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Concepts fondamentaux
La science politique est une discipline récente. Elle a connu son véritable
essor au 20ème siècle.
Vocabulaire :
1
- Max Weber dont l’œuvre aborde les modes de légitimation du
pouvoir, la bureaucratie, les relations entre variables culturelles et
évolutions sociétales (L’éthique protestante et l’esprit du
capitalisme), enfin les problèmes épistémologiques (Le savant et le
Politique).
- Roberto Michels (Les partis politiques)
- André Siegfried (Tableau politique de la France de l’Ouest)
- Arthur Bentley
- Charles Merriam
- Harold Lasswell
A la fin du 19ème siècle avait dominé l’idée selon laquelle la science politique
est au carrefour de plusieurs disciplines connexes : l’économie,
l’anthropologie, la psychologie, la sociologie, le droit public, etc. Cette idée
reflète une méfiance (chez certains hommes politiques), une
condescendance (chez certains universitaires), voire un certain
corporatisme (chez certains sociologues et spécialistes du droit public).
gouvernementale. La masse monte, confronte l’élite en place, celle-ci la combat ou l’intègre. La défaite de
l’élite en place conduit à son remplacement par une nouvelle élite.
2
se démarquant ainsi de l’empirisme pur et simple. S’y adjoint
l’histoire des idées politiques.
- Institutions politiques : étude monographique du gouvernement
central et des gouvernements locaux ; celle aussi de l’administration
publique ; enfin, l’observation et l’analyse des diverses fonctions que
ces institutions assument. L’approche du politiste se distingue de
celle du juriste en ce qu’elle s’intéresse moins à la lettre des textes
(quand ils existent) qu’aux pratiques concrètes et aux jeux de forces
sociales qui les reproduisent ;
- Partis, groupes et opinion publique : groupes de pression, élections,
information et propagande ;
- Relations internationales : organisations internationales, politique
étrangère des Etats, coopération, conflits ; problèmes de défense et
sécurité, géopolitique. Généralement, on y inclut aussi l’étude des
zones politiques.
- Théorie politique ;
- Sociologie politique ;
- Science administrative ;
- Relations internationales ;
Le politique
3
déclenchant en même temps qu’un débat le mécanisme d’un
processus décisionnel. Même chose pour une grève, pour l’emploi,
l’orientation scolaire, etc.
La politique
Il faut observer que bien que distincts, les modes de production politique,
économiques et sociologique interagissent ensemble de manière réciproque
et généralisée.
4
Ex : échange de monnaie : les modes production économiques fournissent à
l’Etat les ressources dont il a besoin (impôts, biens matériels, …) mais en
échange ce dernier leur accorde des allocations (subventions,
commandes …) + échange de pouvoir : l’Etat s’impose aux agents
économiques tandis que ceux-ci disposent de divers moyens pour
l’influencer.
5
CHAPITRE I. LE POUVOIR, APPROCHES ET CONCEPTIONS
Dans une troisième perspective, le mot pouvoir renvoie à une relation entre
deux ou plusieurs personnes. C’est un pouvoir sur quelqu’un. Il n’exerce
réellement que si il est exercé, ou du moins lorsque s’établit une relation
effective. Pour Max Weber : « Le pouvoir est toute chance de faire triompher,
au sein d’une relation sociale, sa propre volonté, même contre des résistances ;
peu importe sur quoi repose cette chance »3. Ainsi entendu, le pouvoir sur
quelqu’un se distingue du pouvoir de faire quelque chose. En effet, le
pouvoir de faire quelque chose ne s’insère pas nécessairement dans une
relation lorsqu’il est simple aptitude physique ou intellectuelle à réaliser
quelque chose.
- L’approche institutionnaliste
- L’approche substantialiste ou structuraliste
- L’approche interactionniste ou relationnelle
2
JOUVENEL (B. De), Du pouvoir, Paris, Hachette, p. 171.
3
WEBER (M.), Economie et société, Paris, Plon, 1971, t. 1, p. 56.
6
Section 1. Les caractéristiques de la relation du pouvoir
A. L’imputation
7
En pratique, il est souvent aisé de constater que chez les décideurs
politiques, nombre d’entre eux soignent et préservent cette imputabilité
notamment pour les décisions jugées « bonnes » ou en leur faveur. Ils s’en
nourrissent et en récoltent les bénéfices. Inversement, ils imputent ou
tentent d’imputer à des tiers la responsabilité de décisions, qu’ils ont eux-
mêmes prises, mais qui leur sont défavorables ou impopulaires.
B. La non-décision
5
In BELL (R.), EDWARDS (R.) et WAGNER (R.) (Eds), Political Power, New York, Free Press, 1969, p. 64.
8
Ces différentes difficultés se rejoignent sur un point : l’analyse
du pouvoir comme un comportement suppose une divergence
d’intérêts entre A et B. Or, A et B peuvent avoir des intérêts
totalement convergents. Dans ce cas, il n’y a pas de place pour
l’exercice du pouvoir de A sur B. Simplement, si les intérêts de
A et de B sont convergents, ce Statu Quo peut préserver la
« réputation » du pouvoir de A sur B. Aussi, B, même si ses
intérêts convergent avec ceux de A peut être tenté de se
démarquer en adoptant une position contraire à ses intérêts.
9
A. La liberté attestée par l’autonomie de la volonté
Selon John Stuart Mill « la seule fin pour laquelle le pouvoir peut être
légitimement utilisé par une communauté civilisée contre l’un de ses membres
en dépit de sa volonté est de l’empêcher de nuire à autrui ».
Cette vision rejoint aussi celle du Contrat social développée par J-J.
Rousseau. Elle se reflète aussi dans les limitations du pouvoir du Roi en
Grande Bretagne (Magna Carta, Habeas Corpus) et dans la philosophie
ayant présidé à la Révolution française.
Sur le plan économique, cette approche est aussi privilégiée par les
libéraux. Le marché de la libre concurrence, protégé contre l’intervention
de l’Etat, est présenté comme le degré zéro de la contrainte (A. Smith, F.
Hayek, …) « le laisser faire, laisser aller ».
10
théorie juridique accorde donc la plus grande importance au caractère
démontrable du consentement. Elle n’accorde pas d’importance au contexte
social et psychologique, au rôle de l’influence, de la pression dans
l’acquisition du consentement.
Dans les RI, les traités sont souvent l’expression des rapports de force
existants. Dans des situations d’oppression extrême, le fait de renoncer à la
résistance pour sauver sa vie, pour protéger les siens ou épargner des
destructions, est une forme d’acquiescement à l’état de fait.
11
Pour Thomas Hobbes, la crainte et la liberté sont compatibles. « Ce n’est pas le
succès des armes qui donne le droit d’exercer la domination sur le vaincu mais
la convention passée par celui-ci. Et il n’est pas obligé parce que subjugué,
c’est-à-dire battu, capturé ou mis en fuite mais par le seul fait qu’il se rend et
fait sa soumission au vainqueur » (Léviathan, 1651, Paris, Sirey, 1990, p.212.
