfgang Becker [doc. 2]. Cette contradiction est toutefois
tempérée par le fait que la RDA était le pays de l’Est le plus déve-
loppé et le plus favorisé par l’URSS, tandis que l’Ukraine a été
profondément marquée par l’expérience de la grande famine et de
la Seconde Guerre mondiale, ce qui a encouragé l’oubli après 1991.
47
 INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES Sanjuan, T., Atlas de la Chine. Les nouvelles échelles de la puissance,
Autrement, 2018.
Bibliographie
Bastidon, C., Brasseul, J., Gilles, P., Histoire de la globalisation financière, Filmographie
Armand Colin, 2010. Rouffio, J., Le Sucre, 1978.
Bozarslan, H., Une histoire de la violence au Moyen-Orient. De la fin Stone, O., Wall Street, 1987.
de l’Empire ottoman à Al-Qaida, La Découverte, 2008.
Fontaine, M., Vigna, X. (dir.), « La désindustrialisation, une histoire Sites Internet
en cours », 20 & 21. Revue d’histoire, vol. 144, n° 4, 2019. Banque mondiale : donnees.banquemondiale.org
Graz, J.-C., La Gouvernance de la mondialisation, La Découverte, 2010. Centre virtuel de connaissance sur l’Europe (CVCE) : www.cvce.eu
Laurens, H., Cloarec, V., Le Moyen-Orient au xxe siècle, Armand Colin, Fonds monétaire international (FMI) : www.imf.org
2003. Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) :
Roux, A., Xiao-Planes, X., Histoire de la République populaire de Chine. www.oecd.org
De Mao Zedong à Xi Jinping, Armand Colin, 2018. Organisation mondiale du commerce (OMC) : www.wto.org

48
8 Un tournant social, politique et culturel :
la France de 1974 à 1988 >> p. 224-249

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre souligne les mutations » P. 226-227 : GRAND ANGLE La France face à la crise
sociales et culturelles de la société́ » P. 228-229 : COURS 1 La France des années Giscard
française pendant une période
» P. 230-231 : POINT DE PASSAGE 1975 : la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse (IVG)
marquée par de nombreuses réformes
et l’émergence de nouvelles questions » P. 232 : ÉTUDE La fin de l’immigration de travail
politiques. » P. 233 : ÉTUDE La naissance de l’écologie politique
On peut mettre en avant : » P. 234-235 : COURS 2 La France mitterrandienne
– l’alternance politique avec l’élection
» P. 236-237 : POINT DE PASSAGE 1981 : l’abolition de la peine de mort
de François Mitterrand ;
– une société́ en mutation : évolution » P. 238-239 : POINT DE PASSAGE L’épidémie du sida en France
de la place et des droits des femmes, » P. 240 : ÉTUDE Le travail des femmes
place des jeunes et démocratisation » P. 241 : ÉTUDE Une nouvelle politique culturelle
de l’enseignement secondaire et
supérieur, immigration et intégration ; Les outils du manuel
– les transformations du paysage » P. 244-247 : BAC MÉTHODE • Analyse de document : Analyser un témoignage
audiovisuel français, l’évolution de la • Question problématisée : Rédiger l’introduction
politique culturelle et les nouvelles • Capacités et méthodes : Construire une argumentation historique
formes de la culture populaire.
» P. 248-249 : EXERCICES • Analyser une affiche
• Analyser des témoignages
• Confronter et critiquer deux documents
• Faire une recherche sur Internet

Ce chapitre, très neuf par rapport aux programmes antérieurs, est consacré au tournant des années 1970 et 1980 dans l’histoire de
la France, tant d’un point de vue politique que social et culturel. Il aborde de nombreux thèmes, en proposant des axes sur l’alter-
nance de 1981, l’évolution de la place des femmes et des jeunes, l’immigration et les évolutions de l’audiovisuel et de la culture.
Dans le manuel, le chapitre s’ouvre sur une représentation spatiale des mutations économiques, sociales et culturelles de la France
(Grand angle), puis les quatre axes au programme sont regroupés dans deux cours synthétiques, suivant une approche chronolo-
gico-thématique. Le premier cours est ainsi consacré à la France des années Giscard, tandis que le second cours se concentre sur
les années Mitterrand jusqu’en 1988. Au premier cours sont rattachés le point de passage sur l’IVG, qui peut être complété par
l’exercice sur les mémoires de la loi Veil [voir p. 248] et deux études, l’une sur l’immigration, l’autre sur la naissance de l’écologique
politique. Au second cours sont rattachés les points de passage sur l’abolition de la peine de mort et sur l’épidémie du sida, ainsi
que deux études couvrant toute la période (1974-1988) consacrées au travail des femmes et à la politique culturelle de l’État.

Ouverture du chapitre >> P. 224-225
La visite à l’improviste de Johnny Halliday n’est pas passée
inaperçue, et la photographie du chanteur entouré de jeunes
giscardiens portant le t-shirt « Giscard à la barre », avec en
arrière-plan l’affiche de campagne représentant Giscard en
compagnie de sa fille, a contribué à conforter son image de
« jeune » candidat en même temps que de candidat de la
jeunesse. François Mitterrand, au contraire, s’est appuyé sur
son image d’homme politique expérimenté pour atténuer
l’impact de la rupture introduite par l’arrivée au pouvoir des
socialistes et des communistes.
GRAND ANGLE La France face à la crise >> P. 226-227
Cette double page permet d’abord de mesurer l’impact de la désin-
dustrialisation en termes d’emploi et de mouvements sociaux, en
mettant en évidence les nombreux départements qui connaissent à
la fois une perte d’emploi et de population sur la période 1974-1988.
Elle permet ensuite de décrire l’impact très concret de la politique
contracyclique mise en œuvre, qui repose sur le développement du
nucléaire et l’accélération de l’électrification du rail comme alternative
au pétrole et au charbon. Elle permet enfin, avec le recul, de mesurer
l’échec de la politique des pôles de conversion, dans la mesure où,
pour la plupart, ils connaissent aujourd’hui encore un réel marasme
économique.
COURS 1 La France des années Giscard >> P. 228-229
Le cours aborde d’abord l’histoire politique du mandat de Valéry
Giscard d’Estaing en détaillant ses principales mesures, dont l’abais-
sement de l’âge de la majorité [doc. 1], et en soulignant le nouveau
style du premier président non gaulliste de la Ve République [doc. 2].
Le cours change ensuite d’échelle pour aborder les transformations

CHAPITRE 8 • Un tournant social, politique et culturel : la France de 1974 à 1988 49

