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COURS D’INTRODUCTION A LA SCIENCE POLITIQUE

Cet enseignement aborde la science politique au travers des concepts


fondamentaux du pouvoir. Il situe la discipline, son histoire ancienne et récente
ainsi que ses fondements épistémologiques, puis, approfondi des notions
cardinales (Pouvoirs, politique, Etat) et présente les principaux régimes
politiques comme la démocratie, le totalitarisme et l’autoritarisme. A chacune de
ces étapes, dans une vue pédagogique, la réflexion articule des éléments
provenant de l’histoire, de la sociologie, de la philosophie, du droit, de
l’anthropologie… Le cours permet ainsi d’initier à certaines grandes œuvres de
sciences sociales (Durkheim, Weber…) et au maniement de concepts de base
(légitimité, charisme).

Il faut dire que la politique a entamé depuis longtemps sa séparation de la


morale. Mais elle semble ne pas être en mesure d’achever ce processus. De toute
façon, la rupture s’approfondit irréversiblement entre ces deux notions.
Parallèlement, la politique est appréhendée à travers des repères
méthodologiques rationnels. La science ou la sociologie politique constitue en
effet un ensemble d’outils et d’observation et d’étude des faits politiques. Mais,
le caractère polysémique de la locution «politique » pose une problématique
fondamentale liée à la définition du terme lui-même et également à l’objet de la
discipline.

A la fin de ce cours, l’étudiant devrait pouvoir maitriser les concepts de base qui
constituent cette science ; Il devrait être capable de présenter sans aucune
difficulté l’évolution historique de la science politique dans le monde. Par
ailleurs, compte tenu de l’importance de cette matière, il devrait savoir que la
science politique quoi qu’on en dise traite essentiellement de l’Etat et du pouvoir
politique. Enfin, il devrait pouvoir développer un esprit d’observation, de
compréhension et d’analyse des phénomènes politiques.

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Une telle étude se fera en thèmes pour faciliter leur assimilation et leur
manipulation par votre esprit scientifique. Ainsi, on aura tour à tour les thèmes
suivants :

 Qu’est-ce que la science politique ?


 Qu’est-ce que la politique ?
 Les obstacles épistémologiques
 Le concept de pouvoir
 Le peuple comme source de pouvoir et le problème de la représentation
 Le parlement et ses fonctions
 La connaissance cumulative
 Le concept de consensus en science politique
 Les partis politiques

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THEME 1 : QU’EST-CE QUE LA SCIENCE POLITIQUE ?

La définition d’une discipline scientifique comporte deux exigences : d’une part,


situer la nouvelle discipline à la fois dans l’espace, des objets ou des pratiques
(en identifiant quel l’objet on retient, et quels objets on délaisse) et dans l’espace
des savoirs (donc raconter les liens et les tensions avec les autres disciplines plus
ou moins voisines ; d’autre part, situer la discipline dans le temps c’est-à-dire
raconter sa dynamique interne, son évolution, son développement.

SECTION 1 : L’EDIFICATION HISTORIQUE DE LA SCIENCE


POLITIQUE

La réflexion sur la politique n’est pas une activité nouvelle. On la trouve dès la
Grèce antique. Mais l’objet de cette réflexion, sa forme et ses méthodes ont
profondément changées à partir de la seconde moitié du XIX e siècle. Dans le
sciage des autres grandes sciences sociales (économie, sociologie,
anthropologie…) son affirmation date du XX e siècle où l’on lui reconnait une
certaine objectivité scientifique et une rigueur méthodologique. Cependant
comme discipline, sa construction fut lente et difficile.

Paragraphe 1 : La lente construction de la science politique.

C’est une science ancienne. On la trouve déjà chez Platon et Aristote, puis au
XVIIe siècle chez Thomas Hobbes (1588-1679) ou dans la science nouvelle de
Giambattista Vico plus tard chez Montesquieu et Alexis de Tocqueville.

A. Le Primat originel de la philosophie politique :

De nos jours, la science politique fait débat où s’entremêlent les idées des
sociologues du politique et les philosophes du politique d’où une histoire
tourmentée de la discipline : la réflexion sociale s’impose de l’antiquité au
moyen âge.

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1. Platon : Né dans une famille aristocratique, proche du régime des trente
tyrans (428/347 avant JC) élève de Socrate, (vers 470-399 avant JC), est
frappé par les troubles sociaux. Il garde une aversion pour la démocratie
qui a condamné à mort son maître en 399. Sa pensée intéresse
principalement la philosophie mais traite aussi les faits de la société.

En effet, Platon, fondateur de l’académie (une école destinée à former les


hommes d’Etat) se préoccupe aussi de politique, au sens étymologique du terme
(polis, la ville).

Sa pensée est d’abord idéaliste : la réalité, le monde sensible, ne sont que le


reflet d’un monde préexistant, celui des idées du beau, du juste, du vrai. Dans la
république et les lois, Platon décrit la cité idéale et les moyens d’y parvenir.
Platon croit à l’idée de justice, vertu de la justice dans une cité parfaite. Il pense
que l’oligarchie, la démocratie ou la tyrannie sont des régimes ‘‘décadents’’. Il
préconise la séparation des fonctions : les uns seront artisans (économie) les
autres guerriers, les sages… Une cité juste qui respecterait la division du travail.

2. Aristote : Elève de Platon à l’académie, Aristote (384-322 avant JC) en


est aussi le principal contradicteur. Fondateur d’une autre école en 335,
(le lycée, appelé aussi l’école Péripatéticienne parce que Aristote
enseignait en marchant), il rédige une œuvre qui abordent tous les
domaines, dont les fondements de la vie de la cité ; il faut retenir
l’Ethique à Nicomaque et le politique, dans lesquelles, Aristote considère
la constitution d’une cité comme un phénomène naturel. Il ne sépare pas
la politique de la morale (la science des mœurs telles qu’elles doivent
être). Aristote analyse la société en définissant les communautés qui la
composent. La première association qui est naturelle est la famille, fondée
sur l’union de l’homme et la femme d’une part, du maître et de l’esclave
de l’autre. L’ordre social doit reproduire les inégalités naturelles
d’intelligence.

