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Gargantua, Rabelais, 1534

Avis au lecteur : « Rire est le propre de l’Homme », citation modifiée empruntée d’Aristote. Rabelais nous
renseigne sur le but premier de son livre : nous faire rire.
3 parties dans l’oeuvre :
- l’Enfance de Gargantua et son éducation : éducatif
- La guerre : chevalerie
- L’utopie avec l’abbaye de Thélèmes : utopie
Dans le prologue, l’auteur compare son œuvre à Socrate et aux silènes : l’apparence est certes comique
et burlesque, mais l’intérieur contient un savoir profond, que l’auteur doit deviner. Rabelais a également
recours à des allusions antiques et de son époque : philosophe et une boîte.
« lisez gaiement ce qui suit, pour le bien-être du corps et la santé des reins ».
L’Enfance et l’éducation de Gargantua :
Le plaisir est conservé avec un jeu d’énigme retraçant la généalogie de Gargantua. Naissance très comique
et défiant toutes les lois de la sciences : il naquit dans « de bien zétranges conditions » → divertit car il sort
de l’oreille de sa mère après 11 mois : expose ses connaissances de médecin et moquerie de la foi. « sauta
dans la veine cave, continua son chemin dans l’oreille... » : absurde mais scientifique. Il demande « à
boyre », justifiant son nom : Gargantua.
Grand intérêt pour la boisson et la nourriture, la goinfrerie (les tripes et les propos de Bien-Yvres) « Le
grand Dieu fit les planètes et nous fîmes les plats nets » (comique !). Habits démesurés pesant très lourd,
« braguette de deux cannes...quatre cent six aunes de velours pour ses chaussures...seize kilos pour la
chaîne » : rappelle la dimension comique et imaginaire de l’histoire car c’est un géant, un conte. Moquerie
des superstitions et des croyances liées aux couleurs. → Rabelais est un pédant prétentieux qui met en
évidence ses savoirs divers et ses références philosophiques au lieu de raconter l’histoire de Gargantua
« Pline, Proclus, Périclès... ». « Oh ! La belle matière fécale qui devait boursoufler en elle ! » page 75 -
Chapitre 5
Une enfance passive, marquée par la débauche et un vocabulaire bien trivial et vulgaire employé par
Rabelais « il buvait, mangeait, mangeait, dormait », puis « chiait, se mouchait dans ses manches, pissait,
exerçait sa braguette (subtile) ». Ce lexique très vulgaire contribue à l’aspect comique du livre = rire mais
dénonce aussi le manque d’hygiène et de retenue de Gargantua, auquel Ponocrates va remédier.
L’ironie à son paroxysme : l’invention du torche-cul, dénotant déjà un vocabulaire très vulgaire et co-
mique : énumération des torches cul « couvre-chef, gibecière, chapeau à poils », très précise créant un
comique. Considérée comme une « intelligence prodigieuse » par Grandgousier car didactisme et struc-
ture du raisonnement.
Gargantua doit être éduqué : « il parviendra à un degré souverain de sagesse s’il est éduqué » : priorité des
humanistes. Intelligence actuelle : « aiguë, subtile, profonde et modérée » = burlesque.
Janotus (jano tousse) qui a un procès ridicule au chapitre 20 contre les autres prêtres
Education inutile dispensée par le sophiste (critique acerbe de l’éducation scolastique, médiévale et prône
la bonne éducation) : critique l’éducation médiévale avec des précepteurs pervertis, incompétents et ne
permettant pas d’accéder à la sagesse : « Thubald Holoferne » = confusion ou encore « Maître Joblin, le
vieux tousseur » + auteurs assimilés à des personnages à des animaux, rajoutant l’aspect péjoratif : satire
de l’éducation médiévale, contrastant avec celle de Ponocratès.
Mauvaises techniques d’éducation basée sur le par cœur, le mépris du corps et du sport : il ne fait que lire
des ouvrages latins, soi-disant intellectuels et apprendre « l’alphabet à l’endroit et à l’envers », « montrer
sur ses doigts » (illogique), dangereux et pesant « écritoire de 5000 quintaux » et interminable/inefficace
« dix-huit ans et onze mois », si bien qu’il devient un exemple de bêtise : « il en devenait fou, niais, tout
rêveur et assoti ».
Elément déclencheur : Rencontre Eudémon, un jeune homme instruit par Ponocratès, humaniste et qui
a livré une bonne éducation « pleure comme une vache » = attriste Gargantua qui se sent humilié : « geste
appropriés, éloquence, voix claire ».
→ l’éducation inutile des Théologiens/sophistes/sorbonne s’avère inutile et abrutissante, car il ne dispose
d’aucune sagesse ni réflexion, mais ne sait qu’apprendre par coeur et réciter comme un mouton.
Evènement marquant : après cette humiliation et cette leçon de connaissances, Gargantua se rend à Paris
avec sa jument, qui chasse les mouches avec sa queue et détruit tous les arbres de la forêt « en long, en
large et en travers » ! Dimension très comique et exagération. Il inonde également les Parisiens avec son
urine, mettant en lumière l’humour grivois et scatophile de Rabelais puisque nous voyons l’apparition de
mots tels que « braguette » ou « pisse ». « Il déboutonna sa belle braguette » et « en noya 268 418 sans
compter les femmes et les petits enfants », précision grotesque et inutile + exagération des chiffres récur-
rente. Les exclamations et les plaintes des Parisiens sont utilisés afin de dénoncer la superstition, qui tien-
nent « Dieu » comme coupable.
Le discours inutile et ridicule de Janotus (Jano tousse), emploie des citations latines complètement ap-
proximatives, voire inexactes, sans aucune argumentation : totalement ridicule « si bien qu’Eudémon et
Ponocrates éclatèrent de rire » : constitue une nouvelle satire des sophistes qui utilisent à mauvais escient
les discours grandiloquents et complètement absurdes. Prolongement de la critique des sophistes.
Evoque ensuite l’éducation de Ponocrates : après avoir laissé le géant s’occuper comme il le fait habituel-
lement, « mode de vie erronée », il procède à un « nettoyage de cervelle de pernicieuses dispositions » :
suggérant un changement radical, mais progressif. Considère Gargantua comme un véritable étudiant et
le fait lever à « 4 heures du matin », instaure un rituel précis de prière « il priait et implorait le bon Dieu ».
De plus, les savoirs étaient divers et variés puisqu’ils concernaient la lecture des Anciens « il lisait des
œuvres grecques et latines », « discutait de la lecture », c-à-d qu’il échangeait et comprenait ce qu’il lisait,
le développement du corps et de l’hygiène « s’exerçait aussi gaillardement l’esprit que corps », « se mettait
à table au moment le plus opportun », (s’oppose à la goinfrerie), mais il a aussi une approche aux mathé-
matiques, sciences naturelles et astronomiques, comme nous le démontre ces passages « il apprenait des
milliers de petites choses avec les cartes […] comparait les plantes […] et observait les astres ». Les arts
occupent également une place importante dans l’éducation puisqu’ils « chantaient sur différentes voix ».
Evidemment, tous ces divers apprentissages reposent sur les Anciens avec la mention de « Pline, Nicandre,
Macer… ».
Rabelais en profite donc pour montrer toutes ses connaissances de médecine « thorax, poumon », d’as-
tronomie mais également sa culture antique : pilier de l’humanisme.

