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SIC et Littérature

Serge Bouchardon, serge.bouchardon@utc.fr


maître de conférences en SIC, Université de Technologie de Compiègne, COSTECH
Oriane Deseilligny, oriane.deseilligny@iutv.univ-paris13.fr
maître de conférences en SIC, Université Paris-Sorbonne, GRIPIC/CELSA

Mots-clés : SIC, études littéraires, littérature, écriture, lecture, texte, dispositif.

Introduction
Dans son article « La prétention sémiotique dans la communication » (Jeanneret, 2007), Yves
Jeanneret avance de manière assez polémique qu’« on ne peut faire de bonne sémiotique sans se
faire théoricien de la communication ou que les sciences de la communication dignes de ce nom
sont sémiotiques. » Pourrait-on avancer, de manière analogue, qu’on ne peut faire de bonne
recherche en théorie littéraire sans se faire en même temps théoricien de la communication, ou
que les les sciences de l'information et de la communication ont tout à gagner à se nourrir de
théorie littéraire ?

Parmi les chercheurs qui se sont investis - à des degrés divers - dans le projet fondateur des
sciences de l’information et de la communication en 1972, des personnalités qui ont fait école ont
déjà été identifiées (Tétu, 2002). Robert Escarpit, Roland Barthes, Oswald Ducrot ou Algirdas
Julien Greimas font partie de ceux qui ont marqué intellectuellement les orientations de la
discipline. Certes issus de formations et de champs scientifiques différents, et bien que leur
influence ait été variable à l'endroit des méthodes et des paradigmes aujourd’hui mis en œuvre en
SIC, ces figures importantes constituent des référents incontestés dans les travaux scientifiques,
en sémiologie de la communication1 ou en analyse du discours mais pas seulement, loin s'en faut.
On conviendra que la suite de l’évolution des SIC se distingue par une profusion de
questionnements qui prennent parfois leurs distances par rapport à certaines des figures présentes
aux premières réunions du Comité pour les sciences de l'information et de la communication dans
les années 1970.

Fondateur majeur de la discipline, mais aussi professeur, chercheur, journaliste, écrivain, Robert
Escarpit a eu un parcours intéressant, de la littérature – spécialiste de Byron – aux sciences de
l'information et de la communication. Son attachement à explorer les rapports entre la littérature,
ses dispositifs de socialisation, ses formes et les pratiques sociales des lecteurs a largement
contribué à ouvrir des terrains de recherche vivaces. Récusant le « discours sur le discours » que

1
« Il est généralement admis que les littéraires ont joué un rôle pour nourrir un courant sémiologique de la discipline Sic :
sémiologie des grands médias, analyse des discours. La sémiologie est même privilégiée dans les « genèses littéraires » des
sciences de la communication, car d’autres liens importants se sont noués via la sociologie de la littérature et l’analyse des
instances critiques », écrit Yves Jeanneret (Jeanneret, 2007).
produisaient selon lui les études littéraires à travers l'analyse d'oeuvres littéraires2 – alors qu'il
avait lui-même enseigné la littérature comparée – Escarpit a développé une pensée du livre et de
la littérature comme des objets et des actes de communication. Du reste, le titre de ses ouvrages
explicitait cette volonté de tracer un nouveau sillon, à la frontière de deux champs jusque là
dissociés. Sociologie de la littérature, paru en 1957, réédité, traduit de nombreuses fois, s'inscrit
dans un point aveugle de la recherche d'alors : celui qui s'appuie sur la littérature non pas
considérée comme « catégorie » mais comme « phénomène » (Escarpit, 1973, p.6). Au sein de
l'ILTAM c'est moins de « littérature » qu'il parlera que de « fait littéraire ». Ses analyses du livre
de poche et du best-seller pointent les évolutions des pratiques de la lecture, mais aussi de l'offre
éditoriale et des publics de lecteurs. Penser la littérature, c'est avant tout étudier ses modes de
production, de diffusion et de circulation symbolique et matérielle au sein de la chaîne du livre et
de l'écrit. De fait, on pourrait qualifier aujourd'hui son approche de socio-économie du livre et de
l'édition3. Actuellement, nombre de travaux explorent ces rapports entre pratiques éditoriales,
formes de l'écrit, dispositifs médiatiques et symboliques et pratiques culturelles, dans des
contextes différents, mais dans une perspective communicationnelle.

Notre propos n'est pas pour autant ici de nous interroger sur les origines des SIC, moins encore de
les situer dans le champ littéraire. Discutant l'approche de Jean-François Tétu (Tétu, 2002),
Robert Boure a souligné la part « mythologique » qui pouvait entourer une telle conception :
« Finalement, au regard des critères statutaires (...), il apparaît nettement que l’origine littéraire
des SIC fait partie des idées reçues et transmises (en tout cas pour une partie du champ) qui ont la
vie d’autant plus dure que leur cristallisation sociale n’est jamais démontrée » (Boure, 2007,
p.274). Si le retour historique sur l'évolution de la discipline se donne comme un besoin
notamment sur le plan épistémologique4, certains chercheurs5 pointent toutefois la difficulté
d'écrire l'histoire d'une discipline jeune, tout comme la tentation plus ou moins consciente d'un
récit hagiographique ou encore celle de produire une histoire officielle. Mais dans la mesure où
le terrain est déjà balisé (Tétu, 2002 ; Boure, 2007) et discuté6, nous n'aborderons pas ce dialogue
entre SIC et littérature du point de vue historique de l'origine disciplinaire des chercheurs ou de
l'offre de formations présente à l'université. Nous privilégierons plutôt une analyse - trop rapide
sans aucun doute, et nécessairement partielle - fondée sur le travail des concepts d'une discipline
à l'autre et sur la manière dont études littéraires et SIC se saisissent - en écho, en complémentarité
ou en rupture - d'objets scientifiques et les construisent. Nous souhaiterions en effet nous
prononcer ici sur la nécessité d'un étroit dialogue scientifique entre théorie de la littérature et

2
« La littérarité se situe dans la lecture, dans la manière de lire, dans la manière de recevoir le message écrit. C'est une idée qui
s'est imposée à moi de plus en plus fort, et j'ai publié dans une revue yougoslave un article qui s'intitule : L'acte littéraire est-il un
acte de communication ? C'est la première fois que le mot communication apparaît sous ma plume. Cela se situe avant 1958. Un
jour, je suis rentré chez moi en disant à ma femme : ce n'est pas possible, je ne vais pas continuer avec ce métier d'imbécile qui
consiste à faire des discours sur les discours des autres, et ce, pendant toute une carrière. Je veux comprendre des choses,
comprendre des mécanismes. » dit-il à ses interlocuteurs dans l'entretien qu'il accorde à Jean Devèze, Anne-Marie Laulan et Jean-
Luc Michel en 1992. Entretien disponible sur http://www.cetec-info.org/jlmichel/Textes.Escarpit.92.html
3
Et les éditeurs ( à commencer par Paul Angoulvant, le sien aux PUF), lui en furent reconnaissants : " Il a sauté jusqu'au plafond
et m'a dit : « mais c'est le livre que nous attendions, nous les éditeurs, nous les gens du livre. Il faut le dire, il faut le répéter. »
Entretien avec Robert Escarpit, 1992.
4
Voir par exemple le discours prononcé par Bernard Miège lors du XVIe Congrès de la SFSIC, en juin 2008, intitulé "De retour à
Compiègne, 30 ans après. 5 propositions". Le "besoin d'histoire" est sa première proposition. Disponible en ligne sur
http://gresec.u-grenoble3.fr/archives/2007-2008/jourjour.htm ( Page consultée le 30 avril 2010)
5
Voir par exemple Stéphane Olivesi, « A propos de l’institutionnalisation des SIC. Pour une histoire « localisée » », Questions de
communication, 12, 2007, pp. 203-225.
6
Voir à cet égard le dossier "L'histoire des Sciences de l'Information et de la Communication", Questions de communication, 12,
2007, pp.133-226. Plusieurs articles reviennent sur l'approche de R. Boure, en discutent ou en prolongent les conclusions.
théorie des SIC pour penser des objets scientifiques mobilisant des concepts et éventuellement
des terrains à la croisée des deux disciplines.

