Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
3 Visages du monstre
3 Visages du monstre
Présentation du chapitre
Place dans le cycle et dans les programmes
❱ Ce chapitre explore le thème : « Le monstre, aux limites de l’humain ». Il fait suite au chapitre « Se confronter au merveilleux, à
l’étrange » sur lequel les élèves auront travaillé au début du cycle 3 et au cours duquel ils se seront interrogés sur les sentiments
d’attirance et de rejet suscités par ces personnages.
Présentation générale
❱ En 6e, l’accent est mis sur la perception d’une certaine humanité chez le monstre, sur laquelle l’image d’ouverture du chapitre permet
déjà de réfléchir. Les monstres seront aussi analysés comme des créatures hybrides, composites.
Progression du chapitre
❱ Les textes choisis permettent tous d’explorer cette ambiguïté sous la forme d’une galerie de monstres issus de différentes époques,
de différents genres littéraires et de diverses cultures.
Livres :
› Erich Ballinger, ABC des monstres, École des loisirs, 2000. Un dictionnaire des monstres à faire lire aux enfants et qui
inspirera les professeurs.
DVD :
› La Belle et la Bête, un film de Jean Cocteau, par René Château, dans la collection La mémoire du cinéma français, 1946.
En plus du film, vous trouverez sa bande annonce, le making off de la restauration, des affiches du film et une interview
du directeur de la photographie Henri Alekan.
TEXTES ET IMAGES
1. Contes et légendes de sorcières, « Baba Yaga » p. 74 - 75
Ce premier texte revient sur un monstre connu des élèves et présent dans les contes : la sorcière. Mais celle-ci est issue du folklore russe.
Les images proposent d’autres types de sorcières.
Les liens avec le programme sont : « comprendre et interpréter des textes littéraires », « interprétation à partir de la mise en relation
d’indices explicites ou implicites ».
❱ Lexique
Les activités lexicales proposent de travailler la description et l’enrichissement du vocabulaire du monstre : mots de la même famille,
synonymes, adjectifs.
❱ Langue
› En conjugaison, le travail se poursuit autour du verbe avec un exercice portant sur les participes présents.
› En grammaire, le travail autour du verbe porte sur l’identification du prédicat, du verbe, et des compléments du verbe.
› En orthographe, le travail proposé porte sur l’accord du participe passé (avec l’auxiliaire être) et de l’adjectif.
❱ Expression écrite
Quatre exercices sont proposés et ont pour finalité d’amener l’élève à ne pas se contenter d’un travail rapide et bâclé lors de son expression
écrite, sans relecture ni autocritique :
› le premier exercice vise notamment à prendre conscience de la méthode du travail au brouillon avant d’écrire un court texte ;
› le second guide l’élève dans la transformation du premier jet d’un texte en suivant une nouvelle consigne. Il vise ainsi à l’accompa-
gner dans la nécessité de revoir, de reprendre, de corriger, d’améliorer, et donc plus généralement de remettre en question son travail
préparatoire ;
› le troisième est l’écriture d’invention d’un monstre hybride qui vise à donner davantage de liberté et à développer l’imagination : créer
un nouveau monstre, personnel et original ;
› le dernier exercice, un récit à la manière de J.K. Rowling, permet de mettre en scène la naissance de l’être créé dans l’exercice précé-
dent, et donc de réinvestir le travail créatif opéré dans un premier temps.
❱ Expression orale
Les quatre exercices d’expression orale proposent des activités autour du thème du monstre. La première pousse l’élève à améliorer sa
lecture expressive en apprenant à lire pour produire un effet sur son auditoire. Les trois activités suivantes encouragent l’élève à préparer
des notes en vue d’une prestation orale : résumer à l’oral, participer à un débat et faire la description d’un monstre à l’oral. À chaque fois,
l’élève devra éviter de préparer des phrases toutes faites et accepter le risque d’une prise de parole plus improvisée qu’une lecture d’un
texte préétabli ; ainsi va se construire l’idée d’une organisation de la prise de parole, de la préparation d’étapes, de repères rassurants
pour ne pas perdre pied ni perdre l’attention de son auditoire.
