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SEMESTRE 3
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SYSTÈMES POLITIQUES CONTEMPORAINS
PRESENTATION
Pour mieux interpréter les systèmes politiques contemporains, il est nécessaire de les situer
dans leurs contextes : historique, sociologique et culturel, et ce à travers l’examen de
certaines règles et pratiques résultant de l’histoire, de la philosophie, de la sociologie, de
l’anthropologie et du droit. Ainsi nous aborderons, dans ce cours, les enjeux du
changement, de l’évolution et de la consolidation des régimes politiques. Nous verrons
aussi pourquoi et comment un ensemble de normes, mécanismes et processus se
concrétisent en institutions, attribuent l'autorité politique, désignent les leaders et
définissent les règles du jeu politique et les rapports de pouvoir entre les individus, les
groupes, et au sein de l'Etat.
L’accent sera également mis d’une part, sur la définition de certaines notions qui
interpellent la curiosité de chaque citoyen désirant comprendre l’organisation de la
société politique et civile dans laquelle il vit, notamment : La politique, Le politique,
Régime politique, Système politique, Pouvoir, Etat, Nation. Et d’autre part, sur l’analyse
des critères de classification et les traits distinctifs des principaux régimes politiques
tels l’autocratie, monarchie, république, démocratie, oligarchie, aristocratie, féodalité,
despotisme, absolutisme, dictature.
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OBJECTIF DU COURS
Ce cours a pour objectif de donner des éléments de compréhension aux étudiants afin de :
o Se familiariser avec les concepts et les principes de la science politique.
o Identifier les éléments caractéristiques permettant de classer les divers types des
systèmes politiques.
o Comprendre le fonctionnement et la logique des activités institutionnelles.
o Développer les capacités d’analyse des problèmes politiques.
o Développer la réflexion et l’esprit critique chez les étudiants (es).
o Comprendre les mécanismes du fonctionnement de notre société.
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PARTIE I-
LES CONCEPTS FONDAMONTAUX DU POUVOIR POLITIQUE
INTRODUCTION GENERALE
Le XXème siècle est une époque, riche en évènements historiques à tous les niveaux
(politique, économique, scientifique, social, culturel…) qui ont endoctriné le destin du
Monde actuel. Le XXème siècle est d’une part celui du progrès, de l’ouverture sur le
Monde et d’autre part, est aussi celui de la confrontation et de la destruction marqué par
deux guerres mondiales ainsi que des révolutions et des conflits géopolitiques à travers
le Monde.
Aussi, les grands penseurs de la philosophie des Lumières, (Hobbes, Locke, Montesquieu,
Rousseau), ainsi que l’impact des deux révolutions (française et industrielle) ont bien
nourrit la réflexion sociologique, politique et économique du XXème siècle. Toutefois, ce
dernier va connaître des bouleversements sociaux et politiques générant des ruptures avec
l’ancien mode de vie suite au développement de nouveaux bassins industriels, et favorables
à l’émergence de nouveaux rapports de force.
Ainsi, la première moitié du XXème siècle qui connaissait la domination et la suprématie de
l'Europe sera marquée par la division des pays européens à cause de leurs rivalités
impérialistes et coloniales d’une part, et la place des Etats-Unis d’Amérique dans le
monde d’autre part.
Aussi, 1930 connaitra un nationalisme qui aboutira à l’opposition entre les régimes
totalitaristes (Italie, Allemagne, URSS) et les Alliés. Ces régimes totalitaires se distinguent des
dictatures antérieures : L’exercice du pouvoir ici est associé à une idéologie. (Ensemble
d'idées partagées par un groupe ou une doctrine politique).
A partir des années 1950, les Etats-Unis d’Amérique répandent une vision politique et
économique capitaliste, faisant d’eux la première puissance mondiale dès la chute du Mur
de Berlin en 1989 et la chute de l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) en 1991.
A la fin du XXème siècle et début du XXIème siècle le phénomène de la mondialisation
et la globalisation a pris une grande ampleur suite :
o D’une part à l’essor du commerce mondial depuis les accords économiques de
Bretton Woods (1944) avec la mise en place d’une organisation monétaire
internationale, puis les traités de libre-échange (ALE) et l’harmonisation de
l’espace européen à travers la construction de l’Union Européenne.
o Celles selon lesquelles, le pouvoir politique est le résultat d'un accord passé entre
les hommes pour mettre fin à des conditions naturelles d'existence jugées
intolérables.
Ainsi, dans ce chapitre nous nous limiterons à étudier le pouvoir politique et son exercice
selon ces doctrines.
« La politique » au sens absolu, était la politique « dirigeante ». Elle concernait les méthodes et
stratégies de conquête et de sauvegarde du pouvoir au sein d’une société. Son origine
remonte au début de l’organisation de la société en système hiérarchique par le biais
duquel certains individus acquièrent du pouvoir par rapport aux autres.
A nos jours, la notion de «la politique » concerne, plus particulièrement, les activités qui
pivotent autour du pouvoir par représentation qui est le pouvoir légitime dans nos sociétés. Cela
suppose une série de conditions notamment l’existence de partis politiques et la liberté
d’expression.
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o La signification du mot « la politique » au sens large
« La politique » au sens large peut être définit comme une activité sociale dans laquelle les
membres d’une société établissent, modifient les normes de leur collectivité et décident
ensemble de leur avenir. Nous appelons ainsi « La politique » ce qui se rapporte
directement à l’organisation d’une société dans son ensemble.
Elle peut également designer méthode de gouvernement (politique libérale, autoritaire,)
et la manière de gouverner un Etat ou de mener les relations avec d’autres Etats.
Le politique (polity) renvoie à la personne qui gouverne, qui exerce des responsabilités
politiques au cœur de laquelle on trouve les notions de pouvoir et de sociétés organisées.
Aussi, « Le Politique » est un dialogue de Platon qui désigne l’Homme politique. Dans son
livre Le Politique, Platon réfléchit sur les compétences techniques (techné politiké) que
doit posséder un homme ou une femme politique pour produire de l'unité dans une Cité. Pour
lui, il ne suffit pas de pratiquer la politique pour être un politique. Il faut aussi détenir
un savoir spécifique, la vertu et l'éducation.
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Cinquième sens du « pouvoir »
« Le pouvoir désigne couramment les autorités politiques ou religieuses dans un
Etat ou dans une Nation. »
Depuis l’antiquité à nos jours les philosophes et théoriciens modernes ont inscrit la
question du pouvoir et celle de sa légitimité politique au cœur de leurs travaux, vue
l’attirance qu’il exerce sur les hommes, son influence sur notre quotidien et son
emplacement suivant les époques et les sociétés.
D’une manière générale le pouvoir politique est un type de pouvoir qu'une personne ou un
groupe de personnes exerce dans une société dans le but de l’organiser. Mais la définition
la plus célèbre est celle de Max Weber.
Pour lui « le pouvoir politique est la domination exercée par une personne ou un groupe
de personnes dans une société, dans le but d'organiser celle-ci ». Max Weber rapproche
ici la notion du pouvoir à celle de puissance : « … puissance signifie la chance d’imposer
sa propre volonté, au sein d’une relation sociale, même contre des résistances ». (Ouvrage,
Économie et société - 1922).
Ces définitions incarnent le caractère violent du pouvoir politique que Max Weber qualifie de
légitime : « Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime. » (Le Savant et
le Politique -1919). Pour lui, cette légitimité semble être le seul moyen d'assurer une
domination stable.
On ne peut donc parler selon Max Weber de pouvoir ni de domination sans rappeler la
relation entre gouvernant et gouverné, relation qui engendre des rapports de domination
et de contrainte en fonction de règlements en vigueur, notamment des textes juridiques
(une Constitution par exemple).
1- Pouvoir et Domination
En tant que relation, on parle de pouvoir quand on peut mettre deux individus dans une
situation inégale qui vise à produire « une forme de domination pour l’un et d'obéissance
pour l’autre ». Ainsi les notions de pouvoir et de domination entretiennent entre elles
des « relations d'interdépendances ». C’est dans ce sens que la notion de pouvoir se
trouve au cœur de l’étude du fonctionnement politique des sociétés.
Max Weber établit une typologie des formes de domination en faisant une distinction
entre trois types de domination légitime dont chaque type correspond à une légitimité
particulière : la domination à caractère traditionnel, la domination à caractère
charismatique et la domination à caractère rationnel-légal. Ces trois types peuvent se
combiner.
