Géographie 2

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Programme
2019

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Géographie • LIVRE DU PROFESSEUR

Programme
2019

Géographie
Environnement, développement,

Environnement, développement, mobilité : Les défis d’un monde en transition

mobilité : les défis d’un monde
en transition

LIVRE DU PROFESSEUR

58/1163/5
ISBN : 978-2-01-395426-6

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 2 de
Programme
2019

Géographie
Environnement, développement,
mobilité : les défis d’un monde
en transition

LIVRE DU PROFESSEUR

Coordination
Anne GASNIER, professeur d’histoire-géographie
au lycée Marguerite-Yourcenar au Mans (72)

Auteurs
Franciane ALLAIRE, professeur d’histoire-géographie au lycée Albert-Chatelet à Douai (59)
Valérie BODINEAU, professeur à l’université de Nantes, ESPÉ - Site du Mans (72)
David EMAIN, professeur d’histoire-géographie au lycée Antonin-Artaud à Marseille (13)
Géraldine FÉAUX, professeur d’histoire-géographie au lycée Robert-Garnier à la Ferté-Bernard (72)
Thomas GANGNEUX, professeur de géographie en CPGE au lycée Descartes à Tours (37)
Fanny MAILLO-VIEL, professeur d’histoire-géographie au lycée Christophe-Colomb à Sucy-en-Brie (94)
Nicolas MARICHEZ, professeur d’histoire-géographie au lycée Anatole-France à Lillers (62)
Vianney ORJEBIN, professeur d’histoire-géographie au collège Jean-Macé à Fontenay-sous-Bois (94)
Julien PICOLLIER, formateur à l’ESPÉ de Grenoble (38)
Emmanuelle RUIZ, professeur d’histoire-géographie au lycée français Jean-Renoir à Munich (Allemagne)
Bertrand SAINTOT, professeur d’histoire-géographie au lycée Charles-de-Gaulle à Chaumont (52)
Catherine TROUBOUL, professeur d’histoire-géographie au lycée Georges-Clemenceau à Nantes (44)
 SOMMAIRE

THÈME 1 Sociétés et environnements : des équilibres fragiles p. 3

CHAPITRE 1 Les sociétés face aux risques p. 10

CHAPITRE 2 Des ressources majeures sous pression p. 18

CHAPITRE 3 La France : des milieux métropolitains et ultramarins

entre valorisation et protection p. 28

THÈME 2 Territoires, populations et développement : quels défis ? p. 37

CHAPITRE 4 Des trajectoires démographiques différenciées :

les défis du nombre et du vieillissement p. 44

CHAPITRE 5 Développement et inégalités p. 51

CHAPITRE 6 La France : dynamiques démographiques,

inégalités socio-économiques p. 60

THÈME 3 Des mobilités généralisées p. 68

CHAPITRE 7 Des mobilités généralisées p. 74

CHAPITRE 8 La France : mobilités, transports et enjeux

d’aménagement p. 84

THÈME 4 L’Afrique australe : un espace en profonde mutation p. 93

CHAPITRE 9 L’Afrique australe : un espace en profonde mutation p. 95

 THÈME
1
Sociétés et environnements :
des équilibres fragiles
Introduction p.16-17
Le premier thème du programme de Seconde est consacré aux
relations entre les sociétés et leurs environnements. La double
page 16-17 introduit ce thème 1 sur la transition énergétique
à travers une photographie aérienne spectaculaire de l’essor
de l’énergie éolienne en Chine. Il s’agit d’une accroche qui
permet un brainstorming avec les élèves : la Chine, un des
plus gros émetteurs de GES (Gaz à effet de serre) au monde
à cause de sa très forte consommation de charbon dans un
contexte d’émergence économique mais aussi le plus gros
investisseur mondial dans les énergies renouvelables (ici,
installation d’éoliennes dans des milieux qui paraissent difficiles
à valoriser) ; autant de remarques qui permettent une première
interrogation sur les équilibres précaires entre les hommes et
leurs milieux.
Afin de simplifier le propos, le choix opéré sépare en deux
chapitres les deux items d’analyse du programme, mais un
schéma systémique proposé p. 73 permet la mise en relation de
l’ensemble des notions du thème. En outre, le manuel propose
deux des quatre études de cas énoncées comme entrées
possibles dans le programme (le changement climatique et
ses effets sur un espace densément peuplé, à savoir les Pays-
Bas p. 20 à 23 ; l’Arctique : fragilités, attractivité, p. 24 à 27). Le
thème s’achève par une question spécifique consacrée aux
milieux à l’échelle de la France.
Repères  p. 18-19
Des relations complexes
entres les hommes et leur milieu
La double page Repères p. 18-19 vise à poser les définitions qui
seront mobilisées durant tout le chapitre. Le programme invite
à démarrer par un rappel des grands foyers de peuplement
et des milieux pour contextualiser les études de cas et les
exemples du thème.
Cartographier le peuplement (doc. 1)
Il est difficile de trouver une carte satisfaisante du peuplement.
La carte des densités (doc. 1 p.18) indique par des plages de
couleur le nombre d’habitants au kilomètre carré, calculé pour
une unité spatiale donnée. Mais elle a l’inconvénient d’étendre
à une zone entière ce qui ne représente en réalité qu’une
moyenne. De même, la carte par points (atlas) permet de faire
ressortir les zones les plus peuplées mais donne l’impression
que les autres espaces sont vides d’hommes.
De nombreux outils numériques permettent maintenant de
présenter la géographie du peuplement de manière dynamique
pour les élèves comme ce site Internet : https://sedac.ciesin.
columbia.edu/mapping/popest/gpw-v4/.
À partir des données statistiques des États, ce site basé sur
un carroyage fin à l’échelle mondiale permet d’estimer la
population humaine contenue dans un polygone tracé par
l’utilisateur ou un cercle de diamètre paramétrable. Il permet
de faire des estimations qui dépassent les découpages
administratifs par État et de dépasser les limites des deux
cartes du peuplement évoquées précédemment.
Cette double page vise également à s’interroger sur les rapports
entre les sociétés et leurs environnements.
Les interactions entre les sociétés et leurs environnements sont
à analyser face au changement climatique. Mais tandis que le
thème 1 porte de manière générale sur le couple sociétés et
environnements, le chapitre 3 sur la France porte sur l’étude des
milieux métropolitains et ultramarins. Il s’agira donc de distinguer
le terme d’environnement de celui du milieu. D’après le site
Géoconfluences, le terme environnement désigne « l’ensemble des
conditions naturelles ou sociales qui influencent la vie des individus et
des communautés dans un espace donné ». Le terme de milieu est
plus restrictif et renvoie davantage au milieu physique désignant
« l’ensemble des conditions naturelles dans un écosystème donné
(milieu forestier, littoral, marin…) ». Tous les milieux résultent
alors d’une interaction entre des données physiques et l’action
des sociétés comme le schématise le doc. 4 p. 19.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/
milieu-geographique
Les cartes de l’atlas, présentant les grandes villes dans le monde
ainsi que le relief, pourraient être utilisées en complément de
cette double page.
Réponses à l’activité
1. Le climat tropical humide et les climats tempérés (continental,
océanique et méditerranéen) regroupent les trois principaux
foyers de peuplement (Asie orientale, monde indien et
Méditerranée-Europe) et plusieurs foyers secondaires en
Amérique (façade atlantique du nord-est, région des grands
lacs, sud-est brésilien) et en Afrique subsaharienne (golfe de
Guinée et Nigeria). Mais même dans les climats extrêmes (polaire
ou aride), le climat n’est pas un élément déterminant pour
l’installation des hommes. Les facteurs historiques (conquêtes)
et économiques, comme l’accès aux moyens de transport et
de communication dans une économie mondialisée, jouent
également un rôle important, notamment pour expliquer la
littoralisation du peuplement et l’urbanisation.
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 3
 2. Le relief peut apporter d’autres éléments explicatifs. De hautes
montagnes tempérées comme les Alpes sont généralement
peu peuplées mais des chaînes tropicales comme les Andes
présentent une densité de population élevée. Les hommes se
sont généralement installés dans les plaines, dans les vallées (le
long des fleuves comme le Nil) et sur les littoraux (Asie de l’Est).
3. Même dans des milieux contraignants, les hommes se
sont installés et ont transformé leur milieu. Au Groenland,
la littoralisation s’explique par la proximité des ressources
maritimes et se manifeste par l’urbanisation. En Afghanistan,
le plateau élevé et aride de Ghazni a été transformé par
l’agriculture irriguée. Les rizières en terrasse au Vietnam
permettent de surmonter les contraintes du relief et de retenir
l’eau de la saison des pluies. De même, la forêt (ici au sud du
Brésil) est transformée par les hommes qui y sélectionnent
des espèces et y défrichent de vastes zones destinées à la
production agricole. Ces mises en valeur peuvent conduire
les hommes à menacer leur milieu (ex. : pollution de l’eau et
des sols) et à mettre en place des politiques de protection.
4. Le paragraphe pourra être construit autour de trois idées
principales.
– Des hommes se regroupent dans plusieurs grands foyers
de peuplement.
– Le climat comme le relief sont des facteurs explicatifs de ce
peuplement mais ils sont loin d’être les seuls. Même si l’aridité,
l’humidité et le froid sont des contraintes importantes, les
hommes sont capables de s’y adapter pour en exploiter les
ressources.
– Les milieux résultent donc des interactions entre des données
physiques et les actions des sociétés dans un espace donné.

Grille possible de mise en œuvre pédagogique

Thème 1 – Sociétés et environnements : des équilibres fragiles Durée : 12-14 heures

Problématique : Pourquoi les relations entre les hommes et leur milieu sont-elles en transition ?

Plan de la séquence Travail en classe / scénario pédagogique Notions Compétences travaillées

Séance 1 Repères p. 18-19 Milieu - environnement Maîtriser et utiliser des repères

Introduction Répondre aux questions spatiaux
Des relations complexes entre
les hommes et leur milieu

Séance 2 Correction des activités réalisées à la maison : Changement climatique Identifier les contraintes d’une
EDC 1 (p. 20) ou 2 (p. 24) réalisation du bilan en classe p. 23 Adaptation situation géographique

Séance 3 Cartes p. 30-31 Aléa Confronter des situations

Chapitre 1 Vulnérabilité géographiques de localisations
Travail à la maison :
Cours 1 – Des sociétés menacées différentes
exemple 2 p. 38
par une aggravation des risques

Séance 4 Correction de l’exemple 2 p. 38 Politique d’adaptation Argumenter à l’oral

Chapitre 1 Transition
Trace écrite sous forme de carte mentale Réaliser une production graphique
Cours 2 – Des sociétés en quête environnementale
d’une adaptation durable aux risques

Séance 5 Cartes p. 50-51 Enjeux sur les ressources Analyser des cartes
Chapitre 2 énergétiques
Cours 1 – L’énergie, une ressource
majeure sous pression

Séance 6 Remplir le tableau p. 61 Transition énergétique Construire une argumentation

Exemple 2 – L’Australie, riche en géographique
Travail à la maison :
énergie fossiles, peut-elle réussir
exemple 4 p. 63
sa transition énergétique ?

Séance 7 Correction de l’activité Énergie fossiles/ Savoir lire et comprendre une carte
Exemple 4 – L’Allemagne peut-elle Travail à la maison : renouvelables et un document statistique
abandonner le nucléaire sans recourir réalisation du croquis de synthèse p. 72
davantage au charbon ? + répondre aux questions sur la France

Séance 8 Correction du croquis de synthèse p. 72-73 Gestion des risques Confronter des situations
Chapitre 3 Analyse des doc. p. 74-75 pour l’accroche géographiques de localisations
Cours 1 – Faire face aux risques différentes
en France

4
 Plan de la séquence Travail en classe / scénario pédagogique
Séance 9 Remplir le tableau p. 87
Exemple 3 – La Guadeloupe, une
île menacée par le changement
climatique ?
Séance 10 Partir du doc. 1 p. 81 : quel milieu ? pourquoi
Cours 2 – Des milieux à valoriser le protéger ? comment le protéger ?
et à ménager
Séance 11 Remplir le schéma fléché
Exemple 2 – La production de sapins
de Noël, un atout pour le Morvan ?
Séance 12 Analyse de documents : L’évolution de la consommation énergétique
Évaluation cognitive et mondiale p. 66
méthodologique
Étude de cas 1
Comment les Pays-Bas affrontent-ils
les conséquences du changement
climatique ? p. 20-23
Introduction sur l’enjeu de cette étude de cas
Comme étude de cas possible, le programme propose de se
pencher sur le changement climatique et ses effets sur un
espace densément peuplé. Or, les Pays-Bas sont un exemple
d’extrême anthropisation du milieu : 35 % du territoire actuel
a été gagné sur la mer. Or, une grande partie des polders est
urbanisée et occupée par des activités économiques majeures
(ports, industries, agriculture d’exportation…). Le pays se
classe donc au 12e rang mondial pour l’exposition aux aléas
(inondations fluviales et submersions marines). Pour les élèves,
c’est l’occasion de prendre conscience que les risques touchent
aussi des territoires proches d’eux et que ceux liés à l’eau sont
bien plus élevés que les très médiatisés mais plus exceptionnels
risques tectoniques. Or, la société néerlandaise s’est construite
sur le paradigme d’une maîtrise totale du milieu par l’ingénierie :
le système de digues et de stations de pompages conçu depuis
le XIIe siècle, renforcé et complété par les barrages fixes et
mobiles du plan Delta (1953-1986), doit faire face à un aléa
susceptible de se produire une fois tous les 10 000 ans en
zone urbaine (un tous les 4 000 en zone rurale). Cependant,
depuis la fin du XXe siècle, le changement climatique et le
développement de courants de pensées environnementalistes
poussent à revoir les modes de gestion.
A Pourquoi le changement climatique
aggrave-t-il les risques aux Pays-Bas ? p. 20-21
Présentation des documents
Cette première étude de l’année permet la mise en œuvre des
démarches géographiques de base. Les doc. 1 à 3 permettent de
montrer les interactions homme/environnement. Ils remettent
en question le déterminisme du milieu sur l’homme, tout
comme ils relativisent l’idée d’un affranchissement total de
l’homme par rapport à son milieu. Les notions de risque et
Notions Compétences travaillées
Politique d’adaptation Mettre en œuvre une analyse
à différentes échelles
Acteurs et outils Réaliser une production graphique
de la protection
Politique de protection Réaliser une production graphique
Analyser un graphique
de vulnérabilité peuvent recevoir ainsi un premier emploi en
dissociant l’aléa (les inondations), l’exposition de la société (les
régions les plus peuplées et urbanisées) et la vulnérabilité (les
dommages seraient très élevés si une inondation se produisait).
Le doc. 4 montre le haut degré de technologie hydraulique
atteint. Il peut servir d’exercice pour vérifier la compréhension
des enjeux : les élèves y retrouvent les notions de milieu,
polder, urbanisation, risque, vulnérabilité, aménagements
hydrauliques… On peut leur faire mettre en œuvre la démarche
de description du document/mobilisation des notions.
La notion de changement climatique peut être abordée
dans un dernier temps. La seconde moitié du texte (doc. 5)
permet de repérer ses effets sur le milieu, à partir desquels
on peut rechercher les conséquences pour la société d’abord
directement dans le texte, puis en observant la carte 1 et la
photo 4, pour développer chez les élèves le réflexe du dialogue
entre documents.
Les prévisions du GIEC pour les Pays-Bas (doc. 3)
Le GIEC prévoit aux Pays-Bas une élévation du niveau de la
mer comprise entre 10 et 90 cm d’ici 2100. Mais de nombreux
polders sont en outre affectés par une importante subsidence,
en partie naturelle, en partie liée au pompage massif de l’eau,
qui pourrait atteindre 10 cm dans ce même temps. Le plan
Delta 2 (2008) se base donc sur une augmentation de 130 cm
pour renforcer les digues et continuer à offrir le même niveau de
protection aux populations. En effet, le GIEC prévoit également
une baisse de la fréquence des tempêtes, mais un renforcement
de leur intensité. Quant aux fleuves, les hivers moins froids
mais plus humides devraient gonfler leur débit.
La compétence travaillée dans cette première partie de l’étude
de cas est l’identification des contraintes d’une situation
géographique. Elle permet donc d’établir les interactions
entre l’homme et l’environnement.
Réponses aux activités
Itinéraire 1
Le plan de l’article attendu pourrait s’organiser ainsi.
– Les Pays-Bas, un milieu très contraignant : un territoire gagné
sur la mer ; une société très exposée au risque d’inondation.
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 5
 – Un système traditionnel de protection ingénieux et efficace :
un système de digues et de stations de pompages qui permet
l’existence des polders ; un plan Delta constitué d’ingénieux
barrages mobiles.
– Un système aujourd’hui remis en question par le changement
climatique : des risques qui s’aggravent ; des aménagements
qui doivent se renforcer.
Itinéraire 2
1. Le territoire des Pays-Bas est en grande partie gagné sur la
mer : ces territoires sont des polders, ils se situent donc sous
le niveau de la mer. Ils sont par conséquent confrontés aux
inondations côtières ainsi qu’aux inondations fluviales, puisque
de nombreux fleuves traversent le pays du sud au nord (c’est
le delta du Rhin).
2. Or, la société néerlandaise se concentre justement dans les
polders : c’est là que les régions les plus densément peuplées
et les principales villes se situent. Une part importante de la
population est donc menacée. En outre, les activités agricoles,
industrielles et portuaires s’y concentrent également : en cas
d’inondations, les dégâts seront très élevés.
3. Le changement climatique provoque une élévation du niveau
de la mer, une augmentation de la violence des tempêtes et
un renforcement des précipitations. Le risque d’inondations
venues de la mer ou des fleuves augmente donc fortement. Les
digues et barrages existants ne sont donc plus suffisants, même
si pour l’instant ils fonctionnent encore correctement. Tout le
système, pourtant très étendu, doit donc encore se renforcer.
B Comment les Pays-Bas adaptent-ils
leur politique de gestion des risques ? p. 22
Présentation des documents
L’étude du doc. 6 peut être l’occasion de ré-exploiter la méthode
de description/explication mise en œuvre pour le doc. 4.
La description des changements doit s’articuler à l’analyse
des risques et à leur renforcement (réinvestissement des
notions de la partie A). On peut aussi envisager les documents
comme l’addition de trois exemples différents d’adaptation.
On peut confier chacun d’eux à une partie de la classe, en
faisant réfléchir les élèves aux différences qui existent entre
les méthodes précédentes basées sur la protection, et les
nouvelles méthodes basées sur l’adaptation. L’argumentation
de chacun des cas permet de déboucher sur une comparaison
des solutions. Toutefois, il convient en conclusion de nuancer
le renouvellement des solutions, en précisant qu’elles ne font
actuellement que compléter les méthodes traditionnelles.
L’adaptation aux risques (doc. 2)
Depuis le lancement de « Delta 2 », les Pays-Bas cherchent à
travailler avec l’eau plutôt qu’à la repousser. Le projet « de la
place pour le fleuve », d’un coût de 2,5 à 3 milliards d’euros par
an jusqu’en 2050, intervient en 30 points des principaux fleuves,
leur permettant de déborder. Il faut faire face à la conjonction
d’une augmentation du débit d’hiver avec la fermeture en aval
des barrages mobiles, qui devrait devenir plus fréquente. Les
digues sont repoussées, occasionnant des déplacements de
population (50 familles environ à Nimègue), des lacs de retenue
temporaire sont créés. En outre, sur le littoral à proximité de la
Haye, une vaste réserve de sable de 1 km sur 4, le « Moteur à
sable » (Zandmotor), utilise les courants marins pour recharger
en sable et consolider les dunes de toute la région, fortement
érodées par les aménagements antérieurs. Le développement
6
d’un habitat sur l’eau est devenu emblématique de cette
nouvelle approche, mais en réalité, renforcement et surélévation
des digues restent au cœur des solutions : dans une société
forgée dans la lutte contre la mer, l’usage protecteur de la
dépoldérisation reste très limité.
Réponses à l’activité
1. Le projet du Waal repose sur la destruction de digues qui
protégeaient la ville. Plutôt que de contenir le fleuve en évitant
les inondations, le projet lui laisse beaucoup plus de place,
en désignant des espaces qui peuvent être inondés. Cette île
inondable est consacrée aux loisirs et n’est pas habitée, les
inondations n’y sont donc pas un risque. Ce projet repose donc
sur l’idée que les inondations sont un phénomène naturel, qu’il
faut laisser se produire, et non empêcher par un système de
digues. Cependant, des digues existent toujours, plus loin, en
cas d’inondations très importantes, en raison de la présence
de la ville principale, qu’on ne peut pas déplacer.
2. Les doc. 7 et 8 traitent tous deux du problème des villes
construites sur les polders, notamment Amsterdam, Rotterdam,
Almere… Cependant, ils proposent des solutions radicalement
différentes : le doc. 7 propose d’accepter la présence de l’eau,
en installant les logements au-dessus et en laissant son niveau
varier. En revanche, le doc. 8 invite à se mettre hors d’atteinte
de l’eau en surélevant le territoire. Il suggère donc une forme
de réaménagement des polders. Le doc. 7 correspond donc
mieux à l’idée de « travailler avec la nature plutôt que contre
elle » (doc. 8).
Bilan de l’étude de cas 1 Comment les
Pays-Bas affrontent-ils les conséquences
du changement climatique ? p. 23
Retenir l’essentiel
Les Pays-Bas : une nécessaire adaptation
au changement climatique
Une société néerlandaise très exposée aux risques d’inon­
dations : de fortes densités et une concentration du potentiel
industriel, portuaire et agricole dans des espaces gagnés sur
la mer (les polders) et/ou situés le long de grands fleuves.
Une gestion des risques efficace : de nombreux ouvrages de
défense (digues, stations de pompage, barrages mobiles) qui
permettent de maîtriser les aléas, en réparant ou renforçant
les protections au besoin.
Un changement climatique qui vient perturber cet équilibre :
en aggravant les risques (élévation de la mer, renforcement des
tempêtes et des risques d’inondations fluviales). De nouvelles
méthodes de gestion s’imposent donc, fondées sur l’adaptation,
d’autant que les méthodes traditionnelles prouvent leurs limites
avec l’affaissement et la salinisation des sols par exemple.
Schématiser l’essentiel
Les Pays-Bas face au défi du changement climatique
Amsterdam
Mer du Nord
Rotterdam
De l’étude de cas... au monde
1. Les Pays-Bas font en effet partie des États les plus exposés
aux risques à l’échelle mondiale, bien que le pays se trouve
à l’écart des zones de risque tectonique ou des trajectoires
cycloniques. L’élévation du niveau de la mer durant le siècle
à venir devrait également y être forte, aggravant encore les
risques, même si de nombreux autres territoires (Amérique du
Nord, côte ouest de l’Afrique…) semblent davantage menacés
par la conjonction de l’élévation du niveau de la mer et de
l’aggravation de la sécheresse.
2. Les Pays-Bas offrent en revanche une très faible vulnérabilité
aux risques (carte p. 43), en raison des moyens déployés pour la
protection du territoire et des sociétés. Cette vulnérabilité est
en effet très fortement reliée au niveau de richesse des pays :
les plus riches sont les mieux préparés face aux catastrophes,
alors que les plus vulnérables au changement climatique sont
systématiquement des pays très pauvres.
Étude de cas 2
Peut-on concilier exploitation
et protection de l’Arctique ? p. 24-27
Introduction sur les enjeux de cette étude de cas
Comme étude de cas possible, le programme propose de
se pencher sur l’Arctique en étudiant ses fragilités et son
attractivité. Dans le contexte de changement climatique
mondial, l’Arctique est un territoire « laboratoire » de la transition
environnementale, les températures s’y élevant 2,5 fois plus
vite qu’ailleurs. La région est donc une étude de cas adaptée
pour entrer dans le chapitre 1 sur les risques. C’est une région
aux limites spécifiques dont la plus simple est celle de l’espace
au-delà du cercle polaire arctique. La question des ressources
y est essentielle puisqu’il s’agit d’un front pionnier renouvelé
(chapitre 2). Quelques mines sont anciennes (charbon de Sibérie
Un territoire à risque
territoire continental
polder
grande agglomération
fleuve
menace maritime
(inondation, tempête)
Un territoire durablement protégé ?
digue renforcée
élargissement des rives
Rh
in
ou du Svalbard) mais la fonte actuelle de la banquise réactive
l’idée d’une valorisation maritime accrue de ressources variées :
or, diamants, étain, plomb, zinc, nickel, fer, uranium, terres rares,
pétrole (13 % des réserves mondiales), gaz (30 % des réserves
mondiales) et pêche. Or, l’accessibilité s’améliore avec des routes
maritimes (nord-ouest et nord-est) plus longtemps ouvertes
(3-4 mois ou plus avec des brise-glaces en hiver) et plus courtes
que celles passant par Suez ou Panama. On aménage des ports
industriels (Sabetta en Russie) avec des acteurs divers (FTN,
armateurs, États). La contestation de certaines limites de ZEE
(Zone économique exclusive) traduit l’enjeu politique (tensions
en mer de Beaufort entre Canada et États-Unis depuis 1976
pour l’attribution de concessions pétrolières).
A Pourquoi le changement climatique
fragilise-t-il l’Arctique ? p. 24-25
Présentation des documents
Les quatre documents (carte, courbes, photographie et article
de presse) vont permettre d’atteindre la capacité proposée et
de s’approprier la notion géographique de contrainte, définie
comme une limite géographique ou économique freinant
le développement des sociétés. On peut imaginer la piste
suivante autour du doc 3. La description de la photographie
(doc. 3 - Svalbard) souligne le caractère majeur du lieu, le froid.
La neige et le sol gelé ne permettent pas de cultiver (pas de
champs visibles) et il n’y a ni villages ni hommes. Enfin, on voit
des adaptations à la contrainte du froid. La conduite d’eau,
calfeutrée dans un coffrage, est bâtie sur des pilotis ancrés
en profondeur dans le sol gelé. La piste en terre est surélevée,
grâce à des travaux de terrassement. Le recours aux techniques
peut donc humaniser ce milieu très contraignant. Toutefois,
le changement climatique intensifie le dégel… le sous-sol se
ramollit et les pilotis cèdent.
Les documents permettent également de cerner l’ampleur
du changement climatique en Arctique au travers de critères
variés (doc. 2 et 4).
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 7
 Le changement climatique en Arctique (doc. 2) pilotis enfoncés jusqu’à 20 m dans le pergélisol). La réussite est
telle que la FTN est pressentie par Novatek pour le projet Arctic
Le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur le
LNG 2 (péninsule de Gydan), voulu opérationnel en 2023. Le
changement climatique) est fondé en 1988. Le 7e rapport sur
défi d’une exploitation généralisée du potentiel de ressources
l’état du climat, édité en 2018, a été commandé par les 195
bute sur le froid toujours contraignant et sur la cherté des
États membres. Ils veulent être informés des conséquences
technologies à utiliser. L’exploitation n’est rentable que si les
possibles d’un réchauffement (en bonne partie dû aux émissions
prix des hydrocarbures sont élevés. Shell a renoncé à tous ses
humaines de gaz à effet de serre comme le CO2 et le méthane)
permis de prospection au nord de l’île canadienne de Baffin en
de +1,5 °C (prévu entre 2030 et 2052) ou de +2 °C par rapport
2016. Enfin, les grands ports arctiques sont rares et les arrière-pays
à la température moyenne de 1800-1850. En Arctique, la
quasi vides de clientèle. La carte (doc. 6) souligne l’accessibilité
banquise se rétracte, 12,5 millions de km2 sur la période 1981-
maritime avec 3 routes : le passage du Nord-Ouest, du Nord-Est et
2010 contre 10,5 millions de km2 en décembre 2016. Elle serait
le pont Arctique (Canada-Mourmansk). À l’été 2017, un méthanier
susceptible de fondre totalement en été une fois par siècle
a franchi sans escorte de brise-glaces le passage du Nord-Est
avec un réchauffement à +1,5 °C ou une fois par décennie à
(PNE) pour un trajet Europe-Asie écourté (Rotterdam-Japon :
+2 °C. La fonte de la calotte groenlandaise s’accélère : perte
23 470 km par Suez et Malacca contre 13 360 km par le PNE).
de 34 Gt d’eau par an entre 1992-2001 contre 281 Gt par an
Mais l’accessibilité reste aléatoire même en été. Il faut naviguer
entre 2002 et 2016. Paradoxe : des incendies gigantesques ont
avec des vents violents, des brouillards, dans la nuit polaire et
ravagé l’île en été 2017.
éviter les icebergs dérivants croissants non cartographiés.

Réponses à l’activité Les paradoxes environnementaux du tourisme

arctique (doc. 6)
ENVIRONNEMENTS SOCIETES
Un vaste – Froid : des espaces – Peu d’hommes : 7 millions Le tourisme arctique, 2 millions de personnes en 2018, a été
désert… recouverts de glace d’habitants en 2019 et une multiplié par 4 depuis 1990. Un paquebot de luxe géant, le
(inlandsis, pergélisol, seule grande ville dans «Crystal Serenity» (255 mètres de long, 1 700 passagers) a fait
banquise d’été) la limite du cercle polaire sa 1re croisière en été 2016 de Seward (Alaska) à New York. Mais,
– Froid : rareté de la arctique (Mourmansk en en septembre 2018, 2 navires du français Ponant ont dû annuler
végétation (les rennes Russie) le trajet Groenland-Alaska… déjà trop englacé. Ce tourisme
se nourrissent de lichens – Des activités marquées
fragilise aussi la faune polaire et amène des espèces invasives.
et de mousses poussant par le nomadisme même
Au Svalbard, on compte 40 000 touristes pour 2 700 habitants
sous la neige) si ce dernier décline (on
– Immensité : espace au parle de « rennes semi- « fixes » et 3 000 ours blancs. Malgré des normes strictes, des
nord du cercle polaire domestiques » : élevage de pollutions sont présentes : déchets plastiques, rejets de l’eau
rennes avec déplacements
arctique (plus de 21 millions des lave-vaisselle, des toilettes, des douches par certains navires,
de km2 occupés aux 2/3 pardes troupeaux sur de vastes fuel lourd utilisé, danger de collision. Le Code polaire entré en
l’océan Arctique) surfaces afin de trouver des vigueur au 1er janvier 2017 entend règlementer strictement ce
pâturages) « tourisme de la dernière chance » (visiter un lieu avant qu’il
… – Fonte de la glace sur terre – Accessibilité plus aisée ne soit irrémédiablement modifié).
transformé (inlandsis groenlandais et mais gel/dégel plus intense
par pergélisol) qui fragilise certaines
le – Fonte de la banquise infrastructures placées sur Le partage de l’océan Arctique (doc. 6) est l’objet d’un défi
changement (eau salée) et accessibilité pilotis politique. Malgré l’accord historique entre la Norvège et la
climatique croissante des espaces – Activités traditionnelles Russie en 2010, des litiges sur les limites des ZEE perdurent
maritimes d’élevage modifiées comme celui de l’île Hans (enjeux pétroliers) entre Canada
– Rejet de Gaz à effet (la qualité nutritive des et Danemark. La Russie veut étendre sa ZEE (en 2007, elle
de serre contenus dans pâturages diminue ; l’apport a planté un drapeau au droit du pôle nord en pleines eaux
le pergélisol alimentaire fourrager est internationales) et trouve l’opposition des États-Unis.
– Littoraux soumis cher) : déclin de l’élevage
à une érosion et/ou essor de tensions Réponses à l’activité
– Création sur le sol d’une entre éleveurs
très dure couche de glace – Explosion d’activités Malgré le réchauffement et la plus grande accessibilité
superficielle (une sorte nouvelles avec prospection/ apparente, quatre défis se posent.
de « croûte ») liée aux exploitation d’énergie – Défis technologiques et financiers (doc. 5) : nécessité
fréquentes alternances (hydrocarbures, vent) et de d’équipements spécifiques comme les navires brise-glaces
de gel et de redoux mines ; essor du tourisme. en hiver. L’usine de GNL associe des FTN de trois États
Quelle co-existence entre (Russie, France, Chine). Cette entente permet de partager les
les Samis et les nouvelles technologies nécessaires à la construction et à l’exploitation
populations ?
du site mais aussi d’en partager le financement.
B Quels défis pose l’attractivité – Défis économiques (doc. 4 et 6) : les activités sont nombreuses
mais sont-elles compatibles ? Tourisme, pêche, hydrocarbures et
croissante des ressources de l’Arctique ? p. 26 minerais sont localisés dans les espaces maritimes norvégiens et
Présentation des documents russes (doc. 6) et les espaces terrestres lapons (doc. 4). On apprend
Sabetta (péninsule de Yamal – doc. 5. est le symbole du front que les pratiques d’élevage semi-nomade des Samis entrent
pionnier énergétique renouvelé. L’usine sibérienne géante de en concurrence avec les prospections/exploitations minières.
GNL (gaz arctique = 30 % du gaz russe), inaugurée en 2017, – Défis environnementaux (doc. 4, 5 et 6) : accessibilité difficile
est bâtie grâce aux technologies inédites de Total (milliers de en hiver (doc. 5) malgré des routes maritimes libres de glace en

8
été (doc. 6) ; mention de pollutions (doc. 6) ; perte de poids des
rennes car la fréquence gel/dégel forme une croûte de glace
empêchant la quête de nourriture des cervidés (doc. 4) ; routes
maritimes (doc. 6) avec des risques de collision et de marées noires.
– Défis politiques (doc. 6) : mention des ZEE (espace marin
large de 200 milles nautiques dans lequel l’État côtier dispose de
droits exclusifs sur l’exploration et l’exploitation des ressources) ;
mention de litiges (depuis 1976 en mer de Beaufort entre Canada
et États-Unis ou entre Canada et Danemark à propos de l’île de
Hans) ; passage au détroit de Béring dit « géostratégique ». Il
est très étroit (80 km max) et qui le contrôle ?
Peut-on concilier
Bilan de l’étude de cas 2
exploitation et protection de l’Arctique ? p. 27
Retenir l’essentiel
L’Arctique, entre exploitation et protection
Un milieu en mutation
– Des mutations environnementales : hausse des températures,
fonte de la glace terrestre et de la banquise, érosion littorale
accrue, faune perturbée.
Anchorage
Alaska
(ÉTATS-
UNIS)
CANADA
Pôle Nord
Groenland
(DANEMARK)
Mourmansk
Arkhangelsk
NORVÈGE
ISLANDE
De l’étude de cas... au monde
1. Le changement climatique affecte inégalement le monde :
la hausse du niveau marin pénalise plus les États insulaires
(îles de l’océan Indien, Indonésie, Japon…) ou les États ayant
de grands deltas densément peuplés (États-Unis, Nigeria,
Égypte, Inde, Bangladesh, Vietnam, Chine…). L’Arctique peu
peuplée est épargnée humainement parlant sur le plan des
« déplacements climatiques » à opérer.
– Des mutations sociales : activités traditionnelles des
populations autochtones perturbées face à l’essor d’activités
(surtout extractives) et de populations nouvelles (dont
touristes).
Une attractivité, source de tensions
– Des ressources sous pression : un front pionnier renouvelé
(ressources diverses) par la perspective d’une plus grande
accessibilité. Des risques environnementaux accrus : marées
noires, pollutions, faune perturbée par l’essor des activités
(extraction, tourisme). Des conflits d’usage (terre, eau,
pâturages…) et des rivalités économiques entre acteurs
variés (populations locales semi-nomades, FTN arctiques et
« étrangères », États).
– Un espace maritime convoité : des frictions sur la délimitation
des ZEE des cinq États riverains de l’océan glacial Arctique. Des
demandes d’extension parfois conflictuelles des ZEE sur les
eaux internationales de la région du pôle Nord.
Schématiser l’essentiel
Titre : L’Arctique entre mutations et tensions
Un milieu en mutation
désert froid
Iakoutsk inlandsis et banquise en recul
fonte de la banquise d’été
croissance urbaine
RUSSIE
Une attractivité, source de tensions
hydrocarbures et minerais
Nižnevartovsk
tourisme de croisière
Surgut
pêche
Syktyvkar route maritime libre de glace l’été
litige frontalier
2. Tous les territoires produisant de l’énergie ne font pas l’objet
de tensions. Le critère de la consommation des ressources par
rapport aux disponibilités nationales montre une situation
sereine (regroupement des informations inférieure et très
inférieure) pour l’essentiel de l’Amérique latine (hormis le
Venezuela et le Chili), de l’Afrique noire centrale, du Canada
et de la Russie.
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 9
 CHAPITRE

1 Les sociétés face aux risques

Introduction Bibliographie
L’étude des interactions hommes-environnement vise à dépasser l’idée
d’aléas naturels menaçant les sociétés humaines. Si la distinction risque M. REGHEZZA-ZITT, « Des hommes et des
risques, menaces locales, menaces globales »,
naturel/technologique s’affaiblit, c’est bien car tous les risques sont humains.
la Documentation Photographique,
D’une part, c’est l’exposition de la société qui crée le risque. D’autre part, n° 8 113, septembre-octobre 2016.
l’aménagement des milieux peut, selon les cas, aggraver les aléas naturels ou
au contraire protéger les hommes contre eux, voire les deux comme les digues P. PIGEON et J. REBOTIER, Les politiques
aux Pays-Bas. De même, les risques technologiques sont considérablement de prévention des désastres, Iste, 2017.
renforcés par les aléas naturels : la notion de risque Natech (à la fois naturel M-F. DURAND, « Changements climatiques »,
et technologique) a été créée pour rendre compte d’une réalité évidente Espace mondial, l’atlas 2018,
depuis la catastrophe de 2011 au Japon (un séisme cause d’un accident Presses de Sciences Po, 2018.
nucléaire). Le changement climatique participe aujourd’hui à cette étroite X. LABORDE, « Ouragans aux Caraïbes,
imbrication du naturel et de l’humain, puisque l’action humaine modifie et symboles du dérèglement climatique ? »,
renforce les aléas naturels. Carto, n° 44, novembre-décembre 2017.

L’expression « société du risque », créée en 1986 par le sociologue Ulrich Beck,

semble bien adaptée à l’extension de la notion et son omniprésence actuelle.
Cette dernière est liée à une sensibilité accrue des individus, qui conduit à
étiqueter comme risque des éléments qui n’en étaient pas auparavant (la
consommation d’OGM, les vaccins…). Mais c’est également la conséquence
de très grandes catastrophes comme le cyclone Katrina aux États-Unis en 2005
ou le tsunami de Fukushima en 2011 (respectivement 2e et 1e catastrophes
les plus coûteuses de tous les temps) ainsi que du changement d’échelle des
risques. Des aléas locaux peuvent désormais avoir des conséquences mondiales :
l’éruption volcanique de l’Eyjafjöll (Islande, 2010) a paralysé le trafic aérien
européen (70 % du trafic aérien bloqué au plus fort de la crise) ; le tsunami
asiatique de 2004, en touchant des zones du tourisme international, a endeuillé
des familles du monde entier (une cinquantaine de nationalités parmi les
victimes). Enfin des risques environnementaux globaux apparaissent, comme
l’acidification des océans sous l’effet du changement climatique.
Sitographie
Un site de vulgarisation sur le changement
climatique : www.climat-en-questions.fr
Un dossier « les relations nature-sociétés face au
changement global » sur le site geoconfluences.
ens-lyon.fr, dernière mise à jour avril 2019.
Un atlas sur les risques Atlas of the Human planet
(2017) : global exposure to natural Hazards, sur
le site de la Commission européenne ec.europa.
eu. : https://ec.europa.eu/jrc/en/publication/
eur-scientific-and-technical-research-reports/atlas-
human-planet-2017-global-exposure-natural-
hazards

L’objectif est donc de faire saisir aux élèves la complexité de ces relations
homme-environnement en analysant quelques exemples de risques. Comme
les caractéristiques des sociétés influencent fortement le type de rapport
homme-environnement et les risques qui en découlent, en fonction du niveau
de richesse (pays développés/en développement) ou du type d’environnement
(littoraux/montagnes ; zones urbanisées/rurales), le travail sur une étude de
cas doit s’accompagner de la présentation rapide d’une ou deux situations
différentes. Parmi les possibilités offertes, on peut proposer les comparaisons
suivantes : étude de cas sur les Pays-Bas (p. 20-23) / exemple rapide de la
Colombie (p. 38) ; risque de cyclone et tsunami au Japon (doc. 1, 4 et 5
p. 36-37) / en Thaïlande (doc. 1 p. 35 et 41) ; cyclones et inondations aux
États-Unis (p. 28-29, doc. 2 p. 33, doc. 3 p. 35 et p. 42) / en Asie du Sud et de
l’Est (doc. 2 et 3 p. 35, doc. 2 p. 44).

10
 Choix des documents
d’ouverture p. 28-29
La saison cyclonique 2017 dans l’Atlantique Nord a vu se
succéder 13 tempêtes tropicales, dont 8 cyclones, la moitié
d’entre eux d’une catégorie 4 ou 5 (vents supérieurs à 210 km/h).
Les images des inondations de Houston sont particulièrement
marquantes, car si le cyclone Harvey avait perdu de sa puissance
lorsqu’il a atteint la ville (rétrogradé de catégorie 4 à 3), il a
malgré tout entièrement bloqué la ville, dans un pays riche
et développé, même si les structures visibles ne semblent pas
avoir souffert de destructions majeures.
Selon le GIEC, on devrait assister d’ici 2100 à la fois à une
réduction du nombre de cyclones, et à un renforcement de
leur intensité, en raison de l’élévation de la température de
surface de l’océan (elle était de 30 °C là où Irma s’est formé).
La probabilité de survenue du cyclone Harvey était de 1 tous
les 100 ans en 1990, mais sera de 1 tous les 5 ans en 2100.
Réponses aux questions
1. Le doc. 1 montre une métropole puissante et active (soulignée
par le quartier d’affaires très moderne et la densité des
infrastructures routières où passent de nombreuses voitures),
mais la seconde photo montre un quartier entièrement inondé
aux routes désertées, suggérant que le passage du cyclone a
arrêté tout le fonctionnement du quartier d’affaires, dont les
immeubles semblent toutefois intacts.
2. Les États-Unis font cependant face à un niveau de risque faible
par rapport aux autres pays du monde. Cela ne signifie pas que
le risque est nul ou que le pays n’est pas du tout exposé : il est
par exemple exposé aux cyclones, mais il a les moyens d’y faire
face en prévenant ou évacuant la population des inondations,
en édictant des règles de construction garantissant la solidité
des immeubles ou en finançant les travaux de reconstruction.
3. Les catastrophes, surtout quand elles touchent les pays
riches et développés, sont très médiatisées. L’impression
domine d’une multiplication des catastrophes, que l’on met
en relation notamment avec le changement climatique. Les
inquiétudes face à une possible aggravation des risques et
la prise de conscience des inégalités très fortes face à eux
expliquent qu’il s’agisse d’un sujet de société.
Planisphères
Des sociétés vulnérables
aux risques p. 30-31
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
La carte des risques, telle qu’elle apparaît en page 29, combine
de multiples éléments : les aléas, l’exposition des sociétés et
leur vulnérabilité aux aléas, elle-même dépendant largement
de leur degré de préparation face aux risques en général et
aux catastrophes en particulier. Le changement climatique
introduit en outre une dimension dynamique à ce système
complexe. Ce sont les principales composantes du risque
que l’on trouve ici. Le grand planisphère montre l’exposition
générale des États, avec quelques aléas majeurs, mais qui ne
représentent en réalité qu’une petite fraction des aléas et de
leur localisation. Les petits planisphères permettent d’évoquer
la préparation des sociétés et leur inégale vulnérabilité, à la
fois dans leur dimension actuelle et dans leur dynamique,
en introduisant le changement climatique comme facteur
d’aggravation des risques.
L’expression changement climatique désigne une variation
statistiquement significative de l’état moyen du climat tandis
que le réchauffement n’est qu’un aspect de ce changement.
Le changement climatique peut être attribué aux activités
humaines contemporaines qui altèrent la composition de
l’atmosphère et l’équilibre de la biosphère. Certains scientifiques
évoquent le début d’une nouvelle période géologique,
l’Anthropocène, qui débute avec l’industrie et qui fait de
l’homme un agent majeur de l’évolution du climat planétaire.
Cette dénomination reste encore débattue. Quoiqu’il en soit,
les températures moyennes globales augmentent mais avec
des disparités dans l’espace (la hausse est plus marquée sur
l’hémisphère Nord que Sud) et des irrégularités dans le temps (le
réchauffement est très marqué de 1910 à 1940, puis il s’infléchit
entre 1940 et 1970 pour reprendre depuis). Les conséquences
sont déjà nombreuses et visibles par la hausse du niveau des
mers, la hausse des taux d’émission de GES ou encore par des
aléas plus fréquents et plus intenses.
On peut donc guider les élèves dans une comparaison des cartes
entre elles : comparer l’exposition et la préparation permet
de faire comprendre la notion même de risque ; l’exposition
et le changement climatique mettent en valeur les prochains
foyers majeurs de risque ; tandis que l’inégale transition mise
en regard des effets du changement climatique souligne le
paradoxe de l’impréparation des régions les plus menacées.
Réponses aux questions
1. La région la plus exposée aux risques naturels est surtout
l’Asie du Sud et de l’Est, en raison de la concentration à la fois
des cyclones et du risque tectonique ; mais aussi la côte Ouest
du continent américain et l’Amérique centrale. En dehors
de cette “Ceinture de Feu” du Pacifique, l’Europe du Sud et
l’Asie centrale sont aussi touchées par la sismicité, et l’Afrique
semble menacée, sans doute en raison de la prise en compte
des sécheresses et de la montée du niveau des mers.
2. Les risques liés au changement climatique sont inégalement
répartis. Ils se concentrent particulièrement en Afrique, dont
l’exposition aux inondations, sécheresses et glissements de
terrains devrait se renforcer. La façade orientale de l’Amérique
du Sud, assez peu exposée aujourd’hui, pourrait connaître
également une augmentation de son exposition. Enfin, des
régions déjà exposées comme l’Amérique du Nord ou l’Asie
de l’Est pourraient voir les risques notamment d’inondation
se renforcer.
3. Les sociétés peuvent se préparer aux risques pour limiter
leur impact : il s’agit surtout des pays riches et développés
d’Amérique du Nord, d’Europe de l’Ouest, l’Australie, la
Nouvelle-Zélande et le Japon. Cependant, la protection contre
le changement climatique nécessite une action mondiale
collective. Or seuls quelques pays sont réellement engagés
dans cette lutte : des pays riches d’Europe mais aussi certains
grands États en développement comme le Brésil, le Mexique
ou l’Inde. La réduction des risques est donc à la fois inégale
et incomplète.
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 11
 Correction du schéma
Une vulnérabilité inégale face aux risques
région exposée aux risques
mais aux populations mal préparées
région exposée aux risques
mais aux populations bien préparées
région peu exposée aux risques
Cours 1
Des sociétés menacées
par une aggravation des risques p. 32-33
Les documents accompagnant ce premier cours « Des sociétés
menacées par une aggravation des risques » permettent de
répondre à la problématique posée : « Pourquoi les sociétés
se sentent-elles de plus en plus menacées par leur milieu ? ».
Présentation des documents et repères
Le doc. 1 montre les risques induits par le changement
climatique, notamment sur les concentrations humaines
littorales (à croiser avec le doc. 2). Il montre que le changement
climatique ne se limite ni au réchauffement, ni à l’élévation des
océans. Tout en soulignant qu’il s’agit d’un schéma général
qui connaît des variations régionales, on peut proposer ce
document comme outil de référence pour les phases de travail
en autonomie. Le doc. 2 souligne comment les aménagements
humains aggravent les risques. L’imperméabilisation des sols
peut être mise en relation avec le doc. 2 p. 35. La rapidité de
l’aggravation du risque à Houston (quasi-doublement de
population et division par 2 des wetlands depuis 1990) peut
être mise en relation avec le doc. 3. Celui-ci montre un coût
croissant des catastrophes, résultat d’une augmentation à la
fois des enjeux et des aléas (en nombre et/ou en puissance).
On peut comparer aléas tectoniques et climatiques : les
premiers, naturels et aléatoires, voient leur coût multiplié
par 6 depuis 1979, soulignant une vulnérabilité économique
croissante. La croissance bien plus rapide des seconds (x 12)
souligne l’augmentation des aléas en lien avec le changement
climatique.
Peut-on parler d’une multiplication
des catastrophes ?
L’université de Louvain, qui gère la base de données Emdat,
conclut à une multiplication par 4 entre la décennie 1970 et celle
qui vient de s’écouler. Mais les difficultés de comparaison sont
multiples (P. Pigeon et J. Rebotier) : enregistrement de mieux en
mieux réalisé (pays en développement), nouveaux aléas mieux
pris en compte (canicules en France depuis 1997). Cela gonfle
les chiffres du nombre de catastrophes, tandis qu’à l’inverse,
l’amélioration de la préparation en évite de nombreuses…
En revanche, l’écart croissant entre aléas tectoniques et aléas
climatiques permet de déceler très nettement les effets du
changement climatique.
Le Repère permet d’aborder la notion de vulnérabilité, très
abstraite, par l’exemple et la comparaison. Les données
12
moyennes sur 10 ans (lissage de la variabilité
annuelle) soulignent une exposition
comparable, mais une vulnérabilité
différenciée. En terme humain, la préparation
du Japon limite ses pertes (à nuancer
toutefois). En terme économique, la fragilité
du Japon, réelle, ne doit pas éclipser celle
d’Haïti (forte désorganisation économique
et sociale induite par les catastrophes).
Capacités et méthodes
L’aléa, ici le cyclone, se produit dans un milieu constitué d’une
vaste plaine marécageuse. Or des aménagements ont entraîné
l’urbanisation et l’imperméabilisation des sols, tandis que le
changement climatique, induit par les sociétés humaines,
renforce l’aléa cyclonique et provoque une élévation du niveau
de la mer, aboutissant à une catastrophe.
Cours 2
Des sociétés en quête d’une
adaptation durable aux risques p. 34-35
Les documents accompagnant ce second cours « Des sociétés
en quête d’une adaptation durable aux risques » permettent de
répondre à la problématique posée : « Comment les sociétés
répondent-elles à l’aggravation des risques ? ».
Présentation des documents et repères
Le doc. 3 présente des méthodes de prévention traditionnelles
en dépassant l’opposition riches/pauvres. La prévision met à
l’abri les populations, mais la prévention pose des questions
économiques : précarité de l’habitat au Bangladesh (d’où
abris collectifs), coût trop élevé de la protection des enjeux
à New York. L’entretien de la mémoire du risque par les
assureurs peut être reliée à l’exemple du Japon (doc. 3
p. 37). Le document est l’occasion de faire énumérer aux
élèves les formes de prévention qu’ils connaissent (PPMS,
lois…). Le repère montre les effets pervers de certaines
formes de protection. Les doc. 1 et 2 présentent des formes
plus récentes de gestion des risques. La transformation
durable de l’environnement par le changement climatique
conduit à une adaptation des sociétés. Le doc. 1 expose une
des nombreuses actions de replantation de la mangrove.
L’exemple s’intègre parmi de nombreuses utilisations des
plantes pour stabiliser le milieu (arbres pour fixer le désert ou
les pentes des forêts tropicales…). Le caractère embryonnaire
de l’opération et son utilisation à des fins de communication
peuvent être soulignés. C’est le cas aussi du doc. 2. À l’aide
des planisphères p. 30-31 et du doc. 1 p. 33, on peut faire
comprendre aux élèves l’intérêt du programme des villes-
éponges pour les villes chinoises. On peut aussi souligner
la parenté de cette démarche avec celle du doc. 1, ou avec
les techniques récentes des Pays-Bas (EDC p. 20-23) : il s’agit
là-encore de vivre avec la nature, y compris avec des aléas
plus violents, sans s’opposer à elle.
La notion de résilience (propriété d’un organisme à revenir à
l’équilibre après une crise) s’est largement diffusée malgré sa
polysémie : elle désigne le processus de rétablissement après
une catastrophe, ou bien les propriétés de résistance aux
 chocs de certaines sociétés, ou encore un retour à la situation
initiale, ou la naissance d’un nouvel équilibre. Au cœur du
programme de gestion des risques des Nations Unies, le Cadre
de Sendaï (3e axe : « investir dans la réduction des risques de
catastrophes pour renforcer la résilience »), elle est déclinée
dans de nombreuses politiques nationales ou locales (ex. : les
« 100 resilient cities » de la fondation Rockefeller). Pourtant, des
géographes comme Samuel Rufat critiquent une notion qui
stigmatise les sociétés ou individus les plus pauvres, qui n’ont
pas les moyens de réduire leur vulnérabilité.
Capacités et méthodes
1. Le doc. 2 présente un programme mené par une association.
Il s’agit donc d’une forme de publicité, qui présente le principe
des villes-éponges mais non leur mise en place ou leurs résultats
réels.
2. Le doc. 3 provient d’une société d’assurance : il évalue
donc les résultats des politiques de gestion des risques de
façon objective, puisque la meilleure des gestions doit limiter
les coûts pour l’entreprise. Cependant, il se focalise sur des
résultats à relativement court terme. En revanche, le doc. 1
est probablement une photographie de presse : le fait que
les planteurs arborent une tenue uniforme indique que l’on
cherche à faire la promotion de cette action. En outre, il s’agit
d’un projet à long terme, dont les retombées ne peuvent pas
encore être évaluées.
Exemple 1
Pourquoi le Japon, leader mondial
de la gestion des risques, reste-t-il
vulnérable ? p. 36-37
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Avec une exposition très élevée aux aléas (4e rang mondial), le
Japon constitue un territoire aux contraintes extrêmes (doc.
1 et 5), compensées par un très haut niveau de gestion des
risques (3e capacité mondiale de réaction aux crises, selon le
World Risk Report). Malgré la bonne connaissance de ce cas
par les élèves (cours de collège, reportages…), que l’on peut
mobiliser en entrée de séance, l’exemple est propice à une
démarche argumentative et nuancée. L’efficacité de la gestion
des risques, soulignée ici par les doc. 2 et 4, ne suffit pas à
surmonter totalement ni la violence des aléas (doc. 2 et 3), ni
leur diversité (doc. 1 et 5), ni le vieillissement de la population
(obstacle aux évacuations). Les doc. 3 et 5 en particulier posent
la question des formes prises par la gestion des risques : la
protection (digues et talus), l’information/évacuation (doc.
4 et 5), le déplacement des zones habitées (doc. 3 et 5) sont
toutes des solutions mises en œuvre, mais qui nécessitent des
arbitrages (entre prévention des séismes et des conséquences
du changement climatique, doc. 5).
Les séquelles du tsunami de mars 2011 (doc. 3)
Les séquelles du tsunami de mars 2011 sont encore très
présentes, notamment par le problème des déplacés (380 000
personnes pour le tsunami, 180 000 pour l’accident nucléaire
de Fukushima). Une partie d’entre eux vivent encore dans les
logements d’urgence, les travaux de reconstruction devant
durer dix ans environ. La surmortalité de cette population est
telle que désormais dans le département de Fukushima, elle
excède celle du tsunami. Le retour dans les zones reconstruites,
rurales et éloignées des centres de l’économie, reste très partiel :
Minamisanriku, qui comptait 17 000 habitants en 2011 et en
a vu périr 800, n’en compte plus que 13 000, les plus jeunes
étant partis. Dans les zones contaminées réouvertes autour de
la centrale, 23 % de la population en moyenne s’est réinstallée,
surtout les plus âgés et les plus pauvres, contraints par la fin
des aides de l’État (mars 2018).
Compte tenu de la thématique du chapitre 1 sur les risques,
même si d’autres compétences sont mobilisées, la compétence
travaillée dans l’ensemble des exemples est l’identification des
contraintes d’une situation géographique. C’est particulièrement
adapté au cas du Japon.
Réponses à l’activité
1. De nombreux aléas menacent le territoire japonais (séismes,
tsunamis, cyclones, inondations, glissements de terrains).
Certains comme les cyclones et les fortes précipitations sont
renforcés par le changement climatique. Or la société japonaise
occupe ce territoire de façon très inégale : elle se concentre
dans des villes et sur des littoraux très exposés (côte Pacifique),
mais occupe aussi souvent des pentes instables, car l’essentiel
du territoire est montagneux. Par conséquent, la probabilité
que des événements graves affectent la population est élevée.
2. Le Japon met en œuvre de nombreux moyens pour limiter
l’impact des catastrophes : le premier est la prévision, avec un
système d’alerte basé sur la maîtrise de technologies de pointe
(doc. 4). Ce système permet de prévenir la population en cas de
séisme par exemple et lui donne le temps de se mettre à l’abri.
En cas de fortes précipitations, des ordres d’évacuation sont en
outre donnés par les autorités (doc. 5). Des protections contre
les tsunamis (vastes talus parallèles au rivage) sont également
créés pour mettre les villages et infrastructures hors de portée
des vagues. Enfin, des déplacements de populations hors des
zones les plus risquées sont organisés : c’est le cas des habitants
des montagnes situés dans des zones à risque d’inondation,
tout comme celui des habitations sur le littoral dévasté par le
tsunami de 2011. Les habitations sont reconstruites en sommet
de colline, et non au bord de la mer comme précédemment.
3. Le doc. 5 montre que les maisons en bois sont une protection
efficace contre les séismes. En revanche, elles résistent très
mal aux inondations et aux glissements de terrain (doc. 2). De
même, pour être à l’abri des tsunamis, les quartiers résidentiels
de Minamisanriku ont été placés en hauteur sur les collines ;
mais le doc. 5 montre que les pentes sont très sujettes aux
glissements de terrain lors des fortes précipitations. Tout
cela souligne la difficulté à gérer de nombreux aléas sur un
même territoire.
Exemple 2
Pourquoi l’action des hommes aggrave-
t-elle les risques en Colombie ? p. 38
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
La Colombie offre l’exemple d’un pays en développement,
confronté à des aléas élevés et multiples, dont la volonté
politique de lutte contre les risques est forte depuis la
catastrophe du Nevado del Ruiz de 1985, mais dont les efforts se
heurtent à la pauvreté de la population. L’exemple est l’occasion
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 13
 de montrer comment la pauvreté est source de risques dont
le caractère est bien peu naturel. On peut inviter les élèves
défendant l’idée de risques naturels à repérer les types d’aléas
(doc. p. 40), les caractéristiques du climat et de la topographie
(doc. 1 et 2), et de façon générale les éléments sur lesquels
l’homme n’a pas de prises (ex. : aléas tectoniques). Pour aider
l’autre groupe, on peut le guider sur les formes d’occupations
du territoire liées à la pauvreté (doc. 1 et 2), sur les réalisations
et limites en matière de prévention des risques (doc. 2 et 3) et
enfin sur les effets du changement climatique (doc. 1 p. 33).
Les risques en Colombie (doc. 3)
La Colombie est le pays le plus exposé aux aléas en Amérique du
Sud : 84 % de la population est exposée à au moins deux aléas
majeurs, ce qui a poussé le gouvernement colombien à adopter
une politique active de gestion des risques. Les aléas tectoniques
font moins de victimes (la dernière catastrophe majeure est le
séisme de 1999 qui a fait 1 200 morts) grâce à la surveillance des
failles et des volcans, aux brochures sur la conduite à tenir et
aux exercices annuels (en particulier à Bogota). En revanche, les
catastrophes de faible ampleur, liées aux aléas météorologiques,
se multiplient : glissements de terrain et inondations, intensifiés
par le changement climatique, continuent à faire des victimes
parmi les plus pauvres, notamment dans les régions rurales. La
gestion locale des risques reste en effet défaillante : seuls 15
des 32 départements et 404 des 1 102 des municipalités ont
réalisé un plan de gestion des catastrophes rendu obligatoire
par la loi de 2012.
Outre la compétence transversale commune au chapitre
(identifier les contraintes d’une situation géographique),
l’accent est mis ici sur la construction d’une argumentation
géographique. Avec l’exercice de prolongement p. 40, elle
peut prendre la forme d’un croquis.
Réponses à l’activité
Des risques naturels Des risques humains
De nombreux aléas tectoniques
(séismes, volcanisme, tsunami)
Les catastrophes tectoniques Les aléas climatiques sont de plus en
se produisent irrégulièrement plus nombreux et meurtriers, ce qui est
dans le temps, ce qui montre lié au changement climatique d’origine
qu’il s’agit d’aléas naturels anthropique
La population se concentre
dans les espaces concernés par
les aléas tectoniques
Le pays est situé dans un Les inondations et glissements de
milieu équatorial (pluies terrain deviennent des catastrophes car
abondantes) et montagneux, la population s’installe de façon non
source d’inondations et de planifiée (bidonvilles)
glissements de terrain Les zones dangereuses sont connues,
Les rivières sont omniprésentes mais les plans de protection ne sont pas
appliqués (bidonvilles), la population
est mal préparée
Les déplacements de population liés
à la guerre empêchent la constitution
d’une mémoire du risque
La mise en valeur du territoire
(déforestation…) aggrave les aléas
Proposition d’évaluation : Il est possible de construire une
évaluation de cet exemple à partir de l’exercice proposé
p. 40-41. La consigne pourrait être :
14
À l’aide du document p. 40, montrez que la Colombie est
confrontée à des risques naturels majeurs, puis qu’elle fait des
efforts pour tenter de les maîtriser. Enfin, utilisez le document et
vos connaissances pour prouver que la pauvreté de sa population
est un handicap majeur dans la réalisation de cet objectif.
Exemple 3
Les incendies de forêt en Europe
méditerranéenne, un risque qui
s’intensifie ? p. 39
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
L’étude s’intéresse au risque des incendies de forêt en Europe
méditerranéenne et à leur gestion. Elle concerne uniquement
les feux se déclarant dans les régions littorales d’Espagne, de
France, d’Italie, de Grèce et du Portugal, pays pour lesquels on
dispose de données fiables, complètes et récentes. Le doc. 1
permet de constater une diminution globale du phénomène
avec une récurrence plus forte pour le Portugal et l’Espagne.
Le doc. 2 identifie les facteurs de vulnérabilité : proximité
d’équipements et d’habitations, puissance du vent, hydrométrie
et importance des précipitations, réchauffement climatique.
Enfin, le doc. 3 permet de comprendre que la coopération
européenne en matière de gestion de ce risque est une partie de
la solution : échanges d’informations entre pays, mutualisation
des moyens de secours, co-financement.
Si le nombre de feux de forêts (l’aléa) dans l’Europe
méditerranéenne est en diminution constante, l’exposition
au risque s’accroît du fait d’une plus grande vulnérabilité. Les
facteurs de vulnérabilité sont multiples. La déprise agricole
conduit à une raréfaction des « discontinuités forestières »
comme les prairies ou les champs qui constituaient des
espaces de ralentissement de la propagation de l’incendie.
L’étalement urbain, surtout lorsqu’il est associé à un phénomène
de mitage, multiplie l’exposition d’habitations au feu. Enfin, le
réchauffement climatique a pour conséquence la multiplication
et l’intensification des épisodes de sécheresse. À ces trois
facteurs liés à l’activité humaine, il faut ajouter des facteurs
naturels : l’hydrométrie, les précipitations et le vent. Pour
lutter contre le risque d’incendie de forêt, les solutions existent
et permettent de maîtriser de mieux en mieux le risque :
surveillance des forêts l’été, intervention rapide sur les départs
de feux, limitation de l’étalement urbain, brûlage préventif
pour créer des coupures forestières, sensibilisation des citoyens
(par exemple, un rappel de l’obligation de débroussaillage en
France) et mutualisation des moyens à l’échelle européenne.
Les élèves sont invités à prélever des informations, puis à
les classer dans les cases d’un schéma fléché pré-construit.
Ils peuvent le complexifier en procédant à des recherches
complémentaires.
Réponses à l’activité
Causes : réchauffement climatique ; vent fort ; proximité
d’habitations et d’équipements ; hydrométrie.
Évolution : diminution globale depuis 30 ans.
Solutions : coopération européenne (échanges d’informations
entre pays, mutualisation des moyens de secours, co-
financement).
Limites : un risque inégal selon les pays ; un risque accru avec
l’étalement urbain.
La version interactive des documents donne accès à des
exercices numériques corrigés.
Méthodes
Comprendre ce qu’est un croquis p. 40-41
L’exercice proposé approche avec simplicité l’exercice de type
bac sur le croquis (transposer un texte en croquis). Il s’agit
en plaçant l’élève en situation d’écriture, de comprendre le
mécanisme d’organisation des idées générales (en paragraphes),
des informations et des localisations. Ainsi, lorsqu’il sera placé
en situation de transposer un texte en croquis (dès le chapitre
2), il aura acquis une compréhension de ce qui est attendu.
1.
Titre Le titre commence par le nom de l’espace
géographique concerné, il contient ensuite
des précisions sur cet espace (« société en
développement ») qui permet de comprendre sa
spécificité pour le thème donné (les risques). C’est ce
qui le problématise.
Orientation Sauf indication contraire (et rare), les cartes placent le
nord vers le haut. La flèche suffit donc à le rappeler et
à indiquer par déduction les autres points cardinaux.
Nomenclature La nomenclature est hiérarchisée : à chaque type
de graphie correspond un type de nom. Les plus
grosses indiquent les espaces les plus vastes (océans,
États…), les plus petites les lieux précis (villes). Par
convention, les eaux (mers…) sont indiquées en
bleu, les noms terrestres d’autres couleurs (noir ici).
Légende La légende pourrait aussi être placée sous le croquis,
voire sur une feuille à part mais en respectant un
impératif : le lecteur doit avoir sous les yeux en même
temps le croquis et toute sa légende.
Échelle L’échelle graphique permet d’évaluer d’un seul coup
d’œil les distances sur la carte, ce que ne permet pas
l’échelle numérique.
Cadre Le cadre d’une carte ou d’un croquis délimite l’espace
représenté : il s’agit d’une fenêtre indiquant la portion
d’espace terrestre traitée. Il ne faut donc jamais le
découper, car l’espace représenté perd alors ses
connexions avec son environnement.
2. Les trois parties de la légende constituent une démonstration
du sujet dans la mesure où la première partie décrit les aléas,
la deuxième montre la vulnérabilité des populations exposées
et les efforts mis en œuvre pour limiter la vulnérabilité.
3.
Information de la légende Localisation sur le croquis
Littoral exposé aux tsunamis Tout le littoral colombien
Volcan actif Chaîne volcanique du sud-ouest
de la Colombie située entre les
deux lignes de faille
Fleuve sujet aux inondations Fleuve Magdalena
Concentration de population Une zone nord-sud englobant
les principales villes du pays
Densité faible Bande occidentale le long de
l’océan Pacifique (excepté le sud)
+ la moitié est du pays
Ville abritant de nombreux bidonvilles Toutes les villes mentionnées
sur la carte
Forte croissance urbaine Cartagena, Bogota, Cali
Centre de décision Bogota (capitale)
Faille sous surveillance Lignes nord-sud parallèles
au départ de Cartagena
et Barranquilla
Axe de transport chimique sous Axe routier reliant les principales
surveillance agglomérations
Territoire mal préparé aux catastrophes Les périphéries est et ouest
du pays
4. et 5. L’élève s’appuie sur le tableau ci-dessus pour rédiger
le texte attendu.
Pour s’entraîner
Cet exercice simple de rédaction permet à l’élève de mieux
comprendre l’exercice de transposition du texte en croquis.
S’initier à l’analyse de documents  p. 42
1. Aléa : événement d’origine naturelle, technologique ou
sanitaire qui a une probabilité plus ou moins forte de se dérouler.
Vulnérabilité : fragilité des sociétés face à un aléa. Elle varie
selon leur préparation et leur capacité à y faire face.
Exposition aux risques : fait pour une société de pouvoir être
touchée par un aléa, et donc de se trouver dans une situation
de risque (probabilité qu’un ou plusieurs aléas la frappent).
2. Le doc. 1 est une photographie lors d’un événement précis
et exceptionnel (cyclone Irma en 2017), à échelle urbaine (un
quartier de Miami). Le doc. 2 est une carte qui décrit une
situation générale, à l’échelle de l’État de Floride. La Floride
est un exemple particulièrement intéressant pour traiter le
sujet car c’est un espace riche et développé, au niveau de
risque élevé, à la forte vulnérabilité économique et urbaine
(villes et régions économiques majeures soumises aux aléas
des cyclones et submersion).
3. Des aléas variés et nombreux : l’exposition aux risques
climatiques est forte en raison du climat tropical ; le niveau
de risque très élevé sur les côtes, où de nombreuses villes
importantes sont soumises aux aléas cycloniques (doc. 2).
Le risque est lié aux vents, mais aussi aux inondations (fortes
précipitations associées) et aux submersions (vents poussent
l’eau vers la côte) (doc. 1 et 2). Le risque de submersion est
aggravé par le changement climatique : le changement
climatique provoque une élévation du niveau de la mer surtout
sur la côte Est (doc. 2) ; les cyclones et les tempêtes feront
entrer l’eau de mer dans les villes (Miami…) plus souvent et
plus haut (doc. 1).
Une forte vulnérabilité des hommes et des activités :
la vulnérabilité économique est forte en raison de la
concentration de richesse en Floride : de nombreuses villes
littorales (doc. 2 : Miami, Tampa, Jacksonville…), avec des
quartiers d’affaires importants (doc. 1 : centre de Miami), mais
aussi une concentration d’activités économiques (doc. 2). La
vulnérabilité humaine est plus limitée en raison du niveau
de développement du pays : les rues sont vides (évacuation)
et les bâtiments résistent aux vents (normes de construction
élevées) (doc. 1) car les États-Unis, comme tous les pays riches
et développés, ont mis en place une politique de gestion
des risques.
4. Politique de limitation de la vulnérabilité : la prévision des
cyclones permet d’organiser les évacuations et/ou la mise à
l’abri des populations (doc. 1) ; la prévention en établissant des
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 15
 normes des construction anti-cycloniques (doc. 1), possibilité 3. La réponse peut s’organiser à partir des idées suivantes.
de construction de digues de protection (comme aux Pays- – Le changement climatique aggrave l’exposition aux risques à
Bas) ; il y a également des possibilités d’adaptation : surélever toutes les échelles.
les bâtiments, déplacer les habitations vers des zones moins – Le changement climatique aggrave la vulnérabilité des
touchées (comme au Japon), système de drainage (modèle sociétés à toutes les échelles.
des villes-éponges), création de bâtiments flottants (modèle
des Pays-Bas).
À l’oral
Pour s’entraîner  p. 43
Préparer un débat  p. 45
1. L’espace concerné par le sujet est à l’échelle mondiale.
Vulnérabilité : fragilité des sociétés face à un aléa. Elle varie 1. Pour qu’un ouragan se développe, la température de surface
selon leur préparation et leur capacité à y faire face. de l’océan doit être élevée pour permettre une forte évaporation
Exposition aux risques : fait pour une société de pouvoir être (28 à 29 °C). Ainsi, les ouragans ne se forment généralement
touchée par un aléa, et donc de se trouver dans une situation pas dans l’Atlantique Sud ou dans le Pacifique Sud-Est, où les
de risque (probabilité qu’un ou plusieurs aléas la frappent). eaux sont relativement froides mais dans les eaux tropicales du
Niveau de développement : certes, la notion n’a pas encore été golfe du Mexique, de l’océan Indien et du Pacifique Nord. Pour
vue en ce tout début d’année de Seconde, mais les élèves l’ont la même raison, ils s’affaiblissent rapidement en pénétrant à
travaillée au collège et peuvent en dégager une définition simple. l’intérieur des terres, où ils ne sont plus alimentés en eau chaude.
2. Le changement d’échelle est la démarche propre à la Météo France rappelle que la différence entre typhon, ouragan
géographie. Il permet d’illustrer à l’échelle locale un phénomène et cyclone tropical tient simplement à la partie du monde
cartographié à l’échelle mondiale (ici, l’inégale vulnérabilité des dans laquelle ces phénomènes se produisent. Aujourd’hui, le
hommes). Le changement d’échelle permet aussi de nuancer changement climatique se manifeste par un renforcement de
une situation vue à l’échelle mondiale : si l’Italie est un pays la puissance de ces ouragans.
à l’indice de vulnérabilité faible puisqu’il est développé, la 2. La littoralisation est un phénomène ancien qui connaît une
situation locale montre que certains lieux sont plus exposés. accélération avec la mondialisation contemporaine. En 2020, les
3. Il est possible d’organiser la réponse à l’analyse de documents littoraux concentrent 50 % de la population mondiale sur une
suivant le plan suivant. bande de 50 km de large. Cette littoralisation s’accompagne
– Une vulnérabilité inégale à toutes les échelles : échelle d’une forte urbanisation. 15 des 23 mégapoles mondiales
mondiale, échelle locale (du point de vue économique et sont situées sur le littoral et sont des ports. Les ouragans
humain). menacent donc à la fois de plus en plus d’hommes, d’activités
– Des causes variées : exposition aux risques, niveaux de et d’infrastructures. Cependant, les littoraux sont très inégaux
développement. face à ce risque comme en témoignent les effets de l’ouragan
Irma en 2017. Alors que la Floride a fait évacuer une grande
Identifier la nature d’un document  p. 44 partie de ses habitants, Haïti n’a pas eu les moyens de le faire.
Dans les pays pauvres, les mesures de prévention sont quasi-
1. et 2.
inexistantes ou se heurtent bien souvent à l’analphabétisme
Nature du Ce document est-il des populations. Les plans d’urbanisme n’existent pas favorisant
Source
document objectif ou subjectif ? les constructions en zone inondable ou sur les pentes. Les
Doc. 1 Dessin Un journal quotidien Un dessin de presse est populations déjà affaiblies sont donc les plus vulnérables en
de presse de Dubai une caricature qui cherche cas d’ouragan.
à transmettre un message, 3. « Il suffit de construire en dur pour protéger les habitants
il n’est donc pas objectif des ouragans ».
Doc. 2 Carte Données récentes La carte est construite à
de World Cities partir de données fiables, Pour Contre
Risk Index et de la de façon scientifique, elle – Amélioration de la résistance – Éviter les sites dangereux : ne
Banque asiatique est donc objective des toits, qui créent de nombreux pas construire en zone inondable
de développement, blessés en s’envolant (doc. 1) (doc. 1)
donc des sites – Pose de volets paracycloniques – Lutter contre les inondations en
institutionnels (doc. 1) mettant en place des parcs, toitures
Doc. 1 Dessin Données du GIEC, un Document de – Création de bunkers en partie végétalisées pour absorber l’eau
p. 33 groupe institutionnel vulgarisation : ses enterrés (doc. 1) – Adapter le bâti : élévation des
(groupe d’experts données sont scientifiques Se protéger du risque maisons, construction sur pilotis
intergouvernemental et objectives, sa réalisation S’adapter au risque
sur l’évolution du et son message sont
climat). simplifiés
Doc. 5 Article de Journal quotidien L’article rapporte des
p. 37 journal français le Monde faits et opinions d’autres
acteurs, cherche donc
l’objectivité mais peut être
victime de ses sources
Doc. 3 Graphique Données récentes Le document est objectif
p. 33 en barres de l’Emdat (un site mais les données doivent
institutionnel) être interprétées (source
d’erreurs éventuelles)