C’est en cela que Hobbes, suivie par Hannah Arendt plus tard, oppose
pouvoir, qui repose toujours sur une forme de consentement, à la violence,
qui n’en a besoin. La contrainte ou la violence ne laisse aucune alternative.
Elle est irrésistible.
12
- La relation du pouvoir s’inscrit dans une alternative et non dans une
relation unidirectionnelle fermée. Ou bien (prix avantageux) et alors
(contrepartie) ; …le pouvoir n’est pas un attribut (qualité) mais il
s’inscrit dans une asymétrie des ressources disponibles ;
- L’intensité effective du pouvoir se mesure à l’importance de
l’avantage obtenu
- Le pouvoir ne se situe pas seulement dans des transactions
ponctuelles ou microsociales ; il est plus largement, la capacité d’un
acteur à structurer durablement des processus d’échanges
déséquilibré en sa faveur.
A. Le critère de distinction
Le pouvoir exercé par le chef hiérarchique sur ses subordonnés n’est pas le
même que l’influence qu’exerce un journaliste influent sur ses lecteurs ;
l’ordre donné par un officier à ses hommes n’est pas assimilable aux
suggestions faites par le conseiller à son ministre. Et pourtant, dans tous ces
cas, il y a la capacité d’obtenir d’autrui quelque chose qu’il n’aurait pas fait
autrement (action ou inaction)
Injonction de fait : un individu s’arroge le fait sur autrui un pouvoir qui n’est
justifié par aucune codification. Il y a simplement exploitation de facto d’un
rapport de force inégal. L’homme politique soumis par un tiers à un discret
chantage financier, le collaborateur d’un ministre contraint par lui de
couvrir une opération illicite, illustrent ce type de situation.
1. La persuasion
14
pertinente ou erronée, honnête ou mensongère. Au terme de ce processus
qui mobilise des arguments rationnels ou/et affectifs, B voit ses intérêts et
ses aspirations différemment, il agit en conséquence.
2. L’autorité légitime
16
Sous-chapitre IV. Notion de pouvoir et notion de puissance (RI)
6
SMOUTS (M.-C.), BATTISTELLA (D.) et VENNESSON (P.), Dictionnaire des relations internationales,
Paris, Dalloz, 2003, 506 p., p. 411. Sur le concept de puissance et sa place dans les théories réalistes des relations
internationales voir ROCHE (J.-J.), Relations internationales, Paris, LGDJ, 1999, 372 p., page 109 et ss.
7
La puissance signifie la capacité de l’État à faire ce qu’il veut faire, comme et quand il entend le faire, et sa
capacité de faire faire à autrui, d’amener donc un autre État à faire ce qu’il n’aurait pas fait en l’absence de cette
relation. Négativement, elle signifie la capacité d’un État de ne pas faire ce qu’il ne veut pas faire, et d’empêcher
un autre de faire ce qu’il souhaiterait faire. SMOUTS (M.-C.), BATTISTELLA (D.) et VENNESSON (P.), op.
cit., p. 411.
8
La puissance coercitive ou Hard Power signifie la puissance de commandement, de contrainte. Il s’agit de la
conception stato-centrée de la puissance réduite à sa simple expression militaire. Voir CAMPBELL (K. M.) and
O’HANLON (M. E.), Hard Power : The New Politics of National Security, Basic Books, Cambridge, 2007, 336
p.
9
NYE (J.), Soft Power : The Means to Success in World Politics, New York Public Affairs, 2004, 191 p.
10
NYE (J.), op. cit., p. 25.
17
« bâton » (retrait d’avantages, d’aides en cas de non-respect du triptyque
« Droits de l’homme-démocratie-État de droit »).
18
CHAPITRE II. DOMINATION
La question qui se pose dès lors est de savoir d’où vient cette volonté
d’obéir?
19
L’identification de ces régulations externes n’est pas difficile : exemple : la
règle juridique comportant une sanction, norme socio-culturelle ancienne
comportant une sanction sociale … l’obéissance à la régulation externe est
psychologiquement couteuse pour l’assujetti, « quelque chose » s’interpose
visiblement entre le sujet et l’objet de son désir.
Max Weber distingue les modes de domination par les types de légitimité
sur lesquels ils reposent. Il a ainsi construit 3 idéaux-types de domination:
Elle repose sur la coutume et la tradition. Elle fonde son autorité sur
l'obéissance à des coutumes « sanctionnées par leur validité immémoriale ».
20
Elle puise sa légitimité dans les coutumes et repose sur l'habitude que les
acteurs ont de respecter ces coutumes. Celui qui exerce le pouvoir est
légitime car il puise sa légitimité dans les coutumes, car il y a adéquation
entre sa nomination et les coutumes reconnues par le droit.
Les gouvernants peuvent gouverner car ils ont été choisis par des
procédures conformes à la Constitution. Il y a une forme de
dépersonnalisation dans l'exercice de la domination. On obéit à des
règles et des fonctions plus qu'à des individus, conduisant à une juridisation
des rapports de pouvoir car la légitimité de l'État repose sur le fait qu'il se
soumet lui aussi à des règles de droit qu'il produit et qui sont jugées comme
universelles. De plus cet État de droit accepte de se soumettre au contrôle
de juridiction constitutionnel.
21
Paragraphe 3. La domination charismatique
Cette forme de légitimité est fragile car elle doit être confirmée
régulièrement pour être gardée. Il y a un risque de « routinisation du
charisme ». Cette domination est souvent précaire et limitée dans le temps,
elle disparaît en même temps que le leader qui l'incarne. Cette domination
peut se combiner avec la domination traditionnelle (monarque vénéré) ou
avec la rationnelle légale (chef de gouvernement démocratique ayant une
popularité exceptionnelle, comme de Gaulle).
22
Le Gaullisme (début de la Ve République) s'est toujours revendiqué d'un
double principe : la légalité, le pouvoir procède du suffrage (proche de la
légitimité rationnelle légale). Pour De Gaulle, le pouvoir procède de la
confiance, il se réclamait du lien de confiance qu'il entretenait avec les
citoyens, il est l'homme de l'appel du 18 juin (proche d'une légitimité de
type charismatique – les référendums permettant de tester les liens qui le
lient aux Français ; d'ailleurs le référendum de 1969 l'amènera à
démissionner). Il y a par ailleurs de plus en plus une dimension
charismatique dans les régimes politiques contemporains.
23
CHAPITRE III. LE SYSTEME POLITIQUE
Paragraphe 1. Notion
24
Régime Régime Régime mixte
parlementaire présidentiel
Chef d’Etat - Monarque Elu au suffrage Elu au suffrage
- Président universel direct, universel. Peut
d’une ne dispose pas de dissoudre le
République pouvoir de Parlement.