Les guerres Picrocholines :


Cause de la guerre dérisoire et ridicule : Les fouaciers de Lerné refusent de vendre des fouaces (sortes de
brioches) aux bergers de Grandgousier et les insultent. Une bataille général s’ensuit. Les bergers mettent
les fouaciers en déroute et se régalent de fouaces. Les deux royaumes se font la guerre alors qu’ils s’en-
tendaient très bien avant. Picrochole incarne le mauvais roi, méchant, avide de conquêtes, aliéné mais
également lâche : « il attaque par surprise le royaume de Grandgousier », qui chercher à résoudre ce con-
flit par un moyen pacifique
Cette guerre fait des ravages avec « pillant tout sur leur passage », « volaient les bœufs, vaches, taureaux,
veaux, génisses », « abattaient les noix, vendangeaient les vignes », « c’était un désordre incomparable » :
met en évidence l’horreur de ces guerres, leurs violences et la méchanceté de l’armée picrocholine qui
souhaite nuire à tout prix aux autres et les piller, faire souffrir. Pacifisme de l’armée de Grandgousier qui
« ne résistait pas ».

• Assimilation à un ennemi du père de Rabelais, mais évidemment aussi à Charles Quint, ravagé
par le désir de conquêtes et ennemi de François Ier : il incarne la figure du mauvais roi, tyran et
cruel, inhumain.
Au chapitre 27, Frère Jean des Entommeures intervient : « bien fendu de la gueule, bien avantagé du nez
[…] un vrai moine » : figure de François Ier, à qui Rabelais fait souvent allusion : défend la politique du
roi, loue sa bravoure et sa lucidité, mais lui donne aussi quelques conseils pour l’art de la guerre.
Atrocité, dévouement et fougue de Frère Jean qui « brisait des bras et des jambes, disloquait les vertèbres
et fracassait les reins ». Vocabulaire fort et marquant employé, harmonie initiative qui souligne toute la
violence et la rage des combats livrés par Frère Jean.
Chapitre 28, ligne 61 : « Néanmoins je n’entrerai pas en guerre sans avoir essayer tous les moyens et toutes
les mesures pour restaurer la paix » : homme politique pacifiste conforme aux idées humanistes. Au cha-
pitre 29, Grandgousier fait appel à son fils pour défendre la patrie en danger : il éveille le patriotisme de
son fils et utilise un ton solennel et sérieux, relatant un fait réels et précis. Le chapitre 30 symbolise la
bienveillance de Grandgousier et sa philosophie pacifique. La harangue de Gallet, délégué par Grandgou-
sier est rempli de sagesse, de questions rhétoriques « où est la foi, où est la loi, où est la raison, où est
l’humanité, où est la sainte crainte de Dieu ? » et de noblesse (référence bibliques et mention de Dieu).
Souhaite convaincre Picrochole de stopper ces guerres inhumaines et absurdes, dénonce la politique
adoptée « tyran perfide et esprit calomniateur », manque de fondements « tu aurais dû chercher la vérité
puis nous en informer ».