16
 Réviser p. 46-47

Localiser
L’exposition aux risques La préparation aux catastrophes Le changement climatique

Amérique Europe
du Nord occidentale Asie
Japon centrale
Sahel

Australie

région peu exposée région exposée région exposée zone particulièrement vulnérable
aux risques aux risques mais aux risques mais au changement climatique
faible préparation bonne
aux populations aux populations préparation risque de montée des eaux
bien préparées bien préparées préparation moyenne

trajectoire risque sismique

des cyclones fort

Différencier
Aléa : un événement susceptible de se produire qu’il soit naturel
(cyclone, séisme), technologique (explosion) ou sanitaire (virus
Ébola). Sur la vignette, il ne constitue pas un risque (île vide),
il le devient quand une société y est exposée (Naples 1 p. 43 ;
polders des Pays-Bas 2 p. 20).
Vulnérabilité : fragilité des sociétés face à un aléa, par exemple
faible résistance des habitations dans les pays pauvres, qui
offrent peu de protection aux populations. Elle peut être
humaine ou économique (Haïti/Japon, Repère p. 32). Elle a
tendance à se renforcer (coût des catastrophes augmente, doc.
3 p. 33), mais dépend étroitement du niveau de développement
(doc. 2 p. 43).
Catastrophe : elle se produit quand un aléa survient et fait
des victimes ou des dégâts importants. Les cyclones Harvey et
Irma en 2017 (doc. 2 p. 33 et 1 p. 42), le séisme et la catastrophe
nucléaire de Fukushima (doc. 1 p. 36) en sont des exemples. Les
bilans humain et matériel dépendent de la vulnérabilité du pays,
notamment des moyens mis en œuvre pour gérer les risques.
Construire
– Des sociétés menacées par une aggravation des risques
Des sociétés exposées à des risques croissants : des aléas naturels
qui affectent toutes les sociétés ; des aléas technologiques en
progrès dans les pays en développement ; des risques sanitaires
qui se mondialisent.
Des sociétés qui aggravent les risques : une exposition croissante
(notamment littoralisation) ; des aménagements sources de
risque (urbanisation des pentes, déforestation) ; un changement
climatique d’origine humaine.
Des sociétés inégalement vulnérables face aux risques :
pays en développement : forte vulnérabilité humaine ; pays
développés : forte vulnérabilité économique ; mais une
vulnérabilité croissante.
– Des sociétés en quête d’une adaptation durable aux risques
Développement de la prévention : développement de la
prévision ; développement de plans de prévention ; une com­
munication croissante.
Mais une préparation encore inégale : des pays développés
bien préparés ; des pays en développement peu préparés,
faute de moyens ; une nécessaire évolution.
Une transition environnementale nécessaire : pour s’adapter
au changement climatique et aux risques ; pour développer
une gestion internationale ; pour assurer une justice
environnementale.

Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 17

 CHAPITRE

2 Des ressources majeures sous pression

Introduction Bibliographie
La question des ressources est au cœur des problématiques environnementales, économiques
ou politiques, leur gestion est un enjeu fondamental du monde de demain. Le programme B. BARRE et B. MERENNE-
SHOUMAKER, Atlas des énergies
invite à traiter l’eau ou l’énergie, dans la mesure où dans les deux cas, il est possible d’observer
mondiales. Un monde en
des convoitises, pressions et tensions. transition, Autrement, 2017.
En raison de la forte dépendance aux hydrocarbures des économies mondiales, la sécurité
des zones d’exploitations et des routes d’approvisionnement de l’énergie constitue un enjeu E. BOMPAN, « La quête de l’or
géopolitiques et la recherche de nouveaux gisements est source de tensions géopolitiques. bleu », Carto, novembre/décembre
2017
De même, indispensable au fonctionnement biologique humain, mais aussi à la production
de nourriture et fondamentale dans le développement de nombreuses activités, l’eau S. FLAMINIO, « L’eau en Australie :
est une ressource essentielle, mais menacée et désormais appréhendée comme un de l’exploitation des ressources à
bien rare dans de nombreuses régions du monde. Sous l’effet combiné de la croissance la gestion des milieux ? L’exemple
du bassin versant du Gordon
démographique rapide de la population mondiale, de son développement économique en Tasmanie », Géoconfluences,
et du changement climatique, les ressources en eau et énergie fossile disponibles pour 20 février 2017.
les habitants de la planète se raréfient. L’augmentation de la population entraînera une
demande alimentaire accrue (provoquant la croissance des surfaces agricoles irriguées), N. MAZZUCCHI, Énergie.
Ressources, technologiques et
ainsi qu’une demande de plus en plus importante d’eau et d’énergie pour l’industrie, les enjeux de pouvoir, A. Colin, 2017.
villes et les besoins domestiques. Il s’agit donc bien de ressources sous pression.

La question de l’épuisement des ressources pétrolières est souvent abordée dans les médias sous
un angle catastrophiste. Cependant, le débat est complexe. Selon l’Agence internationale de Sitographie
l’Énergie, le pic de production maximum est atteint dans 1 600 champs pétrolifères conventionnels.
Ce déclin est aujourd’hui compensé par les investissements et les moyens techniques des Un site généraliste pour tout savoir
compagnies pétrolières (amélioration des taux de récupération des gisements, forages de plus sur les énergies : http://www.
connaissancedesenergies.org/
en plus profonds, progrès dans la détection de nouveaux gisements, exploitation des gisements
d’hydrocarbures non conventionnels) qui n’ont cessé de repousser les limites de l’épuisement Site de l’Agence Internationale
ultime des gisements. Mais leur coût de production est de plus en plus élevé, ce qui contribue de l’énergie : http://www.iea.org/
à un renchérissement du prix du pétrole. Aujourd’hui, ce n’est pas tant l’épuisement des
Site de l’Agence Internationale
ressources pétrolières qui est le moteur d’une possible transition énergétique mais le rapport des Énergies renouvelables :
entre le coût d’investissement et le bénéfice d’exploitation des gisements. http://www.irena.org

Vidéo : Apocalypseau, l’Effet

Les conséquences environnementales, conjuguées à cette problématique de l’épuisement, à papillon, mars 2018 : https://www.
terme, des ressources pétrolières et hydrauliques, posent la question centrale d’une transition youtube.com/watch?v=lk9jc-L-r2M
environnementale (dont énergétique) vers des systèmes décarbonés plus durables et plus
économes en eau. Les politiques mises en place s’articulent autour de deux axes : la maîtrise
de la consommation en agissant sur les comportements individuels et sur les technologies
visant à améliorer l’efficacité énergétique et une moindre consommation d’eau, d’une part,
et le développement de solutions alternatives, d’autre part.

Les pressions sur la ressource en eau sont déjà fortes : les prélèvements dans les nappes
souterraines ont été par exemple multipliés par trois ces 50 dernières années, l’eau des
nappes fossiles n’étant pas considérée comme renouvelable à l’échelle humaine. De plus, les
changements climatiques risquent de modifier la répartition des précipitations, l’humidité
des sols. En 2025, 63 % de la population devrait se trouver en situation de pénurie ou de
stress hydrique, c’est-à-dire avec moins de 1 700 m3/hab./an.

Le choix éditorial permet de traiter les ressources en eau ou en énergie, en proposant pour
chacun de ces thèmes, une double page planisphère, un cours et des exemples ciblés.
Le travail sur l’étude de cas sur l’Arctique (p. 24-27) peut être un préalable à l’étude des
ressources énergétiques mais doit s’accompagner de la présentation rapide d’une ou deux
situations différentes. Parmi les possibilités offertes, on peut proposer les comparaisons
suivantes : exemple de l’eau au Qatar (p. 58-59) ou en Inde (p. 62), de l’énergie en Australie
(p. 60-61) ou en Allemagne (p. 63).

18
 Choix des documents
d’ouverture p. 48-49
Le choix des documents d’ouverture repose, comme dans
tous les autres chapitres, sur la construction d’une réflexion
débouchant sur la problématique du chapitre. Il a aussi comme
objectif d’ouvrir le chapitre sur les deux ressources proposées
au programme : l’eau et l’énergie. Le doc. 1 est un barrage
hydroélectrique indien. On y voit l’une des interactions possibles
entre les deux ressources étudiées : production d’énergie à la
force de l’eau. Ici, l’eau sert à la production d’énergie et montre
qu’il existe des solutions durables pour assurer les besoins
énergétiques. Dans le doc. 2, à l’inverse, c’est l’énergie solaire
qui permet le fonctionnement de la pompe artisanale qui
fournit de l’eau aux hommes dans un milieu aride.
Les projets de barrages hydroélectriques
en Inde (doc. 1)
Pour lutter contre la sécheresse et se préparer aux besoins
futurs du pays, le gouvernement Modi se lance dans un projet
pharaonique visant de 3 000 grands barrages et réservoirs que
le gouvernement souhaite édifier dans le cadre d’un vaste
programme dont le but est de relier entre eux 37 grands
fleuves pour modifier leur débit naturel. D’après les estimations
du réseau SANDRP, qui étudie l’impact des barrages sur les
rivières et les populations, ce projet entraînerait le déplacement
d’environ 1,5 million de personnes du fait de la submersion
d’au moins 2,7 millions d’hectares de terres, rendue nécessaire
par la construction des infrastructures de stockage et du réseau
de canaux. Voilà pour le coût humain. Mais, parmi les zones
inondées, on trouve aussi 104 000 hectares de forêts, dont des
sanctuaires de la vie sauvage. Le coût financier du programme
sera par ailleurs astronomique.
Courrier international, 4 mai 2016.
Le planisphère (doc. 3) présente la pression sur les milieux,
toutes ressources confondues. Celle-ci dépend des ressources
mais également des enjeux de consommation qui la concernent.
Réponses aux questions
1. Sur le doc. 1, la pression sur l’eau et l’énergie semble limitée
tandis que sur le doc. 2, la pression est visible dans les moyens
rudimentaires mis en place pour capter l’eau et l’énergie.
2. Sur le doc. 1, c’est l’eau qui permet de produire de l’énergie
tandis que sur le doc. 2, ce sont les panneaux solaires qui
actionnent la pompe du puits.
3. Sur le doc. 1, les ressources semblent abondantes, alors que
le planisphère (doc. 3) place la situation de l’Inde dans une
situation critique où le pays consomme largement plus que
ses ressources nationales. Inversement, si la pression est moins
forte qu’en Inde sur les ressources gambiennes (doc. 3), le
doc. 2 montre une situation difficile d’accès à l’eau et l’énergie.
Planisphères 1
Des ressources énergétiques
sous tension p. 50-51
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
Le planisphère central ouvre le sujet avec la représentation
de l’inégal accès à l’énergie (à travers l’accès à l’électricité)
dans le monde. Il permet d’introduire la notion de pression
sur les ressources.
La consommation énergétique mondiale est passée de 3,7
milliards de Tep en 1965 à près de 12,5 milliards de Tep en
2016 et l’AIE estime que la demande va croître encore de plus
d’un tiers d’ici 2035. La zone Asie-Pacifique absorbe aujourd’hui
40 % de la consommation mondiale (contre 20 % dans les
années 1970) et, selon l’AIE, la Chine, l’Inde et le Moyen-
Orient représenteront 60 % de la hausse de la demande d’ici
2035. Cependant, à l’échelle mondiale, les inégalités de la
consommation restent fortes. L’Amérique du Nord et l’Europe
représentaient 45 % de la consommation totale d’énergie
primaire en 2016 alors que l’Afrique ne représentait que 3 %.
Dans les pays en développement, la question de l’accessibilité à
l’énergie reste un problème : 1,3 milliard de personnes n’a pas
accès à l’électricité et 2,6 milliards de personnes sont privées de
combustibles et moyens de cuisson modernes (dont la moitié
situées en Inde, Chine et Bangladesh).
Le petit planisphère sur les émissions de CO 2 met en
évidence les gros consommateurs et producteurs d’énergies
fossiles (vus dans le planisphère central). Ces dégradations
environnementales sont sources de tensions. Face à ces défis
que sont l’inégal accès à l’énergie (planisphère central) et
les atteintes à l’environnement, des solutions s’affirment,
parmi lesquelles le recours aux énergies renouvelables et au
nucléaire. Le petit planisphère sur les énergies renouvelables
est intéressant à analyser avec les élèves, notamment pour
le cas de l’Afrique subsaharienne : l’importance des énergies
renouvelables dans la consommation s’explique par le poids
de la biomasse traditionnelle qui est révélateur d’un accès
insuffisant aux moyens énergétiques modernes (accès à
l’électricité du planisphère central) et constitue un frein au
développement. 3 milliards de personnes dans le monde sont
tributaires de la biomasse traditionnelle et du charbon pour
satisfaire leurs besoins énergétiques. Le recours au nucléaire
fait débat et est source de tensions dans certains États qui font
le choix de s’en passer (petit planisphère).
Réponses aux questions
1. La consommation mondiale repose essentiellement sur les
énergies fossiles, comme le montre l’importance des pays où
plus de 80 % de l’approvisionnement énergétique en dépend
(États-Unis, Chine, Allemagne, Royaume-Uni…). Or, cette
consommation est responsable d’émissions de GES comme
le montre la comparaison entre le planisphère central et le
petit planisphère du haut : les pays émettant le plus de GES
sont tous des pays où les énergies fossiles occupent une large
part du mix énergétique.
2. Le choix des énergies renouvelables est inégal. Il concerne à
la fois des pays en développement pour lesquels il ne s’agit pas
d’un choix mais d’une conséquence de leur mal-développement
(ils n’ont pas accès aux énergies fossiles) et des pays développés
en quête d’un modèle plus vertueux (Islande, Norvège).
3. Les pays qui augmentent leur recours au nucléaire sont
des pays dont l’économie émerge et consomme beaucoup
d’énergies pour satisfaire leur transition. Pour les pays dont la
production baisse, il s’agit de pays développés qui ont fait un
choix politique d’abandon de cette énergie en débat.
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 19
 Correction du schéma
Les enjeux énergétiques dans le monde
accès à l'énergie assuré
essentiellement par
ÉTATS-UNIS CHINE des énergies fossiles
accès à l’énergie mal
assuré, forte proportion
d’énergies renouvelables
gros émetteur de gaz
à effet de serre
Planisphères 2
L’eau, entre pression et tensions p. 52-53
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
L’accès à l’eau dans le monde est très inégal. C’est ce qu’illustre
le premier planisphère, qui discrétise en cinq catégories la
part de la population ayant accès à l’eau dans chaque pays.
Les pays du Sud sont globalement plus concernés que les
Nords, particulièrement en Afrique du Nord et subsaharienne
sauf dans le bassin du Congo. Il est par ailleurs intéressant de
s’intéresser à l’échelle nationale, où les inégalités d’accès à
l’eau entre villes et campagnes sont très fortes (20 % de moins
en campagne qu’en ville).
Le planisphère est d’abord à comparer avec celui de la
disponibilité en eau, soit la ressource en eau renouvelable
calculée en m3/hab./an. Il permet de constater que de nombreux
pays ont une ressource en eau disponible inférieure à la
moyenne mondiale (20 350 m3/hab./an) et qu’une trentaine
de pays sont en situation de pénurie d’eau (ou stress hydrique).
Les deux planisphères se complètent, une comparaison rapide
met en exergue les similitudes : la majorité des pays en stress
hydrique sont aussi ceux dans lesquels les habitants ont
les plus grandes difficultés à accéder à l’eau. Cependant, la
deuxième lecture révèle de nombreux paradoxes. Dans les
pays développés ou émergents, la part des habitants ayant
accès à l’eau est supérieure à la moyenne mondiale (91 %)
alors que dans certains pays en développement, ou PMA,
l’accès à l’eau est très faible (moins de 60 % de la population)
malgré une disponibilité largement suffisante. L’objectif de
cette confrontation est de faire prendre conscience aux élèves
que l’accès à l’eau, s’il est facilité par la disponibilité de la
ressource, est aussi fortement lié au niveau de richesse et de
développement d’un pays. Un pays riche a la capacité d’investir
dans des aménagements coûteux (usine de désalinisation au
Qatar) et dans des infrastructures efficaces pour la production
et la distribution d’eau potable.
Enfin, le planisphère 3 montre les pressions et tensions que subit
la ressource en eau dans le monde. Les tensions se concentrent
majoritairement sur les territoires où la disponibilité en eau est
insuffisante et concernent les fleuves que des pays limitrophes
sont amenés à partager.
Protéger les fleuves (doc. 3)
Trois cours d’eau ont été dotés d’une personnalité juridique
en 2017. Plusieurs États d’Amérique latine avaient déjà fait
entrer dans la loi la reconnaissance des droits juridiques de
la nature. Cette fois, c’est en Océanie et en Asie : il s’agit d’un
20
cours d’eau néo-zélandais d’une part, et du Gange et de
l’un de ses affluents d’autre part. Ce changement permet
à une communauté ou au gouvernement de représenter
les intérêts du fleuve en justice, notamment afin de porter
plainte contre les pollutions.
Weronika Zarachowicz, « Le droit est un outil pour
reconnaître une personnalité juridique à des écosystèmes »,
entretien avec Valérie Cabanes, Télérama, 23 mars 2017.
Lire les cartes
Cartes 1 et 2 – Globalement, les pays dans lesquels
la ressource en eau renouvelable est inférieure à la moyenne
mondiale (20 350 m3/hab./an) sont aussi les pays dans lesquels
la ressource en eau est difficilement accessible. Par exemple,
dans les pays d’Afrique du Nord où les pénuries en eau sont
très élevées (– 1 700 m3/hab./an d’eau renouvelable), moins
de 85 % de la population a accès à l’eau. Cependant, certains
pays, comme la République démocratique du Congo (RDC),
disposent d’une disponibilité en eau importante (+ 10 000 m3/
hab./an) mais peu d’habitants ont accès à l’eau (moins de 60 %
des Congolais). À l’inverse, dans des pays comme les Émirats
arabes unis, en stress hydrique, plus de 95 % de la population
a accès à l’eau potable. Ces paradoxes révèlent que l’accès à
l’eau est fortement lié au niveau de développement du pays.
Les Émirats arabes unis, dont la croissance économique est
forte, ont, à l’inverse de la RDC, la capacité d’investir dans la
production et la distribution d’eau potable ainsi que dans des
aménagements hydrauliques coûteux.
Cartes 2 et 3 ­– Le changement climatique et l’augmentation
de la demande entraînent localement des pénuries. Les
ressources en eau deviennent alors source de tensions, du
point de vue environnemental avec la pression sur de grands
fleuves comme le Nil, le Yangzi ou le Gange, qui subissent une
pollution forte et voient leur débit diminuer. Les tensions sont
aussi d’ordre politique notamment à l’échelle internationale,
lorsque plusieurs pays se partagent un fleuve. Par exemple, la
Turquie affirme sa souveraineté sur le Tigre et l’Euphrate aux
dépens de ses voisins.
Cours 1
L’énergie, une ressource
majeure sous pression p. 54-55
Présentation des documents et repères
Les documents accompagnant ce premier cours « L’énergie,
une ressource majeure sous pression » permettent de répondre
à la problématique posée : « Pourquoi de nouveaux choix
énergétiques sont-ils nécessaires pour concilier développement
et protection de l’environnement ? ».
L’entrée par le Repère sur la consommation d’énergie par
habitant permet de poser les enjeux liés à la question des
ressources : la demande est croissante, pour satisfaire le niveau
de vie des pays développés essentiellement. Il s’agit donc bien
d’une ressource sous pression. Ce Repère permet de mesurer
les inégalités liées aux ressources : un Africain consomme 10
fois moins d’énergie qu’un Européen et 20 fois moins qu’un
Américain du Nord. Cette croissance de la demande est
notamment liée à l’apparition de nouveaux besoins (doc. 2).
Cette consommation repose encore majoritairement (85 %)
sur les énergies fossiles, et notamment les hydrocarbures potable par personne et par jour). Le doc. 2 illustre la définition
(doc. 1). Le pétrole nourrit des flux et est source de tensions d’eau virtuelle et permet de faire prendre conscience aux élèves
pour le contrôle des zones d’exploitation, d’exploration et que des objets ou aliments de leur quotidien peuvent être très
pour les routes qu’il emprunte entre bassins de production consommateurs d’eau (exemple du hamburger ou du jean).
et de consommation.
L’eau virtuelle (doc. 2)
Les réserves de pétrole dans le monde (doc. 1) De plus en plus utilisé comme mesure des enjeux liés à l’eau,
Les gisements les plus facilement accessibles sont aujourd’hui au commerce de l’eau et à son utilisation dans le monde, l’eau
largement entamés (un travail parallèle avec le planisphère 1 virtuelle est un concept inventé par John Anthony Allan du King’s
p. 141 peut s’avérer intéressant) mais les ressources potentielles College de Londres, au début des années 1990. À l’époque, ce
sont encore importantes. Cependant, elles sont situées dans professeur analysait les relations internationales au Moyen-Orient
des environnements extrêmes (grands fonds marins, zone et conclut qu’importer la ressource « eau » sous forme de produits
arctique) et le coût d’exploitation de ces gisements est très pourrait éviter une « guerre de l’eau » dans la région. Son analyse
élevé : forer un puits en offshore profond (entre 400 et 2 000 revient à déplacer le besoin en eau d’un pays consommateur et en
mètres de profondeur d’eau) coûte jusqu’à un million de dollars stress hydrique vers un pays producteur possédant un surplus d’or
par jour. La question de leur rentabilité dépendra du prix du bleu. Depuis lors, on a cherché à calculer la teneur en eau virtuelle
baril dans l’avenir. de chaque produit agricole et industriel. Ainsi, nos échanges
économiques ont-ils été quantifiés en volume d’eau au niveau
global où pays riches et pauvres en eau, s’échangent la ressource
Enfin, le doc. 3 montre que les énergies renouvelables se « virtuellement ». De ce fait, les grands pays exportateurs de
développent : à la traditionnelle production hydroélectrique, produits agricoles comme le Canada, les États-Unis, l’Australie,
s’ajoutent aujourd’hui de nouvelles formes d’énergie générant le Brésil et la France deviennent exportateurs d’eau virtuelle. À
moins de Gaz à effet de serre (solaire, éolien…). l’opposé, les principaux importateurs en eau virtuelle sont les
États du Proche et du Moyen-Orient ainsi que la Chine, déficitaire
Capacités et méthodes en produits agricoles.
1. Le titre « La face cachée du numérique » est lié au fait que
Centre d’information sur l’eau (Cieau), 2019.
la consommation d’énergie par les outils numériques est
difficilement mesurable dans la vie quotidienne puisqu’une
partie de cette consommation n’est pas liée à la recharge Enfin, le texte de F. Vogel (doc. 3) dénonce l’utilisation abusive
des outils utilisateurs mais à la circulation et au stockage des des agriculteurs de l’Imperial Valley, de leur droit d’accès à l’eau.
données. Il explique d’abord les conflits d’usage qu’elle génère, entre
2. La consommation d’énergie est particulièrement forte dans les agriculteurs de la vallée et les citadins des villes littorales
les pays développés où l’utilisation du numérique est plus au sud-ouest de la Californie. Il montre aussi la pollution des
généralisée. Ce document illustre donc la fracture numérique. cours d’eau, liée à l’utilisation massive de produits chimiques
pour l’agriculture (production de luzerne, très consommatrice
d’eau). Enfin, il insiste sur les difficultés à mettre en place une
solution durable dans la gestion du Colorado.
Cours 2
L’eau, une ressource majeure Capacités et méthodes
sous pression p. 56-57 De nombreux Des usages de Des sources
acteurs l’eau contrastés de conflits d’usage
Présentation des documents et repères Agriculteurs Culture de Pollution des cours d’eau
la luzerne Pollution des nappes phréatiques
Les documents accompagnant ce second cours « L’eau, une
Élevage de bétail Gaspillage d’une ressource rare
ressource majeure sous pression » permettent de répondre à la (humidificateurs pour le bétail)
problématique posée : « Pourquoi l’eau est-elle une ressource
au cœur de multiples tensions ? ». Citadins 39 % de l’eau Gaspillage d’une ressource rare
pour les usages (arrosage des jardins)
Le Repère permet, de façon imagée, de rendre compte des
domestiques
besoins en eau à venir (projection pour 2050). Il montre en
quoi l’augmentation de la population mondiale (prévision de Touristes Tourisme Pollution des cours d’eau
balnéaire sur et des lacs
10 milliards d’habitants) accentue la pression sur la ressource
les lacs
en eau avec une augmentation des besoins qui explose dans
les secteurs de l’industrie et des services. Le doc. 1 est une Indiens Navajos Usages 1/3 n’ont pas accès à l’eau
photographie qui permet de rendre compte d’une réalité qui domestiques courante
touche une grande partie des Pays les moins avancés et des
Pays en développement, notamment dans les régions rurales.
Au Bangladesh, PMA à l’IDH de 0,57 en 2018, l’accès à l’eau
Exemple 1
est faible et inégal. Ici, des femmes participent à la corvée Le Qatar peut-il mettre en place
d’eau, avec une pompe à eau traditionnelle et manuelle. Elles
remplissent des cruches d’eau qu’elles ramèneront chez elle, une gestion durable de l’eau ? p. 58-59
l’une d’entre elles semble aussi avoir utilisé l’eau de la pompe
pour se laver. L’enseignant peut utiliser cette photographie Enjeu de l’exemple et présentation des documents
pour expliquer la définition d’accès à l’eau (accès à domicile L’exemple choisi est le Qatar, émirat développé du Moyen-
ou à moins d’un kilomètre à un minimum de 20 litres d’eau Orient. Le pays, situé dans une région marquée par l’aridité,

Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 21

 connaît une forte croissance démographique et une expansion
économique. Cependant, tous les Qataris ont accès à l’eau
potable, quasiment gratuitement. Avec l’introduction, les
élèves s’interrogent sur les acteurs et les aménagements mis
en place pour permettre cet accès facilité. Ils questionnent
aussi la durabilité de cette gestion.
Pour ce faire, les élèves ont à disposition cinq document variés
qui leur sont utiles pour construire, in fine, une carte mentale. Il
s’agit d’une tâche complexe qui permet aux élèves de mobiliser
des ressources, d’analyser des documents de nature différente,
et d’organiser leurs idées.
Les élèves s’appuient d’abord sur deux diagrammes circulaires
qui présentent les ressources en eau et leurs usages au Qatar.
Ils permettent de montrer que les ressources renouvelables
sont faibles et dépendantes de l’Arabie saoudite voisine, et
que les domaines de l’agriculture et des usages domestiques
sont les plus consommateurs d’eau. Les articles mettent en
avant les enjeux des usines de dessalement, qui, si elles sont
une solution efficace pour parer à la pression sur la ressource
exercée par des besoins en hausse (croissance démographique
et économique), restent des aménagements polluants. La
carte du doc. 3 met en avant l’aridité du pays, soumis à
des besoins croissants liés à l’urbanisation et énumère les
aménagements existants ou en projet. Les élèves constatent
ainsi que le gouvernement qatari prend les mesures nécessaires
en créant des aménagements performants et en planifiant.
Dans ce sens, les doc. 4 et 5 présentent des efforts réalisés en
terme de durabilité, dans l’agriculture avec la mise en place
d’une irrigation moins consommatrice d’eau ou au travers
de campagne de sensibilisation sur le gaspillage de l’eau, à
destination des Qataris.
Pistes
Les aménagements planifiés permettront au gouvernement
du Qatar de gérer plus sereinement la tenue, sur leur territoire,
de la coupe du monde en 2022.
Réponses aux activités
Itinéraire1
Des ressources rares et menacées : faibles ressources en
eau ; nappes souterraines non renouvelables ; précipitations
annuelles très faibles.
Forte augmentation de la demande : croissance démographique ;
développement économique rapide ; urbanisation croissante.
Des aménagements coûteux et polluants : dessalement de
l’eau de mer ; émissions de CO2 ; augmentation de la salinité ;
réservoirs et conduites en construction.
Des défis de durabilité nombreux : lutte contre le gaspillage
d’eau ; mise en place de techniques d’irrigation innovantes.
Itinéraire 2
1. Les ressources en eau renouvelables sont les eaux de surface,
mais elles ne représentent que 3 % des disponibilités, et, de
plus, elles proviennent d’un pays voisin, l’Arabie saoudite. L’eau
de mer peut être considérée comme renouvelable mais elle
inclut la mise en place d’aménagements coûteux et polluants.
Le Qatar puise ainsi massivement dans ses nappes fossiles,
non renouvelables. Avec ces ressources rares et un taux de
précipitation inférieur à 80 mm par an, le Qatar est en situation
de stress hydrique.
2. Pour satisfaire aux besoins croissants, liés à l’augmentation
de la population, au développement économique et à
22
l’urbanisation, le gouvernement qatari investit dans des
aménagements ambitieux comme des usines de dessalement.
3. Cependant, ces solutions peuvent s’avérer polluantes. Ainsi,
les usines de dessalement sont responsables de l’émission de
CO2 et perturbent les écosystèmes marins en augmentant la
salinité en eau.
Exemple 2
L’Australie, riche en énergies fossiles,
peut-elle réussir sa transition
énergétique ? p. 60-61
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Le choix de l’Australie se justifie par les transformations
énergétiques que connaît ce pays depuis une décennie.
Puissance énergétique par le volume de ses exportations,
notamment de gaz, l’Australie avance aujourd’hui une volonté
de changement, en promouvant les énergies renouvelables
(doublement prévu entre 2016 et 2020). Ce paradoxe est
assez caractéristique d’une situation énergétique mondiale
tiraillée entre la dépendance aux hydrocarbures et la prise en
considération de la donne environnementale qui encourage les
énergies renouvelables. Les doc. 1, 2 et 3 présentent le poids
économique que les exportations d’énergies fossiles confèrent
à l’Australie, mais également les paradoxes de cette situation
puisque certaines régions d’Australie souffrent régulièrement
de pénuries de gaz. Le doc. 4 met en perspective à la fois
l’évolution de la consommation d’énergie dans le pays, la
croissance des énergies renouvelables et les freins vers une
transition énergétique durable. Les documents permettent
de comprendre la situation à plusieurs échelles, montrant
que si l’État reste encore attaché à la rente énergétique, les
autorités locales (État fédéré, municipalités) sont à l’initiative
de la transition énergétique en cours.
La gestion de l’énergie en Australie (doc. 1)
Les tensions entre le gouvernement de Canberra et certains États
australiens, notamment l’Australie méridionale, sont fortes sur
la question énergétique. En effet, l’État australien ambitionne
de dépasser le Qatar dès 2020 et devenir ainsi le premier
exportateur mondial de GNL (gaz naturel liquéfié), profitant de
sa situation privilégiée pour alimenter le gigantesque marché
asiatique (Japon, Chine, Inde…). Certains États australiens, en
revanche, sous la pression d’une opinion publique de plus en
plus mobilisée sur les questions environnementales, opèrent
une transition énergétique (interdiction de production de gaz
de schiste par fracturation hydraulique, par exemple). L’Australie
est le leader mondial de l’énergie houlomotrice, financée à
81 % par l’État australien et à 19 % par l’entreprise Canergie
Wave energy qui a développé en Australie le plus grand centre
mondial dans le domaine. Les vagues constituent en effet
une énergie fiable et régulière à toute période de l’année. Or,
l’Australie bénéficie des vagues les plus importantes d’Océanie.
L’usine de Perth, la première au monde, alimente une usine
de désalinisation de l’eau de mer.
La compétence travaillée est la construction d’une argumen­
tation géographique. Elle est particulièrement adaptée à cet
exemple tout en paradoxes (hésitations entre énergies fossiles
et renouvelables, opposition des différents acteurs).
Réponses à l’activité en avant l’inégale répartition des ressources sur le territoire,
les besoins croissants qu’elle subit (liés à l’agriculture et à
Une pression Le défi
Un acteur mondial l’urbanisation : usages domestiques) et les nombreux défis
importante sur la de la transition
de l’énergie auxquels les acteurs sont confrontés : aménagement pour
ressource en énergie énergétique
équilibrer la répartition, pollution des fleuves, tensions liées au
Des réserves Des pénuries Des énergies partage de l’eau. La photographie éclaire sur un autre défi : la
importantes : locales : en Australie renouvelables en
difficulté du gouvernement à rendre l’eau potable accessible,
2e réserve mondiale méridionale ; progrès : les autorités
de gaz, 1re réserve les régions où la politiques locales (État
malgré la forte disponibilité.
mondiale d’uranium. population est la fédéré, notamment
La carte montre plus nombreuse en l’État de Victoria) Le changement climatique en Inde (doc. 2)
que l’ensemble Australie sont au mais également Depuis 15 ans, les moussons indiennes sont de plus en plus
du territoire est sud-est, tandis que l’État australien puissantes. Les scientifiques tentent d’expliquer ce renforcement
concerné par ces les grands bassins s’orientent vers une
par le réchauffement climatique du sous-continent indien (0,1°
ressources d’énergies de production transition énergétique.
fossiles. énergétique sont Ils ont permis
à 1° par an) combiné à un ralentissement de la hausse de la
surtout situés au nord quelques réussites : température des eaux de l’océan Indien. Cette différence de
du pays. développement de température serait à l’origine de moussons plus fortes et plus
l’énergie solaire, de longues. Ainsi, en août 2018, les inondations dans l’État du
nombreux projets en Kerala ont coûté la vie à plus de 400 personnes, ont entraîné
cours de construction le déplacement de 720 000 personnes et des dégâts matériels
(parc solaire, éolien, estimés à plus de 3 milliards de dollars.
houlomotrice).
Des exportations Des préoccupations Des limites : le
massives : un environnementales : développement des Réponses à l’activité
des principaux la production et énergies renouvelables La présentation orale peut s’organiser selon le plan suivant.
exportateurs l’exportation d’énergies reste modeste (23,5 Une ressource sous pression : les ressources en eau sont
mondiaux de fossiles occasionnent % en 2020) et les variées mais inégalement réparties sur le territoire indien ;
l’énergie. L’Australie des dégradations énergies fossiles
les nombreux usages font pression sur une ressource en voie
devient donc un environnementales restent convoitées
acteur majeur en Asie (pollutions liées et massivement
de raréfaction à cause des sécheresses ; la mauvaise gestion
de l’Est qui abrite à la fracturation exploitées, en raison de l’eau par les autorités indiennes rend son accès difficile à
les grands centres hydraulique, de leur coût et la majorité des Indiens.
de la production émissions de GES) des infrastructures Une gestion de l’eau source de tension : le partage des
industrielle mondiale et des conflits entre existantes. nombreux fleuves transfrontaliers est l’objet de rivalités entre
(Chine, Japon, Corée acteurs (notamment les pays d’Asie du Sud ; la diminution de la ressource entraîne
du Sud, Inde). avec les populations des tensions entre les États indiens.
aborigènes). Une gestion de l’eau de plus en plus durable : le gouvernement
mise sur des aménagements ambitieux pour faire face à la
menace d’une pénurie d’eau ; des efforts de coopération
Exemple 3 internationale sont mis en place.
Comment l’Inde peut-elle faire Proposition d’évaluation : En vous appuyant sur les doc. 1 et
2 p. 48, vous montrerez d’abord que l’eau est une ressource
face à des besoins en eau croissants inégalement répartie dans le monde, puis vous expliquerez
sans créer de tensions ? p. 62 que l’eau est une ressource inégalement gérée dans le monde.

Enjeu de l’exemple et présentation des documents

À travers l’exemple de l’Inde, le manuel propose de travailler
sur un pays à la croissance démographique très forte, qui
dispose de ressources en eau suffisantes, mais très inégalement
réparties sur son territoire et dans le temps (climat tropical avec
des phénomènes de moussons). Ainsi, l’eau est une ressource
convoitée, dont l’accès entraîne des tensions à toutes les
échelles. Pour répondre aux menaces de pénuries, une gestion
de l’eau durable est nécessaire.
Pour comprendre ces enjeux, les élèves disposent de deux
documents et doivent réaliser en groupe un exposé oral rapide
sur l’une des thématiques. L’exercice permet de mobiliser
des connaissances spécifiques à une thématique et de les
transmettre à l’ensemble du groupe. Il a le mérite de placer
les élèves comme acteurs de la construction du cours, ils
interviennent pour présenter leur thématique mais peuvent
aussi interroger leurs camarades et comprendre l’imbrication
des différentes idées.
Le doc. 1 est une carte dont chaque partie de légende reprend
les thèmes proposés en exercice. Elle permet donc de mettre
Exemple 4
L’Allemagne peut-elle abandonner
le nucléaire sans recourir davantage
au charbon ? p. 63
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
L’étude s’intéresse au processus de transition énergétique
engagée par l’Allemagne. Elle met en valeur ses ambitions
et interroge ses limites. Le doc. 1 est une carte qui permet de
comprendre la distribution spatiale des installations concourant
au mix énergétique allemand. Elle met en évidence le passage
d’une production énergétique carbonée et nucléaire à une
production issue des énergies renouvelables. Les doc. 2 et 3
viennent compléter le doc. 1. La vidéo insiste sur l’extraction du
lignite, un charbon très polluant, auquel a recours l’Allemagne
pour compenser l’arrêt rapide de son parc nucléaire. Elle évoque
également les oppositions à la réouverture de ces mines. Les

Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 23

 données chiffrées du doc. 3 mettent en évidence une autre
limite de la transition énergétique allemande : la persistance
Méthode
de sa forte dépendance aux énergies carbonées.
Cartographier les informations d’un texte p. 64-65
En 2011, après la catastrophe nucléaire de Fukushima, l’Allemagne 1. Le texte peut être divisé en 3 paragraphes qui correspondent
décide d’accélérer la transition énergétique dans laquelle elle aux trois parties de la légende.
était engagée depuis plus d’une décennie. Les buts étaient – Des ressources en eau inégales : ligne 1 à 11 « la pénurie
ambitieux : se passer de l’énergie nucléaire avant 2022 et des d’eau, surtout l’été, est de plus en plus forte ».
énergies fossiles d’ici 2050 pour les remplacer par des énergies – Des usages variés : ligne 11 à 22 « et notamment dans les
renouvelables. Cette conversion énergétique aurait de fait réduit îles Baléares ».
les émissions de Gaz à effet de serre. Les fermetures des centrales – Des aménagements inégalement durables : ligne 22 à 30.
se succèdent à bon train et les énergies renouvelables ont connu 2. Formuler les
un développement spectaculaire en représentant aujourd’hui Prélever les informations
informations pour
plus du tiers de la production d’électricité en Allemagne. Mais les du texte
la légende
limites du projet énergétique allemand sont encore nombreuses. Des ressources « peu pourvus en eau » région déficitaire
La fermeture rapide du nucléaire a contraint à rouvrir des mines en eau inégales en eau
d’un charbon extrêmement polluant, le lignite. Plus globalement, « précipitations abondantes » région bien pourvue
les énergies fossiles représentent toujours plus de 80 % du mix en eau
énergétique allemand. Par ailleurs, l’Allemagne reste le plus « fleuves » fleuve
gros émetteur de Gaz à effet de serre en Europe. De ce fait, les Des usages « utilisation agricole d’eau/ usage agricole
objectifs risquent de ne pas être respectés. variés irrigation » (irrigation)
« Demande urbaine » usage urbain
« besoins en eau usage touristique
Les élèves doivent analyser la carte qui leur est proposée. La
indispensable au tourisme »
première étape consiste à répondre aux questions du manuel
papier. La seconde vise à changer de langage et à synthétiser Des « aménagements hydrauliques barrage
leurs réponses dans un schéma. La construction pas-à-pas aménagements anciens/barrages présents sur
inégalement tous les fleuves »
de ce schéma et de sa légende est disponible dans la version
durables « transferts d’eau du Tage à la transfert d’eau
interactive. région de agricole de Murcie »
« usines de dessalement de usine de
Réponses à l’activité l’eau de mer » dessalement de
1. Les solutions énergétiques mises en place par l’Allemagne l’eau de mer
pour limiter l’énergie nucléaire allemande sont l’arrêt
programmé de la production nucléaire avant 2023 (visible 3. Voir correction du croquis.
avec les fermetures effectives de plusieurs centrales nucléaires) 4. Le croquis est construit à l’aide de 3 couleurs dominantes : bleu,
et le recours de plus en plus massif aux énergies renouvelables. jaune, vert. Le bleu et le jaune représentent l’inégale disponibilité
2. L’éolien est essentiellement le fait d’installations de la ressource en eau (l’aridité étant traditionnellement
septentrionales, sur terre comme en mer alors que le Sud représentée en jaune) alors que le vert souligne que les ¾ des
exploite davantage les ressources hydroélectriques et ressources sont consommés par l’agriculture.
solaires. Par ailleurs, les länder de l’est et du sud obtiennent 5. Titre : Des ressources en eau sous pression en Espagne
des résultats meilleurs en termes de
consommation d’énergie issue du FRANCE
renouvelable, comparativement à la o
in
moyenne allemande. M
ANDORRE
3. La transition énergétique est OCÉAN
Èb

ATLANTIQUE
inachevée car l’Allemagne maintient
re

Duero Saragosse
l’ouverture de mines de charbon,
essentiellement dans les länder de Barcelone
PORTUGAL
Madrid
Rhénanie du Nord-Westphalie et en
Saxe-Hanhalt, afin de couvrir l’ensemble Tage

de ses besoins énergétiques. Malgré Valence Palma

adiana de Majorque
la diminution de la part des énergies Gu Jucar
Îles Baléares
carbonées et nucléaire depuis 1990 et alquivir
Guad Segura
la progression importante des énergies Murcie
Séville
renouvelables sur la même période, ces Mer Méditerranée
N Malaga
dernières ne couvrent aujourd’hui que
15 % de la consommation énergétique 0 100 200 km

totale allemande. De plus, l’Allemagne Des ressources contrastées Des usages variés Des aménagements inégalement durables
reste dépendante d’importations région déficitaire en eau agriculture irriguée barrage
massives de charbon et d’hydrocarbures.
région bien pourvue en eau littoral touristique usine de dessalement
La version interactive des documents
fleuve principale ville transfert d’eau
donne accès à des exercices numériques
corrigés.

24
Analyser un graphique p. 66 – le Mexique est dépendant de la Californie pour son accès
1. Titre : les deux termes qui donnent l’idée générale sont à l’eau ;
« évolution » et « mix énergétique ». – l’élevage californien absorbe directement ou indirectement
Forme : la forme circulaire est adaptée à la représentation près d’un tiers de l’eau utilisée dans l’agriculture.
d’une répartition par secteur. 3. Il est possible d’organiser l’analyse des documents selon
Légende : les énergies sont différenciées selon qu’elles sont le plan suivant.
renouvelables, c’est-à-dire fournies par la nature en quantité Des ressources en eau insuffisantes : une ressource limitée ; des
illimitée (soleil, vent, eau) ou se régénérant à l’échelle humaine usages croissants ; l’agriculture, grande consommatrice d’eau.
(biomasse, agrocarburant), ou non renouvelables. Cela permet Des tensions à toutes les échelles : échelle nationale, une
de mesurer l’état de la transition énergétique dans le monde. ressource partagée entre 7 États ; échelle internationale, avec
Sources : l’Agence internationale de l’énergie est une source le Mexique.
institutionnelle à l’échelle mondiale.
Analyser un dessin de presse p. 68
2. Seules les trois affirmations suivantes peuvent être retenues :
1. Le document est un dessin paru dans Le Progrès, c’est-à-dire
– les énergies fossiles représentent 80 % de la consommation
un quotidien régional lyonnais. Un dessin de presse engage
énergétique en 2020 ;
fortement le point de vue de son auteur. Il est donc subjectif
– la consommation d’énergie dans le monde en 2020 sera
et doit être nuancé.
presque le double de celle de 1990 ;
– les énergies renouvelables ne représentaient qu’un huitième 2. Décrire le dessin Interpréter le dessin
de la consommation en 1990. de presse de presse
3. Il est possible de rédiger l’analyse de document selon le Le changement – Des barils de pétrole : – Une vision simpliste
plan suivant. climatique renforce ils sont nombreux, car : réserves repérées/
la pression sur les cinq au total et le titre estimées mais pas
Prélever les Connaissances ressources souligne l’idée d’une forcément exploitées
informations personnelles « réserve géante » de en raison des difficultés
Des besoins La consommation Croissance pétrole du milieu ; une seule
énergétiques d’énergie dans le monde démographique usine de GNL en Russie
en croissance en 2020 sera presque le Croissance économique, à Sabetta ; autres
double de celle de 1990 en particulier dans les ressources existantes
États émergents que le pétrole
Apparition de nouveaux (minerais, pêche…)
besoins (numérique), Une augmentation – Un seul bloc de – À l’échelle mondiale :
notamment avec le des tensions banquise qui paraît la fonte accélérée des
développement des politiques et tout petit au centre du glaces entraîne une
populations environnementales dessin hausse du niveau
Des énergies Consommation mondiale Développement des moyen des mers
fossiles de pétrole qui augmente. transports – À l’échelle de
encore Consommation totale Développement des gaz l’Arctique : la fonte
dominantes d’hydrocarbures en hausse et huiles de schiste accélérée de l’inlandsis
du Groenland et recul
de la banquise de
Des énergies La consommation Transition énergétique
l’océan glacial Arctique
renouvelables d’énergie renouvelable a
en progressé plus vite que les
– Deux animaux (ours – Une faune perturbée
progression énergies fossiles.
et pingouin) symboles par les risques de
Les énergies renouvelables Coût des infrastructures ;
de l’Arctique, qui pollution et les
sont encore limitées (15 % contraintes de production,
lèvent les mains. Les nouvelles activités
du mix mondial) de stockage et de
agresseurs sont des entravant migrations
transport
tuyaux de pétrole et reproductions
dont les extrémités
Pour s’entraîner à l’analyse de documents p. 67 sont pointées sur eux
1. Le doc. 1 est un diagramme en barre, réalisé à partir des comme des révolvers
données de 2019 du service de l’eau de Californie. Il présente
en pourcentages les différents usages (domestique, industriel – Les tuyaux sont reliés – Des États qui ont
et agricole) de l’eau dans l’État de Californie. L’usage agricole, à des barils portant le des réserves et/ou des
le plus consommateur, est détaillé avec un diagramme nom de 5 États exploitations en cours
circulaire. Le doc. 2 explique, grâce à un schéma composé d’un et qui convoitent des
réserves potentielles
diagramme circulaire et d’une carte, le partage des ressources
d’énergie dans des eaux
des fleuves qui traversent la Californie aux échelles nationale extra territoriales (pôle
et internationale (accord avec le Mexique). Il s’appuie sur les nord) mais exagération:
données du Journal de l’environnement et de The San Diego seule la Russie possède
Tribune, datés respectivement de 2016 et 2017. le plus grand potentiel
2. Les trois affirmations suivantes permettent de décrire les pétrolier et gazier en
graphiques : Arctique
– l’agriculture absorbe près de la moitié de la consommation 3. La rédaction de l’analyse du dessin de presse peut s’appuyer
d’eau californienne ; sur le plan proposé dans le tableau ci-dessus.

Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 25

 S’initier à répondre à une question
problématisée
1. Les usages de l’eau : agricole, industriel, domestique,
énergétique…
Pressions multiples : certaines régions sont en situation de
pénurie ou de stress hydrique chronique (nord, est et sud de
l’Afrique, Moyen-Orient, sous-continent indien).
Tensions liées à l’eau : environnementales (pollution, pénurie),
géopolitiques (contrôle des bassins hydrauliques).
Dans le monde : il est important de prendre des exemples à
l’échelle locale, en particulier pour voir les nuances et illustrer
précisément les arguments.
2. Propositions :
L’énergie : Quels sont les grands types d’énergies ? énergies
fossiles, renouvelables.
Source de tensions : Pour quelle raison l’énergie peut-elle être
source de tensions ? accès, convoitises, pressions…
Géoenvironnementales : Pourquoi l’énergie provoque-t-elle
des tensions géoenvironnementales ? pollution.
Géostratégiques : Citez des lieux de tensions géostratégiques
pour le partage des ressources énergétiques. Arctique, Sahara…
Géoéconomiques : Quels sont les principaux acteurs à l’origine
des tensions géoéconomiques ? les FTN du pétrole.
Réviser  p. 70-71
Localiser
Les ressources énergétiques
État où les énergies fossiles assurent la plus grande part
de la consommation énergétique
État où les énergies renouvelables (biomasse comprise)
assurent la plus grande part de la consommation énergétique
Les ressources en eau
Ressources en eau renouvelables
abondantes moyennes insuffisantes
plus de la moitié de la population n’a pas accès à l’eau
Définir
Les définitions de ces termes sont toutes dans le lexique du
manuel p. 266-268.
Expliquer
Des ressources majeures inégalement disponibles : inégalités
dans la répartition de la ressource, inégalités d’accès lié à
l’inégal développement.
26
Une pression croissante sur les ressources : pression
p. 69 démographique et économique (montée des émergents).
Des tensions à toutes les échelles : environnementales
(pollution, risque de pénurie), socio-économiques (inégal
accès entre États, entre villes et campagnes, entre quartiers
d’une même ville), stratégiques (entre États, entre FTN, avec
les ONG humanitaires ou environnementales)…
Argumenter
– La gestion de la ressource en eau ou des ressources
énergétiques dépend à la fois des ressources et du niveau de
développement. Ex. : la République démocratique du Congo
dispose de ressources en eau importantes mais l’accès des
populations y est limité.
– La pression sur les ressources majeures ne cesse de croître,
engendrant des tensions entre États. Ex. : le partage et l’accès
aux ressources pétrolières sont sources de tensions entre le
Soudan et le Soudan du Sud.
– Les tensions s’expriment également entre activités. Ex. : des
conflits d’usage sont nombreux pour le partage de l’eau entre
agriculteurs et autres usagers (touristes, industriels…).
– Face au changement climatique, une transition dans la
gestion des ressources majeures est donc nécessaire. Ex. : en
Australie, des formes de production d’énergies renouvelables
sont expérimentées (énergie houlomotrice, éolienne…).
Conclusion  p. 72-73
Les sociétés dans leur environnement
Cette double page de conclusion invite à une réflexion
systémique sur le thème 1 (Sociétés et environnements : des
équilibres fragiles). Placée en amont de l’étude du chapitre sur
la France, elle permet de poser les jalons qui seront nécessaires
pour aborder la question à l’échelle nationale ou régionale
(France, Afrique australe dans le chapitre conclusif).
Il s’agit d’abord de dessiner une carte simplifiée des équilibres
entre sociétés et milieux dans le monde. À travers cette
typologie, l’élève construit un socle de connaissance à l’échelle
mondiale. Puis, il s’agit de remobiliser les notions du thème
en les mettant en relation dans un organigramme systémique,
avant de changer d’échelle (ouverture sur la France, et sur la
l’Afrique australe du thème 4).
Cartographier
Titre : Des relations contrastées entre sociétés et environnements dans le monde
Mettre en relation et changer d’échelle
1. De nombreux exemples sont possibles, à extraire du manuel
et/ou du cours réalisé en classe. Pour varier les échelles, il est
possible de présenter les risques à l’échelle globale (changement
climatique), nationale (Japon, Colombie) ou locale (Floride) ;
et les tensions sur les ressources (pour l’accès à l’eau au Qatar
ou en Inde, pour la gestion de l’énergie en Australie ou en
Allemagne).
2. Les milieux français métropolitains semblent relativement
peu exposés aux risques naturels, à l’inverse des territoires
ultramarins (Antilles notamment). Les pressions sur les
ressources semblent limitées.
Des sociétés inégalement exposées et
inégalement vulnérables aux risques
région exposée aux risques
et aux populations mal préparées
région exposée aux risques
et aux populations bien préparées
région moins exposée aux risques
Une inégale pression sur les ressources
société ayant un faible accès aux
ressources essentielles (eau, énergie)
tension pour l’accès aux
ressources essentielles
... à l’eau
... à l’énergie
3. Toutes les cases peuvent être appliquées au cas français,
même si les notions peuvent varier dans leur intensité,
notamment entre territoires métropolitains et ultramarins.
4. L’Afrique australe n’appartient pas aux régions où l’exposition
aux risques est fortes. Par contre, les pressions sur les ressources
en eau y sont fortes. Le doc. 1 p. 234 montre que ces tensions
s’expriment surtout dans la partie orientale de l’Afrique australe.
5. Sans exhaustivité, il est possible d’isoler certaines
caractéristiques particulièrement adaptées aux territoires
d’Afrique australe : ressources, dégradations, pollutions,
pressions, transition environnementale.
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 27
 CHAPITRE
La France : des milieux métropolitains
3 et ultramarins entre valorisation
et protection
Introduction Bibliographie
À la fin du premier thème, le chapitre 3 permet de s’intéresser aux relations
entre sociétés et environnements à une échelle spécifique : celle de la France P. ARNOULD et L. SIMON, Géographie
des environnements, Belin Education,
métropolitaine et des territoires ultramarins français. Ce changement d’échelle
collection Major, 2018.
doit amener les élèves à s’interroger sur la manière dont un pays globalement
riche et développé comme la France prend en compte les interactions entre sa E. de BELIZAL, V. FOURAULT-CAUËT,
société et ses environnements. Comme le précise l’intitulé du programme : « En M.-A. GERMAINE, E. TEMPLE-BOYER,
France, la richesse et la fragilité des milieux motivent des actions de valorisation Géographie de l’environnement,
Armand Colin, Portail, 2017.
et de protection ». Notons d’emblée que cette richesse des milieux dépend
surtout des territoires ultramarins qui représentent, d’après le ministère des O. MILHAUD, La France des marges,
Outre-mer, 80 % de la biodiversité française. Cette biodiversité unique fait Documentation photographique, n° 8 116, 2017.
de la France l’un des pays les plus riches au monde en matière de diversité M. REGHEZZA-ZITT, La France dans ses territoires,
biologique. C’est dans cet environnement spécifique que la société française 2e édition, Armand Colin, Cursus, 2017.
exploite certaines ressources (et interdit l’exploitation de ressources précises
comme les hydrocarbures, la France étant devenue en 2017 le premier pays C. RUGGERI, La France. Géographie
des territoires, Ellipses, 2017.
au monde à interdire la recherche et l’exploitation des hydrocarbures sur son
territoire sachant que la production nationale de pétrole et de gaz en France Géopolitique de l’environnement, Hérodote,
représente 1 % de la consommation nationale), protège certains espaces n° 165 (au moins 4 articles portent sur la France),
terrestres et marins et gère des risques plus ou moins précis qui dépassent 2017.
de plus en plus les frontières du pays avec la problématique du changement
climatique. Même si ces actions et ces politiques de gestion ne sont pas
spécifiques à la France, elles font l’objet de débats qui se multiplient et sont
Sitographie
de plus en plus étudiées par les géographes dans une optique géopolitique.
Ainsi, les analyses de Philippe Subra sur la multiplication des ZAD en métropole Le site du Ministère de la Transition écologique et
ou les travaux de Samuel Depraz, géographe spécialiste des espaces protégés, solidaire : https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr
sur la question de l’acceptation sociale dans les politiques de développement
des territoires témoignent de ces enjeux forts liés au devenir des milieux Le site du gouvernement sur la prévention des
risques majeurs : https://www.gouvernement.fr/
français entre valorisation et protection. risques/risques-naturels

La géographie de l’environnement étudie les relations entre sociétés et Cartographie interactive des espaces protégés sur
le territoire français : https://inpn.mnhn.fr/zone/
milieux biophysiques à toutes les échelles, du niveau local et individuel aux sinp/espaces/viewer/
grands défis planétaires. C’est un sujet transversal à tous les courants de la
géographie car elle amène à questionner les notions de développement, de
représentations, d’aménagement ou encore de géopolitique. Des géographes
français se sont spécialisés ces dernières années sur des thématiques précises
liées à cette géographie de l’environnement comme M. Reghezza-Zitt sur la
problématique des risques ou L. Laslaz et S. Depraz sur la problématique des
espaces protégés.

