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Coordination

Jacqueline JALTA
Jean-François JOLY
Michaël PARDON
Roger REINERI
José RIQUIER

Emmanuelle BYRDY, Lycée La Hotoie, Amiens


Charles COLLIGNON, Lycées François 1er et Claude Monet, Le Havre
Sébastien COLIN, INALCO, Paris
Emmanuelle DELAHAYE, Lycée Edouard Herriot, Lyon
Marie-Christine DOCEUL, Agrégée de géographie
Françoise DRAIN, Agrégée d’histoire
Philippe GUIZARD, Académie de Montpellier
Jacqueline JALTA, Agrégée de géographie
Jean-François JOLY, Agrégé de géographie Avec la collaboration de :
François MARIE-LANOË, Lycée Eugène Ionesco, Issy-les-Moulineaux Alain DUBRESSON, Université Paris Nanterre
Benoit LISBONIS, Lycée François 1er, Le Havre Richard D’ANGIO, Agrégé de géographie
Pascale NÉDÉLEC, Lycée Janson de Sailly, Paris Judicaëlle DIETRICH, Université Jean-Moulin, Lyon 3
Michaël PARDON, Lycée Pablo Picasso, Perpignan, Antoine FRÉMONT, Université Paris-Est, Marne-la-Vallée
Espé de l’académie de Montpellier Lila HEBERT, Lycée Bristol, Cannes
Roger REINERI, Agrégé de géographie Nelly MOUCHET, Lycée Philippine Duchesne, ITEC Boisfleury, Corenc
Laurent RIEUTORD, Université de Clermont-Auvergne Pascal ORCIER, Lycée Beaussier, La Seyne-sur-Mer
José RIQUIER, Agrégé d’histoire-géographie Aurélie SALA DROUILLARD, Agrégée de géographie

www.magnard.fr
Édition : Nicolas Waszak
Mise en page : So’Graph
Cartographie : Marie-Christine Liennard
Géographie 1re

Chapitre 1 La ville gagne le monde 

I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 3


II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 5
III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 9

I. Mise en œuvre de la question


Le programme
Thème
Les villes à l’échelle mondiale : le poids croissant des métropoles
Commentaire
Depuis 2007, la moitié de la population mondiale vit en ville ; cette part ne cesse de progresser. Cette urbanisation
s’accompagne d’un processus de métropolisation : concentration des populations, des activités et des fonctions
de commandement.
En dépit de ce que l’on pourrait identifier comme des caractéristiques métropolitaines (quartier d’affaires, équi-
pement culturel de premier plan, nœuds de transports et de communication majeur, institution de recherche et
d’innovation…), les métropoles sont très diverses. Elles sont inégalement attractives et n’exercent pas la même
influence
Problématique générale
La question s’insère dans le thème 1 : La métropolisation : un processus mondial différencié.
La métropolisation désigne un nouveau stade de l’urbanisation, qui ne touche qu’une fraction des villes du monde,
celles qui concentrent des fonctions de commandement au rayonnement international. À l’échelle mondiale, elle
renforce les inégalités entre les villes du monde : elle bénéficie aux métropoles déjà les plus intégrées aux flux
de la mondialisation et les mieux dotés pour les accueillir. C’est donc un processus sélectif mais aussi évolutif :
des métropoles apparaissent dans les pays émergents parallèlement à leur intégration dans la mondialisation.
Notion clé
Métropolisation : processus de concentration des hommes, des capitaux et des activités de décision, de concep-
tion et de direction dans des villes au rayonnement international appelées métropoles.

La mise en œuvre dans le manuel


Leçon 1 – L’urbanisation, un phénomène mondial
Problématiques
Comment s’effectue la transition urbaine dans le monde ?
• Où la croissance urbaine est-elle la plus forte ? La plus faible ?
• Comment se concrétise la croissance urbaine dans le monde ?
• Où se trouvent les grandes mégapoles d’aujourd’hui et de demain ?
Pages supports Documents
Cartes enjeux, p. 28-29 Repères spatiaux : Urbanisation et grandes villes du monde, p. 22.
À quelle vitesse l’urbanisation gagne-t-elle le Doc 1 : La ville dévoreuse d’espace, p. 24.
monde ?
Doc 2 : Évolutions de la population urbaine dans le monde, p. 39.
Cours 1, p. 38-39
Vers une urbanisation généralisée de la planète Doc 1 : Un paysage d’étalement urbain à Atlanta (État de Géorgie), aux États-
Unis, p. 39.
S’entraîner au Bac 2 : Les grandes villes du monde, p. 48.
Doc : Chongqing, l’ambition d’une « nouvelle Shanghai » pour la Chine intérieure,
p. 274.

© Magnard, 2019 3
Géographie 1re

Leçon 2 – Une métropolisation du monde I


Problématiques
Quels sont les liens entre métropolisation et mondialisation ?
• Qu’est que le processus de métropolisation ?
• Quels sont les critères du rayonnement métropolitain ?
• La métropolisation est très sélective et inégalitaire dans le monde.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 34-37 Doc 2 : Les grandes métropoles du monde en compétition, p. 24.
La Megalopolis du nord-est des États-Unis : des Doc 3 : La hiérarchie des villes mondiales, p. 41.
synergies métropolitaines
Doc 4 : Typologie des fonctions de commandement et des lieux qui les incarnent,
Cours 2, p. 40-41 p. 41.
La métropolisation, une dynamique mondiale
Doc 7 : Les 15 premières économies métropolitaines mondiales selon le Produit
Étude de cas, p. 54-55 urbain brut, p. 151.
Londres, une métropole de rang mondial
S’entraîner au Bac 3 : New York, métropole mondiale, p. 50.

Leçon 3 – Le poids croissant des métropoles


Problématiques
Comment les métropoles animent le nouvel espace productif mondial ?
• Les métropoles sont les villes les plus puissantes du monde.
• Elles fonctionnent en réseau entre elles, entre coopérations et concurrence.
• Par leur inégal rayonnement, elles constituent une hiérarchie très marquée.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 30-33 Doc 5 : « Starchitectes » et « starchitecture », p. 43.
La métropolisation au Brésil : dynamiques et Doc 7 : Genève, capitale diplomatique mondiale : le Palais des Nations, siège
contrastes européen des Nations unies, p. 43.
Étude de cas, p. 58-59 Dossier : Émirats arabes unis, des métropoles en quête de notoriété, p. 44-45.
Mumbai, une métropole fragmentée
S’entraîner au Bac 1 : Les villes dans le monde : quelle importance de la popula-
Cours 3, p. 42-43 tion urbaine ? quel poids des métropoles ?, p. 46.
Un monde de métropoles
S’entraîner au Bac 4 : La métropolisation du monde, p. 72.

Ressources documentaires récentes

BIBLIOGRAPHIE et sitographie f
-- J. Damon, T. Paquot, Les 100 mots de la ville, coll. « Que sais-je ? », PUF, 2014. C
-- D. Acloque, « Métropolisation et mondialisation », in La mondialisation contemporaine, Rapport de force et enjeux, r
Nouveaux continents, Nathan, 2017. n
t
-- P. Nédélec, Géographie urbaine, A. Colin, 2018.
e
-- E. Dorier (dir.), L’Urbanisation du monde, coll. « La Documentation photographique », La Documentation é
française, n° 8125, 2018.
2
-- Géoconfluences, ressources pour le programme de Géographie en première générale : Les villes à l’échelle
p
mondiale : le poids croissant des métropoles ; http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/classes/
e
ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-programmes-1ere-generale
À
-- ONU, World Urbanization Prospect : données statistiques sur les évolutions du fait urbain dans le monde :
S
https://population.un.org/wpp/
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-- GaWC (Globalization and World Cities), groupe de recherche de l’université de Loughborough (Grande-Bretagne) : s
www.lboro.ac.uk/gawc/ q
-- Global Cities Initiative : www.brookings.edu/project/global-cities/ s
-- Métropolitiques : www.metropolitiques.eu/ v
-- Urban Observatory : www.urbanobservatory.org/ c
u
l
l

4 © Magnard, 2019
Géographie 1re

II. Réponses aux questions 3. En 2035, plus que jamais, la gestion des grandes
mégapoles sera un enjeu des pays des Sud. Les Nords
n’abriteront que 3 des 30 plus grandes mégapoles du
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 26-27 monde : Tokyo, New York et Los Angeles-Long Beach.
La comparaison avec la carte actuelle montre le déca-
1. Il s’agit d’une photographie aérienne oblique d’un lage entre l’explosion urbaine à laquelle vont devoir
espace de la banlieue de Mexico. Le paysage urbain est faire face les pays du Sud, alors que l’Europe n’aura
très homogène puisqu’il s’agit d’habitat pavillonnaire toujours que Londres, Paris, Moscou et l’ensemble
composé de maisons identiques. Les maisons ont un allemand Rhin-Ruhr au-dessus de la barre des 7 mil-
étage, sont mitoyennes des deux côtés avec quelques lions d’habitants.
mètres carrés de pelouse et une courte allée en pas
4. L’Asie regroupera 60 % des métropoles de plus de
japonais les séparant de la rue. La structure du lotis-
7 millions d’habitants. La Chine à elle seule en abri-
sement est en arêtes de poisson avec des rues per-
tera 18 et l’Inde 9, alors que le Japon restera à 3 et les
pendiculaires à la route principale située au milieu du
États-Unis à 5. S’ajouteront les capitales de 7 autres
lotissement.
pays d’Asie, Dacca, Karachi et Manille en tête.
2. La croissance de Mexico prend la forme d’un vaste
5. En 2050, plus des deux-tiers de la population mon-
étalement urbain dû au choix d’habitat individuel même
diale sera urbaine. Les différenciations infra-continen-
si les terrains sont petits et les maisons mitoyennes.
tales resteront cependant marquées en Afrique (43 %
3. Les avantages d’habiter dans cette banlieue sont en Afrique orientale, 74 % en Afrique australe) et en
l’accès à un logement individuel, neuf, d’une certaine Asie (81 % en Asie orientale, 54 % en Asie du Sud). Le
taille, avec un petit jardin, dans le cadre d’un lotisse- continent américain sera le plus urbanisé et le plus
ment, dans un espace qui semble éloigné des zones homogène, les quatre pays du cône sud du Mercosur
industrielles les plus polluantes. représentant le plus vaste espace le plus urbanisé du
L’inconvénient majeur est l’éloignement du lieu de monde. Le différentiel entre les deux géants chinois
travail, qui oblige à des migrations pendulaires en voi- et indiens persistera : 3 chinois sur 4 seront urbains
ture individuelle car le lotissement ne semble pas être contre 1 Indien sur 2.
pourvu de transports collectifs menant au cœur de la 6. En dehors de l’Afrique subsaharienne orientale, les
capitale mexicaine. pays où la population urbaine sera encore minoritaire
feront figure d’exception sur les autres continents :
Grenade en Amérique, Afghanistan, Tadjikistan en Asie
CARTES ENJEUX p. 28-29 occidentale, Népal, Sri Lanka en Asie du Sud, Cam-
bodge en Asie orientale. À l’échelle du monde, 25 pays
Analyser les cartes seulement seront encore majoritairement ruraux, les
plus peuplés étant africains : l’Éthiopie, le Kenya, le
1. La croissance urbaine est modérée dans les pays à Soudan, l’Ouganda.
fort taux d’urbanisation qui sont les pays de la Triade.
Cela ne souffre pas d’exception, que ce soit en Amé- Mettre les cartes en relation
rique du Nord, en Europe occidentale ou au Japon. On
note juste une croissance plus forte des aggloméra- La généralisation du fait urbain et la taille atteinte par
tions des noyaux de la Sun Belt des États-Unis (Texas bon nombre de villes font que la gestion du fait urbain
et vieux Sud redynamisé), liée à la forte croissance sera un enjeu majeur en termes de développement
économique de cette partie des États-Unis. durable : logements, transports, gestion des déchets,
2. La croissance urbaine est très élevée dans les alimentation des populations, pressions sur l’environ-
pays peu urbanisés qui connaissent un important nement…
exode rural et un accroissement naturel plus élevé.
À l’échelle du planisphère, une opposition Nord- ÉTUDE DE CAS
Sud est donc identifiable en mettant à part le cas de La métropolisation au Brésil :
l’Amérique latine, précocement urbanisée. La crois-
dynamiques et contrastes p. 30-33
sance des villes du Sud est très spectaculaire avec
quelques exceptions : grande métropole à l’exten-
sion limitée par le site naturel, comme Hong Kong A. São Paulo, métropole mondiale émergente
voire Mumbai, ou moins dynamique économiquement,
comme Kolkata. Vu leur poids démographique et leur Analyser et confronter les documents
urbanisation encore moyenne ou faible, la Chine et
l’Inde s’identifient par l’ampleur de la croissance de 1. São Paulo est d’abord une métropole qui concentre
leurs grandes métropoles. une forte population. L’agglomération regroupe 21 mil-
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Géographie 1re

lions d’habitants. Cette concentration est à mettre en ne doivent pas faire oublier les favelas, quartiers d’ha- é
bitat spontané marqués par la pauvreté, l’enclavement y
lien avec la puissance économique de la métropole,
et la violence. La croissance urbaine rapide rend les a
dont la traduction visuelle est sa skyline tout en ver-
infrastructures obsolètes et nécessite de nouveaux (
ticalité. L’attractivité de São Paulo se manifeste avec
le cosmopolitisme de la ville. Cette forte concentration investissements. Le réseau de transport est insuffi-
est source de congestion du trafic routier. sant pour assurer les mobilités des habitants, l’appro- C
2. La puissance métropolitaine de São Paulo s’exprime visionnement en eau pose problème. L
d’abord par sa puissance économique historique- t
ment née avec le cycle du café à la fin du xixe siècle. Conclure o
São Paulo possède un quartier d’affaires d’influence c
Forces et faiblesses des métropoles brésiliennes sont
mondiale, autour de l’avenue Paulista. C’est la pre- P
liées. La croissance urbaine permet une création de
mière place financière d’Amérique latine. L’inscription t
richesses toujours plus importante. Cependant, l’afflux
de la métropole dans l’espace mondialisé est permise c
de population nécessite la modernisation et le déve-
par les infrastructures portuaires de Santos, premier loppement des infrastructures de transport, d’approvi-
port d’Amérique du Sud. De plus, São Paulo présente sionnement en eau et en énergie. De plus, les quartiers B
une forte capacité d’innovation grâce aux activités de d’habitat spontané, les favelas, concentrent les diffi-
recherche-développement qui s’y situent. cultés sociales. Toutes les métropoles brésiliennes A
3. Le port de Santos est l’expression littorale de la présentent un éventail incomplet de fonctions métro-
métropolisation de São Paulo. Le port constitue l’in- politaines. Brasilia est avant tout un centre politique. 1
terface entre la métropole et l’espace mondialisé, en São Paulo n’a pas le rayonnement artistique, culturel d
permettant les importations et les exportations de et touristique des villes-mondiales. Rio de Janeiro n’est l
marchandises. qu’une métropole économique de second plan. é
s
Conclure ÉTUDE DE CAS t
q
São Paulo est une métropole mondiale émergente La Megalopolis du nord-est des États-Unis : t
car son influence dépasse les frontières du Brésil et des synergies métropolitaines p. 34-36 p
car la ville est liée au réseau métropolitain mondial.
2
La ville est en pleine croissance et cela impacte la
A. Une puissante région urbaine polycentrique c
vie quotidienne des Paulistes, notamment dans leurs d
mobilités. São Paulo est une métropole émergente car
elle ne possède pas tous les attributs de la puissance Analyser et confronter les documents
métropolitaine mais s’affirme comme une métropole
1. L’organisation spatiale de la Megalopolis est cen-
économique et financière de premier plan.
trée sur un chapelet de cinq grandes métropoles qui
se succèdent du Nord au Sud sur plus de 650 km de
B. Une métropolisation singulière et imparfaite long et qui en sont l’élément structurant. Entre elles,
l’espace est urbanisé en continu, ce qui justifie l’emploi
Analyser et confronter les documents du terme de mégalopole. c
2. Les éléments de puissance de la Megalopolis u
1. Le réseau urbain brésilien est dominé par trois à l’échelle mondiale sont une concentration sans m
métropoles aux visages différents. São Paulo est le pareille de pouvoirs à la fois politique, culturel et d
principal centre économique, industriel et financier du économique. D’un point de vue politique, elle abrite le
pays. Brasilia, fondée en 1960, est la capitale politique pouvoir fédéral de la première puissance mondiale et C
du Brésil. Quant à Rio de Janeiro, elle en constitue la les plus grandes organisations internationales (ONU,
vitrine touristique et culturelle. N
FMI). D’un point de vue culturel s’y trouvent cinq presti-
2. Rio de Janeiro est une métropole mondiale grâce v
gieuses universités de renommée internationale. D’un
à son rayonnement touristique et culturel et à son r
point de vue économique, la Megalopolis est encore
ancien statut de capitale politique. C’est ainsi une ville i
le siège de nombreuses firmes transnationales amé-
qui organise des événements planétaires, comme le d
ricaines et de la première place financière mondiale
Sommet pour la Terre en 1992, les Jeux olympiques d
qu’est Wall Street (et également de la seconde qui est
d
de 2016 ou la finale de la Coupe du monde de football le Nasdaq). Sa connexion au reste du monde est assu-
en 2014. rée par plusieurs aéroports internationaux (six ont un
3. La métropolisation à Rio de Janeiro et São Paulo est trafic supérieur à 20 millions de passagers).
imparfaite. Les inégalités socio-spatiales sont mar- 3. Boston contribue à la puissance de la Megalopolis
quées. Les quartiers aisés et les quartiers d’affaires par la forte densité de ses institutions culturelles et

6 © Magnard, 2019
Géographie 1re

- éducatives. Une main-d’œuvre extrêmement qualifiée


y est disponible et le cadre de vie présente des
COURS 1
t Vers une urbanisation généralisée
aménités même si elles ne sont pas climatiques
(nature et culture). de la planète p. 38-39
-
Conclure Lire le graphique
La Megalopolis est composée de pôles complémen- 1. Les courbes correspondent à l’évolution du nombre
taires dans la mesure où les principales métropoles d’urbains en cumulé par continent et aussi à l’évolu-
ont des points forts différents : Washington est une tion du nombre d’urbaines et de ruraux depuis 1950
capitale politique, Boston a un rayonnement culturel, avec une projection jusqu’en 2050. Les plages de cou-
t
Philadelphie et Baltimore ont d’importantes fonc- leur permettent d’identifier chaque continent.
e
tions portuaires. Au sommet, New York, ville globale,
x 2. La croissance du nombre d’urbains est très inégale,
cumule les pouvoirs.
très faible pour la première courbe (l’Europe) et de plus
- en plus forte, la croissance étant la plus explosive en
s B. New York, ville globale Afrique alors que la courbe de l’Asie s’infléchit quelque
peu. En Amérique et en Europe, le taux d’urbanisation
s Analyser et confronter les documents déjà très élevé (> 75 %) explique la faible croissance
- actuelle et à venir.
. 1. New York est à la fois une capitale politique mon-
l diale (siège de l’ONU), le premier centre financier de Comprendre le graphique
t la planète (Wall Street et le Nasdaq) et une capitale
économique où de nombreuses entreprises sont pré- 3. On observe une différence de type Nord/Sud dans
sentes, en particulier dans le domaine des hautes la mesure où les pays du Nord ont une croissance
technologies. Ces dernières sont attirées par la forte urbaine faible, mais il faut aussi noter l’hétérogénéité
qualification de la main-d’œuvre qu’elles peuvent y des Suds si on compare les trois continents concernés
trouver, ainsi que par la proximité avec les décideurs (croissance plus forte en Afrique qu’en Asie et en Amé-
politiques et financiers. rique latine et Caraïbes où elle est la plus faible).
2. La skyline de New York est un hérissement de gratte- 4. Le niveau de développement mais aussi l’histoire
ciel emblématique car c’est dans cette ville que ce type (la colonisation hispanique fondée sur le contrôle par
de paysage est apparu à la fin du xixe et s’est développé les villes explique la forte et ancienne urbanisation
dans l’entre-deux-guerres. Aujourd’hui, une nouvelle de l’Amérique latine) expliquent les différences entre
génération de gratte-ciel résidentiels s’ajoute à la sil- continents.
houette de la ville. Ces gratte-ciel sont symboles de
puissance. Le magazine français L’Express l’utilise
e pour cela et parce qu’elle est immédiatement identi- COURS 2
, fiable. La métropolisation,
3. New York est toujours une ville attractive car elle une dynamique mondiale p. 40-41
continue d’attirer des migrants du monde entier : c’est
s une ville-monde très cosmopolite. La qualification des
s migrants récents est forte : la ville bénéficie du brain Lire le tableau
drain.
1. Une fonction de commandement est un acteur, une
institution de décision et de direction dans les diffé-
t Conclure rents secteurs économiques, politiques, culturels…
New York est une ville globale par le cumul sans équi- 2. Les grandes tours qui constituent un centre d’af-
-
valent de ses pouvoirs de différentes natures. Son faires (ou CBD en anglais) concentrent le plus de
rayonnement est planétaire, en particulier avec des fonctions de commandement dans les domaines éco-
institutions dont les décisions ont des conséquences nomiques, financiers, scientifiques voire politiques.
dans le monde entier, que ce soit l’ONU dans les
domaines politique et diplomatique ou Wall Street Comprendre le tableau
dans le domaine boursier.
3. Ces fonctions permettent aux métropoles de rayon-
ner à l’échelle internationale car elles abritent des
personnels très qualifiés qui s’y concentrent et ont des
s

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Géographie 1re

pouvoirs de décisions qui s’appliquent dans le monde À


entier. Elles créent une atmosphère attrayante pour DOSSIER s
d’autres activités. Émirats arabes unis, des métropoles m
4. Si on prend l’exemple de Paris, le quartier de la en quête de notoriété p. 44-45 b
Défense est le centre d’affaires abritant des sièges d
d’entreprises industrielles et de services. Il est le p
Prolonger le cours a
lieu des pouvoirs politiques de la France, pays qui
demeure très centralisé (Élysée pour le président de 1. Les symboles les plus spectaculaires utilisés pour t
la République, Matignon pour le Premier ministre, mettre en valeur Dubaï et Abu Dhabi sont des bâti- a
palais Bourbon pour l’Assemblée nationale, palais du ments qui battent des records : le plus haut gratte-ciel (
Luxembourg pour le Sénat) et abrite des organisa- « Burj Khalifa », la plus haute structure « Dubaï Creek C
tions internationales (Unesco, OCDE, Agence spatiale tower », le plus grand mall du monde « Dubaï mall », e
européenne). De nombreuses universités, musées et etc. et des institutions prestigieuses qui s’installent : le b
autres lieux culturels s’y trouvent. La métropole pos- Louvre, Guggenheim, l’Exposition universelle… a
sède deux grands aéroports et est au cœur du réseaux La starchitecture (avec des architectes de renom
en étoile de circulation terrestre du pays. comme Jean Nouvel ou Santiago Calatrava) et les I
prouesses techniques choisies permettent de mettre
en avant ces métropoles sur la scène mondiale.
COURS 3
Un monde de métropoles p. 42-43 2. Les atouts qui font de Dubaï une métropole mon-
diale sont de nature économique (hub portuaire et
aéroportuaire de niveau mondial, quartier des affaires
Lire le texte ultramoderne, centre d’innovation, centre financier,
infrastructures touristiques haut de gamme…), cultu-
1. La « starchitecture » est le fait de faire appel à un
relle et touristique (des architectes de renom comme
architecte de renommée mondiale pour construire un
Calatrava et Nouvel, des musées comme le Louvre et
édifice. Sa signature, son nom lui donnent d’emblée
Guggenheim, des centres de savoir comme l’université
une valeur positive
Sorbonne à Abu Dhabi, des infrastructures de loisirs
2. La ville de Bilbao est située dans le nord de l’Es- comme les parcs aquatiques, des restaurants d’ori-
pagne dans le pays basque. Elle est célèbre pour son gine diverse, étoilés, avec des chefs célèbres…).
musée d’art Guggenheim réalisé par l’architecte cana-
dien Franck Gehry, qui est un architecte de renommée 3. Les acteurs mobilisés sont essentiellement publics
mondiale. L’effet Bilbao tient au fait que la réalisation (le gouvernement des EAU, le cheik et son adminis-
de ce musée a eu des retombées très positives pour la tration dans chaque émirat à l’initiative de nombreux
ville qui était plutôt en crise avec ses activités tradi- projets, « visit Dubaï » appartenant à l’agence d’État
tionnelles industrialo-portuaires. chargée de la promotion de la ville, le musée du
Louvre, le promoteur immobilier Emaar (Burj Khalifa
Comprendre le texte et Dubaï Creek tower) détenu en majorité par le gou-
vernement de Dubaï…). Ces acteurs publics font aussi
3. Les élus locaux pensent donc que, comme à Bil- appel à des acteurs privés comme les architectes, les
bao, la construction d’un édifice par un architecte de investisseurs, les chaînes hôtelières…
renommée mondiale attirera des touristes et amélio- 4. Ce fort volontarisme étatique a des limites : de
rera l’image et la notoriété de leur ville à l’étranger. grandes inégalités sociales et juridiques, une popula-
4. Par exemple à Lyon, dans le quartier Confluence, tion de passage (seule 15 % de la population de Dubaï
plusieurs exemples de « starchitecture » se sont est émiratie), un investissement sans limite dans l’ur-
cumulés récemment : banisation. Les documents ne renseignent pas sur le
– Jakob et McFarlane : le Cube vert et le Cube orange ; taux de remplissage des nombreuses tours et rési-
– Odile Decq : le Dark Point ; dences pour expatriés, ni sur l’évolution récente des
– Rudy Riciotti : le Pavillon 52 ; prix de l’immobilier.
– Jean Nouvel : Ycone (tour inaugurée en 2019) ;
– Christian de Portzamparc : hôtel de région.
Synthèse
Le marketing territorial consiste en une stratégie mise
en place par des acteurs surtout publics pour promou-
voir un territoire, ici des métropoles, afin d’attirer des
acteurs, notamment privés, comme des investisseurs
et des touristes.

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Géographie 1re

À Dubaï et Abu Dhabi, la stratégie consiste à être connu se généralisent : une majorité de citadins vit désormais
sur la scène mondiale, à être mis en avant régulière- dans des espaces périurbains. La périurbanisation est
ment grâce à la construction de bâtiments iconiques dénoncée en raison de son impact sur l’environne-
battant les records mondiaux, à des architectes et ment : consommation excessive de terres agricoles,
des institutions de renom, à un site internet actif, en d’espaces naturels, d’énergie, pollution… Comme le
plusieurs langues, chargé de la promotion de la ville montre le schéma 1, ce processus de périurbanisation
auprès des investisseurs et des touristes. Cette stra- exige de gérer et d’aménager durablement les villes.
r tégie et ses moyens sont développés ici aux Émirats
arabes unis essentiellement par des acteurs publics La mondialisation renforce le poids et le rôle des
l (gouvernements, agences et entreprises étatiques…). villes qui rayonnent au-delà de leurs frontières en
Ce marketing territorial a des limites : il repose et concentrant les lieux de pouvoir : ces villes sont des
engendre des inégalités, il y a un risque de crise immo- métropoles. Elles se démarquent par leurs fonctions
bilière et la pérennité de l’essor économique n’est pas politiques, avec les sièges d’institutions nationales, et
assurée à moyen/long terme. aussi par la présence d’instances internationales (ONU
et FMI à New York, Unesco à Paris…) et diplomatiques
(consulats, ambassades). Les métropoles accueillent
III. Corrigés du Bac également les grandes rencontres internationales.
Les fonctions de commandement sont reparties dans
S’ENTRAÎNER AU BAC 1 l’ensemble des secteurs d’activité. Les plus nom-
Rédiger une réponse à une question breuses et les plus importantes concernent le domaine
problématisée p. 46-47 économique et financier : sièges sociaux des entre-
prises transnationales, bourses, banques, entreprises
Sujet : Les villes dans le monde : quelle importance ? de services financiers et d’assurances…
quel poids des métropoles Enfin, les métropoles sont au centre des mobilités
Dans le monde actuel, plus d’un humain sur deux vit internationales. Elles attirent, par le dynamisme et les
dans une ville. Cet essor des villes s’accompagne d’un opportunités économiques, aussi bien les travailleurs
poids et d’un rôle croissant des métropoles. Quelles qualifiés que non qualifies. De même, elles sont des
formes l’urbanisation et la métropolisation prennent- destinations majeures du tourisme international grâce
elles ? En quoi la métropolisation reste-t-elle un pro- à leur patrimoine historique et architectural, ainsi que
cessus sélectif ? par l’ampleur de leurs événements culturels.
On évoquera d’abord l’urbanisation du monde et ses L’importance prise par l’urbanisation et les métropoles
conséquences, puis on décrira la place et le fonction- est cependant inégale dans le monde. Dans certains
nement des métropoles pour ensuite dresser un bilan pays des Suds, que ce soit en Afrique subsaharienne
de l’urbanisation et de la métropolisation à l’échelle ou en Asie du Sud, les populations rurales sont encore
mondiale. majoritaires. Mais la transition urbaine est en cours et
le rythme de croissance urbaine y est élevé. Des méga-
Depuis 2007, la population mondiale vit majoritaire-
poles sont le résultat de l’accélération de l’urbanisa-
ment en ville. Pour la première fois de l’histoire, la
s tion dans les pays des Suds : 26 sur 33 y sont situées.
population urbaine dépasse la population des cam-
pagnes. En 2018, 55 % de citadins sont comptabili- Toutes les mégapoles ne sont pas des métropoles qui
e sés et ce chiffre devrait atteindre 68 % en 2050. Cette concentrent des activités et des fonctions de rayonne-
- évolution s’explique par la transition urbaine. Ce pro- ment international. La mondialisation renforce la concen-
cessus est étroitement lié au niveau de développement tration de fonctions de commandement dans les centres
économique et social des pays. Les taux d’urbanisation de l’économie mondiale : l’Amérique du Nord, l’Europe
sont donc inégaux entre pays des Nords et pays des de l’Ouest et l’Asie orientale. Les activités de conception
- Suds. À l’échelle de la planète, de très forts contrastes et de décision se polarisent dans les grandes villes d’un
s apparaissent selon les pays entre les taux d’urbanisa- petit nombre de pays caractérisés par leur haut niveau de
tion et les taux de la croissance urbaine. La transition développement. Les acteurs économiques y bénéficient
urbaine est achevée en Amérique, en Europe et dans d’une main-d’œuvre qualifiée, d’infrastructures perfor-
certains pays d’Asie. Dans les pays des Suds, principa- mantes, des avantages de la proximité spatiale d’autres
lement en Asie et en Afrique, les populations rurales acteurs et de l’effet de taille. Dans certains territoires les
e sont encore souvent majoritaires. métropoles proches les unes des autres forment une
- mégalopole comme le montre le schéma 2.
À l’échelle locale, les conséquences de l’urbanisation
sont spectaculaires : aux Nords comme aux Suds, la À l’inverse, les pays et les villes les moins intégrés à
s croissance urbaine s’accompagne le plus souvent d’un la mondialisation, en Afrique notamment, sont encore
étalement urbain. Des dynamiques de périurbanisation davantage mis à l’écart des dynamiques métropoli-
9 © Magnard, 2019 9
Géographie 1re

taines à l’échelle mondiale. Cependant, des métro- telles Venise, elles rayonnent grâce à leur patrimoine
poles émergentes se multiplient dans les pays des culturel et historique mais détiennent peu de fonctions
Suds grâce à l’affirmation économique de pays comme économiques ou politiques à l’importance internatio-
la Chine, l’Inde ou le Brésil. Shanghai est ainsi devenu nale. Les métropoles dites secondaires ne rayonnent
le premier port mondial et la 5e place boursière du qu’à une échelle nationale ou régionale. En France,
monde, São Paulo est la principale place financière des villes comme Nantes, Bordeaux, Toulouse ou Lille
d’Amérique latine, Mumbai est la capitale écono- sont qualifiées de métropoles régionales.
mique d’un pays devenu la 6e puissance économique Le monde actuel est désormais fortement urba-
du monde. nisé et cette dynamique est une des caractéristiques
Cependant, peu de villes cumulent l’ensemble des majeures d’un monde en recomposition. La place des
fonctions de commandement. Une métropole est dite métropoles devient centrale dans l’organisation du
incomplète quand elle concentre des fonctions de com- monde. Elles forment une hiérarchie avec au sommet
mandement dans un seul domaine d’activité. Ottawa, quelques métropoles mondiales, et sont en concur-
capitale politique du Canada, centralise les fonctions rence pour attirer les hommes, les activités, les flux.
administratives et diplomatiques mais ne dispose Ce processus de métropolisation renforce les inégali-
que d’un très faible secteur économique. Les villes tés à toutes les échelles entre les pays, entre les villes
mondiales sont un type de métropole incomplète : et même à l’intérieur des espaces métropolitains.

S’ENTRAÎNER AU BAC 2
Réaliser un croquis p. 48-49

Sujet : Les grandes villes du monde


Croquis : Les grandes métropoles, une croissance inégale

Légende 1
1. Des grandes métropoles
Population (en millions d’habitants)

30 20 16

2. Une croissance inégale


Croissance 2010-2016 (en %)

+3 2 1 Moins
de 1

10 © Magnard, 2019
Géographie 1re

e Museum) autour de Central Park (lieu emblématique


S’ENTRAÎNER AU BAC 3
prisé de la métropole). Le texte ajoute une fonction
Analyser des documents p. 50 stratégique plus récente à Manhattan, à savoir l’in-
novation technologique, autre moteur de la puissance
, Sujet : New York, les fonctions d’une métropole mon- américaine : avec ses milliers de start-up, la Silicon
e diale Alley de New York accueille même désormais certains
Les deux documents sont une carte thématique datant GAFA (en l’occurrence Google et Facebook).
- de 2018 présentant les lieux emblématiques de la puis- Cette exceptionnelle concentration d’activités intel-
sance économique et culturelle de New York, et un lectuelles, financières, technologiques et culturelles
extrait d’article tiré de l’hebdomadaire L’Usine nouvelle font vraiment de New York la première ville globale
u datant également de 2018. Ils invitent à nous question- du monde. La percée récente de New York dans les
ner sur les fonctions métropolitaines que possède la nouvelles technologiques est symbolique car elle vient
- « Big Apple » et sur les relations de concurrence qu’elle concurrencer le haut lieu mondial en ce domaine,
. entretient avec les autres métropoles états-uniennes. la Silicon Valley de la côte ouest du pays avec, entre
- La carte met en évidence la forte polarisation des fonc- autres, un nouveau campus dédié.
s tions stratégiques au cœur de la métropole, dans la Ces documents présentent toutefois des limites
partie sud de la presqu’île de Manhattan. De nombreux puisqu’ils se concentrent uniquement sur le quartier
lieux de puissance y sont concentrés : deux quartiers de Manhattan. Ils ne mettent pas en avant le poids
d’affaires (abritant des centres financiers majeurs à politique et diplomatique de New York (présence de
l’échelle mondiale que sont Wall Street et le Nasqaq), grandes institutions internationales comme le siège
un technopôle (Silicon Alley), une université (New York de l’ONU), ni ses grandes infrastructures de transport
University) et plusieurs « quartiers ou lieux touris- (son « hub » aéroportuaire JFK, son port).
tiques » de renommée mondiale (Times Square, Little Les deux documents montrent bien la concentration
Italy, Chinatown…) et une immense zone portuaire. de fonctions qui permettent à New York d’occuper le
Le nord de la presqu’île offre une moindre densité rang de première métropole mondiale. Le texte donne
d’activités de premier plan mais l’on trouve tout de une vision dynamique montrant le dynamisme de la
même deux autres universités (Roosevelt Island métropole qui ne s’endort pas sur son leadership mais
et Columbia University), trois musées de renom- s’investit dans le domaine stratégique des nouvelles
mée mondiale (MOMA, Guggenheim et Metropolitan technologies pour conforter sa suprématie.

9 © Magnard, 2019 11
Géographie 1re

RÉVISER POUR LE BAC p. 51

Schéma pour comprendre et retenir

LA VILLE GAGNE LE MONDE

Une urbanisation généralisée : Processus de métropolisation


la transition urbaine

À l'échelle locale : À l'échelle mondiale : À l’échelle locale : À l'échelle mondiale :


…étalement
… … … …urbain
……… formation urbanisation une hiérarchie urbaine :
(périurbanisation) de …mégapoles
………………… métropole
1. … ………………………
2. métropole incomplète
métropole
3. … … … … …régionale
……………

Polarisation des Fragmentation


… … …fonctions
…………… de… … … urbaine
commandement
…………………………… (espaces résidentiels,
(centre des affaires, espaces
edge cities) fonctionnels)

12 © Magnard, 2019
Géographie 1re

Chapitre 2 Des métropoles inégales et en mutation

I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 13


II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 15
III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 19

I. Mise en œuvre de la question


Le programme
Thème
Des métropoles inégales et en mutation
Commentaire
À l’échelle locale, l’étalement urbain combiné à l’émergence de nouveaux centres fonctionnels (dans la ville-
centre comme dans les périphéries) contribuent à recomposer les espaces intra-métropolitains. Cela se traduit
également par une accentuation des contrastes et des inégalités au sein des métropoles.
Problématique générale
La question s’insère dans le thème 1 : « La métropolisation : un processus mondial différencié ».
Malgré leurs particularités historiques et culturelles, les paysages des métropoles ont tendance à s’uniformiser
tout en se recomposant : leur silhouette urbaine (skyline), leurs infrastructures de transport, leurs équipements
culturels se ressemblent de plus en plus souvent. Les élus locaux encouragent la construction de quartiers tou-
jours plus attractifs, qui se démarquent par des tours ou autres monuments emblématiques.
L’écart se creuse entre les quartiers et entre les citadins, selon le niveau de vie des populations. Là où les plus
aisés ont la liberté de choisir un lieu de vie qui leur convient, les plus pauvres sont relégués dans les lieux les
moins attractifs. La fragmentation des tissus urbains est à l’œuvre même s’il existe encore des quartiers inter-
médiaires ou mixtes.
Notions clés
Inégalités socio-spatiales : disparité entre les populations et/ou les territoires en matière de revenus, d’emplois
ou encore d’équipements publics.

La mise en œuvre dans le manuel


Leçon 1 – L’espace des métropoles : centres et périphéries
Problématiques
Quelles recompositions spatiales engendre la métropolisation ?
• Comment les centres-villes deviennent-ils des hyper-centres ?
• Les espaces métropolitains deviennent polycentriques
• Quels sont les enjeux de l’étalement urbain ?
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 34-35 Doc : L’étalement urbain des métropoles : lotissement de la banlieue
La Megalopolis du Nord-Est des États-Unis : des de Mexico, p. 26-27.
synergies métropolitaines Doc 1 : Un paysage d’étalement urbain à Atlanta (État de Géorgie), aux États-
A. Une puissante région urbaine polycentrique Unis, p. 39.
Cours 1, p. 62-63 Doc 1 : La région métropolitaine de Hong Kong / Guangzhou, p. 63.
Des métropoles en recomposition Doc 2 : Mississauga, edge city de Toronto (Canada), p. 63.
S’entraîner au Bac 6 : Les métropoles : recomposition spatiale et fragmentation
sociale ?, p. 76.

9 © Magnard, 2019 13
Géographie 1re

Leçon 2 – Vers une uniformisation des territoires métropolitains ? I


Problématiques
Quels sont les attributs spatiaux d’une grande métropole ?
• Les quartiers d’affaires sont la vitrine de la métropolisation
• En quoi consistent les grands projets urbains ?
• Quelles sont les motivations des aménageurs ? c
Pages supports Documents p
Reportage, p. 37 Doc 5 : « Starchitectes » et « starchitecture », p. 43. b
New York, une skyline incomparable Dossier : Émirats arabes unis, des métropoles en quête de notoriété, p. 44-45. d
Cours 2, p. 64-65 Doc 3 : L’uniformisation des paysages métropolitains, p. 65.
r
Les lieux emblématiques des métropoles
Doc 4 : La plate-forme multimodale de Roissy, p. 65.
b
Dossier : Moscou, une métropole en pleine mutation, p. 68-69. 2
Doc 1 : La skyline de Marina Bay, symbole de la réussite de Singapour, p. 140. P
Doc : Chongqing, l’ambition d’une « nouvelle Shanghai » pour la Chine intérieure, m
p. 274-275. d
Doc 1 : Pudong, vitrine de la modernité et de l’émergence de la Chine, p. 288. t
3
Leçon 3 – La fragmentation des espaces métropolitains a
t
Problématiques
d
Comment la métropolisation accentue les inégalités socio-spatiales urbaines ? P
• Les contrastes sociaux s’accentuent à l’intérieur des espaces urbains j
• Qu’est-ce que la gentrification ?
• Pourquoi peut-on parler de fragmentation des espaces métropolitains ?
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 56 Doc : Réaliser la ville « intelligente » et écologique du futur : le projet Forest City,
Londres, une métropole de rang mondial d’Iskandar, en Malaisie, p. 20-21.
B. Une métropole fragmentée Doc : Les inégalités urbaines à Mumbai : le quartier de Bandra East, p. 53-54.
Étude de cas, p. 60 Doc 5 : Un immeuble « cabane » à Turin, p. 67.
Mumbai, une métropole fragmentée
B. Un espace mégapolitain Doc 6 : Communauté fermée de Cape Town en Afrique du Sud, p. 67.