PARCOURS CITOYEN p. 92 - 93
3 Visages du monstre
Propositions de corrigés
OUVERTURE
Pour entrer dans le chapitre Shrek, E.T., etc. Ce sera l’occasion de modifier la définition du
1. a) On attendra des élèves qu’ils nomment les monstres qu’ils monstre que l’on s’apprêtait à construire. Certains personnages
connaissent. Ce sera aussi le moment de différencier monstres et auront même du mal à apparaitre comme des monstres, tels Yoda.
super-héros si le cas se présente. b) On demandera aux élèves de
Image d’ouverture
justifier leur choix en expliquant que le monstre qu’ils ont choisi
fait peur, qu’il est dégoutant, que c’est une créature imaginaire ou 1. Ce monstre semble constitué de spaghetti, de laine, de fil. Les
qu’il est constitué de plusieurs parties de créatures réelles. matières dont il est composé sont indiquées en légende : silicone,
laine et polyestère.
2. On demande ici que les élèves puisent dans leur culture per-
sonnelle afin de retrouver les caractéristiques du monstre. Elles 2. On peut ressentir de la tristesse ou du dégout.
seront essentiellement négatives : le monstre fait peur, il dévore les 3. a) C’est un monstre car il peut faire peur ou car la matière dont
hommes, il est très différent des êtres connus, il garde un lieu, etc. il est composé semble écœurante. b) Cette créature exprime un
3. Des monstres positifs existent dans la littérature et au cinéma : sentiment humain, la tristesse ; c’est ce qui le rapproche de l’homme.
TEXTES ET IMAGES
IMAGE 1 : Stephanie Brown, Baba Yaga / Kunisada Utagawa, La sorcière aux taches de sang, 1852.
1. L’image de La sorcière aux taches de sang ne représente pas une ses membres sont longs et fins comme ceux des araignées. Le per-
Baba Yaga mais un personnage de la culture japonaise. sonnage de l’image de droite est couvert de sang, ses doigts sont
2. On comprend que ces deux images représentent des personnes crochus et les traits de son visage montrent la colère. Tous ces
âgées car leur dos est vouté. éléments rendent les deux sorcières particulièrement effrayantes
et monstrueuses.
3. L’image de gauche présente un personnage habillé de guenilles,
C h a p i t r e 3 • c o r r i g é s • Visages du monstre 5
Le livre du professeur • Français • 6e
5. a) L’expression qui montre la méfiance du chevalier est « Je 8. Le groupe nominal qu’utilise le géant pour évoquer sa supériorité
me préparai à me défendre » (l. 21). b) On pourra accepter des est « le seigneur de mes bêtes » (l. 44).
réponses paradoxales : le chevalier peut avoir raison de se méfier 9. On pourra accepter deux définitions que l’on retrouve dans les
car le géant est impressionnant et qu’il tient une massue. Mais on dictionnaires : « Être vivant qui présente d’importantes malforma-
pourra, à la lumière de la suite du texte, trouver que le chevalier se tions » ou bien « Personne particulièrement laide ». Ce sera surtout
méfie du personnage seulement parce qu’il est laid et qu’il commet l’occasion d’évoquer le monstre dans sa dimension tératologique
en quelque sorte un délit de faciès. (définition = science des monstres qui traite plus particulièrement
6. L’individu se définit comme un humain : « je suis un homme ! » des anomalies, malformations anatomiques), le monstre de foire, ou
(l. 28). celui que l’on montre (selon l’étymologie latine), comme Elephant
7. Cette créature profite de sa taille extraordinaire pour avoir le Man ou le Bossu de Notre-Dame.
dessus sur les taureaux dont il a la garde.
TEXTE 3 : Qui se cache derrière la Bête ? (José Féron Romano, La Bête du Gévaudan)
1. On attendra que les élèves fassent la différence entre « dange- « singe » (l. 10) ; « loup-garou » (l. 11) ; « lion » (l. 12) ; « pan-
reuse » et « cruelle ». a) La Bête est dangereuse car elle est meur- thère » (l. 14) et « hyène » -l.14). b) Le loup-garou est un animal
trière, qu’elle se déplace rapidement et qu’elle est très agile. b) Sa imaginaire.
cruauté apparait quand on sait qu’elle s’attaque « de préférence 6. Ce qui rappelle la démarche de l’homme chez cette bête est
aux femmes, aux enfants » (l. 5-6). qu’elle se déplace parfois « sur ses deux pattes de derrière » (l. 10).
2. Avec l’expression « comme par miracle » (l. 2), le prêtre explique 7. La personne qui a vu la Bête du côté de Langogne est en état de
que la Bête est envoyée par Dieu pour « guérir » les hommes (l. 7). choc. Elle est traumatisée car elle reste couchée, elle a de la fièvre
3. Le prêtre pense que les hommes doivent cesser « d’offenser et elle délire (l. 25-30).
Dieu » (l. 7) pour que le monstre disparaisse. 8. Le petit Jeannot, cet enfant de huit ans a été comme « hypno-
4. Cette question doit permettre aux élèves d’établir un lien avec tisé » par la Bête : il a crié puis son regard s’est fixé (l. 37-38).
des récits antiques tels que l’Odyssée (Poséidon et Ulysse) ou la 9. L’expression « ses yeux parlaient » est à prendre au sens figuré.