de la société consécutives à la fois aux réformes giscardiennes,
comme l’instauration du collège unique [doc. 5], et aux mutations
induites par la crise, à commencer par le chômage et l’inflation
[doc. 3]. Enfin, il décrit l’évolution des pratiques culturelles en en
proposant une analyse statistique [doc. 4].
1 Tous les partis politiques espèrent tirer bénéfice de l’abaisse-
ment de la majorité, mais les jeunes étant alors en majorité de
gauche, ce sont le PS et le PCF qui espèrent en tirer le plus grand
avantage.
2 Dans le contexte du monopole de l’État sur l’audiovisuel, le
pouvoir exécutif fait régulièrement un usage pédagogique de la
télévision, afin d’expliquer les évolutions en cours tout en tentant
d’influencer favorablement l’opinion. Ici, il s’agit pour le président
de convaincre que la France est moins touchée par la crise que ses
voisins.
3 La hausse du chômage est régulière sur la période, mais moins
forte à partir de 1983 (politique de rigueur). Les femmes et les
jeunes, dont le taux de chômage est mesuré depuis 1975 (ce qui est
en soi révélateur d’un nouveau regard sur eux), sont plus touchés
que la moyenne, mais la situation des jeunes s’améliore à partir de
1985.
4 Les médias audiovisuels progressent, de même que la musique
et les pratiques culturelles amateures. La démocratisation relative
de l’accès à la culture se mesure dans l’avant-dernière rubrique : la
progression du théâtre et des concerts.
5 La loi a pour objectif de favoriser « l’égalité des chances » en
mettant fin à la coupure entre l’enseignement primaire et l’ensei-
gnement secondaire, ce dernier étant réservé de fait aux enfants
issus des milieux les plus favorisés. Primaire et secondaire étaient
deux ordres d’enseignement parallèles avant la loi Haby, ils
deviennent désormais consécutifs.
Confronter et critiquer deux documents
On peut émettre l’hypothèse que le président annonce un taux de
croissance positif, proche du niveau de ses voisins. Il s’agit en effet,
en février, d’un chiffre prévisionnel traduisant le volontarisme du
gouvernement. Cependant, en 1975, la croissance du PIB a été
négative de 1 %. La France est entrée en récession. La croissance
négative associée à une forte inflation caractérisent une situation
de stagflation, terme que les élèves auront déjà rencontré dans le
chapitre 7.
1975 : la légalisation de l’interrup-
POINT DE PASSAGE
tion volontaire de grossesse (IVG)
>> P. 230-231
Le dossier permet d’appréhender la réforme la plus emblématique
du mandat de Valéry Giscard d’Estaing, que le point de passage
contextualise à l’aide d’une chronologie détaillée et d’un ensemble
documentaire équilibré et nuancé qui propose l’analyse des reven-
dications féministes [doc. 1], la présentation par Simone Veil de
l’esprit de la loi [doc. 2], deux points de vue d’opposants à la loi,
Jean Foyer [doc. 4] et le Front national [doc. 5], et enfin la photo-
graphie d’une manifestation organisée en 1979 [doc. 3], qui permet
de mesurer que le débat n’est pas clos par l’adoption de la loi.
50
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. La dépénalisation répond aux attentes des mouvements féministes
(à commencer par le MLAC, Choisir et le MLF) en même temps qu’à
un état de fait, dans la mesure où l’avortement est déjà pratiqué et
que des médecins le revendiquent publiquement. Il s’agit donc,
pour Simone Veil, de faire primer la santé des femmes déterminées
à avorter, en leur offrant la possibilité d’interrompre leur grossesse
dans de bonnes conditions.
2. Les opposants à la loi sont nombreux au sein même de la majorité,
comme l’illustre le discours de Jean Foyer. Ils se recrutent également
dans les milieux catholiques et dans la droite extrême. Ce que ne
montrent pas les documents, toutefois, c’est qu’il existe également,
certes moins nombreux, des opposants à gauche.
3. Les partisans de l’avortement en attendent la fin de la situation
anarchique qui prévaut avant la loi, et les féministes, plus largement,
la consécration du droit des femmes à disposer de leur corps. Les
opposants redoutent un recul de la natalité et le recours à
l’eugénisme.
> Synthétiser
L’adoption de l’IVG marque un tournant dans la mesure où elle
concrétise la principale revendication des mouvements féministes
depuis le début des années 1970. Ensuite, elle consacre de fait un
droit nouveau pour les femmes, tout en le limitant dans le temps
(avant 1979) et en en restreignant la portée par le fait que l’IVG
n’est pas remboursée par la Sécurité sociale avant 1982.
Parcours B
> Analyser un discours
Les élèves sont invités à considérer la tonalité du discours de Simone
Veil : il s’agit pour la ministre de la Santé, confrontée à une assem-
blée très majoritairement masculine et à une majorité divisée, de
présenter l’avortement non comme un droit des femmes mais, d’une
part comme un état de fait, et d’autre part, comme un moindre mal,
afin de faciliter l’adoption de la loi.
ÉTUDE La fin de l’immigration de travail >> P. 232
Cette étude permet d’aborder l’immigration à partir de la rupture
décisive qu’est la fin de l’immigration de travail en 1974. Il s’agit
d’analyser l’évolution de l’immigration en terme quantitatif [doc. 1],
d’étudier les caractères de la nouvelle politique migratoire [doc. 2]
et d’analyser l’impact spatial de l’immigration sur la période [doc. 3].
Analyser les documents
1. Le gouvernement met fin à la politique d’appel à l’immigration
de travail, qui prévaut depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale,
tout en organisant le regroupement familial pour les immigrés qui
souhaitent rester en France. Cela se traduit donc tout à la fois par
une forte chute du nombre de travailleurs étrangers et une aug-
mentation du nombre total d’étrangers. Autrement dit, la fin de
l’immigration de travail n’est pas celle de l’immigration.
2. Le gouvernement attend du regroupement familial une intégration
des immigrés dans la société française, à travers notamment les
dispositifs à destination de leurs enfants.
3. Les régions les plus concernées par l’immigration sont la région
parisienne et les régions industrielles. La fin de l’immigration de
travail ne change pas en profondeur la localisation des étrangers.
Il faut tenir compte du fait que tous les immigrés ne restent pas
étrangers : les naturalisations, en particulier celles décidées par
François Mitterrand, réduisent le nombre d’étrangers sans réduire
celui des immigrés (un immigré devenu français restant un immigré
au regard de la statistique).
ÉTUDE La naissance de l’écologie politique >> P. 233
Cette étude permet de donner corps à « l’émergence de nouvelles
questions politiques » mentionnée par le programme. Les années
1970 et le début des années 1980 voient en effet la naissance en
France d’un mouvement écologiste qui s’exprime tout particulière-
ment aux présidentielles [doc. 3] et aux élections européennes
[doc. 2]. La couverture de L’Express [doc. 1] permet de réaliser
combien la question du changement climatique était déjà connue
et médiatisée en 1979, année où, selon le titre de l’ouvrage de
Nathaniel Rich, on a « perdu la terre » (Perdre la Terre, Seuil, 2019).
Analyser les documents
1. Les candidatures écologistes n’ont pas bousculé les partis tradi-
tionnels, au vu des scores obtenus, mais elles ont permis en revanche
de populariser les mouvements écologistes et de mettre certaines
de leurs revendications au premier plan de l’actualité.
2. L’écologie politique entend d’une part lutter contre les atteintes
à l’environnement découlant de l’industrialisation et d’accidents
comme celui de l’Amoco Cadiz (1974), et d’autre part prévenir les
conséquences néfastes des atteintes à l’environnement pour l’avenir
de la planète et de ses habitants.
3. Le discours écologiste est perçu comme catastrophiste, comme
René Dumont le mentionne lui-même, et se heurte aux impératifs
de développement économique et industriel qui sont le moteur des
politiques menées par les gouvernements de gauche comme de
droite.
Construire un tableau
On peut attendre des élèves un tableau à double entrée, avec d’une
part les enjeux primordiaux, comme l’immigration, et d’autre part
des enjeux qui apparaissent moins importants, comme l’environne-
ment et la question de la place des femmes dans la vie politique.
COURS 2 La France mitterrandienne >> P. 234-235
Le cours, consacré à la période 1981-1988, débute par la description
de l’alternance politique et de son impact sur l’opinion publique
[doc. 1], mais aussi de ses conséquences économiques et sociales.
Il met ensuite en perspective les réformes les plus importantes du
septennat, en mettant en valeur l’exemple de la décentralisation
[doc. 3]. Enfin, il décrit les réformes culturelles, notamment les
grands travaux [doc. 2], et la massification de l’enseignement
secondaire et supérieur [doc. 4].
1 Plantu relativise l’émotion très forte ressentie par une partie
de la droite, qui redoutait la perspective de voir les communistes
accéder au gouvernement. La crainte de l’alternance s’est traduite
par d’importants transferts de capitaux dans les semaines qui ont
précédé l’élection.
CHAPITRE 8 • Un tournant social, politique et culturel : la France de 1974 à 1988
2 François Mitterrand entend se donner l’image d’un chef de
l’État ami des lettres et de la culture, et d’un chef de projet tourné
vers l’avenir.
3 Gaston Defferre conçoit le rôle de l’État comme réduit à l’enca-
drement de la liberté accordée aux collectivités locales. Autrement
dit, l’État ne conserve que la possibilité de sanctionner des élus qui
ne respecteraient pas la loi.
4 La proportion de bacheliers parmi une classe d’âge quadruple
quasiment entre 1956 et 1988. Elle augmente de presque 40 %
entre 1981 et 1988.
Identifier les continuités et ruptures chronologiques
L’alternance de 1981 constitue d’abord une rupture politique, dans
la mesure où la gauche accède pour la première fois au pouvoir et
où les communistes entrent au gouvernement en pleine guerre
froide dans un pays allié aux États-Unis. Elle constitue ensuite une
rupture dans l’histoire de l’État en France qui, de jacobin, devient
de plus en plus décentralisé. Cependant, on peut nuancer l’idée de
rupture en relevant le fait que l’on ne change pas de régime
politique.
1981 : l’abolition
POINT DE PASSAGE
de la peine de mort >> P. 236-237
Ce point de passage permet d’aborder le tournant de l’alternance
à travers sa réforme la plus emblématique, à la portée hautement
symbolique. L’ensemble documentaire décrit les conditions dans
lesquelles la peine de mort est abolie : l’essor du mouvement abo-
litionniste [doc. 1], le discours historique prononcé par Robert
Badinter à l’Assemblée [doc. 2], un graphique permettant de mesurer
le décalage entre cette mesure et l’état de l’opinion [doc. 3], ce que
François Mitterrand avait lui-même souligné lors de la campagne,
en répondant à une question d’Alain Duhamel, le 16 mars 1981 :
« Dans ma conscience, dans le for de ma conscience, je suis contre
la peine de mort. Et je n’ai pas besoin de lire les sondages, qui disent
le contraire. Une opinion majoritaire est pour la peine de mort. »
Le caractère hautement symbolique de la mesure est illustré par
un dessin de Plantu [doc. 4]. Le point de vue des opposants à
l’abolition est illustré par l’intervention de Claude-Gérard Marcus
[doc. 5], tandis que la photographie de la manifestation de Nice en
1988 [doc. 6] illustre la permanence du débat sur son rétablissement
éventuel. C’est pour s’en prémunir que la révision constitutionnelle
de 2007 a élevé au niveau constitutionnel et non plus législatif
l’abolition de la peine de mort.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. La gauche au pouvoir justifie d’abord et avant tout l’abolition par
le risque de l’injustice et de l’erreur judiciaire, que Robert Badinter
a combattu en tant qu’avocat [doc. 2] et auquel une partie de
l’opinion publique a été sensibilisée par le courant abolitionniste
[doc. 1].
2. Les partisans de la peine de mort considèrent que son objet est
de « protéger la société » [doc. 5] et qu’elle a un caractère dissuasif.
Ils avancent aussi, jusqu’à la fin des années 1990, l’argument démo-
cratique, l’opinion publique étant majoritairement favorable à la
peine de mort [doc. 3].
51
3. Les obstacles à l’abolition résident dans l’hostilité de l’opinion
publique [doc. 3], dans le fait que de nombreux parlementaires
cherchent à en réduire la portée [doc. 5], et que chaque fait divers
criminel relance le débat [doc. 6].
> Synthétiser
Les élèves sont invités à inscrire l’abolition dans le prolongement
du courant abolitionniste en même temps que dans le contexte de
l’alternance politique, dont elle est la mesure la plus symbolique.
On attend d’eux qu’ils soulignent l’hostilité de l’opinion publique à
cette mesure et analysent les arguments des partisans comme des
opposants à l’abolition. Enfin, ils peuvent évoquer le fait que ces
débats se poursuivent bien au-delà de l’année 1981.
Parcours B
> Confronter deux points de vue
Le discours de Claude-Gérard Marcus est une réponse au discours
de Robert Badinter, prononcé la veille lors de la présentation du
projet de loi à l’Assemblée nationale. L’analyse comparée des dis-
cours conduit à considérer que deux conceptions antagonistes de
la justice s’opposent : celle de Robert Badinter, qui fait primer l’inté-
rêt de l’individu en écartant le risque d’une erreur judiciaire, et celle
des opposants de droite à l’abolition, qui considèrent que la peine
de mort est indispensable pour protéger la société dans son
ensemble, en vertu de son caractère dissuasif. Il faut noter que toute
la droite ne partage pas ce point de vue, le ralliement de Jacques
Chirac à l’abolition étant un fait marquant. De fait, la revendication
du rétablissement de la peine de mort tend graduellement à devenir
minoritaire au sein du RPR et de l’UDF.
L’épidémie du sida
POINT DE PASSAGE
en France >> P. 238-239
Ce point de passage est consacré aux « années sida », autrement
dit la période de développement de l’épidémie du sida et les mobi-
lisations pour y faire face, avant la mise au point de traitements
efficaces au milieu des années 1990. Le sida fait l’objet d’une
médiatisation intense [doc. 1], qui traduit la crainte qu’il suscite
dans l’opinion publique en raison de ses différents modes de trans-
mission. L’État met en place assez tardivement un plan de prévention
[doc. 2] qui n’enraye pas la progression de l’épidémie [doc. 3] mais
cherche à en limiter les effets à travers des campagnes de prévention
destinées à la jeunesse [doc. 4]. Enfin, les « années sida » sont
aussi marquées par la mobilisation de militants homosexuels
[doc. 5], qui recourent à de nouvelles formes d’action, notamment
artistiques [doc. 6], pour tenter de mobiliser l’opinion et les pouvoirs
publics.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. L’épidémie se développe lentement en France, puis s’accélère
brutalement à partir de 1985. Elle est longtemps perçue à tort dans
l’opinion comme une maladie qui ne concerne que les homosexuels
et les toxicomanes, ce qui retarde la prise de conscience de son enjeu.
2. Le gouvernement met en place une campagne de prévention,
qui se traduit par la distribution de brochures et la création de
centres de dépistage, mais aussi par des centres de soin et des
moyens accordés à la recherche.
52
3. Les formes de mobilisation d’Act Up reposent sur des provocations
et une esthétique militante visibles dans le reportage télévisé pro-
posé en ressource numérique et dans le film de Robin Campillo
120 battements par minute. Les « années sida » sont donc celles d’un
renouvellement des formes d’action militante.
> Synthétiser
Les luttes contre l’épidémie du sida sont menées par les scientifiques
et les médecins, par le gouvernement qui lance un plan de lutte, et
par les associations militantes qui cherchent à alerter l’opinion
publique et à encourager l’État à intervenir davantage. L’essor du
militantisme politique et artistique s’explique par la réaction tardive
et limitée de l’État, et par l’insuffisante prise de conscience de l’opinion
du fait que l’épidémie peut concerner toute la population.
Parcours B
> Mettre en relation un texte et une image
L’affiche de Keith Haring reflète les principales caractéristiques du
militantisme d’Act Up, en détournant les singes de la sagesse de la
mythologie chinoise (ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire)
pour stigmatiser le silence qui entoure la tragédie vécue par les
malades du sida et leurs proches. Les slogans, les couleurs et le
symbole du triangle rose traduisent ainsi en image l’activisme
d’Act Up.
ÉTUDE Le travail des femmes >> P. 240
Cette étude traite de l’évolution de la place des femmes dans la
société à travers la question du travail. Il s’agit de considérer la
féminisation contrastée du marché du travail [doc. 3], de la contex-
tualiser par la loi Roudy [doc. 2] et de l’illustrer par la conquête de
postes prestigieux longtemps réservés à des hommes [doc. 1].
Analyser les documents
1. Le taux d’activité des femmes, qui avait été stable pendant près
d’un siècle, augmente régulièrement à partir de 1962, porté par la
féminisation croissante du monde des employés, par exemple des
secrétaires, et de l’accès croissant à l’enseignement secondaire, qui
permet désormais à de nombreuses femmes d’accéder à des fonc-
tions de cadres.
2. La loi Roudy favorise l’égal accès aux métiers en sanctionnant
toute discrimination à l’emploi fondée sur le sexe et en levant un
certain nombre d’incapacités juridiques qui limitaient les fonctions
auxquelles pouvaient prétendre les femmes.
3. L’accès de femmes à des fonctions importantes a valeur d’exemple,
notamment pour les jeunes femmes qui sont ainsi encouragées à
faire preuve d’ambition. La levée de l’autocensure est toutefois
limitée, comme l’illustre la faible féminisation de l’accès à l’ENA.
ÉTUDE Une nouvelle politique culturelle >> P. 241
Cette étude porte sur l’évolution des politiques culturelles. Elle est
concentrée sur la période 1981-1988, même si la carte des grands
travaux présidentiels [doc. 1] permet d’évoquer l’action de Valéry
Giscard d’Estaing. Le dossier étudie les réformes entreprises par
Jack Lang à partir de l’exemple de la Fête de la musique [doc. 2].
En contrepoint, le texte de Marc Fumaroli [doc. 3] résume les
principales critiques adressées à la politique culturelle de l’État sous
François Mitterrand.
Analyser les documents
1. La politique culturelle se caractérise par la priorité accordée au
budget du ministère de la Culture, les lancements de nouvelles
manifestations culturelles promouvant une culture populaire et de
grands travaux par le président Mitterrand. Ce dernier aspect peut
être complété par le document 2, p. 235.
2. La politique de prestige se traduit par les grands travaux prési-
dentiels, tandis que l’ambition de démocratisation est mise en
œuvre par le ministère de la Culture à travers la promotion de
nouvelles pratiques artistiques et la création de nouvelles manifes-
tations culturelles.
3. Marc Fumaroli critique l’exception française qui voit la culture
dépendre très massivement des financements directs et indirects
de l’État, en même temps que la tentation, pour le pouvoir, d’utiliser
la culture à des fins de promotion de son action.
Présenter un exposé
Les élèves sont invités à présenter d’abord le projet architectural,
tel qu’il est par exemple décrit sur le site de Vinci (www.vinci-
construction-projets.com/fr/realisations/amenagement-grand-
louvre/), puis à décrire les polémiques entourant à l’époque la
pyramide de Ieoh Ming Pei, à partir d’une recherche Internet dans
la presse. De nombreux articles ont en effet été publiés à ce sujet
en mai 2019 à l’occasion de la mort de l’architecte.
FAIRE LE POINT >> P. 242-243
Réviser autrement
Valéry Giscard d’Estaing est élu en 1974 et François Mitterrand
en 1981. La fin de l’immigration de travail intervient en 1974, la
création du RPR en 1976, celle de l’UDF en 1978. La loi sur l’IVG est
reconduite en 1979. Les premiers cas de sida apparaissent en France
en 1983 et la première cohabitation débute en 1986 et s’achève en
1988. La fin de l’ORTF date de 1974 et la fin du monopole de l’État
sur l’audiovisuel de 1982. Les lois de décentralisation sont votées
en 1982-1983.
Vérifier ses connaissances
1. QCM : 1, a ; 2, b ; 3, b, c ; 4, b.
2. Notions clés à relier : 1, e ; 2, f ; 3, a ; 4, c ; 5, d ; 6, b.
BAC MÉTHODE >> P. 244-247
• Analyse de document : Analyser un témoignage
1. Trois décennies séparent le témoignage des faits relatés. Dans
l’intervalle, de nombreuses avancées sont intervenues, dont la loi
Roudy de 1983 et surtout la loi sur la parité. Il s’agit donc, pour
Gisèle Halimi, d’encourager ses lecteurs à prendre conscience du
chemin parcouru.
2. Gisèle Halimi présente son élection en 1981 comme relevant d’un
concours de circonstances politiques (parachutage), et son échec
politique antérieur comme une aventure relevant d’un combat
personnel et politique. Cela dénote une certaine nostalgie pour la
période antérieure à 1981.
3. Le témoignage de Gisèle Halimi sous-estime de fait le tournant
que représente 1981 pour l’entrée des femmes dans la vie politique
CHAPITRE 8 • Un tournant social, politique et culturel : la France de 1974 à 1988
et pour les droits des femmes en général. On peut de la même façon
relativiser l’idée d’un échec des mouvements féministes des
années 1970, dans la mesure où leurs revendications ont en partie
été reprises et appliquées par un parti de gouvernement.
• S’entraîner
Le témoignage très direct d’Édith Cresson, donné après le mouve-
ment #MeToo, porte principalement sur sa période à Matignon
(1991-1992), mais il n’en est pas moins révélateur des obstacles qui
se présentent dans les années 1980 sur le chemin des femmes
engagées en politique et plus encore accédant à des responsabilités
élevées. Il peut être intéressant de le confronter à la Une de
Paris Match [doc. 2, p. 311] qui confirme très largement la description
qu’elle fait du regard quelque peu condescendant porté sur les
femmes politiques.
• Question problématisée : Rédiger l’introduction
Rappel : Les deux dates mentionnées correspondent respectivement
à l’élection de Valéry Giscard d’Estaing et à celle de François
Mitterrand. Le plan chronologique est justifié par l’importance de
la césure de 1981.
1. La société désigne un groupe d’individus qu’unifie un réseau de
relations, une culture et des institutions. À ce titre, le sujet ne se
réduit pas à des aspects sociaux, mais concerne également la vie
politique et la vie culturelle.
2. Les changements résultent pour une part de l’évolution des
structures et de la conjoncture économique, et d’autre part des
réformes adoptées par les gouvernements successifs. Le fait que le
programme commun de gouvernement conclu entre le PS et le PCF
soit intitulé « Changer la vie » n’est pas anodin de ce point de vue
[voir p. 252].
3. On doit donc envisager un plan en deux parties, en montrant
que la France giscardienne adapte le droit aux évolutions de la
société (IVG, rôle politique des jeunes, libéralisation des médias),
tandis que la France mitterrandienne a l’ambition de la transformer
par des réformes de structure (décentralisation, abolition de la peine
de mort, politique culturelle).
Prolongement : Les réformes adoptées entre 1974 et 1988 n’enrayent
par la progression des revendications féministes, qui se cristallisent
au début des années 1990 autour de la question de la parité, ni
l’essor de nouveaux mouvements revendicatifs.
• Capacités et méthodes : Construire une argumentation
historique
1. Jacques Chirac est le seul homme politique à avoir occupé les
fonctions de Premier ministre sous deux présidences différentes,
celle de Valéry Giscard d’Estaing en 1974-1976 et celle de François
Mitterrand en 1986-1988. Ces deux documents correspondent à la
déclaration de politique générale, au cours de laquelle le Premier
ministre tout juste nommé présente devant les députés les grands
axes de son programme de gouvernement.
2. L’évolution entre les deux discours est particulièrement notable.
Le premier discours est prononcé à la fin de la période des Trente
Glorieuses : il s’agit, pour le Premier ministre, de rassurer les Français
face aux conséquences prévisibles du premier choc pétrolier.
Le second est prononcé en situation de cohabitation et dans une
période marquée par l’essor, à droite comme à gauche, des idées
néolibérales.
53
3. On peut formuler l’hypothèse que, au-delà du contexte, chaque
discours reflète deux conceptions très différentes du rôle de l’État.
Le discours de 1974 illustre la permanence de l’État-providence, mis
en place en 1944-1945 sous la présidence du général de Gaulle.
Le discours de 1986 illustre a contrario la remise en cause de cet
État-providence, considéré comme la cause de nombreux maux de
la société française.
EXERCICES >> P. 248-249
1. Analyser une affiche
Il s’agit d’une affiche du Planning familial, instance féministe essen-
tielle pour l’information et la lutte pour la contraception et l’avorte-
ment. Le droit à l’IVG est l’aboutissement des luttes antérieures.
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Bibliographie
Bard, C., Les Femmes dans la société française du xxe siècle, Armand
Colin, 2002.
Becker, J.-J., Crises et Alternances (1974-2000), Seuil, 2002.
Culpepper, P. D., Hall, P. A., Palier, B. (dir.), La France en mutation
(1980-2005), Presses de Sciences Po, 2006.
Delacroix, C., Zancarini-Fournel, M., La France du temps présent
(1945-2005), Belin, 2010.
Dermenjian, G., Jami, I., Rouquier, A., Thebaud, F. et al., La Place
des femmes dans l’histoire. Une histoire mixte, Belin, 2010.
Fontaine, M., Vigna, X. (dir.), « La désindustrialisation, une histoire
en cours », 20 & 21. Revue d’histoire, n° 4, 2019.
Rosanvallon, P., Le Bon Gouvernement, Seuil, 2015.
Roussellier, N., La Force de gouverner. Le pouvoir exécutif en France
(xixe-xxie siècle), Gallimard, 2015.

