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Gargantua chapitre 23 p102 ligne 19 à 42

Lecture linéaire du texte de bac 6

Ponocrates, le nouveau maître de Gargantua, après avoir établi le constat des dégâts causés par l’éducation des
sophistes, a décidé de purger son élève ; il va désormais pouvoir mettre en place une éducation humaniste ; nous
allons étudier dans cet extrait le début de la journée de cette nouvelle éducation.

Le texte se présente sous la forme d’un emploi du temps.

La journée débute « vers 4h du matin », heure de lever ordinaire pour les étudiants à l’époque mais en rupture avec
l’heure de la précédente éducation où il se levait entre 8 et 9heures cf p91. On relève la présence du verbe conjugué
à l’imparfait « s’éveillait », imparfait d’habitude (temps auquel seront conjugués les autres verbes du texte) qui
indique la mise en place d’un déroulé désormais routinier et structuré.

La 1ère activité est celle qui occupera le plus de temps : la lecture. On retrouve d’ailleurs un champ lexical
afférant : « on lui lisait » l20,l25 puis l38,39 « lecture » associé à une durée conséquente « par 3 bonnes heures » ;
comme Gargantua est un noble + un prince, il est entouré de personnes à son service ; c’est le cas du page
Anagnoste, jeune noble en formation dont le nom signifie « lecteur » en grec ; ce qui fait référence à l’importance
des langues et culture de l’Antiquité pour les Humanistes.

On note le lexique positif associé à la lecture « voix haute et clairement » qui met en valeur le texte lu, à savoir la
Bible « l’Ecriture sainte » (mise en valeur aussi par la majuscule) les expressions « la majesté et le jugement
merveilleux qui rendent hommage à Dieu vont dans le même sens ; cette place essentielle de la religion n’est pas
étonnante pour l’époque (Rabelais fut moine) car le savoir est indissociable de la morale et de la religion. On voit à
travers les 4 infinitifs l24 que l’élève s’applique.

Sans transition si ce n’est temporelle (puis l26), Rabelais passe au corps et même au bas du corps « vider les résidus
naturels » ; c’est un procédé comique qui naît de la concomitance du corps et de l’âme (il vient de consacrer
plusieurs lignes à la religion) ; du bas (au privé l 26) et du haut (avec la hauteur de réflexion nécessaire à travers les 2
superlatifs l27/28) ;

Le comique naît aussi de l’omniprésence du précepteur auprès de son élève puisqu’il poursuit son enseignement
même en ce lieu « privé » !

De façon récurrente, on peut noter que tous les moments sont utilisés et que bien souvent Gargantua fait plusieurs
choses en même temps.

Mais on remarque aussi les qualités pédagogiques de son maître qui a le souci de la bonne compréhension de son
élève : on note les verbes : répéter et expliquer l27.

Il propose aussi des supports innovants et concrets avec l’observation du ciel et des astres l 29 et une activité de
comparaison (à la l30« avec ce qu’ils avaient noté la veille »).

C’est au corps que les lignes suivantes vont être consacrées ; à travers les 5 participes passés de la l32, l’attention se
porte sur l’hygiène qui laissait fort à désirer dans l’ancienne éducation.

Et on retrouve 2 activités simultanées « pendant ce temps l 31 : une pour le corps (la toilette), une pour l’esprit (« on
lui répétait les leçons du jour précédent » ; donc, comme c’est la 2ème fois que l’on rencontre ce verbe, on en déduit
que le maître a le souci de construire le savoir, de permettre à l’élève de faire un lien, un fil conducteur entre chaque
leçon.

On note d’ailleurs l’implication de Gargantua qui ne se contente pas l 34 du « par cœur » : il s’approprie la leçon
morale en y « appliqu[ant] quelques cas pratiques » ; il est donc acteur/actif dans son apprentissage comme en
témoigne le pronom « lui-même ». L34. Comme à la l29, on peut relever la 3 ème personne du pluriel « ils étendaient,
ils arrêtaient » qui souligne le duo, le lien entre le maître et l’élève, leur proximité et leur bonne entente. Il ne faut
pas s’étonner de la durée (l36) car la toilette d’un géant prend un certain temps. C’est aussi un comique
d’exagération de la part de Rabelais : ce programme éducatif est gigantesque et de ce fait irréaliste ! il traduit
l’appétit de savoir.
A nouveau, comme au début du texte, on « lui faisait la lecture » l38 (le « on « représentant le maître) ; la durée de
« 3 bonnes heures », renforcée par l’adjectif « bonnes » indique le sérieux de ses études mais renvoie aussi à un
temps dilaté à la mesure du géant Gargantua.

Enfin, pour varier les apprentissages, on s’intéresse à nouveau au corps ; le mouvement vers l’extérieur avec les
verbes « ils sortaient, se déplaçaient » l40 souligne une nouvelle étape dans le programme après un moment plus
statique lié à la lecture : la dimension ludique n’est pas oubliée comme en témoigne l’énumération des jeux l41.

Ainsi le parallélisme de construction (exerçant les corps/ exercé les âmes l42) met l’accent sur un aspect essentiel de
l’éducation humaniste : on s’intéresse au corps et à l’esprit. La dimension physique est aussi importante que la
dimension intellectuelle.

Ccl :

Ce programme éducatif est complet, varié :

- il donne une place centrale à la religion et sa morale

-il veille à poser des cadres stricts mais aussi à éveiller l’élève qui ne doit pas être passif

- il s’occupe autant du corps que de l’esprit 

Cf Juvénal, poète latin  :« mens sana in corpore sano » : un esprit sain dans un corps sain

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