Au final, le chapitre 3 doit permettre de montrer aux élèves que la mise en

valeur des milieux français n’est pas linéaire et qu’elle obéit à une diversité
de trajectoires possibles liées à des choix d’acteurs parfois multiples.

28
 Choix des documents
d’ouverture p. 74-75
Les deux premiers documents mettent en lumière les relations
ambiguës entre la population francilienne et la Seine. Le doc. 1
porte sur l’Échappée belle, un aménagement récent composé
d’une grande pelouse de 4 000 m2 qui est devenu un espace de
détente à proximité directe de la Seine. Dans le même temps,
cette pelouse est adossée à un mur anti-crue visible à gauche
de la photographie rappelant ainsi la menace potentielle que
représente la Seine. Cette menace peut être clairement identifiée
sur le doc. 2. À Villeneuve-Saint-Georges, l’Yerres, affluent de la
Seine, a été à l’origine de plusieurs inondations ces dernières
années surtout dans le quartier très exposé de Blandin-Belleplace.
Les géographes : des lanceurs d’alerte ?
Suite à son livre Paris coule-t-il sorti en 2012, la géographe M.
Reghezza-Zitt s’efforce de rappeler régulièrement qu’une crue
de la Seine semblable à celle de 1910 serait une catastrophe
pour les Franciliens, mais aussi pour l’ensemble des Français.
Pour elle, ce risque doit être une priorité politique.
Si la végétalisation des berges de la Seine est le signe d’une
évolution dans l’aménagement le long des fleuves français, la
confrontation entre les doc. 1 et 2 interroge sur l’exposition plus
ou moins importante d’une partie de la population à des aléas
clairement identifiés. Le doc. 3 permet toutefois de vérifier que
l’artificialisation des territoires français et sa progression sont
plus ou moins variables selon les régions.
Réponses aux questions
1. Les inondations de la Seine reflètent la vulnérabilité de la
population française qui peut être exposée à un ou plusieurs
aléas clairement identifiés comme ici les inondations. Ainsi,
une partie de la population francilienne en se concentrant le
long de la Seine est clairement exposée aux inondations de
ce fleuve majeur du territoire français. Comme le souligne le
doc. 3, le taux d’artificialisation en Île-de-France est le plus élevé
en France, ce qui aggrave clairement les risques puisque la
population francilienne a tendance à se rapprocher de certains
aléas comme la Seine.
2. Les aménagements réalisés en bord de Seine à Meudon
visent à végétaliser les rives du fleuve, ce qui a pour objectif
principal d’abaisser le niveau de vulnérabilité des populations.
En effet, en libérant de toutes constructions certains espaces
le long de la Seine, cela permet de limiter l’exposition des
populations aux inondations et de proposer des zones favorisant
l’épanchement des crues.
3. La végétalisation de la rive gauche de la Seine à Meudon
participe à la transformation du cadre de vie de la population
locale en proposant des espaces de détente et de loisirs à proximité
directe du fleuve. Cet aménagement illustre la reconquête des
cours d’eau visible également dans d’autres communes en France.
Cartes
Les milieux en France p. 76-77
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
Trois cartes composent la double page cartographique sur
les milieux en France. La carte 1 est une carte classique qui
localise les différentes ressources et les principaux risques en
métropole et dans les DROM. Certains aléas sont très spécifiques
aux territoires ultramarins comme les aléas volcaniques ou
cycloniques tandis que la métropole est surtout concernée
par les inondations, notamment des grands fleuves comme la
Seine ou le Rhône. La richesse des ressources en France visible
dans la deuxième partie de la légende est liée à la diversité des
milieux (littoraux, montagnards, plaines, vallées fertiles…).
Notons que la valorisation des milieux est évolutive et certains
milieux sont de plus en plus aménagés comme les milieux
marins qui sont en train d’être équipés en parcs éoliens offshore
qui n’apparaissent pas ici sur la carte. La carte 2 propose une
cartographie de la part de la population française en métropole
et dans les DROM résidant en zone inondable. En métropole,
cette part est très élevée à proximité des grands fleuves et
notamment en aval du Rhône ou le long de la Loire mais elle
l’est aussi le long de cours d’eau plus modestes comme l’Agly
ou le Verdouble dans les Pyrénées Orientales.
Les chiffres-clés du risque naturel inondation
en France (doc. 2)
17,1 millions de résidents permanents exposés aux différentes
conséquences des inondations par débordement de cours
d’eau, dont 16,8 millions en métropole.
1,4 million d’habitants exposés au risque de submersion
marine.
Plus de 9 millions d’emplois exposés aux débordements de
cours d’eau et plus de 850 000 emplois exposés aux submersions
marines.
20 % des habitations exposées aux submersions marines sont
de plain-pied.
Enfin, la carte 3 localise les espaces protégés les plus
emblématiques sur terre et sur mer. Si certains espaces sont
plus anciennement protégés en raison de leur fragilité comme
les littoraux ou les montagnes, la protection des milieux marins
progresse rapidement et notamment en Outre-mer. Notons que
la protection des milieux en France ne se limite pas aux seuls
parcs régionaux et nationaux et qu’elle englobe une diversité
de zonages qui n’apparaissent pas ici (réserves naturelles, sites
Natura 2000).
Lire les cartes
Cartes 1 et 2 – En France métropolitaine, les plaines et les vallées
sont exploitées pour l’agriculture tandis que les montagnes et
les littoraux sont surtout mis en valeur pour le tourisme. Les
littoraux de la Méditerranée ou de l’océan Atlantique sont
ainsi aménagés pour le tourisme balnéaire et les Alpes du
Nord accueillent des stations de sports d’hiver mondialement
connues. Certains milieux présentent à la fois des atouts et
des risques. C’est le cas des montagnes qui sont aménagées
pour la pratique notamment des sports d’hiver mais qui sont
exposées à l’aléa sismique et des vallées des grands fleuves
qui sont fertiles mais qui sont souvent exposées au risque
d’inondation (cas de la Seine, du Rhône…).
Carte 3 – Tous les milieux en France ne sont pas protégés de
manière équivalente. Ainsi, ce sont surtout les montagnes et les
littoraux qui accueillent le plus de parcs nationaux. Sur les 11
parcs nationaux en France, 3 parcs se trouvent dans les Alpes
(Vanoise, Écrins, Mercantour) et 2 sur le littoral méditerranéen
(Port-Cros et les Calanques). À l’inverse, la répartition des parcs
régionaux et des parcs marins est moins concentrée sur le
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 29
 territoire. Notons que les territoires ultramarins ne sont pas Le doc. 2 est un schéma qui permet de visualiser la manière
exclus de cette politique de protection en raison notamment dont les sociétés peuvent aggraver le risque d’inondation
de la richesse de leur biodiversité. aussi bien dans les milieux urbains que ruraux. Ces actions
peuvent parfois se cumuler dans certains espaces (cas de
Correction du schéma certaines communes le long de la Seine). À l’inverse, des
Titre : Les milieux en France, entre valorisation et protection actions visent aussi à réduire la vulnérabilité comme le rappelle
la végétalisation des bords de la Seine
Des risques et des à Meudon (doc. 1 page 74). De plus, le
contraintes à maîtriser
massif montagneux
............................
doc. 3 permet de faire réfléchir les élèves
et forestier à la manière dont les sociétés peuvent se
forte exposition préparer face à certains aléas à partir de la
Se de la population
ine aux inondations couverture du DICRIM de la commune de
zone à risque Vaires-sur-Marne (consultable ici : http://
Bassin sismique

ES
www.vairessurmarne.com/IMG/pdf/web_

Rhin
Bretagne parisien

SG
volcan actif dicrim_2017.pdf). Il est évident que ce

VO
Loi
re
De multiples ressources travail peut se faire à partir du DICRIM
agriculture du lieu de résidence de chaque élève en
Saône
A
intensive
JUR

France. Enfin, le Repère localise, dans

100 km principale vallée chaque département, les sites industriels
MASSIF
littoral touristique
classés SEVESO. Ceux-ci ont tendance à se
CENTRAL ALPES
50 km aménagé concentrer le long des vallées des grands
Rhône

ar domaine skiable fleuves français.

G

50 km
onn
e de rang mondial

50 km
Languedoc
N PYRÉNÉ
ES
0 100 200 km
50 km
Cours 1
Faire face aux risques en France
Présentation des documents et repères
Les documents accompagnant ce premier cours « Faire face aux
risques en France » permettent de répondre à la problématique
posée : « Comment mieux gérer les risques en France dans le
contexte du changement climatique ? ».
Le doc. 1 illustre les conséquences sur le bâti du passage du
cyclone Irma sur l’île de Saint-Martin en 2017. Causant la mort
d’une quinzaine de personnes dans les Antilles françaises, le
cyclone avait endommagé, à divers degrés, 95 % du bâti dans
les îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. Toutefois, si la
majorité des territoires ultramarins français est particulièrement
exposée à l’aléa cyclonique, le degré d’exposition et de
préparation des sociétés varie nettement entre les territoires.
Une vulnérabilité spécifique sur l’île
de Saint-Martin d’après la géographe
V. Duvat-Magnan (doc. 1)
La vulnérabilité de Saint-Martin tient pour beaucoup à la
particularité de son histoire politique et juridique, celle
d’un Outre-mer peu et mal administré, en proie à une crise
économique et à une émigration chroniques jusqu’à l’adoption
en 1986 de la loi de défiscalisation Pons, qui y a déclenché
une croissance économique et démographique brutale et
incontrôlée. Les investissements massifs opportunistes qui
y ont alors été réalisés ont entraîné, en quelques années,
une véritable révolution territoriale. Les bas cordons sableux
situés entre mer et lagune, et qui étaient jusque-là restés peu
urbanisés, ont été densément aménagés au plus près de la mer.
Ils ont accueilli, ici, du bâti touristique, et là, les bidonvilles des
nombreux immigrants en provenance des îles voisines pauvres.
V. Duvat-Magnan, dans Libération, 27 septembre 2017.
Des mesures de protection Capacités et méthodes
parc naturel marin
1. Les actions humaines peuvent aggraver
forte concentration les risques d’inondations en France
de parcs naturels
de multiples manières. En milieu rural,
l’arrachage des haies ou la surexploitation
des sols favorisent ainsi le ruissellement et la concentration des
eaux. La construction d’habitations dans les zones inondables
p. 78-79 et l’imperméabilisation des sols se traduisent par les mêmes
phénomènes en milieu urbain.
2. Les régions les plus menacées par l’aléa inondation se
trouvent à proximité des grands fleuves et notamment en
aval du Rhône ou le long de la Loire mais également le long
de cours d’eau plus modestes dans les Alpes ou les Pyrénées-
Orientales. Selon l’actualité, le tableau suivant répertorie des
informations utiles pour conduire la démarche géographique
attendue.
Causes – Construction en zones inondables
– Imperméabilisation des sols
– Recul de la couverture végétale
– Autres (voir doc. 2 p. 79)
Conséquences – Nombre plus ou moins important de victimes
– Montée des eaux dans les maisons les plus exposées
– Destruction du bâti, des ponts, des axes de transport
Moyens Prévention :
d’adaptation – Destruction des habitations en zones inondables
mis en œuvre – Végétalisation des rives des cours d’eau
– Exercices d’évacuation de la population
Prévision :
– Mise en place d’une alerte spécifique dans
les communes concernées
Cours 2
Des milieux à valoriser
et à ménager p. 80-81
Présentation des documents et repères
Les documents accompagnant ce second cours « Des
milieux à valoriser et à ménager » permettent de répondre

30
à la problématique posée : « Comment concilier valorisation
et préservation des milieux en France ? ». Le doc. 1 est une
photographie aérienne des dunes du Cap-Ferret (Gironde),
un site emblématique du littoral français protégé par le
Conservatoire du littoral depuis 1980. Le Cap-Ferret est une
flèche sableuse alimentée par la dérive littorale nord-sud due
aux courants côtiers qui tend à fermer le Bassin d’Arcachon. Le
site, partie intégrante du système dunaire de la côte Aquitaine,
est soumis à une forte érosion marine et éolienne.
Vers un possible sauvetage des dunes
du Cap-Ferret ? (doc. 1)
En février 2019, le préfet de Gironde a décidé de mettre en
place des mesures drastiques à la pointe du Cap-Ferret suite
au verdict rendu par le Centre d’études et d’expertise sur
les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement
(CEREMA). Il est désormais interdit de déambuler sur certaines
zones. Le but est d’établir un plan de crise afin d’anticiper les
risques d’effondrement et d’anticiper l’érosion qui gagne le
territoire du Cap-Ferret. Dans le même temps, la mairie de Lège
Cap-Ferret poursuit le ré-ensablement du littoral. En octobre
2018, plus de 30 000 m3 de sable ont ainsi été déversés pour
ralentir l’érosion.
Le doc. 2 est une campagne de sensibilisation à l’économie
circulaire diffusée par le gouvernement français. Elle encourage
notamment les ménages à recycler leur ancien téléphone
portable en rappelant le faible pourcentage de téléphones
actuellement recyclés. Le doc. 3 est un extrait d’un ouvrage
généraliste sur la géographie de la France qui expose les
causes de la multiplication des conflits environnementaux
liés notamment à une opposition entre des acteurs aux
intérêts parfois forts divergents. Enfin, le Repère est une frise
chronologique qui rappelle les principales lois de protection
de l’environnement mises en place en France depuis une
soixante d’années. Dévoilé en juillet 2018, le Plan biodiversité
vise à renforcer l’action de la France pour la préservation de
la biodiversité et à mobiliser des leviers pour la restaurer
lorsqu’elle est dégradée.
Capacités et méthodes
Des milieux fragilisés…
forêt mitée par
des habitations
océan Atlantique
à l’origine de
l’érosion des dunes
… mais protégés
dunes protégées
par le Conservatoire
du littoral
site touristique
de la dune du Pilat
Exemple 1
Pourquoi les transformations
du littoral vendéen menacent-elles
sa durabilité ?  p. 82-83
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
La double page sur les transformations du littoral vendéen
est composée de quatre documents qui s’intéressent à
l’anthropisation accrue de cette partie précise du littoral
français, à son exposition à des aléas clairement identifiés et
aux réponses apportées pour ménager ce littoral et le protéger.
Le doc. 1 est une photographie aérienne des Sables d’Olonne,
ville emblématique de la Côte de lumière. Elle met en avant les
divers atouts de ce milieu (plage, forêt domaniale d’Olonne,
marais…) et les aménagements qui les valorisent (promenade
de l’amiral Lafargue, port de plaisance Olona…). Le doc. 2 est
une carte qui porte sur les autres atouts du littoral vendéen
(ressources de l’océan, paysages dunaires…) mais également
sur son exposition à différents aléas comme les inondations
ou le recul du trait de côte, ce que confirme le doc. 4, un
texte extrait d’une analyse de la DREAL Pays de la Loire. Sur
un temps plus ou moins long, l’anthropisation d’espaces
très exposés a augmenté la vulnérabilité des populations
sur certaines communes, ce qu’a confirmé le passage de la
tempête Xynthia en 2010. Les doc. 2 et 3 présentent ainsi les
réponses apportées après cette catastrophe. La destruction
de maisons sur les communes de la Faute-sur-mer et de
l’Aiguillon-sur-mer reste la mesure la plus emblématique. À
la Faute-sur-mer, les maisons détruites ont laissé la place à
des terrains inconstructibles transformés en golf visible sur
le doc. 3.
Xynthia, une catastrophe analysée
par les géographes
La tempête Xynthia a été analysée par de très nombreux
géographes spécialisés notamment dans l’étude des risques. De
nombreux articles ont été répertoriés sur le site Géoconfluences :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/xynthia-
une-catastrophe-analysee-par-les-geographes
Réponses aux activités
Itinéraire 1
Pourquoi les transformations du littoral vendéen menacent-
elles sa durabilité ?
Parmi les éléments de réponse attendus :
– les aménagements se sont multipliés le long du littoral
vendéen en lien notamment avec le développement du
tourisme balnéaire et la multiplication des stations balnéaires ;
– ces transformations ont contribué à exposer de plus en plus
certaines populations et notamment aux inondations liées
au passage de tempêtes comme l’a rappelé le passage de la
tempête Xynthia en 2010 ;
– le littoral vendéen est de plus en plus exposé au recul du
trait de côte et au risque de submersion marine renforcé par
le changement climatique ;
– une véritable politique de gestion des risques est en cours
de développement pour penser un développement durable
du littoral vendéen. Celle-ci a notamment pour objectif de
baisser la vulnérabilité de certaines communes comme la
Faute-sur-mer.
Itinéraire 2
1. Le littoral vendéen présente de nombreux atouts et
ressources visibles dans les doc. 1 et 2. Sur la photographie
aérienne des Sables d’Olonne, la plage au premier plan favorise
le tourisme balnéaire et la conchyliculture est possible tout au
long du littoral. La diversité des paysages (marais, dunes…)
est également une ressource qui participe à l’attraction de
ce littoral.
2. Le littoral vendéen est exposé à plusieurs aléas. Le risque
d’inondation lié au débordement de cours d’eau sur terre
Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 31
 mais également aux submersions marines depuis l’océan est
particulièrement élevé pour certaines communes. Le littoral
vendéen est également exposé à l’érosion de son trait de côte.
L’impact de ces aléas est aggravé par les fortes densités de
population et la construction d’habitations dans des espaces
fortement exposés. La commune de la Faute-sur-mer a ainsi
été, en grande partie, inondée suite au passage de la tempête
Xynthia en 2010.
3. Des mesures sont prises pour gérer les risques et protéger
durablement le littoral. Suite à la tempête Xynthia en 2010, des
maisons ont été détruites dans les communes particulièrement
concernées comme la Faute-sur-mer ou l’Aiguillon-sur-mer
pour limiter l’exposition des populations et des ouvrages de
protection notamment des digues ont été réalisés tout au long
du littoral. La protection du littoral est également possible par
la délimitation de zones protégées et par la multiplication des
acquisitions du Conservatoire du littoral le long du littoral.
Proposition d’évaluation : Prélever des informations d’un
document.
À l’aide du doc. 2, montrez comment les atouts du littoral
vendéen sont valorisés et expliquez pourquoi les politiques
de protection et de gestion des risques se multiplient le long
de ce littoral.
Exemple 2
La production de sapins de Noël,
un atout pour le Morvan ? p. 84-85
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
La double page sur l’industrie du bois dans le Morvan est
composée de cinq documents qui s’intéressent à la valorisation
des forêts morvandelles, aux conséquences économiques de
cette valorisation et aux oppositions que cette exploitation
entraîne. Le doc. 1 présente une exploitation de sapins de
Noël à Saulieu (Côte-d’Or) qui fait du massif du Morvan la
première zone de production de sapins de Noël en Europe.
Comme le souligne le doc. 2, les feuillus sont également
exploités dans le Morvan, ce qui permet l’existence d’une
filière bois dynamique. Les conséquences économiques de
l’exploitation forestière sont donc majeures, ce que rappelle
le doc. 3. Toutefois, cette valorisation est source de tensions.
D’après le doc. 4, des associations écologistes comme Autun
Morvan Écologie dénoncent la disparition de certaines forêts
de feuillus face notamment à la progression des plantations
de pins Douglas. Dès lors, une gestion durable de la forêt
du Morvan devient une nécessité, ce que rappelle la charte
forestière du Parc naturel du Morvan (doc. 5).
Les géographes et la forêt
Les forêts sont des objets d’étude pour certains géographes
français. En 2014, Paul Arnould publiait l’ouvrage Au plaisir des
forêts chez l’éditeur Fayard et il a consacré une étude sur les forêts
dans l’ouvrage Géographie des environnements sorti en 2018.
Pour comprendre
1. Le remplacement des forêts de feuillus par une monoculture
de résineux est critiqué par l’association Adret Morvan pour
plusieurs raisons. Premièrement, ce mode d’exploitation est
destructeur pour l’environnement car il entraîne des coupes
à blanc nécessitant des travaux de reboisement lourds. La
32
monoculture de résineux appauvrit et acidifie les sols ainsi que
l’eau et augmente l’érosion et les risques d’inondation en aval.
De plus, les résineux sont plus sensibles aux attaques parasitaires
et aux vents violents dont la fréquence augmente. Enfin, la
forêt gérée en coupe rase est visuellement peu attractive, donc
défavorable aux activités de loisirs et de tourisme.
2. L’association Adret Morvan propose plusieurs solutions
pour gérer durablement la forêt du Morvan. Elle encourage la
pratique de la forêt mélangée en futaie irrégulière qui conjugue
préservation de la biodiversité, de l’emploi, des paysages et du
savoir-faire des forestiers. Elle souhaite réduire la pratique des
coupes rases de forêt de feuillus et orienter les reboisements
sur ces coupes vers des peuplements mélangés en équilibre
avec leur station (sol et climat).
Réponses à l’activité
Un milieu montagnard qui présente des atouts (doc. 2 et
3) : un sol acide et granitique ; un climat humide et semi-
montagnard ; une forêt composée à 55 % de feuillus et 45 %
de résineux.
L’exploitation du bois, une activité économique majeure (doc.
1, 2 et 3) : la production de sapins de Noël est une véritable filière
d’excellence dans le Morvan qui génère 20 millions d’euros de
chiffre d’affaires ; cette production de sapins de Noël dynamise la
vie économique locale (transporteurs, producteurs de filets…) ;
de nombreuses entreprises spécialisées dans la transformation
du bois sont implantées dans le massif du Morvan.
L’exploitation du bois, une activité contestée (doc. 4) : les
coupes rases des forêts de feuillus pour les remplacer par une
monoculture de résineux sont dénoncées par les associations
écologistes ; les conséquences paysagères de ces coupes rases
sont particulièrement dénoncées par le doc. 4.
Vers une gestion durable pour concilier valorisation et
protection (doc. 2 et 5) : le massif du Morvan est intégré dans
un Parc naturel régional qui cherche à gérer durablement la
forêt ; une charte forestière spécifique a été rédigée par le PNR
du Morvan pour valoriser durablement le bois du Morvan en
facilitant le dialogue entre les acteurs concernés.
Confronter des documents (doc. 4 et 5).
En confrontant les doc. 4 et 5, montrez comment la valorisation
actuelle des forêts du Morvan est critiquée et pousse à réfléchir
à leur gestion durable.
Exemple 3
La Guadeloupe, une île menacée
par le changement climatique ? p. 86-87
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Exposés aux épisodes cycloniques extrêmes et à la montée
progressive du niveau de la mer en lien avec le changement
climatique, les littoraux de la Guadeloupe (doc. 1) sont soumis
à l’érosion et aux inondations côtières. Les risques concernent
avant tout la sécurité des biens et des populations, mais
également l’agriculture (doc. 3) et l’économie touristique
liée au maintien des plages et à la biodiversité de ces milieux
marins (mangroves, récifs coralliens). Face à ces menaces bien
connues, des exemples de stratégies sont mises en place.
Une stratégie d’atténuation consiste à limiter les effets de
la production énergétique pour le tourisme. Le doc. 2 est
un document d’acteurs qui souligne les objectifs (limitation
de la consommation énergétique, transition énergétique, Acteurs – Région Guadeloupe – Commune
préservation des ressources en eau) et les solutions envisagées concernés – Ademe (Agence de de Petit-Bourg
(adaptation des hôtels, essor de l’énergie éolienne et solaire). l’environnement et de la maîtrise – Entreprises
Mais la nature même du document ne permet pas de mesurer ces de l’énergie) : État et associations
projets. Les doc. 3 et 4 proposent des stratégies d’adaptation : – Autres territoires ultramarins :
la multiplication des études du changement climatique par les Martinique et Guyane : vers une
acteurs publics (doc. 3) permet de sensibiliser l’ensemble des coopération régionale
acteurs et d’établir le projet de relogement de Petit-Bourg. Le – Union européenne
doc. 4 est à analyser avec les élèves : au premier plan, Petit- Actions et – Une stratégie d’atténuation : – Une stratégie
bourg (25 000 habitants) apparaît comme une commune à limites limiter les émissions à effet d’adaptation :
fleur d’eau de Basse-Terre. L’urbanisation s’est concentrée à de serre en engageant une relogement des
proximité de la côte alors que les champs et un habitat diffus transition énergétique (mise habitants du quartier
en place d’énergie solaire et de Petit-Bourg du
occupent l’arrière-plan jusqu’aux crêtes volcaniques. Or les
éolienne, rationalisation de la littoral vers les terres
falaises s’érodent peu à peu comme le montrent les ouvrages
consommation des hôtels) (écoquartier)
de consolidation (a) qui s’avèrent aujourd’hui inefficaces. Un – Difficultés de concilier – Enquêtes thématiques
projet de relogement est donc mis en place pour déplacer développement touristique et pour comprendre les
progressivement le centre urbain en amont et réduire sa transition énergétique manifestations du
vulnérabilité (écoquartier dans le quartier Saint Jean). changement climatique
(agriculture climato-
Le réchauffement climatique en Guadeloupe (doc. 1) résiliente ; impacts
littoraux)
Le réchauffement climatique est responsable de la montée des
eaux, aussi bien par la fonte des glaces, que par la dilatation = des stratégies d’atténuation et d’adaptation mais des
projets qui ne sont pas encore concrétisés
du volume des océans (plus l’eau est chaude, plus elle occupe
de volume, on parle de contribution stérique). Cependant,
l’estimation de cette élévation est complexe à établir et très
débattue. Une étude réalisée par l’Académie américaine des
Exemple 4
sciences (PNAS) de mai 2019 estime possible une montée de Les Français consomment-ils trop d’eau
2 mètres d’ici 2100 (au cas où le réchauffement climatique
atteindrait 5 %) alors que le GIEC en 2014 avait établi une
pour leurs besoins domestiques ? p. 88-89
élévation d’un mètre d’ici 2010 par rapport à la période 1986-
2005. 1,79 million de km² de terres seraient concernés ainsi que Enjeu de l’exemple et présentation des documents
190 millions de personnes. Les espaces les plus menacés en Le choix de l’eau domestique vise à impliquer les élèves dans
Guadeloupe peuvent être visualisés par différents outils comme un travail d’enquête. L’objectif est de prendre conscience
celui de http://flood.firetree.net/. Même s’ils sont à utiliser des pressions qui pèsent sur les ressources en eau en France.
avec prudence, ces outils de simulation permettent de voir Après avoir lu la situation-problème, l’élève doit chercher des
comment peuvent être élaborées les politiques d’adaptation réponses au paradoxe suivant : bien que la France ne soit pas
au changement climatique. un pays pauvre en eau, les habitants sont fortement incités à
réduire leur consommation. Un travail préparatoire à la maison
permet d’établir la consommation familiale de l’élève. En groupe
Pour conclure et prolonger l’analyse ou en guise d’évaluation,
de quatre, des moyennes de consommation pourront être
il est possible de souligner que la coopération interétatique se
calculées en classe et le professeur pourra faire réfléchir les
met en place. Le projet Carib-Coast de prévention des risques
élèves sur les facteurs de variation de cette consommation à
côtiers, porté par le BRGM (Bureau de recherches géologiques
l’échelle locale, nationale puis mondiale (activité 1). L’activité 2
et minières), implique les différents États des petites et grandes
vise ensuite à chercher les pressions exercées sur les ressources
Antilles, mais aussi des autres pays limitrophes, communément
en eau. Les doc. 1 et 2 émanent d’établissements publics. Le
exposés aux mêmes aléas (Trinidad & Tobago, la Jamaïque et
premier a pour vocation d’informer les consommateurs alors
Porto-Rico). Il est en partie financé par des fonds européens.
que le second, plus technique, souligne les conséquences
https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/carib-coast-etudes-
environnementales de la dépollution des eaux usées. Pour
aux-actions-671937.html
une meilleure compréhension, un schéma fléché pourra être
réalisé. La confrontation des deux documents aboutit à la
Réponses à l’activité
conclusion suivante : la surconsommation d’eau potable a
À l’échelle de la Guadeloupe À l’échelle locale des impacts sur l’environnement à cause de la dépollution des
Menaces – Réchauffement général des – Érosion du littoral due eaux usées. L’activité 3 permet donc de rechercher les gestes
températures à la montée des océans écoresponsables qui permettent d’économiser l’eau pour
– Des précipitations saisonnières – Risque croissant éviter la pollution. De nombreux sites Internet permettent
de plus en plus contrastées d’inondation sur les de faire cette recherche : l’élève pourra commencer par le site
(renforcement des cyclones) littoraux de sa commune ou de son département ; des sites associatifs
– Impacts sur l’agriculture (culture – Impact du ou d’entreprises (Veolia, Suez). Chaque solution sera illustrée
de la canne à sucre) et sur le tourisme réchauffement sur la pour l’exposé oral.
– Forte vulnérabilité des espaces biodiversité marine
littoraux : concentration de la (mangroves, récifs
population, des activités et du coralliens) « Les Français et l’eau », enquête nationale annuelle publiée
réseau routier par le Centre d’information sur l’eau (C.I.eau) avec TNS-SOFRES,
analyse l’opinion des Français sur le service de l’eau, sa qualité,

Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 33

 son prix et ses habitudes de consommation. https://www. l’eau : coût financier élevé du traitement des eaux usées, coût
eaufrance.fr/publications/les-francais-et-leau-donnees-2018. environnemental (eaux fluviales, participation au réchauffement
Cette étude souligne la faible connaissance des citoyens sur climatique).
l’eau potable. Par exemple, seuls 40 % des sondés savent que – Les solutions pour une meilleure gestion de l’eau : des
les eaux usées « sont nettoyées avant d’être rejetées dans la moyens techniques pour économiser l’eau, de nouveaux
nature ». Or traiter des eaux usées est un enjeu sanitaire. En comportements pour faire baisser le coût de la facture d’eau,
France, 19 750 usines de dépollution de eaux usées permettent de nouvelles techniques de gestion de l’eau.
déjà de retraiter l’essentiel des eaux usées résultant des activités Proposition d’évaluation : L’évaluation portera sur des exposés
humaines. Dans un objectif de préservation de la ressource en réalisés par groupe de 4 élèves. La capacité à construire une
eau, la réutilisation d’eaux usées traitées est de plus en plus argumentation pour répondre au sujet sera prise en compte
envisagée comme une alternative (au-delà de l’irrigation ou ainsi que la clarté de l’exposé oral.
de l’arrosage).
Méthode
Réponses à l’activité Prélever des informations d’un document p. 90
Activité 1 1. et 2.
1. 2. 3. Activité à mener à partir sur le site de l’eau de Paris. Expliquer les
Prélever des informations
informations grâce
4. La consommation moyenne de l’eau domestique en France du document
aux connaissances
se situe entre 130 et 160 litres par jour et par habitant. Même
Une Réchauffement climatique Un climat tempéré
si cette consommation est moins élevée que dans certains modification en été sur l’ensemble du océanique qui deviendra
États (États-Unis, Canada, Japon, Australie : plus de 250), la globale du territoire plus continental
France se situe dans les plus gros consommateurs mondiaux. climat Des villes qui deviendront En lien avec
Mais il faut nuancer cette moyenne qui peut varier à l’échelle des îlots de chaleur l’artificialisation des
nationale selon les régions, le mode de vie (les espaces ruraux milieux urbains et
consomment en général moins d’eau) et les saisons. Des montagnes touchées l’impact des transports
par le recul de urbains
Activité 2 l’enneigement Menace sur les activités
5. Il serait plus exact d’évoquer le coût des services de l’eau que touristiques (essor de
le « coût de l’eau » puisque le transport de l’eau à domicile et l’enneigement artificiel
la dépollution des eaux usées (assainissement) représentent dans les domaines
78 % de ce coût. Ce que les usagers payent correspond donc à skiables des Alpes)
l’ensemble des services rendus aux utilisateurs. Or, ce sont les Des risques Les littoraux atlantiques p. 82 : exemple de la
investissements liés à la dépollution de l’eau qui augmentent climatiques seront particulièrement tempête Xynthia en 2010
aujourd’hui. amplifiés touchés : risque à la Faute-sur-Mer
6. Les traitements de l’eau ont des effets environnementaux : d’inondation et d’érosion Le recul du trait de côte
ils acidifient les eaux fluviales et privent d’oxygène leur Conséquences : recul résulte de la montée
du littoral, vulnérabilité du niveau des océans
biodiversité. De plus, l’assainissement de l’eau participe au
croissante des hommes alors que le changement
réchauffement climatique car les procédés utilisés émettent et des aménagements climatique accentue
des Gaz à effet de serre. touristiques et résidentiels l’intensité des tempêtes
7. Ainsi, même si la France n’est pas un pays menacé par la atlantiques
pénurie d’eau pour le moment, une meilleure gestion de Risque d’inondation amplifié Une vulnérabilité
l’eau est à mettre en place face au changement climatique pour tous les fleuves renforcée car un Français
car la surconsommation d’eau potable a des impacts sur Risque de sécheresse au sud sur quatre vit en zone
l’environnement à cause de la dépollution des eaux usées. de la Loire et extension du inondable
risque d’incendies en France
Activité 3 métropolitaine et dans les Un climat méditerranéen
8. territoires ultramarins plus étendu au sud et de
fortes pressions sur les
Des moyens Des techniques de ressources en eau (plus
Des moyens incitatifs
techniques gestion de l’eau d’irrigation)
Chasse d’eau à Privilégier des douches plutôt Goutte-à-goutte
double débit que des bains dans les jardins 3. et 4. – Une modification globale du climat : réchauffement
Appareils Ne pas laver sa voiture à Système de global, des villes qui deviennent des îlots de chaleur ; des
ménagers peu domicile (eaux résiduelles récupération de l’eau montagnes transformées par le recul de l’enneigement, des
consommateurs chargées en hydrocarbures et de pluie effets globaux sur les hommes et les activités économiques
en eau autres polluants se déversent (agriculture, tourisme).
directement dans le sous-sol)
– Des risques climatiques amplifiés : des littoraux menacés
Bilan par les tempêtes et l’érosion, des fleuves menacés par les
– Une forte consommation domestique de l’eau en France : inondations, des risques de sécheresse et d’incendie qui
entre 130 et 160 litres par jour et par habitant ; répartition s’étendent, une vulnérabilité humaine et économique renforcée
des postes de dépenses au sein du foyer (poids des usages localement.
liés à l’hygiène) ; autres usages (usage agricole, industriel et – Des limites pour traiter le sujet : des manifestations du
énergétique). changement climatique très débattues, des conséquences
– Les impacts environnementaux de la consommation de assez générales sur les hommes et les activités, une non-prise

34
en compte des effets des aménagements sur le renforcement Comprendre l’organisation d’une réponse
des risques (artificialisation du territoire, concentration des problématisée p. 92
hommes et des activités le long des littoraux et des fleuves).
1. C’est le plan 2 convient le mieux pour traiter le sujet.
Analyser un texte p. 91 2. – Des milieux valorisés mais vulnérables : artificialisation
1. Cette tribune du journal Le Monde datée du 24 avril 2018 du territoire ; ressources naturelles ; diversité des territoires
présente le point de vue d’un maire d’une commune de Guyane ultramarins ; aléas naturels ; vulnérabilité ; effets du changement
concernée par le projet de la Montagne d’Or. Il publie son climatique ; risques dans les territoires ultramarins ; atteintes
point de vue dans un quotidien afin de diffuser ses arguments à l’environnement.
contre ce projet minier. – Des politiques de prévention et de préservation à toutes
les échelles : économie circulaire ; parc naturel terrestre et
2. Pour le projet Contre le projet maritime ; transition énergétique ; transition environnementale ;
Acteurs Entreprise russo- Patrick Lecante, maire politique de prévention et de prévision.
canadienne qui doit de la commune – Les limites de la gestion durable des milieux en France :
exploiter l’or artificialisation du territoire ; vulnérabilité ; effets du changement
Une position contradictoire de l’État français entre climatique ; conflits d’usage ; atteintes à l’environnement.
développement économique de la Guyane et lutte 3. Il est possible d’utiliser le schéma proposé p. 81 pour illustrer
contre le réchauffement climatique et la préservation le premier paragraphe.
de l’environnement
Arguments Arguments économiques et sociaux
La région manque de Manque de formation de À l’oral
capitaux de technologie et
de savoir-faire
la main-d’œuvre locale :
des emplois de faible
Organiser ses arguments p. 93
Création de 750 emplois qualification 2. Les arguments du débat
directs Des emplois durables ?
risque de chômage Pour la mise en place Contre la mise en place
des éoliennes de Saint-Nazaire des éoliennes de Saint-Nazaire
Arguments environnementaux
Production d’une énergie Risques environnementaux
Faible accès (120 km
renouvelable pour favoriser (oiseaux, biodiversité marine)
de la première ville)
la transition énergétique Dégradation du paysage pour
Risque de pollution et de
Développement économique les résidents
destruction de la forêt
du territoire local Fuite des touristes
(utilisation du cyanure,
Dynamisation de cette nouvelle Doutes sur l’efficacité énergétique
explosifs)
filière industrielle des éoliennes
Utilisation d’énergie
Création d’emplois
fossile : risque
d’intensification du
réchauffement climatique 4. Arguments socio- Arguments
Explications à La Guyane, un territoire en La forêt amazonienne, économiques environnementaux
l’aide de vos quête de développement : un milieu fragile : sols Acteurs Ademe : baisse Conseil départemental :
connaissances fort taux de chômage parmi les plus pauvres favorables de la dépendance réduction des émissions de GES
(22 % contre 9,2 % en et les plus fragiles de la énergétique, et lutte contre la pollution à
France) et la part des planète, augmentation opportunités l’échelle régionale
inactifs (48 % contre 26,2 % des sécheresses liées économiques et Ademe : réduction des
en France) à la déforestation commerciales émissions de GES à l’échelle
La Guyane, un territoire en La forêt amazonienne, Conseil départemental : nationale
quête de diversification un milieu sous pression : développement ONU : lutte contre le
économique : industrie déforestation au profit de économique du changement climatique à
spatiale, pêche et la mise en valeur agricole territoire local l’échelle mondiale (Accords de
ressources minières, un ou minière, pollution ; Géneral Electrics : Paris, 2015)
actif sur trois travaille dans pression sur les ressources essor d’un nouveau
la fonction publique en eau, des espaces marché
sociaux transformés Acteurs Maire du Croisic : Pêcheur : risques
défavorables risque d’impact environnementaux (oiseaux,
3. La tribune montre bien un point de vue d’acteur. De négatif sur l’activité biodiversité marine)
nombreux arguments de ses détracteurs sont présentés et touristique et Association de défense de
critiqués. C’est pourquoi il faut lire cette tribune avec un regard interrogation sur la l’environnement : doutes sur
critique. réalité des emplois l’efficacité énergétique des
4. Un débat autour de l’exploitation de la Montagne d’or en locaux créées dans le éoliennes
Guyane qui oppose : domaine industriel Touristes ou résidents qui ont
une vue sur mer : dégradation
– des arguments socio-économiques en faveur du projet
du paysage
minier pour un territoire en quête de développement et de
diversification économique ;
– des doutes sur les retombées socio-économiques du projet
minier et des arguments environnementaux en faveur du milieu
amazonien qui est à la fois fragile et sous pression.

Thème 1 • Sociétés et environnements : des équilibres fragiles 35

 Réviser  p. 95

Localiser
Les milieux exposés aux risques Les ressources des milieux Les milieux à protéger

massif montagneux forte exposition agriculture domaine skiable

et forestier intensive de rang mondial parc naturel forte concentration
de la population
vallée exposée aux inondations littoral touristique aménagé marin de parcs naturels
aux inondations

Définir – Des milieux particulièrement attractifs :

Les définitions de ces termes sont toutes dans le lexique du • certains milieux sont plus attractifs que d’autres en France
manuel p. 266-268. (littoraux, montagnes) ;
• ce changement de regard sur certains milieux a évolué
Expliquer dans l’histoire ;
• cette attractivité est fluctuante selon les saisons (forte sur
Milieux présentant des atouts : une diversité de milieux en
les littoraux en été et en montagne l’hiver).
France (littoral, montagnard…) ; cette diversité présente de
nombreux atouts valorisés par des nombreux aménagements – Des risques à prendre en compte :
(exploitation des ressources, création de stations touristiques…). • cette attractivité renforce l’exposition de certaines
Des acteurs qui s’opposent sur la valorisation des milieux : populations à certains aléas et notamment sur les littoraux
des acteurs cherchent à encourager la valorisation de certains (inondations, submersion marine) ;
milieux quand certains autres souhaitent, au contraire, favoriser • la valorisation de certains milieux est repensée face aux
leur protection ; certaines associations écologistes cherchent évolutions liées au changement climatique (érosion du trait
à interpeller la société sur certains modes d’exploitations de côte) ;
(monoculture de résineux dans le massif du Morvan). • les catastrophes survenues récemment (tempête Xynthia
Des conflits plus ou moins violents (ZAD) et des sorties de en 2010 sur le littoral vendéen) poussent à repenser la
crise variées : dans certains cas, les oppositions entre acteurs valorisation de certains milieux (destruction de maisons
peuvent entraîner la formation de ZAD qui cherchent à bloquer sur le littoral).
toute transformation des espaces ; les sorties de crise sont Des milieux fortement transformés
variées et sont parfois le résultat de décisions de justice. Dunkerque
Le Havre
Rédiger
La rédaction peut s’organiser à partir du plan suivant. Nantes
I. Des milieux valorisés mais vulnérables
– Des atouts importants qui sont valorisés :
• la fertilité des grandes vallées françaises favorise l’agriculture ; Marseille
• les littoraux permettent l’exploitation de ressources et le artificialisation importante
développement du tourisme balnéaire ; littoral touristique aménagé
• les hautes et moyennes montagnes sont valorisées pour port majeur
les loisirs et le tourisme. grand domaine skiable

36
 THÈME
2
Territoires, populations et
développement : quels défis ?
Introduction p. 96-97
Le deuxième thème du programme de Seconde est intitulé
« Territoires, populations et développement : quels défis ? ».
La double page 96-97 introduit ce thème 2 à travers une
photographie de Mumbai. Il s’agit d’une accroche qui permet
un brainstorming avec les élèves : bidonvilles, quartier riche,
inégalités entre quartiers, pression sur l’environnement…
autant de remarques qui permettent de soulever les enjeux
du chapitre du point de vue des inégalités de développement.
Repères  p. 98-99
La double page Repères p. 98-99 vise à poser les définitions qui
seront mobilisées durant tout le chapitre, des études de cas aux
exercices méthodologiques, en passant par les cours. Elle est
conçue comme un support auquel se référer en permanence
tout au long du traitement de ce thème 2.
La transition démographique
Le schéma de la transition démographique a été mis en place à
partir d’un constat fait sur un grand nombre de pays développés :
avec le développement, le taux de mortalité s’effondre, mais
le taux de fécondité ne chute que dans un second temps, d’où
une très forte croissance de la population pendant une période
transitoire. Léon Rabinowicz a utilisé pour la première fois la
locution « révolution démographique » en 1929 pour désigner les
changements démographiques des pays développés, expression
que reprendra Adolphe Landry. Mais la théorie ne sera véritablement
mise en forme qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Pendant des années, la théorie de la transition démographique
a expliqué l’accroissement de la population mondiale.
Aujourd’hui, des experts contestent son caractère global.
Existe-t-il une ou des transitions démographiques. Peut-on
parler d’une tendance à l’homogénéisation ?
Les différences nationales et régionales sur le plan démographique
révèlent une tendance à l’homogénéisation dans des domaines
comme les changements de la natalité (l’Afrique et Moyen-Orient
avec des taux supérieurs à 30 ‰) et de la mortalité des populations
(l’Afrique Subsaharienne, l’Europe de l’Est et la Russie avec des
taux supérieurs à 10 ‰), et donc de leur accroissement naturel.
Cependant, il y a une diversité des transitions démographiques
dans le monde, dans le temps et dans l’espace, et par leur durée.
Certains pays ont opéré leur transition en plus d’un siècle et demi
(en Europe occidentale), alors que ceux qui la vivent aujourd’hui
le font en trois à quatre décennies. La transition européenne a
été précoce et longue. Mais là aussi, dans ce groupe, il y a eu des
différences. Elle fût plus courte dans les pays d’Europe du Sud et de
l’Est que dans les pays d’Europe du Nord et de l’Ouest. Dans les pays
en développement, le processus de transition démographique a
été tardif, rapide et surtout plus fort que dans les pays européens.
Les pays européens ont connu leur transition démographique
entre la seconde moitié du XVIIIe siècle et la fin du XIXe siècle ;
les pays majoritairement peuplés par les Européens (Australie,
Nouvelle-Zélande, États-Unis, Canada) au début du XXe siècle.
Ensuite, au cours du XXe siècle, les transitions démographiques
ont commencé dans les pays en développement et elles y sont
encore en cours (Afrique, Asie, Amérique latine) au début du XXIe
siècle. La transition a donc démarré tardivement, dans les années
1940/1960 et se déroule à un rythme extrêmement rapide, ce qui
a conduit temporairement à des croissances démographiques
explosives. Celles-ci sont en ralentissement aujourd’hui, mais
certaines restent fortes.
Il est ainsi possible de distinguer deux modèles généraux de
transition démographique, eux-mêmes divisés en une grande
variété de situations.
La transition économique
La transition économique est un concept régulièrement utilisée
par les universitaires mais dont la définition n’est pas clairement
proposée. Dans la littérature scientifique, journalistique ou
politique, elle révèle des acceptations très diverses :
– « passage d’un mode de production essentiellement agricole
à une économie industrielle », Dictionnaire de Géographie de
Baud, Bourgeat et Brun (2013) ;
– « économie de moins en moins planifiée » (dictionnaire en
ligne du Parisien) ;
– « développement d’un marché intérieur », notamment au
sujet de la transition économique chinoise (journal économique
Les Échos) ;
– « économie plus inclusive » pour les organisations politiques
telles que l’OCDE, ou le Conseil économique, social et
environnemental ;
– « économie plus respectueuse de l’environnement » (ministère
de l’Écologie) ;
– « économie innovatrice et intelligente » (pour certains
économistes).
Notre choix de définition procède donc d’une synthèse de ces
différentes acceptations les plus reprises par les géographes.
Afin de simplifier le propos, le choix opéré sépare en deux
chapitres les deux items d’analyse du programme, mais un
schéma systémique proposé p. 147 permet la mise en relation
de l’ensemble des notions du thème. En outre, le manuel
propose trois des quatre études de cas énoncées comme entrées
possibles dans le programme (développement et inégalités
au Brésil, p. 100-103 ; développement et inégalités en Russie,
p. 104-107 ; et sous forme d’exemple, les enjeux du vieillissement
au Japon, p. 116). Le thème s’achève par une question spécifique
consacrée aux dynamiques démographiques et inégalités
socio-économiques à l’échelle de la France.
Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 37
 Grille possible de mise en œuvre pédagogique

Thème 2 – Territoires, populations et développement : quels défis ? Durée : 12-14 heures

Problématique : Quels sont les enjeux liés au développement différencié des populations ?

Plan de la séquence Travail en classe / scénario pédagogique Notions Compétences travaillées

Séance 1 Accroche par la photo p. 96-97 Transition économique S’approprier un questionnement

Introduction EDC A Brésil (p. 100-101) ou Russie (p. 104-105) géographique
Étude de cas 1re partie

Séance 2 EDC B Brésil (p. 102) ou Russie (p. 106) Politique de Réaliser une production
Étude de cas 2nde partie Trace écrite : schéma fléché et croquis p. 103 ou 107 redistribution graphique
Bilan de l’étude de cas

Séance 3 (chap. 4)
Mise en perspective mondiale
Des trajectoires démographiques
différenciées
Accroche : étude des doc. 1 à 3 p. 108-109 Bonus démographique Employer une notion
Introduction : étude des planisphères p. 110-111 Transition géographique : la transition
Notions abordées via l’étude des docs p. 112-113 démographique démographique
Trace écrite : développement de l’organigramme p. 124 Transition sanitaire
Travail à la maison : Surpopulation
organiser la légende d’un croquis (p. 120-121)

Séance 4 (chap. 4) Notions abordées via l’étude des docs p. 114-115 Bonus démographique Réaliser un schéma fléché
Approfondissement Trace écrite : paragraphe argumenté ou schéma fléché Transition
Exemple 1 – en fonction de l’itinéraire choisi démographique
La fin de la politique de l’enfant
unique en Chine

Séance 4 bis au choix (chap. 4)
Approfondissement par approche
comparative
Exemples 2 et 3 –
Le vieillissement au Japon
et en Allemagne
Notions abordées via l’étude des docs p. 116-117 Silver économie S’approprier un questionnement
Trace écrite : réponses aux activités et tableau de géographique
synthèse comparatif Construire et vérifier des
hypothèses sur une situation
géographique

Séance 5 (chap. 5)
Mise en perspective mondiale
Cours 1 – Les enjeux liés au
développement
Accroche : étude des doc. 1 à 3 p. 126-127 Développement Identifier les ressources
Introduction : étude des planisphères p. 128-129 Montée en gamme pertinentes en géographie
Notions abordées via l’étude des docs p. 130-131 ODD
Trace écrite : développement de la 1re colonne
de l’organigramme p. 144
Travail à la maison :
choisir les crayons adaptés pour faire un croquis (p. 140)

Séance 6 (chap. 5) Notions abordées via l’étude des docs p. 132-133 Économie avancée Construire une argumentation
Mise en perspective mondiale Trace écrite : développement de la 2nde colonne Pays émergent géographique
Cours 2 – Trajectoires de de l’organigramme p. 144 PMA
développement et inégalités Travail à la maison : exemple 4 p. 138-139

Séance 7 (chap. 5) Notions abordées via l’étude des docs p. 134-135 Malédiction des Mettre en relation des faits
Approfondissement Trace écrite : réponse à l’activité ressources de localisations différentes
Exemple 1 – Construire une argumentation
Le Venezuela géographique

Séance 7 bis au choix (chap. 5)
Approfondissement par approche
comparative
Exemples 2 et 3 –
Haïti et le Bhoutan
Notions abordées via l’étude des docs p. 136-137 PMA Construire une argumentation
Trace écrite : réponses aux activités et tableau de géographique
synthèse comparatif Lire une série statistique

Séance 8 (chap. 4 et 5) À partir des repères p. 98-99, compléter le croquis de Transition Employer les notions de
Conclusion intermédiaire typologie p. 146 et adapter le schéma bilan aux cas de démographique géographie à bon escient
l’Allemagne, de la Chine et d’Haïti (exercice 1 p. 147) Transition économique

Séance 9 (chap. 6)
Mise en perspective française
Cours 1 – Une population française
dynamique mais vieillissante
Accroche : étude des doc. 1 à 3 p. 148-149 Métropole Contextualiser : mettre en
Introduction : étude des cartes p. 150-151 œuvre le changement d’échelle
Notions abordées via l’étude des docs p. 152-153 en géographie
Trace écrite : développement de la 1re colonne
de l’organigramme p. 166
Travail à la maison : réaliser un croquis par étapes (p. 162)

38
 Séance 10 (chap. 6)
Mise en perspective française
Cour 2 - Une France riche mais
inégalitaire
Notions abordées via l’étude des docs p. 154-155 Quartier prioritaire Confronter des documents
Trace écrite : développement de la 2e et 3e colonnes Seuil de pauvreté statistiques
de l’organigramme p. 166 SMIC
Travail à la maison :
analyser une série statistique (p. 164)

Séance 11 (chap. 6) Notions abordées via l’étude des docs p. 156-157 Inégalités S’approprier un questionnement
Approfondissement Trace écrite : réponse à l’activité socio-spatiales géographique
Exemple 1 - Travail à la maison :
Mayotte questions 2 et 3 p. 147

Séance 12 (chap. 6) Notions abordées via l’étude des docs p. 158-159 Fragmentation Confronter le savoir acquis
Approfondissement Trace écrite : réponse à l’activité socio-spatiale en géographie avec ce qui est
Exemple 2 - Renouvellement urbain entendu
Marseille Procéder à une analyse critique
d’un document

Séance 13 1. Production graphique : L’évolution de la population active, Analyser une carte

Évaluation cognitive un défi pour les sociétés (p. 123) Rédiger un paragraphe
et méthodologique 2. Composition : Les inégalités dans les pays en développement (p. 142) de composition
3. Document : Les inégalités socio-économiques dans la métropole parisienne Analyser une série statistique
(p. 165)

Le bleu est le ciel, dans lequel les 27 étoiles représentent les

Étude de cas 1
Pourquoi, malgré son émergence,
le Brésil reste-t-il un pays
très inégalitaire ? p. 100-103
Introduction sur l’enjeu de cette étude de cas
Comme étude de cas possible, le programme propose de se
pencher sur le développement et les inégalités au Brésil. L’enjeu
de cette étude de cas est donc de comprendre un paradoxe
apparent. D’un côté le Brésil fonde son émergence économique
sur des ressources apparemment abondantes (son immensité
et son agriculture essentiellement), mais de l’autre, les revenus
perçus par l’exploitation de celles-ci semblent être insuffisants et
mal redistribués pour résorber les inégalités socio-spatiales qui
marquent la population brésilienne. Ces inégalités constituent
une caractéristique du Brésil et éclairent son organisation
territoriale, ce que met en avant le croquis de synthèse (p. 103).
Selon l’expression d’Hervé Théry, le Brésil est formé d’une
Suisse (le cœur économique au développement humain fort),
d’un Pakistan (la région pauvre fortement soutenue par les
politiques de redistribution) et d’un Far-west (la région agricole
et minière au développement humain élevé et la zone de
réserve de ressources naturelles). Cette organisation montre
que la transition économique (p. 99) du Brésil est largement
corrélée à la question sociale et se lit à l’échelle nationale,
régionale et urbaine du pays.
Il est possible d’introduire cette étude de cas par une rapide
présentation du drapeau brésilien : un fond de couleur verte,
comportant en son centre un losange jaune, contenant lui-
même un globe bleu. Ce globe est traversé d’une bannière
blanche où on peut lire l’inscription Ordem e Progresso (Ordre
et Progrès), la devise nationale du Brésil. Il y a 26 étoiles sous
la bande blanche, et une seule au-dessus. Le vert représente la
forêt amazonienne, et le jaune (or) les ressources du sous-sol.
26 états fédérés ainsi que le district de Brasilia. Leur disposition
correspond à l’aspect du ciel de Rio de Janeiro, le 15 novembre
1889 à 8h30 (instant de la proclamation de la République).
L’étoile de Brasilia représente le centre politique ; le vert, le jaune
et le bleu symbolisent un territoire ressource ; la devise montre
les objectifs à atteindre (l’ordre et le progrès).
A Sur quels atouts le Brésil fonde-t-il
sa trajectoire économique ? p. 100-101
Présentation des documents
Cette double page a pour objectif de comprendre les
fondements économiques actuels de l’émergence du Brésil.
Les doc. 1 et 4 sont centrés sur les fondements territoriaux
de celle-ci : l’exploitation des ressources naturelles. Le doc. 2
permet de faire le lien entre l’émergence économique et
le bonus démographique. Les doc. 3 et 5 expliquent les
forces et les faiblesses des choix politiques de ce modèle de
développement : utilisation de la rente agricole pour résorber les
inégalités sociales par Lula, mais faiblesse d’une industrialisation
peu exportatrice.
L’émergence brésilienne, un cas particulier
(doc. 3 et 5)
Antoine Fleury et Myriam Houssay-Holzschuch (« Pour une
géographie sociale des pays émergents », Echogeo, n° 21,
2012) montrent que l’émergence est d’abord un décollage
économique et une insertion accélérée dans l’économie
mondiale (augmentation des exportations et capacité à attirer
les IDE). Puis, l’émergence est géopolitique par la capacité à
s’imposer comme acteur important sur la scène internationale.
L’émergence économique entraîne ensuite des évolutions
sociales et culturelles. Les auteurs parlent d’un « changement
social comprimé » : transition démographique, urbaine,

Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 39

 augmentation globale des niveaux de vie et d’éducation et
intensification des circulations. Mais de forts contrastes sociaux
et spatiaux subsistent à différentes échelles. Au Brésil, ces
contrastes opposent les régions et des sous-espaces au sein des
régions : le territoire garde la trace d’une ouverture économique
héritée des cycles économiques. Cette inégale diffusion de
l’ouverture a provoqué un accroissement considérable des
inégalités régionales, risquant de mettre en péril l’unité du pays.
Le cas du Brésil est donc particulier. Martine Droulers (« Le Brésil,
pays émergent », Confins n° 26, 2016) a montré que l’émergence
du Brésil se fonde d’abord sur une formation nationale forte
(la brésilianité), puis des performances économiques dans
des secteurs clés, une bonne équation énergétique, l’enjeu
de la cohésion sociale et sur l’émergence dans les réseaux de
la gouvernance mondiale.
La compétence travaillée permet aux élèves de s’approprier la
démarche d’un questionnement géographique. La question 1
pose le constat d’un phénomène géographique (l’émergence),
puis la question 2 l’explique et la question 3 ouvre sur les limites.
Réponses à l’activité
1. Les fondements territoriaux de l’émergence brésilienne
reposent sur l’exploitation des ressources agricoles et naturelles :
le Sudeste est spécialisé dans une agriculture commerciale (soja,
café, oranges…) et l’Amazonie est exploitée pour son bois.
L’exploitation des minerais (fer, or, diamants…) est répartie sur
tout le territoire, en particulier dans le centre. Enfin, le littoral
Est compte des ressources en hydrocarbures. Ces ressources
sont aux mains de grandes FTN concentrées dans la région
de Sao Paulo et exportées à partir des ports qui jalonnent le
littoral. Ces ressources sont exploitées par une main-d’œuvre
nombreuse. En effet, le Brésil est actuellement au sommet de
son bonus démographique : la part des actifs (15-64 ans) est
à son maximum (70 % de la population).
2. Le Brésil a ainsi adopté une trajectoire économique d’un pays
agricole et minier exportateur (61,2 % des exportations). Les
revenus de cette trajectoire ont permis au pouvoir politique
(Lula) de sortir de la pauvreté des millions de Brésiliens et de
lutter contre les discriminations (D. Roussef). L’émergence
économique a ainsi permis l’émergence sociale.
3. Mais actuellement, le Brésil doit faire face aux défis
économiques et environnementaux de sa transition
économique. Le Brésil est largement dépendant de ses
exportations agricoles et minières (61,2 % des exportations). Son
industrie est peu exportatrice (37,6 %) et surtout le Brésil exporte
très peu de services (1,2 %). Ce modèle de développement est
prédateur pour l’environnement. Des pans entiers de la forêt
amazonienne sont grignotés par les fronts pionniers agricoles
et l’exploitation minière.
B Pourquoi le Brésil peine-t-il à lutter
contre ses inégalités ? p. 102
Présentation des documents
Pour répondre à la question de cette page, les trois documents
permettent d’adopter la même démarche géographique
que la double page précédente. Ainsi, le doc. 6 présente les
principales inégalités socio-spatiales : un IDH fort concentré
dans la région de Sao Paulo et de Rio de Janeiro opposé à
un IDH faible dans la moitié Nord du pays. Le programme
Bolsa Familia a permis de sortir de la pauvreté 40 millions de
Brésiliens. Mais la nouvelle classe moyenne reste très fragile et
40
vulnérable (doc. 7). Cependant, les politiques de redistribution
ne gomment pas les inégalités aux échelles nationale et urbaine.
Les grandes villes du Nordeste restent marquées par la violence
(doc. 6) et les métropoles comme Rio de Janeiro portent dans
leur paysage les stigmates de ces inégalités (doc. 8).
La remise en question de la discrimination positive
En 2017, Netflix a lancé sa première série brésilienne « 3 % » :
dans un futur proche, 3 % de la population mondiale vit,
préservée, sur une île de l’Atlantique, baptisée « Le Large »
à l’abri du reste d’un monde chaotique et pauvre. Chaque
année, les 97 % restants envoient leurs jeunes de 20 ans se
défier pour avoir une chance d’intégrer l’île. Seuls 3 % d’entre
eux réussiront les tests pour y accéder et changer de vie. Cette
série, sur un Brésil du futur post-apocalyptique, interroge
sur les inégalités brésiliennes, sur les discriminations et leur
traitement : la discrimination positive versus méritocratie.
En effet, le Brésil est actuellement confronté à un chômage
record et une inflation élevée. Le service d’études sociales de
la Fondation Getulio Vargas (FGV) a publié en 2017 une étude
montrant que les inégalités au Brésil augmentent d’une année
sur l’autre, dans le contexte d’une grave crise économique.
Réponses à l’activité
1. À l’échelle nationale, l’IDH montre de fortes inégalités entre
une moitié Nord à l’IDH faible et à l’analphabétisme fort et un
Brésil métropolitain (Rio de Janeiro et Sao Paulo) développé
et plus riche. Par ailleurs, la nouvelle classe moyenne est elle
aussi inégale. Entre 39 et 83 % de celle-ci serait vulnérable et
susceptible de retomber dans la pauvreté.
2. Les villes brésiliennes concentrent les inégalités. 10 villes
(Salvador, Fortaleza…) sont parmi les 30 plus violentes du
monde. Les quartiers pauvres (favelas) s’amassent contre les
quartiers aisés au bord des plages.
3. Les politiques de redistribution ciblent les territoires de
l’inégalité : ainsi, dans la moitié Nord à l’IDH faible, 30 % de la
population bénéficie du programme Bolsa Familia. La politique
sociale de Lula a sorti 40 millions de personnes de la pauvreté.
Mais celles-ci sont dans une situation vulnérable à la conjoncture
économique.
Bilan de l’étude de cas 1Pourquoi, malgré
son émergence, le Brésil reste-t-il
un pays très inégalitaire ? p. 103
Retenir l’essentiel
Titre : Les défis de la trajectoire de développement du Brésil
Les atouts de l’émergence : atouts économiques (exportation
des ressources agricoles et naturelles), atouts démographiques
(bonus démographique, population jeune).
Des inégalités de développement : à l’échelle nationale (moitié
Nord à l’IDH faible et au fort taux d’analphabétisme et régions
de Sao Paulo et de Rio de Janeiro à fort IDH avec des revenus
plus élevés) ; à l’échelle urbaine (violence dans les villes du
Nordeste, favelas).
Les défis de la transition économique : des inégalités
économiques territoriales (littoral urbanisé/intérieur agricole
fragilisé) ; des inégalités sociales (classe moyenne nombreuse
mais fragmentée et vulnérable).
Schématiser l’essentiel
Titre : Les défis de la trajectoire de développement du Brésil
GUYANA Guyane
VENEZUELA (FR.) Un choix de transition économique
COLOMBIE SURINAM OCÉAN qui organise le territoire
ATLANTIQUE
cœur économique au développement
humain fort
Fortaleza
Manaus région agricole et minière
A m a z o n i e au développement humain élevé