A cet égard, ces dernières années, plusieurs initiatives d'échanges entre SIC et études littéraires
ont vu le jour, à travers l'organisation conjointe de colloques, la mise en place de réseaux de
recherche ou à travers l'intégration assumée de chercheurs issus des deux disciplines dans un
même programme7. En tout état de cause, le dialogue entamé ne se réduisait pas à une
segmentation par type de corpus (littérature traditionnelle vs littérature numérique), par méthode
ou par objet (le texte littéraire, la Littérature vs les formes d'écriture médiatiques ou amateurs). La
réalité des pratiques des chercheurs et les modalités de construction méthodologique des objets
scientifiques soulignant à l'envi la stérilité de tout réductionnisme. Ces manifestations
scientifiques ne sont certes pas légion, mais elles ont en commun une posture d'ouverture
réciproque, de dialogue théorique et méthodologique qui nous semble heuristique et que nous
souhaitons esquisser ici. Il ne s'agit pas de résumer ce que nous avons pu entendre ou lire ici ou
là, mais de proposer des bases bien modestes à une discussion favorisée par une période réflexive
des SIC et par un congrès de la SFSIC résolument orienté sur le « coeur et les lisières des SIC ».

1- Des concepts en mouvement

Un dialogue de concepts

Nous proposons un schéma (cf. figure 18) qui vise à montrer comment certains concepts
communs aux deux disciplines sont travaillés voire transformés dans chacune d'entre elles. C'est
évidemment un exercice périlleux qui prêtera le flanc à toutes les critiques, mais qui peut avoir à
notre sens une valeur heuristique. Précisons que la représentation en cercles est commode sur le
plan visuel mais qu'elle ne présume pas de champs délimités et circonscrits. Les pointillés
suggèrent ici le renouvellement permanent et la dynamique qui s'exerce au sein de chaque
discipline. Par ailleurs, les propriétés sémiotiques d'un tel schéma font apparaître ce qu'il y a
entre, le commun, plus que la circulation. Or notre objectif est moins de mettre en évidence du
commun entre les deux disciplines que de la complémentarité ou du dissensus, en tout cas de la
circulation de concepts. Dans le texte qui suit, nous ne commenterons pas l'ensemble du schéma
mais nous concentrerons sur certains concepts.

7
Citons, à titre d'exemple le colloque « Les médiations de l'auteur. Le cas de l'écrivain », organisé par le CREM (SIC), à
l'université de Metz, qui avait bien montré l'apport communicationnel à la notion de médiation, appréhendée ici dans le champ des
pratiques littéraires d'écriture, d'édition et de publication. De même, le colloque « Un "genre" blog? », qui s'est tenu en juin 2008 à
l'université Paris 13, organisé par un laboratoire de litérature, le CENEL, était pensé comme un espace d'échanges entre études
littéraires et SIC. Le rapprochement entre les départements de lettres et de communication de l'université Paris Sorbonne s'est
concrétisé par ailleurs par l'organisation conjointe d'un colloque intitulé "Poésie et médias au XXe siècle" en octobre 2008.
D'autres manifestations à venir, telles le colloque « L'auteur en réseau, les réseaux de l'auteur. Du livre à Internet » (juillet 2010)
font la part belle aux échanges entre chercheurs des deux disciplines.
8
Le schéma est accessible au format jpg à l’adresse suivante : http://www.utc.fr/~bouchard/SFSIC/schema-article-sfsic-2010.jpg
Etudes Littéraires SIC

style d’écriture écriture pratique d’écriture

théories de la lecture lecture pratiques de lecture, usages

textualité texte message, discours et média

manuscrit support dispositif

intertextualité circulation intermédialité, trivialité

"forme fixe" (ex. sonnet) forme formes, format

langue signe code, média

contrat de lecture contrat contrat de communication

genre, canon littéraire norme conventions de la communication

littérarité, esthétique valeur valeur informationnelle


et communicationnelle

narration récit récit médiatique,


storytelling

Figure 1. Les concepts en études littéraires et en sciences de l’information et de la communication.


Lecture, lecteur

La notion de « lecture » est présente dans les deux disciplines. Les études littéraires s'appuient sur
différentes théories de la lecture. On peut mentionner l'une des plus connues, la théorie du
« lecteur modèle » d'Umberto Eco en sémiotique littéraire (Eco, 1985). Dans ces théories, la
lecture réelle n'est en général pas abordée, au profit d’une théorie de la lecture, c’est-à-dire de la
définition du lecteur compétent ou idéal, le lecteur que prévoit le texte. La méfiance pour le
lecteur est ainsi – ou a été – une attitude largement partagée dans les théories littéraires,
caractérisant aussi bien le positivisme que le formalisme, le New Criticism que le structuralisme.
Le lecteur empirique gêne ces différentes approches, que ce soit à l’auteur ou au texte qu’elles
préfèrent s’attacher. Dans le même esprit, l'« esthétique de la réception » que développe Jauss
articule la lecture programmée par le texte, celle que l'énonciation construit, avec la notion
d'« horizon d'attente » (Jauss, 1978). Pourtant, dans un ouvrage récent, J. Lyon-Caen et D. Ribard
(Lyon-Caen, Ribard, 2010) pointent deux déplacements majeurs dans la compréhension que les
études littéraires ont eu ces dernières décennies du processus de réception. Rompant avec l'idée
d'un lecteur inscrit dans le texte, le premier déplacement conduit à envisager la lecture comme
une activité créatrice (Fish, 1980 ; de Certeau, 1990). Théoriciens du texte9 et historiens ont ainsi
introduit l'idée d'une liberté du lecteur. Le second déplacement relève également des travaux
d'historiens, du livre et des pratiques de lecture cette fois-ci. R. Chartier et D.F. McKenzie ont
contribué à attirer l'attention des littéraires sur la matérialité des formes du livre, sur leur
« fonction expressive » et sur la multiplicité des pratiques de lectures. Du panorama qui est
esquissé dans cet ouvrage, nous retiendrons l'idée d'un glissement, au sein du champ littéraire,
d'une théorie du texte à une approche historique des pratiques de lecture qui s'est accompli ces
dernières années, à la faveur de recherches issues de l'historiographie et de la sociologie des
textes.