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La domination traditionnelle
Domination charismatique
Domination légale-rationnelle
Pour Max Weber la violence légitime est la violence qui est reconnue par tous comme
légitime et nécessaire au bon fonctionnement d’une société, et le pouvoir politique en a le
monopole. Toutefois l’exercice de cette violence a bien des limites. L’Etat ne peut utiliser la
violence, pour assurer le respect des droits et devoirs des citoyens, que dans un cadre bien
règlementé et dans des cas précis. (Rétablir l’ordre par exemple). Autrement toute violence
légitime démesurée ne peut que façonner un pouvoir totalitaire.
Par « violence », il ne s'agit pas que d'agression physique, mais aussi de « violence
symbolique ». La violence symbolique est un concept utilisé dans le cadre des analyses
sur la reproduction sociale ou sur les rapports de domination à travers des normes
sociales.
Le concept de « violence symbolique » a été proposé dans les années 1960 par Pierre
Bourdieu, (Sociologue français 1930 - 2002). Pour lui la violence symbolique sert à
légitimer la domination. Ainsi il affirme qu’elle est même le principe d’efficacité de toute
obéissance dans la mesure où elle est invisible cas des Lois.
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b) Le concept de la violence légitime chez Nicolas Machiavel
(Philosophe italien de la Renaissance 1469-1527)
Le principe du machiavélisme peut être défini par cet extrait de son traité Le Prince : « [le
Prince] est souvent obligé, pour maintenir l'État, d'agir contre l'humanité, contre la
charité, contre la religion même. Il faut [...] que tant qu'il le peut, il ne s'écarte de la voie
du bien, mais qu'au besoin il sache entrer dans celle du mal. » (Machiavel, Le Prince,
1532).
Selon Machiavel le peuple peut être mal traité si cela permet au prince de conserver son
pouvoir. Ce dernier doit faire preuve de ruse et utiliser tous les moyens mis à sa disposition
même les plus immoraux. Ainsi il recommande au prince « D’être rusé comme un renard et
féroce comme un lion dans l’exercice du pouvoir » (Dissimuler, tromper, voire tuer si les
circonstances l’exigent).
Selon lui la politique est assurée par le mal via le désir de dominer et non pas par le bien.
« En politique, le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le pire et le moindre
mal ». De ce fait, Machiavel réfute toute conception morale du pouvoir : Le chef de l’Etat
ne doit pas obéir à une morale fixe, mais s’adapter aux circonstances, Il doit comprendre
le climat politique ainsi que l’esprit de son temps et l’esprit de son peuple pour bien le
manipuler.
Pour Machiavel, « La vertu première du prince n'est pas morale mais politique » : c'est
l'aptitude à conserver le pouvoir en sachant doser la crainte et l'amour qu'il peut inspirer,
de façon à maintenir l'ordre et l'unité de sa Cité.
Machiavel sera critiqué par les philosophes des Lumières. Ils lui reprochaient de ne pas
respecter les droits naturels de l’individu. Il sera également critiqué par l’église vu son
opposition portée à l’absolutisme pontifical.
Pour lutter contre la force et l’arbitraire et limiter le rôle du souverain, basé sur le droit divin, les
penseurs politiques se sont tournés vers le concept juridique d'accord contractuel fondé
sur le consentement mutuel, d’où la théorie du contrat social.
Le contrat social est une notion de philosophie politique. Elle présente le passage de
l'homme de l'état de nature à l'état de société civile : afin d’instituer un ordre social au service
de l'intérêt général : Une société politique organisée. C’est la théorie de contractualisme.
Cette théorie est présente chez certains philosophes de l’Antiquité grecque et ceux des
Lumières. Mais la définition, les buts et les modalités du contrat social diffèrent d’un auteur à
l’autre. Il en est de même pour la notion d'état de nature qui correspond à un état
théorique et fictif et dans lequel les êtres humains vivent dans un état d'instabilité et
d'insécurité pour absence de règles.
Pour Hobbes, ce qui mobilise l’être humain c’est son égoïsme, la recherche de son intérêt
privé et la satisfaction de son désir qui prend la forme de la prédation. Il en résulte un état
de nature où l’homme devient un prédateur qui prend aux autres pour satisfaire son intérêt,
tout ce qui contribue à sa propre conservation et sa survie (ressources, richesses,
pouvoir), indépendamment de toute règle et compassion. Ce qui rend selon lui « l'ordre
de la nature, un champ de forces qui s'affrontent perpétuellement », d’où la célèbre
citation « L'Homme est un loup pour l'Homme ». La seule façon donc de s’unir, d’établir
la sécurité, de permettre la prospérité et de sortir de cet état de nature est de se
soumettre à une autorité supérieure.
Pour y arriver, il est nécessaire pour lui que les hommes fassent un pacte entre eux et
renoncent à tous leurs droits. Ils sont donc les auteurs d’un vouloir politique permettant le
fondement d’un état civil.
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Par ce contrat, passé entre les individus, pour garantir la liberté, la sécurité, la justice et
l’espoir de bien vivre, chacun transfère ses droits naturels à un Souverain, à une entité qui
détient le pouvoir. Chacun devient alors « sujet » de ce Souverain, en devenant aussi «
auteur » de tous les actes du Souverain.
Ainsi, pour Hobbes, le contrat social qui conçoit l’état de société est un contrat de
soumission exigeant aux citoyens l’obéissance, en contrepartie de leur sécurité et le
respect de leurs biens.
La théorie de Hobbes est de ce fait fondée sur deux caractéristiques :
o D’une part, la soumission des « Sujets » doit être totale.
o D’autre part, le pouvoir doit être absolu. « Le maître lui-même n’est pas lié
par ce contrat ». Le Souverain reste l’unique législateur et la seule source
de légalité politique.
Selon Hobbes ces deux caractéristiques sont les conditions d’un Etat civil, c’est-à-dire d’un
Etat de paix. Dans ce concept le pouvoir politique n'est alors rien d'autre que cette
domination fondée sur une nécessité de fait, d'ordre physique.
La théorie du pouvoir politique chez Hobbes nous laisse croire qu'il prône l’absolutisme.
Or chez lui le Souverain doit agir au nom de ses Sujets.
Tout comme Hobbes, John Locke élabore sa propre conception de l’état de nature, mais
toute différente. Pour lui, contrairement à Hobbes, dans cet état de nature, les hommes
sont heureux et égaux. Aussi, ils sont dotés de raison et bénéficient d’une relative liberté
émanant de lois naturelles qui permettent à l’homme d’assurer sa sureté. Ainsi, selon lui,
même en absence de droit positif, la morale n’est pas inexistante dans cet état de nature.
De ce fait, ces lois naturelles sont si importantes que les hommes peuvent tout faire pour
les préserver, d’où la création de la société civile.
Cette société civile, pour John Locke, n’est donc qu’un système pour l’homme de mieux
assurer la protection de ses droits naturels et le droit positif n’étant qu’un moyen de
protéger ces derniers. Dans ce contexte les hommes consentent librement à la
constitution d’une autorité supérieure que chaque individu lui délègue une partie de sa
souveraineté. Le contrat ainsi créé se serait ainsi transmis progressivement aux
générations suivantes.
Pour John Locke l’autorité mise en place doit nécessairement respecter la finalité pour
laquelle les hommes l’ont constitué, à savoir la protection des lois naturelles. Les hommes
s’engagent en effet à respecter les lois en échange de la protection de leur liberté. Cette
liberté n’est pas totale, mais soumise à des lois, comme il l’est déjà à l’état de nature.
Le peuple donne donc à l’autorité sa confiance, son consentement, sans quoi elle ne
serait pas légitime : « Le pouvoir ne se possède pas réellement, il s’attribue seulement ».
Ainsi, dans son « Traité du gouvernement civil » (1690), John Locke prend position
contre l’absolutisme de droit divin et la protection des droits individuels.
John Locke, contrairement, à Hobbes pense que nul gouvernement légitime (librement
consenti) ne saurait être un gouvernement absolu.
La théorie de John Locke porte le fondement de la démocratie libérale du XIXème siècle :
o Le pouvoir du souverain est aussi grand mais pas plus que ne le requiert l’efficacité
par rapport à la promotion du bien public, à savoir la protection des droits
naturels des individus.
o La soumission au souverain est toujours conditionnelle. Ce n’est pas une aliénation
des droits naturels mais un simple dépôt.
o En conséquence, si le gouvernement n’est pas fidèle à sa fonction, le peuple a
le droit à l’insurrection.
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Anti absolutiste, John Locke pense qu’aucun régime n’est jamais à l’abri d’une tyrannie.
Ainsi il est nécessaire d’imposer une résistance face au pouvoir. Mais le droit de résistance
a fait l’objet de vives critiques car il est susceptible d’entrainer la guerre civile.