Cours 3, p. 66-67 Dossier : Jakarta, la croissance échevelée d’une métropole des Suds, p. 70-71.
Partout des métropoles qui se fragmentent S’entraîner au Bac 5 : Mumbai, une métropole fragmentée, p. 74-75.
S’entraîner au Bac 6 : Les métropoles : recomposition spatiale et fragmentation
sociale ?, p. 76.
p
C
Ressources documentaires récentes t
e
BIBLIOGRAPHIE et sitographie c
-- J. Damon, T. Paquot, Les 100 mots de la ville, coll. « Que sais-je ? », PUF, 2014. 2
-- C. Ghorra-Gobin, La Métropolisation en question, PUF, 2015. l
-- D. Acloque, « Métropolisation et mondialisation », in La mondialisation contemporaine, Rapport de force et enjeux, s
Nouveaux continents, Nathan, 2017. j
t
-- P. Nédélec, Géographie urbaine, A. Colin, 2018.
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-- E. Dorier (dir.), L’Urbanisation du monde, coll. « La Documentation photographique », La Documentation d
française, n° 8125, 2018.
3
-- Géoconfluences : Les villes à l’échelle mondiale : le poids croissant des métropoles : http://geoconfluences.ens-
a
lyon.fr/programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-programmes-1ere-generale
a
-- Géoconfluences : Que deviennent les centres-villes en Europe ?, revue de presse, avril 2019 : (
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/revues-de-presse/centres-villes-europe p
-- J. Miller, Unequalscenes : https://unequalscenes.com/projects p
-- Skyscraperpage : base de données des gratte-ciel dans le monde : http://skyscraperpage.com/ d
-- Global Cities Initiative : www.brookings.edu/project/global-cities/ n
t

14 © Magnard, 2019
Géographie 1re

II. Réponses aux questions l’élite financière mondiale, qui assure une réputation
de grande performance des services financiers
londoniens.
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 52-53
Conclure
1. Cette photographie a été prise à Mumbai, à l’est du
centre. Cette vue aérienne oblique montre au premier Ses atouts font de Londres une ville globale car elle
plan un vaste bidonville à droite, ainsi qu’une grande est au cœur des flux mondiaux, en particulier dans le
barre d’immeuble isolée et, à gauche, un quartier secteur financier et pour les flux de déplacement des
d’immeubles en îlots, structuré et paysager. À l’ar- hommes (travail et tourisme). Elle est très cosmopo-
rière-plan s’étend l’immense agglomération de Mum- lite (plus de 200 nationalités dans la finance), très bien
bai. reliée au reste du monde et l’anglais est la langue de
la mondialisation.
2. Les inégalités sont marquées dans ce paysage.
Population pauvre dans un bidonville informel, classes
moyennes d’employés des services publics logées B. Une métropole fragmentée
dans des îlots d’immeubles (Government Colony), quar-
tier aisé en formation (grand immeuble sur la droite). Analyser et confronter les documents
3. Ce quartier proche du centre se transforme
aujourd’hui : le quartier d’immeubles est en rénova- 1. Les contrastes sociaux et spatiaux sont particuliè-
tion, le bidonville se réduit au profit d’un quartier rési- rement marqués dans l’espace londonien. La polari-
dentiel aisé en cours de réalisation (résidence Kanakia sation sociale entre populations modestes d’un côté
Paris). Cependant, les inégalités urbaines sont tou- et « super riches » de l’autre a tendance à s’accroître,
jours très marquées. à mesure que Londres confirme sa place de pôle
financier mondial et de lieu de résidence pour mil-
liardaires cosmopolites. Cette dichotomie se retrouve
ÉTUDE DE CAS dans l’espace de la ville, avec un centre-ouest où les
Londres, une métropole prix de l’immobilier atteignent des records (dépassant
18 000 euros par m²), et des périphéries lointaines
de rang mondial p. 54-57
particulièrement pauvres (notamment dans le Nord et
l’Est).
A. Un rayonnement à l’échelle du monde Cette différence de richesse considérable a des consé-
quences préoccupantes dans plusieurs domaines, et
Analyser et confronter les documents en partie pour la santé des habitants. À seulement
quatre stations de métro d’écart, on mesure des
1. Londres est une ville mondiale de premier plan, en différences allant jusqu’à 18 ans pour l’espérance de
particulier dans le secteur de la finance. La City et vie à la naissance, ce qui correspond à l’écart entre la
Canary Wharf sont deux quartiers d’affaires d’impor- Suisse et le Zimbabwe.
tance mondiale, accueillant des centaines de banques D’un point de vue spatial, les poches de pauvreté cor-
et de compagnies d’assurances et de services finan- respondent souvent aux espaces où se concentrent les
ciers. minorités ethniques. Alors qu’elles sont peu présentes
2. L’attractivité de Londres s’appuie également sur dans le centre de Londres (et totalement absentes dans
l’anglais, qui facilite les échanges et attire les sièges le centre-ouest, ou « richistan »), les populations noires
sociaux d’entreprises multinationales, et un système et asiatiques résident dans les lointaines banlieues de
juridique inspirant confiance et stabilité. L’attractivité l’Est et de l’Ouest. Le document 10 semble indiquer la
touristique de la capitale britannique participe égale- constitution de quartiers ethniques plutôt distincts en
ment à son fort rayonnement, avec environ 20 millions fonction des origines, car les forts pourcentages de
de visiteurs internationaux par an. populations identifiées comme « noires » et asiatiques
3. Londres est une métropole extrêmement bien reliée se retrouvent rarement dans les mêmes quartiers.
au monde, possédant notamment le premier hub 2. Dans certains cas, les quartiers périphériques déla-
aéroportuaire mondial. Elle rassemble cinq aéroports brés connaissent de nouvelles dynamiques. C’est le
(Heathrow, Gatwick, Luton, Stansted et City Airport), cas d’Old Street, dans l’Est londonien. Cet espace assez
pour un total de plus de 170 millions de passagers dégradé a attiré de nouvelles entreprises spécialisées
par an. La ligne à grande vitesse Eurostar permet dans l’informatique et les télécommunications grâce
de connecter le centre-ville de Londres à Paris et au à des prix de l’immobilier très bas. Plusieurs grandes
nord de l’Europe en quelques heures. Cette infrastruc- multinationales sont venues s’installer dans ce nou-
ture très développée permet à Londres d’accueillir veau « cluster », telles Microsoft, Facebook, Intel,
9 © Magnard, 2019 15
Géographie 1re

Google ou encore Cisco. Les emplois créés, la rénova- est aussi une vitrine de la culture indienne (cinéma
tion architecturale et le renouveau de la réputation du « Bollywood »). Une étude économique étatsunienne
quartier le revitalisent. de 2014 la qualifie de « ville globale », ville industrielle
devenue capitale des services.
Conclure
Conclure
Londres est une métropole où la fragmentation
socio-spatiale est particulièrement marquée. Elle Métropole majeure de l’Inde en plein développement
est d’abord classique, avec des quartiers aisés et (6e puissance mondiale), Mumbai a connu une évolu-
des périphéries modestes très distincts les uns des tion récente et spectaculaire qui en fait aujourd’hui
autres (schéma centre-périphérie + distinction Est/ une métropole de rang mondial. Mais l’espace urbain
Ouest). Elle se double d’une fragmentation ethnique, reste très disparate, chaotique et difficile à aménager.
avec des minorités globalement exclues du centre et
de sa richesse. Elle prend une ampleur considérable
d’un point de vue de la santé des habitants avec des B. Un espace mégapolitain fragmenté
écarts d’espérance de vie considérables d’un quartier
à l’autre (18 ans). Analyser et confronter les documents
Le terme est d’autant plus justifié que la dynamique 1. Les contrastes sociaux sont marqués entre quar-
de fragmentation a tendance à s’aggraver avec une tiers d’habitation où se mêlent résidences aisées,
attractivité renforcée vis-à-vis d’une classe mondiale
quartiers modestes et délabrés et slums (bidonvilles).
de « super-riches » qui continue à faire augmenter les
Le littoral ouest longeant la mer d’Oman attire de plus
prix de l’immobilier et à repousser les pauvres tou-
en plus les habitants riches de Mumbai.
jours plus loin en périphérie.
2. La ville apparaît donc comme un pêle-mêle sans
plan d’ensemble, souffrant d’un défaut d’urbanisme.
ÉTUDE DE CAS Les infrastructures sont difficiles à mettre en place
Mumbai, une métropole fragmentée p. 58-60 (transports urbains, réseaux d’électricité et d’eau…)
et quartiers résidentiels et bidonvilles peuvent encore
voisiner.
A. Mumbai, l’émergence d’une grande 3. Dans la gestion de cet immense espace urbain, Mum-
métropole des Suds bai rencontre plusieurs difficultés majeures : le site
(une presqu’île étroite et marécageuse), l’insuffisance
Analyser et confronter les documents des infrastructures, le délabrement de nombreux
quartiers, l’envolée des prix fonciers et immobiliers
1. Le paysage urbain mêle quartiers d’immeubles au centre, la pression des slums en extension, notam-
élevés, bidonvilles, marécages et zones de végétation ment au Nord, grignotant l’espace forestier.
résiduelles.
4. De nombreux aménagements sont récents ou en
2. Le centre de la ville ne constitue pas un ensemble cours : la destruction de bidonvilles et le relogement
structuré. Cette ligne ferroviaire aérienne surplombe
de populations déplacées, la rénovation de quartiers
des quartiers aux densités très inégales et aux ter-
délabrés, le développement des logements sociaux,
rains parfois non stabilisés.
l’amélioration des réseaux de transport et la protection
3. L’émergence économique est visible par son d’espaces naturels (parc national). Le projet le plus
extension accompagnée de multiples aménagements vaste est celui de la création d’une ville nouvelle, à l’est
récents ou en cours : nouveaux port et aéroport, lignes du site originel de Mumbai. Mais pour rendre cette ville
de transports modernes, quartiers d’affaires. À l’Est, plus vivable et équitable, une meilleure gouvernance
le grand projet en cours de la ville nouvelle de NAINA est nécessaire (impôts plus justes, règles d’urbanisme
dédoublera à terme la métropole actuelle. Métro- et concertation des habitants et des ONG).
pole industrielle, elle est devenue une place finan-
cière majeure dont le nouveau CBD est le Bandra
Conclure
Kurla Complex qui abrite Bourse et sièges sociaux de
nombreuses entreprises. Mumbai assurait 6 % de la Un site complexe, des densités très inégales, des
richesse produite dans le pays en 2012. paysages composites, des contrastes sociaux très
4. L’ouverture sur le monde de la ville est en plein marqués et des infrastructures insuffisantes font de
essor. Mumbai est une place aéroportuaire et por- Mumbai une mégapole très fragmentée et difficile à
tuaire majeure dotée de trois quartiers d’affaires. Elle gérer.

16 © Magnard, 2019
Géographie 1re

a économiques et financières d’une métropole de rang


COURS 1
e mondial.
Des métropoles en recomposition p. 62-63
3. Au milieu d’ensemble d’immeubles en béton de
quelques étages, des tours et gratte-ciel s’élèvent au
Lire les documents cœur du centre de la ville. Certains ont une silhouette
1. La région de Hong Kong / Guangzhou occupe le delta hardie, typique de ces bâtiments iconiques dus à des
de la rivière des Perles, partie méridionale du littoral « starchitectes ».
chinois, en Asie orientale.
Comprendre la photographie
2. Trois métropoles de rang mondial structurent cette
n région : Canton est la métropole historique commer- 4. Le paysage de cette photographie, par son hérisse-
ciale, Shenzhen est une ville-champignon, d’abord ment de gratte-ciel et d’immeubles, ne se distingue
haut lieu de production industrielle (« l’usine du pas facilement d’un autre quartier d’affaires. Aucun
monde ») qui devient (voir document p. 287) une ville quartier historique donnant un paysage spécifique
de haute technologie. Hong Kong, l’ancienne colonie n’y apparaît cependant. Ce type de skyline se retrouve
britannique, peut être qualifiée de ville globale car dans toutes les métropoles mondiales sur tous les
c’est à la fois une place financière de premier plan, un continents : Jakarta (p. 70) Shenzhen (p. 287), Shan-
- grand port mondial et un hub aérien international. ghai (p. 288) en Asie, Dubaï dans la péninsule Arabique
, 3. Cette région rayonne à l’international par l’en- (p. 44), New York (p. 37), São Paulo (p. 30) en Amé-
semble des flux qui la relient au monde entier : flux rique, Moscou (p. 68) en Europe. Johannesburg serait
s de marchandises (elle abrite à elle seule trois des plus le meilleur exemple en Afrique.
grands ports conteneurs du monde), flux financiers
(deux places boursières), flux humains (quatre aéro-
s
ports internationaux). COURS 3
.
e Partout des métropoles
Comprendre les documents
) qui se fragmentent p. 66-67
e 4. On peut parler d’une région métropolitaine car
la croissance urbaine est si forte qu’il y a une quasi Identifier la photographie
- continuité du tissu urbain entre cinq métropoles très
peuplées (deux de plus de 10 millions d’habitants et 1. Cet ensemble de logements peut être qualifié de
les trois autres plus de 7 millions), ce qui en est fait la « communauté fermée » car on ne peut y entrer libre-
seconde région métropolitaine du monde avec près de ment. Il est ceint d’une clôture métallique élevée et
50 millions d’habitants après celle de Shanghai. son portail est gardé en permanence.
- 2. Les indices du niveau de vie des habitants sont
l’apparence cossue des façades d’immeubles avec
COURS 2 balcons/terrasses et le véhicule de type 4x4 qui est
n
Les lieux emblématiques devant le portail d’entrée.
s des métropoles p. 64-65 3. Les habitants d’une communauté fermée recherchent
, en premier lieu la sécurité, surtout dans un pays comme
n Identifier la photographie l’Afrique du Sud qui a un taux de violence et de crimina-
s lité élevé.
t 1. Le quartier d’affaires photographié est celui d’As-
e tana, qui est la capitale du Kazakhstan en Asie cen- Comprendre la photographie
e trale.
e 2. On peut parler d’une métropole de rang interna- 4. Les communautés fermées participent à la frag-
tional si l’on en reste à la silhouette urbaine (skyline) mentation urbaine car ce sont des espaces privés où
caractéristique. En fait, Astana bénéficie de la richesse la population ne peut pas se déplacer librement. Étant
en hydrocarbures du pays et des idées de grandeur donné leur coût, elles sont réservées aux classes
de son président, dont le prénom a donné le nouveau sociales les plus aisées, et au minimum aux classes
nom de la capitale depuis mars 2019, Noursoultan. moyennes. Elles constituent donc une forme d’entre-
Capitale politique, elle n’a pas encore les fonctions soi qui est l’antithèse de la mixité sociale.

9 © Magnard, 2019 17
Géographie 1re

DOSSIER DOSSIER I
Moscou, une métropole Jakarta, la croissance échevelée
en pleine mutation p. 68-69 d’une métropole des Suds p. 70-71

Prolonger le cours Prolonger le cours


1. Moscou est, depuis plusieurs siècles, un centre 1. Jakarta présente de très forts contrastes urbains.
politique majeur, d’abord de la Russie puis, de 1922 Le contraste majeur est visible dans la verticalité du
à 1991, de l’URSS. Pendant la Guerre froide, elle fut centre d’affaires et l’horizontalité des quartiers d’ha-
le centre décisionnel principal du bloc communiste. bitat traditionnels (kampung). La croissance urbaine
Aujourd’hui, c’est la capitale politique de la Russie, accentue les fragmentations socio-spatiales car elle
redevenue un acteur géopolitique majeur du monde. rompt avec une certaine mixité sociale des quartiers
La fin du communisme et le développement de l’éco- traditionnels. L’étalement urbain prend la forme de
nomie de marché ont rapidement fait de Moscou une quartiers socialement homogènes : zones résiden-
métropole économique internationale. La capitale tielles aisées, quartiers de logements sociaux dans des
a attiré les investissements tandis que les villes périphéries éloignées au milieu d’espaces qui gardent
moyennes de Russie peinent à se développer. aussi une tonalité agricole. Les endroits qui sont les
2. Les travaux entrepris par Serguei Sobianine visent plus exposés aux risques concentrent les bidonvilles.
à moderniser Moscou et à l’embellir. L’objectif est de 2. Ce sont les communes du Grand Jakarta qui
rendre la ville attractive, pour les investisseurs en connaissent, surtout depuis les années 1980, la plus
modernisant les réseaux de transport notamment, forte croissance, supérieure à celle du cœur de l’ag-
mais aussi pour les touristes en mettant en valeur glomération. La croissance urbaine s’est canalisée le
le patrimoine architectural et historique de la ville. long des axes autoroutiers. Plus récemment, la crois-
Ainsi Moscou ne perd pas son identité alors que les sance a été freinée à Bogor pour protéger les pentes
immeubles nouveaux du quartier d’affaires appa- des volcans jugées essentielles pour l’approvisionne-
raissent conformes à la skyline de tous les CBD. ment en eau de la capitale.
3. Moscou est, avec Saint-Pétersbourg, le principal 3. Les mobilités sont très difficiles à Jakarta car les
pôle touristique de Russie. L’architecture traditionnelle transports en commun sont insuffisants : ils n’ont
russe, le patrimoine historique et religieux comme l’ar- jamais été une priorité des dirigeants politiques qui
chitecture de l’époque soviétique confèrent à Moscou ont privilégié l’automobile. Le réseau de chemin de fer
des paysages urbains uniques. Les aménagements du issu de la colonisation n’a pas été entretenu et moder-
centre-ville, comme les rues piétonnes ou la création nisé, il est totalement surchargé. La première ligne
de parcs, facilitent l’accueil des touristes et favorisent de métro est seulement en construction, le système
l’essor de cette forme d’activité qu’est le tourisme des bus en voie propre est récent et limité aux grands
urbain. axes. Jakarta est autant congestionnée parce que les
emplois y sont concentrés en raison de son dynamisme
Synthèse économique, l’étalement urbain a été spectaculaire et
anarchique, l’automobile a été privilégiée et les popu-
Moscou est aujourd’hui une métropole internationale lations aisées, voire les classes moyennes, répugnent
car elle possède les différents attributs de la puis- à utiliser les transports en commun.
sance métropolitaine. C’est la capitale politique d’un
des États les plus influents du monde. C’est le premier Synthèse
pôle économique de Russie et le premier pôle finan-
cier du pays grâce à sa place boursière et son secteur L’exemple de Jakarta est significatif du recul des quar-
bancaire. Elle est aussi liée au réseau métropolitain tiers urbains traditionnels qui étaient socialement
mondial grâce à ses aéroports internationaux. La ville mixtes. Les nouveaux quartiers qui sont construits sont
s’est ouverte aux investissements étrangers et aux tou- inaccessibles à la plus grande partie de la population qui
ristes. Mais Moscou se singularise aussi par son passé est rejetée dans des banlieues lointaines mal desservies.
historique à la fois long et spécifique qui est encore Progressivement, les bidonvilles sont rasés pour faire
bien présent dans le paysage urbain par des bâtiments place à d’ambitieux projets immobiliers. Les dirigeants
emblématiques comme le Kremlin ou les immeubles indonésiens privilégient les images de modernité, d’où
en béton caractéristiques de l’époque communiste. l’apparition d’un quartier d’affaires à la skyline bien carac-
téristique de tours et gratte-ciel que l’on retrouve dans
toutes les grandes métropoles du monde, tout comme
les immeubles de luxe ou les centre commerciaux.

18 © Magnard, 2019
Géographie 1re

III. Corrigés du Bac l’importance des flux entre la côte est des États-Unis
avec Londres et Paris, ainsi qu’entre la côte ouest de
ce même pays et la façade orientale de l’Asie.
S’ENTRAÎNER AU BAC 4
L’importance des infrastructures de communication
Analyser une carte et un texte p. 72-73
faisant fonctionner le réseau qui relie les grandes
métropoles est confirmée par le texte qui met en
Sujet : La métropolisation du monde
avant le rôle des grands aéroports internationaux et
. Les deux documents présentés sont récents (2018 et des lignes ferroviaires à grande vitesse. Ces métro-
u 2016). Il s’agit d’une carte thématique tirée de l’Atlas de poles sont au cœur de l’économie mondiale par leur
- la mondialisation présentant les « mégacités du futur » poids économique (on parle de produit urbain brut,
et un extrait d’article tiré de l’hebdomadaire Courrier PUB) : plusieurs exemples au Nord (Royaume-Uni,
e international. Ils nous invitent tous deux à nous ques- Russie) comme dans les Suds (Brésil, Turquie, Indo-
tionner sur la répartition, l’importance, la hiérarchie nésie) quantifient la part relative élevée de richesses
e des métropoles sur la planète et leur rôle dans la produites dans la principale métropole des pays. La
- recomposition du monde articulée autour du proces- concentration de population dans ces métropoles est
sus de métropolisation. mise en avant même s’il est indiqué que ce n’est pas la
La carte en figurés ponctuels et linéaires localise les population qui donne à une ville son statut de métro-
s principales mégapoles (très grandes villes de plus pole (même si c’est une mégapole !).
de 10 millions d’habitants) ainsi que les mégalopoles Les documents présentent toutefois des limites : le
(conurbation de plusieurs grandes métropoles) dans rayonnement des métropoles est limité à leur poids
le cadre d’une approche prospective (la carte se fonde démographique et économique. Or, certaines métro-
- sur des projections qui estiment la population que poles au poids démographique réduit peuvent exer-
e ces entités urbaines pourraient avoir en 2030). Ces cer une forte influence à l’échelle mondiale dans un
- « mégacités du futur » se concentrent dans les Suds domaine précis comme Genève ou Bruxelles (activités
s et en premier lieu en Asie, avec les deux principales financières et diplomatiques). À l’inverse, certaines
concentrations urbaines du monde, le sous-continent
mégapoles très peuplées comme Dacca, Karachi ou
indien et l’Asie orientale. Fort logiquement, l’Inde et la
Kinshasa ne peuvent être considérées comme des
Chine sortent du lot, en particulier la Chine où les deux
métropoles mondiales, pôles majeurs de la mondiali-
t régions métropolitaines de Shanghai et du delta de la
sation, en comparaison de New York, Tokyo ou Paris. On
i rivière des Perles deviennent des mégalopoles. À l’in-
peut avoir un regard critique sur le vocabulaire utilisé
r verse, dans les Nords, la situation n’évolue guère : pas
car les mégapoles ne sont pas forcément des métro-
- de nouvelles mégapoles en Europe où la mégalopole
poles, contrairement à celles qui forment des mégalo-
de la dorsale européenne n’est pas mentionnée ; seule
poles. Le terme de « mégacités » confirme l’approche
e une nouvelle mégalopole apparaît en Californie sur
journalistique, pas forcément géographique.
les bords du Pacifique de San Francisco jusqu’à la
s frontière mexicaine. Cependant, les documents illustrent bien l’impor-
La carte indique la géographie des infrastructures de tance prépondérante et croissante qu’occupent les
t télécommunications qui relient les principales métro- très grandes villes dans le monde actuel et à venir. La
- poles du monde : la répartition des câbles sous-ma- métropolisation est un processus majeur accompa-
t rins montre la hiérarchie de ces métropoles avec gnant la mondialisation.

-
t

i
.

-
s
e

9 © Magnard, 2019 19
Géographie 1re

D
S’ENTRAÎNER AU BAC 5
t
Réaliser un croquis p. 74-75 q
s
Sujet : Mumbai, une métropole fragmentée m
t
Croquis : Mumbai, une métropole fragmentée
m
1. Mumbai, une forte D
croissance spatiale d
l
Espace urbanisé
r
p
………………………… Ville centre
p
d
Ville périphérique
………………………… dynamique t
V
Extension urbaine D
s
2. Mumbai, les aménagements p
et les équipements S
d’une grande métropole u
4
Quartier d’affaires m
u
………………………… Zone portuaire
c
………………………… Ville nouvelle C
de Navi-Mumbai t
p
………………………… Axe de transport l
s
3. Mumbai, de très fortes n
inégalités b
p
Zone des slums d
d
Grand slum
à
D
0 10 km Habitat résidentiel de luxe

compagnent d’une augmentation des inégalités socio-


S’ENTRAÎNER AU BAC 6 spatiales criantes.
Rédiger une réponse à une question Quelles sont les transformations spatiales des métro-
problématisée p. 76 poles ? Comment se traduisent les inégalités sociales
dans les métropoles ? Nous verrons dans un premier
Sujet : Les métropoles : recomposition spatiale et temps les multiples recompositions à l’œuvre à l’échelle
fragmentation sociale ? de ces villes, puis les logiques qui conduisent à la frag-
Les métropoles jouent un rôle majeur dans le monde mentation de leurs espaces.
actuel car elles concentrent différents pouvoirs, en La métropolisation renforce le poids économique des
particulier dans les domaines économiques et finan- quartiers d’affaires qui deviennent les vitrines du
ciers. Au sein de ces immenses espaces urbains, de rayonnement international des métropoles dans les
multiples dynamiques agissent et recomposent en Nords comme dans les Suds. Ainsi, le Bandra Kurla
permanence leur territoire pour qu’elles gardent leur Complex à Mumbai (BKC) ou Canary Wharf à Londres
statut de grande métropole. Ces recompositions s’ac- s’ajoutent au centre historique des deux métropoles.

20 © Magnard, 2019
Géographie 1re

De plus, les quartiers centraux concentrent les fonc- des habitats souvent insalubres et parfois exposés
tions tertiaires (bureaux et sièges sociaux) tandis aux risques (pollutions, inondations, glissements de
que les fonctions secondaires (industries, artisanat) terrain…). Ces zones d’habitats pauvres peuvent par-
sont repoussées en périphérie. Dans cette logique, la fois jouxter des quartiers d’affaires ultra modernes
métropolisation accélère et amplifie la périurbanisa- (comme le Banda Kurla Complex) ou des immeubles
tion et l’étalement urbain, ce qui conduit à un rallonge- accueillant des populations très favorisées. Lorsque
ment significatif des déplacements urbains. les bidonvilles sont détruits, ces populations sont relé-
Dans certains cas, des centres fonctionnels secon- guées dans de lointaines banlieues comme à Jakarta,
daires situés en périphérie se sont développés (on où les kampung, quartiers traditionnels, disparaissent
les appelle « edge cities » en Amérique du Nord). S’y du centre de la métropole.
regroupent emplois tertiaires et industriels souvent à Dans la plupart des métropoles des Nords, les inéga-
proximité d’un échangeur d’autoroute ou d’un aéro- lités socio-spatiales progressent aussi avec une forte
port. La métropolisation favorise le rassemblement progression de la précarité, c’est le cas notamment à
dans un même territoire d’entreprises du même sec- Londres où la fracture immobilière explose. Selon les
teur économique (on parle alors de cluster), la Silicon quartiers, l’espérance de vie des habitants peut être
Valley en Californie en étant l’exemple le plus abouti. différente de quasiment une vingtaine d’années. De
Dans certains cas, l’espace métropolitain peut s’étendre même, on note une concentration des minorités eth-
sur une région bien plus vaste que la métropole et ses niques dans les quartiers les plus pauvres.
périphéries. On parle alors de région métropolitaine. La fragmentation est donc en cours dans les métro-
Shanghai et Guangzhou, en Chine, sont les deux régions poles allant à des formes extrêmes d’entre soi, à
urbaines les plus peuplées du monde (près de 80 et l’image des communautés fermées qui fleurissent
48 millions d’habitants). Plusieurs métropoles peuvent partout dans le monde : nées aux États-Unis, elles se
même voir leur tissu urbain se rejoindre formant alors développent en particulier dans les métropoles des
une mégalopole, comme Bowash aux États-Unis ou le Suds marquées par la violence comme São Paulo ou
corridor de Tokaido au Japon. les villes sud-africaines. À l’inverse, les quartiers les
Ces recompositions spatiales accroissent les inégali- plus pauvres et délabrés peuvent devenir des ghettos
tés entre ces espaces centraux des métropoles et les où des minorités ethniques sont reléguées.
périphéries. L’habitat est de plus en plus contrasté et
les quartiers de mixité sociale régressent. Les classes Les métropoles connaissent donc des dynamiques
supérieures choisissent des quartiers aux fortes amé- duales : d’un côté, leur rayonnement international se
nités, que ce soit proches des centres ou dans des traduit dans des quartiers centraux anciens et nou-
banlieues résidentielles. À l’inverse, les populations veaux qui concentrent les fonctions de commande-
pauvres vivent dans des quartiers défavorisés à l’écart ment et en sont les véritables vitrines. De l’autre, des
des dynamiques métropolitaines et éloignés des zones quartiers et des populations sont de plus en plus mar-
d’emploi ou mal desservis par les transports. Ainsi ginalisées. La fracture socio-spatiale se creuse donc,
à Mumbai, de nombreux « slums », comme celui de reflet à l’échelle des métropoles des inégalités de la
Dharavi, concentrent les populations pauvres dans mondialisation.

u
s
a

.
9 © Magnard, 2019 21
Géographie 1re

Chapitre 3 La France : la métropolisation et ses effets

I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 23


II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 25
III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 28

I. Mise en œuvre de la question


Le programme
Thème
La France : la métropolisation et ses effets
Commentaire
La métropolisation renforce le poids de Paris (ville primatiale) et recompose les dynamiques urbaines. L’impor-
tance et l’attractivité des métropoles régionales métropolitaines et ultramarines tendent à se renforcer, mais de
façon différenciée, de même que la concurrence qu’elles se livrent.
Cela conduit à une évolution de la place et du rôle des villes petites et moyennes entre, pour certaines, mise à
l’écart, dévitalisation des centres-villes, et, pour d’autres, renouveau porté par une dynamique économique locale
et la valorisation du cadre de vie.
Problématique générale
La question s’insère dans le thème 1 : « La métropolisation : un processus mondial différencié ».
Comme à l’échelle mondiale, le processus de métropolisation est bien présent en France : Paris rayonne dans le
monde entier et polarise l’ensemble du réseau urbain français, ce qui résulte de siècles de fonctionnement du
territoire centralisé autour de la capitale.
Les autres grandes villes françaises ne sont alors que des métropoles secondaires au rayonnement régional. La
plupart des villes petites et moyennes sont quant à elles encore plus marginalisées par la métropolisation. La
politique d’aménagement des territoires doit donc relever les défis existants pour maintenir la compétitivité de
Paris au rang de métropole mondiale, « muscler » des métropoles régionales par rapport à leurs concurrentes
européennes et éviter le dépérissement de bon nombre de petites et moyennes villes.
Notions clés
Métropole régionale : ville dont les fonctions de commandement ne rayonnent que dans une partie de son pays,
ce qui témoigne d’une intégration partielle et incomplète dans le processus de métropolisation.

La mise en œuvre dans le manuel

Leçon 1 – Une métropolisation dominée par Paris


Problématiques
Comment la métropolisation renforce-t-elle le poids de Paris en France ?
• Quelle est l’influence de Paris sur le territoire national ?
• Quels éléments font de Paris est une métropole de rang mondial ?
• Quels défis Paris doit-elle relever pour maintenir son rang ? Avec quelles conséquences sur son poids national ?
Pages supports Documents
Repères spatiaux, p. 80-81 Doc 1 : Les emplois de cadres des fonctions métropolitaines (2018), p. 82.
La France des villes Chiffres : Sièges sociaux des entreprises transnationales, p. 40.
Cours 1, p. 88-89 Chiffres : Capacité d’influence, p. 42.
Quelle métropolisation sur le territoire français ?
Doc 7 : Les 15 premières économies métropolitaines mondiales selon le Produit
Étude de cas, p. 84-87 urbain brut, p. 151.
Paris, métropole mondiale
Doc : Bâtir le Paris de demain : le Grand Paris Express, p. 78-79.
Étude de cas, p. 170-171
Paris-Saclay, un espace productif du futur ?

© Magnard, 2019 23
Géographie 1re

Leçon 2 – Une métropolisation inégale I


Problématiques
La France possède-t-elle d’autres métropoles de rang international ?
• Comment se situent les métropoles françaises dans la hiérarchie européenne ?
• Comment évolue l’attractivité des métropoles régionales ?
• Quelle hiérarchie des métropoles françaises peut-on dessiner ?
Pages supports Documents
Repères spatiaux, p. 80-81 Doc 1 : Les emplois de cadres des fonctions métropolitaines (2018), p. 82.
La France des villes Doc 2 : La France dans la hiérarchie des villes européennes, p. 83.
Cours 1, p. 88-89 Doc 1 : Le quartier de la Part-Dieu à Lyon, p. 89.
Quelle métropolisation sur le territoire français ?
Doc 2 : La nouvelle carte des Métropoles, p. 89.
Dossier, p. 94-95
Lille, une métropole européenne ? S’entraîner au Bac 7 : « La France, un territoire métropolisé », p. 96.

Dossier, p. 92-93 S’entraîner au Bac 9 : La France, un territoire inégalement métropolisé ?, p. 100.


Bordeaux, Saint-Michel, la gentrification d’un quartier

Leçon 3 – Les petites et moyennes villes entre déclin et renouveau


Problématiques
Quelle place pour les petites et moyennes villes à l’heure de la métropolisation ?
• Quels sont les handicaps des petites et moyennes villes ?
• De quelles politiques urbaines bénéficient-elles ?
• Quelle est la diversité de leurs situations ?
Pages supports Documents
Repères spatiaux, p. 80-81 Doc 3 : Les villes moyennes, un modèle à réinventer, p. 91.
La France des villes Doc 5 : Les villes moyennes des Pays de la Loire : un dynamisme contrasté, p. 91.
Cours 2, p. 90 Doc 4 : Des villes moyennes en péril, p. 25.
Le renforcement des inégalités urbaines
S’entraîner au Bac 8 : Quel avenir pour les villes petites et moyennes en
France ?, p. 98-99.

Ressources documentaires récentes


A
BIBLIOGRAPHIE et sitographie 1
s
-- E. Charmes, La Ville émiettée, essai sur la clubbisation de la vie urbaine, coll. « La ville en débat », PUF, 2011.
v
-- D. Acloque, E. Bonnet-Pineau, A. Delpirou, La France – Territoires et aménagement face à la mondialisation, t
coll. « Nouveaux continents », Nathan, 2014.
m
-- M. Chabrol, A. Collet, M. Giroud (et alii), Gentrifications, Éditions Amsterdam, 2016. s
-- A. Clerval, Paris sans le peuple, La Découverte, 2016. d
-- Collectif, « Ces villes dont on ne parle pas », in Espaces et sociétés, n° 168-169, Érès, 2017. 2
-- B. Montabone (dir.), La France, géographie générale, Atlande, 2018. e
-- Collectif, « Villes moyennes, petites villes : déclassées ou mal gérées ? », in Tous urbains, n° 21, PUF, 2018. l
-- E. Charmes, La Revanche des villages, coll. « La République des Idées », Le Seuil, 2019.
d
d
-- Géoconfluences : « La France : la métropolisation et ses effets » : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/
T
programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-programmes-1ere-generale
n
-- A. Delpirou, « Villes moyennes » (dossier), 2013 : www.metropolitiques.eu/Villes-moyennes,595.html d
-- A. Ribardière, « Les territoires populaires du Grand Paris, entre paupérisation, gentrification et a
modernisation », 2019 : www.metropolitiques.eu/Les-territoires-populaires-du-Grand-Paris.html p
-- E. Auger, A. Van Lu, « Un réseau de villes “moyennes” fortement structurant pour la région », Dossier 3
Grand Est, n° 8, Insee, 2018 : www.insee.fr/fr/statistiques/3535022 f
-- A.-T. Aerts, S. Chirazi, L. Cros, « Une pauvreté très présente dans les villes-centres des grands pôles c
urbains », Insee Première, 2015 : www.insee.fr/fr/statistiques/1283639 v
p

24 © Magnard, 2019
Géographie 1re

II. Réponses aux questions aucune autre ville française ne peut être qualifiée de
métropole européenne majeure là où l’Italie et l’Es-
pagne en possèdent deux (Rome et Milan, Madrid et
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 78-79 Barcelone). Seule Lyon apparaît au troisième niveau
de la hiérarchie. Les métropoles françaises ne peuvent
1. Il s’agit d’une image de synthèse qui inscrit dans le donc pas être qualifiées de métropoles européennes.
paysage la future gare de Nanterre et le quartier qui
4. La plupart de nos grands voisins européens ont un
sera construit autour. Le chantier est en cours. Nan- réseau urbain beaucoup plus polycentrique avec plu-
terre est située dans la proche banlieue ouest de Paris. sieurs villes de niveau 2 et 3. L’exemple le plus signifi-
2. L’aménagement consiste à doter la proche ban- catif est celui de l’Allemagne, avec trois conurbations
lieue parisienne de lignes de métro circulaires qui rhénanes importantes sans compter Berlin, Ham-
permettent d’aller d’une commune de banlieue à une bourg ou Munich. À l’heure de la métropolisation où les
autre sans passer par Paris et de relier l’ensemble métropoles sont en concurrence pour attirer les inves-
aux deux aéroports de Roissy et d’Orly. Cela suppose tisseurs, les chercheurs, les cadres, etc. à l’intérieur
la construction de nouvelles lignes et de nouvelles de l’espace de l’Union européenne, les métropoles
gares. La gare de Nanterre-La Folie est concernée par françaises ne sont pas en position de force.
la future ligne 15 et le prolongement de la ligne E du
RER. Mettre les cartes en relation
3. Les deux autres objectifs de cet aménagement sont
une extension du quartier d’affaires de la Défense La métropolisation est donc limitée en France car à
(nouvelles surfaces de bureaux) et la création d’un part Paris, les grandes villes françaises accueillent
nouveau quartier d’habitation neuf (les Groues). peu de fonctions nationales et internationales : avant
tout, elles structurent le territoire français à l’échelle
4. Cet aménagement renforce la métropole parisienne régionale.
car il devrait améliorer les mobilités dans l’espace du
Grand Paris et, enfin, mieux relier directement la capi-
tale à ses aéroports. De même, le quartier d’affaires ÉTUDE DE CAS
de la Défense sera conforté. Paris, métropole mondiale p. 84-87

CARTES ENJEUX p. 82-83 A. Paris, un rayonnement international

Analyser les cartes Analyser et confronter les documents


1. Ce sont cinq catégories de fonctions tertiaires 1. Paris est « ville Lumière » depuis l’âge industriel et
supérieures qui concernent des personnels qualifiés, une grande capitale touristique. Dans le paysage urbain
voire très qualifiés. À la différence du tertiaire domes- central s’inscrivent les héritages de manifestations pla-
tique, ces fonctions sont caractéristiques des grandes nétaires depuis la fin du xixe siècle (prestigieuses expo-
métropoles, que ce soient les fonctions de direction, de sitions et olympiades). De fait, l’Unesco a inscrit les
services supérieurs aux entreprises, de la formation et berges de la Seine sur la liste du patrimoine mondial de
de la culture. l’humanité. La 3e olympiade prévue pour 2024 associera
2. Trois métropoles se distinguent particulièrement : au centre des lieux situés en périphérie.
en toute logique, vu son poids relatif très élevé dans 2. Les périphéries de Paris participent à ce rayonne-
le pays, Paris mais aussi Toulouse et Grenoble, qui ont ment international par des fonctions spécifiques, que
des spécialisations industrielles dans des domaines ce soit au Nord (aéroports de Roissy et du Bourget) ou
de haute technologie (aéronautique, aérospatial pour au Sud (technopôle de rang mondial de Saclay).
Toulouse ; nanotechnologies, nucléaire, etc. pour Gre- 3. La carte montre les fonctions majeures qui font de
noble). La grande dizaine de métropoles comptant plus Paris une grande métropole :
d’un emploi sur 10 dans ce type d’emplois forment un – fonctions de commandement politiques et écono-
arc périphérique de Rennes à Strasbourg en passant miques aux niveaux national (capitale française, siège
par Bordeaux, Montpellier, Lyon… des institutions), européen (Agence spatiale euro-
3. La hiérarchie urbaine française est marquée par la péenne) et mondial (OCDE, Unesco, grand axe des
forte domination de la ville primatiale, Paris, comme affaires) ;
c’est le cas de Londres au Royaume-Uni. Ces deux – fonctions culturelles et de loisirs (quartier culturel
villes se situent au sommet de la hiérarchie euro- central rive gauche et près de trente lieux touristiques
péenne car ce sont des métropoles mondiales. Mais majeurs).

9 © Magnard, 2019 25
Géographie 1re

Conclure COURS 1 C

Paris est bien une métropole mondiale de premier plan


Quelle métropolisation 4
depuis la fin du xixe siècle, que ce soit par le cumul de sur le territoire français ? p. 88-89 l
ses fonctions majeures et par son influence planétaire s
dans tous les domaines. Identifier la photographie a
e
1. Le paysage urbain du quartier de la Part-Dieu est
B. Maintenir le rang mondial de Paris composite : immeubles d’habitations traditionnels
aux toits de tuiles, quelques barres et immeubles plus
Analyser et confronter les documents récents et hauts, le tout dominé par trois tours.
1. On célébrait alors à Paris l’armistice mettant fin à 2. Les deux tours du « crayon » et de la « gomme »
la Première Guerre mondiale. De très nombreux diri- accueillent dans leurs bureaux des activités tertiaires
supérieures. À l’origine, le crayon est la tour du Crédit P
geants du monde entier étaient présents aux céré-
monies et s’est alors ouvert un événement également lyonnais, seule grande banque française dont le siège
1
d’échelle mondiale : le premier Forum de Paris sur la social n’était pas à Paris.
t
Paix. –
Comprendre la photographie
2. Ces trois projets devraient permettre à Paris de ren- m
forcer son rayonnement mondial par : 3. On ne peut ici parler de CBD à proprement parler, e
– une meilleure desserte des différents espaces cen- vu la très faible densité de tours. Le quartier d’affaires –
traux et périphériques de la capitale, en particulier les de Lyon a une importance limitée. De fait, dans la hié- d
aéroports et les gares, le quartier d’affaires, les lieux rarchie des métropoles européennes, Lyon n’apparaît d
touristiques ; qu’au niveau 3 alors que, derrière les deux grandes g
– un renforcement du quartier d’affaires de la Défense métropoles mondiales que sont Londres et Paris, –
avec ce projet architectural « vitrine » ; l’Union européenne possède une douzaine de métro- q
– la création d’un grand pôle universitaire et scien- poles européennes majeures. C
tifique capable de concurrencer les grands clusters q
mondiaux (Saclay sera desservi par la future ligne 18, à
station CEA/Saint-Aubin entre Saint-Quentin et Orsay). COURS 2 p
3. Le texte parle de l’attractivité économique de Paris Le renforcement 2
pour les IDE. Paris est une des villes mondiales qui, des inégalités urbaines p. 90-91 t
selon les dirigeants de FTN interrogés, devrait le plus p
renforcer son attractivité en particulier en raison du (
Brexit. Lire le texte
t
4. Paris a plusieurs points faibles pour son dévelop- 1. La crise des centres des villes moyennes se traduit é
pement économique : une accessibilité limitée, l’in- par plusieurs symptômes démographiques et écono- l
suffisance de la croissance économique, l’étroitesse miques : logements (de médiocre qualité le plus sou- a
des marchés et la lourdeur de la fiscalité, des charges vent) et cases commerciales vacants, fermeture de E
et des coûts salariaux. Le pôle de Paris-Saclay paraît services publics. Le tout s’accompagne d’une perte de l
surdimensionné, sa gouvernance semble fragile et les population vivant dans le centre de ces villes. d
cultures scientifiques en présence peu compatibles t
2. Le plan « Action Cœur de Ville » est critiqué car
(université/grandes écoles). 3
les financements visent à améliorer les logements et
l’offre commerciale sans prendre en compte ce que m
Conclure les habitants attendent désormais d’un centre-ville vu d
leurs modes de vie d’aujourd’hui. o
Paris semble pouvoir conforter son rang de ville mon-
d
diale de premier plan malgré certaines incertitudes et 3. Les villes moyennes ne sont pas sans atouts car
e
fragilités, notamment d’un point de vue économique. elles ont une taille humaine et ne connaissent pas les
t
On peut ajouter la relative faiblesse de la place finan- éléments négatifs des grandes métropoles : prix éle-
c
cière de Paris, qui n’est pas mentionnée dans les vés de l’immobilier, congestion des axes de circulation,
t
documents. pollutions…
l
e
p
4
d

26 © Magnard, 2019
Géographie 1re

Comprendre le texte effet, la caricature dénonce l’abandon du quartier aux


intérêts de la finance (banques, promoteurs, spécula-
4. Les villes moyennes pourraient prendre en compte teurs) au détriment des couches populaires habitant
les besoins des populations, en particulier les per- traditionnellement le quartier. L’affiche est aussi un
sonnes âgées et les jeunes en leur offrant des services appel à freiner le processus par une manifestation
adaptés. Les équipements collectifs sont à repenser publique.
en s’appuyant par exemple sur le tissu associatif.
Synthèse
DOSSIER
s La gentrification, ou embourgeoisement, ou boboïsa-
Bordeaux, Saint-Michel, la gentrification tion, désigne un processus de mutation d’un quartier
»
d’un quartier p. 92-93 populaire, ancien et dégradé, vers un quartier recher-
s ché et plus aisé. Elle passe par des transformations
t Prolonger le cours paysagères de l’habitat et des espaces publics, par
e des mutations économiques des activités du quartier
1. En 2010, les habitants du quartier se démarquaient (commerces, professions libérales et artistiques) et
très nettement du reste de la population bordelaise : un changement de la composition sociale et démogra-
– c’était une population jeune, composée de 45 % de phique de la population.
moins de 25 ans, comprenant de nombreux étudiants
Les programmes de rénovation et de réhabilitation
, et des familles avec enfants ;
de certains quartiers centraux sont le facteur déclen-
s – la part des étrangers s’élevait à 16 %, plus du double
cheur de la hausse des prix immobiliers. Ils favorisent
- de ce qu’elle représentait dans l’ensemble de Bor-
ainsi la concentration de populations des catégories
deaux. En effet, le quartier faisait figure de sas d’inté-
supérieures aux activités liées aux fonctions métropo-
gration des populations migrantes dans la ville ;
litaines et à la recherche des aménités urbaines (offre
, – la population était beaucoup plus précaire et pauvre
culturelle, services urbains, centralité). Ce processus
- que la moyenne bordelaise.
de conquête résidentielle s’accompagne souvent du
Ces caractéristiques, typiques du peuplement d’un départ vers les périphéries urbaines des populations
quartier à l’habitat dégradé et bon marché, ont valu modestes du quartier.
à Saint-Michel d’être classé quartier prioritaire de la
politique de la ville depuis 2014.
DOSSIER
2. La politique de renouvellement urbain de ce quar-
tier de centre-ville consiste à requalifier les espaces Lille, une métropole européenne ? p. 94-95
publics comme la place autour de l’église Saint-Michel
(nouveau revêtement noir des places et des rues, Prolonger le cours
trottoirs en pavé de terre cuite beige ou cale bordelaise,
élargissement des espaces piétonniers) et à améliorer 1. La situation de Lille présente d’incontestables atouts
t
la qualité du bâti ancien (ravalement des façades, mise à l’échelle européenne car elle a une centralité vis-à-
-
aux normes de sécurité et de confort des logements). vis de la partie la plus développée du vieux continent,
-
En même temps, la municipalité essaie de maintenir entre Royaume-Uni, Benelux et Allemagne. Le tunnel
l’identité du quartier avec ses activités marchandes et sous la Manche lui donne une position unique de car-
e
de conserver une certaine diversité sociale par l’exis- refour entre le continent et le Royaume-Uni.
tence de logements sociaux pour les familles. 2. Les liens de Lille avec la Belgique sont spécifiques
3. Si les opérateurs publics essaient de contrôler les car la métropole lilloise a, depuis plus de 10 ans,
mutations du quartier, les acteurs privés poussent à acquis une dimension transfrontalière : l’Eurométro-
e
des mutations rapides. De nouveaux commerçants pole inclut aussi bien des communes flamandes que
u
ouvrent des boutiques et des bars branchés à la place wallonnes pour une population totale de plus de 2 mil-
des petits commerces cosmopolites de proximité, lions d’habitants.
r
et les promoteurs immobiliers vendent des appar- 3. Eurallile joue un rôle important dans le dynamisme
s
tements sur le marché libre à des prix sans cesse de Lille car s’y concentrent les emplois de cadres des
-
croissants qui ne sont plus accessibles à la population fonctions métropolitaines (services financiers, assu-
traditionnelle du quartier. Aussi voit-on s’installer dans rances, informatique, télécommunications…). Sa nou-
le quartier une nouvelle population de jeunes urbains velle phase de développement est un atout pour Lille
et une nouvelle clientèle plus aisée, souvent résumée dans la compétition qui se joue entre les métropoles
par le terme de « bobos ». pour attirer les investisseurs.
4. Le dessin du collectif Saint-Michel révèle l’existence 4. Les limites à l’attractivité de Lille sont la faible
d’une opposition au processus de gentrification. En dimension de son bassin métropolitain : tout l’espace
9 © Magnard, 2019 27
Géographie 1re

de la métropole n’est pas intégré dans la dynamique Synthèse


métropolitaine (coupure Lille/Roubaix-Tourcoing) et
le rayonnement régional de Lille dans les Hauts-de- À défaut de métropole européenne, Lille peut être
France est faible. qualifiée d’Eurométropole car son aire urbaine se
déploie en France et en Belgique. C’est un carrefour
5. Le volet culturel renforce le rayonnement de la
au cœur de l’Europe occidentale dont le quartier d’af-
métropole car il peut en accroître la notoriété et en
faires Eurallile continue de se développer (3e quartier
donner une image très positive en termes de dyna-
d’affaires français après la Défense et la Part-Dieu).
misme. Après avoir été capitale européenne de la
culture en 2004, Lille a été désignée capitale mondiale
du design pour 2020.