Genèse (Adam et Ève et Yahvé). C’est comme si elle avait parlé avec son regard car ses yeux étaient
5. a) Les cinq noms d’animaux qui servent à décrire la Bête sont : très expressifs.
IMAGE 3 : Howard Pyle, On n’avait pas vu de loup à Salem depuis trente ans, 1909.
Howard Pyle, illustration pour Le loup de Salem, 1909.
1. Dans les deux images, la scène semble se passer en hiver car b) On comprend ce sentiment car le peintre a représenté les
le sol est recouvert de neige, les personnages sont chaudement personnages groupés les uns contre les autres, les mains jointes
habillés, couverts de chapeaux, les arbres ont perdu leurs feuilles. et légèrement penchés en arrière, dans la première image, alors
2. a) Les personnages semblent éprouver la peur, la terreur, la que le personnage de la seconde image est en train de fuir en
panique ou l’effroi. courant.
C h a p i t r e 3 • c o r r i g é s • Visages du monstre 6
Le livre du professeur • Français • 6e
IMAGE 5 : Dracula, film de Francis Ford Coppola, 1992/ Dracula, film de John Badham, 1979.
1. La première image évoque le passage du rasoir mais on ne très utilisé : Nosferatu le Vampire de Friedrich Wilhelm (1922),
retrouve pas précisément cette action dans le texte. La seconde Entretien avec un vampire de Neil Jordan (1994), etc.
image montre le moment où Dracula rampe comme un lézard 3. Cette question, assez ouverte et complexe, permet d’engager
contre le mur. la discussion sur les raisons de l’attrait des films d’horreur ou des
2. On fait ici appel à la culture personnelle des élèves afin histoires qui contiennent des monstres dégoutants ou encore sur
qu’ils comprennent que le vampire est un type de personnage les série policières très à la mode.
C h a p i t r e 3 • c o r r i g é s • Visages du monstre 7
Le livre du professeur • Français • 6e
› Belle obtient l’autorisation de repartir une semaine chez son père qui est mourant. Ses sœurs font tout pour la retenir au-delà des
huit jours autorisés par la Bête afin que leur sœur soit dévorée par la Bête à son retour ;
› Belle rentre finalement au château après avoir aperçu la Bête mourante dans un songe.
4. Découvrant la Bête mourante, Belle réalise qu’elle en est tombée amoureuse et souhaite vivement l’épouser. À ces mots, la Bête se
métamorphose en un superbe prince qu’une « méchante fée » avait ainsi condamné à convaincre une femme de l’épouser sans beauté ni
esprit.
5. Ainsi, Belle qui semblait être condamnée à mourir auprès de la Bête finit mariée à un homme puissant, beau, riche, bon et doté d’esprit.
Et toute sa famille la rejoint dans le château où elle vivra dorénavant. Les deux sœurs y sont transformées en statues par la fée, pour
contempler le bonheur mérité de Belle, et ce jusqu’à ce qu’elles reconnaissent leurs fautes.
La situation finale est ainsi apaisée, retrouvant le bonheur familial initial de l’histoire mais rendant honneur à la bonté de Belle face à la
méchanceté de ses deux sœurs. Les valeurs morales sont respectées.
6. a) Portraits de deux héros du conte :
Portrait physique Portrait moral
› « très bell[e] », « la belle enfant » , › instruite : « il n’épargna rien pour l’éducation de ses filles » (1er §) ;
« plus belle que ses sœurs » (1er §) ; ›B elle a de grandes qualités d’âme et de cœur : « meilleure qu’elles » (1er §),
› elle a une « santé parfaite » (2e §). elle agit « honnêtement », et avec sincérité. Elle est, de plus, très humble ;
› e lle ne se plaint jamais, elle est même courageuse (face à la ruine de son
père, puis au sort terrible qu’elle accepte sans verser une larme) ;
› e lle se préoccupe du sort de sa famille, pleine de compassion, ne voulant
pas quitter son père et restant très généreuse avec ses sœurs pourtant fort
égoïstes et désagréables : « elle était si bonne qu’elle les aimait et leur
pardonnait de tout cœur le mal qu’elles lui avaient fait » ;
Belle
› e lle travaille de bon cœur et de bon matin, une fois sa famille ruinée et
privée de serviteurs (2e §) ;
› elle est douée pour les arts : « elle lisait, jouait du clavecin , ou bien, elle
chantait en filant » (2e §) ;
› son père admire sa « vertu » et « sa patience » face au comportement insul-
tant de ses sœurs à son égard (4e §) ;
› elle éprouve d’abord de la frayeur envers la Bête, puis de la compassion, de
« l’estime, de l’amitié et de la reconnaissance » et « aim[e finalement] la
Bête de tout son cœur ».