Selon J.J. Rousseau l’homme à l'état de nature n’est ni égoïste ni sociable, il a peu de
désirs, « naturellement bon » et en paix avec ses semblables. Toutefois, la société le
rend méchant et le corrompt, en instaurant la notion de la propriété et en créant chez
lui de nouveaux besoins.
J.J. Rousseau sera fortement influencé par la philosophie politique de Locke, ainsi leurs
deux théories du contrat social reposent sur le même postulat : l’harmonie naturelle des volontés
et des intérêts des individus. Ce postulat indémontrable est celui de l’individualisme libéral et
de la démocratie. Toutefois, Locke et Rousseau ne s’accordent pas sur les moyens à
mettre en œuvre pour atteindre leur idéal politique.
J.J. Rousseau a fondé la légitimation du pouvoir sur des individus libres et égaux liés par
Pacte social. Pour lui ce « pacte social » n’est pas un pacte d’aliénation au profit d’une
entité politique supérieure, mais un véritable contrat entre les hommes eux-mêmes qui
ensemble décident de se soumettre à leur propre volonté générale. Le contrat ne
peut donc exister que dans le but de conserver la liberté des hommes. Ainsi, par le contrat
social, les hommes ne se soumettent pas à un prince absolu, mais à la volonté générale, elle-
même composée de la volonté de chaque individu.
Ce contrat social, est un compromis, une régulation entre l’aspect social de l’Homme et sa
nature. Donc, l’armée, la police la justice sont des instruments de cette « violence légitime »,
qui permet d’empêcher ou de punir les cas de violence individuelle. (Interdire de se faire justice
soi-même et lutter contre la loi du plus fort).
Toutes les théories du contrat social avant J.J Rousseau, qu’elles soient absolutistes (Hobbes)
ou libérales (Locke), reposent sur l’aliénation totale ou partielle de l’individu. Or, pour J.J.
Rousseau, le problème est d’abord et avant tout de préserver la liberté individuelle.
Enfin, cette idée de contrat social est forte. Ce mythe que l'Etat est là pour assurer l'intérêt
général et mettre en œuvre la volonté générale est celui sur lequel nous vivons
aujourd’hui.
Karl Marx a fondue sa théorie sur la lutte des classes. Cette théorie avance qu'à l’exception
des communautés primitives, toutes les sociétés sont composées de classes en opposition
constante et que cette opposition est le moteur de l’histoire (hommes libres et esclaves,
seigneurs et serfs, patrons et ouvriers).
Pour Karl Marx : « la classe dominante afin « de légitimer son exploitation de la classe
dominée et les inégalités de classe, va produire une idéologie admise par tous, (aussi
bien la classe dominante que la dominée), avec des principes, des institutions, des lois,
des coutumes… ».
Dans le "Manifeste du Parti communiste" Karl Marx décrit une situation où les classes
sociales : la bourgeoisie et le prolétariat, s'opposent fortement, en raison de
l'exploitation de la seconde par la première qui possède le capital.
Pour Karl Marx le pouvoir se produit dans une lutte perpétuelle entre des forces
sociales. Cette théorie du pouvoir ne peut se comprendre donc qu’à travers un rapport
entre ces forces.
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SECTION IV- LES CARACTERISTIQUES DU POUVOIR POLITIQUE
Parmi les caractéristiques et les spécificités du pouvoir politique on trouve :
L’autorité du pouvoir politique s’applique à tout le monde et peut porter sur tous les
domaines (économie, social, enseignement, …), c’est ce qui permet de le distinguer
d’autres phénomènes d’autorité.
V- Le monopole fiscal
L’Etat a un monopole fiscal. Seul l’Etat a le droit de prélever des impôts et des taxes.
Aucune autre personne n’a ce droit.
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-ème
le «constitutionalisme» au 17 siècle, fondé sur la suprématie de la Constitution
sur les autres normes juridiques nationales. Ce constitutionalisme contribuera au
fondement et au développement du droit constitutionnel qui explique les aspects
juridiques qui permettent à la vie politique d'une société de s’organiser.
L’Etat est défini comme une forme d'organisation que la société utilise pour s’orienter et se
gérer. Il désigne également un ensemble de personnes qui acceptent de s'imposer un
ordre sous certaines conditions.
Pour Friedrich Hegel (philosophe allemand 1770 - 1831), le concept d’Etat recouvre la
société politiquement organisée toute entière, et comprend dans sa constitution aussi
bien la famille et la société civile, que les institutions publiques.
Pour Raymond Carré de Malberg (juriste français 1861-1935), l’Etat est définit comme « une
communauté d’hommes, fixée sur un territoire propre et possédant une organisation d’où résulte
pour le groupe envisagé dans ses rapports avec ses membres une puissance suprême
d’action, de commandement et de coercition ». (Contributions à la théorie générale de
l’Etat – 1921).
Il souligne ainsi le double sens de la notion, où l’Etat correspond :
D’une part, à un mode d’organisation sociale territorialement défini ;
D’autre part, à un ensemble d’institutions caractérisées par la détention du
monopole de l’édiction de la règle de droit et de l’emploi de la force publique.
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III- Notion de l’Etat sur le plan politique
L’Etat est un concept politique qui se réfère à une organisation sociale, économique et
politique souveraine, formée par des institutions qui régulent la vie d’une communauté
sur un territoire délimité par des frontières.
L’Etat peut désigner également la chose publique, ce sont les intérêts, les biens collectifs
et le droit de tout le monde.
Pour le Droit constitutionnel nous sommes en présence d’un Etat lorsque sont réunis trois
éléments nécessaires appelés les éléments constitutifs de l’Etat, à savoir :
Une population ;
Un territoire;
Un gouvernement.
La population d'un Etat se présente comme une collectivité humaine. Cet ensemble doit
être également délimité par une appartenance (la nationalité) et un contenu exprimé en
termes de droits et devoirs : Tous les individus présents sur le territoire d'un Etat sont soumis
au même ordre juridique, nationaux et étrangers.
2- Notion de la Nation
Il n’existe pas une définition unanime mais en général la Nation est souvent définie
comme étant « un groupe humain dont les membres sont liés par des affinités tenant à
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un ensemble d'éléments communs ethniques, sociaux et culturels dont la cohérence
repose sur une aspiration à former ou à maintenir une communauté ». De cette définition
on peut citer deux conceptions opposées au 19-ème siècle :
La conception allemande est fondée sur le lien naturel établi par la filiation. C’est la
naissance qui détermine l’appartenance nationale, de sorte que son acquisition ne peut
être volontaire. De ce fait, dans la conception objective, la Nation est fondée sur la race,
la langue, la religion, ou l’idéologie. Deux philosophes allemands défendent cette
conception objective : Johann Gottfried Herder et Johann Gottlieb Fichte.
Cette conception de la Nation a malheureusement conduit au génocide notamment juif.
La conception subjective est une approche volontariste de la nation, fondée sur un lien
contractuel découlant de la liberté individuelle. (Théorie du contrat social de Locke et
Rousseau). De ce fait, le peuple est souverain car il est la source de l’autorité
politique doté de la capacité de déterminer comment il sera gouverné, sous quel régime
politique et par qui.
Pour Ernest Renan (1823 -1892) « Pour que la Nation soit constituée il faut un vouloir vivre
collectif », à savoir une volonté de vivre ensemble et de s’associer pour un destin collectif,
commun indépendamment des différences qui peuvent exister entre les membres de
cette Nation.
La notion de Nation n’est pas toujours synonyme d’Etat. Ainsi il existe des Nations sans Etats.
La nation Kurde par exemple est une nation sans Etat. Le territoire géographique de cette nation
est à cheval entre 4 pays : l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie.
En Europe, il existe de nombreuses Nations qui ne constituent pas d’Etat, et qui bien que
possédant une certaine autonomie et souveraineté, font partie intégrante d’autres Etats.
Par exemple : La Catalogne en Espagne, l’Écosse au Royaume-Uni.
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o Cas d’un Etat qui reconnaît officiellement l’existence d’une ou plusieurs Nations
Comme c’est le cas du Canada qui reconnait officiellement que les québécois forment
une nation à part entière au sein de l’Etat du Canada.
Ce troisième élément constitutif de l’Etat, vu son importance et son rôle prédominant dans
l’exercice de tout pouvoir politique fera l’objet d’une étude plus détaillée ultérieurement.
Les décisions ne sont pas prises par les dirigeants mais par l’Etat lui-même.
Dissociation du pouvoir politique de ceux qui l’exercent. C’est de l’Etat que les
gouvernants reçoivent leurs compétences et c’est en son nom qu’ils les exercent.