III. Corrigés du Bac


L
S’ENTRAÎNER AU BAC 7
g
Réaliser un croquis p. 96-97 i
P
Sujet : La France, un territoire métropolisé s
c
Croquis : La France, un territoire métropolisé m
Les métropoles et d
Lille leur rayonnement d
Rh
in 1. Paris C
Manche métropole mondiale s
d
Paris d
Metz Strasbourg
s
Rennes L
q
Se
in
e
Nancy 2. Métropoles l
Loir régionales e
e
h
réseau dense D
Nantes de métropoles e
r
Lyon
métropoles A
Océan
Atlantique Grenoble dynamiques e
de l’Ouest h
Bordeaux Massif-
Central d
Rhône

métropoles s
Toulouse frontalières b
E
Aix/Marseille
3. Territoire peu «
métropolisé t
Montpellier Nice s
f
Toulon d
Mer
0 100 km
Méditerranée s
d
a
L
a
m
l
d

28 © Magnard, 2019
Géographie 1re

S’ENTRAÎNER AU BAC 8 S’ENTRAÎNER AU BAC 9


e Analyser une photographie Rédiger une réponse à une question
e et un texte  p. 98-99 problématisée p. 100
r
- Sujet : Quel avenir pour les villes petites et moyennes Sujet : La France, un territoire inégalement métropo-
r en France ? lisé ?
Les documents sont une photographie de la ville de La France possède plusieurs grandes métropoles dont
Sarlat-la-Canéda en Dordogne et l’extrait d’un texte Paris, qui se veut être une métropole de rang mondial.
tiré de la revue mensuelle Sciences humaines datant Cependant, des différences de poids économique et
de juillet 2017. Ils nous invitent tous deux à nous ques- démographique font que ces métropoles ont un rayon-
tionner sur les caractéristiques actuelles des villes nement plus ou moins étendu sur le territoire français.
moyennes françaises, leurs atouts et leurs fragilités. D’ailleurs, certains espaces ne semblent pas bénéfi-
cier de la proximité d’une grande métropole et sont
L’évolution économique générale qui donne une place
marginalisés. Nous décrirons tout d’abord la métropo-
grandissante aux grandes métropoles suscite des
inquiétudes quant au devenir des villes petites et moyennes. lisation du territoire, puis nous nous interrogerons sur
Plusieurs types de fonctions déclinent : l’industrie, les son inégale métropolisation et ses conséquences.
services publics qui se restructurent, les commerces de Paris, « ville lumière » dès la fin du xixe siècle, exerce
centre-ville victimes de la concurrence des centres com- une influence majeure aux échelles européenne et
merciaux périphériques, etc. Le déclin est également mondiale. Sa domination sur le territoire français est
démographique, le centre perdant des habitants au profit le fruit de siècles de centralisation des pouvoirs : elle
de zones périurbaines jugées plus attrayantes. est donc, comme le montre le schéma, au sommet de
Cette vision générale ne doit pas faire oublier la diver- la hiérarchie urbaine. Elle est la seule ville française
sité des villes petites et moyennes dont certaines de rayonnement mondial. Elle concentre les pouvoirs
disposent aussi de vrais atouts. La photographie politique, économique et financier, les médias, la
de Sarlat-la-Canéda (petite ville de 9 000 habitants recherche scientifique, la vie intellectuelle et artis-
située dans une zone rurale – le Périgord noir – entre tique. L’organisation en étoile des réseaux autoroutiers
Limoges, Bordeaux et Toulouse) met ainsi en avant la et ferroviaires autour de Paris renforce ce phénomène.
qualité de son cadre de vie : centre-ville dynamisé par Grâce à ses deux aéroports internationaux, Paris
les activités touristiques (2 millions de touristes par an) est l’un des principaux hubs européens. Enfin, l’aire
et patrimoine d’une grande richesse (60 monuments urbaine parisienne concentre près de 20 % de la popu-
historiques, ville classée « ville d’art et d’histoire »). lation française et capte plus de 30 % de la mobilité
De fait, Sarlat-la-Canéda connaît un rayonnement qui des cadres du pays.
est même d’échelle internationale (un tiers des tou- L’écart entre Paris et la seconde agglomération
ristes sont étrangers). française (Lyon est sept fois moins peuplée) est très
Au-delà de cet exemple, la renaissance des petites fort et une exception en Europe. De fait, les métropoles
et moyennes villes est envisageable car leur taille françaises accueillent peu de fonctions nationales et
humaine et un environnement plus préservé peuvent internationales mais structurent le territoire français
devenir un avantage, alors que les grandes métropoles à l’échelle régionale. Elles bénéficient depuis peu du
souffrent de plusieurs maux : prix élevés de l’immo- statut de Métropole qui leur donne beaucoup plus
bilier, congestion des axes de circulation, pollution… de compétences dans le domaine économique. Leur
Elles doivent pour cela être inventives et avoir un rayonnement est inégal : les métropoles les plus dyna-
« avantage comparatif », comme Sarlat avec ses atouts miques se localisent à l’ouest et au sud de la France.
touristiques. De fait, l’auteur n’envisage pas la diver- Elles bénéficient d’une bonne connexion aux réseaux
sité des situations de ces petites et moyennes villes en de transports. Certaines sont spécialisées dans les
fonction de leur localisation (proximité ou éloignement hautes technologies, comme Toulouse et Grenoble. Les
des grands centre urbains notamment) et du contexte métropoles du Nord, de l’Est et du Centre ont souffert
socio-économique régional (stagnation économique et des crises industrielles. Leur attractivité résidentielle
démographique dans le quart Nord-Est ou essor des est inférieure aux métropoles proches des littoraux et
activités résidentielles dans le Sud et l’Ouest). au passé peu industrialisé.
L’avenir des villes petites et moyennes n’est donc pas Les limites de la métropolisation du territoire français
assuré dans le contexte de métropolisation qui est sont telles que certains territoires sont en marges vis-
mondial, mais les trajectoires sont différenciées selon à-vis des grandes métropoles. La France a de nom-
leurs atouts et contraintes spécifiques et selon les breuses communes isolées, souvent mal reliées aux
dynamiques territoriales plus larges de leurs régions. réseaux de transport et qui se caractérisent par leur
9 © Magnard, 2019 29
Géographie 1re

faible dynamisme économique. Elles correspondent fermetures de services publics les affectent égale-
souvent à des régions montagneuses (Massif central, ment. Leur situation est néanmoins variée : elles
Alpes du Sud…) et/ou éloignées de toute métropole reflètent des dynamiques territoriales plus larges et
sans autre activité qu’agricole (marges du bassin Pari- les plus en difficulté se concentrent dans le Centre et
sien). le Nord-Est, territoires eux-mêmes en déclin.
Le maillage de villes petites (5 000-50 000 habitants) et La métropolisation est donc inégale à l’échelle du
moyennes (50 000-200 000) est important en France : territoire français. D’abord parce que Paris mis à part,
elles regroupent plus de la moitié des Français. Mais, aucune métropole n’exerce un rayonnement interna-
par définition, elles sont à l’écart de la métropolisation tional, voire national. Ensuite parce que le rayonne-
qui concentre activités, hommes et richesses dans ment des métropoles est inégal selon les dynamiques
un nombre limité de grandes villes. Elles souffrent régionales. Cette inégalité peut apparaître comme
souvent de la désertification de leur centre-ville au une fracture socio-spatiale qui s’aggrave au fur et à
profit de zones commerciales périphériques et de mesure que la mondialisation et la métropolisation qui
lotissements périurbains. Désindustrialisation et l’accompagne progressent.

30 © Magnard, 2019
Géographie 1re

s
Chapitre 4 L
 es espaces de production dans le monde :
t une diversité croissante
t

I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 31


u
, II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 33
- III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 38
-

I. Mise en œuvre de la question


à
Le programme
Thème
Les espaces de production dans le monde : une diversité croissante
Commentaire
À l’échelle mondiale, les logiques et dynamiques des principaux espaces et acteurs de production de richesses
(en n’omettant pas les services) se recomposent. Les espaces productifs majeurs sont divers et plus ou moins
spécialisés. Les processus de production s’organisent en chaînes de valeur ajoutée à différentes échelles. Les
chaînes et les réseaux de production sont, dans une large mesure, organisés par les entreprises internatio-
nales, mais l’implantation des unités productives dépend également d’autres acteurs – notamment publics –, des
savoir-faire, des coûts de main-d’œuvre ou encore des atouts des différents territoires. Ceux-ci sont de plus en
plus mis en concurrence. Parallèlement, l’économie numérique élargit la diversité des espaces et des acteurs de
la production.
Problématique générale
La question s’insère dans le thème 2 : « Une diversification des espaces et des acteurs de la production ».
Depuis la première mondialisation consécutive aux « Grandes Découvertes » et à la formation des empires
coloniaux, l’espace productif mondial n’a cessé de se recomposer. Il s’agit de voir quels sont les aspects de la
recomposition actuelle et les facteurs qui l’entraînent.
Notions clés
Plusieurs notions importantes sont mobilisées dont :
Chaîne de valeur ajoutée : ensemble des entreprises qui interviennent dans le processus de production d’un bien
ou d’un service et recherchent la plus grande rentabilité économique.
Espace productif : espace sur lequel se réalise une production de biens ou de services.
Firme transnationale : entreprise exerçant ses activités dans plusieurs pays par l’intermédiaire de filiales.

9 © Magnard, 2019 31
Géographie 1re

La mise en œuvre dans le manuel R


Leçon 1 – Quelle recomposition pour les espaces productifs ?
Problématiques
Comment les espaces productifs sont-ils en train de se recomposer ?
• L’espace productif n’a jamais produit autant de richesses mais aussi autant d’inégalités.
• De nouveaux espaces de production et de nouveaux acteurs (comme la Chine) apparaissent.
• La DIT devient plus complexe mais elle garde les mêmes centres dominants (à part la Chine).
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 112-114 Doc : Nouveaux acteurs, nouveaux espaces productifs : usine chinoise Huajian, en
L’Éthiopie, nouvelle usine de la Chine ? Éthiopie, en 2017, p. 102-103.
Étude de cas, p. 116-117 Doc 2 : Le coût de production est l’un des éléments pris en compte par les FTN,
La Silicon Valley, un espace productif intégré de p. 104.
l’échelle locale à l’échelle mondiale Doc 1 : La redistribution des espaces de la production industrielle, p. 110.
A. Un modèle d’organisation d’espace productif
spécialisé Doc. 1 : Le Salar d’Atacama au Chili, un des plus grands gisements de lithium au
monde, p. 121.
Cours 1, p. 120-121
L’espace productif mondial en recomposition Doc 2 : Les milliardaires sont de plus en plus riches, p. 121.

Dossier, p. 126-127 S’entraîner au Bac 12 : Les nouveaux espaces de production dans le monde,
L’iPhone d’Apple, une chaîne de valeur mondialisée p. 134.

Leçon 2 – Quels sont les acteurs de la recomposition des espaces productifs ?


Problématiques
Comment les FTN mènent-elles la recomposition ?
• Les principaux agents de la mondialisation sont plus que jamais les FTN.
• Une redistribution des cartes s’effectue avec la montée des FTN issues des pays émergents.
• Les acteurs de la mise en œuvre de la DIT et des chaînes de valeur ajoutée sont multiples.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 112-114 Doc 2 : Des acteurs de plus en plus mondialisés : les firmes transnationales
L’Éthiopie, nouvelle usine de la Chine ? (FTN), p. 111.
Étude de cas, p. 118 Doc 3 : La redistribution des investissements directs à l’étranger (IDE), p. 111.
La Silicon Valley, un espace productif intégré de Doc 3 : L’internationalisation des fournisseurs de Marks & Spencer dans la grande
l’échelle locale à l’échelle mondiale distribution, p. 123.
B. Un espace intégré à la mondialisation
Doc 4 : Les 15 premières firmes transnationales selon les ventes (en 2017),
Cours 2, p. 122-123 p. 123.
Les FTN, acteurs majeurs de la recomposition
Doc 5 : Tata Group, une transnationale indienne aux ambitions mondiales, p. 123.
Dossier, p. 126-127
L’iPhone d’Apple, une chaîne de valeur mondialisée S’entraîner au Bac 11 : Des espaces productifs mondiaux en recomposition,
p. 132-133.
Dossier, p. 128-129
Les géants du numérique chinois, des ambitions
mondiales

Leçon 3 – Une recomposition à l’ère du numérique


Problématiques
Quels ont été les bouleversements introduits par la numérisation de l’espace productif ?
• La révolution numérique transforme radicalement les activités de production.
• Elle s’appuie sur les réseaux dont la géographie crée de nouvelles inégalités spatiales.
• Le contrôle de ces réseaux est un enjeu à la fois économique et géopolitique
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 118 Doc 6 : Madagascar, nouveau paradis des centres d’appels ?, p. 125.
La Silicon Valley, un espace productif intégré de Doc 7 : « L’ubérisation » des services, p. 125.
l’échelle locale à l’échelle mondiale
B. Un espace intégré à la mondialisation Doc 8 : La bataille technologique et géopolitique de la « 5G » : l’entreprise
chinoise Huawei, p. 125.
Cours 3, p. 124-124
La révolution numérique, impacts et enjeux Doc 3 : L’explosion des flux d’informations numérisées grâce à l’interconnexion
des espaces, p. 139.
Dossier, p. 128-129
Les géants du numérique chinois, des ambitions S’entraîner au Bac 10 : Les espaces de production dans le monde : quels
mondiales acteurs ? quelle recomposition ?, p. 130-131.

32 © Magnard, 2019
Géographie 1re

Ressources documentaires récentes

BIBLIOGRAPHIE et sitographie
-- J.-Y. Piboubès, « Les entreprises au cœur d’une nouvelle division internationale du travail », in La mondialisation
contemporaine, Rapport de force et enjeux, coll. « Nouveaux continents », Nathan, 2017.
-- La mondialisation en questions, Sciences Humaines, n° 290, mars 2017.
-- L. Carroué, Atlas de la mondialisation, Autrement, janvier 2018.
-- « Atlas des nouvelles routes », Courrier International, hors-série, sept.-oct. 2018.
-- P. Beckouche, Les nouveaux territoires du numérique, Éditions Sciences Humaines, janvier 2019.
-- Géoconfluences : « Les espaces de production dans le monde : une diversité croissante » :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-programmes-
1ere-generale
-- Fortune globale 500 : classement annuel et présentation des 500 premières firmes mondiales :
http://fortune.com/global500/numerique_fr_39283.html
-- A. Leroy-Giraud, « Où en est la révolution numérique ? », Sciences Humaines, n° 300, février 2018 :
www.scienceshumaines.com/ou-en-est-la-revolution-
-- Espace mondial, Firmes multinationales, atlas en ligne, Sciences Po, 28 sept 2018 : https://espace-mondial-
atlas.sciencespo.fr/fr/rubrique-strategies-des-acteurs-internationaux/article-3A11-firmes-multinationales.html

II. Réponses aux questions CARTES ENJEUX p. 110-111

Analyser les cartes


OUVERTURE DE CHAPITRE p. 106-107
1. Le changement spectaculaire est la montée en puis-
1. Le document est un montage de trois photogra- sance de la Chine, devenue première puissance mon-
phies prises dans la Silicon Valley au sud de San Fran- diale en valeur du PIB industriel avec le triplement de
cisco en Californie. Elles montrent des aspects des celui-ci en 10 ans !
sièges sociaux-campus de trois géants mondiaux du
2. Il n’y a pas que l’affirmation de la Chine. Il faut
numérique (trois des quatre « GAFA » américains) :
également relever le développement industriel de
Apple, Google et Facebook. Ces acteurs majeurs de
l’Inde, de l’Indonésie, de la Turquie, de l’Arabie saou-
l’économie numérique mondiale sont en fait rassem-
dite alors que des puissances traditionnelles ont com-
blés dans un espace technologique très dense à moins
parativement peu ou pas progressé (Japon, Australie,
de 20 km les uns des autres, formant ainsi une concen-
Canada, États-Unis…). Avec les « nouvelles puissances
tration exceptionnelle.
industrielles » et les « puissances émergentes », la
2. Il s’agit bien de nouveaux acteurs nés avec les nou- carte industrielle du monde se renouvelle et se diver-
veaux outils informatiques (Apple, le plus ancien : sifie, sous les effets en partie des flux de délocalisa-
1976) et l’explosion des services numériques (Google tion.
1998 ; Faceboook 2004). Il s’agit de start-up qui ont
3. La carte montre les principales concentrations spa-
animé, inventé la révolution numérique et y ont acquis
tiales des FTN selon leur origine et leur puissance
des positions dominantes à l’échelle mondiale.
économique. Il n’est pas facile d’apprécier le cas de
3. Ils donnent à la Silicon Valley l’image d’un espace l’espace européen, très morcelé en États par rapport
productif très fertile et très spécialisé dans les nou- aux géants américains et chinois, mais les États-Unis,
velles technologies de l’information et de la télécom- l’Europe, et la Chine apparaissent comme les princi-
munication. pales régions d’origine des FTN, suivies du Japon. Au
4. En favorisant le développement d’un nouveau type total, au-delà du cas chinois, on remarque des concen-
d’économie et de sociétés numérisées du fait des trations dans un certain nombre de pays émergents,
positions dominantes acquises, ils révolutionnent comme l’Inde ou le Brésil par exemple.
l’espace productif mondial en renouvelant la forte 4. La carte ne prend en compte que les concentrations
influence des États-Unis. de FTN les plus importantes. Dans ces conditions, il
faut remarquer qu’aucun foyer n’apparaît en Afrique.
5. L’Amérique du Nord (notamment les États-Unis),
l’Europe occidentale et l’Asie de l’Est et du Sud-Est

9 © Magnard, 2019 33
Géographie 1re

(notamment la Chine) sont les principaux destinataires parcs industriels, de zones franches qui révolutionnent
des investissements. En dehors de ces grands foyers, son espace productif. Ainsi le pays, bien qu’enclavé, se
on peut noter la montée de certains pays émergents trouve ouvert à la mondialisation grâce au raccorde-
(Brésil, plus modestement Inde, Afrique du Sud…). ment par une voie ferrée moderne de la capitale Addis-
6. L’Afrique est peu concernée, mise à part l’Afrique du Abeba vers Djibouti, port et zone franche chinois. De
Sud, de même qu’une bonne partie de l’Asie occiden- plus, les implantations des usines et/ou parcs indus-
tale ou de l’Amérique du Sud. triels chinois développent les villes éthiopiennes qui
attirent la main-d’œuvre.
Mettre les cartes en relation
B. Un partenariat équilibré ?
Entre les trois cartes, une recomposition de l’espace
productif se remarque. Les grands espaces tradition-
nels, la « triade capitaliste » (États-Unis ; Europe ; Analyser et confronter les documents
Japon) gardent des positions fortes mais de nouveaux 1. Le partenariat Chine-Éthiopie présente des avan-
espaces apparaissent dans les Suds avec, en premier tages pour les deux pays. Ainsi, l’Éthiopie peut obtenir
lieu, la Chine mais aussi quelques pays émergents. les moyens de son industrialisation, réduire son
Selon les critères retenus, des espaces semblent chômage, accélérer son développement. La Chine
encore à l’écart de cette dynamique, notamment une peut délocaliser en Éthiopie certaines de ses activités
grande partie de l’Afrique. La représentation des (textiles, chaussures) afin de réduire ses coûts de pro-
espaces productifs est donc plus complexe mais avec duction.
toujours de grandes disparités.
2. Le partenariat Chine-Éthiopie s’inscrit dans une
logique plus large de conquête du monde par la Chine
ÉTUDE DE CAS avec la mise en place des nouvelles routes de la soie
lancées en 2013. L’objectif chinois est d’insérer la
L’Éthiopie, nouvelle usine
Corne de l’Afrique dans la logique productive des nou-
de la Chine ? p. 112-114 velles routes commerciales chinoises et de consolider
sa présence en Afrique. Le risque pour l’Éthiopie est de
A. L’Éthiopie se transforme devenir très dépendante et d’être mise en concurrence
sur le modèle chinois avec d’autres États de l’Afrique de l’Est très deman-
deurs aussi vis-à-vis de la Chine.
Analyser et confronter les documents 3. L’Éthiopie a un très grand déficit commercial. Elle
exporte majoritairement des produits bruts de faible ou
1. Pour attirer les investissements chinois, l’Éthio- moyenne valeur ajoutée (produits agricoles, produits
pie dispose d’une main-d’œuvre nombreuse et bon miniers) alors qu’elle importe très majoritairement
marché, compétitive pour certaines industries où le des produits manufacturés à plus forte valeur ajou-
coût de la main-d’œuvre a beaucoup augmenté en tée. La Chine est un modeste client mais le principal
Chine. Elle attire aussi par des exemptions de droits fournisseur du pays, qui apparaît donc comme un bon
de douane et des exonérations d’impôts pour 10 ans. débouché pour les produits et équipements industriels
2. La Chine y a développé des zones franches (libres de chinois.
droits de douane et d’impôts) et des parcs industriels.
Ces derniers sont accessibles grâce à la mise en place Conclure
de nouvelles infrastructures de transport financées
Le partenariat est récent. La transformation de l’es-
par la Chine (ligne ferroviaire Addis-Abeba vers le port
pace productif éthiopien est en cours mais, pour l’ins-
de Djibouti, ouverture sur le commerce international).
tant, l’Éthiopie est encore loin d’une transformation
3. La présence chinoise procure à l’Éthiopie des industrielle. En revanche, elle est devenue très dépen-
emplois, une qualification pour sa main-d’œuvre, des dante de la Chine en s’intégrant dans ses nouvelles
zones d’activités industrielles ce qui attire d’autres stratégies nationales de délocalisation et mondiale
investisseurs ainsi qu’un désenclavement de son des nouvelles routes de la soie.
espace désormais plus accessible.

Conclure
L’espace productif éthiopien se transforme. Ce pays
pauvre, fortement peuplé et essentiellement agricole,
reçoit des investissements chinois sous forme d’in-
frastructures de transport, d’installations d’usines, de e

34 © Magnard, 2019
Géographie 1re

3. Les entreprises de la Silicon Valley recherchent


ÉTUDE DE CAS deux types d’employés. D’une part, des employés
La Silicon Valley, un espace productif très qualifiés (ingénieurs, designers, communicants,
intégré de l’échelle locale informaticiens…) qui sont au cœur du processus de
e à l’échelle mondiale p. 116-118 recherche-création, ce qui permet à la Silicon Valley
- d’être un moteur d’innovation à l’échelle mondiale
i dans les secteurs de l’informatique et du numérique.
A. Un modèle d’organisation d’espace
D’autre part, ces entreprises ont également besoin
productif spécialisé d’employés peu qualifiés pour assurer des tâches
banales (ménage, logistique, commerces alimen-
Analyser et confronter les documents taires…), nécessaires pour le bon fonctionnement des
bureaux et pour assurer les besoins quotidiens des
1. L’espace productif de la Silicon Valley est avant tout
employés qualifiés. On observe alors une polarisation
structuré par les sièges sociaux et les immeubles de
de l’emploi dans la Silicon Valley, entre des employés
bureaux des principales entreprises du numérique, de
peu ou pas qualifiés aux revenus minimaux, voire pré-
l’informatique et de l’électronique. Leurs locaux sont
caires, et des employés très qualifiés aux très hauts
ainsi situés à l’ouest de la baie de San Francisco, dans
e revenus.
deux pôles principaux : au nord de la baie, la ville de
s San Francisco, et au sud, la Silicon Valley. C’est l’attrac-
tivité de l’université de Stanford, située à Palo Alto, qui Conclure
est à l’origine de cette concentration. La Silicon Valley L’espace productif de la Silicon Valley est un espace
e doit en effet son existence à la recherche de complé- contrasté, à la fois source d’innovations, de richesses
e mentarité entre les chercheurs de l’université et des et d’inégalités. Ce contraste s’exprime aussi bien en
e entrepreneurs, dont de nombreux anciens étudiants, termes d’emplois qu’en termes de populations, qui
a d’autant plus facilitée que les bâtiments respectifs
correspondent aux deux grandes catégories d’em-
- sont situés à proximité les uns des autres. C’est à ce
ployés. Cette cohabitation entre des populations très
r titre que l’on peut qualifier l’université de Stanford de
aisées et très modestes, voire pauvres, est alors source
pivot de l’espace productif. Dans un second temps, les
e d’inégalités socio-spatiales, notamment en matière
quartiers de bureaux des différentes villes de la Sili-
d’accès au logement : si les cadres des entreprises de
con Valley polarisent les bassins d’emplois et struc-
la Silicon Valley ont dans l’ensemble le choix de leurs
turent les espaces résidentiels dans lesquels vivent
habitations et de leur localisation grâce à leurs reve-
e les employés.
nus financiers importants, les « petites mains » sont
2. Le nouveau siège d’Apple est révélateur de la puis- quant à elles cantonnés à des logements très éloignés
s sance mondiale du groupe, aussi bien du point de et/ou de médiocre qualité.
t vue économique que symbolique. En effet, la puis-
- sance économique de l’entreprise se mesure par son
l chiffre d’affaires (229 milliards de dollars en 2017) B. Un espace intégré à la mondialisation
n ou sa capitalisation boursière (d’un chiffre record de
1 000 milliards de dollars en 2018), ce qui lui permet Analyser et confronter les documents
de dépenser des sommes colossales dans la construc-
tion de son nouveau siège social. Le bâtiment a ainsi 1. La caricature du document 5 repose sur un double
coûté 5 milliards de dollars et a été conçu par l’un face-à-face entre deux types de joueurs et deux types
des plus renommés « starchitectes » du moment, le d’arbitres. On identifie, à gauche de l’image, les repré-
- sentants de l’Union européenne, comme l’indique le
Britannique Norman Foster. La puissance se mesure
- drapeau sur leur maillot, à savoir un joueur anonyme
également par le nombre d’employés présents sur le
n et une arbitre dessinée sous les traits de la commis-
site (13 000), ce qui ne représente pourtant que 10 %
des employés d’Apple à travers le monde. Enfin, ce saire européenne Margrethe Vestager. À droite de
bâtiment incarne la puissance symbolique d’Apple, qui l’image sont représentés les joueurs états-uniens : le
se présente comme une marque novatrice, innovante, président des États-Unis, Donald Trump, et derrière
toujours à la pointe de la création. Ce sont ces mêmes lui des joueurs dont les casques portent les logos de
qualités que l’entreprise a voulu mettre en avant au trois des entreprises appelées GAFA (Google écrit en
travers de choix architecturaux très ambitieux (anneau toutes lettres, une pomme pour Apple et un « f » pour
circulaire d’1,6 km de diamètre, tout en verre), porté Facebook). La façon de dessiner les joueurs exprime
par une figure de l’architecture contemporaine. Plus clairement le rapport de force déséquilibré entre les
largement, ce bâtiment, dans son gigantisme, incarne deux équipes, les États-Uniens étant des mastodontes
le dynamisme économique de la Silicon Valley dans son aux muscles bombés, tandis que le joueur européen
ensemble. est d’une taille tout à fait normale.
9 © Magnard, 2019 35
Géographie 1re

2. La caricature a deux ambitions. Tout d’abord, indiquer De plus, la concentration dans une même région,
que la volonté de la part de l’Union européenne de faire d’une superficie relativement restreinte, des plus
respecter ses réglementations relatives à la protection importants acteurs privés du secteur de l’informa-
des données personnelles relève de l’affrontement entre tique et du numérique en font un centre de la mon-
deux camps aux capacités de jeu très déséquilibrées. dialisation économique. Ce centre se caractérise par
C’est à ce titre qu’il faut comprendre le choix de faire réfé- un rayonnement mondial inégalé qui se matérialise L
rence à un match de football américain, qui est un sport par plusieurs dimensions. Tout d’abord, la diffusion à
de contact relativement violent. De plus, cette carica- l’échelle de la planète de ses innovations techniques : 1
ture dénonce la supériorité des GAFA au point de rendre comme l’iPhone d’Apple ou l’utilisation de Facebook m
totalement inéquitable le match (comme le montrent les par 2,32 milliards d’utilisateurs actifs chaque mois r
blessures qu’a reçues le joueur européen). En effet, ce fin 2018 (soit près d’un tiers de l’humanité). Ensuite, U
face-à-face semble en faveur des GAFA qui dominent la la Silicon Valley rayonne par le poids économique des 2
situation par la taille de leurs joueurs, laquelle symbolise GAFA aussi bien en termes de chiffres d’affaires, de r
leur poids économique et politique dans ce rapport de nombre d’employés que de capitalisation boursière, d
force avec l’Union européenne. On peut donc en conclure ce qui en fait un des plus grands centres de produc- e
un certain scepticisme de la part du caricaturiste dans tions de richesses du monde. Enfin, les entreprises de d
la capacité de l’arbitre européenne à faire respecter un la Silicon Valley sont intégrées à la mondialisation par c
match équitable entre les deux camps. leur capacité à influencer la prise de décision politique, s
3. La principale évolution de la Silicon Valley ces comme l’indique la capacité des GAFA à se soustraire
30 dernières années concerne les spécialisations à la fiscalité des pays européens ou leur refus d’appli- C
économiques de ses entreprises. En effet, si lors cation des réglementations sur la protection des don-
de son émergence dans les années 1970, l’essen- nées personnelles. 4
tiel des entreprises étaient spécialisées dans les d
semi-conducteurs et le secteur de l’électronique, la e
démocratisation d’Internet et des nouvelles techno- COURS 1 S
logies de l’information et de la communication (NTIC) L’espace productif mondial e
ont fait de la Silicon Valley le plus grand cluster mon- en recomposition p. 120-121 p
dial de l’informatique et du numérique depuis la fin p
des années 1990. Malgré ce repositionnement écono- Identifier la photographie
mique, la Silicon Valley a su rester « l’épicentre mondial
de l’innovation » grâce à l’importance de la recherche 1. La photographie aérienne oblique est prise dans
et du développement, facilitée par l’étroitesse des liens les Andes au nord du Chili dans le désert d’Atacama,
entre groupes privés et chercheurs universitaires de à la frontière de l’Argentine et de la Bolivie, une région
Stanford, ce qui a permis aux différents acteurs locaux aux conditions peu hospitalières, comme le montre la
de constamment repenser leurs produits et ainsi être sécheresse du paysage.
I
source d’innovation. Cette créativité générale, incar- 2. Les énormes dépôts salins (« salar ») sont traités
née notamment par le nombre de brevets déposés, dans des installations industrielles (qui ressemblent 1
est renforcée d’une part par l’articulation entre les en partie à des marais salants) pour extraire un métal s
GAFA et leurs énormes moyens financiers consacrés rare, le lithium, dont le Chili est le premier producteur p
à l’innovation, et d’autre part par un réseau dense de mondial. Des exploitations semblables existent dans c
start-up et de petits entrepreneurs. les deux autres États du triangle transfrontalier m
3. Ces espaces attirent des FTN étrangères car le s
Conclure lithium est aujourd’hui très recherché par l’industrie d
du numérique et l’industrie des batteries électriques c
L’espace productif de la Silicon Valley est intégré à la
en plein essor. t
mondialisation par son fonctionnement et ses entre-
T
prises. En effet, leur fonctionnement incarne bien
l’imbrication entre les différentes parties du monde Comprendre la photographie 2
qui caractérise la mondialisation, puisque si la baie de r
4. Le lithium est devenu une ressource stratégique. m
San Francisco concentre les activités de recherche et
Dans ces conditions, comme pour d’autres ressources, q
de développement, l’essentiel de l’assemblage et de la
son exploitation est développée même dans un site o
réalisation technique des produits se fait dans des pays
isolé, désertique, situé entre 2 000 et 4 000 mètres
des Suds en raison du faible coût de la main-d’œuvre 3
d’altitude. Un nouvel espace productif très spécialisé
(assemblage d’ordinateurs ou de téléphones portables l
s’insère dans l’espace productif mondial.
en Chine ou en Asie du Sud-Est, externalisation d’une t
partie du codage informatique auprès d’entreprises m
indiennes par exemple). c

36 © Magnard, 2019
Géographie 1re

, chinois cachés dans le cheval). Les États-Unis ont dis-


COURS 2 suadé nombre de leurs alliés d’ouvrir leur marché à
- Les FTN, acteurs majeurs cette forme. Pas question d’ouvrir la porte du château
- de la recomposition p. 122-123 d’autant que les États-Unis accusent la firme chinoise
d’espionnage au service des autorités chinoises.
e Lire le texte
à Comprendre le dessin
1. La centrale d’achat organise les approvisionne-
k ments du groupe aux meilleures conditions pour 4. Le développement des nouvelles technologies
répondre aux besoins essentiellement du Royaume- numériques est un enjeu économique important dans
, Uni où se réalisent 90 % des ventes. un monde de plus en plus digitalisé. C’est aussi un
s 2. et 3. Les réseaux sont très différents car ils ne enjeu géopolitique majeur non seulement pour les
e répondent pas aux mêmes contraintes. Pour les pro- principales puissances mondiales qui tiennent à le
, duits alimentaires, les fournisseurs sont locaux ou rester, mais aussi pour la Chine qui est en mesure de
européens (à part pour les produits exotiques) pour s’imposer dans certains de ces nouveaux secteurs.
e des raisons de fraîcheur et de goûts. Pour le textile, le
r coût de production est le premier facteur et les fournis-
DOSSIER
seurs sont les pays à bas salaires d’Asie ou d’Afrique.
L’iPhone d’Apple, une chaîne
Comprendre le texte de valeur mondialisée p. 126-127
-
4. La particularité de ce groupe de distribution est
Prolonger le cours
d’avoir l’essentiel de ses débouchés au Royaume-Uni
et de distribuer deux types très différents de produits. 1. De nombreux pays des Nords et des Suds participent
Ses circuits d’approvisionnement sont mondiaux, mais à la chaîne de valeur de l’iPhone selon leur intérêt pour
en réalité avec un cercle relativement proche pour les la chaîne productive : recherche et conception, fournis-
produits alimentaires et beaucoup plus large pour les seur de produits plus ou moins élaborés, fournisseur
produits manufacturés. de main-d’œuvre pour le montage ou de marchés, etc.
2. Les Apple Stores n’assurent qu’une petite partie
de la distribution mais il s’agit surtout des « vitrines »
s COURS 3
de la marque. On note leur concentration importante
, La révolution numérique, dans les marchés à haut pouvoir d’achat comme ceux
impacts et enjeux p. 124-125 de l’Amérique du Nord et de l’Europe occidentale pour
ces produits de valeur importante.
Identifier le dessin 3. La Chine et un maillon important à plusieurs titres :
matières premières, composants et surtout assem-
1. Le dessin met en scène cinq acteurs politiques, plus un
blage avec le sous-traitant Foxconn en mesure de faire
l soldat de l’Armée populaire chinoise. On peut identifier le
face rapidement à des demandes très importantes.
président Chinois au premier plan, le président améri-
cain en haut de la plus haute tour (à proximité du Premier 4. Le débat est un débat interne américain, relancé par
ministre canadien), la chancelière allemande et le pré- le président Trump depuis son élection, au sujet de la
sident de la commission européenne à côté du drapeau ré-industrialisation nécessaire des États-Unis face à la
e
de l’UE. Les représentants occidentaux semblent retran- dépendance chinoise qu’il s’agit de réduire par la guerre
e
chés dans un château, qui symbolise le marché occiden- commerciale. Pour les responsables d’Apple et de nom-
s
tal, devant lequel est présenté une sorte de « cheval de breux observateurs américains, il n’est pas possible de
Troie » où sont cachés des soldats chinois. rapatrier la production aux États-Unis où il n’existe plus
la main-d’œuvre et les usines en mesure de la réaliser.
2. Huawei est un géant chinois de l’industrie numé-
Selon eux, l’avantage des États-Unis à préserver est
rique, premier équipementier mondial pour l’Internet
. dans la conception et la maîtrise de la chaîne plus que
mobile et notamment pour le développement de la 5G,
dans la production matérielle elle-même.
qui est l’Internet mobile ultra rapide nécessaire aux
e objets connectés de plus en plus nombreux.
s Synthèse
3. Le dessin est une caricature qui illustre notamment
la politique américaine vis-à-vis du développement Les firmes transnationales ont développé les chaînes
technologique de la Chine. Confier le développe- de production mondialisée les plus rentables. Apple
ment des nouveaux réseaux 5G à Huawei est présenté est ainsi connu pour les marges importantes réali-
comme une menace pour les Occidentaux (les soldats sées dans ces conditions. Ce faisant, elles dépendent
9 © Magnard, 2019 37
Géographie 1re

du bon fonctionnement de chaque maillon mais elles l’espace productif, comme le montre la montée en ê
s’exposent aussi à de nombreuses critiques sur l’ex- puissance de nouveaux acteurs tels que les géants du c
ploitation de la main-d’œuvre à l’étranger et sur la numérique chinois (les BATX). f
désindustrialisation de leur pays d’origine qu’elles Pourquoi les espaces productifs sont-ils de plus en r
favoriseraient. plus variés ? Quelles sont les conséquences spatiales d
de ces nouvelles dynamiques ? e
DOSSIER l
Dans une première partie, on listera les facteurs qui
d
Les géants du numérique chinois, justifient la recomposition des espaces productifs puis,
d
des ambitions mondiales p. 128-129 dans une seconde partie, on présentera la diversité de
ces espaces. U
a
Prolonger le cours Plusieurs facteurs expliquent la recomposition de l’es-
N
pace productif mondial. Les firmes transnationales
1. Les BATX sont présents dans l’e-commerce (Alibaba), m
(FTN) sont les principaux agents de la mondialisation.
dans les réseaux sociaux (Tencent), dans la téléphonie e
En vingt ans, leur stock d’investissements directs à
(Xiaomi) et Internet avec le moteur de recherche Baidu. d
l’étranger (IDE) a été multiplie par 7. Elles réalisent les
Ils sont souvent sur plusieurs domaines à la fois : 7
deux tiers du commerce mondial, plus du quart du PIB
par exemple, Alibaba mêle e-commerce, tourisme et i
mondial, et emploient plus de 80 millions de salariés
hébergement de données avec ses data centers. dans le monde. Elles ne sont plus originaires exclu- M
2. Les BATX disposent d’atouts pour concurrencer les sivement des Nords. L’essor des Suds est la grande v
géants américains du numérique. En effet, ils sont lea- nouveauté des dernières décennies. Les grands pays s
ders en Chine, où ils disposent d’un marché protégé émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil) et les puis- c
par l’État fort de plus d’un milliard d’habitants. Leurs sances régionales (golfe Persique…) contrôlent doré- m
offres sont plus compétitives. Néanmoins, leur poids navant 123 des 500 premières FTN du monde, contre e
à l’international est plus restreint pour l’instant. Ils 377 pour les grands pays développés. Elles réalisent g
sont encore loin des valeurs acquises par les géants une part croissante des IDE des pays en développe- s
américains. Ils souffrent aussi parfois d’anciennes ment. l
mauvaises réputations du point de vue qualité de leur Les FTN disposent d’un pouvoir d’influence consi- E
matériel, comme ce fut le cas du Japon autrefois. dérable à toutes les échelles. Elles bouleversent t
3. Les BATX sont leader en Asie, mais ils sont partis donc les rapports de force mondiaux en partant à r
à la conquête du monde en implantant des boutiques la conquête du monde dans de nombreux secteurs a
dans les capitales et grandes villes européennes. L’Eu- (mines, énergie, agriculture, électronique, transports v
rope semble pour l’instant leur principale cible. maritime et aérien, finance, commerce…). Surtout, p
elles sont à l’origine de la division internationale du m
Synthèse travail (DIT) : elles mobilisent un vaste réseau de four- d
nisseurs et de sous-traitants ce qui, par exemple, a l
Aujourd’hui, la digitalisation est l’un des facteurs impor- entraîné la rapide industrialisation des pays-ateliers p
tants de la recomposition de l’espace productif mondial. comme l’Indonésie ou le Vietnam. Aujourd’hui, elles s
Les acteurs numériques jouent un rôle de plus en plus É
partent même à l’assaut du continent africain en délo-
important. L’affirmation de la Chine est l’une des princi- l
calisant certaines productions en Éthiopie. De l’amont
pales caractéristiques de la recomposition et l’exemple q
vers l’aval, les processus de production organisent des
des BATX montre comment, en ces domaines mainte- p
chaînes de valeurs ajoutées de plus en plus complexes
nant stratégiques, elle tente aussi de jouer les premiers c
aux échelles locale, régionale, nationale et continen-
rôles en concurrençant les géants américains. r
tale. Ainsi, plus d’une quinzaine de pays entrent dans
la chaîne de production de l’iPhone depuis la concep- d
III. Corrigés du Bac tion, les matières premières, les composants jusqu’à P
l’assemblage final. g
S’ENTRAÎNER AU BAC 10 D’ailleurs, la révolution numérique bouleverse les p
systèmes productifs (informatisation, automatisation, p
Rédiger une réponse à une question
robotisation…). Toutes les fonctions sont concernées : d
problématisée p. 130-131 direction-gestion, conception, production, logis- l
tique-transport et commerce. L’expansion des télé- l
Sujet : Les espaces de production dans le monde : communications a un impact majeur sur l’organisation r
quels acteurs ? quelle recomposition ? géographique des systèmes productifs en permettant d
Dans le monde, la production de richesses est crois- une interconnexion des différentes unités d’une entre- p
sante alors qu’on assiste à une recomposition de prise. De nouveaux services apparaissent qui peuvent à