• Modèle du pacifisme, dénonce la guerre et aspire à la paix constante entre les peuples : 1000
bezans pour réparer les dommages, sans chercher à vouloir le punir avec violence.
Les chapitres suivants évoquent la folie de Picrochole et son irresponsabilité, étant donné qu’il ne tient
pas compte des remarques et arguments de Gallet et établit un plan de conquêtes démesuré, illogique et
irréalisable : « plus outre » = devise de Charles Quint. Rabelais procède donc ici à une farouche critique
de la politique de Charles Quint, mais également des conquêtes et des guerres en général, qui n’apportent
que des malheurs et au final, peu de territoires : AUCUN BENEFICE + NUISIBLE POUR L’HU-
MAIN !
La harangue de Gallet au chapitre 31 : parfois, Rabelais n’utilise pas le rire, mais a recours aux personnages
qui expriment clairement et directement les idées. le but de l’humanisme, de Rabelais et de Gallet est de
faire réfléchir au nom du sacré, de la loi et au nom de ce qui est raisonnable : on retrouve les principes
fondamentaux des humanistes. Succession de questions rhétoriques, véhémence, mots puissants, longue
argumentation sérieuse, contrastant avec les propos grivois auxquels nous étions habitués : „Où est la foi
? Où est la loi ? Où est la raison ? Où est l’humanité ? Où est la crainte de Dieu ? »
Le chapitre 38 constitue une critique virulente des superstitions de l’époque et appelle à la raison et à la
réflexion : on ne peut assimiler les malheurs à Dieu car cela sous-entendrait qu’il est diabolique. Rajoute
un effet comique, car les pèlerins sont déboussolés et ne comprennent rien : écart entre réalité et vision
de Grandgousier « c’est un escargot, dit-il en apercevant la créature ». « Lasdaller démontra que cette
aventure avait été prédite par David, dans le psaume » : absurdité car suggère que David leur veut du mal :
citations latines inutiles, aucun argument valable.
Enfin, Frère Jean est loué et félicité et présente une vision satirique du clergé (justifie la censure) : « Claude
des Hauts-Barrois ? Ho le bon compagnon ! Mais quelle mouche l’a piquée ? Il ne fait qu’étudier depuis
je ne sais quand. Moi je n’étudie pas, par peur des oreillons. Les plus grands clercs ne sont pas les plus
savants » : satire soit des moins non-savants, soit des moines pour lesquels le savoir ne débouche pas sur
la charité ».
Chapitre 43 : victoire de Gargantua qui symbolise la victoire des gentils, pacifiques, bons et diplomates :
la guerre que moyen de réponse si diplomatie impossible. Le moine réalise à nouveau des exploits « tran-
cha la tête, coupant le crâne, raide mort par terre ». Montre toutes ses connaissances en anatomie « bonne
doctoral, peau de péricrâne, os frontal, deux os pariétaux » : les guerres violentes et cruelles, les combats
sont au moins source de connaissances anatomiques et d’élargissement du savoir : aspect positif de l’hu-
manisme qui trouve toujours un moyen de s’instruire.
Chapitre 45 : « C’est ce que dit Platon ans son dialogue La République « Les états seront heureux quand
les rois philosopheront et les philosophes régneront » : utilisation d’un chiasme.
Correspond à l’idéal humaniste car le but principal est de rendre l’humain heureux et épanoui, qui est
possible grâce aux philosophes sages. Référence à l’antiquité qui montre que les Humanistes puisent leur
savoir de l’antiquité.
Frère Jean humble, ne demande rien au chapitre 46 : « Combien voulez-vous pour sa capture ? Rien du
tout ». Le dépouillement de Picrochole par des paysans marque une inversion des rôles et la punition
pour sa prétention et ses crimes commis durant cette guerre. Il ne demanda pas non plus des sommes
astronomiques pour les punir et ne copie pas les ancêtres inhumains comme Alexandre ou Hercule (cela
s’oppose à la charité et l’amour du prochain prôné par l’évangile) : 2 millions chaque année, abordable et
cela se poursuit naturellement. Bonté, humanité de Grandgousier qui est ainsi présenté comme un roi
exemplaire : « nous serons contraints de leur défendre d’apporter quoi que ce soit », « nous aurions pu
exiger tyranniquement d’obtenir deux millions d’écus d’or et de garder ses fils ainés. ». Au lieu de ça, les
Canarriens se sont constitués tributaires perpétuels : seul Picrochole est le coupable de ces folies meur-
trières et de cette guerre. Contraste entre « tyrannie » et mesure. Livre une vision humaniste, puisque
Gargantua souhaite traiter avec clémence et humanité les prisonniers, ce qui permet d’établir de bonnes
relations avec les ennemis, qui d’eux-mêmes s’engagent à rembourser Gargantua → idéal humaniste, qui