(honorifique, dissolution du
protocolaire), Parlement
élu par le
Parlement
Chef du Issu de la majorité Nommé par le Responsable
gouvernemen parlementaire Président/Peut devant le
t ne pas exister Parlement, le
(USA) Parlement peut
le soutenir ou lui
retirer sa
confiance
Parlement - Accorde sa - Ne peut - Peut
confiance au retirer la retirer la
chef du confiance confiance
gouvernement au au
, au gouvernem gouvernem
gouvernement ent ent
- Elit le - Peut être - Peut être
Président dissous par dissous par
- Ne peut élire le le
un monarque Président Président
(Monarchie
constitutionne
lle)
25
De ce fait, « situant la source du pouvoir dans le peuple, la démocratie
s’efforce de faire prévaloir la volonté des plus nombreux. Elle repose sur le
suffrage universel et implique à la fois le pluralisme des formations politiques
et la liberté des citoyens et des groupes » (PACTET (P.), Institutions
politiques, droit constitutionnel, A. Colin, 26ème éd., 2007, p.85.)
A. Démocratie athénienne/antique
26
Il s’agissait d’une démocratie directe. Les citoyens se dirigeaient d’eux
même au lieu d’élire des représentants. C’est à travers l’Assemblée des
citoyens qu’étaient discutées et votées les décisions relatives à la gestion
des affaires publiques de la Cité (fiscalité, diplomatie, opérations militaires,
l’aide sociale, etc.). L’assemblée se réunissait 40 fois par an et l’ordre du
jour était fixé par les 500 membres du Conseil choisis pour un an par un
tirage au sort.
L'isogonie : Ll'isogonie signifie simplement que tous les autochtones ont les
mêmes droits à la citoyenneté, quelles que soient ces inégalités. Elle ne
garantit pas même une égalité complète dans l'exercice des droits
politiques, certaines charges étant, en principe, réservées et attribuées en
fonction de l'appartenance à des classes censitaires.
27
«La concentration de l’autorité dans l’Assemblée, la fragmentation et le
caractère rotatif des postes administratifs, le choix par tirage au sort,
l’absence de bureaucratie rétribuée, les jurys populaires, tout cela contribuait
à empêcher la création d’un appareil de parti et, par voie de conséquence,
d’une élite politique institutionnalisée. » (M.I. Finley, Démocratie antique et
démocratie moderne, Paris, Fayot, 1976, p. 75-76).
B. La démocratie représentative
1. Genèse
Le libéralisme est une philosophie politique issue des Lumières, qui opte
pour la liberté des individus et leur égalité, en réponse à l’absolutisme de la
société française.
11
Emmanuel-Joseph Sieyès ou l'abbé Sieyès, né le 3 mai 1748 à Fréjus et mort le 20 juin 1836 à Paris, est un
homme d'Église, homme politique et essayiste français, surtout connu pour ses écrits et son action pendant la
Révolution française. Les députés représentaient chacun les membres de leur ordre, c'est-à-dire ceux de la
noblesse les nobles, ceux du clergé les ecclésiastiques, et les députés du tiers état les roturiers (les non-nobles).
29
une guide et c’est au peuple de les voter; un gouvernement est par ailleurs
indispensable pour assurer l’exécution des décisions. Le système imaginé
par Rousseau est donc bien la démocratie directe ou, tout au moins, lorsque
le nombre et la dispersion empêchent les citoyens de s’assembler pour
délibérer, un système de « commissaires » investis d’un mandat impératif,
les hommes y sont libres et parfaitement égaux, ce qui est à l’origine du
principe démocratique.
• Dans l’Esprit des Lois, Montesquieu explique que, « comme dans un Etat
libre, tout homme qui est censé avoir une âme libre doit être gouverné par lui-
même, il faudrait que le peuple en corps eût la puissance législative. Mais cela
est impossible dans les grands Etats, il faut que le peuple fasse par ses
représentants tout ce qu’il ne peut faire par lui-même ». Dès lors, le seul
pouvoir du peuple consiste à choisir ses représentants.
30
progressivement avec la reconnaissance du droit de vote et d’éligibilité
étendu à l’universalité des citoyens.
2. Approche sociologique
Elle est:
- pacifique ;
- Inégalement spécialisée ;
- autonome et hétéronome13 ;
a. Compétition pacifique
Une propriété importante des démocraties est que les rivalités pour la
conquête du pouvoir prennent une forme pacifique.
12
Etymologiquement, la ploutocratie est un système politique ou social dans lequel le pouvoir est exercé par
les plus riches. Par extension, c'est un système dans lequel le pouvoir de la finance est prédominant.
13
L'hétéronomie est le fait qu'un être vive selon des règles qui lui sont imposées, selon une "loi" subie.
L'hétéronomie est l'inverse de l'autonomie, où un être vit et interagit avec le reste du monde selon sa nature
propre.
31
Les élections désignent souvent les gouvernants, de ce fait les membres des
groupes (armée, milieux financiers, syndicats, associations, partis,
mouvements sociaux) se contentent d’orienter les décisions de l’Etat par
des moyens pacifiques.
Les fonctions électives des hommes politiques modernes est une activité
spécialisée (un métier) au sens donné par Max Weber qui définit le
professionnel de la politique comme celui qui vit « de et pour la politique
».
32
économiques, même si elle nécessite des moyens économiques et si elle
peut avoir des conséquences dans ce domaine.
33
Dans les démocraties représentatives, les administrations sont
subordonnées aux autorités politiques, même si les agents
administratifs disposent de ressources importantes qui leur
permettent d’imposer leurs points de vue et d’orienter les politiques
publiques. Ils ont, en vertu d’une expertise technique légitime et une
certaine autonomie, un pouvoir d’initiative et d’élaboration des décisions,
qui sont par la suite appropriées par les hommes politiques.
Le modèle bureaucratique :
Le modèle bureaucratique mis en place par Max Weber est le modèle de référence,
de progrès et d’innovation au XXème siècle. Le modèle organisationnel moderne
découle du type d’autorité rationnelle-légale ou bureaucratique, ce modèle est
induit par l’essor du capitalisme et il est la forme la plus efficace pour la direction
des grandes organisations.
- Caractère impersonnel des relations : Les relations entre les différents membres
de l’organisation doivent être impersonnelles. L’application des règles et des
règlements évite tout conflit de personnalités.
34
La compétition démocratique se déroule donc dans des espaces de
compétition différenciés (distincts des autres champs sociaux) que l’on
peut appeler champs politiques.
On distingue :
Quand ils sont un tant soit peu différenciés, les champs politiques sont
dotés d’une certaine autonomie et soumis à des lois propres. Leur
fonctionnement est structuré par la distribution du capital politique
spécifique. Des clivages structurels propres à ces champs opposent les
hommes politiques selon qu’ils occupent une position haute ou basse dans
l’espace politique, qu’ils occupent une position centrale ou périphérique, les
titulaires de divers types de mandats représentatifs (Gaxie, 1997) et selon
la position de tenant, de prétendant, d’outsider ou d’entrant.