› e lle est laide : c’est « une bête si › « vous êtes fort bon » / « C’est bien dommage qu’elle soit si laide, elle est
horrible, qu[e le père] fut tout prêt à si bonne » ;
s’évanouir » ; › L a Bête est aux petits soins avec Belle : elle est la « reine » et la « maî-
› il a « une voix terrible » ; tresse » des lieux. Il est confiant et fidèle à ses promesses ;
› il est décrit comme un « monstre », un › La Bête se montre sensible à l’égard de Belle : « J’aurais du chagrin si vous
La Bête « vilain monstre » ; n’étiez pas contente ». Elle semble réveiller en lui tout ce qu’il a d’humain
› s on soupir face au refus de Belle de et de bon alors que son corps l’attire vers son état de bête sauvage ;
l’épouser prend la forme d’ « un sif- › « je n’ai point d’esprit » : la Bête s’exprime « avec assez de bon sens », mais
flement si épouvantable , que tout le le comportement de la Bête tend à relativiser ce détail, que confirmera le
palais en retentit ». dénouement du récit : la fée avait défendu le prince « de faire paraître [s]on
esprit ».
b) Si les deux personnages s’opposent complètement en ce qui concerne leur état physique, ce que signifient les noms que le conte leur
donne, ils sont les deux représentants de la bonté désintéressée dans cette histoire (le père en est un digne représentant aussi mais
semble subir contrairement à Belle qui est partie prenante des étapes de résolution de l‘histoire).
7. a) Le prince semble avoir été métamorphosé en bête pour acquérir cette bonté qui lui manquait, lui qui possédait déjà la beauté et
l’esprit (dans le film de Cocteau, le prince indique qu’il a été transformé en bête pour punir ses parents de ne pas croire aux fées).
b) Il a ensuite préféré mourir sous la forme d’une bête car il s’est cru trahi par la Belle qui ne revenait pas malgré la promesse qu’elle lui
avait faite.
c) L’apparence monstrueuse de la Bête ne permet pas, dans les représentations populaires, la représentation d’une union avec la belle
héroïne. Elle n’ouvre que les portes de l’amitié, du lien affectif. Comme son nom l’indique, la Bête est vue comme un animal, un être a
priori asocial, vivant à l’état de bête sauvage incapable de maitriser ses instincts - ce qui n’est pas du tout le cas. C’est de plus un subs-
tantif féminin. En lui redonnant figure humaine, le récit redonne à l’homme son existence sociale, son statut et permet l’union maritale
avec la jeune femme.
8. Les deux sœurs symbolisent la noirceur que peuvent avoir certains êtres humains. Elles sont belles toutes les deux, comme le précise
le conte dès le premier paragraphe, mais tout en elles n’est que pure méchanceté :
› leur comportement égoïste et paresseux face au dénuement soudain de leur famille ;
› leur comportement arrogant et même insultant vis à vis de leur sœur si soucieuse de leur bien-être ;
› leur dédain vis à vis des autres filles de marchands et des prétendants d’un rang de société qu’elles jugeaient insuffisant ;
› leur jalousie quant à la richesse et au bonheur inattendus de Belle ;
› o u encore leur cruauté lorsqu’elles font en sorte - mais en vain- de la condamner à mort.
C h a p i t r e 3 • c o r r i g é s • Visages du monstre 8
Le livre du professeur • Français • 6e
9. Ce conte a une visée morale évidente : elle est principalement centrée sur la distinction de la laideur physique et de la laideur
morale : contre toute attente du lecteur, le monstre n’est pas le personnage méchant de l’histoire.
« Il y a bien des hommes qui sont plus monstres que vous, dit la Belle, et je vous aime mieux avec votre figure, que ceux qui avec la figure
d’hommes, cachent un cœur faux, corrompu, ingrat. »
Ce conte vise à encourager tout être à dépasser ses propres limites pour accéder aux vertus plus essentielles que la beauté extérieure :
l’intelligence, certes, c’est-à-dire l’usage raisonné de son esprit, mais surtout la bonté vis-à-vis d’autrui.
BLOC 2 :
1. › Dans le film, l’essentiel des modifications est lié aux personnages de l’histoire.
