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Activité 1 : Brève histoire du genre policier

Lis le texte et réponds aux questions qui suivent.

Ce n’est pas un hasard si le roman policier est né au XIXe siècle. En effet, à une époque, les
grandes villes, par leur expansion, devenaient de plus en plus dangereuses, les valeurs
habituelles étaient remises en cause et les polices organisées se développaient en Europe : il
reflète donc les peurs de son temps.

C’est Edgar Allan Poe qui créa le roman policier en 1841, en donnant vie au premier détective
de fiction, C. Auguste Dupin, dans une nouvelle, Double assassinat dans la rue Morgue. Dans
cette nouvelle, Dupin, par ses habitudes excentriques et ses méthodes de déduction, fournit un
modèle de personnage qui sera repris par la plupart des auteurs de romans policiers.

Le roman policier est centré sur une enquête criminelle avec une construction particulière : partir
des conséquences (la découverte du crime) pour remonter (l’enquête) aux causes (le mobile et le
crime).

Le premier auteur français en est Emile Gaboriau : L’Affaire Lerouge (1866) met en scène un
policier qu’on retrouve dans Le Crime d’Orcival (1867) et Monsieur Lecoq (1868). Mais les
techniques du roman populaire sont encore très présentes : les péripéties l’emportent sur la
déduction.

Au début du XXe siècle, Maurice Leblanc, créateur d’Arsène Lupin, suit encore cette tradition
alors que Gaston Leroux s’attache dans Le Mystère de la Chambre jaune à un raisonnement
rigoureux, qui n’exclue pas la poésie. L’enquête criminelle s’y double par ailleurs d’une quête
psychologique.

Après 1918, le roman policier français va suivre de plus près son modèle anglo-saxon en se
recentrant sur l’analyse.

Dans les romans policiers traditionnels ou « romans à énigme », l’intrigue débute par un meurtre.
Elle se développe donc ensuite selon une chronologie inversée, puisqu’il s’agit pour l’enquêteur
de retrouver ce qui s’est produit avant le crime sur lequel s’ouvre l’ouvrage. Le roman policier est
donc essentiellement bâti sur l’observation et le raisonnement logique ; pour le lecteur, le plaisir
procuré par ce type d’ouvrages est celui d’un jeu, d’un exercice de réflexion et de déduction, où il
s’identifie au héros tout en se mesurant à lui. En ce qui concerne l’élaboration d’un détective, le
succès de Sherlock Holmes (Conan Doyle) rendit populaire le roman policier et lui donna les
bases sur lesquelles il allait se développer. En effet, les écrivains cherchèrent à créer des
détectives capables de rivaliser avec son personnage. L'écrivain anglais G. K. Chesterton, dans les
premières années du vingtième siècle, donna vie au personnage du père Brown, un prêtre
détective, et, en 1920, à l'aube de l'âge d'or du roman policier, la Britannique Agatha Christie fit
naître Miss Marple et surtout Hercule Poirot, fringant détective belge qui employait activement
ses « petites cellules grises» à la résolution d'affaires criminelles. Quant à l’élaboration d'une
intrigue, l'exemple de Conan Doyle influença la mentalité et les aspirations littéraires des auteurs
de romans policiers, qui eurent à cœur de distinguer leurs récits des autres œuvres de crime et
de mystère en insistant sur l'énigme plutôt que sur le crime. Durant les années 1930, ces auteurs
s'ingénièrent ainsi à fabriquer des énigmes de plus en plus élaborées et déconcertantes. Dans
certains cas, la complexité du récit était telle que le meurtrier finissait par être le moins suspect
de tous les personnages. Agatha Christie excella particulièrement dans ce procédé ; l'exemple le
plus remarquable et le plus extrême qu'elle en donna fut le Meurtre de Roger Ackroyd, où elle
opère une curieuse inversion des rôles par rapport aux habitudes du genre, puisque le meurtrier
se révèle finalement être le narrateur lui-même. En France naquit en 1907, sous la plume de
Gaston Leroux, le personnage Rouletabille, un jeune reporter. Dans le Mystère de la chambre
jaune, l'auteur reprend avec habileté le principe du crime en lieu clos. Mais le plus célèbre policier
belge reste le commissaire Maigret, apparu en 1931 : le héros du romancier belge Georges
Simenon aborde ses enquêtes d'un point de vue psychologique et social. Aux États-Unis, durant
les années 1920, naissait un nouveau genre de roman policier. Il mettait en scène des héros
cognant fort, efficaces et directs. Les auteurs voulaient dans le même temps abattre les barrières
entre la fiction policière et d'autres formes populaires comme le thriller et le roman d'espionnage.
Le principal auteur de cette « école » est Erle Stanley Gardner, créateur de Perry Mason, le
juriste détective. Dans ces romans noirs, les limiers travaillent pour l'argent et non plus pour le
plaisir intellectuel, et le meurtre a pour cadre les bas-fonds plutôt que les salons de la
bourgeoisie. S'ils respectent encore certaines règles du genre, ces récits mettent l'accent sur
l'action, au détriment de l'énigme. De 1921 à aujourd’hui, de nombreux auteurs contemporains,
comme Patricia Highsmith, modifient la formule du roman policier articulée autour d’une
élucidation au point de la faire disparaître. En effet, dans ses romans, l’énigme est absente. De
plus, on connaît déjà le coupable dès les premières pages. Ce qui est intéressant, c’est d’observer
le comportement et les réactions du criminel. Le but de cette littérature est de capter l’attention
du lecteur, de le tenir en haleine, non pas par une intrigue et des péripéties policières, mais par
une atmosphère d’angoisse qui augmente au fil du récit. Ce type de roman policier est appelé «
thriller psychologique ». Actuellement, l’une des principales caractéristiques du roman policier
repose sur la disparition des frontières entre les genres : roman d’aventures, d’espionnage, à
sensation, noir, psychologique, historique... Le polar semble s’immiscer partout et envahir tous
les genres littéraires. Les romans ont tendance à se confondre.
Questionnaire