Les SIC, quant à elles, ne s'appuient pas à proprement parler sur des théories de la lecture, mais
plutôt sur des théories de l'usage et du détournement (Perriault, 1989). On retrouve en SIC cette
faveur accordée à l'idée de « braconnage » proposée par Michel de Certeau (De Certeau, 1980). A
rebours d'une toute-puissance de l'auteur sur son oeuvre ou d'une interprétation biographique des
textes telle que la pratiquait un Sainte-Beuve, Michel de Certeau avance que les lecteurs rusent,
braconnent, qu'ils sont profondément inventifs par rapport au texte mais aussi par rapport à
l'institution qui pourrait surdéterminer leur interprétation. On notera toutefois qu'en dehors de la
lecture, l'approche de Michel de Certeau innerve également les recherches sur les usages des
médias, sur la sociologie de la réception. On peut faire l'hypothèse que les travaux sur la
réception des médias, bien implantés dans les recherches américaines notamment depuis les
années 1940 et qui constituent des fondamentaux des théories de l'information et de la
communication, ont sans doute favorisé l'installation solide de telles approches en SIC.

Au sein des SIC, Robert Escarpit a été l'un des premiers chercheurs, dès les années 1950, à
identifier le lecteur comme l'un des acteurs du processus de communication qu'était pour lui la
littérature : « (...) on le sait très bien, en littérature il y a les écrivains (on parle beaucoup de leur
biographie), il y a les œuvres (on parle beaucoup des œuvres bien sûr) et il y a un troisième

9
Autre théoricien largement convoqué par les deux disciplines, Barthes soulignait déjà dans Le plaisir du texte le plaisir du
lecteur à rompre le rythme du récit pour lui imposer celui d'une lecture avide, brûlante, capricieuse : « Ce que je goûte dans un
récit, ce n'est donc pas directement son contenu ni même sa structure, mais plutôt les éraflures que j'impose à sa belle enveloppe :
je cours, je saute, je lève la tête, je replonge » (Barthes, 1973).
personnage dont on ne parle jamais qui est le lecteur ! »10. Collaborant avec Henri-Jean Martin
dans un bilan du livre français en 1972, Escarpit écrit : « Ce que le lecteur motivé achète à la
librairie ou emprunte à la bibliothèque, ce n'est pas un ensemble de feuilles brochées, ce n'est
même pas un texte ou une œuvre, c'est un moyen de dialogue, c'est un interlocuteur » 11. Escarpit
travaille ainsi à décrire les différents publics de lecteurs, la manière dont ils se saisissent du « fait
littéraire » et de cette « machine à lire » qu'est pour lui le livre. Ce dernier devient, plus qu'un
objet, un dispositif inscrit dans un système plus global de production et de diffusion, un système
de communication de masse dont Escarpit s'attache à montrer les évolutions.

Citons une autre approche de la lecture en SIC, celle qui s'intéresse aux discours culturels et
politiques instituants. Par rapport aux théories littéraires de la lecture ou du lecteur, à l'analyse
culturelle des pratiques et des publics telle que la développent depuis longtemps la sociologie de
la réception ou les enquêtes sur les publics de bibliothèques, ou encore par rapport à l'histoire de
la lecture, l'analyse des médiations de la lecture dans l'espace public s'interroge sur les
fondements contemporains des discours sur la lecture, sur les valeurs et les injonctions qu'ils
véhiculent - un « devoir-lire » notamment - et sur les figures de lecteur qu'ils construisent et font
circuler. Sont ainsi mises au jour « la tension et le frottement entre le discours de la politique
publique et des manifestations agies » (Bonaccorsi, 2009, p. 62).

On voit bien ici la tension mais aussi la complémentarité des deux approches, du lecteur implicite
et du lecteur empirique, d'une théorie de la lecture, d'une analyse des discours institutionnels et
des pratiques de lecture. Apparaissent également, au-delà des divergences de point de vue
(théorie du texte vs histoire des pratiques de lecture vs étude des usages), des auteurs communs
aux deux disciplines.

Écriture

La notion d'écriture sera plutôt abordée en études littéraires notamment sous l'angle du « style
d'écriture » d'un auteur, des motifs et des formes qui le composent, alors qu'en SIC on
s'intéressera davantage aux « pratiques d'écriture » ou à une sémiotique de l'écriture.

Ceci dit, la notion de « style » n'est pas toujours allée de soi en théorie littéraire. Celle-ci l'a
souvent contestée, ainsi que la validité de la stylistique (l'étude du style). Ainsi la description
linguistique des textes littéraires (par exemple l'article célèbre de Jakobson et Lévi-Strauss sur
« Les Chats » de Baudelaire, en 1962) visait à se débarrasser de l'illusion du style. La notion de
style repose en effet sur l'idée de pouvoir dire la même chose sous des formes différentes : mais
n'est-ce pas en fait dire autre chose ? Pourtant, cette notion de style, qui concerne la relation du
texte et de la langue, si elle semble abandonnée en tant que norme (le bon style), garde une
certaine fécondité, comme le note Antoine Compagnon, sous trois aspects : en tant que variation
formelle sur un contenu, en tant qu'ensemble de traits caractéristiques d'une œuvre permettant
d'en identifier l'auteur, en tant que choix entre plusieurs « écritures » (Compagnon, 1998, p. 208).

10
Entretien de Robert Escarpit avec Jean Devèze et Anne-Marie Laulan, réalisé en 1992, à l'occasion des 20 ans de la SFSIC.
Entretien disponible sur
http://www.cetec-info.org/JLMichel/Textes.Escarpit.92.html (page consultée le 7 mai 2010)
11
Cain Julien, Escarpit Robert, Martin Herni-Jean, Le livre français. Hier, aujourd'hui, demain, Paris, Imprimerie Nationale,
1972, p. 18.
La notion de « style » reste peu présente en SIC, alors que celle de « pratique » est peu abordée
en études littéraires. La qualité du style d'un écrivain est l'un des éléments qui permet de
distinguer la Littérature de genres « mineurs », d'« écritures ». La question de la qualité ou de la
valeur esthétique ne se pose pas en SIC dans la mesure où l'écriture est envisagée du point de vue
de ceux qui la font, en articulation avec une réflexion sur le dispositif de communication qui la
promeut et les formes et formats qui en organisent la diffusion : écritures professionnelles,
écritures journalistiques, écritures « ordinaires » (blogs, sites web), écritures hypertextuelles
seront plus volontiers étudiées sous l'angle des métamorphoses médiatiques qui les concerne et
du jeu qui s'établit entre mimétisme et innovation, entre prescription technique et créativité
artistique.

Yves Jeanneret définit, dans la lignée des travaux d'Anne-Marie Christin, l'écriture de façon très
large comme « les moyens que l’homme a inventés de rendre la langue visible »12. Il distingue
trois approches de l’écriture : l'écriture comme système signifiant, l'écriture comme processus et
l'écriture comme ressource intellectuelle. Ce qu'il appelle une « sémiotique de l'écriture » serait
un effort pour articuler les trois, pour penser ensemble formes, pratiques et supports. Selon lui,
« l’écriture est le cas typique de la communication médiatisée par l’objet matériel »13. En
réfléchissant sur l’écriture, on réfléchit très précisément sur ce qu’est un média, ce qu'il autorise
comme double processus conjoint de saisie et d'action, sur son rôle dans la construction
d'imaginaires de la communication, et sur son insertion dans « une économie plus large de
pratiques symboliques » (Jeanneret, 2008, p. 68) associant valeurs véhiculées, procédures mises
en place, discours et formes instituantes.