Recife zone de réserve de ressources naturelles

Salvador front pionnier agricole et minier alimenté

PÉROU par les populations pauvres

BOLIVIE Brasilia
Belo Horizonte Les défis de la transition économique
région pauvre fortement soutenue
par les politiques de redistribution
CHILI PARAGUAY Rio de Janeiro
OCÉAN Sao Paulo métropole marquée par de très fortes inégalités
PACIFIQUE Curitiba
ARGENTINE
ville parmi les plus violentes du monde
N
Porto Alegre
URUGUAY 0 300 600 km

De l’étude de cas... au monde A La transition économique en Russie :

1. Asie orientale, Afrique.
2. Europe de l’Est, pays aux économies avancées (États-Unis,
France) et PMA (Haïti).
Proposition d’évaluation : Un exercice de transposition de
texte en croquis est proposé p. 140. Il permet de travailler sur
les inégalités à l’échelle des villes brésiliennes.
Étude de cas 2
Pourquoi l’évolution économique
en Russie s’accompagne-t-elle
de l’explosion des inégalités ? p. 104-107
Introduction sur les enjeux de cette étude de cas
Le cas de la Russie est un des sujets proposés pour étude de
cas possible du programme. En effet, si la Russie se donne à
voir lors de grandes manifestations sportives comme les Jeux
olympiques d’hiver de Sotchi ou l’organisation de la Coupe du
monde de football dans l’été 2018, ces succès médiatiques
occultent en grande partie la situation intérieure du pays.
La reprise économique tarde puisque la croissance est nulle
voire négative depuis 2014, les retraites n’augmentent pas et
le rouble a perdu une part importante de sa valeur (près de
20 %). Le pays doit faire face à de nombreux défis : économiques,
sociaux, environnementaux. L’étude de cas permet de montrer
à quel point la situation de la Russie est fragile et surtout
dépendante des choix effectués, en deux temps : la partie A
(p. 104-105) pose la question de la transition économique en
Russie qui apparaît comme un modèle en panne ; la partie
B présente les inégalités et leurs manifestations. Même si le
programme cible l’entrée sur la question du développement
et des inégalités, l’étude de cas permet aussi de voir, comme
une des caractéristiques de la transition, le vieillissement de
la population russe.
un modèle en panne ? p. 104-105
Présentation des documents
L’objectif de cette première partie de l’étude de cas permet
de repenser les dynamiques rencontrées par la Russie, un
État rentier (thème 2). Les documents tentent de mettre
en évidence le caractère incertain des bénéfices de la rente
(doc. 2 et 4). L’entrée par la transition permet de penser les
grands défis rencontrés (doc. 1), mais aussi d’identifier les
facteurs de résistance (doc. 2 et 3). Cette étude conduit à
une réflexion systémique mobilisant les défis économiques
(doc. 1, 2 et 3), démographiques (doc. 4), sociaux (doc 5)
et environnementaux (doc. 1 et 3). Les documents choisis
montrent les interactions entre les différents champs de la
transition. Le caractère descriptif est complété par la démarche
systémique permettant d’identifier des facteurs d’explications
et d’interroger la cohérence des choix réalisés.
La Russie, un État rentier (doc. 2)
La rente russe repose sur un petit nombre de produits de
base. Les hydrocarbures peuvent représenter entre 15 et 35 %
du PIB selon l’année. Cette rente permet les exportations.
Il existerait un « syndrome russe » : concentration des
exportations sur certains secteurs, captation de la rente par
l’État, concentration des pouvoirs par une coalition dominante
qui organise la répartition de la rente (doc. 4 et 5). La Russie
peut être confrontée à différents scenarios dont la stagnation
suite à un environnement géopolitique hostile conduisant
à réduire l’exposition de l’économie russe aux fluctuations
de l’économie mondiale ; une baisse prolongée des prix des
matières premières déséquilibrant l’économie russe ; une
bonification de la rente en la réinvestissant dans des secteurs
innovants alimentant le cercle vertueux de croissance. Le rôle
de l’État russe s’est accentué dans l’économie. Sa présence
se manifeste essentiellement dans les secteurs de l’énergie

Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 41

 (doc. 1 et 3), les banques et le complexe militaro-industriel.
Les dépenses publiques alimentent à la fois les revenus des
entreprises et de très nombreux ménages. 45 à 60 % des revenus
des ménages proviennent de l’État, notamment ceux des
revenus des ménages âgés, qui sont de plus en plus nombreux
en Russie aujourd’hui (doc. 4). L’État russe ne parvient pas
forcément à contrer les chocs économiques causés par des
facteurs externes.
Les documents permettent de lister les caractéristiques du
modèle économique russe et d’en identifier les atouts et les
limites. Chaque document apporte une information qu’il
est aisé de représenter graphiquement pour venir étayer
une démonstration à l’aide d’un schéma ou d’un croquis :
l’importante des ressources minières et énergétiques dans
l’évolution économique russe.
Réponses aux activités
Itinéraire 1
Première branche : Les choix économiques effectués
– L’exploitation des ressources fossiles : le gaz (doc. 2) – 17 %
de la production mondiale, le pétrole – 13 % de la production
mondiale et l’exploitation des minerais.
– Les sanctions économiques internationales en représailles
de l’annexion de la Crimée dynamisent les productions locales
pour faire face aux importations devenues plus difficiles.
– Des choix économiques rendus difficiles par le vieillissement
de la population (doc. 4).
Deuxième branche : Les conséquences sur le développement
– L’exploitation des ressources permet le financement de la
redistribution pour calmer les revendications (doc. 2).
– Moindre souci de l’efficacité de l’action publique (doc. 2).
– Des classes moyennes qui se trouvent en difficulté (doc. 5).
– Le vieillissement de la population qui met en difficulté les
systèmes sociaux de protection : retraite (doc. 4).
Troisième branche : Les difficultés rencontrées
– Conflits d’usage entre les populations et la nécessité d’extraire
des ressources (doc. 1).
– Allongement de la durée d’activité pour financer les systèmes
de protection sociale (doc. 4).
– Des classes moyennes diplômées et urbaines qui ne
parviennent pas à améliorer leurs conditions de vie (doc. 5).
– Des villes comme Norilsk qui ne parviennent pas à diversifier
leur activité.
Itinéraire 2
1. Les atouts économiques de la Russie sont multiples. Les
matières premières minérales constituent une part importante
de ces atouts (gaz, pétrole et minerais). L’étendue du territoire
peut constituer lui aussi un atout au regard des ressources
dont il peut disposer. Ce territoire est aménagé pour exporter
les ressources énergétiques fossiles vers l’Europe ou le Japon.
2. Cette économie de rente n’est pas réellement mise au service
du développement. L’économie est insuffisamment diversifiée.
La rente est dépensée pour atténuer des conflits sociaux. Il n’y a
pas d’évaluation faite de l’utilisation de cette rente « sans avoir
à se soucier de l’efficacité de l’action publique ». L’argent est
gaspillé. Les classes moyennes vivent difficilement.
3. Les autres enjeux sont multiples. D’un point de vue
environnemental, l’exploitation des ressources minérales fossiles
est à l’origine de pollutions. D’un point de vue géopolitique,
il existe des conflits d’usage entre sociétés pétrolières ou
minières et populations locales. Du point de vue social, la Russie
42
connaît un vieillissement accéléré de sa population. La Russie
ne parvient plus à financer son système de retraites nécessitant
d’envisager l’allongement de la durée d’activité des salariés.
B Comment les inégalités
se manifestent-elles en Russie ? p. 106
Présentation des documents
Cet ensemble documentaire met l’accent sur la diversité des
situations et des territoires en Russie en distinguant la Russie
occidentale plus riche et plus développée du reste du territoire
(doc. 7). Il montre aussi les contrastes Moscou/province (doc. 8)
mais aussi à l’échelle infra-urbaine dans la capitale même (doc. 6).
Les inégalités à Moscou (doc. 6)
En 2017, Le Monde titrait « La Russie la palme d’or des inégalités ».
Ce titre évocateur est encore plus vrai pour Moscou, la capitale.
Les deux-tiers des milliardaires russes vivent à Moscou détenant
plus d’un tiers de la richesse nationale. La rue Petrovka est
devenue la rue du luxe ostentatoire (Cartier, Vuitton, Chanel mais
aussi Apple). Mais Moscou peut compter aussi jusqu’à 40 000
SDF pour une agglomération de 12 millions d’habitants. Si la
pauvreté est visible au centre de Moscou, la transformation rapide
de la capitale contraint les plus pauvres et les classes sociales
moyennes à s’installer en périphérie. Enfin, les réseaux d’entraide
familiale qui occupent une place centrale dans le soutien des
plus démunis, se substituant à l’État défaillant, s’affaiblissent.
Ces documents mettent en évidence la Russie des
campagnes « glubinka » qui peut se traduire comme la Russie
profonde. Celle où le déclin démographique, le vieillissement
de la population, la crise économique se font ressentir de
manière importante (doc. 7). Les documents illustrent enfin les
nombreux défis auxquels la Russie doit encore faire face (doc. 8).
Réponses à l’activité
1. Les inégalités sont particulièrement contrastées entre l’Ouest
de la Russie et le reste du pays. Les républiques de l’Ouest ont un
IDH plus important. Les régions les plus pauvres sont au Sud et
aussi au centre de la Sibérie. Il y a aussi un contraste important
entre Moscou et la province (doc. 8). Dans les villes, on constate la
présence de sans-abris ici au centre de l’agglomération moscovite.
2. Les manifestations de l’accroissement des inégalités se
traduisent par des écarts de niveau de développement entre
les régions de l’Ouest et du centre et les régions du Sud et
de Sibérie où le revenu moyen par habitant est inférieur à la
moyenne nationale. Les populations en retraite ne parviennent
plus à vivre avec leur pension qui est très faible et doivent avoir
une activité de complément.
3. L’État tente une politique de redistribution en finançant
des aides sociales. Il réalise des investissements dans les
infrastructures, la santé et le logement. Enfin, il tente de
renforcer la productivité.
Pourquoi l’évolution
Bilan de l’étude de cas 2
économique de la Russie s’accompagne-t-elle
de l’explosion des inégalités ? p. 107
Retenir l’essentiel
Une économie de rente :
– exploitation et exportation des hydrocarbures (gaz et pétrole)
(doc. 1) ;
– exploitation et exportation des minerais (doc. 1 et 3) ;
– diversification de l’économie insuffisante (doc. 1, 2 et 3).
Des inégalités de développement :
– écart de richesse (doc. 6 et 8) ;
– contrastes de développement (doc. 5 et 7).
Des défis pour assurer la transition économique :
– diversification de l’économie (doc. 3) ;
– développement de l’industrie russe pour éviter les
importations (doc. 2) ;
– reconversion des régions industrielles (doc. 3) ;
– investissement dans les infrastructures, la santé, le logement
(doc. 8) ;
– renforcement la productivité (doc. 8) ;
– augmentation des salaires et des retraites (doc. 8).
Schématiser l’essentiel
Titre : La Russie, un territoire en transition aux fortes inégalités

Les choix économiques

Océan Arctique
hydrocarbures

oléoduc/gazoduc
FINLANDE exportation
d’hydrocarbures
Saint-Pétersbourg
Les défis de la
Moscou RUSSIE transition économique
Norilsk
UKRAINE région pauvre
OURAL fortement
VOLGA SIBÉRIE soutenue par les
politiques de
redistribution
forte dégradation
environnementale
conflit d’usage
autour de
l’exploitation des
hydrocarbures
JAPON

De l’étude de cas... au monde

1. Les autres régions du monde qui sont confrontées au
vieillissement de leur population sont principalement des
pays riches et développés. En Amérique du Nord, en Europe
occidentale, en Asie orientale (Japon, Corée du Sud) et en
Océanie (Australie, Nouvelle Zélande), la part de la population
âgée de plus de 65 ans est supérieure à 15 % de la population
totale. Ces pays ont un accroissement naturel faible compris
entre –6 % et 1 %.
2. Les autres régions fortement marquées par les inégalités
de développement sont essentiellement des régions en
développement : Amérique latine, Afrique subsaharienne,
Chine, mais également les États-Unis.

Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 43

 CHAPITRE
Des trajectoires démographiques
4 différenciées : les défis du nombre
et du vieillissement
Introduction Bibliographie
Au sein du thème 2 « Territoires, populations et développement : quels défis ? »,
les chapitres 4 et 5 sont intimement liés. Ils permettent aussi de jeter les bases G. BAUDELLE, Géographie du peuplement,
Armand Colin, 2016.
de la compréhension du thème 3 sur « Les mobilités généralisées » à travers
plusieurs points : les populations croissent à un rythme sans précédent, quelque O. DAVID, La population mondiale,
soit l’échelle considérée ; la chute de la mortalité dans les pays développés et dans Armand Colin, 2015.
les pays en voie de développement ; la baisse de la fécondité, facteur déterminant
J.-M. ZANINETTI, Géographie des
dans les changements démographiques (le vieillissement de la population dans peuplements et des populations, PUF, 2017.
les pays développés) ; les interventions croissantes de l’État par l’établissement
de politiques démographiques (politiques natalistes et antinatalistes). Il est un J.-M. ZANINETTI, « Le monde habité.
élément de contexte que l’on ne cessera de rappeler : nous vivons une transition Une géographie des peuplements »,
Documentation photographique, n° 8 118,
démographique, soit le « passage d’une population ayant des taux de natalité et de CNRS, 2017.
mortalité élevés à une population ayant des taux de natalité et de mortalité faibles. »
Comment cette évolution démographique génère-t-elle des inégalités ? Dans Pour les études de cas :
quelle mesure la croissance démographique pèse-t-elle plus ou moins sur les O. DABENE et F. LOUAULT, Atlas du Brésil,
ressources, s’accompagne-t-elle d’une plus ou moins grande redistribution des Autrement, 2018.
ressources, mais aussi d’accès à des services comme la santé, l’éducation ?
K. LIMONIER et V. PAWLOTSKY,
« La Russie, une puissance en renouveau »,
Des trajectoires démographiques qui désamorcent la « bombe » La Documentation Photographique, n° 8 126,
démographique CNRS, 2018.
Aujourd’hui, la fin de ce que l’on appelle la transition démographique se profile. Le
pic du rythme de la croissance de la population mondiale a été atteint (plus de 2,05 %
par an en 1965-1970). Ce rythme a décru depuis lors (1,19 % entre 2010 et 2015).
L’ISF moyen dans le monde était de 3,9 dans les années 1975-1980 ; il est estimé à Sitographie
2,4 pour les années 2015-2020 et pourrait atteindre 1,9 dans les années 2095-2100.
Institut National des Études Démographiques
Cette baisse, plus rapide que ne l’avaient anticipé les démographes, qui se basaient (INED) : https://www.ined.fr
sur l’expérience européenne et attendaient une transition plus longue, a eu des causes
multiples : le développement économique, la santé publique (baisse de la mortalité World Population Prospects 2017 :
infantile), une agriculture plus productive et moins exigeante en bras, l’éducation des https://population.un.org/wpp/DataQuery/
femmes. Mais il s’agit davantage d’un cercle vertueux que d’une causalité simple et
à sens unique : le développement n’est pas indispensable à la baisse de la fécondité
et la baisse de la fécondité peut être un moteur de la modernisation.
La « bombe » démographique annoncée dans l’ouvrage éponyme à succès du
pessimiste Paul Ehrlich qu’il publie en 1969, et dont « l’explosion » allait inéluctablement
provoquer une famine mondiale par manque de ressources ? 50 ans après, il est
possible de dire avec certitude qu’elle n’a pas explosé. Des centaines de millions
de femmes, en choisissant le nombre d’enfants qu’elles auront, ont contribué à la
désamorcer. L’amélioration des conditions de vie dans les pays en développement
a d’abord conduit à un recul spectaculaire de la mortalité infantile. Puis est venue la
baisse de la fécondité – elle-même partiellement due à ce recul – qui s’est traduite
par un aplatissement progressif de la courbe d’accroissement de la population
mondiale. En 1950-1955, une femme donnait naissance à en moyenne cinq enfants ;
aujourd’hui, la moitié, et ce pourrait être moins de deux enfants d’ici à la fin du siècle.
Les 40 prochaines années de croissance rapide de la population mondiale pourraient
être les dernières, la population mondiale n’augmentant ensuite que très lentement.
Institut Montaigne, Le défi démographique : mythes et réalités, juillet 2018.

Le travail sur une étude de cas sur le Brésil (p. 100-103) ou la Russie (p. 104-107)
peut être un préalable mais doit s’accompagner de la présentation rapide d’une
ou deux situations différentes. Parmi les possibilités offertes, on peut proposer
les comparaisons suivantes : exemple du Venezuela (p. 134-135) ; exemples
comparés de deux PMA : Haïti et Bhoutan (p. 136-137). Un exemple invitant les
élèves à comparer des formes d’économie circulaire (p. 138-139) complète ce
chapitre sur la transition économique et l’inégal développement.

44
 Choix des documents
d’ouverture p. 108-109
Le doc. 3 est un cartogramme des projections démographiques
de l’ONU. Une approche critique de ce document peut être menée
en lien avec l’Exemple 4 p. 118-119. Les doc. 1 et 2 permettent
d’introduire les principales trajectoires démographiques et
de faire le lien avec la principale problématique du thème 2 :
comment les trajectoires démographiques génèrent-elles des
inégalités ? Dans quelle mesure la croissance démographique
s’accompagne-t-elle d’une plus ou moins grande redistribution
des ressources, mais aussi d’accès à des services comme la
santé, l’éducation ?
La charge démographique
En 2004, l’ONU crée le concept de « charge » ou « dépendance
démographique » dans le but de mesurer les effets économiques
de la répartition de la population entre les trois principales
classes d’âges (0-14, 15-64, 65 et plus). La charge démographique
est le rapport des effectifs des deux tranches extrêmes aux
effectifs de la tranche intermédiaire : 100 X (pop. de 0 à 14 ans
+ pop. de 65 ans et plus) / pop. de 15 à 64 ans. Ainsi, la charge
démographique mesure le poids des inactifs soutenu par les
actifs. Cet indice se mesure de la même façon en France qu’au
Lesotho… Or, dans les pays développés, 15 ans comme seuil
d’entrée dans l’âge actif semble être un peu jeune. L’âge de
départ à la retraite est extrêmement variable d’un pays à l’autre.
J.-M. Zaninetti préfère l’indice de remplacement. Il établit le
rapport entre les effectifs de la population âgée de 15 à 24
ans et ceux de 55 à 64 ans. Il permet d’apprécier la pression à
l’entrée sur le marché du travail ou, inversement, les besoins
potentiels en main-d’œuvre. Un indice de remplacement de
100 = 100 jeunes pour 100 seniors.
Réponses aux questions
1. Le doc. 1 illustre la trajectoire démographique d’un pays Correction du schéma
jeune et le doc. 2 d’un pays à la population
vieillissante. Des trajectoires démographiques différenciées
2. D’ici 2050, la population du Kenya devrait
croître et celle de la Russie diminuer.
3. La croissance de la population kenyane
pose la question de l’accès à l’éducation
dans un pays où les jeunes sont nombreux
et les inégalités fortes. Le vieillissement
de la population russe interroge sur le
développement des services à la personne
âgée.
Planisphères
Des trajectoires
démographiques différenciées p. 110-111
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
La carte principale établit l’accroissement naturel par pays entre
2015 et 2020 et le lien entre celui-ci et la forte fécondité dans
les pays d’Afrique subsaharienne. Il faut bien sûr préciser aux
élèves que l’accroissement naturel n’est pas la croissance de la
population d’un pays. Pour ce faire, on peut mettre cette carte
en regard de celle p. 183 sur la planète migratoire, même si l’effet
des migrations internationales sur l’évolution de la population
d’un pays reste secondaire. La carte principale est donc surtout la
cartographie de l’état de la transition démographique en cours,
génératrice de déséquilibres nombreux. Ainsi, la comparaison
de la carte principale avec les petites permet d’approfondir la
problématique lancée par les documents d’ouverture, à savoir
les défis d’accès aux services pour les populations nombreuses
et jeunes ou vieillissantes. Par ailleurs, il peut être utile de revenir
sur le thème 1 (Sociétés et environnements : des équilibres
fragiles) avec la carte principale p. 51 sur l’accès à l’électricité
et la carte 1 p. 52 sur l’accès inégal à l’eau. Cela permet d’élargir
la problématique sur les inégalités d’accès aux ressources.
Réponses aux questions
1. L’accroissement naturel le plus fort concerne essentiellement
les pays d’Afrique subsaharienne. Leur transition démographique
est rapide et en cours. Les pays d’Europe méditerranéenne, de
l’Est, la Russie et le Japon connaissent un accroissement naturel
négatif. Leur transition démographique est terminée.
2. Pour les pays d’Afrique subsaharienne en forte croissance
se pose le défi de la scolarisation des populations jeunes. Le
nombre d’années de scolarisation y est inférieur à la moyenne
mondiale. Pour les pays à l’accroissement naturel négatif, le
principal défi est le vieillissement. Le taux des plus de 65 ans
y est supérieur à 15 % (moyenne mondiale de 9,4).
3. L’Inde et la Chine sont les deux premières puissances
démographiques mondiales avec, à elles deux, 18 % de la
population mondiale. L’accroissement naturel de l’Inde est
fort et le défi de la scolarisation des populations jeunes se
pose. La trajectoire démographique de l’Inde se rapproche
donc de celle des pays d’Afrique subsaharienne. En revanche,
l’accroissement naturel de la Chine est faible et sa population
est vieillissante. Sa trajectoire démographique se rapproche
donc de celle des pays européens.
croissance démographique négative
ou très faible et populations vieilles
croissance démographique faible
et populations en cours
de vieillissement
croissance démographique forte
et populations jeunes
Cours 1
Les défis du nombre
et du vieillissement p. 112-113
Présentation des documents et repères
Les documents accompagnant ce cours « Les défis du nombre et
du vieillissement » permettent de répondre à la problématique
posée : « Quels sont les enjeux d’une population qui augmente
et qui vieillit ? ».
Après avoir introduit le chapitre par les documents d’ouverture
et les cartes, les Repères A et B sont un point d’appui pour
Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 45
 débuter ce cours. Le premier enchaîne sur l’état des transitions
démographiques et le second centre l’attention sur un groupe
de 7 pays qui vont porter d’ici 2050 la moitié de la croissance de
la population mondiale. L’idée est d’insister sur le renforcement
des grandes trajectoires démographiques et du basculement
démographique en cours. Le deuxième temps fort du cours
se porte sur le poids du nombre et ses défis avec les doc. 1
et 3 : l’accès au logement pour une classe moyenne en forte
croissance à Istanbul (doc. 1) et les débats de la surpopulation
avec une caricature (doc. 3).
La transformation urbaine d’Istanbul :
outil d’une politique néolibérale (doc. 1)
Les travaux de Gülçin Lelandais (Université de Tours) montrent
le renforcement de la ségrégation socio-spatiale à Istanbul,
comme effet d’une politique urbaine néolibérale qui offre
plus de place aux classes moyennes, afin de créer de la rente
foncière, de restructurer et de marchandiser de nouveaux
espaces urbains. Ainsi, l’habitat informel est détruit au profit
de logements dont le prix ou le loyer est inaccessible aux
populations présentes sur place, ainsi chassées et remplacées
par celles des classes moyennes. La géographe estime à 150 000
le nombre de personnes ainsi déplacées à Istanbul dans le
cadre du projet de normalisation du paysage social urbain.
C’est le cas notamment du quartier kurde d’Ayazma ou celui
d’Arvin Ceratteppe.
Enfin, le doc. 2 ouvre le 3e temps du cours sur le vieillissement
de la population. Son intérêt est double. Le premier paragraphe
peut être exploité avec le bloc « Capacités et méthodes »
pour développer la notion de transition démographique. Le
troisième concerne l’enjeu du vieillissement en bonne santé.
Capacités et méthodes
1. Transition longue et achevée : France, Russie. Transition courte
en voie d’achèvement ou achevée : Chine, Brésil, Inde, Chili, Iran,
Japon. Seuls la France et le Japon sont des pays développés. Les
autres sont des pays émergents et en développement.
2. Le point commun de ces trajectoires démographique est
le vieillissement de la population. La différence est la vitesse
de celui-ci : lent dans les pays aux transitions longues (150
ans en France) et rapide dans ceux aux transitions courtes
(20 ans en Chine).
Exemple 1
La fin de la politique de l’enfant
unique : une mesure suffisante pour
répondre aux défis démographiques
de la Chine ? p. 114-115
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
En 1999, le président Jiang Zemin déclarait, à l’occasion
du cinquantenaire de la Révolution communiste que « le
problème nº 1 de la Chine est le contrôle de la croissance
de la population ». Pendant la période maoïste, les autorités
considéraient le poids du nombre comme un atout (abondance
de la main-d’œuvre à bon marché). Puis pendant la période
denguiste, celui-ci fut perçu comme une contrainte (logement,
alimentation, emploi). De 1979 à 2015, la politique de l’enfant
46
unique a alors ralenti le rythme d’accroissement de la population
(doc. 1), mais a engendré des conséquences sociales fortes :
déséquilibre du sex-ratio (doc. 2 et 3) et vieillissement de la
population. Ces mutations sociales sont donc l’effet d’une
transition démographique encadrée par l’État avec la baisse
du nombre d’enfants et l’augmentation de celui des personnes
âgées, provoquant une modification de la structure familiale
(doc. 3). La fin officielle de la politique de l’enfant unique
en 2015 semble cependant arriver trop tard. Le système
éducatif universitaire chinois ne peut absorber le nombre de
jeunes chinois, pourtant réduit par la politique antinataliste
(doc. 4). Surtout, cette politique a totalement inversé le bonus
démographique, permettant d’évoquer aujourd’hui un malus
démographique (doc. 5), freinant la compétitivité chinoise face
aux pays d’Asie du Sud-Est comme le Cambodge ou le Vietnam.
Les conséquences du déséquilibre
hommes-femmes (doc. 3)
Dans son travail, Caroline Grillot (Volées, envolées, convolées…
Vendues, en fuite, ou re-socialisées : les “fiancées” vietnamiennes en
Chine, 2010) fait le lien entre les « 30 millions de garçons de trop »
évoqués dans le doc. 5 et les mobilités transfrontalières (thème
3). Habituellement considérée comme l’origine d’une forte
diaspora, la Chine, dont les frontières sont aujourd’hui en grande
partie ouvertes, est aussi devenue une terre d’immigration dans
le cadre transnational d’un marché matrimonial asiatique. Elle
étudie quatre villes frontalières, Dongxing (Chine) et Mong-
Cai (Vietnam) dans la province du Guangxi et Hekou (Chine)
et Lao-Cai (Vietnam) dans celle du Yunnan, qui vivent au
rythme des mobilités touristiques matrimoniales. Mais ces
migrations matrimoniales sont insuffisantes et la Chine compte
en 2020, selon les statistiques officielles, 15 millions d’hommes
célibataires. Or, le célibat est considéré comme une source
d’instabilité sociale et économique. Le gouvernement et la
Ligue des jeunes communistes organisent depuis 2017 des
grands rassemblements de célibataires pour former des couples.
Pour travailler la compétence « réaliser un schéma fléché »,
l’itinéraire 2 du bloc Activités propose un schéma guidé,
dont la structure peut servir de plan détaillé à la rédaction du
paragraphe de l’itinéraire 1. Ces itinéraires permettent ainsi
de mettre en œuvre une pédagogie différenciée en fonction
de l’avancée des compétences des élèves.
Réponses aux activités
Itinéraire 1
La rédaction du paragraphe attendu peut s’appuyer sur le plan
proposé dans l’itinéraire 2.
Itinéraire 2
1. Une transition démographique originale
Hier (doc. 1) : une forte croissance démographique que la
politique de l’enfant unique n’a pu contrôler, mais ayant formé
un fort bonus démographique (74 % de 15-64 ans en 2010).
Aujourd’hui (doc. 2 et 3) : la politique de l’enfant unique a
provoqué un déséquilibre de sex-ratio (105 garçons pour
100 filles), particulièrement marqué dans le Guangdong et
les provinces littorales plus urbaines.
Demain (doc. 1) : malgré la fin de la politique de l’enfant
unique, la population chinoise va commencer à décroître à
partir de 2030 et à réduire le bonus démographique (60 % de
15-64 ans en 2050).
2. Les enjeux de la transition économique
Enjeux économiques (doc. 5) : diminution d’un quart des jeunes
travailleurs (20-29 ans) d’ici 10 ans, baisse de la compétitivité
de la main-d’œuvre chinoise.
Enjeux sociaux (doc. 3, 4 et 5) : structure familiale réduite à
3 personnes par foyer, persistance de la difficulté d’accès à
l’enseignement supérieur et du nombre d’hommes célibataires.
Proposition d’évaluation : Le dessin de presse (doc. 2) peut
être l’occasion d’un exercice spécifique.
Trouvez une aide complémentaire sur le site : https://www.
populationdata.net/pays/chine/
De quand date ce dessin de presse ? Quels éléments visuels
permettent de le localiser ?
Quel message son auteur veut-il faire passer ?
Exemple 2
Comment le Japon s’adapte-t-il
à son vieillissement ? p. 116
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Comme étude de cas possible, le programme propose de se
pencher sur les enjeux du vieillissement au Japon. L’analyse de
la photographie peut servir d’accroche à l’étude. Des soignants
dans les maisons de retraite ou les hôpitaux tendent à être
remplacés par des robots de service au Japon. Comment
expliquer cette situation ? Pourquoi le gouvernement
japonais a-t-il recours à la technologie ? L’étude des deux
autres documents permet de répondre à ces interrogations : la
population âgée augmente à un rythme sans précédent alors
que la population active s’effondre (doc. 1). Le doc. 2 aborde les
enjeux socio-économiques de ce vieillissement : la croissance
économique du Japon serait dynamisée par la demande liée au
vieillissement (silver économie) qui aurait la capacité à absorber
les coûts de la gérontocroissance (frais médicaux, retraite).
Cependant, ces mesures semblent insuffisantes pour l’avenir.
Le Japon, un laboratoire du vieillissement mondial
La précocité et l’intensité de l’« hiver démographique japonais »
(G.-F. Dumont) font du Japon un laboratoire du vieillissement
mondial. Les effets du vieillissement conjugués à la baisse des
naissances commencent à être visibles dans les campagnes
et dans les petites villes qui se vident chaque année un peu
plus. Le Japon est de plus en plus associé aux écoles fermées
et aux villages fantômes. Chaque jour, le pays perd en effet
1 000 habitants. C’est pourquoi, la coalition au pouvoir du premier
ministre japonais, Shinzo Abe, a fait voter en décembre 2018 une
loi autorisant l’accueil de davantage de travailleurs étrangers afin
de combler la pénurie de main-d’œuvre : 345 000 travailleurs
étrangers pour une période de cinq ans dans le bâtiment, les
services de restauration et les soins aux personnes âgées. En
effet, dans ces secteurs, le Japon peine à recruter. En avril 2019,
le pays comptait 163 offres d’emploi pour 100 demandes dans
le pays et un taux de chômage de 2,4 %.
Il s’agit ici pour l’élève de s’approprier un questionnement
géographique en veillant à bien justifier l’ensemble de ses
réponses tout en replaçant le Japon dans le contexte mondial.
Réponses à l’activité
1. Sous l’effet de la baisse de la fécondité, les moins de 15
ans, autour de 25 % dans les années 1970, diminuent à 20 %
après 1985 et à moins de 15 % depuis les années 2010. Ce
pourcentage est projeté à moins de 10 % après 2030. Dans le
même temps, les progrès de la médecine et la généralisation
du système national d’assurance maladie donnent au Japon
la longévité la plus élevée dans le monde (84 ans aujourd’hui)
et une forte progression des plus de 65 ans. Le pourcentage
des 65 ans ou plus atteint 25 % en 2020 et avoisinerait 40 %
en 2050. Le Japon a donc fini sa transition démographique.
2. Les conséquences socio-économiques sont nombreuses.
Tout d’abord, la baisse de la population globale du Japon est
amorcée depuis 2010. Elle résulte du vieillissement conjugué à
une forte baisse de la fécondité. Elle se manifeste par la baisse
de la population active (population âgée de 15 à 64 ans, doc. 1)
qui freine la croissance économique du Japon. Cette proportion
croissante des plus de 65 ans entraîne une forte augmentation
des dépenses publiques (retraite, santé : Sécurité sociale =
32 % du budget de l’État). Enfin, la photographie qui montre
l’utilisation de robots de services dans une maison de retraite
pose le problème de la dépendance des personnes âgées.
3. D’après le doc. 2, le Japon mise avant tout sur le potentiel
économique qu’offre cette nouvelle demande liée au vieillissement,
nommée la silver économie (objets innovants dans le domaine
médical ou celui des transports, services aux personnes comme
les sites de rencontre). Cette demande est d’autant plus forte
aujourd’hui que les retraités disposent de revenus importants.
Le vieillissement offre donc une opportunité de croissance
économique pour le Japon. Mais l’État japonais sait que les
dépenses liées au vieillissement vont encore augmenter et que
la baisse des pensions de retraite est une mesure insuffisante. C’est
pourquoi il recherche d’autres solutions comme le recours à une
main étrangère par exemple qui n’est pas évoqué dans le doc. 2.
Exemple 3
Le vieillissement de l’Allemagne,
une menace pour son économie ? p. 117
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Le vieillissement de l’Allemagne est-il un frein à sa croissance ?
Même si l’étude parait plutôt aborder les enjeux économiques
du vieillissement, elle est en fait plus large. Après avoir analysé
l’ampleur du vieillissement en Allemagne (doc. 1 et 2), les élèves
pourront lister les enjeux économiques et sociaux (doc. 1 et
2) avant d’évaluer les solutions mises en place (doc. 1 et 3).
Un vieillissement inégal sur le territoire allemand
(doc. 2)
En Allemagne, d’ici 2030, le ratio des actifs par rapport aux
retraités devrait être à un pour deux. L’écart est particulièrement
visible entre les villes prospères et les régions rurales, ce qui
oblige à anticiper un manque de logements, de crèches et
d’écoles d’un côté et une désertification de l’autre. Au total,
60 % du territoire perdrait des habitants dans les 15 ans à venir,
en tête desquels les 5 anciens länder d’Allemagne de l’Est. Si le
land de Berlin fait exception avec une augmentation attendue
de 11 % d’ici quinze ans, la Saxe-Anhalt dont l’âge moyen des
habitants atteint déjà 47 ans, pourrait perdre jusqu’à 16 % de
ses habitants. À l’inverse, la population du land de Hambourg
devrait croître de 10 % tandis que celle de Bavière et du Baden
Wurtemberg augmenterait de 4 %.
D’après « La situation démographique de la Nation »,
Institut berlinois pour la population et le développement,
avril 2019.
Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 47
 Les solutions individuelles sont illustrées par un court reportage Allemagne 21 % des plus Frein à la Robotisation pour
de France 2 de 2018 (doc. 3). de 65 ans croissance faire face à la pénurie
Espérance de économique : d’actifs dans certains
Des retraités allemands à l’étranger (doc. 3) vie : 83 ans pénurie d’actifs ; secteurs
Concentration productivité du Immigration mais
Les retraités allemands cherchent des pays au niveau de vie plus
des plus âgés travail en recul, soulève des enjeux
accessible. Si certains partent s’installer en Pologne, d’autres à l’Est notamment (politiques, sociaux
choisissent les maisons de retraites polonaises moins chères, dans l’est de et démographiques)
avec plus de personnel (parlant allemand) et des services jugés l’Allemagne Mesures étatiques :
meilleurs qu’en Allemagne… En effet, le nombre de retraités recul de l’âge de la
allemands s’installant à l’étranger continue d’augmenter. En retraite + incitation
2017, près de 237 000 retraités résidaient hors d’Allemagne, soit à la natalité
environ 3 000 de plus que l’année précédente. La plupart des Mesures individuelles :
retraités vivent dans les pays voisins allemands ou en Amérique départ des retraités
du Nord. Cependant, la plus forte croissance a été enregistrée en Europe de l’Est
risque d’augmentation
en Europe de l’Est. Le nombre de retraités allemands en Hongrie
des inégalités entre les
a augmenté de 7,5 % pour atteindre 4 803, en République
retraités
tchèque de 5,3 % pour atteindre 2 783 et en Pologne de 5,1 %
pour atteindre 6 567 (entre 2016 et 2017). La Thaïlande a connu Proposition d’évaluation : Une analyse de documents pourrait
une croissance de 6 % pour atteindre 5 415 retraités allemands. être menée sur les causes, les manifestations et les enjeux du
vieillissement mondial en confrontant le doc. 2 p. 113 et la
Il s’agit ici de construire et vérifier des hypothèses sur une carte p. 110 intitulée le vieillissement de la population.
situation géographique. L’hypothèse de départ sera que le
vieillissement menace l’économie mais l’élève devra montrer
que le vieillissement est inégal (c’est pourquoi les solutions sont Exemple 4
multiples) et qu’il peut dynamiser l’économie (silver économie). Les prévisions démographiques pour
Réponses aux activités le XXIe siècle sont-elles fiables ? p. 118-119
Itinéraire 1
Le vieillissement de l’Allemagne, une menace pour sa puissance Enjeu de l’exemple et présentation des documents
économique ? Il s’agit ici de discuter la fiabilité des prévisions démographiques.
– Un vieillissement marqué qui entraine des défis Le travail s’organise en deux temps. L’activité 1 peut se dérouler
économiques : un vieillissement précoce en Europe ; un fort en classe alors que l’activité 2 qui vise à comprendre les doc. 1
déséquilibre Nord/Sud et Est/Ouest ; un risque de ralentissement et 2 peut être réalisée à la maison. L’activité 1 vise à comprendre
économique : pénurie d’actifs, productivité du travail en recul. les facteurs d’évolution de la population mondiale et de tester
– Des solutions collectives et individuelles : recours à la des simulations (l’Ined permet à la fois de faire des simulations
technologie (robotisation) : silver économie pour soutenir la libres et de prendre connaissance des simulations de l’ONU).
croissance économique ; mesures étatiques : immigration,
recul de l’âge de la retraite, baisse du temps de travail (pour Prévision ou probabilités démographiques ?
partager le travail avec les plus âgés), incitation financière à Deux éléments tempèrent la fiabilité de la prévision
la natalité ; solutions individuelles : départ en Europe de l’Est démographique. D’une part, sur la longue durée (plusieurs
où le niveau de vie est moins élevé. décennies), les changements peuvent être spectaculaires : ainsi
– Des problèmes persistants : enjeux de l’immigration en est-il de l’effondrement de la fécondité dans les pays qui se
(politiques, sociaux et démographiques) ; risque d’accroissement modernisent, comme cela a été le cas au Brésil, en Tunisie, ou
des inégalités entre les retraités. en Inde, où l’indicateur synthétique de fécondité a été divisé
Itinéraire 2 par trois depuis le début des années 1960. D’autre part, les
grandes vagues migratoires peuvent altérer significativement
Part des la démographie d’un pays ou d’une région en quelques années.
personnes Défis Solutions et limites Ceci rend certaines prévisions plus hasardeuses sur le très
âgées long terme (disons, arbitrairement, au-delà de 2050). Pour
Japon 25 % des plus Dépenses Silver économie ces raisons, et parce que les données qui servent de base aux
de 65 ans de retraite (services, robotisation projections sont souvent incertaines, notamment pour les pays
Espérance Dépenses transport) en développement, le scénario de référence utilisé ici (ONU,
de vie : 84 ans de santé Baisse des pensions projection médiane) doit être considéré comme un ensemble
Risque de de retraite risque de tendances probables et non comme une prévision. Enfin,
ralentissement d’augmentation des au risque de l’évidence, il faut rappeler que les données de
économique inégalités entre les départ (recensements, évaluations des flux migratoires) sont
dû à la baisse de retraités
parfois très incertaines, même si les démographes disposent
la productivité
d’outils pour les évaluer au mieux.
du travail
Institut Montaigne, Le défi démographique :
mythes et réalités, juillet 2018.

48
La capacité travaillée est double : à la fois découvrir des
ressources numériques (Ina, ONU, statistiques nationales) et
d’évaluer en quoi elles sont pertinentes.
Réponses aux activités
Activité 1 Comprendre les bases des prévisions
démographiques
2. La population mondiale va continuer de croître jusqu’en
2050 mais de manière ralentie (comme on le constate sur la
courbe d’évolution placée en haut, à droite de la pyramide des
âges) pour atteindre 9,77 milliards d’habitants.
Les facteurs probables de cette croissance ralentie de la
population :
– Baisse de mortalité : recul des maladies grâce à la vaccination
et à une amélioration des soins et de l’hygiène (notamment forte
baisse de la mortalité infantile et des femmes qui accouchent)
et recul des morts violentes. Mais « qu’en sera-t-il à l’avenir dans
des contextes épidémiologiques nouveaux ou émergents, avec
le poids croissant des maladies non transmissibles liées aux
comportements (alimentation, alcool, tabac...), à l’environnement
(pollutions...) ou au vieillissement des populations ? ».
– Augmentation de l’espérance de vie dans le monde : « De
1990 à 2015, l’espérance de vie mondiale est passée de 64 à
71 ans, celle des pays à revenu intermédiaire de 63 à 70 ans, et
celle des pays à faible revenu de 49 à 61 ans. Toutes les grandes
régions ont connu des hausses sensibles de leurs espérances
de vie ». « Les déclins importants ont touché tous les âges,
mais surtout les plus jeunes. Ils ont notamment bénéficié aux
petites filles, et aux femmes ».
– Baisse de la fécondité due à l’essor de la contraception :
« En 2014, dans le monde, plus de 60 % des couples en âge
de procréer ont recours à la contraception. La stérilisation
féminine et le stérilet restent les méthodes les courantes ».
3. La population mondiale serait alors de 9 854 450 en 2050 si
la fécondité restait la même qu’en 2017, soit 2,48 enfants par
femme. Cela correspondrait à 80 millions d’habitants en plus (soit
l’équivalent de la population actuelle de la Turquie). L’ONU prévoit
une baisse mondiale de la fécondité (2,2 enfants par femme) car
la contraception continue de se diffuser dans le monde quand,
en général, les pays améliorent leurs conditions de vie.
4. a) Choisir l’onglet « zone géographique » : les continents
dont la population va le plus augmenter sont l’Afrique (de 1,3
milliard à 2,527 milliards vers 2050) et l’Asie (de 4,6 milliards
à 5,256 milliards vers 2050). L’Amérique va connaître une
croissance faible (Amérique du Nord : 366 500 à 435 000,
Amérique latine et Caraïbes : 658 300 à 779 900) alors que la
population européenne devrait baisser (743 000 à 715 800).
b)
12 en milliards d’habitants
Afrique
10 Asie
8 Europe
6 Amérique
Centrale
centrale
4 et du Sud
2 Amérique
du Nord
0
1950 1980 2010 2040 2070 2100 Source : ONU, 2019.
Bilan 1
Branche 1 : évolution générale de la population d’ici 2050 :
croissance : 9,77 milliards d’habitants, mais ralentissement
de la croissance.
Branche 2 : facteurs probables de cette évolution : baisse de
mortalité mais baisse inégale ; augmentation de l’espérance
de vie dans le monde ; baisse de la fécondité due à l’essor de
la contraception.
Branche 3 : inégale contribution des régions du monde à cette
évolution : forte croissance (Afrique, Asie), faible croissance
(Amérique), déclin (Europe).
Activité 2 Évaluer la fiabilité des prévisions démographiques
5. Les principaux facteurs d’incertitude se portent sur les
pics de mortalité (épidémies, crises politiques majeures) et le
comportement démographique de la population qui va naître
dans 40 à 50 ans est plus difficile à évaluer.
6. L’Afrique intertropicale présente un autre type de transition
démographique car la baisse de la fécondité y est beaucoup
moins rapide que dans le reste du monde (partage des coûts
pour élever les enfants).
Bilan 2
Branche 4 : incertitudes qui pèsent sur les prévisions
démographiques : pics de mortalité (épidémies, crises politiques
majeures) ; prévision difficile du comportement démographique
de la population projetée dans
40/50 ans ; prévision difficile de
la fécondité (décroissance moins
rapide qu’ailleurs en Afrique
intertropicale).

Une transition démographique inégalement avancée
transition achevée
transition en phase d’achèvement
transition amorcée
Des défis contrastés
population en déclin
poids du nombre (besoins essentiels
inégalement assurés ; bonus
démographique à valoriser)
migrations internationales liées
au différentiel démographique
Méthodes
Organiser la légende
d’un croquis p. 120-121
1. à 3. Voir légende du croquis.
4. La première proposition est
la seule qui respecte les codes
cartographiques.
5. Titre : Une transition
démographique mondiale
en voie d’achèvement.

Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 49

 Analyser une carte p. 122-123 Réviser  p. 124-125
1. Le document proposé à l’analyse est une carte des contrastes
du dynamisme démographique dans le monde. Elle a été Localiser
élaborée en 2019 à partir des données statistiques de l’ONU.
Les grandes trajectoires démographiques
Ce document montre que les pays ont des dynamiques
démographiques différentes dans le monde.
2. Identifier Interpréter
les informations les informations
États-Unis Italie
Des pays Puissances vieillissantes : Explications : forte Portugal Japon
confrontés Europe, Russie, Amérique espérance de vie, faible Chine
aux défis du du Nord, Japon, Australie fécondité, population Niger Inde
vieillissement et Nouvelle-Zélande en baisse (hors apport
Ouganda
= pays développés à haut migratoire)
Angola
niveau de revenus Défis : coût des retraites
et des soins, baisse de
la population active
Des pays Pays les plus jeunes : Explications : forte
confrontés aux Afrique, Asie du Sud baisse de la mortalité
défis du nombre (dont Inde, Pakistan, (notamment chez les les trois États les plus peuplés
Bangladesh) et du femmes et les filles),
les trois États aux plus fortes croissances démographiques
Sud-Est (Indonésie, fécondité encore forte,
Philippines) accroissement de la les trois États les plus âgés
population mondiale
proviendra pour moitié
de la contribution de Définir
7 pays en 2050
Les définitions de ces termes sont toutes dans le lexique du
(Repère B p. 112)
manuel p. 266-268.
Défis : alimentation,
éducation, logement
Expliquer
Une vision Les choix opérés dans la Dans l’ensemble, du fait
simplifiée légende opposent des de l’allongement de la
Une mutation démographique : passage de taux de natalité
de l’inégal situations extrêmes durée de la vie et de la et de mortalité élevés à bas entraînant une forte croissance
dynamisme Certains pays ne sont baisse de la natalité, on de la population.
démographique classés dans aucune peut dire que l’humanité Des défis économiques : profiter du bonus démographique
mondial catégorie (Chine, Brésil, « entre dans l’âge adulte » et anticiper la fin de celui-ci par une transition économique
Argentine) Croissance ralentie de la afin de réduire les inégalités.
population : projections Des défis sociaux : permettre l’accès aux ressources et aux
de l’ONU (7,55 milliards services à une population dont la structure a changé ; plus de
de personnes en 2017, jeunes et d’actifs durant le 2de phase de la transition et plus
8,55 milliards en 2030, de personnes âgées inactives dans la période post-transition.
9,77 en 2050)
Un cas à part : les effets
Analyser
de la politique de l’enfant
unique en Chine 1. Le Sénégal est un pays où l’accroissement naturel est fort
et le nombre d’enfants par femmes supérieur à 4. Le nombre
Pour s’entraîner p. 123 moyen d’années de scolarisation y est inférieur à la moyenne
Il est possible d’organiser l’analyse de document selon le plan mondiale.
suivant. 2. Cette affiche du ministère de la Santé, soutenu par la Banque
– Une hausse inégale de la population active : des pays en mondiale, montre qu’une famille réduite à 2 enfants vit dans
forte croissance, des pays en recul, des pays en situation de meilleures conditions de santé (2 enfants : visages pleins
intermédiaire. du 1er dessin) qu’une famille nombreuse (4 enfants et bientôt
– Des explications à chercher dans le dynamisme démo­ 5 : visages creusés et sac de médicaments du 2nd dessin).
graphique (lien avec la transition démographique) et dans le 3. Les effets socio-économiques attendus sont la réduction
niveau de développement. de la croissance de la population et des dépenses de santé.
– Des conséquences socio-économiques fortes : forte
croissance selon le niveau de développement, chômage,
travail informel et recours à l’immigration ou main-d’œuvre
nombreuse (pays ateliers) ; faible croissance de la population
active : pénurie, recours à l’immigration.

50
 CHAPITRE

5 Développement et inégalités

Introduction Bibliographie
Mot courant, les inégalités ne sont pas par essence un concept géographique.
Cependant, elles sont un objet d’étude géographique et plus globalement des F. ALVAREDO, L. CHANCEL, T. PIKETTY,
E. SAEZ et G. ZUCMAN, Rapport sur
sciences sociales. On peut considérer les inégalités comme le pendant social
les inégalités mondiales, Le Seuil, 2018.
des disparités spatiales. Les économistes préfèrent le terme de pauvreté, plus
restrictif, depuis que la Banque mondiale a commencé à prendre ses distances B. BADIE et D. VIDAL (dir.), Un monde
avec la thèse selon laquelle une forte croissance économique suffit à générer un d’inégalités, La Découverte, 2017.
développement durable à l’échelle de la planète. Le Forum économique mondial B. BRET, Pour une géographie du
(de plus en plus dominé par les pays émergents) de 2011, ainsi que les travaux juste, Presses Universitaires de Paris Ouest,
d’économistes comme J. Stilglitz confirment l’augmentation des inégalités en dépit 2015.
d’une reprise de la croissance. Les inégalités ne sont pas uniquement monétaires.
B. MILANOVIC, Inégalités mondiales,
Elles relèvent aussi de l’accès à l’éducation, à la propriété, au crédit, aux soins, au La Découverte, 2019.
marché du travail. Les pays qui réussissent le mieux dans la mondialisation sont
ceux où l’inégalité des chances est réduite comme à Taïwan ou en Corée du Sud. À
l’échelle mondiale, les inégalités sont peu étudiées, et pas assez prises en compte
dans les actions publiques. Pourtant, depuis les années 2000-2010, la question Sitographie
des inégalités alimente les débats économiques et politiques. La publication de
l’ouvrage de T. Piketty, Le Capital au XXIe siècle (2013), et les réactions qui l’ont suivie Justice Spatiale / Spatial Justice, revue
témoignent de cet intérêt. Pourtant, il ne faut pas perdre de vue, qu’à l’échelle électronique bilingue : www.jssj.org
mondiale, le XXe siècle a été marqué par un fort recul des inégalités dans les pays Le laboratoire sur les inégalités mondiales :
riches. Mais le début du XXIe est lui marqué par un accroissement de celles-ci. https://wid.world/fr/world-inequality-lab-fr/
L’action publique internationale s’est donc à nouveau chargée de la question au
Les Objectifs du Développement Durable :
début du XXIe avec les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD),
https://www.un.org/sustainabledevelopment/
puis les Objectifs du Développement Durable (ODD). fr/

Du développement aux inégalités : la justice spatiale

Selon Bernard Bret, la justice spatiale est l’expression spatiale de la justice. Le fait
social est le fait premier qui agit sur le spatial, puis il y a rétroaction du spatial sur le
social : on parle alors de justice socio-spatiale. Le développement se définit comme
la croissance et davantage de justice. Le développement est nécessairement inégal
car il ne se fait pas partout en même temps.
développement = croissance + justice => inégalités
En géographie, cela donne une grille de lecture pour comprendre les différenciations
spatiales et le modèle centre/périphérie (cf. A. Reynaud). Le développement est
producteur d’inégalités, donc il y a des configurations spatiales qui vont favoriser
des lieux, les centres. La concentration de richesse dans les centres par rapport
aux périphéries, à différentes échelles est une réalité. Par ailleurs, la production
peut être spatialement contrainte et donc le développement inégalitaire. Mais la
richesse produite peut être redistribuée ou consommée ailleurs (voir les ouvrages
de L. Davezies). Les politiques sociales ont alors des effets plus puissants que les
politiques régionales. Le cas brésilien en est une bonne illustration. La justice
spatiale mal comprise peut entraîner de l’injustice sociale. La discrimination positive
à base territoriale, avec délimitation de périmètres (Mezzogiorno par exemple)
peut n’aboutir, dans le territoire délimité, qu’à la confiscation de la redistribution
par ceux qui peuvent la capter. Les aides, l’argent arrivent dans des territoires très
inégalitaires.

Le travail sur une étude de cas sur le Brésil (p. 100-103) ou la Russie (p. 104-107)
peut être un préalable mais doit s’accompagner de la présentation rapide d’une
ou deux situations différentes. Parmi les possibilités offertes, on peut proposer les
comparaisons suivantes : exemple de la Chine (p. 114-115) ; exemples comparés
du vieillissement au Japon et en Allemagne (p. 116-117). Un exemple invitant
les élèves à réfléchir au rôle de la prospective (p. 118-119) complète ce chapitre
sur les défis démographiques.

Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 51

 Choix des documents
d’ouverture p. 126-127
Le doc. 3 sur les inégalités de revenus permet une bonne
accroche sur le thème des inégalités. L’indice de Gini est l’une
des meilleures mesures des inégalités. L’Afrique australe (thème
4) est la région où les inégalités sont les plus fortes (l’Afrique
du Sud, le Botswana, la Namibie et la Zambie sont parmi
les cinq États les plus inégalitaires). L’Amérique latine est la
deuxième région où les inégalités sont les plus fortes (Surinam,
Brésil, Colombie, Paraguay, Chili). En revanche, les pays où les
inégalités sont les moins fortes sont à trouver en Europe centrale
et en Asie centrale : Azerbaïdjan, Ukraine, Slovénie, République
tchèque, Moldavie, Slovaquie, Kosovo, Kirghizistan. Les doc. 1
et 2 permettent ensuite un changement d’échelle avec le cas
de l’Inde, pays parmi les moins inégalitaires (indice de Gini à
35,1, juste derrière l’Australie avec 34,7). Ils permettent aussi
de faire le lien entre développement et transition économique
(même si la notion ne sera pas employée dès l’ouverture). La
comparaison des deux photographies permet de nuancer ce
constat et une approche critique de l’indice de Gini.
Les inégalités en Inde (doc. 3)
Malgré un indice de Gini bas (105e sur 161, le 1er État le plus
inégalitaire étant l’Afrique du Sud), l’Inde apparaît toujours comme
un pays très inégalitaire. En effet, selon la Banque mondiale,
21,2 % de la population vit sous le seuil de pauvreté extrême
(moins de 1,9 $ par jour). Selon le Laboratoire sur les inégalités
mondiales, les 10 % les plus fortunés accaparent 55 % de la
richesse du pays. Ce chiffre a doublé en 25, c’est une croissance
record. La redistribution de la richesse semble y être en panne.
Réponses aux questions
1. À Bangalore, le choix de développement économique
s’est porté sur les entreprises innovantes dans le secteur de
l’informatique et des services informatiques.
2. L’Inde fait partie des pays les moins inégalitaires au monde
en ce qui concerne les écarts de revenus entre les habitants.
Pourtant, les inégalités persistent et les habitants les plus
pauvres vivant dans des zones d’habitat précaire côtoient les
activités de haute technologie.
3. La comparaison des cartes des inégalités de revenus et de
l’IDH montre que globalement il y a un lien entre les deux.
L’Afrique subsaharienne est bien une région à l’IDH faible et
aux inégalités de revenus fortes. L’Europe est une région aux
inégalités de revenus faibles et à l’IDH très élevé. Pourtant, il y
a des cas particuliers. Au Chili, les inégalités de revenus et l’IDH
sont élevés. En Ukraine et en Inde, les inégalités de revenus
et l’IDH sont faibles.
Planisphères
Un développement mondial
différencié p. 128-129
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
L’IDH mondial est de 0,728 (carte principale). Mais des écarts
importants existent entre les continents et les pays. Cet
indice atteint 0,87 dans en Europe et en Amérique du Nord
52
contre 0,54 en Afrique. Il va de 0,354 au Niger à 0,953 en
Norvège. Le questionnement invite les élèves à croiser cette
carte avec les trois autres. Les corrélations avec les cartes du
PIB et de la pauvreté sont sans surprise. Surtout, la carte des
trajectoires socio-économiques montre l’homogénéité des pays
à économie avancée et des PMA et la grande diversité du groupe
intermédiaire des pays émergents ou en développement.
Développement et inégalités : approche critique
des indicateurs
Dans ses différents ouvrages et articles, Bernard Bret examine
de façon critique les indicateurs du développement et des
inégalités. Le PIB, somme de valeurs ajoutées, est fait pour
établir une moyenne, le PIB/hab. en dollars, ce qui pose le
problème de la variation des monnaies. Le PIB en parité de
pouvoir d’achat permet de montrer que les écarts entre les États
du monde sont inférieurs à ce qui est souvent présenté, même si
en Afrique, les PIB sont bas. Il y a un resserrement entre les États.
Le PIB a été conçu par les pays du Nord, les pays à économie de
marché. L’autoconsommation ou le secteur informel ne sont pas
pris en compte. Le PIB additionne mais ne soustrait pas. Il reflète
l’activité mais ne prend pas en compte la dimension sociale.
Le PIB ne prend pas en compte les ressources renouvelables/
non renouvelables ou les atteintes à l’environnement. Cet
indicateur est englobant, mais le doublement du PIB de 20 000
à 40 000 ne peut pas s’interpréter comme un doublement des
conditions de vie.
L’IDH est un indicateur complémentaire qui dit autre chose.
Il utilise les valeurs brutes des indicateurs (PIB, espérance
de vie, etc.) et non relatives. Or, la hausse des revenus est à
apprécier en fonction du point de départ : une augmentation
de 500 dollars du PIB de plus par an ne signifie pas la même
chose quand on part de 20 000 dollars par an ou 1 000 dollars.
Réponses aux questions
1. Les pays à économie avancée se caractérisent par un IDH
et un PIB très élevés. La pauvreté aiguë n’y est pas évaluable.
2. Les PMA se caractérisent par un IDH et un PIB très faibles.
La population vivant en situation de pauvreté aiguë y est
supérieure à 50 %.
3. Les pays à l’IDH moyen (autour de 0,7) connaissent des
situations très variables. Par exemple, dans les pays émergents
comme la Chine ou le Brésil, le PIB y est relativement élevé (mais
faible en Inde), et la pauvreté aiguë persiste. Dans des pays
en développement comme le Nigeria et la Bolivie, l’IDH et le
PIB sont faibles, la pauvreté persistante, comme dans les PMA.
Correction du schéma
Des trajectoires de développement différenciées
développement
humain fort
et économie
avancée
développement
humain moyen
et économie
émergente
développement
humain faible
et économie
peu diversifiée
 Cours 1
Les enjeux liés
au développement p. 130-131
Les documents accompagnant ce premier cours « Les enjeux liés
au développement » permettent de répondre à la problématique
posée : « Les transitions économiques, une réponse aux défis
du développement ? ».
Le cours peut se dérouler en trois temps. Le premier aborde la
notion de développement et son évolution mondiale depuis
1990 à partir des deux Repères.
L’évolution de l’IDH depuis 1990 (Repère A)
L’Indice de développement humain s’est élevé dans le monde
au cours de ces trente dernières années, passant de 0,596 en
1990 à 0,728 en 2017. Des régions sont en très forte progression :
l’Asie de l’Est et le Pacifique (de 0,516 à 0,733), l’Asie du Sud
(de 0,437 à 0,638), les États arabes (de 0,553 à 0,699), mais
aussi l’Amérique latine et les Caraïbes (de 0,625 à 0,758). Il
en va de même pour les grands pays émergents comme la
Chine (de 0,501 à 0,752), l’Inde (de 0,428 à 0,64), le Brésil (de
0,608 à 0,759) ou la Turquie (de 0,576 à 0,791). L’amélioration
des conditions de vie est ainsi visible dans de nombreux pays
en développement et même dans le groupe des régions au
développement humain faible, où l’IDH est passé de 0,368 à
0,524. En revanche, la progression est réelle mais plus faible
pour les pays d’Afrique subsaharienne (de 0,400 à 0,537). Il en
va de même pour les pays de l’OCDE (de 0,785 à 0,895), mais
leur niveau était déjà très élevé.
Dans un deuxième temps, après avoir étudié les échelles
des inégalités de développement, les doc. 1 et 2 permettent
d’évoquer le rôle de l’action publique internationale qui prend
une nouvelle dimension avec les OMD puis les ODD au XXIe siècle.
Enfin, dans un troisième temps, le doc. 3 permet d’aborder un
des aspects de la transition économique : l’économie circulaire.
Capacités et méthodes
1. Mali : score ODD de 49,7 (142e/156). Les objectifs 1 (pauvreté),
8 (travail) et 13 (prévention du changement climatique) sont
en voie d’être atteints en 2030. En revanche, l’objectif 4
(éducation) est en recul. Tous les autres stagnent ou progressent
insuffisamment pour atteindre les ODD en 2030.
Inde : score ODD de 59,1 (112e/156). Les objectifs 1 (pauvreté),
8 (travail) et 13 (prévention du changement climatique) sont
en voie d’être atteints en 2030. Aucun objectif n’est en recul.
Tous les autres stagnent ou progressent insuffisamment pour
atteindre les ODD en 2030.
Australie : score ODD de 72,9 (37e/156). Les objectifs 1 (pauvreté)
et 3 (santé) sont en voie d’être atteints en 2030. Les objectifs
15 (vie terrestre) et 16 (justice) n’atteindront pas la moitié
de l’objectif en 2030. Tous les autres sont en progrès, mais
n’atteindront pas pleinement l’objectif en 2030.
2. Le Mali est un PMA à faible IDH où l’accès à l’éducation est
en recul. L’Inde est un pays émergent à l’IDH moyen où les
progrès du développement sont encore insuffisants. L’Australie
est un pays à économie avancée et IDH très élevé où tous les
critères du développement sont en progrès.
Cours 2
Trajectoires de développement
et inégalités p. 132-133
Présentation des documents et repères
Les documents accompagnant ce cours « Trajectoires de
développement et inégalités » permettent de répondre à
la problématique posée : « Pourquoi l’essor ou la réduction
des inégalités sont-ils dépendants des trajectoires de
développement ? ».
Ce cours propose une typologie des trajectoires socio-
économiques des États au regard des inégalités. Le Repère
A et le doc. 2 abordent les trajectoires des pays à économie
avancée.
Les inégalités de revenus en Allemagne (doc. 2)
L’Allemagne fait figure de bon élève dans les progrès du
développement (score ODD de 82,3, 4e/156). Mais le corollaire
de ce bon développement est le creusement des inégalités
de revenus essentiellement. C’est ce que montre le travail de
Charlotte Bartels (Laboratoire sur les inégalités mondiales). Les
1 % les plus riches captent 13 % du revenu national, les 10 %
40. Les 50 % les moins rémunérés se partagent 17 % du revenu
national. Ces inégalités de revenus sont plus fortes qu’en France
et rejoignent le niveau de celles observées au Royaume-Uni et
aux États-Unis. Quels en sont les principaux facteurs ? L’essentiel
du revenu national en Allemagne provient des entrepreneurs.
La part du revenu qu’ils perçoivent augmente avec les profits
des entreprises et la part du revenu rémunérant le capital.
Depuis les années 1980, les salariés très qualifiés représentent
une part croissante des hauts revenus. La fiscalité (la baisse
des taux marginaux d’imposition des hauts revenus et des taux
moyens d’imposition alimente la déformation du partage des
revenus au profit des hauts revenus), l’ouverture au commerce
extérieur et le progrès technique (dépôts de brevets) ont joué
sur la part des hauts revenus.
Puis le Repère A et le doc. 1 évoquent les pays émergents ou
en développement.
La croissance des inégalités mondiales (Repère A)
Selon le travail de l’équipe d’économistes Piketty-Chancel,
les inégalités mondiales s’accroissent depuis les années 1980
(Rapport sur les inégalités mondiales en 2018). Le Moyen-
Orient est la région la plus inégalitaire. Les 10 % les plus aisés
y captent 61 % de la richesse. Viennent ensuite l’Inde et le
Brésil où les 10 % les plus riches concentrent 55 % des revenus.
Autre constat, la classe moyenne mondiale est la perdante du
développement. Les 1 % les plus aisés profitent quatre fois plus
de la croissance que la classe moyenne mondiale, alors que la
moitié la plus pauvre de la population mondiale a connu une
croissance de ses revenus, particulièrement en Asie.
Enfin, le Repère B et le doc. 3 permettent de montrer les forts
contrastes de développement concentrés dans les PMA.
Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 53
 Capacités et méthodes démocratique. Les travaux économiques, menés notamment
par l’ancien économiste en chef pour la région Afrique de la
Pays aux Pays émergents
Pays les moins Banque mondiale, Alan Gelb, ont permis de faire le lien entre
économies et en
avancés l’environnement institutionnel des pays pétroliers et leur niveau
avancées développement
de développement. La conclusion est sans appel, les régimes
Niveau de Élevé Moyen Faible démocratiques ne souffrent pas du paradoxe pétrolier.
développement
La malédiction du pétrole ne s’arrête pas là. Les pays concernés
Description Creusement Appauvrissement Inégalités entre sont également ceux qui accusent le plus de retard dans leur
des inégalités des inégalités des classes populations politique de soutien au capital humain (accès à l’éducation,
de revenus moyennes (Brésil), rurales et formations…).
(Allemagne) inégalités de urbaines pour
Pour ces pays, la fin du pétrole engendre un double défi. Ils
logement l’accès aux
(Manille, besoins vitaux
doivent à la fois combler leur retard de développement en
Philippines) (électricité à diversifiant leur économie mais aussi penser à de nouvelles
Haïti) sources d’énergie. La fin du pétrole appelle donc à un
changement de modèle économique et social, sans quoi les
Transition Économie Industrialisation et Dépendance
économique de la développement à une activité :
lendemains seront difficiles.
mise en œuvre connaissance des services exploitation D’après J. B. Bernardeau, Le Figaro, 2 février 2019.
et économie (tourisme en des ressources
verte (Corée Chine) naturelles
du Sud) (Niger)
L’élève est amené à mettre en relation des faits de localisations
différentes, non pas pour établir un système mais pour mener
une comparaison. Il s’agira ici de souligner les points communs
et les différences entre le Venezuela et les pays du golfe Persique
Exemple 1 cités dans cette étude.
Pourquoi le Venezuela ne parvient-il Réponses à l’activité
pas à valoriser sa rente pétrolière Disposer de ressources pétrolières, est-ce la certitude pour un
comme le font les pays du golfe pays d’assurer son développement ?
Persique ? p. 134-135 – Le Venezuela, plus riche en pétrole que les pays du golfe
Persique (doc. 1 et 2) : même poids dans les exportations mais
Enjeu de l’exemple et présentation des documents principale réserve du monde surtout dans l’ouest du pays
(bassin de l’Orénoque) (20 % des réserves mondiales).
Le programme invite à comparer des trajectoires de
développement. C’est pourquoi une étude comparative – Le Venezuela et la malédiction du pétrole (doc. 2 et 4) :
est proposée sur le rapport entre ressources pétrolières et faible diversification économique, sous-investissements dans la
développement. Pourquoi tous les pays pétroliers n’ont-ils compagnie nationale, forte dépendance au prix du pétrole et
pas le même niveau de développement ? aux exportations vers les États-Unis/diversification économique
Le cas du Venezuela pourrait être abordé grâce au doc. 5 : au Koweït (« centre économique et financier régional »).
pourquoi Caracas et le reste du Venezuela doivent-ils faire – Des évolutions politiques défavorables au développement
face à des pénuries importantes ? Comment expliquer ces au Venezuela (doc. 3, 4 et 5) : une manne pétrolière au service
pénuries alors que le pays abrite la première réserve de pétrole du développement sous Chavez (1999-2013), une explosion
du monde qui est exploitée à l’ouest et à l’est du pays (doc. 2) ? de la pauvreté sous Maduro (depuis 2014) : baisse des prix
Les causes (politiques, économiques, sociales et géopolitiques) du pétrole et confiscation des revenus du pétrole, sanctions
sont à rechercher dans le doc. 4 qui évoque la « malédiction des commerciales des États-Unis, pénuries massives car baisse des
ressources ». Les doc. 1 et 3 confirment que la rente pétrolière importations alimentaires notamment/meilleure redistribution
ne profite pas au plus grand nombre (faiblesse de l’IDH par de la manne pétrolière dans les pays du Golfe (alimentation,
rapport aux autres pays du golfe Persique, appauvrissement santé, emploi) = IDH plus élevé.
général de la population depuis 2014). La redistribution de la Proposition d’évaluation : Il est possible de faire travailler les
rente (dont les formes sont à expliquer) et la diversification élèves sur le cas de la Russie si elle n’a pas été traitée en étude
en cours de l’économie expliquent les meilleures conditions de cas. Sujet : La trajectoire économique de la Russie.
de vie au Koweït par exemple (doc. 4). Une limite est tout Après avoir présenté les documents (1 et 2 p. 104), montrez
de même à apporter puisque les pays du golfe Persique ont en quoi ils permettent d’évoquer une « malédiction des
majoritairement fondé leur développement sur l’immigration, ressources » à propos de la Russie. Quelles solutions politiques
or les étrangers ne bénéficient pas de la rente pétrolière au sont envisagées pour y remédier ?
même titre que les nationaux.

La malédiction du pétrole au Venezuela Exemple 2

La crise politique actuelle au Venezuela est l’un des résultats
directs d’une situation économique catastrophique. Mais la
monoproduction n’explique qu’une infime partie du paradoxe
de l’or noir. D’autres facteurs sont à l’œuvre. La République
démocratique du Congo (RDC) et l’Angola peuvent en témoigner.
La « malédiction du pétrole » semble s’abattre essentiellement
sur des pays dont le régime politique est éloigné de toute forme
Pourquoi Haïti reste-t-il le seul
PMA américain ? p. 136
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Haïti est un symbole de la vulnérabilité. Le pays est situé au 168e
rang en terme de développement humain sur 189 pays par le

54
PNUD. 78 % de la population y vit avec moins de 2 dollars par
jour, 50 % dans une situation d’indigence avec 1 dollar/jour
(doc. 1). Près de 3,5 millions d’Haïtiens souffrent d’insécurité
alimentaire et nutritionnelle. Haïti est de ce point de vue très
vulnérable (doc. 3). C’est également un pays particulièrement
fragile au regard de son milieu naturel et soumis aux risques
(doc. 2) : séisme en 2010 dont les conséquences sont encore
visibles, ouragan Matthew en 2016. Cette vulnérabilité est
accrue par son économie peu diversifiée et dépendante de
l’extérieur : aide au développement, remises des émigrés (doc.
3). Enfin, l’instabilité politique domine et le personnel politique
est fréquemment corrompu, anéantissant les maigres budgets
consacrés au développement.
« La caravane du changement ». Cette expression désigne
le programme engagé par le Président de la République
haïtienne Jovenel Moïse élu en février 2017. Ce programme
combine plusieurs objectifs : réhabiliter le monde rural et
dynamiser l’agriculture alors qu’elle dispose d’un potentiel
agricole fort. Il prévoit aussi le développement touristique, un
meilleur approvisionnement en électricité et la construction
d’infrastructures. Depuis l’adoption de ce projet, des émeutes
ont éclaté et ont contribué à perpétuer l’instabilité politique qui
agite le pays depuis longtemps. Un nouveau gouvernement a
été nommé, risquant des pérenniser les inégalités.
Le raisonnement géographique invite à décrire, expliquer puis
établir une typologie au regard de critères bien définis. Ici, la
capacité travaillée insiste davantage sur les deux premiers
aspects de cette démarche. Charge ensuite en combinant
les exemples (Russie, Haïti, Bhoutan, Venezuela) d’établir une
typologie après avoir défini des critères.
Réponses à l’activité
La réponse peut s’organiser selon le plan détaillé suivant.
Un environnement naturel et socio-économique peu propice
au développement : un pays soumis aux risques naturels :
séisme, cyclones ; un pays extrêmement pauvre (1 830 dollars
par habitant/an) ; certaines régions peuvent compter jusqu’à
82 % de population touchée par la pauvreté au nord et nord-
est ; importance de l’agriculture vivrière.
Les effets inégaux de la mondialisation : importation de
produits agricoles (riz de Floride) qui a contribué au déclin
de l’agriculture haïtienne ; remises envoyées par les émigrés :
2,2 milliards de dollars ; aide publique étrangère qui constitue
85 % du budget d’investissement de l’État.
Des acteurs inégalement efficaces : État qui distribue l’aide
publique au développement à la région de Port-au-Prince qui
est la moins pauvre ; État qui ne parvient pas à initier la résilience
après le séisme de 2010 ; État corrompu ; instabilité politique
qui fait fuir les investisseurs ; peu d’activités de production de
biens et de services ; État qui subventionne les importations
de produits agricoles ; importance du recyclage informel et
de la valorisation des déchets.
Proposition d’évaluation : Si l’étude du Bhoutan de la p. 137
n’a pas été réalisée parallèlement à celle d’Haïti, il est possible
d’utiliser les documents en évaluation.
Exemple 3
Pourquoi le Bhoutan ne sera-t-il
bientôt plus un PMA ? p. 137
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Le Bhoutan fait la promotion du Bonheur national brut, un
indicateur alternatif pour mesurer le développement du
pays. Les documents proposés s’appuient sur les critères
habituels pour mesurer le développement et constituant
l’indice composite IDH. Dans ce tableau (doc. 1), certains
indicateurs permettent de croiser ces deux formes de mesure
du développement (scolarisation, espérance de vie, poids de
l’agriculture). Si le Bhoutan présente un bilan carbone négatif,
le gouvernement autoritaire (doc. 2) prouve que le pays ne
respecte pas encore l’ensemble des critères qu’il s’est fixé en
1972. Le BNB doit reposer aussi sur une bonne gouvernance.
Les inégalités s’atténuent au Bhoutan, le coefficient de
Gini qui mesure les écarts de richesse est passé de 41 en
2003 à 37,4 aujourd’hui. Les limites du développement
s’expliquent aussi par la faiblesse économique de ce tout
petit pays (doc. 2).
La liste des PMA a été établie en 1971. Depuis cette date, seuls
3 pays ont été retirés de cette liste. Mais en 2018, quatre pays
sont candidats au retrait dont le Bhoutan, car ils sont en situation
de transition. Pour sortir de cette liste, le Bhoutan doit satisfaire
deux des trois critères suivants : disposer d’un revenu moyen
supérieur à 745 dollars/habitant, des ressources humaines
mesurées par des indicateurs de nutrition, de mortalité
infantile ou de scolarisation positifs, enfin une exposition à
la vulnérabilité économique peu importante : pourcentage
du secteur agricole, diversification des exportations, taux de
sans-abris causé par des catastrophes naturelles.
Cet exemple permet de comparer des données statistiques
afin d’identifier les facteurs de transition en œuvre au Bhoutan.
Cet exemple permet de les hiérarchiser.
Réponses aux activités
Itinéraire 1
Le texte peut faire apparaître :
– Les arguments favorables : forte progression du RNB entre
2000 et 2017 de 2 800 dollars à 8 850 dollars ; diversification
de l’économie avec une part de l’agriculture qui diminue et
une part des services qui augmente ; espérance de vie qui
augmente ; progrès de la scolarisation de 56 à 80 % pour les
garçons et de 48 à 88 % pour les filles ; progrès de l’activité
touristique.
– Les risques : augmentation des émissions de CO2 ; mise
en péril des espaces protégés ; influence grandissante des
sociétés occidentales ; trop grande dépendance à l’égard de
l’activité touristique.
Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 55
 Itinéraire 2 Le manque de déchets de la Norvège signifie que les ordures
qui devraient être recyclées – comme la nourriture, le papier
Développement
Transition
Acteurs (progrès, freins,
et les plastiques – sont maintenant brûlées pour rentabiliser
économique les fours qui produisent de l’énergie. Ainsi, 70 000 tonnes de
inégalités)
déchets britanniques, en provenance de Leeds (depuis 2012),
Bhoutan RNB en État Progrès : couverture
Bristol et Manchester (depuis 2014), permettent de chauffer
augmentation ONU téléphonique,
Diminution Agences moyens modernes
90 000 appartements à Oslo. Ce transport de déchets à travers
de la part de de voyages de communication ; les frontières européennes inquiète les écologistes. Le Plan
l’agriculture étatiques scolarisation ; national des transports (2018-2029) place les biocarburants
Augmentation ONG comme augmentation comme un des principaux leviers d’action pour atteindre les
de la part des WWF espérance de vie objectifs de réduction des gaz à effet de serre du pays (–40 %
services Touristes haut Freins : populations d’ici à 2030). 1,7 milliard de litres par an de carburants fossiles
Développement de gamme encore pauvres ; doivent être remplacés par des biocarburants. À Oslo, les ordures
de l’activité gouvernement organiques, transformées en biocarburants liquéfiés, alimentent
touristique autoritaire les bus (12,5 % du parc de la ville d’Oslo, soit 150 véhicules)
Inégalités : populations et les camions poubelles (100 % du parc, soit 42 véhicules),
riches/population
ainsi qu’en engrais liquides à destination des exploitations
pauvres
agricoles locales. Les émissions de CO2 diminuent de 10 000
Haïti Déclin de État Freins : agriculture tonnes par an.
l’agriculture Émigrés qui reste le secteur
non compensé Aide au économique
par un essor développement dominant ; Afin de mettre en relation des faits de localisations différentes, il
industriel dans des pays dépendance de l’aide est possible de demander aux élèves de préciser les trajectoires
les villes développés au développement ; socio-économiques des capitales des deux États à partir des
Les investisseurs corruption ; pas de planisphères p. 128-129, puis de compléter le tableau suivant.
économiques climat propice à la
ont quitté le croissance économique Réponses à l’activité
pays Inégalités entre la
région de Port-au- Oslo Lomé
Prince et le reste Acteurs Municipalité Municipalité, ONG (Enpro)
du pays et entreprise (AGR)
Proposition d’évaluation : Si l’étude de Haïti de la p. 136 n’a Réussites Écologie industrielle 31 % des déchets transformés
pas été réalisée parallèlement à celle du Bhoutan, il est possible 97 % des déchets Mobilisation des citoyens par
transformés (chauffage, les ONG
d’utiliser les documents en évaluation.
biocarburant, compost) Action éducative en faveur
0 % de déchets enfouis du tri des déchets
Exemple 4 Limites Dépendance aux déchets : 30 % de déchets collectés
importations (depuis de façon illégale
Comment la gestion des déchets à Oslo le Royaume-Uni) qui 69 % des déchets enfouis
rendent l’énergie produite
et à Lomé génère-t-elle des formes moins renouvelable
innovantes de développement ?  p. 138-139
Enjeu de l’exemple et présentation des documents Méthodes
Oslo et Lomé présentent deux formes de gestion de déchets avec Choisir les crayons adaptés pour faire
des points communs et des différences entre la capitale d’un pays
à économie avancée et celle d’un PMA. Il est possible d’introduire
un croquis p. 140
l’exemple par la comparaison des doc. 3 et 5 pour Lomé (pour 1. 2. et 3.
approfondir, une vidéo est proposée avec le doc. 6) et du doc. 2 Titre : Rio de Janeiro, une ville marquée par les inégalités
pour Oslo, qui ont pour point commun de présenter la solution socio-spatiales
du recyclage, tout en réduisant
les déchets pour Oslo. Cette
De fortes inégalités territoriales
réduction est telle que la capitale
norvégienne doit importer des massifs montagneux et forestiers
Bangu
déchets (doc. 4). Enfin, le doc. 1 quartier aisé autour des plages
détaille les processus mis en Mare classe moyenne
œuvre dans les deux capitales.
quartier pauvre
Santa Cruz
La Norvège, un pays Rocinha
Des politiques de lutte contre les inégalités
en manque de déchets
Copacabana favela (réhabilitation des habitations)
(doc. 1)
Barra da Tijuca Unité de police pacificatrice
Les ordures sont devenues un
OCÉAN nouvelle unité d’habitations sociales
produit de marché, où celui ATLANTIQUE
qui veut s’en débarrasser paie.

56
Mobiliser des connaissances pour analyser 2.
un document p. 141 Idées générales/
Paragraphes Exemples
1. Ces histogrammes présentent les trajectoires de arguments
développement de la Norvège, de l’Argentine et du Laos. Ils 1. Un a) De nets progrès – 1 milliard d’hommes sont
mobilisent des indicateurs différents afin de rendre compte des développement dans les pays en sortis de l’extrême pauvreté
inégalités de développement dans le monde : l’IDH (Indice de généralisé développement – Norvège : 1er rang mondial
développement humain), le PIB par habitant (présenté à parité de b) L’augmentation de l’IDH aux faibles écarts ;
pouvoir d’achat pour rendre la comparaison possible) et l’écart des richesses est une la Chine est la 2e puissance
de revenus entre les habitants (aussi nommé indice de Gini). condition nécessaire économique mondiale mais
mais pas suffisante les écarts y sont forts
Toutes ces données sont fournies par les grands organismes
internationaux (Banque mondiale, FMI et PNUD). Nous allons 2. Une transition a) Définition Choix d’une économie
nous interroger sur la pertinence du choix de ces pays pour économique de la transition industrielle (Chine) ou
rendre compte des inégalités de développement dans le monde. en faveur du économique tertiaire (Inde) pour se
développement b) Les différentes développer
2. et 3. formes de la transition
Prélever les Interpréter les informations
informations en mobilisant les connaissances économique
3. Des inégalités à a) À l’échelle Économies avancées/PMA
Norvège – Très fort IDH – Un pays très développé à économie toutes les échelles mondiale Villes/campagnes
(+ 0, 9), PIB/ avancée, c’est-à-dire un pays dont b) À l’échelle
hab. (+ de le développement technologique régionale et locale
80 millions de et industriel a atteint un stade de
dollars par an rendement tel qu’il permet d’améliorer 3. Titre : La diversité des trajectoires socio-économiques
et par habitant) le niveau de vie de ses habitants
– Faible écart de – La Norvège fonde son économie à la
revenus (indice fois sur les hydrocarbures et l’économie
25. verte
– Un des pays les plus développés du
monde au même titre que le reste de
l’Europe, l’Amérique du Nord, le Japon,
l’Australie et la Nouvelle-Zélande
Argentine – Fort IDH – La richesse est une condition
– Faible PIB par nécessaire mais pas suffisante au
habitant développement qui dépend de la
– Très fort écart redistribution de la richesse produite
de revenus à une large majorité de la population
par habitant – Importance des inégalités villes/
campagnes, entre les régions, entre les pays émergent ou en développement PMA
catégories sociales : caractéristiques
de l’Amérique latine
4. Il est possible d’utiliser le schéma réalisé p. 129 (à l’échelle
Laos – Faible IDH – Un pays riche en ressources naturelles mondiale) ou celui réalisé p. 140 (à l’échelle locale).
– Très faible PIB/ (surfaces agricoles, minerais) mais une
hab. population pauvre (PMA)
– Fort écart de – Une économie peu diversifiée, des Préparer une présentation visuelle
revenus entre revenus qui dépendent des prix des pour un oral p. 143
les habitants matières premières et un enclavement Les références suivantes peuvent servir à la mise en œuvre
important du pays de l’exposé :
– Une petite minorité profite de
l’exploitation des ressources naturelles Cartes et graphiques
et les plans de lutte contre la pauvreté I. Saint-Mézard, Atlas de l’Inde, Une nouvelle puissance mondiale,
peinent à diminuer les inégalités Autrement, 2016.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/
Rédiger une réponse à une question dossiers-regionaux/le-monde-indien-populations-et-espaces/
problématisée p. 142 articles-scientifiques/les-femmes-en-inde-une-position-sociale-
1. Depuis 1990, le monde a connu un développement généralisé, fragile-dans-une-societe-en-transition
c’est-à-dire que les conditions de vie se sont améliorées. http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/
Cette évolution est particulièrement nette dans les pays en dossiers-regionaux/le-monde-indien-populations-et-espaces/
développement. Un milliard d’hommes y sont ainsi sortis de corpus-documentaire/inegalites-genre-inde
l’extrême pauvreté : en 1990, 36 % de la population mondiale Photos/vidéos
vivait avec moins de 1,9 dollar par jour , contre seulement 10 La malédiction de naître fille, film documentaire de Manon
% en 2015. Les besoins essentiels sont donc mieux assurés : le Loizeau, Alexis Marant, 2005 (Prix Albert Londres de l’audiovisuel).
nombre de personnes sous-alimentées est passé de 947 millions TV5 monde
en 2003 à 821 millions en 2017. Dans ces pays en développement, https://www.arte.tv/fr/videos/088340-000-A/inde-l-inquietant-
l’éducation primaire concerne 80 % des enfants (52 % en 1990). declin-du-nombre-de-femmes/
C’est ainsi qu’au Bhoutan, seuls 48 % des adolescentes étaient https://www.lemonde.fr/international/video/2019/01/02/
scolarisées en 2000 contre 88 % en 2017. Au Brésil, la classe en-inde-des-femmes-forment-une-chaine-de-620-km-pour-
moyenne représente désormais 61 % de la population. obtenir-l-acces-a-un-temple_5404496_3210.html

Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 57

 Sites institutionnels Expliquer
PNUD Indice d’inégalités de genre Des défis économiques : intégration ou adaptation à la
ONG mondialisation en fonction de la trajectoire socio-économique
https://www.oxfammagasinsdumonde.be/blog/article_dossier/ du pays.
inde-egalite-hommes-femmes-et-conditions-de-travail/#. Des mutations économiques : mise en œuvre d’une
XQZbiogzbIU transition environnementale adaptée au stade de la transition
https://terredeshommes.fr/inde-femmes-egales-parfois-meme- démographique (en cours ou achevé) du pays.
inferieures-aux-animaux/ Des défis sociaux : résorber les inégalités spatiales, sociales
et de genre, mise en œuvre d’une politique de redistribution.

Réviser  p. 144-145 Analyser

– Acteurs : ONU, ONG (ATD Quart Monde).
Localiser – Affiche : la main bleue plate et levée symbolise le « Stop »
Les trajectoires de développement associé au refus de la pauvreté. Les autres mains sont remplies
par des photos montrant essentiellement des enfants, jeunes,
blancs et noirs qui sont ainsi les cibles d’actions.
Norvège
Luxembourg Conclusion  p. 146-147
Suisse
Qatar Les trajectoires démographiques
Haïti
et économiques dans le monde
Singapour
RDC Burundi Cette double page de conclusion invite à une réflexion
systémique sur le thème 2. Placée en amont de l’étude du
Namibie Madagascar chapitre sur la France, elle permet de poser les jalons qui seront
Afrique du Sud nécessaires pour aborder la question à l’échelle nationale
Australie
(France, Afrique australe dans le chapitre conclusif).
Il s’agit d’abord de dessiner un croquis simplifié des trajectoires
démographiques et économiques dans le monde. À travers cette
les trois États les plus développés (IDH) typologie, l’élève construit un socle de connaissances à l’échelle
les trois États les plus riches (PIB/hab.) mondiale. Puis, il s’agit de remobiliser les notions du thème en les
mettant en relation dans un organigramme systémique, avant
les trois États les plus inégalitaires (indice de Gini)
de changer d’échelle (ouverture sur la France, et sur l’Afrique
les trois États les plus pauvres australe du thème 4). Le petit engrenage présent en haut de la
p. 147 sera mobilisé dans le thème conclusif sur l’Afrique australe.

Définir Cartographier
Les définitions de ces termes sont toutes dans le lexique du
Titre : Des trajectoires démographiques et économiques
manuel p. 266-268.
contrastées

développement humain fort,

économie avancée et
population âgée

développement humain moyen,

économie émergente et
population jeune

développement humain moyen,

économie émergente et
population en cours
de vieillissement

développement humain faible

et économie peu diversifiée,
population jeune
en forte croissance

58
Mettre en relation et changer d’échelle
1. Le schéma sera adapté à l’aide du vocabulaire suivant :
– pour les pays vieillissants à économie avancée : besoins
(aide et soins pour les plus âgés), transition démographique
(population en baisse hors apport migratoire), politique
démographique (recul de l’âge à la retraite, incitations à la
natalité), inégalités (sociales et spatiales qui se creusent dans
certains pays), politique de redistribution (encore massive) ;
– pour les pays émergents qui bénéficient du bonus
démographique : besoins (logement, éducation, emploi),
transition démographique (achevée récemment : population
active nombreuse), inégalités en essor (dans les villes, entre les
régions, entre les catégories sociales), politique de redistribution
inégale ;
– pour les PMA à forte croissance démographique : besoins
(alimentation, logement, éducation), transition démographique
(dernière phase : population jeune qui augmente très
rapidement), fortes inégalités à toutes les échelles, politique
démographique (promotion de la planification familiale),
politique de redistribution (modeste soutenue par les grands
organismes internationaux).
2. La France appartient à la catégorie des pays vieillissants à
économie avancée. Cependant, le vieillissement est inégal sur
le territoire (jeunesse des territoires ultramarins) et la pauvreté
est loin d’être absente (doc. 3 p. 151).
3. La transition économique française porte sur les industries
de haute technologie, sur les services aux entreprises et sur
l’économie verte. Les inégalités sociales sont encore fortes entre
les régions, entre les métropoles et les villes plus modestes,
et au sein des villes.
4. L’Afrique australe regroupe des pays en développement
dont la croissance démographique est encore forte et les
populations assez jeunes. Cependant, nous constatons une forte
inégalité de développement Nord/Sud et une forte diversité
des trajectoires démographiques, l’Afrique du Sud étant un
pays moins fécond que les autres par exemple.
5. Les transitions de l’Afrique australe passent à la fois par
un ralentissement de la croissance démographique, une
amélioration des conditions de vie et une diversification des
économies. Mais tous les pays d’Afrique australe ne sont pas
encore concernés.
Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 59
 CHAPITRE
La France : dynamiques démographiques,
6 inégalités socio-économiques

Le chapitre vise à mettre en perspective à l’échelle de la France (incluant Bibliographie

l’Outre-mer) les problématiques démographiques et du développement
rencontrées à l’échelle mondiale et régionale. La population française vieillit D. BRETON, M. BARBIERI, H. D’ALBIS, et al.,
mais moins rapidement que ses voisins européens, notamment l’Italie ou L’évolution démographique récente de la France,
l’Allemagne. Elle conserve un dynamisme démographique et reste avec le Conjoncture démographique, 2018.
Royaume-Uni, l’un des moteurs de la croissance de la population européenne. L. MAURIN, Comprendre les inégalités,
Le cours 1 permet d’aborder les spécificités françaises. En effet, cette croissance Observatoire des inégalités, 2018.
repose sur une croissance naturelle qui contraste avec ses voisins et elle
reste un pays d’immigration malgré les politiques très restrictives mises en H. LE BRAS, Atlas des inégalités, les Français
face à la crise, Autrement, 2014.
place comme le montre l’exemple de Mayotte (p. 156-157). Cependant, à
l’échelle du territoire français, les dynamiques démographiques sont inégales.
Depuis les années 1990, la croissance démographique se concentre sur
les métropoles, les façades littorales de l’ouest et du sud et les territoires Sitographie
ultramarins. Par ailleurs, comme tous les pays développés, la France est
confrontée au vieillissement de sa population. Près d’un habitant sur 5 est Institut national des études démographiques :
âgé de 65 ans et plus. Cependant, le vieillissement touche différemment les www.ined.fr
territoires français.
Observatoire des inégalités :
www.inegalites.fr/Publications
Le vieillissement est une donnée relative liée aux conséquences des dynamiques
démographiques. Il traduit l’évolution du poids relatif des personnes âgées par Rapport de l’Observatoire des territoires 2017
rapport aux autres groupes d’âge. Ainsi, si la population jeune tend à le quitter, (téléchargeable gratuitement) :
www.observatoire-des-territoires.gouv.fr
un territoire peut être vieillissant même sans augmentation du nombre de
personnes âgées. Il faut donc différencier la notion de vieillissement de celle Bilan démographique 2018 de l’Insee :
de gérontocroissance qui traduit l’évolution du nombre global de personnes www.insee.fr/statistiques/1912926
âgées dans la population d’un pays et est une donnée absolue. Elle permet
d’évaluer les besoins de cette population sur un territoire donné.

Le cours 2 aborde les inégalités socio-économiques qui constituent une

multitude de fractures au sein des territoires et à toutes les échelles comme
le montre les exemples de Marseille (p. 158-159) et de l’inégale offre de soin
en France (p. 160), sujets amplement mis en lumière dans les médias. Ces
contrastes accentuent des clivages croissants entre territoires dynamiques
et territoires en déprise.

En France métropolitaine, les enjeux de cohésion sont particulièrement

importants en Île-de-France, le long du pourtour méditerranéen et dans
les zones frontalières. Ces espaces concentrent les plus fortes inégalités
notamment dans les métropoles régionales où des populations paupérisées
vivent au sein d’aires urbaines favorisées (Montpellier, Toulon, Cannes, Nice,
Strasbourg, Mulhouse) ou dans des zones d’emplois industriels en forte
difficulté (Lens-Hénin, Valenciennes, Charleville-Mézières). Dans ces derniers
territoires, près du quart des ménages vit sous le seuil de pauvreté. En Île-de-
France, la Seine-Saint-Denis est l’un des départements parmi les plus pauvres
de France métropolitaine.

60
 Choix des documents
d’ouverture p. 148-149
Les doc. 1 et 2 permettent de poser la problématique du
chapitre centrée sur les inégalités démographiques et socio-
économiques en France. Ils ouvrent sur les contrastes d’une
France vieillissante mais encore jeune dans certains territoires
ultramarins. Ces contrastes soulèvent des défis à la fois sociaux,
économiques et environnementaux. La photo 1 peut compléter
l’Exemple 1 p. 156-157. Le doc. 3 permet de montrer, à travers
la part des allocataires du RSA en France, que si ces inégalités
sont bien visibles, des politiques de lutte sont mises en place
pour les réduire.
Le Revenu de solidarité active (RSA) (doc. 3)
Le RSA assure aux personnes sans ressources ou avec de faibles
ressources, un revenu minimum. Revalorisé tous les ans au
1er avril, il est d’un montant minimum de 559,74 euros au
1/04/2019, pour une personne seule et sans ressources. Son
montant s’adapte à la situation familiale (en couple, seule,
nombre d’enfants à charge) et aux ressources du ménage. Il est
versé par la Caisse d’Allocations familiale des départements,
tous les mois. À Mayotte, le RSA tient compte du niveau de vie
de l’île et son montant est de 279,87 euros pour une personne
seule sans ressource.
Réponses aux questions
1. Les doc. 1 et 2 permettent d’aborder les contrastes
démographiques entre les territoires français. Mayotte,
département d’Outre-mer, est le département le plus jeune de
France alors que la métropole est marquée par le vieillissement.
Les documents ont en commun d’évoquer aussi les inégalités
socio-économiques comme le montrent la pauvreté à Mayotte
et les manifestions des retraités pour la sauvegarde de leur
pension.
2. En France métropolitaine, les départements du Nord, du
pourtour méditerranéen et d’une diagonale traversant le
territoire de la Meurthe-et-Moselle à la Charente concentrent
des taux de bénéficiaires du RSA plus importants que dans le
reste du territoire. Les départements d’Outre-mer montrent les
taux les plus élevés, signe d’une pauvreté massive et persistante.
3. La mise en place d’un revenu minimum pour les personnes
en situation de grande précarité vise à atténuer ces inégalités.
Cartes
Une France vieillissante face
au défi des inégalités p. 150-151
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
La carte 1 montre les dynamiques démographiques à l’échelle
des départements en fonction du jeu entre les soldes naturels
et migratoires. La carte 2 montre à la fois les contrastes
du vieillissement relatif des départements mais aussi les
dynamiques de ce vieillissement : les départements où le taux
de vieillissement est le plus important ne sont pas ceux qui
connaissent la plus forte croissance du nombre de personnes
âgées. Les cartes 1 et 2 permettent de faire des liens entre les
dynamiques démographiques et le vieillissement de certains
territoires. La carte 3 montre que les taux de pauvreté élevés
coïncident soit avec les régions en déclin démographique et
vieillissantes, soit avec des régions jeunes qui peinent à fournir
suffisamment d’emplois (pourtour méditerranéen, Nord et Pas-
de-Calais, Ardennes à la Somme). Par ailleurs, l’Île-de-France,
la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et la Corse concentrent
de très fortes inégalités socio-économiques.
Le taux de pauvreté (doc. 3)
Selon l’Insee, « le taux de pauvreté correspond à la proportion
d’individus (ou de ménages) dont le niveau de vie est inférieur
pour une année donnée à un seuil, dénommé seuil de pauvreté
(exprimé en euros) ». En France, cette mesure de la pauvreté
est abordée de manière relative. En effet, le seuil de pauvreté
est déterminé par rapport à la distribution des niveaux de
vie de l’ensemble de la population. On privilégie en Europe
le seuil de 60 % du niveau de vie médian. En 2018, le seuil de
pauvreté était de 1 026 euros/mois pour une personne seule.
Lire les cartes
Cartes 1 et 2 - Les espaces qui gagnent des habitants sont ceux
qui ont un solde migratoire et/ou un solde naturel positifs. Ce
sont largement des régions de la façade Atlantique, du Sud et
Sud-Est. Certains territoires, situés des Ardennes au Cantal, sont
en déclin démographique cumulant déficit naturel et migratoire.
La carte 2 montre un fort vieillissement de ces départements,
avec des taux de plus de 65 ans supérieurs à 23 % de la population
du département. Enfin, les territoires ultramarins présentent
une forte hétérogénéité : Guyane, Réunion et Mayotte gagnent
des habitants alors que Guadeloupe et Martinique en perdent.
L’attractivité migratoire des territoires de l’Ouest, du Sud et du
Sud-Est confirme l’attraction des littoraux et le phénomène de
l’héliotropisme, en particulier pour les personnes âgées comme
le montre l’augmentation importante des plus de 65 ans sur
la carte 2. Au contraire, le Nord et Nord-Est ou la vallée de la
Seine (entre Rouen et Paris) doivent leur croissance surtout
aux dynamiques naturelles et la carte 2 confirme la relative
jeunesse de leurs départements. Mais, le solde migratoire est
négatif car elles peinent à attirer de nouveaux habitants et
même à retenir leur population.
Carte 3 - Les régions concentrant un taux de pauvreté élevé
sont les territoires ultramarins et Paris avec des taux compris
entre 29 et 44 % de la population, ainsi que les départements
du Nord, du pourtour méditerranéen et de l’Est du Massif
central. Les inégalités restent fortes en Île-de-France, en Corse
et en Provence-Alpes-Côte d’Azur malgré les politiques de
redistribution.
Correction du schéma
De forts contrastes démographiques et socio-économiques
sur le territoire français
Des dynamiques
démographiques
inégales
territoire jeune
et attractif
territoire jeune
mais en perte
d'attractivité
territoire en
déprise et
population
vieillissante
Des dynamiques socio-
économique contrastées
taux de pauvreté
élevé à très élevé
Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 61

Cours 1
Une population française
dynamique mais vieillissante p. 152-153
Présentation des documents et repères
Les documents accompagnant ce premier cours « Une
population française dynamique mais vieillissante » permettent
de répondre à la problématique posée : « Comment les territoires
français s’adaptent-ils à des évolutions démographiques
contrastées ? ».
Le Repère B permet de rappeler qu’à l’échelle mondiale, la
France a effectué sa transition démographique et est un
pays vieillissant. Mais le Repère A montre les paradoxes de la
transition démographique de la population française avec un
accroissement naturel resté relativement élevé jusqu’aux années
1970, puis une tendance à la baisse de la natalité qui s’accélère
depuis les années 2010, mais ne montre pas de rupture nette.
La pyramide des âges met l’accent sur les effets différenciés
de cette dynamique démographique entre la métropole et
l’Outre-mer et le rôle de ces derniers dans le dynamisme
démographique de la France. Elle est complétée par le doc. 3
qui aborde la question démographique à l’échelle régionale
de l’Île-de-France. Le doc. 2 permet d’aborder des enjeux du
vieillissement croissant de la population française : un marché
de consommation spécifique et convoité, la problématique des
retraites et de la prise en charge de cette population.
Donner une image positive du vieillissement (doc. 2)
La gérontocroissance, augmentation du nombre des personnes
de plus de 65 ans (13 millions en 2018), est de plus en plus
perçue comme une opportunité et une économie des
seniors s’est développée depuis les années 2000 d’autant
que leur pouvoir d’achat, malgré des écarts considérables,
est globalement élevé, les revenus du patrimoine constituant
un facteur-clé de ces écarts. La généralisation du système
des retraites après 1945 a donné une autonomie sociale,
économique et même familiale aux personnes âgées. La silver
économie, ensemble des activités liées aux personnes âgées,
couvre essentiellement deux marchés, la perte d’autonomie
et les pratiques de consommation et vise à développer des
produits et services spécifiques (services bancaires et assurances,
tourisme et loisirs, aides à la personne). Afin de structurer et
développer ces marchés, une politique de filière industrielle
a été lancée en avril 2013. Par ailleurs, depuis 2016, les caisses
de retraite et Santé publique France ont lancé un site Internet
www.pourbienvieillir.fr destiné à la fois aux professionnels et
au grand public et visant à promouvoir une image positive
du vieillissement comme le montre le doc. 3 extrait de ce site.
Capacités et méthodes
1. En France métropolitaine, les classes d’âge les plus
nombreuses sont les personnes ayant entre 45 et 70 ans
aujourd’hui alors qu’en Outre-mer, ce sont les jeunes de 0 à 20
ans. En France, elles correspondent aux générations nées entre
1949 et 1974 alors qu’en Outre-mer, ce sont les générations nées
entre 1999 et aujourd’hui. Les classes les moins nombreuses
en France métropolitaine sont les personnes ayant plus de
70 ans, et dans les territoires ultramarins, ce sont celles qui
ont plus de 65 ans. Elles correspondent aux générations nées
entre 1915 et 1944 en France métropolitaine et entre 1915 et
1954 en Outre-mer.
62
2. Le Repère A permet de comprendre pourquoi les générations
de 45 à 70 ans sont nombreuses puisque cela correspond au
baby-boom de l’après-guerre marqué par une natalité élevée et
une mortalité relativement faible, dégageant ainsi des excédents
de population importants. Il permet d’expliquer aussi pourquoi
on observe des générations moins nombreuses chez les 0/20
ans en métropole avec la baisse de la natalité et enfin, la reprise
de la hausse de la courbe des décès liée à des générations de
personnes âgées qui deviennent plus nombreuses.
Cours 2
Une France riche
mais inégalitaire p. 154-155
Présentation des documents et repères
Les documents accompagnant ce premier cours « Une
France riche mais inégalitaire » permettent de répondre à
la problématique posée : « Pourquoi les inégalités sociales
représentent-elles un enjeu en France ? ».
Le cours 2 met en effet l’accent sur les inégalités socio-
économiques et les acteurs des politiques de réduction de
ces inégalités. Le Repère A permet d’établir, tout d’abord, un
constat, celui du creusement des écarts de revenus depuis les
années 2000. Le doc. 1 présente un aspect (le mal-logement)
et des facteurs de la pauvreté et de la précarité (femmes seules
avec enfants, temps partiel subi). Le doc. 2 permet, ensuite,
de montrer à travers des exemples les inégalités territoriales
persistantes aux échelles régionales et métropolitaines. Enfin,
le Repère B et le doc. 3 se complètent. Ils soulignent le rôle
des acteurs, et notamment des départements, dans la lutte
contre les inégalités et la pauvreté et les axes de la politique
de redistribution.
La politique de redistribution (Repère B et doc. 3)
La politique de redistribution est fondée sur le principe de
la solidarité nationale et repose à la fois sur un volet fiscal
et sur un volet social via notamment les minima sociaux.
Les départements sont des acteurs-clés dans la gestion de
ces minimas sociaux qui contribuent aux politiques de lutte
contre l’exclusion et la pauvreté, d’aide aux personnes âgées,
à l’enfance et aux personnes handicapées. Ces prestations
sont versées sous conditions afin de soutenir le niveau
de vie de personnes en situation de précarité : personnes
âgées dépendantes (allocation personnalisée d’autonomie),
handicapés (allocation adulte handicapé), chômeurs en fin de
droits (allocation spécifique de solidarité) et personnes de plus
de 25 ans sans ressources (revenu de solidarité active). Au total,
environ quatre millions de ménages perçoivent ces minima.
En comptabilisant les ayants droit (conjoints, enfants...), sept
millions d’individus environ bénéficient de cette solidarité
nationale.
Le doc. 3 facilite le lien avec le cours 1 en rappelant le défi que
constitue le vieillissement, premier poste de dépenses sociales.
Capacités et méthodes
1. Les inégalités de revenus se creusent depuis les années
2000. Si les 10 % les plus pauvres voient leurs revenus stagner,
au contraire, les 10 % les plus riches ont vu leurs revenus
croître malgré une légère correction depuis 2012. Cependant,
à l’échelle mondiale, si l’on compare la France à d’autres pays
comme les États-Unis, la Chine et la Russie, les inégalités y sont
moins fortes et ont augmenté modérément.
2. Les départements sont les principaux acteurs des politiques de
redistribution car ils interviennent dans des domaines sensibles
de la politique de redistribution. En effet, ils contribuent à la
réduction de la pauvreté en gérant le RSA qui permet à des
personnes sans ressources d’avoir un revenu minimum ou à
des adultes handicapés de bénéficier d’une allocation.
Exemple 1
Pourquoi les migrations à Mayotte
constituent-elles un défi social ?p. 156-157
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Pour illustrer le chapitre « La France : dynamiques
démographiques, inégalités socio-économiques », l’exemple de
Mayotte est particulièrement intéressant car il permet d’aborder
un département français au cœur d’enjeux démographiques et
économiques majeurs et exacerbés par la pression migratoire
(doc. 5).
La pression migratoire à Mayotte (doc. 5)
Les Comoriens se lancent sur les flots à bord de kwassa-
kwassa depuis 1995, date à laquelle est introduite l’obligation
de visa pour pénétrer à Mayotte. Les conditions sanitaires
catastrophiques des Comores poussent chaque jour des
dizaines de personnes en quête de soins vers Mayotte ;
situation qui déséquilibre tout projet de santé à Mayotte,
où l’urgence prime sur toute autre considération. Nombre
de femmes viennent aussi à Mayotte pour accoucher afin
que leur enfant obtienne la nationalité française par le droit
du sol ; situation valant à Mayotte le surnom de « première
maternité d’Europe ». Malgré les reconduites à la frontière,
les candidats à l’immigration sont toujours aussi nombreux.
Le problème déstabilise l’île, cristallise les tensions internes
et met l’État en difficulté. Des actions locales, nationales et
européennes sont en œuvre pour faire face à la situation tel
le Plan d’action de l’État pour l’avenir de Mayotte de 2018
qui envisage de répondre au défi sécuritaire en créant une
police de proximité.
Le doc. 1 permet d’établir un bilan de la situation démographique
et sociale du territoire dans son aire régionale et par rapport
à la métropole montrant donc aux élèves la nécessité d’une
réflexion à différentes échelles. Le doc. 2 permet de saisir
l’ampleur de la question migratoire et démographique tandis
que le doc. 3 met en lumière les actions mises en œuvre pour
remédier à la situation. Les doc. 4 et 5 montrent enfin les
conditions de vie sur l’île.
La compétence travaillée est assez large et repose sur
l’analyse de documents pour s’approprier un questionnement
géographique.
Réponses aux activités
Itinéraire 1
Il est possible de s’inspirer du plan proposé dans l’itinéraire 2
pour organiser la synthèse attendue.
Itinéraire 2
Une croissance de la population (doc. 1)
– Défis internes : l’indice de fécondité de la population mahoraise
est bien plus élevé qu’en métropole avec 4,2 enfants par femme
contre 1,9. Cette forte natalité est à l’origine d’une population
très jeune mais malheureusement mal formée (56 % de la
population a entre 15 et 29 ans et n’a pas de qualification).
Forte fécondité et jeunesse de la population sont autant de
défis à relever : il faut nourrir cette population, la loger, la
scolariser, la soigner...
– Défis externes : les migrants venant à Mayotte sont des
populations majoritairement pauvres (42 % d’entre elles vivent
sous le seuil de pauvreté). De plus, ces populations ont un
fort indice de fécondité (4,5 enfants par femme) et 71 % des
populations entre 15-29 ans sont sans qualification, ce qui est
un frein pour trouver un emploi sur l’île.
Conséquences (doc. 1, 2, 4 et 5)
– Sur le plan démographique : l’île de Mayotte connaît donc
une forte fécondité mais les conditions de vie économiques
sociales sont à l’origine d’une espérance de vie plus faible
qu’en métropole. L’arrivée de ces populations crée aussi une
croissance de la population locale.
– Sur le plan socio-économique : les populations locales et
immigrés sont faiblement diplômées, ce qui est une difficulté
majeure pour s’insérer sur le marché du travail, donnée qui est
à l’origine de leur faible PIB (8 700 euros/hab. pour les Mahorais
et 600 pour les migrants contre 33 000 pour un métropolitain).
Ces populations se concentrent dans des quartiers d’habitats
dégradés « où il n’y a pas toujours l’eau et l’électricité et où
règne l’insécurité ».
Des acteurs mobilisés face aux défis à relever (doc. 2 et 3)
– Les collectivités locales cherchent à aider le tissu économique
local par des subventions aux entreprises, leur connexion à
Internet ou encore la création d’un technopole pour promouvoir
l’innovation et créer de l’emploi. Les collectivités locales mettent
aussi en place des reconduites à la frontière.
– L’État intervient également pour aider le 101e département
français en finançant la construction de logements sociaux
mais aussi en agrandissant l’aéroport pour renforcer sa
connexion au monde et développer le tourisme, véritable
atout de l’île.
– L’Union européenne s’engage également à venir en aide
aux Mahorais en subventionnant la création d’un hôpital ou
en favorisant la connexion des entreprises à Internet. L’UE
a ouvert sur l’île des centres de rétention pour les migrants
clandestins.
Exemple 2
Comment lutter contre les
fractures urbaines à Marseille ? p. 158-159
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Marseille, ville duale par excellence, est traversée par des
lignes de fractures dans son espace urbain et sa société. Les
pouvoirs publics n’ont de cesse de transformer la ville pour y
remédier. Mais ces fractures peinent à disparaître. C’est ce que
tente de synthétiser la carte du doc. 1 et qui justifie Marseille
au pluriel. Le doc. 3 offre alors l’exemple de la comparaison des
3e et 9e arrondissements. Rappelons, que le 3e arrondissement
est l’arrondissement le plus pauvre de France avec 55 % de
la population sous le seuil de pauvreté. La carte pourrait être
complétée par la localisation des enclaves résidentielles, autres
symboles de la fragmentation socio-spatiale.
Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 63
 Les enclaves résidentielles à Marseille (doc. 1)
À partir des travaux de la géographe Élisabeth Dorier, on
estime que Marseille compte 29 % de logements au sein des
1 550 résidences fermées de la ville. Elles occupent 13 % du
territoire (jusqu’à 80 % dans les quartiers Sud). 16 % de ces
résidences se situent dans des quartiers prioritaires. Dans les
15e, 14e, 13e, 12e, 10e, 9e et 8e arrondissements, certains quartiers,
prenant l’allure de quartiers fermés, comptent plus de 35 %
des logements en enclaves résidentielles.
Le doc. 4 affine l’échelle de l’analyse avec l’exemple du quartier
de Frais Vallon dans le 13e arrondissement et permet d’enchaîner
sur les politiques de la ville. À l’image des quartiers Nord, Frais
Vallon est marqué par les inégalités.
Les inégalités à Marseille sous-évaluées ?
Dans un rapport d’étude en 2018, Philippe Langevin, Maître
de conférences à l’Université d’Aix-Marseille, montre que la
pauvreté ne cesse de s’accroître ainsi que les inégalités et
que les acteurs politiques, centrés sur l’attractivité de la ville,
semblent ignorer ces problèmes. Selon lui, la pauvreté est
sous-évaluée. Si 26 % de la population vit sous le seuil de
pauvreté, il y a aussi les personnes qui vivent juste au-dessus
du seuil : les ouvriers, les retraités, les employés peu qualifiés.
Et ces personnes représentent près de 50 % de la population
de la ville.
Enfin, à la suite du doc. 4, les doc. 2 et 5 exposent les réactions
à cette situation d’inégalités et peuvent faire l’objet d’une
analyse critique du document vidéo, afin de confronter le
savoir acquis en géographie avec ce qui est entendu.
Deux compétences sont donc particulièrement travaillées dans
ce chapitre, dont une conduisant les élèves à procéder à une
analyse critique de document. C’est l’objectif spécifique de la
rubrique « Pour comprendre ».
Pour comprendre
1. La politique de la ville est présentée par le journaliste comme
un outil de réduction de la fracture Nord/Sud à Marseille à
travers la transformation des Fabriques et du Village Mirabeau.
La première personne interviewée est le président du Club
de l’immobilier à Marseille (intérêts privés et non publics) qui
n’hésite pas à parler de révolution pour qualifier ces opérations
de transformation urbaine qui sont loin du renouvellement
urbain. L’architecte du Village Mirabeau, en revanche, insiste sur
les équipements sociaux qui seront créés (crèche). Finalement,
le journaliste conclut sur « une mutation immobilière » : aurait-il
révisé son analyse introductive ?
2. Les doc. 3 et 4 montrent les limites de la politique de
la ville menée à Marseille. Les inégalités sociales entre les
arrondissements sont toujours fortes : il y a 3,5 fois plus de
chômage dans le 3e que dans le 9e arrondissement aux revenus
2 fois plus élevés. Par ailleurs, l’exemple de Frais Vallon montre
que les réhabilitations et équipements publics des années 1990
n’ont pas été entretenus.
Réponses à l’activité
– Les fragmentations socio-spatiales : fracture Nord/Sud ;
localisation des quartiers et collèges prioritaires ; écarts de
richesse (3e et 9e arrondissements).
64
– Les espaces urbains en marge : quartiers Nord ; grands
ensembles (exemple de Frais Vallon à développer : pauvreté,
violence).
– Les politiques de renouvellement urbain : années 1990
(réhabilitation par destruction de grands ensembles et
équipements publics) ; aujourd’hui (développement des
transports en commun, grandes opérations de renouvellement
urbain essentiellement sur le littoral au nord du port).
Limites : renouvellement urbain ou mutation immobilière ?
Les opérations au nord du port ne risquent-elles pas d’entraîner
un processus de gentrification ? Persistance des inégalités
entre les plus riches et les plus pauvres.
Exemple 3
Comment l’offre de soins en France
révèle-t-elle des inégalités
territoriales ?  p. 160-161
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
L’exemple de l’offre de soins en France permet de mettre en
lumière un aspect des inégalités territoriales. En effet, l’évolution
démographique et sociologique des professionnels de santé est
devenue un sujet de société et les médias se font régulièrement
l’écho des « déserts » médicaux et de patients se plaignant
de la disparition de cabinets médicaux dans les zones rurales
isolées. La réalité mérite d’être nuancée à travers l’exemple de
Raon-l’Étape. La proposition d’une analyse de l’affiche à l’aide
de sources numériques invite les élèves à l’analyse critique des
sources et à une approche des problématiques d’aménagement
territorial. Un rapide tour d’horizon sur l’actualité de la commune
à travers le site de presse locale (Vosges matin) permettra de
découvrir que la commune a bien inauguré en mars 2019,
son pôle médical évoqué sur l’affiche mais que le 4e médecin
recherché n’a toujours pas été trouvé.
L’Accessibilité potentielle localisée (APL) est un outil récent
(2017) permettant de mesurer les difficultés d’accès aux
soins. En effet, les indicateurs de densité de professionnels
de santé, calculés à l’échelle régionale ou départementale,
s’ils permettent des comparaisons entre les départements
et les régions sur la dotation en professionnels de santé, ne
suffisent pas à renseigner sur l’accessibilité réelle aux soins des
populations de ces territoires, à une échelle locale. L’APL permet
de tenir compte de l’activité de chaque médecin (disponibilité
de l’offre), de l’âge de la population (besoins de soins) et des
temps d’accès entre la commune de résidence du patient et
celle du médecin. Elle est exprimée en consultation par habitant
et par an (C/hab./an). La moitié des Français a accès à plus de
4 consultations de médecins généralistes par an et 98 % de
la population a accès à un médecin généraliste en moins de
10 minutes. On considère ainsi, qu’une commune est sous-
dense en médecins généralistes lorsque l’APL est inférieure
à 2,5 C/hab./an, ce qui représente 5,7 millions de personnes
dont la plus grande partie réside dans les communes rurales
des grands pôles urbains (34,5 %), dans les communes rurales
isolées (12,8 %) et à Paris (17,7 %).
Réponses à l’activité
1. Raon-l’Étape, 6 500 habitants, est située au cœur des Vosges,
à 17 km de St-Dié et à quasi égale distance de deux métropoles,
Nancy et Strasbourg.
2. L’affiche de Raon-l’Étape joue sur l’humour à travers son
slogan et reprend, par transparence, en arrière-plan, la photo
du centre de la commune avec une vision de petite ville qui se
veut accueillante et bucolique, jouant sur les représentations
traditionnelles des bourgs ruraux. Mais au premier plan, le visuel
se veut plus en phase avec les attentes d’un futur médecin que
l’on veut attirer : qualité et diversité des services, notamment
le nombre de collègues de profession médicale, qui peut
renforcer la sensation de ne pas être isolé et d’un travail en
réseau, situation géographique par un visuel destiné à mettre
en scène la situation de la commune au centre d’un triangle de
métropoles d’envergure. Il s’agit de convaincre et de séduire
un médecin en mettant en valeur (voire en survalorisant) les
atouts de la commune. Raon-l’Étape est, en fait, une commune
rurale, dans la couronne de St-Dié et trop éloigné de Nancy ou
Strasbourg pour bénéficier de leur attractivité.
3. La commune utilise les réseaux sociaux et les magazines
professionnels lus par les médecins (ici le quotidien du médecin)
et a déployé une banderole le long de la route pour attirer
l’attention.
4. L’augmentation de médecin se fait au profit des spécialistes,
or ce sont les généralistes qui sont consultés en premier par
les patients. Par ailleurs, l’âge moyen est élevé. L’indicateur
d’accessibilité au médecin tient compte de l’accessibilité réelle
des patients à l’offre de soin. Lorsque l’APL est inférieur à 2,5
consultations/habitant/an, on considère que l’on est dans
une zone sous dense, ce qui concerne 8,6 % de la population
française.
5. La télémédecine, utilisant les technologies de l’information
et de la communication, peut permettre de compenser l’inégal
accès aux soins en mettant en relation à distance patients
et médecins, par exemple pour une surveillance médicale
à distance ou en permettant à des professionnels de santé
de faire appel à un expert ou une assistance médicale plus
compétente ou appropriée.
Exemple 4
Comment la protection sociale réduit-
elle les inégalités socio-économiques
en France métropolitaine ? p. 161
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Le cartogramme par élévation, utilisé par le magazine
Alternatives économiques pour montrer les impacts de la
politique de redistribution, constitue un document original
mais dont il convient de voir les limites. En effet, l’échelle des
nouvelles régions masque les inégalités importantes au sein
de celles-ci. En Île-de-France, la Seine-Saint-Denis est l’un
des départements dont les populations sont parmi les plus
pauvres de France métropolitaine. En Auvergne, à l’exception
de l’agglomération clermontoise, la majorité des territoires ont
un revenu médian inférieur à la médiane régionale. De plus,
les 10 % les plus riches ou plus pauvres sont déterminés par
des seuils qui masquent les disparités au sein même de ces
catégories. Enfin, les territoires ultramarins ne sont pas pris en
compte. Pour autant le procédé, par son approche visuelle,
permet de voir que les politiques de redistribution ont une
efficacité en terme de réduction des inégalités entre les régions
tout en montrant un écart encore significatif de l’Île-de-France
qui concentre à la fois une grande richesse et une grande
pauvreté. En plus du lien entre ce document et le Repère B
p. 154 préconisé dans la consigne, on pourra également utiliser
le document « Expliquer » p. 167 pour repérer le rôle plus ou
moins important de certaines prestations (Allocations familiales
et logement ou RSA) dans la réduction des inégalités.
En France, les deux principaux vecteurs de la redistribution pour
diminuer les inégalités de revenus, sont la fiscalité (impôts) et
les prestations sociales. En 2018, avant les transferts sociaux et
fiscaux, 22 % de la population se situe sous le seuil de pauvreté
(revenu initial). Après les redistributions, 14 % de la population
française vit sous le seuil de pauvreté (revenu disponible).
Cependant, les écarts restent importants après redistribution :
les 10 % les plus riches perçoivent en moyenne 3 845 euros de
plus chaque mois que les 10 % les plus pauvres, soit 46 000
euros supplémentaires par an. Ce niveau d’inégalités après
redistribution situe la France dans la moyenne européenne.
Réponses à l’activité
Décrire : 1. Les régions où les inégalités sont les plus fortes :
Île-de-France, régions du Sud méditerranéen (Occitanie et
Provence-Alpes-Côte d’Azur), Corse, Hauts-de-France.
- Les régions où elles sont les moins fortes : Bretagne et Pays
de la Loire.
2. Après redistribution, les écarts se réduisent en moyenne de
3 points pour les régions où les inégalités étaient les plus fortes
et de 1 à 2 points pour les autres régions. Seule l’Île-de-France
conserve un écart significatif sur les autres régions.
Expliquer : La politique de redistribution mise en place par
les acteurs publics (UE, État, départements) permet de réduire
significativement les inégalités régionales. La prise en charge
de la vieillesse (retraite, dépendance) constitue le premier
poste avec l’assurance maladie prise en charge par la Sécurité
sociale. Les allocations permettant de prendre en compte la
famille (allocations familiales, parent isolé), la perte d’emploi, le
handicap permettent de réduire la pauvreté. Le RSA assure un
revenu minimum aux chômeurs et aux personnes à très faibles
revenus. L’UE participe aussi à la réduction des inégalités dans
les territoires d’Outre-mer pour faciliter le développement
économique et la formation.
Analyser le procédé cartographique : Le procédé
cartographique permet de rendre compte de la politique
de redistribution en donnant une hauteur à une entité
géographique (ici les régions) proportionnelle à une donnée
statistique (ici les écarts de revenus entre les 10 % les plus
riches et les 10 % les moins riches). Par ce procédé, Alternatives
économiques cherche à appuyer sa démonstration qui vise à
convaincre de l’efficacité des politiques de redistribution dans
la lutte contre les inégalités.
Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 65
 Méthodes Analyser une série statistique p. 164
1. L’Insee est l’Institut national de la statistique et des études
Réaliser un croquis par étapes p. 162 économiques. Il est chargé de mener des études statistiques
sur la France et ses territoires, dans les domaines économiques
La première proposition de titre est la plus adaptée : La France :
et démographiques.
des dynamiques démographiques contrastées
2. Les informations qui traduisent convenablement la série
Un inégal dynamisme
démographique statistique sont :
Lille région en - les territoires ultramarins cumulent plus de difficultés que
Manche croissance
(solde naturel les régions métropolitaines ;
et/ou migratoire
positif) - les inégalités entre régions métropolitaines sont importantes.
Paris
Strasbourg région peu 3. Prélever des
Rennes attractive ou Mobiliser des
perdant des informations dans
habitants connaissances
Nantes le document
OCÉAN Des facteurs multiples Des inégalités – Entre régions – Concentration des
ATLANTIQUE Lyon métropole fortes entre métropolitaines et richesses/difficultés
Grenoble attractive
régions françaises régions ultramarines socio-économiques
au sud : cadre
Bordeaux de vie attractif – Entre régions des territoires ultramarins
(climat, littoral, métropolitaines – Géographie économique
Montpellier montagne)
Toulouse (Rhône/Nord) de la France
flux migratoire
Marseille interne Des inégalités – L’IDH a moins – En lien avec
Mer flux migratoire qui se creusent progressé dans les les dynamiques
Méditerranée externe
régions ultramarines démographiques
qu’en métropole
Analyser une carte par anamorphose p. 163
Des inégalités qui – Villes/campagnes
1. Le document proposé à l’analyse est une carte de prévision n’apparaissent pas – Entre quartiers
de l’évolution de la population française entre 2010 et 2040. dans le document
Elle a été élaborée en 2019 à partir des données statistiques
du Commissariat général à l’Égalité des territoires, selon le Pour s’entraîner p. 165
principe de l’anamorphose. Ainsi, les départements ne sont pas Il est possible d’organiser l’analyse de documents à partir des
représentés selon leur forme géographique mais en fonction pistes suivantes.
du nombre de leurs habitants en 2040.
1. Les marqueurs qui contribuent aux inégalités socio-
2. Prélever Mobiliser des économiques : indicateurs économiques (part des diplômés,
les informations connaissances taux de chômage), indicateurs sociaux (part de la population
Un territoire – L’Île-de-France sera toujours la Paris, seule ville vivant en HLM, revenu médian, part des immigrés).
inégalement région la plus peuplée en 2040 mondiale 2. Paris concentre une population plutôt favorisée malgré
peuplé en – Les départements comptant une Cas de Mayotte quelques poches de pauvreté : Paris intra-muros est très visible
2040 grande métropole régionale sont mis (voir p. 156-157) sur la carte : les marqueurs confirment cette domination :
en valeur (Lyon, Nantes, Toulouse…) ;
trois fois plus de diplômés qu’à Saint-Denis, quatre fois moins
idem pour les ultramarins
– Certaines régions sont au
d’occupants de HLM et un revenu médian près de trois fois
contraire représentées de manière supérieur. À noter : quelques poches dans le nord (XIX-XXe
très réduite, notamment les zones arrondissements) et le sud (XIIIe arrondissement).
de moyenne montagne 3. Les périphéries opposent territoires favorisés et défavorisés :
Une – Les régions de l’ouest et du Dynamisme naturel certaines banlieues comme dans les Hauts-de-Seine abritent
évolution sud de la France verront leur et migratoire des populations favorisées, voire très favorisées, tandis que
contrastée population augmenter d’autres, comme en Seine-Saint-Denis, les populations sont
des – L’Île-de-France a une croissance Le solde naturel défavorisées voire très défavorisées.
territoires modeste, de même que le nord compense le déficit
entre 2010 et l’est de la France migratoire
et 2040 – Quelques régions perdent des À la fois déficit
habitants naturel (régions
vieillissantes) et
migratoire (exode
rural)

2. La rédaction du paragraphe peut s’inspirer de l’organisation

du tableau ci-dessus, illustré par des valeurs chiffrées extraites
du document.
3. La prospective est un des outils de l’aménagement du
territoire. Elle permet d’évaluer les tendances démographiques
d’un territoire et d’adapter les politiques aux besoins à venir des
habitants : maternités, crèches, écoles, etc. pour les régions au
fort dynamisme démographique naturel ; maisons de retraite,
services aux personnes, etc. pour les régions vieillissantes.