- Les prétendants sont les individus et les groupes rivaux des tenants. Ils
ont occupé des positions de pouvoir dans le passé et/ou ils disposent de
ressources suffisantes pour envisager d’y accéder dans un futur rapproché.
- Les entrants et les outsiders s’opposent d’abord aux tenants mais aussi à
l’ensemble des forces et agents établis. Leur capital de reconnaissance
externe (par les électeurs, les sondés, les manifestants, les milieux
d’affaires) et interne (par les pairs et les corps d’Etat) est plus faible.
35
c. Compétition autonome et hétéronome :
Les réactions des citoyens ordinaires, telles que perçues et interprétées par
les diverses catégories de spécialistes (notamment les sondeurs,
journalistes), peuvent donc produire des effets importants dans le jeu
politique. En ce sens, la compétition démocratique reçoit ses
déterminations de l’extérieur. Elle est hétéronome.
36
pouvoir à des représentants qui vont agir dans le sens de ces préférences
mais celles-ci sont sans cesse interprétées par les politiques.
Par ailleurs, en plus de l’élection par les citoyens, l’entrée dans le champ
politique est déterminée par la reconnaissance par les pairs et les «
puissants ». La reconnaissance interne, les mécanismes internes de
sélection du personnel politique conduisent à la limitation d’entrée à
de nouveaux acteurs politiques, perçus comme insuffisamment dotés
du capital politique nécessaire à la compétition politique ou encore
menaçants.
« Afin de mobiliser les profanes, les groupes et les institutions et gagner leur
confiance ou leur neutralité, les acteurs politiques sont amenés à proposer
des discours, des conceptions du monde, des promesses ou des
programmes d’action, des services, des interventions, etc., que l’on peut
analyser comme des biens intentionnellement ou de facto proposés à des
consommateurs éventuellement intéressés. Ces biens sont produits et
diffusés, dans le cadre de la concurrence qui oppose les hommes et les groupes
en lutte pour la conquête des positions de pouvoir politique. En ce sens, la
production est collective. Les biens sont proposés relationnellement, par
opposition et par différence avec les adversaires. »
37
A chaque type de champ politique correspond un type particulier de
marché politique :
Le marché politique central se distingue par la part plus élevée des biens
politiques spécifiques dans l’ensemble des biens proposés et présente
ainsi un degré de différenciation plus élevé.
Ils peuvent être privatifs lorsque l’action politique s’exerce depuis une
position de pouvoir dans l’Etat. Il s’agit des biens dont l’appropriation par
un individu est exclusive de toute autre (emploi, logement, décoration
etc.)
Gaxie considère que « Le marché central et les marchés périphériques qui lui
sont rattachés sont caractérisés par une structure d’offre et de consommation
». Les biens proposés par les politiques sont convertis en crédit : le
vote, le soutien, l’adhésion au parti, les contributions financières, le
fait de se sentir en accord avec un homme politique.
38
dernier s’abaisse, les électeurs se prononcent plus souvent à partir d’un
jugement éthique non spécifique sur la personne des candidats.
Conclusion
39
C. Démocratie délibérative ou discursive
L’échange discursif entre les citoyens doit permettre de faire partager des
conceptions du bien commun différentes et de faire ainsi entrer en jeu le
pluralisme inhérent aux sociétés contemporaines. Aussi, l’échange
d’arguments raisonnés et capables de convaincre les autres est censé
apporter un gain de rationalité à la prise de décision finale. En effet, les
préférences des citoyens peuvent à travers la discussion s’affirmer ou se
modifier selon les arguments avancés. Les préférences deviennent
réfléchies, à la fois dans le sens où elles sont exprimées devant d’autres
citoyens qui par la possibilité d’y répondre par oui ou par non les renvoient
à leurs premiers émetteurs, et encore, par cet effort collectif de réflexion
qui assure la réflexion personnelle du citoyen lui-même.
40
Si le principe n’est en soi nullement un principe politique, on pouvait
néanmoins pressentir d’emblée que ce principe de discussion devait
pouvoir s’appliquer à des normes juridiques, à des lois, à des règlements
divers, etc., autrement dit être le fondement d’une politique de la
discussion, plus précisément même d’une politique démocratique de la
discussion ou du discours argumenté ou encore d’une « démocratie
discursive », puisqu’il y est question de la participation à la discussion de
tous ceux qui sont concernés.
41
DÉBATS PUBLICS et POUVOIRS PUBLICS
Paru dans
Extraits :
42
du processus au bout duquel un thème spécifique se transforme en débat
public.
Dans les États dits démocratiques, caractérisés par des sociétés civiles
puissantes et actives, les débats publics naissent, s’animent et se
développent autour de thèmes actuels et controversés. La question qui se
pose est de savoir comment un thème soulevé par la société civile se
transforme-t-il en débat public ?
43
Voir à cet égard :
D. La démocratie participative
44
Section 2. Le système autoritaire
Paragraphe 1. Définition
45
Paragraphe 2. Critères d’identification du système autoritaire
46
dirigeants. S'il se trouve face à une opposition structurée, les systèmes
autoritaires peuvent recourir à la violence.
• L'autoritarisme patrimonial
• Le bonapartisme
A. L'autoritarisme patrimonial
Le souverain distribue les postes, les biens matériels, etc., dont il dispose
librement. Un seul homme et sa famille accumulent d'énormes richesses.
Des clans familiaux se succèdent au pouvoir, gérant l'État comme leur
propriété. Exemples : Haïti, le Nicaragua...En Afrique, Mobutu et Bongo …
B. Le Bonapartisme
47
l'apprentissage des règles démocratiques tout en maintenant une
politique conservatrice.
D. La bureaucratie autoritaire
48
d'imprégnation idéologique de la population est moins intense que dans
les régimes totalitaires. Ils trouvent leurs racines dans le nationalisme,
l'anti-impérialisme, le respect des traditions, le développement
économique... Certains se réclament conservateurs, d'autres prônent le
changement...
De plus, les dictatures sont bien souvent le fait d'un seul homme, tandis
que les systèmes considérés comme autoritaires reposent surtout
sur une direction collégiale (lignée, ethnie, classe, caste...).
49
Section 3. Le totalitarisme
50
5. Tout étant désormais activité d'État et toute activité étant soumise à
l'idéologie, une faute commise dans une activité économique ou
professionnelle est simultanément une faute idéologique. D'où, au point
d'arrivée, une politisation, une transfiguration idéologique de toutes les
fautes possibles des individus et, en conclusion, une terreur à la fois
policière et idéologique. (...) Le phénomène est parfait lorsque tous ces
éléments sont réunis et pleinement accomplis."