1. À quelle époque est née le récit policier?


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2. Qui est le précurseur du roman policier?
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3. D’une manière générale, comment se construit un récit policier?
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4. Fais ressortir les différences entre le récit policier traditionnel et le roman policier de
1920.

Roman policier traditionnel Roman policier de 1920

5. Complète le tableau suivant en associant les personnages à leur créateur (auteur).


Personnage Créateur (auteur)
Edgar Allan Poe
Arsène Lupin
Gaston Leroux
Sherlock Holmes
G.K. Chesterton
Agatha Christie
Maigret
Perry Mason

6. Pourquoi peut-on dire que les romans policiers d’aujourd’hui ne sont plus construits de la
même façon qu’autrefois?
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Le lexique du genre policier (GN)
Le lexique du genre policier (GV)
Activité 2 : Vocabulaire
À l’aide des mots de vocabulaire des pages 6 et 7, complète le texte suivant.

ENTREVUE AVEC L’ENQUÊTEUR JEAN BOND

Jean Bond est un enquêteur dont la réputation n’est plus à faire. Durant sa prodigieuse carrière, il a
mis sous les barreaux plus d’une centaine de criminels. Aujourd’hui à la retraite, le célèbre
détective accepte de nous livrer les secrets du métier.

Monsieur Jean Bond, tout d’abord, je tenais à vous remercier d’avoir accepté notre
invitation pour cette entrevue afin de nous permettre d’en apprendre plus sur les
rouages du métier d’enquêteur. Pour commencer, nous souhaiterions savoir quelles sont
les premières étapes d’enquête lorsqu’un crime est commis?

J.B. : Évidemment, tout dépend de la nature du crime. Par exemple, lorsqu’il s’agit d’un meurtre, la
première chose à faire après avoir constaté le décès est d’établir un périmètre de sécurité pour
empêcher que la scène de crime ne soit contaminée. Des techniciens en identité judiciaire sont alors
dépêchés sur les lieux pour effectuer des prélèvements d’ADN. Si on a de la chance, le coupable
aura laissé des empreintes digitales.

C’est donc seulement après le travail des techniciens est terminé que le vôtre commence
réellement?

J.B. : Plus ou moins … Il est vrai que, lorsque c’est possible, nous nous retirons pour laisser les
techniciens faire leur travail. Malgré toutes les précautions que nous prenons, nous ne sommes pas
infaillible et il est déjà arrivé que des enquêteurs altèrent une scène de crime par mégarde. Par
contre, nous n’attendons pas les bras croisés. Pendant ce temps, nous interrogeons les témoins
oculaires et le voisinage. D’autres enquêteurs, de leur côté, vont rencontrer les membres de la
famille. Vous le savez sans doute, mais la plupart du temps, le meurtrier connaissait très bien sa
victime.
Étonnant! Quelles sont les prochaines étapes une fois que la scène de crime a été
analysée?
J.B. : L’enquête se poursuit dans nos bureaux au poste de police. Nous convoquons en
interrogatoire les témoins les plus importants ainsi que les personnes que nous avons identifiées
comme suspectes. En équipe, nous analysons les indices, les pièces à conviction ainsi que les
informations recueillies lors des interrogatoires. On vérifie également les alibis des suspects afin de
blanchir rapidement les innocents. Entre temps, le médecin légiste a eu le temps de procéder à l’
autopsie de la victime et d’identifier la cause exacte de la mort. Cette information est souvent
essentielle, surtout lorsqu’il n’y a aucune trace de blessure apparente sur le corps.