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Ce qui nous intéresse ici c’est qu’Aristote fait déjà de la sociologie politique
(science politique) et non plus seulement de la philosophie politique. Sa
réflexion philosophique se fonde en effet sur l’examen des conduites
effectives et de la réalité sociale. Elle s’appuie sur des recherches concrètes,
très variées et très étendues, conduites dans un esprit d’observation
scientifique. A la différence de Platon, Aristote emploie une méthode non pas
abstraite et déductive, mais comparative et inductive. Sa doctrine politique
(la politique) il l’étaye par l’étude systématique des régimes politiques
existants. En rédigeant une série de nomographies sur les constitutions de
158 cités grecques et étrangères, dont une seule (la constitution des
athéniens) nous est parvenue. La démarche intellectuelle d’Aristote reste
surtout philosophique. Les meilleures formes de gouvernement étant celles
qui répondent le mieux à l’ordre naturel. Il en distingue trois qui ont chacune
leur dérive : monarchie et tyrannie ; Aristocratie et Oligarchie, le
gouvernement idéal, celui qui assure une vie parfaite et heureuse est
finalement celui qui répond le mieux aux exigences de la démographie (taille
de la population), de la géographie (territoire, climat) et la hiérarchie
naturelle des êtres.

3. Saint Augustin : Pour lui, toute société est à la fois une cité terrestre,
caractérisé par le vice, l’injustice, le péché, la violence ; Elle rassemble
les individus qui excluent Dieu de leur existence, et une cité céleste qui
réunit ceux vivent dans l’amour exclusif de Dieu et leurs garantit paix et
félicité.
4. Machiavel (1469-1527) : La science politique ne renait vraiment qu’au
sortir du moyen âge avec Machiavel dans ses deux œuvres maitresses :
« les discours sur la premières décade de Tite Live et surtout le Prince ».
Cette œuvre de circonstance, que ce courtisan dédie à Laurent II de
Médicis pour rentrer en grâce, constitue, en même temps une aventure

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épistémologique. Elle créée véritablement la science politique en lui
donnant son objet, la méthode et presque ses lois. C’est Machiavel qui
identifie l’objet de la science politique. Le Prince fonde l’autonomie de la
connaissance politique. L’Etat est l’objet central de son étude. Mais, si
l’Etat est le cadre d’analyse permanent, la réflexion forte au sein de cet
Etat, sur la conquête de l’exercice du pouvoir. Le Prince est une enquête
sur le pouvoir, son obtention, son maintien, son accroissement, sa perte.
C’est une étude clinique du pouvoir, de son anatomie et de sa pathologie.

Modernité de l’objet, mais aussi modernité de la démarche. Machiavel accomplit


le saut qui fait passer de la philosophie politique à la science politique. Et ce saut
est un saut méthodologique. Au sortir du moyen âge, il fallait imposer le
positivisme et l’objectivisme méthodologiques car la Renaissance c’est d’abord
la naissance de l’esprit critique, l’émancipation intellectuelle, la scission du
divin et de l’humain. Ici, Machiavel se pose en observateur, non en philosophe,
en témoin, non en juge. Il peint les hommes politiques tels qu’ils sont, non tels
qu’ils devraient être. Le Prince est un constat, un procès-verbal. Il fonde la
politologie positive. La science politique devient une discipline descriptive et
non plus normative. Il se met à l’école des faits. Loi scientifique non morale qui
régit les faits sociaux.

- Au moyen âge : la réflexion est dominée par les références religieuses et


théologiques : les penseurs de cette approche furent Saint Augustin et
Thomas d’Aquin.
- Avec Machiavel, (1469-1527) l’on réalisera une véritable révolution en
affirmant que la politique est indépendante de la morale et de la région et
qu’elle doit être analysée en elle-même. Jusqu’au milieu du XIXe siècle,
la philosophie politique domine complètement la science politique.
- La seconde moitié du XIXe siècle est marquée par la prétention à
l’instauration d’une science pure et parfaite à travers des courants

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théoriques comme le scientisme et le positivisme : La philosophie
politique sera trop spéculative et trop prescriptive.

B. Le primat institutionnel du Droit Public

Une des caractéristiques majeures de la science politique française est la


proximité historique très grande avec le droit. Il s’agit là une relation
particulièrement ambivalente.

 L’emprise historique du Droit Public :

L’évolution d’une administration professionnelle et structurée à amener l’Etat à


être plus interventionniste aussi l’on a parlé d’ «Etat Social » (achèvement de
l’Eta-Providence) ce qui a conduit au développement de la science
administrative, l’on doit noter que cette science sera (partagée) influencée par le
droit constitutionnel et le droit administratif. Cette proximité aura deux
questions :

5. Le droit public lègue à la science politique une vision normative de


l’Etat : l’Etat est compris comme un ensemble complexe de normes et de
règles officielles indépendamment des comportements réels, des normes
sociales largement implicites
6. Le droit lègue une vision institutionnaliste du politique

Aussi, a-ton-noté que certains pays ont eu des avancées significatives dans
l’édification de la science politique notamment par la création des instituts et des
Ecoles d’enseignement de ladite science. C’est le cas par exemple des Etats-
Unis d’Amérique, de la Grande Bretagne, de l’Allemagne et de la France.

 Etats-Unis 
7. En 1880, fut la création de la School of Political Science par John
Dungers
8. En 1886 : Publication de la revue political science par John Dungers

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9. En 1887 : Création de l’Université de Science Politique
10.En 1903 : Création de l’American Political Science association
11.En 1906 : publication de l’American Political science publié par
l’association
12.Apparition de la méthode quantitative dans l’analyse politique
13.En 1932 réalisation des premiers sondages.
 En Grande Bretagne
14.Emergence de la science politique entre les 02 guerres
15.Publication de l’ouvrage de HERMN FINER sur les acteurs politiques
16.Publication de methods of social learning de SIDNEY and BEATRICE
17.Publication de l’ouvrage d’HAROLD LARSKY sur les problèmes
politiques
 En Allemagne
18.L’utilisation des travaux sociologique de MAX WEBER
19.La vulgarisation des sciences sociales dans les universités allemandes
20.Les débats sur la démocratie et le système politique allemand
21.La création de l’université de FRANCFORT en 1930
 En France
22.1870 : Création de l’école libre des sciences politique, aujourd’hui Institut
d’Etudes Politiques de Paris
23.1886 : Création de la revue les annales de l’école des sciences politiques
24.La revendication de la science politique par les juristes
25.1949 : Naissance de l’association française des sciences politiques
26.1951 : Création de la revue française des sciences politiques

C. Le primat actuel de la sociologie politique

L’approche sociologique est une approche qui a toujours été brandie par des
grands sociologues. Selon cette approche, les unités globales de la société sont
indispensables dans l’analyse politique. Autrement dit, le phénomène politique

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ne peut être mieux analysé que s’il est en relation avec les autres domaines
sociaux (domaine culturel, religieux, économique…).