51
52
Chapitre IV. Les partis politiques
C’est si vrai que le phénomène est ancien. Déjà Aristote évoquait les partis,
les Romains connaissaient le parti plébéien et le parti patricien, plus tard on
opposa les Armagnacs et les Bourguignons, les Guelfes et les Gibelins et lors
de la Révolution Française, les Jacobins et les Girondins, la Montagne et le
Marais s’opposaient. Toutefois, si le terme de parti a pu être utilisé dans ces
cas, il ne correspond pas vraiment à ce que sont les partis qui apparurent au
cours du XIXe siècle en Angleterre d’abord, en France et sur le continent
européen ensuite.
Selon eux, pour qu’un groupe puisse être considéré comme un parti
politique, il doit former une organisation durable dont l’espérance de vie
soit supérieure à celle de ses dirigeants. Le parti politique n’est pas une
faction reposant sur l’adhésion à une personne, mais un mouvement fondé
sur des enjeux particuliers.
C’est aussi une organisation complète qui est dotée d’une structure
couvrant l’ensemble du territoire. Le parti ne s’identifie donc ni au groupe
53
parlementaire, ni à un groupement local particulier, même s’il peut en être
issu.
A l'origine, les partis ont été créés par des groupes de parlementaires qui se
sont structurés autour d'idées communes afin d'augmenter leurs chances
d'être élus. Ce sont les partis de cadres.
54
D'autres types de partis seront par la suite créés par des organisations
ouvrières afin d'assurer la représentation politique des classes populaires,
ce sont les partis de masse.
Sur le plan qualitatif, les membres de ces partis sont essentiellement des
notables ou des parlementaires.
Ces partis sont nés de comités locaux de soutien créés lors d’élections. Dans
un deuxième temps certains comités se sont fédérés pour apporter à leurs
élus, leurs concours au niveau national, et favoriser ainsi la création de
groupes parlementaires autour desquels ces partis se sont constitués à
travers une administration centrale qui devient l’état-major du parti.
Les partis de cadres ne font que réunir des notables influents : avocats,
médecins maires etc… qui savent mener une campagne et surtout peuvent
en supporter le coût. Il ne cherche en aucun cas l’adhésion de masse. Pour
Maurice Duverger ils correspondent au premier temps du suffrage
universel. En effet, il rappelle que sous les régimes électoraux censitaires14
l’électorat étant rare et « éduqué », il n’y avait pas à s’ouvrir aux masses et à
développer leur culture politique. Le premier parti a donc été un parti de
cadres.
Sur le plan quantitatif on peut dire que les membres de ces partis ne sont
pas nombreux puisqu’ils sont tournés principalement vers l’élection et
cherchent à recruter parmi les notables, permettant de financer et
d’influencer la vie politique.
Pourtant, bien que le but premier de ces partis ne soit pas l'adhésion du
plus grand nombre de sympathisants, ils ont dû s'adapter à l'ouverture du
droit de vote et à la massification de la classe moyenne.
Ex : Afek Tounes
14
Le suffrage censitaire est un mode de suffrage dans lequel le droit de vote est réservé aux citoyens qui
acquittent un impôt direct au-delà d’un seuil appelé cens électoral. Le cens d’éligibilité, qui permet à un citoyen
d’être élu, peut être fixé à un seuil différent plus élevé.
55
Assis localement sur des réseaux de notables, ces partis ignorent toute
structure hiérarchisée.
C’est le parti qui profite des notables et non le contraire. C’est pourquoi la
discipline de vote y est quasiment absente.
Dans ces conditions il n’est pas étonnant que les comités de base soient
relativement indépendants et par rapport aux organes nationaux et par
rapport aux autres comités de base. Les leaders de ces partis bénéficiant
d’assises locales autonomes peuvent en conséquence développer des points
de vue quelque peu différents ce qui peut conduire à des divergences
idéologiques plus ou moins importantes. C’est ainsi qu’au sein du parti
radical sous la Quatrième République, cohabitaient deux leaders aux
positions parfois assez éloignées : Edgar Faure plutôt à droite et Pierre
Mendes France, plutôt à gauche.
Contrairement aux partis de cadres, les partis de masse ont une origine qui
n’est pas liée aux élections. Leur apparition est due à l’intervention de
syndicats ou de sociétés de pensée ou d’association. Ces partis recrutent des
adhérents issus des classes populaires qui financent le parti via leurs
cotisations. Ce sont des partis fortement organisés et hiérarchisés.
56
Sur un plan quantitatif, ils sont nombreux ou plus exactement, ils ont
vocation à être nombreux. En effet, on peut trouver de petits partis de
masse. Ainsi, le Parti socialiste unifié (PSU) n’a jamais brillé par ses effectifs,
pourtant il s’agissait d’un parti de masse.
L’erreur que l’on fait souvent est de croire que ces partis rassemblent des
masses d’adhérents alors que ce sont des partis qui ont vocation à encadrer
les masses populaires et à s’appuyer sur elles. Leur création n’étant pas liée
aux élections, mais à la volonté d’organisations de base ils ne sont pas de ce
fait élitistes comme peuvent l’être dans leur recrutement les partis de
cadres. Ces partis de masse permettent d’encadrer politiquement les
catégories sociales jusqu’alors exclues du droit de vote. Ils ont pour objet la
recherche de l’adhésion formelle du plus grand nombre.
Ces partis favorisent donc les adhésions et la diffusion des valeurs et idées
populaires. Les difficultés rencontrées par les populations sont relayées par
les partis, qui les utilisent pour fonder l'esprit du parti qui s’articule sur une
forte idéologie.
Sur un plan plus qualitatif, les membres des partis de masse se répartissent
en trois grandes catégories.
Ils ont pour rôle principal de faire connaitre le parti et ses idées, par le biais
d’une intense propagande doctrinale. Mais le rôle est surtout d’encadrer la
57
population dans la vie de tous les jours. Ce faisant ils permettent la mise en
place d’un dense maillage du territoire. Leur action peut même aller jusqu’à
proposer des offres de services divers (loisirs, marchandises à bas prix,
assurances, protection juridique...).
Les permanents sont beaucoup plus importants dans ces partis que dans les
partis de cadres. Ils forment une bureaucratie partisane. Ce sont des
militants à la base le plus souvent mais qui vont nouer avec le parti un lien
de subordination à travers le salariat.
Dépendants fortement du parti dans leur vie de tous les jours, ils
constituent pour le parti une armée de soldats qui peuvent être mis en
marche à la demande.
Enfin les leaders, ont le plus souvent, commencé leur carrière à la base
comme militant puis comme permanent. Ils appartiennent à différentes
catégories qui peuvent interférer entre elles. Que l’on songe aux rôles des
élus, parlementaires ou non, aux différents secrétaires nationaux ou
fédéraux et enfin au secrétaire général.
2. Les structures
Elles sont relativement fortes et rigides, mais surtout elles permettent une
importante discipline. La force de ces structures se traduit de manière
originale par l’existence de structures internes au parti relayées par des
structures externes.
58
secrétariat général avec au sommet un président ou un premier secrétaire
national.