66
 Des inégalités atténuées par la solidarité nationale
Réviser  p. 166-167

Localiser
Des dynamiques démographiques contrastées

régions où les inégalités sont

les + fortes les –
fortes fortes
région où la politique de
redistribution est la plus importante
des régions en croissance
démographiques
Définir
des régions qui se dépeuplent
Les définitions de ces termes sont toutes dans le lexique du
manuel p. 266-268.
Un vieillissement inégal
Expliquer
Le document permet de comprendre le mécanisme de la
politique de redistribution et en montrant avec quelques
exemples, le rôle de certaines prestations sociales et de la
fiscalité dans la réduction des inégalités.

Analyser
Le plan de l’analyse peut s’organiser de la manière suivante.
– Une croissance démographique des territoires Outre-mer
qui repose sur un solde naturel positif (jusqu’à 7 fois le solde
naturel de la France métropolitaine, partout supérieur à la
moyenne métropolitaine sauf en Martinique).
une France une France
vieillie encore "jeune" – Mais de forts contrastes :
une croissance forte • Martinique et Guadeloupe : des départements de départ
des plus de 65 ans
(soldes migratoires négatifs) et une transition démographique
achevée (solde naturel qui se rapproche de la France
métropolitaine) ;
• Guyane et la Réunion : des départements jeunes mais
inégalement attractifs.

Thème 2 • Territoires, populations et développement : quels défis ? 67

 THÈME
3 Des mobilités généralisées
Introduction p. 168-169
Le troisième thème du programme de Seconde est consacré aux
mobilités (migrations internationales et mobilités touristiques
internationales). La double page 168-169 introduit ce thème 3
sur les mobilités à travers une photographie de l’aéroport de
Denver. Il s’agit d’une accroche qui permet un brainstorming
avec les élèves : importance des mobilités, mobilités touristiques,
contrôle des bagages et des personnes, frontière, flux aériens…
autant de remarques qui permettent une première définition
des mobilités.
Repères  p. 170-171
La double page Repères p. 170-171 vise à poser les définitions
qui seront mobilisées durant tout le chapitre, des études de cas
aux exercices méthodologiques, en passant par les cours. Elle
est conçue comme un support auquel se référer en permanence
tout au long du traitement de ce thème 3.
La « révolution » de la mobilité constitue le troisième axe
d’étude du monde en transition au programme de Seconde.
Si les mobilités se sont généralisées à toutes les échelles, les
deux premières questions invitent à réfléchir aux mobilités
internationales à l’échelle planétaire. Le programme distingue,
parmi ces dernières, les migrations et les mobilités touristiques,
qu’il convient de bien définir et différencier. L’explosion de ces
mobilités se double d’une complexification de leurs facteurs, de
leurs acteurs, de leurs formes, de leurs rythmes, et s’accompagne
de profondes transformations économiques, sociales, spatiales
et paysagères, culturelles, environnementales. Elles contribuent
donc à recomposer les territoires, à toutes les échelles.
Ces mobilités, qui restent toutefois sélectives et discriminantes,
atteignent des proportions inédites, même si les données
chiffrées sont sujettes à discussion. L’ONU parle de 250 millions
de migrants internationaux aujourd’hui, sans compter les
individus en situation irrégulière qui échappent aux statistiques.
L’OMT (Organisation mondiale du tourisme) annonce chaque
année un nombre plus élevé de touristes internationaux, la
barre du milliard étant aujourd’hui franchie. On rappellera
toutefois que la définition du tourisme adoptée par l’organisme
est très large et intègre notamment les mobilités d’affaires
ou les pèlerinages, que les géographes du tourisme tendent
à distinguer.
68
Le concept de mobilité en géographie
Le concept de « mobilité » a été profondément renouvelé
depuis les années 1990, à la faveur du « mobility turn » qui a
traversé les sciences humaines et des mobility studies qui se
sont multipliées dans de multiples disciplines. En géographie,
la mobilité (spatiale) est réservée aux êtres humains – à la
différence des « flux ». Elle couvre de multiples formes de
déplacements, sur des distances et des temporalités variables.
Elle est à la fois un processus avéré (déplacements réels,
quantifiables) mais elle est aussi virtuelle, « mentale ». Elle
désigne aussi un potentiel, parfois désigné par la notion de
« motilité » (Vincent Kaufmann) : c’est la capacité des individus
à se déplacer d’un point à un autre, en fonction de multiples
paramètres (accessibilité, cognition de l’espace, culture de
la mobilité, ressources financières, santé physique, etc.). Le
chercheur déplace le regard vers l’acteur et ses capacités et
plus uniquement sur les pratiques effectives. S’intéresser à la
motilité, c’est aussi chercher à adapter les infrastructures à
la diversité des potentiels de déplacement et adapter l’offre
au plus près des acteurs. Hervé Marchal et Jean-Marc Stébé
proposent de penser la mobilité comme un droit fondamental.
Ils posent le constat de la multiplication des temps sociaux,
l’augmentation des inégalités sociales et l’affirmation des
valeurs d’autonomie des individus notamment dans le choix de
déplacements. Or, les auteurs montrent que plus que le droit
à une mobilité spatiale, c’est un droit à la vitesse qui doit être
aujourd’hui envisagé. L’opportunité de se déplacer rapidement
est aujourd’hui un enjeu de nos sociétés.
Le manuel propose les quatre études de cas énoncées comme
entrées possibles dans le programme (la mer Méditerranée :
un bassin migratoire, p. 172-175 ; Dubai : pôle migratoire et
touristique, p. 176-179 ; et, sous forme d’exemples, les mobilités
d’études et de travail intra-européennes, p. 197 ; les États-Unis :
pôle touristique majeur à l’échelle mondiale, p. 192-193). Le
thème s’achève par une question spécifique consacrée aux
mobilités à l’échelle de la France.
 Grille possible de mise en œuvre pédagogique

Thème 3 – Des mobilités généralisées Durée : 12-14 heures

Problématique : Pourquoi parle-t-on d’une révolution des mobilités internationales ?

Plan de la séquence Travail en classe / scénario pédagogique Notions Compétences travaillées

Séance 1 Analyse des documents. Espace Schengen Confronter le savoir acquis

Étude de cas : les flux migratoires Trace écrite : schéma fléché « retenir l’essentiel », Migration internationale en géographie avec ce qui
en Méditerranée p. 172-174 p. 175 est entendu

Séance 2 Accroche : planisphères p. 183 (trace écrite : Réfugié Confronter des documents
Cours 1 – Les migrations petit schéma exercice p. 183) Remise
internationales Exercice : confronter deux documents (p. 203) Brain drain
Travail à la maison : exercice p. 187

Séance 3 Correction de l’exercice p. 187 Migrants climatiques Analyse de documents

Exemple : migrants climatiques Tâche complexe p. 196
Travail à la maison :
préparer l’activité p. 197 (questions 3 et 5)

Séance 4 Oral : activité par groupe de trois élèves : Programme Erasmus Confronter le savoir avec
Construire et vérifier des hypothèses : mise en commun du travail préparatoire ce qui est entendu
Pourquoi les Européens étudient-ils S’entraîner pour l’oral
de plus en plus à l’étranger ?

Séance 5 Activité p. 195 et 198 (préparation au devoir) Mobilités touristiques Réaliser une production
Étude de cas simplifiée : Comment Conflits d’usage graphique
la pression des mobilités touristiques
recompose-t-elle le territoire
de Venise ?

Séance 6 Planisphères et questions p. 184-185 Transition touristique Lire des cartes

Cours 2 – Les mobilités touristiques Exercice p. 189
internationales
Travail à la maison :
exercice p. 201 (analyser une affiche)

Séance 7 Correction de l’exercice p. 201 Hub Réaliser une production

EDC 2 – Dubai, hub touristique Analyse de document p. 176-178 graphique
et migratoire p. 176-177 Trace écrite : schéma fléché p. 179
Travail à la maison : terminer le croquis p. 179

Séance 8 Sujet : Dubai, un territoire recomposé par les mobilités touristiques (p. 199)
Évaluation cognitive et méthodologique

de traversée vers une Union européenne perçue comme un

Étude de cas 1
Comment les États méditerranéens
gèrent-ils des flux migratoires parmi
les plus importants du monde ? p. 172-175
Introduction sur l’enjeu de cette étude de cas
Pour illustrer le thème 3 « Des mobilités généralisées », une des
études de cas possibles est « la mer Méditerranée : un bassin
migratoire ». En effet, le bassin méditerranéen est significatif
des différents facteurs qui motivent le départ des migrants et
permet de bien comprendre les enjeux et conséquences des
flux migratoires pour les pays de départ, d’accueil et/ou de
transit. Le départ des migrants est motivé par des facteurs
économiques et/ou politiques : l’écart de développement entre
la rive nord et sud de la Méditerranée et l’instabilité politique
de certains États africains ou orientaux nourrissent les envies
espace de richesses, de droits et de stabilité politique. Or, l’UE
se ferme face aux flux migratoires irréguliers et met en place
une gestion des flux. L’organisation de l’étude en deux parties
permet de traiter les deux angles d’approche du programme.
L’étude permet d’abord de saisir les enjeux et acteurs de ces
migrations et expliquer pourquoi la Méditerranée est perçue
comme un carrefour migratoire. La seconde partie se concentre
sur la gestion de ces flux par les États de la Méditerranée et les
tensions que cela suscite.
A Pourquoi la Méditerranée est-elle
devenue un carrefour migratoire ? p. 172-173
Présentation des documents
L’objet de cette partie est avant tout de comprendre la
pluralité des motivations poussant les migrants à traverser
la Méditerranée et les réactions de l’Union européenne face

Thème 3 • Des mobilités généralisées 69

 à ces flux. Le doc. 1 montre ainsi que les départs sont avant
tout liés au différentiel de développement économique et à
l’instabilité politique qui agite certains pays. Le doc. 2 permet
quant à lui de prendre connaissance de l’évolution des routes
migratoires tandis que le doc. 4 permet de saisir la dangerosité
de ces itinéraires. Les doc. 1 et 3. illustrent la volonté de
contrôle renforcé mis au point dans l’Union européenne avec
l’espace Schengen, l’agence Frontex, l’édification de centres
d’identification et de tri, les accords signés avec certains pays
(doc. 1) et la matérialisation de ces contrôles avec l’île aux
grillages de Lesbos (doc. 3).
Les îles grecques, des îles aux grillages (doc. 3)
Les îles grecques n’ont pas toujours été des portes d’entrée
majeures de l’espace européen (doc. 2). En réalité, les migrants
rêvant d’Europe les « choisissent » peu ; ils y échouent
plutôt ou y sont transférés au terme de traversées en haute
mer infructueuses. Ces petits territoires éparpillés en mer Égée
sont devenus des pôles migratoires et des portes d’entrée
privilégiées de l’espace Schengen, en particulier l’île de Chios,
face aux côtes turques. Pour les ONG et le HCR, le nombre
de migrants enfermés dans ces « îles camps » dans l’attente
d’une décision administrative dépasse encore largement leurs
capacités d’accueil, comme le montrent les jeunes migrants
sur la photographie. Les migrants arrivés sur les îles grecques
sont en effet retenus dans des camps en attendant que des
institutions se prononcent sur leur sort. Voilà pourquoi ces
territoires apparaissent comme des « îles aux grillages ».
Enfin, le doc. 5 offre le témoignage d’un migrant et de son
parcours depuis le Soudan jusqu’à son arrivée en France.
La Libye, pays de transit pour le migrant Adil
(doc. 5)
E. Bonerandi, dans son article De la mobilité en géographie,
montre que nous ne pouvons plus penser les migrations
internationales comme se spatialisant d’un point A, pays de
départ ou foyer émetteur, à un point B pays d’arrivée, foyer
récepteur. La réalité des mouvements dans l’espace et dans
le temps est devenue plus complexe avec l’émergence d’une
nouvelle catégorie de pays : les pays de transit. Il s’agit d’un
pays dans lequel le migrant reste quelques jours, mois ou
années soit parce que le passage vers le pays souhaité est
difficile ou risqué et provisoirement impossible, soit pour que
le migrant puisse économiser et financer son passage. Ainsi,
des pays deviennent de véritables plaques tournantes comme
la Turquie, l’Ukraine, ou ici la Libye.
La compétence ciblée pour cette première partie de l’étude de
cas sur les flux migratoires en Méditerranée est « Confronter le
savoir acquis en géographie avec ce qui est lu ». En effet, l’étude
du témoignage du migrant soudanais (doc. 5) est idéale pour
travailler et s’approprier cette compétence. Le témoignage
est ancré dans le réel et fait écho à de nombreuses images
d’actualité auxquelles les élèves ne sont pas insensibles. Ce
témoignage est aisé à comprendre et, confronté aux autres
documents de l’étude, il permettra aux élèves de comprendre
les raisons qui ont pu pousser ce migrant à quitter son pays et
les difficultés rencontrées pour le passage en Europe.
70
Réponses aux activités
Itinéraire 1
Titre : Le parcours d’un migrant en Méditerranée, un parcours
long et difficile
Paris Une migration transméditerranéenne
point de départ
Mer (motif de départ :
conflit)
Méditerranée
point d’arrivée
LIBYE pays de transit impliqué
N SOUDAN Un parcours risqué
Darfour parcours
0 1 000 km
obstacle rencontré
Itinéraire 2
L’organisation du paragraphe peut suivre la proposition
suivante.
– Des disparités économiques et politiques qui nourrissent
le départ des migrants : les migrants quittent leur pays en
raison du différentiel de développement entre les rives nord
et sud de la Méditerranée mais aussi en raison de l’agitation
politique qui secoue certains pays (terrorisme en Égypte, guerre
en Syrie ou en Libye) (doc. 1 et 5).
– Des flux multiples par des routes différentes : les routes
migratoires empruntent différents lieux de la Méditerranée
(le détroit de Gibraltar, Lampedusa, les îles grecques…). Ces
traversées se font en bateau et sont très dangereuses (6 398
morts et disparus en 2016) (doc. 2 et 4).
– L’Union européenne et la volonté de stopper les flux
migratoires : l’Union européenne renforce ses contrôles aux
frontières extérieures de l’espace Schengen pour empêcher la
venue de ces migrants irréguliers. Ce contrôle se matérialise par
l’édification de centres d’identification et de tri mais aussi par les
grillages sur les îles méditerranéennes. Des accords de réadmission
sont élaborés avec différents pays. Malgré toutes ces difficultés,
des migrants parviennent à s’installer en Europe (doc. 1, 2, 3 et 5).
B Comment les États de la Méditerranée
tentent-ils de gérer les flux migratoires ? p. 174
Présentation des documents
La seconde partie de l’étude de cas est consacrée aux tentatives
de gestion des flux migratoires par les États de la Méditerranée.
Cette volonté de gestion est compliquée dans une Union
européenne touchée par la crise économique de 2008 et par le
chômage. Si certains pays ou populations se montrent favorables
à l’accueil de migrants sur leur sol, d’autres sont beaucoup
plus récalcitrants (doc. 6 et 7). Il est compliqué pour l’Union
européenne de s’exprimer d’une seule et même voix à ce sujet.
Utiliser les pays de transit pour renforcer
les frontières extérieures (doc. 8)
Depuis le pic de la crise migratoire en 2015, l’Union européenne
a mis en œuvre des mesures pour renforcer le contrôle les
frontières extérieures de l’espace Schengen. Ainsi, l’Union a créé
en 2016 un centre européen chargé de lutter contre le trafic de
migrants pour aider les États membres à réprimer le trafic de
migrants. L’UE a aussi adopté différents dispositifs et cadres
réglementaires pour gérer les flux de migration légale concernant
les demandeurs d’asile, les travailleurs hautement qualifiés,
les étudiants et chercheurs, les travailleurs saisonniers et les
 regroupements familiaux. Ainsi, pour les demandeurs d’asile,
l’UE a décidé en 2015 de les relocaliser à travers un système de
quotas depuis la Grèce et l’Italie, pays qui, du fait de leur situation
géographique, ont dû gérer la grande majorité des demandes.
Or, à ce jour, plusieurs États restent opposés à ce mécanisme.
Pour les migrants irréguliers, l’Union établit avec des pays tiers
des accords de réadmission pour leur retour, comme l’accord
conclu avec la Turquie en 2016 évoqué par le doc. 8. Il s’agit
d’un partenariat dans lequel le pays tiers s’engage à retenir les
migrants et demandeurs d’asile avant qu’ils ne parviennent sur
le continent européen et ce en échange d’une aide financière.
Cette stratégie est particulièrement critiquée par les ONG qui
dénoncent les risques graves encourus dans ces pays par les
personnes nécessitant une protection.
Réponses à l’activité
1. L’Espagne, et plus généralement l’Union européenne, sont
des zones d’arrivée de la filière migratoire. La proximité de
l’Espagne avec les côtes africaines explique cette situation.
L’accueil dans l’UE est plus aléatoire, certains pays y semblent
favorables ; d’autres moins à l’image des manifestations anti-
migrants en Allemagne. La Turquie a quant à elle une position
plus ambivalente. Le pays est un pays d’accueil pour les Syriens
depuis la guerre de 2011, et en vertu d’un accord de réadmission
de 2016 ; mais la Turquie est aussi un pays de transit pour les
migrants qui souhaitent ensuite gagner l’UE.
2. Le dessinateur critique la politique migratoire de l’Union
européenne par une caricature montrant que les pays membres,
représentés ici par des joueurs de tennis, refusent d’accueillir les
migrants. Installés sur le drapeau de l’UE qui tient lieu de court de
tennis, les hommes se renvoient un bateau de migrants à coup
de raquette. Le message est donc celui du rejet. Cependant, on
peut souligner ici le fait que l’auteur ne nuance pas son propos.
Tous les pays de l’UE n’ont pas rejeté les migrants.
3. Les migrations pour la Turquie représentent différents enjeux.
La Turquie est une terre d’accueil de réfugiés syriens depuis 2011.
Or, en vertu d’un accord de réadmission signé en 2016 avec l’UE,
la Turquie s’engage à limiter les arrivées sur son sol en cessant
l’octroi de visas aux Irakiens et aux ressortissants des pays du
Maghreb et en fermant sa frontière avec la Syrie, pays en guerre
(soit 270 000 migrants arrêtés aux frontières en 2018). De plus,
le pays accueille les migrants en situation illégale renvoyés par
l’Union, soit 1 820 migrants depuis 2016. Enfin, la Turquie s’est
engagée à lutter contre les réseaux de passeurs illégaux aux
FRANCE
ESPAGNE
Lampedusa
Maghreb
Sahel, Sahara
Afrique subsaharienne
Des migrations internationales nourries par les inégalités et les tensions
indice de développement humain
moyen élevé très élevé
côtés de l’agence européenne Frontex. Cet accord a permis à la
Turquie de recevoir une subvention de 3 milliards d’euros pour
assurer au mieux ces différents engagements.
Comment les États
Bilan de l’étude de cas 1
méditerranéens gèrent-ils des flux migratoires
parmi les plus importants du monde ? p. 175
Retenir l’essentiel
Titre : La mer Méditerranée est traversée par des flux migratoires
intenses...
– Provenance : les pays d’Afrique et du Moyen-Orient tels la
Libye, l’Égypte ou la Syrie mais aussi la Turquie.
– Causes des flux : les flux s’expliquent par le retard économique
de la rive sud et est de la Méditerranée et l’agitation politique
(terrorisme, guerre) dans certains pays. Les migrants quittent
donc leur pays dans l’espoir d’une vie meilleure sur le continent
européen.
– Des conséquences :
… pour les migrants : de nombreux migrants restent bloqués
dans des pays de transit faute d’argent pour payer le passeur.
Parmi ceux qui parviennent à prendre l’une des routes pour
traverser la Méditerranée, beaucoup meurent lors des naufrages
des embarcations. Enfin, l’accueil dans l’Union européenne reste
compliqué : il faut passer les barrières et grillages, passer par les
centres d’identification et de tri, faire face à la xénophobie et
aux conditions de vie qui ne sont pas celles espérées. Ceux qui
trouvent un travail peuvent envoyer de l’argent à leur famille
restée sur place (remises).
… pour les sociétés d’accueil : certains gouvernements et
sociétés sont hostiles aux flux de migrants alors que d’autres se
montrent au contraire plus sensibles à la question migratoire.
Certains territoires, comme Lesbos, voient leur économie
transformée par l’arrivée des migrants. Des pays deviennent
des plaques tournantes des migrations vers l’Union européenne
telle la Turquie qui devient un pays de transit dans la boucle
migratoire des migrants, un pays d’arrivée pour les migrants
que le pays parvient à bloquer en vertu de l’accord conclu
avec l’UE et un pays d’accueil pour les migrants irréguliers
renvoyés depuis l’UE.
Schématiser l’essentiel
Titre : La Méditerranée, une mer au cœur de mobilités
transnationales de plus en plus contrôlées
Balkans
Fylakio
ITALIE TURQUIE
GRÈCE Lesbos
Trapani
SYRIE
Mer
Méditerranée
Moyen-
Orient
LIBYE ÉGYPTE
Un contrôle et une gestion
migrations internationales des flux migratoires difficiles
zone d’action de Frontex limite de l’espace Schengen
centre d’identification et de tri
tension politique
Thème 3 • Des mobilités généralisées 71
 De l’étude de cas... au monde droits des travailleurs immigrés (confiscation des passeports,
1. Tous les océans et mers du globe sont traversés par des paies dérisoires, conditions de logement, etc.).
flux migratoires. Cependant, l’intensité de ces flux varie. La
Méditerranée, les Caraïbes, l’océan Pacifique et l’ouest de l’océan Les statistiques (doc. 1) donnent un aperçu de la « mondialité »
Indien sont traversés par des flux migratoires majeurs (plus de de la ville et de sa capacité à polariser les flux internationaux,
1 million de migrants entre 2010 et 2015) ; à l’inverse, l’océan migratoires comme touristiques. Elles précisent d’abord l’origine
Atlantique et l’est de l’océan Indien sont traversés par des flux de ces travailleurs étrangers qui construisent la richesse de la
migratoires qualifiés de secondaires (moins de 1 million de ville, très largement venus d’Asie et, dans une moindre mesure,
migrants entre 2010 et 2015). des pays arabes du Golfe. Ces données peuvent être reliées
à l’article du journal La Croix (doc. 4) qui, le 18 juillet 2017,
2. L’existence d’espaces de libre circulation interne de personnes apporte davantage d’informations sur les migrants du sous-
(comme l’espace Schengen ou la Communauté andine des continent indien et la manière dont ils sont recrutés, installés
nations) montre que les migrations peuvent être parfois et contrôlés. En nuançant son propos, l’auteur explique aussi
souhaitées et encouragées par des États. Mais, la présence que, si les conditions de logement et de travail sont difficiles, la
de murs migratoires à travers le monde semble confirmer migration à Dubai est d’abord un vecteur du développement
la thèse que les migrations sont aussi perçues comme des de leur espace d’origine, via les remises. Les autres données
sources de tensions. statistiques (diagramme circulaire et diagramme en bâton)
évoquent les mobilités touristiques vers Dubai, précisant les
régions d’origine des visiteurs, et en montrant que l’émirat
Étude de cas 2 s’est hissé au rang de haut lieu du tourisme mondial. Le doc. 2
et l’affiche promotionnelle (doc. 3) réalisée par la puissante
Comment les mobilités internationales compagnie aérienne Emirates (qui dessert 150 destinations)
font-elles de Dubai un hub migratoire présentent quelques facteurs d’attractivité pour les migrants
comme pour les touristes (accessibilité, prospérité économique,
et touristique ? p. 176-179
équipements touristiques, etc.).
Introduction sur les enjeux de cette étude de cas Réponses à l’activité
Comme étude de cas possible, le programme propose de
Flux migratoires Flux touristiques
se pencher sur le pôle migratoire et touristique de Dubai.
En effet, l’émergence et le rayonnement du petit territoire Poids 92 % d’étrangers, En essor : 16 millions de
urbanisé de Dubai (E.A.U.) reposent largement sur sa capacité à 220 nationalités touristes en 2018 ; essor
polariser les mobilités internationales. Celles-ci font de l’émirat du nombre de passagers
4e ville du monde en
un espace singulier, à la fois pôle migratoire majeur (92 %
fréquentation, 1re en
d’expatriés) et haut lieu du tourisme international (plus de 16 dépenses
millions de touristes internationaux en 2018). L’étude de ce cas
Régions D’abord Asie du Variées : golfe Persique,
privilégié invite à s’interroger sur la manière dont les autorités
d’origine Sud (monde indien) Europe, Asie du Sud
cherchent à capter et réguler (par des stratégies diverses et
et Asie du Sud-Est et de l’Est
des aménagements ambitieux) les flux internationaux. Ces (Philippines)
derniers, massifs, sont sources de transformations majeures, à
Stratégies Accessibilité accrue Développement des
la fois économiques, sociales, culturelles, mais surtout spatiales.
pour encourager Captation des matières liaisons aéroportuaires
Le second axe de l’étude est ainsi centré sur les effets spatiaux
ou limiter grises Promotion des sites
de ces mobilités à différentes échelles. Les autorités cherchent Appel à une force de touristiques, diversification
aujourd’hui à en limiter les externalités négatives qui menacent travail étrangère mais de l’offre (shopping,
l’image et l’attractivité de ce hub migratoire et touristique. passeports confisqués, tourisme culturel, balnéaire,
offre de logements etc.)
A Comment Dubai est-elle devenue pour les travailleurs
migrants
un pôle migratoire et touristique ? p. 176-177
Rôle dans le Concourent à la Fortes dépenses des
Présentation des documents développement prospérité de la touristes étrangers
de Dubai ville ; « sous-traite Image positive de la ville
sa prospérité »
La confiscation des passeports des migrants (doc. 4)
Dans les pays du Golfe, le système de la kafala (« parrainage »)
oblige traditionnellement tout étranger souhaitant venir
B Comment les mobilités internationales
travailler et résider à trouver un kafil qui le parraine en échange transforment-elles le territoire de Dubai ?p. 178
d’une redevance et qui est légalement responsable de lui. Les
parrains peuvent être des entreprises, associations ou simples Présentation des documents
citoyens. Ce système favorise les abus, notamment sur les Les trois documents insistent sur les effets spatiaux de ces
travailleurs non qualifiés, tenus de remettre leur passeport mobilités internationales. La carte (doc. 5), construite à partir
au parrain qui contrôle leur mobilité. Cette pratique n’est plus d’une image extraite de Google Maps, présente l’urbanisation
appliquée avec la même rigueur dans toute la région. Dubai (et de la région sous l’effet de la croissance démographique comme
les E.A.U. en général) ont aboli la kafala professionnelle en 2008, économique. L’urbanisme à Dubai est lui-même pensé comme
notamment sous l’effet des pressions internationales. Médias un moyen d’accroître l’attractivité et la renommée du territoire
et ONG dénoncent toutefois ponctuellement les atteintes aux (tours emblématiques, îles artificielles) et donc de capter

72
davantage de mobilités internationales ; Sylvie Brunel parlerait – Des projets immobiliers et énergétiques alternatifs en
ici de « disneylandisation » pour qualifier cette transformation de périphérie de la ville (désert).
la ville en décor. De multiples aménagements sont liés à l’essor
des mobilités internationales (aéroports internationaux, port
de croisière, pôles touristiques comme le Dubai Mall, accueil
d’événements). Toutefois, cette carte, en lien avec le doc. 6, Comment les
Bilan de l’étude de cas 2
montre également que les mobilités internationales nourrissent mobilités internationales font-elles de Dubai
la fragmentation de la ville. Les migrations économiques, un hub migratoire et touristique ? p. 179
indispensables à la mise en scène des espaces centraux,
favorisent également l’apparition de marges, comme les camps Retenir l’essentiel
de travailleurs. L’extrait du magazine National Geographic de 2017 Titre : Dubai, un espace transformé par les mobilités
(doc. 7) souligne la récente prise de conscience par les autorités internationales
des effets négatifs des mobilités et d’un type d’urbanisme qui – Dubai, un pôle qui concentre des flux migratoires : 92 %
peut finalement désormais nuire à l’image de Dubai et à sa d’étrangers, 220 nationalités… et des flux touristiques : 4e ville
« durabilité ». la plus visitée du monde, 16 millions de touristes, nombreux
sites touristiques.
Les îles artificielles de Dubai (doc. 5)
– Une recomposition du territoire : étalement urbain
Les îles artificielles aux formes de palmiers (Palm Jumeirah) ou (urbanisation du front de mer, îles artificielles), création
de planisphère (the World) sont des projets pharaoniques qui d’espaces liés aux flux (aéroports, port de croisière, camps de
visent à étendre la ville de manière spectaculaire ; tout comme travail, bulles touristiques).
la piste de ski artificielle aménagée dans un gigantesque mall ou – Des défis à relever : effets négatifs (fragmentation socio-
les gratte-ciel démesurés, elles visent aussi à « faire parler » de ce spatiale, rejet de Gaz à effet de serre et épuisement des
territoire, à en entretenir l’image de modernité et d’audace. The ressources énergétiques, destruction des récifs coralliens) et
World Islands, symbole de la mondialité recherchée par la ville, des tentatives de solutions (nouveaux modes de transports,
est un archipel de 300 îles artificielles dont les contours dessinent énergies renouvelables, changement d’image).
les continents, étendu sur 9 km de long et 6 km de large, entre
Palm Jumeirah et Palm Deira. Symboles des années de croissance Schématiser l’essentiel
exceptionnelle, ces îles, dont la construction démarre en 2003, Titre : Dubai, un pôle des mobilités internationales
devaient polariser de
nouvelles mobilités EUROPE, GOLFE PERSIQUE,
ASIE,
touristiques. La crise MOYEN-ORIENT ASIE DE L’EST
financière de 2007 prive
le projet de financement
Golfe Persique
et marque un coup
d’arrêt. Le site reste
aujourd’hui en partie
inhabité.
DUBAI
Réponses à l’activité
Les mobilités inter­
nationales sont sources de
transformations spatiales
à l’échelle de la ville. Un territoire qui polarise les mobilités Un territoire transformé sous l’effet des mobilités
– Étalement urbain le long internationales internationales
aéroport haut lieu du tourisme
flux migratoires surface urbanisée
de la côte, avancée sur international international
l’eau (îles artificielles) et camp de travailleurs
mobilités touristiques étalement urbain immigrés
nouveaux axes de transport
pour se déplacer (métro).
– Multiplication d’espaces touristiques (bulles touristiques) et
de quartiers d’affaires pour mobilités d’affaires (tours, centres
de congrès). De l’étude de cas... au monde
– Apparition de marges pour accueillir les migrants. 1. Il existe d’autres hubs migratoires et touristiques, comme
À l’échelle locale, d’un quartier, d’une rue… l’Australie, l’Europe de l’Ouest (France), les États-Unis, la
– Création de nouveaux quartiers pour le tourisme et les Turquie…
populations aisées (îles privées). 2. Parmi les autres grands pôles touristiques mondiaux, on
– Des espaces urbanisés pour accueillir des logements pour les peut citer l’Amérique du Nord, l’Europe de l’Ouest (France,
travailleurs ; d’autres reçoivent des hôtels de luxe ou des villas. Espagne, Italie, Royaume-Uni), la Turquie, la Chine.

Thème 3 • Des mobilités généralisées 73

 CHAPITRE

7 Des mobilités généralisées

On insiste ici sur l’essor inédit des mobilités internationales, c’est-à-dire des Bibliographie
déplacements impliquant un franchissement de frontière. Elles peuvent
désigner aussi bien des déplacements cycliques (tourisme) que linéaires V. ADOUMIÉ, J.-M. ESCARRAS,
(migration). Dans le cas des migrations internationales, régulières ou non, Les Mobilités dans le monde, Hachette, 2017.
les motivations sont devenues complexes et souvent imbriquées (fuite
M. GRAVARI-BARBAS, Atlas mondial du tourisme
d’un danger, études, amélioration des conditions de vie, opportunité et des loisirs, Autrement, 2018.
professionnelle, raisons familiales, etc.) et la figure du migrant devient
plastique, plurielle, bien éloignée des stéréotypes. Si les flux migratoires, en C. WIHTOL DE WENDEN, Atlas des migrations.
plein essor, affectent l’ensemble des territoires de la planète, ils dessinent les Un équilibre mondial à inventer,
Autrement, 2018.
contours d’une « planète migratoire » dont on peut étudier l’organisation. Ces
migrations ont des effets à la fois sur les espaces d’émigration, d’immigration, J.-M. ZANINETTI, « Le Monde habité :
mais aussi d’un transit parfois durable ; ces espaces sont par ailleurs mis en une géographie des peuplements »,
réseaux par les migrants-acteurs. Ces flux migratoires, régulièrement au Documentation photographique,
La Documentation française, n° 8 118,
cœur de l’actualité, représentent des enjeux majeurs, à la fois économiques,
juillet-août 2017.
sociaux, culturels et politiques. Ils font l’objet de discours et de représentations
contrastés qui inspirent des politiques et des stratégies très diverses selon
les régions du monde.
Les mobilités touristiques internationales connaissent également une Sitographie
« révolution » – tant par le nombre de personnes et d’espaces concernés que
par la transformation des pratiques – favorisée par de multiples facteurs dont Le site de Migration Policy Institute planisphère
les progrès des transports et des NTIC. Si l’écoumène touristique mondial tend (carte interactive sur l’immigration,
à se confondre avec la planète entière, les mobilités favorisent toujours un l’émigration dans tous les pays du monde) :
https://www.migrationpolicy.org/programs/
petit nombre de foyers touristiques qui se recomposent toutefois rapidement. data-hub/charts/total-immigrant-and-emigrant-
populations-country
Migrations internationales, mobilités touristiques :
des liens parfois étroits REMI, site de la Revue Européenne des
Migrations Internationales :
Les géographes cherchent aujourd’hui à aborder la mobilité de manière plus https://journals.openedition.org/remi/
globale, en dépassant la segmentation traditionnelle des différents types de
TEOROS, revue de recherche en tourisme :
mobilités, jugée de moins en moins opérante. Ainsi, la mobilité touristique https://journals.openedition.org/teoros/
internationale peut être une première étape avant une migration saisonnière ou
définitive (retraités). Par ailleurs, certains types de déplacements favorisés par Le site de l’OMT (données, cartes, rapports) :
les progrès des transports et des NTIC (navettes sur de longue distance, courts https://www2.unwto.org/
séjours à l’étranger, déplacements vers les résidences secondaires) brouillent les
distinctions entre les formes de mobilités. Les mobilités touristiques impulsent
aussi, dans bien des espaces concernés, des migrations de travail qui viennent
répondre aux besoins dans les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration ou du
BTP (Canaries, Cancun, Maldives, etc.). Certains espaces sont ainsi tout à la fois
des espaces touristiques et migratoires majeurs (Dubai) ; dans certains cas, ce
double statut peut aussi être source de tensions (îles grecques, Lampedusa).

Le travail sur une étude de cas sur la Méditerranée (p. 172-175) ou Dubai
(p. 176-179) peut être un préalable mais doit s’accompagner de la présentation
rapide d’une ou deux situations différentes. Parmi les possibilités offertes, on
peut proposer les comparaisons suivantes : exemple des mobilités touristiques
aux États-Unis (p. 192-193) ou à Venise (p. 194-195), exemple sur les migrations
climatiques (p. 196) ou étudiantes (p. 197).

74
 Choix des documents
d’ouverture p. 180-181
Le planisphère (doc. 3) montre que, en dépit de l’impression
d’une « planète nomade » (R. Knafou), la mobilité reste très
sélective. En retenant le critère du nombre d’États qu’un
ressortissant de chaque pays du monde peut visiter sans
visa, on prend conscience de l’inégale capacité des hommes à
franchir les frontières. La confrontation des deux photographies
confirme cette inégale mobilité et permet de distinguer les deux
types de mobilités abordées dans ce chapitre. « La Bestia », train
de marchandises tristement célèbre, permet à des milliers de
migrants d’Amérique centrale d’essayer d’atteindre l’eldorado
américain au péril de leur vie (doc. 1). Sur le doc. 2, c’est, cette
fois, une foule de touristes qui, pour des motivations et sous
des formes bien différentes, explorent l’un des sites touristiques
majeurs de Chine, la Grande Muraille.
La Grande Muraille, haut lieu du tourisme chinois
(doc. 2)
Peu fréquenté jusqu’aux années 1980, ce gigantesque
ouvrage – qui n’est pas, contrairement au mythe, visible
de la Lune – est désormais l’un des hauts lieux du tourisme
domestique et international en Chine, fréquemment utilisé
dans la communication du pays et devenu outil de son soft
power. Les 15 à 16 millions de touristes qui la visitent chaque
année se concentrent toutefois autour de quelques points
comme Badaling, près de Pékin. La photographie illustre la
surfréquentation du site, classé au patrimoine mondial de
l’Unesco depuis 1987, et qui devient désormais une source
d’inquiétude.
Réponses aux questions
1. Le doc. 1 illustre les migrations internationales de l’Amérique
centrale vers les États-Unis, tandis que le doc. 2 concerne un
espace qui capte des mobilités touristiques internationales.
2. Le doc. 3 témoigne de l’inégale capacité des hommes à se
déplacer en fonction de la facilité avec laquelle les habitants des
différents pays peuvent obtenir un visa pour voyager ailleurs.
3. L’inégale mobilité des hommes à l’échelle internationale
peut s’expliquer par bien d’autres facteurs : inégalité des
ressources financières pour voyager, manque d’accès aux
transports et NTIC, régime politique qui favorise ou non les
déplacements, etc.
Planisphères 1
La planète migratoire p. 182-183
Présentation des cartes et des liens
possibles entre elles
Le planisphère central permet de cerner les
contours de la « planète migratoire » qui, pour
reprendre les mots de Gildas Simon, « n’est
pas le monde chaotique, incontrôlé, parcouru
par des mouvements erratiques venant de
tous les horizons que certaines représentations
donnent à penser ». L’analyse des flux majeurs
(internationaux et intra-régionaux) met en
effet en évidence le maintien de quelques
espaces d’immigration majeurs et de foyers d’émigration. Le
premier planisphère de gauche est centré sur la migration des
réfugiés en localisant les principaux pays d’origine et d’accueil
d’après les données du HCR. La carte suivante évoque les effets
des migrations sur le développement des pays d’origine, avec
lesquels les migrants maintiennent des liens notamment par
le biais des remises. Enfin, la dernière carte invite à réfléchir
aux politiques migratoires diverses des États d’accueil, qui
accentuent finalement l’inégale mobilité des hommes à l’échelle
internationale.
Étudier les espaces migratoires
L’approche géographique des migrations internationales
s’est profondément renouvelée ces dernières décennies. Elle
invite d’abord à dépasser la dichotomie de l’analyse spatiale
entre espaces d’émigration et d’immigration, en étudiant
l’espace migratoire dans son ensemble, non segmenté, prenant
également en compte les espaces et les temps de « l’entre-
deux » (l’attente, le transit, les allers et retours, les circulations
migratoires, etc.). Les travaux accordent une attention nouvelle
au migrant dans toute sa complexité, acteur de sa migration,
producteur d’espace, influencé par ses représentations, qui
circule, habite, met en réseau (travaux sur les diasporas) les
espaces sillonnés.
Réponses aux questions
1. On remarque que, majoritairement, les flux migratoires
sont intra-régionaux : des circulations massives traversent
ainsi l’Europe et le Moyen-Orient en premier lieu. Par ailleurs,
les principaux flux internationaux proviennent de régions
en développement et se dirigent vers des régions plus
développées, souvent proches : de l’Amérique latine vers
l’Amérique du Nord, de l’Afrique de l’Ouest vers l’Europe, du
sous-continent indien vers le Moyen-Orient, d’Asie de l’Est vers
l’Amérique du Nord. Les flux de réfugiés se dirigent par contre
d’abord vers des pays proches de la région.
2. Certains pays apparaissent comme des terres d’émigration
(solde migratoire négatif) ; toutefois, les émigrés émettent
des remises qui peuvent largement participer au PIB et au
développement des pays quittés (Inde, Mexique, Népal…).
Dans les régions d’accueil, l’immigration peut inspirer des
politiques de fermeture via, par exemple, l’érection de murs.
3. L’attitude des États à l’égard des migrations internationales
est ambiguë. D’un côté, les États peuvent accueillir des réfugiés
et encourager la libre circulation au sein d’un vaste espace,
comme Schengen. D’un autre, de plus en plus de murs sont
construits pour stopper les flux irréguliers.
Correction du schéma
La planète migratoire
grande région d’accueil
grande région de départ
principal foyer d’origine des réfugiés
flux migratoire majeur
frontières fermées
Thème 3 • Des mobilités généralisées 75
 Planisphères 2
La planète touristique p. 184-185
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
Le premier planisphère (doc. 1) présente l’organisation
de la planète touristique. Si les mobilités touristiques se
généralisent à l’échelle mondiale, la carte met en évidence
le maintien de foyers émetteurs et récepteurs majeurs,
même si de nouveaux émergent. Les deux planisphères
p. 185 permettent de réfléchir à la diffusion mondiale des
mobilités touristiques et à ses limites. Le doc. 3 est centré
sur un acteur mondial, l’Unesco, qui, en classant des sites au
patrimoine mondial, en fait aussi, de manière paradoxale,
des lieux potentiellement touristiques ; certains, menacés
par une forte fréquentation, sont soumis à des mesures qui
visent à concilier fréquentation et préservation. La carte 2,
régulièrement mise à jour sur le site du ministère des Affaires
étrangères, rappelle toutefois que certains espaces, pour
des raisons souvent géopolitiques, restent en marge des
mobilités touristiques ; elle montre aussi que ces mobilités
sont vulnérables et peuvent être brutalement interrompues
par une crise politique ou économique.
La Chine, foyer touristique émergent (doc. 1)
L’intégration de la Chine dans les mobilités touristiques depuis
moins de quatre décennies est spectaculaire ; alors qu’elle
recevait 716 000 touristes en 1978, elle en a compté plus de
60 millions en 2016, se hissant à la quatrième place des pays
les plus visités du monde. Cette hausse de la fréquentation n’a
connu que de rares moments d’essoufflement, liés à des troubles
politiques (1989) ou sanitaires (épidémie de SRAS en 2003).
Les géographes invitent toutefois à considérer ces données
avec prudence dans la mesure où les statistiques chinoises
intègrent les touristes venus de Hong Kong ou de Macao (qui
viennent parfois pour affaires ou pour des visites privées).
Même diminué de moitié, le nombre de visites touristiques
reste toutefois significatif.
Lire les cartes
Cartes 1 et 2 - Les pôles touristiques majeurs sont l’Amérique
du Nord, et en particulier les États-Unis, l’Europe occidentale
(France, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Allemagne), l’Asie de
l’Est (Chine). Mais, d’après la carte 2, des régions sont en marge,
comme une partie de l’Amérique latine, le Sahara, la Libye,
l’Afrique subsaharienne, une grande partie du Moyen-Orient,
la Corée du Nord. Ce sont des raisons d’abord politiques
(insécurité, guerre, régimes autoritaires) qui semblent
l’expliquer.
Carte 3 - On note que les régions qui sont les plus touristiques
sont aussi les régions qui concentrent le plus de sites classés
(Europe de l’Ouest). Dans de nombreux cas, les sites classés
sont dans des espaces en effet touristiques (États-Unis,
Mexique, Chine, Japon…). Toutefois, on note aussi que de
nombreux sites se situent dans des espaces peu touristiques
et même déconseillés par le ministère des Affaires étrangères,
sans doute menacés par l’insécurité (Syrie, Afghanistan,
Libye...).
76
Cours 1
Les migrations internationales p. 186-187
Présentation des documents et repères
Les documents accompagnant ce cours « Les migrations
internationales » permettent de répondre à la problématique
posée : « Pourquoi les migrations internationales rendent-elles
les espaces et les sociétés de plus en plus interdépendants ? ».
La photographie 1 rappelle à quel point les migrations
internationales sont un sujet d’actualité ; elle est prise à
l’automne 2018, alors que les médias suivent, jour après jour,
l’avancée de la caravane de migrants qui fuient l’Amérique
centrale (Honduras) pour espérer atteindre les États-Unis,
franchissant donc de multiples frontières, comme celle qui
sépare le Guatemala du Mexique. La carte 2 p. 187 confirme
que cette mobilité internationale est très sélective et inégale
selon les régions d’origine des ressortissants en fonction de
la facilité avec laquelle ils peuvent obtenir un visa. Les deux
Repères insistent sur la diversité des acteurs de la migration ;
ils permettent d’aborder le sexe (part croissante des femmes),
l’âge et les motivations des migrants (cas des étudiants
internationaux). Le texte 3 éclaire un aspect moins connu des
migrations en présentant le cas des « repatriés » de la diaspora
sénégalaise et leurs motivations.
La diaspora sénégalaise (doc. 3)
Plus de 2 millions de Sénégalais vivent à l’étranger. Le champ
migratoire des Sénégalais, longtemps orienté presque
exclusivement vers l’ancienne métropole coloniale, est devenu
multipolaire et fluctuant. Ainsi, l’Afrique capte environ la moitié
de ces migrants sénégalais (les pays voisins d’abord, mais
aussi le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Maroc et l’Afrique du Sud).
En Europe, si la France reste le premier foyer d’immigration
sénégalaise, elle est concurrencée par l’Italie (ces deux pays
concentrent les 2/3 de la diaspora implantée en Europe). Depuis
les années 2000, on constate toutefois une européanisation
croissante des migrations, notamment par de fréquentes
réémigrations depuis la France vers l’Espagne, le Royaume-Uni,
la Belgique ou le Portugal. Le champ migratoire s’est également
élargi à l’Amérique du Nord et même, plus récemment, dans le
Golfe et en Australie. Les médias insistent aujourd’hui sur les
cas significatifs de retour de ces expatriés au Sénégal.
Capacités et méthodes
Pays d’origine (Honduras)
Profil des migrants : plus de 7 000 migrants ; migrent en
marchant ; jeunes, hommes, femmes, enfants, familles.
Facteurs : économiques (pauvreté de masse) et aussi politiques
(violence liée aux gangs et narcotrafiquants) ; migration
« forcée » ?
Pays de transit : Guatemala, Mexique
Autorités mexicaines : frontière fermée mais propositions
d’aides ou d’asile.
Destination visée : États-Unis
Réaction du président Trump : discours de fermeté, fermeture
et envoi de forces pour stopper la caravane ; dispersion des
migrants.
Des associations : aide humanitaire aux migrants (hébergement,
nourriture, conseils)

Cours 2
Les mobilités touristiques
internationales p. 188-189
Présentation des documents et repères
Les documents accompagnant ce cours « Les mobilités
touristiques internationales » permettent de répondre à la
problématique posée : « Comment la forte augmentation des
mobilités touristiques redessine-t-elle la planète ? ».
Le Repère témoigne de la spectaculaire explosion des mobilités
touristiques internationales depuis 1950 et permet de distinguer
l’origine de ces touristes (part croissante des classes moyennes
issues des pays émergents). Les trois documents présentent
des effets des mobilités touristiques sur des espaces à
différentes échelles. Sur le doc. 2, il s’agit à travers la carte de
comprendre comment le Costa Rica s’est imposé comme un
pôle des mobilités touristiques internationales en devenant le
champion de l’écotourisme ; le document montre à la fois les
espaces, les aménagements, les stratégies de mise en tourisme
et leurs effets sur les mobilités. La photographie 1 reflète la
métamorphose de Juzcar, village andalou proche de Ronda à
la faveur de la sortie du film d’animation Les Schtroumpfs en
2011. Dans le cadre d’un concours organisé par Sony Pictures,
les habitants repeignent le village blanc en bleu, multiplient
les références aux Schtroumpfs (statues, peintures, etc.) ; cette
stratégie permet à cet espace rural en déprise de s’intégrer
aux mobilités touristiques de manière inattendue. L’article de
The Guardian (doc. 3) prolonge cette réflexion sur la capacité
des mobilités touristiques à intégrer les marges en opposant
quelques arguments pour ou contre le slum tourism qui
s’affirme, notamment dans les métropoles indiennes.
Le slum tourism (doc. 3)
La formule désigne une forme de tourisme née dans les
favelas de Rio de Janeiro au début des années 1990, lorsqu’un
professionnel du tourisme crée Favela Tour, agence proposant
la visite de la favela de Rocinha. L’expérience, couronnée de
succès, inspire d’autres initiatives comparables, d’abord en
Inde (à Mumbai et surtout à Dharavi, rendu célèbre par le
film de D. Boyle, Slumdog Millionaire, puis à Delhi), ailleurs
aujourd’hui (Kibera à Nairobi). Cette forme de « poor tourism »
fait toujours débat.
Capacités et méthodes
1. Les documents évoquent de multiples acteurs qui participent
aux mobilités touristiques. Dans le doc. 1, la mise en tourisme
est largement menée par les habitants du village, qui tirent
profit de la médiatisation d’un blockbuster. Les habitants sont
aussi des acteurs touristiques dans le cas des slums indiens
(doc. 3), en lien avec des entreprises locales ou internationales.
Dans le cas du Costa Rica, l’État a contribué à la transformation
du territoire, mais aussi l’Unesco ou encore des investisseurs
privés (hôtels de luxe, etc.).
2. Les mobilités touristiques participent largement au
développement économique du Costa Rica, puisque le tourisme
est la première source de revenus et recompose l’ensemble du
territoire national. À l’échelle locale, l’ensemble du village de
Juzcar a connu une reconversion économique et a profité de la
fréquentation touristique accrue. Enfin, l’expérience évoquée
dans le texte 3 montre que le « slum tourism » pourrait être,
selon David Bijl, un vecteur de développement à l’échelle
micro-locale (une partie de la somme revenant à la famille qui
héberge le touriste).
Exemple 1
Comment les migrants indiens
constituent-ils un atout pour
l’Inde ? p. 190-191
Enjeu d’exemple et présentation des documents
Cette double page permet de montrer, à travers l’exemple
de la diaspora indienne, l’ampleur des migrations dans le
monde et le rôle joué par les communautés de migrants. La
diaspora indienne, deuxième après la diaspora chinoise avec 31
millions de personnes en 2018, est devenue un instrument des
ambitions géopolitiques de l’Inde. En outre, elle contribue à la
diffusion de la culture indienne dans les pays où les émigrants
sont installés.
Le terme diaspora désigne à l’origine la dispersion du peuple
juif autour du bassin méditerranéen, c’est un nom propre :
la Diaspora. Il est devenu à partir des années 1960 dans le
contexte de l’intensification des migrations transnationales
un terme appliqué à d’autres peuples de migrants dispersés
à l’échelle mondiale et fortement structurés en réseaux
mondialisés, appuyés sur des moyens économiques et
culturels permettant de maintenir des liens forts avec le pays
d’origine, comme les migrants chinois, mexicains, philippins
ou indiens. La qualification de « diaspora » pour désigner les
migrants d’origine indienne est récente et correspond à une
construction d’un discours à la fois politique, économique
et culturel sur ces migrants, par le pouvoir indien depuis
les années 2000. Les communautés indiennes d’émigration
ancienne ou plus récente sont devenues un « instrument du
« soft power » et de la real politik indienne » (A. Carsignol-
Singh). Cependant, la « diaspora » indienne est très diversifiée
et ne forme pas une communauté homogène. Mais, elle est
structurée par des réseaux transnationaux importants par leur
poids financier et économique et la renommée de certains
de ses membres.
L’exemple de la diaspora indienne est l’occasion de construire
une argumentation géographique à partir de l’analyse de
documents (compétence travaillée). Le doc.1 par les trois
informations de la légende constitue le fil rouge de l’exemple :
les manifestations de l’influence de la diaspora indienne
présentées en légende sont évoquées dans les documents
suivants.
Réponses aux activités
Itinéraire 1
Les migrants indiens représentent un atout pour l’Inde.
– Par leur poids numérique (doc. 1) : rayonnement culturel
et influence politique (doc. 2 et 3).
– Par l’importance des remises envoyées dans le pays
d’origine (doc. 1) : outil de développement économique et
social (doc. 4).
– Par les réseaux d’entrepreneurs (doc. 1) : contribution aux
transferts de connaissances et au dynamisme économique
(doc. 4).
Thème 3 • Des mobilités généralisées 77
 Itinéraire 2
1. Le poids économique de la diaspora indienne repose, tout
d’abord, sur son poids démographique qui alimente des flux
financiers. L’importance des remises renvoyées dans leur pays
d’origine par les 31 millions de migrants place l’Inde au 1er rang
mondial (69 milliards de dollars en 2018) et sont réinvestis dans
les régions de départ. Par ailleurs, un réseau d’entrepreneurs
indiens installés aux États-Unis, créé en 1992, soutient le
développement de projets et les initiatives d’entrepreneurs
en Inde et dans le monde. L’ancienneté de la diaspora et son
importance numérique lui donne aussi un poids électoral dans
certains pays comme aux États-Unis où elle est suffisamment
influente pour que la demande de l’Inde d’un siège permanent
au conseil de sécurité de l’ONU soit soutenue par le président
américain qui reçoit chaque année ses représentants pour
honorer une grande fête de la communauté.
2. L’Inde favorise les liens avec sa diaspora en assouplissant la
législation sur les transferts des remises et des entrepreneurs
de la diaspora. L’objectif est d’encourager les investissements
productifs des migrants dans leur pays d’origine. Mais les remises
ne financent pas seulement des écoles ou des entreprises,
contribuant à réduire la pauvreté, elles sont l’occasion aussi de
financer des temples qui permettent aux migrants de garder
un lien culturel, un attachement avec leur pays et aussi un
lien familial fort car ils contribuent à subvenir aux besoins de
leurs proches.
3. L’émigration indienne transforme les pays d’accueil par son
importance numérique dans certains pays comme les États-Unis,
le Royaume-Uni, la Malaisie ou les pays du golfe Persique où
elle est la plus nombreuse (8,5 millions). La diaspora contribue
à un métissage culturel. Les paysages des métropoles des pays
d’accueil portent des marques visibles de la culture indienne par
la création de « little India », dont les boutiques s’approvisionnent
en Inde et contribuent à entretenir les relations avec les zones
de départ. Par ailleurs, les entrepreneurs d’origine indienne
contribuent au dynamisme économique des pays d’accueil.
Mais, ils transforment aussi les pays de départ car les liens
restent forts grâce aux remises (amélioration de l’habitat,
investissement dans des services comme l’éducation, hausse
du niveau de vie). La diaspora indienne participe à l’émergence
de l’Inde. À leur retour, les migrants qualifiés font bénéficier
l’Inde de leurs compétences dans des secteurs-clés comme
les technologies de l’information et de la communication en
créant des start-up ou en formant la main-d’œuvre d’entreprises
comme Amazon, Google, Facebook. Certaines villes comme
Hyderabad ou Bangalore sont devenues des pôles de la haute
technologie en Inde.
Exemple 2
Comment les États-Unis font-ils
face à leur attractivité touristique
planétaire ? p. 192-193
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Le second exemple permet de se pencher sur l’attractivité
touristique mondiale des États-Unis. Le programme proposant
de se pencher sur ce pôle majeur du tourisme mondial, il est
possible d’amorcer l’étude du chapitre par cet exemple, qui
tient alors lieu d’étude de cas. Le choix des documents proposés
répond à la volonté de montrer les points forts de cette troisième
destination mondiale. Ainsi, le doc. 1 se penche sur les atouts
78
et sur les aménagements favorisant les activités touristiques et
l’origine des flux de touristes internationaux (doc. 1). Le doc. 2
permet de voir la permanence de cette activité et l’évolution
des pratiques touristiques et de l’origine des touristes. Les
doc. 3 et 4 permettent un changement d’échelle en étudiant
l’évolution du tourisme en Alaska et la recomposition de la
station balnéaire de Miami Beach. Enfin, le doc. 5 montre le
marketing territorial mis en place par le pays pour attirer de
nouvelles clientèles et poursuivre le développement de cette
activité lucrative.
Les sites naturels, objet du tourisme
aux États-Unis (doc. 1)
La commercialisation des paysages étasuniens se fonde sur
une mythologie paysagère et l’idée d’un Wonderland. Ce
« Pays des Merveilles », où l’on contemple ours, bisons et
monuments de la nature depuis son véhicule, est présenté
comme un territoire primordial des États-Unis où chaque
visiteur peut revivre l’expérience des pionniers face à une
nature indomptée. La Wilderness, la « nature sauvage »,
constitue une valeur patrimoniale forte pour les États-Unis
qui, en l’absence de monuments historiques millénaires, peut
éveiller la réflexion sur l’histoire de la conquête américaine.
Cette Wilderness a permis la mise en place d’une protection
des milieux naturels. Aujourd’hui, le National park service
gère 58 parcs nationaux, 20 réserves nationales, 18 zones
récréatives nationales et une trentaine de sites en rivières,
lacs et littoraux maritimes, soit 3,4 % du territoire national.
La protection représente une véritable filière économique :
avec un budget annuel de 3,16 milliards de dollars, le National
park service emploie plus de 21 500 personnes et attire au
total 281 millions de visiteurs par an.
Cette activité est l’occasion pour les élèves de travailler la
compétence « Mettre en œuvre le changement d’échelle ». En
effet, le doc. 1 permet de montrer l’attrait des États-Unis en
tant que destination touristique globale. Or, une analyse fine
de la carte montre déjà que l’ensemble du pays n’attire pas
équitablement : des États comme la Floride ou la Californie sont
plus fréquentés par les touristes que les États de l’intérieur. Le
doc. 3 permet un autre changement d’échelle : celle de l’État
de l’Alaska où l’on constate que la fréquentation touristique
ne cesse de croître. Enfin, le doc. 4 montre que cette activité
mondiale peut transformer localement un territoire avec
l’exemple de la transformation de la station balnéaire de Miami
Beach entre 1925 et 2017. Ce changement d’échelle permet
donc aux élèves de réaliser qu’un phénomène mondial comme
le tourisme procède à une recomposition des territoires aux
échelles nationales et locales.
Réponses à l’activité
1. Le doc. 1 montre que les touristes qui visitent les États-Unis
viennent avant tout d’Amérique latine et du Canada. Le doc. 2
parle ici d’un « tourisme du quotidien » en développement. Les
touristes proviennent ensuite majoritairement d’Europe vue
comme une « clientèle traditionnelle », puis d’Asie et d’Océanie ;
en particulier Japonais, Coréens et surtout Chinois avec une
forte croissance (230 000 en 2002 à 2,7 millions en 2015). Le
doc. 3 offre un zoom sur le cas de l’Alaska et montre qu’ici aussi
les flux touristiques sont en forte croissance passant de 800 000
en 1989 à près de 3 millions en 2016. Cette croissance s’explique
par la généralisation des moyens permettant ces mobilités
(développement du transport aérien, affirmation des flux de
croisiéristes). Cette hausse des flux touristiques fait des États-
Unis la troisième destination touristique mondiale en 2018.
2. Les grandes régions réceptrices du tourisme aux États-Unis
sont, selon le doc. 1, la Californie et le Nevada, le Texas, la
Floride, l’Illinois et l’État de New York. Ces États sont attractifs
en raison de la présence de villes célèbres (Las Vegas, Chicago,
New York, Miami), des ports de croisière et de grands aéroports
internationaux ou encore des sites naturels attractifs comme
le Grand parc naturel de Yosemite. Le doc. 4 souligne aussi le
rôle du littoral touristique aménagé avec de grands hôtels,
des piscines.
3. Le doc. 4 montre la traduction spatiale des flux touristiques et
donc la recomposition du territoire de la plage de Miami Beach.
Entre 1925 et 2017, on observe que cette plage a fait l’objet
d’une densification importante. Pour accueillir les touristes,
des hôtels, piscines et logements ont été construits. Le front
de mer a été totalement transformé par et pour le tourisme.
Le doc. 5 montre quant à lui que les territoires touristiques
sont aujourd’hui l’objet d’un marketing territorial : il s’agit
de valoriser les potentialités et aménités des territoires pour
accueillir sans cesse plus de touristes, ici Chinois.
Exemple 3
Comment la pression des mobilités
touristiques recompose-t-elle
le territoire de Venise ? p. 194-195
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
L’exemple 3 vise à étudier les différentes conséquences
spatiales liées aux mobilités touristiques au sein de la lagune
de Venise (Italie). En raison de la poursuite de la massification
des flux touristiques dans une lagune de plus en plus fragile,
la gestion des mobilités, et notamment celles des bateaux de
croisière, est devenue un sujet de préoccupation majeur pour
les autorités vénitiennes. Pour ce faire, cinq documents sont
proposés. Les doc. 1 et 2 insistent sur les conséquences de
l’augmentation des flux touristiques à Venise. Le doc. 1 montre
la progression d’un bateau de croisière dans le canal de la
Giudecca à proximité directe du cœur historique de Venise
tandis que le doc. 2 insiste surtout sur les conséquences de
l’augmentation des flux touristiques sur la population locale
qui rencontre de plus en plus de difficultés pour se loger.
Face à cette situation, des politiques de gestion, visibles
dans les doc. 3 et 4, sont mises en place. Le doc. 3 permet de
visualiser un portique mis en place à partir de 2018 qui vise à
réguler exceptionnellement les flux de piétons dans le centre
historique de Venise. En cas d’affluence trop forte, ils sont
destinés à être fermés, obligeant ainsi les touristes à emprunter
d’autres chemins. Concernant les bateaux de croisière, le
doc. 4 montre que, désormais, les plus grands bateaux ne
peuvent plus naviguer à proximité du centre historique et
sont obligés de stationner dans le port industriel de Marghera.
Le doc. 4 localise également les barrières anti-inondations
du programme MOSE qui permettent de protéger la lagune
lors des hautes eaux tandis que le doc. 5 fait la promotion
de l’écotourisme pour un développement touristique plus
durable au sein de la lagune.
Venise : une taxe pour débarquer dans la ville
(doc. 3)
La photographie illustre les premières mesures prises à Venise
pour faire face à la surfréquentation du site. Depuis mai 2019,
Venise a commencé à facturer des frais d’accès pour les visiteurs
d’un jour qui ne séjournent pas dans la ville, c’est-à-dire les
passagers de croisières et les voyageurs en autocars, les autres
payant la taxe de séjour à l’hôtel ou dans les autres structures
d’hébergement. Cette nouvelle contribution est comprise
entre 2,5 et 5 euros, un montant bien supérieur à celui de la
taxe de séjour en vigueur dans la ville et jusqu’à présent fixé
à 1,5 euro par nuit. Elle pourrait même atteindre dix euros en
haute saison. Selon les premières estimations de la commune,
la taxe pourrait rapporter jusqu’à 50 millions d’euros par an et
servira au nettoyage et à la sécurisation de la ville.
L’étude des cinq documents proposés doit permettre de réaliser
un croquis (compétence travaillée) à l’échelle de la lagune de
Venise montrant les effets territoriaux des mobilités touristiques
sur celle-ci. Les documents fournissent les grands axes formant
la légende du croquis : les aspects du tourisme à Venise (doc.
1 et 4), les conflits d’usage liés au tourisme (doc. 2 et 3) et les
risques pour la lagune de Venise et les solutions mises en
place (doc. 4 et 5).
Réponses à l’activité
Voir correction du croquis p. 198 du manuel.
Exemple 4
Comment faire face aux migrants
climatiques ? p. 196
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Cet exemple consacré aux mobilités permet de s’intéresser
au cas des migrants climatiques. Le choix des documents a
pour ambition d’illustrer les enjeux de ce nouveau type de
migrations. Le doc. 1 montre tout d’abord la réalité de ces
migrations avec le cas d’une famille bengalaise contrainte de
quitter son lieu de vie face aux inondations. Le doc. 2 illustre
l’inégale répartition des migrants climatiques dans le monde
et permet donc de montrer que le dérèglement climatique
est un phénomène mondial mais inégalement réparti dans
l’espace. Enfin, le doc. 3 est un extrait d’un rapport de la Banque
mondiale, organisme qui alerte sur la nécessité de trouver
des solutions et stratégies d’adaptation face à cette situation,
en mobilisation en particulier l’exemple de l’Éthiopie, et en
insistant sur le besoin impératif de la mobilisation de tous les
acteurs sur la scène internationale.
Migrants ou réfugiés climatiques ?
Officiellement, le statut de réfugié est une notion juridique
instituée par la Convention de Genève de 1951 dont les
conditions d’attribution sont strictement définies. Ce texte
considère comme réfugiée toute personne « craignant avec
raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa
nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou
de ses opinions politiques, se trouvant hors du pays dont elle a
la nationalité et qui ne peut, ou […] ne veut se réclamer de la
protection de ce pays. » Une définition qui exclut de fait les
Thème 3 • Des mobilités généralisées 79
 migrations climatiques, d’abord parce qu’elle ne cite pas le
climat comme un facteur de persécution, et ensuite parce
qu’elle s’applique uniquement aux personnes quittant leur
pays d’origine – alors que la grande majorité des migrations
climatiques sont pour l’heure des migrations internes. Parler de
« réfugiés climatiques », comme le font beaucoup de médias,
est donc un abus de langage, et la plupart des chercheurs, ONG
et autres acteurs impliqués sur le sujet évitent soigneusement
aujourd’hui d’employer ce terme.
France culture, 14 décembre 2018.
Cette activité permet aux élèves de s’approprier la compétence
« Identifier les contraintes d’une situation géographique ». C’est
l’occasion pour les élèves de comprendre les enjeux politiques,
économiques et sociaux du dérèglement climatique à travers
le cas des migrants climatiques. Ainsi, les élèves en perçoivent
les contraintes, les difficultés et défis. Cet exemple est aussi
l’occasion d’une prise de conscience des élèves sur les enjeux du
monde actuel et du monde de demain. Cet exemple participe
ainsi également au rôle de sensibilisation et d’éducation à la
citoyenneté de la géographie.
Réponses à l’activité
Il est possible d’organiser le rapport selon le plan suivant.
– Les migrations climatiques, un phénomène répandu à
travers le monde : formes diverses que peuvent prendre
les catastrophes conduisant aux migrations climatiques ;
universalité du phénomène de migrations climatiques, même
si l’Asie est le continent le plus touché (mais c’est aussi le plus
peuplé) (doc. 1 et 2).
– Apporter des solutions à ces migrations : différentes solutions
envisagées pour venir en aide à ces migrants mais aussi pour
empêcher la prolifération de ce type de migrations en agissant
dès aujourd’hui sur les taux d’émission de GES (doc. 3).
Exemple 5
Pourquoi les Européens vont-ils
de plus en plus étudier dans
les pays voisins ? p. 197
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
L’étude invite à comprendre les raisons de la hausse des
mobilités des étudiants en Europe mais aussi la persistance des
freins. Le programme proposant de se pencher sur les mobilités
d’études et de travail intra-européennes, cet exemple peut tenir
lieu d’étude de cas s’il est abordé en accroche du thème 3. Le
doc. 1 est une carte qui présente les flux étudiants entre pays
européens dans le cadre du programme Erasmus, nommé à
partir de 2014 Erasmus+ depuis qu’il bénéficie désormais aux
enseignants, formateurs, apprentis et jeunes diplômés. Mis en
place en 1987, il permet d’étudier ou de travailler dans un autre
pays. Il est ouvert aux 28 pays membres de l’Union européenne,
étendu à l’Islande, au Liechtenstein, à la Norvège, à la Macédoine
du Nord et à la Turquie. La carte montre clairement les disparités
dans ce domaine entre les États d’Europe de l’Ouest et les
États d’Europe de l’Est qui reproduisent les inégalités socio-
économiques. Plus de 300 000 étudiants et apprentis européens
partent désormais en mobilité chaque année, soit 100 fois plus
qu’en 1987. En mars 2019, le parlement européen a annoncé
son intention de tripler le budget d’Erasmus+. Le doc. 2 permet
80
de relativiser le succès du programme. Moins de 4 % des jeunes
européens ont bénéficié du programme Erasmus. De nombreux
freins à la mobilité persistent.
La mobilité étudiante croît dans le monde : elle est passée de
2,9 millions d’étudiants en 2006 à 5,1 millions en 2016, soit une
augmentation de 77 % en 10 ans. Elle croît plus vite que le nombre
total d’étudiants (146 millions en 2006, 218 millions en 2016, soit
une augmentation de 50 % sur la même période). Néanmoins, ce
sont seulement 2,9 % des étudiants qui sont en mobilité. L’Europe
est la première destination des étudiants mobiles avec 46 % des
entrées. Mais les étudiants sont principalement originaires d’Asie
et d’Océanie à hauteur de 42 %. Ces mobilités sont favorisées par
la mondialisation, la mise en réseaux croissante de la recherche
universitaire et la reconnaissance mutuelle des diplômes dans
certaines régions du monde (par exemple, la réforme LMD en
Europe initiée par le Processus de Bologne en 1998). Les raisons
du départ des étudiants sont souvent multiples et enchevêtrées :
proximité culturelle ou géographique, contingences financières,
objectifs professionnels et estudiantins, désir d’autonomie et
d’accomplissement personnel, etc. Les mobilités étudiantes ne
sont pas uniformes. Elles concernent davantage les hommes
que les femmes (les femmes représentent 51 % des étudiants
dans le monde mais seulement 47 % des étudiants mobiles). Les
mobilités étudiantes engendrent le plus souvent des circulations
migratoires car elles impliquent un retour dans le pays d’origine,
voire plusieurs allers-retours. Elles peuvent se transformer en
migration définitive lorsque l’étudiant s’installe dans le pays
d’accueil.
Quant à la compétence travaillée, les élèves sont invités à
formuler des hypothèses puis à les vérifier à l’aide d’une
navigation sur Internet en suivant les liens indiqués, en ouvrant
l’exemple numérique ou en recherchant des documents
complémentaires au CDI.
Réponses à l’activité
Hypothèse 1 : Comment expliquer les motivations des étudiants
et l’inégale attractivité des pays européens ?
1. Les étudiants européens partant étudier à l’étranger
proviennent principalement des pays d’Europe de l’Ouest.
Ces pays sont aussi leur principale destination. Ainsi, la France,
l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni sont les 5
principaux émetteurs de mobilités étudiantes Erasmus (entre
16 000 et 44 000 étudiants). Mais ce sont également les 5
principaux pays d’accueil (entre 25 000 et 47 000 étudiants).
Les pays d’Europe de l’Est sont en retrait. L’Islande, la Norvège,
la Macédoine du Nord et surtout la Turquie sont associées au
programme Erasmus bien que ne faisant pas partie de l’Union
européenne. Les flux sont représentés par des barres et non
des flèches afin de faciliter la lisibilité.
2. Les étudiants partent principalement dans les pays
d’Europe de l’Ouest afin de pouvoir parler couramment une
langue étrangère dont la diffusion est mondiale (l’anglais, le
français, l’espagnol, voire l’allemand). Ils privilégient aussi ces
destinations afin de pouvoir intégrer les universités les plus
prestigieuses dans les classements internationaux.
3. Autres hypothèses des motivations des étudiants partant
étudier à l’étranger : enrichir sa culture générale, trouver un
emploi dans une multinationale, exercer un emploi de cadre.
Hypothèse 2 : Pourquoi peu d’étudiants européens partent-ils
à l’étranger ?
1. Peu d’étudiants partent à l’étranger pour des raisons 2. Identifier Interpréter
financières. Les bourses sont encore trop faibles pour subvenir les informations les informations
à l’intégralité des besoins. Par ailleurs, il existe de grandes
Des travailleurs – 125 000 transfrontaliers – Massivité des flux
inégalités dans le niveau des bourses complémentaires transfrontaliers – 35 000 adhérents migratoires journaliers
accordées par les collectivités territoriales. nombreux à l’association – Importance des
2. Autres hypothèses expliquant ce faible taux de départ des réseaux mis en place
étudiants pour l’étranger : un frein culturel et social pour les Des – Les espaces – En raison des
jeunes qui n’ont pas déjà effectué des voyages scolaires ou des conséquences transfrontaliers sont des différentiels
séjours à l’étranger (un « capital de mobilité » plus faible), une pour les espaces de vie et de travail économiques
offre de partenariat moins importante pour certaines universités territoires – Des différences entre – En raison de politiques
et écoles (les écoles de commerce, les écoles d’ingénieur, les les deux territoires locales différentes
grandes écoles proposent davantage de choix et les partenariats transfrontaliers : emploi, – Une pratique sélective
conclus sont plus prestigieux). fiscalité, protection sociale des territoires selon leurs
avantages respectifs
Bilan : La première partie du bilan s’appuie sur les réponses
précédentes. Concernant les hypothèses, les élèves 3. Toutes les affirmations peuvent être sélectionnées car elles
peuvent mobiliser diverses pistes : financières (bourses plus montrent toutes d’une manière ou d’une autre une limite du
conséquentes…), politiques (incitation plus forte des États), document.
sociologiques (incitation culturelle…), etc.
Pour s’entraîner p. 201
1. Le document est une affiche dont le commanditaire est
Méthodes l’organisateur des salons du tourisme. Il a une compétence
nationale (Lille, Lyon, Paris). Ce document a un intérêt particulier
Transposer un texte en croquis p. 198 puisque la France est la première destination touristique et un
Titre : Venise, un espace recomposé par les mobilités touristiques acteur important des mobilités touristiques internationales.
2. Des formes de tourisme
Une lagune touristique variées : tourisme culturel (villes),
Burano
tourisme culturel tourisme balnéaire de nature (montagne), de loisirs
Mestre
Murano
route et terminal de croisière (plage).
Lido de Jesolo Des mobilités touristiques
Le tourisme, source de conflits d’usage
Venise
mondialisées : flux aériens,
Port de zone industrialo-
zone résidentielle portuaire juxtaposition de lieux
Marghera
route maritime (pétroliers, porte-conteneurs) touristiques répartis sur toute
Lagune départ de 1000 habitants chaque année du la planète (France, États-Unis,
Lido de Venise centre de Venise face à la pression touristique Moyen-Orient…).
Vers une gestion durable du tourisme à Venise ? Des territoires privilégiés : les
enfoncement de la lagune pour des raisons sites culturels (pyramides de
naturelles et anthropiques
Mer Gizeh au Caire, tour Eiffel à Paris,
Adriatique N barrières anti-inondations du système MOISE
Golden bridge de San Francisco,
nouvelle route et nouveau terminal pour Burj Khalifa à Dubai), des villes
0 5 km
les bateaux de croisière à partir de 2019
(paysages urbains), des sites
naturels (montagnes, plages).
Pour s’entraîner p. 199
3. Les affirmations suivantes
Titre : Dubai, un espace recomposé par les mobilités touristiques peuvent être sélectionnées pour
aider à critiquer le document.
Un espace créé de toute pièce pour capter
les mobilités touristiques
L’affiche ne rend pas compte
Palm Jumeirah
Aquaventure du tourisme d’affaires ; l’affiche
archipel artificiel gagné sur la mer
axe de transport maritime défend des intérêts privés ; les
axe de transport terrestre éléments visuels de l’affiche aident
lagon à illustrer les mobilités touristiques
De multiples aménagements destinés aux touristes
internationales ; l’affiche présente
plage
des éléments contradictoires
marina (avion/nature).
hôtels, restaurants
parc d’attraction Rédiger l’introduction
tour remarquable et la conclusion de
quartier résidentiel de luxe
Tour Cayan la réponse à une question
problématisée p. 202
Analyser une affiche p. 200 1. Migrations : une migration est un déplacement d’un individu
1. Le document est une affiche dont le commanditaire est GTE, vers un autre pays que son pays de naissance, sans retour à
une association franco-suisse à but non lucratif dont l’objectif court terme. Elle peut être motivée par des raisons politiques,
est l’aide aux travailleurs transfrontaliers. économiques, climatiques.

