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Livre du professeur - Histoire 2​de

Chapitre 1 : La Méditerranée antique

Sommaire

Introduction 3
Présentation 3
Mise au point scientifique 4
Bibliographie 6
Sitographie 7
L’essentiel à transmettre 7

Ouverture (p. 36-37) 8


Présentation des documents 8
Document 1 8
Document 2 8
Entrée numérique 8

Page Repères (p. 38) 9


Réponses au quiz 9

Cours 1 : L’hégémonie athénienne sur le monde grec (p. 40) 10


Résumé des grandes idées du cours 10
Présentation des documents 10
Document 1 10
Document 2 11
Document 3 11
Document 4 11
Onglet « ouverture » 12

Dossier 1 : La Sicile au cœur de la Méditerranée antique (p. 42) 12


Présentation du dossier 12
Présentation des documents 13
Document 1 13
Document 2 13
Document 3 13

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1
Document 4 14
Documents 5 et 6 14
Corrigés des questions 14
Résumé des grandes idées du cours 16
Mise au point et précisions 16
Présentation des documents 16
Document 1 16
Document 2 17
Document 3 17
Document 4 17
Onglet « ouverture » 17

Point de passage 1 : Périclès et l’apogée de la démocratie athénienne (p. 46) 17


Présentation du point de passage 17
Présentation des documents 17
Corrigés des questions 18
Pour aller plus loin 21
Résumé des grandes idées du cours 21
Mise au point et précisions 21
Présentation des documents 21
Document 1 21
Document 3 22
Document 4 23
Onglet « ouverture » 23
Présentation du point de passage 23
Présentation des documents 24
Corrigés des questions 24
Pour aller plus loin 27

Cours 4 : La domination romaine sur la Méditerranée antique (p. 52) 28


Résumé des grandes idées du cours 28
Présentation des documents 28
Document 1 28
Document 2 29
Document 3 29
Corrigés des questions 31

Dossier 2 : Grecs, Romains et « barbares » (p. 56) 34


Présentation du dossier 34
Présentation des documents 34
Présentation des auteurs 35
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2
Document 2 35
Document 5 35
Document 6 35
Corrigés des questions 35
Pour aller plus loin 39

Page Apprendre autrement (p. 58) 39


Présentation de l’activité 39
Pistes d’exploitation 39

Page Méthode (p. 62) 40


Présentation de la méthode 40

Introduction
Présentation

Le chapitre « La Méditerranée antique : les empreintes grecques et romaines » est le tout premier
chapitre de la classe de Seconde, après un thème introductif sur la périodisation et la représentation
du temps. Avec le chapitre d’histoire médiévale, il s’inscrit dans le premier thème « Le monde
méditerranéen : empreinte de l’Antiquité et du Moyen Âge » qui brasse près de 2 000 ans d’histoire,
sur une durée de 10 à 12 h. Il s’agit donc de donner de grands repères qui permettent aux élèves de
mesurer l’héritage des périodes plus anciennes sur le monde moderne et contemporain en
approfondissant les connaissances acquises en classe de 6​e​. Le programme officiel explicite ainsi les
choses : « le but de ce chapitre est de rappeler que l’Antiquité méditerranéenne est le creuset de
l’Europe. »

Ce chapitre est très large, dans sa périodisation comme dans son aire géographique : en invitant à
étudier le monde méditerranéen, il pousse à croiser les points de vue et à étudier l’Antiquité
gréco-romaine comme un tout. Pour réussir ce croisement, il faut donc à la fois souligner les
continuités (ce que proposent les deux dossiers libres, sur la Sicile et sur la figure du « barbare »),
mais aussi consolider les connaissances sur chaque aire chronologique et ses spécificités (les points
de passage doivent permettre cette consolidation).

Une difficulté majeure sera donc d’éviter que les élèves ne se perdent dans les différentes
constructions politiques de la période :
- d’abord, entre Athènes et Rome, soit entre démocratie et république. La difficulté vient
essentiellement de ce que la France contemporaine est héritière de ces deux systèmes,
contrairement aux monarchies parlementaires (démocratiques et non républicaines) ou aux
régimes autoritaires (ce que l’on nomme aujourd’hui les « démocratures », non républicaines)
;

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3
- dans le cas de l’histoire romaine, cette difficulté se double de confusions dans les termes
employés qui ont rarement le même sens en français et en latin : ​Res Publica​ désigne la «
chose publique », soit l’État romain en général, par-delà la chute de la République (en
français cette fois) romaine qui est théoriquement maintenue après la prise du pouvoir
d’Auguste en 27 av. J.-C. Quant aux réformes augustéennes, elles sont réunies sous le terme
de « principat », mais en français c’est le terme « Empire » qui s’est imposé pour désigner le
régime politique que connaît Rome à partir d’Auguste. Le terme « empire », écrit avec une
minuscule, désigne par ailleurs une autre réalité en nommant le territoire romain ultra-marin :
là encore, il y a un fort risque de confusion, d’autant que la conquête territoriale est un
phénomène très largement républicain (l’empire est donc conquis ​avant​ la mise en place de
l’Empire).

De même, les velléités « impériales » des deux puissances que sont Athènes et Rome doivent être
bien différenciées :
- Athènes n’a jamais possédé, à proprement parler, un « empire territorial » : le territoire de la
cité (​astu​ + ​chora)​ se limite à l’Attique (et à l’île de Salamine) et elle n’a participé à la
colonisation grecque en Méditerranée que de manière tardive et très marginale. Son influence
sur le monde grec des VI​e​ et V​e​ siècles av. J.-C. est donc de l’ordre de l’impérialisme
diplomatique : avec la ligue de Délos, dont elle récupère symboliquement le Trésor qu’elle
conserve dans le Parthénon, la cité crée un réseau d’alliés dont elle est l’​hegemon ​incontesté
sans pour autant procéder à des annexions territoriales. C’est pourquoi l’on parle d’une «
thalassocratie » plus que d’un empire.
- Au contraire, Rome se constitue en quelques siècles un immense empire territorial qui, à son
apogée au début du II​e​ siècle apr. J.-C., s’étend sur l’ensemble du pourtour méditerranéen
jusqu’en Bretagne pour sa partie nord. Cet empire est directement administré par Rome qui
envoie chaque année des gouverneurs dans les Provinces (tous les territoires non italiens).

Pour éviter au maximum les confusions, les cours distinguent donc l’histoire grecque centrée sur
Athènes (cours 1 et 2) de l’histoire romaine (cours 3 et 4), en associant à chaque fois un cours sur les
institutions (cours 2 et 3) à un cours sur la portée méditerranéenne de ces puissances (cours 1 et 4).
Les points de passage viennent les compléter : la double-page sur Périclès prolonge les deux leçons
sur Athènes, celles sur Auguste et Constantin permettent de montrer les évolutions de la ​Res Publica
romaine. En complément, un dossier numérique sur le procès de Nééra apporte un autre regard sur la
citoyenneté athénienne et permet d’aborder la place des femmes dans la cité athénienne. Enfin, deux
dossiers libres cherchent à construire des liens entre les différents espaces dans une chronologie plus
large : la Sicile peut ainsi être étudiée comme carrefour de la Méditerranée antique sur toute la
période tandis que la figure du « barbare » permet de comprendre comment se forge, en négatif, une
identité gréco-latine.

Mise au point scientifique


Choisir d’étudier l’Antiquité en se centrant sur l’espace méditerranéen est une manière de « faire du
Braudel » en histoire antique : Fernand Braudel, dans ​La Méditerranée et le monde méditerranéen à
l’époque de Philippe II​ (thèse soutenue en 1947 et première publication en 1949) est le premier à
prendre l’espace méditerranéen comme objet d’études et à montrer qu’on peut parler, à l’échelle de

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cet espace, d’une première « économie-monde » au début de l’époque moderne. Il définit ainsi le
concept en 1967 : « un morceau de la planète économiquement autonome, capable pour l'essentiel
de se suffire à lui-même et auquel ses liaisons et ses échanges intérieurs confèrent une certaine unité
organique ». Les courants historiographiques de la ​global history​ ou plutôt, en France, de l’histoire
connectée, s’inspirent directement des travaux de F. Braudel dont l’influence dans le monde
scientifique se fait encore sentir fortement aujourd’hui.
L’approche est tout à fait porteuse en histoire antique où, pour la seule fois de leur histoire, l’ensemble
des régions bordant la Méditerranée sont unies politiquement sous une même autorité, celle de
l’empire romain.

On voit que, d’emblée, choisir un espace maritime comme centre d’un objet d’études revient à
s’inscrire dans de l’histoire économique : ce sont d’abord les échanges commerciaux qui font l’unité
de cet espace et, à travers eux et seulement dans un second temps, la formation d’une culture en
partie commune. Sur ce point, pour la période antique, n’oublions pas que l’écriture est d’abord un
outil dans les échanges commerciaux et, plus précisément pour l’alphabet grec, qu’il n’est sûrement
pas anodin que les deux plus anciennes attestations qu’on en ait viennent pour l’une de la Grèce
continentale (en Eubée, île située juste en face d’Athènes) mais pour l’autre d’un milieu colonial italien
(en Campanie, sur l’île de Pithécusses, voir doc. 1, cours 1, p. 41).
C’est d’ailleurs sûrement en histoire économique que l’étude croisée de l’Antiquité grecque et romaine
s’est avérée la plus féconde. Les tenants de la théorie primitiviste, dont le plus fameux représentant
est Moses Finley (​The Ancient Economy​, 1973), étudient l’Antiquité comme un tout en soulignant
combien cette période se distingue du reste de l’histoire et, en premier lieu, d’un Moyen Âge qui serait
déjà tourné vers la modernité. On retrouve cette vision unitaire de l’économie antique dans certains
ouvrages récents de l’historiographie anglo-saxonne, tel ​The Cambridge Economic History of the
Greco-Roman World​ de W. Scheidel, I. Morris et R. Saller (2007). Mais c’est plutôt la complexité des
systèmes économiques qui est aujourd’hui soulignée et, si des ponts peuvent être créés entre
mondes romain et grec, les études récentes portent plus généralement sur l’un ou l’autre de ces
espaces.

Cela dit, l’échelle méditerranéenne est actuellement reprise dans d’autres domaines de l’histoire
antique, sûrement dans la veine de la ​global history​ d’abord appliquée à l’histoire moderne, et
notamment dans des projets débordant le monde scientifique (voir cependant pour les débats dans le
monde scientifique Paul Veyne, ​L’empire greco-romain,​ 2005) : la question d’Antique au programme
des concours de l’enseignement (CAPES et agrégation) pour les concours de 2018 et 2019, « Famille
et société dans le monde grec et en Italie du V​e​ au II​e​ siècle av. J.-C. » invitait à croiser histoire
grecque, histoire romaine et même histoire italique et étrusque ; la création du MUCEM (Musée des
Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) à Marseille en 2013 s’inscrit aussi dans cette veine.
La Méditerranée peut donc être l’échelle d’étude d’une histoire culturelle, sociale et matérielle, dans
des projets qui ont aussi une dimension politique : le MUCEM a été inauguré l’année où Marseille était
capitale européenne de la culture pour mettre en avant un patrimoine culturel commun à l’Europe et
même aux deux rives de la Méditerranée.

Le premier chapitre d’histoire du lycée, après le chapitre d’ouverture, s’inscrit dans cette lignée : il
s’agit avant tout de souligner un héritage commun ; l’histoire économique, qui peut paraître difficile
pour des élèves du secondaire, n’en est plus le point central et c’est au contraire à l’histoire politique,
où les travaux comparatistes sont moins nombreux, que les grandes lignes du programme laissent la
plus grande part.

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L’histoire sociale et culturelle s’inscrit aujourd’hui, en histoire antique comme dans les autres
périodes, dans le courant des ​subaltern e ​ t des ​gender studies​. Notons surtout le monumental ​Histoire
des femmes en Occident​ dirigé par Georges Duby et Michelle Perrot dont le premier tome, dédié à
l’Antiquité (1990 sous la direction de Pauline Schmitt Pantel), marque de nombreux travaux de
recherche récents. Sur la place des femmes dans la cité grecque, on peut notamment citer les travaux
de Violaine Sebillotte-Cruchet qui insiste sur le rôle des citoyennes d’Athènes (sur le sujet, voir par
exemple : ​https://sms.hypotheses.org/15266​). De son côté, Paulin Ismard a récemment repensé la
place des esclaves publics dans les institutions athéniennes dans un essai qui pousse, dans l’esprit
du programme, à réfléchir en retour sur les systèmes démocratiques actuels (​La Démocratie contre
les experts​, 2015).
Les dossiers libres que nous avons proposés cherchent à illustrer ces axes de recherche récents en
s’intéressant, pour le dossier numérique, aux femmes et, pour le second dossier papier, aux marges
du monde gréco-romain à travers la figure du « barbare ». Le sujet a été récemment dépoussiéré par
Bruno Dumézil (voir notamment le ​Dictionnaire des barbares​ publié sous sa direction en 2016), dans
une vague plus large d’intérêts pour les marges et les minorités.

Bibliographie
Manuels
❖ Raoul Lonis, ​La cité dans le monde grec. Structures, fonctionnement, contradictions​ (2​ème
édition), Armand Colin, 2007.
❖ Claude Nicolet, ​Rome et la conquête du monde méditerranéen. 1. Les structures de l’Italie
romaine​ (10​e​ édition mise à jour), PUF, 2001 ; ​2.​ ​Genèse d’un Empire​ (6​e​ édition), PUF, 1997.
❖ François Jacques et John Scheid, ​Rome et l’intégration de l’empire (44 av. J.-C - 260 apr.
J.-C.), 1. Les structures de l’empire romain​ (7​ème​ édition), PUF, 2010.
❖ Claude Lepelley, ​2. Approches régionales du Haut-Empire romain,​ PUF, 1998.
❖ Paul Veyne, ​Quand notre monde est devenu chrétien (312-394),​ Le Livre de Poche, 2010.