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Le pouvoir est attaché à leur fonction, non à leur être. Ainsi, les gouvernants ne sont que
les dépositaires provisoires et les agents d’exercice.
L’Etat est permanent en ce sens que les changements qui surviennent dans sa
composition ou sa direction n’affectent pas son existence ni la durée de ses décisions.
C’est cette continuité qui explique :
o Que les lois votées par une assemblée, les actes administratifs édictés par
gouvernement, les traités conclus avec d’autres Etats survivent aux régimes qui
en ont pris l’initiative ;
o Que chaque génération se trouve engagée par les obligations contractées par
ses prédécesseurs.
L’Etat peut posséder des biens et signer des conventions comme des personnes
physiques.
Pour Raymond Carré de Malberg (Juriste et constitutionnaliste français 1861-1935), l’Etat est
souverain signifie «qu’il détient une puissance qui ne relève d’aucun autre pouvoir et qui ne peut
être égalée par aucun autre pouvoir ». La souveraineté de l’Etat est donc la négation de
toute entrave ou subordination. Pour lui la souveraineté est la somme des droits de puissance
active, soit intérieur, soit extérieur. De ce fait le pouvoir exercé dans l'Etat est souverain, aussi
bien à l'égard des autres Etats qu'à l'intérieur du territoire.
Ainsi, l’Etat se distingue des autres personnes morales parce qu’il représente le pouvoir
souverain.
L’Etat est souverain lorsqu’il n’est subordonné à aucun autre pouvoir. C’est le pouvoir
suprême dans une société, absolu ainsi que perpétuel et indivisible.
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Pour Louis-Érasme LE FUR (Juriste français 1870 -1943): « La souveraineté est la qualité de
l'État de n'être obligé ou déterminé que par sa propre volonté, dans les limites du principe
supérieur du droit, et conformément au but collectif qu'il est appelé à réaliser ».
Cette définition d’Érasme retient deux critères :
• Premier critère :
l'Etat souverain n'agit que selon sa propre volonté, c'est le corollaire du droit à
l'autodétermination (droit des peuples à disposer d'eux-mêmes).
• Deuxième critère :
Cette volonté ne peut se manifester qu'à l'intérieur des règles du Droit international
coutumier ou conventionnel, qui comprend le droit produit par des organisations
internationales à caractère universel (l’ONU par exemple et les institutions spécialisées) et régional
(l'Union européenne par exemple).
Suite aux différentes définitions précitées de la notion de la souveraineté on peut retenir que
La souveraineté est l’expression par laquelle on désigne un pouvoir suprême, reconnu à
l'Etat, qui implique l'exclusivité de sa compétence sur le territoire national et son
indépendance absolue dans l'ordre international où il n'est limité que par ses propres
engagements. Cette prééminence se traduit par :
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Les politiques sociales : logements, sécurité sociale, cohésion sociale,
emploi.
L'environnement : (catastrophes naturelles).
La culture.
Toutefois, malgré tout ce qui précède, l’Etat reste encore la puissance de dernier
recours, dans les périodes de crise. La crise bancaire (2008) a montré que les entreprises
privées y ont recours spontanément, même dans les pays considérés comme libéraux.
Le cas également de la crise sanitaire que vit le monde actuellement avec la pandémie
du Covid.
I- Définition du gouvernement
Troisième élément constitutif d’un Etat, le Gouvernement forme l’organe de l'Etat qui
incarne la puissance publique.
L’Etat est un concept politique qui se réfère à la manière dont les sociétés sont organisées.
Il est composé d'institutions qui régissent la vie des citoyens sur un territoire précis, tandis
que le gouvernement se réfère à la manière dont le pouvoir de l’Etat s’exerce.
Ainsi, tout Etat possède un appareil dirigeant : le Gouvernement qui varie, dans le temps et dans
l’espace, d’une façon autonome de sa structure fondamentale :
La différence donc entre les deux termes est que : l’Etat est le « tout » alors que le
gouvernement est une partie de ce dernier qui incarne son régime politique.
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De manière générale la notion du régime politique désigne, la sphère des institutions du
pouvoir politique et la forme politique de gouvernement d’un Etat.
Selon Maurice Duverger (1917- 2014), « À la base de tout régime politique se trouve le
phénomène essentiel de l'autorité, du pouvoir, de la distinction entre gouvernants et
gouvernés ». Il considère l’homme derrière les institutions que celui-ci crée pour ses
besoins.
Ainsi, « la valeur d’un régime dépend largement de la valeur des hommes qui le
composent » et que « les procédés de sélection de ces hommes forment donc les
fondements essentiels du régime ».
La science politique moderne parle de système politique pour désigner l’ensemble des règles
du jeu politique régissant l’organisation du pouvoir. Ainsi, un système politique est un mode
d'organisation d'un Etat qui est formé d’un ensemble d’institutions :
Un système politique est donc un ensemble d’éléments interdépendants, liés entre eux par
des relations telles que si l’une d’elle est modifiée, les autres le sont également et par
conséquent, tout l’ensemble est transformé. Ainsi, un système politique tire son
organisation d’une finalité ».
Un système politique est donc une combinaison variable d’autorité légitime et de
puissance publique qui rend certaines personnes capables de décider pour la société et
de se faire obéir. Il est en relation avec la structure économique et l’organisation sociale
et comprend un régime politique. Ainsi, pour analyser un régime politique (le
gouvernement) on s’intéresse aux fondements du pouvoir :
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V- Les différentes formes de Gouvernement
C’est un mode de gouvernement qui concentre le pouvoir dans les mains d’un seul et peut de
ce fait selon Aristote dégénérer en tyrannie ou despotisme où l’autorité suprême exerce
un pouvoir arbitraire et absolu.
Forme 1 : L’aristocratie
Ici le pouvoir est détenu par un petit groupe de personnes constituant l’élite intellectuelle ou
technocratique, minoritaire mais dominante : noblesse ou classe sociale dont les
représentants sont élus ou cooptés.
Si les détenteurs des droits politiques sont les meilleurs ou les plus courageux, il s’agit d’une
véritable aristocratie.
Forme 2 : Ploutocratie
Montesquieu (1689 -1755) est l’un des fondateurs de la philosophie politique. Il s’inspire du
libéralisme de J. Locke et de la philosophie politique antique notamment celle d’Aristote
dont il a enrichi la célèbre classification de la Grèce antique. Cette classification se verra
donc nuancée dans son œuvre « l’Esprit des lois » de 1748.
Montesquieu distingue également trois formes de gouvernement, mais les définie de
manière différente.
o République ;
o Monarchie ;
o Despotisme.
La République est un concept très ancien, hérité de la Rome antique. Les Romains
s’étaient constitués en république, instaurée en -509 après avoir expulsé leur dernier roi,
Tarquin le superbe (534 – 509 av. J.-C.).
Montesquieu réunit, sous le terme République toutes les formes politiques dépourvues
d’un chef d’Etat héréditaire, et dans lesquelles la puissance souveraine appartient soit :
À une fraction du peuple : République aristocratique :
Dans une République aristocratique, seule une minorité dispose de l’autorité et
de la souveraineté.
À l’ensemble des citoyens : République démocratique :
Dans une République démocratique, la souveraineté appartient au peuple,
qui en conséquence se soumet aux règles édictées par des délégués.
Le principe de ce gouvernement, selon Montesquieu est la vertu et le civisme. Ici
l’homme accorde plus d’importance à l’intérêt général et à la Nation qu’à son propre
intérêt. L’amour des richesses est inconcevable dans un tel régime.
En France, à la suite de la chute de Louis XVI le 21 septembre 1792, ce mode de
gouvernement a été adopté par référence à la République romaine, dans des contextes
mouvementés par l’absolutisme et l’arbitraire du régime monarchique.
Montesquieu entend par monarchie la forme de gouvernement dans laquelle l’Etat est
dirigé par une seule personne qui représente ou exerce l'ensemble des pouvoirs, mais
selon des lois fixes et établies. Pour lui le mode de désignation du monarque n'est pas
nécessairement héréditaire. Il peut aussi être élu, comme c'était le cas pour les
empereurs du Saint Empire Romain germanique ou les doges de la République de Venise.
25
Aussi, les modalités du pouvoir du monarque varient en fonction des époques et des
cultures. Par exemple, l’exercice du pouvoir par un empereur romain, tout puissant mais peu
légitime diffère de celui des anciens rois de Pologne, dont les rois étaient élus et le pouvoir
dépendait de celui des nobles.
Dans le gouvernement monarchique de Montesquieu, le pouvoir du monarque dépend de
pouvoirs intermédiaires exercés par la noblesse, les magistrats et le clergé. Le principe
de ce système est l’honneur.
o Monarchie ;
o République ;
o Démocratie
o Despotisme.