38 © Magnard, 2019
Géographie 1re

être délocalisés dans une autre partie du monde,


S’ENTRAÎNER AU BAC 11
comme les centres d’appels ou la gestion des flux
financiers. Les satellites permettent un suivi en temps Analyser une carte et un texte p. 132-133
réel des différents moyens de transport. La maîtrise
des technologies du numérique est donc stratégique Sujet : Des espaces productifs mondiaux en recompo-
et à la base de la puissance américaine (création de sition
l’acronyme GAFA). La Chine ne manque pas non plus Les deux documents sont une carte thématique pré-
i sentant l’implantation d’une entreprise, la firme bri-
de se doter de géants nationaux (les BATX) qui partent
, tannique Marks & Spencers, à l’échelle mondiale et
désormais à la conquête du monde.
un extrait de texte qui se situe quant à lui à l’échelle
Une nouvelle géographie des espaces de production générale de l’activité industrielle dans le monde. Ce
apparaît. Bien sûr, les puissances traditionnelles des dernier est tiré de l’ouvrage Atlas de la mondialisation
Nords gardent un rôle important dans le contexte de la publié par le géographe Laurent Carroué en 2018. Ces
s
mondialisation. L’Amérique du Nord, l’Europe, le Japon deux documents nous invitent à nous questionner sur
et la Corée du Sud restent des piliers du système pro- la recomposition des espaces productifs mondiaux.

ductif mondial. Ainsi, seulement cinq États polarisent
s Le planisphère par figurés ponctuels dévoile la straté-
70 % de la recherche et dix États 70 % de la production
industrielle mondiale. gie globale de la firme transnationale (FTN) britannique
s Marks & Spencer à travers l’implantation mondialisée
- Malgré tout, comme le montre le schéma 1, de nou-
de ses fournisseurs et de ses sous-traitants. La firme
e velles puissances contribuent à la recomposition du
conserve son siège social (fonctions décisionnelles) au
système productif mondial. Ainsi la Chine émerge
Royaume-Uni. Dans le même temps, elle implante ses
comme une nouvelle puissance économique de pre-
activités liées à la branche alimentaire en très grande
- mier plan : c’est la première puissance manufacturière
partie à l’échelle de l’Union européenne (UE) : les
et exportatrice du monde. D’autres puissances émer-
salariés de ce secteur se concentrent ainsi en Italie,
t gentes participent également à cette recomposition du
France, Allemagne et au Danemark. On constate ici une
- système productif mondial : le Brésil, l’Afrique du Sud,
logique de proximité avec les consommateurs car cela
la Turquie, l’Inde…
concerne des produits frais ; la proximité culturelle
Ensuite, au sein de cette hiérarchie mondiale, on (goût des clients) intervient également. Font exception
trouve les périphéries intégrées, mais dominées, qui pour des raisons climatiques les produits tropicaux
à regroupent les fournisseurs de matières premières (thé, café, fruits divers…). À l’inverse, les salariés de
agricoles, minérales et énergétiques dépendant des la branche textile se concentrent fortement en Asie,
s variations des cours mondiaux. On trouve aussi les dans des pays-ateliers comme le Bangladesh, le Sri
, pays-ateliers valorisant une main-d’œuvre à bon Lanka, le Vietnam ou encore la Malaisie. La Chine (pre-
marché pour les segments déqualifiés de l’industrie et mière puissance manufacturière mondiale) compte
- des services (textile, électronique grand public). Enfin, logiquement un grand nombre d’employés dans ce
a les « marges évitées » regroupent soit les pays trop secteur. Plus proche du Royaume-Uni, on retrouve des
s pauvres qui n’offrent pas les conditions minima pour pays comme la Turquie ou même l’Égypte, qui peuvent
s s’insérer dans les flux de la mondialisation, soit les assurer un approvisionnement plus rapide pour des
États ravagés par l’instabilité politique, les crises et séries de vêtements plus courtes. Les coûts salariés
t les guerres (Soudan, Congo, Centrafrique…) sachant sont importants pour cette industrie des produits tex-
s que souvent ils ne font qu’un. Les exemples de l’Éthio- tiles et le critère de recherche d’une main-d’œuvre à
pie pour l’industrie textile et de Madagascar pour les bas coût pour la fabrication est ici déterminant.
- centres d’appels montrent cependant les progrès
Le texte met quant à lui en perspective la recomposi-
s rapides du processus d’élargissement géographique
tion des espaces productifs mondiaux. Bien sûr, les
de l’espace productif mondial.
puissances traditionnelles des Nords gardent un rôle
à Par leur stratégie de DIT, les FTN contribuent à inté- important dans le contexte de mondialisation. L’Amé-
grer de nouveaux territoires et provoquent une recom- rique du Nord, l’Europe, le Japon et la Corée du Sud
s position du système productif mondial. À côté des restent des piliers du système productif mondial. Seu-
, puissances traditionnelles, les puissances émergentes lement cinq États polarisent 70 % de la recherche et dix
: des Suds imposent leur dynamisme et, à l’image de États 71 % de la production industrielle mondiale. Mais
la Chine, jouent un rôle de plus en plus marqué dans de nouvelles puissances contribuent à la recomposition
- le contexte de mondialisation et de révolution numé- du système productif mondial. Ainsi la Chine émerge
n rique. Une grande diversité de situations s’ensuit où comme une nouvelle puissance économique de premier
t de nombreux territoires demeurent des périphéries plan : c’est la première puissance manufacturière et
plus ou moins intégrées et ne participent que très peu exportatrice du monde. D’autres BRICS sont concer-
t à cette recomposition. nées par cette émergence, comme l’Inde ou le Brésil.
9 © Magnard, 2019 39
Géographie 1re

Suivant les activités, les délocalisations se situent à d’œuvre. Ces avantages sont valorisés dans trois
l’échelle régionale, comme pour l’automobile (création domaines distincts :
d’usines dans les pays d’Europe de l’Est et fermetures – pour la Chine, c’est l’industrie où la main-d’œuvre
en Europe occidentale) ou pour un certain segment de abondante à bas coût a permis au pays de devenir
l’habillement. Pour la majorité des produits textiles l’atelier du monde grâce à une ouverture aux capitaux
ou l’électronique, l’échelle est mondiale et la place du étrangers à partir des années 1980 ;
continent asiatique est prépondérante : d’abord la Chine – pour l’Inde, ce sont les services où le pays a percé
mais aussi d’autres pays à main-d’œuvre abondante et grâce à une main-d’œuvre anglophone d’abord en
moins chère comme le Vietnam et, plus récemment, les développant des centres d’appels puis en proposant
pays du sous-continent indien comme le Bangladesh des services informatiques off-shore ;
(pays le plus important pour Mark & Spencer).
– pour le Brésil, c’est l’immensité de l’espace et la
Ces recompositions industrielles ont des impacts spa- variété de ses domaines bio-climatiques qui a été mis
tiaux importants en termes d’emplois avec un trans- en valeur, lui permettant de devenir un géant agricole
fert des emplois du secteur manufacturier traditionnel capable de rivaliser avec la puissance états-unienne
au profit des pays émergents et des Suds : les pays dans ce domaine (exportations de soja, de café, de
industrialisés sont contraints de se réfugier dans les sucre, de viande de bœuf…).
secteurs à haute valeur ajoutée qui, fatalement, sont
Fortes de ces atouts spécifiques, ces nouvelles puis-
moins nombreux.
sances occupent une place grandissante dans l’éco-
Les documents présentent des limites dans le traite- nomie mondiale. Comme pour les dragons asiatiques
ment de ce sujet dans la mesure où ils restent descrip- auparavant, l’auteur envisage une nouvelle étape de
tifs et n’évoquent pas les facteurs de délocalisations l’émergence sous l’angle de la « montée de gamme ».
que sont la recherche d’une main-d’œuvre au plus S’il est à noter que le Brésil n’est pas concerné, la maî-
faible coût possible ou encore l’absence de normes trise des technologies est essentielle pour la Chine et
environnementales ou de cadres juridiques beaucoup semble une réalité dans certains secteurs : ainsi dans
moins contraignants. Le texte évoque cependant le le numérique, les BATX (Baidu, moteur de recherche,
cadre de la division internationale du travail mais les Alibaba géant de l’e-commerce, Tencent réseau social,
conditions de travail dans les ateliers de sous-traitance Xiaomi spécialiste des objets connectés) veulent deve-
comme au Bangladesh sont régulièrement dénoncées nir les rivales des GAFA. Pour l’Inde, l’expertise infor-
et plusieurs drames ont déjà eu lieu. matique s’est développée autour de firmes indiennes
Les documents montrent bien la recomposition des de services informatiques (Tata consulting, Wipro, Info-
espaces productifs mondiaux en fonction de la DIT sys…) et en attirant de nombreuses FTN, en particulier
pilotée par les firmes transnationales au profit des à Bangalore.
pays émergents et plus particulièrement de l’Asie, qui Cette place grandissante dans l’économie mondiale ne
apparaît désormais comme le pôle productif majeur. semble pas s’accompagner d’une amélioration géné-
ralisée des conditions de vie de la population. Par le
nombre de personnes concernées, l’Inde demeure
S’ENTRAÎNER AU BAC 12
le pays de la grande pauvreté au monde. Le Brésil
Analyser un texte p. 134 demeure quant à lui un pays très inégalitaire malgré
la politique d’aide aux plus pauvres du président Lula.
Sujet : Les nouveaux espaces de production dans le Les bidonvilles sont une réalité sociale très forte dans
monde ces deux pays. Les inégalités sociales sont d’autant
Le document est un extrait de texte tiré d’un hors-sé- plus marquées que la croissance économique a vu
rie de la revue Alternatives économiques, écrit par le émerger une minorité de personnes très riches.
journaliste Vincent Paes et publié en octobre 2018. Il Le texte montre donc pour quelles raisons et dans
traite de nouveaux espaces créateurs de richesses
quelle mesure les pays émergents comme la Chine,
dans le monde.
l’Inde ou le Brésil occupent une place croissante dans
L’auteur met en évidence les atouts de ces pays émer- l’économie mondiale. Pour autant, cette insertion dans
gents qui sont membres des BRICS, puisqu’il s’agit la mondialisation ne génère pas pour l’instant un véri-
du Brésil, de l’Inde et de la Chine. Il établit les « avan- table développement à l’échelle de ces pays car la
tages comparatifs » de ces trois pays qu’il fonde sur pauvreté y est encore très présente. Pour le Brésil, on
leur taille et l’importance de leur réservoir de main- parle d’ailleurs souvent d’un mal-développement.

40 © Magnard, 2019
Géographie 1re

s Chapitre 5 M
 étropolisation, littoralisation des espaces
e productifs et accroissement des flux
r
x
I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 41
II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 43
III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 47
t

s
I. Mise en œuvre de la question
e Le programme
e
e Thème
Métropolisation, littoralisation des espaces productifs et accroissement des flux
Commentaire
-
Les processus de production s’organisent en chaînes de valeur ajoutée à différentes échelles. Cela se traduit
s
par des flux d’échanges matériels et immatériels toujours plus importants. Les espaces productifs majeurs sont
divers et plus ou moins spécialisés. Ils sont de plus en plus nombreux, interconnectés et se concentrent surtout
.
dans les métropoles et sur les littoraux.
-
t Problématique générale
s La question s’insère dans le thème 2 : « Une diversification des espaces et des acteurs de la production ».
,
La recomposition de l’espace productif mondial, sous l’impulsion majeure des FTN, multiplie les espaces, les flux
,
d’échanges et les réseaux. Les littoraux et les métropoles sont les principaux espaces gagnants de la recompo-
-
sition.
-
s Notions clés
- Plusieurs notions importantes sont mobilisées dont :
r Flux : circulation, transfert d’une certaine quantité de personnes, de véhicules, d’informations, de marchandises,
transportés par un moyen de communication, par le biais d’un réseau.
e Littoralisation : tendance à la concentration des hommes et des activités sur les littoraux.
- Métropole mondiale : ville qui se situe au niveau supérieur de la hiérarchie urbaine à l’échelle mondiale. Capable
de commander l’économie mondiale, elle est le lieu où se concentrent les pouvoirs centraux des entreprises et
de l’économie mondiale.

é La mise en œuvre dans le manuel


s Leçon 1 – Mise en réseaux du monde et explosion des flux
Problématiques
Comment se développent et s’organisent les flux ?
• Les flux d’échanges explosent et se recomposent avec un nouvel acteur central : la Chine.
s • Les réseaux logistiques multimodaux quadrillent le monde.
• Avec la révolution numérique, la circulation financière est devenue continue.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 140-141 Doc 1 : Les flux toujours plus importants des échanges de marchandises, p. 138.
Singapour, l’articulation de la finance, de la produc- Doc 2 : La circulation permanente des flux financiers, p. 139.
a tion et des flux
n A. L’exceptionnelle réussite d’une métropole littorale Doc 3 : L’explosion des flux d’informations numérisées grâce à l’interconnexion
mondiale des espaces, p. 139.

Cours 1, p. 146-147 Doc 1 : La pose du gazoduc Nord Stream 2, à proximité de l’Allemagne (novembre
Un monde de flux et de réseaux 2018), p. 147 .

Dossier, p. 152-153 Doc 2 : L’industrie automobile anglaise à la merci du « Brexit », p. 147.


CMA CGM, un acteur majeur du transport maritime

9 © Magnard, 2019 41
Géographie 1re

Leçon 2 – Les littoraux, espaces gagnants de la recomposition I


Problématiques
Comment les littoraux deviennent-ils des espaces majeurs de la recomposition ?
• Le transport maritime, acteur majeur de la DIT.
• La littoralisation des activités au profit de quelques grandes façades, et notamment de l’Asie orientale.
• Les mutations des grands ports sont spectaculaires.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 140-143 Doc : Tanger Med, une ouverture dynamique sur le monde pour le Maroc, p. 136-
Singapour, l’articulation de la finance, de la produc- 137.
tion et des flux Doc 1 : Les flux toujours plus importants des échanges de marchandises, p. 138.
A. L’exceptionnelle réussite d’une métropole littorale
mondiale Doc 3 : Long Beach et Los Angeles, les ports jumeaux de la façade californienne
face à l’Asie, p. 149.
Étude de cas, p. 144-145
Tanger Med, un nouvel espace productif littoral au Doc 4 : Yangshan à Shanghai, premier port mondial de conteneurs (en 2017),
nord du Maroc p. 149.
Cours 2, p. 148-149 S’entraîner au Bac 13 : Les espaces de production littoraux, grands ports et flux
Des espaces productifs concentrés sur les littoraux d’échanges maritimes, p. 156-157.
Dossier, p. 152-153 S’entraîner au Bac 14 : Les espaces littoraux au cœur du système productif
CMA CGM, un acteur majeur du transport maritime mondial, p. 158-159.
Dossier, p. 154-155 Dossier : Shanghai, métropole de l’ouverture sur le monde, p. 288-289.
Northern Range, une façade maritime dans la révolu-
tion numérique

Leçon 3 – Les métropoles au cœur de la recomposition


Problématiques
Comment les métropoles animent-elles le nouvel espace productif mondial ?
• La concentration des fonctions de commandement se renforce.
• Les plus grandes métropoles fonctionnent en réseaux.
• Les territoires urbains se recomposent pour être toujours plus compétitifs.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 140-143 Doc 3 : La hiérarchie des métropoles, p. 41.
Singapour, l’articulation de la finance, de la produc- Doc 2 : La circulation permanente des flux financiers, p. 139.
tion et des flux
Doc 3 : L’explosion des flux d’informations numérisées grâce à l’interconnexion
B. Assurer la prospérité et l’attractivité de la Cité-État
des espaces, p. 139.
Cours 3, p. 150-151 Doc 6 : Les villes, moteurs de la mondialisation, p. 151.
Les grandes métropoles au cœur du système produc-
tif mondial Doc 7 : Les 15 premières économies métropolitaines mondiales…, p. 151.
Doc 8 : Le poids et le rôle des 123 premières métropoles mondiales, p 151.
S’entraîner au Bac 15 : Les espaces productifs : quels acteurs ? quels lieux ?
quels flux ?, p. 160. A
Ressources documentaires récentes 1
d
BIBLIOGRAPHIE et sitographie s
p
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c
-- H. Dubucs, « L’essor des flux de marchandises et de services », in La mondialisation contemporaine, Rapport de t
force et enjeux, coll. « Nouveaux continents », Nathan, 2017. e
-- F. Munier, « Globalisation financière et société de l’information », La mondialisation contemporaine, Rapport de e
force et enjeux, coll. « Nouveaux continents », Nathan, 2017.
2
-- L. Carroué, Atlas de la mondialisation, Autrement, janvier 2018.
é
-- « Atlas des nouvelles routes », Courrier International, hors-série, sept.-oct. 2018. l
-- Géoconfluences : « Métropolisation, littoralisation des espaces productifs et accroissement des flux » : 4
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-programmes-
3
1ere-generale
c
-- OMC : Statistiques annuelles de commerce international : www.wto.org/french/res_f/statis_f/statis_f.htm
d
-- Banque mondiale : World Trade Report 2018 : https://bit.ly/2zQOccp
4
-- Global Cities Initiative : www.brookings.edu/project/global-cities/
t

42 © Magnard, 2019
Géographie 1re

II. Réponses aux questions rique du Nord (New York, Chicago, Toronto), l’Union
européenne (Londres, Paris, Francfort) et l’Asie orien-
tale (Tokyo, Shanghai, Hong Kong) sont les principaux
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 136-137 pôles autour desquels s’organise la circulation finan-
cière. Celle-ci est d’ailleurs permanente car il y a tou-
1. Il s’agit d’une photographie aérienne oblique prise
jours une grande Bourse ouverte dans le monde quelle
depuis l’arrière-pays du port de Tanger Med au nord du
que soit l’heure.
Maroc, en direction du détroit de Gibraltar et des côtes
espagnoles, visibles en arrière-plan. L’image montre 5. L’existence de nombreux « paradis fiscaux » dans
ainsi la situation privilégiée du port. les Caraïbes, le Pacifique ou en Méditerranée montre
que des flux plus discrets constituent une économie en
2. Le document montre les éléments caractéristiques
marge de la ronde financière principale. Elle peut s’in-
d’un port spécialisé dans le trafic des conteneurs, sérer dans l’économie officielle comme à l’intérieur de
activité principale du port : navires porte-conteneurs à l’Union européenne elle-même mais, le plus souvent,
quai ; portiques et stockage des conteneurs. ces lieux sont proches des pôles financiers officiels
On aperçoit également, dans la partie gauche de l’em- (Caraïbes pour l’Amérique du Nord, îles du Pacifique
prise portuaire, d’importants parkings de voitures (dif- pour l’Asie orientale).
férents des parkings extérieurs liés au fonctionnement
6. La révolution numérique, avec la construction d’une
du port) qui suggèrent une activité de transbordement
toile mondiale comme on le voit sur la carte, accélère
de véhicules. Au premier plan, il y a aussi de nombreux
la circulation de l’information qui peut aujourd’hui se
bâtiments caractéristiques d’une zone d’activité.
faire en temps réel. Les câbles optiques sous-marins
3. L’image montre la situation privilégiée du port sur qui relient les différents continents entre eux sont le
un détroit, passage obligé des flux maritimes entre la maillon essentiel de cette interconnexion des espaces.
Méditerranée et l’Atlantique mais aussi entre l’Afrique
7. La carte met en valeur l’importance des États-Unis
et l’Europe (l’Union européenne), située à seulement
dans l’organisation de la toile numérique avec de nom-
14 km. Le port, créé en une dizaine d’années, dispose
breuses concentrations de data centers (les plus impor-
aussi d’installations récentes adaptées au trafic mari-
tantes sont en Californie, au Texas et dans le nord-est
time actuel et très performantes.
du pays) et une étoile importante de câbles optiques
4. Le nouveau port est un atout incontestable pour vers l’Europe et l’Asie orientale. L’Europe occidentale
le développement du pays. C’est déjà le premier port est aussi un pôle important mais essentiellement en
africain assurant la moitié des échanges du Maroc et liaison avec l’Amérique du Nord.
un moteur pour la transformation du nord du pays où
de nombreuses nouvelles zones d’activités sont en Mettre les cartes en relation
plein essor.
Le point commun des trois cartes est l’importance des
flux qui lient les espaces au sein de l’espace productif
CARTES ENJEUX p. 138-139 mondial et permettent son fonctionnement. Les flux
nouveaux sont les flux numériques qui ont une impor-
Analyser les cartes tance croissante en devenant le nœud de tous les
autres réseaux grâce à la circulation des informations
1. Trois grands pôles se détachent dans le réseau mon- qu’ils assurent désormais en temps réel. La circula-
dial des échanges commerciaux : deux pôles très voi- tion financière permanente en est une illustration.
sins par la valeur des exportations (Union européenne
puis Asie), loin devant le pôle américain. Si on prend en
compte la part des échanges intrazone, le pôle asia- ÉTUDE DE CAS
tique est cependant le plus important car le commerce Singapour, l’articulation de la finance,
européen est gonflé par l’importance du commerce de la production et des flux p. 140-143
entre la cinquantaine de pays de ce continent.
2. Le pôle asiatique semble le plus favorisé avec des A. L’exceptionnelle réussite
échanges très excédentaires avec l’Europe et surtout
d’une métropole littorale mondiale
l’Amérique du Nord (plus du simple au double avec
470/1070 milliards de dollars).
Analyser et confronter les documents
3. Les multiples échanges dans les deux sens
construisent un réseau mondial symbolique de l’inter- 1. Singapour bénéficie d’une situation géographique
dépendance croissante des pôles qui l’animent. exceptionnelle dans le détroit de Malacca, à l’entrée
4. La carte montre les principales concentrations spa- de la mer de Chine orientale, sur la route maritime
tiales des bourses d’après leur capitalisation. L’Amé- majeure entre la première façade maritime de l’Asie
9 © Magnard, 2019 43
Géographie 1re

orientale, l’Afrique et l’Europe. Son territoire est en fait voulait valoriser les complémentarités. À plus petite C
une île entièrement ouverte sur le trafic maritime avec échelle, elle recourt aux ressources de main-d’œuvre
comme seule contrainte celle d’un espace total limité. d’un bassin qui va de l’Inde aux Philippines pour faire E
face à ses besoins. u
2. Singapour dispose d’importantes installations por-
l
tuaires (2e port mondial pour le trafic de marchandises 3. L’aménagement du territoire est un facteur perma-
m
et de conteneurs après Shanghai) et de l’aéroport nent du développement de Singapour qui a accru son
territoire d’un quart en 60 ans grâce à de vastes terre- l
international de Changi.
pleins destinés à l’installation de nouvelles zones a
3. Singapour a d’abord été une place forte militaire d
britannique et un relais de la route des Indes. Avec la d’activités. Le port de Tuas, l’extension de Changi,
révolution des hydrocarbures, Singapour s’est spécia- « Gardens by the Bay » participent de ces extensions
lisée dans le raffinage et la pétrochimie en exportant sur la mer qui permettent aussi le réaménagement
ses produits vers l’Afrique de l’Est, l’Asie orientale et des espaces libérés. L’aménagement de Tuas qui
l’Australie. Avec la révolution du transport maritime regroupera à terme tous les terminaux actuels per-
par conteneurs, Singapour a su se transformer en mettra l’urbanisation de ces anciens espaces.
centre de transbordement majeur entre l’Asie et l’Eu-
rope. Les activités financières se sont greffées sur Conclure
les activités commerciales : Singapour est la 4e place Les aménagements en cours à Singapour montrent la
financière mondiale. détermination des autorités à continuer de profiter du
4. L’aménagement du territoire, avec notamment l’en- dynamisme de la mondialisation, dont la Cité-État a
semble architectural de Marina Bay, témoigne de la été l’un des grands gagnants depuis les années 1970.
richesse et de la puissance de la Cité-État aujourd’hui : L’innovation symbolisée par la forêt de « Gardens by
hôtel très spectaculaire de Marina Bay Sands, quartier the Bay » et le projet Iskandar Malaysia en sont des
d’affaires sur la rive opposée… La skyline de gratte- moyens privilégiés.
ciel et d’œuvres dues à des architectes de renommée
internationale est significative d’une métropole de
niveau mondial. ÉTUDE DE CAS
Tanger Med, un nouvel espace productif
Conclure littoral au nord du Maroc p. 144-145
Singapour a su valoriser une position privilégiée au
sein de la nouvelle organisation des flux dans laquelle Analyser et confronter les documents
l’Asie orientale a pris une place importante. Elle a
1. Le complexe Tanger Med dispose d’une très bonne
mis en valeur sa fonction d’interface pour devenir un
situation, à la fois proche de l’Europe, 14 km en traver-
pôle commercial, industriel, financier et touristique
sant le détroit de Gibraltar, et sur une voie majeure du
majeur : un nouvel espace productif à part entière
trafic maritime mondial entre l’Asie, l’Europe et l’Amé-
caractéristique de la recomposition de l’espace
rique. Il peut accueillir les plus grands porte-conte-
mondial.
neurs actuels. Les aménagements complémentaires
(voies LGV, autoroutes) le rendent très accessible et en
B. Assurer la prospérité et l’attractivité font une plate-forme multimodale.
de la Cité-État 2. Tanger Med dispose aussi d’atouts qui permettent
d’attirer les entreprises et les investisseurs : la zone
Analyser et confronter les documents franche (libre de droits de douane et avec des exoné-
rations fiscales), les nombreuses zones d’activités et
1. Singapour crée les infrastructures qui vont permettre les plates-formes logistiques créées dans un rayon de
de renforcer son insertion dans les réseaux mondiaux 50 km. Tous ces aménagements ont été impulsés par
de transport des années 2030-2050 : méga port de Tuas l’État marocain qui est l’acteur majeur.
(augmentation de 50 % de la capacité de traitement de 3. Le nord du Maroc concentre désormais des activi-
conteneurs), extension de l’aéroport de Changi (capa- tés nouvelles variées dont une majeure : l’industrie
cité de 150 millions de passagers), renforcement de l’at- automobile. Ainsi, Renault y a installé un de ses sites
tractivité touristique et de l’innovation des technologies de production dans une zone dédiée (plus d’1 mil-
vertes avec les « Gardens by the Bay ». lion de véhicules assemblés depuis l’installation dont
2. Singapour pratique la division internationale du tra- une grande partie est exportée) ainsi que des sous-
vail à plusieurs échelles : à l’échelle régionale depuis traitants notamment dans une zone spécialisée (Tan-
les années 1990 dans le cadre du « triangle de crois- ger automotive city) On trouve aussi des industries
sance » avec la Malaisie et l’Indonésie, dont Singapour liées à l’aéronautique, le textile, l’off shore…

44 © Magnard, 2019
Géographie 1re

e Conclure 2. Le nouveau port a été aménagé à une trentaine de


kilomètres au large de Shanghai, d’une part pour pou-
e En créant de toutes pièces en une dizaine d’années voir développer ces nouvelles installations portuaires
un complexe portuaire moderne et performant sur gigantesques en dehors de la métropole et d’autre part
l’une des voies de passage majeure du trafic maritime pour garantir un accès en eaux profondes indispen-
mondial, le Maroc a parié sur l’ouverture à la mondia- sable au porte-conteneurs qui fréquentent le premier
n
- lisation et gagné si on en juge par le développement port mondial.
s accéléré du port et des nouvelles zones d’activités 3. L’aménagement a nécessité la construction d’un
, dans le nord du pays. très long pont en mer depuis Shanghai et la construc-
s tion progressive de terre-pleins dans l’archipel.
t COURS 1
Un monde de flux et de réseaux p. 146-147 Comprendre la carte
-
4. L’aménagement de Yangshan est caractéristique des
Lire le texte effets de la révolution du transport maritime sur les
infrastructures portuaires. À la course au gigantisme des
1. D’après le document, Toyota possède deux usines
navires, beaucoup de ports s’efforcent de répondre par
importantes au Royaume-Uni et emploie en tout
des installations de plus en plus importantes et capables
3 000 personnes.
d’accueillir les plus gros navires en eaux profondes, tel
a 2. Toyota, comme l’industrie automobile britannique, aussi le nouvel avant-port de Rotterdam en mer du Nord.
est très dépendant du marché européen pour les
y approvisionnements (plus de 80 %) en composants et
s les exportations (plus de 80 % des ventes également) COURS 3
en profitant pleinement de la libre circulation des mar- Les grandes métropoles au cœur
chandises. du système productif mondial p. 150-151
3. Les négociations en cours inquiètent les construc-
teurs dans la mesure où elles peuvent remettre en Lire le texte
question la libre circulation des marchandises, entraî-
nant des retards de production et surtout une perte de 1. Par rapport à leur population, les métropoles mon-
compétitivité si le « juste à temps » n’est plus possible diales concentrent la production de richesses, les IDE,
et si des taxes douanières frappent les échanges. la recherche ainsi que les infrastructures les plus per-
formantes.
Comprendre le texte 2. Ces dernières décennies, de nouvelles métropoles
- ont rejoint les grandes métropoles occidentales dont
u 4. Avec la mise en œuvre de chaînes de valeurs qui
certaines asiatiques (Pékin, Shanghai, Séoul, Singa-
entraînent la multiplication des flux, les conditions
pour…). Dans les pays émergents, certaines jouent un
- dans lesquelles peuvent se faire les échanges jouent
rôle nouveau d’interface entre l’espace mondial et leur
s un rôle déterminant. La libre circulation des marchan- espace régional, comme Johannesburg pour l’Afrique
n dises est la condition la plus favorable. Sa remise en australe.
question peut affecter gravement le système.
3. La Chine s’illustre à la fois par des métropoles
t proches désormais de celles de premier rang (Pékin,
e COURS 2 Shanghai…) et par une vingtaine de métropoles litto-
- rales qui s’affirment surtout par leurs activités indus-
Des espaces productifs concentrés
trielles et qualifiées ici de « villes ateliers ».
e sur les littoraux p. 148-149
r Comprendre le texte
Identifier la carte
4. Ces métropoles apparaissent comme les pilotes, pour
1. La carte est double : elle montre la région de Shan- les plus importantes, et les principaux rouages, à diffé-
e
ghai avec le port de Yangshan et, dans un zoom, à plus rentes échelles, du nouvel espace productif mondial :
grande échelle, les aménagements des plates-formes elles concentrent les fonctions de commandement et
-
portuaires dans l’archipel des Yangshan. les infrastructures de transport les plus performantes.
-

9 © Magnard, 2019 45
Géographie 1re

DOSSIER DOSSIER I
CMA CGM, un acteur majeur Northern Range, une façade maritime
du transport maritime p. 152-153 dans la révolution numérique p. 154-155

Prolonger le cours Prolonger le cours


S
1. Les investissements de la CMA CGM témoignent de 1. Northern Range (« rangée Nord ») désigne la façade
la volonté des transporteurs maritimes de devenir des maritime transfrontalière de l’Europe occidentale
transporteurs globaux incluant les segments terrestres (désormais dépassée par la façade de l’Asie orientale)
en proposant du « door to door ». La généralisation entre Le Havre et Hambourg. Rotterdam, Anvers et
des conteneurs connectés permet un suivi et une Hambourg sont les trois grands ports d’envergure
optimisation du transport. Une autre évolution est de mondiale qui l’animent.
diminuer l’empreinte environnementale de ce transport 2. Ces ports, en compétition à toutes les échelles, se
en renouvelant la flotte avec des navires neufs moins sont lancés dans des stratégies parallèles en dévelop-
gourmands en carburant et en optimisant leur route pant l’automatisation des opérations portuaires et, de
par une liaison permanente entre les commandants plus en plus, leur numérisation.
des navires et les centre opérationnels.
3. Ces ports aujourd’hui dépassés par les ports asia-
2. La CMA CGM peut assurer une présence mondiale à tiques cherchent à améliorer leur productivité et, pour
ses clients en leur proposant un réseau de 200 lignes chacun, à attirer le trafic maritime vers leurs installa-
intercontinentales avec des hubs de transbordement tions. Il s’agit aussi de s’adapter à la digitalisation en
qui permettent des dessertes régionales (en utili- cours de toute la chaîne logistique avec la perspective
sant des navires plus petits, les feeders). Pour assu- des « navires autonomes » ou des conteneurs connec-
rer toutes ces lignes, la CMA CGM a pris la tête d’une tés déjà mis en circulation par les grandes compagnies
des trois grandes alliances avec d’autres compagnies comme CMA CGM. Dans la course au port intelligent,
(COSCO, Evergreen…) ce qui permet de partager les iti- les grands ports sont les plus avancés, notamment
néraires et d’optimiser le remplissage des bateaux. Rotterdam.
3. Pour faire face à la concurrence, la CMA CGM fait
le pari du gigantisme, les nouveaux porte-conteneurs Synthèse
géants devant être plus rentables que ceux qu’ils rem-
placent. Le second axe de la politique des dirigeants Les grandes façades participent à l’explosion des flux
de l’entreprise est d’accélérer la digitalisation de la en développant de nouveaux outils plus performants
chaîne logistique avec les conteneurs connectés et qui anticipent l’accroissement du trafic maritime, aug-
l’assistance à la navigation apportée par les centres mentent leur productivité et abaissent les coûts.
opérationnels.

Synthèse
Le transport maritime est un acteur essentiel de l’ex-
plosion des flux commerciaux en développant une
chaîne logistique de plus en plus performante qui aug-
mente sa productivité et abaisse les coûts.

46 © Magnard, 2019
Géographie 1re

III. Corrigés du Bac

S’ENTRAÎNER AU BAC 13
Réaliser un croquis p. 156-157

Sujet : Les espaces de production littoraux, grands ports et flux d’échanges maritimes
e
e Croquis : Les espaces de production littoraux, grands ports et flux d'échanges maritimes
)
t Océan
Océan Pacifique
e
Pacifique
Tokyo
Busan
Océan
Shanghai
e Glacial
Amérique Asie
Arctique orientale
du Nord
- Russie
Los Angeles
- Singapour
Union
New York européenne
Dubaï
Rotterdam
Océan
Atlantique
Océan
Moyen
Orient Indien
Afrique

x
s

Amérique latine

0 1 000 km
à l’équateur

Rubrique 1 Rubrique 2 Rubrique 3


Grands pôles de production et
……………………….......................…… Grandes routes maritimes
…………………….................……… Grandes façades maritimes
…………………….................………
d’échange
+ ………….......................…… Flux d’échanges
……….................……… Grande façade maritime
……………….................………
Important
entre les pôles
………………………….................…
Grand port mondial
……………….................………
– ………….......................……

9 © Magnard, 2019 47
Géographie 1re

Les deux documents montrent bien, à travers D


S’ENTRAÎNER AU BAC 14 l’exemple de Tianjin, l’importance qu’ont pris les litto- c
Analyser une photographie raux dans le système productif mondial. Les activités d
et une carte p. 158-159 se concentrent de plus en plus dans les ports (zone C
industrialo-portuaire), formant quelques façades l
Sujet : Les espaces littoraux au cœur du système pro- maritimes à l’échelle du monde qui sont de puissantes l
ductif mondial interfaces capables de gérer la plus grande partie des L
Les documents concernent tous deux le port chinois flux de marchandises. l
de Tianjin (situé au nord-est de la Chine) : à grande t
échelle, une photographie donne une vue de ses prin- m
cipales infrastructures ; à petite échelle, une carte
S’ENTRAÎNER AU BAC 15 L
thématique (planisphère) par figurés ponctuels et Rédiger une réponse à une question v
linéaires montre la localisation des principaux ports problématisée p. 160 d
conteneurs du monde (> 5 millions de boîtes) et les flux é
maritimes de produits manufacturés ainsi générés. À Sujet : Les espaces productifs : quels acteurs ? quels g
partir de cet exemple concret, on peut ainsi s’interro- lieux ? quels flux ? i
ger sur la place qu’occupent les littoraux dans le sys- o
Les espaces productifs se recomposent, ce qui se tra-
tème productif mondial. m
duit par une diversification des lieux de production et
d
La photographie montre l’adaptation permanente du une explosion des flux d’échanges caractéristiques de
e
port de Tianjin aux défis du transport maritime mon- la mondialisation. Quels sont les acteurs de cette nou-
p
dialisé. Plusieurs quais spécifiques ont été aménagés velle donne ? Quels sont les nouveaux espaces produc-
pour pouvoir accueillir des navires toujours plus gros tifs ? Quels flux parcourent l’espace mondial ? E
et spécialisés : un quai pour les navires vraquiers et b
Quelques puissances sont au cœur du système pro- V
les cargos (transports de pondéreux et de matières
ductif mondial : 20 États assurent 90 % du PIB mondial 4
premières), un port pétrolier (la Chine est très dépen-
et 85 % des échanges. On peut donner comme exemple C
dante des importations d’hydrocarbures) et surtout un
les États-Unis, qui restent la première puissance éco- t
port pour conteneurs reconnaissable à ses portiques
nomique mondiale et exercent une nette domination d
géants et aux nombreux conteneurs en attente de
dans le secteur des nouvelles technologies, en grande
transbordement. Cet équipement, devenu indispen- L
partie grâce au rayonnement sans équivalent de la Sili-
sable tant le trafic de conteneurs est devenu straté- e
con Valley. De même, un État de petite taille comme
gique dans le contexte de mondialisation, correspond d
Singapour exerce un rayonnement mondial grâce à la
aux extensions les plus récentes du port. On peut enfin m
valorisation de sa situation de carrefour au cœur du
remarquer la voie ferrée qui participe au caractère a
détroit de Malacca.
multimodal de ce port. Tous ces éléments montrent la d
puissance actuelle du port de Tianjin (8e rang mondial Les firmes transnationales (FTN) et les métropoles sont s
pour le trafic général de marchandises, 10e rang pour également d’importants acteurs du système productif
L
le trafic conteneurs). La photographie ne permet que mondial. Certaines FTN comme Apple (États-Unis) ou
5
d’entrevoir un autre aspect important de cette puis- Huawei (Chine) ont une puissance financière supérieure
p
sance : d’immenses zones industrielles qui jouxtent le à certains États de l’hémisphère Sud. Surtout, ces
a
port et font de Tianjin une importante zone industrialo- firmes sont à l’initiative de la stratégie de DIT (division
t
portuaire. internationale du travail) qui entraîne une spécialisation
La carte par figurés ponctuels permet de réaliser un de certains territoires (par exemple concentration de
changement d’échelle et d’analyser les flux gérés par la fabrication dans les pays-ateliers d’Asie orientale en
ce port au niveau mondial. On comprend très rapide- raison du faible coût de la main-d’œuvre).
ment l’importance de la façade asiatique dont fait par- De même, les métropoles jouent un rôle majeur dans
tie Tianjin dans la gestion des flux mondiaux, puisque l’économie mondiale. Les 300 premières réalisent
les plus importants ports à conteneurs se concentrent 50 % du PIB mondial avec seulement 23 % des emplois
sur cette façade maritime sans équivalent dans le et de la population. Leur production économique est
monde (elle polarise à elle seule 64 % des flux de souvent supérieure à celle d’un État (Tokyo par rap-
conteneurs). Onze ports chinois ont un trafic supérieur port au Canada, New York par rapport à la Corée du
à 5 millions de conteneurs en 2017. Les principaux Sud). Leur pouvoir de pilotage et d’influence ne cesse
flux partant de Tianjin sont essentiellement à destina- de se renforcer par le processus de métropolisation. Il
tion des deux principaux pôles de pays industrialisés repose sur leur capacité à polariser les fonctions et les
(Amérique du Nord et Union européenne) et, dans une emplois les plus rares et les plus stratégiques : sièges
moindre mesure, vers les pays émergents des Suds sociaux des FTN, recherche et développement, univer-
(Brésil ou pays pétroliers du Moyen Orient). sités, finance…

48 © Magnard, 2019
Géographie 1re

Du fait de la nouvelle division internationale du travail, il réalise 80 % des échanges mondiaux en volume
- certains États des Suds se montrent extrêmement et 70 % en valeur. En 30 ans, le trafic mondial et le
s dynamiques et connaissent une croissance soutenue. volume de la flotte ont triplé et les porte-conteneurs
C’est le cas des membres des BRICS, qui intensifient se sont imposés. Pour faire face aux besoins, la taille
s les échanges Sud/Sud, mais également des pays-ate- des navires ne cesse de croître.
liers d’Asie orientale (Indonésie, Vietnam, voire Sri Les réseaux numériques quadrillent désormais le
Lanka, Bangladesh…) qui bénéficient d’une industria- monde, on assiste ainsi à une multiplication des ser-
lisation rapide nourrie par les délocalisations produc- veurs et des centres de stockage de données à cer-
tives. Les Suds réalisent désormais 65 % des activités tains endroits de la planète (Amérique du Nord, Union
maritimes mondiales en lien avec la DIT. européenne et Asie orientale) et des câbles à très haut
La mondialisation s’accompagne également d’un débit traversent les océans pour connecter les terri-
vaste processus de littoralisation. Les littoraux sont toires entre eux (ils assurent 90 % des flux numériques
des interfaces qui connectent leurs arrière-pays aux mondiaux).
échanges mondiaux. Ils sont souvent les lieux privilé- Plus généralement, de multiples flux parcourent la
s giés des dynamiques démographiques, économiques, planète. Cela concerne les produits agricoles (blé, soja,
industrielles et urbaines comme en Chine, au Brésil viandes…) ou énergétiques (extension des réseaux de
ou en Inde. Plus que jamais, quelques grandes façades gazoducs et d’oléoducs : ils représentent désormais
maritimes jouent un rôle majeur dans l’économie mon- 3,5 millions de km), mais également les flux illicites
diale : le Japon, la Chine littorale, la Northern Range (développement rapide du trafic de cocaïne depuis les
e
européenne, la Megalopolis de la côte Est et la côte années 1990 par exemple).
pacifique des États-Unis.
Enfin, les flux financiers ont également pris une impor-
Elles regroupent de grandes métropoles, de vastes tance croissante dans la mondialisation : le stock de
bassins productifs et les plus grands ports mondiaux. capital (crédits, dettes, capitalisation boursière et
Vingt ports polarisent 52 % du trafic total mondial et monnaie) est passé de 160 % à 450 % du PIB mondial
40 ports 60 % des conteneurs. L’Asie orientale, avec la entre 1980 et 2018. Cependant, ce système spécula-
Chine, devient le nœud central de la circulation mari- tif très instable débouche sur de nombreuses crises.
time mondiale avec 40 % des flux, dont 64 % du trafic Celle de 2008-2009 a obligé les États et les organismes
n de conteneurs. internationaux (FMI) à intervenir au prix d’un accrois-
e sement de l’endettement public.
- La mondialisation se caractérise en effet par une
explosion et une recomposition des flux de marchan- Du fait de la DIT pilotée par les firmes transnationales,
dises, de capitaux et d’informations dans l’espace de nouveaux espaces productifs se sont affirmés dans
mondial. En 30 ans, la valeur du commerce mondial les Suds. S’appuyant sur d’immenses façades mari-
a quadruplé. Elle s’élève à 22 800 milliards de dollars, times et leurs activités industrielles concentrées sur le
dont 79 % pour les biens matériels et 21 % pour les littoral (qui témoigne du processus de littoralisation),
t services (tourisme, transport, finance, culture). ils viennent désormais concurrencer les puissances
f
Le transport aérien connaît un véritable boom avec traditionnelles. Cette recomposition de l’espace pro-
u
50 % d’augmentation du trafic de passagers (4 milliards ductif mondial a contribué à accélérer l’augmentation
par an) et 60 % du fret pour les produits à haute valeur des flux de toutes natures sur l’ensemble de la pla-
s
ajoutée en quinze ans. De même, le transport mari- nète, ce qui n’est pas sans conséquences environne-
time connaît un formidable essor. Avec 93 000 navires, mentales.
n
e
n

s
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s
s
-

9 © Magnard, 2019 49
Géographie 1re

RÉVISER POUR LE BAC p. 161

Schéma pour comprendre et retenir

Une explosion des flux autour des grands pôles

➣ Une explosion des flux commerciaux


Exemple : en
… 30
……ans…
la…
valeur
… …du …commerce
… … … …a… quadruplé
………
➣ Des échanges de marchandises très polarisés
Exemple : 20
… États
… …réalisent
………… 72 …
% du
…… commerce
… … … mondial
………
➣ Des flux de capitaux dominés par quelques
grandes places boursières
Exemple : 10
… bourses
… … …polarisent
… … … …80 …%…de…capitalisation
……………
boursière
………… mondiale
………………………………

UNE FORTE POLARISATION DE L’ÉCONOMIE MONDIALE

Les métropoles au cœur du système productif


La concentration des espaces productifs sur
les littoraux ➣ Rôle majeur dans l’économie mondiale
➣ Essor du commerce maritime Exemple : les
…… 300…premières
………… métropoles
… … … …représentent
…………
80…
Exemple : … %…des…échanges
… … … mondiaux
…………………… 50
…% …du
…PIB
……mondial
…………………………
➣ Rôle majeur des façades maritimes ➣ Une forte hiérarchie
20…
Exemple : … ports
…… polarisent
… … … 50 % du
…… … trafic
… … mondial
……… Exemple : 6…métropoles
… … … …de …rang
… …mondial
…………………
➣ Modernisation et adaptation permanente ➣ Recomposition permanente des territoires
des grands ports urbains

50 © Magnard, 2019
Géographie 1re

Chapitre 6 L
 a France : les systèmes productifs entre valorisation
locale et intégration européenne et mondiale

I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 51


II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 53
III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 57

I. Mise en œuvre de la question


Le programme
Thème
La France : les systèmes productifs entre valorisation locale et intégration européenne et mondiale
Commentaire
L’étude des systèmes productifs français (Outre-mer inclus) permet de mettre en avant les lieux et acteurs de
la production à l’échelle nationale, tout en soulignant l’articulation entre valorisation locale et intégration euro-
péenne et mondiale.
Problématique générale
La question s’insère dans le thème 2 : « Une diversification des espaces et des acteurs de la production ».
L’espace productif mondial ne cesse de se recomposer sous l’influence des stratégies des firmes transnationales
et la révolution numérique. Il s’agit de voir comment cette recomposition affecte les systèmes productifs français.
La France garde-t-elle son rang ? Quelles stratégies lui permettent de rester compétitive ?
Notion clé
Système productif : ensemble des facteurs et des acteurs concourant à la circulation et à la consommation de
richesses.