2. Analyser des témoignages Filmographie

Ces deux regards sur la loi Veil sont complémentaires. Valéry Giscard Campillo, R., 120 battements par minute, 2017.
d’Estaing la décrit comme une adaptation nécessaire de la loi à Ozon, F., 8 femmes, 2001.
l’état de la société, tandis que Simone Veil la présente comme Sites Internet
émanant de la volonté de Valéry Giscard d’Estaing et la conséquence Clio. Femmes, Genre, Histoire : clio.revues.org
des évolutions intervenues depuis la loi Neuwirth, minimisant ainsi Genre & Histoire : genrehistoire.revues.org
son propre rôle. Travail, Genre et Sociétés : www.travail-genre-societes.com
Institut François Mitterrand : www.mitterrand.org
3. Confronter et critiquer deux documents Mesdames et Messieurs (site éducatif) :
Le président sortant, Valéry Giscard d’Estaing, cherche à discréditer www.lumni.fr/jeux-educatifs/mr-mme/
son adversaire en considérant implicitement que son élection
affaiblirait la France, et à se présenter comme le meilleur garant du
développement industriel de la France. Son affiche le présente
comme un président modernisateur. François Mitterrand, au
contraire, masque dans son affiche tout ce qui se rapporte au
socialisme et au communisme, se donnant les atours d’un président
conservateur attaché au monde rural et à la religion. Il s’agit de
donner de lui une image rassurante.

4. Faire une recherche sur Internet

Les Nanas, ces femmes monumentales qui réalisent des acrobaties,
sont les emblèmes de la production artistique de Niki de Saint
Phalle. En mouvement, elles sont libres des contraintes sociales
(l’obsession du poids). L’artiste subvertit les codes machistes entre
apparence (excès des couleurs, exagération des formes, femme-
objet) et réalité (danseuses gracieuses et libres).

54
Bac sujets E3C : ÉPREUVES COMMUNES DE CONTRÔLE CONTINU
Question problématisée >> P. 250
• Comment les pays industriels font-ils face à la crise
des années 1970 ?
La crise trouve son origine dans les déséquilibres économiques
mondiaux consécutifs d’une part à la fin de la convertibilité du
dollar en or, et d’autre part au premier choc pétrolier. Les pays
industriels font face à la crise en réorganisant la gouvernance éco-
nomique mondiale et en remettant en cause les acquis de l’État-
providence (dérégulation et libéralisation).
Analyse de documents >> P. 250
• Le premier élargissement de l’Europe (1973)
Georges Pompidou présente l’élargissement sous l’angle des avantages
très concrets que la France peut espérer en retirer, tant sur le plan
économique que sur le plan politique et diplomatique. Il s’agit de
donner les moyens à la France de trouver un relais de croissance, ce
qu’illustre le recours à l’image d’enfants sur l’affiche.
Question problématisée >> P. 251
• Peut-on parler d’un triomphe de la démocratie
libérale en 1991 ?
On peut interpréter la fin de la guerre froide comme le triomphe du
modèle politique de la démocratie libérale. Ce d’autant plus qu’il
semble s’imposer ailleurs dans le monde, où les dictatures reculent
au profit de démocraties électives, comme en Europe méridionale.
Cependant, le triomphe de la démocratie est loin d’être complet en
1991.
Analyse de documents >> P. 251
• L’ouverture de la Chine sur le monde
Le discours programmatique de Deng Xiaoping marque un véritable
tournant dans l’histoire de la Chine. Il rompt en effet avec le maoïsme
et ouvre la Chine sur le monde. Toutefois, il convient également de
relativiser ce tournant, dans la mesure où la Chine ne devient pas
pour autant un pays capitaliste : l’économie de marché n’est adoptée
que dans les zones économiques spéciales, et il faut attendre 1994
avant qu’une canette de coca soit officiellement importée en Chine.
La photographie de James Adanson relève donc moins du photore-
portage que de l’art.
CHAPITRE 8 • Un tournant social, politique et culturel : la France de 1974 à 1988
>> P. 250-253
Question problématisée >> P. 252
• Dans quelle mesure l’alternance politique de 1981
marque-t-elle une rupture ?
L’alternance de 1981 voit pour la première fois la gauche accéder au
pouvoir sous la Ve République. La rupture politique est d’autant plus
notable que le gouvernement de Pierre Mauroy compte dans ses
rangs des ministres communistes et que sont adoptées des réformes
de structure (nationalisations, décentralisation) aussi bien que des
mesures sociétales majeures (abolition de la peine de mort, mesures
en faveur du droit des femmes, politique culturelle). En revanche, on
peut nuancer l’idée d’une rupture en considérant le fait que la gauche
au pouvoir se rallie dès 1983 à la rigueur, que les ministres commu-
nistes quittent alors le gouvernement, et que la droite revient au
pouvoir en 1986 dans le cadre de la cohabitation.
Analyse de document >> P. 252
• Le programme commun de la gauche
Le programme commun de la gauche est un texte de rupture, dans
la mesure où il reprend une partie du programme du Parti commu-
niste français. Intitulé « Changer la vie », il envisage d’amples
nationalisations, l’extension du service public et la réforme des
institutions pour atténuer les pouvoirs du président de la République.
Ce programme comporte, en creux, une critique du mode de gou-
vernement de Valéry Giscard d’Estaing.
Question problématisée >> P. 253
• Comment la place des femmes évolue-t-elle dans la
société française de 1974 à 1988 ?
Sur la période considérée, le taux d’activité des femmes augmente
et de nombreuses fonctions jusque-là exclusivement masculines
leur deviennent accessibles. La condition féminine devient un enjeu
politique à partir de 1974, et des mesures destinées à l’améliorer
sont prises (IVG, loi Roudy). Toutefois, si la place des femmes dans
la vie politique et sociale progresse considérablement entre le début
et la fin de la période, le « plafond de verre » demeure une réalité
tant dans le monde politique (pas de femme Premier ministre) que
dans le domaine économique.
Analyse de documents >> P. 253
• Le débat sur l’immigration dans les années 1970
L’ancien président du Conseil Pierre Mendès France entend dénoncer
dans son texte le sort réservé aux immigrés dans le contexte de la
pression croissante sur les salaires à la veille de la crise. L’affiche
du Front national de 1978 reflète l’importance du thème de l’immi-
gration dans le programme de ce parti qui, jusqu’en 1984, obtient
des résultats électoraux très modestes.
55
9 Nouveaux rapports de puissance
et enjeux mondiaux >> p. 256-279

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre vise à éclairer les tensions » P. 258-259 : GRAND ANGLE Le monde depuis la fin de la guerre froide
d’un monde devenu progressivement » P. 260-261 : COURS 1 De nouvelles formes de conflits
multipolaire en analysant le jeu et la
» P. 262-263 : POINT DE PASSAGE La fin de l’apartheid en Afrique du Sud
hiérarchie des puissances. Seront mises
au jour les formes et l’étendue des conflits » P. 264 : ÉTUDE Le siège de Sarajevo
ainsi que les conditions et les enjeux de la » P. 265 : ÉTUDE Le génocide des Tutsi
coopération internationale. On mettra en » P. 266-267 : POINT DE PASSAGE Le 11 septembre 2001
perspective :
– les nouvelles formes de conflits :
» P. 268-269 : COURS 2 Une nouvelle gouvernance mondiale
terrorisme, conflits asymétriques et » P. 270-271 : HISTOIRE DES ARTS Arturo di Modica, Bund Financial Bull, 2010
renouvellement de l’affrontement des Les outils du manuel
puissances ;
– les crimes de masse et les génocides » P. 274-277 : BAC MÉTHODE • Analyse de document : Analyser une carte
(guerres en ex-Yougoslavie, génocide des • Question problématisée : Organiser et rédiger le développement
Tutsi) ; • Capacités et méthodes : S’approprier un questionnement historique
– l’effort pour mettre en place une » P. 278-279 : EXERCICES • Confronter et critiquer deux documents
gouvernance mondiale face aux défis • Mettre en relation un texte et une image
contemporains (justice internationale, • Procéder à l’analyse critique d’un document
réfugiés, environnement). • Mettre une figure en perspective

Ce chapitre est consacré à l’histoire des relations internationales depuis la fin de la guerre froide. Il aborde non seulement les
nouvelles formes de conflictualité, mais aussi les évolutions de la gouvernance mondiale face à l’avènement de nouveaux
enjeux internationaux.
Le manuel regroupe les trois axes du programme dans deux cours synthétiques. Le premier cours est consacré aux nouvelles
formes de conflits et est étayé par une étude sur le siège de Sarajevo et une autre sur le génocide des Tutsi. Les deux points
de passage – sur la fin de l’apartheid et le 11 septembre – lui sont également rattachés. Le second cours porte quant à lui sur
les nouvelles formes de gouvernance.

Ouverture du chapitre >> P. 256-257
Le premier document illustre le fait que la fin de la guerre
froide conduit à un monde unipolaire dominé par l’hyper-
puissance des États-Unis, qui se comportent lors de la guerre
du Golfe ou de leur intervention en Somalie comme les
« gendarmes du monde ». Le second illustre au contraire le
renouveau du multilatéralisme sous la forme d’une « diplo-
matie de club » étendue aux puissances émergentes. La crise
de 2008 a en effet conduit à une profonde réforme de la
gouvernance mondiale tout en consacrant l’affaiblissement
relatif du rôle des États-Unis.
Le monde depuis la fin
GRAND ANGLE
de la guerre froide >> P. 258-259
La fin du monde bipolaire entraîne une plus forte instabilité à
l’échelle mondiale en réveillant des conflits anciens (tensions sépa-
ratistes) ou en favorisant l’essor de nouveaux conflits asymétriques.
L’Afrique, le Moyen-Orient, l’Asie et l’Europe orientale sont les
régions les plus concernées.
COURS 1 De nouvelles formes de conflits >> P. 260-261
Le cours s’ouvre sur l’engagement militaire des États-Unis contre
l’Irak au nom du droit international [doc. 3] et sur l’implication crois-
sante de l’ONU [doc. 2]. Il aborde ensuite la multiplication de conflits
d’un type nouveau [doc. 1], qu’il s’agisse de guerres asymétriques,
du terrorisme global ou des guerres civiles internationalisées. Enfin,
il décrit de façon synthétique les crimes de masse en les illustrant
par l’exemple de la « décennie noire » algérienne [doc. 4].
1 Depuis la fin de la guerre froide, les conflits interétatiques (ou
conflits périphériques) sont plus rares, tandis que le nombre de
guerres civiles internationalisées ne cesse de croître. Si l’on considère
le nombre total de conflits, force est de constater que les périodes
1990-1995 et 2011-2018 sont particulièrement conflictuelles.
2 L’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie centrale sont les régions
où l’ONU est conduite à intervenir davantage à la suite de la fin de
la guerre froide. Cette implication grandissante se traduit par une
forte croissance du nombre de Casques bleus tués.
3 George H. Bush fait valoir le droit international et le rôle de
l’ONU pour justifier l’intervention américaine à la tête d’une coalition
internationale.