Atlas historiques
❖ Nicolas Richer, ​Atlas de la Grèce classique​, Autrement, 2017.
❖ Christophe Badel, ​Grand atlas de l’Antiquité romaine,​ Autrement, 2019.

Sources écrites
❖ L’histoire d’Homère à Augustin​. Préfaces des historiens et textes sur l’histoire, réunis et
commentés par François Hartog, traduits par Michel Casevitz, Le Point, 1999.
❖ Yann Le Bohec, ​Histoire romaine. Textes et documents​, Paris, PUF, 1997.

Archéologie
❖ Roland Etienne, Christel Müller et Francis Prost, ​Archéologie historique de la Grèce antique
(2​ème​ édition mise à jour), Ellipses, 2006.

Numéros de la revue l’Histoire

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❖ « Homère. Le nouveau visage du poète », ​Les Collections de l’Histoire​, n° 82, janvier-mars
2019.
❖ « Byzance : l’empire de 1000 ans », ​Les Collections de l’Histoire​, n° 80, juillet-septembre
2018.
❖ « Sparte, l’énigme », n° 446, avril 2018.
❖ « La chute de Rome », n° 416, octobre 2015.
❖ « Auguste, fondateur d’empire », n° 395, janvier 2014.
❖ « Grèce : des dieux et des hommes. À quoi servent les mythes », n° 389, juillet-août 2013.
❖ « Alexandre le Grand. 15 ans qui ont bouleversé le monde. », ​Les Collections de l’Histoire​, n°
53, octobre 2011.
❖ « Rome et les barbares », n° 327, janvier 2008.
❖ La Documentation Photographique, n° 8071, « Lire l’Antiquité » (dir. Christophe Badel).

Sitographie
❖ Actualité des études anciennes :​ ​https://reainfo.hypotheses.org/
❖ Arrête ton char ​:​ ​www.arretetonchar.fr/

❖ Deux sites qui cherchent à tisser des liens entre l’Antiquité et la période contemporaine :
Passeurs d’Échos​ (​https://www.passeurdechos.com/​) dont les articles sont centrés sur la
littérature et ​AntiquiPop​ (​https://antiquipop.hypotheses.org/​) qui interroge l’Antiquité
réimaginée dans la culture pop contemporaine.
❖ Un épisode de la chaîne YouTube ​Confessions d’Histoire​ porte sur la Guerre des Gaules
(​https://www.youtube.com/watch?v=q2Ovjosefdo​), un autre sur la période allant de
l’assassinat de César à la victoire d’Octave
(​https://www.youtube.com/watch?v=6gRKZbslo0g​).
❖ Sur Twitter, une « team Romains » composée de plusieurs jeunes chercheurs/chercheuses
très actifs (​@DimitriTilloi​, @
​ ClementSalviani​, @ ​ ValeriaAugusta8​, @ ​ FabienBP​).

L’essentiel à transmettre
➔ Dans l’Antiquité, sous l’influence des Grecs puis sous celle de l’État romain, la Méditerranée
est unifiée dans une culture commune, au-delà des conflits et des particularismes locaux.
➔ À cette même période, des formes de gouvernement nouvelles sont expérimentées : la
démocratie à Athènes, qui place le peuple au cœur des institutions ; la République à Rome,
reposant sur le principe de l’élection.
➔ Le monde contemporain est très largement tributaire de cette période, héritier à la fois de sa
culture et de ces formes de gouvernement redécouvertes et adaptées à la modernité
européenne.

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7
Ouverture (p. 36-37)
Présentation des documents

Document 1
Le temple de Poséidon au cap Sounion présente deux intérêts principaux pour ouvrir, du côté grec, le
chapitre :
- ’est un sanctuaire extra-urbain, aux limites du territoire d’Athènes, soit à la pointe sud de
l’Attique. Suivant une habitude attestée dans l’ensemble de la Méditerranée grecque, il
marque à la fois la limite de la cité (dont le territoire ne dépasse jamais l’Attique) et son
pouvoir sur ce territoire. Le temple de Poséidon fait d’ailleurs partie d’un sanctuaire associant
à ce monument de l’architecture grecque un plus petit édifice dédié à Athéna ;
- c’est aussi un sanctuaire tourné vers la mer : par la divinité qui y est vénérée, mais aussi par
sa situation géographique qui le place en hauteur sur un cap d’où l’on peut voir à des
kilomètres à la ronde, tandis qu’il est lui-même visible de tous côtés depuis la mer.

Ce temple marque donc pour Athènes à la fois la limite de son territoire et ses volontés d’étendre son
influence au-delà de l’Attique.

Document 2
Du côté romain, c’est une voie romaine, la ​via Domitia​, qui ouvre le chapitre. Là encore, l’intérêt est
double :
- ces vestiges archéologiques d’un temps passé permettent de rappeler que les traces de
l’histoire antique se retrouvent aujourd’hui encore dans l’ensemble du bassin méditerranéen :
ils font aussi partie de notre histoire contemporaine et témoignent de l’extension de l’empire
romain ;
- les routes sont d’ailleurs, plus précisément, une des principales réalisations de l’empire
romain : la connexion inédite d’espaces qui ne seront plus jamais regroupés sous une unique
entité politique, assurée par des constructions qui ont marqué et marquent encore le territoire.

L’unification de la Méditerranée sous le pouvoir de Rome est ainsi inscrite dans le paysage à la fois
ancien et moderne.

Entrée numérique
L’entrée numérique met l’accent sur une double actualité de ce chapitre :
- tout d’abord, la permanence de l’histoire et de la mythologie ancienne dans l’imaginaire
collectif, qui s’exprime aussi bien dans l’art classique (l’exemple développé dans la vidéo) que
dans la culture pop contemporaine (le renouveau du péplum au cinéma en est un exemple
ultra-contemporain) ;
- ensuite, et dans la même lignée, l’importance de l’histoire antique pour comprendre le monde
contemporain.

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8
Page Repères (p. 38)
Présentation de la carte

Il est impossible de représenter plus de 1000 ans d’histoire sur une unique carte sans risquer de
« gommer » la chronologie. Nous avons donc choisi deux moments particulièrement significatifs, à
800 ans d’intervalle, en insistant dans la légende sur les permanences et les mutations.
- La carte 1 (page de gauche) représente la Méditerranée au IV​e​ siècle av. J.-C. C’est alors un
espace qui n’est pas politiquement unifié : plusieurs puissances importantes s’y font
concurrence, sur le plan militaire comme commercial. La colonisation grecque marque
cependant un premier moment de dialogue des cultures : la culture grecque se diffuse mais
aussi se construit au contact des populations méditerranéennes, au point que l’on peut parler,
culturellement, d’une « Méditerranée grecque » qui n’a pourtant aucune existence politique.
- La carte 2 (page de droite) représente la Méditerranée au IV​e​ siècle apr. J.-C. C’est un
moment charnière de l’histoire romaine où un empire vieux de près de 1000 ans et dont les
frontières sont stabilisées depuis plus de 200 ans connaît de profondes mutations. Cette carte
correspond, de manière élargie, à l’époque de Constantin et montre à la fois la christianisation
de l’empire (autour de Constantinople et de la construction de Sainte-Sophie) et sa
déstabilisation par la partition et l’incursion de populations « barbares » (extérieures à
l’empire).
Pour revenir, en amont, sur la constitution de l’empire territorial de Rome, cette carte peut être
complétée par le document 1 du cours 4.

Réponses au quiz

Q1 : Qu’est-ce qu’une cité ?


a) Une ville antique entourée de murailles
b) Un quartier d’une grande ville antique
c) ​Une communauté de citoyens partageant les mêmes lois
d) Le palais de l’empereur

Q2 : Athènes est une démocratie…


a) au VIII​e​ siècle av. J.-C
b) ​aux V​e​ et IV​e​ siècles av. J.-C
c) aux V​e​ et IV​e​ siècles apr. J.-C
d) au VIII​e​ siècle apr. J.-C

Q3 : Rome a été fondée, en 753 av. J.-C., par…


a) Ulysse
b) ​Romulus
c) Énée
d) Jules César

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9
Q4 : Quels sont les trois régimes politiques qu’a connus Rome ?
a) ​La Monarchie, la République puis l’Empire
b) La Démocratie, la Tyrannie puis l’Anarchie
c) La Dictature, la République puis l’Oligarchie
d) L’Empire, la Monarchie puis la République

Cours 1 : L’hégémonie athénienne sur le monde


grec (p. 40)

Résumé des grandes idées du cours


➔ Du VIII​e ​au VI​e​ siècles av. J.-C., d’importants mouvements de population (la colonisation
grecque) diffusent la culture grecque dans l’ensemble de la Méditerranée. Athènes n’y
participe pas.
➔ La montée en puissance d’Athènes survient plus tard, à partir du V​e​ siècle et jusqu’au
IV​e​ av. J.-C. Cette puissance s’appuie sur la Ligue de Délos : ce n’est pas un empire
territorial, mais une thalassocratie.
➔ L’hégémonie d’Athènes ne s’impose jamais à l’ensemble du monde grec et sa plus grande
rivale, Sparte, défait la cité et ses alliés lors de la Guerre du Péloponnèse : c’est la fin de
l’influence d’Athènes sur le monde grec.

Présentation des documents

Document 1
Ce cotyle (coupe à boire) de la deuxième moitié du VIII​e​ siècle, découvert dans la tombe
d’un jeune aristocrate en 1953 sur l’île de Pithécusses, porte l’une des plus anciennes
inscriptions connues en alphabet grec. Située dans la baie de Naples, Pithécusses
(aujourd’hui Ischia) est à l’époque un établissement eubéen (d’Eubée, île grecque située en
face d’Athènes) et une des colonies les plus occidentales de la Méditerranée grecque.
Cet objet archéologique, et l’inscription qu’il porte gravée de droite à gauche selon l’usage pour le
grec archaïque, révèle plusieurs choses :
- tout d’abord, la diffusion très rapide de l’alphabet grec, dont on a des traces à la même
période en Eubée (où se situe la métropole de Pithécusses). Il est d’ailleurs probable que
l’alphabet grec, dérivé du phénicien, ait été développé au contact des populations
méditerranéennes, pour des besoins commerciaux ;
- de même, la coupe témoigne de la diffusion, dans le milieu colonial, des modes de vie grecs :
de style dit « géométrique tardif », la coupe a peut-être été réalisée à Rhodes et fait partie
d’un ensemble d’objets dédiés au ​symposion​, le banquet de tradition grec ;
- enfin, l’inscription est elle-même un témoignage de l’influence de la culture grecque dans
l’ensemble du bassin méditerranéen (ici jusque dans la péninsule italienne) puisqu’elle fait
référence à des figures de la mythologie homérique : le roi Nestor (premier mot du texte) et la

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10
déesse Aphrodite. C’est à cette même période, vers 750 av. J.-C., que l’on date la rédaction
des poèmes homériques que sont l’​Iliade ​et l’​Odyssée​ (voir l’encadré « repères » p. 40).

Traduction du texte de l’inscription : « La coupe de Nestor (est) bonne à boire. Mais celui qui boit à
cette coupe sera subitement pris du désir d’Aphrodite à la belle couronne ».

Document 2
De 431 à 404 av. J.-C., le monde grec (Grèce continentale, mer Égée et Asie mineure) est
touché par un conflit majeur : la Guerre du Péloponnèse, qui oppose Athènes et ses alliés (la
Ligue de Délos) à Sparte et ses alliés (appelés communément, mais de manière
anachronique, la Ligue du Péloponnèse). Au terme du conflit, qui connaît plusieurs phases
où alternent conflits terrestres, périodes de paix et conflits maritimes, la puissance d’Athènes
est anéantie et Sparte domine, pour quelques temps, l’ensemble du monde grec.

Un épisode majeur de la Guerre du Péloponnèse n’est pas représenté sur cette carte : il s’agit de
l’expédition de Sicile, en 415-413 av. J.-C. Après une période de calme relatif suite à la Paix de Nicias
(421 av. J.-C.), le conflit reprend de plus belle : les citoyens d’Athènes votent une expédition de très
grande envergure qui, d’une simple expédition punitive contre Syracuse, prend des allures de projet
de conquête. Cette expédition se solde par un cuisant échec : Athènes perd 200 navires et 50 000
hommes, dont 12 000 Athéniens. Son régime politique est déstabilisé : en 411, une révolution
oligarchique mène à l’instauration du gouvernement des Quatre Cents.
> Voir le dossier 1 « La Sicile au cœur de la Méditerranée antique » (p. 42-43)

Document 3
Contemporain des événements, l’historien athénien Thucydide est notre source principale sur la
Guerre du Péloponnèse. Il restitue ici le discours qu’aurait prononcé Alcibiade pour pousser les
Athéniens à voter l’expédition de Sicile en 416 av. J.-C.

Deux éléments principaux sont à souligner dans cet extrait :


- la conscience de la puissance athénienne et de son fondement, basé sur des alliances et des
interventions militaires pour mettre au pas les alliés ;
- son obligation de continuer à s’agrandir pour ne pas risquer de s’effondrer : sur ce dernier
point, il est important de se rappeler que Thucydide écrit, à partir de sources que nous ne
connaissons pas, ​après​ les événements.