ne souhaite pas persécuter les vaincus mais les respecte → vision humaniste de la guerre. MAIS référence
aussi à Charles Quint, qui emprisonnait les vaincus et les maltraitait : dénonciation de Charles Quint. On
comprend ainsi que l’oeuvre s’inspire de figures historiques.
Le discours de Gargantua montre qu’il est devenu un homme rempli de sagesse et qui est capable de
prononcer un discours plein de noblesse : l’éducation humaniste a été bénéfique pour le géant.
MAIS conservation du rire: « jusqu’à la venue des Coquecigrues » : signifie « jamais », utilisation d’un mot
farfelu et suscitant le rire : transmet le rire, le plaisir dans la lecture. Tourne en dérision également le futur
de Picrochole qui devient un méchant malheureux et malchanceux. « Picrochoe fut dépouiller par les
meuniers et on leur donna une vilaine souquenille pour le couvrir » : inversion des rôles comiques et
cocaces car le grand conquérant devient un vulgaire paysan + « souquenille », mot qui pouvait faire rire le
lecteur.
Les récompenses sont grandioses : « châteaux proches, terres offerts, ornements de la vaisselle distri-
bués… » : témoigne de toute la générosité et de la reconnaissance de Grandgousier : un bon roi.
L’abbaye de Thélèmes :
Etablit une égalité homme-femme « pas de femmes si pas d’hommes », « vêtements identiques », diversité
et richesse avec « colliers, chapelets, bagues, pierres fines, rubis… ». Dimension internationale avec « mode
française en hiver, espagnole au printemps, italienne en été » : établit une « concorde » entre
hommes/femmes et introduit la notion de parité, respect mutuel : un exemple de la vie sociale.
Autre point : l’éducation et le divertissement : les appartements étaient spacieux, paisibles et agréables et
possédaient de nombreux divertissements sources de savoir « hippodrome, piscine, tir à l’arc et à l’arba-
lette (sport et corps), théâtre, peintures, éléphants, hippopotames, rhinocéros (sciences naturelles), beaux
arcs à l’antique » : réf à l’antiquité et élargissement du savoir à tous les domaines : cf l’éducation de Pono-
cratès.
L’inclusion est cependant limitée à des personnes instruites, bonnes et bienfaisantes + critique social de
l’époque : «puisque, en ces temps-ci, on ne faisait entrer aucune femme sinon les borgnes, folles, insen-
sées, stupides, mal formés etc », qui représentent une menace pour la béatitude de l’abbaye : ils n’ont pas
été éduqués correctement et pas avoir été doté de richesses à la naissance. Dénonciation d’un système de
relégation et d’enferment dénoncé au niveau social parce que l’on utilise les abbayes comme un moyen
de se débarasser des personnes qui sont une charge pour la famille (à mauvais escient). D’autre part,
l’inscription sur la porte de l’abbaye est importante aussi car elle indique les exclus (« face non humaine,
grippeminauds, frimas, tocoux, badaux, matagots, boursouflés ») et les admis (gens biens). -> sélection des
personnes afin d’optimiser la vie à Thélèmes, mais aussi exclusion des potentiels dangers, donc des enne-
mis (cf : la guerre contre Picrochole). Confère une dimension comique aussi avec les insultes pour quali-
fier les exclus.
La religion a toutefois également son importance avec respect des trois vœux des religieux, à savoir « la
chasteté, la pauvreté et l’obéissance » : instaure une rigueur et une homogénéité dans l’abbaye. Possibilité
également de se marier : respect pour le mariage et ses valeurs.
Enfin, la notion de liberté est primordiale car pas de « lois ni règles, mais la volonté et le libre arbitre » ->
« fais ce que tu voudras : une société qui s’auto-gère. La justification est l’intelligence obtenue grâce à une
bonne éducation qui les « écarte du vice et les pousses toujours vers les actions vertueuses » : rôle fonda-
mental de l’éducation. Ainsi, la société devient libre et fraternelle, soudée : « si quelqu’un disait « buvous »,
tous buvaient ». Cette bonne éducation et les savoirs variés « ils savent lire, écrire, chanter, jouer, parler
cinq ou six langues… » leur permettent de s’épanouir, de se développer en tant qu’homme, « faire ce qu’ils
voyaient plaire à un seul » : cette liberté à la servitude et aux règles constitue une nouvelle société utopique.
Cela sert à les préparer à la vie en société du mieux qu’ils peuvent et forgeaient des valeurs intarissables,
solides et authentiques.
Se termine par un jeu proposé avec double compréhension de l’énigme dans les fondements de Thé-
lèmes. Rabelais insiste ensuite sur l’aspect plaisant, festif et divertissant de l’oeuvre car il y a un banquet
avec rassemblement et festivités, folâtreries, boissons et amusement.

