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Dominique Maingueneau, Discours et analyse du discours.

Une
introduction, Armand Colin, Paris, 2014.
Synthèse de lecture

La publication de cet ouvrage est motivée par le souci d’aide aux étudiants afin de mieux
appréhender la structuration d’un discours, en identifier les catégories sur la base d’une
méthode analytique, et être conscients de l’hétérogénéité discursive. la livre est par nature
pédagogique et se structure en trois parties.

1 Première partie : « Études du discours et analyse du discours »

1.1 Chapitre 1 : « Quelques éléments d’histoire »

Il est difficile et complexe de retracer le parcours historique du discours parce que ses études
et analyse ne présentent aucune linéarité. Si certaines disciplines scientifiques portent des
noms emblématiques et fondateurs comme Durkheim en sociologie ou Newton en physique,
une telle caractéristique échappe à l’analyse du discours qui est fille d’une transdisciplinarité
scientifique. E. Goffman, L. Wittgenstein, M. Foucault, M. Bakhtine ont assurément joué un
rôle capital dans le vaste champ de recherche discursive, mais non dans le courant spécifique
de l’analyse du discours.

En 1952, Harris, linguiste distributionnaliste, commet un article et l’intitule « Discourse


Analysis ». Il employait le terme discours selon le sens étymologique de décomposition pour
ressortir les occurrences des éléments textuels et en élaborer la structure. Son intérêt de
recherche était fondamentalement le structuralisme et non l’analyse du discours.

Parallèlement au structuralisme qui a connu un grand essor en 1966, 1969 est la grande année
de l’analyse du discours. Langages, revue de linguistique, consacre son n° 13 à « l’analyse du
discours ». Au cours de cette même année sont publiés Analyse automatique du discours de
M. Pêcheux et Archéologie du savoir de M. Foucault. Si la notion de discours au cœur de ces
publications, son intelligence reste diversifiée, hybride et non consensuelle. J. Dubois, éditeur
de Langages, se préoccupait, en titrant le n° 13 de sa revue « l’analyse du discours », de
l’extension des recherches linguistiques quant aux rapports entre la langue et la société. Pour
lui, l’analyse du discours s’emploie à l’étude de tous genres de textes, emprunte les outils de
la linguistique, et permet de connaître le milieu sociologique qui a fait naître le texte. M.
Pêcheux, philosophe marxiste, établit une synonymie entre analyse et psychanalyse. Pour lui

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analyser un texte, c’est le décomposer, le psychanalyser pour découvrir l’idéologie qui s’y
dissimule.

En 1980 s’universalise le champ de recherche sur l’analyse de discours qui désormais


participe à la mondialisation du savoir théorique. L’analyse di discours ne va donc plus
s’enfermer dans certains courants comme l’ethnographie de la communication,
l’anthropologie, l’ethnométhodologie, l’analyse conversationnelle etc. toute de même,
« toutes ces recherches accordent un rôle central à la notion de genre de discours et s’appuient
massivement sur les théories de l’énonciation linguistique, qui fournissent un cadre
méthodologique commun » (p. 16).

1.2 Chapitre 2 : « La notion de discours ».

La complexité historique du discours se prolonge dans son ambivalence grammaticale. Il peut


être employé comme substantif comptable et comme substantif non comptable. Cette
ambigüité grammaticale correspond respectivement à la double fonctionnalité notionnelle
d’ordre philosophique et d’autre empirique sur le texte.

Pour le linguiste, le discours est « l’usage de la langue… agencé de façon à ce que la


communication réussisse » (p. 18). De cette définition émergent l’opposition entre discours et
phrase tant le discours est une unité transphrastique, l’opposition entre discours et langue tant
la langue est un système contextuel, l’apposition entre discours et texte tant un ensemble de
texte peut être associé à un seul discours autant que chaque texte eut avoir un discours propre.
En marge de la linguistique et eu égard à la transversalité des courants scientifiques, dans le
discours résonne « la philosophie du langage ordinaire, la théorie des actes du langage, la
conception inférentielle du sens, l’interactionnisme symbolique, l’ethnométhodologie, le
dialogisme, la psychologie, l’archéologie et la théorie du pouvoir, le constructivisme » (p. 19)
etc. Aussi la notion de discours va revêtir quelques propriétés identitaires : « Le discours est
une organisation au-delà de la phrase ». Le discours étant une unité transphrastique est soumis
à diverses règles qui structurent le discours lui-même, ensuite un dialogue, une argumentation,
une explication etc. « Le discours est une forme d’action » parce qu’il épouse le caractère
performatif de la parole. « Le discours est interactif » parce qu’il implique plusieurs
partenaires et induit à la conversation même s’il n’y est pas réductible. « Le discours est
contextualisé » par les expressions indexicales qui révèlent les lieux et les partenaires de
l’énonciation. Ce qui permet qu’en dehors du contexte qui est bien plus qu’un décor, l’énoncé
puisse avoir un sens. « Le discours est prix en charge par un sujet », par un JE qui en assume

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la responsabilité et est garant des propos énoncés. Le discours, comme tout système verbal
« est régi par des énormes » comme l’intelligibilité et fluidité des idées sans redondance. « Le
discours est pris dans un interdiscours » c'est-à-dire qu’est mis en relation avec tous ses autres
appuis discursifs antérieurs et extérieurs. « Le discours construit socialement le sens » dans ce
sens que l’interaction orale impacte sur la collectivité. Au regard de ce qui précède, la
plasticité du discours tient aux dispositifs de la communication et aux normes d’activités.