Qu’arrive-t-il si vous n’avez pas de suspect dans votre mire ?


J.B. : On se fie alors généralement aux descriptions physiques des témoins pour dresser un portrait
robot du suspect. Nous faisons par la suite circuler cette image dans les médias et nous sollicitons
l’aide du public. On reçoit normalement des informations précieuses pour faire avancer l’enquête
grâce à notre ligne téléphonique. On doit cependant prendre le temps de vérifier chacune de ces
informations …. La plupart s’avèrent non fondées.

En terminant M. Bond, comment arrivez-vous à prouver qu’une personne est coupable?


J.B. : Il y a plusieurs moyens d’y arriver. Dans un premier temps, il faut trouver le mobile du crime
afin de comprendre pourquoi le meurtrier a décidé de s’en prendre à la victime. Ensuite, lorsque tous
les indices pointent en direction d’un suspect, nous nous dotons d’un mandat de perquisition afin
de pouvoir fouiller son domicile et saisir son matériel électronique. On y trouve généralement les
preuves qu’il nous manquait pour démontrer la culpabilité de la personne. Lorsque nous sommes
absolument certains de l’identité du coupable, nous allons chercher un mandat d’arrestation et
nous pouvons alors procéder à l’arrestation du coupable. Il sera par la suite amené devant le
tribunal où il enregistrera son plaidoyer de culpabilité. S’il est reconnu coupable de meurtre avec
préméditation (meurtre au 1er degré), il purgera une peine à perpétuité.
Merci beaucoup pour votre précieux temps, Jean Bond. La curiosité de notre lectorat sera
certainement satisfaite par cette entrevue.

Activité 3 : Mots croisés


Activité 4 : Annotation d’un texte
Lis les introductions suivantes. Ce sont des débuts de romans ou de nouvelles. Annote-
les selon la légende suivante :
- En bleu, surligne les mots qui donnent des indications de temps ;
- En rose, surligne les mots ou groupes de mots qui précisent le lieu de l’action ;
- En jaune, surligne les mots qui décrivent l’ambiance, les sensations, les sentiments.

Extrait 1
Le réveil hurla.
C’était le hurlement d’une femme en proie à une terreur mortelle. Un hurlement qui commença
très bas, puis monta, monta … et perça finalement les tympans d’Hannibal. Celui-ci sentit un
frisson lui parcourir le dos. Il n’avait jamais rien entendu d’aussi terrifiant.
Pourtant, il ne s’agissait que d’un vieux réveil électronique passablement démodé. Hannibal
s’était contenté de le brancher, histoire de voir s’il fonctionnait. Résultat : ce hurlement en
pleine figure!
Il s’empressa de retirer la prise de courant. Le hurlement cessa. Hannibal poussa un soupir de
soulagement. La déchirante voix de femme qui jaillissait de ce réveil avait de quoi vous faire
perdre la boule!
Les douze pendules de Théodule, Alfred Hitchcock, Livre de Poche Jeunesse 76
Extrait 2
L’air glacé pénétrait par les fissures de la croisée. Il se leva maladroitement et s’avança d’un
pas lourd vers la fenêtre. S’emparant d’une serviette de toilette qu’il gardait toujours à portée
de la main, il calfeutra le châssis détérioré. Le léger sifflement que fit le courant d’air dans le
tissu-éponge lui procura une sensation confuse de plaisir. Il contempla le ciel brouillé, l’eau qui
moutonnait. De ce côté-ci de la maison, on apercevait souvent Provincetown, sur l’autre rive
de Cape Cod.
Il haïssait le Cape. Il haïssait son aspect lugubre par un jour de novembre comme aujourd’hui :
la morne grisaille de la baie, les gens qui vous fixaient de leur regard impénétrable, sans dire
un mot.
La maison du guet, Mary Higgins Clark, Livre de poche 7516
Extrait 3
Vendredi 7 novembre. Concarneau est désert. L’horloge lumineuse de la vieille ville, qu’on
aperçoit au-dessus des remparts, marque onze heures moins cinq.
C’est le plein de la marée et une tempête du sud-ouest fait s’entrechoquer les barques dans le
port. Le vent s’engouffre dans les rues, où l’on voit parfois des bouts de papier filer à toute
allure au ras du sol. Quai de l’Aiguillon, il n’y a pas une lumière. Tout est fermé. Tout le monde
dort. Seules les trois fenêtres de l’hôtel de l’Amiral, à l’angle de la place et du quai, sont encore
éclairées.
Le chien jaune, G. Simenon, Presses Pocket 1330
Extrait 4
Derrière le haut mur de brique hérissé de tessons, au-delà des immenses peupliers qui se
balançaient dans la nuit, à l’extrémité d’une longue et vaste pelouse en pente douce, la
résidence Masters avec ses tourelles, ses mansardes en avancée, ses pignons, semblait braver
les rafales de pluie qui la giflaient. C’était une nuit idéale et un décor idéal pour un meurtre
tout simple – et donc parfait.
Adrien Masters était seul dans la maison, et dans une maison de dix-huit pièces distribuées sur
deux étages, on se sent vraiment très seul. Margaret, la vieille femme de charge, était en
permission de nuit et tous les autres occupaient de la maison vaquaient ici et là à leurs
affaires.
La mort en chambre close, dans les Crimes parfaits, J.Lutz
Les caractéristiques du genre policier
Le récit policier est un texte narratif dans lequel l’intrigue repose essentiellement sur un crime.
Cette intrigue peut se bâtir de différentes façons :