Thème 3 • Des mobilités généralisées 81

 Mobilités touristiques : elles sont en hausse en raison de
l’augmentation de l’offre (accessibilité du transport aérien,
Réviser  p. 204-205
multiplication des infrastructures d’accueil) et de la demande
(hausse du niveau de vie et du temps libre), notamment dans Localiser
les pays émergents. Elles peuvent être liées à des motifs variés : Les pôles des migrations internationales
loisirs, culture, mémoire…
Généralisation : malgré la généralisation liée à la transition
touristique, certains espaces jugés trop instables politiquement
ou précaires économiquement sont exclus des mobilités
touristiques.
Mobilités : c’est le terme utilisé pour les flux humains. Ils
recouvrent donc les migrations (flux linéaire à long terme) aux
mobilités touristiques (flux cycliques à court terme).
2. La première proposition est la meilleure car elle annonce
clairement l’organisation de la réponse à la question
problématisée.
3. Proposition de rédaction.
Ainsi, les migrations et les mobilités touristiques internationales
principaux pays d’immigration
reflètent la généralisation des mobilités à l’échelle planétaire,
tant dans leur massification que dans leur diffusion planétaire flux migratoires principaux
et leurs conséquences sur les territoires.
Les pôles des mobilités touristiques

À l’oral
Confronter deux documents
pour les présenter à l’oral p. 203 Amérique
du Nord Europe
occidentale Asie de l’Est
1. Les informations suivantes peuvent être sélectionnées :
Les sources opposent ces deux documents ; les échelles d’analyse
sont complémentaires ; leurs informations sont complémentaires ;
leurs informations sont opposables.
2. et 3. Causes Conséquences
Une Europe – Europe vieillissante – Migration de masse
principaux foyers émetteurs
menacée (doc. 1) et qui se dépeuple à venir et récepteurs de touristes internationaux
– L’Afrique sort – Risque de faire de principaux flux touristiques
de la pauvreté l’Europe une forteresse
(contre les valeurs
européennes) Définir
Les définitions de ces termes sont toutes dans le lexique du
Des migrations – Les migrants – Hausse importante de
à relativiser africains s’installent l’immigration à prévoir
manuel p. 266-268.
(doc. 2) essentiellement dans mais pas une invasion
d’autres pays d’Afrique Expliquer
– L’Afrique est trop L’amélioration des réseaux : aéroport international, port de
pauvre pour migrer croisière, NTIC.
Les transformations du mode de vie : essor du temps libre,
accès à l’information.
Les décisions politiques : octroi de visas, passeports, accords
de libre-circulation, mise en tourisme.

Argumenter
Les pays en développement peuvent aussi être des pays
d’immigration. Ainsi, les principaux pays d’accueil de réfugiés
sont des pays en développement (Pakistan, Turquie, Liban) ;
par ailleurs, des pays comme la Turquie ou le Mexique sont
aussi des grands pays d’immigration.
Les migrations internationales transforment le pays de
départ car les migrants y renvoient des remises qui peuvent
contribuer à financer des routes, des logements, etc.
Le nombre de migrants internationaux augmente fortement
mais ceux-ci ne constituent que 3 % de l’humanité.

82
Les mobilités touristiques internationales participent à la
création d’espaces. Par exemple, elles favorisent la création de
parcs à thème (Disneyland), de stations balnéaires (Cancun),
d’îles artificielles (Dubai).
Conclusion  p. 206-207
Des mobilités multiples dans le monde
Cette double page de conclusion invite à une réflexion
systémique sur le thème 3 (des mobilités généralisées). Placée
en amont de l’étude du chapitre sur la France, elle permet de
poser les jalons qui seront nécessaires pour aborder la question
à l’échelle nationale ou régionale (France, Afrique australe dans
le chapitre conclusif).
Il s’agit d’abord de dessiner une carte simplifiée des différentes
formes de mobilités dans le monde. À travers cette typologie,
l’élève construit un socle de connaissances à l’échelle mondiale.
Puis, il s’agit de remobiliser les notions du thème en les mettant
en relation dans un organigramme systémique, avant de
changer d’échelle (ouverture sur la France, et sur l’Afrique
australe du thème 4).
Mettre en relation et changer d’échelle
1. Il s’agit ici de sélectionner les éléments du schéma systémique
adapté à chaque exemple étudié en excluant les idées hors sujet.
2. La France apparaît comme une terre d’accueil pour les
migrations internationales même si dans le cadre de l’intégration
européenne, elle consolide ses frontières dans une politique
sélective des migrants. Elle est aussi le premier pôle d’accueil
des mobilités touristiques internationales.
3. La France est concernée par la plupart des cases, à l’exception
des cases caractérisant l’émigration pour des raisons politiques
et économiques.
4. L’Afrique australe est un espace marqué par de nombreux
flux migratoires internes et externes. De même, elle accueille
des mobilités touristiques internationales. Cependant, elle est
aussi concernée par l’immigration internationale.
5. Il est possible de sélectionner l’ensemble des cases en les
illustrant d’exemples à l’échelle régionale (pour le tourisme
par exemple) ou locale (pour les pays d’accueil ou de départ
par exemple).

Cartographier
Titre : Des mobilités planétaires multiples mais généralisées

Des mobilités multiples

flux migratoire
Amérique Europe ou touristique majeur
du Nord occidentale
Londres flux migratoire secondaire
Los
Angeles Paris
New York flux touristique secondaire
Tokyo
Séoul
Dubai
Asie de l’Est Des territoires recomposés
Moyen- grande région d’accueil des
orient flux migratoires et touristiques
Singapour
région secondaire d’accueil
des flux touristiques

Rio de Janeiro région de départ

Sydney des flux migratoires
métropole (accueil de migrants
et de touristes)

Thème 3 • Des mobilités généralisées 83

 CHAPITRE
La France : mobilités, transports
8 et enjeux d’aménagement

Introduction Bibliographie
Ce chapitre 8 s’inscrit comme un éclairage particulier, à l’échelle de la
France, du chapitre précédent sur les mobilités. Ces dernières sont au cœur L. CAILLY, Les habitants du périurbain tourangeau
à l’épreuve d’un changement de modèle : vers une
de notre quotidien et de nos modes de vie que ce soit pour aller au travail,
recomposition des modes d’habiter ? L’exemple
à l’école, pratiquer un sport ou des loisirs. Ce thème permet de mener une des habitants de la ZAC des Terrasses de Bodets
réflexion sur les modalités de déplacement qui, bien que relevant de choix à Montlouis-sur-Loire, Norois, 2014.
individuels, dépendent aussi des infrastructures et des aménagements.
L’enjeu est de mettre en avant une réflexion personnelle des élèves sur S. CARPENTIER, P. GERBER, Mobilités et modes
de vie, vers une recomposition de l’habiter,
l’enjeu des aménagements de transport et de communication en montrant PUR, 2016.
les discussions nombreuses et contradictoires mais aussi conflictuelles que
cela peut nourrir. S. DUBOIS, K. SUTTON, La France, Géographie
Le chapitre ouvre une réflexion sur les mobilités quotidiennes, que l’on d’un pays qui se réinvente, Bréal, 2018.
peut mener pas à pas avec les élèves (p. 208-209). À partir du constat des P. SUBRA, Géopolitique locale, Territoires,
embouteillages mais aussi des solutions alternatives à la voiture qui se mettent acteurs, conflits, Armand Colin, 2016.
en place ou des nouvelles formes de mobilités, émerge une problématique :
Comment les différentes mobilités influencent-elles l’aménagement des
territoires français ? Aussi, il ne faudrait pas oublier la question de l’accès
aux réseaux numériques qui structurent aujourd’hui une partie des activités Sitographie
et des déplacements. La double page de cartes (p. 210-211) est l’occasion
https://www.mobilitesmagazine.com
d’interroger les élèves sur l’importance des mobilités pendulaires et son
corollaire en termes d’infrastructures et d’aménagement. L’exemple sur http://www.emheditions.com
les enjeux d’aménagement dans les Alpes (p. 216-217) donne une vision
globale de la séquence sur les mobilités et les enjeux d’aménagement https://www.cerema.fr/fr
permettant de faire émerger le constat de l’impérieuse nécessité d’aménager http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-
le territoire pour s’adapter aux flux et donc de trouver des solutions pour scientifiques/dossiers-thematiques/mobilites-flux-
un transport plus durable. Les réseaux de transports doivent s’adapter à ces et-transports/corpus-documentaire/mayotte-un-
mobilités plus intenses dans le contexte du Grand Paris et plus complexes dom-insulaire-a-desenclaver
(à différentes échelles), ce que met en avant l’exemple du pôle d’échange
multimodal de Massy (p. 218-219). L’étude à grande échelle de Toulouse (p.
220) éclaire le caractère conflictuel et politique de l’offre de transport en
commun et des alternatives à la voiture, véritable enjeu citoyen sur lequel
les élèves sont amenés à réfléchir. Enfin, la situation du hub de Roissy
(p. 221) permet de faire comprendre aux élèves la nécessaire adaptation
des infrastructures aux évolutions des mobilités.

84
 Choix des documents d’ouverture
 p. 208-209
En étudiant les mobilités, il est possible de partir des pratiques
de nos élèves dont les déplacements peuvent parfois être
complexes et utiliser plusieurs des moyens de transport collectif
ou individuel (trottinette, scooter, voiture sans permis) pour
venir au lycée. Ces mobilités peuvent aussi être mises en lumière
lors de sorties scolaires. Aussi, les documents d’ouverture
permettent de partir des enjeux liés aux déplacements dans les
aires urbaines. Loin de constituer l’unique enjeu des mobilités,
cela permet de cerner une situation problème, de manière
simple en partant du vécu d’un grand nombre d’élèves. Les
mobilités en voiture restent majoritaires entraînant ainsi,
dans de nombreuses aires urbaines, des axes saturés et des
embouteillages (doc. 3).
Les embouteillages (doc. 3) rythment le quotidien des citadins
des grandes métropoles françaises, particulièrement à Paris
(64 heures en moyenne pour un automobiliste parisien). Au
total, les conducteurs parisiens passent 11 % de leur temps
en voiture dans les bouchons. Outre la lassitude exercée
chez les conducteurs, cette situation pose aussi un problème
financier. L’Inrix a calculé en 2017 les coûts directs (carburant
gaspillé, improductivité liée aux retards de salariés, coûts
supplémentaires pour les transporteurs routiers, etc.) et indirects
(hausse au final des prix à la consommation) des embouteillages
pour la France : 17 milliards d’euros en 2013 (22 milliards prévus
en 2030, soit une hausse de 31 %). Entre 2013 et 2030, le coût
total cumulé des embouteillages atteindra 350 milliards d’euros
dans l’Hexagone.
Les documents invitent à montrer la diversité des modes de
transport, notamment les alternatives à la voiture (doc. 1) ainsi
que les nouvelles pratiques de mobilités, transformées par les
nouvelles technologies (doc. 2).
Réponses aux questions
1. Les embouteillages sont une des réalités des déplacements
quotidiens des Français dans les grandes agglomérations
comme Paris, Bordeaux, Marseille ou Lyon. Le temps perdu
sur une année peut correspondre à l’équivalent de plusieurs
jours. Pour un automobiliste bordelais, par exemple, ce sont
l’équivalent de 10 jours en moyenne qui sont perdus en un
an de trajets quotidiens en voiture.
2. Les villes étoffent leur offre de transport alternatif à la
voiture comme à Nice qui s’est équipée de lignes de tramway
développant ainsi des mobilités douces en permettant des
cohabitations avec piétons et cyclistes.
3. Les aménagements doivent prendre en compte la diversité
des modes de transport utilisés ainsi que des mobilités
plus nombreuses et complexes. Les collectivités locales
peuvent mettre en place des outils numériques facilitant les
déplacements. Ainsi, il est désormais possible de visualiser
une variété d’itinéraires utilisant une combinaison de mode de
transports et les horaires associés, rendant les déplacements
plus efficaces. Ainsi, l’utilisation du numérique est à l’origine de
nouvelles formes de mobilités. Cependant, il faut aussi prendre
en compte les déplacements entre les aires urbaines et avoir
une analyse à l’échelle des régions voire nationale pour cerner
l’ensemble des enjeux liés aux mobilités.
Cartes
Mobilités et réseaux
de communication en France p. 210-211
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
Cette double page permet de poser un constat sur les
mobilités et réseaux de communication en France. Tout
d’abord, les mobilités restent encore aujourd’hui fortement
marquées par les mobilités pendulaires. La spatialisation des
déplacements domicile-travail (doc. 1) permet de repérer
des formes d’hypermobilité caractéristiques du processus de
métropolisation. On peut lire en creux des territoires à l’écart
de ces mobilités. Le doc. 2 poursuit ce constat en insistant sur
l’importance de l’accès aux réseaux numériques. Une large partie
du territoire français est couvert par des réseaux numériques
rapides et performants mais certains espaces apparaissent
aussi comme des zones blanches ne disposant ni de réseau
4G ou d’Internet à haut débit.
L’accès au numérique (doc. 2)
L’accès au numérique est un enjeu pour toutes les collectivités
territoriales mais aussi une question centrale pour les États dans
un contexte de mondialisation. Les réseaux numériques sont
vecteurs de flux nécessitant des infrastructures conséquentes
et parfois sensibles et stratégiques. Or, il est aussi important
de comprendre la géographie des câbles sous-marins et des
data centers. Aujourd’hui, la France possède plus de 25 câbles
sous-marins (430 dans le monde) permettant des échanges
numériques entre la France et le reste du monde. Ces câbles
s’étirent sur des milliers de kilomètres et assurent 99 % des
communications intercontinentales de la téléphonie mobile
ou d’Internet. Aussi, ces câbles se concentrent dans quelques
pôles en France et notamment Marseille qui est en passe de
devenir un hub numérique avec 14 câbles. La ville est une porte
d’entrée et de sortie pour les données numériques, les liaisons
filaires permettent des échanges entre l’Europe, l’Afrique,
l’Asie et le Moyen-Orient et 80 % de ces échanges passent
par Marseille. Le groupe néerlandais Interxion (2e groupe
mondial) investit et fait construire des centres de données
(Data centers) qui stockent les données numériques des grandes
entreprises et administrations. Cela nécessite de construire des
bâtiments volumineux, sécurisés à proximité de l’arrivée des
câbles sur le port. Ainsi, le futur data center baptisé MRS3 est
en construction, pour 140 millions d’euros, dans les bassins
Est du grand port de Marseille, dans l’ancienne base navale
allemande de sous-marins de la Seconde Guerre mondiale.
Le doc. 3 permet d’appréhender la structuration des réseaux de
transport en France et leur ouverture aux réseaux européens
et mondiaux. La nécessaire modernisation des réseaux de
transports et les aménagements de nouvelles infrastructures
restent cependant de plus en plus soumis à des formes de
contestations voire d’oppositions citoyennes qui aboutissent
parfois à l’annulation des projets comme l’aéroport de Notre-
Dame des Landes (doc. 4).
Lire les cartes
Cartes 1 et 2 - Les mobilités domicile-travail se concentrent
autour des principales métropoles comme Bordeaux, Nantes,
Lille-Roubaix-Tourcoing et montrent l’importance des espaces
Thème 3 • Des mobilités généralisées 85
 périurbains et leurs fortes connexions aux villes-centre. Ces
déplacements sont complexes et structurent de vastes espaces
le long de l’espace rhénan ou rhodanien par exemple. Les
réseaux numériques montrent qu’une grande partie du territoire
français dispose d’un accès à la grande vitesse (4G ou Internet
haut débit), certaines grandes métropoles expérimentent la
5G. Cependant, certains espaces moins urbanisés et à l’écart
des grands pôles urbains ne disposent pas de cet accès au
réseau numérique.
Cartes 3 et 4 - Le territoire français dispose d’un réseau de
transport moderne performant relié aux grands axes de
communication mondiaux ou européens par des interfaces
terrestres ou maritimes dynamiques. Paris concentre les
principaux aéroports et polarise les principaux réseaux à
grande vitesse. Les réseaux de transports sont denses autour
des principales métropoles et des espaces de fortes densités.
Les espaces ruraux éloignés des principaux pôles urbains
restent enclavés. Certains aménagements sont contestés car
une autoroute ou un aéroport apportent aussi des nuisances
et transforment un cadre de vie.
Cours 1
Des mobilités généralisées
en France p. 212-213
Présentation des documents et repères
Ils approfondissent le constat posé dans la double page sur
les enjeux liés aux mobilités. Le Repère montre la diversité des
modes de transport utilisés quotidiennement pour aller au
travail mais souligne l’importance de la voiture et ce malgré des
différences régionales parfois marquées. Les élèves peuvent
repérer que les régions où l’on utilise le moins la voiture sont
aussi les régions les plus urbanisées où l’on trouve de grandes
villes en commençant par la région parisienne. Cela permet
de faire le lien entre la métropolisation et les usages liés au
transport qui peuvent être différents dans les espaces ruraux.
Le doc. 2 insiste sur les paradoxes de la mobilité et permet
une analyse plus critique en regardant les limites sociales et
géographiques de ces mobilités. Enfin, les doc. 1 et 3 présentent
les mobilités saisonnières liées au tourisme en montrant la
centralité de la France et son attractivité.
Les mobilités touristiques en France et leurs effets
(doc. 3)
Les mobilités touristiques impliquent une variation parfois
importante de la population sur un territoire donné. Ces flux
peuvent être une source de revenus importants permettant à
Laurent Davezies et Christophe Terrier de parler d’économie
présentielle. Les deux auteurs quantifient l’impact économique
du tourisme sur les activités d’un espace donné. Le tourisme
peut représenter jusqu’à 7 % des emplois salariés dans les
régions les plus touristiques (en rouge et orange sur la carte)
et plus de 420 000 emplois en France. Les flux touristiques
touchent de plus en plus de territoires et s’étendent désormais
sur de plus longues périodes. Leur saisonnalité reste forte
et très variable en fonction du type de tourisme et impacte
fortement les territoires. En prolongeant la réflexion, cela
implique d’adapter certaines infrastructures de transport à
des flux parfois conséquents pouvant saturer les réseaux et
pénaliser les résidents (augmentation des prix du logement,
du coût de la vie). 6 % des émissions de Gaz à effet de serre
86
sont liées à ces mobilités touristiques. C’est le cas pour les
autoroutes de Savoie et de Haute-Savoie ainsi que les accès
aux stations de sports d’hiver. Or, il n’existe pas ou peu de
politiques associant les acteurs du tourisme.
Capacités et méthodes
1. L’hélicoptère, le transport fluvial, le vélo et la voiture dans
la vallée de la Loire, la région Midi-Pyrénées et la région de
Champagne sont mises en avant dans ce document faisant la
promotion de la France pour les touristes indiens.
2. Les modes de transport mis en avant dans la publicité restent
marginaux dans les déplacements de touristes qui arrivent
bien souvent en voiture ou en avion en France.
3. Cette promotion de transports diversifiés est un argument
publicitaire permettant de valoriser des mobilités conformes aux
représentations parfois folklorisées des touristes, notamment
l’image d’une 2CV Citroën, tout en mettant en avant des
régions emblématiques voire iconiques et de ce fait connues
mondialement.
Cours 2
Les enjeux d’aménagement des
transports et de communicationp. 214-215
Présentation des documents et repères
Les documents accompagnant ce second cours « Les enjeux
d’aménagement des transports et de communication »
permettent de répondre à la problématique posée : « Comment
les réseaux de transport et de communication s’adaptent-ils
à l’essor des mobilités ? ».
Ce deuxième axe du chapitre présente donc les enjeux des
aménagements des transports et de communication en
montrant comment ils s’adaptent, parfois imparfaitement,
à l’évolution des mobilités et des flux. Le Repère A pose la
question de l’accès au réseau numérique et des différents
types d’usages d’Internet en montrant l’importance de la
téléphonie mobile dans les pratiques actuelles. Plusieurs
documents insistent sur les transports collectifs et publics
qu’ils soient organisés à l’échelle des aires urbaines en
proposant une offre gratuite (Repère B) ou à l’échelle régionale
(doc. 1). Force est de constater l’importance des transports
dans la structuration des espaces et des mobilités dans les
régions. Le doc. 1 permet de travailler avec les élèves sur le
financement de ces transports et son incidence sur le prix
des billets. Nous pouvons aussi insister sur l’importance des
investissements publics pour l’entretien du réseau ferré. Les
élèves peuvent prendre conscience des mutations en cours
dans les déplacements notamment avec de nouvelles formes
de mobilités liées au covoiturage (doc. 2). Il ne s’agit pas ici
de plateformes Internet proposant des services payants mais
d’une collectivité territoriale développant des infrastructures,
ici une aire de covoiturage, afin de limiter le nombre de
véhicules sur les routes. Enfin, l’éloignement de nombre de
territoires ultramarins du territoire métropolitain est un enjeu
pour l’égalité républicaine. Aussi, le principe de continuité
territoriale facilite les déplacements par exemple entre la
Guadeloupe et la métropole (doc. 3). Les élèves peuvent
donc apercevoir les échelles très différentes des réseaux et
des infrastructures de transports en France.
 Le principe de continuité territoriale (doc. 3) prend une Bernard Debarbieux a bien démontré que la traversée des
importance particulière pour l’île de Mayotte. C’est la seule île de Alpes devait être pensée en fonction de « son inscription
l’archipel des Comores à n’avoir pas voulu devenir indépendante. dans les grandes lignes ou surfaces du continent européen
Elle est devenue un département français en 2011. 85 % de la ou, rapportées aux grands ensembles régionaux dans lesquels
population mahoraise vit sous le seuil de pauvreté, 71 % des plus les Alpes s’insèrent ». La question des échelles est donc une
de 15 ans n’ont aucun diplôme, plus du tiers de la population question majeure pour le géographe. Ce massif peut apparaître
est au chômage. Difficilement accessible car 15 heures sont comme une barrière mais il a été très tôt traversé par des flux.
nécessaires pour y accéder depuis la métropole, ce territoire L’ouverture des frontières économiques et le développement
marginal est une périphérie. La question de l’enclavement et contemporain de complémentarités économiques entre
de la périphéricité est donc cruciale. Pour remédier à cela, deux la France et l’Italie renforcent les flux et recomposent les
solutions sont envisagées. Tout d’abord, l’allongement de la territoires. Or, le financement des politiques alpines de
piste de l’aéroport pour permettre aux avions gros porteurs transport dépend pour une large part sur des financements
d’atterrir. Cela pourrait cependant détériorer le milieu naturel à l’extérieur des Alpes, notamment des États comme dans le
littoral et son écosystème fragile. Cette solution a été pour cas du projet Lyon-Turin. Ce projet permet un report modal
l’heure abandonnée. La seconde solution passe alors par la du transport des marchandises, priorité mise en avant par
diversification des offres des compagnies aériennes notamment l’Union européenne jusqu’en 2001. Depuis, l’UE insiste sur la
des liaisons avec La Réunion. possibilité de soumettre les déplacements de marchandises à
une taxation des nuisances environnementales. Cette évolution
de la gouvernance européenne fragilise les grands projets.
Capacités et méthodes Kevin Sutton insiste sur l’enjeu de gouvernance politique et en
Les documents iconographiques sont très présents dans particulier l’absence de concertation et les évolutions du tracé
nos modes de vie et il est donc important que les élèves à l’origine du projet Lyon-Turin. Les enquêtes publiques sont
sachent donner du sens à ces documents et en dégager une à l’origine de contestations diverses portées par des collectifs
interprétation géographique. associatifs apparus en réaction à ce projet. La mobilisation en
France porte principalement sur l’utilité contesté du projet et
1. Ce sont les départements du Pas-de-Calais et du Nord, c’est-
l’absence de référentiel alpin du fait de contestation née dans
à-dire des collectivités territoriales, qui font la promotion du
des territoires périurbains.
covoiturage.
2. Covoiturer permet d’économiser de l’essence, l’usure de la
voiture voire les péages autoroutiers. Le covoiturage permet de L’activité permet de travailler avec les élèves sur la situation du
faire baisser le nombre de véhicules sur les routes limitant ainsi massif alpin replacé dans un cadre national et européen avec
l’impact des déplacements et de préserver l’environnement. des flux d’une grande diversité sur des axes locaux, nationaux
Enfin, covoiturer c’est par définition se déplacer à plusieurs ou transnationaux.
personnes dans un véhicule, ce qui contribue à créer de la
convivialité.
Réponses aux activités
Itinéraire 1
3. Le covoiturage nécessite de poser son véhicule à une heure
donnée, en un lieu donné. Or les modes de vie nécessitent Échelle
Échelle Échelle
parfois des trajets complexes et une chaîne multimodale nationale et
locale régionale
difficilement compatible. La sécurisation du trajet peut aussi européenne
être un frein si l’autre covoitureur doit repartir chez lui (enfant Quels flux ? Flux de Flux touristiques Flux touristique,
malade). Enfin, certaines personnes peuvent par confort doc. 1 et 3 marchandises saisonniers pour flux de
personnel préférer se déplacer dans leur véhicule propre. Enfin, et de navetteurs rejoindre les voyageurs et de
les aires sont parfois saturées et l’offre peut être insuffisante. entre les pôles stations de skis marchandises
urbains
Quels Axes LGV Lyon-Turin
Exemple 1 aménagements ?
doc. 2 et 3
autoroutiers
nombreux mais
en construction
et s’intégrant
Quels enjeux d’aménagement présentant au corridor
trois interfaces méditerranéen
pour traverser les Alpes ? p. 216-217 transfrontalières
dont deux
Enjeu de l’exemple et présentation des documents tunnels (Mont
Traverser les Alpes est un enjeu contemporain tant les flux y Blanc et le
Fréjus)
sont intenses et concentrés sur des axes contraints. Touristes
français ou internationaux et camions de marchandises en Quels Les flux intenses Les axes sont Les
direction de la Suisse ou de l’Italie (doc. 2) se mêlent aux problèmes ? engendrent des saturés et aménagements
populations sur des axes parfois saturés (doc. 1). Ce constat Quels débats ? pollutions congestionnés sont contestés
permet aux élèves de réfléchir sur la densité des infrastructures doc. 1, 3 et 5 Les populations par des
existantes (doc. 2) mais aussi sur les projets d’aménagement sont mobilisées mobilisations
contre ce risque citoyennes
(doc. 3) parfois conflictuels notamment autour du projet de
sanitaire majeur
la Ligne à grande vitesse Lyon-Turin (doc. 5). La question des notamment
infrastructures de transport est devenue un enjeu sociétal dans les vallées
mobilisant les citoyens (doc. 4).

Thème 3 • Des mobilités généralisées 87

 Itinéraire 2 olympiques de 2024 (ligne 15 sud et la desserte de Clichy-
sous-Bois). Ce chantier de 38 milliards d’euros pose question
Arguments en faveur Arguments contre le sur les délais de sa réalisation et de son coût. 111 chantiers
du projet de LGV Lyon-Turin projet de LGV Lyon-Turin
sont en cours le long des 205 kilomètres des 4 futures lignes.
Les arguments des opposants au Les arguments des partisans En 2019, 21 grosses foreuses (tunneliers) doivent entrer
projet portent sur : reposent sur : en action à 20 mètres sous terres, parfois sous les nappes
– le coût de la LGV – sur le constat de saturation phréatiques ou autres complications géologiques.
– l’importance des pollutions liées des axes de transports et les
aux transports automobiles non pollutions qui s’intensifient dans
réglées par cette infrastructure les vallées alpines En travaillant la réalisation d’une production cartographique,
réservée au fret – les avantages du Lyon-Turin : les élèves sont amenés à réfléchir aux éléments importants et
– un transport de marchandises qui fluidifier et augmenter le trafic structurant d’un pôle multimodal et de ce fait à s’interroger
stagne ou recule entre la France et – permettrait d’aménager et sur le sens de cette notion. Les élèves doivent alors passer
l’Italie faisant ainsi la démonstration de développer la région et les de la diversité des documents et de leurs informations pour
d’un grand projet inutile territoires transfrontaliers les représenter simplement sous forme graphique. Le soin et
l’organisation de la légende sont travaillés et peuvent faire
l’objet d’une évaluation formative ou sommative. L’activité fait
Exemple 2 aussi le lien entre la complexité des mobilités et l’évolution des
infrastructures, il peut donc servir à illustrer une partie d’un
Comment la gare de Massy développement.
reflète-t-elle les défis du Grand Paris Réponses à l’activité
Express en Île-de-France ? p. 218-219 Itinéraire 1
Titre : Massy, un pôle d’échanges multimodal en construction
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Les programmes insistent sur la nécessité d’appréhender
QUARTIER
la configuration spatiale des réseaux de transport et de VILMORIN
réfléchir aux formes de mobilités. Nous proposons de partir
RER C
d’une infrastructure, ici un pôle d’échange multimodal, pour Parking relais gare TGV
comprendre comment les mobilités intenses et complexes
QUARTIER
nécessitent des investissements conséquents dans une RER B ATLANTIS
démarche multiscalaire. La question des échelles est ici
intéressante car elle mêle l’échelle nationale avec la gare TGV
(doc. 4), régionale avec les dessertes du RER B et C (doc. 3)
la future gare du Grand Paris Express (doc. 1 et 2) mais aussi
l’échelle locale avec la densification des quartiers de gares afin
Un pôle d’échange intégré Des aménagements et
que les populations limitent leurs déplacements en voiture
dans un tissu urbain dense des mobilités à l’échelle
(doc. 3). Cela permet donc de rendre concret la notion de pôle
RER gare régionale et nationale
multimodal pour les élèves et de cerner les enjeux complexes
RER gare et parking
autoroute
N
des aménagements pour créer des alternatives à la voiture
LGV 0relais200 m
(doc. 2) et le développement de mobilités douces et autonomes ligne
passerelle futur aménagement
(doc. 1). piétonne de bus de transport : ligne 18
du GPE et tram-train
Les infrastructures du Grand Paris Express (doc. 1) représentent quartier quartier (Versailles-Massy-
mixte résidentiel
un investissement conséquent, transformant à terme les Évry)
mobilités de la région parisienne. Situé principalement en
banlieue, le GPE relie les pôles économiques majeurs de Itinéraire 2
la finance (La Défense), de l’aéronautique (Le Bourget), la Pistes de réponse possibles.
recherche universitaire et scientifique (Saclay) et assure des – Les mobilités de l’aire urbaine de Paris sont complexes et
liaisons rapides entre les trois aéroports. Le pôle multimodal mêlent plusieurs échelles de déplacement. Les mobilités en
de Massy-Palaiseau sera à 9 minutes de l’aéroport d’Orly contre direction de Paris-banlieue ou banlieue-Paris sont nombreuses.
29 aujourd’hui. L’aménagement de l’agglomération parisienne Jusqu’alors les liaisons entre les grands pôles de l’aire urbaine
a longtemps été le fait de l’État du fait de l’importance passaient souvent par Paris. On observe que le projet du Grand
stratégique et économique de ce territoire. Ce n’est que dans Paris Express permet d’envisager des liaisons entre les pôles
les années 2000 que la Région peut fixer un Schéma directeur de la petite et grande couronne parisienne.
pour les transports (SDRIF) et prendre la direction du Syndicat – Le pôle multimodal de Massy-Palaiseau, situé entre l’aéroport
des transports (STIF). Or, le projet GPE a été élaboré entre d’Orly, l’université de Saclay et la Défense, assure une grande
2008 et 2010 par un secrétariat d’État créé pour l’occasion connexion entre les réseaux de bus, de RER, de TGV mais aussi
par Nicolas Sarkozy alors Président de la République. Cette autoroutier.
décision a été perçue par la Région Île-de-France comme
une reprise en main par l’État de l’aménagement, créant
ainsi une situation politique conflictuelle. En 2019, après une
phase d’incertitude, les travaux du nouveau réseau du métro
automatique ont commencé par les lignes liées aux Jeux

88

Exemple 3
Comment faire face à l’essor des
mobilités pendulaires à Toulouse ? p. 220
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
L’aire urbaine de Toulouse a connu un accroissement
démographique et un étalement de l’habitat et des activités
conséquent. Les embouteillages sont donc une donnée majeure
des mobilités quotidiennes pour rejoindre son lieu de travail
(doc. 1) car la voiture reste le mode de transport très largement
utilisé (doc. 2). Cela amène les autorités à réfléchir à des solutions
alternatives avec la mise en place de transports plus durables
(doc. 3) mais ces solutions font débat quant à leur modalité
(doc. 4).
Le projet Mobilités 2025-2030 de Toulouse comporte trois
priorités (doc. 3) : le report modal, la cohérence urbanisme-
mobilités et l’organisation des réseaux routiers et de
stationnements. La révision du Plan de déplacement urbain
s’inscrit dans la nécessaire prise en compte des nouvelles formes
de mobilités, l’évolution du cadre législatif (loi MAPTAM) et
l’attractivité toujours actuelle de la métropole toulousaine.
Le Schéma de cohérence territorial (SCOT) prévoit pour
2030, 250 000 personnes, 140 000 emplois et plus de 200 000
logements supplémentaires, intensifiant de fait, les mobilités
(4,5 millions de déplacements en 2025 contre 500 000 selon les
projection). Le réseau de transport structurant (les deux lignes
de métro et les lignes de tramway) est radial et permet de relier
le centre-ville de Toulouse mais ne permet pas de relier les
différents pôles de l’agglomération entre eux. Les déplacements
sont donc organisés en bassin de mobilité et polarisés par
l’hypercentre toulousain. L’urbanisation de nouveaux secteurs
est conditionnée à la signature d’un contrat d’axe. Il s’agit par
ce type de contrat de mieux planifier les politiques urbaines et
de coordonner l’intensification de l’urbanisation avec l’offre
structurante de transport en commun (métro, tramway, bus à
haut niveau de service souvent en site propre). Le PDU en vigueur
prévoit donc la densification des secteurs urbanisés à proximité
des transports en commun mais aussi un développement du
réseau de transport. Ainsi, de nouveaux outils permettent de
prendre en compte une des causes majeures de l’augmentation
des mobilités : l’extension de l’urbanisation du territoire. Le bilan
de cette politique reste cependant mitigé comme l’indique les
projections de déplacements mais aussi les oppositions aux
futurs équipements.
Les réponses à l’activité peuvent faire l’objet de complément
d’idées ou d’informations par rapport au vécu des lycéens. De
cette façon, nous pouvons ainsi travailler à partir de la diversité
des représentations des élèves selon l’endroit où ils habitent.
La question des déplacements dans les grandes aires urbaines
françaises ne représentant pas forcément leur quotidien. Les
élèves peuvent aussi apporter des éléments dans le débat
sur la pertinence des propositions développées dans le cas
toulousain et mettre en débat la question des transports, ce
qui est un des enjeux citoyen de la question.
Réponses à l’activité
Les arguments peuvent s’organiser de la manière suivante.
Une politique des transports qui répond aux mobilités :
des mobilités qui augmentent du fait du nombre croissant
d’habitants nécessitant d’adapter le réseau de transport ;
investissement dans une 3e ligne de métro, un téléphérique
urbain ; cela permet de plus grandes capacités de
déplacements et des mobilités plus rapides créant une
alternative à la voiture.
Une politique qui n’est pas suffisante : les solutions qui
n’ont pas empêché le développement et l’intensification des
déplacements en voiture ; le métro ne répond pas à l’étalement
urbain et est trop cher ; envisager d’autres solutions comme
un maillage tram-train et un plan vélo et piéton.
Exemple 4
Roissy, un carrefour mondial saturé ? p. 221
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
L’étude vise à interroger le rôle de l’aéroport de Roissy Paris-
Charles de Gaulle et sa capacité à s’adapter à l’évolution du
trafic aérien mondial. Le doc. 1 pose les principaux enjeux
de la question tout en en proposant une représentation
spatiale : le statut de hub européen et mondial de l’aéroport,
ses fonctions de pôle multimodal aux échelles nationale et
régionale et les transformations en cours qui lui permettent
d’anticiper sa saturation. Le doc. 2 explique les adaptations
des infrastructures de l’aéroport : l’augmentation continue
du trafic aérien mondial, tant pour les passagers nationaux
qu’internationaux, et la compétition mondiale entre aéroports
en sont les deux principaux facteurs. Le doc. 3, accessible
dans la version interactive de l’exemple, est une vidéo de
promotion de la société Aéroports de Paris. Elle explique les
principaux enjeux de la construction du terminal 4 et permet
de comprendre les modalités d’association possibles des
habitants du territoire au projet à travers l’organisation d’une
concertation citoyenne préalable.
La France dans le trafic aérien mondial
Le trafic aérien mondial est en forte croissance. Chaque année,
il croît en moyenne de 6 %. 4,3 milliards de passagers ont
voyagé en 2018 avec l’une des 1 300 compagnies aériennes
existantes. Les plus fortes augmentations sont enregistrées vers
les destinations asiatiques ou moyen-orientales. L’Asie domine
aujourd’hui le marché avec 36 % du trafic mondial. L’Europe
et les États-Unis suivent avec environ un quart du trafic. Cette
augmentation est rendue possible par les phénomènes de
mondialisation des échanges de marchandises, de libéralisation
du secteur du transport aérien et de développement des
compagnies aériennes à bas coût. D’ici 20 ans, le trafic aérien
mondial devrait doubler. Roissy, 10e aéroport mondial, profite
de cet essor, même si son rang dans le classement mondial
chute (7e en 2010) en raison de l’affirmation des aéroports
chinois (3 des 10 premiers en 2017, 1 seul en 2010).
Les élèves sont invités à rédiger une réponse argumentée et
construite à partir des éléments relevés dans les documents.
Réponses à l’activité
La réponse peut être articulée en trois temps.
– Un hub européen et mondial : 10e aéroport mondial,
2e aéroport européen, 69 millions de passagers en 2017, il
accueille tous types de vols (moyen-courriers et long-courriers),
il reçoit un trafic de passagers mais aussi de marchandises (zone
Thème 3 • Des mobilités généralisées 89
 de fret), il dispose d’une connexion aux réseaux régionaux en évidence la déformation du territoire français au regard du
et nationaux (ligne TGV, autoroutes, transports en commun temps pour aller de Paris vers une autre ville. Elle montre qu’une
régionaux). majorité de grandes métropoles françaises sont accessibles
– Un aéroport saturé : une croissance forte du trafic aérien en moins de 3 heures. Elle révèle également une inégale
mondial, une saturation du trafic passagers (la capacité actuelle accessibilité à l’échelle nationale.
de 80 millions de passagers par an sera atteinte d’ici 2025), 1. Identifier Interpréter
une saturation des dessertes de l’aéroport (embouteillages
les informations les informations
sur les autoroutes aux heures de pointe, surfréquentation des
transports en commun aux heures de pointe). Des espaces Un réseau LGV en étoile Une vision très centralisée
très au départ de Paris du territoire : les LGV
– Des réponses à la saturation : aménagement d’un terminal accessibles confortent la vision d’un
supplémentaire (terminal 4), construction de voies d’accès grâce aux territoire monocentré
supplémentaires (bouclage nord-est de la Francilienne, métro LGV Paris rayonne sur le reste
Grand Paris Express en projet), association des populations au de la France
projet via une concertation citoyenne. Des aménagements Désenclavement des
La version interactive des documents donne accès à des anciens : Lille (1 h), Lyon principales métropoles,
(2 h) ou Marseille (3 h) et des des littoraux et des
exercices numériques corrigés.
aménagements en faveur axes européens (Lille,
du désenclavement de l’Est : Strasbourg)
de Reims à Strasbourg, en
Méthodes passant par Metz ou Nancy
(temps de trajet n’excédant
Analyser une photographie p. 222 pas les 2 heures)
1. Cette photographie présente une vue oblique du pôle
d’échanges organisé autour de la gare ferroviaire du Mans, Des aménagements récents : Désenclavement du Grand
ville moyenne située à 200 km au sud-ouest de Paris. Elle Bordeaux et Rennes ouest depuis 2017
témoigne des aménagements réalisés pour répondre à la Des espaces Des espaces qui se Causes : des espaces
diversité des mobilités. marginalisés retrouvent « éloignés » de desservis par des trains
par les LGV Paris : Sud-ouest (Toulouse, traditionnels (Le Havre,
2. Description Interprétation Biarritz, Brive-la-Gaillarde), Caen) et des espaces
de la photographie de la photographie Normandie (Caen, Le Havre), desservis par l’avion
Un pôle de – Arrière-plan : gares – Développement en ville Côte d’Azur (Nice) qui représente une
correspondance ferroviaire et routière des pôles multimodaux pour Des espaces traversés mais concurrence pour les LGV
pour différents du Mans : LGV, TER relier les différents modes peu desservis : Bourgogne (Toulouse, Nice)
modes de desserte nationale de transport : enjeu de Effet-tunnel créé par
transport et régionale performance des réseaux les LGV : situation dans
– Premier plan : – Alternatives à la voiture laquelle se trouve un
tramway, bus, s’organisent à l’échelle espace traversé par un
parking-relais, régionale et locale (mais axe de transport sans s’y
parking vélos la voiture représente encore arrêter
desserte locale 70 % des déplacements,
15 % pour les transports 2. La carte est déformée en fonction des distances-temps et
en commun) : enjeu ne marque donc pas seulement les distances. Elle rend donc
environnemental mieux compte de l’accessibilité des villes depuis Paris.
Un Des mobilités à – Mobilités pendulaires : Cependant, la carte présente certaines limites :
aménagement différentes échelles : la moitié des mobilités – La lecture de la carte est complexe.
pour répondre – Mobilités quotidiennes s’organisent – Même si la carte évoque l’accessibilité des villes, la carte ne
à différentes pendulaires sous forme de chaînes de permet pas réellement de visualiser le rapprochement des
mobilités intra-urbaines déplacement (travail, école, métropoles entre elles. Par exemple, on a l’impression que
ou régionales loisirs) les villes de l’Ouest sont proches. Or ce n’est pas tout à fait le
– Mobilités – Distances parcourues cas : il est plus rapide de joindre Nantes à Paris que Nantes à
ponctuelles : voyage, qui s’allongent en lien avec La Rochelle par exemple.
études : desserte à l’étalement urbain et la
– La carte omet des éléments d’explication sur l’accessibilité :
l’échelle régionale métropolisation du territoire
et nationale (ex. : mobilités des navetteurs
ces distances-temps fonctionnent de gare à gare, elles ne
Le Mans/Paris pour des tiennent pas compte du temps en amont et en aval des pôles
raisons professionnelles de départ et d’arrivée. C’est ce que l’on appelle « le paradoxe du
ou scolaires) voyageur » qui met plus de temps avant et après son voyage en
LGV (situation courante en ce qui concerne les déplacements
Critiquer un document p. 223 aériens sur les moyens-courriers) pour arriver à sa destination.
Cette carte par anamorphose représente la France selon les Le « paradoxe du voyageur » est d’autant plus accentué que
distances-temps nécessaires pour relier la métropole parisienne les LGV sont rentables avec un arrêt tous les 300 km, au-delà,
aux autres métropoles. Il est nécessaire de rappeler aux élèves les la SNCF est concurrencée par le transport aérien.
principes même de construction d’une carte par anamorphose. Plan pour l’analyse de document :
Il s’agit d’une carte isochrone, c’est-à-dire une carte qui sépare – Des espaces très accessibles grâce aux LGV
les lieux par le temps qu’il faut pour les atteindre. Très diffusée – Des espaces marginalisés par les LGV
(en particulier par la SNCF), cette carte en distance-temps met – Une carte qui présente des limites

90
Intégrer des schémas dans une réponse 2. Distance Temps de Exemples de communes
à une question problématisée p. 224 de Paris en vol depuis métropolitaines plus
kilomètres Paris en éloignées en distance-
1. Titre : Des mobilités urbaines multiples
heures temps, selon le mode
Un étalement urbain de transport choisi
qui génère des mobilités Martinique 6 850 km 8 h 30 Paris-Tarbes
centre-ville (forte (10 h 30 en train + car)
concentration Guadeloupe 6 750 km 8 h 30
d’activités de services) Paris-Nice (9 h en voiture)
périphérie résidentielle La Réunion 9 390 km 12 h
(peu d’activités) La Guyane 7 23 km 9h
couronne périurbaine
mobilités pendulaires 3. Quelques exemples de questions/réponses à préparer
en vue de l’exposé : Qu’est-ce que le principe de continuité
Un zonage des fonctions territoriale ? Comment fonctionnent ces aides financières ?
qui encourage les mobilités Comment sont desservis les aéroports en Guadeloupe et en
zone résidentielle Martinique ? Pourquoi la Guyane reste-elle un territoire très
zone industrielle enclavé ? Ces aéroports sont-ils très fréquentés ? Quels sont
les ultramarins qui se rendent le plus souvent en métropole ?
zone commerciale

2. Titre : Une fracture numérique des territoires français Réviser  p. 226-227

métropole Localiser
Lille (connexion
numérique Des mobilités concentrées
performante)
Paris Lille
zone
blanche de Paris
Nantes Strasbourg la connexion
numérique
Nantes
Lyon
Bordeaux Lyon
Bordeaux
Montpellier Nice
Toulouse
Toulouse
Marseille
Nice
principale métropole embouteillée
Marseille
principal axe emprunté

Des mobilités touristiques sélectives

3. Il est possible de proposer un schéma à l’échelle locale,
Amérique Europe
comme celui réalisé dans l’activité p. 219. Lille 80 %
10 %
Paris
Strasbourg
À l’oral Nantes Asie
La Rochelle Lyon 10 %
Préparer des fiches Bordeaux Grenoble
pour le passage à l’oral p. 225 Toulouse Nice
1. Plan complet : Lourdes
1. Des territoires éloignés en termes de distance espace ou ville touristique majeur
– des territoires dispersés sur l’ensemble du globe flux touristiques internationaux
– des distances considérables
Une France inégalement connectée
– un éloignement qui apparaît surtout comme un handicap
2. Des aménagements au service de la continuité territoriale
– un développement des transports aériens et des pôles
multimodaux qui desservent les principaux aéroports
– des aides financières pour répondre au principe de continuité
territoriale
– mais des réponses inégales des territoires pour relever ces défis
3. Une plus forte accessibilité que certaines régions
métropolitaines ?
– des distances-temps considérablement réduites
– des territoires ultramarins inégalement désenclavés couverture
Internet 4G
– des territoires ruraux métropolitains plus enclavés

Thème 3 • Des mobilités généralisées 91

 Définir
Les définitions de ces termes sont toutes dans le lexique du
manuel p. 266-268.
Expliquer
Pourquoi les mobilités pendulaires augmentent-elles ?
métropolisation, étalement urbain, dissociation domicile-travail.
Quelles conséquences ? sociales (coût des transports pour de
nombreuses familles), économiques (perte de productivité),
environnementales (participe au réchauffement climatique),
sanitaires (pollutions à l’origine de troubles respiratoires,
allergies et de décès prématurés).
Quelles solutions ? offre de transport en commun, densification
des espaces urbains, télétravail. Les collectivités locales
(municipalités, métropoles, région) peuvent agir et financer
des projets pour réduire ou fluidifier les mobilités pendulaires.
92
Analyser
L’analyse de l’affiche peut s’organiser selon le plan suivant.
– Les initiatives citoyennes peuvent favoriser des changements
de mentalités et de comportements en favorisant de nouvelles
formes de mobilités, par exemple avec une utilisation accrue du
vélo. Les arguments reposent notamment sur le changement
climatique et la nécessité de trouver des solutions alternatives
à la voiture.
– Les citoyens peuvent donc être un puissant lobby auprès
des élus locaux. Ils peuvent aussi intervenir dans le cadre
de la concertation rendue obligatoire pour les projets
d’aménagements ou d’infrastructures.
– Si ce type de rassemblement permet peut-être de sensibiliser
l’opinion et les passants, il reste insuffisant pour convaincre
une grande partie de la population.
 THÈME L’Afrique australe :

4 un espace en profonde
mutation

Introduction p. 228-229 Bibliographie

Le quatrième thème du programme de Seconde est un thème conclusif qui
applique l’ensemble des savoirs et compétences acquis par l’étude des trois Les ouvrages francophones sur l’Afrique australe
sont assez limités ou anciens même si on peut
premiers thèmes à l’étude d’une aire géographique, à savoir pour le programme
retenir les ouvrages de P. Gervais-Lambony :
de Seconde l’Afrique australe. La double page 228-229 introduit ce thème 4 à
travers une photographie emblématique de l’Afrique australe : la spectaculaire P. GERVAIS-LAMBONY, L’Afrique du Sud et
les États voisins, Armand Colin, 2013.
ville du Cap. Il s’agit d’une accroche qui permet un brainstorming avec les
élèves : importance du milieu naturel (relief, climat – la sécheresse étant visible P. GERVAIS-LAMBONY, Les paradoxes de la
sur la photographie), population, type d’habitat (il s’agit d’une occasion de nation arc-en-ciel, Le Cavalier bleu, 2017.
briser des idées préconçues)… autant de remarques qui permettent une Par contre, il est possible de trouver des
première approche des territoires de l’Afrique australe. informations et articles sur l’Afrique australe
dans les nombreux ouvrages traitant de l’Afrique,
notamment :
Repères  p. 230-231 B. DUMORTIER, Géopolitique de l’Afrique et du
À l’inverse des pages Repères des thèmes précédents qui visaient Moyen-Orient, Nathan, 2017.
essentiellement à définir les notions, la double page Repères p. 230-231 G. MAGRIN, Atlas de l’Afrique, un continent
vise à mettre en perspective l’aire régionale de l’Afrique australe dans le émergent ?, Autrement, 2018.
cadre de la transition. Elle est conçue comme un support auquel se référer
en permanence tout au long du traitement de ce thème 4.
La page 230 est une première approche qui propose une définition de l’espace
étudié, en s’appuyant sur la délimitation proposée par les géographes S. Baffi Sitographie
et J. Vivet. Le périmètre retenu englobe donc 10 États continentaux et deux
États insulaires (Madagascar et les Comores). Cette page met en évidence Géoconfluences : L’Afrique australe, un
ensemble composite inégalement intégré
les contrastes internes à la région, tant du point de vue démographique que
à la mondialisation, S. BAFFI et J. VIVET,
socio-économique. Géoconfluences, janvier 2017 :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-
L’Afrique australe, un ensemble composite scientifiques/dossiers-regionaux/afrique-
dynamiques-regionales/articles-scientifiques/
L’Afrique australe regroupe un ensemble de pays aux nombreuses différences
afrique-australe-cadrage
historiques, culturelles, démographiques, et aux importants écarts de
développement. Leur proximité avec l’Afrique du Sud sous l’influence de Géoconfluences : Afrique du Sud, les défis
laquelle ils s’intègrent dans la mondialisation n’atténue pas pour autant toutes énergétiques et miniers d’un pays émergent,
les inégalités entre ces pays. L’Afrique australe constitue un ensemble régional B. MERENNE-SCHOUMACKER, 7 mars 2018 :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-
aux frontières labiles : les pays rassemblés sous cette dénomination évoluent scientifiques/dossiers-regionaux/afrique-
au gré des découpages régionaux et des analyses des spécialistes. Si l’Afrique dynamiques-regionales
australe forme un ensemble composite, cela tient aussi bien à la diversité des
paysages, des types de climat ou encore à la densité des pays, tout comme
à leur poids économique, politique et à leur héritage colonial (colonisation
anglaise, hollandaise, portugaise, allemande). Elle se révèle également à
travers les différenciations socio-économiques et les inégalités socio-spatiales
marquées dont résultent des processus de fragmentation. Enfin, la diversité
est également liée aux nombreux métissages et aux influences variées qui
façonnent les sociétés de l’Afrique australe.
S. Baffi et J. Vivet, Géoconfluences, janvier 2017.