Écriture/lecture

Dans la préface de son livre S/Z (Barthes, 1970), Roland Barthes parle des textes « scriptibles »
par opposition aux textes « lisibles ». Le deuxième type offre des textes clos, univoques et invite
à une lecture passive, sans efforts. A l’opposé, le texte « scriptible », plus difficile, plus ouvert,
semble solliciter du lecteur une réécriture ; il invite le lecteur à participer à la construction du
sens. Roland Barthes exprime le souhait de passer des textes lisibles aux textes scriptibles. Par là,
il met en place l'idée d'une solidarité étroite entre l'activité de lecture et celle d'écriture. Or, ce
thème d'« écriture-lecture » prend une acuité particulière dans les travaux actuels sur les médias
informatisés, sur la littérature numérique, notamment hypertextuelle. S’appuyant sur cette
distinction entre textes lisibles et textes scriptibles, Jean Clément définit ainsi l’hypertexte
comme un « texte scriptible » ; l’activité de lecture d’un hypertexte pourrait alors, selon lui, être
qualifiée elle-même d’énonciation. Citant Michel de Certeau qui cherche à opposer la ville
comme lieu à l'espace urbain comme parcours, Jean Clément avance que « la spécificité de
l'hypertexte est qu'il institue une énonciation piétonnière » (Clément, 1995). Le parcours du
lecteur dans l'hypertexte, unique et inédit, étant par là fondamentalement créateur. Au-delà, toute
manipulation, circulation, appropriation des textes relève d'un processus conjoint d'écriture-
lecture. Les dispositifs contemporains de publication numérique tels que les blogs, les CMS14 en

12
Dans un entretien intitulé « La sémiotique de l’écriture », octobre 2005 :
http://www.archivesaudiovisuelles.fr/FR/_video.asp?id=813&ress=2643&video=96734&format=68#10481 (Page consultée le 10
mai 2010)
13
Ibid.
14
Content Management System ou système de gestion de contenus (par exemple SPIP).
sont des exemples vivaces puisque l'une et l'autre activité y sont liées dans l'offre technique et
logistique et dans les usages afférents. La lecture devient écriture lorsqu'elle s'énonce sur un
forum, sur un blog, sur un wiki, renversant les équilibres éditoriaux antérieurs, issus de l'imprimé
notamment.

Texte

Les études littéraires, même si elles se sont penchées sur la dimension graphique d'œuvres telles
que celles de Mallarmé ou d'Apollinaire, s'intéressent avant tout au texte dans sa dimension
linguistique. En 1972 pourtant, Barthes avait proposé une conception élargie du texte : « le Texte
déjoue toute typologie culturelle (…) même si la réflexion sur le Texte commence à la littérature
(c’est-à-dire à un objet constitué par l’institution), le Texte ne s’y arrête pas forcément : partout
où une activité de signifiance est mise en scène selon des règles de combinaison, de
transformation et de déplacement, il y a du Texte. Ainsi le Texte ne saurait se restreindre aux
productions écrites, mais concerne tout un champ qui fait intervenir et qui combine des signes,
des images, des objets » (Barthes, 1972, p.1-5). Introduisant un dossier consacré à la notion de
texte, il soulignait aussi la matérialité inhérente à cette conception du texte, constituée des aspects
poétiques et linguistiques, mais aussi des « mises en pages et mises en lignes, (...) blancs,
collages, tout ce qui met en cause la matière du livre ».

Dans le prolongement de nombreux travaux sémiotiques et d'une approche matérielle du texte, les
SIC auront de leur côté tendance à considérer le texte comme un objet polysémiotique, c'est-à-
dire jamais seulement linguistique, si l’on entend par là une dimension restrictive de la langue.
« Tout texte est un objet constitué de plus d’un code. Il n’y a pas de texte purement linguistique,
et encore moins purement alphabétique. Tous les textes sont polysémiotiques, c’est-à-dire faits de
la rencontre de types de signes différents » (Jeanneret, 2000, p.76). Les travaux sur la textualité
numérique mettent en outre l'accent sur la dimension « techno-sémiotique » (Ibid.) d'un tel texte,
qui apparaît comme un texte programmé, que les auteurs composent avec d’autres formes
sémiotiques et dont ils exploitent la dimension dynamique (Bouchardon, 2008).

Mais au-delà de cette dimension polysémiotique, l'accent sera mis en SIC sur le texte comme
« objet communicationnel », comme « un objet symbolique qui circule et participe des échanges
sociaux » (Jeanneret, Souchier, Le Marec, 2003, p.37). Dans cette perspective, c'est la manière
dont le texte circule et se transforme d'un média à l'autre, dont l'intertexte construit
l'environnement médiatique, dont les formes journalistiques, poétiques, symboliques, rhétoriques
sont travaillées par une situation de communication appareillée par un dispositif singulier -
éventuellement fortement prescripteur - qui seront étudiées. Le texte n'existe pas en soi, dans une
approche communicationnelle, mais en tant qu'il est d'abord feuilleté (porté par un support et
déployé à travers des couches autant sémiotiques que techniques), et inscrit dans des processus de
circulation sociale.

Support

Dans les études littéraires, la génétique textuelle est cette approche scientifique qui pense
fondamentalement l'écriture comme un processus (composé de biffures, de campagnes de
réécriture, de repentirs de l'écrivain). Les manuscrits, les avant-textes portent les traces
matérielles du processus de composition de l'œuvre, que ce soit à travers des indices tels que les
ratures, les ajouts, les renvois, les collages, les découpages, etc. Les généticiens scrutent ainsi ces
« données sémiotico-matérielles » (Grésillon, 1994), comparent les versions pour établir une
édition, pour mieux comprendre le geste créateur et la genèse de l'œuvre. Si un intérêt est accordé
aux outils d'écriture de l'écrivain (papiers fétiches, stylos, rituels d'écriture, machine à écrire,
ordinateur), c'est la plupart du temps dans une visée génétique, testimoniale ou biographique qui
peut parfois éclairer la compréhension de l'homme et de l'œuvre. A partir de là, une réflexion
peut-être menée sur l'interaction entre la pensée et ses outils et supports d'inscription.