- Dans le roman à énigmes, le récit débute par la découverte d’un crime dont
l’enquête permettra de remonter jusqu’aux coupables. Le plaisir de sa lecture
repose notamment sur le fait que le lecteur tente de résoudre le crime en même
temps que l’enquêteur.

- Dans les thrillers psychologiques, la résolution du crime n’est pas au cœur de


l’intrigue puisque l’identité du coupable est dévoilée dès le début du récit. Le
suspense repose plutôt sur le fait que le lecteur en sait plus sur l’histoire que la
plupart des personnages. Il adopte alors davantage une posture d’anticipation que
de déduction. Le coupable commettra-t-il un erreur? Les policiers parviendront-ils à
lui mettre la main au collet?

Relever les indices


Le récit policier est un texte narratif. Tu dois donc porter attention aux mêmes informations que
lors de la lecture de tout autre texte de ce genre :

- Qui? : Les personnages et leurs caractéristiques;


- Quoi? : Les actions importantes qui font progresser l’histoire ;
- Quand?: Les indices temporels qui permettent d’identifier le moment où se déroule
l’histoire ainsi que ceux qui servent à identifier le temps qui s’écoule dans le récit ;
- Où? : Les lieux de l’histoire et leurs caractéristiques.

Cependant, le récit policier a la particularité de comporter une énigme que tu devras tenter de
résoudre. Pour ce faire, tu devras également porter attention aux indices qui te permettront de
soupçonner des personnages et d’en disculper d’autres. Que peut-on considérer comme étant un
indice?

Truc #1
Une scène de crime regorge naturellement d’indices. Prête attention à ce que l’auteur aura pris
la peine de nommer lorsqu’il la décrira. Tu pourras peut-être rattacher des objets à des
personnages plus tard dans ta lecture.

Truc #2

Les comportements des personnages peuvent également trahir leurs émotions. Y a-t-il un
personnage qui semble plus nerveux, sur ses gardes, sur la défensive?

Truc #3

Les comportements des personnages peuvent t’aider à discerner les suspects et les innocents.
Ne sois pas trop dupe : les personnages peuvent également mentir! Porte attention aux
contradictions. Si un personnage ment, cela ne veut pas forcément dire qu’il est coupable, mais il
a certainement quelque chose à cacher … Le seul sur lequel tu peux normalement te fier est le
narrateur de l’histoire.

Truc #4

Tout criminel a un mobile. Demande-toi : quels personnages auraient quelque chose à retirer de
ce crime?

Les règles du récit policier


1. Le lecteur et le détective doivent pouvoir résoudre le crime.
2. Il ne doit pas y avoir d’intrigue amoureuse entre les personnages.

3. Le coupable de doit pas être un membre des forces de l’ordre (policier, détective, etc.)

4. Le coupable doit être découvert par la résolution de l’enquête. Le hasard ou la confession


ne peuvent être des solutions au récit policier.

5. Il doit obligatoirement y avoir un crime dans un récit policier (meutre, vol, enlèvement,
etc.)

6. Il doit obligatoirement y avoir un policier, un détective ou un justicier, de même qu’un


criminel dans un tel genre de récit.

7. Le spiritualisme (comme la clairvoyance) n’est pas une option pour découvrir le coupable.

8. Le coupable doit être suffisamment présent dans le récit pour que le lecteur puisse s’y
intéresser.

9. Il ne faut pas qu’il y ait de trop longs passages descriptifs.

La structure du récit policier

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