• Le père a trois filles (deux méchantes et cupides : Adélaïde et Félicie, et Belle), mais un seul fils (Ludovic).
• Un nouveau personnage apparait : l’ami de Ludovic (Avenant), seul prétendant de Belle, véritable bon à rien qui perd son argent au
jeu et qui meurt à la fin de l’histoire en tentant de s’emparer des richesses cachées de la Bête. Dans le film, c’est le même acteur, Jean
Marais, qui joue les deux rivaux, Avenant et la Bête, ce qui offre une fin surprenante lorsque la Bête se re-métamorphose en humain.
• Notons de plus que les deux sœurs ne se marient pas et ne sont pas châtiées à la fin.
› Un des grands atouts du film est la poésie de sa réalisation, notamment visible dans les plans filmés des yeux de la Bête et les moments
féeriques au château où s’animent par exemple les candélabres tenus par des mains vivantes.
2. a) On peut citer comme éléments merveilleux du film :
› le miroir magique qui parle et permet de voir ce que l’on souhaite voir (La Bête et Belle se voient à distance, les sœurs voient ce
qu’elles sont réellement – une vielle femme aigrie et un singe) ;
› le gant qui permet de se téléporter lorsqu’on l’enfile ;
› le cheval Le Magnifique qui conduit son cavalier sans que celui-ci ait besoin de le guider ;
› les vêtements somptueux de la Belle puis du prince ;
› la fin heureuse où la Bête porte Belle dans ses bras, et où le couple réuni par l’amour s’envole littéralement.
b) Certains éléments de l’histoire / du film évoquent clairement des contes célèbres :
› le baiser salvateur de La Belle au bois dormant de Charles Perrault, par exemple, est remplacé dans le conte de Mme Leprince de
Beaumont par une « embrassade » au sens premier du terme : elle prend la Bête dans ses bras, ou plus précisément elle se couche sur
la Bête mourante et sent son cœur battre. Dans le film, la scène est filmée dans un plan moyen puis américain, en offrant un champ-
contre champ sur le visage de la Bête ;
› les méchantes sœurs rappellent les pestes (ses demi-sœurs) que supporte humblement Cendrillon dans Cendrillon ou la Petite pan-
toufle de verre de Charles Perrault ;
› le miroir magique fait immédiatement penser à celui de la Reine dans Blanche-Neige des frères Grimm.
3. L’atmosphère inquiétante du film est liée au travail conjoint de l’équipe de Jean Cocteau.
› Les images d’Henri Alekan, en noir et blanc, évoquent les peintres français et hollandais du XVIIe siècle. Elles font référence aux toiles
des maitres flamands tels que Vermeer. Elles ne sont pas sans rappeler également les gravures de Gustave Doré. Le travail sur la lumière
et l’osbcurité est passionnant à étudier avec les élèves. Notons que les fondus au noir qui servent de transition lors du passage d’un
lieu à un autre (château, maison du père de Belle...) ou d’un moment à un autre (jour, nuit) accentuent le malaise du spectateur.
› L e choix des angles de vue est, lui aussi, très éloquent : les plongées et contre-plongées sont fréquentes, notamment en ce qui
concerne les images de la Bête.
› J ean Cocteau a usé également de trucages tels que la surimpression dans la scène du miroir ou le tournage à l’envers pour l’envol
final du couple.
› L a musique de Georges Auric contribue, elle, à l’ambiance ou ponctue l’action en mêlant chants inquiétants et musique grandiloquente.
› Les costumes de Christian Bérard sont très recherchés. Il propose des tenues espagnoles pour les sœurs qui semblent évoquer l’œuvre de
Goya et deux magnifiques costumes pour Belle et le prince. D’autre part, il crée le formidable costume de la Bête qui lui confère toute
sa noblesse tout en lui offrant une tête monstrueuse pour laquelle étaient nécessaires trois heures de maquillage à l’acteur Jean Marais.