Paragraphe 2 : La lente reconnaissance de la science politique

A.La reconnaissance académique :

Le développement de la science politique est passé par 3 étapes successives :

 La première étape de l’institutionnalisation (1850-1930)


a) Les conditions de naissance de la science politique
27.Conditions intellectuelles : Séparation de la politique avec la religion et la
morale à partir de Machiavel, la séparation de la politique et de
l’économie à partir d’Adam Smith et la séparation de l’Etat et de la
société civile à partir de Hegel.

SECTION 2 : LES CONTOURS ACADEMIQUES DE LA SCIENCE


POLITIQUE :

Dernière venue parmi les sciences sociales, la science politique est confrontée
comme les autres sciences humaines au problème de la « construction de son
objet », mais aussi à la question de la méthode.

Paragraphe 1 : La question des objets :

L’objet permet de distinguer une science des autres.

A. LES OBJETS DE LA POLITIQUE :

Toute discipline est vivante ; cela signifie que ses objets naissent, se
développement et disparaissent, remplacer par d’autres. Aussi, on dira que la
science la science politique repose essentiellement sur l’objet de son étude. Elle
fait référence à deux conceptions fondamentales :

28.Conception de nature juridique dont la notion d’Etat est le support

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29.Conception de nature sociologique axée sur la notion de pouvoir. Alors,
Science politique sera étudiée sous l’angle de la science de l’Etat ou
science du pouvoir ?

B. L’OBJET PROPREMENT DIT DE LA SCIENCE


a) La science politique ou la science de l’Etat

Maurice DUVERGER estime en effet que cette perception de la discipline est à


la fois la plus ancienne et la plus proche du sens commun. La cité « polis », qui
s’est transformé en « Etat nation » est l’objet fondamental de la science
politique. Cette conception donne une part importante à la notion de
« souveraineté » dans la mesure où le fait de supposer la science politique
comme étant une science relative à l’Etat et en considérant l’Etat comme un type
de communauté le plus fortement organisé et le mieux intégré, débouche sur un
constat particulier :

30.L’Etat serait une sorte de société parfaite mais dépendant d’aucune autre
et dominat toutes les autres.

Pour le tenant de cette conception, les phénomènes politiques se réduisent à


l’organisation et au pouvoir de l’Etat. Léon DUGUIT estime que les
phénomènes politiques sont ceux qui se rapportent à l’origine est au
fonctionnement de l’Etat. Cette conception se nourrit clairement de l’hégémonie
du Droit Public sur la Science Politique. Elle est représentée par Georg
JELLINECK, Marcel PRELOT, Jean DABIN, Roger Henri SOLTAU, Alfred
GRAZIA.

b) La science politique est la science du pouvoir

Cette conception est fondée sur le rejet de la supériorité de la collectivité


publique notamment la souveraineté de l’Etat, considérée comme une idéologie,
et non comme une réalité. Le tenant de cette école (Max WEBER, Harold D.

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LASSWELL, Robert DAHL, Raymond ARON, Georges BURDEAU…)
considèrent que le phénomène de pouvoir et, par conséquent de politique, est
intrinsèque à toute collectivité organisée.

Georges BURDEAU précise que le caractère politique est celui qui s’attache à
tout fait, acte ou situation, en qu’ils traduisent l’existence dans un groupe
humain des relations d’autorité et d’obéissance établies en vue d’une fin
commune.

La particularité du pouvoir de l’Etat par rapport à celui des autres groupes aux
collectivités ne doit être considérée a priori c’est-à-dire que sa nature
transcendante ou souveraine ne doit tenir lieu d’une hypothèse dogmatique mais
qui reste à prouver.

Léon DUGUIT propose un modèle de rapports de pouvoir au sein d’une


collectivité qui découlent de la distinction entre gouvernants et gouvernés. Le
pouvoir serait ce phénomène qui permet aux gouvernants d’obtenir l’adhésion et
la soumission des gouvernés. Mais cette conception implique deux difficultés
majeures :

1. Ce serait une hypothèse erronée de considérer toute relation sociale


inégalitaire comme relation de pouvoir. Maurice DUVERGER affirme que le
pouvoir est différent de la simple influence et le terme pouvoir doit être
reversé à une catégorie particulière d’influence ou puissance : Celle qui est
conforme au système de normes et de valeurs du groupe et qui est donc tenue
pour légitime.
2. Les relations qui sous-tendent les collectivités et les groupes sont fondées sur
le pouvoir et l’activité politique serait une quête continue de pouvoir et
d’influence au sein d’un groupe ou d’une collectivité, c’est-à-dire de
relations forcement inégalitaires. cet argument doit être nuancé dans la
mesure où la société est régulée par des normes générales et abstraites et à
des fins d’ordre et de justice.
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C. LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE

Comme toutes les autres disciplines des sciences sociales, la science politique
emprunte les méthodes, les techniques et les instruments d’analyse. Pour étudier
un phénomène politique, elle procède donc par l’observation, l’expérimentation
et l’interprétation objective. Observer, c’est jeter un regard sur l’environnement
qui nous entoure. Expérimenter, c’est procéder à une reproduction d’un
phénomène en vue de vérifier sa récurrence. Interpréter, c’est confronter les
résultats obtenus aux hypothèses de départ en vue d’en dégager des lois devant
servir de théories à la connaissance.

La question de la méthode se pose sur deux paliers : privilégier les faits et


valeurs d’une part ; expliquer ou comprendre d’autre part.

1. Privilégier les faits et valeurs :

Il s’agit :

31.de comprendre la tradition du normativisme c’est-à-dire le meilleur


régime souhaité par Platon et Aristote et;
32.La tradition de l’empirisme : c’est-à-dire l’exaltation des faits, l’obsession
des techniques et les limites de l’empirisme.
2. Expliquer ou comprendre

L’explication ou la compréhension, se déclinent ici sur deux paramètres


sociologiques : la sociologie explicative et la sociologie compréhensive.

En définitive, à la question de savoir qu’est-ce que la science politique ? Nous


disons que c’est une science qui étudie l’Etat, le pouvoir, mieux les phénomènes
politiques. Elle procède par l’observation, l’expérimentation et l’interprétation
objective des phénomènes.