En SIC, ce triptyque signes/support/formes produites est au coeur de la notion de média - bien


que celle-ci soit discutée. La réflexion sur les médias informatisés et sur les écrits produits dans
un contexte médiatisé par un dispositif informatique hérite des travaux en génétique textuelle.
Mais elle l'enrichit d'une analyse fine des multiples médiations, techniques et symboliques, qui
composent intrinsèquement l'outil informatique et qui en font un dispositif complexe : cadres et
structures techniques, architextes (Souchier, Jeanneret, 2000), formatages de l'écriture,
imaginaires à l'oeuvre, discours d'accompagnement des technologies sont encapsulés dans le
média informatique de manière plus ou moins visible. Dès lors, penser les pratiques d'écriture et
de lecture liées aux médias informatisés et à leurs multiples avatars implique de tenir ensemble
des réalités souvent ignorées ou dissociées. La notion de dispositif trouve place dans cette
démarche (Jacquinot-Delaunay, Monnoyer-Smith, 2003). On peut noter toutefois que certains
chercheurs en SIC éprouvent quelque difficulté à thématiser la notion de support. La notion de
dispositif est alors chez eux quelque peu désincarnée : il s'agit avant tout d'analyser les conditions
de la communication, aux dépens des « possibles techniques » du support (Bachimont, 2000).

Circulation

La notion de circulation renverra, en théorie littéraire, à une circulation interne aux textes. On
pense notamment à la notion d'« intertextualité », qui retrace dans un texte un ensemble d'autres
textes, chacun renvoyant à d'autres textes, potentiellement à l'infini : « Tout texte est un
intertexte ; d'autres textes sont présents en lui, à des niveaux variables, sous des formes plus ou
moins reconnaissables : les textes de la culture antérieure et ceux de la culture environnante ;
tout texte est un tissu nouveau de citations révolues15 ». Chez Gérard Genette (Genette, 1982),
l’intertextualité intervient au cœur d'un réseau qui définit la littérature dans sa spécificité, la
transtextualité, et qui inclut cinq types de relations : l'architextualité, la paratextualité, la
métatextualité, l'intertextualité, et l'hypertextualité. Ce qui est généralement appelé intertextualité
se divise chez Genette en deux catégories distinctes : la parodie, le pastiche appartiennent à
l'hypertextualité tandis que la citation, le plagiat, l'allusion relèvent de l'intertextualité.

Les SIC s'intéresseront quant à elles plus volontiers à la circulation des textes, des idées, des
« êtres culturels » (Jeanneret, 2008) dans l'espace social. Il s'agit notamment de replacer les objets
de communication et les savoirs, ainsi que tous les phénomènes d'échange culturel dans un
espace médiatique aux dispositifs perméables les uns aux autres et régis par des rapports de
pouvoir. Ainsi, l'un des axes de recherche d'Yves Jeanneret consiste à élucider le rapport entre
communication, littérature et trivialité. On peut également évoquer les recherches en SIC qui se
fondent sur les travaux fondateurs en sciences humaines concernant la notion de récit (Propp,
Lévi-Strauss, Greimas, Ricoeur) pour les prolonger et étudier la manière dont les récits

15
Barthes Roland, Texte (théorie du), Encyclopædia Universalis.
contemporains circulent au sein de l'espace médiatique : « un récit médiatique d'information, par
exemple, ne se définit donc pas dans les pages du journal, ni au journal télévisé, mais se poursuit
dans les salles de cinéma ou sur les affiches publicitaires16 » (Arquambourg, Lambert, 2005,
p.18).

Dans une perspective proche, l'accent sera mis en SIC sur la circulation des formes d'un média à
l'autre. Le concept d’« intermédialité » désigne ainsi les interactions entre les différents univers
médiatiques17. Ce concept systématise les études sur les filiations entre les différents médias.
Posé comme une extension du concept d’intertextualité, il se spécialise dans le domaine de
l’analyse des interactions médiatiques pour la production du sens. En paraphrasant Julia Kristeva,
on pourrait dire que l’intermédialité est « le passage d’un système médiatique à un autre ».
Mentionnons également la question de la remédiatisation, décrivant les façons dont un média se
reconfigure dans un autre média. Le concept de « remédiatisation » se trouve en dialogue avec
celui de « remediation » (en anglais) selon lequel chaque nouveau média se déploie en imitant18
les formes du média auquel il succède (Bolter et Grusin, 2001). La remédiatisation désigne un
processus dynamique de recherche identitaire. Dans ce processus, nous pouvons distinguer des
phases d’hétérogénéité morpho-technique, de mélange des codes et des pratiques ainsi que des
phases d’incorporation de formes provenant d’univers préexistants au numérique (Gkouskou-
Giannakou, 2007). D'un média à l'autre, certaines pratiques scripturaires et éditoriales se
métamorphosent, mais convoquent également les protocoles, les formes, les techniques et les
imaginaires associés aux dispositifs antérieurs. Ces transformations formelles sont abordées sur
des objets aussi différents que les pratiques d'écriture journalistique (Cotte, 2001), l'écriture
fragmentaire (Angé, 2005), les journaux personnels sur le web (Deseilligny, 2006, 2008), les
pratiques d'écriture adolescentes dans les skyblogs (Deseilligny, 2009). Comme le souligne
Dominique Cotte, un des angles d'analyse des médias en SIC portera notamment sur « les
métamorphoses, déplacements qui frappent la sphère des moyens de communication au sens
large. Il y a de l'intermédiatique comme il y a de l'intertextualité » (Cotte, 2005).

Norme

« La théorie de la littérature n'est en principe pas normative. [...] Son objet est le, les discours sur
la littérature, la critique et l'histoire littéraires, dont elle questionne, problématise, organise les
pratiques. La théorie de la littérature n'est pas la police des lettres, ni des études de lettres, mais
en quelque manière leur épistémologie » (Compagnon, 1998). Néanmoins, la notion de norme est
bien présente dans la théorie littéraire et va être incarnée par les notions de « canon littéraire » et
de « genre ». La notion de « canon littéraire », qui convoque à la fois les notions de valeur et de
norme, repose sur un paradoxe. Le canon est composé d'un ensemble d'œuvres promues à la fois
en raison de l'unicité de leur forme et de l'universalité de leur contenu. La grande œuvre est
réputée simultanément unique et universelle. Par ailleurs, le canon des grandes oeuvres est tout
sauf stable. Gérard Genette (Genette, 1969) propose ainsi de distinguer deux régimes littéraires
complémentaires de la littérature, un régime constitutif, garanti par des conventions, donc fermé –

16
Voir par exemple l'ensemble du dossier de la revue Réseaux consacré aux récits médiatiques: Réseaux, vol. 23, n° 132, 2005.
17
Cf. Müller Jurgen-Ernst, « Top Hat et l’intermédialité de la comédie musicale », Cinémas, volume 5, numéro 1-2, pp. 211-220,
1994.
18
Voir par exemple le dossier « L'empreinte de la technique dans le livre » coordonné par B. Juanals, dans Communication &
Langages, n° 145, septembre 2005, pp. 37-93.
un sonnet, un roman appartiennent de droit à la littérature, même si personne ne les lit plus –, et
un régime conditionnel, donc ouvert, c'est-à-dire relevant d’une appréciation révocable.
L’inclusion dans la littérature des Pensées de Pascal ou de La Sorcière de Michelet dépendra
ainsi des individus et des époques (Compagnon, 1998).

La notion de genre est quant à elle centrale en théorie littéraire. Le genre permet à la fois de créer
une attente et de garantir une reconnaissance. En tant que « convention discursive »
(Compagnon, 1998), la notion de genre implique ainsi des conventions formelles pour l’auteur
qui définissent un horizon d’attente pour le lecteur. Les SIC pourront s'appuyer sur la théorie
littéraire des genres pour ensuite se centrer davantage sur la relation entretenue, à travers l'analyse
d'un ou de plusieurs médias, d'une ou de plusieurs pratiques éditoriales, entre les formes et les
genres. Ainsi seront étudiés les transferts génériques d'un contexte médiatique à un autre, et la
manière dont les médias font travailler les genres de discours et les genres éditoriaux.