4. a) À 22’04 : La condamnation du père par la Bête est liée à la rose qu’il cueille pour l’offrir à Belle qui lui avait demandé comme seul
présent de retour de son voyage (alors que ses sœurs demandaient monts et merveilles). Or les roses du jardin sont le seul élément que
la Bête ne semble pas souffrir que l’on touche. Lorsque le père voit la Bête, il est terrorisé. Il se jette à ses pieds en la suppliant et en
l’appelant « Monseigneur » avec déférence... peine perdue.
b) À 28’05 : Pendant la découverte du Château par Belle, l’atmosphère fantastique est notamment créée grâce :
› a ux branches des arbres qui s’écartent mystérieusement sur son passage juste avant son arrivée puis se referment ;
› à la course filmée au ralenti de Belle entrant dans la maison, que soulignent les mouvements de sa robe et de sa cape : elle semble
paniquée et, en même temps, irrépressiblement attirée vers sa chambre ; le spectateur peut, de ce fait, apercevoir avec elle tous les
éléments du couloir, des escaliers, les portes immenses, mais dans un clair obscur étrange ;
› aux jeux de lumière et d’ombre, donc, qui mettent en scène la frayeur de Belle à chaque pas qu’elle fait ;
› à la musique lente, oppressante, qui accompagne Belle, ponctuée de chants effrayants ;
› aux bras vivants portant des candélabres qu’elle croise sur son chemin ;
› à la porte qui parle et s’ouvre toute seule ;
› aux yeux mobiles des statues ;
› à la nature omniprésente dans sa chambre, fenêtre ouverte, qui trouble notre perception de ce lieu qui est censé devenir sa prison.
c) À 1h00’09 : Téléportation de Belle grâce au gant.
1h04’08 : Lorsque Belle donne son somptueux collier à l’une de ses sœurs, celui-ci se consume immédiatement, prenant l’aspect d’un
serpent, comme s’il ne supportait pas d’être porté par une autre que Belle : les cadeaux de la Bête ne sont faits que pour Belle, un être
pur et bon. Les sœurs de Belle sont jalouses car elles pensaient leur sœur condamnée à mort lorsqu’elle s’est sacrifiée pour sauver son
père et finalement c’est elle qui hérite de la vie la plus luxueuse, digne d’une reine.
d) Retour de Belle au château à 1h20’32-1h22-05 ; puis mort de la Bête et d’Avenant et leurs métamorphoses : 1h25’25-1h27’30.
C h a p i t r e 3 • c o r r i g é s • Visages du monstre 9
Le livre du professeur • Français • 6e
En voyant le prince, Belle croit voir Avenant, son prétendant plutôt arrogant et vénal mais dont elle appréciait la beauté (1h26’30). Le
prince retrouve sa beauté mais avec, en plus, une belle âme.
5. La réponse de l’élève est libre du moment qu’elle est justifiée en s’inspirant notamment des éléments d’étude élaborés au fur et à
mesure des questions précédentes.
C h a p i t r e 3 • c o r r i g é s • Visages du monstre 10
Le livre du professeur • Français • 6e
Mary Shelley, la créature de Frankenstein est, au début, gentille le corps semble composé de différentes parties d’animaux (fourmi,
et douce. Elle ne devient cruelle qu’au contact de la méchanceté scorpion, requin). Preuve en est aussi les allégories d’Arcimboldo
des hommes). Les artistes jouent aussi à Frankenstein puisqu’ils comme L’Eau qui est un agglomérat d’animaux marins utilisés pour
composent des monstres en assemblant différents éléments pris à former un homme.
des créatures voire des mondes différents. Preuve en est Alien dont
Complément pour le professeur : Pour enrichir cette étude, le professeur peut prolonger sa réflexion en lisant l’étude de Roland Barthes
« Arcimboldo ou Rhétoriqueur et Magicien » (L’Obvie et l’obtus, collection « Points essais », Paris, Seuil, 1982, pp. 122-138). Le critique y
propose une analyse complexe des portraits d’Arcimboldo en mettant en parallèle le langage pictural et le langage poétique, en étudiant
la « double articulation » des formes dans les tableaux, en rapprochant les créatures d’Arcimboldo de celles des contes de fées… Le texte
est trop long pour être cité ici dans son intégralité mais en voici quelques extraits intéressants mis en perspective avec l’étude proposée
sur les monstres.
La « double articulation » des formes dans les monstres.
Pour créer les monstres, les artistes utilisent des éléments existants dans la réalité que le spectateur peut identifier (première articulation)
pour composer une nouvelle forme, détournant ainsi les éléments réels pour leur donner un sens nouveau (deuxième articulation). C’est ce
qu’explique fort bien Roland Barthes lorsqu’il écrit : « Arcimboldo fait de la peinture une véritable langue, il lui donne une double articula-
tion : la tête de Calvin se découpe une première fois en formes qui sont déjà des objets nommables autrement dit des mots : une carcasse
de poulet, un pilon, une queue de poisson, des liasses écrites : ces objets à leur tour se décomposent en formes, qui, elles, ne signifient
rien : on retrouve la double échelle des mots et des sons. Tout se passe comme si Arcimboldo déréglait le système pictural, le dédoublait
abusivement, hypertrophiait en lui la virtualité signifiante, analogique, produisant ainsi une sorte de monstre structural » (op. cit., p. 126).