56
 4 La connotation religieuse de l’image (« madone ») lui donne une
valeur synecdotique : la souffrance de cette femme illustre celle de
toutes les victimes de la guerre civile algérienne et de leurs proches.
Construire et vérifier des hypothèses sur une situation
historique
On peut établir une corrélation entre l’augmentation du nombre
de guerres civiles internationalisées et celle du nombre de Casques
bleus tués. En effet, à la différence des conflits interétatiques, elles
se caractérisent par une multitude d’acteurs difficiles à contrôler,
et, contrairement aux guerres civiles classiques, elles voient l’inter-
vention de puissances étrangères qui engagent des moyens militaires
occasionnant de nombreuses pertes.
La fin de l’apartheid
POINT DE PASSAGE
en Afrique du Sud >> P. 262-263
Le dossier permet d’appréhender la fin de l’apartheid en Afrique
du Sud comme un événement majeur qui témoigne d’un nouveau
contexte dans les relations internationales. Le contexte international
et la pression médiatique [doc. 1] jouent en effet un rôle fondamental
dans l’évolution politique du gouvernement sud-africain [doc. 2].
La politique d’apaisement menée par De Klerk, symbolisée par la
libération de Mandela [doc. 4], mais également par Mandela lui-
même [doc. 3], explique le calme relatif de la transition d’un régime
raciste vers un régime démocratique. La mise en œuvre d’une
procédure d’aveux et d’amnistie [doc. 5] a également contribué à
faciliter la transition.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. La fin de l’apartheid résulte à la fois d’une pression extérieure de
la communauté internationale sur l’Afrique du Sud – qui se traduit
par le boycott ou l’embargo – et du soulèvement des populations
noires du pays, dont Nelson Mandela est le représentant.
2. Frederik De Klerk a joué un rôle majeur en mettant en œuvre les
conditions pour une sortie négociée du système d’apartheid : la
libération de Mandela en est le symbole, et permet la mise en place
d’une représentation démocratique. Une fois élu, Mandela adopte
lui aussi une politique d’apaisement.
3. La fin de l’apartheid a pu se réaliser de façon pacifique car les
dirigeants ont cherché à prévenir les violences, éventuellement les
vengeances. La mise en place d’un processus d’amnistie permet
également de solder les responsabilités et de reconstruire la société
sud-africaine.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à montrer que la pression extérieure à l’Afrique
du Sud, sous plusieurs formes, joue un rôle important dans la fin
de l’apartheid, mais la mise en œuvre elle-même est le fait de
dirigeants politiques avisés, qui ont su éviter que la transition ne
déclenche un cycle de violences. La mise en place de la commission
Vérité et Réconciliation permet à la fois de révéler les atteintes aux
droits de l’homme de l’ancien régime et d’amnistier ceux qui avouent.
Parcours B
> Analyser un graphique
Le graphique permet de saisir le changement de majorité, puisque
CHAPITRE 9 • Nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux
le Parti national voit sa part nettement diminuer dans l’assemblée
de 1994, alors qu’il avait presque une majorité absolue en 1989.
À l’inverse, l’ANC, qui est de nouveau légalisé, obtient à lui seul une
confortable majorité. On peut souligner que la fin de l’apartheid
amène la disparition de certains partis et l’apparition de nouveaux,
plus nombreux.
ÉTUDE Le siège de Sarajevo >> P. 264
Cette étude permet d’étudier une guerre civile à base identitaire,
consécutive à la fin de la guerre froide. Elle comporte une carte de
la Bosnie-Herzégovine avant et après la guerre [doc. 1], qui permet
de contextualiser le conflit et d’étudier sa résolution, un témoignage
relatif au siège [doc. 2] et un tableau statistique sur l’évolution de
la population de Sarajevo [doc. 3].
Analyser les documents
1. Le siège entraîne des difficultés au quotidien (approvisionnement,
conditions sanitaires) mais aussi une insécurité généralisée (bombes,
snipers).
2. Le départ de beaucoup de Serbes avant le siège, l’échec des
armées bosno-serbes et les accords de Dayton qui entraînent l’ins-
tallation de réfugiés bosniaques ne pouvant rentrer chez eux,
entraînent l’homogénéisation ethnique de Sarajevo.
3. Cette guerre civile au cœur de l’Europe, née de l’implosion de la
Yougoslavie et qui voit s’affronter des milices croates, bosniaques
et serbes, conduit à l’intervention militaire de l’ONU puis de l’OTAN.
La résolution diplomatique du conflit est toutefois l’œuvre des
États-Unis après l’échec des Européens.
ÉTUDE Le génocide des Tutsi >> P. 265
Cette étude permet d’aborder l’exemple de crime de masse cité par
le programme, à la fois dans son déroulement et comme enjeu des
relations internationales. Le génocide est analysé par une carte de
synthèse [doc. 2], un témoignage d’une victime [doc. 1] et la pho-
tographie d’un charnier [doc. 3]. L’étude permet également d’aborder
le rôle de la France.
Analyser les documents
1. Le génocide est déclenché par les extrémistes Hutu à la suite de
l’attentat contre l’avion du président rwandais Juvénal Habyarimana
le 6 avril 1994, dans le contexte de la guerre civile qui oppose les
Forces armées rwandaises (hutu) au Front patriotique rwandais
(tutsi).
2. Le caractère systématique et indifférencié des massacres et la
volonté d’exterminer l’ensemble des Tutsi caractérisent le fait
génocidaire.
3. La priorité de la communauté internationale est de préserver ses
ressortissants tandis que la France semble soutenir ses alliés hutu,
sous couvert d’une intervention militaire vouée officiellement à
mettre un terme au génocide.
Réaliser un exposé
En avril 2019, le président de la République, Emmanuel Macron,
annonce la création d’une commission d’historiens chargés d’enquê-
ter sur le rôle de la France durant le génocide. Pour la première fois,
la France ouvre ainsi ses archives militaires sur la période 1990-1994.
57
Toutefois, cette annonce est aussitôt vivement critiquée par
300 enseignants et chercheurs qui dénoncent l’absence au sein de
la commission de deux spécialistes du génocide, Stéphane Audouin-
Rouzeau et Hélène Dumas. La volonté réelle de la France de faire
toute la lumière sur son rôle est ainsi ouvertement questionnée.
POINT DE PASSAGE Le 11 septembre 2001 >> P. 266-267
Ce point de passage sur les attentats du 11 septembre permet d’inter-
roger la notion d’événement en histoire, en soulignant l’impact majeur
des attentats [doc. 1] tout en les contextualisant [doc. 2]. Il permet
aussi d’en étudier les répercussions tant nationales [doc. 3, 4]
qu’internationales [doc. 5, 6]. La guerre asymétrique menée par les
terroristes rend en effet, pour la première fois depuis la guerre froide,
l’« hyperpuissance » américaine vulnérable sur son sol.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Le World Trade Center et le Pentagone représentent des cibles à
la fois économiques, politiques et symboliques.
2. L’asymétrie vient de la disproportion des moyens militaires, poli-
tiques et logistiques entre les États-Unis et la mouvance Al-Qaïda.
3. D’abord traumatisés, les Américains se mobilisent à l’unisson
(patriotisme) face au défi du terrorisme et renforcent la sécurité
intérieure au détriment des libertés publiques.
4. Les États-Unis réorientent leur politique étrangère autour de la
lutte de la « liberté » contre le terrorisme et définissent un « Axe
du mal » regroupant des États voyous. Le combat se révèle extrê-
mement difficile.
> Synthétiser
Les élèves sont d’abord invités à analyser l’origine des attentats et à
décrire brièvement l’essor du terrorisme islamiste, puis à décrire
l’impact majeur de ces attentats sur l’opinion publique mondiale et
sur la politique des États-Unis, tant la politique intérieure (Patriot Act)
que la politique étrangère (guerre contre l’« Axe du mal »).
Parcours B
> Mettre en relation un texte et une image
La nouvelle politique étrangère se traduit par des engagements
militaires en Afghanistan puis en Irak. La caricature montre les limites
de ces interventions, qui parviennent à atteindre leurs objectifs mais
ne réduisent pas le terrorisme islamiste, qui renaît même de ces
conflits (ce que suggère l’ombre du GI évoquant un islamiste).
COURS 2 Une nouvelle gouvernance mondiale
>> P. 268-269
Le second cours du chapitre est consacré à l’étude de la gouvernance
mondiale et à l’analyse des nouveaux enjeux des relations interna-
tionales. Il débute par la description de la justice internationale,
avec pour exemple principal la Cour pénale internationale [doc. 3].
Il aborde ensuite l’évolution de la hiérarchie des puissances avec
l’exemple du rôle de plus en plus actif de la Chine dans les relations
internationales [doc. 4]. Enfin, il se penche sur les transformations
de la gouvernance mondiale à l’épreuve des nouveaux enjeux
auxquels les États doivent faire face : le changement climatique
58
[doc. 1], la crise des réfugiés [doc. 2] ou encore la crise du
coronavirus.
1 Le graphique reflète la nouvelle hiérarchie des émissions de
gaz à effet de serre qui voit les pays émergents (Chine, Inde)
connaître une forte croissance industrielle, tandis que les pays
européens ont entrepris une réduction de leurs émissions favorisée
par la relative désindustrialisation dont ils font l’objet.
2 Cette photographie suggère une réaction de fermeté de la part
des pays européens, qui s’efforcent de contenir la vague migratoire.
Elle peut être confrontée avec profit à la carte de l’espace Schengen
[doc. 4, p. 291].
3 La CPI constitue la principale initiative visant à instituer une
justice internationale. La condition de sa réussite est une parfaite
collaboration internationale, mais le fait que 32 États n’aient pas
ratifié le traité instituant la CPI est un signe d’échec.
4 Le « rêve chinois » d’une grandeur retrouvée de « l’empire du
milieu » se concrétise dans le rôle croissant de la Chine au sein des
organisations internationales. Son implication militaire en Afrique
subsaharienne n’est pas exempte d’arrière-pensées stratégiques.
Mener un travail personnel
Les cinq pays émettant le plus de CO2 sont en 2018, par ordre
décroissant, la Chine, les États-Unis, l’Inde, la fédération de Russie
et le Japon. Rapporté à leur population, les États-Unis sont le plus
gros émetteur. La réticence que les États-Unis manifestent presque
continuellement depuis 1980 envers toute mesure de réduction des
émissions constitue un frein majeur aux initiatives en vue d’atténuer
les effets du changement climatique.
Arturo di Modica,
HISTOIRE DES ARTS
Bund Financial Bull, 2010 >> P. 270-271
Cette double page propose d’étudier la nouvelle hiérarchie des puis-
sances à travers l’exemple original des œuvres d’Arturo di Modica.
En 1989, il célébrait par une sculpture monumentale, déposée en
pleine rue à New York, la vigueur économique des États-Unis, son
pays d’adoption. En 2010, il rend hommage, à Shanghai, à la demande
du gouvernement chinois, à la spectaculaire réussite économique de
la Chine.
Analyser une sculpture
> Analyser l’œuvre
1. La statue représente un taureau, symbole d’un marché boursier
haussier.
2. La statue est située sur le Bund, qui était jusqu’à l’indépendance
de la Chine l’emblème de l’économie coloniale, et inaugurée à la
veille de l’exposition internationale de Shanghai en 2010. L’empla-
cement et la date ne doivent donc rien au hasard.
3. Le Bund Financial Bull donne de la Chine l’image d’un pays en
pleine croissance économique et financière, et d’un concurrent des
États-Unis.
> Dégager la portée de l’œuvre
La statue est le symbole de la très forte croissance économique de
la Chine, en même temps qu’un symbole de l’ascension des pays
émergents. Le choix de commander cette œuvre à Arturo di Modica
atteste que la Chine se projette comme la future première puissance
économique au monde.