Au niveau local, on trouve des sections ou cellules, qui sont regroupées par
fédérations départementales dont les instances sont élues par les
adhérents. C’est à ce niveau que s’organise le travail de terrain qui permet
au parti d’être en prise directe avec l’électorat.
59
C’est ainsi que le Parti communiste exclura Charles Tillon, et André Marty
en 1952, Auguste Lecoeur en 54, André Juquin en 1987.
Pour Maurice Duverger ces deux types de parti (parti de cadres et parti de
masse) n’épuisent pas la réalité. D’abord au sein même des partis de masse
il faut distinguer, les partis de masse spécialisés : ce sont les partis
socialistes et les partis de masse totalitaires : ils sont porteurs d’une
idéologie globalisante.
Les partis d’opinion acceptent la société sans envisager une refonte totale.
Ils sont, pour employer un autre langage, réformistes et non
révolutionnaires. Aussi regroupent-ils des personnes appartenant à des
60
catégories sociales différentes. Ce sont ce que l’on appelle des partis
interclassistes. Enfin, sur le plan structurel, ces partis ne connaissent qu’une
faible organisation. Les personnalités y jouent un rôle non négligeable. Au
fond, on n’est pas loin de ce que Duverger appelle les partis de cadres.
Les partis idéologiques sont selon Burdeau des partis qui sont attachés à
une ligne doctrinale précise et forte, ils s’adressent à une classe et non à des
individus. Leurs structures sont relativement rigides ce qui favorise
l’autoritarisme interne. On reconnait là à peu de choses près les partis de
masse.
61
gouvernementale. A l’opposé, le parti efficace-rationnel (Rational efficient
model) néglige la participation des adhérents et subordonne son
organisation au groupe parlementaire, peu centralisé, peu idéologique il
recherche l’efficacité électorale.
62
Rassemblement du peuple français (RPF) créé en 1947 avait tout du parti
de masse, par la suite les Républicains sociaux (RS) présentaient les traits
d’un parti de cadres et c’est avec la création en 1958 de l’Union pour la
nouvelle République (UNR) que l’on vit apparaître un parti de nature
différente que Jean Charlot intitula : parti d’électeur. Selon l’auteur, ce parti
« récuse le dogmatisme idéologique et se contente d’un fonds commun de
valeurs, assez large pour réunir autour de lui un maximum de supporters ».
On le voit, on n’est pas loin du parti attrape-tout de Kirchheimer et ce
caractère se renforcera avec le temps et les différentes mutations que
connaîtra le parti gaulliste : l’Union des démocrates de la République (UDR)
en 1971, le Rassemblement pour la République (RPR) en 1976, l’UMP en
2002 et plus récemment Les Républicains en 2015.
- les partis de notables qui réunissent des cadres de la vie politique dont la
préoccupation essentielle est de se faire élire ou réélire.
- les partis d’électeurs qui sont préoccupés par la conquête d’une majorité
d’électeurs et pour cela sont peu marqués idéologiquement et mettent en
avant des idées largement admises par les électeurs.
63
Section 2. Les partis politiques et leur environnement
Cet environnement peut être considéré dans son ensemble et se pose alors
le problème des fonctions des partis politiques.
Frank J. Sorauf a étudié les relations entre partis et les contraintes externes
qu'ils subissent. Il les considère comme des ensembles en relations
permanentes, tous étant liés les uns aux autres. En d’autres termes, il s’agit
de ce que Duverger appelle un « système de partis ». Les contraintes
extérieures ont pour effet de limiter les structures de l’organisation pour
répondre aux problèmes posés par l’environnement.
Les partis politiques exercent une fonction électorale. Il est vrai que
l’extension du suffrage universel a considérablement concouru au
développement des partis politiques.
A. La fonction électorale
Cette fonction s’apprécie en tenant compte des deux pôles de l’élection : les
électeurs d’une part, les élus d’autre part.
64
L’élection étant un choix, les partis politiques cherchent à faciliter ce choix
et à cette fin ils opèrent une structuration de l’opinion qui n’est pas toujours
sans limites.
Mais la réussite en ce domaine n’est pas toujours garantie car il peut exister
un double décalage entre l’opinion publique et les partis politiques.
Soit le parti impose ses idées aux électeurs, alors il conduit véritablement
son électorat. C’est Mitterrand qui annonce la suppression de la peine de
mort.
Soit le parti essaie d’opérer un compromis. C’est la loi El Khomri qui est
revue dans un premier temps pour en écarter certaines dispositions, mais
qui est maintenue pour le reste.
65
promesses électorales n’engagent que ce qui les écoutent ». Les
exemples sont nombreux. Que l’on pense à Guy Mollet en 1956. Elu
comme leader du Front républicain qui préconisait une politique de
paix en Algérie, il change radicalement de politique au lendemain de
son investiture à la suite de son accueil mouvementé à Alger. Ce fut
également le cas plus récemment en 1995. Quelques mois après avoir
été élu sur un programme visant à réduire la fracture sociale, Jacques
Chirac change radicalement de politique. Dernier exemple en date
celui de François Hollande qui promet le changement en s’attaquant à
son ennemi : la finance, mais qui va quelque mois plus tard opérer un
tournant social-libéral.
66
A ce niveau, l’efficacité des partis dans la sélection des candidats est de plus
en plus grande. Ce sont eux qui sélectionnent les candidats en délivrant les
investitures.
B. La fonction de formation
2. L’information de la société
Encore faut-il distinguer les partis qui sont au gouvernement de ceux qui
sont dans l’opposition. Les premiers informent sur l’action du
gouvernement et apportent les explications qui paraissent nécessaires à la
67
compréhension de celle-ci. Ils sont parfois concurrencés, voire court-
circuités par les organes d’information du gouvernement et par les
membres du gouvernement eux-mêmes qui veulent marquer une certaine
distance par rapport à leur parti.
Quant aux partis d’opposition, ils ont en principe plus de recul, ce qui
devrait les inciter à plus de réflexion en profondeur et par conséquent à une
information d’un type différent de celle des partis qui gouvernent. Mais
c’est rarement le cas. Souvent l’information délivrée consiste dans une
critique systématique des mesures gouvernementales.
Cette fonction d’information est mise en œuvre par des moyens directs et
indirects.
Les premiers sont les organes de presse des partis. Longtemps les
principaux partis disposaient d’un journal qui exprimait directement les
positions et les analyses du parti.
Cette presse militante est victime des difficultés économiques que connait
toute la presse quotidienne, mais qui est plus accentuée encore pour cette
presse qui ne peut disposer que d’un lectorat réduit.
Le relais a été pris par les sites Internet que tous les partis ont créés et par
les réseaux sociaux (Facebook, Twitter etc ...) auxquels ils participent.
Les partis politiques utilisent aussi des moyens indirects pour informer la
société : ils participent par l’intermédiaire de leurs leaders et cadres aux
émissions politiques et interviews des radios et télévisions mais aussi par
des tribunes dans la presse quotidienne ou hebdomadaire.