L’appropriation de procédés poétiques par les arts visuels lors de la création de monstres.
Roland Barthes voit dans l’art d’Arcimboldo une mise en application picturale des procédés poétiques : « À sa manière, Arcimboldo est
lui aussi un rhétoricien : par ses Têtes, il jette dans le discours de l’Image tout un paquet de figures rhétoriques : la toile devient un vrai
laboratoire de tropes. Un coquillage vaut pour une oreille, c’est une Métaphore. Un amas de poissons vaut pour l’Eau dans laquelle ils
habitent c’est une Métonymie. Le Feu devient une tête flamboyante, c’est une Allégorie. Énumérer les fruits, les pêches, les poires, les
cerises, les framboises, les épis pour faire entendre l’Été, c’est une Allusion. Repéter un poisson pour en faire ici un nez et là une bouche,
c’est une Antanaclase (je répète un mot en le faisant changer de sens). Évoquer un nom par un autre qui a la même sonorité (« Tu es
Pierre, et sur cette pierre… »), c’est une Annomination : évoquer une chose par une autre, qui a même forme (un nez par la croupe d’un
lapin), c’est une annomination d’images, etc. » (Ibid., pp. 127-128).
Prolongements de l’étude des monstres en Histoire des arts.
Dans l’introduction de son étude, Roland Barthes écrit : « devant une tête composée d’Arcimboldo, je suis appelé de la même façon à reconsti-
tuer la famille de l’Hiver : je demande ici une souche, là un lierre, un champignon, un citron, un paillasson, jusqu’à ce que j’aie sous les yeux
tout le thème hivernal, toute la « famille » des produits de saison morte. Ou encore, avec Arcimboldo, nous jouons à ce jeu qu’on appelle
le « portrait chinois » : quelqu’un sort de la pièce, l’assemblée décide d’un personnage qu’il faudra deviner, et lorsque l’enquêteur revient, il
doit résoudre l’énigme par le jeu patient des métaphores et des métonymies : Si c’était une joue, que serait-ce ? Une pêche. Si c’était une
collerette ? Des épis de blé mûr. Si c’était un œil ? Une cerise. J’ai trouvé : c’est l’Été. » (Ibid., p. 122). Ces remarques offrent des pistes de
travail intéressantes aux enseignants désireux de prolonger l’étude menée dans cette double-page d’Histoire des arts par un travail sur le
vocabulaire ou par un travail d’expression orale. Ces activités peuvent d’ailleurs être menées dans le cadre de l’accompagnement personnalisé.
LEXIQUE
Horrible Aggressif
Poilu
Effrayant Violent
Dodu
Dégoutant Dangereux
Monstre
Ushi-Oni
C h a p i t r e 3 • c o r r i g é s • Visages du monstre 11
Le livre du professeur • Français • 6e
Exercice 3 : Cette activité peut se faire sur un dictionnaire papier ou en ligne. On peut aussi distribuer une copie de l’article du diction-
naire aux élèves.
› Monstre : individu dont la morphologie est anormale.
ex : On traitait de monstres les enfants qui naissaient avec des malformations.
› Monstre : Créature légendaire dont le corps est formé de plusieurs éléments empruntés à différents animaux ou humains.
ex : Les centaures sont des monstres constitués d’un buste d’homme sur un corps de cheval.
› Monstre : Personne qui fait preuve d’une grande cruauté.
ex : Il faut être un monstre pour tuer volontairement des innocents.
› Monstre : Personne qui se distingue par ses grandes qualités dans un domaine.
ex : Cet acteur est un monstre de talent.
Exercice 4 : choqué : bouleversé - bizarre : étrange - apeuré : effrayé - angoissé : paniqué - énervé : enragé - étonné : stupéfait - joyeux :
content
Exercice 5 : De loin, on aurait dit une femme endormie. Deux petites cornes dépassaient de sa chevelure épaisse. Quand elle tourna sa
jolie tête enfantine, je vis que ses yeux étaient étranges. Ses canines étincelantes dépassaient d’une bouche fine et vermeille. Elle
me tendit la main et je remarquai que ses longs doigts se terminaient par des ongles courts mais pointus. Bien que fragile, son corps
semblait athlétique. Je n’avais jamais vu une peau aussi pâle. Était-ce un monstre sanguinaire ou une inoffensive créature ?