Document 4
Ce large fragment de bas-relief, communément appelé le relief Lenormant, a été trouvé au XIX​e​ siècle
sur l’Acropole d’Athènes. Il figure une trière athénienne, soit un bateau de guerre à trois rangs de
rameurs, où l’on reconnaît, dans la longueur, 9 rameurs. Deux autres fragments permettent de
restituer une grande trière de 25 rameurs, auxquels il faut ajouter le navigateur et le commandant.
Il est aujourd’hui conservé au musée de l’Acropole.

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11
Onglet « ouverture »
Nous avons choisi ici de parler du ​comics ​de Frank Miller, ​300​ (publié en 1998) : Miller est à ce
moment-là l’un des plus célèbres auteurs de ​comics​ (notamment pour son travail sur ​Daredevil​, puis,
surtout, pour ​Batman The Dark Night,​ révolution graphique et narrative qui change en profondeur
l’univers des ​comics)​ .
Le comic ​300 r​ aconte la bataille des Thermopyles (les Sources Chaudes), au cours de laquelle le roi
spartiate Léonidas retarde l’avancée de l’armée de Xerxès. Il s’inspire lui-même d’un ancien péplum
(​La bataille des Thermopyles,​ réalisé en 1962 par Rudolph Maté) et s’écarte largement de la réalité
historique.
Le ​comic​ rencontre un beau succès éditorial lors de sa publication mais c’est surtout son adaptation
au cinéma en 2006 par Zack Snyder, dans une version qui s’écarte encore plus des événements
historiques et tire l’histoire vers un horizon assez proche de l’​heroic fantasy,​ qui le rend célèbre.
Notons que ce film fut vivement critiqué, tant par les historien(ne)s que par les Iraniens, qui
l’accusèrent de propager une vision hostile aux Arabes, dans un contexte géopolitique assez précis.
Cet onglet peut permettre de travailler avec les élèves sur la place qu’occupe l’Antiquité - réimaginée,
réinventée, fantasmée - dans la culture contemporaine, que ce soit au cinéma, dans les romans, les
jeux vidéos, les bandes dessinées, etc.

Dossier 1 : La Sicile au cœur de la Méditerranée


antique (p. 42)

Présentation du dossier
Avec ce premier dossier, les élèves sont invités à étudier un espace réduit (la Sicile) sur l’ensemble
de la période antique. Le but est de souligner les permanences dans les enjeux méditerranéens et de
bien comprendre la chronologie des différentes puissances dominantes. La page de gauche se centre
sur la Sicile sous influence grecque tandis que la page de droite présente la Sicile romaine.

Signalons également que le dossier numérique du chapitre 2 porte sur la Sicile normande (en
particulier sur Palerme), ce qui peut permettre d’étudier l’île dans la longue durée.

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Présentation des documents

Document 1
Le cas sicilien est symptomatique des dynamiques de la colonisation grecque en
Méditerranée :
- c’est en premier lieu une colonisation en cascade : les cités de Grèce continentale ou
ioniennes s’installent d’abord sur les côtes, au plus proche des métropoles, puis fondent un
certain nombre de sous-colonies en s’éloignant du cœur de peuplement, de sorte qu’à terme
l’ensemble des côtes siciliennes sont maîtrisées par des colonies grecques ;
- cette colonisation est le résultat de la concurrence d’abord des métropoles, puis des colonies
elles-mêmes : on voit ainsi les Eubéens prendre le contrôle du nord-est de l’île, les
Corinthiens du sud-est et les Mégariens s’aventurer le plus à l’ouest, au contact des colonies
puniques ;
- dernière remarque d’importance : cette colonisation se fait sous forme de comptoirs, sans
conquêtes territoriales d’envergure (comme le fera plus tard la conquête romaine). Les Grecs
de Sicile cohabitent donc avec les peuples présents auparavant, comme les Sicules de
Ségeste, mais aussi avec d’autres puissances méditerranéennes, telle Carthage.

Document 2
La colonisation grecque diffuse les modèles grecs dans l’ensemble de la Méditerranée et a laissé de
nombreux vestiges : ceux de Sicile sont parmi les plus impressionnants.
À Agrigente, la « vallée des temples » abrite un des édifices les mieux conservés de l’architecture
grecque : le temple dit de la Concorde (nom arbitraire qui ne correspond pas à la divinité qui y était
honorée), construit dans les années 440-430 av. J.-C. Son architecture est des plus classiques : il
peut être demandé aux élèves de le comparer au Parthénon dont le plan est tout à fait similaire (voir «
Repères », p. 38) avec son soubassement (​krépis)​ agrémenté d’un escalier faisant le tour du
bâtiment, sa colonnade extérieure (ce qui en fait un temple périptère), son ​pronaos​ (entrée), son ​naos
(salle principale) et, pour assurer la symétrie de l’avant et de l’arrière, l’​epistodon ​(salle arrière,
symétrique du ​pronaos​). Le tout est d’ordre dorique et devait être peint de couleurs chatoyantes, au
moins pour les parties supérieures.
> Voir, sur le même sujet, la statue d’Auguste Prima Porta dans le point de passage 2 dédié à
Auguste, doc. 3 p. 51).

Document 3
Cet extrait de ​La Guerre du Péloponnèse​ de Thucydide insiste sur les motivations de l’expédition de
Sicile et les raisons de son échec.
> Voir commentaires, plus haut dans ce livre du professeur, sur les documents 1 et 2 du cours 1 (p.
41), documents qui peuvent compléter l’étude de ce passage.

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Document 4
La première guerre punique est parfois appelée « Guerre de Sicile » tant l’île est à la fois l’enjeu et le
terrain d’action de ce conflit.
La guerre commence en effet avec l’intervention romaine pour venir en aide à la cité de Messine, sur
le détroit du même nom (carrefour commercial d’importance), menacée par Carthage (voir doc. 1 et 3
sur la présence punique avant l’arrivée des Romains). Pendant 23 ans, de 264 à 241, Romains et
Carthaginois se battent, essentiellement sur mer, pour le contrôle de l’île et lorsque, à la fin du conflit,
Rome en prend possession, elle en fait sa première province (voir doc. 5).
Cet as (une monnaie de bronze romaine) frappé pendant la guerre commémore les victoires navales
de Rome : l’avers représente Janus, le dieu à deux visages symbole de la guerre, tandis que le revers
montre la proue d’une galère romaine, sûrement l’une des trières qui font l’essentiel de la force navale
de Rome. Il rappelle donc que la première guerre punique est une guerre essentiellement navale dont
l’enjeu est le contrôle des routes commerciales méditerranéennes.

Documents 5 et 6
Une fois la Sicile entrée sous domination romaine, à la fin de la première guerre punique, on en parle
très peu dans les sources, à une exception près : en 70 av. J.-C., Cicéron (106-43 av. J.-C.) rédige
ses plus fameux discours, ​Les Verrines,​ où il accuse Verrès d’avoir commis les pires crimes contre la
province lorsqu’il en était gouverneur, entre 73 et 71 av. J.-C. L’orateur n’a en réalité prononcé que la
toute première partie du discours, la plus courte, Verrès ayant choisi de partir en exil avant la fin du
procès.
Le début de la ​Seconde action (​ qui n’a pas été prononcée) correspond à un éloge de la Sicile
présentée comme la province romaine à la fois la plus ancienne et la plus fidèle : c’est de là que sont
tirés les deux textes.

Corrigés des questions

➔ Question 2 : ​ Identifiez les populations présentes sur l’île avant l’arrivée des Romains. (Doc.
1, 2, et 3)

Coup de pouce : le document 3 différencie « Grecs » et « Barbares » : essayez de classer les


renseignements du document 1 en fonction de ces deux catégories.

​ vant l’arrivée des Romains, l’île était peuplée à la fois de


❖ Réponse simple :​ A
populations autochtones (ex. : les Sicules), et de populations issues de la colonisation
punique puis grecque.
❖ Réponse complète ​: On peut reconnaître trois types de populations sur l’île avant
l’arrivée des Romains, correspondant à trois vagues différentes de population :
- les populations autochtones, italiotes, dont la carte (doc. 1) donne un
exemple : les Sicules dont la capitale est Ségeste ;
- des Puniques installés dans les colonies de Carthage, dont Lilybée et
Palerme sont les principales villes (doc. 1) ;
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- des populations grecques, issues de deux vagues de colonisation (primaire et
secondaire) (doc. 1 et manifestation dans le paysage doc. 2).
Parmi ces dernières populations, on trouve des gens originaires de cités diverses et concurrentes, au
point que le document 3 témoigne de dissensions fortes sur l’île entre les alliés d’Athènes (Ségeste,
qui s’est fortement hellénisée depuis l’arrivée des Grecs sur l’île) et les alliés de Sparte (Sélinonte et
Syracuse).
Du point de vue grec, ces populations se divisent en deux catégories (doc. 3, complété par le doc. 1) :
les « barbares », ce qui comprend à la fois les Siciliens de souche et les Carthaginois, et les Grecs,
qui apportent la « civilisation », comme l’architecture des temples (doc. 2), au reste de la Sicile.

➔ Question 3 : ​Rappelez ce qu’est une « province » romaine. (Doc. 5)

Coup de pouce : reportez-vous au bloc « vocabulaire » du cours 3 (p. 52).

❖ Réponse :​ Une province romaine est un territoire extérieur à l’Italie (= péninsule italienne)
administré par Rome qui y envoie des gouverneurs. La Sicile est la première province
romaine.

➔ Question 4 : ​Montrez pourquoi la Sicile est une région stratégique. (Doc. 1, 3, 4, 5 et 6)

Coup de pouce : regroupez les arguments par thèmes : situation géographique, enjeux commerciaux,
enjeux militaires.

❖ Réponse :
- situation géographique : la Sicile est un carrefour au cœur de la Méditerranée
(voir le texte d’introduction)
- enjeux commerciaux : elle est donc au croisement de routes commerciales
d’importance et le détroit de Messine se situe à la fois sur les routes allant de
l’est vers l’ouest et du nord vers le sud (voir la carte d’introduction et le doc.
1) ; mais c’est aussi une zone de production du blé, denrée majeure de
l’alimentation et donc du commerce méditerranéen (doc. 5 et 6)
- enjeux militaires : deux conflits majeurs s’y sont déroulés et ont pour but la
maîtrise de ce territoire, ce qui montre qu’il est considéré comme stratégique
par les belligérants (doc. 3 et 4) ; mais c’est aussi une porte d’entrée, pour les
Romains, vers l’Afrique et Carthage (doc. 5).

➔ Question 5 : ​Réalisez une frise chronologique reprenant les grandes étapes de l’histoire de la
Sicile antique.

Coup de pouce : différenciez de grandes périodes : la Sicile grecque / la Sicile romaine

❖ Réponse simple :
Deux grandes périodes :
- la Sicile sous influence grecque (VIII​e​ siècle av. J.-C. - 241 av. J.-C.) ;
- la Sicile, province romaine (241 av. J.-C. jusqu’à la fin de l’empire romain
d’Occident).

❖ Réponse complète :
À l’intérieur de ces périodes, il faut différencier des événements :
- colonisation grecque de la Sicile (VIII​e​-VI​e​ siècles av. J.-C.) ;
- expédition de Sicile lors de la Guerre du Péloponnèse (415-413 av. J.-C.) ;
- Première Guerre punique (264-241 av. J.-C.) ;
- Troisième Guerre punique et destruction de Carthage (146 av. J.-C.) ;
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- 73-71 av. J.-C. : préture de Verrès en Sicile.

Cours 2 : La Démocratie athénienne (V​e​-IV​e​ siècles


av. J.-C.) (p. 44)

Résumé des grandes idées du cours


➔ Athènes est la cité des Athéniens, c’est-à-dire des citoyens : hommes majeurs nés de parents
athéniens et leurs femmes.
➔ La démocratie athénienne repose sur l’isonomie : l’égalité de droits entre les citoyens.
➔ Le citoyen athénien est à la fois un producteur et un soldat.

Mise au point et précisions

Un mot sur l’illustration de la rubrique « repères » : nous n’avons conservé aucun buste antique de
Clisthène. Celui qui est ici présenté a été réalisé pour la chambre du Sénat américain en 2004 : c’est
un bon exemple du néo-classicisme contemporain, à la fois résolument réaliste et reprenant des
codes des portraits antiques.

Précision importante : on s’étonnera peut-être de trouver, dans le deuxième paragraphe de la


première partie du cours, l’affirmation selon laquelle « les femmes athéniennes sont dites
citoyennes », à rebours d’une historiographie très ancrée qui répète couramment qu’à Athènes les
femmes sont exclues de la citoyenneté. Cette affirmation s’appuie sur les travaux (à la fois en cours et
récents) de Violaine Sebillotte-Cruchet (membre de notre comité scientifique). Ces travaux montrent
que les femmes athéniennes sont bel et bien considérées comme des citoyennes (désignées en grec
sous le même terme, ​politides,​ que les hommes), même si cette citoyenneté ne se déploie pas,
concrètement, de la même façon. Voici ​un article de référence​ sur la question, ainsi qu’un ​résumé
utile​. On ne saurait trop insister sur l’importance de bien faire passer cette notion auprès des élèves.

Présentation des documents

Document 1
Ce graphique sous forme de « camembert » permet de souligner que les citoyens d’Athènes (les
Athéniens, au sens strict) représentent une minorité des habitants d’Athènes. Les chiffres indiqués ici
sont des estimations et rendent compte des ordres de grandeur.

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Document 2
Ce schéma simplifié des institutions athéniennes souligne le rôle central du peuple et l’importance du
tirage au sort dans la démocratie athénienne (au contraire de la République romaine qui repose sur
un système électoral).