Il est nécessaire de relever aussi le départ qui existe entre la théorie du discours et l’analyse du
discours. La théorie du discours qui relève des discussions philosophiques portent en soi les
idées du post structuralisme et du constructivisme pour donner réponse aux postulats des
sciences humaines et sociales (« la subjectivité, le sens, le pouvoir, la différence sexuelle,
l’écriture, la dissidence, le postcolonialisme… ») (p. 27). Les débuts des études du discours se
sont servis de cette approche. L’analyse du discours par contre se présente non comme un
présupposé mais comme « une boite à outils dans le vaste ensemble des méthodes
qualitatives » (pp. 27-28) qui permet au-delà du langage d’accéder à une réalité tout autre. En
somme, le discours n’est pas une réalité scientifique d’exploration superficielle.

1.3 Chapitre 3 : « Discours, texte, corpus »

Contrairement au discours et à sa polysémie de sens, la notion de texte ne présente pas de


complexité définitionnelle. Cependant, discours et textes sont couramment employés comme
synonymes par les analystes.

La distinction entre texte et discours s’opère selon que plusieurs textes forment un discours ou
que chaque texte est un discours. Dans le cas où le discours est formé d’un ensemble de
textes, le discours dépasse le cadre textuel tel qu’il se vérifie en psychiatrie. Dans ce sens, le
discours peut signifier discipline (géographie, astronomie…), positionnement dans un champ
(discours communiste ou surréaliste…), thématique (sur la sécurité, sur l’Afrique...),
production associée à une aire déterminée de la société (discours journalistique ou
administratif…), productions verbales propres à une catégorie de locuteurs (discours des
infirmiers, des mères de famille…). Dans le cas où chaque texte est un discours, le discours
sous-tend le texte et véhicule les informations communicationnelles. Le discours peut être un
texte et se différencier du texte selon les usages.

L’analyse du discours s’intéresse au texte selon trois usages : texte-structure c’est-à-dire que
le texte est un tissus de relation des phrases ; texte-produit c'est-à-dire que le texte résulte d’un
discours qui à la base pouvait être orale et d’un autre récit composé selon les procédures

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discursives pour communiquer une information ; texte-archive c’est-à-dire que le texte ne
découle et ne porte pas sur le discours mais est contenu sur un support soft (mémoire) ou hard
(matériel) pour une tierce exploitation.

Les trois usages des textes comme structure, produit ou archive dans un même support
forment un corpus. Cependant, il est fondamentale de distinguer le texte du corpus pour
établir les limites entre les commentaires / interprétations des textes anciens et les hypothèses
de discours qui se réclament des sciences humaines et sociales. L’analyste du discours en ce
qui le concerne s’intéresse au corpus fait soit des textes anciens, soit des textes transcrits.

1.4 Chapitre 4 : « Les disciplines du discours »

Il est difficile de nommer le champ de recherche discursif soit comme discipline du discours,
soit comme études du discours, soit comme genre discours comme l’a fait plus d’un auteur
parce que l’expression analyse du discours a pris du pas depuis 1952 où le linguiste
distributionnaliste Harris commit un article et l’intitula « Discourse Analysis ». Deux
procédés permettent d’analyser cette diversité : 1) énumération d’un grand nombre
d’approches peu contraignantes du discours. 2) la structuration du discours autours des grands
principes.

Aborder l’analyse du discours nécessite d’abord que soient établis les différentes approches,
ou approches méthodologique ou encore méthodes dont le nombre varie d’un auteur à l’autre.
Celles les plus récurrentes sont cependant : la pragmatique, la théorie des actes de langage, la
linguistique systémique-fonctionnelle, la sémiotique, la proxémique et divers types d’analyse
rhétorique, stylistique, sémantique et narratives. Si ce procédé échappe à une rigueur
dogmatique, il présente toutefois quelques difficultés : les études discursives deviennent très
discutables ; donne l’illusion que toutes ces approches portent à un même objet ; ces
approches recouvrent des réalités hétérogènes.

Si l’« étude du discours » engage toutes les problématiques du vaste champ du discours,


l’« analyse du discours » s’emploie dans une perspective très restreinte. Spécifiquement,
l’analyse du discours s’intéresse à la langue telle qu’elle est structurée et la fonction qui lui est
imputée, elle rapporte la structuration des textes aux lieux sociaux. L’analyse du discours vise
le nœud entre le verbal et l’institutionnel et leur dispositif d’énonciation. Dans ce sens de la
restriction structurelle et fonctionnelle, l’analyse du discours peut ainsi être considérée
comme une des disciplines que comptent les études des discours. Elle est une discipline parce
que plusieurs chercheurs y ont un même intérêt de la problématique bien que divergente mais

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coopératrice. C’est ainsi que sera distingué le discours de la conversation (production verbales
dans des colloques par exemple).

Toux les travaux sur le discours ne relèvent pas toujours d’une discipline. Car, certains ne se
donnent que la description du domaine du discours. Tout compte fait, le discours est par
nature interdisciplinaire.

1.5 Chapitre 5 : « Une analyse critique ? »

Les études sur le discours visent deux buts : 1) l’analyse des fonctionnements, 2) l’exercice
d’un pouvoir critique. L’analyse critique du discours renvoie-t-elle à l’analyse du discours ?
Quelle est la valeur sémantique de « critique » ?

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