3. L’intégration sociale
68
bref sont constamment mobilisés et vivent en quelque sorte dans une
contre-société. Cette intégration passe souvent par une formation interne
des militants et surtout des cadres.
Dans le même temps, les partis réalisent une intégration des groupes
sociaux et de leurs revendications, réalisant ainsi une véritable socialisation
politique. L’un des rôles des partis selon les fonctionnalistes consiste en
effet à agréger les intérêts divergents des groupes sociaux contrairement
aux groupes de pression et syndicats qui défendent eux des intérêts
particuliers propres à leurs adhérents. C’est pourquoi les partis politiques
sont le plus souvent des partis interclassistes contrairement aux partis
communistes qui se revendiquaient, partis de classe. Mais leur évolution les
a conduits à se présenter comme les représentants d’un front de classe puis
des « travailleurs ».
Un système de partis c’est donc un modèle de relations entre les partis d’un
Etat donné à un moment donné.
Paragraphe 1. Formes
69
L’on exclut les systèmes de parti unique qui sont tout à fait particuliers, on
peut distinguer classiquement le bipartisme et le multipartisme.
A. Le bipartisme
70
Un tel système permet au régime présidentiel de fonctionner dans d’assez
bonnes conditions puisqu’en raison de la souplesse des partis le Président
peut tenter de trouver des majorités de circonstance.
Le critère ici est le nombre de partis, aussi paradoxal que cela puisse
paraître. En effet dans la réalité il n’y a jamais vraiment deux partis
seulement.
Dans le bipartisme parfait les deux grands partis totalisent à eux deux de 90
à 80 % des voix, de ce fait, l’un ou l’autre des grands partis obtient à lui tout
seul la majorité absolue au Parlement. C’est ce que l’on peut vérifier au
Royaume -Uni.
3. Bipolarisation
71
une succession d’alternances d’une coalition de gauche à une coalition de
droite.
B. Le multipartisme
72
Dans « Parties and party system » (1976) Giovanni Sartori a présenté une
analyse des systèmes de partis à partir de deux variables : la fragmentation
partisane et la polarisation idéologique.
73
1. Les facteurs techniques : les modes de scrutin
Ce rôle des modes de scrutin a cependant été contesté par Douglas Rae, un
politologue américain. Dans « The Political Consequences of Electoral Laws
» (1967), ce dernier explique que le dualisme partisan peut exister dans un
scrutin autre que majoritaire à un tour. Il fait une étude minutieuse des
élections législatives sur une période de vingt ans (1945-1964) dans vingt
démocraties occidentales
Maurice Duverger lui-même sait que les modes de scrutin à eux seul ne
peuvent pas tout expliquer. Aussi l’une des explications avancées réside
dans la superposition des dualismes qui conduirait à la multiplication des
partis et donc au multipartisme. En France par exemple, l’opposition
dirigistes / libéraux ne coïncide pas à celle entre cléricaux / laïcs, comme
elle ne coïncide pas non plus à celle entre occidentaux / orientaux, du temps
74
de la Guerre Froide. En réalité Duverger insiste sur le fait que ce n’est pas
l’existence de plusieurs clivages qui conduit à la superposition des
dualismes mais l’absence d’un clivage dominant.
En France même, le Parti paysan fut fondé en 1945 par Paul Antier pour
représenter les milieux agricoles en politique et assurer la relève du Parti
agraire et paysan français d'avant-guerre. Il fut absorbé par le Centre
national des indépendants (CNI) le 15 février 1951.
75
Sur un axe fonctionnel la révolution industrielle a également fait apparaître
une confrontation entre propriétaires des moyens de production et
prolétaires obligés de vendre leur force de travail (clivage
possédants/travailleurs). Sur cet axe les partis socialistes et sociaux-
démocrates apparaîtront et s’opposeront aux partis « bourgeois ».
76
Chapitre V. Les groupes d’intérêt
« Tout groupe structuré qui, au sein d’un système politique donné, défend
collectivement un intérêt spécifique, notamment auprès du pouvoir politique
sur lequel le groupe peut chercher à exercer une influence. ». Jean-Yves
DORMAGEN
77
➢ Le troisième critère concerne la démarche : ceci permet de les
différencier :
▪ D’autres structures politiques, notamment les partis. Ces derniers ont
pour objectif la conquête du pouvoir politique, tandis que les groupes
d’intérêt se contentent d’influencer le pouvoir. La ligne de séparation
entre groupes d’intérêt et partis politiques réside dans le fait de
présenter –ou non- des candidats aux élections.
▪ De l’administration : les services publics constituent l’appareil d’Etat.
78
d'élaboration, d'application ou d'interprétation de mesures législatives,
normes, règlements et plus généralement, de toute intervention ou décision
des pouvoirs publics » (Frank J. Farnel, Le lobbying : stratégies et techniques
d'intervention, Éditions d'Organisation, 1994).
Pour Jean Jacques Rousseau, la pression des groupes d’intérêt constitue une
menace pour la démocratie. Ayant des fondements similaires avec l’Etat, les
corps intermédiaires peuvent entrer en concurrence avec lui.
79
On retrouve dans cette tradition pluraliste, les doutes développés par
Rousseau quant à la capacité des groupes à penser le bien public et l’intérêt
général. Mais par pragmatisme, on considère qu’il est impossible d’éliminer
les groupes de la vie politique, et qu’il revient au gouvernement de
réglementer leur rôle.
“Le lobbying, qui confère à des groupes organisés et reconnus (lobbies) une
place importante dans la préparation des lois aux Etats-Unis, suppose que
tous les dirigeants (politiques et non politiques) s’accordent à reconnaître
le monopole des élus dans la prise de décision (…). Les lobbies américains
peuvent dès lors revendiquer pour eux-mêmes une fonction d’influence
auprès des décideurs, être représentés auprès du Congrès par des agents
permanents, engager des experts et faire procéder à des études, user de
tous les moyens de pression dans leurs rapports avec les élus ; c’est que
leur est reconnu un rôle fondamental dans l’expression des intérêts
organisés, activité perçue comme une condition de la démocratie (…). Les
lobbies participent effectivement à la définition des enjeux (ce qui doit être
discuté, ce qui doit être fait) et des situations (tel problème est “crucial”, tel
autre peut être négligé), à la construction de la “bonne perception” des
problèmes, voire à l’élaboration des textes dont les élus feront un usage
législatif ; tout autant que les partis politiques, ils établissent ce qui est
réalisable ou ce qui ne l’est pas, ce qui est susceptible d’un traitement
politique et ce qui doit être tenu à l’écart des décisions autoritaires, ce qui
sera présenté comme d’”intérêt public” ou — à l’inverse — comme d’ordre
privé”.”
80
La typologie proposée par Philippe Braud distingue deux types de groupes
en retenant comme critère le type d’intérêt qu’ils défendent. L’intérêt est
défini ici de façon large et ne se limite pas aux intérêts économiques.