Document 3
Photographie des vestiges du théâtre aujourd’hui. Ce théâtre en pierre a été réalisé au IV​e​ siècle
av. J.-C. puis restauré à l’époque romaine (II​e​ siècle apr. J.-C.) : à l’époque de Sophocle, Euripide et
Aristophane (V​e​ siècle av. J.-C.), l’édifice, plus petit, était en bois.

Document 4
Ce serment prêté par les futurs citoyens, montre ce qu’est, profondément, la citoyenneté athénienne :
- le citoyen est d’abord un soldat et l’armée hoplitique est faite de telle sorte que la vie de l’un
dépend de la défense de l’autre (l.1-2) ;
- par sa participation à la guerre mais aussi aux institutions, il décide du sort de la cité (l. 2-4) ;
- il doit aussi obéissance aux institutions (l. 5-6) et doit les défendre (l. 6-8) ;
- enfin, la cité d’Athènes correspond à la communauté de ses citoyens mais aussi de ses dieux
(l. 8-11).

Onglet « ouverture »
Cet « écho des temps » propose de revenir sur l’étymologie d’un mot très utilisé par les médias
contemporains : la démagogie. Il souligne que le concept est né avec la démocratie, comme une
dérive quasiment consubstantielle de ce régime politique.

Point de passage 1 : Périclès et l’apogée de la


démocratie athénienne (p. 46)

Présentation du point de passage


Périclès est une figure majeure de l’histoire politique et militaire d’Athènes qui permet d’aborder
conjointement les institutions et l’hégémonie de la cité : il fait ainsi le lien entre les cours 1 et 2.

Présentation des documents


Les documents choisis permettent de présenter toutes les facettes de l’influence de Périclès sur la vie
athénienne : à la fois son rôle militaire (doc. 1), son influence politique (doc. 2 et 3), son influence
culturelle (doc. 4) et économique (doc. 5). Ils représentent par ailleurs l’essentiel des éléments

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marquants de la vie politique athénienne étudiés dans le cours précédent : le cœur religieux de la cité
(l’Acropole) (doc. 4 et 5), l’importance institutionnelle grandissante des stratèges élus face aux
archontes tirés au sort (doc. 1), la question de la subsistance de la population (doc. 5) et celle de la
place des femmes (doc. 2).
Il a également été choisi de diversifier les types de production et notamment les moments de
production de ces documents : entre des textes d’époque (doc. 4), d’autres rédigés tardivement
(doc. 1 et 5), une statue grecque contemporaine de Périclès (doc. 2, bien que le buste aujourd’hui
conservé soit en réalité une copie romaine) et une restitution contemporaine sérieuse mais
condamnée à l’incertitude (doc. 3).

Nous avons enfin voulu, à travers Périclès, souligner le rôle des femmes dans la vie politique
athénienne : Aspasie, sa seconde compagne, a de fait joué un rôle majeur dans la carrière du
stratège mais aussi, plus généralement, dans la politique athénienne (l’étude du document 2 peut
d’ailleurs être complétée par le dossier numérique sur le procès de Nééra). Les détracteurs de
Périclès ne s’y sont pas trompés : à la fin de la vie de Périclès, l’essentiel des attaques que lui portent
ses concurrents politiques portent sur sa compagne et sur Phidias, sculpteur, ami et protégé du
stratège qui a réalisé l’essentiel des statues et sculptures de l’Acropole et, surtout, du Parthénon. Cela
permet par ailleurs de souligner que tout un monde d’intellectuels et d’artistes éclairés gravitent autour
de Périclès : il ne faut pas le voir comme un génie (y compris artistique) isolé, mais comme le
représentant majeur d’un courant culturel fort à Athènes en cette deuxième moitié du V​e​ siècle
av. J.-C. Un phénomène identique s’observe à Rome autour des Scipions, grands vainqueurs des
Guerres Puniques, aux tournants des III​e​ et II​e​ siècles av. J.-C.

Le document 3, qui propose une restitution de l’Acropole, peut être complété par une photographie
(ou une vidéo, voire plus bas la rubrique « pour aller plus loin ») du site contemporain pour montrer
aux élèves comment on « fait parler » les ruines pour les rendre vivantes. D’ailleurs, sur ce point, il
peut être utile de souligner qu’une grande partie des monuments était peinte, sûrement plus que ce
que restitue ici Peter Connolly (les recherches sur la polychromie dans l’architecture et la sculpture
grecques et romaines ont beaucoup progressé cette dernière décennie) : voir le doc. 3 du point de
passage 2 (p. 51) pour un exemple dans la statuaire romaine.

Rappelons au passage que le Parthénon n’est pas à proprement parler un temple, mais un trésor (sur
le modèle des - biens plus modestes - trésors de Delphes) : sa construction est liée à la récupération,
par Athènes, du Trésor de la Ligue de Délos, et non à un culte. De fait, le culte d’Athéna est assuré
ailleurs sur l’Acropole : dans le petit temple d’Athéna Nikè et, pour le culte poliade (= de la cité), dans
l’Érechteion. La statue chryséléphantine d’Athéna Parthenos réalisée par Phidias, qui trônait dans le
Parthénon, n’est d’ailleurs pas une statue de culte mais une offrande à Athéna réalisée à partir de ce
trésor. Si le Parthénon est souvent appelé, à tort, un temple, c’est par confusion entre type
architectural (= ce à quoi ressemble d’édifice) et fonction d’un édifice (= ce à quoi il sert), une
confusion très répandue. Pour plus de détails sur la question, voir Bernard Holtzmann, ​L’Acropole
d’Athènes​, 2003.

Corrigés des questions

➔ Question 1 : ​Repérez à quelle période écrivent ces auteurs. (Doc. 1, 4 et 5)

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Coup de pouce : vous trouverez les informations sur la source (dont la date de rédaction) tout en bas
du texte. L’introduction (en haut, en italique) peut également vous aider.

❖ Réponse simple :​ P ​ lutarque a écrit ce texte vers 100-120 apr. J.-C. (= début du II​e
siècle apr. J.-C.) et Thucydide à la fin du V​e​ siècle av. J.-C. Le second texte est donc
antérieur au premier.
❖ Réponse complète ​: Thucydide est contemporain des événements et rédige sa
Guerre du Péloponnèse​ quelques années après les événements : c’est un témoin
direct mais aussi partie-prenante du conflit. Plutarque, au contraire, écrit près de 600
ans après la Guerre du Péloponnèse, au moment où la Grèce est devenue une
province romaine : ses informations sont sûrement moins fiables, venant de sources
indirectes, mais son point de vue est peut-être plus neutre.

➔ Question 2 : ​Relevez les qualités de Périclès mises en avant par ces textes. Quelles qualités
reconnaît-on aussi à Aspasie ? (Doc. 1, 2, 4 et 5)

Coup de pouce : concentrez-vous sur Périclès et relevez, dans les documents, les expressions qui se
rapportent à ses qualités militaires, politiques et économiques.

❖ Réponse simple :​ P ​ ériclès est présenté comme un grand stratège c’est-à-dire un


grand chef militaire (doc. 1 : « Comme général, Périclès jouissait de la confiance
universelle »), mais aussi comme un dirigeant politique efficace (doc. 4 : « Périclès
(...) avait acquis une autorité qui lui permettait de contenir le peuple tout en respectant
sa liberté ») et comme un ami du peuple à qui il permet de vivre dignement (doc. 5 : «
mais pour la masse ouvrière, qui n’était pas enrolée, Périclès ne voulait ni qu’elle fût
privée de salaires ni qu’elle en touchât sans travailler et sans rien faire. »).
❖ Réponse complémentaire :​ Aspasie (doc. 2) semble partager les qualités de son
conjoint : c’est une femme politique très influente, cultivée (à mettre en regard avec
les travaux d’embellissement de l’Acropole par Périclès, doc. 3) et le buste la
présente comme une femme à la fois belle et fière.

➔ Question 3 : ​Relevez les raisons avancées par Périclès pour entreprendre de grands travaux
sur l’Acropole. (Doc. 3 et 5)

Coup de pouce : relevez directement dans le texte du doc. 5 des citations répondant à la question.

❖ Réponse simple :
Citations relevées :
- « des ouvrages qui, après leur achèvement, lui vaudront une immortelle
renommée » ;
- « fourniront des salaires à presque toute la population » ;
- « la population sédentaire aurait le même droit que les matelots et les soldats
en garnison ou en expédition d’être aidée et de toucher sa part des fonds
publics ».

❖ Réponse complète ​:
Deux raisons principales sont avancées par Périclès :
- L’embellissement de la ville, qui doit impressionner le reste de la Grèce
(« des ouvrages qui, après leur achèvement, lui vaudront une immortelle
renommée »). Le document 3 montre combien l’Acropole peut être
impressionnante. Sur une hauteur entourée de remparts, le site est organisé
de sorte à ce que les visiteurs, pénétrant par une entrée monumentale (les
Propylées), découvrent tout à coup une grande esplanade bordée des
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réalisations parmis les plus belles de l’art grec : l’Érechteion, où sont célébrés
les cultes poliades (= liés à la cité et notamment sa fondation), le Parthénon,
trésor abritant la statue chryséléphantine (en or et ivoire) d’Athéna Parthenos
réalisée par Phidias et, du même sculpteur mais à l’extérieur, face à l’entrée,
la statue monumentale de bronze, d’Athéna Promachos.
- Le travail de la population athénienne et, par là même, le partage des
richesses de la cité (« fourniront des salaires à presque toute la population » ;
« De la sorte, la population sédentaire aurait le même droit que les matelots
et les soldats en garnison ou en expédition d’être aidée et de toucher sa part
des fonds publics »).

➔ Question 4 : ​Identifiez les parties de la population sur lesquelles s’appuie Périclès pour
asseoir son pouvoir. (Doc. 4 et 5)

Coup de pouce : concentrez-vous sur le document 5 et relevez deux parties de la population liées aux
activités militaires et économiques de Périclès.

❖ Réponse simple :​ L ​ e document 5 parle de deux parties de la population qui


bénéficient toutes les deux des activités de Périclès : ceux qui reçoivent un salaire
pour leur rôle dans l’armée, et donc pour les expéditions militaires lancées par
Périclès (« les matelots et les soldats en garnison ou en expédition ») et « la
population sédentaire » qui reçoit du travail avec ses grands travaux.
❖ Réponse complète ​: Le document 4 parle du « peuple » en général, sans distinguer
dans cette masse d’autres hommes politiques ou une classe sociale plus qu’une
autre. Ce que décrit Thucydide peut par ailleurs être qualifié de « démagogie » (voir
“écho des temps” p. 45) : Périclès fait mine de gouverner avec le peuple mais en le
persuadant, parfois contre l’avis général, qu’il faut suivre ses positions, il gouverne en
réalité à la place du peuple (« Théoriquement, le peuple était souverain, mais en fait
l’État était gouverné par le premier citoyen de la cité. ») : le peuple dont parle
Thucydide correspond donc à la part la plus importante - et la plus pauvre - de la
population. Ceci est confirmé par le document 5 : Périclès, par ses activités militaires,
permet à une partie de la population de vivre des salaires des soldats (« les matelots
et les soldats en garnison ou en expédition ») et, par ses activités édilitaires (= de
construction) il donne également du travail, et donc un salaire, à une autre partie de
la population vivant en ville (« la population sédentaire »).

➔ Faire un bilan ​:​ ​Expliquez l’influence de Périclès sur la vie politique athénienne sous la forme
d’un développement construit.

Coup de pouce : Reprenez les documents un par un et cherchez un élément de réponse par
document en complétant cette phrase « Périclès est influent car…».
→ Exemple, doc. 2 : Périclès est influent car ses proches (sa compagne) sont influents.

❖ Réponse :
Éléments de réponse à organiser différemment en fonction du parcours choisi :
Doc. 1 : Périclès est influent car c’est un grand chef de guerre.
Doc. 2 : Périclès est influent car ses proches (sa compagne) sont influents.
Doc. 3 : Périclès est influent car il a embelli la cité d’Athènes.
Doc. 4 : Périclès est influent car il peut influencer le peuple d’Athènes.
Doc. 5 : Périclès est influent car il donne du travail à la population d’Athènes.

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Pour aller plus loin

❖ Pour de belles vidéos de l’acropole d’Athènes aujourd’hui (et d’un certain nombre de hauts
lieux d’Athènes) : ​http://yougoculture.com/virtual-tour/athens/myth/acropolis​. Le site est en
anglais mais les vidéos sont, pour la plupart, sans texte.

Cours 3 : La ​Res Publica Romana​ (753 av. J.-C. -


476 apr. J.-C.) (p. 48)

Résumé des grandes idées du cours


➔ La ​Res Publica Romana (​ l’État romain) connaît trois régimes politiques successifs : la
Monarchie, la République et l’Empire.
➔ La République romaine est oligarchique et repose sur le vote des citoyens en fonction de leur
richesse.
➔ L’Empire conserve théoriquement les institutions républicaines mais concentre le pouvoir
dans les mains d’un seul, le Prince (= l’empereur).

Mise au point et précisions

Un mot sur l’illustration de la rubrique « repères » : ce buste a été retrouvé dans le Rhône, près
d’Arles, lors de fouilles subaquatiques ; exposé pour la première fois au Musée départemental Arles
antique lors d’une exposition exceptionnelle intitulée « César, le Rhône pour mémoire » en 2009, il est
présenté comme le seul portrait de Jules César réalisé de son vivant (les seuls portraits de César
antérieurs à 44 av. J.-C. connus jusqu’alors se trouvent sur des monnaies). Cependant, l’attribution de
ce portrait à l’homme politique romain est l’objet de débats dans le monde scientifique. Il s’est
pourtant imposé dans le monde médiatique comme ​le p ​ ortrait par excellence du conquérant des
Gaules et a supplanté ses autres portraits dans l’imaginaire collectif. Devant les élèves, il convient
donc d’en nuancer l’attribution.