→ insiste sur la substantifique moelle, invitation à s’assagir et d’avoir soif de savoirs : innutrition intellec-
tuelle : la double signification du roman.
Les thèmes :
L’éducation : Les premiers chapitres de Gargantua répondent à la question « Qu’est-ce qu’une bonne
éducation ». Cette interrogation est fondamentale car, pour les humanistes comme Rabelais, c’est l’éduca-
tion qui permet à l’homme d’exprimer le meilleur de sa nature.
L’éducation de Gargantua n’a pas été de tout repos ! Il a d’abord subi l’enseignement selon les méthodes
médiévales fondées sur le par cœur, l’abstraction et le mépris du corps. Les conséquences sont désas-
treuses. Grandgousier s’aperçoit sur son fils « étudiait très bien et y mettait tout son temps, toutefois qu’en
rien il ne profitait, et qui pis est, en devenait fou, niais, rêveur et assoti ».
Grandgousier choisit alors pour son fils l’éducation humaniste de Ponocrates, fondée sur la curiosité scien-
tifique, la lecture des textes anciens, la réflexion, la pratique et l’hygiène du corps. Cette éducation est une
réussite.
Le corps : Gargantua évoque les fonctions naturelles du corps sans tabou. L’accouchement, le fait d’uriner,
la défécation… Ces allusions ne sont pas seulement comiques, Rabelais montre le corps comme une
source de réjouissance.
La guerre : Quelles sont les vertus d’un bon souverain ? Existe-t-il un guerre juste ? A travers les guerres
picrocholines, qui font écho aux rivalités entre François Ier et Charles Quint pour la domination de l’Eu-
rope, Rabelais mène une réflexion sur ces questions politiques. Il entend montrer l’absurdité de la guerre
et se ravages. Pour lui, seule la guerre défensive se justifie. Ce n’est qu’après avoir tenté en vain la diplo-
matie et la conciliation que Grandgousier fait la guerre à Picrochole pour restaurer la paix.
La liberté et la société idéale : La liberté est un thème important dans Gargantua, au cœur des chapitres
52 à 58 sur l’abbaye de Thélème. Dans cette abbaye utopique, où sont accueillis les hommes et les femmes
bien nés et bien éduqués, les murailles sont inexistantes et les jeunes gens n’ont qu’une seule règle « fais
ce que tu voudras ». Loin de créer des conflits, cette liberté mène à une société épanouie et fraternelle.
Les particularités de l’écriture de Rabelais :
C’est une variété et une richesse extraordinaire. L’auteur use de différents niveaux de langue, mêlant
termes techniques et savants, dialectes régionaux, expressions latines, mots vulgaires et mots inventés.
Cette exubérance lexicale s’exprime particulièrement dans les nombreuses énumérations qui étourdissent
le lecteur.
Rabelais multiplie aussi les tonalités (satirique, épique, comique, lyrique…) et ne recule devant aucune
forme de comique (calembours, situations farcesques, allusions obscènes et scatologiques…).