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THEME 2 : QU’EST-CE QUE LA POLITIQUE ?
Définir le concept ou les concepts « politiques » n’est du tout une chose aisée,
car chacune de ses composantes est elle-même frappée de polysémie (chaque

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terme recouvrant plusieurs contenus et impliquant plusieurs valeurs). Ainsi le
mot « politique » révèle tellement d’usages différents qu’il apparait impossible
d’unifier ceux-ci derrière une définition même générique (Section 1). Comme
domaine, l’étendue de la politique s’avère extrêmement discutable notamment
parce qu’elle varie selon l’espace et le temps (Section 2).

SECTION 1 : L’IMPOSSIBLE UNITE DE LA POLITIQUE

La pluralité des usages du mot « politique » souligne non seulement l’extrême


diversité des sens du mot, mais aussi leur hétérogénéité (A). Cela annonce
l’impossibilité de définir la politique (B).

Paragraphe 1 : La politique : La pluralité des usages

Un objet n’est politique qu’en raison d’une construction historique, linguistique


ou sociale.

1. Les usages courants :

L’on distinguera les usages normatifs et descriptifs et ceux génériques et


spécifiques.

 Usages normatifs et descriptifs :


33.Usage normatif : « L’art de tromper les hommes » (D’ALEMBERT) (cet
homme est un fin politique)
34.Usage descriptif : renvoie à l’univers de l’administration d’un domaine
de la gestion d’un ensemble. « Parler de la politique africaine de la
France, de la politique sociale ».
 Les usages génériques et spécifiques : Le critère retenu ici est,
non l’existence d’un synonyme, mais l’étendue de ce qui recouvre
le terme politique qui peut varier :

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35.en premier sens, politique recouvre l’ensemble des affaires publiques par
exemple « l’affaire du foulard islamique n’est pas religieuse mais
politique »
36.en deuxième sens, politique désigne le fait de gouverner une société
humaine
37.en troisième sens, politique comme manière de gouverner
38.en quatrième sens, politique désigne une tactique, une stratégie, un
ensemble de techniques.
39.en cinquième sens, politique désigne l’administration ou la gestion d’un
domaine.

Le terme politique comporte plusieurs définitions et significations.


Etymologiquement, il est issu du mot « polis » c’est-à-dire « cité» dans la Grèce
antique, voire du terme « politeia » c’est-à-dire la manière dont la cité est
organisée le pouvoir en son sein est structuré. Une autre difficulté se dégage de
l’usage du terme « politique » de nature androgyne c’est-à-dire que peut être fait
au masculin est au féminin.

40.Au masculin : le politique signifie tout d’abord l’homme politique. Mais


ce n’est cette acception du terme qui l’oppose à l’expression considérée
au féminin ; le politique signifie aussi l’image que la société avait d’elle-
même, notamment la « totalité », le lieu de la totalité du lien social, de la
cité ou de la communauté.

Plus précisément, l’ensemble des structures induites, des relations d’autorité et


d’obéissance établie en vue d’une fin commune.

41.Au féminin : La politique signifie en premier lieu, l’ensemble des actions


que les gouvernants ou les autres actuels sociaux entreprennent en vue de
prendre des décisions, d’influencer le processus de prise de décision, ou
d’occuper des postes de responsabilité. C’est-à-dire la traduction

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dynamique de tous les phénomènes impliqués par la conquête de
l’exercice du pouvoir.

La politique peut prendre un sens neutre : celui de « gestion » c’est-à-dire un


ensemble de mesures techniques, juridiques et financières en vue d’agir sur un
secteur déterminé ou de traiter un problème précis.

La politique peut également être comprise comme une stratégie, un ensemble


d’actions successives tendant vers un but déterminé.

Dans un usage bien particulier, la politique prend un sens péjoratif. Jean Paul
SARTRE a rendu célébrai l’expression « je mange, je bois, je ne fais pas de la
politique ».

L’expression « politique » dans un sens extrême, veut aussi dire hypocrisie ou


machiavélisme.

THEME 3 : LES OBSTACLES ÉPISTÉMOLOGIQUES

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Pour Bachelard, lorsqu'on envisage les conditions psychologiques du progrès
de la science, on arrive bientôt à cette conviction que c'est en termes d'obstacles
qu'il faut poser le problème de la connaissance scientifique. Pour parvenir à la
vérité scientifique, le chercheur doit surmonter les causes de stagnations, de
régressions et d'inertie que nous appellerons les obstacles épistémologiques.
Ces erreurs empêchent le chercheur d'accéder à la connaissance scientifique. Il
en existe plusieurs dont voici les principaux obstacles à retenir :
 L’illusion de l’empirisme et du savoir immédiat : Celui-ci constitue
selon Bachelard l'obstacle premier. Il est dû à une fascination du réel et de
l'immédiat, alors que cela ne peut aucunement procurer un appui sûr. Le
chercheur doit éviter de prendre pour agent comptant l'opinion commune :
l'opinion des journaux. Très souvent, l'on juge les phénomènes sociaux et
politiques en fonction de son appartenance tribale, ethnique, religieuse et
sociales etc ..... on parle alors d'ethnocentrisme pour désigner cette
attitude à tous ramener à soi «. Pour fauteur, tout chercheur devrait revenir
au rationalisme appliqué, en procédant par la construction de l'objet et
l'administration de la preuve.
 La tentation de l’explication unique : Il s’agit d'éviter l'attitude à
vouloir expliquer un fait politique à travers un seul facteur ou une seule
explication. L'analyse scientifique est une analyse plurifactorielle. L'on
doit tenir compte à la fois de la diachronie (le passé) et de la synchronie
(le présent). On doit tenir compte de la dimension verticale et de celle
horizontale. Il faut enfin expliquer un fait à travers plusieurs facteurs
complémentaires pour rend/te compte de la totalité de la réalité.
Exemple : on ne saurait expliquer la pauvreté de l'Afrique uniquement par le
fait colonial.

 L’inter-causalité. Cet obstacle pose le problème de l'inter-influence des


structures et des comportements. Il faut éviter de croire que l'influence

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entre deux structures ou entre deux personnes est univoque. Car, il est
prouvé que, de même que le maître influence son élève, l'élève influence
aussi le maître. De même que l'enseignant influence l'enseigné, de même
que l'enseigné influence l'enseignant. Les hommes instituent la loi, mais
après cela, cette loi structure à son tour leurs comportements. Les
variables sociales s'influencent donc réciproquement.
La subjectivité ; c'est un obstacle majeur et très ancré chez les chercheurs. Il est
difficile de s'en détacher complètement. La subjectivité traduit cette attitude à
faire de l'analyse en y mêlant ses goûts, ses préférences culturelles et
philosophiques, ses choix personnels et sa dimension affective et passionnelle.
Le savoir pour être universelle et communicable, doit être anonyme. Pour
l'éviter, le chercheur doit opérer « sa propre psychanalyse». Cependant, la
subjectivité n'est pas toujours négative. Cela est d'autant plus vrai, qu'il est
important d'avoir en société une certaine intersubjectivité.