La page 231 est une mise en perspective, replaçant le chapitre conclusif dans
chacun des thèmes étudiés durant l’année. Les petits engrenages colorés sont
un repère qui indique à quel thème du programme les exemples ou exercices
proposés dans ce thème 4 se réfèrent.

Thème 4 • L’Afrique australe : un espace en profonde mutation 93

 Grille possible de mise en œuvre pédagogique

Thème 4 – L’Afrique australe : un espace en profonde mutation Durée : 8-10 heures

Problématique : Comment les transitions socio-économiques et environnementales transforment-elles l’Afrique australe ?

Plan de la séquence Travail en classe / scénario pédagogique Notions Compétences travaillées

Séance 1 Accroche : cartes p. 234-235 Malédiction des Lire des cartes

Cours 1 – L’Afrique australe : des Exercice p. 259 ressources
milieux à valoriser et à ménager
Travail à la maison :
compléter le tableau activité p. 239

Séance 2
Exemple 2 (p. 240-241) – Pourquoi
le Mozambique et le Botswana
ne tirent-ils pas le même bénéfice
de leurs ressources minières ?
Correction du tableau activité p. 239 Fonds souverain Confronter des situations
Rédaction de la réponse au sujet p. 241 géographiques de localisations
différentes

Séance 3 Accroche : cartes p. 243-244 Apartheid Réaliser une production

Cours 2 – Les défis des transitions Trace écrite : schéma p. 243 cartographique
et du développement en Afrique
australe

Séance 4 Trace écrite : schéma fléché p. 249 Analyse de documents

Exemple 4 (p. 248-249) – Pourquoi Réaliser une production
Travail à la maison :
la transition économique de cartographique
réalisation du schéma p. 251
Madagascar est-elle en panne ?

Séance 5 Exercice p. 253 Brain drain Mener une analyse géographique

Cours 3 – Des mobilités complexes
en Afrique australe

Séance 6
Exemple 6 (p. 256-257) –
Les chutes Victoria
Trace écrite : rédaction de l’activité p. 257 Tourisme de vision Analyse de documents
Travail à la maison :
lecture des documents p. 246-247

Séance 7 Activité débat p. 246-247 Argumenter à l’oral

Débat – Johannesburg, vitrine
de l’émergence sud-africaine ?
(p. 246-247)

Séance 8 Rédiger la réponse à une question problématisée : Pourquoi les transitions démographiques et économiques
Évaluation cognitive de l’Afrique australe augmentent-elles les inégalités à toutes les échelles (voir p. 262) ?
et méthodologique

94
 CHAPITRE
9 L’Afrique australe :
un espace en profonde mutation
Choix des documents
d’ouverture p. 232-233
Les documents de la double page d’ouverture visent à
comprendre la problématique du chapitre. La confrontation
des doc. 1 et 2 permet de soulever la question des inégalités,
reprise dans la carte (doc. 3). Si la transition économique est
en cours dans certains espaces, notamment urbains (Luanda
dans le doc. 1), elle ne profite pas à tous les territoires et les
inégalités restent fortes au sein de la région. Le PIB/hab. varie en
effet de 317 euros annuels (Comores) à 7 306 euros (Botswana).
Luanda, la ville la plus chère du monde
Luanda est devenue la ville la plus chère du monde pour les
expatriés, selon l’étude du cabinet américain Mercer, devant
Hong Kong et Tokyo. C’est un phénomène bien connu des
économistes. Quand les pétroliers sont là, les prix montent.
L’arrivée massive d’expatriés occidentaux venus travailler à
Luanda a créé en dix ans une bulle spéculative. « Quand on est
expatrié, le poste le plus cher, c’est le logement puisqu’on peut
avoir des loyers jusqu’à 20 000 dollars [environ 18 000 euros] par
mois. Quatre yaourts, on est à 12 euros. Le sac de riz de 8 kilos
peut monter jusqu’à 60 euros. Un restaurant équivalent de la
petite brasserie en France, ça va être 30 euros, un plat. Donc
pour un expatrié en fait, il s’en sort avec 8 000 dollars », détaille
Michel Abdelouahab, professeur d’économie à Luanda. Mais les
expatriés ne sont pas à plaindre en comparaison des Angolais.
Même s’ils ne consomment pas de produits étrangers, leur vie
est difficile en raison d’une inflation record d’environ 38 % par
an, et surtout d’une dépréciation brutale du kwanza, la monnaie
angolaise. Le salaire minimum agricole est à 18 000 kwanzas par
mois. Dans le tertiaire, le salaire minimum est à 25 000 kwanzas
par mois (entre 100 et 150 euros par mois de salaire). Donc
90 % de la ville de Luanda est constituée de bidonvilles. Si la
crise de 2014 a laissé des traces, le mal angolais est bien plus
profond. Le pays n’a quasiment aucune industrie et importe
la plupart de ses biens de consommation.
RFI Afrique, 23 juin 2017.
De plus, la transition économique en cours n’exclut pas la
persistance d’économie de rente, en lien notamment avec
l’exploitation minière (doc. 2 en Zambie). Ce document
pose aussi la question de la transition environnementale,
difficilement conciliable avec les activités extractrices. Ces
réflexions conduisent alors à poser la problématique du
chapitre : « Comment les transitions socio-économiques et
environnementales transforment-elles l’Afrique australe ? ».
• Réponses aux questions
1. Le doc. 1 illustre un choix de transition économique intégrant
des activités tertiaires tandis que le doc. 2 montre un choix de
valorisation des ressources.
2. Le doc. 3 montre que le PIB par habitant de la Zambie est
faible, même si des situations plus précaires sont visibles dans
la région. Le choix de l’extraction minière ne conduit donc pas
nécessairement au développement.
3. Le doc. 1 montre une artificialisation du territoire à
travers l’urbanisation, tandis que le doc. 2 montre l’impact
environnemental de l’exploitation minière. Selon les
conditions dans lesquelles ces transformations sont menées,
les conséquences environnementales peuvent être lourdes :
pollution, érosion…
Cartes
Une grande diversité de milieux
naturels en Afrique australe p. 234-235
La mise en perspective régionale du thème 1 « Sociétés et
environnements : des équilibres fragiles » sur l’Afrique australe
peut être introduite à partir des exercices 4 et 5 p. 73 afin
de remobiliser les connaissances acquises sur les notions
d’environnement, de milieux et de ressources.
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
Les cartes proposées brossent un tableau complet de la
question des milieux en Afrique australe, des climats (doc. 2)
aux ressources (doc. 1). Par le croisement ou la juxtaposition
des données, elles permettent une lecture dynamique de la
question : les ressources abondantes posent des questions
environnementales et sont à l’origine de nombreux conflits
d’usage (doc. 1) ; les différents milieux climatiques sont
aujourd’hui affectés par des évolutions qui menacent les
sociétés (désertification, déforestation) (doc. 2). Le doc. 3 met
l’accent sur les efforts dans la protection environnementale,
dans une région où la nature est aussi une source de profit à
travers le tourisme.
Historiquement, c’est au XIXe siècle, que la pratique de la
chasse de loisirs s’étend en Afrique, notamment dans l’empire
britannique. Les terres mises en réserves côtoient alors les
« réserves » indigènes et les terres des colons, dans un apartheid
foncier. Ce zonage explique la méfiance dont font encore
preuve les populations autochtones à l’égard des politiques
environnementales. L’Afrique du Sud comptabilise à elle
seule plus de 200 parcs ou réserves naturelles qui occupent
plus de la moitié de la superficie nationale. Aujourd’hui, les
parcs naturels deviennent un outil d’intégration régionale,
sous l’impulsion des acteurs internationaux qui encouragent
la coopération transfrontalière (peace parks). L’objectif est
quadruple : environnemental (protection de la faune, la
flore, les paysages), économique (développement d’activités
touristiques), géopolitique (anciennes zones de défiance ou de
guerre) et social (intégration des communautés aux différents
projets).
Thème 4 • L’Afrique australe : un espace en profonde mutation 95
 Lire les cartes
Cartes 1 – La malédiction des ressources affecte particulièrement
les pays riverains de l’océan Indien (Madagascar, Mozambique,
Malawi). Le PIB par habitant y est en effet nettement plus
faible que dans le reste de l’aire régionale. En revanche, les
populations d’Afrique du Sud, de Namibie et du Botswana
semblent tirer davantage profit de leur rente. Cette opposition
est développée dans l’exemple p. 240-241.
Cartes 2 et 3 – La diversité des milieux constitue un atout pour
les activités économiques : grande variété des productions
agricoles, large éventail de ressources énergétiques et minières,
paysages variés attractifs pour le tourisme. C’est d’ailleurs dans
ce cadre que la protection environnementale devient un facteur
de développement économique. En protégeant l’environnement
(faune, flore, paysages), les sociétés d’Afrique australe mettent
en œuvre les conditions nécessaires pour un tourisme de vision.
Correction du schéma
Titre : Des milieux sous pression
OCÉAN
INDIEN
COMORES
ANGOLA MALAWI
ZAMBIE
MOZAMBIQUE
désertification
ZIMBABWE
NAMIBIE BOTSWANA Réunion
(Fr.) déforestation
MADAGASCAR
conflit d’usage
ESWATINI
AFRIQUE LESOTHO
DU SUD
N
OCÉAN
ATLANTIQUE 0 500 km
aire protégée
Cours 1
L’Afrique australe : des milieux
à valoriser et à ménager p. 236-237
Présentation des documents et repères
Les documents associés au cours 1 sur la valorisation et la
protection des milieux en Afrique australe couvrent un large
spectre. Ils permettent d’aborder la question des ressources
énergétiques et minières, à l’échelle régionale (Repères) ou
nationale (Repère B et doc. 2).
L’Afrique du Sud est très bien dotée en charbon : on y trouve près
de 95 % des réserves de charbon de l’Afrique. Cette domination
du charbon se manifeste dans la consommation intérieure du
pays et tout autant dans sa balance commerciale : près de 25 %
de la production nationale est exportée. L’Afrique du Sud est
en revanche beaucoup moins bien dotée en hydrocarbures,
ses réserves en pétrole ne représentant que 0,2 % des réserves
mondiales et ses réserves en gaz naturel moins de 0,1 %. Cette
spécificité des ressources explique le poids écrasant du charbon
(92 %) dans la production électrique face au nucléaire (5,5 %),
aux centrales hydroélectriques (1,6 %), au solaire (0,5 %) et à
l’éolien (0,5 %). Très polluant, ce parc électrique (les centrales de
production et les réseaux) est assez obsolète, peu performant
96
et largement insuffisant face à une demande croissante. Dans
ce contexte, les émissions de CO2 par habitant ont été en
2015 de 7,77 t contre 0,96 pour l’ensemble de l’Afrique. Par
comparaison, ce taux est de 9,21 aux Pays-Bas, 8,25 en Belgique
et de 4,37 en France (IEA, 2017). Avec moins de 5 % de la
population du continent, le pays réalise 40 % des émissions
africaines pour près de 30 % de la consommation d’énergie.
50 % des émissions sont issues de la production d’électricité,
22 % de l’industrie (activités minières et industries lourdes) et
10 % des transports.
Bernadette Mérenne-Schoumaker,
« Afrique du Sud, les défis énergétiques et miniers d’un pays
émergent », Géoconfluences, janvier 2018.
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-
scientifiques/dossiers-regionaux/afrique-dynamiques-
regionales/corpus-documentaire/mines-energie-
afrique-sud
Le doc. 1 illustre les paysages à l’origine
Des ressources naturelles des mobilités touristiques vers l’Afrique
abondantes australe qui seront abordées dans la 3e
partie du chapitre (doc. 1). Le doc. 3 met
hydrocarbures
l’accent sur la fragilité des milieux.
minerais
Capacités et méthodes
Des pressions Il s’agit ici à partir d’un document de
environnementales
référence (doc. 2) de confronter des
informations sur un thème commun : les
ressources minières en Afrique du Sud.
1. La place des ressources minières en
Afrique du Sud est essentielle. Le pays est
un des premiers producteurs mondiaux
de diamants mais bénéficie d’un sous-sol
très riche qui lui offre une grande variété
d’extractions possibles.
2. En confrontant le doc. 2 au doc. 3 p. 243,
il est possible de montrer que l’Afrique
du Sud a su tirer profit de ses ressources pour diversifier son
économie (transition économique) et échappe donc relativement
à la malédiction des ressources. Pourtant, le Repère B montre que
des défis restent à relever car 16 % de la population n’a pas accès à
l’électricité (32 % en zone rurale), ce qui prouve que les bénéfices
de la rente énergétique ne sont pas également partagés. Une
transition énergétique est donc en cours (développement des
énergies renouvelables) mais elle est embryonnaire puisque
88 % de l’énergie consommée est encore d’origine fossile.
Exemple 1
Pourquoi les pénuries en eau
en Afrique australe risquent-elles
d’accentuer les inégalités ? p. 238-239
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Les pénuries d’eau touchent à la fois les espaces ruraux et
urbains, des régions pauvres et riches en Afrique australe (doc. 1
et 2 p. 232 et doc. 3 p. 233). Les doc. 3 et 4 affinent les constats
et apportent des éléments d’explications (inégales ressources,
inégal accès l’eau, croissance démographique, changement
climatique). Quelques solutions sont évoquées dans les doc. 4
et 5 mais elles demeurent largement insuffisantes.
 L’Afrique australe est une Afrique d’altitude (entre 800 et Itinéraire 2
1 000 m d’altitude avec des chaînes de montagnes comme le Inégalités face à
Ressources et Pressions
Drakensberg qui culmine à plus de 3 000 m) et plutôt sèche l’eau et solutions
usages de l’eau sur l’eau
(climat tropical à longue saison sèche, Afrique des savanes envisagées
et des forêts sèches). Les ressources en eau sont presque Échelle – Précipitations et – Assèchement – Forte inégalité au
toujours partagées entre plusieurs pays, ce qui explique que locale fleuves (doc. 1) des cours d’eau sein des quartiers
les analyses géographiques traitent souvent des tensions – Agriculture (doc. 1) (Maputo) au moment
hydriques (D. Blanchon, « Le Lesotho Highland Water Project, ou (Zimbabwe) – Pénurie et des sécheresses mais
le retour de la grande hydraulique en Afrique australe », Bulletin – Besoins sécheresse meilleur accès à l’eau
urbains : besoins au Cap (doc. 2) potable ces dernières
de l’association de géographes français, 92-2 | 2015, 167-183).
domestiques et et à Maputo (5) années (« réseau de
Mais la répétition des sécheresses estivales depuis 2015 économiques robinets »)
(phénomène El Niño) relance la question des usages, de (Maputo), – Développement
la répartition et de la gestion de l’eau potable. La pénurie tourisme (Le Cap) de la micro-irrigation
majeure qu’a connue la ville sud-africaine du Cap en 2018 en dans certains espaces
témoigne. À partir du mois de février, la municipalité a réduit ruraux (doc. 4)
la ration quotidienne d’eau à 50 litres par personne (1/6 de la pour répondre
consommation d’un Américain en moyenne) face à la crainte aux problèmes
alimentaires
du « jour zéro ». Même si la pénurie s’est résorbée à l’automne,
elle a révélé les inégalités d’accès à l’eau persistantes : 1/4 Échelle – Mise en place – Manque – Forte inégalité
nationale de barrages d’investissements entre les villes et les
de la population ne consomme que 4 % de l’eau au Cap. Il
(Mozambique) dans les campagnes (doc. 3)
s’agit des habitants des bidonvilles. Face aux usages excessifs pour ravitailler infrastructures à – Rationnement de
de l’eau (multiplication des piscines et des jardins dans les Maputo Maputo (doc. 5) l’eau à court terme
quartiers aisés) et à la pression démographique, touristique – Grands – Effets du
et agricole, de nouveaux équilibres sont à trouver. Mais la périmètres changement
bataille que se livrent les acteurs de la gestion de l’eau (la ville irrigués (Afrique climatique
s’approvisionne en eau auprès du Bureau national des eaux et du Sud,
forêts, et partage les ressources annuelles allouées avec d’autres Madagascar)
municipalités locales et le secteur agricole) est complexe. La Échelle – Pays très – Forte croissance – Inégalités entre les
ville a donc opté pour l’exploitation d’un nouvel aquifère et régionale limités en eau : démographique pays dans l’accès à
la construction d’usines de dessalement le long de la côte. Afrique du Sud, (doc. 5) l’eau (selon le niveau
Néanmoins, la question du coût économique et écologique Zimbabwe – Changement de développement et
– Les pays voisins climatique les ressources en eau,
de ces aménagements reste en suspens.
ont de l’eau (doc. 5) doc. 3)
en abondance – Aide alimentaire
Il est possible de proposer aux élèves de commencer à classer (Angola, Zambie, d’urgence (doc. 1)
les documents selon les échelles d’analyse avant de réaliser Madagascar) – Peu de mesures de
l’activité. L’objectif est de montrer que la conjonction du coopération régionale
changement climatique et de la croissance des besoins en
eau a des impacts variables selon les échelles. Une réflexion
est à mener sur la gestion de l’eau. Exemple 2
Réponses aux activités Pourquoi le Mozambique et le Botswana
Itinéraire 1 ne tirent-ils pas le même profit de leurs
– Des inégalités d’accès à l’eau déjà fortes à toutes les ressources minières ? p. 240-241
échelles : des inégalités de ressources et d’accès entre les
pays, de fortes inégalités villes/campagnes, fortes inégalités Enjeu de l’exemple et présentation des documents
entre les quartiers (ex. Maputo). L’approche comparative de l’exploitation des ressources minières
– Des pressions qui s’accentuent : en lien avec les usages au Botswana et au Mozambique offre deux cas radicalement
agricoles, les besoins urbains et touristiques (Le Cap), la opposés en Afrique australe : si le premier a échappé à la
croissance démographique (Mozambique), dans un contexte malédiction des ressources (doc. 5 et 6), le second s’enlise dans
de sécheresses répétées. celle-ci (doc. 2). Pourtant dans un cas comme dans l’autre, le
– Une lutte difficile contre les inégalités et les pénuries : malgré développement est inégal (doc. 1) mais des signes de réussites
les aménagements (robinets et barrages au Mozambique, existent (doc. 3 et 4).
richesse du Cap), risque d’accentuation des inégalités (territoires
les plus secs et les plus pauvres menacés à toutes les échelles). Développement et inégalités au Botswana
Le Botswana est l’une des économies africaines les plus
prospères avec le PIB le plus élevé d’Afrique australe (7 306 € /
hab.) en raison de la taille réduite de sa population (2,2 millions
d’habitants) et de sa rente diamantifère. Depuis 20 ans, l’État
botswanais affiche une croissance robuste fondée sur les
revenus du diamant (le cours du diamant est en croissance
constante, 2 à 3 % par an depuis un siècle et particulièrement
depuis 10 ans, de 6 % par an), gérés par le fond souverain,

Thème 4 • L’Afrique australe : un espace en profonde mutation 97

 Pula Fund, créé en 1994. La structure de l’économie reste
dépendante du diamant (38 % des recettes budgétaires). Bien
que les industries extractives soient l’atout majeur du pays,
elles entretiennent parallèlement le mal-développement
des secteurs agricole et manufacturier qui ne représentent,
respectivement, que 2,4 % et 6,3 % du PIB. La croissance reste
ainsi peu créatrice d’emplois. Ainsi, sur le plan social, en dépit
d’améliorations significatives, le pays souffre d’un taux de
chômage élevé (18,6 % de la population active), d’importants
déséquilibres sociaux (indice de Gini à 60,4 comparable à celui
de l’Afrique du sud, 63,3) et d’un niveau élevé de pauvreté
(18,2 % de la population vit avec moins de 1,9 $ par jour et
26,3 % avec moins de 3,1 $ par jour). Néanmoins, en terme d’IDH,
le Botswana reste parmi les pays africains les mieux développés
(0,717 : 6e à l’échelle continentale ; 101e à l’échelle mondiale).
Le Mozambique, le « Qatar de l’Afrique » ?
Surnommé le « Qatar de l’Afrique » après la découverte
de gigantesques gisements gaziers entre 2010 et 2013, le
Mozambique possède les 9e réserves en gaz au monde. Le
lancement d’un premier projet (Coral Sud) a été annoncé en
juin 2017 par le groupe italien ENI. Ce gisement gazier sous-
marin contiendrait environ 400 milliards de mètres cubes
de gaz. Néanmoins, il faudra attendre encore cinq ou six ans
avant l’exportation des premiers mètres cubes de gaz liquéfié.
Le groupe italien ENI projette de mettre sur le marché 3,4
millions de tonnes de gaz. La totalité de cette production
sera vendue au groupe britannique BP, pour une période de
25 ans. Pendant ce temps, d’ici 2022, il va falloir une unité de
production flottante pour extraire ce gaz. C’est le consortium
comprenant le groupe français TechnipFMC et le sud-coréen
Samsung qui a remporté le contrat d’installation de cette
plateforme gazière. Il s’agit d’un contrat de plus d’un milliard
d’euros, soit 14 % de l’investissement réalisé par ENI. Quant
aux retombées financières de l’exploitation gazière de ce
premier grand projet au Mozambique, le pays devrait toucher
14 milliards d’euros en 25 ans. Reste à savoir quelle politique
de redistribution sera mise en œuvre.
En cette fin d’année scolaire, les élèves doivent être capables
de réaliser une argumentation géographique plus facilement.
L’activité proposée va donc ce sens.
Réponses à l’activité
– L’exploitation minière prend des formes différentes :
faiblesse de l’ouverture aux IDE au Botswana (sauf De Beers) /
forte ouverture, voire dépendance aux IDE au Mozambique
(Vale, Riversdale).
– La richesse minière est inégalement mise au service
du développement : investissements dans l’éducation, les
logements sociaux au Botswana, mais le chômage et les
inégalités de revenus restent élevés ; investissements pour
l’attractivité des IDE au Mozambique (infrastructures de luxe
dans le centre de Maputo, rénovation des voies ferrées pour
le fret).
– L’exploitation minière fait pression sur les ressources et
contribue à dégrader les milieux : extraction à ciel ouvert
polluante, épuisement des ressources non renouvelables.
98
Cartes 2
L’Afrique australe face
aux transitions démographiques
et économiques p. 242-243
La mise en perspective régionale du thème 2 « Territoires,
populations et développement : quels défis ? » sur l’Afrique
australe peut être introduite à partir des exercices 4 et 5 p. 147
afin de remobiliser les connaissances acquises sur les notions
de développement, transition démographique et transition
économique.
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
Ces cartes permettent une différenciation régionale. Au
Nord, les pays les moins développés de la région. L’IDH est
compris entre 0,437 et 0,573. L’indice de fécondité est élevé,
la population est majoritairement agricole. L’économie est
dépendante des activités d’extraction. Dans cet espace, la
croissance urbaine peut être très importante, même si ces
pays sont majoritairement ruraux. On y trouve le plus grand
nombre de PMA (6 sur 7). La partie médiane présente un nombre
d’enfants par femme moyen pour la région, l’économie est plus
diversifiée : plus de la moitié de la population active travaille
dans les services. Ce sont des États où la croissance du PIB est
importante : plus de 10 % entre 2010 et 2018. L’Afrique du Sud
présente une situation particulière : plus développée, avancée
dans la transition démographique et la transition urbaine, elle
doit relever le défi de l’épidémie du sida qui touche plus de
10 % de la population.
L’Afrique australe regroupe dix pays, caractérisés par les
inégalités et la diversité des situations démographiques,
économiques, de développement que l’Afrique des mines
pourrait dissimuler. L’étude de l’IDH, de la composition de
la population active, révèlent les États agricoles où règne
l’insécurité alimentaire. Le PIB consacre la prééminence de
l’Afrique du Sud. Toutefois, c’est le pays où la croissance est
la plus lente. Les économies se caractérisent par leur faible
diversification et la rente. Le sud de l’ensemble régional est
la partie la plus touchée par l’épidémie du sida. La prise de
conscience a été tardive. Cette épidémie a fait chuter l’espérance
de vie. La mise en place d’une production de médicaments
rétroviraux contribue à atténuer les effets de l’épidémie.
Lire les cartes
Carte 1 – La carte montre l’entrée dans la transition
démographique en utilisant le nombre d’enfants par femme.
On peut voir que ce nombre est important en Angola, Zambie,
Malawi, Mozambique. Il est plus faible, compris entre 2,5
et 5 enfants par femme en Namibie, Botswana Zimbabwe,
Lesotho, Eswatini, Madagascar et Comores. L’Afrique du Sud
elle connaît un nombre d’enfants par femme compris entre 2
et 2,5. Il y a donc une inégalité de situation dans la transition
démographique entre les États du Nord de la région et l’Afrique
du Sud. Pour la transition urbaine, nous pouvons utiliser les
données suivantes : le nombre des habitants des grandes
métropoles, les villes dont la population a doublé depuis 2000
et enfin le figuré de limite verte. Les pays qui ont la croissance
des métropoles la plus importante sont ceux qui ont le nombre
d’enfants par femme le plus élevé (Angola, Zambie, Malawi). Ce
sont aussi les pays les plus ruraux : Mozambique, Madagascar.
Il y a un phénomène de rattrapage.
Cartes 2 et 3 - Les pays où l’IDH est le plus faible, compris
entre 0,437 et 0,573, sont les pays où la population travaille
majoritairement dans l’agriculture. Ce sont des pays où
l’économie dépend beaucoup des exportations de produits
miniers. À l’inverse, les pays les plus développés sont ceux où
la part des services concerne plus de la moitié des emplois.
Certains connaissent une croissance du PIB supérieur à 10 %
entre 2010 et 2018.
Correction du schéma
Titre : Des transitions démographiques et économiques inégales
OCÉAN
INDIEN
ANGOLA
MADAGASCAR
MOZAMBIQUE
NAMIBIE
AFRIQUE
DU SUD
OCÉAN
ATLANTIQUE
Cours 2
Les défis des transitions
et du développement p. 244-245
Présentation des documents et repères
Le cours sur l’Afrique australe mettant en perspective le thème 2
du programme « « Territoires, populations et développement :
quels défis ? » peut être construit en trois points.
Le premier traitera des trajectoires démographiques variées en
Afrique australe. Le doc. 2 est l’occasion de traiter la question
de la transition sanitaire en Afrique du Sud, freinée par la
pandémie de sida et qui grève la transition démographique.
Le deuxième interrogera des inégalités de développement
fortes et héritées à partir des paysages urbains de Windhoek
en Namibie (doc. 1) et des inégalités de développement en
Zambie (Repère). Rappelons que la Namibie a connu une
succession de colonisateurs : les Portugais au XVIe siècle, puis
les Néerlandais et les Britanniques au XVIIe, les Allemands
au XIXe et les Africains du Sud au XXe. Sous l’occupation sud-
africaine, la Namibie connaît le régime de l’apartheid. Elle
devient indépendante en 1990.
Développement et inégalités en Namibie
La Namibie est la 7e économie d’Afrique australe et doit faire
face à d’importants défis sociaux (IDH de 0,647 – 129e rang
mondial) en raison de l’importance des inégalités (indice de
Gini de 0,6), du taux de chômage (25,5 %) et de la pauvreté
(22,6 % de la population vivant avec moins 1,9 $ par jour). En
dépit d’atouts certains (richesses minières, potentiel touristique,
infrastructures de transport, stabilité politique), l’économie
demeure très vulnérable aux conditions météorologiques
(déclaration de l’état d’urgence en juin 2016 en réponse à
l’importante sécheresse qui a affecté le pays pendant 3 ans) et
est dépendante du secteur minier et de la situation économique
de l’Afrique du Sud (commerce, politique monétaire, recettes
douanières).
Enfin, le troisième temps fera le point sur les transitions
économiques en cours. Un zoom sur le cas spécifique de
l’Angola est proposé avec le doc. 3.
État dont la Capacités et méthodes :
transition – Fondements : exploitation du pétrole
démographique
est presque (95 % des revenus d’exportation) par une
achevée et où entreprise d’État (Sonangol).
l’économie
est diversifiée – Atouts : nouvelles réserves pétrolières
et gazières qui devront faire du pays le 1er
producteur et exportateur du continent.
État en cours de
transition – Limites : le pays reste un PMA
démographique (pauvreté élevée, mortalité infantile
et économique
forte, espérance de vie faible, chômage
important) où la corruption et l’absence
État où les de politique de redistribution freinent le
transitions développement.
démographiques
et économiques
sont freinées
par le mal
développement
Exemple 3
Johannesburg, vitrine
de la transition sud-africaine ? p. 246-247
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
L’exemple « Johannesburg, vitrine de la transition sud-africaine »
invite à organiser un débat mais peut aussi être traité de manière
classique, les élèves étant alors invités à reprendre le tableau
de l’activité bilan comme trace écrite.
Johannesburg est le meilleur symbole de l’émergence de la
puissance sud-africaine, à la fois sur le continent mais aussi à
l’échelle mondiale. Première place financière africaine, tête d’un
réseau de transport aérien de plus en plus performant, la ville
constitue un pôle majeur d’attractivité des investissements étrangers
– notamment à Sandton, deuxième Central business district. Creuset
d’un cosmopolitisme croissant, elle est le lieu d’implantation des
activités les plus innovantes. Son économie – fondée initialement
sur le secteur minier puis industriel dont le développement a été un
réel atout pour la croissance de la ville – est désormais tournée vers
le commerce mais surtout les services à plus haute valeur ajoutée,
services aux entreprises, financiers ou encore immobiliers. Le
marketing urbain mis en avant a pour objectif d’attirer de nouveaux
investisseurs, des touristes, des artistes afin de mieux exister sur la
scène internationale. Johannesburg se veut ainsi world class african
city, s’appuyant sur sa place financière, première du continent et
sur son attractivité en termes d’investissements étrangers.
C. Vacchiani-Marcuzzo, Questions internationales n° 71,
janvier-février 2015.
Thème 4 • L’Afrique australe : un espace en profonde mutation 99
 La compétence travaillée, au-delà de la préparation à une
intervention orale, est la construction d’une argumentation à
partir d’un corpus documentaire. Guidé par le questionnement,
l’élève est amené à prélever les informations et à les organiser
dans le plan proposé dans la question 3.
Réponses à l’activité
Les étapes 1 à 3, puis 1 et 2 n’attendent pas de réponses
puisqu’elles constituent des consignes à suivre dans la
préparation du débat.
La situation de Une transition Des enjeux à relever
Johannesburg réussie pour l’avenir
… du point – Transition – Tirer profit du bonus
de vue démographique avancée démographique avant que
démographique la population ne vieillisse
– Transition urbaine en – Étalement urbain,
cours pression foncière
… du point de – Quartiers d’affaires, – Devenir « a world class
vue économique place financières : les african city »
lieux essentiels d’une
métropole de rang
mondial
… du point de – Mixité sociale en cours – Forte ségrégation socio-
vue social localement spatiale et raciale
– Enrichissement de – Persistance de
certains quartiers bidonvilles
(gentrification) – Criminalité importante
Exemple 4
Pourquoi la transition économique de
Madagascar est-elle en panne ? p. 248-249
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
L’enjeu de cet exemple est de comprendre le paradoxe
malgache : des atouts économiques importants (agriculture,
tourisme, périodes de croissance, doc. 4 et 6), mais marqués
par les stigmates des PMA (doc. 1) entraînant des inégalités
de développement (doc. 3). Résultat, le pays est dépendant
de l’aide internationale (doc. 2) et voit sa population tenter
l’aventure de l’émigration (doc. 5).
Pauvreté et instabilité politique à Madagascar
Avec un PIB par habitant de 440 €/hab. en 2019 et 90 % de
sa population vivant avec moins de 2 $ par jour, Madagascar
se situe parmi les pays les plus pauvres du monde. Ce PMA
est qualifié par la Banque mondiale et la Banque africaine
de développement d’État fragile. Depuis l’indépendance,
chaque cycle de croissance économique a été neutralisé par
une crise politique, comme en 1972, 1991, 2002 et 2009. La
crise de 2009 a entraîné ainsi une diminution du PIB de 4,7 %.
La crise politique de 2009 est particulière car elle dure jusqu’en
2013 (période dite de « transition »). L’arrivée au pouvoir
d’un régime non élu et non reconnu par la communauté
internationale – la Haute Autorité de Transition – a eu pour
conséquence un isolement diplomatique, un retrait quasi-total
de l’aide internationale. Madagascar a retrouvé une relative
stabilité politique avec l’arrivée au pouvoir en 2014 du Président
Rajaonarimampianina, dont l’élection a été reconnue par la
communauté internationale. Engagé dans un programme du
FMI depuis juillet 2016, le pays est soutenu par les bailleurs de
100
fonds. Cependant, l’élection présidentielle de décembre 2018 a
vu la victoire de l’ancien président de la période de transition,
A. Rajoelina : une nouvelle crise politique semble se préparer.
La compétence visée par cet exercice, réaliser une production
graphique dans le cadre d’une analyse, est l’objet du schéma
de l’itinéraire 2, qui constitue en quelque sorte le plan détaillé
de l’itinéraire 1.
Réponses aux activités
Itinéraire 1
– Des ressources naturelles importantes : agricoles (vanille
2e épice la plus chère au monde, riz), minières (nickel, cobalt,
or), potentiel touristique.
– Une transition économique qui peine à se mettre en place :
des périodes de croissances annihilées par des crises politiques
à répétition, Madagascar n’est même pas au stade de la
malédiction des ressources comme le Mozambique ; persistance
d’une agriculture vivrière (population rurale nombreuse) ;
mauvais indicateurs de développement (PIB, IDH, etc.).
– Des migrations diverses : à la faveur des crises politiques,
comme celle de 2009, des Malgaches émigrent dans la zone
de l’océan Indien (Maurice, Seychelles) pour y chercher du
travail (industrie textile, BTP, pêche).
Itinéraire 2
– Des ressources naturelles, atouts pour une transition
économique : agricoles (vanille 2e épice la plus chère au monde,
riz), minières (nickel, cobalt, or), potentiel touristique.
– Des freins au développement : des périodes de croissance
annihilées par des crises politiques à répétition, Madagascar
n’est même pas au stade de la malédiction des ressources
comme le Mozambique ; persistance d’une agriculture vivrière
(population rurale nombreuse) ; mauvais indicateurs de
développement (PIB, IDH, etc.).
– Des défis à relever : à la faveur des crises politiques, comme
celle de 2009, des Malgaches émigrent dans la zone de l’océan
Indien (Maurice, Seychelles) pour y chercher du travail (industrie
textile, BTP, pêche) ; résorber les inégalités, lutter contre la
paupérisation des classes moyennes.
Cartes 3
L’Afrique australe, une région traversée
par des mobilités intenses p. 250-251
La mise en perspective régionale du thème 3 « Des mobilités
généralisées » en Afrique australe peut être introduite à partir
des exercices 4 et 5 p. 207 afin de remobiliser les connaissances
acquises sur les notions de développement, transition
démographique et transition économique.
Présentation des cartes et des liens possibles
entre elles
Le troisième entrée du thème 4 porte sur « Des territoires
traversés et remodelés par des mobilités complexes ». Pour
présenter ces mobilités, trois cartes sont réalisées. La carte 1
se focalise sur les migrations internationales et internes dans la
région en présentant les flux migratoires internationaux entrant
et sortant de la région, la part des migrants internationaux dans
la population par État, puis les migrants internes et les clôtures
anti-migratoires. La carte 2 se concentre sur les mobilités
touristiques internationales en révélant le nombre de touristes
par État et la part du tourisme dans le PIB de chacun d’entre
eux. Cette carte est en lien direct avec la carte 3 qui illustre les différence d’attractivité se traduit aussi dans la part du tourisme
différentes formes de tourisme en Afrique australe (tourisme dans le PIB des États qui passe de moins de 7 % pour l’Eswatini
culturel, tourisme de safari, tourisme urbain…) et les aéroports à plus de 10 % pour la Namibie ou le Botswana.
indispensables à la venue de touristes internationaux.
Capacités et méthodes
Une insertion relative dans les mobilités Titre : L’Afrique australe, un territoire traversé par de nombreuses
touristiques internationales mobilités
Le continent africain n’a capté que
Europe Un carrefour
37 milliards de dollars et 63 millions Reste de migratoire important
de touristes en 2017 alors que l’Asie l’Afrique
Asie et part de migrants
a attiré 323 millions de visiteurs pour Moyen-Orient internationaux
des recettes de 390 milliards de dollars. Amérique dans la population
du Nord
L’Amérique a accueilli 211 millions de faible
touristes pour des recettes de 326 COMORES moyenne
MALAWI
millions de dollars et l’Europe est
ANGOLA forte
restée en tête des continents les plus
ZAMBIE
visités avec 672 millions de visiteurs
pour des recettes de 519 milliards de flux migratoire
MOZAMBIQUE MADAGASCAR
dollars. Pour l’OMT, l’Afrique n’a pas ZIMBABWE
réussi à tirer une grande partie des
NAMIBIE Une destination
revenus du tourisme international faute BOTSWANA touristique prisée
d’investissements conséquents dans les
infrastructures de base. aéroport
ESWATINI international
OCÉAN
INDIEN littoral
AFRIQUE LESOTHO Océanie touristique
Lire les cartes DU SUD espace majeur
Carte 1 – L’Afrique australe est traversée du tourisme
par de multiples flux qu’ils soient
internationaux ou internes. Ces flux
transforment les populations locales :
selon les États, on compte entre 0,8
et 9,2 % de migrants internationaux dans la population. Cours 3
L’émigration depuis l’Afrique australe peut s’expliquer par les
conditions de vie et l’espoir de trouver de meilleures conditions Des mobilités complexes
de vie en Europe, en Amérique ou en Océanie. Mais, des
populations internationales viennent également en Afrique
en Afrique australe p. 252-253
australe ; il s’agit parfois de migrants qui retournent chez
eux ou de populations qui souhaitent investir en Afrique. Les
Présentation des documents et repères
migrations internes s’expliquent par deux facteurs principaux : Les documents accompagnant ce troisième cours « Des
d’une part l’instabilité politique de certains États et la volonté mobilités complexes en Afrique australe » permettent de
de trouver refuge dans un État voisin et d’autre part le chômage répondre à la problématique posée : « Comment les différentes
et/ou un retard économique qui pousse les migrants à partir mobilités traversant l’Afrique australe renforcent-elles les
dans un pays voisin pour trouver un emploi et de meilleures inégalités territoriales ? ».
conditions de vie. Ces mobilités sont parfois rejetées par les Deux repères et trois documents illustrent le cours portant
États à l’exemple de la clôture anti-migratoire entre l’Afrique sur les mobilités en Afrique australe. Le Repère A indique la
du Sud et le Mozambique ou entre Botswana et le Zimbabwe. répartition des réfugiés par pays mais aussi la provenance
de ces réfugiés. Il permet de comprendre que les réfugiés se
Cartes 2 et 3 – L’Afrique australe offre de nombreux atouts aux
dirigent en majorité en Afrique du Sud. Le Repère B montre les
yeux des touristes internationaux comme le montre la carte
trois pays d’Afrique australe les plus fréquentés par les touristes
3. Parmi ces atouts, on peut citer les littoraux touristiques
ainsi que les dépenses effectuées par ces mêmes touristes. Le
aménagés et les stations célèbres du Cap ou de Durban. Un
doc. 1 est une photographie présentant le développement de
tourisme culturel se développe aussi en particulier en Afrique
l’écotourisme et du tourisme de vision à travers l’exemple des
du Sud à travers des lieux de mémoire, des sites religieux ou
conservancies de Namibie. Le doc. 2 permet quant à lui d’étudier
encore des sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco. La
la présence des migrants internationaux en Afrique australe
nature est sûrement l’atout majeur de la région et l’atout qui
avec l’exemple de la présence asiatique à Johannesburg. Enfin,
en fait sa renommée pour le tourisme de nature, les safaris-
le doc. 3 est le témoignage d’une coordinatrice pour Médecin
chasses ou safaris-photos dans des sites prestigieux comme
sans frontières. Ce témoignage permet de prendre connaissance
les chutes Victoria ou le parc national Kruger. La présence de
des motifs des migrations internes et les conditions de vie de
grands aéroports internationaux est aussi un atout pour attirer
ces migrants dans leur pays d’accueil, à travers ici l’exemple
les touristes provenant du monde entier. Cependant, la carte 2
des Mozambicains au Malawi.
montre que toutes les régions d’Afrique australe ne profitent
pas également de ces mobilités. D’une part, les touristes se
dirigent avant tout vers l’Afrique du Sud avec plus d’un million
de touristes accueillis en 2015 contre 250 000 en Angola. Cette

Thème 4 • L’Afrique australe : un espace en profonde mutation 101

 Les premiers efforts de conservation ont commencé en
Namibie. L’idée était de mettre la faune sauvage entre les
mains des communautés locales, accusées de braconnage par le
gouvernement. Sont nées des réserves communales intégrant
l’utilisation traditionnelle des ressources avec de nouvelles
sources de revenus : le tourisme et l’utilisation durable de la
faune (y compris la chasse au trophée). Dans les régions reculées,
où les possibilités de revenus sont souvent maigres mais où
les ressources naturelles sont abondantes, le programme crée
des emplois et des revenus supplémentaires et incite ainsi à la
conservation pratique de la nature. Les conservancies confèrent
une valeur financière à la faune et conduit à la tolérance pour
les animaux sauvages. La Namibie compte 82 conservancies, soit
44 % du territoire. Elles génèrent plus de 70 millions de dollars
de bénéfices pour les communautés rurales, 2 000 emplois
permanents et 3 500 emplois temporaires.
Capacités et méthodes
Pour aider les élèves à s’approprier cette capacité, il faut
les inviter à étudier les cartes et à analyser les documents
d’accompagnement. Ce travail sur les cartes et documents
doit ainsi permettre aux élèves de comprendre les raisons
qui poussent les migrants à quitter leur territoire, et de saisir
l’importance de leur destination. Ce regard sur le territoire de
départ et d’arrivée mais aussi sur les enjeux des migrations
permet d’utiliser une approche géographique pour mener
l’analyse. Voici un plan d’analyse possible.
– Les événements qui ont contraint les Mozambicains à quitter
leur pays : le doc. 3 nous apprend que les Mozambicains ont
du quitter leur pays en raison « des troubles politiques et de la
violence dans leur pays ». Ces populations deviennent alors des
réfugiés et ils cherchent refuge au Malawi, État qui accueille 4
% des réfugiés en Afrique australe (Repère A et doc. 3).
– Les conditions de vie des Mozambicains au Malawi : arrivés
au Malawi, les Mozambicains se construisent des logements de
fortune, des petits abris sans confort, sans hygiène et sans eau.
Ils vivent dans des conditions difficiles comme le mentionne
le document : « la surpopulation et le manque de sanitaires
constituent les risques majeurs » (doc. 3).
– Une présence source de tensions : la surpopulation liée à
l’arrivée massive de Mozambicains crée des tensions avec les
populations locales en particulier autour du seul cours d’eau à
proximité. Cette arrivée peut aussi être source de xénophobie
(doc. 3).
Exemple 5
Quels sont les défis posés par
l’immigration en Afrique du Sud ?p. 254-255
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
L’Afrique du Sud est la destination privilégiée d’Afrique australe
en raison de sa prospérité économique, ses opportunités
d’emploi et l’absence d’agitation politique majeure. Or, l’arrivée
de migrants crée des difficultés pour le gouvernement et des
tensions avec les populations locales. Le doc. 1 permet d’étudier
les motifs poussant les migrants à s’installer en Afrique du Sud.
Il montre aussi que le pays accueille des réfugiés mais qu’il
cherche à se fermer aux migrations illégales via le contrôle de
la frontière par l’armée et la présence de camps de transit. Le
doc. 2 illustre les difficultés que rencontrent les migrants dans
102
le pays (précarité économique, xénophobie, discriminations…)
et la politique migratoire du pays entre fermeture à la venue de
migrants peu qualifiés et l’accueil des réfugiés. Les doc. 3 et 4
font écho aux difficultés des migrants en montrant le quartier
délabré d’Alexandra à Johannesburg et la prégnance de la
xénophobie. Enfin, le doc. 5 permet de nuancer le propos en
montrant le rôle positif des migrants pour l’économie du pays.
L’Afrique du Sud, économie la plus forte d’Afrique Australe, attire
les migrants d’États voisins et au-delà. Durant l’apartheid, la
migration était très contrôlée, en particulier pour les migrants
noirs du pays. L’effondrement de l’apartheid a permis aux gens
de se déplacer librement. Le pays est devenu une destination
attrayante pour les ressortissants africains cherchant de
meilleures opportunités économiques, ce qui en fait le pays
où les migrants et les réfugiés sont les plus élevés de la sous-
région. L’Afrique du Sud a un solde migration positif (+ 120 000
en 2016). Le contrôle des frontières n’est pas simple car certains
pays d’Afrique australe ont du mal à émettre des documents
d’identification et de voyage créant des difficultés pour la
gestion des migrations car, en l’absence de documents valides,
tous les mouvements transfrontaliers sont illégaux.
Cet exemple permet de travailler la compétence « Réaliser une
production graphique » avec le second itinéraire proposé. La
réalisation d’une carte mentale peut permettre aux élèves de
s’approprier plus facilement le contenu du cours et être un outil
stratégique pour faciliter les révisions et le travail à la maison.
Réponses aux activités
Itinéraire 1
Le plan suivant peut servir de guide pour la rédaction du
paragraphe attendu.
– L’Afrique du Sud, un pays qui attire… L’Afrique du Sud est
un pays prospère d’Afrique en raison de son activité agricole,
minière et industrielle. Cette prospérité, couplée à une stabilité
politique, nourrit des flux migratoires intenses de main-d’œuvre
mais aussi de réfugiés venus en particulier des pays voisins.
(doc. 1 et 2).
– … mais des conditions de vie difficiles pour les migrants…
Le pays connaît fréquemment des flambées de xénophobie.
Les migrants sont souvent associés à des voleurs de travail.
Au quotidien, ces hommes et femmes sont aussi victimes de
précarité économique et ils vivent dans des quartiers d’habitats
dégradés, à l’écart de la société (doc. 2, 3 et 4).
– … et une attitude ambivalente du gouvernement sud-
africain. Le gouvernement sud-africain souhaite attirer les
migrants qualifiés car ils apportent une plus value à l’économie
du pays, d’autant que moins de 70 % de la population du pays
est en âge de travailler contre 92 % pour les migrants. Or, si
le gouvernement souhaite attirer les migrants qualifiés, il se
ferme aux migrants illégaux et aux travailleurs peu qualifiés
en durcissant les conditions d’obtention de permis de séjour
permanents et temporaires, et en installant des camps de
transit pour la détention et l’expulsion des migrants sur son
territoire. Enfin, le gouvernement se montre accueillant pour
les réfugiés et en leur promettant une législation favorable qui
garantit leur liberté de mouvement, le droit de travailler et la
protection de l’État. Cependant, les documents ne permettent
pas de connaître les conditions de vie au sein des camps de
réfugiés (doc. 1, 2 et 5).
Itinéraire 2
Pour vous aider, organisez votre réponse en trois branches.
– Origine des migrants : les migrants proviennent en majorité
des pays voisins de l’Afrique du Sud tels le Lesotho, le Zimbabwe
ou le Mozambique, mais aussi de destinations plus lointaines
à l’image des Allemands ou des Anglais qui migrent vers le
pays. Au total, l’Afrique du Sud compte plus de 4 millions
d’immigrés sur son territoire dont 75 % sont originaires du
continent africain.
– Rôle et conditions de vie des migrants : Ces migrants
viennent travailler en Afrique du Sud dans les mines, les grandes
exploitations ou les industries du pays. Certains viennent aussi
en Afrique du Sud pour y trouver un refuge. Or, les conditions
de vie de ces migrants sont souvent difficiles, en particulier
pour les personnes peu qualifiées et/ou sans emploi qui vivent
dans des quartiers d’habitats dégradés. Les migrants plus
qualifiés ont visiblement un rôle bénéfique pour le pays : leur
travail participe au développement économique et ils paient
plus d’impôts que les sud-africains eux-mêmes.
– Attitude du gouvernement et de la société sud-africaine : le
gouvernement se montre accueillant pour les réfugiés en leur
promettant une législation favorable qui garantit la liberté de
mouvement, le droit de travailler et la protection de l’État. Le
gouvernement sud-africain souhaite aussi attirer les migrants
qualifiés car ils apportent une plus-value à l’économie du pays.
Or, si le gouvernement souhaite attirer les migrants qualifiés
et accepte les réfugiés, il se ferme aux migrants illégaux et
aux travailleurs peu qualifiés en durcissant les conditions
d’obtention de permis de séjour permanents et temporaires
et en installant des camps de transit pour la détention et
l’expulsion des migrants sur son territoire. De plus, la frontière
nord-est du pays est surveillée par l’armée, ce qui montre cette
fermeture aux flux migratoires.
Exemple 6
Pourquoi les chutes Victoria,
pourtant plus grandes cascades
du monde, attirent-elles un nombre
de touristes limité ? p. 256-257
Enjeu de l’exemple et présentation des documents
Connues des populations locales sous le nom de « Mosi-oa-
Tunya » (« fumée qui fronde ») avant l’arrivée des colonisateurs
européens, les chutes sont « découvertes » par David
Livingstone en 1855 qui les nomme en l’honneur de la reine
d’Angleterre. C’est leur caractère monumental dans un cadre
naturel à l’allure préservée (doc. 1) qui attire les touristes
aujourd’hui (doc. 2 et 5) : 1 700 m de large, 108 m de hauteur
dans la faille d’un plateau, creusé par la force érosive du
Zambèze dans une coulée volcanique. Les nuages d’embruns
provoqués par les chutes peuvent monter à 400 m de hauteur
et sont visibles jusqu’à 10 km. Situées dans une région peu
peuplée, les chutes ont conservé leur caractère naturel (à
la différence des abords totalement anthropisés des chutes
du Niagara), mais sont peu accessibles (doc. 3). Depuis la
modernisation de l’aéroport de Victoria Falls et l’augmentation
des flux touristiques, les dégradations environnementales se
multiplient (doc. 4).
Une destination touristique ancienne
en renouveau
Une route rend les chutes Victoria accessibles dès 1898 et le
train arrive en 1904, permettant de relier le site aux grandes
villes d’Afrique du Sud. Un hôtel de luxe, le Victoria Falls Hotel,
est édifié face aux chutes en 1903 et les touristes commencent
à affluer sur le lieu. Un film documentaire réalisé en 1906 sur les
chutes attire six millions de spectateurs britanniques en six mois
de projection. Une réserve autour des chutes est créée dès 1894
et un parc national est promulgué en 1900. Dès lors, la beauté
du paysage et des installations « modernes » deviennent les
arguments de l’industrie du tourisme et des autorités coloniales.
Mais après la décolonisation, la période Mugabé (1980-2017)
au Zimbabwe donne un coup de frein à cette destination d’un
tourisme haut de gamme. Depuis, une transition touristique
semble se mettre en place (démocratisation et écotourisme),
mais le coût de l’accessibilité aérienne (par exemple, environ
1 000 € pour un vol A/R Paris-Victoria Falls via Francfort et
Johannesburg, réservé six mois à l’avance) limite pour l’instant
la fréquentation du site à un demi-million de touristes par an.
Afin d’identifier les contraintes et les ressources d’une situation
géographique, deux itinéraires d’activité sont proposés.
L’itinéraire 2, plus facile, peut être un préalable à l’itinéraire 1
légèrement plus complexe.
Réponses aux activités
Itinéraire 1
– Une transition touristique limitée : enclavement aérien qui
persiste (longue durée des vols au sein de l’espace régional et
encore plus mondial) ; écotourisme haut de gamme.
– Une transition touristique qui se développe : essor du
tourisme régional facilité par de nouveaux visas depuis les
pays émergents africains (Afrique du Sud, Éthiopie).
Itinéraire 2
– Atouts : paysage naturel préservé et monumental ;
changement de régime politique au Zimbabwe ; nouvelle
accessibilité aérienne.
– Freins : enclavement aérien qui persiste (longue durée des
vols au sein de l’espace régional et encore plus mondial) ;
pollutions environnementales (déchets, eau).
– Perspectives : essor du tourisme régional facilité par de
nouveaux visas depuis les pays émergents africains (Afrique
du Sud, Éthiopie).
Méthodes
Réaliser un typologie en géographie p. 258
1. et 2.
Une transition Une transition
en panne avancée
Trajectoire Partie nord et orientale Partie sud de l’Afrique
démographique de l’Afrique australe australe (Namibie, Afrique
Trajectoire du Sud, Botswana)
économique
Des mobilités Régions de départ Régions d’arrivée
intenses
Thème 4 • L’Afrique australe : un espace en profonde mutation 103
 3. Titre : L’Afrique australe, un espace en profonde mutation

État où la transition démographique

et la transition économique
sont en panne
MALAWI COMORES
ANGOLA
État où la transition démographique
ZAMBIE et la transition économique
sont avancées
MOZAMBIQUE
ZIMBABWE MADAGASCAR
PMA
NAMIBIE
BOTSWANA
migrations internes

ESWATINI

AFRIQUE LESOTHO
DU SUD

Intégrer des schémas dans une réponse – Des milieux naturels variés sous pression : présentation des
à une question problématisée p. 259 milieux naturels de la région, pression sur l’environnement.
– Des milieux riches : ressources minières, paysages.
1. Titre : Des milieux d’Afrique australe contrastés et sous
– Des milieux à ménager : protection des milieux naturels
pression
remarquables.
Une grande
diversité
Lac climatique Pour s’entraîner p. 260
Tanganyka OCÉAN climat Il est possible d’organiser l’analyse de documents selon le
INDIEN tropical
plan suivant.
Plateau climat
du Katanga méditerranéen – Des transitions en cours : démographique et urbaine (densité
Lac Malawi climat
de la population qui témoigne de la pression foncière) ;
montagnard transition économique : paysage d’arrière-plan marqueur de
Zam
bèze modernité (IDH supérieur à Luanda).
MADAGASCAR
Un point commun : – Des inégalités qui persistent à toutes les échelles : entre
l’insécurité
hydrique régions (selon le degré d’intégration), entre villes et campagnes,
Désert du
Kalahari manque entre quartiers d’une même ville (Luanda).
d’eau
Oran
ge Massif chronique Pour s’entraîner p. 261
du Drakensberg Il est possible d’organiser l’analyse de documents selon le
désertification
OCÉAN
ATLANTIQUE plan suivant.
– Des mobilités nombreuses et généralisées qui traversent
2. Titre : Des ressources abondantes en Afrique australe le continent : entre pays africains (en quête de meilleures
conditions de vie ou de stabilité) ; entre régions rurales ; en
Des sources provenance d’Europe.
d’énergie – Des mobilités diverses : étudiants, commerçants, travailleurs
Lac
Tanganyka OCÉAN
hydrocarbures qualifiés, expatriés, retraités, femmes, légales ou irrégulières.
INDIEN
– Des conséquences sur les territoires : afflux/exil de population ;
charbon apport de populations qualifiées ; renforcement des frontières.
Lac Malawi
Rédiger la réponse à une question
Zam uranium
bèze
MADAGASCAR problématisée p. 262
1. et 2.
Des matières
premières Idées générales/
Paragraphes Exemples
métaux arguments
Oran (fer, cuivre,
ge 1. Des a) La fin de la transition – 3,5 enfants par femme
bauxite, or) trajectoires démographique contre 4 en moyenne en
OCÉAN démographiques b) Une transition Afrique
ATLANTIQUE diamant
à plusieurs sanitaire freinée par – 19 % de la population
vitesses le sida sud-africaine
3. La rédaction de la réponse à la question problématisée c) Une transition – Il faudra attendre 2035
« Comment faire face à la pression des milieux en Afrique urbaine en cours pour que la majorité de la
australe afin que ses milieux riches soient préservés ? » peut population soit urbaine
s’organiser selon le plan suivant.

104
 Idées générales/ L’inégale transition démographique et urbaine
Paragraphes Exemples
arguments
Luanda
2. Des a) Une amélioration – IDH passé de 0,472 en ANGOLA COMORES
MALAWI
trajectoires des conditions de vie 1990 à 0,573 en 2017 Huambo ZAMBIE
Lusaka
économiques b) Peu d’économies – Afrique du Sud Harare Antananarivo
ZIMBABWE MADAGASCAR
différenciées diversifiées NAMIBIE
BOTSWANA MOZAMBIQUE
c) La malédiction des – Mozambique, Malawi Pretoria
Maputo
Johannesburg
ressources ESWATINI
AFRIQUE Durban
3. Des inégalités a) Entre États – Comores/Afrique du Sud DU SUD LESOTHO
Le Cap Port Elizabeth
à toutes les b) Entre régions – Angola entre Luanda et
échelles c) Entre populations les régions rurales transition démographique inachevée
– En Afrique du Sud, 95 % transition démographique achevée
des pauvres sont noirs principale agglomération

3. La rédaction de la réponse à la question problématisée Des migrations nombreuses

« Pourquoi les transitions démographique et économique de
l’Afrique australe augmentent-elles les inégalités à toutes les COMORES
MALAWI
échelles ? » peut s’appuyer sur le plan proposé dans le tableau. ANGOLA
ZAMBIE
Introduction possible : Pourquoi les transitions démographique MOZAMBIQUE
ZIMBABWE
et économique de l’Afrique australe augmentent-elles les NAMIBIE MADAGASCAR
BOTSWANA
inégalités à toutes les échelles ? Nous verrons que les trajectoires
ESWATINI
démographiques se déclinent à plusieurs vitesses, que les
AFRIQUE LESOTHO
trajectoires économiques y sont différenciées et que les DU SUD
inégalités persistent à toutes les échelles.
solde migratoire positif
Conclusion possible : Ainsi les transitions démographique et
solde migratoire négatif
économique de l’Afrique australe, par leurs différents stades
principal flux migratoire africain
d’avancement, augmentent les inégalités à toutes les échelles.

S’entraîner à l’oral : argumentation, posture p. 263 Définir

1. Organisation attendue.
– Une politique transfrontalière de protection de
l’environnement : coopération transfrontalière ; système des
conservancies ; parc naturel ; parc de Kgalagadi (Afrique du
Sud/Botswana) ; sanctuarisation ; braconnage ; biodiversité ;
parc Limpopo (Afrique du Sud/Zimbabwe).
– Le développement des activités touristiques : système des
conservancies ; parc naturel ; retombées économiques ; tours
opérateurs ; tourisme de luxe ; polyactivité des paysans.
– Des retombées limitées pour les populations locales :
retombées économiques ; tours opérateurs ; parc privé ;
tourisme de luxe ; braconnage ; polyactivité des paysans.
2. et 3. Pour préparer la présentation orale, les élèves peuvent
s’appuyer sur les différentes pages méthodes oral du manuel.
Les définitions de ces termes sont toutes dans le lexique du
manuel p. 266-268.
Analyser une série statistique
Les élèves peuvent s’appuyer sur la méthode p. 164 et organiser
leur analyse selon le plan suivant.
– Une transition urbaine en cours dans la région : partout
les taux d’urbanisation progressent, mais à trois exceptions
près l’urbanisation reste inférieure à la moyenne mondiale.
La transition urbaine n’est donc pas achevée.
– Des inégalités dans la transition urbaine : certains États
restent encore majoritairement ruraux (il s’agit des plus pauvres
de la région) alors que d’autres ont terminé leur transition
urbaine (Afrique du Sud, Botswana). Ces inégalités sont
révélatrices des différentiels de développement.

Réviser  p. 265 Analyser un texte sur les migrations en Afrique

australe
Localiser Les élèves peuvent s’appuyer sur la méthode p. 91 et organiser
L’inégale transition économique leur analyse selon le plan suivant.
– La volonté de contrôler des flux migratoires anciens :
grillages, forces de sécurité peu nombreuses.
ANGOLA COMORES
ZAMBIE
MALAWI – Les mutations des territoires frontaliers : ouverts à la faune
(peace parks), nouvelles technologies.
ZIMBABWE MADAGASCAR
NAMIBIE
BOTSWANA MOZAMBIQUE

ESWATINI
AFRIQUE
DU SUD LESOTHO

Essentiel de la richesse économique assurée par

l’exploitation des l’agriculture
ressources naturelles
État à l’économie diversifiée

Thème 4 • L’Afrique australe : un espace en profonde mutation 105

Couverture : Anne Danielle Naname, Juliette Lancien
Maquette intérieure et Mise en page : Anne Danielle Naname, Laure Gros
Cartographie : AFDEC
Infographie : Beata Gierasimczyk, Domino
Fabrication : Miren Zapirain, Victor Grimaldi
Suivi éditorial : Marielle Muret-Baudoin
www. Hachette-education.com
© Hachette Livre 2019
58, rue Jean Bleuzen – 92178 Vanves Cedex
ISBN : 978-2-01-395426-6

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Enseignants, dans quel cadre pouvez-vous réaliser des COPIES DE MANUELS SCOLAIRES pour vos élèves ?
Grâce aux différents accords signés entre le CFC, votre établissement et le ministère de l’Éducation nationale :
• vous pouvez réaliser des photocopies d’extraits de manuels (maximum 10 % du livre) ;
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d’un vidéoprojecteur, d’un TBI-TNI…) ou d’une mise en ligne sur l’intranet de votre établissement, tel que l’ent (maximum

600 g éq. CO2

4 pages consécutives dans la limite de 5 % du livre) ;
• n’oubliez pas d’indiquer les références bibliographiques des ouvrages utilisés !
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays.
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L. 122-4 et L. 122-5, d’une part, que les « copies
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