Exercice 6 : Cette activité ludique est l’occasion de faire travailler les élèves par groupe. Voilà quelques réponses possibles.
a) Beau : admirable, agréable, attrayant, charmant, coquet, désirable, divin, éblouissant, élégant, épatant, flatteur, formidable, gracieux,
harmonieux, idéal, joli, magnifique, majestueux, merveilleux, parfait, ravissant, séduisant, somptueux, splendide, sublime.
b) Laid : abject, abominable, affreux, dégoutant, déplaisant, disgracieux, hideux, horrible, ignoble, inélégant, infâme, moche, mons-
trueux, repoussant, répugnant, vilain.
LANGUE
EXPRESSION ÉCRITE
Exercice 1 : 1. Ce tableau est l’occasion de faire faire aux élèves exercices de lexique et de langues des pages précédentes.
un travail préparatoire avant une rédaction afin qu’ils se posent Exercice 2 : Ce travail est une variation sur le thème de l’exer-
quelques questions qui garantiront l’unité de leur récit : l’époque cice 1. Dans un souci de différenciation pédagogique, il pourra
ou le moment, les lieux, les personnages, les sentiments ainsi que être donné aux élèves qui auront terminé rapidement l’exercice 1.
le temps des verbes (au présent, au passé). Connaissances et compétences associées : Réécrire à partir de nou-
Connaissances et compétences associées : Produire des écrits velles consignes ou faire évoluer son texte.
variés en s’appropriant les différentes dimensions de l’activité
Exercice 3 : Cette description doit permettre aux élèves de réin-
d’écriture : construction d’une posture d’auteur ; mise en œuvre
vestir la culture acquise dans ce chapitre ainsi que le travail réalisé
d’une démarque de production de textes ; pratique du brouillon ou
au cours des exercices précédents. Le professeur doit faire exister
d’écrit de travail.
le lien logique entre ce qui a été appris et la tâche demandée.
2. Le brouillon pourra éventuellement donner lieu à une réécri- On devra inviter l’élève à suivre le parcours de compétences situé
ture au propre et à une notation. L’important étant que les élèves en bas de la page afin d’apprendre à s’autoévaluer.
soient capables de convoquer les connaissances acquises lors des
C h a p i t r e 3 • c o r r i g é s • Visages du monstre 12
Le livre du professeur • Français • 6e
Exercice 4 : Cet exercice doit permettre aux élèves de prendre La consigne de ce dernier exercice est volontairement moins
appui sur un texte d’auteur pour réaliser leur propre récit dans détaillée mais on s’assurera que les élèves parviennent à réinvestir
l’objectif de l’imiter ou de le détourner. Il s’agit ici d’un texte nar- des méthodes de travail, notamment le passage par un brouillon
ratif. On peut commencer par relire le texte de la page 80 pour se sous la forme d’un tableau par exemple.
remettre en mémoire l’éclosion du bébé dragon.
EXPRESSION ORALE
Exercice 1 : L’objectif de ce travail est l’oralisation d’une œuvre présentation d’un point de vue et prise en compte des différents
littéraire. L’élèves doit être amené à mobiliser les ressources du interlocuteurs.
corps et de la voix : le ton, le souffle, l’accentuation mais aussi le C’est donc par groupes de cinq que cette activité sera préparée.
regard, la posture et la gestuelle. À la façon de l’exercice 2, les participants au débat devront avoir
C’est aussi l’occasion d’enregistrer la voix des élèves afin de garder une fiche de guidage, préparée préalablement. Il ne s’agit pas ici
une trace, en vue d’une évaluation ou encore pour permettre de de privilégier l’authenticité et l’improvisation, les élèves de cet
percevoir les progrès effectués. âge n’en seraient que rarement capables, mais de jouer un rôle
Exercice 2 : Cette activité a pour but de faire travailler aux élèves dans une situation de communication dont ils n’ont pas encore
l’organisation de leur propos. Encore complexe pour des élèves de l’habitude.
cet âge, le résumé oral demandera une préparation ainsi que la Exercice 4 : Il s’agit ici de tenir un propos élaboré et continu à
construction d’une fiche guide qui indiquera les étapes principales l’oral. C’est la version orale de l’exercice 3 de la partie Expression
du récit ainsi que quelques connecteurs temporels. écrite. Là encore, on pourra permettre à l’élève de préparer une
Exercice 3 : Ce débat a pour objectif de faire participer les élèves à fiche de guidage afin d’organiser au mieux sa prestation ou de se
des échanges dans des situations de communication diversifiées : sécuriser. Certains se lanceront peut-être sans préparation.
C h a p i t r e 3 • c o r r i g é s • Visages du monstre 13