Présentation des documents

Document 1
Cet organigramme simplifié des institutions républicaines met en relief deux choses :

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- l’importance des élections : ce sont les citoyens qui élisent les magistrats et votent les lois. Ils
détiennent donc théoriquement tout le pouvoir. Le Sénat, au contraire, est uniquement un
organe consultatif.
- Le pouvoir est exercé par les magistrats : ce sont eux qui dirigent l’armée, rendent la justice et
font exécuter les lois.

Attention cependant : ce type de document gomme le fait qu’à Rome les institutions ne sont jamais
fixes (il n’y a pas de constitution) et évoluent avec le temps. C’est sûrement ce qui explique
qu’Auguste ait pu instaurer en relativement peu de temps le Principat tout en conservant une
apparence de République.

Document 2

Ce denier romain (monnaie en argent) frappé par Publius Licinius Nerva et daté des années 110
av. J.-C., représente à l’avers un buste casqué de Rome et au revers, présenté ici, une scène
d’élections au Comitium telles qu’elles se déroulent à Rome depuis le milieu du II​e​ siècle av. J.-C.
Un ancêtre du monétaire, Caius Licinius Crassus, lorsqu’il était tribun de la plèbe en 145 av. J.-C.
avait, le premier, organisé le vote des comices dans un lieu dédié, les ​saepta​ : c’est sans aucun doute
pour célébrer cet ancêtre que Publius Licinius Nerva fait frapper cette monnaie.
On y distingue plusieurs étapes du vote :
- d’abord, les infrastructures : un pont surélevé aboutit à l’urne. Un seul homme à la fois peut y
passer, assurant l’anonymat du vote. Les lignes à l’arrière représenteraient les cordes
tendues pour séparer les citoyens en tribus (unités de vote) ;
- dans la partie gauche, un citoyen (dont on ne voit que le buste parce qu’il n’est pas encore
monté sur l’estrade) reçoit son bulletin de vote du ​rogator​ ;
- dans la partie droite, un autre citoyen, sur le pont, dépose son bulletin dans l’urne.

Il est intéressant de souligner à quel point cette scène rappelle le système de vote actuel (lien
possible avec le programme d’EMC), le pont individuel ayant fait place aujourd’hui à l’isoloire.

Document 3
Les documents administratifs émis par le Sénat commencent par cette formule, très célèbre : ​Senatus
Populus Que Romanus​, parfois abrégé en ​SPQR,​ soit « le Sénat et le Peuple de Rome ». Cela
rappelle que le Peuple est à l’origine de toute décision - ou que toute décision est prise au nom du
Peuple.
La formule, abrégée ou non, se retrouve dans les inscriptions officielles, telle cette dédicace de l’Arc
de Titus construit en 81 apr. J.-C. Situé à l’entrée du forum romain, cet arc de triomphe célèbre la
victoire de l’empereur Titus (79-81 apr. J.-C.) lors de la guerre de Judée (66-73 apr. J.-C.) dont
l’épisode le plus célèbre est la prise de Jérusalem. Aujourd’hui, on retrouve encore les quatre lettres
sur les plaques d’égout de la ville de Rome.

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René Goscinny, scénariste d’​Astérix​, a mis dans la bouche d’Obélix un clin d’œil à cette formule : le
célèbre « Ils sont fous ces Romains » se traduit, en italien, par ​Sono Pazzi Questi Romani​ soit…
SPQR ​!

Document 4
Nous avons choisi ici un extrait de Tacite (56-120 apr J.-C.), un des grands historiens de la période. Il
y décrit l’année 69, surnommée « l’année des 4 empereurs » (cf le livre de Pierre Cosme qui porte ce
titre) : l’opposition diffuse contre Néron se cristallise en une série de guerres civiles qui voient
s’opposer plusieurs généraux pour le titre impérial. Après de violents affrontements, c’est finalement
Vespasien qui l’emporte, imposant la dynastie des Flaviens. L’extrait de Tacite, dont on soulignera le
caractère clairement dramatisé, pour ne pas dire catastrophiste, permet d’attirer l’attention des élèves
sur le fait que l’histoire de l’Empire romain n’est pas linéaire : à intervalles réguliers, crises de
succession et guerres civiles viennent ébranler l’autorité romaine, tout comme les nombreuses
révoltes dans des provinces moins soumises qu’on ne l’a longtemps dit.

Onglet « ouverture »
Le décentrement propose un rapprochement chronologique entre la République romaine et la
constitution de l’empire chinois pour ne pas oublier que, dans la période que l’on appelle en Occident
« l’Antiquité », d’autres régions du monde sont le terrain de constructions politiques d’envergure
exceptionnelle.
> À noter que le « Décentrement » du chapitre 5 parle lui aussi de la Chine, ce qui permet de faire un
lien entre les deux chapitres.

Point de passage 2 : Auguste et la naissance d’un


nouveau régime politique (p. 50)

Présentation du point de passage

La cinquantaine d’années allant de la mort de César à la stabilisation du pouvoir augustéen est une
période charnière dans l’histoire romaine qui permet de comprendre à la fois, ​a posteriori,​ le
fonctionnement de la République (et d’expliquer son impressionnante stabilité malgré des crises à
répétition) et la complexité du régime hybride qu’est le Principat puis l’Empire. Le fait principal à
retenir et à transmettre aux élèves est la continuité entre les deux régimes politiques. Auguste
conserve les institutions républicaines dans le discours mais aussi, du moins en partie, dans la
pratique : le Sénat continue de siéger, les magistratures sont conservées et les élections maintenues.
Le pouvoir du Prince (de ​princeps,​ « le premier ») ne vient que s’ajouter aux institutions existantes et
non se substituer à elles. Cependant Auguste réussit à concentrer peu à peu entre ses mains tout
l’exercice du pouvoir civil, militaire et même religieux après la mort de Lépide et sa nomination comme
grande pontife (13 ou 12 av. J.-C.).
Comme avec Périclès, la figure d’Auguste permet par ailleurs de lier les thématiques constituant les
deux cours d’histoire romaine. Son règne est en effet présenté dès l’époque comme une double

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stabilisation : celle de la vie politique après un siècle de crises marqué par les guerres civiles et celle
de l’empire dont l’héritier de César cherche davantage la stabilité que l’extension (sans pour autant
mettre fin à la politique de conquêtes qui n’est réellement abandonnée qu’au II​e​ siècle apr. J.-C. sous
le règne d’Hadrien).

Présentation des documents


Pour aborder de manière originale le règne d’Auguste, nous avions d’abord pensé à un ensemble
documentaire reposant uniquement sur la statuaire (voir l’activité numérique « Avé César ! »). C’est
finalement une forme plus classique qui a été privilégiée, mettant en avant, dans l’esprit du
programme, les principales réalisations d’Auguste : la grandeur mais aussi la stabilité et la paix de
l’empire (doc. 1), la réforme des institutions républicaines (doc. 2) et la construction d’un pouvoir
dynastique (doc. 3).

Dans le détail, nous avons gardé la statue la plus représentative du règne d’Auguste (doc. 3) et choisi
de l’accompagner de deux grands textes de nature et d’époque différentes (doc. 1 et 2) :
- Suétone (vers 70 - vers 122 apr. J.-C.) est un des plus grands historiens romains dont
l’ouvrage le plus connu est ​La Vie des Douze Césars​. Rassemblant les biographies de Jules
César (qui n’est pas un empereur !) puis des onze premiers empereurs (d’Auguste à
Domitien), l’ouvrage est composé selon un plan immuable qui va de l’enfance au bilan de la
carrière politique, sans toujours respecter une chronologie fine et avec un goût prononcé pour
les anecdotes personnelles.
- les ​Res Gestae Divi Augusti​ (mot à mot : réalisations du divin Auguste, premiers mots du
texte) font quant à elles partie du testament politique d’Auguste. Ce testament, sûrement en
trois parties (dont les ​Res Gestae​ seraient la seconde), a été déposé par Auguste auprès des
Vestales et révélé après sa mort : c’est donc un document produit par Auguste qui en avait
lui-même organisé la publication. Il nous est connu par plusieurs copies du texte, en latin mais
aussi en grec, qui sont des inscriptions monumentales réalisées dans tout l’empire à la mort
d’Auguste. Pour plus de détail sur le texte et sa restitution, voir l’introduction de John Scheid
dans l’édition qui fait aujourd’hui autorité : John Scheid, ​Res Gestae Divi Augusti​, Belles
Lettres, 2007.

Corrigés des questions

➔ Question 1 : ​Résumez en cinq grandes dates les principales étapes de la carrière politique
d’Octave-Auguste. (Doc. 1 et 2)

Coup de pouce : concentrez-vous sur les lignes 1 à 10 du document 1 et relevez les grands
événements : mort de personnages, alliances politiques, grandes batailles. Quand ils ne sont pas
datés, n’hésitez pas à aller chercher les dates sur internet ! Vous pouvez ensuite compléter ces
informations à partir du texte d’introduction.

❖ Réponse :
- 44 av. J.-C. : assassinat de Jules César. Dans son testament, il fait d’Octave (futur empereur
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Auguste) son héritier (doc. 1, l. 1)
- 43-33 av. J.-C. : alliance avec Lépide et Antoine = triumvirat (pouvoir partagé entre trois
hommes) (doc. 1, l. 2)
- 31 av. J.-C. : victoire d’Auguste sur Antoine à la bataille d’Actium (doc. 1, l. 5-6)
- 30 av. J.-C. : suicide d’Antoine et Cléopâtre (doc. 1, l. 9-10)
- 27 av. J.-C : Octave est nommé Auguste par le Sénat de Rome (doc. 2)

➔ Question 2 :​ Expliquez quelle est la nature du régime politique fondé par Auguste. (Doc. 1 et
2)

Coup de pouce : cherchez, dans les textes, les mots appartenant au champ lexical du pouvoir : ce
sont dans ces phrases que vous trouverez les informations pour répondre à la question.

❖ Réponse simple :
Mots appartenant au champ lexical du pouvoir :
- Doc. 1 : « gouverna » (l. 1) et « garder le pouvoir » (l. 27)
- Doc. 2 : « pouvoir absolu » (§ 34, l. 4), « pouvoir » (§ 34, l. 6 et 10),
« autorité » (§ 34, l. 10)
Explicitation des phrases :
- Doc. 1, l. 1 : Octave gouverne d’abord avec d’autres dans le triumvirat
(pouvoir partagé entre trois hommes)
- Doc. 1, l. 27 : après sa victoire, il conserve d’abord le pouvoir pour lui seul
- Doc. 2, § 34, l. 4 : ce pouvoir est un pouvoir absolu (comme celui d’un roi ou
d’un tyran)
- Doc. 2, § 34, l. 6 : mais il le rend symboliquement au Sénat romain et au
peuple ce qui signifie qu’il maintient les institutions de la République (voir
cours 3)
- Doc. 2, § 34, l. 10 : théoriquement, il n’a pas plus de pouvoir que les autres
magistrats de Rome mais, en réalité, il a la plus grande « autorité » : il est le
princeps​, le « premier » parmi les citoyens de Rome.

❖ Réponse complète ​: Les deux textes, l’un écrit après la mort d’Auguste par l’historien
Suétone (doc. 1) et l’autre rédigé par Auguste lui-même de son vivant (doc. 2), sont
un peu contradictoires : Suétone explique en effet qu’Auguste « se décida à garder le
pouvoir » (doc. 1, l. 27) après la défaite de son rival Antoine alors que, dans son
testament politique, Auguste souligne au contraire qu’il l’a « transfér[é] (...) au Sénat
et au peuple romain » (doc. 2, § 34, l. 5 à 7). Cette apparente contradiction se résout
à la fin du document 1 : certes, Auguste a symboliquement rétabli les institutions
républicaines, mais il y a ajouté un nouvel échelon, celui du ​princeps​, du « premier ».
Cet échelon lui donne la primauté sur les autres magistrats (il parle d’« autorité ») et
est consacré par l’octroi d’un nouveau nom, celui d’Auguste. Pour résumer, Auguste
maintient les institutions républicaines mais il se place au-dessus d’elles.

➔ Question 3 : ​Soulignez comment cette statue représente la création d’une dynastie. (Doc. 3)

Coup de pouce : la dynastie que construit Auguste comprend son père adoptif, Jules César, et son fils
adoptif, Tibère. Cherchez quels sont les éléments de la statue qui se rapportent à ces deux
personnages.

❖ Réponse ​: Cette statue représente Auguste en ​imperator ​(général victorieux) avec sur
sa cuirasse des symboles de ses conquêtes. Deux autres personnages sont cités,
directement ou indirectement, dans la statue :
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- Tibère, le fils adoptif et l’héritier d’Auguste, trône au centre de la statue dans
une scène qui rappelle également ses exploits. Il est donc le digne héritier de
son père adoptif.
- La mention à Jules César, père adoptif d’Auguste, est plus indirecte et passe
par deux éléments : la personnification des Gaules, qui ont en réalité été
conquises par le père adoptif d’Auguste ; et l’ajout, aux pieds de la statue,
d’un petit Cupidon (fils de Vénus). Cet ajout rappelle la prétendue filiation de
Jules César à la déesse Vénus.

