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Abstract
Discourse Analysis and Socio-criticism. Points of convergence and divergence between heterogeneous disciplines
An analysis of the places and people exercising either discourse analysis or socio-criticism, of the concepts and notions they
use, and of the objects they study, shows that the main divergence between the two disciplines concerns their corpuses.
Rosier Laurence. Analyse du discours et sociocritiques. Quelques points de convergence et de divergence entre des
disciplines hétérogènes. In: Littérature, n°140, 2005. Analyse du discours et sociocritique. pp. 14-29 ;
doi : https://doi.org/10.3406/litt.2005.1908
https://www.persee.fr/doc/litt_0047-4800_2005_num_140_4_1908
Analyse du discours
et sociocritiques
INTRODUCTION
Ce sillon ne nous semble pas avoir été creusé par les analystes
français du discours (si nous mettons à part les travaux de Robin et de
Mitterand): est-ce dû à l'objet même «littérature»? Est-ce dû aux
structurations institutionnelles qui ont soit associé progressivement AD et théories
de l' information/communication, soit intégré l'AD dans les sciences du
langage plutôt que dans les «sciences» du littéraire? Le titre du colloque
organisé à Cerisy par Ruth Amossy et Dominique Maingueneau en 2002
révélait non pas un antagonisme mais une séparation (qu'elle soit
instituée ou contournée): L'apport de l'analyse du discours: un tournant dans
les études littéraires? reformulé pour la publication L'Analyse du discours
dans les études littéraires, comme si l'AD était plus ou moins intégrée
aux études littéraires, ce qui revient à un englobement inverse de celui
que nous citions au début de notre article.
Une autre personnalité à avoir pris à bras le corps les rapports
entre AD et SC est le belge Marc Angenot. Professeur titulaire à
l'Université McGill de Montréal (Département de langue et littérature
françaises), il a dirigé de 1990 à 1997 le «Centre interuniversitaire d'analyse du
discours et de sociocritique des textes à Montréal» (avec notamment
Régine Robin). Ses recherches sont situées explicitement en analyse du
discours et en sociocritique; il y ajoute une dimension rhétorique et
argumentative, qui est fondamentale dans la conception qu' Angenot a de
l'AD. Dans son article intitulé «Analyse du discours et sociocritique du
texte» (Duchet 1998), il expose les avantages d'une alliance AD et SC,
illustrée par les travaux menés dans son groupe de recherche.
Paradoxalement, cet article sonne un peu le glas d'un projet initié par Angenot,
Robin et Gomez-Moriana puisqu'il indique en note
Ce centre de recherche a été très actif entre 1990 et 1997. Le malheur des
temps et les coupures budgétaires ont eu raison de lui. Il publiait la revue
discours social/social discourse qui, elle aussi, a disparu en 1997.
C'est par le biais de la littérature, délaissée selon lui par l'AD, que
l'alliance avec la sociocritique est nécessaire, mais une littérature à saisir
comme un genre parmi d'autres genres, donc «défétichisée». Ce sont
bien là des échos explicitement bakhtiniens: L'esthétique de la création
verbale ne disait pas autre chose, afin de saisir «l'immense rumeur de ce
qui se dit et s'écrit dans une société» (Angenot, op. cit., 140).
Sur le plan des observables, la manière dont Angenot appréhende
le discours est un cadre sociologique c'est-à-dire qu'il pose des objets à
construire, qui ne préexistent pas à la recherche: qu'il s'agisse d'un lieu
médiologique comme le café-concert, de pratiques de discours comme la
parole pamphlétaire ou «Ce que l'on dit des Juifs en 1889» ou encore
d'étude des idéologies comme le ressentiment, l'analyste va construire 19
un objet qui s'apparentera à un «genre» discursif: c'est le discours
... . LITTÉRATURE
social (nous y revenons au point concernant les concepts). n°i4o-déc.2oo5
ANALYSE DU DISCOURS ET SOCIOCRITIQUE
LES CORPUS
EN GUISE DE CONCLUSION
plines liées non pas à leur théorie mais à leur objet. Projet idéologique,
méthodes, références théoriques, chercheurs faisaient pourtant de l'AD
et de la SC des partenaires naturels.
C'est donc moins dans le déplacement notionnel et conceptuel que
dans la question des nouveaux corpus que l'AD et la SC peuvent s'allier.
Et c'est sur ces quelques questions ouvertes que nous clôturerons cet
article: quel intérêt l'AD a-t-elle à s'atteler à la littérature, non pas
seulement noble mais « triviale»? Quel intérêt la SC a-t-elle à se détacher
de son objet privilégié (ce qu'elle a fait d'ailleurs vers d'autres
sémiologies comme le cinéma)? Quelle nouvelle alliance fonder pour
construire de nouveaux observables? A quel(s) déplacement s) théorique(s)
ces nouveaux corpus donneront-ils lieu?
Bibliographie
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N°LITTÉRATURE
140 -DEC. 2005