➢ À vocation large
➢ À vocation spécialisée
De ce fait, elles sont amenées à filtrer les attentes de la base ce qui implique
de passer de la diversité à une certaine homogénéité (agrégations des
diverses revendications sous des formules larges satisfaisant le maximum
de représentés) et d’éviter les questions qui divisent.
81
Section 4. La représentativité des groupes d’intérêt
82
Les pressions indirectes : il s’agit des actions par lesquelles un groupe
d’intérêt cherche à mobiliser des soutiens de l’opinion publique en sa
faveur et auprès d’autres organisations susceptibles de s’allier avec lui.
Les pressions externes directes : il s’agit des actions qui ne s’insèrent pas
dans un processus institutionnel. Actions de démarchage (lobbying) auprès
des élus, des services administratifs et des instances gouvernementales.
Pour ce faire, le groupe d’intérêt présente un argumentaire politique ou
technique pour plaider les intérêts catégoriels qu’ils représentent. Ceci
nécessite un travail en amont assuré par des experts.
83
➢ La représentation des groupes d’intérêts (commission parlementaire,
travaux de groupe mixtes, etc.)
➢ L’administration consultative : il s’agit de comités composés de
personnalités qualifiés et de représentants de groupes d’intérêts que
le chef du gouvernement ou un ministre consulte au sujet d’un
problème donné.
➢ L’attribution de sièges dans des assemblées délibérantes : elles ont
une vocation consultative uniquement.
84
Chapitre VI. LES PROFESSIONNELS DE LA POLITIQUE
Dans toute société, il existe des individus qui disposent du pouvoir d'édicter
des règles contraignantes et du pouvoir de les faire respecter (en parfois
utilisant la force), c’est la caractéristique distinctive entre gouvernants et
gouvernés. Le terme « gouvernants » renvoie à l'ensemble des agents
participant à la lutte pour la conquête et l'exercice du pouvoir.
La politique a donc été touchée par la division du travail qui caractérise les
sociétés modernes.
85
Les activités politiques sont devenues distinctes des autres activités
sociales. La politique est devenue l’apanage d’une « profession »
particulière. Cette profession est particulière notamment en ce sens qu’elle
n’est pas pleinement reconnue comme une profession. Il y a d’une part, une
dénégation de la part des hommes politiques et d’autre part, un refus des
citoyens de considérer la politique comme une profession. Il s’agit là d’une
vision idéalisée de la politique comme une activité désintéressée œuvrant
pour l’intérêt général.
• La sphère politique
• La sphère administrative
• La sphère des partenaires extérieurs
86
mandats modestes, ce qui ne leur permet pas d’avoir une notoriété et
une autorité suffisantes pour exercer une réelle influence (maire de
petites villes, députés n’ayant pas responsabilités majeures par
exemple en tant que rapporteur, président d’une commission
parlementaire), d’autre part.
• Ce sont ceux qui exercent une influence dans le milieu décisionnel
central qu’on peut appeler proprement les dirigeants politiques. Il
s’agit des agents qui détiennent des fonctions à la tête de l’Etat
(ministres, chef de l’Etat)
Il s’agit ici des groupes d’intérêts qui peuvent -selon les cas- intervenir dans
le processus décisionnel.
87
• La filière locale (« cursus ascendant » : l'acteur réalise un parcours
traditionnel du niveau local vers le niveau national)
• La filière partisane (« cursus militant »)
• La filière descendante (« cursus inversé »)
88
l'extérieur dans le monde politique et des affaires (« élite politico-
administrative »). On retrouve à peu près ce modèle en Allemagne mais pas
en Grande-Bretagne ni en Italie, deux pays où le mode de formation et les
carrières administratives sont beaucoup plus séparés. La France se
distingue dans son système éducatif avec des écoles qui peuvent former de
hauts fonctionnaires dont certains intègrent l'élite politique. Cette dernière
est caractérisée par un double critère, le cumul de deux diplômes (ENA et
Sciences Po, HEC et ENA, etc..). On parle de République des fonctionnaires ;
on assiste finalement à un double mouvement : un mouvement de
fonctionnarisation de la politique (n'a pas à démissionner grâce à son
statut) et de politisation de la haute fonction politique (où les élites
politiques puisent de nouveaux collaborateurs).
89
le poste occupé, doté de qualités oratoires / d'un sens d'improvisation /
d'adaptation / capable de maîtrise de soi et des médias.
Toute décision politique implique la mise sur agenda d'un problème puis la
décision des acteurs politiques. Cette expression « d'agenda politique »
recouvre l'ensemble des problèmes perçus comme appelant une
intervention des pouvoirs publics. À ce stade, les politiques jouent un rôle
déterminant de manière spontanée, par souci d'anticiper des difficultés ou
d’assurer des perspectives à long terme, ou agissent sous contrainte pour
réagir à un événement où les politiques souhaitent agir par effet d'annonce
ou encore sous la contrainte des adversaires. Quand un gouvernant décide
d'inscrire un problème à l'agenda, il lui appartient d'évaluer les coûts et les
bénéfices de toute action entreprise, supposant la prise en compte de la
difficulté de la mise en œuvre, de la probabilité du succès final. Des résultats
de ce bilan coûts / avantages dépendent les choix des techniques de prise
de décision. Toute prise de décision suppose un certain savoir-faire des
acteurs politiques, qui doivent percevoir les attentes des citoyens et les
évaluer, pouvoir identifier dans un dossier technique les éléments
susceptibles de provoquer des résistances / polémiques.
90
opposants tiennent un langage de promesse, mettent l'accent sur les projets
; les dirigeants mettent l'accent sur les bilans et cherchent à établir des liens
entre les phénomènes positifs et l'action qu'ils ont menée. Journalistes et
acteurs politiques entretiennent des liens complexes de dépendance : les
premiers ont besoin des seconds pour obtenir des informations et les
seconds ont besoin des premiers pour justifier leurs actions, pour véhiculer
des images, etc.
91
appétence pour la politique, ce qui signifie avoir du goût, un penchant pour
la politique.
92
• L’âge : les jeunes (18-25 ans) ainsi que ceux ayant plus de 60 ans sont
généralement sous représentés dans les assemblées parlementaires ;
• Le niveau d’éducation des députés qui est généralement supérieur à
celui des citoyens ordinaires (universités prestigieuses) ;
• Le milieu social d’origine (classes moyennes et supérieures)
La question est de savoir pour quelles raisons, les factions supérieures sont-
elles davantage représentées que les classes moyennes et populaires.
93
impliquant des coûts élevés, est considéré comme un don de soi en vue de
la réalisation d’une cause à laquelle on croit.
• La reconnaissance sociale
• La notoriété
• L’élargissement du capital social (réseau de relations)
• L’acquisition de savoirs et de savoir-faire
• La solidarité groupale
• L’excitation de l’action collective, etc.
94
issue des couches favorisées économiquement et socialement attendra des
rétributions liées à la confirmation du prestige social.
Bibliographie indicative
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