La statue crée donc une sorte d’arbre généalogique symbolique : Vénus -> Jules César -> Auguste ->
Tibère. Cet arbre généalogique montre à la fois que le pouvoir se transmet de génération en
génération et qu’il est d’origine divine.

➔ Question 4 : ​Repérez les éléments montrant qu’Auguste s’appuie sur la religion pour
renforcer son pouvoir. (Doc. 1 et 3)

Coup de pouce : relevez les noms de dieux et de temples dans les deux documents.

❖ Réponse simple :
- Doc. 1 : temple de Mars Vengeur (temple construit par Auguste au centre de son
nouveau forum), temple de Janus Quirinus (temple ancien de Rome, dont les portes
ouvertes ou fermées symbolisent les périodes de guerre et de paix).
- Doc. 3 : Caelus (ciel divinisé), Tellus (terre divinisée), Cupidon (dieu Amour, fils
d’Aphrodite)

❖ Réponse complète ​:
L’étude de la statue d’Auguste Prima Porta (doc. 3) montre qu’il s’appuie sur la
religion dans deux sens :
- pour construire une dynastie qui se transmet le pouvoir de génération en génération
depuis la fondation de Rome (voir la question précédente) ;
- pour se présenter comme le dirigeant de l’ensemble du monde : en plus de
personnifications divinisées des provinces que son père et lui ont conquises, il
représente sur sa cuirasse la divinité du ciel, Caelus, et la divinité de la terre, Tellus.
C’est une manière de montrer qu’il gouverne aussi sur toute la terre et même sur le
ciel.

Par ailleurs, d’après l’historien Suétone (doc. 1), une partie des actions politiques et militaires
d’Auguste s’inscrit dans les lieux particuliers que sont les temples : cela lui permet de placer ses
actions sous la protection des dieux vénérés dans ces temples. Il s’agit pour l’un d’un temple ancien
de Rome, le temple de Janus, dont les portes symbolisent la paix ou la guerre (ses portes sont
ouvertes en période de guerre) et pour l’autre d’un temple récent, qu’il a lui même construit et qui
rappelle ses exploits militaires (Mars Vengeur).

❖ Complément de réponse à partir de l’activité numérique « Ave César ! » :


Après la mort de Lépide en 12 av. J.-C., Auguste récupère la fonction de grand pontife (​pontifex
maximus​)​ c​ e qui fait de lui le chef religieux de Rome. Avec cette fonction, il concentre absolument
tous les pouvoirs (militaires, civils et religieux) entre ses mains, comme le souligne la statue d’Auguste
de Labicana le représentant en posture de grand pontif, la tête voilée pour un sacrifice. Son père
adoptif, Jules César, avait lui aussi été grand pontife de 63 av. J.-C. à sa mort en 44 av. J.-C.

➔ Faire un bilan : ​À partir des documents et du cours 3, réalisez un tableau permettant de


répondre à la problématique.

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Coup de pouce : rappel de la problématique : Comment Octave devient-il Auguste, concentrant les
pouvoirs entre ses mains tout en conservant les institutions de la ​Res Publica​ ?

❖ Réponse :

Ruptures Continuités

La maîtrise du territoire de Nouvelles conquêtes : Pacification de l’empire :


l’empire Espagne, Égypte (doc. 1 et 3), soumission des Gaules,
alliances en Orient. récemment conquises par
Jules César (doc. 1 et 3).

Les institutions politiques Nouveau titre : Auguste (doc. Maintien des élections, du
2). Sénat et des magistratures
Il devient le « premier des (cours 3 et doc. 2).
citoyens » (cours 3) ce qui lui
donne l’essentiel des pouvoirs
(doc. 1).

La religion Il se présente comme le Pas de changement majeur


descendant de Vénus (doc. 3). dans la religion.
Il se fait nommer « grand Il conserve le clergé romain et
pontife » à la tête du pouvoir les fonctions de pontife et
religieux (voir la statue grand pontife.
d’Auguste en grand pontife
dans l’activité numérique).

Pour aller plus loin


Séries

❖ Alix Senator​, séquel de Valérie Mangin et Thierry Démarez modernisant la célèbre série ​Alix
de Jacques Martin, met en scène les premières années du règne d’Auguste, une fois le calme
rétabli après les guerres civiles. Plusieurs scènes peuvent être utilisées en cours pour
présenter les personnages principaux de ce règne, la ville de Rome ou l’administration des
provinces augustéennes (en l’occurrence de l’Égypte).
❖ La série télévisée ​Rome​ (HBO) retrace, en deux saisons, l’essentiel de la vie politique
romaine entre l’ascension de Jules César (saison 1) et le début du règne d’Auguste (saison
2). Si certaines scènes peuvent choquer par leur violence ou leur caractère érotique, d’autres
offrent de très belles illustrations de la vie politique romaine, très mouvementée, de cette
période ; avec une mention spéciale pour la remarquable restitution du quadruple triomphe de
César (saison 1, épisode 10). À noter que la saison 2 est historiquement moins vraisemblable

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: des libertés ont été prises notamment sur la personnalité d’Auguste et des membres de la
famille impériale.

Chaîne YouTube

❖ La chaîne d’Ugo Bimar ​Confessions d’Histoire ​(voir cours 4, rubrique « ouverture » p. 53)
propose un épisode de 36 minutes sur la guerre civile opposant Octave et Antoine. L’épisode
est un peu long mais bien construit : il est tout à fait possible d’en tirer des extraits
exploitables en classe. Par exemple, la présentation de l’Égypte de Cléopâtre (de 2’54 à
4’33), la description du triumvirat par Antoine (de 21’34 à 22’18) ou le récit de la bataille
d’Actium par Octavien-Auguste puis Antoine (de 28’18 à 29’42).

Cours 4 : La domination romaine sur la


Méditerranée antique (p. 52)

Résumé des grandes idées du cours


➔ Contrairement à Athènes, Rome se constitue en quelques siècles (essentiellement sous la
République), un immense empire territorial s’étendant sur l’ensemble des berges de la
Méditerranée.
➔ La ​Pax Romana​ est assurée par la stabilité des frontières mais aussi par l’intégration des
populations de l’empire et leur « romanisation ».
➔ La déstabilisation de l’empire, qui aboutit à sa partition au IV​e​ siècle apr. J.-C. puis à la chute
de l’Empire romain d’Occident, est liée à des difficultés à la fois internes (crises politiques et
économiques) et externes (mouvements de populations).

À noter que l’utilisation du terme de « romanisation » est aujourd’hui fortement remise en cause dans
le monde scientifique, notamment parce qu’il impose un point de vue romain, présente les
phénomènes d’intégration comme homogènes et gomme les résistances et les permanences de traits
culturels locaux.

> Sur ce sujet, voir Patrick Le Roux, « ​La romanisation en question​ », ​Annales. Histoire, Sciences
Sociales​, 2004, p. 287-311.

Présentation des documents

Document 1
Cette carte vient en complément de la seconde carte d’ouverture qui représentait l’empire romain au
moment de son apogée, à la veille de transformations majeures. Cette fois, il s’agit de présenter la
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construction de l’empire territorial en insistant sur le fait qu’elle se fait peu à peu et essentiellement à
l’époque républicaine (seules les conquêtes de Trajan, pour certaines abandonnées à sa mort par son
successeur Hadrien, repoussent les frontières fixées à l’époque d’Auguste).

Document 2
Trajan (98-117 apr. J.-C.) est très certainement le plus grand empereur conquérant de Rome (voir
document précédent : la conquête est surtout républicaine). À la suite de César puis d’Auguste, il fait
construire au centre de Rome un immense forum où cependant ne se trouve aucun temple majeur
mais une basilique (lieu de réunion et de commerce) et, surtout, une colonne triomphale monumentale
encore debout aujourd’hui. Les reliefs montant en spirale jusqu’au sommet de la colonne, où devait se
dresser une statue de l’empereur (aujourd’hui une statue en bronze de Saint Pierre), célèbrent les
victoires de l’empereur sur les Daces entre 101 et 106 apr. J.-C. (voir dossier 2, p. 56-57).
La statue se dresse sur une petite salle quadrangulaire construite pour recevoir les cendres de Trajan
et de sa femme Plotine.

Document 3
Les villes de l’empire se dotent des infrastructures les plus importantes de l’urbanisme romain :
forums, lieux de spectacles (théâtres, amphithéâtres, cirques), bains et, dans la campagne alentour,
routes et aqueducs. Une partie de ces monuments, souvent imposants, s’est conservée jusqu’à
aujourd’hui et rappelle le passé romain de l’ensemble de la Méditerranée. Les amphithéâtres (ou
arènes) en particulier marquent aujourd’hui encore le paysage comme les Arènes d’Arles construites
vers 80-90 apr. J.-C. Le plan du monument s’inspire du Colisée de Rome achevé quelques années
auparavant : l’​Urbs​ (« la Ville » = Rome) est le modèle pour toutes les villes de l’empire qui deviennent
ainsi de petites Rome.

Onglet « ouverture »
La chaîne d’Ugo Bimar, ​Confessions d’Histoire,​ propose des vidéos de grande qualité présentant,
avec humour, de grands épisodes de l’histoire antique et médiévale.
Le premier épisode, consacré à la Guerre des Gaules, a un bon format pour une utilisation en cours :
10 minutes bien rythmées et organisées en trois thèmes principaux (présentation des belligérants, de
la guerre - raisons et conséquences -, puis réflexion sur les sources).

Pour une utilisation exhaustive de la vidéo (qui demande d’y consacrer 1 heure de cours), on peut
s’appuyer sur le questionnaire suivant :

Les acteurs
❖ Les belligérants :
- Présentez les deux forces en présence.
- Présentez les deux chefs.
❖ Les relations antérieures :
- Quelles étaient jusqu’alors les relations entre les belligérants ?
- conflit(s) antérieur(s)
- relations politiques
- relations économiques
- Quelles étaient les relations entre les deux chefs ?

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La guerre
❖ Les raisons de la guerre :
- Quel est le prétexte (= l’événement déclencheur) ?
- Y’a-t-il d’autres raisons ?
❖ Déroulement de la guerre :
- Citez les deux plus grandes batailles.
- Qui en est sorti vainqueur ?
❖ Les conséquences :
- Quelles sont les conséquences économiques du conflit ?
- Quelles en sont les conséquences culturelles ?

Écrire l’histoire
❖ Les sources :
- Quelle est la source principale sur ce conflit ?
- Est-elle objective ?
❖ Citation :
- Quelle phrase latine est restée célèbre ?
- Savez-vous la traduire ?
❖ Questions bonus : la vidéo
- Quel est le but de cette vidéo ?
- Comment parvient-elle à faire passer ses messages ?

Point de passage 3 : Constantin et la


christianisation de l’Empire romain (p. 54)
Présentation du point de passage
Dans la suite des « grands hommes » que sont Périclès et Auguste, le programme prévoit d’aborder
la dernière période de l’empire romain et sa christianisation à partir d’une de ses figures majeures :
l’empereur Constantin I​er​ (306/310-327 apr. J.-C.) que Paul Veyne va jusqu’à qualifier de « sauveur de
l’humanité » (Paul Veyne, ​Quand notre monde est devenu chrétien (312-394)​, 2010. Titre du premier
chapitre).
L’expression, provocatrice, vise à souligner l’originalité de l’empereur qui, de fait, marque son temps
en faisant peu à peu de la religion chrétienne une pierre angulaire de son pouvoir alors même qu’une
petite minorité de la population de l’empire est baptisée (peut-être 5 à 10 %, au maximum jusqu’à
20 % dans les régions les plus christianisées d’Afrique ou d’Orient).
Cette christianisation à marche forcée de l’empire passe par plusieurs épisodes majeurs :
- la « conversion », par l’entremise d’un rêve, de Constantin (qui n’est jamais définitive dans le
sens où il ne renie pas pour autant les autres divinités sous lesquelles il place son règne) la
veille de la bataille du Pont Milvius, le 28 octobre 312 ;
- l’année suivante, l’édit de Milan assurant au bénéfice des chrétiens la liberté de culte dans
tout l’empire. Depuis deux ans, les persécutions avaient cessé et le christianisme était déjà
reconnu comme licite ;

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- dix ans plus tard, en 324, Constantin, ayant défait son co-empereur Licinius, rétablit l’unité de
l’Empire romain et les réunit donc sous sa nouvelle bannière chrétienne ;
- un édit parallèle à l’édit de Milan est d’ailleurs proclamé en Orient pour assurer aux païens la
liberté de culte.

Entre 312 et 324, les choses ont donc beaucoup changé : la religion tolérée en 312 est le
christianisme ; en 324, c’est le paganisme.

Présentation des documents


Les documents choisis pour illustrer ce dossier doivent permettre de montrer cette ambiguïté de la
période : le règne de Constantin marque d’une part un moment de grande stabilité de l’Empire, de
nouveau réuni entre les mains d’un seul homme ; mais il marque aussi un moment de profonds
bouleversements, sous l’égide de cette nouvelle religion qui s’impose alors à l’échelle de l’État.
Cette ambiguïté se retrouve dans les sources, et les documents 1 et 2 montrent combien un même
événement, la fondation de Constantinople, est lu à l’époque (ou peu après) de deux manières
radicalement opposées : outre le propos sur la nouvelle capitale (complété par le doc. 3), ces deux
textes illustrent l’opposition violente entre deux camps que définissent leurs croyances religieuses.
Du point de vue religieux, la mise en relation des documents 4, 5 et 6 doit pousser à nuancer la
radicalité de la christianisation de l’empereur - et de l’Empire : Constantin n’impose pas la nouvelle
religion mais en permet le culte (doc. 6) et, même après sa « conversion » (doc. 5), il continue de
revendiquer dans les représentations officielles la protection de divinités païennes (doc. 4).
Le document 5 est relativement tardif, tiré d’un manuscrit du IX​e​ siècle apr. J.-C. Mais, outre ses
qualités esthétiques indéniables, il montre que l’épisode du pont Milvius est considéré, ​a posteriori,​
comme un moment charnière de l’histoire chrétienne.
Le pendant religieux de son règne ne doit cependant pas effacer d’autres réformes fondamentales : la
fondation d’une nouvelle capitale, Constantinople (doc. 1, 2 et 3), la stabilisation de l’économie par la
monnaie (doc. 4) et celle de la paix politique - assurée par l’éviction des empereurs concurrents (doc.
5) - et sociale - en partie assurée par l’édit de Milan (doc. 6).

