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politique comparée
Plan du cours
Introduction
1. La méthode comparative
2. Les approches théoriques en politique comparée
2.1. Qu’est-ce qu’une transition?
2.2. L’approche économique
2.3. L’approche culturelle
2.4. L’approche stratégique
2.5. Les néo-institutionnalismes
3. Les processus de changement politique (changement de système
politique : la démocratisation, la qualité de la démocratie)
Bibliographie indicative
une relation entre une variable A et une variable B sera établie par
l’analyse comparative lorsque la comparaison entre plusieurs
situations aura permis trois types de constatations : a) que dans un
certain nombre de situations comparables A et B sont présents
simultanément ; b) que dans un certain nombre de situations
comparables A et B sont absents simultanément ; c) que dans un
certain nombre de situations comparables, où A et B sont présents
simultanément, on constate que les variations de A et les variations
de B sont concomitantes, simultanées.
1. La méthode comparative
Sartori identifie quatre causes distinctes qui reposent, selon lui, sur une mauvaise application des
concepts de différence et de genus:
1/ le localisme: signale la tendance des chercheurs d’ignorer les catégories classiques et les
concepts consacrés en utilisant une terminologie définie autrement (en faisant ainsi aussi une
confusion entre le niveau noétique (celui des signifiés : représentation mentale du concept) et le
niveau linguistique).
2/ une mauvaise classification en pseudo classes, ainsi le critère unique appliqué à la
classification n’est pas bien choisi et on assiste à la construction des classes très hétéroclites qui ne
peuvent pas être correctement analysées
3/ le gradualisme: implique le fait que les différences de genre sont perçues en tant que
différences de degré et qu’on favorise la représentation conceptuelle continuelle et non pas
dichotomique. Il faut dichotomiser les concepts et donc on construit le concept, on le définit et
on l’oppose à ce qu’il n’est pas. Quelle est la différence entre totalitarisme, absolutisme,
dictature ? En fait, il faut opposer démocratie et non-démocratie en construisant de manière
précise le concept de démocratie.
4/ l’élasticité conceptuelle qui implique une définition des concepts qui les réduit à une série de
notes conceptuelles (attributs) qui ne l’identifie pas et qui font qu’on ait une très grande
souplesse du concept.
1. La méthode comparative
Plattner, Marc F., Larry Diamond, Francis Fukuyama, and Donald L. Horowitz. “Reconsidering the ‘Transition
Paradigm.’” Journal of Democracy 25, no. 1 (2014): 86–100.
Consolidation/ institutionnalisation
de la démocratie
Analyser la consolidation suppose, contrairement à la transition, de considérer
les institutions comme les variables dépendantes (explicatives). Dans le cadre
d’une transition, qui est caractérisée par un degré d’incertitude élevé, les choix
institutionnels sont déterminés par des choix stratégiques des acteurs.
La consolidation présuppose en revanche un retour à une situation routinière et
les structures politiques vont contraindre et façonner le comportement des
acteurs.
La consolidation est ainsi définie comme le processus par lequel « les relations
sociales sont en passe de devenir des structures sociales c’est-à-dire des
schémas d’interaction si réguliers dans leur occurrence si chargés de sens et
capables de motiver les comportements que leur fonctionnement devient
autonome et résistant aux changements exogènes. Les individus qui prennent
part adoptent alors des stratégies qui sont contraintes par le tout. » (Schmitter
1988)
Guilhot Nicolas, Schmitter Philippe C, « De la transition à la consolidation. Une lecture rétrospective des democratization studies »,
Revue française de science politique, 50ᵉ année, n°4-5, 2000. pp. 615-632
Consolidation/ institutionnalisation de
la démocratie (source Philippe
Schmitter
2.2. L’approche économique
À titre d’exemple, S.M. Lipset a développé une thèse sur les préconditions socio-
économiques de la démocratie selon laquelle l’émergence et la diffusion de la
démocratie sont liées au développement socio-économique, au changement
des structures sociales et professionnelles, au développement de l’éducation, à
l’homogénéité sociale et à d’autres facteurs : « plus une nation dispose du
bienêtre, plus grandes sont ses chances de soutenir la démocratie »
Il compare les régimes en Amérique latine en Europe, ainsi que les démocraties
de langue anglaise, et les classe en démocraties stables, démocraties instables
et dictatures. La comparaison s’appuie sur des indicateurs socio-économiques :
le revenu, les communications, l’industrialisation, l’éducation et l’urbanisation.