Selon les données modernes, les régimes monarchiques peuvent varier selon les pouvoirs
détenus par le monarque ce qui explique la multitude de forme de monarchie :
- Monarchie absolue.
- Monarchie constitutionnelle.
- Monarchie parlementaire.
o Monarchie absolue :
C’est une forme de gouvernement dont le pouvoir est détenu par une seule personne : le
roi. L’exercice du pouvoir est absolu et sans contrôle . En général le monarque détient une
puissance attachée à sa personne et concentre les trois pouvoirs : législatif, judiciaire et
exécutif.
Dans les monarchies absolues, la succession du pouvoir est généralement héréditaire, le trône
passe entre les membres d'une famille dirigeante.
Ce régime a fortement chuté après la révolution française, qui a donné naissance au
principe de la souveraineté populaire, ou gouvernement par le peuple.
26
o Monarchie constitutionnelle :
C’est une forme de gouvernement dans laquelle les pouvoirs du monarque, qui est le chef
de l'Etat, sont limités de manière plus ou moins importante par une Constitution : loi
fondamentale d'un Etat. La Monarchie constitutionnelle s'oppose en cela à la monarchie
absolue.
Au Royaume Unie, la monarchie constitutionnelle remonte à la Grande Charte de 1215
qui est fondée sur un ensemble de "Common Laws" issu des différents jugements
rendus par un pouvoir judiciaire indépendant.
En France, la monarchie constitutionnelle est apparue lors de la révolution avec la
Constitution de 1791 fondée sur le principe de la souveraineté de la Nation et de la balance
des pouvoirs. Au XIXe siècle, la Restauration (1814-1830), avec la Charte qui limite les
pouvoirs du roi, et la Monarchie de Juillet (1830 -1848), avec un pouvoir exécutif de plus
en plus contrôlé par la chambre des députés, sont des monarchies constitutionnelles.
De nos jours, une monarchie constitutionnelle comporte une séparation des pouvoirs. Le
monarque est indépendant des partis politiques et la direction des affaires de l’Etat est assurée
par le chef du gouvernement. Toutefois, le monarque reste le garant de la Constitution,
de l'unité nationale, de l'intégrité territoriale et de la continuité de l'Etat. Il peut présider
les séances du Conseil des ministres et être un arbitre, il peut avoir un droit de conseil
notamment en cas de crise politique.
Selon les cas, dans certaines monarchies constitutionnelles il subsiste des monarchies
dans lesquelles le Roi garde encore un grand pouvoir cas du Maroc, ou bien le monarque
et sa famille exercent un pouvoir très étendu cas de l’Arabie Saoudite.
o Monarchie parlementaire :
Dans la monarchie parlementaire le monarque dispose d’un pouvoir d’influence plutôt que
d’un pouvoir réel. Il est le représentant de l'État au titre de chef de l'État.
De nos jours, les monarchies constitutionnelles modernes comme le Royaume Unie, la
Belgique, les Pays-Bas, l'Espagne et le Japon sont des monarchies parlementaires où le
monarque a essentiellement qu’un rôle symbolique. Il n’a pratiquement plus de pouvoir et
où le gouvernement est responsable devant le parlement. Le roi peut ouvrir ou dissoudre
le Parlement.
27
o République populaire :
o République islamique :
Elle désigne la forme de gouvernement prise par un Etat n’ayant pas de monarque et où la
gouvernance s'aligne sur le dogme de l'islam, comme l’Iran, l’Afghanistan, la Mauritanie.
o République aristocratique :
Elle désigne la forme de gouvernement où les dirigeants sont composés par des membres
de l'aristocratie, ou élus par l’Elite de la société. Le terme république aristocratique est
utilisé en sociologie pour désigner les familles proéminentes de la République française,
dont les générations ont été au pouvoir ou ont occupé des postes importants pendant
plusieurs décennies.
o République oligarchique :
Les dirigeants sont élus par ou parmi les riches et les plus influents de la société.
Aujourd’hui, les sociétés occidentales connaissent une sorte de dynamique oligarchique.
En France, Hervé Kempf, (journaliste et écrivain), a mis en avant dans son ouvrage :«
L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie », la concentration croissante du pouvoir
décisionnel par une élite restreinte de dirigeants politiques, de grands chefs d'entreprises,
d'acteurs financiers, de journalistes influents. Ceci a favorisé une complicité croissante
entre les représentants politiques et les élites économiques ou financières afin de
satisfaire leurs intérêts au détriment du « bien commun ».
o République constitutionnelle :
La démocratie, qui trouve son origine à Athènes Antique a connu un réel essor dans les
sociétés contemporaines. Toutefois elle a changé de dimension, de sorte que son
organisation est devenue beaucoup plus complexe et sa notion athénienne n’a plus le
même sens aujourd’hui. Elle a subi de longue transformation. Sa vocation est devenue
universelle. Dans le cadre de la cité antique elle pouvait, en effet, s’exercer directement,
mais à l’échelle des Etats modernes, ce gouvernement du peuple par lui-même n’est
évidemment plus possible et dans la gestion quotidienne des affaires publiques, un relais du
système représentatif s’impose comme une donnée incontournable.
Aussi, Il ne suffit plus de faire participer le peuple aux choix de ses délégués, il faut
également lui permettre d’influencer et de contrôler leur action afin qu’il ne soit pas
dessaisi de son pouvoir souverain, comme il a été le cas avec les démocraties
populaires durant la période de la guerre froide. En effet, ces régimes de « démocratie
populaire », sous l'impulsion de Joseph Staline, vont être mis en place par le bloc de
l’Est représentant les Etats dépendant de l’URSS. Dès leurs premières années
d'existence ils ont connu la domination d'un parti unique ou d'une coalition unique,
notamment le Parti communiste de Yougoslavie de Tito.
Staline a défini la « démocratie populaire », comme une « démocratie d'un type nouveau
et amélioré, grâce à l'absence de la classe des capitalistes ».
Les régimes politiques se présentant comme des démocraties populaires utilisent souvent des
appellations officielles comme « République démocratique », « République populaire » ou
« République socialiste ». Ces différences de nom n'impliquent pas de divergences
politiques de fond quant aux formes de gouvernement ou aux politiques suivies par ces
différents Etats.
L’appellation de démocratie populaire apparaît dans les discours officiels des
gouvernements de Cuba et du Laos. La constitution de Cuba dispose : « Les organes de l'État
se forment et développent leur activité sur la base des principes de la démocratie socialiste
(...) les masses populaires contrôlent l'activité des organes de l'État, des députés, des
délégués et des fonctionnaires ».
L’appellation de la démocratie populaire n'est plus limitée aux régimes marxiste- léniniste
(communistes). Elle est également employée dans le vocabulaire politique de divers pays.
Elle est aussi utilisée par des partis politiques sans qu’ils soient affiliés à l'idéologie
marxiste-léniniste. Parmi les particularités de ces démocraties populaires :
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o Les particularités des démocraties populaires sur le plan politique :
Dans ces régimes l’Etat intervient avec une stricte planification à tous les niveaux :
orientations macro-économiques, commerce international, production, distribution,
consommation.
Dans ces régimes l’Etat exerce un strict contrôle des activités culturelles, des médias et des
droits des citoyens à l’opinion, à l’expression et au déplacement. Ces aspects ont parfois
valu à ces régimes le qualificatif de « totalitaires ».
Aujourd’hui, les types de démocratie les plus courants sont directs, représentatifs,
participatifs, partiels, présidentiels et parlementaires. Raison pour laquelle il y a tant de
divisions et de subdivisions est que la façon dont une démocratie est gérée dépend
beaucoup du type de gouvernement en vigueur, que ce soit un régime présidentiel ou une
monarchie.
Le despotisme s’est également diversifié et a pris des formes plus subtiles que la tyrannie
élémentaire décrites par les anciens.
Les dictatures modernes ont, en effet, emprunté aux régimes démocratiques certains de
leurs instruments, en particulier le suffrage universel, pour les détourner au profit soit d’un pouvoir
personnel, soit de la domination d’une équipe dirigeante exclusive.
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2- Opposition de deux familles de régimes fondamentalement différents
o Celles des autocraties dans lesquelles l’ordre juridique est créé par un seul
individu ou un groupe exclusif et en dehors de ceux qui auront à s’y
soumettre.
Ici, les partis ont une véritable compétition politique selon le régime électorale des Etats.
Premier cas : En Royaume-Uni et Etats-Unis l’opinion se regroupe autour de deux forces
politiques principales qui se disputent le pouvoir et l’exercent alternativement.