FAIRE LE POINT >> P. 272-273
RÉVISER AUTREMENT
Il s’agit pour les élèves de compléter un schéma. Tous les membres
permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, Russie,
Chine, Royaume-Uni, France) sont détenteurs de l’arme nucléaire,
mais la Chine et la Russie ne sont pas membres du G7. Ils sont
membres des BRICS avec le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde. Parmi
les autres puissances mondiales, on peut citer par exemple l’Iran
et l’Arabie saoudite, puissances régionales majeures.
VÉRIFIER SES CONNAISSANCES
1. Notions clés à relier : 1, c ; 2, d ; 3, b ; 4, a.
2. Noms de guerre à relier : 1, b ; 2, c ; 3, a ; 4, e ; 5, d.
BAC MÉTHODE >> P. 274-277
• Analyse de document : Analyser une carte
1. La carte porte sur la place de la Chine dans le monde. Le choix
de la représentation, qui place la Chine au milieu, en rupture avec
la représentation occidentale, n’est pas anodin.
2. La carte représente d’abord la présence chinoise dans le monde,
tant humaine qu’économique. Elle décrit ensuite l’expansion de sa
puissance militaire. Enfin, elle montre, contrairement à une idée
reçue, que la Chine dispose désormais d’un véritable softpower, qui
s’exprime aussi bien à travers la diffusion de sa langue et de sa
culture, que de sa vision du monde et de son image de marque, le
panda.
3. Les principales limites à la puissance chinoise est le relativement
faible nombre de ses alliés, comparé aux alliés des États-Unis, et
les critiques qui se font jour à propos de son attitude en Afrique,
souvent qualifiée de néocoloniale.
• S’entraîner
La carte ne permet pas de reconstituer la géographie des événe-
ments, ni même d’identifier leur point de départ (la Tunisie).
En revanche, elle propose une typologie qui permet d’étudier à la
fois la nature des mouvements et leur aboutissement. À l’exception
de la Syrie, qui plonge dans une guerre civile, et de l’Égypte, qui
connaît un coup d’État, les pays touchés retrouvent un semblant
de normalité en 2012.
• Question problématisée : Organiser et rédiger
le développement
Rappel : L’année 1989 correspond à la fin du pacte de Varsovie et
à la chute du mur de Berlin. Un plan thématique n’est pas adapté
dans la mesure où le sujet appelle ici une réponse nuancée, donc
un plan dialectique.
1. La fin du monde bipolaire ouvre la voie à un monde unipolaire
autour des États-Unis, en dépit des efforts accomplis pour rétablir
le multilatéralisme.
2. La guerre de Syrie est une nouvelle forme de conflit, qui allie un
conflit asymétrique « classique » avec une forme de guerre hybride
depuis l’intervention de la Russie en 2015.
3. Les crimes de masse et les génocides débouchent sur la mise en
place de tribunaux internationaux, à l’image du Tribunal pénal
international pour l’ex-Yougoslavie.
CHAPITRE 9 • Nouveaux rapports de puissance et enjeux mondiaux
Prolongement : Les attentats du 11 septembre marquent une rupture
dans la politique étrangère des États-Unis qui agissent en leur nom
propre, sans considération en 2003 pour l’ONU. L’unilatéralisme
américain déstabilise en profondeur et durablement l’ordre
international.
• Capacités et méthodes : S’approprier un questionnement
historique
1. Le tableau représente d’une part le classement des puissances
en termes de PIB en 2018, et d’autre part le rappel de ce classement
en 1992. Il permet donc d’étudier l’évolution de la hiérarchie des
puissances économiques sur une période de près de 30 ans.
2. Le tableau montre l’ascension économique des BRICS, qui
représentent 23,5 % du PIB mondial en 2018, alors qu’ils n’en
représentaient que 6,8 % en 1992. A contrario, la part des pays de
l’Union européenne a diminué d’un tiers sur la période, et la France
a reculé de la 4e à la 6e place et devrait rapidement être dépassée
par l’Inde.
3. Le G7 représente 37,1 % du PIB mondial en 2018, alors qu’il en
représentait près de 70 % en 1992. Son importance économique
est donc en net déclin, tandis que les pays du G20 cumulent 86 %
du PIB mondial en 2018.
EXERCICES >> P. 278-279
1. Confronter et critiquer deux documents
Ces deux photographies adoptent le point de vue palestinien et ont
valeur d’icône de l’intifada. L’image des manifestants palestiniens
fait référence implicitement au combat biblique de David et Goliath.
En 2018, la photographie de Ahmed Abou Amro, partagée des
milliers de fois sur les réseaux sociaux, a été comparée à la Liberté
guidant le peuple de Delacroix.
2. Mettre en relation un texte et une image
L’ambition de puissance que traduit le discours de Xi Jinping est
indissociable du culte de la personnalité dont le chef de l’État chinois
le plus puissant depuis Mao fait l’objet. La grandeur retrouvée de
la Chine est le fait d’un homme fort, qui concentre de nombreux
leviers de puissance entre ses mains.
3. Procéder à l’analyse critique d’un document
L’éditorial de Jean-Marie Colombani témoigne de l’émotion mon-
diale produite par les attentats du 11 septembre, tout comme du
fait que les contemporains ont perçu immédiatement que le monde
entrait dans une nouvelle ère. L’intérêt de l’analyse de l’auteur
est de replacer les attentats dans le contexte de la fin de la guerre
froide.
4. Mettre une figure en perspective
En 1995, le soutien affiché par le président Nelson Mandela à l’équipe
des Springboks, qui avait été mise à l’index par de nombreuses
nations dans les années 1990 en tant que symbole de l’apartheid,
a valeur de symbole.
Le film de Clint Eastwood traduit ce soutien de façon romancée en
insistant de manière quelque peu exagérée sur son rôle de creuset
de la « nation arc-en-ciel », selon la formule de l’archevêque Des-
mond Tutu.
59
 INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Bibliographie
Bastidon, C., Brasseul, J., Gilles, P., Histoire de la globalisation financière,
Armand Colin, 2010.
Boulanger, P., La Bosnie-Herzégovine. Une géopolitique de la déchirure,
Karthala, 2002.
Bozarslan, H., Une histoire de la violence au Moyen-Orient.
De la fin de l’Empire ottoman à Al-Qaida, La Découverte, 2008.
Domergue-Cloarec, D., Coppolani, A. (dir.), Des conflits en mutation ?
De la guerre froide aux nouveaux conflits, Éditions Complexe, 2004.
Fauvelle, F.-X., « Et l’Afrique du Sud inventa l’apartheid », L’Histoire,
n° 306, février 2006.
Fontaine, M., Vigna, X. (dir.), « La désindustrialisation, une histoire
en cours », 20 & 21. Revue d’histoire, n° 144, 2019/4.
Garde, P., Vie et Mort de la Yougoslavie, Fayard, 2000.
Graz, J.-C., La Gouvernance de la mondialisation, La Découverte, 2013.
Laurens, H., Cloarec, V., Le Moyen-Orient au xxe siècle, Armand Colin, 2003.
Roux, A., Xiao-Planes, X., Histoire de la République populaire de Chine.
De Mao Zedong à Xi Jinping, Armand Colin, 2018.
Sanjuan, T., Atlas de la Chine. Les nouvelles échelles de la puissance,
Autrement, 2018.
60
Filmographie
Eastwood, C., Invictus, 2009.
George, T., Hôtel Rwanda, 2004.
Naudet, J. et al., New York, 11 septembre, 2002.
Ourdan, R., Le Siège, 2016.
Sztanke, M., Rwanda, chronique d’un génocide annoncé, 2019.
Sites Internet
Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe (CVCE) : www.cvce.eu
Mémorial du 11 septembre 2001 : www.national911memorial.org
Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY) : www.icty.org
Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) :
www.oecd.org
Banque mondiale : donnees.banquemondiale.org
Fonds monétaire international (FMI) : www.imf.org
Organisation mondiale du commerce (OMC) : wto.org
10 La construction européenne, entre élargissement,
approfondissement et remises en question
>> p. 280-301

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre vise à contextualiser les » P. 282-283 : GRAND ANGLE La construction européenne
évolutions, les avancées et les crises » P. 284-285 : COURS 1 De la CEE à l’Union européenne
de la construction européenne en
» P. 286-287 : POINT DE PASSAGE Le tunnel sous la Manche
mettant en perspective :
– le passage de la CEE à l’Union » P. 288-289 : POINT DE PASSAGE L’euro : genèse, mise en place et débats
européenne (évolution du projet » P. 290-291 : COURS 2 Europe des États, Europe des citoyens
européen et élargissements » P. 292 : ÉTUDE Le référendum de 2005
successifs) ;
» P. 293 : ÉTUDE Le Brexit
– Europe des États et Europe des
citoyens : référendums et traités Les outils du manuel
(Maastricht, traité constitutionnel
» P. 296-299 : BAC MÉTHODE • Analyse de document : Analyser une caricature
de 2005, traité de Lisbonne).
• Question problématisée : Rédiger un paragraphe
• Capacités et méthodes : Mettre en relation deux images
» P. 300-301 : EXERCICES • Analyser un graphique
• Confronter deux points de vue
• Procéder à l’analyse critique d’un document
• Mener des recherches sur Internet

Ce chapitre est consacré à l’histoire de la construction européenne depuis la fin de la guerre froide. Il invite à étudier d’une
part les évolutions institutionnelles à travers les conséquences du passage de la CEE à l’Union européenne, et d’autre part le
rapport entre l’Europe des États et l’Europe des citoyens à travers l’étude des référendums et des traités.
Le manuel met en œuvre une démarche thématique conforme aux axes du programme : le passage de la CEE à l’Union euro-
péenne est abordé dans le premier cours, avec pour points de passage le tunnel sous la Manche et l’euro ; puis le second cours
traite de l’Europe des États et des citoyens, avec en appui deux études, l’une sur le référendum de 2005, l’autre sur le Brexit.
Le manuel permet ainsi d’aborder les avancées et les limites de la construction européenne.

Ouverture du chapitre >> P. 280-281
Le premier document s’inscrit dans le contexte de l’élargis-
sement de l’Europe aux anciens pays du bloc communiste,
décidé au début des années 1990 et effectif en 2004, tandis
que le second fait référence au référendum de 2005 tout en
évoquant les partisans du Brexit. L’un évoque les avancées
de la construction européenne [doc. 1], l’autre ses limites
[doc. 2].
GRAND ANGLE La construction européenne >> P. 282-283
L’Europe s’élargir d’abord au Royaume-Uni, à l’Irlande et au Dane-
mark (1983), puis aux pays d’Europe méridionale en transition
démocratique (Espagne, Portugal, Grèce), puis, en 1995, aux anciens
pays neutres de la guerre froide (Autriche, Suède, Finlande), avant
d’accueillir dix anciens pays du bloc soviétique ainsi que Chypre et
Malte.
Les pays les plus intégrés sont ceux qui appartiennent à la fois à
l’Union européenne, à la zone euro et à l’espace Schengen. Le cas
du Royaume-Uni, qui adhère en 1973, refuse une intégration trop
forte puis quitte l’Union européenne en 2020 peut être évoqué.
COURS 1 De la CEE à l’Union européenne >> P. 284-285
Le cours débute par la description des conséquences de la fin de la
guerre froide sur la CEE et les caractères du traité de Maastricht
[doc. 1] et de la PESC [doc. 2]. Il aborde ensuite l’approfondissement
du projet européen porté par l’Union européenne à partir de 1993,
en mettant en avant la création de nouveaux symboles [doc. 3] et
de l’espace Schengen [doc. 4]. Le cours s’achève par l’analyse de
l’élargissement et de ses conséquences sur les institutions et sur le
fonctionnement de l’UE, en soulignant la difficulté pour les pays
européens de s’entendre [doc. 5].
1 Les 2e et 3e piliers sont la principale nouveauté du traité de
Maastricht, qui étendent à la sécurité, à la politique étrangère et à
la justice, notamment, les fondements de la construction euro-
péenne.
2 Le caractère non contraignant de la PESC et la division entre
les pays membres sont les deux principaux freins à la mise en œuvre
de ces objectifs.
3 Le traité de Maastricht instaure la citoyenneté européenne, et
l’UE cherche à lui donner du sens à travers des symboles partagés.
L’hymne et le drapeau ont été institués par l’Acte unique (1986), et
la devise a été choisie en l’an 2000.

CHAPITRE 10 • La construction européenne, entre élargissement, approfondissement et remises en question 61