Images et réalité des images : c'est un obstacle très important en science


politique. Ici tout chercheur doit faire la distinction entre sa subjectivité, la
réalité objective du phénomène étudié et l'image qu'il possède de ce phénomène.
On comprend donc que tout chercheur dans son étude ne doit pas confondre
l'image construite d'un phénomène et la réalité objective du même phénomène.
L'exemple communément pris est celui du Général De Gaulle qui lança l'appel
depuis Londres pour la libération de la France et la résistance contre l'ennemi.
C'est un fait objectif. Mais alors, à la sortie de la guerre soldée par la victoire
française, De Gaulle est présenté comme le sauveur ou l'homme providentiel
auquel la France devrait recourir chaque fois qu'elle est en crise. Ici, on ne peut
hésiter de parler d'une image construite. Cette construction sera cependant au
cœur de son retour en 1958 au Pouvoir.

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Eu égard à ce qui précède, il est clair que l'élaboration de la connaissance
scientifique n'est pas aisé. Pour Bachelard, quand il se présente à la culture
scientifique, r esprit humain, n'est jamais jeune, il est même très vieux, car il a
'âge de ses préjugés. Pour lui accéder à la science, c'est spirituellement rajeunir.
Le chercheur doit donc opérer une rupture épistémologique (rompre avec les
préjugés). Il doit être le photographe de la réalité et le secrétaire de
l’observation. Max weber dira quant à lui que le chercheur à défaut, doit
observer une neutralité axiologique (être neutre avec les valeurs).

THEME 4 : LE CONCEPT DU POUVOIR


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Selon Max WEBER, le concept de « pouvoir »  (Macht) est sociologiquement
« amorphe » c’est-à-dire qu’il est vague, indifférencié, peut rigoureux. En effet,
peu de mots sont aussi surchargés des significations et de connotations
différentes.

Les mots grecs : Archès et Kratein : Parmi les termes dont les grecs se sont
servis pour désigner le pouvoir, nous en retiendrons deux : Archès et Kratein.

42.Archès renvoie à une approche institutionnaliste du pouvoir que le droit à


toujours privilégié.
43.Kratein, Kratos : renvoie davantage au pouvoir de quelqu’un sur
quelqu’un.
 Les mots latins : chez les romains nous trouvons à nouveau deux
termes fondamentaux pour désigner le pouvoir (la potestas et
l’auctoritas) que Cicéron nous invite à distinguer lorsqu’il écrit :
« Cum potestas, in populo auctoritas in senatu, sit) traduction
(tandis que le pouvoir réside dans le peuple, l’autorité appartient au
Sénat ou « potentia ou potere », le fait d’être capable.

L’auctoritas ne renvoyait pas aux normes mais à une qualité d’origine divine.

Une fois ce terrain lexicologie balisé, il faut approfondir cette notion


envisageant tour à tour la nature du pouvoir et la spécificité du pouvoir
politique.

SECTION 1 : LA NATURE ET POUVOIR

sur quel terrain décide-t-on aborder le problème ?

Paragraphe 1 : L’essence personnelle du pouvoir

Il y’a trois questions qui nous revient à poser ici :

44.Premièrement, celle qui revient à poser l’existence d’une nature abstraite


et immuable du pouvoir ;

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45.deuxièmement, cela suppose que le pouvoir est une entité susceptible de
possession, de détention ;
46.Troisièmement, le pouvoir revient toujours à des êtres hors du commun
qui possèdent intrinsèquement des qualités ou une naissance particulières.

A. La tradition de sacralisation du détenteur du pouvoir :

Historiquement, le pouvoir fut saisi, arraché, occupé mais pas confié à l’issue
d’une volonté politique affirmée. Il était donc difficile de soutenir qu’on aimait
le roi parce qu’on l’avait choisi.

Le christianisme jouera un rôle considérable dans la sacralisation des détenteurs


du pouvoir. Ce n’est pas seulement qu’il tend stratégiquement à confronter les
pouvoirs en place (« rendez à César ce qui appartient à César », avait déjà pour
but de souligner que les chrétiens ne contestaient le pouvoir de Rome,
contrairement aux Pharisiens) ; cela tient surtout sa doctrine d’une origine divine
de tout pouvoir. « Omni protestas a Deo) affirme Saint Paul. Très vite, celui qui
exerce le pouvoir sera considéré comme l’élu de Dieu, celui qui par ses qualités
personnelles et naturelles exceptionnelles, manifeste une dimension divine.
L’historien allemand Ernst KANTOROWICZ est allé beaucoup plus loin en
démontrant que la conception moderne du pouvoir procédait directement d’une
importation de la théologie (Roi a un corps mystique d’un côté et un corps
politique de l’autre côté).

B. Les prolongements contemporains

La thèse de l’essence personnelle du pouvoir connait deux formes de


prolongement : l’un au plan normatif ou théorique, l’autre au plan descriptif ou
analytique Tous deux n’ont pas la même valeur :

47.Au plan théorique, le pouvoir est conçu et vu comme un attribut, une


substance, une chose susceptible de possession, de détention ou
appropriation (j’ai le pouvoir ou il a le pouvoir).
21
48.Au plan analytique, Max WEBER nous présente ses trois fondements de
pouvoir
 La domination traditionnelle : repose sur le poids de la tradition,
l’autorité du passé, la croyance dans le caractère sacré des coutumes (le
monarque héréditaire.
 La domination charismatique : repose sur les vertus héroïques, les
qualités extraordinaires du détenteur du pouvoir.
 La domination légale rationnelle : fondée sur la croyance en la validité
des règles rationnellement établies et sur la loi. C’est le pouvoir détenu
par les autorités gouvernementales.

Paragraphe 2 : La nature stratégique du pouvoir

Il s’agit ici de l’œuvre de Michel FOUCAULT et de Michel CROZIER.

A. Le pouvoir comme « gouvernement » du comportement (Michel


FOUCAULT).

FOUCAULT pour lui, le pouvoir et diffus et complexe, le pouvoir signifie


gouverner les conduites individuelles.