La notion de norme est également présente en SIC, qui se posent la question des conditions de
l'émergence de normes informationnelles, communicationnelles, techniques, discursives, de leur
institution, de leur appropriation et de leur abandon, au niveau individuel et au niveau collectif.
Nous en évoquons brièvement certaines approches.

Du côté des théories de la communication, la notion de norme peut prendre la forme de


conventions de la communication, comme chez Paul Grice (Grice, 1975). Grice propose une
approche véritablement interactionnelle de la communication. Il fait l'hypothèse que le dialogue
constitue l'une des formes d'interaction rationnelle de l'homme et formule quatre règles (de
quantité, de qualité, de relation et de modalité) qui déterminent les modalités de la coopération.
Ces modalités normatives reposent sur l'hypothèse d'un « principe de coopération », « principe
général qu’on s’attendra à voir respecté par tous les participants : que votre contribution
conversationnelle corresponde à ce qui est exigé de vous, au stade atteint par celle-ci, par le but
ou la direction acceptés de l’échange parlé dans lequel vous êtes engagé » (Grice, 1975, p.61).

D'autres recherches en SIC permettent de s'interroger sur « l'empreinte normative dans la


communication » (Monnoyer-Smith, 2009). Ainsi Laurence Monnoyer-Smith s'intéresse-t-elle
aux dispositifs de médiation en politique comme forme d'expression normative. En se penchant
sur le rôle joué par l’évolution des formes de la médiation en politique, de ses dispositifs
énonciatifs et de ses supports techniques, elle analyse notamment les objets communicationnels
émergents (tels les dispositifs participatifs en ligne) comme le symptôme d’une demande de
modernisation des dispositifs de médiation entre citoyens et politiques, constituant une véritable
alternative à l’expression politique traditionnelle, sans bien sûr la remplacer.

Dans une perspective d'action internationale et de régulation des TIC, Jacques Perriault
appréhende la norme comme « instrument d'accès au savoir en ligne » (Perriault, 2002, 2006),
soulignant les enjeux liés à une « production raisonnée de normes et de standards » informatiques
et techniques. C'est ici la nécessité d'une négociation entre acteurs, institutions et industriels et
d'une prise de conscience collective qui est mise en évidence.

L'approche linguistique en SIC, et notamment l'analyse du discours, s'intéresse également aux


normes et au caractère normatif d'un discours, en lien avec une communauté de valeurs et la
représentation d'une autorité ou d'une légitimité. Ainsi Claire Oger a-t-elle par exemple souligné
la manière dont les rapports de jurys aux concours de grandes écoles révélaient les normes et les
valeurs de la communauté qu'ils s'efforcent de construire (Oger, 2008).

Concernant le rapport à la norme, on peut avancer que les chercheurs en SIC ont souvent
tendance à penser en termes d’usages, de conformité, de code. De fait, ils éprouvent parfois
quelque difficulté à penser la déviance, la disruption du sens. Les littéraires, de leur côté,
semblent davantage en mesure de prendre en compte l’irruption d'un sens imprévu. En études
littéraires, la disruption du sens est première, en SIC elle est seconde.

Théorie littéraire et théorie en SIC, une approche similaire ?

A travers ce dialogue de concepts, on peut entrevoir une démarche théorique commune dans la
volonté de contestation du sens commun en théorie littéraire et la volonté de dénaturalisation en
SIC. « La visée de la théorie littéraire est la déroute du sens commun. Elle le conteste, le critique,
le dénonce comme une série d'illusions - l'auteur, le monde, le lecteur, le style, l'histoire, la
valeur- dont il lui paraît indispensable de commencer par se libérer pour pouvoir parler de la
littérature. » (Compagnon, 1998, p.277). En regard, Eric Maigret parle d'une nécessaire
« dénaturalisation » dans la sociologie de la communication (Maigret, 2004, p.228) : « Son
premier acte est de déconstruire l'évidence du monde, sa prétendue naturalité, en désignant
l'existence d'une réalité seconde. [...] Lire les actes de communication au niveau technique c'est
écraser l'univers humain, le ramener à la causalité simple (du stimulus, de la langue), prendre les
points d'un plan à nombre restreint de dimensions pour des trajectoires mentales complexes. »
Interroger l'évidence pour pénétrer l'épaisseur des phénomènes de communication, déconstruire
le dispositif culturel, technique ou institutionnel pour appréhender les dimensions matérielles et
symboliques qui le composent constitue une posture de recherche bien installée en SIC.

Une autre tendance semble partagée par les deux disciplines : celle qui consiste à inscrire des
objets scientifiques dans un contexte culturel, historique, sociologique, institutionnel,
économique, politique plus global pour mieux en comprendre la portée. De même que l'approche
communicationnelle ne se limite pas à l'interprétation d'un message, l'approche littéraire ne se
cantonne pas aux aspects poétiques ou stylistiques. La saisie des processus communicationnels
comme la compréhension des oeuvres littéraires et des pratiques éditoriales, culturelles,
artistiques afférentes est marquée de part et d'autre par une tendance toujours plus affirmée à
l'inscription dans un environnement complexe et pluriel.

Au-delà d'un dialogue de concepts, un travail ultérieur pourrait s'intéresser aux programmes de
recherche, au sens que Lakatos19 a donné à cette expression. En effet, les programmes de
recherche traversent les disciplines et peuvent donner lieu à de véritables dialogues disciplinaires.
Il faudrait pour cela établir une cartographie des programmes de recherche transverses aux deux
disciplines. Mais sans anticiper sur un tel travail, nous pouvons nous demander à présent ce que
peuvent apporter les sciences de l’information et de la communication à l’étude des objets
littéraires.

19
Lakatos Imre, Histoire et méthodologie des sciences (1986), trad. fr., PUF, Paris, 1994.
2- Les objets littéraires dans les SIC

L’apport d’une approche SIC aux objets littéraires

Notre position est qu’une approche SIC permet de mettre à jour des impensés d’une certaine
tradition des études littéraires : le rôle du dispositif de production et de réception, celui du
support, l’importance de la matérialité. Ainsi le dispositif (Jacquinot-Delaunay, Monnoyer-Smith,
2003) dans une conception très large qui irait des instruments d’écriture aux réseaux
économiques de diffusion et de distribution, a une grande influence sur la littérature produite.
Une chanson de geste du XIIème siècle est un objet littéraire lié à un dispositif de diffusion orale
qui, sur ce plan, n’a pas grand chose à voir avec un roman du XIXème siècle conçu pour un autre
dispositif de diffusion20. Or ce poids du dispositif dans toute production et réception littéraires a
longtemps été un impensé des études littéraires. Les travaux des historiens du livre, des pratiques
de lecture et de l'édition ont toutefois essaimé, dans une approche plus globale des faits et
oeuvres littéraires, en vertu du second déplacement épistémologique évoqué dans la première
partie.