En Royaume-Uni : le Parti conservateur (Conservative Party) de droite à centre-
droite, conservateur et le Parti travailliste (Labour Party), de centre-gauche à
gauche, traditionnellement syndicaliste et social-démocrate.
Aux Etats-Unis : Parti Républicain (Republican Party qui représente le libéralisme
classique et le conservatisme fiscal et social : Centre droit/ Droite (Ronald Reagan
Donald Trump) et Parti Démocrate qui représente le libéralisme moderne, Centre
à Centre gauche (Bill Clinton, Obama, Joe Biden).
Deuxième cas : En France et en Italie par contre souvent l’opinion se disperse entre
plusieurs formations politiques amenées de ce fait à se coaliser pour gouverner.
Ces deux situations ont de réels impacts sur le fonctionnement des institutions politiques, à
savoir dans le premier cas, les électeurs sont en mesure de choisir le chef réel de l’exécutif, alors
que dans le second cas, sauf élection présidentielle, cette désignation revient aux états-
majors des partis.
Dans ces pays, il n’y a pas une véritable compétition politique ce qui explique leur système
institutionnel et ses déformations :
32
Soit qu’aucune opposition crédible ne puisse se constituer face à un parti
dominant soutenu par des dirigeants en place comme c’est le cas dans la plupart
des Etats africains. Exemples : Egypte, le Gabon…
Dans ces pays il arrive que les autorités prévues par la Constitution soient de pures
fictions et que le siège du pouvoir se situe dans les organes dirigeants du parti unique.
Par exemple le cas en Russie et en Algérie où le FLN a été le parti unique au pouvoir,
seulement avec les événements d'octobre 1988, une réforme constitutionnelle en 1989
a ouvert le système politique vers le multipartisme.
Hormis les partis politiques se trouve d’autres forces organisées ayant une emprise sur les
institutions et leur fonctionnement et qui interagissent dans leur action. Il s’agit de tous les corps
intermédiaires et groupements d’intérêt qui encadrent les citoyens dans leurs activités
professionnelles et soutiennent leurs revendications auprès des pouvoirs publics. Ce sont d'une
part, les syndicats de salariés qui défendent les intérêts du monde de travail, et d’autre part,
les organisations patronales représentant les employeurs.
Les partenaires sociaux négocient et signent des accords ou peuvent être consultés par le
gouvernement dans les domaines du droit du travail (conditions de travail, formation,
etc.), du chômage ou de la retraite. Ils peuvent prendre des décisions de façon autonome, mais
les pouvoirs publics peuvent aussi prendre part au processus de décision. Par exemple le
gouvernement fixe le montant du Smic après avoir consulté les partenaires sociaux.
Le rôle des partenaires sociaux s’est beaucoup accru depuis que l’Etat est devenu le
grand distributeur de services et d’avantages sociaux. Ainsi, dans la plupart des pays du monde,
les politiques sociales connaissent depuis deux décennies des évolutions importantes.
Parmi les partenaires sociaux on trouve également les représentants de la société civile
comme les associations et les Organisations Non Gouvernementales (ONG). Ces organismes et
groupements sont nombreux, vu qu’ils pourraient englober tout ce qui n’est pas pouvoirs publics
ou militaires ou partis politiques.
De nos jours, l’action associative, sociale et humanitaire passe souvent par
l’intermédiaire des ONG locales, nationales ou internationales. Ces ONG contribuent à
33
remplir le vide créé par l’absence ou la faiblesse de l’intervention de l’Etat dans certains
domaines. Toutefois, comme pour les partis politiques, cette société civile joue un rôle plus
influent que d’autres, selon les pays et leurs régimes politiques.
o Deuxièmement le rôle des partenaires sociaux dans les pays du Sud ou émergents
Le rôle et l’influence des partenaires sociaux dans ces pays est assez faible vu leur
système politique, souvent instable et autoritaire et où le pouvoir s’exerce le plus souvent par
une caste militaire. Alors que ces pays doivent faire face au défi de l’amélioration de
l’efficacité de leurs systèmes de protection sociale, notamment en matière de réduction
de la pauvreté.
Les structures économiques ont aussi leur part dans la physionomie des régimes politiques même
qu’il n’existe pas de relation absolue entre les systèmes de propriété des moyens de
production et les formes de gouvernements.
Dans une économie libérale la dispersion des centres de décision entre de multiples firmes
privées favorisent le pluralisme là où dans une économie collectiviste l’appropriation
publique de toutes les entreprises incite à la concentration des pouvoirs. Toutefois, il ne
manque pas de régimes autoritaires coexistant avec une structure purement capitaliste et
parfois même établis en réaction contre un glissement vers le socialisme, comme le cas des
dictatures sud-américaines.
On observe aussi une correspondance plus générale entre le niveau de développement
économique et la nature du régime politique. Dans les nations riches et hautement
industrialisées de l’occident, les démocraties pluralistes se sont épanouies alors que dans
les pays les plus pauvres ou économiquement les plus en retard, le pouvoir personnel et
militaires se sont répandus.
34
En conclusion, si le XXème siècle reste marqué par le totalitarisme, (nazisme et le
fascisme), il connaitra toutefois, dans les dernières décennies la chute de nombreux
régimes autoritaires et la victoire presque généralisée de la démocratie (1989 la chute
du Mur de Berlin et 1991 la chute de l’URSS). Le XXème siècle ne peut se vanter d’avoir
inventé cette forme de gouvernance qui trouve ses racines dans la Grèce antique, ni
les principes libéraux sur lesquels elle s’appuie (théorisés au XIXème siècle), mais, il
est celui qui aura fait triompher ces doctrines.
Certes, tous les Etats ne sont pas démocratiques, mais la quasi-totalité des dirigeants se
déclarent légitimement auprès de leurs concitoyens.
PARTIE II-
FORMES ET MODALITES DE GESTION ETATIQUE
SECTION I- L’ETAT-PROVIDENCE
L’Etat-providence est un système fondé sur la solidarité entre les différentes classes sociales et la
recherche de la justice sociale et dans lequel on accorde un rôle plus important à l’Etat
dans les domaines économiques et sociaux afin d’établir cette solidarité et de gérer les
risques liés à la vie en société, comme la maladie, la pauvreté, la vieillesse, l'emploi, la
famille.
Historiquement, l’Etat-providence a été créé dans une situation de crise et son
développement provenait de la nécessité de répondre aux besoins de la population dans
un contexte de changement historique important, notamment lors de la révolution
industrielle. Celle-ci connaissait des effets destructifs détruisant les modes de production de la
société qui se fondait sur la famille, l’Eglise et les coopérations.
Toujours, dans une perspective historique on distingue trois modèles importants de l’Etat-
providence.
35
proposer l’idée de la protection universelle pour tous les citoyens, financée par l’impôt et
pas seulement pour les démunies et les travailleurs.
Le modèle beveridgien s'est développé au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et dans les pays
scandinaves afin d'éviter l'implosion du capitalisme, par l'instauration d'un système de
redistribution des richesses vers les plus pauvres.
Ce modèle initié par le juriste Pierre Laroque (1907-1997) s’est concrétisé par la création
d’un système de sécurité sociale centralisé, généralisé et global.
Le modèle français est une combinaison des deux précédents. Il conjugue aujourd'hui les
dimensions d’assistance et d’assurance sociales, afin de garantir contre les "risques"
vieillesse, maladie, chômage et famille.
Les Etats-providence et les économies occidentales ont fonctionné ensemble jusqu’à la crise
économique que connaitra l’Europe occidentale à la fin des années 1970. On passera
alors d’une situation d’acceptation de l’Etat-providence, comme condition nécessaire et
facilitatrice au développement économique, à une contestation car le chômage empêchait
les rentrées de cotisations et remettait en cause le financement de la structure de
l’assurance sociale. Toutefois avec la crise sanitaire et économique qu’a connu le monde
ces trois dernières années ce système va connaitre un nouveau souffle
I- L'interventionnisme politique
L'interventionnisme politique est la tendance d'un Etat à intervenir politiquement ou
militairement dans les affaires d'un autre Etat.
Exemple : L’interventionnisme des Etats-Unis en Amérique du Sud.
Dans le domaine international, l'interventionnisme est la théorie selon laquelle des Etats tiers ou
des organisations internationales, ONU par exemple, doivent intervenir militairement dans des
conflits entre deux Etats ou au sein d'un même Etat.
36
SECTION III- L'ETAT GENDARME
L’Etat gendarme désigne une forme de l’Etat qui a été longtemps en vigueur dans le Monde. Il
désigne une forme de l'Etat qui limite ses interventions aux fonctions régaliennes.