B. Pouvoir comme interaction stratégique (Michel CROZIER)

CROZIER est l’un des grands sociologues français qui puise largement son
inspiration dans la sociologie américaine classique (courant de
l’intercationnisme). CROZIER permet de saisir concrètement le pouvoir, autres
mérites est la relativisation et la distinction entre les acteurs centraux du milieu
décisionnel et les acteurs supposés périphériques.

SECTION 2 : LE POUVOIR POLITIQUE

Comme phénomène courant, le pouvoir se rencontre dans la famille, les Eglises,


les entreprises, les écoles etc.

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Paragraphe 1 : Les formes du pouvoir politique

A. La multi dimensionnalité du pouvoir :


1. Approche pluridimensionnelle : Thomas Hobbes fut le premier à
concevoir la mécanique de ce pouvoir. Ensuite suivront Max WEBER et
Robert DAHL.
2. Approche bidimensionnelle : avec les auteurs tels que Peter
BACHRACH et Morton BARATZ, pour eux le pouvoir à deux faces, une
visible et l’autre invisible.
3. Approche tridimensionnelle : avec Steven LUKES.

B. Le jeu du pourvoir

Il s’agit de deux approches : l’approche intentionnaliste et l’approche


structuraliste.

Paragraphe 2 : Les composants du pouvoir politique

Le pouvoir ne devient politique que s’il présente quelques caractéristiques


importantes donc la principale est l’existence d’une légitimité.

49.Pouvoir et légitimité : Tout pouvoir, même légal recherche de manière


effrénée une certaine légitimité. La légitimité permet de répondre à la
question de savoir au de quoi une personne commande une autre et on lui
obéit. L’investiture est un moyen permettant de rendre légitime un
pouvoir.
Tout pouvoir prétendant faire l’économie de l’investiture n’est pas
acceptée comme légitime. En Europe tout comme dans l’Afrique
traditionnelle, l’investiture revêt une dimension sacrée. Le sacré ici joue
un double rôle : légitimer le pouvoir et tracer les limites de ce pouvoir.

23
A. Les principales caractéristiques du pouvoir.
50.Le pouvoir politique doit être distingué du pouvoir social. Pour que le
pouvoir devienne politique, il faut donc qu’une société reconnaisse un
espace propre au politique
51.Le pouvoir politique est avant tout une affaire de représentation
symbolique.
52.Le pouvoir politique suppose une permanence et il doit être un
phénomène collectif
53.Le pouvoir politique mobilise différents types de ressources.

B. La composante centrale : La légitimité

Le pouvoir politique repose fondamentalement sur la légitimité. Pour


BOURLAMAQUI, la souveraineté est le droit de dirigé les actions des membres
de la société avec le pouvoir de contraindre ; droit auquel tous les particuliers
sont obligés de s’y soumettre sans résistance. A partir de ce moment, la relation
entre la souveraineté et le pouvoir se trouve établie : Tout pouvoir pour être
effectif doit être souverain. Cette souveraineté trouve son origine dans le sacré et
confère au pouvoir une assise inattaquable. Mais alors, on remarque que dans
toutes les sociétés humaines, le pouvoir recourt généralement au sacré et au
religieux pour obtenir une reconnaissance.

24
THÈME 5 : LE PEUPLE COMME SOURCE DE POUVOIR ET
LE PRORLEME DE LA REPRÉSENTATION

Les Grecs de l'antiquité avaient bien compris qu'une société ne pouvait


fonctionner harmonieusement que si chacun faisait l'effort de respecter l'autre.
La responsabilité des uns ayant des limites où commence celle des autres, le
pouvoir politique et la justice doivent veiller à leur strict respect. Mais alors,
lorsqu'un représentant de tout un peuple s'inscrit volontairement hors de la
volonté de ce dernier, il ne fait pas que se parjurer, il bafoue la représentation
populaire dans ce qu'elle a de plus fondamental. De ce fait, il convient
d'envisager ce thème en présentant d'une part Le peuple comme source de
pouvoir (A). D'autre part, il sera question de statuer sur la notion de la
représentation populaire (B).

A. LE PEUPLE COMME SOURCE DE POUVOIR

C'est un phénomène incontesté, à savoir que Le peuple est source de pouvoir.


Dans les principes de la démocratie, le pouvoir appartient au peuple qui l'exerce
à travers ses représentants élus. Cette délégation de pouvoir s'effectue à travers
des élections libres et transparentes. Un pouvoir politique provenant
volontairement du peuple souffre rarement de contestations. Cet état des choses
a conduit les régimes dictatoriaux à souvent organiser des élections pour élire
leurs représentants. Mais, la réalité montre que ce sont des élections truquées qui
prouvent simplement qu'il s'agit là d'une stratégie de légitimation frauduleuse,
orchestré par le pouvoir en place pour éviter toute contestation. Au Cameroun, il
est expressément formulé que le pouvoir appartient au peuple qui l'exerce à
travers ses représentants, qu'aucune fraction, qu'aucun individu n'a le droit
de s'en approprier l'exercice : c'est la manifestation claire de la représentation.
25
B. LE PROBLEME DE LA REPRESENTATION

II est admis que la démocratie à Athènes était une démocratie directe. Ici, les
hommes se réunissaient sur un lieu public (agora) pour décider des affaires de la
cité.
Mais aujourd'hui, la société est beaucoup plus grande et complexe. Cet état des
choses n'est plus possible. Il faut se faire représenter pour s'exprimer dans les
assemblées. L'on passe alors de la démocratie directe à la démocratie
représentative ; Apparaît alors le problème de la représentation. En effet,
représenter, c'est se tenir et agir en lieu et place d'un individu ou d'un groupe
d'individus. La représentation politique est donc le fait pour un mandant
(peuple) de déléguer au mandataire (représentant), la charge de défendre ses
intérêts. Partant de cette définition, le mandataire qui est l'élu du peuple
représente les intérêts sectoriels précis : tel est le fondement de la
représentation populaire.
Mais alors, la représentation pose 03 problèmes fondamentaux :
 Comment dégager l'intérêt général dans une assemblée constituée
d'intérêts divergents et contradictoire ?
 Comment s'assurer de la compétence et de l'expertise des représentants
à traiter des questions professionnelles ?
 Comment résoudre le problème de l'identité du représentant et du
représenté ?
Pour corriger ces limites de la représentation, le GENERAL DE GAULLE va
réintroduire dans la vie politique française la pratique du référendum. Il s'agit là
d'une consultation directe, où le détenteur du pouvoir institutionnel entre en
interaction directe avec le peuple. Mais quoiqu'il en soit, même avec le
référendum, la nature des questions posées montre que les problèmes de la
représentation ne sont pas résolus.