Corrigés des questions


➔ Question 1 : ​Présentez les deux auteurs. (Doc. 1 et 2)

Coup de pouce : recherchez des informations dans la légende (sous le texte) mais aussi dans le texte
introductif (en italique au dessus du texte).

❖ Réponse :​ S​ ozomène et Zosime sont tous les deux postérieurs, d’un siècle et un
siècle et demi, aux événements racontés : ils héritent des débats nés avec la
christianisation progressive de l’Empire depuis Constantin. Sozomène (doc. 1) est un
chrétien et présente Constantin comme le fondateur de l’Église chrétienne. Zosime
propose une vision radicalement opposée : c’est un païen qui présente Constantin
comme un constructeur mégalomane.

➔ Question 2 : ​Dans un tableau, comparez les deux textes en montrant les points communs et
les différences. (Doc. 1 et 2)
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Coup de pouce : dégagez les grands thèmes des documents et insérez-les dans le tableau suivant :

Points communs Différences

Thème 1

Thème 2

Thème 3

❖ Réponse :

Points communs Différences

Raisons de la fondation de Comparaison avec la ville de Doc. 1 : nouvelles institutions :


Constantinople Rome. un nouveau Sénat et des droits
Doc. 1 : « qui ne fût pas moins comparables à Rome pour les
célèbre que Rome » ; habitants.
« Nouvelle Rome » Doc. 2 : nouvelle capitale : « de
Doc. 2 : « un palais qui ne telle sorte qu’elle pût avoir la
cédait guère en magnificence à gloire d’être la capitale de
celui de Rome » l’univers »

Étapes de la fondation Mêmes édifices : muraille Doc. 1 : autres constructions :


(= enceinte), belles maisons, fontaines et galeries.
hippodrome. Financement par les impôts.
Fait venir des populations de
l’empire (seulement des
Sénateurs dans le doc. 2)

Portrait de Constantin Pacificateur : Doc. 1 : un empereur chrétien


Doc. 1 : « après avoir mis fin (« Suivant les ordres de
aux guerres étrangères » Dieu »)
Doc. 2 : « ne faisant plus la Doc. 2 : portrait négatif : un
guerre » débauché (« ne menant qu’une
vie de plaisir ») et un
mégalomane (« il employa les
finances à des bâtiments
inutiles »)

➔ Question 3 : ​Repérez les éléments qui montrent que Constantinople est pensée dès sa
fondation comme une nouvelle capitale. (Doc. 1, 2 et 3)

Coup de pouce : n’hésitez pas à reprendre des éléments du tableau (question 2) et à les comparer
avec le plan (doc. 3).

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❖ Réponse ​: Constantinople est pensée comme une nouvelle capitale :
- parce qu’elle prend Rome, la capitale historique de l’empire, comme modèle. Voir les
citations dans la réponse précédente, mais aussi les monuments construits : palais
comparable à Rome (doc. 2 et 3), grandes murailles (doc. 1, 2 et 3), thermes (doc. 3),
forums (doc. 3) ;
- parce qu’elle abrite des bâtiments symboliques du pouvoir : un palais (doc. 2 et 3),
plusieurs forums (doc. 3) et la plus importante basilique chrétienne de l’empire,
Sainte-Sophie (doc. 3 et repères p. 39) ;
- parce qu’elle reçoit des institutions propres à une capitale : un Sénat (doc. 1 et 2), des
droits particuliers pour la population (doc. 1), le siège du pouvoir impérial (le palais,
doc. 2 et 3).

➔ Question 4 : ​Identifiez les religions auxquelles ces représentations font référence.


(Doc. 4 et 5)

Coup de pouce : repérez les dieux représentés dans les documents et rattachez-les à une religion.

❖ Réponse simple :​ ​Dieux représentés dans les documents :


- Sol Invictus (doc. 4) = religion païenne
- Jésus Christ et le Dieu chrétien (doc. 5) = religion chrétienne

❖ Complément de réponse​:
On peut noter la quasi contemporanéité des documents (ou plutôt des événements auxquels
ils font référence) : le document 5 représente la bataille du Pont Milvius, en 312, à partir de
laquelle Constantin arbore le Chrisme sur les étendards de son armée ; le document 4, datant
de l’année suivante, identifie Constantin au dieu du soleil (​Sol​), une divinité païenne. Cela
montre qu’en choisissant le dieu des chrétiens, Constantin n’abandonne pas pour autant les
représentations païennes de son pouvoir.

➔ Question de synthèse ​: Répondez à la problématique sous la forme d’un développement


construit.

Coup de pouce : rappel de la problématique : Comment Constantin parvient-il à assurer la stabilité de


l’Empire romain ?

❖ Proposition de plan et éléments de réponse tirés du dossier :

I- La stabilité militaire et politique


● Doc. 5 et texte d’introduction : la bataille du Pont Milvius en 312 fait de Constantin le seul
empereur légitime de l’empire d’Occident. Livinius est son co-empereur en Orient.
● Doc. 4 : il est représenté sur les monnaies comme un grand général : en tenue militaire, avec
une couronne de lauriers et un dieu guerrier (​Invictus ​= invincible).
● Texte d’introduction : en 324 apr. J.-C., Livinius aussi est défait et Constantin réunit tout
l’Empire sous son pouvoir.

Transition :​ Pour gagner des victoires, il faut une armée forte et donc une économie forte.

II- La stabilité économique


● Doc. 4 : il crée une nouvelle monnaie d’or stable, le ​sol​, qui permet de financer les armées.
● Doc. 1 et 4 : il fait des levées d’impôts, facilitées par la nouvelle monnaie, pour payer la
construction de Constantinople et nourrir la population.
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Transition :​ La stabilité économique assure la stabilité sociale, à condition qu’il n’y ait pas de conflits
religieux.

III- La stabilité religieuse


● Doc. 5 : Constantin s’appuie sur une nouvelle religion, le christianisme.
● Doc. 1 et 3 : En 330, il construit une nouvelle capitale, chrétienne (voir la basilique Sainte
Sophie), pour faire face à la capitale païenne de l’Empire, Rome.
● Doc. 6 : La liberté de culte est assurée pour tous, chrétiens comme païens, par l’édit de Milan
en 313 apr. J.-C.
● Doc. 4 et texte d’introduction : Même la conversion de Constantin est progressive.

Dossier 2 : Grecs, Romains et « barbares » (p. 56)

Présentation du dossier
Le programme de la classe de seconde insiste sur l’héritage contemporain des cultures grecque et
romaine : « ce chapitre vise à rappeler que l’Antiquité méditerranéenne est le creuset de l’Europe ».
La question de la définition d’une identité commune y est donc fondamentale. Dans les points de
passage, et donc dans les cours que nous avons proposés, elle n’apparaît que sous sa forme
institutionnelle : le premier héritage de l’Antiquité méditerranéenne, c’est la République démocratique.
Mais cette définition d’une identité commune est aussi celle d’une culture commune. De fait, dans
l’Antiquité, les Grecs puis les Romains ont défini leur identité par la négative, contre les « barbares ».
En effet, l’unité du monde grec est pensée à partir du récit mythique de la Guerre de Troie dans
lequel, pour la première fois, les cités grecques coalisées mènent un combat commun, contre une
puissance étrangère. Quant aux Romains, ils s’intègrent dans cette culture grecque polyforme (les
cités grecques n’ont jamais été complètement unies ni politiquement, ni culturellement ni même
linguistiquement) en reprenant la figure du « barbare » et en s’associant aux traits culturels grecs.
Cette association est d’autant plus facile - et nécessaire - qu’à partir du II​e​ siècle av. J.-C. (intégration
du monde grec à l’empire romain) deux langues sont parlées dans l’empire et utilisées dans
l’administration : le latin et le grec. C’est cette culture que nous appelons aujourd’hui « gréco-romaine
» (voir notamment Paul Veyne, ​L’empire greco-romain,​ 2005).
Pour finir, un mot sur le terme « barbare » : il désigne, au sens strict, ceux qui ne parlent pas la
langue dominante (voir Hérodote : « Les Égyptiens appellent barbares tous ceux qui ne parlent pas
leur langue »). Le mot serait d’ailleurs une imitation des borborygmes incompréhensibles des langues
étrangères.

Présentation des documents


Les documents doivent permettre de définir le « barbare » du point de vue grec et du point de vue
romain et, pour une fois, les deux périodes chronologiques ne sont pas différenciées pour souligner la
communauté de point de vue. Une exception doit cependant être faite : le document 6, sur
l’intégration des barbares, ne s’applique qu’au monde romain que Claude oppose explicitement aux
habitudes grecques. De fait, les documents invitent à montrer ce qu’est un « barbare » aux yeux des
gréco-romains, mais aussi comment réagir face à lui : à l’exception notable du document 6, c’est le
rejet qui est souligné, un rejet qui passe par la guerre (la guerre contre les Amazones, doc. 1 et 2 ; la
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guerre de Troie, doc. 5) et la soumission (doc. 3 et 4). En définissant le « barbare », il s’agit en réalité
de retrouver ce qui définit un Grec ou un Romain : la langue mais aussi la culture (doc. 1, 2, 3, 4 et 6),
le respect de règles universelles (doc. 2), des lois (doc. 5 et 6) et la participation à la vie publique
(doc. 6).

Présentation des auteurs

Document 2
Apollonios de Rhodes est un poète alexandrin du III​e​ siècle av. J.-C., une période où le port égyptien,
autour de sa Bibliothèque (que Apollonios a dirigée), est un lieu de bouillonnement culturel,
scientifique et linguistique qui attire les intellectuels de toute la Méditerranée. ​Les Argonautiques ​est
son épopée la plus connue : elle raconte la quête de la toison d’Or par Jason et ses Argonautes.

Document 5
Petit retour en arrière pour la production de ce document : Euripide est un dramaturge grec du V​e
siècle av. J.-C., l’un des trois auteurs tragiques « classiques » les plus connus aujourd’hui avec
Eschyle et Sophocle. Dans cette pièce il suit la vie d’Oreste après qu’il ait tué, avec l’aide de sa sœur
Électre, leur mère Clytemnestre qui avait elle-même, avec l’aide de son amant, assassiné son mari
(Agamemnon) à son retour de la guerre de Troie. La sœur et le frère ont donc vengé leur père en
tuant leur mère et son amant ; cela dit ce n’est pas ce qui intéresse ici Euripide mais les errances du
jeune homme après sa mort. La scène dont nous avons tiré le document 5 met aux prises le roi
Ménélas, frère d’Agamemnon, lui aussi tout juste rentré de la guerre de Troie, et Tyndare, roi de
Sparte qui n’a pas participé à la guerre - d’où, d’après Tyndare lui-même, leur vision différente de la
sentence à appliquer à Oreste.

Document 6
Tacite (58-120 apr. J.-C.) est, avec Suétone (voir doc. 1 p. 50 et commentaires correspondants dans
le livre du professeur), l’historien le plus important de la période romaine impériale. Ses ​Histoires
rapportent les événements de l’année 69 (année des 4 empereurs, voir doc. 4, cours 3, p. 49) à la fin
du règne de Domitien en 96 apr. J.-C., mais nous n’en avons conservé qu’une petite partie (5 livres
sur 30).

Corrigés des questions

➔ Question 1 : ​Cherchez qui sont les Galates et les Daces. (Doc. 3 et 4)

Coup de pouce : n’hésitez pas à faire des recherches au CDI et à vous faire aider par un professeur
documentaliste !

❖ Réponse :
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- Les Galates sont des Celtes (comme les Gaulois en Gaules, les Bretons en
Grande-Bretagne et les Ibères en Espagne) qui ont migré en Asie Mineure, dans une
région que les Grecs et les Romains appellent la Galatie (actuellement en Turquie).
Leur nom est dérivé de « Gaulois ».
- Les Daces sont une population vivant, dans l’Antiquité, sur les bords du Danube, une
région appelée par les Romains la Dacie (actuellement en Roumanie). Une partie de
la région est conquise par l’empereur romain Trajan au début du II​e​ siècle apr. J.-C.
Son nom, la Dacie, a été donné à une marque de voitures roumaines : Dacia.

➔ Question 2 : ​Identifiez les caractéristiques des Amazones qui sont choquantes pour des
Grecs. (Doc. 1 et 2)

❖ Réponse :​ L​ es Amazones sont un peuple mythologique de femmes qui vivent sans


hommes et qui, donc, assument des tâches habituellement réservées aux hommes,
notamment la guerre (voir les tenues des Amazones sur le vase, doc.1) et la politique.
Cela explique leur mauvaise réputation, que l’on retrouve dans le document 2 : elles
ne respectent ni la politesse ni les règles d’hospitalité mais sont au contraire
agressives avec les étrangers mais aussi, semble-t-il, entre elles. En tout cas, elles
sont politiquement et territorialement divisées.