Pour Max Weber (1864-1920), l'Etat revendique le « monopole de la violence légitime ». Ses
prérogatives fondamentales sont celles où l'usage de la violence est présenté comme
justifié. Dans la pratique, cela veut dire que, pour Max Weber, l’Etat limite ses actions seulement
aux domaines où la violence est justifiée. Cette violence serait justifiée dans les trois
domaines suivants :
o L’armée et la diplomatie (pour la défense du territoire) ;
o La police (pour le maintien de l’ordre) ;
o La justice.
Pour les libéraux classiques l’action de l’Etat doit se limiter à ces trois domaines de
compétences. Cependant avec les problèmes engendrés par le capitalisme aveugle,
notamment la crise financière, l’Etat a dû se réinventer et se transformer en Etat-
providence. La même chose s’est produite avec la crise sanitaire.
L’Etat unitaire c’est un Etat dans lequel il existe un seul centre de pouvoir, c'est à dire
l’unité du pouvoir de décision. Il se caractérise par la simplicité de sa structure incarnée
dans un seul gouvernement pour tous les citoyens et que les règles de droit sont édictées
par un seul Parlement. Du point de vue juridique, il n'existe qu'une seule personne morale
de droit public : l'Etat avec un seul chef d’Etat et une seule constitution.
Cette forme juridique d’Etat est la plus répandue dans le monde. En France par exemple
l’article 1er de la Constitution parle d’une République indivisible.
Cependant il existe des différences entre les Etats unitaires selon qu’ils sont centralisés
ou décentralisés. Les différentes relations qui s’exercent entre l’Etat et les collectivités
territoriales déterminent, selon leur degré de rapprochement, la forme juridique d’un
Etat, en fonction des compétences attribuées aux collectivités et de la nature des contrôles
effectués par le pouvoir central.
La plupart des Etats unitaires sont fortement centralisés. La caractéristique principale de cette
forme de l’Etat, est que l’Etat assure et garantit à tous les citoyens une loi identique sur l'ensemble
du territoire par la centralisation du pouvoir en un seul échelon. Aussi, l’autonomie des collectivités
territoriales est très réduite. L’administration d’un Etat centralisé implique que toutes les
décisions (politiques et administratives) relèvent du pouvoir central et uniquement de lui.
L’Etat unitaire dispose de deux moyens pour remédier à une centralisation poussée à
l’excès :
II- L’Etat unitaire déconcentré
Cette forme correspond à la volonté de l’Etat unitaire de rapprocher la prise de décision
des réalités locales, tout en conservant le contrôle sur le décideur qui reste un
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représentant de l’Etat central. Dans ce type d'Etat, l’autorité centrale dispose d’un grand
pouvoir sur le territoire national. Le transfert de compétences administratives du pouvoir
central à l’échelle locale ici, est vers des agents nommé par le pouvoir central lui-même et
qui lui sont strictement soumis et non pas à des conseils locaux élus par les citoyens.
La déconcentration correspond donc à un découpage du territoire en circonscriptions
administratives où sont nommés, les représentants de l'Eta, par exemple « Walis et
gouverneurs » au Maroc, qui disposent de compétences et de pouvoirs au nom de l'Etat.
Ainsi, le pouvoir est en partie délégué aux autorités déconcentrées, qui sont des relais
périphériques destinés à faire appliquer les grandes orientations politiques aux instances
hiérarchiquement inférieures.
Dans cette forme d’Etat, les autres autorités déconcentrées ne peuvent aller au-delà des
attributions octroyées par les instances centrales et de leur territoire d'application.
La mise en place d’autorités déconcentrées permet à l'Etat d'être plus efficace à l’échelon local.
Il est en effet plus aisé d’agir directement au sein d’une localité que d’œuvrer au seul niveau
de l’Etat sans être en lien direct avec les problèmes locaux.
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les collectivités décentralisées ne sont pas associées sur un pied d’égalité à l’élaboration
des décisions nationales comme le sont les Etats membres d’une fédération.
Les Etats fédérés disposent d’attributions administratives et juridictionnelles. Ils ont leurs
propres lois et leur propre constitution, cependant participent à l'exercice de l'Etat fédéral
(législation, participation au pouvoir exécutif, etc). Aussi, ils ne disposent pas du droit de
sécession et leur liberté constitutionnelle et législative est limitée car leurs lois et
Constitutions doivent respecter la constitution de l’Etat fédéral.
De ce fait, pour répondre à sa finalité démocratique, le pouvoir doit être en même temps :
Ouvert sur la société : c’est essentiellement la vocation du Parlement ;
Capable par sa puissance propre et son dynamisme d’imposer à cette société
des règles et une ligne de conduite : c’est le rôle du gouvernement.
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Agencement relativement complexe et qui soulève une série de questions :
Qui conçoit cet agencement et l’impose ?
Ensuite quels éléments comporte-t-il ?
Enfin comment ces rouages s’articulent entre eux ?
1- Définition de la constitution
La constitution est la loi fondamentale d'un Etat qui définit les droits et les libertés des
citoyens ainsi que l'organisation et la séparation des pouvoirs. Elle précise le
fonctionnement des différentes institutions qui composent l'Etat : Conseil constitutionnel,
Parlement, Gouvernement, Administration.
La constitution peut être écrite ou coutumière dite coutume constitutionnelle, comme elle peut
être souple ou rigide.
La constitution écrite
Dans cette forme de constitution les règles relatives au gouvernement de l’Etat sont
rassemblées dans un document solennel. Parmi les avantages de la constitution écrite :
La clarté liée à la précision du texte ;
La constitution écrite garantie les droits individuels et les mis à l’abri des
empiétements de la puissance publique ;
La constitution écrite ne pourra être révisée que par un organe destiné pour cette
fonction et par une procédure définie pour l’effectuer.
Les constitutions écrites, ont souvent permis à leurs initiateurs de décrire la nature, le
fonctionnement du régime politique et la légitimité du pouvoir politique. Cela dépend des
périodes, des idéologies, du degré de description qu'on veut donner à ce document solennel.
Ce qui explique une grande variété de constitutions selon leur portée.
Constitution souple
Une constitution est dite « souple » lorsque sa révision peut être opérée par une loi
ordinaire. Ainsi une loi postérieure modifie une loi antérieure. Aussi, il n'y a pas de contrôle de
constitutionnalité.
Constitution rigide
Une constitution est dite rigide lorsque sa révision ne peut être réalisée par une loi
ordinaire « qui n'est pas votée dans les conditions exigées pour réviser la Constitution ».
Par conséquent la Constitution rigide a une valeur juridique supérieure à celle des lois
ordinaires. Il correspond à ce modèle :
La Constitution des Etats-Unis d’Amérique du 17 septembre 1787.
La plupart des Constitutions que se sont données les démocraties modernes.
Les révolutions libérales de 1830 et 1848 en France et en Europe : Une époque qui a
connu l’apparition du régime parlementaire et l'affirmation du rôle du parlement et le
triomphe du principe démocratique « affirmation du suffrage universel ».
La première guerre mondiale : Parmi ses effets un bouleversement des Etats avec une
nouvelle carte politique, par exemple l'effondrement des empires centraux donnant
naissance à la république de Weimar en Allemagne et puis une série de régimes
parlementaires en Europe centrale « Autriche, Pologne, Tchécoslovaquie», avec un
regard plus moderne et l'apparition du parlementarisme rationalisé.
La révolution russe de 1917 qui a donné des présupposés idéologiques très
41
différents de l'idéologie libérale sur laquelle fonctionne le reste de l'Europe.
La seconde guerre mondiale : Là aussi, une carte politique nouvelle, des régimes
emportés par la guerre et la défaite :
- Les pays où se manifeste l'effondrement des régimes fascistes et qui
reviennent à un parlementarisme classique (Italie et Allemagne).
- La France de la 4ème République qui ressemble à la 3ème République.
- Le Japon qui opte pour un régime parlementaire.
- Les pays avec une prise de pouvoir des partis communistes, (construction sur
le modèle communiste).
Le grand mouvement de décolonisation : les Etats nouveaux nés dans les années
1960, et notamment en Afrique. Là on importe surtout les Constitutions des anciens
empires colonisateurs.
Pour l’élaboration de la Constitution, on se tourne vers le peuple qui est appelé à jeter les bases
d’un édifice institutionnel nouveau en exerçant ce que on appelle le pouvoir constituant
originaire. Il existe trois procédés qui consistent à associer le peuple à l’établissement de
la Constitution :
Le premier procédé :
Le peuple est sollicité pour donner son avis sur un texte rédigé à l’avance. C’est le procédé du
plébiscite constituant.