4. Plantu présente l’Europe sous les traits d’un technocrate insensible
aux conséquences sociales de ses décisions.
5. Les pays opposés à l’intervention ont en commun, à l’exception
de la Grèce, de faire partie des fondateurs de la CECA et d’avoir
intégré l’OTAN dans les cinq premières années qui suivent sa créa-
tion. Les anciens pays du bloc soviétique y sont d’autant plus
favorables qu’ils placent leurs espoirs dans l’OTAN pour les protéger
des ambitions russes.
Mettre un événement en perspective
Le traité de Maastricht consacre l’ambition de l’Europe d’être un
acteur majeur, tant économique que diplomatique, sur la scène
internationale. Le caractère ambitieux de ces objectifs s’explique
par le contexte de la fin de la guerre froide.
POINT DE PASSAGE Le tunnel sous la Manche >> P. 286-287
Le dossier permet d’appréhender la construction européenne sous
l’angle d’une réalisation concrète qui nécessite l’accord et la coo-
pération de deux États partenaires. Après avoir rappelé l’ancienneté
et la faisabilité d’un tel projet [doc. 1], le discours d’inauguration
permet de saisir les espoirs, à la fois économiques et politiques,
mis dans le tunnel [doc. 2]. L’exploit technique et la coopération
franco-britannique apparaissent dans la photo de la jonction [doc. 3],
tandis que l’infographie permet d’évaluer l’ampleur – financière,
technique, commerciale – du projet [doc. 4]. Cela dit, le Brexit
[doc. 5] et la concurrence d’autres modes de transport [doc. 6]
sont des défis majeurs pour la société du tunnel sous la Manche.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Le projet d’une liaison transmanche remonte au début du
xixe siècle, dans l’idée de rapprocher les territoires français et bri-
tannique. C’est l’absence de volonté politique plus que les contraintes
techniques qui ont bloqué la mise en œuvre de ce projet.
2. La création du tunnel suppose de creuser sous le plancher mari-
time, sur plusieurs dizaines de kilomètres, ce qui a nécessité du
temps et la collaboration de 13 000 personnes. Le raccourcissement
des temps de parcours témoigne également de l’intérêt technique
du tunnel.
3. Les objectifs sont à la fois la réduction du temps de parcours et
le rapprochement – économique et politique – du Royaume-Uni
du continent européen. L’objectif économique est atteint. Quant à
l’objectif politique, le Brexit place le Royaume-Uni à nouveau hors
de l’Europe politique.
4. Le tunnel est confronté à un défi économique : il subit la concur-
rence d’autres modes de transport (notamment l’avion pour le
transport de personnes). Mais le Brexit constitue également un défi
politique : le retrait du Royaume-Uni de l’UE conduit à un rétablis-
sement des contrôles douaniers aux frontières qui pourraient ralentir
le passage.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à considérer que le tunnel sous la Manche
est d’abord un projet franco-britannique (qui existe avant le projet
européen), qui relie directement les deux pays ; mais que ce projet
permet également de mieux intégrer la Grande-Bretagne insulaire
62
au continent européen, en réduisant les temps de transport. Le
Brexit remet en cause ce rapprochement : le retrait de l’UE conduit
à redéfinir la relation du Royaume-Uni avec le reste de l’Europe.
Parcours B
> Procéder à l’analyse critique d’un document
L’infographie permet d’estimer le rapprochement géographique,
puisque la durée de parcours sous la Manche (35 minutes) est
inférieure à celle d’une traversée maritime. Le document permet
également d’évoquer la coopération technique et l’association
économique, puisqu’il s’agit d’une société franco-britannique qui
a financé et supervisé la construction du tunnel, qu’elle continue
d’exploiter aujourd’hui.
L’euro : genèse,
POINT DE PASSAGE
mise en place et débats >> P. 288-289
Ce point de passage permet d’aborder l’approfondissement de la
construction européenne à travers sa réalisation la plus embléma-
tique : la monnaie unique. La genèse de l’Euro et les débats qui ont
entouré sa mise en œuvre sont abordés dans le document 1 qui
peut être confronté au document 2. La mise en œuvre est abordée
dans le document 3, qui souligne l’euphorie qui a entouré la mise
en circulation des pièces et des billets, et le document 4, qui, au
contraire, aborde la réticence de certains pays à adopter cette
monnaie après la crise de 2008. Le document 5, enfin, permet
d’évaluer l’impact concret de la mise en place de l’euro sur les
réserves de change, et de nuancer ainsi le succès de cette nouvelle
monnaie.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. La monnaie unique représente à la fois un symbole, la concréti-
sation de la construction européenne pour les citoyens et l’espoir
d’une plus grande prospérité économique. Elle représente aussi
l’enjeu de politiques monétaires et budgétaires restrictives qui font
débat en Europe.
2. En 1999, l’euro est créé sous la forme d’une monnaie comptable
utilisée par les banques centrales en remplacement de l’ECU. Le
1er janvier 2002, les pièces et les billets en euros sont mis en circu-
lation dans les 12 premiers pays membres de la zone euro.
3. Les principales critiques portées à la monnaie concernent le
caractère non optimal de la zone euro, du fait des fortes disparités
de politique budgétaire et sociale en son sein, son caractère non
démocratique, du fait de l’absence de contrôle politique sur la BCE,
et la politique économique très restrictive qui contraint la liberté
d’action des pays membres.
4. La force de la monnaie unique est d’offrir aux citoyens européens
de la zone euro la possibilité de toucher du doigt les conséquences
de l’approfondissement de l’Europe. Sa faiblesse est de ne pas avoir
tenu toutes les promesses faites à son lancement.
> Synthétiser
Les élèves sont invités à considérer d’abord les enjeux politiques
de l’euro, c’est-à-dire ceux de la construction d’une Europe unie :
l’union économique est en effet perçue comme la meilleure voie
pour parvenir à une union politique. Ils sont ensuite conviés à
aborder les enjeux économiques, c’est-à-dire d’une part les critères
contraignants de Maastricht et d’autre part le rejet croissant de la
monnaie unique au sein de l’Union européenne, tant par les pays
qui refusent de l’adopter que par les populations des pays qui
l’adoptent.
Parcours B
> Analyser un graphique
L’analyse du graphique doit conduire les élèves à relever que l’euro
est depuis son lancement la 2e monnaie de réserve au monde.
Toutefois, l’euro, à ses débuts, représente moins que ce que repré-
sentait auparavant la somme des monnaies qu’il remplace (le mark,
le franc et l’ECU représentaient 32 % des réserves de change en
1990). Le dollar profite donc de la création de l’euro jusqu’à la crise
économique de 2008, qui conforte l’euro comme monnaie de réserve
alternative au dollar.
Europe des États,
COURS 2
Europe des citoyens >> P. 290-291
Le cours débute par les avancées du traité de Maastricht pour les
citoyens, tout en évoquant les débats qui ont entouré sa ratification
[doc. 1], particulièrement en France [doc. 2], et en abordant la
question du déficit démocratique [doc. 3]. La défiance croissante
des citoyens envers l’Europe [doc. 5] n’est que partiellement atté-
nuée par les avancées démocratiques du traité de Lisbonne. Enfin,
le cours aborde les différentes crises auxquelles l’Europe doit faire
face : la crise économique, la crise migratoire [doc. 4] et le Brexit.
1 Le « non » danois, la courte victoire du « oui » français et le
fait que les Danois aient été conduits à voter une nouvelle fois
indiquent à eux seuls la difficulté du processus référendaire. On
peut également noter que le Royaume-Uni a attendu la toute fin
du processus pour adopter le traité par la voie référendaire.
2 L’affiche centriste (UDF) présente l’Union européenne comme
bénéfique pour les jeunes générations, ce qui sous-entend notam-
ment qu’elle leur apportera l’emploi. L’affiche du Front national
suggère en creux que l’Europe est contraire aux intérêts de la France.
3 Le fait que seul le Parlement soit élu est le principal élément qui
permet de parler de déficit démocratique. L’auteur de l’article prend
la défense des institutions européennes en soulignant le fait qu’un
gouvernement qui délègue des politiques publiques à des instances
non élues n’est pas propre aux institutions européennes.
4 L’Italie et la Grèce sont les deux principaux points d’entrée en
Europe, mais d’autres pays dans lesquels transitent les migrants,
comme l’Autriche, se sentent très directement concernés. On peut
souligner que la question de l’immigration, légale ou non, a été
déterminante dans le vote en faveur du Brexit en 2016.
5 L’intérêt de ce graphique est de montrer que les reproches
communément adressés à l’Union européenne (technocratie, perte
d’identité culturelle, abaissement des contrôles aux frontières)
représentent peu de chose au regard des éléments favorables. On
peut par conséquent questionner le décalage entre la réalité de
l’opinion des Européens et sa représentation dans les discours
politique.
Analyser une carte
L’espace Schengen regroupe aussi bien des pays de l’Union euro-
péenne que des pays qui n’en sont pas membres, tandis que certains
CHAPITRE 10 • La construction européenne, entre élargissement, approfondissement et remises en question
pays, comme le Royaume-Uni, destination privilégiée des migrants,
s’en tiennent à l’écart. Le renforcement des mesures de contrôle
aux frontières et la construction de clôtures soulignent le défaut
croissant de cohésion au sein de l’espace Schengen.
ÉTUDE Le référendum de 2005 >> P. 292
Cette étude vient en appui de l’axe « Europe des États, Europe des
citoyens », en proposant l’étude du référendum le plus embléma-
tique. L’angle de l’étude consiste en l’explication du vote des Français,
qui rejettent à près de 55 % le projet de constitution. L’étude propose
par conséquent d’étudier la division de l’opinion [doc. 1], les argu-
ments d’un opposant de gauche au traité [doc. 2] et d’analyser les
motivations des électeurs qui ont voté « non » [doc. 3].
Analyser les documents
1. Si le Parti socialiste (PS) s’est prononcé pour le « oui » par un
vote interne et fait donc campagne pour l’adoption du traité [doc. 1],
l’ancien Premier ministre Laurent Fabius a fait campagne pour le
« non » en-dehors de son parti. L’UMP connaît également des
divisions internes.
2. Les électeurs FN et MNR mettent en avant le rejet de la candi-
dature de la Turquie et la menace que ferait peser ce traité sur la
nation. Les électeurs UMP favorables au « non » mettent également
en avant le rejet de la Turquie. À gauche, en revanche, c’est le
possible impact économique et social de la constitution qui est
dénoncé.
3. Un nombre non négligeable d’électeurs ayant voté « non » ont
justifié leur vote par tout autre chose que des enjeux européens :
l’opposition au gouvernement en place (FN-RMN), la critique de la
situation économique et sociale (gauche et UDF). Pour des électeurs
proches d’aucun parti, le référendum a également été l’occasion
d’exprimer un rejet de la classe politique en général.
ÉTUDE Le Brexit >> P. 293
Cette étude vient en appui de l’axe « Europe des États, Europe des
citoyens », en proposant d’aborder la sortie du Royaume-Uni de
l’Union européenne. L’étude porte plus précisément sur les consé-
quences du Brexit pour l’Europe, en considérant les résultats du
référendum [doc. 1], la critique de l’attitude britannique [doc. 2]
et la justification du Brexit par l’un de ses partisans [doc. 3].
Analyser les documents
1. La division du Royaume-Uni s’exprime à travers le net décalage
entre le vote britannique et les votes écossais et irlandais du Nord.
À la suite du Brexit, l’Ecosse envisage l’organisation d’un nouveau
référendum sur son indépendance (55 % de « non » en 2014).
2. Il est arrivé qu’un pays renonce par référendum à rejoindre la
CEE (Norvège, 1973) ou renonce à sa candidature (Islande), mais
c’est la première fois qu’un pays membre décide de quitter l’Union.
La sortie du Royaume-Uni, en 2020, marque donc un coup d’arrêt
à l’élargissement de l’Union européenne.
3. Nigel Farage, qui a brandi le drapeau britannique lors de son
discours d’adieu au Parlement européen en janvier 2020, voit dans
le Brexit une opportunité pour remettre en cause l’ensemble de
l’édifice européen.
63
Rédiger une synthèse
La création d’une citoyenneté européenne et la mise en œuvre de
l’initiative citoyenne européenne n’ont pas suffi à enrayer l’essor
de l’euroscepticisme [voir p. 327], qui s’exprime particulièrement
lors de référendums comme ceux de 2005 ou de 2016, qui cristal-
lisent toutes les oppositions à la construction européenne ou aux
gouvernements qui la soutiennent. Le fait que le traité de Lisbonne,
ratifié par voie parlementaire, ait repris l’essentiel des propositions
rejetées par référendum en 2005 n’est pas étranger à la vague
d’euroscepticisme qui frappe l’Europe à partir de la crise de 2008.
FAIRE LE POINT >> P. 294-295
Réviser autrement
Les principales avancées sont les traités de Maastricht et de Lisbonne,
la mise en place de l’euro et de la citoyenneté européenne. Les
principales crises politiques sont l’échec du traité constitutionnel
en 2005 et le Brexit depuis 2016. Enfin, il faut mentionner la crise
économique de 2008 et la crise des migrants.
Vérifier ses connaissances
1. QCM : 1, b ; 2, b ; 3, b, c ; 4, b.
2. Notions clé à relier : 1, c ; 2, e ; 3, a ; 4, b ; 5, d.
BAC MÉTHODE >> P. 296-299
• Analyse de document : Analyser une caricature
1. Cette caricature, postérieure au rejet du texte, propose une
explication du vote.
2. Comportant 4 parties et 448 articles, le projet de constitution
apparaît aux yeux de ses détracteurs comme l’expression la plus
aboutie de l’Europe technocratique. C’est paradoxal, dans la mesure
où ce traité à valeur constitutionnelle prétendait synthétiser la
plupart des textes existants.
3. La caricature présente une vision critique de la constitution, en
même temps qu’une allusion aux divisions des Européens par la
mention de questions clivantes (candidature de la Turquie, reven-
dications régionalistes).
• S’entraîner
Le dessin entend opposer une Europe des Six unie à une Europe
des 27 incapable de s’entendre. Il s’agit d’une caricature dans la
mesure où des divisions pouvaient exister au sein de l’Europe des
Six, comme l’illustre la crise de la « chaise vide » en 1966, et où les
27 ont su s’entendre sur des réformes d’envergure comme le traité
de Lisbonne ou le TSCG.
• Question problématisée : Rédiger un paragraphe
Rappel : Ce sujet se rapporte à la CEE puis à l’Union européenne
et porte sur l’élargissement géographique de l’Europe dans une
perspective diachronique.
1. En 2004, au terme d’un long processus, l’Europe s’élargit aux
anciens pays du bloc soviétique. Cet élargissement, le plus important
depuis l’histoire de la construction européenne, s’accompagne d’une
réforme des institutions.
64
2. On peut citer un impact positif, comme la nécessité d’approfondir
la construction européenne, ou négatif, comme l’essor des divisions
dans le domaine de la politique étrangère.
Prolongement : Le Brexit et le retrait de la candidature islandaise
sont deux limites que rencontre l’élargissement.
• Capacités et méthodes : Mettre en relation deux images
1. Ces deux images s’inscrivent dans le contexte de la crise migratoire
de 2015, mais le document 2 est antérieur au document 1.
2. Le symbole du drapeau européen est détourné dans les deux
dessins dans le but d’associer l’Union européenne au drame humain
qui se noue alors dans la Méditerranée.
3. Les deux dessinateurs dénoncent l’impuissance ou l’inaction de
l’Europe face au drame des migrants et, en creux, l’incapacité de
l’Europe à parler d’une seule voix.
EXERCICES >> P. 300-301
1. Analyser un graphique
Ce graphique, qui explore l’électorat par sexe, âge, catégorie pro-
fessionnelle et niveau scolaire (diplôme) illustre les clivages entre
européistes et eurosceptiques. Ainsi, les femmes sont plus euro-
péistes que les hommes ; les plus jeunes et les plus âgés le sont
plus que les actifs ; les cadres supérieurs et les catégories intermé-
diaires plus que les agriculteurs (malgré ou à cause de la PAC) et
les catégories moyennes et populaires ; les très diplômés sont très
fortement favorables par rapport aux sans diplômes et aux diplômes
de cursus courts. En résumé, les élites et les couches supérieures
de la société ont voté pour, les couches moyennes et populaires
ont voté contre.
2. Confronter deux points de vue
Les deux textes ont en commun une critique du déficit démocratique
de l’Europe et de la technocratie européenne. Ils traduisent en cela
les principaux arguments des eurosceptiques. Ils se différencient
par le fait que Philippe de Villiers insiste sur la notion d’ingérence
et sur le protectionnisme.
3. Procéder à l’analyse critique d’un document
Publié peu de temps après le référendum néerlandais, qui a vu
comme en France le « non » l’emporter, le dessin illustre la décision
du Royaume-Uni de renoncer à son propre référendum en suggérant
que celui-ci aurait conduit au même résultat tout en plongeant
l’Union européenne dans l’abîme. Ce fait peut être mis en perspective
avec la décision du Royaume-Uni d’attendre le dernier moment en
1993 pour procéder à la ratification parlementaire du traité de
Maastricht, et avec le vote du Brexit en 2016.
4. Mener des recherches sur Internet
Le texte rédigé par Laurence Maufort et Hervé Bribosia, accessible
dans les premiers résultats de la recherche, offre une synthèse
commode et accessible du traité, qui permet aux élèves de com-
prendre que l’essentiel du traité constitutionnel est repris par le
traité de Lisbonne, en abandonnant simplement toute référence à
la notion de constitution.
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Bibliographie Filmographie
Benjamin, A., Lafitte, J., L’Europe. Petite histoire d’une grande idée, Klapisch, C., L’Auberge espagnole, 2002.
Gallimard, 2008.
Kahn, S., Manigand, C. et al. (dir.), Dictionnaire critique de l’Union Sites Internet
européenne, Armand Colin, 2008. Centre virtuel de la connaissance sur l’Europe (CVCE) : www.cvce.eu
Kahn, S., Histoire de la construction de l’Europe depuis 1945, Puf, 2011. Union européenne : www.europa.eu
Schmidt, V., Pellistrandi, B., La Démocratie en Europe, La Découverte, Version française du portail de l’Union européenne :
2010. www.touteleurope.fr

CHAPITRE 10 • La construction européenne, entre élargissement, approfondissement et remises en question 65

11 La République française >> p. 302-323

Le programme officiel 2019 Le sommaire du chapitre

Ce chapitre vise à montrer les
évolutions constitutionnelles
et juridiques de la République
française, qui réaffirme des principes
fondamentaux tout en s’efforçant de
s’adapter aux évolutions de la société.
On mettra en perspective :
– la Ve République : un régime stable
qui connaît de nombreuses réformes
institutionnelles ;
– la réaffirmation du principe de
laïcité (2004) ;
– les combats pour l’égalité ainsi
que l’évolution de la Constitution et
du Code civil en faveur de nouveaux
droits (parité, PACS, évolution du
mariage, etc.).
» P. 304-305 : GRAND ANGLE Une république décentralisée
» P. 306-307 : COURS 1 La Ve République, un régime stable
» P. 308-309 : POINT DE PASSAGE L’approfondissement de la décentralisation
» P. 310-311 : COURS 2 La République face aux évolutions de la société
» P. 312-313 : POINT DE PASSAGE La parité : du principe aux applications
» P. 314 : ÉTUDE L’interdiction des signes religieux dans les écoles
» P. 315 : ÉTUDE De l’union civile au mariage pour tous
Les outils du manuel
» P. 318-321 : BAC MÉTHODE • Analyse de document : Analyser la Une d’un journal
• Question problématisée : Rédiger la conclusion
• Capacités et méthodes : Confronter deux points de vue
» P. 322-323 : EXERCICES • Procéder à l’analyse critique d’un document
• S’approprier un questionnement historique
• Confronter et critiquer deux documents
• Construire une argumentation historique

Ce chapitre ne comporte pas de bornes chronologiques, mais il s’inscrit fort logiquement dans la continuité du chapitre 8,
dans une perspective d’histoire politique, mais aussi religieuse et sociale. Les axes et les points de passage orientent son
traitement vers le rapport entre les institutions et l’État d’une part, et la société d’autre part.
Dans le manuel, les trois axes du programme sont regroupés dans deux cours synthétiques, le premier abordant la stabilité
du régime tout en décrivant ses principales évolutions. Le point de passage sur la décentralisation est enrichi par le Grand
angle, qui offre une carte inédite de la France décentralisée. Les deux autres axes du programme sont traités dans le second
cours, qui met en perspective le point de passage sur la parité et qui est complété par deux études abordant des points précis
du programme : la réaffirmation du principe de laïcité en 2004 et le PACS et l’évolution du mariage.