Conclusion :
Cette œuvre est une référence pour les humanistes, mêlant trois genres de roman : éducatif, chevalerie et
utopique. Il permet au lecteur de se détendre, de rire grâce aux jeux de mots triviaux et burlesques, aux
grossièretés ou encore aux hyperboles et aventures rocambolesques (la guerre, Picrochole, calembours
grotesques ou encore décalage sérieux/comique). Néanmoins, l’auteur doit « sucer la substantifique
moelle », c’est-à-dire percevoir les nombreuses critiques contre la guerre inhumaine de conquêtes, le mau-
vais clergé, avide d’argent et superstitieux (les théologiens) ou encore l’éducation médiévale qui ne permet
pas à l’Homme d’acquérir un savoir varié et à être rempli de sagesse. Il y vante également le modèle de
l’éducation humaniste, insiste sur les bienfaits de la diffusion des connaissances dans divers domaines
(sciences, lettres, arts) et de l’entretien du corps et de l’esprit, et prône la liberté et la parité dans une
société idéale.
Néanmoins, cette réussite éducative et sociale ne doit pas être lié à un sérieux constant, mais plutôt à un
plaisir intellectuel intense, proche de l’ivresse : le plaisir et les festivités sont donc sources de connaissances
et de bienfaits, alors pourquoi s’en priver ? Telle est la philosophie des humanistes !

Références possibles :
• Le Combat de Carnaval et Carême, Pietre Bruegel : ivresse du savoir, plaisir du vin et du rassem-
blement, plaisir de l’âme et du corps, personnages de Carnaval (la fête et les déguisements). Ou
métaphore du savoir fondé sur l’abnégation (critique de l’éducation médiéval), source de maladie
et de faiblesse et aveugle car ne se rend pas compte de l’abondance de la Création. 2 conceptions
du savoir différentes : humaniste / scolastique !!!
• Candide, L’Ingénu, Micromégas, Voltaire : dénonciation de la société française à travers des récits
parfois de sciences fictions, recours à des personnages étrangers, qui soulèvent les problèmes de
la France en se basant sur leur expérience : censure contournée et critique implicite. Par exemple,
critique de l’optimisme prôné par Leibniz dans Candide et vision d’un monde utopique -> l’El-
dorado. Ou encore, l’Ingénu surpris par le système judiciaire et l’intolérance religieuse en France
+ corruption : dénonciation à travers un personnage plus pur (le bon sauvage).

• Mariage de Figaro, Beaumarchais : Acte III, scène V : Figaro se rit du comportement égoïste et
vilain du comte et l’humilie : un valet dévalorise un noble, constituant une critique de la société.
La verve et les blagues de Figaro rendent ce discours plus naturel et amusant. Le public comprend
parfaitement l’intention de Figaro, qui se moque du comte.

• Fables, Jean de la Fontaine : critique de l’aristocratie, des tares de la société et du roi à travers
l’anthropomorphe et des histoires distrayantes.

• La nef des fous, Sebastian Brant : cf cahier de lecture, s’apparente à Gargantua, sauf que c’est
allemand et sous forme poétique.

• Opposition Démocrite (qui rit) et Héraclite (qui pleure) : préférer Héraclite dans l’antiquité était
meilleur car on prenait conscience de la situation désastreuse du monde, procurant lucidité et
savoirs : refuser le rire.
→ MAIS dans le Dialogue des Morts de Fénelon, l’auteur imagine un dialogue entre les deux philo-
sophes : Démocrite explique qu’il est conscient des malheurs du monde, mais il en rit, se moque des fous
et des dérives de la société : « je me crois sage » : « Accommodons-nous […] Le monde est ridicule est j’en
ris : en tout cas le monde va de travers ». Démocrite incarne le philosophe conscient des tares et dérives
sociaux, mais qui utilise le rire pour positiver et conserver un aspect plaisant. Il s’oppose ainsi au sérieux
et sévère philosophes Héraclite, responsable de son malheur puisqu’il est obsédé par le malheur du
monde. Il nous montre aussi que la lucidité peut s’acquérir par le plaisir, et non pas forcément par une
réflexion démoralisante et affligeante : réf à Rabelais.