La mise en œuvre dans le manuel

Leçon 1 – Quelle place, quel rôle pour les systèmes productifs français ?
Problématiques
Y a-t-il encore des systèmes productifs français ?
• La France a perdu une grande partie de ses systèmes productifs. L’industrie est en net recul depuis quelques décennies. L’intégration à
la mondialisation s’est traduite par des délocalisations, une forte concurrence…
• Néanmoins, la France est toujours une puissance économique qui compte : 3e industrie en Europe, 5e rang mondial. Les FTN françaises
occupent des positions dominantes dans certains secteurs.
• L’industrie française s’est engagée dans une course à l’innovation pour être en mesure de faire face à la compétition mondiale.
Pages supports Documents
Cours 1, p. 174-175 Doc 2 : L’industrie, un poids régional inégal, p. 165.
Les systèmes productifs français, quelle place en Doc 3 : Les dynamiques spatiales de l’activité industrielle, p. 165.
Europe et dans le monde ?
Doc 1 : Les grandes entreprises assurent le rayonnement de l’industrie française
Dossier, p. 180-181 dans le monde : usine Renault de Tanger (Maroc), p. 175.
Plastics Vallée, un acteur du dynamisme industriel
français Doc 2 : Les ETI, atout majeur du système productif français, p. 175.

Dossier, p. 182-183 S’entraîner au Bac 16 : Les espaces productifs français, diversité et intégration
L’industrie française, entre désindustrialisation et européenne et mondiale, p. 184-185.
recomposition S’entraîner au Bac 17 : Les systèmes productifs français, dynamiques spatiales
et intégration européenne et mondiale, p. 186-187.

9 © Magnard, 2019 51
Géographie 1re

Leçon 2 – Des systèmes productifs face aux défis industriels du xxie siècle I
Problématiques
De nouveaux systèmes productifs sont-ils en train de se mettre en place ?
• Les systèmes productifs connaissent une forte recomposition territoriale.
• Ils doivent s’adapter à la fois à la concurrence de pays tiers et aux nouvelles technologies. Seule l’innovation permet de maintenir des
systèmes industriels compétitifs.
• Les villes sont les laboratoires de l’innovation. Les nouveaux systèmes productifs sont très dépendants de la recherche, de la proximité
des réseaux de communication rapide…
• Les métropoles sont au cœur des systèmes productifs.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 166-169 Doc : La France, des systèmes productifs tournés vers l’innovation, p. 162-163.
Toulouse, au cœur du système européen Airbus Doc 1 : Les pôles de compétitivité, une géographie de l’innovation, p. 164.
Étude de cas, p. 170-173 Doc 3 : En Vendée, une usine à robots, p. 177.
Paris-Saclay, un espace productif du futur ?
Doc 5 : Valoriser l’innovation, un défi majeur, p. 177.
Cours 2, p. 176-177
Les systèmes productifs français en recomposition Doc 4 : Création d’entreprises industrielles par régions (2009-2016), p. 177.

Dossier, p. 178-179 S’entraîner au Bac 18 : Les espaces productifs en France : quels acteurs ? quelle
La Cosmetic Valley, pôle de compétitivité en plein recomposition ?, p. 188.
essor

Ressources documentaires récentes

BIBLIOGRAPHIE et sitographie
-- L. Carroué, La France : mutations des systèmes productifs, Armand Colin, 2013.
-- G. Baudelle, J. Fache (dir.), Les Mutations des systèmes productifs en France, PUR, 2015.
-- F. Bost, La France : mutations des systèmes productifs, Armand Colin, 2015.
-- E. Libourel, Géographie de la France, Armand Colin, 2017.
-- Géoconfluences : « La France : les systèmes productifs entre valorisation locale et intégration européenne et
mondiale » : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-
programmes-1ere-generale
-- Géoconfluences : « L’industrie entre désindustrialisation et spécialisation » :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/actualites/veille/breves/industrie-manufacturiere-france-2000-2016 A
-- Commissariat général à l’égalité des territoires : www.cget.gouv.fr
-- Pôles de compétitivité : https://competitivite.gouv.fr/-1.html 1
d
-- Géoconfluences : « Les mutations des systèmes productifs en France » : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/
actualites/veille/les-mutations-des-systemes-productifs-en-france-nouveau-ndeg-de-la-rge
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l
n

52 © Magnard, 2019
Géographie 1re

II. Réponses aux questions 3. L’activité industrielle (figurés ponctuels) est impor-
tante au nord d’une ligne tracée de la Bretagne à la
région lyonnaise. Les grandes régions industrielles
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 162-163 traditionnelles sont là : Nord et Nord-Est, régions
parisienne et lyonnaise. Cependant, les régions Nor-
1. L’objectif de cette rencontre est la signature d’un
mandie, Pays-de-la-Loire ou Nouvelle-Aquitaine ont
accord franco-japonais qui a pour but de stimuler la
des effectifs salariés important dans l’industrie. Il
coopération entre les entreprises digitales et inno-
faut y voir les effets de la décentralisation industrielle
vantes des deux pays.
des années 1970-1980 et de l’attractivité récente des
2. Les entreprises concernées sont celles des sec- régions de l’Ouest.
teurs de l’informatique, du numérique… L’objectif est
de faire émerger des start-up dans les deux pays. Cela 4. Les figurés par plages colorées informent sur le
passe par le renforcement de la coopération institu- poids de l’industrie dans l’économie et nuancent les
tionnelle et industrielle sur les technologies telles informations données par les figurés ponctuels. Si
que l’intelligence artificielle, le big data, l’Internet des les régions où le poids de l’industrie est important
objets et la 5G ainsi que leurs applications (notamment sont bien situées au nord d’une ligne tracée de la Bre-
dans les secteurs de la mobilité, des transports, de la tagne à la région lyonnaise, trois régions se détachent :
santé et de la robotique). Grand-Est, Normandie, Centre-Val-de-Loire où, com-
parativement, les activités tertiaires sont relativement
L’accord prévoit le renforcement des liens entre les
faibles. Par contre, pour la région parisienne aux effec-
acteurs de l’initiative French Tech et de J-Startup, des
tifs industriels importants, la part de l’industrie est
échanges de start-up entre les deux pays ainsi que du
faible en pourcentage de la valeur ajoutée en raison du
soutien à des projets de R&D conjoints entre entre-
dynamisme du secteur tertiaire. Les trois régions du
prises françaises et japonaises.
Sud et les Outremers présentent un poids relativement
3. L’accord signé en présence du secrétaire d’État au modéré de l’industrie dans leurs économies.
numérique et du ministre de l’Économie du Japon
montre que la France peut coopérer d’égal à égal avec 5. Les figurés par plages dans les tons de bleus car-
une grande puissance du secteur du numérique. Elle met tographient les régions où les créations d’emplois
en évidence l’intérêt que la France porte à ce secteur du industriels ont été les plus faibles. C’est le négatif
système productif et le fait que l’innovation via la création du document 2 puisque ces régions correspondent à
de start-up est aujourd’hui une préoccupation majeure. celles où l’activité industrielle est importante. C’est la
conséquence des fermetures d’usines (industries tra-
ditionnelles : sidérurgie, textile, automobile) liées à la
CARTES ENJEUX p. 164-165 modernisation (robotisation dans l’industrie automo-
bile) ou à la délocalisation (industries textiles).
Analyser les cartes
6. Au contraire, les régions où le poids de l’industrie
1. Les pôles de compétitivité sont à la fois spécialisés est relativement modéré ont le moins perdu, voire ont
dans les domaines des nouvelles technologies (informa- créé des emplois. C’est le cas d’un croissant périphé-
tique, biotechnologies, aéronautique, espace, optique…) rique qui va de la Bretagne à la région PACA, incluant la
mais aussi dans des secteurs plus traditionnels comme Corse. Il faut y voir l’attractivité des métropoles dotées
l’agriculture, les transports. En fait, tous les secteurs de parcs technologiques (Bordeaux, Toulouse, Gre-
d’activité sont représentés : du nucléaire (Nuclear Val- noble, Nice…), les effets d’une stratégie d’évitement
ley) aux cosmétiques (Cosmetic Valley) en passant par la (les activités négligent les territoires au lourd passé
chimie (Vallée de la chimie) ou le verre (Glass Valley). industriel pour choisir des territoires aux aménités
multiples : climat, réseaux…). On peut parler d’un
2. Les 56 pôles de compétitivité ont pour objectif
schéma de France inverse.
d’accroître, comme leur nom l’indique, la compétiti-
vité française en créant, sur un territoire donné, des
relations entre les entreprises, les universités et les Mettre les cartes en relation
laboratoires afin de mettre en commun leurs connais-
sances pour favoriser l’innovation. Le label donne La recomposition spatiale peut se lire à deux niveaux :
une identité qui permet à ses territoires d’être plus – à l’échelle du territoire, les régions périphériques
facilement identifiés à l’international (par exemple sont désormais attractives tandis que les bastions
dans les grands salons ou foires internationales). Les industriels sont toujours dans une moitié Nord et
pôles de compétitivité mettent en œuvre des projets de plutôt en difficulté ;
développement économiques innovants. Grâce à eux, – à l’échelle des aires urbaines, quelle que soit leur
l’attractivité de la France est renforcée au niveau inter- situation géographique, les pôles de compétitivité
national. constituent un facteur du dynamisme industriel.
9 © Magnard, 2019 53
Géographie 1re

ment économique et scientifique de premier ordre. La q


ÉTUDE DE CAS métropole accueille plus de 120 000 étudiants. m
Toulouse, au cœur du système 3. Toulouse c’est Airbusville car l’entreprise y est
européen Airbus p. 166-169 présente du siège social, de la conception jusqu’au C
stade final du montage des avions. Les sites d’Airbus
P
A. Airbus, des avions français et européens couvrent une partie importante de la métropole, tandis
t
que l’entreprise fait vivre plus de 30 000 Toulousains et
r
propose même un lycée Airbus.
Analyser et confronter les documents a

1. Quatre pays européens sont impliqués dans la Conclure


B
production des Airbus : Royaume-Uni, Espagne, Alle-
Toulouse est une grande technopole française par m
magne, France.
l’importance du pôle aéronautique et aérospatial en
2. Les avions Airbus sont le fruit d’une coopération termes de recherche ou d’emplois qualifiés. C’est
industrielle rare entre des États de l’Union euro- aussi, avec la présence d’Airbus, une technopole de A
péenne. Chaque pays est spécialisé dans la production rang européen car les laboratoires, les centres de
d’une partie des éléments de l’avion. De ce fait, il faut 1
recherche travaillent en réseau avec des partenaires
ensuite acheminer les pièces à Toulouse où les avions C
européens sur les différents projets.
sont assemblés. d
i
3. Les pièces arrivent par les airs (le Beluga est un
avion-cargo dédié au transport des éléments des Air- ÉTUDE DE CAS 2
bus), par mer, par le fleuve, par la route. Paris-Saclay, un espace productif v
m
4. L’industrie aéronautique est un secteur clé de l’éco- du futur ? p. 170-173 f
nomie française. Le secteur représente plus de 12 %
3
des exportations françaises. Airbus rivalise et par-
fois dépasse en termes de ventes le géant américain
A. Paris-Saclay, une « Silicon Valley » 1
française C
Boeing. De nombreuses activités sont également
t
induites par l’industrie aéronautique : nouveaux maté-
L
riaux, informatique, centre d’essais… Analyser et confronter les documents
a
1. Achevé en mars 2016, EDF Lab Paris-Saclay est l’un d
Conclure
des 10 sites de la R&D d’EDF. C’est le plus grand centre l
Airbus est un système productif français car les entre- industriel de recherche et de formation en Europe. (
prises qui travaillent pour construire ces avions sont Implanté sur 12 hectares, le site associe un centre de 4
présentes sur une bonne partie du territoire du pays. R&D d’envergure mondiale et le nouveau Campus EDF. ê
En même temps, c’est un système productif européen Il concentre en un même lieu des compétences d’ex- d
car quatre pays contribuent à le construire au prix de cellence et des moyens d’essais sur des sujets stra- t
nombreux transports vers le lieu d’assemblage. tégiques pour l’avenir du groupe EDF : la production r
d’électricité décarbonée, les systèmes électriques du r
B. Toulouse, une technopole européenne futur et les nouveaux services énergétiques. EDF Lab
est implanté sur le plateau à dominante agricole de C
Paris-Saclay.
Analyser et confronter les documents C
2. Paris-Saclay situé au sud-ouest de l’agglomération
f
1. Les zones d’activités liées à l’aéronautique cein- parisienne est un pôle scientifique et technologique à
m
turent l’agglomération toulousaine. Le site principal vingt kilomètres de la capitale, couvrant 27 communes c
de production est à Blagnac ainsi que le siège de l’en- des départements de l’Essonne et des Yvelines. C’est m
treprise (EADS). Il fonctionne en liaison avec plusieurs un vaste plateau où les espaces agricoles et forestiers t
parcs d’activités spécialisés dans l’aéronautique et sont encore assez importants.
l’aérospatiale. Plusieurs technopôles concentrés au C’est dans ce contexte géographique que se sont ins-
sud-ouest de la métropole complètent ce dispositif : la tallés progressivement des centres de recherche et
Cité de l’Espace, les technopôles de Rangueil, Labège d’enseignement, puis la R&D, des sièges sociaux…
Innopole, le parc technologique du canal… La carte montre cette diversité : grandes écoles (HEC,
2. Toulouse est une véritable technopole. Sur son ter- Polytechnique), centres de recherche publics (CEA,
ritoire se croisent la recherche, les universités, les CNRS…) et privé (Bouygues, Danone, Renault…)
laboratoires, les parcs technologiques, la produc- 3. Paris-Saclay est un véritable cluster dans la mesure
tion industrielle… Toulouse dispose d’un environne- où se côtoient, sur un même espace, des entreprises

54 © Magnard, 2019
Géographie 1re

a qui ont des activités communes : par exemple le pôle


mobilité du futur.
COURS 1
Les systèmes productifs français,
t
u Conclure quelle place en Europe
et dans le monde ? p. 174-175
Paris-Saclay fait figure de nouveau système produc-
s
tif dans la mesure où son « moteur » principal est la
t Lire le texte
recherche, élément déterminant central de l’industrie
au xxie siècle.
1. Une ETI est une entreprise dont la taille se situe
entre les petites et moyennes entreprises et les
B. Paris-Saclay, un pôle d’innovation grandes entreprises (entre 250 et 5 000 personnes).
r mondial aux portes de Paris 2. Par rapport aux grandes entreprises, les ETI :
n
– sont spécialisées sur un secteur précis du marché
t
Analyser et confronter les documents où elles sont souvent leader ;
e
e – leur capital est familial (à 75 %), ce qui donne une
1. L’innovation est la raison d’être de Paris-Saclay. stratégie à long terme et la possibilité de ne pas subir
s
Ceci en raison de la présence de nombreux centres la pression des actionnaires qui veulent des résultats
de recherche publics et privés dans plusieurs filières financiers à court terme ;
industrielles. – sont plus souples car leur structure hiérarchique
2. Les filières industrielles sont très diverses. Elles étant plus limitée, elles peuvent s’adapter plus facile-
vont de la santé à l’aérospatial en passant par les ment aux demandes du marché ;
mobilités du futur, l’optique, les technologies de l’in- – elles ont un fort ancrage local dans les régions fran-
formation et de la communication. çaises, elles constituent donc un « bouclier » face aux
3. La R&D occupe une place majeure à Paris-Saclay : délocalisations.
15 % de toute la recherche française et bientôt 20 %. 3. Les ETI sont présentes sur tout le territoire, le plus
C’est la vocation des grandes écoles que sont Poly- souvent (70 %) hors des grandes métropoles. Elles
technique, Centrale, Supélec, l’Institut de l’Optique… animent autour d’elles un réseau de sous-traitants qui
Les centres de R&D privés sont nombreux, qu’ils dynamise l’emploi local. C’est le cas de la plupart des
appartiennent à des entreprises françaises, à l’image pôles de compétitivité.
de l’avionneur Safran, européennes, comme le fin-
e landais Nokia, ou mondial, comme le japonais Horiba Comprendre le texte
. (optique).
e 4. Paris-Saclay, par sa position au sud de Paris, doit 4. Les ETI sont indispensables au système productif
être relié à la fois au cœur décisionnel de la ville mon- français. Elles assurent un tiers des exportations et
- diale et relié aux réseaux de communications interna- sont aptes à créer de l’emploi dans des zones éloi-
tionaux (aéroports, LGV). La ligne 18 du métro devra gnées des grands bassins urbains et industriels.
n remplir ces fonctions même si son ouverture a été
u retardée à l’horizon 2030.
COURS 2
e Conclure Les systèmes productifs français
en recomposition p. 176-177
C’est à Paris-Saclay que se prépare l’industrie du
futur, une industrie 4.0, c’est-à-dire utilisant notam-
ment l’intelligence artificielle dans les processus de Identifier la carte
s conception et de production. Or l’innovation est désor-
mais la voie obligatoire pour la pérennité d’une indus- 1. Les créations d’entreprises ont été très inégales
s trie en France. entre les régions métropolitaines. Les écarts sont
importants entre des régions qui ont créé moins de
50 entreprises (Corse, PACA, Centre-Val-de-Loire) et
t celles qui ont vu naître plus de 100 entreprises (Grand-
… Est, Nouvelle-Aquitaine).
, 2. La carte montre que les régions dites tradition-
, nelles (Nord, Est) créent toujours des usines, mais par
contre les régions de la façade atlantique voient leur
nombre d’entreprises évoluer très positivement : Nou-
s velle-Aquitaine, Pays-de-la-Loire voire Bretagne. Par
9 © Magnard, 2019 55
Géographie 1re

contre, l’Île-de-France confirme sa vocation tertiaire que toutes les grandes maisons sont présentes dans 2
puisqu’elle crée moins de 50 entreprises entre 2009 la Cosmetic Valley, dont celles du groupe LVMH, leader d
et 2017. mondial de l’industrie du luxe (Guerlain, Dior…). Les T
innovations qui permettent de résister à la concur- N
Exercer un regard critique sur la carte rence des autres acteurs mondiaux y sont concentrées. p
c
3. L’analyse de la carte pourrait être nuancée si, pour n
la même période, nous avions eu le nombre de ferme- DOSSIER
Plastics Vallée, un acteur du dynamisme 3
ture d’entreprises. Ainsi le solde fermeture/création
D
aurait donné une cartographie plus exacte de l’inégal industriel français p. 180-181
dynamisme de l’industrie dans le territoire français.
Prolonger le cours s
Comprendre la carte
1. La Plastics Vallée se situe dans la moitié est du a
4. Néanmoins, la carte montre que l’espace industriel pays, dans le département de l’Ain, dans la région du
n’est pas figé. Le dynamisme des régions périphé- Haut-Bugey. Son activité traditionnelle est la plastur-
riques de la Bretagne à l’Occitanie recompose la géo- gie, à savoir la production de biens à base de matière
graphie industrielle française, atténuant le contraste plastique. Depuis longtemps, la région produit des
historique de part et d’autre d’une ligne Le Havre- jouets, du mobilier de jardin…
Marseille.
2. Aujourd’hui, la Plastics Vallée innove en intégrant des
filières nouvelles comme celle de l’industrie automo-
DOSSIER bile, le paramédical, l’aéronautique… Par exemple, des S
La Cosmetic Valley, pôle de compétitivité circuits électroniques sont inclus dans du plastique. La
en plein essor p. 178-179 Plastics Vallée se tourne vers la haute technologie.
La Plastics Vallée fonctionne comme un cluster car
elle associe des entreprises qui travaillent pour le
Prolonger le cours
même secteur industriel (de la production à l’embal-
1. La Cosmetic Valley s’étire sur trois régions, de la lage…) à une école d’ingénieurs, un lycée, un campus
Normandie aux Pays-de-la-Loire, en passant par la (Plasticampus). Au total, plus de 600 entreprises et
partie occidentale de l’Île-de-France. Son domaine 14 parcs industriels s’y rassemblent.
d’activité est les produits de beauté (parfums, cosmé-
tiques…). C’est un pôle de compétitivité car, sur ce ter- Synthèse
ritoire, cohabitent des entreprises et des laboratoires
dont le but est de favoriser l’innovation et de créer de On a là un exemple d’une industrie relativement
nouveaux produits. ancienne qui utilise des machines traditionnelles (les
presses à injection sont d’énormes machines) mais
2. Le secteur des produits de beauté est un secteur en mesure de s’adapter à des technologies nouvelles.
très concurrentiel : des firmes américaines, japo- La concentration en un même lieu d’acteurs travail-
naises mais aussi la Chine, le Brésil sont des produc- lant dans le même secteur est un élément favorisant
teurs avec lesquels la France doit compter. De plus, l’excellence et la compétitivité par rapport à la concur-
le marché doit proposer régulièrement de nouveaux rence.
produits de plus en plus respectueux de la santé et
de l’environnement. Aussi la recherche est capitale.
L’innovation mobilise les étudiants et les chercheurs, DOSSIER
à l’image du Hackathon Maker organisé chaque année L’industrie française,
par le pôle avec le soutien du leader mondial français entre désindustrialisation
LVMH. et recomposition p. 182-183
3. Le pôle est générateur d’emplois : 150 000 emplois
contre 7 500 en 1994, soit 20 fois plus en une vingtaine Prolonger le cours
d’années. Le marché mondial de ce type de produits
demeure en forte croissance avec la clientèle des pays 1. L’emploi industriel a fortement reculé depuis les
émergents. années 2000 : sa part est passée de 20 % à moins de
10 % aujourd’hui. Les délocalisations, qui ont provoqué
Synthèse la fermeture des usines, ainsi que les plans sociaux ont
poussé vers le chômage beaucoup de salariés. Whirl-
Le pôle de compétitivité est bien un acteur du dyna- pool, Ford, etc. ont fait la Une de la presse. Entre 2009
misme de l’industrie française du luxe. C’est pour cela et 2017, 125 000 postes de travail ont disparu.

56 © Magnard, 2019
Géographie 1re

2. La France n’est pas condamnée à voir son industrie l’intelligence humaine afin de concevoir ou fabriquer
r disparaître. Elle reste attractive, à l’image de l’usine des produits complexes avec une productivité accrue.
s Toyota d’Onnaing, installée sur le bassin minier du Le renouveau passe aussi par le souci croissant de
- Nord touché par la désindustrialisation, qui est en consommer du « made in France ».
plein essor. Les statistiques montrent qu’il y a plus de
créations d’entreprises que de fermetures pour l’an-
Synthèse
née 2017.
3. Un renouveau de l’industrie est envisageable. Une attractivité persistante par ses infrastructures et
Désormais, l’usine du xxie siècle sera une usine 4.0. la productivité de sa main-d’œuvre qualifiée, un enga-
Renault, Airbus ont déjà passé le pas. 4.0 désigne la gement vers l’industrie du futur et des productions
4e révolution industrielle : elle intègre toutes les pos- locales économes en termes environnementaux sont
sibilités que donnent l’informatique et l’intelligence autant d’atouts pour enrayer le déclin de l’industrie en
u artificielle, à savoir des machines capables de simuler France.
u
-
e III. Corrigés du Bac
s
S’ENTRAÎNER AU BAC 16
Réaliser un croquis p. 184-185

s Sujet : Les espaces productifs français, diversité et intégration européenne et mondiale


a
Croquis : Les espaces productifs français
r
ROYAUME-UNI 1. Des espaces
BELGIQUE ALLEMAGNE productifs contrastés
s Lille Grande région urbaine
t Manche et industrielle
Région aux systèmes
productifs récents
Région parisienne Région industrielle
Nancy en reconversion
t Rennes Espace peu industrialisé
s
Strasbourg 2. Les métropoles
. PARIS cœur du dynamisme
-
t Nantes Métropole
SUISSE mondiale
- …………… …

Métropole
Océan Région technopolitaine
…………… …
Atlantique lyonnaise
Bordeaux
ITALIE 3. Des espaces productifs
ouverts sur l’Europe
et le monde
Montpellier Aix/ Grand port
Marseille Nice ouverture sur le monde
Toulouse Axe de communication
majeur
s
Investissements
e ESPAGNE Mer étrangers (IDE)
0 100 km Méditerranée
t

9 © Magnard, 2019 57
Géographie 1re

Cependant, les deux documents rendent compte de é


S’ENTRAÎNER AU BAC 17 l’ampleur des dynamiques spatiales des espaces pro- n
Analyser une affiche et un texte p. 186-187 ductifs français avec la persistance de l’attractivité du d
territoire national et l’affirmation des régions périphé- l
Sujet : Les systèmes productifs français, dynamiques riques. i
spatiales et intégration européenne et mondiale c
Les documents à étudier sont une affiche diffusée par d
un acteur local, la communauté d’agglomération du S’ENTRAÎNER AU BAC 18 v
Beauvaisis, et un extrait d’un article publié en ligne en Rédiger une réponse à une question p
novembre 2018 par un acteur national, L’observatoire problématisée p. 188 r
des territoires, structure gérée par le Commissariat r
général à l’égalité des territoires (CGET) qui dépend Sujet : Les espaces productifs en France : quels n
du ministère de la Cohésion des territoires. Tous deux acteurs ? quelle recomposition ? l
nous invitent à réfléchir aux dynamiques spatiales des t
Malgré le terme récurrent de « désindustrialisa-
systèmes productifs dans le contexte d’intégration d
tion », la France conserve une industrie puissante
européenne et de mondialisation. l
(5e rang mondial) qui connaît, dans le cas de certains
À l’échelle nationale, le texte indique d’emblée que acteurs, un rayonnement international incontestable s
d’importantes dynamiques touchent les espaces pro- (Airbus, LVMH, Michelin…). Dans ce contexte, de nom- E
ductifs français et conduisent à une répartition plus breux acteurs nationaux et internationaux participent l
homogène sur le territoire que l’opposition historique à la recomposition des espaces productifs. Quels sont a
de part et d’autre d’une ligne Le Havre-Marseille. Les les acteurs de cette recomposition et les nouveaux t
créations d’emploi sont désormais plus fortes à l’ouest espaces productifs ?
de cette ligne dans les espaces de l’ouest et du sud de
la France, qui avaient été très peu touchés par la révo- Différents acteurs jouent un rôle majeur dans les
lution industrielle. Cependant, il n’y a pas inversion car dynamiques des espaces productifs français. Tout
les six régions citées comme étant « pôles industriels d’abord, la France possède de grandes firmes trans-
majeurs » sont toutes situées à l’est de la diagonale nationales (FTN), vitrines de l’internationalisation de
Le Havre-Marseille. son économie. Certaines sont leaders dans leur sec-
teur d’activité : Renault, l’Oréal, LVMH, Alstom, Danone.
L’affiche se situe à une plus grande échelle au nord L’aéronautique, les industries agroalimentaires et du
de Paris. Il s’agit de la création d’emplois à l’échelle luxe, la chimie sont ainsi des secteurs d’activité dyna-
de la communauté d’agglomération du Beauvaisis par miques. Pourtant, d’autres secteurs sont dépourvus de
une société chinoise (BYD) spécialisée dans la fabrica- firmes de rang mondial (informatique, machines-ou-
tion de bus et autocars électriques. Il s’agit bien d’un tils, logiciels…).
IDE (investissement direct de l’étranger) puisque cette
société étrangère crée une usine (« installée sur un De même, de nombreuses FTN étrangères réalisent
ancien site Michelin » selon la légende) et des emplois des IDE sur le territoire national et sont donc à l’ini-
sur le sol français. L’affiche confirme les propos de tiative de la création d’emplois et d’activités dans dif-
l’auteur du texte qui affirmait que la région des Hauts- férents secteurs. On peut citer l’exemple de Toyota qui
de-France reste une région industrielle majeure. En a implanté une usine à Valenciennes et qui met désor-
étudiant la carte qui accompagne l’affiche, on peut mais le « made in France » en avant dans sa straté-
remarquer que cette usine est implantée dans une gie de communication. Des entreprises de taille plus
région proche du cœur de l’espace européen, ce qui modeste tirent encore leur épingle du jeu en s’appuyant
permettra à cette entreprise chinoise d’exporter aisé- sur des anciennes spécialisations locales comme en
ment ses productions au-delà du marché français Vendée ou dans le Jura (exemple de la Plastics Vallée).
dans l’ensemble du marché communautaire européen L’État est également un acteur décisif pour l’avenir
sans payer de taxes douanières. des systèmes productifs. Pour mieux faire face à la
compétition mondiale, il a décidé d’investir dans l’in-
Le texte fournit une analyse de l’évolution des systèmes
novation, qui reste la clé de l’avenir industriel de
industriels régionaux : il demeure à l’échelle régionale
la France. De même, c’est l’État qui met en place
et n’évoque donc pas le rôle majeur joué par les
des initiatives à même de maintenir le rayonnement
métropoles dans les dynamiques industrielles (il suffit
industriel du pays : pôles de compétitivité et instituts
de penser au rôle de Toulouse dans l’industrie aéronau-
de recherche technologique (IRT), label French Tech
tique) ou l’impact des pôles de compétitivité (comme la
attribué à treize métropoles…
Cosmetic Valley autour de Chartres ou encore la Plas-
tics Vallée autour d’Oyonnax). Aujourd’hui, les dyna- De fait, on assiste à une véritable recomposition des
miques industrielles sont à des échelles plus fines que espaces productifs sur l’ensemble du territoire natio-
celles des grands bassins et régions. nal. De nouveaux espaces productifs émergent. Aux

58 © Magnard, 2019
Géographie 1re

échelles locales et régionales, les territoires de l’in- répond à plusieurs logiques. Tout d’abord, les régions
- novation s’organisent en clusters. Ceux-ci regroupent d’industries anciennes (Nord, Nord-Est) oscillent
u des entreprises qui coopèrent en mettant en commun entre déclin et renaissance ; ces régions frontalières,
leurs ressources et leurs forces autour de projets bien situées au cœur de l’Europe, reçoivent des inves-
innovants. Impulsés et soutenus par l’État, les pôles de tissements étrangers (Toyota à Valenciennes, Smart en
compétitivité ont été mis en place en 2004 afin de créer Lorraine…). Ensuite, les espaces productifs littoraux
des emplois. Au sein du pôle de compétitivité, les pou- bénéficient de la maritimisation et du redéploiement
voirs publics ont un rôle actif pour faire émerger des des activités liées à la mondialisation. Plus généra-
projets de recherche et développement (R&D) en favo- lement, certaines régions périphériques (Occitanie,
risant les synergies entre entreprises, laboratoires de Nouvelle-Aquitaine, Pays-de-la-Loire…) connaissent
recherche, établissements de formation. Dans cette un réel dynamisme industriel technopolitain, comme
nouvelle donne, les métropoles ont une place privi- Toulouse avec la filière aéronautique autour d’Airbus.
légiée, abritant les centres de recherche et les parcs Sous l’impulsion d’acteurs privés, entreprises natio-
technologiques dans un vaste croissant périphérique nales et FTN françaises et étrangères, mais égale-
de Brest à Grenoble. Dans le cadre du Grand Paris, ment de l’État, le système productif français a connu de
s le pôle de Paris-Saclay a l’ambition d’être un cluster profondes mutations. L’affirmation de nouveaux espaces
e scientifique et technologique de niveau mondial. industriels orientés vers l’innovation (clusters et pôles
En effet, l’insertion des systèmes productifs dans de compétitivité) et le dynamisme de certaines régions
t l’économie mondiale a bouleversé la répartition des périphériques témoignent de l’importance de toutes ces
t activités sur le territoire français. Aujourd’hui, l’indus- recompositions dans un contexte de forte concurrence
trie est plus diffuse sur le territoire ; sa localisation internationale étroitement liée à la mondialisation.

t
-
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.
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i
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9 © Magnard, 2019 59
Géographie 1re

Chapitre 7 Les espaces ruraux : des mondes en mouvement

I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 61


II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 63
III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 68

I. Mise en œuvre de la question


Le programme
Thème
Les espaces ruraux : des mondes en mouvement
Commentaire
Les recompositions des espaces ruraux dans le monde sont marquées par le paradoxe de liens de plus en
plus étroits avec les espaces urbains et l’affirmation de spécificités rurales (paysagères, économiques voire
socio-culturelles), impliquant des dynamiques contrastées de valorisation, de mise à l’écart ou de protection de
la nature et du patrimoine. Globalement, la part des agriculteurs diminue au sein des populations rurales. Tou-
tefois, l’agriculture reste structurante pour certains espaces ruraux, avec des débouchés de plus en plus variés,
alimentaires et non alimentaires.
Problématique générale
Ce chapitre s’insère le thème 3 : « Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation ? »
De plus en plus en lien avec les espaces urbains, les espaces ruraux connaissent des dynamiques qui contribuent
à leur diversification et à leur fragmentation. Si l’agriculture reste une activité structurante, la multifonctionnalité
des espaces ruraux se renforce à des degrés divers selon les contextes, et contribue au développement de conflits
d’usages. Comment évoluent les populations et les activités rurales ? Quelles recompositions sont à l’œuvre pour
les espaces ruraux ?
Notion clé
Fragmentation : morcellement de l’espace par de multiples séparations. Les espaces ruraux aux dynamiques
contrastées sont touchés, à l’échelle locale, par des différences paysagères et socio-économiques et, aux échelles
régionale et mondiale, par des trajectoires différenciées qui traduisent de fortes inégalités.

La mise en œuvre dans le manuel


Leçon 1 – Des mondes ruraux et agricoles
Problématiques
Quelles sont les spécificités des populations et des espaces ruraux dans un monde de plus en plus urbanisé ?
• Les ruraux, situés majoritairement en Asie et en Afrique, représentent encore plus de 3,4 milliards de personnes dans le monde.
Les contrastes sont forts entre les campagnes densément peuplées d’Asie méridionale ou d’Afrique orientale et les « déserts » ruraux
des pays occidentaux.
• Les espaces ruraux sont aujourd’hui étroitement liés aux dynamiques urbaines : l’accroissement des échanges villes-campagnes et
l’extension des espaces périurbains sont des phénomènes majeurs de l’évolution des campagnes.
• Toutefois, dans les espaces ruraux, l’agriculture reste une activité structurante qui marque les paysages.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 198-201 Doc 1 : Couverture de la revue Population & Avenir, p. 192.
Inde, quelle recomposition des espaces ruraux dans Doc 1 : La population agricole dans le monde, p. 196.
la mondialisation ?
Doc 3 : La distribution spatiale de la population rurale dans le monde, p. 197.
Cours 1, p. 206
Le monde est encore rural et agricole Doc 1 : Paysage de rizières à Bali, en Indonésie, p. 207.
Doc 2 : Les dynamiques démographiques des espaces ruraux, p. 207.

© Magnard, 2019 61
Géographie 1re

Leçon 2 – La pluralité des espaces ruraux I


Problématiques
Quelles sont les dynamiques des populations et des espaces ruraux dans le monde ?
• Eu égard aux interactions croissantes entre villes et campagnes, les formes de peuplement et les trajectoires démographiques, les
pratiques des habitants diffèrent selon les espaces ruraux.
• Dans les pays développés, la fonction première des campagnes est résidentielle et les modes d’habiter sont fortement influencés par la
ville.
• Les espaces ruraux sont très divers : entre campagnes périurbaines et campagnes isolées, entre campagnes dynamiques et cam-
pagnes à l’abandon…
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 198-201 Doc : Shanghai, la ville gagne sur les campagnes : un espace périurbain au
Inde, quelle recomposition des espaces ruraux dans service des loisirs de riches citadins chinois et des touristes, p. 190-191.
la mondialisation ? Cartes enjeux : Quelles sont les dynamiques de peuplement des espaces ruraux
Cours 2, p. 208-209 dans le monde ?, p. 196-197.
La « renaissance rurale » et ses limites Doc 3 : Attractivité des espaces ruraux du Massachusetts, p. 209.
Doc 4 : Une nouvelle ruralité dans les pays des Suds, p. 209.
S’entraîner au Bac 19 : En Chine, des espaces ruraux multifonctionnels et
fragmentés, p. 216-217.

Leçon 3 – Une fragmentation des espaces ruraux


Problématiques
Quelles sont les lignes de clivage qui traversent les espaces ruraux aux différentes échelles ?
• Les espaces ruraux connaissent, à toutes les échelles, des processus de fragmentation socio-spatiale.
• Ces fragmentations sont la traduction d’inégalités sociales et spatiales de plus en plus fortes.
• Dans les Suds, les modes d’insertion dans la mondialisation accentuent ces inégalités entre populations et espaces ruraux. A
Pages supports Documents
1
Étude de cas, p. 198-201 Doc 6 : Quel rôle pour l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ?, p. 211.
Inde, quelle recomposition des espaces ruraux dans c
Doc 5 : L’agribusiness mondialisé : plantation de palmiers à huile en Malaisie,
la mondialisation ? p. 211. d
Étude de cas, p. 202-203 S’entraîner au Bac 20 : Les espaces ruraux : diversité et fragmentation ?, p. 218. l
États-Unis, quel rôle joue l’agribusiness dans p
l’organisation des espaces ruraux ?
e
Cours 3, p. 210-211 e
Des espaces ruraux fragmentés
Dossier, p. 212-213 2
Le land grabbing, quels effets pour les pays des Suds ? à
Dossier, p. 214-215 d
Le Kenya, deux mondes agricoles ? c
t
Ressources documentaires récentes b
d
P
BIBLIOGRAPHIE et sitographie
t
-- M. Guibert, Y. Jean (dir), Dynamiques des espaces ruraux dans le monde, A. Colin, 2011. d
-- J.-L. Chaléard, T. Sanjuan, Géographie du développement. Territoires et mondialisation dans les Suds, A. Colin, 3
2017. t
-- A. Gonin, C. Quéva, Géographie des espaces ruraux, A. Colin, 2018. m
-- Géoconfluences : « La fragmentation des espaces ruraux » : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/ p
classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-programmes-1ere-generale c
l
4
A
d
t
L
m

62 © Magnard, 2019
Géographie 1re

II. Réponses aux questions l’Est, où la transition démographique est achevée ou


quasi achevée. La baisse est plus faible dans les pays à
revenus intermédiaires.
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 194-195
5. Les poids lourds de la population rurale sont en
1. La photographie a été prise dans la province ita- Asie : l’Inde, la Chine, l’Indonésie. Il s’agit des géants
lienne d’Arezzo en Toscane orientale. On y voit une démographiques de l’Asie tropicale qui, à l’excep-
campagne bien entretenue avec, au premier plan, de tion de la Chine, sont en cours de transition démo-
la vigne et, au-delà de la route, des oliviers ; à l’ar- graphique. On note aussi les pays africains (Égypte,
rière-plan, les bâtiments de l’hôtel de luxe sont dis- Nigeria, Éthiopie) dont la croissance démographique
persés sur trois niveaux en terrasses entre les jardins encore forte est à l’origine d’une forte croissance de
arborés, avec un restaurant en plein air dont les tables la population rurale. Les États-Unis ont une popula-
sont protégées par des parasols. tion rurale relativement nombreuse (60 millions) mais
la situation est différente, elle est liée à des espaces
2. La Toscane (un des berceaux de la Renaissance ita-
périurbains dynamiques.
lienne) est réputée pour la beauté de ses paysages de
vigne et d’olivier, sa douceur de vivre, ses produits du 6. Les zones rurales peu peuplées sont de nature dif-
terroir (huile d’olive, vin), son important patrimoine férentes : c’est le cas de tous les pays qui disposent
culturel… d’une surface agricole utilisée réduite en raison des
3. Le dynamisme de cette région se lit dans ce paysage contraintes naturelles (froid, aridité…) mais aussi des
rural aménagé, bien entretenu qui associe agriculture espaces européens, des grands pays neufs : Canada,
et agritourisme de luxe. Australie.