Dans cette modalité, la participation des citoyens est assez illusoire, d’abord le peuple est
tenu à l’écart de l’élaboration même de la constitution. Ensuite son vote est quasiment
forcé dans la mesure où il ne lui est pas laissé d’autre choix que d’approuver en bloc ou
de prendre le risque d’un vide constitutionnel prolongé.
Le second procédé :
Il est demandé au peuple d’élire une assemblée constituante pour élaborer la constitution.
C’est le système de la convention.
Une assemblée constituante prend la forme d'une assemblée de représentants d'un pays
qui a pour mission de rédiger ou d'adopter une constitution ou une modification de
celle-ci.
Dans le cas où l'assemblée constituante n'est chargée que de la rédaction d'un projet,
celui-ci est entériné par le détenteur du pouvoir ou par référendum. Suivant les
circonstances, les membres de cette assemblée peuvent avoir d'autres fonctions
42
institutionnelles ou avoir été désignés expressément pour cette mission.
L’assemblée constituante peut aussi être auto-proclamée, notamment lors d'une crise,
guerre civile, coup d'Etat, invasion. Elle peut aussi détenir ses pouvoirs en vertu de la précédente
constitution, dans ce cas, on parle plutôt de révision constitutionnelle.
Le troisième procédé :
La constitution est établie par le souverain ou par le chef d'Etat. En l'établissant lui-même, il
consent à réglementer l'exercice de son pouvoir. Cette modalité peut prendre deux
procédures :
o La procédure de l'octroi
C’est le cas où le souverain établit lui-même la constitution qu'il accorde au peuple.
o La procédure du plébiscite
Le peuple ici n'exerce la souveraineté qu'en apparence. On va lui demander de
valider le coup d’état ou d'approuver telle ou telle réforme constitutionnelle.
o En France
En France, la procédure de révision de la constitution de 1958 est prévue par la constitution elle-
même en son article 89. Dernière modification est celle du 1 juillet 2020.
L’initiative de la révision revient :
Soit au Président de la République sur proposition du Premier ministre : Il s’agit
ici de projet de révision.
43
Soit aux membres du Parlement : il s’agit dans ce cas d’une proposition
de révision.
a) Elaboration et révision
Six constitutions se sont succédées de 1962 à 2011. En 1908, avant le protectorat français, un projet
constitutionnel non officiel a vu le jour sous le règne de Moulay Abdelaziz.
La première constitution a été adoptée sous Hassan II par référendum le 7 juillet 1962.
Depuis, le Maroc a connu cinq autres constitutions adoptées par référendum : toujours
sous Hassan II, en 1970 et 1972, puis en 1992 et 1996, et enfin sous Sa Majesté Mohammed VI
en 2011. L'initiative de la révision de la constitution appartient : au Roi, à la Chambre des
Représentants et à la Chambre des Conseillers.
44
Le Roi peut soumettre directement au référendum le projet de révision dont il prend l’initiative
(Article 104).
b) Le contrôle de la constitutionnalité
C’est dans le cadre de la première constitution de 1962 que fut créée au sein de la Cour
suprême, une nouvelle Chambre, la Chambre constitutionnelle chargée du contrôle de la
constitutionnalité des lois. Elle avait exercé ses compétences pendant une trentaine
d'années. A l'occasion de la révision de la constitution en 1992, un Conseil constitutionnel a vu le
jour avec des attributions élargies. Pour la première fois, à la différence de la Chambre
constitutionnelle, le Conseil constitutionnel est reconnu compétent pour statuer sur la
constitutionnalité des lois (ordinaires) à côté des lois organiques et des règlements
parlementaires. La constitution de 1996, tout en consolidant les acquis de celle de 1992, a
apporté des changements en faisant passer la composition du Conseil de 9 à 12 membres et en
portant leur mandat de 6 à 9 ans.
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Avec la nouvelle Constitution de 2011, une Cour constitutionnelle fut créée. Elle vient
remplacer le Conseil constitutionnel. Sa mission principale se porte sur le contrôle de la
régularité des élections nationales et référendums, et aussi sur les attributions qui lui sont
dévolues par les articles de la constitution et les dispositions des lois organiques.
« Compétente pour connaitre l’inconstitutionnalité soulevée au cours d’un procès, lorsqu’il
est soutenu par l’une des parties que la loi dont dépend l’issue du litige porte atteinte aux droits et
libertés garantis par la Constitution ». (Article 133).
La séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) est un principe, une théorie et
un concept constitutionnel, fondamental des démocraties représentatives, selon lequel
les trois grandes fonctions de l’Etat sont chacune exercée par une instance bien distincte,
de manière à éviter le despotisme et garantir la liberté de tous les individus. « Lorsque,
dans la même personne, la puissance législative est réunie à la puissance exécutive, il
n’y a point de liberté. De même qu’il n’y a point de liberté si la puissance du juge n’est
pas séparée de la puissance législative et de la puissance exécutive ». (Montesquieu)
Pour Montesquieu, la limitation du pouvoir se fait par le pouvoir : « pour qu’on ne puisse
abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir
». (L’esprit des lois -1748).
Ainsi pour lui, le Parlement devait s’occuper du pouvoir législatif, le chef d’Etat du
pouvoir exécutif, et les juridictions du pouvoir judiciaire.
Ce principe de la séparation des pouvoirs est au fondement de toutes les constitutions
libérales, écrites ou non écrites.
Dans toutes les démocraties, l’Etat est organisé conformément au schéma qu’avait
recommandé Montesquieu dans « L’esprit des lois » (1748) et qui consiste à répartir les
attributs de la souveraineté entre trois autorités distinctes :
La puissance législative réservée à un corps de représentants choisis par le peuple ;
La puissance exécutrice déléguée à une ou quelques personnes
(gouvernement) ;
La puissance de juger confiée à des magistrats indépendants, mais astreints
à appliquer strictement la loi.
Mais si l’ensemble de ce système a été conservé, ses éléments ont subi certaines
modifications sous l’effet conjugué de l’universalisation du suffrage et de l’accroissement du
rôle de l’Etat dans les sociétés modernes. On a ainsi assisté à quelques glissements
d’attributions, de sorte que sous des appellations inchangées chacun des pouvoirs décrit
par Montesquieu recouvre aujourd’hui une réalité sensiblement différente.
Il existe trois grands types d’organisation du pouvoir exécutif d’inspiration très différent
Dans cette formule, la plus simple, la direction de l’Etat est dévolue à une seule personne,
le Président qui cumule les fonctions de représentation et de gestion. C’est le cas des Etats-
Unis dont la Constitution déclare : « le pouvoir exécutif sera confié à un président des Etats-Unis
d’Amérique » (Article 2, section 1).
Dans les Etats ayant gardé la monarchie, on a adopté une structure bicéphale de
l’exécutif. Le bicéphalisme caractérise un pouvoir exécutif dont les compétences sont
partagées entre le chef de l'Etat (Roi ou Reine) et le chef de gouvernement sans préjuger
de l'importance respective de l'un ou de l'autre.
Les liens entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif sont de trois types :
o Premier type : S’il y a une relation d’indépendance cela donne lieu à un régime
présidentiel : c’est un régime ayant adopté une séparation stricte des
pouvoirs.
Dans ce régime le Parlement et l’exécutif sont séparés, théoriquement sans
prise l’une sur l’autre. Exemple : Les Etats-Unis.
Par contre en France et au Maroc, il existe une indépendance directe entre le Parlement et
le juge. Le Parlement n’intervient pas dans l’application des lois, mais c’est au juge de
trancher. Il est libre dans son application des lois.
o Le bicaméralisme
Dans bon nombre de régimes constitutionnels, le Parlement est encore divisé en deux
Chambres, ce mode d’organisation peut prendre plusieurs formes qui ne
correspondent ni aux mêmes réalités, ni aux mêmes préoccupations.
o Le bicaméralisme fédéral
Il est lié à la structure même de l’Etat et à la nécessité de trouver un équilibre entre les
intérêts de la fédération toute entière et ceux de ces collectivités composantes.
Exemples : Le Sénat aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, le Conseil en Suisse.
o L e bicaméralisme politique :
Ainsi dénommé parce que dans les Etats unitaires l’existence d’une Chambre haute
répond généralement à une inspiration d’ordre politique, en l’occurrence au souci de
tempérer l’orientation progressiste de la Chambre basse.
La durée du mandat
La périodicité moyenne : la plupart des démocraties occidentales renouvellent leur
assemblée populaire tous les 4 ans ou 3 ans.
FIN
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