Dans une approche alliant matérialité des dispositifs d'écriture-lecture, modalités et formes de
production et de diffusion, et réseaux symboliques de circulation, certaines notions avancées par
des chercheurs en SIC permettent de compléter et de renouveler la construction scientifique de
ces objets. Ainsi, la notion d’« énonciation éditoriale » d’Emmanuël Souchier (Souchier, 2002)
met l’accent sur « la forme du texte, son image », que Souchier nomme « texte second ». Etudier
un objet littéraire, c’est alors étudier conjointement le « texte premier » et le « texte second ». La
prise en compte de l’énonciation éditoriale permet de compléter une analyse littéraire par l'étude
de la polyphonie des voix d'acteurs du livre qui se laissent appréhender dans la matérialité du
texte. Nombre de chercheurs en SIC travaillant sur les formes et les dispositifs de l'écrit et de la
lecture à l'ère numérique se situent dans la filiation scientifique de la sociologie des textes et de
l'idée de D.F. McKenzie selon laquelle « les formes produisent du sens ». Mais là où la
sociologie des textes ne s'attache pas aux objets éditoriaux contemporains et où les études
littéraires s'aventurent peu hors des oeuvres et des auteurs « classiques », les SIC construisent un
regard complexe à même de saisir l’articulation du littéraire et du communicationnel à l'oeuvre
dans des médias différents. Par ailleurs, ne se résumant pas à une question de corpus, cette
posture permet d'interroger efficacement des textes donnés à lire à des époques différentes et sur
des supports variés. « L’acte matériel et l’acte social fondent pour partie la littérarité de l’œuvre.
La démarche qui consiste à donner à lire est donc constitutive de l’identité de l’œuvre, de son
statut, voire même de son existence propre » (Souchier, 1998). Une approche SIC permet de
pointer le caractère artificiel de l’opposition littéraire/communicationnel en montrant l’intrication
d’actes littéraires et d’actes communicationnels21. Si elle saisit dans sa construction
problématique l’ensemble du dispositif et de la chaîne des médiations qui concourent à créer du
sens, elle ajoute également à l’étude du texte l'analyse des couches feuilletant la matière
20
Cf. Balpe Jean-Pierre, « Après le livre… », dans L’art a-t-il besoin du numérique, Actes du Colloque de Cerisy, Hermès, Paris,
2006.
21
Voir par exemple le numéro 21 de la revue Image & Narrative (2008) : « L'affiche contemporaine, Discours, supports,
stratégies ». Les articles d'O. Aïm, A. Depoux et A. Wrona consacrés aux affiches de poèmes dans le métro s'inscrivent dans une
telle approche. Articles disponibles sur http://www.imageandnarrative.be/affiche_contemporaine/affiche_contemporaine.htm
(page consultée le 10 mai 2010).
Voir également le dossier « Littérature et communication » de la revue Médiation Et Information (MEI) n°33, à paraître.
textuelle, ainsi que l’interaction du texte et du support. La non prise en compte de ces
dimensions, si elle peut paraître préjudiciable pour aborder les objets littéraires traditionnels,
apparaît comme un véritable obstacle à une analyse des pratiques d'écriture contemporaines
comme les journaux personnels en ligne (Deseilligny 2006), les blogs de voyage ou encore les
oeuvres de littérature numérique (Bouchardon 2009). Là est tout l’enjeu d’une approche SIC de
ces objets.

Les journaux personnels en ligne

Les études littéraires ont longtemps boudé les journaux intimes, les considérant comme des écrits
mineurs, à la marge de la Littérature. Philippe Lejeune a contribué à faire reconnaître les
journaux intimes et l'autobiographie en général comme un genre en soi depuis les années 1970
(Lejeune, 1986). Pour autant, les formes contemporaines et numériques des écritures de soi telles
que les journaux personnels publiés sur le web ou les blogs n'intéressent pas les études littéraires,
en vertu notamment de cette distinction entre Littérature et écritures ordinaires, et d'une certaine
difficulté à penser le médium numérique.

Pourtant, l'étude menée en SIC sur les premiers journaux publiés sur le web révèle la continuité
des pratiques, des formes mobilisées et des imaginaires entre auteurs de journaux papier et
cyberdiaristes. Inscrits dans une histoire longue, ces journaux personnels sur le web permettent de
penser la persistance des formes d'écriture de soi, par delà les différences de dispositifs. Par
exemple, on y retrouve une hybridation entre deux formes séculaires de l'écriture de soi telle
qu'elle a été définie par Michel Foucault, les hypomnêmata et la lettre familière (Deseilligny,
2010). Mais ils sont également porteurs de métamorphoses symboliques qui ont trait à la relation
à l'autre - à la communication en somme - et aux possibilités d'intégration d'un autre (le lecteur)
dans cet espace intime que circonscrit l'écriture de soi.

Les blogs de voyage

Du récit de voyage littéraire au guide touristique et au blog circulent des formes, des objets de
discours, des modalités énonciatives qui se font écho, qui se citent dans un vaste et touffu
intertexte. Guides de voyage renvoyant à l'imaginaire littéraire et à la littérature viatique,
blogueurs commentant dans un même élan des ouvrages romanesques et citant leurs guides
touristiques dans leurs posts pour s'en démarquer ou au contraire surenchérir sur la parole
éditoriale, l'ensemble compose une chambre d'échos dans laquelle l'acte d'adresse à un lecteur
demeure identique, en dépit des différences qui séparent les discours, les énonciations et les
supports. A la source de ces textes, l'acte de communication par laquelle un auteur s'adresse à un
lecteur dans le but de l'informer, l'équiper, le renseigner, ou lui faire vivre une expérience
esthétique ou poétique demeure sensiblement identique.

Que l'énonciateur soit un auteur célèbre (Michaux, dans Un barbare en Asie), un éditeur de
guides touristiques (le Routard), ou un blogueur en voyage, l'étude de ces récits de voyage
littéraires et triviaux, classiques et contemporains permet de saisir la manière dont les modalités
du discours viatique se transforment, se métamorphosent par reproduction, imitation, reprise,
citation, distanciation enfin (Angé, Deseilligny, 2010). On repère ainsi la récurrence de formes,
de stéréotypes, d'énoncés qui attestent de la circulation des textes et de leur participation à la
construction d'un imaginaire du voyage, mais aussi de la communication au lecteur.

Mais ce dispositif médiatique complexe qu'est le blog pose en effet d'autres questions complexes
à la croisée du littéraire et du communicationnel. Dans l'espace du blog de voyage, un certain
entrechoquement des temporalités se fait jour, qui témoigne de la difficulté à articuler pour le
blogueur l'expérience du voyage, l'écriture de son récit et la communication avec des lecteurs
(Deseilligny, Angé, 2009). Rythme du voyage, rythme de l'écriture, rythme de la lecture et
temporalité du média semblent parfois rentrer en collision et posent autant la question de
l'injonction médiatique et de l'imaginaire qui lui est associé que celle du Vivre ensemble au sens
où Barthes l'a posé, en des termes communicationnels, avec sa notion d'idiorrythmie (Barthes,
2002).