Mettre les cartes en relation


CARTES ENJEUX p. 196-197
On note une nette correspondance en Afrique sub-
saharienne et en Asie tropicale ; par contre, aux États-
Analyser les cartes Unis et en Europe, les emplois agricoles sont faibles
1. Dans les Nords, la part de la population active agri- au sein de la population rurale.
cole est le plus souvent inférieure à 15 %, voire 5 %
dans les pays occidentaux les plus développés comme
ÉTUDE DE CAS
les États-Unis ou la majorité des pays de l’Union euro-
péenne ou encore le Japon. Dans les Suds, la situation Inde, quelle recomposition des espaces
est plus diversifiée, selon les pays, elle peut s’étaler ruraux dans la mondialisation ? p. 198-201
entre 15 % et plus de 60 %.
2. La situation des pays des Suds est hétérogène A. Un grand pays rural des Suds
à l’échelle des continents et des pays. Aucun pays en « révolution verte » ?
d’Amérique latine n’a un pourcentage d’actifs agri-
coles supérieur à 30 % alors qu’aucun n’a un pourcen-
Analyser et confronter les documents
tage inférieur à 30 % en Asie du Sud. Les taux les plus
bas se trouvent dans les pays émergents ou intermé- 1. La « révolution verte » lancée par le gouvernement
diaires, les taux les plus élevés se trouvent dans les indien à partir des années 1960 est une série d’amé-
PMA en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. L’hé- liorations de l’agriculture pour augmenter la pro-
térogénéité se retrouve à une échelle plus fine en Asie duction agricole alimentaire et relever le défi de la
du Sud-Est ou en Afrique australe. sous-alimentation et de la malnutrition. Elle repose
3. Les plus fortes densités rurales se trouvent en Asie sur trois axes : la sélection de céréales à hauts ren-
tropicale (Inde) et en Afrique subsaharienne, à proxi- dements, l’irrigation et l’utilisation massive d’en-
mité des zones littorales fortement urbanisées. Les grais et de produits phytosanitaires. Les limites
plus faibles se trouvent à l’intérieur des grands pays sont à la fois géographiques (certaines régions seu-
continentaux (Australie, Brésil, Canada, Russie), dans lement ont été concernées), socio-économiques
les espaces arides… (production peu diversifiée, paysans pauvres exclus ou
4. La population rurale augmente principalement en surendettés, malnutrition infantile restée massive) et
Afrique subsaharienne et, plus modestement, en Asie environnementales (mauvaise gestion de l’irrigation,
de Sud à cause de la croissance démographique (fort pollutions d’origine chimique).
taux d’accroissement naturel). 2. La photographie montre un aspect de la « révolution
La population rurale baisse partout ailleurs : forte- doublement verte » : ces pompes mécaniques simples
ment dans les vieux pays développés et en Asie de et peu coûteuses ne consomment pas d’énergie et
9 © Magnard, 2019 63
Géographie 1re

sont accessibles aux paysans pauvres. De plus, elles La concurrence pour l’eau et pour les terres menace d
permettent une irrigation mesurée plus économe en les petits paysans (par exemple le développement m
eau. des axes de transports entre les grandes villes) et les L
3. Les rendements agricoles sont très inégaux selon politiques publiques encouragent l’accaparement des é
les régions, celles qui ont bénéficié des progrès agri- terres. Les fortes inégalités et la pauvreté rurales se u
coles se trouvant principalement sur le littoral et dans maintiennent, même dans un État vitrine de l’émer- l
la vallée du Gange. Les rendements restent faibles à gence indienne comme le Gujarat. l
l’intérieur. Dans plusieurs États, en particulier les pion- Des pistes sont possibles pour un développement rural a
niers de la « révolution verte » (Tamil Nadu, Pendjab, durable : une rémunération des paysans participant d
Haryana), les nappes d’eau sont surexploitées. Dans à la gestion environnementale des campagnes, une à
l’est de l’Inde et une partie du centre, la pauvreté et les diversification des activités économiques et une réduc- a
tensions sociales sont fortes. tion des inégalités foncières en faveur de la petite agri- d
4. L’Inde reste un pays à majorité rurale mais la part de culture familiale. p
la population rurale se réduit depuis la fin du xxe siècle c
(des trois quarts aux deux tiers). L’agriculture n’est Conclure (
cependant plus le secteur d’activité principal, sa part D
L’Inde émergente doit davantage se diriger vers un c
recule dans la population active et surtout dans le PIB.
développement rural durable adapté aux réalités l
Si la production céréalière a augmenté de moitié envi-
locales de cet immense pays et combinant les dimen- a
ron, la part de l’agriculture dans la valeur de la pro-
sions sociales, environnementales et économiques du é
duction totale a été presque divisée par deux.
développement. Les très fortes inégalités et la pau-
p
vreté rurale de masse persistante rendent difficiles
Conclure l
cette orientation alors que les politiques publiques
C
La « révolution verte » a permis une augmentation de favorisent surtout les grandes villes.
t
la production pour faire face à la croissance démo- 3
graphique mais le bilan est inégal et contrasté, le défi t
alimentaire reste présent. L’Inde doit poursuivre dans ÉTUDE DE CAS o
le sens d’un développement agricole durable, plus États-Unis, quel rôle joue g
équitable, géographiquement et socialement tout en
l’agribusiness dans l’organisation c
ménageant davantage l’environnement.
des espaces ruraux ? p. 202-204 m
c
B. Des campagnes indiennes e
entre mutations lentes et tensions A. L’agriculture intensive structure C
les espaces ruraux t
Analyser et confronter les documents a
Analyser et confronter les documents e
1. L’Inde est encore à majorité rurale mais le pays s’ur- t
banise lentement. De nombreux villages deviennent 1. L’agriculture intensive se définit comme un mode d
des villes et des industries s’y développent (comme d’agriculture qui recherche en permanence à augmen- p
l’industrie agroalimentaire, en particulier laitière) de ter sa productivité et sa rentabilité. Elle se caractérise q
même que des services. Il n’y a cependant pas d’exode par des exploitations agricoles de grande taille (en d
rural massif, ce qui fait que l’Inde devrait rester à superficie des parcelles pour les cultures de labour,
majorité rurale encore au milieu du siècle. et en taille des cheptels pour l’élevage). Elle s’appuie
C
2. Les campagnes indiennes sont aussi des territoires également sur l’agribusiness, qui désigne un mode
d’initiatives et d’innovations. Les acteurs privés sont d’agriculture capitalisé et financiarisé étroitement lié L
nombreux : des paysans se groupent en puissantes à l’industrie agroalimentaire, et la recherche constante c
coopératives (ex. : AMUL, coopérative laitière origi- de l’amélioration des bénéfices financiers en produi- d
naire du Gujarat) ou des artisans forment de petites sant plus à moindre coût. t
entreprises industrielles familiales intégrées dans 2. Spatialement, les espaces agricoles états-uniens d
la mondialisation (ex. : forage pétrolier dans le Tamil se caractérisent par de vastes régions spécialisées t
Nadu). Le gouvernement indien mène aussi une poli- autour d’une production agricole majeure, selon une s
tique publique pour encourager l’innovation en milieu opposition entre trois espaces : les espaces de l’agri- n
rural (ex. : programme rurban innovation du ministère culture intensive en Californie et dans la moitié orien- d
du Développement rural). tale du pays, et les espaces de l’agriculture extensive t
3. L’urbanisation lente et l’industrialisation s’accom- dans la moitié occidentale. Cette opposition s’explique c
pagnent de tensions dans les campagnes indiennes. essentiellement par la fertilité plus ou moins grande f

64 © Magnard, 2019
Géographie 1re

e des sols (l’Ouest américain étant majoritairement B. Une fragmentation sociale de plus
montagneux et peu fertile). en plus forte du monde rural
Les espaces agricoles états-uniens ont longtemps
s été caractérisés par des régions spécialisées dans
e Analyser et confronter les documents
un seul produit agricole : la monoculture du blé dans
- les Grandes Plaines du pays ou la spécialisation dans 1. Le dessin, qui est une caricature, cherche à dénon-
la production laitière dans la région des Grands Lacs cer le rapport de force qui existe au sein des espaces
l au Nord-Est en sont des exemples. On note toutefois agricoles états-uniens en faveur des grandes exploi-
t des évolutions avec la diversification des productions tations intensives. Pour toujours plus augmenter
à l’intérieur d’un même grand bassin agricole : c’est leurs rendements et améliorer leur productivité, ces
- ainsi que le nord-est du pays (figuré orangé sur le grandes exploitations ont massivement recours à l’ir-
- document 3 : Iowa, Illinois, Indiana, Kentucky) a vu ses rigation, qui permet de doper la production. Or, la res-
productions agricoles se diversifier en mélangeant les source en eau est un bien rare dans certaines régions
céréales (maïs, blé), les héritages des cultures textiles agricoles des États-Unis, notamment dans le Sud-
(coton) et l’élevage hors sol intensif (porc, poulets). Ouest majoritairement désertique (Californie, Arizona,
Dans un même temps, les espaces agricoles se Nouveau-Mexique). Les grandes exploitations font
n caractérisent par la structure des exploitations dont mainmise sur la ressource en eau, ce qui leur garan-
le nombre a diminué et dont la superficie moyenne a tit de beaux champs bien verts mais prive en retour
augmenté. Ainsi, les terres de certains exploitants ont les petits producteurs qui sont alors incapables de
u été rachetées pour former des exploitations de plus en produire même en petites quantités. On identifie bien
-
plus vastes, de plus en plus productives et concentrant le statut de grande exploitation agricole intensive par
s
la production de richesses au sein du secteur agricole. l’expression « Agri-Crop co », qui se traduit littérale-
s
Ceci explique le décalage suivant : 13 % des exploita- ment par « Entreprise de cultures agricoles », « co »
tions assurent 85 % du revenu agricole national. étant en effet une abréviation de « corporation » en
3. Dans la logique de l’agribusiness, chaque exploi- anglais, traduit par « entreprise ».
tant agricole cherche à rationaliser sa production, 2. Les agriculteurs états-uniens doivent faire face à
optimiser ses investissements et dégager les plus plusieurs défis, qui diffèrent selon leur statut. Pour
grands rendements au plus faible coût. Cet objectif les propriétaires de grandes exploitations intensives,
conduit alors les exploitants à rechercher des écono- le défi est de produire toujours plus, toujours moins
mies d’échelle, c’est-à-dire à bénéficier d’un avantage cher, malgré la diminution de certaines ressources
comparatif lié à la taille d’un système (plus on achète essentielles comme l’eau. Ce défi s’inscrit alors dans
en grande quantité, plus on peut diminuer les coûts). un contexte plus global des défis environnementaux
Concrètement, cela se traduit par la volonté d’augmen- engendrés par le changement climatique.
ter la taille des cheptels ou la superficie des parcelles Pour les agriculteurs de petites exploitations, le défi
agricoles de même que leur disposition géométrique, est tout d’abord économique en essayant de résister à
et ce afin de rentabiliser les investissements dans des la mainmise et à la pression exercées par les grandes
tracteurs automatiques ou des techniques d’irrigation exploitations intensives. Les petits agriculteurs sont
de pointe par exemple. Cette démarche est d’autant en effet fragilisés économiquement car incapables de
plus facile aux États-Unis que le pays est immense, ce rivaliser avec les productions à très bas coûts de l’agri-
qui augmente la disponibilité foncière et la possibilité culture intensive. Cette fragilité économique peut se
n d’étendre les superficies des exploitations agricoles. transformer en une fragilité sociale et psychologique
, qui fait des petits agriculteurs une population plus
e
Conclure encline à la dépression et au suicide. Enfin, s’ajoute
e à ces défis un défi sanitaire puisque les agriculteurs
é La généralisation de l’agribusiness, et sa demande sont très exposés aux produits chimiques et donc aux
e croissante de produits agricoles standardisés et pro- maladies qui en découlent.
- duits à bas coûts, sont à l’origine de la transforma-
tion des espaces ruraux états-uniens, de plus en plus Conclure
s dominés par les exploitations agricoles intensives de
très grande superficie. Les recompositions spatiales La généralisation de l’agriculture intensive a créé
e sont étroitement dépendantes des évolutions de l’éco- une fragmentation au sein des agriculteurs états-
nomie et des modes de vie, qui s’incarnent ici par l’in- uniens, avec d’un côté les propriétaires des grandes
- dustrialisation de l’alimentation et l’essor des produits exploitations intensives qui dominent le marché et les
e transformés, qu’ils soient vendus dans les supermar- espaces agricoles, et de l’autre les petits agriculteurs
e chés ou dans les chaînes de restauration rapide (type qui sont de plus en plus marginalisés, économiquement
fast-food). et socialement, par cette évolution du secteur agricole.
9 © Magnard, 2019 65
Géographie 1re

bord d’une rivière, le Connecticut (la vallée est ici


COURS 1 dénommée vallée des Pionniers car ce fut la voie d’ac-
Le monde est encore rural cès des premiers Américains pour pénétrer vers l’inté-
et agricole p. 206-207 rieur du continent).
3. Cette vallée proche de la grande région urbaine de
Lire le graphique Boston en Nouvelle-Angleterre attire des résidents P
permanents, notamment les retraités, et des touristes
1. De 1950 à nos jours, la population rurale mondiale en raison de la beauté de ses paysages (forêts, mon- 1
a continué de croître : elle a doublé, passant de 1,7 tagnes, lacs) et de ses liaisons rapides avec la grande l
à 3,4 milliards. Elle devrait commencer à décroître à ville. é
partir de 2022. Pour les pays développés, la population q
rurale continue de décroître lentement depuis 1950. Comprendre la photographie p
Pour les pays en développement, on note une forte 2
croissance au cours de la seconde moitié du xxe siècle ; 4. Il s’agit d’un espace rural dynamique avec une diver- a
la croissance se poursuit encore aujourd’hui, l’inver- sité de fonctions (résidentielle, touristique, agricole). n
sion ne devant intervenir qu’à partir de 2030. Au sein c
des pays en développement, pour les pays à reve- c
nus intermédiaires, la baisse intervient à partir des COURS 3 d
années 2000. Des espaces ruraux fragmentés p. 210-211 l
2. Pour les pays développés, on observe un lent déclin t
de la population rurale : la transition démographique Identifier le dessin 3
et l’exode rural sont achevés depuis le milieu du N
xxe siècle. Pour les pays en développement, la crois- 1. Les différents acteurs mis en scène sont la petite p
sance se maintient : la transition démographique paysannerie, l’agrobusiness (ou agribusiness) et l’OMC p
et l’exode rural sont en cours. Pour les pays à reve- (Organisation mondiale du commerce : cadre de négo- m
nus intermédiaires, la baisse s’amorce : la transition ciations des règles régissant le commerce internatio- l
démographique est achevée, l’exode rural se poursuit. nal et lieu de règlement des différends). t
3. Les deux moteurs sont la transition démographique Sur un pont, un gros camion sur lequel est inscrit E
et l’exode rural. L’achèvement progressif des transi- « Export Agrobusiness » fait face à une famille de é
tions démographiques et les exodes ruraux expliquent petits paysans avec leur charrette tirée par un âne. m
la baisse démographique. En face, sur une tribune, les représentants de l’OMC 4
assistent à la scène. La différence de taille des deux m
Comprendre le graphique acteurs agricoles est impressionnante. a
2. Le terme « Agro business » indique la grande c
4. Ces dynamiques différentes influent, en partie, sur culture commerciale destinée à l’exportation. « Et que p
les niveaux de densité. Par exemple, les fortes densi- le meilleur gagne ! » indique un rapport de force inégal m
tés rurales dans certains États de l’Afrique subsaha- en termes de compétitivité sur la scène internationale m
rienne sont liées au fort taux d’accroissement naturel dans un contexte libéral de concurrence. L
malgré l’exode rural. Certains espaces ruraux peuvent
3. Le dessin suggère que l’OMC, l’arbitre de cette com- p
se trouver marginalisés dans les pays développés.
pétition, assiste impuissant à ce combat inégal en se e
réfugiant dans une attitude libérale de non-interven- a
tionnisme. Les règles sont dictées par les plus puis- a
COURS 2 sants.
La « renaissance rurale » S
et ses limites p. 208-209 Comprendre le dessin
L
4. Le dessin ne rend pas compte de la situation de c
Identifier la photographie é
tous les agriculteurs des Suds. Certains ont pu déve-
1. La photographie a été prise dans le nord-est des lopper une agriculture pour répondre aux besoins de e
États-Unis, dans l’État du Massachusetts (Nouvelle- la population locale et nationale soit dans le cadre de d
Angleterre). politiques publiques volontaristes, soit en lien avec d
une demande urbaine croissante (exemple du vivrier
2. La photographie représente un paysage caractéris-
marchand en Afrique subsaharienne).
tique de la Nouvelle-Angleterre : un village situé en
bordure d’une vallée, entouré de collines boisées avec
leurs feuillages qui ont pris leurs couleurs autom-
nales. Le cadre de vie paraît paisible et agréable au

66 © Magnard, 2019
Géographie 1re

-
DOSSIER DOSSIER
Le land grabbing, quels effets Le Kenya,
pour les pays des Suds ? p. 212-213 deux mondes agricoles ? p. 214-215
e
Prolonger le cours Prolonger le cours
s
1. Le land grabbing, ou accaparement des terres, est 1. Le dossier suggère deux grands types d’agriculture :
e l’achat ou la location de terres par des investisseurs l’agriculture commerciale et l’agriculture vivrière.
étrangers, le plus souvent des firmes transnationales L’agriculture commerciale est souvent l’affaire de
qui développent des cultures commerciales ou l’ex- grandes entreprises capitalistes qui gèrent de grandes
ploitation forestière. exploitations. Elle est à haute productivité grâce à la
2. Les conséquences sont la dépossession de terres mécanisation, aux intrants industriels, à la sélection
- agricoles vivrières ou d’espaces forestiers qui four- ou modification des espèces, à l’irrigation. Destinée
nissent des ressources aux populations locales (bois, en grande partie à l’exportation, elle s’intègre dans
cueillette, pacage des animaux…) et la fragilisation des des filières mondialisées pour les investissements, la
communautés rurales. L’agriculture productiviste et la commercialisation.
destruction des forêts entraînent aussi différentes pol- L’agriculture vivrière se développe quant à elle sur
lutions ainsi que l’accélération de l’érosion et la réduc- de petites exploitations adaptées aux contraintes du
tion de la biodiversité. milieu (pauvreté, aléas climatiques). Elle est peu pro-
3. Les pays investisseurs sont les pays développés du ductive (outillage élémentaire) et extensive (cultures
Nord (États-Unis et Royaume-Uni en premier lieu), les pluviales, pastoralisme), et orientée vers une part
pays émergents notamment asiatiques et des pays d’autoconsommation ou vers les marchés locaux.
C pétroliers du Golfe. Les pays du Sud sont principale- 2. Les grandes productions sont les cultures commer-
ment visés par ces investissements, en premier lieu ciales : cultures de plantation (cocotier, palmier, thé,
- la République démocratique du Congo en Afrique cen- coton) ou cultures horticoles (légumes, fruits et sur-
trale et la Papouasie-Nouvelle-Guinée en Asie du Sud- tout fleurs coupées).
Est. Certains pays émergents des Suds sont à la fois Les grandes régions d’agriculture commerciale sont le
e émetteurs et récepteurs principaux de ces investisse- littoral de l’océan Indien, la région autour du lac Nai-
. ments, comme l’Indonésie et le Brésil. vasha à une centaine de kilomètres de la capitale Nai-
4. Au Congo, ces investissements ont spolié les com- robi, ou encore la région du Sud-Ouest au bord du lac
munautés paysannes et n’ont pas amélioré la sécurité Victoria.
alimentaire locale. De plus, cette agriculture commer- 3. Le dynamisme du secteur horticole s’explique par
ciale (ou agribusiness) n’est pas durable alors que les les aménités du Kenya : conditions naturelles opti-
politiques agricoles publiques la soutiennent au détri- males pour ces productions (ensoleillement régulier,
ment de l’agriculture familiale qui nourrit la population températures constantes en altitude, présence d’eau
e mais est en grande difficulté. douce…), faible coût de production grâce à une main-
Le texte propose aux autorités du pays de mettre en d’œuvre à bas coût, docile et active, mode de produc-
place une aide aux paysans (équipement, formation) tion industrielle (immenses fermes sous serres), mise
et de conditionner les subventions accordées à cette en place d’un réseau logistique pour une commerciali-
agriculture commerciale à la participation des paysans sation rapide (camions, aires de stockage réfrigérées,
- aux projets mis en place. proximité de l’aéroport).

Synthèse Synthèse
Le land grabbing développe des cultures et activités La situation de l’agriculture kenyane est caracté-
e commerciales non durables dépendantes du marché ristique de celle de l’Afrique subsaharienne : acti-
- économique mondial au détriment des sociétés rurales vité dominante, pourvoyeuse d’emplois et de devises
e et de l’environnement, alors qu’il serait souhaitable grâce aux cultures d’exportation. Toutefois, le déve-
e de l’orienter vers un développement agricole et rural loppement de l’agriculture vivrière constitue un enjeu
durable s’appuyant sur l’agriculture familiale. majeur pour ces États car celle-ci ne parvient pas
r toujours à nourrir la population et ces pays tentent de
développer leur sécurité alimentaire.

9 © Magnard, 2019 67
Géographie 1re

III. Corrigés du Bac évolutions en Chine sont rapides, profondes et iné- d


gales, mais on les retrouve dans bon nombre de pays c
des Suds comme l’Inde ou l’Indonésie, pour prendre s
S’ENTRAÎNER AU BAC 19 d’autres exemples asiatiques. (
Analyser une photographie M
et un texte p. 216-217 S’ENTRAÎNER AU BAC 20 v
Rédiger une réponse l
Sujet : En Chine, des espaces ruraux multifonctionnels l
et fragmentés à une question problématisée p. 218
e
Les documents sont une photographie prise dans le m
Sujet : Les espaces ruraux : diversité et fragmenta-
Henan, province du centre de la Chine dans la val- a
tion ?
lée du Yangzi, et un texte extrait de l’Atlas de la Chine e
publié en 2018 par le géographe Thierry Sanjuan. Tous Les espaces ruraux occupent une place importante D
deux mettent en évidence les dynamiques spatiales dans le monde (l’agriculture représente ainsi un tiers j
affectant les territoires ruraux. Leur recomposition des terres émergées). Cependant, ils connaissent e
peut s’analyser sous l’angle de la multifonctionnalité d’importantes transformations liées en grande partie p
(c’est-à-dire qu’ils abritent différentes activités écono- à l’influence des pôles urbains. (
miques) et/ou de la fragmentation (qui se caractérise Comment se traduit leur mutation ? Quelles formes
C
par le renforcement des oppositions sociales et éco- prend la fragmentation de leurs espaces, de leurs
d
nomiques). sociétés ?
T
La photographie montre une très puissante dynamique On étudiera d’abord la place et l’évolution des espaces v
à l’œuvre en Chine : un étalement urbain très rapide ruraux dans le monde puis leur diversité, avant d’en e
(comme le montrent les nombreuses grues et les saisir leur fragmentation croissante. l
immeubles en construction) qui s’effectue aux dépens À l’échelle mondiale, les espaces ruraux restent encore v
des espaces ruraux agricoles les plus proches des cou- importants. Ils sont tout d’abord encore très peuplés. En
ronnes urbaines. Le contraste entre la personne seule valeur absolue, le nombre de ruraux augmente depuis
qui cultive son champ au premier plan et l’urbanisa- 1950 (3,4 milliards de personnes en 2018). Les cam-
tion massive visible au second plan illustre le carac- pagnes de l’Afrique subsaharienne (avec près de 600 mil-
tère abrupt de cette recomposition des espaces ruraux S
lions de campagnards) et surtout l’Asie (avec 2,2 milliards)
en fonction des besoins des populations citadines. Le n’ont jamais été aussi peuplées. Ces populations rurales
front urbain avance brutalement dans un contexte de continuent d’augmenter grâce à une natalité élevée,
développement économique de l’intérieur du pays et mais aussi du fait d’arrivées migratoires depuis les villes
de fortes densités humaines (la légende indique que où les ressources manquent. Par contre, celles des pays
la région du Hénan est peuplée de 100 millions d’ha- développés continuent de décroître.
bitants).
Dans un monde où les citadins sont devenus majori-
L’auteur du texte met en évidence une fragmentation taires, les liens entre les mondes rural et urbain sont
des espaces ruraux chinois en fonction de leur dis- de plus en plus étroits. Les campagnes constituent
tance et par rapport au monde urbain. Il dresse ainsi toujours une source d’approvisionnement de produits
une typologie des espaces ruraux en en distinguant agricoles pour les villes qui fournissent emplois, ser-
cinq différents, du plus proche au plus éloigné du foyer vices et encadrement aux campagnes. Ces dernières
urbain : le rural périurbain qui devient de l’urbain ; le sont aussi des réservoirs d’espace, voire de main-
rural agricole orienté vers les marchés urbains qui d’œuvre pour la ville.
recule (c’est le cas de la photographie du Henan) ; le
En parallèle, les espaces ruraux ont connu une véri-
rural industrialisé qui s’urbanise (logements, lieux de
table recomposition. Certains sont en premier lieu
production, infrastructures de transports) ; le rural
devenus très attractifs. L’évolution du nombre total
agricole traditionnel qui voit une partie de sa main-
de ruraux est très variable dans le monde. Même si
d’œuvre partir travailler en ville ; le rural éloigné qui
l’exode rural se poursuit aux Suds, un mouvement
demeure à l’écart de toute évolution, isolé des dyna-
contraire se déploie depuis les années 1970-1980
miques urbaines.
dans les pays des Nords. La « renaissance rurale »
Les espaces ruraux chinois sont donc de plus en plus débute avec des arrivées de nouvelles populations à
fragmentés car tous ne connaissent pas le même la campagne et donc des soldes migratoires positifs.
dynamisme et la même intégration aux pôles urbains. Dans le même temps, les migrations concernent aussi
La multifonctionnalité affecte surtout les espaces des campagnes plus éloignées qui attirent grâce à
proches des foyers urbains, alors que les espaces leur image positive (qualité de vie, terrains et habitats
les plus éloignés restent agricoles et stagnent. Ces moins coûteux). La fonction première des campagnes

68 © Magnard, 2019
Géographie 1re

- des pays développés devient résidentielle. Celle-ci ne Les contrastes se creusent aussi au sein des activités
cesse de se renforcer dans les pays des Nords et elle économiques qui peuvent être prospères et innovantes
se développe à partir des années 2000 dans les Suds (petites industries, tourisme, certaines filières agri-
(notamment dans les pays émergents). coles) ou en crise, notamment du fait de l’ouverture de
Mais les espaces ruraux sont également devenus très ces espaces à la concurrence mondiale. Très souvent,
variés en fonction de leur distance aux foyers urbains : une dualité agricole s’instaure avec une place crois-
les campagnes proches des villes, dynamisées par sante de la grande agriculture capitaliste qui mar-
leur proximité avec les centres urbains, s’opposent aux ginalise la petite agriculture familiale qui, pourtant,
espaces ruraux plus éloignés. Ces espaces ruraux en représente encore la majorité des actifs dans les pays
marge se dissocient entre territoires bien vivants grâce pauvres. Dans les pays des Nords, l’agribusiness se
- développe alors que l’agriculture familiale est mar-
aux activités agricoles, industrielles voire touristiques,
et ceux en cours d’abandon, à la population vieillissante. ginalisée ; dans les Suds, l’essor du land grabbing et
e Dans les pays en développement ou émergents, les tra- d’exploitations commerciales tournées vers l’exporta-
jectoires sont multiples. Par exemple, en Asie de l’Est tion (par exemple les roses au Kenya) ne s’accompagne
et du Sud, des espaces hybrides se constituent, mêlant pas de progrès dans les exploitations paysannes.
e peuplement dense et fonctions rurales diversifiées À l’échelle mondiale, les espaces ruraux ont connu
(agriculture, petite industrie, résidences périurbaines). de puissantes transformations sous l’influence des
s grands pôles urbains, ce qui a contribué à diversifier
Ces évolutions des espaces ruraux se traduisent par
s inégalement leur profil économique (multifonction-
des fragmentations sociales et spatiales croissantes.
Tout d’abord, les espaces périurbains sont habités sui- nalité). De fait, des fragmentations socio-spatiales de
vant leurs aménités à la fois par des classes moyennes plus en plus fortes traversent les espaces ruraux que
n et populaires et par des minorités aisées. Parallèlement, ce soit dans les Nords ou les Suds, même si, dans ces
les campagnes plus éloignées sont marquées par la pau- derniers, l’agriculture demeure l’activité structurante
e vreté des agriculteurs, retraités ou nouveaux arrivants. de très nombreux espaces.
n
RÉVISER POUR LE BAC p. 219
-
Schéma pour comprendre et retenir
)
s
, Un monde encore rural et agricole
s
– 45 % de la population mondiale
s
activité structurante
– L’agriculture, une .........................................
-
t
t
Les espaces ruraux,
des mondes en mouvement
-
s

Une grande diversité des ruraux Fragmentation rurale


- – Contraste Nords/Suds

l
i
t Exode rural
.............................................. Renaissance rurale Fragmentation sociale : Fragmentation
0 périurbains
aux Suds aux Nords espaces .............................. économique :
» petites exploitations
≠ ..................................................
campagnes éloignées ≠
agriculture commerciale
i
Développement de l' Gentrification rurale
..............................................
économie résidentielle
..............................................
s
9 © Magnard, 2019 69
Géographie 1re

Chapitre 8 Les espaces ruraux : des fonctions recomposées

I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 71


II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 73
III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 77

I. Mise en œuvre de la question


Le programme
Thème
Les espaces ruraux : des fonctions recomposées
Commentaire
À l’échelle mondiale, la multifonctionnalité des espaces ruraux s’affirme de manière inégale par l’importance
croissante, en plus de la fonction agricole, de fonctions résidentielle, industrielle, environnementale ou touristique,
contribuant tout à la fois à diversifier et à fragiliser ces espaces. Cette multifonctionnalité et cette fragmentation
expliquent en partie la conflictualité accrue dans ces espaces autour d’enjeux divers, notamment fonciers : acca-
parement des terres, conflits d’usage… Elles posent la question de leur dépendance aux espaces urbains.
Problématique générale
Ce chapitre s’insère dans le thème 3 : « Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation ? »
De plus en plus en lien avec les espaces urbains, les espaces ruraux connaissent des dynamiques qui contribuent
à leur diversification et à leur fragmentation. Si l’agriculture reste une activité structurante, la multifonctionnalité
des espaces ruraux se renforce à des degrés divers selon les contextes, et contribue au développement de conflits
d’usages. Comment évoluent les populations et les activités rurales ? Quelles recompositions pour les espaces
ruraux ?
Notion clé
Multifonctionnalité : pluralité des fonctions de l’espace rural ; au-delà de la fonction agricole s’y développent des
fonctions résidentielles, touristiques ou encore industrielles.

La mise en œuvre dans le manuel

Leçon 1 – Des défis agricoles à relever


Problématiques
Comment évolue la fonction agricole dans les espaces ruraux ?
Les espaces agricoles tentent de relever les défis d’un monde en transition :
• nourrir une population plus nombreuse et plus urbaine ;
• produire plus pour des usages variés : alimentaire, industriel ;
• répondre aux enjeux d’une agriculture durable.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 198-201 Doc 4 : Agriculture vivrière au Kenya, p. 215.
Inde, quelle recomposition des espaces ruraux Cartes enjeux : Quelles sont les recompositions des espaces agricoles dans
dans la mondialisation ? le monde ?, p. 222-223.
Étude de cas, p. 202-204 Doc 1 : L’agriculture raisonnée, une agriculture durable ?, p. 233.
États-Unis, quel rôle joue l’agribusiness dans
l’organisation des espaces ruraux ? Doc 2 : Production de soja OGM au Mato Grosso, la première région productrice
au Brésil, p. 233.
Étude de cas, p. 224-226
La Toscane, un modèle de multifonctionnalité Doc 3 : Production de salades en circuit court, « Three Springs farm », Oaks,
des espaces ruraux ? États-Unis (État de l’Oklahoma), p. 233.

Cours 1, p. 232-233
Les défis d’une agriculture mondialisée

© Magnard, 2019 71
Géographie 1re

Leçon 2 – Des espaces ruraux à l’heure de la multifonctionnalité I


Problématiques
Quelles sont les autres fonctions qui s’y développent et comment cohabitent-elles ?
La multifonctionnalité des espaces ruraux s’affirme progressivement pour répondre aux exigences des sociétés du xxie siècle :
• diversification de la fonction industrielle eu égard aux potentialités que recèlent les territoires ;
• développement de la fonction touristique et récréative ;
• mais multiplication des conflits d’usages entre les différents acteurs.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 224-226 Doc : Shirakawa-go, l’attractivité touristique de villages traditionnels japonais,
La Toscane, un modèle de multifonctionnalité des p. 220-221.
espaces ruraux ? Doc 4 : Campagne pour la protection des zones de végétation au nord de Perth,
Étude de cas, p. 228-231 en Australie, p. 235.
Les espaces ruraux canadiens, quels sont les effets Doc 5 : Industrie textile dans la vallée de San Andrés au Salvador, p. 235.
de la multifonctionnalité ?
S’entraîner au Bac 21 : Les espaces ruraux agricoles, entre multifonctionnalité
Cours 2, p. 234-235 et conflits d’usages, p. 242-243.
Des espaces ruraux de plus en plus multifonctionnels
S’entraîner au Bac 22 : Les espaces ruraux : comment gérer la multifonctionnalité
Dossier, p. 240-241 croissante et les conflits d’usages ?, p. 244.
Le Népal, tourisme de haute montagne et développe-
ment rural

Leçon 3 – Les espaces ruraux ont-ils un avenir ?


Problématiques
Quelles potentialités recèlent les espaces ruraux pour favoriser leur développement ?
L’enjeu du développement durable est au cœur des politiques de développement qui cherchent à :
• réduire les inégalités dans les espaces ruraux ;
• favoriser la diversification des fonctions en prenant en compte les aménités de chaque territoire ;
• promouvoir la préservation de l’environnement.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 250-253 Doc 6 : Les espaces ruraux, des territoires majeurs pour l’avenir de l’Humanité ?,
Les Cévennes, vers un territoire rural p. 237.
multifonctionnel ? Doc 7 : Image de la ruralité promue par l’Union européenne à travers le pro-
A
Cours 3, p. 236-237 gramme LEADER, p. 237.
Quel avenir pour les espaces ruraux ? 1
Doc 8 : L’écotourisme en Namibie, p. 237.
Dossier, p. 238-239
s
La Grèce, gérer et développer les territoires ruraux m
Dossier, p. 240-241 c
Le Népal, tourisme de haute montagne et développe- à
ment rural
2
r
Ressources documentaires récentes
m
t
BIBLIOGRAPHIE et sitographie m
-- M. Guibert, Y. Jean (dir), Dynamiques des espaces ruraux dans le monde, A. Colin, 2011. r
p
-- J.-P. Charvet, Atlas de l’agriculture. Comment nourrir le monde en 2050 ?, Autrement, 2012.
g
-- J.-L. Chaléard, T. Sanjuan, Géographie du développement. Territoires et mondialisation dans les Suds, A. Colin, i
2017. s
-- A. Gonin, C. Quéva, Géographie des espaces ruraux, A. Colin, 2018 s
-- Géoconfluences : « Affirmation des fonctions non agricoles et conflits d’usages » : http://geoconfluences.ens- r
lyon.fr/programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-programmes-1ere-generale e
-- Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation : 3
http://agriculture.gouv.fr/les-politiques-agricoles-travers-le-monde d
-- T. Kirat, A. Torre, « Conflits d’usages et dynamiques spatiales. Les antagonismes dans l’occupation des espaces E
périurbains et ruraux » : www.cairn.info/revue-geographie-economie-societe-2007-2-page-119.htm A
c

72 © Magnard, 2019
Géographie 1re

II. Réponses aux questions d’Amérique du Nord, d’Océanie, la Chine mais aussi
des pays en développement.
Les gains de terres s’expliquent par le développe-
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 220-221
ment de fronts pionniers agricoles dans de grandes
forêts tropicales (Amazonie), par la transformation
1. La photographie a été prise au Japon, dans un vil-
lage au nord de la région urbaine de Nagoya. On voit, en surfaces cultivées de terres de parcours (élevage)
au premier plan, sur une passerelle dominant le vil- ou terres en friches suite à l’achat ou à la location de
lage, des touristes étrangers et japonais qui se font terres (phénomène du land grabbing).
photographier devant le village qui présente des mai- Les pertes sont le fait de l’étalement urbain, qui
sons traditionnelles dans un cadre verdoyant. Les consomme des terres agricoles pour la construction
maisons typiques en bois, avec leur toit de chaumes de lotissements urbains et d’infrastructures, en par-
très pentu afin de supporter les abondantes chutes ticulier de transport, mais aussi de l’érosion, de la
de neige de cette région, sont dispersées entre les salinisation, de l’épuisement des sols dans un nombre
rizières. Autrefois, dans ces demeures familiales, était grandissant de pays en développement
pratiqué l’élevage des vers à soie dans les combles 4. Les pays développés, où règne l’agriculture pro-
sous les chaumes. Ces habitations conservées en ductiviste, et les pays des Suds qui ont effectué la
l’état d’origine depuis près de 250 ans sont une source « révolution verte » se distinguent par de fortes
d’attraction consommations d’engrais azotés. Les OGM sont très
2. L’agriculture (rizières bien entretenues) coexiste utilisés sur le continent américain (États-Unis, Brésil,
avec le tourisme rural Canada, Argentine…) mais aussi en Inde. Il est à noter
que les principales cultures OGM ne sont pas – à l’ex-
3. Les touristes sont attirés par cette image du
ception du maïs – des produits alimentaires de base
Japon rural fait de rizières et de vieilles maisons de
pour nourrir les hommes (soja et colza sont des oléa-
chaumes, symbole du patrimoine rural japonais classé
gineux destinés à l’alimentation du bétail), voire même
au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Ils
ne sont pas alimentaires (coton). Pour toutes ces rai-
recherchent ce qu’ils pourraient considérer comme le
sons, les OGM ne peuvent apparaître actuellement
Japon traditionnel et authentique.
comme une solution pour nourrir les hommes
L’agriculture biologique reste marginale à l’échelle
CARTES ENJEUX p. 222-223 mondiale. Par le nombre de pays concernés, c’est un
phénomène européen (la part de la surface cultivée
Analyser les cartes varie selon les pays, elle est plus élevée en Suisse
et dans les pays scandinaves) mais aussi présent en
1. Toutes les agricultures commerciales, qu’elles Océanie (les pourcentages sont trompeurs car les
soient intensives ou extensives, sont destinées aux superficies cultivées selon les pays sont très diffé-
marchés national et international. Les « petites agri- rentes).
cultures » évoluent aussi vers le marché pour répondre
à la demande des nouveaux urbains. 5. Le continent américain se caractérise par l’emploi
important d’intrants industriels (engrais azotés, OGM).
2. Une agriculture intensive se caractérise par de forts En Europe, si l’agriculture productiviste fait appel aux
rendements à l’hectare obtenus soit par un travail engrais azotés, l’emploi des OGM est plus limité car
manuel important et minutieux, soit par des inves- interdit dans certains pays (par exemple la France)
tissements importants en capitaux pour l’achat de
et l’agriculture biologique progresse. La situation du
machines ou encore d’intrants chimiques. Ainsi, les
continent africain est plus diversifiée : dans de nom-
rendements élevés qui caractérisent les agricultures
breux États, la productivité est faible par manque de
productivistes ou la petite agriculture intensive irri-
capitaux, de technologies et d’encadrement ; d’autres
guée sont liés aux facteurs de production : machines,
ont commencé à intensifier leurs productions grâce à
intrants chimiques, irrigation. Plus on va vers l’exten-
l’utilisation d’engrais azotés, aux OGM (par exemple en
sif, plus les rendements et les coûts de production
Égypte ou en Afrique du Sud).
sont faibles. Certains systèmes extensifs peuvent être
rentables car ils disposent de grandes superficies (par
Mettre les cartes en relation
exemple le ranching).
3. Les gains de terres agricoles s’observent surtout Les espaces agricoles dans le monde sont de plus en
dans les pays en développement : en Asie du Sud- plus opposés car ils sont révélateurs des technolo-
Est (en Indonésie) ; en Amérique latine (au Brésil, en gies et innovations agricoles dont disposent les agri-
Argentine) ; en Afrique… La diminution des terres agri- culteurs. Le fossé entre l’agriculture capitaliste et les
coles affecte surtout les pays développés d’Europe, agricultures familiales paysannes se creuse.

