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Texte 1 : Gargantua

Intro :

Francois Rabelais (également connu sous l’anagramme Alcofribas Nasier) est un


écrivain humaniste du 16ème siècle connu pour son œuvre constituée de 5 livres dont les
personnages sont des géants, notamment pour éviter la censure (Pantagruel, Gargantua,
Tiers Livre, Quart Livre, Quinte Livre). Il a également fait des études de médecine à la
faculté de Montpellier et a été homme d’église. L’extrait que nous allons étudier est tiré du
chapitre VI du livre Gargantua où nous assistons à la naissance du fils des géants
Grandgousier et Gargamelle.

[Lecture expressive]

Pb : Comment l’auteur à travers le récit d’une naissance fabuleuse amène le lecteur à une
réflexion sur une pratique raisonnée de la religion?
Nous ferons une explication linéaire selon les 3 mouvements du texte :
- La naissance fabuleuse de Gargantua ( L1 à L8)
- L'incrédulité du lecteur (“Je suppose [...] étrange nativité”)
- La réflexion qui découle du récit ( L9 à L17)

Analyse linéaire :

○Champ lexical de la médecine => ref à ses études de médecine à Montpellier


=> “placenta”, “veine cave”, “diaphragme” + “(là où ladite veine se sépare en deux)”
+ univers merveilleux = conte, ne se pose pas la question de ce qui est réel ou non
=>traversée du corps de la mère par l’enfant et sortie par l’oreille
L5 : Proposition subordonnée conjonctive circonstancielle de temps => “Dès qu’il fut né”
=>montre la quasi-instantanéité de la parole car la naissance est rapide (ø de
ponctuation forte) + verbes d’action qui s'enchaînent
L6 : “Mais” qui marque l’opposition et montre l’extraordinaire du bébé. Il se démarque des
autre bébés par une comparaison méliorative car il dit des phrases intelligibles
“s’écria” => hyperbole => effet de grossissement typique du registre épique
=> c’est un géant!

On se rapproche d’une naissance héroïque parce que le bébé fait tout lui-même ce n’est pas
la mère. Mais ici c’est une satire de l’épopée ouis que le héros = un enfant et l’exploit = sortir
du ventre de sa mère. Enfin il demande à boire.

○ on sort du récit sans transition avec “je” => renvoie au narrateur Alcofribas Nasier
Utilisation de “nativité” => rapporte à la naissance du Christ
=> Gargantua est rapproché du Christ
En effet sa naissance fait ref à une légende selon laquelle le Christ serait sorti par l’oreille
=> légende qui ne pose pas pb à l’Eglise puisque cela montre que son père est bien
Dieu

○L9 à L10 : provocation du narrateur => stratégie argumentative


L10 à L11 : “mais” => marque l’opposition + rythme binaire appuyant le propos et donnant
idée de redondance/ d’insistance : “homme de bien/de bon sens” + "croit dit/écrit”
=> il flatte (méthode de persuasion) cependant ici cette flatterie est artificielle => ironie

L11 à L12 : anaphore de “contre” => narrateur mélange le domaine judiciaire (“loi” = texte
écrit qui fixe des règles avec l’obligation de les suivre + “raison” = ce qui relève du cerveau)
et religieux (“foi” = croyance inconditionnelle + St Écritures)

L12 à L14 : ici Rabelais argumente. Selon lui, on doit avoir une croyance raisonnée. Ces
arguments ont de l’importance puisqu’il a lu la Bible.
=> il met du coeur à convaincre
On peut remarquer pendant tout le texte un jeu des pronoms : on passe de “je” à “vous” pour
enfin se transformer en “notre” L11 à L12. On retourne ensuite ici à un jugement personnel
avec “ma”
=> ici question rhétorique avec pour argument l’omnipotence de Dieu

L14 à L15 : Interjection exprimant l’agacement => le parti adverse n’a plus lieu d’être => A.
Nasier veut clore le débat selon l’autre parti est “stupide”.

L15 à L16 : retour sur l’omnipotence de Dieu mais ici la phrase est déclarative. Ceci est mis
en valeur par une licence : conjonction de coordination juste après le point.

L16 à L17 : PSC de conviction qui souligne que l’omnipotence de Dieu est subordonnée à
sa volonté. Il y a ici provocation puisqu' il n’y a aucune preuve du contraire dans la Bible.
C’est donc un argument d’autorité qui clos ici le débat.

Conclu :

Dans cet extrait représentatif de l’oeuvre, A lcofribas Nasier nous raconte la


naissance merveilleuse de Gargantua sous la forme d’une satire de l’épopée qui a pour
objectif de faire rire le lecteur. Cependant, cette satire mène très rapidement à une réflexion
où le narrateur défend que la raison ne s’oppose en aucun cas à la religion. Pourtant, notre
avis lui importe peu puisque ses arguments sont d’autorité. C’est donc bien un extrait
caractéristique de l’intégralité de l'œuvre puisque cela nous amène, d’une part, à rire, et
d’autre part, à réfléchir.

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