Plan pour la dissertation :


I. Cette œuvre est distrayante et amusante

1) Rabelais met en avant le merveilleux


Gargantua est un géant, il nait « dans de bien étranges conditions », au bout de 11 mois de l’oreille de sa
mère : « fut porté pendant onze mois dans le ventre de sa mère » chapitre 3
+ chapitre 6 « l’enfant le traversa d’un sursaut, entra dans la veine cave, continua son chemin vers la
gauche et sortit par l’oreille de ce même coté »
Actions improbables : jument détruit la forêt avec sa queue + voler les cloches de la cathédrale Notre
Dame au chapitre 17
Chapitre 8 : "Pour ses chausses furent utilisées onze cent cinq aunes" ==> dimension démesurée du
géant.

Cf : Micromégas de Voltaire : un géant qui fait voyage avec une habitant de Sirus : « et le nain de Sirus
ne mesurait que 2 km de haut », chapitre 1
« Micromégas saisit ce qu’il pensait être une baleine, mais se rendit compte qu’elle poussait des cris stri-
dents ».

2) Un humour audacieux est fortement présent : grivois et scatologique


« il chiait, pissait, se mouchait », chapitre 11 = passivité de Gargantua pendant son enfance + l’épisode des
Parisiens aspergés par l’urine de Gargantua, « accueillons-les comme il se doit et il déboutonna sa belle
braguette », chapitre 17
« Oh ! La belle matière fécale qui devait boursoufler en elle ! » page 75 - Chapitre 5

Cf : Voltaire, Candide, l’épisode de la fille de chambre : grivoiserie ; chapitre 1


3) Rabelais tourne en dérision des personnages et sujets sérieux
« Tropdicieux, Thubald Holoferne, le vieux tousseur » + Janotus et sa harangue (+ nom ridicule) « « il fit
sa harangue en toussant », chapitre 18, la guerre majeure déclenchée pour des futilités, càd le « vol des
fouaces »
Tourne en dérision aussi les inventions scientifiques avec l’épisode du torche-cul ridicule, qui prouve son
intelligence → essayer différentes matières pour s’essuyer comme « la fourrure, le velours ou le satin »
afin de trouver le plus efficace. Réaction de Grandgousier « oh que tu as de l’esprit mon petit »
Cf : Leibniz dans Candide est ridiculisé → voit l’optimisme partout, or il n’y en a pas. Le monde est
méchant, vil et déprimant au fur et à mesure de l’histoire.
4) (à utiliser comme petit 3 si on le sujet s’y prête) : Rabelais utilise de nombreuses exagérations
ridicules
Mettre les citations : « pour ses chausses furent utilisées onze cent cinq aunes », chapitre 8 ; encrier est
comparé au chapitre 14 à des « piliers » ; le titre du chapitre 26 « comment survint entre les paysans de
Lermé et de Grandougiser l’énorme querelle qui donna lieu à de grandes guerres ? » => titre du chapitre.

I. Mais Rabelais souhaite également instruire le lecteur et le faire réfléchir

1) L’idéal éducatif humaniste est mis en lumière :


« il parviendra à un niveau de sagesse s’il est bien éduqué », les divers enseignements de Ponocratès (arith-
métique, langues anciennes, sciences, astronomie, musique, sport et danses)
- Chapitre 23 : "Ils s'exerçaient ainsi gaillardement le corps, comme auparavant ils s'étaient exercé l'esprit"
: éducation complète et saine de Ponocrates
- Chapitre 23 : "La suite se passait en propos agréables, savants et utiles" => dimension sérieuse et huma-
niste
- Chapitre 24 : "En jouant, il se remémorait les passages des auteurs anciens" => éducation humaniste de
Gargantua mêlant apprentissage et plaisir
- Chapitre 15 : "par coeur et à l'envers" : critique de l'éducation scolastique ridiculisée = double dimen-
sion avec une critique par l'humour <=> objet d'étude

Cf : La nef des fous, Brandt » : éducation est correcte si elle parvient à la discipline par la sévérité « De
l’éducation des enfants ».
2) Une dénonciation des tares de la religion de son époque
Les superstitions quand il rencontre Grandgousier, les « faux prophètes », les pèlerins mangés en salade
« le psaume l’avait dit ».
Chapitre 40 : « n’instruisent pas le monde comme un bon prédicateur d’évangile » -> inutile et fainéant =
vif persiflage.
- Chapitre 45 : "La peste ne tue que les corps, mais ces imposteurs empoisonnent les âmes" ==> les faux
prophètes ==> montrer le peu d'esprit critique
- chapitre 40 : "J'appelle cela des "moque-Dieu", non des prières"
-chapitre 45 : "blasphèment contre les justes et les saints de Dieu"