➔ Question 3 : ​Comparez les deux statues : portent-elles le même discours ? (Doc. 3 et 4)

Coup de pouce : cherchez les points communs et les différences dans la posture générale de ces
deux « barbares », leurs vêtements et leurs coiffures.

❖ Réponse simple :
- Points communs : Les deux statues présentent des personnages barbus (ou
moustachus) et chevelus. Ils portent tous les deux des symboles de leurs peuples : le
torque (collier métallique rond) pour le Galate et le bonnet phrygien pour le Dace.
- Différences : Le Galate mourant est à terre, la tête baissée, et complètement nu. Au
contraire, le Dace est debout, les bras croisés devant lui, et richement habillé.

❖ Réponse complète ​:
- Les statues présentent toutes les deux des « barbares » bien reconnaissables. Ils
sont tous les deux barbus (ou moustachus) et chevelus et ils portent des symboles
distinctifs de leurs peuples respectifs : le torque pour le Galate et le bonnet phrygien
pour le Dace.
- Leurs postures sont cependant très différentes : le Galate est représenté entièrement
nu, la tête baissée, et son visage montre des signes de douleur. Le titre donné à la
statue, dès l’Antiquité, le confirme : il s’agit d’un ennemi barbare mourant à la fin d’un
combat. Au contraire, le Dace se tient fièrement debout, les bras croisés devant lui et
il est richement habillé (notez le travail sur les plis de son pantalon, sa tunique et son
manteau) : il représente un ennemi barbare puissant, qui n’est pas encore soumis.
- Le discours des deux statues n’est donc pas le même : dans le cas du Galate
mourant, il s’agit pour le sculpteur et pour son commanditaire (= celui qui a
commandé et payé la statue) de célébrer la victoire en représentant un ennemi à
terre, vaincu, sur le point de disparaître ; dans le cas du Dace, c’est moins la victoire
qui est célébrée que la soumission d’un peuple fier : plutôt que de montrer l’ennemi
affaibli et à terre, le sculpteur et le commanditaire ont décidé de rappeler que l’ennemi
était, avant la victoire, puissant et dangereux. Ce sont deux manières radicalement
différentes de glorifier la victoire.
- Cela dit, dans les deux cas, le fond de la pensée est de montrer que le « civilisé »

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(Grec ou Romain) a vaincu le « barbare ».

➔ Question 4 : ​Montrez comment des « barbares » peuvent devenir civilisés. Le contraire est-il
possible ? (Doc. 5 et 6)

Coup de pouce : utilisez le document 6 pour répondre à la première partie de la question et le


document 5 pour répondre à la seconde.

❖ Réponse ​:
- Le document 6 atteste que des populations « barbares », une fois intégrées dans
l’empire romain, peuvent devenir civilisées : c’est ce qu’on appelle la romanisation
(voir cours 4, p. 52). Il souligne d’abord que les Gaulois dont il est question sont bien
d’anciens barbares : ils viennent de la Gaule dite « chevelue » en référence aux longs
cheveux que portaient les Gaulois avant leur romanisation. Mais Tacite montre
ensuite tout le chemin parcouru depuis la conquête des Gaules : ces élites gauloises
sont intégrées depuis longtemps et sont même citoyens au même titre que les
habitants de Rome et de l’Italie (« depuis longtemps en possession de traités et du
titre de citoyens ») ; la fin du texte ajoute qu’ils ont adopté les coutumes et les modes
de vie romains (« déjà les mœurs, les arts, les alliances confondent les Gaulois avec
nous »). Enfin Tacite raconte la dernière étape de cette intégration à l’Empire : ils
veulent entrer au Sénat, c’est-à-dire dans l’assemblée la plus ancienne et la plus
influente de Rome et l’empereur, Claude, défend leur cause. Il explique même que ce
serait un enrichissement pour l’Empire.
- Au contraire, le document 5 montre, chez les Grecs, une peur de devenir des
« barbares ». Dans cet extrait d’Euripide, un roi grec (Tyndare) reproche à un autre
roi grec (Ménélas), d’avoir tellement fréquenté les « barbares » (troyens) lors de la
guerre de Troie, qui, d’après les mythes grecs, aurait duré dix ans, qu’il a lui-même
adopté des traits de culture « barbare » et oublié la culture grecque. Dans ce
dialogue, le fait que Ménélas fasse passer la famille avant le droit serait un
comportement barbare alors que la culture grecque oblige à faire passer le droit avant
tout le reste.

➔ Question 5 : ​Expliquez pourquoi l’histoire de Rome invite à intégrer les « barbares » à


l’Empire. (Doc. 6)

Coup de pouce : trois arguments historiques sont avancés par l’empereur Claude : la fondation de
Rome par Romulus, la monarchie étrusque et le droit des affranchis. Faites des recherches sur ces
trois éléments pour mieux comprendre le texte.

❖ Réponse :​ Claude utilise dans cet extrait trois arguments pour défendre les élites
gauloises voulant entrer au Sénat de Rome :
- Le premier fait référence à la fondation légendaire de Rome par Romulus, en 753
apr. J.-C. : alors qu’il a dû se battre pour faire accepter la nouvelle cité, le premier roi
de Rome a aussi appelé les populations voisines à se joindre à lui pour peupler la
ville.
- Le deuxième argument fait référence à un autre fait historique très ancien : les trois
derniers rois de Rome (616-509 av. J.-C.) ne sont pas des latins, contrairement aux
populations que Romulus a intégrées à Rome, mais des Étrusques, un peuple
originaire du nord de l’Italie. C’est sous ces rois étrusques que Rome connaît son
premier grand essor : ils construisent de grands monuments comme le temple de
Jupiter capitolin, le Grand Cirque (le ​Circus Maximus​) ou encore les Grands Égouts

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(la ​Cloaca Maxima​).
- Enfin, Claude rappelle que le droit romain permet l’intégration rapide des anciens
esclaves dans la cité : contrairement aux affranchis grecs, les affranchis romains
deviennent citoyens dès leur libération et leurs enfants sont citoyens de plein droit au
point de pouvoir accéder à toutes les magistratures de la cité. En deux générations,
les esclaves (souvent étrangers) peuvent donc devenir des citoyens parmi les plus
importants de la cité.
- Ces trois éléments propres à l’histoire romaine expliquent, d’après Claude, la
grandeur et la puissance de Rome, qu’il compare au monde grec : Athènes et Sparte
n’ont d’après lui pas réussi à devenir de grandes puissances parce qu’elles sont
restées fermées sur elles-mêmes et n’ont pas réussi à intégrer les populations
vaincues dans la cité.

➔ Définir une notion : ​Soulignez les critères qui permettent de définir un « barbare ».

Coup de pouce : relevez un critère par document.

❖ Réponse simple :​ D’après les Grecs et les Romains :


- Doc. 1 : dans les peuples barbares, les femmes remplissent des rôles que les Grecs
et les Romains attribuent uniquement à des hommes.
- Doc. 2 : les peuples barbares sont agressifs et inhospitaliers.
- Doc. 3 : les barbares sont souvent chevelus et barbus/moustachus, parfois même
nus.
- Doc. 4 : les barbares sont chevelus et moustachus et leurs vêtements sont
particuliers (les Grecs et les Romains ne portent jamais de pantalons).
- Doc. 5 : les barbares ne respectent pas le droit.
- Doc. 6 : mais les barbares peuvent devenir civilisés au contact des Grecs ou des
Romains.

❖ Réponse complète ​: Les documents permettent de relever plusieurs critères qui,


selon les Grecs et les Romains, définissent un « barbare » :
- le premier critère est un critère d’apparence : les hommes barbares sont, la plupart du
temps, représentés avec une barbe ou une moustache et des cheveux longs (doc. 3
et 4), alors que les Romains sont généralement rasés. Les barbares portent aussi des
vêtements et des accessoires qui les distinguent des Grecs et des Romains, que ce
soit des traits typiques de leurs peuples (torque et bonnet phrygien dans les doc. 3 et
4) ou une mauvaise utilisation de l’habillement (des femmes en armes chez les
Amazones, doc. 1) ;
- le deuxième critère est un critère de coutumes : le « barbare » ne respecte pas le
droit (doc. 5) ni même les droits pensés comme universels, comme l’hospitalité
(doc. 1). Au contraire, quand elles acceptent le fonctionnement politique de Rome
(doc. 6), les élites gauloises peuvent espérer devenir de vrais Romains ;
- le troisième et dernier critère est un critère de droit : le « barbare » n’a pas les mêmes
droits que les citoyens. C’est évident dans le document 6 : les élites gauloises
deviennent petit à petit romaines, et ne sont donc plus « barbares », parce qu’elles
acquièrent la citoyenneté romaine et que même, à terme, elles peuvent siéger dans la
plus haute instance de Rome, le Sénat.
- Tous ces critères montrent que le « barbare » est avant tout l’étranger : à chaque fois,
il s’agit de montrer qu’ils ne sont pas comme les Grecs ou les Romains et donc qu’ils
ne répondent pas à la norme définie par les Grecs et les Romains.

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Pour conclure, le dossier montre que deux postures peuvent être adoptées face aux « barbares » : il
faut soit les vaincre (doc. 1, 3 et 4), soit les intégrer et les transformer pour qu’ils perdent les traits qui
font d’eux des étrangers (doc. 6). Ainsi, au contact de populations civilisées (Grecs ou Romains), les
« barbares » peuvent acquérir les coutumes et les modes de vie des Grecs et des Romains et même,
dans le monde romain, intégrer pleinement l’empire. Ce n’est pas possible dans le monde grec, où
l’octroi de la citoyenneté est beaucoup plus limité et où les affranchis (anciens esclaves et donc
souvent étrangers) et les métèques (étrangers installés dans la cité) n’ont pas les mêmes droits que
les citoyens.

Pour aller plus loin


❖ « Les Romains en Germanie » : docu-fiction d’Arte en trois épisodes qui présente
chronologiquement les relations entre Romains et Germains :
- épisode 1 : ​Guerre et Paix
- épisode 2 : ​L’âge d’or
- épisode 3 : ​Au centre de l’Empire

Page Apprendre autrement (p. 58)

Présentation de l’activité
- Objectif principal ​: Dans le prolongement du point de passage 2 (p. 50-51), l’activité propose
aux élèves de mettre en pratique l’utilisation politique de la religion romaine.
- Objectif secondaire ​: Cela permet par ailleurs de présenter les dieux principaux de cette
religion païenne (à mettre en rapport avec le point de passage 3, p. 54-55), en ravivant des
souvenirs du programme de 6​e​.

Pistes d’exploitation
Ce type d’activité demandant des recherches précises, gagne à être mise en place en collaboration
avec le(s) professeur(s) documentaliste(s) de l’établissement.
Les élèves auront sûrement besoin d’être guidés d’abord dans la constitution des groupes, puis dans
la répartition à l’intérieur du groupe et enfin, le principal, dans leurs recherches documentaires.

L’analyse
Petite histoire de Caius Julius César

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Le successeur d’Auguste est Tibère, de son nom de naissance Tiberius Claudius Nero, né d’un
précédent mariage de la troisième femme d’Auguste, Livie. Il accède au trône à la mort de son père
adoptif en 14 apr. J.-C. pour régner jusqu’à sa propre mort, en 37 apr. J.-C. Tibère est en réalité
adopté tard par Auguste, après les morts successives de tous les héritiers désignés par l’empereur :
Agrippa, son général et gendre, puis les fils de celui-ci, Caius et Lucius César, tous deux adoptés dès
leur naissance par leur grand-père Auguste et promus au rang de « princes de la jeunesse ». Mais
Agrippa meurt en 12 av. J.-C. et ses fils le suivent peu après à l’âge de 19 (Lucius) et 24 ans (Caius,
celui qui nous intéresse ici). Ils sont tous les deux enterrés dans le Mausolée d’Auguste, à Rome, et
des temples leur sont dédiés dans la capitale et dans les provinces de l’empire : la Maison Carrée de
Nîmes en est un exemple. Caius a cependant eu le temps, avant sa mort, d’être nommé Sénateur
puis consul, la plus haute magistrature de Rome.

Page Méthode (p. 62)

Présentation de la méthode
L’analyse du sujet est un préalable à toute épreuve d’argumentation, d’où sa place dans le premier
chapitre de l’année. Les élèves ont tendance à oublier cette étape en se contentant de lire le sujet
sans chercher à identifier ses différentes composantes : c’est donc sur ce point que nous avons
centré cette double-page de méthode.

Corrigé de l’entraînement

> Sujet 1 : Dans quelle mesure peut-on dire qu’Auguste crée un nouveau régime politique ?

Étape 1
Cadre temporel :
Règne d’Auguste (27 av. J.-C. - 14 apr. J.-C.).

Cadre spatial :
L’empire romain.

Étapes 2 et 4
Régime politique. Monarchie. Nouveauté.

Étapes 3
Auguste prolonge-t-il le régime républicain ou invente-t-il quelque chose de neuf ?

Étape 5
La ​Res Publica ​romaine. Le principat.

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> Sujet 2 : Comment la Méditerranée antique devient-elle un point de contact entre différentes
cultures, dans différents domaines ?

Étape 1
Cadre temporel :
Antiquité (VIII​e​ siècle av. J.-C. - V​e​ siècle apr. J.-C.).

Cadre spatial :
La Méditerranée.

Étapes 2 et 4
Point de contact. Cultures. Différences. Commerce.

Étape 3
Quelles sont les évolutions permettant aux différentes cultures antiques d’entrer en contact ?

Étape 6
Peut-on aussi dire que la Méditerranée est une zone de conflits ?

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