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Par ailleurs, les représentants du peuple se retrouvent dans les assemblées
nationales, Connue sous le vocable de parlement.
THME 6 : LE PARLEMENT ET SES FONCTIONS

Le parlement est une institution propre aux démocraties modernes. Il recouvre des
réalités variées selon les régimes politiques. Il est monocaméral lorsqu'il est constitué
d'une seule chambre. Il est bicaméral lorsqu'il est constitué de 02 chambres.
Cependant, une question demeure et se pose avec acuité à notre regard de la réalité à
savoir : de qui les parlementaires tiennent-ils leurs mandats ? De leurs partis ou de
leurs électeurs ? C'est une question importante. Mais, elle ne saurait l'être plus que
l'interrogation sur les fonctions du parlement entant qu'expression de la volonté
populaire.
Le parlement remplit 03 fonctions essentielles :
 L'élaboration des lois : c'est la fonction traditionnelle du parlement. C'est
la fonction législative du parlement. S'il est vrai que pour être votée, une
loi doit être débattue et adoptée en séance plénière, on se rend compte que
dans la pratique ce n'est pas toujours le cas. Dans les pays à parti ultra-
dominant, les propositions de loi passe dans l'assemblée nationale comme
les lettres passent à la poste.
 Le vote du budget : c'est une tâche très importante qui se voit consacrer
presque partout dans le monde une session annuelle. Le budget ainsi voté
présente l'ensemble des recettes et des dépenses de l'Etat pour une période
annuelle.
 Le contrôle de Faction du gouvernement : c'est une fonction rarement
assumée complètement. Cela est dû au fait que dans de nombreux
régimes, il existe une intimité politique entre le gouvernement et les
membres de l'assemblée nationale (cas des pays africains).

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THÈME 7 : LA CONNAISSANCE CUMULATIVE
La connaissance cumulative trouve son fondement dans le célèbre ouvrage de
THOMAS KUHN, la structure des révolutions scientifiques. Pour cet auteur, toute
connaissance scientifique doit s'inscrire dans une continuité logique en référence aux
connaissances antérieures. Une telle stratégie permet à la science d'évoluer. C'est la
raison pour laquelle, DAVID APTER s'interroge sur la manière dont les questions de
recherche doivent être formulées de manière à maximiser leur utilité scientifique et
leurs valeurs cumulatives.
Il pose en substance que tout travail de recherche doit se rattacher aux travaux
antérieurs en y ajoutant un plus, sur une dualité portant sur 02 points.
 Au niveau de la finesse des questions posées à la réalité : il faut dégager un
créneau qui ne semble pas avoir retenu l'attention des prédécesseurs ;
 Au niveau de la production des résultats : il faut parvenir à un accord qui,
tout en s'ajoutant entre en phase avec les connaissances antérieures.

A partir de ce moment, on ne peut hésiter de parler de connaissance cumulative.


Cependant, celle-ci pose 04 difficultés à savoir :

 L'accumulation du savoir : comment rendre anonyme les savoirs


lorsqu'on sait qu'il est difficile de détacher la subjectivité de
l’observateur ? C'est le problème de la subjectivité qui est ici soulevé ;
 L'utilisation des concepts chargés de pesanteurs axiologiques : il s'agit
de la manipulation des mots qui ont une forte charge en valeurs, et dont
l'utilisation est beaucoup plus portée au jugement de valeurs.
 Le pragmatisme des recherches : il s'agit de l'utilisation des travaux de
recherche à des fins politiques (cas de WOODROW WILSON).

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 La tautologie : c'est l'attitude à répéter des mots par lesquels on pense
expliquer une réalité alors qu'en fait on n'explique rien.

THEME 8 : LE CONCEPT DE CONSENSUS EN SCIENCE POLITIQUE

Etymologiquement, le mot « consensus » vient de « consencio » (conformité de


consentement) et de « conseniio » (art de chanter ensemble) on se rend compte
que même pour chanter ensemble, il faut un accord général des 07 notes de
musique. Ce faisant, nous pouvons dire que le consensus dans son acception
congénitale renvoie à un consentement général. Cependant, de réapparition
récente dans nos sociétés, ce concept revêt une toute autre signification
différente de celle de la Grèce antique. Partant de cette antinomie, l'on peut être
en doit de soulever le problème de la définition du consensus. Mieux, Qu'est-ce
que le consensus ? Une telle question revêt un intérêt tant théorique que
conceptuel^, car il permet de comprendre qu'en science politique, il existe une
redéfinition perpétuelle des concepts. Dès lors, il sied d'envisager ce thème en
présente dans une première partie, la recherche d'une ' définition du mot «
consensus » (A). Se limiter-là ne viendrait pas rendre compte de la totalité du
problème posé. Aussi, devient-il impérieux de présenter le consensus tel que
vécu par les grands pays au monde (B).
A. A LA RECHERCHE D'UNE DEFINITION DU CONSENSUS
Dans cette partie, il sied d'envisager une dualité qui prend en compte le
rapprochement avec les termes voisins (1) et la présentation des caractéristiques
du consensus avant d'aboutir à une définition opératoire (2).

1- Le consensus et ses termes voisins

Les termes proches du consensus sont : la légitimité, la socialisation politique


et l'opinion publique.

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 Consensus et légitimité : la légitimité est l'acceptation par la grande
majorité. Cela implique l'existence d'un pôle de contestation qui nous
pousse à dire que la légitimité ne saurait être un consensus, si oui un
consensus implicite.
 Consensus et socialisation politique : la socialisation est un processus à
travers lequel l'individu intériorise et assimile un ensemble de valeurs et
de pratiques au sein du groupe social auquel il appartient. Elle vise les
objectifs précis qu'on peut observer à 02 niveaux : assurer la continuité
du groupe et permettre l'intégration de l'individu dans le groupe. C'est
ainsi qu'apparait le lien entre la socialisation et le consensus politique, car
la socialisation politique amène tous les citoyens à accepter un régime et
les règles qui assurent son fonctionnement.
 Consensus et opinion publique : le sondage est l'expression par
excellence de l'opinion publique. Mais une question demeure ; est ce que
les techniques de réalisation d'un sondage peuvent nous permettre de
l'assimiler à un consensus ? une chose est vraie, c'est que l'élaboration de
l'échantillonnage, du questionnaire et la présentation des résultats ne nous
permettent pas d'assimiler l'opinion publique produit au consensus.

De l'observation de ce rapprochement, entre le consensus et ses termes voisins, il


se dégage un ensemble de caractéristiques devant permettre d'obtenir une
définition opératoire du consensus.