Ouverture du chapitre >> P. 302-303

La photographie de la place de la République [doc. 1] illustre
la résilience des Français et leur attachement à la République,
manifestés à la suite de l’attentat de Charlie Hebdo. Alors que
la France se caractérise sur la longue durée par une succession
de changements de régimes à la suite de crises, la Ve Répu-
blique se distingue par une grande stabilité, au prix d’une
adaptation constante aux évolutions de la société qu’illustre
la communication de François Hollande, qui se voulait un
« président normal ».
GRAND ANGLE Une république décentralisée
>> P. 304-305
La commune, qui constituait depuis 1789 la base de l’organisation
territoriale de la France, s’est effacée au profit des intercommuna-
lités. La carte révèle l’étendue croissante des communautés d’agglo-
mération, des communautés urbaines et des métropoles, signe des
progrès de l’urbanisation. Cela n’exclut pas un empilement des
compétences [doc. 2], ni la permanence de l’hypertrophie de la
capitale [doc. 1].
COURS 1
La Ve République,
un régime stable >> P. 306-307
Le cours retrace d’abord l’évolution politique de la France de 1988
à l’élection de 2017, en abordant la deuxième cohabitation [doc. 1]
et la réforme institutionnelle de 2000 [doc. 4] qui instaure le
quinquennat. Il décrit ensuite la modernisation des institutions
républicaines en mettant ainsi en perspective la décentralisation.
L’adaptation des institutions aux évolutions de la société se traduit
notamment par l’entrée de l’environnement dans la Constitution
[doc. 2]. Enfin, le cours propose une analyse de la solidité de la
République face aux crises, depuis le 21 avril 2002 [doc. 3] jusqu’à
la crise du coronavirus.
1 On peut déduire de la proportion écrasante de sièges obtenue
par le RPR et l’UDF que la gauche a connu une grave défaite aux
élections législatives.
2 La charte définit notamment le droit de vivre « dans un envi-
ronnement équilibré » et le devoir de participer à sa préservation,
ainsi que le principe de précaution. En revanche, la charte n’a pas
de caractère contraignant.
3 Le journal fait le choix d’une infographie présentant le détail
des résultats, accompagnée d’une iconographie permettant