Le constat étant qu’il existe un écart important en termes de niveaux de
développement économique entre les pays les pays plus démocratiques et
ceux qui sont les moins démocratiques. L’analyse aboutit à l’établissement
d’une relation causale entre le développement économique et la démocratie.
a/ La théorie développementaliste
Samuel Huntington, dans le choc des civilisations (date), adopte cette posture
essentialiste.
Huntington donne la primauté de la place au christianisme en tant qu'influence
positive distinctive dans la formation de la civilisation occidentale: "Le
christianisme occidental ... est historiquement la caractéristique la plus
importante de la civilisation occidentale." Pour Huntington, la principale
contribution de la culture occidentale a été la séparation de l'Église et de l'État,
ce qu'il considère comme étranger aux autres grands systèmes religieux du
monde: « Au cours de l'histoire de l'Occident, l'Église, puis plusieurs Églises ont
existé indépendamment de l'État. Dieu et César, l'Église et l'État, le pouvoir
spirituel et le pouvoir temporel : voilà une forme de dualisme typique de la
culture occidentale. Religion et politique sont distinguées aussi nettement dans
la civilisation hindoue seulement. Dans l'islam, Dieu est César; en Chine et au
Japon, César est Dieu; dans le monde orthodoxe, Dieu est au service de César.
Pareille séparation et pareils conflits récurrents entre l'Église et l'État ne se
rencontrent dans aucune autre civilisation. Cette séparation des pouvoirs a
beaucoup contribué au développement de la liberté en Occident. »
(Huntington 2007: 72)
2.3. L’approche culturelle : La thèse du choc
des civilisations
Huntington avertit: «Le problème sous-jacent pour l'Occident n'est pas l'intégrisme
islamique. C'est l'islam. " En ce qui concerne le confucianisme, il affirme que
«l'héritage confucéen de la Chine contemporaine, qui met l'accent sur l'autorité,
l'ordre, la hiérarchie et la suprématie de la collectivité sur l'individu, crée des
obstacles à la démocratisation». En discutant de l'Europe post-communiste, il dit
que "la ligne de démarcation centrale... Est maintenant la ligne qui sépare les gens
du christianisme occidental, d'une part, des peuples musulmans et orthodoxes de
l'autre." Selon l’auteur, la frontière de l’Europe se situe «Là où le christianisme
occidental s'arrête et où commence l'islam et l'orthodoxie».
Pour Huntington, ce sont les civilisations les unités d’analyses et non les États.La
démocratie n’est pas seulement nées dans la civilisation occidentale, elle ne
peut pas être reproduite ailleurs car les autres grandes civilisations religieuses du
monde n'ont pas le faisceau unique de caractéristiques culturelles nécessaires
pour soutenir la démocratie de style occidental.
l'échec démocratique est presque «surdéterminé» dans son monde de «cultures
parentales» autoritaires et de guerres culturelles inévitables.
2.3. L’approche culturelle: Une exception
arabe plutôt qu’une exception islamique
Dans un article publié en 2004 (« Arab not Islamic exceptionalism », Journal of Democracy),
Stepan et Robertson concluent à une exception arabe plutôt qu’islamique en constatant que sur
les 47 pays musulmans (à savoir ceux dont 50.1 %de la population est musulmane), ceux dont la
population est majoritairement arabe (50.1% arabes) sont ceux qui connaissent les systèmes les
moins compétitifs. Même si certains de ces pays ont entamé des transformations en faveur de la
démocratisation ou la modernisation, aucun d’entre eux n’a mis en place des élections
compétitives.
De plus, les membres de la Ligue des Etats arabes ont le pourcentage le plus élevé de pays
«sous-performants sur le plan électoral» au monde. 6 pays musulmans non arabes ont des
élections compétitives (le Sénégal, La Turquie, l’Indonésie, le Bengladesh, le Mali et le Niger)
L’explication de l’exceptionnalisme arabe plutôt que musulman avancée par les auteurs se
trouve dans la corrélation, entre la compétition électorale et le fait d'avoir été une colonie Sur les
11 anciennes colonies britanniques qui ont rejoint la ligue Arabe un seul (Soudan) a eu au moins
trois années consécutives de droits politiques modérément élevés entre 1972 et 2002 (mesurés par
soit Freedom House ou Polity IV). En revanche, six des huit États à majorité musulmane qui sont
membres du Commonwealth ont atteint cet objectif. L’appartenance à ces organisations serait
déterminante selon les auteurs dans la mesure où la Ligue des Etats arabes contrairement à
l’OSCE, l’Union européenne, l’OIF, le commonwealth, n’incite aucunement ses Etats membres à
soutenir la démocratie.