2- Les caractéristiques du consensus sont les suivantes :


o Le consensus n'est pas spontané, il est le fruit de la socialisation.
o Le consensus n'est irréversible
o Le consensus est signe de cohésion sociale et facteur d'accroissement de
cette cohésion
De toutes ces considérations générales, l'on peut enfin définir de manière
opératoire le consensus comme : « un concept à résonance idéologique qui
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traduit une situation dans laquelle se trouvent occultés les conflits de
rationalité dans la société globale assurant ainsi à la fois, une (jet) cohésion
minimale et la légitimation des prétentions à exercer le pouvoir d'Etat. »

B. LES GRANDS EXEMPLES DE CONSENSUS DANS LE MONDE

Nous verrons ici, comment le consensus se manifeste aux Etats-Unis, en


Grande -Bretagne, en France :

 Le Consensus au Etats-Unis : il est structuré autour de la confiance en la


constitution en dehors de laquelle aucune modification n'est acceptée.
Aussi, l'on observe un attachement à une société qui privilégie l'initiative
individuelle, le refus d'une conscience de classe et la promotion d'une
décentralisation politique. C'est un consensus hérissé de conflits.
 Le Consensus en Grande-Bretagne : il est fondé sur le caractère unitaire
de l’Etat, l'usage des us et coutumes jamais remis en cause et la
responsabilité du gouvernement devant le parlement. En revanche,
l'évolution des mentalités et la culture démocratique qui confirme la
cohésion globale, la grande Bretagne est appelé à vivre sans consensus
malgré leur obsession pour ce concept.
 Le Consensus en France : il est fondé sur un climat de tolérance qui
empêche les affrontements de dégénérer en guerre civile. Il est basé sur
les valeurs de démocratie républicaine à savoir : liberté-égalité-fraternité.

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THEME 9 : LES PARTIS POLITIQUES

Les partis politiques existent dans presque tous les régimes politiques au monde.
Tout en étant l'expression de la souveraineté populaire, le partit politique est
Omniprésent aussi bien dans les régimes autoritaires que dans les régimes
libéraux. Les constitutions française, allemande et camerounaise en sont toute
une consécration juridique. Dès lors, nous envisagerons leur étude dans une
approche duale : laquelle dualité va de leur définition (A) aux différentes
approches qui permettent de les appréhender (B).

A. LA DEFINITION DU PARTI POLITIQUE

JOSEPH LAPALOMBARA pose le postulat que pour définir un parti


politique, il faut le distinguer des autres organisations telles que les leagues, les
groupes de pression, les mouvements sociaux, les rassemblements et les
clubs. Selon Fauteur, 04 critères cumulatifs définissent le parti politique :
 II faut une organisation durable : une organisation dont l'espérance de
vie est supérieure à celle des dirigeants ;
 II faut une organisation locale à extension nationale;
 II faut la volonté délibérée des dirigeants nationaux et locaux de
prendre et d'exercer effectivement le pouvoir ;
 II faut le souci de rechercher le soutien populaire à travers les
élections libres et transparentes.

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En définitive, ces critères permettent de proposer une définition opératoire du
parti politique. Un parti politique est une organisation durable, à extension
nationale et qui possède la ferme volonté d'exercer directement ou
indirectement le pouvoir qu'elle a reçu des électeurs.
En science politique, 03 approches permettent l'étude des partis politiques
B. LES APPROCHES DE L'ANALYSE DES PARTIS POLITIQUES
L'étude des partis politiques fait appel à plusieurs approches complémentaires et
non exclusives. Ces approches sont : l'approche structurelle (système
d'encadrement), l'approche idéologique (les objectifs) et l'approche
fonctionnelle (les activités).

- L’approche structurelle

Ici, on étudie le parti politique en recherchant sa structure appelé, système


d'encadrement des élus. 02 conceptions s'affrontent pour définir la structure
des partis politiques. Pour ROBERTO MICHELS, les partis politiques ont
une structure essentiellement hiérarchique, avec un sommet constitué des
dirigeants quasi inamovibles et une base constituée de militants et d'adhérents. Il
s'agit là d'une oligarchie bureaucratique. Par contre pour ELDERSVELD, le
parti politique a une structure stratarchique. C'est-à-dire une organisation
ouverte et non pyramidale. Le pouvoir ici est partagé à tous les niveaux. Il s'agit
là d'une stratarchie ou d'une grouparchie. Cependant, l'insuffisance de ce
modèle a conduit à l'élaboration d'autres modèles pour rendre compte de la
réalité partisane.
- L’approche idéologique
Ici, on étudie le parti politique en recherchant l'idéologie poursuivie par ses
hommes. L'idéologie peut être définie comme un système de pensées
cohérentes, une vision du monde partagée qui est pour le groupe et les
individus qui y adhèrent un guide dans toutes les actions de la vie, une

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réponse à toutes les questions. L'idéologie est liée aux activités poursuivies par
le parti. Dans le monde, les idéologies peuvent être capitalistes ou communistes.
Cette approche nous permet de distinguer les partis de masses des partis de
cadres. Cependant, toute idéologie doit être en relation avec la réalité. Elle ne
doit pas être une utopie authentique. Elle ne doit pas être un mythe.
- L’approche fonctionnelle

Le mot fonction a 02 sens. Un sens mathématique et un sens biologique. En


mathématiques, la fonction est toute variable étudiée en relation avec d'autres
variables. En biologie, la fonction est la contribution qu'apporté un élément à
l'organisation dont il appartient. C'est en combinant les deux approches qu'on
aboutit à la méthode fonctionnelle. Expliquer un phénomène social, reviendrait
donc à montrer à quoi il sert. Il existe de ce fait un lien entre la fonction et le
besoin. Par conséquent, pour comprendre la fonction, il faut rechercher les
besoins auxquels elle répond. 02 conceptions s'affrontent ici. Celle du
fonctionnalisme absolu de RADCLIFF BROWN et de MALINOWSKI
BRONISLAW et celle du fonctionnalisme relativisé de ROBERT K.
MERTON.

Quoiqu'il en soit, les partis politiques remplissent les fonctions suivantes :

 La fonction de sélection et d'encadrement des membres.


 La fonction de stabilisation et de légitimation.
 Fonction de socialisation politique de ses membres (éducations des
populations partisanes).
 La fonction tribunitienne (défense des minorités, espace de discussion
etc...)
 La fonction de relève politique
 la fonction de genèse des programmes politiques.

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