La littérature numérique

La littérature numérique existe depuis plusieurs décennies. Littérature « numérique »,


« électronique », « informatique » ou « cyberlittérature », la terminologie n’est pas figée. Pour
leurs auteurs, il s’agit de concevoir et de réaliser des œuvres spécifiquement pour l’ordinateur et
le support numérique, en s’efforçant d’en exploiter les caractéristiques : technologie hypertexte,
dimension multimédia, interactivité... La littérature numérique s’inscrit dans des lignes
généalogiques connues : écriture combinatoire et écriture à contraintes, écriture fragmentaire,
écriture sonore et visuelle (Bouchardon, 2009). Qu’il s’agisse de fictions hypertextuelles, de
poèmes cinétiques ou encore d’œuvres faisant appel à la génération automatique de textes, la
création littéraire numérique est actuellement florissante.

Si ces créations se présentent comme des œuvres, elles se situent souvent à l’articulation du
littéraire et du communicationnel (Bouchardon, 2010). Tout d’abord parce qu’elles proposent un
type de communication original avec le lecteur : c’est notamment le cas des œuvres dites
interactives. Mais aussi parce que, pour être lues – ou jouées – elles doivent communiquer sur
leur mode de fonctionnement. Enfin parce que, pour exister face à un champ littéraire qui ne les
reconnaît pas – ou peu – elles doivent communiquer sur leur existence. Il apparaît ainsi que les
œuvres de littérature numérique s’avèrent pertinentes pour interroger les rapports entre littérature
et communication en proposant de nouveaux modes de communication du littéraire.

Dans leur article « Comment le premier cybermédium a pu un temps échapper aux SIC »
(congrès SFSIC 2007), Etienne Amato et Etienne Perenny écrivent qu’il est pertinent de
« considérer ici le jeu vidéo comme un analyseur rétrospectif et prospectif du fonctionnement de
notre discipline, qui après tout, n’a pas démérité, étant bien la première des Sciences Humaines et
Sociales françaises à s’y être intéressée. » Ne pourrait-on pas dire la même chose de la littérature
numérique ? Ce sont les SIC qui se sont avant tout intéressées à la littérature numérique (Jean
Clément, Philippe Bootz, Serge Bouchardon, Alexandra Saemmer…) et non les études littéraires.
Cette prise en compte de l’objet « littérature numérique » peut servir de révélateur sur le
fonctionnement et le rôle que peuvent jouer les SIC dans l'analyse de tels objets. Les SIC,
notamment, vont permettre la prise en compte de la dimension technique de cette littérature
(Balpe, 1997) ou encore l'appréhension de l'ensemble d'un dispositif. Nous pouvons mentionner
ici notamment la modélisation par Philippe Bootz du « dispositif procédural » mis en jeu par de
telles oeuvres, insistant sur le rôle du programme et la notion de « double lecture » (Bootz, 2001).
Pour autant, la question de la littérarité de telles oeuvres demeure pleine et entière. Appréhender
l'objet « littérature numérique » nécessite de faire dialoguer théorie littéraire et SIC.

Conclusion
Comme objet de connaissance complexe, la communication sollicite la convergence des savoirs
et des méthodes. Lorsque, dans le domaine des pratiques formelles innovantes liées aux
technologies de l’information et de la communication, ses objets scientifiques sont marqués par la
volonté de tenir ensemble dans une même problématique supports, formes et interprétation,
l’approche communicationnelle se situe à la croisée de savoirs complémentaires. Plus encore
peut-être aujourd’hui que naguère, les métamorphoses des formes d’écriture, de lecture et de
création sont à étudier d’un point de vue communicationnel tant leurs implications se ressentent
quotidiennement dans nos usages des technologies d’information et de communication. Mais
celles-ci sont aussi à envisager dans une approche diachronique et épistémologique permettant de
donner par exemple un cadre historique à des pratiques d’écriture actuelles. Dès lors, en faisant
retour sur des genres et des formes historiquement déterminés et identifiés par les études
littéraires, les SIC se donnent les moyens d’inscrire des objets scientifiques complexes dans
l’histoire des pratiques et des usages liés aux supports d’écriture, de lecture, et aux dispositifs de
création artistique. C'est l'un des apports des études littéraires aux SIC.
Etre littéraire, c’est peut-être avant tout être sensible à l’épaisseur signifiante d’un message et aux
infinis jeux de l’interprétation. Ce que les études littéraires peuvent également apporter aux SIC,
c’est ainsi une sensibilité à la complexité des postures d’interprétation, mais aussi à l’esthétique
d’un message à travers la question inépuisable du style.

Ce que les SIC apportent à la littérature, c'est notamment de pouvoir mieux explorer la dimension
technique de la littérature. Comme le rappelle Daniel Bougnoux, « nos études de communication
doivent toujours embrasser, ou ne jamais disjoindre, les aspects symboliques et techniques des
phénomènes » (Bougnoux, 1998, p.66). De son côté, Jean Davallon insiste sur le fait que « la
communication vue par les sciences de l'information et de la communication est
fondamentalement technique, au sens où elle est une mise en oeuvre de savoirs, de savoir-faire
techniques, de connaissances scientifiques pour produire des objets. Par objets, il faut entendre ici
des supports, des dispositifs, des situations, des règles et des normes, des messages, des échanges
- c'est-à-dire des processus communicationnels objectivés » (Davallon, 2004).
Ce qu'apportent par ailleurs les SIC, c'est de pouvoir mieux appréhender - et réhabiliter - le « moi
liseur » face à la théorie littéraire : « Certes, l'auteur est mort, la littérature n'a rien à voir avec le
monde, la synonymie n'existe pas, toutes les interprétations sont valables, le canon est illégitime,
mais on continue à lire des biographies d'écrivains, on s'identifie aux héros des romans, on suit
avec curiosité les traces de Raskolnokov dans Saint-Pertersbourg, on préfère Madame Bovary à
Fanny, et Barthes se plongeait délicieusement dans Le Comte de Monte-Cristo avant de
s'endormir. C'est pourquoi la théorie ne peut pas l'emporter. Elle n'est pas en mesure d'anéantir le
moi liseur. Il y a une vérité de la théorie, qui la rend séduisante, mais elle n'est pas toute la vérité,
car la réalité de la littérature n'est pas entièrement théorisable » (Compagnon, 1998, p.278). Les
SIC, par l'étude des pratiques de lecture et l'intérêt porté au lecteur empirique, peuvent prendre en
compte ce « moi liseur » qui défie la théorie littéraire.
Ajoutons enfin que les sciences de l’information et de la communication ont beaucoup à apporter
à des terrains d’étude situés à la croisée des études littéraires, de la communication de la
sociologie. En effet, les questionnements actuels liés au renouvellement de la fonction-auteur,
aux nouvelles formes de l’auctorialité, aux métamorphoses médiatiques et à l’étude des pratiques
et des dispositifs d’écriture, d’édition et de publication de l’auteur contemporain ravivent l’acuité
de l’approche communicationnelle pour penser des processus et des formes d’autorité qui
dépassent largement le champ littéraire dès lors qu’on les envisage sur le support numérique. A
cet égard, telles qu’elles sont développées en SIC, les notions de médiation et de dispositif sont à
même de faire avancer la recherche.

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