9 © Magnard, 2019 73
Géographie 1re

B. Une multifonctionnalité, 3
ÉTUDE DE CAS t
La Toscane, un modèle de multifonctionnalité source de conflits
s
des espaces ruraux ? p. 224-226 s
Analyser et confronter les documents d
A. Les campagnes toscanes, 1. L’aéroport de Florence a besoin d’être agrandi pour l
une valorisation ancienne des ressources faire face à l’augmentation prévue du tourisme et du
trafic aérien en Toscane. L’objectif est aussi de per- C
mettre le développement économique par une inser- D
Analyser et confronter les documents
tion renforcée dans les réseaux internationaux. q
1. L’agritourisme permet à des agriculteurs de louer 2. Les opposants à l’aéroport sont des riverains orga- d
des chambres dans leurs exploitations agricoles et de nisés en collectif qui refusent l’artificialisation des sols l
proposer des formules en demi-pension ou pension et les nuisances (sonores et atmosphériques) liées à la e
complète. Les agriculteurs peuvent aussi en profiter nouvelle piste. Ce type d’opposition est assez généra-
pour vendre aux touristes leurs produits à emporter : lisé actuellement. B
huile d’olive, vins de qualité.
n
Cette activité s’appuie sur les productions agricoles et Conclure
les richesses culturelles caractéristiques de la région
toscane. Sur la photographie, on voit les collines mar- La croissance du tourisme et la diversification de A
quées par les vignes et les exploitations agricoles l’industrie en Toscane, pour permettre à la région de
poursuivre son développement en s’insérant dans les 1
(1er plan), les oliviers (2de plan) et la cité médiévale de
réseaux internationaux, sont sources de conflits avec d
San Gimignano (arrière-plan).
la protection de l’environnement en raison de l’artifi- p
2. Avec la hausse du tourisme en Toscane, l’agritou- n
risme se diffuse à l’ensemble de la région ; il évolue cialisation des sols, de la pollution sonore (ouverture
d
aussi vers un agritourisme de luxe avec de nouveaux d’une nouvelle piste d’aéroport) ou de la pollution des
d
dispositifs comme les routes du vin et de l’huile d’olive, eaux (déchets de l’usine chimique). Il semble difficile
m
les résidences hôtelières de luxe… de concilier essor économique et préoccupations envi-
e
ronnementales.
3. Les campagnes toscanes sont multifonctionnelles : d
– fonction agricole : productions agricoles tradition- d
nelles (vigne, olivier) ; développement d’une agricul- l
ture biologique pour produits frais en circuits courts ÉTUDE DE CAS l
pour répondre à la demande alimentaire des nouveaux Les espaces ruraux canadiens, quels sont q
résidents ; les effets de la multifonctionnalité ? p. 228-231 D
– fonction industrielle : un réseau de PME (districts c
industriels) dans plusieurs secteurs d’activité : tanneries, n
A. Une fragmentation des espaces ruraux
véhicules de tourisme, textile de qualité, orfèvrerie ; 2
– fonction touristique : agritourisme, tourisme bal- d
Analyser et confronter les documents p
néaire sur le littoral, activités de loisirs dans les
espaces protégés. m
1. La diversité des paysages offre de nombreuses
p
4. Les campagnes toscanes cherchent à renouve- activités de loisirs possibles : sports d’hiver (7 mois
é
ler leurs activités pour maintenir leur dynamisme en par an), montagne l’été dans les Rocheuses, visite de
i
visant des produits de qualité ou de luxe pour répondre parcs naturels, tourisme œnologique, visites des sites
d
à une clientèle de plus en plus exigeante et faire face remarquables de l’Unesco, croisière en Arctique…
n
à la concurrence étrangère (par exemple, agriculture 2. Les espaces ruraux attirent de nouveaux résidents
biologique, agritourisme de luxe, textile et artisanat de 3
pour un ensemble de facteurs :
qualité). d
– économique : le coût du foncier, du logement et de la n
vie y est moins cher que dans les villes ; d
Conclure
– qualité de vie : la représentation de la campagne y p
Cette multifonctionnalité s’explique par plusieurs est souvent idyllique, en décalage avec la réalité quoti- d
facteurs : la renommée des paysages, la présence dienne ; c
de nombreux sites classés au patrimoine mondial de – technique : le Canada est marqué par de bonnes m
l’Unesco, la présence d’une main-d’œuvre habile et infrastructures de transport et une connexion à Inter-
attachée au « pays » et d’entrepreneurs dynamiques, net forte. L’isolement n’apparaît pas comme une
l’ancienneté des liens villes-campagnes… contrainte insurmontable.

74 © Magnard, 2019
Géographie 1re

3. Ces espaces ruraux sont le support de productions Conclure


très diversifiées, des minerais à l’agriculture en pas-
sant par le bois et différentes formes d’énergie. Ils La multifonctionnalité permet à certains espaces
sont aussi protégés par différents parcs nationaux, les ruraux d’éviter une dépendance unique à un type de
deux usages pouvant entrer en conflit, comme dans ressource : agricole ou forestière par exemple, et
l’Alberta avec l’exploitation des sables bitumineux. donc d’entraîner des dynamiques économiques ou
démographiques positives. Néanmoins, des boulever-
u sements rapides peuvent entraîner des conflits avec
- Conclure
des populations installées depuis longtemps sur ces
- Dans les espaces ruraux canadiens, on retrouve les territoires, comme les Amérindiens ou des ruraux de
quatre fonctions résidentielle, récréative, productive et longue date.
de protection. L’immensité du pays permet une spécia-
s lisation des territoires et donc leur fragmentation, qui
entraîne néanmoins parfois des conflits d’usage. COURS 1
Les défis d’une agriculture
B. Une affirmation des fonctions mondialisée p. 232-233
non-agricoles, source de conflits d’usages
Lire le texte
e Analyser et confronter les documents 1. L’agriculture raisonnée préconise la réduction de
e l’emploi des intrants d’origine industrielle et leur limi-
1. En raison de la diversité des modes d’exploitation
des espaces ruraux, plusieurs acteurs économiques tation aux stricts besoins des cultures, la pratique
c d’assolements plus diversifiés et répartis sur de plus
peuvent entrer en conflit. Les FTN (firmes transnatio-
nales) comme Suncore, avec l’appui de l’État fédéral et longues durées, l’utilisation d’engrais verts dans ses
de l’État fédéré de l’Alberta, soutiennent l’exploitation assolements, une gestion fine de l’irrigation, la prise
des sables bitumineux du fait de la richesse écono- en compte du bien-être des animaux ainsi que la tra-
e çabilité des produits.
mique produite, des emplois générés de façon directe
et indirecte et du solde démographique positif : plus 2. L’agriculture raisonnée se préoccupe aussi de l’en-
d’impôts rentrent. En opposition, des associations tretien des paysages, de la préservation de la biodiver-
d’Amérindiens comme l’ACFN ou la MCFN dénoncent sité.
les pollutions engendrées. Elles sont aidées dans leur 3. Cette forme d’agriculture s’oppose à l’agriculture
lutte par une ONG internationale, Greenpeace, ainsi productiviste.
que par les autorités du parc de Wood Buffalo.
D’une façon plus générale, néo-ruraux et agriculteurs Comprendre le texte
cohabitent difficilement, les premiers dénonçant les
nuisances de l’activité des seconds. 4. Pour les tenants de l’agriculture biologique, l’agri-
culture raisonnée ne rompt pas radicalement avec
2. Les sables bitumineux, par la forte consommation
l’agriculture productiviste car elle n’interdit pas les
d’énergie fossile qu’ils nécessitent pour être raffinés
apports d’intrants chimiques ; les dosages d’engrais
puis par la consommation d’énergie fossile qu’ils per-
et de produits phytosanitaires ne sont réduits que de
mettent, émettent de nombreux gaz à effet de serre et
façon sensible (de 20 à 30 %).
participent donc au réchauffement climatique. À une
s
échelle locale, ils polluent énormément et ont un fort
impact sur la faune et la flore, et donc sur les habitu- COURS 2
s
des de vie des Indiens vivant en aval de l’Athabasca,
notamment dans le parc naturel de Buffalo Wood. Des espaces ruraux de plus en plus
s
3. Les villes constituent des débouchés pour les pro-
multifonctionnels p. 234-235
ductions agricoles ou forestières, et l’installation de
a néo-ruraux participe d’un dynamisme économique et Identifier l’affiche
démographique. En même temps, les changements de
y 1. L’affiche est produite par le Conseil des circonscrip-
populations provoquent des tensions voire des conflits,
- tions agricoles du nord (NACC) de la région de Perth en
du fait par exemple de représentations divergentes
Australie (pays développé).
concernant les fonctions que devrait avoir l’environne-
ment rural. 2. Il s’agit d’un appel à tous les agriculteurs de la
- région du nord de Perth.
3. Grâce aux fonds du Programme national de pro-
tection du territoire du gouvernement australien, le

9 © Magnard, 2019 75
Géographie 1re

Conseil offre 3 500 dollars par km de clôture pour pro- de villages (Volos, Ellinopyrgos) et d’habitations dis- (
téger des espaces résiduels de végétation naturelle. persées. L’agriculture traditionnelle méditerranéenne a
L’objectif est d’améliorer et d’étendre l’habitat où est la principale activité. p
vivent des espèces animales ou végétales menacées. 2. L’agriculture se renouvelle (vignes irriguées et api- p
culture), l’artisanat local est aussi stimulé avec la s
Comprendre l’affiche rénovation du bâti. Cette nouvelle agriculture est prati-
quée grâce au retour de Grecs, actifs ou retraités, dans S
4. Le gouvernement australien confie aux agriculteurs
leurs villages d’origine auparavant touchés par l’exode
la protection de la biodiversité et la gestion des res- L
rural. Ce « retour à la terre » a été favorisé par la crise p
sources naturelles de la région.
économique grecque et la montée du chômage, mais p
aussi par le maintien de liens familiaux et villageois t
COURS 3 qui ont permis une reprise des terres (accompagnée r
de programmes de formation agricole) et une rénova-
Quel avenir
tion de l’habitat.
pour les espaces ruraux ? p. 236-237 I
3. L’Union européenne encourage la rénovation rurale
(programme LEADER) et participe à l’aménagement
Lire le texte des infrastructures de transports pour désenclaver la
1. La Namibie est un État du sud-ouest de l’Afrique région (ligne ferroviaire modernisée vers la capitale).
australe, situé entre l’Angola au Nord, l’Afrique du Sud
au Sud, l’océan Atlantique à l’Ouest, le Botswana à Synthèse
l’Est. Les acteurs interviennent à différentes échelles, des
2. Pour protéger la faune, le gouvernement a créé le populations locales à l’Union européenne. Plusieurs
concept des « conservancies ». Ce sont des réserves directions sont données à la revitalisation rurale en
naturelles où gouvernement et ethnies travaillent Thessalie : désenclavement régional, redéveloppe-
ensemble pour prendre soin des écosystèmes. Ce ment agricole, rénovation du bâti et entretien des pay-
concept est original car il associe les populations sages ruraux.
locales à la conservation des espèces et à l’économie
touristique.
3. 44 % du territoire est aujourd’hui classé comme DOSSIER
zone naturelle protégée. Certaines espèces mena- Le Népal, tourisme de haute montagne
cées comme les éléphants ont ainsi pu être sauvées et développement rural p. 240-241
et l’écotourisme a fortement progressé, participant au
développement du pays.
Prolonger le cours
Comprendre le texte 1. Petit pays himalayen montagneux enclavé entre
Inde et Chine mais relativement peuplé (quatre fois
4. En une vingtaine d’années, 83 « conservancies » ont plus petit que la France, mais seulement deux fois
ainsi été créées en Namibie. Les ressources tirées de
moins peuplé), le Népal dispose d’atouts touristiques
l’écotourisme ont servi à améliorer non seulement les
(paysages de haute montagne au cadre exceptionnel
infrastructures touristiques mais aussi les revenus et
et patrimoine culturel original) mais aussi de fortes
le bien-être des populations locales par la construc-
contraintes (difficultés d’accès, reliefs escarpés et
tion d’écoles, de dispensaires, de réseaux électriques.
rudesse du climat, pauvreté du pays et faiblesse des
infrastructures, fragilité des écosystèmes).
DOSSIER 2. Dans ces conditions, le tourisme népalais s’est
La Grèce, gérer et développer tourné vers un tourisme naturel (alpinisme, randon-
née de type trekking, chasse) et un tourisme culturel
les territoires ruraux p. 238-239
(traditions rurales, bouddhisme).
3. Ces formes de tourisme sont de fait adaptées à la
Prolonger le cours fois aux atouts et aux contraintes du patrimoine natu-
1. Le relief de Thessalie est principalement monta- rel et culturel de ce PMA.
gneux, les vallées aux pentes escarpées sont encais- 4. Les acteurs de ce développement touristique sont
sées. La végétation méditerranéenne est clairsemée, multiples et à différentes échelles, de l’international
marquée par la sécheresse. La présence humaine est au local : Unesco (patrimoine mondial), État (zones
faible et discontinue, avec présence de petites villes, protégées et aménagement d’infrastructures), ONG

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Géographie 1re

- (projet ANAP) et populations locales. Celles-ci sont dements plus hypothétique, mais le conditionnel est
e associées de différentes façons : ethnies qui mettent à quand même utilisé pour aborder ces perspectives
profit leur connaissance de la haute montagne (sher- d’augmentation.
- pas), villageois qui hébergent les touristes et leur pré-
Le dessin se focalise quant à lui sur un important
sentent les cultures himalayennes,
problème affectant les espaces ruraux : le mitage de
- l’espace lié à la périurbanisation. En représentant un
s Synthèse lotissement pavillonnaire en construction (pelleteuse
e et grue en action, pancarte annonçant cet aménage-
Le projet touristique du Népal cherche un dévelop-
e pement équilibré entre protection des ressources ment), l’auteur veut alerter les lecteurs sur les consé-
s patrimoniales qui associe les populations locales et quences négatives de ce processus particulièrement
tourisme de masse mondialisé et invasif que pourrait marqué dans les pays développés. Pour ce faire, il a
représenter un modèle « Yak Donald’s » non maîtrisé. représenté un oiseau en détresse, ce qui permet un
jeu de mots, le chant de l’oiseau « cui-cui » devenant
une complainte (« on est cuits, cuits, cuits ») en gros
III. Corrigés du Bac plan à gauche du dessin. Cela permet de montrer
t l’impact destructeur de la périurbanisation sur les
a S’ENTRAÎNER AU BAC 21 espaces agricoles abritant souvent une importante
biodiversité. Plus généralement, ce document nous
Analyser un dessin de presse
permet de comprendre que les espaces ruraux sont
et un texte p. 242-243 devenus multifonctionnels (dans le dessin, il est fait
référence aux activités agricoles et résidentielles), ce
Sujet : Les espaces ruraux agricoles, entre multifonc- qui peut générer des conflits d’usages, c’est-à-dire
s
tionnalité et conflits d’usages une concurrence entre plusieurs activités pour un
Les documents sont un dessin de presse réalisé par même espace. On peut aussi voir dans ce dessin une
- Chappatte et paru dans le quotidien suisse Le Temps en tension entre la volonté d’aménager pour développer
- avril 2018, et l’extrait d’un article diffusé en ligne par la les espaces ruraux et la nécessaire préservation de
FAO (organisation des Nations unies pour l’alimenta- l’environnement.
tion et l’agriculture) à partir de 2009. Ils sont complé-
mentaires quant aux défis auxquels sont actuellement Les deux documents montrent la dualité de nombreux
confrontés les espaces ruraux agricoles. espaces ruraux confrontés à l’enjeu agricole, mais
aussi de plus en plus aux enjeux de la multifonction-
Le texte est en effet centré sur le défi purement agri- nalité : d’une part, la nécessité d’augmenter de façon
cole, à savoir nourrir les hommes. L’augmentation sensible les productions agricoles pour satisfaire la
de la population, son urbanisation croissante, l’aug- demande mondiale, d’autre part, parvenir à concilier
mentation des niveaux de vie se cumulent pour que différentes activités sans porter atteinte à un environ-
la demande de produits alimentaires augmente forte- nement sous pression.
ment (presque 50 % d’ici 2050). Comment y répondre ?
Les perspectives d’augmentation des terres cultivées
s sont faibles. Si des possibilités existent avec la mise en S’ENTRAÎNER AU BAC 22
culture de terres en Afrique subsaharienne (impact du Rédiger une réponse à une question
l land grabbing), les fronts pionniers en Amérique latine problématisée p. 244
et Asie du Sud-Est sont réduits par la mise en place
t de politiques de préservation des forêts tropicales. Sujet : Les espaces ruraux : comment gérer la multi-
s Les surfaces cultivées régressent par ailleurs du fait fonctionnalité croissante et les conflits d’usages ?
de l’érosion, de la salinisation ou de l’épuisement des Les activités agricoles restent l’activité structurante
sols. L’étalement urbain, qui consomme des terres des espaces ruraux et représentent encore un tiers
agricoles pour la construction de lotissements urbains des terres émergées sur la planète. Malgré tout, de
-
et d’infrastructures, en particulier de transport, doit nombreuses activités, comme le tourisme ou l’indus-
aussi être pris en compte. Le phénomène affecte aussi trie, affirment de plus en plus leur présence au sein
bien les pays développés d’Europe, d’Amérique du de ces espaces au point d’entraîner des concurrences
a Nord, d’Océanie que des pays du Sud comme la Chine, voire des rivalités entre elles.
où l’urbanisation progresse actuellement rapidement.
Quelles activités se sont imposées au sein des espaces
Les gains de production devront donc se faire par une
ruraux et comment les faire cohabiter dans cette
amélioration de la productivité agricole, en particulier
recomposition des espaces ruraux ?
l grâce à la croissance des rendements. La FAO n’en-
visage pas du tout les remises en cause du modèle Tout d’abord, l’agriculture reste l’activité structurante
productiviste qui rendent cette augmentation des ren- au sein des espaces ; elle met en valeur environ un
9 © Magnard, 2019 77
Géographie 1re

tiers des terres émergées (un peu moins de 5 milliards grands équipements (barrages, aéroports et voies de
d’hectares, sur près de 15 milliards) et marque des communication, zones d’activités…), refus des poli-
paysages dont les aménagements (parcellaire, habi- tiques de créations d’aires protégées, difficile concilia-
tat, chemins) s’inscrivent dans le temps long (rizières tion des usages (pollutions agricoles ou industrielles, S
irriguées, bocages, champs ouverts, terrasses de accaparement de terres, utilisations productives et
cultures…). 29 % des emplois de la planète relèvent récréatives, mitage des paysages…).
encore des métiers de la terre et de l’élevage, même Les conflits d’usage relèvent souvent de logiques
si, avec les progrès de la mécanisation et l’agrandis- différentes d’acteurs locaux et d’acteurs extérieurs
sement des exploitations dans les pays des Nords, la (autorités régionales, États, organisations non gouver-
part des agriculteurs a fortement diminué au sein des nementales). Depuis la fin du xixe siècle, avec les pre-
populations rurales. mières préoccupations écologiques, sont nés les parcs
Aux côtés de l’agriculture, l’industrie est aussi présente naturels, d’abord aux États-Unis (parc de Yellowstone
dans les campagnes où elle permet une diversification en 1872), puis en Europe. Aujourd’hui, les dispositifs de
de l’emploi. Surtout constituée de petits ateliers héri- protection sont plébiscités par les sociétés urbaines
tés d’activités anciennes (agroalimentaire, travail du afin de conserver et de bénéficier d’un environnement
bois, métallurgie, textile…), l’industrie s’est renouvelée protégé pour leurs loisirs. Ils se sont multipliés dans
grâce aux atouts de certaines régions rurales. Cer- les campagnes (réserves naturelles, parcs nationaux
taines campagnes ont une tradition d’industrialisation, ou régionaux, sites NATURA 2000 en Europe) avec,
elles sont le siège de districts industriels (Italie du parfois, une stricte séparation spatiale entre milieux
Nord et du Centre, Portugal, Jura, Vendée…). à préserver et espaces exploités. La patrimonialisa-
De même, le tourisme rural est ancien (résidences tion peut renvoyer à une vision passéiste et idéalisée
secondaires des bourgeoisies urbaines, therma- des campagnes. Les différences de perception entre
lisme et tourisme de santé en montagne, colonies de les ruraux agricoles et les « néoruraux » (plaintes à
vacances…), mais il s’est rénové dès les années 1960 cause du bruit trop matinal du chant du coq ou/et des
en Europe ou en Amérique du Nord et, depuis les cloches de l’église !) montrent la difficulté de concilier
années 2000, dans les Suds. Les pratiques de loisirs les différentes fonctions mais, en même temps, ces
sont également nombreuses : chasse, pêche, ran- néoruraux soutiennent une activité économique sinon
donnée, sports de nature… Ce tourisme s’appuie sur déclinante de certaines campagnes.
des paysages perçus comme « naturels ». Le patri- La gestion de ces espaces représente donc un défi
moine occupe une grande place, notamment dans majeur. La préservation de leurs ressources (eau, bois,
les aires protégées où émerge un « écotourisme ». sols), la lutte contre les pollutions locales ou la protec-
Certains agriculteurs développent l’accueil dans leurs tion contre les risques naturels font l’objet d’actions de
fermes transformées en gîtes ruraux ou en auberges. mobilisation. Le maintien d’une activité agricole plus
L’agritourisme en Italie permet de concilier l’activité respectueuse de l’environnement, la régulation de
touristique avec la valorisation des paysages et des l’urbanisation et des infrastructures, qu’elles soient
produits locaux d’une agriculture de terroirs. industrielles ou tertiaires, l’essor de formes d’écotou-
Enfin, il faut tenir compte de l’urbanisation, croissance risme sont autant d’approches permettant de concilier
dans le monde, qui s’étale. Le développement des l’objectif de protection avec celui de développement
réseaux de transport a repoussé de plus en plus loin rural et agricole. Des initiatives que ce soit au Népal
les limites de la périurbanisation qui rend floue la dis- (aire de conservation de l’Annapurna) ou en Namibie
tinction entre espaces ruraux et urbains. Dans certains (système des conservancies) montrent la possibilité
pays, des mouvements d’installation d’urbains à la cam- d’associer les populations locales à l’activité touris-
pagne ne sont pas rares. La fonction résidentielle est tique qui garde alors une dimension humaine.
une composante supplémentaire des espaces ruraux.
Différentes activités comme l’industrie ou le tourisme
Cette multiplication des fonctions au sein des espaces se sont affirmées au sein des espaces ruraux, créant
ruraux génère des frictions voire des conflits d’usages, parfois des conflits d’usage avec les agriculteurs. De
qui correspondent à des utilisations différentes de ces même, certains projets d’aménagements peuvent
espaces. Avec la diversification des populations, mais générer des tensions entre des acteurs aux représen-
aussi des modèles agricoles et des visions différentes tations et aux objectifs très différents. Cette situation
de l’espace rural, de multiples sources de conflits nouvelle rend absolument nécessaire une gestion
d’usages apparaissent : rejet d’aménagements de durable des espaces ruraux.

78 © Magnard, 2019
Géographie 1re

e
RÉVISER POUR LE BAC p. 245
-
, Schéma pour comprendre et retenir
t
Les défis d’une agriculture mondialisée
– Hausse de la demande alimentaire
s
malnutrition
– Persistance de la ...........................................
-
(2 milliards de personnes)
s – Assurer la qualité :
e productiviste
• remise en cause du modèle .......................................
e l’agriculture durable
• développement de .......................................
et raisonnée

x
, La recomposition
des espaces ruraux
-

e Des espaces ruraux de plus en plus Quel avenir pour les espaces ruraux ?
à
multifonctionnels ? – Diversification des activités
s
– Diversification industrielle (ex. : districts – Ancrage territorial : stratégie de
s industriels) labellisation
........................................... et de patrimonialisation
n écotourisme
– Essor du tourisme (ex. .......................................... ) – Dispositifs de protection
et des loisirs
conflits d’usage
– Multiplication des .......................................
,
-
e
s

t
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r
t
l

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n
n

9 © Magnard, 2019 79
Géographie 1re

Chapitre 9 L
 a France : des espaces ruraux multifonctionnels,
entre initiatives locales et politiques européennes

I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 81


II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 83
III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 88

I. Mise en œuvre de la question


Le programme
Thème
La France : des espaces ruraux multifonctionnels, entre initiatives locales et politiques européennes
Commentaire
En France, les espaces ruraux se transforment : mutation des systèmes agricoles et diversification des fonctions
productives, pression urbaine croissante et liens accrus avec les espaces urbains, entre vieillissement et renou-
veau des populations rurales, diversification des dynamiques démographiques et résidentielles. Ces mutations
s’accompagnent d’enjeux d’aménagement et de développement rural : valorisation et soutien de l’agriculture,
équipement numérique, télétravail, protection de l’environnement, maintien et organisation ou réorganisation
des services publics… Ces enjeux mobilisent des acteurs à différentes échelles, du développement local aux poli-
tiques nationales et européennes de développement rural.
Problématique générale
La question s’insère dans le thème 3 : « Les espaces ruraux : multifonctionnalité ou fragmentation ? »
La France est un pays où les espaces ruraux sont de plus en plus en lien avec les espaces urbains et connaissent
des dynamiques qui contribuent à leur diversification et à leur fragmentation, du rural périurbain à l’hyper-
rural. La diversification des fonctions se développe à des degrés divers et contribue au développement de conflits
d’usages. Comment évoluent les populations et les activités rurales ? Quelles recompositions sont à l’œuvre pour
les espaces ruraux français ?
Notion clé
Multifonctionnalité : pluralité des fonctions de l’espace rural ; au-delà de la fonction agricole s’y développent des
fonctions résidentielles, touristiques ou encore industrielles.

La mise en œuvre dans le manuel


Leçon 1 – Quelles dynamiques pour les espaces ruraux français ?
Problématiques
Les espaces ruraux français connaissent-ils une nouvelle vitalité ?
• Les espaces ruraux sont redevenus attractifs, en grande partie du fait de la périurbanisation et d’une certaine vitalité démographique.
• Les liens sont très forts avec les espaces urbains dans de nombreux domaines (mobilités quotidiennes, services, usages récréatifs…) ;
désormais la majeure partie des espaces ruraux est intégrée à la ville.
• Les populations rurales se sont beaucoup diversifiées, elles peuvent localement présenter des profils socio-économiques contrastés
selon la part des néoruraux.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 250-251 Doc 2 : Trois France rurales, p. 249.
Les Cévennes, vers un territoire rural multifonctionnel ? Doc 1 : Un espace rural attractif : Treffieux (Loire-Atlantique), janvier 2019, p. 259.
Cours 1, p. 258-259 Doc 2 : Les campagnes françaises, une nouvelle démographie, p. 259.
Une renaissance des espaces ruraux français ?
Dossier : Les espaces ruraux transformés par la périurbanisation, p. 262-263.
S’entraîner au Bac 24 : Des espaces ruraux multifonctionnels, p. 270-271.

© Magnard, 2019 81
Géographie 1re

Leçon 2 – Les espaces ruraux de plus en plus multifonctionnels I


Problématiques
Quels nouveaux usages se sont affirmés au sein des espaces ruraux français ?
• Les campagnes françaises restent fortement marquées par l’agriculture (emplois et paysages) ; selon les régions plus ou moins
spécialisées en bassins de production, celles-ci correspondent à différents systèmes entre grande agriculture productiviste et petite
agriculture familiale.
• Les usages non agricoles ne cessent de se développer : aux industries agro-alimentaires s’ajoutent l’économie résidentielle et/ou tou-
ristique, la mise en valeur et la sauvegarde du potentiel naturel.
• Ces nouveaux usages génèrent des enjeux d’aménagement et des conflits d’usages à l’heure où le modèle de l’agriculture productiviste
est remis profondément en cause.
Pages supports Documents
Étude de cas, p. 254-256 Doc 4 : Manifestants à Kolbsheim, 27 septembre 2014, p. 193.
La Bretagne, un « modèle » agricole en recomposition ? Doc 1 : Deux grands systèmes agricoles, p. 248.
Étude de cas, p. 250-253 Doc 3 : La Beauce (Eure-et-Loire), un espace rural agricole, p. 261.
Les Cévennes, vers un territoire rural multifonctionnel ?
Doc 4 : Les campagnes françaises, une nouvelle ruralité, p. 261.
Cours 2, p. 260-261
Des espaces ruraux multifonctionnels Dossier : L’avenir des espaces hyper-ruraux français, p. 264-265.
Dossier : La Guadeloupe. L’agriculture des territoires d’outre-mer, p. 266-267.
S’entraîner au Bac 23 : La France, des espaces ruraux multifonctionnels, p. 268-
269.
S’entraîner au Bac 25 : La France, un espace rural ou des espaces ruraux ?,
p. 272.

Ressources documentaires récentes

BIBLIOGRAPHIE et sitographie
-- J.-B. Bouron, P.-M. Georges, Les Territoires ruraux en France : une géographie des ruralités contemporaines,
Ellipses, 2015.
-- O. Milhaud, La France des marges, La Documentation française, n° 8116, 2016.
-- A. Baysse-Lainé, « Les nouvelles ruralités », in B. Montabone (dir.), La France, géographie générale, Atlande, 2018.
-- A. Gonin, C. Quéva, Géographie des espaces ruraux, A. Colin, 2018.
-- Y. Jean, L. Rieutort, Les Espaces ruraux en France, A. Colin, 2018.
-- A. Monot, Les Espaces ruraux en France, Bréal, 2018.
-- Géoconfluences : « La France : des espaces ruraux multifonctionnels, entre initiatives locales et politiques
européennes » : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-
programmes-1ere-generale
-- Géoconfluences : « Aménagement rural et mutations des territoires ruraux en France » :
http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/rural-mutations-des-territoires-ruraux
-- S. Depraz, « Les nouveaux bourgeois des campagnes : vers une éviction rurale ? » :
http://cafe-geo.net/les-nouveaux-bourgeois-des-campagnes-vers-une-eviction-rurale/
-- CGET, observatoire des territoires : www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/observatoire-des-territoires/fr/node
-- Agreste : http://agreste.agriculture.gouv.fr/

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Géographie 1re

II. Réponses aux questions tielle »). On peut noter le fort étalement urbain autour
des métropoles (« rural en voie de périurbanisation »).
OUVERTURE DE CHAPITRE p. 246-247 4. Les zones rurales à faible densité et peu dynamiques
(que l’on qualifie d’« hyper-rurales ») correspondent à
1. Avignonet-Lauragais est un village du sud-ouest de des zones de moyenne montagne et/ou à des régions
la France situé à proximité de Toulouse et du canal du plus ou moins enclavées comme le Massif central ou
Midi en Haute-Garonne. La photographie laisse bien les Cévennes. La diagonale qui va des Ardennes ou
apparaître le caractère rural de cet espace : noyau Pyrénées en représente le principal espace. Secon-
villageois ancien avec une faible densité d’habitat et dairement, les Alpes du Sud, l’intérieur de la Corse
dominante des composantes végétales : champs, par- mais aussi certains intérieurs de plaines et plateaux
celles de céréaliculture et nombreux arbres. en Bretagne et en Normandie appartiennent à cette
catégorie.
2. De nouvelles fonctions se sont imposées dans ce
paysage rural : production d’énergie renouvelable avec Mettre les cartes en relation
un parc de panneaux photovoltaïques et d’éoliennes,
mais aussi accueil de touristes (la légende évoque Ces deux cartes montrent une différenciation accrue
20 000 visiteurs par an attirés par la proximité du canal des espaces ruraux d’un point de vue économique et
du Midi et la beauté des paysages du Lauragais). démographique. Les campagnes proches des villes et
3. Cette photographie illustre bien la multifonction- à potentiel touristique et résidentiel connaissent une
nalité des campagnes françaises, car si l’agriculture forte attractivité et des transformations accélérées
reste l’activité structurante et dominante (en termes sous l’influence des villes, alors que les « campagnes
d’emplois et de paysages), de nouvelles activités se vieillies à très faible densité » sont fragilisées par la
sont progressivement affirmées dans le tissu rural : déprise rurale et des formes de paupérisation des
ici production d’énergie, tourisme (gîtes ruraux par populations. Elles correspondent à une agriculture
exemple). familiale en difficulté (polyculture et élevage) dans un
contexte d’économie de marché très concurrentiel.
Les trajectoires des espaces ruraux divergent donc
CARTES ENJEUX p. 248-249 fortement, d’où l’idée de fragmentation.

Analyser les cartes


ÉTUDE DE CAS
1. À l’échelle de la France, on peut noter l’opposition Les Cévennes, vers un territoire rural
entre deux systèmes agricoles très différents dans multifonctionnel ? p. 250-253
leurs objectifs et leur fonctionnement. D’un côté, on
trouve des régions agricoles intégrées à l’industrie
A. Les Cévennes, un espace rural
agroalimentaire (IAA) dans des domaines aussi diffé-
rents que la céréaliculture, l’élevage ou les produits montagnard pour les citadins ?
maraîchers et la viticulture. Elles se caractérisent par
la recherche de la performance économique, la pro- Analyser et confronter les documents
duction de masse afin d’exporter sur le marché mon-
dial. De l’autre côté, on trouve des régions d’agriculture 1. Les atouts qui expliquent l’attractivité des Cévennes
traditionnelle de petites et moyennes exploitations auprès des populations urbaines sont tout d’abord la
caractérisées par une faible productivité et l’insertion qualité des paysages et du cadre de vie rural. Cet attrait
est à la fois touristique (randonnées, tourisme vert) et
dans des filières plus spécifiques
résidentiel : cet espace apparaît comme une alterna-
2. Les régions agricoles les plus dynamiques se tive au mode de vie urbain jugé parfois trop stressant
trouvent dans le Bassin parisien et les plaines tou- et contraignant (longs déplacements quotidiens, coût
lousaines (céréaliculture), en Bretagne (élevage) et de la vie…). Les Cévennes offrent des opportunités
dans la vallée du Rhône ou le Bordelais (viticulture et d’accès à un logement à moindre coût, qu’il s’agisse
produits maraîchers). À l’inverse les régions de mon- d’un appartement HLM pour les populations urbaines
tagne comme le Massif central, les Alpes du Sud ou fragiles socialement ou de l’achat d’un pavillon dans
certaines régions « hyper-rurales » comme le Limou- une zone rurale proche des centres urbains. En effet,
sin ou les marges de polyculture du Bassin parisien se les Cévennes sont proches de centres urbains comme
caractérisent par leur faible productivité. Montpellier, Nîmes ou Alès, ce qui permet à certaines
3. Les zones rurales les plus dynamiques se trouvent personnes de continuer à travailler en ville tout en
à proximité des villes (zones périurbaines) et des lit- habitant à la campagne, perspective mise en avant par
toraux (« rural à attractivité touristique et résiden- un constructeur de maisons individuelles.
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Géographie 1re

2. Les profils des citadins qui s’installent dans cette lué. Ces activités induisent également une plus grande 2
région sont diversifiés : populations urbaines défavo- diversité du tissu économique, dominé jusque-là par r
risées pouvant avoir accès à des logements sociaux ou les activités agricoles, et la création de nombreux v
construisant des logements sans autorisation et sans emplois. d
payer d’impôts sur des terrains agricoles. À l’inverse, 2. Le texte montre un conflit d’usage assez classique t
la compagne de communication d’une entreprise de entre le secteur touristique en essor et les activi- 3
construction pour inciter des populations urbaines à tés agricoles. Les enjeux de ce conflit se concentrent 2
acheter des habitats pavillonnaires à Sumène (Gard) autour de l’accès à l’eau (considéré comme un « bien C
cible plutôt des ménages appartenant à la classe rare » dans la région) et des terres cultivables (l’au- d
moyenne (couples avec de jeunes enfants souhaitant teur dénonce une hausse des prix qui empêcherait de 3
accéder à la propriété). jeunes agriculteurs de s’installer). d
3. L’espace cévenol est transformé par ces instal- 3. Les enjeux et les missions du Parc national des m
lations principalement sous forme d’un mitage des Cévennes sont de parvenir à concilier activités écono- d
espaces naturels et agricoles, qu’il s’agisse de loge- miques et protection de l’environnement. Dans ce cadre, s
ments sociaux et d’habitats informels ou de lotisse- certaines activités permettant de stimuler le tissu éco- n
ments pavillonnaires en périphérie de village. nomique local (« tourisme durable », « agriculture res- (
4. La municipalité de Saint-Hippolyte-du-Fort sou- pectueuse de l’environnement et de la biodiversité »…) t
haite trouver un « équilibre » entre l’urbanisation et sont autorisées à l’intérieur de l’« aire d’adhésion », ce «
la nécessaire protection de l’environnement. Ainsi, elle que montre très bien la couverture du guide touristique 4
souhaite ne plus privilégier les habitats pavillonnaires (document 9), qui représente une activité pastorale tra- t
qui consomment beaucoup d’espaces et s’orienter vers ditionnelle permettant d’entretenir le paysage. Cette m
des constructions plus denses (« petits collectifs », conciliation est d’autant plus nécessaire que ce parc
e
« individuels groupés »). Elle souhaite également don- national est habité (120 communes, 67 000 habitants :
s
ner plus d’importance aux « circuits courts ». Il s’agit c’est le seul en France dans ce cas de figure). Il se situe
v
de permettre aux habitants de pouvoir consommer à proximité d’une zone de forte densité urbaine ce qui
C
sur place plutôt que d’utiliser l’automobile pour aller renforce son rôle de poumon vert.
t
dans les pôles urbains voisins. De même, à l’échelle du
l
département de la Lozère, différents acteurs tentent Conclure
o
de valoriser le potentiel touristique des Cévennes tout
Les différentes activités qui se développent dans les t
en mettant en avant les productions artisanales, ce qui
pourrait permettre de dynamiser le tissu économique Cévennes (tourisme estival, pôle mécanique d’Alès)
de cet espace rural. permettent de diversifier le tissu économique de cette C
région rurale qui devient multifonctionnelle. Cepen-
dant, ces activités peuvent créer des conflits d’usages L
Conclure s
pour l’eau et la terre, ici entre le tourisme et l’agricul-
Les Cévennes offrent la possibilité d’une vie différente ture. C’est pour éviter ce type de problèmes que le Parc l
aux populations urbaines grâce à des paysages de national des Cévennes a été créé : il tente de concilier i
qualité, un cadre de vie préservé et un accès à divers le développement d’activités économiques locales et la t
logements à moindre coût tout en restant proches des protection de l’environnement. C
pôles urbains. Cette attractivité transforme en profon- i
deur l’espace cévenol avec l’urbanisation des noyaux q
villageois conduisant au mitage des espaces naturels ÉTUDE DE CAS
et agricoles. La Bretagne, un « modèle » agricole B
en recomposition ? p. 254-256
B. Les Cévennes, un territoire rural A
en mutation A. Le « modèle » agricole breton contesté
1
l
Analyser et confronter les documents Analyser et confronter les documents
d
1. Les activités touristiques et le pôle mécanique d’Alès 1. La Bretagne a une forte spécialisation dans le sec- p
transforment les paysages car ils impliquent des amé- teur de l’élevage (pour la production de viandes ou de l
nagements lourds qui contrastent avec les activités lait). De nombreuses et puissantes entreprises agroa- a
agricoles traditionnelles. Les pistes de course entou- limentaires, françaises pour la plus grande majorité D
rées de petites entreprises ainsi que les campings d’entre elles, prolongent cette orientation. Aux pro- a
équipés de piscines représentent une nouveauté totale duits laitiers et aux viandes s’ajoutent les produits de a
dans des paysages qui avaient jusque-là très peu évo- la mer et une valorisation avec des plats cuisinés. d

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Géographie 1re

e 2. La Bretagne est une région majeure à cause du poids 2. La commune de Langouët a mis en place sur son
r relatif élevé dans la production nationale : 58 % de la territoire différentes mesures allant dans le sens
viande de porc à l’échelle nationale et plus d’un tiers du développement durable au niveau énergétique :
des volailles et des bovins français. Pour d’autres sec- centrales solaires, voitures électriques, logements
e teurs, elle occupe également une place importante : sociaux passifs… L’objectif des habitants de ce village
- 32 % de la production nationale pour la charcuterie et est aussi d’atteindre l’« indépendance alimentaire ».
t 22 % pour les veaux. Certains sites comme celui de 3. Cette exploitation située dans le Morbihan offre une
n Carhaix ont un rayonnement international (exportation perspective nouvelle dans le domaine de l’élevage :
de lait infantile en poudre dans le monde entier). associer à l’activité principale la production d’énergies
e 3. L’usine Synutra de Carhaix témoigne d’un mode renouvelables à partir de panneaux photovoltaïques et
de production productiviste par plusieurs aménage- de lisiers de volailles. Cette énergie permet de couvrir
ments et objectifs caractéristiques : site ultramo- les besoins de l’exploitation mais peut également être
- derne et gigantesque de production (qui contraste revendue, ce qui génère un complément substantiel de
, symboliquement avec les parcelles agricoles environ- revenus pour les éleveurs.
- nantes), financement chinois, production de masse
(120 000 tonnes de poudre de lait par an) et exporta- Conclure
tion à l’échelle mondiale. Elle témoigne ainsi d’une
Une partie du monde rural et agricole breton s’ins-
e « industrialisation de l’agriculture ».
crit dans une logique de transition écologique avec la
4. La conséquence la plus spectaculaire de l’agricul- multiplication des initiatives permettant de concilier
ture productiviste sur l’environnement est le phéno- activités économiques et respect de l’environnement :
e mène des « algues vertes » : le recours massif à des exploitations agricoles se tournant vers la production
engrais chimiques et la concentration d’élevages hors- d’énergies renouvelables, création de réseaux de vil-
:
sol porcins entraînent la prolifération d’algues qui lages visant l’indépendance alimentaire et énergé-
e
viennent s’accumuler sur certaines plages bretonnes. tique, montée en puissance de l’agriculture bio…
i
Ce phénomène génère de fortes nuisances, d’éven-
tuels problèmes sanitaires pour les riverains et péna-
lise également l’activité touristique. Un conflit d’usage COURS 1
oppose alors éleveurs et riverains lors d’une installa- Une renaissance des espaces
s tion ou d’un agrandissement de ce type d’ateliers. ruraux français ? p. 258-259

e Conclure
- Identifier la photographie
s La performance économique du modèle breton repose
sur l’adoption d’un système productiviste orienté vers 1. La commune de Treffieux se situe dans le départe-
la production de masse et adossé à une puissante ment de la Loire-Atlantique entre Rennes et Nantes.
industrie agroalimentaire assurant une part impor- La photographie a été prise à l’entrée du village (le
r panneau annonçant l’entrée de la commune est visible
tante de la production nationale et des exportations.
Cependant, ce « modèle » productiviste génère un à gauche), elle laisse apparaître quelques habitats et
impact très négatif sur l’environnement (algues vertes, l’église et, surtout, un panneau annonçant la construc-
tion d’un lotissement pavillonnaire.
qualité de l’eau, conflits d’usage…).
2. La municipalité qui met en œuvre ce projet insiste
sur deux aspects pour attirer d’éventuels acheteurs : le
B. Vers une transition rurale et agricole ? faible prix des terrains (35 euros le m2) et la proximité
avec deux métropoles régionales : Nantes et Rennes.
Analyser et confronter les documents 3. Le panneau met en valeur la proximité avec Rennes
et Nantes car de nombreuses personnes pourraient
1. On peut parler d’un essor de l’agriculture bio à
souhaiter s’installer dans ce village et, dans le même
l’échelle de la région à partir de l’exemple du village temps, travailler dans une de ces deux métropoles qui
de Langouët : cette commune de 602 habitants est concentrent de nombreux emplois. Ce village s’inscrit
- parvenue à créer un réseau de « 163 communes sur donc dans une logique d’essor de la fonction résiden-
e les cinq départements de la Bretagne historique » tielle fondée sur les mobilités pendulaires.
- adhérant aux principes du développement durable.
é De même, le réseau de l’« initiative Bio en Bretagne » Exercer un regard critique
a permis de fédérer des acteurs et des entreprises
autour de valeurs et pratiques communes (interdiction 4. Le dynamisme de Treffieux (dont la population a crû
du recours aux produits chimiques principalement). de 37 % entre 1990 et 2016) est étroitement lié au pro-
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Géographie 1re

cessus de périurbanisation qui se développe le long de toutes les campagnes ne connaissent pas de telles S
grands axes routiers comme les 2x2 voies reliant les transformations.
deux grandes métropoles que sont Rennes et Nantes. L
Or, de nombreuses communes rurales françaises ne c
bénéficient pas d’une telle situation, sont à l’écart des DOSSIER f
pôles urbains et donc ne bénéficient pas de ce dyna- Les espaces ruraux transformés r
misme. l
par la périurbanisation p. 262-263
c
Comprendre la photographie s
Prolonger le cours d
5. La photographie illustre la diversité des espaces
ruraux français car elle montre un type précis d’es- 1. Les espaces ruraux périurbains connaissent de
pace, proche de grands foyers urbains dont l’auréole profondes transformations du fait de l’influence des
périurbaine se dilate. Cependant, on ne peut en faire villes. La plus spectaculaire est visible dans les pay-
un cas général puisque de nombreux villages localisés sages, avec l’apparition récente de vastes zones d’ha-
dans des zones hyper-rurales connaissent au contraire bitats pavillonnaires au contact direct des espaces
des problèmes de stagnation ou de dévitalisation. ruraux (parcelles agricoles visibles sur les deux pho-
tographies). Que ce soit à Montbazon (Indre-et-Loire)
P
ou à Houtaud (Doubs), ces habitats pavillonnaires en 1
COURS 2 lotissements permettent à des ménages d’accéder à l
Des espaces ruraux la propriété individuelle avec des logements spacieux (
multifonctionnels p. 260-261 et moins coûteux, à une distance temps réduite des e
centres urbains en utilisant son véhicule individuel. c
On peut parler parfois de « marée pavillonnaire », ce l
Lire le texte que confirme l’évolution de la population de ces zones
2
hybrides : Montbazon est passé de 1 700 habitants à
1. Les espaces ruraux connaissent d’importantes f
4 000 depuis 1946, et Houtaud de 182 habitants à 1 000
transformations socioprofessionnelles : la part des e
sur la même période. Le rapport de l’Inra informe, à
actifs agricoles et ouvriers diminue alors que des d
l’échelle nationale cette fois, sur l’ampleur de ce pro-
urbains plus qualifiés viennent s’installer soit dans un c
cessus, responsable à lui seul de presque la moitié des
cadre périurbain, soit plus loin dans une optique plus c
nouvelles terres artificialisées récemment.
radicale de rupture avec le stress urbain ou de promo- p
tion d’une agriculture bio. 2. La phrase surlignée dans le document 4 met en h
avant les logiques qui poussent à l’artificialisation des e
2. La dynamique qui explique ces transformations est
sols en zone périurbaine : logements, infrastructures À
la densité des réseaux de transport (essentiellement
de transport, zones commerciales et zones d’activité p
routier et Internet) qui permet le lien avec la ville tout
adaptées par leur taille aux besoins économiques. Les c
en profitant d’un nouveau cadre de vie à la campagne :
zones périurbaines offrent de vastes espaces plats p
migrations pendulaires, télétravail, activité agricole
disponibles avec des coûts raisonnables, facilement (
liée aux marchés urbains (agriculture bio).
accessibles depuis les villes proches et bien reliées c
3. On parle de « gentrification » des campagnes car aux infrastructures de communications rapides.
certains « néoruraux » appartiennent en moyenne à s
L’exemple le plus emblématique est celui des zones à
des classes plus aisées que les habitants des cam- commerciales se développant en lisière des villes et
pagnes. m
qui offrent la possibilité d’aménager de vastes unités m
commerciales et des parkings facilitant l’accès des
Exercer un regard critique consommateurs en voiture. S
4. De nombreux espaces hyper-ruraux ne connaissent 3. Les deux principales conséquences de la périurba-
pas ces transformations et sont victimes au contraire nisation sont l’artificialisation des sols (anthropisation) L
d’un vieillissement démographique et de différentes et le mitage des espaces agricoles. Le pourcentage e
formes de paupérisation (faiblesse des retraites pour des sols artificialisés est passé de 7 % en 1992 à 9,5 % p
les agriculteurs notamment). en 2015. Dans le même temps, la surface des terres r
agricoles a été significativement réduite (de 62 % en l
1992 à 58,5 % en 2015). Les documents 1 et 2 montrent (
Comprendre le texte
bien ce mitage des espaces agricoles dont la surface a p
5. La nouvelle ruralité se manifeste par de nouveaux été réduite au profit de zones d’habitats pavillonnaires d
usages et la diversification des profils socio-éco- et de divers aménagements de transports (principale-
nomiques des populations : la part relative de la ment des ronds-points et des axes routiers assurant la
population agricole diminue sensiblement. Cependant, connexion avec les villes).