2.3. L’approche culturelle: Une exception
arabe plutôt qu’une exception islamique
Deux autres thèses (antérieures aux travaux de Stepan) mettent également en avant
l’idée d’un exceptionnalisme arabe mais reposant cette fois-ci sur la société comme
facteur déterminant de l’autoritarisme dans les pays de la région qui pourtant
présentent des différences considérable (ils ne constituent pas un bloc
monolithique). La première est thèse du néo-patriarcat (Hisham Sharabi et la
seconde est celle de la relation maître à disciple développée par Abdllah
Hammoudi (1997).
Suivant la thèse du néopatriarcat, des relations d’autorité, de domination et de
dépendance déterminent la vie sociale aussi bien au sein de la famille naturelle
qu’au niveau de la famille « nationale ». Ces relations d’autorité et de domination
trouvent leur origine dans les relations avec la figure du père-patriarche dans la
famille traditionnelle arabe, celui-ci se présentant comme un agent de répression.
Les relations avec ce dernier s’appuient sur la médiation (wasta) de la mère ou de
l’oncle pour l’obtention de faveurs, protection etc. ce qui maintient les individus dans
une situation de soumission et d’impuissance et conduit à des pratiques qui
s’apparentent au clientélisme (capacité d’agir sur le pouvoir par l’entremise
d’intermédiaires). Le néo-patriarcat serait une reproduction de ce même schéma à
une échelle nationale. Le détenteur du pouvoir (quel qu’il soit) correspond à la figure
du patriarche, duquel les individus solliciterons protection, distribution de bienfaits, de
faveurs par l’entremise d’un intermédiaire proche du pouvoir.
2.3. L’approche culturelle: Une exception
arabe plutôt qu’une exception islamique
Lorsque les joueurs sont correctement informés des choix des autres, le
résultat du jeu serait soit le statu quo, soit une BDIC.
Si les préférences des liberalizers sont comme suit
BDIC>SDIC>TRANSITION>NDIC>INSURECTION, et qu’ils savent que s’il
jamais ils acceptent une ouverture, la société va s’organiser et ils
devront donc réformer. Étant donné qu’ils préfèrent le statu quo à la
transition, ils n’opteront pas pour l’ouverture.
Si les préférences des liberalizers sont comme suit
BDIC>SDIC>NDIC>TRANSITION>INSURECTION et qu’ils donnent une
grande probabilité de succès à la répression, ils opteront pour la
répression si la société s’organise. La société qui préfère BDIC>NDIC,
choisira d’entrer sachant que les liberalizers recourront à la répression
s’ils s’organisent. Comme les premiers (liberalizers) préfèrent BDIC>SDIC,
ils choisiront donc l’ouverture et le résultat sera BDIC.
2.4. L’analyse stratégique
Il s’agit pour les tenants de l’analyse stratégique d’identifier les acteurs clés, de
formaliser leurs objectifs, la distribution de leurs préférences pour déduire de ces
paramètres et de la structure du "jeu" les "solutions d'équilibre" susceptibles
d'émerger. La décision d'ouverture des régimes dictatoriaux, la dynamique de
libéralisation-démocratisation sont ainsi expliquées rationnellement par des
dynamiques de convergence, la démocratie vue comme un simple état
d'équilibre entre stratégies conflictuelles. Malgré leur formalisme, ces théories
sont d'un intérêt certain. En insistant sur les problèmes de perception,
d'évaluation (des préférences, des ressources, des "coups" de l'adversaire) en
situation d'incertitude, elles touchent au coeur de la dimension stratégique des
transitions. L'accent est mis par exemple sur la perception des probabilités de
succès ou la variation des coûts et des bénéfices au cours du jeu. La
perspective dynamique de l'interaction est importante. Elle permet de
comprendre la façon dont les parties révisent leurs attentes et leurs objectifs
dans le conflit.