66
d’identifier les deux finalistes et le 3e, qui était pourtant favori,
Lionel Jospin. L’intérêt de cette Une est également de montrer le
nombre très important de candidats, qui a favorisé une dispersion
des voix de gauche.
4 L’instauration du quinquennat et la modification du calendrier
électoral rendent une nouvelle cohabitation très improbable puisque,
intervenant à la suite de l’élection présidentielle, les élections
législatives aboutissent à la formation d’une majorité présidentielle
chargée de mettre en œuvre la politique voulue par le président de
la République.
5 Proportionnellement, c’est le vote d’extrême gauche qui pro-
gresse le plus depuis 1988. Les résultats des partis de gouvernement
traditionnels ne cessent de décroître, sauf en 2007, du fait du « vote
utile » encouragé par le souvenir de l’élection de 2002.
Analyser un discours politique
Le discours de Lionel Jospin peut être analysé à deux niveaux. D’une
part, il décrit la nécessité constitutionnelle d’une cohérence entre
la majorité parlementaire et le président de la République, autrement
dit de mettre fin à la situation de cohabitation qui l’a conduit à
exercer le pouvoir à Matignon. D’autre part, puisque ce discours
intervient à moins d’un an et demi de l’élection présidentielle, Lionel
Jospin se place probablement dans la perspective de sa victoire.
L’approfondissement
POINT DE PASSAGE
de la décentralisation >> P. 308-309
L’approfondissement de la décentralisation désigne ce que l’on
nomme communément l’acte II et l’acte III de la décentralisation.
L’acte II de la décentralisation [doc. 1] voit le caractère décentralisé
de la République être inscrit dans la Constitution, tandis que l’acte III
[doc. 3] accroît le nombre et l’autonomie des collectivités locales.
Le point de passage permet de mettre en perspective cet appro-
fondissement à partir de l’exemple de la culture [doc. 2], de l’analyse
statistique de l’évolution des prélèvements obligatoires [doc. 5] et
de la critique par un intellectuel des logiques à l’œuvre [doc. 4].
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. Les actes II et III correspondent à l’octroi d’une plus grande auto-
nomie aux collectivités territoriales, à la régionalisation de plusieurs
territoires d’outre-mer, à la création des métropoles et à l’obligation
faite aux communes de rejoindre une intercommunalité.
2. La décentralisation se traduit concrètement par la création
d’antennes décentralisées de musées [doc. 2] et l’investissement
de toutes les collectivités territoriales dans la culture ou dans le
sport, par la création d’ensembles intercommunaux chargés de
missions jusqu’alors conférées aux communes, et par le poids
croissant des prélèvements fiscaux locaux.
3. Les principales limites que rencontre la décentralisation sont
l’empilement des compétences, l’augmentation des dépenses locales
et par conséquent des impôts [doc. 5], et la crainte d’une fracture
sociale [doc. 4]. On peut y ajouter la constitution de baronnies
locales, les présidents des conseils régionaux disposant désormais
d’un pouvoir important qui peut faire contrepoids au pouvoir central.
Autrement dit, la cohabitation, qui a disparu à l’échelle nationale,
subsiste à l’échelle régionale.
> Synthétiser
L’approfondissement de la décentralisation se traduit d’abord par
une modification en profondeur de l’esprit des institutions, depuis
que l’organisation décentralisée de la République est inscrite dans
la Constitution. Elle se traduit ensuite par le transfert de nombreuses
compétences (et de nombreuses charges) aux collectivités locales.
Elle se traduit enfin par un nouveau rapport des Français à leurs
institutions. Car la « France des marges » échappe à la logique de
la décentralisation.
Parcours B
> Analyser une carte
La répartition des Scènes nationales, très inégalitaire, se concentre
sur l’Ouest, la région parisienne, le Nord, l’Est et le Sud-Est. L’implan-
tation des antennes décentralisées du Louvre et du centre Pompidou
révèle quant à elle la volonté de valoriser des régions touchées par
la désindustrialisation. Enfin, on peut noter une corrélation entre
l’implantation des principaux festivals et la proportion de salariés
exerçant dans la culture. Autrement dit, la culture apparaît comme
un levier de développement économique (touristique) et
d’emploi.
La République face
COURS 2
aux évolutions de la société >> P. 310-311
Le cours débute par l’analyse de la réaffirmation de la laïcité,
contextualisée en amont par le rappel du débat sur la laïcité et en
aval par le discours iconoclaste de Nicolas Sarkozy [doc. 3]. Il se
poursuit par la description de l’évolution de la place des femmes
dans la société et la vie politique, illustrée par l’exemple d’Édith
Cresson [doc. 2] et un graphique sur la représentation des femmes
dans la population active [doc. 4]. Enfin, le cours relativise les
avancées sociales en évoquant les questions de société qui divisent
les Français, ainsi que l’exemple des Gilets jaunes [doc. 5].
1 Le graphique montre une baisse tendancielle du nombre de
mariages et une augmentation du nombre de divorces, mais aussi
une hausse exponentielle du nombre de naissances hors-mariage.
Tout ceci suggère que le mariage n’est plus le cadre de référence
qu’il a été autrefois dans la vie de nombreux couples.
2 La couverture de Paris Match est grandiloquente (« le choc »
pour parler d’une nomination à Matignon) et quelque peu sexiste :
rien, dans « ce qui fait courir » Édith, ne se rapporte en effet ni à
ses convictions politiques, ni à son expérience, ni à son programme.
Enfin, l’évocation du mari suggère qu’une femme politique ne peut
pas se construire toute seule. Cette Une mérite d’être mise en
perspective par le témoignage donné par Édith Cresson [voir
Méthode, p. 245].
3 La conception de la laïcité telle que décrite par Nicolas Sarkozy
est conforme pour l’essentiel à l’esprit comme à la lettre de la loi
de séparation de l’Église et de l’État, tout en s’en distinguant en
intégrant l’idée d’un « dialogue permanent » avec les religions. En
outre, les deux derniers paragraphes de ce discours se rapportent
implicitement à l’islam, dont il envisage d’encadrer la pratique.
4 Le graphique montre que les femmes sont mieux représentées
dans la fonction publique que dans le privé, mais qu’elles peinent
à accéder à des fonctions dirigeantes, hormis dans le domaine de
la santé. Le « plafond de verre » est particulièrement visible dans
les grandes entreprises.
CHAPITRE 11 • La République française 67
 5 Ce dessin suisse suggère un antagonisme entre la France et la
République, autrement dit entre la société et les institutions. On
peut en effet analyser le mouvement des Gilets jaunes comme le
fait d’une « France périphérique » (Christophe Guilluy) qui se perçoit
comme méprisée par le pouvoir central.
Confronter deux documents
Tandis que le document 2 suggère que l’accès d’une femme à de
hautes responsabilités sort fortement de l’ordinaire, le document 4
confirme le faible nombre de femmes accédant aux fonctions de
PDG des plus grandes entreprises, de président d’université ou des
postes les plus élevés de la haute fonction publique.
La parité : du principe
POINT DE PASSAGE
aux applications >> P. 312-313
Ce point de passage permet d’aborder la question de la parité telle
que conçue par le programme. Le dossier permet d’abord d’expliquer
la genèse de ce principe politique en 1992 [doc. 1], avant de le
contextualiser par la référence à l’épisode des « Juppettes » [doc. 2]
qui aboutit à une revendication très forte et transpartisane [doc. 3],
suivie d’une mise en œuvre constitutionnelle et légale [doc. 4],
dont le graphique [doc. 5] permet de mesurer les effets, réels mais
contrastés.
Procéder à l’analyse critique des documents
Parcours A
> Lire, comprendre et analyser les documents
1. La parité en politique consiste idéalement en une composition
hommes-femmes des assemblées élues parfaitement égale, et dans
un premier temps en la mise en œuvre d’une égalité hommes-femmes
dans les listes de candidats et les instances des partis politiques.
2. Ce principe s’est imposé progressivement à l’initiative d’intellec-
tuelles puis de femmes politiques. L’opinion publique y a été sen-
sibilisée notamment par la mésaventure des « Juppettes ».
3. L’application de la parité concerne en premier lieu les instances
des partis politiques et leurs listes de candidats. Toutefois, les sanctions
financières ne sont pas assez dissuasives pour contraindre avant
2007-2008 les partis politiques à placer suffisamment de femmes en
position éligible pour féminiser les assemblées élues. Le Conseil des
ministres est la première instance à atteindre la parité effective.
4. La proportion de femmes ministres est plus importante que celle
de femmes députées : la parité concerne davantage le pouvoir
exécutif que le pouvoir législatif. Les incitations aux partis politiques
ne sont pas encore assez contraignantes pour rendre paritaire le
pouvoir législatif.
Synthétiser
Les élèves sont invités à définir la parité, puis à décrire comment
ce principe s’est d’abord imposé dans le débat public, avant d’être
inscrit dans la loi à la suite de la réforme constitutionnelle de 1999.
Enfin, on attend d’eux qu’ils analysent de façon nuancée la portée
réelle de la loi sur la parité.
Parcours B
> Confronter et critiquer deux documents
Le document 2 présente des femmes ministres entourant l’homme
qui dirige le gouvernement (Alain Juppé), ce qui suggère un lien de
68
subordination. Cette photographie relève de l’opération de com-
munication pour donner du gouvernement Juppé une image
moderne. Le document 3 présente, lui, des femmes politiques issues
de différents partis, dont plusieurs ont exercé des fonctions poli-
tiques éminentes. La Une de L’Express suggère donc une forte
détermination des femmes politiques françaises à obtenir de leurs
homologues masculins des mesures concrètes en faveur de la parité.
L’interdiction des signes
ÉTUDE
religieux dans les écoles >> P. 314
Cette étude traite de la réaffirmation du principe de laïcité en replaçant
la loi du 15 mars 2004 évoquée par le programme [doc. 3] dans un
contexte plus large : considérer l’affaire dite de Creil [doc. 1] et le
point de vue de féministes laïques opposées au port du voile [doc. 2].
Analyser les documents
1. En septembre 1989, à Creil, dans l’Oise, le principal du collège
Gabriel-Havez expulse de son établissement trois adolescentes
d’origines marocaine et tunisienne qui refusent de retirer le voile
qu’elles portent depuis plusieurs mois. « L’affaire du foulard »,
amplement relayée par les médias à partir d’octobre 1989, et
notamment par la presse, qui lui consacre 500 articles, divise bientôt
la société française et le monde politique.
2. Le voile met en conflit deux libertés fondamentales, d’une part
la liberté d’exprimer ses opinions religieuses, d’autre part la liberté
de conscience. L’interdiction généralisée du voile à l’école est jus-
tifiée par le fait que les élèves ne sont pas des usagers comme les
autres, mais des mineurs en plein apprentissage de la citoyenneté :
il s’agit autrement dit de préserver la liberté de conscience et de
religion des enfants, réputés facilement influençables. L’interdiction
du voile respecte ainsi la Convention européenne des droits de
l’homme, qui autorise la limitation de l’expression de la foi religieuse
dans le cas de problèmes d’ordre publique ou d’attaques des droits
ou de la liberté de conscience d’autrui.
3. Du rapport Stasi, le législateur n’a retenu en 2004 que l’interdic-
tion du port de signes religieux à l’école. D’autres propositions ont
pu être mises en œuvre plus tard, fût-ce de manière détournée
comme la proposition de menus végétariens.
ÉTUDE De l’union civile au mariage pour tous >> P. 315
Cette étude porte sur l’évolution du mariage en France depuis 1988.
Elle aborde le tournant du PACS [doc. 1] et du mariage pour tous
[doc. 3] en les replaçant dans le contexte de l’évolution statistique
des types d’unions [doc. 2].
Analyser les documents
1. À compter de 1999, le PACS offre un statut juridique protecteur
aux couples non mariés, de même sexe ou de sexe différent. Il y
est massivement fait recours par des couples de sexe différent qui
y voient une alternative au mariage traditionnel. En 2013, la loi
ouvre le mariage et l’adoption aux couples de même sexe.
2. Plusieurs conceptions du mariage s’opposent. Les partisans de
l’union de même sexe considèrent qu’il s’agit d’un contrat sans lien
nécessaire avec le fait de procréer. Les opposants y voient une
institution unissant nécessairement des personnes de sexe différent
en vue d’avoir des enfants.
3. On peut tout d’abord constater que le PACS a pour double effet
de conduire à une diminution du nombre de mariages et à une forte
augmentation du nombre total d’unions (mariage ou PACS). On
peut ensuite faire le constat que le nombre de mariages de sexe
différent est stable depuis l’adoption du mariage pour tous et que
le nombre de PACS de sexe différent continue d’augmenter. Toute-
fois, on pourra faire observer aux élèves que les données de l’INSEE
ne sont pas identiques à celles de l’INED [doc. 1, p. 310], ce qui
peut conduire à une réflexion sur l’importance des sources des
données.
Construire et vérifier des hypothèses
sur une situation historique
L’obligation de l’antériorité du mariage civil sur le mariage religieux
est inscrite depuis 1810 dans le Code pénal. Il s’agissait alors de
contraindre les catholiques qui ne souhaitaient pas se marier autre-
ment que religieusement.
De nos jours, c’est au sein de certaines communautés musulmanes
que l’obligation n’est pas respectée.
FAIRE LE POINT >> P. 316-317
Réviser autrement
Les élèves doivent ici compléter un tableau sur les compétences de
chaque strate administrative. Relèvent de l’État les lois sur le mariage
et l’interdiction des signes religieux, de l’État et de toutes les col-
lectivités mentionnées le développement économique, l’application
de la parité et la lutte contre les discriminations. L’action sociale
relève principalement du département.
Vérifier ses connaissances
1. Notions clés à relier : 1, f ; 2, c ; 3, d ; 4, e ; 5, b ; 6, a.
2. Dirigeants politiques et réformes à relier : 1, g ; 2, f ; 3, c ;
4, e ; 5, d ; 6, b ; 7, a.
BAC MÉTHODE >> P. 318-321
• Analyse de document : Analyser la Une d’un journal
1. Journal d’information de centre gauche, Libération s’est toujours
clairement engagé contre l’extrême droite sous toutes ses formes.
La Une ne fait pas mystère du choix de la rédaction en vue du second
tour.
2. La Une associe l’image des manifestants contre Le Pen à celle de
la République. Il s’agit d’inviter les lecteurs à manifester le 1er mai
et à voter pour Jacques Chirac au second tour de l’élection
présidentielle.
3. Cette Une de Libération illustre l’idée alors très répandue à gauche
que la qualification de Jean-Marie Le Pen représentait une menace
très grave pour la République, quand bien même la probabilité de
son élection était très faible. L’élimination de Lionel Jospin, donné
favori par les sondages, a plongé la gauche dans un profond
désarroi.
• S’entraîner
La Une du Nouvel Observateur illustre les revendications des homo-
sexuels par le recours à la couleur rose, en référence au triangle
rose utilisé par les militants homosexuels comme un signe de fierté
[doc. 6, p. 239], et au drapeau arc-en-ciel, reconnu comme étant
notamment celui de la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et
transgenre (LGBT). Elle figure l’égalité par l’égal nombre de person-
nages identiques de chaque sexe. Le magazine soutient donc les
revendications évoquées dans le texte (« l’égalité dans la vie et
devant la loi »), qui font référence notamment à l’union de même
sexe.
• Question problématisée : Rédiger la conclusion
Rappel : Le sujet porte sur l’évolution de la vie politique depuis la
réélection de François Mitterrand. Il conduit à s’interroger sur la
capacité de la République à répondre aux évolutions de la société.
On peut choisir un plan thématique ou dialectique. Un plan chro-
nologique n’est en revanche pas adapté. Dans un premier temps,
on peut souligner le fait que la vie politique se caractérise par la
stabilité de la République, et dans une seconde partie que la vie
politique évolue pour s’adapter aux évolutions de la société.
1. La République a connu des réformes de grande ampleur, dont la
décentralisation, la parité et le quinquennat, qui ont modifié en
profondeur les caractéristiques de la vie politique.
2. Parmi les facteurs d’évolution de la vie politique, on peut citer,
outre l’essor des partis contestataires, le développement de nouvelles
formes de militantisme, notamment sur Internet.
• Capacités et méthodes : Confronter deux points de vue
1. Les deux textes correspondent à des contextes différents (la pre-
mière cohabitation pour le premier, la deuxième pour le second),
mais à une situation semblable, la cohabitation. Le premier exprime
le point de vue du président de la République, le second du Premier
ministre.
2. François Mitterrand conçoit le rôle du président en période de
cohabitation comme celui d’un arbitre, tandis qu’Édouard Balladur
considère que le gouvernement seul détermine et conduit la poli-
tique de la nation dans les domaines de la politique économique,
sociale et intérieure. La notion de « domaine partagé », qu’il évoque,
revient à contester celle de « domaine réservé » que le président
revendique pour la diplomatie et la politique de défense.
3. Ces documents attestent de la capacité des institutions de la
Ve République à s’adapter à des situations que la Constitution n’a
pas prévues. Ils expliquent en même temps pourquoi la 3e cohabi-
tation a vu le président et le Premier ministre s’entendre sur une
réforme institutionnelle de nature à rendre improbable une
4e cohabitation.
EXERCICES >> P. 322-323
1. Procéder à l’analyse critique d’un document
Publié peu de temps après la promulgation de la loi interdisant le
port de signes religieux à l’école, ce texte de l’historien Jean Baubérot
critique implicitement la loi en considérant qu’elle ne peut apporter
de réponse à tous les problèmes posés en matière de laïcité.
2. S’approprier un questionnement historique
La lutte contre les publicités sexistes a d’abord été le fait d’associa-
tions féministes, avant de trouver un relais dans certaines munici-
palités qui, à l’instar de celle de Paris, ont entrepris de les interdire.
Toutefois, les municipalités n’ayant pas cette compétence, il s’agit
avant tout d’alerter les pouvoirs publics et de les inciter à agir.
CHAPITRE 11 • La République française 69
3. Confronter et critiquer deux documents
L’ambition des initiateurs de la réduction du temps de travail
– favoriser l’emploi – ne se concrétise pas clairement dans les
chiffres du chômage, mais il en va de même des craintes formulées
par ses adversaires. Le chômage des femmes diminue légèrement
entre 1990 et 2018, au point de ne plus guère se distinguer de celui
des hommes. En revanche, le travail à temps partiel continue d’être
majoritairement le fait des femmes.
4. Construire une argumentation historique
La revendication d’une VIe République transcende les clivages
partisans et correspond tantôt à une critique du pouvoir excessif
de l’exécutif [doc. 2], tantôt à un appel à un pouvoir fort (Front
national) ou à une république sociale [doc. 1]. La stabilité de la
République peut donc être nuancée par l’essor des contestations,
qui tendent à se rejoindre dans le mouvement des Gilets jaunes à
partir de 2018.
70
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES
Bibliographie
Bard, C., Les Femmes dans la société française du xxe siècle, Armand
Colin, 2003.
Becker, J.-J., Crises et Alternances (1974-2000), Seuil, 2002.
Culpepper, P. D., Hall, P. A., Palier, B. (dir.), La France en mutation
(1980-2005), Les Presses de Sciences Po, 2006.
Delacroix, C., Zancarini-fournel, M., La France du temps présent
(1945-2005), Belin, 2010.
Dermenjian, G., Jami, I., Rouquier, A., Thébaud, F. et al., La Place
des femmes dans l’histoire. Une histoire mixte, Belin, 2010.
Rosanvallon, P., Le Bon Gouvernement, Seuil, 2015.
Roussellier, N., La Force de gouverner. Le pouvoir exécutif en France
(xixe-xxie siècles), Gallimard, 2015.
Filmographie
Lilienfeld, J.-P., La Journée de la jupe, 2009.
Sites Internet
Musée virtuel sur l’histoire des femmes et du genre : www.musea.fr
Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes :
www.haut-conseil-egalite.gouv.fr
Clio. Femmes, Genre, Histoire : clio.revues.org
Genre & Histoire : genrehistoire.revues.org
Institut François Mitterrand : www.mitterrand.org
Bac sujets E3C : ÉPREUVES COMMUNES DE CONTRÔLE CONTINU
Question problématisée >> P. 324
• D’un monde bipolaire à un monde
unipolaire (1991-2003) ?
Les bornes du sujet correspondent à la guerre du Golfe et à la guerre
en Irak. Elles conduisent à considérer l’attitude des États-Unis en
même temps que leur place dans les relations internationales. Si la
fin de la guerre froide a nourri les espoirs d’un monde multipolaire,
il n’en reste pas moins que les États-Unis se sont érigés en « gen-
darmes du monde » et ont, en 2003, agi unilatéralement en Irak.
Analyse de documents >> P. 324
• Le déclenchement de la guerre d’Irak (2003)
Les principaux arguments avancés par Colin Powell sont la possession
présumée par l’Irak d’armes de destruction massive et ses liens
supposés avec Al-Qaïda. Dominique de Villepin conteste point par
point ces allégations, mais expose surtout les risques pour la stabilité
de la région que ferait courir à ses yeux une intervention militaire.
Colin Powell a exprimé dès 2005 des regrets à propos de ce discours,
admettant s’être appuyé sur des informations mensongères.
Question problématisée >> P. 325
• Quelle gouvernance mondiale depuis 1991 ?
Le sujet invite à considérer non seulement la gouvernance des
relations internationales, mais aussi la gouvernance économique
et la réponse que la communauté internationale apporte aux nou-
veaux enjeux tels que l’environnement ou les pandémies. La prin-
cipale limite à la gouvernance mondiale est l’égoïsme national dont
beaucoup de pays font preuve lorsqu’ils sont confrontés à une crise.
Analyse de document >> P. 325
• La dénonciation de l’apartheid
Artiste de rue célèbre pour ses engagements en faveur de la com-
munauté LGBT et contre les injustice sociales, Keith Haring a mis
son talent au service de la lutte contre l’apartheid. En 1985, il réalise
cette lithographie dans le but de mobiliser l’opinion new-yorkaise.
Il distribue en effet 20 000 exemplaires de son affiche à New York.
Ce document, toutefois, donne peu d’éléments de compréhension
des enjeux qui conduisent à la fin de l’apartheid.
>> P. 324-327
Question problématisée >> P. 326
• Dans quelle mesure peut-on parler d’un approfondis-
sement de la construction européenne depuis 1993 ?
On peut parler d’un approfondissement de la construction euro-
péenne dans la mesure où plusieurs institutions sont renforcées,
comme la BCE dans le cadre de la monnaie unique, et où les poli-
tiques communes sont étendues à de nouveaux domaines (banque,
transports, énergie, par exemple). En revanche, cet approfondisse-
ment est fortement tempéré par le Brexit.
Analyse de document >> P. 326
• Les institutions de la Ve République
vues par Jacques Chirac
Jacques Chirac mentionne explicitement, lors de ce débat télévisé,
la souplesse des institutions de la Ve République. Sa critique de la
« dérive monarchique » de la République vise implicitement François
Mitterrand, le président sortant. Il fait valoir sa détermination à
renforcer l’institution parlementaire, sans pour autant proposer de
réforme d’envergure allant dans ce sens. De fait, la principale réforme
institutionnelle adoptée sous sa présidence a conduit au contraire
à renforcer le poids institutionnel et politique du président.
Question problématisée >> P. 327
• Comment la République contribue-t-elle à l’améliora-
tion de la condition des femmes depuis 1998 ?
Le sujet invite à s’intéresser tout d’abord à la loi sur la parité, mais
ne doit pas s’y restreindre. Il faut en effet considérer d’une part les
mesures prises en faveur d’une égalité réelle entre les hommes et
les femmes, d’autre part la place plus importante que les femmes
occupent tant dans les instances politiques que dans les instances
économiques. On attend toutefois des élèves qu’ils fassent preuve
de nuance et mentionnent les limites de cette amélioration de la
condition féminine.
Analyse de document >> P. 327
• L’essor de l’euroscepticisme
L’euroscepticisme est plus profondément ancré en France et au
Royaume-Uni que dans les autres pays européens. Il concerne
en 2009 un certain nombre de pays qui ont rejoint l’UE en 2004 :
la Pologne et la République tchèque. Pendant longtemps, l’essor de
l’euroscepticisme était corrélé à la hausse du taux d’abstention. Or,
en 2019, il en va tout autrement : la hausse de la participation
n’enraye pas l’euroscepticisme, qui gagne même des pays qui étaient
jusqu’alors épargnés (Italie, Allemagne, Belgique). On peut en
déduire que l’euroscepticisme progresse très fortement, porté par
le vote d’anciens abstentionnistes.
CHAPITRE 11 • La République française 71
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Géographie
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COLLECTION S. BOURGEAT ET C. BRAS

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