Cf : L’Ingénu, Voltaire avec les Jansénistes emprisonnés car considérés comme dangereux : injustice liée
à la religion = tare de la société du XVIIIe siècle.
3) Recommandation du pacifisme faisant réfléchir sur la guerre
Chapitre 28, « Je n’entrerai pas en guerre tant que je n’aurai pas tenté toutes les mesures pour restaurer la
paix, dit Grandgousier », traitement magnanime des prisonniers = « Canariens constituaient des tributaires
perpétuels » = aucune tyrannie, sur les vaincus (s’oppose à Charles Quint, empereur des Habsbourgs et
roi d’Espagne qui est critiqué par Rabelais + ennemi de François Ier) -> il pardonne à ses ennemis (chapitre
50) lors de sa harangue. « Ils continuent ainsi de leur plein gré, si bien qu’on devra les interdire de nous
verser quoi que ce soit » -> relation amicale et commerciale avec les vaincus, pas de cruauté : seul le sou-
verain assaillant est tenu responsable. « Les Canariens se sont constitués tributaires perpétuels, s’obligeant
à nous verser chaque année 2 mio d’or pur ».
Cf : Les Caractères, Livre X « Du souverain ou de la République », La Bruyère : un bon roi est celui qui
s’efforce de protéger son peuple ne préférant la paix plutôt que les conquêtes sanguinaires -> « Il prend
conseil du temps, du lieu, des occasions, de sa puissance ou de sa faiblesse, du génie des nations avec qui
il traite, du tempérament et du caractère des personnes avec qui il négocie ».

I. Le rire est mis au service du savoir :

1) Le rire permet de parodier l’éducation scolastique, peu recommandée


- Thubald holoferne », « par cœur, à l’endroit et à l’envers »
- Comparaion de l’encrier à un pilier => montrer les aspects néfastes.
- « Des petits poids au lard cum commento »
- « Il lui lut le comut ce qui l’occupa bien 16 ans et 2 mois » = éternité, trop long et inutile.

1) A travers l’humour, Rabelais montre l’importance de prendre soin de son corps.


- « il chiait, se mouchaitb dans sa manche » = montrer l’importance du corps, de l’hygiène
de vie
- « il dormait, mangeait, dormait, mangeait » = pas d’activité physique, apathie.
- « il sauta dans la veine cave, continua son chemin dans l’oreille gauche et sortit du même
côté »

1) Le rire permet d’avoir une vision critique de la guerre et de sa cruauté


- « Frère Jean des Entommeurs brisait des jambes, disloquait des vertèbres et fracassait des
reins » = tellement horrible , que cela parait exagéré et ridicule => violence extrême des
guerres critiquée
- Picrocholes = le tyran, qui attaque par surprise et se fait punir pour son acte condam-
nable : il a été condamné par des paysans alors qu’il fuyait et est ridiculisé, humilié.
- Les causes de la guerre : se référer au titre « les énormes querelles qui débouchèrent sur
de grandes guerres »

1) Une vision utopique de la société, qui allie les 2 idées rire/savoir


- L’Abbaye de Thélème : exclusion des personnes dangereuses afin d’optimiser le train de
vie
- « hippodrome, piscine, tir à l’arc et à l’arbalette (sport et corps), théâtre, peintures, élé-
phants, hippopotames, rhinocéros (sciences naturelles), beaux arcs à l’antique » : réf à
l’antiquité et élargissement du savoir à tous les domaines : cf l’éducation de Ponocratès.
- Les habitants sont pourtant cultivés, parlent six ou sept langues => mais ils peuvent s’amu-
ser : « si quelqu’un disait « buvous », tous buvaient ». Cette bonne éducation et les savoirs
variés « ils savent lire, écrire, chanter, jouer, parler cinq ou six langues… »
- Banquet, plaisir de la boisson, mais avec modération
 PARFAIT EQUILIBRE

 CE PLAN EST VALABLE POUR TOUS LES SUJETS NORMALEMENT !


- Rire = axccès au savoir ? Concessif
- Rire = démarche humaniste ? Concessif
- Gargantua = que du rire ; que du savoir ? Concessif

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