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Géographie 1re

s Synthèse
DOSSIER
Les espaces ruraux périurbains connaissent une forte La Guadeloupe. L’agriculture
croissance démographique qui se matérialise par la des territoires d’outre-mer p. 266-267
formation de vastes zones pavillonnaires à la périphé-
rie des centres urbains. Ils sont confrontés au défi de
l’artificialisation des sols, de la perte de terres agri- Prolonger le cours
coles fertiles ainsi que de la banalisation de paysages
1. L’agriculture en Guadeloupe est d’abord confrontée
sans âme de lotissements, de centres commerciaux,
à de fortes contraintes naturelles : reliefs de moyenne
de zones d’activités.
montagne, manque d’accessibilité et isolement spatial
lié à l’insularité. Ces contraintes ont comme consé-
s DOSSIER quence immédiate de renchérir les coûts de pro-
- L’avenir des espaces duction et surtout celui des transports. S’ensuit une
- hyper-ruraux français p. 264-265 situation de déprise agricole : les surfaces cultivées
s ont baissé de moitié entre 1972 et 2017 (de 6 000 hec-
tares à 3 000), le nombre d’exploitations agricoles a
Prolonger le cours également été divisé par deux au cours de la même
période (de 1 900 exploitations à environ 900). L’in-
1. Les espaces hyper-ruraux correspondent essentiel-
troduction du dossier mentionne aussi les handicaps
lement à des zones de montagne moins accessibles
x de l’éloignement des marchés et l’importance de la
(Massif central, Alpes du Sud, Pyrénées orientales…)
s concurrence internationale.
et/ou à des espaces isolés éloignés des centres urbains
comme les Ardennes, l’Orne en Normandie, la Creuse, 2. L’Union européenne est devenue un acteur incon-
le plateau bourguignon, etc. tournable de l’agriculture guadeloupéenne par son
s soutien financier et ses campagnes de promotion. La
2. Les espaces hyper-ruraux doivent tout d’abord faire
face à de véritables contraintes comme l’isolement légende du document 1 évoque ainsi le programme
0 POSEI, spécifique aux régions ultrapériphériques,
et le manque d’accessibilité. Cette situation entraîne
à qui vise à améliorer la « compétitivité économique et
des dynamiques spatiales négatives qui peuvent, dans
certains cas, correspondre à un cercle vicieux et à des technique des filières agricoles ». L’affiche montre que
conséquences en chaîne : déprise agricole, peu d’em- l’UE cherche à valoriser l’image de la filière agricole
plois, vieillissement de la population, désertification guadeloupéenne mais également d’autres régions
n humaine, fermeture des services publics voire, comme ultrapériphériques (RUP) par des campagnes de pro-
s en Eure-et-Loir, « déserts médicaux ». motion insistant sur le « développement durable » et la
« traçabilité » de ces produits.
À l’inverse, certains de ces espaces hyper-ruraux
peuvent mettre en avant d’indéniables atouts. C’est le 3. Le lancement de la banane équitable est mené par
cas tout d’abord avec la qualité de certains paysages un groupe d’acteurs locaux (« les producteurs de Gua-
s préservés qui possèdent un fort potentiel touristique deloupe et de Martinique ») qui ont créé une associa-
t (exemple de l’implantation d’un village vacances au tion dédiée : « l’Union des groupements de producteurs
cœur du Cantal). Ainsi, la ruralité de ces espaces peut de bananes ».
. se révéler très attractive pour des « néoruraux », c’est- 4. Le but poursuivi avec la création du label « Banane
à-dire des citadins désirant changer radicalement de française équitable » est de « garantir un revenu aux
t mode et de cadre de vie, ce qu’illustre la couverture du exploitants les plus modestes ». L’idée repose sur le
s magazine Village. fait que les consommateurs seront prêts à payer un
peu plus cher leurs produits (50 centimes au lieu
Synthèse de 45). Cette stratégie s’inscrit dans une politique de
- développement durable puisque les cultivateurs s’en-
) Les espaces hyper-ruraux désignent un important gagent à respecter des normes plus contraignantes.
e enjeu de développement en France car ils représentent Pendant très longtemps un pesticide cancérigène, le
plus de 40 % du territoire. Ils sont menacés de dépé- chlordécone, a été utilisé dans les bananeraies antil-
rissement. Leur développement peut s’envisager par laises, ce que n’évoque pas le dossier.
n la valorisation de leurs paysages naturels préservés
t (tourisme vert, accueil de néoruraux) mais cela sup-
Synthèse
pose qu’ils aient encore un minimum de population et
de services. Face à de nombreuses difficultés de nature géogra-
phique et économique, les agricultures des territoires
d’Outre-mer, et celle de la Guadeloupe en particulier,
peuvent s’appuyer sur des programmes spécifiques
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Géographie 1re

d’aide de l’Union européenne (soutien financier, cam- tiatives d’acteurs locaux, comme celle de l’Union des
pagnes de promotion, développement des filières groupements de producteurs de bananes, qui visent à
équitables…). L’Union européenne relaie ainsi des ini- mettre en avant la spécificité de leurs produits.

III. Corrigés du Bac

S’ENTRAÎNER AU BAC 23
Réaliser un croquis p. 268-269

Sujet : La France, des espaces ruraux multifonctionnels

Croquis : Des campagnes françaises aux fonctions diverses


Légende

Rubrique 1
Campagnes dynamiques
..............................
Manche
Lille proches des grandes villes
..............................

Bassin Metz
Parisien
Strasbourg Rubrique 2
Rennes Région Campagnes résidentielles
..............................
Bretagne parisienne Nancy et touristiques
..............................

Nantes
Rubrique 3
Campagnes agricoles
..............................
Massif et industrielles
central ..............................

Océan
Bordeaux Région
Atlantique lyonnaise
Rubrique 4
Alpes Campagnes vieillies à
..............................
Toulouse faible densité
..............................
Aix/Marseille
Côte
d’Azur

Pyrénées
Mer
Méditerranée
0 100 km

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Géographie 1re

s
S’ENTRAÎNER AU BAC 24 S’ENTRAÎNER AU BAC 25
Analyser deux cartes Rédiger une réponse à une question
topographiques p. 270-271 problématisée p. 272

Sujet : Des espaces ruraux multifonctionnels Sujet : La France, un espace rural ou des espaces
Les deux cartes topographiques représentent le même ruraux ?
lieu, le village de Cabestany situé dans la périphérie Les espaces ruraux français connaissent de profondes
sud-est de Perpignan (Pyrénées-Orientales), à deux transformations, souvent sous l’influence des villes
dates différentes : 1950 et 2018. Ces deux supports, proches. De nombreuses activités (tourisme, industrie)
quoique d’échelles différentes (1/50 000 en 1950, se sont ajoutées aux activités agricoles traditionnelles.
1/250 000 en 2018), permettent d’analyser les muta- Quelles sont les causes de ces transformations ? Quels
tions ayant profondément transformé cet espace rural sont les grands types d’espaces ruraux ? Peut-on
sur une période de presque 70 ans. encore parler d’un espace rural au singulier ?
La première carte montre un village dominé par ses Nous verrons dans un premier temps les facteurs de
fonctions agricoles : Cabestany en 1950 est un simple ces transformations à l’échelle nationale puis, dans un
bourg de 1 000 habitants au sud-est de Perpignan (à second temps, la diversité des espaces ruraux fran-
proximité du quartier Saint-Gaudérique), d’habitat çais.
groupé entouré de parcelles agricoles consacrées en
grande partie à la culture de la vigne. On peut ainsi Différents facteurs sont à l’origine de la transformation
repérer sur la carte le nom des plus importantes des espaces ruraux. Aujourd’hui, les campagnes sont
exploitations agricoles (qui prennent le nom de « mas » globalement attractives. Depuis 1975, elles gagnent de
dans le sud de la France) : Mas Bolouix, Mas Ferrer, la population avec des taux de croissance élevés (plus
Mas Moulinas… de 1 % par an depuis les années 2000). Cette crois-
sance est deux fois supérieure à celle des espaces
En 2018, la transformation de cet espace est spectacu-
densément urbanisés. Elle est principalement liée
laire : la surface urbanisée s’est très fortement éten-
à l’attractivité migratoire des communes situées à
due autour du bourg villageois, principalement à partir
de zones d’immeubles en barres et surtout d’habitats proximité des agglomérations, dans une logique de
pavillonnaires organisés en lotissements au détriment périurbanisation. De nombreux ménages recherchent
des parcelles agricoles, qui se sont quant à elles forte- dans ces espaces périurbains un cadre de vie jugé
ment rétractées. La population a été multipliée par plus agréable et des logements plus spacieux (pavillons)
de 8 (8 300 habitants). On peut noter la présence d’un du fait de prix immobiliers de plus en plus accessibles
important centre commercial à la lisière de Perpignan au fur et à mesure qu’on s’éloigne du foyer urbain. De
(le Mas Garido) et de services comme un centre médi- même, des campagnes plus éloignées peuvent attirer
cal par exemple. Cette forte transformation traduit un les populations urbaines en quête de « ruralité », en
processus de périurbanisation : de nombreuses per- particulier des retraités. Les résidences secondaires,
sonnes travaillant dans l’agglomération de Perpignan les activités de tourisme et de loisirs se développent
ont fait le choix de s’installer dans un village attractif dans des espaces ruraux bien reliés aux grands foyers
de la périphérie pour profiter d’un cadre de vie jugé urbains et bénéficiant d’aménités naturelles. On parle
agréable et de logements plus spacieux (pavillons) du dans ce cas de « renaissance rurale » pour désigner
fait de prix immobiliers accessibles. Cette « marée ces espaces ruraux redynamisés par l’arrivée de nou-
pavillonnaire » fait de Cabestany un espace hybride : velles populations et le développement de nouvelles
on y trouve une continuité et une densité de l’habitat, activités. L’espace rural peut également attirer des
la présence de services (centres commerciaux, centre catégories de population plus aisées à la recherche
médical, écoles…) – éléments caractéristiques d’une d’une meilleure qualité de vie pour leurs projets fami-
ville – mais cet ensemble reste dominé, d’un point de lial et professionnel. Ce sont des cadres supérieurs,
vue paysager, sur ses marges par des paysages agri- des chefs d’entreprise qui peuvent utiliser le télétra-
coles. vail ou qui sont très mobiles. Dans ce cas, on parle de
Du fait de la diversité des activités présentes, on peut « gentrification rurale ».
parler d’un espace rural « multifonctionnel ». La Si les espaces ruraux sont plus souvent multifonction-
périurbanisation est un facteur essentiel de la trans- nels, ils sont toujours agricoles. Les mutations des
formation des campagnes françaises, systèmes productifs agricoles ont également participé
à la transformation des espaces ruraux. Les espaces
agricoles français intégrés aux marchés internationaux
sont devenus de grands bassins de production spécia-
lisés avec des exploitations plus grandes ou hors-sol,
9 © Magnard, 2019 89
Géographie 1re

sous l’impulsion des firmes agroalimentaires et de la de citadins et de leurs dépenses. On trouve ce type
politique agricole commune (PAC), comme en Bre- d’espace rural dans les régions bénéficiant d’aménités
tagne pour l’élevage. La remise en cause du modèle naturelles et/ou d’une bonne connexion aux réseaux de
productiviste se traduit par des exploitations recher- transport (littoraux méditerranéen et atlantique, vallées
chant une proximité des consommateurs via la vente urbanisées du Rhône, de la Garonne…). Le maintien
directe, une différenciation par des labels de qualité d’une agriculture durable et de qualité y est décisif.
(AOC, IGP) ou une agroécologie plus respectueuse de Enfin, les espaces ruraux isolés (ou « hyper-ruraux »)
l’environnement (produits bio). Toutes ces mutations représentent 8 % de la population sur plus de 40 % du
contribuent à différencier les espaces ruraux. territoire français. Ils sont marqués par le vieillisse-
On peut distinguer différents types d’espaces ruraux ment de la population, l’isolement, la faiblesse des
en fonction de leur activité dominante. Tout d’abord, revenus (inférieure à la moyenne nationale). Ils consti-
les espaces ruraux périurbains ont connu une crois- tuent un dossier majeur pour l’aménagement du terri-
sance spectaculaire. On peut parler de « campagnes toire, et le désengagement des services publics (école,
des villes » tant les liens avec celles-ci sont forts : gare, poste) est une question extrêmement sensible.
les échanges sont nombreux entre les cœurs des Ainsi, des dispositifs comme les zones de revitalisation
agglomérations et les zones peu denses (mobilités rurale visent à enrayer le processus de désertification,
quotidiennes de travail, accès aux services, circuits mais les projets d’aménagement se heurtent parfois à
alimentaires de proximité, usages récréatifs et tou- des contestations.
ristiques, gestion des déchets et des ressources). Ces Sous l’influence de facteurs très variés (périurba-
espaces périurbains sont toutefois remis en cause du nisation, renaissance rurale, mutation des activi-
fait de leur coût environnemental élevé lié à l’étale- tés agricoles…), les espaces ruraux français se sont
ment urbain. Certaines campagnes sont multifonc- profondément transformés et connaissent des tra-
tionnelles, à la fois agricoles et industrielles ; elles jectoires et des dynamiques contrastées à tel point
occupent 20 % des emplois, en particulier dans le nord que l’on parle de « fragmentation rurale ». Dans ce
et le nord-est du pays. L’activité industrielle est le fait contexte l’aménagement durable de ces territoires
des industries agroalimentaires (IAA) et de petites et apparaît indispensable mais les visions agricoles et
moyennes entreprises (PME). néorurales de ces espaces divergent, générant des
Ensuite, les espaces ruraux touristiques, de résidences conflits d’usages et des contestations. Même dans les
secondaires ou de retraites, tirent parti de la présence esprits, il n’y a plus un espace rural !

90 © Magnard, 2019
Géographie 1re

e
s
Thème conclusif L
 a Chine : des recompositions spatiales
multiples
s

I. Mise en œuvre de la question. . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 91


) II. Réponses aux questions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 93
III. Corrigés du Bac. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p. 96
-

- I. Mise en œuvre de la question


Le programme
n Thème
Contrairement aux trois premiers thèmes, le programme ne propose pas pour le thème conclusif plusieurs séries
à
de questions, ni de question spécifique sur la France, ni de sujet d’étude de cas. Son traitement dans le manuel
est également spécifique, avec des cartes repères, des cartes enjeux, trois cours prolongés par des dossiers et
les entraînements Bac.
Commentaire
t
- La Chine est un pays où les évolutions démographiques et les transitions (urbaine, environnementale ou énergé-
t tique) engendrent de nombreux paradoxes et suscitent des recompositions spatiales spectaculaires.
Les évolutions démographiques, les migrations des campagnes vers les villes, la surexploitation des ressources,
la pollution, l’ouverture et l’insertion de plus en plus forte dans la mondialisation accentuent les contrastes ter-
t ritoriaux.
s
Problématique générale
s
À travers l’exemple de la Chine, la question conclut le thème majeur du programme de Première sur « les dyna-
miques d’un monde en recomposition ».
Notions clés
L’objet du thème conclusif est de réinvestir les notions majeures des thèmes précédents de Première Seconde,
aussi bien celles du développement, des transitions démographique ou énergétique que de la métropolisation ou
de la littoralisation des espaces productifs par exemple.

La mise en œuvre dans le manuel


Leçon 1 – Poursuivre le développement sur de nouvelles bases
Problématiques
• Comment dépasser le stade d’« atelier du monde » ?
• Comment faire face au vieillissement démographique ?
• Comment réduire les inégalités sociales et spatiales héritées du développement accéléré ?
Pages supports Documents
Cours 1, p. 280-281 Doc : Chongqing, l’ambition d’une « nouvelle Shanghai » pour la Chine intérieure,
Chine, les nouveaux défis : développement p. 274-275.
et inégalités Doc 1 : Les « nouvelles routes de la soie », une nouvelle phase de l’ouverture
Dossier, p. 282-283 depuis 2013 ?, p. 278.
Aménager la Chine à grande vitesse Doc 2 : Ouverture et recomposition du territoire, p. 279.
Dossier, p. 284-285 Doc 1 : Les enjeux majeurs du plan « Made in China 2025 », p. 281.
« Nouvelles routes de la soie », nouvelles ambitions
Doc 2 : Relancer la natalité pour enrayer le vieillissement ?, p. 281.
Dossier, p. 126-127
L’iPhone d’Apple, une chaîne de valeur mondialisée Doc 3 : Les transformations économiques et sociales en 10 ans, p. 281.

Dossier, p. 128-129 S’entraîner au Bac 26 : La Chine, organisation du territoire et recompositions


Les géants du numérique chinois, des ambitions spatiales, p. 294-295.
mondiales

9 © Magnard, 2019 91
Géographie 1re

Leçon 2 – Le territoire chinois entre transitions et recompositions I


Problématiques
• Quelles sont les conséquences spatiales de la transition urbaine ?
• Quelles sont les mutations de l’agriculture et des espaces ruraux ?
• La révolution des réseaux : quels effets pour l’aménagement du territoire ? A
Pages supports Documents
1
Cours 2, p. 286-287 Doc 1 : La région métropolitaine de Hong Kong / Guangzhou (Canton) : un fonc-
Chine, un territoire en permanente recomposition tionnement polycentrique, p. 63.
c
Doc : Shanghai, la ville gagne sur les campagnes : un espace périurbain au ser- d
Dossier, p. 288-289
Shanghai, métropole de l’ouverture sur le monde vice des loisirs de riches citadins chinois et des touristes, p. 190-191. l
Doc 2 : Vue aérienne du bourg de Xinba de la ville de Yangzhong, p. 192. p
Doc 1 : Une urbanisation galopante aux dépens des terres agricoles en Chine, p. 217.
Doc : Chongqing, l’ambition d’une « nouvelle Shanghai » pour la Chine intérieure, r
p. 274-275. n
Doc : La Chine, les contrastes de peuplement, p. 277. t
Doc 2 : Ouverture et recomposition du territoire, p. 279.
V
Doc 4 : Shenzhen, du village de pêcheurs à la « Silicon Valley » chinoise, p. 287.
Doc 5 : Une ville nouvelle à la campagne pour désengorger Beijing, p. 287. 2
S’entraîner au Bac 26 : La Chine, organisation du territoire et recompositions «
spatiales, p. 294-295.
m
l
Leçon 3 – Les enjeux du développement durable et des ressources a
Problématiques p
• Comment faire face à la crise environnementale ? a
• Quelle transition énergétique est envisagée ? p
• Comment sécuriser l’approvisionnement en ressources ? 3
Pages supports Documents t
Cours 3, p. 290-291 Doc 1 : Les « nouvelles routes de la soie », une nouvelle phase de l’ouverture m
Chine, les défis des ressources et du développement depuis 2013 ?, p. 278. P
durable Doc 3 : L’impact écologique du développement accéléré, p. 279. v
Dossier, p. 292-293 Doc 7 : Le Sud, la solution des problèmes d’eau du Nord ?, p. 291.
Doc 6 : Liuzhou Forest City, ville forestière anti-pollution en construction depuis
l
La Chine face au défi de la transition énergétique
2017 dans la province du Guangxi, p. 291. a
S’entraîner au Bac 27 : Les défis environnementaux de la Chine, p. 296-297. p
d
Ressources documentaires récentes 4
d
BIBLIOGRAPHIE et sitographie p
p
-- S. Colin, La Chine puissance mondiale, La documentation photographique, n° 8108, 2015.
d
-- J.-F. Huchet, La Crise environnementale en Chine, Presses de Sciences Po, 2016. s
-- S. Colin, « Chine : trajectoire et défis d’une puissance économique, un espace en permanentes mutations, t
puissance mondiale », in Géopolitique de l’Asie, Coll. Nouveaux continents, Nathan, 2017. f
-- L. Carroué, Atlas de la mondialisation, Éd. Autrement, 2018. d
-- Ramsès 2019, Les chocs du futur, Ifri, Dunod 2018. 5
-- T. Sanjuan, Atlas de la Chine, Éd. Autrement, 2018. d
-- Géoconfluences : « La Chine : des recompositions spatiales multiples » : http://geoconfluences.ens-lyon.fr/ d
programmes/classes/ressources-pour-le-lycee-gt/ressources-programmes-1ere-generale l
-- Géoconfluences, « La Chine, la modernisation encadrée d’un territoire global » : http://geoconfluences.ens-lyon. 6
fr/informations-scientifiques/dossiers-regionaux/la-chine/articles-scientifiques/la-fin-des-trois-chine Y
-- Geochina, site de Thierry Sanjuan, nombreuses ressources en ligne : http://geochina.fr/ l
-- N. Rouiaï, L. Margueritte, « Chine : des inégalités sociales persistantes » : t
www.areion24.news/2018/10/06/chine-des-inegalites-sociales-persistantes/ N
-- L’Agence française de développement, année franco-chinoise de l’environnement sous le signe de la r
« civilisation écologique » : p
www.afd.fr/fr/annee-franco-chinoise-de-l-environnement-sous-le-signe-de-la-civilisation-ecologique e
d

92 © Magnard, 2019
Géographie 1re

II. Réponses aux questions Mettre les cartes en relation


Le développement accéléré de la Chine depuis les
CARTES ENJEUX p. 278-279 années 1980, avec l’ouverture des provinces mari-
times, a accentué les disparités entre l’Est, l’intérieur
Analyser les cartes et l’Ouest. Une Chine côtière fortement urbanisée et
insérée dans la mondialisation, mais aussi marquée
1. Le développement accéléré de la Chine est l’un des par les séquelles environnementales du dévelop-
changements majeurs intervenus dans l’espace pro- pement, s’oppose à une Chine de l’Ouest restée en
ductif mondial. Avec les « nouvelles routes de la soie », marge. Les « nouvelles routes de la soie » et les autres
la Chine, qui était devenue l’« atelier du monde », se politiques de rééquilibrage territorial, en favorisant
projette à son tour dans le monde et d’abord vers l’Eu- l’insertion, à leur tour, des provinces intérieures dans
rope, l’Afrique et les régions d’Asie, traversées par de la mondialisation, annoncent peut-être la réduction de
nouvelles routes terrestres jusqu’en Europe occiden- ces inégalités entre les « trois Chines ».
tale et de nouvelles routes maritimes allant jusqu’à
Venise en Europe, Mombasa en Afrique.
COURS 1
2. Les nouvelles routes peuvent constituer une
« ouverture » pour les provinces intérieures, notam- Chine, les nouveaux défis :
ment avec les liaisons ferroviaires vers la Russie et développement et inégalités p. 280-281
l’Europe (Chongqing-Duisburg par exemple) mais
aussi avec le développement des couloirs de dévelop- Lire les graphiques
pement vers l’Asie du Sud, l’océan Indien en ouvrant un
accès plus direct sur les toutes maritimes sans passer 1. Selon les critères retenus pour les documents, le
par les provinces côtières chinoises. nombre de personnes disposant d’un capital important
(très riches) a explosé en 10 ans (x 12) et le nombre
3. Le développement accéléré s’est réalisé par l’ouver-
de personnes en état d’extrême pauvreté a diminué
ture des provinces côtières qui en ont tiré avantage au
(divisé par 3).
maximum avec aujourd’hui l’essentiel de l’activité, le
PIB/hab. le plus élevé, le développement des grandes 2. La comparaison des situations patrimoniales entre
villes et de trois métropoles mondiales. En allant vers la ville et la campagne montre de très fortes inégali-
tés avec une valeur trois fois plus élevée en ville par
l’intérieur, on remarque un moindre développement
rapport à la campagne. Le document ne montre pas
alors que l’Ouest continental du pays est un espace
l’évolution de cet écart en 10 ans.
périphérique en retrait marqué. C’est le phénomène
dit des « trois Chines » 3. La comparaison avec le modèle du capitalisme montre
en Chine une concentration de la richesse au profit d’une
4. La carte montre quelques aspects de la politique
minorité (1 % de la population) tout à fait comparable à la
de rééquilibrage mise en œuvre par les autorités
situation américaine (légèrement plus forte même).
pour rendre attractives les provinces intérieures :
promotion de villes intérieures comme villes relais
Comprendre les graphiques
de développement (Chongqing, Chengdu, Xian
sont les principales), aménagement d’infrastruc- 4. Il y a eu enrichissement de la société et notamment
tures modernes (en particulier un réseau de lignes amélioration de la situation des populations les plus
ferroviaires à grande vitesse), aménagement du bassin défavorisées, dont le nombre a beaucoup diminué en
du Yangzi entre Shanghai et Chongqing. 10 ans. L’enrichissement semble cependant avoir sur-
5. La carte présente deux types de pollutions héritées tout profité à une minorité (plus de 43 % de la richesse
de la forte croissance : la pollution de l’air notamment est détenue par 1 % ; explosion du nombre de très
dans les villes, et la pollution des eaux intérieures et riches) et aux villes où le patrimoine moyen est trois
littorales. fois plus important que dans les campagnes.
6. C’est surtout la partie nord-est du territoire, du
Yangzi à la Mandchourie, qui est touchée par les pol- DOSSIER
lutions, notamment dans les grandes régions indus- Aménager la Chine
trielles et urbaines de Mandchourie et entre Beijing et à grande vitesse p. 282-283
Nanjing. Tout le territoire chinois, sauf l’Ouest périphé-
rique, est au-dessus du seuil de dangerosité de l’OMS Prolonger le cours
pour la pollution aux particules fines. La pollution des
eaux côtières touche surtout la mer jaune et le littoral 1. En une dizaine d’années, la Chine a construit le plus
de part et d’autre de Shanghai. grand réseau mondial de lignes à grande vitesse :
9 © Magnard, 2019 93
Géographie 1re

la rapidité et l’ampleur de ce déploiement justifient gétiques, d’accéder à de nouveaux marchés, d’ajouter s


l’emploi du terme de « révolution des transports ». Le les voies terrestres aux voies maritimes pour expor- e
réseau est dense dans les provinces côtières entre les ter ses marchandises (exemple du Yuxinou entre s
grandes métropoles, mais il étend aussi sa toile dans Chongqing et Duisbourg). 5
la Chine centrale. La Chine de l’Ouest, peu peuplée, 3. Les nouvelles routes ferroviaires partent des villes d
reste encore peu concernée, à part pour de grandes intérieures ou traversent les provinces intérieures de p
lignes transversales vers l’ouest (Ürümqi) ou le sud- la Chine. Par les « corridors de développement », elles m
ouest. permettent aussi de rejoindre la ceinture maritime d
2. Les nouvelles liaisons LGV mettent en valeur les (exemple du Pakistan). Elles favorisent le développe- s
villes de la Chine intérieure, qui devient désormais ment de ces provinces chinoises restées souvent en
plus attractive. On y trouve une main-d’œuvre meilleur marge de l’ouverture des années 1990.
marché, plus mobile désormais, et de l’espace dispo- 4. Pour beaucoup de partenaires, c’est un nouveau
nible par rapport au littoral. La partie intérieure de la facteur de développement (voir l’Éthiopie ou l’Italie en
Chine dispose aussi de ressources. Ainsi, des entre- 2019), mais d’autres pays sont beaucoup plus réser-
prises ont commencé à migrer vers ces provinces vés ou hostiles, suspectant une forme d’impérialisme.
désenclavées. Le développement des régions inté- L’Inde dénonce les initiatives chinoises au Pakistan et P
rieures est ainsi favorisé par le regain de croissance la stratégie du collier de perles, tout en regrettant l’ab-
apporté. sence de réaction américaine vu l’isolationnisme affi- 1
3. La connexion au réseau LGV répond aussi à une ché par le président Trump. d
logique politique, puisque le pouvoir centralisé chinois s
cherche ainsi à renforcer le contrôle sur les minorités Synthèse b
ethniques présentes dans les régions périphériques. d
Avec les « nouvelles routes de la soie », la Chine montre d
Synthèse des ambitions, des besoins et des moyens révélateurs m
La généralisation du réseau LGV à l’ensemble du de son accession au statut de grande puissance écono- 2
territoire chinois est l’un des outils de recomposi- mique et non plus seulement d’« atelier du monde ». é
tion spatiale en faveur des provinces intérieures. La (
Chine a longtemps été caractérisée par un dévelop-
pement économique et spatial à trois vitesses. La COURS 2
Chine littorale dite « utile » a pu bénéficier des meil- Chine, un territoire
leurs aménagements pour s’ouvrir et s’insérer dans la en permanente recomposition p. 286-287
mondialisation, creusant les inégalités avec la Chine
intérieure et périphérique. La construction du réseau
LGV est l’un des nouveaux outils de rééquilibrage et de
Lire le texte
contrôle du territoire. 1. Pour aménager Xiong’an, les autorités ont choisi
une zone rurale à 100 km de Beijing au milieu de
plusieurs villages : « petite route de campagne »,
DOSSIER « champs de blé ». Les activités des habitants ne se
« Nouvelles routes de la soie », limitent pas aux travaux agricoles : production d’em-
nouvelles ambitions p. 284-285 ballages plastiques, textile, « doudounes destinées au
marché russe ». À proximité des grandes métropoles
l
Prolonger le cours de l’Est (100 km à l’échelle chinoise), la campagne
C
semble aussi concernée par les changements et l’ou-
c
1. Le projet « BRI » est un vaste programme d’amé- verture du pays.
f
nagement d’infrastructures de communications, ter- 2. Le projet de ville nouvelle est d’envergure :
restres et maritimes destiné à renforcer les liaisons 2 000 km², 20 fois Paris, avec les infrastructures les S
entre la Chine, l’Afrique et l’Europe et favoriser le déve- plus modernes (LGV en construction).
loppement de la Chine et des partenaires du projet. Le S
3. La ville nouvelle doit permettre à la capitale de
projet est d’envergure : 65 partenaires au départ, 55 % C
mieux maîtriser sa croissance démographique, de
du PIB mondial, 70 % de la population mondiale, 75 % e
limiter son étalement spatial et les nuisances asso-
des réserves énergétiques. s
ciées (pollutions, demande excessive en eau…).
2. Le projet est facteur de croissance économique pour t
la Chine dont les banques et les entreprises assurent Comprendre le texte
le financement et la réalisation des chantiers (voir
l’exemple de l’Éthiopie). Il permet aussi à la Chine, par 4. Les grandes métropoles sont aujourd’hui victimes
exemple, de sécuriser ses approvisionnements éner- d’une croissance accélérée qui a engendré toutes

94 © Magnard, 2019
Géographie 1re

sortes de problèmes de concentration démographique


- et économique, de circulation, de pollution, de res-
COURS 3
sources. Chine, les défis des ressources
5. Les autorités semblent vouloir reprendre le contrôle et du développement durable p. 290-291
s de l’urbanisation, favoriser la déconcentration de la
e population et de l’activité, rééquilibrer le développe- Identifier la carte
ment du territoire. Mais le document ne dit rien du
e devenir des habitants et des activités des villages du 1. La carte montre une forte opposition entre la Chine
site choisi, à part que « tout va disparaître ». du Sud-Est, qui dispose d’abondantes ressources en
n eau, et la Chine du Nord-Est, où les ressources sont de
plus en plus faibles en allant vers le nord et les régions
u
DOSSIER arides de Mongolie par exemple.
Shanghai, métropole de l’ouverture 2. La concentration de population et d’activités agri-
- sur le monde p. 288-289 coles et industrielles aggrave la situation dans la
Chine du centre-est et du nord-est par la consomma-
t Prolonger le cours tion d’eau qu’elle induit.
3. Les autorités essaient de répondre aux besoins du
- 1. Par sa transformation spectaculaire en quartier Nord-Est (notamment de Beijing et Tianjin) en orga-
d’affaires futuriste en face du quartier historique, en nisant d’importants transferts d’eau depuis le Sud. Le
seulement quelques dizaines d’années, Pudong sym- coût élevé de l’eau transférée conduit en fait à conti-
bolise le développement accéléré de la Chine en phase nuer d’épuiser les ressources locales dans le Nord.
de devenir la première puissance économique mon- En même temps, les captages peuvent entraîner des
diale. Sa skyline est digne des plus grandes métropoles pénuries de la ressource au Sud.
s mondiales, avec ses multiples gratte-ciel.
- 2. Shanghai est un moteur essentiel de la puissance Comprendre la carte
économique chinoise par ses activités productives
(bénéficiant du statut de ZES) et commerciales (1er port 4. Les grands aménagements participent à une poli-
mondial). C’est la principale place financière du pays tique habituelle de l’offre pour répondre à l’augmen-
et la première métropole chinoise avec ses 23 millions tation de la demande, mais ce choix n’entraîne pas de
d’habitants. changement dans la gestion de la ressource et donc
3. Shanghai joue un rôle de premier plan dans l’ou- n’apparaît pas comme une solution durable.
verture chinoise depuis les années 1990, avec la zone
économique spéciale de Pudong, agrandie en 2003 et
complétée par une zone pilote de libre-échange depuis DOSSIER
i 2013. L’exposition universelle de 2010, la création d’un La Chine face au défi
e Grand prix F1, l’ouverture d’un « Disneyland » en 2016
,
de la transition énergétique p. 292-293
sont autant de signes révélateurs du rayonnement
e mondial de Shanghai.
- Prolonger le cours
4. Le rayonnement de Shanghai s’étend sur toute
la Chine mais plus particulièrement sur le delta et 1. Les nouvelles installations (la centrale solaire
s
le grand axe intérieur de la vallée du Yangzi jusqu’à comme la centrale nucléaire type « EPR ») sont révé-
e
Chongqing, la plus grande municipalité autonome latrices des nouvelles orientations en faveur des éner-
chinoise, point de départ de l’une des nouvelles routes gies décarbonées pour réduire les émissions de CO2
ferroviaires de la soie. parmi les plus importantes du monde.
:
s 2. Entre 2009 et 2017, on peut noter un double tour-
Synthèse nant pour le charbon, dont la consommation diminue
Shanghai joue un rôle de tout premier plan pour la en valeur relative depuis 2009 et en valeur absolue
e à partir de 2015. Parallèlement, on peut relever une
e Chine par son statut de première métropole chinoise
et de ville mondiale parmi les toutes premières, par augmentation en valeur absolue des hydrocarbures
son rôle de moteur du développement au centre du lit- et des énergies renouvelables. En 2017, les énergies
toral chinois et pour tout le bassin du Yangzi. fossiles ont encore un poids considérable dans le mix
énergétique : 86 % dont 60 % pour le charbon.
3. D’après les prévisions de BP, la consommation
s totale devrait croître d’ici 2040 (+ 30 %), le charbon ne
s représentant plus qu’un tiers du total mais les éner-
9 © Magnard, 2019 95
Géographie 1re

gies fossiles pour les deux tiers. La Chine n’en aurait Synthèse
donc pas terminé avec les énergies fossiles.
La Chine a pris officiellement la tête de la lutte mon-
4. Le document 2 montre la difficulté pour la Chine de
diale contre la pollution et le changement climatique
se passer du charbon et, surtout, l’application très iné-
avec des manifestations spectaculaires de dévelop-
gale des nouvelles consignes lorsque dans certaines
pement des énergies renouvelables. L’évolution de
régions la pression sociale est faible face aux intérêts
la consommation de charbon semble s’être inversée
charbonniers.
mais non celle des hydrocarbures. De plus, des freins
au changement persistent de la part des lobbys char-
bonniers. Dans ces conditions la transition énergé-
tique risque de traîner en longueur.

III. Corrigés du Bac

S’ENTRAÎNER AU BAC 26
Réaliser un croquis p. 294-295

Sujet : La Chine, organisation du territoire et recompositions spatiales

Croquis : La Chine, organisation du territoire et recompositions spatiales


d
s
r
5
Harbin d
EUROPE Mer l
du t
Japon
p
Ürümqi
Beijing
d
Tianjin
t
▲▲

Xinjiang
e

Océan l
ASIE CENTRALE ang He
Lanzhou
Xi’an Hu t

ET MÉRIDIONALE Shanghai
t
▲▲▲▲

Pacifique
Wuhan Hangzhou

zi
Chengdu Yang
Tibet Chongqing
ESPACE MONDIAL
Guangzhou
Xijian g Shenzhen
▲▲

Hong Kong



Mer de Chine
0 500 km méridionale

1. La Chine littorale intégrée 2. L’espace intérieur en cours de recomposition


à la mondialisation
Espaces intégrés et industrialisés
Grande conurbation – +
Rééquilibrage du territoire vers l’Ouest
Littoral urbain, portuaire Aménagement
Métropole relais du Grande ville
▲▲

et industriel ouvert du Yangzi


sur l’océan mondial développement vers l’Ouest
Axe de communication modernisé
Exportations Ouverture des « Nouvelles routes de la soie »

96 © Magnard, 2019
Géographie 1re

S’ENTRAÎNER AU BAC 27 Face à ce défi environnemental et sanitaire majeur,


le document 2 donne une piste de réponse à l’échelle
- Analyser une carte et un texte p. 296
d’une de ces métropoles littorales, Shenzhen, située
e dans le sud du pays dans la première zone urbaine de
- Sujet : Les défis environnementaux de la Chine
la planète, le delta de la rivière des Perles. Les auto-
e Les documents sont une carte thématique, intitulée rités municipales ont mis en place une politique de
e « La Chine à bout de souffle » et réalisée à l’échelle des lutte contre cette pollution atmosphérique en adop-
s grandes métropoles d’après des statistiques du maga- tant une nouvelle politique de transports. Les trans-
- zine économique Enjeux-Les Échos de novembre 2014, ports en commun (bus) ont été les premiers visés et
- et un extrait d’article publié sur le site du journal les moteurs diesel ou à essence ont été remplacés
belge Le Soir en décembre 2018. Ce second document par des moteurs électriques. L’objectif annoncé est de
est quant à lui à l’échelle d’une de ces métropoles, réduire les émissions annuelles de dioxyde de carbone
Shenzhen. Tous deux mettent en évidence un problème de 440 000 tonnes. Dans cette perspective, la seconde
environnemental majeur auquel doit faire face la Chine étape va concerner les taxis (très nombreux dans la
et aborde un élément de réponse à ce problème. ville, 22 000) qui eux aussi vont devoir adopter les
Le document 1 met en évidence un environnement moteurs électriques.
fort dégradé en prenant l’exemple des particules Cette politique volontariste montre bien que certains
fines présentes dans l’air. À partir de cet indicateur, acteurs locaux prennent désormais à bras-le-corps
le constat est alarmant pour la santé des Chinois : ces problèmes environnementaux. L’exemple de
alors que le seuil maximal préconisé par l’OMS est de Shenzhen n’est pas forcément représentatif car la ville
35 microgrammes par m3 d’air, toutes les métropoles est désormais une vitrine technologique du pays, sorte
des provinces littorales dépassent très largement ce de « Silicon Valley » à la chinoise.
seuil. Ainsi, la ville de Harbin située en Mandchou-
Par ailleurs, les deux documents se focalisent sur la
rie (nord-est du pays) atteint un chiffre record de
pollution de l’air par les particules fines. Or, il ne faut
521 microgrammes de particules par m3 d’air, c’est-à-
pas oublier qu’il existe de nombreux autres problèmes
dire environ 15 fois le seuil maximal recommandé par
environnementaux en Chine : fortes émissions de CO2
l’OMS ! L’autre métropole la plus polluée est la capi-
(1er rang mondial), pollution des fleuves par les plas-
tale Pékin, avec un chiffre de 432 microgrammes de
tiques et les rejets industriels, raréfaction de la res-
particules par m3 d’air, suivie par la ville portuaire de
source en eau, pollution des sols, mitage des espaces
Tianjin, avec 212 microgrammes de particules par m3
agricoles proches des villes…
d’air. Toutes les autres métropoles du littoral ont des
taux de concentration compris entre 165 (Hong Kong) L’exemple des particules fines présentes dans l’air est
et 209 (Nankin). Cette cartographie de la pollution de cependant représentatif des défis environnementaux
l’air coïncide avec celles de l’urbanisation et de l’indus- auxquels la Chine doit faire face et de la volonté de cer-
trialisation (centrales au charbon, chauffage domes- tains acteurs publics de mettre en place des politiques
tique, transports, usines). allant dans le sens d’un développement plus durable.

9 © Magnard, 2019 97

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